RUTH
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Élimélech se retire dans le pays de Moab. Il y meurt. Ses fils s’y marient. Noëmi sa femme avec Ruth, sa bru, retourne à Bethléhem.
Ruth va glaner dans les champs de Booz. Booz la comble de bonté.
Ruth va se coucher aux pieds de Booz. Booz lui promet de l’épouser.
Booz épouse Ruth, Elle devient mère d’Obed, aïeul de David.
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Ce petit livre qui porte le nom de Ruth a pour objet principal de nous faire connaitre la généalogie de David, le fondateur de la race royale, et celle de Jésus-Christ. Cette généalogie, qui n’est point donnée par le livre des Rois, se lit ici, IV, 18-21 ; elle est incomplète, car de Pharès, fils de Juda, jusqu’à David, elle ne comprend que dix membres, ce qui est insuffisant pour un intervalle de six à huit siècles ; mais l’auteur a voulu nous indiquer seulement les principaux ancêtres du grand roi, et établir qu’il descendait de Juda, fils de Jacob. L’histoire d’une Moabite, Ruth, a fourni à l’écrivain sacré l’occasion de raconter l’origine du véritable fondateur de la monarchie israélite. Elle vivait du temps des Juges ; c’est pourquoi ce livre est considéré comme une sorte d’appendice ou de supplément au livre même des Juges. Il est d’ailleurs impossible de fixer à quelle date précise se sont passés les évènements mentionnés dans Ruth. Des critiques ont pensé que c’était pendant les invasions des Madianites qu’avait eu lieu la famine dont parle I, 1 ; Josèphe dit que Booz vivait du temps d’Héli, après la mort de Samson. On ne peut résoudre la question. Nous ne savons pas davantage quel est l’auteur de cet écrit. Le style ne ressemble ni à celui du livre des Juges ni à celui des deux premiers livres des Rois. Plusieurs l’ont attribué à Samuel, d’autres à Ézéchias, mais sans preuves. Il a été probablement composé peu après la mort de David, puisque la généalogie finale s’arrête à ce roi, IV, 22.
Le livre de Ruth nous fait pénétrer dans l’intérieur d’une famille bethléhémite et nous trace un tableau achevé de la vie domestique. C’est une ravissante idylle d’une incomparable fraicheur, d’une grâce charmante, d’une délicate sobriété de touche, une œuvre d’art exquise. Le plus habile poète n’aurait pu imaginer des caractères mieux harmonisés et mieux choisis. Quelle belle figure que celle de Booz, homme de foi, plein de l’idée de Dieu, dont la pensée est présente à tous les détails de sa vie, diligent et soigneux dans la culture de ses terres, bon pour ses serviteurs, condescendant envers eux, aimé de tous ; libéral envers les étrangers, respectant le droit des autres et observant la loi, jusque dans son amour pour Ruth, sa parente ! — Quelle touchante et sympathique figure que celle de cette Moabite, d’un dévouement si généreux pour sa belle-mère et pour la mémoire de son époux, d’une modestie si simple, d’une patience si grande dans le support de la pauvreté, d’une docilité si candide aux avis de Noëmi ! Cette étrangère, adoptée par le peuple de Jéhovah, à cause de ses vertus, destinée à devenir un des ancêtres du Messie, n’est pas seulement pour nous un beau caractère : elle est le gage de notre vocation à la foi, pour nous, gentils, qui avons été appelés comme elle de l’erreur à la vérité. — Noëmi est le type de la mère de famille, de la femme forte que devait chanter plus tard l’auteur des Proverbes ; c’est la femme religieuse, fidèle à remplir ses devoirs avec tact, sagesse et prudence, comptant toujours sur Dieu, dans l’adversité comme dans la prospérité. — Et pour faire contraste à ces figures si attachantes, Orpha, qui n’est point méchante, mais qui n’a pas le cœur assez généreux pour suivre jusqu’au bout sa belle-mère, la quitte après l’avoir embrassée et renonce ainsi à la vraie religion, comme sans s’en douter, pour retourner chez elle, vers son peuple et « vers ses dieux, » et demeurer païenne.
