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ISAÍAS

ISAÍAS

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Isaías - Summárium

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER

Ingratitude des Israélites. Menace des vengeances du Seigneur contre eux. Ils sont exhortés à la pénitence. Reproches et menaces contre Jérusalem. Rétablissement de celle-ci.

CHAPITRE II

Gloire de Jérusalem, où les nations viennent adorer le Seigneur. Maison de Jacob rejetée. Superbes humiliés. Dieu seul est exalté.

CHAPITRE III

Désolation de Juda et de Jérusalem. Reproches du Seigneur contre les princes de son peuple. Il condamne l’orgueil et le luxe des filles de Sion.

CHAPITRE IV

Suite de la désolation de Juda. Germe du Seigneur en gloire. Restes d’Israël sauvés.

CHAPITRE V

Ingratitude des enfants d’Israël. Le Seigneur prend la maison de Juda pour juge entre lui et la maison d’Israël. Maux dont les Israélites seront accablés ; ennemis que Dieu suscitera contre eux.

CHAPITRE VI

Isaïe voit la gloire du Seigneur. Le Seigneur l’envoie porter sa parole aux enfants d’Israël et de Juda ; il lui annonce leur endurcissement, et les différentes révolutions qu'ils doivent éprouver.

CHAPITRE VII

Le roi de Syrie et le roi d’Israël se liguent contre Jérusalem. Ils ne prévaudront point. La vierge enfantera un fils nommé Emmanuel. Maux qui doivent fondre sur Juda.

CHAPITRE VIII

Fils qui doit naitre à Isaïe. Désolation prochaine des deux royaumes d’Israël et de Syrie. Désolation de Juda. Vains efforts des ennemis de Juda. Le Seigneur devient une pierre de scandale pour les deux maisons d’Israël et de Juda. Désolation du royaume des dix tribus.

CHAPITRE IX

Premiers coups portés sur la maison d’Israël. Délivrance de la maison de Juda. Règne du Messie. Maux qui doivent tomber sur Israël.

CHAPITRE X

Suite des menaces contre Israël. Assur sera exterminé. Les restes d’Israël se convertiront au Seigneur. Marche d’Assur ; sa défaite.

CHAPITRE XI

Rejeton de la tige de Jessé. Les nations viennent à lui. Restes d’Israël et de Juda rassemblés et réunis.

CHAPITRE XII

Cantique d’actions de grâces sur la délivrance des deux maisons d’Israël et de Juda.

CHAPITRE XIII

Ruine de Babylone par les Mèdes et les Perses.

CHAPITRE XIV

Délivrance des enfants de Jacob. Ruine du roi de Babylone. Défaite des Assyriens. Menaces contre les Philistins. Promesses en faveur de Juda.

CHAPITRE XV

Vengeance que le Seigneur exercera contre les Moabites. Désolation et ruine de leur pays.

CHAPITRE XVI

Agneau envoyé de Moab. Ressource offerte aux Moabites. Défaite de Sennachérib. Nouvel éclat du règne d’Ézéchias. Endurcissement des Moabites ; leur prochaine désolation.

CHAPITRE XVII

Ruine de Damas. Désolation de Samarie. Restes d’Israël convertis au Seigneur. Défaite de Sennachérib.

CHAPITRE XVIII

Malheur à l’Éthiopie, qui croit le Seigneur trop faible pour défendre la maison de Juda. Le peuple de Juda, délivré, viendra offrir des présents au Seigneur.

CHAPITRE XIX

Maux dont le Seigneur accablera l’Égypte. Autel dédié au Seigneur dans ce pays. L’Égypte menacée et délivrée. Les Égyptiens et les Assyriens unis dans le culte du Seigneur. Les Israélites se joignent à eux.

CHAPITRE XX

Captivité des Égyptiens et des Éthiopiens.

CHAPITRE XXI

Ruine de Babylone. Nuit qui menace l’Idumée. Malheurs qui doivent tomber sur l’Arabie.

CHAPITRE XXII

Siège de Jérusalem par les Assyriens. Sobna destitué de son office, et remplacé par Eliacim.

CHAPITRE XXIII

Humiliation et transmigration de Tyr. Son rétablissement. Elle consacrera au Seigneur le fruit de son commerce.

CHAPITRE XXIV

Maux qui doivent tomber sur la Judée. Punition de ses ennemis. Rétablissement de Jérusalem.

CHAPITRE XXV

Cantique d’actions de grâces sur la délivrance du peuple de Juda. Punition des Moabites.

CHAPITRE XXVI

Cantique sur la délivrance du peuple de Juda.

CHAPITRE XXVII

Punition du prince oppresseur des Israélites. Délivrance de ce peuple. « in gladio suo duro, et grandi, et forti »

CHAPITRE XXVIII

Ruine du royaume d’Ephraïm. Désolation du royaume de Juda.

CHAPITRE XXIX

Désolation de Jérusalem et de la Judée. Défaite des ennemis. Rétablissement des enfants de Juda.

CHAPITRE XXX

Vaine confiance de la Judée dans le secours de l’Égypte. Rétablissement de Juda. Défaite de ses ennemis.

CHAPITRE XXXI

Vaine confiance de la Judée dans le secours de l’Égypte. Délivrance de Jérusalem. Défaite de ses ennemis.

CHAPITRE XXXII

Règne de Justice promis à Juda. Désolation de la Judée. Son rétablissement. Ruine de ses ennemis.

CHAPITRE XXXIII

Ruine des ennemis de Juda. Délivrance du peuple. Gloire de Jérusalem.

CHAPITRE XXXIV

Vengeance du Seigneur contre les nations, et en particulier contre l’Idumée.

CHAPITRE XXXV

Rétablissement de la Judée. Biens promis aux fils de Juda.» affermissez les genoux débiles. »

CHAPITRE XXXVI

Sennachérib marche contre la Judée. Députation de Rabsacés vers Ézéchias. Discours insolent de cet envoyé.

CHAPITRE XXXVII

Consternation d’Ézéchias. Isaïe le rassure. Blasphèmes de Sennachérib. Prière d’Ézéchias. Isaïe lui promet le secours du Seigneur. L’ange du Seigneur extermine l’armée de Sennachérib.

CHAPITRE XXXVIII

Maladie d’Ézéchias. Sa guérison miraculeuse. Rétrogradation du soleil. Cantique d’Ézéchias.

CHAPITRE XXXIX

Ézéchias montre ses trésors aux députés du roi de Babylone. Il en est repris par Isaïe.

CHAPITRE XL

Délivrance d’Israël. Voix qui se fait entendre dans le désert. Manifestation du Seigneur, sa grandeur, sa puissance. Bonheur de ceux qui persévèrent dans l’attente du Seigneur.

CHAPITRE XLI

Règne du juste. Ses conquêtes. Délivrance d’Israël. Ruine de Babylone. Vanité et impuissance des idoles.

CHAPITRE XLII

Caractère du libérateur d’Israël. Félicité des peuples sous son règne. Ruine de Babylone. Délivrance d'Israël. Aveuglement de ce peuple. Sa captivité.

CHAPITRE XLIII

Conservation et délivrance d’Israël. Le Seigneur est le seul Dieu. Ruine de Babylone. Délivrance et ingratitude d’Israël. « moi, je t’ai aimé »

CHAPITRE XLIV

Rétablissement d’Israël. Le Seigneur est le seul Dieu. Vanité des idoles. Règne de Cyrus. Prise de Babylone. Rétablissement de Jérusalem.

CHAPITRE XLV

Victoires de Cyrus, règne de justice. Délivrance d’Israël. Le Seigneur reconnu par les nations. Il est le seul Dieu véritable. Tous les peuples le reconnaitront ; tout Israël se glorifiera en lui.

CHAPITRE XLVI

Ruine des idoles de Babylone. Israël protégé du Seigneur. Le Seigneur est le seul Dieu véritable ; tous ses desseins s’accomplissent. Dieu promet le salut à Sion.

CHAPITRE XLVII

Ruine de Babylone Punition de sa dureté, de son orgueil et de sa fausse sagesse.

CHAPITRE XLVIII

Reproches contre Israël. Sa délivrance gratuite. Promesse d’un libérateur, c’est-à-dire du Messie figuré par Cyrus. Délivrance d'Israël.

CHAPITRE XLIX

Le messie rejeté par Israël et envoyé aux nations. Délivrance d'Israël. Plainte de Sion. Son rétablissement. Ruine de ses ennemis.

CHAPITRE L

Israël est vendu pour ses iniquités ; Dieu est tout-puissant pour le délivrer. Le Messie exposé aux insultes. Ruine de ses ennemis.

CHAPITRE LI

Rétablissement de Sion. Délivrance d’Israël. Ruine de ses ennemis. Jérusalem consolée, ses ennemis humiliés.

CHAPITRE LII

Délivrance et rétablissement de Jérusalem. Envoyé qui annonce le règne du Dieu de Sion. Sentinelles qui annoncent le retour des enfants de Sion. Gloire et humiliation du Messie. Le Messie reconnu par les nations.

CHAPITRE LIII

Le Messie méconnu par son peuple. Naissance obscure du Messie. Ses humiliations, ses souffrances, sa mort. Sa vie nouvelle, sa longue postérité, les succès de son ministère.

CHAPITRE LIV

Jérusalem rétablie ; multitude de ses habitants ;étendue de sa puissance ; alliance du Seigneur avec elle ;magnificence de sa structure ; vains efforts de ses ennemis.

CHAPITRE LV

Tous les hommes sont appelés à la foi et à la pénitence. Dieu miséricordieux et véritable dans ses promesses. Bonheur de ceux qui reviennent à Dieu.

CHAPITRE LVI

Bonheur de ceux qui observent les commandements de Dieu. L’étranger et l’eunuque reçus parmi le peuple du Seigneur. Reproches contre les pasteurs et les gardes de Jérusalem.

CHAPITRE LVII

Mort du juste. Reproche aux Juifs idolâtres. Retour du peuple de sa captivité. Malheur aux méchants.

CHAPITRE LVIII

Hypocrisie des Juifs condamnée. Leurs faux jeûnes. Manière de bien observer le sabbat. Récompense de ceux qui l’observent fidèlement.

CHAPITRE LIX

Infidélité d’Israël, obstacle à sa délivrance. Vengeance du Seigneur contre Babylone et ses alliés. Délivrance d’Israël.

CHAPITRE LX

Rétablissement de Jérusalem. Les nations se soumettent à elle. Sa gloire, sa joie, ses richesses, sa paix.

CHAPITRE LXI

Mission du prophète ou plutôt du Messie. Délivrance et rétablissement d’Israël.

CHAPITRE LXII

Zèle du prophète pour Jérusalem. Gloire de Jérusalem. Gardes établis sur ses murs. Paix d’Israël, sa délivrance. Peuple saint. Ville chérie.» et ton Dieu se réjouira en toi. »

CHAPITRE LXIII

Vainqueur qui sort de l’Idumée tout couvert de sang. Reconnaissance des miséricordes du Seigneur sur Israël. Aveu de l’infidélité de ce peuple. Vœu pour son entière délivrance. « Quel est celui qui vient d’Édom, de Bosra ? »

CHAPITRE LXIV

Vœu pour la délivrance d’Israël. Aveu de l’infidélité de ce peuple. Instance pour son rétablissement.» Oh ! si vous ouvriez les cieux, si vous descendiez ! »

CHAPITRE LXV

Conversion des gentils. Incrédulité des Juifs. Vengeance du Seigneur sur ce peuple. Restes sauvés par grâce. Bénédiction du Seigneur sur ses serviteurs. Nouveau monde. Félicité de Jérusalem.

CHAPITRE LXVI

Temple et sacrifice des Juifs rejetés. Vengeance du Seigneur contre ce peuple. Sion enfante un peuple fidèle. Le Seigneur se fait connaitre aux nations. Race nouvelle qui subsistera éternellement.

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*isin

INTRODUCTION

Isaïe, en hébreu, Yescha ῾yahu (Jéhova sauve), était fils d’Amos, et d’après une tradition rabbinique, neveu, par son père, du roi Amasias. Il était originaire de Juda et habitait Jérusalem. Il passa sa vie dans la capitale, au centre même de la vie politique et religieuse de Juda, et non dans un village perdu, comme son contemporain Michée, ni errant çà et là, dans toute la Palestine, comme Elie et Élisée, ou prenant soin de ses troupeaux, comme Amos, le berger de Thécué. C’est le premier prophète vivant dans la cité sainte, dont les écrits nous soient restés. Il prophétisa sous les rois Ozias, Joathan, Achaz et Ézéchias. Sa première vision eut lieu l’année de la mort d’Ozias (758) ; la dernière prophétie de lui, dont nous connaissions la date, est de la quatorzième année d’Ézéchias (712), Is. XXXVI-XXXIX. On croit qu’il vécut jusque sous le règne de Manassé, qui le fit mourir par le supplice de la scie. Outre ses prophéties, il avait écrit les Annales du roi Ozias, aujourd’hui perdues.

Pendant les seize ans du règne de Joathan (758-742), Isaïe parut rarement sur la scène ; aucune prophétie n’est datée de cette époque ; sous Achaz (742-727), il intervint dans une circonstance importante, au moment où Razin, roi de Syrie, et Phaceé, roi d’Israël, menaçaient Jérusalem ; il contribua sans doute efficacement à faire échouer le projet des ennemis ; ce fut surtout du temps d’Ézéchias (727-698) qu’il exerça avec le plus de succès et d’éclat son ministère prophétique. On a soutenu, mais sans preuve, qu’il avait élevé ce saint roi, comme Nathan avait élevé Salomon. Ce qui est certain, c’est qu’il fut son ami et son conseiller. Il ranima son courage pendant une grave maladie, et il releva sa confiance en Dieu, ainsi que celle de son peuple, au moment de l’invasion de Sennachérib. Il sut aussi faire entendre au fils d’Achaz des paroles sévères de la part de Dieu, lorsque ce prince, cédant à un mouvement de vaine complaisance, étala ses trésors aux ambassadeurs du roi de Babylone. À partir de ces grands évènements, nous ne voyons plus apparaitre Isaïe sur la scène politique. La tradition plaçait son tombeau à Paneas, dans le pays de Basan ; c’est de là que ses reliques furent transportées à Constantinople, en 442, sous le règne de l’empereur Théodose II.

Isaïe occupe dans la Bible la première place parmi les prophètes. Ce rang d’honneur lui appartient, non par droit d’ancienneté, — Joël, Jonas, Amos, Osée, ont vécu avant lui, — mais par droit de mérite, comme au plus grand de tous, par l’étendue et l’importance de ses révélations, aussi bien que par l’éclat incomparable de son style. Aucun autre prophète n’a embrassé un aussi vaste horizon ni touché à tant de sujets ; aucun autre n’a vu avec autant de clarté et de précision autour de lui et dans le lointain des âges. Il est le grand prophète, comme S. Paul est le grand apôtre. Placé à égale distance, dans le temps, de Moïse et de Jésus-Christ, vivant à une des époques les plus critiques de l’histoire du peuple de Dieu, au moment où la race de Jacob était menacée d’être écrasée entre les deux puissances rivales qui se disputaient alors l’empire du monde, l’Égypte et l’Assyrie, il fut le continuateur de l’œuvre de Moïse, la force et le soutien de son roi et de ses frères, comme le boulevard de leur nationalité. C’est le témoignage que lui rend le Saint-Esprit lui-même dans l’Ecclésiastique. Il prépara en outre, plus qu’aucun autre prophète, l’avènement du Messie. Il a décrit d’une manière si exacte les principales circonstances de la vie de Notre-Seigneur, que S. Jérôme a dit de lui avec raison qu’on devrait l’appeler plutôt un évangéliste qu’un prophète.

Le style d’Isaïe est digne de ses prophéties. « Jamais peut-être aucun homme n’a parlé un plus beau langage », a dit Seinecke. Comme tous les génies, il unit la grandeur à la simplicité : rien de plus sublime et en même temps rien de plus naturel, de plus clair et de plus limpide. Son éloquence est pleine de mouvement et de poésie, sans aucun trait forcé ou exagéré ; elle coule à pleins bords, calme et majestueuse, comme un large fleuve, mais sans sortir de ses rives. Isaïe n’a point des élans de passion comme Joël et Nahum, ses transports ne sont pas impétueux et saccadés comme ceux d’Osée ou d’Amos, et il produit néanmoins une impression plus profonde, parce qu’il sait varier son langage à l’infini et prendre toujours le ton qui convient à son sujet ; tour à tour tendre et sévère ; persuasif et irrésistible, comme une mère, dans ses exhortations ; foudroyant et terrible, comme un juge dans ses menaces.

Son style est coulant, rapide, vif, énergique, coloré. Ses transitions, comme en général chez les Orientaux, ne sont pas ménagées ; elles entraveraient sa marche ; il va droit à son but, et les énumérations sont chez lui fort rares. Ce qui le caractérise, c’est la noblesse, l’éclat, la sublimité, mais il réunit à lui seul les diverses qualités que les autres se partagent. David est un poète lyrique dans les Psaumes, Jérémie un poète élégiaque dans ses Lamentations, Ézéchiel un poète descriptif dans ses grandes visions ; Isaïe est tout à la fois un poète lyrique, élégiaque et descriptif. Il excelle dans tous les genres, et quoiqu’on ne puisse l’apprécier comme il le mérite que dans l’original, ses beautés sont telles qu’elles sont encore visibles et saisissantes jusqu’à travers nos traductions décolorées en langues occidentales. Quel tableau plus achevé que celui de la vision du ch. VI : « En l’année à laquelle est mort le roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône haut et élevé, et ce qui était sous lui remplissait le temple. Des Séraphins étaient au-dessus du trône ; l’un avait six ailes et l’autre six ailes ; avec deux ils voilaient leur face, et avec deux ils voilaient les pieds, et avec deux ils volaient. Et ils se criaient l’un à l’autre : Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu des armées, toute la terre est pleine de sa gloire. Et les linteaux des gonds furent ébranlés par la voix des anges qui criaient, et la maison fut remplie de fumée. » Le prophète inspiré de Dieu a fait, en quelques coups de pinceau, un chef-d’œuvre où rien ne manque.

Aucun poète élégiaque n’a trouvé de traits plus touchants, qu’Isaïe, dépeignant dans le ch. V l’ingratitude d’Israël envers son Dieu :

 

Habitants de Jérusalem, hommes de Juda,

Jugez vous-mêmes entre moi et ma vigne.

Qu’ai-je pu faire à ma vigne que je n’aie point fait ? etc.

 

L’Ecclésiaste lui-même n’a pas trouvé de termes plus expressifs et d’une mélancolie plus touchante pour décrire la vanité de la vie :

 

Une voix me dit : Crie.

Et j’ai répondu : Que crierai-je ?

— Toute chair est de l’herbe

Et sa beauté est comme la fleur des champs.

L’herbe sèche, la fleur tombe,

Quand souffle le vent du Seigneur.

Oui, ce peuple n’est que de l’herbe.

L’herbe sèche, la fleur tombe,

Mais la parole de notre Dieu subsiste à jamais.

 

Toute la seconde partie, XL-LXVI, est pleine d’un lyrisme divin. Jamais l’enthousiasme ne s’est élevé plus haut ; Isaïe fait entendre des accents jusque-là inconnus, il exprime ses idées avec un éclat incomparable ; il a des élans superbes ; la richesse de son imagination est inépuisable ; sa palette est chargée des couleurs les plus vives, mais dans ses tableaux, tout est bien fondu, rien ne heurte et ne choque.

 

Lève-toi, illumine-toi (Jérusalem), ta lumière s’avance

Et la gloire du Seigneur se lève sur toi.

Les ténèbres couvrent la terre, et l’obscurité, les nations,

Mais le Seigneur parait et sa gloire t’illumine…

Lève les yeux, regarde de tous côtés :

(Les peuples) s’assemblent, ils viennent à toi…

Les dromadaires de Madian et d’Epha,

Ceux de Saba accourent ;

Ils apportent l’or et l’encens, etc. Is. LX, 1-6.

 

Le livre d’Isaïe est une collection de prophéties faites en différents temps et dans des circonstances diverses. Il ne forme donc pas un tout suivi, une composition rigoureusement enchainée, comme le livre de Job, par exemple ; c’est un recueil, non une œuvre d’un seul jet. Il y a cependant un ordre et un plan dans ce recueil.

On distingue deux parties bien marquées dans Isaïe. La première embrasse les trente-neuf premiers chapitres ; elle comprend des oracles composés à des époques diverses et sur des sujets variés, sous les règnes d’Ozias, de Joathan, d’Achaz et d’Ézéchias. La seconde est contenue dans les ch. XL-LXVI ; elle s’occupe, d’une manière suivie, de l’avènement du Rédempteur d’Israël, elle forme un ensemble complet et coordonné et se rattache étroitement à la première. La première elle-même, quoiqu’elle renferme des morceaux d’époques différentes, ne manque pas d’ordre et d’enchainement. Les prophéties qu’elle nous a conservées sont classées chronologiquement, non pas toutefois d’une manière rigoureuse et absolue, parce que le prophète a aussi tenu compte de la nature des sujets dans la classification qu’il a adoptée.

La lecture des prophéties d’Isaïe et une de celles qui ont toujours été le plus recommandées dans l’Église, parce qu’elle est très propre à instruire et à édifier en développant dans les cœurs les sentiments de la foi et de la piété. Quand S. Augustin, au moment de sa conversion, demanda à S. Ambroise quel livre il devait lire : Isaïe, lui répondit-il.

On peut y puiser un grand nombre d’instructions ; nous allons en indiquer seulement quelques-unes.

Toutes les exhortations, tous les conseils d’Isaïe n’ont qu’un but, c’est de faire servir Dieu avec fidélité. Celui qui ne se confie pas en Dieu, mais dans les idoles, celui, pouvons-nous dire, qui viole la loi de Dieu pour satisfaire ses passions, sera un jour confondu. Dieu seul est digne de nos hommages. — Le culte que Dieu demande est le culte intérieur et non pas seulement l’extérieur. Isaïe, après avoir entendu les Séraphins chanter dans le ciel le trisagion, nous recommande d’honorer la sainteté de Dieu. Nous devons mettre notre confiance en Dieu, dans nos nécessités corporelles aussi bien que dans nos nécessités spirituelles.

Le livre d’Isaïe est plein d’enseignements moraux. À cause de l’état de dépravation dans lequel des rois idolâtres avaient fait tomber le peuple, I, 5-6, il condamne le vice plus souvent qu’il ne recommande la vertu, mais la censure qu’il inflige au mal est l’éloge du bien. Il prêche souvent la conversion aux pécheurs, il leur reproche leur ingratitude envers Dieu, le peu de profit qu’ils retirent des avertissements qu’il leur fait donner par ses prophètes, leur luxe effréné, leurs injustices, leur avarice et leur cupidité, leur intempérance, leur orgueil et leur présomption. Il est facile à chacun, en lisant Isaïe, de recueillir et de coordonner une multitude de passages semblables, également utiles pour l’édification personnelle et pour l’instruction des autres.

Nous devons d’ailleurs chercher toujours dans ce prophète, même dans les parties historiques et dans les oracles contre les nations étrangères, Jésus-Christ, son Église et leur triomphe sur leurs ennemis.

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ISAÏE

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1 à 10

Is 1

*is01

CHAPITRE PREMIER

Ingratitude des Israélites. Menace des vengeances du Seigneur contre eux. Ils sont exhortés à la pénitence. Reproches et menaces contre Jérusalem. Rétablissement de celle-ci.

1. Vision d’Isaïe, fils d’Amos, qu’il a vue touchant Juda et Jérusalem, dans les jours d’Ozias, de Joathan, d’Achaz et d’Ézéchias, rois de Juda.

2. Écoutez, cieux, et prête l’oreille, terre,

parce que le Seigneur a parlé.

J’ai nourri des fils et je les ai élevés,

mais eux m’ont méprisé.

3. Un bœuf connait son possesseur,

un âne l’étable de son maitre ;

mais Israël ne m’a pas connu,

et mon peuple n’a pas eu d’intelligence.

4. Malheur à la nation pécheresse,

au peuple chargé d’iniquité,

à la race perverse, aux enfants scélérats ;

ils ont abandonné le Seigneur,

ils ont blasphémé le saint d’Israël,

ils sont retournés en arrière.

5. Où vous frapperai-je encore, vous qui ajoutez à la prévarication ?

toute tête est languissante,

et tout cœur abattu.

6. De la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête,

rien en lui n’est sain ;

c’est blessure, meurtrissure, plaie enflammée,

qui n’a été ni bandée, ni pansée,

ni adoucie par l’huile.

7. Votre terre est déserte,

vos cités brulées par le feu ;

votre pays, devant vous, des étrangers le dévorent,

et il sera désolé comme dans une dévastation de l’ennemi.

8. Et la fille de Sion sera laissée

comme un berceau dans une vigne,

comme une cabane dans un champ de concombres,

comme une cité qui est livrée au pillage.

9. Si le Seigneur des armées

ne nous avait réservé un rejeton,

nous aurions été comme Sodome,

nous serions devenus semblables à Gomorrhe.

10. Écoutez la parole du Seigneur,

princes de Sodome ;

prêtez l’oreille à la loi de notre Dieu,

peuple de Gomorrhe.

11. Qu’ai-je à faire de la multitude de vos victimes ?

dit le Seigneur.

Je suis rassasié ; les holocaustes des béliers,

et la graisse des animaux gras,

et le sang des veaux

et des agneaux et des boucs, je n’en veux point.

12. Lorsque vous êtes venus en ma présence,

qui a demandé ces choses de vos mains,

afin que vous vous promeniez dans mes parvis ?

13. Ne m’offrez plus de sacrifice en vain ;

l’encens m’est en abomination.

Ma néoménie, le sabbat et les autres fêtes, je ne les souffrirai point ;

vos assemblées sont iniques.

14. Vos calendes, et vos solennités, mon âme les hait :

elles me sont devenues à charge ; j’ai peine à les souffrir.

15. Et lorsque vous étendrez vos mains, je détournerai mes yeux de vous ;

lorsque vous multiplierez la prière,

je n’exaucerai pas ; car vos mains sont pleines de sang.

16. Lavez-vous, purifiez-vous,

ôtez le mal de vos pensées

de devant mes yeux ;

cessez d’agir avec perversité ;

17. Apprenez à bien faire, cherchez la justice,

venez au secours de l’opprimé,

jugez l’orphelin, défendez la veuve.

18. Et venez, et accusez-moi, dit le Seigneur :

si vos péchés sont comme l’écarlate,

comme la neige ils deviendront blancs,

et s’ils sont rouges comme le vermillon,

comme la laine ils seront blancs.

19. Si vous voulez, et que vous m’écoutiez,

vous mangerez les biens de la terre.

20. Que si vous ne voulez pas, et que vous me provoquiez au courroux,

le glaive vous dévorera,

parce que la bouche du Seigneur a parlé.

21. Comment est devenue une prostituée

la cité fidèle et pleine de jugement ?

la justice a habité en elle,

mais maintenant ce sont des meurtriers.

22. Ton argent s’est converti en scorie ;

ton vin a été mêlé d’eau.

23. Tes princes sont infidèles,

compagnons de voleurs ;

tous aiment les présents

et poursuivent les récompenses.

Ils ne rendent pas justice à l’orphelin,

et la cause de la veuve n’a pas d’accès auprès d’eux.

24. À cause de cela, dit le Seigneur

Dieu des armées, le fort d’Israël :

Ah ! je me consolerai sur mes ennemis,

je me vengerai de ceux qui me sont opposés.

25. Et je tournerai ma main vers toi,

et j’épurerai par le feu tes scories,

et j’enlèverai l’alliage qui est en toi.

26. Et je rétablirai tes juges comme ils furent d’abord,

et tes conseillers comme anciennement ;

après cela tu seras appelée la cité du juste,

ville fidèle.

27. Sion, par le jugement, sera rachetée,

et on la ramènera par la justice ;

28. Et le Seigneur brisera les scélérats et les pécheurs tous ensemble ;

et ceux qui ont abandonné le Seigneur seront consumés.

29. Car ils seront confondus par les idoles auxquelles ils ont sacrifié ;

et vous rougirez des jardins que vous aviez choisis,

30. Lorsque vous serez comme un chêne

dont les feuilles tombent et comme un jardin sans eau.

31. Et votre force sera comme la cendre chaude de l’étoupe,

et votre œuvre comme une étincelle ;

et ils s’embraseront l’un et l’autre ensemble,

et il n’y aura personne qui l’éteigne.

~

CHAP. I. 3. (propríetas) I Cor. III, 22 ; I Cor. VI, 19. — 7. Infra. V, 6. — 9. Rom. IX, 29 ; Gen. XIX, 24. — 11. Jer. VI, 20 ; Am. V, 22. — 15. Infra. LIX, 3. — 16. I Petr. III, 11. — 23. Jer. V, 28. — Malach. III, 2.

 

1-3 et suiv. * Première partie d’Isaïe, I-XXXIX. — Elle contient les prophéties du temps d’Ozias, de Joathan et d’Achaz, et les oracles contre les nations étrangères. Elle se subdivise en quatre groupes. — Le premier, I-VI, renferme les oracles relatifs au peuple de Dieu, datant du temps d’Ozias et de Joathan. — Le second groupe comprend les prophéties du temps d’Achaz, VII-XII. Leur sujet principal est la venue du Messie, désigné sous le nom d’Emmanuel, d’où le nom de livre d’Emmanuel donné aux chapitres VII-XII. — Le troisième groupe, XIII-XXVII, est un recueil de prophéties contre les nations étrangères. — Le quatrième groupe, XXVIII-XXXIX, embrasse les prophéties faites sous Ézéchias, jusqu’à l’époque de la destruction de l’armée de Sennachérib. Elles ont trait, pour la plupart, à l’invasion assyrienne. — I. Le premier groupe contient quatre prophéties détachées. — 1° Il s’ouvre par une sorte de prologue, I, qui est comme la préface de la collection entière. — 2° Les ch. II-IV renferment un oracle sur Juda, dont ils nous font connaitre la mission, l’infidélité, le châtiment et enfin le triomphe par l’avènement du Messie. — 3° Le chapitre V nous représente le royaume de Juda comme la vigne du Seigneur. — 4° Le ch. VI raconte la vocation d’Isaïe au ministère prophétique. — Les règnes d’Ozias (809-758), et de Joathan (758-742), sous lesquels Isaïe écrivit d’abord, furent prospères et florissants, mais la paix et le bien-être amenèrent le luxe et la corruption. C’est là ce qu’attaque principalement le prophète à cette époque de sa vie.

1. Vision ; c’est-à-dire révélation ; chose vue, non par les yeux du corps, mais par ceux de l’esprit. C’est pourquoi, dans le principe, les prophètes s’appelaient, chez les Hébreux, voyants (I Reg. IX, 9). — Au temps d’Ozias, etc. L’histoire de ces rois est rapportée dans IV Reg. XV, XVI, XVIII, XIX, XX. — * 1° Prologue des prophéties d’Isaïe, I. — En tête du premier chapitre d’Isaïe, I, 1, nous lisons le titre, le sujet, et la date de tout le recueil. Cf. II Par. XXXII, 32. Le recueil est appelé vision, c’est-à-dire révélation, dans le sens collectif, pour indiquer que les oracles qu’il contient sont une collection de visions intellectuelles ou révélations surnaturelles. L’objet en est Juda et Jérusalem, car quoique le prophète parle d’Israël et de toutes les autres nations connues de son temps, c’est toujours relativement aux Juifs. — D’après la chronologie la plus généralement reçue, Ozias mourut en 758, et c’est pendant la dernière année de ce roi qu’Isaïe, VI, 1, commença à prophétiser ; Joatham régna de 758 à 742 ; Achaz de 742 à 727 ; Ézéchias de 727 à 698.

2-31. * Les versets 2-31 sont comme la préface de tout le livre. L’époque où cette préface a été composée est incertaine. Les vers. 7-8 indiquent une époque pendant laquelle le royaume de Juda était ravagé par une armée étrangère. Il eut à subir trois invasions, du temps d’Isaïe, la première à la fin du règne de Joathan, et la seconde sous Achaz, l’une et l’autre de la part des Israélites et des Syriens, IV Reg. XV, 37 ; XVI, 5 ; cf. Is. VI, 1, la troisième sous Ézéchias, de la part des Assyriens, IV Reg. XVIII, 13 ; Is. XXXVI. La plupart des commentateurs pensent avec vraisemblance que le ch. I date de la première invasion. — Le peuple n’a été sensible ni aux bienfaits que Dieu lui a accordés pendant les règnes d’Ozias et de Joathan (2-3), ni aux calamités qui viennent de fondre sur lui (4-9) ; il ne reste donc au Seigneur qu’à livrer son peuple au châtiment qu’il mérite et à le purifier par le feu de la tribulation, pour se faire ensuite du petit reste qui survivra un peuple selon son cœur (10-31). Les versets 24-31 se rapportent spécialement au Messie.

2. Écoutez, etc. Dieu avait en vue, dans ces prophéties, non seulement les juifs, mais les chrétiens eux-mêmes, puisque saint Paul dit que toutes ces choses ont été écrites pour nous être un avertissement, à nous, pour qui est venue la fin des temps (I Cor. X, 11), et encore que tout ce qui a été écrit, a été écrit pour notre instruction (Rom. IV, 4). — * Le vers. 1 est le titre général du livre et de la collection des prophéties d’Isaïe. La première prophétie commence au vers. 2.

4. * Le Saint d’Israël ; Dieu. L’idée de la sainteté de Dieu revient souvent dans les prophéties d’Isaïe. Voir VI, 3. La sainteté est le contraire du péché. Le saint est le juste et le pur, qui est au-dessus des autres par ses perfections. Dieu est le saint par excellence.

6. * Ni adoucie par l’huile. L’huile était le remède employé ordinairement pour guérir les plaies. Voir Luc. X, 34.

7. * Des étrangers ; des ennemis, probablement les Syriens, les Philistins et les Iduméens unis aux dix tribus schismatiques. IV Reg. XVI, 5.

8. La fille de Sion ; c’est-à-dire Jérusalem. Les Orientaux appellent filles les capitales et les villes d’un pays.

9. Si te Seigneur, etc. Saint Paul rappelle ce texte en parlant des restes fidèles d’entre les Juifs que Dieu réserva par grâce au temps de l’Évangile, tandis que la multitude demeura dans l’incrédulité, et attira sur elle la colère du Seigneur (Rom. IX, 29). — * Comme Sodome. Voir la note sur Gen. XIII, 10.

14. * Vos calendes, le sacrifice du commencement du mois.

15. * Lorsque vous étendrez vos mains. On étendait les mains pour prier.

18. * Les Hébreux considéraient le rouge foncé, ainsi que le noir et la nuit, comme le symbole du mal et du péché, tandis que le blanc, le jour et la lumière étaient les emblèmes du bien et du beau.

25. * Tes scories, les scories de l’argent, dont il est parlé au vers. 22, image des péchés d’Israël. — Le texte original dit que l’épuration sera faite avec du kali ou de la potasse. Voir Prov. XXV, 20.

26. Et je rétablirai, etc. Ce rétablissement peut regarder, selon la lettre, le renouvellement de Jérusalem sous le règne d’Ézéchias ; mais ce renouvellement n’était que la figure de ce qui devait arriver sous Jésus-Christ et dans son Église, qui est la vraie cité du juste, la ville vraiment fidèle.

29. Des jardins, etc. Compar. LXV, 3, où il est parlé de ces jardins dans lesquels se commettaient les actions les plus honteuses.

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Is 2

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CHAPITRE II

Gloire de Jérusalem, où les nations viennent adorer le Seigneur. Maison de Jacob rejetée. Superbes humiliés. Dieu seul est exalté.

1. Parole qu’a vue Isaïe, fils d’Amos, touchant Juda et Jérusalem.

2. Et il arrivera dans les derniers jours

que la montagne préparée pour la demeure du Seigneur

sera établie sur le sommet des montagnes,

et elle sera élevée au-dessus des collines,

et tous les peuples y afflueront.

3. Et beaucoup de peuples iront et diront :

Venez, et montons à la montagne du Seigneur,

et à la maison du Dieu de Jacob,

et il nous enseignera ses voies,

et nous marcherons dans ses sentiers ;

car de Sion sortira la loi,

et la parole du Seigneur de Jérusalem.

4. Et il jugera les nations,

et il convaincra beaucoup de peuples ;

et de leurs glaives ils forgeront des socs de charrue,

et de leurs lances des faux ;

une nation ne lèvera pas le glaive contre une autre nation,

elles ne s’exerceront plus au combat.

5. Maison de Jacob, venez,

et marchons à la lumière du Seigneur.

6. Car vous avez rejeté votre peuple,

la maison de Jacob ;

car ils ont été remplis comme autrefois,

et ils ont eu des augures comme les Philistins,

et qu’ils se sont attachés à des enfants étrangers.

7. Sa terre est remplie d’argent et d’or ;

et il n’y a pas de bornes à ses trésors ;

8. Et sa terre est remplie de chevaux,

et ses quadriges sont innombrables.

Et sa terre est remplie d’idoles ;

ils ont adoré l’ouvrage de leurs mains,

l’ouvrage qu’ont fait leurs doigts.

9. Et l’homme du peuple s’est courbé,

et l’homme de condition est humilié ;

ne leur pardonnez donc point.

10. Entre dans la pierre, et cache-toi dans les creux de la terre,

par la crainte du Seigneur et de la gloire de sa majesté.

11. Les yeux altiers de l’homme du peuple ont été humiliés,

et la fierté des hommes de condition sera abaissée ;

mais le Seigneur seul sera exalté

en ce jour-là.

12. Car le jour du Seigneur des armées

éclatera sur tout esprit superbe et hautain

et sur tout arrogant ;

et ils seront humiliés ;

13. Et sur tous les cèdres du Liban, grands et élevés,

et sur tous les chênes de Basan ;

14. Et sur toutes les montagnes les plus hautes,

et sur toutes les collines les plus élevées ;

15. Et sur toute tour la plus élevée

et sur toute muraille fortifiée ;

16. Et sur tous les vaisseaux de Tharsis,

et sur tout ce qui est beau à voir.

17. Et l’orgueil des hommes du peuple sera abaissé,

et la hauteur des hommes de condition sera humiliée,

et le Seigneur seul sera élevé

en ce jour-là ;

18. Et les idoles seront entièrement brisées ;

19. Et ils entreront dans les creux des rochers,

dans les antres de la terre,

par la frayeur du Seigneur,

et à cause de la gloire de sa majesté,

lorsqu’il se lèvera pour frapper la terre.

20. En ce jour-là l’homme rejettera ses idoles d’argent

et ses simulacres d’or,

qu’il s’était faits pour les adorer,

les taupes et les chauves-souris.

21. Et il entrera dans les fentes des pierres,

et dans les cavernes des roches

par la frayeur du Seigneur,

et à cause de la gloire de sa majesté,

lorsqu’il se lèvera pour frapper la terre.

22. Laissez donc l’homme

dont le souffle est dans ses narines,

parce qu’il a été réputé pour le Très-Haut.

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CHAP. II. 2. Mich. IV, 1. — 19. Os. X, 8 ; Luc. XXIII, 30 ; Apoc. VI, 16.

 

1-22. — * 2° Prophétie sur Juda, II-IV. — Les ch. II-IV forment un tout suivi, avec un titre particulier. La fin du ch. IV correspond au commencement du ch. II. Le prophète, après avoir exhorté, accusé, menacé, encouragé, arrive à la fin à la promesse qui lui avait servi de point de départ, la félicité de Sion et la prospérité messianique. Cette prophétie se distingue par-là de toutes les autres : elle est la seule qui commence par une promesse, vers. 2.

1. Parole, ou chose ; car le terme hébreu auquel correspond le latin verbum, signifie l’une et l’autre. D’un autre côté, comme chez les Hébreux les verbes qui expriment l’action des sens, s’employaient les uns pour les autres, verbum peut réellement signifier ici parole, et le verbe il a vu (vidit), être mis pour il a entendu (audivit).

2. Dans les derniers jours ; expression qui le plus ordinairement signifie le temps de la venue du Messie, et qui ne saurait avoir d’autre sens ici, d’autant que, depuis Isaïe jusqu’à Jésus-Christ, il n’y a eu aucune époque où la prédiction contenue dans ce verset ait eu son accomplissement.

2-4. Ces trois versets se retrouvent dans Michée, IV, 1-3.

4. Au combat ; l’une contre l’autre. Le Jugement des Nations reste à venir ; la fin des guerres et donc la paix universelle dans le Christ qui suivra, également.

6. Car vous avez, etc. Le prophète s’adresse à Dieu. — La maison de Jacob ; dans le sens littéral comprend les deux maisons d’Israël et de Juda ; mais, dans le sens mystérieux des prophètes, elle peut, selon saint Jérôme, représenter la gentilité chrétienne. Dans l’un et l’autre sens, les reproches et les menaces ne tombent que sur les prévaricateurs. — Remplis d’iniquités. — À des enfants d’étrangers ; par des alliances défendues par la loi. Compar. Ex. XXXIV, 15-16 ; Deut. VII, 3 ; I Esd. IX, 2. — * Des augures ; des devins qui devinent par les nuages, d’après le sens probable de l’hébreu. — Les Philistins avaient des devins célèbres, I Reg. VI, 2, et il y avait un oracle fameux à Accaron, IV Reg. I, 2.

9. S’est courbé, s’est humilié ; devant les idoles.

10. * Entre dans la pierre, dans les cavernes qui abondent dans les montagnes calcaires de la Palestine et où les Hébreux se réfugiaient en temps de guerre pour échapper à leurs ennemis.

12. Le jour du Seigneur ; c’est-à-dire le jour du jugement du Seigneur. Compar. XIII, 6, 9.

13. Ce verset et les suivants contiennent des expressions figurées qui peuvent toutes se rapporter à la ruine du royaume d’Israël, et à la désolation même du royaume de Juda au temps de Sennachérib et de Nabuchodonosor. — * Basan. Voir la note sur Num. XXI, 33.

16. Les vaisseaux de Tharsis ; ce sont des vaisseaux de long cours. Quant à Tharsis, on sait par l’Écriture (III Reg. X, 22 ; II Par. IX, 21 ; XX, 36) que c’était un lieu de commerce maritime, où Salomon envoyait ses flottes ; mais on ignore en quel pays il se trouvait. — * On admet communément aujourd’hui que Tharsis est Tartéssus en Espagne, dans la Bétique, d’où les Phéniciens tiraient l’argent. Tartéssus était aussi le nom du Guadalquivir, qui portait le nom de Bétis du temps de Strabon. La ville de Tartéssus ou Tharsis était située entre les deux bras de la rivière, près de son embouchure, et elle donnait son nom au pays environnant.

19. Ils entreront ; c’est-à-dire les hommes nommés au verset 17. Compar. Os. X, 8 ; Luc. XXIII, 30 ; Apoc. VI, 15-16.

20. Ses idoles d’argent, ses simulacres d’or ; littér. et par hébraïsme, les idoles de son argent, les simulacres de son or. — * Les taupes et les chauves-souris n’étaient point adorées comme dieux. Le texte original porte : « l’homme laissera ses idoles… aux taupes et aux chauves-souris, » supposé toutefois que les taupes soient ici désignées, car le sens du mot hébreu est très douteux. En tout cas, Isaïe veut dire que les idoles seront délaissées.

22. Laissez donc, etc. C’est un avis aux Juifs de ne pas persécuter Jésus-Christ. — Dont le souffle, etc. ; dont la vie apparente n’est qu’un souffle ; qui ne vous parait qu’un simple mortel, mais qui est en réalité le Très-Haut.

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Is 3

*is03

CHAPITRE III

Désolation de Juda et de Jérusalem. Reproches du Seigneur contre les princes de son peuple. Il condamne l’orgueil et le luxe des filles de Sion.

1. Car voici que le dominateur, Seigneur des armées,

enlèvera de Jérusalem le robuste et le fort,

tout soutien de pain,

et tout soutien d’eau ;

2. Le fort et l’homme de guerre,

le juge et le prophète, le devin et le vieillard ;

3. Le chef de cinquante et le vénérable de visage, et le conseiller, et l’habile d’entre les architectes,

et celui qui a l’intelligence du langage mystique.

4. Et je leur donnerai des enfants pour princes,

et des efféminés les domineront.

5. Et le peuple se précipitera, l’homme sur l’homme,

et chacun sur son prochain ;

l’enfant se soulèvera contre le vieillard,

et le plébéien contre le noble.

6. L’homme prendra son frère

né dans la maison de son père, disant :

Tu as un vêtement, sois notre prince ;

et que cette ruine soit sous ta main.

7. Il répondra en ce jour-là, disant :

Je ne suis pas médecin,

et dans ma maison il n’y a ni pain, ni vêtement ;

ne m’établissez pas prince du peuple.

8. Car Jérusalem s’est écroulée et Juda est renversé ;

parce que leur langue et leurs inventions sont contre le Seigneur,

afin d’irriter les yeux de sa majesté.

9. La vue de leur visage leur a répondu,

et comme Sodome, ils ont publié leur péché et ne l’ont pas caché ;

malheur à leur âme, parce que les maux qu’ils avaient faits leur ont été rendus.

10. Dites au juste qu’il est heureux,

parce qu’il goutera le fruit de ses inventions.

11. Malheur à l’impie livré au mal ;

car il recevra le salaire des œuvres de ses mains.

12. Mon peuple a été dépouillé par ses exacteurs,

et des femmes les ont dominés.

Mon peuple, ceux qui te disent heureux, ceux-là même te trompent ;

ils détruisent la voie de tes pas.

13. Le Seigneur est debout pour juger,

et il est debout pour juger les peuples.

14. Le Seigneur entrera en jugement

avec les anciens et princes de son peuple ;

car c’est vous qui avez ravagé ma vigne ;

et la dépouille du pauvre est dans votre maison.

15. Pourquoi foulez-vous aux pieds mon peuple,

et meurtrissez-vous la face des pauvres,

dit le Seigneur Dieu des armées ?

16. Et le Seigneur dit :

Parce que les filles de Sion se sont élevées,

et qu’elles ont marché le cou tendu,

et qu’elles allaient en faisant des signes des yeux,

et qu’elles faisaient du bruit avec leurs pieds, en marchant,

et qu’elles s’avançaient d’un pas mesuré :

17. Le Seigneur rendra chauve la tête des filles de Sion,

et le Seigneur les dépouillera de leur chevelure.

18. En ce jour-là, le Seigneur leur ôtera l’ornement des chaussures, et les croissants,

19. Et les colliers, et les carcans,

et les bracelets, et les mitres,

20. Les aiguilles de tête, et les periscélides, et les petits colliers,

et les boites de parfum, et les pendants d’oreilles,

21. Et les bagues, et les pierres précieuses, qui pendent sur leur front,

22. Et les vêtements de rechange, et les écharpes,

et les linges précieux, et les aiguilles,

23. Et les miroirs, et les fins tissus,

et les bandeaux, et les vêtements d’été.

24. Et ce sera, au lieu d’une suave odeur, la puanteur,

et au lieu d’une ceinture, une corde,

et au lieu d’une chevelure frisée, la calvitie,

et au lieu de la bandelette qui soutient leur gorge, un cilice.

25. Tes hommes aussi les plus beaux tomberont sous le glaive,

et tes forts dans le combat.

26. Et tes portes seront dans la tristesse et dans les larmes,

et désolée, elle s’assiéra sur la terre.

~

CHAP. III.

 

2. Le devin (ariolum) peut se prendre en bonne part pour un homme prudent, qui, par sa sagacité et le soin qu’il met à observer le passé, forme des conjectures sur l’avenir et parvient à y pénétrer. Compar. Prov. XVI, 10.

3. Le chef de cinquante hommes. Il y avait dans l’armée des Hébreux des bandes ou pelotons de cinquante soldats. Compar. Ex. XVIII, 21 ; IV Reg. IX, 14. — Celui qui a, etc. ; c’est, selon saint Jérôme, celui qui, étant bien exercé à l’étude de la loi et à la parole divine, est capable de calmer les troubles de l’esprit par sa parole et ses entretiens spirituels. — * Au lieu d’architectes, le texte hébreu parle de tous les artisans habiles en général, et celui qui a l’intelligence du langage mystique est, dans l’original, l’enchanteur qui, pour produire ses enchantements, se sert d’un langage mystérieux et de formules magiques.

6. Tu as un vêtement ; c’est-à-dire tu n’es pas réduit, comme nous, à la dernière misère.

8-10. Inventions ; selon l’hébreu, actions, œuvres. Compar. Deut. XXVIII, 20 ; Judic. II, 19 ; Ps. XXVII, 4, etc.

9. La vue de leur visage ; ou ce qu’on voit de leur visage ; littér. la connaissance, ou ce qu’on connait (agnitio). La paraphrase chaldaïque donne ce sens, et c’est très vraisemblablement celui du texte hébreu. — Leur a répondu ; a répondu, a témoigné contre eux. — * Comme Sodome. Voir la note sur Gen. XIII, 10.

12. Des femmes ; c’est-à-dire probablement des hommes efféminés, tels qu’étaient les derniers rois de Juda, qui, à une affreuse tyrannie, joignaient la lâcheté, la faiblesse, l’incapacité de gouverner. Ils étaient de plus énervés par le plaisir et la débauche. Compar. Jer. XXII, XXIII ; Ezech. IX. — Les ont dominés. Le pronom pluriel les (eis) peut très bien se rapporter au mot singulier peuple, qui est un nom collectif.

16-24. * Ici commence un nouveau discours de Dieu contre le luxe et la vanité des filles de Sion. Nous y trouvons rémunération de vingt et un articles de toilette, dont quelques-uns sont encore portés par les femmes syriennes. Plusieurs d’entre eux sont d’origine étrangère (Soph. I, 8), car le luxe a toujours fait des emprunts au dehors.

16. Qu’elles faisaient du bruit, etc. Cette fin du verset se refusant à toute analyse grammaticale, nous l’avons traduite en nous rapprochant le plus possible du texte latin. Tous les voyageurs s’accordent à dire que dans certaines contrées de l’Orient les femmes portent au bas des jambes des grelots ou de petites sonnettes, et aussi de petites chaines pour que leurs pas soient petits et toujours égaux.

18. * Les croissants, bijoux en forme de croissant, qu’on portait suspendus au cou.

19. Et les colliers, etc. Une partie de ces ornements sont mentionnés dans Num. XXXI, 50. — * Les colliers ; leurs pendants d’oreille, d’après la traduction la plus commune du texte original. — Les carcans, ornement du cou.

20. * Les aiguilles de tête, dans l’hébreu : les diadèmes. — Les periscélides, les chainettes qui rattachaient l’anneau des pieds auquel fait allusion le vers. 16. — Les petits colliers ; traduction plus commune : ceintures. Voir Jer. II, 32. — Et les boîtes de parfums, très répandues dans tout l’Orient. — Et les pendants d’oreilles ; en hébreu, amulettes, qui avaient la forme d’ornements et qu’on portait à cause de la vertu superstitieuse qu’on leur attribuait.

21. * Les pierres précieuses qui pendent sur leur front. Dans l’original, les anneaux de nez, auxquels est ordinairement attachée une pierre précieuse.

23. * Les miroirs ; miroirs de main, en métal poli. Voir Ex. XXVIII, 8 ; Job. XXXVII, 18.

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Is 4

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CHAPITRE IV

Suite de la désolation de Juda. Germe du Seigneur en gloire. Restes d’Israël sauvés.

1. Et sept femmes prendront un seul homme en ce jour-là, disant :

Nous mangerons notre pain,

et nous serons couvertes de nos vêtements ;

seulement que votre nom soit invoqué sur nous,

enlevez notre opprobre.

2. En ce jour-là,

le germe du Seigneur sera dans la magnificence et la gloire ;

et le fruit de la terre s’élèvera, et l’exultation

sera pour ceux d’Israël qui auront été sauvés.

3. Et voici ce qui arrivera : Quiconque aura été laissé dans Sion,

et sera resté dans Jérusalem,

sera appelé saint ;

quiconque aura été écrit comme vivant dans Jérusalem ;

4. Quand le Seigneur aura purifié les souillures des filles de Sion,

et qu’il aura lavé le sang de Jérusalem, lequel est au milieu d’elle,

par un esprit de justice et par un esprit d’ardeur.

5. Et le Seigneur créera sur toute la montagne de Sion,

et sur le lieu où il aura été invoqué,

un nuage et une fumée pendant le jour,

et l’éclat d’un feu flamboyant pendant la nuit ;

car sur toute gloire sera sa protection.

6. Et il y aura un tabernacle pour ombrage

dans le jour contre la chaleur,

et pour mettre en sûreté

et à couvert de la tempête et de la pluie.

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CHAP. IV.

 

1. Sept ; c’est-à-dire plusieurs. Les Hébreux mettaient quelquefois ce mot pour un nombre indéterminé. — Que votre nom, etc. ; ou bien, que nous portions votre nom. Le texte hébreu, comme nous l’avons déjà remarqué, est susceptible de ces deux sens. — * Enlevez notre opprobre de n’avoir point d’enfants. Gen. XXX, 23. La misère et la désolation sont telles que les hommes ne peuvent pas trouver un chef, III, 6-7, et les femmes ne peuvent pas trouver de mari, même aux conditions les plus dures.

2. Le fruit de la terre ; c’est encore le Sauveur, dont il est dit plus bas (XLV, 8) : « Que la terre s’ouvre et qu’elle germe le Sauveur. »

2-6. Ces versets font allusion au Règne Glorieux du Messie, après le second avènement, la chute de l’Antéchrist et le déluge de feu concomitant ; très peu d’hommes resteront sur terre mais ils seront tous saints. Voir infra XI, 6-9 ; XXX, 26 ; LXV, 20-25 ; LXVI, 22 (notes).

3. Quiconque, etc. Dieu est représenté comme un prince qui tient un compte exact de ses sujets ; il les efface de son registre à mesure qu’ils meurent. — Comme vivant ; littér. et par hébraïsme, avec la vie.

4. Par un esprit, etc. ; c’est-à-dire en livrant son peuple au glaive, et ses villes aux flammes ; ce que les Pères expliquent du baptême de l’eau, et du baptême du feu ou du Saint-Esprit.

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Is 5

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CHAPITRE V

Ingratitude des enfants d’Israël. Le Seigneur prend la maison de Juda pour juge entre lui et la maison d’Israël. Maux dont les Israélites seront accablés ; ennemis que Dieu suscitera contre eux.

1. Je chanterai à mon bien-aimé

le cantique de mon proche parent à sa vigne.

Une vigne a été acquise à mon bien-aimé,

sur une corne abondante en huile.

2. Et il l’a environnée d’une haie,

et il en a ôté les pierres, il y a mis un plant choisi,

et il y a bâti une tour au milieu,

et il y a construit un pressoir ;

et il a espéré qu’elle produirait des raisins

et elle a produit des grappes sauvages.

3. Maintenant donc, habitants de Jérusalem,

et hommes de Juda ;

soyez juges entre moi

et ma vigne.

4. Qu’est-ce que j’ai dû faire de plus à ma vigne,

que je ne lui ai pas fait ?

n’ai-je pas espéré qu’elle produirait des raisins,

et elle a produit des grappes sauvages ?

5. Et maintenant je vous montrerai

ce que moi je ferai à ma vigne ;

j’enlèverai sa haie,

et elle sera au pillage ;

je détruirai sa muraille,

et elle sera foulée aux pieds.

6. Je la rendrai déserte ;

elle ne sera pas taillée, et elle ne sera pas labourée ;

les ronces et les épines s’élèveront,

et je commanderai aux nuées

de ne pas répandre sur elle de pluie.

7. Car la vigne du Seigneur des armées

est la maison d’Israël,

et l’homme de Juda

son germe délectable ;

et j’ai espéré qu’il rendrait un jugement,

et voilà l’iniquité ;

qu’il rendrait la justice, et voilà le cri de l’opprimé.

8. Malheur à vous qui joignez maison à maison,

et qui ajoutez un champ à un champ

jusqu’à ce que le lieu vous manque ;

est-ce que vous seuls vous habiterez

au milieu de la terre ?

9. Voici ce qui a été révélé à mes oreilles.

Le Seigneur des armées dit :

J’ai juré si des maisons nombreuses,

élevées et belles ne seront pas désertes, sans habitant.

10. Car dix arpents de vignes rapporteront une seule petite bouteille,

et trente mesures de semence produiront trois mesures.

11. Malheur à vous qui vous levez dès le matin

pour vous abandonner à l’ivresse,

et pour boire jusqu’à la nuit,

afin que par le vin vous vous échauffiez.

12. La harpe, et la lyre, et le tambour, et la flûte,

et le vin se trouvent dans vos festins ;

et l’œuvre du Seigneur, vous n’y avez pas égard,

et les ouvrages de ses mains, vous ne les considèrerez pas.

13. C’est pour cela que mon peuple a été emmené captif,

parce qu’il n’a pas d’intelligence ;

et que les nobles d’Israël ont péri de faim,

et que la multitude de son peuple a séché par la soif.

14. C’est pour cela que l’enfer a dilaté son âme,

et qu’il a ouvert sa bouche d’une manière illimitée ;

et ses puissants, et son bas peuple, et ses grands,

et ses hommes glorieux y descendront.

15. Et l’homme du peuple s’inclinera, et l’homme de condition sera humilié,

et les yeux des superbes s’abaisseront.

16. Et le Dieu des armées sera exalté à cause de son jugement :

et le Dieu saint sera sanctifié à cause de sa justice.

17. Et les agneaux paitront à leur ordinaire,

et dans les déserts devenus fertiles, des étrangers trouveront leur nourriture.

18. Malheur à vous qui tirez l’iniquité

avec les cordes de la vanité,

et le péché comme les traits d’un charriot ;

19. Qui dites : Qu’il se hâte,

et que son œuvre vienne bientôt, afin que nous la voyions ;

et qu’il s’approche et qu’il vienne,

le décret du saint d’Israël,

et nous le connaitrons !

20. Malheur à vous qui appelez le mal bien,

et le bien mal ;

qui donnez les ténèbres pour la lumière,

et la lumière pour les ténèbres ;

qui donnez l’amer pour le doux

et le doux pour l’amer !

21. Malheur à vous qui êtes sages à vos yeux,

et qui êtes prudents vis-à-vis de vous-mêmes !

22. Malheur à vous qui êtes puissants à boire le vin,

et des hommes vaillants à mêler des boissons enivrantes ;

23. Qui justifiez l’impie pour des présents,

et ravissez au juste sa propre justice !

24. À cause de cela, comme une langue de feu dévore la paille,

et comme la chaleur de la flamme la brule entièrement,

ainsi leur racine sera comme de la cendre embrasée,

et leur germe s’élèvera comme de la poussière.

Car ils ont rejeté la loi du Seigneur des armées,

et ils ont blasphémé la parole du saint d’Israël.

25. C’est pour cela qu’a été irritée la fureur du Seigneur contre son peuple ;

et qu’il a étendu sa main sur lui, et qu’il l’a frappé ;

que les montagnes ont été ébranlées,

et que leurs cadavres sont devenus comme la boue sur les places publiques.

Au milieu de tous ces maux, sa colère ne s’est point détournée,

mais sa main a été encore étendue.

26. Et il élèvera son étendard au loin parmi les nations ;

et il sifflera pour l’appeler des confins de la terre ;

et voici qu’en grande hâte il viendra promptement.

27. Il n’y a dans lui ni de défaillant ni de fatigué ;

il ne sommeillera ni ne dormira ;

la ceinture de ses reins ne se déliera pas,

ni la courroie de sa chaussure ne se rompra.

28. Ses flèches sont aigües, et tous ses arcs bandés.

La corne de leurs chevaux est comme un caillou ;

et ses roues comme l’impétuosité de la tempête.

29. Son rugissement est comme celui du lion ;

il rugira comme les petits des lions ;

et il frémira ; et il saisira sa proie et il l’étreindra,

et il n’y aura personne qui puisse la lui arracher.

30. Et un bruit se fera entendre sur lui en ce jour-là, comme le bruit de la mer ;

nous regarderons sur la terre,

et voilà les ténèbres de la tribulation ;

et la lumière a été couverte de ténèbres par sa profonde obscurité.

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CHAP. V. 1. Jer. II, 21 ; Matth. XXI, 33. — 21. Prov. III, 7 ; Rom. XII, 16.

 

1-30. — * 3° La parabole de la vigne, V. — La troisième prophétie d’Isaïe est contenue dans le ch. V. Elle commence par une belle parabole, qui nous décrit sous l’image très juste d’une vigne, plantée et cultivée par Dieu avec le plus grand soin, l’histoire même du peuple de Dieu. L’ingratitude et les crimes d’Israël arrachent au prophète des paroles indignées ; il menace les coupables et leur montre, en terminant, les vengeurs de leur maitre outragé, sous la forme emblématique de chevaux, de lions, des mugissements de la mer et des ténèbres. Notre-Seigneur devait se servir plus tard de la même parabole pour reprocher aux Juifs leur infidélité. Matth. XXI, 33-43 ; Marc. XII, 1-10 ; Luc. XX, 9-16. Voir Jer. II, 21.

1. À mon bien-aimé ; c’est-à-dire, comme le montre la suite, Jésus-Christ, le bien-aimé de Dieu et des hommes. — Une vigne ; la maison d’Israël (vers. 7). — Jésus-Christ emploie une parabole semblable en parlant des Juifs incrédules (Matth. XXI, 33 et suiv.). — Une corne ; c’est un hébraïsme désignant la partie d’une montagne la plus élevée, comme la corne est la partie la plus élevée de certains animaux. Les Arabes eux-mêmes emploient cette locution. — Abondant en huile ; littér. fils de l’huile (filio olei). En hébreu, le mot fils signifie aussi doué, possesseur de, et le terme huile s’applique à tous les corps gras, aux oliviers, aux figuiers, etc. Or, on sait que les meilleurs plants de vigne, dans la Palestine, sont sur des montagnes chargées d’oliviers et de figuiers. — # L’huile est l’image de la joie et de la jouissance. Voy. Infra. LXI, 3 ; Ps. XLIV, 8.

2. Une tour. Sous ce nom les Pères et les interprètes entendent le temple, et sous le terme de pressoir, l’autel des holocaustes. — * Une tour. « De nombreux enclos délimités par de petits murs en pierres sèches [dans les environs de Bethléhem et dans la plus grande partie de la Palestine] renferment presque tous à leur centre, soit debout, soit renversée, une de ces petites tours qui servaient autrefois, comme quelques-unes d’entre elles servent encore aujourd’hui, à protéger ces enclos à l’époque de la récolte. » — Il l’a environné d’une haie et il en a ôté les pierres. « Par cette haie, il faut entendre ici un petit mur de séparation, construit avec les pierres retirées de l’enclos pour laisser place à la vigne, et hérissé en outre la plupart du temps de plantes épineuses. » — Il y a construit un pressoir. On trouve en Palestine des pressoirs taillés dans le roc. « Dans les environs de Bethléhem, [on voit] trois ou quatre de ces pressoirs antiques, creusés dans le roc, et divisés soit en deux, soit en trois compartiments. » (V. Guérin.)

5, 6. Les menaces faites dans ces versets furent accomplies à la lettre, lors de la désolation d’Israël par les Assyriens ; mais elles ont reçu un second accomplissement sur les Juifs incrédules, depuis la mort de Jésus-Christ.

9. Révélé ; mot très probablement sous-entendu ici, et exprimé dans un passage parallèle (XXII, 14). — Mes oreilles ; c’est-à-dire les oreilles du prophète (compar. le même passage). C’est le sens de l’hébreu, comme l’a justement remarqué saint Jérôme dans son Commentaire ; c’est aussi celui de la paraphrase chaldaïque, contrairement à la version des Septante. — Si des maisons… ne seront pas ; c’est-à-dire qu’elles seront. (Voy. sur les formules du serment, Ps. XCIV, 11).

10. * Dans l’hébreu : « Dix journées de travail de vigne, (l’étendue de vigne qu’on peut travailler en dix jours) produira un bath (de vin) et un hômer de semence produira un epha de récolte. L’epha était la dixième partie d’un hômer. Voir à la fin du volume, note 21, les mesures hébraïques.

11. * Le vin dont il est question ici est un vin artificiel, fait avec des dattes, des pommes, des grenades, du miel, de l’orge, et souvent mélangé d’aromates.

13. C’est pour cela, etc. Cette prophétie, qui se rapporte à la lettre à la captivité de Babylone, est un symbole de la dispersion des Juifs incrédules depuis la mort de Jésus-Christ ; et c’est à ceux-ci que saint Jérôme l’applique.

