María auxiliátrix


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ACTA APOSTOLÓRUM

LES ACTES DES APÔTRES

*acin

INTRODUCTION

On a donné le nom d’Actes des Apôtres à des Mémoires divinement inspirés sur l’établissement de l’Église et sur ses premiers développements parmi les Juifs et parmi les Gentils. Ce titre, qui parait aussi ancien que l’ouvrage, le caractérise parfaitement. L’auteur y rapporte tout ce qu’il a vu ou appris sur ce sujet d’intéressant pour les chrétiens. C’est moins une histoire proprement dite qu’une suite de récits, ayant pour objet les travaux des Apôtres (surtout ceux de S. Pierre et de S. Paul), et pour but l’affermissement des âmes dans la foi et leur progrès dans la ferveur. Par leur objet, les Actes des Apôtres complètent les Évangiles ; ils en sont la suite et le couronnement. C’est pourquoi S. Luc les donne pour la seconde partie de son principal écrit. De plus, ils confirment l’histoire évangélique, en rappelant le souvenir des mystères principaux du Sauveur, en constatant l’accomplissement de ses prophéties et le fruit merveilleux de son œuvre. Si l’Évangile disparaissait, il serait facile, à l’aide des Actes, de le reconstruire, au moins en substance ; et, sans ce livre, l’œuvre des évangélistes serait inachevée. Pour la composition, on trouve dans les Actes la même simplicité et la même brièveté que dans l’Évangile. On y remarque aussi la même absence de dates. Nulle époque n’est indiquée, même pour les faits principaux, et on n’en saurait fixer aucune que par approximation. Celle de l’Ascension, qui sert de point de départ, n’est pas mieux déterminée que les autres : le sentiment des auteurs oscille de l’an 29 à l’an 33. Il est vrai que nul écart ne saurait aller au delà de cinq ou six années. On convient, d’ailleurs, que l’auteur suit en général l’ordre des temps, que les faits qu’il rapporte se sont passés sous quatre empereurs, Tibère (An. 33-37), Caligula (37-41), Claude (41-54), Néron ; et que la durée totale du récit est d’une trentaine d’années. Les Actes sont la meilleure introduction aux Épitres des Apôtres, à celles de S. Paul en particulier. Nous n’avons guère d’autre document de cette époque sur les faits, les lieux, les personnes et les circonstances au milieu desquelles elles furent écrites. C’en est aussi le plus sûr commentaire. Sans les renseignements que ce livre fournit, bien des passages des Épitres resteraient obscurs et donneraient lieu à des discussions de toutes sortes. On aurait peine à s’expliquer le caractère de S. Paul, les persécutions qu’il a souffertes, ses controverses, ses apologies, ses voyages, etc. L’auteur ne se nomme nulle part ; mais, dès le début, il se donne pour évangéliste. On voit, au milieu de son récit, qu’il est un des disciples et des compagnons de S. Paul, et la tradition nous fait connaitre son nom. C’est sans raison et contrairement à tous les témoignages que certains critiques ont donné cet ouvrage pour une compilation ou une juxtaposition d’écrits de provenances diverses. Dès le temps de S. Irénée, on l’attribuait tout entier à S. Luc, quoiqu’il eût la même étendue et la même forme qu’aujourd’hui ; et nous verrons que l’unité du livre atteste celle de son origine. Il est probable qu’en faisant ses recherches sur la vie du Sauveur, S. Luc eut soin de recueillir tout ce qui lui fut communiqué d’intéressant sur les premiers disciples. Outre les notes qu’on avait dû prendre et garder sur certains faits, par exemple, les délibérations du sanhédrin au sujet des Apôtres, les premiers discours de S. Pierre, le jugement et le supplice de S. Étienne, outre certains documents officiels, comme la lettre synodale du Concile de Jérusalem, cet auteur fut à même de consulter et d’entendre les témoins les plus compétents : S. Paul, avec lequel il passa seize années entières et dont il avait les Épitres entre les mains, S. Pierre, qu’il eut plusieurs fois occasion de voir, S. Jacques le Mineur, auprès duquel il séjourna à Jérusalem, S. Philippe, qu’il visita en passant à Césarée et qu’il entretint à loisir dans les deux premières années de la captivité de son Maitre, S. Marc à Rome, et une foule de disciples dont on ignore les noms. Pour les faits qui remplissent les douze derniers chapitres, il n’avait qu’à se rappeler ses propres souvenirs ; car après avoir quitté son pays pour s’attacher à S. Paul, il ne s’en est presque jamais séparé : d’Antioche il l’a suivi à Troade, à Philippes, à Milet, à Césarée, à Jérusalem et enfin à Rome. C’est dans cette dernière ville, probablement, que S. Luc acheva sa rédaction. Il avait pu commencer son travail auparavant, prendre des notes à mesure qu’il voyait les faits se succéder ; mais tout porte à croire qu’il termina son écrit dans l’intervalle qui sépare la publication du troisième Évangile des derniers faits rapportés dans les Actes, c’est-à-dire entre l’an 58 et l’an 63, trente ans au plus après la mort de Jésus-Christ, huit ou dix avant la ruine de Jérusalem. Ainsi s’expliquent la précision, la vivacité, la fraicheur de souvenir qu’on remarque dans ses derniers récits, par exemple, la comparution de l’Apôtre devant Agrippa, son voyage sur mer, sa rencontre avec les chrétiens de Rome sur la via Appia, sa première conférence avec les Juifs de cette ville. Au moins, le livre fut-il achevé avant la ruine de Jérusalem, qui est toujours supposée debout, et avant le martyre de l’Apôtre dont l’auteur ne fait aucune mention, qu’il ne fait pas même pressentir. Bien plus, si l’on compare ce que S. Paul dit aux anciens d’Éphèse, qu’ils ne doivent plus le revoir, avec les assurances qu’il donne aux Philippiens et à Philémon, on est porté à croire que l’écrit de S. Luc a été publié avant la fin de la première captivité ; car s’il l’avait été plus tard, il est probable que l’auteur n’aurait pas manqué d’écarter toute prévision funeste, en avertissant le lecteur que l’Apôtre avait recouvré sa liberté et que ses disciples de Philippes et de Colosses avaient vu se réaliser les espérances qu’il leur donnait du fond de sa prison. Si l’on trouve dans les Actes quelques indications géographiques, c’est sur Jérusalem et la Palestine. On n’y voit aucune particularité sur l’Italie, ni sur le séjour que S. Paul a fait à Rome. C’est une raison de penser que l’auteur destinait son écrit particulièrement aux fidèles de cette ville et aux chrétiens d’Europe convertis par son Maitre. La tradition a toujours attribué les Actes des Apôtres à S. Luc. On trouve, dans toutes les Introductions à la sainte Écriture, les témoignages les plus convaincants de la foi de l’Église à cet égard : — le Canon de Muratori (160-170), qui place ce livre à la suite des Évangiles ; — la Version italique et la Version syriaque, dont les Actes ont toujours fait partie ; — des citations des auteurs les plus graves et des Pères les plus anciens, depuis S. Augustin, qui nous apprend l’usage où était l’Église latine de faire lire ce livre durant le temps pascal, comme un monument assuré de la résurrection du Sauveur, jusqu’à Origène (230), qui en a fait l’objet de vingt Homélies dont il reste quelques fragments, jusqu’à Tertullien (207), qui le cite en cinquante endroits de ses écrits, jusqu’à Clément d’Alexandrie (193), qui trouve un certain rapport entre le style des Actes et celui de l’Épitre aux Hébreux, jusqu’à S. Irénée (180), qui fait valoir, en les citant, l’autorité de S. Luc, jusqu’aux Pères apostoliques eux-mêmes, en particulier S. Polycarpe, qui y fait visiblement allusion dans son Épitre aux Philippiens, dès la première partie du second siècle. L’étude critique des Actes démontre de la manière la plus certaine : — que ce livre est l’œuvre d’un seul auteur ; — que cet auteur était contemporain des Apôtres ; — qu’il était disciple et compagnon de S. Paul ; — qu’il a écrit le troisième Évangile ; — enfin, qu’il ne peut être différent de S. Luc. 1° C’est l’œuvre d’un seul auteur. — L’unité de la composition est manifeste. C’est d’un bout à l’autre la même doctrine, le même dessein, la même marche, la même mise en scène. Les particularités dont le style abonde, se retrouvent dans toutes les parties des Actes, partout les mêmes et dans une mesure à peu près égale. Cette observation s’applique spécialement à trente-quatre expressions singulières qu’on y a relevées et qu’on ne trouve dans aucune autre partie de la Bible, par exemple, voie pour religion, — à une vingtaine de termes favoris, fort rares ailleurs, fréquents ici : main pour puissance, en quatorze endroits ; parole ou discours pour évangile, hérésie, etc. ; — à certains mots écrits d’une manière inusitée, par exemple, Hierosólyma, répété quarante-deux fois en grec, pour Hiérousalêm ; à l’emploi fréquent de cette formule : il fut fait que, quatorze fois répétée, du mot se levant, dix-neuf fois ; se tenant dehors, six fois ; — aux citations de l’Ancien Testament, toujours conformes aux Septante, pour le sens au moins, etc. 2° L’auteur était des temps apostoliques. — La nature des faits qui le frappent, les discussions qu’il rapporte sur l’incorporation des Gentils à l’Église, sur les rites judaïques, sur les aliments prohibés ; les renseignements qu’il donne sur Jérusalem, sur les croyances et le culte juif ; la manière dont il parle des prophéties anciennes et des prophètes de la loi nouvelle ; l’importance qu’il y attache ; les dispositions d’esprit dont son écrit porte l’empreinte ; les détails nombreux et circonstanciés où il entre à l’égard des personnages, des emplois, des usages, des lois de cette époque, ses allusions aux faits contemporains, aux sectes de la Judée, aux divisions territoriales ; son grec mêlé d’hébraïsmes, le fiel de l’amertume, etc., et de latinismes, colónia, etc. ; la justesse de ses indications, leur accord parfait avec l’histoire et la géographie du temps, sont autant d’indices qui dénotent un auteur du premier siècle, contemporain des apôtres. 3° Il a été disciple et compagnon de S. Paul. — Son disciple : car il est animé du même esprit et préoccupé des mêmes pensées. Ce qu’il aime surtout à mettre en relief, c’est la nécessité et le mérite de la foi, l’universalité de la rédemption, la miséricorde de Dieu sur les Gentils, leurs bonnes dispositions qui contrastent avec l’endurcissement des Juifs, les conversions qui s’opèrent parmi eux, la divinité du Sauveur, qu’il appelle habituellement le Seigneur, à l’exemple de l’Apôtre. Le mot grâce, que les autres évangélistes n’emploient jamais, et qui revient si souvent en S. Paul, est répété par S. Luc dix-sept fois dans les Actes et trente fois dans le troisième Évangile. — Son compagnon dans ses courses apostoliques : car la part qu’il fait à S. Paul dans ses récits, l’abondance et la justesse des détails politiques et topographiques, l’indication d’une foule de circonstances et de personnages sans importance par eux-mêmes, surtout l’harmonie parfaite qui règne entre toutes les indications qu’il fournit et les Épitres de S. Paul, ne permettent pas de révoquer en doute ce que suppose l’auteur, en se mêlant au récit, qu’il l’a suivi dans une grande partie de ses voyages et qu’il ne fait que rapporter ce qu’il a vu de ses yeux : « Il écrivit l’Évangile d’après ce qu’il avait entendu, dit S. Jérôme, il composa les Actes des Apôtres d’après ce qu’il avait vu. » 4° Il est l’auteur du troisième Évangile. — Il suffit de citer en preuve, après les premiers versets des Actes, la conformité qu’on remarque entre ces deux livres pour les sentiments, les dispositions d’esprit, les tendances, le langage. D’un côté comme de l’autre, on reconnait l’influence de S. Paul. C’est la même attention à ne rien dire de blessant pour les Gentils, à ménager l’autorité romaine et même à relever ce qui est à son avantage. C’est le même respect pour les cérémonies judaïques, avec la même conviction que l’Évangile est pour tous les peuples et le même soin de rattacher les faits aux actes publics de l’empire. C’est la même insistance sur la nécessité du détachement, la même horreur de l’avarice. Ce sont aussi les mêmes qualités descriptives, la même manière de citer l’Écriture, les mêmes expressions, les mêmes tournures. Enfin ce sont les mêmes particularités de style, des périphrases fréquentes, souvent identiques ; une trentaine de mots qu’on ne rencontre jamais ou presque jamais dans le Nouveau Testament et qui se montrent également dans l’un et dans l’autre de ces livres ; des locutions semblables ou d’une analogie frappante : le fruit du ventre pour fils, la main de Dieu pour la puissance de Dieu, etc. Pour être fortuites et peu saillantes dans le détail, ces coïncidences ne sont que plus décisives. Mais c’est dans le texte grec qu’il les faut chercher. 5° Enfin, c’est S. Luc lui-même. — Nous savons que S. Luc a composé le troisième Évangile et qu’il était médecin, par conséquent qu’il avait fait quelques études. Or, le livre des Actes témoigne : — 1° Que l’auteur avait l’esprit cultivé. Tout mêlé qu’il est d’hébraïsmes, son grec est plus pur que celui des autres écrivains du Nouveau Testament. — 2° Qu’il distinguait très bien les maladies et les infirmités. Il les caractérise parfaitement et emploie pour les désigner des termes qui lui sont propres et qui appartiennent à la langue médicale de l’époque. — 3° Qu’il a écrit un Évangile, qui ne peut être que le troisième. On ne saurait exiger des marques d’authenticité plus nombreuses ni plus convaincantes. Réunies aux témoignages de la tradition, elles mettent absolument hors de doute l’origine du livre des Actes. L’intégrité des Actes est déjà prouvée par ce que nous avons dit de l’unité de la composition ; de plus, elle a une garantie certaine dans le caractère du livre et la notoriété de l’auteur. Les Actes des Apôtres, ayant la même origine que le troisième Évangile, reçurent la même publicité ; ils furent l’objet du même respect. Les chrétiens devaient donc veiller également à la conservation de ces deux écrits. Altérer les Actes dans ce qu’ils ont d’essentiel, y glisser furtivement par exemple les prodiges dont ils sont remplis ou remplacer les faits naturels par des évènements miraculeux eût offert plus de difficultés encore que de supposer le livre tout entier. Il ne s’agit ici, bien entendu, que d’altérations essentielles, de nature à porter atteinte à la doctrine. Quant aux simples changements de termes, aux substitutions, additions ou transpositions de mots, il a pu s’en produire, et il en est survenu un certain nombre ; mais les variantes sont sans importance. La véracité des Actes des Apôtres résulte aussi de leur authenticité et de leur intégrité ; car on ne peut supposer en S. Luc ni erreur ni imposture sur les faits qu’il rapporte. — 1° Il ne pouvait être dans l’erreur. Pour les faits les plus récents, il atteste les avoir vus de ses yeux : comment prétendre qu’il est dans l’illusion, ou que ces faits, donnés par lui pour merveilleux, n’ont rien que de naturel ? Pour ceux qui précèdent, il les tient de S. Paul, des Apôtres, de leurs disciples, les témoins les mieux informés et les plus sûrs. — 2° Il ne cherchait pas à tromper, car quel intérêt pouvait l’y porter ? Et comment eût-il réussi, dans un temps où S. Jean, d’autres Apôtres, une foule de disciples étaient là pour contrôler ses récits, et où tant de chrétiens étaient disposés à mourir pour l’intégrité de leur foi ? Pour apprécier la valeur du livre des Actes, on peut le considérer sous plusieurs aspects : — 1° Au point de vue de l’édification. S. Chrysostome affirme que la lecture des Actes n’est pas moins salutaire que celle de l’Évangile. Aucun écrit n’est plus propre à faire connaitre et à inspirer le véritable esprit du christianisme. On y voit briller toutes les vertus chrétiennes, surtout les vertus sacerdotales, le détachement, la charité, le zèle de la gloire de Dieu, le mépris des souffrances, le désir du ciel. — 2° Au point de vue de la doctrine. Ce livre est doublement précieux, soit parce que les miracles qui y sont rapportés confirment hautement la prédication du Sauveur et le récit des évangélistes, soit parce que la plupart des dogmes révélés s’y trouvent établis, par l’enseignement des Apôtres et la pratique des fidèles. — 3° Au point de vue de l’histoire ecclésiastique. C’est un monument d’une valeur incomparable. Il n’embrasse qu’une période assez courte et il a bien des lacunes ; mais il est le seul de cette époque, et cette période a une importance exceptionnelle. Comme la constitution de l’Église est divine et invariable, savoir ce qu’elle fut à son origine ou sur quel plan son fondateur voulut qu’elle s’établît, c’est savoir ce qu’elle a été depuis et ce qu’elle doit être jusqu’à la fin des temps. Les vingt-huit chapitres dont ce livre est composé forment deux parties bien distinctes. — 1° La première contient douze chapitres et comprend un espace de douze années environ. On y voit le christianisme prêché à Jérusalem et dans la Palestine. Le personnage qui domine dans ces récits, c’est S. Pierre. Il y est nommé plus de cinquante fois, tandis qu’il n’est fait mention de S. Jean que six fois, et que les autres Apôtres, sauf S. Jacques le Majeur, son frère, sont simplement énumérés au commencement. — 2° La seconde partie comprend dix-sept chapitres et embrasse environ vingt ans, durant lesquels l’Évangile est prêché aux Gentils. C’est S. Paul qui parait ici en première ligne. De XII à XVI, l’auteur décrit les premiers progrès du christianisme parmi les païens, spécialement à Antioche, dans l’ile de Chypre et en Asie. À partir du chapitre XVI, 10, il rapporte les prédications de l’Apôtre en Europe, dans la Macédoine, dans l’Achaïe, enfin à Rome, dans la capitale du monde. Cette division n’était pas expressément dans l’esprit de l’auteur ; elle n’a pas donné sa forme à l’ouvrage, mais elle en résulte et peut servir à le résumer. Les deux parties réunies font voir l’accomplissement de la dernière parole de Notre Seigneur à ses Apôtres : « Vous me rendrez témoignage à Jérusalem, dans la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités du monde. » (L. Bacuez.) « Je ne vous le cache pas, écrivait Lacordaire, les Actes des Apôtres m’émeuvent plus que l’Évangile. En celui-ci, tout est trop divin, si l’on peut parler de la sorte ; en celui-là l’homme parait ; mais en quel moment et sous quel souffle ! Jésus-Christ vient de quitter la terre… Les voilà seuls en face de l’univers, qui ne croit rien de ce qu’ils croient, qui n’en sait même rien encore, et qu’ils doivent convertir à leur foi du pied de la croix qui a vu périr leur Maitre. Y eut-il jamais pour des hommes un semblable moment ? Et quels hommes ? Des artisans, des pêcheurs. Ils vont dire au monde les premières paroles de la prédication chrétienne ; ils vont faire dans les âmes, après la leur, les premiers miracles de la toute-puissance apostolique, et tracer dans la corruption du siècle les premiers linéaments de ces mœurs où la charité s’enflammera des glaces de la pureté. Toutes les origines et toute l’éloquence du Christianisme sont dans ces courtes pages où S. Paul, qui n’avait pas vu le Christ et qui le persécutait, se lève à côté de S. Pierre ; désormais inséparable de lui, moins grand par l’autorité, plus éclatant par la parole, égaux tous les deux en trois choses, leur amour, leur supplice et leur tombeau… C’est à Jérusalem qu’a commencé ce drame surnaturel ; c’est à Rome qu’il se termine, après avoir passé par Antioche, Athènes et Corinthe. S. Paul, tout chargé de chaines, apporta aux Romains la liberté de l’univers, et le bruit de ses pas dans la capitale future du Christianisme est la dernière parole qu’on entende de lui. »