« Le petit livre de Ruth, dit Roos, est placé au milieu de livres remplis de récits de guerres et d’autres grands évènements comme une peinture gracieuse et incomparable d’honnêteté, de décence, de sagesse et de droiture… Cette belle histoire renferme des types de toutes les vertus nécessaires dans la vie domestique et sociale. C’est la gloire éternelle du Dieu d’Israël d’avoir été honoré, au milieu de la liberté dont son peuple jouissait à cette époque, par tant de chasteté, de justice, d’amour, de bienséance. Qu’étaient donc Noëmi, Booz, Ruth ? C’étaient des paysans. Combien charmante est leur éloquence ! Combien touchante leur amitié ! Combien délicate leur conduite ! Quelle prudence et quel jugement ils manifestent !
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RUTH
Élimélech se retire dans le pays de Moab. Il y meurt. Ses fils s’y marient. Noëmi sa femme avec Ruth, sa bru, retourne à Bethléhem.
1. Aux jours d’un juge, lorsque les juges gouvernaient, il y eut une famine sur la terre. Or, un homme s’en alla de Bethléhem de Juda, pour voyager dans le pays de Moab, avec sa femme et ses deux enfants.
2. Cet homme s’appelait Élimélech, sa femme Noëmi, et ses deux fils, l’un Mahalon et l’autre Chelion ; ils étaient Ephrathéens de Bethléhem de Juda. Or, étant entrés dans le pays de Moab, ils y demeurèrent.
3. Et Élimélech, mari de Noëmi, mourut ; et elle resta avec ses fils,
4. Qui prirent des femmes moabites, dont l’une s’appelait Orpha, et l’autre Ruth. Et ils demeurèrent là pendant dix ans,
5. Puis ils moururent tous deux, c’est-à-dire Mahalon et Chelion : et cette femme resta seule privée de ses deux enfants et de son mari.
6. Elle se leva donc pour aller du pays de Moab dans sa patrie avec l’une et l’autre de ses belles-filles ; car elle avait appris que le Seigneur avait regardé son peuple et lui avait donné de la nourriture.
7. C’est pourquoi elle sortit du lieu de son pèlerinage avec l’une et l’autre de ses belles-filles ; et s’étant déjà mise en chemin pour retourner dans la terre de Juda,
8. Elle leur dit : Allez en la maison de votre mère, que le Seigneur vous fasse miséricorde, comme vous l’avez faite à ceux qui sont morts, et à moi.
9. Qu’il vous donne de trouver du repos dans les maisons des maris qui doivent vous échoir. Et elle les embrassa. Et elles, la voix élevée, se mirent à pleurer,
10. Et à dire : Nous irons avec vous chez votre peuple.
11. Noëmi leur répondit : Retournez, mes filles, pourquoi venez-vous avec moi ? Est-ce que j’ai encore des fils dans mon sein, pour que vous puissiez espérer de moi des maris ?
12. Retournez, mes filles, et allez-vous-en ; je suis déjà usée de vieillesse, et nullement propre au lien conjugal. Quand même je pourrais concevoir cette nuit et enfanter des fils,
13. Si vous vouliez les attendre jusqu’à ce qu’ils eussent grandi et achevé les années de puberté vous seriez vieilles avant de les épouser. Non, mes filles, je vous prie ; parce que votre angoisse pèse trop sur moi, et la main du Seigneur est sortie contre moi.
14. Ainsi, la voix élevée, elles se mirent de nouveau à pleurer. Orpha embrassa sa belle-mère, et s’en retourna ; Ruth s’attacha à sa belle-mère ;
15. Et Noëmi lui dit : Voilà ta belle-sœur qui est retournée à son peuple et à ses dieux, va avec elle.
16. Ruth répondit : N’insistez point auprès de moi, pour que je vous quitte et que je m’en aille, car partout où vous irez, j’irai ; et là où vous demeurerez, moi aussi je demeurerai. Votre peuple est mon peuple, et votre Dieu mon Dieu.
17. Et la terre qui vous recevra mourante, j’y mourrai ; et c’est là que je prendrai le lieu de ma sépulture. Que le Seigneur me fasse ceci et qu’il ajoute cela, si ce n’est pas la mort seule qui me sépare de vous.