14. Son âme ; hébraïsme, pour lui-même. — * L’enfer ; en hébreu : le scheôl, la demeure des morts.

16. Sera sanctifié ; reconnu pour saint, loué comme saint.

19. Qu’il ; c’est-à-dire Dieu, dont il s’agit dans tout ce verset. — Son œuvre ; ce qu’il prétend faire, ce dont il nous menace depuis longtemps. On trouve dans plusieurs autres prophètes de pareilles insolences dites par les Juifs.

22. * Mêler des boissons enivrantes. Voir plus haut, vers. 11.

24. Langue de feu ; signifie flamme. Compar. Act. II, 3.

26. Il sifflera, etc. ; littér. il sifflera vers lui (sibilabit ad eum). Le pronom lui peut se rapporter à ennemi (hostem), ou à armée (exércitum), ou bien encore à peuple (populum) sous-entendu. L’hébreu offre la même amphibologie ; mais le grec porte à elles, c’est-à-dire aux nations ; ce qui fait disparaitre toute difficulté. Plusieurs Pères prétendent que ce sifflement est une allusion aux gardes des mouches à miel qui les font venir de leurs ruches dans la campagne au son du sifflet, et les ramènent de la même manière, lorsque la nuit approche. Cette explication semble confirmée par ce que dit Isaïe lui-même un peu plus bas (VII, 18). Le sujet des verbes il élèvera, il sifflera est le Seigneur, nommé au verset précédent ; mais celui de il viendra, est l’ennemi, ou l’armée, ou le peuple appelé par le sifflement du Seigneur.

27. La ceinture, etc. ; c’est celle qu’on portait dans les voyages. — * Ne pas délier la ceinture, c’est donc être toujours en marche.

28. Ses roues ; les roues de ses charriots. — * La corne de leurs chevaux est comme un caillou. Les anciens ne ferraient pas les chevaux. Ceux de ces animaux qui avaient un sabot très dur, qui avaient « des pieds d’airain », comme dit Homère, étaient par la même particulièrement estimés.

30. Sa profonde obscurité. Le pronom sa se rapporte au mot tribulation, qui, comme l’affliction, la misère, la calamité, est ordinairement représentée dans l’Écriture sous l’emblème d’une nuit sombre et ténébreuse.

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Is 6

*is06

CHAPITRE VI

(a) Isaïe voit la gloire du Seigneur. Le Seigneur l’envoie porter sa parole aux enfants d’Israël et de Juda ; il lui annonce leur endurcissement, et les différentes révolutions qu’ils doivent éprouver.

1. En l’année où est mort le roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône haut et élevé ; et ce qui était sous lui remplissait le temple,

2. Des séraphins étaient au-dessus du trône : l’un avait six ailes, et l’autre six ailes ; avec deux, ils voilaient leur face, et avec deux ils voilaient leurs pieds, et avec deux ils volaient.

3. Et ils se criaient l’un à l’autre, et ils disaient :

Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu des armées,

toute la terre est pleine de sa gloire.

4. Et les linteaux des gonds furent ébranlés par la voix des anges qui criaient, et la maison fut remplie de fumée.

5. Et je dis :

Malheur à moi, parce que je me suis tu,

parce que moi je suis un homme souillé par mes lèvres,

et que j’habite au milieu d’un peuple qui a les lèvres souillées,

et que j’ai vu le roi Seigneur des armées de mes yeux !

6. Et vers moi voilà un des séraphins, et dans sa main était un caillou qu’avec des pincettes il avait enlevé de l’autel.

7. Et il en toucha ma bouche et dit :

Cela a touché tes lèvres, et ton iniquité sera effacée,

et ton péché sera purifié.

8. Et j’entendis la voix du Seigneur disant :

Qui enverrai-je

et qui ira pour nous ?

Et je dis :

Me voici ; envoyez-moi.

9. Et il dit :

Va, et tu diras à ce peuple :

Écoutant, écoutez, et ne comprenez pas ;

et voyez la vision, et ne la discernez pas ;

10. Aveugle le cœur de ce peuple,

et rends ses oreilles sourdes,

et ferme ses yeux ;

de peur qu’il ne voie de ses yeux,

et qu’il n’entende de ses oreilles,

et que de son cœur il ne comprenne,

et qu’il ne se convertisse et que je ne le guérisse.

11. Et j’ai dit :

Jusques à quand, Seigneur ?

et il a dit :

Jusqu’à ce que les cités soient désolées, et sans un habitant,

et que les maisons soient sans un homme ;

et la terre sera laissée déserte.

12. Et le Seigneur éloignera les hommes,

et elle se multipliera, celle qui avait été délaissée au milieu de la terre.

13. Et elle sera encore décimée,

et elle se convertira, et elle se montrera

comme le térébinthe et comme le chêne qui étend ses rameaux ;

ce sera une race sainte, ce qui restera en elle.

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CHAP. VI. 3. Apoc. IV, 8. — 9. Matth. XIII, 14 ; Marc. IV, 12 ; Luc. VIII, 10 ; Joan. XII, 40 ; Act. XXVIII, 26 ; Rom. XI, 8.

 

(a). L’inauguration du prophète Isaïe (vers. 1-9) a été traitée par certains critiques de pure invention, Isaïe voulant par ce récit prévenir la haine du peuple, que ses menaces ne pouvaient manquer d’exciter contre lui.

1-13. — * 4° Vocation d’Isaïe au ministère prophétique, VI. — Le ch. VI nous raconte les détails de la vocation du prophète à sa mission prophétique. « La tradition place cette prophétie après la mort d’Ozias et à la première année de Joathan… Les modernes se sont écartés de cet arrangement : Ie parce que le sujet de ce chapitre doit le faire considérer comme le premier dans l’ordre des temps ; 2° parce que le titre : En l’année où est mort le roi Ozias (758), se rapporte non au temps qui a suivi, mais à celui qui a précédé la mort de ce roi de Juda… Ces raisons, quoique plausibles, ne vont pas au-delà de simples vraisemblances… Les interprètes ont examiné : 1° quel a été l’objet de cette vision prophétique ; 2° quelle en est la scène ; 3° quelle en est la nature. — 1° Selon quelques-uns, l’objet de la vision a été le Père, selon d’autres Dieu le Fils, et selon d’autres la Sainte Trinité. Ce dernier sentiment est plus probable, attendu que l’Église, dès les premiers siècles, a reconnu une allusion aux trois personnes divines dans les mots : Saint, saint, saint, et dans cette interrogation : Qui enverrai-je (unité de substance), et qui ira pour nous (pluralité des personnes) ? — 2° La scène s’est passée, selon les uns, dans le temple de Salomon ; selon d’autres, dans le ciel montré à l’imagination du prophète sous des formes semblables à celles du temple… — 3° On peut admettre une apparition réelle, comme celles dont furent honorés tant d’autres avant Isaïe. Cependant Cornélius a Lapide, après S. Augustin, soutient que tout s’est passé dans l’imagination du prophète, et ce sentiment parait bien plus probable. » (Le Hir.)

1. Le Seigneur ; c’est-à-dire, selon saint Jean (XII, 40-41), le Fils de Dieu. — Et ce qui était au-dessous de lui ; les tapis sur lesquels le trône était placé ; ou plutôt, selon le texte original, le bas, le bord, l’extrémité de sa robe ; car c’est le sens qu’a le terme hébreu dans Ex. XXVIII, 33-34. — * Le temple ; en hébreu hékal, mot qui signifie palais des rois et temple de Dieu. C’est la demeure extraterrestre, le ciel où Dieu réside.

2. Leur face ; littér. et par hébraïsme, sa face ; parce que le pluriel ils voilaient (velabant) est pour chacun d’eux voilait. — * Des séraphins, mot qui signifie brulants, enflammés, et qui désigne un des chœurs des anges. Ce passage est le seul endroit, soit de l’Ancien, soit du Nouveau Testament où nous lisions leur nom.

3. Saint, saint, saint. Cette triple glorification d’un seul Dieu désigne, d’après les Pères, le mystère de la trinité des personnes divines dans l’unité de la divine essence.

5. Malheur, etc. Saint Jérôme, saint Cyrille, Théodoret, et plusieurs interprètes après eux, pensent qu’Isaïe se reproche ici d’avoir offensé Dieu par le silence qu’il garda envers Ozias lorsqu’il s’empara du sacerdoce (II Par. XXVI, 17-18). D’autres veulent que le prophète se reproche de n’avoir pas mêlé ses louanges à celles des séraphins. D. Calmet croit qu’Isaïe fait ici la même confession ou la même excuse au Seigneur que Moïse après l’apparition de Dieu dans le buisson ardent. Compar. Ex. IV, 10 ; VI, 12, 30. — Et que j’ai vu, etc. Les Hébreux croyaient qu’on ne pouvait voir Dieu ou un ange sans mourir (Gen. XVI, 13 ; Ex. XXXIII, 20).

6. Caillou (calculus) ; dans l’hébreu, pierre rougie au feu ; dans le grec, charbon. — * De l’autel. Isaïe voit dans le ciel un autel analogue à celui du temple de Jérusalem, sur lequel brule le feu. Le feu est l’emblème de la purification.

8. Qui enverrai-je ? Ce singulier marque l’unité d’essence. — Pour nous ; exprime la distinction des personnes dans l’essence divine.

9. Écoutant écoutez ; hébraïsme, pour écoutez bien.

10. Aveugle, etc. Saint Jean, saint Paul et Jésus-Christ même ont appliqué ce passage à l’endurcissement des Juifs au temps de l’Évangile. Voy. Matth. XIII, 14 ; Luc. VII, 10 ; Joan. XII, 40 ; Act. XXVIII, 26 ; Rom. XI, 8. — * Le cœur ; l’intelligence.

12. Éloignera ; bannira les Juifs loin de leur pays. — Elle se multipliera, etc. ; la nation des Juifs.

13. Elle sera encore décimée. Cette décimation que quelques interprètes ont prise à tort en bonne part, pourrait s’expliquer du carnage qui fut fait des Juifs sous Adrien ; carnage si horrible, qu’à peine la dixième partie put s’y soustraire.

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Is 7

*is07

CHAPITRE VII

Le roi de Syrie et le roi d’Israël se liguent contre Jérusalem. Ils ne prévaudront point. La vierge enfantera un fils nommé Emmanuel. Maux qui doivent fondre sur Juda.

1. Et il arriva dans les jours d’Achaz, fils de Joathan, fils d’Ozias, roi de Juda, que Rasin, roi de Syrie, et Phaceé, fils de Romélie, roi d’Israël, montèrent à Jérusalem pour lui livrer bataille ; et ils ne purent la réduire.

2. Et on l’annonça à la maison de David, en disant : La Syrie a trouvé un appui dans Ephraïm ; et le cœur d’Achaz fut agité ainsi que le cœur du peuple, comme sont agités les arbres des forêts à la face du vent.

3. Et le Seigneur dit à Isaïe : Sors au-devant d’Achaz, toi et Jasub ton fils qui t’est resté, et va à l’extrémité du canal de la piscine supérieure, sur la voie du champ du foulon.

4. Et tu lui diras :

Voyez à vous tenir en repos ; ne craignez point,

et que votre cœur ne tremble point

à cause de ces deux bouts de tisons fumants,

devant la colère de Rasin, roi de Syrie, et du fils de Romélie ;

5. Parce que la Syrie, Ephraïm et le fils de Romélie

ont formé de mauvais desseins contre vous, disant :

6. Montons contre Juda,

et mettons-le en mouvement, faisons-le venir à nous,

et établissons-y pour roi le fils de Tabéel.

7. Voici ce que dit le Seigneur Dieu :

Cela ne subsistera pas et ne sera même pas.

8. Mais la capitale de la Syrie est Damas,

et le chef de Damas est Rasin ;

et encore soixante-cinq ans,

et Ephraïm cessera d’être un peuple.

9. Et la capitale d’Ephraïm est Samarie,

et le chef de Samarie le fils de Romélie.

Si vous ne croyez pas, vous ne persévérerez pas.

10. Le Seigneur parla encore à Achaz, disant :

11. Demande pour toi un miracle au Seigneur ton Dieu, au fond de l’enfer, ou au plus haut des cieux.

12. Et Achaz dit : Je n’en demanderai pas, et je ne tenterai pas le Seigneur.

13. Et le prophète dit :

Écoutez donc, maison de David :

Est-ce peu pour vous d’être fâcheux aux hommes,

puisque vous êtes fâcheux même à mon Dieu ?

14. À cause de cela le Seigneur lui-même vous donnera un signe.

Voilà que la vierge concevra et enfantera un fils,

et son nom sera appelé Emmanuel.

15. Il mangera du beurre et du miel,

en sorte qu’il sache réprouver le mal et choisir le bien.

16. Parce qu’avant que l’enfant sache réprouver le mal et choisir le bien,

la terre que tu détestes sera abandonnée de ses deux rois.

17. Le Seigneur amènera,

avec le roi des Assyriens,

sur toi, sur ton peuple et sur la maison de ton père,

des jours qui ne sont pas venus

depuis la séparation d’Ephraïm d’avec Juda.

18. Il arrivera en ce jour que Dieu sifflera

pour appeler la mouche qui est à l’extrémité des fleuves de l’Égypte,

et l’abeille qui est dans la terre d’Assur ;

19. Et elles viendront et elles se reposeront toutes

dans les torrents des vallées,

et dans les cavernes des pierres,

et sur tous les arbrisseaux et dans tous les trous.

20. En ce jour-là, le Seigneur

rasera avec un rasoir emprunté sur ceux qui sont au-delà du fleuve

et sur le roi des Assyriens

la tête, et le poil des pieds

et toute la barbe.

21. Et il arrivera en ce temps-là

qu’un homme nourrira une vache et deux brebis,

22. Et à cause de l’abondance du lait

il mangera du beurre ;

car il mangera du beurre et du lait,

quiconque aura été laissé au milieu de la terre.

23. Et il arrivera en ce jour-là, qu’en tout lieu

où il y aura eu mille pieds de vigne, à mille pièces d’argent,

ces pieds de vigne seront changés en épines et en ronces.

24. On y entrera avec les flèches et l’arc ;

car les ronces et les épines seront sur toute la terre.

25. Quant à toutes les montagnes qui seront bien sarclées,

la crainte des épines et des ronces ne les atteindra pas,

mais elles serviront de pâturage au bœuf, et le menu bétail les foulera aux pieds.

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CHAP. VII. 1. IV Reg. XVI, 5. — 14. Matth. I, 23 ; Luc. I, 31.

 

1. * IIe groupe : Prophéties du temps d’Achaz ou la prophétie d’Emmanuel, VII-XII. — La seconde période du ministère prophétique d’Isaïe comprend les oracles prononcés sous le règne d’Achaz. Achaz régna 16 ans (742-727). Trois circonstances de son histoire doivent être principalement notées pour l’intelligence des prophéties d’Isaïe à cette époque. — 1° Achaz, au lieu de maintenir le culte de Dieu, comme Ozias et Joathan, favorisa ouvertement l’idolâtrie. — 2° Phaceé d’Israël et Rasin de Damas continuèrent contre lui les hostilités qu’ils avaient commencées contre Joathan, IV Reg. XV, 37. Les détails de la guerre contre Achaz sont donnés dans IV Reg. XVI, 5-9, et II Par. XXVIII, 5-21. Plusieurs pensent que la guerre fut courte, mais cette opinion est peu vraisemblable. Les confédérés ne purent exécuter qu’en plusieurs campagnes tout ce qui est raconté dans les Rois et les Paralipomènes. Dans une première campagne, résumée par Isaïe, VII, 1, ils assiégèrent sans succès Jérusalem, IV Reg. XVI, 5. C’est alors qu’Isaïe fit la prophétie du ch. VII, 1-9. — 3° Comme Phaceé et Rasin continuèrent, probablement chacun de leur côté, à ravager le royaume de Juda, Rasin poussant jusqu’à la mer Rouge. IV Reg. XVI, 6, et emportant un grand butin, II Par. XXVIII, 5 ; Phaceé ravageant aussi Juda, faisant périr cent vingt mille hommes, emmenant deux cent mille captifs, II Par. XXVIII, 5, 6, 8, Achaz manqua de confiance en Dieu ; et ne se sentant pas de force à lutter contre ces deux ennemis que soutenaient encore les Iduméens et les Philistins, IV Reg. XVI, 6 ; II Par. XXVIII, 17-18, il appela à son aide Téglath-Phalasar, roi d’Assyrie. Isaïe fit les prophéties VII, 10-XII, à la suite de cet appel à l’étranger. — C’est au moment où le bruit de la marche des Israélites et des Syriens vient d’arriver dans la capitale, et la remplit de terreur, qu’Isaïe commence les prophéties contenues dans les ch. VII-XII. Elles forment ce qu’on a appelé le livre d’Emmanuel, parce qu’Emmanuel ou le Messie en est le sujet principal. Elles ont cela de commun, qu’elles ont toutes été faites à l’occasion de la guerre de Phaceé et de Rasin contre Juda.

Les prophéties du temps d’Achaz sont au nombre de quatre : 1° VII, 1-9 ; 2° VII, 10-25 ; 3° VIII, 1-4 ; 4° VIII, 5-XII. Le commencement de chacune d’elle est indiqué par une formule qui en marque la division, VII, 1 ; VII, 10 ; VIII, 1, et VIII, 5. La première prépare la prophétie d’Emmanuel ; la seconde annonce sa naissance miraculeuse ; la troisième donne un signe prochain de la délivrance de Juda, et la quatrième montre dans le triomphe du peuple de Dieu le symbole d’un triomphe plus grand encore au temps du Messie. — 1° Prophéties contre Samarie et contre Damas, VII, 1-9. — Au moment où Rasin et Phaceé vont faire le siège de Jérusalem, Isaïe console Achaz et son peuple, en prédisant que les attaques de leurs ennemis seront vaines, et que, dans 65 ans, Ephraïm cessera d’être un peuple. C’était probablement la première année du règne d’Achaz (742). Ses ennemis durent profiter du changement du trône pour combattre Juda.

3. Jasub ; signifie en hébreu un reste reviendra ; nom mystérieux, et que Dieu, autant qu’on peut en juger, avait fait donner à cet enfant, comme preuve que Juda serait délivré de l’oppression de ce règne, et que les restes du peuple se convertiraient sous le règne d’Ézéchias. Compar. X, 21-22. — La piscine supérieure ; elle était au pied des murs de Jérusalem, à l’orient. — * La situation de la piscine supérieure est controversée, mais on la place aujourd’hui le plus communément à l’ouest de la ville, et on l’identifie avec le Birket-Mamilla.

6. * Le fils de Tabéel. On lit dans une inscription du roi d’Assyrie Theglathphalasar le nom d’un personnage qui s’appelle Itibil ou Tibil et qui peut être le Tabéel d’Isaïe ; mais l’inscription est malheureusement si mutilée que nous ne savons pas ce qu’était ce personnage.

8. * Ce vers. 8, dans lequel est annoncée la ruine complète d’Ephraïm, c’est-à-dire du royaume des dix tribus, au bout de 65 ans, offre plusieurs difficultés. — 1° On soutient qu’il est une interpolation ou bien qu’il est une prophétie faite après coup, comme s’il était plus difficile à Dieu de révéler une date en particulier que l’avenir en général ! On affirme, il est vrai, mais à tort, que les prédictions de l’Ancien Testament ne sont jamais aussi précises. Cet exemple n’est pas isolé, nous en rencontrons beaucoup d’autres. — 2° On a prétendu aussi que ce chiffre de 65 est faux. Il n’en est rien. Il serait inexact, s’il s’agissait de la prise de Samarie par Salmanasar et Sargon, laquelle eut lieu, en effet, peu d’années après, mais Isaïe ne parle pas de l’époque où Ephraïm cessa d’être un royaume, il parle du temps où il cessa d’être un peuple, ce qui, d’après des calculs fort probables, eut lieu du temps d’Asarhaddon, la 6e année du règne de ce roi d’Assyrie, la 20e de celui de Manassé de Juda. Le monarque ninivite fit transporter en divers pays les derniers restes d’Israël, comme nous pouvons le conclure de I Esd. IV, 2. Or, de la 1re année d’Achaz, date de la prophétie d’Isaïe, à la 20e année de Manassé, il y a juste 65 ans : 16 années d’Achaz + 29 d’Ézéchias + 20 de Manassé = 65.

9. * Samarie. Voir la note sur III Reg. XVI, 24.

10-25. * 11° Prédiction de la naissance d’Emmanuel, VII, 10-25. — Cette seconde prophétie date probablement de la même année que la précédente (742), et ne lui est postérieure que de peu de temps. Elle est une des plus importantes de l’Ancien Testament, parce qu’elle annonce la naissance miraculeuse du fils de la Vierge, Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu avec nous ». Elle se divise en quatre parties : 1° VII, 10-13. Isaïe fait connaitre les circonstances de la prophétie. Au moment, semble-t-il, où Achaz songe à appeler Theglathphalasar à son secours, le prophète, pour lui prouver que Juda peut se reposer sur Dieu de sa défense, dit au roi qu’il peut demander comme gage de cette protection un signe ou miracle. Le prince le refuse. — 2° Isaïe n’en donne pas moins ce signe ; la naissance du fils de la Vierge, VII, 14-17, Ce signe est accompagné de l’assurance qu’en deux ou trois ans Juda sera délivré de la Syrie et d’Israël, mais il sera puni lui-même d’avoir appelé l’Assyrien. — 3° Un évènement prochain, l’invasion de la Palestine par les armées égyptienne et ninivite, confirmera la vérité de l’oracle divin, VII, 18-20. — 4° Tableau de la désolation produite par cette invasion, VII, 21-25.

10. Parla encore ; littér. ajouta à parler. Voy., sur cet hébraïsme, Psaumes Observat. prélimin., II, 2°.

14. La vierge. C’est ainsi que portent l’hébreu et les Septante. En vain les rationalistes allemands se sont-ils efforcés de prouver que l’article ici n’avait aucun sens déterminatif ; tous les exemples qu’ils allèguent sont faussement appliqués. Leurs efforts ne sont pas moins vains quand ils veulent établir que le terme hébreu traduit par vierge (virgo) ne signifie qu’une fille nubile. L’argument qu’ils tirent de l’arabe, en l’appliquant encore faussement, ne prouve rien. Tout conspire donc ici en faveur du sens de la Vierge, l’étymologie, le contexte et la tradition. Saint Matthieu (I, 22-23) nous fait remarquer l’accomplissement de cette prophétie, en expliquant le nom d’Emmanuel. Compar. Isaïe, VIII, 8. * La mère d’Emmanuel est la Très Sainte Vierge, et Emmanuel est Jésus-Christ, d’après l’attestation formelle de saint Matthieu (Matth. I, 22-23). Voir aussi Luc. I, 31, qui contient une allusion évidente à Is. VII, 14. Le texte grec de saint Luc reproduit à peu près littéralement, sauf les modifications nécessaires, le texte grec de la traduction de ce verset d’Isaïe dans les Septante. Cette explication authentique de la prophétie d’Isaïe est décisive, aussi a-t-elle été soutenue par tous les Pères et les docteurs. — 2° Emmanuel n’est pas un fils d’Achaz, comme on l’a faussement soutenu. Plusieurs critiques ont imaginé que l’enfant annoncé par le prophète était Ézéchias. Mais Ézéchias avait déjà neuf ans, au moins, à l’époque de cette prophétie, par conséquent Isaïe ne pouvait prédire sa naissance, comme l’a observé saint Jérôme. — Le fils de la Vierge est appelé Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu avec nous », nom significatif, comme tous les noms hébreux, et qui nous fait connaitre la nature du Messie : c’est Dieu lui-même, venant vivre au milieu de nous. Ce nom est d’ailleurs plutôt un nom symbolique qu’un nom propre, comme les noms qui lui sont donnés, IX, 5.

15. * Du beurre et du miel. C’est la nourriture des habitants du désert, et c’était aussi, chez les anciens, la nourriture ordinaire des enfants. — Dans la suite du verset en sorte que, ne peut signifier qu’il se nourrira de lait et de miel, afin de savoir choisir entre le mal et le bien, ce qui n’aurait aucun sens, mais jusqu’à ce que il ait atteint l’âge de discrétion, c’est-à-dire qu’il soit sorti de l’enfance. C’est ainsi que l’ont compris la paraphrase chaldaïque, les Septante et généralement les commentateurs.

16. * L’explication de ce verset offre des difficultés et on l’a très diversement interprété. Tout le monde convient que le vers. 15 s’applique à Emmanuel : il se nourrira de la même nourriture que ceux de son âge. Mais comment Emmanuel peut-il désigner le Messie, puisque, d’après le verset 16, avant que celui qui est promis comme signe soit sorti de l’enfance, c’est-à-dire, avant deux ou trois ans, les royaumes de Syrie et d’Israël, ennemis de Juda, auront été dépeuplés par Téglath-Phalasar, roi d’Assyrie ? — L’explication la plus simple consiste à supposer qu’Isaïe veut indiquer simplement une date et que le sens est : Avant que se soit écoulé le temps qu’il faudrait à Emmanuel, s’il naissait de nos jours, pour sortir de l’enfance, Israël et la Syrie seront désolés. — Il est à remarquer que, contrairement aux usages des prophètes, après que la naissance d’Emmanuel, qui doit servir de signe, a été annoncée, Isaïe ne nous dit nulle part qu’Emmanuel soit né réellement de son temps, Pourquoi, si ce n’est parce qu’il ne devait naitre réellement que plus de 700 ans après ? — On peut se demander, il est vrai, pourquoi Dieu choisit une marque si éloignée de sa protection, au milieu des dangers présents, mais, 1° nous voyons, par toutes les prophéties, qu’il console souvent son peuple par les espérances messianiques qu’il fait briller à leurs yeux ; 2° c’est parce que l’accomplissement de ce prodige ne doit avoir lieu que plus tard qu’il donne un signe prochain dans la naissance du fils d’Isaïe, laquelle fait le sujet de la troisième prophétie.

18. * La mouche. Sur les mouches d’Égypte, voir la note sur Ps. CIV, 31. Les Égyptiens sont comparés aux mouches, parce qu’elles infectent la vallée du Nil, et les Assyriens aux abeilles, qui sont nombreuses dans leur pays.

20. * Au-delà du fleuve de l’Euphrate. Le rasoir est le roi des Assyriens, qui rasera, c’est-à-dire ravagera tout le royaume de Juda ; raser toute la barbe à un homme était un cruel outrage.

21. Vache ; littér. vache de bœufs (vaccam boum) ; les Septante lisent : génisse de bœufs, et l’hébreu : génisse de bœuf.

24. * Avec les flèches, à cause des bêtes sauvages.

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Is 8

*is08

CHAPITRE VIII

Fils qui doit naitre à Isaïe. Désolation prochaine des deux royaumes d’Israël et de Syrie. Désolation de Juda. Vains efforts des ennemis de Juda. Le Seigneur devient une pierre de scandale pour les deux maisons d’Israël et de Juda. Désolation du royaume des dix tribus.

1. Et le Seigneur me dit : Prends un grand livre et écris-y en style d’homme : Enlève promptement les dépouilles, prends vite le butin.

2. Et je pris des témoins fidèles, Urie le prêtre et Zacharie fils de Barachie ;

3. Et je m’approchai de la prophétesse, et elle conçut et enfanta un fils. Et le Seigneur me dit : Appelle son nom : Hâte-toi d’enlever les dépouilles : Empresse-toi de prendre le butin.

4. Parce qu’avant que l’enfant sache nommer son père et sa mère, la puissance de Damas sera enlevée, ainsi que les dépouilles de Samarie devant le roi des Assyriens.

5. Et le Seigneur me parla encore, disant :

6. Parce que ce peuple a rejeté

les eaux de Siloé, qui coulent en silence,

et qu’il a pris plutôt Rasin,

et le fils de Romélie ;

7. À cause de cela, voici que le Seigneur fera venir sur eux

les eaux violentes et abondantes du fleuve,

le roi des Assyriens et toute sa gloire ;

et il s’élèvera au-dessus de toutes ses rives,

et il coulera par dessus tous ses bords ;

8. Et il ira à travers Juda, l’inondant

et le traversant jusqu’au cou.

Et il étendra ses ailes,

remplissant l’étendue de ta terre, ô Emmanuel.

9. Rassemblez-vous, peuples, et soyez vaincus ;

et écoutez, vous toutes, terres lointaines,

fortifiez-vous et soyez vaincues,

ceignez-vous pour le combat, soyez vaincues ;

10. Formez des desseins, et ils seront dissipés ;

dites une parole, et elle ne sera pas exécutée,

parce qu’avec nous est Dieu.

11. Car voici ce que m’a dit le Seigneur, quand, me tenant par une main puissante, il m’a instruit,

afin que je n’allasse point dans la voie de ce peuple disant :

12. Ne dites pas : Conjuration ;

car tout ce que dit ce peuple est conjuration ;

ne craignez pas ce qu’il craint et ne vous effrayez point.

13. Sanctifiez le Seigneur des armées ;

qu’il soit lui-même votre frayeur, et lui-même votre terreur.

14. Et il vous sera en sanctification.

Mais il sera en pierre d’achoppement

et en pierre de scandale aux deux maisons d’Israël ;

en lacs et en ruine aux habitants de Jérusalem.

15. Et le plus grand nombre d’entre eux se heurteront,

et tomberont, et seront brisés,

et ils s’embarrasseront dans des filets et ils seront pris.

16. Lie le témoignage,

scelle la loi pour mes disciples,

17. Et j’attendrai le Seigneur qui cache sa face

à la maison de Jacob, et je l’attendrai.

18. Me voici, moi et les enfants que le Seigneur m’a donnés

pour être un signe et un présage dans Israël,

par l’ordre du Seigneur des armées

qui habite sur la montagne de Sion.

19. Et lorsqu’on vous dira :

Consultez les pythoniens et les devins

qui bruissent dans leurs enchantements, répondez :

Est-ce qu’un peuple ne consultera pas son Dieu ?

Consulte-t-on les morts pour les vivants ?

20. Recourez plutôt à la loi, et au témoignage.

Que s’ils ne parlent pas conformément à cette parole,

la lumière du matin ne sera pas pour eux.

21. Et ils passeront au milieu d’elle, et ils tomberont, et ils souffriront la faim ;

et lorsqu’ils souffriront la faim, ils se mettront en colère,

et ils maudiront leur roi et leur Dieu,

et ils regarderont en haut.

22. Et ils porteront leurs regards vers la terre,

et voilà la tribulation et les ténèbres,

l’abattement et l’angoisse,

une nuit sombre qui les poursuivra,

et ils ne pourront échapper à leur angoisse.

~

CHAP. VIII. 6. Jer. II, 13 ; XVIII, 15. — 14. Luc. II, 34 ; Rom. IX, 33 ; I Petr. II, 7.

 

1-4. * IIIe prophétie : Signe prochain de la délivrance de Juda dans la promesse du fils d’Isaïe. — Dieu commande à Isaïe de donner un nom prophétique au fils qui va lui naitre : Mahêr-schâlal-khasch-baz, c’est-à-dire, comme l’a traduit saint Jérôme, Hâte-toi d’enlever les dépouilles, vers. 3. Avant qu’il sache parler, c’est-à-dire dans un an, Damas sera vaincue et le royaume d’Israël pillé par le roi d’Assyrie, vers. 4. En effet, dans l’intervalle de temps marqué par le prophète, le roi de Damas, Rasin, fut battu et tué par Theglathphalasar, IV Reg. XVI, 9, et le royaume de Phaceé ravagé par le même prince, qui emmena captifs une partie des habitants de la Palestine du nord, IV Reg. XV, 29. Tous ces faits, racontés par la Bible, sont confirmés par les fragments des annales assyriennes du roi de Ninive, retrouvés dans ces dernières années.

1. En style d’homme ; c’est-à-dire dans une écriture que tout homme puisse facilement lire. La paraphrase chaldaïque dit écriture claire. Le prophète Habacuc a exprimé (II, 2) la même pensée qu’Isaïe, quoiqu’en des termes différents.

2. * Urie est très probablement le grand prêtre dont il est question IV Reg. XVI, 10-11. Zacharie est sans doute un lévite, mais il n’est pas autrement connu.

3. La prophétesse ; c’est la femme d’Isaïe.

5-12. * IVe prophétie : Le triomphe du peuple de Dieu sur ses ennemis du temps d’Achaz est le symbole de son triomphe au temps du Messie, VIII, 5-XII. — Le triomphe du peuple de Dieu annoncé par la troisième prophétie et accompli depuis, n’est que le symbole d’un triomphe plus grand encore au temps du Messie. Dieu parle de nouveau à Isaïe, VIII, 5. — 1° Israël et Juda seront punis pour avoir placé leur confiance dans des secours étrangers, mais Emmanuel viendra les consoler un jour au milieu des ténèbres dans lesquelles ils seront plongés ; un petit enfant naitra, ce sera l’enfant-Dieu et il consolidera le trône de David, à jamais, VIII, 5-IX, 7. — 2° Il ne paraitra cependant sur la terre que lorsque les enfants de Jacob et en particulier Ephraïm auront été châtiés, IX, 8-X, 4. — 3° Alors Dieu brisera Assur, la verge dont il s’est servi et la figure de tous les ennemis de son peuple ; le reste d’Israël se convertira ; la tige de Jessé changera la face du monde, et Sion chantera un cantique d’action de grâces en l’honneur de son Dieu, X, 5-XII. Le chapitre VII montre les Messie naissant, le chapitre IX nous le fait voir déjà né, et le chapitre XI, régnant glorieusement.

5. Parla encore. Compar. VII, 10.

6. Les eaux, etc. ; c’est-à-dire la maison de David représentée par les eaux de Siloé, qui étaient au pied de la montagne de Sion, et dont le nom signifie envoyé (Joan. IX, 7). Les prophètes représentent assez ordinairement par les noms des fleuves les lieux adjacents. Ainsi ils parlent de l’Égypte sous le nom du Nil, et de Babylone sous celui de l’Euphrate, etc. Dans ce verset, Isaïe veut dire que le peuple de Juda, ayant jugé trop faibles pour le défendre les princes de la maison de David, a eu recours à des rois étrangers. — * Les eaux de Siloé qui coulent en silence. La fontaine de Siloé est intermittente et peu abondante. Voir la note sur Joan. IX, 7.

7. * Les eaux violentes. La figure est tirée de l’inondation annuelle de l’Euphrate.

8. Ô Emmanuel ; le prophète s’adresse ici au Messie qui devait naitre dans la Judée et posséder le trône de David (Luc. I, 32).

9. Soyez vaincus ; hébraïsme, pour : et vous serez vaincus.

11. Quand. Ce mot, qui n’est représenté par aucun terme dans le texte hébreu, nous a semblé la traduction la plus fidèle du sicut de la Vulgate, d’autant plus que les auteurs latins eux-mêmes lui ont donné ce sens. — Disant (dicens), et dans l’hébreu en disant (dicéndo), n’est pas un pur pléonasme, ou, comme on dit, un pléonasme vicieux, parce que les mots voici ce que m’a dit le Seigneur ayant pour complément ou régime les versets suivants, dont ils sont trop éloignés, on les en a rapprochés par la répétition du verbe dire Cet idiotisme de la langue hébraïque a pour but d’écarter le plus possible toute obscurité dans le langage.

14. Il sera, etc. Jésus lui-même est devenu une pierre d’achoppement et de scandale (Rom. IX, 33 ; I Petr. II, 8). — * S. Paul et S. Pierre ont appliqué ces paroles à Notre-Seigneur, parce que les Juifs n’ayant pas cru en lui, il devint pour eux une cause de réprobation.

16. Lie, etc. Quand les Hébreux écrivaient sur des tablettes quelque chose qu’ils voulaient tenir secret, ils les enveloppaient de lin, et y appliquaient le sceau par-dessus. — Le témoignage et la loi ; c’est-à-dire les prédictions que le Seigneur a fait prononcer par le prophète.

18. Me voici, etc. Compar. Hebr. II, 13.

19. Pythoniens ; ou magiciens ; ils sont désignés aussi sous le nom de ayant un esprit de python. — * Moïse avait condamné la nécromancie comme une « abomination, » mais cette superstition, fondée sur la réalité d’une autre vie, était si enracinée dans le peuple, que nous voyons Isaïe l’attaquer, et peut-être avec peu de succès. La persistance de ces consultations superstitieuses, parmi les Israélites, à toutes les époques de leur histoire, est une preuve incontestable de leur foi à une autre vie.

21. D’elle (eam) ; de la terre de Juda.

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Is 9

*is09

CHAPITRE IX

Premiers coups portés sur la maison d’Israël. Délivrance de la maison de Juda. Règne du Messie. Maux qui doivent tomber sur Israël.

1. Dans le premier temps a été allégée

la terre de Zabulon, ainsi que la terre de Nephthali ;

et dans le dernier, a été aggravée la voie de la mer,

au delà du Jourdain, la voie de la Galilée des nations.

2. Le peuple qui marchait dans les ténèbres

a vu une grande lumière ;

pour ceux qui habitaient dans la région de l’ombre de la mort,

une lumière s’est levée.

3. Vous avez augmenté la nation

et vous n’avez pas agrandi sa joie.

Ils se réjouiront devant vous, comme ceux qui se réjouissent dans la moisson ;

et comme exultent les vainqueurs après le butin pris, quand ils partagent les dépouilles.

4. Car le joug de son fardeau,

la verge de son épaule,

et le sceptre de son exacteur, vous en avez triomphé,

comme à la journée de Madian.

5. Parce que tout pillage fait dans le tumulte,

et tout vêtement souillé de sang

sera en combustion

et la pâture du feu.

6. Car UN ENFANT nous EST NÉ,

et un fils nous a été donné ;

et sa principauté est sur son épaule,

et son nom sera appelé

Admirable, Conseiller, Dieu, Fort,

Père du siècle à venir, Prince de la paix.

7. Son empire s’accroitra

et la paix n’aura pas de fin ;

sur le trône de David et sur son royaume

il s’assiéra pour l’affermir et le fortifier

dans le jugement et la justice,

dès maintenant à tout jamais.

Le zèle du Seigneur des armées fera cela.

8. Le Seigneur a envoyé une parole dans Jacob,

et elle est tombée dans Israël.

9. Et tout le peuple d’Ephraïm le saura

de même que ceux qui habitent Samarie,

qui disent dans l’orgueil et l’enflure du cœur :

10. Les briques sont tombées ; mais nous bâtirons avec des pierres de taille ;

on a coupé nos sycomores, nous y substituerons des cèdres.

11. Et le Seigneur élèvera les ennemis de Rasin sur lui,

et il fera venir tous ses ennemis en foule :

12. La Syrie de l’Orient, les Philistins de l’Occident ;

et ils dévoreront Israël de toute leur bouche.

Avec toutes ces choses sa fureur n’a pas été détournée,

mais sa main est encore étendue ;

13. Et le peuple n’est pas revenu vers celui qui le frappait,

et ils n’ont pas recherché le Seigneur des armées.

14. Et le Seigneur retranchera d’Israël, dans un même jour,

la tête et la queue, celui qui plie et celui qui réfrène.

15. Le vieillard et l’homme en dignité, c’est la tête ;

et le prophète qui enseigne le mensonge, c’est la queue.

16. Et ceux qui appellent ce peuple heureux seront des séducteurs ;

et ceux qui sont appelés heureux seront précipités.

17. À cause de cela le Seigneur ne mettra pas sa joie dans ses jeunes hommes ;

et de ses orphelins, et de ses veuves, il n’aura pas pitié ;

parce que tous sont hypocrites et méchants,

et que toute bouche a parlé folie.

Avec toutes ces choses sa fureur n’a pas été détournée,

mais sa main est encore étendue.

18. Car comme un feu, l’impiété s’est allumée,

et elle dévorera la ronce et l’épine ;

et elle s’embrasera comme dans l’épaisseur d’une forêt ;

et une fumée formera des tourbillons en s’élevant.

19. Par la colère du Seigneur des armées,

la terre a été bouleversée, et le peuple sera comme la pâture du feu ;

l’homme n’épargnera pas son frère.

20. Et il se tournera à droite et il aura faim ;

et il mangera en allant à gauche, et il ne sera pas rassasié ;

chacun dévorera la chair de son bras :

Manassé dévorera Ephraïm, et Ephraïm Manassé ;

et eux ensemble seront contre Juda.

21. Avec toutes ces choses sa fureur n’a pas été détournée,

mais sa main est encore étendue.

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CHAP. IX. 1. Matth. IV, 15-16 ; Luc. I, 79. — 4. Judic. VII, 12. — 11. IV Reg. XVI, 9.

 

1. Dans le premier, etc. Theglathphalasar ou Thelgathphalnasar, roi d’Assyrie, qui commença de subjuguer les Israélites, fit beaucoup moins souffrir Zabulon et Nephtali que les autres tribus. — * La terre de Zabulon ; … de Nephthali ; ce qu’on appelait du temps de Notre-Seigneur la haute et basse Galilée. — A été aggravée ; la main de Dieu s’est appesantie sur la voie de la mer, le pays à l’ouest de la mer ou du lac de Tibériade. La grande route d’Acre à Damas était encore appelée du temps des croisades la voie de la mer. — Au-delà du Jourdain ; à l’est. — Ce que la Vulgate appelle Galilée des nations, nommé dans le texte original cercle des nations, désigne les parties de la Galilée les plus rapprochées de la Phénicie.

2. Le peuple, etc. Saint Matthieu nous montre l’accomplissement de cette prophétie en la personne de Jésus-Christ, qui porta dans ces régions la lumière de l’Évangile et y commença ses prédications (Matth. IV, 13 et suiv.).

4. Le joug de son fardeau ; c’est-à-dire le joug qui accablait la nation (gentem), nommée au verset précédent. — La verge de son épaule ; la verge qui frappait son épaule. — À la journée de Madian. Compar. Judic. VII.

6. Sur son épaule. Voy. Job. XXXI, 36. Les Pères expliquent ce texte de la croix que le Sauveur a portée sur ses épaules, comme la marque de sa royauté. Au reste, tout ce qui se dit dans ce verset et le suivant se rapporte nécessairement à Jésus-Christ. — * Cette prophétie nous fait connaitre la nature du Messie : ce sera un Dieu, non un homme. Saint Jérôme compte ici six noms particuliers et caractéristiques, donnés au Messie. Tous ces titres nous apprennent quels biens Jésus-Christ apportera aux hommes, en même temps qu’ils nous révèlent sa nature. — La locution : sa principauté est sur son épaule, s’explique par l’idée d’après laquelle le gouvernement est considéré comme un fardeau, une charge. Vizir, titre oriental de celui qui est revêtu d’une haute charge, signifie celui qui porte un fardeau.

10. Nos sycomores. On se servait ordinairement de bois de sycomore pour couvrir les maisons. — * Voir Luc. XIX, 4. — Les briques séchées au soleil étaient probablement les matériaux qui servaient à la construction des maisons ordinaires.

11. Sur lui ; sur le peuple d’Israël.

14. * Celui qui plie et celui qui réfrène ; dans l’original : la branche de palmier et le roseau.

17. Ses jeunes hommes ; du peuple d’Israël. — Folie ; ce mot ici, comme dans plusieurs autres endroits de l’Écriture, signifie impiété, irréligion.

18. Une fumée, etc. ; littér. l’élévation (supérbia) d’une fumée sera roulée autour (convolvétur).

19. L’homme, etc. Le prophète Michée qui vivait du temps d’Isaïe se sert d’une expression semblable pour peindre la dernière désolation de Juda (Mich. VII, 2, 6). On sait d’ailleurs que la ruine du royaume de Samarie fut précédée de guerres et de divisions intestines (IV Reg. XV).

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Is 10

*is10

CHAPITRE X

Suite des menaces contre Israël. Assur sera exterminé. Les restes d’Israël se convertiront au Seigneur. Marche d’Assur ; sa défaite.

1. Malheur à ceux qui établissent des lois iniques,

et qui écrivant, ont écrit l’injustice ;

2. Afin d’opprimer le pauvre dans le jugement,

et de faire violence à la cause des faibles de mon peuple ;

afin que les veuves soient leur proie,

et qu’ils pillent les orphelins !

3. Que ferez-vous au jour de la visite

et de la calamité, venant de loin ?

De qui solliciterez-vous le secours,

et où abandonnerez-vous votre gloire,

4. Pour n’être point courbés sous la chaine,

et ne point tomber avec les tués ?

Après toutes ces choses sa fureur n’a pas été détournée,

mais sa main est encore étendue.

5. Malheur à Assur ! la verge et le bâton de ma fureur, c’est lui ;

dans sa main est mon indignation.

6. Je l’enverrai vers une nation trompeuse,

je lui donnerai des ordres contre le peuple de ma fureur,

afin qu’il emporte des dépouilles, et qu’il enlève du butin,

et qu’il le foule aux pieds comme la boue des places publiques.

7. Mais lui-même ne pensera pas ainsi,

et son cœur n’aura pas un pareil sentiment ;

mais son cœur sera porté à la destruction

et à la ruine totale d’un grand nombre de nations.

8. Car il dira :

9. Est-ce que mes princes ne sont pas autant de rois ?

Est-ce que Calano n’est pas comme Charcamis ;

et Émath comme Arphad ?

est-ce que Samarie n’est pas comme Damas ?

10. De même que ma main a atteint les royaumes des idoles,

de même aussi j’atteindrai les simulacres de Jérusalem et de Samarie.

11. Est-ce que comme j’ai fait à Samarie et à ses idoles,

je ne ferai pas à Jérusalem et à ses simulacres ?

12. Et il arrivera que, lorsque le Seigneur aura accompli

toutes ses œuvres

sur la montagne de Sion et dans Jérusalem,

je visiterai le fruit du cœur arrogant du roi d’Assur,

et la fierté de ses yeux altiers.

13. Car il a dit : Par la force de ma main j’ai fait,

par ma sagesse j’ai compris ;

et j’ai arraché les limites des peuples,

et j’ai spolié les princes,

et comme puissant j’ai fait descendre ceux qui étaient assis sur un trône élevé.

14. Et ma main a atteint comme un nid

la puissance des nations ;

et de même qu’on recueille des œufs qui ont été abandonnés,

de même moi j’ai réuni toute la terre ;

et il ne s’est trouvé personne qui remuât l’aile

et ouvrît la bouche, et fît entendre le moindre cri.

15. Est-ce que la hache se glorifiera contre celui qui s’en sert pour fendre ?

ou la scie s’élèvera-t-elle contre celui par qui elle est mise en mouvement ?

C’est comme si la verge s’élevait contre celui qui la lève ;

et comme si le bâton se glorifiait, lui qui est absolument du bois.

16. À cause de cela le dominateur, Seigneur des armées,

enverra la maigreur au milieu de ses gras :

et au-dessous de sa gloire s’allumera et s’enflammera

comme un brasier ardent.

17. Et la lumière d’Israël sera le feu,

et son Saint la flamme ;

et les épines et les ronces d’Assur s’embraseront

et seront dévorées dans un seul jour.

18. Et la gloire de sa forêt et de son Carmel,

depuis l’âme jusqu’à la chair, sera consumée ;

et Assur de frayeur s’enfuira.

19. Et les restes des arbres de sa forêt, à cause de leur petit nombre, se compteront aisément,

et un enfant pourra les enregistrer.

20. Et il arrivera en ce jour-là

que le reste d’Israël

et ceux qui auront échappé de la maison de Jacob,

ne s’appuieront plus sur celui qui les frappe,

mais ils s’appuieront avec sincérité

sur le Seigneur, le saint d’Israël.

21. Les restes se convertiront (les restes de Jacob, dis-je)

au Dieu fort.

22. Car lors-même que ton peuple, ô Israël, serait comme le sable de la mer,

les restes seulement se convertiront ;

ces restes, un nombre réduit,

abonderont en justice.

23. Car le Seigneur Dieu des armées fera un compte

et une réduction au milieu de toute la terre.

24. À cause de cela, voici ce que dit le Seigneur Dieu des armées :

Mon peuple, habitant de Sion,

ne crains pas Assur ;

avec la verge il te frappera,

et il lèvera son bâton sur toi,

dans la voie de l’Égypte,

25. Car encore un peu, et un moment,

et mon indignation et ma fureur

seront à leur comble à cause de leur crime.

26. Et le Seigneur des armées lèvera sur lui le fouet,

comme il frappa Madian à la pierre d’Oreb,

et sa verge sur la mer,

et il la lèvera dans la voie de l’Égypte.

27. Et il arrivera en ce jour-là,

que le fardeau d’Assur sera ôté de ton épaule,

et son joug de ton cou ;

et le joug pourrira à cause de l’huile.

28. Il viendra à Aiath, il passera par Magron ;

à Machmas il déposera ses bagages.

29. Ils ont passé en courant

Gaba, notre campement ;

Rama a été frappé de stupeur,

Gabaath de Saül a pris la fuite.

30. Fais retentir ta voix, fille de Gallim ;

sois attentive, Laisa et toi aussi, pauvre Anathoth.

31. Medemena a émigré ;

habitants de Gabim, rassurez-vous.

32. Il est encore jour pour s’arrêter à Nobé ;

il agitera sa main contre la montagne de la fille de Sion,

et la colline de Jérusalem.

33. Voici que le dominateur, Seigneur des armées,

brisera la petite bouteille par la terreur ;

et les plus élevés par la taille seront coupés par le bas,

et les grands seront humiliés.

34. Et les parties épaisses de la forêt seront abattues,

et le Liban avec ses hauts cèdres tombera.

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CHAP. X. 12. IV Reg. XIX, 35 ; Infra. XXXVII, 36. — 22. Aréna : Infra. XLVIII, 19. Relíquiæ : Infra. XI, 11 ; Rom. IX, 27. — 26. Infra. XXXVII, 36 ; Judic. VII, 25.

 

3. De loin ; de l’Assyrie, qui est désignée plus bas sous le nom d’Assur, nom qui est aussi donné au roi d’Assyrie et aux Assyriens eux-mêmes.

5. Sa main ; littér. leur main ; parce qu’Assur, étant un nom collectif, équivaut à un pluriel. — Est mon indignation ; c’est-à-dire qu’Assur est l’instrument de ma colère.

6. Une nation trompeuse ; les Israélites, qui se disaient le peuple de Dieu, et qui violaient ses lois, et rendaient une partie de leur culte aux idoles.

9. Mes princes ; les princes que j’ai vaincus. — Est-ce que Calano, etc. N’ai-je pas pris les villes les plus importantes, Calano aussi bien que Charcamis, etc. ? — * Calano, ville de Babylonie, la même que Chalamis, sur le Tigre, une des nécropoles de la Chaldée, aujourd’hui Zerghul, prise par les Assyriens en 738. — Charcamis, aujourd’hui Djérablous, sur la rive droite de l’Euphrate, ville capitale des Héthéens, prise par les Assyriens en 717. — Émath, aujourd’hui Hamah, dans la Cœlésyrie. — Arphad, aujourd’hui Tell-Er âd, au nord d’Alep, à une vingtaine de kilomètres environ de cette ville. Arphad est toujours nommée avec Émath et fut sans doute prise avec celle-ci en 720.

10. * Les royaumes des idoles. Les rois d’Assyrie emportaient comme trophées les idoles des peuples vaincus. Sargon emporta ainsi les idoles de la ville d’Azot ; Assarhaddon prit les dieux des Arabes, fit écrire sur leurs statues l’éloge de son dieu Assur et les renvoya ensuite à ses adversaires.

12. Le fruit du cœur ; c’est-à-dire les œuvres.

16. Il enverra, etc., c’est-à-dire il exténuera les soldats les plus forts et les plus robustes de l’armée assyrienne.

17. Le feu, la flamme ; littér. et par hébraïsme, dans le feu (in igne), dans la flamme (in flamma), ou plutôt comme la flamme. Nous disons nous-mêmes, en français agir en homme ou comme un homme.

18. * Carmel désigne ici un lieu planté d’arbres fruitiers choisis, vignes et oliviers.

22. Lors même, etc. Ce qui est dit dans ce verset arriva sous Ézéchias. Saint Paul applique ce passage aux Juifs du temps de Jésus-Christ, en suivant le texte des Septante (Rom. IX, 27-28).

23. # « Hebr. la destruction est résolue ; elle fera déborder il justice. (vers. 22). Image sublime. Il s’agit tout ensemble de la Justice vengeresse et rédemptrice. — Consummatiónem enim… (vers. 23). Hébr. : Car cette destruction qui a été résolue, le Seigneur l’accomplira au milieu du pays (dans le pays tout entier). » (Fillion.)

24. Dans la voie de l’Égypte ; comme firent autrefois les Égyptiens, quand vous sortîtes de l’Égypte. — * Ou plutôt, sans doute, comme nous l’apprennent les documents assyriens, Assur te frappera en se rendant en Égypte pour faire la guerre à ce pays.

26. À la pierre d’Oreb. Voy. Judic. VII 25. — * Dans la voie de l’Égypte. Sennachérib allait faire la guerre contre l’Égypte, en même temps qu’il faisait assiéger Jérusalem, comme nous l’apprennent ses inscriptions, et c’est alors que son armée fut frappée par l’ange exterminateur.

27. Le fardeau d’Assur, etc. Dans un sens plus élevé cela s’entend de Jésus-Christ, qui a remporté la victoire sur le démon, et qui nous a délivrés du joug dont nous étions accablés. — À cause de l’huile ; c’est-à-dire selon l’interprétation la plus naturelle, à cause du manque d’huile.

28-32. * Ces versets décrivent la marche d’un des corps d’armée de Sennachérib, lorsqu’il envahit le royaume de Juda. Comparez IV Reg. XVIII, 14.

28. * Aiath, Haï, la première ville de Juda que rencontrent les Assyriens, était située, d’après Scheeg, à six heures au nord de Jérusalem, sur une colline isolée d’où l’on jouit d’une vue très étendue, à l’endroit appelé actuellement Tell-Jiba, où il y a beaucoup de ruines. — Magron, aujourd’hui El-Migroun, à quelques minutes de Beitin, l’antique Béthel. — Machmas, au nord-est de Jérusalem, aujourd’hui Moukmas.

29. Gabaath de Saül ; Gabaath, patrie de Saül (I Reg. XI, 4) ; c’est la même que Gaba, qui a dû ajouter en hébreu une finale ou terminaison, parce qu’elle est suivie d’un complément Or, la Vulgate a transcrit à la lettre ce mot ainsi composé. — * Gaba, voir note sur I Reg. XI, 4. — Rama, l’Er-Râm actuel, au nord de Jérusalem. — Gabaath de Saül, voir note sur I Reg. XI, 4.

30. * Anathoth, ville sacerdotale, dans la tribu de Benjamin, près de Jérusalem, au nord-est de cette ville. — Gallim, et Laisa, n’ont pas été retrouvés.

31. * Medemena, Gabim, sites inconnus.

32. Il est encore jour (adhuc dies est). L’article déterminatif qui se trouve en hébreu devant le mot jour ne permet aucune autre traduction. — * Nobé, Nob, voir la note sur I Reg. XXI, 1.

33. * Prédiction du désastre de l’armée de Sennachérib. La métaphore est bien suivie dans l’hébreu. Au lieu de la petite bouteille, il porte les rameaux des arbres.

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11 à 20

Is 11

*is11

CHAPITRE XI

Rejeton de la tige de Jessé. Les nations viennent à lui. Restes d’Israël et de Juda rassemblés et réunis.

1. Et il sortira une tige de la racine de Jessé,

et une fleur s’élèvera de sa racine,

2. Et l’esprit du Seigneur reposera sur lui ;

l’esprit de sagesse et d’intelligence,

l’esprit de conseil et de force,

l’esprit de science et de piété.

3. L’esprit de crainte du Seigneur le remplira.

Il ne jugera pas d’après ce qu’auront vu les yeux,

et il ne condamnera pas d’après ce qu’auront ouï les oreilles.

4. Mais il jugera les pauvres dans la justice,

et il se prononcera avec équité pour les hommes paisibles de la terre ;

et il frappera la terre de la verge de sa bouche,

et du souffle de ses lèvres il tuera l’impie.

5. Et la justice sera la ceinture de ses reins,

et la fidélité le ceinturon de ses flancs.

6. Le loup habitera avec l’agneau,

et le léopard se couchera près du chevreau ;

le jeune taureau, et le lion, et la brebis demeureront ensemble,

et un petit enfant les conduira.

7. Le veau et l’ours iront aux mêmes pâturages ;

leurs petits se reposeront ensemble ;

le lion comme le bœuf mangera la paille.

8. Et l’enfant à la mamelle se jouera sur le trou de l’aspic ;

et celui qui viendra d’être sevré portera sa main

dans la caverne du basilic.

9. Ils ne nuiront pas, et ils ne tueront pas

sur toute ma montagne sainte ;

parce que la terre est remplie de la connaissance du Seigneur, comme les eaux qui couvrent la mer.

10. En ce jour-là viendra la racine de Jessé

qui est comme l’étendard des peuples ;

c’est à lui que les nations adresseront leurs prières,

et son sépulcre sera glorieux.

11. Et il arrivera en ce jour-là que le Seigneur étendra une seconde fois sa main

pour posséder le reste de son peuple,

qui aura échappé aux Assyriens, et à l’Égypte,

et à Phetros, et à l’Éthiopie, et à Ælam et à Sennaar,

et à Émath, et aux iles de la mer.

12. Et il élèvera son étendard

parmi les nations, il réunira les fugitifs d’Israël,

et les dispersés de Juda,

il les rassemblera des quatre coins de la terre.

13. Et la jalousie d’Ephraïm sera détruite,

et les ennemis de Juda périront ;

Ephraïm n’enviera pas Juda,

et Juda ne combattra pas contre Ephraïm.

14. Et ils voleront sur les épaules des Philistins par la mer ;

ils pilleront ensemble les fils de l’Orient.

L’Idumée et Moab seront la première capture de leur main,

et les fils d Ammon leur obéiront.

15. Et le Seigneur mettra à sec la langue de la mer d’Égypte,

et il lèvera sa main sur le fleuve, il l’agitera par la force de son souffle,

et il le frappera dans ses sept ruisseaux,

en sorte qu’on le passera tout chaussé.

16. Et il y aura une voie pour le reste de mon peuple

qui aura échappé aux Assyriens,

comme il y en eut une pour Israël,

au jour auquel il monta de la terre d’Égypte.

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CHAP. XI. 1. Act. XIII, 23. — 4. II Thess. II, 8. — 6. Infra. LXV, 25. — 10. Rom. XV, 12.

 

1-16. * Tout le chapitre XI est consacré à dépeindre le Messie et les biens qu’il apportera à la terre : 1° Il sortira de la race de Jessé, ancêtre de David. — 2° Ce rejeton de la tige de Jessé sera rempli des dons du Saint-Esprit, 2-3. — 3° Le Messie apportera avec lui dans le monde le règne de la justice, 4-5. Voir II Thess. II, 8. Isaïe dépeint son règne sous les images les plus riantes, vers. 6-9 ; il annonce enfin la conversion des Gentils, 11-16.

1. Et il sortira, etc. Sous ces expressions, le prophète annonce la naissance du Messie, même selon la paraphrase chaldaïque et la plupart des rabbins. — Il faut avouer que ce qui suit s’y rapporte également. — * L’opposition entre les cèdres du Liban du verset précédent, X, 34, avec ce rejeton de la racine (en hébreu, du tronc coupé) de Jessé est frappante. Le cèdre ne pousse point de rejetons, ce qui explique la disparition presque complète de cet arbre du mont Liban, mais l’arbre qui figure Jessé a des rejetons qui perpétueront à jamais sa postérité.

2-3. * Isaïe énumère sept dons du Saint-Esprit pour indiquer la plénitude de sa grâce. Le texte hébreu ne mentionne que six dons, parce que ce que la Vulgate traduit par piété et crainte du Seigneur, est exprimé deux fois par le même mot dans le texte original. Ces dons sont énumérés deux par deux : la sagesse, c’est la sagesse théorique ; l’intelligence, c’est le discernement, la prudence ; le conseil, c’est la sagesse pratique qui, en toute circonstance, et surtout dans les cas difficiles, voit avec sûreté ce qui doit être fait ; la force, c’est la force de la volonté qui exécute ce que conseille la sagesse ; la science, c’est la connaissance de la loi de Dieu ; la piété, c’est la religion. Quoique, en hébreu, le septième don soit exprimé par les mêmes mots que le sixième, nous pouvons l’entendre, comme l’a fait la Vulgate, dans le sens même des termes : la crainte de Dieu proprement dite, en attribuant le sens de piété au sixième don, comme nous l’avons fait.

4. Il tuera, etc. Saint Paul se sert des mêmes expressions pour marquer la défaite de l’antéchrist par le Seigneur Jésus (II Thess. II, 8).

6-9. Les peintures symboliques qu’on lit dans ces versets représentent les effets de la grâce de Jésus-Christ qui a changé des peuples aussi farouches que des loups, des lions et des léopards, en leur donnant la douceur de l’agneau. En effet, des peuples auparavant intraitables se sont soumis aux pasteurs de l’Église avec une docilité étonnante ; à ce point que les apôtres et les évêques leurs successeurs commandaient avec autorité aux grands, aux empereurs mêmes, et à des nations entières, n’étant armés que du seul nom de Jésus.

8. * Aspic, basilic, serpents très venimeux.

10. La racine de Jessé, Voy. le verset 1 et la note. — L’étendard des peuples ; c’est la croix du Sauveur, qui fut comme un signal autour duquel tous les peuples du monde se sont rassemblés. — Son sépulcre, etc. Le sépulcre de Jésus-Christ a été glorieux, tant parce que ce divin Sauveur en est sorti après avoir vaincu la mort, et qu’il s’y est opéré depuis bien des miracles, que parce que le tombeau lui-même est depuis tant de siècles l’objet de la vénération des chrétiens.

11. Une seconde fois. Le Seigneur avait autrefois étendu sa main pour délivrer son peuple de la puissance des Égyptiens, et il devait l’étendre encore dans la suite pour le ramener de la captivité de Babylone. — * L’Égypte désigne ici la basse Égypte ; Phetros, la Haute-Égypte ; l’Éthiopie commandait alors par ses rois à toute l’Égypte. — Ælam, la Susiane. — Sennaar, la Babylonie. — Émath, voir plus haut, X, 9.

3. * Ephraïm, le royaume d’Israël.

14. La première capture ; vrai sens du latin præcéptum ; car, comme le remarquent judicieusement Martini et Scio, ce mot représente ici le participe du verbe præcipio, dont la signification primitive est prendre, obtenir le premier (primus capio, occupo). — * Les épaules ou plutôt l’épaule (kateph) des Philistins est le nom propre de la côte du pays des Philistins le long de la Méditerranée (Jos. XIII, 2) qu’on comparait à une épaule (voir Num. XXXIV, 11) — Les fils de l’Orient sont les Arabes, surtout nomades, à l’est et au nord-est de la Palestine.

15. Mettra à sec ; littér. désolera (desolabit). — Le fleuve ; c’est-à-dire l’Euphrate, selon les uns, et le Nil, selon les autres. — Le ; est au masculin, dans la Vulgate, bien qu’il se rapporte à flumen, nom neutre. Cette anomalie vient de ce que la version conserve souvent le genre qui est dans le texte hébreu. — Sept ruisseaux ; les sept branches du Nil ; ou bien quelques ruisseaux de l’Euphrate. Voy. sur le mot sept, IV, 1. Au reste, ces expressions peuvent être considérées comme figurées, et comme annonçant que le Seigneur lèvera tous les obstacles qui pourraient s’opposer au retour de son peuple. Compar. cette prophétie avec celle de Zacharie (X, 10 et suiv.). — * La langue, le golfe d’Akaba, de la mer d’Égypte, de la mer Rouge.

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Is 12

*is12

CHAPITRE XII

Cantique d’actions de grâces sur la délivrance des deux maisons d’Israël et de Juda.

1. Et tu diras en ce jour-là :

Je vous glorifierai, Seigneur, car vous avez été irrité contre moi ;

mais votre fureur s’est tournée, et vous m’avez consolé.

2. Voilà que Dieu est mon sauveur,

j’agirai avec confiance, et je ne craindrai pas,

car ma force et ma louange, c’est le Seigneur,

et il est devenu mon salut.

3. Vous puiserez avec joie des eaux des fontaines du Sauveur ;

4. Et vous direz en ce jour-là :

Glorifiez le Seigneur, et invoquez son nom ;

faites connaitre parmi les nations ses œuvres ;

souvenez-vous que sublime est son nom.

5. Chantez le Seigneur, il a agi avec magnificence ;

annoncez cela dans toute la terre.

6. Exulte et loue, habitation de Sion,

car il est grand est au milieu de toi le saint d’Israël.

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CHAP. XII. 2. Ex. XV, 2 ; Ps. CXVII, 14.

 

1. En ce jour-là ; c’est-à-dire lorsque vous reviendrez de l’Égypte et de l’Assyrie. Voy. XI, 15-16. — Parce que ; après vous être irrité contre moi à cause de mes infidélités, votre colère s’est détournée par votre miséricorde.

