María auxiliátrix

De Adam, Eva serpentéque

Inscriptiónes et enarratiónes

Inscriptions et commentaires

Salzburger Missale - De Corpore Christi

Biblia pauperum, Germany, c.1470, Oxford, Arch. G c.14.

Erit recordatio


Salzburger Missale - De Corpore Christi



Salzburger Missale, 1470-1501, Enluminure du début de la Messe du Saint Sacrement, tome 3 (Bd. 3) ; Enlumineur : Berthold Furtmeyr (activité connue : Ratisbonne, 1470-1501) ; loc. : Bayerische Staatsbibliothek ; cote : BSB Clm 15710. Tome 3, fol. 60v.

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0004/bsb00045166/images/index.html?id=00045166&fip=qrsewqxdsydeneayaxdsydweayasdasxs&no=&seite=127

1°) Ps 77, 25 

« Panem angelorum manducavit homo »

« L’homme mangea le pain des anges »

2°) Ps 36, 16 

« Melius est modicum justo, super divitias [peccatorum multas] »,

« Mieux vaut au juste un bien modique, que de grandes richesses de méchants. »

3°) Lauda Sion Salvatorem. 

« Ecce panis Angelórum / Factus cibus viatórum »

« Voici le Pain des Anges, / Fait nourriture des voyageurs »

4°) Lauda Sion Salvatorem. 

« Mors est malis, vita bonis : / Vide [paris sumptiónis / Quam sit dispar éxitus.] »

« La mort pour les pécheurs, la Vie pour les justes ; Vois combien est différente / L’issue de la même prise. »

5°) Source inconnue. 

« Sp[ond]ens vi[va]nt Adae veti[t]am sibi suggeret escam… »,

« En promettant qu’ils vivraient, elle proposa à Adam la nourriture défendue. »

6°) Source inconnue. 

« Prudencia. Quid honorabilius quam bene regere mea… »

« Quoi de plus honorable que de bien diriger ma [famille ? nation ?]… »

« Regalitas. Quid laudabilius qua(m) m(ihi) co(m)missa debite custodire… Verus pastor. »

« La royauté : Quoi de plus louable que de garder, comme je le dois, la […] qui m’a été confiée… »

« Verus pastor. Die hac nocte meas preservabo et custodiam… »

« Le vrai berger. Jour et nuit je protégerai et garderai mes [brebis] »

Bibliographie pour le n° 6 : Nils Büttner, Landschaftsmalerei um 1500, Regensburg, 2010.

 Aucun doute n’est possible. L’objet à diriger, garder, conserver, l’objet qui a été confié, est systématiquement omis mais on sait que le mot qui le désigne est du genre féminin. Même le mot brebis dans la dernière inscription est omis. Cette omission est un message secret, ou à peine secret. Il faut comprendre que le premier mot omis est ecclesia. Le second est oves mais il doit être évidement compris dans le sens évangélique : fideles.

Berthold condamne les évêques qui détruisent leurs fidèles de leur église plutôt que de les garder, il condamne les Évêques inquisiteurs qui font la guerre au Libre-Esprit.

Le thème de l’image est annoncé en haut à droite : « Mieux vaut au juste un bien modique, que de grandes richesses de méchants. » Il signifie dans un sens ouvert que le fidèle préfère les pauvres richesses de la dévotion et surtout celle du pain eucharistique aux richesses du monde et au nourriture terrestre. Dans un sens caché, il signifie qu’il vaut mieux faire partie de l’Église persécutée, ignorée, et méprisée, et cela fait sa pauvreté, que de faire partie des baptisées non persécuté, connu, honorés, et cela fait leur richesse, qui, tout en appartenant à l’institution attachée à l’Église, sont exclus de l’Église parce qu’ils la persécutent.

La conclusion admirable de cette image ce trouve en haut à gauche : « L’homme mangea le pain des anges ». Les pratiquants du culte adamique, en effet, ne peuvent ignorer le sens de cette parole de Notre-Seigneur :

Matth. XXII « 30 In resurrectione enim neque nubent, neque nubentur : sed erunt sicut angeli Dei in caelo. »

« 30. Car à la résurrection les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris ; mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel. »

Les Anges jouissent les uns des autres sans relation privilégiée. Les hommes mangent le pain des Anges quand eux-aussi jouissent les uns des autres sans relation privilégiée et, comme eux, en puisant dans leur rencontre, aux sources du Sauveur, l’eau de la jouissance divine. Amen.

