María auxiliátrix


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GÉNESIS

LA GENÈSE

*gnsu

Génesis - Summárium

CHAPITRE PREMIER

Création du monde et de l’homme. Dieu soumet toutes les créatures à l’homme.

CHAPITRE II

Repos du septième jour. Description du Paradis. Création d’Ève. Institution du mariage.

CHAPITRE III

Tentation d’Ève par le serpent. Le péché et sa punition.

CHAPITRE IV

Cain et Abel ; leurs sacrifices. Cain tue Abel. Descendants de Cain. Seth, fils d’Adam. Énos, fils de Seth.

CHAPITRE V

Généalogie de Noé, remontant jusqu’à Adam, par les descendants de Seth.

CHAPITRE VI

Multiplication et corruption générale des hommes. Prédiction du déluge. Construction de l’arche.

CHAPITRE VII

Noé entre dans l’arche avec sa famille. Il y fait entrer les animaux. Le déluge.

CHAPITRE VIII

Les eaux se retirent. Noé sort de l’arche ; il offre un sacrifice à Dieu, et Dieu fait alliance avec lui.

CHAPITRE IX

Alliance de Dieu avec Noé et sa postérité. Malédiction contre Cham et Chanaan. Bénédiction en faveur de Sem et de Japheth.

CHAPITRE X

Dénombrement des fils de Noé. Pays que chacun d’eux a possédé.

CHAPITRE XI

Construction de la tour de Babel. Confusion des langues. Postérité de Sem.

CHAPITRE XII

Vocation d’Abram, et promesse qui lui est faite. Son entrée en Égypte.

CHAPITRE XIII

Abram retourne d’Égypte dans la terre de Chanaan. Lot se sépare de lui. Abram reçoit de nouvelles assurances de la protection de Dieu.

CHAPITRE XIV

Guerre de Chodorlahomor contre les rois de la Pentapole. Abram délivre Lot. Melchisedech bénit Abram.

CHAPITRE XV

Dieu promet un fils à Abram. Alliance de Dieu avec Abram.

CHAPITRE XVI

Abram épouse Agar. Fuite d’Agar. Naissance d’Ismaël.

CHAPITRE XVII

Dieu apparait à Abraham ; il change son nom et celui de Saraï. Institution de la Circoncision. Promesse de la naissance d’Isaac.

CHAPITRE XVIII

Apparition de trois anges à Abraham. Promesse de la naissance d’Isaac. Prédiction de la destruction de Sodome et de Gomorrhe.

CHAPITRE XIX

Lot reçoit les anges à Sodome ; il se sauve à Ségor. Destruction de Sodome et de Gomorrhe. Inceste des filles de Lot.

CHAPITRE XX

Abraham se retire à Gerara. Abimélech enlève Sara ; il la rend à Abraham.

CHAPITRE XXI

Naissance d’Isaac. Agar est chassée. Alliance entre Abimélech et Abraham.

CHAPITRE XXII

Sacrifice d’Isaac. Dieu réitère ses promesses à Abraham. Dénombrement des enfants de Nachor, frère d’Abraham.

CHAPITRE XXIII

Mort de Sara. Abraham achète une caverne pour l’enterrer.

CHAPITRE XXIV

L’intendant de la maison d’Abraham va en Mésopotamie demander une femme pour Isaac ; il obtient Rébecca.

CHAPITRE XXV

Abraham épouse Cétura. Dénombrement des enfants nés de ce mariage. Mort d’Abraham. Postérité d’Ismaël ; sa mort. Naissance d’Ésaü et de Jacob. Ésaü vend son droit d’ainesse.

CHAPITRE XXVI

Voyage d’Isaac à Gerara ; son retour à Bersabée ; son alliance avec Abimélech. Mariage d’Ésaü.

CHAPITRE XXVII

Jacob surprend la bénédiction d’Ésaü. Menace d’Ésaü contre Jacob, qui se retire en Mésopotamie.

CHAPITRE XXVIII

Jacob quitte la maison de son père pour se retirer en Mésopotamie. Ésaü épouse Maheleth, fille d’Ismaël. Vision de Jacob à Béthel.

CHAPITRE XXIX

Jacob sert Laban pendant sept ans pour épouser Rachel ; mais Laban lui donne Lia. Il sert encore sept ans pour avoir Rachel. Naissance de Ruben.

CHAPITRE XXX

Naissance de Dan, de Nephtali, de Gad, d’Aser, d’Issachar, de Dina et de Joseph. Accord de Jacob et de Laban.

CHAPITRE XXXI

Fuite de Jacob. Laban le poursuit. Alliance entre eux.

CHAPITRE XXXII

Jacob fait annoncer son retour à Ésaü ; celui-ci vient au-devant de lui. Lutte de Jacob avec un ange.

CHAPITRE XXXIII

Rencontre de Jacob et d’Ésaü. Jacob se retire à Socoth, et de là il se rend à Sichem.

CHAPITRE XXXIV

Dina, fille de Jacob, est violée par Sichem, fils d’Hemor. Siméon et Lévi égorgent les Sichemites.

CHAPITRE XXXV

Voyage de Jacob à Béthel. Naissance de Benjamin. Dénombrement des fils de Jacob. Mort d’Isaac.

CHAPITRE XXXVI

Dénombrement des descendants d’Ésaü.

CHAPITRE XXXVII

Jalousie des fils de Jacob contre Joseph, leur frère ; ils le vendent, et il est mené en Égypte.

CHAPITRE XXXVIII

Juda marie successivement deux de ses fils à Thamar. Naissance de Pharès et de Zara.

CHAPITRE XXXIX

Joseph mérite la confiance de son maitre Putiphar ; mais il est accusé par sa femme et mis en prison.

CHAPITRE XL

Le grand échanson et le grand panetier du roi d’Égypte sont mis en prison. Joseph explique leurs songes.

CHAPITRE XLI

Songes de Pharaon expliqués par Joseph. Élévation de Joseph. Naissance de Manassé et d’Ephraïm. Stérilité en Égypte.

CHAPITRE XLII

Arrivée des frères de Joseph en Égypte, Joseph fait arrêter Siméon, et ne renvoie les autres qu’à condition qu’ils amèneront Benjamin.

CHAPITRE XLIII

Retour des frères de Joseph en Égypte avec Benjamin. Joseph leur fait un festin.

CHAPITRE XLIV

Joseph fait mettre sa coupe dans le sac de Benjamin. Il traite ses frères comme des voleurs. Juda s’offre à demeurer esclave à la place de Benjamin.

CHAPITRE XLV

Joseph se fait connaitre à ses frères. Ceux-ci s’en retournent vers Jacob chargés de présents.

CHAPITRE XLVI  

Jacob vient en Égypte ; dénombrement de ses enfants. Entrevue de Jacob et de Joseph.

CHAPITRE XLVII

Jacob arrive avec sa famille en Égypte. Pharaon leur donne la terre de Gessen. Maladie de Jacob.

CHAPITRE XLVIII

Jacob bénit Ephraïm et Manassé ; il laisse à Joseph le champ voisin de Sichem.

CHAPITRE XLIX

Dernières paroles de Jacob. Il prédit à chacun de ses fils ce qui doit lui arriver. Il meurt.

CHAPITRE L

Obsèques de Jacob. Mort de Joseph.

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1 à 10

Gn 1

*gn01

CHAPITRE PREMIER

Création du monde et de l’homme. Dieu soumet toutes les créatures à l’homme.

1. 2. Mais la terre était informe et nue, et des ténèbres étaient sur la face d’un abime, et l’Esprit de Dieu était porté sur les eaux.

3. Or Dieu dit : Que la lumière soit. Et la lumière fut.

4. Et Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres.

5. Et il appela la lumière, Jour, et les ténèbres, Nuit : et d’un soir et d’un matin se fit un jour unique.

6. Dieu dit encore : Qu’un firmament soit fait entre les eaux, et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux.

7. Et Dieu fit le firmament, et il sépara les eaux qui étaient sous le firmament de celles qui étaient sur le firmament. Et il fut fait ainsi.

8. Or Dieu nomma le firmament, Ciel ; et d’un soir et d’un matin se fit un second jour.

9. Dieu dit ensuite : Que les eaux qui sont sous le ciel se rassemblent en un seul lieu, et que la partie aride paraisse.

10. Or Dieu nomma la partie aride, Terre, et les amas d’eaux, il les appela Mers. Et Dieu vit que cela était bon.

11. Et il dit : Que la terre produise de l’herbe verdoyante, et faisant de la semence, et des arbres fruitiers, faisant du fruit selon leur espèce, dont la semence soit en eux-mêmes sur la terre. Et il fut fait ainsi.

12. Et la terre produisit de l’herbe verdoyante, et faisant de la semence selon son espèce, et des arbres faisant du fruit, et ayant chacun de la semence selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon.

13. Et d’un soir et d’un matin se fit un troisième jour.

14. Dieu dit aussi : Qu’il soit fait des luminaires dans le firmament du ciel, et qu’ils séparent le jour et la nuit, et qu’ils servent de signes pour marquer et les temps et les jours et les années,

15. Qu’ils luisent dans le firmament du ciel, et qu’ils éclairent la terre. Et il fut fait ainsi.

16. Dieu fit donc deux grands luminaires ; l’un plus grand, pour présider au jour ; l’autre moins grand, pour présider à la nuit ; et les étoiles.

17. Et il les plaça dans le firmament du ciel pour luire sur la terre,

18. Pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière et les ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon.

19. Et d’un soir et d’un matin se fit un quatrième jour.

20. Dieu dit encore : Que les eaux produisent des reptiles d’une âme vivante, et des volatiles sur la terre, sous le firmament du ciel.

21. Dieu créa donc les grands poissons, et toute âme vivante et ayant le mouvement, que les eaux produisirent selon-leurs espèces, et tout volatile selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon.

22. Il les bénit, disant : Croissez et multipliez-vous, et remplissez les eaux de la mer : et que les oiseaux se multiplient sur la terre.

23. Et d’un soir et d’un matin se fit un cinquième jour.

24. Dieu dit aussi : Que la terre produise des âmes vivantes selon leur espèce, des animaux domestiques, des reptiles et des bêtes de la terre selon leurs espèces. Et il fut fait ainsi.

25. Dieu fit donc les bêtes de la terre selon leurs espèces, les animaux domestiques et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Et Dieu vit que cela était bon.

26. Il dit ensuite : Faisons un homme à notre image et à notre ressemblance : et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les volatiles du ciel, et sur les bêtes, et sur toute la terre et sur tous les reptiles qui se meuvent sur la terre.

27. Et Dieu créa l’homme à son image : c’est à l’image de Dieu qu’il le créa : il les créa mâle et femelle.

28. Et Dieu les bénit et leur dit : Croissez et multipliez-vous ; remplissez la terre et assujettissez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les volatiles du ciel et sur tous les animaux qui se meuvent sur la terre.

29. Dieu dit encore : Voici que je vous donne toute herbe portant de la semence sur la terre, et toutes les plantes ayant en elles-mêmes la semence de leur espèce, pour être votre nourriture ;

30. Et à tous les animaux de la terre, à tous les oiseaux du ciel, et à tout ce qui se meut sur la terre et en qui est une âme vivante, pour qu’ils aient à manger. Et il fut fait ainsi.

31. Et Dieu vit toutes les choses qu’il avait faites, et elles étaient très bonnes. Et d’un soir et d’un matin se fit le sixième jour.

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Concordances : CHAP. I. 1. Ps. XXXII, 6 ; CXXXV, 5 ; Eccli. XVIII, 1 ; Act. XIV, 14 ; XVII, 24. — 3. Hebr. XI, 3. — 7. Ps. CXXXV, 5 ; CXLVIII, 4 ; Jer. X, 12 ; LI, 15. — 10. Job. XXXVIII, 4 ; Ps. XXXII, 7 ; LXXXVIII, 12 ; CXXXV, 6. — 14. Ps. CXXXV, 7. — 26. Infra. V, 1 ; IX, 6 ; I Cor. XI, 7 ; Col. III, 10. — 26. (propríetas) Ps. VIII, 7 ; I Cor. III, 22. — 27. Sap. II, 23 ; Eccli. XVII, 1 ; Matth. XIX, 4. — 28. Infra. VIII, 17 ; IX, 1. — 29. Infra. IX, 3. — 31. Eccli. XXXIX, 21 ; Marc. VII, 37.

 

1. Au commencement ; c’est-à-dire rien n’existant encore que Dieu seul. — * (Les notes précédé de l’astérisque * sont ajoutées par F. Vigouroux à celle de J.-B. Glaire.) Voir à la fin du volume la note 1 sur la cosmogonie mosaïque.

2. # (Les notes précédées du dièse # ont été ajoutées par nous.) L’Esprit porté sur les eaux est l’Esprit Saint qui « survient » sur la pleine de grâce, la Vierge Marie (cf. Luc. I, 28-35), une poterie (cf. II Cor. IV, 7), la terre vide, qui contient toute l’eau de la grâce (cf. Joan. IV, 14).

3. Littér. : Que lumière soit, et lumière fut. Par lumière, il faut entendre ici le fluide lumineux dont les astres sont devenus les moteurs.

6, 7. Le mot firmament de la Vulgate, aussi bien que l’hébreu expansion, étendue signifie l’atmosphère, qui non seulement divise les eaux des nuées que les vapeurs y forment, de celles de la terre, mais qui pesant sur les eaux des mers, les maintient et les affermit dans leur état liquide et dans leurs limites.

11. Faisant du fruit ; portant déjà du fruit, chargés de leurs fruits. — Selon leur espèce : littér. Selon son genre. Ces deux mots sont souvent confondus dans la Vulgate ; le texte hébreu porte partout le même terme, que l’on rend généralement par espèce.

14. Le soleil et la lune ne sont pas, il est vrai, les deux plus grands astres, bien qu’ils nous paraissent tels ; mais ils sont les deux plus grands luminaires, puisque, de tous les globes célestes, ce sont ceux qui répandent le plus de lumière.

16. * Dieu fit deux grands luminaires. « Le soleil et la lune ne sont pas les deux plus grands corps célestes ; ils sont néanmoins les deux plus grands luminaires (relativement à nous), puisque ce sont ceux de tous les astres qui répandent le plus de lumière sur la terre. » — Pour présider au jour. « Moïse dit que le soleil est destiné à présider au jour, comme la lune et les étoiles sont destinées à éclairer la nuit, afin d’ôter aux Israélites la tentation d’adorer ces corps inanimés (comme le faisaient les peuples voisins) Deut. IV, 19. » (Duclot.)

20. Les Hébreux appelaient les poissons reptiles, parce qu’ils n’ont généralement point de pieds et qu’ils se trainent sur leur ventre. — D’une âme vivante ; c’est-à-dire doués du principe vital, animés.

26. Faisons marque évidemment la pluralité des personnes en Dieu. — À notre image, etc. L’homme est fait à l’image de Dieu en ce qu’il est doué d’une âme immatérielle, immortelle, intelligente, libre, capable de sagesse, de vertu et de béatitude, c’est-à-dire, de voir Dieu et d’en jouir. — * « Dieu, dit Bossuet, a formé les autres animaux en cette sorte : Que la terre, que les eaux produisent les plantes et les animaux, et c’est ainsi qu’ils ont reçu l’être et la vie. Mais Dieu, après avoir mis en ses mains toutes puissantes la boue dont le corps humain a été formé, il n’est pas dit qu’il en ait tiré son âme, mais il est dit qu’il inspira sur sa face un souffle de vie, et c’est ainsi qu’il a été fait une âme vivante. Dieu fait sortir chaque chose de ses principes : il produit de la terre les herbages et les arbres avec les animaux, qui n’ont d’autre vie qu’une vie terrestre et purement animale : mais l’âme de l’homme est tirée d’un autre principe, qui est Dieu. C’est ce que veut dire ce souffle de vie, que Dieu tire de sa bouche pour animer l’homme : ce qui est fait à la ressemblance de Dieu ne sort point des choses matérielles ; et cette image n’est point cachée dans ces bas éléments pour en sortir, comme fait une statue de marbre ou de bois. L’homme a deux principes : selon le corps, il vient de la terre ; selon l’âme, il vient de Dieu seul ; et c’est pourquoi, dit Salomon, pendant que le corps retourne à la terre d’où il a été tiré, l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné. »

28. * Remplissez la terre, parce que la terre est faite pour l’homme. La terre « tient dignement son rang [au milieu des astres] par la suprême harmonie de toutes ses parties et de tous ses mouvements ; planète aux allures rythmiques, elle est en petit le représentant des mondes. Cari Ritter caractérisait la terre comme étant la planète du juste milieu. La plasticité du globe terrestre offrait, disait-il, plus d’harmonie que celle des autres planètes ; les aspérités qui en hérissent la surface sont moins accentuées que celles qui existent sur Vénus et sur la lune. N’étant ni trop voisine ni trop éloignée du soleil, la terre n’est exposée qu’à une chaleur modérée ; elle n’a qu’un seul satellite, pendant que d’autres planètes en ont jusqu’à 8 ou n’en ont pas du tout. Elle représente en toutes choses une sorte de terme moyen également éloigné de tous les extrêmes et cet équilibre admirable des conditions d’existence de la terre semble indiquer un développement individuel qui s’est harmonisé d’une manière définitive avec le système solaire tout entier et qui fait de la terre le séjour prédestiné de l’homme. » (Radau.)

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Gn 2

*gn02

CHAPITRE II

Repos du septième jour. Description du Paradis. Création d’Ève. Institution du mariage.

1. Ainsi furent achevés les cieux et la terre, et tout leur ornement.

2. Et Dieu eut accompli son œuvre le septième jour : et il se reposa le septième jour de tous les ouvrages qu’il avait faits.

3. Et Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, parce qu’en ce jour il s’était reposé de tout ce qu’il avait créé et fait.

4. Telles furent les origines du ciel et de la terre, lorsqu’ils furent créés, au jour que le Seigneur Dieu fit un ciel et une terre,

5. Et tous les arbustes de la campagne, avant qu’ils eussent paru sur la terre, et toutes les herbes de la campagne, avant qu’elles eussent poussé : car le Seigneur Dieu n’avait point encore fait pleuvoir sur la terre, et il n’y avait point d’homme pour cultiver la terre.

6. Mais il s’élevait de la terre une source qui arrosait toute la surface de la terre.

7. Le Seigneur Dieu forma donc l’homme du limon de la terre, et il souffla sur son visage un souffle de vie, et l’homme fut fait âme vivante.

8. Or le Seigneur Dieu avait planté, dès le commencement, un paradis de volupté, dans lequel il mit l’homme qu’il avait formé.

9. Et le Seigneur Dieu fit sortir du sol toutes sortes de bois beaux à voir, et doux à manger : et aussi le bois de vie au milieu du paradis, et le bois de la science du bien et du mal.

10. De ce lieu de volupté sortait un fleuve pour arroser le paradis, et qui ensuite se divise en quatre canaux.

11. Le nom de l’un est Phison ; c’est celui qui coule autour de la terre de Hevilath, où vient l’or.

12. Et l’or de cette terre est excellent ; c’est là aussi que se trouve le bdellium et la pierre d’onyx.

13. Le nom du second fleuve est Gehon ; c’est celui qui coule tout autour de la terre d’Éthiopie.

14. Le nom du troisième fleuve est le Tigre ; il se répand du côté de l’Assyrie. Le quatrième fleuve, c’est l’Euphrate.

15. Le Seigneur Dieu prit donc l’homme et le mit dans un paradis de volupté, pour le cultiver et le garder :

16. Et il lui commanda, disant : Mange de tous les bois du paradis :

17. Mais quant au bois de la science du bien et du mal, n’en mange pas ; car au jour où tu en mangeras, tu mourras de mort.

18. Le Seigneur Dieu dit aussi : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; faisons-lui une aide semblable à lui.

19. Tous les animaux de la terre et tous les volatiles du ciel, ayant donc été formés de la terre, le Seigneur Dieu les fit venir devant Adam, afin qu’il vît comment il les nommerait : or le nom qu’Adam donna à toute âme vivante, est son vrai nom.

20. Ainsi Adam, appela par leurs noms tous les animaux, tous les volatiles du ciel, et toutes les bêtes de la terre : mais pour Adam, il ne se trouvait point d’aide semblable à lui.

21. Le Seigneur Dieu envoya donc à Adam un profond sommeil ; et lorsqu’il se fut endormi, il prit une de ses côtes, et il mit de la chair à sa place.

22. Puis le Seigneur Dieu forma de la côte qu’il avait tirée d’Adam, une femme, et il l’amena devant Adam.

23. Et Adam dit : Voilà maintenant un os de mes os, et de la chair de ma chair : celle-ci s’appellera Virago, parce qu’elle a été tirée d’un vir.

24. C’est pourquoi un homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme ; et ils seront deux dans une seule chair.

25. Or ils étaient nus l’un et l’autre, c’est-à-dire Adam et sa femme, et ils ne rougissaient pas.

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CHAP. II. 2. Ex. XX, 11 ; XXXI, 17 ; Deut. V, 14 ; Hebr. IV, 4. — 7. I Cor. XV, 45. — 11. Eccli. XXIV, 35. — 23. I Cor. XI, 9. — 24. Matth. XIX, 5 ; Marc. X, 7 ; Eph. V, 31 ; I Cor. VI, 16.

 

1. # Et tout leur ornement ; « Littéral. : toute leur milice (kol-ṣᵉba’âm), c.-à-d. la multitude des êtres, maintenant organisés et mis en ordre comme une armée. Cf. II Esd. IX, 6. » (L.-C. Fillion.) De là vient le mot Sabaoth.

3. Qu’il avait créé et fait, litter., qu’il avait créé pour faire ; c’est-à-dire pour le façonner et le disposer. — * Voir à la fin du volume la note 2 sur la date de la création du monde, et la note 3 sur la date de la création de l’homme.

7. Le Seigneur Dieu forma donc l’homme, Adam, du limon de la terre. Le nom d’Adam, qui signifie rouge, parait rappeler l’origine terrestre de son corps, la terre rouge, en hébreu, adâmâh, d’où il fut tiré.

8. # Paradis. « Ce mot nous vient, par le latin et le grec, du perse ; c’est le zend, pairidaêza, devenu en hébreu pardès, que nous lisons trois fois dans l’Ancien Testament : Cant. IV, 13 ; Eccles. II, 5 (au pluriel : pardêsim) ; II Esd. II, 8. Il signifie proprement verger, parc, jardin arrosé et planté d’arbres. Il était passé dans la langue grecque sous la forme παράδεισος. … Les Septante se sont servis de παράδεισος, non seulement pour traduire le mot pardès dans les trois passages de l’Ancien Testament où il est employé, mais aussi pour traduire le terme hébreu gân, ganâh, « jardin » … Saint Jérôme, dans plusieurs de ces passages, et en particulier dans les chapitres II et III de la Genèse, a traduit gân par paradisus à l’exemple des Septante, et de là est venu le nom de « paradis terrestre » que nous donnons au jardin de l’Eden où Dieu avait placé Adam et Ève. — 2° Le sens de parc, bien arrosé et planté d’arbres, s’est conservé dans la Vulgate. Cant. IV, 13. — 3° Dans le Nouveau Testament, une signification nouvelle est donnée à paradis ; il s’emploie en grec et en latin pour désigner le séjour de Dieu et des élus, c’est-à-dire le ciel, qui est le véritable séjour de délices dont l’Eden n’était que la figure imparfaite. » (Vigouroux)

9. Bois. # En latin ce mot peut aussi désigner un arbre, voy. Ezech. XXXI, 8, 15, 18 ; Apoc. II, 7. La Vulgate utilise aussi bien l’expression manger du bois que manger du fruit du bois, III, 2. Nous avons traduit toujours littéralement car le bois et même le fruit du bois désignent un autre objet qu’un arbre ou que le fruit d’un arbre. — * Le bois de vie et le bois de la science du bien et du mal. Voir la note sur le verset 17.

13. * Éthiopie, pays de Kusch, en Asie, non en Afrique.

15. * Voir à la fin du volume la note 4 sur le Paradis terrestre.

16. * Et il lui commanda, etc. « Le Seigneur, dit S. Jean Chrysostome, pour faire connaitre à l’homme dès le commencement que celui qui avait créé toutes choses était aussi son créateur, lui imposa un commandement facile à observer… Il lui dé fendit de manger du fruit d’un seul arbre et le menaça, en cas de désobéissance, d’un grave châtiment pour le forcer à reconnaitre qu’il avait un maitre à la libéralité duquel il devait tous les biens dont il jouissait. »

17. Tu mourras de mort ; hébraïsme, pour tu mourras sans rémission, inévitablement. Le sens est : Tu deviendras nécessairement sujet à la mort, mortel, d’immortel que tu es par ta nature. — * Le bois de la science du bien et du mal, d’après la doctrine des saints Pères, fut ainsi appelé bien plus en raison du précepte dont il fut l’objet, qu’en raison de ses propriétés naturelles. « Cet arbre est ainsi nommé, dit S. Jean Chrysostome, non pas parce qu’il a donné à l’homme la science du bien et du mal, mais parce qu’il a été l’instrument de sa désobéissance et qu’il a introduit ainsi la connaissance et la honte du péché… L’Écriture appelle cet arbre l’arbre de la science du bien et du mal parce qu’il devait être pour l’homme une occasion de péché ou de mérite. » Ce qui est dit de l’arbre de la science du bien et du mal s’applique également à l’arbre de vie.

19. # Le nom d’Adam apparait ici la première fois dans la vulgate. C’est un mot hébreu qui désigne l’homme en général et il est utilisé dans la bible hébraïque dès I, 26. Comme homo en latin se rapproche de humus, Adam se rapproche du mot qui désigne la terre dont il est tiré. Fillion au sujet du v. II, 7 : « Hominem de limo (Hebr. « de pulvere ») terræ. L’homme, c.-à-d. sa partie matérielle, son corps. Le texte original a une belle paronomase : ha-’adâm ῾afar min ha-’adâmah. » La Vulgate donne au premier homme son nom au moment où Dieu le prépare à la rencontre de son épouse.

23. En remontant à l’étymologie des mots français homme et femme, on y découvre la ressemblance qui existe en hébreu entre isch, vir, et son féminin ischschâ, rendu dans la Vulgate par Virago. Les anciens Latins, en effet, disaient hemo au lieu de homo. Or la lettre h n’est qu’une aspiration qu’on a souvent transcrite par un f. Dans plusieurs provinces du midi, où le patois renferme une multitude d’expressions et même de locutions latines, on prononce le mot femme, hemme, en aspirant fortement la lettre h.

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Gn 3

*gn03

CHAPITRE III

Tentation d’Ève par le serpent. Le péché et sa punition.

1. Mais le serpent était le plus rusé de tous les animaux de la terre qu’avait faits le Seigneur. Il dit à la femme : Pourquoi Dieu vous a-t-il commandé de ne pas manger de tous les bois du paradis ?

2. La femme lui répondit : Nous mangeons du fruit des bois qui sont dans le paradis :

3. Mais pour le fruit du bois qui est au milieu du paradis, Dieu nous a commandé de n’en point manger, et de n’y point toucher, de peur que nous ne mourions.

4. Alors le serpent dit à la femme : Point du tout, vous ne mourrez pas de mort.

5. Car Dieu sait qu’en quelque jour que ce soit que vous en mangiez, vos yeux s’ouvriront ; et vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal.

6. La femme donc vit que le bois était bon à manger, beau à voir et d’un aspect qui excitait le désir ; elle en prit, en mangea et en donna à son mari, qui en mangea.

7. En effet leurs yeux s’ouvrirent ; et lorsqu’ils eurent connu qu’ils étaient nus, ils entrelacèrent des feuilles de figuier, et s’en firent des ceintures.

8. Et lorsqu’ils eurent entendu la voix du Seigneur Dieu qui se promenait dans le paradis, à la brise du soir, Adam et sa femme se cachèrent de la face du Seigneur Dieu au milieu des arbres du paradis.

9. Mais le Seigneur Dieu appela Adam, et lui dit : Où es-tu ?

10. Adam répondit : J’ai entendu votre voix dans le paradis ; et j’ai eu peur, parce que j’étais nu, et je me suis caché.

11. Dieu lui dit : Mais qui t’a appris que tu étais nu, si ce n’est que tu as mangé du bois dont je t’avais défendu de manger ?

12. Et Adam répondit : La femme que vous m’avez donnée pour compagne m’a présenté du bois, et j’en ai mangé.

13. Alors le Seigneur Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? Elle répondit : Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé.

14. Le Seigneur Dieu dit au serpent :

Parce que tu as fait cela,

tu es maudit entre tous les animaux de la terre :

tu ramperas sur ton ventre, et tu mangeras de la terre tous les jours de ta vie.

15. Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme,

entre ta postérité et sa postérité :

Elle te brisera la tête,

et toi, tu lui tendras des embuches au talon.

16. Il dit encore à la femme : Je multiplierai tes fatigues et tes grossesses ; c’est dans la douleur que tu mettras au monde des enfants ; tu seras sous la puissance de ton mari, et lui te dominera.

17. Mais à Adam, il dit : Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé du fruit dont je t’avais défendu de manger, maudite sera la terre en ton œuvre ; et c’est avec des labeurs que tu en tireras ta nourriture durant tous les jours de ta vie.

18. Elle te produira des épines et des chardons : et tu mangeras l’herbe de la terre

19. C’est à la sueur de ton front que tu te nourriras de pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre, d’où tu as été tiré : puisque tu es poussière, tu retourneras à la poussière.

20. Adam donna à sa femme le nom d’Ève, parce qu’elle était la mère de tous les vivants.

21. Le Seigneur Dieu fit aussi à Adam et à sa femme des tuniques de peau, et les en revêtit.

22. Et il dit : Voilà qu’Adam est devenu comme l’un de nous, sachant le bien et le mal : maintenant donc, qu’il n’avance pas sa main ; qu’il ne prenne pas non plus du bois l’arbre de vie ; qu’il n’en mange point, et qu’il ne vive point éternellement.

23. Et le Seigneur Dieu le renvoya du paradis de volupté, afin qu’il labourât la terre, de laquelle il fut tiré.

24. Il éjecta donc Adam, et il plaça à l’entrée du paradis de volupté les Chérubins et un glaive de flamme et tournant, pour garder la voie de l’arbre de la vie.

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CHAP. III. 4. II Cor. XI, 3. — 6. Eccli. XXV, 33 ; I Tim. II, 14. — 16. I Cor. XIV, 34.

 

1. # Selon la théologie du péché originel, qui est une tromperie d’amour, par le serpent, il faut entendre dans tout le récit le démon qui a pris la forme de ce reptile. Selon la théologie sans voile, le serpent est Dieu le Fils.

2. Comme maitre souverain de la vie et de la mort des hommes, Dieu avait le droit d’exiger d’Abraham le sacrifice de son fils ; mais on voit par l’évènement même qu’il voulait seulement éprouver et faire éclater la foi et la soumission du saint patriarche, afin de l’en récompenser d’une manière digne de sa puissance infinie ; c’est-à-dire non seulement par la conquête des Hébreux sur les Chananéens, les Moabites et les Ammonites, mais encore par celle de l’Église chrétienne sur tous les pays du monde qui ont été assujettis à Jésus-Christ, dont Isaac n’était que la figure. — Pourquoi ? « Le tentateur procède par interrogation et tâche d’abord de produire un doute. La première faute d’Ève, c’est de l’avoir écouté et d’être entrée avec lui en raisonnement. La première faute de ceux qui errent, c’est de douter. » (Bossuet.)

2. * Nous mangeons, etc. « Telle fut la réponse d’Ève, où il n’y a rien que de véritable, puisqu’elle ne fait que répéter le commandement du Seigneur. Il ne s’agit donc pas de bien répondre ou de dire de bonnes choses, mais de les dire à propos. Ève eut dû ne point parler du tout au tentateur, qui lui venait demander des raisons d’un commandement où il n’y avait qu’à obéir et non point à raisonner. » (Bossuet.)

4. Vous ne mourrez pas de mort. Voyez un peu plus haut, II, 17. — * Le serpent « vit qu’Ève était éblouie de la nouveauté et que déjà elle entrait dans le doute qu’il lui voulait suggérer, il ne garde plus de mesures ; il flatte l’orgueil, il pique et excite la curiosité. L’orgueil entra avec ces paroles : Vous serez comme des dieux. Celles-ci : Vous saurez le bien et le mal, excitèrent la curiosité. » (Bossuet.)

6.* La femme vit… « Ève commence à regarder ce fruit défendu et c’est un commencement de désobéissance. C’est vouloir être réduite que de se rendre si attentive à la beauté et au gout de ce qui lui avait été interdit. La voilà donc occupée des beautés de cet objet défendu et comme convaincue que Dieu était trop sévère de leur défendre l’usage d’une chose si belle, sans songer que le péché ne consiste pas à user des choses mauvaises par leur nature, puisque Dieu n’en avait point fait ni n’en pouvait faire de telles, mais à mal user des bonnes. Ces regards attentifs sur l’agrément et sur le bon gout de ce beau fruit firent entrer jusque dans la moelle des os l’amour du plaisir des sens. » — Et en donna à son mari. « Le serpent ne poussa pas plus loin la tentation du dehors ; et content d’avoir bien instruit et persuadé son ambassadeur, il laissa faire le reste à Ève séduite. Il lui avait parlé non seulement pour elle, mais encore pour son mari. Le démon ne se trompa pas en croyant que sa parole portée par Ève à Adam aurait plus d’effet que s’il la lui eût portée lui-même. (Adam) céda plutôt à Ève par complaisance que convaincu par ses raisons. Il ne voulut point contrister cette seule et chère compagne. À la fin il donna dans la séduction. » (Bossuet.)

14, 15. Le serpent est celui des animaux que l’homme a le plus en horreur, et qu’il désire le plus de détruire. Le démon ayant élevé le serpent au-dessus de sa condition naturelle en l’embellissant par ses prestiges, en lui donnant une attitude plus noble, Dieu lui ôte ses qualités, et le réduit à la condition de ramper sur le ventre. — Le serpent se nourrit de semences et d’insectes qui se trouvent dans la terre. — La malédiction que Dieu prononce ici regarde tout à la fois et le serpent et le démon. Cette femme qui doit briser la tête du serpent est la très sainte Vierge, qui ruina l’empire du démon en donnant naissance à Jésus-Christ. — # Elle te brisera ; c’est-à-dire « la postérité de la femme (en hébreu, le pronom est masculin). Vulg., elle (ipsa), la femme, mais, dit S. Jérôme, la vraie leçon est ipse (LXX, Syriaque), conservée dans plusieurs manuscrits anciens de la Vulg. ; un copiste, ne comprenant pas la relation de ipse [masculin] avec semen [neutre], aura mis ipsa [féminin comme la femme]. Le sens, d’ailleurs, n’en est pas essentiellement altéré. — Ce n’est pas uniquement à J. C. et à son œuvre que cet oracle s’applique. Si Jésus représente éminemment la postérité de la femme, cette postérité comprend d’autres enfants ; ce sont les fidèles de l’ancienne et de la nouvelle alliance (…), tous les enfants de Dieu, qui ont été ou seront en lutte pour le bien, dans le cours des siècles, avec la postérité du serpent, c’est-à-dire avec les ennemis de Dieu et de son règne, au service de l’esprit du mal. — On a nommé cette promesse Protévangile, parce qu’elle est comme le premier linéament de l’Évangile, le premier trait qui sert à désigner la figure du Messie. » (Crampon) Les deux lectures sont possibles : le Christ Jésus et la Vierge Marie sont tous deux vainqueurs sur serpent. Il faut rapprocher ce passage des versets Judic. IV, 21 (une juive transperce la tête d’un ennemi), Judith. XIII, 10 (une juive coupe la tête d’un ennemi) et Apoc. XII, 1 (la Mère du Messie a la lune sous ses pieds, c’est-à-dire qu’Elle est vainqueur de l’instabilité, de la fuite, de la défection, de la retraite au sens militaire) car ils prouvent que la version de la Vulgate est vraie.

16. Tes fatigues ; c’est-à-dire les incommodités qu’éprouve une femme enceinte, comme le malaise, les langueurs, les dégouts, etc. — Tes grossesses ; ou plutôt, les douleurs, les tourments de la grossesse.

19. Le pain est mis souvent dans l’Écriture pour la nourriture en général. — * « La souffrance infligée comme châtiment à la femme et le travail que doit subir Adam satisfont à la règle de la justice. En elle-même la loi du travail n’est point une loi de douleur et de souffrance ; c’est le péché, c’est la chute d’Adam qui fait ajouter la peine au travail, la sueur au pain que l’homme doit manger. » (A. Pellissier.)

22. Comme l’un de nous. Compar. I, 26.

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Gn 4

*gn04

CHAPITRE IV

Cain et Abel ; leurs sacrifices. Cain tue Abel. Descendants de Cain. Seth, fils d’Adam. Énos, fils de Seth.

1. Or Adam connut sa femme Ève, qui conçut et enfanta Cain, disant : J’ai acquis un homme par la grâce de Dieu.

2. Et de nouveau elle enfanta son frère Abel. Or Abel fut pasteur de brebis, et Cain laboureur.

3. Et il arriva après bien des jours que Cain offrait des fruits de la terre en présent au Seigneur.

4. Abel aussi offrit des premiers-nés de son troupeau, et des plus gras : et le Seigneur regarda Abel et ses dons.

5. Mais Cain et ses dons, il ne les regarda pas : aussi Cain fut violemment irrité, et son visage fut abattu.

6. Et le Seigneur lui dit : Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ?

7. Si tu fais bien, n’en recevras-tu pas la récompense ? et si tu fais mal, le péché ne sera-t-il pas soudain à ta porte ? Mais la concupiscence qui t’entraine vers lui sera sous toi, et tu la domineras.

8. Or Cain dit à Abel son frère : Sortons dehors. Et lorsqu’ils étaient dans la campagne, Cain se leva contre son frère Abel et le tua.

9. Le Seigneur dit alors à Cain : Où est Abel ton frère ? Il répondit : Je ne sais ; suis-je le gardien de mon frère, moi ?

10. Mais le Seigneur lui repartit : Qu’as-tu fait ? la voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi.

11. Maintenant donc, maudit tu seras sur la terre qui a ouvert sa bouche et qui a reçu de ta main le sang de ton frère.

12. Lors même que tu l’auras cultivée, elle ne te donnera pas ses fruits : tu seras errant et fugitif sur la terre.

13. Mais Cain dit au Seigneur : Elle est trop grande, mon iniquité, pour que je mérite le pardon.

14. Voilà que vous me rejetez aujourd’hui de la face de la terre, je me cacherai de votre face, et je serai errant et fugitif sur la terre : quiconque donc me trouvera, me tuera.

15. Mais le Seigneur lui répondit : Non, il n’en sera pas ainsi ; car quiconque tuera Cain, sera puni sept fois. Et le Seigneur mit un signe sur Cain, afin que quiconque le trouverait, ne le tuât pas.

16. Étant donc sorti de la présence du Seigneur, Cain fugitif habita dans le pays qui est au côté oriental d’Eden.

17. Cependant Cain connut sa femme, laquelle conçut et enfanta Hénoch, et il bâtit une ville, et il lui donna le nom d’Hénoch, tiré du nom de son fils.

18. Or Hénoch engendra Irad, Irad engendra Maviaël, Maviaël engendra Mathusaël, et Mathusaël engendra Lamech,

19. Lequel prit deux femmes : le nom de l’une était Ada, et le nom de l’autre, Sella.

20. Et Ada enfanta Jabel, qui fut le père de ceux qui habitent sous les tentes, et des pasteurs.

21. Et le nom de son frère était Jubal ; c’est le père de ceux qui jouent de la harpe et de l’orgue.

22. Sella aussi engendra Tubalcain, qui sut travailler avec le marteau, et faire toutes sortes d’ouvrages d’airain et de fer. La sœur de Tubalcain fut Noëma.