2. Voilà que Dieu, etc. ; allusion à Ex. XV, 2. L’Église, dans l’usage qu’elle fait de ce cantique, reconnait ici Jésus même dont le nom signifie Sauveur.

4. Ses œuvres ; c’est le vrai sens de l’expression latine adinventiones, expliquée par l’hébreu, comme nous l’avons déjà remarqué.

6. Habitation ou maison de Sion ; c’est l’assemblée des fidèles, l’Église de Jésus-Christ.

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Is 13

*is13

CHAPITRE XIII

Ruine de Babylone par les Mèdes et les Perses.

1. Malheur accablant de Babylone qu’a vu Isaïe, fils d’Amos.

2. Sur une montagne couverte de nuages, levez un étendard,

haussez la voix,

levez la main,

et que dans ses portes entrent les chefs.

3. Moi, j’ai donné mes ordres à mes sanctifiés,

et j’ai dans ma colère appelé mes forts

qui exultent dans ma gloire.

4. La voix d’une multitude sur les montagnes

est comme celle de peuples nombreux ;

voix retentissante de rois,

de nations réunies ;

le Seigneur des armées a commandé

à la milice de guerre,

5. À ceux qui venaient d’une terre lointaine,

de l’extrémité du ciel ;

le Seigneur et les instruments de sa fureur

s’avancent pour perdre entièrement toute la terre.

6. Poussez des hurlements, parce qu’est proche le jour du Seigneur ;

il viendra du Seigneur comme une dévastation.

7. À cause de cela toutes les mains seront affaiblies,

et tout cœur d’homme se desséchera,

8. Et sera brisé.

Des tourments et des douleurs les tiendront ;

ils souffriront comme une femme en travail ;

chacun regardera son voisin avec stupeur ;

leurs visages seront comme des faces brulées par le feu.

9. Voici que le jour du Seigneur viendra

cruel et plein d’indignation, et de colère et de fureur,

pour réduire la terre en solitude,

et en exterminer ses pécheurs.

10. Parce que les étoiles du ciel et leur splendeur

ne répandront pas leur lumière ;

le soleil s’est couvert de ténèbres à son lever ;

et la lune ne luira pas dans sa lumière ;

11. Et je visiterai les crimes de l’univers,

ainsi que l’iniquité des impies,

et je ferai cesser l’orgueil des infidèles,

et l’arrogance des forts, je l’humilierai.

12. L’homme de haute condition sera plus précieux que l’or,

et l’homme de basse condition plus précieux que l’or le plus pur.

13. De plus, j’ébranlerai le ciel,

et la terre sortira de son lieu,

à cause de l’indignation du Seigneur des armées,

et à cause du jour de la colère de sa fureur.

14. Et elle sera comme une daine fuyant,

et comme une brebis, et il n’y aura personne qui la réunisse ;

chacun retournera vers son peuple,

et les uns après les autres dans leur pays s’enfuiront.

15. Quiconque sera trouvé sera tué,

et quiconque se présentera, tombera sous le glaive.

16. Leurs enfants seront écrasés sous leurs yeux,

leurs maisons seront pillées, et leurs femmes seront violées.

17. Et voilà que moi je susciterai contre eux les Mèdes,

qui ne chercheront pas d’argent

et qui ne voudront pas d’or.

18. Mais de leurs flèches ils tueront les petits enfants,

et ils n’auront pas pitié des seins qui allaitent,

et les fils, leur œil ne les épargnera pas.

19. Et cette Babylone, glorieuse parmi les royaumes,

illustre orgueil des Chaldéens, sera renversée,

comme le Seigneur renversa Sodome et Gomorrhe.

20. Elle ne sera jamais habitée ;

et elle ne sera pas rétablie dans la suite des générations,

et l’Arabe n’y dressera pas ses tentes,

et les pasteurs n’y reposeront point.

21. Mais les bêtes sauvages s’y reposeront ;

et ses maisons seront remplies de dragons ;

et les autruches y habiteront,

les boucs y bondiront.

22. Et les hiboux y répondront dans ses édifices,

et les sirènes dans ses palais voluptueux.

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CHAP. XIII. 10. Ezech. XXXII, 7 ; Joël. II, 10 ; III, 15 ; Matth. XXIV, 29 ; Marc. XIII, 24 ; Luc. XXI, 25. — 16. Ps. CXXXVI, 9. — 19. Gen. XIX, 24.

 

1 et suiv. * IIIe groupe : Collection des prophéties contre les nations étrangères, XIII-XXVII. — Les oracles contre les nations étrangères sont groupés ensemble dans Isaïe, XIII-XXVII, comme dans Jérémie, XLVI-LI, et dans Ézéchiel, XXV-XXXII. Seulement, dans Jérémie, ils forment, séparés de leur introduction, XXV, la conclusion du livre, et dans Ézéchiel, ils remplissent l’intervalle compris entre les visions qu’il eut sur les bords du Chaboras et celles qui regardent Jérusalem, tandis que dans Isaïe, ils forment comme le complément de la prophétie d’Emmanuel, en nous prédisant la ruine de tous les ennemis du peuple de Dieu, et sont probablement, la plupart du moins, de la même époque que les chapitres VII-XII. — Le commencement d’une nouvelle section nous est indiqué, XIII, 1, par les mots : Malheur accablant, etc. Les prophéties contre les nations étrangères, contenues dans les chapitres XIII-XXVII, forment donc le troisième groupe des prophéties de la première partie d’Isaïe. Elles portent un nom particulier, celui de massâh, en hébreu, onus en latin, traduit ici par malheur accablant. Ce mot peut signifier simplement prophétie ; mais dans Isaïe, il est toujours pris en mauvaise part, dans le sens de prédiction menaçante. — Les prophéties contre les nations étrangères embrassent à peu près tous les peuples connus des Hébreux, et sont au nombre de quatorze : 1° Contre les Chaldéens, héritiers des Assyriens, XIII-XIV, 23. — 2° Contre les Assyriens, XIV, 24-27. — 3° Contre les Philistins, XIV, 28-32. — 4° Contre les Moabites, XV-XVI. — 5° Contre Damas et Israël, XVII. — 6° Sur l’Éthiopie, maitresse de l’Égypte du temps d’Isaïe, XVIII. — Contre l’Égypte, XIX-XX (deux prophéties d’époques différentes). — 8° Contre Babylone, XXI, 1-10. — 9° Contre Duma (Gen. XXV, 14 ; I Par. I, 30) XXI, 11-12. — 10° Contre l’Arabie, XXI, 13-17. — 11° Contre Jérusalem, XXII, 1-14. — 12° Contre Sobna, préposé du temple, XXII, 15-25. — 13° Contre et en faveur de Tyr, XXIII. — 14° À ses prophéties contre les païens, Isaïe a joint ses oracles eschatologiques, c’est-à-dire les prophéties concernant la fin du monde, XXIV-XXVII. — Le cycle de ces prophéties s’ouvre par Babylone, qui devait être l’héritière de la puissance de Ninive et l’ennemi le plus redoutable de Juda, XIII-XIV, 27 ; viennent ensuite les plus proches voisins des Juifs, les Philistins à l’ouest XIV, 28-32 ; les Moabites à l’est, XV-XVI ; le royaume schismatique d’Israël au nord, avec son confédéré, le royaume syrien de Damas, XVII ; de là, Isaïe passe aux peuples plus éloignés, à l’Égypte et à l’Éthiopie, au sud-ouest, XVIII-XX ; à Babylone, siège de l’idolâtrie, à l’est, XXI, 1-10 ; il se rapproche alors de nouveau de Jérusalem et, passant par l’Idumée, XXI, 11-12, et l’Arabie, XXI, 13-17, arrive jusqu’à cette capitale, XXII, 1-14 ; là, il poursuit de ses menaces prophétiques Sobna, préposé du temple, et lui annonce qu’il aura pour successeur Eliacim, XXII, 15-25 ; enfin ses regards s’arrêtent sur Tyr, la ville insulaire de la Méditerranée, XXIII, pour tout clore par la prophétie sur la fin des temps, XXIV-XXVII. — Toutes les prophéties concernant les peuples païens ont été littéralement accomplies. Leur sort est la figure de celui qui attend les ennemis du peuple de Dieu, sort qui nous est révélé dans la conclusion de cette section des prophéties d’Isaïe.

1. Malheur accablant ; littér. charge, fardeau (onus) ; c’est selon la remarque de saint Jérôme, le mot dont se servent les prophètes, lorsqu’ils annoncent des malheurs, des calamités. Ainsi le sens de ce mot est ici prophétie de malheur (Is. XV, 1 ; XVII, 1 ; XIX, 1 ; Ezech. XII, 10 ; Habac. I, 1 ; Zach. IX, 1). — Babylone, dans le langage figuré des prophètes, représente le monde idolâtre, le monde ennemi de Jésus-Christ. De là vient que saint Pierre, dans sa Ire Épitre (V, 13), et saint Jean dans l’Apocalypse (XVII, 5) désignent Rome païenne sous le nom de Babylone.

3. Mes sanctifiés ; ceux que j’ai consacrés, destinés à la destruction de Babylone ; c’est-à-dire les Mèdes et les Perses. — Mes forts, etc. ; mes guerriers, qui travaillaient avec joie pour ma gloire.

4. Sur les montagnes. Les montagnes les plus rapprochées de Babylone sont celles du Schahon ou Zagros, au nord-est. C’est par-là que devaient arriver les Iraniens, les Perses, pour s’emparer de Babylone.

5. De l’extrémité du ciel ; de l’extrémité de l’horizon.

10. Des signes semblables doivent précéder le dernier avènement de Jésus-Christ qui viendra frapper d’anathème les réprouvés représentés par cette Babylone impie. Compar. Matth. XXIV, 29 ; Marc. XIII, 24-25.

11. * L’univers désigne ici particulièrement l’empire babylonien.

12. Plus précieux ; c’est-à-dire plus rare.

13. La colère de sa fureur ; hébraïsme, pour sa colère très grande, très violente.

14. Elle ; l’armée des Chaldéens, ou Babylone ; ce qui revient au même. — Chacun, etc. Isaïe parle des soldats étrangers qui s’étaient joints aux Babyloniens, comme troupes auxiliaires. — * La daine et la gazelle sont timides et fuient avec une grande rapidité.

15. Quiconque sera trouvé dans Babylone. — Quiconque se présentera ; c’est-à-dire se joindra aux Babyloniens.

16. * Leurs enfants seront écrasés. Les inscriptions assyriennes mentionnent expressément ce traitement barbare, infligé aux enfants des vaincus. Babylone sera punie de sa cruauté par un traitement semblable.

17. * Les Mèdes. Les Mèdes étaient déjà en guerre avec les rois d’Assyrie avant cette époque. Un roi de Ninive les mentionne vers l’an 810 avant J.-C. Leur nom ne désigne pas seulement ici les Mèdes proprement dits, mais aussi les Perses. En Égypte les Perses reçurent aussi le nom de Mèdes. Les Perses sont nommés pour la première fois dans l’Ancien Testament par Ézéchiel et par Daniel. Cyrus, dans les inscriptions qu’on a retrouvées de lui, ne prend pas lui-même le titre de Perse. Ce roi, dans la Cyropædia, V, 3, de Xénophon, en s’adressant à ses soldats, ne nomme aussi expressément que les Mèdes. — Dans un autre passage de la Cyropædia, X, 1, 20, Cyrus demande aux Mèdes « qui n’ont pas besoin de richesses » d’aller avec lui.

20. L’Arabe, n’ayant pas de demeure fixe, allait d’un endroit dans un autre dresser ses tentes, partout où il trouvait des pâturages pour ses bestiaux. — * Elle ne sera jamais habitée. Cette prédiction ne s’accomplit que quelques siècles après, mais elle se réalisa pleinement. Cyrus s’empara de Babylone, mais il n’en renversa pas les murailles. Darius, fils d’Hystaspe, qui reprit Babylone pour la seconde fois, en 518, réduisit ses remparts à 50 coudées de hauteur. Xerxès ruina le fameux temple de Bel, l’orgueil de la cité. Quand Alexandre voulut faire de Babylone la capitale de son vaste empire, dix mille ouvriers furent occupés pendant deux mois à déblayer les fondements du temple. Toutefois Babylone ne devait plus voir revivre sa gloire. Le conquérant macédonien mourut sans avoir pu réaliser son projet, et l’un de ses généraux, Seléucus Nicator, en 312, ruina pour toujours la ville de Nabuchodonosor. Il construisit avec ses débris la ville de Séleucie, qui lui enleva même quelque temps son nom, dit Étienne de Byzance, et dont le voisinage, comme le dit Pline, la réduisit en solitude. Strabon, né vers l’an 60 avant notre ère, lui appliqua le mot d’un poète : « La grande ville est devenue un grand désert » (XVI, 15). La malédiction divine dure encore. Une ville, Hillah, s’est élevée non loin d’elle ; l’Arabe nomade dresse ses tentes à ses côtés, mais ses ruines sont toujours désertes et habitées seulement par les animaux sauvages.

21-22. * Le vrai sens des noms des animaux énumérés dans le texte hébreu est encore incertain dans plusieurs cas. La plupart des interprètes croient y retrouver les chacals et les loups.

21. Les boucs (pilosi) ; selon les Septante, les démons. On se représentait, en effet, les démons sous la forme de boucs vivant dans les déserts, parce qu’on les honorait sous cette forme. — * Un voyageur allemand, Joseph Wolff, raconte qu’il vit une nuit, au milieu des ruines de Babylone, des pèlerins de la secte des Jézidis ou adorateurs du diable, se livrant aux exercices diaboliques de leur culte, et exécutant au clair de lune les danses les plus étranges.

22. Répondront ; feront entendre leur cri alternativement. Compar., pour la fin de ce chapitre, Is. XXXIV, 13-15, où on trouve une description semblable.

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Is 14

*is14

CHAPITRE XIV

Délivrance des enfants de Jacob. Ruine du roi de Babylone. Défaite des Assyriens. Menaces contre les Philistins. Promesses en faveur de Juda.

1. Près de venir est son temps,

et ses jours ne seront pas différés.

Car le Seigneur aura pitié de Jacob,

il fera encore choix d’Israël,

et il les fera reposer dans leur terre ;

l’étranger se joindra à eux,

et il s’attachera à la maison de Jacob.

2. Et les peuples les prendront

et les ramèneront en leur lieu ;

et la maison d’Israël les possèdera

dans la terre du Seigneur

comme serviteurs et comme servantes ;

et ils prendront ainsi ceux qui les avaient pris ;

et ils soumettront leurs exacteurs.

3. Et il arrivera en ce jour-là, que lorsque le Seigneur t’aura donné du repos

après ton travail, et après ton oppression,

et après la dure servitude à laquelle tu as été auparavant assujetti ;

4. Tu emploieras cette parabole

contre le roi de Babylone, et tu diras :

Comment a cessé l’exacteur,

et a discontinué le tribut ?

5. Le Seigneur a brisé le bâton des impies,

la verge des dominateurs,

6. Qui, dans son indignation, frappait des peuples

d’une plaie incurable,

qui, dans sa fureur, assujettissait des nations,

qui les persécutait cruellement.

7. Toute la terre se repose et est en silence,

elle est dans la joie et dans l’exultation ;

8. Les sapins même et les cèdres du Liban

se sont réjouis à ton sujet, disant :

Depuis que tu dors,

il ne monte personne qui nous abatte.

9. L’enfer au-dessous a été tout troublé

au moment de ton arrivée,

il t’a suscité les géants.

Tous les princes de la terre

se sont levés de leurs trônes,

ainsi que tous les princes des nations.

10. Tous élèveront la voix, et te diront :

Toi aussi tu as reçu des blessures comme nous,

tu es devenu semblable à nous.

11. Ton orgueil a été précipité dans les enfers,

ton cadavre est tombé par terre ;

au-dessous de toi la teigne formera ta couche,

et ta couverture seront les vers.

12. Comment es-tu tombé du ciel,

lucifer qui dès le matin te levais ?

Comment as-tu été renversé sur la terre,

toi qui faisais des blessures aux nations ?

13. Qui disais dans ton cœur :

Je monterai au ciel,

sur les astres de Dieu

j’élèverai mon trône ;

je m’assiérai sur la montagne du Testament,

aux côtés de l’aquilon.

14. Je monterai sur la hauteur des nues,

je serai semblable au Très-Haut.

15. Mais cependant tu seras trainé dans l’enfer,

au profond de la fosse ;

16. Ceux qui te verront se pencheront vers toi,

et ils te considéreront et te diront :

Est-ce là cet homme qui a troublé la terre,

qui a ébranlé les royaumes ;

17. Qui a fait de l’univers un désert,

et a détruit ses villes,

et à ses captifs n’a pas ouvert la prison ?

18. Tous les rois des nations,

tous se seront endormis dans la gloire,

chacun dans sa maison.

19. Mais toi, tu as été jeté loin de ton sépulcre,

comme un tronc inutile, et souillé,

et enveloppé avec ceux qui ont été tués par le glaive

et qui sont descendus au fond de la fosse

comme un cadavre putréfié.

20. Tu n’auras pas même part avec eux à la sépulture,

parce que c’est toi qui as détruit entièrement ta terre,

toi qui as tué ton peuple ;

la race des méchants

n’existera pas éternellement.

21. Préparez ses enfants au massacre,

à cause de l’iniquité de leurs pères ils ne s’élèveront pas,

ils n’hériteront pas de la terre,

et ils ne rempliront pas la face du disque de cités.

22. Et je m’élèverai contre eux,

dit le Seigneur des armées,

et je perdrai le nom de Babylone,

et les restes, et le germe, et la race, dit le Seigneur.

23. Et j’en ferai la possession du hérisson ;

j’en ferai des marais d’eaux,

et je la balayerai avec un balai en la raclant,

dit le Seigneur des armées.

24. Le Seigneur des armées a juré, disant :

Certainement, comme j’ai pensé,

de même il en sera, et comme j’ai arrêté dans mon esprit,

25. Ainsi il arrivera ;

afin que je brise l’Assyrien dans ma terre,

et que sur mes montagnes je le foule aux pieds,

que son joug soit emporté loin d’eux,

et que son fardeau soit enlevé de leur épaule.

26. C’est là le dessein que j’ai formé sur toute la terre,

et c’est là la main étendue sur toutes les nations.

27. Car le Seigneur des armées l’a décrété ; qui pourra infirmer son décret ?

et sa main est étendue, qui la détournera ?

28. En l’année, à laquelle est mort le roi Achaz, a été faite cette prophétie accablante :

29. Ne te réjouis pas, toi terre entière des Philistins,

de ce qu’a été brisée la verge de celui qui te frappait ;

car de la race du serpent sortira un basilic,

et ce qui en naitra dévorera l’oiseau.

30. Et les plus indigents seront nourris,

et les pauvres reposeront avec confiance ;

et je ferai mourir ta racine,

et tes restes, je les tuerai.

31. Pousse des hurlements, porte ; crie, cité ;

toute le pays des Philistins a été renversée ;

car c’est de l’aquilon que la fumée viendra ;

et il n’est personne qui fuira son armée.

32. Et que répondra-t-on aux messagers de la nation ?

Que c’est le Seigneur qui a fondé Sion,

et qu’en lui espèreront les pauvres de son peuple.

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CHAP. XIV.

 

1. Son temps ; le temps de la ruine de Babylone. — Ne seront pas différés ; c’est le sens du latin elongabuntur, expliqué par le texte hébreu. Compar. Ezech. XII, 25, 28. — Les ; c’est-à-dire les Israélites. — L’étranger, etc. Au retour de la captivité de Babylone, beaucoup de gentils embrassèrent la religion des Juifs. Voy. II Esd. X.

2. Les peuples, etc. Les livres d’Esdras contiennent le récit de l’accomplissement de cette prophétie.

4. * Cette parabole, en hébreu maschal, nom qui désigne une espèce de poème. Les versets 4b-21 contiennent en effet une ode ou un chant poétique sur la chute du roi de Babylone. Ce chant peut se partager en cinq strophes : 4b-8 ; 9-11 ; 12-15 ; 16-19 et 20-21. Les versets 22 et 23 peuvent être considérés comme un épilogue du poème. On regarde avec raison ce maschal comme un chef-d’œuvre littéraire. « Que de beautés ! Si l’auteur n’était qu’un poète, je dirais que c’est son chef-d’œuvre. Vous trouverez dans quelques autres chapitres autant et peut-être plus de richesses ; mais il n’en est aucun, ce me semble, où la grandeur de l’ordonnance réponde mieux à la majesté des détails. Ce n’est pas un simple morceau détaché ; ce n’est pas même une ode ; c’est un poème. Plus vous l’étudierez, plus vous verrez que rien n’y manque. » (Paroles mises par Bungener dans la bouche de Bossuet.)

8. Tu dors ; c’est-à-dire tu es mort. — Personne qui nous abatte. Les vainqueurs signalaient ordinairement leur domination sur les provinces conquises en abattant les forêts. Compar, XXXVII, 24. — * Les arbres du Liban interviennent, parce que le roi de Babylone les avait fait couper pour construire son palais.

9. * L’enfer, le scheôl, par une figure très hardie, est personnifié. — Les géants sont la traduction de rephaim qui, dans l’original, désigne les morts qui habitent dans le scheôl. Une race de géants est appelée aussi dans l’Ancien Testament rephaim ; mais ici ce mot est appliqué aux trépassés, pour exprimer des êtres faibles et sans force, de la racine râfâh, « défaillir. » Les Rephaim sont privés d’une partie de la force vitale ; ils ne sont pas cependant privés de toute force ni de tout sentiment.

10. Élèveront la voix ; vrai sens du respondébunt de la Vulgate expliqué par l’hébreu.

11. * Ta couverture. Les tapis de Babylone étaient particulièrement renommés dans l’antiquité.

12. Lucifer ; Nabuchodonosor, d’après les uns, Balthasar, suivant les autres, et Sennachérib, selon d’autres ; mais le plus grand nombre des Pères l’entend du démon, qui a voulu devenir semblable au Très-Haut. Jésus-Christ semble faire allusion à ce passage dans Luc. X, 18. Compar. Apoc. XII, 9. — * Comment es-tu tombé du ciel, Lucifer. Nous n’avons pas seulement ici une poésie d’un éclat incomparable ; nous avons encore des allusions aux croyances et aux coutumes babyloniennes. Le nom de Lucifer correspond à mustilil, le nom assyrien de l’étoile du matin. On sait que les Babyloniens adoraient les astres et étaient très adonnés à l’astronomie et à l’astrologie.

13. La montagne du testament ; ou de l’alliance, c’est la montagne où était bâti le temple, dépositaire des tables de l’alliance que l’on conservait dans l’arche, au milieu du sanctuaire. — Aux côtés de l’aquilon. Compar. Ps. XLVII, 3. — * Selon une autre interprétation : Je m’assiérai sur la montagne de l’assemblée des dieux aux extrémités du nord, sur le mont Rowandiz, au nord-est de Babylone. Les Babyloniens considéraient cette montagne comme le séjour des dieux, le ciel. Les Sabéens de Harran se tournaient vers le nord pour prier.

15-19. De la fosse (laci) ; c’est-à-dire du tombeau. Compar. Ps. XXVII, 1.

20. N’existera pas ; litter., et par hébraïsme, ne sera pas appelé ; son nom ne sera pas prononcé.

22-23. * Le chant est fini. Ces deux versets étendent à toute la Babylonie le châtiment du roi de Babylone.

23. * Du hérisson, qui est commun à l’embouchure de l’Euphrate. Quelques modernes croient cependant qu’il s’agit ici, non du hérisson, mais du butor, qui abonde dans les marais pleins de joncs de l’Euphrate et dont le cri sourd a quelque chose de sinistre et de lugubre.

24-27. * Prophétie contre les Assyriens.

25. Ainsi il arrivera, etc. Voy., pour l’accomplissement de cette prophétie, IV Reg. XIX. — Ma terre ; la Palestine. — D’eux ; des Israélites.

28-32. * Prophétie contre les Philistins. Vaincus sous Ozias, II Par. XXVIII, 5, ils étaient redevenus indépendants sous Achaz.

28. Prophétie accablante (onus). Voy. XIII, 1. — * En l’année à laquelle est mort le roi Achaz ; en 728 avant J.-C.

29. De la race du serpent, etc. Selon la plupart des Pères et des commentateurs, ce serpent est Achaz, et ce basilic, Ézéchias ; mais Dom Calmet pense que le serpent marque Sennachérib, et le basilic, Assarhaddon, parce que ces deux rois d’Assyrie firent la guerre aux Philistins, au temps d’Isaïe ; que le prophète, au vers. 31, nous fait entendre que le mal qu’il prédit viendra fondre sur les Philistins du côté de l’aquilon, ce qui signifie ordinairement la Chaldée ou l’Assyrie, et que la comparaison d’Ézéchias à un basilic ne lui parait pas du style d’Isaïe. — * Terre entière de Palestine. Le mot Palestine désigne ici le pays des Philistins. # Le mot Palestine (Philisthǽa) désigna d’abord la terre ou le pays des philistins puis une région plus large. Terre entière ; indique qu’il s’agit des cinq principautés que renfermait la Philistie.

30. Les plus indigents ; littér. les premiers-nés des pauvres. Compar., sur cet hébraïsme, Job. XVIII, 13. Les Philistins furent frappés successivement par Sennachérib, Nabuchodonosor, Alexandre, et enfin par les Juifs au temps des Machabées, depuis lesquels leur nom disparut.

31. Porte, cité ; c’est-à-dire grands, magistrats qui siégez à la porte de la ville, et vous, habitants de la cité. — L’aquilon ou le septentrion désigne ordinairement l’Assyrie ou la Chaldée, situées au nord de la Palestine. — La fumée et le feu désignent, en plusieurs endroits de l’Écriture, la guerre ou une armée. — Qui fuira son armée ; qui ne voudra pas se joindre à son armée. C’est l’interprétation la plus simple et la plus conforme au texte hébreu.

32. Aux messagers de la nation (gentis) ; ou bien des nations, en supposant, ce qui a lieu souvent surtout dans les noms collectifs, que le singulier est mis ici pour le pluriel ; et en supposant aussi qu’il est fait allusion à la coutume d’envoyer des messagers aux rois, pour les complimenter quand il leur arrivait quelque chose d’avantageux ou de fâcheux. — Que c’est le Seigneur, etc. C’est la réponse que les envoyés de Sennachérib reçurent de Juda. Voy. IV Reg. XIX.

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Is 15

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CHAPITRE XV

Vengeance que le Seigneur exercera contre les Moabites. Désolation et ruine de leur pays.

1. Malheur accablant de Moab.

Parce que pendant la nuit Ar a été dévastée,

Moab s’est tu ;

parce que pendant la nuit a été détruit le mur,

Moab s’est tu.

2. La maison et Dibon sont montées

sur les hauts lieux pour pleurer

sur Nabo et sur Médaba ;

Moab a poussé des hurlements ;

sur toutes les têtes sera la calvitie,

et toute barbe sera rasée.

3. Dans ses rues ils ont été vêtus de sacs ;

sur ses toits tout hurlement

est descendu dans le pleur.

4. Hesebon et Elealé crieront ;

jusqu’à Jasa leur voix a été entendue ;

à cause de cela les vaillant de Moab hurleront ;

et son âme hurlera pour elle-même.

5. Mon cœur pour Moab criera ;

ses verrous se feront entendre jusqu’à Ségor,

génisse de trois ans ;

car par la montée de Luith

ils monteront en pleurant,

et dans la voix d’Oronaim

ils élèveront le cri d’une douleur déchirante.

6. Car les eaux de Nemrim deviendront un désert,

parce que l’herbe s’est desséchée,

que le bourgeon a manqué et que toute verdure a péri.

7. Selon la grandeur de leurs œuvres, tel sera leur châtiment ;

au torrent des saules on les conduira.

8. Parce que le cri parcourra la frontière de Moab ;

jusqu’à Gallim ira son hurlement,

jusqu’au Puits d’Elim son cri.

9. Parce que les eaux de Dibon ont été remplies de sang ;

car j’enverrai sur Dibon un surcroît de châtiment ;

à ceux qui fuiront de Moab

et aux restes de cette terre, un lion.

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CHAP. XV. 2. Jer. XLVIII, 37 ; Ezech. VII, 18.

 

1. * XV, 1-XVI, 14. Prophétie contre Moab. La stèle du roi de Moab, Mésa, trouvée près de Dibon en 1869 et conservée actuellement au musée du Louvre, nomme parmi les villes moabites six de celles dont on lit ici les noms : Dibon, Nabo, Jasa, Médaba, Oronaim, Sabama.

1. Malheur accablant. Voy. XIII, 1. — Ar ; ville capitale de Moab. — * Ar était sur la rive gauche de l’Arnon, vis-à-vis d’Aroer.

2. La maison ; le palais et la famille royale, selon saint Jérôme. — Dibon ; ville de Moab, près d’Ar. — Nabo ; autre ville, près d’une montagne du même nom. — Médaba ; ville près de la montagne de Phasga. L’usage de monter sur les hauteurs pour pleurer dans les disgrâces publiques et particulières est connu dans l’Écriture. — Sur toutes les têtes, etc. S’arracher les cheveux et se couper la barbe étaient également des signes de deuil.

3. De sacs ; ce n’étaient pas des sacs proprement dits, mais des habits rudes et grossiers, qu’on portait dans le deuil. — Sur ses toits. Les toits étaient en plate-forme, et l’on y montait pour pleurer dans les moments d’affliction. — Est descendu dans leur pleur ; hébraïsme, pour s’est mêlé aux larmes, s’est confondu avec les larmes.

4. Hesebon, Elealé ; deux villes, dont la première était située au pied du mont Phasga, et la seconde au nord, et à trois lieues environ de Hesebon. — Jasa ; autre ville à l’extrémité méridionale de Moab. — Son âme ; l’âme de chacun ; ou chacun gémira non seulement sur le malheur public, mais sur sa propre infortune.

5. Ses verrous ; ses appuis, ses soutiens. — Ségor ; à l’extrémité méridionale de la mer Morte. — Génisse de trois ans ; c’est-à-dire forte, vigoureuse, ou indocile, indomptée. — Luith ; ville située entre Ar et Ségor. — Oronaim ; ville de Moab, dans le voisinage de Ségor, ou à l’extrémité opposée de cette dernière, selon que l’on entend ces paroles de Jérémie, XLVIII, 34 : « Ils ont fait entendre leur voix de Ségor à Oronaim. »

6. Nemrim ; ville au septentrion de Ségor et sur la mer Morte.

7. Leurs œuvres ; leurs crimes. — Au torrent, etc. Babylone était située sur l’Euphrate dont les bords étaient couverts de saules. Compar. Ps. CXXXVI, 2.

8. Gallim, et Puits d’Elim ; deux villes situées sur les confins de Moab.

9. Un lion ; Nabuchodonosor, envoyé contre Moab, après Salmanasar.

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Is 16

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CHAPITRE XVI

Agneau envoyé de Moab. Ressource offerte aux Moabites. Défaite de Sennachérib. Nouvel éclat du règne d’Ézéchias. Endurcissement des Moabites ; leur prochaine désolation.

1. Envoyez, Seigneur, l’agneau dominateur de la terre,

de la Pierre du désert

à la montagne de la fille de Sion.

2. Et il arrivera que, comme un oiseau qui fuit,

et des petits qui s’envolent du nid,

ainsi seront les filles de Moab

au passage de l’Arnon.

3. Prends conseil,

convoque une assemblée ;

fais comme une nuit de ton ombre en plein midi ;

cache ceux qui fuient ;

et les errants, ne les trahis pas.

4. Mes fugitifs habiteront chez toi ; Moab,

sois leur retraite contre le dévastateur ;

car la poussière a trouvé sa fin, le misérable a été consumé ;

il a défailli, celui qui foulait aux pieds la terre.

5. Et dans la miséricorde sera préparé un trône,

et il s’y assiéra dans la vérité,

dans le tabernacle de David, un roi jugeant,

et recherchant ce qui est juste,

et rendant une prompte justice.

6. Nous avons appris l’orgueil de Moab ;

ce peuple est très orgueilleux ;

et son orgueil, et son arrogance, et sa fureur,

sont plus grands que sa puissance.

7. C’est pour cela que Moab hurlera à Moab ;

tous hurleront ;

à ceux qui se réjouissent sur leurs murailles de briques cuites au feu,

annoncez leurs plaies.

8. Parce que les faubourgs d’Hesebon sont déserts,

et que les maitres des nations

ont coupé la vigne de Sabama ;

ses jeunes branches sont parvenues jusqu’à Jazer ;

elles se sont répandues çà et là dans le désert ;

ses rejetons ont été laissés,

ils ont passé au-delà de la mer.

9. À cause de cela, je pleurerai du pleur de Jazer,

la vigne de Sabama,

je vous enivrerai de mes larmes,

Hesebon et Elealé,

parce que sur votre vendange et sur votre moisson

est tombée la voix de ceux qui les ont foulées aux pieds.

10. Et la joie et l’exultation seront enlevées du Carmel,

et dans les vignes on n’exultera ni on ne jubilera ;

il ne foulera pas le vin dans le pressoir, celui qui avait coutume de le fouler ;

j’ai ôté la voix de ceux qui foulaient.

11. À cause de cela, le fond de mon cœur retentira sur Moab,

comme la harpe,

et mes entrailles sur le mur de briques cuites au feu.

12. Et il arrivera que, lorsque Moab aura vu qu’il s’est fatigué

sur ses hauts lieux,

il entrera dans son sanctuaire afin de prier instamment,

et qu’il ne pourra rien.

13. C’est la parole qu’a dite le Seigneur à Moab anciennement ;

14. Et maintenant le Seigneur a parlé, disant : Dans trois ans, comptés comme les années d’un mercenaire, la gloire de Moab sera enlevée avec tout son peuple nombreux ; et il sera laissé petit et faible, et nullement nombreux.

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CHAP. XVI. 6. Jer. XLVIII, 29.

 

1. L’agneau dominateur de la terre ; c’est-à-dire, selon saint Jérôme, suivi de plusieurs interprètes modernes, Jésus-Christ, véritable agneau qui ôte les péchés du monde, envoyé de Moab, puisqu’il est né de la race de Ruth, Moabite et aïeule de David. — La Pierre du désert ; ville capitale de l’Arabie Pétrée, alors au pouvoir des Moabites. — La fille de Sion ; Jérusalem. Voy. I, 8. — * L’agneau dominateur ; renferme une allusion à ce qui est raconté IV Reg. III, 4.

2. L’Arnon ; fleuve qui bordait le pays de Moab à l’occident. — * Les filles de Moab ; les habitants de Moab.

4. La poussière, etc. ; le roi de Babylone.

5. Un roi jugeant, etc. ; Ézéchias ; mais, selon plusieurs Pères, le Messie auquel en effet tout ce qui est dit ici convient beaucoup plus parfaitement qu’à ce prince. — Le tabernacle de David ; c’est-à-dire la maison de David. C’est de la maison de David qu’est sorti le Messie.

7. Moab, etc. Les Moabites d’une ville feront entendre leurs cris jusqu’aux Moabites d’une autre ville ; ou bien, les Moabites vivants se désoleront au sujet de ceux qui seront morts ; la particule hébraïque rendue dans la Vulgate par ad, signifiant aussi au sujet de, touchant, sur (de). — Qui se réjouissent ; se croyant en sûreté sur leurs fortifications. — Leurs plaies ; les plaies dont ils seront frappés. — * Leurs murailles de briques cuites, en hébreu : Kir-Haréseth, qu’on croit être la forteresse de la capitale de Moab.

8. Hesebon et Sabama ; deux villes de Moab célèbres par leurs vignes. — Jazer ; ville située vers la source du torrent du même nom, au nord de Moab. — La mer ; probablement le lac de Jazer, auquel Jérémie (XLVIII, 32) donne ce nom. — * Sur Jazer, voir aussi Num. XXI, 32.

9. Je pleurerai, etc. ; je mêlerai mes pleurs à ceux de Jazer, pour pleurer, etc. — Elealé ; ville voisine d’Hesebon.

10. Carmel ; montagne de la Palestine, célèbre par sa fertilité, et dont le nom a été employé pour signifier en général un lieu d’une fertilité extraordinaire.

11. Sur le mur ; c’est-à-dire sur la ruine du mur. Compar. vers. 7.

14. Dans trois ans. Ces trois ans se prennent de l’année de la mort d’Achaz (XIV, 28) et du commencement du règne d’Ézéchias, et finissent à la troisième année de ce prince. — Comptés, etc. ; c’est-à-dire bien exactement, bien rigoureusement. Voy. la même expression, XXI, 16.

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Is 17

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CHAPITRE XVII

Ruine de Damas. Désolation de Samarie. Restes d’Israël convertis au Seigneur. Défaite de Sennachérib.

1. Malheur accablant de Damas.

Voilà que Damas cessera d’être une cité,

et elle sera un monceau de pierres en ruines.

2. Les cités d’Aroer seront abandonnées aux troupeaux,

et ils s’y reposeront,

et il n’y aura personne qui les effrayera.

3. Et le soutien manquera à Ephraïm

et le règne à Damas ;

et les restes de la Syrie

seront comme la gloire des fils d’Israël,

dit le Seigneur des armées.

4. Et il arrivera en ce jour-là

que la gloire de Jacob sera atténuée,

et que la graisse de sa chair se dessèchera.

5. Et il sera comme celui qui ramasse dans la moisson ce qui est resté,

et son bras recueillera des épis ;

et il sera comme celui qui cherche des épis

dans la vallée de Raphaim.

6. Et il y sera laissé seulement comme une grappe de raisin, et comme, lorsqu’on secoue un olivier,

son fruit restant sera de deux ou trois olives au sommet d’une branche,

ou bien de quatre ou de cinq à ses cimes,

dit le Seigneur Dieu d’Israël.

7. En ce jour-là l’homme s’inclinera

vers son Créateur,

et ses yeux regarderont du côté du saint d’Israël.

8. Et il ne s’inclinera pas du côté des autels qu’ont faits ses mains ;

et ce qu’ont façonné ses doigts, les bois sacrés et les temples,

il ne les regardera pas.

9. En ce jour-là, ses cités les plus fortes seront abandonnées

comme les charrues et les moissons

qui furent abandonnées à la vue des fils d’Israël ;

et tu seras déserte.

10. Parce que tu as oublié le Dieu ton sauveur,

et que de ton puissant secours tu ne t’es pas souvenue ;

c’est pour cela que tu planteras du bon plant,

et que tu sèmeras une semence étrangère.

11. Au jour de ta plantation c’était une vigne sauvage,

et dès le matin ta semence fleurira ;

la moisson a été enlevée au jour de l’héritage,

et tu en éprouveras une douleur grave.

12. Malheur à la multitude de peuples nombreux ;

elle est comme la multitude des flots d’une mer mugissante ;

et le tumulte des troupes,

comme le bruit des grandes eaux.

13. Des peuples feront un bruit, comme le bruit des eaux qui débordent,

et il le menacera, et il fuira au loin ;

et il sera emporté comme la poussière des montagnes à la face du vent,

et comme un tourbillon devant la tempête.

14. Il sera au temps du soir, et voici le trouble,

au temps du matin, et il n’existera plus,

voilà la part de ceux qui nous ont dévastés,

et le sort de ceux qui nous ont pillés.

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CHAP. XVII.

 

1-11. * Prophétie contre Damas et la Syrie, et en même temps contre le royaume d’Israël avec qui la Syrie était alliée.

1. Malheur accablant. Voy. XIII, 1. — Damas. Voy. VII, 8.

2. Aroër ; celle qui appartenait à la Syrie ; car il y avait plusieurs villes de ce nom. — * Les cités d’Aroer désignent probablement Aroër sur l’Arnon et Aroër de Gad, à l’est de Rabbath-Ammon.

5. La vallée de Raphaim, au midi de Jérusalem, était très fertile.

6. * On faisait la récolte des olives en secouant ou en battant les branches de l’olivier. Deut. XXIV, 20.

8. * Les bois sacrés et les temples. En hébreu : les Aschérahs, c’est-à-dire les symboles de la déesse Aschérah, qui était figurée sous la forme d’un pieu, et les images du soleil, c’est-à-dire les représentations du dieu soleil, Baal-Khamman, qu’on plaçait sur les autels de Baal. II Par. XXXIV, 4.

9. Les cités les plus fortes ; littér. les cités de sa force ; ce qui est un pur hébraïsme. — Qui furent abandonnées par les Chananéens, à l’arrivée des Israélites. Compar. Jos. II, 9 ; V, 1, 11, 12. — Tu seras déserte, ô Samarie.

11. De l’héritage ; c’est-à-dire de la récolte.

12-14. * Prophétie contre les Assyriens, annonçant la destruction de l’armée de Sennachérib.

12. * La multitude de peuples nombreux. Les Assyriens enrôlaient dans leurs armées des soldats tirés de tous les peuples qui étaient leurs tributaires.

13. Il le menacera (increpabit eum) ; le pronom le (eum) se rapporte au mot bruit (sonitus) qui précède, selon les uns ; mais plus probablement, selon les autres, à peuples (populi) ; car, outre que la suite autorise cette interprétation, on a pu remarquer plus d’une fois que, dans les récits bibliques, le pronom qui devrait être au pluriel se met au singulier, et signifie dans ce cas chacun.

14. Il sera, etc. Chacun d’eux répandra le soir le trouble et la terreur, et le lendemain matin il n’existera plus. Compar. IV Reg. XIX, 35-36. — * La part ; le sort, le jugement porté contre les Assyriens.

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Is 18

*is18

CHAPITRE XVIII

Malheur à l’Éthiopie, qui croit le Seigneur trop faible pour défendre la maison de Juda. Le peuple de Juda, délivré, viendra offrir des présents au Seigneur.

1. Malheur à la terre qui retentit par la cymbale de ses ailes,

qui est au delà des fleuves d’Éthiopie,

2. Qui envoie des ambassadeurs

sur la mer et sur des vaisseaux de papyrus.

Allez, anges rapides,

vers une nation arrachée et déchirée,

vers un peuple terrible, après lequel il n’en est pas d’autre aussi terrible ;

vers une nation qui attend et qui est foulée aux pieds,

dont les fleuves ont ravagé la terre.

3. Vous tous habitants de l’univers, qui demeurez sur la terre,

lorsque l’étendard sera élevé sur les montagnes,

vous le verrez, et vous entendrez le bruit éclatant de la trompette ;

4. Parce que voici ce que le Seigneur me dit :

Je me tiendrai en repos,

et je considèrerai en mon lieu comme la lumière de midi qui est claire,

et comme un nuage de rosée au jour de la moisson.

5. Car avant la moisson il a fleuri tout entier,

et son germe le plus avancé ne mûrira pas,

et ses petites branches seront coupées avec les faux,

et ce qui aura été laissé sera retranché ou rejeté.

6. Il sera en même temps abandonné aux oiseaux des montagnes

et aux bêtes de la terre ;

et pendant tout l’été y seront les oiseaux,

et toutes les bêtes de la terre y passeront l’hiver.

7. En ce temps-là sera offert un présent au Seigneur des armées,

par un peuple arraché et déchiré,

par un peuple terrible, après lequel il n’en fut pas d’autre aussi terrible ;

par une nation qui attend, qui attend, et qui est foulée aux pieds,

dont les fleuves ont ravagé la terre ;

offert dans le lieu du nom du Seigneur des armées, la montagne de Sion.

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CHAP. XVIII.

 

1-7. * Prophétie sur l’Éthiopie. Le prophète se montre plein de sympathie pour ce pays qui est en guerre avec l’Assyrie, l’ennemi commun.

1. Malheur, etc. Voy. XIII, 1. On convient assez communément que cette prophétie regarde la terre de Chus ou d’Éthiopie, dont le roi Tharaca entreprit de secourir Jérusalem menacée par Sennachérib. — Par la cymbale (cýmbalo) ; le terme hébreu signifie sistre, instrument fort commun chez les Égyptiens. — Ailes ; c’est-à-dire années, que les Hébreux et même les Latins désignaient quelquefois par ce mot. Les Septante et le chaldéen l’ont entendu des ailes ou voiles des vaisseaux. — * Le mot traduit par cymbale est en hébreu : tselatsal, tintement, bruit, cymbale, sistre. Plusieurs commentateurs modernes y voient une allusion au tsaltsal, mouche très commune en Éthiopie et très dangereuse ainsi appelée chez les Gallas, et qui, chez d’autres peuplades, porte le nom de tsetsé. — Au-delà des fleuves d’Éthiopie ; non seulement l’Éthiopie proprement dite ou le royaume de Méroé, qui s’étendait depuis la frontière méridionale de l’Égypte jusqu’à la jonction du Nil blanc et du Nil bleu, mais le pays au-delà de ces fleuves.

2. Papyrus ; sorte de roseau ou de jonc dont étaient faites les barques des Égyptiens. — Anges (angeli) ; envoyés, messagers. — * Les barques de papyrus étaient particulièrement appropriées à la navigation du haut Nil. On pouvait les porter à dos d’homme grâce à leur légèreté, quand c’était nécessaire, comme pour franchir les cataractes, et on les regardait comme une des choses caractéristiques du pays. — Sur la mer ; désigne le Nil (comme XIX, 5). Ce fleuve est appelé encore aujourd’hui el-Bhar, la mer, de même qu’en sanscrit l’Indus est nommé aussi Sindhu ou la mer. — Le roi d’Éthiopie, averti de la marche des Assyriens, envoie des messagers porter rapidement ses ordres et rassembler des troupes. — Vers un peuple terrible ; allusion aux grandes victoires remportées par le chef du peuple éthiopien, Sabacon. — Dont les fleuves ont ravagé la terre. La Nubie, qui est un pays montagneux, est couverte de rivières et de torrents.

4. Je me tiendrai, etc. Au milieu de tous les mouvements des ennemis, je considèrerai tranquillement leurs efforts, et je serai pour mon peuple comme est la lumière brillante en plein midi, et comme est un nuage, etc. — * Comme un nuage de rosée. En hébreu, tal. Ce mot, en hébreu comme en arabe, désigne « un brouillard considérable qui répand une petite pluie invisible ; il se lève vers le milieu de la nuit, pendant la saison chaude, lorsque souffle le vent d’ouest ou de nord-ouest, et il apporte un grand rafraîchissement à tous les êtres organiques. » (Neil, Palestine explored, p. 136.) — Au jour de la moisson. Il ne s’agit pas, au moins dans le verset suivant, de la récolte des blés, mais de celle des raisins, de la vendange, comme le prouve le texte hébreu. La vendange se fait en aout ou septembre.

5. Car avant la moisson, etc. Ce qui est dit dans ce verset et le suivant s’explique très bien de Sennachérib et de son armée. Lorsque les froments et la vigne étaient hors de fleurs et près de mûrir, on est venu couper les grains et faire la vendange sans leur donner le temps de parvenir à maturité. C’est ainsi que le roi d’Assyrie était sur le point de se rendre maitre de la Judée, lorsque le Seigneur a tranché tout d’un coup ses espérances.

7. En ce temps-là ; peut s’entendre aussi du temps de Jésus-Christ, dans lequel le prophète se transporte si souvent en esprit. — Par un peuple, etc. ; les Égyptiens, désignés au vers. 2 par les mêmes termes, et qui en effet envoyèrent au temple de Jérusalem des offrandes, persuadés que c’était par l’effet de la puissance du Dieu d’Israël que l’armée de Sennachérib avait été détruite en une seule nuit. Compar. XIX, 18 et suiv. ; II Par. XXXII, 23-24. — Le lieu du nom ; c’est-à-dire le lieu où est invoqué le nom.

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Is 19

*is19

CHAPITRE XIX

Maux dont le Seigneur accablera l’Égypte. Autel dédié au Seigneur dans ce pays. L’Égypte menacée et délivrée. Les Égyptiens et les Assyriens unis dans le culte du Seigneur. Les Israélites se joignent à eux.

1. Malheur accablant de l’Égypte.

Voici que le Seigneur montera sur un nuage léger,

et qu’il entrera dans l’Égypte,

et que seront ébranlés les simulacres de l’Égypte devant sa face,

et le cœur de l’Égypte se fondra au milieu d’elle.

2. Et je ferai courir des Égyptiens contre des Égyptiens ;

et un homme combattra contre son frère, et un homme contre un ami,

une cité contre une cité, un royaume contre un royaume.

3. Et l’esprit de l’Égypte sera déchiré dans ses entrailles,

et je détruirai son conseil ;

et ils interrogeront leurs simulacres, et leurs devins,

et les pythoniens et les magiciens.

4. Et je livrerai l’Égypte à la main de maitres cruels,

et un roi puissant les dominera,

dit le Seigneur Dieu des armées.

5. Et l’eau disparaitra de la mer,

et le fleuve sera détruit et desséché.

6. Et les rivières tariront, et les ruisseaux,

retenus par des digues, diminueront et seront desséchés.

Le roseau et le jonc se flétriront ;

7. Le lit du ruisseau sera mis à nu à sa source même,

et l’eau dont on arrosait toute semence dessèchera,

deviendra aride, et ne sera plus.

8. Et les pêcheurs s’affligeront,

et tous ceux qui jettent l’hameçon dans le fleuve pleureront,

et ceux qui tendent le filet sur la surface des eaux dépériront.

9. Ils seront confondus, ceux qui travaillaient le lin,

qui le cardaient et en faisaient de fins tissus.

10. Et ses lieux arrosés d’eau se dessècheront,

de même tous ceux qui faisaient des fosses pour prendre des poissons.

11. Ils sont atteints de folie, les princes de Tanis,

les sages conseillers de Pharaon

ont donné un conseil insensé.

Comment direz-vous à Pharaon :

Je suis fils des sages,

fils des anciens rois ?

12. Où sont maintenant tes sages ?

Qu’ils t’annoncent, qu’ils apprennent

ce qu’a résolu le Seigneur des armées, touchant l’Égypte.

13. Ils sont devenus fous, les princes de Tanis ;

ils se sont amoindris, les princes de Memphis,

ils ont séduit l’Égypte, soutien de ses peuples.

14. Le Seigneur a répandu au milieu d’elle un esprit de vertige,

et ils ont fait errer l’Égypte dans toutes ses œuvres,

comme erre l’homme ivre et qui vomit.

15. Et il n’y aura pour l’Égypte

rien à faire à la tête et à la queue,

à celui qui plie et à celui qui réfrène.

16. Et ce jour-là, les Égyptiens seront comme des femmes,

et ils s’étonneront, et ils craindront

à la vue de la commotion que la main du Seigneur des armées

lui-même produira sur eux.

17. Et la terre de Juda sera

à l’Égypte en effroi ;

quiconque s’en souviendra sera effrayé

à la vue du dessein que le Seigneur des armées

lui-même a formé contre elle.

18. En ce jour-là, il y aura cinq cités

dans la terre d’Égypte

qui parleront la langue de Chanaan,

et qui jureront par le Seigneur des armées ;

l’une sera appelée la cité du soleil.

19. En ce jour-là, il y aura un autel du Seigneur

au milieu de la terre d’Égypte,

et un monument au Seigneur près de sa frontière.

20. Ce sera en signe et en témoignage au Seigneur des armées

dans la terre d’Égypte.

Car ils crieront vers le Seigneur à la vue de l’oppresseur,

et il leur enverra un sauveur

et un défenseur, qui les délivrera.

21. Et le Seigneur sera connu de l’Égypte,

et les Égyptiens en ce jour-là

connaitront le Seigneur ;

et ils l’honoreront par des hosties et par des offrandes ;

et ils voueront des vœux et ils les acquitteront.

22. Et le Seigneur frappera l’Égypte d’une plaie,

et il la guérira ;

et ils reviendront au Seigneur,

et il s’apaisera pour eux et il les guérira.

23. En ce jour-là, il y aura une voie

de l’Égypte chez les Assyriens,

et l’Assyrien entrera dans l’Égypte,

et l’Égyptien chez les Assyriens,

et les Égyptiens serviront Assur.

24. En ce jour-là, Israël sera réuni

comme troisième à l’Égyptien et à l’Assyrien ;

la bénédiction sera au milieu de la terre,

25. Qu’a bénie le Seigneur des armées, disant :

Béni soit mon peuple d’Égypte,

et l’ouvrage de mes mains se fera par l’Assyrien,

mais mon héritage est Israël.

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CHAP. XIX.

 

1-25. * Prophétie contre l’Égypte. Elle se divise en deux parties : 1° tableau du châtiment qui menace l’Égypte ; 2° résultats de ce châtiment, conversion de l’Égypte.

1. Malheur, etc. Voy. XIII, 1. Plusieurs anciens ont expliqué toute cette prophétie du temps de Jésus-Christ ; et cette explication se soutient assez bien, même à la lettre ; mais la plupart des nouveaux interprètes l’entendent des guerres des Assyriens ou des Chaldéens contre l’Égypte. — * Les simulacres ; les idoles étaient extrêmement nombreuses en Égypte.

2. Un royaume ; selon les Septante, un nome ; nom qu’on donnait aux cantons ou aux provinces dont se composait l’Égypte. — * L’Égypte était alors très divisée et morcelée en une vingtaine de petits états, comme nous l’apprend l’inscription égyptienne de Piankhi, de sorte que, comme le dit Isaïe, c’était partout la guerre civile.

3. L’esprit de sagesse, que l’Égypte prétend avoir, s’anéantira en elle. — * « Les Égyptiens, dit Hérodote, passent pour les plus sages des hommes. »

4. * Un roi puissant ; le roi d’Assyrie qui conquit l’Égypte, probablement Asarhaddon, qui s’en empara en 672 et la divisa en vingt petits royaumes tributaires.

5-6. * L’eau disparaitra de la mer ; du Nil. Voir XVIII, 2. La disparition des eaux du Nil est la mort de la végétation et la ruine de l’Égypte. Un des effets des guerres civiles, c’était de négliger l’entretien des digues et des canaux du Nil, ce qui empêchait d’arroser convenablement les terres. Or toute terre qui, en Égypte, n’est pas arrosée, est stérile.

8. * Le poisson abonde dans le Nil, et les anciens Égyptiens péchaient beaucoup avec l’hameçon et avec le filet.

9. * Le lin était une des principales cultures de l’Égypte, où l’on en faisait une grande consommation. Les prêtres égyptiens ne se revêtaient que de lin, et l’on enveloppait les momies dans des étoffes de lin.

11-15. * Folie des princes de l’Égypte qui accélère les maux qui les menacent.

11. * Tanis ; aujourd’hui San, dans le Delta, sur un des bras du Nil auquel elle donnait son nom, l’une des villes les plus importantes de la Basse-Égypte et l’une des résidences royales.

13. Soutien ; littér. angle (angulum). C’est à l’angle que se trouve la première pierre fondamentale d’un bâtiment. — * Memphis, capitale de l’Égypte, était située au nord du Caire, près du désert, non loin des pyramides de Saqqarah.

15. Il n’y aura ; littér. il ne sera pas à l’Égypte d’ouvrage qu’elle fasse : tête et queue, etc. ; c’est-à-dire que l’Égypte n’aura aucun pouvoir, aucune autorité ni sur les grands ni sur les petits, etc. — La tête, la queue, celui qui plie et celui qui refrène. Ces mots, qu’on a déjà vus (IX, 14), sont ici à l’accusatif par hébraïsme, comme étant des expressions adverbiales.

16-25. * L’Égypte, après avoir subi la vengeance divine, se convertira au Seigneur et jouira, comme l’Assyrie, de privilèges égaux à ceux d’Israël. Cette partie de la prophétie se divise en cinq alinéas commençant tous par ces mots : En ce jour-là. 16, 18, 19, 23 et 24.

16. Les Égyptiens ; littér. l’Égypte, qui se prend aussi pour les habitants dans ce même sens, puisque ces verbes sont au pluriel. — Sur eux ; littér. sur elle ; le pronom se rapportant grammaticalement au nom Égypte (Ægýptus), féminin singulier.

17. Contre elle ; contre l’Égypte.

18. La langue de Chanaan ; c’est la langue hébraïque. — La cité du soleil ; ou Heliopolis, était située entre le Nil et la mer Rouge, mais plus près du Nil. — * Onias IV, vers 160, éleva un temple semblable à celui de Jérusalem à Léontopolis, dans le nome d’Heliopolis, à l’endroit appelé aujourd’hui Tell el-Yahoudi, non loin de Zagazig et il s’appuya sur le verset d’Isaïe pour justifier son entreprise. Ce temple fut fermé par Vespasien en 72 de notre ère. — Les cinq cités peuvent être Heliopolis, Memphis, Bubaste, Tanis et Alexandrie, où il y eut beaucoup de chrétiens.

19. * Un monument ; une sorte d’obélisque, une colonne analogue aux deux colonnes que Salomon avait placées devant le temple de Jérusalem. — Près de sa frontière. Tell el-Yahoudi n’est pas loin du désert.

21. * Les Égyptiens connaitront le Seigneur. Le christianisme fut très florissant en Égypte pendant les premiers siècles. Alexandrie joua un rôle important dans la défense et la propagation de la religion chrétienne ; la vie monacale fleurit avec le plus grand éclat dans la Haute-Égypte.

23. * Ce verset annonce la conversion de l’Égypte et de l’Assyrie à la vraie foi. — Il y aura une voie qui servira pour les rapports commerciaux, ce qui indique des relations pacifiques qui uniront les deux peuples, au lieu de l’état de guerre qui existait du temps d’Isaïe. Cette voie passera par la terre de Chanaan.

24. * Israël sera troisième ; fera partie de l’alliance entre l’Égypte et l’Assyrie comme confédéré, et les trois peuples serviront le vrai Dieu.

25. Et l’ouvrage, etc. ; c’est-à-dire je me servirai du peuple assyrien comme d’un instrument pour agir, pour accomplir mes desseins. C’est la seule traduction compatible avec la Vulgate ; le commun des versions porte : L’Assyrien est l’ouvrage de mes mains, et Israël mon partage. Plusieurs considèrent l’Assyrien et Israël comme sujets de l’attribut béni soit, mais le latin Assýrio, n’étant pas au nominatif, s’oppose formellement à cette interprétation aussi bien qu’à la précédente. De plus, l’expression mais mon héritage, Israël (hæréditas autem Israël) forme une nouvelle difficulté. Toutefois, il faut le reconnaitre, l’hébreu est susceptible de ces deux explications ; la dernière est la seule conforme aux Septante.

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Is 20

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CHAPITRE XX

Captivité des Égyptiens et des Éthiopiens.

1. En l’année que Tharthan entra dans Azot, lorsque Sargon roi des Assyriens l’eut envoyé, et qu’il eut combattu Azot, et l’eut prise ;

2. En ce temps-là, le Seigneur parla par la main d’Isaïe, fils d’Amos, disant : Va, ôte ton sac de tes reins, ôte ta chaussure de tes pieds. Et il fit ainsi, allant nu et déchaussé.

3. Et le Seigneur dit :

Comme a marché mon serviteur Isaïe, nu et déchaussé,

et comme il sera un signe de trois années

et un présage pour l’Égypte et pour l’Éthiopie ;

4. Ainsi le roi des Assyriens emmènera la captivité de l’Égypte,

et la transmigration de l’Éthiopie,

composées de jeunes hommes et de vieillards, nus et déchaussés, ce qui doit être caché

5. dans le corps ayant été découvert pour l’ignominie de l’Égypte.

Et ils craindront, et ils seront confondus

par l’Éthiopie dans leur espoir,

6. et par l’Égypte dans leur gloire.

Et il dira, l’habitant de cette ile en ce jour-là :

Voilà, c’était notre espérance,

ceux auprès desquels nous avons cherché du secours,

afin qu’ils nous délivrassent de la face du roi des Assyriens ;

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CHAP. XX.

 

1-6. * Seconde prophétie contre l’Égypte. Isaïe, sous les habits d’un captif, c’est-à-dire déchaussé et sans son vêtement de dessus, prédit le sort réservé aux Égyptiens et aux Éthiopiens. Nous avons donc ici une prophétie symbolique. L’Égypte et l’Éthiopie sont unies ensemble dans cet oracle, parce que c’était une dynastie d’origine éthiopienne qui régnait alors en Égypte. Les rois d’Assyrie accomplirent ces oracles. Assarhaddon, dans l’expédition qu’il fit en Égypte en 674, s’empara de Memphis et de Thèbes, de la femme du Pharaon Tharaka, d’un grand nombre de ses parents et de ses officiers. Le fils d’Assarhaddon, Assurbanipal, entreprit plusieurs campagnes contre l’Égypte, en personne ou par ses généraux. Pendant la guerre qu’il fit contre le roi d’Éthiopie, Urdaman, qui était devenu maitre de la vallée du Nil, le roi de Ninive livra la ville de Thèbes au pillage et y fit captifs une multitude d’Égyptiens, hommes et femmes.

1. Tharthan. Voy. IV Reg. XVIII, 17. — Azot ; une des cinq principales villes des Philistins. — * Tharthan n’est pas un nom propre, mais un titre de dignité équivalant à général ou chef d’armée. — Sargon, roi des Assyriens, fut le fondateur de la dernière dynastie qui régna à Ninive. Il succéda à Salmanasar en 722 ou 721 et acheva le siège de Samarie, dont la chute entraina la ruine complète du royaume d’Israël. En 720, il avait battu le roi d’Égypte et d’Éthiopie, Schabak, qui arrivait trop tard au secours des Israélites, mais qui voulait du moins sauver Hannon, roi de Gaza, son allié. L’armée assyrienne défit les armées égyptienne et philistine à Raphia, à l’entrée du désert. Schabak fut probablement obligé de se reconnaitre tributaire de Sargon. À sa mort, en 712, il eut pour successeur sur le trône d’Égypte son fils Schabatok, et sur celui d’Éthiopie, Tahrakya, qui parait avoir été son neveu. C’est en 711 qu’eut lieu la campagne contre Azot, mentionnée par Isaïe. Les Philistins avaient secoué le joug de l’Assyrie. Sargon, après la bataille de Raphia, avait déposé le roi d’Azot, Azuri, et mis à sa place le frère de ce dernier, Akhimit. Mais quand le roi de Ninive se fut éloigné, le parti égyptien, qui était le plus fort, renversa Akhimit et donna le pouvoir à Yavan. Les autres peuples voisins de la Palestine et Juda lui-même avaient pris part à ces mouvements, comme nous l’apprennent les inscriptions de Sargon. La campagne dont parle Isaïe avait pour but de châtier cette rébellion, faite vraisemblablement avec l’appui de l’Égypte. Après la prise d’Azot, Schabatok s’empressa d’envoyer une ambassade aux Assyriens pour reconnaitre leur suprématie. Sargon mourut six ans après, en 705, laissant le royaume d’Assyrie à son fils Sennachérib.

2. Par la main ; hébraïsme, pour par le moyen, par l’intermédiaire. — Nu ; non point d’une nudité complète, mais comme le dit formellement le texte, seulement dépouillé du sac (vêtement de dessus) que l’on portait dans le deuil, et de sa chaussure. Chez les Grecs et les Latins eux-mêmes, le mot nu signifiait souvent vêtu à la légère, ou n’ayant pas de manteau.

3. De trois années de malheurs qui pèseront sur l’Égypte et l’Éthiopie.

4. Nus et déchaussés ; littér. nue et déchaussée (nudam et discalceatam), au singulier, quoique se rapportant à captivité aussi bien qu’à transmigration. C’est encore un hébraïsme en vertu duquel, lorsqu’un attribut a deux sujets partiels, il peut concorder avec le plus voisin. — * Les troupes de Sargon purent emmener des captifs égyptiens en Assyrie, mais Assarhaddon surtout, son petit-fils, et Assurbanipal, son arrière-petit-fils, emmenèrent en captivité un grand nombre de jeunes hommes et de vieillards pris en Égypte.

5. Ils seront confondus, etc. ; c’est-à-dire frustrés du secours qu’ils attendaient de l’Éthiopie, et de la gloire qu’ils espéraient recueillir par leur alliance avec l’Égypte.

6. Ile ; le terme hébreu signifie proprement contrée éloignée, lointaine, et aussi voisine de la mer. Ainsi il s’agit ici des habitants des contrées maritimes de la Palestine.

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21 à 30

Is 21

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CHAPITRE XXI

Ruine de Babylone. Nuit qui menace l’Idumée. Malheurs qui doivent tomber sur l’Arabie.

1. Malheur accablant du désert de la mer.

Comme des tourbillons viennent de l’Africus,

il vient du désert,

d’une terre affreuse.

2. Une vision pénible m’a été annoncée ;

celui qui est incrédule agit infidèlement ;

et celui qui dépeuple, dévaste.

Monte, Ælam ; Mède, assiège ;

j’ai fait cesser tous ses gémissements.

3. À cause de cela mes reins sont remplis de douleur ;

l’angoisse s’est emparée de moi

comme l’angoisse d’une femme en travail ;

je suis tombé, lorsque j’ai entendu ; j’ai été tout troublé, lorsque j’ai vu.

