LE SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT LUC
Tous les auteurs ecclésiastiques, sauf Clément d’Alexandrie, attestent que cet évangile a paru après celui de S. Marc, et qu’il vient en troisième lieu. L’auteur dit lui-même qu’il n’est pas le premier qui ait essayé d’écrire la Vie du Sauveur. Ailleurs il nous apprend qu’il a publié son évangile avant d’écrire les Actes des Apôtres. Or, le livre des Actes a été terminé, suivant toutes les apparences, en l’an 62 ou 63, époque à laquelle son récit s’arrête brusquement. Il est donc probable que le troisième évangile a été écrit entre l’an 55 et l’an 60, une huitaine d’années après celui de S. Marc, une quinzaine après celui de S. Matthieu. À cette date, le christianisme était déjà établi dans beaucoup de contrées de l’empire ; mais la plupart des Apôtres étaient encore en vie. On peut distinguer dans l’Évangile de S. Luc quatre parties : — 1° Enfance et jeunesse de Notre Seigneur, I, 5-IV, 13. — 2° Prédication dans la Galilée, IV, 14-IX, 50. — 3° Voyage de Galilée à Jérusalem, IX, 51-XVIII, 30. — 4° Derniers mystères, XVIII, 31-XXIV. S. Luc n’avait pas connu Notre Seigneur, ni observé par lui-même les faits évangéliques ; mais il avait à sa disposition les écrits de S. Matthieu et de S. Marc, qui pouvaient le guider dans la plupart de ses récits. Quant aux faits qu’il rapporte seul, et aux circonstances qu’il ajoute aux récits de ses devanciers, il a eu pour s’en assurer diverses autorités : 1° S. Paul, si bien instruit de tout ce qui concernait le Sauveur, soit par ses révélations, soit par les rapports des premiers disciples. On sait que S. Luc a longtemps vécu avec l’Apôtre, qu’il l’a suivi dans la plus grande partie de ses missions. Les premiers chrétiens étaient si persuadés de la part que S. Paul avait prise à la composition du troisième évangile, qu’ils lui en faisaient honneur et que Tertullien l’appelle illuminátor Lucæ. 2° Plusieurs personnages apostoliques : S. Barnabé, l’un des premiers lévites convertis qui devint fondateur de l’Église d’Antioche où S. Luc apprit les éléments de la doctrine chrétienne ; S. Philippe, diacre de Césarée, chez lequel S. Luc logea avec S. Paul en se rendant à Jérusalem, et auprès de qui il demeura les deux premières années de la captivité de l’Apôtre ; S. Jacques le Mineur, évêque de Jérusalem ; S. Pierre et les autres Apôtres, avec lesquels S. Luc fut en rapport. 3° La sainte Vierge et les parents de S. Jean-Baptiste. C’est à cette dernière source qu’a dû être puisé en particulier le récit des faits qui ont précédé la naissance du Sauveur ; récit dont la couleur toute hébraïque contraste avec le prologue de l’Évangile. Aussi S. Luc atteste-t-il qu’il a remonté jusqu’aux origines, et fait-il remarquer à deux reprises que la mère de Dieu conservait dans son cœur le souvenir de tout ce qu’elle voyait et entendait. Le troisième évangile offre des marques très nombreuses d’authenticité. On ait que S. Luc était médecin, et qu’il avait fait par conséquent quelques études, qu’il était Gentil d’origine, qu’il fut disciple de S. Paul, qu’il se consacra comme son maitre à la conversion des Gentils, enfin qu’après avoir écrit son évangile, il a composé les Actes des Apôtres. Or, ces qualités, ces habitudes d’esprit, ces dispositions, ces particularités, se reflètent d’une manière visible dans le troisième évangile. 1° On reconnait la profession de l’auteur à la manière dont il parle des maladies et de leur guérison ; et il est facile de constater la culture de son esprit aux qualités de sa composition. — Cet évangile décrit les maladies guéries par le Sauveur avec bien plus de précision que les autres, en des termes qui lui sont propres et qui appartiennent au langage médical de l’époque. En outre, il a plus qu’aucun autre la forme de l’histoire. — Il commence, comme Josèphe, par un prologue, suivant l’usage des Grecs, et par une dédicace à un Théophile qu’il nomme Excellence, ou excellent. Ce Théophile pourrait être un chrétien de Rome ou d’Achaïe, honoré d’un emploi civil. Ce pourrait bien être aussi, comme le pense Origène et comme on en trouve des exemples vers cette époque, un personnage fictif, représentant tous les fidèles, désireux de servir et d’aimer Dieu. « Si tu aimes Dieu, c’est à toi qu’il est écrit, » dit S. Ambroise, qui suivait ce sentiment. — L’auteur remonte au commencement des faits évangéliques, et il conduit son récit jusqu’à la fin, en le rattachant aux évènements contemporains, et en suivant autant qu’il peut la chronologie. C’est un soin que S. Matthieu avait négligé et dont l’importance commençait à se faire sentir. Déjà S. Marc avait essayé de rétablir cet ordre. S. Luc profite de son travail et cherche à le compléter. Il distribue tout autrement les faits rapportés par S. Matthieu du chapitre VIII au chapitre XI. — Il s’efforce aussi de combler les lacunes de ses devanciers. Un tiers de ses récits, cinq miracles et douze paraboles lui appartiennent en propre. Il est le seul qui parle des soixante-douze disciples et de leur mission. C’est peut-être ce qui a fait dire à plusieurs auteurs, à S. Épiphane en particulier, qu’il en faisait partie, bien que S. Luc lui-même semble affirmer le contraire, suivant S. Grégoire le Grand. — Pour le style, quoique son grec ait encore bien des hébraïsmes, surtout au commencement, dans les cantiques en particulier, il est notablement plus pur que celui des écrivains du Nouveau Testament. Il ne les reproduit presque jamais sans leur donner plus de correction et d’élégance. 2° On reconnait un disciple de S. Paul. — Comme le Docteur des Gentils, il appelle le Sauveur Dóminus, « le Seigneur, » titre qui suppose l’habitude de le considérer au ciel, dans sa gloire, plutôt que le souvenir de sa vie sur la terre. — Il insiste sur la nécessité et l’efficacité de la foi, sur l’universalité de la rédemption, sur le mérite de l’aumône et de la pauvreté évangélique, sur la générosité nécessaire aux Apôtres. — Le récit qu’il fait de l’institution de l’Eucharistie diffère de ceux de S. Matthieu et de S. Marc ; mais il est presque identique avec celui que S. Paul fit vers la même époque aux Corinthiens ; les paroles sacramentelles sont suivies, dans l’un comme dans l’autre, de la même recommandation : « Faites cela, etc. » Il est aussi, avec l’Apôtre, le seul qui mentionne l’apparition de Notre Seigneur à S. Pierre après la Résurrection. — Enfin, on a remarqué que son élocution a quelque chose de l’abondance et de la facilité de S. Paul, de même que celle de S. Marc tient de la concision et de la fermeté de S. Pierre, et l’on a relevé de nombreuses coïncidences de pensée et d’expression avec les épitres de l’Apôtre. 3° L’ouvrage n’est pas fait pour les Juifs. — L’auteur ne suppose pas à ses lecteurs une grande connaissance de la langue, des mœurs, de la géographie de la Palestine. Il ne cite aucune parole du Sauveur en hébreu. Il nomme toutes les localités par leur nom grec. Il dit : le mont appelé des Oliviers, la bourgade qu’on nomme Bethléem, la fête des azymes, connue sous le nom de Pâques. Il fait connaitre la distance d’Emmaüs. Il avertit qu’Arimathie est en Judée, que Capharnaüm est en Galilée, aussi bien que Nazareth, mais non Gadara. Il évite de dire comme S. Matthieu : la cité sainte, les anciens. Il remplace Rabbi par Maitre, Hosanna par une périphrase. Il présente Jésus-Christ comme le Sauveur du genre humain plutôt que comme le Messie de la nation juive. Sa généalogie ne s’arrête pas à Abraham ; elle remonte jusqu’à Adam, et montre que tous les hommes sont de la famille du Sauveur. Ce n’est pas par les rois de Juda, mais par une ligne collatérale qu’elle le rattache à David. Zacharie, à la naissance de son précurseur, comme Siméon dans le récit de sa Présentation, annonce l’aurore du salut au genre humain tout entier. Enfin les faits qui n’ont qu’un intérêt temporaire et local, comme les longues disputes des Pharisiens avec le Sauveur, sont constamment écartés. 4° Il est destiné aux Gentils. — Tout ce qui eût pu les choquer ou donner lieu aux Juifs de se mettre au-dessus d’eux est passé sous silence. Au lieu d’opposer aux enfants de Dieu les nations ou les Gentils, comme S. Matthieu, il leur oppose les pécheurs, terme qui peut s’appliquer aux Juifs comme au reste des hommes. Dans plusieurs endroits, il fait mention de l’empire, de ses magistrats, de ses officiers, et toujours avec une considération bien marquée. Il évite de leur attribuer le supplice du Sauveur. Quand il est question du royaume de Dieu, il fait remarquer qu’il est avant tout spirituel. Il recueille avec soin un grand nombre de traits négligés par S. Matthieu, qui étaient de nature, soit à humilier les Juifs, soit à toucher les païens et à leur donner confiance : le salut promis à Zachée et au bon larron ; le pardon accordé au prodigue et à la pécheresse ; la préférence donnée au publicain sur le pharisien et au Samaritain sur le prêtre et le lévite ; les paraboles de la brebis égarée, de la drachme perdue, du figuier tardif ; l’éloge fait par le Sauveur de plusieurs Gentils ; sa prière pour ses bourreaux ; la conversion d’un larron sur la croix, et celle du centenier à la mort du Fils de Dieu. Aussi a-t-on dit de cet évangile en particulier qu’il est l’évangile de la miséricorde et que les paroles d’Isaïe, lues par le divin Maitre dans la synagogue de Nazareth, pourraient lui servir d’épigraphe. L’Homme-Dieu y parait comme le divin médecin. S. Matthieu l’avait présenté aux Hébreux comme Messie, et S. Marc aux Romains comme Fils de Dieu : S. Luc le présente aux Grecs, c’est-à-dire à tous les peuples civilisés, comme Sauveur du genre humain tout entier. 5° Quant au style, cet évangile, plus correct, plus soigné que le reste du nouveau Testament, a une grande analogie avec le livre des Actes. On remarque des deux côtés des passages empruntés à des pièces officielles ou à des écrits plus anciens, des paroles touchantes, affectueuses, pleines de délicatesse, des tableaux admirables de naturel, de simplicité et de grâce, qui font penser au talent de peintre attribué à l’auteur par la tradition. Des deux côtés, l’Ancien Testament est cité d’après les Septante ; Jésus-Christ est appelé le Seigneur, et la foi en sa médiation est préconisée comme la condition et le moyen du salut. On trouve même dans les deux livres des membres de phrases identiques, et des périphrases communes, « le Saint de Dieu, les discours du prophète, le livre des psaumes, etc. » Ce sont aussi les mêmes mots favoris, « grâce, multitude, salut, cœur, évangéliser, etc. » 69 verbes sont répétés 254 fois dans le troisième évangile et 427 fois dans les Actes, tandis que dans tout le reste du Nouveau Testament, ils ne le sont que 271 fois ; 33 mots se trouvent dans l’un et l’autre de ces livres, sans qu’on les rencontre en aucun autre. (L. Bacuez.)
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LE SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT LUC
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Prologue de S. Luc. Naissance de saint Jean-Baptiste. L’incarnation du Verbe annoncée. Visite de la sainte Vierge à sainte Élisabeth. Son cantique. Naissance de saint Jean-Baptiste. Cantique de Zacharie.
Naissance de Jésus-Christ. Apparition de l’ange aux pasteurs. Circoncision de Jésus-Christ. Purification de Marie. ; son cantique ; sa prophétie ; Anne la prophétesse. Jésus au milieu des docteurs.
Prédication de saint Jean. Avis qu’il donne au peuple, aux publicains, aux soldats. Il rend témoignage à Jésus-Christ. Hérode le fait mettre en prison. Jésus-Christ reçoit le baptême de Jean. Généalogie de Jésus-Christ.
Jeûne et tentation de Jésus-Christ. Il prêche dans la Galilée ; il va à Nazareth ; et comme on veut le précipiter du haut d’une montagne, il se retire à Capharnaüm. Il y délivre un possédé, et guérit la belle-mère de saint Pierre. Autres merveilles qu’il opère.
Jésus dans la barque de Pierre. Pêche miraculeuse. Guérison d’un lépreux et d’un paralytique. Vocation de saint Matthieu. Pièce d’étoffe neuve. Outres neuves. Vin nouveau.
Murmure des pharisiens contre les disciples de Jésus-Christ, qui arrachaient des épis un jour de sabbat. Guérison d’un homme qui avait une main desséchée. Élection des Apôtres. Abrégé du sermon de Jésus-Christ sur la montagne.
Guérison du serviteur du centurion. Résurrection du fils de la veuve de Naïm. Saint Jean député deux de ses disciples vers Jésus-Christ. Éloge de saint Jean. Jésus-Christ et saint Jean rejetés par les Juifs. Pécheresse qui parfume les pieds de Jésus-Christ.
Parabole de la semence et son explication. Lampe sur le chandelier. Mère et frères de Jésus-Christ. Tempête apaisée. Légion de démons chassée. Hémorroïsse guérie. Fille de Jaïre ressuscitée.
Mission des apôtres. Hérode souhaite de voir Jésus-Christ. Retour et retraite des apôtres. Multiplication des cinq pains. Confession de saint Pierre. Croix et renoncement à soi-même. Transfiguration de Jésus-Christ. Guérison d’un enfant lunatique. Passion prédite. Qui sera le plus grand. Jacques et Jean veulent faire tomber le feu du ciel. Dispositions pour suivre Jésus-Christ.
Mission des soixante-douze disciples. Malheur des villes impénitentes. Retour des disciples. Mystères cachés aux sages et révélés aux simples. Jésus interrogé par un docteur. Parabole du Samaritain. Jésus chez Marthe et Marie.
Prière de Jésus-Christ. Demander, chercher et frapper. Délivrance d’un possédé muet. Blasphème des Juifs. Parabole du fort armé. Démon rentrant. Bonheur de la mère de Jésus. Signe de Jonas. Œil simple. Dehors de la coupe. Reproches de Jésus-Christ contre les scribes et les pharisiens.
Levain des pharisiens ; ne craindre que Dieu. Blasphème contre le Saint-Esprit. Se garder de l’avarice. Ne point s’inquiéter pour les besoins de la vie. Ne chercher que Dieu. Vigilance. Partage des serviteurs, fidèle et infidèle. Feu apporté sur la terre. Temps du Messie inconnu. S’accorder avec son adversaire.
Faire pénitence. Parabole du figuier stérile. Guérison d’une femme courbée. Paraboles du grain de sènevé et du levain dans la pâte. Porte étroite. Les derniers devenus les premiers. Réponse de Jésus-Christ touchant Hérode. Vengeances prédites contre Jésus-Christ.
Hydropique guéri. Prendre la dernière place. Inviter les pauvres. Parabole des conviés qui s’excusent. Renoncer à tout pour suivre Jésus-Christ. Porter sa croix. Sel qui a perdu sa vertu.
Murmures des pharisiens contre Jésus-Christ qui reçoit les pécheurs. Parabole de la brebis égarée, de la drachme perdue, et de l’enfant prodigue.
Parabole de l’économe infidèle. Nul ne peut servir deux maitres. Reproches contre les pharisiens. Indissolubilité du mariage. Mauvais riche. Lazare pauvre ; supplice de l’un, récompense de l’autre.
Scandale. Pardon des injures. Puissance de la foi. Nous sommes des serviteurs inutiles. Guérison de dix lépreux. Royaume de Dieu. Jours de séduction. Avènement de Jésus-Christ.
Paraboles de la veuve importune à un mauvais juge ; du pharisien et du publicain. Enfants présentés à Jésus-Christ. Conseil de perfection. Salut des riches difficile. Récompense promise à ceux qui quittent tout pour Jésus-Christ. Passion prédite. Guérison d’un aveugle près de Jéricho.
Zachée reçoit Jésus-Christ. Parabole des dix mines et des sujets rebelles. Entrée de Jésus dans Jérusalem. Il pleure sur cette ville et lui annonce sa ruine. Il chasse du temple les marchands.
Autorité de Jésus. Baptême de Jean. Paraboles des vignerons homicides et de la pierre angulaire. Rendre à César ce qui est à César. Résurrection des morts. Vie angélique. Le Messie fils et Seigneur de David. Scribes superbes.
Veuve donnant de son indigence. Jésus prédit la ruine du temple ; questions des disciples à l’occasion de cette prédiction, et réponse de Jésus-Christ. Signes de la ruine de Jérusalem. Signes du dernier avènement de Jésus-Christ.
Trahison de Judas, dernière cène. Institution de l’Eucharistie. Domination interdite. Gloire promise. Prière pour la foi de saint Pierre. Son renoncement prédit. Agonie de Jésus. Il est pris et conduit chez Caïphe. Renoncement et pénitence de saint Pierre. Jésus outragé et condamné.
Jésus accusé devant Pilate, envoyé à Hérode et ramené devant Pilate. Barabbas préféré à Jésus-Christ. Cris des Juifs contre Jésus-Christ. Jésus livré aux Juifs et conduit au Calvaire. Pleurs des femmes de Jérusalem. Crucifiement. Blasphèmes. Bon larron. Ténèbres. Mort de Jésus-Christ ; sa sépulture.
Résurrection de Jésus-Christ Apparition des anges aux saintes femmes. Jésus-Christ apparait aux deux disciples qui allaient à Emmaüs, et aux apôtres, auxquels il prouve sa résurrection et promet le Saint-Esprit. Ascension de Jésus-Christ.
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Prologue de S. Luc. Naissance de saint Jean-Baptiste. L’incarnation du Verbe annoncée. Visite de la sainte Vierge à sainte Élisabeth. Son cantique. Naissance de saint Jean-Baptiste. Cantique de Zacharie.
(hi) 1. Comme beaucoup ont entrepris de mettre par ordre le récit des choses qui se sont accomplies parmi nous,
2. Suivant que nous les ont transmises ceux qui, dès le commencement, les ont eux-mêmes vues, et qui ont été les ministres de la parole ;
3. J’ai cru, moi aussi, excellent Théophile, après m’être diligemment informé de tout dès l’origine, devoir t’en écrire par ordre toute l’histoire ;
4. Afin que tu connaisses la vérité de ce dont tu as été instruit.
(hi) 5. Aux jours d’Hérode, roi de Judée, il y eut un prêtre nommé Zacharie, de la classe d’Abia ; et sa femme, d’entre les filles d’Aaron, s’appelait Élisabeth.
6. Ils étaient tous deux justes devant Dieu, marchant sans reproche dans les commandements et toutes les lois du Seigneur ;
7. Et ils n’avaient point de fils, parce que Élisabeth était stérile, et que tous deux étaient avancés en âge.
8. Or il arriva que lorsque Zacharie remplissait devant Dieu, les fonctions du sacerdoce, au rang de sa classe,
9. Il lui échut par le sort, suivant la coutume observée entre les prêtres, d’entrer dans le temple du Seigneur pour y offrir l’encens.
10. Et toute la multitude du peuple était dehors priant, à l’heure de l’encens.
11. Et un ange du Seigneur lui apparut debout, à droite de l’autel de l’encens.
12. Zacharie fut troublé en le voyant, et la crainte le saisit.
13. Mais l’ange lui dit : Ne crains point, Zacharie, parce que ta prière a été exaucée ; Élisabeth, ta femme, enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean ;
14. Il sera pour toi un sujet de joie et d’allégresse, et, à sa naissance, beaucoup se réjouiront.
15. Car il sera grand devant le Seigneur ; il ne boira ni vin ni cervoise, et il sera rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère ;
16. Et il convertira un grand nombre d’enfants d’Israël au Seigneur leur Dieu ;
17. Et il marchera devant lui dans l’esprit et la vertu d’Élie, afin qu’il ramène les cœurs des pères vers les fils, les incrédules à la prudence des justes, pour préparer ainsi au Seigneur un peuple parfait.
18. Et Zacharie dit à l’ange : Comment connaitrai-je cela ? car je suis vieux, et ma femme est avancée en âge.
19. Et l’ange répondant, lui dit : Je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu, et j’ai été envoyé pour te parler et t’annoncer cette heureuse nouvelle.
20. Et voilà que tu seras muet, et ne pourras parler jusqu’au jour où ces choses arriveront, parce que tu n’as pas cru à mes paroles, qui s’accompliront en leur temps.
21. Cependant le peuple était dans l’attente de Zacharie, et il s’étonnait qu’il demeurât si longtemps dans le temple.
22. Mais étant sorti, il ne pouvait leur parler ; et ils comprirent qu’il avait eu une vision dans le temple. Et pour lui, il leur faisait des signes, et il resta muet.
23. Et il arriva que lorsque les jours de son ministère furent accomplis, il s’en alla en sa maison.
24. Or après ces jours, Élisabeth, sa femme, conçut, et elle se tenait cachée pendant cinq mois, disant :
25. C’est ainsi que le Seigneur a fait pour moi aux jours où il m’a regardée pour me délivrer de mon opprobre parmi les hommes.
(hi) 26. Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans la ville de Galilée, appelée Nazareth,
27. À une vierge qu’avait épousée un homme nommé Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie.
28. Or l’ange étant venu vers elle lui dit : Je vous salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre les femmes.
29. Lorsqu’elle l’eut entendu, elle fut troublée de ses paroles, et elle pensait quelle pouvait être cette salutation.
30. Mais l’ange lui dit : Ne craignez point, Marie ; vous avez trouvé grâce devant Dieu ;
31. Voilà que vous concevrez dans votre sein, et vous enfanterez un fils à qui vous donnerez le nom de JÉSUS.
32. Il sera grand, et sera appelé le Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; et il règnera éternellement sur la maison de Jacob,
33. Et son règne n’aura point de fin.
34. Marie dit à l’ange : Comment cela se fera-t-il ? car je ne connais point d’homme.
35. Et l’ange répondant, lui dit : L’Esprit-Saint surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C’est pourquoi la chose sainte qui naitra de vous sera appelée le Fils de Dieu.
36. Et voilà qu’Élisabeth, votre parente, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse ; et ce mois est le sixième de celle qu’on appelle stérile,
37. Car, à Dieu, rien n’est impossible.
38. Alors Marie reprit : Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. Et l’ange s’éloigna d’elle.
(hi) 39. Or en ces jours-là, Marie, se levant, s’en alla en grande hâte vers les montagnes, en une ville de Juda ;
40. Et elle entra dans la maison de Zacharie, et elle salua Élisabeth.
41. Et il arriva que lorsque Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein, et Élisabeth fut remplie de l’Esprit-Saint ;
42. Alors elle s’écria d’une voix forte : Vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de votre sein est béni.
43. Et d’où m’arrive-t-il que la mère de mon Seigneur vienne vers moi ?
44. Car, dès que la voix de votre salutation est venue à mes oreilles, l’enfant a tressailli de joie dans mon sein.
45. Et bienheureuse, vous qui avez cru ! car ce qui vous a été dit par le Seigneur s’accomplira.
46. Alors Marie dit :
Mon âme glorifie le Seigneur.
47. Et mon esprit a exulté en Dieu mon Sauveur ;
48. car il a regardé l’humilité de sa servante ;
et voici que désormais toutes les générations me diront bienheureuse ;
49. Car celui qui est puissant m’a fait de grandes choses,
et son nom est saint ;
50. Et sa miséricorde se répand d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.
51. Il a déployé la force de son bras ;
il a dissipé ceux qui s’enorgueillissaient dans les pensées de leur cœur.
52. Il a renversé les puissants de leur trône,
et il a élevé les humbles.
53. Il a rempli de biens les affamés,
et il a renvoyé les riches les mains vides.
54. Se souvenant de sa miséricorde,
il a pris sous sa sauvegarde Israël, son serviteur,
55. Comme il l’avait promis à nos pères,
à Abraham, et à sa postérité pour toujours.
56. Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, et elle s’en retourna ensuite en sa maison.
(hi) 57. Cependant le temps d’enfanter pour Élisabeth s’accomplit, et elle mit au monde un fils.
58. Et ses voisins et ses parents, ayant appris que Dieu avait signalé en elle sa miséricorde, s’en réjouissaient avec elle.
59. Or il arriva qu’au huitième jour, ils vinrent pour circoncire l’enfant, et ils le nommaient Zacharie, du nom de son père.
60. Mais sa mère prenant la parole, dit : Non, mais il s’appellera Jean.
61. Ils lui dirent : Il n’y a personne dans votre famille qui soit appelé de ce nom.
62. Et ils demandaient par signes au père comment il voulait qu’on le nommât.
63. Or, demandant des tablettes, il écrivit : Jean est son nom. Et tous furent dans l’étonnement.
64. Aussitôt sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia, et il parlait, bénissant Dieu.
65. Et la crainte se répandit sur tous leurs voisins, et toutes ces merveilles furent divulguées dans toutes les montagnes de la Judée ;
66. Et tous ceux qui les entendirent les recueillirent dans leur cœur, disant : Que pensez-vous que sera cet enfant ? Car la main du Seigneur était avec lui.
67. Et Zacharie, son père, fut rempli de l’Esprit-Saint, et prophétisa, disant :
68. Béni le Seigneur, le Dieu d’Israël !
de ce qu’il a visité et racheté son peuple,
69. Et nous a dressé une corne de salut
dans la maison de son serviteur David,
70. Comme il a promis par la bouche de ses saints prophètes,
qui ont été dès les temps les plus anciens,
71. De nous sauver de nos ennemis
et de la main de tous ceux qui nous haïssent,
72. Pour accomplir ses miséricordes envers nos pères,
en souvenir de son alliance sainte ;
73. Selon le serment qu’il a juré à Abraham,
notre père, de faire pour nous
74. Que sans crainte, délivrés de la main de nos ennemis,
nous le servions,
75. Dans la sainteté et la justice devant lui,
tous les jours de notre vie.
76. Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ;
car tu marcheras devant la face du Seigneur pour lui préparer les voies ;
77. Pour donner au peuple la science du salut,
et pour la rémission de ses péchés,
78. Par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu,
dans lesquelles est venu nous visiter le levant d’en haut,
79. Pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort,
pour diriger nos pieds dans une voie de paix.
80. Or l’enfant croissait et se fortifiait en esprit ; et il demeurait dans les déserts, jusqu’au jour de sa manifestation devant Israël.
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CHAP. I. 5. I Par. XXIV,
10. — 10. Ex. XXX, 7 ; Lev. XVI, 17. — 17. Malach. IV, 6 ; Matth. XI, 14. — 27. Matth. I, 18. — 31. Is. VII, 14 ; Matth. I, 21 ; Infra. II, 21. — 32. Dan. VII, 14, 27 ; Mich. IV, 7. — 37. Gen. XVIII, 14. — 51. Is. LI, 9 ; Ps. XXXII, 10. — 53. I Reg. II, 5 ; Ps. XXXIII, 11. — 55. Gen. XVII, 9 ; XXII, 16 ; Ps. CXXXI, 11 ; Is. XLI, 8. — 63. Supra, v. 13. — 68. Ps. LXXIII, 12. — 69. Ps. CXXXI, 17. — 70. Jer. XXIII, 6 ; XXX, 10. — 73. Gen. XXII, 16 ; Jer. XXXI, 33 ; Hebr. VI, 13, 17. — 77. Malach. IV, 5 ; Supra, v. 17. — 78. Zach. III, 8 ; VI, 12 ; Malach. IV, 2. — 79. Is. IX, 2 ; Matth. IV, 16.
1. Plusieurs : Saint Matthieu et saint Marc sont-ils compris dans cette expression ? À notre avis, si ces deux Évangélistes n’en sont pas formellement exclus, c’est pourtant sur d’autres écrits moins considérables, et surtout moins autorisés, d’auteurs inconnus, que se porte la pensée de saint Luc, qui d’ailleurs ne blâme pas autrement ces premiers essais. Il pourrait donc s’agir des écrits que plusieurs fidèles avaient composés dès les commencements du christianisme, écrits peu exacts et peu fidèles, malgré la bonne intention de leurs auteurs, mais aussi des œuvres mensongères que des imposteurs fabriquèrent pour corrompre le dépôt des vraies Écritures, afin de mieux établir leurs fausses doctrines.
3. * Théophile, chrétien de distinction, d’ailleurs inconnu (peut-être d’Antioche), probablement d’origine païenne, à qui S. Luc a aussi dédié les Actes des apôtres.
5. * Zacharie, de la classe d’Abia. David avait partagé les prêtres en vingt-quatre classes ou familles qui remplissaient les fonctions sacrées à tour de rôle dans le temple une semaine chacune, d’un sabbat à un autre sabbat, I Par. XXIV, 4 ; II Par. VIII, 4 ; II Esd. XIII, 40[?] ( ?). Entre les membres de la famille, les divers offices à remplir étaient tirés au sort. Zacharie apprenait à la huitième classe qui était celle d’Abia. Lui échut la charge d’entrer dans le Saint, pour offrir l’encens, matin et soir, sur l’autel d’or, devant le Saint des Saints pendant que le peuple se tenait dans les cours et sous les portiques. Nous ne savons du reste sur lui que ce que nous apprend l’Évangile. — Élisabeth. Nous ne connaissons non plus d’elle que ce que nous raconte S. Luc. — Sur Hérode le Grand, voir Matth. II, 1.
7. Chez les Hébreux, être stérile était un malheur et un opprobre (saint Chrysostome).
9. * Dans le temple, le naos, la maison de Dieu, dans la partie appelée le Saint où était l’autel des parfums. Voir Matth. XXI, 12.
10. À l’heure de l’encens. On offrait l’encens tous les jours, matin et soir. Ex. XXXVI, 6-8.
11. L’autel de l’encens est le même que l’autel des parfums. Ex. XXXVII, 27 et suiv.
13. * Jean. Sur S. Jean-Baptiste, voir Matth. III. 1.
15. * Il ne boira ni vin ni cervoise, comme les Nazaréens, Num. VI, 3. La cervoise indique une liqueur enivrante faite avec des fruits doux autres que le raisin.
17. * Élie le prophète. Voir note sur Matth. XI, 14. Voir aussi Joan. I, 21.
19. * Gabriel, l’homme de Dieu, l’un des principaux anges qui se tiennent devant le trône de Dieu, celui qui avait annoncé à Daniel l’époque de la venue du Messie. Dan. VIII, 16 ; IX, 21.
21. * Le peuple était dans les parvis extérieurs de l’hiéron et il ne voyait pas Zacharie qui était dans le Saint du naos.
23. * Il s’en alla en sa maison. À Hébron, suivant les uns, à Jutta, selon les autres. Voir plus bas, verset 39.
26. * Ville de Galilée appelée Nazareth. Sur la Galilée et Nazareth, voir aux notes 29 et 30 à la fin du volume.
31. Jésus ; c’est-à-dire Sauveur. Voy. Matth. I, 21.
32. Sera appelé, etc. ; hébraïsme, pour sera le Fils, etc.
34. Marie avait fait vœu de garder sa virginité, ou elle en avait au moins formé le propos, la résolution.
39. * En une ville de Juda. Cette ville est, suivant les uns, Hébron, ville sacerdotale, la plus importante des montagnes de Juda ; suivant les autres, qui pensent qu’Hébron aurait été nommée par son nom, si cette ville avait été réellement la résidence de Zacharie, la ville de Juda est une autre ville sacerdotale dont le nom est légèrement défiguré, Jutta, située également dans la partie montagneuse de la Judée.
42. L’Ange Gabriel et Élisabeth, révérant Marie avec les mêmes paroles, l’indiquent à la vénération des Anges et des hommes (saint Bède).