18. Noëmi voyant donc que Ruth avait opiniâtrement résolu d’aller avec elle, ne voulut plus s’y opposer, ni lui persuader de retourner vers les siens.
19. Et elles partirent ensemble, et elles vinrent à Bethléhem. Entrées dans la ville, le bruit s’en répandit promptement parmi tous les habitants, et les femmes disaient : Voilà cette Noëmi.
20. Noëmi leur dit : Ne m’appelez point Noëmi (c’est-à-dire belle) ; mais appelez-moi Mara (c’est-à-dire amère), parce que le Tout-Puissant m’a remplie d’une grande amertume.
21. Je suis sortie pleine, et le Seigneur m’a ramenée vide. Pourquoi donc m’appelez-vous Noëmi, moi que le Seigneur a humiliée et que le Tout-Puissant a affligée.
22. Noëmi vint donc avec Ruth, la Moabite, sa belle-fille, de la terre de son pèlerinage ; et elle revint à Bethléhem, quand on commençait à moissonner les orges.
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CHAP. I.
1. De Juda, est ajouté à Bethléhem, parce qu’il y avait un autre Bethléhem dans la tribu de Zabulon. — * Bethléhem, gracieux village, à deux heures environ de Jérusalem au sud, bâti sur une double colline, tapissée de vignes et d’oliviers. Voir la note sur Matth. II, 1. — Moab, à l’est de la mer Morte.
2. Ephrathéens, veut dire ici hommes d’Ephrata, ou de Bethléhem, qui s’appelait anciennement Ephrata ; et non point hommes de la tribu d’Ephraïm, comme en plusieurs autres endroits.
6. Du pays de Moab, selon le texte hébreu, ne peut se rattacher qu’au verbe aller ; mais il y a amphibologie dans la Vulgate.
8. Allez, etc. Les femmes demeuraient dans des appartements séparés de ceux des hommes ; ainsi les filles habitaient dans l’appartement de leurs mères.
17. Que le Seigneur, etc. Bien que les mots du texte hébreu diffèrent un peu de ceux de la Vulgate, le sens est le même ; il exprime une formule de serment usitée dans ces anciens temps, mais abrégée ici par l’auteur sacré. C’est comme si l’on disait : Que le Seigneur me punisse de tels et tels maux et d’autres encore.
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Ruth va glaner dans les champs de Booz. Booz la comble de bonté.
1. Or Élimélech, mari de Noëmi, avait un parent, homme puissant et de grandes richesses, du nom de Booz,
2. Et Ruth, la Moabite, dit à sa belle-mère : Si vous ordonnez, j’irai dans le champ, et je recueillerai les épis qui auront échappé des mains des moissonneurs, partout où je trouverai grâce devant un père de famille, bon pour moi. Noëmi lui répondit : Va, ma fille.
3. C’est pourquoi elle s’en alla, et elle recueillait les épis derrière les moissonneurs. Or, il arriva que ce champ avait un maitre du nom de Booz, qui était de la parenté d’Élimélech.
4. Et voilà que lui-même venait de Bethléhem, et il dit aux moissonneurs : Le Seigneur soit avec vous ! Ceux-ci lui répondirent : Le Seigneur vous bénisse !
5. Alors Booz dit au jeune homme qui était à la tête des moissonneurs : À qui est cette jeune fille ?
6. Il lui répondit : C’est cette Moabite qui est venue avec Noëmi du pays de Moab.
7. Elle a demandé de recueillir les épis restants, en suivant les traces des moissonneurs ; et depuis le matin jusqu’à présent elle est dans le champ, et elle n’est pas même retournée un moment dans sa maison.
8. Et Booz dit à Ruth : Écoute, ma fille, ne va point dans un autre champ pour glaner, et ne t’éloigne point de ce lieu ; mais joins-toi à mes jeunes filles.
9. Et là où elles moissonneront, suis-les. Car j’ai commandé à mes serviteurs que personne ne t’inquiète ; et même si tu as soif, va où sont les vases, et bois de l’eau dont mes serviteurs eux-mêmes boivent.
