María auxiliátrix


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II MACHABÆÓRUM

II MACHABÉES

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II Machabæórum - Summárium

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER

Lettre des Juifs de Judée à ceux d’Égypte, pour leur recommander de célébrer la fête de la nouvelle dédicace du temple. Autre lettre pour les exhorter à célébrer avec eux la fête de la nouvelle dédicace du temple et celle du recouvrement du feu sacré.

CHAPITRE II

Suite de la lettre précédente, où se trouvent diverses particularités arrivées au temps de la transmigration des Juifs à Babylone. Préface où l’auteur de ce livre expose son dessein.

CHAPITRE III

Bonheur des Juifs sous le pontificat d’Onias III. Simon, préfet du temple, fait savoir à Seléucus, roi de Syrie, qu’il y a de grands trésors dans le temple. Heliodorus est envoyé pour les enlever. Dieu le châtie par la main des anges.

CHAPITRE IV

Calomnies de Simon. Jason obtient à prix d’argent la souveraine sacrificature. Il commet toutes sortes d’impiétés. Antiochus est reçu à Jérusalem ; Menelaüs supplante Jason. Il est accusé devant Antiochus et laisse à sa place Lysimaque. Onias reprend Menelaüs, et est tué par Andronicus. Antiochus venge la mort d’Onias. Lysimaque est tué par le peuple. Menelaüs rachète sa vie par une somme d’argent.

CHAPITRE V

Antiochus se prépare à marcher contre l’Égypte. Prodiges effrayants qui paraissent dans l’air au-dessus de Jérusalem. Expédition de Jason contre Jérusalem ; sa fuite et sa fin malheureuse. Antiochus marche contre Jérusalem ; violences qu’il y exerce. Il y envoie Apollonius, qui exerce de nouvelles cruautés. Judas Machabée se retire dans le désert.

CHAPITRE VI

Antiochus force les Juifs d’abandonner les lois de Dieu pour embrasser le culte des idoles. Cruautés exercées contre les Juifs fidèles à la loi du Seigneur. Dessein de Dieu en permettant ces maux. Martyre du saint vieillard Eléazar.

CHAPITRE VII

Martyre des sept frères Machabées et de leur mère.

CHAPITRE VIII

Judas Machabée fortifie son parti et attaque les ennemis. Nicanor et Gorgias sont envoyés contre lui. Il exhorte les siens à combattre avec courage. Il met en fuite l’armée ennemie. Il continue de rapporter de grands avantages. Nicanor s’enfuit à Antioche.

CHAPITRE IX

Antiochus revient de Perse. Il apprend la défaite de ses généraux par les Juifs. Il jure la perte de ce peuple. Dieu le frappe et le force de confesser sa propre faiblesse. Vaine protestation d’Antiochus. Lettre qu’il écrit aux Juifs. Il meurt misérablement. Philippe transporte son corps.

CHAPITRE X

Purification du temple par Judas Machabée. Lýsias régent du royaume de Syrie sous Antiochus Eupator. Mort de Ptolémée Macron. Courses de Gorgias sur les Juifs. Victoires de Judas sur les Iduméens. Défaite de Timothée. Prise de Gazara.

CHAPITRE XI

Lýsias vient en Judée avec une armée nombreuse. Les Juifs invoquent le Seigneur et remportent la victoire. Lýsias leur demande la paix ; Judas l’accorde. Lettre de Lýsias aux Juifs. Lettre d’Antiochus Eupator à Lýsias et aux Juifs. Lettre des Romains aux Juifs.

CHAPITRE XII

Les Juifs sont persécutés par les gouverneurs des pays voisins de la Judée. Expédition de Judas contre les habitants de Joppe, et contre ceux de Jamnia. Il marche contre Timothée, au delà du Jourdain. Il défait l’armée de Timothée. Il revient à Scythopolis. Il marche contre Gorgias, et le met en fuite. Oblation pour les Juifs qui avaient été tués dans ce combat.

CHAPITRE XIII

Antiochus Eupator marche contre les Juifs avec une puissante armée. Il fait mourir Menelaüs. Judas jette le trouble dans le camp des ennemis. Siège de Bethsura. Paix entre Eupator et les Juifs.

CHAPITRE XIV

Demétrius, fils de Seléucus, vient se remettre en possession du royaume de Syrie. Alcimus l’irrite contre Judas. Il envoie Nicanor contre les Juifs. Nicanor fait la paix avec Judas. Alcimus la trouble. Demétrius ordonne à Nicanor de lui envoyer Judas lié et garroté. Judas se retire. Nicanor blasphème contre le temple. On accuse auprès de lui Razias ; mort glorieuse de ce vieillard.

CHAPITRE XV

Nicanor veut attaquer les Juifs. Il blasphème contre le Seigneur. Judas exhorte les siens ; il leur rapporte une vision qu’il a eue. Il défait l’armée de Nicanor. Nicanor est trouvé tué sur le champ de bataille ; sa tête et sa main sont suspendues à la vue de tous. Actions de grâces rendues et fête instituée en l’honneur de cette victoire.

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INTRODUCTION

Le second livre des Machabées n’est pas la suite du premier : c’est une œuvre complète en soi et indépendante, quoique racontant en partie les mêmes évènements. Elle se divise en deux parties très distinctes, de nature diverse et d’inégale longueur, mais tendant l’une et l’autre au même but. La première, I-II, 19, est un simple recueil de documents ; elle contient deux lettres adressées : 1° par les habitants de Jérusalem aux Juifs d’Égypte, pour les inviter à la fête des Tabernacles, I, 1-10a ; 2° par le sanhédrin à Aristobule, précepteur de Ptolémée VI, et aux Juifs d’Égypte pour leur annoncer la mort d’Antiochus III le Grand et quelques autres évènements importants ; elle se termine par une invitation à participer à la fête des Tabernacles, I, 10b-II, 19.

2° La seconde partie est l’histoire proprement dite. Après une préface, II, 20-33, dans laquelle il indique qu’il va résumer les cinq livres de Jason de Cyrène, l’auteur raconte en deux sections, cf. II, 23 : 1° les évènements de l’histoire juive qui se sont accomplis sous le règne d’Antiochus Épiphane et en particulier ses persécutions, III-X, 9 ; 2° les évènements qui se rapportent au règne d’Antiochus Eupator, X, 10-XV. Chacune des deux sections se termine par la mention de l’institution d’une fête, X, 6 ; XV, 36-37. — Ce livre embrasse une période de quinze ans, de 175 à 161 avant J.-C., c’est-à-dire de la dernière année ou à peu près de Seléucus IV, mort en 175, à la mort de Nicanor en 161.

Il a été écrit en grec, comme l’atteste S. Jérôme. À part quelques hébraïsmes que l’on rencontre chez tous les écrivains juifs qui ont rédigé leurs ouvrages en grec, le style est pur et, pour le fond, semblable à celui des écrivains profanes du dernier siècle avant J.-C. La phrase est arrondie, coulante et riche en locutions véritablement grecques.

Des réflexions dont l’auteur parsème son récit, il résulte qu’il n’écrit pas seulement pour raconter, mais aussi pour instruire et édifier. Les deux lettres qu’il rapporte en commençant, dans sa première partie, n’ont pas uniquement pour but de donner une première vue d’ensemble sur les évènements qu’il rapportera ensuite plus au long, mais aussi d’exciter les Juifs à la célébration des fêtes religieuses et à l’assistance aux sacrifices offerts en l’honneur de Dieu dans le temple. Faire ressortir la sainteté de la maison du Seigneur est une des choses qu’il a le plus à cœur et comme le but principal de son œuvre ; il exalte le temple par toute sorte d’épithètes ; il montre les étrangers lui rendant honneur ; il raconte tous les traits qui peuvent en rehausser la gloire et l’éclat ; les deux fêtes instituées par Judas Machabée, en mémoire de la purification du temple et de la victoire sur Nicanor qui avait insulté la maison de Dieu, sont comme le pivot de son récit, car chacune de ses deux parties se termine par la mention de ces jours commémoratifs ; il conclut même son ouvrage, après avoir parlé de la dernière, sans nous faire connaitre la fin de Judas. À une époque où les Juifs étaient dispersés partout, il était d’une extrême importance, pour la conservation de leur religion, qu’ils n’oubliassent point la sainteté du temple, qu’ils n’en érigeassent point à l’étranger et qu’ils contractassent l’habitude du pèlerinage à Jérusalem. L’auteur était un Juif helléniste, qui avait vécu ou vivait à Jérusalem, mais il est d’ailleurs complètement inconnu.

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DEUXIÈME LIVRE DES MACHABÉES

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CHAPITRE PREMIER

Lettre des Juifs de Judée à ceux d’Égypte, pour leur recommander de célébrer la fête de la nouvelle dédicace du temple. Autre lettre pour les exhorter à célébrer avec eux la fête de la nouvelle dédicace du temple et celle du recouvrement du feu sacré.

1. Aux Juifs leurs frères qui sont répandus en Égypte, les Juifs qui sont dans Jérusalem et dans le pays de Judée, disent salut et heureuse paix.

2. Que Dieu bien vous fasse ; qu’il se souvienne de l’alliance qu’il a contractée avec Abraham, Isaac et Jacob ; qu’il se souvienne de ses serviteurs fidèles.

3. Qu’il vous donne à tous un cœur, afin que vous l’adoriez, et que vous fassiez sa volonté avec un cœur grand, et un esprit docile.

4. Qu’il ouvre votre cœur à sa loi et à ses préceptes, et qu’il vous donne la paix.

5. Qu’il exauce vos prières, et qu’il se réconcilie avec vous et qu’il ne vous abandonne point au temps mauvais.

6. Et maintenant nous sommes ici priant pour vous.

7. Demétrius régnant, en l’année cent soixante-neuvième, nous, Juifs, nous vous avons écrit, dans la tribulation et l’agitation qui nous survint durant ces années, depuis que Jason se fut retiré de la terre sainte et du royaume.

8. Ils brulèrent la porte du temple et répandirent le sang innocent ; et nous priâmes le Seigneur, et nous fumes exaucés, et nous offrîmes le sacrifice et la fleur de farine, et nous allumâmes les lampes, et nous exposâmes les pains.

9. Et maintenant célébrez la fête de la scénopégie du mois de Casleu.

10. En l’année cent quatre-vingt-huitième, le peuple qui est dans Jérusalem et dans la Judée, le Sénat et Judas, à Aristobule, précepteur du roi Ptolémée, de la race des prêtres sacrés, et aux Juifs qui sont en Égypte, salut et prospérité.

11. Délivrés de grands périls par Dieu, nous lui rendons aussi grandement grâce, attendu que nous avons combattu contre un tel roi.

12. Car ce fut lui qui fit sortir de Perse ceux qui combattirent contre nous et la sainte cité.

13. Car lorsque ce chef lui-même était en Perse, et avec lui une armée très considérable, il périt dans le temple de Nanéa, trompé par le conseil des prêtres de Nanéa.

14. Car Antiochus y vint avec ses amis pour épouser la déesse et afin de recevoir de grandes sommes d’argent à titre de dot.

15. Et lorsque les prêtres de Nanéa les eurent présentées et que lui-même fut entré avec peu de gens dans l’intérieur du lieu sacré, ils refermèrent le temple,

16. Lorsque Antiochus fut entré, puis ayant ouvert l’entrée secrète du temple, ils lancèrent des pierres et frappèrent le chef et ceux qui étaient avec lui, et ceux qui l’accompagnaient, et le déchirèrent membre par membre, et leur ayant coupé la tête, ils les jetèrent dehors.

17. Béni soit Dieu en toutes choses, lui qui a livré les impies.

18. Devant donc faire au vingt-cinquième jour du mois de Casleu la purification du temple, nous avons cru nécessaire de vous le faire savoir, afin que vous aussi, vous célébriez le jour de la scénopégie et le jour du feu qui fut donné, quand Néhémie, le temple ayant été bâti ainsi que l’autel, offrit des sacrifices.

19. Car lorsque nos pères furent emmenés en Perse, les prêtres alors occupés au service divin, ayant pris secrètement le feu qui était sur l’autel, le cachèrent dans une vallée, où il y avait un puits profond et desséché ; et ils l’y mirent en sureté, de telle sorte que ce lieu demeurât inconnu à tous.

20. Mais lorsque beaucoup d’années se furent écoulées, il plut à Dieu que Néhémie fût envoyé en Judée par le roi de Perse ; il envoya les petits-fils de ces prêtres qui avaient caché le feu, pour le chercher, et comme ils nous l’ont raconté, ils ne trouvèrent point le feu, mais seulement une eau épaisse.

21. Et le prêtre Néhémie leur commanda de puiser cette eau et de la lui apporter ; et il leur commanda d’asperger avec cette eau et sur les victimes qui avaient été mises sur l’autel, et sur le bois, et sur ce qui avait été mis dessus.

22. Et dès que cela fut fait, et qu’arriva le temps auquel resplendit le soleil, qui était auparavant dans un nuage, il s’alluma un grand feu, en sorte que tous furent dans l’admiration.

23. Cependant tous les prêtres faisaient la prière jusqu’à ce que le sacrifice fût consumé, Jonathas commençant et les autres répondant.

24. Et la prière de Néhémie était ainsi : Seigneur, Dieu créateur de toutes choses, terrible et fort, juste et miséricordieux, qui seul êtes bon roi.

25. Seul excellent, seul juste, et tout-puissant, et éternel, qui délivrez Israël de tout mal, qui avez choisi nos pères et les avez sanctifiés ;

26. Recevez ce sacrifice pour tout votre peuple Israël, conservez votre portion, et la sanctifiez.

27. Rassemblez nos frères dispersés, délivrez ceux qui sont esclaves des gentils, et regardez ceux qui sont méprisés et abominés, afin que les nations sachent que c’est vous qui êtes notre Dieu.

28. Affligez ceux qui nous oppriment et qui nous outragent avec orgueil.

29. Établissez votre peuple dans votre lieu saint, comme a dit Moïse.

30. Cependant les prêtres chantaient des hymnes, jusqu’à ce que le sacrifice fût consumé.

31. Mais, lorsque le sacrifice fut consumé, Néhémie commanda que le reste de l’eau fut versé sur les grandes pierres.

32. Dès que cela eut été fait, il s’y alluma une grande flamme : mais par une lumière qui resplendit de l’autel elle fut consumée.

33. Mais dès que la chose devint publique, on rapporta au roi de Perse que dans le lieu dans lequel les prêtres qui avaient été emmenés captifs avaient caché le feu sacré, avait paru une eau dont Néhémie et ceux qui étaient avec lui avaient purifié les sacrifices.

34. Or, le roi considérant et examinant soigneusement la chose, afin de vérifier ce qui s’était passé, fit bâtir en ce même lieu un temple.

35. Et lorsqu’il eut vérifié ce qui s’était passé, il donna aux prêtres de grands biens, et leur fit divers présents, et les prenant de sa propre main, il les leur distribuait.

36. Or Néhémie appela ce lieu Nephthar, qui signifie purification. Mais il est appelé par la plupart Nephi.

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CHAP. I. 29. Deut. XXX, 3, 5 ; Infra. II, 18.

 

2. De ses serviteurs fidèles étant au génitif (servorum suorum fidélium), représente nécessairement le complément du verbe qu’il se souvienne (meminerit) ; voilà pourquoi dans notre traduction nous avons répété ce verbe.

7. L’année cent soixante-neuvième du règne des Grecs, la cent-quarante-deuxième avant Jésus-Christ. — * Demétrius II Nicator. Voir I Mach. X, 67. — Jason. Voir plus loin, IV, 7.

8. Ils brulèrent, etc. Voy. I Mach. I, 39 et suiv. ; VI, 49 et suiv. — Nous offrîmes, etc. Compar. I Mach. IV, 56 et suiv.

9-10. * La date qui est donnée au commencement du vers. 10, l’an 188 de l’ère des Séleucides, est celle de la lettre contenue dans les vers. 1-9 et non celle de la lettre, qui commence dans le vers. 10, aux mots : Le peuple, etc. Cette seconde lettre ne porte pas de date.

9. La scénopégie, voyez I Mach. X, 21. Compar. II Mach. X, 6 et suivants. — Casleu. Voy. I Mach. I, 57.

10. L’année cent quatre-vingt-huitième ; la cent vingt-troisième avant Jésus-Christ. — Judas, eu égard au temps, ne saurait être Judas Machabée, mais ce pourrait être Judas l’Essénien, prophète célèbre dont parle Josèphe (Antiq., l. XIII, c. XIX). — Salut (salutem), etc. Voy. I Mach. X, 18. — * Aristobule, précepteur du roi Ptolémée VI Philométor (181-246), est le philosophe péripatéticien de ce nom qui dédia à Ptolémée VI son exposition allégorique du Pentateuque.

11. Contre un tel roi : Antiochus Sidètes, selon la plupart des interprètes, ou Antiochus Épiphane suivant quelques-uns. — * Ou plutôt Antiochus III le Grand (222-187) qui, d’après le récit des auteurs profanes, périt massacré par les habitants d’une ville de Perse dont il voulait piller le temple. Les Romains, après l’avoir complètement battu à Magnésie, lui avaient imposé un lourd tribut qu’il était hors d’état de payer. Voir I Mach. VIII, 6-7.

12. De Perse. Les Juifs, du temps de l’auteur de ce livre, comprenaient sous le nom de Perse, tout le pays situé au-delà de l’Euphrate. — * Le mot de Perse ne se lit pas dans le texte grec ; il se trouve seulement au vers. 13.

13. Nanéa, déesse des Perses, la Diane des Grecs.

14. * Avec ses amis. Voir I Mach. II, 18.

18. Devant donc, etc. Voy. vers. 9. — Le jour du feu, etc., c’est-à-dire, la fête de la découverte du feu sacré au temps de Néhémie.

19. En Perse, c’est-à-dire, en Chaldée. Voy. vers. 12. — * D’après une tradition, le puits profond serait le puits appelé aujourd’hui Bir Eyoub, ou puits de Job, à l’endroit où la vallée d’Hinnom se joint avec la vallée du Cedron.

20. Il plut (placuit) est précédé de et ; mais cette particule est ici purement pléonastique ; elle ne sert qu’à marquer l’apodose. Bien qu’elle ne puisse s’exprimer en français, elle a le sens de alors, dans ce cas, cela supposé. — * Néhémie fut envoyé par le roi de Perse Artaxérxes Longuemain. Voir l’Introduction au second livre d’Esdras.

23. * Jonathas, grand prêtre du temps de Néhémie, II Esd. XII, 11.

26. Votre portion, votre héritage, votre peuple Israël.

29. Comme a dit Moïse. Voy. Deut. XXX, 3 et suiv.

32. Il s’y alluma, sur les pierres arrosées d’eau (vers. 31).

34. * Au lieu de fit bâtir en ce même lieu un temple, le grec porte : il rendit ce lieu saint, sacré, inviolable.

36. Nephi est probablement une corruption de Nephthar ; le grec lit Nephtæï. Le mot Nephthar parait être lui-même une corruption de Nechphar, dérivé du verbe hébreu câphar, dont on trouve (Deut. XXI, 8), la forme niccapher, pour nithcaphêr, qui signifie il a été expié.

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CHAPITRE II

Suite de la lettre précédente, où se trouvent diverses particularités arrivées au temps de la transmigration des Juifs à Babylone. Préface où l’auteur de ce livre expose son dessein.

1. Or on trouve, dans les écrits du prophète Jérémie, qu’il commanda à ceux qui émigraient de prendre le feu sacré, comme on l’a indiqué auparavant, et comme il avait commandé aux émigrés précédents.

2. Et il leur donna la loi, afin qu’ils n’oubliassent pas les préceptes du Seigneur, et que leur esprit ne les égarât point, lorsqu’ils verraient les idoles d’or et d’argent et leurs ornements.

3. Et disant d’autres choses de cette sorte, il les exhortait à ne pas éloigner la loi de leur cœur.

4. Il était aussi marqué, dans le même écrit, comment le prophète, une réponse divine lui ayant été faite, commanda qu’on apportât avec lui le tabernacle et l’arche, jusqu’à ce qu’il fut arrivé à la montagne, sur laquelle Moïse monta et vit l’héritage de Dieu.

