DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX CORINTHIENS
On convient que cette Épitre a été écrite peu de temps après la première, l’an 57, suivant le plus grand nombre. S. Paul était en Macédoine, probablement à Philippes. L’émeute excitée par Demétrius l’ayant forcé de quitter Éphèse, il était passé à Troas, puis en Macédoine. C’est là que Tite, qu’il avait envoyé précédemment à Corinthe, vint le rejoindre. L’Apôtre apprit de lui dans quel état se trouvait l’Église de cette ville, la sincère affection que lui gardaient la plupart de ceux qu’il avait convertis, mais en même temps l’animosité croissante de ses antagonistes, les imputations dont il était l’objet, le reproche que plusieurs lui faisaient d’être inconstant dans ses desseins, ambitieux dans ses vues et mal intentionné à l’égard de sa nation. Sur ces informations, il s’empresse d’écrire cette seconde Épitre, et il charge son disciple de la porter à Corinthe, en attendant qu’il puisse s’y rendre lui-même. On trouve en cette Lettre une longue apologie de sa conduite et de son ministère : apologie voilée d’abord, modérée au début, mais bientôt ouverte, vive, et à la fin acérée et véhémente. Elle n’est interrompue qu’un instant, vers le milieu, par une digression sur l’aumône et une exhortation à venir au secours des fidèles de Jérusalem. D’où trois parties ou trois sections : 1° Apologie calme et contenue, I, 15-VII. — 2° Digression, VIII, IX. — 3° Apologie animée et véhémente, X-XII. Dans chacune de ces parties, l’habileté de l’Apôtre, son talent oratoire, la souplesse de son esprit, la délicatesse de son langage se montrent avec éclat. Il s’y propose trois choses : — 1° Dissiper toute prévention dans l’esprit de ses disciples. — 2° Presser la réforme des abus et l’exécution des mesures dont il est question dans sa première Lettre. — 3° Confondre les faux Docteurs par une justification éclatante. (L. Bacuez.)
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DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT PAUL AUX CORINTHIENS
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Saint Paul salue les fidèles de Corinthe. Il est affligé et consolé pour leur consolation et leur salut. Maux excessifs qu’il a éprouvés : sa confiance en Dieu. Il s’excuse de ce qu’il n’a pas été les voir. Vérité invariable de l’Évangile.
Charité de saint Paul envers les fidèles de Corinthe. Son indulgence envers l’incestueux pénitent. Apôtres, odeur de vie aux uns, et odeur de mort aux autres. Falsificateurs de la parole de Dieu.
Lettre vivante écrite sur les tables du cœur par le Saint-Esprit. Nulle bonne pensée, si Dieu ne ta donne. Ministère de la lettre et de l’esprit, de mort et de vie. Voile sur le cœur des Juifs. Transformation par le Saint-Esprit.
Sincérité des apôtres dans l’exercice du ministère évangélique. Incrédulité des réprouvés. Force des apôtres au milieu des persécutions. Récompense éternelle pour les peines si courtes de cette vie. Les choses visibles passent.
Exil de cette vie. Soupirs vers le ciel. Tribunal de Jésus-Christ. Tous doivent vivre pour lui. C’est par lui que nous sommes réconciliés avec Dieu. Les apôtres sont des ambassadeurs.
Ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu. Caractère des ministres de l’Évangile. Saint Paul aime et veut être aimé. Jésus-Christ et Bélial inalliables. Les enfants de Dieu doivent fuir ses ennemis.
Saint Paul témoigne aux Corinthiens l’affection qu’il a pour eux. Consolation qu’il a reçue de leur part. Double tristesse : heureux effets de celle dont ils ont été touchés. Il les remercie de la bonne réception qu’ils ont faite à Tite.
Aumônes abondantes des Églises de Macédoine pour les saints de Jérusalem. Saint Paul exhorte les Corinthiens à imiter la charité de ces Églises. Il rend témoignage à leur bonne volonté. Il leur recommande ceux qu’il envoie pour recueillir leurs aumônes.
Saint Paul exhorte les Corinthiens à préparer leurs aumônes. Donner libéralement et avec joie. Qui sème peu moissonnera peu. Avantages de l’aumône.
Apologie de saint Paul contre les faux apôtres. Puissance du ministère évangélique. Vanité des faux apôtres. Saint Paul ne s’attribue point les travaux des autres. Nul ne doit se glorifier qu’en Dieu.
Saint Paul est obligé de se louer pour confondre ses calomniateurs. Son zèle pour les Corinthiens. Pourquoi il veut exercer gratuitement son ministère à leur égard. Faux apôtres. Saint Paul se glorifie dans ses souffrances.
Sentiment de saint Paul. Dieu l’humilie de peur qu’il ne s’élève. Plus il est faible, plus il est fort. Son désintéressement et celui de ses disciples. Son zèle pour les Corinthiens.
Saint Paul menace de punir avec sévérité ceux qui n’auront point fait pénitence de leurs péchés. Il souhaite de n’être pas obligé d’user de sa puissance. Salutations.
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Saint Paul salue les fidèles de Corinthe. Il est affligé et consolé pour leur consolation et leur salut. Maux excessifs qu’il a éprouvés : sa confiance en Dieu. Il s’excuse de ce qu’il n’a pas été les voir. Vérité invariable de l’Évangile.
1. Paul, apôtre de Jésus-Christ, par la volonté de Dieu, et Timothée, son frère, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, et à tous les saints qui sont dans toute l’Achaïe.
2. Grâce à vous, et paix par Dieu notre Père, et par Notre Seigneur Jésus-Christ.
3. Béni le Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation !
4. Qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que nous puissions nous-mêmes, par l’encouragement que Dieu nous donne, consoler aussi ceux qui sont sous le poids de toute sorte de maux.
5. Car, comme les souffrances du Christ abondent en nous, c’est aussi par le Christ que notre consolation abonde.
6. Or si nous sommes dans l’affliction, c’est pour votre encouragement et votre salut ; si nous sommes consolés, c’est pour votre consolation ; si nous sommes encouragés, c’est pour votre encouragement et votre salut qui s’accomplit par votre patience à supporter les mêmes souffrances que nous supportons nous-mêmes.
7. Ce qui nous donne une ferme espérance pour vous, sachant que, comme vous avez part aux souffrances, vous l’aurez aussi à la consolation.
8. Car nous ne voulons pas, mes frères, que vous ignoriez, touchant la tribulation qui nous est survenue en Asie, que le poids en a été excessif et au-dessus de nos forces, au point que nous étions las de vivre.
9. Mais nous, nous avons reçu en nous-mêmes l’arrêt de la mort, afin que nous ne mettions pas notre confiance en nous, mais en Dieu qui ressuscite les morts,
10. Qui nous a délivrés de si grands périls, qui nous en délivre, et qui, comme nous l’espérons de lui, nous en délivrera encore,
11. Surtout vous nous aidant en priant pour nous, afin que, comme le don qui est en nous a été fait en considération d’un grand nombre, un grand nombre en rende grâces pour nous.
12. Car notre gloire, la voici : Le témoignage de notre conscience, que c’est dans la simplicité du cœur et dans la sincérité de Dieu, et non point selon la sagesse de la chair, mais avec la grâce de Dieu, que nous nous sommes conduits dans ce monde, mais plus particulièrement envers vous.
13. En effet, nous ne vous écrivons que les choses que vous avez lues et reconnues. Or j’espère que vous reconnaitrez jusqu’à la fin,
14. Comme vous l’avez reconnu en partie, que nous sommes votre gloire, de même que vous serez la nôtre au jour de Notre Seigneur Jésus-Christ.
15. C’est dans cette confiance que je voulais venir d’abord vous voir, pour que vous reçussiez une seconde grâce ;
16. Passer par chez vous en allant en Macédoine, et revenir de Macédoine près de vous, et par vous être conduit en Judée.
17. Ayant donc eu ce dessein, ai-je été inconstant ? Ou bien, ce que je projette, le projetai-je selon la chair, de sorte qu’en moi il y ait OUI et NON ?
18. Mais Dieu est fidèle témoin que la parole que nous vous avons annoncée n’a point été dans ce OUI et NON.
19. Car le fils de Dieu, Jésus-Christ, que nous vous avons prêché, moi, Silvain et Timothée, ne fut point OUI et NON ; mais OUI fut seul en lui.