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LES ACTES DES APÔTRES

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Acta - Summárium

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER

Prologue de saint Luc. Ascension de Jésus-Christ. Retour des apôtres à Jérusalem. Saint Mathias est élu à la place de Judas.

CHAPITRE II

Descente du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte. Don des langues. Première prédication de saint Pierre. Trois mille hommes convertis. Vie des premiers fidèles.

CHAPITRE III

Boiteux guéri à la porte du temple par saint Pierre au nom de Jésus-Christ. Seconde prédication de saint Pierre.

CHAPITRE IV

Pierre et Jean mis en prison. Accroissement du nombre des fidèles. Les deux apôtres comparaissent devant le conseil des Juifs. Discours de Pierre. Silence imposé aux apôtres. Réponse de Pierre. Prière de l’Église assemblée. Nouvelle effusion du Saint-Esprit. Union des fidèles. Barnabé vend son bien.

CHAPITRE V

Ananias et Saphira frappés de mort en punition de leur mensonge. Miracles des Apôtres. Les apôtres sont emprisonnés, délivrés par un ange, puis amenés devant le conseil. Discours de Pierre. Conseil de Gamaliel. Les apôtres pleins de joie d’avoir souffert des opprobres pour Jésus-Christ.

CHAPITRE VI

Murmures des Juifs grecs. Élection des sept diacres. Étienne, plein de foi, fait des miracles. Il est accusé faussement.

CHAPITRE VII

Discours de saint Étienne devant le conseil des Juifs. Il leur reproche leurs infidélités. Il est emmené hors de la ville et lapidé. Sa charité pour ses ennemis. Saül consent à sa mort.

CHAPITRE VIII

Persécution contre les fidèles. Philippe prêche en Samarie. Simon le Magicien est baptisé. Pierre et Jean donnent le Saint-Esprit aux Samaritains. Simon veut acheter ce pouvoir. Eunuque de la reine d’Éthiopie baptisé par Philippe.

CHAPITRE IX

Saül persécute les fidèles. Sa conversion, son baptême. Il prêche à Damas, va à Jérusalem, se retire à Césarée, puis à Tarse. Pierre guérit Énée et ressuscite Tabitha.

CHAPITRE X

Vision de Corneille. Il envoie vers saint Pierre. Saint Pierre va trouver Corneille et lui prêche Jésus. Effusion du Saint-Esprit sur Corneille et sur plusieurs autres gentils ; leur baptême.

CHAPITRE XI

Pierre repris rend raison de sa conduite. Disciples dispersés prêchant aux Juifs, puis aux gentils. Barnabé et Paul prêchent à Antioche. Disciples appelés Chrétiens. Prophétie d’Agábus. Aumônes pour les chrétiens de Judée.

CHAPITRE XII

Martyre de saint Jacques le Majeur. Emprisonnement et délivrance de saint Pierre. Hérode Agrippa meurt frappé de Dieu.

CHAPITRE XIII

Paul et Barnabé sont envoyés aux gentils. Ils passent dans l’ile de Chypre. Le magicien Bárjesu frappé d’aveuglement. Conversion du proconsul Sergius Paulus. Saint Paul vient à Antioche de Pisidie, où il prêche dans la synagogue. Les Juifs lui résistent. Il se tourne vers les gentils.

CHAPITRE XIV

Succès de la prédication de Paul et de Barnabé à Icónium. Ils sont chassés et se réfugient à Lystra. Paul y guérit un boiteux. On veut leur sacrifier ; on les lapide. Ils vont à Derbe. Ils s’en retournent à Antioche de Syrie, en visitant les fidèles.

CHAPITRE XV

Dispute à Antioche sur les observations légales. Saint Paul et saint Barnabé vont à Jérusalem consulter les apôtres. Concile de Jérusalem. Lettre du concile. Jude et Silas envoyés à Antioche avec Paul et Barnabé. Paul et Barnabé se séparent.

CHAPITRE XVI

Paul prend avec lui Timothée. Il est détourné de prêcher en Asie et en Bithynie ; mais il est appelé en Macédoine. Il arrive à Philippes ; conversion de Lydie. Pythonisse délivrée. Paul et Silas, fouettés et mis en prison, convertissent le geôlier ; leur délivrance.

CHAPITRE XVII

Paul à Thessalonique ; les Juifs y soulèvent le peuple contre lui. Il passe à Bérée ; les Juifs de Thessalonique l’y poursuivent. Il est conduit à Athènes. Il prêche dans l’Aréopage.

CHAPITRE XVIII

Paul vient à Corinthe ; il travaille des mains avec Aquila et Priscille. Il quitte les Juifs et instruit les gentils. Il est accusé devant le proconsul. Il vient à Éphèse, va à Jérusalem, revient à Antioche, parcourt la Galatie et la Phrygie. Apollo vient à Éphèse et passe en Achaïe.

CHAPITRE XIX

Paul vient à Éphèse. Disciples qui n’avaient reçu que le baptême de Jean. Miracles de Paul. Exorcistes. Juifs battus par les démons. Progrès de la parole divine. Sédition contre Paul, excitée par Demétrius.

CHAPITRE XX

Paul va en Macédoine et en Grèce. Il prêche à Troas. Mort et résurrection d’Eutychus. Paul arrive à Milet. Il y assemble les prêtres et les évêques de l’Église d’Éphèse. Discours de Paul dans cette assemblée.

CHAPITRE XXI

Paul va à Jérusalem. Filles de Philippe prophétesses. Agábus prédit les liens de Paul. Paul arrive à Jérusalem ; il se purifie dans le temple, est maltraité par les Juifs, et enchainé par le tribun de la cohorte romaine.

CHAPITRE XXII

Discours de Paul aux Juifs, et fureur des Juifs contre lui. Le tribun veut le faire fouetter. Il se déclare citoyen romain.

CHAPITRE XXIII

Paul se justifie devant le conseil. Il reçoit un soufflet par l’ordre du grand-prêtre. Il divise les pharisiens d’avec tes saducéens. Jésus-Christ lui apparait. Il découvre une conjuration contre sa vie ; il est envoyé au gouverneur Félix.

CHAPITRE XXIV

Paul accusé devant Félix ; il se défend ; il demeure prisonnier. Félix, étant avec Drusílla, fait venir Paul : il est effrayé par son discours. Festus succède à Félix, qui laisse Paul en prison.

CHAPITRE XXV

Les Juifs accusent Paul devant Festus. Paul se défend et en appelle à César. Agrippa et Bérénice viennent à Césarée. Agrippa veut voir Paul. Festus fait venir Paul devant Agrippa.

CHAPITRE XXVI

Discours de Paul devant Agrippa. Festus traite Paul d’insensé. Agrippa reconnait l’innocence de Paul.

CHAPITRE XXVII

Paul est mis dans un vaisseau pour aller à Rome. Description de son voyage. Le vaisseau où il se trouvait est battu par la tempête. Dieu donne à Paul tous ceux qui étaient avec lui. Le vaisseau se brise ; tous se sauvent.

CHAPITRE XXVIII

Paul et ceux qui étaient avec lui sont reçus à Malte. Il est mordu d’une vipère. Il guérit les malades de cette ile. Il continue son voyage, arrive à Rome, prêche Jésus-Christ aux Juifs, leur reproche leur endurcissement, et leur annonce que les gentils leur seront préférés.

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1 à 10

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CHAPITRE PREMIER

Prologue de saint Luc. Ascension de Jésus-Christ. Retour des apôtres à Jérusalem. Saint Mathias est élu à la place de Judas.

1. J’ai fait mon premier récit, ô Théophile, sur tout ce que Jésus-Christ a fait et enseigné depuis le commencement,

2. Jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir donné, par l’Esprit-Saint, ses commandements aux apôtres qu’il avait choisis,

3. Et auxquels, après sa passion, il se montra vivant par beaucoup de preuves, leur apparaissant pendant quarante jours, et leur parlant du royaume de Dieu.

4. Ensuite, mangeant avec eux, il leur commanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre la promesse du Père, que vous avez, dit-il, ouïe de ma bouche ;

5. Car Jean a baptisé dans l’eau ; mais vous, vous serez baptisés dans l’Esprit-Saint, sous peu de jours.

6. Ceux donc qui se trouvaient là assemblés l’interrogeaient disant : Seigneur, est-ce en ce temps que vous rétablirez le royaume d’Israël ?

7. Et il leur répondit : Ce n’est pas à vous de connaitre les temps et les moments que le Père a réservés en sa puissance ;

8. Mais vous recevrez la vertu de l’Esprit-Saint, qui viendra sur vous, et vous serez témoins pour moi, à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.

9. Et quand il eut dit ces choses, eux le voyant, il s’éleva, et une nuée le déroba à leurs yeux.

10. Et comme ils le regardaient allant au ciel, voilà que deux hommes se présentèrent devant eux, avec des vêtements blancs,

11. Et leur dirent : Hommes de Galilée, pourquoi vous tenez-vous là, regardant au ciel ? Ce Jésus, qui du milieu de vous a été enlevé au ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu allant au ciel.

12. Alors ils retournèrent à Jérusalem, de la montagne qu’on appelle des Oliviers, et qui est près de Jérusalem, à la distance d’une journée de sabbat.

13. Et lorsqu’ils furent entrés, ils montèrent dans le cénacle, où demeuraient Pierre et Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélémy et Matthieu, Jacques, fils d’Alphée, et Simon le Zélé, et Jude, frère de Jacques ;

14. Tous ceux-ci persévéraient unanimement dans la prière, avec les femmes, et avec Marie, mère de Jésus, et avec ses frères.