5. Et venant là, Jérémie trouva un lieu où était une caverne ; et il y porta le tabernacle, l’arche et l’autel des parfums ; et il boucha l’entrée.

6. Or quelques-uns de ceux qui l’avaient suivi s’approchèrent ensemble, afin de remarquer le lieu, et ils ne purent le trouver.

7. Mais dès que Jérémie le sut, il les blâma, et dit : Ce lieu sera inconnu jusqu’à ce que Dieu rassemble tout le peuple, et qu’il lui soit propice ;

8. Et alors le Seigneur montrera ces choses, et la majesté du Seigneur apparaitra, et il y aura une nuée, et comme lorsque cette majesté était manifestée à Moïse et comme lorsque Salomon demanda que le temple fut sanctifié pour le grand Dieu, il les manifestait.

9. Car il relevait magnifiquement sa sagesse, et c’est comme un homme possédant la sagesse qu’il offrit le sacrifice de la dédicace et de la consommation du temple.

10. Et de même que Moïse priait le Seigneur, et qu’un feu descendit du ciel et consuma l’holocauste, de même aussi Salomon pria, et le feu descendit du ciel et consuma l’holocauste.

11. Et Moïse dit : Parce que ce qui était offert pour le péché n’a point été mangé, il a été consumé par le feu ;

12. Pareillement aussi, Salomon célébra pendant huit jours la dédicace du temple.

13. Or ces mêmes choses étaient portées dans les écrits, et dans les mémoires de Néhémie, ainsi que la manière dont il forma une bibliothèque, et rassembla de diverses contrées les livres, et des prophètes, et de David, et les lettres des rois, et ce qui regardait les dons faits au temple.

14. Pareillement aussi, Judas a recueilli tout ce qui s’était perdu pendant la guerre qui nous était arrivée, et ces écrits sont chez nous.

15. Si donc vous les désirez, envoyez-nous des personnes qui vous les portent.

16. C’est pourquoi, devant célébrer la purification, nous vous avons écrit ; vous ferez donc bien si vous célébrez ces jours.

17. Or Dieu, qui a délivré son peuple, et a rendu leur héritage à tous, et a rétabli le royaume, le sacerdoce et le lieu saint,

18. Comme il l’a promis dans la loi, nous espérons que bientôt il aura pitié de nous, et rassemblera de dessous le ciel, dans le lieu saint :

19. Car il nous a délivrés de grands périls, et il a purifié le saint lieu.

20. Mais quant à Judas Machabée et ses frères, et à la purification du grand temple, et à la dédicace de l’autel,

21. Et aussi les combats qui ont eu lieu sous Antiochus le Noble et sous son fils Eupator ;

22. Et les apparitions qui sont venues du ciel en faveur de ceux qui ont combattu courageusement pour les Juifs ; en sorte qu’ils ont conquis toute la contrée, quoiqu’ils fussent en petit nombre, et qu’ils ont mis en fuite la multitude des barbares ;

23. Et qu’ils ont recouvré le temple, le plus fameux qui soit dans tout l’univers, délivré la cité, et rétabli les lois qui avaient été abolies, le Seigneur leur étant devenu propice en leur accordant toute tranquillité ;

24. De même aussi, quant à ce qui a été compris par Jason le Cyrénéen en cinq livres, nous avons tenté de l’abréger en un seul volume.

25. Car considérant la multitude des livres et la difficulté qu’il y a pour ceux qui veulent aborder les récits historiques, à cause de la multitude des choses,

26. Nous avons mis nos soins à ce que notre travail fût pour ceux qui voudraient bien le lire un amusement d’esprit ; de manière cependant que les hommes studieux pussent plus facilement le confier à la mémoire ; et que, pour tous ceux qui le liraient, il eût de l’utilité.

27. Or, quant à nous, qui nous sommes chargés d’abréger cet ouvrage, ce n’est pas un travail facile que nous avons entrepris, au contraire, c’est une œuvre pleine de veilles et de sueur.

28. Comme ceux qui préparent un festin cherchent à se rendre au désir des autres, ainsi, en faveur d’un grand nombre, nous entreprenons volontiers ce travail.

29. Nous nous reposons certainement de la vérité de chaque chose sur les auteurs, mais nous nous attachons à abréger, dans la forme qui a été donnée par les auteurs.

30. Car, comme c’est à l’architecte d’une maison nouvelle à avoir soin de toute la construction, et à celui qui est chargé de peindre à rechercher ce qui est propre à l’embellir, ainsi on doit juger de nous.

31. Car recueillir ce qu’il sait, et raconter avec ordre, et rechercher avec le plus grand soin les circonstances particulières, c’est ce qui convient à l’auteur d’une histoire.

32. Mais chercher la brièveté du discours, et éviter les développements des choses, c’est ce qu’on doit accorder à celui qui fait un abrégé.

33. Dès ce moment donc, nous commencerons notre narration ; que ce que nous avons dit suffise pour la préface ; car il serait insensé d’être diffus avant de commencer une histoire et d’être concis dans l’histoire même.

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CHAP. II. 4. Deut. XXXIV, 1. — 8. III Reg. VIII, 11 ; II Par. VI, 14. — 10. Lev. IX, 24 ; II Par. VII, 1. — 11. Lev. X, 16, 17. — 18. Deut. XXX, 3, 5 ; Supra. I, 29.

 

1. Dans les écrits, etc. Ces écrits étaient encore entre les mains des Juifs, lorsqu’ils écrivirent cette lettre ; mais on ne les trouve plus depuis fort longtemps dans les écrits qui nous restent de Jérémie.

4. Sur laquelle Moïse, etc. Voy. Deut. XXXIV, 1.

7. Ce lieu. Le mot quod, qui précède dans la Vulgate, est un pur hébraïsme. Compar. quoniam, I Mach. XIV, 28.

8. Comme lorsque Salomon, etc. Voy. III Reg. VIII, 11 ; II Par. VI, 14. — Il les manifestait, c’est-à-dire, le Seigneur manifestait ces choses (hæc), les choses mentionnées au commencement du verset.

9. * De la consommation du temple. Le temple ne fut pour ainsi dire complètement achevé, que lorsqu’il fut dédié, parce qu’alors seulement Dieu put y être honoré selon tous les rites.

10. Moïse priait, etc. Voy. Lev. IX, 24. — Salomon pria, etc. Voy. II Par. VII, 1.

11. Moïse dit, etc. Voy. Lev. X, 16-17.

13. * Dans les mémoires de Néhémie, aujourd’hui perdus.

14. * Pareillement, comme l’avait fait Néhémie.

16. La purification ; c’est la fête dont il est parlé, I, 18.

17. Le lieu saint ; litter., la sanctification. Compar. I Mach. I, 23.

19. Ici finit la lettre des Juifs.

20. Depuis ce verset jusqu’à la fin du chapitre, préface de l’auteur de ce livre. Ajoutons qu’ici commence une phrase qui ne se termine qu’au vers. 24.

21. Le Noble. Voy. I Mach. X, 1. — * Sur Antiochus IV Épiphane, voir I Mach. I, 11 et suiv. — Sur Antiochus V Eupator, voir I Mach. III, 32.

22. Les apparitions. C’est le vrai sens du mot illuminationibus, expliqué par le correspondant du texte grec. Compar. d’ailleurs les chapitres suivants, III, 25-26 ; V, 2, 5.

23. * Le temple, la cité de Jérusalem.

24. * Jason le Cyrénéen. Sa personne et sa vie nous sont inconnues. On peut seulement admettre avec vraisemblance qu’étant de Cyrène, ville d’Afrique où les Juifs étaient nombreux et parlaient grec, il avait lui-même écrit en grec. — Sur Cyrène, voir Act. II, 10.

28. L’auteur semble faire allusion à la coutume reçue chez les anciens, de choisir dans les festins quelqu’un d’entre eux pour avoir soin de préparer tout ce qui était nécessaire pour le festin et de faire ensuite que chacun des conviés fût content.

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CHAPITRE III

Bonheur des Juifs sous le pontificat d’Onias III. Simon, préfet du temple, fait savoir à Seléucus, roi de Syrie, qu’il y a de grands trésors dans le temple. Heliodorus est envoyé pour les enlever. Dieu le châtie par la main des anges.

1. Donc, lorsque la sainte cité était habitée en toute paix, et que les lois aussi étaient encore parfaitement observées, à cause de la piété d’Onias, le pontife, et des esprits, qui avaient en haine le mal,

2. Il arrivait que les rois eux-mêmes et les princes jugeaient ce lieu digne du plus grand honneur, et ornaient le temple de très riches présents.

3. En sorte que Seléucus, roi d’Asie, pourvoyait de ses revenus à toutes les dépenses qui regardaient le ministère des sacrifices.

4. Mais Simon, de la tribu de Benjamin, constitué intendant du temple, s’efforçait, le prince des prêtres supposant à lui, d’entreprendre quelque chose d’inique dans la cité.

5. Mais comme il ne pouvait vaincre Onias, il vint vers Apollonius, fils de Tharsǽa, qui en ce temps-là était gouverneur de la Cœlésyrie et de la Phénicie ;

6. Et il lui annonça que le trésor public à Jérusalem était plein de sommes innombrables d’argent, et qu’il y avait des richesses publiques immenses, qui ne regardaient pas la dépense des sacrifices, et qu’elles pouvaient tomber toutes sous la puissance du roi.

7. Et lorsqu’Apollonius eut informé le roi des sommes d’argent qui lui avaient été dénoncées, celui-ci fit venir Heliodorus, qui était chargé de ses affaires, et l’envoya avec ordre de transporter ledit argent.

8. Et aussitôt Heliodorus se mit en chemin, en apparence comme s’il allait visiter les cités de Cœlésyrie et de Phénicie ; mais en réalité c’était pour exécuter l’intention du roi.

9. Mais lorsqu’il fut arrivé à Jérusalem et qu’il eut été reçu avec bonté dans la cité par le grand prêtre, il lui rapporta l’avis donné au roi sur les sommes d’argent, et lui manifesta pour quel motif il était venu ; et il lui demandait si les choses étaient ainsi.

10. Alors le grand prêtre lui représenta que cet argent était déposé dans le temple, et que c’était la subsistance des veuves et des orphelins ;

11. Qu’une partie même dans ce dont l’impie Simon avait donné avis appartenait à Hircan-Tobie, homme éminent ; mais que toute la somme consistait en quatre cents talents d’argent et en deux cents d’or ;

12. Mais que tromper ceux qui avaient confié leur argent à un lieu et à un temple qui dans le monde entier était honoré pour sa vénération et sa sainteté, était entièrement impossible.

13. Mais Heliodorus, à cause des ordres qu’il avait reçus du roi, disait qu’il fallait qu’à tout prix cet argent soit porté au roi.

14. Ainsi au jour marqué, Heliodorus entrait dans le temple, pour exécuter cette entreprise. Cependant une agitation considérable régnait dans la cité entière.

15. Or les prêtres avec leurs robes sacerdotales, se prosternèrent devant l’autel, et ils invoquaient dans le ciel celui qui a établi la loi sur les dépôts, afin qu’il les conservât saufs à ceux qui les avaient faits.

16. Mais celui qui voyait le visage du grand prêtre était blessé au cœur ; car sa face et sa couleur changée annonçaient la douleur intérieure de son âme.

17. Car une certaine tristesse était répandue sur cet homme, ainsi qu’une horreur dont son corps était saisi, horreur par laquelle la douleur de son cœur devenait manifeste pour ceux qui le regardaient.

18. D’autres aussi accouraient par troupes de leurs maisons, conjurant Dieu par des prières publiques, à cause que le lieu saint allait être exposé au mépris.

19. Et les femmes, le sein couvert de cilices, accouraient en foule sur les places publiques, et les vierges mêmes, qui étaient enfermées, couraient les unes vers Onias, les autres vers les murs, et quelques-unes regardaient par les fenêtres ;

20. Mais toutes, tendant les mains vers le ciel, priaient avec instance.

21. Car déplorable était l’attente de cette multitude confuse et du grand prêtre livré à l’angoisse.

22. Et ceux-ci donc invoquaient le Dieu tout-puissant, afin que le dépôt fût conservé dans toute son intégrité à ceux qui l’avaient confié.

23. Mais Heliodorus exécutait ce qu’il avait décidé, étant lui-même présent dans le même lieu avec les gardes autour du trésor.

24. Mais l’esprit du Dieu tout-puissant se montra avec une grande évidence, en sorte que tous ceux qui avaient osé obéir à Heliodorus, renversés par la vertu de Dieu, tombèrent dans la défaillance et la frayeur.

25. Car il leur apparut un cheval orné d’un très beau caparaçon, ayant un cavalier terrible ; et ce cheval froissa Heliodorus avec les pieds de devant, et celui qui le montait semblait avoir des armes d’or.

26. Parurent aussi deux autres jeunes hommes, remarquables par leur force, brillants de gloire et riches dans leur vêtement ; lesquels se tinrent autour de lui, et ils le flagellaient des deux côtés, le frappant sans relâche d’un grand nombre de coups.

27. À l’instant donc Heliodorus tomba par terre, et on l’enleva enveloppé dans une grande obscurité, et après l’avoir mis dans une chaise à porteurs, on le jeta hors du temple.

28. Ainsi celui qui entra dans ledit trésor avec un grand nombre de coureurs et de gardes était emporté, nul ne lui portant secours, la vertu manifeste de Dieu ayant été reconnue.

29. Et lui, par cette vertu divine, était couché muet, et privé de toute espérance et de guérison.

30. Mais les Juifs bénissaient le Seigneur, parce qu’il magnifiait son lieu saint ; et le temple qui peu auparavant était plein de crainte et de tumulte, le Seigneur tout-puissant apparaissant, fut rempli de joie et d’allégresse.

31. Et alors quelques-uns des amis d’Heliodorus priaient Onias d’invoquer le Très-Haut, afin qu’il donnât la vie à celui qui se trouvait à son dernier moment.

32. Or le grand prêtre, considérant que le roi pourrait peut-être soupçonner les Juifs d’avoir commis quelque attentat contre Heliodorus, offrit pour la guérison de cet homme une hostie salutaire.

33. Et lorsque le grand prêtre priait, les mêmes jeunes hommes, revêtus des mêmes habits, se présentant à Heliodorus, dirent : Rends grâces au grand prêtre Onias, car à cause de lui le Seigneur t’a donné la vie.

34. Mais toi, châtié par Dieu, annonce à tous les merveilles de Dieu et sa puissance. Et cela dit, ils ne parurent plus.

35. Or Heliodorus, ayant offert une hostie à Dieu, et voué de grandes promesses à celui qui lui accorda de vivre, et ayant rendu grâces à Onias et rejoint l’armée, retourna vers le roi.

36. Or il rendait témoignage à tous des œuvres du grand Dieu, qu’il avait vues de ses yeux.

37. Et comme le roi demanda à Heliodorus, qui était propre à être envoyé encore une fois à Jérusalem, il dit :

38. Si vous avez quelque ennemi ou quelqu’un formant des desseins contre votre royaume, envoyez-le là, et vous le recevrez flagellé, si toutefois il en revient, parce qu’en ce lieu il y a vraiment quelque vertu de Dieu.

39. Car celui qui a dans les cieux son habitation est le visiteur et le protecteur de ce lieu, et ceux qui y viennent pour mal faire, il les frappe et les détruit.

40. Ainsi par rapport à Heliodorus et à la conservation du trésor, c’est ainsi que la chose se passa.

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CHAP. III.

 

1. Onias III. Voy. I Mach. XII, 7.

3. * D’Asie. Voir la note sur I Mach. VIII, 6. — Seléucus est Seléucus IV Philopator, fils et successeur d’Antiochus III le Grand (187-175). Sous les premiers Ptolémées, la Palestine avait appartenu à l’Égypte. Elle était tombée en la possession d’Antiochus III le Grand, quand ce prince eut remporté en 198 une grande victoire à Paneas. En mariant sa fille Cléopâtre au jeune Ptolémée V Épiphane, roi d’Égypte, il lui avait bien donné comme dot les provinces conquises de la Cœlésyrie, de la Phénicie et de la Palestine, mais en fait, il ne s’en était pas dessaisi, de sorte que son fils Seléucus IV hérita de la Palestine, comme de toute la Syrie. Le règne de Seléucus IV fut peu brillant. Accablé sous le poids des impôts que les Romains avaient imposés à son père (voir I Mach. VIII, 7), sa grande préoccupation fut de se procurer l’argent nécessaire pour satisfaire ses impitoyables vainqueurs. De là sa tentative pour faire piller le temple de Jérusalem par Heliodorus. Il périt assassiné par ce même Heliodorus en 175.

4. Intendant du temple pour les affaires du dehors, ou purement temporelles, puisqu’appartenant à la tribu de Benjamin, il n’était ni prêtre ni lévite. — * Le désaccord qui s’éleva entre Simon et Onias devait provenir de difficultés concernant les achats pour le temple. Onias III alla plus tard se plaindre au roi de Syrie de la conduite de Simon, IV, 1-6 ; mais l’auteur sacré ne nous apprend pas quel fut le résultat de cette démarche. Le grand prêtre usurpateur Menelaüs, dont il est parlé plus loin, IV, 23, était frère d’un Simon, sans doute le même que celui dont il est question ici.

5. * Apollonius, fils de Tharsǽa…, gouverneur de la Cœlésyrie et de la Phénicie, doit être différent du collecteur d’impôts mentionné plus loin, V, 24 (voir I Mach. I, 30). C’est probablement l’Apollonius dont parle Polybe comme d’un homme ayant une grande situation à la cour de Seléucus et dont le fils, qui portait le même nom, était gouverneur de la Cœlésyrie, celui dont parle I Mach. X, 69.

7. Chargé de ses affaires (super negotia ejus), c’est-à-dire, surintendant de ses finances. — * On a trouvé en 1877 et 1879 dans l’ile de Delos deux inscriptions grecques qui se rapportent à Heliodorus. Elles nous font connaitre que son père s’appelait Eschyle et qu’il était originaire d’Antioche. L’une d’elles lui donne le même titre que le livre des Machabées, lequel correspond à trésorier du roi. Heliodorus assassina peu après son maitre Seléucus IV Philopator (175).

11. Talents. Voy. I Mach. XI, 28. — * Hircan-Tobie ou fils de Tobie est, selon les uns, un fils de Tobie et d’une sœur du grand prêtre Onias III ; selon d’autres, c’est seulement un petit-fils de Tobie, dont le père s’appelait Joseph et le même que cet Hircan dont Josèphe raconte l’histoire et qui joua à cette époque un rôle politique important.

16. Sa face et sa couleur ; pour la couleur de sa face ; figure grammaticale dont la Bible fournit plusieurs exemples.

17. Cet, pronom représenté par l’article déterminatif qui se lit dans le texte grec, et qui dans le style biblique se met pour le pronom démonstratif et possessif.

19. Les vierges, etc. Dans l’orient, les filles ne paraissent presque jamais au dehors de la maison. C’est pour cela que les Hébreux et les Arabes les désignent par des termes qui signifient cachées, séparées.

29. De toute espérance et de guérison ; pour de toute espérance de guérison. Compar. vers. 16.

31. À son dernier moment ; litter., à son suprême souffle.

32. Cet. Voy. sur ce mot, vers. 17.

39. Son. Voy. sur ce pronom possessif, vers. 17.

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CHAPITRE IV

Calomnies de Simon. Jason obtient à prix d’argent la souveraine sacrificature. Il commet toutes sortes d’impiétés. Antiochus est reçu à Jérusalem ; Menelaüs supplante Jason. Il est accusé devant Antiochus et laisse à sa place Lysimaque. Onias reprend Menelaüs, et est tué par Andronicus. Antiochus venge la mort d’Onias. Lysimaque est tué par le peuple. Menelaüs rachète sa vie par une somme d’argent.

1. Mais Simon, le délateur qui a été dit des sommes d’argent et de la patrie, parlait mal d’Onias, comme si Onias avait inspiré à Heliodorus ce qu’il avait fait, et qu’il eût été l’instigateur de ces maux ;

2. Et le pourvoyeur de la cité et le défenseur de sa nation, et le zélateur de la loi de Dieu, il osait le dire formant des desseins contre le royaume.