10. Ruth, tombant sur sa face, et se prosternant contre terre, lui dit : D’où me vient cela, que j’ai trouvé grâce devant vos yeux, et que vous daigniez me connaitre, moi femme étrangère ?
11. Booz lui répondit : On m’a rapporté tout ce que tu as fait pour ta belle-mère après la mort de ton mari, et que tu as quitté tes parents et la terre où tu es née, et que tu es venue chez un peuple, qu’auparavant tu ne connaissais pas.
12. Que le Seigneur te rende selon tes œuvres et que tu reçoives une pleine récompense du Seigneur Dieu d’Israël, vers lequel tu es venue, et sous les ailes duquel tu t’es réfugiée.
13. Ruth répondit : J’ai trouvé grâce devant vos yeux, mon seigneur, qui m’avez consolée, et vous avez parlé au cœur de votre servante, de moi qui ne suis pas semblable à vos servantes.
14. Booz lui dit encore : Quand ce sera l’heure de manger, viens ici, et mange du pain, et trempe ton morceau dans le vinaigre. C’est pourquoi elle s’assit au côté des moissonneurs, prit des grains rôtis pour elle, mangea, se rassasia et emporta le reste.
15. Et ensuite elle se leva pour recueillir les épis, selon la coutume. Or, Booz ordonna à ses serviteurs, disant : Quand elle voudrait moissonner avec vous, ne l’empêchez point :
16. Et même jetez de vos gerbes à dessein, et faites en sorte qu’il en reste, afin qu’elle glane sans honte, et que lorsqu’elle glanera, personne ne la reprenne.
17. Elle glana donc dans le champ jusqu’au soir ; puis frappant d’une verge ce qu’elle avait recueilli et le secouant, elle trouva environ la mesure d’un ephi, c’est-à-dire trois boisseaux.
18. Et, les portant, elle retourna à la ville, et les montra à sa belle-mère ; de plus elle lui présenta et lui donna le reste de ce qu’elle avait mangé et dont elle s’était rassasiée.
19. Et sa belle-mère lui demanda : Où as-tu glané aujourd’hui, et où as-tu travaillé ? Qu’il soit béni, celui qui a eu pitié de toi ! Et elle lui indiqua chez qui elle avait travaillé ; et elle lui dit que cet homme s’appelait du nom de Booz.
20. Noëmi lui répondit : Béni soit-il du Seigneur, puisque la même bonté qu’il avait eue pour les vivants, il l’a gardée aussi pour les morts. Et de nouveau, elle dit : Cet homme est notre parent.
21. Alors Ruth : Il m’a, dit-elle, ordonné encore ceci, de me joindre à ses moissonneurs, jusqu’à ce que tous les grains seraient recueillis.
22. Sa belle-mère lui répondit : Il vaut mieux, ma fille, que tu sortes avec ses jeunes filles pour moissonner, afin que personne ne t’inquiète dans le champ d’un autre.
23. C’est pourquoi elle se joignit aux jeunes filles de Booz, et moissonna avec elles, jusqu’à ce que les orges et le froment eussent été serrés dans les greniers.
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CHAP. II.
2. Dans le champ ; voisin du lieu où elles se trouvaient. — * Les épis qui auront échappé des mains des moissonneurs. La récolte du froment commence ordinairement en Palestine vers la fin de mai. Les moissonneurs, prenant les épis de la main gauche, les coupent de la main droite avec une faucille, ou bien les arrachent avec la main par la racine ; on les lie en gerbes avec un lien fait de la paille même qu’on vient de couper et on les laisse, ainsi liés, sur place. Hommes et femmes travaillent aujourd’hui, comme du temps de Ruth, à cette opération. Ils avancent en diagonale à travers le champ qu’ils moissonnent. Ce ne sont pas les cultivateurs ordinaires qui moissonnent, ce sont des hommes pris à gage pour la journée.
3. * Elle recueillait les épis derrière les moissonneurs. Aujourd’hui comme du temps de Ruth, « les plus pauvres parmi le peuple, la veuve et l’orphelin, se voient souvent à la suite des moissonneurs, recueillant les épis qui ont été laissés en arrière. » (Van Lennep.)