46. * « Le Magnificat est le premier cantique du Nouveau Testament : il pourrait servir de conclusion à l’Ancien. Il a du rapport avec plusieurs autres, surtout avec ceux de Marie, sœur de Moïse, et d’Anne, mère de Samuel ; mais combien l’âme de la sainte Vierge parait plus unie à Dieu et plus sainte ! Combien son langage a plus de majesté, d’élévation et de calme ! C’est bien le prélude de la voix du Sauveur. — La conduite de Dieu dans l’établissement du christianisme y est admirablement dépeinte. Marie a devant les yeux tous les évènements qui vont s’accomplir : la synagogue réprouvée, l’Église fondée, les Apôtres glorifiés, les Gentils comblés de grâce, enfin toutes les promesses magnifiquement accomplies. — À la salutation de sa parente : « Vous êtes bénie entre les femmes, » la sainte Vierge répond par une prédiction aussi précise que merveilleuse : « Toutes les générations me diront bienheureuse. » Or, elle a vu pendant sa vie et nous voyons encore tous les jours l’accomplissement de cet oracle. — Les sentiments exprimés dans ce cantique sont bien ceux qui devaient pénétrer la mère de Jésus, après la faveur incompréhensible qu’elle avait reçue. Telles devaient être sa foi, son humilité sa reconnaissance ; tel son ravissement sur la sagesse, la puissance, la bonté de Dieu dans la rédemption du monde. Quel admirable modèle pour les âmes intérieures que le Ciel favorise de ses grâces ! — Enfin remarquez combien Marie était accoutumée au langage des écrivains sacrés. Elle n’emploie pas une expression qu’on ne lise dans le Psalmiste et dans les Prophètes. Toute la différence est dans la profondeur de ses pensées et dans la sublimité de ses sentiments. » (L. Bacuez.) Marie, la première, prophétise avant Jésus lui-même (Saint Ambroise). En méditant et en contemplant, elle rend, avec son âme, des louanges magnifiques à Dieu (saint Basile). Ce chant si humble et si élevé, ainsi que les récits de l’enfance de Jésus, saint Luc les a transmis, comme il les a reçus de Marie. On y sent le cœur de la Vierge Mère.
48. Ces paroles sont une prédiction de l’honneur insigne que l’Église, dans tous les siècles, devait rendre à la très sainte Vierge.
56. * En sa maison à Nazareth.
63. * Des tablettes, en grec pinakidion, planchette en bois de pin si l’on peut s’en rapporter à l’étymologie, probablement enduite de cire et sur laquelle on pouvait tracer des caractères avec un stylet.
69. Une corne de salut ; c’est-à-dire un puissant sauveur. Chez les Hébreux, la corne était un symbole de la force. — * Dans la maison de David, dans sa postérité, en Jésus.
80. * Dans les déserts. Dans le désert de Judée. Voir Matth. III, 1.
²
Naissance de Jésus-Christ. Apparition de l’ange aux pasteurs. Circoncision de Jésus-Christ. Purification de Marie. ; son cantique ; sa prophétie ; Anne la prophétesse. Jésus au milieu des docteurs.
(hi) 1. Or il arriva en ces jours-là qu’il parut un édit de César Auguste, pour qu’on fît le dénombrement des habitants de toute la terre.
2. Ce premier dénombrement fut fait par Cyrínus, gouverneur de Syrie ;
3. Et tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville.
4. Joseph aussi monta de Nazareth, ville de Galilée, en Judée, dans la ville de David, qui est appelée Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David,
5. Pour se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte.
6. Or il arriva que lorsqu’ils étaient là, les jours où elle devait enfanter furent accomplis.
7. Et elle enfanta son fils premier-né, et l’ayant enveloppé de langes, elle le coucha dans la crèche, parce qu’il n’y avait point de place pour eux dans l’hôtellerie.
8. Or en la même contrée se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs, veillant tour à tour à la garde de leurs troupeaux.
9. Et voilà qu’un ange du Seigneur se présenta devant eux, et une lumière divine les environna, et ils furent saisis d’une grande crainte.
10. Mais l’ange leur dit : Ne craignez point, car voici que je vous apporte la bonne nouvelle d’une grande joie pour tout le peuple ;
11. C’est qu’il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ-Seigneur.
12. Et ceci sera pour vous le signe : Vous trouverez un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche.
13. Au même instant se joignit à l’ange une multitude de la milice céleste, louant Dieu, et disant :
14. Gloire à Dieu au plus haut des cieux,
et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté.
15. Et il arriva que lorsque les anges, remontant au ciel, les eurent quittés, les bergers se disaient les uns aux autres : Passons jusqu’à Bethléem, et voyons ce prodige qui est arrivé, et que le Seigneur nous a fait connaitre.
16. Ils vinrent donc en grande hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et l’enfant couché dans une crèche.
17. Or, en le voyant, ils reconnurent la parole qui leur avait été dite sur cet enfant.
18. Et tous ceux qui en entendirent parler admirèrent ce qui leur avait été raconté par les bergers.
19. Or Marie conservait toutes ces choses, les repassant dans son cœur.
20. Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de toutes les choses qu’ils avaient entendues et vues, comme il leur avait été annoncé.
(hi) 21. Cependant les huit jours pour circoncire l’enfant étant accomplis, il fut nommé JÉSUS, nom que l’ange lui avait donné, avant qu’il fut conçu dans le sein de sa mère.
(hi) 22. Et après que les jours de la purification de Marie furent accomplis selon la loi de Moïse, ils le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur,
23. Comme il est écrit dans la loi du Seigneur : Tout mâle ouvrant un sein sera appelé consacré au Seigneur ;
24. Et pour offrir l’hostie selon ce qui est dit dans la loi du Seigneur, une couple de tourterelles, ou deux petits de colombes.
25. Or il y avait à Jérusalem un homme appelé, et cet homme juste et craignant Dieu attendait la consolation d’Israël, et l’Esprit-Saint était en lui.
26. Et il avait été averti par l’Esprit-Saint qu’il ne verrait point la mort, qu’auparavant il n’eût vu le Christ du Seigneur.
27. Conduit par l’Esprit, il vint dans le temple. Et comme les parents de l’enfant Jésus l’y apportaient, afin de faire pour lui selon la coutume prescrite par la loi,
28. Il le prit entre ses bras, bénit Dieu, et dit :
29. Maintenant, Seigneur, laissez votre serviteur,
selon votre parole, s’en aller en paix ;
30. Puisque mes yeux ont vu le Sauveur qui vient de vous,
31. Que vous avez préparé à la face de tous les peuples ;
32. Pour être la lumière qui éclairera les nations,
et la gloire d’Israël, votre peuple.
33. Et son père et sa mère étaient dans l’admiration des choses que l’on disait de lui.
34. Et les bénit et dit à Marie, sa mère : Celui-ci a été établi pour la ruine et la résurrection d’un grand nombre en Israël, et en signe que l’on contredira ;
35. Et un glaive traversera votre âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient révélées.
36. Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phánuël, de la tribu d’Aser ; elle était fort avancée en âge, et elle avait vécu sept ans avec son mari, depuis sa virginité ;
37. Restée veuve, et âgée alors de quatre-vingt-quatre ans, elle ne quittait point le temple, servant Dieu nuit et jour dans les jeûnes et dans la prière.
38. Elle aussi, survenant, à cette même heure, louait le Seigneur, et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la rédemption d’Israël.
39. Après qu’ils eurent tout accompli selon la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville.
40. Cependant l’enfant croissait et se fortifiait, plein de sagesse ; et la grâce de Dieu était en lui.
(hi) 41. Or ses parents allaient tous les ans à Jérusalem à la fête de Pâque.
(hi) 42. Lors donc qu’il eut douze ans, ils montèrent à Jérusalem selon la coutume de cette solennité ;
43. Et, quand les jours de la fête furent passés, ils s’en retournèrent ; mais l’enfant Jésus demeura à Jérusalem, et ses parents ne s’en aperçurent point.
44. Pensant qu’il était avec quelqu’un de leur compagnie, ils marchèrent durant un jour, et ils le cherchaient parmi leurs proches et leurs connaissances.
45. Et ne le trouvant pas, ils revinrent à Jérusalem pour le chercher.
46. Mais il arriva que trois jours après ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant.
47. Et tous ceux qui l’entendaient étaient étonnés de sa sagesse et de ses réponses.
48. En le voyant, ils furent étonnés, et sa mère lui dit : Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? Voilà que votre père et moi, fort affligés, nous vous cherchions.
49. Mais il leur répondit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ignoriez-vous qu’il faut que je sois aux choses qui regardent mon Père ?
50. Mais eux ne comprirent point ce qu’il leur disait.
(hi) 51. Il descendit ensuite avec eux, et vint à Nazareth ; et il leur était soumis. Or sa mère conservait toutes ces choses en son cœur.
52. Cependant Jésus avançait en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes.
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CHAP. II. 1. Matth. II, 1. — 4. Mich. V, 2 ; Matth. II, 6 ; I Reg. XX, 6. — 21. Gen. XVII, 12 ; Lev. XII, 3 ; Matth. I, 21 ; Supra. I, 31. — 22. Lev. XII, 6. — 23. Ex. XIII, 2 ; Num. VIII, 16. — 24. Lev. XII, 8. — 32. Lumen : Is. XLII, 6 ; XLIX, 6 ; LI, 4 ; LX, 3 ; Act. XIII, 47 ; XXVI, 23 ; Glóriam plebis : Is. XLVI, 13. — 34. Is. VIII, 14 ; Rom. IX, 33 ; I Petr. II, 7. — 35. Ps. CIV, 18. — 41. Ex. XXIII, 15 ; XXXIV, 18 ; Deut. XVI, 1.
1. * César Auguste, premier empereur romain, fils de Caius Octávius et d’Atia, nièce de Jules César, né en 62 avant notre ère. Adopté par Jules César, il forma pour venger la mort de son grand-oncle, tué en 44, le second triumvirat avec Marc-Antoine et Lépide. Ce dernier fut bientôt mis de côté et Antoine fut complètement battu à la bataille d’Actium, 31 av. J.-C. Octave, après cette victoire, reçut du sénat le titre d’empereur. En 27 av. J.-C. il eut le titre d’Auguste. Il rétablit la paix dans tout l’empire et l’administra avec sagesse. Il mourut à Noie en Campanie, à l’âge de 76 ans, l’an 14 de notre ère. Hérode le Grand avait été nommé roi des Juifs en 40 av. J.-C. par Antoine, avec son assentiment. Devenu seul maitre de l’empire, Auguste confirma à Hérode, qui était venu le visiter à Rhodes, son titre de roi et il le favorisa pendant toute sa vie. Hérode à son tour bâtit Césarée sur la Méditerranée en son honneur et fit élever à sa gloire des temples non seulement à Césarée, mais aussi à Samarie et ailleurs. Auguste, de son côté, probablement par politique, fit une fondation pour qu’on offrît tous les jours à ses dépens deux sacrifices en son nom dans le temple de Jérusalem, ce qui fut exécuté fidèlement jusqu’au moment où éclata la guerre juive, en 66 de notre ère. En l’an 6, Auguste incorpora la Judée à la province romaine de Syrie.
1-2. * Le recensement de Cyrínus ou Quirinus. « On a trouvé à Ancyre, en Galatie, sur les murs d’un temple consacré à Auguste, un résumé de l’histoire de son règne, écrit par lui pour être placé dans son mausolée. Or, dans ce résumé il mentionne un recensement qu’il a fait des citoyens romains, recensement qui semble supposer un dénombrement général de l’empire. Il indique la date de cette opération, et cette date coïncide avec celle de la naissance du Sauveur. Nous avons de plus le témoignage de plusieurs auteurs. Suétone († 140), dans son Histoire des douze Césars, rapporte qu’Auguste a fait trois fois le recensement de l’empire et qu’il en a laissé un cadastre : breviárium. Tacite († 130) dit à peu près la même chose. Saint Justin, né à Sichem, à 12 lieues de Jérusalem, écrivait vers 138, dans son apologie à l’empereur Antonin : Jésus-Christ est né à Bethléem. Vous pouvez vous en assurer, en consultant le recensement de Quirinus, votre premier gouverneur en Judée. Tertullien écrivait de même, 150 ans après la mort d’Auguste : Les pièces originales du dénombrement d’Auguste sont conservées dans les archives de Rome. Leur déposition fournit un témoignage authentique relativement à ta naissance du Sauveur. D’après cet auteur, ce serait sous le gouvernement de Saturnínus que le dénombrement aurait eu lieu ; mais cela n’empêche pas qu’il ait pu être exécuté par les soins de Quirinus, associé ou subordonné pour cet effet au gouverneur. » (L. Bacuez.)
4. L’édit d’Auguste amenant la mère de Jésus à Bethléem, patrie indiquée par les prophètes, sert aux fins du Sauveur (saint Chrysostome).
7. Son fils premier-né. Cela ne veut pas dire que plus tard la sainte Vierge ait eu d’autres enfants. Les Hébreux appelaient premiers-nés, les enfants uniques aussi bien que ceux qui avaient des frères ou des sœurs. Voy. au vers. 23. — * Dans l’hôtellerie. Ce mot ne doit pas être entendu dans le sens moderne. « L’hôtellerie, l’auberge n’existait pas en Orient. Par la loi de l’hospitalité, l’étranger était reçu dans chaque maison où il se présentait. À défaut de cette hospitalité, ou s’il ne voulait pas y recourir, il pouvait se retirer dans une hôtellerie commune, appelée aujourd’hui khan, où hommes et bêtes trouvent un abri. Quand l’hôtellerie commune était occupée, force était à l’étranger de chercher ailleurs un abri. En général, la chose est facile en Palestine, où le terrain montagneux et calcaire offre partout des grottes [naturelles ou] taillées de main d’homme, soit pour servir d’habitation, soit comme chambres sépulcrales. La plupart de ces excavations remontent à des époques très reculées. » (J.-H. Michon.)
8. * Voir la note 27 à la fin du volume.
21. * Pour circoncire l’enfant. La circoncision fut sans doute faite par saint Joseph, dans la grotte de Bethléem. Dans le chœur de la basilique de la Nativité à Bethléem, dans le bras de la croix au sud du maitre-autel qui est placé à peu près au-dessus de la grotte où est né Notre-Seigneur se trouve l’autel de la circoncision, à l’endroit où la tradition, mentionnée déjà par saint Épiphane, localise cette cérémonie.
23. Ouvrant un sein ; ouvrant un sein maternel ; c’est-à-dire : un fils dont la mère n’a pas eu d’autre enfant auparavant ; un premier-né, soit que sa mère engendre encore après lui, soit qu’il reste fils unique. Compar. vers. 7. — Sera appelé consacré, hébraïsme, pour sera consacré. Compar. I, 32.
25. * Siméon. On a conjecturé, mais sans preuve, qu’il était le fils du fameux docteur juif Hillel et le père du Gamaliel dont il est parlé dans les Act. XXII, 3.
27. * Dans le temple, hiéron.
33. L’Évangéliste nomme toujours Joseph père de Jésus, parce qu’il était l’époux de Marie et le père nourricier de Jésus, et qu’il passait pour son père dans le monde.
34. Dieu n’a pas envoyé son Fils pour la perte d’aucun homme ; mais plusieurs, par leur propre perversité, et par leur refus obstiné de ne pas le recevoir, devaient y trouver l’occasion de se perdre.
35. * Un glaive, en grec romphaïa, un grand glaive qu’on avait coutume de porter sur l’épaule droite, marque ici une grande douleur qui transpercera l’âme de Marie.
37. * Elle ne quitta point le temple. Il y avait dans le temple, hiéron, une cour avec ses dépendances réservée aux femmes. Voir Matth. XXI, 12.
39. * À Nazareth. Voir la note 30 à la fin du volume.
41. * Pâque. Voir Matth. XXVI, 2.
44. Pour ces fêtes, les hommes allaient ensemble et les femmes aussi de leur côté, les enfants s’unissaient aux uns ou aux autres. C’est ainsi que Marie crut Jésus avec Joseph qui le croyait avec Marie (saint Bède). * « La tradition chrétienne rapporte à la localité moderne d’El-Biréh (la Béeroth biblique), le lieu où Marie et Joseph s’aperçurent que l’enfant Jésus n’était pas avec leur parenté. Une église chrétienne [fut bâtie en cet endroit en souvenir de cet évènement]. Une portion notable du mur septentrional et de l’abside subsiste encore. El Biréh est aujourd’hui un village encore important. On y voit une magnifique piscine recevant les eaux d’une fontaine abondante. » (J.-H. Michon.)
46. * Dans le temple, hiéron (voir Matth. XXI, 12), dans une des salles qui faisaient partie du hiéron, vraisemblablement dans la synagogue placée dans le parvis des gentils et où avaient lieu les leçons et les discussions des rabbins.
49-51. Jésus ne les reprend pas de l’avoir cherché, mais il déclare qu’il a, comme Fils de l’Éternel, des devoirs supérieurs à remplir (saint Bède). — Jésus obéit pour nous apprendre que l’obéissance est la voie de la perfection (saint Grégoire de Nysse).
52. * « Comment faut-il entendre ce verset de saint Luc : Jésus avançait en sagesse, en âge et en grâce ? Pour ce qui est de l’intelligence, nous entendons saint Luc en ce sens qu’ayant, comme homme, les mêmes facultés que nous et se trouvant ici-bas dans des conditions analogues aux nôtres, le Sauveur éprouvait des impressions de même genre, voyait les mêmes objets, se formait les mêmes idées, acquérait la même science ; et que laissant paraitre cette science au dehors selon qu’il l’acquérait et n’en faisant pas paraitre d’autre, il donnait de jour en jour à ceux qui l’observaient de nouvelles preuves de ses connaissances et de sa sagesse. Les Docteurs donnent à cette science le nom d’expérimentale, à cause de la manière dont on l’acquiert pour l’ordinaire. Elle était pour Notre Seigneur la conséquence naturelle de la condition où il s’était mis, et elle rend compte de ce qu’ont dit l’Écriture et les Pères sur son enfance et sur le développement graduel de son intelligence. Puisqu’il acquérait réellement cette sorte de science, il devait aussi en donner des marques, y faire des progrès, apprendre certaines choses, y appliquer son esprit, interroger, admirer, s’étonner, etc. Cela n’empêche pas de reconnaitre en son âme dès le premier moment de l’Incarnation une science surhumaine et des lumières d’un ordre supérieur. Les principaux Docteurs et tous les théologiens enseignent qu’il avait reçu par infusion, à la manière des prophètes et des saints, mais dans un de gré incomparablement plus élevé, un degré de science proportionné à sa dignité et à sa mission. De plus, ils s’accordent à dire que son âme jouissait de la vision intuitive de l’essence divine, d’une manière plus parfaite et plus pleine que tous les esprits du ciel. Ils regardent ces privilèges comme une conséquence naturelle de l’union hypostatique, et par conséquent ils ne sauraient admettre qu’il ait dû les mériter par ses œuvres, ni qu’il en ait été un seul instant privé. À plus forte raison n’admettraient-ils pas que son esprit partageât à son entrée dans le monde l’ignorance commune à tous les enfants d’Adam. Dans l’Apocalypse, on entend les élus du ciel célébrer sa sagesse et ses lumières en même temps que sa divinité. Quant à la grâce dont l’âme de Notre Seigneur a été ornée, nous distinguons de même, avec les théologiens, les habitudes et les actes surnaturels, les principes et les effets. Les œuvres de grâces ou les actes de vertus croissaient et se multipliaient sans cesse ; mais les habitudes infuses, les dispositions vertueuses, la grâce sanctifiante, tout ce qu’exigeait en son âme sa dignité d’Homme-Dieu, ne pouvait croitre. Le Sauveur a toujours possédé ces dons au degré le plus élevé. » (L. Bacuez.)
²
Prédication de saint Jean. Avis qu’il donne au peuple, aux publicains, aux soldats. Il rend témoignage à Jésus-Christ. Hérode le fait mettre en prison. Jésus-Christ reçoit le baptême de Jean. Généalogie de Jésus-Christ.
(hi) 1. L’an quinzième du règne de César Tibère. Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode, tétrarque de Galilée, Philippe, son frère, tétrarque d’Iturée et du pays de Trachonitide, et Lysánias tétrarque d’Abylína ;
2. Sous les grands prêtres Anne et Caïphe, la parole du Seigneur se fit entendre à Jean, fils de Zacharie, dans le désert.
3. Et il vint dans toute la région du Jourdain, prêchant le baptême de pénitence pour la rémission des péchés.
4. Ainsi qu’il est écrit au livre des paroles du prophète Isaïe :
Voix de quelqu’un qui crie dans le désert :
Préparez la voie du Seigneur, faites droits ses sentiers :
5. Toute vallée sera comblée,
et toute montagne et toute colline seront abaissées,
les chemins tortueux deviendront droits, et les raboteux, unis ;
6. Et toute chair verra le salut de Dieu.
7. Ainsi il disait à ceux qui accouraient en foule pour être baptisés par lui : Race de vipères, qui vous a montré à fuir la colère à venir ?
8. Faites donc de dignes fruits de pénitence, et ne commencez pas par dire : Nous avons pour père Abraham. Car je vous dis que de ces pierres mêmes Dieu peut susciter des enfants à Abraham.
9. Déjà la cognée a été mise à la racine des arbres. Tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu.
10. Et la foule l’interrogeait, disant : Que ferons-nous donc ?
11. Et répondant, il leur disait : Que celui qui a deux tuniques en donne une à celui qui n’en a point, et que celui qui a de quoi manger fasse de même.
12. Des publicains vinrent aussi pour être baptisés, et lui demandèrent : Maitre, que ferons-nous ?
13. Et il leur répondit : Ne faites rien de plus que ce qui vous a été prescrit.
14. Et des soldats aussi l’interrogeaient, disant : Et nous, que ferons-nous ? Et il leur dit : N’usez de violence ni de fraude envers personne, et contentez-vous de votre paye.
(hi) 15. Or le peuple croyait et tous pensaient en leurs cœurs que Jean pourrait bien être le Christ.
16. Jean répondit, disant à tous : Pour moi, je vous baptise dans l’eau ; mais viendra un plus puissant que moi, de la chaussure de qui je ne suis pas digne de délier la courroie : lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu ;
17. Son van est en sa main, et il nettoiera son aire, puis il rassemblera le froment dans son grenier, et brulera la paille dans un feu qui ne peut s’éteindre.
18. C’est ainsi qu’en lui apprenant beaucoup d’autres choses, il évangélisait le peuple.
(hi) 19. Mais comme il reprenait Hérode le tétrarque, au sujet d’Hérodiade, femme de son frère, et à cause de tous les maux qu’il avait faits,
20. Hérode ajouta encore celui-ci à tous les autres, il fit mettre Jean en prison.
(hi) 21. Or il arriva que, comme tout le peuple recevait le baptême, et que Jésus ayant été baptisé, priait, le ciel s’ouvrit ;
22. Et l’Esprit-Saint descendit sur lui sous la forme sensible d’une colombe ; et une voix vint du ciel : Vous êtes mon fils bien-aimé ; c’est en vous que j’ai mis mes complaisances.
(hi) 23. Or Jésus avait, quand il commença son ministère, environ trente ans, étant, comme l’on croyait, fils de Joseph, qui le fut d’Héli, qui le fut de Mathat.
24. Qui le fut de Lévi, qui le fut de Melchi, qui le fut de Janné, qui le fut de Joseph,
25. Qui le fut de Mathathias, qui le fut d’Amos, qui le fut de Nahum, qui le fut de Hesli, qui le fut de Naggé,
26. Qui le fut de Mahath, qui le fut de Mathathias, qui le fut de Séméï, qui le fut de Joseph, qui le fut de Juda,
27. Qui le fut de Joanna, qui le fut de Résa, qui le fut de Zorobabel, qui le fut de Salathiel, qui le fut de Neri,
28. Qui le fut de Melchi, qui le fut d’Addi, qui le fut de Cosan, qui le fut d’Elmadan, qui le fut de Her,
29. Qui le fut de Jesu, qui le fut d’Éliézer, qui le fut de Jorim, qui le fut de Mathat, qui le fut de Lévi,
30. Qui le fut de, qui le fut de Juda, qui le fut de Joseph, qui le fut de Jona, qui le fut d’Éliakim,
31. Qui le fut de Méléa, qui le fut de Menna, qui le fut de Mathatha, qui le fut de Nathan, qui le fut de David,
32. Qui le fut de Jessé, qui le fut d’Obed, qui le fut de Booz, qui le fut de Salmon, qui le fut de Naasson,
33. Qui le fut d’Aminadab, qui le fut d’Aram, qui le fut d’Esron, qui le fut de Pharès, qui le fut de Juda,
34. Qui le fut de Jacob, qui le fut d’Isaac, qui le fut d’Abraham, qui le fut de Tharé, qui le fut de Nachor,
35. Qui le fut de Sarug, qui le fut de Ragaü, qui le fut de Phaleg, qui le fut d’Héber, qui le fut de Salé,
36. Qui le fut de Caïnan, qui le fut d’Arphaxad, qui le fut de Sem, qui le fut de Noé, qui le fut de Lamech,
37. Qui le fut de Mathusalé, qui le fut d’Hénoch, qui le fut de Jared, qui le fut de Malaléel, qui le fut de Caïnan,
38. Qui le fut d’Hénos, qui le fut de Seth, qui le fut d’Adam, qui fut de Dieu.
~
CHAP.
III. 2. Act. IV, 6. — 3. Matth. III, 1 ; Marc. I, 4. — 4. Is. XL, 3 ; Matth. III, 3 ; Marc. I, 3 ; Joan. I, 23. — 7. Matth. III, 7. — 11. Jac. II, 15 ; I Joan. III, 17. — 16. Matth. III, 11 ; Marc. I, 8 ; Joan. I, 26 ; Act. I, 5 ; XI, 16 ; XIX, 4. — 17. Matth. III, 12. — 19. Matth. XIV, 4 ; Marc. VI, 17. — 21. Matth. III, 16 ; Marc. I, 10 ; Joan. I, 32. — 22. Matth. III, 17 ; XVII, 5 ; Infra. IX, 35 ; II Petr. I, 17. — 23. Matth. I, 1.
1. * L’an quinzième du règne de César Tibère. Claude Tibère Néron, fils de Tibère Claude Néron et de Livia Drusílla, second empereur romain, était né à Rome l’an 42 avant notre ère. Sa mère Livia épousa l’an 38 l’empereur Auguste qui l’adopta, l’an 4 de notre ère, après lui avoir fait épouser l’an 11 avant Jésus-Christ sa fille Julie. Tibère fut associé en l’an 13 de notre ère au gouvernement de l’empire et chargé de l’administration des provinces. L’année suivante, en l’an 14, Auguste étant mort, son fils adoptif se trouva seul maitre de l’empire. Il avait alors 55 ans. Il mourut en 37, à l’âge de 78 ans. Pendant son règne, il donna deux procurateurs à la Palestine, Valérius Gratus, qui garda sa charge onze ans (15-26 de notre ère) et Ponce Pilate, qui fut procurateur pendant dix ans (26-36). La 15e année de Tibère va du 19 aout de l’an 28 jusqu’à la même époque de l’an 29 après J.-C. — Ponce Pilate. Voir Matth. XXVII, 2. — Hérode, tétrarque de Galilée. Hérode Antipas. Voir Matth. XIV, 1. — Philippe le tétrarque ou Hérode Philippe était fils d’Hérode-le-Grand par sa cinquième femme, Cléopâtre de Jérusalem. C’est le seul des fils de ce roi qui n’ait pas laissé la réputation de mauvais prince. Il épousa à un âge assez avancé Salomé, fille d’Hérodiade, la danseuse qui demanda la tête de saint Jean-Baptiste. Philippe était tétrarque d’Iturée et du pays de Trachonitis. L’Iturée, région montagneuse, conquise par le roi Aristobule environ un siècle avant J.-C., était au nord-est de la Palestine et à l’ouest de Damas. Ses habitants étaient célèbres par leurs brigandages et par leur habileté à tirer de l’arc. La Trachonitis, l’ancien Argob, le Ledja actuel, était également habitée par des pillards qui demeuraient sous des tentes. L’empereur Auguste donna ce pays à Hérode le Grand, l’an 23 avant notre ère, pour qu’il le purgeât du brigandage. Saint Luc entend par Trachonitis tout le pays situé au sud de l’Antiliban, à l’est du haut Jourdain et du lac de Tibériade jusqu’aux montagnes des Druses. Philippe gouverna ce pays 37 ans ; il embellit et agrandit Césarée de Philippe, qui reçut de lui ce surnom, et Bethsaïde Júlias et il mourut sans postérité l’an 34 de notre ère. — Lysánias n’est guère connu que de nom. C’était probablement le descendant d’un autre Lysánias, prince de Chalcis du Liban, que Cléopâtre avait fait périr insidieusement en 35 av. J.-C. — Abylína était le pays qui tirait son nom de la ville d’Abila. Il était situé entre le Liban et l’Hermon, au nord-ouest de Damas, à dix-huit milles romains de cette dernière ville et à trente-sept milles d’Héliopolis.
2. * Sous les grands prêtres Anne et Caïphe. Anne, fils de Seth, appelé par Josèphe Ananus, fut promu grand prêtre par Quirinus, gouverneur de Syrie, l’an 7 de notre ère. Au commencement du règne de Tibère, en l’an 14, il fut déposé par Valérius Gratus, procurateur de Judée et remplacé par Ismaël, fils de Phabi. Bientôt après, Éléazar, fils d’Anne, reçut le souverain pontificat, qu’il dut céder l’année suivante à Simon, fils de Camith. Ce dernier fut remplacé par le gendre d’Anne, Joseph Caïphe, qui conserva cette dignité de l’an 27 ou 28 à l’an 36 ou 37. Anne vécut longtemps et cinq de ses fils furent tour à tour grands prêtres. Les Évangélistes l’ont nommé avec Caïphe, soit parce qu’il était son sagan ou vicaire, comme quelques-uns l’ont pensé, soit qu’il fut encore alors président du sanhédrin ou bien qu’ayant exercé les fonctions du souverain pontificat, il en portât encore le titre par honneur. Il devait, en tous cas, jouir d’une grande influence à Jérusalem, et en particulier auprès de Caïphe, son gendre. — Sur Caïphe, voir Matth. XXVI, 3. — Sur Jean, fils de Zacharie, voir Matth. III, 1. — Dans te désert de Judée. Voir Matth. III, 1.
3. * Toute la région du Jourdain, le Ghôr actuel.
4. * Dans le désert de Judée.
5. La rédemption fait disparaitre l’inégalité entre les hommes (saint Jérôme).
6. Toute chair. Voy. Matth. XXIV, 22.
14. Ni de fraude. Le mot du texte, qui signifie proprement calomnie, s’emploie assez souvent dans la Bible pour fraude, injustice.
16. * La chaussure, les sandales. Voir Marc. VI, 9.
19. * Hérode le tétrarque Antipas. Voir Matth. XIV, 1. — Hérodiade, voir Matth. XIV, 3. — Femme de son frère, voir Matth. XIV, 3.
23. Suivant plusieurs interprètes, saint Joseph, qui, selon la nature, était fils de Jacob, était, selon la loi, fils d’Héli. Car Héli et Jacob étaient frères utérins ; et Héli, l’ainé, étant mort sans postérité, Jacob, d’après la loi, épousa sa veuve et par suite de ce mariage, son fils Joseph fut réputé fils d’Héli selon la loi. D’autres disent que Joseph, fils de Jacob par nature, l’était d’Héli par alliance, ayant épouse Marie, qui en était la fille. — * Sur la double généalogie de Notre-Seigneur, voir la note 26 à la fin du volume.
38. * Qui fut de Dieu. « Ce simple mot, jeté là sans commentaire et sans réflexion, pour raconter la création, l’origine, la nature, les fins et le mystère de l’homme, est de la plus grande sublimité. » (E. Lefranc.)