23. Or Lamech dit à ses femmes Ada et Sella :

Entendez ma voix, femmes de Lamech,

prêtez l’oreille à mes paroles :

j’ai tué un homme à cause de ma blessure,

et un jeune homme à cause de ma meurtrissure.

24. Cain sera vengé sept fois,

mais Lamech septante fois sept fois.

25. Adam connut encore sa femme, et elle enfanta un fils, et elle l’appela du nom de Seth, disant : Dieu m’a donné un autre fils à la place d’Abel qu’a tué Cain.

26. Et à Seth aussi naquit un fils qu’il appela Énos ; celui-ci commença à invoquer le nom du Seigneur.

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CHAP. IV. 4. Hebr. XI, 4. — 8. Sap. X, 3 ; Matth. XXIII, 35 ; I Joan. III, 12 ; Judas. I, 11.

 

2. * Le nom d’Abel, qui s’est conservé en assyrien sous la forme habal, signifie fils.

4, 5. C’est la foi et la piété sincère d’Abel qui le rendirent, lui et ses dons, agréables à Dieu ; et c’est sans doute par le manque de ces sentiments que Cain n’eut pas le même bonheur.

15. * Un signe. On ignore en quoi il consistait.

16. * Dans le pays… Le texte original appelle ce pays la terre de Nod, mais la situation en est inconnue.

20. Abel paissait aussi ses troupeaux (vers. 2) ; mais Jabel fut le premier qui fit profession particulière de conduire des troupeaux.

22. * Toutes sortes d’ouvrages d’airain et de fer. Conformément à ce qui est dit ici, l’archéologie nous montre en Asie le berceau des arts métallurgiques.

23. Le pronom personnel étant susceptible en hébreu du sens passif aussi bien que du sens actif, ma blessure, ma meurtrissure peuvent signifier indistinctement la blessure, la meurtrissure que j’ai faite ou que j’ai reçue.

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Gn 5

*gn05

CHAPITRE V

Généalogie de Noé, remontant jusqu’à Adam, par les descendants de Seth.

1. Voici le livre de la génération d’Adam. Au jour que Dieu créa l’homme, c’est à la ressemblance de Dieu qu’il le fit.

2. Il créa un homme et une femme, et il les bénit : et il les appela du nom d’Adam, au jour où ils furent créés.

3. Or Adam vécut cent-trente ans, et il engendra un fils à son image et à sa ressemblance, et il l’appela du nom de Seth.

4. Et les jours d’Adam, après qu’il eut engendré Seth, furent de huit-cents ans ; et il eut encore des fils et des filles.

5. Ainsi tout le temps que vécut Adam fut de neuf-cent-trente ans, et il mourut.

6. Seth aussi vécut cent-cinq ans, et il engendra Énos.

7. Et Seth vécut, après qu’il eut engendré Énos, huit-cent-sept ans, et il eut des fils et des filles.

8. Ainsi tous les jours de Seth furent de neuf-cent-douze ans, et il mourut.

9. Énos vécut quatre-vingt-dix ans, et engendra Caïnan,

10. Après la naissance duquel il vécut huit-cent-quinze ans, et il engendra des fils et des filles.

11. Ainsi tous les jours d’Énos furent de neuf-cent-cinq ans, et il mourut.

12. Caïnan vécut soixante-dix ans, et il engendra Malaléel.

13. Et Caïnan vécut, après qu’il eut engendré Malaléel, huit-cent-quarante ans, et il engendra des fils et des filles.

14. Ainsi tous les jours de Caïnan furent de neuf-cent-dix ans, et il mourut.

15. Quant à Malaléel, il vécut soixante-cinq ans, et il engendra Jared.

16. Et Malaléel vécut, après qu’il eut engendré Jared, huit-cent-trente ans, et il engendra des fils et des filles.

17. Ainsi tous les jours de Malaléel furent de huit-cent-quatre-vingt-quinze ans, et il mourut.

18. Jared vécut soixante-deux ans, et il engendra Hénoch.

19. Et Jared vécut, après qu’il eut engendré Hénoch, huit-cents ans, et il engendra des fils et des filles.

20. Ainsi tous les jours de Jared furent de neuf-cent-soixante-deux ans, et il mourut.

21. Hénoch vécut soixante-cinq ans, et il engendra Mathusala.

22. Or Hénoch marcha avec Dieu, et vécut, après qu’il eut engendré Mathusala, trois-cents ans, et il engendra des fils et des filles.

23. Ainsi tous les jours d’Hénoch furent de trois-cent-soixante-cinq ans.

24. Il marcha donc avec Dieu, et il ne parut plus, parce que Dieu l’enleva.

25. Mathusala aussi vécut cent quatre-vingt-sept ans, et il engendra Lamech.

26. Or Mathusala vécut, après qu’il eut engendré Lamech, sept-cent-quatre-vingt-deux ans, et il engendra des fils et des filles.

27. Ainsi tous les jours de Mathusala furent de neuf-cent-soixante-neuf ans, et il mourut.

28. Lamech vécut cent-quatre-vingt-deux ans, et il engendra un fils.

29. Il l’appela du nom de Noé, disant : Celui-ci nous consolera des œuvres et des travaux pénibles de nos mains dans cette terre qu’a maudite le Seigneur.

30. Et Lamech vécut, après qu’il eut engendré Noé, cinq-cent-quatre-vingt-quinze ans, et il engendra des fils et des filles.

31. Ainsi tous les jours de Lamech furent de sept-cent-soixante-dix-sept ans, et il mourut. Mais Noé, lorsqu’il avait cinq-cents ans, engendra Sem, Cham et Japheth.

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CHAP. V. 1. Supra. I, 27 ; Infra. IX, 6 ; Sap. II, 23 ; Eccli. XVII, 1. — 4. I Par. I, 1. — 24. Eccli. XLIV, 16 ; Hebr. XI, 5.

 

2. Adam ; c’est-à-dire tiré de la terre.

5. La longue vie d’Adam ainsi que celle de tous les patriarches qui ont existé avant le déluge, se trouve confirmée par Manéthon et Bérosus. Les Grecs supposent aussi, comme incontestable, que les premiers hommes vivaient incomparablement plus longtemps que nous. Enfin la longueur des règnes que les histoires des Indiens, des Chinois et des Persans assignent à leurs premiers rois, dépose également en faveur de la longévité des patriarches.

22, 24. Marcher avec Dieu, hébraïsme, pour : se conduire d’une manière irréprochable, parfaitement conforme à la volonté divine.

31. * Voir à la fin du volume la note 5 sur la longévité des patriarches.

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Gn 6

*gn06

CHAPITRE VI

Multiplication et corruption générale des hommes. Prédiction du déluge. Construction de l’arche.

1. Lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la terre, et qu’ils eurent procréé des filles,

2. Les fils de Dieu voyant que les filles des hommes étaient belles, prirent leurs femmes entre toutes celles qu’ils avaient choisies.

3. Et Dieu dit : Mon esprit ne demeurera pas dans l’homme pour toujours, parce qu’il est chair ; et ses jours seront de cent vingt ans.

4. Or il y avait des géants sur la terre en ces jours-là. Car après que les enfants de Dieu se furent approchés des filles des hommes, celles-ci enfantèrent ; et de là sont venus ces hommes puissants, fameux dès les temps anciens.

5. Mais Dieu voyant que la malice des hommes était grande sur la terre, et que toutes les pensées de leurs cœurs étaient tournées au mal en tout temps,

6. Se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre ; et touché de douleur jusqu’au fond du cœur,

7. J’exterminerai, dit-il, l’homme que j’ai créé, de la face de la terre, depuis l’homme jusqu’aux animaux, depuis le reptile jusqu’aux oiseaux du ciel ; car je me repens de les avoir faits.

8. Mais Noé trouva grâce devant le Seigneur.

9. Voici les générations de Noé : Noé fut un homme juste et parfait au milieu de tous ceux de son temps ; il marcha avec Dieu.

10. Ainsi, il enfanta trois fils, Sem, Cham et Japhet.

11. Or la terre fut corrompue et remplie d’iniquité.

12. Lors donc que Dieu eut vu que la terre était corrompue (car toute chair avait corrompu sa voie sur la terre),

13. Il dit à Noé : La fin de toute chair est venue pour moi ; la terre est remplie d’iniquité à cause d’eux, et moi, je les exterminerai avec la terre.

14. Fais-toi une arche de pièces de bois polies : tu feras dans l’arche des compartiments, et tu l’enduiras de bitume intérieurement et extérieurement.

15. Et c’est ainsi que tu la feras : La longueur de l’arche sera de trois cents coudées ; sa largeur de cinquante coudées, et sa hauteur de trente coudées.

16. Tu feras une fenêtre à l’arche, que tu termineras par le haut, en la réduisant à une coudée : quant à la porte de l’arche, tu la mettras sur un côté : tu y feras un étage dans le bas, puis un second et un troisième étage.

17. Et voici que moi j’amènerai les eaux du déluge sur la terre, pour faire périr toute chair en laquelle est l’esprit de vie sous le ciel : tout ce qui est sur la terre sera consumé.

18. Mais j’établirai mon alliance avec toi ; et tu entreras dans l’arche, toi et tes fils, ta femme et les femmes de tes fils avec toi.

19. Et de tous les animaux de toute chair, tu en feras entrer deux dans l’arche, afin qu’ils vivent avec toi, l’un mâle et l’autre femelle.

20. Des oiseaux selon leur espèce, et des quadrupèdes selon leur espèce et de tout reptile de la terre selon son espèce ; de tous ces animaux, dis-je, deux entreront avec toi, afin qu’ils puissent vivre.

21. Tu prendras donc avec toi de tous les aliments, que l’on peut manger, et tu les emporteras dans l’arche : et ils seront tant pour toi que pour eux, votre nourriture.

22. Et Noé fit tout ce que Dieu lui avait ordonné.

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CHAP. VI. 5. Infra. VIII, 21 ; Matth. XV, 19. — 9. Eccli. XLIV, 17.

 

2. On entend communément par les fils de Dieu les descendants de Seth, auxquels on donna ce nom à cause de leur piété envers Dieu, et par les filles des hommes, les filles de la race pervertie de Cain.

3. Parce qu’il est chair ; c’est-à-dire qu’il se laisse emporter aux mouvements déréglés de la chair. — Et ses jours, etc. Les hommes, à compter du moment de cette menace, n’avaient plus que cent vingt ans à vivre ; c’est-à-dire que Dieu leur accordait ce long temps pour faire pénitence.

6. Les expressions se repentir, être touché jusqu’au fond du cœur, sont ici purement métaphoriques et signifient sous les emblèmes des affections humaines, le décret par lequel Dieu avait arrêté qu’il punirait les hommes obstinés dans leurs désordres et dans leur incrédulité.

9. Il marcha avec Dieu. Voyez V, 22, 24.

12, 13. Toute chair ; hébraïsme, pour tous les hommes. Compar. Is. XL, 5.

15. * Trois cents coudées, environ 150 mètres ; cinquante coudées, environ 25 mètres ; trente coudées, environ 15 mètres, d’après la valeur de la coudée dans les derniers temps de l’histoire juive.

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Gn 7

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CHAPITRE VII

Noé entre dans l’arche avec sa famille. Il y fait entrer les animaux. Le déluge.

1. Or le Seigneur dit à Noé : Entre, toi et toute ta maison, dans l’arche ; car je t’ai trouvé juste devant moi au milieu de cette génération.

2. De tous les animaux purs prends sept couples, mâles et femelles ; mais des animaux impurs, deux couples, mâles et femelles.

3. Et des volatiles du ciel pareillement sept couples, mâles et femelles, afin qu’en soit conservée la race sur la face de toute la terre.

4. Car encore sept jours, et après je ferai pleuvoir sur la terre durant quarante jours et quarante nuits, et j’exterminerai toutes les créatures que j’ai faites, de la surface de la terre.

5. Noé fit donc tout ce que lui avait ordonné le Seigneur.

6. Or, il avait six cents ans, lorsque les eaux du déluge inondèrent la terre.

7. Ainsi Noé et ses fils, sa femme et les femmes de ses fils entrèrent avec lui dans l’arche, à cause des eaux du déluge.

8. Les animaux aussi, purs et impurs, les oiseaux et tout ce qui se meut sur la terre,

9. Entrèrent deux à deux auprès de Noé dans l’arche, mâle et femelle, comme avait ordonné le Seigneur à Noé.

10. Et lorsque les sept jours furent passés, les eaux du déluge inondèrent la terre.

11. L’an six cent de la vie de Noé, au second mois, le dix-septième jour du mois, toutes les sources du grand abime furent rompues, et les cataractes du ciel furent ouvertes ;

12. Et la pluie tomba sur la terre durant quarante jours et quarante nuits.

13. Ce jour-là même, Noé, Sem, Cham et Japhet, ses fils, sa femme et les trois femmes de ses fils entrèrent dans l’arche ;

14. Ainsi, eux et tout animal selon son espèce, tous les animaux domestiques selon leur espèce, et tout ce qui se meut sur la terre dans son genre et tout volatile selon son genre, tous les oiseaux et tout ce qui s’élève dans l’air,

15. Entrèrent auprès de Noé dans l’arche, deux à deux, de toute chair en laquelle est l’esprit de vie.

16. Et ceux qui y entrèrent, entrèrent mâles et femelles de toute chair, comme Dieu lui avait ordonné : et le Seigneur l’enferma par dehors.

17. Et il y eut un déluge durant quarante jours sur la terre : et les eaux s’accrurent et élevèrent l’arche de la terre dans les airs.

18. Car elles se répandirent impétueusement, et remplirent tout sur la surface de la terre : mais l’arche était portée sur les eaux.

19. Et les eaux crûrent prodigieusement sur la terre, et toutes les hautes montagnes furent couvertes sous le ciel entier.

20. L’eau s’éleva de quinze coudées au-dessus des montagnes qu’elle avait couvertes.

21. Ainsi périt entièrement toute chair qui se mouvait sur la terre, d’oiseaux, d’animaux domestiques, de bêtes sauvages, et de tout reptile qui rampe sur la terre : tous les hommes,

22. Et tout ce qui a un souffle de vie sur la terre, moururent.

23. C’est ainsi que Dieu détruisit toute créature qui était sur la terre, depuis l’homme jusqu’à la bête, tant le reptile que les oiseaux du ciel : tout disparut de la terre ; il ne resta que Noé et ceux qui étaient avec lui dans l’arche.

24. Et les eaux couvrirent la terre durant cent cinquante jours.

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CHAP. VII. 1. Hebr. XI, 7 ; II Petr. II, 5. — 7. Matth. XXIV, 38 ; Luc. XVII, 26 ; I Petr. III, 20. — 21. Sap. X, 4 ; Eccli. XXXIX, 28 ; I Petr. III, 20.

 

2. Selon la plupart des interprètes, dès avant le déluge, on distinguait les animaux que l’on offrait en sacrifice de ceux qu’on n’y offrait pas ; les premiers se nommaient purs et les autres impurs. Quelques-uns pensent que ces dénominations s’appliquent aussi aux animaux qui servaient à la nourriture et à ceux dont on ne mangeait pas.

11. Les meilleurs chronologistes pensent qu’avant la sortie d’Égypte le second mois commençait à notre vingt et un octobre. Ainsi le dix-sept du second mois répondait à notre six novembre. Voy. notre Abrégé d’introduction aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, pag. 537-539, deuxième édition.

13. Ce jour-là même ; c’est-à-dire le dix-septième du second mois (vers. 11). La Vulgate porte : Dans l’article (articulo) de ce jour-là ; idiotisme qui en hébreu a le sens que nous lui avons donné dans notre traduction.

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Gn 8

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CHAPITRE VIII

Les eaux se retirent. Noé sort de l’arche ; il offre un sacrifice à Dieu, et Dieu fait alliance avec lui.

1. Mais Dieu s’étant souvenu de Noé, et de toutes les bêtes sauvages, et de tous les animaux domestiques qui étaient avec lui dans l’arche, fit venir un vent sur la terre, et les eaux diminuèrent.

2. Et les sources de l’abime et les cataractes du ciel furent fermées, et les pluies du ciel furent arrêtées.

3. Et les eaux se retirèrent de dessus la terre, allant et revenant, et elles commencèrent à décroitre après cent cinquante jours.

4. Et l’arche s’arrêta au septième mois, le vingt-septième jour du mois, sur les montagnes de l’Arménie.

5. Cependant les eaux allèrent en décroissant jusqu’au dixième mois ; car au dixième mois, le premier jour du mois parurent les sommets des montagnes.

6. Et lorsque quarante jours furent passés, Noé, ouvrant la fenêtre qu’il avait faite à l’arche, lâcha le corbeau,

7. Qui sortit et ne revint plus, jusqu’à ce que les eaux fussent desséchées sur la terre.

8. Il lâcha aussi la colombe, pour voir si les eaux n’étaient plus sur la surface de la terre.

9. Mais comme elle ne trouva pas où poser son pied, elle revint vers lui dans l’arche, parce que les eaux étaient encore sur toute la terre : et il tendit la main, et l’ayant prise, il la remit dans l’arche.

10. Et ayant attendu encore sept autres jours, il envoya de nouveau la colombe hors de l’arche.

11. Mais elle vint à lui vers le soir, portant à son bec un rameau d’olivier ayant des feuilles vertes. Noé comprit donc que les eaux n’étaient plus sur la face de la terre.

12. Il attendit cependant sept autres jours, et il envoya la colombe qui ne revint plus vers lui.

13. Ainsi l’an six cent un, au premier mois, le premier jour du mois, les eaux diminuèrent sur la terre, et Noé, ouvrant le toit de l’arche, vit que la surface de la terre était séchée.

14. Au second mois, le vingt-septième jour du mois, la terre fut toute séchée.

15. Alors Dieu parla à Noé, disant :

16. Sors de l’arche, toi et ta femme, tes fils et les femmes de tes fils.

17. Tous les animaux qui sont auprès de toi, de toute chair, tant parmi les volatiles que parmi les quadrupèdes et tous les reptiles qui rampent sur la terre, fais-les sortir avec toi et entrez sur la terre : Croissez et vous y multipliez.

18. Noé sortit donc, et ses fils, et sa femme, et les femmes de ses fils avec lui.

19. Et tous les animaux aussi, les quadrupèdes et les reptiles qui rampent sur la terre, chacun selon son espèce, sortirent de l’arche.

20. Or Noé bâtit un autel au Seigneur ; et prenant de tous les quadrupèdes et de tous les oiseaux purs, il les offrit en holocauste sur l’autel.

21. Et le Seigneur en sentit l’odeur suave, et dit : Je ne maudirai plus la terre à cause des hommes ; car les sentiments et les pensées du cœur de l’homme sont inclinés au mal dès sa jeunesse ; je ne frapperai donc plus toute âme vivante, comme j’ai fait.

22. Durant tous les jours de la terre, des semailles et de la moisson, le froid et la chaleur, l’été et l’hiver, le jour et la nuit ne cesseront point.

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CHAP. VIII. 17. Supra. I, 22, 28 ; Infra. IX, 1, 7. — 21. Supra. VI, 5 ; Matth. XV, 19.

 

4. Au septième mois de l’année et non du déluge. — * Sur les montagnes de l’Arménie ; d’après une tradition fort répandue, sur le mont Ararat. La cime isolée à qui on a donné spécialement ce nom, l’Agri-Dhga, a 5 350 mètres d’altitude et est située à 65 kilomètres au sud-ouest d’Erivan.

7. L’expression jusqu’à ce que, comme on le voit dans une foule de passages, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, ne marque pas toujours qu’une chose se soit faite après un certain temps, mais simplement qu’elle ne s’est pas faite auparavant.

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Gn 9

*gn09

CHAPITRE IX

Alliance de Dieu avec Noé et sa postérité. Malédiction contre Cham et Chanaan. Bénédiction en faveur de Sem et de Japheth.

1. Et Dieu bénit Noé et ses fils, et il leur dit : Croissez, multipliez-vous, et remplissez la terre.

2. Soyez la terreur et l’épouvante de tous les animaux de la terre, de tous les oiseaux du ciel et de tout ce qui se meut sur la terre ; tous les poissons de la mer ont été mis entre vos mains.

3. Tout ce qui se meut et vit sera votre nourriture : de même que les légumes verts, je vous ai donné toutes ces choses.

4. Excepté que vous ne mangerez point de chair avec son sang.

5. Car le sang de vos âmes, j’en demanderai compte à la main de tous les animaux, et à la main de l’homme, et à la main de son frère, je demanderai compte de l’âme de l’homme.

6. Quiconque aura répandu le sang de l’homme, son sang sera répandu ; car c’est à l’image de Dieu qu’a été fait l’homme.

7. Pour vous, croissez et multipliez-vous : entrez sur la terre et la remplissez.

8. Dieu dit encore à Noé et à ses fils comme à lui :

9. Voilà que moi j’établirai mon alliance avec vous, et avec votre postérité après vous ;

10. Et avec toute âme vivante, qui est avec vous, tant parmi les oiseaux, que parmi les animaux domestiques, et toutes les bêtes de la terre qui sont sorties de l’arche et tous les animaux de la terre.

11. J’établirai mon alliance avec vous, et toute chair ne sera plus détruite par les eaux d’un déluge, car il n’y aura plus à l’avenir de déluge ravageant la terre.

12. Dieu dit ensuite : Voilà le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous et toute âme vivante qui est avec vous pour des générations éternelles :

13. Je placerai mon arc dans les nues, et il sera un signe d’alliance entre moi et la terre.

14. Et quand j’aurai couvert le ciel de nuages, mon arc paraitra dans les nues ;

15. Et je me souviendrai de mon alliance avec vous, et avec toute âme vivante qui anime la chair ; et il n’y aura plus d’eaux de déluge pour détruire toute chair.

16. L’arc sera donc dans les nues ; je le verrai, et je me souviendrai de l’alliance éternelle qui est établie entre Dieu et toute âme vivante de toute chair qui est sur la terre.

17. Dieu dit encore à Noé : Voici le signe de l’alliance que j’ai établie entre moi et toute chair sur la terre.

18. Les fils de Noé qui sortirent de l’arche, étaient donc Sem, Cham et Japhet : or ce même Cham est le père de Chanaan.

19. Ce sont là les trois fils de Noé, et c’est par eux que toute la race des hommes s’est répandue sur la terre entière.

20. Noé agriculteur, commença à cultiver la terre, et planta une vigne.

21. Et ayant bu du vin, il s’enivra et se trouva nu dans sa tente.

22. Lorsque Cham, père de Chanaan, eut vu cela, c’est-à-dire, la nudité de son père, il l’annonça à ses deux frères dehors.

23. Mais Sem et Japhet mirent un manteau sur leurs épaules, et marchant en arrière, ils couvrirent la nudité de leur père ; ainsi leurs visages étaient détournés, et ils ne virent pas la nudité de leur père.

24. Mais Noé, réveillé de son ivresse, lorsqu’il eut appris ce que lui avait fait son second fils,

25. Dit :

Maudit Chanaan !

il sera l’esclave des esclaves de ses frères.

26. Mais il ajouta :

Béni le Seigneur, le Dieu de Sem !

que Chanaan soit son esclave.

27. Que Dieu donne de l’étendue à Japheth, et qu’il habite dans les tentes de Sem,

et que Chanaan soit son esclave

28. Or Noé vécut après le déluge trois cent cinquante ans.

29. Et tous ses jours accomplirent neuf-cent-cinquante ans, et il mourut.

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CHAP. IX. 1. Supra. I, 22, 28 ; VIII, 17. — 3. Supra. I, 29. — 4. Lev. XVII, 14. — 6. Matth. XXVI, 52 ; Apoc. XIII, 10. — 7. Supra. I, 28 ; VIII, 17. — 11. Is. LIV, 9. — 13. Eccli. XLIII, 12.

 

5. En hébreu comme en arabe le mot âme se prend souvent pour vie, personne, individu.

13. On ne saurait conclure légitimement de ce verset que l’arc-en-ciel n’existait pas avant le déluge ; il prouve seulement que par l’institution de Dieu, ce phénomène doit être désormais un signe d’alliance qu’il fait avec les hommes.

14. * Voir à la fin du volume la note 7 sur l’arc-en-ciel.

15. Voyez, sur le mot chair, VI, 12.

22. * Voir à la fin du volume la note 6 sur le Déluge.

21.* Ayant bu du vin. L’Arménie, où habitait alors probablement Noé, est très favorable à la culture de la vigne. Xénophon parle de l’excellent vin de ce pays. L’Asie est reconnue de tous comme la patrie de la vigne.

25. L’esclave des esclaves ; hébraïsme, pour le plus vil des esclaves. — Noé ne voulut pas maudire Cham qui avait reçu la bénédiction de Dieu au sortir de l’arche (vers. 1), mais bien Chanaan, le plus méchant de ses enfants. Noé était persuadé d’ailleurs que Cham serait plus sensible au malheur de son fils qu’il ne l’aurait été à sa propre disgrâce. — * Chanaan fut en effet l’esclave de ses frères et sentit tout le poids de la malédiction de Noé.

26. * Béni le Seigneur, le Dieu de Sem ! La bénédiction propre de Sem, c’est la connaissance du vrai Dieu. Sa race conserva fidèlement le culte du vrai Dieu dans la postérité d’Abraham, tandis que les descendants de Cham et de Japhet s’abandonnèrent à l’idolâtrie.

27. Que Dieu donne, etc., c’est-à-dire que Dieu étende la race et les possessions de Japhet. — * « Nous voyons cette prophétie accomplie dans les Gentils. » dit S. Jean Chrysostome. Nous sommes des descendants de Japhet, qui habitons dans les tentes de Sem ; nous participons aux avantages spirituels de Sem.

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Gn 10

*gn10

CHAPITRE X

Dénombrement des fils de Noé. Pays que chacun d’eux a possédé.

1. Voici les générations des fils de Noé, Sem, Cham et Japheth : car il leur naquit des fils après le déluge.

2. Les fils de Japheth sont : Gomer, Magog, Madaï, Javan, Thubal, Mosoch et Thiras.

3. Les fils de Gomer : Ascénez, Riphath et Thogorma.

4. Et les fils de Javan : Élisa, Tharsis, Cetthim et Dodanim.

5. C’est par eux que furent divisées les iles des nations dans leurs pays, chacun selon sa langue et ses familles dans leurs nations

6. Les fils de Cham : Chus, Mesraïm, Phuth et Chanaan.

7. Les fils de Chus : Saba, Hévila, Sabatha, Regma et Sabatacha. Les fils de Regma : Saba et Dadan.

8. Or Chus engendra Nemrod ; c’est lui qui commença à être puissant sur la terre.

9. C’était un fort chasseur devant le Seigneur. De là est venu le proverbe : Comme Nemrod, fort chasseur devant le Seigneur.

10. Le commencement de son royaume fut Babylone, Arach, Achad et Chalanné, dans la terre de Sennaar.

11. De ce pays sortit Assur qui bâtit Ninive, les rues de cette ville et Chalé,

12. Et aussi Resen entre Ninive et Chalé : c’est la grande ville.

13. Quant à Mesraïm, il engendra Ludim, Anamim, Laabim, Nephthuim,

14. Phetrusim et Chasluim, d’où sont sortis les Philistins et les Caphtorins.

15. Chanaan engendra Sidon, son premier-né, l’Héthéen,

16. Le Jébuséen, l’Amorrhéen, le Gergéséen,

17. L’Hévéen, l’Aracéen, le Sinéen,

18. L’Aradien, le Samaréen et l’Amathéen : et après cela se sont dispersés les peuples des Chananéens.

19. Et les limites des Chananéens furent depuis Sidon en venant à Gerara, jusqu’à Gaza ; et en venant à Sodome, Gomorrhe, Adama et Séboïm, jusqu’à Lesa.

20. Ce sont là les enfants de Cham selon leur parenté, leurs langues, leurs générations, leurs pays et leurs nations.

21. De Sem aussi, père de tous les enfants d’Heber et frère ainé de Japheth, naquirent des fils.

22. Les fils de Sem sont : Ælam, Assur. Arphaxad, Lud et Aram.

23. Les fils d’Aram : Us, Hul, Géther et Mes.

24. Or Arphaxad engendra Salé, dont est né Héber.

25. À Héber naquirent deux fils : le nom de l’un fut Phaleg, parce qu’en ses jours la terre fut divisée ; et le nom de son frère, Jectan.

26. Lequel Jectan engendra Elmodad, Saleph, Asarmoth, Jaré,

27. Aduram, Uzal, Décla,

28. Ébal, Abimaël, Saba,

29. Ophir, Hévila et Jobab : tous ceux-là sont les fils de Jectan.

30. Et leur habitation s’étendit de Messa jusqu’à Sephar, montagne qui est à l’orient.

31. Voilà les fils de Sem, selon leur parenté, leurs langues, leurs pays et leurs nations.

32. Et voilà les familles de Noé, selon leurs peuples et leurs nations. C’est par elles qu’ont été divisées toutes les nations sur la terre après le déluge.

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CHAP. X. 1. I Par. I, 5. — 22. I Par. I, 17.

 

5. C’est par eux, etc., veut dire que les descendants de Japhet, énumérés aux vers. 2-4, se sont partagé entre eux les diverses contrées que les Hébreux appelaient les iles des nations, c’est-à-dire des idolâtres (probablement les iles et les pays séparés de la Palestine et où les Hébreux ne pouvaient aller que par mer) ; qu’ils se sont établis dans ces contrées chacun selon sa langue, ses familles, et qu’ils ont formé des nations. Remarquons que tout ceci est dit par anticipation ; car ce n’est qu’après la construction de la tour de Babel (XI, 9) qu’a eu lieu la dispersion des familles et la diversité des langues.

9. Devant le Seigneur ; aux yeux du Seigneur ; c’est-à-dire que le Seigneur lui-même le tenait pour fort chasseur.

10. * Arach ou Erech et Orchoé, aujourd’hui Warka, sur la rive occidentale du bas Euphrate, au sud-est de Babylone.

11. * Ninive, capitale de l’Assyrie, sur le Tigre.

32. C’est par elles, etc. Compar., vers. 5. — * Voir à la fin du volume la note 8 sur la table ethnographique.

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11 à 20

Gn 11

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CHAPITRE XI

Construction de la tour de Babel. Confusion des langues. Postérité de Sem.

1. Or la terre n’avait qu’un seul langage et qu’une seule langue.

2. Et lorsque les hommes partirent de l’orient, ils trouvèrent une plaine dans la terre de Sennaar, et ils y habitèrent.

3. Et l’un dit à l’autre : Venez, faisons des briques et cuisons-les au feu. Or ils se servirent de briques au lieu de pierres, et de bitume au lieu de ciment.

4. Et ils dirent encore : Venez, faisons-nous une ville et une tour dont le faite touche au ciel ; et rendons notre nom célèbre, avant que nous soyons dispersés dans tous les pays.

5. Mais le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils d’Adam,

6. Et il dit : Voici un seul peuple, et un seul langage pour tous : ils ont commencé à faire cet ouvrage, et ils n’abandonneront pas leur dessein, qu’ils ne l’aient accompli.

7. Venez donc, descendons et confondons là même leur langage, afin que l’un n’entende pas la langue de l’autre.

8. C’est ainsi que le Seigneur les dispersa de ce lieu dans tous les pays ; et ils cessèrent de bâtir la ville.

9. Et c’est pourquoi elle a été appelée du nom de Babel ; parce que c’est là que fut confondu le langage de toute la terre : et de là le Seigneur les dispersa sur la face de tous les pays.

10. Voici les générations de Sem : Sem avait cent ans quand il engendra Arphaxad, deux ans après le déluge.

11. Sem vécut, après qu’il eut engendré Arphaxad, cinq cents ans, et il engendra des fils et des filles.

12. Arphaxad vécut trente-cinq ans, et il engendra Salé.

13. Et Arphaxad vécut, après qu’il eut engendré Salé, trois cents trois ans, et il engendra des fils et des filles.

14. Or Salé vécut trente ans, et il engendra Héber.

15. Et Salé vécut, après qu’il eut engendré Héber, quatre cent trois ans, et il engendra des fils et des filles.

16. Mais Héber vécut trente-quatre ans, et il engendra Phaleg.

17. Et Héber vécut, après qu’il eut engendré Phaleg, quatre cent trente ans, et il engendra des fils et des filles.

18. Phaleg aussi vécut trente ans, et il engendra Reü.

19. Et Phaleg vécut, après qu’il eut engendré Reü, deux cent neuf ans, et il engendra des fils et des filles.

20. Reü vécut trente-deux ans, et il engendra Sarug.

21. Et Reü vécut, après qu’il eut engendré Sarug, deux cent sept ans, et il engendra des fils et des filles.

22. Or Sarug vécut trente ans, et il engendra Nachor.

23. Et Sarug vécut, après qu’il eut engendré Nachor, deux cents ans, et il engendra des fils et des filles.

24. Nachor vécut vingt-neuf ans, et il engendra Tharé.

25. Et Nachor vécut, après qu’il eut engendré Tharé, cent dix-neuf ans, et il engendra des fils et des filles.

26. Tharé vécut soixante-dix ans, et il engendra Abram, Nachor et Aran.

27. Mais voici les générations de Tharé. Tharé engendra Abram, Nachor et Aran. Or Aran engendra Lot.

28. Aran mourut avant Tharé son père, dans le pays de sa naissance, à Ur des Chaldéens.

29. Abram et Nachor prirent des femmes : le nom de la femme d’Abram était Saraï, et le nom de la femme de Nachor, Melcha, fille d’Aran, père de Melcha, et père de Jescha.

30. Or Saraï était stérile, et n’avait pas d’enfants.

31. C’est pourquoi Tharé prit Abram son fils, et Lot fils d’Aran, et le fils de son fils, et Saraï, sa belle-fille, femme d’Abram son fils, et il les fit sortir d’Ur des Chaldéens pour aller dans la terre de Chanaan : or ils vinrent jusqu’à Haran, et y habitèrent.

32. Et les jours de Tharé furent de deux cent cinq ans, et il mourut à Haran.

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CHAP. XI. 2. Sap. X, 5. — 10. I Par. I, 17. — 19. I Par. I, 19. — 26. Jos. XXIV, 2 ; I Par. I, 26. — 31. Jos. XXIV, 2 ; II Esd. IX, 7 ; Judith. V, 7 ; Act. VII, 2.

 

2. * Dans la terre de Sennaar, en Babylonie.

9. * Babel. Probablement sur l’emplacement du Birs-Nimroud actuel, sur les ruines de l’ancienne Babylone, capitale de la Babylonie.

28. * Ur des Chaldéens, aujourd’hui Mugheir, dans l’ancienne Chaldée, à peu près à moitié distance entre Babylone et l’embouchure de l’Euphrate dans le golfe persique. Ur était une ville considérable, où l’on cultivait les sciences et les arts et la littérature et où l’on adorait principalement la Lune sous le nom de dieu Sin.

31, 32. Haran est la même ville que Charan, dont parle saint Étienne dans Act. VII, 2, 4. — * Haran est situé au point d’intersection où se croisent les routes qui conduisent les caravanes aux gués de l’Euphrate d’une part, aux gués du Tigre de l’autre, sur le Bililk, affluent de l’Euphrate, dans une plaine qui était autrefois arrosée par de nombreux canaux.

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Gn 12

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CHAPITRE XII

Vocation d’Abram, et promesse qui lui est faite. Son entrée en Égypte.

1. Mais le Seigneur dit à Abram : Sors de ton pays et de ta parenté et de la maison de ton père, et viens dans la terre que je te montrerai

2. Et je te ferai père d’une grande nation ; je te bénirai, je rendrai ton nom célèbre, et tu seras béni.

3. Je bénirai ceux qui te béniront, et maudirai ceux qui te maudiront : et EN TOI seront bénies toutes les nations de la terre.

4. Abram donc sortit, comme lui avait ordonné le Seigneur, et Lot alla avec lui ; or Abram avait soixante-quinze ans, lorsqu’il sortit de Haran.

5. Ainsi, il prit Saraï sa femme et Lot fils de son frère, tout le bien qu’ils possédaient, et les âmes qu’ils avaient acquises à Haran ; et ils sortirent pour aller dans la terre de Chanaan. Lorsqu’ils y furent arrivés,

6. Abram traversa le pays jusqu’au lieu de Sichem, jusqu’à la vallée illustre. Les Chananéens étaient alors dans ce pays.

7. Or le Seigneur apparut à Abram et lui dit : C’est à ta postérité que je donnerai ce pays. Et Abram bâtit là un autel au Seigneur qui lui était apparu.

8. Et de là passant jusqu’à la montagne qui était à l’orient de Béthel, il y dressa ses tentes, ayant Béthel à l’occident et Haï à l’orient ; il bâtit là aussi un autel au Seigneur, et il invoqua son nom.

9. Puis Abram s’en alla cheminant et s’avançant vers le midi.

10. Mais il survint une famine en ce pays, et Abram descendit en Égypte pour y habiter, car la famine régnait dans le pays.

11. Lorsqu’il était près d’entrer en Égypte, il dit à Saraï sa femme : Je sais que tu es une belle femme ;

12. Et que quand les Égyptiens te verront, ils diront : C’est sa femme ; et ils me tueront, et ils te conserveront.

13. Dis donc, je te conjure, que tu es ma sœur, afin que bien m’arrive à cause de toi, et que mon âme vive grâce à toi.

14. Lors donc qu’Abram fut entré en Égypte, les Égyptiens virent que cette femme était extrêmement belle.

15. Et les princes en informèrent Pharaon, et la vantèrent devant lui ; et elle fut enlevée pour la maison de Pharaon.

16. Pour Abram, ils en usèrent bien à son égard, à cause d’elle ; il reçut même des brebis, des bœufs, des ânes, des serviteurs et des servantes, des ânesses et des chameaux.

17. Mais le Seigneur frappa Pharaon de très grandes plaies et sa maison, à cause de Saraï femme d’Abram.

18. Alors Pharaon appela Abram et lui dit : Qu’est-ce que tu m’as fait ? que ne m’as-tu averti que c’était ta femme ?

19. Pour quel motif as-tu dit que c’était ta sœur, afin que je la prisse pour ma femme ? Maintenant donc voilà ta femme ; prends-la et pars.

20. Et Pharaon donna des ordres à ses gens au sujet d’Abram ; et ils le reconduisirent, lui, et sa femme et tout ce qu’il avait.

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CHAP. XII. 1. Act. VII, 3. — 3. Infra. XVIII, 18 ; XXII, 18 ; Gal. III, 8. — 4. Hebr. XI, 8. — 7. Infra. XIII, 15 ; XV, 18 ; XXVI, 4 ; Deut. XXXIV, 4. — 13. Infra. XX, 11.

 

5. Les âmes ; pour les personnes, les individus. Compar. IX, 5.

6. * Sichem est le site le plus beau de la Palestine centrale, le mieux arrosé de tout le pays ; on n’y compte pas moins de 27 sources. Les oliviers qui croissent rendent le paysage perpétuellement vert. — La vallée illustre, en hébreu More, la vallée située entre le mont Hébal et le mont Garizim, au cœur même de la Palestine. — # « Hébr. : jusqu’au térébinthe de Moreh. » Appelé plus bas Mambré (XIII, 18). « Mambré, ou Mamré, était un personnage important du pays, Amorrhéen de race. Cf. XIV, 13. » (Fillion.) D’autre pense qu’il s’agit d’un chêne appelé « Chêne de Mambré » ou « Chêne d’Abraham ». Au pied de ce chêne, Abraham plante sa tente (XII, 6, XIII, 18), rencontre Dieu (XVII, 2). Jacob enfoui les idoles de la famille de Laban (XXXV, 4).

