María auxiliátrix


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I PETRI

PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PIERRE

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INTRODUCTION

On n’a jamais contesté l’authenticité de cette Épitre. Eusèbe la met immédiatement après les Épitres de S. Paul, dans la liste des homologoumènes avec la première de S. Jean. Elle a été citée dès le premier siècle par S. Clément. S. Pierre lui-même en fait mention dans sa seconde Lettre ; et tous les caractères de cet écrit, sa forme, sa destination, son objet, confirment le témoignage de la tradition. S’il convenait à l’Apôtre des nations d’instruire et de diriger par ses Épitres les Églises qu’il avait fondées parmi les Gentils, n’appartenait-il pas à S. Pierre, l’Apôtre des circoncis, de veiller sur ses compatriotes, de pourvoir à leurs besoins spirituels, et d’envoyer à ceux qu’il avait évangélisés les instructions et les avis que rendaient nécessaires leurs dispositions, leurs habitudes et les épreuves par lesquelles ils devaient bientôt passer ? C’est ce qu’il fait dans cette Lettre, avec une dignité, une élévation de sentiments, une étendue de vue, une solidité et une plénitude de doctrine qui répondent à la hauteur de sa position, et qui font de son écrit un monument de sagesse et une source d’édification pour les fidèles de tous les temps et de tous les lieux. Elle est datée de Rome ; car le nom de Babylone désigne Rome, ici comme dans l’Apocalypse. Plusieurs croient qu’elle fut écrite peu d’années après l’arrivée de S. Pierre dans cette ville, vers 45, parce qu’il y parle de S. Marc comme étant encore auprès de lui. Mais cette raison n’est pas décisive ; car si ce disciple quitta Rome de bonne heure pour aller fonder l’Église d’Alexandrie, nous voyons par l’Épitre aux Colossiens qu’il y est revenu au temps de la captivité de S. Paul ; et c’est à ce moment que le plus grand nombre des commentateurs renvoient la composition de cette première Épitre.

S. Pierre, aussi bien que S. Jacques, écrit aux tribus dispersées ; mais il adresse son Épitre aux Israélites convertis du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie, et de la Bithynie, en leur associant dans sa pensée ceux des Gentils qui professent la même foi dans les mêmes contrées. Les uns et les autres se mêlaient, dit Origène, dans ces pays, où S. Paul avait prêché aussi bien que S. Pierre. Cette Lettre fut confiée aux mains de Silvánus. Le but de cette Épitre est d’affermir les chrétiens dans la foi et dans la vertu, de les soutenir contre les épreuves, de les préparer à la persécution et de les animer à se rendre dignes du ciel par une vie parfaite. Le Sauveur avait recommandé particulièrement ce soin à son Vicaire.

Dans ce dessein, S. Pierre leur atteste la vérité de la doctrine qui leur a été prêchée. Il exalte la grandeur du chrétien et la sublimité de sa vocation en ce monde et en l’autre ; puis il anime à la perfection les fidèles et les pasteurs. En même temps qu’il signale les obligations des divers états, il exhorte au courage et à la constance ; il rappelle la passion du Sauveur, et il assure que s’associer généreusement à ses souffrances, c’est mériter d’avoir part à sa gloire. La doctrine de cette Épitre est simple et pratique, mais non moins énergique et surnaturelle. Comme S. Paul, S. Pierre fait reposer toute sa morale sur la dignité du chrétien, sur l’union que cette qualité lui donne avec Jésus-Christ, sur les souffrances que le Sauveur a endurées pour le racheter. C’est pour nous tirer de l’esclavage et de la mort qu’il a répandu son sang. Ceux dont il a brisé les fers doivent être, au milieu du monde, comme un peuple à part, comme une nation sainte, comme la famille des enfants de Dieu. Quant à la forme, on peut remarquer dans cette Épitre, comme dans tous les discours de S. Pierre, un style ferme et digne, de la concision, de l’élévation, un ton d’autorité doux et paternel qui répond à la position de l’auteur, une humilité profonde, un zèle sincère et une émotion qui se font sentir chaque fois que sa pensée se reporte vers son Maitre, qu’il rappelle sa passion ou la gloire du ciel, prix de ses souffrances. Cet écrit se distingue encore par un grand nombre d’allusions à l’Ancien Testament, et par de fréquents hébraïsmes. (L. Bacuez.)