20. En effet, toutes les promesses quelconques de Dieu sont en lui le OUI ; c’est pourquoi nous disons aussi par lui Amen à Dieu pour notre gloire.
21. Or celui qui nous affermit avec vous dans le Christ, et qui nous a oints, c’est Dieu,
22. Qui nous a aussi marqués de son sceau, et a donné le gage de l’Esprit dans nos cœurs.
23. Pour moi, je prends Dieu à témoin sur mon âme, que c’est pour vous épargner, que je ne suis point encore venu à Corinthe ; ce n’est pas que nous dominions sur votre foi ; au contraire, nous coopérons à votre joie, car vous êtes fermes dans la foi.
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CHAP. I.
3. Eph. I, 3 ;
I Petr. I, 3.
1. À tous les saints ; c’est-à-dire à tous les chrétiens. Compar. Act. IX, 13. — * Dans toute l’Achaïe. Du temps de S. Paul, l’Achaïe était le nom de la province romaine qui comprenait toute la Grèce à l’exception de la Thessalie.
8. * En Asie, dans l’Asie proconsulaire. Voir Act. XVI, 6.
16. * En Macédoine. Voir Act. XVI, 9. — En Judée. La Judée désigne proprement la Palestine du sud, dont Jérusalem était la ville principale, à l’exclusion de la Samarie et de la Galilée.
17. Ai-je formé ce dessein à la légère ? Suis-je inconstant ? Selon la chair, selon les inspirations, non de l’Esprit-Saint, mais de l’homme charnel (Gal. V, 16 sv.).
19. * Silvain, le Silas des Actes. Voir Act. XV, 22.
20. Puisqu’il n’y a en Jésus-Christ que vérité pure, et qu’accomplissement parfait des promesses de Dieu, nous devons dire hautement à Dieu Amen, c’est-à-dire, cela est vrai ; vos promesses ont été parfaitement accomplies ; ce qui est pour nous un sujet de gloire, parce que c’est en vertu de cet accomplissement que nous avons été rachetés.
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Charité de saint Paul envers les fidèles de Corinthe. Son indulgence envers l’incestueux pénitent. Apôtres, odeur de vie aux uns, et odeur de mort aux autres. Falsificateurs de la parole de Dieu.
1. Je résolus donc en moi-même de ne point venir vers vous de nouveau dans la tristesse.
2. Car si c’est moi qui vous contriste, qui aurai-je pour me réjouir, si ce n’est celui qui est contristé à cause de moi ?
3. C’est aussi ce que je vous ai écrit, afin, quand je viendrai, de n’avoir pas tristesse sur tristesse, de la part de ceux qui auraient dû être ma joie, ayant cette confiance en vous tous, que ma joie est la vôtre à tous.
4. Car je vous ai écrit, dans l’affliction et l’angoisse du cœur, avec beaucoup de larmes, non pour que vous soyez contristés, mais afin que vous sachiez la charité surabondante que j’ai pour vous.
5. Que si l’un de vous m’a contristé, il ne m’a contristé qu’en partie, pour ne pas vous charger tous.
6. Quant à celui qui s’est mis dans ce cas, il suffit de cette correction faite par un grand nombre ;
7. De sorte que vous devez, au contraire, user avec lui d’indulgence et le consoler, de peur qu’il ne soit accablé par une trop grande tristesse, se trouvant dans une pareille situation.
8. C’est pourquoi je vous conjure de redoubler de charité envers lui.
9. C’est pourquoi aussi je vous écris, afin de connaitre à l’épreuve si vous êtes obéissants en toutes choses.
10. Ce que vous lui avez pardonné, je le lui ai aussi pardonné ; car si j’ai moi-même usé d’indulgence, j’en ai usé à cause de vous dans la personne du Christ ;
11. Afin que nous ne soyons point circonvenus par Satan ; car nous n’ignorons pas ses desseins.
12. Lorsque je suis venu à Troade pour l’Évangile du Christ, et qu’une porte m’y fut ouverte par le Seigneur,
13. Je n’ai point eu de repos en mon esprit de ce que je n’y avais pas trouvé Tite, mon frère ; mais, prenant congé d’eux, je suis parti pour la Macédoine.
14. Mais grâces à Dieu, qui toujours nous fait triompher dans le Christ Jésus, et répand par nous en tous lieux l’odeur de sa connaissance ;
15. Parce que nous sommes pour Dieu une bonne odeur du Christ à l’égard de ceux qui se sauvent, et à l’égard de ceux qui périssent :
16. Aux uns odeur de mort pour la mort ; mais aux autres odeur de vie pour la vie. Or qui est capable d’un tel ministère ?
17. Car nous ne sommes pas comme beaucoup, qui corrompent la parole de Dieu ; mais c’est avec sincérité, comme de la part de Dieu, devant Dieu, en Jésus-Christ que nous parlons.
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CHAP. II.
5. L’un de vous, l’incestueux (I Cor. V, 1-2). — Ne m’a contristé qu’en partie, parce que j’étais consolé d’ailleurs par la considération que le plus grand nombre d’entre vous était demeuré ferme dans la foi et dans la vertu. — Devant la phrase pour ne pas, etc., il faut sous-entendre : Ce que je dis, genre d’ellipse assez commun dans la Bible. C’est donc comme si l’apôtre disait : Je me garderais bien de vous charger tous du crime d’un seul.
10. L’apôtre accorde ici un pardon au nom et par l’autorité de Jésus-Christ à l’incestueux de Corinthe, qu’il avait soumis à la pénitence. Ce pardon consistait dans la remise d’une partie de la punition temporelle due à son péché.
12. * À Troade ou Troas. Voir Act. XVI, 8.
13. * Tite, gentil converti, à qui est adressée l’Épitre qui porte son nom, avait peut-être porté à Corinthe avec un autre disciple la première Épitre de S. Paul adressée à cette Église. Il est certain dans tous les cas que S. Paul envoya Tite à Corinthe à la fin de son séjour à Éphèse, pour y recueillir des aumônes en faveur des fidèles de Jérusalem et juger de l’effet qu’avait produit sa première Épitre. Nous apprenons ici que S. Paul n’ayant pas trouvé Tite à Troade, s’est rendu en Macédoine. Là il le rencontra, fut réjoui des nouvelles que Tite lui donna des Corinthiens et le renvoya dans cette ville avec sa seconde Épitre pour y recueillir encore des aumônes, comme nous le lisons plus loin, VII, 6-7, 13 ; VIII, 6, 16-18, 23-24.
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Lettre vivante écrite sur les tables du cœur par le Saint-Esprit. Nulle bonne pensée, si Dieu ne ta donne. Ministère de la lettre et de l’esprit, de mort et de vie. Voile sur le cœur des Juifs. Transformation par le Saint-Esprit.
1. Commencerons-nous de nouveau à nous recommander nous-mêmes ? ou (comme quelques-uns) avons-nous besoin de lettres de recommandation auprès de vous, ou même de vous ?
2. Vous êtes vous-mêmes notre lettre, écrite dans nos cœurs, laquelle est connue et lue de tous les hommes,
3. Étant manifestement reconnus pour être la lettre du Christ écrite par notre ministère, non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant ; non sur des tables de pierre, mais sur les tables charnelles du cœur.
4. Or, une telle confiance nous l’avons en Dieu par le Christ ;
5. Non que nous soyons suffisants pour former aucune pensée par nous-mêmes, comme de nous ; mais notre suffisance vient de Dieu,
6. Qui nous a même rendus propres à être les ministres de la nouvelle alliance, non par la lettre, mais par l’Esprit ; car la lettre tue, tandis que l’Esprit vivifie.
7. Que si le ministère de mort, gravé en lettres sur des pierres, a été environné d’une gloire telle, que les enfants d’Israël ne pouvaient regarder la face de Moïse, à cause de la gloire de son visage, laquelle devait s’évanouir ;
8. Comment le ministère de l’Esprit ne serait-il pas plus glorieux ?
9. Car si le ministère de condamnation est glorieux, le ministère de justice est beaucoup plus abondant en gloire.
10.Et même ce qu’il y a eu d’éclatant dans le premier, n’a pas été véritablement glorieux à cause de la gloire éminente du second.