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Jeûne et tentation de Jésus-Christ. Il prêche dans la Galilée ; il va à Nazareth ; et comme on veut le précipiter du haut d’une montagne, il se retire à Capharnaüm. Il y délivre un possédé, et guérit la belle-mère de saint Pierre. Autres merveilles qu’il opère.
(hi) 1. Jésus, plein de l’Esprit-Saint, revint du Jourdain ; et il était conduit par l’Esprit dans le désert
2. Pendant quarante jours, et il était tenté par le diable, Durant ces jours il ne mangea rien, et après qu’ils furent passés, il eut faim.
3. Or le diable lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, dites à cette pierre qu’elle devienne du pain.
4. Jésus lui répondit : Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole de Dieu.
5. Alors le diable le conduisit sur une haute montagne, et il lui montra en un instant tous les royaumes de la terre ;
6. Puis il lui dit : Je vous donnerai toute cette puissance et toute la gloire de ces royaumes : car ils m’ont été livrés, et je les donne à qui je veux.
7. Si donc vous m’adorez, ils seront tous à vous.
8. Et Jésus répondant, lui dit : Il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul.
9. Il le conduisit ensuite à Jérusalem, le posa sur le haut du temple et lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous d’ici en bas.
10. Car il est écrit qu’il a ordonné à ses anges de vous garder ;
11. Et qu’ils vous porteront en leurs mains, de peur que vous ne heurtiez votre pied contre la pierre.
12. Jésus répondant, lui dit : Il a été dit : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu.
13. Or toute tentation achevée, le diable se retira de lui pour un temps.
(hi) 14. Et Jésus retourna en Galilée, par la vertu de l’Esprit, et sa renommée se répandit dans tout le pays.
(hi) 15. Et il enseignait dans leurs synagogues, et il était exalté par tous.
(hi) 16. Il vint à Nazareth, où il avait été élevé, et il entra, suivant sa coutume, le jour du sabbat, dans la synagogue, et il se leva pour lire.
17. On lui donna le livre du prophète Isaïe ; et l’ayant déroulé, il trouva l’endroit où il était écrit :
18. L’Esprit du Seigneur est sur moi ; c’est pourquoi il m’a consacré par son onction, et m’a envoyé pour évangéliser les pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé,
19. Annoncer aux captifs leur délivrance, aux aveugles le recouvrement de la vue, rendre à la liberté ceux qu’écrasent leurs fers, publier l’année salutaire du Seigneur, et le jour de la rétribution.
20. Ayant replié le livre, il le rendit au ministre, et s’assit : Et tous, dans la synagogue, avaient les yeux attachés sur lui.
21. Or il commença à leur dire : C’est aujourd’hui que cette Écriture que vous venez d’entendre est accomplie.
22. Et tous lui rendaient témoignage, et admirant les paroles de grâce qui sortaient de sa bouche, ils disaient : N’est-ce pas là le fils de Joseph ?
23. Alors il leur dit : Assurément vous m’appliquerez ce proverbe : Médecin, guéris-toi toi-même, et me direz : Ces grandes choses faites à Capharnaüm et dont nous avons ouï parler, fais-les ici dans ta patrie.
24. Et il ajouta : En vérité, je vous dis qu’aucun prophète n’est accueilli dans sa patrie.
25. Je vous le dis, en vérité, il y avait aux jours d’Élie beaucoup de veuves en Israël, lorsque le ciel fut fermé pendant trois ans et six mois, et qu’il y eut une grande famine sur toute la terre ;
26. Et Élie ne fut envoyé à aucune d’elles, mais à une femme veuve, à Sarepta de Sidon.
27. Et il y avait en Israël beaucoup de lépreux au temps du prophète Élisée, et aucun d’eux ne fut guéri, sinon Naaman le Syrien.
28. En entendant ces paroles, ils furent tous remplis de colère dans la synagogue ;
29. C’est pourquoi ils se levèrent, le jetèrent hors de la ville, et le menèrent au sommet du mont sur lequel leur ville était bâtie, pour l’en précipiter.
30. Mais Jésus passant au milieu d’eux, s’en alla.
(hi) 31. Et il descendit à Capharnaüm, ville de Galilée, et là il les enseignait aux jours du sabbat.
32. Et ils s’étonnaient de sa doctrine, parce qu’il leur parlait avec autorité.
33. Or il y avait dans la synagogue un homme ayant en lui un démon impur, et il cria d’une voix forte,
34. Disant : Laissez-nous ! Qu’importe à nous et à vous, Jésus de Nazareth ? Êtes-vous venu pour nous perdre ? Je sais qui vous êtes : le saint de Dieu.
35. Et Jésus le gourmanda, disant : Tais-toi, et sors de cet homme. Et le démon l’ayant jeté à terre au milieu de l’assemblée, sortit de lui et ne lui fit aucun mal.
36. Et l’épouvante les saisit tous, et ils se parlaient entre eux, disant : Qu’est-ce que ceci : il commande avec puissance et force aux esprits impurs, et ils sortent ?
37. Et sa renommée se répandit de tous côtés dans le pays.
(hi) 38. Étant sorti de la synagogue, Jésus entra dans la maison de Simon. Or la belle-mère de Simon avait une grosse fièvre ; et ils le prièrent pour elle.
39. Alors étant debout auprès d’elle, il commanda à la fièvre, et la fièvre la quitta. Et se levant aussitôt, elle les servait.
40. Lorsque le soleil fut couché, tous ceux qui avaient des infirmes atteints de diverses maladies, les lui amenaient. Or Jésus, imposant les mains sur chacun d’eux, les guérissait.
41. Et les démons sortaient d’un grand nombre, criant et disant : Vous êtes le fils de Dieu ; et les gourmandant il ne leur permettait pas de dire qu’ils sussent qu’il était le Christ.
(hi) 42. Lorsqu’il fit jour, il sortit et s’en alla en un lieu désert, et la foule le cherchait ; et ils vinrent à lui, et ils le retenaient, de peur qu’il ne les quittât.
43. Il leur dit : Il faut que je prêche aux autres villes le royaume de Dieu, car c’est pour cela que j’ai été envoyé.
44. Et il prêchait dans les synagogues de Galilée.
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CHAP. IV. 1. Matth. IV, 1 ; Marc. I, 12. — 4. Deut. VIII, 3 ; Matth. IV, 4. — 8. Deut. VI, 13 ; X, 20 ; Matth. IV, 10. — 10. Ps. XC, 11 ; Matth. IV, 6. — 12. Deut. VI, 16 ; Matth. IV, 7. — 14. Matth. IV, 12 ; Marc. I, 14 ; Joan. IV, 43. — 16. Matth. XIII, 54 ; Marc. VI, 1. — 18. Is. LXI, 1. — 26. III Reg. XVII, 9. — 27. IV Reg. V, 14. — 31. Matth. IV, 13 ; Marc. I, 21. — 32. Matth. VII, 28. — 33. Marc. I, 23. — 38. Matth. VIII, 14 ; Marc. I, 30. — 41. Marc. I, 34.
1. * Dans le désert de la Quarantaine. Voir note sur Matth. IV, 1.
9. * Sur le haut du temple. Voir Matth. IV, 5.
16. * La synagogue de Nazareth dans laquelle enseigna Notre-Seigneur se trouvait, d’après la tradition, sur l’emplacement de l’église actuelle des Grecs unis, à peu près au centre de la ville moderne, non loin du marché. — Sur Nazareth, voir la note 30 à la fin du volume. — Sur les synagogues, voir Matth. IV, 23. — Tous les Juifs pouvaient lire et parler dans les synagogues. Il y avait des lecteurs chargés de lire le texte sacré, mais ils ne faisaient point partie du personnel officiel et le chef pouvait désigner à son gré la personne de l’assistance par qui il voulait faire remplir cet office. C’est ainsi que Jésus-Christ peut lire dans la synagogue de Nazareth. La lecture finie, le président invitait le lecteur ou un autre assistant à expliquer ce que l’on venait de lire ou à adresser une exhortation au peuple. En vertu de cet usage, Notre-Seigneur, verset 21, s’adresse à l’auditoire.
17. Et l’ayant déroulé ; c’est-à-dire ouvert. La forme des livres chez les anciens consistait en un rouleau. — L’endroit où, etc. Voy. Is. LXI, 1 et suiv.
19. Le jour de la rétribution, le jour où Dieu rendra à chacun selon ses œuvres. On lit dans Isaïe (LXI, 2) : Jour de vengeance, jour où le Seigneur se vengera de ses ennemis ; ce qui exprime la même idée, mais d’une manière plus restreinte.
20. * Au ministre, celui que les Rabbins appellent le Khazan, sorte de sacristain chargé d’ouvrir les portes de la synagogue, de préparer les manuscrits de l’Écriture qu’on doit lire et de rendre tous les services nécessaires pendant les offices.
23. * À Capharnaüm. Voir Matth. IV, 13.
24. Aux gens de Nazareth, scandalisés de voir qu’on faisait le Messie d’un menuisier, Jésus fait observer qu’Elie et Élisée, méprisés par leurs compatriotes, firent des prodiges chez les étrangers (III Reg. XVII, 9 ; IV Reg. V, 1).
26. * Élie, le prophète, originaire de Thesbé, vécut sous les rois Achab et Ochozias d’Israël et fut enlevé miraculeusement au ciel. Il récompensa la charité d’une veuve de Sarepta par un prodige : la farine et l’huile de cette pauvre femme ne s’épuisèrent point tant que dura la famine. Sarepta est une ville de Phénicie, sur la Méditerranée, entre Tyr et Sidon, mais plus proche de cette dernière ville que de la première. Voir III Reg. XVII, 9.
27. * Élisée, disciple d’Élie et héritier de son esprit, guérit Naaman, grand personnage de la cour de Syrie, de la maladie de la lèpre, en le faisant laver sept fois dans le Jourdain. Voir IV Reg. V, 1-15.
29. * Le mont de la Précipitation ; c’est-à-dire la montagne sur laquelle les habitants de Nazareth conduisirent Notre-Seigneur, dans l’intention de l’en précipiter n’est pas identifiée d’une manière certaine. Le site traditionnel est au sud de la, ville, à une heure de chemin. Il y a là un rocher qui aurait pu très bien servir aux mauvais desseins des compatriotes du Sauveur. Les Franciscains ont élevé une église en cet endroit. De là, on découvre la plaine d’Esdrelon.
40. Le repos du sabbat se terminant au coucher du soleil, ils amenèrent les malades.
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Jésus dans la barque de Pierre. Pêche miraculeuse. Guérison d’un lépreux et d’un paralytique. Vocation de saint Matthieu. Pièce d’étoffe neuve. Outres neuves. Vin nouveau.
(hi) 1. Or il arriva que lorsque la foule se précipitait sur lui pour entendre la parole de Dieu, il se tenait lui-même auprès du lac de Génésareth.
2. Or il vit deux barques qui étaient sur le bord du lac, et les pêcheurs étaient descendus, et lavaient leurs filets.
3. Montant dans une des barques qui était à Simon, il le pria de s’éloigner un peu de la terre. Or, s’étant assis, il enseignait le peuple de dessus la barque.
4. Lorsqu’il eut cessé de parler, il dit à Simon : Avance en mer, et jetez vos filets pour pêcher.
5. Mais Simon, répondant, lui dit : Maitre, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre ; cependant, sur votre parole, je jetterai le filet.
6. Et quand ils l’eurent fait, ils prirent une si grande quantité de poissons, que leur filet se rompait.
7. Et ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l’autre barque de venir les aider. Ils vinrent donc, et emplirent les deux barques, au point qu’elles étaient près de couler à fond.
8. Ce que voyant Simon Pierre, il tomba aux pieds de Jésus, disant : Retirez-vous de moi, Seigneur, parce que je suis un homme pécheur.
9. Car il était plongé dans la stupeur, lui et tous ceux qui se trouvaient avec lui, à cause de la pêche des poissons qu’ils avaient faite ;
10. Et pareillement Jacques et Jean, fils de Zébédée, qui étaient compagnons de Simon. Et Jésus dit à Simon : Ne crains point : désormais ce sont des hommes que tu prendras.
11. Et, les barques ramenées à terre, ils laissèrent tout, et le suivirent.
(hi) 12. Or, il arriva, comme il était dans une des villes, qu’un homme couvert de lèpre, voyant Jésus, se prosterna la face contre terre, et le pria, disant : Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir.
13. Et étendant la main, il le toucha, disant : Je le veux, sois guéri. Et sur-le-champ sa lèpre le quitta.
14. Jésus lui commanda de ne le dire à personne : Mais va, dit-il, montre-toi au prêtre, et offre pour ta guérison ce que Moïse a ordonné en témoignage pour eux.
15. Cependant sa renommée se répandait de plus en plus ; des troupes nombreuses venaient pour l’écouter et pour être guéries de leurs maladies.
16. Mais il se retirait au désert, et priait.
17. Et il arriva qu’un de ces jours, il était assis, enseignant. Or des pharisiens et des docteurs de la loi, qui s’étaient rendus de tous les villages de la Galilée, de la Judée et de Jérusalem, étaient aussi assis ; et la vertu du Seigneur opérait pour guérir les malades.
(hi) 18. Et voilà que des gens portaient sur un lit un homme paralytique, et cherchaient à le faire entrer et à le poser devant lui.
19. Mais ne trouvant point par où le faire entrer, à cause de la foule, ils montèrent sur le toit, et, par les tuiles, ils le descendirent avec le lit, au milieu de l’assemblée, devant Jésus ;
20. Qui, voyant leur foi, dit : Homme, tes péchés te sont remis.
21. Alors les scribes et les pharisiens commencèrent à réfléchir, disant : Quel est celui-ci qui profère des blasphèmes ? Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ?
22. Mais dès que Jésus connut leurs pensées, il prit la parole et leur dit : Que pensez-vous en vos cœurs ?
23. Quel est le plus facile de dire : Tes péchés te sont remis ; ou de dire : Lève-toi et marche ?
24. Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés, il dit au paralytique : C’est à toi que je parle ; lève-toi, prends ton lit et va t’en en ta maison.
25. Et aussitôt, se levant devant eux, il prit le lit où il était couché, et s’en alla en sa maison, glorifiant Dieu.
26. Et la stupeur les saisit tous, et ils glorifiaient Dieu. Et ils furent remplis de crainte, disant : Nous avons vu des merveilles aujourd’hui.
(hi) 27. Après cela il sortit, et vit un publicain nommé Lévi, assis au bureau des impôts ; et il lui dit : Suis-moi.
28. Et lui, ayant tout quitté, se leva et le suivit.
29. Or Lévi lui fit un grand banquet dans sa maison ; et il y avait une foule nombreuse de publicains et d’autres qui étaient à table avec eux.
30. Et les pharisiens et les scribes en murmuraient et disaient à ses disciples : Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les pécheurs ?
31. Jésus répondant, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades.
32. Je ne suis pas venu appeler les justes à la pénitence, mais les pécheurs.
33. Alors ils lui demandèrent : Pourquoi les disciples de Jean jeunent-ils et prient-ils souvent, de même que ceux des pharisiens, et que les vôtres mangent et boivent ?
34. Il leur répondit : Pouvez-vous faire jeuner les fils de l’époux, tandis que l’époux est avec eux ?
35. Viendront des jours où l’époux leur sera enlevé ; ils jeuneront en ces jours-là.
36. Il leur faisait aussi cette comparaison : Personne ne met une pièce d’un vêtement neuf à un vêtement vieux ; autrement ce qui est neuf déchire le vieux, et la pièce du neuf ne convient pas au vieux.
37. De même personne ne met du vin nouveau dans des outres vieilles ; autrement le vin nouveau rompra les outres, et se répandra, et les outres seront perdues.
38. Mais il faut mettre le vin nouveau dans des outres neuves ; et l’un et l’autre sont conservés.
39. Et personne venant de boire du vin vieux, n’en veut aussitôt du nouveau, parce qu’il dit : Le vieux est meilleur.
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CHAP. V. 2. Matth. IV, 18 ; Marc. I, 16. — 12. Matth. VIII, 2 ; Marc. I, 40. — 14. Lev. XIV, 4. — 18. Matth. IX, 2 ; Marc. II, 3. — 27. Matth. IX, 9 ; Marc. II, 14. — 33. Marc. II, 18.
1. * Lac de Génésareth. Voir la note 33 à la fin du volume. S. Luc est le seul des évangélistes qui qualifie de lac, le lac de Tibériade, en employant la dénomination grecque. Les autres auteurs sacrés l’appellent une mer, selon l’usage hébreu qui appelle mer tout amas d’eaux.
3. La barque de Pierre où Jésus enseigne est la figure de l’Église ; là où est Pierre, le Christ instruit les peuples.
12. Des villes ; c’est-à-dire des villes voisines. — * Dans une des villes de Galilée, peut-être Capharnaüm.
14. En témoignage pour eux, pour que cela leur serve de témoignage et de preuve incontestable de ma puissance et de ma fidélité à faire observer la loi.
19. Sur le toit. Pour bien comprendre le sens de ce passage, voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 530. — * Voir aussi la note sur Marc. II, 4. Les mots par les tuiles traduisent les mots grecs dia ton keramôn. Keramos désigne tout ce qui est fait en terre et en particulier la terrasse en terre qui forme le toit des maisons orientales.
21. Les Scribes et les Pharisiens lancent, déjà, la sentence de mort, selon la loi : que celui qui blasphème meurt (saint Chrysostome). Jésus prouve qu’il est Dieu, en exerçant un pouvoir qui, même selon les Hébreux, appartenait seulement à Dieu : celui de remettre les péchés.
27. * Un publicain nommé Lévi. S. Matthieu. Voir l’introduction à l’Évangile de S. Matthieu.
34. Les fils de l’époux. Voy. Matth. IX, 15. La venue du Christ fut une fête nuptiale puisqu’il a épousé la nature humaine (saint Chrysostome).
37. * Des outres. Voir Matth. IX, 17,
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Murmure des pharisiens contre les disciples de Jésus-Christ, qui arrachaient des épis un jour de sabbat. Guérison d’un homme qui avait une main desséchée. Élection des Apôtres. Abrégé du sermon de Jésus-Christ sur la montagne.
(hi) 1. Or, il arriva qu’un jour de sabbat, second-premier, comme Jésus passait par les blés, ses disciples arrachaient les épis et en mangeaient, en les froissant dans leurs mains.
2. Quelques-uns des pharisiens leur disaient : Pourquoi faites-vous ce qui n’est point permis les jours du sabbat ?
3. Jésus leur répondant, dit : N’avez-vous point lu ce que fit David lorsqu’il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui ;
4. Comment il entra dans la maison de Dieu, et prit les pains de proposition, en mangea, et en donna à ceux qui étaient avec lui, quoiqu’il ne soit pas permis d’en manger, si ce n’est aux prêtres ?
5. Et il ajouta : Le Fils de l’homme est maitre même du sabbat.
(hi) 6. Il arriva, un autre jour de sabbat, qu’il entra dans la synagogue, et qu’il y enseignait. Or il y avait là un homme dont la main droite était desséchée.
7. Et les scribes et les pharisiens observaient s’il le guérirait le jour du sabbat, afin de trouver de quoi l’accuser.
8. Mais il connaissait leurs pensées ; il dit à l’homme qui avait la main desséchée : Lève-toi et tiens-toi là debout au milieu. Et, se levant, il se tint debout.
9. Alors Jésus leur dit : Je vous le demande, est-il permis, les jours du sabbat, de faire du bien ou du mal, de sauver une âme ou de la perdre ?
10. Et après les avoir regardés tous, il dit à l’homme : Étends ta main. Il l’étendit, et sa main redevint saine.
11. Mais eux, remplis de dépit, se consultaient sur ce qu’ils feraient à Jésus.
(hi) 12. Il arriva qu’en ces jours-là il se retira sur la montagne pour prier, et y passa toute la nuit à prier Dieu.
13. Et quand le jour fut venu, il appela ses disciples, et il en choisit douze d’entre eux (qu’il nomma aussi apôtres) :
14. Simon, auquel il donna le surnom de Pierre, et André son frère ; Jacques et Jean ; Philippe et Barthélemy ;
15. Matthieu et Thomas ; Jacques, fils d’Alphée, et Simon, appelé le Zélé ;
16. Judas, frère de Jacques, et Judas Iscariote, qui fut le traitre.
(hi) 17. Et, descendant avec eux, il s’arrêta dans une plaine, de même que la troupe de ses disciples, et une grande multitude de peuple de toute la Judée, de Jérusalem, de la contrée maritime, de Tyr et de Sidon,
18. Qui étaient venus pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies. Or ceux aussi qui étaient tourmentés par des esprits impurs, étaient guéris.
19. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une vertu sortait de lui, et les guérissait tous.
20. Alors Jésus, les yeux levés sur ses disciples, dit : Bienheureux, ô pauvres ! parce qu’à vous appartient le royaume de Dieu.
21. Bienheureux, vous qui maintenant avez faim, parce que vous serez rassasiés. Bienheureux, vous qui pleurez maintenant, parce que vous rirez.
22. Vous serez heureux lorsque les hommes vous haïront, vous éloigneront, vous injurieront, et rejetteront votre nom comme mauvais, à cause du Fils de l’homme.
23. Réjouissez-vous en ce jour-là, et tressaillez d’allégresse, parce que votre récompense est grande dans le ciel ; car c’est ainsi que leurs pères faisaient aux prophètes.
24. Cependant, malheur à vous, riches, parce que vous avez votre consolation.
25. Malheur à vous qui êtes rassasiés, parce que vous aurez faim. Malheur à vous qui riez maintenant, parce que vous gémirez et vous pleurerez.
26. Malheur, quand les hommes vous loueront, car c’est ainsi que leurs pères faisaient aux faux prophètes.
27. Mais je vous dis, à vous qui écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.
28. Bénissez ceux qui vous maudissent, et priez pour ceux qui vous calomnient.
29. À quiconque vous frappe sur une joue, présentez encore l’autre. Et pour celui qui vous prend votre manteau, laissez-le prendre votre tunique.
30. Donnez à quiconque vous demande ; et ne redemandez point votre bien à celui qui vous le ravit.
31. Comme vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le-leur pareillement.
32. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel est votre mérite ? puisque les pécheurs aiment aussi ceux qui les aiment.
33. Et si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quel est votre mérite ? puisque les pécheurs même le font.
34. Et si vous prêtez à ceux de qui vous espérez recevoir, quel remerciement méritez-vous ? car les pécheurs aussi prêtent aux pécheurs, pour en recevoir un pareil avantage.
35. Mais vous, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez, sans en rien espérer, et votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut ; car il est bon pour les ingrats même et pour les méchants.
36. Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux.
37. Ne jugez point, et vous ne serez point jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés ; remettez, et il vous sera remis.
38. Donnez, et il vous sera donné ; on versera dans votre sein une bonne mesure, pressée, bien remuée, et débordante. Car on usera pour vous de la même mesure dont vous aurez usé pour les autres.
39. Il leur faisait aussi cette comparaison : Un aveugle peut-il conduire un aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous deux dans une fosse ?
40. Le disciple n’est point au-dessus du maitre ; mais tout disciple sera parfait, s’il est comme son maitre.
41. Pourquoi voyez-vous la paille dans l’œil de votre frère, et n’apercevez-vous point la poutre qui est dans votre œil ?
42. Ou comment pouvez-vous dire à votre frère : Mon frère, laisse-moi ôter la paille de ton œil, ne voyant pas toi-même la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras à ôter la paille de l’œil de ton frère.
43. Un arbre n’est pas bon s’il produit de mauvais fruits, et un arbre n’est pas mauvais s’il produit du bon fruit.
44. Car chaque arbre se connait par son fruit. On ne cueille point de figues sur des épines, et on ne vendange point du raisin sur des ronces.
45. L’homme bon tire le bien du bon trésor de son cœur ; et l’homme mauvais tire le mal du mauvais trésor. Car la bouche parle de l’abondance du cœur.
46. Mais pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites point ce que je dis ?
47. Quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique, je vous montrerai à qui il est semblable.
48. Il est semblable à un homme qui, bâtissant une maison, a creusé très avant, et en a posé le fondement sur la pierre : l’inondation survenant, le fleuve s’est brisé contre cette maison, et n’a pu l’ébranler, parce qu’elle était fondée sur la pierre.
49. Mais celui qui écoute et ne pratique point, est semblable à un homme qui a bâti sa maison sur la terre, sans fondement : le fleuve s’est brisé contre elle, et elle s’est écroulée aussitôt ; et la ruine de cette maison a été grande.
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CHAP. VI. 1. Matth. XII, 1 ; Marc. II, 23. — 4. I Reg. XXI, 6 ; Ex. XXIX, 32 ; Lev. XXIV, 9. — 6. Matth. XII, 10 ; Marc. III, 1. — 13. Matth. X, 1 ; Marc. III, 13. — 17. Matth. IV, 25 ; Marc. III, 7. — 20. Matth. V, 2. — 22. Matth. V, 11. — 24. Eccli. XXXI, 8 ; Am. VI, 1. — 25. Is. LXV, 13. — 27. Matth. V, 44 ; Prov. XXV, 21. — 29. Matth. V, 39 ; I Cor. VI, 7. — 31. Tob. IV, 16 ; Matth. VII, 12. — 32. Matth. V, 46. — 34. Deut. XV, 8 ; Matth. V, 42. — 37. Matth. VII, 1. — 38. Matth. VII, 2 ; Marc. IV, 24. — 39. Matth. X, 24. — 40. Matth. X, 24 ; Joan. XIII, 16. — 41. Matth. VII, 3. — 43. Matth. VII, 18 ; XII, 33. — 46. Matth. VII, 21 ; Rom. II, 13 ; Jac. I, 22. — 48. Matth. VII, 24.
1. Second-premier ; le premier sabbat après le second jour de la Pâque. — * Arrachaient les épis. Voir note sur Matth. XII, 1.
4. * Voir Matth. XII, 4.
9. De sauver une âme, etc. Voy. Matth. X, 39.
12. * Sur la montagne. Peut-être la montagne des Béatitudes, Koroun-el-Hattin. Voir Matth. V, 1.
13. Apôtres, c’est-à-dire envoyés. Une nuit de prières précède l’élection des Apôtres : de ce choix dépendait l’avenir de l’Église. Sur les noms qui suivent, voy. Matth. X, 3.
16. Judas, frère de Jacques, est communément appelé Jude, pour qu’on ne le confonde pas avec Judas l’Iscariote.
17. * Tyr et Sidon. Voir Marc. III, 8.
20-23. * Voir note sur Matth. V, 2-10. Le sermon sur la montagne abrégé ici par S. Luc.
29. * Votre manteau… votre tunique. Voir. Matth. V, 40.
38. * Dans votre sein ; pan de vêtement, cavité que produisait la partie supérieure et antérieure du vêtement qui était peu serré par la ceinture.
39. N.-S. avait en vue les Scribes et les Pharisiens (Matth. XV, 14). Tous deux, le maitre et le disciple. Pour qu’il en fût autrement, c’est-à-dire, pour que le disciple ne tombât pas avec le maitre, il devrait être plus grand, plus sage, que lui (vers. 40) ; mais cela n’arrive pas d’ordinaire : tout disciple, quand il a reçu la plénitude de l’instruction, n’arrive qu’à être comme son maitre. Ce verset est pris dans un autre sens (Matth. X, 24).
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Guérison du serviteur du centurion. Résurrection du fils de la veuve de Naïm. Saint Jean député deux de ses disciples vers Jésus-Christ. Éloge de saint Jean. Jésus-Christ et saint Jean rejetés par les Juifs. Pécheresse qui parfume les pieds de Jésus-Christ.
(hi) 1. Lorsqu’il eut fini de faire entendre toutes ces paroles au peuple, il entra dans Capharnaüm.
2. Or un centurion avait un serviteur malade, qui se mourait, et qu’il aimait beaucoup.
3. Ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya des anciens d’entre les Juifs, le priant de venir guérir son serviteur.
4. Ceux-ci étant venus vers Jésus, le priaient avec grande instance, lui disant : Il mérite que vous fassiez cela pour lui ;
5. Car il aime notre nation, il nous a même bâti une synagogue.
6. Jésus donc allait avec eux. Or comme il n’était plus loin de la maison, le centurion envoya de ses amis lui dire : Seigneur, ne vous donnez point tant de peine ; car je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit ;
7. C’est pourquoi je ne me suis pas jugé digne de venir moi-même à vous : mais dites un mot, et mon serviteur sera guéri.
8. Car, moi qui suis un homme soumis à la puissance d’un autre, et ayant sous moi des soldats, je dis à celui-ci : Va, et il va ; à un autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais cela, et il le fait.
9. Ce qu’ayant entendu, Jésus fut dans l’admiration, et se tournant vers la foule qui le suivait, il dit : En vérité, je vous le dis, je n’ai pas trouvé en Israël même une si grande foi.
10. Revenus à la maison, ceux que le centurion avait envoyés trouvèrent le serviteur qui avait été malade, bien portant.
(hi) 11. Il arriva qu’il s’en alla ensuite dans une ville appelée Naïm ; et ses disciples l’accompagnaient ainsi qu’une foule nombreuse.
12. Or comme il approchait de la porte de la ville, voilà qu’on emportait un mort, fils unique de sa mère ; et celle-ci était veuve, et beaucoup de personnes de la ville l’accompagnaient.
13. Lorsque le Seigneur l’eut vue, il fut touché de compassion pour elle et lui dit : Ne pleurez point.
14. Alors il s’approcha, toucha le cercueil (ceux qui le portaient s’arrêtèrent), et il dit : Jeune homme, je te le commande, lève-toi.
15. Et celui qui était mort se mit sur son séant, et commença à parler ; et Jésus le rendit à sa mère.
16. Et tous furent saisis de crainte ; et ils glorifiaient Dieu, disant : Un grand prophète s’est élevé parmi nous, et Dieu a visité son peuple.
17. Et le bruit s’en répandit dans toute la Judée et dans tout le pays d’alentour.
(hi) 18. Cependant les disciples de Jean lui ayant rapporté toutes ces choses,
19. Jean appela deux de ses disciples, et les envoya vers Jésus, disant : Êtes-vous celui qui doit venir, ou est-ce un autre que nous attendons ?
20. Étant donc venus vers lui, ces hommes lui dirent : Jean-Baptiste nous a envoyés vers vous pour vous demander : Est-ce vous qui devez venir, ou est-ce un autre que nous attendons ?
21. (À cette heure même Jésus guérit un grand nombre de personnes affligées de maladies, de plaies et d’esprits malins, et rendit la vue à beaucoup d’aveugles.)
22. Et répondant, il leur dit : Allez annoncer à Jean ce que vous avez entendu et vu : que des aveugles voient, des boiteux marchent, des lépreux sont purifiés, des sourds entendent, des morts ressuscitent, des pauvres sont évangélisés :
23. Et bienheureux est celui qui ne sera point scandalisé de moi.
24. Et lorsque les envoyés de Jean furent partis, il commença à parler ainsi de Jean au peuple : Qu’êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?
25. Mais encore qu’êtes-vous allés voir ? un homme vêtu avec mollesse ? Or ceux qui portent des vêtements précieux et vivent dans les délices habitent les maisons des rois.
26. Qu’êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et plus qu’un prophète :
27. C’est celui dont il est écrit : Voici que j’envoie mon ange devant votre face, pour préparer votre voie devant vous.
28. Car je vous le dis : Entre ceux qui sont nés des femmes, nul n’est plus grand prophète que Jean-Baptiste ; mais le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui.
29. Et tout le peuple qui l’écoutait et les publicains reconnurent la justice de Dieu, s’étant fait baptiser du baptême de Jean.
30. Mais les pharisiens et les docteurs de la loi méprisèrent le dessein de Dieu sur eux, ne s’étant point fait baptiser par Jean.