4. Mon cœur s’est flétri ;

des ténèbres m’ont frappé de stupeur ;

Babylone que je chérissais

m’est devenue un sujet d’étonnement.

5. Dresse la table ; contemple dans une guérite

ceux qui mangent et qui boivent :

levez-vous, princes,

saisissez le bouclier.

6. Car voici ce que m’a dit le Seigneur :

Va, et place une sentinelle ;

et tout ce qu’elle aura vu, qu’elle l’annonce.

7. Et elle vit un charriot conduit par deux cavaliers,

l’un qui montait un âne,

et l’autre qui montait un chameau ;

et elle considéra soigneusement d’un œil très attentif.

8. Et elle cria comme un lion :

Je suis dans la guérite du Seigneur,

m’y tenant continuellement pendant le jour,

et je fais ma garde,

m’y tenant les nuits entières.

9. Voici que vient cet homme qui monte le charriot

aux deux montures des cavaliers ;

et il répondit et dit :

Elle est tombée, elle est tombée, Babylone,

et toutes les images de ses dieux,

taillées au ciseau, ont été brisées contre terre.

10. Mon battage, et vous, fils de mon aire,

ce que j’ai ouï du Seigneur des armées,

Dieu d’Israël,

je vous l’ai annoncé.

11. Malheur accablant de Duma.

Il me crie de Séïr :

Garde, qu’annonces-tu de la nuit ?

garde, qu’annonces-tu de la nuit ?

12. Le garde dit :

Le matin est venu, et la nuit ;

si vous cherchez, cherchez ;

convertissez-vous, venez.

13. Malheur accablant dans l’Arabie.

Dans le bois, le soir, vous dormirez,

dans les sentiers de Dedanim.

14. Venant au-devant de celui qui a soif,

portez de l’eau, vous qui habitez la terre du midi,

avec des pains venez au-devant de celui qui fuit.

15. Car à la face des glaives ils ont fui,

à la face du glaive suspendu,

à la face de l’arc bandé,

à la face d’un grave combat :

16. Parce que voici ce que me dit le Seigneur :

Encore une année comptée comme l’année d’un mercenaire,

et toute gloire de Cédar sera enlevée.

17. Et le reste du nombre des forts archers

de Cédar seront diminués ;

car le Seigneur Dieu d’Israël a parlé.

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CHAP. XXI. 8. Habac. II, 1. — 9. Jer. LI, 8 ; Apoc. XIV, 8.

 

1-10. * Prophétie contre Babylone. Elle porte un titre un peu énigmatique, dans lequel Babylone est appelée désert de la mer. Babylone fut assiégée trois fois pendant la vie d’Isaïe, en 710 par Sargon, en 703 et en 691 par son fils Sennachérib. Mais le siège de Babylone qu’annonce la prophétie, et la dévastation qui en est la suite, sont postérieurs, car au temps de Sargon et de Sennachérib, ce ne furent point les Élamites et les Perses qui s’emparèrent de la ville ; la prédiction ne s’accomplit que longtemps après la mort d’Isaïe, quand Cyrus se rendit maitre de cette fameuse cité. Les détails que nous ont transmis les auteurs anciens sur la prise de Babylone par ce prince sont en parfait accord avec ce que nous lisons ici.

1. Malheur accablant. Voy. XIII, 1. — Désert de la mer ; c’est-à-dire Babylone, ainsi appelée, soit à cause de sa position sur l’Euphrate, et des lacs qui étaient dans son désert ou sa campagne, soit, comme dit saint Jérôme, à cause de l’état où elle devait être réduite un jour. Compar. XIII, 1, et Jer. LI, 36, 41. — Il vient ; c’est-à-dire l’ennemi. — D’une terre affreuse ; la Médie et la Perse, pays affreux, en effet, en comparaison de Babylone. — * Comme des tourbillons viennent de l’Africus, en hébreu, du Négeb, au sud de Juda, ainsi appelé à cause de son aridité et de sa sécheresse. Les tempêtes sont terribles en Babylonie et en Susiane : « On peut les voir, dit Layard, quand elles viennent du désert, portant avec elles des nuages de sable et de poussière. L’obscurité devient presque complète. » Les tempêtes du sud de la Palestine sont du même genre. Voir Zach. IX, 14 ; Os. XIII, 15 ; Jer. IV, 11 ; XIII, 24 ; Job. I, 19 ; XXXVII, 9.

2. Ælam ; la Perse, représente ici Cyrus, qui en était ; elle est ainsi nommée, parce qu’elle fut habitée par les descendants d’Ælam, fils de Sem. — Mède ; Darius, roi des Mèdes. — Ses gémissements ; les gémissements de Babylone ; hébraïsme, pour les gémissements qu’elle faisait faire, dont elle était la cause. En hébreu, les pronoms possessifs se prennent en effet indifféremment dans un sens actif et passif ; ainsi, par exemple, ma blessure peut signifier ou la blessure que j’ai faite à quelqu’un, ou la blessure qu’on m’a faite.

3. À cause de cela,etc. Le prophète, dans tout ce chapitre, se montre ému de compassion pour Babylone ; d’autant que dans le temps où il parlait, elle était amie et alliée d’Ézéchias, et qu’elle n’avait pas encore opprimé les Hébreux. Mais il prédit tout à la fois et ses crimes et le châtiment qui les suivra.

5. Dresse la table. C’est probablement une allusion au festin de Baltassar. Voy. Dan. V.

7. Par deux cavaliers, etc. Ces deux cavaliers représentaient les Mèdes et les Perses. Ces derniers se servaient très avantageusement des chameaux dans les combats ; ils ont aussi quelquefois employé les ânes, qui étaient exclusivement en usage chez les Caramaniens, peuple assujetti aux Perses.

9. Cet homme, etc. ; un des deux cavaliers dont il est question au vers. 7. — Il répondit ; le même homme ; ce qui suppose une interrogation sous-entendue ; ou bien, ce que nous préférons, il éleva la voix, il parla, comme porte le verbe hébreu que la Vulgate elle-même a rendu ailleurs (Deut. XXVI, 5) par parler (loquéris). Compar. Is. XIV, 10. — * Les images des dieux étaient innombrables à Babylone.

10. Fils de mon aire ; hébraïsme, pour grains que l’on bat dans mon aire.

11-12. * Prophétie contre Duma. C’est la réponse à une question que font au prophète les habitants de Duma, effrayés par les invasions assyriennes. On ne connait pas de ville de Duma en Idumée. Les géographes arabes nomment plusieurs villes de ce nom, mais aucune n’est iduméenne. Duma est peut-être ici un nom mystérieux qui rappelle simplement celui d’Édom et qui est choisi par le prophète, parce qu’il signifie silence et annonce ainsi en quelque sorte la désolation qui est réservée à l’Idumée. Du temps de Sennachérib, les Iduméens furent tributaires de l’Assyrie.

11. Malheur accablant. Voy. XIII, 1. — * Qu’annonces-tu de la nuit ? Quelle heure est-ce de la nuit ? La première, la seconde ou la troisième veille ?

12. * Le matin est venu, etc. Réponse obscure et énigmatique, dans le style sans doute des sages de l’Idumée. Elle signifie probablement : Le matin est venu, mais la nuit, le malheur, viendra aussi ; le jour, la paix, ne durera pas toujours ; si vous cherchez donc ce que vous devez faire, convertissez-vous pour prévenir ces calamités.

13-16. * Prophétie contre l’Arabie. La guerre avait déjà porté ses ravages dans la puissante tribu des Dedanim, qui faisait un commerce considérable, Ezech. XXVII, 15, 20. Isaïe annonce que, dans un an, les autres tribus arabes seront également ravagées. Sargon raconte, dans ses inscriptions, que Samsiéh, reine des Arabes, s’assujettit à lui payer tribut. Sennachérib se glorifie aussi d’avoir soumis les tribus arabes.

13. Dans l’Arabie. Les montagnes d’Arabie confinaient à l’Idumée. — Dedanim était une région de l’Idumée, et la même que Dedan dont parle Jérémie (XLIX, 8). — * Dans les sentiers de Dedanim. Le texte original : vous, caravanes des Dedanim, qui vous livrez au commerce, vous dormirez dans le bois, où, quittant les routes battues, vous avez été obligées de vous réfugier pour échapper aux ennemis.

14. La terre du midi ; l’Idumée, située au midi de l’Arabie. — * Au lieu de la terre du midi, l’hébreu porte Théma. Voir Job. VI, 19 ; Jer. XXV, 3. Cette tribu habitait à l’est du Hauran. Il y a encore aujourd’hui, sur la route de Palmyre à Pétra, une station appelée Taîma.

16. Comptée comme l’année d’un mercenaire. Voy. XVI, 14. — Cédar ; pays situé dans l’Arabie-Pétrée.

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Is 22

*is22

CHAPITRE XXII

Siège de Jérusalem par les Assyriens. Sobna destitué de son office, et remplacé par Eliacim.

1. Malheur accablant de la vallée de Vision.

Qu’as-tu donc, toi aussi, que tu es montée

tout entière sur les toits ?

2. Pleine de clameur, ville nombreuse,

cité exultante,

ceux qui t’ont été tués ne sont pas des tués par le glaive,

ni des morts à la guerre.

3. Tous les princes ont fui ensemble,

et ont été durement attachés ;

tous ceux qui ont été trouvés, ont été garrottés pareillement ;

cependant ils ont fui bien loin.

4. À cause de cela j’ai dit : Retirez-vous de moi,

je pleurerai amèrement ;

ne cherchez pas à me consoler

sur la dévastation de la fille de mon peuple.

5. Car c’est un jour de tuerie,

de foulement aux pieds et de pleurs,

jour venant du Seigneur Dieu des armées

dans la vallée de Vision,

examinant le mur,

et fier sur la montagne.

6. Et Ælam a pris un carquois,

le charriot du cavalier,

le bouclier a laissé la muraille nue.

7. Et les meilleures vallées seront remplies de quadriges,

et les cavaliers mettront le siège devant les portes.

8. Et ce qui couvrait Juda sera ôté,

et tu verras en ce jour-là

l’arsenal de la maison de la forêt.

9. Et vous verrez que les brèches de la cité de David

ont été multipliées,

et vous avez rassemblé les eaux de la piscine inférieure,

10. Et vous avez fait le dénombrement des maisons de Jérusalem,

et vous avez détruit les maisons pour fortifier le mur.

11. Et vous avez fait un réservoir entre les deux murs,

près de l’eau de la piscine ancienne,

et vous n’avez pas levé les yeux vers celui qui l’avait faite,

et vous n’avez pas vu même de loin celui qui l’a construite.

12. Et le Seigneur Dieu des armées vous appellera en

ce jour-là

au pleur, au gémissement,

à raser vos cheveux, et à vous ceindre d’un sac ;

13. Et voici la joie et l’allégresse ;

tuer des veaux, égorger des béliers,

manger des viandes, et boire du vin.

Mangeons et buvons ;

car demain nous mourrons.

14. Et s’est révélée à mes oreilles la voix du Seigneur des armées :

Non, elle ne vous sera pas remise, cette iniquité, jusqu’à ce que vous mouriez,

dit le Seigneur Dieu des armées.

15. Voici ce que dit le Seigneur Dieu des armées :

Va, entre auprès de celui qui habite dans le tabernacle,

auprès de Sobna, le préposé du temple, et tu lui diras :

16. Que fais-tu ici, ou à quel titre es-tu ici ?

que tu t’es taillé ici un sépulcre,

que sur un lieu élevé tu t’es taillé

dans la pierre un monument, un tabernacle.

17. Voici que le Seigneur te fera transporter

comme est transporté un coq,

et comme un manteau, ainsi il t’enlèvera.

18. Te couronnant, il te couronnera de tribulation,

il te lancera comme une balle dans une terre large et spacieuse ;

là tu mourras, et là sera le char de ta gloire,

l’ignominie de la maison de ton Seigneur.

19. Je te chasserai de ton rang,

et de ton ministère je te déposerai.

20. Et il arrivera en ce jour-là

que j’appellerai mon serviteur Eliacim, fils d’Helcias,

21. Et je le revêtirai de ta tunique,

je lui attacherai fortement ta ceinture,

et ta puissance, je la mettrai en sa main ;

et il sera comme un père pour les habitants de Jérusalem

et pour la maison de Juda.

22. Et je mettrai la clef de la maison de David

sur son épaule,

et il ouvrira, et il n’y aura personne qui ferme ;

et il fermera, et il n’y aura personne qui ouvre.

23. Et je le ficherai comme un pieu dans un lieu sûr,

et il sera comme un trône de gloire pour la maison de son père.

24. On y suspendra toute la gloire de la maison de son père,

les divers genres de vases,

tout vase le plus petit,

depuis les vases cratères jusqu’à tout instrument de musique.

25. En ce jour-là, dit le Seigneur des armées,

sera enlevé le pieu qui avait été fiché dans un lieu sûr ;

et sera brisé et tombera

et périra tout ce qui y avait été suspendu,

parce que le Seigneur a parlé.

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CHAP. XXII. 13. Sap. II, 6 ; Infra. LVI, 12 ; I Cor. XV, 32. — 22. Apoc. III, 7 ; Job. XII, 14.

 

1-14. * Prophétie contre Jérusalem, qui est appelée vallée, comme dans Jérémie, XXI, 13, parce qu’elle a autour d’elle des montagnes plus élevées et parce qu’une partie importante de la Jérusalem d’alors était bâtie sur les flancs du mont Sion, dans la vallée de Ben-Hinnom. C’est la vallée de Vision, parce que c’est là que Dieu favorise ses prophètes de visions. — Cette prophétie date probablement du temps de Sargon, lorsque le peuple, sachant que le pharaon d’Égypte venait combattre le roi d’Assyrie, se laissait aller à une folle confiance. Le ton de l’oracle est tout à fait sombre, il n’y brille pas un seul rayon d’espérance ; c’est le contraire de ce qui se passa lors de l’invasion de Sennachérib.

1. Malheur accablant. Voy. XIII, 1. — Tu es montée, etc. On montait sur les plateformes des maisons pour y pleurer dans les calamités publiques.

3. Qui ont été trouvés : atteints par l’ennemi.

4. La fille de mon peuple ; Jérusalem. Voy. I, 8.

5. Examinant, fier ; grammaticalement, et par une sorte de figure, ces mots se rattachent à jour, dont ils sont des attributs ; cependant il est plus naturel de les rapporter au mot ennemi sous-entendu dans ce passage comme dans bien d’autres, où il s’agit de pareils récits.

6. Ælam ; la Perse. Voy. XXI, 2. — A laissé la muraille nue (parietem nudavit) ; c’est-à-dire il en a été détaché.

8. Ce qui couvrait Juda ; son avant-mur, ses fortifications. — L’arsenal, etc. Salomon bâtit dans son palais un arsenal surnommé la maison de la forêt du Liban, ou simplement la maison du Liban. Compar. III Reg. VII.

9. Et vous avez rassemblé, etc. Voy. II Par. XXXII, 4. — * La piscine inférieure ; probablement la piscine de Siloé. Voir note sur Joan. IX, 7.

11. Et vous avez fait, etc. Voir IV Reg. XX, 20 ; II Par. XXXII, 30. — * Entre les deux murs ; celui d’Ophel à l’est, et celui de la haute tour à l’ouest, où la vallée du Tyropæon est très étroite. — La piscine ancienne. Près de la piscine inférieure, vers. 9, où furent amenées les eaux de Siloé ; il y avait sans doute là un ancien réservoir.

13. Mangeons, etc. Compar. Sap. II, 6 ; I Cor. XV, 32.

15-25. * Prophéties contre Sobna et en faveur d’Eliacim. C’est le seul oracle d’Isaïe contre une personne déterminée. — Sobna est qualifié par la Vulgate de préposé du temple, mais son titre indique généralement le préposé du palais royal et désigne le premier ministre de la maison du roi (voir vers. 22). Isaïe lui reproche son orgueil, vers. 16, son luxe, vers. 18, et sa tyrannie (par l’opposition qu’il met entre sa conduite et celle d’Eliacim, vers. 21). Cet oracle fut prononcé avant l’invasion de Sennachérib. Le châtiment de Sobna consistera à être déposé de sa charge. Lors de l’invasion de Sennachérib, la prédiction était déjà accomplie. Nous voyons (Is. XXXVI, 3 ; XXXVII, 2 ; IV Reg. XIX, 2) qu’il n’avait plus alors que la charge inférieure de secrétaire. Eliacim le remplaça, comme l’avait annoncé Isaïe, et sa conduite fut digne de ce qu’en avait dit le prophète, IV Reg. XVIII, 35 ; XIX, 1-5 ; Is. XXXVI, 3 ; XXXVII, 2. — Le père de Sobna n’étant pas nommé et son nom ayant une terminaison araméenne, il est probable qu’il était syrien d’origine et vraisemblablement partisan de l’alliance égyptienne.

16. Un tabernacle ; c’est-à-dire une habitation, une demeure. — * Que fais-tu ici ? allusion sans doute à son titre d’étranger. — Tu t’es taillé un sépulcre. Les riches se faisaient tailler pendant leur vie un magnifique tombeau dans le roc. On voit beaucoup de tombeaux de ce genre dans tous les environs de Jérusalem.

22. La clef, etc. Les clefs étaient chez les anciens le symbole de la puissance. — Sur son épaule. Voy. Job. XXXI, 36. — * Ce verset montre que les fenêtres de Sobna regardaient le palais royal, appelé ici la maison de David, et non le temple.

25. * Le pieu, Sobna.

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Is 23

*is23

CHAPITRE XXIII

Humiliation et transmigration de Tyr. Son rétablissement. Elle consacrera au Seigneur le fruit de son commerce.

1. Malheur accablant de Tyr.

Hurlez, vaisseaux de la mer,

parce qu’a été dévastée la maison

d’où les navires avaient accoutumé de venir ;

c’est de la terre de Céthim

que cela leur a été révélé.

2. Gardez le silence, vous qui habitez dans l’île ;

les marchands de Sidon, traversant la mer, t’ont remplie.

3. Au milieu de grandes eaux la semence du Nil,

la moisson du fleuve étaient ses fruits ;

et elle est devenue le marché des nations.

4. Rougis, Sidon, car la mer parle,

la force de la mer, disant :

Je n’ai pas été en travail, et je n’ai pas enfanté,

et je n’ai pas nourri de jeunes hommes,

et je n’ai pas élevé de jeunes vierges.

5. Lorsque le bruit sera parvenu en Égypte,

on sera dans la douleur en apprenant la ruine de Tyr.

6. Passez les mers, hurlez,

vous qui habitez dans l’île :

7. N’est-elle pas la vôtre cette ville,

qui dès les anciens jours se glorifiait de son antiquité ?

Ses pieds la conduiront

dans une terre étrangère pour demeurer.

8. Qui a formé ce dessein

contre Tyr, autrefois couronnée,

dont les marchands étaient des princes,

et les trafiquants des personnages illustres de la terre ?

9. C’est le Seigneur des armées qui a formé ce dessein,

afin d’enlever l’orgueil de toute gloire

et de conduire à l’ignominie tous les illustres de la terre.

10. Traverse ta terre comme un fleuve, fille de la mer ;

il n’y a plus de ceinture pour toi.

11. Le Seigneur a étendu sa main sur la mer,

il a ébranlé des royaumes,

il a donné ses ordres contre Chanaan,

afin de briser ses vaillants guerriers.

12. Et il a dit : Tu ne te glorifieras plus,

souffrant violence, après ton ignominie, vierge, fille de Sidon ;

lève-toi, passe à Céthim,

là aussi il n’a pas de repos pour toi.

13. Voilà la terre des Chaldéens, il n’y eut point un tel peuple,

Assur l’a fondée ;

cependant on a emmené en captivité ses hommes robustes,

on a démoli ses maisons,

et on en a fait des ruines.

14. Hurlez, vaisseaux de la mer,

parce que votre force est détruite.

15. Et il arrivera en ce jour-là que tu seras dans l’oubli, ô Tyr, soixante-dix ans, comme sont les jours d’un seul roi ; mais après soixante-dix ans, Tyr chantera comme une prostituée.

16. Prends ta harpe, et parcours la ville,

prostituée livrée à l’oubli ;

chante bien, réitère souvent ton chant,

afin qu’il y ait souvenir de toi.

17. Et il arrivera après soixante-dix ans,

que le Seigneur visitera Tyr,

et qu’il la ramènera à son commerce,

et que de nouveau elle forniquera avec tous les royaumes de la terre,

sur la face de la terre.

18. Et ses affaires et ses profits seront consacrés au Seigneur ;

ils ne seront pas renfermés, ni mis en réserve,

parce que c’est pour ceux qui habitent devant le Seigneur, que sera leur commerce,

afin qu’ils mangent à satiété, et qu’ils soient revêtus jusqu’à la vieillesse.

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CHAP. XXIII.

 

1-18. * Prophétie contre Tyr. Ce morceau est, au point de vue littéraire, l’un des plus beaux d’Isaïe : c’est une élégie d’une rare perfection poétique. On peut la partager en quatre strophes : 1-5, 6-9, 10-14, 15-18. — À l’époque d’Isaïe, Tyr était dans sa plus grande puissance ; son commerce était très florissant et ses flottes portaient partout les produits de son art et de son industrie. Pour être à l’abri des surprises et pour être en état de se défendre plus facilement, les Tyriens avaient placé le siège de leur puissance et enfermé leurs richesses dans une petite ile, située à environ douze cents pas de la terre ferme ; ce fut la nouvelle Tyr. On sait qu’Alexandre le Grand, pour s’en emparer, la réunit à la terre ferme par une jetée. — On pense communément que la prophétie contre Tyr fut réalisée par Nabuchodonosor, roi de Babylone, en s’appuyant sur le vers. 13, mais ce verset qui annonce en réalité que l’Assyrie domine sur la Chaldée, montre qu’il s’agit d’un temps antérieur à Nabuchodonosor, sous lequel le royaume d’Assyrie n’existait plus. Ce verset est probablement une allusion à la prise de Babylone par Sargon. Voir plus haut, XXI, 1-10. La prophétie faite ici par Isaïe dut s’accomplir sous le règne de Sennachérib. Les monuments de ce prince nous apprennent que Luli, roi de Sidon et maitre de la Phénicie et par conséquent de Tyr, s’enfuit à l’approche de Sennachérib et se réfugia dans l’île de Chypre. L’oracle ne fut d’ailleurs complètement accompli que sous le règne d’Alexandre le Grand. — Voir, de plus, sur la chute de Tyr, la note sur Ezech. XXVI, 2.

1. Malheur accablant. Voy. XIII, 1. — La maison ; le lieu, le port. — La terre de Céthim ; la Macédoine. — * Ou plutôt ici, l’île de Chypre, que Céthim désigne plus particulièrement, parce que les vaisseaux de la mer (en hébreu : de Tharsis), qui reviennent des colonies occidentales de la Phénicie, et retournent à la maison, c’est-à-dire à Tyr qui est la patrie des marins qui les montent, apprendront à Chypre même les malheurs qui ont fondu sur leurs pays.

2. Dans l’île. L’ancienne Tyr, qui fut prise par Nabuchodonosor, était sur la terre ferme ; la nouvelle, prise par Alexandre, était dans l’île.

3. * La semence du Nil ; les richesses de l’Égypte devenaient le gain des Phéniciens au milieu des grandes eaux, c’est-à-dire, sur la mer, parce que les Égyptiens n’avaient point de bois de construction pour les grands vaisseaux, ni de marine, et c’étaient les Phéniciens qui leur servaient d’intermédiaires pour le commerce ; la Phénicie était véritablement le marché des nations du monde ancien.

4. * Je n’ai pas enfanté. Tyr est considérée comme la mère de Sidon, parce qu’elle en était la métropole. Il y a des monnaies de Tyr qui portent plus tard comme légende : « De Tyr, mère des Sidoniens. » — La force de la mer est Tyr, qui, dans son ile, paraissait à l’abri de toutes atteintes.

6. * Passez les mers ; réfugiez-vous dans vos colonies. Quand Alexandre assiégea Tyr, les assiégés envoyèrent les vieillards, les femmes et les enfants dans la ville phénicienne de Carthage.

10. Fille de la mer ; c’est-à-dire ville maritime. — Il n’y a plus, etc. Tu seras nue, sans même conserver ta ceinture. Compar. XX, 4. — * La plupart des commentateurs modernes expliquent ainsi ce verset, d’après l’hébreu, en l’appliquant aux colonies de Tyr qui deviennent indépendantes par suite de la ruine de la métropole : Répands-toi sur la terre comme le Nil, qui déborde comme il lui plaît ; ô fille de Tharsis, il n’y a plus de ceinture pour toi, de barrière qui t’arrête.

12. Tu ne te, etc. ; littér. tu n’ajouteras plus pour te glorifier. Voy., sur cet hébraïsme, Psaumes Observat. prélimin., II, 2°. — * Passe à Céthim, en Chypre. C’était l’île la plus proche où pussent se réfugier les Phéniciens et nous avons vu en effet plus haut que c’était là que Luli, roi de Phénicie, avait cherché un asile en fuyant devant Sennachérib.

13. * Isaïe rappelle ici les victoires de Sargon sur le roi des Chaldéens ou Kasdim, Merodach-Baladan, qui s’était emparé de Babylone, et qui était primitivement maitre seulement du Bas-Euphrate, où il commandait à la tribu proprement dite des Kaldi ou Chaldéens. Le texte original de ce verset doit être traduit de la manière suivante : « Vois la terre des Chaldéens : ce peuple n’est plus ; Assur l’a livré aux bêtes sauvages, il a renversé ses tours, détruit ses palais ; il en a fait une ruine. »

15. Comme sont, etc. ; comme est la durée ordinaire de la vie. — Tyr chantera, etc. ; pour dire qu’elle invitera à venir dans ses ports les marchands qui y venaient autrefois. Encore aujourd’hui les femmes de mauvaise vie en Orient parcourent les rues en chantant. — * Après soixante-dix ans. Le sens précis de ce nombre et le fait qu’il annonce ne peuvent être déterminés avec certitude.

16. * Ce verset renferme un fragment de la chanson à laquelle fait allusion le verset précédent.

17. Elle forniquera, etc. ; c’est-à-dire elle adorera les idoles de tous les royaumes, etc.

18. Qui habitent, etc. ; qui servent le Seigneur, ses ministres.

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Is 24

*is24

CHAPITRE XXIV

(a) Maux qui doivent tomber sur la Judée. Punition de ses ennemis. Rétablissement de Jérusalem.

1. Voici que le Seigneur dévastera la terre,

et il la mettra à nu, et il affligera sa face,

et il dispersera ses habitants.

2. Et comme sera le peuple, ainsi sera le prêtre ;

et comme l’esclave, ainsi son maitre ;

comme la servante, ainsi sa maitresse ;

comme l’achetant, ainsi celui qui vend ;

comme le prêteur, ainsi celui qui emprunte ;

comme celui qui redemande, ainsi celui qui doit.

3. Par la dévastation sera dévastée la terre, et par le pillage elle sera pillée ;

car le Seigneur a prononcé cette parole.

4. La terre a pleuré, et elle s’est dissoute, et elle s’est affaiblie ;

l’univers s’est dissous

et la hauteur du peuple de la terre a été abaissée.

5. Et la terre a été infectée par ses habitants,

parce qu’ils ont transgressé les lois,

changé le droit,

rompu l’alliance éternelle.

6. À cause de cela, la malédiction dévorera la terre,

et ses habitants pècheront ;

et à cause de cela ceux qui la cultivent deviendront insensés,

et peu d’hommes seront laissés.

7. La vendange a pleuré, la vigne a langui,

tous ceux qui se réjouissaient de cœur ont gémi.

8. La joie des tambours a cessé,

le bruit de ceux qui se livraient à l’allégresse s’est calmé,

le doux son de la harpe est devenu muet.

9. On ne boira pas le vin au milieu des chants ;

amère sera toute liqueur pour ceux qui la boiront.

10. Elle a été brisée, la cité de vanité ;

toute maison a été fermée, personne n’y entrant.

11. Il y aura une clameur sur les places publiques,

au sujet du vin. Toute allégresse a été abandonnée ;

la joie de la terre a été transférée.

12. Il n’est resté dans la ville qu’une solitude,

et la calamité pèsera sur les portes.

13. Car ce qui restera au milieu de la terre,

au milieu des peuples,

sera comme quelques olives, qu’on abat de l’olivier,

quand elles y sont demeurées, et comme des grappes de raisin,

lorsque la vendange est finie.

14. Ceux-ci élèveront leur voix, et entonneront des louanges ;

lorsque le Seigneur aura été glorifié, ils feront entendre des cris de la mer.

15. À cause de cela glorifiez le Seigneur par de bonnes doctrines ;

dans les iles de la mer,

glorifiez le nom du Seigneur Dieu d’Israël.

16. Des extrémités de la terre nous avons entendu des louanges,

la gloire du juste.

Et j’ai dit : Mon secret est pour moi,

mon secret est pour moi,

malheur à moi ;

prévariquant ils ont prévariqué,

et de la prévarication des transgresseurs ils ont prévariqué.

17. L’effroi et la fosse et le lacs

pour toi, qui es habitant de la terre.

18. Et il arrivera que celui qui aura fui à la voix de l’effroi tombera dans la fosse ;

et que celui qui se sera dégagé de la fosse sera retenu par le lacs ;

parce que les cataractes des cieux se sont ouvertes,

et que les fondements de la terre seront ébranlés.

19. Par le déchirement sera déchirée la terre,

par le brisement sera brisée la terre,

par l’ébranlement sera ébranlée la terre ;

20. Par le chancèlement chancèlera la terre comme un homme ivre ;

et elle sera enlevée comme une tente dressée pour une seule nuit ;

et son iniquité l’accablera,

et elle tombera, et elle ne se relèvera plus.

21. Et il arrivera qu’en ce jour-là le Seigneur visitera

la milice du ciel en haut,

et les rois de la terre sur la terre.

22. Ils seront assemblés dans la fosse, comme un seul faisceau,

et ils y seront renfermés en prison ;

et, après bien des jours, ils seront visités.

23. Et la lune rougira, et le soleil sera confondu,

lorsque le Seigneur des armées règnera

sur la montagne de Sion

et dans Jérusalem, et qu’en présence de ses anciens il sera glorifié.

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CHAP. XXIV. 2. Os. IV, 9. — 18. Jer. XLVIII, 44.

 

(a). Ce chapitre contient une prophétie de la désolation de la Judée soit par Sennachérib, soit par Nabuchodonosor, soit par les Romains ; mais on explique aussi cette prophétie du jugement dernier. Et il faut convenir que les expressions du prophète conduisent naturellement à cette explication. — * Les chapitres XXIV-XXVII renferment des oracles relatifs à la fin des temps. Ce dernier cycle de prophéties correspond à celui de Zacharie, IX-XIV, qui traite le même sujet. Il se rattache étroitement aux chapitres qui précèdent, il en forme en quelque sorte la conclusion et le point culminant, d’où l’absence de titres, XXIV, 1 ; il se relie à XIII-XXIII comme XI-XII à VII-X. « Les jugements particuliers que Dieu porte contre chaque peuple dans les oracles contre les Gentils aboutissent ici au jugement final, comme les fleuves divers qui se jettent dans le même océan, et le salut dont on vient de voir poindre l’aurore brille maintenant dans tout l’éclat de son midi. » (Franz Delitzsch.) Tout ce morceau est du lyrisme le plus élevé et d’une harmonie musicale merveilleuse dans le texte original. Il se subdivise ainsi : — 1° Jugement et catastrophe de la terre, XXIV ; — 2° Chant de triomphe : a. sur la ruine de la cité qui opprimait le monde, XXV, 1-8 ; b. sur la ruine de Moab, XXV, 9-12 ; c. sur la restauration d’Israël, XXVI ; d. fertilité de la vigne bénie de Jéhovah, XXVII, 2-6 ; — 3° Dieu punit et sauve Israël, XXVII, 7-13.

1. La terre. Saint Jérôme remarque qu’il est ordinaire dans l’Écriture de désigner la Judée sous le nom général de la terre, ou même de toute la terre. — Il affligera sa face (affliget faciem ejus) ; c’est-à-dire il lui fera changer de face en la ruinant entièrement.

3. Par la dévastation dévastée, par le pillage pillée ; pour entièrement dévastée, entièrement pillée. Ce genre de répétition, en hébreu comme en bien d’autres langues, a pour but de donner de l’intensité à l’idée exprimée par le verbe.

11. Au sujet du vin qui manquera, parce que les vignes auront été ravagées par l’ennemi.

12. Il n’est resté, etc. ; c’est-à-dire la ville a été réduite en un désert. — La calamité pèsera sur les portes (calamitas opprimet portas) ; sur le lieu où se tiennent les assemblées du peuple et où se rend la justice. D’autres traduisent : Toutes les portes seront détruites.

15. Par de bonnes doctrines. C’est le sens qui nous a paru le plus conforme à l’expression de la Vulgate, in doctrinis. — * Le mot hébreu rendu par doctrines signifie proprement lumière. Comme dans le second membre du verset, dans les iles de la mer signifie les pays de l’Occident, plusieurs commentateurs pensent que dans le premier membre il doit être question des pays de l’Orient.

16. Prévariquant ils ont prévarique. Voy., pour ce genre de répétition qui se reproduit aux versets 19-20, le vers. 3.

20. Elle ne se relèvera plus ; littér. elle n’ajoutera pas pour se relever. Voy., sur cet hébraïsme, Psaumes Observat. prélimin., II, 2°.

21. La milice du ciel en haut ; les anges apostats, qui seront jugés au jugement dernier. Compar. I Cor. VI, 3 ; Apoc. XX, 9.

23. La lune, etc. Compar. Matth. XXIV, 29. — Ses anciens ; les anciens des chefs de son peuple, c’est-à-dire les patriarches, les apôtres, etc.

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Is 25

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CHAPITRE XXV

Cantique d’actions de grâces sur la délivrance du peuple de Juda. Punition des Moabites.

1. Seigneur, vous êtes mon Dieu,

je vous exalterai, je louerai votre nom,

parce que vous avez fait des merveilles,

que vous avez fidèlement accompli vos desseins anciens. Amen.

2. Vous avez réduit une cité en un monceau de pierres,

une ville puissante en une ruine ; vous avez fait que la maison des étrangers

ne soit pas une cité,

et que jamais elle ne soit rebâtie.

3. C’est pour cela qu’un peuple puissant vous louera,

qu’une cité de nations redoutables vous craindra.

4. Parce que vous êtes devenu une force pour le pauvre,

une force pour l’indigent dans sa tribulation,

un espoir contre la tempête,

un ombrage contre la grande chaleur ;

car l’esprit des violents est de même

qu’un tourbillon qui fond sur une muraille.

5. Comme une grande chaleur dans la soif,

vous humilierez l’insolence tumultueuse des étrangers ;

et comme par la chaleur brulante du soleil sous un nuage,

vous ferez sécher la race des puissants.

6. Et le Seigneur des armées fera

à tous les peuples sur cette montagne

un festin de viandes grasses,

un festin de vin,

de viandes moelleuses,

d’un vin pur de toute lie.

7. Il jettera sur cette montagne

la chaine même qui liait tous les peuples,

et la toile qu’il avait ourdie pour envelopper toutes les nations.

8. Il précipitera la mort pour jamais ;

et il enlèvera, le Seigneur Dieu,

les larmes de toute face,

et il enlèvera l’opprobre de son peuple

de la terre entière ;

car le Seigneur a parlé.

9. Et son peuple dira en ce jour-là :

Voici, c’est notre Dieu, celui-ci ;

nous l’avons attendu et il nous sauvera ;

c’est le Seigneur, nous l’avons attendu patiemment,

nous exulterons, et nous nous réjouirons dans son salut.

10. car la main du Seigneur

se reposera sur cette montagne,

et Moab sera brisé sous lui,

comme sont brisées des pailles par un charriot.

11. Et il étendra ses mains sous lui,

comme les étend celui qui nage pour nager ;

et il humiliera sa gloire,

en brisant ses mains.

12. Les remparts de tes hautes montagnes s’écrouleront,

et ils seront abattus et renversés par terre

jusque dans la poussière.

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CHAP. XXV. 6. Prov. IX, 1 ; Is. XXV, 6 ; Matth. XXII, 2 ; Luc. XIV, 16 ; Apoc. XIX, 9. — 8. Apoc. VII, 17 ; XXI, 4.

 

2. Une cité ; Babylone, dont la destruction est décrite au chap. XXI, ou, selon d’autres, Jérusalem, ruinée par les Chaldéens (Jer. XXVI, 18 ; Mich. III, 12), ou bien Ninive, suivant plusieurs (Is. XXXII, 19).

6. Cette montagne ; c’est-à-dire la montagne de Sion. — Un festin ; figure du royaume de Jésus-Christ sur la terre et dans le ciel. Le Sauveur lui-même fait souvent allusion à ce passage. Compar. Matth. XXII, 2 ; XV, 10 ; Marc. II, 19 ; Apoc. XIX, 7. On entend aussi ce festin de la sainte Eucharistie.

9. Son salut ; le salut qu’il nous donne.

10. Par un charriot ; machine à roues ferrées en usage dans l’Orient pour briser et couper les pailles qu’on donnait à manger aux animaux.

11. Et il étendra, etc. Moab étendra ses mains, c’est-à-dire fera tous ses efforts pour se sauver, mais inutilement ; le Seigneur lui brisera ces mêmes mains, sur lesquelles il comptait pour échapper au danger.

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Is 26

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CHAPITRE XXVI

Cantique sur la délivrance du peuple de Juda.

1. En ce jour-là sera chanté ce cantique dans la terre de Juda :

Notre ville forte est Sion ; le sauveur sera mis

comme mur et avant-mur.

2. Ouvrez les portes, et qu’il y entre une nation juste

et observant la vérité.

3. L’ancienne erreur a disparu ; vous nous conserverez la paix,

la paix, car nous avons espéré en vous.

4. Vous avez espéré dans le Seigneur durant les siècles éternels,

dans le Seigneur Dieu puissant à jamais.

5. Car il abaissera ceux qui habitent dans les hauteurs,

il humiliera la cité élevée.

Il l’humiliera jusqu’à terre

et il la renversera jusque dans la poussière.

6. Le pied la foulera, les pieds du pauvre,

le pas de l’indigent.

7. Le sentier du juste est droit,

droit est le chemin où le juste doit marcher.

8. Et dans le sentier de vos jugements, Seigneur, nous vous avons attendu patiemment ;

votre nom et votre souvenir sont dans le désir de l’âme.

9. Mon âme vous a désiré pendant la nuit ;

mais par mon esprit et dans mon cœur, dès le malin je veillerai pour vous.

Lorsque vous aurez exercé vos jugements sur la terre,

les habitants du disque apprendront la justice.

10. Ayons pitié de l’impie, et il n’apprendra pas la justice ;

dans la terre des saints il a fait des choses iniques,

et il ne verra pas la gloire du Seigneur.

11. Seigneur, que votre main s’élève, et qu’ils ne voient pas ;

qu’ils voient et qu’ils soient confondus, ceux qui sont jaloux de votre peuple

et qu’un feu dévore vos ennemis.

12. Seigneur, vous nous donnerez la paix ;

car vous avez opéré

toutes nos œuvres pour nous.

13. Seigneur notre Dieu,

des maitres étrangers nous ont possédés sans vous,

que seulement par vous nous nous souvenions de votre nom.

14. Que les morts ne revivent point,

que les géants ne ressuscitent point ;

à cause de cela vous les avez visités et brisés,

et vous avez anéanti toute leur mémoire.

15. Vous avez été indulgent envers cette nation, Seigneur ;

vous avez été indulgent envers cette nation ; est-ce que vous n’avez pas été glorifié ?

Vous avez reculé les frontières de sa terre.

16. Seigneur, dans l’angoisse ils vous ont recherché,

dans la tribulation du murmure votre enseignement était avec eux.

17. Comme celle qui a conçu, lorsqu’elle approche de l’enfantement,

souffre et crie dans ses douleurs ;

ainsi nous sommes devenus à votre face, Seigneur.

18. Nous avons conçu, nous avons été comme en travail,

nous avons enfanté du vent ;

nous n’avons pas fait des œuvres de salut sur la terre ;

c’est pour cela que ne sont pas tombés les habitants de la terre.

19. Ils vivront, vos morts ;

ceux qui m’ont été tués ressusciteront ;

réveillez-vous, et chantez des louanges,

vous qui habitez dans la poussière ;

car votre rosée, Seigneur, est une rosée de lumière,

et que vous réduirez la terre des géants en ruine.

20. Va, mon peuple, entre dans tes chambres ;

ferme les portes sur toi ;

cache-toi un peu pour un moment

jusqu’à ce que soit passée l’indignation.

21. Car voici que le Seigneur sortira de son lieu,

afin de visiter l’iniquité de l’habitant de la terre ;

et la terre révèlera le sang qu’elle a reçu,

et elle ne couvrira plus ceux qui avaient été tués sur elle.

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CHAP. XXVI. 21. Mich. I, 3.

 

1. Notre ville forte ; litter., et par hébraïsme, la ville de notre force. Sion représente ici l’Église dont Jésus-Christ est le mur et l’avant-mur, par la protection puissante dont il la couvre.

4. Vous avez, etc. Le prophète s’adresse maintenant au peuple de Juda. — Durant les siècles éternels ; dans tous les temps, et au milieu de tous les évènements de la vie.

5. La cité élevée, orgueilleuse, superbe, Babylone, suivant l’opinion commune. Quoi qu’il en soit, cette cité élevée représente le monde ennemi de Dieu.

14. Que les morts, etc. C’est une imprécation et en même temps une prédiction du malheur des Chaldéens, de ces maitres étrangers (compar. le verset précédent), qui ont opprimé le peuple du Seigneur.

18. Nous n’avons pas fait, etc. Les Juifs n’ont pas mérité, par de bonnes actions, que Dieu exterminât les habitants des pays voisins de la Judée. Il a conservé ces peuples pour éprouver et châtier Juda.

19. Vos morts ; les morts du Seigneur, ceux qui ont été pris parmi le peuple du Seigneur, et, dans un sens plus général, ceux qui meurent dans le Seigneur. Compar. Apoc. XIV, 13. Cette prophétie et celle du verset 21 n’auront leur entier accomplissement qu’à la résurrection future, lorsque Jésus-Christ descendra des cieux pour juger tous les hommes. — * Une rosée de lumière, qui vivifie.

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Is 27

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CHAPITRE XXVII

Punition du prince oppresseur des Israélites. Délivrance de ce peuple. « in gladio suo duro, et grandi, et forti »

1. En ce jour-là Dieu visitera

avec son glaive dur et grand et fort,

Leviathan, serpent bâton fuyant,

Leviathan, serpent tortueux,

et il tuera le grand poisson qui est dans la mer.

2. En ce jour-là la vigne du vin pur le chantera.

3. Moi, le Seigneur qui la garde,

je l’arroserai soudain ;

de peur qu’elle ne soit endommagée,

nuit et jour je la garde.

4. Je n’ai pas d’indignation ;

qui me donnera une épine ou une ronce dans le combat ?

je marcherai dessus,

et j’y mettrai aussi le feu ?

5. Ou plutôt retiendra-t-il ma puissance,

fera-t-il la paix avec moi,

fera-t-il la paix avec moi ?

6. Ceux qui entrent impétueusement dans Jacob,

Israël fleurira et germera pour eux,

et ils rempliront la face du disque de semence.

7. Est-ce que le Seigneur a frappé Israël d’une plaie semblable à celle dont l’a frappé l’ennemi ?

ou Israël a-t-il été tué, comme le Seigneur a tué ceux qu’il a tués à l’ennemi ?

8. C’est avec mesure contre mesure

que lorsqu’elle sera rejetée, vous la jugerez ;

le Seigneur a médité en son esprit sévère

pour le jour d’une chaleur extrême.

9. C’est pourquoi de cette manière sera remise son iniquité à la maison de Jacob ;

et tout le fruit de ce châtiment, c’est que son péché soit expié,

lorsqu’Israël aura brisé toutes les pierres de l’autel

comme des pierres de chaux,

et que ne seront plus debout les bois sacrés et les temples.

10. Car la cité fortifiée sera désolée,

la belle ville sera délaissée et abandonnée comme un désert ;

là paitra le veau, et là il se reposera,

et mangera les sommités de ses rameaux.

11. Ses moissons, desséchées, seront broyées ;

des femmes viendront et l’instruiront ;

car ce n’est pas un peuple sage ;

à cause de cela, il n’aura pas pitié de lui,

celui qui l’a fait ; et celui qui l’a formé ne l’épargnera pas.

12. Et il arrivera en ce jour-là

que le Seigneur frappera

depuis le lit du fleuve jusqu’au torrent de l’Égypte ;

et vous, vous serez rassemblés un à un, fils d’Israël.

13. Et il arrivera en ce jour-là qu’on sonnera d’une grande trompette,

et ils viendront de la terre des Assyriens, ceux qui y étaient perdus,

et ceux qui avaient été jetés sur la terre d’Égypte,

et ils adoreront le Seigneur

sur la montagne sainte, à Jérusalem.

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CHAP. XXVII.

 

1. # Son glaive ; son jugement, l’arrêt de sa justice, la décision de donner la Vie et la Jouissance à la Création. — Bâton fuyant (vectem) ; d’après J.-G. Glaire, « levier c’est-à-dire semblable à une barre par sa longueur et sa grosseur. Le mot hébreux correspondant signifie proprement fuyard, fugitif. » — Vectis signifie levier, barre d’un pressoir, pilon, barre d’une porte, verrou ou encore brancard. Il vient de véctio « action de transporter » et contient donc l’idée de mouvement présente dans le mot hébreu. En un seul mot, la Vulgate désigne un bâton fuyant, c’est-à-dire un phallus en débandaison. La suite du texte explique parfaitement le dessein de Dieu : frapper la débandaison par sa toute-puissance et la remplacer par une étreinte éternelle. Les vv. 3 et 6 décrivent l’éjaculation et ne laisse aucune ambigüité sur le sens érotique de tout le passage. Le grand poisson est la Création sortie du néant à laquelle Dieu donne la Mort divine par notre Seigneur Jésus Christ. Le glaive est notre Seigneur Jésus Christ, le moyen par lequel Dieu qui donne la jouissance divine au grand poisson, la création qui est dans la mer c’est-à-dire le néant. La Création, néant en elle-même, jouit par le moyen de notre Seigneur Jésus Christ, Dieu donne la jouissance au néant par notre Seigneur Jésus Christ. Vectem peut se traduire aussi verrou, c’est ce qui ferme à la Création la porte de la jouissance, tout simplement le fait qu’elle soit hors de Dieu et qu’elle ne puisse pas entrer en Dieu sans l’incarnation du Fils de Dieu et la Croix de notre Seigneur Jésus Christ par laquelle Dieu attire toutes les choses à Lui (cf. Joan XII, 32). Cette Croix est souvent représentée par les peintres chrétiens devant un chemin en forme de serpent tortueux pour montrer l’accomplissement de cette prophétie lors de la Crucifixion. — Le grand poisson ; la baleine, comme on l’entend communément. Sous ces termes énigmatiques, on peut voir les différents ennemis d’Israël ; mais aussi les méchants en général, dont le démon est le chef.

2. La vigne représente l’Église. — * La vigne du vin pur ; la vigne qui produit un vin excellent.

4. Je n’ai pas d’indignation ; c’est-à-dire je n’ai que des sentiments de bonté et de tendresse pour ma vigne. — Qui me donnera. L’accusatif latin (me) de la Vulgate est mis par hébraïsme pour le datif (mihi). — * Si quelqu’un me pique comme une épine ou comme une ronce, je le foulerai aux pieds.

6. Ceux qui entrent, etc. ; les gentils qui s’empressent de se réunir aux Juifs.

8. C’est avec mesure, etc. ; c’est en opposant la mesure de la culpabilité à la mesure du châtiment ; c’est avec une parfaite équité. — Elle ; c’est-à-dire la vigne, nommée au vers. 2.

10. La cité, etc. ; Jérusalem, selon les uns, ou Babylone, suivant les autres.

11. Des femmes, etc. C’est ainsi que la prophétesse Holda, au temps de Josias, fut suscitée de Dieu pour annoncer les maux qui allaient fondre sur Jérusalem (IV Reg. XXII, 14 et suiv.).

12. Du fleuve ; de l’Euphrate. — Le torrent de l’Égypte ; le bras le plus oriental du Nil. — * Ou plutôt, selon le sens ordinaire de cette expression dans l’Ancien Testament, l’ouadi el-Arisch, qui marquait la frontière occidentale de la Palestine.

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Is 28

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CHAPITRE XXVIII

Ruine du royaume d’Ephraïm. Désolation du royaume de Juda.

1. Malheur à la couronne d’orgueil, aux hommes ivres d’Ephraïm,

à la fleur qui tombe, à la gloire de son exultation,

à ceux qui étaient au haut de la vallée très grasse,

chancelant par le vin.

2. Voici que le Seigneur fort et puissant

sera comme l’impétuosité de la grêle, comme un tourbillon qui brise,

comme l’impétuosité des grandes eaux inondantes,

et lâchées sur une terre spacieuse.

3. Aux pieds sera foulée

la couronne d’orgueil des hommes ivres d’Ephraïm.

4. Et elle tombera, la fleur de la gloire et de l’exultation de celui

qui est au haut des vallées grasses,

comme le fruit venant à temps avant l’automne ;

dès que quelqu’un le voyant l’aura regardé

et pris de sa main, il le dévorera.

5. En ce jour-là, le Seigneur des armées sera une couronne de gloire,

et un bouquet d’exultation pour le reste de son peuple ;

6. Et un esprit de jugement pour celui qui sera assis sur le tribunal du jugement,

et une force pour ceux qui retourneront de la guerre à la porte de la ville.

7. Mais ceux-ci même ont manqué de connaissance par le vin, et par l’ivresse ils ont chancelé ;

le prêtre et le prophète ont manqué de connaissance par l’ivresse ;

absorbés par le vin, ils ont chancelé dans l’ivresse,

ils n’ont pas connu le voyant, ils ont ignoré la justice.

8. Car toutes les tables ont été remplies de vomissement et d’ordures,

en sorte qu’il n’y avait plus un lieu sans souillure.

9. 9 À qui enseignera-t-il la science ?

à qui fera-t-il comprendre ce qui aura été entendu ?

à des enfants qu’on vient de sevrer,

d’arracher aux mamelles.

10. Parce qu’ils disent : Commande, commande encore, commande, commande encore,

attends, attends encore, attends, attends encore,

un peu là, un peu là.

11. Car dans un autre langage de lèvres

et une autre langue,

il parlera à ce peuple,

12. Auquel il avait dit : Voici mon repos,

soulagez celui qui est fatigué,

et voici mon rafraîchissement ;

et ils n’ont pas voulu entendre.

13. Et telle sera la parole que le Seigneur leur adressera :

Commande, commande encore, commande, commande encore,

attends, attends encore, attends, attends encore,

un peu là, un peu là ;

afin qu’ils aillent, et qu’ils tombent en arrière,

et qu’ils soient brisés, qu’ils donnent dans le piège et qu’ils y soient pris.

14. À cause de cela, écoutez la parole du Seigneur, hommes railleurs

qui dominez sur mon peuple qui est à Jérusalem.

15. Car vous avez dit : Nous avons contracté une alliance avec la mort,

et avec l’enfer nous avons fait un pacte.

Le fléau débordant, lorsqu’il passera, ne viendra pas sur nous ;

parce que nous avons établi le mensonge notre espérance,

et que par le mensonge nous avons été protégés.

16. C’est pourquoi le Seigneur Dieu dit ceci :

Voici que moi je poserai dans les fondements de Sion une pierre,

une pierre éprouvée,

angulaire, précieuse, enfoncée dans le fondement ;

que celui qui croit, ne se hâte pas.

17. Et j’établirai avec un poids le jugement,

et la justice avec mesure ;

et la grêle détruira l’espérance du mensonge ;

et la protection, les eaux l’inonderont.

18. Et votre alliance avec la mort sera détruite,

votre pacte avec l’enfer ne subsistera pas ;

quant au fléau débordant, lorsqu’il passera, vous en serez accablés.

19. Toutes les fois qu’il passera, il vous emportera ;

puisque dès le matin à l’aube, il passera pendant le jour et pendant la nuit ;

et il n’y aura seulement que le tourment qui donnera l’intelligence à l’ouïe.

20. Car la couche a été resserrée, de manière que si deux s’y placent, l’un tombera ;

et la couverture étroite ne peut les couvrir l’un et l’autre.

21. Car comme sur la montagne des divisions, le Seigneur se lèvera ;

comme dans la vallée qui est en Gabaon, il se mettra en colère ;

afin de faire son œuvre, son œuvre étrangère ;

afin d’opérer son œuvre, son œuvre qui lui est étrangère.

22. Et maintenant ne vous jouez point,

de peur que vos liens ne se resserrent ;

car j’ai appris du Seigneur Dieu des armées la destruction

et le retranchement qu’il va faire sur la terre tout entière.

23. Prêtez l’oreille, et écoutez ma voix ;

soyez attentifs, et écoutez ma parole.

24. Est-ce que pendant tout le jour, le laboureur labourera afin de semer ;

fendra-t-il les mottes, et sarclera-t-il sa terre ?

25. Est-ce que, lorsqu’il en aura égalisé la surface,

il ne sèmera pas de la nigelle et il ne répandra pas du cumin,

et il ne mettra pas du blé par rangée, et de l’orge,

et du millet, et de la vesce dans ses confins ?

26. Et son Dieu lui donnera le discernement ;

son Dieu l’instruira.

27. Car la nigelle ne sera pas triturée avec des traineaux à pointes de fer,

ni la roue du charriot ne circulera sur le cumin ;

mais avec une verge on battra la nigelle,

et le cumin avec un fléau.

28. Mais le pain sera brisé ;

cependant ce ne sera pas à perpétuité que celui qui le triture le triturera,

et que la roue du charriot le pressera,

et qu’avec ses ongles il le brisera.

29. Ceci est venu du Seigneur Dieu des années,

pour faire admirer ses conseils et signaler sa justice.

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CHAP. XXVIII. 11. I Cor.. XIV, 21. — 16. Ps. CXVII, 22 ; Matth. XXI, 42 ; Act. IV, 11 ; Rom. IX, 33 ; I Petr. II, 6. — 21. II Reg. V, 20 ; I Par. XIV, 11 ; Jos. X, 10.

 

1-29. * IVe groupe : Prophéties du temps d’Ézéchias, relatives au peuple de Dieu, XXVIII-XXXIX. Voici la division et le contenu de ce quatrième groupe. Il renferme diverses prophéties relatives aux Juifs, et datant de l’époque d’Ézéchias. Il se partage en deux parties bien distinctes : l’une se composant exclusivement d’oracles concernant le royaume de Juda et Jérusalem, XXVIII-XXXV ; l’autre contenant des épisodes de la vie d’Ézéchias dans lesquels Isaïe était intervenu au nom de Dieu pour faire connaitre l’avenir au descendant de David, XXXVI-XXXIX. Ces deux parties se relient entre elles de la manière suivante. Comme l’invasion de la Judée par Sennachérib fut le grand évènement du règne d’Ézéchias, les prophéties de cette période roulent à peu près uniquement sur ce sujet. Les ch. XXVIII-XXXV annoncent les maux que le roi d’Assyrie causera à Jérusalem, l’inutilité du secours de l’Égypte, sur laquelle Juda avait compté, et la délivrance glorieuse de la cité, qui sera l’œuvre de Dieu seul. Les ch. XXXVI-XXXVII sont la conclusion de ces prophéties, ils nous montrent comment s’accomplit ce qu’Isaïe avait prédit dans les chapitres précédents, comment, pendant la crise même, il réitéra les promesses de triomphe et comment enfin Sennachérib, abattu par la main du Seigneur, dut se retirer sans avoir pu exécuter ses menaces, après avoir miraculeusement perdu son armée. Par analogie avec ces évènements, Isaïe joint à ce récit celui des prophéties qu’il fit à Ézéchias à l’occasion de sa maladie, XXXVIII, et à l’occasion de l’ambassade de Merodach Baladan, XXXIX ; c’est là que se termine la première partie de son livre. — Pour l’intelligence des oracles de cette époque, il faut se rappeler qu’Ézéchias, bien différent d’Achaz son père, rétablit le culte du vrai Dieu, quoique le peuple ne se convertît pas sincèrement. Ses sujets furent punis de leur idolâtrie et de leur révolte, et le roi récompensé de sa foi et de sa piété : l’invasion assyrienne châtia les coupables, la destruction de l’armée de Sennachérib fut un témoignage éclatant de la protection divine vis-à-vis d’Ézéchias, qui suivait les conseils des prophètes de Dieu, soutiens de l’État. II Par. XXXII, 20 ; IV Reg. XVIII, 7. — La première subdivision du quatrième groupe contient : — 1° cinq discours qui forment dans nos Bibles six chapitres ; ils commencent tous les cinq de la même manière : Malheur ; chacun d’eux forme un tout complet, XXVIII, XXIX, XXX, XXXI-XXXII, XXXIII, mais le sujet en est cependant semblable : c’est l’invasion de Sennachérib, considérée comme châtiment divin ; la condamnation des moyens humains auxquels on recourt pour vaincre l’ennemi ; la promesse du triomphe dans le présent et surtout dans l’avenir par le règne messianique. — 2° Cette dernière pensée est principalement développée dans les ch. XXXIV-XXXV, qui forment comme la conclusion, dans laquelle le prophète nous montre le Seigneur jugeant tous les peuples et en particulier l’Idumée, symbole des ennemis de l’Église : Sion, par le Christ, règne sur toutes les nations. Les ch. XXXIV-XXXV sont, par rapport aux ch. XXVIII-XXXIII, ce que sont, dans le groupe précédent, les ch. XXIV-XXVII relativement aux ch. XIII-XXIII.

1. La couronne d’orgueil ; Samarie, capitale du royaume d’Israël. — Ephraïm ; tribu qui tenait le premier rang dans le royaume d’Israël. — À ceux qui étaient, etc. ; c’est-à-dire aux habitants de Samarie, située sur une colline qui s’élevait au milieu d’une vallée très fertile.

7. Ils n’ont pas connu le voyant ; c’est-à-dire le prophète, le vrai prophète, ou la vision, la prophétie, comme on traduit généralement l’hébreu, qui porte d’ailleurs : ils ont erré dans, au lieu de : ils n’ont pas su.

9. À qui enseignera. Le sujet de ce verbe est le Seigneur, suivant les uns, et le prophète, selon les autres. — La science ; la loi divine, comme on l’entend assez généralement. — Ce qui aura été entendu ; la parole, l’instruction, qui se perçoit par l’ouïe. — À des enfants, etc. Saint Paul semble faire allusion à ce passage dans I Cor. III, 2, et Hebr. V, 13.

10. Commande, etc. ; allusion à la manière railleuse dont les Juifs impies insultaient les prophètes, qui disaient souvent dans leurs oracles : Le Seigneur commande, et Attendez un peu, et vous verrez, etc.

11. Car dans un autre, etc. Puisqu’ils se sont moqués du langage des prophètes qui les exhortaient à la pénitence, Dieu leur parlera une autre langue, mais qu’ils ne comprendront pas. Le Seigneur a déjà menacé les Juifs de ce châtiment (VI, 9-10). Compar. I Cor. XIV, 21.

16. Une pierre angulaire, etc. Voy., pour le sens de cette expression, Ps. CXVII, 22. — * Les Assyro-Chaldéens plaçaient aux quatre angles de leurs édifices dans un endroit choisi, dans les fondements, des tablettes d’argile et de métaux précieux où était racontée l’histoire de l’érection de l’édifice. Nous avons peut-être ici une allusion à une coutume de ce genre. La pierre angulaire, importante par elle-même, le devenait encore davantage par les objets précieux qu’elle conservait. — Cette pierre précieuse désigne ici le Messie.

19. Il n’y aura, etc. Le malheur seul vous fera comprendre ce qu’on vous dit.

20. Car la couche, etc. ; image des extrémités où les ennemis réduiront les Juifs. — * Ce verset reproduit vraisemblablement un proverbe ou dicton populaire.

21. La montagne des divisions ; ou des dispersions. Voy. II Reg. V, 20 et suiv. — La vallée, etc. Voy. Jos. X, 10.

25, 27. * La nigelle, mentionnée seulement dans ce chapitre d’Isaïe, produit une graine aromatique, de couleur noire, qu’on emploie comme assaisonnement en Orient, ce qui fait que cette plante y est toujours cultivée. Elle fait partie de la famille des renonculacées. Les diverses espèces de nigelle sont herbacées. Le fruit se compose de cinq à six capsules dont il est facile de faire tomber les graines, quand elles sont mûres, en battant les tiges avec un bâton. — Le cumin était cultivé en Palestine pour la même raison que la nigelle. C’est une plante annuelle de la famille des ombellifères, assez semblable au fenouil. Elle a de quinze à dix-huit centimètres de hauteur. Ses fleurs sont petites, blanches ou rouges. Les graines, de forme ovale, ont un gout piquant, amer et une odeur aromatique prononcée ; on s’en servait en Palestine comme de condiment. La récolte qu’on en faisait était assez considérable pour que les docteurs de la loi, du temps de Notre Seigneur, imposassent l’obligation d’en payer la dime. Voir Matth. XXIII, 23. On cultive encore aujourd’hui le cumin à Malte et on le bat de la manière que le dit Isaïe. — La vesce. Ce mot rend l’hébreu koussemeth, dont le sens est très discuté. La vesce sert d’aliment en Palestine ; on la donne aussi comme fourrage aux animaux. En Europe, on en donne les graines surtout aux pigeons. — Dans ses confins. On semait la vesce autour des champs où l’on cultivait le blé et l’orge, afin que cette bordure les garantit contre les déprédations des passants.

25. Dans ses confins (in finibus suis) ; c’est-à-dire dans son champ. Cette traduction nous a paru la plus conforme à la Vulgate et la mieux autorisée par l’hébreu.

28. Le pain ; c’est-à-dire le grain dont on fait le pain. — Ses ongles ; les pointes de fer et les pierres aiguës du charriot.

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Is 29

*is29

CHAPITRE XXIX

Désolation de Jérusalem et de la Judée. Défaite des ennemis. Rétablissement des enfants de Juda.

1. Malheur à Ariel, Ariel,

cité qu’a prise d’assaut David ;

une année s’est jointe à une année ;

des solennités se sont écoulées.

2. Et j’environnerai Ariel de tranchées ;

et elle sera triste, affligée,

et elle sera pour moi comme Ariel.

3. Et je ferai comme un cercle tout autour de toi,

et je poserai un rempart contre toi ;

et je placerai des fortifications pour ton siège.

4. Tu seras humiliée, c’est du sein de la terre que tu parleras,

et de la poussière que sera entendue ta parole ;

et sortant de la terre, ta voix sera comme celle d’un python,

et de la poussière ta parole ne rendra qu’un faible son.

5. Et sera comme la poudre menue la multitude de ceux qui t’ont agitée,

et comme la cendre brulante qui se dissipe, la multitude de ceux qui contre toi ont prévalu ;

6. Et ce sera soudain, sur-le-champ.

Et par le Seigneur des armées

elle sera visitée au milieu d’un tonnerre, et d’un tremblement de terre, et de la grande voix

d’un tourbillon, et d’une tempête, et de la flamme d’un feu dévorant.

7. Et sera comme le songe d’une vision nocturne

la multitude de toutes les nations qui ont combattu contre Ariel,

et il en sera ainsi de tous ceux qui lui ont fait la guerre,

et l’ont assiégée, et ont prévalu contre elle.

8. Et comme celui qui a faim songe qu’il mange,

mais lorsqu’il est réveillé, son âme se trouve vide ;

et comme celui qui a soif songe qu’il boit,

mais après qu’il est réveillé, il est las et a encore soif,

et son âme est vide ;

ainsi sera la multitude de toutes ces nations

qui ont combattu contre la montagne de Sion.

9. Soyez frappés de stupeur et admirez,

soyez flottants et vacillants ;

enivrez-vous, mais non de vin ;

chancelez, mais non par l’ivresse.

10. Parce que le Seigneur a répandu sur vous

un esprit d’assoupissement, il fermera vos yeux ;

vos prophètes et vos princes qui voient des visions, il mettra sur eux un voile.

11. Et la vision d’eux tous sera pour vous

comme le livre scellé ;

lorsqu’on le donnera à un homme qui sait lire,

on dit : Lis ce livre ;

et il répondra : Je ne puis, car il est scellé.

12. Et on donnera le livre à un homme qui ne sait pas lire,

et on lui dira : Lis ;

et il répondra : Je ne sais pas lire.