8. * À l’orient de Béthel. Béthel est sur la grande route qui conduit du nord-est au sud-ouest de la Palestine. Abram s’arrêta sur la montagne située au levant. De là il put jouir du spectacle de la Terre-Sainte presque entière : à l’est, au premier plan, la chaine dentelée des collines de Jéricho ; dans le lointain, les montagnes de Moab ; entre les deux, la large vallée du Jourdain ; au sud et à l’ouest, l’œil domine les sombres collines de la Judée ; au loin, la chaine méridionale sur une pente de laquelle est Hébron ; vers le nord, les collines qui séparent la Judée des riches plaines de Samarie.

13. Sara était véritablement sœur d’Abraham, étant fille du même père que lui. Voyez XX, 12. D’ailleurs le mot hébreu traduit par sœur signifie également cousine, nièce, et en général proche parente. — Et que mon âme vive ; c’est-à-dire, et que je puisse ainsi sauver ma vie.

15. * Pharaon n’est pas un nom propre, mais un titre. On ignore quel est le pharaon qui régnait en Égypte à l’époque d’Abraham.

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Gn 13

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CHAPITRE XIII

Abram retourne d’Égypte dans la terre de Chanaan. Lot se sépare de lui. Abram reçoit de nouvelles assurances de la protection de Dieu.

1. Abram monta donc de l’Égypte, lui, sa femme et tout ce qu’il avait, et Lot avec lui, vers la région australe.

2. Or Abram était très riche en possession d’or et d’argent.

3. Il s’en retourna par le même chemin qu’il était venu, du midi à Béthel, jusqu’au lieu où auparavant il avait planté sa tente, entre Béthel et Haï ;

4. Au lieu où il avait fait d’abord un autel, et il invoqua là le nom du Seigneur.

5. Mais Lot qui était avec Abram, avait aussi des troupeaux de brebis et de gros bétail, et des tentes.

6. Et ce pays ne leur permettait pas de demeurer ensemble ; car leurs biens étaient nombreux, et ils ne pouvaient habiter en commun.

7. De là il s’éleva une querelle entre les pasteurs des troupeaux d’Abram et de Lot. Or en ce temps-là les Chananéens et les Phérézéens habitaient en ce pays.

8. Abram dit donc à Lot : Je te prie, qu’il n’y ait pas de débat entre moi et toi, ni entre mes pasteurs et tes pasteurs ; car nous sommes frères.

9. Voici que tout le pays est devant toi : sépare-toi de moi, je te conjure ; si tu vas à gauche, j’irai à droite, et si tu choisis la droite, je prendrai la gauche.

10. C’est pourquoi Lot, les yeux levés, vit toute la contrée qui s’étendait le long du Jourdain, et qui, avant que le Seigneur eût détruit Sodome et Gomorrhe, était toute arrosée, comme le paradis du Seigneur, et comme l’Égypte, en venant vers Ségor.

11. Lot choisit pour lui les environs du Jourdain, et s’éloigna de l’orient : c’est ainsi qu’ils se séparèrent l’un de l’autre.

12. Abram habita dans la terre de Chanaan, et Lot demeura dans les villes qui étaient aux environs du Jourdain, et il habita dans Sodome.

13. Or les habitants de Sodome étaient très méchants, et très grands pécheurs devant le Seigneur.

14. Et le Seigneur dit à Abram, après que Lot fut séparé de lui : Lève les yeux et regarde du lieu où tu es maintenant, vers l’aquilon et le midi, vers l’orient et l’occident.

15. Tout le pays que tu aperçois, je te le donnerai, à toi et à ta postérité pour toujours.

16. Je ferai ta postérité comme la poussière de la terre ; si quelqu’un d’entre les hommes peut nombrer la poussière de la terre, il pourra aussi nombrer ta postérité.

17. Lève-toi, et parcours le pays en sa longueur et en sa largeur, parce que c’est à toi que je le dois donner.

18. Levant donc sa tente, Abram vint et habita près de la vallée de Mambré, qui est en Hébron, et il bâtit là un autel au Seigneur.

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CHAP. XIII. 4. Supra. XII, 7. — 6. Infra. XXXVI, 7. — 14. Supra. XII, 7 ; Infra. XV, 18 ; XXVI, 4 ; Deut. XXXIV, 4.

 

1. * Vers la région australe, dans la Palestine du sud.

3. * Béthel. Voir plus haut, Gen. XII, 8.

10. * Sodome et Gomorrhe étaient probablement au sud de la mer Morte, dans une partie qui fut submergée à l’époque de la catastrophe de ces deux villes. — Ségor était sans doute la première ville égyptienne qu’on rencontrait sur la frontière en allant du pays de Chanaan dans la vallée du Nil. — Sur le Jourdain, voir l’Introduction au livre de Josué, II, A, 1.

15. Cette promesse de Dieu conférait à Abraham un droit authentique sur tout le pays de Chanaan. Quant à sa postérité, elle ne devait occuper ce pays qu’autant qu’elle serait fidèle, comme lui, à Dieu et à la religion. Cette condition se trouve clairement exprimée par l’Écriture elle-même. Voyez en effet Lev. XVIII, 26, 28 ; Deut. IV, 25, 26 ; Is. XLVIII, 18, 19. — Si l’on prend à la lettre l’expression pour toujours, il ne faut pas oublier que la terre de Chanaan n’est ici que la figure de la Chanaan céleste, que doivent posséder éternellement les vrais enfants d’Abraham, qui auront imité sa foi et sa vertu. — * Du reste, dans l’Écriture, pour toujours signifie souvent seulement pour longtemps.

18. # « Juxta convállem (hébr. : sous les térébinthes) Mambré. » (Fillion.) Voir la note XII, 6. — * Hébron est située sur le versant de trois montagnes et dans une vallée, à une hauteur de 850 mètres environ au-dessus de la Méditerranée, au milieu des montagnes de Juda, dans la Palestine méridionale. C’est l’une des plus anciennes villes de la terre de Chanaan ; elle s’appelait aussi Cariath-Arbé. La vallée au fond de laquelle est l’Hébron actuelle se dirige du nord au sud. Les coteaux sont encore aujourd’hui couverts de vignes qui produisent les plus beaux raisins de la terre de Juda. On y voit aussi des bosquets d’oliviers. Le tombeau des patriarches est à l’extrémité d’Hébron.

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Gn 14

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CHAPITRE XIV

Guerre de Chodorlahomor contre les rois de la Pentapole. Abram délivre Lot. Melchisedech bénit Abram.

1. Or il arriva en ce temps-là qu’Amraphel roi de Sennaar, Arioch roi de Pont, Chodorlahomor roi des Élamites, et Thadal roi des Nations

2. Firent la guerre à Bara roi de Sodome, à Bersa roi de Gomorrhe, à Sennaab roi d’Adama, à Semeber roi de Séboïm et au roi de Bala, la même que Ségor.

3. Tous ces rois s’assemblèrent dans la vallée des Bois, qui est maintenant la mer de sel.

4. Car pendant douze ans ils avaient été soumis à Chodorlahomor, et à la treizième année ils s’étaient séparés de lui.

5. C’est pourquoi à la quatorzième année, Chodorlahomor vint, et les rois qui étaient avec lui ; et ils battirent les Raphaites et les Zuzites à Astarothcarnaim, et les Emites à Savé Cariathaïm,

6. Et les Chorréens dans les montagnes de Séïr jusqu’à la plaine de Pharan, qui est dans le désert.

7. Puis ils retournèrent et vinrent à la fontaine de Misphat, le même lieu que Cadès ; et ils ravagèrent toute la contrée des Amalécites et des Amorrhéens qui habitaient à Asasonthamar.

8. Alors partirent le roi de Sodome, le roi de Gomorrhe, le roi d’Adama, le roi de Séboïm et le roi de Bala, la même que Ségor : et ils rangèrent leur armée en bataille contre eux, dans la vallée des Bois ;

9. C’est-à-dire, contre Chodorlahomor roi des Élamites, Thadal roi des Nations, Amraphel roi de Sennaar et Arioch roi de Pont : quatre rois contre cinq.

10. Or la vallée des Bois avait beaucoup de puits de bitume. C’est pourquoi les rois de Sodome et de Gomorrhe, ayant pris la fuite, y tombèrent, et ceux qui étaient restés s’enfuirent sur la montagne.

11. Et ils enlevèrent toutes les richesses de Sodome et de Gomorrhe et tous les vivres, et ils s’en allèrent.

12. Ils enlevèrent aussi avec toutes ses richesses Lot, fils du frère d’Abram, qui habitait à Sodome.

13. Et voilà qu’un homme qui s’était sauvé annonça cette nouvelle à Abram l’Hébreu qui habitait dans la vallée de Mambré l’Amorrhéen, frère d’Escol, et frère d’Anèr ; car ceux-ci avaient fait alliance avec Abram.

14. Quand Abram eut entendu cela, c’est-à-dire que Lot son frère était captif, il prit les plus agiles de ses serviteurs, nés dans sa maison, au nombre de trois cent dix-huit, et poursuivit les ennemis jusqu’à Dan.

15. Puis, ses alliés divisés, il fondit sur eux pendant la nuit, les battit et les poursuivit jusqu’à Hoba, qui est à la gauche de Damas.

16. Il reprit toutes les richesses, et Lot son frère avec ses richesses, de même que les femmes et le peuple.

17. Mais le roi de Sodome sortit au-devant de lui, lorsqu’il revenait après la défaite de Chodorlahomor, et des rois qui étaient avec lui dans la vallée de Savé, qui est la vallée du roi.

18. Mais Melchisedech roi de Salem, offrant du pain et du vin, car il était prêtre du Dieu très-haut,

19. Le bénit, et dit : Béni soit Abram par le Dieu très haut, qui a créé le ciel et la terre ;

20. Et béni le Dieu très haut, qui te protégeant, les ennemis ont été livrés entre tes mains ! Et Abram lui donna la dime de tout.

21. Mais le roi de Sodome dit à Abram : Donne-moi les âmes, et prends le reste pour toi.

22. Abram lui répondit : Je lève ma main vers le Seigneur Dieu très-haut, possesseur du ciel et de la terre,

23. Que depuis le fil de la trame jusqu’à la courroie d’une chaussure, je ne recevrai rien de tout ce qui est à toi, afin que tu ne dises pas : J’ai enrichi Abram.

24. J’excepte seulement ce que mes jeunes gens ont mangé, et les parts des hommes qui sont venus avec moi, Anèr, Escol, et Mambré : ceux-ci recevront leurs parts.

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CHAP. XIV. 18. Hebr. VII, 1.

 

1. * Sennaar, la Babylonie. — Pont, en hébreu Ellassar, en Babylonie. — Chodorlahomor, signifie probablement serviteur du dieu Lagamar ; il était roi d’Ælam et conquérant. — Roi des nations, en hébreu Goïm, des nomades ou du pays de Guti dont le site est incertain.

2. * Bala, la même que Ségor, autre que le Ségor mentionné Gen. XIII, 10, probablement sur la côte orientale de la mer Morte, l’une des cinq villes de la vallée de Siddim. Elle appartint à Moab du temps des prophètes, aux Arabes après la captivité et à Arétas du temps des Apôtres.

5. * Astarothcarnaim, consacrée à Astarté, la déesse de la lune aux deux cornes ou au croissant, était située à l’est et non loin de la mer Morte. Dans les livres des Macchabées, elle est appelée Carnaim et Carnion, — Savé Cariathaïm était à l’est du Jourdain, mais sa position est inconnue.

6. * Les Chorréens tiraient probablement leur nom du mot Khor, trou, caverne, parce qu’ils habitaient des cavernes. On voit encore par centaines dans les environs de Pétra les cavernes qu’ils ont habitées ; quelques-unes sont encore habitées aujourd’hui. — Séïr, l’Idumée.

7. * Misphat, le même lieu que Cadès. Voir Num. XX, 1. — Asasonthamar, appelée aussi Engaddi, dans le désert de Juda, à l’ouest de la mer Morte.

11. Et ils enlevèrent, etc. ; c’est-à-dire quatre rois vainqueurs enlevèrent, etc.

14, 16. Loth, son frère, hébraïsme, pour son neveu, son proche parent. Compar. XII, 13. — * Dan, au nord de la Palestine.

15. * Damas, capitale de la Syrie, abondamment arrosée, et tout entourée de verdure, au milieu du désert.

18. Cette oblation du pain et du vin faite par Melchisedech est une figure sensible du sacrifice de nos autels. — * Par son double caractère de roi et de pontife, Melchisedech représente le Messie, et il a mérité de donner son nom au sacerdoce de la loi nouvelle, selon l’ordre de Melchisedech. (Ps. CIX, 4 ; Hebr. VI, 20.)

21. Les âmes ; c’est-à-dire les personnes. Compar. XII, 5.

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Gn 15

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CHAPITRE XV

Dieu promet un fils à Abram. Alliance de Dieu avec Abram.

1. Ces choses s’étant ainsi passées, la parole du Seigneur se fit entendre à Abram dans une vision, disant : Abram, ne crains pas, je suis ton protecteur et ta récompense grande à l’infini.

2. Et Abram dit : Seigneur Dieu, que me donnerez-vous ? moi, je m’en irai sans enfants ; car cet Éliézer de Damas est le fils de l’intendant de ma maison.

3. Et Abram ajouta : Pour moi, vous ne m’avez pas donné de postérité, aussi voilà que le serviteur né dans ma maison sera mon héritier.

4. Et aussitôt la parole du Seigneur se fit entendre à lui, disant : Celui-là ne sera pas ton héritier ; mais celui qui sortira de tes entrailles, tu l’auras pour héritier.

5. Et il l’emmena dehors et lui dit : Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu peux. Et il ajouta : Ainsi sera ta postérité.

6. Abram crut à Dieu, et ce lui fut imputé à justice.

7. Le Seigneur lui dit encore : Je suis le Seigneur qui t’ai fait sortir d’Ur des Chaldéens, pour te donner cette terre, afin que tu la possèdes.

8. Mais Abram demanda : Seigneur Dieu, d’où pourrai-je savoir que je dois la posséder ?

9. Et répondant, le Seigneur : Prends, dit-il, une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, de même qu’une tourterelle et une colombe.

10. Abram prenant tous ces animaux, les divisa par la moitié, et plaça les deux parties vis-à-vis l’une de l’autre ; mais les oiseaux, il ne les divisa point.

11. Or les oiseaux descendirent sur les corps morts, et Abram les chassait.

12. Et comme le soleil se couchait, un profond sommeil s’empara d’Abram, et une terreur grande et sombre le saisit.

13. Alors il lui fut dit : Sache dès à présent que ta postérité doit être étrangère dans un pays qui ne sera pas le sien ; qu’on les réduira en servitude, et qu’on les opprimera durant quatre cents ans.

14. Mais la nation à laquelle ils seront assujettis, c’est moi qui la jugerai ; et après ils sortiront avec de grandes richesses.

15. Pour toi, tu iras en paix vers tes pères, enseveli dans une heureuse vieillesse.

16. Ainsi à la quatrième génération, ils reviendront ici ; car les iniquités des Amorrhéens ne sont pas parvenues à leur comble jusqu’au temps présent.

17. Or, quand le soleil fut couché, il se fit une obscurité ténébreuse, et il parut un four qui fumait, et une lampe de feu qui passait au milieu des animaux divisés.

18. En ce jour-là le Seigneur fit une alliance avec Abram, disant : C’est à ta postérité que je donnerai ce pays, depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve d’Euphrate ;

19. Les Cinéens, les Cénézéens, les Cedmonéens,

20. Les Héthéens, les Phérézéens, et Raphaim aussi.

21. Les Amorrhéens, les Chananéens, les Gergéséens et les Jébuséens.

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CHAP. XV. 5. Rom. IV, 18. — 6. Rom. IV, 3 ; Gal. III, 6 ; Jac. II, 23. — 10. Jer. XXXIV, 18. — 13. Act. VII, 6. — 18. Supra. XII, 7 ; XIII, 15 ; Infra. XXVI, 4 ; Deut. XXXIV, 4 ; III Reg. IV, 21 ; II Par. IX, 26.

 

8. Abraham ne doute pas des promesses divines ; il demande seulement à Dieu de lui faire connaitre la manière de les exécuter.

9. # Le sens de ce rituel est expliqué en Jer. XXXIV, 18-20 : celui qui s’engage et viole l’alliance subira le même traitement que les animaux coupés en deux.

13. Qu’on les réduira ; c’est-à-dire tes descendants ; mot représenté par la postérité.

15. * Tu iras… vers tes pères. La mort, d’après les idées des Hébreux, mettait fin au pèlerinage terrestre ; mourir, c’était retourner à ses pères, se réunir à son peuple. Ces locutions remarquables, qui se lisent dans tous les livres de la Bible hébraïque et surtout dans le Pentateuque, « expriment plus qu’une inhumation ordinaire, dit M. Franz Delitzsch. De même que lorsqu’il est dit que les patriarches meurent rassasiés de jours, on indique par là non seulement le dégout des misères de cette vie, mais aussi les aspirations à une vie meilleure, de même la réunion avec les ancêtres n’est pas seulement la réunion des corps, mais aussi la réunion des personnes. »

16. * Des Amorrhéens, peuple chananéen qui, avant la conquête de la Palestine par les Israélites, occupait les montagnes de Juda à l’ouest de la mer Morte, et le royaume de Basan avec celui de Sehon à l’est du Jourdain.

18. * Depuis le fleuve d’Égypte, le torrent qui sépare l’Asie de l’Afrique, l’ouadi el-Arisch. — Jusqu’au grand fleuve d’Euphrate. L’Euphrate, un des plus grands fleuves de l’Asie occidentale, prend sa source dans l’Arménie, passe à Babylone et se mêle ensuite au Tigre avant de se jeter dans le golfe Persique. Son eau est bourbeuse, mais a un gout agréable, quand elle est purifiée. L’Euphrate est souvent appelé simplement dans l’Écriture « le grand fleuve, » sans l’addition du nom propre.

19. * Les Cinéens, tribu qui habitait au sud-est de Chanaan. Du temps de Saül, ils étaient mêlés aux Amalécites. D’autres vivaient en nomades au nord de la Palestine, à l’époque des Juges. Quelques-uns habitaient dans des villes.

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Gn 16

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CHAPITRE XVI

Abram épouse Agar. Fuite d’Agar. Naissance d’Ismaël.

1. Cependant Saraï femme d’Abram ne lui avait pas donné d’enfants ; mais ayant une servante égyptienne du nom d’Agar,

2. Elle dit à son mari : Voilà que le Seigneur m’a rendue stérile, pour que je n’aie pas d’enfants ; prends ma servante, peut-être qu’au moins par elle j’aurai des enfants. Abram ayant consenti à sa prière,

3. Elle prit Agar sa servante égyptienne, dix ans après qu’ils eurent commencé d’habiter dans la terre de Chanaan, et elle la donna à son mari pour femme.

4. Il alla donc vers elle. Mais elle, voyant qu’elle avait conçu, méprisa sa maitresse.

5. Alors Saraï dit à Abram : Tu agis injustement envers moi : c’est moi qui t’ai donné ma servante pour femme, laquelle, voyant qu’elle a conçu, me traite avec mépris. Que le Seigneur juge entre moi et toi.

6. Abram lui répondant : Voilà, dit-il, ta servante qui est entre tes mains ; fais d’elle ce qui te plaira. Saraï l’ayant donc châtiée, elle prit la fuite.

7. Mais l’Ange du Seigneur l’ayant trouvée dans la solitude auprès de la source d’eau qui est sur le chemin de Sur au désert,

8. Lui dit : Agar, servante de Saraï, d’où viens-tu ? et où vas-tu ? Elle répondit : Je fuis devant Saraï ma maitresse.

9. Et l’ange du Seigneur lui repartit : Retourne vers ta maitresse, et humilie-toi sous sa main.

10. Et de nouveau : Multipliant, dit-il, je multiplierai ta postérité, et elle sera innombrable par la multitude.

11. Puis : Voilà, ajouta-t-il, que tu as conçu et tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom d’Ismaël, parce que le Seigneur a entendu ton affliction.

12. Ce sera un homme farouche : sa main sera contre tous, et la main de tous contre lui ; et c’est vis-à-vis de tous ses frères qu’il plantera ses tentes.

13. Alors elle appela le Seigneur qui lui parlait du nom de : Vous êtes le Dieu qui m’avez vue. Car elle dit : Certainement ici j’ai vu par derrière, celui qui me voit.

14. C’est pourquoi elle appela ce puits, le Puits du vivant et me voyant. Ce puits est entre Cadès et Barad.

15. Agar donc enfanta un fils à Abram qui l’appela du nom d’Ismaël.

16. Abram avait quatre-vingt-six ans, quand Agar lui enfanta Ismaël.

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CHAP. XVI. 14. Infra. XXIV, 62.

 

2. Quoique contraire à l’institution primitive du mariage (II, 24), la pluralité des femmes, en vertu d’une dispensation particulière de Dieu, fut permise aux patriarches ; et il semble qu’elle a duré pendant la législation mosaïque : mais Jésus-Christ a ramené le mariage à sa première institution (Matth. XIX.)

7. * Le chemin de Sur. Voir la note sur Ex. XV, 22.

10. Multipliant, je multiplierai ; hébraïsme, pour je multiplierai à l’infini.

11. * Ismaël signifie Dieu a entendu ou exaucé.

14. * Barad, sur la route de Bersabée en Égypte, était probablement au nord du Djebel Helâl ; Cadès à l’est ; le Puits du vivant est vraisemblablement l’Ain Mouwailich actuel.

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Gn 17

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CHAPITRE XVII

Dieu apparait à Abraham ; il change son nom et celui de Saraï. Institution de la Circoncision. Promesse de la naissance d’Isaac.

1. Or, après qu’Abram eut commencé sa quatre-vingt-dix-neuvième année, le Seigneur lui apparut, et lui dit : Je suis le Dieu tout-puissant : marche devant moi, et sois parfait.

2. J’établirai mon alliance entre moi et toi, et je te multiplierai prodigieusement.

3. Abram tomba incliné sur sa face.

4. Et Dieu lui dit : C’est moi, et mon alliance sera avec toi, et tu seras père de beaucoup de nations.

5. Et on ne t’appellera plus du nom d’Abram, mais tu te nommeras Abraham ; car je t’ai établi père de beaucoup de nations.

6. Et je te ferai croitre prodigieusement, et je t’établirai chef de nations ; et des rois sortiront de toi.

7. Ainsi j’établirai mon alliance entre moi et toi, et entre ta postérité après toi dans ses générations, par un pacte éternel ; afin que je sois ton Dieu et le Dieu de ta postérité après toi.

8. Et je te donnerai et à ta postérité la terre de ton pèlerinage, toute la terre de Chanaan, en possession éternelle ; et je serai leur Dieu.

9. Dieu dit encore à Abraham : Tu garderas mon alliance, toi et ta postérité après toi dans ses générations.

10. Voici mon alliance que vous observerez entre moi et vous, et ta postérité après toi : Tout mâle d’entre vous sera circoncis.

11. Et vous circoncirez votre chair, afin que ce soit là un signe d’alliance entre moi et vous.

12. L’enfant de huit jours sera circoncis parmi vous ; tout mâle en vos générations, tant le serviteur né dans votre maison, que le serviteur acheté, sera circoncis, et même celui qui ne sera pas de votre race.

13. Ainsi mon pacte en votre chair sera une alliance éternelle.

14. Le mâle dont la chair n’aura pas été circoncise, cette âme sera exterminée du milieu de son peuple, parce qu’il aura rendu vaine mon alliance.

15. Dieu dit aussi à Abraham : Tu n’appelleras pas ta femme Saraï, mais Sara.

16. Je la bénirai, et d’elle je te donnerai un fils que je dois bénir aussi ; et il sera chef de nations ; et des rois de peuples sortiront de lui.

17. Abraham tomba sur sa face, et rit, disant en son cœur : Pensez-vous qu’à un centenaire naitra un fils, et que Sara nonagénaire enfantera ?

18. Et il dit à Dieu : Que seulement Ismaël vive devant vous !

19. Et Dieu répondit à Abraham : Sara ta femme t’enfantera un fils, et tu l’appelleras du nom d’Isaac, et je ferai de mon pacte avec lui et avec sa postérité après lui une alliance éternelle.

20. Pour Ismaël, je t’ai aussi exaucé : voilà que je le bénirai, que je le ferai croitre et que je le multiplierai grandement ; il donnera naissance à douze chefs, et je le ferai père d’une grande nation.

21. Mais mon alliance, je l’établirai avec Isaac, que t’enfantera Sara en ce même temps, l’année prochaine.

22. Et lorsque fut fini le discours de Dieu qui lui parlait, Dieu disparut de devant Abraham.

23. Abraham donc prit Ismaël son fils, tous les serviteurs nés dans sa maison et tous ceux qu’il avait achetés, tous mâles d’entre les hommes de sa maison, et il les circoncit aussitôt ce jour-là même, comme Dieu lui avait ordonné.

24. Or Abraham avait quatre-vingt-dix-neuf ans, quand il circoncit sa chair.

25. Et Ismaël son fils avait accompli treize ans au moment de sa circoncision.

26. Dans le même jour fut circoncis Abraham et Ismaël son fils.

27. Et tous les hommes de sa maison, tant les serviteurs nés chez lui, que ceux qui avaient été achetés, et les étrangers furent pareillement circoncis.

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CHAP. XVII. 4. Eccli. XLIV, 20 ; Rom. IV, 17. — 9. Act. VII, 8. — 11. Lev. XII, 3 ; Luc. II, 21 ; Rom. IV, 11. — 19. Infra. XVIII, 10 ; XXI, 2.

 

5. Abram veut dire, père d’élévation, et Abraham, père de multitude.

6. Saint Paul montre que ces promesses regardent proprement les enfants d’Abraham, selon l’esprit, qui imitent la foi et l’obéissance de patriarche. Voyez Rom. IV, 11, 12 ; IX, 7, 8 ; Gal. III, 14 et suiv.

10. La circoncision, qui devait distinguer extérieurement le peuple juif de tous les autres peuples, était aussi la figure du baptême, qui devait nous purifier du péché originel et nous faire entrer ainsi dans la seconde alliance représentée par cette première que Dieu a faite avec Abraham. Cette circoncision était encore une figure d’une autre circoncision intérieure et spirituelle ; c’est-à-dire la répression de tous les plaisirs déréglés, et de toutes les passions.

15. Saraï signifie noble, princesse, et Sara, féconde.

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Gn 18

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CHAPITRE XVIII

Apparition de trois anges à Abraham. Promesse de la naissance d’Isaac. Prédiction de la destruction de Sodome et de Gomorrhe.

1. Or le Seigneur apparut dans la vallée de Mambré, à Abraham, assis à l’entrée de sa tente dans la grande chaleur du jour.

2. Car, lorsqu’il eut levé les yeux, trois hommes lui apparurent se tenant près de lui ; et lorsqu’il les eut vus, il courut au-devant d’eux de l’entrée de sa tente, et il se prosterna en terre.

3. Et il dit : Seigneur, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe pas au-delà de ton serviteur.

4. J’apporterai un peu d’eau, et vous laverez vos pieds, et vous vous reposerez sous cet arbre.

5. Je vous servirai aussi un peu de pain ; et vous reprendrez vos forces, puis vous irez plus loin, car c’est pour cela que vous êtes venus vers votre serviteur. Ils lui répondirent : Fais ce que tu as dit.

6. Et Abraham alla en toute hâte à sa tente vers Sara, et lui dit : Pétris vite trois mesures de fleur de farine, et fais des pains cuits sous la cendre.

7. Et lui-même courut au troupeau, et en prit un veau tendre et excellent ; et il le donna à un serviteur qui se hâta et le fit cuire.

8. Il prit aussi du beurre et du lait, et le veau qu’il avait fait cuire, et le mit devant eux ; et lui-même se tenait debout près d’eux sous l’arbre.

9. Quand ils eurent mangé, ils lui demandèrent : Où est Sara ta femme ? Il répondit : La voilà dans la tente.

10. L’un d’eux dit : En retournant, je viendrai vers toi en ce temps-ci, alors que la vie sera votre compagne, et Sara ta femme aura un fils. Ce qu’ayant entendu, Sara rit derrière la porte de la tente.

11. Car ils étaient tous deux vieux et d’un âge fort avancé, et Sara n’avait plus ses mois.

12. Elle rit en cachette, disant : Après que je suis devenue vieille, et que mon seigneur est un peu bien vieux, m’occuperai-je de la volupté ?

13. Mais le Seigneur dit à Abraham : Pourquoi Sara a-t-elle ri, disant : Est-ce que vraiment je dois enfanter, moi vieille ?

14. Est-ce qu’à Dieu quelque chose est difficile ? Selon ma parole, je reviendrai vers toi, en ce même temps, vous vivant encore, et Sara aura un fils.

15. Sara le nia, disant : Je n’ai pas ri ; car elle était saisie de crainte. Mais le Seigneur : Il n’en est pas ainsi, dit-il ; mais tu as ri.

16. Lors donc que ces hommes furent partis de là, ils tournèrent les yeux vers Sodome ; et Abraham allait avec eux, les reconduisant.

17. Alors le Seigneur dit : Pourrai-je cacher à Abraham ce que je vais faire,

18. Puisqu’il doit être père d’une nation grande et très puissante, et que DOIVENT ÊTRE BÉNIES en lui toutes les nations de la terre ?

19. Car je sais qu’il ordonnera à ses enfants et à sa maison après lui, de garder la voie du Seigneur, et de pratiquer l’équité et la justice, afin que le Seigneur accomplisse à cause d’Abraham tout ce qu’il lui a dit.

20. Le Seigneur dit donc : La clameur de Sodome et de Gomorrhe s’est multipliée, et leur péché s’est aggravé outre mesure.

21. Je descendrai, et je verrai, si la clameur qui est venue jusqu’à moi, elles l’ont accomplie par leurs œuvres : s’il n’en est pas ainsi, que je le sache.

22. Et ils partirent de là, et ils s’en allèrent vers Sodome ; mais Abraham se tenait encore devant le Seigneur.

23. Et s’approchant, il dit : Est-ce que vous perdrez le juste avec l’impie ?

24. S’il se trouve cinquante justes dans la ville, périront-ils avec les autres ? et ne pardonnerez-vous pas à ce lieu à cause de ces cinquante justes, s’ils s’y trouvent ?

25. Loin de vous de faire cela, de perdre le juste avec l’impie, en sorte que le juste soit traité comme l’impie ; cela n’est pas de vous : vous qui jugez toute la terre, vous ne rendrez nullement ce jugement.

26. Le Seigneur lui répondit : Si je trouve à Sodome cinquante justes, dans l’enceinte de la ville, je pardonnerai à tout ce lieu à cause d’eux.

27. Et reprenant, Abraham dit : Puisque j’ai déjà commencé, je parlerai à mon Seigneur, quoique je ne sois que poussière et cendre.

28. Et s’il y avait cinquante justes, moins cinq, détruiriez-vous, parce qu’il n’y en aurait que quarante-cinq, la ville entière ? Et le Seigneur dit : Je ne la détruirai pas, si j’en trouve là quarante-cinq.

29. Et il lui parla de nouveau : Mais s’il s’en trouve là quarante, que ferez-vous ? Dieu répondit : Je ne la frapperai pas, à cause des quarante.

30. Je vous prie, Seigneur, ajouta Abraham, ne vous fâchez point, si je parle encore : Et s’il s’en trouve là trente ? Le Seigneur répondit : Je ne le ferai pas, si j’en trouve là trente.

31. Puisque j’ai déjà commencé, dit encore Abraham, je parlerai à mon Seigneur : Et s’il s’y en trouvait vingt ? Le Seigneur répondit : Je ne la détruirai pas, à cause des vingt.

32. Je vous conjure, Seigneur, reprit Abraham, ne vous irritez pas, si je parle encore une fois : Et s’il s’en trouve là dix ? Et le Seigneur dit : Je ne la détruirai pas à cause des dix.

33. Et le Seigneur s’en alla, après qu’il eut cessé de parler à Abraham, et Abraham retourna en sa demeure.

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CHAP. XVIII. 1. Hebr. XIII, 2. — 10. Supra. XVII, 19 ; Infra. XXI, 1 ; Rom. IX, 9. — 12. I Petr. III, 6. — 18. Supra. XII, 3 ; Infra. XXII, 18.

 

2. Trois hommes ; c’est-à-dire, comme le prouve tout ce récit même, Dieu et deux anges sous une forme humaine. — Et il se prosterna ; littér. : Et il adora. Le verbe adorer se prend souvent dans l’Écriture pour marquer l’action simple de s’incliner, de se prosterner. Compar. Hebr. XI, 21. L’acte extérieur d’adoration qu’on rendait à Dieu n’était pas différent de l’hommage de respect qu’on rendait aux hommes, le sentiment intérieur pouvait les distinguer.

3. À tes yeux, etc. Abraham parle ici au singulier, parce qu’il n’adresse la parole qu’à celui des trois personnages qui lui a paru le principal.

10. # Alors que la vie… ; m. à m. la vie étant compagne (vita comite) ou d’après J.-B. Glaire : vous vivant encore.

22. Et ils partirent. Les deux anges qui accompagnaient Dieu vont à Sodome ; mais Dieu, toujours sous la figure d’un homme, demeure seul avec Abraham.

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Gn 19

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CHAPITRE XIX

Lot reçoit les anges à Sodome ; il se sauve à Ségor. Destruction de Sodome et de Gomorrhe. Inceste des filles de Lot.

1. Cependant les deux Anges vinrent à Sodome vers le soir, et Lot étant assis à la porte de la ville. Dès qu’il les eut vus, il se leva et alla au-devant d’eux, et se prosterna, incliné vers la terre.

2. Et il dit : Je vous conjure, seigneurs, venez dans la maison de votre serviteur, et demeurez-y ; lavez vos pieds, et dès le matin vous continuerez votre route. Ils répondirent : Point du tout ; mais c’est sur la place que nous demeurerons.

3. Mais il les força par ses instances de venir chez lui ; et lorsqu’ils furent entrés dans sa maison, il leur prépara un repas, et il fit cuire des azymes ; et ils mangèrent.

4. Mais avant qu’ils allassent se coucher, les hommes de la ville environnèrent la maison, depuis l’enfant jusqu’au vieillard, tout le peuple ensemble.

5. Et ils appelèrent Lot et lui dirent : Où sont les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit ? Amène-les ici, afin que nous les connaissions.

6. Lot étant sorti vers eux, et ayant fermé derrière lui la porte, dit :

7. Ne faites pas, je vous prie, mes frères, ne faites pas ce mal.

8. J’ai deux filles qui n’ont pas encore connu d’hommes : je vous les amènerai, et vous ferez d’elles ce qui vous plaira, pourvu qu’à ces hommes vous ne fassiez aucun mal ; car ils sont venus à l’ombre de mon toit.

9. Mais ils répondirent : Retire-toi d’ici. Et de nouveau : Tu es venu ici, dirent-ils, comme étranger ; est-ce pour t’ériger en juge. C’est donc toi-même que nous maltraiterons plus qu’eux. Et ils faisaient à Lot la plus grande violence ; et déjà ils étaient près d’enfoncer la porte.

10. Mais voilà que les hommes avancèrent la main, firent rentrer Lot auprès d’eux et fermèrent la porte ;

11. Et ceux qui étaient dehors, ils les frappèrent d’aveuglement, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, en sorte qu’ils ne pouvaient retrouver la porte.

12. Alors ils dirent à Lot : As-tu ici quelqu’un des tiens, un gendre, ou des fils, ou des filles ? tous ceux qui sont à toi, fais-les sortir de cette ville ;

13. Car nous détruirons ce lieu, parce que leur clameur s’est élevée de plus en plus devant le Seigneur qui nous a envoyés pour les perdre.

14. Lot étant donc sorti, parla à ses gendres, qui devaient épouser ses filles, et dit : Levez-vous, sortez de ce lieu ; parce que le Seigneur détruira cette ville. Et il leur sembla parler comme en se jouant.

15. Mais lorsqu’il fut matin, les Anges le pressaient, disant : Lève-toi, prends ta femme, et les deux filles que tu as, afin que tu ne périsses pas, toi aussi, dans le châtiment de la ville.

16. Mais lui différant, ils prirent sa main et la main de sa femme et de ses deux filles, parce que le Seigneur lui faisait grâce.

17. Et ils l’emmenèrent, le mirent hors de la ville ; et là, ils lui parlèrent, disant : Sauve ton âme ; ne regarde point derrière toi, et ne t’arrête dans aucune contrée d’alentour ; mais sauve-toi sur la montagne, de peur que tu ne périsses toi aussi avec les autres.

18. Et Lot leur répondit : Je vous prie, mon Seigneur,

19. Puisque votre serviteur a trouvé grâce devant vous et que vous avez signalé la miséricorde que vous m’avez faite, pour sauver mon âme, non, je ne puis être sauvé sur la montagne ; il est à craindre que le mal ne m’atteigne, et que je ne meure.

20. Cette ville ici près, où je puis m’enfuir, est petite et j’y serai sauvé ; n’est-elle pas de peu d’étendue ? et mon âme n’y vivra-t-elle pas ?

21. Et il lui répondit : Voici que même en cela, j’ai accueilli ta prière, de ne pas détruire la ville pour laquelle tu m’as parlé.

22. Hâte-toi, et tu y seras sauvé ; car je ne pourrai rien faire jusqu’à ce que tu y sois entré. C’est pourquoi cette ville fut appelée du nom de Ségor.

23. Le soleil se leva sur la terre, et Lot entra dans Ségor.

24. Le Seigneur donc fit pleuvoir sur Sodome et Gomorrhe du soufre et du feu venus du ciel d’auprès du Seigneur ;

25. Et il détruisit ces villes, et toute la contrée d’alentour, et tous les habitants des villes, et toutes les plantes de la terre.

26. Et la femme de Lot, regardant derrière elle, fut changée en une statue de sel.

27. Or Abraham se levant le matin, et venant où il avait été auparavant avec le Seigneur,

28. Regarda Sodome et Gomorrhe, et toute la terre de cette contrée, et il vit une fumée qui montait de la terre, comme la fumée d’une fournaise.

29. Mais, lorsque le Seigneur détruisait les villes de cette contrée, s’étant souvenu d’Abraham, il sauva Lot de la ruine de ces villes dans lesquelles il avait habité.

30. Et Lot sortit de Ségor ; il se retira sur la montagne, et ses deux filles avec lui (car il craignait de demeurer dans Ségor), et il demeura dans la caverne, lui et ses deux filles avec lui.

31. Or l’ainée dit à la plus jeune : Notre père est vieux, et il n’est resté sur la terre aucun homme qui puisse nous épouser selon la coutume de toute la terre.

32. Viens, et enivrons-le de vin, et dormons avec lui, afin que nous puissions par notre père conserver une postérité.

33. Elles donnèrent donc à leur père du vin à boire cette nuit-là ; et l’ainée vint et dormit avec son père ; mais celui-ci ne s’aperçut, ni quand sa fille se coucha, ni quand elle se leva.

34. Et le lendemain, l’ainée dit à la plus jeune : Voilà que j’ai dormi hier avec mon père ; donnons-lui à boire du vin encore cette nuit, et tu dormiras avec lui, afin que nous conservions une postérité de notre père.

35. Et elles donnèrent encore cette nuit-là à leur père du vin à boire ; et la plus jeune fille dormit avec lui ; et encore cette fois, il ne s’aperçut pas quand elle se coucha, ou quand elle se leva.

36. Ainsi les deux filles de Lot conçurent de leur père.

37. L’ainée enfanta un fils, et l’appela du nom de Moab ; c’est le père des Moabites, jusqu’au présent jour.

38. La plus jeune aussi enfanta un fils, et l’appela du nom d’Ammon, c’est-à-dire le fils de mon peuple ; c’est le père des Ammonites, jusqu’aujourd’hui.