11. Car si ce qui disparait a de la gloire, ce qui demeure en a bien davantage.
12. Ayant donc une telle espérance, nous usons d’une grande liberté ;
13. Et non comme Moïse, qui mettait un voile sur son visage, pour que les enfants d’Israël ne regardassent pas sur sa face ce qui devait disparaitre ;
14. Aussi leurs esprits se sont hébétés. Car jusqu’à ce jour le même voile demeure sans être levé, lorsqu’ils lisent l’Ancien Testament (parce que c’est par le Christ qu’il s’enlève).
15. Ainsi jusqu’à ce jour, lorsqu’ils lisent Moïse, ils ont un voile posé sur le cœur.
16. Mais lorsque Israël se sera converti au Seigneur, le voile sera enlevé.
17. Or le Seigneur est l’Esprit, et où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté.
18. Pour nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image de clarté en clarté, comme par l’Esprit du Seigneur.
CHAP. III. 3. Jer. XXXI, 33 ; Hebr. X, 16. — 6. Rom. II, 29 ; VII, 6.— 13. Ex. XXXIV, 33. — 17. Joan. IV, 24.
3. * Non sur des tables de pierre. Le Décalogue avait été gravé sur des tables de pierre, au Sinaï.
4. Nous l’avons en Dieu par le Christ, en tenant compte de Dieu, source debout bien, qu’il nous donne par J.-C. Cette assurance, exprimée vers. 2-3, Paul ne la puise pas en lui-même. Ce n’est pas à ses propres forces qu’il attribue le succès de ses travaux apostoliques, c’est à Dieu seul, qui l’a rendu capable d’être ministre de la nouvelle alliance (vers. 6), si supérieure à l’ancienne.
6. Par la lettre mal entendue et prise sans l’esprit. — Outre la peine de mort que la loi inflige, elle tue encore, en ce qu’elle fait connaitre le péché, sans donner la force de l’éviter.
9. Glorieux ; littér. gloire. En vertu d’un hébraïsme que nous avons déjà fait remarquer, les écrivains sacrés mettent souvent l’abstrait pour le concret.
10. Dans le premier ministère, dont il est question au verset précédent.
16. Israël est expressément nommé au vers. 13.
17. * « Où est l’esprit du Seigneur, là est aussi la liberté. L’amour de la liberté, dit Fénelon, est une des plus dangereuses passions du cœur humain ; et il arrive de cette passion comme de toutes les autres, elle trompe ceux qui la suivent, et au lieu de la liberté véritable, elle leur fait trouver le plus dur et le plus honteux esclavage. On croit être libre, quand on ne dépend plus que de soi-même. Folle erreur ! Y a-t-il un état où l’on ne dépende pas d’autant de maitres qu’il y a de personnes à qui l’on a relation ? Y en a-t-il un où l’on ne dépende pas encore davantage des fantaisies d’autrui que des siennes propres ? Tout le commerce de la vie n’est que gêne, par la captivité des bienséances et par la nécessité de plaire aux autres. D’ailleurs nos passions sont pires que les plus cruels tyrans. Ô mon Dieu, préservez-moi de ce funeste esclavage, que l’insolence humaine n’a pas de honte de nommer une liberté. C’est en vous seul qu’on est libre. »
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Sincérité des apôtres dans l’exercice du ministère évangélique. Incrédulité des réprouvés. Force des apôtres au milieu des persécutions. Récompense éternelle pour les peines si courtes de cette vie. Les choses visibles passent.
1. C’est pourquoi, chargés de ce ministère en vertu de la miséricorde que nous avons obtenue, nous ne perdons pas courage ;
2. Mais nous repoussons de nous les passions honteuses qui se cachent, ne marchant point dans l’artifice, et n’altérant point la parole de Dieu, mais nous recommandant, par la manifestation de la vérité, à toute conscience d’homme devant Dieu.
3. Que si notre Évangile aussi est voilé, c’est pour ceux qui périssent qu’il est voilé ;
4. Pour les infidèles, dont le Dieu de ce siècle a aveuglé l’esprit, afin que ne brille pas pour eux la lumière de l’Évangile de la gloire du Christ, qui est l’image de Dieu.
5. Car nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais Jésus-Christ Notre Seigneur ; quant à nous, nous déclarant vos serviteurs par Jésus ;
6. Parce que le même Dieu qui commanda que des ténèbres jaillît la lumière, a lui dans nos cœurs pour répandre la lumière de la science et de la gloire de Dieu, sur la face du Christ Jésus.
7. Mais nous avons ce trésor en des vases d’argile, afin que la grandeur appartienne à la vertu de Dieu, et ne vienne pas de nous.
8. En toutes choses nous souffrons la tribulation, mais nous ne sommes pas accablés ; nous nous trouvons dans des difficultés extrêmes, mais nous n’y succombons pas.
9. Nous souffrons la persécution, mais nous ne sommes pas délaissés ; nous sommes abattus, mais nous ne périssons pas ;
10. Portant toujours et partout dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus se manifeste aussi dans notre corps ;
11. Car nous qui vivons, nous sommes à toute heure livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus se manifeste aussi dans notre chair mortelle.
12. Ainsi la mort opère en nous, et la vie en vous.
13. Mais ayant le même esprit de foi, comme il est écrit : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé, et nous aussi nous croyons, et c’est aussi pourquoi nous parlons ;
14. Sachant que celui qui a ressuscité Jésus nous ressuscitera nous aussi avec Jésus, et nous établira avec vous.
15. Car toutes choses sont pour vous, afin que la grâce qui abonde, abonde pour la gloire de Dieu, par le grand nombre de ceux qui lui rendront grâces.
16. C’est pourquoi nous ne perdons point courage, mais, bien qu’en nous l’homme extérieur se détruise, cependant l’homme intérieur se renouvèle de jour en jour.
17. Car ce qui est momentané et léger dans le temps présent de nos tribulation produit au-delà de la mesure dans la grandeur un poids éternel de gloire ;
18. Parce que nous ne considérons point les choses qui se voient, mais celles qui ne se voient pas ; car les choses qui se voient sont passagères, mais celles qui ne se voient pas sont éternelles.
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CHAP. IV. 8. Ps. CXVIII, 87. — 13. Ps. CXV, 10.
2. Saint Paul fait connaitre et relève le ministère qu’il a reçu de Dieu, afin de combattre avec plus de succès les faux apôtres qui cherchaient à détruire son autorité et les fruits de sa prédication.
6. De la gloire de Dieu, empreinte, resplendissante, sur la face du Christ Jésus.
7. Afin que la grandeur et la gloire de notre ministère soient attribuées à Dieu, et nullement à nous.
10. La mort de Jésus (comp. Rom. IV, 19), même sens que les souffrances du Christ (I, 5) : exposé, en prêchant l’Évangile, à la même mort que Jésus a soufferte. — Afin que notre délivrance et notre conservation soient comme la manifestation de la vie de Jésus ressuscité. D’autres : De même que nos souffrances nous font entrer en quelque sorte dans la mort de Jésus, ainsi que notre victoire nous fait participer à sa résurrection et à sa vie glorieuse. (Crampon)
11. # À cause de Jésus : parce que les ennemis de Jésus persécutent ses disciples (cf. Matth. X, 18, 22) ou encore pour Jésus, c’est-à-dire parce que nous voulons rester fidèles à Jésus (cf. Matth. X, 39).
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Exil de cette vie. Soupirs vers le ciel. Tribunal de Jésus-Christ. Tous doivent vivre pour lui. C’est par lui que nous sommes réconciliés avec Dieu. Les apôtres sont des ambassadeurs.
1. En effet, nous savons que si cette maison de terre que nous habitons présentement se dissout, nous avons une autre maison construite par Dieu, non par la main des hommes, et éternelle dans les cieux.
2. Et pour cela nous gémissons, désirant d’être revêtus de notre habitation qui est du ciel ;
3. Si toutefois nous sommes trouvés vêtus, et non pas nus.
4. Car, pendant que nous sommes dans cette tente, nous gémissons tous sous sa pesanteur, parce que nous ne voulons pas être dépouillés, mais revêtus par-dessus, en sorte que ce qu’il y a de mortel soit absorbé par la vie.
5. Or celui qui nous a formés pour cet état même, c’est Dieu, qui nous a donné le gage de l’Esprit.
6. Ainsi, toujours pleins de confiance, sachant que, pendant que nous sommes dans ce corps, nous voyageons loin du Seigneur
7. (Car c’est par la foi que nous marchons, et non par une claire vue) ;
8. Oui, pleins de confiance, nous aimons mieux sortir de ce corps, et aller jouir de la présence du Seigneur.
9. C’est pourquoi, soit absents, soit présents, nous faisons tous nos efforts pour lui plaire.
10. Car nous devons tous comparaitre devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive ce qui est dû à son corps, selon ce qu’il a fait ou de bien ou de mal.