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PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT PIERRE

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I Petri - Summárium

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER

Saint Pierre rend grâces à Dieu de la vocation des fidèles. Afflictions, épreuves de la foi. Salut annoncé par les prophètes. Sainteté de conduite. Estime du prix de nos âmes. Charité pure et sincère. Régénération par la parole de l’Évangile.

CHAPITRE II

Croitre en Jésus-Christ ; s’approcher de lui comme de la pierre angulaire. Il est une source d’honneur pour ceux qui croient, et une pierre d’achoppement pour les incrédules. Caractères du chrétien. S’abstenir des passions charnelles. Être soumis aux puissances. Gloire du chrétien, souffrir comme Jésus-Christ.

CHAPITRE III

Devoirs des femmes envers leurs maris, et réciproquement. Charité mutuelle. Bénir ceux qui maudissent. S’estimer heureux de souffrir pour la justice. Souffrance de Jésus-Christ. Eaux du déluge, figure des eaux du baptême.

CHAPITRE IV

Vivre non selon les passions des hommes, mais selon la volonté de Dieu. Veiller et prier. Pratiquer la charité. Parler et agir par l’esprit de Dieu. Se réjouir dans les souffrances. Dieu juge ici les siens et leur est fidèle.

CHAPITRE V

Avis aux ministres de l’Évangile. Avis à tous les fidèles. S’humilier devant Dieu ; se reposer en lui. Veiller sur soi ; résister au démon. Salutations.

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CHAPITRE PREMIER

Saint Pierre rend grâces à Dieu de la vocation des fidèles. Afflictions, épreuves de la foi. Salut annoncé par les prophètes. Sainteté de conduite. Estime du prix de nos âmes. Charité pure et sincère. Régénération par la parole de l’Évangile.

1. Pierre, apôtre de Jésus-Christ, aux étrangers de la dispersion dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie, élus,

2. Selon la prescience de Dieu le Père, pour être sanctifiés par l’Esprit, pour obéir et être arrosés du sang de Jésus-Christ : qu’en vous la grâce et la paix s’accroissent.

3. Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une vive espérance, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts,

4. Pour un héritage incorruptible, qui n’est pas souillé, qui ne peut se flétrir, réservé dans les cieux pour vous,

5. Qui par la vertu de Dieu êtes gardés au moyen de la foi pour le salut qui doit être révélé à la fin des temps,

6. Où vous serez transportés de joie, bien qu’il faille maintenant que pour peu de jours vous soyez contristés par diverses tentations,

7. Afin que l’épreuve de votre foi, beaucoup plus précieuse que l’or (qu’on éprouve par le feu), soit trouvée digne de louange, de gloire et d’honneur à la révélation de Jésus-Christ,

8. Que vous aimez, quoique vous ne l’ayez point vu ; en qui vous croyez sans le voir encore maintenant ; or, croyant ainsi, vous tressaillirez d’une joie ineffable et glorifiée ;

9. Obtenant comme fin de votre foi le salut de vos âmes ;

10. Salut qu’ont recherché et scruté les prophètes qui ont prédit la grâce que vous deviez recevoir.

11. Et, comme ils cherchaient quel temps et quelles circonstances l’Esprit du Christ qui était en eux indiquait, en prédisant, les souffrances du Christ et les gloires qui devaient les suivre,

12. Il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils étaient dispensateurs des choses qui vous sont annoncées maintenant par ceux qui vous ont évangélisés par l’Esprit-Saint envoyé du ciel, et que les anges désirent contempler.