31. Le Seigneur dit encore : À qui donc comparerai-je les hommes de cette génération ? et à qui sont-ils semblables ?
32. Ils sont semblables à des enfants assis dans la place, se parlant l’un à l’autre, et disant : Nous vous avons joué de la flute, et vous n’avez point dansé : nous avons entonné des chants lugubres, et vous n’avez point pleuré.
33. Car Jean est venu, ne mangeant point de pain, et ne buvant point de vin, et vous dites : Il a un démon en lui.
34. Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant, et vous dites : C’est un homme de bonne chère, et qui aime le vin, ami des publicains et des pécheurs.
35. Mais la sagesse a été justifiée par tous ses enfants.
(hi) 36. Or un des pharisiens le pria de manger avec lui. Étant donc entré dans la maison du pharisien, il se mit à table.
37. Et voilà qu’une femme connue dans la ville pour une pécheresse, ayant su qu’il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d’albâtre plein de parfums :
38. Et se tenant par derrière à ses pieds, elle commença à les arroser de ses larmes ; et les essuyant avec ses cheveux, elle les baisait et les oignait de parfums.
39. Ce que voyant, le pharisien qui l’avait invité dit en lui-même : Si celui-ci était prophète, il saurait certainement qui est, et ce qu’est la femme qui le touche : il saurait que c’est une pécheresse.
40. Alors Jésus prenant la parole, lui dit : Simon, j’ai pour toi quelque chose à dire. Il répondit : Maitre, dites.
41. Deux débiteurs étaient à un créancier ; l’un lui devait cinq cents deniers, et l’autre cinquante.
42. Comme ils n’avaient pas de quoi payer, il leur remit la dette à tous deux. Lequel donc l’aime le plus ?
43. Simon répondit : Celui, je pense, à qui il a le plus remis. Jésus lui dit : Tu as bien jugé.
44. Et se tournant vers la femme, il dit à Simon : Vois-tu cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as point donné d’eau pour mes pieds ; elle, au contraire, les a arrosés de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux.
45. Tu ne m’as point donné de baiser ; mais elle, depuis qu’elle est entrée, n’a cessé de baiser mes pieds.
46. Tu n’as pas oint ma tête d’huile, mais elle a oint mes pieds de parfums.
47. C’est pourquoi je te le dis : Beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on remet moins aime moins.
48. Alors il dit à cette femme : Vos péchés vous sont remis.
49. Ceux qui étaient à table avec lui commencèrent à dire en eux-mêmes : Qui est celui-ci, qui remet même les péchés ?
50. Mais Jésus dit à la femme : Votre foi vous a sauvée ; allez en paix.
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CHAP. VII. 1. Matth. VIII, 5. — 6. Matth. VIII, 8. — 16. Infra. XXIV, 19 ; Joan. IV, 19. — 19. Matth. XI, 2. — 22. Is. XXXV, 5. — 27. Malach. III, 1 ; Matth. XI, 10 ; Marc. I, 2. — 31. Matth. XI, 16. — 33. Matth. III, 4 ; XI, 18 ; Marc. I, 6. — 37. Matth. XXVI, 7 ; Marc. XIV, 3 ; Joan. XII, 3. — 48. Matth. IX, 2.
1. * Dans Capharnaüm. Voir Matth. IV, 13.
2. * Un centurion. Voir Matth. VIII, 5.
3. * Les anciens d’entre les Juifs, ceux qui étaient à la tête de l’administration de la ville. C’est le seul endroit des Évangiles où le titre d’anciens ne désigne pas des membres du sanhédrin.
5. * Une synagogue. Voir Matth. IV, 23.
11. * Naïm, aujourd’hui Nain, est situé sur le versant nord-ouest du petit Hermon (Djébel-el-Dûhy), au point où le terrain s’incline vers la plaine d’Esdrelon. On jouit de là d’une belle vue sur la plaine et sur les montagnes de Nazareth. À l’ouest du village, on remarque un grand nombre de tombeaux creusés dans le roc.
12. * Naïm était enfermé dans des murs et avait une porte, comme la plupart des villes et bourgs de Palestine qui avaient besoin d’être à l’abri d’une surprise de la part des Bédouins pillards.
36. * Un des pharisiens. Simon le lépreux. Voir Matth. XXVI, 6.
37. * Une femme. Marie-Madeleine. Voir Matth. XXVII, 56.
41. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 543. — # Deux débiteurs étaient à un créancier ; c’est-à-dire selon la grammaire latine : Un créancier avait deux débiteurs. La traduction littérale permet de comprendre le récit de notre Seigneur Jésus Christ. La Parole « Simon, j’ai pour toi » signifie qu’Il est en train, par la puissance de sa parole créatrice, de faire de Simon sont débiteur. Elle prépare la phrase suivante : « Deux débiteurs étaient à un créancier », Simon est un de ces débiteurs, et la faute n’est pas l’origine du débit mais seulement d’acte créateur de Dieu.
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Parabole de la semence et son explication. Lampe sur le chandelier. Mère et frères de Jésus-Christ. Tempête apaisée. Légion de démons chassée. Hémorroïsse guérie. Fille de Jaïre ressuscitée.
1. Et il arriva ensuite que Jésus parcourait les villes et les villages ; prêchant et annonçant le royaume de Dieu ; et les douze étaient avec lui,
(hi) 2. Ainsi que quelques femmes, qu’il avait délivrées des esprits malins et de leurs maladies : Marie, appelée Madeleine, de laquelle sept démons étaient sortis,
3. Jeanne, femme de Chusa, intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui l’assistaient de leurs biens.
(hi) 4. Comme le peuple s’assemblait en foule et accourait à lui des villes, il dit en parabole :
5. Celui qui sème alla semer son grain ; et pendant qu’il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin, et fut foulée aux pieds, et les oiseaux du ciel la mangèrent.
6. Une autre tomba sur la pierre, et ayant levé, elle sécha, parce qu’elle n’avait point d’humidité.
7. Une autre tomba parmi les épines, et croissant en même temps, les épines, l’étouffèrent.
8. Une autre tomba dans la bonne terre, et ayant levé, elle porta du fruit au centuple. Disant cela, il criait : Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende.
9. Or ses disciples lui demandaient quel était le sens de cette parabole.
10. Il leur dit : Pour vous, il vous a été donné de connaitre le mystère du royaume de Dieu ; mais aux autres je parle seulement en paraboles ; afin que voyant, ils ne voient point, et qu’entendant, ils ne comprennent point.
11. Or voici le sens de cette parabole : La semence est la parole de Dieu.
12. Ce qui tombe le long du chemin, ce sont ceux qui écoutent ; le diable vient ensuite, et enlève la parole de leur cœur, de peur que, croyant, ils ne soient sauvés.
13. Ce qui tombe sur la pierre, ce sont ceux qui, ayant écouté la parole, la reçoivent avec joie ; mais ceux-ci n’ont point de racine, ils croient pour un temps, et au temps de la tentation, ils se retirent.
14. Ce qui tombe parmi les épines, ce sont ceux qui écoutent la parole, mais, en allant, ils sont étouffés par les sollicitudes, les richesses et les voluptés de la vie, et ils ne portent point de fruits.
15. Mais ce qui tombe dans la bonne terre, ce sont ceux qui écoutant la parole, la conservent dans un cœur bon et excellent, et portent du fruit par la patience.
(hi) 16. Personne, allumant une lampe, ne la couvre d’un vase ou ne la met sous un lit ; mais il la pose sur un chandelier, afin que ceux qui entrent voient la lumière.
17. Car il n’y a rien de caché qui ne soit découvert, et rien de secret qui ne soit connu, et ne vienne au grand jour.
18. Voyez donc comment vous écoutez. Car il sera donné à celui qui a ; et quiconque n’a point, même ce qu’il croit avoir, lui sera ôté.
19. Cependant sa mère et ses frères vinrent vers lui, et ils ne pouvaient l’aborder à cause de la foule.
(hi) 20. On vint donc lui dire : Votre mère et vos frères sont là dehors, qui voudraient vous voir.
21. Jésus répondant, leur dit : Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui l’accomplissent.
(hi) 22. Or il arriva un de ces jours-là qu’il monta sur une barque avec ses disciples, et il leur dit : Passons à l’autre bord du lac. Et ils partirent.
23. Pendant qu’ils naviguaient, il s’endormit, et un grain de vent vint fondre sur le lac, et la barque s’emplissait d’eau, et ils étaient en péril.
24. S’approchant donc, ils le réveillèrent, disant : Maitre, nous périssons. Alors, se levant, il gourmanda le vent et les flots ; et ils s’apaisèrent, et il se fit un grand calme.
25. Mais il leur dit : Où est votre foi ? Et eux, effrayés, se regardèrent avec surprise les uns les autres, disant : Qui pensez-vous est celui-ci, qu’il commande au vent et à la mer, et ils lui obéissent ?
(hi) 26. Ensuite ils abordèrent au pays des Géraséniens, qui est vis-à-vis de la Galilée.
27. Et quand Jésus fut descendu à terre, il vint au-devant de lui un homme qui avait en lui un démon depuis longtemps ; il ne portait aucun vêtement, et ne demeurait point dans les maisons, mais dans les sépulcres.
28. Celui-ci, dès qu’il vit Jésus, se prosterna devant lui, et criant d’une voix forte, dit : Qu’importe à moi et à vous, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je vous en conjure, ne me tourmentez point.
29. Car il commandait à l’esprit impur de sortir de cet homme. Depuis longtemps, en effet, il s’en était emparé ; et, quoiqu’il fût lié de chaines et gardé, les fers au pieds, il rompait ses liens, et il était poussé par le démon dans le désert.
30. Jésus l’interrogea, disant : Quel est ton nom ? Il lui dit : Légion ; parce que beaucoup de démons étaient entrés dans cet homme.
31. Et ils le priaient de ne pas leur commander d’aller dans l’abime.
32. Or il y avait là un grand troupeau de pourceaux, qui paissaient sur la montagne ; et ils le priaient de leur permettre d’entrer en ces pourceaux, et il le leur permit.
33. Les démons sortirent donc de l’homme, et entrèrent dans les pourceaux ; et le troupeau courut impétueusement se précipiter dans le lac, et s’y noya.
34. Ce qu’ayant vu, les gardiens s’enfuirent, et l’annoncèrent dans la ville et dans les villages.
35. Et plusieurs sortirent pour voir ce qui était arrivé, et vinrent à Jésus ; ils trouvèrent, assis à ses pieds, vêtu et sain d’esprit, l’homme dont les démons étaient sortis, et ils furent remplis de crainte.
36. Et ceux qui l’avaient vu, leur racontèrent comment il était échappé sain et sauf de la légion.
37. Alors tout le peuple du pays des Géraséniens le pria de s’éloigner d’eux, parce qu’ils étaient saisis d’une grande frayeur. Jésus donc, montant dans la barque, s’en retourna.
38. Et l’homme, dont les démons étaient sortis, lui demandait instamment de rester avec lui. Mais Jésus le renvoya, disant :
39. Retourne en ta maison, et raconte quelles grandes choses Dieu t’a faites. Et il s’en alla, publiant par toute la ville les grandes choses que Jésus lui avait faites.
(hi) 40. Or il arriva que lorsque Jésus fut de retour, la foule du peuple le reçut ; car tous l’attendaient.
41. Et voilà qu’il vint un homme, nommé Jaïre, qui était chef de la synagogue, et qu’il se jeta aux pieds de Jésus, le priant d’entrer dans sa maison ;
42. Parce qu’il avait une fille unique d’environ douze ans, qui se mourait. Et il arriva que comme il y allait, il était pressé par la foule.
43. Or il y avait une femme malade d’une perte de sang depuis douze ans, laquelle avait dépensé tout son bien en médecins, et n’avait pu être guérie par aucun.
44. Elle s’approcha par derrière, toucha la frange de son vêtement, et aussitôt sa perte de sang s’arrêta.
45. Jésus dit alors : Qui est-ce qui m’a touché ? Comme tous s’en défendaient, Pierre dit, ainsi que ceux qui étaient avec lui : Maitre, la foule vous presse et vous accable, et vous demandez : Qui m’a touché ?
46. Mais Jésus repartit : Quelqu’un m’a touché ; car j’ai connu moi-même qu’une vertu était sortie de moi.
47. La femme, voyant qu’elle n’était pas restée cachée, vint, toute tremblante, et se jeta à ses pieds ; et elle déclara devant tout le peuple pourquoi elle l’avait touché, et comment elle avait été guérie à l’instant.
48. Et Jésus lui dit : Ma fille, votre foi vous a sauvée. Allez en paix.
49. Comme il parlait encore, quelqu’un vint dire au chef de la synagogue : Ta fille est morte, ne le tourmente pas.
50. Mais Jésus ayant entendu cette parole, dit au père de la jeune fille : Ne crains point, crois seulement, et elle sera sauvée.
51. Et quand il fut venu à la maison, il ne laissa entrer personne avec lui, si ce n’est Pierre, Jacques et Jean, et le père et la mère de la jeune fille.
52. Or tous pleuraient et se lamentaient sur elle. Mais Jésus dit : Ne pleurez point ; la jeune fille n’est pas morte, mais elle dort.
53. Et ils se riaient de lui, sachant qu’elle était morte.
54. Mais Jésus, prenant sa main, éleva la voix, disant : Jeune fille, lève-toi !
55. Et l’esprit lui revint, et elle se leva aussitôt ; et il lui fit donner à manger.
56. Et ses parents étaient hors d’eux-mêmes d’étonnement, et il leur commanda de ne dire à personne ce qui s’était passé.
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CHAP.
VIII. 2. Marc. XVI, 9. — 5. Matth. XIII, 3 ; Marc. IV, 3. — 10. Is. VI, 9 ; Matth. XIII, 14 ; Marc. IV, 12 ; Joan. XII, 40 ; Act. XXVIII, 26 ; Rom. XI, 8. — 16. Matth. V, 15 ; Marc. IV, 21 ; Infra. XI, 33. — 17. Matth. X, 26 ; Marc. IV, 22. — 18. Matth. XIII, 12 ; XXV, 29 ; Marc. IV, 25 ; Infra. XIX, 26. — 19. Matth. XII, 46 ; Marc. III, 32. — 22. Matth. VIII, 23 ; Marc. IV, 36. — 30. Marc. V, 9. — 31. Matth. VIII, 29. — 41. Matth. IX, 18 ; Marc. V, 22.
2. * Marie Madeleine. Voir Matth. XXVII, 56.
3. * Jeanne, femme de Chusa, se retrouve à l’ensevelissement de Notre-Seigneur, Luc. XXIV, 10. — Chusa était le trésorier ou l’économe d’Hérode Antipas. — Suzanne est tout-à-fait inconnue.
22. Du lac de Génésareth. — Les synoptiques s’accordent pour raconter à la suite trois miracles opérés à cette époque par Notre-Seigneur. Dans le premier prodige, Jésus dompte les forces de la nature (vers. 22-25) ; dans le second, il commande en maitre aux puissances infernales (27-39) ; dans le troisième, il ravit à la mort une de ses victimes (41-56).
26. * Au pays des Géraséniens. Voir Matth. VIII, 28.
27. * Dans les sépulcres, voir Matth. VIII, 28.
30. Dans l’armée romaine, la légion était composée de six mille hommes. Ce mot peut être pris ici indéfiniment pour un grand nombre.
31. Par l’abime, on entend communément l’enfer, que l’Écriture nomme en effet souvent abime, parce qu’on le conçoit comme un lieu profond, où les démons sont renfermés pour jamais.
33. * Se précipiter dans le lac. Voir Matth. XXI, 19.
37. Cette population à demi païenne craignait que la même chose n’arrivât à tous les troupeaux du pays.
41. * Jaïre, chef de la synagogue. Voir note sur Marc. V, 22.
44. La frange. Compar. Matth. IX, 20.
50. Ne crains point : la foi de Jaïre avait dû être ébranlée par le message qu’il venait de recevoir.
²
Mission des apôtres. Hérode souhaite de voir Jésus-Christ. Retour et retraite des apôtres. Multiplication des cinq pains. Confession de saint Pierre. Croix et renoncement à soi-même. Transfiguration de Jésus-Christ. Guérison d’un enfant lunatique. Passion prédite. Qui sera le plus grand. Jacques et Jean veulent faire tomber le feu du ciel. Dispositions pour suivre Jésus-Christ.
(hi) 1. Jésus, ayant appelé les douze apôtres, leur donna vertu et puissance sur tous les démons, et le pouvoir de guérir les maladies.
2. C’est ainsi qu’il les envoya prêcher le royaume de Dieu, et rendre la santé aux malades.
3. Et il leur dit : Ne portez rien en route, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent, et n’ayez point deux tuniques.
4. En quelque maison que vous entriez, demeurez-y, et n’en sortez point.
5. Quant à ceux, quels qu’ils soient, qui ne vous recevront point, secouez, en sortant de leur ville, la poussière même de vos pieds en témoignage pour eux.
6. Étant donc partis, ils parcouraient les villages, évangélisant et guérissant en tout lieu.
(hi) 7. Cependant Hérode, le tétrarque, entendit parler de tout ce que faisait Jésus, et il ne savait que penser, parce qu’il était dit
8. Par quelques-uns : Jean est ressuscité d’entre les morts ; par quelques autres : Élie est apparu ; et par d’autres : Un des anciens prophètes est ressuscité.
9. Ainsi Hérode dit : J’ai décapité Jean ; quel est donc celui-ci, de qui j’entends dire moi-même de telles choses ? Et il cherchait à le voir.
(hi) 10. Les apôtres étant revenus, racontèrent à Jésus tout ce qu’ils avaient fait ; et les prenant avec lui, il se retira à l’écart dans un lieu désert, qui appartient à Bethsaïde.
11. Lorsque le peuple l’eut appris, il le suivit ; et Jésus les accueillit, et il leur parlait du royaume de Dieu, et il rendait la santé à ceux qui avaient besoin d’être guéris.
12. Cependant le jour commençait à baisser ; et les douze s’approchant, lui dirent : Renvoyez le peuple, afin qu’il aille dans les bourgs et dans les villages d’alentour, pour y loger et trouver de la nourriture ; car ici nous sommes en un lieu désert.
13. Mais il leur dit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Ils lui répondirent : Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons, à moins que nous n’allions nous-mêmes acheter des vivres pour toute cette multitude.
14. Or ils étaient environ cinq mille hommes. Jésus dit alors à ses disciples : Faites-les assoir par groupes de cinquante.
15. Et ils firent ainsi : ils les firent tous assoir.
16. Jésus ayant donc pris les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux au ciel, et les bénit ; puis il les rompit, et les donna à ses disciples, pour les servir aux groupes.
17. Et tous mangèrent et furent rassasiés. Et on emporta, de ce qui leur resta, douze corbeilles de morceaux.
(hi) 18. Or il arriva que comme il priait seul, n’ayant avec lui que ses disciples, il les interrogea, disant : Qui dit-on que je suis ?
19. Ils lui répondirent et dirent : Jean-Baptiste ; d’autres, Élie ; d’autres, un des anciens prophètes qui est ressuscité.
20. Et vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis ? Simon Pierre répondant, dit : Le Christ de Dieu.
21. Mais il leur défendit, avec menace, de le dire à personne,
(hi) 22. Ajoutant : Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les princes des prêtres et par les scribes, qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour.
23. Il disait encore à tous : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, et porte sa croix chaque jour, et me suive.
24. Car celui qui voudra sauver son âme, la perdra ; et qui perdra son âme à cause de moi, la sauvera.
25. Et que sert à l’homme de gagner le monde entier à son détriment et en se perdant lui-même ?
26. Car qui aura rougi de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme rougira de lui, lorsqu’il viendra dans sa majesté et dans celle du Père et des saints anges.
27. Et je vous le dis en vérité : Il y en a quelques-uns ici présents qui ne gouteront point de la mort qu’ils n’aient vu le royaume de Dieu.
(hi) 28. Or, il arriva, environ huit jours après qu’il eut dit ces paroles, qu’il prit Pierre, Jacques, et Jean, et monta sur la montagne pour prier.
29. Et, pendant qu’il priait, l’aspect de sa face devint tout autre, et son vêtement d’une éclatante blancheur.
30. Et voilà que deux hommes s’entretenaient avec lui. Or c’était Moïse et Élie,
31. Paraissant en grande majesté ; et ils parlaient de sa fin, qui devait s’accomplir à Jérusalem.
32. Cependant Pierre et ceux qui se trouvaient avec lui, étaient appesantis par le sommeil ; et se réveillant, ils virent sa gloire, et les deux hommes qui étaient avec lui.
33. Et il arriva que lorsqu’ils le quittèrent, Pierre dit à Jésus : Maitre, il nous est bon d’être ici ; faisons trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, et une pour Élie ; ne sachant ce qu’il disait.
34. Comme il parlait ainsi, il se forma une nuée qui les enveloppa de son ombre ; et les disciples furent saisis de frayeur lorsqu’ils entrèrent dans la nuée.
35. Et une voix vint de la nuée, disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le.
36. Et pendant que la voix parlait, Jésus se trouva seul. Mais gardant eux-mêmes le silence, ils ne dirent à personne, en ces jours-là, rien de ce qu’ils avaient vu.
37. Il arriva que le jour suivant, comme ils descendaient de la montagne, une foule nombreuse vint au-devant d’eux.
38. Et voilà que de la foule un homme s’écria, disant : Maitre, je vous supplie, jetez un regard sur mon fils ; car c’est le seul que j’aie.
39. Et voilà qu’un esprit se saisit de lui, et aussitôt il crie, puis l’esprit le brise contre terre, le déchire en le faisant écumer, et à peine le quitte-t-il après l’avoir tout déchiré ;
40. J’ai prié vos disciples de le chasser, et ils ne l’ont pu.
41. Jésus répondant, dit : Ô race infidèle et perverse, jusqu’à quand serai-je avec vous, et vous supporterai-je ? Amène ici ton fils.
42. Et comme il approchait, le démon le brisa contre terre et le déchira.
43. Alors Jésus gourmanda l’esprit impur, guérit l’enfant, et le rendit à son père.
(hi) 44. Et tous étaient fort étonnés de la grandeur de Dieu ; et comme ils admiraient tout ce que faisait Jésus, il dit à ses disciples : Mettez, vous autres, ces paroles dans vos cœurs : Il arrivera que le Fils de l’homme sera livré entre les mains des hommes.
45. Mais eux n’entendaient pas cette parole ; elle était voilée pour eux, de sorte qu’ils ne la comprenaient point ; et ils craignaient de l’interroger sur cette parole.
(hi) 46. Or une pensée leur vint à l’esprit, lequel d’entre eux était le plus grand ?
47. Mais Jésus, voyant les pensées de leur cœur, prit un enfant, le plaça près de lui,
48. Et leur dit : Quiconque recevra cet enfant en mon nom, me reçoit ; et quiconque me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé. Car celui qui est le plus petit entre vous tous, celui-là est le plus grand.
49. Alors prenant la parole, Jean dit : Maitre, nous avons vu un homme qui chasse les démons en votre nom, et nous l’en avons empêché, parce qu’il ne vous suit pas avec nous.
50. Et Jésus lui dit : Ne l’en empêchez point ; car qui n’est point contre vous est pour vous.
(hi) 51. Or, il arriva que, quand les jours de son ascension s’accomplissaient, il fixa son visage pour aller à Jérusalem.
(hi) 52. Il envoya donc devant lui des messagers, qui, étant partis, entrèrent dans une ville des Samaritains, pour lui préparer un logement ;
53. Mais il ne fut pas reçu, parce que son visage était celui de quelqu’un allant à Jérusalem.
54. Ce qu’ayant vu, ses disciples Jacques et Jean dirent : Seigneur, voulez-vous que nous disions que le feu descende du ciel, et les consume ?
55. Mais se tournant, il les gourmanda, disant : Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes.
56. Le Fils de l’homme n’est pas venu perdre les âmes, mais les sauver. Et ils s’en allèrent dans un autre village.
(hi) 57. Et il arriva, comme ils étaient en chemin, que quelqu’un lui dit : Je vous suivrai partout où vous irez.
58. Jésus lui dit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer la tête.
59. Mais il dit à un autre : Suis-moi. Celui-ci répondit : Seigneur, permettez-moi d’aller d’abord, et d’ensevelir mon père.
60. Et Jésus lui dit : Laisse les morts ensevelir leurs morts ; pour toi, va, et annonce le royaume de Dieu.
61. Un autre dit : Je vous suivrai, Seigneur ; mais permettez-moi d’abord de renoncer à ce qui est dans ma maison.
62. Jésus lui répondit : Quiconque ayant mis la main à la charrue, regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu.
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CHAP. IX. 1. Matth. X, 1 ; Marc. III, 15. — 3. Matth. X, 9 ; Marc. VI, 8. — 5. Act. XIII, 51. — 7. Matth. XIV, 1 ; Marc. VI, 14. — 12. Matth. XIV, 15 ; Marc. VI, 36. — 13. Joan. VI, 9. — 18. Matth. XVI, 13 ; Marc. VIII, 27. — 22. Matth. XVII, 21 ; Marc. VIII, 31 ; IX, 30. — 23. Matth. X, 38 ; XVI, 24 ; Marc. VIII, 34 ; Infra. XIV, 27. — 24. Matth. X, 39 ; XVI, 25 ; Marc. VIII, 35 ; Infra. XVII, 33 ; Joan. XII, 25. — 26. Matth. X, 33 ; Marc. VIII, 38 ; II Tim. II, 12. — 27. Matth. X, 23 ; XVI, 28 ; Marc. VIII, 39 ; Joan. XXI, 22. — 28. Matth. XVII, 1 ; Marc. IX, 1. — 35. II Petr. I, 17. — 38. Matth. XVII, 14 ; Marc. IX, 16. — 46. Matth. XVIII, 1 ; Marc. IX, 33. — 54. IV Reg. I, 10. — 56. Joan. III, 17 ; XII, 47. — 58. Matth. VIII, 20.
5. En témoignage pour eux. Afin que ce soit pour eux un témoignage que vous ne pouvez plus avoir rien de commun avec eux, puisqu’ils refusent d’embrasser la religion divine que vous prêchez.
7, 9. * Hérode Antipas, tétrarque de Galilée. Voir note sur Matth. XIV, 1.
10. * Dans un lieu désert. Voir Matth. XIV. 13.
18. * Il priait seul à Césarée de Philippe. Voir note sur Matth. XVI, 13.
20. Le Christ de Dieu : le Messie envoyé de Dieu.
22. * Les anciens. Voir la note sur Matth. XVI, 21. — Les princes des prêtres et les scribes. Voir les notes sur Matth. II, 4.
24-25. Voy., pour le sens de ces deux versets, Matth. X, 39.
27. * Quelques-uns… ne gouteront point de la mort, etc. Voyez les notes sur Matth. XVI, 28 et # XXIV, 34.
28. * Sur la montagne. Voir note sur Matth. XVII, 1.
32. Et se réveillant… sans doute par l’éclat de la lumière divine, ils virent, etc. Beaucoup de manuscrits de la Vulgate lisent vigilantes (au lieu de evigilántes), qui correspond exactement au grec.
39. Contre terre. Compar. Marc. IX, 19.
51. Il fixa son visage ; il tourna sa face, il se mit en chemin pour aller à Jérusalem.
52. * Des Samaritains. Voir Matth. X, 5.
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Mission des soixante-douze disciples. Malheur des villes impénitentes. Retour des disciples. Mystères cachés aux sages et révélés aux simples. Jésus interrogé par un docteur. Parabole du Samaritain. Jésus chez Marthe et Marie.
(hi) 1. Après cela, le Seigneur désigna encore soixante-douze autres disciples, et les envoya deux à deux devant lui dans toutes les villes et tous les lieux où lui-même devait venir.
2. Et il leur disait : La moisson est certainement grande, et les ouvriers en petit nombre. Priez donc le maitre de la moisson, qu’il envoie des ouvriers en sa moisson.
3. Allez : Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.
4. Ne portez ni sac, ni bourse, ni chaussure, et ne saluez personne dans le chemin.
5. En quelque maison que vous entriez, dites d’abord : Paix à cette maison !
6. Et s’il s’y trouve un fils de la paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra à vous.
7. Demeurez dans la même maison, mangeant et buvant de ce qui sera chez eux ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez point de maison en maison.
8. Et, en quelque ville que vous entriez, et où vous serez reçus, mangez ce qui vous sera présenté.
9. Guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : Le royaume de Dieu est proche de vous.
10. Mais, en quelque ville que vous soyez entrés, s’ils ne vous reçoivent point, sortez dans ses places, et dites :
11. Nous secouons contre vous la poussière même de votre ville, qui s’est attachée à nos pieds ; cependant sachez que le royaume de Dieu approche.
12. Je vous le dis : Pour Sodome, en ce jour-là, il y aura plus de rémission que pour cette ville-là.
13.Malheur à toi, Corozaïn ! Malheur à toi, Bethsaïde ! Car si dans Tyr et Sidon s’étaient opérés les miracles qui ont été opérés au milieu de vous, elles auraient autrefois fait pénitence sous le cilice et assises dans la cendre.
14. Mais, pour Tyr et Sidon, il y aura au jugement plus de rémission que pour vous.
15. Et toi, Capharnaüm, élevée jusqu’au ciel, tu seras plongée jusqu’au fond de l’enfer.
16. Qui vous écoute, m’écoute ; et qui vous méprise, me méprise ; mais qui me méprise, méprise celui qui m’a envoyé.
17. Or les soixante-douze revinrent avec joie, disant : Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en votre nom.
18. Et il leur dit : Je voyais Satan tombant du ciel comme la foudre.
19. Voilà que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds les serpents et les scorpions, et toute la puissance de l’ennemi ; et rien ne vous nuira.
20. Cependant, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux.
(hi) 21. En cette heure même, il tressaillit de joie par l’Esprit-Saint, et dit : Je vous rends gloire, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et que vous les avez révélées aux petits. Oui, Père, car il vous a plu ainsi.
22. Toutes choses m’ont été données par mon Père. Et personne ne sait quel est le Fils, sinon le Père ; et quel est le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils a voulu le révéler.
23. Et, se tournant vers ses disciples, il dit : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez !
24. Car, je vous le dis, beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont point vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont point entendu.
(hi) 25. Et voilà qu’un docteur de la loi, se levant pour le tenter, dit : Maitre, que ferai-je pour posséder la vie éternelle ?
26. Jésus lui dit : Qu’y a-t-il d’écrit dans la loi ? Qu’y lis-tu ?
27. Celui-ci répondant, dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces, et de tout ton esprit ; et ton prochain comme toi-même.
28. Jésus lui dit : Tu as bien répondu ; fais cela, et tu vivras.
29. Mais lui, voulant se justifier lui-même, dit à Jésus : Et qui est mon prochain ?
30. Jésus reprenant, dit : Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba entre les mains de voleurs qui, l’ayant dépouillé et couvert de plaies, s’en allèrent, le laissant à demi-mort.
31. Or il arriva qu’un prêtre descendait par le même chemin ; et l’ayant vu, passa outre.
32. Pareillement un lévite, se trouvant près de là, le vit, et passa outre aussi.
33. Mais un Samaritain, qui était en voyage, vint près de lui, et, le voyant, fut touché de compassion.
34. Et, s’approchant, il banda ses plaies, y versant de l’huile et du vin ; et, le mettant sur sa monture, il le conduisit en une hôtellerie, et prit soin de lui.
35. Et le jour suivant, il tira deux deniers, et les donnant à l’hôte, dit : Aie soin de lui, et tout ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour.
36. Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui tomba entre les mains des voleurs ?