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CHAP. XIX. 1. Hebr. XIII, 2. — 9. II Petr. II, 8. — 11. Sap. XIX, 16. — 17. Sap. X, 6. — 22. Sap. X, 6. — 24. Deut.. XXIX, 23 ; Is. XIII, 19 ; Jer. L, 40 ; Ezech. XVI, 49 ; Os. XI, 8 ; Am. IV, 11 ; Luc. XVII, 28 ; Judas. I, 7. — 26. Luc. XVII, 32. — 27. Supra. XVIII, 1.

 

1. Et il se prosterna ; littér. : Et il adora. Voy. XVIII, 2. — * À Sodome. Voir la note sur Gen. XIII, 10.

3. Des azymes ; c’est-à-dire des pains ou des gâteaux faits sans levain.

8. La proposition de Lot est en elle-même très coupable, mais le trouble et l’embarras où il se trouvait, et la charité qui le portait à défendre avec tant d’ardeur les devoirs sacrés de l’hospitalité, diminuent de beaucoup la gravité de son péché.

17. Ton âme ; c’est-à-dire ta vie, ta personne. Compar. IX, 5.

22. Ségor, en hébreu Tsohar, signifie petit. — * Ce Ségor devait être différent de celui de Gen. XIII, 10. Voir plus haut, XIV, 2.

24-26. Pour traduire en mythes ou en faits purement naturels la destruction de Sodome et de Gomorrhe, et le changement de la femme de Lot en statue de sel, il faut non seulement s’inscrire en faux contre la tradition aussi constante qu’universelle des juifs et des chrétiens, mais encore violer les lois les plus sacrées de l’herméneutique et de l’exégèse.

27. Et venant ; la concision de la Vulgate rend cette addition indispensable pour le vrai sens du texte sacré.

37, 38. C’est le père, etc., est mis elliptiquement pour : C’est le père des Moabites, des Ammonites qui existent encore aujourd’hui.

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Gn 20

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CHAPITRE XX

Abraham se retire à Gerara. Abimélech enlève Sara ; il la rend à Abraham.

1. Parti de là pour la terre australe, Abraham habita entre Cadès et Sur, et demeura comme étranger à Gerara.

2. Or il dit de Sara sa femme : C’est ma sœur. Abimélech, roi de Gerara, envoya donc vers lui et la fit enlever.

3. Mais Dieu vint vers Abimélech dans un songe pendant la nuit, et lui dit : Voilà que tu mourras, à cause de la femme que tu as enlevée ; car elle a un mari.

4. Or Abimélech ne l’avait pas touchée, et il dit : Seigneur, perdrez-vous une nation qui est dans l’ignorance, et innocente ?

5. Lui-même ne m’a-t-il pas dit : C’est ma sœur ? Et elle-même n’a-t-elle pas dit : C’est mon frère ? C’est dans la simplicité de mon cœur et dans la pureté de mes mains que je l’ai fait.

6. Et Dieu lui dit : Et moi aussi je sais que c’est avec un cœur simple que tu l’as fait ; et c’est pour cela que je t’ai gardé, afin que tu ne péchasses pas contre moi, et que je n’ai pas permis que tu la touchasses.

7. Maintenant donc rends à son mari cette femme ; parce que c’est un prophète, et il priera pour toi, et tu vivras ; mais si tu ne la rends pas, sache que tu mourras de mort, toi et tout ce qui est à toi.

8. Aussitôt, se levant de nuit, Abimélech appela tous ses serviteurs, et fit entendre toutes ces paroles à leurs oreilles ; et tous ces hommes furent saisis d’une grande crainte.

9. Puis Abimélech appela aussi Abraham et lui dit : Que nous as-tu fait ? et en quoi t’avons-nous offensé, pour que tu aies attiré sur moi et sur mon royaume un si grand péché ? ce que tu ne devais pas faire, tu nous l’as fait.

10. Et de nouveau se plaignant, il dit : Qu’as-tu vu, pour agir ainsi ?

11. Abraham répondit : J’ai pensé en moi-même, disant : Peut-être n’y a-t-il point la crainte de Dieu en ce lieu-ci, et ils me feront mourir à cause de ma femme.

12. D’ailleurs elle est vraiment aussi ma sœur, étant fille de mon père, quoiqu’elle ne soit pas fille de ma mère ; et je l’ai prise pour femme.

13. Or quand Dieu me fit sortir de la maison de mon père, je dis à Sara : Tu me feras cette grâce : dans tous les lieux où nous irons, tu diras que je suis ton frère.

14. Abimélech prit donc des brebis, des bœufs, des serviteurs et des servantes, et il les donna à Abraham ; et il lui rendit Sara sa femme.

15. Et il dit : La terre est devant vous ; partout où il te plaira, habites-y.

16. Mais à Sara il dit : Voilà que j’ai donné à ton frère mille pièces d’argent, pour que tu aies un voile sur les yeux devant tous ceux qui seront avec toi, et en quelque lieu que tu ailles : et souviens-toi que tu as été enlevée.

17. Mais Abraham ayant prié, Dieu guérit Abimélech, sa femme et ses servantes, et elles enfantèrent ;

18. Car le Seigneur avait frappé de stérilité toute la maison d’Abimélech, à cause de Sara femme d’Abraham.

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CHAP. XX. 12. Supra. XII, 13. — 13. Infra. XXI, 23.

 

1. * À Gerara, aujourd’hui Khirbet el-Gerar, au sud de Gaza. Cadès, au sud de Chanaan, dans le désert de Sin, était sur la limite de l’Idumée.

2. C’est ma sœur. Voyez vers. 12, et compar. XII, 13.

7. Tu mourras de mort : hébraïsme, pour tu mourras infailliblement.

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21 à 30

Gn 21

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CHAPITRE XXI

Naissance d’Isaac. Agar est chassée. Alliance entre Abimélech et Abraham.

1. Or le Seigneur visita Sara, comme il l’avait promis, et il accomplit ce qu’il avait dit.

2. Elle conçut et enfanta un fils dans sa vieillesse, au temps que Dieu lui avait prédit.

3. Abraham appela son fils que lui engendra Sara, du nom d’Isaac.

4. Et il le circoncit le huitième jour, comme Dieu lui avait ordonné,

5. Ayant alors cent ans : car c’est à cet âge de son père que naquit Isaac.

6. Et Sara dit : Dieu m’a donné sujet de rire : quiconque l’apprendra, rira avec moi.

7. Elle dit encore : Qui aurait cru qu’Abraham entendrait dire que Sara allaiterait un fils qu’elle lui a enfanté lorsqu’il était déjà vieux ?

8. Cependant l’enfant grandit, et il fut sevré ; et Abraham fit un grand festin au jour de son sevrage.

9. Mais Sara ayant vu le fils d’Agar l’Égyptienne se raillant d’Isaac son fils, elle dit à Abraham :

10. Chasse cette servante et son fils ; car le fils de la servante ne sera pas héritier avec mon fils Isaac.

11. C’est avec peine qu’Abraham accueillit cette parole à cause de son fils.

12. Dieu lui dit : Qu’elle ne te paraisse pas dure, cette parole sur l’enfant et sur la servante : quelque chose que te dise Sara, écoute sa voix ; parce que c’est en Isaac que sera ta postérité

13. Mais le fils même de la servante, je le ferai père d’une grande nation, parce qu’il est né de toi.

14. Abraham se leva donc le matin, et prenant du pain et une outre pleine d’eau, il les mit sur l’épaule d’Agar, lui donna l’enfant et la renvoya. Celle-ci s’en étant allée, errait dans le désert de Bersabée.

15. Et quand l’eau de l’outre fut consommée, elle porta l’enfant sous un des arbres qui étaient là.

16. Et elle s’en alla et s’assit vis-à-vis, aussi loin qu’un arc peut lancer son trait ; car elle dit : Je ne verrai pas mourir mon fils. Et assise en face, elle éleva sa voix et pleura.

17. Or Dieu entendit la voix de l’enfant : l’ange de Dieu appela Agar du ciel, disant : Que fais-tu, Agar ? ne crains point, car Dieu a entendu la voix de l’enfant du lieu dans lequel il est.

18. Lève-toi, prends l’enfant et le tiens par la main ; car je le ferai père d’une grande nation.

19. Alors Dieu lui ouvrit les yeux : et voyant un puits d’eau, elle alla et remplit l’outre, et donna à boire à l’enfant.

20. Et Dieu fut avec lui : il grandit, demeura dans le désert, et devint un jeune homme habile à tirer de l’arc.

21. Il habita dans le désert de Pharan, et sa mère prit pour lui une femme de la terre d’Égypte.

22. En ce même temps Abimélech et Phicol, chef de son armée, dirent à Abraham : Dieu est avec toi en tout ce que tu fais.

23. Jure donc par Dieu que tu ne feras pas de mal, ni à moi, ni à mes enfants, ni à ma race ; mais que selon la miséricorde que j’ai exercée envers toi, tu l’exerceras envers moi et envers la terre dans laquelle tu as demeuré comme étranger.

24. Et Abraham dit : Je le jure.

25. Mais il se plaignit à Abimélech, à cause du puits d’eau que ses serviteurs lui avaient ôté avec violence.

26. Abimélech repartit : Je n’ai pas su qui a fait cela ; mais toi-même, tu ne m’en as pas averti ; et moi je n’en ai pas ouï parler, si ce n’est aujourd’hui.

27. Abraham prit donc des brebis et des bœufs, et les donna à Abimélech, et ils firent tous deux alliance.

28. Et Abraham mit sept jeunes brebis de son troupeau à part.

29. Et Abimélech lui demanda : Que signifient ces jeunes brebis que tu as mises à part ?

30. Mais Abraham : Ces sept jeunes brebis, dit-il, tu les recevras de ma main, afin qu’elles me soient en témoignage que c’est moi qui ai creusé ce puits.

31. C’est pourquoi ce lieu fut appelé Bersabée, parce que là l’un et l’autre jura.

32. C’est ainsi qu’ils firent alliance, pour le puits du serment.

33. Abimélech se leva ensuite, et Phicol, chef de son armée, et ils retournèrent dans le pays des Philistins. Mais Abraham planta un bois à Bersabée, et il invoqua là le nom du Seigneur Dieu éternel.

34. Et il demeura comme étranger dans la terre des Philistins, durant de longs jours.

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CHAP. XXI. 1. Supra. XVII, 19 ; XVIII, 10. — 2. Gal. IV, 23 ; Hebr. XI, 11. — 3. Matth. I, 2. — 4. Supra. XVII, 10 ; Matth. I, 2. — 10. Gal. IV, 30. — 12. Rom. IX, 7 ; Hebr. XI, 18. — 23. Supra. XX, 13.

 

14. Saint Paul nous découvre le sens mystérieux qui est caché dans cette conduite d’Abraham, lorsqu’il dit que Sara figurait l’Église, et Agar la synagogue ; Ismaël les juifs incrédules ; Isaac les fidèles circoncis ou incirconcis. Voy. Rom. IX, 7-8 ; Gal. IV, 24 et suiv. — * Bersabée, aujourd’hui Bir es-Seba, dans l’ouadi Seba, au sud d’Hébron, sur la route d’Égypte, devint plus tard la frontière méridionale de la Palestine.

19. Un puits d’eau. D’après des explorations récentes, ce puits ou cette source serait dans l’ouadi Murveiléh.

22. * Phicol, titre du ministre du roi, général de ses armées.

32. Pour le puits. Le texte sacré peut signifier aussi devant, près le puits.

33. Dans les premiers temps ces sortes de bois servaient d’oratoires destinés au culte qu’on rendait au Seigneur. Voyez notre Abrégé d’introduction, etc., p. 459. Les idolâtres ont depuis recherché des lieux élevés, pour y planter les bois sacrés, qui leur servaient également de temples.

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Gn 22

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CHAPITRE XXII

Sacrifice d’Isaac. Dieu réitère ses promesses à Abraham. Dénombrement des enfants de Nachor, frère d’Abraham.

1. Après que ces choses se furent passées, Dieu éprouva Abraham, et lui dit : Abraham, Abraham. Et lui répondit : Me voici.

2. Dieu lui dit : Prends ton fils unique, que tu chéris, Isaac, et va dans la terre de vision, et là tu l’offriras en holocauste, sur une des montagnes que je te montrerai.

3. Abraham s’étant donc levé de nuit, prépara son âne, amenant avec lui deux jeunes hommes et Isaac son fils ; et lorsqu’il eut coupé du bois pour un holocauste, il s’en alla vers le lieu que Dieu lui avait prescrit.

4. Mais le troisième jour, les yeux levés, il vit le lieu de loin.

5. Et il dit à ses serviteurs : Attendez ici avec l’âne, moi et mon fils nous hâtant d’aller jusque-là, après que nous aurons adoré, nous reviendrons à vous.

6. Il prit aussi le bois de l’holocauste, et le mit sur son fils Isaac, mais lui-même portait en ses mains le feu et le glaive. Comme ils s’avançaient tous deux ensemble,

7. Isaac dit à son père : Mon père. Et celui-ci répondit : Que veux-tu, mon fils ? Voici, dit-il, le feu et le bois ; où est la victime de l’holocauste ?

8. Et Abraham répondit : Dieu, mon fils, se pourvoira lui-même de la victime de l’holocauste. Ils s’avançaient donc ensemble.

9. Et ils arrivèrent au lieu que Dieu lui avait indiqué. Abraham y bâtit un autel, et déposa le bois dessus ; et, lorsqu’il eut lié Isaac son fils, il le mit sur l’autel, au-dessus du tas de bois.

10. Alors il étendit la main, et il saisit le glaive pour immoler son fils.

11. Et voilà que l’ange du Seigneur cria du ciel, disant : Abraham, Abraham. Lequel répondit : Me voici.

12. Et l’ange dit : N’étends pas ta main sur l’enfant, et ne lui fais rien ; je sais maintenant que tu crains Dieu, puisque tu n’as pas épargné ton fils unique à cause de moi.

13. Abraham leva les yeux et vit derrière lui un bélier embarrassé par les cornes dans un buisson ; le prenant, il l’offrit en holocauste à la place de son fils.

14. Et il appela ce lieu du nom de : Le Seigneur voit. D’où l’on dit encore aujourd’hui : Sur la montagne le Seigneur verra.

15. Mais l’ange du Seigneur appela Abraham une seconde fois du ciel, disant :

16. Par moi-même j’ai juré, dit le Seigneur : parce que tu as fait cela, et que tu n’as pas épargné ton fils unique à cause de moi,

17. Je te bénirai, et je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel, et comme le sable qui est sur le rivage de la mer ; ta postérité possèdera les portes de ses ennemis,

18. Et seront bénies en ta postérité toutes les nations de la terre, parce que tu as obéi à ma voix.

19. Et Abraham retourna vers ses serviteurs, et ils s’en allèrent ensemble à Bersabée, et il y habita.

20. Ces choses s’étant ainsi passées, on annonça à Abraham que Melcha aussi avait enfanté des fils à Nachor son frère :

21. Hus, le premier-né, Buz, son frère, et Camuel, père des Syriens,

22. Cased, Azaü et aussi Pheldas et Jedlaph,

23. Et Bathuel, dont naquit Rébecca ; ce sont là les huit fils que Melcha enfanta à Nachor, frère d’Abraham.

24. Sa femme du second rang, du nom de Roma, enfanta Tabée, Gaham, Thahas et Maacha.

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CHAP. XXII. 1. Judith. VIII, 22 ; Hebr. XI, 17 ; Jac. II, 21. — 16. Ps. CIV, 9 ; Eccli. XLIV, 21 ; I Mach. II, 52 ; Luc. I, 73 ; Hebr. VI, 13, 17. — 18. Supra. XII, 3 ; XVIII, 18 ; Infra. XXVI, 4 ; Eccli. XLIV, 25 ; Act. III, 25.

 

17. Les portes, etc. ; hébraïsme, pour les villes de ses ennemis.

18. Cette prophétie a eu son accomplissement parfait par Jésus-Christ, qui a été la bénédiction de tous les peuples de la terre.

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Gn 23

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CHAPITRE XXIII

Mort de Sara. Abraham achète une caverne pour l’enterrer.

1. Or Sara vécut cent vingt-sept ans.

2. Et elle mourut dans la ville d’Arbeé, qui est Hébron, dans la terre de Chanaan ; et Abraham vint pour faire le deuil et pour la pleurer.

3. Et lorsqu’il se fut levé après les devoirs funéraires, il parla aux fils de Heth, disant :

4. Je suis parmi vous étranger et voyageur : donnez-moi le droit de sépulture chez vous, afin que j’ensevelisse mon mort.

5. Les fils de Heth répondirent, disant :

6. Écoute-nous, seigneur, tu es un prince de Dieu au milieu de nous ; ensevelis ton mort dans le plus beau de nos sépulcres ; nul ne pourra t’empêcher d’ensevelir ton mort dans son tombeau.

7. Abraham se leva, et se prosterna devant le peuple de ce pays, c’est-à-dire, les fils de Heth ;

8. Et il leur dit : S’il plaît à votre âme que j’ensevelisse mon mort, écoutez-moi et intercédez pour moi auprès d’Ephron, fils de Seor,

9. Afin qu’il me donne la caverne double qu’il a à l’extrémité de son champ ; que pour un prix convenable, il me la livre devant vous, afin que j’y possède un sépulcre.

10. Or, Ephron habitait au milieu des fils de Heth. Ephron répondit donc à Abraham, devant tous ceux qui entraient à la porte de la ville, disant :

11. Non, il n’en sera pas ainsi, mon seigneur ; mais toi, écoute plutôt ce que je dis : Je te livre le champ et la caverne qui est dans ce champ, en présence des fils de mon peuple ; ensevelis ton mort.

12. Abraham se prosterna devant le peuple de ce pays,

13. Et dit à Ephron, le peuple l’environnant : Je te prie de m’écouter ; je donnerai l’argent pour le champ ; prends-le, et ainsi j’y ensevelirai mon mort.

14. Et Ephron répondit :

15. Mon seigneur, écoute-moi : la terre que tu demandes vaut quatre cents sicles d’argent ; c’est le prix entre moi et toi ; mais qu’est-ce que cela ? ensevelis ton mort.

16. Ce qu’Abraham ayant entendu, il fit peser l’argent qu’Ephron avait demandé, en présence des fils de Heth, quatre cents sicles d’argent en monnaie de bon aloi et ayant cours.

17. Et le champ jadis d’Ephron, dans lequel était une caverne double, en face de Mambré, aussi bien que la caverne et tous les arbres qui bordaient le champ de tous côtés, fut assuré

18. À Abraham comme propriété sous les yeux des fils de Heth et de tous ceux qui entraient à la porte de la ville.

19. Et ainsi Abraham ensevelit Sara sa femme dans la caverne double du champ, en face de Mambré ; c’est Hébron, dans la terre de Chanaan.

20. Le champ donc et la caverne qui étaient dans le champ furent assurés à Abraham comme propriété de tombeau, par les fils de Heth.

 

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CHAP. XXIII. 4. Hebr. XI, 13. — 19. Infra. XXXV, 27.

 

2. * Arbeé, Hébron. Voir plus haut, XIII, 18.

3. Les fils de Heth ; les Héthéens, descendants de Heth, fils de Chanaan. Compar. X, 15.

6. Un prince de Dieu ; c’est-à-dire envoyé de Dieu, ou peut-être mieux, un très grand prince ; car, dans l’Écriture, le mot Dieu est très souvent employé pour exprimer le superlatif le plus élevé.

7, 12. Se prosterna ; littér. : adora. Voyez XVIII, 2.

9. * La caverne double. Cette caverne s’appelle en hébreu Makpelah. La caverne de Makpelah a été décrite par le voyageur juif Benjamin de Tudèle qui l’a visitée au XIIe siècle. On entre dans une première grotte où l’on ne remarque rien. On descend ensuite dans une seconde qui est également vide. On pénètre enfin dans une troisième où se trouvent six tombeaux qui, d’après les inscriptions, seraient ceux d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Sara, de Rébecca et de Lia. Benjamin vit là aussi un grand nombre de tonneaux remplis d’ossements d’anciens Israélites qu’on y avait transportés par dévotion.

15. Le sicle d’argent pur valait environ 1,60 Fr. Voyez notre Abrégé d’introduction aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, p. 541, 542.

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Gn 24

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CHAPITRE XXIV

L’intendant de la maison d’Abraham va en Mésopotamie demander une femme pour Isaac ; il obtient Rébecca.

1. Or Abraham était vieux et plein de jours ; et le Seigneur l’avait béni en toutes choses.

2. Et il dit au serviteur le plus ancien de sa maison, qui présidait sur tout ce qu’il avait : Pose ta main sous ma cuisse,

3. Afin que je t’adjure par le Seigneur Dieu du ciel et de la terre, que tu ne prendras pas de femme pour mon fils parmi les filles des Chananéens au milieu desquels j’habite ;

4. Mais que tu iras dans mon pays et dans ma parenté, et que c’est de là que tu prendras une femme pour mon fils Isaac.

5. Le serviteur répondit : Si la femme ne veut pas venir avec moi dans ce pays-ci, dois-je ramener votre fils dans le lieu d’où vous êtes sorti ?

6. Et Abraham dit : Garde-toi de jamais y ramener mon fils.

7. Le Seigneur Dieu du ciel qui m’a tiré de la maison de mon père et du pays de ma naissance, qui m’a parlé, et m’a juré, disant : C’est à ta postérité que je donnerai ce pays, enverra lui-même son ange devant toi, et tu prendras de là une femme pour mon fils.

8. Que si la femme ne veut pas te suivre, tu ne seras pas engagé par le serment ; seulement ne ramène jamais là mon fils.

9. Le serviteur donc posa la main sous la cuisse d’Abraham son maitre, et il le lui jura.

10. C’est pourquoi il prit dix chameaux du troupeau de son maitre, et s’en alla portant avec lui de tous ses biens ; et étant parti, il se dirigea en Mésopotamie, vers la ville de Nachor.

11. Et lorsqu’il eut fait agenouiller ses chameaux hors de la ville, près du puits, sur le soir, temps où les jeunes filles ont coutume de sortir pour puiser de l’eau, il dit :

12. Seigneur Dieu de mon maitre Abraham, je vous supplie, venez-moi en aide aujourd’hui, et faites miséricorde à mon maitre Abraham.

13. Me voici près de la source d’eau, et les filles des habitants de cette ville sortiront pour puiser de l’eau.

14. Que la jeune fille donc à qui je dirai : Incline ta cruche, afin que je boive, et qui répondra : Bois, et je donnerai aussi à boire à tes chameaux, soit celle que vous avez préparée à votre serviteur Isaac : et c’est à cela que je connaitrai que vous aurez fait miséricorde à mon maitre.

15. Il n’avait pas encore achevé ces mots en lui-même, et voilà que sortit Rébecca, la fille de Bathuel, fils de Melcha, femme de Nachor, frère d’Abraham, laquelle portait une cruche sur son épaule ;

16. Jeune fille fort gracieuse, vierge très belle et inconnue à tout homme : or elle était déjà descendue à la fontaine, avait rempli sa cruche, et elle s’en retournait.

17. Aussitôt le serviteur courut au-devant d’elle, et dit : Donne-moi un peu d’eau à boire de ta cruche.

18. Elle répondit : Bois, mon seigneur ; et elle posa promptement sa cruche sur son bras, et elle lui donna à boire.

19. Et lorsqu’il eut bu, elle ajouta : Et même pour tes chameaux je puiserai de l’eau, jusqu’à ce que tous aient bu.

20. Et versant sa cruche dans les canaux, elle courut au puits pour puiser de l’eau, et quand elle l’eut puisée, elle la donna à tous les chameaux.

21. Cependant lui la contemplait en silence, voulant savoir si le Seigneur avait rendu son voyage heureux ou non.

22. Or, après que les chameaux eurent bu, cet homme lui présenta des pendants d’oreilles d’or, pesant deux sicles, et autant de bracelets du poids de dix sicles.

23. Puis il dit : De qui es-tu fille ? dis-le moi : y a-t-il dans la maison de ton père un lieu pour y loger ?

24. Elle répondit : Je suis la fille de Bathuel, fils de Melcha et que lui a engendré Nachor.

25. Et elle ajouta, disant : Il y a chez nous beaucoup de foin et de paille, et un lieu spacieux pour y loger.

26. L’homme s’inclina, et adora le Seigneur,

27. Disant : Béni le Seigneur Dieu de mon maitre Abraham, qui ne lui a pas retiré sa miséricorde et sa fidélité, et qui m’a conduit par une voie droite dans la maison du frère de mon maitre !

28. C’est pourquoi la jeune fille courut et annonça à la maison de sa mère tout ce qu’elle avait entendu.

29. Or Rébecca avait un frère du nom de Laban, qui sortit en grande hâte pour aller vers l’homme là où était la fontaine.

30. Et, comme il avait vu les pendants d’oreilles et les bracelets aux mains de sa sœur, et qu’il avait entendu toutes ses paroles, lorsqu’elle disait : Ainsi m’a parlé cet homme, il vint vers l’homme, qui se tenait à côté de ses chameaux et près de la source d’eau.

31. Et il lui dit : Entre, béni du Seigneur ; pourquoi restes-tu dehors ? J’ai préparé la maison et un lieu pour tes chameaux.

32. Puis il le fit entrer dans le logis, dessangla les chameaux, leur donna et à ceux qui étaient venus avec lui, de l’eau pour laver leurs pieds.

33. On mit aussi du pain en sa présence. Il dit : Je ne mangerai pas de la paille et du foin, et à lui-même que je ne vous aie énoncé mon message. Laban lui répondit : Parle.

34. Alors lui : Je suis, dit-il, serviteur d’Abraham.

35. Le Seigneur a béni beaucoup mon maitre, et il est devenu grand ; car il lui a donné des brebis et des bœufs, de l’argent et de l’or, des serviteurs et des servantes, des chameaux et des ânes.

36. Et Sara la femme de mon maitre lui a enfanté un fils dans sa vieillesse, et il lui a donné tout ce qu’il avait.

37. Et mon maitre m’a adjuré, disant : Tu ne prendras point de femme pour mon fils parmi les filles des Chananéens dans le pays desquels j’habite ;

38. Mais tu iras à la maison de mon père, et tu prendras dans ma parenté une femme pour mon fils.

39. Et moi j’ai répondu à mon maitre : Mais si la femme ne veut pas venir avec moi ?

40. Le Seigneur, reprit-il, en présence de qui je marche, enverra son ange avec toi, et dirigera ta voie ; et tu prendras une femme pour mon fils dans ma parenté et de la maison de mon père.

41. Tu seras exempt de ma malédiction, si tu vas vers mes parents et qu’ils te refusent.

42. Je suis donc venu aujourd’hui près de la source d’eau, et j’ai dit : Seigneur Dieu de mon maitre Abraham, si vous avez dirigé la voie dans laquelle je marche maintenant,

43. Me voici près de la source d’eau ; que la vierge donc qui sortira pour puiser de l’eau, qui entendra de moi : Donne-moi un peu d’eau à boire de ta cruche,

44. Et qui me répondra : Bois, toi ; je puiserai ensuite de l’eau pour tes chameaux, soit la femme que le Seigneur a préparée au fils de mon maitre.

45. Pendant que sans rien dire, j’agitais ces pensées au-dedans de moi-même, parut Rébecca venant avec sa cruche qu’elle portait sur l’épaule : elle descendit à la fontaine et puisa de l’eau. Et je lui dis : Donne-moi un peu à boire.

46. Elle se hâtant, descendit sa cruche de dessus son épaule et me dit : Bois, toi ; je donnerai ensuite à boire à tes chameaux. Je bus, et elle abreuva les chameaux.

47. Je l’interrogeai alors, et je dis : De qui es-tu fille ? Elle répondit : Je suis fille de Bathuel, fils de Nachor, que lui a enfanté Melcha. Je lui ai donc mis les pendants d’oreilles pour orner son visage, et j’ai attaché les bracelets à ses bras.

48. Et incliné, j’ai adoré le Seigneur, bénissant le Seigneur Dieu de mon maitre Abraham, qui m’a conduit par une voie droite, afin de prendre la fille du frère de mon maitre pour son fils.

49. C’est pourquoi, si vous agissez avec miséricorde et loyauté envers mon maitre, dites-le-moi ; mais si autre chose vous plaît, dites-le-moi encore ; afin que j’aille à droite ou à gauche.

50. Laban et Bathuel répondirent : C’est du Seigneur qu’est sortie cette parole ; nous ne pouvons en dehors de sa volonté, te dire rien autre chose.

51. Voici Rébecca devant toi : prends-la, pars, et qu’elle soit la femme du fils de ton maitre, selon qu’a parlé le Seigneur.

52. Ce qu’ayant entendu le serviteur d’Abraham, se prosternant en terre, il adora le Seigneur.

53. Puis, tirant des vases d’or et d’argent, et des vêtements, il les donna à Rébecca en présent ; et à ses frères et à sa mère, il offrit aussi des dons.

54. Le repas commencé, mangeant ensemble et buvant, ils demeurèrent là. Mais se levant le matin, le serviteur dit : Laissez-moi partir, afin que j’aille vers mon maitre.

55. Les frères de Rébecca et sa mère répondirent : Que la jeune fille demeure au moins dix jours auprès de nous, et ensuite elle partira.

56. Ne me retenez pas, reprit-il, puisque le Seigneur a dirigé ma voie : laissez-moi partir, afin que j’aille vers mon maitre.

57. Et ils dirent : Appelons la jeune fille, et demandons-lui ce qu’elle veut.

58. Lorsque appelée, elle fut venue, ils lui demandèrent : Veux-tu aller avec cet homme ? Elle dit : J’irai.

59. Ils l’envoyèrent donc, elle, sa nourrice, le serviteur d’Abraham et ses compagnons,

60. Implorant des choses heureuses pour leur sœur, et disant : Tu es notre sœur ; puisses-tu croitre en mille et mille générations, et puisse ta postérité posséder les portes de ses ennemis !

61. Ainsi Rébecca et ses servantes étant montées sur les chameaux, suivirent le serviteur qui en grande hâte retournait vers son maitre.

62. En ce même temps se promenait Isaac dans le chemin qui mène au puits dont le nom est puits Du vivant et voyant ; car il habitait dans la terre australe.

63. Et il était sorti pour méditer dans la campagne, le jour étant déjà sur son déclin : et comme il avait levé les yeux, il vit les chameaux venant de loin.

64. Rébecca aussi, Isaac aperçu, descendit de son chameau,

65. Et dit au serviteur : Quel est cet homme qui vient par la campagne, à notre rencontre ? Et il lui dit : C’est mon maitre. Et elle, prenant aussitôt son voile, se couvrit.

66. Or le serviteur raconta tout ce qu’il avait fait, à Isaac,

67. Qui conduisit Rébecca dans la tente de Sara sa mère, et la reçut pour femme : et il l’aima tellement, qu’il tempéra la douleur qu’il avait eue de la mort de sa mère.

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CHAP. XXIV. 2. Infra. XLVII, 29. — 7. Supra. XII, 7 ; XIII, 15 ; XV, 18 ; Infra. XXVI, 3. — 62. Supra. XVI, 14.

 

2. Pose ta main, etc. Cette pratique, selon plusieurs Pères de l’Église, renferme un sens mystérieux qui est un serment fait au nom du Messie, qui devait naitre d’Abraham.

10. * Mésopotamie, contrée située entre le Tigre et l’Euphrate, l’Euphrate et le Khabour.

22. Le sicle d’or pur valait à peu près 23 Fr. Voyez Abrégé d’introduction, etc., p. 541-542.

60. Les portes de ses ennemis. Voyez XXII, 17.

62. * Dans la terre australe, dans la Palestine méridionale.

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Gn 25

*gn25

CHAPITRE XXV

Abraham épouse Cétura. Dénombrement des enfants nés de ce mariage. Mort d’Abraham. Postérité d’Ismaël ; sa mort. Naissance d’Ésaü et de Jacob. Ésaü vend son droit d’ainesse.

1. Or Abraham prit une autre femme du nom de Cétura,

2. Laquelle lui enfanta Zamran, Jecsan, Madan, Madian, Jesboc et Sué.

3. Et Jecsan engendra Saba et Dadan. Les fils de Dadan furent Assurim, Latusim et Loomin.

4. Mais de Madian naquirent Épha, Opher, Hénoch, Abida et Eldaa. Tous ceux-ci sont les fils de Cétura.

5. Abraham donna tout ce qu’il possédait à Isaac.

6. Mais aux fils de ses autres femmes, il fit des présents, les sépara d’Isaac, son fils, et les envoya, pendant que lui vivait encore, vers la région orientale.

7. Or les jours de la vie d’Abraham furent de cent soixante-quinze ans.

8. Et manquant de forces, il mourut dans une heureuse vieillesse, étant d’un âge fort avancé, et plein de jours ; et il fut réuni à son peuple.

9. Et Isaac et Ismaël, ses fils, l’ensevelirent dans la caverne double, qui est située dans le champ d’Ephron, fils de Seor l’Héthéen, vis-à-vis de Mambré,

10. Et qu’il avait acheté des fils de Heth : c’est là qu’il fut enseveli, lui, et Sara sa femme.

11. Et, après sa mort, Dieu bénit Isaac son fils qui habitait près du puits du nom de puits Du vivant et voyant.

12. Voici les générations d’Ismaël, fils d’Abraham, que lui enfanta Agar l’Égyptienne, servante de Sara :

13. Et voici les noms de ses fils selon leurs noms et leurs générations. Le premier né d’Ismaël fut Nabaïoth, ensuite Cédar, Adbéel, Mabsam,

14. Masma, Duma, Massa,

15. Adar, Théma, Jéthur, Naphis et Cedma.

16. Ce sont là les fils d’Ismaël ; ce sont aussi les noms de leurs châteaux et de leurs villes ; ils ont été douze princes de leurs tribus.

17. Or la vie d’Ismaël fut de cent trente-sept ans ; et manquant de forces, il mourut, et fut réuni à son peuple.

18. Il habita depuis Hévila jusqu’à Sur, qui regarde l’Égypte, quand on entre en Assyrie : c’est en présence de tous ses frères qu’il mourut.

19. Voici aussi les générations d’Isaac fils d’Abraham : Abraham engendra Isaac,

20. Lequel, lorsqu’il était âgé de quarante ans, prit pour femme Rébecca, fille de Bathuel, Syrien de Mésopotamie, et sœur de Laban.

21. Or Isaac implora le Seigneur pour sa femme, parce qu’elle était stérile : et le Seigneur l’exauça, et accorda la conception à Rébecca.

22. Mais ses enfants s’entrechoquaient dans son sein ; elle dit : S’il devait en être ainsi pour moi, qu’était-il besoin de concevoir ? Et elle alla, pour consulter le Seigneur,

23. Qui répondant, dit :

Deux nations sont dans ton sein,

et deux peuples sortis de ton ventre se diviseront ;

un peuple surpassera l’autre peuple,

et l’ainé servira le plus jeune.

24. Déjà le temps d’enfanter était venu, et voilà que deux jumeaux se trouvèrent dans son sein.

25. Celui qui le premier sortit, était roux, tout hérissé de poils comme une peau ; et il fut appelé du nom d’Ésaü. Aussitôt l’autre sortant, tenait de sa main le pied de son frère : et c’est pour cela qu’elle l’appela Jacob.

26. Isaac était sexagénaire, quand ces enfants lui naquirent.

27. Ceux-ci devenus grands, Ésaü se rendit habile à chasser, et fut un homme des champs ; Jacob, au contraire, homme simple, habitait sous les tentes.

28. Isaac aimait Ésaü, parce qu’il se nourrissait de sa chasse ; et Rébecca chérissait Jacob.

29. Or Jacob fit cuire un mets ; Ésaü étant venu vers lui des champs très fatigué.

30. Dit : Donne-moi de ce mets roux ; car je suis extrêmement fatigué. C’est pour ce motif qu’il fut appelé du nom d’Édom.

31. Jacob lui dit : Vends-moi ton droit d’ainesse.

32. Ésaü répondit : Voici que je meurs ; à quoi me servira mon droit d’ainesse ?

33. Jacob repartit : Jure-le moi donc. Ésaü le lui jura, et il vendit son droit d’ainesse.

34. C’est ainsi qu’ayant pris du pain et le plat de lentilles, il mangea et but, et s’en alla, estimant peu d’avoir vendu son droit d’ainesse.

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CHAP. XXV. 1. I Par. I, 32. — 13. I Par. I, 29. — 23. Rom. IX, 10. — 25. Os. XII, 3 ; Matth. I, 2. — 30. Abd. I, 1 ; Hebr. XII, 16.

 

9. * Dans la caverne double. Voir la note sur Gen. XXIII, 9.

13. Selon leurs noms et leurs générations ; c’est-à-dire selon les noms de leurs générations. Compar. III, 16.

16. Ce sont aussi les noms, etc. Littér. : Et ce sont les noms par leurs châteaux et par leurs villes, ce que l’on interprète par : Et ce sont les noms qui sont passés à leurs châteaux et à leurs villes, ou bien qu’ils ont donnés à leurs châteaux et à leurs villes.

18. * Jusqu’à Sur. Voir la note sur Ex. XV, 22. Les descendants d’Ismaël ou les Bédouins nomades habitèrent depuis l’Arabie Pétrée jusqu’à l’Euphrate et le long de la rive occidentale de l’Euphrate en remontant vers le nord jusque vis-à-vis de l’Assyrie.

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Gn 26

*gn26

CHAPITRE XXVI

Voyage d’Isaac à Gerara ; son retour à Bersabée ; son alliance avec Abimélech. Mariage d’Ésaü.

1. Cependant une famine étant survenue dans ce pays, après la disette qui était arrivée dans les jours d’Abraham, Isaac s’en alla vers Abimélech, roi des Philistins, à Gerara.

2. Or le Seigneur lui apparut, et dit : Ne descends pas en Égypte, mais demeure dans le pays que je te dirai.

3. Restes-y comme étranger, et je serai avec toi, et je te bénirai ; car c’est à toi et à ta postérité que je donnerai toutes ces contrées, accomplissant le serment que j’ai fait à Abraham ton père.

4. Et je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel ; et je donnerai à tes descendants toutes ces contrées, et SERONT BÉNIES en ta postérité toutes les nations de la terre ;

5. Parce qu’Abraham a obéi à ma voix, qu’il a gardé mes préceptes et mes commandements, et qu’il a observé les cérémonies et les lois.

6. Isaac donc demeura à Gerara.

7. Comme il était interrogé par les hommes de ce lieu sur sa femme, il répondit : C’est ma sœur ; car il avait craint d’avouer qu’elle lui était unie par le mariage, pensant que peut-être ils le tueraient à cause de sa beauté.

8. Or, lorsque beaucoup de jours furent passés, et qu’il demeurait encore en ce même endroit, Abimélech, roi des Philistins, regardant par la fenêtre, le vit jouant avec Rébecca, sa femme.

9. Et l’ayant fait venir, il dit : Il est évident que c’est ta femme ; pourquoi as-tu menti, disant que c’est ta sœur ? Il répondit : J’ai eu peur de mourir à cause d’elle.

10. Et Abimélech reprit : Pourquoi nous en as-tu imposé ? Quelqu’un du peuple aurait pu abuser de ta femme, et tu aurais attiré sur nous un grand péché. Et il commanda à tout le peuple, disant :

11. Quiconque touchera la femme de cet homme, mourra de mort.

12. Et Isaac sema en ce pays, et il trouva dans l’année même le centuple ; car le Seigneur le bénit.

13. Ainsi cet homme s’enrichit, et il allait prospérant et s’accroissant, jusqu’à ce qu’il devint extrêmement puissant.

14. Il eut aussi des possessions de brebis et de gros troupeaux, et une nombreuse famille. À cause de cela, les Philistins jaloux de lui,

15. Comblèrent en ce temps-là tous les puits qu’avaient creusés les serviteurs de son père Abraham, les remplissant de terre ;

16. Tellement qu’Abimélech dit à Isaac : Éloigne-toi de nous, parce que tu es devenu beaucoup plus puissant que nous.

17. Et lui descendant, vint au torrent de Gerara pour y habiter.

18. Il creusa de nouveau les autres puits qu’avaient creusés les serviteurs de son père Abraham, et que, celui-ci mort, les Philistins avaient anciennement comblés ; et il les appela des mêmes noms dont auparavant son père les avait nommés.