8. Mes jeunes filles ; c’est-à-dire les jeunes filles qui me servent.
9. * Et même si tu as soif, va où sont les vases et bois de l’eau dont mes serviteurs eux-mêmes boivent. Les moissonneurs sont toujours très altérés, aussi vont-ils boire souvent à une cruche d’eau qu’on garde cachée à l’ombre d’un arbre ou dans des broussailles. Les peintures égyptiennes représentant la moisson nous montrent presque toujours des outres d’eau destinées aux ouvriers. Tantôt une femme les leur apporte, tantôt on les voit boire à longs traits.
13. Qui ne suis pas semblable ; qui suis au-dessous.
14. Chez les anciens, le vinaigre figurait ordinairement dans les repas des gens de la campagne. — * Quand le moment du repas est venu, les moissonneurs se réunissent tous ensemble, à l’ombre d’un arbre, autour d’un plat fourni par le propriétaire du champ. Les mets préférés sont le leben ou lait aigre, des grains rôtis, la salade ou des mets vinaigrés, nourriture peu substantielle mais rafraichissante et par là même très agréable au milieu de la chaleur qui dévore les travailleurs. Sur les épis rôtis, voici ce que dit un voyageur : « Je rencontrai entre Acre et Seyde un berger qui conduisait le plus grand troupeau de chèvres que j’eusse encore vu dans le pays. Il dinait avec des épis de froment à moitié mûrs, qu’il mangeait, après les avoir fait rôtir, d’aussi bon appétit que les Turcs font leur pillaus. Il nous régala du même mets et nous offrit à boire du lait tout chaud. Il est parlé de ces épis ainsi rôtis dans le livre de Ruth, preuve que cette nourriture est fort ancienne dans l’Orient. Elle est pareillement en usage en Égypte, avec cette différence que les pauvres gens substituent aux épis de froment ceux du blé de Turquie et du millet. Les premiers hommes qui usèrent de cette nourriture, ignoraient les raffinements de l’art, et vraisemblablement ceux qui s’en servent les ignorent encore. Cependant je mets beaucoup de différence entre du bon pain de froment et ces épis rôtis. » (Fr. Hasselquist.)
17. L’ephi contenait environ 39 L. — Quand la quantité d’orge ou de froment est petite, on sépare le grain de l’épi en le battant avec tut bâton et on le vanne au moyen d’un courant d’air qui emporte le chaume.
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Ruth va se coucher aux pieds de Booz. Booz lui promet de l’épouser.
1. Or, après que Ruth fut retournée près de sa belle-mère, elle entendit d’elle : Ma fille, je chercherai pour toi du repos, et je pourvoirai à ce que bien t’arrive.
2. Ce Booz, aux jeunes filles duquel tu t’es jointe dans le champ, est notre parent ; et cette nuit il vanne l’aire de l’orge.
3. Lave-toi donc, parfume-toi, revêts-toi de tes plus beaux habits, et descends dans l’aire : que cet homme ne te voie point, jusqu’à ce qu’il ait fini de manger et de boire.
4. Mais quand il ira dormir, remarque le lieu, où il dort ; et tu viendras, et tu découvriras la couverture dont il est couvert du côté des pieds, puis tu te coucheras, et tu demeureras là ; mais lui-même te dira ce que tu dois faire.
5. Ruth répondit : Tout ce que vous ordonnerez, je le ferai.
6. Elle descendit donc dans l’aire, et elle fit tout ce que sa belle-mère lui avait commandé.
7. Et lorsque Booz eut mangé et bu, et qu’il fut devenu plus Gal., et qu’il fut allé dormir près du tas de gerbes, elle vint secrètement, et, la couverture écartée du côté des pieds, elle se coucha.
8. Et voilà qu’au milieu même de la nuit cet homme fut effrayé et se troubla, lorsqu’il vit une femme couchée à ses pieds,
9. Et il lui dit : Qui es-tu ? Et elle lui répondit : Je suis Ruth, votre servante : étendez votre couverture sur votre servante, parce que vous êtes mon parent.