37. Le docteur répondit : Celui qui a été compatissant pour lui. Et Jésus lui dit : Va, et fais de même.
(hi) 38. Or il arriva que pendant qu’ils étaient en chemin, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison ;
39. Et celle-ci avait une sœur, nommée Marie, laquelle assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.
40. Cependant Marthe s’occupait avec empressement des soins nombreux du service ; elle s’arrêta et dit : Seigneur, ne voyez-vous pas que ma sœur me laisse servir seule ? dites-lui donc qu’elle m’aide.
41. Mais le Seigneur répondant, lui dit : Marthe, Marthe, vous vous inquiétez et vous vous troublez de beaucoup de choses.
42. Or une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera pas ôtée.
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CHAP. X. 2. Matth. IX, 37. — 3. Matth. X, 16. — 4. Marc. VI, 8 ; Matth. X, 10 ; IV Reg. IV, 29. — 7. Deut. XXIV, 14 ; Matth. X, 10 ; I Tim. V, 18. — 11. Act. XIII, 51. — 13. Matth. XI, 21. — 16. Matth. X, 40 ; Marc. IX, 36 ; Joan. XIII, 20. — 19. Ps. XC, 13. — 21. Matth. XI, 25. — 23. Matth. XIII, 16. — 25. Matth. XXII, 35 ; Marc. XII, 28. — 27. Deut. VI, 5 ; Lev. XIX, 18.
1. * « La liste des soixante-douze disciples ne nous a pas été transmise. Un petit nombre seulement sont connus avec certitude. On sait qu’ils furent choisis parmi ceux qui suivaient habituellement le Sauveur, et que le divin Maitre les associa aux Apôtres pour les aider à instruire le peuple et le préparer à sa venue. Il est certain qu’ils étaient inférieurs aux douze, puisque Mathias, l’un d’entre eux, fut promu à l’apostolat à la place de Judas. S. Ignace les assimile aux diacres et S. Jérôme aux prêtres. Leur ministère fut transitoire et purement personnel : ils ne transmirent à personne les pouvoirs qu’ils avaient reçus. — Au lieu de soixante-douze disciples, la plupart des manuscrits grecs portent soixante-dix ; mais on peut croire que c’est un nombre rond employé pour soixante-douze, comme lorsqu’il s’agit des interprètes de l’Ancien Testament, ou des personnes dont se composait la famille de Jacob à son entrée en Égypte. — On a fait cette remarque, que ce nombre répond à celui des peuples dont Moïse fait le dénombrement dans la Genèse, de même que le nombre douze répond à celui des tribus d’Israël ; car, d’après les Juifs, l’humanité se composait de soixante-dix (ou soixante-douze) peuples : quinze de Japhet, trente de Cham et vingt-sept de Sem, Cet accroissement du nombre des ouvriers apostoliques, de douze à soixante-douze, semblait annoncer l’extension prochaine de la prédication à l’univers entier. » (L. Bacuez.)
4. Ne saluez personne dans votre chemin, manière de parler des Hébreux pour dire qu’il ne faut pas que rien les arrête en chemin.
6. Un fils de la paix ; hébraïsme, pour quelqu’un digne de la paix.
8. Mangez ce qui
vous sera présenté. Compar.
Matth. XV, 11.
13. * Corozaïn, Bethsaïde. Voir note sur Matth. XI, 21. — Tyr et Sidon. Voir Marc. III, 8.
15. * Capharnaüm. Voir Matth. IV, 13.
30. * Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. « Il descendait, car Jérusalem est beaucoup plus élevée que Jéricho. La distance entre ces deux villes était d’environ cent cinquante stades (en stades olympiques, de 27 à 28 Km) ; la route traversait une contrée aride, un désert. La plaine de Jéricho, véritable oasis dans le désert, était d’une grande fertilité, renommée pour ses roses, son miel et les meilleurs produits de la Palestine. Le misérable village de Riha occupe aujourd’hui l’emplacement de l’ancienne Jéricho. — Pendant son voyage, il tomba entre les mains des voleurs qui l’ayant dépouillé, etc. Josèphe raconte que la Palestine était alors infestée de brigands, et S. Jérôme nous apprend qu’une partie de la route de Jérusalem à Jéricho était appelée le chemin du sang, à cause du sang qui y avait été répandu ; il y avait là une garnison romaine, pour la protection des voyageurs. Aujourd’hui encore les Arabes du désert pillent fréquemment ceux qui parcourent cette contrée. » (Trench.)
34. * De l’huile et du vin. Les anciens se servaient de l’huile et du vin pour panser les blessures, du vin pour les laver et les purifier, de l’huile pour en calmer l’irritation. — En une hôtellerie, non en une hôtellerie proprement dite, mais dans le khan ou caravansérail. Voir Luc. II, 7. La tradition place ce caravansérail à Khan el-Akhmar.
35. Deux deniers. Voy. Matth. XVIII, 28. — * L’hôte, celui qui est chargé de la garde du caravansérail.
38. * Dans un village. « Dans la partie méridionale de la Galilée, non loin de Naïm. » (Mgr Darboy.) À Béthanie, selon d’autres commentateurs. — Une femme nommée Marthe le reçut dans sa maison. « Marthe avait pour sœur Marie-Madeleine et pour frère Lazare ; ils appartenaient à une famille considérable. Il semble que Marthe fut l’ainée, car elle est toujours citée la première ; c’est aussi à cause de cette qualité sans doute qu’on la voit faire à Jésus-Christ les honneurs de la maison et déployer plus que personne les sollicitudes de l’hospitalité. Sa sœur Marie était d’une nature moins agissante. On pense que Lazare, Marthe et Marie-Madeleine quittèrent la Galilée avec leur maitre et ami divin, et fixèrent leur séjour en Judée, non loin de Jérusalem. Il est certain, dans tous les cas, qu’ils habitaient le bourg de Béthanie, à quinze stades ou trois quarts de lieue de la ville sainte, durant les six mois qui précédèrent la mort du Sauveur. » (Mgr Darboy.) Voir la note sur Matth. XXVII, 56.
39. * Marie Madeleine. Voir Matth. XXVII, 56.
42. * Marie a choisi la meilleure part. « Non pas que le Seigneur voulût blâmer Marthe, car elle eut aussi sa récompense, c’est-à-dire le don de la foi et de la charité, mais il voulait recommander la noble occupation de Marie, qui a tant d’influence sur les destinées de l’âme humaine. L’antiquité ecclésiastique a toujours vu dans ces deux femmes le double symbole de la vie active et répandue en bonnes œuvres, et de la vie contemplative et consumée en ardentes prières. » (Mgr Darboy.)
²
Prière de Jésus-Christ. Demander, chercher et frapper. Délivrance d’un possédé muet. Blasphème des Juifs. Parabole du fort armé. Démon rentrant. Bonheur de la mère de Jésus. Signe de Jonas. Œil simple. Dehors de la coupe. Reproches de Jésus-Christ contre les scribes et les pharisiens.
(hi) 1. Il arriva que, comme il priait en un certain lieu, un de ses disciples lui dit, après qu’il eut fini : Seigneur, enseignez-nous à prier, comme Jean lui-même l’a enseigné à ses disciples.
2. Et il leur dit : Quand vous priez, dites : Père, que votre nom soit sanctifié. Que votre règne arrive.
3. Donnez-nous aujourd’hui notre pain de chaque jour.
4. Et remettez-nous nos péchés, puisque nous remettons nous-mêmes à tous ceux qui nous doivent ; et ne nous induisez point en tentation.
5. Et il leur dit encore : Si quelqu’un de vous a un ami, et qu’il aille le trouver pendant la nuit, et lui dise : Mon ami, prête-moi trois pains,
6. Parce qu’un de mes amis est arrivé chez moi de voyage, et que je n’ai rien à lui offrir ;
7. Et si celui-là, répondant de dedans sa maison, disait : Ne m’importune point ; ma porte est déjà fermée, et mes enfants sont au lit avec moi ; je ne puis me lever et t’en donner.
8. Si cependant l’autre continue de frapper, je vous le dis, quand celui-ci ne se lèverait point pour lui en donner, parce qu’il est son ami ; cependant à cause de son importunité, il se lèvera et lui en donnera autant qu’il en a besoin.
9. Et moi je vous dis aussi : Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira.
10. Car quiconque demande, reçoit ; et qui cherche, trouve ; et à celui qui frappe, l’on ouvrira.
11. Si quelqu’un d’entre vous demande du pain à son père, lui donnera-t-il une pierre ? ou si un poisson, lui donnera-t-il au lieu du poisson, un serpent ?
12. Ou s’il lui demande un œuf, lui présentera-t-il un scorpion ?
13. Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner à vos enfants des choses bonnes ; combien, à plus forte raison, votre Père céleste donnera-t-il un esprit bon à ceux qui le lui demanderont ?
(hi-50) (hi-64) 14. Or il chassait un démon, et ce démon était muet ; et lorsqu’il eut chassé le démon, le muet parla, et le peuple fut dans l’admiration.
15. Mais quelques-uns d’entre eux dirent : C’est par Béelzébub, prince des démons, qu’il chasse les démons.
16. Et d’autres, pour le tenter, lui demandaient un prodige dans le ciel.
17. Mais Jésus ayant vu leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera désolé, et une maison tombera sur une autre maison.
18. Que si Satan est divisé contre lui-même, comment son royaume subsistera-t-il ? car vous dites que c’est par Béelzébub que je chasse les démons.
19. Et si moi, je chasse les démons par Béelzébub, vos fils, par qui les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges.
20. Mais si c’est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, c’est que le royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous.
21. Lorsque le fort armé garde l’entrée de sa maison, ce qu’il possède est en sureté.
22. Mais si un plus fort que lui survenant, en triomphe, il emportera toutes ses armes dans lesquelles il se confiait, et il distribuera ses dépouilles.
23. Qui n’est pas pour moi est contre moi ; et qui n’amasse pas avec moi, dissipe.
24. Lorsque l’esprit impur sort de l’homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos ; et n’en trouvant point, il dit : Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti.
25. Et revenant il la trouve nettoyée de ses ordures, et ornée.
26. Alors il s’en va, et prend avec lui sept autres esprits pires que lui, et, étant entrés dans cette maison, ils y demeurèrent. Et le dernier état de cet homme devient pire que le premier.
(hi) 27. Or il arriva que, comme il disait ces choses, une femme, élevant la voix d’au milieu de la foule, lui dit : Heureux le sein qui vous a porté, et les mamelles que vous avez sucées !
28. Mais Jésus dit : Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent !
29. Cependant le peuple s’amassant en foule, il commença à dire : Cette génération est une génération mauvaise ; elle demande un signe, et il ne lui sera point donné de signe, si ce n’est le signe du prophète Jonas.
30. Car comme Jonas fut un signe pour les Ninivites, ainsi sera le Fils de l’homme pour cette génération.
31. La reine du midi se lèvera au jugement avec les hommes de cette génération, et les condamnera ; parce qu’elle vint des extrémités de la terre entendre la sagesse de Salomon ; et il y a ici plus que Salomon.
32. Les Ninivites se lèveront au jugement avec cette génération, et la condamneront ; parce qu’ils firent pénitence à la prédication de Jonas ; et il y a ici plus que Jonas.
33. Personne n’allume une lampe pour la mettre en un lieu caché, ni sous le boisseau ; mais on la pose sur le chandelier, afin que ceux qui entrent voient la lumière.
34. La lampe de votre corps est votre œil. Si votre œil est simple, tout votre corps sera lumineux ; mais s’il est mauvais, tout votre corps aussi sera ténébreux.
35. Prenez donc garde que la lumière qui est en vous ne soit ténèbres.
36. Si donc votre corps est tout entier lumineux, n’ayant aucune partie ténébreuse, tout sera lumineux et vous serez éclairés comme par la lampe qui brille.
(hi-117) (hi-157) 37. Pendant qu’il parlait, un pharisien le pria de diner chez lui. Étant donc entré, il se mit à table.
38. Or le pharisien, pensant en lui-même, commença à se demander pourquoi il ne s’était point lavé avant le repas.
39. Et le Seigneur lui dit : Vous autres, pharisiens, vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat ; mais ce qui est au dedans de vous est plein de rapine et d’iniquité.
40. Insensés ! celui qui a fait le dehors n’a-t-il pas fait aussi le dedans ?
41. Toutefois, faites l’aumône de votre superflu, et tout sera pur pour vous.
42. Mais malheur à vous, pharisiens, parce que vous payez la dime de la menthe, de la rue, et de toutes les herbes, et que vous négligez la justice et l’amour de Dieu ! il fallait faire ces choses et ne pas omettre les autres.
43. Malheur à vous, pharisiens, parce que vous aimez les premiers sièges dans les synagogues et les salutations dans les places publiques !
44. Malheur à vous, parce que vous êtes comme les sépulcres qui ne paraissent point ; les hommes marchent dessus sans le savoir !
45. Alors un des docteurs de la loi prenant la parole, lui dit : Maitre, en disant cela, vous nous faites injure à nous aussi.
46. Mais Jésus dit : Et à vous aussi, docteurs de la loi, malheur ; parce que vous imposez aux hommes des charges qu’ils ne peuvent porter, et que vous-mêmes ne touchez pas les fardeaux du bout du doigt !
47. Malheur à vous, qui bâtissez des tombeaux aux prophètes, et vos pères les ont tués !
48. Certes, vous témoignez bien que vous consentez aux œuvres de vos pères ; car eux les ont tués, et vous, vous leur bâtissez des sépulcres.
49. C’est pourquoi la sagesse même de Dieu a dit : Je leur enverrai des prophètes et des apôtres, et ils tueront les uns et persécuteront les autres ;
50. Afin qu’on redemande à cette génération le sang de tous les prophètes qui a été répandu depuis la fondation du monde ;
51. Depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie, qui périt entre l’autel et le temple. Oui, je vous le dis, il sera redemandé à cette génération.
52. Malheur à vous, docteurs de la loi, parce que vous avez pris la clef de la science ; vous n’êtes pas entrés vous-mêmes, et ceux qui entraient, vous les en avez empêchés !
53. Comme il leur disait ces choses, les pharisiens et les docteurs de la loi commencèrent à le presser, et à l’accabler d’une multitude de questions,
54. Lui tendant des pièges, et cherchant à surprendre quelque parole de sa bouche pour l’accuser.
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CHAP. XI. 2. Matth. VI, 9. — 9. Matth. VII, 7 ; XXI, 22 ; Marc. XI, 24 ; Joan. XIV, 13 ; Jac. I, 5. — 11. Matth. VII, 9. — 14. Matth. IX, 32 ; XII, 22. — 15. Matth. IX, 34 ; Marc. III, 22. — 29. Matth. XII, 39 ; XVI, 1. — 30. Jon. II, 1. — 31. III Reg. X, 1 ; II Par. IX, 1. — 32. Jon. III, 5. — 33. Matth. V, 15 ; Marc. IV, 21 ; Supra. VIII, 16. — 34. Matth. VI, 22. — 39. Matth. V, 20 ; XXIII, 25. — 43. Matth. XXIII, 6 ; Marc. XII, 39 ; Infra. XX, 46. — 46. Matth. XXIII, 4. — 51. Gen. IV, 8 ; II Par. XXIV, 22.
2-4. * Voir note sur Matth. VI, 9-13.
11. Ou si un poisson. Cette traduction, qui est de Bossuet, rend plus fidèlement qu’aucune autre la concision énergique du texte, sans pourtant nuire à la clarté.
12. * Un scorpion. Comp. Luc. X, 19. Quelques commentateurs ont pensé, à cause de ces paroles, qu’il existait une certaine ressemblance entre un œuf et un scorpion, mais le langage de Notre-Seigneur n’implique point cette ressemblance. Le scorpion est ordinairement noir, quoique d’anciens auteurs parlent d’un scorpion blanc.
13. * Votre Père céleste donnera son bon esprit à ceux qui le lui demanderont. « Il n’y a de bon esprit que celui de Dieu. L’esprit qui nous éloigne du vrai bien, quelque pénétrant, quelque agréable, quelque habile qu’il soit pour nous procurer des biens corruptibles, n’est qu’un esprit d’illusion et d’égarement. L’esprit n’est fait que pour conduire à la vérité et au souverain bien. Il n’y a de bon esprit que celui de Dieu, parce qu’il n’y a que son esprit qui nous mène à lui. Il y a bien de la différence entre un bel esprit, un grand esprit et un bon esprit. Le bel esprit plaît par son agrément ; le grand esprit excite l’admiration par sa profondeur ; mais il n’y a que le bon esprit qui sauve et qui rende heureux par sa solidité et par sa droiture. » (Fénelon.)
15. * Béelzébub. Voir Matth. X, 25.
19. En qualité d’exorcistes, certains Juifs chassaient les démons par l’invocation du nom de Dieu.
21. Le fort armé. Voy. Matth. XII, 29.
29. * Le signe (ou le prodige, le miracle) du prophète Jonas. Voir note sur Matth. XII, 39-40.
31. * La reine du midi, la reine de Saba, dont le royaume était situé au midi par rapport à la Palestine.
33. * Sous le boisseau. Voir note sur Matth. V, 15.
38-39. * Compar. les notes sur Matth. XXIII, 25-36.
42. * De la menthe. Voir Matth. XXIII, 23. — De la rue. La rue, ruta gravéolens, plante très aromatique, d’un vert jaunâtre dont on faisait grand usage en Palestine pour l’épicerie et la médecine, est très stimulante, antispasmodique et tonique. L’odeur en est très forte ; le gout des feuilles est amer. Le Talmud déclare que la rue n’est pas soumise à la dime, mais les Pharisiens voulaient la mettre sur le même pied que les autres plantes potagères dont on devait payer la dime.
48. Comme les docteurs de la loi ne bâtissaient des tombeaux aux prophètes que par hypocrisie, au lieu de réparer aux yeux de Dieu les crimes de leurs pères, ils en comblaient plutôt la mesure.
51.* Jusqu’au sang de Zacharie. Voir Matth. XXIII, 35.
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Levain des pharisiens ; ne craindre que Dieu. Blasphème contre le Saint-Esprit. Se garder de l’avarice. Ne point s’inquiéter pour les besoins de la vie. Ne chercher que Dieu. Vigilance. Partage des serviteurs, fidèle et infidèle. Feu apporté sur la terre. Temps du Messie inconnu. S’accorder avec son adversaire.
1. Cependant une grande multitude s’étant assemblée autour de lui, de sorte qu’ils marchaient les uns sur les autres, il commença à dire à ses disciples : Gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie.
2. Car rien de caché qui ne se révèle, ni de secret qui ne se sache.
3. Ainsi ce que vous avez dit dans les ténèbres se dira à la lumière ; et ce que vous avez dit à l’oreille, dans les chambres à coucher, sera publié sur les toits.
4. Or je vous dis à vous, qui êtes mes amis : Ne craignez point ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent plus rien faire.
5. Mais je vous montrerai qui vous devez craindre : Craignez celui qui, après avoir ôté la vie, a le pouvoir d’envoyer dans la géhenne : oui, je vous le dis, craignez celui-là.
6. Cinq passereaux ne se vendent-ils pas deux as, et cependant pas un d’eux n’est en oubli devant Dieu ?
7. Les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point, vous valez plus que beaucoup de passereaux.
8. Or je vous le dis : Quiconque m’aura confessé devant les hommes, le Fils de l’homme aussi le confessera devant les anges de Dieu.
9. Mais qui m’aura renié devant les hommes, sera renié devant les anges de Dieu.
10. Quiconque parle contre le Fils de l’homme, il lui sera remis ; mais pour celui qui aura blasphémé contre l’Esprit-Saint, il ne lui sera pas remis.
11. Lorsqu’on vous conduira dans les synagogues, devant les magistrats et les puissances, ne vous inquiétez point de quelle manière ou de ce que vous répondrez, ou bien de ce que vous direz.
12. Car l’Esprit-Saint vous enseignera à l’heure même ce qu’il vous faudra dire.
13. Alors quelqu’un de la foule lui dit : Maitre, dites à mon frère de partager avec moi notre héritage.
14. Mais Jésus lui répondit : Homme, qui m’a établi juge sur vous, ou pour faire vos partages ?
15. Puis il leur dit : Voyez, et gardez-vous de toute avarice ; car dans l’abondance même la vie de chacun ne dépend point des choses qu’il possède.
(hi) 16. Il leur dit ensuite cette parabole : Il y avait un homme riche dont le champ rapportait beaucoup de fruits ;
17. Or il pensait en lui-même, disant : Que ferai-je, car je n’ai point où serrer mes fruits ?
18. Et il dit : Voici ce que je ferai : je détruirai mes greniers, et j’en ferai de plus grands, et j’y rassemblerai tous mes produits et tous mes biens.
19. Et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années ; repose-toi, mange, bois, fais grande chère.
20. Mais Dieu lui dit : Insensé, cette nuit même on te redemandera ton âme ; et ce que tu as amassé, à qui sera-t-il ?
21. Ainsi est celui qui thésaurise pour lui, et qui n’est point riche devant Dieu.
22. Et il dit à ses disciples : C’est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez point pour votre vie, de ce que vous mangerez ; ni pour votre corps, de quoi vous le vêtirez.
23. La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement.
24. Considérez les corbeaux, ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’ont ni cellier ni grenier, et Dieu les nourrit. Combien ne valez-vous pas plus qu’eux ?
25. Qui de vous, en s’inquiétant ainsi, peut ajouter à sa taille une seule coudée ?
26. Si donc vous ne pouvez même pas les moindres choses, pourquoi vous inquiéter des autres ?
27. Considérez les lis comme ils croissent ; ils ne travaillent ni ne filent : et cependant je vous le dis, Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas vêtu comme l’un d’eux.
28. Or si l’herbe qui est aujourd’hui dans les champs, et qui demain sera jetée au four, Dieu la revêt ainsi, combien plus le fera-t-il pour vous, hommes de peu de foi ?
29. Ne demandez donc point ce que vous aurez à manger ou à boire, et ne vous élevez pas si haut ;
30. Car ce sont ces choses que les nations du monde recherchent ; mais votre Père sait que vous en avez besoin.
31. Ainsi cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice ; et toutes ces choses vous seront données par surcroit.
32. Ne craignez point, petit troupeau, parce qu’il a plu à votre Père de vous donner son royaume.
33. Vendez ce que vous avez et l’aumône. Faites-vous des bourses que le temps n’use point, un trésor qui ne vous fasse pas défaut dans les cieux, où le voleur n’approche point, et où les vers ne rongent point.
34. Car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur.
35. Ceignez vos reins, et ayez en vos mains les lampes allumées ;
36. Semblables à des hommes qui attendent que leur maitre revienne des noces ; afin que lorsqu’il viendra et frappera à la porte, ils lui ouvrent aussitôt.
37. Heureux ces serviteurs, que le maitre, quand il viendra, trouvera veillant ! En vérité, je vous le dis, il se ceindra, et les fera mettre à table, et passant de l’un à l’autre, il les servira.
38. Et s’il vient à la seconde veille, et s’il vient à la troisième veille, et qu’il les trouve ainsi, heureux sont ces serviteurs.
39. Car sachez bien que si le père de famille savait à quelle heure le voleur doit venir, il veillerait et ne laisserait point percer sa maison.
40. Et vous aussi, tenez-vous prêts ; parce qu’à l’heure que vous ne pensez pas, le Fils de l’homme viendra.
41. Or Pierre lui dit : Seigneur, est-ce pour nous que vous dites cette parabole, ou pour tout le monde ?
42. Et le Seigneur dit : Qui, pensez-vous, est le dispensateur fidèle et prudent que le maitre a établi sur tous ses serviteurs pour leur distribuer, dans le temps, leur mesure de froment ?
43. Heureux ce serviteur que le maitre, lorsqu’il viendra, trouvera agissant ainsi !
44. Je vous dis, en vérité, qu’il l’établira sur tous les biens qu’il possède.
45. Que si ce serviteur dit en son cœur : Mon maitre tarde à venir ; et qu’il commence à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer ;
46. Le maitre de ce serviteur viendra le jour où il ne s’y attend pas, et à l’heure qu’il ne sait pas, et il le divisera, et il lui donnera ainsi sa part avec les infidèles.
47. Mais ce serviteur, qui a connu la volonté de son maitre, et ne s’est pas tenu prêt, et de cette manière n’a pas agi selon sa volonté, recevra un grand nombre de coups ;
48. Celui qui ne l’a pas connue, et qui a fait des choses dignes de châtiment, recevra peu de coups. Car à celui à qui on a donné beaucoup, on demandera beaucoup ; et de celui à qui on a confié beaucoup, on exigera davantage.
49. Je suis venu jeter un feu sur la terre ; et que veux-je, sinon qu’il s’allume ?
50. Je dois être baptisé d’un baptême ; or combien je me sens pressé jusqu’à ce qu’il s’accomplisse ?
51. Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, je vous le dis ; mais la division.
52. Car, désormais, dans une seule maison, cinq seront divisés, trois contre deux, et deux contre trois ;
53. Seront divisés : le père contre le fils, et le fils contre le père ; la mère contre la fille, et la fille contre la mère ; la belle-mère contre sa belle-fille, et la belle-fille contre sa belle-mère.
54. Il disait aussi au peuple : Lorsque vous voyez un nuage se former au couchant, aussitôt vous dites : La pluie vient, et il arrive ainsi.
55. Et quand vous voyez souffler le vent du midi, vous dites : Il fera chaud, et cela arrive.
56. Hypocrites, vous savez juger d’après l’aspect du ciel et de la terre ; mais ce temps-ci, comment ne le reconnaissez-vous point ?
57. Comment ne discernez-vous pas de vous-mêmes ce qui est juste ?
58. Lorsque tu vas avec ton adversaire devant un magistrat, tâche de te dégager de lui en chemin, de peur qu’il ne te traine devant le juge et que le juge ne te livre à l’exécuteur, et que l’exécuteur ne te jette en prison.
59. Je te le dis, tu n’en sortiras point que tu n’aies payé jusqu’à la dernière obole.
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CHAP.
XII. 1. Matth. XVI, 6 ; Marc. VIII, 15. — 2. Matth. X, 26 ; Marc. IV, 22. — 8. Matth. X, 32 ; Marc. VIII, 38 ; II Tim. II, 12. — 10. Matth. XII, 31-32 ; Marc. III, 28-29 ; I Joan. V, 16. — 11. Matth. X, 19-20 ; Act. VI, 10. — 16. Eccli. XI, 19. — 22. Ps. LIV, 23 ; Matth. VI, 25 ; I Petr. V, 7. — 33. Matth. XIX, 21 ; VI, 20. — 39. Matth. XXIV, 43. — 40. Apoc. XVI, 15. — 51. Matth. X, 34. — 54. Matth. XVI, 2. — 58. Matth. V, 25.
1. Les fausses doctrines pharisaïques, qui aboutissaient à une sainteté tout extérieure et hypocrite, sont appelées un levain ce qui est symbole de corruption.
2. Vous devez d’autant plus vous garder du levain des Pharisiens, que ma doctrine doit bientôt être prêchée partout, et sa sainteté éclater au grand jour, en regard de leur perversité.
3. Sur les toits. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 530. — * Voir Marc. II, 4.
5. Dans la géhenne. Voy. Matth. V, 22.
6. * Cinq passereaux. Voir Matth. X, 29.
8. sv. : nouveau motif d’encouragement : graves conséquences que doit avoir la confession ou la négation publique de Jésus-Christ.
10. Il ne lui sera pas remis ; parce qu’il mourra dans l’impénitence finale ; car l’Église a le pouvoir de remettre toute sorte de péchés à quiconque se convertit sincèrement à Dieu.
14. Jésus était juge de tout le monde ; mais il ne voulait pas exercer toujours son pouvoir ; il désirait aussi éprouver la foi de ceux qui lui demandaient quelque chose.
24. * Considérez les corbeaux. « Ne soyez point en inquiétude : considérez les corbeaux. Dans S. Matthieu, il est dit en général les oiseaux du ciel. Dans S. Luc, on lit les corbeaux, animal des plus voraces, et néanmoins sans greniers ni provision, qui sans semer et sans labourer trouve de quoi se nourrir. Dieu lui fournit ce qu’il lui faut, à lui, et à ses petits qui l’invoquent, dit le Psalmiste. Dieu écoute leurs cris, quoique rudes et désagréables, et il les nourrit aussi bien que les rossignols et les autres, dont la voix est la plus mélodieuse et la plus douce. » (Bossuet.)
28. * Demain sera jetée au four. Voir Matth. VI, 30.
29. Ne vous élevez pas, etc., c’est-à-dire : n’élevez pas votre esprit jusqu’à ces soins inquiets ; ne vous perdez pas dans ces vaines prévoyances.
35. * Ceignez vos reins. Les Orientaux ne ceignaient leurs amples vêtements que pour se mettre en marche ou se préparer à faire quelque ouvrage.
38. * La seconde veille, de neuf heures à minuit. — La troisième veille, de minuit à trois heures du matin. Voir Matth. XIV, 25.
46. Et il divisera. Voy., pour le vrai sens de cette expression, Matth. XXIV, 51.
49. * Un feu sur la terre. Le feu signifie métaphoriquement dans l’Écriture l’amour et la tribulation. Il a ici le double sens d’après les Pères. Notre-Seigneur apporte l’amour divin (S. Ambroise, S. Jérôme, S. Augustin, etc.), mais ses disciples auront aussi à passer par le feu de la persécution. (Tertullien, Maldonado.)
50. Je dois être baptisé d’un baptême ; c’est-à-dire : je dois être infailliblement baptisé ; je ne peux manquer d’être baptisé. Voy. Matth. XV, 4.
²
Faire pénitence. Parabole du figuier stérile. Guérison d’une femme courbée. Paraboles du grain de sènevé et du levain dans la pâte. Porte étroite. Les derniers devenus les premiers. Réponse de Jésus-Christ touchant Hérode. Vengeances prédites contre Jésus-Christ.
(hi) 1. En ce même temps, quelques-uns vinrent lui annoncer ce qui s’était passé touchant les Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang à leurs sacrifices.
2. Et Jésus répondant, leur dit : Pensez-vous que ces Galiléens fussent plus pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu’ils ont souffert de telles choses ?
3. Non, je vous le dis : mais si vous ne faites pénitence, vous périrez tous de la même manière.
4. Comme ces dix-huit sur qui tomba la tour de Siloé, et qu’elle tua, croyez-vous qu’ils fussent plus redevables que tous les autres habitants de Jérusalem ?
5. Non, je vous le dis : mais si vous ne faites pénitence, vous périrez tous de la même manière.
6. Il leur disait encore cette parabole : Un homme avait un figuier planté dans sa vigne, et il vint y chercher du fruit, et n’en trouva point.
7. Alors il dit au vigneron : Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n’en trouve point : coupe-le donc ; pourquoi occupe-t-il encore la terre ?
8. Mais le vigneron répondant, lui dit : Seigneur, laissez-le encore cette année ; jusqu’à ce que je creuse tout autour, et que j’y mette du fumier :
9. Peut-être qu’il portera ainsi du fruit ; sinon vous le couperez.
10. Or Jésus enseignait dans leur synagogue les jours du sabbat.
11. Et voici venir une femme qui avait un esprit d’infirmité depuis dix-huit ans ; et elle était courbée et ne pouvait aucunement regarder en haut.
12. Jésus, la voyant, l’appela et lui dit : Femme, vous êtes délivrée de votre infirmité.
13. Et il lui imposa les mains, et aussitôt elle se redressa, et elle glorifiait Dieu.
14. Or le chef de la synagogue prit la parole, s’indignant de ce que Jésus l’eût guérie pendant le sabbat ; et il dit au peuple : Il y a six jours pendant lesquels on doit travailler ; venez donc ces jours-là vous faire guérir, et non pas le jour du sabbat.
15. Mais le Seigneur, lui répondant, dit : Hypocrites, chacun de vous ne délie-t-il pas son bœuf ou son âne de la crèche le jour du sabbat, pour les mener boire ?