3. Mais comme cette inimitié allait si loin que même par quelques amis de Simon, il se commettait des meurtres,

4. Onias, considérant le danger de cette lutte, et qu’Apollonius agissait en insensé puisque étant gouverneur de la Cœlésyrie et de la Phénicie, il fortifiait la malice de Simon, se rendit auprès du roi ;

5. 5.. Non comme accusateur de ses concitoyens, mais considérant en lui-même l’utilité commune du peuple tout entier.

6. Car il voyait que sans l’intervention royale il était impossible de pacifier les choses, et que Simon ne pourrait renoncer à sa folie.

7. Mais, après la mort de Seléucus, lorsqu’Antiochus, qui était appelé le Noble, lui eut succédé dans le royaume, Jason, frère d’Onias, ambitionnait le souverain sacerdoce.

8. Étant venu vers le roi, lui promettant trois cent soixante talents d’argent et quatre-vingts talents d’autres revenus,

9. Outre cela il promettait aussi cent cinquante autres talents, si on lui accordait le pouvoir d’établir un gymnase et une éphébie, et d’inscrire les habitants de Jérusalem parmi les citoyens d’Antioche.

10. Lorsque le roi le lui eut accordé, et qu’il eut obtenu la principauté, aussitôt il commença à transporter les coutumes des gentils parmi ses concitoyens.

11. Et abolissant ce que par bonté les rois avaient accordé aux Juifs par l’entremise de Jean, père d’Eupolemus, qui fut chargé d’une légation auprès des Romains, concernant l’amitié et l’alliance des Juifs avec eux, il renversait les ordonnances légitimes de ses concitoyens, et sanctionnait des constitutions perverses.

12. Car il osa établir un gymnase sous la citadelle même, et exposer tous les jeunes hommes, les meilleurs, dans les lieux infâmes.

13. Et ce n’était pas un commencement, mais un certain accroissement et un progrès de la vie païenne et étrangère, causée par le crime abominable et inouï de l’impie et non prêtre Jason.

14. De telle sorte que les prêtres ne s’attachaient plus aux fonctions de l’autel, mais que méprisant le temple et négligeant les sacrifices, ils se hâtaient de prendre part à la palestre et à son injuste distribution des prix, et aux exercices du palet ;

15. Et même comptant pour rien ce qui faisait honneur à leur patrie, ils regardaient comme parfaites les gloires des Grecs.

16. À cause de ces gloires, une dangereuse émulation régnait parmi eux ; et ils enviaient leurs coutumes, et en toutes choses ils désiraient être semblables à ceux qu’ils avaient eus pour ennemis et destructeurs.

17. Car agir d’une manière impie contre les lois divines impunément, on n’y parvient pas, et la circonstance suivante le montrera clairement.

18. Or lorsqu’on célébrait à Tyr les fêtes quinquennales en présence du roi,

19. Le criminel Jason envoya de Jérusalem des hommes pécheurs portant trois cents didrachmes d’argent pour le sacrifice d’Hercule ; ceux qui les avaient apportés demandèrent qu’ils ne fussent pas employés à des sacrifices, parce que cela ne se devait pas, mais qu’ils fussent destinés à d’autres dépenses.

20. Ainsi ils furent offerts, il est vrai, par celui qui les avait envoyés, pour le sacrifice d’Hercule ; mais à cause de ceux qui les apportèrent, ils furent employés à la construction de navires trirèmes.

21. Cependant Apollonius, fils de Mnéstheus, ayant été envoyé en Égypte, à cause des grands de la cour du roi Ptolémée Philométor, lorsque Antiochus eut reconnu qu’il était entièrement éloigné des affaires du royaume, consultant ses propres intérêts, il partit de là, vint à Joppe, et de là à Jérusalem.

22. Or, ayant été reçu magnifiquement par Jason et par la cité, il fit son entrée à la lumière des flambeaux et au milieu des louanges ; et de là il retourna en Phénicie avec son armée.

23. Et après un laps de temps de trois ans, Jason envoya Menelaüs, frère de Simon, dont il a été parlé plus haut, pour porter de l’argent au roi, et rapporter ses réponses sur des affaires importantes.

24. Mais Menelaüs, s’étant rendu agréable au roi en rehaussant la grandeur de sa puissance, fit tomber en ses mains la souveraine sacrificature, en donnant trois cents talents de plus que Jason.

25. Et ayant reçu les ordres du roi, il revint, n’ayant à la vérité rien digne du sacerdoce, mais apportant le cœur d’un tyran cruel et la rage d’une bête farouche.

26. Ainsi, Jason, qui avait surpris son propre frère, trompé lui-même, fugitif, fut chassé dans le pays des Ammanites.

27. Et Menelaüs s’empara de la souveraine sacrificature ; mais il ne s’occupait nullement de l’argent promis au roi, quoiqu’il en fût pressé par Sostratus, qui était préposé à la citadelle.

28.  (Car c’était à lui que la levée des tributs appartenait) ; pour ce motif l’un et l’autre furent appelés auprès du roi.

29. Et Menelaüs fut écarté du sacerdoce, Lysimaque, son frère, lui succédant ; et Sostratus fut préposé sur les Cypriotes.

30. Or pendant que ces choses se passaient, il arriva que les habitants de Tarse et de Mallos excitèrent une sédition, parce qu’ils avaient été donnés à Antiochide, concubine du roi.

31. C’est pourquoi le roi vint en grande hâte pour les apaiser, ayant laissé pour son lieutenant un des grand de sa cour, Andronique.

32. Mais Menelaüs, pensant avoir saisi le temps opportun, déroba du temple quelques vases d’or, les donna à Andronicus, et les autres, il les avait vendus à Tyr et dans les cités voisines.

33. Lorsque Onias l’eut su très certainement, il le reprochait à Menelaüs, lui-même se tenant dans un lieu sûr, à Antioche, près de Daphne.

34. D’où vint que Menelaüs s’étant rendu auprès d’Andronicus, le pria de tuer Onias. Lorsqu’Andronicus fut venu près d’Onias, et que lui ayant donné la main droite avec serment (quoiqu’il fut suspect à Onias), il l’eut engagé à sortir de son asile, il le tua aussitôt, n’ayant aucun respect pour la justice.

35. Pour ce motif, non seulement les Juifs, mais aussi les autres nations s’indignaient, et supportaient avec peine la mort injuste d’un si grand homme.

36. Aussi le roi étant revenu du pays de la Cilicie, les Juifs et les Grecs allèrent ensemble le trouver à Antioche, se plaignant de la mort inique d’Onias.

37. C’est pourquoi Antiochus fut contristé au fond du cœur à cause d’Onias, et touché de compassion, il répandit des larmes, se souvenant de la sobriété et de la modestie du mort ;

38. Et l’esprit enflammé de colère, il commanda qu’Andronicus, dépouillé de la pourpre, fût conduit à travers toute la cité, et que dans le même lieu dans lequel il avait commis l’impiété contre Onias, le sacrilège fût privé de la vie, le Seigneur lui rendant la punition tout à fait méritée.

39. Cependant de nombreux sacrilèges ayant été commis dans le temple par Lysimaque, d’après le conseil de Menelaüs, et le bruit s’en étant répandu, la multitude s’assembla contre Lysimaque, une grande quantité d’or ayant été déjà emportée.

40. La foule donc se soulevant, et les esprits étant remplis de colère, Lysimaque commença par employer environ trois mille mains iniques armées, le chef étant un certain tyran, également avancé en âge et en démence.

41. Mais, dès que l’on s’aperçut de l’entreprise de Lysimaque, les uns prirent des pierres, les autres de gros bâtons, et quelques-uns jetèrent de la cendre contre Lysimaque.

42. Et beaucoup des siens furent blessés, et quelques-uns même succombèrent, mais tous furent mis en fuite ; et le sacrilège lui-même, on le tua près du trésor.

43. On commença donc à accuser Menelaüs de toutes ces choses.

44. Et, lorsque le roi fut venu à Tyr, trois hommes envoyés par les anciens l’informèrent de cette affaire.

45. Et comme Menelaüs avait le dessous, il promit à Ptolémée de lui donner une grande somme d’argent pour qu’il persuadât le roi en sa faveur.

46. C’est pourquoi Ptolémée alla trouver le roi, qui s’était mis dans un vestibule comme pour prendre le frais, et le fit revenir de sa résolution.

47. Et Menelaüs, certainement coupable de tout le mal, le roi l’acquitta ; mais les malheureux députés, qui, s’ils avaient plaidé leur cause devant des Scythes, auraient été jugés innocents, il les condamna à mort.

48. Aussitôt donc ils subirent une peine injuste, ceux qui avaient défendu la cause de la cité, et du peuple, et des vases sacrés.

49. C’est pour cette raison que même les Tyriens, étant indignés, furent très généreux pour leur sépulture.

50. Cependant Menelaüs, à cause de l’avarice de ceux qui étaient puissants auprès du roi, se maintenait dans l’autorité, croissant en malice pour tendre des pièges à ses concitoyens.

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CHAP. IV.

 

3. * Simon. Voir plus haut, III, 4.

4. * Apollonius. Voir plus haut, III, 5.

6. Sa folie, c’est-à-dire, ses folles entreprises.

7. Le Noble. Voy. I Mach. X, 1. — * Seléucus IV Philopator. Voir plus haut, III, 3. — Antiochus IV le Noble ou Épiphane, frère et successeur de Seléucus IV (175-164). Voir I Mach. I, 11 et suiv. — Jason est la forme grécisée du nom hébreu Josué ou Jésus. Ce fut lui-même, dit Josèphe, qui modifia ainsi son nom. Il voulait manifester ainsi son penchant pour les Grecs et leurs coutumes. Il acheta le souverain pontificat d’Antiochus Épiphane et en fit dépouiller son propre frère Onias III. Pendant trois ans, vers 174-171, il travailla à rendre Jérusalem païenne. Les intrigues de Menelaüs, qui offrit une plus grosse somme d’argent au roi de Syrie, lui firent perdre sa dignité usurpée. Il essaya, mais sans succès, de la recouvrer, et après avoir erré en Arabie et en Égypte, il alla mourir à Lacédémone.

8. Talents. Voy. I Mach. XI, 28.

9, 12. Le gymnase dont nous avons déjà parlé (I Mach. I, 15) était pour les hommes faits, tandis que l’éphébie était destinée aux exercices des adolescents, comme l’exprime le mot grec éphébie lui-même.

11. Et abolissant, etc. Voy. I Mach. VIII, 17. — * Jean, père d’Eupolemus. Voir I Mach. VIII, 17.

13. Non prêtre ; Jason est ainsi désigné parce qu’il avait usurpé le titre de grand prêtre.

14. Injuste, parce que les prêtres ne pouvaient y participer sans crime. — * La palestre, l’endroit consacré aux exercices grecs de la gymnastique et ces exercices eux-mêmes. — Palet, petit disque en métal poli et lourd qu’on lançait au loin.

15. * Les gloires des Grecs, les titres et les dignités grecques, les luttes dans les jeux publics et les récompenses qui étaient décernées aux vainqueurs des jeux.

17. La circonstance suivante ; la suite de cette histoire.

18. * Les fêtes quinquennales, probablement une sorte d’imitation des jeux olympiques de la Grèce.

19. Le didrachme ou double drachme valait environ quatre-vingts centimes. — Hercule était la divinité titulaire de Tyr. — * La divinité phénicienne s’appelait proprement Melkart ou le roi de la cité, et c’était un dieu solaire. Les Grecs l’identifièrent avec leur Héraklès ou Hercule.

20. * Navires trirèmes, vaisseaux de guerre à trois rangs de rames.

21. * Apollonius, fils de Mnéstheus, diffèrent de celui dont il est parlé, III, 5, 7, est peut-être celui qu’Antiochus IV Épiphane avait mis à la tête de l’ambassade qu’il envoya à Rome. Plusieurs croient que c’est aussi le général que ce même prince envoya contre Judas Machabée et qui périt dans la bataille racontée I Mach. I, 30. — Ptolémée VI Philométor (181-146). — À cause des grands de la cour. Le mot grec correspondant est obscur. Plusieurs exégètes le traduisent aujourd’hui par premier règne ou inauguration du règne de Ptolémée VI, laquelle eut lieu lorsque ce prince atteignit sa quatorzième année, en 173. Depuis 181 jusqu’à cette date, il avait été sous la tutelle de sa mère Cléopâtre et puis, après la mort de la reine, sous celle d’Eulasus et de Lénæus. Ptolémée VI régna deux fois. Antiochus Épiphane attaque plusieurs fois l’Égypte, de 171 à 168. Dans une de ces campagnes, en 171, Philométor tomba entre les mains du roi de Syrie et les Égyptiens placèrent son frère Ptolémée VII Physcon sur le trône. Les deux frères régnèrent simultanément pendant six ans, de 170 à 164. Au bout de ce temps, ne pouvant plus s’entendre, Philométor garda pour lui l’Égypte et Chypre, et Physcon eut la Cyrène et la Lybie, grâce à l’intervention de Rome. Philométor régna ainsi de nouveau seul jusqu’à sa mort en 146. Voici le sens de la fin du vers. 21. Ptolémée VI voulait recouvrer les provinces de Palestine, de Phénicie et de Cœlésyrie qui avaient été enlevées par les Séleucides à l’Égypte et qui avaient été promises comme dot à Cléopâtre sa mère, mais ne lui avaient pas été rendues, plus haut, III, 3. Philométor fit donc ses préparatifs pour reprendre ces provinces de vive force. Antiochus Épiphane envoya Apollonius en Égypte pour parer le coup, mais trouvant que son ambassadeur ne prenait pas à cœur les affaires de son royaume, se rendit à Jaffa pour mettre la ville en état de résister aux attaques des Égyptiens, et c’est de là qu’il se rendit à Jérusalem.

23. Dont il a été parlé. Voy. III, 4. — * Menelaüs, frère de Simon, était par conséquent de la tribu de Benjamin et ne pouvait aspirer légitimement au sacerdoce, n’étant pas descendant d’Aaron. Il acheta néanmoins le souverain pontificat, en surenchérissant sur Jason, vers l’an 170. Il n’était pas moins partisan que Jason des idées et des coutumes grecques. Cependant, comme il ne payait pas à Antiochus Épiphane les sommes qu’il lui avait promises, il fut chassé du pontificat et son frère Lysimaque tint sa place. Il ne cessa point pour cela ses intrigues. Il déroba des vases d’or du temple et en offrit une partie à Andronicus, officier d’Antiochus IV. Onias III ayant reproché ses crimes à Menelaüs, celui-ci, pour se venger, le fit périr par la main d’Andronicus. Les Juifs ayant accusé plus tard Menelaüs auprès du roi lui-même des crimes qu’il ne cessait de commettre, ne purent obtenir justice et ses accusateurs furent condamnés à mort, grâce à sa perfidie. Il aida Antiochus Épiphane à piller le temple de Jérusalem, V, 15. La suite de son histoire est inconnue. Nous savons seulement qu’il expia enfin ses crimes et périt étouffé dans la cendre, XIII, 3-8.

26. Avait surpris ; litter., avait fait captif ; selon le grec, avait trompé, fraudé. — Ammanites ; c’est-à-dire, Ammonites. La Vulgate porte ici ainsi que le grec Ammanites ; mais dans III Reg. XIV, 21, où elle porte Amanite, l’hébreu et le grec lui-même lisent Ammonite.

27. La citadelle des Grecs à Jérusalem. Compar. I Mach. I, 35. — * Sostratus, en vertu de ses fonctions, avait certainement des soldats syriens sous ses ordres. Comme il était chargé du recouvrement des tributs, vers. 28, c’est lui qui devait naturellement réclamer de Menelaüs l’accomplissement de ses promesses.

29. Les Cypriotes, les habitants de Cypre ou Chypre. — * Lysimaque, frère de Menelaüs, tint la place de son frère éloigné de Jérusalem et ne se montra pas moins pervers que lui. Il expia ses crimes par sa mort, vers. 41.

30. Tarse, capitale de la Cilicie. — Mallos, ou Mallus, ville de la même province, sur le fleuve Pýramus. — * Antiochis avait reçu les revenus des deux villes de Tarse et de Mallos. Les rois d’Orient avaient coutume de donner aux reines pour leur entretien des villes ou même des provinces dont elles percevaient les revenus. Les habitants de Tarse et de Mallos se révoltent, soit parce qu’ils sont indignés d’être donnés à une femme illégitime, soit parce qu’ils craignent d’être trop pressurés par elle.

31. * Andronicus gouverne à Antioche, en l’absence d’Épiphane. Nous ne savons sur ce personnage que ce qui en est raconté dans ce chapitre.

32. Menelaüs, etc. ; il n’était plus à Jérusalem ; mais il y avait Lysimaque son vice-gérant, qui par ses ordres enleva des vases d’or du temple (vers. 39).

33. * Antioche, sur l’Oronte, capitale du royaume de Syrie. — Daphne, ainsi appelée à cause de ses bois de lauriers, était pour les habitants d’Antioche un lieu de plaisance.

40. Tyran, nom propre selon plusieurs interprètes. Les Actes des Apôtres (XIX, 9) parlent aussi d’un personnage de ce nom.

45. Ptolémée. Voy. I Mach. III, 38.

47. * Les Scythes étaient considérés par les anciens comme les plus barbares des hommes.

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CHAPITRE V

Antiochus se prépare à marcher contre l’Égypte. Prodiges effrayants qui paraissent dans l’air au-dessus de Jérusalem. Expédition de Jason contre Jérusalem ; sa fuite et sa fin malheureuse. Antiochus marche contre Jérusalem ; violences qu’il y exerce. Il y envoie Apollonius, qui exerce de nouvelles cruautés. Judas Machabée se retire dans le désert.

1. Dans le même temps, Antiochus prépara une seconde expédition en Égypte.

2. Or il arriva que, dans toute la cité de Jérusalem, on vit, durant quarante jours, des cavaliers courant à travers les airs, ayant des robes d’or, et armés de lances comme les cohortes ;

3. Et des combats de chevaux rangés par escadrons, des engagements qui se livraient de près, et des mouvements de boucliers, et une multitude de soldats coiffés d’un casque avec des glaives nus, et des dards lancés, et l’éclat des armes d’or, et de toute sorte de cuirasses.

4. C’est pourquoi tous priaient que ces prodiges tournassent à bien.

5. Mais, comme un faux bruit de la mort d’Antiochus s’était répandu, Jason, ayant pris non moins de mille hommes, attaqua tout d’un coup la cité ; et les citoyens accourant au mur, et la cité à la fin ayant été prise, Menelaüs s’enfuit dans la citadelle.

6. Mais Jason n’épargnait pas dans le carnage ses concitoyens, et il ne considérait pas que la prospérité au préjudice des proches est un très grand malheur, croyant remporter un trophée sur des ennemis et non sur des concitoyens.

7. Et cependant il ne put obtenir la principauté ; et pour dernier fruit de sa trahison, il recueillit sa propre confusion ; et fugitif de nouveau, il se retira dans le pays des Ammanites.

8. À la fin il fut enfermé dans une prison par Arétas, tyran des Arabes, qui voulait sa perte ; et s’étant échappé, et fuyant de cité en cité, odieux à tous, comme un violateur des lois, et exécrable, comme ennemi de la patrie et de ses concitoyens, il fut chassé en Égypte ;

9. Et celui qui avait banni beaucoup de personnes de leur patrie, périt dans une terre étrangère, étant allé à Lacédémone, comme devant y trouver un refuge à cause de la parenté.

10. Et celui qui avait jeté beaucoup de corps sans les ensevelir, est lui-même jeté sans être pleuré et enseveli, et sans recevoir une sépulture même étrangère, et sans avoir part à un sépulcre dans sa patrie.

11. Les choses s’étant ainsi passées, le roi soupçonna que les Juifs abandonneraient son alliance ; et à cause de cela il partit d’Égypte, la rage dans le cœur, et prit la cité d’assaut.

12. Or il commanda à ses soldats de tuer, et de ne point épargner ceux qu’ils rencontreraient, de monter même dans les maisons pour massacrer.

13. Il se fit donc un carnage de jeunes hommes et de vieillards, et une extermination de femmes et d’enfants, et un massacre de vierges et de tout petits enfants.

14. Or il y eut, dans l’espace entier de trois jours, quatre-vingt mille tués, quarante mille enchainés, et pas moins de vendus.