19. Ils creusèrent aussi dans le torrent, et ils trouvèrent de l’eau vive.

20. Mais là aussi les pasteurs de Gerara firent une querelle aux pasteurs d’Isaac, disant : L’eau est à nous ; c’est pourquoi, il donna à ce puits, à cause de ce qui était arrivé, le nom de Calomnie.

21. Or ils creusèrent un autre puits : et pour celui-là aussi ils se querellèrent, et il l’appela Inimitiés.

22. Parti de là, il creusa un autre puits, pour lequel ils ne se disputèrent point, et il l’appela du nom d’Étendue, disant : Maintenant le Seigneur nous a donné de l’étendue et nous a fait croitre sur la terre,

23. Puis il monta de ce lieu à Bersabée,

24. Où lui apparut le Seigneur cette nuit-là même, disant : Je suis le Dieu d’Abraham ton père ; ne crains pas, parce que je suis avec toi : je te bénirai, et je multiplierai ta postérité à cause de mon serviteur Abraham.

25. C’est pourquoi il bâtit là un autel : puis, le nom du Seigneur invoqué, il dressa sa tente, et ordonna à ses serviteurs de creuser un puits.

26. Comme en ce lieu vinrent de Gerara, Abimélech, Ochozath son ami, et Phicol chef de ses soldats,

27. 27 Isaac leur demanda : Pourquoi venez-vous vers moi, homme que vous haïssez, et que vous avez chassé d’auprès de vous ?

28. Ils répondirent : Nous avons vu qu’avec toi était le Seigneur, et c’est pourquoi nous avons dit : Qu’il y ait serment entre nous, et faisons alliance,

29. Afin que tu ne nous fasses aucun mal, comme nous-mêmes, nous n’avons touché à rien de ce qui est à toi, et nous n’avons rien fait qui t’offensât ; mais nous t’avons renvoyé en paix, comblé de la bénédiction du Seigneur.

30. Isaac donc leur fit un festin : et après qu’ils eurent mangé et bu,

31. Se levant le matin, ils firent serment de part et d’autre ; ensuite Isaac les envoya paisiblement chez eux.

32. Mais voilà que vinrent en ce jour-là même les serviteurs d’Isaac, lui apportant des nouvelles du puits qu’ils avaient creusé, et disant : Nous avons trouvé de l’eau.

33. D’où il l’appela Abondance : et à la ville on a imposé le nom de Bersabée jusqu’au présent jour.

34. Quant à Ésaü, quadragénaire, il prit pour femmes Judith, fille de Bééri l’Héthéen, et Basémath, fille d’Élon, du même lieu ;

35. Qui toutes deux avaient irrité l’esprit d’Isaac et de Rébecca.

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CHAP. XXVI. 3. Supra. XII, 7 ; XV, 18. — 4. Supra. XII, 3 ; XVIII, 18 ; XXII, 18 ; Infra. XXVIII, 14. — 35. Infra. XXVII, 46.

 

1. * Abimélech, roi des Philistins, roi de Gerara (voir plus haut note sur Gen. XX, 1), dans le pays qui appartint plus tard aux Philistins.

4. Et seront bénies, etc. Compar. XXII, 18.

7. Isaac et Rébecca descendaient l’un et l’autre de Tharé, aïeul d’Isaac et bisaïeul de Rébecca. Voyez pour le mot sœur, XII, 13.

20-23. * Calomnie, Inimitiés, Étendue. En hébreu, Sitnah, Ések et Réhoboth. Réhoboth est dans l’ouadi Ruheibéh. À gauche de l’ouadi Ruheibéh, il y a une petite vallée appelée Sutnet er Ruheibéh où s’est conservé le nom de Sitnah.

23. * Bersabée. Voir plus haut, XXI, 14.

26. * Phicol, c’est le titre du ministre du roi.

33. * Bersabée. Voir la note sur XXI, 14.

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Gn 27

*gn27

CHAPITRE XXVII

Jacob surprend la bénédiction d’Ésaü. Menace d’Ésaü contre Jacob, qui se retire en Mésopotamie.

1. Or Isaac devint vieux et ses yeux s’obscurcirent, et il ne pouvait plus voir : il appela Ésaü, son fils ainé, et lui dit : Mon fils. Celui-ci répondit : Me voici.

2. Et son père : Tu vois, lui dit-il, que je suis devenu vieux et que j’ignore le jour de ma mort.

3. Prends tes armes, ton carquois et ton arc, et sors dehors ; et quand à la chasse tu auras pris quelque chose,

4. Fais-m’en un mets comme tu sais que je les veux, et apporte-le-moi, afin que je le mange, et que mon âme te bénisse avant que je meure.

5. Lorsque Rébecca eut entendu cela, et qu’Ésaü fut allé dans les champs pour remplir les ordres de son père,

6. Elle dit à son fils Jacob : J’ai ouï ton père parlant à Ésaü ton frère, et lui disant :

7. Apporte-moi de ta chasse et fais un mets, afin que je mange, et que je te bénisse devant le Seigneur avant que je meure.

8. Maintenant donc, mon fils, acquiesce à mon conseil,

9. Et courant au troupeau, apporte-moi deux des meilleurs chevreaux, afin que j’en fasse à ton père un de ces mets qu’il mange avec plaisir ;

10. Et que, quand tu l’auras présenté, et qu’il en aura mangé, il te bénisse avant qu’il meure.

11. Celui-ci lui répondit : Vous savez qu’Ésaü mon frère est un homme velu, et moi, je ne le suis pas :

12. Si mon père me touche et me reconnait, je crains qu’il ne pense que j’ai voulu me jouer de lui, et que je n’attire sur moi une malédiction au lieu d’une bénédiction.

13. Alors sa mère : Sur moi soit, lui dit-elle, cette malédiction, ô mon fils : seulement écoute ma voix ; va, et apporte ce que j’ai dit.

14. Il alla, l’apporta et le donna à sa mère. Celle-ci prépara un mets, comme elle savait que son père les voulait.

15. Puis elle le revêtit des plus précieux vêtements d’Ésaü qu’elle avait auprès d’elle dans la maison ;

16. Et elle lui mit la peau des chevreaux autour des mains, et lui en couvrit la partie nue du cou.

17. Elle lui donna ensuite le mets, et lui remit les pains qu’elle avait fait cuire.

18. Les ayant apportés, il dit à Isaac : Mon père. Et celui-ci répondit : J’entends. Qui es-tu, mon fils ?

19. Et Jacob reprit : Je suis votre premier-né Ésaü : j’ai fait comme vous m’avez commandé ; levez-vous, asseyez-vous et mangez de ma chasse, afin que votre âme me bénisse.

20. Et de nouveau Isaac à son fils : Comment, dit-il, as-tu pu en trouver si tôt, mon fils ? Il répondit : La volonté de Dieu a été que ce que je cherchais, est venu soudain au-devant de moi.

21. Isaac dit encore : Approche d’ici, que je te touche, mon fils, et que je reconnaisse si tu es mon fils Ésaü, ou non.

22. Celui-ci s’approcha de son père. Or, l’ayant touché, Isaac dit : La voix est certainement la voix de Jacob ; mais les mains sont les mains d’Ésaü.

23. Et il ne le reconnut point, parce que ses mains velues reproduisaient celles de son ainé. C’est pourquoi, le bénissant,

24. Il dit : Toi, tu es mon fils Ésaü ? Il répondit : Je le suis.

25. Alors Isaac : Apporte-moi, dit-il, le mets de ta chasse, ô mon fils, afin que mon âme te bénisse. Lorsqu’il eut mangé le mets présenté, Jacob lui présenta aussi du vin ; l’ayant bu,

26. Il lui dit : Approche-toi de moi, et donne-moi un baiser, mon fils.

27. Il s’approcha, et il le baisa. Et dès qu’Isaac sentit la bonne odeur de ses vêtements, le bénissant, il dit :

Voici que l’odeur qui s’exhale de mon fils

est comme l’odeur d’un champ plein

qu’a béni le Seigneur.

28. Que Dieu te donne, de la rosée du ciel

et de la graisse de la terre,

une abondance de blé et de vin.

29. Et que les peuples te servent,

et que les tribus se prosternent devant toi :

sois le seigneur de tes frères,

et que les fils de ta mère se courbent devant toi :

que celui qui te maudira, soit lui-même maudit ;

et que celui qui te bénira, soit rempli de bénédictions.

30. À peine Isaac avait achevé ces mots, et à peine Jacob était sorti dehors, qu’Ésaü arriva,

31. Et présenta à son père le mets qu’il avait apprêté de sa chasse, disant : Levez-vous, mon père, et mangez de la chasse de votre fils, afin que votre âme me bénisse.

32. Et Isaac lui demanda : Qui es-tu donc ? Il répondit : Je suis votre fils premier-né Ésaü.

33. Et Isaac fut frappé d’une grande stupeur ; et surpris au delà de ce que l’on peut croire, il dit : Qui est donc celui qui m’a déjà apporté ce qu’il avait pris à la chasse, et que j’ai mangé, avant que tu vinsses ? Je l’ai béni, et il sera béni.

34. Ésaü, les paroles de son père entendues, poussa un grand cri de fureur, et consterné, il dit : Bénissez-moi aussi, mon père.

35. Il répondit : Ton propre frère est venu frauduleusement, et il t’a enlevé ta bénédiction.

36. Mais Ésaü repartit : C’est justement qu’il a été appelé du nom de Jacob ; car il m’a supplanté déjà une autre fois : il m’a enlevé auparavant mon droit d’ainesse, et maintenant il m’a surpris encore ma bénédiction. Et de nouveau : N’avez-vous pas, dit-il a son père, réservé aussi pour moi une bénédiction ?

37. Isaac répondit : Je l’ai établi ton seigneur, j’ai soumis tous ses frères à sa domination, et je l’ai enrichi de blé et de vin ; mais pour toi, mon fils, après cela, que puis-je faire ?

38. Alors Ésaü : Est-ce, lui dit-il, une seule bénédiction que vous avez, mon père ? Je vous conjure de me bénir aussi. Et comme il pleurait en jetant de grands cris,

39. Isaac ému lui dit :

C’est dans la graisse de la terre

et dans la rosée du ciel d’en haut,

40. Que sera ta bénédiction.

Tu vivras sur ton glaive, mais tu serviras ton frère ;

et le temps viendra où tu secoueras et délieras son joug de ton cou.

41. Ésaü haïssait donc toujours Jacob, pour la bénédiction dont l’avait béni son père ; et il dit en son cœur : Viendront les jours du deuil de mon père, et je tuerai Jacob mon frère.

42. Cela fut rapporté à Rébecca, qui envoyant et appelant Jacob son fils, lui dit : Voilà qu’Ésaü ton frère menace de te tuer.

43. Maintenant donc, mon fils, écoute ma voix, lève-toi et fuis chez Laban mon frère, à Haran :

44. Tu demeureras avec lui quelques jours, jusqu’à ce que s’apaise la fureur de ton frère,

45. Que cesse son indignation, et qu’il oublie ce que tu as fait contre lui ; après cela j’enverrai, et je te ramènerai de là ici : pourquoi serais-je privée de mes deux fils en un seul jour ?

46. Rébecca dit encore à Isaac : Je suis lasse de ma vie, à cause des filles de Heth : si Jacob prend une femme originaire de ce pays, je ne veux plus vivre.

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CHAP. XXVII. 36. Supra. XXV, 34. — 39. Hebr. XI, 20. — 41. Abd. I, 10. — 46. Supra. XXVI, 35.

 

9. * Deux des meilleurs chevreaux. Voir la note sur I Reg. XVI, 20.

27. * L’odeur d’un champ. Les plantes en Orient sont très aromatiques et au printemps les champs de la Palestine sont complètement couverts de fleurs.

29. Se prosternent devant ; littér. : t’adorent. Voyez XVIII, 2.

46. * Jacob va en Mésopotamie pour une double cause : d’abord pour fuir la colère de son frère Ésaü, et ensuite pour y épouser une femme de sa race. Rébecca n’allègue naturellement à Isaac que cette seconde cause, en passant sous silence la première.

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Gn 28

*gn28

CHAPITRE XXVIII

Jacob quitte la maison de son père pour se retirer en Mésopotamie. Ésaü épouse Maheleth, fille d’Ismaël. Vision de Jacob à Béthel.

1. C’est pourquoi Isaac appela Jacob, le bénit et lui commanda, disant : Ne prends pas une femme de la race de Chanaan :

2. Mais va, et pars pour la Mésopotamie de Syrie, dans la maison de Bathuel, père de ta mère, et prends de là une femme d’entre les filles de Laban ton oncle ;

3. Et que le Dieu tout-puissant te bénisse, qu’il te fasse croitre et qu’il te multiplie, afin que tu sois le père d’un grand nombre de peuples ;

4. Et qu’il te donne les bénédictions d’Abraham, à toi et à ta postérité après toi, afin que tu possèdes la terre de ton pèlerinage qu’il a promise à ton aïeul.

5. Lorsqu’Isaac eut renvoyé Jacob, celui-ci étant parti, vint en Mésopotamie de Syrie, chez Laban, fils de Bathuel, Syrien, frère de Rébecca sa mère.

6. Mais Ésaü, voyant que son père avait béni Jacob, et qu’il l’avait envoyé en Mésopotamie de Syrie, pour en prendre une femme ; et qu’après la bénédiction, il lui avait commandé, disant : Tu ne prendras point de femme d’entre les filles de Chanaan ;

7. Et que Jacob, obéissant à ses parents, était allé en Syrie ;

8. Sachant aussi par expérience que son père ne voyait pas avec plaisir les filles de Chanaan,

9. Il alla vers Ismaël, et prit pour femme, outre celles qu’il avait déjà, Maheleth, fille d’Ismaël fils d’Abraham, sœur de Nabaïoth.

10. Jacob donc, sorti de Bersabée, poursuivait son chemin vers Haran.

11. Or, lorsqu’il fut venu en un certain lieu, et qu’il voulait s’y reposer, après le coucher du soleil, il prit une des pierres qui étaient là, et la mettant sous sa tête, il dormit en ce même lieu.

12. Alors il vit en songe une échelle posée sur la terre, et dont le sommet touchait au ciel, les anges de Dieu aussi qui la montaient et la descendaient.

13. Et le Seigneur appuyé sur l’échelle, lui disant : Je suis le Seigneur, le Dieu d’Abraham ton père et le Dieu d’Isaac ; la terre sur laquelle tu dors, je te la donnerai, à toi et à ta postérité.

14. Et elle sera, ta postérité, comme la poussière de la terre, et tu t’étendras à l’occident et à l’orient, au septentrion et au midi ; et SERONT BÉNIES EN TOI et en ta postérité toutes les tribus de la terre.

15. Et je serai ton gardien partout où tu iras, et je te ramènerai dans ce pays, et je ne te quitterai point, que je n’aie accompli tout ce que j’ai dit.

16. Quand Jacob fut éveillé de son sommeil, il dit : Vraiment le Seigneur est en ce lieu, et moi je ne le savais pas.

17. Et, saisi d’effroi : Qu’il est terrible, dit-il, ce lieu-ci ! Ce n’est autre chose que la maison de Dieu et la porte du ciel.

18. Se levant donc le matin, Jacob prit la pierre qu’il avait mise sous sa tête, et l’érigea en monument, répandant de l’huile dessus,

19. Et il appela du nom de Béthel la ville qui auparavant s’appelait Luza.

20. Il voua aussi un vœu, disant : Si le Seigneur Dieu est avec moi, s’il me garde dans le chemin par lequel je marche, et me donne du pain pour me nourrir et des vêtements pour me couvrir,

21. Et que je retourne heureusement à la maison de mon père, le Seigneur sera mon Dieu ;

22. Et cette pierre, que j’ai érigée en monument, sera appelée Maison de Dieu ; et de tout ce que vous m’aurez donné, Seigneur, je vous offrirai la dime.

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CHAP. XXVIII. 5. Os. XII, 12. — 13. Infra. XXXV, 1 ; XLVIII, 3. — 14. Deut. XII, 20 ; XIX, 8 ; Supra. XXVI, 4. — 18. Infra. XXXI, 13.

 

10. * Bersabée. Voir la note sur Gen. XXI, 14. — Vers Haran. Voir la note sur Gen. XI, 31-32.

14. En toi et en ta postérité. La particule et est ici purement explicative ; le sens est donc : En toi, c’est-à-dire en ta postérité. Ce genre d’hébraïsme, outre qu’il n’est pas rare dans l’Écriture, se trouve confirmé par deux passages (XXII, 18 ; XXVI, 4) qui contiennent la même prophétie, et dans lesquels l’expression en toi n’est pas exprimée. Quant au sens de cette prédiction divine, compar. XXII, 18.

19. * Béthel. Voir la note sur Gen. XII, 8.

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Gn 29

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CHAPITRE XXIX

Jacob sert Laban pendant sept ans pour épouser Rachel ; mais Laban lui donne Lia. Il sert encore sept ans pour avoir Rachel. Naissance de Ruben.

1. Étant donc parti, Jacob vint dans la terre d’orient.

2. Il vit un puits dans un champ, et aussi trois troupeaux de brebis couchées auprès : car c’est à ce puits que s’abreuvaient les troupeaux ; et l’entrée en était fermée par une grosse pierre.

3. Or, c’était la coutume, toutes les brebis rassemblées, de rouler la pierre ; et, les troupeaux abreuvés, de la replacer sur l’ouverture du puits.

4. Jacob demanda aux pasteurs : Mes frères, d’où êtes-vous ? Ils répondirent : De Haran.

5. Les interrogeant encore : Ne connaissez vous point, dit-il, Laban, fils de Nachor ? Ils dirent : Nous le connaissons.

6. Est-il en bonne santé ? ajouta-t-il. Il se porte bien, dirent-ils : et voici Rachel sa fille qui vient avec son troupeau.

7. Jacob reprit : Il reste encore beaucoup de jour, et il n’est pas temps de ramener les troupeaux aux étables ; donnez auparavant à boire aux brebis, et les ramenez ainsi aux pâturages.

8. Ils répondirent : Nous ne le pouvons pas, jusqu’à ce que tous les troupeaux soient rassemblés, et que nous ôtions la pierre de l’ouverture du puits, pour abreuver les troupeaux.

9. Ils parlaient encore, et voilà que Rachel venait avec les brebis de son père ; car elle paissait elle-même le troupeau.

10. Quand Jacob l’eut vue, et qu’il sut qu’elle était sa cousine germaine, et que les brebis étaient de Laban son oncle maternel, il ôta la pierre qui fermait le puits.

11. Et, le troupeau abreuvé, il embrassa Rachel ; et, la voix élevée, il pleura.

12. Puis il lui fit connaitre qu’il était frère de son père et fils de Rébecca : or, elle se hâtant, l’annonça à son père,

13. Qui, lorsqu’il eut entendu que Jacob, fils de sa sœur, était venu, courut au-devant de lui, et l’embrassa ; et, le couvrant de baisers, il le conduisit dans sa maison. Mais les motifs de son voyage entendus,

14. Il répondit : Tu es de mes os et de ma chair. Et après que furent accomplis les jours d’un mois,

15. Il lui dit : Est-ce donc parce que tu es mon frère, que tu me serviras gratuitement ? Dis quelle récompense tu accepteras ?

16. Or il avait deux filles ; le nom de l’ainée était Lia, et la plus jeune s’appelait Rachel.

17. Mais Lia avait les yeux chassieux, Rachel, un beau visage et un aspect gracieux.

18. Jacob, qui aimait celle-ci, dit : Je te servirai pour Rachel, ta plus jeune fille, durant sept ans.

19. Laban répondit : Il vaut mieux que je te la donne qu’à un autre homme : demeure avec moi.

20. Jacob donc servit pour Rachel durant sept ans ; mais ils lui paraissaient peu de jours, à cause de son grand amour.

21. Et il dit à Laban : Donne-moi ma femme, puisque déjà est accompli le temps auquel je dois m’approcher d’elle.

22. Alors Laban, un grand nombre d’amis invités à un festin, fit les noces.

23. Et le soir, il conduisit Lia sa fille, auprès de Jacob,

24. Donnant à sa fille une servante du nom de Zelpha. Lorsque, selon la coutume, Jacob se fut approché d’elle, le matin venu, il reconnut Lia.

25. Et il dit à son beau-père : Qu’est-ce que tu as voulu faire ? N’est-ce pas pour Rachel que je t’ai servi, pourquoi m’as-tu trompé ?

26. Laban répondit : Ce n’est pas la coutume dans notre pays, de donner d’abord les plus jeunes en mariage.

27. Achève la semaine des jours de ce mariage, et je te donnerai aussi Rachel pour le travail que tu devras faire à mon service, pendant sept autres années.

28. Jacob consentit à la proposition ; et la semaine s’étant passée, il prit pour femme Rachel,

29. À laquelle son père avait donné pour servante Bala.

30. Ayant enfin obtenu le mariage qu’il désirait, il préféra l’amour de la seconde à la première, servant chez Laban pendant sept autres années.

31. Mais le Seigneur, voyant qu’il dédaignait Lia, la rendit féconde, sa sœur demeurant stérile.

32. Lia ayant conçu, enfanta un fils, et elle l’appela du nom de Ruben, disant : Le Seigneur a vu mon humiliation ; c’est maintenant que mon mari m’aimera.

33. Et elle conçut de nouveau, et enfanta un fils, et elle dit : Parce que le Seigneur a entendu que j’étais méprisée, il m’a donné encore celui-ci. Et elle l’appela du nom de Siméon.

34. Elle conçut pour la troisième fois, et enfanta un autre fils, et elle dit : Maintenant aussi mon mari s’attachera à moi, puisque je lui ai enfanté trois fils ; et c’est pourquoi elle l’appela du nom de Lévi.

35. Elle conçut pour la quatrième fois, et enfanta un fils, et elle dit : À présent je célèbrerai le Seigneur ; et à cause de cela elle l’appela Juda : alors elle cessa d’enfanter.

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CHAP. XXIX. 35. Matth. I, 2.

 

1. * Dans la terre d’Orient, des fils de l’Orient, porte le texte original, ce qui désigne la terre habitée par des nomades et ici spécialement la Mésopotamie. Il y a des Arabes nomades dans les alentours de Haran.

8. * La pierre de l’ouverture du puits. L’orifice du puits est souvent à fleur de terre en Orient et on le bouche avec une pierre qu’il faut enlever pour puiser de l’eau.

23, 24. Selon l’antique usage, le nouveau mari était couché dans une chambre, on lui amenait sa femme couverte d’un voile. Ainsi il fut très facile à Laban de tromper Jacob, en substituant Lia à Rachel.

30. L’amour de la seconde à la première, est mis d’une manière elliptique pour : L’amour de la seconde à l’amour de la première.

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Gn 30

*gn30

CHAPITRE XXX

Naissance de Dan, de Nephtali, de Gad, d’Aser, d’Issachar, de Dina et de Joseph. Accord de Jacob et de Laban.

1. Or Rachel voyant qu’elle était stérile, conçut de la jalousie pour sa sœur, et dit à son mari : Donne-moi des enfants, autrement je mourrai.

2. Jacob irrité lui répondit : Est-ce que moi je suis comme Dieu, qui t’a privée du fruit de ton sein ?

3. Mais Rachel : J’ai, reprit-elle, ma servante Bala : prends-la, afin qu’elle enfante sur mes genoux, et que j’aie par elle des enfants.

4. Elle lui donna donc en mariage Bala, qui,

5. Son mari l’ayant prise, conçut et enfanta un fils.

6. Alors Rachel dit : Dieu a jugé en ma faveur, et a exaucé ma voix, me donnant un fils : et c’est pourquoi elle l’appela du nom de Dan.

7. Et Bala, concevant de nouveau, enfanta un autre fils,

8. Au sujet duquel Rachel dit : Le Seigneur m’a mise aux prises avec ma sœur, et je l’ai emporté : et elle le nomma Nephtali.

9. Lia, voyant qu’elle avait cessé d’enfanter, donna à son mari Zelpha sa servante,

10. Qui, ayant mis au monde un fils qu’elle avait conçu,

11. Dit : Heureuse fortune ! et c’est pourquoi elle l’appela du nom de Gad.

12. Zelpha aussi enfanta un autre fils,

13. Et Lia dit : C’est pour mon bonheur ; car les femmes me diront bienheureuse : à cause de cela elle l’appela Aser.

14. Or Ruben étant sorti dans la campagne au temps de la moisson des blés, trouva des mandragores qu’il porta à sa mère Lia. Et Rachel dit : Fais-moi part des mandragores de ton fils.

15. Elle répondit : Crois-tu que c’est peu de m’avoir enlevé mon mari, si tu ne prends pas encore les mandragores de mon fils ? Rachel reprit : Qu’il dorme avec toi cette nuit pour les mandragores de ton fils.

16. Ainsi Jacob revenant le soir de la campagne, Lia sortit à sa rencontre, et : C’est avec moi, dit-elle, que tu viendras, parce que je t’ai obtenu au prix des mandragores de mon fils. Et il dormit avec elle cette nuit-là.

17. Or Dieu exauça ses prières ; car elle conçut et enfanta un cinquième fils,

18. Et elle dit : Dieu m’a donné une récompense, parce que j’ai donné ma servante à mon mari : et elle l’appela du nom d’Issachar.

19. Lia concevant de nouveau, enfanta un sixième fils ;

20. Alors elle dit : Dieu m’a douée d’un don excellent ; encore cette fois mon mari sera avec moi, parce que je lui ai donné six fils ; et c’est pourquoi elle l’appela du nom de Zabulon.

21. Après Zabulon elle enfanta une fille du nom de Dina,

22. Le Seigneur se souvint aussi de Rachel ; il l’exauça et la rendit féconde.

23. Elle conçut et enfanta un fils, disant : Dieu m’a retiré mon opprobre.

24. Et elle l’appela du nom de Joseph, disant : Que le Seigneur me donne encore un autre fils.

25. Or Joseph né, Jacob dit à son beau-père : Laisse-moi retourner dans ma patrie, et dans mon pays.

26. Donne-moi mes femmes et mes enfants, pour lesquels je t’ai servi, afin que je m’en aille ; tu sais quel a été mon service près de toi.

27. Laban lui dit : Que je trouve grâce devant toi ; j’ai connu par mon expérience que le Seigneur m’a béni à cause de toi ;

28. Fixe la récompense que je dois te donner.

29. Mais Jacob répondit : Tu sais comment je t’ai servi, et comment entre mes mains se sont accrues tes possessions.

30. Tu avais peu avant que je vinsse chez toi, et maintenant tu es devenu riche ; car le Seigneur t’a béni à mon arrivée. Il est donc juste qu’enfin je songe aussi à ma propre maison.

31. Alors Laban lui demanda : Que te donnerai-je ? Et lui répondit : Je ne veux rien ; mais si tu fais ce que je demande, je paitrai de nouveau et je garderai tes troupeaux.

32. Parcours tous tes bestiaux, et sépare toutes les brebis mouchetées et à toison tachetée ; et tout ce qui sera noirâtre, ou tacheté ou moucheté, tant parmi les brebis que parmi les chèvres, sera ma récompense.

33. Et ma justice répondra demain pour moi, quand le temps de l’accord sera arrivé, devant toi : et ce qui ne sera pas moucheté, ou tacheté ou noirâtre, tant parmi les brebis que parmi les chèvres, me convaincra de larcin.

34. Laban dit : J’agrée ce que tu demandes.

35. Et il sépara ce jour-là même les chèvres, les brebis, les boucs et les béliers mouchetés ou tachetés ; mais tout le bétail qui était d’une seule couleur, à la toison blanche ou noire, il le remit aux mains de ses fils.

36. Et il mit l’espace de trois journées de chemin entre lui et son gendre qui paissait le reste de ses troupeaux.

37. Jacob donc prenant des branches vertes de peuplier, d’amandier et de platane, les écorça en partie : or les écorces enlevées, il parut une blancheur dans les endroits qui en avaient été dépouillés ; mais les autres endroits qui étaient entiers, restèrent verts ; de cette manière la couleur devint variée.

38. Et il les plaça dans les canaux où on versait l’eau, afin que, lorsque les troupeaux viendraient boire, ils eussent les branches devant les yeux et qu’à leur aspect ils conçussent.

39. Il arriva, en effet, que dans la chaleur même du coït les brebis regardaient les branches et faisaient des petits tachetés, mouchetés et parsemés de marques de diverses couleurs.

40. Jacob divisa le troupeau et plaça les branches dans les canaux devant les yeux des béliers : or tous les animaux blancs et tous les noirs étaient pour Laban, et tous les autres pour Jacob, leurs troupeaux étant séparés entre eux.

41. Lors donc qu’à la première saison les brebis étaient saillies, Jacob plaçait les branches dans les canaux devant les yeux des béliers et des brebis, pour qu’en les regardant elles conçussent.

42. Mais quand c’était l’accouplement d’arrière-saison, et la dernière conception, il ne les y plaçait pas. Ainsi, ce qui était de l’arrière-saison appartint à Laban, et ce qui était de la première à Jacob.

43. Celui-ci donc devint riche outre mesure, et il eut beaucoup de troupeaux, de servantes et de serviteurs, de chameaux et d’ânes.

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CHAP. XXX.

 

3. L’usage de ces premiers temps était de recevoir les enfants naissants sur les genoux et non sur les bras. Compar. Job. III, 12.

14. * Mandragores, plante de la famille des solanées qui touche de près à la belladone. Elle a une longue racine fusiforme, épaisse, quelquefois divisée en deux pointes fourchues, ce qui l’a fait comparer tantôt à un homme, tantôt à une femme.

33. Demain ; hébraïsme, pour un jour, dans l’avenir. — Quand le temps, etc. Autrement : Et ma justice répondra pour moi devant toi. Ce genre d’inversion était fréquent chez les Hébreux. — Quand le temps de l’accord ; c’est-à-dire quand arrivera le moment d’exécuter la convention que nous avons faite.

37, etc. La multiplication prodigieuse des troupeaux tachetés de Jacob ne s’est pas faite sans le concours d’un miracle ; Jacob lui-même l’a reconnu. Voyez XXXI, 9, 10, 14, 16. Quant à l’artifice du patriarche, on ne saurait le trouver condamnable lorsque on considère l’injustice de Laban à son égard. Il n’est donc pas étonnant que Dieu lui-même le lui ait fait connaitre (XXXI, 10-13).

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31 à 40

Gn 31

*gn31

CHAPITRE XXXI

Fuite de Jacob. Laban le poursuit. Alliance entre eux.

1. Or après que Jacob eut entendu les paroles des fils de Laban, qui disaient : Jacob a enlevé tout ce qui était à notre père, et enrichi de son bien, il est devenu un grand personnage,

2. Et qu’il eut aussi remarqué que le visage de Laban n’était pas pour lui comme hier et avant-hier,

3. Surtout le Seigneur lui ayant dit : Retourne au pays de tes pères et vers ta famille, et je serai avec toi,

4. Il envoya et appela Rachel et Lia dans le champ où il paissait les troupeaux,

5. Et il leur dit : Je vois que le visage de votre père n’est pas pour moi comme hier et avant-hier ; mais le Dieu de mon père a été avec moi ;

6. Et vous-mêmes vous savez que c’est de toutes mes forces que j’ai servi votre père.

7. Mais votre père m’a trompé, et il a changé dix fois ma récompense ; et cependant Dieu ne l’a pas laissé me nuire.

8. Quand il a dit : Les petits mouchetés seront ta récompense ; toutes les brebis avaient des petits mouchetés ; quand au contraire il a dit : Tu recevras tous les blancs pour récompense, tous les troupeaux ont fait des petits blancs.

9. C’est ainsi que Dieu a pris le bien de votre père, et me l’a donné.

10. Car lorsque le temps de la conception des brebis fut venu, je levai mes yeux, et je vis en songe les mâles couvrant les femelles, mouchetés, tachetés, et de diverses couleurs.

11. Et l’ange de Dieu me dit en songe : Jacob. Et moi je répondis : Me voici.

12. Il ajouta : Lève les yeux et vois : tous les mâles couvrant les femelles sont mouchetés, tachetés et parsemés de marques de diverses couleurs ; car j’ai vu tout ce que t’a fait Laban.

13. Je suis le Dieu de Béthel, où tu as oint une pierre, et où tu m’as voué un vœu. Maintenant donc lève-toi, sors de cette terre, retournant dans le pays de ta naissance.

14. Rachel et Lia répondirent : Nous reste-t-il quelque chose des biens et de l’héritage de la maison de notre père ?

15. N’est-ce pas comme des étrangères qu’il nous a considérées et vendues ; et n’a-t-il pas mangé le prix de notre vente ?

16. Mais Dieu a pris les richesses de notre père, et nous les a données, à nous et à nos fils : ainsi, tout ce que Dieu t’a commandé, fais-le.

17. C’est pourquoi Jacob se leva, et ses enfants et ses femmes placés sur des chameaux, il s’en alla,

18. Et emporta toutes ses richesses, tous ses troupeaux et tout ce qu’il avait acquis en Mésopotamie, se dirigeant vers Isaac son père dans la terre de Chanaan.

19. En ce temps-là Laban était allé tondre ses brebis, et Rachel déroba les idoles de son père.

20. Jacob ne voulut pas avouer à son beau-père qu’il fuyait.

21. Lors donc qu’il fut parti, et lui et tout ce qui était à lui de plein droit, et que, le fleuve traversé, il s’avançait vers la montagne de Galaad,

22. On annonça à Laban, le troisième jour, que Jacob fuyait.

23. Laban ayant pris ses frères avec lui, le poursuivit durant sept jours, et l’atteignit à la montagne de Galaad.

24. Et il vit en songe Dieu qui lui dit : Garde-toi de rien dire à Jacob avec dureté.

25. Or Jacob avait déjà tendu sa tente sur la montagne ; et quand Laban l’eut atteint avec ses frères, c’est sur la même montagne de Galaad qu’il planta sa tente,

26. Et il dit à Jacob : Pourquoi as-tu agi ainsi, que d’emmener mes filles à mon insu, comme des captives du glaive ?

27. Pourquoi, moi l’ignorant, as-tu voulu fuir, et ne pas m’avertir, pour que je t’accompagnasse avec joie, avec des chants, des tambours et des harpes ?

28. Tu ne m’as laissé embrasser ni mes fils ni mes filles ; tu as agi en insensé : et maintenant certes,

29. Ma main peut te rendre le mal ; mais le Dieu de ton père m’a dit hier : Garde-toi de dire à Jacob rien de trop dur.

30. Eh bien, soit, tu désirais aller vers les tiens ; et la maison de ton père était pour toi un objet de regret ; pourquoi m’as-tu dérobé mes dieux ?

31. Jacob répondit : Si je suis parti à ton insu, c’est que j’ai craint que tu ne m’enlevasses violemment tes filles.

32. Mais quant au larcin que tu me reproches, que celui chez qui tu trouveras tes dieux soit mis à mort devant nos frères : fouille ; tout ce que tu trouveras à toi chez moi, emporte-le. Disant cela, il ignorait que Rachel avait enlevé les idoles.

33. Laban étant donc entré dans la tente de Jacob, de Lia et des deux servantes, ne trouva rien. Mais quand il entra dans la tente de Rachel,

34. Celle-ci se hâtant, cacha les idoles sous le bât de son chameau, et elle s’assit dessus ; et comme il fouillait toute la tente, et qu’il ne trouvait rien,

35. Elle lui dit : Que mon seigneur ne se fâche point de ce que je ne puis me lever en sa présence ; car ce qui est ordinaire aux femmes, m’arrive en ce moment. Ainsi elle dépista ces minutieuses perquisitions.

36. Alors s’emportant, Jacob lui dit avec reproche : Pour quelle faute, et pour quel péché t’es-tu ainsi enflammé après moi,

37. Et as-tu fouillé tous mes objets ? Qu’as-tu trouvé de tout ce qui appartient à ta maison ? Mets-le ici devant mes frères et tes frères, et qu’ils jugent entre moi et toi.

38. Est-ce pour cela que j’ai été vingt ans avec toi ? tes brebis et tes chèvres n’ont pas été stériles ; je n’ai pas mangé les béliers de ton troupeau :

39. Et pour ce qui avait été pris par les bêtes sauvages, je ne t’en ai pas averti ; c’est moi qui en réparais tout le dommage : tout ce qui avait été dérobé, c’est de moi que tu l’exigeais.

40. Le jour et la nuit j’étais brulé par la chaleur et glacé par le froid ; et le sommeil fuyait de mes yeux.

41. C’est ainsi que pendant vingt ans je t’ai servi dans ta maison, quatorze pour tes filles, et six pour tes troupeaux : et tu as changé ma récompense dix fois.

42. Si le Dieu de mon père Abraham et la crainte d’Isaac ne m’avaient protégé, peut-être m’aurais-tu maintenant renvoyé nu ; mais Dieu a regardé mon affliction et le travail de mes mains, et il t’a fait hier des reproches.

43. Laban lui répondit : Mes filles et mes fils, tes troupeaux, et tout ce que tu vois, sont à moi, que puis-je faire à mes filles et à mes petits-fils ?

44. Viens donc et faisons une alliance, pour qu’elle soit en témoignage entre moi et toi.

45. C’est pourquoi Jacob mit une pierre, et l’érigea en monument.

46. Et il dit à ses frères : Apportez des pierres. Ceux-ci en ayant rassemblé firent un grand tas, et mangèrent dessus ;

47. Laban l’appela Monceau du témoin, et Jacob, Monceau du témoignage, chacun selon la propriété de sa langue.

48. Et Laban dit : Ce monceau sera témoin entre moi et toi aujourd’hui ; et c’est pourquoi on l’a appelé du nom de Galaad, c’est-à-dire, Monceau du témoin.

49. Que le Seigneur considère et juge entre nous, quand nous serons éloignés l’un de l’autre.

50. Si tu affliges mes filles, et si tu prends d’autres femmes avec elles, nul n’est témoin de nos paroles, excepté Dieu, qui présent, nous regarde.

51. Il dit de nouveau à Jacob : Voilà que ce monceau et la pierre que j’ai dressée entre moi et toi

52. Sera témoin : que ce monceau, dis-je, et cette pierre soient en témoignage, si moi je les franchis, venant vers toi, ou si toi tu les dépasses, méditant le mal contre moi.

53. Que le Dieu d’Abraham, le Dieu de Nachor, le Dieu de leur père juge entre nous. Jacob donc jura par la crainte de son père Isaac ;

54. Puis, des victimes immolées sur la montagne, il invita ses frères à manger du pain. Lorsqu’ils eurent mangé, ils demeurèrent là.

55. Mais Laban, se levant de nuit, embrassa ses fils et ses filles, et les bénit, et il s’en retourna dans sa demeure.

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CHAP. XXXI. 29. Infra. XLVIII, 16.

 

2, 5. Comme hier et avant-hier ; hébraïsme, pour comme auparavant.

9. * Dieu a pris le bien de votre père et me l’a donné. La même chose est répétée au verset 16. Dans le chapitre précédent, l’acquisition des richesses de Jacob est attribuée à son savoir-faire et à son travail. Le verset 42 du présent chapitre nous montre comment tout se concilie : Si Dieu… ne m’avait protégé, peut-être m’aurais-tu renvoyé nu, mais Dieu a regardé, c’est-à-dire béni mon travail.

13. * Béthel. Voir plus haut, Gen. XII, 8.

21. * Vers la montagne de Galaad, située à l’est du Jourdain, au nord du Jaboc. Voir l’Introduction au livre de Josué, II.

36. T’es-tu ainsi enflammé après moi ; expression elliptique dont le sens est : Pourquoi t’es-tu ainsi enflammé en courant après moi ?