15. En ces jours-là, Pierre se levant au milieu des frères (or le nombre des hommes réunis était d’environ cent vingt), dit :

16. Mes frères, il faut que s’accomplisse ce qu’a écrit et prédit l’Esprit-Saint par la bouche de David, touchant Judas, qui a été le guide de ceux qui ont pris Jésus :

17. Qui était compté parmi nous, et avait reçu sa part au même ministère.

18. Et il a acquis un champ du salaire de l’iniquité, et s’étant pendu, il a crevé par le milieu, et toutes ses entrailles se sont répandues.

19. Et cela a été connu de tous les habitants de Jérusalem, en sorte que ce champ a été appelé en leur langue, Haceldama, c’est-à-dire champ du sang.

20. Car il est écrit au livre des Psaumes : Que leur demeure devienne déserte, et qu’il n’y ait personne qui l’habite, et que son épiscopat, un autre le reçoive.

21. Il faut donc que de ceux qui se sont unis à nous pendant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous,

22. À commencer du baptême de Jean, jusqu’au jour où il a été enlevé d’au milieu de nous, il y en ait un qui devienne témoin avec nous de sa résurrection.

23. Et ils en présentèrent deux, Joseph, qui s’appelait Barsabas, et qui a été surnommé le Juste, et Mathias.

24. Et, priant, ils dirent : Vous, Seigneur, qui connaissez les cœurs de tous, montrez lequel vous avez choisi, de ces deux,

25. Afin de prendre place dans ce ministère et cet apostolat, dans lequel Judas a prévariqué pour s’en aller en son lieu.

26. Et ils leur distribuèrent les sorts, et le sort tomba sur Mathias, et il fut associé aux onze apôtres.

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CHAP. I. 4. Luc. XXIV, 49 ; Joan. XIV, 26 ; Matth. III, 11 ; Marc. I, 8 ; Luc. III, 16 ; Joan. I, 26. — 6. Marc. XIII, 32 ; Matth. X, 23 ; Matth. XVI, 28. — 8. Infra. II, 2 ; Luc. XXIV, 48. — 16. Ps. XL, 10 ; Joan. XIII, 18. — 18. Matth. XXVII, 7. — 20. Ps. LXVIII, 26 ; Ps. CVIII, 8.

 

1. Mon premier récit ; c’est-à-dire l’Évangile que j’ai composé. — * Théophile. C’est le même à qui S. Luc avait déjà dédié son Évangile. Voir Luc. I, 3.

2. Par l’Esprit-Saint, qui disposait les Apôtres à recevoir les instructions de Jésus.

8. * La Judée proprement dite comprenait la Palestine méridionale ; la Samarie était située entre la Judée et la Galilée.

9. * Il s’éleva sur le mont des Oliviers.

10. Deux hommes ; c’est-à-dire deux anges sous une forme humaine.

12. Une journée de sabbat signifie ici la distance de deux mille pas de chemin, distance que ne pouvaient pas dépasser les Juifs, le jour du sabbat. — * La montagne qu’on appelle des Oliviers. Voir Matth. XXI, 1.

13. Le cénacle était une chambre haute où l’on se retirait pour prier, où l’on recevait les étrangers, etc. C’était la pièce principale dans les maisons juives ; c’est là qu’on se réunissait pour les repas, les entretiens. L’article suppose un cénacle connu, peut-être celui où Jésus fit la dernière cène avec ses Apôtres. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 531. — * Le mot cénacle est la traduction du grec hyperôon, sur lequel on peut voir la note à Marc. II, 4.

14. Ses frères. Comp. Matth. XII, 46.

19. * Haceldama. On montre ce champ, d’après une tradition ancienne, au sud-est de Jérusalem, dans la vallée de Ben-Hinnom. Il est situé au milieu d’anciens tombeaux.

20. Cette application des Psaumes a d’autant plus de force que saint Pierre la faisait en parlant à des Juifs qui admettaient le sens allégorique.

21. À vécu parmi nous ; littér. : Est entré et sorti avec nous. Par l’entrer et le sortir, les Hébreux comprenaient toutes les actions, l’ensemble de la vie et de la conduite.

23. * Joseph… Barsabas ou fils de Sabas. Eusèbe dit qu’il était du nombre des soixante-douze disciples. — Mathias, devenu apôtre à la place de Judas, alla prêcher l’Évangile en Éthiopie et y souffrit le martyre.

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CHAPITRE II

Descente du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte. Don des langues. Première prédication de saint Pierre. Trois mille hommes convertis. Vie des premiers fidèles.

1. Quand les jours de la Pentecôte furent accomplis, ils étaient tous ensemble dans le même lieu ;

2. Et il se fit soudain un bruit du ciel, comme celui d’un vent impétueux qui arrive, et il remplit toute la maison où ils demeuraient.

3. Alors leur apparurent comme des langues de feu qui se partagèrent, et le feu se reposa sur chacun d’eux ;

4. Et ils furent tous remplis de l’Esprit-Saint, et ils commencèrent à parler diverses langues, selon que l’Esprit-Saint leur donnait de parler.

5. Or habitaient dans Jérusalem des Juifs, hommes religieux de toute nation qui est sous le ciel.

6. Ce bruit donc s’étant répandu, la multitude s’assembla et demeura confondue en son esprit, parce que chacun entendait les disciples parler en sa langue.

7. Et tous s’étonnaient et admiraient, disant : Est-ce que tous ceux-ci qui parlent ne sont pas Galiléens ?

8. Et comment nous, avons-nous entendu chacun notre langue dans laquelle nous sommes nés ?

9. Parthes, Mèdes, Élamites, et ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont et l’Asie,

10. La Phrygie, la Pamphylie, l’Égypte et les contrées de la Libye voisine de Cyrène, et ceux venus de Rome,

11. Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes : nous les avons entendus parler en nos langues les grandes œuvres de Dieu.

12. Et tous s’étonnaient et admiraient, se disant l’un à l’autre : Qu’est-ce que ce peut être ?

13. Mais d’autres, raillant, disaient : Ils sont pleins de vin doux, ces gens-là.

14. Alors Pierre, se présentant avec les onze, éleva sa voix, et leur dit : Hommes de Judée, et vous tous qui habitez Jérusalem, que ceci soit connu de vous, et que vos oreilles recueillent mes paroles.

15. Ceux-ci ne sont pas ivres, comme vous le pensez, puisqu’il n’est que la troisième heure du jour ;

16. Mais c’est ce qui a été dit par le prophète Joël :

17. Et il arrivera que, dans les derniers jours (dit le Seigneur),

je répandrai de mon Esprit sur toute chair,

et vos fils et vos filles prophétiseront,

et vos jeunes hommes auront des visions,

et vos vieillards feront des songes.

18. Et même sur mes serviteurs et mes servantes,

en ces jours-là, je répandrai de mon Esprit,

et ils prophétiseront ;

19. Et je ferai des prodiges en haut dans le ciel,

et des signes en bas sur la terre, du sang et du feu et une vapeur de fumée.

20. Le soleil sera changé en ténèbres,

et la lune en sang,

avant que vienne le jour grand et manifeste du Seigneur.

21. Et quiconque aura invoqué le nom du Seigneur sera sauvé.

22. Hommes d’Israël, écoutez ces paroles : Jésus de Nazareth, homme que Dieu a autorisé parmi vous par les miracles, les prodiges et les merveilles que Dieu a faits par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes ;

23. Cet homme qui, suivant le conseil arrêté et la prescience de Dieu, a été livré, vous l’avez fait mourir, le tourmentant par les mains des méchants,

24. Dieu l’a ressuscité, le délivrant des douleurs de l’enfer ; car il était impossible qu’il y fût retenu.

25. David en effet, dit de lui :

Je voyais toujours le Seigneur en ma présence,

parce qu’il est à ma droite, afin que je ne sois pas ébranlé :

26. C’est pourquoi mon cœur s’est réjoui ; et ma langue a tressailli ;

et même ma chair reposera dans l’espérance ;

27. Car vous ne laisserez point mon âme dans l’enfer,

et ne souffrirez point que votre Saint voie la corruption.

28. Vous m’avez fait connaitre les voies de la vie,

et vous me remplirez de joie par votre face.

29. Hommes, mes frères, qu’il me soit permis de vous dire hardiment du patriarche David, qu’il est mort, qu’il a été enseveli ; et son sépulcre est jusqu’à ce jour au milieu de nous.

30. Comme donc il était prophète, et qu’il savait que Dieu lui avait juré par serment qu’un fils de son sang s’assoirait sur son trône ;

31. Par prévision, il a dit, touchant la résurrection du Christ, qu’il n’a point été laissé dans l’enfer, et que sa chair n’a point vu la corruption.

32. Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous en sommes tous témoins.

33. Élevé donc par la droite de Dieu, et ayant reçu de son Père la promesse de l’Esprit-Saint, il a répandu cet Esprit que vous voyez et entendez vous-mêmes.

34. Car David n’est point monté au ciel, mais il a dit lui-même :

Le Seigneur a dit à mon Seigneur :

Asseyez-vous à ma droite,

35. Jusqu’à ce que je fasse de vos ennemis

l’escabeau de vos pieds

36. Qu’elle sache donc très certainement, toute la maison d’Israël, que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié.

37. Ces choses entendues, ils furent touchés de componction en leur cœur, et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Hommes, mes frères, que ferons-nous ?

38. Et Pierre leur répondit : Faites pénitence, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, en rémission de vos péchés, et vous recevrez le don de l’Esprit-Saint.

39. Car la promesse vous regarde, vous, vos enfants, et tous ceux qui sont éloignés, autant que le Seigneur en appellera.

40. Et par beaucoup d’autres discours encore il rendait témoignage, et il les exhortait, disant : Sauvez-vous de cette génération perverse.

41. Ceux donc qui reçurent sa parole furent baptisés ; et il y eut d’adjoint, en ce jour là, environ trois mille âmes.

42. Et tous persévéraient dans la doctrine des apôtres, dans la communion de la fraction du pain et dans la prière.

43. Or la crainte était dans toutes les âmes, et beaucoup de prodiges et de merveilles se faisaient aussi par les apôtres dans Jérusalem, et tous étaient dans une grande frayeur.

44. Tous ceux qui croyaient étaient ensemble, et ils avaient toutes choses en commun.

45. Ils vendaient leurs possessions et leurs biens, et les distribuaient à tous, selon que chacun en avait besoin.

46. Tous les jours aussi, persévérant unanimement dans le temple, et rompant le pain de maison en maison, ils prenaient leur nourriture avec allégresse et simplicité de cœur,

47. Louant Dieu, et trouvant grâce aux yeux de tout le peuple. Et le Seigneur augmentait en même temps chaque jour le nombre de ceux qui devaient être sauvés.

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CHAP. II. 1. Ex. XXXIV, 22 ; Lev. XXIII, 15 ; Num. XXVIII, 26 ; Deut. 16, 9. — 4. Matth. III, 11 ; Marc. I, 8 ; Luc. III, 16 ; Joan. VII, 39 ; Supra. I, 8 ; Infra. XI, 16 ; XIX, 6. — 17. Is. XLIV, 3 ; Joël. II, 28. — 21. Joël. II, 32 ; Rom. X, 13. — 25. Ps. XV, 8. — 29. III Reg. II, 10. — 30. Ps. CXXXI, 11. — 31. Ps. XV, 10 ; Infra. XIII, 35. — 34. Ps. CIX, 1.

 

1. * Pentecôte est un mot grec qui signifie cinquantième, parce que la fête que nous appelons ainsi se célèbre le cinquantième jour après Pâques. C’était la seconde grande fête juive et elle avait pour objet de remercier Dieu à la fin de la moisson du bienfait de la récolte.

2. * Toute la maison. On croit communément que les Apôtres étaient dans le cénacle.

9. * Les quinze peuples énumérés ici et versets 10-11 doivent s’entendre des Juifs habitant au milieu d’eux. Les premiers nommés sont à l’est de la Judée ; de là S. Luc passe au nord, puis au sud et enfin à l’ouest. — Parthes. La Parthie était une province d’Asie, bornée à l’est par l’Ariane, au nord par l’Hyrcanie, à l’ouest par la Médie et au sud par les déserts de la Carmanie — Mèdes. La Médie, située aussi en Asie et confinant à l’est à la Parthie, était de plus limitrophe, de ce côté, de l’Hyrcanie et de la Susiane ; au nord elle était limitée par la mer Caspienne, à l’ouest par la Syrie et la grande Arménie et au sud par la Perse. Elle avait pour capitale Ecbatane. — La Mésopotamie est la région de l’Asie située entre les deux fleuves de l’Euphrate et du Tigre, d’où son nom qui signifie en grec : au milieu des fleuves. Les Juifs y étaient très nombreux. — La Cappadoce, dans l’Asie Mineure, était bornée, dans l’empire romain, à l’est par la petite Arménie, au nord par le Pont, à l’ouest par la Galatie et la Lycaonie, au sud par la Cilicie et la Commagène. — Le Pont, aussi en Asie Mineure, avait pour frontières à l’est la petite Arménie ; au nord, le Pont-Euxin ; à l’ouest, la Paphlagonie et la Galatie ; au sud, la Cappadoce et la petite Arménie. — L’Asie. Ce nom, dans la division administrative de l’empire romain, désignait l’Asie proconsulaire, c’est-à-dire la Mysie, la Lydie, la Caria et la Phrygie et comprenait la plus grande partie de l’Asie Mineure orientale. La Phrygie est nommée séparément dans le verset 10 à cause de son importance.

10. * La Phrygie avait pour limites à l’est et au nord la Galatie ; au sud-est, la Lycaonie ; au nord-ouest, la Pisidie ; à l’ouest, la Lydie et la Mysie ; au nord-ouest et au nord, la Bithynie. Les villes phrygiennes mentionnées dans les Actes sont Laodicée, Hiérapolis et Colosses. — La Pamphylie était au sud de la Pisidie, à l’ouest de la Cilicie, au nord de la mer Méditerranée et à l’est de la Lycie et de la Phrygie mineure. — Les contrées de la Libye voisine de Cyrène. La Libye, vaste région de l’Afrique septentrionale, à l’ouest de l’Égypte, renfermait la Cyrénaïque, qui tirait son nom de la ville de Cyrène et où les Juifs étaient très nombreux. Cyrène était à onze milles romains de la Méditerranée. Les Juifs y avaient été établis par Ptolémée Ier, roi d’Égypte.