15. Mais cela ne suffisait point à Antiochus ; il osa même entrer dans le temple, lieu plus saint que toute la terre, conduit par Menelaüs, qui fut traitre aux lois et à la patrie ;

16. Et prenant de ses mains criminelles les vases sacrés, qui par d’autres rois et d’autres cités avaient été placés pour être l’ornement et la gloire du lieu saint, il les touchait indignement et les souillait.

17. Ainsi Antiochus, ayant l’esprit aliéné, ne considérait pas que c’était à cause des péchés des habitants de la cité, que Dieu était irrité pour un peu de temps ; que c’était pour cela que le mépris avait atteint ce lieu.

18. Autrement, s’il ne leur était pas arrivé d’être enveloppés dans beaucoup de péchés, comme Heliodorus, qui fut envoyé par Seléucus pour piller le trésor, lui aussi, aussitôt arrivé, eût été flagellé, et certainement repoussé dans son audace.

19. Mais Dieu n’a pas choisi la nation à cause du lieu, mais le lieu à cause de la nation.

20. Et c’est pourquoi le lieu lui-même a participé aux maux du peuple, mais dans la suite il sera associé à ses biens ; et lui qui a été délaissé pendant la colère du Dieu tout-puissant, sera encore élevé à une très grande gloire, dans la réconciliation du souverain Seigneur avec son peuple.

21. Ainsi Antiochus, mille et huit cents talents ayant été emportés du temple par lui, retourna promptement à Antioche, pensant dans son orgueil et à cause de la fierté de son esprit, qu’il rendrait la terre navigable, et ferait marcher sur la mer.

22. Il laissa aussi des gouverneurs pour tourmenter la nation ; savoir : dans Jérusalem, Philippe, Phrygien d’origine, par nature plus cruel que celui par qui il fut établi ;

23. Et, à Garizim, Andronicus, et Menelaüs, qui étaient plus acharnés que les autres contre leurs concitoyens.

24. Et comme il avait été emporté contre les Juifs, il leur envoya comme gouverneur l’odieux Apollonius avec une armée de vingt-deux mille hommes, lui ordonnant de tuer tous ceux qui seraient dans la force de l’âge, de vendre les femmes et les jeunes hommes.

25. Lorsque Apollonius fut arrivé à Jérusalem, feignant de vouloir la paix, il se reposa jusqu’au saint jour du sabbat ; mais alors les Juifs se livrant au repos de la fête, il ordonna aux siens de prendre les armes.

26. Et tous ceux qui étaient venus comme spectateurs, il les massacra ; et, parcourant la cité avec les siens, il fit périr une grande multitude de personnes.

27. Cependant Judas Machabée s’était retiré, lui dixième, en un lieu désert ; et il y vivait avec les siens, parmi les bêtes sauvages, sur les montagnes ; et se nourrissant de l’herbe des champs, ils demeuraient là, afin de ne prendre point part à la contagion.

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CHAP. V. 18. Supra. III, 25, 27.

 

1. Dans le même temps, c’est-à-dire, lorsque le jeune roi Ptolémée Philométor était monté sur le trône d’Égypte. Voy. IV, 21. — * Voir aussi I Mach. I, 17.

5. * Jason. Voir plus haut, IV, 7.

7. Ammanites. Voy. IV, 26.

8. * Arétas, tyran ou roi des Arabes Nabatéens, qui s’étaient emparés de l’Idumée et dont la capitale était Pétra. On connait quatre Arétas, rois des Nabatéens. Celui-ci est Arétas Ier (169 av. J.-C.). Celui que nomme saint Paul, II Cor. XI, 32, est Arétas IV Ænéas Philodème.

9. À cause de ta parenté que les Lacédémoniens prétendaient avoir avec les Juifs, se croyant issus d’Abraham aussi bien qu’eux. Compar. I Mach. XII, 21.

14. Enchainés (vincti) ; c’est-à-dire, faits captifs ou prisonniers. — Vendus comme esclaves.

16. Lieu. Ce mot désigne le temple ici et aux vers. 17, 19, 20.

18. Lui aussi, Antiochus, — Repoussé, etc., empêché d’exécuter son entreprise audacieuse.

21. Talents. Voy. I Mach. XI, 28.

22. * Philippe, Phrygien. Voir I Mach. VI, 14.

23. * À Garizim, montagne de la Samarie, vis-à-vis du mont Hébal. Sichem est bâtie dans la vallée qui sépare les deux montagnes. Les Samaritains, après la captivité, élevèrent sur le mont Garizim un temple qu’ils opposèrent à celui de Jérusalem. Voir la note sur Joan. IV, 20. — Andronicus, diffèrent de celui dont l’histoire est racontée, IV, 31, et d’ailleurs inconnu.

24. * Apollonius. Voir plus haut, III, 5, et I Mach. I, 30.

26. * Comme spectateurs des exercices militaires.

27. * Lui dixième, c’est-à-dire avec neuf autres personnes. L’auteur termine ici son récit par la mention de la retraite de Judas Machabée dans le désert de Juda, pour préparer le récit de ses exploits, qu’il commencera au chapitre VIII.

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CHAPITRE VI

Antiochus force les Juifs d’abandonner les lois de Dieu pour embrasser le culte des idoles. Cruautés exercées contre les Juifs fidèles à la loi du Seigneur. Dessein de Dieu en permettant ces maux. Martyre du saint vieillard Eléazar.

1. Mais, peu de temps après, le roi envoya un certain vieillard d’Antioche pour forcer les Juifs à abandonner les lois de leur patrie et de Dieu ;

2. Pour souiller aussi le temple qui était à Jérusalem, et lui donner le nom de Jupiter Olympien ; et à celui qui était à Garizim, le nom de Jupiter hospitalier, comme étaient ceux qui habitaient ce lieu.

3. Aussi y avait-il une invasion de maux très cruelle et funeste à tous ;

4. Car le temple était rempli des dissolutions et des orgies des Gentils, et d’hommes impudiques, de prostituées ; et des femmes se présentaient librement dans le lieu sacré, y portant ce qui était défendu.

5. L’autel aussi était plein de choses illicites qui étaient prohibées par les lois.

6. En outre ni les sabbats n’étaient gardés, ni les jours solennels de la patrie n’étaient observés, et nul n’avouait franchement qu’il était Juif.

7. Mais ils étaient conduits par une cruelle nécessité, le jour de la naissance du roi, aux sacrifices profanes ; et lorsqu’on célébrait la fête de Bacchus, on les contraignait d’aller couronnés de lierre en l’honneur de Bacchus.

8. De plus, par la suggestion des Ptolémées, il parut un décret pour les cités des Gentils, voisines de la Judée : qu’elles agiraient elles aussi de la même manière contre les Juifs, afin qu’ils sacrifiassent ;

9. Et que ceux qui ne voudraient point se conformer aux coutumes des gentils, elles les tueraient ; ainsi il n’y avait à voir que misère.

10. En effet, deux femmes, ayant été accusées d’avoir circoncis leurs enfants, furent conduites publiquement par la cité avec ces enfants pendus à leurs mamelles, et on les précipita par les murs.

11. Mais d’autres s’étant réunis dans des cavernes voisines, et y célébrant en secret le jour du sabbat, lorsqu’ils eurent été dénoncés à Philippe, ils furent brulés par les flammes, parce qu’ils craignaient par religion et pour l’observation du sabbat de se défendre.

12. Je conjure donc ceux qui doivent lire ce livre, de ne pas se scandaliser à cause de tant de malheurs, mais de considérer qu’ils sont arrivés, non pour la ruine, mais pour le châtiment de notre race.

13. Et en effet, ne pas laisser longtemps les pécheurs agir selon leurs désirs, mais en tirer promptement vengeance, c’est la marque d’un grand bienfait de Dieu.

14. Car il n’en est pas pour nous comme pour les autres nations ; le Seigneur attend patiemment que le jour du jugement soit venu, afin de les punir dans la plénitude de leurs péchés.

15. Mais pour nous, il a décidé de manière que, nos péchés étant montés au comble, c’est précisément alors qu’il se vengera de nous.

16. C’est pour cela que jamais il ne détourne sa miséricorde de nous ; et quand il châtie son peuple par l’adversité, il ne l’abandonne pas.

17. Mais que ce peu de paroles dites par nous pour l’instruction des lecteurs soient suffisantes. Maintenant donc il faut en venir à la narration.

18. Ainsi Éléazar, l’un d’entre les premiers des scribes, homme avancé en âge, et beau de visage, était, la bouche ouverte par force, pressé de manger de la chair de porc.

19. Mais lui, préférant une mort très glorieuse à une vie odieuse, allait volontairement au supplice.

20. Et considérant comment il faudrait s’en approcher, et demeurant ferme dans la patience, il résolut de ne pas commettre des choses illicites par amour pour la vie.

21. Or ceux qui étaient présents, touchés d’une injuste compassion, à cause de leur ancienne amitié pour cet homme, et le prenant à part, le priaient d’accepter qu’on apportât des viandes dont il était permis de manger, afin qu’on pût feindre qu’il avait mangé des viandes du sacrifice, comme le roi l’avait commandé ;

22. Afin que par ce moyen il fût sauvé de la mort ; et c’est à cause de leur ancienne amitié pour cet homme, qu’ils exerçaient envers lui cette humanité.

23. Mais lui commença à considérer ce qui était digne de son âge et de sa vieillesse vénérable, et la blancheur de ses cheveux unie à une noblesse innée de son âme, et les actes d’une parfaite conduite depuis son enfance ; et, selon les préceptes de la loi sainte, et établie par Dieu, il répondit aussitôt, disant, qu’il voulait plutôt être envoyé dans l’enfer.

24. Car il n’est pas digne de notre âge de feindre, dit-il, pour que beaucoup de jeunes hommes, pensant qu’Éléazar, vieillard de quatre-vingt-dix ans, aurait passé à la vie des étrangers,

25. Soient eux-mêmes trompés par cette feinte, commise pour conserver un petit reste de cette vie corruptible, et que, par là, j’attire une tache et l’exécration sur ma vieillesse.

26. Car quand même dans le temps présent je me délivrerais des supplices des hommes, je ne fuirais pas néanmoins la main du Tout-Puissant, ni étant vivant, ni étant mort.

27. C’est pourquoi sortant courageusement de la vie, je paraitrai digne de ma vieillesse ;

28. Et aux jeunes hommes je laisserai un exemple de courage, si d’un esprit résolu, et courageusement, je souffre une mort honorable pour nos très importantes et très saintes lois. Ces paroles dites, on l’entrainait aussitôt au supplice.

29. Or ceux qui le conduisaient, et qui un peu auparavant avaient été plus doux, passèrent à la colère, à cause des paroles qu’il avait dites, et qu’eux attribuaient à l’orgueil.

30. Mais, lorsqu’il périssait sous les coups, il gémit, et dit : Seigneur, qui avez la sainte science, manifestement vous savez que lorsque je pourrais être délivré de la mort, je supporte dans mon corps de cruelles douleurs ; mais que dans l’âme je souffre ces choses avec joie, à cause de votre crainte.

31. Et cet homme renonça de cette manière à la vie, laissant non seulement aux jeunes hommes, mais aussi à toute la nation, le souvenir de sa mort comme un exemple de vertu et de courage.

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CHAP. VI.

 

1. D’Antioche ; selon le grec, d’Athènes. — * Si ce vieillard, dont le nom n’est pas donné, était Athénien d’origine, comme le suppose le texte grec, il est clair qu’il s’était mis au service d’Épiphane.

2. Hospitalier, ou étranger. — Comme étaient, etc. Les Samaritains qui habitaient au pied du Garizim étaient des étrangers qu’on y avait transportés, pour remplacer les naturels du pays, emmenés en captivité. — * Le Jupiter Olympien était le Jupiter habitant le mont Olympe, le maitre du ciel et le maitre des dieux. Donner le nom de ce dieu au temple de Jérusalem, c’était profaner le lieu saint en le consacrant au culte d’une fausse divinité. — Jupiter hospitalier était Jupiter considéré comme le défenseur des droits de l’hospitalité, le protecteur des hôtes et des étrangers. — Sur Garizim, voir V, 23.

7. * Le jour de la naissance du roi était fêté dans tout l’Orient. Le grec ajoute que cette fête se célébrait tous les mois et il est certain en effet que les rois d’alors ne se contentaient pas de faire célébrer leur anniversaire au mois de leur naissance, mais à chaque mois de l’année. — Le lierre était consacré à Bacchus et l’on célébrait sa fête en se ceignant de couronnes faites avec le feuillage de cette plante.

8. Qu’elles ; litter., qu’ils, au masculin, parce que le mot cités est pris ici, non pour les lieux, mais pour les habitants de ces lieux. — * Des Ptolémées. Quelques manuscrits grecs portent Ptolémée, au singulier, et cette lecture est plus vraisemblable. Il s’agit de Ptolémée, fils de Dorýminus, l’ennemi des Juifs, IV, 45 ; I Mach. III, 38. — Les cités des Gentils voisines, où il y avait des Juifs, en Phénicie, etc.

11. * Les cavernes sont nombreuses dans les environs de Jérusalem. — À Philippe. Plus haut, V, 22.

15. Nos péchés, etc. ; c’est-à-dire, dès que nos péchés seront, etc. Plusieurs donnent à ce verset un sens opposé, en se fondant sur le grec ; mais nous croyons que ce texte dit au fond la même chose que la Vulgate.

18. * Éléazar avait 90 ans, vers. 24 ; il était scribe savant dans la science de la loi mosaïque.

23. L’enfer (inférnum). Comme nous l’avons déjà remarqué plusieurs fois, les Hébreux entendaient par ce mot, non le sépulcre, le tombeau, mais le lieu souterrain où étaient réunies les âmes après la mort.

24. Des étrangers, c’est-à-dire, des païens.

25. Par cette feinte et par, etc. ; c’est-à-dire, par cette feinte dont j’aurais usé pour conserver un petit reste de cette vie corruptible.

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CHAPITRE VII

Martyre des sept frères Machabées et de leur mère.

1. Or, il arriva que sept frères qu’on avait pris aussi avec leur mère, étaient pressés par le roi, de manger contre la défense de la loi divine, de la chair de porc, après qu’ils avaient été déchirés avec des fouets et des nerfs de bœuf.

2. Or l’un d’eux, qui était l’ainé, parla ainsi : Que demandez-vous, et que voulez-vous apprendre de nous ? Nous sommes prêts à mourir plutôt que de transgresser les lois de la patrie et de Dieu.

3. C’est pourquoi le roi, irrité, commanda qu’on fît chauffer des poêles et des marmites d’airain, lesquelles étant aussitôt chauffées,

4. Il commanda qu’on coupât la langue à celui qui le premier avait parlé, et qu’après lui avoir arraché la peau de la tête, on lui tranchât aussi l’extrémité des mains et des pieds à la vue de ses frères et de sa mère.

5. Et après qu’il eut été mutilé dans tous ses membres, il commanda qu’on approchât le feu, et que respirant encore, il fut rôti dans une poêle ; pendant qu’il y était longtemps torturé, tous ses autres frères et sa mère s’exhortaient l’un l’autre à mourir courageusement,

6. Disant : Le Seigneur Dieu verra la vérité ; il sera consolé en nous, selon que Moïse l’a déclaré par les paroles de son cantique : Et dans ses serviteurs il sera consolé.

7. C’est pourquoi, ce premier étant mort de cette manière, on conduisait le second pour le livrer aux outrages ; et lui ayant arraché la peau de la tête avec les cheveux, on lui demandait s’il mangerait plutôt que d’être déchiré dans chacun des membres de tout son corps.

8. Mais lui, répondant dans la langue de sa patrie, dit : Je ne le ferai pas. À cause de cela, il souffrit lui aussi à son tour les mêmes tourments que le premier ;

9. Et, se trouvant à son dernier moment, il parla ainsi : À la vérité, vous, le plus criminel des hommes, vous nous détruisez dans la vie présente ; mais le Roi du monde nous ressuscitera à la résurrection de la vie éternelle, nous morts pour ses lois.

10. Après celui-ci, on livra le troisième aux outrages ; et comme on lui demanda sa langue, il la présenta aussitôt, et il étendit les mains avec fermeté,

11. Et dit avec assurance : C’est du ciel que j’ai reçu ces membres ; mais à cause des lois de Dieu, maintenant je les dédaigne, parce que j’espère que je les recevrai de lui de nouveau.

12. En sorte que le roi, et ceux qui étaient avec lui, admiraient le courage de ce jeune homme, qui comptait pour rien les tourments.

13. Et celui-ci étant mort ainsi, ils maltraitaient le quatrième, le tourmentant de la même manière.

14. Et lorsque déjà il était près de la mort, il parla ainsi : Il vaut mieux que ceux qui sont livrés à la mort par les hommes attendent de Dieu l’espoir qu’ils seront par lui rendus de nouveau à la vie ; car pour vous il n’y aura point de résurrection à la vie.

15. Et lorsqu’ils eurent fait approcher le cinquième, ils le tourmentaient. Mais celui-ci, regardant le roi, dit :

16. Vous avez la puissance parmi les hommes ; quoique vous soyez mortel, vous faites ce que vous voulez ; mais ne pensez pas que notre race soit délaissée de Dieu.

17. Pour vous, attendez patiemment, et vous verrez sa grande puissance, de quelle manière il vous tourmentera, vous et votre lignée.

18. Après celui-ci, ils conduisirent le sixième, et étant près de mourir, il parla ainsi : Ne vous trompez pas vainement ; car nous, c’est à cause de nous que nous souffrons ainsi, et que des choses dignes d’étonnement sont arrivées parmi nous, ayant péché contre Dieu ;

19. Mais vous, ne croyez pas rester impuni, puisque vous avez tenté de combattre contre Dieu.

20. Au-delà de la mesure la mère admirable et digne de la mémoire des bons, laquelle voyant ses sept fils périr dans l’espace d’un seul jour, souffrait avec constance, à cause de l’espoir qu’elle avait en Dieu ;

21. Elle exhortait fortement chacun d’eux dans la langue de sa patrie, pleine de sagesse ; et alliant un cœur d’homme au sentiment d’une femme,

22. Elle leur dit : Je ne sais de quelle manière vous avez paru dans mon sein ; car ce n’est pas moi qui vous ai donné l’esprit, l’âme, ni la vie, et les membres de chacun de vous, ce n’est pas moi qui les ai assemblés,

23. Mais bien le créateur du monde, qui a formé l’homme à sa naissance, et qui a donné l’origine à toutes choses, et qui vous rendra de nouveau avec miséricorde l’esprit et la vie, parce que maintenant vous vous méprisez vous-mêmes à cause de ses lois.

24. Or Antiochus, pensant qu’on le méprisait, et dédaignant en même temps le langage de celle qui lui adressait des reproches, comme le plus jeune restait encore, non seulement il l’exhortait par ses paroles, mais lui assurait avec serment qu’il le rendrait riche et heureux, et que s’il abandonnait les lois de sa patrie, il le prendrait pour ami et lui donnerait toutes les choses nécessaires.

25. Mais comme le jeune homme ne se rendait point à ces raisons, le roi appela la mère, et l’engageait à sauver le jeune homme.

26. Lors donc qu’il l’eut exhortée en beaucoup de paroles, elle promit qu’elle conseillerait son fils.

27. C’est pourquoi s’étant baissée vers lui, et se moquant du cruel tyran, elle dit dans la langue de sa patrie : Mon fils, aie pitié de moi, qui dans mon sein t’ai porté neuf mois, qui t’ai allaité trois ans, qui t’ai nourri et amené jusqu’à cet âge.

28. Je te conjure, mon enfant, de regarder le ciel et la terre et toutes les choses qui y sont ; et de comprendre que de rien Dieu à fait toutes choses, ainsi que la race des hommes.

29. Ainsi il arrivera que tu ne craindras pas ce bourreau ; mais, devenu digne participant des souffrances de tes frères, reçois la mort, afin que dans cette miséricorde que nous attendons, je te reçoive avec tes frères.

30. Comme elle parlait encore, le jeune homme dit : Qu’attendez-vous de moi ? je n’obéirai point au précepte du roi, mais au précepte de la loi qui nous a été donnée par Moïse.