13. Et a dit le Seigneur : Parce que ce peuple s’approche de moi par sa bouche,

et me glorifie par ses lèvres,

mais que son cœur est loin de moi,

et qu’ils m’ont craint par le commandement et les enseignements des hommes :

14. C’est pour cela, voici que moi j’exciterai encore l’admiration

de ce peuple par un miracle grand et étonnant ;

car la sagesse périra du milieu des sages,

et l’intelligence des prudents sera obscurcie.

15. Malheur à vous qui êtes impénétrables de cœur,

afin que vous cachiez au Seigneur un dessein ;

leurs œuvres sont dans les ténèbres,

et ils disent : Qui nous voit,

et qui nous connait ?

16. Elle est perverse, cette pensée que vous avez ;

comme si l’argile se révoltait contre le potier,

et lui disait : Tu ne m’as pas fait ;

et comme si l’œuvre disait à celui qui l’a façonnée : Tu ne comprends pas.

17. Encore un peu de temps,

et le Liban ne sera-t-il pas bientôt converti en charmel,

et le charmel ne sera-t-il pas réputé pour la forêt ?

18. Et en ce jour-là, les sourds entendront les paroles d’un livre,

et, affranchis des ténèbres et de l’obscurité, les yeux des aveugles verront.

19. Et les hommes doux ajouteront à leur joie dans le Seigneur,

les hommes pauvres exulteront dans le saint d’Israël ;

20. Parce qu’il a disparu, celui qui prévalait, et qu’il a été détruit le railleur,

et qu’ils ont été retranchés, ceux qui veillaient pour l’iniquité ;

21. Qui faisaient pécher les hommes par leur parole,

qui à la porte tendaient des pièges à celui qui les réfutait,

et sans motif s’éloignaient du juste.

22. À cause de cela, voici ce que dit, à la maison de Jacob,

le Seigneur, qui a racheté Abraham :

Jacob ne sera plus confondu,

et son visage ne rougira plus ;

23. Mais lorsqu’il verra ses fils,

ouvrages de mes mains,

sanctifiant au milieu de lui mon nom,

ils sanctifieront ensemble le saint de Jacob,

et annonceront le Dieu d’Israël,

24. Et ceux qui étaient égarés d’esprit recevront l’intelligence,

et les murmurateurs apprendront la loi.

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CHAP. XXIX. 13. Matth. XV, 8 ; Marc. VII, 6. — 14. I Cor. I, 19 ; Abd. I, 8. — 15. Eccli. XXIII, 26.

 

1. Ariel ; en hébreu signifie lion de Dieu ; Ézéchiel (XLIII, 15-16) donne ce même nom à l’autel des holocaustes. Toute la suite de la prophétie montre qu’il faut l’entendre ici de Jérusalem. — * Isaïe donne ici à Jérusalem un nom symbolique, de même qu’il l’a appelée plus haut vallée de vision, XXII, 1 ; mais d’où vient ce nom symbolique ? Les uns y ont vu une allusion à la tribu de Juda, dont cette ville était comme la capitale, parce que Juda est comparé à un lion, Gen. XLIX, 9 ; d’autres ont cru que le prophète faisait une allusion à la forme de la capitale de la Judée, qui, avec ses deux montagnes du Moriah et de Sion, ressemble à un gigantesque lion au repos.

3. Je ferai, etc. Le siège de Jérusalem par Nabuchodonosor est annoncé de même dans Ezech. IV, 2, et Jésus-Christ annonce aussi en des termes semblables le dernier siège de Jérusalem par les Romains (Luc. XIX, 43-44).

4. D’un python ; c’est-à-dire d’un magicien, d’un devin. — * Ta voix sortant de la terre. Les pythons ou magiciens paraissent avoir été quelquefois des ventriloques qui parlaient comme si leur voix sortait de terre.

7. Ariel. Voy. le verset 1.

8. Songe qu’il mange ; littér. et par hébraïsme, songe et il mange. — Âme ; mot qui, comme nous l’avons déjà remarqué, signifie en hébreu, aussi bien qu’en arabe, la personne, l’individu lui-même.

10. Le Seigneur a répandu, etc. Saint Paul fait allusion à ce passage dans Rom. XI, 8.

11. * Le livre scellé. Les livres avaient la forme de rouleaux ; on les pliait et, si l’on ne voulait point qu’ils fussent ouverts, on plaçait un sceau sur le rouleau de manière qu’on ne pût le dérouler sans rompre le sceau. Ils n’étaient ordinairement écrits qu’à l’intérieur.

13. Ce peuple, etc. Jésus-Christ déclare aux Juifs incrédules que c’était d’eux qu’Isaïe prophétisait dans ce passage (Matth. XV, 8-9 ; Marc. VII, 6-7). — Ils m’ont craint, etc. ; c’est-à-dire ils m’ont adoré, ils m’ont rendu un culte fondé, non sur ma loi et sur mes préceptes, mais sur des traditions purement humaines. Le plur. ils représente le mot peuple, qui est un nom collectif.

14. Car la sagesse, etc. Saint Paul applique ceci à la fausse sagesse des hommes, confondue par la prédication de la croix, qui est un scandale aux yeux des Juifs, et une folie aux yeux des gentils (I Cor. I, 18-19).

15. Malheur à vous qui, etc. Ces paroles s’adressent aux impies dont il est question plus haut (XXVIII, 15). — Un dessein ; probablement celui de recourir, en cas de besoin, au secours de l’Égypte. Compar. ce qui est dit, XXX, 1 et suiv.

17. Liban ; montagne dont une partie est très stérile. — # Selon Fillion : Charmel ; mot hébreu signifiant « verger ». Selon Glaire : Carmel ; Autre montagne, mais dont la fertilité est passée et proverbe. — La forêt ; comme lit le texte hébreu, et non une forêt en général. Or cette forêt particulière est probablement celle du Liban, comme l’insinue le contexte.

21. À la porte de la ville, où se tenaient les assemblées et où se rendaient les jugements.

22. Qui a racheté Abraham ; en le tirant de son pays, adonné à l’idolâtrie.

23. Ils sanctifieront ; selon la Vulgate, et sanctificabunt ; il est évident qu’ici la particule et n’a pas la signification conjonctive, mais que, comme en bien d’autres endroits, elle ne fait simplement que marquer l’apodose ; sans cela, le sens du verset resterait inachevé.

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Is 30

*is30

CHAPITRE XXX

Vaine confiance de la Judée dans le secours de l’Égypte. Rétablissement de Juda. Défaite de ses ennemis.

1. Malheur à vous, fils déserteurs, dit le Seigneur,

de ce que vous formez des desseins, et non par moi,

et que vous ourdissez une trame, et non par mon esprit,

afin d’ajouter péché à péché ;

2. Vous qui marchez pour descendre en Égypte,

et n’avez pas interrogé ma bouche,

espérant du secours de la force de Pharaon,

et ayant confiance dans l’ombre de l’Égypte.

3. Et la force de Pharaon vous sera à confusion,

et la confiance dans l’ombre de l’Égypte, à ignominie.

4. Car tes princes étaient à Tanis,

et tes messagers sont parvenus jusqu’à Hanés.

5. Tous ont été confondus à la vue d’un peuple qui ne pouvait leur être utile ;

ils ne leur ont pas été à secours et à quelque utilité,

mais à confusion et à opprobre.

6. Malheur accablant des bêtes du Midi.

Elles vont dans une terre de tribulation et d’angoisse,

d’où sortent la lionne et le lion,

la vipère et le basilic volant ;

ils portent sur les épaules des ânes leurs richesses,

et sur la bosse des chameaux leurs trésors,

à un peuple qui ne pourra pas leur être utile.

7. Car inutilement et vainement l’Égypte les secourra ;

voilà pourquoi j’ai crié à ce sujet : C’est de l’orgueil seulement, reste en repos.

8. Maintenant donc entre, écris cela pour lui sur le buis,

et dans un livre grave-le soigneusement,

et il sera au dernier jour

un témoignage à jamais ;

9. Car c’est un peuple provoquant au courroux,

et ce sont des fils menteurs,

des fils qui ne veulent pas

entendre la loi de Dieu ;

10. Qui disent à ceux qui voient : Ne voyez pas ;

et à ceux qui regardent : Ne regardez pas pour nous des choses qui sont justes ;

dites-nous des choses qui nous plaisent,

voyez pour nous des erreurs.

11. Éloignez de moi cette voie,

détournez de moi ce sentier ;

qu’il disparaisse de notre face,

le saint d’Israël.

12. À cause de cela, voici ce que dit le saint d’Israël :

Parce que vous avez rejeté cette parole,

et que vous avez espéré dans la calomnie et dans le tumulte,

et que vous y avez mis votre appui,

13. À cause de cela, cette iniquité sera pour vous

comme une brèche qui menace ruine,

et qui est recherchée dans un mur élevé,

parce que tout à coup, tandis qu’on ne s’y attend pas, vient son écroulement.

14. Et elle sera mise en pièces,

comme on brise d’un brisement très fort un vase de potier ;

et on ne trouvera pas parmi ses fragments un têt

dans lequel on puisse porter un peu de feu pris d’un incendie,

ou puiser un peu d’eau à une fosse.

15. Car voici ce que dit le Seigneur Dieu, le saint d’Israël :

Si vous revenez, et vous vous tenez en repos, vous serez sauvés ;

dans le silence et dans l’espérance sera votre force.

Et vous n’avez pas voulu ;

16. Et vous avez dit : Pas du tout ;

mais nous fuirons vers des chevaux ;

c’est pour cela que vous fuirez.

Et nous monterons sur de rapides coursiers ;

c’est pour cela que plus rapides seront ceux qui vous poursuivront.

17. Vous fuirez au nombre de mille hommes par la terreur d’un seul,

et tous par la terreur de cinq,

jusqu’à ce que vous soyez laissés

comme un mât de vaisseau sur une cime de montagne,

et comme un étendard sur une colline.

18. À cause de cela, le Seigneur attend, afin d’avoir pitié de vous ;

et pour cela il sera exalté en vous épargnant ;

car c’est un Dieu de justice que le Seigneur ;

bienheureux tous ceux qui l’attendent.

19. Car le peuple de Sion habitera dans Jérusalem ;

pleurant tu ne pleureras pas du tout ;

ayant pitié il aura pitié de toi ;

à la voix de ton cri, dès qu’il entendra, il te répondra.

20. Et le Seigneur vous donnera

un pain restreint et une eau peu abondante ;

et il ne fera pas que celui qui t’instruit s’en aille loin de toi ;

et tes yeux verront ton maitre.

21. Et tes oreilles entendront la voix de celui qui, derrière toi, t’avertira :

Voici la voie, marchez-y ;

et ne vous détournez ni à droite ni à gauche,

22. Et tu regarderas comme choses souillées les lames d’argent de tes images taillées au ciseau,

et le vêtement de ta statue d’or jetée en fonte,

et tu les rejetteras comme un linge souillé.

Sors, lui diras-tu ;

23. Et la pluie sera accordée à ta semence,

partout où tu auras semé sur la terre,

et le pain produit des grains de la terre

sera très abondant et gras ;

dans ta possession, en ce jour-là, l’agneau paîtra spacieusement.

24. Et les taureaux et les petits des ânes

qui labourent la terre,

mangeront les grains mêlés ensemble,

comme dans l’aire ils auront été vannés.

25. Et il y aura sur toute haute montagne

et sur toute colline élevée,

des ruisseaux d’eaux courantes,

au jour où beaucoup auront été tués,

et lorsque seront tombées les tours.

26. Et sera la lumière de la lune comme la lumière du soleil,

et la lumière du soleil sera septuplée,

 égale à la lumière de sept jours,

au jour où le Seigneur aura lié la blessure de son peuple

et guéri le coup de sa plaie.

27. Voici que le nom du Seigneur vient de loin ;

ardente est sa fureur, et lourde à porter ;

ses lèvres sont pleines d’indignation,

sa langue est comme un feu dévorant.

28. Son souffle est un torrent débordé,

qui atteint jusqu’au milieu du cou,

pour réduire des nations au néant,

et briser le frein d’erreur qui était aux mâchoires des peuples.

29. Vous chanterez

comme dans la nuit d’une sainte solennité,

et la joie de votre cœur sera

comme la joie de celui qui va avec la flute,

afin de se présenter sur la montagne du Seigneur,

au fort d’Israël.

30. Et le Seigneur fera entendre la majesté de sa voix,

et il montrera la terreur de son bras dans une menace de fureur,

et dans la flamme d’un feu dévorant ;

il brisera par un tourbillon et par des pierres de grêle.

31. Car à la voix du Seigneur Assur tremblera d’effroi,

frappé de sa verge.

32. Et le passage de la verge sera affermi ;

le Seigneur la fera reposer sur lui

au milieu des tambours et des harpes,

et dans des guerres considérables il les vaincra.

33. Car Topheth est préparée depuis hier,

par le roi préparée,

profonde et étendue.

Ses aliments sont du feu et beaucoup de bois ;

le souffle du Seigneur comme un torrent de soufre l’embrase.

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CHAP. XXX.

 

2. Ma bouche ; les ordres, les oracles sortis de ma bouche.

3. L’ombre : c’est-à-dire la protection.

4. Tanis ; ville d’Égypte, c’est la Mansoura d’aujourd’hui. Compar. Num. XIII, 23 ; Ps. LXXVII, 43. — Hanés ; ville d’Égypte ; saint Jérôme croit qu’elle était à l’extrémité méridionale de l’Égypte, vers les frontières de l’Éthiopie. — * Sur Tanis, voir plus haut, XIX, 11. — Hanés, en égyptien Chenensu, Heracleopolis magna, dans l’Égypte moyenne, était alors, comme Tanis et plusieurs autres villes de la vallée du Nil, la capitale d’un petit royaume.

5. Ils ; c’est-à-dire le peuple, qui, étant un collectif, représente le nombre pluriel.

6. Malheur accablant. Voy. XIII, 1. — D’où ; litter., selon l’hébreu et la Vulgate, d’eux (ex eis) ; le pronom se rapporte à terræ, qui s’entend quelquefois dans l’Écriture, non du sol, mais des habitants. — * Des bêtes du Midi. En hébreu, bahamoth, peut-être le behemoth ou hippopotame du livre de Job. XL, 15, qui peut être très exactement considéré comme le symbole de l’Égypte, laquelle avait grande confiance en sa puissance, mais était lente à se mettre en mouvement et était arrivée trop tard pour secourir Samarie assiégée par les Assyriens. — La vipère. Assarhaddon, dans le récit de sa campagne contre l’Arabie, dit que ce pays était plein de vipères et de scorpions. — Le basilic volant. Cette qualification de volant provient sans doute de ce que les serpents peuvent monter sur les arbres comme les oiseaux qui volent.

8. Entre, etc. C’est le Seigneur qui parle au prophète.

10. Ceux qui voient, ceux qui regardent ; c’est-à-dire les voyants, ceux qui ont des visions prophétiques, les prophètes.

13. Qui est recherchée (requisita) ; par l’ennemi, à qui, en effet, elle offre un moyen d’entrer dans la ville (Job. XXX, 14).

14. Comme on brise d’un brisement ; genre de répétition qu’on a déjà vu souvent, et qui a pour but de donner de l’énergie à l’idée exprimée par le verbe.

16. Vers des chevaux ; la cavalerie des Égyptiens. Compar. XXXI, 1.

17. Par la terreur d’un seul ; littér. à la face d’un seul ; c’est-à-dire un seul homme de l’ennemi en épouvantera mille d’entre vous.

20. Celui qui t’instruit (doctorem tuum), ton maitre (præceptorem tuum). L’Église, dans l’office de l’Avent, fait l’application de ces paroles à Jésus-Christ, qui est, en effet, notre docteur et notre maitre par excellence.

22. Les lames, etc. ; c’est-à-dire les lames d’argent dont sont couvertes, etc. — Images taillées au ciseau. L’Écriture emploie ordinairement cette expression pour désigner les idoles. — De tes images d’argent, de ta statue d’or ; littér. de ton argent, de ton or. En vertu d’un hébraïsme très commun, le pronom possessif ne se joint pas immédiatement au nom qu’il représente, mais au complément de ce nom.

26. La lumière, etc. Saint Jérôme voit ici la gloire du monde futur, c’est-à-dire de ces nouveaux cieux dont parlent saint Pierre (II Petr. III, 13) et saint Jean (Apoc. XXI, 1-5). Voir infra LXVI, 22. Comp. LXV, 17-25 ; supra XI, 6-9.

27. Le nom du Seigneur ; sa majesté, le Seigneur lui-même. Compar. V, 11 ; VII, 17 ; VIII, 1, 8, etc. — De loin ; après un long intervalle de temps.

29. Comme dans la nuit ; littér. comme la nuit ; genre de figure qui n’est pas étrangère au style biblique. Les fêtes des Hébreux commençaient la veille au soir. Aux trois plus solennelles, qui étaient celles de Pâques, de la Pentecôte et des Tabernacles, on se rendait à Jérusalem de toute la Judée, et même des provinces étrangères (Deut. XVI, 16 ; Ps. CXXI, 4). Il est très probable qu’on chantait des cantiques de joie pendant toute la solennité.

30. Sa voix ; c’est-à-dire le tonnerre. Au verset suivant, comme dans une infinité d’autres passages de l’Écriture, la voix du Seigneur a ce sens. Compar. Ps. XXVIII, 3 et suiv.

32. Sur lui ; sur Assur. — Au milieu des tambours, etc. des Israélites, qui loueront le Seigneur. — Il les vaincra ; les Assyriens.

33. Topheth ; lieu situé dans une vallée voisine de Jérusalem, où les Israélites brulaient leurs enfants en l’honneur de Moloch, idole des Ammonites. Compar. Jos. XV, 8 ; III Reg. XI, 7 ; II Par. XXVIII, 3 ; Jer. VII, 31, etc. — * Dans l’hébreu : Topheth, c’est-à-dire le bûcher est préparé pour le roi d’Assyrie, Sennachérib. C’est la prédiction de l’extermination de l’armée assyrienne racontée plus loin, XXXVII, 36.

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31 à 40

Is 31

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CHAPITRE XXXI

Vaine confiance de la Judée dans le secours de l’Égypte. Délivrance de Jérusalem. Défaite de ses ennemis.

1. Malheur à ceux qui descendront en Égypte pour y chercher du secours,

qui espèrent dans des chevaux,

et qui ont confiance dans des quadriges, parce qu’ils sont nombreux,

et dans des cavaliers, parce qu’ils sont très forts,

et qui ne se sont pas confiés au saint d’Israël,

et n’ont pas recherché le Seigneur.

2. Mais lui-même sage a amené le malheur,

et n’a pas retiré ses paroles ;

et il s’élèvera contre la maison des méchants,

et contre le secours de ceux qui opèrent l’iniquité.

3. L’Égypte est un homme et non un Dieu ;

et leurs chevaux sont chair, et non esprit ;

et le Seigneur inclinera sa main,

et l’auxiliaire sera renversé à terre, et il tombera, celui à qui est donné secours,

et tous ensemble seront détruits.

4. Car voici ce que dit le Seigneur :

Comme si un lion

et le petit d’un lion rugissent en se jetant sur leur proie,

et que coure contre eux une multitude de pasteurs,

ils ne s’effrayeront pas de leur voix,

et ne s’épouvanteront pas de leur multitude ;

ainsi descendra le Seigneur des armées,

afin de combattre sur la montagne de Sion et sur sa colline.

5. Comme des oiseaux qui volent au secours de leurs petits,

ainsi le Seigneur des armées protègera Jérusalem ;

la protégeant et la délivrant, passant et la sauvant.

6. Revenez, selon que vous vous étiez profondément éloignés,

fils d’Israël.

7. Car en ce jour-là, chacun rejettera

ses idoles d’argent et ses idoles d’or,

que vos mains vous ont faites pour le péché.

8. Et Assur tombera, par le glaive non d’un homme,

et le glaive non d’un homme le dévorera, et il foira,

non à la face du glaive,

et ses jeunes hommes seront tributaires ;

9. Et sa force disparaitra par la terreur,

et ses princes fuyant seront épouvantés,

a dit le Seigneur, dont le feu est dans Sion,

et le foyer dans Jérusalem.

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CHAP. XXXI. 3. Joan. VI, 64.

 

2. N’a pas retiré ses paroles ; n’a pas manqué d’accomplir ce qu’il avait dit par ses prophètes.

4. * Comme si un lion, etc. Ce passage a tout à fait le ton et l’accent homérique.

7. En ce jour-là ; au jour de la délivrance. — Chacun ; c’est le vrai sens du latin vir, expliqué par l’hébreu. — Ses idoles d’argent ; littér. les idoles de son argent. Voy. XXX, 22.

8. Par le glaive non d’un homme. Compar. XXX, 30 ; XXXVII, 36 ; IV Reg. XIX, 35 ; II Par. XXXII, 21.

9. Le feu, le foyer ; c’est-à-dire l’autel des holocaustes et le temple.

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Is 32

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CHAPITRE XXXII

Règne de Justice promis à Juda. Désolation de la Judée. Son rétablissement. Ruine de ses ennemis.

1. Voici que dans la justice règnera un roi,

et que des princes gouverneront selon le droit.

2. Et chacun sera comme celui qui est à l’abri du vent,

qui se cache à la tempête,

comme des ruisseaux d’eaux dans la soif,

comme l’ombre d’une pierre avancée dans une terre déserte.

3. Ils ne seront pas obscurcis, les yeux de ceux qui verront ;

et les oreilles de ceux qui entendront écouteront attentivement.

4. Et le cœur des insensés comprendra la science,

et la langue des bègues parlera vite et nettement.

5. Il ne portera plus le nom de prince, celui qui manque de sagesse,

et le frauduleux ne sera pas appelé grand ;

6. Car l’insensé dira des paroles extravagantes,

et son cœur commettra l’iniquité,

afin de parfaire la simulation,

et de parler à Dieu frauduleusement,

et de rendre vide l’âme de celui qui a faim,

et ôter le boire à celui qui a soif.

7. Les armes du frauduleux sont très cruelles ;

car c’est lui qui a combiné des pensées,

pour perdre des hommes doux par un discours menteur,

lorsque le pauvre parlait justice.

8. Mais un prince pensera des choses qui sont dignes d’un prince,

et il se tiendra lui-même ferme au-dessus des chefs.

9. Femmes opulentes, levez-vous,

et entendez ma voix ;

filles confiantes,

prêtez l’oreille à mes paroles.

10. Car après des jours et un an,

vous serez troublées, vous confiantes ;

car la vendange est achevée ;

et la récolte ne viendra plus.

11. Soyez dans la stupeur, femmes opulentes,

soyez troublées, filles confiantes ;

dépouillez-vous, et soyez couvertes de confusion,

et ceignez vos reins.

12. Pleurez sur des enfants à la mamelle,

sur une contrée délicieuse,

sur une vigne fertile.

13. Sur le sol de mon peuple monteront

des épines et des ronces ;

combien plus sur toutes les maisons joyeuses

d’une cité exultante ?

14. La maison a été abandonnée,

la multitude de la ville a été délaissée ;

des ténèbres palpables

se sont formées sur des cavernes pour jamais.

La joie des onagres,

ce sont les pâturages des troupeaux,

15. Jusqu’à ce que soit répandu sur nous

l’esprit du haut du ciel,

et un désert sera converti en charmel ;

et le charmel pour la forêt sera réputé ;

16. Et le droit habitera dans la solitude,

et la justice dans le charmel siègera ;

17. Et la paix sera l’ouvrage de la justice,

et l’observation de la justice,

le silence et la sécurité à jamais.

18. Mon peuple se reposera dans la beauté de la paix,

dans des tabernacles de confiance,

et dans un repos opulent.

19. Mais la grêle descendra sur la forêt,

et d’humiliation sera humiliée la cité.

20. Bienheureux, vous qui semez sur toutes les eaux,

y envoyant le pied du bœuf et de l’âne.

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CHAP. XXXII.

 

1. Un roi, etc. Ceci s’entend du règne d’Ézéchias, mais mieux encore du règne de Jésus-Christ dont Ézéchias était la figure. — Des princes ; ces princes représentent les apôtres.

2. Chacun. Voy. XXXI, 7.

3. Ceux qui verront ; c’est-à-dire les voyants (vidéntium), ou prophètes.

5. Il ne portera plus, etc. Isaïe oppose le règne d’Ézéchias ou de Josias, princes magnifiques, bienfaisants, au règne d’Achaz, qui avait opprimé ses peuples et les avait épuisés par ses exactions.

7. * Les armes traduit ici vases, de l’original et de la Vulgate, et signifie les machinations, les sourdes manœuvres du trompeur frauduleux.

8. Il se tiendra, etc. ; il exercera son autorité d’une main ferme sur les ministres qu’il choisira pour diriger son peuple.

9-20. * Le prophète s’adresse spécialement aux femmes riches qui semblent se tenir à l’écart et se livrer à leurs plaisirs, en se montrant indifférentes à ce qui se passe.

10. Après, etc. ; c’est-à-dire après un an et des jours ; ou mieux, après un an et un an (compar. XXIX, 1), après deux ans. D’autant que le mot hébreu jour signifie souvent une année quand il est mis au pluriel.

11. Dépouillez-vous de vos beaux ornements. — Ceignez vos reins ; prenez des vêtements de deuil et de pénitence.

14. La maison ; est probablement mis pour le pluriel les maisons ; l’hébreu porte un palais. — * La joie des onagres. Sur l’onagre, voir Job. XXIV, 5 ; XXXIX, 5-8.

15. Un désert, etc. Compar. XXIX, 17.

19. Descendra ; littér. dans l’action de descendre ; c’est le vrai sens de l’hébreu que la Vulgate a parfaitement rendu par in descensione. — D’humiliation sera humiliée ; hébraïsme, pour : sera profondément, ou entièrement humiliée. — La cité ; probablement Ninive, prise par Nabuchodonosor et Astyage, sous le règne de Josias.

20. Sur toutes les eaux ; sur tous les terrains bien arrosés. — Y envoyant, etc. ; en y envoyant le bœuf et l’âne paitre ou fouler le grain.

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Is 33

*is33

CHAPITRE XXXIII

Ruine des ennemis de Juda. Délivrance du peuple. Gloire de Jérusalem.

1. Malheur à toi qui pilles ; est-ce que toi-même tu ne seras pas aussi pillé ?

et toi qui méprises, est-ce que toi-même tu ne seras pas méprisé ?

Lorsque tu auras consommé le pillage, tu seras pillé ;

lorsque fatigué, tu cesseras de mépriser, tu seras méprisé.

2. Seigneur, ayez pitié de nous,

car c’est vous que nous avons attendu ;

soyez notre bras dès le matin,

et notre salut au temps de la tribulation.

3. À la voix de l’ange, des peuples ont fui,

et à cause de votre grandeur, des nations ont été dispersées.

4. Et on amassera vos dépouilles, comme on amasse la sauterelle,

comme lorsqu’on en remplit des fosses.

5. Le Seigneur a été magnifié, car il habite dans un lieu élevé ;

il a rempli Sion de jugement et de justice.

6. Et la fidélité existera en tes jours ;

la sagesse et la science seront des richesses de salut ;

et la crainte du Seigneur est son trésor.

7. Voilà que voyant ils crieront au dehors ;

des anges de paix pleureront amèrement.

8. Les voies ont été détruites,

le passant a cessé d’aller par le sentier,

l’alliance est devenue sans effet ;

il a rejeté des cités, il a compté pour rien les hommes.

9. La terre a pleuré, et elle a langui ;

le Liban a été couvert de confusion et avili ;

et le Saron est devenu comme un désert ;

et Basan a été ébranlé ainsi que le Carmel.

10. Maintenant je me lèverai, dit le Seigneur ;

maintenant je serai exalté, maintenant je serai élevé.

11. Vous concevrez de la flamme, et vous enfanterez de la paille ;

votre esprit comme un feu vous dévorera.

12. Les peuples seront comme la cendre après un incendie ;

comme des épines rassemblées, ils seront brulés par le feu.

13. Écoutez, vous qui êtes au loin, ce que j’ai fait,

et connaissez, vous qui êtes proches, ma puissance.

14. Les pécheurs ont été atterrés dans Sion ;

la terreur a saisi les hypocrites ;

qui de vous pourra habiter avec un feu dévorant ?

qui de vous habitera avec des flammes éternelles ?

15. Celui qui marche dans la justice, et parle vérité ;

qui rejette un gain fruit de la calomnie,

et secoue ses mains de tout présent ;

qui bouche ses oreilles, afin de ne pas entendre des paroles de sang,

et ferme ses yeux afin de ne pas voir le mal ;

16. Celui-là habitera dans des hauts lieux ;

des roches fortifiées seront sa demeure élevée ;

le pain lui a été donné, et ses eaux sont fidèles.

17. Ses yeux verront un roi dans son éclat ;

ils apercevront une terre de loin.

18. Ton cœur méditera la crainte : Où est le savant ?

où est celui qui pèse les paroles de la loi ?

où est le maitre des petits enfants ?

19. Tu ne verras pas un peuple impudent,

un peuple au discours profond ; de manière que tu ne puisses comprendre

son langage disert ; un peuple dans lequel il n’est aucune sagesse.

20. Regarde, Sion, la ville de nos solennités ;

tes yeux verront Jérusalem,

habitation opulente,

tabernacle qui en aucune manière ne pourra être transporté ;

et ses clous ne seront jamais enlevés,

et aucun de ses cordages ne sera rompu ;

21. car c’est là seulement que notre Seigneur est magnifique ;

le lieu occupé par les fleuves offrira des canaux très larges et très spacieux ;

il n’y passera pas de vaisseau à rames,

et la grande trirème ne le traversera pas.

22. Car le Seigneur est notre juge,

le Seigneur est notre législateur ;

le Seigneur est notre roi ;

c’est lui qui nous sauvera.

23. Tes cordages se sont relâchés,

et ils n’auront plus de force ;

tel sera ton mât,

que tu ne pourras pas étendre ton signal.

Alors on partagera les dépouilles et le grand butin ;

des boiteux même enlèveront du butin.

24. Et un voisin ne dira pas : Je suis las ;

quant au peuple qui y habitera, l’iniquité lui sera ôtée.

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CHAP. XXXIII. 15. Ps. XIV, 2. — 18. I Cor. I, 20.

 

1. Malheur, etc. ; ces menaces s’adressent à Sennachérib, qui était la figure des ennemis de l’Église.

4. Vos dépouilles ; ô Assyriens. — La sauterelle sans ailes (bruchus).

5. Dans un lieu élevé ; d’où il voit tout.

6. En tes jours, etc. Cela se rapporte au règne du roi Ézéchias, mais dans un sens plus relevé à la domination du Messie.

7. Voilà, etc. Les Juifs de la campagne, voyant leur pays ravagé, crieront au dehors de Jérusalem. — Des anges de paix ; des députés pour demander la paix. Compar. IV Reg. XVIII, 14.

8. Il a rejeté, etc. Tout ceci est dit de Sennachérib.

9. * Saron ; plaine sur les bords de la Méditerranée, au nord de la Sephela, et au sud du Carmel. — Basan. Voir Num. XXI, 33.

11. Vous concevrez, etc. Le prophète parle aux Assyriens.

15. Un gain ; c’est le sens de l’hébreu ; la Vulgate porte l’avarice (avaritiam). — De la calomnie ; selon l’hébreu, d’oppressions. — De tout présent ; c’est-à-dire, selon le texte original, pour ne pas prendre, ne pas recevoir de présent.

16. Des roches fortifiées ; littér. des fortifications de roches.Sont fidèles ; c’est-à-dire coulent en tout temps, ne font jamais défaut.

17. Un roi, etc. ; Ézéchias, environné de gloire, après la défaite de ses ennemis. — Une terre ; leur patrie.

19. * Un peuple au discours profond ; les Assyriens, dont les Hébreux ne comprenaient pas le langage.

20. Ses clous (clavi ejus) ; ou plutôt ses pieux suivant le terme hébreu, que la Vulgate elle-même a rendu presque partout ailleurs par pieu. — Sion et Jérusalem ; représentent ici l’Église à qui seule appartient l’entier accomplissement de ces promesses magnifiques.

21. Le lieu, etc. Les fleuves seront si larges et si rapides, que les plus grands vaisseaux de l’ennemi ne pourront les traverser pour venir nous attaquer.

23. Ils n’auront plus de force ; soit pour résister à la violence du vent, soit pour maintenir le mât, soit pour soutenir les voiles. — Les dépouilles et le grand butin ; litter., et par hébraïsme, les dépouilles du grand butin.

24. L’iniquité ; c’est-à-dire la peine de l’iniquité, tout mal, toute misère qui est la punition de l’iniquité. On a déjà vu souvent que dans le style biblique, le péché, l’iniquité signifient aussi la peine due au péché, à l’iniquité.

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Is 34

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CHAPITRE XXXIV

Vengeance du Seigneur contre les nations, et en particulier contre l’Idumée.

1. Approchez, nations, et écoutez ;

peuples, soyez attentifs :

que la terre écoute, ainsi que sa plénitude,

le disque et tout ce qu’il produit.

2. Parce que l’indignation du Seigneur est sur toutes les nations,

et sa fureur sur leur milice entière ;

il les a tués et les a livrés au carnage.

3. Ceux qui leur ont été tués seront jetés dehors,

et de leurs cadavres s’élèvera une odeur fétide,

et des montagnes se liquéfieront par leur sang.

4. Et toute la milice des cieux se liquéfiera ;

et les cieux se rouleront comme un livre ;

et toute leur milice tombera

comme tombe une feuille d’une vigne et d’un figuier.

5. Parce que mon glaive s’est enivré de sang dans le ciel ;

voici qu’il descendra sur l’Idumée,

et sur un peuple que j’ai voué à la mort, pour le juger.

6. Le glaive du Seigneur est plein de sang,

il est couvert de graisse ;

du sang des agneaux et des boucs,

du sang des béliers les plus gras ;

car il y a une victime du Seigneur à Bosra,

et un grand carnage dans la terre d’Édom.

7. Et des licornes descendront avec eux,

et des taureaux avec les puissants d’entre eux :

leur terre sera enivrée de sang,

et leur sol de la graisse des gras ;

8. Parce que c’est le jour de la vengeance du Seigneur,

l’année des rétributions dans le jugement de Sion.

9. Et ses torrents seront convertis en poix,

et son sol en soufre,

et sa terre deviendra une poix brulante.

10. Ni nuit ni jour le feu ne s’éteindra,

à jamais s’élèvera sa fumée ;

de génération en génération elle sera désolée ;

dans les siècles des siècles personne n’y passera.

11. Et l’onocrotale et le hérisson la possèderont ;

l’ibis et le corbeau y habiteront ;

et le cordeau sera étendu sur elle,

afin qu’elle soit réduite au néant, et le niveau pour sa ruine.

12. Ses nobles ne seront pas là ; ils invoqueront un roi,

et tous ses princes seront anéantis.

13. Et les épines et les orties croitront dans ses maisons,

et le paliure dans ses forteresses ;

et elle sera le repaire des dragons

et le pâturage des autruches.

14. Les démons y rencontreront les onocentaures,

et le bouc criera, l’un à l’autre ;

là s’est couchée la lamie,

et elle y a trouvé son repos.

15. Le hérisson a eu une tanière, et a nourri ses petits,

et il a creusé tout autour, et il les a réchauffés sous son ombre ;

là se sont assemblés les milans, l’un près de l’autre.

16. Recherchez dans le livre du Seigneur, et lisez ;

une seule de ces choses n’a pas manqué ;

l’un n’a pas cherché l’autre ;

parce que ce qui procède de ma bouche, c’est lui qui l’a commandé,

et que son esprit lui-même a rassemblé ces choses.

17. Et lui-même a jeté pour eux le sort,

et sa main a divisé leur part au cordeau ;

jusqu’à l’éternité ils la possèderont,

et dans toutes les générations ils y habiteront.

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CHAP. XXXIV.

 

2. Leur (eorum), et les (eos). Ces pronoms masculins se rapportent au nom ennemis sous-entendu.

3. Et des montagnes, etc. La quantité du sang répandu sera si grande, que la terre des montagnes se fondera et s’écoulera, en quelque sorte, comme il arrive dans un débordement extraordinaire des eaux. C’est une expression hyperbolique.

4. Toute la milice, etc. ; autre expression hyperbolique, pour dire que les astres eux-mêmes participeront à la commotion générale. — Se rouleront, etc. Chez les anciens, les livres étaient formés de rouleaux d’écorce d’arbres. Ce qui est dit ici et dans le verset suivant se rapporte aussi à la fin du monde. Compar. Matth. XXIV, 29 ; II Petr. III, 12 ; Apoc. VI, 12-14.

6. Bosra ; une des principales villes de l’Idumée. — La terre d’Édom ; l’Idumée. — Sur Bosra, voir Gen. XXXVI, 33.

7. * Des licornes ; en hébreu, re’énim, des bœufs sauvages.

8. L’année, etc. ; c’est-à-dire l’année où dans un jugement le Seigneur fera justice à Sion, en lui rendant ce que ses ennemis lui avaient enlevé.

9. * Poix, soufre. Ces comparaisons rappellent les volcans de l’Idumée et les désastres de Sodome et de Gomorrhe.

11, 14, 15. * Voir plus haut, XIII, 21-22.

14. Le bouc. Voy., sur le sens de ce mot, XIII, 21. — * La lamie, hébreu : lilith, la nocturne, sorte de démon qui fait ses ravages la nuit. D’après les fables rabbiniques, Lilith avait été la première femme d’Adam. Elle l’abandonna et fut changée en démon. Elle aimait, comme la Lamie des Romains, à faire périr les enfants.

15. Sous son ombre (in umbra ejus) ; c’est-à-dire sous le hérisson ; ou, selon plusieurs, à l’ombre de la fosse, ou bien, selon d’autres, à l’ombre d’Édom en ruines. Le premier sens nous a paru le plus probable et le plus conforme à l’hébreu.

16. Une seule de ces choses (unum ex eis) ; que je dis. Les prophètes, sûrs de la vérité de leurs prédictions, les dataient ordinairement ; et, après les avoir prononcées devant le peuple, ils les écrivaient, afin qu’on pût s’assurer après coup de la certitude de ce qui avait été prédit. Voy. XXX, 8. — L’un (unus), et l’autre (alter) ; ces mots ne peuvent se rapporter qu’aux milans (milvi), nom masculin ; d’ailleurs ce qui suit n’autorise aucun autre sens.

17. Lui-même ; le Seigneur. — Tout ce qui est dit dans cette prophétie contre l’Idumée a reçu son parfait accomplissement ; cette petite contrée est encore aujourd’hui un désert abandonné aux bêtes sauvages, et elle n’est traversée que par les Arabes nomades.

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Is 35

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CHAPITRE XXXV

Rétablissement de la Judée. Biens promis aux fils de Juda.

1. Elle se réjouira, la terre déserte et sans chemin,

et elle exultera, la solitude,

et fleurira comme le lis.

2. Germant, elle germera, et elle exultera

toute joyeuse et chantant des louanges ;

la gloire du Liban lui a été donnée,

la beauté du Carmel et du Saron ;

eux-mêmes verront la gloire du Seigneur,

et la majesté de notre Dieu.

3. Fortifiez les mains languissantes,

et affermissez les genoux débiles.

4. Dites aux pusillanimes :

Prenez courage, et ne craignez point ;

car voici que votre Dieu amènera la vengeance de rétribution ;

Dieu lui-même viendra, et il vous sauvera.

5. Alors les yeux des aveugles s’ouvriront,

et les oreilles des sourds entendront.

6. Alors le boiteux bondira comme le cerf,

et la langue des muets sera déliée ;

parce que des eaux se sont répandues dans le désert,

et des torrents dans la solitude.

7. Et la terre qui était aride sera comme un étang,

et celle qui avait soif, comme des fontaines d’eaux.

Dans les repaires dans lesquels auparavant habitaient des dragons,

croîtra la verdure du roseau et du jonc.

8. Et là sera un sentier et une voie,

et elle sera appelée la voie sainte ;

l’impur n’y passera pas,

et ce sera pour vous une voie droite,

en sorte que les ignorants ne s’y égareront pas.

9. Il n’y aura pas là de lion,

et une mauvaise bête n’y montera pas,

et ne s’y trouvera pas ;

mais ils y marcheront, ceux qui auront été délivrés.

10. Et les rachetés par le Seigneur retourneront

et viendront à Sion avec des chants de louange ;

et une allégresse éternelle sera sur leur tête ;

ils obtiendront la joie et l’allégresse,

et la douleur fuira ainsi que le gémissement.

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CHAP. XXXV.

 

1. La plupart des interprètes mettent l’accomplissement de cette prophétie au temps de Jésus-Christ. — Germant, elle germera ; hébraïsme, pour elle germera beaucoup.

4. La vengeance de rétribution ; c’est-à-dire la vengeance dans laquelle ori rend à chacun selon son mérite.

6. Le boiteux, etc. Les prodiges dont il est ici question désignent non seulement les miracles que Jésus-Christ a opérés sur les corps (Matth. XI, 5), mais encore ceux qu’il a opérés par sa grâce, dont les eaux ici mentionnées sont le symbole.

7. * Des dragons ; hébreu : des chacals.

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Is 36

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CHAPITRE XXXVI

(a) Sennachérib marche contre la Judée. Députation de Rabsacés vers Ézéchias. Discours insolent de cet envoyé.

1. Et il arriva en la quatorzième année du règne du roi Ézéchias, que Sennachérib, roi d’Assyrie, monta contre toutes les villes fortifiées de Juda, et les prit.

2.Et le roi des Assyriens envoya Rabsacés, de Lachis à Jérusalem, vers le roi Ézéchias, avec une armée considérable ; et il s’arrêta à l’aqueduc de la piscine supérieure, dans la voie du Champ du foulon.

3. Et sortit vers lui Eliacim, fils d’Helcias, qui était intendant de la maison, ainsi que Sobna, le scribe, et Joahé, fils d’Asaph, qui tenait les registres.

4. Et Rabsacés leur dit : Dites à Ézéchias : Voici ce qu’a dit le grand roi, roi des Assyriens : Quelle est cette confiance dont vous êtes animés ?

5. Ou par quel conseil ou avec quelle force prétendez-vous vous révolter ? en qui avez-vous confiance, pour que vous vous soyez retirés de moi ?

6. Voici que vous vous appuyez sur ce bâton de roseau cassé, l’Égypte ; bâton qui, si un homme s’appuie dessus, entrera dans sa main et la percera ; ainsi est Pharaon, roi d’Égypte, pour tous ceux qui se confient en lui.

7. Que si vous me répondez : C’est dans le Seigneur notre Dieu que nous nous confions, n’est-ce pas celui dont Ézéchias a détruit les hauts lieux et les autels, et a dit à Juda et à Jérusalem : C’est devant cet autel que vous adorerez ?

8. Et maintenant livrez-vous à mon maitre, le roi des Assyriens, et je vous donnerai deux mille chevaux, et vous ne pourrez fournir par vous-mêmes des cavaliers pour eux.

9. Et comment soutiendrez-vous la face du juge d’un seul lieu, d’entre les moindres officiers de mon maitre ? Que si vous vous confiez dans l’Égypte, dans ses quadriges et dans ses cavaliers,

10. Est-ce donc maintenant sans le Seigneur que je suis monté dans cette terre pour la perdre entièrement ? Le Seigneur m’a dit : Monte sur cette terre, et perds-la entièrement.

11. Et dit Eliacim, ainsi que Sobna et Joahé, à Rabsacés : Parlez à vos serviteurs en langue syriaque ; car nous la comprenons ; ne nous parlez pas en langue juive aux oreilles du peuple qui est sur le mur.

12. Et Rabsacés leur dit : Est-ce donc vers ton maitre et vers toi que m’a envoyé mon maitre, pour dire toutes ces paroles, et non pas plutôt vers les hommes qui sont sur le mur, pour qu’ils mangent leurs excréments et boivent leur urine avec vous ?

13. Et Rabsacés se tint debout et cria d’une voix forte en hébreu : Écoutez les paroles du grand roi, du roi des Assyriens.

14. Voici ce que dit le roi : Qu’Ézéchias ne vous séduise point ; parce qu’il ne pourra vous arracher à ma main.

15. Et qu’Ézéchias ne vous donne point de confiance dans le Seigneur, disant : Le Seigneur nous délivrera certainement ; cette cité ne sera pas livrée à la main du roi des Assyriens.

16. N’écoutez point Ézéchias ; car voici ce que dit le roi des Assyriens : Faites la paix avec moi, et sortez vers moi, et vous mangerez chacun de votre vigne et chacun de votre figuier, vous boirez chacun de l’eau de votre citerne,

17. Jusqu’à ce que je vienne et que je vous transporte dans une terre qui est comme votre terre, une terre de blé et de vin, une terre de pains et de vignes.

18. Qu’Ézéchias ne vous déconcerte pas, disant : Le Seigneur nous délivrera. Est-ce que les dieux des nations ont délivré chacun sa terre de la main du roi des Assyriens ?

19. Où est le Dieu d’Émath et d’Arphad ? où est le Dieu de Sepharvaim ? est-ce qu’ils ont délivré Samarie de ma main ?

20. Quel est celui de tous les dieux de ces terres qui a arraché sa terre à ma main, pour que le Seigneur arrache Jérusalem de ma main ?

21. Et ils gardèrent le silence, et ils ne lui répondirent pas un mot. Le roi en effet l’avait commandé, disant : Ne lui répondez pas.

22. Et Eliacim, fils d’Helcias, qui était intendant de la maison, et Sobna, le scribe, et Joahé, fils d’Asaph, qui tenait les registres, entrèrent auprès d’Ézéchias, leurs vêtements déchirés, et ils lui rapportèrent les paroles de Rabsacés.

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CHAP. XXXVI. 1. IV Reg. XVIII, 13 ; II Par. XXXII, 1 ; Eccli. XLVIII, 20. — 6. IV Reg. XVIII, 21 ; Jer. XVII, 5.

 

(a). Ce chapitre et les trois suivants contiennent le récit des choses que le prophète avait prédites dans les précédents. Ajoutons que ce récit se retrouve au livre IVe des Rois, depuis le chap. XVIII, vers. 13, mais avec des variantes qu’il est bon de consulter.

1. * Sennachérib. Voir IV Reg. XVIII, 13.

2. * Lachis. Voir IV Reg. XVIII, 14. — Rabsacés. Voir IV Reg. XVIII, 17. — Dans la voie du Champ du foulon. Voir ibid.

3. * Eliacim, Sobna. Voir plus haut, XXII, 15-25.

6. * Pharaon, Tharaka. Voir IV Reg. XVIII, 21.

7. N’est-ce pas celui, etc. Rabsacés, étant païen, parle ici comme un païen.

12. Leur dit ; en s’adressant au principal d’entre eux.

14. À ma main. Ces mots sont exprimés dans l’endroit parallèle, IV Reg. XVIII, 27.

15. Délivrera certainement ; litter., et par hébraïsme, délivrant, il délivrera.

16. La paix. C’est ainsi que porte la version chaldaïque, et c’est ainsi que les plus habiles hébraïsants entendent le terme hébreu, rendu dans la Vulgate par bénédiction, qui est : en effet, la signification la plus ordinaire du texte original. Cependant, si on considère que le mot bénédiction se prend pour le souhait d’une chose bonne et heureuse, et que la formule de salutation était paix à toi, paix à vous, on concevra aisément qu’on ait donné par métonymie le sens de paix à bénédiction.

19. * Émath, Arphad. Voir plus haut, X, 9. — Sepharvaim. Voir IV Reg. XVII, 24.

21. Ils gardèrent, etc. ; c’est-à-dire Eliacim, Sobna et Joahé. Voy. vers. 3.

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Is 37

*is37

CHAPITRE XXXVII

Consternation d’Ézéchias. Isaïe le rassure. Blasphèmes de Sennachérib. Prière d’Ézéchias. Isaïe lui promet le secours du Seigneur. L’ange du Seigneur extermine l’armée de Sennachérib.

1. Et il arriva que lorsque le roi Ézéchias les eut entendues, il déchira ses vêtements, et se couvrit d’un sac, et entra dans la maison du Seigneur.

2. Et il envoya Eliacim qui était intendant dans la maison, et Sobna, le scribe, et les plus anciens d’entre les prêtres, couverts de sacs, vers Isaïe, le prophète, fils d’Amos,

3. Et ils lui dirent : Voici ce qu’a dit Ézéchias : Jour de tribulation, de reproche et de blasphème, est ce jour-ci, parce que des enfants sont venus jusqu’à l’enfantement, et la force manque à la mère pour enfanter.

4. Peut-être que le Seigneur ton Dieu entendra les paroles de Rabsacés qu’a envoyé le roi des Assyriens son maitre pour blasphémer le Dieu vivant, et pour l’insulter par les paroles qu’a entendues le Seigneur ton Dieu ; fais donc monter une prière pour les restes qui ont été retrouvés.

5. Et les serviteurs du roi Ézéchias vinrent vers Isaïe,

6. Et Isaïe leur dit : Vous direz ceci à votre maitre : Voici ce que dit le Seigneur : Ne crains point à cause des paroles que tu as entendues, par lesquelles m’ont blasphémé les serviteurs du roi des Assyriens.

7. Voilà que moi je lui enverrai un esprit de frayeur ; il apprendra une nouvelle, et il retournera dans sa terre, et je le ferai tomber par le glaive dans sa terre.

8. Or Rabsacés s’en retourna, et trouva le roi des Assyriens formant le siège de Lobna. Car il avait appris qu’il était parti de Lachis,

9. Et Sennachérib entendit, au sujet de Tharaca, roi d’Éthiopie, des gens disant : Il est sorti pour combattre contre vous. Ce qu’ayant entendu, il envoya des messagers à Ézéchias, en disant :

10. Vous direz ceci à Ézéchias, roi de Juda : Qu’il ne vous trompe pas, votre Dieu, en qui vous vous confiez, disant : Jérusalem ne sera pas livrée à la main du roi des Assyriens.

11. Voilà que vous-même vous avez appris tout ce qu’ont fait les rois des Assyriens à tous les pays qu’ils ont détruits ; et vous, vous pourrez échapper ?

12. Est-ce que les dieux des nations ont délivré ceux qu’ont détruits mes pères, c’est-à-dire Gozam, et Haram, et Réseph, et les fils d’Eden qui étaient en Thalassar ?

13. Où est le roi d’Émath, et le roi d’Arphad, et le roi de la ville de Sepharvaim, d’Ana et d’Ava ?

14. Et Ézéchias reçut les livres de la main des messagers, et les lut, et il monta à la maison du Seigneur, et Ézéchias les étendit devant le Seigneur.

15. Et Ézéchias pria le Seigneur, disant :

16. Seigneur des armées, Dieu d’Israël, qui êtes assis sur les chérubins, c’est vous qui êtes seul Dieu de tous les royaumes de la terre, c’est vous qui avez fait le ciel et la terre.

17. Inclinez, Seigneur, votre oreille, et écoutez ; ouvrez, Seigneur, vos yeux, et voyez, et écoutez toutes les paroles de Sennachérib, qu’il a envoyées pour blasphémer le Dieu vivant.

18. Car il est vrai, Seigneur, les rois des Assyriens ont rendu déserts les pays et leurs contrées.

19. Ils ont jeté leurs dieux au feu ; car ce n’étaient pas des dieux, mais des ouvrages de mains d’hommes, du bois et de la pierre ; et ils les ont mis en pièces.

20. Et maintenant, Seigneur notre Dieu, sauvez-nous de sa main ; et qu’ils sachent, tous les royaumes de la terre, que c’est vous qui êtes le seul Seigneur.

21. Et Isaïe, fils d’Amos, envoya vers Ézéchias, disant : Voici ce que dit le Seigneur Dieu d’Israël : À l’égard de ce que tu m’as demandé touchant Sennachérib, roi d’Assyrie,

22. Voici la parole que le Seigneur a dite à son sujet :

Elle t’a méprisé, et elle t’a raillé,

la vierge, fille de Sion ;

derrière toi elle a secoué la tête,

la fille de Jérusalem.

23. Qui as-tu insulté, qui as-tu blasphémé,

et contre qui as-tu élevé la voix,

et porté en haut tes yeux ?

Contre le saint d’Israël.

24. Par l’entremise de tes serviteurs tu as insulté le Seigneur,

et tu as dit : Avec la multitude de mes quadriges,

moi je suis monté sur la hauteur des montagnes, les chaines du Liban ;

je couperai les cimes de ses cèdres,

et ses plus beaux sapins,

et je pénètrerai jusqu’à la pointe de son sommet,

jusqu’à la forêt de son Carmel.

25. C’est moi qui ai creusé des sources, et j’ai bu de l’eau,

et j’ai séché par la trace de mon pied

toutes les rivières retenues par des digues.

26. N’as-tu donc pas ouï dire les choses qu’autrefois j’y ai faites ?

dès les temps anciens, c’est moi qui ai disposé cela ;

et maintenant je l’ai amené

et accompli en détruisant les collines

qui s’entrechoquent et les cités fortifiées.

27. Leurs habitants, à la main raccourcie,

ont tremblé et ont été confondus ;

ils sont devenus comme le foin d’un champ

et le gazon d’un pâturage,

et l’herbe des toits,

qui a séché avant qu’elle fut mure.

28. Ton habitation, et ta sortie,

et ton entrée, je les ai connues,

ainsi que ta fureur extravagante contre moi.

29. Lorsque tu étais furieux contre moi,

ton orgueil est monté à mes oreilles ;

je mettrai donc un cercle à tes narines,

et un mors à ta bouche,

et je te ramènerai par la voie

par laquelle tu es venu.

30. Mais pour toi, Ézéchias, voici un signe : Mange cette année de ce qui naitra de soi-même, et en la seconde année nourris-toi de fruits ; mais en la troisième année, semez et moissonnez, et plantez des vignes, et mangez-en le fruit.

31. Et ce qui sera sauvé de la maison de Juda, et ce qui est resté, jettera racine en bas, et fera du fruit en haut ;

32. Parce que de Jérusalem sortiront des restes, et ce qui sera sauvé de la montagne de Sion ; le zèle du Seigneur des armées fera cela.

33. À cause de cela, voici ce que dit le Seigneur du roi des Assyriens :

Il n’entrera pas dans cette cité,

il n’y lancera pas de flèche,

et pas un bouclier ne l’occupera,

et il n’élèvera pas de terrasse autour d’elle.

34. Il retournera par la voie par laquelle il est venu ;

il n’entrera pas dans cette cité, dit le Seigneur ;

35. Et je protègerai cette cité, afin que je la sauve à cause de moi

et à cause de David, mon serviteur.

36. Or un ange du Seigneur sortit et frappa dans le camp des Assyriens cent quatre-vingt-cinq mille hommes. On se leva le matin, et voici que tous étaient des corps de morts.

37. Et il partit, et il s’en alla, et il retourna, Sennachérib, roi des Assyriens, et il habita à Ninive.

38. Et il arriva que, comme il adorait dans le temple de Nesroch, son dieu, Adramelech et Sarasar ses fils le frappèrent du glaive et s’enfuirent dans la terre d’Ararat, et Asarhaddon son fils régna en sa place.

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CHAP. XXXVII. 1. IV Reg. XIX, 1. — 8. IV Reg. XIX, 8. — 13. IV Reg. XVIII, 34 ; XIX, 13. — 36. Supra. XXXI, 8 ; IV Reg. XIX, 35 ; Tob. I, 21 ; Eccli. XLVIII, 24 ; I Mach. VII, 41 ; II Mach. VIII, 19.

 

8. * Formant le siège de Lobna, non loin de Lachis, mais au nord, de sorte que Sennachérib avait reculé, au lieu de continuer sa marche en avant contre l’Égypte. C’était la nouvelle de l’arrivée de Tharaca, à la tête de l’année égyptienne, qui avait déterminé ce mouvement du roi de Ninive.

12. * Gozam. Voir IV Reg. XVII, 6. — Haram, Réseph, Eden, Thalassar. Voir IV Rois, XIX, 12.

13. * Émath, Arphad, Sepharvaim, Ana, Ava. Voir IV Reg. XVIII, 34.

14. Les livres (libros) ; ou la lettre, comme on lit dans l’endroit parallèle (IV Reg. XIX, 14). Ajoutons que le terme hébreu qui signifie un écrit (scriptum), en général, se prend aussi dans le sens particulier de lettre (epistola), aussi bien que dans celui de livre (liber).

24. Par l’entremise ; littér. par la main (in manu). Le mot main se prend souvent en effet dans la Bible pour moyen, instrument, intermédiaire.

27. À la main raccourcie (breviata manu) ; qui ont les mains faibles, qui sont impuissants.

29. * Un mors à tes lèvres. Voir IV Reg. XIX, 28.

36. On se leva ; littér. ils se levèrent (surrexérunt) ; probablement les gens du roi. Suivant la Vulgate, dans IV Reg. XIX, 35, ce fut Sennachérib qui, s’étant levé, vit tous ses soldats morts ; mais là, comme ici, l’hébreu, le chaldéen et les Septante portent le pluriel.

37. * Voir, pour ce verset, IV Reg. XIX, 36.

38. Nesroch ; est le complément du mot temple et nullement du verbe adorait ; si le latin de la Vulgate est amphibologique, le texte hébreu ne l’est pas. C’est ce qu’ont parfaitement compris les vieilles traductions françaises, et la version anglaise catholique. — La terre d’Ararat ; c’est-à-dire d’Arménie. Compar. IV Reg. XIX, 37. — * Ararat ; aujourd’hui Erivan, l’ancienne Arménie. — Sur Asarhaddon, voir IV Reg. XIX, 37. — Le dieu Nesroch n’a pas été encore retrouvé dans la mythologie assyrienne. Les documents assyriens rappellent d’ailleurs les faits racontés ici.

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Is 38

*is38

CHAPITRE XXXVIII

Maladie d’Ézéchias. Sa guérison miraculeuse. Rétrogradation du soleil. Cantique d’Ézéchias.

1. En ces jours-là, Ézéchias fut malade jusqu’à la mort, et entra auprès de lui Isaïe, le prophète, fils d’Amos, et lui dit : Voici ce que dit le Seigneur : Mets ordre à ta maison, parce que tu mourras, toi, et tu ne vivras pas.

2. Et Ézéchias tourna sa face vers la muraille et pria le Seigneur,

3. Et il dit : Je vous conjure, Seigneur, souvenez-vous, je vous prie, comment j’ai marché devant vous dans la vérité et avec un cœur parfait, et comment j’ai fait ce qui est bon à vos yeux. Et Ézéchias pleura d’un grand pleur.

4. Et la parole du Seigneur fut adressée à Isaïe, disant :

5. Va, et dis à Ézéchias : Voici ce que dit le Seigneur Dieu de David, votre père : J’ai entendu ta prière, et j’ai vu tes larmes ; et voici que j’ajouterai à tes jours quinze années ;

6. Et je t’arracherai à la main du roi des Assyriens, toi et cette cité, et je la protégerai.

7. Or, voici le signe que tu auras du Seigneur, que le Seigneur accomplira cette parole qu’il a dite :

8. Voici que moi je ferai que l’ombre des lignes par lesquelles elle était descendue sur l’horloge d’Achaz au soleil, retournera en arrière de dix lignes. Et le soleil retourna de dix lignes par les degrés par lesquels il était descendu.

9.Écrit d’Ézéchias, roi de Juda, lorsqu’il eut été malade et qu’il eut été rétabli de sa maladie.

10. Moi j’ai dit : Au milieu de mes jours

j’irai aux portes de l’enfer.

J’ai cherché le reste de mes années.

11. J’ai dit : Je ne verrai pas le Seigneur Dieu

dans la terre des vivants.

Je n’apercevrai plus d’homme,

et d’habitant du repos.

12. Ma génération m’a été enlevée,

pliée comme un tabernacle de pasteurs.

Ma vie a été coupée comme par un tisserand ;

lorsque j’ourdissais encore, il m’a tranché ;

d’un matin à un soir vous m’achèverez.

13. J’espérais jusqu’au matin ;

mais, comme un lion, ainsi il a brisé tous mes os ;

D’un matin à un soir vous m’achèverez ;

14. Comme le petit d’une hirondelle,

ainsi je crierai, je méditerai comme la colombe ;

Mes yeux se sont lassés, regardant en haut ;

Seigneur, je souffre violence, répondez pour moi.

15. Que dirai-je, ou que me répondra-t-il,

puisque lui-même a fait cela ?

Je repasserai devant vous toutes mes années

dans l’amertume de mon âme.

16. Seigneur, si l’on vit ainsi,

et si dans de telles choses est la vie de mon esprit,

vous me châtierez et vous me rendrez la vie.

17. Voici qu’avec la paix se trouve mon amertume la plus amère ;

Car vous avez délivré mon âme

afin qu’elle ne pérît pas,

vous avez jeté derrière votre dos

tous mes péchés.

18. Car l’enfer ne vous glorifiera pas,

ni la mort ne vous louera ;

ceux qui descendent dans la fosse n’attendront pas

votre vérité.

19. Le vivant, le vivant, c’est lui qui vous glorifiera,

comme moi-même aujourd’hui ;

le père fera connaitre à ses fils

votre vérité.

20. Seigneur, sauvez-moi,

et nous chanterons nos psaumes

tous les jours de notre vie,

dans la maison du Seigneur.

21. Et Isaïe ordonna que l’on prît une masse de figues, et qu’on en mît un cataplasme sur la blessure du roi, afin qu’il fût guéri.

22. Et Ézéchias dit : Quel sera le signe que je monterai à la maison du Seigneur ?

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CHAP. XXXVIII. 1. IV Reg. XX, 1 ; II Par. XXXII, 24. — 8. IV Reg. XX, 11 ; Eccli. XLVIII, 26.

 

8. Je ferai, etc. Voy., sur ce fait miraculeux, IV Reg. XX, 11. — * Voir la note 22 à la fin du volume.

9. Écrit (scriptura) ; c’est aussi le sens de l’hébreu ; le grec porte prière. — D’Ézéchias. Il n’y a aucune raison suffisante de lui refuser la composition de ce beau cantique.

10-20. * Élégie empreinte d’une profonde mélancolie, d’une grande beauté littéraire. Elle est divisée en quatre strophes : 10-12 ; 13-14 ; 15-17 ; 18-20. Les deux premières dépeignent le triste état du malade avant la promesse de sa guérison ; les deux dernières expriment la confiance que Dieu le rétablira et il s’engage à être reconnaissant envers lui : c’est son action de grâces.

10. Au milieu de mes jours, etc. Les Hébreux regardaient comme une espèce de malédiction et de punition de Dieu de mourir au milieu de leur carrière, et avant d’avoir achevé les jours d’une vie ordinaire. Compar. Ps. LIV, 23 ; Ps. CI, 24 ; Jer. XVII, 11. — * Aux portes de l’enfer, hébreu : scheôl, séjour des justes comme des pécheurs après la mort, avant la venue de Jésus-Christ.

12. Génération ; c’est-à-dire postérité, descendance. — 12b. Comme la trame.

14. Je méditerai (meditabor) ; ou bien je gémirai, sens qu’a le verbe hébreu, aussi bien que celui de méditer.

15. A fait cela ; m’a envoyé la maladie dont je suis atteint.

17. Voici qu’avec la paix, etc. ; mais maintenant je jouis de la paix au milieu de ma plus cruelle amertume.

18. La fosse (lacum) ; le tombeau. Compar. XIV, 15. — Votre vérité. Dans le langage de l’Écriture, la vérité de Dieu, c’est la fidélité à garder sa parole, à exécuter ses promesses. — * L’enfer ne vous glorifiera pas. Voir Ps. VI, 6 ; XXIX, 10 ; LXXXVII, 12.

21. Et Isaïe, etc. Ceci avant qu’Ézéchias eût composé son cantique.

22. Quel sera, etc. ; la réponse à cette question se trouve un peu plus haut au vers. 8.

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Is 39

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CHAPITRE XXXIX

Ézéchias montre ses trésors aux députés du roi de Babylone. Il en est repris par Isaïe.

1. En ce temps-là Merodach Baladan, fils de Baladan, roi de Babylone, envoya des livres et des présents à Ézéchias ; car il avait appris qu’il avait été malade, et qu’il était guéri.

2. Ézéchias se réjouit à l’arrivée des députés, et leur montra le lieu où étaient conservés les aromates, l’argent et l’or, les parfums, et les essences les meilleures, tous les endroits où étaient les meubles, et tout ce qui se trouva dans ses trésors. Il n’y eut chose que ne leur montrât Ézéchias de ce qui était en sa maison et toute sa puissance.

3. Or Isaïe, le prophète, entra auprès du roi Ézéchias, et lui dit : Qu’ont dit ces hommes, et d’où sont-ils venus vers vous ? Et dit Ézéchias : C’est d’une terre lointaine qu’ils sont venus vers moi, de Babylone.