46. Par l’expression ses frères, il faut probablement entendre les personnes de sa suite, et celles qui avaient accompagné Laban.

47. * Laban parle syriaque ou araméen ; Jacob parle hébreu.

53. Par la crainte ; c’est-à-dire par le Dieu, objet de la crainte.

54. Manger du pain, dans la langue des Hébreux, signifie simplement prendre de la nourriture, faire un repas. Compar. III, 19.

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Gn 32

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CHAPITRE XXXII

Jacob fait annoncer son retour à Ésaü ; celui-ci vient au-devant de lui. Lutte de Jacob avec un ange.

1. Jacob aussi s’en alla par le chemin qu’il avait pris : et les anges du Seigneur furent à sa rencontre.

2. Quand il les eut vus, il dit : C’est le camp de Dieu ; et il appela ce lieu du nom de Mahanaim, c’est-à-dire camp.

3. Mais il envoya aussi des messagers devant lui à Ésaü son frère dans la terre de Séïr, dans la contrée d’Édom,

4. Et leur commanda, disant : Parlez ainsi à mon seigneur Ésaü : Voici ce que dit votre frère Jacob : J’ai demeuré comme étranger chez Laban, et j’y ai été jusqu’au présent jour.

5. J’ai des bœufs, des ânes, des brebis, des serviteurs et des servantes ; et j’envoie maintenant un message à mon seigneur, afin de trouver grâce en votre présence.

6. Et les messagers retournèrent vers Jacob, disant : Nous sommes venus auprès d’Ésaü, votre frère, et voici qu’il vient en grande hâte au-devant de vous avec quatre cents hommes.

7. Jacob eut une grande frayeur, et tout épouvanté, il divisa les gens qui étaient avec lui, de même que les troupeaux, les brebis, les bœufs et les chameaux, en deux troupes,

8. Disant : Si Ésaü vient à une troupe et qu’il la batte, l’autre qui restera, sera sauvée.

9. Jacob dit ensuite : Dieu de mon père Abraham, Dieu de mon père Isaac, Seigneur qui m’avez dit : Retourne en ton pays et au lieu de ta naissance et je te ferai du bien,

10. Je suis au-dessous de vos miséricordes et de la fidélité que vous avez gardée envers votre serviteur. J’ai passé ce Jourdain n’ayant qu’un bâton ; et maintenant je reviens avec deux troupes.

11. Délivrez-moi de la main de mon frère Ésaü, car je le crains extrêmement ; de peur que, venant, il ne frappe la mère avec les enfants.

12. Vous avez dit que vous me feriez du bien, et que vous étendriez ma postérité comme le sable de la mer, lequel par sa multitude ne peut se compter.

13. Et, quand il eut dormi là cette nuit, il sépara de ce qu’il avait, des présents pour Ésaü son frère :

14. Deux cents chèvres, vingt boucs, deux cents brebis et vingt béliers,

15. Trente femelles de chameaux pleines avec leurs petits, quarante vaches, vingt taureaux, vingt ânesses et dix de leurs petits.

16. Et il envoya par ses serviteurs chacun des troupeaux séparément, et il dit à ses serviteurs : Précédez-moi, et qu’il y ait un intervalle entre un troupeau et un troupeau.

17. Et il commanda au premier, disant : Si tu rencontres mon frère Ésaü, et qu’il te demande : À qui es-tu ? ou bien : Où vas-tu ? ou : À qui sont ces bêtes que tu suis ?

18. Tu répondras : À votre serviteur Jacob, qui les envoie en présent à mon seigneur Ésaü : lui-même aussi vient après nous.

19. Il donna pareillement des ordres au second, au troisième, et à tous ceux qui suivaient les troupeaux, disant : C’est en ces mêmes termes que vous parlerez à Ésaü, quand vous l’aurez trouvé.

20. Et vous ajouterez : Lui-même aussi votre serviteur Jacob suit notre chemin ; car il a dit : Je l’apaiserai par les présents qui me précèdent, et après cela je le verrai, peut-être qu’il me deviendra propice.

21. C’est pourquoi les présents le précédèrent, mais lui-même demeura cette nuit-là dans le camp.

22. Et lorsqu’il se fut levé de bonne heure, il prit ses deux femmes et autant de servantes avec ses onze fils, et passa le gué de Jaboc.

23. Et ayant fait passer tout ce qui lui appartenait,

24. Il demeura seul : et voilà qu’un homme lutta avec lui jusqu’au matin.

25. Or comme cet homme vit qu’il ne pouvait le vaincre, il toucha le nerf de sa cuisse, lequel aussitôt se dessécha.

26. Et il lui dit : Laisse-moi ; car déjà se lève l’aurore. Jacob répondit : Je ne vous laisserai point, si vous ne me bénissez.

27. Il lui demanda donc : Quel est ton nom ? Il répondit : Jacob.

28. Mais l’homme : On ne t’appellera plus, dit-il, du nom de Jacob, mais du nom d’Israël ; parce que si tu as été fort contre Dieu, combien plus prévaudras-tu contre les hommes ?

29. Jacob lui demanda : Dites-moi, de quel nom vous appelez-vous ? Il répondit : Pourquoi demandes-tu mon nom ? Et il le bénit en ce même lieu.

30. Jacob appela ce lieu du nom Phanuel, disant : J’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée.

31. Et le soleil se leva aussitôt après qu’il eut passé Phanuel ; mais il boitait d’un pied.

32. C’est pour ce motif que les enfants d’Israël ne mangent point jusqu’au présent jour, le nerf qui se dessécha dans la cuisse de Jacob, parce que l’ange toucha le nerf de sa cuisse, qui fut paralysé.

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CHAP. XXXII. 1. Infra. XLVIII, 16.

 

2. * Mahanaim, à l’est du Jourdain, au nord du Jaboc.

3. * Séïr, Édom, l’Idumée. Voir la note sur Marc. III, 8. — Ésaü ne s’était pas encore établi définitivement en Idumée, voir plus loin, XXXVI, 6, mais il y vivait alors en nomade, pour y faire paitre ses troupeaux, et il fit plus tard la conquête du pays.

22. * Le gué de Jaboc. Jaboc, sur la rive gauche du Jourdain, s’appelle aujourd’hui ouadi Zerka, le bleu, à cause de la couleur de ses eaux. Il se jette dans le Jourdain, entre le lac de Tibériade et la mer Morte, plus près de cette dernière. Il prend sa source à l’est du plateau de Galaad. Près de son embouchure, il n’est jamais à sec, et en hiver, il est souvent impossible de le passer à gué.

24. Un homme ; le prophète Osée (XII, 4) lui donne le nom d’ange.

28. On ne t’appellera plus, etc., c’est-à-dire : Tu ne t’appelleras plus seulement Jacob, tu t’appelleras aussi Israël. Ce dernier nom fut donné plus particulièrement à ses descendants, puisqu’ils ne furent connus que sous la dénomination d’Israélites.

30. Comme on l’a déjà remarqué plusieurs fois, par le mot âme les Hébreux entendaient souvent la personne, l’individu même. Comme c’était anciennement une opinion générale que l’on ne pouvait voir Dieu ou un ange sans en mourir, quelques interprètes supposent que le sens de ce passage est : J’ai vu le Seigneur, et cependant je n’en suis pas mort ; mais il est plus naturel de croire que Jacob voulait dire par là que Dieu l’avait délivré de la frayeur extrême qu’il avait de son frère Ésaü, au-devant duquel il alla ensuite avec plus de confiance. — * Phanuel était probablement entre le Djébel Adjloun et le Djébel Djeloud.

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Gn 33

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CHAPITRE XXXIII

Rencontre de Jacob et d’Ésaü. Jacob se retire à Socoth, et de là il se rend à Sichem.

1. Mais Jacob, levant les yeux, vit Ésaü venant, et avec lui quatre cents hommes ; il sépara aussitôt les enfants de Lia, de Rachel et des deux servantes ;

2. Il mit l’une et l’autre servante et leurs enfants en avant, Lia et ses enfants en second lieu, mais Rachel et Joseph les derniers.

3. Et lui-même s’avançant, se prosterna, incliné vers la terre par sept fois, jusqu’à ce que son frère approchât.

4. C’est pourquoi Ésaü, courant au-devant de son frère, l’embrassa ; et, serrant étroitement son cou et le baisant, il pleura.

5. Puis, les yeux levés, il vit les femmes et leurs petits enfants, et dit : Que signifient ceux-ci ? est-ce à toi qu’ils appartiennent ? Il répondit : Ce sont les petits enfants que Dieu a donnés à votre serviteur.

6. Et s’approchant, les servantes et leurs fils se prosternèrent.

7. Lia aussi s’approcha avec ses enfants ; et quand ils se furent pareillement prosternés, Joseph et Rachel se prosternèrent les derniers.

8. Alors Ésaü dit : Quelles sont ces troupes que j’ai rencontrées ? Jacob répondit : C’est pour trouver grâce devant mon seigneur.

9. Mais Ésaü reprit : J’ai beaucoup de biens, mon frère, que les tiens restent à toi.

10. Jacob répondit : Non, je vous prie, qu’il n’en soit pas ainsi ; mais si j’ai trouvé grâce à vos yeux, recevez ce petit présent de mes mains ; car j’ai vu votre visage, comme si j’eusse vu la face de Dieu : soyez-moi propice.

11. Et recevez cette bénédiction que je vous ai apportée et que m’a donnée Dieu qui donne toutes choses. Ésaü la recevant avec peine, son frère le pressant,

12. Dit : Allons ensemble, et je t’accompagnerai dans ton chemin.

13. Mais Jacob répondit : Vous savez, monseigneur, que j’ai avec moi de petits enfants bien faibles encore, des brebis et des vaches pleines ; si je les fatigue trop par la marche, tous mes troupeaux mourront en un jour.

14. Que mon seigneur précède son serviteur, et moi je le suivrai peu à peu, selon que je verrai que mes petits enfants le pourront faire, jusqu’à ce que je parvienne vers mon seigneur à Séïr.

15. Ésaü repartit : Je te prie, que des gens qui sont avec moi, quelques-uns restent pour t’accompagner. Non, dit Jacob, cela n’est pas nécessaire : la seule chose dont j’ai besoin, c’est de trouver grâce devant vous, mon seigneur.

16. Ésaü donc retourna ce jour-là à Séïr, par le même chemin qu’il était venu.

17. Et Jacob vint à Socoth, où une maison bâtie et des tentes plantées, il appela ce lieu du nom de Socoth, c’est-à-dire, tentes.

18. Ensuite il passa à Salem, ville des Sichemites, dans le pays de Chanaan, après qu’il fut revenu de la Mésopotamie de Syrie ; et il habita auprès de la ville.

19. Et il acheta pour cent agneaux, des enfants d’Hemor, père de Sichem, une portion du champ où il avait planté ses tentes.

20. Puis, un autel érigé en ce lieu, il invoqua le Dieu très fort d’Israël.

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CHAP. XXXIII.

 

3. Se prosterna ; littér. : adora. Voyez XVIII, 2.

11. Bénédiction. On appelait ainsi les présents, parce qu’ordinairement ils étaient accompagnés de bénédictions de la part de ceux qui les recevaient et de ceux qui les faisaient.

17. * Socoth, sur la rive gauche et dans la vallée du Jourdain, probablement au sud du Jaboc. Cette localité appartint plus tard à la tribu de Gad.

18. * À Salem, village près de Sichem, d’après les uns ; substantif commun, signifiant, d’après les autres, que Jacob arriva sans accident à Sichem.

19. * Il acheta une portion du champ. Voir la note sur Joan. IV, 5-6.

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Gn 34

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CHAPITRE XXXIV

Dina, fille de Jacob, est violée par Sichem, fils d’Hemor. Siméon et Lévi égorgent les Sichemites.

1. Or Dina, fille de Lia, sortit pour voir les femmes de cette contrée.

2. Lorsque Sichem, fils d’Hemor Hévéen, prince du pays, l’eut vue, il l’aima passionnément ; et il l’enleva et dormit avec elle, faisant violence à cette jeune vierge.

3. Et son âme s’attacha fortement à elle ; et il adoucit sa tristesse par ses caresses.

4. Allant ensuite vers Hemor son père : Obtiens-moi, dit-il, cette jeune fille pour femme.

5. Ce que Jacob ayant appris, ses fils étant absents et occupés à paitre les troupeaux, il garda le silence jusqu’à ce qu’ils revinrent.

6. Cependant Hemor, père de Sichem, étant sorti pour parler à Jacob,

7. Voilà que ses fils revenaient de la campagne : or ayant appris ce qui était arrivé, ils furent très irrités de ce que Sichem avait fait une chose honteuse contre Israël, et de ce qu’en violant la fille de Jacob, il avait commis une action illicite.

8. C’est pourquoi Hemor leur dit : L’âme de mon fils Sichem s’est attachée à votre jeune fille : donnez-la-lui pour femme :

9. Faisons réciproquement des mariages : donnez-nous vos filles, et prenez nos filles ;

10. Et habitez avec nous : la terre est en votre puissance ; cultivez-la ; trafiquez-y, et possédez-la.

11. Mais Sichem lui-même dit au père et aux frères de Dina : Que je trouve grâce devant vous, et tout ce que vous aurez déterminé, je le donnerai.

12. Augmentez le douaire et demandez des présents, et je vous accorderai volontiers ce que vous demanderez : seulement donnez-moi cette jeune fille pour femme.

13. Les fils de Jacob, transportés de fureur à cause de l’outrage fait à leur sœur, répondirent avec ruse à Sichem et à son père :

14. Nous ne pouvons faire ce que vous demandez, ni donner notre sœur à un homme incirconcis ; parce que c’est une chose illicite et criminelle parmi nous.

15. Mais nous pourrons nous allier à cette condition, que vous vouliez être semblable à nous, et que tout mâle soit circoncis parmi vous.

16. Alors nous donnerons et nous accepterons mutuellement nos filles et les vôtres ; et nous habiterons avec vous, et nous serons un seul peuple.

17. Mais si vous ne voulez pas être circoncis, nous prendrons notre fille et nous nous retirerons.

18. Leur offre plut à Hemor et à Sichem son fils ;

19. Et le jeune homme ne tarda pas d’accomplir ce que l’on demandait ; car il aimait extrêmement la jeune fille, et il était de sa personne très considéré dans toute la maison de son père.

20. Étant donc venus à la porte de la ville, ils dirent au peuple :

21. Ces hommes sont paisibles, et veulent bien habiter avec nous : qu’ils trafiquent en cette terre, et la cultivent, car spacieuse et étendue, elle manque de laboureurs : nous prendrons leurs filles pour femmes, et nous leur donnerons les nôtres.

22. Il y a une seule chose qui retarde un si grand avantage, c’est si nous faisons circoncire tous nos mâles, nous conformant à la coutume de cette nation.

23. Ainsi leurs richesses, leurs troupeaux, et tout ce qu’ils possèdent, seront à nous : acquiesçons seulement, et habitant ensemble, nous ferons un seul peuple.

24. Et tous consentirent, tous les mâles ayant été circoncis.

25. Mais voilà qu’au troisième jour, lorsque la douleur des plaies est très forte, deux des fils de Jacob, Siméon et Lévi, frères de Dina, leurs glaives pris, entrèrent hardiment dans la ville, et tous les mâles tués,

26. Massacrèrent pareillement Hemor et Sichem, enlevant Dina leur sœur de la maison de Sichem.

27. Eux sortis, les autres fils de Jacob se jetèrent sur les morts et pillèrent la ville, comme vengeance de l’outrage,

28. Ravageant les brebis, le gros bétail et les ânes des habitants, et tout ce qui était dans les maisons et dans les champs ;

29. Ils emmenèrent aussi captifs leurs petits enfants et leurs femmes.

30. Cet audacieux forfait commis, Jacob dit à Siméon et à Lévi : Vous m’avez profondément affligé, et rendu odieux aux Chananéens et aux Phérézéens habitants de ce pays : nous, nous sommes en petit nombre, mais eux réunis me battront, et je serai exterminé, moi et toute ma maison,

31. Ils répondirent : Devaient-ils abuser de notre sœur comme d’une prostituée ?

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CHAP. XXXIV. 25. Infra. XLIX, 6.

 

7. Contre Israël ; c’est-à-dire contre Jacob, qui vient d’être nommé Israël, XXXII, 28.

20. La porte de la ville était le lieu des assemblées du peuple.

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Gn 35

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CHAPITRE XXXV

Voyage de Jacob à Béthel. Naissance de Benjamin. Dénombrement des fils de Jacob. Mort d’Isaac.

1. Cependant Dieu dit à Jacob : Lève-toi, et monte à Béthel ; demeure là, et fais un autel au Dieu qui t’apparut, quand tu fuyais Ésaü ton frère.

2. Jacob donc, toute sa maison assemblée, dit : Jetez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, purifiez-vous, et changez vos vêtements.

3. Levez-vous et montons à Béthel, afin que nous fassions là un autel au Dieu qui m’a exaucé au jour de ma tribulation et qui a été le compagnon de mon voyage.

4. Ils lui donnèrent donc tous les dieux étrangers qu’ils avaient, et les pendants qui étaient à leurs oreilles ; et lui les enfouit sous le térébinthe qui est derrière la ville de Sichem.

5. Et lorsqu’ils furent partis, la terreur de Dieu saisit toutes les villes d’alentour, et on n’osa pas les poursuivre dans leur retraite.

6. Jacob donc vint à Luza, qui est dans la terre de Chanaan, et surnommée Béthel, lui et tous ses gens avec lui.

7. Il bâtit là un autel, et il appela ce lieu du nom de Maison de Dieu ; car c’est là que lui apparut Dieu, lorsqu’il fuyait son frère.

8. Dans le même temps mourut Debora, nourrice de Rébecca, et elle fut ensevelie au pied de Béthel sous le chêne : et on donna à ce lieu le nom de Chêne de pleur.

9. Mais Dieu apparut de nouveau à Jacob, après qu’il fut revenu de la Mésopotamie de Syrie, et il le bénit,

10. Disant : Tu ne seras plus appelé Jacob, mais Israël sera ton nom. Et il l’appela Israël.

11. Il lui dit aussi : Je suis le Dieu tout-puissant ; crois et te multiplie ; des peuples et une foule de nations viendront de toi, et des rois sortiront de tes flancs ;

12. Et la terre que j’ai donnée à Abraham et à Isaac, je te la donnerai, à toi et à ta postérité après toi.

13. Et il s’éloigna de lui.

14. Mais lui érigea un monument de pierre au lieu où Dieu lui avait parlé, faisant des libations dessus et y répandant de l’huile ;

15. Et donnant à ce lieu le nom de Béthel.

16. Or, parti de là, il vint au printemps dans la terre qui conduit à Ephrata. Comme Rachel y était en travail,

17. À cause de la difficulté de l’enfantement, elle commença à être en danger. Or la sagefemme lui dit : Ne crains point ; car tu auras encore ce fils.

18. Mais son âme étant près de sortir par l’excès de la douleur, et la mort déjà s’approchant, elle appela son fils du nom de Benomi, c’est-à-dire, fils de ma douleur ; mais son père l’appela Benjamin, c’est-à-dire, fils de la droite.

19. Rachel mourut donc, et elle fut ensevelie sur le chemin qui conduit à Ephrata ; c’est Bethléem.

20. Et Jacob érigea un monument sur son sépulcre : c’est le monument du sépulcre de Rachel, jusqu’au présent jour.

21. Sorti de là, il planta sa tente au-delà de la Tour du troupeau.

22. Et pendant qu’il habitait en cette contrée, Ruben s’en alla et dormit avec Bala, seconde femme de son père ; ce qui ne fut nullement ignoré de lui. Or, les fils de Jacob étaient douze :

23. Les fils de Lia : Ruben, premier-né, Siméon, Lévi, Juda, Issachar et Zabulon ;

24. Les fils de Rachel : Joseph et Benjamin ;

25. Les fils de Bala, servante de Rachel : Dan et Nephtali ;

26. Les fils de Zelpha, servante de Lia : Gad et Aser. Ce sont là les fils de Jacob qui lui naquirent en Mésopotamie de Syrie.

27. Jacob vint aussi vers Isaac son père à Mambré, ville d’Arbeé (c’est Hébron), en laquelle demeurèrent comme étrangers Abraham et Isaac.

28. Et les jours d’Isaac complétèrent cent quatre-vingts ans.

29. Et, consumé par l’âge, il mourut ; et il fut réuni à son peuple, vieux et plein de jours ; et Ésaü et Jacob ses fils l’ensevelirent.

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CHAP. XXXV. 1. Supra. XXVIII, 13. — 7. Supra. XXVIII, 13. — 10. Supra. XXXII, 28. — 20. Infra. XLVIII, 7. — 22. Infra. XLIX, 4.

 

1. * Béthel. Voir plus haut, Gen. XII, 8.

4. * Sichem. Voir la note sur Gen. XII, 6.

5. La terreur de Dieu ; c’est-à-dire la terreur que Dieu inspira ; ou bien, la terreur la plus grande. Compar. XXIII, 6.

10. Dieu renouvèle ici à Jacob le nom d’Israël, qu’il a déjà reçu. Compar. XXXII, 18.

19. * Ephrata, c’est Bethléem. Voir la note 27, à la fin du nouveau testament. On voit encore sur la route de Jérusalem à Bethléem le tombeau appelé de Rachel, qui marque probablement l’emplacement de sa sépulture, quoique le monument ne soit pas celui qu’avait élevé Jacob.

27. * Hébron. Voir la note sur Gen. XIII, 18.

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Gn 36

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CHAPITRE XXXVI

Dénombrement des descendants d’Ésaü.

1. Voici les générations d’Ésaü ; c’est le même qu’Édom.

2. Ésaü prit pour femmes d’entre les filles des Chananéens : Ada, fille d’Élon l’Héthéen, et Oolibama, fille d’Ana, fille elle-même de Sébéon l’Hévéen ;

3. Et aussi Basémath, fille d’Ismaël, sœur de Nabaïoth.

4. Ada enfanta Éliphaz ; Basémath enfanta Rahuel ;

5. Oolibama enfanta Jéhus, Ihélon et Coré. Ce sont là les fils d’Ésaü, qui lui naquirent dans la terre de Chanaan.

6. Or Ésaü prit ses femmes, ses fils, ses filles et toutes les âmes de sa maison, ses richesses, ses bestiaux et tout ce qu’il pouvait avoir dans la terre de Chanaan, et il s’en alla dans une autre contrée, et s’éloigna de son frère Jacob.

7. Car ils étaient extrêmement riches, et ils ne pouvaient habiter ensemble ; et la terre de leur pèlerinage ne leur suffisait pas, à cause de la multitude de leurs troupeaux.

8. Ainsi Ésaü habita sur la montagne de Séïr : Ésaü est le même qu’Édom.

9. Or, voici les générations d’Ésaü père des Iduméens sur la montagne de Séïr ;

10. Et voici les noms de ses fils : Éliphaz, fils d’Ada, femme d’Ésaü, Rahuel aussi, fils de Basémath sa femme.

11. Et les fils d’Éliphaz furent Théman, Omar, Sépho, Gatham et Cénez.

12. Il y avait encore Thamna, seconde femme d’Éliphaz, fils d’Ésaü, laquelle lui enfanta Amalech : ce sont là les fils d’Ada, femme d’Ésaü ;

13. Mais les fils de Rahuel : Nahath et Zara, Samma et Méza : ce sont là les fils de Basémath, femme d’Ésaü.

14. Il y avait aussi les fils d’Oolibama (fille d’Ana, fille elle-même de Sébéon), femme d’Ésaü, qu’elle lui enfanta : Jéhus, Ihélon et Coré.

15. Voici les chefs des fils d’Ésaü : les fils d’Éliphaz, premier-né d’Ésaü : le chef Théman, le chef Omar, le chef Sépho, le chef Cénez,

16. Le chef Coré, le chef Gatham, le chef Amalech. Ce sont là les fils d’Éliphaz, dans le pays d’Édom, et ce sont les fils d’Ada.

17. Et voici les fils de Rahuel fils d’Ésaü : le chef Nahath, le chef Zara, le chef Samma, le chef Méza : ce sont là les chefs issus de Rahuel dans le pays d’Édom ; et ce sont les fils de Basémath, femme d’Ésaü.

18. Mais voici les fils d’Oolibama, femme d’Ésaü : le chef Jéhus, le chef Ihélon, le chef Coré : ce sont là les chefs issus d’Oolibama, femme d’Ésaü, fille d’Ana.

19. Ce sont là les enfants d’Ésaü, et ce sont là leurs chefs : Ésaü est le même qu’Édom.

20. Voici les fils de Séïr Horréen, habitants de ce pays : Lotan, Sobal, Sébéon, Ana,

21. Dison, Éser et Disan : ce sont là les chefs Horréens, fils de Séïr, dans le pays d’Édom.

22. Mais les fils de Lotan furent Hori et Héman : or, la sœur de Lotan était Thamna.

23. Voici les fils de Sobal : Alvan, Manahat, Ébal, Sépho et Onam.

24. Et voici les fils de Sébéon : Aïa et Ana. Celui-ci est Ana, qui trouva les eaux chaudes dans le désert, pendant qu’il paissait les ânes de Sébéon son père ;

25. Il eut pour fils Dison, et pour fille Oolibama.

26. Or, voici les fils de Dison : Hamdan, Éséban, Jethram et Charan ;

27. Et les fils d’Éser : Balaan, Zavan et Acan.

28. Mais Disan eut pour fils Hus et Aram.

29. Voici les chefs des Horréens : le chef Lotan, le chef Sobal, le chef Sébéon, le chef Ana,

30. Le chef Dison, le chef Éser et le chef Disan : ce sont là les chefs qui ont commandé dans le pays de Séïr.

31. Mais les rois qui régnèrent dans le pays d’Édom, avant que les enfants d’Israël eussent un roi, furent ceux-ci :

32. Béla, fils de Béor, et le nom de sa ville était Dénaba.

33. Mais Béla mourut, et à sa place régna Jobab, fils de Zara de Bosra.

34. Et quand Jobab mourut, à sa place régna Husam du pays des Themanites.

35. Celui-ci mort aussi, régna à sa place Adad, fils de Badad, qui battit Madian dans les champs de Moab ; et le nom de sa ville était Avith.

36. Et quand Adad mourut, régna à sa place Semla de Masréca.

37. Celui-ci mort aussi, régna à sa place Saül, du fleuve de Rohoboth.

38. Et quand celui-ci mourut, Balanan, fils d’Achobor, succéda au royaume.

39. Celui-ci mort aussi, régna à sa place Adar ; et le nom de sa ville était Phau ; et sa femme s’appelait Méétabel, fille de Matred, fille elle-même de Mézaab.

40. Voici donc les noms des chefs issus d’Ésaü, selon leurs familles et leurs demeures et leurs noms : le chef Thamna, le chef Alva, le chef Jétheth,

41. Le chef Oolibama, le chef Éla, le chef Phinon,

42. Le chef Cénez, le chef Théman, le chef Mabsar,

43. Le chef Magdiel, le chef Hiram : ce sont là les chefs issus d’Édom, qui habitaient dans le pays de leur domination : Édom est le même qu’Ésaü père des Iduméens.

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CHAP. XXXVI. 4. I Par. I, 35. — 7. Supra. XIII, 6. — 8. Jos. XXIV, 4. — 10. I Par. I, 35. — 20. I Par. I, 38.

 

2. Les femmes d’Ésaü sont nommées autrement (XXVI, 34). Il n’était pas rare chez les Hébreux de voir la même personne porter plusieurs noms.

6.* Il s’en alla dans une autre contrée, dans la montagne de Séïr. Voir la note sur Gen. XXXII, 3.

10. Le mot fils comprend souvent, dans l’Écriture, les petits-fils, les descendants. — Sa femme, c’est-à-dire la femme d’Ésaü.

20. * Horréen. C’est le mot qui a été écrit Chorréen, Gen. XIV, 6. Voir la note ibid.

31. Avant que les enfants d’Israël eussent un roi. Comme les Israélites n’ont eu des rois que plusieurs siècles après la mort de Moïse, quelques critiques supposent que ces paroles ont été ajoutées au texte par une main postérieure. Mais cette supposition parait peu fondée ; car, sans prétendre absolument que Moïse ait fait cette réflexion par esprit prophétique, il est incontestable qu’il n’a pas vu s’accomplir de son temps la promesse divine, faite à Abraham, à Isaac et à Jacob (XVII, 6, 16 ; XXXV, 11), que des rois sortiraient de leur race. D’ailleurs n’a-t-il pas pu prendre ici le mot roi dans le sens vague et général de chef, gouverneur, comme il est pris, Judic. XVII, 6 ; Ps. CXVIII, 46, etc., et comme il lui est donné à lui-même, Deut. XXXIII, 5, et vouloir dire, en conséquence, que les Iduméens eurent des rois avant que les Israélites formassent un peuple et l’eussent lui-même pour chef ?

33. * Bosra, ville d’Idumée (différente d’une autre Bosra située dans le pays de Moab), aujourd’hui El-Buseiréh, dans le district de Djebâl. Bosra fut pendant quelque temps la capitale de l’Idumée. On voit ses ruines à deux heures trois quarts de marche au sud de Toufiléh.

40. Selon leurs familles, etc., c’est-à-dire selon les noms de leurs familles et de leurs demeures. Compar. III, 16, et XXV, 13.

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Gn 37

*gn37

CHAPITRE XXXVII

Jalousie des fils de Jacob contre Joseph, leur frère ; ils le vendent, et il est mené en Égypte.

1. Mais Jacob habita dans la terre de Chanaan, dans laquelle son père avait été comme étranger.

2. Et voici ses générations : Joseph, lorsqu’il avait seize ans, paissait le troupeau de son père, avec ses frères, étant encore enfant : et il était avec les fils de Bala et de Zelpha, femmes de son père ; et il accusa ses frères auprès de son père d’un crime détestable.

3. Or Israël aimait Joseph pardessus tous ses fils, parce que c’est dans sa vieillesse qu’il l’avait engendré : et il lui fit une tunique d’un tissu de diverses couleurs.

4. Ses frères donc voyant qu’il était aimé par son père plus que tous ses autres frères, le haïssaient, et ne pouvaient rien lui dire avec douceur.

5. Il arriva aussi qu’il raconta à ses frères un songe qu’il avait vu ; prétexte qui fut la semence d’une plus grande haine.

6. Il leur dit donc : Écoutez mon songe que j’ai vu :

7. Je croyais que nous étions à lier des gerbes dans le champ, et que ma gerbe se levait et se tenait comme debout, et que les vôtres, étant autour, se prosternaient devant ma gerbe.

8. Ses frères lui répondirent : Est-ce que tu seras notre roi ? ou serons-nous soumis à ta puissance ? Ainsi ce prétexte de songes et de discours fournit un aliment à leur envie et à leur haine.

9. Il vit encore un autre songe qu’il raconta à ses frères, disant : J’ai vu en songe comme le soleil et la lune et onze étoiles se prosterner devant moi.

10. Lorsqu’il l’eut rapporté à son père et à ses frères, son père le reprit, et dit : Que veut dire ce songe que tu as vu ? est-ce que moi, ta mère et tes frères, nous nous prosternerons devant toi sur la terre ?

11. Ainsi ses frères lui portaient envie, mais son père considérait la chose en silence.

12. Et comme ses frères s’étaient arrêtés à Sichem pour paitre les troupeaux de leur père,

13. Israël lui dit : Tes frères paissent les brebis dans les pâturages de Sichem : viens, je t’enverrai vers eux. Joseph répondant :

14. Je suis prêt, il lui dit : Va, et vois si tout va bien pour tes frères et pour les troupeaux, et rapporte-moi ce qui se fait. Envoyé de la vallée d’Hébron, il vint à Sichem :

15. Et un homme le trouva errant dans la campagne, et lui demanda ce qu’il cherchait.

16. Et lui répondit : Ce sont mes frères que je cherche ; dis-moi où ils paissent les troupeaux.

17. Et cet homme lui dit : Ils sont partis d’ici ; et je les ai entendus, disant : Allons à Dothain. Joseph alla donc après ses frères, et il les trouva à Dothain.

18. Lorsque ceux-ci l’eurent vu de loin, avant qu’il approchât d’eux, ils projetèrent de le tuer :

19. Et ils se disaient mutuellement : Voici le songeur qui vient ;

20. Venez, tuons-le, et jetons-le dans une vieille citerne ; nous dirons : Une bête sauvage l’a dévoré ; et alors on verra ce que lui servent ses songes.

21. Mais entendant cela, Ruben s’efforçait de le sauver de leurs mains, et disait :

22. Ne tuez pas son âme et ne versez pas son sang ; mais jetez-le dans cette citerne qui est dans le désert, et conservez vos mains pures. Or il disait cela, voulant l’arracher de leurs mains, et le rendre à son père.

23. Aussitôt donc qu’il fut arrivé près de ses frères, ils le dépouillèrent de sa tunique longue, tissue de diverses couleurs.

24. Et ils le jetèrent dans la vieille citerne, où il n’y avait pas d’eau.

25. Puis s’asseyant pour manger du pain, ils virent des voyageurs Ismaélites qui venaient de Galaad, et leurs chameaux portant des aromates, de la résine et du stacté en Égypte.

26. Juda dit alors à ses frères : Que nous servira si nous tuons notre frère et nous cachons son sang ?

27. Il vaut mieux qu’il soit vendu aux Ismaélites, et que nos mains ne soient pas souillées ; car il est notre frère et notre chair. Ses frères acquiescèrent à ses discours.

28. Et des marchands Madianites passant, ils le retirèrent de la citerne, et le vendirent vingt pièces d’argent aux Ismaélites qui le menèrent en Égypte.

29. Cependant Ruben étant revenu à la citerne, n’y trouva pas l’enfant ;

30. Alors, ses vêtements déchirés, il retourna vers ses frères et dit : L’enfant ne parait pas, et moi, où irai-je ?

31. Ils prirent donc sa tunique et la trempèrent dans le sang d’un chevreau qu’ils avaient tué,

32. Envoyant des gens pour la porter à leur père, et pour lui dire : Nous l’avons trouvée ; vois si c’est la tunique de ton fils, ou non.

33. Quand le père l’eut reconnue, il dit : C’est la tunique de mon fils ; une bête farouche et cruelle l’a dévoré, une bête a dévoré Joseph.

34. Et, ses vêtements déchirés, il se couvrit d’un cilice, pleurant son fils pendant longtemps.

35. Or, tous ses enfants s’étant rassemblés pour adoucir la douleur de leur père, il ne voulut pas recevoir de consolation, mais il dit : Je descendrai pleurant vers mon fils dans l’enfer. Et lui persévérant dans son pleur,

36. Les Madianites vendirent Joseph en Égypte à Putiphar, eunuque de Pharaon, chef des soldats.

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CHAP. XXXVII. 22. Infra. XLII, 22. — 28. Sap. X, 13.

 

12. * À Sichem. Voir la note sur Gen. XII, 6.

14. * De la vallée d’Hébron. Voir plus haut, Gen. XIII, 18.

17. * Dothain, au sud d’Engannim, aujourd’hui Djénin, au sortir de la plaine d’Esdrelon, sur la route qui mène de Damas dans la Palestine du sud et en Égypte.

20. * Dans une vieille citerne. Il y a à Dothain de nombreuses citernes taillées dans le roc, et comme elles ont la forme d’une bouteille avec un orifice étroit, il était impossible à celui qui y était emprisonné d’en sortir.

22. Son âme ; c’est-à-dire lui. Voyez IX, 5.

25. Voyez, pour l’expression de manger du pain, XXXI, 54. — * Tous les Orientaux recherchent beaucoup les parfums, mais en Égypte on en faisait une consommation plus grande encore qu’ailleurs pour embaumer les morts.

28. Des marchands Madianites. Comme dans le texte hébreu cette expression ne porte pas l’article déterminatif, beaucoup d’interprètes supposent que ces Madianites faisaient partie de la caravane d’Ismaélites dont il est parlé, vers. 25, 27.

35. Par le mot enfer (Hebr. scheôl), il faut entendre, non le sépulcre, le tombeau (Hebr. kéber), mais ce lieu souterrain que les Hébreux regardaient comme le séjour des âmes après la mort. Ainsi ce passage fournit une preuve sans réplique de la croyance des Juifs à la survivance des âmes. — * Une foule de passages très clairs établissent que pour les Hébreux le scheôl était réellement le lieu où se rendaient les âmes après la mort, et que, dans ce séjour, elles n’étaient point privées de sentiment et de vie. D’après les données que nous fournissent les Livres saints, on « descend » dans cette demeure au terme de la vie présente. On y entre, d’après la description poétique qui nous en est faite en divers endroits, par une « porte, » qui en est appelée aussi « la bouche » et qui peut « s’élargir sans mesure. » On pénètre ainsi dans un lieu « très profond, obscur et ténébreux. » Cependant le regard de Dieu peut le sonder. Toutes les âmes arrivent dans le séjour des morts : c’est le lieu de réunion assigné à tous les hommes, « la maison destinée à tous les vivants. » Le scheôl désigne tantôt le lieu de la réunion des morts en général, tantôt le séjour des bons et tantôt le séjour des méchants, ou plutôt, tous les morts y descendent. Il est clair d’ailleurs que le nom de scheôl donné indistinctement au séjour des bons et au séjour des méchants, dans l’Ancien Testament, n’implique en aucune façon qu’ils aient été confondus ensemble, encore moins qu’ils aient enduré les mêmes tourments. Mais il est certain que les âmes des justes qui étaient dans les limbes ne pouvaient pas y acquérir de mérites et n’y jouissaient point de la vision béatifique. C’est pourquoi il est dit plusieurs fois qu’on ne peut glorifier Dieu dans ce séjour des morts.

36. * Putiphar signifie consacré à Ra, le soleil adoré comme dieu par les Égyptiens.

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Gn 38

*gn38

CHAPITRE XXXVIII

Juda marie successivement deux de ses fils à Thamar. Naissance de Pharès et de Zara.

1. Dans le même temps, Juda, s’éloignant de ses frères, alla loger chez un homme d’Odollam, du nom d’Hiras.

2. Et il vit là la fille d’un homme de Chanaan, du nom de Sué, et l’ayant prise pour femme, il vécut avec elle.

3. Elle conçut et enfanta un fils, et elle lui donna le nom de Her.

4. Et ayant conçu une seconde fois, elle nomma le fils qui naquit Onan.

5. Elle en enfanta aussi un troisième, qu’elle appela Séla : celui-ci né, elle cessa d’enfanter davantage.

6. Or Juda donna à son premier-né Her une femme du nom de Thamar.

7. Mais Her, le premier-né de Juda, fut très méchant en la présence du Seigneur ; et par le Seigneur il fut frappé de mort.

8. Juda dit donc à Onan, son fils : Prends la femme de ton frère, et unis-toi à elle pour susciter des enfants à ton frère.

9. Mais celui-ci sachant que les enfants qui naitraient de son union avec la femme de son frère ne seraient pas à lui, empêchait qu’elle ne devînt mère, pour ne pas qu’il naquît des enfants du nom de son frère.

10. Et c’est pourquoi le Seigneur le frappa, parce qu’il faisait une chose détestable.

11. À cause de cela Juda dit à Thamar sa belle-fille : Reste veuve dans la maison de ton père, jusqu’à ce que Séla mon fils soit devenu grand ; car il craignait que lui aussi ne mourût comme ses frères. Celle-ci s’en alla et habita dans la maison de son père.

12. Mais bien des jours s’étant écoulés, mourut la fille de Sué, femme de Juda, qui s’étant consolé après le deuil, montait à Thamnas vers les tondeurs de brebis, lui et Hiras d’Odollam, pasteur de ses troupeaux.