31. Quant à vous, qui êtes devenu l’inventeur de toute méchanceté contre les Hébreux, vous n’échapperez point à la main de Dieu ;

32. Car nous, c’est pour nos péchés que nous souffrons ces choses.

33. Et si contre nous, afin de nous châtier et de nous corriger, le Seigneur notre Dieu s’est irrité pour un peu de temps, toutefois il se réconciliera de nouveau avec ses serviteurs.

34. Mais vous, ô criminel, et le plus infâme de tous les hommes, ne vous flattez pas inutilement par de vaines espérances, enflammé contre ses serviteurs ;

35. Car vous n’avez pas encore échappé au jugement du Dieu tout-puissant, et qui voit toutes choses.

36. Car mes frères, ayant souffert maintenant une légère douleur, sont entrés dans l’alliance de l’éternelle vie ; mais vous, vous subirez au jugement de Dieu les justes peines de votre orgueil.

37. Quant à moi, comme mes frères eux-mêmes, je livre mon corps et mon âme pour les lois de la patrie, invoquant Dieu, afin que bientôt il devienne propice à notre nation, et que vous confessiez, au milieu des tourments et des coups, qu’il est le seul Dieu.

38. Mais avec moi et avec mes frères finira la colère du Tout-puissant, qui sur toute notre race est tombée justement.

39. Alors le roi, enflammé de colère, sévit contre celui-ci plus cruellement que contre tous les autres, souffrant avec indignation qu’on se moquât de lui.

40. C’est pourquoi celui-ci aussi mourut sans s’être souillé, se confiant en toutes choses au Seigneur.

41. Or en dernier lieu la mère aussi souffrit la mort après ses fils.

42. Mais sur les sacrifices et sur les excessives cruautés il en a été assez dit.

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CHAP. VII. 6. Deut. XXXII, 36, 43.

 

1. Sept frères ; ils sont généralement appelés Machabées ; mais on ne s’accorde pas sur l’origine de cette dénomination. Quant à leur martyre, l’opinion commune est qu’ils le souffrirent à Antioche.

3. Qu’on fit chauffer ; litter., qu’on allumât au-dessous.

5. Qu’il eut été mutilé ; litter., qu’il fut fait inutile.

6. Les paroles ; litter., la protestation, l’assurance. — Dans ses serviteurs, etc. Ce texte du Deutéronome (XXXII, 36), est cité selon la version des Septante.

8. La langue de sa patrie ; l’araméen, que l’on parlait alors en Palestine.

9. Son dernier moment ; litter., son dernier souffle. Compar. III, 31.

16. Mortel ; litter., sujet à la corruption (corruptibilis).

24. Dédaignant, etc. ; selon le grec : soupçonnant un langage insultant. Il parait qu’Antiochus ne comprenait pas la langue (Compar. vers. 8) que cette mère parlait à ses enfants ; mais les voyant si fermes, il se douta qu’elle les encourageait, et rendait ainsi inutiles, et ses menaces, et ses supplices. — * Pour ami. Sur le sens de ce titre, voir I Mach. II, 18.

29. Dans cette miséricorde, etc. Voy. vers. 23.

30. Qu’attendez-vous de moi ? litter., quel (quem) attendez-vous ? comment me croyez-vous disposé ?

36. Dans l’alliance, etc. ; c’est-à-dire, dans la jouissance de la vie éternelle promise par l’alliance que Dieu a faite avec leurs pères.

42. Les sacrifices profanes. — Les excessives cruautés d’Antiochus.

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CHAPITRE VIII

Judas Machabée fortifie son parti et attaque les ennemis. Nicanor et Gorgias sont envoyés contre lui. Il exhorte les siens à combattre avec courage. Il met en fuite l’armée ennemie. Il continue de rapporter de grands avantages. Nicanor s’enfuit à Antioche.

1. Cependant Judas Machabée et ceux qui étaient avec lui entraient secrètement dans les villages, et, appelant leurs parents et leurs amis, et ceux qui étaient demeurés fermes dans le judaïsme, les prenant avec eux, ils s’attirèrent six mille hommes.

2. Et ils invoquaient le Seigneur, afin qu’il regardât favorablement son peuple, qui était foulé aux pieds par tout le monde, et qu’il fut touché de compassion pour son temple, qui était souillé par les impies ;

3. Qu’il eût pitié aussi d’une cité qui allait être rasée sur-le-champ, et qu’il écoutât la voix du sang qui criait jusqu’à lui ;

4. Et qu’il se souvînt aussi des meurtres très iniques des petits enfants innocents, et des blasphèmes proférés contre son nom, et qu’il s’indignât contre ces crimes.

5. Machabée donc, ayant rassemblé une grande multitude, devenait formidable aux nations ; car la colère du Seigneur se changea en miséricorde.

6. Et fondant à l’improviste sur les villages et les cités, il les brulait ; et occupant les lieux avantageux, il faisait un grand carnage des ennemis ;

7. Mais c’était surtout pendant les nuits qu’il se livrait de cette sorte à des excursions, et le bruit de sa valeur se répandait de toutes parts.

8. Or Philippe, voyant le progrès que cet homme faisait insensiblement, et que le plus souvent les choses tournaient à son avantage, écrivit à Ptolémée, gouverneur de la Cœlésyrie et de la Phénicie, d’apporter du secours aux affaires du roi.

9. Mais Ptolémée lui envoya promptement Nicanor, fils de Patroclus, son ami, parmi les grands de la cour, lui donnant de diverses nations non moins de vingt mille hommes armés, afin qu’il exterminât la race entière des Juifs, et lui adjoignant Gorgias, homme belliqueux, et dans les choses de la guerre très expérimenté.

10. Or Nicanor résolut de fournir au roi le tribut de deux mille talents qui devait être donné aux Romains, sur la vente des esclaves juifs ;

11. Et aussitôt il envoya vers les cités maritimes, invitant les marchands à l’achat des esclaves juifs, promettant de leur en vendre quatre-vingt-dix pour un talent, sans considérer la vengeance du Tout-puissant qui allait l’atteindre.

12. Mais Judas, quand il apprit l’arrivée de Nicanor, avertit les Juifs qui étaient avec lui.

13. Quelques-uns d’entre eux, saisis de frayeur et ne croyant pas à la justice de Dieu, prenaient la fuite ;

14. Mais les autres, si quelque chose leur était resté, ils le vendaient, et en même temps ils conjuraient le Seigneur de les délivrer de l’impie Nicanor, qui, avant d’être arrivé auprès d’eux, les avait vendus ;

15. Sinon à cause d’eux, au moins à cause de l’alliance qu’il avait faite avec leurs pères, et de son nom saint et glorieux qui était invoqué sur eux.

16. Or Machabée, les sept mille hommes qui étaient avec lui ayant été assemblés, les priait de ne pas se réconcilier avec leurs ennemis, et de ne pas craindre la multitude d’ennemis qui venaient injustement contre eux, mais de combattre courageusement,

17. Ayant devant les yeux l’outrage qui avait été fait injustement par eux au lieu saint, et de même l’injure à la cité tournée en dérision, et encore les constitutions des anciens déchirées.

18. Car, ajoutait-il, eux se confient tout à la fois dans leurs armes et dans leur audace ; mais nous, c’est dans le Seigneur tout-puissant, qui peut d’un signe détruire et ceux qui viennent contre nous et le monde entier, que nous nous confions.

19. Il les fit souvenir aussi des secours de Dieu, qui furent accordés à leurs pères, et des cent quatre-vingt-cinq mille hommes qui périrent sous Sennachérib ;

20. Et de la bataille qu’ils soutinrent contre les Galates dans la Babylonie, de manière que, lorsqu’on en vint à l’action, les Macédoniens, leurs alliés, chancelant, eux en tout six mille hommes seulement, en tuèrent cent vingt mille à cause du secours venu du ciel, et pour cela ils obtinrent un très grand nombre de faveurs.

21. Par ces paroles ils devinrent inébranlables, et prêts à mourir pour les lois et la patrie.

22. C’est pourquoi Judas établit chefs de l’un et de l’autre corps, ses frères Simon, Joseph et Jonathas, mille et cinq cents hommes ayant été placés sous le commandement de chacun d’eux.

23. Outre cela, le livre saint leur ayant été lu par Esdras, et le secours de Dieu ayant été donné pour signal, il se plaça lui-même comme chef au premier rang et combattit contre Nicanor.

24. Et le Tout-puissant s’étant fait leur aide, ils tuèrent plus de neuf mille hommes ; mais, la plus grande partie de l’armée de Nicanor étant affaiblie par les blessures, ils la forcèrent de fuir.

25. Quant à l’argent de ceux qui étaient venus pour les acheter, ils l’enlevèrent et ils les poursuivirent eux-mêmes en tous lieux.

26. Mais ils revinrent pressés par l’heure ; car c’était avant le sabbat ; pour ce motif ils ne continuèrent pas à les poursuivre.

27. Rassemblant ensuite leurs armes et leurs dépouilles, ils célébrèrent le sabbat, bénissant le Seigneur, qui les avait délivrés en ce jour-là, distillant sur eux les premières gouttes de sa miséricorde.

28. Et après le sabbat, ils partagèrent les dépouilles entre les infirmes, les orphelins et les veuves ; et le reste, ils le retinrent pour eux et pour les leurs.

29. C’est pourquoi, les choses s’étant ainsi passées, et la prière ayant été faite par tous ensemble, ils demandaient au Seigneur miséricordieux qu’enfin il se réconciliât avec ses serviteurs.

30. Et d’entre ceux qui étaient avec Timothée et Bacchide, et combattaient contre eux, ils en tuèrent plus de vingt mille, et ils se rendirent maitres de hautes forteresses, et partagèrent un grand butin en égales portions entre les infirmes, les orphelins et les veuves, et même les vieillards.

31. Et lorsqu’ils eurent recueilli avec soin les armes des ennemis, ils les mirent toutes en réserve dans des lieux convenables, mais le reste des dépouilles, ils le portèrent à Jérusalem.

32. Et ils tuèrent Philarque, homme criminel, qui était avec Timothée, et qui avait fait aux Juifs beaucoup de maux.

33. Et lorsqu’ils faisaient des réjouissances à Jérusalem pour cette victoire, ils brulèrent celui qui avait brulé les portes sacrées, c’est-à-dire Callisthenes, lorsqu’il s’était réfugié dans une certaine maison, lui rendant une digne récompense pour ses impiétés.

34. Mais Nicanor, couvert de crimes, qui avait amené mille marchands pour vendre les esclaves juifs,

35. Humilié avec le secours du Seigneur, par ceux qu’il avait comptés pour rien, s’enfuit par le milieu des terres, dépouillé de ses vêtements de gloire, et il arriva seul à Antioche, ayant trouvé le comble du malheur dans la perte de son armée.

36. Et celui qui avait promis de payer le tribut aux Romains avec le prix de la vente des captifs de Jérusalem, publiait alors que les Juifs avaient Dieu pour protecteur, et qu’ils étaient invulnérables, à cause qu’ils suivaient les lois par lui établies.

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CHAP. VIII. 19. IV Reg. XIX, 35 ; Tob. I, 21 ; Eccli. XLVIII, 24 ; Is. XXXVII, 36 ; I Mach. VII, 41.

 

1. Villages. C’est le sens du mot castélla de la Vulgate, expliqué par le texte grec.

8. * Philippe. Voir I Mach. VI, 14. — Ptolémée. Voir I Mach. III, 38.

9. * Nicanor, Gorgias, voir I Mach. III, 38. — Son ami, voir I Mach. II, 18.

10. Antiochus le Grand, père d’Antiochus Épiphane, ayant été vaincu par les Romains, dut payer quinze mille talents pour les frais de la guerre ; les deux mille talents que devait alors Antiochus Épiphane. étaient le reste de cette somme. Or ce sont ces deux mille talents que Nicanor se flatta de fournir au roi, pour lui faire sa cour. — Talents. Voy. I Mach. XI, 28.

15. De les délivrer, sinon à cause, etc.

16. Sept mille ; selon le grec, six mille, ce qui s’accorde avec le vers. 22.

20. De la bataille. On ignore le temps et l’occasion de cette bataille. On sait seulement que sous le règne d’Antiochus le Grand, les Galates étaient très puissants en Asie, et que les Juifs, depuis Alexandre le Grand, servaient ordinairement dans les armées des rois de Syrie. — Les Macédoniens, c’est-à-dire, les troupes grecques et syriennes auxquelles on avait confié la garde de la Babylonie, en y joignant un corps de Juifs. — Six mille ; selon le grec, quatre mille. Voy. vers. 16.

22. De l’un et de l’autre corps. Le grec pas plus que la Vulgate n’est susceptible d’aucun autre sens. Ce qui suppose que l’armée était divisée en deux corps ou régiments divisés eux-mêmes en quatre compagnies, dont une était commandée par Judas (voy. cependant le verset suivant), et les autres par ses frères. Or, chacune de ces compagnies se composant de quinze cents hommes, on a le nombre de six mille, marqué au vers. 16 du texte grec. — Joseph ne se trouvant pas ailleurs au nombre des frères de Judas, les uns croient que c’est Jean (I Mach. II, 2), les autres prétendent que ce Joseph était simplement parent ou beau-frère de Judas.

23. Le livre saint, c’est-à-dire, un ou plusieurs passages ; peut-être Deut. XX, 2 et suiv. Compar. I Mach. III, 56. — Esdras ; le grec porte Éléazar, mis à l’accusatif, comme quatrième complément du verbe il établit (constituit) du vers. précédent, et il présente Judas en lui-même comme ayant lu dans le livre saint. — Le secours, etc. ; leur ayant donné pour signal ou mot d’ordre du guet : Le secours de Dieu. Compar. XIII, 15. — * Esdras ou Éléazar était sans doute un prêtre attaché à l’armée.

26. Avant, etc. ; la veille du sabbat, qui commençait au coucher du soleil.

29. Enfin (in finem) ; ou bien par hébraïsme, entièrement, pour toujours.

30. * Timothée. Voir I Mach. V, 6. — Bacchides est considéré communément comme le même que celui dont il est parlé I Mach. VII, 8.

32. * Philarque, connu seulement par ce passage.

33. * Callisthenes, partisan de Nicanor.

35. * Par le milieu des terres, par le chemin le plus direct et le plus court.

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CHAPITRE IX

Antiochus revient de Perse. Il apprend la défaite de ses généraux par les Juifs. Il jure la perte de ce peuple. Dieu le frappe et le force de confesser sa propre faiblesse. Vaine protestation d’Antiochus. Lettre qu’il écrit aux Juifs. Il meurt misérablement. Philippe transporte son corps.

1. Dans le même temps, Antiochus revenait honteusement de Perse.

2. Car il était entré dans la cité qui s’appelle Persépolis ; il tenta de piller le temple et d’opprimer la cité ; mais, la multitude ayant couru aux armes, ils furent mis en fuite ; et ainsi il arriva qu’Antiochus, après cette fuite, s’en retourna honteusement.

3. Et lorsqu’il fut venu vers Ecbatana, il sut ce qui s’était passé à l’égard de Nicanor et de Timothée.

4. Or, étant transporté de colère, il pensait qu’il pourrait tourner contre les Juifs l’outrage que lui avaient fait ceux qui l’avaient mis en fuite ; et c’est pourquoi il commanda de presser son char, hâtant sa marche sans relâche, la vengeance céleste le poursuivant, parce qu’il avait dit superbement qu’il viendrait à Jérusalem et qu’il en ferait le tombeau commun des Juifs.

5. Mais celui qui voit tout, le Seigneur, Dieu d’Israël, le frappa d’une incurable et invisible plaie. Car dès qu’il eut proféré cette parole, une douleur cruelle d’entrailles le saisit, ainsi que des tourments violents dans les intestins ;

6.Et à la vérité très justement, puisqu’il avait déchiré lui-même les entrailles des autres par de nombreux et de nouveaux tourments, et qu’il n’avait en aucune manière renoncé à sa méchanceté.

7. Mais, outre cela, rempli d’orgueil, respirant en son cœur feu et flamme contre les Juifs, et comme il ordonna qu’on précipitât sa marche, il arriva qu’en allant avec impétuosité, il tomba de son char, et que par le choc terrible de son corps ses membres furent meurtris.

8. Ainsi celui qui se figurait qu’il commandait même aux flots de la mer, plein d’un orgueil dépassant la limite de l’orgueil humain, et qui pesait dans une balance les hauteurs des montagnes, alors humilié jusqu’à terre, était porté dans une litière, attestant dans sa personne la vertu manifeste de Dieu ;

9. Au point que du corps de cet impie des vers sortaient comme d’une source, et que vivant dans les douleurs, ses chairs tombaient par pièces, et que même l’armée était incommodée de son odeur infecte.

10. Et celui qui un peu auparavant croyait toucher les astres du ciel, personne ne pouvait le porter, à cause de son infection insupportable.

11. Dès lors donc, il commença, descendu de ce grand orgueil, à venir à la connaissance de lui-même, averti par la plaie divine, ses douleurs à chaque moment prenant de l’accroissement.

12. Et comme lui-même ne pouvait plus souffrir son infection, il dit : Il est juste d’être soumis à Dieu, et qu’un mortel ne se croie pas égal à Dieu.

13. Or ce criminel priait le Seigneur, de qui il n’allait pas obtenir miséricorde.

14. Et la cité vers laquelle il venait en se hâtant, afin de l’abaisser jusqu’au sol, et d’en faire un sépulcre de cadavres amoncelés, il souhaite maintenant de la rendre libre.

15. Et les Juifs, dont il avait dit qu’il ne les traiterait pas comme étant dignes de la sépulture, mais qu’il les livrerait aux oiseaux et aux bêtes féroces, pour être déchirés, et qu’il les exterminerait avec les plus petits enfants, il promet maintenant de les rendre égaux aux Athéniens ;

16. Et le temple saint aussi, qu’il avait auparavant pillé, il promet de l’orner de dons précieux, de multiplier les vases sacrés, et de fournir de ses revenus aux dépenses relatives aux sacrifices ;

17. Outre cela, de se faire Juif et de parcourir tous les lieux de la terre, pour publier la puissance de Dieu.

18. Mais, les douleurs ne cessant pas (car le juste jugement de Dieu lui était survenu), perdant l’espérance, il écrivit aux Juifs en forme de supplication, une lettre contenant ceci :

19. AUX EXCELLENTS citoyens juifs, le roi et prince Antiochus souhaite une très longue vie, et de bien se porter et d’être heureux.

20. Si vous vous portez bien, vous et vos enfants, et si toutes choses vont à votre gré, nous en rendons de grandes actions de grâces à Dieu.

21. Et moi, étant retenu par la maladie, mais me souvenant de vous avec bonté, revenu du pays de Perse, et surpris par une maladie grave, j’ai jugé nécessaire de prendre soin des intérêts communs ;

22. Ne désespérant pas de moi-même, mais ayant un grand espoir d’échapper à la maladie.

23. Considérant donc que mon père lui-même, dans les temps où il conduisait son armée dans les hautes provinces, désigna celui qui, après lui, devait recevoir la domination ;

24. Afin que, si quelque chose s’y opposait ou qu’une nouvelle fâcheuse se répandait, ceux qui étaient dans les provinces de son royaume, sachant à qui était laissée la domination, ne se troublassent point.

25. De plus, considérant que tous les puissants les plus proches et nos voisins épient les temps, et attendent l’évènement, j’ai désigné pour roi mon fils Antiochus, que je recommandais souvent à beaucoup d’entre vous, en retournant dans les royaumes supérieurs ; et je lui ai écrit ce qui est ci-dessous.

26. C’est pourquoi je vous prie, et je demande que, vous souvenant de mes bienfaits publics et particuliers, chacun garde la fidélité envers moi et envers mon fils.

27. Car j’ai confiance qu’il se conduira avec modération et humanité, et qu’il suivra mes intentions, et qu’il sera tout à vous.

28. Ainsi cet homicide et blasphémateur a été frappé d’une horrible plaie, et comme lui-même avait traité les autres, il termina sa vie dans les montagnes, à l’étranger, par une mort misérable.

29. Et Philippe, son frère de lait, transporta son corps ; et craignant le fils d’Antiochus, il s’en alla en Égypte, vers Ptolémée Philométor.

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CHAP. IX. 5. II Par. XVI, 9.

 

1. * De Perse. Voir I Mach. III, 31.