13. C’est pourquoi, ayant ceint les reins de votre âme, et étant sobres, espérez entièrement en cette grâce qui vous est offerte pour la révélation de Jésus-Christ ;

14. Comme des enfants d’obéissance, ne vous conformant pas aux anciens désirs de votre ignorance ;

15. Mais, comme celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite ;

16. Car il est écrit : Soyez saints, parce que moi je suis saint.

17. Et, puisque vous invoquez comme Père celui qui, sans acception des personnes, juge selon les œuvres de chacun, vivez dans la crainte durant le temps de votre pèlerinage ;

18. Sachant que ce n’est point avec des choses corruptibles, de l’or ou de l’argent, que vous avez été rachetés des vaines pratiques que vous teniez de vos pères ;

19. Mais par le sang précieux du Christ, comme d’un agneau sans tache et sans souillure,

20. Déjà connu avant la fondation du monde, mais manifesté dans les derniers temps à cause de vous ;

21. Qui par lui croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts, et lui a donné la gloire, afin que votre foi et votre espérance fussent en Dieu.

22. Rendez vos âmes chastes par l’obéissance de la charité, par une dilection fraternelle ; portez la plus grande attention à vous aimer les uns les autres d’un cœur simple ;

23. Étant nés de nouveau, non d’une semence corruptible, mais incorruptible, par la parole du Dieu vivant et qui demeure éternellement.

24. Car toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe ; l’herbe a séché, et sa fleur est tombée.

25. Mais la parole du Seigneur demeure éternellement ; or c’est cette parole qui a été annoncée parmi vous.

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CHAP. I. 3. II Cor. I, 3 ; Eph. I, 3. — 14. Rom. XII, 2 ; Eph. IV, 23. — 16. Lev. XI, 44 ; XIX, 2 ; XX, 7 ; Matth. V, 48. — 17. Deut. X, 17 ; Rom. II, 11 ; Gal. II, 6. — 19. I Cor. VI, 20 ; VII, 23 ; Hebr. IX, 14 ; I Joan. I, 7 ; Apoc. I, 5. — 24. Eccli. XIV, 18 ; Is. XL, 6 ; Jac. I, 10.

 

1. De la dispersion. Voy. Jac. I, 1. — * Le Pont. Voir Act. II, 9. — La Galatie, province de l’Asie Mineure bornée au nord par la Paphlagonie et la Bithynie, à l’ouest par la Phrygie, au sud par la Lycaonie et la Cappadoce, à l’est par le Pont. — La Cappadoce. Voir Act. II, 9. — L’Asie, la province proconsulaire de ce nom. Voir Act. II, 9. — La Bithynie. Voir Act. XVI, 7.

1-2. * « Les chrétiens sont élus et choisis par un décret éternel ; ils sont comme des étrangers sur la terre, regardant le ciel comme leur véritable patrie. (…) L’élection a sa raison dernière dans la prescience éternelle de Dieu, c’est-à-dire ici sa volonté déterminée et son amour ; elle s’exécute dans le temps par l’action du Saint-Esprit, qui nous justifie intérieurement et crée en nous l’homme nouveau ; sa fin prochaine est de nous amener à la foi et de nous faire entrer, par les mérites du sang de Jésus-Christ, dans la nouvelle alliance, qui est l’Église chrétienne, comme les Israélites avait été reçus dans l’ancienne alliance par l’aspersion du sang des victimes (Ex. XXIV, 8). » (Crampon, 1885)

7. À la révélation ; c’est-à-dire à l’avènement au jour du jugement.

13. Qui vous est offerte, etc. ; qui vous sera donnée à l’avènement de Jésus-Christ.

14. Aux anciens désirs de votre ignorance ; aux passions auxquelles vous vous abandonniez autrefois, quand vous viviez dans l’ignorance.

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CHAPITRE II

Croitre en Jésus-Christ ; s’approcher de lui comme de la pierre angulaire. Il est une source d’honneur pour ceux qui croient, et une pierre d’achoppement pour les incrédules. Caractères du chrétien. S’abstenir des passions charnelles. Être soumis aux puissances. Gloire du chrétien, souffrir comme Jésus-Christ.