13. Or on annonça à Thamar que son beau-père montait à Thamnas pour tondre ses brebis.

14. Celle-ci, ses habits de veuvage quittés, prit un voile, et s’étant déguisée, elle s’assit dans le carrefour du chemin qui conduit à Thamnas, parce que Séla était déjà devenu grand, et qu’elle ne l’avait pas eu pour époux.

15. Lorsque Juda l’eut aperçue, il crut que c’était une femme de mauvaise vie ; car elle avait couvert son visage, afin qu’elle ne fut pas reconnue.

16. Et s’approchant d’elle, il dit : Laisse-moi aller avec toi ; car il ne savait pas qu’elle fut sa belle-fille. Elle répondant : Que me donneras-tu pour que tu viennes avec moi ?

17. Il dit : Je t’enverrai un chevreau de mes troupeaux. Mais elle reprenant : Je consentirai à ce que tu veux, si tu me donnes un gage, en attendant que tu envoies ce que tu promets.

18. Juda lui demanda : Que veux-tu que je te donne pour gage ? Elle répondit : Ton anneau, ton bracelet et le bâton que tu tiens à la main. Ayant donc vu Juda une seule fois, cette femme conçut,

19. Et se levant, elle s’en alla ; puis ayant quitté le vêtement qu’elle avait pris, elle se revêtit de ses habits de veuvage.

20. Or Juda envoya le chevreau par son pasteur qui était d’Odollam, afin qu’il retirât le gage qu’il avait donné à cette femme ; celui-ci ne l’ayant pas trouvée,

21. Demanda aux hommes de ce lieu : Où est cette femme qui était assise dans le carrefour ? Tous répondant : Il n’y a pas eu en ce lieu de femme de mauvaise vie.

22. Il revint vers Juda et lui dit : Je ne l’ai pas trouvée ; et les hommes même de ce lieu m’ont dit que jamais là ne s’est assise femme débauchée.

23. Juda répondit : Qu’elle le garde ; elle ne peut pas au moins nous accuser de mensonge ; moi, j’ai envoyé le chevreau que j’avais promis, et toi, tu ne l’as pas trouvée.

24. Mais voilà qu’après trois mois on annonça à Juda cette nouvelle : Thamar ta belle-fille a forniqué, et elle parait être enceinte. Juda répondit : Produisez-la en public, afin qu’elle soit brulée.

25. Thamar, comme elle était conduite au supplice, envoya vers son beau-père, disant : C’est de l’homme à qui sont ces gages que j’ai conçu : vois à qui sont cet anneau, ce bracelet et ce bâton.

26. Juda, les gages reconnus, dit : Elle est plus juste que moi, puisque je ne l’ai pas donnée à Séla mon fils. Toutefois il ne la connut pas depuis.

27. Or les couches pressant, parurent deux jumeaux dans son sein ; et à la sortie même des enfants, l’un présenta sa main, à laquelle la sagefemme lia un fil d’écarlate, disant :

28. Celui-ci sortira le premier.

29. Mais, lui retirant sa main, l’autre sortit ; et la sagefemme dit : Pourquoi le mur a-t-il été rompu à cause de toi ? Or pour cette raison elle lui donna le nom de Pharès.

30. Ensuite sortit son frère, à la main duquel était le fil d’écarlate ; elle l’appela Zara.

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CHAP. XXXVIII. 2. I Par. II, 3. — 4. Num. XXVI, 19. — 7. Num. XXVI, 19. — 29. Matth. I, 3.

 

1. * Odollam ou Adullam, ville qui appartint plus tard à la tribu de Juda et dans le voisinage de laquelle il y a de nombreuses cavernes.

9. Du nom de son frère. Le premier-né portait le nom du frère qui était mort sans enfants ; mais les autres enfants portaient celui du frère vivant qui était leur père naturel.

13. * Thamnas ou Thamna, dans les montagnes appelées plus tard montagnes de Juda.

17. * Un chevreau. Voir la note sur I Reg. XVI, 20.

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Gn 39

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CHAPITRE XXXIX

Joseph mérite la confiance de son maitre Putiphar ; mais il est accusé par sa femme et mis en prison.

1. Joseph donc fut mené en Égypte, et Putiphar Égyptien, eunuque de Pharaon et chef de l’armée, l’acheta de la main des Ismaélites par lesquels il avait été amené.

2. Et le Seigneur fut avec lui, et c’était un homme prospérant en toutes choses : il demeura dans la maison de son maitre,

3. Qui connaissait très bien que le Seigneur était avec lui, et que tout ce qu’il faisait, le Seigneur le dirigeait entre ses mains.

4. Ainsi Joseph trouva grâce devant son maitre, et il le servait ; préposé par lui à toutes choses, il gouvernait la maison qui lui était confiée, et tout ce qui avait été remis à ses soins.

5. Et le Seigneur bénit la maison de l’Égyptien à cause de Joseph, et il multiplia tous ses biens, tant à la ville que dans les champs.

6. Et il ne connaissait autre chose que le pain dont il se nourrissait. Or Joseph était beau de visage et d’un aspect très agréable.

7. C’est pourquoi, après bien des jours, sa maitresse jeta les yeux sur Joseph et dit : Dors avec moi.

8. Mais celui-ci ne consentant nullement à cette action criminelle, lui répondit : Voilà que mon maitre, toutes choses m’ayant été confiées, ignore ce qu’il a dans sa maison :

9. Et il n’y a rien qui ne soit en ma puissance, et qu’il ne m’ait livré, excepté vous, qui êtes sa femme : comment donc pourrais-je faire ce mal, et pécher contre mon Dieu ?

10. Par des discours semblables chaque jour cette femme était importune à ce jeune homme, et lui se refusait au crime.

11. Or il arriva un jour que Joseph, rentré dans la maison, s’occupait de quelque travail sans témoins,

12. Et qu’elle, ayant pris le bord de son manteau, dit : Dors avec moi. Mais lui, le manteau laissé dans sa main, s’enfuit et sortit dehors.

13. Lorsque cette femme eut vu le manteau dans ses mains, et qu’elle était méprisée,

14. Elle appela les gens de sa maison et leur dit : Voilà qu’il a amené ici un homme hébreu pour nous insulter. Il est venu à moi pour me corrompre ; et, lorsque j’ai poussé des cris,

15. Et qu’il a entendu ma voix, il a laissé son manteau que je tenais, et s’est enfui dehors.

16. Et pour preuve de sa fidélité, elle montra à son mari revenu dans la maison, le manteau qu’elle avait retenu,

17. Et dit : L’esclave hébreu que tu as amené, est venu à moi, pour m’insulter.

18. Mais lorsqu’il m’a entendu crier, il a laissé son manteau, que je tenais, et il s’est enfui dehors.

19. Ces plaintes entendues, le maitre trop crédule aux paroles de sa femme, fut très irrité,

20. Et il envoya Joseph dans la prison où les prisonniers du roi étaient gardés, et il était là enfermé.

21. Mais le Seigneur fut avec Joseph, et ayant pitié de lui, il lui fit trouver grâce devant le chef de la prison,

22. Lequel mit sous sa main tous les prisonniers qui étaient détenus dans la prison ; de sorte que tout ce qui se faisait, était soumis à Joseph.

23. Il ne prenait même connaissance de rien, tout ayant été confié à Joseph, parce que le Seigneur était avec lui, et dirigeait toutes ses œuvres.

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CHAP. XXXIX. 20. Ps. CIV, 18. — 27. Matth. I, 3. — 30. I Par. II, 4.

 

6. Et il ne connaissait, etc. Les uns rapportent ces paroles à Joseph, les autres avec plus de probabilité à l’Égyptien, dont il vient d’être dit immédiatement que Dieu l’avait comblé de richesses. Dans cette opinion le sens de la phrase est, ou que Putiphar avait tellement mis sa confiance en Joseph, qu’il n’avait point de souci, si ce n’est de vivre à son aise, et qu’il ne lui demandait d’autre compte que celui de sa dépense ordinaire, ou plutôt qu’il était devenu si riche qu’il ne connaissait nullement sa fortune, et que d’ailleurs il s’en reposait sur Joseph au point de n’avoir d’autre soin que de se mettre à table et de manger.

20. * Dans la prison de Memphis ou plutôt de Tanis, capitale des rois pasteurs, rois d’origine étrangère qui étaient alors maitres de l’Égypte septentrionale.

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Gn 40

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CHAPITRE XL

Le grand échanson et le grand panetier du roi d’Égypte sont mis en prison. Joseph explique leurs songes.

1. Ces choses s’étant ainsi passées, il arriva que deux eunuques, l’échanson du roi d’Égypte et le panetier, offensèrent leur maitre.

2. Et Pharaon, irrité contre eux (car l’un commandait aux échansons et l’autre aux panetiers),

3. Les envoya dans la prison du chef des soldats, où Joseph aussi était détenu.

4. Mais le gardien de la prison leur donna Joseph pour les servir. Quelque temps s’était écoulé, et eux étaient détenus dans la prison.

5. Or ils virent tous deux, dans une même nuit, un songe qui, selon son interprétation, se rapportait à eux.

6. Lorsque Joseph fut entré près d’eux le matin, et qu’il les eut vus tristes,

7. Il les interrogea, disant : Pourquoi votre visage est-il plus triste aujourd’hui que de coutume ?

8. Ceux-ci répondirent : Nous avons vu un songe, et il n’y a personne pour nous l’interpréter. Joseph leur dit : N’est-ce pas à Dieu qu’appartient l’interprétation ? Rapportez-moi ce que vous avez vu.

9. Le grand échanson raconta le premier son songe : Je voyais devant moi qu’une vigne,

10. Où il y avait trois provins, poussait peu à peu des boutons, et qu’après des fleurs, des raisins murissaient,

11. Et que la coupe de Pharaon était dans ma main : je pris donc les raisins et les pressai dans la coupe que je tenais, et je donnai la coupe à Pharaon.

12. Joseph répondit : Voici l’interprétation du songe : Les trois provins, ce sont trois jours encore,

13. Après lesquels Pharaon se souviendra de ton ministère, et te rétablira dans ton ancienne charge ; tu lui présenteras la coupe, selon ton office, comme tu avais coutume de le faire auparavant.

14. Seulement souviens-toi de moi, quand bien t’arrivera, et fais-moi miséricorde en suggérant à Pharaon de me tirer de cette prison :

15. Car j’ai été enlevé par fraude du pays des Hébreux, et innocent, j’ai été jeté ici dans la fosse.

16. Le grand panetier voyant qu’il avait sagement expliqué le songe, dit : Et moi aussi j’ai vu un songe : J’avais trois corbeilles de farine sur ma tête ;

17. Et dans l’une des corbeilles, qui était la plus élevée, je portais de tous les aliments qui s’apprêtent par l’art du boulanger, et les oiseaux en mangeaient.

18. Joseph répondit : Voici l’interprétation du songe : Les trois corbeilles, ce sont trois jours encore,

19. Après lesquels Pharaon t’enlèvera la tête, et te suspendra à une croix, et les oiseaux déchireront tes chairs.

20. Le troisième jour d’après était le jour de la naissance de Pharaon, qui, faisant un grand festin à ses serviteurs, se ressouvint, pendant le repas, du grand échanson et du grand panetier.

21. Or il rétablit l’un dans sa charge, pour qu’il lui présentât la coupe,

22. Et il suspendit l’autre à une potence ; en sorte que la véracité de l’interprète se trouva justifiée.

23. Cependant, tout lui prospérant, le grand échanson oublia son interprète.

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CHAP. XL.

 

9. Les incrédules ont prétendu que d’après Hérodote et Plutarque les Égyptiens n’avaient pas de vignes ; mais le premier dit au commencement de son histoire que les habitants de Thèbes se vantaient d’avoir été les premiers à connaitre la vigne ; et ce dernier avoue que les rois, au moins avant Psammétichus, buvaient du vin. Diodorus de Sicile dit aussi, d’après l’autorité des Égyptiens eux-mêmes, que leurs rois faisaient usage du vin. — * Les monuments égyptiens attestent que la vigne et le vin étaient très communs en Égypte à l’époque de Joseph.

11.* Les textes hiéroglyphiques disent qu’on exprimait le jus des raisins dans les coupes.

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41 à 50

Gn 41

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CHAPITRE XLI

Songes de Pharaon expliqués par Joseph. Élévation de Joseph. Naissance de Manassé et d’Ephraïm. Stérilité en Égypte.

1. Après deux ans, Pharaon vit un songe. Il croyait qu’il était debout sur le bord du fleuve,

2. Duquel montaient sept vaches extrêmement belles et grasses ; et elles paissaient dans les marécages.

3. Sept autres vaches aussi sortaient du fleuve, hideuses et consumées de maigreur ; et elles paissaient sur la rive même du fleuve, dans des lieux verdoyants ;

4. Et elles dévorèrent celles dont la beauté et l’embonpoint étaient merveilleux. Pharaon s’étant réveillé,

5. S’endormit de nouveau et vit un autre songe : Sept épis poussaient sur une seule tige, pleins et beaux.

6. Et autant d’autres épis grêles et frappés par un vent brulant se levaient aussi,

7. Dévorant toute la beauté des premiers. Pharaon s’éveillant après son sommeil,

8. Et, le matin venu, frappé d’épouvante, il envoya vers tous les devins de l’Égypte et tous les sages ; et les ayant mandés, il leur raconta le songe, et il n’y en avait aucun qui pût l’interpréter.

9. Alors enfin le grand échanson, se souvenant, dit : Je confesse ma faute.

10. Le roi irrité contre ses serviteurs ordonna que moi et le grand panetier fussions ramenés dans la prison du chef des soldats,

11. Où dans une seule nuit nous vîmes chacun un songe, présage des choses futures.

12. Il y avait là un jeune Hébreu, serviteur du même chef des soldats, et auquel ayant raconté nos songes,

13. Nous entendîmes tout ce que dans la suite l’évènement confirma ; car moi je fus rendu à ma charge, et lui fut suspendu à une croix.

14. Aussitôt par l’ordre du roi, on tondit Joseph qu’on avait tiré de la prison, et, ses vêtements changés, on le lui présenta.

15. Le roi lui dit : J’ai vu des songes, et il n’y a personne qui puisse les expliquer : j’ai appris que tu les interprètes très sagement.

16. Joseph répondit : Sans moi, Dieu répondra des choses favorables à Pharaon.

17. Pharaon raconta donc ce qu’il avait vu : Je croyais que j’étais debout sur la rive du fleuve,

18. Et que sept vaches sortaient du fleuve, extrêmement belles et aux chairs grasses ; elles paissaient l’herbe verte dans les marécages.

19. Et voilà que sept autres vaches les suivaient, si difformes et si maigres, que jamais je n’en vis de telles dans la terre d’Égypte.

20. Or celles-ci ayant dévoré et consumé les premières,

21. Ne donnèrent aucun signe de satiété ; mais elles demeuraient engourdies dans la même maigreur et la même laideur. M’étant éveillé et de nouveau assoupi,

22. Je vis un songe : sept épis poussaient sur une seule tige, pleins et très beaux.

23. Sept autres aussi, grêles et frappés par un vent brulant s’élevaient d’un chaume ;

24. Ils dévorèrent la beauté des premiers. J’ai raconté le songe aux devins, et il n’y a personne qui puisse l’expliquer.

25. Joseph répondit : Le songe du roi est un : ce que Dieu doit faire, il l’a montré à Pharaon.

26. Les sept vaches belles et les sept épis pleins sont sept années d’abondance, et ont dans le songe la même signification.

27. Pareillement, les sept vaches maigres et décharnées qui sont montées après les premières, et les sept épis grêles et frappés d’un vent brulant, sont sept années d’une famine qui doit venir.

28. Ces années s’accompliront dans cet ordre :

29. Voilà que viendront dans toute la terre d’Égypte sept années d’une grande fertilité,

30. Que suivront sept autres années d’une si grande stérilité, que toute l’abondance précédente sera livrée à l’oubli ; car la famine doit consumer toute la terre.

31. Et la grandeur de la disette doit détruire la grandeur de l’abondance.

32. Mais le songe que vous avez vu en second lieu, et qui se rapporte à la même chose, c’est un signe certain que la parole de Dieu aura son effet et qu’elle s’accomplira promptement.

33. Maintenant donc, que le roi choisisse un homme sage et habile, et qu’il le prépose sur la terre d’Égypte ;

34. Afin qu’il établisse des intendants dans toutes les provinces ; et que la cinquième partie des fruits des sept années d’abondance,

35. Qui déjà maintenant vont venir, il l’amasse dans les greniers : et que tout le blé soit mis sous la puissance de Pharaon, et gardé dans les villes ;

36. Et qu’il soit tenu prêt pour la famine des sept ans qui pèsera sur l’Égypte, et que le pays ne soit pas consumé par la disette.

37. Ce conseil plut à Pharaon et à tous ses ministres ;

38. Et il leur demanda : Pourrons-nous trouver un tel homme qui soit plein de l’esprit de Dieu ?

39. Il dit donc à Joseph : Puisque Dieu t’a montré tout ce que tu as dit, pourrai-je trouver quelqu’un plus sage que toi, et même semblable à toi ?

40. C’est toi qui seras préposé sur ma maison, et au commandement de ta bouche, tout le peuple obéira ; et c’est par le trône royal seulement que j’aurai sur toi la préséance.

41. Pharaon dit encore à Joseph : Voici que je t’établis sur toute la terre d’Égypte.

42. Et il ôta l’anneau de sa main, et le mit à la main de Joseph : il le revêtit aussi d’une robe de fin lin, et lui mit autour du cou un collier d’or.

43. Il le fit monter sur son second char, un héraut criant que tous devant lui fléchissent le genou, et sussent qu’il était préposé sur toute la terre d’Égypte.

44. Le roi dit aussi à Joseph : Moi je suis Pharaon, mais sans ton commandement nul ne remuera la main ou le pied dans toute la terre d’Égypte.

45. Et il changea son nom, et il l’appela en langue égyptienne Sauveur du monde. Il lui donna pour femme Aseneth, fille de Putiphar, prêtre d’Heliopolis. Joseph sortit donc pour visiter la terre d’Égypte.

46.  (Or il avait trente ans, quand il fut présenté au roi Pharaon), et il fit le tour de toutes les provinces de l’Égypte.

47. Cependant arriva la fertilité des sept années, et les blés, mis en gerbes, furent recueillis dans les greniers de l’Égypte.

48. Toute l’abondance des grains fut mise aussi en réserve dans chacune des villes.

49. Et si grande fut l’abondance du froment, qu’il égalait le sable de la mer, et que la quantité surpassait toute mesure.

50. Or il naquit à Joseph, avant que la famine vînt, deux fils que lui enfanta Aseneth, fille de Putiphar, prêtre d’Heliopolis.

51. Il appela le premier-né du nom de Manassé, disant : Dieu m’a fait oublier toutes mes peines, et la maison de mon père.

52. Et il appela le second du nom d’Ephraïm, disant : Dieu m’a fait croitre dans la terre de ma pauvreté.

53. Ainsi, les sept années de la fertilité de l’Égypte étant passées,

54. Commencèrent à venir les sept années de disette que Joseph avait prédites ; et dans tout l’univers la famine prévalut ; mais dans toute la terre d’Égypte il y avait du pain.

55. Or, l’Égypte affamée, le peuple cria à Pharaon, demandant des vivres. Pharaon leur répondit : Allez à Joseph, et tout ce qu’il vous dira, faites-le.

56. Cependant la famine augmentait chaque jour sur toute la terre ; et Joseph ouvrit tous les greniers ; et il vendait du blé aux Égyptiens, car la famine pesait aussi sur eux.

57. Et toutes les provinces venaient en Égypte pour acheter des vivres, et tempérer le mal de la disette.

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CHAP. XLI. 40. Ps. CIV, 21 ; I Mach. II, 53 ; Act. VII, 10. — 50. Infra. XLVI, 20 ; XLVIII, 5.

 

1. * Pharaon est probablement le roi pasteur Apapi II, le plus célèbre des rois pasteurs qui s’étaient emparés de l’Égypte depuis longtemps et qui étaient d’origine sémitique comme Joseph. — Sur te bord du fleuve du Nil, le fleuve unique de l’Égypte, auquel ce pays doit toute sa fertilité et sa richesse.

2. * Sept vaches. La vache était consacrée à la déesse égyptienne Hathor, et celle-ci est souvent représentée accompagnée de sept vaches.

14. Les Égyptiens ne laissaient jamais croitre leurs cheveux et leur barbe, excepté pendant le deuil et dans l’affliction ; et ils portaient toujours des habits de lin très propres. Ainsi on n’aurait pas osé présenter Joseph au roi avant de l’avoir tondu et rasé, et de l’avoir dépouillé de ses habits pour lui en donner de convenables. Voyez Hérodote. l. II. ch. 36 et 37.

42. * Un collier d’or. C’était une espèce de décoration que les rois d’Égypte accordaient aux hommes de mérite. Il était souvent à plusieurs rangs. On le voit au cou de presque tous les personnages égyptiens dont nous avons les statues ou les bas-reliefs.

45. * Heliopolis ou On, près du village actuel de Matariéh, non loin du Caire.

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Gn 42

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CHAPITRE XLII

Arrivée des frères de Joseph en Égypte, Joseph fait arrêter Siméon, et ne renvoie les autres qu’à condition qu’ils amèneront Benjamin.

1. Or Jacob apprenant que l’on vendait des vivres en Égypte, dit à ses fils : Pourquoi êtes-vous si négligents ?

2. J’ai appris qu’on vend du blé en Égypte ; descendez-y, et achetez ce qui nous est nécessaire, afin que nous puissions vivre, et que nous ne soyons pas consumés par la disette.

3. Ainsi, descendant pour acheter du blé en Égypte, les dix frères de Joseph

4.  (Benjamin ayant été retenu dans la maison par Jacob qui avait dit à ses frères : C’est de peur qu’en chemin il n’éprouve quelque accident)

5. Entrèrent dans la terre d’Égypte avec d’autres qui allaient pour en acheter ; car la famine était dans la terre de Chanaan.

6. Or Joseph était gouverneur dans la terre d’Égypte, et c’est selon sa volonté que le blé se vendait aux peuples. Lors donc que ses frères se furent prosternés devant lui

7. Et qu’il les eut reconnus, il leur parlait durement, comme à des étrangers, leur demandant : D’où êtes-vous venus ? Ils répondirent : De la terre de Chanaan, afin d’acheter ce qui est nécessaire à la vie.

8. Mais cependant reconnaissant ses frères, il ne fut pas reconnu d’eux.

9. Et se souvenant des songes qu’autrefois il avait vus, il leur dit : Vous êtes des espions ; c’est pour voir les endroits les plus faibles du pays, que vous êtes venus.

10. Ils répondirent : Il n’en est pas ainsi, seigneur ; mais vos serviteurs sont venus pour acheter des vivres.

11. Nous sommes tous fils d’un seul homme ; c’est en gens paisibles que nous sommes venus ; et vos serviteurs ne méditent rien de mal.

12. Joseph leur repartit : Il en est autrement ; vous êtes venus pour observer les places de l’Égypte qui ne sont pas fortifiées.

13. Mais eux : Nous, vos serviteurs, disent-ils, nous sommes douze frères, fils d’un seul homme dans la terre de Chanaan ; le plus jeune est avec notre père, et l’autre n’est plus.

14. C’est, reprit-il, ce que j’ai dit : Vous êtes des espions.

15. Dès maintenant, je vous éprouverai : par la vie de Pharaon, vous ne sortirez pas d’ici, jusqu’à ce que vienne votre frère le plus jeune.

16. Envoyez l’un d’entre vous, et qu’il l’amène, mais vous, vous serez dans les liens jusqu’à ce qu’il soit prouvé que ce que vous avez dit est vrai ou faux : autrement, par la vie de Pharaon, vous êtes des espions.

17. Il les mit donc en prison pendant trois jours.

18. Mais, au troisième jour les ayant tirés de prison, il leur dit : Faites ce que j’ai dit et vous vivrez ; car je crains Dieu.

19. Si vous êtes des gens paisibles, que l’un de vos frères soit enchainé dans la prison, et vous, allez et portez le blé que vous avez acheté dans vos maisons ;

20. Mais amenez-moi votre frère le plus jeune, afin que je puisse vérifier vos paroles, et que vous ne mouriez pas. Ils firent comme il avait dit.

21. Et ils se dirent les uns aux autres : C’est justement que nous souffrons tout ceci, parce que nous avons péché contre notre frère, voyant l’angoisse de son âme, quand il nous priait, et nous ne l’avons pas écouté : c’est pour cela qu’est venue sur nous cette tribulation.

22. Un seul d’entre eux, Ruben dit : Ne vous ai-je pas dit : Ne péchez pas contre cet enfant ? et vous ne m’avez pas écouté : voilà que son sang est redemandé.

23. Or, ils ne savaient pas que Joseph les entendît, parce que c’est par interprète qu’il leur parlait.

24. Mais il se retira un moment et pleura : puis revenu, il leur parla.

25. Et prenant Siméon et le liant, eux présents, il commanda à ses ministres qu’ils emplissent leurs sacs de blé, et qu’ils remissent l’argent de chacun d’eux dans son sac, en leur donnant de plus des vivres pour la route : ceux-ci firent ainsi.

26. Ainsi les frères de Joseph, emportant leur blé sur leurs ânes, partirent.

27. Or l’un d’eux ayant ouvert son sac pour donner à manger à sa bête dans l’hôtellerie, et ayant vu son argent à l’entrée du sac,

28. Dit à ses frères : Mon argent m’a été rendu, le voici dans le sac. Étonnés et troublés, ils se disaient mutuellement : Qu’est-ce que Dieu nous a fait ?

29. Cependant ils vinrent vers Jacob leur père dans la terre de Chanaan, et ils lui racontèrent tout ce qui leur était arrivé, disant :

30. Le maitre de ce pays nous a parlé durement, et il a cru que nous étions des explorateurs de la contrée.

31. Nous lui avons répondu : Nous sommes des gens paisibles, et nous ne dressons aucune embuche.

32. Nous sommes douze frères, engendrés d’un seul père : l’un n’est plus, et le plus jeune est avec notre père dans la terre de Chanaan.

33. Il nous a reparti : Voici comment j’éprouverai si vous êtes des gens paisibles ; laissez un de vos frères auprès de moi, et prenez les provisions nécessaires à vos maisons, et vous en allez.

34. Mais votre frère le plus jeune, amenez-le-moi, afin que je sache que vous n’êtes pas des espions, et que vous puissiez recouvrer celui qui est retenu dans les liens, et qu’ensuite vous ayez la liberté d’acheter ce que vous voudrez.

35. Ces choses dites, comme ils versaient leur blé, ils trouvèrent à l’entrée des sacs chacun leur argent lié ; et étant tous ensemble saisis d’effroi,

36. Jacob leur père dit : Vous avez fait que je suis sans enfants : Joseph n’est plus, Siméon est retenu dans les liens, et vous enlèverez Benjamin : c’est sur moi que tous ces malheurs sont retombés.

37. Ruben lui répondit : Tuez mes deux fils, si je ne vous le ramène ; remettez-le en ma main, et moi, je vous le rendrai.

38. Mais Jacob : Non, dit-il, il ne descendra pas avec vous, mon fils : son frère est mort, et lui seul est resté ; si quelque chose de fâcheux lui arrivait dans le pays où vous allez, vous feriez descendre mes cheveux blancs avec douleur dans les enfers.

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CHAP. XLII. 20. Infra. XLIII, 5. — 22. Supra. XXXVII, 22.

 

6. Se furent prosternés, etc. ; littér. : l’eurent adoré. Voyez XVIII, 2.

38. Les enfers. Voyez pour le vrai sens de ce mot, XXXVII, 35.

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Gn 43

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CHAPITRE XLIII

Retour des frères de Joseph en Égypte avec Benjamin. Joseph leur fait un festin.

1. Cependant la famine pesait violemment sur toute la terre.

2. Et les vivres qu’ils avaient apportés de l’Égypte, étant consommés, Jacob dit à ses fils : Retournez, et achetez-nous quelques provisions.

3. Juda répondit : Cet homme nous a fait une déclaration sous le sceau du serment, disant : Vous ne verrez point ma face si vous n’amenez votre frère le plus jeune avec vous.

4. Si donc vous voulez l’envoyer avec nous, nous irons ensemble, et nous achèterons ce qui vous est nécessaire.

5. Mais si vous ne voulez pas, nous n’irons pas ; car cet homme, comme souvent nous l’avons dit, nous a fait une déclaration, disant : Vous ne verrez point ma face, sans votre frère le plus jeune.

6. Israël leur dit : Pour mon malheur vous avez fait de manière que vous lui avez indiqué que vous aviez encore un frère.

7. Mais eux répondirent : Cet homme nous a interrogés par ordre sur notre famille : si notre père vivait, si nous avions un autre frère ; et nous lui avons répondu conséquemment, selon ce qu’il avait demandé ; est-ce que nous pouvions savoir qu’il dirait : Amenez votre frère avec vous ?

8. Juda aussi dit à son père : Envoyez l’enfant avec moi, afin que nous partions et que nous puissions vivre, et que nous ne mourions pas, nous et nos petits enfants.

9. C’est moi qui me charge de l’enfant ; c’est à ma main que vous le redemanderez ; si je ne le ramène, et si je ne vous le rends, je serai coupable envers vous à jamais.

10. S’il n’était pas intervenu de délai, nous serions déjà revenus une seconde fois.

11. Ainsi Israël leur père leur dit : S’il le faut ainsi, faites ce que vous voudrez ; prenez des meilleurs fruits de ce pays-ci dans vos vases, et portez à cet homme en présent un peu de résine, de miel, de storax, de stacté, de térébinthe et d’amandes.

12. Portez aussi avec vous le double d’argent ; et celui que vous avez trouvé dans vos sacs, reportez-le, de peur que cela n’ait été fait par méprise.

13. Mais prenez aussi votre frère et allez vers cet homme.

14. Que mon Dieu tout-puissant vous le rende favorable, afin qu’il renvoie avec vous votre frère qu’il retient, et ce Benjamin ; et moi, je serai comme privé d’enfants.

15. Ceux-ci prirent donc avec eux les présents, le double d’argent et Benjamin, et ils descendirent en Égypte et se présentèrent devant Joseph.

16. Lorsque Joseph les vit et Benjamin avec eux, il commanda à l’intendant de sa maison, disant : Fais entrer ces hommes dans la maison ; tue des victimes, et apprête un festin ; parce que c’est avec moi qu’ils doivent manger à midi.

17. Celui-ci fit ce qui lui avait été commandé, et il introduisit ces hommes dans la maison.

18. Et là, épouvantés, ils se dirent mutuellement : C’est à cause de l’argent que nous avons rapporté précédemment dans nos sacs qu’il nous a fait entrer ici, pour déverser sur nous une fausse accusation, et nous réduire violemment en servitude, nous et nos ânes.

19. C’est pourquoi, à la porte même, s’approchant de l’intendant de la maison,

20. Ils dirent : Nous vous prions, seigneur, de nous écouter. Nous sommes déjà venus ici pour acheter des vivres ;

21. Lesquels achetés, quand nous fûmes arrivés à l’hôtellerie, nous ouvrîmes nos sacs, et nous trouvâmes l’argent à l’entrée des sacs : nous l’avons rapporté maintenant dans tout son poids.

22. Mais nous avons rapporté aussi d’autre argent pour acheter ce qui nous est nécessaire. Nous ne savons pas qui a mis cet argent dans nos bourses.

23. Mais lui répondit : Paix avec vous ! ne craignez point : votre Dieu et le Dieu de votre père vous a mis des trésors dans vos sacs, car l’argent que vous m’avez donné, c’est moi qui l’ai en bonne monnaie. Et il leur amena Siméon.

24. Et les ayant introduits dans la maison, il leur apporta de l’eau, et ils lavèrent leurs pieds, et il donna à manger à leurs ânes.

25. Or eux préparaient leurs présents, attendant que Joseph entrât sur le midi ; car ils avaient appris que c’était là qu’ils devaient manger du pain.

26. Joseph donc entra dans sa maison, et ils lui offrirent les présents qu’ils tenaient en leurs mains, et ils se prosternèrent, inclinés vers la terre.

27. Mais Joseph, leur ayant rendu leur salut avec bonté, les interrogea, disant : Se porte-t-il bien, votre vieux père dont vous m’aviez parlé ? vit-il encore ?

28. Ceux-ci répondirent : Il se porte bien, votre serviteur notre père, il vit encore. Et s’étant profondément inclinés, ils se prosternèrent devant lui.

29. Or Joseph, levant les yeux, vit Benjamin son frère utérin, et dit : Celui-ci est votre jeune frère dont vous m’aviez parlé ? Et de nouveau : Dieu, dit-il, te soit miséricordieux, mon fils !

30. Et il se retira précipitamment, car ses entrailles s’étaient émues sur son frère, et des larmes s’échappaient de ses yeux : entrant donc dans sa chambre il pleura.

31. Puis, sortant de nouveau, le visage lavé, il se contint et dit : Servez des pains.

32. Les pains servis à part pour Joseph, à part pour ses frères, et à part pour les Égyptiens qui mangeaient ensemble (car il n’est pas permis aux Égyptiens de manger avec les Hébreux, et ils regardent comme profane un semblable repas),

33. Ils s’assirent devant lui, le premier-né, selon son droit d’ainesse, et le plus jeune, selon son âge. Or ils étaient extrêmement surpris,

34. En prenant les parts qu’ils avaient reçues de lui ; car une part d’autant plus grande vint à Benjamin, qu’elle surpassait cinq autres parts. Ils burent donc et firent grande chère avec lui.

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CHAP. XLIII. 5. Supra. XLII, 20. — 9. Infra. XLIV, 32. — 20. Supra. XLII, 3.

 

11.* Les parfums étaient très estimés et très recherchés en Égypte. Voir plus haut, XXXVII, 25.

25. Manger du pain. Voyez pour le sens de cette expression, XXXI, 54.

26, 28. Ils se prosternèrent. Voyez XVIII, 2.

31. Servez des pains ; c’est-à-dire préparez un repas. Compar. III, 19 ; XXXI, 54.

34. Firent grande chère, ou se réjouirent. Le verbe inebriare du texte est susceptible de ces deux significations.

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Gn 44

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CHAPITRE XLIV

Joseph fait mettre sa coupe dans le sac de Benjamin. Il traite ses frères comme des voleurs. Juda s’offre à demeurer esclave à la place de Benjamin.

1. Or Joseph commanda à l’intendant de sa maison disant : Emplis les sacs de ces hommes d’autant de blé qu’ils en peuvent contenir, et mets l’argent de chacun dans le haut de son sac.

2. Mais place à l’entrée du sac du plus jeune ma coupe d’argent, et le prix du blé qu’il a donné. Et il fut fait ainsi.

3. Et, au lever du matin, on les renvoya avec leurs ânes.

4. Et déjà ils étaient sortis de la ville, et ils avaient fait un peu de chemin ; alors Joseph ayant appelé l’intendant de sa maison : Lève-toi, dit-il, et poursuis ces hommes ; et quand tu les auras atteints, dis-leur : Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien ?

5. La coupe que vous avez dérobée, est celle dans laquelle boit mon maitre, et avec laquelle il a coutume de deviner : c’est une chose très mauvaise que vous avez faite.

6. Celui-ci fit comme il lui avait été ordonné ; et les ayant atteints, il leur dit le commandement mot pour mot.

7. Ils répondirent : Pourquoi notre seigneur parle-t-il ainsi, comme si vos serviteurs avaient commis un crime si grand ?

8. L’argent que nous avons trouvé dans le haut de nos sacs, nous l’avons rapporté de la terre de Chanaan : comment arrive-t-il donc que nous avons dérobé de la maison de votre maitre de l’or ou de l’argent ?

9. Que celui, quel qu’il soit de vos serviteurs, auprès de qui sera trouvé ce que vous cherchez, meure, et nous, nous serons esclaves de notre seigneur.

10. Il leur dit : Qu’il soit fait selon votre avis : que celui auprès de qui il sera trouvé, soit mon esclave ; mais vous, vous serez innocents.

11. C’est pourquoi descendant promptement leurs sacs à terre, chacun ouvrit le sien.

12. L’intendant les ayant fouillés, commençant depuis le plus grand jusqu’au plus petit, trouva la coupe dans le sac de Benjamin.

13. Ainsi eux, leurs vêlements déchirés, et leurs ânes rechargés, retournèrent à la ville.

14. Et Juda le premier avec ses frères entra auprès de Joseph (car il n’était pas encore sorti du lieu), et tous ensemble se précipitèrent à terre devant lui.

15. Joseph leur dit : Pourquoi avez-vous voulu agir ainsi ? ignorez-vous qu’il n’y a point d’homme semblable à moi dans l’art de deviner ?

16. Et Juda : Que répondrons-nous à mon seigneur ? lui dit-il ; ou que dirons-nous, ou bien que pourrons-nous légitimement prétexter ? Dieu a découvert l’iniquité de vos serviteurs : nous voilà tous esclaves de mon seigneur, et nous, et celui auprès de qui a été trouvée la coupe.

17. Joseph répondit : Loin de moi d’agir ainsi ! Que celui qui a dérobé ma coupe, soit mon esclave ; pour vous, retournez libres vers votre père.

18. Mais Juda, s’approchant plus près, dit avec assurance : Je vous prie, mon seigneur, que votre serviteur fasse entendre un mot à votre oreille, et ne vous irritez point contre votre serviteur ; car vous êtes après Pharaon,

19. Mon seigneur. Vous avez au commencement demandé à vos serviteurs : Avez-vous un père ou un autre frère ?

20. Et nous, nous avons répondu à vous, mon seigneur : Nous avons un père qui est vieux, et un enfant très jeune qui lui est né dans sa vieillesse, et dont le frère utérin est mort ; sa mère n’a laissé que celui-ci, mais son père l’aime tendrement.

21. Alors vous avez dit à vos serviteurs : Amenez-le-moi, et je poserai mes yeux sur lui.

22. Et nous avons ajouté à mon seigneur : Cet enfant ne peut quitter son père ; car s’il le laisse, son père mourra.

23. Et vous avez répliqué à vos serviteurs : Si votre frère le plus jeune ne vient avec vous, vous ne verrez plus ma face.

24. Lors donc que nous fûmes montés vers votre serviteur notre père, nous lui rapportâmes tout ce que nous avait dit mon seigneur.

25. Et notre père dit : Retournez et achetez-nous un peu de blé.

26. Nous lui répondîmes : Nous ne pouvons aller : si notre frère le plus jeune descend avec nous, nous partirons ensemble ; autrement, lui absent, nous n’osons voir la face de cet homme.

27. À quoi lui répliqua : Vous savez que ma femme m’a donné deux fils.

28. L’un est sorti, et vous avez dit : Une bête féroce l’a dévoré ; et jusqu’ici il ne reparait point.

29. Si vous emmenez encore celui-ci, et que quelque chose lui arrive en chemin, vous ferez descendre mes cheveux blancs avec douleur dans les enfers.

30. Si j’entre donc auprès de votre serviteur notre père, et que l’enfant n’y soit pas (comme l’âme de l’un dépend de l’âme de l’autre),

31. Et qu’il voie qu’il n’est pas avec nous, il mourra, et vos serviteurs feront descendre ses cheveux blancs avec douleur dans les enfers.

32. Que je sois votre esclave, moi particulièrement, qui l’ai reçu sur ma foi, et qui en ai répondu, disant : Si je ne le ramène, je serai coupable d’un crime envers mon père à jamais.

33. C’est pourquoi je demeurerai votre esclave pour l’enfant au service de mon seigneur, et que l’enfant remonte avec ses frères ;

34. Car je ne puis revenir vers mon père, l’enfant absent, de peur que je n’assiste comme témoin du malheur qui va accabler mon père.

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CHAP. XLIV. 19. Supra. XLII, 13. — 23. Supra. XLIII, 3, 5. — 28. Supra. XXXVII, 20. —32. Supra. XLIII, 9.