11. Prosélytes ; gentils convertis au judaïsme. — * Juifs et prosélytes. Ces mots s’appliquent aux deux classes d’étrangers venus de Rome, les uns étant juifs d’origine, les autres païens de naissance. — Crétois, habitants de l’ile de Crète, dans l’Archipel, aujourd’hui Candie. — Arabes, habitants de la péninsule de l’Arabie. Parmi les auditeurs des Apôtres, les Parthes, les Mèdes et les Élamites devaient parler des dialectes de la langue persane ; l’araméen était la langue de la Mésopotamie, analogue à celle de la Judée ; l’arabe était l’idiome de l’Arabie ; les habitants de la Cappadoce, du Pont, de la province d’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte, de la Cyrénaïque et de la Crète parlaient grec ; ceux de Rome latin et grec.

14. Hommes de Judée : Juifs de naissance.

15. La troisième heure du jour ; c’est-à-dire neuf heures du matin. Voy. sur la division du temps chez les Juifs, notre Abrégé d’introduction, etc., p. 336. Aux jours de fêtes, les Juifs ne mangeaient qu’après les prières du matin finies, vers midi.

17. Sur toute chair. Voy. Matth. XXIV, 22.

20. Le soleil s’obscurcira, la lune deviendra couleur de sang : images de grandes calamités. — Grand et manifeste… Grand et terrible : c’est le sens de l’hébreu. En grec : éclatant, glorieux.

23. Dieu a livré son Fils, et son Fils s’est livré lui-même à cause de son amour pour nous. Ainsi le sacrifice de Jésus-Christ livré pour nous a été saint, et la décision de Dieu même. Mais ceux qui le trahirent et le crucifièrent commirent un grand crime, suivant en cela leur propre malice et l’instigation du démon, et non la volonté et l’ordre de Dieu, qui n’était nullement l’auteur de leur perversité, bien qu’il le permît, parce qu’il pouvait, comme il le fit réellement, en tirer un si grand bien, c’est-à-dire notre salut. — Livré par Judas. — Des méchants, des impies et des païens (Pilate et les Romains) : Pierre ménage les Juifs, qu’il veut gagner à Jésus-Christ.

27. Dans l’enfer ; c’est-à-dire dans les limbes, et nullement dans le tombeau, comme quelques-uns le prétendent. — Voie la corruption ; hébraïsme, pour éprouve la corruption.

29. * Au milieu de nous, dans Jérusalem.

35. * L’escabeau de vos pieds. Voir Matth. XXII, 44.

38. Soit baptisé au nom de Jésus-Christ ; c’est-à-dire du baptême de Jésus-Christ et non de celui de saint Jean-Baptiste ; du baptême qui, tirant sa vertu de Jésus-Christ, remet les péchés par lui-même. Ainsi ce texte ne prouve nullement que dans la primitive Église on baptisât seulement en invoquant le nom de Jésus-Christ, sans faire mention des autres personnes de la Trinité.

44. Tout en commun : cette communauté de bien n’exista que dans l’Église naissante de Jérusalem, et encore n’était-t-elle pas aussi absolue que ces mots semblent l’indiquer (Act. IV, 32).

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Ac 3

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CHAPITRE III

Boiteux guéri à la porte du temple par saint Pierre au nom de Jésus-Christ. Seconde prédication de saint Pierre.

1. Or Pierre et Jean montaient au temple pour la prière de la neuvième heure.

2. Et voilà qu’on portait un homme qui était boiteux dès le sein de sa mère, et chaque jour on le posait à la porte du temple, appelée la Belle, afin qu’il demandât l’aumône à ceux qui entraient dans le temple.

3. Celui-ci ayant vu Pierre et Jean, qui allaient entrer dans le temple, les priait pour avoir l’aumône.

4. Fixant avec Jean les yeux sur lui, Pierre dit : Regarde-nous.

5. Et il les regardait, espérant recevoir quelque chose d’eux.

6. Mais Pierre dit : De l’argent et de l’or, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : Au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche.

7. Et lui ayant pris la main droite, il se leva ; et aussitôt ses jambes et les plantes de ses pieds s’affermirent.

8. Et, s’élançant, il se dressa debout et il marchait ; et il entra avec eux dans le temple, marchant, sautant et louant Dieu.

9. Et tout le peuple le vit marchant et louant Dieu.

10. Ainsi, reconnaissant que c’était celui-là même qui était assis à la Belle porte du temple pour demander l’aumône, ils furent étonnés et hors d’eux-mêmes de ce qui lui était arrivé.

11. Et comme il tenait Pierre et Jean, tout le peuple étonné accourut vers eux au portique appelé de Salomon.

12. Ce que voyant, Pierre dit au peuple : Hommes d’Israël, pourquoi vous étonnez-vous de ceci, ou pourquoi nous regardez-vous, comme si c’était par notre vertu ou par notre puissance que nous avons fait marcher cet homme ?

13. Le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob, le Dieu de nos pères a glorifié son fils Jésus, que vous avez, vous, livré et renié devant Pilate, quand il jugeait lui-même de le renvoyer.

14. Car c’est vous qui avez renié le Saint et le Juste, et qui avez demandé qu’on vous remît un meurtrier ;

15. Vous avez même tué l’auteur de la vie, que Dieu a ressuscité d’entre les morts, ce dont nous sommes témoins.

16. Or c’est par la foi en son nom, que son nom a affermi cet homme que vous voyez et connaissez, et c’est la foi qui vient par lui qui a opéré, en votre présence, cette entière guérison.

17. Cependant, mes frères, je sais que c’est par ignorance que vous avez agi, aussi bien que vos chefs.

18. Mais Dieu, qui avait prédit par la bouche de tous les prophètes que son Christ souffrirait, l’a ainsi accompli.

19. Faites donc pénitence et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés ;

20. Afin que viennent des temps de rafraichissement de la part du Seigneur, et qu’il envoie celui qui vous a été prédit, Jésus-Christ,

21. Que le ciel doit recevoir jusqu’au temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes, depuis le commencement du monde.

22. Car Moïse a dit : Le Seigneur votre Dieu vous suscitera d’entre vos frères un prophète comme moi ; vous l’écouterez en tout ce qu’il vous dira.

23. Or il arrivera que quiconque n’écoutera pas ce prophète sera exterminé du milieu du peuple.

24. Et tous les prophètes depuis Samuel, et tous ceux qui depuis ont parlé, ont annoncé ces jours.

25. Vous êtes les fils des prophètes et de l’alliance que Dieu a établie avec nos pères, disant à Abraham : Et en ta postérité seront bénies toutes les familles de la terre.

26. C’est pour vous premièrement que Dieu, suscitant son Fils, l’a envoyé pour vous bénir, afin que chacun revienne de son iniquité.

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CHAP. III. 14. Matth. XXVII, 20 ; Marc. XV, 11 ; Luc. XXIII, 18 ; Joan. XVIII, 40. — 22. Deut. XVIII, 15 ; Joan. I, 45 ; V, 46. — 23. Lev. XXIII, 29. — 25. Gen. XII, 3 ; XXII, 18.

 

1. La neuvième heure commençait à trois heures après midi, et finissait au coucher du soleil. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 536. Les Juifs priaient trois fois par jour, le matin, à midi et le soir.

2. * La porte du temple appelée la Belle, parce qu’elle était plus belle que les autres. Josèphe nous apprend qu’elle était en airain de Corinthe, couvert d’or et d’argent. Elle était dans l’enceinte orientale du temple et conduisait du parvis des Gentils dans la vallée du Cedron.

8. S’élançant, sautant… : comp. Is. XXXV, 6 : « Le boiteux bondira comme le cerf, et la langue des muets sera déliée. »

11. * Au portique appelé de Salomon. Ainsi appelé parce qu’il était resté debout après la ruine du temple salomonien sous Nabuchodonosor ; il était situé à l’est du temple. Voir Joan. X, 23.

13. * Pilate. Voir Matth. XXVII, 2.

14. * Un meurtrier, Barabbas. Voir Matth. XXVII, 16.

16. Que son nom ; locution biblique : le nom du Christ, pour le Christ lui-même ; comme dans l’Ancien-Testament le nom de Jéhovah pour Jéhovah lui-même.

20-21. Rafraîchissement veut dire ici jouissance, repos. De la part du Seigneur ; litt. devant la face du Seigneur. » (Crampon, 1885) Voir Luc XVII, 21.

24. * Samuel, le dernier juge d’Israël, fut le fondateur des écoles de prophètes et prophète lui-même.

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Ac 4

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CHAPITRE IV

Pierre et Jean mis en prison. Accroissement du nombre des fidèles. Les deux apôtres comparaissent devant le conseil des Juifs. Discours de Pierre. Silence imposé aux apôtres. Réponse de Pierre. Prière de l’Église assemblée. Nouvelle effusion du Saint-Esprit. Union des fidèles. Barnabé vend son bien.

1. Or, pendant qu’ils parlaient au peuple, survinrent les prêtres, et le magistrat du temple, et les sadducéens,

2. Courroucés de ce qu’ils enseignaient le peuple, et annonçaient en Jésus la résurrection des morts ;

3. Et ils mirent la main sur eux, et les jetèrent en prison jusqu’au lendemain, car il était déjà soir.

4. Cependant beaucoup de ceux qui avaient entendu la parole crurent, et le nombre des hommes fut de cinq mille.

5. Or il arriva le lendemain que leurs chefs, les anciens et les scribes, s’assemblèrent à Jérusalem,

6. Et aussi Anne, prince des prêtres, Caïphe, Jean, Alexandre, et tous ceux qui étaient de la race sacerdotale.

7. Et les faisant placer au milieu, ils demandaient : Par quelle puissance et en quel nom avez-vous fait cela, vous ?

8. Alors, rempli de l’Esprit-Saint, Pierre leur dit : Princes du peuple, et vous, anciens, écoutez :

9. Puisque aujourd’hui nous sommes jugés à cause d’un bienfait en faveur d’un homme infirme, et à cause de celui en qui il a été guéri,

10. Qu’il soit connu de vous tous et de tout le peuple d’Israël que c’est au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ de Nazareth, que vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité des morts ; c’est par lui que cet homme est ici devant vous, debout et sain.

11. Ce Jésus est la pierre qui a été rejetée par vous les bâtisseurs, et qui est devenue un sommet d’angle ;

12. Et il n’y a de salut en aucun autre ; car nul autre nom n’a été donné sous le ciel aux hommes, par lequel nous devions être sauvés.

13. Voyant donc la constance de Pierre et de Jean, et ayant appris que c’étaient des hommes sans lettres, et du commun, ils s’étonnaient ; ils savaient d’ailleurs qu’ils avaient été avec Jésus.

14. Voyant aussi debout près d’eux l’homme qui avait été guéri, ils ne pouvaient rien dire contre.

15. Mais ils leur ordonnèrent de sortir du Conseil, et ils conféraient entre eux,

16. Disant : Que ferons-nous à ces hommes ? Car un miracle fait par eux est connu de tous les habitants de Jérusalem ; cela est manifeste, et nous ne pouvons le nier.

17. Mais, afin qu’il ne se divulgue pas davantage parmi le peuple, défendons-leur avec menaces de parler désormais en ce nom à aucun homme.

18. Et les ayant appelés, ils leur enjoignirent de ne parler ni d’enseigner en aucune sorte au nom de Jésus.

19. Mais Pierre et Jean, répondant, leur dirent : S’il est juste devant Dieu de vous obéir plutôt qu’à Dieu, jugez-en ?

20. Car nous ne pouvons pas ne point parler de ce que nous avons vu et entendu.

21. Mais eux les renvoyèrent avec menaces, ne trouvant pas comment les punir à cause du peuple, parce que tous donnaient gloire à ce qui était arrivé dans cet évènement.

22. Car il avait plus de quarante ans, l’homme sur qui avait été fait ce miracle de la guérison.

23. Ainsi renvoyés, ils vinrent vers les leurs, et leur racontèrent tout ce que les princes des prêtres et les anciens leur avaient dit.

24. Ce qu’ayant entendu, ceux-ci élevèrent unanimement la voix vers Dieu, et dirent : Seigneur, c’est vous qui avez fait le ciel et la terre, et la mer, et tout ce qui est en eux ;

25. Qui par l’Esprit-Saint et par la bouche de notre père David, votre serviteur, avez dit :

Pourquoi les nations ont-elles frémi,

et les peuples médité des choses vaines ?

26. Pourquoi les rois de la terre se sont-ils levés,

et les princes se sont-ils ligués

contre le Seigneur et contre son Christ ?

27. Car Hérode et Ponce-Pilate se sont vraiment ligués dans cette cité avec les gentils et les peuples d’Israël, contre votre saint Fils Jésus que vous avez consacré par votre onction,

28. Pour faire ce que votre bras et votre conseil avaient décrété qui serait fait.

29. Et maintenant, Seigneur, regardez leurs menaces, et donnez à vos serviteurs d’annoncer votre parole en toute confiance.

30. En étendant votre main pour que des guérisons, des miracles et des prodiges soient faits par le nom de votre saint Fils Jésus.

31. Et quand ils eurent prié, le lieu où ils étaient assemblés trembla, et ils furent tous remplis de l’Esprit-Saint, et ils annonçaient la parole de Dieu avec confiance.

32. Or la multitude des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme ; et nul ne regardait comme étant à lui rien de ce qu’il possédait ; mais toutes choses leur étaient communes.

33. Et les apôtres rendaient témoignage avec une grande force de la résurrection du Seigneur Jésus-Christ, et une grande grâce était en eux tous.

34. Aussi il n’y avait aucun pauvre parmi eux ; car tout ce qu’il y avait de possesseurs de champs ou de maisons, les vendaient, et apportaient le prix de ce qu’ils avaient vendu,

35. Et le déposaient aux pieds des apôtres ; on le distribuait ensuite à chacun selon qu’il en avait besoin.

36. Joseph donc, surnommé par les apôtres Barnabé (qu’on interprète par fils de consolation), lévite et Cypriote de naissance,

37. Comme il avait un champ, le vendit, et en apporta le prix, et le déposa aux pieds des apôtres.

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CHAP. IV. 11. Ps. CXVII, 22 ; Is. XXVIII, 16 ; Matth. XXI, 42 ; Marc. XII, 10 ; Luc. XX, 17 ; Rom. IX, 33 ; I Petr. II, 7. — 12. Matth. I, 21 ; Luc. I, 31. — 25. Ps. II, 1.

 

1. Et le magistrat du temple. Voir Luc. XXII, 4.

5. * Les anciens, les membres du Sanhédrin. — Les scribes. Voir Matth. II, 4.