1. Ainsi, vous dépouillant de toute malice et de toute fraude, des dissimulations, des envies et des médisances,

2. Comme des enfants qui viennent de naitre, désirez ardemment un lait spirituel et pur, afin que par lui vous croissiez pour le salut ;

3. Si toutefois vous avez gouté comme le Seigneur est doux.

4. Et vous approchant de lui, pierre vivante, rejetée des hommes, mais choisie et honorée de Dieu,

5. Soyez vous-mêmes posés sur lui, comme pierres vivantes, maison spirituelle, sacerdoce saint, pour offrir des hosties spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ.

6. C’est pourquoi on trouve dans l’Écriture : Voici que je pose en Sion la pierre du sommet d’un angle, choisie, précieuse ; et quiconque aura foi en elle ne sera point confondu.

7. Ainsi, c’est un honneur pour vous qui croyez ; mais pour les incrédules, elle est la pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient, et qui est devenue un sommet d’angle,

8. Une pierre d’achoppement et de scandale pour ceux qui se heurtent contre la parole, et qui ne croient pas même ce à quoi ils ont été destinés.

9. Mais vous êtes, vous, une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple conquis ; afin que vous annonciez les grandeurs de celui qui des ténèbres vous a appelés à son admirable lumière :

10. Vous, qui autrefois n’étiez point son peuple, mais qui êtes maintenant le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez point obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde.

11. Mes bien-aimés, je vous conjure de vous abstenir, comme étrangers et voyageurs, des désirs charnels qui combattent contre l’âme ;

12. Ayez une bonne conduite parmi les gentils, afin qu’au lieu de vous calomnier comme des malfaiteurs, vous considérant par vos bonnes œuvres, ils glorifient Dieu au jour de sa visite.

13. Soyez donc soumis à toute créature humaine à cause de Dieu ; soit au roi, comme étant au-dessus des autres,

14. Soit aux gouverneurs, comme envoyés par lui pour la punition de ceux qui font mal, et la louange des bons ;

15. Parce que telle est la volonté de Dieu, que pratiquant le bien, vous fassiez taire l’ignorance des hommes insensés ;

16. Étant libres, non pour faire de votre liberté un voile à votre malice ; mais comme des serviteurs de Dieu.

17. Rendez honneur à tous ; aimez la fraternité ; craignez Dieu ; honorez le roi.

18. Serviteurs, soyez soumis en toute crainte à vos maitres, non seulement bons et modérés, mais même fâcheux.

19. Car c’est un mérite, si en vue de Dieu, quelqu’un supporte des peines, souffrant injustement.

20. En effet, quelle gloire y a-t-il, si c’est pour vos fautes que vous supportez les soufflets ? Mais si, faisant le bien, vous souffrez patiemment, c’est une grâce devant Dieu.

21. Car c’est à quoi vous avez été appelés, parce que le Christ même a souffert pour nous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces ;

22. Lui qui n’a pas commis de péché, et en la bouche de qui n’a pas été trouvée la tromperie ;

23. Lui qui, étant maudit, ne maudissait point ; qui, maltraité, ne menaçait point, mais se livrait à celui qui le jugeait injustement ;

24. Lui qui a porté nos péchés dans son propre corps sur le bois, afin que, morts aux péchés, nous vivions à la justice ; qui, par ses plaies, vous a guéris.

25. Car vous étiez comme des brebis égarées ; mais vous êtes retournés maintenant au pasteur et à l’évêque de vos âmes.

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CHAP. II. 1. Rom. VI, 4 ; Eph. IV, 22 ; Col. III, 8 ; Hebr. XII, 1. — 3. Ps. XXXIII, 9. — 6. Is. XXVIII, 16 ; Rom. IX, 33. — 7. Ps. CXVII, 22 ; Is. VIII, 14 ; Matth. XXI, 42 ; Luc. II, 32 ; Act. IV, 11. — 9. Ex. XIX, 6 ; Deut. VII, 6 ; XIV, 2 ; XXVI, 18 ; Act. XXVI, 18. — 10. Os. II, 24 ; Rom. IX, 25. — 11. Rom. XIII, 14 ; Gal. V, 16. — 12. Matth. V, 16. — 13. Rom. XIII, 1. — 17. Rom. XII, 10. — 18. Eph. VI, 5 ; Col. III, 22 ; Tit. II, 9. — 20. Infra. II, 14 ; IV, 14 ; Matth. V, 10. — 22. Is. LIII, 9. — 24. Is. LIII, 5 ; I Joan. III, 5.