2. Voy. I Mach. VI, 1. — * Persépolis, une des capitales de la Perse, au nord de l’Araxe, dans une plaine fertile ; elle fut appelée Istakhar sous les Sassassides. Brulée, mais non détruite par Alexandre le Grand, elle demeura longtemps encore une ville importante, mais finit par tomber tout à fait en ruines. On y voit encore de nombreux monuments des rois perses.

3. Ecbatana, ville capitale de la Médie. — * Sur Ecbatana, voir Tob. III, 7.

4. Le tombeau ; litter., l’amas, le monceau de cadavres.

6. Très justement. C’est le vrai sens des mots satis juste, expliqués par le grec et même par l’hébreu. Compar. I Mach. VII, 21.

8. Les hauteurs des montagnes ; hébraïsme, pour, les montagnes très élevées.

9. Son odeur infecte ; litter., son odeur et infection ; figure grammaticale, dont la Bible fournit un certain nombre d’exemples. — * Du corps de cet impie des vers sortaient. Hérode Agrippa Ier mourut d’une maladie semblable, très probablement l’helminthiasis, maladie qui produit des vers dans les entrailles, des abcès, des ulcères remplis de vers qui répandent une infection insupportable.

11. La plaie divine ; la plaie dont Dieu l’avait frappé.

13. De qui, etc. ; parce que sa prière était l’effet de l’excès de son mal, mais nullement de la conversion de son cœur. — * Les rendre égaux ou semblables aux Athéniens, leur accorder l’indépendance et l’autonomie.

20. À Dieu est exprimé dans le grec.

23. Les hautes provinces, les provinces d’au-delà de l’Euphrate. — * Mon père, Antiochus III le Grand. Il avait péri en essayant de piller un temple en Élymaïde, comme venait de le faire Antiochus IV Épiphane à Persépolis. Voir plus haut, I, 11. — Désigna celui qui devait recevoir la domination, son fils ainé, Seléucus IV Philopator, frère d’Antiochus Épiphane. Seléucus succéda en effet à son père sans aucune contestation.

25. Les royaumes supérieurs sont les contrées d’au-delà de l’Euphrate (vers. 23). — Antiochus V Eupator. Voir I Mach. III, 32.

27. Il sera, etc. ; litter., il vous sera commun.

29. Voy. sur ce vers. I Mach. VI, 14-17.

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CHAPITRE X

Purification du temple par Judas Machabée. Lýsias régent du royaume de Syrie sous Antiochus Eupator. Mort de Ptolémée Macron. Courses de Gorgias sur les Juifs. Victoires de Judas sur les Iduméens. Défaite de Timothée. Prise de Gazara.

1. Or Machabée, et ceux qui étaient avec lui, le Seigneur les protégeant, reprirent la cité et le temple.

2. Mais les autels que les étrangers avaient élevés sur les places publiques, de même que les temples des idoles, il les démolit.

3. Et le temple ayant été purifié, ils firent un autre autel ; et ayant tiré du feu de pierres ignées, ils offrirent des sacrifices deux ans après et mirentl’encens et les lampes, et les pains de proposition.

4. Ce qui ayant été fait, prosternés en terre, ils demandaient au Seigneur de ne plus tomber dans de tels maux ; mais que, si un jour ils péchaient, ils lussent repris par lui avec plus de douceur, et non livrés à des hommes barbares et blasphémateurs.

5. Et il arriva qu’au jour où le temple avait été souillé par les étrangers, au même jour la purification se fit, le vingt-cinquième du mois de Casleu.

6. Et ils célébrèrent cette fête pendant huit jours avec allégresse, comme celle des tabernacles, se souvenant que, peu de temps auparavant, ils avaient célébré le jour solennel des tabernacles dans les montagnes et dans les autres, comme des bêtes sauvages.

7. C’est pourquoi ils portaient des thyrses, des rameaux verts et des palmes, en l’honneur de celui qui leur avait procuré l’avantage de purifier son lieu.

8. Et ils enjoignirent, par un commandement général, et par un décret, à toute la nation des Juifs de célébrer tous les ans ces mêmes jours.

9. Quant à la fin de la vie d’Antiochus, qui fut appelé le Noble, elle fut ainsi que nous l’avons dit.

10. Mais maintenant nous raconterons ce qui s’est passé touchant Eupator, fils de l’impie Antiochus, en abrégeant le récit des maux qui sont arrivés pendant les guerres.

11. Ce prince, en effet, étant devenu maitre du royaume, établit sur les affaires du royaume un certain Lýsias, prince de l’armée de Phénicie et de Syrie.

12. Car Ptolémée, qui était appelé le Maigre, résolut de ne point se départir de la justice envers les Juifs, principalement à cause de l’iniquité qui avait été commise contre eux, et d’agir dans un esprit de paix avec eux.

13. Mais, à cause de cela, il fut accusé par ses amis auprès d’Eupator ; comme fréquemment il s’entendait appeler traitre, parce qu’il avait abandonné Chypre, qui lui avait été donnée en garde par Philométor, et qu’après avoir passé dans le parti d’Antiochus le Noble, il s’était aussi éloigné de lui, il finit sa vie par le poison.

14. Or Gorgias, lorsqu’il était gouverneur de ces contrées, ayant pris des étrangers, faisait fréquemment la guerre aux Juifs.

15. Mais les Juifs qui occupaient des forteresses d’une situation avantageuse, recevaient ceux qui avaient été chassés de Jérusalem et tentaient des guerres.

16. Cependant ceux qui étaient avec Machabée, ayant par leurs prières conjuré le Seigneur d’être leur aide, firent irruption sur les forteresses des Iduméens ;

17. Et avançant avec vigueur, ils s’emparèrent d’un grand nombre de lieux, massacrèrent ceux qui venaient à leur rencontre, et tous ensemble ne tuèrent pas moins de vingt mille hommes.

18. Et, comme quelques-uns s’étaient réfugiés dans deux tours très fortifiées, ayant fait tous les préparatifs pour se défendre,

19. Machabée, pour les forcer, ayant laissé Simon et Joseph, ainsi que Zachée, et ceux qui étaient avec eux en nombre suffisant, se tourna lui-même vers des combats qui étaient plus pressants.

20. Mais ceux qui étaient avec Simon, guidés par la cupidité, furent gagnés pour de l’argent par quelques-uns de ceux qui étaient dans les tours, et, ayant reçu soixante-dix mille didrachmes, ils en laissèrent échapper quelques-uns.

21. Or, lorsqu’on eut annoncé à Machabée ce qui avait été fait, les princes du peuple ayant été assemblés, il les accusa d’avoir pour de l’argent vendu leurs frères, en laissant aller leurs adversaires.

22. Il tua donc ceux qui s’étaient rendus traitres, et aussitôt il s’empara des deux tours.

23. Et par ses armes et ses efforts, en faisant toutes choses avec succès, il tua plus de vingt mille hommes dans les deux forteresses.

24. Mais Timothée, qui auparavant avait été vaincu par les Juifs, ayant appelé une armée de troupes étrangères, et assemblé la cavalerie d’Asie, vint comme pour prendre la Judée par les armes.

25. Or Machabée, et ceux qui étaient avec lui, tandis qu’il s’approchait, prièrent le Seigneur, répandant de la terre sur leurs têtes, ceignant leurs reins de cilices,

26. Prosternés au pied de l’autel, afin que le Seigneur leur fût propice, mais qu’il fût l’ennemi de leurs ennemis, et l’adversaire de leurs adversaires, comme la loi dit.

27. Et ainsi, après la prière, ayant pris les armes, et s’étant avancés très loin hors de la cité, et devenus très proches de leurs ennemis, ils s’arrêtèrent.

28. Mais au premier lever du soleil, les uns et les autres engagèrent la bataille, ceux-ci, il est vrai, ayant pour garant de la victoire et du succès, outre leur valeur, le Seigneur, mais les autres avaient pour chef dans la guerre leur courage.

29. Mais, lorsque le combat était opiniâtre, apparurent du ciel à leurs ennemis cinq hommes sur des chevaux, éclatants par des freins d’or, et conduisant les Juifs ;

30. Deux d’entre ces hommes ayant Machabée au milieu d’eux, couvert de leurs armes, le conservaient sain et sauf ; mais, sur les ennemis, ils jetaient des traits et des foudres ; d’où confondus par la cécité, et remplis de trouble, ils tombaient morts.

31. Ainsi ils furent tués au nombre de vingt mille cinq cents hommes de pied, et six cents cavaliers.

32. Or Timothée s’enfuit à Gazara, place forte que commandait Chæréas.

33. Mais Machabée et ceux qui étaient avec lui, se réjouissant, assiégèrent la place durant quatre jours.

34. Et ceux qui étaient dedans, se confiant à la force du lieu, les maudissaient outre mesure, et proféraient des paroles impies.

35. Mais, lorsque le cinquième jour commençait à briller, vingt jeunes hommes, de ceux qui étaient avec Machabée, enflammés de colère, à cause de ces blasphèmes, s’approchèrent vaillamment du mur, et s’avançant avec un courage intrépide, ils montaient.

36. Mais d’autres aussi, montant pareillement, commencèrent à mettre le feu aux tours et aux portes, et à bruler tout vivants ceux mêmes qui les maudissaient.

37. Or, pendant deux jours de suite, la place ayant été dévastée, ils trouvèrent Timothée qui se cachait en un certain lieu, et le massacrèrent, et ils tuèrent son frère Chǽreas et Apollophanes.

38. Ce qui ayant été fait, ils bénissaient par des hymnes et des louanges le Seigneur qui avait fait de grandes choses en Israël, et leur avait donné la victoire.

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CHAP. X.

 

5. Casleu. Voy. I Mach. I, 57.

7. Thyrses signifie proprement des bâtons couverts de branches de lierre ou de vigne, que portaient Bacchus et les bacchantes ; mais il se prend aussi quelquefois pour de simples rameaux de verdure. — Son lieu, c’est-à-dire, son temple.

9. Le Noble. Voy. I Mach. X, 1. — Ainsi, etc. Voy. I Mach. VI, 1-16, et II Mach. I, 13-17.

10. * Antiochus V Eupator. Voir I Mach. III, 32.

11. * Lýsias. Voir I Mach. III, 32.

12. Maigre (macer) ; dans le grec, long, haut de taille. — * Ptolémée. Voir I Mach. III, 38.

14. * Gorgias. Voir plus haut, I Mach. III, 38.

19. Joseph. Voir plus haut, VIII, 22. — Zachée est tout à fait inconnu.

20. Didrachmes. Voy. IV, 19.

24. * Timothée, dont il a été parlé plus haut, VIII, 30.

26. Au pied ou à la base de l’autel (ad altaris crepidinem) ; selon le grec : à la base de l’autel du parfum ; c’est-à-dire, entre l’autel des holocaustes et le vestibule du temple. C’est l’endroit où, selon le prophète Joël (II, 17), les prêtres se prosternaient pour prier dans les calamités publiques. — Comme dit la loi (Ex. XXIII, 22-23).

29. Éclatants ou brillants, étant au nominatif (decori) dans la Vulgate, se rapporte aux cinq hommes (viri quinque) ; mais le grec le rapporte plus naturellement, ce semble, aux chevaux. Peut-être que le decori de la Vulgate est une simple faute de copiste, et qu’il faudrait lire decoris.

32. Gazara. Voy. I Mach. XIV, 34. — Chæréas, frère de Timothée (vers. 37).

37. * Apollophanes est un personnage inconnu.

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CHAPITRE XI

Lýsias vient en Judée avec une armée nombreuse. Les Juifs invoquent le Seigneur et remportent la victoire. Lýsias leur demande la paix ; Judas l’accorde. Lettre de Lýsias aux Juifs. Lettre d’Antiochus Eupator à Lýsias et aux Juifs. Lettre des Romains aux Juifs.

1. Or, peu de temps après, Lýsias, gouverneur du roi et son parent, et préposé aux affaires du royaume, supportant avec peine ce qui était arrivé,

2. Ayant assemblé quatre-vingt mille hommes de pied, et toute sa cavalerie, il venait contre les Juifs, pensant qu’après avoir pris la cité, il en ferait une habitation pour les nations ;

3. Que, quant au temple, il en tirerait un profit en argent comme de tous les autres temples des nations, et qu’il vendrait tous les ans le sacerdoce ;

4. Ne songeant nullement à la puissance de Dieu, mais effréné en son esprit, c’était à la multitude de ses hommes de pied, et aux milliers de ses cavaliers et à ses quatre-vingts éléphants qu’il se confiait.

5. Or, étant entré en Judée, et s’étant approché de Bethsura, qui était dans un lieu étroit distant de Jérusalem de cinq stades, il attaquait cette place.

6. Mais, dès que Machabée et ceux qui étaient avec lui surent que les places fortes étaient attaquées, ils conjurèrent le Seigneur avec des soupirs et des larmes, eux et toute la multitude avec eux, d’envoyer un bon ange pour le salut d’Israël.

7. Et Machabée lui-même, le premier, ayant pris les armes, exhorta tous les autres à s’exposer avec lui au péril, et à porter secours à leurs frères.

8. Et comme ils s’avançaient tous également avec un esprit résolu, apparut à Jérusalem un cavalier marchant devant eux avec un vêtement blanc, des armes d’or, et agitant une lance.

9. Alors tous ensemble bénirent le Seigneur miséricordieux, et s’animèrent d’un grand courage, prêts, non seulement à passer au travers des hommes, mais encore au travers des bêtes les plus féroces et des murs de fer.

10. Ils allaient donc bien résolus, ayant du ciel un aide, et le Seigneur qui avait pitié d’eux.

11. Or, comme des lions se précipitant impétueusement sur les ennemis, ils en tuèrent onze mille hommes de pied, et seize cents cavaliers ;

12. Pour tous les autres, ils les mirent en fuite ; mais la plupart d’entre eux échappèrent blessés et désarmés. Lýsias lui-même échappa aussi, mais en fuyant honteusement.

13. Et comme il ne manquait pas de sens, considérant en lui-même la diminution qui s’était faite de ses troupes, et reconnaissant que les Hébreux étaient invincibles, lorsqu’ils s’appuyaient sur le secours du Dieu tout-puissant, il envoya vers eux,

14. Et il promit qu’il consentirait à tout ce qui serait juste, et qu’il persuaderait au roi de devenir leur ami.

15. Or Machabée se rendit aux prières de Lýsias, consultant en toutes choses l’intérêt public ; et tout ce que Machabée écrivit à Lýsias touchant les Juifs, le roi l’accorda.

16. Car il avait été écrit aux Juifs par Lýsias des lettres contenant ce qui suit :

Lýsias au peuple des Juifs, salut.

17. Jean et Abesalom, qui avaient été envoyés par vous pour remettre vos écrits, demandaient que ce qui était exprimé par eux, je l’accomplisse.

18. Ainsi tout ce qui a pu être rapporté au roi, je l’ai exposé ; ce que l’état des choses permettait, il l’a accordé.

19. Si donc dans les traités vous gardez la foi, je m’efforcerai désormais de vous être utile.

20. Pour toutes les autres choses, j’ai commandé de vive voix et à ceux-ci, et à ceux qui ont été envoyés par moi, de conférer de chacune en particulier.

21. Portez-vous bien. En l’année cent-quarante-huitième, au mois de Dioscorus, le vingt-quatrième jour.

22. Or la lettre du roi contenait ceci :

Le roi Antiochus, à son frère Lýsias, salut.

23. Notre père ayant été transporté parmi les dieux, nous, voulant que ceux qui sont dans notre royaume vivent sans tumulte, et qu’ils soient appliqués à leurs affaires.

24. Nous avons appris que les Juifs n’ont pas cédé à mon père en passant au rite des Grecs, mais qu’ils veulent conserver leur règle de conduite, et qu’à cause de cela ils nous demandent qu’il leur soit accordé de suivre leurs lois.

25. Voulant donc que cette nation aussi soit en paix, statuant, nous avons jugé que leur temple leur soit rendu, afin qu’ils vivent selon la coutume de leurs ancêtres.

26. Tu feras donc bien si tu envoies vers eux, et si tu leur donnes la main droite, afin que, notre volonté étant connue, ils reprennent courage et s’attachent à leurs propres intérêts.

27. Mais la lettre du roi aux Juifs était ainsi : Le roi Antiochus, au sénat des Juifs et aux autres Juifs, salut.

28. Si vous vous portez bien, vous êtes comme nous le désirons ; et nous aussi nous nous portons bien.

29. Menelaüs est venu vers nous, disant que vous voulez descendre vers les vôtres qui sont auprès de nous.

30. À ceux donc qui voudront venir jusqu’au trentième jour du mois de Xanthicus, nous donnons la main droite en signe d’assurance,

31. Afin que les Juifs usent de leurs aliments et de leurs lois comme auparavant, et que personne d’entre eux n’éprouve de la peine en aucune manière des choses qui ont été faites par ignorance.

32. Et nous avons aussi envoyé Menelaüs pour vous parler.

33. Portez-vous bien. En l’année cent-quarante-huitième, du mois de Xanthicus le quinzième jour.

34. Or les Romains aussi envoyèrent une lettre ainsi conçue :

QUINTUS Mémmius et Titus Manilius, envoyés des Romains, au peuple des Juifs, salut.

35. Ce que Lýsias, parent du roi, vous a accordé, nous vous l’accordons nous aussi.

36. Mais quant à ce qu’il a jugé devoir être référé au roi, envoyez aussitôt quelqu’un, après en avoir très soigneusement délibéré entre vous, afin que nous ordonnions comme il vous convient ; car nous, nous allons à Antioche.

37. Et c’est pourquoi hâtez-vous de nous récrire, afin que nous aussi nous sachions quel est votre désir.

38. Portez-vous bien. En l’année cent-quarante-huitième, au quinzième jour du mois de Xanthicus.

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CHAP. XI.

 

1. * Lýsias. Voir I Mach. III, 32.

3. Il en tirerait, etc., soit en vendant les charges et les dignités de ce temple, soit en exigeant de l’argent de ceux qui y venaient offrir des victimes.

5. Étant entré, etc. Cette guerre est différente de celle qui est mentionnée I Mach. VI, 28 et suiv. — Stades, ou selon la version alexandrine Schènes. Or le schène variait selon les lieux, mais le moindre valait trente stades ; ce qui s’accorde mieux avec Eusèbe et saint Jérôme, qui mettent en effet la ville de Bethsura à vingt milles de Jérusalem.

14. * Il persuaderait au roi de devenir leur ami. Le roi Antiochus V Eupator n’étant qu’un enfant, Lýsias pouvait lui faire faire tout ce qu’il voulait.

16, 22, 27, 34. Salut (salutem). Voy. I Mach. X, 18.

17. Écrits (scripta), c’est-à-dire, lettres.

19. Je m’efforcerai ; litter., et je, etc. Voy. sur ce et, Os. XI, 1

20. Ceux-ci, ceux qui sont ici présents, vos envoyés.

21, 33, 38. L’année cent-quarante-huitième du règne des Grecs, la cent soixante-troisième avant Jésus-Christ. — Dioscorus moins connu parmi les Grecs ; le texte grec lit Dios corinthiou, c’est-à-dire de Jupiter de Corinthe qui n’est pas plus connu ; de là les diverses opinions des savants.

22. Son frère ; titre honorifique. Voy. I Mach. X, 18. — * Le roi Antiochus V Eupator.

23. * Notre père Antiochus IV Épiphane.

25. * Voulant que cette nation soit aussi en paix. Lýsias, qui fait parler et agir le roi enfant, avait tout intérêt à faire la paix avec les Juifs, afin de pouvoir combattre Philippe qu’Antiochus Épiphane avait désigné en mourant comme tuteur de son fils, ce que Lýsias ne voulait pas accepter, étant bien décidé à garder lui-même une tutelle qui le rendait maitre du royaume de Syrie. Voir I Mach. III, 32 ; VI, 14.

29. Menelaüs passait encore pour grand prêtre des Juifs, ayant été établi par Antiochus Épiphane (IV, 23 et suiv.), quoiqu’il ne fût pas reçu dans Jérusalem et qu’il n’exerçât point les fonctions du sacerdoce dans le temple. Pendant son absence, les Juifs avaient déféré la dignité de grand prêtre à Judas.

30, 33, 38. Xanthicus. Ce mois des Macédoniens répond au mois d’avril.