6. * Anne. Voir Luc. III, 2. — Caïphe, voir Matth. XXVI, 3. — Jean, Alexandre sont deux membres d’ailleurs inconnus du sanhédrin.

12. Dans l’Écriture, le nom est souvent mis pour la personne.

15. * Du Conseil, du sanhédrin. Voir Matth. XXVI, 59.

27. * Hérode Antipas, tétrarque de Galilée. Voir Matth. XIV, 1. — Ponce Pilate. Voir Matth. XXVII, 2. Hérode, qui tourna Jésus en dérision, et Pilate, qui le condamna, répondent aux rois de la terre du vers. 26.

31. Trembla : ce fut un ébranlement local, semblable à celui de la Pentecôte, et comme lui accompagné d’une effusion de l’Esprit-Saint, qui remplit les disciples d’une nouvelle ardeur ; ce fut un amen divin répondu d’en haut à leur prière.

36. * Joseph surnommé Barnabé, qui devait jouer un rôle important dans la prédication de l’Évangile aux Gentils, ne nous est connu qu’à partir de cet épisode de sa vie. On ignore s’il avait été un des disciples de Notre Seigneur pendant sa vie mortelle. On a supposé, mais sans preuves, qu’il avait été condisciple de S. Paul à l’école de Gamaliel. Ce qui est certain, c’est qu’il fut longtemps le compagnon du grand Apôtre. Les Actes nous font connaitre le reste de sa vie jusqu’au moment où il se rend en Chypre sa patrie, avec Jean Marc, son neveu, qu’on croit être le même que l’Évangéliste S. Marc.

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Ac 5

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CHAPITRE V

Ananias et Saphira frappés de mort en punition de leur mensonge. Miracles des Apôtres. Les apôtres sont emprisonnés, délivrés par un ange, puis amenés devant le conseil. Discours de Pierre. Conseil de Gamaliel. Les apôtres pleins de joie d’avoir souffert des opprobres pour Jésus-Christ.

1. Or un certain homme, du nom d’Ananias, avec Saphira, sa femme, vendit un champ,

2. Et frauda sur le prix du champ, sa femme le sachant, et en apportant une partie, il la déposa aux pieds des apôtres.

3. Mais Pierre lui dit : Ananias, pourquoi Satan a-t-il tenté ton cœur, pour mentir à l’Esprit-Saint, et frauder sur le prix du champ ?

4. Restant en tes mains, ne demeurait-il pas à toi ? Et vendu, n’était-il pas encore en ta puissance ? Pourquoi donc as-tu formé ce dessein dans ton cœur ? Tu n’as pas menti aux hommes, mais à Dieu.

5. Or, entendant ces paroles, Ananias tomba et expira ; et il se répandit une grande crainte sur tous ceux qui apprirent ces choses.

6. Et des jeunes hommes, se levant, l’enlevèrent, et, l’ayant emporté, ils l’ensevelirent.

7. Mais il arriva, dans l’espace d’environ trois heures, que sa femme, ignorant ce qui s’était passé, entra.

8. Et Pierre lui dit : Femme, dites-moi si vous avez vendu le champ ce prix-là ? Elle répondit : Oui, ce prix-là.

9. Et Pierre lui dit : Pourquoi vous êtes-vous concertés ensemble pour tenter l’Esprit-Saint ? Voilà que les pieds de ceux qui ont enseveli votre mari sont à la porte, et ils vous emporteront.

10. Et aussitôt elle tomba à ses pieds, et elle expira. Or les jeunes hommes, étant entrés, la trouvèrent morte ; ils l’emportèrent donc et l’ensevelirent auprès de son mari.

11. Et il se répandit une grande crainte dans toute l’Église et en tous ceux qui apprirent ces choses.

12. Cependant, par les mains des apôtres, s’opéraient beaucoup de miracles et de prodiges au milieu du peuple. Et tous unis ensemble se tenaient dans le portique de Salomon.

13. Or aucun des autres n’osait se joindre à eux ; mais le peuple les exaltait.

14. Ainsi de plus en plus s’augmentait la multitude des croyants dans le Seigneur, hommes et femmes ;

15. De sorte qu’ils apportaient les malades dans les places publiques, et les posaient sur des lits et sur des grabats, afin que, Pierre venant, son ombre au moins couvrît quelqu’un d’eux, et qu’ils fussent délivrés de leurs maladies.

16. Le peuple des villes voisines de Jérusalem accourait aussi, apportant des malades et ceux que tourmentaient des esprits impurs ; et tous étaient guéris.

17. Alors le prince des prêtres se levant, lui et tous ceux de son parti (c’est-à-dire de la secte des sadducéens), furent remplis de colère ;

18. Ils mirent la main sur les apôtres et les jetèrent dans une prison publique.

19. Mais un ange du Seigneur, ouvrant pendant la nuit les portes de la prison, et les faisant sortir, dit :

20. Allez, et, vous tenant dans le temple, annoncez au peuple toutes les paroles de cette vie.

21. Ce qu’ayant entendu, ils entrèrent au point du jour dans le temple, et ils enseignaient. Cependant le prince des prêtres étant venu, et ceux de son parti aussi, ils convoquèrent le Conseil et tous les anciens des enfants d’Israël, et ils envoyèrent à la prison pour qu’on amenât les apôtres.

22. Quand les archers y furent arrivés, et qu’ayant ouvert la prison ils ne les trouvèrent point, ils revinrent l’annoncer,

23. Disant : Nous avons trouvé la prison fermée avec le plus grand soin, et les gardes debout devant les portes ; mais ayant ouvert, nous n’avons trouvé personne dedans.

24. Dès que le magistrat du temple et les princes des prêtres eurent entendu ces paroles, pleins de doutes à l’égard de ces hommes, ils ne savaient ce que cela deviendrait.

25. Mais quelqu’un survenant leur dit : Voilà que les hommes que vous aviez mis en prison sont dans le temple et enseignent le peuple.

26. Alors le magistrat y alla avec ses archers, et il les amena sans violence, parce qu’ils craignaient d’être lapidés par le peuple.

27. Lorsqu’ils les eurent amenés, ils les introduisirent dans le Conseil, et le prince des prêtres les interrogea,

28. Disant : Nous vous avons défendu absolument d’enseigner en ce nom-là, et voilà que vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine, et que vous voulez rejeter sur nous le sang de cet homme.

29. Mais Pierre et les apôtres, répondant, dirent : Il faut plutôt obéir à Dieu qu’aux hommes.

30. Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous-mêmes vous avez fait mourir, le suspendant à un bois.

31. C’est lui que Dieu a élevé par sa droite comme prince et Sauveur, pour donner à Israël pénitence et rémission des péchés ;

32. Or nous sommes témoins de ces choses, nous et l’Esprit-Saint que Dieu a donné à tous ceux qui lui obéissent.

33. Ce qu’ayant entendu, ils frémissaient de rage, et ils pensaient à les faire mourir.

34. Mais un certain pharisien, du nom de Gamaliel, docteur de la loi, et honoré de tout le peuple, se levant dans le conseil, ordonna de faire sortir un moment les apôtres ;

35. Et il leur dit : Hommes d’Israël, prenez garde à ce que vous ferez à l’égard de ces hommes.

36. Car, avant ces jours-ci, Théodas a paru, se disant être quelqu’un, et auquel s’attacha un nombre d’environ quatre cents hommes ; il fut tué, et tous ceux qui croyaient en lui se dissipèrent et furent réduits à rien.

37. Après lui s’éleva Judas, le Galiléen, aux jours du dénombrement, et il attira le peuple après lui ; il périt, lui aussi, et tous ceux qui s’étaient attachés à lui furent dispersés.

38. Voici donc pourquoi je vous dis : Ne vous occupez plus de ces hommes, et laissez-les ; car si cette entreprise ou cette œuvre est des hommes, elle se dissipera ;

39. Que si elle est de Dieu, vous ne pourrez la détruire, et peut-être que vous vous trouveriez combattre contre Dieu même. Ils acquiescèrent à son avis.

40. Ayant donc rappelé les apôtres, ils leur défendirent, après les avoir fait déchirer de coups, de parler aucunement au nom de Jésus ; et ils les renvoyèrent.

41. Et eux sortirent du conseil, pleins de joie de ce qu’ils avaient été jugés dignes de souffrir des outrages pour le nom de Jésus.

42. Et tous les jours, ils ne cessaient, dans le temple, et de maison en maison, d’enseigner et d’annoncer le Christ Jésus.

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CHAP. V.

 

2. Ananias, comme on le voit au verset 4, était absolument maitre de son argent, et il n’aurait point péché en le gardant chez lui ; mais ce qui l’a rendu coupable d’un crime que Dieu lui-même a jugé digne de mort, c’est d’avoir retenu par avarice une partie de cet argent, en voulant néanmoins se donner en public le mérite de l’avoir tout offert, et ne craignant pas pour cela de mentir à Dieu et aux hommes.

4. N’était-il pas encore en ta puissance, par le prix que tu en avais retiré, et qu’il dépendait de toi de garder ?

6. * Ils l’ensevelirent. En Palestine, on enterrait les morts immédiatement après le décès.

11. L’Église : c’est la première fois que ce mot parait dans les Actes avec la signification de société de tous les Fidèles.

12. Par les mains des apôtres. Les Hébreux se servaient des mots main, mains, pour exprimer les idées de moyen, d’instrument, d’entremise, etc. — * Dans le portique de Salomon. Voir Joan. X, 23.

17. * De la secte des sadducéens. Voir la note 32 à la fin du volume.

20. L’expression cette vie peut désigner, ou la vie éternelle que les apôtres prêchaient habituellement dans leurs discours, ou la vie nouvelle, c’est-à-dire la nouvelle religion, le christianisme.

21, 27, 34, 41. * Le conseil, le sanhédrin. — Tous les anciens des enfants d’Israël, tous les membres du sanhédrin. Voir Matth. XXVI, 59.

24. Le magistrat du temple. Voy. Luc. XXII, 4.

28. Nous vous avons défendu absolument ; littér. En défendant nous vous avons défendu ; hébraïsme, dont le but est de donner de la force et de l’énergie au discours.

30. À un bois, au bois : c’était, d’après la Loi, le supplice des grands criminels, et celui qui le subissait était « maudit de Dieu » (Deut. XXI, 23). Pierre choisit à dessein une expression qui rappelle toutes ces idées.

34. * Gamaliel, pharisien, docteur de la loi, avait été le maitre de S. Paul. On croit généralement qu’il est le même que le docteur de ce nom si célèbre dans le Talmud. Il était fils de Rabbi Siméon et petit-fils de Hillel, l’un des docteurs de la loi les plus renommés. Il fut président du Sanhédrin sous Tibère, Caligula et Claude. D’après la tradition, il se convertit au christianisme et mourut dix-huit ans avant la prise de Jérusalem par Titus.

36. Quelqu’un de grand, un personnage important, comme il est dit, VIII, 9. — * Théodas. Josèphe parle d’un Théodas qui se révolta aussi contre les Romains, mais ce ne peut être celui qui est mentionné par S. Luc, parce que celui dont l’historien juif nous a conservé le souvenir ne se souleva contre la domination étrangère que dix à douze ans au moins après le discours de Gamaliel, c’est-à-dire vers l’an 44 ou 45, sous l’empereur Claude. De plus, d’après les Actes, Théodas vivait avant Judas le Galiléen, dont l’insurrection éclata vers l’an 6 ou 7 de notre ère ; il faut donc placer sa révolte à la fin du règne d’Hérode-le-Grand. L’année même de la mort de ce roi fut agitée par beaucoup de troubles et il s’éleva de divers côtés des chefs fanatiques dont la plupart ne sont pas nommés par Josèphe. Parmi ces insurgés indiqués seulement d’une manière vague pouvait se trouver le Théodas des Actes. Ce nom était assez commun en Palestine.

37. * Judas le Galiléen ou le Gaulonites, qui se révolta contre les Romains « aux jours du dénombrement » de Quirinus, l’an 6 de notre ère, était, d’après les renseignements que nous fournit Josèphe dans ses Antiquités hébraïques, un Gaulonites, originaire de Gamala. Il reçut le surnom de Galiléen, sans doute parce que son insurrection éclata en Galilée. Il avait pris pour mot d’ordre : « Nous n’avons pas d’autre Seigneur ni d’autre maitre que Dieu. » Judas périt et ses sectateurs se dispersèrent. Josèphe le considère, avec le pharisien Sadoc, comme le fondateur d’une nouvelle secte, celle des Gaulonites, qui vint s’ajouter à celles des Pharisiens, des Sadducéens et des Esséniens. Les Gaulonites peuvent être considérés comme les précurseurs ou les ancêtres des Zélotes qui dominèrent à Jérusalem pendant le siège de cette ville par Titus.

40. Déchirer de coups. Voy., sur cette expression, Matth. XXI, 35.

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Ac 6

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CHAPITRE VI

Murmures des Juifs grecs. Élection des sept diacres. Étienne, plein de foi, fait des miracles. Il est accusé faussement.

1. Or en ces jours-là, le nombre des disciples croissant, il s’éleva un murmure des Grecs contre les Hébreux, de ce que leurs veuves étaient négligées dans la distribution de chaque jour.

2. Les douze donc, convoquant la multitude des disciples, dirent : Il n’est pas juste que nous abandonnions la parole de Dieu, et que nous vaquions au service des tables.

3. Cherchez donc parmi vous, mes frères, sept hommes de bon témoignage, pleins de l’Esprit-Saint et de sagesse, que nous puissions préposer à cette œuvre.

4. Pour nous, nous nous appliquerons à la prière et au ministère de la parole.

5. Ce discours plut à toute la multitude. Et ils élurent Étienne, homme plein de foi et de l’Esprit-Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parmenas et Nicolas, prosélyte d’Antioche.

6. Ils les présentèrent aux apôtres, et ceux-ci, priant, leur imposèrent les mains.

7. Et la parole du Seigneur croissait, et le nombre des disciples se multipliait grandement à Jérusalem ; et même un grand nombre de prêtres obéissaient à la foi.

8. Or Étienne, plein de grâce et de force, faisait des prodiges et de grands miracles parmi le peuple.

9. Mais quelques-uns de la synagogue qui est appelée des Affranchis, de celle des Cyrénéens et des Alexandrins, et de ceux qui étaient de Cilicie et d’Asie, se levèrent, disputant contre Étienne ;

10. Et ils ne pouvaient résister à la sagesse et à l’Esprit-Saint qui parlait.

11. Alors ils subornèrent des hommes pour dire qu’ils l’avaient entendu proférer des paroles de blasphème contre Moïse et contre Dieu.