10. Et lui : Ma fille, dit-il, tu es bénie du Seigneur, et tu as surpassé la première miséricorde par la dernière, parce que tu n’as pas recherché les jeunes gens, pauvres ou riches.
11. Ne crains donc point ; mais tout ce que tu me diras, je le ferai pour toi ; car tout le peuple qui habite au dedans des portes de ma ville sait que tu es une femme de vertu.
12. Et je ne désavoue pas que je sois parent ; mais il y en a un autre plus proche que moi.
13. Repose-toi cette nuit, et le matin venu, s’il veut te retenir par le droit de parenté, c’est une bonne chose ; mais s’il ne veut pas, moi, sans aucun doute, je te prendrai, le Seigneur vit ! Dors jusqu’au matin.
14. C’est pourquoi elle dormit à ses pieds jusqu’à l’éloignement de la nuit. C’est pourquoi elle se leva avant que les hommes se reconnussent mutuellement, et Booz dit : Prends garde que personne ne sache que tu es venue ici.
15. Et de nouveau : Étends dit-il, ton manteau dont tu te couvres, et tiens-le de l’une et l’autre main. Et, Ruth l’étendant et le tenant, il mesura six boisseaux d’orge et les mit sur elle ; et elle, les portant, entra dans la ville,
16. Et vint vers sa belle-mère, qui lui dit : Qu’as-tu fait, ma fille ? Et elle lui raconta tout ce que cet homme avait fait pour elle,
17. Et elle ajouta : Voici six boisseaux d’orge qu’il m’a donnés, et il a dit : Je ne veux pas que tu retournes les mains vides vers ta belle-mère.
18. Et Noëmi dit : Attends, ma fille, jusqu’à ce que nous voyons quelle fin aura la chose ; car cet homme n’aura point de repos qu’il n’ait accompli ce qu’il a dit.
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CHAP. III.
2. Il vanne l’aire de l’orge ; pour il vanne l’orge de l’aire, ou dans l’aire. — Quand on se reporte à la simplicité des mœurs de ces anciens temps, et que l’on examine sans prévention l’ensemble de ce récit, on est loin de le trouver scandaleux comme l’ont trouvé quelques incrédules, affectant une chasteté, qu’ils n’avaient peut-être pas dans le cœur.
7. * Et qu’il fut allé dormir près du tas de gerbes. Depuis le moment où le blé commence à être transporté sur l’aire jusqu’au jour où il en est enlevé, après avoir été battu et vanné, le propriétaire dort la nuit à côté de ses gerbes, dont quelques-unes lui servent de couche et le garantissent de la rosée de la nuit. Il est nécessaire de garder ainsi la récolte pour la garantir contre les voleurs, si l’aire n’est pas éloignée d’un village, ou pour la mettre à l’abri des ravages des sangliers, quand on est loin des lieux habités. Dans les parties montagneuses de la Palestine, les cerfs et les ours sont aussi à redouter pour les monceaux de blé. Sur les bords du Jourdain, les cultivateurs sont souvent obligés de couper les récoltes avant qu’elles soient entièrement mures, pour les dérober aux Bédouins qui viennent du désert, s’emparent des grains, les chargent sur leurs chameaux ou leurs chevaux et les emportent.
10. La première miséricorde ; la bonté, la charité que tu as eue pour ton mari et ta belle-mère. — La dernière ; le zèle que tu mets à faire revivre la mémoire et le nom de ton premier mari, en épousant un parent âgé préférablement à un jeune homme, que tu devrais naturellement rechercher étant jeune toi-même.
13. Le Seigneur vit ! Voy. Judic. VIII, 19.
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Booz épouse Ruth, Elle devient mère d’Obed, aïeul de David.
1. Booz donc monta à la porte de la ville et s’y assit. Et lorsqu’il vit passer le parent dont il a été parlé auparavant, il lui dit : Détourne-toi un peu, et assieds-toi ici, l’appelant par son nom. Celui-ci se détourna et s’assit.
2. Or, Booz, prenant dix hommes d’entre les anciens de la ville, leur dit : Asseyez-vous ici.
3. Et, eux s’étant assis, il dit à son parent : Noëmi, qui est revenue du pays de Moab, vendra la partie du champ de notre frère Élimélech.