11. Sachant donc combien le Seigneur est redoutable, nous tâchons de persuader les hommes, mais nous sommes connus de Dieu. Or j’espère que nous sommes aussi connus dans vos consciences.
12. Nous ne nous recommandons pas de nouveau auprès de vous, mais nous vous donnons occasion de vous glorifier à notre sujet, afin que vous ayez quoi répondre à ceux qui se glorifient en apparence, mais non dans le cœur.
13. Car si nous sommes emportés comme hors de nous-mêmes, c’est pour Dieu ; si nous sommes modérés, c’est pour vous.
14. Parce que la charité du Christ nous presse ; considérant que si un seul est mort pour tous, donc tous sont morts ;
15. Et le Christ est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux, mais pour celui qui est mort pour eux, et est ressuscité.
16. C’est pourquoi, dès ce moment, nous ne connaissons plus personne selon la chair. Et si nous avons connu le Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi.
17. Si donc quelqu’un est en Jésus-Christ, il est une créature nouvelle ; les choses anciennes ont passé : voilà que tout est devenu nouveau.
18. Et le tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés à lui par le Christ, et nous a confié le ministère de la réconciliation ;
19. Car c’est Dieu qui était dans le Christ, se réconciliant le monde, ne leur imputant point leurs péchés, et qui a mis en nous la parole de la réconciliation.
20. Nous faisons donc les fonctions d’ambassadeurs pour le Christ, Dieu exhortant par notre bouche. Nous vous en conjurons par le Christ, réconciliez-vous à Dieu.
21. Car celui qui ne connaissait point le péché, il l’a rendu péché pour l’amour de nous, afin qu’en lui nous devinssions justice de Dieu.
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CHAP. V. 3. Apoc. XVI, 15 ; I Cor. XV, 53. — 10. Rom. XIV, 10. — 17. Is. XLIII, 19 ; Apoc. XXI, 5.
3. # Vêtus, et non pas nus ; vêtus de notre corps mortel et non pas dépouillé de lui, c’est-à-dire si le Seigneur revient dans la gloire alors que nous sommes encore en cette vie, cf. I Cor. XV, 53.
4. Parce que nous ne désirons pas précisément nous voir dépouillés de notre corps par la mort, mais parce que nous souhaitons de revêtir par-dessus ce corps une gloire telle, que tout ce qu’il y a de mortel en nous soit absorbé par l’immortalité.
10. Ce qui est dû à son corps ; c’est-à-dire ce qui lui est dû pour le bien ou le mal qu’il a fait pendant qu’il était dans son corps.
12. Qui se glorifient, etc. ; c’est-à-dire au dehors, vis-à-vis des autres, mais non point dans leur intérieur, en eux-mêmes. Ou bien, en supposant un genre d’ellipse commun aux écrivains sacrés : Ils mettent leur gloire dans ce qui parait à l’extérieur, et non dans ce qui est dans le cœur.
14-15. L’amour que J.-C. nous a témoigné en mourant à notre place, nous presse de n’avoir en vue en toutes choses que Dieu et vous. — Tous doivent se regarder comme morts en lui, et réaliser en eux-mêmes cette mort du Christ, en s’unissant à lui par la foi et l’amour. — Qui vivent de la vie de la grâce. Pour la pensée, comp. Rom. XIV, 7 sv.
21. Il l’a rendu péché ; c’est-à-dire il l’a traité comme s’il eût été le péché même. La bonté même de Dieu doit nous porter à nous réconcilier avec lui. J.-C. qui était sans péché, Dieu l’a fait le péché personnifié, l’a traité comme l’unique pécheur, afin de détruire le péché par sa mort. — Justice de Dieu ; c’est-à-dire justes de Dieu, reconnus justes par Dieu. Compar., pour l’expression grammaticale, III, 9 ; et, pour le sens de la pensée de l’apôtre, Rom. III, 21 et suiv. ; IV, 6 et suiv.
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Ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu. Caractère des ministres de l’Évangile. Saint Paul aime et veut être aimé. Jésus-Christ et Bélial inalliables. Les enfants de Dieu doivent fuir ses ennemis.
1. Or, comme coopérateurs, nous vous exhortons à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu ;
2. Car il dit : En un temps favorable je t’ai exaucé, et en un jour de salut je t’ai secouru. Voici maintenant un temps favorable, voici maintenant un jour de salut.
3. Ne donnant à personne aucun scandale, afin que notre ministère ne soit pas décrié,
4. Montrons-nous, au contraire, en toutes choses, comme des ministres de Dieu, par une grande patience dans les tribulations, dans les nécessités, dans les angoisses,
5. Sous les coups, dans les prisons, dans les séditions, dans les travaux, dans les veilles, dans les jeûnes ;
6. Par la pureté, par la science, par la longanimité, par la mansuétude, par l’Esprit-Saint, par une charité sincère ;
7. Par la parole de la vérité, par la force de Dieu, par les armes de la justice, à droite et à gauche ;
8. Dans la gloire et l’ignominie, dans la mauvaise et la bonne réputation, comme séducteurs et cependant sincères ; comme inconnus, et toutefois très connus ;
9. Comme mourants, et voici que nous vivons ; comme châtiés, mais non mis à mort ;
10. Comme tristes, mais toujours dans la joie ; comme pauvres, mais enrichissant beaucoup d’autres ; comme n’ayant rien, et possédant tout.
11. Pour vous, ô Corinthiens, notre bouche est ouverte, notre cœur s’est dilaté.
12. Nous ne nous resserrons point pour vous, mais vous, vous resserrez vos entrailles.
13. Rendant donc selon que vous recevez (je vous parle comme à mes enfants), dilatez-vous aussi.
14. Ne trainez point le même joug que les infidèles. Car quoi de commun entre la justice et l’iniquité ? Ou quelle alliance entre la lumière et les ténèbres ?
15. Quel accord entre le Christ et Bélial ? ou quel commerce entre le fidèle et l’infidèle ?
16. Quel rapport entre le temple de Dieu et les idoles ? Car vous êtes le temple du Dieu vivant, comme Dieu le dit :
J’habiterai en eux, et je marcherai au milieu d’eux,
et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.
17. C’est pourquoi sortez d’au milieu d’eux,
et séparez-vous, dit le Seigneur,
et ne touchez point à ce qui est impur ;
18. Et je vous recevrai,
et je serai votre père,
et vous serez mes fils et mes filles,
dit le Seigneur tout-puissant.
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CHAP. VI. 2. Is. XLIX, 8. — 3. I Cor. X, 32. — 4. I Cor. IV, 1. — 16. I Cor. III, 16, 17 ; VI, 19 ; Lev. XXVI, 12. — 17. Is. LII, 11. — 18. Jer. XXXI, 9.
3. Ce verset se lie évidemment au premier, dont il continue le sens. Ainsi le deuxième doit être considéré comme une parenthèse.
9. Châtié, par Dieu, disaient ses adversaires ; Paul, par humilité, ne nie pas absolument, il répond seulement, mais non mis à mort.
10. Enrichissant beaucoup d’autres de bien spirituels. — Toutes choses en Jésus-Christ.
14. Le même joug, allusion à la défense faite par Moïse d’accoupler ensemble, pour le labourage, des animaux de différentes espèces, par exemple, le bœuf avec l’âne (Lev. XIX, 19).
15. Bélial ; c’est-à-dire le démon qui est devenu le prince de tous les méchants, que l’Écriture appelle pour cette raison fils de Bélial, parce qu’ils sont regardés comme ayant le diable pour père. Joan. VIII, 44. Selon l’étymologie, Bélial signifie sans utilité, vaurien.
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Saint Paul témoigne aux Corinthiens l’affection qu’il a pour eux. Consolation qu’il a reçue de leur part. Double tristesse : heureux effets de celle dont ils ont été touchés. Il les remercie de la bonne réception qu’ils ont faite à Tite.
1. Ayant donc ces promesses, purifions-nous, mes bien-aimés, de toute souillure de la chair et de l’esprit, et achevons notre sanctification dans la crainte de Dieu.