12. Ils soulevèrent ainsi le peuple, les anciens et les scribes : et ceux-ci accourant ensemble, l’entrainèrent et l’amenèrent au conseil,

13. Et ils produisirent de faux témoins pour dire : Cet homme ne cesse de parler contre le lieu saint et contre la loi ;

14. Car nous l’avons entendu disant que ce Jésus de Nazareth détruira ce lieu, et changera les traditions que nous a données Moïse.

15. Et tous ceux qui siégeaient dans le conseil, ayant fixé les yeux sur lui, ils virent son visage comme le visage d’un ange.

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CHAP. VI. 10. Matth. X, 19-20 ; Luc. XII, 11.

 

1. Le mot Grecs désigne ici les Juifs qui étant nés parmi les Grecs, venus des provinces et établis à Jérusalem, ne parlaient que la langue grecque. Les Hébreux étaient des Juifs nés en Palestine et parlant la langue nationale. — Les veuves avaient d’autant plus besoin d’être assistées que, suivant la loi, elles ne pouvaient hériter.

2. * Au service des tables, à ce qui est nécessaire pour la vie corporelle, acquisition, préparation et distribution des aliments.

5. Prosélyte. Voy. II, 11. — * Étienne. Son nom, en grec, Stéphanos, signifie couronne. On croit que c’était un des soixante-douze disciples. Son histoire est racontée dans le chapitre VII des Actes. — Philippe était marié et avait quatre filles qui furent douées du don de prophétie (Act. XXI, 8-9). Il fut un des disciples les plus zélés pour la propagation du christianisme (Act. VIII, 5-17, 26-40). On croit qu’il mourut à Césarée. — Prochore, Nicanor, Timon, Pármenas et Nicolas, prosélyte d’Antioche, ne nous sont authentiquement connus que de nom par ce passage. Une tradition rapporte que Prochore fut sacré par S. Pierre comme évêque de Nicomédie. — Le pseudo-Hippolyte dit que Nicanor était un des soixante-douze disciples et qu’il mourut vers le même temps que S. Étienne. — Timon, d’après un écrit attribué à Dorothée de Tyr, était aussi un des soixante-douze disciples ; il devint évêque de Bostra et consomma son martyre par le supplice du feu. — Pármenas subit, à ce qu’on croit, le martyre à Philippes sous le règne de Trajan. — Enfin Nicolas était d’origine païenne, puisqu’il est qualifié de prosélyte. D’après plusieurs, il fut infidèle à sa vocation et devint le chef de la secte des Nicolaïtes, dont parle S. Jean dans l’Apocalypse, II, 6, 15. Les Nicolaïtes le regardaient en effet comme leur père ; mais il n’est pas certain que leur opinion fut fondée. — Les noms des sept diacres sont tous grecs, ce qui semble indiquer que les six premiers étaient des Juifs hellénistes, le septième étant d’origine grecque.

9. * Sur les synagogues, voir Matth. IV, 23. D’après les Rabbins, il y avait à Jérusalem quatre cent quatre-vingts synagogues. S. Luc énumère ici plusieurs d’entre elles. — On appelait Affranchis ceux qui d’esclaves étaient devenus libres. La synagogue des Affranchis avait été probablement construite par les Juifs que Pompée avait autrefois faits prisonniers de guerre et qui avaient recouvré ensuite leur liberté. Ils s’étaient fixés la plupart à Rome, mais ils avaient fait élever à leurs frais une synagogue à Jérusalem, afin de pouvoir s’y réunir quand ils allaient en pèlerinage dans la ville sainte. — Celle des Cyrénéens, des Juifs de Cyrène en Afrique. Voir Act. II, 10. — Des Alexandrins, d’Alexandrie, ville d’Égypte où les Juifs étaient très nombreux. — De Cilicie, province de l’Asie Mineure, bornée au nord par la Cappadoce, la Lycaonie et l’Isaurie, à l’ouest par la Pamphylie, au sud par la Méditerranée, à l’est par la Syrie. S. Paul étant Cilicien d’origine devait fréquenter la synagogue de Cilicie. — D’Asie, de la province proconsulaire de ce nom. Voir Act. II, 9.

12 et suiv. Les incrédules prétendent que le récit du martyre de saint Étienne renferme des circonstances qui révèlent dans l’historien une profonde ignorance. — * Les anciens, les membres du Sanhédrin. — Au conseil, au sanhédrin. Voir Matth. XXVI, 59.

15. * Dans le Conseil, dans le sanhédrin.

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Ac 7

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CHAPITRE VII

Discours de saint Étienne devant le conseil des Juifs. Il leur reproche leurs infidélités. Il est emmené hors de la ville et lapidé. Sa charité pour ses ennemis. Saül consent à sa mort.

1. Alors le prince des prêtres lui demanda : Les choses sont-elles ainsi ?

2. Il répondit : Hommes, mes frères et mes pères, écoutez : Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham lorsqu’il était en Mésopotamie, avant qu’il demeurât à Charan,

3. Et il lui dit : Sors de ton pays et de ta parenté, et viens dans la terre que je te montrerai.

4. Alors il sortit du pays des Chaldéens, et il demeura à Charan. Et de là, après que son père fut mort, Dieu le transporta dans cette terre que vous habitez aujourd’hui.

5. Et il ne lui donna là ni héritage, ni même où poser le pied ; mais il promit de la lui donner en sa possession et à sa postérité après lui, lorsqu’il n’avait point encore de fils.

6. Toutefois Dieu lui dit que sa postérité habiterait en une terre étrangère, où elle serait réduite en servitude et maltraitée pendant quatre cents ans ;

7. Mais la nation qui l’aura tenue en servitude, c’est moi qui la jugerai, dit le Seigneur, et après cela, elle sortira et me servira en ce lieu-ci.

8. Il lui donna l’alliance de la circoncision ; et ainsi il engendra Isaac, et le circoncit le huitième jour ; et Isaac, Jacob ; et Jacob, les douze patriarches.

9. Et les patriarches envieux vendirent Joseph pour l’Égypte ; mais Dieu était avec lui ;

10. Et il le délivra de toutes ses tribulations, et il lui donna grâce et sagesse devant Pharaon, roi d’Égypte, qui le préposa sur l’Égypte et sur toute sa maison.

11. Or vint une famine dans toute l’Égypte et en Chanaan, et une grande tribulation, et nos pères ne trouvaient pas de nourriture.

12. Mais quand Jacob eut appris qu’il y avait du blé en Égypte, il y envoya nos pères une première fois,

13. Et la seconde, Joseph fut reconnu de ses frères, et son origine fut découverte à Pharaon.

14. Or Joseph envoya quérir Jacob son père et toute sa parenté, au nombre de soixante-quinze personnes.

15. Jacob descendit donc en Égypte, et il y mourut, lui et nos pères.

16. Et ils furent transportés à Sichem, et déposés dans le sépulcre qu’Abraham avait acheté à prix d’argent des fils d’Hemor, fils de Sichem.

17. Mais comme approchait le temps de la promesse que Dieu avait jurée à Abraham, le peuple crût et se multiplia en Égypte,

18. Jusqu’à ce qu’il s’éleva en Égypte un autre roi, qui ne connaissait point Joseph.

19. Celui-ci, circonvenant notre nation, affligea nos pères jusqu’à leur faire exposer leurs enfants pour en empêcher la propagation.

20. En ce même temps naquit Moïse qui fut agréable à Dieu, et nourri trois mois dans la maison de son père.

21. Exposé ensuite, la fille de Pharaon le prit et le nourrit comme son fils.

22. Et Moïse fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens, et il était puissant en paroles et en œuvres.

23. Mais lorsque s’accomplissait sa quarantième année, il lui vint dans l’esprit de visiter ses frères, les enfants d’Israël.

24. Et ayant vu l’un d’eux injustement traité, il défendit et vengea celui qui souffrait l’injure, en frappant l’Égyptien.

25. Or il pensait que ses frères comprendraient que Dieu les sauverait par sa main ; mais ils ne le comprirent pas.

26. Le jour suivant, il en vit qui se querellaient, et il tâchait de les remettre en paix, disant : Hommes, vous êtes frères ; pourquoi vous nuisez-vous l’un à l’autre ?

27. Mais celui qui faisait injure à l’autre le repoussa, disant : Qui t’a établi chef et juge sur nous ?

28. Veux-tu me tuer, comme tu as tué hier l’Égyptien ?

29. Moïse s’enfuit à cette parole, et il demeura comme étranger, dans la terre de Madian, où il engendra deux fils.

30. Et quarante ans s’étant passés, un ange lui apparut au désert de la montagne de Sina, dans le feu d’un buisson enflammé,

31. Ce que Moïse apercevant, il admira la vision ; et comme il s’approchait pour regarder, la voix du Seigneur se fit entendre à lui, disant :

32. Je suis le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Mais devenu tout tremblant, Moïse n’osait regarder.

33. Et le Seigneur lui dit : Ôte la chaussure de tes pieds, car le lieu où tu es est une terre sainte.

34. J’ai vu parfaitement l’affliction de mon peuple qui est en Égypte ; j’ai entendu son gémissement, et je suis descendu pour le délivrer. Maintenant, viens, je t’enverrai en Égypte.

35. Ce Moïse qu’ils avaient renié, disant : Qui t’a établi chef et juge ? fut celui-là même que Dieu envoya chef et libérateur par la main de l’ange qui lui apparut dans le buisson ;

36. C’est lui qui les tira de la terre d’Égypte, y opérant des prodiges et des miracles, aussi bien que dans la mer Rouge, et pendant quarante ans dans le désert.

37. C’est ce Moïse qui dit aux enfants d’Israël : Dieu vous suscitera d’entre vos frères un prophète comme moi ; vous l’écouterez.

38. C’est lui qui se trouva dans l’assemblée du peuple, au désert, avec l’ange qui lui parlait sur le mont Sina, et avec nos pères ; lui qui reçut des paroles de vie pour nous les donner.

39. Et nos pères ne voulurent point lui obéir, mais ils le repoussèrent, retournant de cœur en Égypte,

40. Et disant à Aaron : Fais-nous des dieux qui aillent devant nous ; car ce Moïse qui nous a tirés de la terre d’Égypte, nous ne savons ce qui lui est arrivé.

41. Et ils firent un veau en ces jours-là, et ils offrirent une hostie à l’idole, et ils se réjouissaient dans l’œuvre de leurs mains.

42. Et Dieu se détourna et les laissa servir la milice du ciel, comme il est écrit au livre des prophètes :

Maison d’Israël, m’avez-vous offert des victimes et des hosties

pendant quarante ans dans le désert ?

43. Au contraire, vous avez porté le tabernacle de Moloch

et l’astre de votre dieu Rempham,

figures que vous avez faites pour les adorer.

Aussi je vous transporterai au delà de Babylone.

44. Le tabernacle de témoignage a été avec nos pères dans le désert, comme Dieu leur ordonna, parlant à Moïse, afin qu’il le fît selon le modèle qu’il avait vu.

45. Et l’ayant reçu, nos pères l’emportèrent sous Jésus, dans le pays des nations que Dieu chassa devant nos pères, jusqu’aux jours de David,

46. Lequel trouva grâce devant Dieu et demanda de trouver une demeure pour le Dieu de Jacob.

47. Et ce fut Salomon qui lui bâtit un temple.

48. Mais le Très-Haut n’habite point dans les temples faits de la main des hommes, selon ce que dit le prophète :

49. Le ciel est mon trône,

et la terre l’escabeau de mes pieds.

Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur,

ou quel est le lieu de mon repos ?

50. N’est-ce pas ma main qui a fait toutes ces choses ?

51. Durs de nuque et incirconcis de cœur et d’oreilles, vous résistez toujours à l’Esprit-Saint ; il en est de vous comme de vos pères.

52. Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils point persécuté ! Ils ont tué ceux qui prédisaient l’avènement du Juste que vous venez de trahir, et dont vous êtes les meurtriers, vous,

53. Qui avez reçu la loi par le ministère des anges, et qui ne l’avez point gardée.

54. Entendant cela, ils frémissaient de rage en leur cœur, et grinçaient des dents contre lui.

55. Mais comme il était rempli de l’Esprit-Saint, levant les yeux au ciel, il vit la gloire de Dieu, et Jésus qui se tenait à la droite de Dieu, et il dit : Voilà que je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme qui est à la droite de Dieu.

56. Eux alors, criant d’une voix forte et se bouchant les oreilles, se précipitèrent tous ensemble sur lui,

57. Et l’entrainant hors de la ville, ils le lapidaient ; et les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme nommé Saül.

58. Et ils lapidaient Étienne qui priait et disait : Seigneur Jésus, recevez mon esprit.

59. Puis s’étant mis à genoux, il cria d’une voix forte : Seigneur, ne leur imputez point ce péché. Et lorsqu’il eut dit cela, il s’endormit dans le Seigneur. Or Saül était consentant de sa mort.

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CHAP. VII. 3. Gen. XII, 1. — 6. Gen. XV, 13. — 8. Gen. XVII, 10 ; XXI, 2, 4 ; XXV, 25 ; XXIX, 32 ; XXXV, 22. — 9. Gen. XXXVII, 28. — 10. Gen. XLI, 37. — 12. Gen. XLII, 2. — 13. Gen. XLV, 3. — 15. Gen. XLVI, 5 ; XLIX, 32. — 16. Gen. XXIII, 16 ; L, 5, 13 ; Jos. XXIV, 32. — 17. Ex. I, 7. — 20. Ex. II, 2 ; Hebr. XI, 23. — 24. Ex. II, 12. — 26. Ex. II, 13. — 30. Ex. III, 2. — 36. Ex. VII, 8, 9, 10, 11, 14. — 37. Deut. XVIII, 15. — 38. Ex. XIX, 3. — 40. Ex. XXXII, 1. — 42. Am. V, 25. — 44. Ex. XXV, 40. — 45. Jos. III, 14 ; Hebr. VIII, 9. — 46. I Reg. XIII, 14 ; XVI, 13 ; II Reg. VII, 2 ; Ps. CXXXI, 5. — 47. III Reg. VI, 1 ; I Par. XVII, 12. — 48. Infra. XVII, 24. — 49. Is. LXVI, 1. — 59. Matth. V, 44 ; Luc. XXIII, 34.

 

2. * Mésopotamie. Voir Act. II, 9. — Charan ou Haran, ville de Mésopotamie, dont le site a été identifié sur le Balîkh, affluent de l’Euphrate, à proximité de l’actuel village turc qui perpétue son nom : Eski-Harrân, au sud-est d’Ourfa (l’Édesse des Séleucides et encore des croisés).