 

2. Le lait, « la parole de Dieu, ainsi appelée pour continuer la métaphore. — Spirituel, nourriture des âmes. — Pur, sans mélange d’erreur. » (Crampon)

8. Et qui ne croient pas, etc. Il y a quelques divergences dans la manière d’expliquer cette fin de verset ; mais la pensée dominante de l’Apôtre se retrouve dans chaque interprétation.

12. Au jour de sa visite ; lorsque Dieu, dans sa miséricorde, leur ouvrira les yeux et leur donnera une grâce lumineuse qui les attirera à la foi.

20. Une grâce : Dieu nous donne gratuitement la joie de souffrir par amour, de vivre l’effort de la fidélité pour accompagner Celui qui est Seul, Dieu Lui-Même.

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CHAPITRE III

Devoirs des femmes envers leurs maris, et réciproquement. Charité mutuelle. Bénir ceux qui maudissent. S’estimer heureux de souffrir pour la justice. Souffrance de Jésus-Christ. Eaux du déluge, figure des eaux du baptême.

1. Pareillement, que les femmes aussi soient soumises à leurs maris ; afin que si quelques-uns ne croient pas à la parole, ils soient gagnés sans la parole, par la conduite de leurs femmes,

2. En considérant votre conduite chaste, jointe à une crainte respectueuse.

3. Qu’elles n’aient pas au dehors une chevelure habilement arrangée, ou des ornements d’or, ou de riches vêtements pour parure,

4. Mais au dedans, l’homme caché dans l’incorruptibilité de l’esprit calme et modeste, qui est d’un grand prix aux yeux de Dieu.

5. Car c’est ainsi qu’autrefois les saintes femmes, espérant en Dieu, se paraient, étant soumises à leurs maris.

6. Telle était Sara, qui obéissait à Abraham, l’appelant son seigneur, et dont vous êtes les filles, en faisant le bien, et ne craignant aucun trouble.

7. Vous aussi, maris, vivez sagement avec vos femmes, les honorant comme un vase plus faible, et comme cohéritières de la grâce de vie ; afin que vos prières n’aient point d’empêchement.

8. Enfin soyez tous unis d’un même cœur, compatissants, vous aimant en frères, miséricordieux, modestes, humbles,

9. Ne rendant point mal pour mal, ni malédiction pour malédiction ; mais, au contraire, bénissant parce que c’est à cela que vous avez été appelés, afin de posséder la bénédiction en héritage.

10. Que celui donc qui veut aimer la vie, et voir des jours bons, défende sa langue du mal, et que ses lèvres ne profèrent point les paroles de tromperie ;

11. Qu’il se détourne du mal et fasse le bien ; qu’il cherche la paix et la poursuive ;

12. Parce que les yeux du Seigneur sont sur les justes, et ses oreilles à leurs prières ; mais la face du Seigneur est sur ceux qui font le mal.

13. Et qui est-ce qui vous nuira, si vous avez le zèle du bien ?

14. Et si même vous souffrez pour la justice, vous serez bienheureux. N’ayez donc aucune crainte d’eux, et ne vous en troublez point.

15. Mais glorifiez dans vos cœurs la sainteté du Seigneur Jésus-Christ, toujours prêts à satisfaire quiconque vous demandera la raison de l’espérance qui est en vous ;

16. Toutefois, avec modestie et respect, conservant une bonne conscience, afin qu’ils soient confondus pour le mal qu’ils disent de vous, ceux qui calomnient votre bonne conduite dans le Christ.