16. Et cette fille d’Abraham que Satan a liée, voici dix-huit ans, ne fallait-il pas qu’elle fût délivrée de ses liens le jour du sabbat ?
17. Lorsqu’il parlait ainsi, tous ses adversaires étaient couverts de confusion, et tout le peuple se réjouissait de toutes les choses qu’il faisait avec tant d’éclat.
18. Il disait donc : À quoi est semblable le royaume de Dieu, et à quoi le comparerai-je ?
19. Il est semblable à un grain de sènevé qu’un homme prit et jeta dans son jardin ; il crût, devint un grand arbre, et les oiseaux du ciel se reposèrent sur ses branches.
20. Et il dit encore : À quoi comparerai-je le royaume de Dieu ?
21. Il est semblable à du levain qu’une femme prend et mêle dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que tout soit fermenté.
22. Et il allait par les villes et par les villages, enseignant, et faisant son chemin vers Jérusalem.
(hi) 23. Or quelqu’un lui demanda : Seigneur, y en a-t-il peu qui soient sauvés ? Il leur répondit :
24. Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ; car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer, et ne le pourront pas.
25. Lorsque le père de famille sera entré et aura fermé la porte, vous commencerez par vous tenir dehors et par frapper à la porte, disant : Seigneur, ouvrez-nous ; et vous répondant, il vous dira : Je ne sais d’où vous êtes.
26. Alors vous commencerez à dire : Nous avons mangé et bu devant vous, et vous avez enseigné dans nos places publiques.
27. Et il vous dira : Je ne sais d’où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d’iniquité.
28. Là sera le pleur et le grincement de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac, Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et vous, chassés dehors.
29. Il en viendra de l’orient, et de l’occident, et de l’aquilon, et du midi, et ils auront place au festin dans le royaume de Dieu.
30. Et ce sont les derniers qui seront les premiers, et ce sont les premiers qui seront les derniers.
(hi) 31. Ce même jour, quelques-uns des pharisiens s’approchèrent, lui disant : Allez-vous en, retirez-vous d’ici ; car Hérode veut vous faire mourir.
32. Et il leur dit : Allez, et dites à ce renard : Voilà que je chasse les démons et guéris les malades aujourd’hui et demain, et c’est le troisième jour que je dois être consommé.
33. Cependant il faut que je marche aujourd’hui et demain, et le jour suivant ; parce qu’il ne peut se faire qu’un prophète périsse hors de Jérusalem.
(hi) 34. Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme un oiseau rassemble sa couvée sous ses ailes, et tu ne l’as point voulu ?
35. Voici que votre maison vous sera laissée déserte. Je vous le dis, vous ne me verrez plus, jusqu’à ce qu’il arrive que vous disiez : Béni celui qui vient au nom du Seigneur !
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CHAP. XIII. 13. Matth. VII, 13. — 19. Matth. XIII, 31 ; Marc. IV, 31. — 21. Matth. XIII, 33. — 24. Matth. VII, 13. — 25. Matth. XXV, 10. — 27. Matth. VII, 23 ; Ps. VI, 9 ; Matth. XXV, 41. — 30. Matth. XIX, 30 ; XX, 16 ; Marc. X, 31. — 34. Matth. XXIII, 37.
1. * Pilate. Voir Matth. XXVII, 2. Le fait rapporté ici ne nous est connu que par l’Évangile, mais l’histoire profane peint Pilate sous les mêmes traits et elle nous apprend que sa disgrâce finale fut occasionnée par la cruauté avec laquelle il avait traité une troupe de Samaritains sur le mont Garizim.
4. Plus redevables à la justice de Dieu ; c’est-à-dire : plus coupables, plus pécheurs. — * La tour de Siloé. Elle devait se trouver au sud de Jérusalem, dans le voisinage de la piscine de Siloé.
6. * Un figuier. Le figuier était commun en Palestine et généralement planté dans les vignes. Le maitre de la vigne peut s’étonner d’autant plus de ne jamais y trouver de fruits que cet arbre en produit régulièrement deux fois par an. Les premières figues apparaissent avant le retour des feuilles et sont mures en Palestine vers le mois de juin. Les secondes figues poussent tant que le développement de la végétation continue et murissent à diverses époques à partir du mois d’aout.
9. « Le maitre de la vigne, c’est Dieu ; le figuier, c’est le peuple d’Israël, qui n’a porté d’autre fruit que des pratiques extérieures, semblables à un vain feuillage. Moïse, les prophètes, le Messie sont venus à lui tour à tour. Après la mort de Jésus, quarante ans lui ont été donnés pour faire pénitence. Les Juifs ne se convertissant pas, Jérusalem fut détruite et tout le peuple dispersé parmi les nations, Luc. XXI, 24. » (Crampon, 1885)
10. * Dans leur synagogue. Voir Matth. IV, 23.
11. Qui avait un esprit d’infirmité. Elle était possédée d’un démon qui la rendait infirme. Nous voyons dans l’Écriture une foule de maladies causées par les démons.
14. * Le chef de la synagogue. Voir Marc. V, 22.
19. * Un grain de sènevé. Voir note sur Matth. XIII, 31.
21. * Trois mesures de farine, trois sata, près de 39 litres.
24. Ils désireront d’être sauvés, mais faute d’en prendre les moyens, ils ne le seront pas.
31. * Hérode Antipas, tétrarque de Galilée et de la Pérée. Voir Matth. XIV, 1.
32. « Renard : cette hardiesse de langage à l’égard des rois et des grands était familière aux prophètes hébreux. » (Crampon, 1885)
35. Jusqu’à ce qu’il, etc. Voy. Matth. XXIII, 39.
²
Hydropique guéri. Prendre la dernière place. Inviter les pauvres. Parabole des conviés qui s’excusent. Renoncer à tout pour suivre Jésus-Christ. Porter sa croix. Sel qui a perdu sa vertu.
(hi) 1. Il arriva que comme Jésus était entré un jour de sabbat dans la maison d’un chef des pharisiens pour y manger du pain, ceux-ci l’observaient.
2. Et voilà qu’un homme hydropique était devant lui.
3. Or prenant la parole, Jésus dit aux docteurs de la loi et aux pharisiens : Est-il permis de guérir le jour du sabbat ?
4. Mais ils gardèrent le silence. Alors Jésus prenant cet homme par la main, le guérit et le renvoya.
5. Puis, s’adressant à eux, il demanda : Qui de vous, si son âne ou son bœuf tombe dans un puits, ne l’en retire pas aussitôt, même le jour du sabbat ?
6. Et ils ne pouvaient rien répondre à cela.
7. Il dit encore cette parabole aux conviés, en voyant comment ils choisissaient les premières places à table :
8. Lorsque tu seras invité à des noces, ne te mets pas à la première place, de peur que quelqu’un plus considéré que toi n’ait été invité aussi,
9. Et que celui qui t’a invité, toi et lui, ne vienne et ne te dise : Donne cette place à celui-ci ; et qu’alors tu n’ailles avec confusion occuper la dernière place.
10. Mais lorsque tu seras invité, va te mettre à la dernière place, afin que, quand viendra celui qui t’a convié, il te dise : Mon ami, monte plus haut. Alors ce sera une gloire pour toi devant ceux qui seront à table avec toi :
11. Car quiconque s’exalte sera humilié, et quiconque s’humilie sera exalté.
12. Il disait aussi à celui qui l’avait invité : Lorsque tu donneras à diner ou à souper, n’appelle ni tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni tes voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour, et qu’ils ne te rendent ce qu’ils ont reçu de toi.
13. Mais quand tu fais un festin, appelles-y des pauvres, des infirmes, des boiteux et des aveugles :
14. Et tu seras heureux de ce qu’ils n’ont rien à te rendre ; car ce te sera rendu à la résurrection des justes.
15. Ce qu’ayant entendu, un de ceux qui étaient à table lui dit : Heureux celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu.
16. Mais Jésus lui dit : Un homme fit un grand souper, et y appela beaucoup de monde.
17. Et à l’heure du souper, il envoya son serviteur dire aux conviés de venir, parce que tout était prêt.
18. Mais ils commencèrent à s’excuser tous ensemble. Le premier lui dit : J’ai acheté une maison de campagne, et il faut que j’aille la voir ; je vous prie, excusez-moi.
19. Un second dit : J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je vais les essayer ; je vous prie, excusez-moi.
20. Et un autre dit : J’ai pris une femme, et c’est pourquoi je ne puis venir.
21. Le serviteur étant revenu, rapporta tout ceci à son maitre. Alors le père de famille irrité dit à son serviteur : Va vite dans les places et les rues de la ville, et amène ici les pauvres et les estropiés, les aveugles et les boiteux.
22. Et le serviteur dit : Seigneur, il a été fait comme tu l’as ordonné, et il y a encore de la place.
23. Et le maitre dit au serviteur : Va dans les chemins et les haies, et force d’entrer, afin que ma maison soit remplie.
24. Mais je vous le dis, aucun de ceux qui avaient été invités, ne goutera de mon souper.
25. Or, comme de grandes foules allaient avec lui, il se tourna et leur dit :
26. Si quelqu’un vient à moi, et ne hait point son père et sa mère, sa femme et ses fils, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple.
27. Et qui ne porte point sa croix et ne me suit point, ne peut être mon disciple.
28. Car qui d’entre vous, voulant bâtir une tour, ne s’assied pas auparavant, pour calculer les dépenses qui sont nécessaires, et s’il a de quoi l’achever ?
29. De peur qu’après avoir posé les fondements, et n’avoir pu l’achever, ceux qui le verront ne se mettent à se moquer de lui,
30. Disant : Cet homme a commencé à bâtir ; et il n’a pu achever.
31. Ou, quel est le roi qui, sur le point d’aller faire la guerre à un autre roi, ne s’assied pas auparavant, et ne songe pas en lui-même, s’il peut, avec dix mille hommes, aller à la rencontre de celui qui vient contre lui avec vingt mille ?
32. Autrement, tandis que celui-ci est encore loin, envoyant une ambassade, il lui fait des propositions de paix.
33. Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce point à tout ce qu’il possède, ne peut être mon disciple.
34. Le sel est bon. Mais si le sel perd sa vertu, avec quoi l’assaisonnera-t-on ?
35. Il n’est plus propre, ni pour la terre, ni pour le fumier ; mais il sera jeté dehors. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende.
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CHAP. XIV. 10. Prov. XXV, 7. — 11. Matth. XXIII, 12 ; Infra. XVIII, 14. — 12. Tob. IV, 7 ; Prov. III, 9. — 16. Prov. IX, 1 ; Is. XXV, 6 ; Matth. XXII, 2 ; Apoc. XIX, 9. — 26. Matth. X, 37. — 27. Matth. X, 38 ; XVI, 24 ; Marc. VIII, 34. — 34. Matth. V, 13 ; Marc. IX, 49.
1. Manger du pain ; hébraïsme, pour prendre un repas. Voy. Matth. XV, 2. — * Un chef des pharisiens, un des principaux de la secte.
5. * Dans un puits. Les puits en Palestine n’avaient pas ordinairement de garde-fou ; ils étaient à fleur de terre et l’on en couvrait l’orifice avec une pierre, mais si l’on négligeait cette précaution, les animaux domestiques pouvaient y tomber.
15. Qui mangera du pain. Voyez au verset 1.
23. # Force d’entrer ; l’objet forcé n’est précisé par notre Seigneur Jésus Christ. Il laisse très largement ouvert la possibilité d’interpréter ses Paroles. L’une de ces interprétation est bien évidement que le serviteur va chercher des pierres pour susciter des enfants à Abraham (cf. Matth. III, 9), pour faire des pierres qui chante la louange de Dieu (cf. Luc. XIX, 40).
26. Dans le style biblique, haïr signifie très souvent aimer moins. Voy. Matth. X, 37. Ainsi le Sauveur commande seulement ici qu’on aime moins ses parents que lui, en sorte qu’on soit prêt à les quitter pour le suivre. — Sa propre vie ou sa propre âme (anima). Voy. Matth. X, 39.
28-35. « C’est un grand bonheur que d’avoir part au festin du royaume de Dieu (dans l’Église et dans le Ciel) ; mais, pour être mon disciple, il faut beaucoup de renoncement et de mortification ; qu’on y réfléchisse bien avant de s’y engager ; car il serait honteux d’abandonner ma doctrine après l’avoir embrassée, de devenir un sel affadi (vers. 34). » (Crampon, 1885)
28-31. Ne s’assied pas auparavant ; c’est-à-dire : n’examine pas en repos et à loisir.
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Murmures des pharisiens contre Jésus-Christ qui reçoit les pécheurs. Parabole de la brebis égarée, de la drachme perdue, et de l’enfant prodigue.
(hi) 1. Or les publicains et les pécheurs s’approchaient de Jésus pour l’entendre.
2. Et les pharisiens et les scribes murmuraient, disant : Celui-ci accueille les pécheurs et mange avec eux.
3. Et il leur proposa cette parabole, disant :
4. Quel est celui d’entre vous qui a cent brebis, et qui, s’il en perd une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert, et ne va après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la trouve ?
5. Et lorsqu’il l’a trouvée, il la met sur ses épaules, plein de joie ;
6. Et, venant à sa maison, il appelle ses amis et ses voisins, leur disant : Réjouissez-vous avec moi, parce que j’ai trouvé ma brebis qui était perdue.
7. Je vous dis de même qu’il y aura plus de joie dans le ciel pour un pécheur faisant pénitence, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence.
8. Ou, quelle est la femme qui, ayant dix drachmes, si elle en perd une, n’allume sa lampe, ne balaye sa maison, et ne cherche soigneusement jusqu’à ce qu’elle la trouve ?
9. Et lorsqu’elle l’a trouvée, elle appelle ses amies et ses voisines, disant : Réjouissez-vous avec moi, parce que j’ai trouvé la drachme que j’avais perdue.
10. Ainsi, je vous le dis, sera la joie parmi les anges de Dieu pour un pécheur faisant pénitence.
11. Et il ajouta : Un homme avait deux fils.
12. Or le plus jeune des deux dit à son père : Mon père, donnez-moi la portion de votre bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien.
13. Peu de jours après, le plus jeune fils ayant rassemblé tout ce qu’il avait, partit pour une région étrangère et lointaine, et il y dissipa son bien, en vivant dans la débauche.
14. Après qu’il eut tout consumé, il survint une grande famine dans ce pays, et il commença à se trouver dans l’indigence.
15. Il alla donc, et il s’attacha à un habitant de ce pays. Or celui-ci l’envoya à sa maison des champs pour paitre les pourceaux.
16. Il désirait se rassasier des cosses que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait.
17. Rentrant alors en lui-même, il dit : Combien de mercenaires, dans la maison de mon père, ont du pain en abondance, et moi ici je meurs de faim !
18. Je me lèverai, et j’irai à mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et devant vous ;
19. Je ne suis plus digne d’être appelé votre fils ; traitez-moi comme l’un de vos mercenaires.
20. Et se levant, il vint à son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut, s’attendrit, et accourant, tomba sur son cou et le baisa.
21. Et le fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et devant vous, je ne suis plus digne d’être appelé votre fils.
22. Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite sa robe première, et l’en revêtez ; mettez un anneau à sa main et une chaussure à ses pieds ;
23. Amenez aussi le veau gras, et tuez-le ; mangeons et réjouissons-nous :
24. Car mon fils que voici était mort, et il revit ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à faire grande chère.
25. Cependant son fils ainé était dans les champs ; et comme il revenait et approchait de la maison, il entendit une symphonie et des danses.
26. Il appela donc un de ses serviteurs, et lui demanda ce que c’était.
27. Le serviteur lui répondit : Votre frère est revenu, et votre père a tué le veau gras, parce qu’il a recouvré son fils sain et sauf.
28. Il s’indigna, et il ne voulait pas entrer. Son père donc étant sorti, se mit à le prier.
29. Mais lui, répondant, dit à son père : Voilà tant d’années que je vous sers, et jamais je n’ai manqué à vos commandements, et jamais vous ne m’avez donné un chevreau pour faire bonne chère avec mes amis ;
30. Mais après que votre fils que voici, qui a dévoré son bien avec des courtisanes, est revenu, vous avez tué pour lui le veau gras.
31. Alors le père lui dit : Mon fils, toi, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ;
32. Mais il fallait faire un festin et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort, et il revit ; il était perdu, et il est retrouvé.
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CHAP. XV. 4. Ezech. XXXIV, 16 ; Matth. XVIII, 12.
8. Dix drachmes ; la drachme valait environ quarante centimes. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 543.
12. * Donnez-moi la portion de votre bien que doit me revenir. D’après la loi, le cadet avait la moitié de moins que l’ainé.
15. Il alla donc et il s’attacha ; hébraïsme, pour : Il alla s’attacher, il résolut de s’attacher.
16. * Il désirait se rassasier des cosses que mangeaient les pourceaux. Il s’agit du fruit du caroubier, commun en Orient, et qu’on donne comme nourriture au bétail.
20. Il tomba sur son cou. « Il ne s’y jette pas, il y tombe. » (Bossuet, Retraite sur la pénitence, 10e jour.)
22. Sa robe première ; celle qu’il avait avant de me quitter ; selon d’autres, la plus belle, la plus précieuse. — * Le texte original porte stolê, mot qui désigne un large vêtement porté par les hommes les plus importants, rois, prêtres, etc., et descendant jusqu’aux pieds. — Un anneau. L’anneau, qui servait de sceau, était une marque de distinction. — Une chaussure. Les esclaves allaient pieds nus ; la chaussure indiquait donc un homme libre.
23. * Le veau gras. Encore aujourd’hui pour fêter un personnage, on tue un veau gras. En temps ordinaire, les Orientaux ne mangent presque jamais de viande.
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Parabole de l’économe infidèle. Nul ne peut servir deux maitres. Reproches contre les pharisiens. Indissolubilité du mariage. Mauvais riche. Lazare pauvre ; supplice de l’un, récompense de l’autre.
(hi) 1. Jésus disait encore à ses disciples : Il était un homme riche qui avait un économe ; et celui-ci fut accusé auprès de lui d’avoir dissipé ses biens.
2. Il l’appela, et lui dit : Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends-moi compte de ton administration, car désormais tu ne pourras plus la conserver.
3. Alors l’économe dit en lui-même : Que ferai-je, puisque mon maitre m’ôte l’administration de ses biens ? Travailler à la terre, je n’en ai pas la force, et j’ai honte de mendier.
4. Je sais ce que je ferai, afin que, lorsque j’aurai été renvoyé de ma charge, il y en ait qui me reçoivent dans leurs maisons.
5. Ayant donc appelé chacun des débiteurs de son maitre, il demanda au premier : Combien devez-vous à mon maitre ?
6. Il répondit : Cent barils d’huile. Et l’économe lui dit : Prenez votre obligation, et asseyez-vous vite, et écrivez cinquante.
7. Ensuite il dit à un autre : Et vous, combien devez-vous ? Celui-ci répondit : Cent mesures de froment. Prenez, lui dit-il, votre billet, et écrivez quatre-vingts.
8. Et le maitre de l’économe infidèle le loua d’avoir agi prudemment ; car les fils du siècle sont plus prudents entre eux que les fils de la lumière.
9. Et moi je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses injustes, afin que, lorsque vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels.
10. Celui qui est fidèle dans les moindres choses, est fidèle aussi dans les grandes ; et celui qui est injuste dans les petites choses, est injuste aussi dans les grandes.
11. Si donc vous n’avez pas été fidèle dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables ?
12. Et si vous n’avez pas été fidèle dans le bien d’autrui, qui vous donnera celui qui est à vous ?
13. Nul serviteur ne peut servir deux maitres : car, où il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre : vous ne pouvez servir Dieu et l’argent.
14. Or les pharisiens, qui étaient avares, écoutaient toutes ces choses et se moquaient de lui.
15. Et il leur dit : C’est vous qui vous justifiez devant les hommes, mais Dieu connait vos cœurs ; car ce qui est grand aux yeux des hommes, est en abomination devant Dieu.
16. La loi et les prophètes ont duré jusqu’à Jean ; depuis, le royaume de Dieu est annoncé, et chacun lui fait violence.
17. Le ciel et la terre passeront, plutôt qu’il ne tombe un seul point de la loi.
(hi) 18. Quiconque renvoie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère ; et qui épouse une femme renvoyée par son mari, commet un adultère.
(hi) 19. Il y avait un homme riche qui était vêtu de pourpre et de fin lin ; et il faisait chaque jour une splendide chère.
20. Il y avait aussi un mendiant, nommé Lazare, lequel était couché à sa porte, couvert d’ulcères,
21. Désirant se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche, et personne ne lui en donnait ; mais les chiens venaient et léchaient ses ulcères.
22. Or il arriva que le mendiant mourut, et fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut aussi, et fut enseveli dans l’enfer.
23. Or, levant les yeux, lorsqu’il était dans les tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein :
24. Et s’écriant, il dit : Père Abraham, ayez pitié de moi, et envoyez Lazare, afin qu’il trempe le bout de son doigt dans l’eau pour rafraichir ma langue ; car je suis tourmenté dans cette flamme.
25. Et Abraham lui dit : Mon fils, souviens-toi que pendant ta vie tu as reçu les biens, de même que Lazare les maux ; or maintenant il est consolé, et toi tu es tourmenté.
26. De plus, entre nous et vous, il y a pour jamais un grand abime, de sorte que ceux qui voudraient passer d’ici à vous, ou de là venir ici, ne le peuvent pas.
27. Et le riche dit : Je vous prie donc, père, de l’envoyer dans la maison de mon père ;
28. Car j’ai cinq frères ; afin qu’il leur atteste ces choses, et qu’ils ne viennent pas aussi eux-mêmes dans ce lieu de tourments.
29. Mais Abraham lui repartit. Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent.
30. Et il dit : Non, père Abraham ; mais si quelqu’un va des morts vers eux, ils feront pénitence.
31. Abraham lui répondit : S’ils n’écoutent point Moïse et les prophètes, quand même quelqu’un des morts ressusciterait, ils ne croiraient pas.
~
CHAP.
XVI. 13. Matth. VI, 24. — 16. Matth. XI, 12. — 17. Matth. V, 18. — 18. Matth. V, 32 ; Marc. X, 11 ; I Cor. VII,
10-11.
6. * Cent barils d’huile. Dans le texte original : cent baths, c’est-à-dire environ 3 900 litres.
7. * Cent mesures de froment. Dans le texte original : cent kors, c’est-à-dire environ 39 000 litres.
8. Les fils du siècle, les fils de la lumière, sont des locutions purement hébraïques, qui signifient les amateurs du siècle, ceux qui aiment les choses de la terre, les mondains et les hommes éclairés des lumières de la foi. — Entre eux, à l’égard les uns des autres ; ou bien dans leur manière d’agir, dans leur conduite ; mais la première interprétation est plus rapprochée du texte sacré. — Le maitre loue, non l’injustice de son économe, mais son activité et son adresse ; il n’avait donné à celui-ci ni le droit ni la permission de disposer de son bien ; tandis que Dieu a donné non seulement une permission, mais un ordre formel à tous ceux qui tiennent de lui des biens temporels ou spirituels, de les distribuer libéralement. — * « Par la conduite de l’économe infidèle, le Seigneur a voulu, selon S. Augustin, nous faire comprendre que si un maitre de la terre a pu faire l’éloge de son serviteur qui, pour un intérêt temporel, avait tenu une conduite frauduleuse, à plus forte raison nous serons agréables au maitre du ciel, si, conformément à ses divines lois et en vue de la vie éternelle, nous accomplissons envers le prochain des œuvres soit de justice, soit de miséricorde. Du reste le Seigneur n’a pas loué ce serviteur pour la nouvelle fraude commise envers son maitre, mais pour la pénétration et l’esprit de prévoyance et de calcul dont il a fait preuve à son propre avantage. » (Mgr Pichenot.)
9. Les richesses injustes sont ainsi appelées, parce qu’elles sont souvent mal acquises ou mal employées. Mais, comme en hébreu le même mot signifie vanité et iniquité, d’autres croient qu’il s’agit ici de richesses vaines, opposées aux biens véritables, dont il est parlé au verset 11.
13. * L’argent, dans l’original, mammôna, mot araméen qui signifie richesses et peut-être aussi le dieu des richesses.
16. # Et chacun lui fait violence ; pour y entrer, voy. Matth. XI, 12.
20. * Lazare, personnage fictif, selon l’opinion commune. — Couché à sa porte. Le mot grec pylôn désigne la grande porte d’entrée, comme il y en a dans les maisons les plus importantes.
22. Le sein d’Abraham ; c’est-à-dire le lieu de repos des âmes des saints, jusqu’à ce que le Sauveur eût ouvert le ciel par sa mort. — * Le riche mourut aussi et fut enseveli dans l’enfer. « Le mauvais riche, dit S. Jean Chrysostome, n’est pas damné parce qu’il fût riche, mais parce qu’il ne fut pas miséricordieux. Le mauvais riche, dit S. Grégoire, n’est pals damné pour avoir dérobé le bien d’autrui, mais pour n’avoir pas fait de son propre bien un| légitime usage. Le mauvais riche, dit S. Ambroise, n’est pas damné pour avoir frappé le pauvre, mais pour avoir été réellement homicide envers lui, en le laissant mourir sans secours. » (Mgr Pichenot.)
23. * Dans les tourments de l’enfer. Voir plus bas verset 28.
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Scandale. Pardon des injures. Puissance de la foi. Nous sommes des serviteurs inutiles. Guérison de dix lépreux. Royaume de Dieu. Jours de séduction. Avènement de Jésus-Christ.
1. Jésus dit encore à ses disciples : Il est impossible qu’il n’arrive des scandales ; mais malheur à celui par qui ils arrivent !
2. Il vaudrait mieux pour lui qu’on mît autour de son cou une meule de moulin et qu’on le jetât dans la mer, que de scandaliser un de ces petits.
3. Prenez-garde à vous : Si ton frère a péché contre toi, reprends-le ; et s’il se repent, pardonne-lui.
4. Et s’il a péché sept fois dans le jour contre toi, et que sept fois dans le jour il revienne à toi, disant : Je me repens ; pardonne-lui.
5. Et les apôtres dirent au Seigneur : Augmentez-nous la foi.
6. Mais le Seigneur dit : Si vous aviez de la foi comme un grain de sènevé, vous diriez à ce murier : Déracine-toi, et transplante-toi dans la mer ; et il vous obéirait.
7. Qui de vous, ayant un serviteur attaché au labourage ou aux troupeaux, lui dit, aussitôt qu’il revient des champs : Viens vite, mets-toi à table ?
8. Et ne lui dit pas au contraire : Prépare-moi à souper, et ceins-toi, et me sers jusqu’à ce que j’aie mangé et bu, et après cela, tu mangeras et tu boiras ?
9. A-t-il de l’obligation à ce serviteur, parce qu’il a fait ce qu’il lui avait commandé ?
10. Non, je pense. Ainsi, vous-mêmes, quand vous aurez fait ce qui vous est commandé, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles ; ce que nous avons fait, c’est ce que nous avons dû faire.
11. Il arriva qu’en allant à Jérusalem, il traversait le pays de Samarie et la Galilée.
(hi) 12. Et comme il entrait dans un village, il rencontra dix lépreux, qui s’arrêtèrent loin de lui ;
13. Et ils élevèrent la voix, disant : Jésus, Maitre, ayez pitié de nous.
14. Dès que Jésus les vit, il dit : Allez, montrez-vous aux prêtres. Et il arriva, pendant qu’ils y allaient, qu’ils furent purifiés.
15. Un d’eux, se voyant purifié, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix ;
16. Et il tomba sur sa face aux pieds de Jésus, lui rendant grâces ; or celui-ci était Samaritain.
17. Alors Jésus prenant la parole, dit : Est-ce que les dix n’ont pas été purifiés ? et les neuf autres, où sont-ils ?
18. Il ne s’en est point trouvé qui revînt et rendît gloire à Dieu, si ce n’est cet étranger.
19. Et il lui dit : Lève-toi, va, ta foi t’a sauvé.
(hi) 20. Interrogé par les pharisiens : Quand vient le royaume de Dieu ? Leur répondant, il dit : Le royaume de Dieu ne vient point de manière à être remarqué ;
21. Et on ne dira point : Il est ici ou il est là. Car voici que le royaume de Dieu est au dedans de vous.
22. Il dit ensuite à ses disciples : Viendront des jours où vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez pas.
23. Et on vous dira : Le voici ici et le voilà là. N’y allez point, et ne les suivez point.
24. Car, comme l’éclair qui, brillant sous un côté du ciel, lance sa lumière sur tout ce qui est sous le ciel, ainsi sera le Fils de l’homme en son jour.
25. Mais il faut auparavant qu’il souffre beaucoup de choses, et qu’il soit rejeté par cette génération.
26. Et comme il est arrivé aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il aussi dans les jours du Fils de l’homme.
27. Ils mangeaient et buvaient ; ils se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche : et le déluge vint et il les perdit tous.
28. Et comme il est arrivé encore aux jours de Lot : ils mangeaient et buvaient, ils achetaient et vendaient, ils plantaient et bâtissaient ;
29. Mais le jour où Lot sortit de Sodome, Dieu fit pleuvoir le feu et le soufre du ciel, et il les perdit tous :
30. Ainsi en sera-t-il le jour où le Fils de l’homme sera révélé.
31. En cette heure-là, que celui qui se trouvera sur le toit et dont les meubles sont dans la maison, ne descende point pour les emporter ; et que celui qui est dans le champ, ne retourne point non plus en arrière.
32. Souvenez-vous de la femme de Lot.
33. Quiconque cherchera à sauver sa vie, la perdra ; et quiconque l’aura perdue, lui donnera la vie.
34. Je vous le dis, en cette nuit-là deux personnes seront en un lit, l’un sera pris et l’autre laissé :
35. Deux femmes moudront ensemble, l’une sera prise, et l’autre laissée ; deux hommes seront dans un champ, l’un sera pris, et l’autre laissé.
36. Prenant la parole, les disciples lui dirent : Où, Seigneur ?
37. Et il répondit : Partout où sera le corps, là aussi s’assembleront les aigles.
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CHAP.
XVII. 1. Matth. XVIII, 7 ; Marc. IX, 41. — 3. Lev. XIX, 17 ; Eccli. XIX, 13 ; Matth. XVIII, 15. — 6. Matth. XVII, 19. — 14. Lev. XIV, 2. — 23. Matth. XXIV, 23 ; Marc. XIII, 21. — 26. Gen. VII, 7 ; Matth. XXIV, 37. — 28. Gen. XIX, 25. — 33. Matth. X, 39 ; XVI, 25 ; Marc. VIII, 35 ; Supra. IX, 24 ; Joan. XII, 25. — 34. Matth. XXIV, 40.
2. * Une meule de moulin à âne, dans le texte original. Voir Matth. XVIII, 6.
6. * Un grain de sènevé ou de moutarde. Voir Matth. XIII, 31.
3. Prenez garde : craignez de donner ou de recevoir du scandale. Voy. Matth. XVIII, 7.
7. * À ce murier. En grec : sycaminos, arbre qui par la forme et par les feuilles ressemble au murier et dont les fruits sont semblables aux figues.
12. Les lépreux n’osaient s’approcher des personnes saines, de peur de les souiller. Voy. Lev. XIII, 46.
14. Ils furent purifiés et de leur lèpre, et de la souillure légale qu’ils avaient contractée comme lépreux.
21. Le royaume de Dieu, etc. Le Messie que vous attendez est au milieu de vous, et vous ne le connaissez pas. Compar. Joan. I, 26. — * Le royaume de Dieu est au dedans de vous. Voir la note sur Matth. XVI, 28.
22, sv. Quelques chrétiens voudraient
voir, tout de suite, le triomphe complet du Christ et de son Église, mais la
Providence le veut autrement, et diffère cet heureux temps. Le Fils de l’homme sera révélé subitement (vers. 24) au moment où l’on
y pensera le moins, comme aux jours de Noé.