2. Donnez-nous place. Nous n’avons lésé personne, corrompu personne, fraudé personne.
3. Ce n’est pas pour vous condamner que je vous parle ainsi ; car je vous ai déjà dit que vous êtes dans nos cœurs à la mort et à la vie.
4. J’use d’une grande liberté envers vous ; je me glorifie beaucoup de vous ; je suis rempli de consolation, je surabonde de joie dans toutes nos tribulations.
5. Car, lorsque nous sommes venus en Macédoine, notre chair n’a eu aucun repos, mais nous avons souffert toute sorte d’afflictions : au dehors, combats ; au dedans, frayeurs.
6. Mais celui qui console les humbles, Dieu, nous a consolés par l’arrivée de Tite ;
7. Non seulement par son arrivée, mais encore par la consolation qu’il a reçue de vous ; nous ayant raconté votre désir, vos pleurs, votre zèle pour moi, de sorte que ma joie en a été plus grande.
8. Car quoique je vous aie contristés par ma lettre, je ne m’en repens point ; et si je m’en suis repenti, en voyant que cette lettre vous avait (bien que pour peu de temps) causé de la tristesse,
9. Maintenant je me réjouis, non de ce que vous avez été contristés, mais de ce que vous avez été contristés de manière à faire pénitence ; car vous avez été contristés selon Dieu, de sorte que vous n’avez reçu de nous aucun dommage.
10. Car la tristesse qui est selon Dieu produit pour le salut une pénitence stable ; mais la tristesse du siècle produit la mort.
11. Voyez, en effet, combien cette tristesse selon Dieu que vous avez ressentie a produit en vous non seulement de vigilance, mais de soin de vous justifier, mais d’indignation, mais de crainte, mais de désir, mais de zèle, mais de vengeance ; de toute manière, vous avez montré que vous étiez purs dans cette affaire.
12. Si donc je vous ai écrit, ce n’était, ni à cause de celui qui a commis l’injure, ni à cause de celui qui l’a soufferte, mais pour vous faire connaitre la sollicitude que nous avons pour vous
13. Devant Dieu ; c’est pourquoi nous avons été consolés. Or dans notre consolation, notre joie s’est accrue de celle de Tite, parce que vous avez tous contribué au repos de son esprit.
14. Et si je me suis glorifié de vous auprès de lui, je n’ai pas eu à en rougir ; mais comme nous vous avions dit toutes choses selon la vérité, aussi le témoignage glorieux que nous avions rendu à Tite a été justifié.
15. C’est pourquoi, dans le fond de ses entrailles, il redouble d’affection pour vous, lorsqu’il se ressouvient de l’obéissance de vous tous, et avec quelle crainte et quel tremblement vous l’avez reçu.
16. Je me réjouis donc de ce qu’en toutes choses je puis me fier à vous.
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CHAP.
VII. 10. I Petr. II, 19.
2. Donnez-nous place ; c’est-à-dire, ou recevez-nous, accueillez-nous, ou comprenez, saisissez-nous, ou donnez place dans vos esprits à nos avertissements. Compar. Matth. XIX, 11. Le grec et la Vulgate sont également susceptibles de ces diverses interprétations.
5. * En Macédoine. Voir Act. XVI, 9. — Notre chair, l’homme inférieur, naturel, par opposition à l’esprit, l’homme supérieur, surnaturel. — Combats, contre les ennemis de l’Évangile. Frayeurs, appréhensions, soucis pour les Églises, spécialement pour celle de Corinthe.
6. * Par l’arrivée de Tite. Voir plus haut, II, 13.
10. La tristesse selon Dieu, causée par l’amour de Dieu et de la Justice ; la tristesse du monde. causée par l’amour du monde et par des motifs humains. — Une pénitence stable, qu’on ne regrette pas : qui procure un éternel contentement. — La mort éternelle.
11. Vengeance ; c’est-à-dire ardeur à venger le crime de l’incestueux.
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Aumônes abondantes des Églises de Macédoine pour les saints de Jérusalem. Saint Paul exhorte les Corinthiens à imiter la charité de ces Églises. Il rend témoignage à leur bonne volonté. Il leur recommande ceux qu’il envoie pour recueillir leurs aumônes.
1. Nous vous faisons connaitre, mes frères, la grâce de Dieu, qui a été accordée aux Églises de Macédoine :
2. C’est que dans les épreuves nombreuses de la tribulation, ils en ont eu une joie abondante, et que leur pauvreté extrême a répandu avec abondance les richesses de leur charité sincère.
3. Car je leur rends ce témoignage qu’ils ont donné de leur propre mouvement autant qu’ils pouvaient, et même plus qu’ils ne pouvaient,
4. Nous conjurant avec beaucoup d’instances d’accepter leurs aumônes, et leur part à la dispensation qui se fait pour les saints.
5. Et surpassant notre espérance, ils se sont donnés eux-mêmes, premièrement à Dieu, ensuite à nous par la volonté de Dieu ;
6. En sorte que nous avons prié Tite que, selon qu’il a déjà commencé, il achève parmi vous cette bonne œuvre,
7. Et que comme vous abondez en toutes choses, en foi, en parole, en science, en toute sollicitude, et de plus en affection pour nous, vous abondiez aussi en cette sorte de grâce.
8. Ce que je ne dis pas comme faisant un commandement, mais pour que, voyant l’empressement des autres, vous fassiez preuve de la sincérité de votre charité.
9. Car vous connaissez la bonté de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui s’est fait pauvre pour vous, bien qu’il fût riche, afin que par sa pauvreté vous fussiez riches.
10. C’est donc un conseil que je vous donne ici, parce que cela vous est d’autant plus utile, que non seulement vous avez commencé à faire cette charité, mais que vous en avez conçu le dessein dès l’année précédente.
11. Maintenant donc, achevez votre œuvre, afin que, comme votre cœur a été si prompt à la vouloir, il le soit aussi à l’accomplir d’après ce que vous possédez.
12. Car lorsque la volonté est prompte, elle est agréée, selon que chacun possède, non selon ce qu’il ne possède pas.
13. Ainsi, qu’il n’y ait pas pour les autres soulagement, et pour vous surcharge, mais égalité.
14. Que pour le moment présent votre abondance supplée à leur indigence, afin que leur abondance supplée aussi à votre indigence, de sorte qu’il y ait égalité, comme il est écrit :
15. Celui qui recueillit beaucoup n’eut pas plus, et celui qui recueillit peu n’eut pas moins.
16. Grâces à Dieu qui a mis la même sollicitude pour vous dans le cœur de Tite !
17. Car non seulement il a bien reçu ma prière, mais, comme il était fort empressé, il est parti de son propre mouvement pour aller vers vous.
18. Nous avons aussi envoyé avec lui un de nos frères dont on fait l’éloge, à cause de l’Évangile, dans toutes les Églises,
19. Et qui, de plus, a été désigné par les Églises comme compagnon de notre voyage pour cette aumône dont nous sommes les dispensateurs pour la gloire de Dieu, et pour seconder notre bonne volonté.
20. Évitant ainsi que personne ne nous blâme au sujet de cette grande abondance de dons que nous dispensons.
21. Car nous tâchons de faire le bien, non seulement devant Dieu, mais devant les hommes.
22. Nous avons encore envoyé avec eux un de nos frères, qu’en beaucoup d’occasions nous avons reconnu être très zélé, et qui l’est encore bien plus maintenant par sa grande confiance en vous,
23. Soit à l’égard de Tite, qui est mon compagnon et mon coopérateur auprès de vous ; soit à l’égard de nos frères, apôtres des Églises et gloire du Christ.
24. Montrez donc bien à la face des Églises quelle est votre charité envers eux, et le sujet de notre gloire par rapport à vous.
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CHAP. VIII. 15. Ex. XVI, 18. — 21. Rom. XII, 17.
4. Le latin communicátio désigne en général tout travail fait pour aider, office, charge quelconque ; mais ici il signifie évidemment dispensation, distribution, puisqu’il s’agit de l’envoi des aumônes à Jérusalem. — Pour les saints, pour les chrétiens pauvres de Jérusalem (Rom. XV, 26 ; I Cor. XVI, 1).