 

D’autres commentaires dans la lettre encyclique Le culte adamique, Chap. L’efficacité du culte adamique. II. Pour le destinataire.


Biblia pauperum, Germany, c.1470, Oxford, Arch. G c.14.



Biblia pauperum, Latin, A blockbook of 40 leaves. [Germany, c.1470], Woodcut on paper, coloured, 258 x 190 mm. Loc : The Bodleian Library, University of Oxford, Arch. G c.14.

Fol. 1r. : Eva Serpensque. Fol. 26r : Creatio Evae.

http://bodley30.bodley.ox.ac.uk:8180/luna/servlet/view/search/what/Arch.%20G%20c.14?q=bb-6&sort=Shelfmark,sort_order

Livre entier (petites images avec le texte retranscrit) :

http://digital.bodleian.ox.ac.uk/block_transcriptions

Les inscriptions

Les inscriptions sont presque illisibles sur les photos. Nous les avons toutes recopiées depuis la publication internet de la bibliothèque d’Oxford.

Folio 1.

Folio 1.

Page d’exemple montrant les numéros
attribués aux aires d’inscription.

1   Legit[ur] in genesi iij cap[itul]o q[uod] | dixit d[omi]n[u]s serpenti super | pect[us] tuu[m] grad[ieris et] poste|a ibidem leg[itur de se]rpe[n]te | et muliere: ip[sa cont]eret | capud tuu[m] et tu insidiaber[is] | calcaneo ei[us]: Na[m] ist[u]d in | a[n]nu[n]tiat[i]o[n]e b[ea]te marie glo[ri]o|se virgi[n]is adi[m]pletu[m] est * « On lit dans le chapitre 3 de la Genèse que le Seigneur dit au serpent : “Tu avanceras sur ton ventre.” On lit ensuite au même endroit, au sujet de femme et du serpent : “Elle t’écrasera la tête et, Toi, tu lui tendras des embûches au talon.” Cela est accompli à l’Annonciation de la Bienheureuse et glorieuse Vierge Marie. »

2   Legit[ur] in lib[ro] iudic[um] vi capit]ulo | q[uo]d Gedeon petiit signum | victorie in vell[er]e p[er] rorati-|o[n]e[m] irriga[n]da[m]: q[uod] figura-|bat virgine[m] mariam | gloriosam sine corrupti-|one[m] impregna[n]dam ex | sp[iritu]s s[an]c[t]i infusione * « On lit au chapitre 6 des Juges que Gédéon demanda un signe de la victoire sur la toison par le fait que la rosée la mouillerait. Cela figurait la glorieuse Vierge Marie qui serait imprégnée sans corruption de l’infusion du Saint Esprit. »

3   Isayas .vij. Ecce v[ir]go [con]cipiet et pariet filiu[m] * Isaïe, 7. Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils. * 4   Dauid Desce[n]d[et] d[omi]n[u]s sic[ut] pluuia in vell[us] * David. Le Seigneur descendra comme la pluie sur une toison. (Ps 71, 6)

6   Ave gracia plena d[omi]n[u]s tecum

Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous.

  Ecce ancilla d[omi]ni fiat m[ihi]

Voici la Servante du Seigneur, qu’il m’arrive [selon ta parole].

7   d[omi]n[u]s tecu[m] viroru[m] fortissime

Le Seigneur est avec toi, le plus fort des hommes. (Jg 6, 12)

8. V[ersus] Vipera vim p[er]dit | sine vi parie[n]te puella

Verset. La vipère perdit la force par une jeune fille sans force accouchant.

9. V[ersus] Rore madet vell[us]: | p[er]ma[n]sit arida tellus

Verset. La toison est mouillée de rosée mais la terre reste aride. (cf. Jg 6, 37-38)

10. Ezeciel | xliiij | Porta h[ec] clausa erit | et no[n] ap[er]ietur * Ezechiel, 44. Cette porte sera fermée et on n’y entra pas.  * 11. Jhe[remi]as | xxxi | Creauit d[omi]n[u]s nouu[m] super | terra[m] fe[m]i[n]a c[ircum]dab[it] virum * Jérémie, 31. Le Seigneur a crée une chose nouvelle sur la terre : une femme entourera un homme. * 12. v[ersus] virgo salutat[ur]: i[n]nupta mane[n]s grauidatur * Versus. La Vierge est saluée, elle est enceinte en demeurant inépousée.

Folio 26.