17. Car il vaut mieux souffrir (si Dieu le veut ainsi) en faisant le bien qu’en faisant le mal ;

18. Puisque le Christ lui-même est mort une fois pour nos péchés, le juste pour les injustes, afin de nous offrir à Dieu, ayant été mis à mort selon la chair, mais étant ressuscité selon l’esprit,

19. En lequel il vint aussi prêcher les esprits retenus en prison,

20. Qui avaient été incrédules autrefois, lorsqu’aux jours de Noé ils se reposaient sur la patience de Dieu, pendant qu’on bâtissait l’arche dans laquelle peu de personnes, c’est-à-dire huit seulement, furent sauvées par l’eau.

21. Ce qui vous sauve maintenant vous-mêmes, c’est un baptême semblable : non pas une purification des souillures de la chair, mais l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu par la résurrection de Jésus-Christ,

22. Qui est à la droite de Dieu, après avoir absorbé la mort, pour que nous devinssions héritiers de la vie éternelle ; et qui est monté au ciel, les anges, les puissances et les vertus lui étant assujettis.

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CHAP. III. 1. Eph. V, 22 ; Col. III, 18. — 3. I Tim. II, 9. — 6. Gen. XVIII, 12. — 7. I Cor. VII, 3. — 9. Prov. XVII, 13 ; Rom. XII, 17 ; I Thess. V, 15. — 10. Ps. XXXIII, 13. — 11. Is. I, 16. — 14. Supra. II, 20 ; Infra. V, 14 ; Matth. V, 10. — 16. Supra. II, 12. — 18. Rom. V, 6 ; Hebr. IX, 28. — 20. Gen. VII, 7 ; Matth. XXIV, 37 ; Luc. XVII, 26.

 

1. Ne croient pas à la parole ; c’est-à-dire ne se rendent pas à la prédication de l’Évangile.

4. Dans l’impossibilité où nous nous trouvions de rendre en notre langue la terre du texte sacré, nous avons dû chercher à reproduire fidèlement la pensée de l’apôtre. Ainsi l’expression au dedans répond au mot cœur du Grec et de la Vulgate. — L’homme caché ; c’est-à-dire l’homme intérieur. Voy. Rom. VII, 22.

7. Sagement ; litter., selon la science. Les écrivains sacrés emploient souvent le mot science pour sagesse, prudence.

12. La face du Seigneur veut dire ici, comme en plusieurs autres endroits, sa colère, son courroux.

14. N’ayez aucune crainte d’eux ; littér. ; Ne craignez pas leur crainte ; hébraïsme d’une grande énergie. Le mot eux se rapporte aux méchants mentionnés au vers. 12.

15. Mais glorifiez dans vas cœurs, etc. Cette traduction de Bossuet rend parfaitement l’expression qui, dans la Vulgate comme dans le grec, répond à l’hébreu déclarer, proclamer saint.

19. En prison ; c’est-à-dire dans les limbes.

20. Par l’eau. Les eaux du déluge sauvèrent en effet la famille de Noé en soulevant l’arche, et en l’empêchant ainsi d’être submergée.

21. Le baptême est semblable au déluge sous le rapport de l’eau employée pour figurer la grâce qui purifie l’âme, et qui, en la purifiant, lui procure le salut. — L’engagement ; litter., l’interrogation, mot qui se prend aussi quelquefois pour la promesse que l’on fait, l’engagement que l’on prend à la suite d’une question. Ainsi saint Pierre fait allusion, soit aux questions que l’on adresse à ceux qui se présentent pour recevoir le baptême, s’ils sont bien résolus à renoncer au démon et à embrasser la foi chrétienne, soit aux promesses solennelles que ceux-ci font en réponse à ces questions.

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CHAPITRE IV

Vivre non selon les passions des hommes, mais selon la volonté de Dieu. Veiller et prier. Pratiquer la charité. Parler et agir par l’esprit de Dieu. Se réjouir dans les souffrances. Dieu juge ici les siens et leur est fidèle.