6. Cette bonne œuvre ; litter., cette grâce. II s’agit toujours d’aumônes. Compar. I Cor. XVI, 1.
8. Des autres, des chrétiens de Macédoine (vers. 1-4).
15. Celui qui recueillit, etc. Il s’agit de la manne que les Israélites recueillirent dans le désert.
18. À cause de l’Évangile ; c’est-à-dire à cause de la prédication de l’Évangile qu’il avait faite. — * Beaucoup croient que celui dont parle ici S. Paul est Silas. Voir Act. XV, 22.
19. Cette aumône ; litter., cette grâce. Compar. vers. 6.
22. * Un de nos frères. On ignore qui c’était.
23. Apôtres ; c’est-à-dire envoyés, députés, selon l’étymologie de ce mot grec.
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Saint Paul exhorte les Corinthiens à préparer leurs aumônes. Donner libéralement et avec joie. Qui sème peu moissonnera peu. Avantages de l’aumône.
1. Quant à la dispensation qui se prépare pour les saints, il serait superflu de vous en écrire,
2.Car je connais votre bon vouloir, pour lequel je me glorifie de vous près des Macédoniens ; parce que l’Achaïe s’est préparée dès l’année passée, et que votre zèle a provoqué celui du plus grand nombre.
3. Aussi ai-je envoyé nos frères, afin que ce ne soit pas en vain que je me sois glorifié de vous sur ce point, et que (comme je l’ai dit) vous soyez tout prêts ;
4. De peur que si les Macédoniens qui viennent avec moi, ne vous trouvaient pas prêts, nous n’ayons (pour ne pas dire vous) à rougir à ce sujet même.
5. J’ai donc jugé nécessaire de prier nos frères de me prévenir près de vous, et de faire que l’aumône promise soit préparée, mais préparée comme une aumône, et non comme un don arraché à l’avarice.
6. Or je vous le dis : Qui sème peu moissonnera peu ; et qui sème dans les bénédictions moissonnera aussi dans les bénédictions.
7. Que chacun donne comme il l’a résolu en son cœur, non avec tristesse ou par nécessité ; car Dieu aime celui qui donne avec joie.
8. Et Dieu est puissant pour faire abonder toute grâce en vous ; afin qu’en toutes choses, ayant toujours tout ce qui vous suffit, vous abondiez en toutes sortes de bonnes œuvres,
9. Comme il est écrit : Il a répandu, il a donné aux pauvres ; sa justice demeure dans les siècles des siècles.
10. Celui donc qui donne la semence au semeur lui donnera aussi le pain pour manger, et il multipliera votre semence, et donnera l’accroissement aux fruits de votre justice ;
11. Afin que, riches en toutes choses, vous abondiez en toute sincère générosité, laquelle opère par nous des actions de grâces à Dieu.
12. Mais la dispensation de cette collecte, non seulement supplée à ce qui manque aux saints, mais produit avec abondance un grand nombre d’actions de grâces en vers le Seigneur ;
13. Car, ayant la preuve de votre charité par cette dispensation même, ils glorifient Dieu de votre obéissance à l’Évangile du Christ que vous confessez, et de votre sincère générosité à faire part de vos biens et à eux et à tous les autres,
14. Prient pour vous et vous désirent, à cause de l’éminente grâce de Dieu en vous.
15. Grâces à Dieu de son ineffable don !
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CHAP. IX. 7. Eccli. XXXV, 11. — 9. Ps. CXI, 9.
1. * La dispensation, les aumônes et leur distribution.
2. * Les Macédoniens. Au premier siècle de notre ère, la province romaine de Macédoine comprenait l’ancienne Macédoine, la Thessalie, l’Épire et une partie de l’Illyrie. — L’Achaïe comprenait le reste de l’ancienne Grèce.
5. L’aumône, litter., la bénédiction ; mol qui en effet se prend, dans le Nouveau comme dans l’Ancien Testament, pour don, largesse, libéralité. Par extension il signifie aussi don copieux, largesse abondante, et de là abondance, comme dans le verset suivant.
9. Justice. Ce mot signifie ici, comme dans le Ps. CXI, 9, d’où cette citation est tirée, et dans plusieurs autres endroits de l’Écriture, bienfaisance, libéralité, aumône.
12. Mais la dispensation. Voy. VIII, 4. — De cette collecte ; litter., de cet office, de ce devoir. Il s’agit incontestablement des aumônes qui devaient être recueillies à Corinthe et portées à Jérusalem. — Aux saints. Voy. Act. IX, 13.
14. Sens : les judéo-chrétiens de Jérusalem, secourus par vous, prieront pour vous, et dans leurs prières leur reconnaissance leur inspirera pour vous une tendre amitié ; ils comprendront que les Juifs et les gentils sont vraiment frères en J.-C. : et cela à cause de la grâce, etc., de la foi, source de la charité, qu’ils verront briller en vous (vers. 13).
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Apologie de saint Paul contre les faux apôtres. Puissance du ministère évangélique. Vanité des faux apôtres. Saint Paul ne s’attribue point les travaux des autres. Nul ne doit se glorifier qu’en Dieu.
1. Et moi-même, Paul, je vous conjure par la mansuétude et la modestie du Christ, moi qui, étant présent, parais humble parmi vous, tandis qu’absent je suis plein de hardiesse,
2. Je vous prie que, quand je serai présent, je n’aie pas à user sans ménagement de cette hardiesse qu’on m’impute, à l’égard de quelques-uns qui se persuadent que nous marchons selon la chair.
3. Car, quoique vivant dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair.
4. Les armes de notre milice ne sont point charnelles, mais puissantes en Dieu pour la destruction des remparts ; détruisant les projets,
5. Et toute hauteur qui s’élève contre la science de Dieu ; et réduisant en servitude toute intelligence, sous l’obéissance du Christ ;
6. Ayant en main de quoi punir toute désobéissance, quand votre obéissance sera complète.
7. Jugez au moins des choses, selon qu’elles paraissent. Si quelqu’un se persuade à lui-même être à Jésus-Christ, qu’il pense aussi en lui-même que, comme il est au Christ, il en est ainsi de nous.
8. En effet, quand je me glorifierais encore un peu plus de la puissance que le Seigneur nous a donnée pour votre édification, et non pour votre destruction, je n’en rougirais pas.
9. Et pour qu’on ne pense point que je veux vous effrayer par mes lettres ;
10. Parce que, dit-on, ces lettres sont graves et fortes ; mais, quand il est présent, il parait chétif de corps et vulgaire de langage :
11. Que celui qui est dans ce sentiment considère que tels nous sommes dans le langage que nous tenons par lettres, étant absents, tels aussi nous sommes de fait, étant présents.
12. Car nous n’osons pas nous mettre au rang de plusieurs qui se recommandent eux-mêmes, ou bien nous comparer à eux ; mais nous nous mesurons sur nous-mêmes, et nous nous comparons à nous-mêmes.
13. Ainsi, nous ne nous glorifierons point démesurément, mais selon la mesure du partage que Dieu nous a mesuré, mesure qui consiste à être parvenus jusqu’à vous.
14. Car nous ne dépassons pas nos limites, comme si nous n’étions pas parvenus jusqu’à vous, puisque nous sommes réellement arrivés jusqu’à vous en prêchant l’Évangile du Christ.
15. Nous ne nous glorifions donc point démesurément dans les travaux d’autrui ; mais nous espérons, votre foi croissant, de grandir en vous de plus en plus selon notre partage,
16. Et même d’évangéliser au-delà de vous, sans nous faire gloire, dans le partage des autres, de ce qu’ils ont préparé.
17. Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur.
18. Car ce n’est pas celui qui se recommande lui-même qui est approuvé, mais celui que Dieu recommande.
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CHAP. X.
13. Eph. IV, 7. — 17. Jer. IX, 23 ; I Cor. I, 31.
2. Que nous marchons ; c’est-à-dire que nous nous conduisons, nous vivons.
4. Les armes de la milice des apôtres étaient la connaissance que Dieu leur donnait des vérités de l’Évangile, l’autorité spirituelle dont il les avait revêtus, et le don des miracles.
13. Le mot grec rendu dans la Vulgate par règle, signifie aussi espace, lieu mesuré ; de là, portion, partage. Saint Paul veut dire qu’il ne se vantera pas d’avoir parcouru le monde entier pour y prêcher l’Évangile, d’avoir converti des millions d’hommes, etc., mais qu’il se glorifie de sa mission, qui s’est étendue seulement jusqu’à Corinthe.