4. Après la mort de son père : ici encore Étienne suit une ancienne tradition qui, pour relever la piété filiale d’Abraham, suppose qu’il ne quitta pas son vieux père.

6. Où elle, etc. Au lieu de ce féminin singulier il y a dans le texte sacré le masculin pluriel, parce que le substantif postérité, auquel ce pronom se rapporte, représente le mot descendants.

7. Dit le Seigneur. Voy. Gen. XV, 13-14. — Elle sortira ; c’est-à-dire la postérité d’Abraham dont il est question au verset précédent.

8. L’alliance de la circoncision consistait en ceci : Jéhovah promettait à Abraham de bénir sa postérité et de lui donner la terre de Chanaan ; Abraham s’engageait, lui et sa postérité, à servir Jéhovah, seul vrai Dieu, et à porter en sa chair, par la circoncision, un signe extérieur de cet engagement.

16. * À Sichem, aujourd’hui Naplouse, dans les montagnes d’Ephraïm, dans une vallée bien arrosée, au pied du mont Garizim.

18. * Un autre roi qui ne connaissait pas Joseph. Les pharaons qui régnaient dans le pays de Gessen du temps de Moïse étaient d’origine égyptienne, tandis que les rois qui étaient maitres du Delta du temps de Joseph étaient des conquérants d’origine sémitique comme les Hébreux.

25. Par sa main. Voy., pour cette locution, V, 12.

29. * Dans la terre de Madian, dans la presqu’île du Sinaï où les Madianites menaient la vie nomade.

30. * De la montagne de Sina, le mont Sinaï proprement dit.

34. J’ai vu parfaitement ; littér. : Voyant j’ai vu, hébraïsme. Voy. V, 28.

35. Par la main ; c’est-à-dire sous la conduite. Voy. V, 12.

36, 38, 42, 44. * Dans le désert du Sinaï.

42. * La milice du ciel, les astres adorés comme des dieux.

43. * Moloch, idole des Ammonites, à qui l’on offrait des victimes humaines, principalement des enfants. — Rempham, probablement la planète Saturne divinisée.

45. Jésus ; c’est-à-dire Josué. Ces deux noms ayant la même signification, celle de Sauveur, se mettent quelquefois l’un pour l’autre. — Jusqu’aux jours de David, s’entend, selon les uns, du temps pendant lequel le tabernacle séjourna dans le pays des nations conquises ; d’où le sens serait : Et il y demeura jusqu’aux jours de David ; et selon les autres, de l’expulsion même des nations ; en sorte qu’on doit traduire : Dans le pays des nations que Dieu chassa peu à peu devant nos pères jusqu’aux jours de David, qui acheva de purger le pays de tous les Chananéens.

51. Incirconcis de cœur et d’oreilles ; c’est-à-dire qui n’avez pas retranché de votre cœur tous les mauvais désirs, et qui n’avez pas fermé vos oreilles à toutes sortes de mauvais discours.

53. Par le ministère des anges. « Ces mots difficiles sont diversement traduits. L’idée est certainement celle-ci : la présence des anges et les prodiges opérés par eux au Sinaï vous ont portés à recevoir la Loi comme divine, et cependant vous l’avez violée. Comp. Gal. III, 19. » (Crampon)

57. * Saül de Tarse, depuis l’apôtre S. Paul. — Et l’entrainant hors de la ville, au nord. C’est là que la tradition place le lieu de la lapidation de S. Étienne, et la topographie des lieux montre en effet que le premier diacre a dû consommer son martyre au nord de Jérusalem.

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CHAPITRE VIII

Persécution contre les fidèles. Philippe prêche en Samarie. Simon le Magicien est baptisé. Pierre et Jean donnent le Saint-Esprit aux Samaritains. Simon veut acheter ce pouvoir. Eunuque de la reine d’Éthiopie baptisé par Philippe.

1. Or il s’éleva en ce temps-là une grande persécution contre l’Église qui était à Jérusalem, et tous, excepté les apôtres, furent dispersés dans les régions de la Judée et de la Samarie.

2. Des hommes craignant Dieu ensevelirent Étienne, et firent ses funérailles avec un grand deuil.

3. Cependant Saül ravageait l’Église, entrant dans les maisons ; et entrainant des hommes et des femmes, il les jetait en prison.

4. Et ceux donc qui avaient été dispersés, passaient d’un lieu dans un autre, en annonçant la parole de Dieu.

5. Or Philippe étant descendu dans la ville de Samarie, leur prêchait le Christ.

6. Et la foule était attentive à ce qui était dit par Philippe, l’écoutant unanimement, et voyant les miracles qu’il faisait.

7. Car des esprits impurs sortaient d’un grand nombre de possédés en jetant de grands cris. Et beaucoup de paralytiques et de boiteux furent guéris.

8. Il y eut donc une grande joie dans cette ville.

9. Or un certain homme, du nom de Simon, qui auparavant avait exercé la magie dans la ville, séduisait le peuple de Samarie, se disant être quelqu’un de grand ;

10. Et tous, du plus petit jusqu’au plus grand, l’écoutaient, disant : Celui-ci est la grande vertu de Dieu.

11. Ils s’attachaient à lui, parce que, depuis longtemps, il leur avait troublé l’esprit par ses enchantements.

12. Mais, quand ils eurent cru à Philippe, qui leur annonçait la parole de Dieu, ils furent baptisés, hommes et femmes, au nom de Jésus-Christ.

13. Alors Simon lui-même crut aussi, et lorsqu’il eut été baptisé, il s’attachait à Philippe. Mais voyant qu’il se faisait des prodiges et de grands miracles, il s’étonnait et admirait.

14. Or lorsque les apôtres, qui étaient à Jérusalem, eurent appris que Samarie avait reçu la parole de Dieu, ils leur envoyèrent Pierre et Jean,

15. Qui étant venus, prièrent pour eux, afin qu’ils reçussent l’Esprit-Saint ;

16. Car il n’était encore descendu sur aucun d’eux, mais ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus.

17. Alors ils leur imposaient les mains et ils recevaient l’Esprit-Saint.

18. Or Simon, voyant que, par l’imposition des mains des apôtres, l’Esprit-Saint était donné, il leur offrit de l’argent,

19. Disant : Donnez-moi aussi ce pouvoir, que tous ceux à qui j’imposerai les mains reçoivent l’Esprit-Saint. Mais Pierre lui dit :

20. Que ton argent soit avec toi en perdition, parce que tu as estimé que le don de Dieu peut s’acquérir avec de l’argent.

21. Il n’y a pour toi ni part ni sort en ceci ; car ton cœur n’est pas droit devant Dieu.

22. Fais donc pénitence de cette méchanceté, et prie Dieu qu’il te pardonne, s’il est possible, cette pensée de ton cœur.

23. Car je vois que tu es dans un fiel d’amertume et dans des liens d’iniquité.

24. Simon, répondant, dit : Priez vous-mêmes le Seigneur pour moi, afin qu’il ne m’arrive rien de ce que vous avez dit.

25. Et eux, après avoir rendu témoignage et prêché la parole du Seigneur, revenaient à Jérusalem, et évangélisaient beaucoup de contrées des Samaritains.

26. Cependant un ange du Seigneur parla à Philippe, disant : Lève-toi et va vers le Midi, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza : elle est déserte.

27. Et, se levant, il partit. Et voilà qu’un Éthiopien, eunuque, puissant auprès de Candace, reine d’Éthiopie, et préposé sur tous ses trésors, était venu adorer à Jérusalem,

28. Et s’en retournait, assis sur son char, et lisant le prophète Isaïe.

29. Alors l’Esprit dit à Philippe : Approche, et tiens-toi contre ce char.

30. Et Philippe, accourant, entendit l’eunuque qui lisait le prophète Isaïe, et lui dit : Crois-tu comprendre ce que tu lis ?

31. Il répondit : Et comment le pourrai-je, si quelqu’un ne me l’explique ? Et il pria Philippe de monter et de s’assoir près de lui.

32. Or le passage de l’Écriture qu’il lisait était celui-ci :

Comme une brebis, il a été mené à la boucherie ;

et comme un agneau sans voix devant celui qui le tond,

ainsi il n’a pas ouvert la bouche.

33. Dans l’humiliation, son jugement a été aboli ;

qui racontera sa génération,

puisque sa vie sera retranchée de la terre ?

34. Or, répondant à Philippe, l’eunuque dit : De qui, je te prie, le prophète dit-il cela ? Est-ce de lui, ou de quelque autre ?

35. Alors Philippe, ouvrant la bouche, et commençant par cet endroit de l’Écriture, lui annonça Jésus.

36. Et comme ils allaient par le chemin, ils rencontrèrent de l’eau ; et l’eunuque dit : Voilà de l’eau ; qu’est-ce qui empêche que je ne sois baptisé ?

37. Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela se peut. Et, répondant, il dit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.

38. Et il fit arrêter le char ; alors, tous deux, Philippe et l’eunuque, descendirent dans l’eau, et il le baptisa.

39. Lorsqu’ils furent remontés de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l’eunuque ne le vit plus. Mais il continuait son chemin, plein de joie.

40. Pour Philippe, il se trouva dans Azot et il évangélisait en passant toutes les villes, jusqu’à ce qu’il vînt à Césarée.

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CHAP. VIII. 32. Is. LIII, 7.

 

5. * Dans la ville de Samarie, ville de la tribu d’Ephraïm fondée par le roi d’Israël Amri, qui en fit sa capitale. Elle donna plus tard son nom au pays de Samarie et aux Samaritains. Détruite par les Assyriens en 721 avant J.-C., rebâtie et de nouveau renversée par Jean Hyrcan, elle fut encore relevée de ses ruines et l’empereur Auguste la donna à Hérode-le-Grand qui l’appela Sébaste (ou Auguste) en l’honneur de son bienfaiteur. C’est aujourd’hui un village sans importance appelé Sebastiéh.

9. * Simon le magicien. « Le premier crime de Simon fut de vouloir acheter l’épiscopat, de prétendre trafiquer des dons de Dieu, et faire servir à ses intérêts les pouvoirs surnaturels que Dieu confère à ses ministres pour le salut des âmes. Loin de l’associer aux Apôtres, S. Pierre donna à ses successeurs l’exemple de la sévérité dont ils devaient user contre le trafic des choses saintes, en retranchant ce fourbe ambitieux de la société des fidèles et en le menaçant du sort le plus funeste ; mais ni cette menace, ni cette peine ne purent le ramener. — Opposé en tout à Simon Pierre, Simon de Samarie se mit bientôt à dogmatiser et devint le premier des hérésiarques. S. Justin, qui était de la même ville que lui et qui devait connaitre son histoire, nous apprend plusieurs particularités de sa vie et de sa doctrine. Ce séducteur se posait en antagoniste du Messie et s’attribuait à lui-même la divinité. Il opérait des prodiges au moyen de la magie. Il publiait, sous le titre d’Exposition, un livre qui contenait le germe des rêveries gnostiques, cette généalogie d’Éons, descendant d’un principe unique et subordonnes les uns aux autres, jusqu’au dernier qui est le monde. Pour la morale, il ne reconnaissait aucune distinction de vice et de vertu, et ne voyait de vérité ni de perfection que dans la gnose qu’il opposait à la foi. Mettant d’ailleurs sa conduite en harmonie avec ses principes, il vivait d’une manière fort répréhensible. Sa secte se perpétua jusqu’au cinquième siècle. La découverte des Philosophúmena a confirmé ce que S. Justin et S. Irénée nous apprennent de ses caractères et de son importance. Simon fut, aux yeux des premiers fidèles, comme l’hérésie personnifiée, le type et le père de tous les hérésiarques. » (L. Bacuez.)

10. Est la grande vertu ; littér. : La vertu qui est appelée grande. Nous avons déjà fait remarquer qu’en hébreu l’expression être appelé signifie aussi simplement être.

18. * Il leur offrit de l’argent. C’est pour cela qu’on appelle simoniaques ceux qui achètent ou vendent à prix d’argent les choses spirituelles.

26. # Elle est déserte ; selon certains traducteurs la route, selon d’autres Gaza. * Gaza. Pour se rendre de Jérusalem en Égypte et en Éthiopie, on passait par Gaza, ancienne ville philistine, située à la frontière sud-ouest de la Palestine, à onze milles de Jérusalem.

27. * Candace. Ce nom ou ce titre était porté par toutes les reines qui gouvernaient la partie de l’Éthiopie dont la capitale était Napata, comme celui de Ptolémée était porté par tous les rois grecs d’Égypte. Eusèbe raconte que le trésorier éthiopien converti par S. Philippe prêcha à son retour le christianisme en Éthiopie. — L’Eunuque de la reine Candace. « L’Éthiopie s’étendait alors dans la vallée du Nil, vers le sud. Candace était un titre dynastique, comme Arétas, Pharaon, Ptolémée, etc. L’Eunuque de la reine d’Éthiopie n’était pas étranger à la religion juive ; autrement Corneille n’aurait pas été le premier Gentil baptisé ; c’était ou un Israélite d’origine, ou un prosélyte venu des [bords] du Nil à Jérusalem pour adorer le vrai Dieu, et prendre part aux solennités de son culte. On croit qu’il devint l’Apôtre de l’Éthiopie et qu’il prépara ses compatriotes à embrasser le christianisme. Quant à la voix qui se fait entendre à Philippe, aux lumières surnaturelles qui éclairent le prosélyte, à la promptitude avec laquelle l’évangéliste lui confère le baptême, à la disparition subite de celui-ci et aux consolations dont l’âme du néophyte est remplie, on peut voir dans l’histoire des saints une multitude de faits analogues. La ville de Gaza, dont il est ici parlé, est celle dont Samson enleva les portes et où il fit périr un si grand nombre de Philistins. » (L. Bacuez.)

40. * Azot, une des cinq principales villes philistines, entre Ascalon et Jamnia, non loin de la Méditerranée, aujourd’hui petit village, appelé Esdûd. — Césarée. Voir plus loin, IX, 30.

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CHAPITRE IX

Saül persécute les fidèles. Sa conversion, son baptême. Il prêche à Damas, va à Jérusalem, se retire à Césarée, puis à Tarse. Pierre guérit Énée et ressuscite Tabitha.

1. Cependant Saül, respirant encore menaces et meurtre contre les disciples du Seigneur, vint auprès du prince des prêtres,

2. Et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s’il y trouvait des hommes et des femmes de cette voie, il les conduisît enchainés à Jérusalem.

3. Comme il était en chemin, et qu’il approchait de Damas, tout à coup une lumière du ciel brilla autour de lui.

4. Et, tombant à terre, il entendit une voix qui lui disait : Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu ?

5. Il dit : Qui êtes-vous, Seigneur ? Et le Seigneur : Je suis Jésus que tu persécutes ; il t’est dur de regimber contre l’aiguillon.