29. Dieu fit pleuvoir. Compar. Gen. XIX, 24, et Matth. V, 45.
31. Sur le toit ; c’est-à-dire sur la terrasse ou plate-forme qui sert de toit. Voy. Marc. II, 4.
33. Jésus dit de sacrifier la vie du corps pour sauver celle de l’âme (saint Cyrille). Matth. X, 39.
35. * Deux femmes moudront ensemble. Voir Matth. XVIII, 6.
37. * Les aigles. Les percnoptères. Voir Matth. XXIV, 28.
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Paraboles de la veuve importune à un mauvais juge ; du pharisien et du publicain. Enfants présentés à Jésus-Christ. Conseil de perfection. Salut des riches difficile. Récompense promise à ceux qui quittent tout pour Jésus-Christ. Passion prédite. Guérison d’un aveugle près de Jéricho.
(hi) 1. Il leur disait aussi cette parabole, sur ce qu’il faut toujours prier, et ne se lasser jamais.
2. Il y avait, disait-il, dans une certaine ville un juge qui ne craignait point Dieu, et ne se souciait point des hommes.
3. Or il y avait une veuve dans cette même ville, et elle venait à lui, disant : Faites-moi justice de mon adversaire.
4. Et il ne le voulut pas pendant longtemps. Mais ensuite il dit en lui-même : Quoique je ne craigne point Dieu et ne me soucie point des hommes,
5. Cependant, parce que cette femme m’importune, je lui ferai justice, de peur qu’à la fin elle ne vienne me faire quelque affront.
6. Le Seigneur ajouta : Entendez ce que dit le juge d’iniquité :
7. Et Dieu ne vengera pas ses élus, qui crient vers lui jour et nuit, et il usera de délai pour eux ?
8. Je vous dis qu’il les vengera bientôt. Mais quand le Fils de l’homme viendra, pensez-vous qu’il trouve de la foi sur la terre ?
9. Il dit encore cette parabole pour quelques-uns qui se confiaient en eux-mêmes comme étant justes, et méprisaient les autres :
10. Deux hommes montèrent au temple pour prier ; un pharisien et un publicain.
11. Le pharisien, se tenant en avant, priait ainsi en lui-même : Ô Dieu, je vous rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont voleurs, injustes, adultères ; ni même comme ce publicain.
12. Je jeûne deux fois la semaine ; je paie la dime de tout ce que je possède.
13. Et le publicain, se tenant éloigné, n’osait pas même lever les yeux au ciel ; mais il frappait sa poitrine, disant : Ô Dieu, ayez pitié de moi qui suis un pécheur.
14. Je vous le dis, celui-ci s’en retourna justifié dans sa maison, et non pas l’autre : car quiconque s’exalte sera humilié, et quiconque s’humilie sera exalté.
(hi) 15. On lui portait aussi les petits enfants, pour qu’il les touchât. Ce que les disciples voyant, ils les rebutaient.
16. Mais Jésus les appelant, dit : Laissez les enfants venir à moi, et ne les empêchez point ; car à de tels est le royaume de Dieu.
17. En vérité je vous le dis : Quiconque ne recevra point comme un enfant le royaume de Dieu, n’y entrera point.
(hi) 18. Un des principaux l’interrogea, disant : Bon maitre, que ferai-je pour posséder la vie éternelle ?
19. Jésus lui dit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon que Dieu seul.
20. Tu connais les commandements : Tu ne tueras point : Tu ne commettras point d’adultère : Tu ne porteras point faux témoignage : Honore ton père et ta mère.
21. Il répondit : J’ai observé tout cela depuis ma jeunesse.
22. Ce qu’entendant, Jésus lui dit : Une chose encore te manque : vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel : viens alors, et suis-moi.
23. Mais lui, ces paroles entendues, fut contristé, parce qu’il était fort riche.
24. Or Jésus le voyant devenir triste, dit : Que ceux qui ont les richesses entreront difficilement dans le royaume de Dieu !
25. Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.
26. Ceux qui l’écoutaient demandèrent : Et qui peut donc être sauvé ?
27. Il leur répondit : Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu.
(hi) 28. Alors Pierre dit : Et nous, voici que nous avons tout quitté pour vous suivre.
29. Jésus leur répliqua : En vérité, je vous le dis, il n’est personne qui ait quitté ou maison, ou parents, ou frères, ou femme, ou enfants, à cause du royaume de Dieu,
30. Qui ne reçoive beaucoup plus en ce temps même, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle.
(hi) 31. Ensuite Jésus prit à part les douze et leur dit : Voici que nous montons à Jérusalem, et que s’accomplira tout ce qui a été écrit par les prophètes touchant le Fils de l’homme ;
32. Car il sera livré aux gentils, et raillé, et flagellé, et couvert de crachats ;
33. Et après qu’ils l’auront flagellé, ils le feront mourir, et le troisième jour, il ressuscitera.
34. Mais les apôtres ne comprirent rien de ces choses, et cette parole leur était cachée ; ainsi ils ne comprenaient point ce qui leur était dit.
(hi) 35. Or il arriva, lorsqu’il approchait de Jéricho, qu’un aveugle était assis au bord du chemin, mendiant.
36. Et entendant la foule qui suivait le chemin, il demanda ce que c’était.
37. On lui dit que Jésus de Nazareth passait.
38. Alors il cria, disant : Jésus, fils de David, ayez pitié de moi !
39. Ceux qui allaient devant, le gourmandaient pour qu’il se tût. Mais il criait beaucoup plus encore : Fils de David, ayez pitié de moi !
40. Or Jésus s’arrêtant, ordonna qu’on le lui amenât. Et quand il se fut approché, il l’interrogea,
41. Disant : Que veux-tu que je te fasse ? Il répondit : Seigneur, que je voie.
42. Et Jésus lui dit : Vois ; ta foi t’a sauvé.
43. Et aussitôt il vit, et il le suivait glorifiant Dieu. Et tout le peuple, voyant cela, donna louange à Dieu.
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CHAP. XVIII. 1. Eccli. XVIII, 22 ; I Thess. V, 17. — 14. Matth. XXIII, 12 ; Supra. XIV, 11. — 15. Matth. XIX, 13 ; Marc. X, 13. — 18. Matth. XIX, 16. — 20. Ex. XX, 13. — 31. Matth. XX, 17 ; Marc. X, 32. — 26. Matth. XIX, 25-26 ; Marc. X, 26-27. — 35. Matth. XX, 29 ; Marc. X, 46.
3. * Une veuve. La veuve et l’orphelin sont toujours dans la Bible le type des personnes faibles et livrées à la violence et à l’injustice, parce qu’elles n’ont pas de protecteurs pour les soutenir et les défendre.
10. * Deux hommes montèrent au temple, parce que le temple étant sur le mont Moriah, il fallait monter pour s’y rendre. — Un pharisien. Voir la note 31 à la fin du volume. — Un publicain, voir Matth. V, 46.
13. * Le publicain se tenant éloigné. Ni le pharisien ni le publicain n’étaient dans le temple proprement dit, puisqu’on n’y entrait point, mais dans une cour du temple. Le pharisien se mettait en vue ; le publicain au contraire.
14. La Vulgate et le grec présentent absolument le même sens, mais en employant une locution hébraïque signifiant à la lettre : Celui-ci justifié, en comparaison de l’autre.
16. Car à de tels, etc. Voy., sur cette traduction, Matth. XIX, 14.
18. Un des principaux d’entre les pharisiens qui l’interrogeaient. Compar., XVII, 20.
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Zachée reçoit Jésus-Christ. Parabole des dix mines et des sujets rebelles. Entrée de Jésus dans Jérusalem. Il pleure sur cette ville et lui annonce sa ruine. Il chasse du temple les marchands.
(hi) 1. Jésus étant entré dans Jéricho, le traversait.
2. Or il y avait un homme appelé Zachée ; il était chef des publicains, et même fort riche.
3. Et il cherchait à voir qui était Jésus, et il ne le pouvait, à cause de la foule, parce qu’il était très petit de taille.
4. Courant donc en avant, il monta sur un sycomore pour le voir, parce qu’il devait passer par là.
5. Lorsqu’il arriva en cet endroit, Jésus leva les yeux, l’aperçut, et lui dit : Zachée, descends vite, parce qu’aujourd’hui il faut que je loge dans ta maison.
6. Et il descendit à la hâte, et le reçut avec joie.
7. Voyant cela, tous murmuraient disant qu’il était allé loger chez un homme pécheur.
8. Mais se tenant devant le Seigneur, Zachée lui dit : Seigneur, voici que je donne la moitié de mes biens aux pauvres ; et si j’ai fait tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple.
9. Jésus lui dit : Aujourd’hui cette maison a reçu le salut, parce que celui-ci aussi est enfant d’Abraham.
10. Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.
(hi) 11. Comme ils écoutaient ces discours, il dit encore une parabole, parce qu’il était près de Jérusalem, et que le peuple pensait que le royaume de Dieu allait bientôt paraitre.
12. Il dit donc : Un homme de grande naissance s’en alla en un pays lointain pour prendre possession d’un royaume et revenir ensuite.
13. Ainsi dix de ses serviteurs appelés, il leur donna dix mines, et leur dit : Négociez jusqu’à ce que je revienne.
14. Or ceux de son pays le haïssaient ; et ils envoyèrent après lui une députation, disant : Nous ne voulons point que celui-ci règne sur nous.
15. Et il arriva qu’il revint, après avoir pris possession du royaume, et il fit appeler les serviteurs auxquels il avait donné de l’argent, pour savoir combien chacun l’avait négocié.
16. Le premier vint, disant : Seigneur, votre mine a produit dix autres mines.
17. Il lui dit : Fort bien, bon serviteur, parce que tu as été fidèle en peu de choses, tu auras puissance sur dix villes.
18. Un autre vint, et dit : Seigneur, votre mine a produit cinq autres mines.
19. Et il dit à celui-ci : Toi aussi, sois à la tête de cinq villes.
20. Un autre vint, disant : Seigneur, voici votre mine que j’ai tenue enveloppée dans un linge,
21. Car je vous ai craint, parce que vous êtes un homme sévère : vous emportez ce que vous n’avez pas déposé, et moissonnez ce que vous n’avez pas semé.
22. Le maitre lui dit : C’est par ta propre bouche que je te juge, mauvais serviteur. Tu savais que je suis un homme sévère, emportant ce que je n’ai pas déposé, et moissonnant ce que je n’ai point semé.
23. Pourquoi donc n’as-tu pas donné mon argent à la banque, afin que, moi revenant, je le reprisse avec usure ?
24. Et il dit à ceux qui étaient présents : Ôtez-lui la mine, et donnez-la à celui qui a dix mines.
25. Ils lui répondirent : Seigneur, il a déjà dix mines.
26. Mais, je vous le dis, on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance ; mais à celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera ôté.
27. Et pour mes ennemis, qui n’ont pas voulu que je régnasse sur eux, amenez-les ici, tuez-les devant moi.
28. Ces choses dites, il marchait devant eux, montant à Jérusalem.
(hi) 29. Or il arriva, comme il approchait de Bethphagé et de Béthanie, près du mont nommé des Oliviers, qu’il envoya deux de ses disciples,
30. Disant : Allez au village qui est là devant : en y entrant, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s’est jamais assis : déliez-le et l’amenez.
31. Et si quelqu’un vous demande : Pourquoi le déliez-vous ? vous lui répondrez ainsi : Parce que le Seigneur veut s’en servir.
32. Ceux donc qui étaient envoyés s’en allèrent, et trouvèrent, comme il leur avait dit, l’ânon arrêté.
33. Mais comme ils déliaient l’ânon, ses maitres leur dirent : Pourquoi déliez-vous l’ânon ?
34. Ils répondirent : Parce que le Seigneur en a besoin.
35. Et ils l’amenèrent à Jésus. Et jetant leurs vêtements sur l’ânon, ils mirent Jésus dessus.
36. Partout où il passait, le peuple étendait ses vêtements sur le chemin.
37. Et comme il approchait de la descente du mont des Oliviers, toute la foule des disciples, pleine de joie, commença à louer Dieu à haute voix de tous les prodiges qu’ils avaient vus,
38. Disant : Béni celui qui vient roi au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux !
39. Alors quelques-uns des pharisiens, du milieu de la foule, lui dirent : Maitre, réprimez vos disciples.
40. Il leur répondit : Je vous déclare que si ceux-ci se taisent, les pierres crieront.
41. Et comme il approchait, voyant la ville, il pleura sur elle, disant :
42. Si tu connaissais, toi aussi, au moins en ce jour qui t’est encore donné, ce qui importe à ta paix ! mais maintenant ces choses sont cachées à tes yeux.
43. Car des jours viendront sur toi, où tes ennemis t’environneront de tranchées, t’enfermeront, te serreront de toutes parts,
44. Et te renverseront par terre, toi et tes enfants qui sont au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas connu le temps où tu as été visitée.
(hi) 45. Et étant entré dans le temple, il commença à chasser ceux qui y vendaient et y achetaient,
46. Leur disant : Il est écrit : Ma maison est une maison de prière ; mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs.
47. Et il enseignait tous les jours dans le temple. Cependant les princes des prêtres, les scribes, et les principaux du peuple, cherchaient à le perdre ;
48. Mais ils ne trouvaient pas que lui faire ; parce que tout le peuple était suspendu en l’écoutant.
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CHAP. XIX. 10. Matth. XVIII, 11. — 12. Matth. XXV, 14. — 26. Matth. XIII, 12 ; XXV, 29 ; Marc. IV, 25 ; Supra. VIII, 18. — 29. Matth. XXI, 1 ; Marc. XI, 1. — 35. Joan. XII, 14. — 41. Joan. XI, 35. — 44. Matth. XXIV, 2 ; Marc. XIII, 2 ; Infra. XXI, 6. — 45. Matth. XXI, 12 ; Marc. XI, 15. — 46. Is. LVI, 7 ; Jer. VII, 11.
4. * Sur un sycomore. Il ne faut pas entendre par ce nom le sycomore de nos pays, dont le nom vulgaire est érable blanc ou faux platane, dont les feuilles larges et dentées, à cinq lobes pointus, sont blanches en dessous, d’un vert foncé en dessus ; les fleurs, petites et verdâtres, pendant en grappes allongées. Le sycomore de l’Évangile est le sycomore à figues, Ficus sycómorus. Il ne pousse que dans les pays très chauds ; à Jaffa, dans la vallée brulante du Jourdain, dans la basse Galilée et en Égypte, où on en voit encore aujourd’hui formant allée dans les villes, d’où le nom de figuier d’Égypte par lequel on le désigne également. Il s’élève à une hauteur de douze à quinze mètres. Ses grandes et fortes branches se déploient horizontalement de manière à former un pavillon touffu qui peut avoir jusqu’à une quarantaine de pas de diamètre. Les figues qu’il produit ne poussent pas sur les rameaux couverts de feuilles mais s’étalent en grappes soit sur le tronc soit sur les grosses branches. Elles murissent au commencement de juin et depuis cette époque jusqu’à l’hiver, l’arbre porte constamment des fleurs, des fruits verts et des fruits mûrs. Le bois de sycomore servait en Égypte à faire des boites de momie et on l’employait en Palestine comme bois de construction. Le nom de sycomore qui signifie figuier-murier provient de ce que cet arbre a les fruits du figuier et le feuillage du murier.
8-10. Une antique tradition fait venir Zachée dans les Gaules, où il se serait fixé dans le lieu sauvage et pittoresque appelé aujourd’hui Rocamadour.
13. La mine d’argent valait environ 88 Fr., et la mine d’or, 630 Fr. (en 1900).
14. Ces concitoyens sont les Juifs, haïssant Jésus et criant à Pilate : « Nous n’avons pas d’autre roi que César. » (saint Cyrille).
15. Après avoir parlé de la première venue, humble et bienfaisante, le Christ-Roi parle du second avènement dans la gloire et le triomphe (Eusèbe).
20. * Dans un linge, littéralement morceau d’étoffe qui sert à essuyer la sueur ou mouchoir.
29. * Près du mont nommé des Oliviers. Voir la note sur Matth. XXI, 1.
36. * Le peuple étendait ses vêtements sur le chemin en guise de tapis.
42. Ce qui importe à ta paix ; c’est-à-dire à ton bonheur parfait, à ton salut. Les Hébreux entendaient par paix un bonheur complet, toute sorte de prospérités.
44. Visitée par le Messie. Cette célèbre prophétie est comme un résumé fidèle de l’histoire du siège et de la ruine de Jérusalem par les Romains, telle que Josèphe la rapporte dans son livre La Guerre des Juifs. Voir Luc. XXI, 24.
45. * Étant entré dans le temple. Voir note sur Matth. XXI, 12.
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Autorité de Jésus. Baptême de Jean. Paraboles des vignerons homicides et de la pierre angulaire. Rendre à César ce qui est à César. Résurrection des morts. Vie angélique. Le Messie fils et Seigneur de David. Scribes superbes.
(hi) 1. Or il arriva qu’un de ces jours-là, comme il enseignait le peuple dans le temple, et qu’il annonçait l’Évangile, les princes des prêtres et les scribes y vinrent avec les anciens,
2. Et lui adressèrent la parole en disant : Dis-nous par quelle autorité tu fais ces choses ? ou : Qui est celui qui t’a donné ce pouvoir ?
3. Et Jésus répondant, leur dit : Je vous interrogerai, moi aussi, mais sur une seule chose. Répondez-moi.
4. Le baptême de Jean était-il du ciel ou des hommes ?
5. Mais ils pensaient en eux-mêmes, disant : Si nous répondons : Du ciel, il dira : Pourquoi donc n’y avez-vous point cru ?
6. Et si nous répondons : Des hommes, tout le peuple nous lapidera, car ils tiennent pour certain que Jean était prophète.
7. Ils répondirent donc qu’ils ne savaient d’où il était.
8. Et Jésus leur dit : Ni moi, je ne vous dis pas non plus par quelle autorité je fais ces choses.
(hi) 9. Alors il se mit à dire au peuple cette parabole : Un homme planta une vigne, et la loua à des vignerons, puis il s’en alla pour un temps assez long en voyage.
10. Et dans la saison, il envoya un de ses serviteurs aux vignerons, pour qu’ils lui donnassent du fruit de la vigne. Mais eux, après l’avoir déchiré de coups, le renvoyèrent les mains vides.
11. Il envoya encore un autre serviteur. Mais eux, l’ayant aussi déchiré de coups et chargé d’outrages, ils le renvoyèrent les mains vides.
12. Enfin il en envoya un troisième ; les vignerons le blessèrent aussi et le jetèrent dehors.
13. Alors le maitre de la vigne dit : Que ferai-je ? J’enverrai mon fils bien-aimé ; peut être que lorsqu’ils le verront, ils le respecteront.
14. Mais les vignerons l’ayant vu, pensèrent en eux-mêmes, disant : Celui-ci est l’héritier, tuons-le, afin que l’héritage soit à nous.
15. Et l’ayant jeté hors de la vigne, ils le tuèrent. Que leur fera donc le maitre de la vigne ?
16. Il viendra, et exterminera ces vignerons, et donnera la vigne à d’autres. Ce qu’ayant entendu, ils lui dirent : Loin de là !
17. Mais Jésus les regardant dit : Qu’est-ce donc que ce qui est écrit : La pierre qu’on rejetée ceux qui bâtissaient est devenue un sommet d’angle ?
18. Quiconque tombera sur cette pierre sera brisé, et celui sur qui elle tombera, elle le réduira en poudre.
19. Et les princes des prêtres et les scribes cherchaient à mettre la main sur lui en cette heure-là, mais ils craignirent le peuple ; ils avaient compris que c’étaient à eux qu’il avait appliqué cette parabole.
(hi) 20. Et, l’épiant, ils envoyèrent des gens qui feignaient d’être justes, pour lui tendre des embuches et le surprendre dans ses paroles, afin de le livrer au magistrat et au pouvoir du gouverneur.
21. Ainsi ils l’interrogèrent disant : Maitre, nous savons que vous parlez et enseignez avec droiture ; que vous ne faites acception de personne, mais que vous enseignez la voix de Dieu dans la vérité :
22. Nous est-il permis de payer le tribut à César, ou non ?
23. Considérant leur ruse, il leur dit : Pourquoi me tentez-vous ?
24. Montrez-moi un denier. De qui porte-t-il l’image et l’inscription ? Ils lui répondirent : De César.
25. Et il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.
26. Et ils ne purent reprendre aucune de ses paroles devant le peuple ; mais ils admirèrent sa réponse, et se turent.
(hi) 27. Quelques-uns des sadducéens, qui nient qu’il y ait une résurrection, s’approchèrent alors et l’interrogèrent,
28. Disant : Maitre, Moïse a écrit pour nous : Si le frère de quelqu’un meurt, ayant une femme, mais étant sans enfants, que son frère prenne sa femme et suscite une postérité à son frère.
29. Or il y avait sept frères ; et le premier prit une femme, et mourut sans enfants.
30. Le suivant prit la femme, et mourut lui-même sans enfants.
31. Et le troisième la prit ; et pareillement tous les sept, et ils n’ont point laissé de postérité, et ils sont morts.
32. Enfin, après eux tous, est morte aussi la femme.
33. À la résurrection donc, duquel sera-t-elle femme, puisque les sept l’ont eue pour femme ?
34. Jésus leur dit : Les fils de ce siècle se marient et sont donnés en mariage ;
35. Mais ceux qui seront trouvés dignes du siècle à venir et de la résurrection des morts, ne se marieront point et n’épouseront point de femmes ;
36. Car ils ne pourront plus mourir ; parce qu’ils sont égaux aux anges, et fils de Dieu, étant fils de la résurrection.
37. Or que les morts ressuscitent, Moïse le montre à l’endroit du buisson, quand il appelle le Seigneur, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob.
38. Or Dieu n’est point le Dieu des morts, mais des vivants ; car tous vivent pour lui.
39. Quelques-uns des scribes, prenant la parole, lui dirent : Maitre, vous avez bien dit.
40. Et on n’osait plus lui faire aucune question.
(hi) 41. Mais il leur demanda : Comment dit-on que le Christ est fils de David ?
42. Puisque David lui-même dit dans le livre des Psaumes : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite,
43. Jusqu’à ce que je fasse de vos ennemis l’escabeau de vos pieds.
44. Ainsi David l’appelle son Seigneur ; comment donc est-il son fils ?
(hi) 45. Or tout le peuple l’écoutant, il dit à ses disciples :
46. Gardez-vous des scribes, qui se plaisent à se promener avec de longues robes, aiment les salutations dans les places publiques, les premiers sièges dans les synagogues, et les premières places dans les festins ;
47. Qui dévorent les maisons des veuves sous prétexte de longues prières. Ceux-ci subiront une condamnation plus rigoureuse.
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CHAP. XX. 1. Matth. XXI, 23 ; Marc. XI, 27. — 9. Is. V, 1 ; Jer. II, 21 ; Matth. XXI, 33 ; Marc. XII, 1. — 17-18. Ps. CXVII, 22 ; Is. XXVIII, 16 ; Matth. XXI, 42 ; Act. IV, 11 ; Rom. IX, 33 ; I Petr. II, 7. — 20. Matth. XXII, 15 ; Marc. XII, 13. — 25. Rom. XIII, 7. — 27. Matth. XXII, 23 ; Marc. XII, 18. — 28. Deut. XXV, 5. — 37. Ex. III, 6 ; Matth. XXII, 32 ; Marc. XII, 26-27. — 42. Ps. CIX, 1 ; Matth. XXII, 44 ; Marc. XII, 36. — 46. Matth. XXIII, 6 ; Marc. XII, 38 ; Supra. XI, 43.
1. * Les princes des prêtres et les scribes y vinrent avec les anciens. Sur les princes des prêtres et les scribes, voir les notes sur Matth. II, 4 ; sur les anciens, voir la note sur Matth. XVI, 21.
9. « Un temps assez long : dans l’application de la parabole, il faut entendre tout le temps qui s’écoula depuis l’alliance du Sinaï et l’entrée des Hébreux dans la Terre promise jusqu’à la venue du Messie, environ 2 000 ans. » (Crampon, 1885).
10-11. Voy., pour le mot déchirer, Matth. XXI, 35.
22. * À César ou à l’empereur. C’était alors Tibère. Voir Luc. III, 1.
24. Un denier. Voy. Matth. XVIII, 28.
27. * Des Sadducéens. Voir la note 32 à la fin du volume.
34. Les fils de ce siècle ; hébraïsme, pour ceux qui vivent dans le monde, sur cette terre.
35. Mais ceux qui, etc. Tous les méchants, sans exception, ressusciteront aussi, mais non point dans la gloire ; si donc Jésus-Christ ne parle ici que des justes, c’est pour nous faire soupirer avec plus d’ardeur après la résurrection glorieuse.
37. À l’endroit du buisson ; c’est-à-dire dans son récit relatif au buisson. Compar. Marc. XII, 26.
43. * L’escabeau de vos pieds. Voir Matth. XXII, 44.
46. * Avec de longues robes (stolis). Voir Luc. XV, 22.
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Veuve donnant de son indigence. Jésus prédit la ruine du temple ; questions des disciples à l’occasion de cette prédiction, et réponse de Jésus-Christ. Signes de la ruine de Jérusalem. Signes du dernier avènement de Jésus-Christ.
(hi) 1. Or Jésus, regardant, vit des riches qui mettaient leurs aumônes dans le tronc.
2. Il vit aussi une pauvre veuve mettant deux petites pièces de monnaie.
3. Et il dit : En vérité, je vous le dis, cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres.
4. Car tous ceux-là ont mis pour offrandes à Dieu, de leur superflu ; mais elle, elle a mis de son indigence même, tout le vivre qu’elle avait.
(hi) 5. Et quelques-uns disant du temple, qu’il était bâti de belles pierres, et orné de dons, il répondit :
6. Viendront des jours où de ce que vous voyez, il ne restera pas pierre sur pierre, qui ne soit détruite.
7. Et ils l’interrogèrent, disant : Maitre, quand ces choses arriveront-elles, et quel sera le signe qu’elles commenceront de s’accomplir ?
8. Jésus dit : Prenez garde d’être séduits ; car beaucoup viendront en mon nom, disant : C’est moi, et le temps approche ; ne les suivez donc point.
9. Et quand vous entendrez parler de guerres et de séditions, n’en soyez point effrayés ; il faut auparavant que ces choses arrivent ; mais ce n’est pas encore sitôt la fin.
10. Alors il leur disait : Une nation se soulèvera contre une nation, un royaume contre un royaume.
11. Il y aura de grands tremblements de terre en divers lieux, et des pestes, et des famines, et des signes effrayants dans le ciel, et de grands prodiges.
12. Mais avant tout cela, on mettra la main sur vous, et on vous persécutera, vous livrant aux synagogues et aux prisons, vous trainant devant les rois et les gouverneurs à cause de mon nom.
13. Or cela vous arrivera en témoignage.
14. Mettez donc bien dans vos cœurs de ne point préméditer comment vous répondrez.
15. Car je vous donnerai moi-même une bouche et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront résister, ni rien opposer.
16. Vous serez livrés par vos pères et vos mères, par vos frères, vos parents et vos amis, et ils en mettront à mort d’entre vous.
17. Et vous serez en haine à tous à cause de mon nom ;
18. Mais pas un cheveu de votre tête ne périra.
19. C’est par votre patience que vous possèderez vos âmes.
20. Or, quand vous verrez Jérusalem investie par une armée, sachez que sa désolation est proche :
21. Alors, que ceux qui sont dans la Judée fuient vers les montagnes, que ceux qui sont au milieu d’elle s’en éloignent ; et que ceux qui sont dans les contrées n’y entrent point.
22. Parce que ce sont là des jours de vengeance, afin que s’accomplisse tout ce qui est écrit.
23. Mais malheur aux femmes enceintes et à celles qui nourriront en ces jours-là ; car il y aura une détresse affreuse dans le pays, et une grande colère contre ce peuple.
24. Ils tomberont sous le tranchant du glaive, et seront emmenés captifs dans toutes les nations, et Jérusalem sera foulée aux pieds par les gentils, jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis.
25. Et il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles ; et, sur la terre, la détresse des nations, à cause du bruit confus de la mer et des flots ;
26. Les hommes séchant de frayeur dans l’attente de ce qui doit arriver à tout l’univers ; car les vertus des cieux seront ébranlées ;
27. Et alors ils verront le Fils de l’homme venant dans une nuée, avec une grande puissance et une grande majesté.
28. Or, quand ces choses commenceront à s’accomplir, regardez et levez la tête, parce que votre rédemption approche.
29. Et il leur dit cette comparaison : Voyez le figuier et tous les arbres ;
30. Quand ils commencent à produire du fruit, vous savez que l’été est proche.
31. De même vous, quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le royaume de Dieu est proche.
32. En vérité, je vous le dis, cette génération ne passera point, jusqu’à ce que toutes ces choses soient accomplies.
33. Le ciel et la terre passeront ; mais mes paroles ne passeront point.
34. Faites donc attention à vous, de peur que vos cœurs ne s’appesantissent dans la crapule, l’ivresse et les soins de cette vie, et que ce jour ne vienne soudainement sur vous.
35. Car, comme un filet, il enveloppera tous ceux qui habitent sur la face de la terre.
36. Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous soyez trouvés dignes d’éviter toutes ces choses qui doivent arriver, et de paraitre avec confiance devant le Fils de l’homme.
37. Or, le jour il enseignait dans le temple ; mais la nuit, sortant, il se retirait sur la montagne appelée des Oliviers.
38. Et tout le peuple venait de grand matin vers lui au temple pour l’écouter.
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CHAP. XXI. 1. Marc. XII, 41. — 6. Matth. XXIV, 2 ; Marc. XIII, 2 ; Supra. XIX, 44. — 17. Matth. X, 22 ; XIV, 9. — 20. Dan. IX, 27 ; Matth. XXIV, 15 ; Marc. XIII, 14. — 24. Rom. XI, 25 sv. — 25. Is. XIII, 10 ; Ezech. XXXII, 7 ; Joël. II, 10, 31 ; III, 15 ; Matth. XXIV, 29 ; Marc. XIII, 24. — 28. Rom. VIII, 23.
1. * Dans le tronc. Voir la note sur Marc. XII, 41.
5. * De belles pierres. Voir Marc. XIII, 1.
8. Compar. Marc. XII, 42, et Matth. V, 26.
13. En témoignage ; pour que vous rendiez témoignage à la vérité et à la sainteté de la doctrine que je vous ai enseignée.
15. Une bouche. Dans le style de l’Écriture, le mot bouche se met pour ce qui en sort, comme les paroles, les ordres, les commandements.
21. Les contrées voisines du lieu où il se trouvait. — * Fuient vers les montagnes Voir Matth. XXIV, 16.
23. Mais malheur, etc. Compar. Matth. XXIV, 19.
25-26. Voir Apoc. VI et VIII, 12.
29. * Voyez le figuier. Voir Luc. XIII, 6.
32. Comp. Matth. XXIV, 34 (note).
37. * La montagne appelée des Oliviers. Voir Matth. XXI, 1.
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Trahison de Judas, dernière cène. Institution de l’Eucharistie. Domination interdite. Gloire promise. Prière pour la foi de saint Pierre. Son renoncement prédit. Agonie de Jésus. Il est pris et conduit chez Caïphe. Renoncement et pénitence de saint Pierre. Jésus outragé et condamné.
(hi) 1. Cependant approchait la fête des azymes, qu’on appelle Pâque.
2. Et les princes des prêtres et les scribes cherchaient comment ils pourraient faire mourir Jésus ; mais ils craignaient le peuple.
(hi) 3. Or Satan entra dans Judas, qui était surnommé Iscariote, l’un des douze.