4. Et le prophète dit : Qu’ont-ils vu dans votre maison ? Et Ézéchias dit : Tout ce qu’il y a dans ma maison, ils l’ont vu ; il n’est chose que je ne leur aie montrée dans mes trésors.

5. Et Isaïe dit à Ézéchias : Écoute la parole du Seigneur des armées.

6. Voilà que des jours viendront, et que sera emporté à Babylone tout ce qui est dans ta maison, et ce qu’ont amassé tes pères jusqu’à ce jour ; rien ne sera laissé, dit le Seigneur ;

7. Et on prendra de tes fils qui sortiront de toi, et que tu auras engendrés, et ils seront eunuques dans le palais du roi de Babylone.

8. Et Ézéchias dit à Isaïe : Bonne est la parole du Seigneur que tu as dite. Puis il dit : Qu’il y ait paix seulement et vérité durant mes jours.

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CHAP. XXXIX. 1. IV Reg. XX, 12.

 

1. Des livres ; ou une lettre, des lettres (litteras), comme on lit dans l’endroit parallèle (IV Reg. XX, 12), et ici dans les Septante. Voy. aussi, sur la signification de ce mot, Is. XXXVII, 14. — * Merodach Baladan. Voir IV Reg. XX, 12.

2. Se réjouit à l’arrivée des députés ; littér. se réjouit sur eux. Le texte de IV Reg. XX, 13, porte se réjouit à leur arrivée. Il est vrai qu’il ne nomme pas plus les députés que ne le fait Isaïe lui-même ; mais ce mot est évidemment sous-entendu et suffisamment représenté par le pronom dans tout le verset. — Chose ; littér. parole ; mais comme nous l’avons déjà remarqué, le terme hébreu correspondant signifie les deux choses.

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Is 40

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CHAPITRE XL

(a) Délivrance d’Israël. Voix qui se fait entendre dans le désert. Manifestation du Seigneur, sa grandeur, sa puissance. Bonheur de ceux qui persévèrent dans l’attente du Seigneur.

1. Consolez-vous, mon peuple,

consolez-vous, dit votre Dieu.

2. Parlez au cœur de Jérusalem

et appelez-la ;

car sa malice est arrivée au terme,

son iniquité a été pardonnée ;

elle a reçu de la main du Seigneur

une double peine pour tous ses péchés.

3. Voici la voix de quelqu’un qui crie dans le désert :

Préparez la voie du Seigneur ;

rendez droits dans la solitude les sentiers de notre Dieu.

4. Toute vallée sera comblée,

et toute montagne et colline sera abaissée ;

les chemins tortus seront redressés,

et les raboteux deviendront des voies aplanies.

5. Et la gloire du Seigneur sera révélée,

et toute chair verra en même temps

que la bouche du Seigneur a parlé.

6. Voici la voix de quelqu’un qui dit : Crie.

Et j’ai dit : Que dirai-je ?

Toute chair est de l’herbe,

et toute sa gloire est comme la fleur du champ.

7. L’herbe s’est desséchée, et la fleur est tombée,

car le souffle du Seigneur a soufflé sur elle.

Vraiment l’herbe, c’est le peuple ;

8. L’herbe s’est desséchée, et la fleur est tombée ;

mais la parole de notre Seigneur demeure éternellement.

9. Sur une haute montagne, monte,

toi qui évangélises Sion ;

élève avec force ta voix,

toi qui évangélises Jérusalem ;

élève-là, ne crains pas.

Dis aux cités de Juda :

Voici votre Dieu ;

10. Voici que le Seigneur Dieu viendra dans sa puissance,

et que son bras dominera ;

voici que sa récompense est avec lui,

et que son œuvre est devant lui.

11. Comme un pasteur, il paitra son troupeau,

et avec son bras il rassemblera les agneaux,

et il les prendra dans son sein,

il portera lui-même les brebis pleines.

12. Qui a mesuré les eaux dans sa poignée,

et a pesé les cieux dans la paume de sa main ?

Qui a soutenu de trois doigts la masse de la terre,

et a équilibré les montagnes au poids,

et les collines dans la balance ?

13. Qui a aidé l’esprit du Seigneur ?

ou qui a été son conseiller et l’a enseigné ?

14. Avec qui est-il entré en conseil, et qui lui a donné l’intelligence,

et lui a enseigné le sentier de la justice,

et l’a formé à la science,

et lui a montré la voie de la prudence ?

15. Voici que les nations sont réputées comme une goutte coulant d’un seau,

comme ce qui donne un mouvement à une balance ;

voici que les iles sont comme une poussière légère.

16. Et le Liban ne suffira pas pour allumer le feu de son autel,

et ses animaux ne suffiront pas pour un holocauste.

17. Toutes les nations, comme si elles n’étaient pas, ainsi sont-elles devant lui ;

et elles sont réputées par lui comme le néant et le vide.

18. À qui donc avez-vous fait semblable le Seigneur ?

quelle forme lui donnerez-vous ?

19. Est-ce que l’ouvrier ne jette pas une statue en fonte,

ou l’orfèvre ne la forme-t-il pas en or,

et l’argenteur ne la recouvre-t-il pas de lames d’argent ?

20. Il choisit un bois fort et incorruptible ;

l’artiste habile cherche

comment il placera sa statue, pour qu’elle ne chancelle point.

21. Est-ce que vous ne savez pas ? est-ce que vous n’avez pas entendu ?

est-ce qu’on ne vous a pas annoncé dès le commencement ?

est-ce que vous n’avez pas compris les fondements de la terre ?

22. Est-ce que vous n’avez pas compris qui est celui qui demeure sur le disque de la terre,

et ses habitants sont comme des sauterelles ;

qui a étendu les cieux comme rien,

et les a déployés comme un tabernacle qui doit être habité ?

23. Qui réduit les scrutateurs des secrets à être comme s’ils n’étaient pas,

et a fait des juges de la terre une chose vaine ?

24. Et à la vérité leur tronc n’avait été ni planté, ni semé,

ni enraciné dans la terre ;

soudain Dieu a soufflé sur eux et ils se sont desséchés,

et un tourbillon les emportera comme la paille.

25. Et à qui m’avez vous assimilé et égalé,

dit le saint ?

26. Levez en haut vos yeux, et voyez

qui a créé ces choses ;

qui fait lever en nombre leur milice,

qui les appelle toutes par leur nom ;

à cause de la grandeur de sa puissance, et de sa force et de sa vertu,

pas une seule ne manque.

27. Pourquoi dis-tu, ô Jacob,

et dis-tu, ô Israël :

Ma voie a été cachée au Seigneur,

et par mon Dieu mon jugement a été mis de côté ?

28. Est-ce que tu ne sais pas, ou n’as-tu pas appris ?

Dieu est l’éternel Seigneur

qui a créé les limites de la terre ;

il ne se lassera pas, il ne se fatiguera pas,

et l’investigation de sa sagesse n’est pas possible.

29. C’est lui qui donne la vigueur à l’homme las ;

et pour ceux qui ne sont pas, il augmente le courage et la force.

30. Les enfants se lasseront, et se fatigueront,

et les jeunes hommes tomberont par l’affaiblissement.

31. Mais ceux qui espèrent dans le Seigneur prendront une force nouvelle ;

ils prendront des ailes comme les aigles,

ils courront, et ne se fatigueront pas ;

ils marcheront et ne défailliront pas.

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CHAP. XL. 3. Matth. III, 3 ; Marc. I, 3 ; Luc. III, 4 ; Joan. I, 23. — 6. Eccli. XIV, 18 ; Jac. I, 10 ; I Petr. I, 24. — 11. Ezech. XXXIV, 23 ; XXXVII, 24 ; Joan. X, 11. — 13. Sap. IX, 13 ; Rom. XI, 34 ; I Cor. II, 16. — 18. Act. XVII, 29.

 

(a). L’authenticité de ce chapitre et des suivants jusqu’à la fin a été combattue par les exégètes rationalistes d’Allemagne de ces derniers temps.

1. * Ici commence la seconde partie d’Isaïe, qui comprend les chapitres XL-LXVI ; Elle se partage en trois séries de discours, subdivisés en groupes de neuf : XL-XLVIII ; XLIX-LVII ; LVIII-LXVI. Pour plus de détails sur les caractères généraux de la seconde partie, voir la note 23 à la fin du volume. — La première section, XL-XLVIII, fait ressortir la différence qui existe entre le vrai Dieu et les faux dieux. — Le chapitre XL renferme le premier discours et sert d’introduction générale. Il nous fait connaitre l’objet de la mission du prophète, qui est de consoler son peuple et de lui annoncer le salut, en fondant ces consolations et ces espérances sur la toute-puissance de Dieu et sur la gloire du règne du Messie. — Les versets 1-11 sont comme le prologue des 27 discours. Les versets 3-8 prédisent la mission du précurseur du Messie, S. Jean-Baptiste. Après l’introduction générale, 1-11, Isaïe montre combien Dieu est incomparablement grand et quelle est la folie des adorateurs des idoles. Les Juifs ne doivent compter que sur le secours du Seigneur qui seul peut les consoler, 12-31.

2. Malice (malitia) ; ou, comme lisent plusieurs exemplaires latins, milice (militia) ; ce que porte le texte hébreu. — Double ; c’est-à-dire très grande, considérable. Compar. LXI, 7 ; Jer. XVI, 18 ; Apoc. XVIII, 6.

3. La voix, etc. Compar. Matth. III, 3 ; Luc. III, 4. — * En Orient, on prépare les voies au souverain dans les lieux où il doit passer, en faisant des routes ou en réparant celles qui existent déjà.

9. Les promesses contenues dans ce verset et les suivants n’auront leur parfait accomplissement qu’à la venue de Jésus-Christ.

10. Sa récompense ; c’est-à-dire la récompense qu’il doit accorder. — Œuvre, ou mieux, par métonymie, fruit de l’œuvre, salaire, sens qu’a le terme hébreu correspondant.

26. Ces choses ; les cieux ou les astres. — Leur milice. Dans bien des endroits l’Écriture appelle les astres la milice du ciel, et représente Dieu comme le général de cette armée. — En nombre ; grand, ou marqué, déterminé. — Toutes ; selon l’hébreu et la Vulgate, tous, au masculin, parce que les astres sont ici personnifiés.

29. Ceux qui ne sont pas (qui non sunt) ; hyperbole, pour ceux qui sont épuisés, qui manquent de forces, comme porte le texte hébreu.

31. Prendront une force nouvelle ; renouvelleront leur force. C’est le sens du latin mutabunt fortitudinem ; la Vulgate, en effet, a rendu ailleurs (Job. XXIX, 20) le même verbe hébreu par renouveler.

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41 à 50

Is 41

*is41

CHAPITRE XLI

Règne du juste. Ses conquêtes. Délivrance d’Israël. Ruine de Babylone. Vanité et impuissance des idoles.

1. Que les iles se taisent devant moi,

et que les nations prennent une nouvelle force ;

qu’elles s’approchent, et alors qu’elles parlent,

et entrons ensemble en jugement.

2. Qui a suscité de l’Orient le juste ?

qui l’a appelé pour qu’il le suivît ?

il mettra en sa présence des nations,

et lui asservira des rois ;

il les livrera comme de la poussière à son glaive,

et comme une paille emportée par le vent à son arc.

3. En les poursuivant, il passera en paix,

et la trace de ses pieds ne paraitra pas.

4. Qui a opéré et fait ces choses,

appelant les générations dès le commencement ?

Je suis le Seigneur ;

c’est moi qui suis le premier et le dernier.

5. Les iles ont vu, et elles ont craint ;

les extrémités de la terre ont été dans la stupeur,

elles se sont rapprochées et sont arrivées.

6. Chacun portera secours à son voisin,

et dira à son frère : Prends courage.

7. L’ouvrier en airain, frappant du marteau,

a encouragé celui qui, dans le même temps,

battait sur l’enclume,

disant : C’est bon pour la soudure ;

et il l’a assuré avec des clous, afin qu’il ne fut pas ébranlé.

8. Et toi, Israël mon serviteur,

Jacob que j’ai choisi,

race d’Abraham mon ami,

9. Dans lequel je t’ai retiré des extrémités de la terre,

et de ses pays lointains je t’ai appelé

et je t’ai dit : Mon serviteur, c’est toi,

je t’ai choisi et je ne t’ai pas rejeté.

10. Ne crains pas, parce que voici que je suis avec toi ;

ne te détourne pas, parce que moi je suis ton Dieu ;

je t’ai fortifié, je t’ai secouru,

et la droite de mon juste t’a soutenu.

11. Voici qu’ils seront confondus et qu’ils rougiront,

tous ceux qui combattent contre toi ;

ils seront comme s’ils n’étaient pas,

et ils périront, les hommes qui te contredisent.

12. Tu les chercheras et tu ne les trouveras pas,

ces hommes qui t’étaient rebelles ;

ils seront comme s’ils n’étaient pas ; et ils seront comme consumés,

les hommes qui faisaient la guerre contre toi.

13. Car moi, le Seigneur ton Dieu,

je te prends par la main

et te dis : Ne crains pas ;

moi je suis ton aide.

14. Ne crains pas, vermisseau de Jacob,

ni vous, morts d’Israël ;

moi je suis venu à ton aide, dit le Seigneur ;

et ton rédempteur est le saint d’Israël.

15. moi je t’ai posé comme un charriot neuf qui foule le blé,

qui a des dents pointues ;

tu fouleras les montagnes et tu les briseras ;

et les collines, tu les rendras comme la poussière.

16. Tu les vanneras, et un vent les emportera,

et un tourbillon les dissipera ;

et tu exulteras dans le Seigneur,

dans le saint d’Israël tu te réjouiras.

17. Les indigents et les pauvres

cherchent de l’eau, et il n’y en a pas ;

leur langue s’est desséchée par la soif.

Moi, le Seigneur, je les exaucerai, Dieu d’Israël,

je ne les abandonnerai pas.

18. Je découvrirai des fleuves dans des collines en pente,

et au milieu des champs, des fontaines ;

je changerai en un désert des étangs pleins d’eau,

et une terre sans chemin en des courants d’eaux.

19. Je poserai dans la solitude le cèdre,

l’acacia, le myrte et l’olivier ;

je poserai dans le désert le sapin,

l’orme et le buis ensemble ;

20. Afin que les hommes voient, qu’ils sachent,

qu’ils réfléchissent, et qu’ils comprennent tous ensemble

que la main du Seigneur a fait cela,

et que le saint d’Israël l’a créé.

21. Plaidez sans délai votre cause,

dit le Seigneur,

apportez vos preuves, si par hasard vous en avez quelqu’une,

dit le roi de Jacob.

22. Qu’ils s’approchent, et qu’ils nous annoncent

toutes les choses qui doivent arriver ;

annoncez celles qui furent les premières ;

et nous y appliquerons notre cœur,

et nous saurons leur fin ;

et indiquez-nous celles qui doivent arriver.

23. Annoncez-nous les choses qui doivent arriver dans l’avenir,

et nous saurons que vous êtes dieux ;

faites aussi du bien ou du mal, si vous le pouvez,

et nous parlerons, et nous verrons ensemble.

24. Voilà que vous, vous sortez de rien,

et votre œuvre de ce qui n’est pas ;

c’est l’abomination qui vous a choisis.

25. Je l’ai suscité de l’aquilon,

et il viendra du levant ; il invoquera mon nom ;

et il traitera les magistrats comme de la boue,

et il les foulera comme le potier foule sous ses pieds l’argile.

26. Qui a annoncé ces choses dès le commencement, afin que nous les sachions,

et dès le principe, afin que nous disions : Vous êtes juste ?

Il n’y a personne qui annonce et qui prédit,

ni personne qui entend vos paroles.

27. Le premier, il dira à Sion : Vois, ils sont ici ;

et à Jérusalem je donnerai un évangéliste.

28. Et j’ai vu,

et il n’y avait pas même parmi eux

quelqu’un qui formât un dessein,

et qui, interrogé, répondît un mot.

29. Voici que tous sont injustes,

et leurs ouvrages vains ;

du vent et du vide sont leurs simulacres.

~

CHAP. XLI. 4. Infra. XLIV, 6 ; XLVIII, 12 ; Apoc. I, 8, 17 ; XXII, 13.

 

1-29. * 2e Discours : Dieu, maitre de l’univers et de l’avenir, XLI. — À qui m’avez-vous assimilé et égalé ? avait dit Dieu dans le chapitre précédent, XL, 25. Isaïe reprend maintenant cette pensée et en fait le sujet du second discours, dans lequel, s’adressant aux païens, il leur montre que le Seigneur est le maitre de l’univers et leur annonce qu’il appelle du nord-est, XLI, 2, 25, le conquérant, c’est-à-dire Cyrus, originaire du nord, par sa parenté avec les Mèdes, et de l’est, parce qu’il était Perse. Dieu nous apprend aussi que les exploits de Cyrus seront son œuvre et une preuve de sa supériorité infinie sur les faux dieux ; qu’ils seront la ruine des idolâtres et le salut de son propre peuple, 1-20. Ce qu’il veut accomplir, il l’annonce à l’avance, 21-24, afin que chacun sache qu’il est le souverain maitre et que lui seul dispose de l’avenir, 25-29.

1, 5. Les iles ; les régions lointaines. Voy. Ps. XCVI, 1.

2. Le juste ; probablement Cyrus, le libérateur d’Israël selon la chair ; mais en même temps figure du juste par excellence, du libérateur d’Israël selon l’esprit. Compar. XLIV, 28 ; XLV, 1 et suiv. ; XLVI, 11 ; XLVIII, 14-15. D’ailleurs Cyrus n’est appelé juste que par comparaison avec les Babyloniens.

5. Les iles, etc. Les peuples les plus éloignés firent alliance avec le roi de Babylone, et se liguèrent pour résister à Cyrus, et arrêter le progrès de ses conquêtes.

7. L’ouvrier, etc. ; espèce de parabole qui désigne les peuples alliés. — Il l’a assuré (confortavit eum). Le pronom masculin eum ne peut se rapporter qu’au mot dieu (deum), c’est-à-dire faux dieu, idole, sous-entendu.

9. Dans lequel (in quo) : dans la personne duquel, etc. Ceci s’explique d’Israël, soit d’abord appelé de la Chaldée en la personne d’Abraham, soit ensuite de l’Égypte en la personne des descendants de Jacob.

10. Mon juste. Voy. vers. 2.

14. Morts d’Israël ; littér. qui êtes morts d’Israël (qui mortui estis ex Israël). Les prophètes représentent ordinairement la maladie, l’affliction, l’exil, comme une mort, comme le tombeau. Compar. IX, 2 ; Ezech. XXXVII, 12.

15. C’est moi, etc. Le prophète Michée prédit la même chose en parlant des Juifs de retour de la captivité.

16. Tu les vanneras, etc. Cette prophétie parait avoir eu son accomplissement sous les Machabées.

19. Je poserai ; c’est-à-dire je ferai croitre.

23. Nous parlerons, et nous verrons ; litter., et par hébraïsme, que nous parlions, et que nous voyions.

25. De l’aquilon ; du septentrion, de l’orient. Cyrus était Perse par Cambyse, son père, et Mède par Mandane, sa mère. Or la Perse et la Médie étaient à l’orient septentrional de la Judée. — Il invoquera mon nom. Voy. II Par. XXXVI, 23 ; II Esd. I, 2. — Les magistrats (magistratus) ; les grands, les princes babyloniens.

26. Il n’y a parmi vous. — Qui entend vos paroles ; car vous êtes muets, vous ne parlez pas.

27. Le premier ; c’est-à-dire le Seigneur est le premier. — Ils sont ici ; ceux qui t’annoncent les choses futures. — Évangéliste ; porteur d’une bonne nouvelle.

28. Parmi eux ; parmi ces faux dieux.

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Is 42

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CHAPITRE XLII

Caractère du libérateur d’Israël. Félicité des peuples sous son règne. Ruine de Babylone. Délivrance d’Israël. Aveuglement de ce peuple. Sa captivité.

1. Voici mon serviteur, je le soutiendrai ;

mon élu, en qui s’est complu mon âme ;

j’ai répandu mon esprit sur lui ;

il annoncera la justice aux nations.

2. Il ne criera point, il ne fera acception de personne ;

sa voix ne sera pas entendue au dehors.

3. Il ne brisera pas un roseau froissé,

il n’éteindra pas une mèche fumante :

il jugera dans la vérité.

4. Il ne sera point triste, ni précipité,

jusqu’à ce qu’il établisse sur la terre la justice ;

et les iles attendront sa loi.

5. Voici ce que dit le Seigneur Dieu,

qui a créé les cieux et les a étendus ;

qui a affermi la terre et ce qui en germe ;

qui a donné le souffle au peuple qui est sur elle,

et la respiration à ceux qui la foulent aux pieds.

6. Moi, le Seigneur, je t’ai appelé dans la justice,

et je t’ai pris par la main

et je t’ai conservé.

Et je t’ai établi pour être l’alliance du peuple,

la lumière des nations ;

7. Afin d’ouvrir les yeux des aveugles,

de retirer du cachot le captif enchainé,

du fond de leur prison ceux qui étaient assis dans les ténèbres.

8. Je suis le Seigneur,

c’est là mon nom ;

je ne donnerai pas ma gloire à un autre,

et la louange qui m’appartient aux images taillées au ciseau.

9. Les premiers évènements, voici qu’ils sont arrivés ;

j’en annonce aussi de nouveaux ;

avant qu’ils arrivent,

je vous les ferai connaitre.

10. Chantez au Seigneur un cantique nouveau,

et sa louange des extrémités de la terre,

vous qui descendez sur la mer, et ce qu’elle contient,

iles, et vous, leurs habitants.

11. Que le désert et ses cités se lèvent ;

dans des maisons habitera Cédar ;

louez, habitants de Pétra ;

du sommet des montagnes ils crieront.

12. Ils donneront au Seigneur la gloire,

et ils annonceront sa louange dans les iles.

13. Le Seigneur comme un brave sortira ;

comme un homme qui marche au combat il excitera le zèle ;

il élèvera la voix, et jettera des cris ;

contre ses ennemis il se fortifiera.

14. Je me suis toujours tu,

j’ai gardé le silence ; j’ai été patient ;

comme la femme en travail, je parlerai ;

je détruirai, j’engloutirai tout à la fois.

15. Je rendrai désertes les montagnes et les collines,

et je dessècherai leur verdure ;

je changerai les fleuves en iles,

et les étangs, je les tarirai.

16. Et je conduirai les aveugles dans une voie qu’ils ne connaissent pas ;

et dans les sentiers qu’ils ignorent, je les ferai marcher ;

je convertirai devant eux les ténèbres en lumière,

et les chemins tortus en chemins droits ;

j’ai fait ces choses pour eux,

et je ne les ai pas délaissés.

17. Ils sont retournés en arrière ; qu’ils soient entièrement couverts de confusion,

ceux qui se confient dans leur image taillée au ciseau,

qui disent à une statue jetée en fonte :

Vous êtes nos dieux.

18. Sourds, écoutez ;

aveugles, regardez pour voir.

19. Qui est aveugle, sinon mon serviteur ?

et sourd, sinon celui à qui j’ai envoyé mes messagers ?

qui est aveugle, sinon celui qui a été vendu ?

et qui est aveugle, sinon le serviteur du Seigneur ?

20. Toi qui vois beaucoup de choses, n’observeras-tu point ?

toi qui as les oreilles ouvertes, n’entendras-tu point ?

21. Et le Seigneur a voulu le sanctifier,

et magnifier la loi, et en relever la grandeur.

22. Mais le peuple lui-même a été pillé et ravagé ;

tous sont devenus un lacs pour les jeunes hommes ;

et au fond des prisons ils ont été cachés ;

ils sont devenus la proie de l’ennemi, et il n’est personne qui les délivre ;

ils ont été livrés au pillage, et il n’est personne qui dise : Rends.

23. Qui est celui parmi vous qui écoute cela, qui y soit attentif,

et ait foi aux choses futures ?

24. Qui a livré Jacob en proie,

et Israël à ceux qui le ravagent ?

n’est-ce pas le Seigneur lui-même, contre qui nous avons péché ?

Et ils n’ont pas voulu marcher dans ses voies,

et ils n’ont pas écouté sa loi.

25. Et il a lancé sur eux l’indignation de sa fureur,

et une forte guerre ;

il a allumé un feu autour de lui, et il ne l’a pas su ;

il l’a livré aux flammes, et il n’a pas compris.

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CHAP. XLII. 1. Matth. XII, 18. — 6. Infra. XLIX, 6 ; Luc. II, 32. — 8. Infra. XLVIII, 11.

 

1-25. * 3e Discours : Le serviteur de Dieu, médiateur d’Israël, XLII, 1-XLIII, 13. — Au Voici que tous sont injustes de XLI, 29, Isaïe oppose, XLII, 1 : Voici mon serviteur, je le soutiendrai. Après avoir rejeté les païens, leurs œuvres vaines et leurs vaines idoles, il introduit par ces mots le serviteur de Dieu, le Messie. Israël a été appelé, XLI, 8-9, le serviteur de Dieu, mais celui qui nous est présenté maintenant n’est pas une personnification collective, il est distinct du peuple, c’est une personne individuelle et vivante, c’est le Christ, comme le reconnait le Targum qui paraphrase cet endroit en disant : Voici mon serviteur le Messie. Les ch. VII-XII nous l’ont représenté comme le fils de David ; désormais il va nous apparaitre surtout comme le représentant du vrai Israël, de l’Israël fidèle, et de l’humanité tout entière, comme le second Adam. Cyrus doit briser les peuples ennemis de Dieu, le Messie est le médiateur pacifique : — Il ne criera point… il ne brisera pas un roseau froissé, c’est-à-dire, dit Tertullien, les enfants d’Israël ; il n’éteindra pas une mèche fumante, c’est-à-dire, d’après le même docteur, les Gentils, XLII, 2-3 ; Matth. XII, 18-20 ; il apportera à tous le plus précieux des biens, la rédemption, le salut, XLII, 17. Israël doit donc se convertir et rechercher de nouveau son Dieu et son Sauveur, XLI, 18-XLIII, 13.

1. Voici mon serviteur, etc. Dans ce verset et les suivants il est parlé très clairement du Messie et de la rédemption du genre humain, et les évangélistes ont souvent appliqué à Jésus-Christ ce qui est dit ici du libérateur d’Israël. Il y a cependant des expressions dont on peut faire l’application à Cyrus, et à la délivrance des Israélites de la captivité de Babylone. Jésus-Christ est considéré sous le rapport de son humanité, selon laquelle il a pris la forme de serviteur. Voy. Phil. II, 7.

4. Les iles ; les régions lointaines. Voy. Ps. XCVI, 1.

6. Pour être, etc. ; pour faire avec mon peuple une nouvelle alliance. Compar. XLVI, 8 ; Jer. XXXI, 21.

7. Du fond ; de la partie intérieure, intime, enfoncée. C’est le véritable sens qu’a ici l’expression latine de domo. La Vulgate elle-même a traduit en plus d’un endroit le terme hébreu, comme nous l’avons fait dans ce verset.

10. Sa louange (laus ejus) ; quoique au nominatif, peut très bien être un second complément du verbe chantez ; nous avons déjà fait remarquer que, dans la Vulgate, les cas se mettent l’un pour l’autre, sans égard pour la construction latine. Compar. Ps. LXI, 3.

11. Cédar. Voy., sur ce nom, Ps. CXIX, 5. Il semble qu’il désigne ici les Juifs qui avaient été transportés dans ce pays. — Pétra ; capitale de l’Arabie Pétrée.

14. Je parlerai (loquar) ; selon l’hébreu, le chaldéen et le syriaque, je crierai.

15. Je changerai, etc. C’est ce qu’on vit au siège de Babylone : Cyrus détourna l’Euphrate et en dessécha le lit, noya ses plus belles campagnes et tarit ses plus belles eaux.

16. Je conduirai, etc. ; promesses qui eurent leur parfait accomplissement par Jésus-Christ, qui répandit la lumière de l’Évangile, et rendit réellement la vue aux aveugles, et l’ouïe aux sourds. — Ces choses ; c’est le vrai sens du latin verba, expliqué par l’hébreu.

17. Qu’ils soient entièrement couverts de confusion ; litter., et par hébraïsme, qu’ils soient confondus de confusion. — Leur image ; dans le texte original, l’image ; mais il faut remarquer qu’en hébreu l’article déterminatif s’emploie quelquefois pour le pronom possessif, image taillée au ciseau ; c’est-à-dire idole. Compar. XXX, 22.

19. Mon serviteur ; Israël. — Messagers (nuntios) ; c’est-à-dire prophètes.

22. Tous, etc. ; tous les Israélites, ayant offensé le Seigneur et mérité par-là des châtiments, sont devenus un piège dans lequel sont tombés leurs propres enfants.

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Is 43

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CHAPITRE XLIII

Conservation et délivrance d’Israël. Le Seigneur est le seul Dieu. Ruine de Babylone. Délivrance et ingratitude d’Israël.

1. Et maintenant, voici ce que dit le Seigneur,

qui te crée, ô Jacob,

et qui te forme, ô Israël :

Ne crains point car je t’ai racheté,

et appelé par ton nom ; tu es mien, toi.

2. Lorsque tu passeras au travers des eaux, je serai avec toi,

et les fleuves ne te submergeront pas ;

lorsque tu marcheras dans le feu, tu ne seras pas brulé ;

et la flamme n’aura pas d’ardeur pour toi ;

3. Parce que je suis le Seigneur ton Dieu,

le saint d’Israël, ton Sauveur ;

j’ai donné pour toi, afin de t’être propice,

l’Égypte, l’Éthiopie et Saba.

4. Depuis que tu es devenu honorable à mes yeux

et glorieux, moi, je t’ai aimé ;

je donnerai des hommes pour toi,

et des peuples pour ton âme.

5. Ne crains point car moi je suis avec toi ;

de l’Orient je ramènerai ta race ;

et de l’Occident je te rassemblerai.

6. Je dirai à l’aquilon : Donne ;

et au midi : Ne retiens pas ;

amène mes fils de loin,

et mes filles des extrémités de la terre.

7. Car quiconque invoque mon nom,

je l’ai créé pour ma gloire, je l’ai formé, et je l’ai fait.

8. Fais sortir un peuple aveugle et qui a des yeux ;

sourd, et il a des oreilles.

9. Toutes les nations se sont réunies ensemble,

et des tribus se sont liées ;

qui parmi vous annoncera cela,

et nous fera entendre les choses qui furent les premières ?

qu’ils produisent leurs témoins, qu’ils se justifient,

et qu’ils entendent, et qu’ils disent : C’est vrai.

10. Vous êtes mes témoins, dit le Seigneur,

vous et mon serviteur que j’ai choisi ;

afin que vous sachiez, que vous me croyiez,

et que vous compreniez que c’est moi-même qui suis.

Avant moi il n’y a pas eu de Dieu formé,

et après moi il n’y en aura pas.

11. C’est moi qui suis, c’est moi qui suis le Seigneur ;

et il n’y a pas, hors moi, de sauveur.

12. C’est moi qui ai annoncé, et qui ai sauvé ;

j’ai fait entendre, et il n’y a pas eu parmi vous d’étranger ;

vous êtes mes témoins, dit le Seigneur,

et moi, je suis Dieu.

13. Et dès le commencement je suis,

et il n’y a personne qui arrache de ma main ;

j’agirai, et qui m’en détournera ?

14. Voici ce que dit le Seigneur, votre rédempteur,

le saint d’Israël :

À cause de vous j’ai envoyé à Babylone,

et j’ai arraché toutes ses barres,

et les Chaldéens qui se glorifiaient dans leurs vaisseaux.

15. Je suis le Seigneur, votre saint,

le créateur d’Israël, votre roi.

16. Voici ce que dit le Seigneur,

qui a fait dans la mer une voie,

et au milieu des eaux impétueuses un sentier.

17. Qui a fait sortir le quadrige et le cheval,

l’armée et le fort ;

ils se sont endormis ensemble, ils ne se relèveront pas ;

ils ont été brisés comme le lin, et ils se sont éteints.

18. Ne vous souvenez plus des choses passées,

et les anciennes, ne les regardez pas.

19. Voici que moi je fais des choses nouvelles ;

c’est maintenant qu’elles paraitront ; certainement vous les connaitrez ;

je ferai dans le désert une voie,

et dans un chemin impraticable des fleuves.

20. La bête des champs me glorifiera,

ainsi que les dragons et les autruches,

parce que j’ai mis dans le désert des eaux,

des fleuves dans un chemin impraticable,

afin de donner à boire à mon peuple, à mon élu.

21. J’ai formé ce peuple pour moi ;

il publiera ma louange.

22. Cependant tu ne m’as pas invoqué,

Jacob, et tu n’as pas travaillé pour moi, Israël.

23. Tu ne m’as pas offert ton bélier d’holocauste,

et par tes victimes tu ne m’as pas glorifié ;

je ne t’ai pas forcé à me faire des oblations,

et je ne t’ai pas donné la peine de m’offrir de l’encens.

24. Tu ne m’as pas acheté avec ton argent de canne odorante,

et de la graisse de tes victimes tu ne m’as pas rassasié ;

mais tu m’as rendu ton esclave par tes péchés ;

tu m’as donné du mal par tes iniquités.

25. C’est moi, c’est moi-même qui efface tes iniquités à cause de moi ;

et de tes péchés je ne me souviendrai pas.

26. Remets-moi en mémoire, et plaidons ensemble ;

raconte, si tu as quelque chose pour te justifier.

27. Ton père le premier a péché,

et tes interprètes ont prévariqué contre moi.

28. C’est pourquoi j’ai déclaré souillés les princes saints ;

j’ai livré Jacob à la tuerie,

et Israël à l’outrage.

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CHAP. XLIII. 11. Os. XIII, 4. — 19. II Cor. V, 17 ; Apoc. XXI, 5.

 

3. J’ai donné, etc. ; c’est-à-dire, selon la plupart des interprètes, j’ai détourné les Assyriens qui étaient sur le point de prendre Jérusalem, en les obligeant de retourner leurs armes contre l’Égypte, l’Éthiopie et le pays de Saba.

4. Pour toi ; pour te venger. — Ton âme ; hébraïsme, pour ta personne, ou ta vie.

6. Donne-moi mes enfants. — Ne retiens pas ; ne les empêche pas de venir.

9. Qui parmi vous ; faux dieux, idoles. — Qu’ils produisent, etc. ; c’est-à-dire que les faux dieux produisent, etc. C’est un défi porté par le vrai Dieu aux fausses divinités, sourdes et muettes.

10. Vous êtes ; vous Hébreux. — Mon serviteur ; Cyrus, selon les uns, Isaïe, selon les autres ; mais c’est plutôt Jésus-Christ. Compar. XLII, 1. — C’est moi, etc. Voy. Ex. III, 14.

13. Qui m’en détournera ; qui m’empêchera d’agir ; litter., qui détournera cela ; c’est-à-dire mon action.

14. et suiv. * 4e Discours : Israël vengé et délivré de ses ennemis ; effusion du Saint-Esprit, XLIII, 14-XLIV, 5. — Dieu vengera Israël des Chaldéens par la ruine de l’empire de Nabuchodonosor, XLIII, 14-15. Ce qu’il a fait quand il a délivré son peuple de la servitude d’Égypte, il le fera de nouveau, 16-21, par grâce, 22-28 ; malgré les péchés qui rendent les Juifs indignes de ses faveurs, il versera sur eux son esprit, XLIV, 1-5.

14. Ses barres ; les barres de ses portes.

16, 17. Allusion au passage des Israélites et de l’armée de Pharaon dans la mer Rouge.

20. La bête du champ ; c’est-à-dire la bête sauvage. — * Les dragons. Hébreu : les chacals.

24. Canne odorante ; on s’en servait pour faire l’huile d’onction. Comparez Ex. XXX, 23. — Tu m’as rendu, etc. ; par tes péchés tu m’as traité comme si j’eusse été ton esclave, obligé de servir tous tes caprices.

27. Ton père, etc. ; probablement Abraham, qui fut le père, l’auteur, la souche de la nation des Hébreux (LI, 2 ; Joan. VIII, 39, 56), et engagé dans l’idolâtrie de son père avant sa vocation. — Tes interprètes, etc. ; Moïse et Aaron, qui ont été les interprètes de la volonté de Dieu, les médiateurs entre lui et le peuple, et qui ont désobéi à Dieu aux eaux de contradiction (Num. XX, 9-12).

28. J’ai déclaré souillés. C’est le vrai sens de contaminavi expliqué par l’hébreu. — Les princes saints ; c’est-à-dire les princes du sanctuaire, les grands-prêtres ; l’hébreu autorise encore cette interprétation.

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Is 44

*is44

CHAPITRE XLIV

Rétablissement d’Israël. Le Seigneur est le seul Dieu. Vanité des idoles. Règne de Cyrus. Prise de Babylone. Rétablissement de Jérusalem.

1. Et maintenant écoute, Jacob mon serviteur ;

et toi, Israël, que j’ai choisi,

2. Voici ce que dit le Seigneur qui t’a fait et formé,

dès le sein de ta mère, ton aide :

Ne crains point, Jacob mon serviteur,

et toi le très juste, que j’ai choisi.

3. Car je répandrai des eaux sur un sol altéré,

et des ruisseaux sur une terre aride ;

je répandrai mon esprit sur ta postérité,

et ma bénédiction sur ta race.

4. Et elles germeront parmi les herbes,

comme des saules sur des eaux courantes.

5. Celui-ci dira : Moi je suis au Seigneur ;

et celui-là prendra le nom de Jacob ;

et un autre écrira de sa main : Au Seigneur ;

et par le nom, à Israël il sera assimilé.

6. Voici ce que dit le Seigneur, le roi d’Israël,

et son rédempteur, le Seigneur des armées :

Je suis le premier et je suis le dernier ;

et hors moi il n’y a point de Dieu.

7. Qui est semblable à moi ? qu’il appelle

et qu’il annonce ; et qu’il m’expose la série des choses,

depuis que j’ai fondé un peuple antique ;

qu’ils leur annoncent les choses à venir et celles qui doivent être.

8. Ne craignez pas, ne soyez pas troublés ;

dès lors je t’ai fait entendre,

et je t’ai annoncé : C’est vous qui êtes mes témoins.

Est-ce qu’il y a un Dieu hors moi,

et un créateur que moi je n’ai pas connu ?

9. Tous les fabricateurs d’idoles ne sont rien,

et leurs œuvres qu’ils estiment le plus ne leur seront pas utiles ;

eux-mêmes sont témoins qu’elles ne voient pas,

et qu’elles ne comprennent pas ; en sorte qu’ils sont confondus.

10. Qui a formé un dieu,

et a jeté en fonte une image qui n’est utile à rien ?

11. Voici que tous ceux qui y ont pris part seront confondus ;

car ces artisans sont des hommes ;

ils se réuniront tous, ils se présenteront,

et ils auront peur, et seront confondus tous ensemble.

12. Le forgeron a travaillé avec une lime ;

au moyen de charbons ardents et de marteaux il a formé l’idole,

et il a travaillé de son bras vigoureux ;

il aura faim et il défaillira ;

il ne boira pas d’eau et il sera épuisé.

13. Le sculpteur en bois a étendu la règle ;

il a formé l’idole avec le rabot ;

il l’a dressée à l’équerre,

et l’a contournée avec le compas ;

et il a fait l’image d’un homme,

représentant un bel homme,

habitant dans une maison.

14. Il a coupé des cèdres,

il a pris un chêne vert,

et un chêne qui avait été parmi les arbres d’une forêt ;

et il a planté un pin que la pluie a nourri.

15. Et les hommes s’en sont servis pour le feu ;

il en a pris lui-même et il s’est chauffé ;

et il y a mis le feu, et il a cuit des pains ;

mais avec le reste il a façonné un dieu, et l’a adoré ;

il a fait une image taillée au ciseau, et il s’est courbé devant elle.

16. Il a brulé au feu une moitié de bois,

et de son autre moitié il a préparé des viandes pour manger ;

il en a préparé un mets, et il s’en est rassasié ;

il s’est chauffé et a dit : Ah !

je me suis chauffé, j’ai vu le feu.

17. Mais de son reste il fait un dieu et une idole ;

il se courbe devant elle, l’adore et la prie

et la supplie, disant :

Délivrez-moi, parce que mon Dieu, c’est vous.

18. Ils n’ont pas su, ils n’ont pas compris ;

car leurs yeux sont couverts d’un enduit,

en sorte que leurs yeux ne voient pas et que leur cœur ne comprend pas.

19. Ils ne réfléchissent pas en leur esprit,

et ils n’ont pas assez de sens pour dire :

J’ai brulé la moitié de ce bois au feu,

et j’ai cuit sur ses charbons des pains ;

j’ai cuit des viandes et j’ai mangé,

et du reste ferai-je une idole ?

devant un tronc d’arbre me prosternerai-je ?

20. Une partie de ce bois est de la cendre ;

un cœur insensé a adoré l’idole,

et il ne délivrera pas son âme,

et il ne dira pas : Peut-être qu’il y a un mensonge dans ma main droite.

21. Souviens-toi de ces choses, Jacob,

et toi, Israël, parce que mon serviteur, c’est toi ;

je t’ai formé, mon serviteur ; c’est toi,

Israël, ne m’oublie pas.

22. J’ai effacé comme un nuage tes iniquités,

et comme une vapeur tes péchés ;

reviens à moi, parce que je t’ai racheté.

23. Louez, cieux, parce que le Seigneur a fait miséricorde ;

jubilez, extrémités de la terre,

faites retentir la louange, montagnes,

forêts, et tous ses arbres,

parce que le Seigneur a racheté Jacob,

et qu’Israël se glorifiera.

24. Voici ce que dit le Seigneur ton rédempteur,

et qui t’a formé dès le sein de ta mère :

Je suis le Seigneur, faisant toutes choses,

seul étendant les cieux,

affermissant la terre, et nul n’est avec moi.

25. Rendant sans effet les présages des devins,

et jetant les magiciens dans la fureur.

Faisant tourner les sages en arrière,

et rendant leur science insensée.

26. Suscitant la parole de son serviteur,

et accomplissant les conseils de ses messagers.

Moi qui dis à Jérusalem : Tu seras habitée,

et aux cités de Juda : Vous serez édifiées,

et à ses déserts, je donnerai la vie.

27. Moi qui dis à l’abime : Sois détruit,

et je mettrai tes fleuves à sec.

28. Moi, qui dis à Cyrus : Tu es mon pasteur,

et tu accompliras toute ma volonté.

Moi, qui dis à Jérusalem : Tu seras édifiée ;

et au temple : Tu seras fondé.

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CHAP. XLIV. 1. Jer. XXX, 10 ; XLVI, 27. — 6. Supra. XLI, 4 ; Infra. XLVIII, 12 ; Apoc. I, 8, 17 ; XXII, 13. — 12. Sap. XIII, 11.

 

2. Le très juste (rectissime). La Vulgate a rendu (Deut. XXXII, 15) le même mot hébreu par bien-aimé (diléctus), et c’est ainsi que l’ont traduit les Septante dans les deux endroits. La racine hébraïque à laquelle on attache généralement l’idée de justice, de droiture, signifie, selon nous, être heureux, fortuné. Dans tous les cas, c’est un nom propre symbolique qui s’applique au peuple d’Israël.

5. Et par le nom, etc. ; il se fera honneur de porter le nom d’Israël.

6. * 5e Discours : Contraste entre Dieu et les idoles, XLIV, 6-23. Le prophète nous montre la grandeur du vrai Dieu qu’il met en opposition avec la vanité des dieux ridicules des gentils. — Israël doit se confier en Dieu, parce qu’il lui annonce à l’avance ce qu’il se propose de faire, 6-8 ; tandis que les dieux des gentils trompent leurs adorateurs, parce qu’ils ne sont que de vaines images, œuvres des hommes, 9-17 ; l’aveuglement des païens peut seul leur fermer les yeux sur le néant de leurs divinités, 18-20. Puisse Israël, lui du moins, comprendre que l’idolâtrie n’est qu’un mensonge, et servir le Seigneur qui l’aime et lui pardonne ses péchés, 21-23 ! — Le tableau de la vanité des idoles est un morceau littéraire achevé.

7. Qu’ils, etc. ; que les faux dieux annoncent et exposent par ordre à leurs adorateurs le passé et l’avenir.

12. Au moyen, etc. ; c’est-à-dire qu’il met le fer dans le feu. — Son bras vigoureux ; ou très vigoureux ; litter., et par hébraïsme, le bras de sa force.

15. Les hommes, etc. ; littér. elle est devenue (facta est) aux hommes pour le feu. Ce féminin singulier se rapporte vraisemblablement au substantif pin (pinum), qui en latin est féminin. Dans les textes hébreu et grec, le verbe est également au singulier. — Lui-même ; c’est-à-dire le sculpteur dont il est parlé dans les versets précédents.

22. Comme un nuage et comme une vapeur ; sont dissipés et disparaissent.

24. et suiv. * 6e Discours : Cyrus, l’oint de Jéhovah, libérateur d’Israël, XLIV, 24-XLV. Les promesses deviennent plus précises, le Prophète annonce par son nom le futur libérateur d’Israël, Cyrus. — Dieu, qui a tout créé et qui sait tout, veut tenir ses promesses, relever Jérusalem, ouvrir Babylone au conquérant, à Cyrus, son oint, qui sera son instrument et le restaurateur de la ville sainte, XLIV, 24-28. À la force irrésistible de ses armes, on verra qui l’envoie : Cyrus ne connaissait point Jéhovah, mais Jéhovah l’a pris à son service, afin que les gentils reconnaissent sa puissance divine et que la bénédiction céleste descende sur la terre, XLV, 1-8. Israël doit donc se soumettre au Seigneur, se confier en lui et ne point redouter Cyrus, car il est l’instrument de son salut, 9-13, celui qui doit exécuter ses vengeances contre les païens et faire reconnaitre sa divinité, 14. Israël reconnait son Dieu, 15-17. La promesse s’accomplira, les gentils confesseront Dieu, 18-21, car tous les peuples doivent le servir et être rendus heureux par lui, 22-26.

24. Et nul n’est avec moi ; pour faire ces choses avec moi.

25. Dans la fureur (in furorem) ; ou dans l’aveuglement. — Faisant tourner en arrière ; c’est-à-dire couvrant de confusion, comme la Vulgate elle-même a traduit l’expression hébraïque correspondante dans III Reg. II, 16, 20. — Rendant, etc. ; convainquant leur vaine science de folie.

26. Son serviteur, ses messagers, ses déserts. C’est ce que portent l’hébreu et les Septante aussi bien que la Vulgate. Ne sachant à qui se rapportent les pronoms son, ses, plusieurs traducteurs ont changé le texte sacré, et ont mis mon, mes. Pour nous, nous n’avons pas cru que ce fût un motif suffisant de changer le texte sacré. — Je donnerai la vie (suscitabo) aux déserts ; en les peuplant d’habitants.

28. Cyrus ; roi de Perse, est nommé par son propre nom plus de cent ans avant sa naissance, ce qui prouve jusqu’à l’évidence l’inspiration divine du prophète Isaïe. — Mon pasteur. Le nom de pasteur que Dieu donne à Cyrus prouve sa qualité de roi ; car les anciens donnaient le titre de pasteur aux princes ; c’est l’épithète ordinaire qu’Homère leur donne. Sous ce rapport encore, Cyrus est la figure de Jésus-Christ, le pasteur par excellence. — * C’est le passage d’Isaïe, XLIV, 28-XLV, 1, que les Juifs montrèrent à Cyrus, à la fin de la captivité, d’après le témoignage de Josèphe, ce qui le détermina à leur permettre de retourner en Palestine. Le nom de Cyrus signifie, d’après Ctésias et autres, soleil. Il parait venir de la même racine, mais il ne se confond pas avec le nom du soleil, qui est, en zend, hvaré (karé), d’où l’on a tiré des noms propres comme Charsid, qui signifie éclat du soleil ou soleil. Sur les monuments, le nom de Cyrus est écrit Kuru ou Khuru ; ainsi on lit sur son tombeau : Adam K’ur’us Khsâyathiya Hakkâmanisiya. “Je suis Cyrus, le roi, l’Achéménide.” Son nom est identique avec celui du fleuve Kur. Voir Strabon, XV, 3, 6.

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Is 45

*is45

CHAPITRE XLV

Victoires de Cyrus, règne de justice. Délivrance d’Israël. Le Seigneur reconnu par les nations. Il est le seul Dieu véritable. Tous les peuples le reconnaitront ; tout Israël se glorifiera en lui.

1. Voici ce que dit le Seigneur à mon christ, Cyrus,

que j’ai pris par la droite,

afin d’assujettir devant sa face les nations,

de faire tourner le dos aux rois,

et d’ouvrir devant lui les portes des maisons,

et les portes des villes ne seront pas fermées.

2. Moi j’irai devant lui, j’humilierai les glorieux de la terre,

je briserai les portes d’airain,

et je romprai les barres de fer.

3. Et je te livrerai des trésors cachés,

et des richesses enfouies dans des lieux souterrains et secrets ;

afin que tu saches que je suis le Seigneur

qui appelle ton nom, le Dieu d’Israël.

4. À cause de Jacob mon serviteur,

et d’Israël mon élu ;

je t’ai appelé par ton nom :

je t’ai assimilé à mon Christ, et tu ne m’as pas connu.

5. Je suis le Seigneur, il n’y en a pas davantage ;

hors moi il n’y a pas de Dieu ;

je t’ai ceint et tu ne m’as pas connu ;

6. Afin qu’ils sachent, ceux qui sont du levant et ceux qui sont de l’occident,

que hors moi, il n’y en a pas.

Je suis le Seigneur et il n’y en a pas d’autre,

7. Formant la lumière, et créant les ténèbres ;

faisant la paix, et créant les maux ;

je suis le Seigneur, faisant toutes ces choses.

8. Cieux, versez votre rosée d’en haut,

et que les nuées pleuvent un juste ;

que la terre s’ouvre, et qu’elle germe un sauveur,

et que la justice naisse en même temps ;

moi, le Seigneur, je l’ai créé.

9. Malheur à qui dispute contre celui qui l’a fait, à l’homme,

têt de terre de Samos ;

est-ce que l’argile dira à son potier : Que fais-tu,

et ton ouvrage est sans mains ?

10. Malheur à celui qui dit à un père : Pourquoi engendres-tu ?

et à une femme : Pourquoi enfantes-tu ?

11. Voici ce que dit le Seigneur,

le saint d’Israël, celui qui l’a formé :

Interrogez-moi sur les choses à venir ;

sur mes fils et sur l’œuvre de mes mains, donnez-moi vos ordres.

12. C’est moi qui ai fait la terre,

et moi qui ai créé l’homme sur la terre ;

mes mains ont étendu les cieux,

et à toute leur milice j’ai donné mes ordres.

13. C’est moi qui l’ai suscité pour la justice,

et toutes ses voies, je les dirigerai ;

lui-même bâtira ma cité,

il renverra mes captifs

sans rançon ni présent,

dit le Seigneur Dieu des armées.

14. Voici ce que dit le Seigneur :

Le travail de l’Égypte, le commerce de l’Éthiopie,

et les Sabéens, hommes d’une haute taille,

viendront vers toi et seront à toi ;

ils marcheront derrière toi,

et ils s’avanceront les fers aux mains ; ils se prosterneront devant toi,

et ils te supplieront, disant :

C’est seulement en vous qu’il y a un Dieu,

et hors de vous il n’y a pas de Dieu.

15. Vraiment vous êtes un Dieu caché,

le Dieu d’Israël, un sauveur.

16. Ils ont été confondus, et ont rougi tous ;

tous ensemble ils sont allés à la confusion, les fabricateurs d’erreurs.

17. Israël a été sauvé par le Seigneur d’un salut éternel ;

vous ne serez pas confondus ; et vous ne rougirez pas dans les siècles des siècles.

18. Car voici ce que dit le Seigneur,

qui a créé les cieux,

le Dieu même qui a formé la terre et l’a faite ;

celui-là même qui l’a façonnée ;

ce n’est pas en vain qu’il l’a créée ;

c’est afin qu’elle fut habitée qu’il l’a formée ;

je suis le Seigneur, et il n’y en a point d’autre.

19. Je n’ai pas parlé dans le secret,

dans un lieu de la terre ténébreux.

Je n’ai pas dit à la race de Jacob en vain :

Cherchez-moi,

je suis le Seigneur, parlant justice,

annonçant la droiture.

20. Rassemblez-vous, venez, et approchez-vous ensemble,

vous qui avez été sauvés des nations ;

ils sont dans l’ignorance, ceux qui élèvent un bois qu’ils ont sculpté,

et qui prient un Dieu qui ne sauve pas.

21. Annoncez, venez,

et consultez ensemble ;

qui a fait entendre cela dès le commencement,

et dès lors l’a prédit ?

N’est-ce pas moi, le Seigneur,

et il n’y a plus de Dieu hors moi ?

un Dieu juste et qui sauve ; il n’y en a pas excepté moi.

22. Convertissez-vous à moi et vous serez sauvés,

vous tous, confins de la terre ;

Car moi je suis Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre.

23. Par moi-même j’ai juré ;

il sortira de ma bouche une parole de justice,

et elle ne reviendra pas :

24. Que devant moi tout genou fléchira,

et toute langue jurera par mon nom.

25. Ainsi, dira chacun, dans le Seigneur

sont ma justice et l’empire ;

vers lui viendront et seront confondus

tous ceux qui s’opposent à lui.

26. Dans le Seigneur sera justifiée

et glorifiée toute la postérité d’Israël.

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CHAP. XLV. 9. Jer. XVIII, 6 ; Rom. IX, 20. — 19. Joan. XVIII, 20. — 24. Rom. XIV, 11 ; Phil. II, 10.

 

1. Christ ; ou oint ; c’est-à-dire roi constitué. Il n’est pas prouvé qu’on donnât l’onction aux rois de Perse ; mais le Prophète parle ici conformément à l’usage consacré chez les Hébreux. Compar. I Reg. X, 1 ; III Reg. I, 45.

2. * On a retrouvé à Balawat des débris de portes assyriennes recouvertes de plaques d’airain.

3. Je te livrerai, etc. Nous savons par l’histoire que Cyrus recueillit des richesses prodigieuses dans toutes ses victoires. — Qui appelle ton nom ; c’est-à-dire qui t’ai appelé par ton nom. Compar. le vers. 1.

4. À cause de Jacob, etc. ; c’est-à-dire pour venger le peuple qui m’adore, que je me suis choisi, et que je protège d’une manière toute particulière. — Je t’ai assimilé à mon Christ ; vrai roi et pasteur de mon peuple, en te donnant le titre de mon pasteur (XLIV, 28) et de mon Christ (XLV, 1), en te choisissant pour être sa figure. Le verbe hébreu que la Vulgate a traduit ici et XLIV, 5, par assimiler (assimilavi), elle l’a rendu dans Job. XXXII, 21, par égaler (æquabo), et au verset 22 de ce même chapitre de Job par subsister (subsistant). — Et tu ne m’as pas connu ; c’est-à-dire tu ne m’as pas honoré comme tu le devais, en abandonnant le culte des idoles. Rien, en effet, ne prouve que Cyrus, tout en avouant que le Seigneur lui avait livré tous les royaumes de la terre (I Esd. I, 2), abandonna la religion des Perses et embrassa celle des Juifs. C’est ainsi que Nabuchodonosor, qui avait reconnu la main du Seigneur (Dan. II, 47), resta dans l’erreur et dans l’idolâtrie. Cependant tout véritable hébraïsant devra reconnaitre que le texte original peut signifier : Et tu ne l’avais pas connu, c’est-à-dire, quoique tu ne le connusses pas auparavant ; ce qui ne préjuge rien sur la conduite postérieure de Cyrus.

5. Je t’ai ceint de tes armes ; c’est moi qui t’ai armé.

7. Les maux ; les calamités, les infortunes, comme châtiment des péchés.

8. Cieux, versez, etc. ; prière qu’on fait dans l’Église pendant l’Avent, pour demander à Dieu les grâces de l’avènement de Jésus-Christ, le juste par excellence et le sauveur des hommes. — Moi, te Seigneur qui l’a créé. Cette parole s’entend aussi de Jésus-Christ, selon son humanité. Il est fils de Dieu et fils de l’homme. Comme fils de Dieu, il est engendré de toute éternité dans le sein du Père, il est comme lui le principe de la justice et du salut ; comme fils de l’homme, il a été créé de Dieu dans le sein de Marie, de laquelle il est né dans la plénitude des temps.

9. Ton ouvrage est sans mains ; c’est-à-dire ton vase n’a pas d’anses ; tu m’as mal fait, je suis un vase inutile. — * De terre de Samos. Dans l’hébreu : un têt de terre simplement.

12. * Leur milice ; les étoiles.

14. Le travail, etc. Les travaux des Égyptiens consistaient principalement dans la culture des terres et le soin des bestiaux. — Vers toi, Israël. — Se prosterneront devant toi ; littér. t’adoreront. Voy., sur cette expression, Gen. XVIII, 2.

23. Ne reviendra pas ; ne sera pas retirée, révoquée.

24. Tout genou fléchira, etc. Ces paroles sont citées par saint Paul (Rom. XIV, 10-11 ; Phil. II, 10-11), qui les applique à Jésus-Christ. — Par mon nom ; ces mots sont évidemment sous-entendus ; Dieu avait ordonné à son peuple de ne jurer qu’en son nom. Voy. Deut. VI, 13 ; Ex. XXIII, 13.

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Is 46

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CHAPITRE XLVI

Ruine des idoles de Babylone. Israël protégé du Seigneur. Le Seigneur est le seul Dieu véritable ; tous ses desseins s’accomplissent. Dieu promet le salut à Sion.

1. Bel a été rompu ; Nabo a été brisé ;

leurs simulacres ont été mis sur des bêtes et sur des animaux de service ;

ces fardeaux que vous portiez allaient par leur grand poids

jusqu’à vous lasser.

2. Ils ont péri et ont été brisés tous ensemble ;

ils n’ont pu sauver celui qui les portait,

et ils iront eux-mêmes en captivité.

3. Écoutez-moi, maison de Jacob,

et vous tous, restes de la maison d’Israël,

qui êtes portés dans mon sein,

qui êtes renfermés dans mes entrailles.

4. Moi-même je vous porterai jusqu’à la vieillesse,

jusqu’aux cheveux blancs ;

c’est moi qui vous ai faits, et c’est moi qui vous soutiendrai ;

c’est moi qui vous porterai, et vous sauverai.

5. À qui m’avez-vous assimilé, égalé,

comparé et rendu semblable ?

6. Vous qui tirez de l’or de la bourse,

et pesez de l’argent dans la balance ;

louant un orfèvre afin qu’il fasse un Dieu ;

et on se prosterne et on adore.

7. Ils le chargent sur les épaules pour le porter,

et pour le placer en son lieu ;

il y demeurera et ne sera pas ôté de son lieu ;

mais lorsqu’on criera vers lui, il n’entendra pas ;

de la tribulation il ne les sauvera pas.

8. Souvenez-vous de cela et soyez confondus ;

rentrez dans votre cœur, prévaricateurs.

9. Rappelez-vous le siècle passé ;

parce que moi je suis Dieu, et qu’il n’y a plus d’autre Dieu,

et qu’il n’y a pas semblable à moi ;

10. Annonçant dès l’origine la fin des temps,

et dès le commencement les choses qui ne sont pas encore faites,

disant : Ma résolution sera inébranlable,

et toute ma volonté s’exécutera ;

11. J’appelle de l’orient un oiseau,

et d’une terre lointaine l’homme de ma volonté ;

et je l’ai dit, et je l’accomplirai ;

j’ai formé ce dessein et je l’exécuterai.

12. Écoutez-moi, vous au cœur dur,

qui êtes éloignés de la justice.

13. J’ai rapproché le temps de ma justice, il ne sera pas différé,

et mon salut ne tardera pas.

J’établirai dans Sion le salut,

et dans Israël ma gloire.

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CHAP. XLVI. 7. Bar. VI, 25. — 13. Luc. II, 32

 

1-13. * 7e Discours : Chute des dieux de Babylone, XLVI. — Les trois derniers discours du premier cycle ont Babylone pour sujet. Le Prophète, après avoir prédit ce qu’Israël doit attendre de Cyrus, nous apprend de quelle manière ce roi traitera Babylone. Le premier discours concernant cette ville annonce la chute de ses dieux. Ils deviendront le butin du vainqueur, 1-2. Israël le verra et reconnaitra la grandeur de Jéhovah, 3-5, au-dessus de ces dieux-statues, 6-7. Que ceux qui sont enclins à l’idolâtrie le remarquent et qu’ils comprennent que Dieu sait tout et gouverne tout, 8-11 ; que les endurcis voient par-là que le salut annoncé est proche, 12-13.

1. Bel ou Belus ; premier roi des Babyloniens, mis par eux au nombre des divinités, et sur le tombeau duquel on érigea un temple somptueux. — Nabo ; divinité aussi des Babyloniens. Cyrus enleva leurs statues et les fit briser pour en employer l’or et l’argent à d’autres usages. — Ces fardeaux, etc. Les idoles sont appelées des fardeaux, parce que dans les solennités, les prêtres les portaient en pompe. Compar. vers. 7.

2. Eux-mêmes ; littér. leur âme (anima eorum). En hébreu comme en arabe, le mot âme s’emploie pour personne, individu.

4. Jusqu’aux cheveux blancs ; jusqu’à l’âge le plus avancé.

7. * Les bas-reliefs assyro-chaldéens nous représentent des processions dans lesquelles les adorateurs de Bel et de Nabo les portent sur leurs épaules.

11. Un oiseau ; c’est-à-dire Cyrus, qui viendra aussi vite qu’un oiseau qui vole ; ou bien est-ce une allusion à l’aigle, que ce prince faisait mettre au haut d’une lance, et qui avait les ailes étendues, pour marquer sa présence dans l’armée ? Compar. Jer. XLIX, 22, et Ezech. XVII, où Nabuchodonosor est comparé à un aigle.

13. Mon salut ; le salut que je dois donner ; ce salut, c’est le Messie, dont Cyrus était la figure. — Sion ; représente l’Église, le peuple fidèle, soit d’entre les Juifs, soit d’entre les gentils.

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Is 47

*is47

CHAPITRE XLVII

Ruine de Babylone Punition de sa dureté, de son orgueil et de sa fausse sagesse.

1. Descends, assieds-toi dans la poussière,

vierge, fille de Babylone ;

assieds-toi sur la terre ; il n’y a pas de trône

pour la fille des Chaldéens,

tu ne seras plus appelée

délicate et tendre.

2. Tourne la meule, fais moudre la farine :

mets à nu ta honte,

et découvre ton épaule, relève ta robe,

passe des fleuves.

3. Ton ignominie sera dévoilée,

et on verra ton opprobre ;

je me vengerai, et pas d’homme ne me résistera.

4. Notre rédempteur, son nom est le Seigneur des armées,

le saint d’Israël.

5. Assieds-toi en silence, et entre dans les ténèbres,

fille des Chaldéens,

parce que tu ne seras plus appelée

dominatrice des royaumes.

6. J’ai été irrité contre mon peuple,

j’ai traité comme une chose souillée mon héritage,

je les ai mis en ta main,

tu ne leur as pas accordé de miséricorde ;

sur le vieillard tu as appesanti ton joug outre mesure.

7. Et tu as dit : À jamais je serai souveraine ;

tu n’as pas mis ces choses sur ton cœur,

et tu ne t’es pas souvenue de ton dernier moment.

8. Et maintenant, écoute ceci, voluptueuse,

qui demeures en pleine assurance,

qui dis en ton cœur : Moi je suis,

et il n’y a hors moi personne plus ;

je ne resterai pas veuve,

et j’ignorerai la stérilité.

9. Ces deux maux te viendront

soudain, en un jour,

la stérilité, et la viduité ;

tous viendront sur toi,

à cause de la multitude de tes maléfices,

et à cause de la dureté violente de tes enchanteurs.

10. Et tu as eu confiance dans ta malice,

et tu as dit : Il n’y a personne qui me voit.

Ta sagesse, et ta science,

c’est ce qui t’a séduite.

Et tu as dit dans ton cœur :

Moi je suis, et hors moi, il n’y en a pas d’autre.

11. Il viendra sur toi un malheur

et tu ne sauras pas son origine ;

il fondra sur toi une calamité

que tu ne pourras conjurer ;

il viendra sur toi soudainement une misère,

que tu ne connaitras pas.

12. Parais avec tes enchanteurs,

et avec la multitude de tes maléfices

auxquels tu t’es appliquée dès ta jeunesse,

pour voir si par hasard quelqu’un d’eux te sera utile,

ou si tu pourras devenir plus forte.