4. J’ai voulu que tu l’apprisses, et te le dire devant tous ceux qui sont assis ici et devant les anciens de mon peuple. Si tu veux le posséder par le droit de parenté, achète-le et possède-le ; mais si cela te déplait, déclare-le moi afin que je sache ce que je dois faire ; car il n’y a aucun parent, excepté toi, qui es le premier, et moi qui suis le second. Mais lui répondit : C’est moi qui achèterai le champ.
5. Booz lui dit : Quand tu auras acheté le champ de la main de la femme, tu devras aussi épouser Ruth, la Moabite, qui fut la femme du défunt, afin que tu fasses revivre le nom de ton parent dans son héritage.
6. Il répondit : Je cède le droit de parenté ; car je ne dois pas éteindre la postérité de ma famille ; use toi-même du privilège dont je déclare me priver volontairement.
7. Or, c’était une ancienne coutume en Israël entre les parents, que quand l’un cédait son droit à l’autre, afin que la cession fut valide, un homme déliait sa chaussure et la donnait à son parent. C’était là le témoignage de la cession en Israël.
8. Booz dit donc à son parent : Ôte ta chaussure. Et aussitôt il la délia de son pied.
9. Mais Booz aux anciens et à tout le peuple : Vous, dit-il, vous êtes témoins aujourd’hui, que je possède tout ce qui a appartenu à Élimélech, à Chelion et à Mahalon, Noëmi me le livrant ;
10. Et que je prends en mariage Ruth, la Moabite, femme de Mahalon, afin que je fasse revivre le nom du défunt dans son héritage, pour ne pas que son nom disparaisse de sa famille, de ses frères et de son peuple. Vous, dis-je, vous êtes témoins de cette chose.
11. Tout le peuple qui était à la porte répondit, ainsi que les anciens : Nous sommes témoins ; que le Seigneur fasse cette femme qui entre dans ta maison, comme Rachel et Lia qui ont élevé la maison d’Israël, afin qu’elle soit un exemple de vertu dans Ephrata, et qu’elle ait un nom célèbre dans Bethléhem ;
12. Et que ta maison devienne comme la maison de Pharès, que Thamar enfanta à Juda, par la postérité que le Seigneur te donnera de cette jeune fille.
13. C’est pourquoi Booz prit Ruth et la reçut pour femme ; il s’approcha d’elle, et le Seigneur lui donna de concevoir et d’enfanter un fils.
14. Et les femmes dirent à Noëmi : Béni le Seigneur qui n’a pas souffert que ta famille manquât d’un héritier dont le nom serait nommé dans Israël,
15. Et que tu n’aies pas un enfant qui console ton âme, et prenne soin de ta vieillesse ! car il est né de ta belle-fille qui te chérit, et qui te vaut beaucoup mieux que si tu avais sept fils.
16. Et Noëmi ayant pris l’enfant le mit sur son sein, et elle faisait l’office de nourrice et de porteuse.
17.Or, les femmes voisines la félicitaient et disaient : Il est né un fils à Noëmi ; elles l’appelèrent du nom d’Obed : c’est le père d’Isaï, père de David.
18. Voici les générations de Pharès : Pharès engendra Esron.
19. Esron engendra Aram, Aram engendra Aminadab,
20. Aminadab engendra Nahasson, Nahasson engendra Salmon.
21. Salmon engendra Booz, Booz engendra Obed,
22. Obed engendra Isaï, Isaï engendra David.
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CHAP. IV. 7. Deut. XXV, 7. — 12. Gen. XXXVIII, 29. — 18. I Par. II, 5 ; IV, 1 ; Matth. I, 3. — 21. Matth. I, 5.
3. Notre frère ; c’est-à-dire notre parent.
5. De la main de la femme ; c’est-à-dire Noëmi.
11.* Comme Rachel et Lia, les épouses de Jacob. Voir Gen. XXIX-XXX.
17. Elles appelèrent. Ce sont les voisines de Noëmi qui nommèrent l’enfant. Le latin de la Vulgate est amphibologique, mais l’hébreu ne l’est nullement.
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