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Saint Paul est obligé de se louer pour confondre ses calomniateurs. Son zèle pour les Corinthiens. Pourquoi il veut exercer gratuitement son ministère à leur égard. Faux apôtres. Saint Paul se glorifie dans ses souffrances.
1. Si seulement vous supportiez quelque peu de mon imprudence ! mais supportez-moi ;
2. Car je suis jaloux de vous d’une jalousie de Dieu. En effet, je vous ai fiancés à un époux unique, au Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge pure.
3. Mais je crains que comme le serpent séduisit Ève par son astuce, ainsi vos esprits ne se corrompent et ne dégénèrent de la simplicité qui est dans le Christ.
4. Car si celui qui vient vous prêchait un autre Christ que celui que nous avons prêché, ou si vous receviez un autre Esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre Évangile que celui que vous avez accepté, vous le souffririez avec raison.
5. Mais j’estime que je n’ai rien fait de moins que les grands apôtres.
6. À la vérité, je suis inhabile pour la parole, mais non pour la science ; puisqu’en toutes choses nous nous sommes entièrement fait connaitre à vous.
7. Est-ce que j’ai fait une faute en m’humiliant pour vous élever ? en vous annonçant gratuitement l’Évangile de Dieu ?
8. J’ai dépouillé les autres Églises en recevant ma subsistance pour vous servir.
9. Et quand j’étais près de vous, et que je me trouvais dans le besoin, je n’ai été onéreux à personne ; car ce qui me manquait, nos frères venus de Macédoine l’ont fourni ; ainsi en toutes choses, j’ai pris et je prendrai soin de n’être pas à charge.
10. La vérité du Christ est en moi, que cette gloire ne me sera pas ravie dans les contrées de l’Achaïe.
11. Pourquoi ? Parce que je ne vous aime pas ? Dieu le sait.
12. Mais je fais cela et je le ferai encore pour ôter l’occasion à ceux qui cherchent une occasion de paraitre semblables à nous, ce dont ils se glorifient.
13. Car cette sorte de faux apôtres sont des ouvriers trompeurs qui se transforment en apôtres du Christ.
14. Et cela n’est pas étonnant, puisque Satan lui-même se transforme en ange de lumière.
15. Il n’est donc pas étrange que ses ministres se transforment en ministres de justice ; leur fin sera selon leurs œuvres.
16. Je le répète (que nul ne me juge faible de sens, ou du moins souffrez-moi comme peu sensé ; de sorte que moi aussi je puisse me glorifier un peu),
17. Ce que je dis sur ce sujet de ma gloire, je ne le dis pas selon Dieu, mais comme homme de peu de sens.
18. Puisque beaucoup se glorifient selon la chair, moi aussi je me glorifierai.
19. Car vous supportez volontiers les insensés, étant sages vous-mêmes.
20. Vous souffrez même qu’on vous asservisse, qu’on vous dévore, qu’on prenne votre bien, qu’on vous traite avec hauteur, qu’on vous déchire le visage.
21. Je le dis avec honte, comme si nous avions été faibles sur ce point. Au reste, ce que quelqu’un ose (je parle peu sagement) je peux l’oser moi-même.
22. Ils sont Hébreux, et moi aussi ; Israélites, et moi aussi ; de la race d’Abraham, et moi aussi ;
23. Ils sont ministres du Christ (je parle bien peu en sage), je le suis plus qu’eux, ayant enduré plus de travaux, plus de prisons, une infinité de coups, et ayant été fréquemment exposé à divers genres de mort.
24. Cinq fois j’ai reçu des Juifs quarante coups de fouet, moins un ;
25. J’ai été trois fois déchiré de verges ; j’ai été lapidé une fois ; trois fois j’ai fait naufrage ; j’ai été un jour et une nuit au profond de la mer ;
26. Et souvent dans des voyages, dans des périls sur des fleuves, périls de voleurs, périls du côté de ceux de ma race, périls du côté des gentils, périls dans des villes, périls dans des déserts, périls sur mer, périls parmi de faux frères ;
27. Dans le travail et les soucis, dans des veilles nombreuses, dans la faim et la soif, dans des jeûnes fréquents, dans le froid et la nudité.
28. Et outre ces choses, qui sont du dehors, tout ce qui m’assaillit chaque jour, la sollicitude de toutes les Églises.
29. Qui est faible, sans que je sois faible ? Qui est scandalisé, sans que je brule ?
30. S’il faut se glorifier, c’est de ce qui regarde ma faiblesse que je me glorifierai.
31. Le Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui est béni dans tous les siècles, sait que je ne mens pas.
32. À Damas, le gouverneur du pays, établi par le roi Arétas, faisait garder la ville des Damascéniens pour me prendre
33. Et l’on me descendit par une fenêtre dans une corbeille, le long du mur ; et c’est ainsi que j’échappai de ses mains.
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CHAP. XI. 3. Gen. III, 4. — 4. Eccli. XXV, 33 ; I Tim. II, 13-14. — 24. Deut. XXV, 3. — 25. Act. XVI, 22 ; XIV, 18 ; XXVII, 41. — 32. Act. IX, 24.
2. D’une jalousie de Dieu ; c’est-à-dire de la jalousie la plus forte, la plus véhémente. On sait que les Hébreux employaient le nom de Dieu pour exprimer le superlatif à son plus haut degré. D’autres traduisent : Par zèle pour Dieu ; c’est-à-dire que la jalousie que je vous porte est uniquement pour Dieu.
3.* Le serpent. Le démon sous la forme du serpent.
4. Vous le souffririez avec raison ; c’est-à-dire vous auriez raison de l’écouter, s’il venait vous annoncer un Messie que nous eussions dû vous annoncer nous-mêmes, et que nous ne vous avons réellement pas annoncé, ou s’il vous donnait un autre Esprit-Saint supérieur à celui que vous avez reçu par notre ministère, ou enfin s’il vous enseignait un meilleur Évangile que celui que nous vous avons prêché.
9. * De Macédoine. Voir Act. XVI, 9.
10. Est en moi ; c’est-à-dire m’est témoin. — * Dans les contrées de l’Achaïe, de l’ancienne Grèce, sauf la Thessalie.
12. Je fais cela, je vous prêche gratuitement. Voy. vers. 10.
18. Tant de gens : mes adversaires. — Selon la chair, les penchants naturels de l’homme. — Je me glorifierai aussi de la même manière, dans le sens du vers. 17. Saint Jean Chrysostome entend ici selon la chair des avantages extérieurs, noblesse d’origine, richesses, éloquence, etc.
19. Reproche mêlé d’ironie : si les Corinthiens étaient vraiment sages, est-ce qu’ils auraient si volontiers prêté l’oreille aux vantardises des faux docteurs ?
21. L’apôtre ne regarde pas précisément comme une honte pour lui de n’avoir pas maltraité les Corinthiens, comme l’avaient fait les faux apôtres, mais, par une piquante ironie, il montre qu’il n’est inférieur à ces faux apôtres qu’en une seule chose, dans le mal qu’ils ont opéré.
24. Comme la loi défendait de passer le nombre de quarante coups, les Juifs, pour ne pas se méprendre, l’avaient fixé à trente-neuf.
29. II s’intéresse même à chaque fidèle en particulier. L’un d’eux est-il faible dans la foi ou dans la vertu, Paul s’abaisse jusqu’à sa faiblesse pour l’encourager et le raffermir. — Sans que je bride, une douleur qui le consume.
30. Ma faiblesse ; c’est-à-dire ce qui parait faible, bas, méprisable en moi. Compar. XII, 5, 9-10.
32. * À Damas. Voir Act. IX, 2. — Arétas. Ce nom a été porté par plusieurs rois de l’Arabie Pétrée. Celui dont il est question ici est vraisemblablement Arétas Ænéas, qui monta sur le trône l’an 7 avant notre ère. Il donna sa fille en mariage à Hérode Antipas, le meurtrier de S. Jean-Baptiste. Antipas ayant répudié cette princesse pour complaire à Hérodiade (voir Matth. XIV, 3), Arétas lui fit la guerre et lui infligea une défaite sanglante. Lorsque S. Paul se convertit à Damas, Arétas était maitre de cette ville et la faisait administrer par un gouverneur. On ne sait si elle était tombée en son pouvoir lorsqu’il avait fait la guerre à Hérode ou si elle lui avait été donnée par les Romains.