13. Tu as défailli dans la multitude de tes conseils ;

qu’ils paraissent et qu’ils te sauvent,

ceux qui observaient le ciel,

qui contemplaient les astres,

et supputaient les mois,

afin de t’annoncer par ce moyen ce qui doit t’arriver.

14. Voici qu’ils sont devenus comme de la paille,

un feu les a brulés ;

ils ne délivreront pas leur âme

de la main de la flamme ;

ce ne sont pas des charbons ardents avec lesquels on se chauffe,

ni un foyer auprès duquel on s’assied.

15. Ainsi sont devenues toutes ces choses auxquelles tu t’étais appliquée ;

ceux qui ont trafiqué avec toi dès ta jeunesse

ont erré, chacun dans sa voie ;

il n’en est pas qui te sauve.

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CHAP. XLVII. 3. Nah. III, 5. — 8. Apoc. XVIII, 7. — 9. Infra. LI, 19.

 

1-15. * 8e Discours : Chute de Babylone, la capitale du grand empire, XLVII. Après les dieux de Babylone vient le tour de la ville elle-même. Elle tombe, la grande cité, du haut de son orgueil, 1-4, parce qu’elle a abusé de sa force et opprimé sans pitié le peuple de Dieu, 5-7 ; elle va expier soudain son arrogance, et ses magiciens ne la sauveront pas, 8-15.

1. Assieds-toi dans la poussière ; comme une personne désolée et dans le deuil. — Fille de Babylone ; c’est-à-dire ville de Babylone. Voy. I, 8.

2. Tourne la meule. C’est l’exercice auquel on soumettait les plus vils esclaves.

7. Tu n’as pas mis, etc. ; tu n’as pas considéré. — Tu ne t’es pas souvenue, etc. ; tu t’es pas représenté ce qui devait arriver.

12. * Il y avait une multitude d’enchanteurs et de devins à Babylone.

13. * Les Chaldéens étaient particulièrement renommés comme astrologues et observateurs des astres.

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Is 48

*is48

CHAPITRE XLVIII

Reproches contre Israël. Sa délivrance gratuite. Promesse d’un libérateur, c’est-à-dire du Messie figuré par Cyrus. Délivrance d’Israël.

1. Écoutez ceci, maison de Jacob,

vous qui êtes appelés du nom d’Israël,

et êtes sortis des eaux de Juda,

qui jurez au nom du Seigneur,

qui vous souvenez du Dieu d’Israël,

mais non dans la vérité et la justice.

2. Car ils ont été appelés du nom de la cité sainte,

et sur le Dieu d’Israël ils se sont appuyés ;

le Seigneur des armées est son nom.

3. J’ai annoncé dès lors les évènements passés ;

c’est de ma bouche qu’ils sont sortis et je les ai fait entendre ;

je les ai accomplis tout d’un coup, et ils sont arrivés.

4. Car je savais que tu es dur,

que ton cou est une chaine de fer,

et ton front d’airain.

5. Je t’ai prédit dès lors ces choses ;

avant qu’elles vinssent je te les ai indiquées,

de peur que tu ne dises : Ce sont mes idoles qui les ont faites,

et mes images taillées au ciseau et jetées en fonte qui les ont ordonnées.

6. Les choses que tu as entendues, vois-les toutes ;

mais vous, est-ce que vous les avez annoncées ?

Je t’en ai fait entendre dès lors de nouvelles ;

et il en est de réservées que tu ne connais pas ;

7. C’est maintenant qu’elles ont été créées, et non pas alors ;

avant un jour seulement, et tu ne les as pas entendues,

de peur que tu ne dises : Voici que moi je les connaissais.

8. Tu n’as entendu, ni connu, ton oreille

même alors n’était pas ouverte ;

car je sais que prévariquant, tu prévariqueras,

et je t’ai appelé transgresseur dès le sein de ta mère.

9. À cause de mon nom, j’éloignerai ma fureur,

et pour ma gloire je te mettrai un frein,

pour que tu ne périsses pas,

10. Je t’ai purifié par le feu, mais non comme l’argent :

j’ai choisi pour toi le fourneau de la pauvreté.

11. C’est à cause de moi, à cause de moi que je ferai

que mon nom ne soit pas blasphémé,

et je ne donnerai pas ma gloire à un autre.

12. Écoute-moi, Jacob,

et toi, Israël, que j’appelle ;

moi qui suis, moi le premier,

et moi le dernier.

13. Ma main aussi a fondé la terre,

et ma droite a étendu les cieux ;

moi, je les appellerai,

et ils seront là tous ensemble.

14. Rassemblez-vous tous et écoutez-moi :

qui d’entre eux a annoncé ces choses ?

Le Seigneur l’a aimé, il fera sa volonté dans Babylone ;

et il sera son bras parmi les Chaldéens.

15. C’est moi, c’est moi qui ai parlé, et je l’ai appelé ;

je l’ai amené, et sa voie est aplanie.

16. Approchez-vous de moi, et écoutez ceci :

dès le principe je n’ai pas parlé en secret ;

dans le temps même, avant l’évènement, j’étais là ;

et maintenant le Seigneur et son esprit

m’ont envoyé.

17. Voici ce que dit le Seigneur ton rédempteur,

le saint d’Israël :

Moi le Seigneur ton Dieu,

je t’enseigne des choses utiles,

je te dirige dans la voie par laquelle tu marches.

18. Oh ! si tu avais été attentif à mes commandements,

ta paix aurait été comme un fleuve,

et ta justice comme les flots de la mer ;

19. Ta postérité eût été comme le sable de ses rivages,

et les rejetons de ton sein comme les petites pierres de ses bords ;

le nom de ta race n’aurait pas péri,

et il n’eût pas été effacé de devant ma face.

20. Sortez de Babylone, fuyez de chez les Chaldéens,

avec la voix de l’exultation annoncez cette nouvelle,

faites l’entendre

et portez-la jusqu’aux extrémités de la terre.

Dites : Le Seigneur a racheté

son serviteur Jacob.

21. Ils n’ont pas eu soif dans le désert, lorsqu’il les ramenait ;

il fit sortir de l’eau d’une pierre pour eux,

et il fendit la pierre et des eaux coulèrent.

22. Il n’y a point de paix pour les impies, dit le Seigneur.

~

CHAP. XLVIII. 11. Supra. XLII, 8. — 12. Supra. XLI, 4 ; XLIV, 6 ; Apoc. I, 8, 17 ; XXII, 13. — 20. Jer. LI, 6. — 21. Ex. XVII, 6 ; Num. XX, 11. — 22. Infra. LVII, 21.

 

1-22. * 9e Discours : Juda affranchi de la captivité de Babylone, XLVIII. Babylone abattue, Juda sera délivré. Que ceux qui s’appellent Israélites, mais ne le sont pas en réalité, reconnaissent donc que le Seigneur a tenu ce qu’il avait promis et prédit longtemps à l’avance, afin qu’on ne l’attribuât point aux idoles, 1-8. Les malheurs d’Israël n’ont été qu’une épreuve ; elle est finie et Dieu affranchit son peuple, afin que les Gentils ne disent point qu’il n’a pas réalisé ses desseins, 9-11. Qu’Israël écoute donc son Dieu, qui promet et qui exécute, 12-16 ; qu’il lui soit fidèle pour être heureux à jamais, 17-19. Qui se convertira sera délivré du joug des Chaldéens ; qui s’endurcira n’aura point de part au salut, 20-22.

1. Sortis des eaux de Juda ; c’est-à-dire issus de Juda. — Qui vous souvenez ; dans les serments et dans les cérémonies de la religion.

2. Ils ont été appelés, etc. ; ils ont pris le nom de citoyens, d’habitants de Jérusalem, où Dieu habite.

6. Les choses, etc. Le Prophète suppose que le peuple juif est de retour de la captivité ; il lui dit en conséquence qu’il doit voir la vérité de tout ce qui lui a été prédit. — Mais vous ; apostrophe aux idoles, ou aux adorateurs des idoles.

7. C’est maintenant, etc. Ce sont des prédictions que je fais maintenant.

10. Non comme l’argent ; qu’on épure dans le feu, jusqu’à ce que tout ce qu’il y a d’impur en soit séparé ; ce qui t’aurait entièrement consumé ; je t’ai seulement affiné dans le fourneau de la pauvreté.

14. D’entre eux ; c’est-à-dire des faux dieux ou de leurs adorateurs. — L’a aimé, etc. ; a aimé Cyrus, qui exécutera sa volonté dans Babylone. — Son bras ; l’instrument dont il se servira contre les Chaldéens.

18. * Comme un fleuve ; c’est-à-dire très abondante, pleine et complète.

21. Ils n’ont pas eu soif, etc. La sortie de Babylone est comparée à la sortie d’Égypte. Les promesses faites ici à Israël sont un renouvellement de celles qu’on a lues, XXXV, 6 ; XLI, 17-18 ; XLIII, 20.

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Is 49

*is49

CHAPITRE XLIX

Le messie rejeté par Israël et envoyé aux nations. Délivrance d’Israël. Plainte de Sion. Son rétablissement. Ruine de ses ennemis.

1. Écoutez, iles,

et soyez attentifs, peuples éloignés :

le Seigneur dès le sein m’a appelé,

dès les entrailles de ma mère il s’est souvenu de mon nom.

2. Il a disposé ma bouche comme un glaive aigu ;

à l’ombre de sa main il m’a protégé,

et il m’a disposé comme une flèche choisie ;

il m’a caché dans son carquois.

3. Et il m’a dit : Mon serviteur, c’est toi, Israël,

parce qu’en toi je me glorifierai.

4. Et moi j’ai dit : C’est dans le vide que j’ai travaillé,

c’est sans motif et vainement que j’ai consumé ma force ;

ainsi mon jugement est au pouvoir du Seigneur,

et mon travail au pouvoir de mon Dieu.

5. Et maintenant, dit le Seigneur,

qui m’a formé dès le sein de ma mère pour le servir,

afin que je ramène Jacob à lui,

et Israël ne sera pas rassemblé,

et j’ai été glorifié aux yeux du Seigneur,

et mon Dieu est devenu ma force.

6. Il a donc dit : C’est peu que tu me serves

à relever les tribus de Jacob,

et à convertir les restes d’Israël.

Voici que je t’ai posé en lumière des nations,

afin que tu sois mon salut

jusqu’à l’extrémité de la terre.

7. Voici ce que dit le Seigneur,

le rédempteur d’Israël, son saint,

à une âme méprisable, à une nation détestée,

à l’esclave de ceux qui le dominent :

Les rois te verront,

et les princes se lèveront, et ils l’adoreront

à cause du Seigneur, car il est fidèle,

et à cause du saint d’Israël qui t’a choisi.

8. Voici ce que dit le Seigneur :

En un temps favorable je t’ai exaucé,

et en un jour de salut je t’ai secouru,

je t’ai conservé, et je t’ai établi pour faire alliance avec un peuple,

afin que tu rétablisses une terre,

et que tu possèdes des héritages dissipés ;

9. Afin que tu dises à ceux qui étaient dans les fers : Sortez ;

et à ceux qui étaient dans les ténèbres : Soyez dévoilés.

Sur les chemins, ils trouveront à paitre,

et dans toutes les plaines seront leurs pâturages.

10. Ils n’auront pas faim, ni soif ;

la chaleur ne les atteindra pas, ni le soleil ;

car celui qui a pitié d’eux les conduira,

et à des sources d’eaux il les fera boire.

11. Et je disposerai toutes mes montagnes en une voie,

et mes sentiers seront élevés.

12. Voici que ceux-ci viendront de loin,

et voici que ceux-là viendront de l’aquilon et de la mer,

et ceux-ci de la terre du midi.

13. Louez, cieux ; exulte, terre ;

montagnes, faites retentir la louange,

car le Seigneur a consolé son peuple,

et il aura pitié de ses pauvres.

14. Et Sion a dit : Le Seigneur m’a abandonnée,

et le Seigneur m’a oubliée.

15. Est-ce qu’une mère peut oublier son enfant,

de sorte qu’elle n’ait pas pitié du fils de son sein ?

mais quand même elle l’oublierait,

pour moi, je ne t’oublierai point.

16. Voici que je t’ai gravée dans mes mains ;

tes murs sont devant mes yeux sans cesse.

17. Ils sont venus, tes constructeurs ;

ceux qui te détruisaient et te dissipaient, sortiront de ton enceinte.

18. Lève tes yeux tout autour et vois ;

tous ceux-ci se sont rassemblés, et ils sont venus à toi,

Je vis, moi, dit le Seigneur :

de tous ceux-ci, comme d’un ornement,

tu seras revêtue, et tu t’en pareras comme une épouse.

19. Tes déserts et tes solitudes,

et ta terre ruinée

seront maintenant étroits eu égard aux habitants,

et ils seront mis en fuite au loin, ceux qui te dévoraient.

20. Ils te diront encore à tes oreilles,

les fils de ta stérilité :

Le lieu est étroit ;

fais-moi de l’espace, afin que j’habite.

21. Et tu diras dans ton cœur :

Qui m’a engendré ceux-ci ?

j’étais stérile, et je n’enfantais pas ;

exilée et captive ;

et ceux-ci, qui les a nourris ?

j’étais abandonnée et seule,

et ceux-ci, où étaient-ils ?

22. Voici ce que dit le Seigneur Dieu :

Voici que vers des nations j’élèverai ma main,

et devant des peuples je hausserai mon étendard ;

et ils apporteront tes fils entre leurs bras,

et tes filles, ils les porteront sur leurs épaules.

23. Et les rois seront tes nourriciers,

et les reines tes nourrices ; la face contre terre,

ils se prosterneront devant toi,

et ils lècheront la poussière de tes pieds.

Et tu sauras que je suis le Seigneur,

dans lequel ne seront pas confondus ceux qui l’attendent.

24. Est-ce qu’on ôtera à un homme fort sa proie ?

ou ce qui a été pris par un homme robuste, pourra-t-il être sauvé ?

25. Car voici ce que dit le Seigneur :

Certainement et les captifs seront ôtés à un homme fort,

et ce qui aura été enlevé par un homme robuste sera sauvé.

Or ceux qui t’ont jugée, moi je les jugerai,

et tes fils, moi je les sauverai.

26. Et je nourrirai tes ennemis de leurs propres chairs,

et comme d’un vin nouveau je les enivrerai de leur sang ;

et toute chair saura

que c’est moi le Seigneur qui te sauve,

et que ton rédempteur est le fort de Jacob.

~

CHAP. XLIX. 1. Jer. I, 5 ; Gal. I, 15. — 2. Infra. LI, 16. — 6. Supra. XLII, 6 ; Act. XIII, 47. — 8. II Cor. VI, 2. — 9. Joan. XI, 43. — 10. Apoc. VII, 16. — 18. Infra. LX, 4.

 

1-26. * II. Seconde section : Le serviteur de Dieu ou le Messie dans ses humiliations et dans sa gloire, XLIX-LVII. — 1er Discours : Le serviteur de Dieu annonce qu’il est constitué maitre de tous les peuples, XLIX. Dans la première moitié de ce discours, 1-13, le serviteur de Dieu se présente à nous comme le restaurateur d’Israël et l’auteur de la conversion des Gentils ; dans la seconde, 14-26, il console Sion, qui se croit abandonnée de Dieu, mais qui sera au contraire glorifiée, après avoir été délivrée de ses maux. Voir Act. XIII, 47 et Is. XLIX, 6 ; II Cor. VI, 2 et Is. XLIX, 8.

1. Écoutez, iles, etc. Ce verset et les suivants doivent, d’après les Pères, le commun des interprètes, le témoignage de saint Paul (Act. XIII, 47 ; II Cor. VI, 2) et la force même des expressions du texte, être appliqués à Jésus-Christ. — M’a appelé, etc. Compar. Luc. I, 31 ; II, 21.

3. Mon serviteur, etc. Jésus est considéré ici selon son humanité. Voy. XLII, I. Il est nommé Israël, parce qu’il fut représenté par Jacob, surnommé Israël, comme il est appelé ailleurs David, parce qu’il fut représenté par David.

5. Qui m’a formé ; ces mots et les suivants jusqu’à la fin du verset forment une parenthèse, et le complément du verbe dit (dicit) qui précède immédiatement, ne se trouve exprimé qu’au verset 6.

6. Mon salut ; c’est-à-dire le salut que je donne, que j’envoie.

8. Un temps favorable, un jour de salut pour faire alliance. Voy. II Cor. VI, 2.

9. # Soyez dévoilés (revelamini), c’est-à-dire mis dans la lumière ou encore mieux mis à nu. Le livre d’Isaïe est un débordement d’érotisme, il est très certain que le sens littéral est le vrai sens du mot dans cette phrase.

10. Ils n’auront pas, etc. Compar. XLVIII, 21.

12. La mer ; c’est-à-dire le couchant. La Méditerranée était au couchant de la Judée. — Du midi ; selon les Septante, des Perses, et suivant l’hébreu, de Sinim, que les uns entendent de Sin, ancienne ville d’Égypte, appelée depuis Péluse, l’Égypte étant en effet au midi de la Judée, les autres du Sinaï, situé dans l’Arabie, au midi de la Judée ; d’autres de Syène, ville de la Thébaïde méridionale à l’extrémité de l’Égypte ; d’autres enfin de la Chine.

16. Dans mes mains, etc. C’est une allusion à l’usage des Orientaux qui s’impriment sur le poignet la figure de certains objets qui leur sont chers, pour en mieux conserver le souvenir.

18. Je vis, moi ; formule de serment qui veut dire : Je jure par la vie qui est en moi essentiellement, par ma vie éternelle. Le que (quia) du texte et les mots suivants, sont un complément du verbe je vis, que représente je jure.

19. Tes déserts, etc. ; littér. que (quia) les déserts, etc. ; autre complément de je vis. Voy. le verset précédent.

20. Les fils de ta stérilité ; qui te seront nés dans ta stérilité, c’est-à-dire durant la captivité.

23. Les rois, etc. Les rois de Juda et d’Israël donnaient leurs enfants à élever aux principaux de leurs États. IV Reg. I et suiv.

26. Je nourrirai, etc. Les Chaldéens, les Assyriens et les Babyloniens, qui s’étaient d’abord réunis pour perdre les Juifs, s’armèrent plus tard les uns contre les autres, et s’égorgèrent brutalement. — Toute chair ; hébraïsme pour tous les hommes.

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Is 50

*is50

CHAPITRE L

Israël est vendu pour ses iniquités ; Dieu est tout-puissant pour le délivrer. Le Messie exposé aux insultes. Ruine de ses ennemis.

1. Voici ce que dit le Seigneur :

Quel est cet acte de répudiation donné à votre mère,

par lequel je l’ai renvoyée ?

ou quel est mon créancier

à qui je vous ai vendus ?

voilà que pour vos iniquités vous avez été vendus,

et pour vos crimes, j’ai renvoyé votre mère.

2. Parce que je suis venu, et il n’y avait pas un homme ;

j’ai appelé, et il n’y avait personne qui entendît ;

est-ce que ma main s’est raccourcie, et est devenue toute petite,

en sorte que je ne puisse vous racheter ?

ou bien n’y a-t-il pas en moi de force pour délivrer ?

Voici qu’à ma réprimande je ferai un désert de la mer ;

je mettrai les fleuves à sec ;

les poissons pourriront faute d’eau,

et périront de soif.

3. J’envelopperai les cieux de ténèbres,

et je leur mettrai un sac pour couverture.

4. Le Seigneur m’a donné

une langue savante,

afin que je sache soutenir par la parole celui qui est abattu ;

il prépare dès le matin,

dès le matin il prépare mon oreille,

afin que je l’écoute comme un maitre.

5. Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille,

et moi je ne le contredis pas ;

je ne me suis pas retiré en arrière.

6. J’ai abandonné mon corps à ceux qui me frappaient,

mes joues à ceux qui arrachaient ma barbe ;

je n’ai pas détourné ma face de ceux qui me réprimandaient

et qui crachaient sur moi.

7. Le Seigneur Dieu est mon aide ;

c’est pour cela que je n’ai pas été confondu ;

c’est pour cela que j’ai présenté ma face comme une pierre très dure,

et je sais que je ne serai pas confondu.

8. Près de moi est celui qui me justifie, qui me contredira ?

présentons-nous ensemble,

qui est mon adversaire ? qu’il s’approche de moi.

9. Voici que le Seigneur Dieu est mon aide,

qui est-ce qui me condamnera ?

voici que tous seront mis en pièces comme un vêtement,

la teigne les rongera.

10. Qui de vous craint le Seigneur,

écoute la voix de son serviteur ?

que celui qui a marché dans les ténèbres

et en qui n’est pas la lumière,

espère au nom du Seigneur,

et qu’il s’appuie sur son Dieu.

11. Voici que vous tous qui avez allumé un feu,

qui êtes environnés de flammes,

marchez à la lumière de votre feu,

et dans les flammes que vous avez allumées ;

c’est par ma main que cela vous a été fait,

vous dormirez au milieu des douleurs.

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CHAP. L. 2. Infra. LIX, 1. — 6. Matth. XXVI, 67. — 8. Rom. VIII, 30, 33.

 

1-11. * 2e Discours : Répudiation de la synagogue par sa faute, L. — Israël s’est fait rejeter volontairement de Dieu, par sa désobéissance et son incrédulité, 1-3. Le serviteur de Dieu vient comme Sauveur, et apporte le salut à son peuple ; il souffrira dans sa passion, 6, et Matth. XXVI, 27, mais ses souffrances seront sa victoire, 4-9. Que chacun écoute donc sa voix, qui veut être sauvé ; quiconque ne l’entendra pas périra, 10-11.

1. Quel est cet acte, etc. Cette femme représente particulièrement la maison d’Israël, comme on le voit dans Jer. III, 8 ; mais elle figure aussi la synagogue, la nation juive, rejetée à cause de son incrédulité depuis la mort de Jésus-Christ.

5. Ma ouvert l’oreille ; m’a fait entendre, m’a révélé ses volontés. Compar. XLVIII, 8 et Ps. XXXIX, 6. — Je ne me suis pas, etc. ; cette expression est empruntée d’un attelage de bœufs, qui ne veulent pas se laisser conduire.

6. J’ai abandonné, etc. Tout ceci s’est accompli à la Passion de Jésus-Christ. Compar. Matth. XXVI, 67.

11. Vous dormirez (dormiétis) ; c’est-à-dire selon l’hébreu et les Septante, vous vous coucherez ou vous mourrez.

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51 à 60

Is 51

*is51

CHAPITRE LI  

Rétablissement de Sion. Délivrance d’Israël. Ruine de ses ennemis. Jérusalem consolée, ses ennemis humiliés.

1. Écoutez-moi, vous qui suivez ce qui est juste,

et qui cherchez le Seigneur ;

portez votre attention sur la pierre dont vous avez été taillés,

et sur la cavité de la citerne dont vous avez été arrachés.

2. Portez votre attention sur Abraham votre père,

et sur Sara qui vous a enfantés ;

je l’ai appelé seul,

et je l’ai béni, et je l’ai multiplié.

3. Ainsi le Seigneur consolera Sion,

et il consolera toutes ses ruines ;

il rendra son désert comme un lieu de délices,

et sa solitude comme un jardin du Seigneur.

On y trouvera la joie et l’allégresse,

l’action de grâce et la voix de la louange.

4. Soyez attentifs à moi, mon peuple ;

ma tribu, écoutez-moi ;

parce qu’une loi sortira de moi,

et que mon jugement pour la lumière des peuples reposera parmi eux.

5. Proche est mon juste, sorti est mon sauveur,

et mes bras jugeront les peuples :

les iles m’attendront,

et elles espèreront mon bras.

6. Levez au ciel les yeux ;

et voyez en bas sur la terre ;

parce que les cieux comme la fumée se dissiperont,

et la terre s’usera comme un vêtement,

et ses habitants comme elle périront ;

mais mon salut sera éternel,

et ma justice ne périra pas.

7. Écoutez-moi, vous qui savez ce qui est juste,

mon peuple, dans le cœur de qui est ma loi ;

ne craignez pas l’opprobre des hommes,

n’appréhendez pas leurs outrages.

8. Comme un vêtement, le ver les rongera,

et comme la laine, la teigne les dévorera ;

mais mon salut sera à jamais,

et ma justice dans toutes les générations.

9. Lève-toi, lève-toi, revêts-toi de force,

bras du Seigneur, lève-toi comme aux jours anciens,

dans les générations des siècles.

N’est-ce pas vous qui avez frappé un superbe,

blessé un dragon ?

N’est-ce pas vous qui avez desséché la mer,

10. l’eau du grand abime ;

qui avez établi une voie au profond de la mer,

afin que ceux qui avaient été délivrés

y trouvassent un passage ?

11. Et maintenant ceux qui ont été rachetés par le Seigneur, retourneront

et viendront à Sion chantant des louanges ;

une allégresse éternelle couronnera leurs têtes,

ils possèderont la joie et l’allégresse ;

la douleur fuira ainsi que le gémissement.

12. C’est moi, c’est moi-même qui vous consolerai ;

qui es-tu pour craindre un homme mortel,

le fils d’un homme, qui comme l’herbe sèchera ?

13. Et tu as oublié le Seigneur qui t’a créé,

qui a étendu les cieux et fondé la terre ;

et tu as tremblé sans cesse tout le jour

devant la fureur de celui qui te tourmentait

et se préparait à te perdre ;

où est maintenant la fureur de celui qui te tourmentait ?

14. Bientôt viendra celui qui est en marche pour ouvrir les prisons ;

il ne tuera pas jusqu’à une entière extermination,

et son pain ne manquera pas.

15. Or moi je suis le Seigneur ton Dieu,

qui agite la mer et ses flots se soulèvent ;

le Seigneur des armées est mon nom.

16. J’ai mis mes paroles dans ta bouche,

et à l’ombre de ma main je t’ai protégé,

afin que tu établisses des cieux, et que tu fondes une terre,

et que tu dises à Sion : Mon peuple, c’est toi.

17. Lève-toi, lève-toi,

réveille-toi, Jérusalem,

qui as bu de la main du Seigneur

le calice de sa colère ;

jusqu’au fond du calice d’assoupissement tu as bu,

et tu as bu jusqu’à la lie.

18. De tous les fils qu’elle a mis au monde,

il n’en est pas qui la soutienne,

et de tous les fils qu’elle a élevés,

il n’en est pas qui prenne sa main.

19. Il y a deux maux qui sont tombés ensemble sur toi ;

qui s’attristera pour toi ?

le ravage et la destruction, la faim et le glaive ;

qui te consolera ?

20. Tes fils ont été jetés par terre,

et ils sont couchés dans tous les carrefours,

comme un oryx pris dans les filets ;

pleins de l’indignation du Seigneur,

et de la réprimande de ton Dieu.

21. C’est pourquoi écoute ceci, Jérusalem,

pauvre et ivre, non de vin.

22. Voici ce que dit ton dominateur, le Seigneur

et ton Dieu, qui combattra pour son peuple :

Voilà, j’ai pris de ta main

le calice d’assoupissement,

le fond du calice de mon indignation ;

tu ne continueras plus à le boire à l’avenir.

23. Mais je le mettrai dans la main de ceux qui t’ont humiliée,

et ont dit à ton âme :

Courbe-toi, afin que nous passions ;

et tu as mis ton corps comme la terre,

et comme la voie des passants.

~

CHAP. LI. 6. Ps. XXXVI, 39 ; Matth. XXIV, 35. — 7. Ps. XXXVI, 31. — 10. Ex. XIV, 21. — 16. Supra. XLIX, 2. — 19. Supra. XLVII, 9.

 

1-23. * 3e Discours : Salut final d’Israël, LI. — Le serviteur de Dieu propose à Israël la condition du salut : la foi qui sera récompensée par les plus grandes consolations, 1-8. — Excité par cette promesse, Israël demande à Dieu de le sauver, comme il l’a fait autrefois en Égypte, 9-11. — Le Seigneur lui répond et s’engage de nouveau à le sauver, 12-16. — Alors le prophète prend la parole et exhorte son peuple au courage et à la patience, jusqu’à ce que vienne le moment fixé par Dieu pour punir ses ennemis, 17-23.

1. Portez votre attention, etc. Il y a ici deux allégories, qui, selon saint Jérôme, désignent la stérilité d’Abraham et de Sara.

2. Je l’ai appelé seul ; c’est-à-dire lorsqu’il était sans enfants.

3. Un jardin du Seigneur ; un paradis terrestre, comme celui où Dieu plaça nos premiers parents. Compar. Gen. II, 8.

4. Mon jugement, etc. Voy. XLII, 4, 6, 7.

5. Les iles ; c’est-à-dire selon l’hébreu, les pays lointains.

6, 8. Mon salut ; le salut que je donne.

7. Dans le cœur de qui ; littér. et par hébraïsme dans leur cœur. En hébreu, le pronom conjonctif ou relatif se sous-entend très souvent. Quant au pronom possessif leur (eorum) il est au pluriel également dans l’hébreu et dans les Septante, parce qu’il se rapporte à peuple qui est un nom collectif.

9. Dans les générations, etc. ; dans les siècles qui se sont succédés. — Un superbe (supérbum) ; l’hébreu porte Rahab, qui signifie proprement orgueil, fierté, d’où on l’applique à l’Égypte. Voy. XXX, 7 ; Ps. LXXXVI, 4. — Un dragon ; c’est-à-dire Pharaon, roi d’Égypte, qu’Ézéchiel (XXIX, 3) désigne, en effet, sous ce nom.

10. N’est-ce pas, etc. Ce verset confirme l’interprétation donnée dans le précédent.

12. Le fils d’un homme ; expression poétique, pour dire simplement un homme. Dans ce verset et le suivant, il est question de Nabuchodonosor, roi de Babylone.

14. Le Prophète parle ici du Rédempteur qui est proche et c’est pourquoi il déclare que le tyran n’arrivera pas à exterminer Israël, à qui ne manquera pas la nourriture. Pain ; par ce mot les Hébreux désignaient souvent toute espèce de nourriture, les vivres en général.

16. J’ai mis, etc. Ni Isaïe, ni Cyrus, ni saint Jean-Baptiste, n’ont rempli toute l’étendue des paroles qu’on lit ici. Il n’y a que Jésus-Christ à qui l’on puisse en faire l’application juste et complète. Compar. XLIX, 2, 4. — Afin que tu établisses, etc. On peut dire en toute vérité que le divin Sauveur a établi des cieux nouveaux et fondé une terre nouvelle, en fondant son Église, en changeant la face du monde, par la prédication de l’Évangile ; en faisant d’un peuple corrompu, terrestre, enseveli dans les ténèbres, un peuple saint, pur et éclairé, dont la vie est en quelque sorte dans le ciel, etc. (LXV, 17 ; LXVI, 22 ; Matth. XIII, 11 ; Eph. II, 19 ; Phil. III, 20 ; II Petr. III, 13 ; Apoc. XXI, 1).

18. Qui prenne sa main ; pour la secourir.

19. Il y a deux maux (duo sunt). Le texte sacré en énumère quatre, mais ces quatre se réduisent à deux, la guerre et la famine.

20. * Comme un oryx ; bœuf sauvage. D’autres traduisent : comme une gazelle.

21. Ivre, non de vin ; mais de maux, de calamités.

23. Ton âme ; hébraïsme, pour ta personne, toi. — Courbe-toi, etc. Les rois chaldéens avaient apparemment contraint les princes vaincus à leur servir de marchepied, ou à se prosterner à leurs pieds, afin de marcher sur leurs corps. Cela n’était pas sans exemple parmi les rois de l’Orient. Compar. Jos. X, 24 ; Ps. CIX, 1.

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Is 52

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CHAPITRE LII

Délivrance et rétablissement de Jérusalem. Envoyé qui annonce le règne du Dieu de Sion. Sentinelles qui annoncent le retour des enfants de Sion. Gloire et humiliation du Messie. Le Messie reconnu par les nations.

1. Lève-toi, lève-toi, revêts-toi de ta force, Sion ;

revêts-toi des vêtements de ta gloire,

Jérusalem, cité du saint ;

parce qu’il n’y aura plus à l’avenir d’incirconcis

qui passera au travers de toi, ni d’impur.

2. Sors de la poussière, lève-toi,

assieds-toi, Jérusalem ;

romps les fers de ton cou,

captive fille de Sion.

3. Car voici ce que dit le Seigneur :

Pour rien vous avez été vendus,

et sans argent vous serez rachetés.

4. Car voici ce que dit le Seigneur Dieu :

Mon peuple descendit en Égypte, dans le principe, pour y être colon ;

et Assur, sans aucun sujet, l’a traité avec violence.

5. Et maintenant qu’ai-je ici à faire, dit le Seigneur,

puisque mon peuple a été enlevé sans motif ?

Ses dominateurs agissent iniquement, dit le Seigneur,

et sans cesse tout le jour mon nom est blasphémé.

6. À cause de cela mon peuple connaitra mon nom en

ce jour-là ;

il saura que moi-même qui parlais autrefois, me voici présent.

7. Qu’ils sont beaux sur les montagnes, les pieds de celui qui annonce

et qui prêche la paix ;

qui annonce le bonheur,

qui prêche le salut,

qui dit à Sion :

il règnera, ton Dieu !

8. La voix de tes sentinelles ; elles ont élevé la voix,

elles chanteront ensemble des louanges ;

car œil à œil elles verront,

lorsque le Seigneur convertira Sion.

9. Réjouissez-vous et chantez des louanges ensemble,

déserts de Jérusalem ;

car le Seigneur a consolé son peuple,

il a racheté Jérusalem.

10. Le Seigneur a préparé son bras saint

aux yeux de toutes les nations ;

et ils verront tous les confins de la terre,

le salut de notre Dieu.

11. Retirez-vous, retirez-vous,

sortez de là, ne touchez rien d’impur ;

sortez du milieu d’elle, purifiez-vous,

vous qui portez les vases du Seigneur.

12. Parce que vous ne sortirez point en tumulte,

et vous ne vous précipiterez point dans votre fuite ;

car le Seigneur vous précèdera,

et le Dieu d’Israël vous rassemblera.

13. Voici que mon serviteur aura l’intelligence,

il sera exalté, élevé et glorieux.

14. Comme beaucoup ont été frappés de stupeur à ton sujet,

ainsi sera sans gloire son aspect parmi les hommes,

et sa forme parmi les fils des hommes.

15. C’est lui qui aspergera beaucoup de nations ;

devant lui, des rois fermeront leur bouche ;

parce que ceux à qui il n’avait pas été parlé de lui, l’ont vu ;

et ceux qui n’en avaient pas entendu parler, l’ont contemplé.

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CHAP. LII. 4. Gen. XLVI, 6. — 5. Ezech. XXXVI, 20 ; Rom. II, 24. — 7. Nah. I, 15 ; Rom. X, 15. — 10. Ps. XCVII, 3. — 11. II Cor. VI, 17. — 15. Rom. XV, 21.

 

1-12. * 4e Discours : Rétablissement de Jérusalem, LII, 1-12. L’asservissement de Jérusalem sera changé en domination, l’esclavage en liberté. L’honneur de Dieu demande que la ville sainte soit rétablie : qu’elle se relève donc pleine de joie et de gloire, 1-6. — Sa restauration sera complète et parfaite, 7-12.

1. Parce que, etc. Ceci n’aura son parfait accomplissement que dans le ciel.

4. Assur ; c’est-à-dire, les rois d’Assyrie, auxquels succédèrent les rois de Chaldée.

7. Qu’ils sont beaux, etc. Saint Paul applique ceci à la mission des prédicateurs de l’Évangile (Rom. X, 15).

8. La voix de tes sentinelles ; exclamation pour introduire le sujet du discours. — Œil à œil ; de très près ; synonyme de face à face. Aussi la Vulgate elle-même a-t-elle traduit ailleurs (Num. XIV, 14) par face à face, l’hébreu œil à œil.

11. De là ; de Babylone. Saint Paul (II Cor. VI, 17) semble faire allusion à ce passage.

12. Le Dieu d’Israël vous rassemblera ; c’est-à-dire, qu’au sortir de Babylone, il réunira et conduira son peuple, de même qu’il le conduisit autrefois à sa sortie de l’Égypte. Compar. Ex. XIII, 21 ; XIV, 19-20.

13-LIII, 1-12. * 5e Discours : La passion de Notre Seigneur, LII, 13-LIII. Ce discours a été appelé avec raison : « Passio Domini nostri Jesu Christi secundum Isaiam. » La transition du 4e au 5e discours peut paraitre brusque de prime abord : de la gloire de Jérusalem nous tombons tout d’un coup dans les humiliations de Gethsemani et du Calvaire, mais c’est que cette gloire sera le fruit de ces abaissements, Phil. II, 7-10. De plus, XLIX, 5, 6, 8-9 ; L, 5-6, nous ont préparés au tableau des douleurs du Messie. À partir de LII, 13, Isaïe prophétise plus expressément la passion, comme le remarque Théodoret de Cyr. Les versets 13-15 forment comme l’exorde : le serviteur de Jéhovah doit être anéanti pour monter au plus haut degré de gloire. — Il doit être anéanti, parce qu’il est l’agneau qui porte les péchés du monde, la victime innocente qui expie nos propres fautes, LIII, 1-6. — Il se dévoue volontairement pour nous et, de la sorte, il obtient notre pardon et se couvre lui-même d’honneur et de gloire, 7-12. — Ainsi le Messie sera l’innocence même, 9, s’offrant volontairement en sacrifice, 7 ; cf. Matth. XXVI, 63 ; Joan. X, 18 ; Luc. XII, 50 ; se chargeant de nos crimes, Is. LIII, 5, 6, 8, 11, 12 ; cf. Matth. VIII, 17 ; Act. VIII, 32-33 ; I Cor. XV, 3 ; confondu avec les scélérats, Is. LIII, 12 ; Luc. XXII, 37 ; Marc. XV, 28 ; opérant notre salut par les plus grandes humiliations et par sa passion, Is. LIII, 2, 3, 4, 5 ; Marc. XI, 12 ; I Petr. II, 24 ; priant pour ses bourreaux eux-mêmes, Is. LIII, 12 ; Luc. XXIII, 34, et entrant ainsi dans la gloire, Is. LIII, 8, 9, 11, 12 ; Phil. II, 7-10. — « Qui a peint ce portrait de Jésus-Christ ? Est-ce un évangéliste ou un Père de l’Église ? Quels traits ! quel coloris ! quelle expression ! quel accord avec les faits ! quelle justesse, quel naturel dans les emblèmes ! Que dis-je ? Ce n’est point une peinture emblématique d’un avenir fort éloigné : c’est une représentation fidèle du présent, et ce qui n’est point encore est peint comme ce qui est. L’accord frappant de cet Ecce homo, montré par Isaïe, avec celui qui fut montré [sept] cents ans plus tard par Pilate, est d’autant plus décisif pour la foi, que l’objet en soi était inimaginable et qu’il faut nécessairement que le prophète l’ait vu pour le représenter ainsi. » (Aug. Nicolas.)

13. Voici que mon serviteur, etc. Ici, jusqu’à la fin du chapitre suivant, le prophète quitte le figuré, Cyrus et Babylone, pour ne plus parler que du Messie, comme le disent les Pères et les interprètes ; et c’est en vain que les rabbins veulent voir en cet endroit Jérémie, ou Josias, ou Zorobabel, ou Esdras, ou le peuple juif, la prédiction ne saurait convenir à aucun de ces personnages.

14. Sa forme ; son extérieur. — Les fils des hommes. Voy. sur cette expression, LI, 12.

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Is 53

*is53

CHAPITRE LIII

Le Messie méconnu par son peuple. Naissance obscure du Messie. Ses humiliations, ses souffrances, sa mort. Sa vie nouvelle, sa longue postérité, les succès de son ministère.

1. Qui a cru à ce qu’il a entendu de nous ?

et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ?

2. Et il montera comme une branche menue devant lui,

et comme un rejeton d’une terre altérée ;

il n’a ni éclat ni beauté ;

et nous l’avons vu,

et il n’avait pas un aspect agréable, et nous l’avons désiré ;

3. Méprisé, et le dernier des hommes,

homme de douleur, et connaissant l’infirmité ;

son visage était comme caché, et méprisé,

et c’est pourquoi nous l’avons compté pour rien.

4. Il a vraiment lui-même pris nos langueurs sur lui,

et il a lui-même porté nos douleurs ;

et nous l’avons considéré comme un lépreux,

frappé de Dieu et humilié.

5. Mais lui-même il a été blessé à cause de nos iniquités,

il a été brisé à cause de nos crimes ;

la discipline, prix de notre paix, est tombée sur lui ;

et par ses meurtrissures nous avons été guéris.

6. Nous tous, comme des brebis, nous avons erré ;

chacun s’est détourné vers sa voie ;

et le Seigneur a mis sur lui

l’iniquité de nous tous.

7. Il a été offert parce que lui-même l’a voulu,

et il n’a pas ouvert sa bouche ;

comme une brebis, il sera conduit à la tuerie,

et comme un agneau devant celui qui le tond, il sera muet,

et il n’ouvrira pas sa bouche.

8. À la suite des angoisses et d’un jugement il a été enlevé ;

qui racontera sa génération ?

car il a été retranché de la terre des vivants ;

à cause du crime de mon peuple, je l’ai frappé.

9. Et il donnera des impies pour sa sépulture,

et un riche pour sa mort,

parce qu’il n’a pas commis d’iniquité,

et que la tromperie n’a pas été dans sa bouche.

10. Mais le Seigneur a voulu le briser dans son infirmité ;

s’il donne, pour le péché, son âme,

il verra une race de longue durée,

et la volonté du Seigneur, par sa main, sera dirigée.

11. De ce que son âme a souffert,

il verra le fruit, et il sera rassasié ;

par sa science mon serviteur justifiera

lui-même un grand nombre,

et leurs iniquités, lui-même les portera.

12. C’est pour cela que je lui départirai un très grand nombre,

et il distribuera les dépouilles des forts,

parce qu’il a livré à la mort son âme,

et qu’il a été compté parmi les scélérats ;

parce qu’il a porté les péchés d’un grand nombre,

et qu’il a prié pour les transgresseurs.

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CHAP. LIII. 1. Rom. X, 16 ; Joan. XII, 38. — 2. Is. IV, 2 (germen) ; XI, 1 (virga de radíce, flos de radíce) ; LIII, 2 (virgúltum, radix) ; Jer. XXIII, 5 (germen) ; XXXIII, 15 (germen) ; Zach. III, 8 (óriens) ; VI, 12 (óriens) ; Apoc. V, 5 (radix) ; XXII, 16 (radix) ; Luc. I, 78 (óriens). — 3. Marc. IX, 11. — 4. Matth. VIII, 17. — 5. I Cor. XV, 3. — 6. Ps. CXVIII, 176. — 7. Matth. XXVI, 63 ; Act. VIII, 32. — 9. I Petr. II, 22 ; I Joan. III, 5. — 12. Marc. XV, 28 ; Luc. XXII, 37 ; Luc. XXIII, 34 ; Joan. XVIII, 30.

 

1. Qui a cru, etc. Saint Jean (XII, 38) et saint Paul (Rom. X, 16) reconnaissent ici une prophétie de l’incrédulité des Juifs à l’égard de Jésus-Christ.

2. Nous l’avons désiré (desideravimus eum). Bien des interprètes suppléant la négation, qui est dans le membre de phrase précédent, selon un usage assez commun en hébreu, traduisent nous ne l’avons pas désiré ; ce qui, il faut en convenir, parait plus conforme au contexte.

4. Il a vraiment, etc. Saint Matthieu (VIII, 17) applique cette parole à Jésus-Christ, guérissant les malades qu’on lui présentait.

5, 6. Compar. I Petr. II, 24-25.

5. # La discipline ; Glaire et Fillion traduisent disciplina par châtiment mais le mot latin signifie enseignement, organisation sociale ou règle morale. La lettre au hébreux nous donne un argument fort pour choisir la traduction littérale : « quoiqu’il fût le Fils de Dieu, il a appris (didicit) l’obéissance, par ce qu’il a souffert » (V, 8). La souffrance du Messie est donc un enseignement et non l’expiation d’une faute. La paix vient de ce que la connaissance de Dieu, de la vie de Dieu et de sa souffrance, est nécessaire pour être en relation d’amitié avec Dieu. Tant que la connaissance n’est pas accomplie les deux personnes sont étrangères l’une à l’autre et l’amour de Dieu est en guerre contre notre ignorance qui nous laisse hors de l’amour et de la joie. Dieu nous fait la guerre tant que nous ne possédons pas la Joie qu’Il veut nous donner.

7, 8. Ces deux versets se trouvent cités dans les Actes des Apôtres (VIII, 32-33), mais suivant la version des Septante. — Génération ; se prend dans l’Écriture pour l’action d’être engendré, durée de la vie humaine, race, famille, les contemporains, âge, siècle, postérité. Cette dernière signification nous semble la plus convenable ici, à cause de ce qui suit immédiatement. C’est comme si le prophète disait : Qui pourra jamais expliquer comment celui qui est mort au milieu des tourments les plus ignominieux a eu une postérité aussi nombreuse et aussi glorieuse ?

9. Il donnera. On pense généralement que ce pronom il représente le mot Dieu ou Seigneur, sous-entendu ; nous croyons, nous, qu’il se rapporte au Messie, sujet de la plupart des verbes exprimés dans cet oracle prophétique. — Des impies ; ainsi porte l’hébreu, sans l’article déterminatif qui se lit pourtant dans le grec ; ce qui peut s’entendre du centurion et de ses soldats qui confessèrent, au pied de la croix, la divinité de Jésus-Christ (Marc. XV, 39 ; Luc. XXIII, 47-48), ou bien des soldats romains qui gardaient le tombeau du Sauveur. — Pour sa sépulture (pro sepultura), pour sa mort (pro morte sua) ; c’est-à-dire pour prix de sa sépulture, pour prix de sa mort ; c’est aussi le sens qu’on donne au texte des Septante. — Un riche (divitem) ; selon l’hébreu. On l’entend de Joseph, homme riche d’Arimathie (Matth. XXVII, 57-60). Le grec lit les riches. — Parce qu’il n’a pas, etc. Ce passage est appliqué à Jésus-Christ par plusieurs apôtres (I Petr. II, 22 ; I Joan. III, 5).

10. S’il donne son âme, etc. Saint Paul (II Cor. V, 21) fait allusion à ces paroles du prophète. — Par sa main ; hébraïsme, pour par son entremise, par son moyen, par lui ; c’est-à-dire, que le Seigneur se servira de lui pour exécuter sa volonté.

12. Jésus-Christ annonce à ses disciples que cette prophétie doit s’accomplir en lui (Luc. XXII, 37), et saint Marc (XV, 28) nous en fait remarquer l’accomplissement.

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Is 54

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CHAPITRE LIV

Jérusalem rétablie ; multitude de ses habitants ; étendue de sa puissance ; alliance du Seigneur avec elle ; magnificence de sa structure ; vains efforts de ses ennemis.

1. Loue le Seigneur, stérile, qui n’enfantes pas ;

chante sa louange, et pousse des cris de joie, toi qui n’enfantais pas :

parce que les fils de la délaissée seront plus nombreux

que les fils de celle qui a un mari, dit le Seigneur.

2. Élargis l’enceinte de ta tente,

et étends les peaux de tes tabernacles ;

n’épargne rien ;

allonge tes cordages,

et affermis tes pieux.

3. Car tu pénètreras à droite et à gauche,

et ta race aura des nations pour héritage,

et elle habitera des villes auparavant désertes.

4. Ne crains pas, parce que tu ne seras pas confondue,

et tu ne rougiras pas ; car tu n’auras pas de honte,

parce que tu oublieras la confusion de ta jeunesse ;

et de l’opprobre de ta viduité, tu ne te souviendras plus.

5. Parce que celui qui t’a faite te dominera ;

le Seigneur des armées est son nom,

et ton rédempteur, le saint d’Israël,

sera appelé le Dieu de toute la terre.

6. Car le Seigneur t’a appelée

comme une femme délaissée et affligée d’esprit,

et comme une femme répudiée dès sa jeunesse,

a dit ton Dieu.

7. Pour un instant je t’ai un peu délaissée,

mais dans mes grandes miséricordes je te rassemblerai.

8. Dans un moment d’indignation

je t’ai caché ma face pendant un peu de temps,

mais dans ma miséricorde éternelle,

j’ai eu pitié de toi, a dit ton rédempteur le Seigneur.

9. C’est ici pour moi comme aux jours de Noé,

à qui je jurai que je n’amènerais plus les eaux de Noé sur la terre ;

ainsi j’ai juré que je ne me mettrai pas en colère contre toi,

et que je ne te réprimanderai pas.

10. Car les montagnes seront ébranlées

et les collines frémiront ;

mais ma miséricorde ne se retirera pas de toi,

et mon alliance de paix ne sera pas ébranlée,

a dit celui qui a pitié de toi, le Seigneur.

11. Tu es pauvre, battue par la tempête, et sans aucune consolation.

Voici que moi j’alignerai tes pierres,

et tu seras fondée sur des saphirs.

12. Et je ferai tes tours de jaspe,

et tes portes en pierres ciselées,

et tous tes contours en pierres précieuses ;

13. Et tous tes fils seront instruits par le Seigneur,

et une abondance de paix est réservée à tes fils.

14. Et tu seras fondée dans la justice ;

éloigne-toi de la violence, parce que tu n’auras pas à craindre,

et de la frayeur, parce qu’elle ne t’approchera pas.

15. Voici que viendra un habitant qui n’était pas avec moi ;

que celui qui était étranger autrefois pour toi se joindra à toi.

16. Voilà que moi j’ai créé l’ouvrier

qui souffle dans le feu des charbons ardents,

et en fait sortir un instrument pour son ouvrage,

et c’est moi qui ai créé le meurtrier pour détruire.

17. Tout instrument qui a été imaginé contre toi manquera le but ;

et toute langue qui te résistera dans le jugement, tu la jugeras.

C’est là l’héritage des serviteurs du Seigneur,

et la justice qu’ils trouvent auprès de moi, dit le Seigneur.

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CHAP. LIV. 1. Luc. XXIII, 29 ; Gal. IV, 27. — 5. Luc. I, 32. — 9. Gen. IX, 15. — 13. Joan. VI, 45.

 

1-17. * 6e Discours : Gloire de Jérusalem et de l’Église, LIV. Jérusalem stérile pendant la captivité devient maintenant féconde par la grâce de Dieu, 1-10. — Elle se relève de ses ruines et est digne par sa magnificence de ceux qui l’habitent ; comme elle est fidèle à la grâce de Dieu, elle est maintenant invincible, par la force du Seigneur qui la défend et la protège, 11-17.

1. Loue ; ou, selon l’hébreu et les Septante, réjouis-toi, jubile. En suivant le dernier sens, saint Paul (Gal. IV, 26-27) nous montre dans ce passage la merveilleuse fécondité de l’Église de Jésus-Christ.

9. De Noé ; mots qui semblent former un pur pléonasme ; ils sont dans l’hébreu aussi bien que dans la Vulgate.

10. Mon alliance de paix ; l’alliance par laquelle je fais la paix avec toi ; littér. et par hébraïsme, l’alliance de ma paix.

13. Tous tes fils, et abondance de paix ; sont à l’accusatif dans le texte, comme complément ou régime direct du verbe actif, je ferai (ponam) du verset précédent. Compar. Joan. VI, 45.

16. * L’ouvrier ; le forgeron.

17. Manquera le but ; ne t’atteindra pas ; litter., ne sera pas dirigé, sera mal dirigé.

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Is 55

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CHAPITRE LV

Tous les hommes sont appelés à la foi et à la pénitence. Dieu miséricordieux et véritable dans ses promesses. Bonheur de ceux qui reviennent à Dieu.

1. Vous tous qui avez soif, venez vers les eaux ;

et vous qui n’avez pas d’argent,

hâtez-vous, achetez et mangez ;

venez, achetez sans argent

et sans aucun échange

du vin et du lait.

2. Pourquoi dépensez-vous de l’argent à ce qui n’est pas du pain,

et votre travail à ce qui ne peut vous rassasier ?

Écoutez-moi avec une grande attention, et mangez une bonne nourriture,

et votre âme se délectera en s’en engraissant.

3. Inclinez votre oreille, et venez à moi ;

écoutez, et votre âme vivra,

et je ferai avec vous un pacte éternel

qui montrera véritables les miséricordes promises à David.

4. Voilà que je l’ai donné pour témoin aux peuples,

pour chef et pour maitre aux nations.

5. Voilà que tu appelleras une nation que tu ne connaissais pas ;

et des nations qui ne t’ont pas connu vers toi accourront,

à cause du Seigneur ton Dieu,

et du saint d’Israël qui t’a glorifié.

6. Cherchez le Seigneur, tandis qu’on peut le trouver,

invoquez-le tandis qu’il est proche.

7. Que l’impie abandonne sa voie,

et l’homme inique ses pensées,

et qu’il retourne au Seigneur, et il aura pitié de lui ;

et à notre Dieu, parce qu’il pardonne beaucoup.

8. Car mes pensées ne sont pas vos pensées,

ni vos voies mes voies, dit le Seigneur.

9. Parce qu’autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre,

autant sont élevées mes voies au-dessus de vos voies,

et mes pensées au-dessus de vos pensées.

10. Et de même que la pluie et la neige

descendent du ciel et n’y retournent plus,

mais qu’elles abreuvent la terre,

la pénètrent, la font germer,

et qu’elles donnent la semence au semeur,

et le pain à celui qui le mange ;

11. Ainsi sera ma parole qui sortira de ma bouche ;

elle ne reviendra pas à moi sans effet ;

mais elle fera tout ce que j’ai voulu,

et elle réussira dans toutes les choses pour lesquelles je l’aurai envoyée.

12. Parce que dans la joie vous sortirez,

et dans la paix vous serez ramenés ;

les montagnes et les collines chanteront devant vous des louanges,

et tous les arbres du pays battront des mains.

13. Au lieu du nard sauvage s’élèvera le sapin,

et au lieu de l’ortie croitra le myrte ;

et le nom du Seigneur deviendra

un signe éternel, qui ne sera pas enlevé.

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CHAP. LV. 1. Eccli. LI, 33 ; Apoc. XXII, 17. — 3. Act. XIII, 34.

 

1-13. * 7e Discours : Abondance des biens spirituels apportés par le Messie, LV. L’œuvre de la rédemption est accomplie ; le serviteur de Dieu invite maintenant, 1-2, ses convives au festin qu’il leur a préparé et ne leur demande que d’accepter la grâce qu’il leur offre, Is. LV, et Joan. VII, 38 ; cf. Joël. III, 18 ; Is. LXVI, 12 ; Joan. IV, 13-14. — Si le peuple obéit à Dieu, Dieu tiendra toutes les promesses qu’il a faites à la maison de David et glorifiera ainsi Israël, 3-5. — Que chacun lève donc les obstacles qui l’éloignent de Dieu ; qu’il fasse pénitence de ses péchés ; qu’il renonce à ses propres pensées pour suivre celles du Seigneur, et ainsi il recevra toute sorte de biens, 6-13.

1. * Sans aucun échange. Comme la monnaie proprement dite ou frappée était encore inconnue, on se servait pour les achats de lingots d’or ou d’argent et plus communément on échangeait des objets en nature.

2. Du pain ; c’est-à-dire de la nourriture en général, comme nous l’avons déjà remarqué plus d’une fois. — Écoutez-moi avec une grande attention ; litter., et par hébraïsme, écoutant écoutez.

3. Les miséricordes (misericordias) est à l’accusatif, comme étant en opposition avec pacte éternel, complément du verbe actif fériam qui précède. Quant aux promesses de miséricorde faites à David, elles sont rappelées dans plusieurs psaumes, mais particulièrement dans le LXXXVIII, 28-29. Compar. Act. XIII, 34.

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Is 56

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CHAPITRE LVI

Bonheur de ceux qui observent les commandements de Dieu. L’étranger et l’eunuque reçus parmi le peuple du Seigneur. Reproches contre les pasteurs et les gardes de Jérusalem.

1. Voici ce que dit le Seigneur :

Gardez le jugement et pratiquez la justice ;

car mon salut est près de venir,

et ma justice, d’être révélée.

2. Bienheureux l’homme qui observe ceci,

et le fils de l’homme qui s’y attachera ;

gardant le sabbat, afin de ne pas le profaner,

gardant ses mains, afin de ne faire aucun mal.

3. Et qu’il ne dise en aucune manière, le fils de l’étranger qui s’attache au Seigneur :

Le Seigneur me séparera entièrement de son peuple.

Et que l’eunuque ne dise pas :

Voici que je suis un bois aride.

4. Car voici ce que dit le Seigneur aux eunuques :

Ceux qui gardent mes sabbats,

et qui choisissent ce que je veux

et observent mon alliance ;

5. Je leur donnerai dans ma maison et dans mes murs

un lieu et un nom

plus avantageux que des fils et des filles ;

je leur donnerai un nom éternel

qui ne périra pas.

6. Et les fils de l’étranger qui s’attachent au Seigneur,

afin de l’adorer et d’aimer son nom,

afin d’être ses serviteurs,

et tous ceux qui gardent le sabbat pour ne pas le profaner,

et observent mon alliance,

7. Je les conduirai sur ma montagne sainte,

je les remplirai de joie dans ma maison de prière ;

leurs holocaustes et leurs victimes, offerts sur mon autel, me seront agréables ;

car ma maison sera appelée maison de prière

pour tous les peuples.

8. Le Seigneur Dieu,

qui rassemble les dispersés d’Israël, dit :

Je réunirai encore à lui

ceux qui se joindront à lui.

9. Vous toutes, bêtes des champs,

vous toutes, bêtes des forêts,

venez pour dévorer.

10. Ses sentinelles sont toutes aveugles ;

elles sont toutes dans l’ignorance ;

des chiens muets, qui ne peuvent aboyer,

qui voient des fantômes, qui dorment

et qui aiment les songes.

11. Et ces chiens d’une impudence extrême

n’ont pas connu le rassasiement ;

les pasteurs eux-mêmes

n’ont pas d’intelligence ;

tous se sont détournés vers leur voie,

chacun vers son avarice, depuis le plus grand jusqu’au plus petit.

12. Venez, disent-ils, prenons du vin,

remplissons-nous-en jusqu’à l’ivresse ;

et comme aujourd’hui, ainsi il en sera demain,

et beaucoup plus encore.

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CHAP. LVI. 1. Sap. I, 1. — 7. Jer. VII, 11 ; Matth. XXI, 13 ; Marc. XI, 17 ; Luc. XIX, 46. — 11. Jer. VI, 13 ; VIII, 10.

 

1-8. * 8e Discours : Conséquences morales et sociales de l’œuvre de la Rédemption. LVI, 1-8. Personne n’est exclu désormais du royaume de Dieu : y entrera non celui qui descend d’Abraham, mais celui qui pratique la vertu, 1-8.

1. Mon salut ; le salut que je dois envoyer.

2. Aucun mal (omne malum). En hébreu, le mot tout signifie nul, pas un seul, lorsqu’il est joint à une négation. C’est un des nombreux hébraïsmes conservés dans la Vulgate.

3. Qu’il ne dise en aucune manière ; littér. et par hébraïsme, qu’il ne dise pas, disant. Compar. Ps. XXXIX, 2. — Que l’eunuque, etc. La loi mosaïque défendait de recevoir les eunuques dans l’assemblée du Seigneur (Deut. XXIII, 1).

4. Ceux qui gardent, etc. Ces eunuques fidèles représentent ceux dont Jésus-Christ parle dans l’Évangile, c’est-à-dire, ceux qui, pour le royaume des cieux, ont renoncé au mariage (Matth. XIX, 12).

6. Les fils, ainsi que tous, sont à l’accusatif dans le latin, comme compléments du verbe je conduirai, du verset suivant.

7. Parce que ma maison, etc. Jésus-Christ applique ce passage au temple même des Juifs, qui était l’image de nos temples (Matth. XXI, 13 ; Marc. XI, 17 ; Luc. XIX, 46), et la figure de l’Église même du Sauveur qui est véritablement la maison de Dieu (I Tim. III, 15). — Ma maison de prière ; littér. et par hébraïsme, la maison de ma prière. — Sera appelée, etc. ; autre hébraïsme, pour sera une maison, etc. Compar. Dan. VII, 14, 27 ; Mich. IV, 7.

8. Je réunirai, etc. Le Seigneur rassemblera non seulement Juda, mais aussi Israël, et il réunira à eux tous les étrangers qui voudront s’y joindre, comme il est dit dans les versets précédents.

9-LVII, 1-21. * 9e Discours : Conclusion. Coup d’œil sur la situation présente ; malgré ses tristesses, elle n’empêchera point la félicité future, LVI, 9-LVII. Si l’avenir doit être brillant, le présent est triste. — 1° Les pasteurs d’Israël oublient leurs devoirs. Les bêtes sauvages, c’est-à-dire les peuples étrangers, peuvent dévorer le troupeau du Seigneur sans en être empêchées par les bergers qui ne songent qu’à eux, LVI, 9-12, de sorte que c’est un bonheur pour le juste, quand il peut échapper par la mort aux calamités qui allaient fondre sur lui, LVII, 1-2. — 2° Le peuple n’est pas moins coupable que ses chefs ; il se livre au culte infâme et cruel des faux dieux, 3-10 ; ce qui lui attirera de nouveaux châtiments, 11-13. — 3° Quant aux justes ou aux pénitents, Dieu les sauvera ; après avoir fait expier aux siens leurs péchés, il les récompensera, 14-18, car il donne la paix aux justes et ne la refuse qu’aux endurcis, 19-21.

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Is 57

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CHAPITRE LVII

Mort du juste. Reproche aux Juifs idolâtres. Retour du peuple de sa captivité. Malheur aux méchants.

1. Le juste périt,

et il n’est personne qui y pense en son cœur ;

les hommes de miséricorde sont enlevés du monde,

parce qu’il n’est personne qui ait de l’intelligence ;

car c’est à cause de la malice qu’a été enlevé le juste.

2. Vienne la paix ;

qu’il repose sur sa couche,

celui qui a marché dans sa ligne droite.

3. Mais vous, approchez ici,

fils d’une devineresse,

race d’un adultère et d’une prostituée.

4. De qui vous êtes-vous joués ?

contre qui avez-vous ouvert la bouche

et tiré la langue ?

Est-ce que vous n’êtes pas, vous, des fils criminels,

une race mensongère ?

5. Vous qui vous consolez dans vos dieux,

sous tout arbre feuillu ;

immolant vos enfants dans les torrents,

sous les pierres avancées ?

6. Dans les parties d’un torrent est ta part ;

c’est là ton sort ;

et tu y as répandu une libation,

tu as offert un sacrifice.

Est-ce que de cela je ne serai pas indigné ?

7. Sur une montagne haute et élevée,

tu as posé ton lit ;

tu y es montée

afin d’immoler des hosties.

8. Et derrière la porte, et en arrière du poteau

tu as placé ton souvenir ;

parce que près de moi tu as découvert ta couche,

et tu as reçu des adultères ; tu as agrandi ton lit

et tu as fait avec eux une alliance ;

tu as aimé leur couche

à main ouverte.

9. Et tu t’es parée d’un parfum royal,

et tu as multiplié tes essences.

Tu as envoyé des messagers au loin,

et tu as été abaissée jusqu’aux enfers.

10. Dans la multitude de tes voies, tu t’es fatiguée,

tu n’as pas dit : Je me reposerai.

Tu as trouvé la vie de ta main,

à cause de cela tu ne m’as pas prié.

11. Qui t’a rendue inquiète, qui as-tu craint,

après que tu as menti,

que tu ne t’es pas souvenue de moi,

tu n’as pas pensé en ton cœur ?

C’est parce que je me tais, et que je suis comme ne voyant pas,

que tu m’as oublié.

12. Pour moi j’annoncerai ta justice,

et tes œuvres ne te serviront pas.

13. Lorsque tu crieras, qu’ils te délivrent ceux que tu as rassemblés,

et un vent les emportera,

une brise les enlèvera.

Mais celui qui a confiance en moi héritera de la terre,

et il possèdera ma montagne sainte.

14. Et je dirai : Faites une voie, préparez un chemin, détournez-vous du sentier,

ôtez les pierres d’achoppement de la voie de mon peuple.

15. Car voici ce que dit le Très-Haut,

le sublime, qui habite l’éternité, et dont le nom est saint,

et qui habite dans un lieu très élevé,

et dans un lieu saint, et avec un cœur contrit

et un esprit humble, afin de vivifier l’esprit des humbles

et le cœur des contrits.

16. Car je ne disputerai pas éternellement,

et je ne me mettrai pas en colère pour toujours :

parce qu’un esprit sortira de ma face,

et que je créerai des souffles de vie.

17.À cause de l’iniquité de son avarice, j’ai été irrité, et je l’ai frappé ;

je t’ai caché ma face, et j’ai été indigné ;

et il est allé, vagabond, dans la voie de son cœur.