 

5, 15. L’usage de deviner par la coupe était commun aux peuples de l’Orient et surtout aux Égyptiens (S. Augustin, de Civit. Dei, l. VII, c. 57). La traduction de la Vulgate, qui parait la plus conforme au texte hébreu et qui est aussi celle des Septante, n’autorise cependant point à croire que Joseph se soit livré à des sortilèges ; car, comme le remarque saint Thomas (2. 2, quæst. 195, art. 7), Joseph et son intendant ont pu tenir le langage que Moïse leur prête, parce que les Égyptiens regardaient et proclamaient Joseph comme très habile dans l’art de la divination.

28. Est sorti ; l’hébreu ajoute d’avec moi.

29, 31. Les enfers. Voyez pour le vrai sens de ce mot, XXXVII, 35.

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Gn 45

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CHAPITRE XLV

Joseph se fait connaitre à ses frères. Ceux-ci s’en retournent vers Jacob chargés de présents.

1. Joseph ne pouvait plus se contenir, beaucoup de personnes se trouvant là présentes ; c’est pourquoi il commanda que toutes sortissent dehors, et qu’aucun étranger ne fût présent à la reconnaissance mutuelle.

2. Alors il éleva la voix avec larmes ; les Égyptiens l’entendirent et toute la maison de Pharaon.

3. Et il dit à ses frères : Je suis Joseph : mon père vit-il encore ? Ses frères ne pouvaient lui répondre, étant saisis d’une extrême frayeur.

4. Mais lui avec douceur : Approchez-vous de moi, dit-il. Et quand ils se furent approchés bien près : Je suis, ajouta-t-il, Joseph votre frère, que vous avez vendu pour l’Égypte.

5. Ne craignez point, et qu’il ne vous semble point pénible de m’avoir vendu en ces régions ; car c’est pour votre salut que Dieu m’a envoyé avant vous en Égypte.

6. Car il y a deux ans que la famine a commencé à être sur la terre, et il reste encore cinq ans pendant lesquels on ne pourra ni labourer ni moissonner.

7. Dieu m’a donc envoyé ici avant vous, afin que vous soyez conservés sur la terre, et que vous puissiez avoir des vivres pour subsister.

8. Ce n’est point par votre conseil, mais par la volonté de Dieu que j’ai été envoyé ici : il m’a établi comme père de Pharaon, maitre de toute sa maison, et prince dans toute la terre d’Égypte.

9. Hâtez-vous, montez vers mon père, et vous lui direz : Voici ce que vous mande votre fils Joseph : Dieu m’a établi maitre de toute la terre d’Égypte ; descendez vers moi, ne tardez point.

10. Vous habiterez dans la terre de Gessen ; et vous serez près de moi, vous et vos fils et les fils de vos fils ; vos brebis et vos troupeaux de gros bétail et tout ce que vous possédez.

11. Et là je vous nourrirai (car il reste encore cinq années de famine), afin que vous ne périssiez pas et vous et votre maison et tout ce que vous possédez.

12. Voici que vos yeux et les yeux de mon frère Benjamin voient que c’est ma bouche qui vous parle.

13. Annoncez à mon père toute ma gloire et tout ce que vous avez vu en Égypte : hâtez-vous et amenez-le-moi.

14. Et lorsque l’embrassant il fut retombé sur le cou de Benjamin son frère, il pleura, Benjamin aussi pleurant pareillement sur le cou de Joseph.

15. Joseph embrassa ensuite tous ses frères et pleura sur chacun d’eux ; après quoi ils osèrent lui parler.

16. Et l’on entendit et l’on publia hautement à la cour du roi : Les frères de Joseph sont venus ; et Pharaon s’en réjouit et toute sa famille.

17. Et il dit à Joseph qu’il commandât à ses frères, disant : Chargez vos bêtes et vous en allez dans la terre de Chanaan ;

18. Et amenez de là votre père et votre parenté, et venez à moi : et moi je vous donnerai tous les biens de l’Égypte, afin que vous vous nourrissiez de la moelle de cette terre.

19. Ordonne aussi qu’ils prennent des chars de la terre d’Égypte pour le transport de leurs petits enfants et de leurs femmes ; et dis-leur : Amenez votre père et hâtez-vous de venir au plus tôt.

20. Ne laissez rien de vos meubles ; car toutes les richesses de l’Égypte seront à vous.

21. Et les fils d’Israël firent comme il leur avait été commandé. Joseph leur donna des chars selon l’ordre de Pharaon, et des vivres pour le chemin.

22. Il ordonna qu’on leur remît aussi à chacun deux robes ; mais à Benjamin il donna trois cents pièces d’argent avec cinq robes des plus belles :

23. Envoyant à son père autant d’argent et de vêtements ; ajoutant même dix ânes chargés de toutes les richesses de l’Égypte, et un nombre égal d’ânesses portant du blé et du pain pour le chemin.

24. Il renvoya donc ses frères, et leur dit, lorsqu’ils partaient : Ne vous fâchez pas en route.

25. Ceux-ci, montant de l’Égypte, vinrent dans la terre de Chanaan, vers leur père Jacob,

26. Et lui portèrent le message, disant : Joseph votre fils vit encore, et c’est lui qui commande dans toute la terre d’Égypte. Ce qu’ayant entendu Jacob, il s’éveilla comme d’un profond sommeil ; mais il ne les croyait pas.

27. Eux au contraire lui rapportaient toute la suite de la chose ; et quand il vit les chars et tout ce que Joseph avait envoyé, son esprit se ranima.

28. Et il dit : Il me suffit, si Joseph mon fils vit encore : j’irai et je le verrai avant que je meure.

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CHAP. XLV. 4. Act. VII, 13. — 5. Infra. L, 20.

 

10. * La terre de Gessen était située entre l’isthme de Suez et la branche tanitique du Nil. Du temps de Joseph, elle ne formait pas encore ce qu’on appelle un nome égyptien, mais elle était comme en dehors des divisions administratives, dans une région propre à nourrir des troupeaux.

18. De la moelle, Hebr. de la graisse ; c’est-à-dire des meilleures productions.

20. Ne laissez rien, etc. Le vrai sens parait être, conformément au texte hébreu et à ce qui suit immédiatement : Ne laissez rien avec regret, n’ayez aucun souci de laisser, etc.

22. Trois cents pièces d’argent ; c’est-à-dire trois cents sicles. Le sicle d’argent pur valait environ 1,66 Fr.

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Gn 46

*gn46

CHAPITRE XLVI

Jacob vient en Égypte ; dénombrement de ses enfants. Entrevue de Jacob et de Joseph.

1. Israël donc partit avec tout ce qu’il avait, vint au Puits du Serment ; et là, des victimes immolées au Dieu de son père Isaac,

2. Il l’entendit dans une vision de la nuit, l’appelant et lui disant : Jacob, Jacob. Il lui répondit : Me voici.

3. Dieu lui dit : Je suis le Dieu très fort de ton père ; ne crains point, descends en Égypte, parce que je te ferai père d’une grande nation en ce pays.

4. Moi-même je descendrai là avec toi, et moi-même je t’en ramènerai, lorsque tu en reviendras : et Joseph posera ses mains sur tes yeux.

5. Jacob donc se leva du Puits du Serment, et ses fils le portèrent avec leurs petits enfants et leurs femmes sur les chars que Pharaon avait envoyés pour transporter le vieillard,

6. Et tout ce qu’il possédait dans la terre de Chanaan : il arriva donc en Égypte avec toute sa lignée,

7. Ses fils, ses petits-fils, ses filles et toute sa race ensemble.

8. Or voici les noms des fils d’Israël, qui entrèrent en Égypte, lorsqu’il vint avec ses enfants. Le premier-né était Ruben.

9. Les fils de Ruben : Hénoch, Phallu, Hesron et Charmi.

10. Les fils de Siméon : Jamuel, Jamin, Ahod, Jachin, Sohar et Saül fils d’une Chananéenne.

11. Les fils de Lévi : Gerson, Caath et Mérari.

12. Les fils de Juda : Her, Onan, Séla, Pharès et Zara ; mais Her et Onan moururent dans le pays de Chanaan. Et naquirent à Pharès, les fils Hesron et Hamul.

13. Les fils d’Issachar : Thola, Phua, Job et Semron.

14. Les fils de Zabulon : Sared, Élon et Jahelel.

15. Ce sont là les fils de Lia qu’elle enfanta en Mésopotamie de Syrie, avec Dina sa fille ; toutes les âmes de ses fils et de ses filles furent trente-trois.

16. Les fils de Gad : Sephion, Haggi, Suni, Esebon, Heri, Arodi et Areli.

17. Les fils d’Aser : Jamné, Jésua, Jessui et Béria, et aussi Sara leur sœur. Les fils de Béria : Héber et Melchiel.

18. Ce sont là les fils de Zelpha que donna Laban à Lia sa fille, et qui les enfanta à Jacob : seize âmes.

19. Les fils de Rachel femme de Jacob : Joseph et Benjamin.

20. Et il naquit à Joseph dans la terre d’Égypte des fils que lui enfanta Aseneth, fille de Putiphar, prêtre d’Heliopolis : Manassé et Ephraïm.

21. Les fils de Benjamin : Béla, Béchor, Asbel, Géra, Naaman, Echi, Ros, Mophim, Ophim, et Ared.

22. Ce sont là les fils de Rachel qu’elle engendra à Jacob : en tout quatorze âmes.

23. Les fils de Dan : Husim.

24. Les fils de Nephtali : Jasiel, Guni, Jéser et Sallem.

25. Ce sont là les fils de Bala que donna Laban à Rachel sa fille, et qu’elle enfanta à Jacob en tout sept âmes.

26. Toutes les âmes qui entrèrent avec Jacob en Égypte, et qui étaient issues de lui, sans les femmes de ses fils, furent soixante-six ;

27. Mais les fils de Joseph qui lui naquirent dans la terre d’Égypte, deux âmes. Toutes les âmes de la maison de Jacob qui entrèrent en Égypte, furent soixante-dix.

28. Or Jacob envoya Juda devant lui vers Joseph, afin qu’on l’avertît, et qu’il vînt à sa rencontre dans la terre de Gessen.

29. Lorsqu’il y fut arrivé, Joseph, son char attelé, monta au même lieu à la rencontre de son père ; et le voyant, il se jeta à son cou, et, au milieu des embrassements, il pleura.

30. Et le père dit à Joseph : Maintenant je mourrai joyeux, puisque j’ai vu ta face, et que je te laisse vivant après moi.

31. Mais Joseph dit à ses frères et à toute la maison de son père : Je monterai et je porterai la nouvelle à Pharaon, et je lui dirai : Mes frères et la maison de mon père qui étaient dans la terre de Chanaan, sont venus vers moi.

32. Ce sont des hommes pasteurs de brebis, et ils ont soin d’élever des troupeaux ; leur menu et leur gros bétail et tout ce qu’ils pouvaient avoir, ils l’ont amené avec eux.

33. Lors donc qu’il vous appellera et demandera : Quelle est votre occupation ?

34. Vous répondrez : Nous vos serviteurs, nous sommes des hommes pasteurs depuis notre enfance jusqu’à présent, et nous et nos pères. Or vous direz cela, afin que vous puissiez demeurer dans la terre de Gessen ; car les Égyptiens détestent tous les pasteurs de brebis

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CHAP. XLVI. 5. Act. VII, 15. — 6. Jos. XXIV, 4 ; Ps. CIV, 23 ; Is. LII, 4. — 8. Ex. I, 2 ; VI, 14 ; Num. XXVI, 5 ; I Par. V, 1, 3. — 10. Ex. VI, 15 ; I Par. IV, 24. — 11. I Par. VI, 1. — 12. I Par. II, 3 ; IV, 21. — 13. I Par. VII, 1. — 17. I Par. VII, 30. — 20. Supra. XLI, 50. — 21. I Par. VII, 6 ; VIII, 1. — 27. Deut. X, 22.

 

1. * Au Puits du Serment, à Bersabée. Voir note sur Gen. XXI, 33.

4. Posera sa main sur tes yeux ; les fermera. La coutume de fermer les yeux aux personnes décédées est très ancienne chez les Grecs eux-mêmes. C’étaient ordinairement les proches ou les amis les plus chers qui rendaient ce dernier devoir.

15. Toutes les âmes de ses fils ; c’est-à-dire, tous ses fils, etc. Compar. IX, 5.

23. Dans les généalogies les Hébreux employaient quelquefois le pluriel pour le singulier. On trouve des exemples de cet idiotisme dans les anciens auteurs latins, soit orateurs, soit poètes, soit historiens.

26-27. * Les soixante-dix comptés au verset 27, renferment outre les soixante-six indiqués au verset 26, Jacob, Joseph et ses deux fils.

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Gn 47

*gn47

CHAPITRE XLVII

Jacob arrive avec sa famille en Égypte. Pharaon leur donne la terre de Gessen. Maladie de Jacob.

1. Étant donc entré, Joseph porta la nouvelle à Pharaon, disant : Mon père et mes frères, leurs brebis, leur gros bétail, et tout ce qu’ils possèdent, sont venus de la terre de Chanaan ; et voici qu’ils se sont arrêtés dans la terre de Gessen.

2. Il plaça aussi les cinq derniers de ses frères devant le roi.

3. Et le roi leur demanda : Quel genre d’occupation avez-vous ? Ils répondirent : Nous, vos serviteurs, nous sommes pasteurs de brebis, et nous et nos pères.

4. C’est pour séjourner comme étrangers dans votre terre que nous sommes venus ; parce qu’il n’y a point de pâturages pour les troupeaux de vos serviteurs, la famine augmentant chaque jour dans la terre de Chanaan ; et nous vous prions d’ordonner que nous, vos serviteurs, demeurions dans la terre de Gessen.

5. C’est pourquoi le roi dit à Joseph : Ton père et tes frères sont venus vers toi :

6. La terre d’Égypte est en ta présence : fais-les habiter dans le meilleur endroit, et donne-leur la terre de Gessen. Que si tu sais qu’il y ait parmi eux des hommes intelligents, établis-les maitres de mes troupeaux.

7. Après cela Joseph introduisit son père auprès du roi, et le plaça devant lui. Jacob ayant souhaité au roi toute sorte de prospérités,

8. Et ayant été interrogé par lui : Quels sont les jours des années de ta vie ?

9. Répondit : Les jours de mon pèlerinage sont de cent trente ans, courts et mauvais, et ils ne sont pas parvenus jusqu’aux jours durant lesquels mes pères ont fait leur pèlerinage.

10. Et, toute sorte de prospérités souhaitées au roi, il sortit dehors.

11. Or Joseph donna en possession à son père et à ses frères en Égypte, dans le lieu le plus fertile, Ramsès, comme avait ordonné Pharaon.

12. Et il les nourrissait eux et toute la maison de son père, donnant des vivres à chacun.

13. Car dans tout l’univers le pain manquait, et la famine pesait sur la terre principalement d’Égypte et de Chanaan.

14. Joseph recueillit de ces pays tout l’argent par la vente du blé, et il le porta au trésor du roi.

15. Et lorsque l’argent eut manqué aux acheteurs, toute l’Égypte vint à Joseph, disant : Donnez-nous du pain : pourquoi mourons-nous devant vous, l’argent nous manquant ?

16. Celui-ci leur répondit : Amenez vos troupeaux, et je vous donnerai en échange des vivres, si vous n’avez point d’argent.

17. Quand ils les eurent amenés, il leur donna des vivres en échange de leurs chevaux, de leurs brebis, de leurs bœufs et de leurs ânes ; ainsi il les nourrit cette année-là, en échange de leurs troupeaux.

18. Ils vinrent encore la seconde année, et lui dirent : Nous ne cacherons pas à notre seigneur que, l’argent nous manquant, nos troupeaux nous ont aussi manqué ; et ce n’est pas à votre insu qu’excepté les corps et la terre, nous n’avons rien.

19. Pourquoi donc mourrons-nous sous vos yeux ? et nous et notre terre nous serons à vous : achetez-nous pour être les esclaves du roi, et donnez-nous des semences, pour ne pas que, le cultivateur périssant, la terre soit réduite en solitude.

20. Joseph donc acheta toute la terre d’Égypte, chacun vendant ses possessions à cause de la grandeur de la famine ; et il l’assujettit à Pharaon,

21. Et tous les peuples, depuis une extrémité de l’Égypte jusqu’à l’autre extrémité,

22. Excepté la terre des prêtres qui leur avait été donnée par le roi ; car une quantité déterminée de vivres des greniers publics leur était fournie, et c’est pour cela qu’ils n’ont pas été contraints de vendre leurs possessions.

23. Joseph donc dit au peuple : Voici, comme vous le comprenez, que Pharaon possède et vous et votre terre ; recevez des semences et semez les champs,

24. Afin que vous puissiez avoir des grains. La cinquième partie, vous la donnerez au roi, et les quatre autres, je vous les laisse comme semence et comme nourriture pour vos familles et pour vos enfants.

25. Ils répondirent : Notre salut est en votre main ; seulement que notre seigneur ait égard à nous, et joyeux, nous servirons le roi.

26. Depuis ce temps-là jusqu’au présent jour dans toute la terre d’Égypte, c’est aux rois que la cinquième partie est payée ; et cela est comme passé en loi, excepté pour la terre des prêtres, qui fut exempte de cette condition.

27. Israël donc habita en Égypte, c’est-à-dire, dans la terre de Gessen, et la posséda : et il s’accrut et se multiplia extrêmement.

28. Et il y vécut dix-sept ans ; et tous les jours de sa vie furent de cent-quarante-sept ans.

29. Et comme il voyait approcher le jour de sa mort, il appela son fils Joseph, et lui dit : Si j’ai trouvé grâce devant toi, mets ta main sous ma cuisse ; et tu auras pour moi cet égard et cette loyauté, de ne pas m’ensevelir en Égypte ;

30. Mais de me laisser dormir avec mes pères, de me transporter hors de cette terre, et de me mettre dans le sépulcre de mes ancêtres. Joseph lui répondit : Oui, je ferai ce que vous avez commandé.

31. Et lui : Jure-le moi donc, dit-il. Joseph jurant, Israël adora Dieu, se tournant vers le chevet de son lit.

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CHAP. XLVII. 29. Supra. XXIV, 2.

 

9. * Leur pèlerinage. « Il appelait un pèlerinage sa vie errante sur la terre, parce qu’il avait le sentiment de la patrie d’au-delà. — Ceux qui tiennent ce langage, dit saint Paul, indiquent qu’ils cherchent la patrie, car s’ils avaient pensé seulement à celle d’où ils étaient sortis, ils avaient certainement le temps d’y retourner, mais ils en désiraient une meilleure, c’est-à-dire céleste. Hebr. XI, 16. » (Franz Delitzsch.)

11.* Ramsès. La terre de Gessen est appelée ici par anticipation Ramsès, nom sous lequel elle fut aussi connue plus tard, lorsque les Hébreux y eurent bâti la ville de ce nom, du temps de Ramsès II, leur persécuteur. Voir Ex. I, 11.

29. Mets ta main sous ma cuisse. Voyez note sur XXIV, 2.

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Gn 48

*gn48

CHAPITRE XLVIII

Jacob bénit Ephraïm et Manassé ; il laisse à Joseph le champ voisin de Sichem.

1. Ces choses s’étant ainsi passées, on annonça à Joseph que son père était malade ; or, Joseph ayant pris avec lui ses deux fils, Manassé et Ephraïm, se mit en chemin.

2. Et on dit au vieillard : Voici votre fils Joseph qui vient vers vous. Or reprenant ses forces, il s’assit sur son lit.

3. Et quand Joseph fut entré près de lui, il dit : Le Dieu tout-puissant m’a apparu à Luza qui est dans la terre de Chanaan, et il m’a béni,

4. Et a dit : Je te ferai croitre et te multiplierai, et je te ferai le père d’une multitude de peuples ; et je te donnerai cette terre, et à ta postérité après toi, en possession éternelle.

5. C’est pourquoi tes deux fils qui te sont nés en Égypte, avant que je vinsse vers toi, seront miens. Ephraïm et Manassé comme Ruben et Siméon seront censés à moi.

6. Mais les autres que tu auras engendrés après eux, seront tiens, et ils seront appelés du nom de leurs frères dans leurs possessions.

7. Car, lorsque je venais de Mésopotamie, Rachel me mourut en chemin même, dans la terre de Chanaan, et c’était le printemps : j’entrais à Ephrata, et je l’ensevelis près du chemin d’Ephrata, qui est appelée d’un autre nom Bethléhem.

8. Or, voyant ses fils, il lui dit : Qui sont ceux-ci ?

9. Joseph répondit : Ce sont mes fils que Dieu m’a donnés en ce lieu. Approche-les de moi, dit Jacob, afin que je les bénisse.

10. Car les yeux d’Israël étaient obscurcis, à cause de sa grande vieillesse, et il ne pouvait voir distinctement. Lors donc qu’ils furent approchés de lui, les ayant baisés et embrassés,

11. Il dit à son fils : Je n’ai pas été privé de te voir ; de plus, Dieu m’a montré ta postérité.

12. Lorsque Joseph les eut retirés des bras de son père, il se prosterna, incliné vers la terre.

13. Puis, il plaça Ephraïm à sa droite, c’est-à-dire, à la gauche d’Israël, et Manassé à sa gauche, c’est-à-dire à la droite de son père, et il les approcha tous deux de lui.

14. Israël étendant sa main droite, la posa sur la tête d’Ephraïm, le plus jeune des deux frères, et la gauche sur Manassé, qui était l’ainé, changeant ses mains de place.

15. Et Jacob bénit les fils de Joseph, et il dit : Que le Dieu en présence duquel ont marché mes pères Abraham et Isaac, le Dieu qui me nourrit depuis mon enfance jusqu’au présent jour ;

16. Que l’ange qui m’a délivré de tous les maux, bénisse ces enfants ; que mon nom soit invoqué sur eux, et les noms aussi de mes pères Abraham et Isaac, et qu’ils croissent en multitude sur la terre.

17. Mais Joseph, voyant que son père avait posé la main droite sur la tête d’Ephraïm, en eut une grande peine, et, prenant la main de son père, il tâcha de la lever de dessus la tête d’Ephraïm et de la transporter sur la tête de Manassé.

18. Et il dit à son père : Il ne convient pas de faire ainsi, mon père : puisque celui-ci est l’ainé, mettez votre main droite sur sa tête.

19. Mais Jacob, refusant, dit : Je le sais, mon fils, je le sais : celui-ci sera aussi chef de peuples, et il se multipliera : mais son frère plus jeune, sera plus grand que lui, et sa postérité formera un grand nombre de nations.

20. Il les bénit donc en ce moment-là, disant : En toi sera béni Israël, et l’on dira : Dieu te fasse comme à Ephraïm et Manassé. Ainsi il mit Ephraïm devant Manassé.

21. Et il dit à Joseph son fils : Voici que moi je meurs, mais Dieu sera avec vous, et il vous ramènera dans le pays de vos pères.

22. Je te donne de plus qu’à tes frères une part que j’ai enlevée à l’Amorrhéen avec mon glaive et mon arc.

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CHAP. XLVIII. 3. Supra. XXVIII, 13. — 5. Supra. XLI, 50 ; Jos. XIII, 7, 29. — 7. Supra. XXXV, 19. — 15. Hebr. XI, 21. — 16. Supra. XXXI, 29 ; XXXII, 2 ; Matth. XVIII, 10. — 22. Jos. XV, 7 ; XVI, 1 ; XXIV, 8.

 

7. * Ephrata, Bethléem. Voir la note sur Gen. XXXV, 19.

16. Que mon nom, etc. ; c’est-à-dire qu’ils portent mon nom.

17. La tribu d’Ephraïm fut toujours une des plus nombreuses et des plus puissantes d’Israël. Les anciens Pères remarquent que cette préférence du puiné à l’ainé figure les avantages des chrétiens sur les juifs.

22. * De l’Amorrhéen. Voir Gen. XV, 16.

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Gn 49

*gn49

CHAPITRE XLIX

Dernières paroles de Jacob. Il prédit à chacun de ses fils ce qui doit lui arriver. Il meurt.

1. Or Jacob appela ses fils et leur dit : Assemblez-vous, afin que je vous annonce ce qui doit vous arriver dans les jours derniers.

2. Assemblez-vous, et écoutez, fils de Jacob,

écoutez Israël votre père :

3. Ruben, mon premier-né,

toi ma force et le principe de ma douleur ;

premier en dons, plus grand en puissance,

4. Tu t’es répandu comme l’eau ; tu ne croitras pas, parce que tu es monté sur le lit de ton père,

et que tu as souillé sa couche.

5. Siméon et Lévi sont frères,

instruments d’iniquité dans le combat.

6. Que dans leur conseil n’entre pas mon âme,

et que dans leurs assemblées ne se trouve pas ma gloire,

parce que dans leur fureur, ils ont tué un homme,

et que dans leur résolution ils ont renversé un mur.

7. Maudite leur fureur, parce qu’elle est opiniâtre,

et leur indignation, parce qu’elle est implacable !

je les diviserai dans Jacob,

et je les disperserai dans Israël.

8. Juda, tes frères te loueront ;

ta main sera sur le cou de tes ennemis ;

les enfants de ton père se prosterneront devant toi.

9. C’est le petit d’un lion, que Juda.

Tu t’es élancé sur la proie, ô mon fils :

te reposant, tu t’es couché comme le lion

et comme la lionne ; qui le provoquera ?

10. Le sceptre ne sera pas ôté de Juda,

ni le prince de sa postérité,

jusqu’à ce que vienne celui qui doit être envoyé,

et lui-même sera l’attente des nations.

11. Il liera, ô mon fils, à la vigne son ânon,

et au cep son ânesse.

Il lavera dans le vin sa robe,

et dans le sang du raisin son manteau.

12. Ses yeux sont plus beaux que le vin,

et ses dents plus blanches que le lait.

13. Zabulon habitera sur le rivage de la mer,

et près du port des navires,

s’étendant jusqu’à Sidon.

14. Issachar, âne robuste,

couché au milieu de son héritage.

15. Il a vu que le repos était bon,

et que sa terre était excellente ;

il a soumis son épaule aux fardeaux,

et il s’est assujetti aux tributs.

16. Dan jugera son peuple,

aussi bien qu’une autre tribu en Israël.

17. Que Dan devienne un serpent sur le chemin,

un céraste dans le sentier,

mordant le talon du cheval,

afin que son cavalier tombe à la renverse.

18. C’est votre SALUT que j’attendrai, Seigneur.

19. Gad tout armé combattra devant lui ;

et lui-même se revêtira de ses armes en arrière.

20. Aser, gras est son pain,

et il fournira des délices aux rois.

21. Nephthali, cerf échappé ;

il donne des paroles pleines de beauté.

22. Joseph, fils croissant, fils croissant et beau à voir :

les jeunes filles ont couru sur la muraille.

23. Mais ils l’ont irrité, ils l’ont querellé,

et ils lui ont porté envie, ceux qui avaient des dards.

24. Son arc s’est appuyé sur le fort ;

les liens de ses bras et de ses mains ont été brisés

par les mains du puissant de Jacob ;

de là il est sorti pasteur, pierre d’Israël.

25. Le Dieu de ton père sera ton soutien,

et le Tout-Puissant te bénira

des bénédictions célestes d’en haut, des bénédictions de l’abime qui est en bas,

des bénédictions de mamelles et de sein.

26. Les bénédictions de ton père seront fortifiées par les bénédictions de ses pères

jusqu’à ce que vienne le désir des collines éternelles ;

qu’elles se répandent sur la tête de Joseph

et sur la tête de celui qui est Nazaréen entre ses frères.

27. Benjamin, loup ravissant :

le matin, il dévorera la proie,

et le soir, il partagera les dépouilles.

28. Tous ceux-là sont les douze dans les tribus d’Israël : ainsi leur parla leur père, et il les bénit les uns après les autres des bénédictions propres à chacun d’eux.

29. Et il leur commanda, disant ; Je vais être réuni à mon peuple ; ensevelissez-moi avec mes pères dans la caverne double qui est dans le champ d’Ephron l’Héthéen,

30. Vis-à-vis de Mambré dans la terre de Chanaan, et qu’Abraham acheta d’Ephron l’Héthéen, avec le champ, pour y posséder un sépulcre.

31. C’est là qu’on l’a enseveli lui et Sara sa femme : là a été enseveli Isaac avec Rébecca sa femme : là aussi, ensevelie, repose Lia.

32. Les recommandations qu’il adressait à ses fils achevées, il retira ses pieds sur son lit, et mourut ; et il fut réuni à son peuple.

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CHAP. XLIX. 1. Deut. XXXIII, 6. — 4. Supra. XXXV, 22 ; I Par. V, 1. — 6. Supra. XXXIV, 25. — 7. Jos. XIX, 1. — 9. I Par. V, 2. — 10. Matth. II, 6 ; Joan. I, 45. — 22. I Par. V, 1. — 30. Supra. XXIII, 17.

 

1. Afin que je vous annonce, etc., prouve que les bénédictions de Jacob sont aussi des prophéties, et qu’il bénit ses enfants non seulement comme père, mais aussi comme prophète. — Les jours derniers. Cette expression marque dans l’Écriture des temps futurs, tantôt plus, tantôt moins éloignés.

3. * Plus grand en puissance. Allusion à son droit d’ainesse.

4. Parce que tu es monté, etc. Compar. XXXV, 22. — * Tu t’es répandu comme l’eau. Ruben ne jouit pas, en effet, de ses droits d’ainesse. La principauté et la dignité messianique, le sacerdoce et la double portion d’héritage qui étaient les privilèges de l’ainé furent transférés à Juda, Lévi et Joseph. Dathan et Abiron, qui furent ses descendants, cherchèrent en vain à les faire prévaloir, Num. XVI, 1. Sa tribu fut sans importance.

5. Sont frères ; c’est-à-dire, selon l’hébreu, ils sont bien ressemblants. Compar. XXXIV, 30.

6. Homme et mur sont ici des noms collectifs, pour des hommes, des murs.

7. * Je les diviserai dans Jacob. Lévi et Siméon furent effectivement séparés en Israël. Lévi n’eut aucune part dans le partage de la Terre Promise, il ne posséda que 48 villes dispersées. Siméon ne prospéra pas ; il ne reçut point de territoire à part, mais seulement l’aride Négeb, au sud de la Palestine et quelques villes disséminées dans la tribu de Juda.

8. La première partie de cette prophétie se rapporte à la tribu de Juda, mais la dernière à Jésus-Christ, qui descendait de Juda selon la chair. — * Tes frères te loueront ; Juda signifie louer. Jacob prend le nom de Juda, de même qu’il va le faire de celui de la plupart de ses frères, comme une sorte de présage de sa destinée future.

10. Cette prophétie reçut son accomplissement au temps de Jésus-Christ, qui parut au moment où les Juifs venaient de perdre l’autorité souveraine, et qui prouva par ses miracles qu’il était le Messie que Dieu devait envoyer et que les nations avaient attendu.

11. * Il liera à la vigne, etc. Un des traits les plus caractéristiques de la tribu de Juda furent ses vignobles. À Hébron, à Engaddi, à Bethléhem surtout, plus que partout ailleurs en Palestine, les flancs des collines sont tapissés de vignes avec leurs tours de garde et leurs murs soutenant les terrasses. L’âne sert à transporter les raisins.

13. * Zabulon eut pour territoire le pays situé entre la mer Méditerranée, Sidon ou la Phénicie et le lac de Génésareth.

14-15. Issachar, satisfait de la richesse de son territoire où est enclavée une partie de la plaine fertile d’Esdrelon, se rendit tributaire des étrangers pour ne pas troubler son repos.

16. Dan jugera, etc. Jacob fait allusion au nom de Dan, qui signifie juge. Il veut donc dire que si une autre tribu fournit des juges, des gouverneurs au peuple d’Israël, celle de Dan aura aussi ce privilège, quoiqu’elle ne soit pas considérable par sa grandeur, et que Dan lui-même doive le jour à une des servantes de son père. Il est certain que Samson, qui fut un des Juges d’Israël, appartenait à la tribu de Dan.

17. * Un céraste. Le céraste est un serpent à cornes, couleur de terre, qui se cache dans les ornières, de sorte qu’il peut mordre facilement les passants. Le sens est que Dan suppléera par la ruse à ce qui lui manquera en force. C’est en effet par surprise qu’il s’empara de Lais, Judic. XVIII, 28-29.

18. Votre SALUT ; c’est-à-dire votre Messie.

19. Devant lui ; pour devant Dan. — En arrière ; placé sur la frontière, exposé aux incursions de l’ennemi, il saura se défendre.

20. * Gras est son pain. Le territoire d’Aser, qui longeait la Phénicie en partant du Carmel, était très fertile, et particulièrement riche en froment et en huile. La plaine d’Acre, qui lui appartenait, est peut-être celle qui produit la plus riche végétation de la Palestine et le plus beau blé.

21. Barac de la tribu de Nephthali, timide dans le principe comme le cerf, se signala ensuite par sa valeur en poursuivant les Chananéens avec la vitesse du cerf, et après la victoire remportée sur eux, il chanta avec Debora un cantique qui étincelle en beautés de tout genre (Judic. IV-V). — * Le cerf ou la gazelle est dans l’Écriture l’emblème du guerrier rusé et argile.

25. * Des bénédictions célestes d’en haut, des bénédictions de l’abime qui est en bas. Sichem (voir la note sur Gen. XII, 6) fut le centre des possessions des enfants de Joseph. La plaine à l’extrémité de laquelle était bâtie Sichem, la plus large et la plus belle dans les montagnes d’Ephraïm, était un petit grenier d’abondance, rempli de blé, et réalisant pleinement ces bénédictions.

26. Les bénédictions de ton père, etc. ; c’est-à-dire aux bénédictions que je te donne se joindront les bénédictions que j’ai reçues de mes pères. D’autres traduisent d’après l’hébreu : Les bénédictions de ton père surpassent ou surpasseront les bénédictions de ses pères. La Vulgate, comme le texte hébreu, met le prétérit au lieu du futur, parce que, dans les prédictions et les promesses prophétiques, les choses qu’on prédit et qu’on promet sont envisagées comme déjà accomplies. — Nazaréen ; c’est-à-dire séparé, éloigné de son père, de sa maison ; selon d’autres, consacré à Dieu ; selon d’autres enfin, couronné dans la maison de Pharaon. Dans la cour des rois d’Orient, le premier officier se nomme nazir, ou officier de la couronne.

27. * Le soir, il partagera les dépouilles. Quoique la tribu de Benjamin fût une des plus petites, elle compta néanmoins parmi les plus fortes, parce qu’elle était maitresse des défilés qui, de son territoire, donnent accès dans les plaines adjacentes. S. Paul qui conquit tant de nations à l’Église, était Benjamites.

29. * Dans la caverne double. Voir la note sur Gen. XXIII, 9.

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Gn 50

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CHAPITRE L

Obsèques de Jacob. Mort de Joseph.

1. Ce que voyant Joseph, il se jeta sur le visage de son père, pleurant et l’embrassant.

2. Et il ordonna aux médecins qui étaient à son service d’embaumer son père.

3. Pendant qu’ils exécutaient cet ordre, quarante jours se passèrent ; car telle était la coutume pour les corps embaumés ; et l’Égypte pleura Jacob pendant soixante-dix jours.

4. Or le temps du deuil accompli, Joseph dit à la famille de Pharaon : Si j’ai trouvé grâce devant vous, faites entendre aux oreilles de Pharaon,

5. Que mon père m’a adjuré, disant : Voici que je meurs ; vous m’ensevelirez dans le sépulcre que je me suis creusé dans la terre de Chanaan. J’y monterai donc, et j’ensevelirai mon père, et je reviendrai.

6. Et Pharaon lui dit : Montes-y et ensevelis ton père, comme tu as été adjuré.

7. Joseph y montant, avec lui allèrent tous les anciens de la maison de Pharaon, tous les anciens de la terre d’Égypte,

8. La maison de Joseph, avec ses frères, excepté les petits enfants, les troupeaux de menu et de gros bétail, qu’ils laissèrent dans la terre de Gessen.

9. Il eut aussi à sa suite des chars et des esclaves ; et il se forma une troupe considérable.

10. Ils vinrent à l’aire d’Atad, qui est située au-delà du Jourdain, où ils passèrent sept jours pleins, célébrant les funérailles par un deuil grand et solennel.

11. Ce qu’ayant vu les habitants de la terre de Chanaan, ils dirent : Voilà un grand deuil parmi les Égyptiens. Et c’est pourquoi on appela ce lieu du nom de Deuil de l’Égypte.

12. Les fils de Jacob firent donc comme il leur avait commandé ;

13. Et le portant dans la terre de Chanaan, ils l’ensevelirent dans la caverne double, située vis-à-vis de Mambré, et qu’Abraham avait achetée d’Ephron l’Héthéen, avec le champ, pour y posséder un sépulcre.

14. Et Joseph retourna en Égypte avec ses frères et toute sa suite, son père ayant été enseveli.

15. Jacob mort, les frères de Joseph craignant et se disant mutuellement : Pourvu qu’il ne se souvienne pas de l’injure qu’il a soufferte, et qu’il ne nous rende point tout le mal que nous lui avons fait,

16. Ils envoyèrent vers lui, disant : Votre père nous a commandé, avant qu’il mourût,

17. Que nous vous disions en ses propres paroles : Je te conjure d’oublier le crime de tes frères, leur péché et la malice qu’ils ont exercée contre toi : nous aussi nous vous prions de pardonner cette iniquité aux serviteurs du Dieu de votre père. Ces paroles entendues, Joseph pleura.

18. Et ses frères vinrent à lui, et inclinés, se prosternant en terre, ils dirent : Nous sommes vos serviteurs.

19. Joseph leur répondit : Ne craignez point : Est-ce que nous pouvons résister à la volonté de Dieu ?

20. Vous, vous avez formé un mauvais dessein contre moi, mais Dieu l’a changé en bien, pour m’élever, comme vous voyez à présent, et pour sauver beaucoup de peuples.

21. Ne craignez point : c’est moi qui vous nourrirai, vous et vos petits enfants ; et il les consola, et il leur parla avec affection et douceur.

22. Il habita donc en Égypte avec toute la maison de son père, et il vécut cent dix ans. Et il vit les enfants d’Ephraïm jusqu’à la troisième génération. Les enfants même de Machir fils de Manassé naquirent sur les genoux de Joseph.

23. Ces choses s’étant passées, Joseph dit à ses frères : Après ma mort Dieu vous visitera et vous fera monter de cette terre à celle qu’il a jurée à Abraham, à Isaac et à Jacob.

24. Et lorsqu’il les eut adjurés, et leur eut dit : Dieu vous visitera ; emportez mes os avec vous de ce lieu-ci,

25. Il mourut, cent dix ans de sa vie ayant été accomplis. Et ayant été embaumé, il fut mis dans un cercueil en Égypte.

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CHAP. L. 5. Supra. XLVII, 29. — 13. Act. VII, 16 ; XXIII, 16. — 20. Supra. XLV, 5. — 21. Supra. XLVII, 12. — 22. Num. XXXII, 39. — 23. Hebr. XI, 12. — 24. Ex. XIII, 19 ; Jos. XXIV, 32.

 

7. Les anciens, etc. (Vulg. senes, majores natu) ; c’est-à-dire les grands officiers de la cour de Pharaon, et les premiers personnages, les principaux de l’Égypte.

10. * L’aire d’Atad, dont la situation est inconnue, était à l’est du Jourdain, d’après les uns, à l’ouest d’après les autres.

11. Deuil de l’Égypte, en hébreu : Abel-Misraïm.

13. * Dans la caverne double, à Makpelah. Voir note sur Gen. XXIII, 9.

22. Naquirent sur les genoux de Joseph. Voy. XXX, 3.

24. * Emportez mes os. Ce commandement fut exécuté. Voir la note sur Jos. XXIV, 32.

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