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Sentiment de saint Paul. Dieu l’humilie de peur qu’il ne s’élève. Plus il est faible, plus il est fort. Son désintéressement et celui de ses disciples. Son zèle pour les Corinthiens.
1. S’il faut se glorifier (cela ne convient pas sans doute), je viendrai aux visions et aux révélations du Seigneur.
2. Je sais un homme en Jésus-Christ, qui, il y a quatorze ans, fut ravi (si ce fut dans son corps ou hors de son corps, je ne sais, Dieu le sait) jusqu’au troisième ciel,
3. Et je sais que cet homme (si ce fut dans son corps ou hors de son corps, je ne sais, Dieu le sait)
4. Fut ravi dans le paradis, et entendit des paroles mystérieuses qu’il n’est pas permis à un homme de dire.
5. Je me glorifierai au sujet d’un tel homme ; mais pour moi, je ne me glorifierai que dans mes faiblesses ;
6. Que si je voulais me glorifier, je ne serais pas insensé, car je dirais la vérité ; mais je m’abstiens, de peur que quelqu’un ne m’estime au-dessus de ce qu’il voit en moi, ou de ce qu’il entend dire de moi.
7. Et de peur que la grandeur des révélations ne m’élève, il m’a été donné un aiguillon dans ma chair, un ange de Satan pour me donner des soufflets.
8. C’est pourquoi j’ai prié trois fois le Seigneur qu’il se retirât de moi ;
9. Et il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. C’est donc bien volontiers que je me glorifierai encore plus dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi.
10. C’est pourquoi je me complais dans mes faiblesses, dans les outrages, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les angoisses pour le Christ, puisque, quand je suis faible, c’est alors que je suis fort.
11. J’ai été peu sage, c’est vous qui m’y avez contraint ; car vous deviez me recommander, puisque je n’ai été en rien inférieur aux plus éminents des apôtres, quoique je ne sois rien.
12. En effet, les marques de mon apostolat ont été empreintes sur vous par une patience à l’épreuve de tout, par des miracles, des prodiges et des vertus.
13. Car en quoi avez-vous été inférieurs aux autres Églises, sinon en ce que je ne vous ai point été à charge ? Pardonnez-moi cette injure.
14. Voici qu’une troisième fois je suis prêt à venir vers vous, et je ne vous serai pas à charge ; car je ne cherche point ce qui est à vous, mais vous ; puisque les enfants ne doivent point thésauriser pour les pères, mais les pères pour les enfants.
15. Pour moi, je sacrifierai tout volontiers, et je me sacrifierai encore moi-même pour vos âmes, quoique, tout en vous aimant plus, je sois moins aimé.
16. Eh bien, soit ! Je ne vous ai point été à charge ; mais, comme je suis artificieux, je vous ai pris par ruse.
17. Vous ai-je circonvenus par quelqu’un de ceux que je vous ai envoyés ?
18. J’ai prié Tite, et j’ai envoyé avec lui un de nos frères. Tite vous a-t-il circonvenus ? N’avons-nous point marché par un même esprit ? sur les mêmes traces ?
19. Pensez-vous encore que nous nous excusions près de vous ? Nous parlons devant Dieu, en Jésus-Christ ; mais tout, mes bien-aimés, est pour votre édification.
20. Car je crains qu’à mon arrivée, je ne vous trouve pas tels que je voudrais, et que vous ne me trouviez pas non plus tel que vous voudriez ; qu’il n’y ait parmi vous des contestations, des jalousies, des animosités, des dissensions, des médisances, des délations, de l’orgueil, des troubles ;
21. Que, venant de nouveau, Dieu ne m’humilie parmi vous, et que je n’aie à pleurer beaucoup de ceux qui, ayant déjà péché, n’ont point fait pénitence des impuretés, des fornications et des impudicités qu’ils ont commises.
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CHAP. XII. 2. Act. IX, 3. — 10. Rom. V, 3 ; Phil. IV, 13.
2. Quoique l’âme exerce ordinairement ses opérations par le moyen du corps, il est hors de doute cependant que Dieu puisse faire que l’âme restant unie au corps ait néanmoins un exercice indépendant de lui. — Le troisième ciel est apparemment ce que l’apôtre désigne au vers. 4 par le mot paradis, ou le séjour des bienheureux. Quant à la dénomination de troisième ciel, ce n’est point une rêverie des rabbins, comme on l’a prétendu ; elle trouve sa justification dans ces paroles du Sauveur : Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. Le bonheur dans le ciel est proportionné aux mérites des saints. Dieu a donc pu faire connaitre à l’apôtre celui qu’il réserve au plus grand mérite.
9. Ma puissance. Le mot ma, qu’on lit dans le grec, est nécessaire à la liaison des idées. — # S’accomplit. La puissance du Seigneur Jésus peut se déployer dans la faiblesse de la créature.
18. J’ai prié Tite et j’ai envoyé, etc., pour : J’ai prié Tite d’aller vers vous, et j’ai envoyé, etc. ; genre d’ellipse qui n’est pas seulement propre au style biblique, mais qu’on retrouve dans toutes les langues.
19. Devant Dieu, que je reconnais seul pour juge (I Cor. IV, 3). — En Jésus-Christ, sans jalousie comme sans vanité, comme il convient à un chrétien qui vit de la vie du Christ.
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Saint Paul menace de punir avec sévérité ceux qui n’auront point fait pénitence de leurs péchés. Il souhaite de n’être pas obligé d’user de sa puissance. Salutations.
1. Voilà que pour la troisième fois je viens vers vous ; sur le témoignage de deux ou trois témoins tout sera jugé.
2. Je l’ai déjà dit, et je le dis encore, absent, comme si j’étais présent, que si je reviens, je n’aurai aucune indulgence pour ceux qui ont péché auparavant, ni pour tous les autres.
3. Est-ce que vous voulez éprouver celui qui parle en moi, le Christ, qui n’est pas affaibli, mais qui est puissant parmi vous ?
4. Car, quoiqu’il ait été crucifié selon la faiblesse, il vit cependant par la puissance de Dieu. Nous aussi nous sommes faibles en lui ; mais nous vivrons avec lui, par la vertu de Dieu parmi vous.
5. Examinez-vous vous-mêmes, si vous êtes dans la foi : éprouvez-vous vous-mêmes. Ne connaissez-vous pas vous-mêmes que le Christ est en vous ? à moins que vous ne soyez dignes d’être rejetés.
6. Mais j’espère que vous connaitrez que pour nous, nous ne sommes pas dignes d’être rejetés.
7. Nous prions Dieu que vous ne fassiez rien de mal, non pas pour que nous paraissions nous-mêmes approuvés, mais que vous fassiez, vous, ce qui est bon, et que nous, nous passions pour dignes d’être rejetés.
8. Car nous ne pouvons rien contre la vérité, mais pour la vérité.
9. Aussi nous nous réjouissons de ce que nous sommes faibles et de ce que vous, vous êtes forts. Et ce que nous demandons, c’est votre perfection.
10. C’est pourquoi je vous écris ceci, absent, afin que présent, je n’agisse pas plus sévèrement, selon la puissance que le Seigneur m’a donnée pour l’édification et non pour la destruction.
11. Du reste, mes frères, réjouissez-vous, soyez parfaits, exhortez-vous les uns les autres, n’ayez qu’un sentiment, conservez la paix, et le Dieu de paix et de dilection sera avec vous.
12. Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Tous les saints vous saluent.
13. Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, et la charité de Dieu, et la communication du Saint-Esprit soient avec vous tous. Amen.
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CHAP.
XIII. 1. Deut. XIX, 15 ; Matth. XVIII, 16 ; Joan. VIII, 17 ; Hebr. X, 28.
3. Éprouver le Christ ; c’est-à-dire la puissance du Christ.
4. Selon la faiblesse de la chair dont il était revêtu comme homme, et surtout comme victime volontaire pour les péchés du monde. — Par la vertu de Dieu qui l’a ressuscité et glorifié ; qui se manifestera parmi vous ou contre vous, ce que semble favoriser le texte grec, et le sens du vers. 10. Pensée : Paul, dans son union au Christ, est, comme lui, tout à la fois faible et fort.
5-7. Dignes d’être rejetés, comme des hommes qui ne sont pas purs, sincères. C’est le sens de la Vulgate aussi bien que du texte grec ; et le mot approuvé exprime l’idée contraire.
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