18. Ses voies, je les ai vues, et je l’ai guéri,

et je l’ai ramené, et je lui ai rendu des consolations,

à lui et à ceux qui le pleuraient.

19. J’ai créé un fruit de lèvres, paix,

paix pour celui qui est loin, et pour celui qui est proche,

dit le Seigneur, et je les ai guéris.

20. Mais les impies sont comme une mer impétueuse

qui ne peut s’apaiser,

et dont les flots rejettent de l’écume et du limon.

21. Il n’est pas de paix pour les impies, dit le Seigneur Dieu.

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CHAP. LVII. 14. Infra. LXII, 10. — 19. Eph. II, 17. — 21. Supra. XLVIII, 22.

 

1. Le juste ; est mis ici pour les justes en général, selon plusieurs : mais c’est plutôt de Jésus-Christ qu’il faut l’entendre. — L’intelligence ; ce mot dans le style de la Bible, signifie très souvent prudence, sagesse, vertu, comme l’expression de la face, à la face (a facie) se prend fréquemment dans le sens de à cause de.

5. * Dans les torrents. C’était surtout dans la vallée de Ben-Hinnom, au sud de Jérusalem, qu’avaient lieu ces sacrifices abominables dans lesquels les parents offraient leurs enfants en sacrifice au dieu Moloch.

8. Ton souvenir ; c’est-à-dire, tes divinités domestiques, selon saint Jérôme et plusieurs interprètes. — Tu as découvert ta couche ; ou suivant d’autres, tu t’es découverte. — Des adultères ; littér. un adultère (adulterum) ; mais le pronom pluriel eux (eis), qui suit, prouve que le singulier adultère, est considéré comme un nom collectif. — À main ouverte (manu apérta) ; sans aucune retenue, sans la moindre réserve.

9. Tu t’es parée, etc. ; tu t’es parfumée en l’honneur de Moloch, idole dont le nom en hébreu signifie roi.

10. La vie de ta main ; c’est-à-dire de quoi vivre par le travail de tes mains.

11. Que tu m’as oublié ; littér. et tu, etc. Ici, comme en bien d’autres passages, la particule et ne sert qu’à marquer l’apodose.

15. Dit ; le complément de ce verbe ne se trouve qu’au vers. 17 ; tout ce qui le suit est une longue parenthèse. — Un lieu très élevé ; le ciel. — Lieu saint ; le sanctuaire ou le tabernacle, ou le temple. — Un cœur contrit, un esprit humble ; singulier pour le pluriel.

16. Parce qu’un esprit, etc. ; allusion à ce qui est dit Gen. II, 7.

17. À cause, etc. ; ici commence le complément du verbe dit du vers. 15. — Son, le, te, il ; ces pronoms, ainsi que ses, les, lui, etc., du vers. 18, se rapportent à peuple d’Israël ou à mon peuple, sous-entendu.

19. Un fruit de lèvres ; une parole. — Paix ; ce mot, comme on l’a déjà vu, signifiait chez les Hébreux prospérité parfaite. — Pour celui, etc. ; c’est-à-dire, pour les Gentils et pour les Juifs, selon ce que dit saint Paul (Eph. II, 17) de la paix annoncée par Jésus-Christ. — Les ; litter., le (eum) ; hébraïsme, pour chacun d’eux.

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Is 58

*is58

CHAPITRE LVIII

Hypocrisie des Juifs condamnée. Leurs faux jeûnes. Manière de bien observer le sabbat. Récompense de ceux qui l’observent fidèlement.

1. Crie et ne cesse point ;

comme la trompette élève ta voix,

et annonce à mon peuple ses crimes,

et à la maison de Jacob ses péchés.

2. Car c’est moi que de jour en jour ils cherchent,

et ils veulent connaitre mes voies ;

comme une nation qui aurait pratiqué la justice

et qui n’aurait pas abandonné le jugement de son Dieu ;

ils me demandent des jugements de justice,

et ils veulent s’approcher de Dieu.

3. Pourquoi, disent-ils, avons-nous jeûne, et n’avez-vous pas regardé ?

Pourquoi avons-nous humilié nos âmes, et ne l’avez-vous pas su ?

Voici qu’au jour de votre jeûne se trouve votre volonté,

et que vous poursuivez vos débiteurs.

4. Voici que vous jeunez pour susciter des procès et des querelles,

et que vous frappez du poing impitoyablement.

Ne jugez pas comme jusqu’à ce jour,

pour faire entendre en haut vos cris.

5. Est-ce que le jeûne que j’ai choisi

est tel que pendant un jour un homme afflige son âme,

contourne sa tête comme un cercle,

et se couvre d’un sac et de cendre ?

Est-ce là ce que tu appelleras un jeûne,

et un jour agréable au Seigneur ?

6. Le jeûne que j’ai choisi n’est-il pas celui-ci ?

romps les liens de l’impiété,

délie les faisceaux accablants,

renvoie libres ceux qui sont opprimés,

et brise tout fardeau.

7. Romps ton pain pour celui qui a faim,

et fais entrer dans ta maison les indigents et ceux qui errent sans asile ;

lorsque tu verras quelqu’un nu, couvre-le,

et ne méprise point ta chair.

8. Alors ta lumière éclatera comme le matin,

et bientôt ta guérison se montrera ;

ta justice marchera devant ta face,

et la gloire du Seigneur te recueillera.

9. Alors tu invoqueras le Seigneur, et le Seigneur t’exaucera ;

tu crieras, et il dira : Me voici ;

si tu ôtes du milieu de toi la chaine,

et si tu cesses d’étendre le doigt et de dire ce qui n’est pas utile.

10. Si tu prodigues ton âme à celui qui a faim,

et si tu remplis de consolation une âme affligée,

ta lumière se lèvera dans les ténèbres,

et tes ténèbres seront comme le midi.

11. Et le Seigneur te donnera le repos sans interruption,

et il remplira ton âme de splendeurs ;

il délivrera tes os,

et tu seras comme un jardin arrosé,

et comme une fontaine d’eau,

à laquelle les eaux ne manqueront pas.

12. Et par toi seront remplis d’édifices des lieux déserts depuis des siècles ;

tu relèveras des fondements abandonnés pendant plusieurs générations,

et tu seras appelé constructeur des haies,

mettant les sentiers en repos.

13. Si tu t’abstiens, à cause du sabbat, d’avancer ton pied

et de faire ta volonté dans le jour qui m’est consacré ;

si tu appelles le sabbat délicieux,

jour du Seigneur saint et glorieux ;

si tu le glorifies en ne suivant pas tes voies,

et si tu ne mets pas ta volonté à dire des paroles vaines,

14. Alors tu trouveras des délices dans le Seigneur ;

je t’élèverai sur les hauteurs de la terre,

et je te nourrirai avec l’héritage de Jacob ton père,

car la bouche du Seigneur a parlé.

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CHAP. LVIII. 5. Zach. VII, 5. — 7. Ezech. XVIII, 7, 16 ; Matth. XXV, 36. — 12. Infra. LXI, 4.

 

1-14. * III. Troisième section : Le royaume messianique, LVIII-LXVI. — 1er Discours. Du faux et du vrai culte dû à Dieu, LVIII. Le peuple prétend être pieux et mériter le salut, parce qu’il jeûne, mais à quoi sert le jeûne si la rénovation intérieure ne l’accompagne ? C’est une œuvre extérieure sans valeur, parce qu’il n’est pas le fruit de la crainte de Dieu, 1-6. — Il faut être charitable envers le prochain ; faire la volonté du Seigneur : voilà le vrai culte qu’on doit rendre à Dieu, afin de recevoir ses grâces et ses miséricordes, 7-14 ; voir Matth. VI, 1 sq.

1. Crie. C’est le Seigneur qui s’adresse à Isaïe.

2. Le jugement de son Dieu ; c’est-à-dire la loi de son Dieu. — Des jugements de justice ; la raison des jugements de ma justice. — S’approcher de Dieu, pour entrer en jugement, disputer avec lui.

3. Au jour, etc. Les Juifs captifs à Babylone avaient institué d’eux-mêmes certains jeûnes, qu’ils continuèrent pendant quelque temps après la captivité. Ils consultèrent Zacharie, pour savoir s’ils devaient les continuer plus longtemps. Sans répondre directement à leur demande, le prophète leur fit le même reproche que nous lisons ici dans Isaïe. Voy. Zach. VII, 2 et suiv.

6. * Les faisceaux ; tout ce qui gêne, pèse.

7. Ta chair ; tes frères, tes proches. Compar. Gen. XXIX, 14 ; XXXVII, 27.

8. Ta lumière. La lumière désigne souvent, dans les auteurs sacrés, la joie et la félicité, surtout celles qui succèdent à un état de tristesse, d’humiliation et d’oppression qui est ordinairement exprimé par le mot ténèbres. — Ta guérison. Les Hébreux appelaient maladie, toute sorte de maux, et guérison, la délivrance, la cessation de ces maux. — La gloire du Seigneur te recueillera. Cette même idée a été déjà exprimée, quoiqu’en termes différents. Voy. LII, 12.

9. La chaine ; dont tu charges tes frères. — D’étendre le doigt ; ou de montrer au doigt ; locution qui a toujours marqué le mépris et l’insulte. — Ce qui n’est pas utile (quod non prodest) ; le terme hébreu correspondant signifie aussi méchanceté, iniquité, crime, mensonge, fausseté. De là le Chaldéen l’a rendu par rapine, et les Septante par murmure. Quoi qu’il en soit, il s’agit ici de paroles nuisibles au prochain.

10. Si tu prodigues, etc. ; c’est-à-dire, si tu assistes le pauvre affamé avec une grande effusion de cœur. — Ta lumière, etc. Voy. le vers. 8.

11. Il délivrera (liberabit) ; ou bien il rendra libres, c’est-à-dire prompts, agiles, lestes, comme porte le texte hébreu. — Os (ossa) ; peut s’entendre des membres du corps en général.

12. Plusieurs générations ; littér. et par hébraïsme, génération et génération. — Constructeurs de haies ; c’est sans doute une allusion à la restauration de Jérusalem qui est souvent appelée une vigne dont les murs sont des haies, ou bien aux haies réelles des vignes, détruites par les Chaldéens — Mettant, etc. ; rendant sûrs et sans aucun danger les chemins, auparavant infestés par les voleurs.

13. Si tu t’abstiens, etc. ; litter., si tu détournes à cause du sabbat ton pied ; c’est-à-dire si tu ne voyages pas le jour du sabbat. Les Juifs croyaient qu’il ne leur était pas permis de faire plus de deux mille pas, c’est-à-dire environ une demi-lieue de chemin, le jour du sabbat. — À cause ; c’est le vrai sens qu’a ici, comme dans bien d’autres passages, la particule hébraïque, rendue dans la Vulgate par a. — De faire (facere) ta volonté ; second complément de si tu t’abstiens, ou si tu détournes (si avérteris).

14. Les hauteurs de la terre ; c’est-à-dire, le pays de tes pères, qui est une terre haute et élevée. Compar. Deut. XXXII, 13.

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Is 59

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CHAPITRE LIX

Infidélité d’Israël, obstacle à sa délivrance. Vengeance du Seigneur contre Babylone et ses alliés. Délivrance d’Israël.

1. Voici que la main du Seigneur n’est point raccourcie pour ne pouvoir sauver,

et son oreille n’est point appesantie pour ne pas écouter ;

2. Mais vos iniquités ont mis une séparation

entre vous et votre Dieu,

et vos péchés vous ont caché sa face,

afin qu’il ne vous écoutât point.

3. Car vos mains se sont souillées de sang,

et vos doigts d’iniquité ;

vos lèvres ont parlé le mensonge,

votre langue profère l’iniquité.

4. Il n’est personne qui invoque la justice,

et il n’est personne qui juge dans la vérité ;

mais ils se confient au néant, et ne font entendre que des paroles vaines ;

ils ont conçu la peine et ils ont enfanté l’iniquité.

5. Ils ont fait éclore des œufs d’aspic,

et ils ont ourdi des toiles d’araignée ;

celui qui mangera de leurs œufs mourra ;

et de ce qui aura été couvé sortira un basilic.

6. Leurs toiles ne serviront pas de vêtement :

ils ne se revêtiront pas de leurs œuvres ;

leurs œuvres sont inutiles,

et une œuvre d’iniquité est dans leurs mains.

7. Leurs pieds courent au mal,

et ils se hâtent pour répandre un sang innocent ;

leurs pensées sont des pensées inutiles ;

le ravage et la destruction sont dans leurs voies.

8. Ils n’ont pas connu la voie de la paix,

et il n’y a pas de jugement dans leurs démarches ;

leurs sentiers sont devenus tortus pour eux ;

quiconque y marche ignore la paix.

9. À cause de cela le jugement s’est éloigné de nous,

et la justice ne nous atteindra pas ;

nous avons attendu la lumière, et voilà les ténèbres ;

la splendeur du jour, et c’est au milieu des ténèbres que nous avons marché.

10. Comme des aveugles nous nous sommes attachés à la muraille,

et comme privés de nos yeux, nous avons marché à tâtons :

nous nous sommes heurtés en plein midi, de même qu’au milieu des ténèbres ;

nous sommes dans des lieux obscurs comme les morts.

11. Nous rugirons tous comme les ours,

et comme les colombes, méditant, nous gémirons ;

nous avons attendu le jugement, et il n’est pas venu ;

le salut, et il s’est éloigné de nous.

12. Car nos iniquités se sont multipliées devant vous,

et nos péchés nous ont répondu ;

parce que nos crimes sont avec nous,

et nous avons connu nos iniquités :

13. Pécher et mentir contre le Seigneur ;

et nous nous sommes détournés pour ne pas suivre notre Dieu,

pour proférer la calomnie et la révolte ;

nous avons conçu et proféré de notre cœur des paroles de mensonge.

14. Et le jugement est retourné en arrière ;

et la justice s’est tenue au loin ;

parce que la vérité est tombée sur la place publique,

et l’équité n’a pu y entrer.

15. Et la vérité est devenue en oubli ;

et celui qui s’est retiré du mal a été exposé en proie ;

le Seigneur l’a vu ; et mal a paru à ses yeux

car il n’y a point de justice.

16. Et il a vu qu’il n’y avait point d’homme,

et il s’est étonné que personne ne s’opposât à ces maux,

et son propre bras l’a sauvé,

et sa justice elle-même l’a soutenu.

17. Il s’est revêtu de la justice comme d’une cuirasse,

et le casque de salut a été sur sa tête ;

il s’est revêtu des vêtements de vengeance,

il s’est couvert comme d’un manteau de zèle.

18. Comme pour exercer sa vengeance,

comme pour imposer le salaire de son indignation à ses ennemis

et payer de retour ses adversaires :

aux iles il rendra la pareille.

19. Et ils craindront, ceux qui sont de l’occident, le nom du Seigneur,

et ceux qui sont du levant, sa gloire ;

lorsqu’il viendra comme un fleuve impétueux,

que le souffle du Seigneur agite ;

20. Et que viendra un rédempteur pour Sion,

et pour ceux qui dans Jacob reviennent de l’iniquité,

dit le Seigneur.

21. Voici mon alliance avec eux,

dit le Seigneur :

Mon esprit, qui est en toi,

et mes paroles que j’ai mises en ta bouche

ne s’éloigneront pas de ta bouche,

ni de la bouche de ta postérité,

ni de la bouche de la postérité de ta postérité,

depuis ce moment jusque dans l’éternité, dit le Seigneur.

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CHAP. LIX. 1. Num. XI, 23 ; Supra. L, 2. — 3. Supra. I, 15. — 4. Job. XV, 35. — 7. Prov. I, 16 ; Rom. III, 15. — 17. Eph. VI, 17 ; I Thess. V, 8. — 20. Rom. XI, 26.

 

1-21. * 2e Discours : La nouvelle alliance, fruit du repentir d’Israël, LIX. Le sujet du second discours est analogue à celui du premier, et en est comme la continuation. — 1° Ce sont les péchés du peuple qui l’empêchent d’être sauvé, 1-8. — 2° Israël se plaint de ce que la promesse du salut ne se réalise pas à cause de ses fautes, dont il reconnait l’énormité, 9-15a. — 3° À la suite de cette confession, le Prophète annonce que le Seigneur viendra délivrer ceux qui se repentent et faire avec eux une alliance nouvelle, un autre Testament, 15b-21.

6, 7. Inutiles. Voy., sur le vrai sens de mot, LVIII, 9.

10. Comme des aveugles, etc. Les interprètes d’un commun accord appliquent ceci aux Juifs qui ont vécu depuis Jésus-Christ.

12. Nous ont répondu ; c’est-à-dire ont témoigné contre nous. Compar. III, 9 ; Jer. XIV, 7.

13. Pécher et mentir ; sont l’explicatif de nos iniquités, du verset précédent ; c’est comme s’il y avait, c’est-à-dire le péché et le mensonge.

14. Est tombée (corruit) ; a été renversée, anéantie. — Sur la place publique ; les places se trouvaient aux portes de la ville ; c’est là qu’étaient placés les tribunaux, chez les Hébreux comme chez les Grecs. Compar. Zach. VIII, 16.

16. Qu’il n’y avait point d’homme ; pour maintenir la vérité et la justice (vers. 15), et secourir son peuple malheureux. — Son propre bras, etc. ; le Seigneur fait de la cause de son peuple sa propre cause ; ainsi les pronoms son, sa, le se rapportent au Seigneur, comme le prouve d’ailleurs le passage parallèle, LXIII, 5. Compar. aussi XVIII, 11 ( ?).

17. Comme d’un manteau de zèle ; pour du zèle comme d’un manteau.

18. Comme pour… ses adversaires ; suivant la ponctuation, doit être considéré comme la protase, dont l’apodose est aux iles, etc. ; ou bien comme l’exposé du motif de ce qui est dit dans le verset précédent, si on change la ponctuation. — Iles ; c’est-à-dire, selon l’hébreu, pays lointains.

20. Un rédempteur ; le Messie, représenté imparfaitement par Cyrus. Compar. Rom. XI, 26.

21. Voici mon alliance, etc. C’est l’alliance éternelle que Jésus-Christ a faite avec son Église, et dans laquelle les Juifs mêmes seront admis au temps de leur rappel.

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Is 60

*is60

CHAPITRE LX

Rétablissement de Jérusalem. Les nations se soumettent à elle. Sa gloire, sa joie, ses richesses, sa paix.

1. Lève-toi, reçois la lumière, Jérusalem, parce qu’est venue ta lumière,

et que la gloire du Seigneur sur toi s’est levée.

2. Parce que voilà que les ténèbres couvriront la terre,

et une obscurité, les peuples ;

mais sur toi se lèvera le Seigneur,

et sa gloire en toi se verra.

3. Et des nations marcheront à ta lumière,

et des rois à la splendeur de ton lever.

4. Lève autour de toi tes yeux et vois ;

tous ceux-ci se sont rassemblés, ils sont venus à toi ;

tes fils de loin viendront,

et tes filles à ton côté se lèveront.

5. Alors tu verras, et tu seras dans l’abondance ;

ton cœur admirera, et se dilatera,

quand se sera tournée vers toi la richesse de la mer,

et que la force des nations sera venue à toi.

6. Une inondation de chameaux te couvrira

ainsi que les dromadaires de Madian et d’Epha ;

tous viendront de Saba,

apportant de l’or et de l’encens,

et publiant des louanges en l’honneur du Seigneur.

7. Tout troupeau de Cédar sera rassemblé pour toi,

les béliers de Nabaïoth seront employés à ton service ;

ils seront offerts sur mon autel d’expiation,

et je glorifierai la maison de ma majesté.

8. Qui sont ceux-ci qui volent comme des nuées,

et comme des colombes vers leurs demeures ?

9. Car les iles m’attendent,

ainsi que les vaisseaux de mer, dès le principe,

afin que je fasse venir tes fils de loin,

leur or et leur argent avec eux,

et les consacre au nom du Seigneur ton Dieu

et au saint d’Israël, parce qu’il t’a glorifiée.

10. Et les fils des étrangers bâtiront des murs,

et leurs rois te serviront ;

car dans mon indignation je t’ai frappée,

et par ma réconciliation j’ai eu pitié de toi.

11. Et tes portes seront ouvertes continuellement ;

ni jour ni nuit elles ne seront fermées,

afin que te soit apportée la force des nations,

et que leurs rois te soient amenés.

12. Car la nation et le royaume qui ne te sera pas assujetti, périra ;

ces nations réduites en solitude seront dévastées.

13. La gloire du Liban vers toi viendra ;

le sapin, et le buis, et le pin serviront ensemble

à orner le lieu de ma sanctification ;

et la place de mes pieds, je la glorifierai.

14. Et ils viendront vers toi, les fils de ceux qui t’ont humiliée,

et ils adoreront les traces de tes pieds, tous ceux qui te décriaient,

et ils t’appelleront la cité du Seigneur,

la Sion du saint d’Israël.

15. Parce que tu as été délaissée

et habituée à être haïe,

et qu’il n’y avait personne qui te traversât,

je t’établirai l’orgueil des siècles,

et la joie pour toutes les générations.

16. Et tu suceras le lait des nations,

et de la mamelle des rois tu seras nourrie ;

et tu sauras que je suis le Seigneur qui te sauve,

et ton rédempteur le fort de Jacob.

17. Au lieu d’airain j’apporterai de l’or,

et au lieu de fer j’apporterai de l’argent ;

et au lieu de bois, de l’airain,

et au lieu de pierre, du fer ;

je te donnerai pour gouvernement la paix,

et pour préposés, la justice.

18. On n’entendra plus parler d’iniquité dans ta terre,

de ravage et de destruction dans tes confins ;

et le salut occupera tes murs,

et la louange tes portes.

19. Tu n’auras plus le soleil pour éclairer pendant le jour,

et la splendeur de la lune ne luira pas sur toi ;

mais le Seigneur sera ta lumière éternelle,

et ton Dieu ta gloire.

20. Ton soleil ne se couchera plus,

et ta lune ne diminuera pas ;

parce que le Seigneur sera ta lumière éternelle,

et que les jours de ton deuil seront finis.

21. Quant à ton peuple, tous seront justes ;

pour toujours ils possèderont la terre en héritage ;

il sera le rejeton de ma plantation,

l’œuvre de ma main pour me glorifier.

22. Le moindre de tes citoyens en produira mille,

et le plus petit une nation très puissante ;

moi le Seigneur, en son temps

je ferai soudain cela.

~

CHAP. LX. 4. Supra. XLIX, 18. — 11. Apoc. XXI, 25. — 19. Apoc. XXI, 23 ; XXII, 5.

 

1-22. * 3e Discours : La gloire de Jérusalem ou de l’Église, LX. Le prophète chante maintenant les résultats de la nouvelle alliance dans ce magnifique chapitre, qui est un hymne autant qu’un discours. — Le soleil de justice, Jésus-Christ, se lève sur Jérusalem. Tous les peuples, à la vue de sa lumière, accourent à la cité sainte, rois et sujets lui apportent leurs présents, 1-9. — Jérusalem acquiert une magnificence incomparable ; ses richesses sont sans bornes, 10-17a, mais sa piété, sa sainteté et sa félicité la rendent plus belle et plus enviable encore, 17b-22.

3. De ton lever (ortus tui) ; Jérusalem est comparée à un astre. Ce qui est dit dans ce verset ne peut s’expliquer que de la venue de Jésus-Christ.

6, 7. Madian, Épha, Saba, Cédar, Nabaïoth sont tous descendants d’Abraham, les trois premiers par Cétura, les deux derniers par Ismaël (Gen. XXV, 1-4, 13) ; les uns et les autres habitaient l’Arabie.

8. Leurs demeures ; leurs colombiers ; litter., leurs fenêtres.

12. Ces ; mot qui est représenté dans le texte hébreu par l’article déterminatif, comme il arrive assez souvent.

13. Le lieu de ma sanctification ; le lieu que je me suis consacré ; c’est-à-dire mon sanctuaire, mon temple. Voy. Ps. LXXVII, 54.

15. Toutes les générations ; littér. et par hébraïsme, génération et génération.

17. Gouvernement ; surintendance, haute inspection ; c’est le vrai sens du latin visitationem, expliqué par l’hébreu, qui est mis ici par métonymie pour gouvernants, commandants. Le sens du verset est donc : Je te donnerai des gouvernants pacifiques, et des préposés justes et équitables.

18. On n’entendra plus, etc. Ceci peut s’expliquer de l’Église de Jésus-Christ, qui est la colonne de la vérité et le règne de la paix, ou de la Jérusalem céleste, où règne toujours une paix parfaite, et par là même exempte de toute crainte, de trouble, de ravage, d’iniquité et d’oppression, et où les chants de louanges et d’actions de grâces ne cessent jamais. — Le salut, etc. ; sois sans crainte aucune ; ce ne sont pas de simples sentinelles qui veilleront autour de tes murs, pour les défendre contre les attaques de l’ennemi ; c’est le salut lui-même.

19, 20. Ce sont des symboles sous lesquels saint Jean nous dépeint la gloire éternelle de la Jérusalem céleste (Apoc. XXI, 23, 25 ; XXII, 5).

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61 à 66

Is 61

*is61

CHAPITRE LXI

Mission du prophète ou plutôt du Messie. Délivrance et rétablissement d’Israël.

1. L’esprit du Seigneur est sur moi,

parce que le Seigneur m’a oint ;

il m’a envoyé, pour annoncer sa parole à ceux qui sont doux,

pour guérir ceux qui ont le cœur contrit,

pour prêcher la grâce aux captifs,

et l’ouverture des prisons à ceux qui y sont renfermés ;

2. Pour publier l’année de la réconciliation du Seigneur,

et le jour de la vengeance de notre Dieu ;

pour consoler tous ceux qui pleurent ;

3. Pour disposer et donner à ceux qui pleurent dans Sion

une couronne au lieu de cendre,

de l’huile de joie au lieu de deuil,

un manteau de louange au lieu d’un esprit de tristesse ;

et ils seront appelés dans Sion, les héros de la justice,

et la plantation du Seigneur pour le glorifier.

4. Et ils rempliront d’édifices des lieux déserts depuis des siècles ;

ils relèveront d’anciennes ruines,

et ils rétabliront des cités abandonnées,

désolées pendant plusieurs générations.

5. Et il se trouvera parmi vous des étrangers, et ils feront paitre vos troupeaux ;

et des fils d’étrangers seront vos laboureurs et vos vignerons.

6. Mais vous, vous serez appelés les prêtres du Seigneur ;

on vous nommera les ministres de notre Dieu ;

vous mangerez la richesse des, nations,

vous vous enorgueillirez de leur gloire.

7. Au lieu de votre double confusion et honte,

ils loueront leur partage ;

à cause de cela dans leur terre, ils possèderont le double,

une joie éternelle sera pour eux.

8. Car moi, le Seigneur, j’aime la justice,

et j’ai en haine la rapine dans l’holocauste,

j’établirai leur œuvre dans la vérité,

je ferai avec eux une alliance perpétuelle.

9. Et on connaitra leur race parmi les nations,

et leurs rejetons au milieu des peuples ;

tous ceux qui les verront reconnaitront

qu’ils sont la race qu’a bénie le Seigneur.

10. Me réjouissant, je me réjouirai dans le Seigneur,

mon âme exultera en mon Dieu ;

car il m’a revêtu des vêtements du salut,

et du manteau de la justice il m’a enveloppé

comme l’époux paré d’une couronne,

et comme l’épouse ornée de ses colliers.

11. Car comme la terre produit son germe,

et comme un jardin fait germer sa semence,

ainsi le Seigneur Dieu fera germer la justice

et la louange devant toutes les nations.

~

CHAP. LXI. 1. Luc. IV, 18. — 2. Matth. V, 5. — 4. Supra. LVIII, 12.

 

1-11. * 4e Discours : La félicité de Jérusalem ou de l’Église, œuvre du Messie, LXI. C’est le serviteur de Jéhovah, le Messie, auteur de la félicité de l’Église, qui parle dans ce discours. — Il annonce qu’il vient mettre fin à tous les maux de ceux qui le cherchent, 1-3. — Israël recouvre son héritage et les nations le servent, afin qu’il puisse vivre dans le repos, sans souci des besoins temporels, comme les prêtres du Seigneur, 4-6 ; — la malédiction s’est changée en bénédiction, 7-9. — Le serviteur de Dieu est heureux d’annoncer ces bonnes nouvelles, 10-11.

1, 2. Isaïe parle ici de lui-même, mais comme simple représentant de Jésus-Christ, qui s’est appliqué ce qui est dit dans ce passage (Luc. IV, 16-21). Compar. Is. XLIX, 1 et suiv.

3.* De l’huile de joie ; des parfums qui réjouissent.

4. Plusieurs générations (generationem et generationem). Voy. LVIII, 12.

6. La richesse ; c’est le sens qu’a ici le terme hébreu rendu dans la Vulgate, par force ou puissance (fortitudinem).

7. Double. Voy. XL, 2.

8. J’établirai, etc., ou bien je leur donnerai fidèlement une récompense, en hébreu, œuvre, signifiant aussi récompense, vérité, et se prenant souvent pour fidélité. — Une alliance éternelle ; cette alliance regarde principalement les chrétiens, Jésus-Christ, auteur de la nouvelle alliance, nous étant garant de sa durée éternelle. Elle regarde aussi Israël après son rétablissement et sa conversion.

10. Me réjouissant, je me réjouirai. Voy., sur ce genre de répétition, Ps. XXXIX, 2. — * Comme l’époux paré d’une couronne. C’était la coutume que l’époux portât une couronne pour célébrer ses noces.

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Is 62

*is62

CHAPITRE LXII

Zèle du prophète pour Jérusalem. Gloire de Jérusalem. Gardes établis sur ses murs. Paix d’Israël, sa délivrance. Peuple saint. Ville chérie.

1. À cause de Sion, je ne me tairai pas,

et à cause de Jérusalem, je ne me reposerai pas,

jusqu’à ce que paraisse son juste comme une éclatante lumière,

et que son sauveur, comme un flambeau, répande sa clarté.

2. Et les nations verront ton juste,

et tous les rois ton roi illustre ;

et l’on t’appellera d’un nom nouveau

que la bouche du Seigneur nommera.

3. Et tu seras une couronne de gloire dans la main du Seigneur,

et un diadème royal dans la main de ton Dieu.

4. Tu ne seras plus appelée Délaissée,

et ta terre ne sera plus appelée Désolée ;

mais tu seras appelée Ma volonté en elle,

et ta terre Inhabitée,

parce que le Seigneur s’est complu en toi ;

et ta terre sera inhabitée.

5. Car le jeune homme habitera avec la vierge,

et tes fils habiteront en toi.

Et l’époux se réjouira en son épouse,

et ton Dieu se réjouira en toi.

6. Sur tes murs, Jérusalem, j’ai établi des gardes ;

pendant tout le jour et pendant toute la nuit,

jamais ils ne se tairont.

Vous qui vous souvenez du Seigneur, ne vous taisez pas,

7. Et ne gardez pas le silence envers lui,

jusqu’à ce qu’il affermisse et qu’il rende Jérusalem

un objet de louange sur la terre.

8. Le Seigneur a juré par sa droite,

et par son bras fort :

Si je donne encore ton blé

pour nourriture à tes ennemis,

et si les fils de l’étranger boivent le vin fruit

de tes travaux.

9. Parce que ceux qui amassent le blé

le mangeront et loueront le Seigneur,

et ceux qui transportent le vin le boiront

dans mes parvis sacrés.

10. Passez, passez par les portes,

préparez la voie à mon peuple,

aplanissez le chemin, ôtez-en les pierres,

et élevez l’étendard pour les peuples.

11. Voilà que le Seigneur a fait entendre

jusqu’aux extrémités de la terre :

Dites à la fille de Sion :

Voici que ton sauveur vient ;

voici que sa récompense est avec lui,

et que son œuvre est devant lui.

12. Et on les appellera Peuple saint,

rachetés par le Seigneur.

Mais toi, tu seras appelée Cité recherchée

et non délaissée.

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CHAP. LXII. 10. Supra. LVII, 14. — 11. Zach. IX, 9 ; Matth. XXI, 5.

 

1-12. * 5e Discours : Gloire prochaine de Jérusalem, LXII. Le Seigneur ne se taira point, il ne se reposera point jusqu’à ce qu’il ait accompli son œuvre de miséricorde, 1-3. — Sion redeviendra la bien-aimée de Dieu, 4-5. — Les sentinelles de Jérusalem rappellent à Jéhovah sa promesse, jusqu’à ce qu’il l’ait accomplie, 6-9. — Le moment du salut approche : que tous se préparent ; le Sauveur vient, 10-12.

1, 2. Le juste et le sauveur, annoncé ici, est Jésus-Christ même, et le nom nouveau que Dieu promet à Jérusalem est celui qu’il a donné à son Église en l’appelant l’Église de Jésus-Christ, l’Église chrétienne.

4. Ma volonté ; c’est-à-dire, d’après l’hébreu, mon agrément, mon plaisir.

6. Pendant tout le jour, etc. ; allusion aux sentinelles qu’on plaçait sur les tours et sur les hauteurs en temps de guerre, pour découvrir les mouvements de l’ennemi. De peur que ces sentinelles ne s’endormissent, on les obligeait à crier de temps en temps l’une à l’autre, et à se répondre.

8. A juré… Si je donne, etc. Voy., sur cette formule de serment, Ps. XCIV, 11.

11. Sa récompense, son œuvre. Voy. XL, 10.

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Is 63

*is63

CHAPITRE LXIII

Vainqueur qui sort de l’Idumée tout couvert de sang. Reconnaissance des miséricordes du Seigneur sur Israël. Aveu de l’infidélité de ce peuple. Vœu pour son entière délivrance.

1. Quel est celui qui vient d’Édom, de Bosra,

les vêtements teints ?

il est beau dans sa robe,

il marche dans la grandeur de sa puissance.

C’est moi qui parle justice,

et qui combats pour sauver.

2. Pourquoi donc rouge est votre robe,

et vos vêtements comme les vêtements de ceux qui foulent dans un pressoir ?

3. J’ai foulé le pressoir tout seul,

et d’entre les nations il n’y a pas un homme avec moi ;

je les ai foulés aux pieds dans ma fureur,

et je les ai foulés aux pieds dans ma colère ;

leur sang s’est répandu sur mes vêtements,

et j’ai tâché tous mes vêtements.

4. Car le jour de la vengeance est dans mon cœur,

l’année de ma rédemption est venue.

5. J’ai regardé autour de moi, et il n’y avait pas d’auxiliaire ;

j’ai cherché, et il n’y eut personne qui m’aidât ;

ainsi mon bras m’a sauvé,

et mon indignation elle-même m’a secouru.

6. Et j’ai foulé aux pieds les peuples dans ma fureur,

je les ai enivrés de mon indignation,

et j’ai renversé par terre leur force.

7. Je me souviendrai des miséricordes du Seigneur,

je chanterai la louange du Seigneur,

à cause de tout ce qu’il a fait pour nous,

et à cause de la multitude des biens accordés à la maison d’Israël,

et qu’il leur a prodigués selon sa bonté

et selon la multitude de ses miséricordes.

8. Et il a dit : Mais pourtant c’est mon peuple ;

ce sont des fils qui ne renoncent pas leur père ;

et il est devenu pour eux un sauveur.

9. Dans toute leur tribulation il n’a pas été tourmenté,

car l’ange de sa face les a sauvés ;

dans son amour et dans sa bonté

il les a lui-même rachetés ;

il les a portés, il les a élevés

dans tous les jours des siècles passés.

10. Mais eux-mêmes l’ont provoqué au courroux,

ils ont affligé l’esprit de son saint ;

il est devenu pour eux un ennemi,

et il les a lui-même complètement défaits.

11. Et il s’est souvenu des jours du siècle de Moïse et de son peuple :

Où est celui qui les a retirés de la mer

avec les pasteurs de son troupeau ?

où est celui qui a mis au milieu de lui

l’esprit de son saint ;

12. Qui a conduit à droite Moïse

par le bras de sa majesté,

qui a divisé les eaux devant eux,

afin de se faire un nom éternel ;

13. Qui les a conduits à travers les abimes,

comme le cheval qui dans le désert

ne se heurte pas ?

14. Comme l’animal qui descend dans la campagne,

l’esprit du Seigneur a été son guide ;

ainsi vous avez conduit votre peuple,

afin de vous faire un nom glorieux.

15. Soyez attentifs du haut du ciel,

et voyez de l’habitacle de votre sainteté et de votre gloire :

où est votre zèle et votre puissance,

la multitude de vos entrailles et de vos miséricordes ?

elles se sont resserrées à mon égard.

16. Car vous êtes notre père ;

Abraham ne nous a pas connus,

et Israël nous a ignorés ;

vous, Seigneur, êtes notre père ;

notre rédempteur, dès les temps anciens, est votre nom.

17. Seigneur, pourquoi nous avez-vous laissés errer loin de vos voies,

et avez-vous laissé endurcir nos cœurs jusqu’à ne plus vous craindre ?

revenez à cause de vos serviteurs,

tribus de votre héritage.

18. Comme un rien ils ont possédé votre peuple saint, nos ennemis ;

ils ont foulé aux pieds votre sanctification.

19. Nous sommes devenus comme dans le principe, lorsque vous ne dominiez pas sur nous,

et que votre nom n’était pas invoqué sur nous.

~

CHAP. LXIII. 2. Apoc. XIX, 13. — 4. Supra. XXXIV, 8. — 11. Ex. XIV, 29. — 15. Deut. XXVI, 15 ; Bar. II, 16.

 

1-6. * 6e Discours : Jugement contre l’Idumée et les ennemis de l’Église, LXIII, 1-6. Ce discours est le plus court des 27 dont se compose la seconde partie d’Isaïe. Il est dirigé contre l’Idumée. Par son ton dramatique, il ressemble au Ps. XXIII, et par son caractère emblématique, aux chapitres XXI-XXII, 4. — Le Prophète voit en esprit le Seigneur venant en grande pompe de l’Idumée ; ses vêtements sont teints du sang de ses ennemis ; il les a brisés dans sa colère, comme celui qui foule le raisin dans le pressoir, afin de venger son peuple de ses persécuteurs acharnés et de lui assurer à jamais le repos. — « Dans le sens spirituel et figuré, dit Calmet, on explique la première partie du chapitre LXIII,… de Jésus-Christ dans son Ascension. Les anges, surpris de sa gloire, se demandent avec étonnement : Qui est ce héros qui vient tout chargé de sang et tout brillant de majesté ? » — Comme les Iduméens représentent toujours dans l’Ancien Testament les ennemis de l’Église, ce discours annonce plutôt le triomphe de Jésus-Christ sur tous les persécuteurs de son épouse.

1. Édom, Bosra. Voy. XXXIV, 6. — Teints (tinctis) ; selon l’hébreu, aigus, c’est-à-dire d’une couleur vive, éclatante, tranchée. Les Septante ont rendu ce mot par rougeur (éruthêma), signification parfaitement conforme à ce qui est dit dans les versets suivants.

1-3. Quelques-uns croient reconnaitre ici Judas Machabée, mais c’est plutôt Jésus-Christ même, qui parait sous un semblable symbole dans Apoc. XIX, 13, 15. Remarquons de plus que la comparaison tirée du pressoir est assez familière aux écrivains sacrés pour peindre la vengeance, le carnage, le sang répandu.

4. Ma rédemption ; la rédemption que je dois opérer.

5. J’ai regardé, etc. Compar. LIX, 15-16.

7-LXIV, 1-12. * Les trois derniers discours : Conclusion de la prophétie : LXIII, 7-LXVI. — Les trois derniers discours de la troisième section forment la conclusion de la prophétie entière. Dans le premier, qui est le septième de ce cycle, Isaïe, au nom d’Israël captif, adresse à Dieu une prière pour obtenir la délivrance et la fin des maux de son peuple ; dans le second, Dieu répond à cette prière, et dans le troisième et dernier, il exclut de sa miséricorde ceux qui ne reçoivent pas le salut. — 7e Discours : Prière d’Israël captif, LXIII, 7-LXIV. — 1° Le prophète arrivé au terme de sa prophétie, prie au nom de ses frères qu’il voit déjà en esprit captifs à Babylone. Après une sorte de prologue, LXIII, 7, il commence sa prière en jetant un regard sur les premiers temps de l’histoire de ses pères ; ils ont été infidèles et ont forcé Dieu, qui avait été si bon pour Israël, de le châtier jusqu’à sa conversion, 8-14. Qu’il ait pitié de lui, 15-19, et qu’il le délivre de ses ennemis, LXIV, 1-2. Rien ne lui est plus facile, 3-4 ; et quoique les péchés d’Israël le rendent indigne de ses miséricordes, il est, lui, le père de son peuple et il doit venger l’honneur de son sanctuaire profané, 5-12.

9. Il n’a pas été tourmenté (non est tribulatus) ; par la crainte de ne pouvoir les délivrer. — L’ange de sa face ; c’est-à-dire un ange du premier ordre, un ange qui est toujours devant le trône de Dieu ; ou bien le Seigneur lui-même, ou l’ange qui est sa face, le Fils de Dieu, le Christ (Ex. XXXIII, 14 et suiv.).

10. Son saint ; Moïse, qui peut être ici la figure de Jésus-Christ.

11. est, etc. ; ici commence une phrase dont le sens est suspendu jusqu’au verset 14, qui constitue l’apodose, ou la réponse à la question précédente. — Les pasteurs de son troupeau ; Moïse et Aaron. — Au milieu de lui ; au milieu du peuple.

12. Qui a conduit à droite Moïse (qui eduxit ad déxteram Moysen). C’est le sens du texte original, aussi bien que celui de la Vulgate. Nous mettons au défi les hébraïsants de prouver le contraire. On sait que chez les Hébreux comme chez les Grecs, la droite indiquait le bonheur, la prospérité.

18. Votre sanctification. Voy. LX, 13.

19. Votre nom, etc. Voy. Eccli. XXXVI, 14 ; Deut. XXVIII, 10 et la note.

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Is 64

*is64

CHAPITRE LXIV

Vœu pour la délivrance d’Israël. Aveu de l’infidélité de ce peuple. Instance pour son rétablissement.

1. Oh ! si vous ouvriez les cieux, si vous descendiez !

devant votre face les montagnes s’écouleraient.

2. Comme un embrasement elles se consumeraient,

les eaux s’embraseraient,

afin que votre nom fut connu à vos ennemis,

et que devant votre face les nations fussent troublées.

3. Lorsque vous ferez des merveilles, nous ne les soutiendrons pas ;

vous êtes descendu, et devant votre face se sont écoulées les montagnes.

4. Dès les temps anciens on n’a pas entendu, et on n’a pas prêté l’oreille ;

l’œil n’a pas vu, ô Dieu, hors vous,

ce que vous avez préparé à ceux qui vous attendent.

5. Vous êtes allé à la rencontre de celui qui était dans la joie, et qui pratiquait la justice ;

dans vos voies ils se souviendront de vous ;

voilà que vous vous êtes irrité, et nous avons péché ;

dans les péchés nous avons toujours été, mais nous serons sauvés.

6. Et nous sommes devenus nous tous comme un homme impur,

et comme un linge souillé est toute notre justice ;

nous sommes tombés tous comme la feuille,

et nos iniquités comme le vent nous ont emportés.

7. Il n’y a personne qui invoque votre nom,

qui se lève et qui vous retienne ;

vous nous avez caché votre face,

et vous nous avez brisés dans la main de notre iniquité.

8. Et maintenant, Seigneur, vous êtes notre père, vous ;

mais nous de l’argile,

et vous nous avez formés,

et nous sommes tous les ouvrages de vos mains.

9. Ne vous irritez pas trop, Seigneur,

et ne vous souvenez plus de notre iniquité ;

regardez plutôt, nous sommes tous votre peuple.

10. La cité de votre saint est devenue déserte,

Sion est devenue déserte,

Jérusalem est désolée.

11. La maison de notre sanctification et de notre gloire,

où vous ont loué nos pères,

a été embrasée,

et tous nos bâtiments précieux ont été changés en ruines.

12. Est-ce qu’après cela vous vous contiendrez, Seigneur,

vous vous tairez, et vous nous affligerez sans mesure ?

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CHAP. LXIV. 4. I Cor. II, 9. — 9. Ps. LXXVIII, 8.

 

5. Dans les péchés. On entend ainsi généralement, l’expression de la Vulgate, dans ces choses (in ipsis), traduction rigoureusement littérale du texte original. Cette interprétation parait d’autant plus fondée, qu’elle se trouve précédée immédiatement de nous avons péché. — Nous serons sauvés ; par un pur effet de votre bonté et de votre miséricorde.

9. Trop ou outre mesure ; c’est le sens du latin satis, expliqué par l’hébreu. La maison de notre sanctification. Voy. LX, 13.

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Is 65

*is65

CHAPITRE LXV

Conversion des gentils. Incrédulité des Juifs. Vengeance du Seigneur sur ce peuple. Restes sauvés par grâce. Bénédiction du Seigneur sur ses serviteurs. Nouveau monde. Félicité de Jérusalem.

1. Ils m’ont cherché, ceux qui auparavant ne m’interrogeaient pas ;

ils m’ont trouvé, ceux qui ne m’ont pas cherché ;

j’ai dit : Me voici, me voici,

à une nation qui n’invoquait pas mon nom.

2. J’ai étendu mes mains tout le jour

à un peuple incrédule,

qui marche dans une voie qui n’est pas bonne,

à la suite de ses pensées.

3. C’est un peuple qui me provoque

au courroux devant ma face sans cesse ;

qui immolent dans les jardins,

et sacrifient sur les briques ;

4. Qui habitent dans les sépulcres,

qui dorment dans les temples des idoles ;

qui mangent de la chair de porc,

et, mettent du jus profane dans leurs vases ;

5. Qui disent : Retire-toi de moi,

ne m’approche pas, parce que tu es impur ;

ceux-là seront une fumée dans ma fureur,

un feu brulant tout le jour.

6. Voilà que c’est écrit devant moi ;

je ne me tairai pas, mais je rendrai,

et je verserai dans leur sein

7. Vos iniquités, dit le Seigneur,

en même temps que les iniquités de vos pères,

qui ont sacrifié sur les montagnes,

et m’ont outragé sur les collines,

et je verserai leurs premières œuvres à égale mesure

dans leur sein.

8. Voici ce que dit le Seigneur :

De même que si on trouve un grain dans une grappe de raisin,

et Sion dit : Ne le perds pas,

parce que c’est une bénédiction,

de même aussi je ferai en sorte, à cause de mes serviteurs,

que je ne perde pas entièrement tout Israël.

9. Je ferai sortir de Jacob une postérité,

et de Juda celui qui possèdera mes montagnes ;

mes élus hériteront de cette terre

et mes serviteurs y habiteront.

10. Et les campagnes serviront de parcs aux troupeaux de menu bétail,

et la vallée d’Achor, de retraite aux troupeaux de gros bétail,

en faveur de ceux de mon peuple qui m’ont recherché.

11. Mais vous qui avez abandonné le Seigneur,

qui avez oublié ma montagne sainte,

qui dressez une table à la Fortune,

et y faites des libations,

12. Je vous compterai avec le glaive,

et tous vous tomberez dans ce carnage,

parce que j’ai appelé, et vous n’avez pas répondu ;

j’ai parlé, et vous n’avez pas écouté ;

vous faisiez le mal à mes yeux,

et tout ce que je n’ai pas voulu, vous l’avez choisi.

13. À cause de cela voici ce que dit le Seigneur Dieu :

Voilà que mes serviteurs mangeront,

et vous, vous aurez faim ;

voilà que mes serviteurs boiront,

et vous, vous aurez soif ;

14. Voilà que mes serviteurs se réjouiront,

et vous, vous serez confus ;

voilà que mes serviteurs chanteront des louanges dans l’exultation de leur cœur,

et vous, vous jetterez des cris dans la douleur de votre cœur,

et dans le brisement de votre esprit vous pousserez des hurlements.

15. Et vous laisserez votre nom à mes serviteurs comme un objet d’imprécation ;

et le Seigneur Dieu te détruira,

et il appellera ses serviteurs d’un autre nom,

16. Dans lequel celui qui est béni

sur la terre sera béni dans le Dieu de vérité,

et celui qui jure sur la terre

jurera par le Dieu de vérité ;

parce qu’à l’oubli ont été livrées les premières angoisses,

et qu’elles ont été cachées à ma face.

17. Car voici que je crée des cieux nouveaux

et une terre nouvelle ;

les choses passées ne seront pas dans la mémoire,

et elles ne monteront pas sur le cœur.

18. Mais vous vous réjouirez, vous exulterez à jamais

dans les choses que je crée ;

parce que voici que je crée Jérusalem exultation,

et son peuple joie.

19. Et j’exulterai en Jérusalem,

et je me réjouirai en mon peuple ;

et on n’y entendra plus

la voix du pleur et la voix du cri.

20. Il n’y aura plus là d’enfants de peu de jours,

et de vieillard qui ne remplisse ses jours ;

parce que l’enfant mourra à cent ans,

et que le pécheur de cent ans sera maudit.

21. Et ils bâtiront des maisons et ils les habiteront ;

ils planteront des vignes et ils en mangeront les fruits.

22. Ils ne bâtiront pas pour qu’un autre habite ;

ils ne planteront pas pour qu’un autre mange ;

car à l’égal des jours de l’arbre, seront les jours de mon peuple ;

et les ouvrages de leurs mains auront une longue durée ;

23. Mes élus ne travailleront pas en vain,

et ils n’engendreront pas dans le trouble ;

parce qu’ils sont la race des bénis du Seigneur,

et que leurs descendants seront bénis avec eux.

24. Et il arrivera qu’avant qu’ils crient, moi je les exaucerai ;

eux parlant encore, j’écouterai.

25. Le loup et l’agneau paitront ensemble ;

le lion et le bœuf mangeront la paille,

et pour le serpent, la poussière sera son pain ;

ils ne nuiront point, et ils ne tueront point

sur toute ma montagne sainte, dit le Seigneur.

~

CHAP. LXV. 1. Rom. X, 20. — 12. Prov. I, 24 ; Infra. LXVI, 4 ; Jer. VII, 13. — 17. Infra. LXVI, 22 ; II Petr. III, 13 ; Apoc. XXI, 1. — 24. Ps. XXXI, 5. — 25. Supra. XI, 6-9.

 

1-25. * 8e Discours : Réponse de Dieu à la prière de son peuple, LXV. — 2° Dieu répond d’abord par une parole de condamnation contre les endurcis qui ne se convertissent point, 1-7 ; quant à ceux qui reviennent à lui, il leur rend ses bonnes grâces, 8-10. Ceux qui continuent à adorer les faux dieux périront sans merci, 11-16, mais les justes seront comblés de biens, 17-25.

1. Ils m’ont cherché, etc. Saint Paul (Rom. X, 20) applique ceci à la conversion des Gentils.

2. J’ai étendu, etc. Saint Paul (Rom. X, 21) explique ce passage des Juifs au temps de Jésus-Christ.

3. Qui immolent. Ce verbe et les suivants sont au pluriel dans l’hébreu aussi bien que dans la Vulgate, parce qu’ils ont pour sujet le mot peuple, qui est un nom collectif. — Dans les jardins ; c’est-à-dire dans les bocages, les bois sacrés, où les païens rendaient un culte à Vénus, à Adonis et à Priape. Compar. I, 29 ; Os. IV, 13. — Sacrifient sur des briques ; sur des autels de briques ; ce qui était contraire à la loi (Ex. XX, 24-25) ; ou sur des autels érigés sur les plates-formes des toits, qui étaient pavées de briques. Compar. IV Reg. XXIII, 12 ; Jer. XIX, 13 ; XXXII, 29 ; Soph. I, 5.

4. Qui habitent, etc. ; qui fréquentent les sépulcres, pour y exercer la nécromancie. — Qui dorment, etc. ; qui, selon la remarque de saint Jérôme, passent la nuit dans les temples, sur des peaux de victimes immolées, afin d’y avoir des songes qui leur fassent connaitre l’avenir. — Qui mangent, etc. La chair de porc était défendue aux Juifs (Lev. XI, 7). — Du jus profane ; soit celui de la chair de porc, ou de toute autre viande défendue.

5. Qui disent ; à un gentil.

6. Je verserai dans leur sein ; je verserai dans leur sein ce qu’ils méritent. On retrouve une locution semblable, Ps. LXXVIII, 12 ; Jer. XXXII, 18 ; Luc. VI, 38.

10. * La vallée d’Achor. Voir Jos. VII, 24.

11. * À la Fortune, en hébreu, Gad, qui était considéré par les Chananéens comme le dieu de la fortune.

16. Le Dieu de vérité ; littér. le Dieu d’amen ; en hébreu, amen signifie, en effet vérité, fidélité dans les promesses.

17-19. Car voici, etc. Saint Jean décrit sous de semblables symboles le Royaume des élus de Dieu (Apoc. XXI, 1-5)

18. Je crée Jérusalem, etc. ; je vais faire de Jérusalem une ville d’exultation, et de son peuple un peuple de joie.

20. Parce que l’enfant mourra, etc. ; c’est-à-dire, c’est parce qu’il ne mourra qu’à cent ans, que l’enfant ne vivra pas seulement peu de jours. L’hébreu dit : « Il n’y aura plus d’enfant né pour peu de jours et ce sera mourir jeune que de mourir centenaire. »

22. À l’égal… ; les jours de mon peuple seront aussi nombreux que ceux des arbres de longue durée, tels que chêne, cèdre, etc. Toutes ces expressions, pleines de mystères, sont une image vive et fidèle de la vie éternelle des élus dans le ciel, vie semblable sous ce rapport à celle de Jésus-Christ, qui est l’arbre dont parle saint Jean (Apoc. II, 7).

25. Pain ; ce mot est mis souvent dans l’Écriture pour nourriture en général.

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CHAPITRE LXVI

Temple et sacrifice des Juifs rejetés. Vengeance du Seigneur contre ce peuple. Sion enfante un peuple fidèle. Le Seigneur se fait connaitre aux nations. Race nouvelle qui subsistera éternellement.

1. Voici ce que dit le Seigneur : Le ciel est mon trône,

et la terre l’escabeau de mes pieds ;

quelle est cette maison que vous me bâtirez ?

et quel est ce lieu de mon repos ?

2. Toutes ces choses, c’est ma main qui les a faites,

et elles ont été faites toutes,

dit le Seigneur ;

mais vers qui porterai-je mes regards, sinon vers le pauvre

et celui qui a l’esprit contrit, et qui tremble à mes paroles ?

3. Celui qui immole un bœuf est comme celui qui tuerait un homme ;

celui qui sacrifie une bête de menu bétail est comme celui qui ôterait la cervelle à un chien ;

celui qui fait une oblation est comme celui qui offrirait du sang de porc ;

celui qui se souvient de bruler de l’encens est comme celui qui adorerait une idole.

Ils ont choisi toutes ces choses dans leurs voies ;

et dans leurs abominations leur âme s’est délectée.

4. D’où moi aussi je choisirai pour eux les railleries ;

et ce qu’ils craignaient, je l’amènerai sur eux ;

parce que j’ai appelé, et il n’y avait personne qui répondît ;

j’ai parlé, et ils n’ont pas écouté ;

ils ont fait le mal à mes yeux ;

et ce que je n’ai pas voulu, ils l’ont choisi.

5. Écoutez la parole du Seigneur,

vous qui tremblez à sa parole ;

vos frères qui vous haïssent,

et qui vous rejettent à cause de mon nom, ont dit :

Que la gloire du Seigneur se montre ;

et nous le reconnaitrons à votre joie ;

mais eux, ils seront confondus.

6. Une voix du peuple sort de la cité,

une voix s’élève du temple,

c’est la voix du Seigneur

qui rendra rétribution à ses ennemis.

7. Avant qu’elle fut en travail, elle a enfanté ;

avant que vînt le temps de son enfantement,

elle a enfanté un enfant mâle.

8. Qui a jamais ouï une telle chose ?

et qui a vu rien de semblable à cela ?

est-ce que la terre engendrera en un seul jour ?

ou toute une nation sera enfantée en même temps,

parce que Sion a été en travail

et qu’elle a enfanté ses fils ?

9. Est-ce que moi, qui fais enfanter les autres, je n’enfanterai pas moi-même,

dit le Seigneur ?

est-ce que moi, qui donne la génération aux autres, je demeurerai stérile,

dit le Seigneur ton Dieu ?

10. Livrez-vous à la joie avec Jérusalem, exultez en elle,

vous tous qui l’aimez ;

réjouissez-vous avec elle,

vous tous qui pleurez sur elle ;

11. Afin que vous suciez, et que vous soyez rassasiés

à la mamelle de sa consolation ;

afin que vous tétiez et que vous regorgiez des délices

de sa gloire qui est de toute sorte.

12. Car voici ce que dit le Seigneur :

Voilà que moi j’amènerai sur elle comme un fleuve de paix,

et comme un torrent qui se déborde, la gloire des nations,

laquelle vous sucerez ;

à la mamelle vous serez portés,

et sur les genoux on vous caressera.

13. Comme quelqu’un que sa mère caresse,

de même moi je vous consolerai ;

et c’est dans Jérusalem que vous serez consolés.

14. Vous verrez et votre cœur se réjouira,

et vos os comme l’herbe germeront ;

et l’on connaitra que la main du Seigneur est pour ses serviteurs,

et il sera indigné contre ses ennemis.

15. Parce que voilà que le Seigneur viendra dans le feu,

et ses quadriges seront comme la tempête,

pour répandre dans son indignation sa fureur,

et ses reproches dans une flamme de feu ;

16. Parce que le Seigneur jugera dans le feu

et avec son glaive toute chair ;

et ils seront bien nombreux, ceux qui seront tués par le Seigneur.

17. Ceux qui se sanctifiaient et croyaient se rendre purs dans leurs jardins,

derrière la porte, en dedans ;

qui mangeaient de la chair de porc,

et des abominations, et des rats

seront consumés tous ensemble, dit le Seigneur.

18. Mais moi je viens afin de recueillir leurs œuvres et leurs pensées,

et de les rassembler

avec toutes les nations et les langues ;

ils viendront et ils verront ma gloire.

19. Je poserai un étendard parmi eux,

et j’enverrai ceux d’entre eux qui auront été sauvés, vers les nations,

vers la mer, en Afrique et en Lydie, qui tend la flèche ;

dans l’Italie et la Grèce,

dans les iles au loin,

vers ceux qui n’ont pas entendu parler de moi,

et n’ont pas vu ma gloire.

Et ils annonceront ma gloire aux nations,

20. Et ils amèneront tous vos frères

de toutes les nations

comme un don au Seigneur,

sur des chevaux, sur des quadriges et sur des litières,

sur des mulets et sur des charriots,

à ma montagne sainte,

Jérusalem, dit le Seigneur,

comme si les fils d’Israël portaient un présent

dans un vase pur dans la maison du Seigneur.

21. Et j’en prendrai d’entre eux

pour prêtres et lévites, dit le Seigneur.

22. Parce que comme les cieux nouveaux et la terre nouvelle,

que je fais subsister devant moi, dit le Seigneur,

ainsi subsisteront votre race et votre nom.

23. Et il arrivera que de mois en mois,

et de sabbat en sabbat,

toute chair viendra afin d’adorer devant ma face,

dit le Seigneur.

24. Et ils sortiront, et ils verront les cadavres

des hommes qui ont prévariqué contre moi ;

leur ver ne mourra pas,

et leur feu ne s’éteindra pas,

ils seront un objet de regard jusqu’à satiété pour toute chair.

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CHAP. LXVI. 1. Act. VII, 49 ; XVII, 24. — 4. Prov. I, 24 ; Supra. LXV, 12 ; Jer. VII, 13. — 16. Sap. XVI, 20-21. — 22. Supra. XXX, 26 ; Apoc. XXI, 1. — 24. Marc. IX, 45.

 

1-24. * 9e Discours : Exclusion des impénitents du royaume de Dieu, LXVI. — 3° Le Prophète s’adresse, au nom de Dieu, à tous les exilés qui s’apprêtent à retourner dans leur patrie. Il leur dit d’abord à tous, sans distinction, que le Seigneur étant le créateur du ciel et de la terre, n’a pas besoin d’une maison faite de main d’homme ; il repousse ensuite tous les pécheurs et leurs sacrifices, 1-6 ; mais Sion n’en aura pas moins de nombreux enfants que Dieu fera naitre miraculeusement, 7-9, et qu’il traitera avec bonté et avec un amour maternel, 10-14. Quant aux nations infidèles et aux Juifs incrédules, il les jugera dans son indignation, 15-18. Cependant quelques Israélites resteront pour prêcher sa gloire parmi les Gentils et ramener à Dieu une partie de leurs frères, 19-20 ; les Gentils eux-mêmes deviendront son peuple et lui fourniront des prêtres, 21 ; il y aura un nouvel Israël qui vivra à jamais devant lui comme le nouveau ciel et la nouvelle terre ; toute chair l’adorera ; un châtiment éternel punira ceux qui n’auront point fait partie de l’Église, 22-24 ; voir Marc. IX, 43, 45, 47.

2. Qui tremble à mes paroles (treméntem sermones meos). Le verbe trembler étant neutre, l’accusatif sermones meos ne peut être qu’une expression adverbiale ; c’est pour cela que nous avons ajouté dans notre traduction à, qui se trouve d’ailleurs exprimé dans une phrase parallèle au vers. 5.

3. Oblation ; c’est-à-dire offrande de fleur de farine. — Ils ont choisi, etc. ; ils n’ont fait en toutes ces choses que leur pure volonté, et ils n’y ont cherché que leur pure satisfaction. Ils se sont imaginés que Dieu fermerait les yeux à leur idolâtrie pendant qu’ils continueraient à lui offrir des sacrifices. Isaïe leur a déjà fait ces reproches, I, 11 et suiv. ; LVIII, 3 et suiv.

4. J’ai appelé, etc. Compar. LXV, 12.

6. Rendra rétribution. Voy. Eccli. XVII, 19.

7. Elle ; c’est-à-dire Sion, comme le montre la suite du discours. — Un enfant mâle. Cet enfant mâle subitement sorti du sein de Sion représente le peuple chrétien, sorti subitement de la synagogue, plein de force et d’une mâle vigueur ; tels furent surtout les apôtres et les martyrs de l’Église de Jésus-Christ.

11. Qui est de toute sorte (omnimoda) ; comp. avec Sap. XVI, 20-21.

15. Pour répandre. Le texte hébreu exprime la particule pour omise dans la Vulgate.

16. Dans le feu ; environné de feu. Compar. Ps. XLIX, 3 ; XCVI, 3, et II Thess. I, 8, où saint Paul semble faire allusion à ce passage d’Isaïe.

17. Ils se sanctifiaient ; ils croyaient se sanctifier, se purifier de leurs crimes en se baignant dans leurs jardins, tandis que ces sortes de bains n’étaient établis que pour laver certaines souillures légales et extérieures ; c’est l’explication de saint Jérôme et de plusieurs autres interprètes. — Des abominations ; c’est-à-dire d’autres animaux que la loi mosaïque déclarait impurs, outre le porc et le rat ici nommés. Voy. Lev. XI.

19. Lydie, qui tend la flèche ; littér. qui tendent (tendéntes) ; ce pluriel, qui se trouve aussi dans le texte original, vient de ce que le mot Lydie désigne ici, non le pays, le sol, mais les habitants, les Lydiens ; hébraïsme dont la Bible fournit d’autres exemples. Jérémie (XLVI, 9) nous dépeint les Lydiens saisissant leurs carquois et lançant leurs flèches. — La flèche (sagittam) ; au lieu de flèche l’hébreu porte arc. — Quant aux envoyés qui doivent se répandre parmi tous les peuples du monde pour leur annoncer la gloire du Seigneur, ce sont évidemment les apôtres de Jésus-Christ.

20. Comme si les fils d’Israël, etc. D’après la loi, les Israélites devaient porter au temple en cérémonie les prémices des fruits (Deut. XXVI, 1 et suiv.).

21. Et j’en prendrai, etc. Voici le sacerdoce de la loi nouvelle bien marqué, à l’exclusion du sacerdoce de la loi ancienne, qui était attaché à la famille de Lévi et à la race d’Aaron. Plus de distinction de familles, plus de prérogatives pour aucune race particulière. Le Seigneur choisira ses prêtres et ses lévites parmi les étrangers mêmes qu’il aura convertis et amenés à son Église. Les Juifs ne sauraient éluder le sens d’une prophétie si claire.

22. Les cieux nouveaux, etc. Voy. supra LXV, 17-19.

24. Leur ver, etc. Jésus-Christ explique ces paroles des peines de l’enfer, où le remords de la conscience des damnés est comme un ver intérieur qui les ronge, ne meurt pas, et où le feu qui les tourmente ne s’éteint pas (Marc. IX, 43, 45, 47).

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