1. Le Christ donc ayant souffert pour nous en sa chair, armez-vous aussi de la même pensée, car celui qui a souffert en sa chair cesse de pécher ;

2. En sorte que ce n’est plus selon les convoitises des hommes, mais selon la volonté de Dieu qu’il vit, durant ce qui lui reste de temps dans la chair.

3. Car c’est assez de temps consacré à satisfaire la volonté des gentils, pour ceux qui ont vécu dans les impudicités, les convoitises, la crapule, les excès du manger et du boire, et le culte sacrilège des idoles.

4. Sur quoi ils s’étonnent que vous ne couriez plus avec eux à cette même confusion de désordres, et ils blasphèment.

5. Mais ils rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts.

6.Car c’est pour cela que l’Évangile a été prêché aux morts eux-mêmes, afin que jugés devant les hommes selon la chair, ils vivent devant Dieu selon l’esprit.

7. Or la fin de toutes choses est proche. Soyez donc prudents et veillez dans la prière.

8. Mais avant tout, ayez les uns pour les autres une charité constante ; car la charité couvre la multitude des péchés.

9. Exercez l’hospitalité entre vous sans murmure ;

10. Chacun de vous mettant au service des autres la grâce qu’il a reçue, comme de bons dispensateurs de la grâce multiforme de Dieu.

11. Si quelqu’un parle, que ce soit comme des paroles de Dieu ; si quelqu’un exerce un ministère, qu’il le fasse comme par la vertu que Dieu donne ; afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire dans les siècles des siècles. Amen.

12. Mes bien-aimés, ne soyez pas surpris du feu ardent qui sert à vous éprouver, comme si quelque chose d’extraordinaire vous arrivait ;

13. Mais participant ainsi aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin qu’à la révélation de sa gloire vous vous réjouissiez aussi, transportés d’allégresse.

14. Si on vous outrage pour le nom du Christ, vous serez bienheureux, parce que l’honneur, la gloire, la vertu de Dieu et son Esprit reposent sur vous.

15. Mais qu’aucun de vous ne souffre comme homicide, ou voleur, ou médisant, ou avide du bien d’autrui.

16. Et si c’est comme chrétien, qu’il ne rougisse point, mais qu’il glorifie Dieu en ce monde.

17. Car voici le temps où doit commencer le jugement par la maison de Dieu. Or s’il commence par nous, quelle sera la fin de ceux qui ne croient pas à l’Évangile de Dieu ?

18. Et si le juste est à peine sauvé, l’impie et le pécheur, où se présenteront-ils ?

19. Ainsi, que ceux-là mêmes qui souffrent selon la volonté de Dieu, remettent au Créateur fidèle leurs âmes avec leurs bonnes œuvres.

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CHAP. IV. 2. Eph. IV, 23. — 8. Prov. X, 12. — 9. Rom. XII, 13 ; Hebr. XIII, 2 ; Phil. II, 14. — 10. Rom. XII, 6 ; I Cor. IV, 2. — 14. Supra. II, 20 ; III, 14 ; Matth. V, 10. — 18. Prov. XI, 31.

 

6. Aux morts ; c’est-à-dire à ceux qui étaient retenus dans les limbes, et qui avaient été incrédules au temps de Noé (Supra III, 19-20) ; ou bien aux gentils, qui étaient regardés comme des morts ensevelis dans les ténèbres de l’erreur et de l’ignorance.

8. ** Une multitude de péchés. « Dans les Proverbes (X, 12), auxquels S. Pierre emprunte cette sentence, il s’agit des péchés du prochain : la charité les couvre de son manteau, et ainsi la paix et l’union se conservent dans la communauté. » (Crampon)

19. Avec leurs bonnes œuvres ; c’est-à-dire en lui montrant leurs bonnes œuvres.

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CHAPITRE V

Avis aux ministres de l’Évangile. Avis à tous les fidèles. S’humilier devant Dieu ; se reposer en lui. Veiller sur soi ; résister au démon. Salutations.