34. * Quintus Mémmius et Titus Manilius. Ces noms sont écrits très différemment dans les textes et les manuscrits et l’on ne sait pas au juste quels sont ces personnages.

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2 M 12

*m212

CHAPITRE XII

Les Juifs sont persécutés par les gouverneurs des pays voisins de la Judée. Expédition de Judas contre les habitants de Joppe, et contre ceux de Jamnia. Il marche contre Timothée, au delà du Jourdain. Il défait l’armée de Timothée. Il revient à Scythopolis. Il marche contre Gorgias, et le met en fuite. Oblation pour les Juifs qui avaient été tués dans ce combat.

1. Ces conventions faites, Lýsias se rendit vers le roi, et les Juifs donnaient leurs soins à l’agriculture.

2. Mais ceux qui étaient demeurés, Timothée et Apollonius, fils de Gennǽus, aussi Jérôme et Démophon, et Nicanor, gouverneur de Chypre, ne les laissaient pas vivre en paix et en repos.

3. Or les habitants de Joppe commirent ce crime : ils prièrent les Juifs avec lesquels ils habitaient, de monter sur des barques qu’ils avaient préparées, avec leurs femmes et leurs enfants, comme n’y ayant aucune inimitié entre eux.

4. C’est pourquoi d’après un décret arrêté en commun par la cité, et eux-mêmes ayant acquiescé, et ne soupçonnant rien, à cause de la paix qui était entre eux, lorsqu’ils furent avancés dans la haute mer, les habitants de Joppe n’en noyèrent pas moins de deux cents.

5. Dès que Judas sut que cette cruauté avait été commise contre des hommes de sa nation, il donna des ordres aux hommes qui étaient avec lui ; et Dieu, le juste juge, invoqué,

6. Il marcha contre les meurtriers de ses frères, et mit le feu au port pendant la nuit, brula les barques ; mais ceux qui avaient échappé au feu, il les fit périr par le glaive.

7. Et lorsqu’il eut fait cela, il s’en alla, comme devant encore revenir et exterminer tous les habitants de Joppe.

8. Mais, lorsqu’il sut que ceux qui étaient à Jamnia voulaient traiter de la même manière les Juifs qui demeuraient avec eux,

9. Il surprit aussi les Jamnites pendant la nuit, et brula le port avec les vaisseaux, en sorte que la lumière du feu se voyait à Jérusalem, éloignée de deux cent-quarante stades.

10. Et lorsqu’ils furent partis de là et qu’ils en étaient à neuf stades, cheminant vers Timothée, des Arabes, au nombre de cinq mille hommes de pied et de cinq cents cavaliers, engagèrent la bataille avec lui.

11. Et lorsque le combat devint opiniâtre, et que, par le secours de Dieu, il eut tourné à l’avantage des Juifs, les Arabes qui étaient restés, se voyant vaincus, demandaient à Judas de leur donner la main droite, promettant de donner des pâturages, et de lui être utiles en tout le reste.

12. Or Judas, pensant qu’ils seraient, en effet, utiles en beaucoup de choses, promit la paix ; et ayant reçu sa main droite, ils se retirèrent dans leurs tabernacles.

13. Or il attaqua aussi une cité forte environnée de ponts et de murs, laquelle était habitée par une multitude d’hommes de diverses nations et dont le nom était Casphin.

14. Mais ceux qui étaient dedans, se confiant en la force de leurs murs et dans leur provision de vivres, se défendaient très faiblement, harcelant Judas par des injures, et blasphémant, et proférant des paroles impies.

15. Mais Machabée, ayant invoqué le grand prince du monde, qui sans bélier et sans machines au temps de Jesu fit tomber Jéricho, monta impétueusement sur les murs.

16. Et, la cité prise par la volonté du Seigneur, il fit le plus grand carnage, de sorte que l’étang adjacent de deux stades de largeur semblait rouler le sang des tués.

17. Ils partirent de là, et ayant fait sept cent cinquante stades, ils vinrent à Characa, vers les Juifs qui sont appelés Tubianéens.

18. Et toutefois ils ne purent prendre Timothée en ces lieux ; car n’ayant rien pu y achever, il s’en était retourné après avoir laissé en un certain lieu une très forte garnison.

19. Mais Dositheus et Sosipater, qui étaient chefs avec Machabée, tuèrent ceux qui avaient été laissés en garnison par Timothée, au nombre de dix mille hommes.

20. Cependant Machabée, ayant mis en ordre autour de lui six mille hommes, et les ayant disposés par cohortes, marcha contre Timothée, qui avait avec lui cent vingt mille hommes de pied et deux mille cinq cents cavaliers.

21. Or, l’arrivée de Judas ayant été connue, Timothée envoya devant lui les femmes et les enfants, et le reste du bagage dans une place forte qui est appelée Carnion ; car elle était inexpugnable, et d’un accès difficile, à cause des défilés qui l’environnaient.

22. Mais, lorsque la première cohorte de Judas eut paru, la crainte s’empara des ennemis par la présence du Dieu qui voit toutes choses ; et ils furent mis en fuite l’un par l’autre, en sorte qu’ils étaient plutôt renversés par les leurs, et blessés par les coups de leurs glaives.

23. Or Judas les poursuivait vivement, punissant ces profanes, et il en tua trente mille.

24. Mais Timothée lui-même tomba au milieu des bandes de Dositheus et de Sosipater, et il les priait avec beaucoup d’instances de le laisser aller en vie, parce qu’il avait en son pouvoir beaucoup de pères et de frères de Juifs, à qui, par sa mort, il arriverait d’être déçus.

25. Et lorsqu’il eut donné sa foi, qu’il les rendrait selon la convention, ils le laissèrent aller sans lui faire aucun mal à cause de la vie de leurs frères.

26. Or Judas marcha contre Carnion, il tua vingt-cinq-mille hommes.

27. Après la fuite et le carnage de ces ennemis, il fit avancer son armée vers Ephron, cité fortifiée, dans laquelle une grande multitude de diverses nations habitait ; et de jeunes hommes vigoureux, se tenant devant les murs, combattaient courageusement ; or il y avait dans la cité beaucoup de machines et une provision d’armes de jet.

28. Mais, lorsqu’ils eurent invoqué le Tout-Puissant, qui par sa puissance brise les forces des ennemis, ils prirent la cité ; et de ceux qui étaient dedans, ils tuèrent vingt-cinq mille hommes.

29.De là ils allèrent à la cité des Scythes, qui était éloignée de Jérusalem de six cents stades.

30. Mais les Juifs qui étaient chez les Scythopolitains, ayant assuré qu’ils avaient été traités par eux avec bienveillance, même dans les temps de leur malheur ; que les habitants de cette ville avaient agi avec modération envers eux ;

31. Judas et les siens leur ayant rendu grâces, et les ayant exhortés à être encore dans la suite bienveillants envers leur nation, ils vinrent à Jérusalem, le jour solennel des semaines approchant.

32. Et après la Pentecôte, ils marchèrent contre Gorgias, préposé sur l’Idumée.

33. Or Judas sortit avec trois mille hommes de pied, et quatre cents cavaliers.

34. Après qu’ils en furent venus aux mains, il arriva qu’un petit nombre de Juifs succombèrent.

35. Or un certain Dositheus, cavalier d’entre les Bacénores, homme brave, s’était emparé de Gorgias ; et comme il le voulait prendre vivant, un certain cavalier d’entre les Thraces se jeta sur lui et lui coupa l’épaule ; et ainsi Gorgias s’enfuit à Marésa.

36. Mais, ceux qui étaient avec Esdrim combattant depuis longtemps et étant fatigués, Judas invoqua le Seigneur pour qu’il devînt leur aide et leur chef dans le combat ;

37. Commençant à chanter dans la langue de sa patrie, et poussant en l’air des cris avec des hymnes, il mit en fuite les soldats de Gorgias.

38. Cependant Judas, son armée rassemblée, vint à la cité d’Odollam ; et, comme le septième jour était arrivé, s’étant purifiés, selon la coutume, ils célébrèrent le sabbat dans le même lieu.

39. Et le jour suivant, Judas vint avec les siens, afin d’enlever les corps des morts, et de les déposer avec leurs parents dans les sépulcres de leurs pères.

40. Or ils trouvèrent sous les tuniques des tués des offrandes faites aux idoles qui étaient à Jamnia, et que la loi interdit aux Juifs ; il devint donc manifeste à tous que c’est pour ce motif qu’ils avaient succombé.

41. C’est pourquoi tous bénirent le juste jugement du Seigneur qui avait rendu manifestes les choses cachées.

42. Et ainsi, s’étant mis en prière, ils demandèrent au Seigneur que l’offense qui avait été commise fût livrée à l’oubli. Mais le très vaillant Judas exhortait le peuple à se conserver sans péché, voyant sous leurs yeux ce qui était arrivé à cause des péchés de ceux qui avaient été tués.

43. Et, une collecte ayant été faite, il envoya à Jérusalem douze mille drachmes d’argent, afin qu’un sacrifice fut offert pour les péchés des morts, pensant bien et religieusement touchant la résurrection

44.  (Car s’il n’avait pas espéré que ceux qui avaient succombé devaient ressusciter, il lui aurait semblé superflu et vain de prier pour les morts) ;

45. Mais c’est parce qu’il considérait que ceux qui s’étaient endormis dans la piété recevraient une très grande grâce réservée pour eux.

46. Elle est donc sainte et salutaire la pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés.

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CHAP. XII. 15. Jos. VI, 20. — 40. Deut. VII, 25.

 

2. Timothée, le même qui est nommé I Mach. V, 11, et ci-après, vers. 10, et dans la suite du chapitre. — Jérôme et Démophon sont inconnus d’ailleurs. — * Apollonius, fils de Gennǽus, est différent des deux autres personnages de ce nom qui étaient l’un, fils de Tharsǽa, III, 5, 7, l’autre, fils de Mnéstheus, IV, 21. Il est aussi probablement différent d’Apollonius, gouverneur de la Cœlésyrie, sous Demétrius, I Mach. X, 69, parce qu’à l’époque dont il s’agit ici, cet Apollonius était à Rome avec Demétrius Ier. Apollonius, fils de Gennǽus, était vraisemblablement le père du gouverneur de la Cœlésyrie. Voir I Mach. X, 69. — Nicanor, gouverneur de Chypre, doit être différent de Nicanor, fils de Patroclus, VIII, 9, préposé aux éléphants, XIV, 12, et dont il est longuement question I Mach. VII, 26-47 et II Mach. XIV, 12-XV.

4. Eux-mêmes, les Juifs. — Ayant acquiescé à ce décret qui ratifiait la proposition faite aux Juifs (vers. 3) de monter sur des barques.

8. * Jamnia. Voir I Mach. IV, 15.

9. Deux cent-quarante stades ; environ dix lieues.

10. Avec lui, Judas (vers. 5). — * Des Arabes, Bédouins nomades, habitant entre l’Égypte et la Palestine et faisant souvent des incursions dans le pays des Philistins.

11. De leur donner la main droite. Voy. I Mach. XI, 50.

13. Casphin, peut-être la même ville que Casbon (I Mach. V, 36). — * Casphin était environnée de ponts, c’est-à-dire, d’après un des sens du mot grec, de larges murs en terre.

15. Jesu, c’est-à-dire, Josué. — * Voir Jos. VI, 1-20.

17. Tubianéens qui habitaient le pays de Tubin ou de Tob. Voy. I Mach. V, 13. — * Characa, d’après les uns, Kir, ville de Moab, sur l’ouadi Kérek, mais, d’après d’autres, comme Kir n’était pas dans le pays de Tob, simple camp retranché, situé entre l’Ammonitis et la Syrie.

19. * Dositheus et Sosipater, lieutenants sous les ordres de Judas Machabée.

21. Carnion, la même ville que Carnaim (I Mach. V, 26, 43).

24. Parce qu’il avait, etc. Timothée veut dire qu’ayant fait prisonniers un grand nombre de pères et de frères Juifs, ils seraient par sa mort trompés dans leur espérance de recouvrer la liberté.

27. * Ephron. Voir I Mach. V, 46.

29. * La cité des Scythes ou Scythopolis, la même que Bethsan. Voir I Mach. V, 52.

31. Le jour solennel des semaines, la Pentecôte, ainsi nommée, parce que, d’après les termes mêmes de la loi, elle se célébrait sept semaines complètes après Pâques (Lev. XXIII, 15-16).

32. * Gorgias. Voir I Mach. III, 38.

35. Marésa, ville de la tribu de Juda. — * Dositheus d’entre les Bacénores, différent du Dositheus des vers. 19 et 24.

37. La langue de sa patrie, l’araméen. Voy. VII, 8.

38. Odollam, dans la partie méridionale de Juda.

40. Ils trouvèrent, etc. Il est probable que ces choses trouvées avaient été enlevées lors de l’expédition contre Jamnia (vers. 8 et suiv.). — Que la loi, etc. Voy. Deut. VII, 25-26.

43. La drachme valait environ quarante centimes. — Afin qu’un sacrifice,etc. Cette fin du verset et les versets suivants prouvent incontestablement la résurrection des morts et l’existence du purgatoire. C’est pour cela que Luther a rangé les livres des Machabées parmi les apocryphes ; mais l’authenticité et la divinité de ces livres sont prouvées par des arguments aussi solides que l’autorité de tous les autres livres de la Bible. Quant aux vers. 43, 46, en particulier, nous croyons devoir dire, après D. Calmet : « On ne s’arrête point à réfuter l’imagination de Munster, qui a soupçonné ce passage d’avoir été ajouté en cet endroit ; tous les exemplaires grecs, latins et syriaques, tant imprimés, que manuscrits, le portent uniformément, comme la Vulgate, et les anciens Pères l’ont cité et connu, sans aucune variété, ni aucun doute. »

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2 M 13

*m213

CHAPITRE XIII

Antiochus Eupator marche contre les Juifs avec une puissante armée. Il fait mourir Menelaüs. Judas jette le trouble dans le camp des ennemis. Siège de Bethsura. Paix entre Eupator et les Juifs.

1. En l’année cent-quarante-neuvième, Judas sut qu’Antiochus Eupator venait avec une multitude contre la Judée,

2. Et qu’avec lui était Lýsias, régent et préposé aux affaires du royaume, ayant avec lui cent dix mille hommes de pied, et cinq mille cavaliers, et vingt-deux éléphants, et trois cents chars armés de faux.

3. Or Menelaüs aussi se mêla avec eux ; et avec une insigne fourberie, il suppliait Antiochus, non pour le salut du pays, mais dans l’espoir d’être établi dans la principauté.

4. Mais le Roi des rois suscita le courroux d’Antiochus contre le pécheur ; et Lýsias lui ayant dit que cet homme était la cause de tous les maux, il commanda (comme c’est leur coutume) de le prendre, et de le faire périr dans le même lieu.

5. Or dans ce même lieu était une tour de cinquante coudées, ayant de tous côtés un tas de cendres ; cette tour avait vue sur un précipice ;

6. Il commanda que de là le sacrilège fût jeté dans la cendre, tous aidant à sa mort.

7. Et ce fut par une telle loi qu’il arriva que le prévaricateur de la loi mourut et que Menelaüs ne fut pas confié à la terre.

8. Et à la vérité ce fut très justement, parce qu’il avait commis beaucoup de crimes contre l’autel de Dieu, dont le feu et la cendre étaient saints ; il fut condamné à mourir dans les cendres.

9. Cependant le roi, effréné dans son esprit, venait pour se montrer aux Juifs plus méchant que son père.

10. Ce qui ayant été su par Judas, il ordonna au peuple d’invoquer le Seigneur, le jour et la nuit, afin que, comme toujours, il les aidât maintenant

11.  (Car ils avaient à craindre d’être privés de la loi, de la patrie et du saint temple), et qu’il ne permît pas que le peuple, qui depuis quelque temps respirait un peu, fût assujetti aux nations blasphématrices.

12. C’est pourquoi l’ayant fait tous ensemble, et ayant demandé au Seigneur miséricorde, par des pleurs et des jeûnes, prosternés durant trois jours continus, Judas les exhorta à se tenir prêts.

13. Et lui-même résolut avec les plus anciens de sortir, avant que le roi fît pénétrer son armée dans la Judée, et prît la cité, et de remettre l’issue de l’affaire au jugement du Seigneur.

14. C’est pourquoi, attribuant la puissance sur toutes choses à Dieu, créateur du monde, et ayant exhorté les siens à combattre vaillamment, et à rester debout jusqu’à la mort pour les lois, le temple, la cité, la patrie et leurs concitoyens, il établit son armée près de Modin.

15. Et la victoire de Dieu ayant été donnée aux siens pour signal, et les hommes les plus braves ayant été choisis, il attaqua durant la nuit le quartier du roi, et tua dans son camp quatre mille hommes, et le plus grand des éléphants avec ceux qui étaient montés dessus,

16. Ayant rempli le camp des ennemis d’une très grande frayeur et de trouble, et les choses s’étant faites heureusement, ils s’en allèrent.

17. Or cela se passa, le jour commençant à paraitre, la protection du Seigneur ayant aidé Judas.

18. Mais le roi, ayant fait l’essai de la hardiesse des Juifs, essayait de vaincre par stratagème la difficulté des lieux.

19. Il fit donc approcher son camp de Bethsura, qui était une place fortifiée des Juifs ; mais il fut repoussé, renversé et amoindri,

20. Cependant, à ceux qui étaient dans la place, Judas envoyait les choses nécessaires.

21. Mais un certain Rhodocus, de l’armée des Juifs, révéla les secrets aux ennemis ; on le chercha, il fut pris, et mis en prison.

22. De nouveau le roi conféra avec ceux qui étaient dans Bethsura ; il leur donna sa main droite, reçut la leur et s’en alla.

23.Il engagea le combat avec Judas ; il fut vaincu. Mais, dès qu’il sut que Philippe, qui était resté à la tête des affaires, s’était révolté à Antioche, il fut consterné en son âme ; suppliant les Juifs, et s’étant soumis à eux, il leur jura tout ce qui parut juste ; et, réconcilié, il offrit un sacrifice, honora le temple et déposa des présents.

24. Il embrassa Machabée, et le fit chef et prince, depuis Ptolemaide jusqu’aux Gerréniens.

25. Mais, dès qu’il vint à Ptolemaide, les Ptolémaïdiens souffrirent avec peine le traité de paix avec les Juifs, étant indignés dans la crainte de rompre eux-mêmes par là leur alliance avec le roi.

26. Alors Lýsias monta sur le tribunal, et exposa les raisons du traité, et apaisa le peuple, et retourna à Antioche ; et de cette manière le départ du roi réussit ainsi que son retour.

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CHAP. XIII.

 

1. L’année cent-quarante-neuvième du règne des Grecs, la cent soixante-deuxième avant Jésus-Christ. — * Pour cette campagne, voir I Mach. VI, 28-62.

3. * Menelaüs. Voir IV, 23.

4. Dans le même lieu, ou, selon le grec, comme c’est la coutume dans ce lieu-là.

5. De cendres chaudes. Les Perses, pour qui le feu était un élément sacré, auraient cru le profaner en y jetant les condamnés à la peine capitale ; c’est pourquoi ils les précipitaient dans la cendre chaude.

7. Ne fût pas, etc., c’est-à-dire, qu’il fut privé des honneurs de la sépulture.

11. Car, etc., est une réflexion que l’auteur fait à part et qui se détache du récit principal ; c’est pour cela que nous avons cru devoir la renfermer dans des parenthèses.

14. * Modin. Voir I Mach. II, 1.

15. La victoire de Dieu, etc. Voy. VIII, 23. — * Le plus grand des éléphants. Indication sommaire de l’exploit d’Eléazar raconté I Mach. VI, 43-46.

19. * Bethsura. Voir I Mach. IV, 61.

22. Donna sa main droite. Voy. I Mach. XI, 50.

23. Il engagea le combat ; auparavant. Compar. I Mach. VI, 43 et suivants. — Philippe, qui était resté à la tête des affaires. Antiochus IV Épiphane lui avait confié le pouvoir en mourant. Voir I Mach. VI, 55.

24. Les Gerréniens habitaient le pays où était l’ancienne Gerara (Gen. XX, 1), le même que Gerrus, frontière d’Égypte. — * Ptolemais. Voir I Mach. V, 15.