4. Et il s’en alla, et il conféra avec les princes des prêtres et les magistrats comment il le leur livrerait.
5. Et ils se réjouirent, et convinrent de lui donner de l’argent.
6. Il s’engagea donc. Et dès lors il cherchait l’occasion de le livrer en l’absence du peuple.
7. Cependant vint le jour des azymes, où il était nécessaire d’immoler la pâque.
8. Jésus donc envoya Pierre et Jean, disant : Allez nous préparer la pâque, afin que nous la mangions.
9. Mais eux lui demandèrent : Où voulez-vous que nous la préparions ?
10. Et il leur répondit : Voici qu’entrant dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau ; suivez-le dans la maison où il entrera ;
11. Et vous direz au père de famille de la maison : Le maitre vous dit : Où est le lieu où je pourrai manger la pâque avec mes disciples ?
12. Et il vous montrera un grand cénacle meublé ; faites-y les préparatifs.
13. S’en allant donc, ils trouvèrent comme il leur avait dit, et ils préparèrent la pâque.
(hi) 14. Et quand l’heure fut venue, il se mit à table, et les douze apôtres avec lui.
15. Et il leur dit : J’ai désiré d’un grand désir de manger cette pâque avec vous, avant de souffrir.
16. Car je vous le dis, je ne la mangerai plus désormais, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu.
17. Et ayant pris le calice, il rendit grâces, et dit : Prenez, et partagez entre vous,
18. Car, je vous le dis, je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le royaume de Dieu vienne.
(hi) 19. Et ayant pris du pain, il rendit grâces et le rompit, et le leur donna, disant : Ceci est mon corps, qui est donné pour vous : faites ceci en mémoire de moi.
20. Il donna de la même manière le calice, après qu’il eut soupé, disant : C’est le calice, le nouveau testament en mon sang, qui sera répandu pour vous.
(hi) 21. Cependant, voici que la main de celui qui me trahit est avec moi à cette table.
22. Pour ce qui est du Fils de l’homme, il s’en va, selon ce qui a été déterminé ; mais malheur à cet homme par qui il sera trahi !
23. Et ils commencèrent à se demander l’un à l’autre, qui était celui d’entre eux qui devait faire cela.
(hi) 24. Il s’éleva aussi parmi eux une contestation, lequel d’entre eux devait être estimé le plus grand.
25. Mais il leur dit : Les rois des nations les dominent, et ceux qui ont puissance sur elles sont appelés bienfaiteurs.
26. Pour vous, ne faites pas ainsi ; mais que celui qui est le plus grand parmi vous, soit comme le moindre, et celui qui a la préséance, comme celui qui sert.
27. Car lequel est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Or, moi, je suis au milieu de vous, comme celui qui sert.
28. Vous êtes ceux qui sont demeurés avec moi dans mes tentations.
29. Aussi moi, je vous prépare le royaume, comme mon Père me l’a préparé ;
30. Afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume, et que vous siégiez sur des trônes, pour juger les douze tribus d’Israël.
(hi) 31. Le Seigneur dit encore : Simon, Simon, voilà que Satan vous a demandés pour vous cribler, comme le froment ;
32. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point ; et toi, quand tu seras converti, confirme tes frères.
33. Pierre lui dit : Seigneur, je suis prêt à aller avec vous, et en prison, et à la mort.
34. Mais il lui répliqua : Je te le dis, Pierre, un coq aujourd’hui ne chantera point, que trois fois tu n’aies nié me connaitre. Il leur dit ensuite :
35. Quand je vous ai envoyés sans sac, sans bourse et sans chaussure, quelque chose vous a-t-il manqué ?
36. Ils répondirent : Rien. Il ajouta donc : Mais maintenant, que celui qui a un sac ou une bourse, les prenne ; et que celui qui n’en a point, vende sa tunique, et achète une épée.
37. Car, je vous le dis, il faut que ceci encore qui a été écrit, s’accomplisse en moi : Il a été mis au rang des scélérats. Car ce qui me regarde touche à sa fin.
38. Mais eux lui dirent : Seigneur, voici deux épées. Il leur répondit : C’est assez.
(hi) 39. Et étant sorti, il alla, selon sa coutume, à la montagne des Oliviers ; et ses disciples le suivirent.
40. Lorsqu’il fut arrivé à son lieu accoutumé, il leur dit : Priez, de peur que vous n’entriez en tentation.
(hi) 41. Puis il s’éloigna d’eux à la distance d’un jet de pierre ; et, s’étant mis à genoux, il priait,
42. Disant : Mon Père, si vous le voulez, éloignez ce calice de moi ; cependant que ma volonté ne se fasse pas, mais la vôtre.
43. Alors lui apparut un ange du ciel, le fortifiant ; et étant tombé en agonie, il priait encore plus.
44. Et il lui vint une sueur, comme des gouttes de sang découlant jusqu’à terre.
45. Et, s’étant levé de sa prière, il vint à ses disciples, et les trouva endormis par suite de leur tristesse.
46. Et il leur dit : Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous, priez, de peur que vous n’entriez en tentation.
(hi) 47. Jésus parlant encore, voici venir une troupe, et celui qui s’appelait Judas, l’un des douze, la précédait ; et il s’approcha de Jésus pour le baiser.
48. Mais Jésus lui dit : Judas, c’est par un baiser que tu trahis le Fils de l’homme !
49. Or ceux qui étaient autour de lui, voyant ce qui allait arriver, lui dirent : Seigneur, si nous frappions de l’épée ?
50. Et l’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre, et lui coupa l’oreille droite.
51. Mais Jésus prenant la parole, dit : Arrêtez-vous là. Et ayant touché son oreille, il le guérit.
52. Puis Jésus dit à ceux qui étaient venus vers lui, princes des prêtres, magistrats du temple et anciens : Vous êtes sortis comme contre un voleur, avec des épées et des bâtons ;
53. Quand j’étais tous les jours avec vous dans le temple, vous n’avez pas mis la main sur moi ; mais voici votre heure et la puissance des ténèbres.
(hi) 54. Se saisissant donc de lui, ils l’amenèrent à la maison du grand prêtre ; mais Pierre le suivait de loin.
(hi) 55. Or un feu ayant été allumé au milieu de la cour, et eux s’étant assis autour, Pierre se trouvait au milieu d’eux.
56. Une servante l’ayant vu assis devant le feu, et l’ayant regardé, dit : Celui-ci aussi était avec cet homme.
57. Mais Pierre le nia, disant : Femme, je ne le connais point.
58. Et peu après, un autre le voyant, dit : Toi aussi, tu es de ces gens-là. Mais Pierre dit : Homme, je n’en suis point.
59. Et un intervalle d’environ une heure s’étant écoulé, un autre l’affirmait, disant : Vraiment, celui-ci aussi était avec lui ; car il est également Galiléen.
60. Et Pierre dit : Homme, je ne sais ce que tu dis. Et aussitôt, lui parlant encore, un coq chanta.
61. Et le Seigneur se retournant, regarda Pierre. Et Pierre se ressouvint de la parole du Seigneur, lorsqu’il lui avait dit : Avant qu’un coq chante, tu me renieras trois fois.
62. Et Pierre étant sorti, pleura amèrement.
(hi) 63. Et ceux qui tenaient Jésus le raillaient et le déchiraient de coups.
64. Puis, lui ayant bandé les yeux, ils le frappaient au visage, et l’interrogeaient, disant : Prophétise qui est celui qui t’a frappé ?
65. Et blasphémant ainsi, ils disaient beaucoup d’autres choses contre lui.
(hi) 66. Lorsque le jour se fit, les anciens du peuple, les princes des prêtres et les scribes s’assemblèrent, et le firent venir dans leur conseil, disant : Si tu es le Christ, dis-le-nous.
67. Il leur répondit : Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ;
68. Et si je vous interroge, vous ne me répondrez pas, ni ne me renverrez.
69. Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu.
70. Alors ils dirent tous : Tu es donc le Fils de Dieu ? Et Jésus répondit : Vous le dites, je le suis.
71. Et eux repartirent : Qu’avons-nous besoin d’autre témoignage ? Car nous-mêmes nous l’avons entendu de sa propre bouche.
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CHAP.
XXII. 1. Matth. XXVI, 2 ; Marc. XIV, 1. — 3. Matth. XXVI, 14 ; Marc. XIV, 10. — 14. Matth. XXVI, 20 ; Marc. XIV, 17. — 19. I Cor. XI, 24. — 21. Matth. XXVI, 21 ; Marc. XIV, 20 ; Joan. XIII, 18. — 22. Ps. XL, 10. — 25. Matth. XX, 25 ; Marc. X, 42. — 34. Matth. XXVI, 34 ; Marc. XIV, 30. — 35. Matth. X, 9. — 37. Is. LIII, 12. — 39. Matth. XXVI, 36 ; Marc. XIV, 32 ; Joan. XVIII, 1. — 41. Matth. XXVI, 39 ; Marc. XIV, 35. — 47. Matth. XXVI, 47 ; Marc. XIV, 43 ; Joan. XVIII, 3. — 54. Matth. XXVI, 57 ; Marc. XIV, 53 ; Joan. XVIII, 24. — 55. Matth. XXVI, 69 ; Marc. XIV, 66 ; Joan. XVIII, 25. — 59. Joan. XVIII, 26. — 61. Matth. XXVI, 34 ; Marc. XIV, 30 ; Joan. XIII, 38. — 66. Matth. XXVII, 1 ; Marc. XV, 1 ; Joan. XVIII, 28.
1. * La fêtes des azymes qu’on appelle Pâque. Voir Marc. XIV, 1 et note sur Matth. XXVI, 2.
4. Les magistrats du temple (verset 52) ; c’est-à-dire les officiers du temple, les lévites préposés à leurs frères qui faisaient la garde aux portes du temple.
6. En l’absence du peuple ; avant que le peuple s’assemblât pour la solennité, car comme le peuple le tenait pour un prophète (Matth. XXI, 11), on craignait qu’il ne se soulevât, si Jésus était arrêté pendant qu’il se trouvait réuni (Matth. XXVI, 5).
7. * Immoler la pâque, l’agneau pascal. Ex. XII, 26. Voir Marc. XIV, 12.
8-13. * Préparer la Pâque. Voir Matth. XXVI, 19.
10. * Un homme portant une cruche d’eau. Voir Marc. XIV, 13.
12. * Un grand cénacle. Voir Marc. XIV, 15,
15. J’ai désiré, etc. Cette répétition, comme nous l’avons déjà remarqué, a pour effet de donner de la force et de l’énergie au discours.
16. Jésus veut dire par là qu’il ne mangera plus désormais de cette victime figurative, jusqu’à ce qu’elle ait eu son accomplissement dans le royaume de Dieu, où la victime qui va bientôt être immolée deviendra la pâque du peuple nouveau (I Cor. V, 7 ; IX, 20).
17. Ce calice est simplement la coupe que le maitre du repas bénissait en cérémonie, dont il buvait, et qu’il passait ensuite à tous ceux qui étaient à table. Il faut donc bien le distinguer du calice contenant le sang du Sauveur, et dont il est question au verset 20.
20. Il donna de la même manière le calice ; c’est-à-dire après l’avoir pris et avoir rendu grâces, comme il avait fait pour le pain. Voy. Matth. XXVI, 26-29.
21. * La main, etc. Matth. XXVI, 23.
39. * À la montagne des Oliviers. Voir les notes sur Matth. XXI, 1 et XXVI, 36.
40. À son lieu accoutumé, au lieu où il avait coutume de se trouver avec ses disciples, et qui était appelé Gethsémani. Comp. Matth. XXVI, 36 ; Marc. XIV, 32 ; Joan. XVIII, 1-2. Quant aux mots son et accoutumé, ils ne sont que la traduction pure et simple de l’article déterminatif du grec, qui ne saurait avoir ici aucune autre signification.
50. * Et l’un d’eux, S. Pierre. — Le serviteur du grand prêtre, Malchus.
52. Et aux magistrats du temple. Voy. verset 4. — * Princes des prêtres. Voir Matth. II, 4. — Anciens. Voir Matth. XVI, 21.
55. * Un feu ayant été allumé. Voir note sur Marc. XIV, 54.
59. * Il est également Galiléen d’après son langage et son accent. Voir Matth. XXVI, 73.
63. Et le déchiraient de coups. Voy., sur cette expression, Matth. XXI, 35.
66. * Dans leur conseil, le sanhédrin. Voir Matth. XXVI, 59.
²
Jésus accusé devant Pilate, envoyé à Hérode et ramené devant Pilate. Barabbas préféré à Jésus-Christ. Cris des Juifs contre Jésus-Christ. Jésus livré aux Juifs et conduit au Calvaire. Pleurs des femmes de Jérusalem. Crucifiement. Blasphèmes. Bon larron. Ténèbres. Mort de Jésus-Christ ; sa sépulture.
(hi) 1. Et toute l’assemblée se levant, ils le menèrent à Pilate.
(hi) 2. Et ils commencèrent à l’accuser, disant : Nous avons trouvé celui-ci pervertissant notre nation, défendant de payer le tribut à César, et disant qu’il est Christ roi.
3. Or Pilate l’interrogea, disant : Es-tu le roi des Juifs ? Jésus répondant, dit : Tu le dis.
4. Alors Pilate dit aux princes des prêtres et à la multitude : Je ne trouve aucune cause de mort en cet homme.
5. Mais eux insistaient, disant : Il soulève le peuple, enseignant par toute la Judée, commençant par la Galilée jusqu’ici.
(hi) 6. Pilate entendant nommer la Galilée, demanda si cet homme était Galiléen.
7. Et dès qu’il sut qu’il était de la juridiction d’Hérode, il le renvoya à Hérode, qui était lui-même à Jérusalem en ces jours-là.
8. Hérode, voyant Jésus, s’en réjouit beaucoup ; car il désirait depuis longtemps de le voir, parce qu’il avait entendu dire beaucoup de choses de lui, et qu’il espérait lui voir faire quelque miracle.
9. Il lui faisait donc beaucoup de questions ; mais Jésus ne lui répondait rien.
10. Cependant se trouvaient là les princes des prêtres et les scribes, l’accusant sans relâche.
11. Mais Hérode avec sa cour le méprisa ; il se joua de lui après l’avoir revêtu d’une robe blanche, et il le renvoya à Pilate.
12. Et Hérode et Pilate devinrent amis ce jour-là même ; auparavant ils étaient ennemis l’un de l’autre.
(hi) 13. Or Pilate ayant convoqué les princes des prêtres, les magistrats et le peuple,
14. Leur dit : Vous m’avez présenté cet homme comme soulevant le peuple ; et voilà que, l’interrogeant devant vous, je n’ai rien trouvé en lui de ce dont vous l’accusez,
15. Ni Hérode non plus ; car je vous ai envoyés à lui, et on ne l’a convaincu de rien qui mérite la mort.
16. Je le renverrai donc après l’avoir fait châtier.
17. Or il était obligé de leur remettre un prisonnier pendant la fête.
18. Mais la foule tout entière cria : Ôtez celui-ci du monde, et délivrez-nous Barabbas.
19. (Lequel, à cause d’une sédition qui s’était faite dans la ville, et d’un meurtre, avait été mis en prison.)
20. Pilate leur parla de nouveau, désirant renvoyer Jésus.
21. Mais eux redoublaient leurs clameurs, disant : Crucifiez-le, crucifiez-le !
22. Et Pilate, pour la troisième fois, leur dit : Mais quel mal a fait celui-ci ? Je ne trouve aucune cause de mort en lui ; je le châtierai donc et le renverrai.
(hi) 23. Mais ils insistaient avec de grands cris, demandant qu’on le crucifiât ; et leurs cris devenaient de plus en plus forts.
24. Et Pilate ordonna que ce qu’ils demandaient fut exécuté.
(hi) 25. Ainsi il leur délivra celui qui avait été mis en prison pour cause de sédition et de meurtre, et qu’ils demandaient, et il abandonna Jésus à leur volonté.
26. Or comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et le chargèrent de porter la croix derrière Jésus.
(hi) 27. Or une grande foule de peuple et de femmes le suivaient, se frappant la poitrine et se lamentant sur lui.
28. Mais Jésus, se tournant vers elles, dit : Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ;
29. Car voici que viendront des jours où l’on dira : Heureuses les stériles, et les entrailles qui n’ont pas engendré, et les mamelles qui n’ont point allaité !
30. Alors ils commenceront à dire aux montagnes : Tombez sur nous : et aux collines : Couvrez-nous.
31. Car si l’on fait ainsi au bois vert, que sera-t-il fait au bois sec ?
32. On conduisait aussi avec lui deux autres hommes qui étaient des malfaiteurs, pour les mettre à mort.
(hi) 33. Et lorsqu’ils furent arrivés au lieu qui est appelé Calvaire, ils le crucifièrent, et les voleurs aussi, l’un à sa droite, et l’autre à sa gauche.
34. Mais Jésus disait : Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. Partageant ensuite ses vêtements, ils y jetèrent le sort.
(hi) 35. Et le peuple était là, regardant, et les chefs le raillaient avec le peuple, disant : Il a sauvé les autres ; qu’il se sauve, s’il est le Christ, l’élu de Dieu.
36. Les soldats mêmes, s’approchant, l’insultaient, lui présentant du vinaigre,
37. Et disant : Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi.
38. Il y avait aussi au-dessus de lui une inscription où était écrit en caractère grecs, latins et hébreux : CELUI-CI EST LE ROI DES JUIFS.
39. Or l’un des voleurs qui étaient suspendus en croix le blasphémait, disant : Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même, et nous aussi.
(hi) 40. Mais l’autre, répondant, le reprenait, disant : Ne crains-tu point Dieu, quand tu subis la même condamnation ?
41. Encore pour nous, c’est avec justice ; car nous recevons ce que nos actions méritent ; mais celui-ci n’a rien fait de mal.
42. Et il disait à Jésus : Seigneur, souvenez-vous de moi quand vous serez arrivé dans votre royaume.
43. Et Jésus lui dit : En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis.
(hi) 44. Il était environ la sixième heure, et les ténèbres couvrirent toute la terre jusqu’à la neuvième heure.
45. Et le soleil s’obscurcit, et le voile du temple se déchira par le milieu.
(hi) 46. Alors, criant d’une voix forte, Jésus dit : Mon Père, en vos mains je remets mon esprit. Et disant cela, il expira.
(hi) 47. Or le centurion voyant ce qui était arrivé, glorifia Dieu, disant : Vraiment cet homme était juste.
48. Et toute la multitude de ceux qui assistaient à ce spectacle, et qui voyaient ce qui se passait, s’en retournaient, frappant leur poitrine.
49. Tous ceux de la connaissance de Jésus, et les femmes qui l’avaient suivi de Galilée, se tenaient à l’écart, considérant toutes ces choses.
(hi) 50. Mais voilà qu’un décurion nommé Joseph, homme bon et juste,
51. Qui n’avait consenti ni au dessein, ni aux actes des autres, et qui était d’Arimathie, ville de Galilée, et attendait lui-même le royaume de Dieu,
52. Vint vers Pilate, et lui demanda le corps de Jésus.
53. Et l’ayant détaché de la croix, il l’enveloppa d’un linceul, et le mit dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne n’avait encore été mis.
54. Or c’était le jour de la préparation, et le sabbat allait commencer.
55. Les femmes qui étaient venues de la Galilée avec Jésus ayant suivi Joseph, virent le sépulcre, et comment le corps de Jésus y avait été mis.
(hi) 56. Et s’en retournant, elles préparèrent des aromates et des parfums ; et pendant le sabbat, elles demeurèrent en repos, selon la loi.
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CHAP. XXIII. 2. Matth. XXII, 21 ; Marc. XII, 17. — 3. Matth. XXVII, 11 ; Marc. XV, 2 ; Joan. XVIII, 33. — 14. Joan. XVIII, 38 ; XIX, 4. — 22. Matth. XXVII, 23 ; Marc. XV, 12. — 26. Matth. XXVII, 32 ; Marc. XV, 21. — 30. Is. II, 19 ; Os. X, 8 ; Apoc. VI, 16. — 33. Matth. XXVII, 33 ; Marc. XV, 22 ; Joan. XIX, 17. — 34. Matth. V, 44 ; Luc. VI, 27 ; Act. VII, 59. — 44. Matth. XXVII, 45 ; Marc. XIII, 33. — 45. II Par. III, 14 ; Matth. XXVII, 51 ; Marc. XV, 37. — 46. Ps. XXX, 6. — 50. Matth. XXVII, 57 ; Marc. XV, 43 ; Joan. XIX, 38.
1. * À Pilate. Voir Matth. XXVII, 2.
2. Christ roi. Partout ailleurs le texte grec porte le Christ et le roi, avec l’article déterminatif. — * À César, à Tibère. Voir plus haut Luc. III, 1.
4. Aucune cause de mort. Compar. verset. 22.
7. * Hérode Antipas était tétrarque de Galilée. Voir Matth. XIV, 1.
11.* Une robe blanche. Hérode en revêtant Notre Seigneur d’un vêtement blanc, semble avoir voulu tourner en dérision la royauté du Christ, parce que les rois et les empereurs romains se paraient d’habits blancs dans les grandes solennités.
16. * Après l’avoir fait châtier par la flagellation. Le Talmud décrit ainsi la flagellation. « Les mains du condamné sont attachées à la colonne ; alors l’exécuteur public lui ôte son vêtement, soit qu’il le déchire, soit qu’il l’en dépouille, de manière à découvrir la poitrine. Une pierre est alors placée derrière le patient. Sur cette pierre le licteur est debout, tenant un fouet ou des lanières de cuir pliées de manière à former deux courroies qui s’élèvent et s’abaissent sur le condamné. »
17. Pendant la fête, de Pâque. Compar. Matth. XXVII, 15, et Joan. XVIII, 39.
18. * Barabbas. Voir Matth. XXVII, 16.
26. * Sur la croix et Simon de Cyrène, voir note sur Matth. XXVII, 32.
33. * Au lieu qui est appelé Calvaire, dans le texte : le Crâne. Voir note sur Matth. XXVII, 33. — Ils le crucifièrent. Voir Matth. XXVII, 35.
35. L’élu de Dieu. Compar. Is. XLII, 1.
36. * Du vinaigre. Voir Joan. XIX, 29-30.
38. * Celui-ci est le roi des Juifs. Voir Matth. XXVII, 37.
44. La sixième heure, la neuvième heure, répondent à midi et à trois heures. Voy., sur la division des jours chez les Juifs, notre Abrégé d’introduction, etc., p. 536.
45. * Le voile du Saint des Saints. Voir Matth. XXVII, 51.
46. * Il expira. Voir Matth. XXVII, 50.
47. * Le centurion. Voir Matth. VIII, 5 et XXVII, 54.
49. * Les femmes qui l’avaient suivi de Galilée, Marie-Madeleine, Marie de Cléophas, Salomé.
50. * Un décurion, un membre du sanhédrin.
51. * D’Arimathie. Voir note sur Matth. XXVII, 57.
53. Dans le roc. Voy. Matth. XXVII, 60 (note) ; Marc. XV, 46. — * Il l’enveloppa d’un linceul. Voir Matth. XXVII, 59.
54. Le jour de la préparation. Voy. Matth. XXVII, 62.
56. * Des aromates et des parfums. Voir Joan. XIX, 39.
²
Résurrection de Jésus-Christ Apparition des anges aux saintes femmes. Jésus-Christ apparait aux deux disciples qui allaient à Emmaüs, et aux apôtres, auxquels il prouve sa résurrection et promet le Saint-Esprit. Ascension de Jésus-Christ.
(hi) 1. Mais le premier jour de la semaine, elles vinrent de grand matin au sépulcre, apportant les parfums qu’elles avaient préparés ;
2. Et elles trouvèrent la pierre ôtée du sépulcre.
3. Et étant entrées, elles ne trouvèrent point le corps du Seigneur Jésus.
(hi) 4. Or il arriva, pendant qu’en leur âme elles en étaient consternées, que près d’elles parurent deux hommes avec des robes resplendissantes.
5. Et comme elles étaient effrayées et baissaient le visage vers la terre, ils leur dirent : Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ?
6. Il n’est pas ici, mais il est ressuscité ; rappelez-vous comment il vous a parlé quand il était encore en Galilée,
7. Disant : Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des hommes pécheurs, qu’il soit crucifié, et que le troisième jour il ressuscite.
8. Et elles se ressouvinrent de ses paroles.
9. Et revenues du sépulcre, elles annoncèrent toutes ces choses aux onze et à tous les autres.
10. Or c’étaient Marie-Madeleine, Jeanne, Marie, mère de Jacques, et les autres qui étaient avec elles, qui rapportaient ces choses aux apôtres.
11. Et ce récit leur parut comme du délire, et ils ne les crurent pas.
(hi) 12. Cependant Pierre, se levant, courut au sépulcre ; et s’étant penché, il ne vit que les linges posés à terre, et il s’en alla, admirant en lui-même ce qui était arrivé.
(hi) 13. Or voici que deux d’entre eux allaient ce même jour à un village nommé Emmaüs, qui était à la distance de soixante stades de Jérusalem.
14. Et ils s’entretenaient de tout ce qui s’était passé.
15. Et il arriva, que pendant qu’ils discouraient et conféraient ensemble, Jésus lui-même s’étant approché, marchait avec eux.
16. Mais leurs yeux étaient retenus pour qu’ils ne le reconnussent pas.
17. Et il leur dit : Quels sont ces discours que vous tenez ainsi en marchant, et pourquoi êtes-vous tristes ?
18. Et l’un d’eux, nommé Cléophas, répondant, lui dit : Es-tu seul si étranger dans Jérusalem, que tu ne saches point ce qui s’y est passé ces jours-ci ?
19. Quoi ? leur dit-il. Et ils répondirent : Touchant Jésus de Nazareth, qui fut un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple :
20. Et comment les princes des prêtres et nos chefs l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont crucifié :
21. Pour nous, nous espérions que c’était lui qui devait racheter Israël : et cependant, après tout cela, voici déjà le troisième jour que ces choses sont arrivées.
22. À la vérité, quelques femmes qui sont des nôtres nous ont effrayés ; car étant allées avant le jour au sépulcre,
23. Et n’ayant point trouvé son corps, elles sont venues disant qu’elles ont vu des anges même qui disent qu’il est vivant.
24. Quelques-uns des nôtres sont allés aussi au sépulcre, et ont trouvé toutes choses comme les femmes l’ont dit ; mais lui, ils ne l’ont pas trouvé.
25. Alors il leur dit : Ô insensés et lents de cœur à croire tout ce qu’ont dit les prophètes !
26. Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et entrât ainsi dans sa gloire ?
27. Et commençant par Moïse, et par tous les prophètes, il leur interprétait dans toutes les Écritures ce qui le concernait.
28. Cependant ils approchèrent du village où ils allaient ; et Jésus feignit d’aller plus loin.
29. Mais ils le pressèrent, disant : Demeure avec nous, car il se fait tard, et déjà le jour est sur son déclin. Et il entra avec eux.
30. Or il arriva, pendant qu’il était à table avec eux, qu’il prit le pain, le bénit, le rompit, et il le leur présentait.
31. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent : et il disparut de devant leurs yeux.
32. Et ils se dirent l’un à l’autre : Notre cœur n’était-il pas tout brulant au dedans de nous, lorsqu’il nous parlait dans le chemin, et nous ouvrait le sens des Écritures ?
33. Puis se levant à l’heure même, ils retournèrent à Jérusalem, et ils trouvèrent les onze assemblés, et ceux qui étaient avec eux,
34. Et disant : Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il est apparu à Simon.
(hi) 35. Et eux, à leur tour, racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin, et comment ils l’avaient reconnu à la fraction du pain.
(hi) 36. Or, pendant qu’ils s’entretenaient ainsi, Jésus parut au milieu d’eux, et leur dit : Paix à vous ! c’est moi : ne craignez point.
37. Mais eux, troublés et épouvantés, croyaient voir un esprit.
38. Et il leur dit : Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi ces pensées s’élèvent-elles dans vos cœurs ?
39. Voyez mes mains et mes pieds ; c’est bien moi : touchez et voyez : un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai.
40. Et lorsqu’il eut dit cela, il leur montra ses mains et ses pieds.
41. Mais eux ne croyant point encore, et étant transportés d’admiration et de joie, il dit : Avez-vous ici quelque chose à manger ?
42. Et ils lui présentèrent un morceau de poisson rôti et un rayon de miel.
43. Or, lorsqu’il eut mangé devant eux, prenant les restes, il les leur donna.
(hi) 44. Puis il leur dit : Voilà ce que je vous ai dit, lorsque j’étais encore avec vous : qu’il fallait que fût accompli tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes.
45. Alors il leur ouvrit l’esprit, pour qu’ils comprissent les Écritures ;
46. Et il leur dit : Il est ainsi écrit, et c’est ainsi qu’il fallait que le Christ souffrît, et qu’il ressuscitât d’entre les morts le troisième jour ;
47. Et qu’on prêchât en son nom la pénitence et la rémission des péchés à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.
48. Pour vous, vous êtes témoins de ces choses.
49. Et moi, je vais vous envoyer le don promis de mon Père. Vous, demeurez dans la ville, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la force d’en haut.
50. Puis il les mena du côté de Béthanie ; et les mains levées, il les bénit.
(hi) 51. Et il arriva que, pendant qu’il les bénissait, il s’éloigna d’eux, et il était emporté au ciel.
52. Et eux, l’ayant adoré, revinrent à Jérusalem avec une grande joie.
53. Et ils étaient toujours dans le temple, louant et bénissant Dieu. Amen.
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CHAP. XXIV. 1. Matth. XXVIII, 1 ; Marc. XVI, 2 ; Joan. XX, 1. — 7. Supra. IX, 22 ;Matth. XVI, 21 ; XVII, 21 ; Marc. VIII, 31 ; IX, 30. — 13. Marc. XVI, 12. — 36. Marc. XVI, 14 ; Joan. XX, 19. — 46. Ps. XVIII, 6. — 48. Act. I, 8. — 49. Joan. XIV, 26. — 51. Marc. XVI, 19 ; Act. I, 9.
1. On a déjà remarqué que le mot sabbat ou repos, jour de repos, signifiait aussi semaine. — * Le premier jour de la semaine est le dimanche.
2. * La pierre qui servait de porte au sépulcre.
10. * Marie-Madeleine, Marie de Cléophas, mère de Jacques le mineur. Voir Matth. XXVII, 56. — Jeanne, femme de Chusa, intendant d’Hérode Antipas. Voir Luc. VIII, 3.
12. * Les linges. Voir Joan. XIX, 40.
13. Deux d’entre eux ; c’est-à-dire d’eux d’entre les disciples auxquels les saintes femmes racontèrent (vers. 9) ce qu’elles avaient vu au sépulcre. — * L’un des deux disciples est Cléophas nommé plus loin, verset 18 ; l’autre, suivant un certain nombre d’interprètes, aurait été S. Luc lui-même. — Emmaüs, est probablement Nicopolis, aujourd’hui Amouâs. Selon d’autres, c’est Kolonieh ou Koubeibeh.
18. * Cléophas parait être une contraction de Cléopatras. On croit que ce disciple est différent de celui dont il est parlé en S. Joan., XIX, 25, parce que S. Luc écrit ce dernier nom Alphée, VI, 15 et Act. I, 13.
34. * À Simon Pierre.
39. * Voyez mes mains et mes pieds percés par les clous.
44. * Dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. Cette triple division embrasse tout l’Ancien Testament, parce que les auteurs des livres historiques étaient appelés prophètes par les Juifs.
48. Vous êtes témoins, etc. : votre rôle est d’en rendre témoignage : et comme ils l’ont bien rempli !
49. Le don promis, l’Esprit-Saint (Joan. XIV, 16-26). — De la force d’en haut, de l’Esprit-Saint (comp. Luc I, 35).
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