1. Legitur in gen[es]i .ij. ca[pitolo] cu[m] | Adam obdormiuiss[et] d[omi]n[u]s costa[m] | de lat[er]e ei[us] tulit et for[ma]uit de | ea m[u]l[ie]rem: Adam dormiens | cristum ia[m] in cruce mortuu[m] | sig[nifica]t de cui[us] lat[er]e p[ro] nobis flux|ere sac[ra]me[n]ta cu[m] miles la[n]cea | sua latus cristi ap[er]uit * On lit dans le chapitre 2 de la Genèse : Pendant qu’Adam été endormi, le Seigneur pris une côte de son côté et, d’elle, forma la femme. Adam dormant et le Christ déjà mort sur la croix, signifient que les sacrements ont coulé pour nous de son côté, lorsque le soldat ouvrit le côté du Christ avec sa lance.

2. Legit[ur] in exodo .xvij. ca[pitolo] q[uod] | cu[m] moyses p[o]p[u]l[u]m p[er] desertum | tra[n]sduxiss[et] deficie[n]te ill[is] aq[ua] | p[re] aq[ue] penuria moyses cu[m] v[ir]|ga qua[m] in mar[n]i [CHECK] te[ne]bat silice[m] | p[er]cuciebat [et] exiuer[un]t aq[ue] lar|gissi[m]e vel[u]d de abisso multa [CHECK] | silex siue lapis [cristu]m sig[nifica]t qui | nobis aq[ua]s salutares [scilicet] sac[ra]|me[n]ta de suo lat[er]e effudit cu[m] | ill[u]d la[n]cea militis in cruce | ap[er]iri p[er]misit * On lit dans le chapitre 17 de l’Exode que, lorsque Moïse conduisit le peuple à travers le désert et que l’eau leur manquant, à cause de la pénurie d’eau, Moïse, avec la verge qu’il tenait à la main, frappa la pierre et que des eaux sortirent comme d’un abiment très grand. La roche ou la pierre signifie le Christ a versé pour nous les eaux salutaires, c’est-à-dire les sacrements, de son côté quant, sur la croix, Il permit que le soldat l’ouvrit de sa lance.

3. Dauid | Sup[er] dolore[m] uulneru[m] meor[um] addider[un]t * David. Il ont ajouté à la douleur de mes plaies. (Ps 68, 27) * 4. Sacha[rias] xiij | Quid s[un]t plage iste i[n] medio manuu[m] tuar[um] [CHECK] * Zacharie, 13. Quelles sont ces plaies au milieu de tes mains ?

8. V[ersus] | Femi[n]a prima viri: | de coste cepit oriri * Verset. La première femme est sortie d’une côte prise de l’homme.

9. V[ersus] | Est sacra[m]entu[m]: cristi | da[n]s pet[ra] flue[n]tem * Verset. C’est le sacrement : La pierre du Christ donne le flot.

10. Tre[n]or[um] | Primo | O vos om[ne]s qui tra[n]sitis | p[er] via[m] atte[n]dite [et] videte * Lamentations, 1. Ô vous tous qui passez par cette voie, regarder et voyez.  * 11. Amos | .viij. | In die illa occid[et] sol [et] | radios suos abscondet * Amos, 8. En ce jour-là le soleil de couchera et ses rayons de cacheront.  * 12. V[ersus] De cristo mu[n]da: cu[m] sa[n]guine p[ro]fluit vnda * Verset. Du Christ a coulé un flot pur de sang.

Commentaire

La femme sortie du côté d’Adam est une figure des Sacrements qui guérissent l’homme (homo). Plus encore elle est la guérison première et définitive. Les Sacrements commencent de guérir l’homme (homo) et le prépare à recevoir l’objet qui le guérit à tout jamais de toute tristesse : la femme. En effet la vertu des sacrements purifient la conscience de l’homme de tout attachement à la causalité, alors il est prêt à recevoir pour rien le cadeau gratuit de Dieu : la joie de jouir à tout jamais de la femme. La femme (mulier) est guérie aussi par les Sacrements, ils lui donnent de croire qu’elle est réellement la joie du monde et qu’une grâce aussi extraordinaire lui a bel et bien été donnée. Alors elle jouit à tout jamais de la joie d’être la joie du monde.



Erit recordatio



Notre-Dame des fontaines, c. 1490, La Brigue (06), France.

V/. Erit Dóminus nominátus in signum ætérnum. R/. Quod non auferétur. (Is., 55, 13.)