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2 M 14

*m214

CHAPITRE XIV

Demétrius, fils de Seléucus, vient se remettre en possession du royaume de Syrie. Alcimus l’irrite contre Judas. Il envoie Nicanor contre les Juifs. Nicanor fait la paix avec Judas. Alcimus la trouble. Demétrius ordonne à Nicanor de lui envoyer Judas lié et garroté. Judas se retire. Nicanor blasphème contre le temple. On accuse auprès de lui Razias ; mort glorieuse de ce vieillard.

1. Mais après un intervalle de trois ans, Judas sut, ainsi que ceux qui étaient avec lui, que Demétrius, fils de Seléucus, avec une puissante multitude et des vaisseaux, était monté par le port de Tripoli, dans des lieux avantageux,

2. Et qu’il s’était rendu maitre des contrées, malgré Antiochus et le chef de son armée, Lýsias.

3. Or un certain Alcimus, qui avait été grand prêtre, mais qui volontairement s’était souillé dans les temps du mélange, considérant qu’en aucune manière il n’y avait de salut pour lui, ni d’accès à l’autel,

4. Vint vers le roi Demétrius en la cent-cinquantième année, lui offrant une couronne d’or et une palme, et de plus des rameaux qui semblaient être du temple. Et, à la vérité, en ce jour-là, il garda le silence,

5. Mais il trouva un temps favorable à son dessein extravagant ; ayant été appelé au conseil par Demétrius, et interrogé sur quelles choses, et quels conseils les Juifs s’appuyaient,

6. Il répondit : Ceux des Juifs qui sont appelés Assidéens, et à la tête desquels est Judas Machabée, entretiennent les guerres et excitent les séditions, et ne souffrent pas que le royaume soit en paix ;

7. Car moi aussi, ayant été frustré de la gloire de mes parents (je veux dire du souverain sacerdoce), je suis venu ici :

8. Premièrement, il est vrai, pour garder la fidélité aux intérêts du roi, mais secondement, pour m’occuper de mes concitoyens ; car c’est par leur perversité que toute notre nation n’est pas peu tourmentée.

9. Ainsi je vous prie, ô roi, chacune de ces choses vous étant connue, prenez soin et du pays et de la nation, selon votre humanité publiée par tout le monde ;

10. Car tant que Judas subsiste, il est impossible qu’il y ait de la paix dans l’État.

11. Or de telles paroles ayant été dites par Alcimus, tous ses amis qui se montraient hostiles à Judas enflammèrent Demétrius,

12. Qui aussitôt envoya comme chef en Judée Nicanor, préposé aux éléphants ;

13. Des ordres lui ayant été donnés de prendre Judas lui-même, mais de dissiper ceux qui étaient avec lui, et d’établir Alcimus souverain prêtre du très grand temple.

14. Alors les gentils qui avaient fui Judas, en quittant la Judée, se joignaient par troupes à Nicanor ; regardant les misères et les désastres des Juifs comme la prospérité de leurs propres affaires.

15. C’est pourquoi les Juifs, ayant appris l’arrivée de Nicanor et le complot des nations, se couvrirent de terre, et ils priaient celui qui constitua son peuple, afin de le conserver éternellement, et qui protège son héritage par des miracles éclatants.

16. Or par l’ordre de leur chef, ils partirent aussitôt de là, et vinrent ensemble au château de Dessau.

17. Simon, frère de Judas, avait engagé le combat avec Nicanor ; mais il fut épouvanté par l’arrivée soudaine des ennemis.

18. Cependant Nicanor, apprenant la valeur des compagnons de Judas, et la grandeur du courage qu’ils montraient dans les combats pour leur patrie, craignait de tenter un combat sanglant.

19. Pour ce motif, il envoya devant Posidonius, et Theodotius, et Matthias, afin qu’ils donnassent leur main droite et qu’ils reçussent la sienne.

20. Et comme la délibération sur ce sujet durait longtemps, et que le chef lui-même en avait référé à la multitude, l’avis unique de tous fut de consentir à l’alliance.

21. C’est pourquoi ils fixèrent un jour auquel ils devaient secrètement traiter l’affaire entre eux, et, pour chacun, des sièges furent apportés et posés.

22. Cependant Judas ordonna qu’il y eût des gens armés dans les lieux avantageux, de peur que de la part des ennemis quelque chose de fâcheux n’arrivât ; et ils eurent un entretien convenable.

23. Or Nicanor demeurait à Jérusalem, et il ne faisait rien iniquement ; et la masse des troupes qui avaient été assemblées, il les renvoya.

24. Et il aimait Judas de cœur, et il avait une inclination pour cet homme.

25. Il le pria même de se marier et d’avoir des enfants. Judas se maria, jouit du repos, et ils vivaient en commun.

26. Mais Alcimus, voyant leur amitié l’un pour l’autre, et leurs traités, vint vers Demétrius, et disait que Nicanor favorisait les intérêts des étrangers, et qu’il avait destiné pour son successeur Judas qui trahissait son royaume.

27. C’est pourquoi le roi, exaspéré, et irrité par les accusations criminelles de cet homme, écrivit à Nicanor, disant qu’il supportait avec peine le traité d’amitié, qu’il commandait donc que Machabée fût au plus tôt envoyé chargé de chaines à Antioche.

28. Ce qu’ayant connu, Nicanor était consterné, et il supportait avec peine de rendre vaines les choses qui avaient été convenues, n’ayant été blessé en rien par cet homme.

29. Mais, parce qu’il ne pouvait résister au roi, il cherchait une occasion favorable pour exécuter ses ordres.

30. Or Machabée, voyant que Nicanor le traitait plus durement, et que dans son abord ordinaire il montrait plus de fierté, et comprenant que cette rigueur ne pouvait venir d’une bonne cause, il rassembla un petit nombre des siens et se déroba à Nicanor.

31. Lorsque celui-ci sut qu’il était prévenu courageusement par l’homme, il vint dans le très grand et le très saint temple, et commanda aux prêtres qui offraient les hosties accoutumées de lui livrer l’homme.

32. Ceux-ci ayant dit avec serment qu’ils ne savaient pas où était celui qu’on cherchait, Nicanor, étendant la main vers le temple,

33. Jura, disant : Si vous ne me livrez Judas chargé de chaines, je raserai ce temple de Dieu, et je démolirai l’autel, et je consacrerai ce temple au père Bacchus.

34. Et cela dit, il s’en alla. Or les prêtres, étendant les mains vers le ciel, invoquaient celui qui toujours avait été le défenseur de leur nation, disant ceci :

35. Ô vous, Seigneur de toutes choses, qui n’avez besoin d’aucune chose, vous avez voulu que le temple de votre habitation fut parmi nous.

36. Et maintenant, Saint des saints, Seigneur de toutes choses, conservez éternellement, sans être souillée, cette maison qui naguère a été purifiée.

37. Or un certain Razias, d’entre les anciens de Jérusalem, fut accusé auprès de Nicanor ; c’était un homme qui aimait la cité et d’une bonne renommée, et qui pour son affection, était appelé le père des Juifs.

38. Cet homme, dans beaucoup d’occasions, s’était maintenu pur dans le judaïsme, content de livrer et son corps et son âme pour y persévérer.

39. Or Nicanor, voulant manifester la haine qu’il avait contre les Juifs, envoya cinq cents soldats pour le prendre.

40. Car il pensait que, s’il le réduisait, il porterait aux Juifs un grand tort.

41. Mais lorsque ces troupes s’efforçaient d’entrer dans sa maison et de briser la porte, et de mettre le feu, et que déjà il allait être pris, il se frappa d’un glaive ;

42. Aimant mieux mourir noblement que d’être assujetti aux pécheurs et de souffrir des outrages indignes de sa naissance.

43. Mais comme, dans sa précipitation, il ne s’était pas frappé d’un coup assuré, et que la foule pénétrait par les portes, courant hardiment vers le mur, il se précipita lui-même courageusement sur la foule,

44. Qui ayant fait promptement de la place pour sa chute, il tomba sur le milieu de la tête.

45. Et comme il respirait encore, enflammé de courage, il se leva, et, quoique son sang coulât en abondance, et qu’il fut couvert des plaies les plus graves, il passa en courant au travers de la foule ;

46. Et, se tenant debout sur une pierre escarpée, ayant déjà perdu son sang, il saisit ses entrailles de ses deux mains, et les jeta sur la foule, invoquant le dominateur de sa vie et de son esprit, afin qu’il les lui rendît de nouveau, et c’est ainsi qu’il termina sa vie.

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CHAP. XIV.

 

1. * Demétrius Ier, fils de Seléucus IV Philopator. Voir I Mach. VII, 1-4. — Tripoli, ville phénicienne et port de mer, au nord de Sidon, entre Byblos et Aradus, au pied de la partie la plus haute de la chaine du Liban, appelée Tripoli ou les trois villes, parce qu’elle se composait de trois colonies distinctes de Sidon. de Tyr et d’Aradus, place de commerce encore aujourd’hui assez importante. — Dans des lieux avantageux, probablement Séleucie. Voir I Mach. XI, 8. De là, il était facile de se rendre à Antioche, capitale de la Syrie.

3. Alcimus, etc. Voy. vers. 7, et I Mach. VII, 5, 9, 14.

4. La cent cinquantième année du règne des Grecs, la cent soixante et unième avant Jésus-Christ.

6. Assidéens. Voy. I Mach. II, 42.

10. Dans l’État ; litter., dans les affaires.

11. Tous ; litter., et tous. Voy. sur ce et, purement pléonastique, Os. XI, 1.

12. Nicanor, probablement le même que celui qui est mentionné VIII, 9 et suiv., et I Mach. III, 38 ; VII, 26.

16. Château ou village, car le mot castéllum a ces deux sens dans la Bible. — Dessau ; on en ignore la situation.

18. De tenter, etc. ; litter., de faire le jugement par du sang. Nicanor, craignant que la retraite des Juifs ne fut un stratagème pour le faire tomber dans une embuscade, voulait surtout éviter une grande bataille.

19. Qu’ils donnassent, etc. Voy. I Mach. XI, 50.

21. Ils, les années des deux chefs. — Des sièges, etc. C’était un honneur réservé seulement aux personnes de la première distinction.

28. Convenues entre Machabée et lui.

30. Un petit nombre ; selon le grec et le syriaque, non un petit nombre.

31. L’homme, Judas Machabée.

44. Qui, etc. ; selon le grec : Qui s’étant promptement retirés, un espace ayant été fait. La foule qui était au pied du mur, voyant Razias se précipiter, s’empressa tout naturellement de s’écarter, pour ne pas être écrasée par sa chute. — Il tomba sur le milieu de la tête (venit per médiam cervicem) ; le grec porte : Il tomba sur le milieu du ventre, ou sur le milieu de l’espace vide ; car le terme grec kénéôn signifie également ventre, flanc et lieu vide d’édifices. — * Razias se donna la mort sans raison suffisante et l’on ne peut excuser sa conduite que par la droiture de ses intentions ou par une inspiration divine particulière. Il n’agit point par désespoir, mais avec foi, demandant à Dieu de lui rendre un jour le corps qu’il abandonne. « Sa conduite fut plus admirable que sage, dit S. Augustin, et l’Écriture a raconté sa mort telle qu’elle eut lieu, sans la louer comme si elle eût été l’accomplissement d’un devoir. »

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CHAPITRE XV

Nicanor veut attaquer les Juifs. Il blasphème contre le Seigneur. Judas exhorte les siens ; il leur rapporte une vision qu’il a eue. Il défait l’armée de Nicanor. Nicanor est trouvé tué sur le champ de bataille ; sa tête et sa main sont suspendues à la vue de tous. Actions de grâces rendues et fête instituée en l’honneur de cette victoire.

1. Or Nicanor, dès qu’il apprit que Judas était dans le pays de Samarie, résolut de commencer la guerre avec toutes ses forces le jour du sabbat.

2. Et quand les Juifs, qui le suivaient par nécessité, lui disaient : N’agissez pas si fièrement et d’une manière si barbare, mais rendez honneur au jour de sanctification et honorez celui qui voit toutes choses ;

3. Ce malheureux demandait s’il y a un puissant dans le ciel qui ait commandé de garder le jour des sabbats.

4. Et eux ayant répondu : C’est le Seigneur vivant lui-même, puissant dans le ciel, qui a commandé de garder le septième jour.

5. Mais lui répliqua : Et moi je suis puissant sur la terre ; je commande de prendre les armes et d’accomplir les ordres du roi. Toutefois il ne parvint pas à exécuter son dessein.

6. Ainsi Nicanor, transporté d’un orgueil sans bornes, avait pensé à élever un trophée commun de Judas, et de ceux qui étaient avec lui.

7. Mais Machabée espérait toujours avec une entière confiance qu’un secours lui viendrait de Dieu.

8. Et il exhortait les siens à ne pas s’effrayer à la venue des nations, mais à avoir présents à l’esprit les secours qui leur avaient été donnés du ciel, et à espérer présentement que la victoire leur viendrait du Tout-puissant.

9. Et leur ayant parlé de la loi et des prophètes, leur ayant rappelé aussi les combats qu’ils avaient livrés auparavant, il les rendit plus résolus.

10. Et après avoir ainsi relevé leur courage, il leur montrait en même temps la fourberie des nations, et la violation des serments.

11. Il arma donc chacun d’eux, non point de boucliers et de lances, mais de paroles excellentes et d’exhortations, leur rapportant un songe digne de foi, par lequel il les réjouit tous.

12. Or telle était sa vision ; il vit qu’Onias, qui avait été grand prêtre, homme de bien et bienveillant, modeste dans le regard, réservé dans ses mœurs, agréable dans ses discours et qui dès l’enfance était exercé à la pratique des vertus, tendant ses mains, priait pour tout le peuple des Juifs ;

13. Qu’après cela avait apparu aussi un autre homme, vénérable par l’âge, et la gloire, et le caractère de la grande majesté qui l’environnait ;

14. Et qu’Onias, prenant la parole, avait dit : Voici l’ami de ses frères et du peuple d’Israël ; voici celui qui prie beaucoup pour le peuple et pour toute la sainte cité, Jérémie, le prophète de Dieu ;

15. Et que Jérémie avait tendu la main droite, et avait donné à Judas un glaive d’or, disant :

16. Prends ce saint glaive, don de Dieu, avec lequel tu extermineras les ennemis de mon peuple Israël.

17. Étant donc excités par les excellentes paroles de Judas, au moyen desquelles l’ardeur pouvait être ranimée, et les esprits des jeunes hommes être fortifiés, ils résolurent de livrer bataille et de combattre courageusement, afin que la valeur décidât des affaires, parce que la cité sainte et le temple étaient en péril.

18. Car leurs inquiétudes sur leurs femmes et sur leurs enfants, et sur leurs frères et sur leurs parents, étaient les moindres ; mais leur plus grande et leur première crainte était pour la sainteté du temple.

19. Mais ceux mêmes qui se trouvaient dans la cité n’avaient pas une petite inquiétude sur ceux qui devaient combattre.

20. Et lorsque déjà tous s’attendaient à la décision qui allait avoir lieu, que les ennemis étaient en présence, et l’armée disposée pour la bataille, les bêtes et les cavaliers rangés dans un lieu avantageux,

21. Machabée, considérant l’arrivée de la multitude, et l’appareil des armes diverses, et la férocité des bêtes, tendit les mains vers le ciel, et invoqua le Seigneur qui fait les prodiges, qui donne la victoire, non point selon la puissance des armes, mais comme il lui plaît, à ceux qui en sont dignes.

22. Il dit donc, invoquant le Seigneur de cette manière : Vous, Seigneur, qui avez envoyé votre ange sous Ézéchias, roi de Juda, et qui avez tué cent quatre-vingt-cinq mille hommes de l’armée de Sennachérib,

23. Maintenant aussi, dominateur des cieux, envoyez votre bon ange devant nous dans la crainte et la frayeur de la grandeur de votre bras,

24. Afin qu’ils craignent ceux qui viennent avec le blasphème contre votre saint peuple. Et c’est ainsi que Machabée pria.

25. Cependant Nicanor, et ceux qui étaient avec lui, approchaient au milieu des trompettes et des cantiques.

26. Mais Judas et ceux qui étaient avec lui, ayant invoqué Dieu par leurs prières, commencèrent l’attaque.

27. Combattant des mains, il est vrai, mais priant le Seigneur en leurs cœurs, ils ne tuèrent pas moins de trente-cinq mille hommes, grandement charmés de la présence de Dieu.

28. Et lorsqu’ils eurent cessé le combat, et qu’ils s’en retournaient avec joie, ils surent que Nicanor était tombé avec ses armes.

29.C’est pourquoi un cri ayant été jeté, et un bruit confus s’étant élevé dans la langue de leur patrie, ils bénissaient le Seigneur tout puissant.

30. Mais Judas, qui, en toutes choses, était prêt, de corps et d’âme, à mourir pour ses concitoyens, ordonna qu’on coupât la tête de Nicanor et la main avec l’épaule, et qu’on les apportât à Jérusalem.

31. Lorsqu’il y fut arrivé, ayant convoqué ses compatriotes, et les prêtres auprès de l’autel, il fit venir aussi ceux qui étaient dans la citadelle,

32. Et ayant montré la tête de Nicanor, et la main criminelle qu’il avait étendue contre la sainte maison du Dieu tout puissant, en se glorifiant orgueilleusement,

33. Il commanda aussi que la langue de l’impie Nicanor fut coupée, et donnée par morceaux aux oiseaux, et que la main de cet insensé fut suspendue en face du temple.

34. Tous donc bénirent le Seigneur du ciel, disant : Béni, celui qui a gardé son lieu sans être souillé !

35. Il suspendit aussi la tête de Nicanor au sommet de la citadelle, afin qu’elle fût un signe évident et manifeste du secours de Dieu.

36. C’est pourquoi tous, d’un commun avis, décidèrent que ce jour-là ne se passerait en aucune manière sans solennité ;

37. Et que la solennité aurait lieu le treizième jour du mois d’Adar, comme il est dans la langue de Syrie, la veille du jour de Mardochée.

38. Ceci donc, s’étant fait envers Nicanor, et depuis ces temps-là, la cité ayant été possédée par les Hébreux, moi aussi je mettrai fin par là à ma relation.

39. Et si elle est bien, et comme il convient à l’histoire, c’est ce que moi-même je voudrais ; que si, au contraire, elle est moins digne du sujet, on doit me le pardonner.

40. Car, comme boire toujours du vin, ou boire toujours de l’eau est une chose désagréable, mais qu’il est agréable d’user alternativement de l’un et de l’autre ; ainsi, si le discours est toujours uniforme, il ne plaît pas à ceux qui lisent. Ici donc se terminera ma relation.

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CHAP. XV. 1. I Mach. VII, 26. — 22. Supra. VIII, 19.

 

2. De sanctification, de consécration, de sainteté ; c’est-à-dire, saint, consacré.

6. Et de ceux, etc. C’est le sens du grec, le mot commun (commune) de la Vulgate semble d’ailleurs le supposer. — * Élever un trophée signifie élever un monument de victoire composé de dépouilles de l’ennemi, ou simplement, par figure, remporter un triomphe sur les ennemis.

12. Onias III, si souvent loué dans l’Écriture. Compar. IV, 34.

14. Prenant la parole. Le verbe hébreu que les Septante et la Vulgate ont constamment traduit par répondre, signifie souvent, comme ici, élever la voix, prendre la parole. — * Jérémie. Voir l’Introduction à ce prophète.

17. Jeunes hommes, soldats appelés ainsi chez les Hébreux.

20. Les bêtes, les éléphants, qui, comme on l’a déjà vu, sont quelquefois désignés par ce terme général dans les Machabées.

29. La langue de leur patrie, l’araméen. Voy. VII, 8.

34. Son lieu, c’est-à-dire, son temple.

37. Adar. Voy. I Mach. VII, 43. — La veille de la fête des Sorts (Phurim), en laquelle on célébrait la délivrance procurée aux Juifs par Mardochée (Esth. IX).

40. Boire toujours, etc. En Orient on boit aujourd’hui l’eau après le vin pour en tempérer la chaleur. Les anciens orientaux mêlaient toujours le vin avec l’eau. Le texte grec est conforme à cette coutume. — Uniforme ; on voit clairement que c’est le sens du latin exactus, et qu’il s’agit uniquement du style.

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