1. Je conjure donc les prêtres qui sont parmi vous, prêtre comme eux et témoin des souffrances du Christ ; moi qui suis participant à la gloire qui doit être révélée un jour ;

2. Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non par nécessité, mais spontanément selon Dieu ; non point en vue d’un gain honteux, mais de plein gré,

3. Et non comme dominant sur ceux qui sont votre partage, mais vous faisant de cœur le modèle du troupeau.

4. Et lorsque paraitra le prince des pasteurs, vous obtiendrez la couronne de gloire qui ne se flétrit jamais.

5. Vous aussi, jeunes gens, soyez soumis aux prêtres.

Inspirez-vous tous l’humilité les uns aux autres, parce que Dieu résiste aux superbes, et que c’est aux humbles qu’il donne la grâce.

6. Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, pour qu’il vous exalte au temps de sa visite,

7. Rejetant en lui toute votre sollicitude, parce qu’il a lui-même soin de vous.

8. Soyez sobres et veillez, car votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui il pourra dévorer.

9. Résistez-lui, forts dans la foi, sachant que la même affliction est commune à vos frères qui sont dans le monde.

10. Mais le Dieu de toute grâce, qui nous a appelés par le Christ Jésus à son éternelle gloire, après que vous aurez souffert un peu de temps, vous perfectionnera lui-même, vous fortifiera et vous affermira.

11. À lui la gloire et l’empire dans les siècles des siècles. Amen.

12. Je vous ai écrit brièvement, ce me semble, par Silvain, notre frère fidèle, vous suppliant et vous protestant que la vraie grâce de Dieu est celle dans laquelle vous demeurez fermes.

13. L’Église qui est dans Babylone, élue comme vous, et Marc, mon fils, vous saluent.

14. Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Grâce à vous tous qui êtes dans le Christ Jésus. Amen.

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CHAP. V. 5. Prov. III, 34 ; Jac. IV, 6 ; Col. III, 12 ;. — 6. Jac. IV, 10. — 7. Ps. LIV, 23 ; Matth. VI, 25 ; Luc. XII, 22.

 

3. # Sur ceux qui sont votre partage ; « In cleris, τῶν κλήρων. Le mot κλῆρος signifie au propre : sort ; puis : portion obtenue par le sort. Il désigne ici les fidèles, en tant qu’ils étaient assignés comme portion à tel ou tel pasteur. Il équivaut donc à troupeau (gregis) de la seconde partie du verset. Il n’est nullement question en cet endroit des clercs proprement dits, du clergé, comme l’ont pensé à tort divers commentateurs. » (Fillion)

12. La vraie grâce de Dieu, etc. La vraie religion, la vraie voie du salut, celle que nous vous avons annoncée, et dans laquelle vous persévérez, malgré les persécutions qui vous ont été suscitées. — ** « La grâce et la vérité que Dieu a données au monde en Jésus-Christ. Les destinataires de cette lettre avaient été évangélisés par S. Paul : ce verset renferme donc une confirmation indirecte de la prédication de ce dernier. Peut-être le choix de Silvain répond-il à la même pensée : un compagnon de Paul porteur d’une lettre de Pierre adressé à des chrétiens convertis par Paul, quelle preuve éclatante de la conformité de doctrine entre les deux Apôtres ! » (Crampon) — * Par Silvain. C’est probablement le Silvain ou Silas, compagnon de saint Paul. Voir Act. XV, 22-27 ; II Cor. I, 19.

13. Par Babylone, tous les anciens, suivis de la plupart des interprètes catholiques, et même de quelques protestants très célèbres, tels que Grotius, Cave, Lardner, etc., ont entendu la ville de Rome, d’où l’Apôtre a écrit cette lettre. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 480. — Marc est saint Marc, l’Évangéliste, que saint Pierre appelle son fils, parce qu’il l’avait engendré à Jésus-Christ, en le convertissant, qu’il l’avait instruit et qu’il le regardait comme un de ses principaux disciples.

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