V/. Le nom du Seigneur deviendra un signe éternel. R/. Qui ne sera pas enlevé. (Sacré-Cœur, None)

 

Le verset de None à la fête du Sacré-Cœur, mis en relation avec le dessin étudié, dit que le serpent est Notre-Seigneur. Le serpent mort est un signe de l’impuissance de l’homme tuée par la puissance de Dieu sur la croix.

Nous ne savons pas si l’intention de l’auteur est d’affirmer que le nom du Seigneur Serpent sera un signe éternel. Nous plaçons ici cette image parce qu’elle illustre la vérité même si l’auteur de l’a pas connue.

Inscriptions.

Sur l’arbre : arbor vite

Dans le phylactère : Erit recordatio apud eos qui futuri  ????

Il est probable que la suite du texte aujourd’hui effacé continue la citation du verset de l’Ecclésiaste jusqu’à la fin, qu’il était écrit : « erit recordátio apud eos qui futúri sunt in novíssimo ». Voici la traduction : Il sera en souvenir à ceux qui vont venir en dernier lieu. Remarquez que le peintre utilise une partie du texte biblique en le séparant de la négation qui le précède, la phrase originale est négative mais la citation est affirmative. Il utilise une citation pour signifier une chose qui n’est pas dit par la citation elle-même.

 

Eccles. I « 11 Non est priórum memória ;

« 11. Il n’est pas mémoire des choses antérieures ;

sed nec eórum quidem quæ póstea futúra sunt

et quant à celles qui dans la suite doivent arriver,

erit recordátio apud eos qui futúri sunt in novíssimo.”

il n’en sera pas souvenir chez ceux qui viendront en dernier lieu. »

 

Sur l’arbre est écrit : arbor vit[a]e, « Arbre de la vie ». Le personnage de droite dit : « erit recordátio apud eos qui futúri sunt in novíssimo », « Il sera en souvenir à ceux qui vont venir en dernier lieu. » On voit le serpent avec la tête pendante, il est peut-être mort, il est certainement vaincu. Au dessus, on se trouve l’assemblée des élus tournée vers le Christ juge. On reconnait les patriarches, les soldats, les moines, les ecclésiastiques, les femmes et les hommes du peuple, les enfants innocents, c’est-à-dire les saints-innocents et les enfants baptisés et morts avant l’âge de raison (selon la théologie ancienne), les saintes martyres, les morts qui sortent du tombeau.

C’est une image de triomphe final, un rassemblement des saints auprès du sauveur, comme on en voit un dans le Retable de l’Agneau mystique des frères van Eyck.

Il faut comprendre cette image. L’auteur met en image la théologie chrétienne, il reproduit fidèlement son modèle et ainsi il dit toute la vérité même celle que peut-être il ne comprend pas. La vérité, la voici : le serpent tortueux est vaincu et l’arbre de vie demeure dur et droit. Le phallus de l’homme ne doutera plus jamais de la bonté de Dieu, il jouira sans fin, sans croire que la jouissance puisse être une chose que Dieu interdit.

C’est évidemment le serpent flasque qui a parlé à Ève (cf. le dessin de Friedrich Müller montrant Ève observant avec surprise le sexe d’Adam endormi), puisqu’il n’a durci que par l’action d’Ève convaincue par lui. Le serpent flasque a demandé à Ève de le vaincre en le transformant en bois dur. Le serpent est-il vaincu ou vainqueur ? Les deux à la fois. C’est l’histoire du Christ : le prophète mis à mort est vivant et vivifiant pour toujours.

Quel sera le souvenir ? Au paradis, les hommes ne seront pas toujours en érection. La bite pendouillant sera un souvenir de l’impuissance dans laquelle se trouvait l’homme avant que le Christ ne lui communique la puissance divine, mais le souvenir sera louange car cette bite pendouillant sera toujours prête à l’œuvre pour répondre au moindre désir du vir et de la femme, et l’homme glorifiera sans fin Dieu de lui avoir communiqué cette puissance de jouir qu’il n’avait pas auparavant.

L’auteur savait-il se qu’il disait ? C’est fort possible sans être encore certain. La position de la tête, pendante reproduit celle de la tête du Seigneur sur la croix après sa mort. Elle reproduit aussi, bien entendu, la proclamation très solennelle de la liturgie invitant à l’adoration de la sainte croix :

Ecce lignum Crucis, in quo salus mundi pepéndit. Chorus. . Veníte, adorémus.

Et puis surtout cette inscription, arbor vite, conduit à penser que l’auteur a voulu représenter la croix et le Seigneur. Il semble bien que l’auteur savait que le serpent de la Genèse est Notre-Seigneur Jésus-Christ.

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