6. Alors, tremblant et frappé de stupeur, il dit : Seigneur, que voulez-vous que je fasse ?

7. Et le Seigneur lui répondit : Lève-toi, entre dans la ville ; car c’est là que te sera dit ce qu’il faut que tu fasses. Or les hommes qui l’accompagnaient demeuraient tout étonnés, entendant bien la voix, mais ne voyant personne.

8. Saül se leva donc de terre, et, les yeux ouverts, il ne voyait rien. Ainsi, le conduisant par la main, ils le firent entrer dans Damas.

9. Et il y fut trois jours ne voyant point ; et il ne but ni ne mangea.

10. Or il y avait un certain disciple à Damas, du nom d’Ananias ; et le Seigneur lui dit en vision : Ananias. Et il dit : Me voici Seigneur.

11. Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, et va dans la rue qu’on appelle Droite, et cherche dans la maison de Judas un nommé Saül de Tarse ; car il y est en prières.

12.  (Saül vit aussi un homme du nom d’Ananias, entrant et lui imposant les mains, pour qu’il recouvrât la vue.)

13. Ananias répondit : Seigneur, j’ai appris d’un grand nombre de personnes combien cet homme a fait de maux à vos saints dans Jérusalem ;

14. Ici même, il a pouvoir des princes des prêtres, pour charger de liens ceux qui invoquent votre nom.

15. Mais le Seigneur lui repartit : Va, car cet homme m’est un vase d’élection, pour porter mon nom devant les gentils, les rois et les enfants d’Israël.

16. Aussi je lui montrerai combien il faut qu’il souffre pour mon nom.

17. Et Ananias alla, et il entra dans la maison ; et lui imposant les mains, il dit : Saül mon frère, le Seigneur Jésus, qui t’a apparu dans le chemin par où tu venais, m’a envoyé pour que tu voies et que tu sois rempli de l’Esprit-Saint.

18. Et aussitôt tombèrent de ses yeux comme des écailles, et il recouvra la vue ; et, se levant, il fut baptisé.

19. Et lorsqu’il eut pris de la nourriture, il fut fortifié.

Or il demeura quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas.

20. Et aussitôt il prêchait dans les synagogues que c’est Jésus qui est le Fils de Dieu.

21. Or tous ceux qui l’écoutaient étaient étonnés et disaient : N’est-ce pas là celui qui poursuivait dans Jérusalem ceux qui invoquaient ce nom, et qui est venu ici pour les conduire chargés de liens aux princes des prêtres ?

22. Cependant Saül se fortifiait de plus en plus, et confondait les Juifs qui demeuraient à Damas, affirmant que Jésus est le Christ.

23. Lorsque beaucoup de jours se furent passés, les Juifs prirent ensemble la résolution de le faire mourir.

24. Mais leurs trames furent découvertes à Saül. Or comme ils gardaient nuit et jour les portes pour le tuer,

25. Les disciples le prirent et le descendirent de nuit par la muraille, le mettant dans une corbeille.

26. Lorsqu’il fut venu à Jérusalem, il cherchait à se joindre aux disciples ; mais tous le craignaient, ne croyant pas qu’il fut disciple.

27. Alors Barnabé l’ayant pris avec lui, le conduisit aux apôtres, et leur raconta comment il avait vu le Seigneur dans le chemin, que le Seigneur lui avait parlé, et comment, à Damas, il avait agi avec assurance au nom de Jésus.

28. Saül demeurait donc avec eux à Jérusalem, agissant avec assurance au nom du Seigneur.

29. Il parlait aussi aux gentils, et disputait avec les Grecs ; or ceux-ci cherchaient à le tuer.

30. Ce que les frères ayant su, ils le conduisirent à Césarée, et l’envoyèrent à Tarse.

31. L’Église cependant jouissait de la paix dans toute la Judée, la Galilée et le pays de Samarie ; elle s’établissait marchant dans la crainte du Seigneur, et elle était remplie de la consolation du Saint-Esprit.

32. Or il arriva que Pierre, en les visitant tous, vint voir les saints qui habitaient Lydda.

33. Et il trouva là un homme du nom d’Énée, gisant depuis huit ans sur un grabat, étant paralytique.

34. Et Pierre lui dit : Énée, le Seigneur Jésus-Christ te guérit ; lève-toi et fais toi-même ton lit. Et aussitôt il se leva.

35. Et tous ceux qui habitaient Lydda et Saron le virent, et ils se convertirent au Seigneur.

36. Il y avait à Joppe, parmi les disciples, une femme du nom de Tabitha, qui veut dire par interprétation Dorcas. Elle était remplie de bonnes œuvres et elle faisait beaucoup d’aumônes.

37. Or il arriva en ces jours-là qu’étant tombée malade, elle mourut. Après qu’on l’eut lavée, on la mit dans une chambre haute.

38. Et comme Lydda était près de Joppe, les disciples ayant appris que Pierre y était, envoyèrent vers lui deux hommes, pour lui faire cette prière : Hâte-toi de venir jusqu’à nous.

39. Or Pierre, se levant, vint avec eux. Et lorsqu’il fut arrivé, ils le conduisirent dans le cénacle, et toutes les veuves l’entourèrent pleurant, et lui montrant des tuniques et des vêtements que leur faisait Dorcas.

40. Alors, ayant fait sortir tout le monde, Pierre, s’agenouillant, pria ; et, se tournant vers le corps, il dit : Tabitha, lève-toi. Et elle ouvrit les yeux, et ayant vu Pierre, elle s’assit.

41. Alors, lui donnant la main, il la leva ; et quand il eut appelé les saints et les veuves, il la leur rendit vivante.

42. Cela fut connu dans tout Joppe ; et beaucoup crurent au Seigneur.

43. Or il arriva qu’il demeura un grand nombre de jours à Joppe, chez un certain Simon, corroyeur.

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CHAP. IX. 1. Gal. I, 13. — 3. Infra. XXII, 6 ; I Cor. XV, 8 ; II Cor. XII, 2. — 24. II Cor. XI, 32.

 

2. De cette voie. Le mot voie est pris ici figurément, comme souvent ailleurs dans l’Écriture, pour conduite, profession, religion, secte, doctrine. — * « Damas, à une soixantaine de lieues, N.-E. de Jérusalem, avait été soumise par Pompée et était peut-être encore sous la domination romaine, au moment de la conversion de S. Paul ; mais bientôt après, elle tomba au pouvoir d’Arélas, roi d’Arabie, ainsi que le prouve une monnaie de cette ville, au type de ce prince. Comme la plupart des grandes cités de l’Asie-Mineure et de l’empire, elle renfermait une nombreuse colonie juive, qui habitait un quartier à part, et avait non seulement des assemblées religieuses, mais ses lois, ses magistrats et sa justice propres : privilèges dont les Juifs jouissent encore en plusieurs villes mahométanes. Le grand-prêtre de Jérusalem exerçait sur eux son autorité, en matière civile aussi bien que religieuse. C’est dans leurs rangs que se trouvaient ces nouveaux chrétiens, dont Saül prétendait châtier l’apostasie ; et peut-être quelques fidèles de Jérusalem étaient-ils venus y chercher un asile. L’endroit où le persécuteur fut terrassé et où il se soumit au divin Maitre, se trouve à cinq cents pas de la ville. S. Augustin dit qu’il est bien connu et qu’on le montre aux voyageurs. Les chrétiens s’y rendent en procession chaque année, le 25 janvier. La rue droite traverse encore la ville dans toute sa longueur. » (L. Bacuez.) — Tous les voyageurs vantent à l’envi la beauté de Damas. « Je comprends, dit Lamartine, que les traditions arabes placent à Damas le site du paradis perdu : aucun lieu de la terre ne rappelle mieux l’Eden. La vaste et féconde plaine, les sept rameaux du fleuve bleu qui l’arrosent, l’encadrement majestueux des montagnes, les lacs éblouissants qui réfléchissent le ciel sur la terre, la perfection du climat, tout indique au moins que Damas a été une des premières villes bâties par les enfants des hommes… Tant que la terre portera des empires, Damas sera une grande ville. »

7. Ceci semble contradictoire avec ce qui est dit au chap. XXII, 9. Mais cette contradiction, qui n’est qu’apparente, s’évanouit quand on considère qu’entendre signifie tout à la fois être frappé d’un son et comprendre.

11. * La rue qu’on appelle Droite. « La rue Droite subsiste encore dans toute sa longueur ; c’est la plus grande de la ville. Elle la traverse d’une extrémité à l’autre, d’orient en occident. Ses édifices de chaque côté sont presque autant de boutiques ou de magasins dans lesquels sont étalées les plus riches marchandises soit d’Europe, soit des diverses parties de l’Asie, qu’y ont apportées les caravanes des pèlerins. » (De Géramb.) Saül de Tarse. Sur Tarse, voir plus bas, verset 30.

12. Saül vit aussi un homme. Pendant que le Seigneur faisait entendre sa voix à Ananias, il le montrait à Saül dans une vision.

13. Les premiers chrétiens étaient communément appelés saints, soit parce qu’ils avaient été sanctifiés par la grâce des sacrements, soit parce que la pureté de leurs mœurs et la sainteté de leur vie les rendaient dignes de cette glorieuse dénomination.

26. À Jérusalem, pour la première fois depuis sa conversion. Quoiqu’il eût reçu immédiatement de J.-C. sa mission apostolique, il sentait qu’il devait se rattacher au chef visible de l’Église. Voy. Gal. I, 18.

27. Aux apôtres, Pierre et Jacques, qui se trouvaient alors à Jérusalem. — * Barnabé. Voir Act. IV, 36.

28. Demeurait, etc. ; littér. : Entrait et sortait ; hébraïsme. Voy. I, 21.

29. * Les Grecs, dans le texte original ; les Hellénistes, le nom désigne les Juifs qui, nés en pays étranger, parlaient la langue grecque.

30. * « Césarée de Palestine, qu’il faut distinguer de Césarée de Philippe, était une place forte, bâtie par Hérode, sur les bords de la mer, en l’honneur de César-Auguste, et munie d’un port de première importance. Le gouverneur romain résidait dans ses murs, avec un corps de troupe italien sur la fidélité duquel il pouvait compter. Le diacre Philippe s’y établit. Deux siècles et demi plus tard (315-340), cette ville avait pour évêque le premier historien de l’Église, Eusèbe, et la maison du centurion Corneille, transformée en église, était devenue un lieu de pèlerinage. » (L. Bacuez.) — « Césarée, l’ancienne et splendide capitale d’Hérode, n’a plus un seul habitant, raconte Lamartine. Ses murailles, relevées par S. Louis pendant sa croisade, sont néanmoins intactes, et serviraient encore aujourd’hui de fortifications excellentes à une ville moderne. Nous franchîmes le fossé profond qui les entoure, sur un pont de pierre à peu près au milieu de l’enceinte, et nous entrâmes dans le dédale de pierres, de caveaux entr’ouverts, de restes d’édifices, de fragments de marbre et de porphyre dont le sol de l’ancienne ville est jonché. Nous fîmes lever trois chacals du sein des décombres qui retentissaient sous les pieds de nos chevaux ; nous cherchions la fontaine qu’on nous avait indiquée, nous la trouvâmes avec peine à l’extrémité orientale de ces ruines ; nous y campâmes. Vers le soir, un jeune pasteur arabe y arriva avec un troupeau innombrable de vaches noires, de moutons et de chèvres ; il passa environ deux heures à puiser constamment de l’eau de la fontaine pour abreuver ses animaux, qui attendaient patiemment leur tour, et se retiraient en ordre après avoir bu, comme s’ils eussent été dirigés par des bergers. Cet enfant, absolument nu, était monté sur un âne ; il sortit le dernier des ruines de Césarée, et nous dit qu’il venait ainsi tous les jours, d’environ deux lieues, conduire à l’abreuvoir les troupeaux de sa tribu établie dans la montagne. Voilà la seule rencontre que nous fîmes à Césarée, dans cette ville où Hérode, suivant Josèphe, avait accumulé toutes les merveilles des arts grecs et romains. » — « Tarse, sur les bords du Cydnus, était la capitale de la Cilicie. C’était une ville libre, qui élisait ses magistrats ; mais il n’est pas certain qu’elle fut colonie romaine, ni qu’elle jouît du droit de municipe. Aussi croit-on que le titre de citoyen romain, acquis à S. Paul dès sa naissance, était un privilège de sa famille et non de sa patrie. Il est certain qu’il y avait en Asie, en particulier à Éphèse et à Sardes, des Juifs qui avaient reçu ce titre, soit pour leurs services militaires, soit pour quelque autre motif. La proximité de la mer et le voisinage de Chypre permettait à Tarse d’étendre son commerce et d’écouler les produits de son industrie. Ses écoles, que S. Paul avait pu fréquenter dans sa jeunesse, étaient célèbres en Orient et rivalisaient, dit-on, avec celles d’Athènes et d’Alexandrie. » (L. Bacuez.)

32. Les saints. Voy. vers. 13. — * Lydda, bourgade de la tribu de Benjamin, appelée aussi Dióspolis du temps des Romains, à peu de distance de la Méditerranée.

35. * Saron. C’est la plaine de Saron qui est ici désignée. Elle s’étendait de Césarée de Palestine jusqu’à Joppe. Elle était très fertile et par conséquent peuplée.

36. Tabitha en syriaque, et en grec Dorcas, veut dire gazelle. — * Joppe, aujourd’hui Jaffa, dont le nom signifie belle, sur la Méditerranée, aux confins de la tribu de Dan et d’Ephraïm. Les princes Asmonéens avaient rétabli son port. Incorporée par Pompée à la province de Syrie, cette ville fut rendue à Hyrcan II par Jules César. Plus tard elle fut sous la domination d’Hérode-le-Grand et d’Archélaüs. Unie de nouveau à la Syrie, elle fut depuis ruinée par Céstius Gallus et par Vespasien. Il y a peu de villes qui aient été aussi souvent saccagées, brulées et reconstruites. Au siècle dernier, elle était presque déserte, aujourd’hui elle est florissante et compte une quinzaine de mille habitants, grâce à son port, qui est le port de Jérusalem, quoiqu’il soit peu sûr et que le débarquement y soit fort difficile. Les jardins qui entourent Jaffa sont bien arrosés et d’une fertilité merveilleuse. Il y a encore des tanneries sur le bord de la mer et l’on y montre la maison de Simon le corroyeur (Act. IX, 43 ; X, 6) de même que le tombeau de Tabitha.

37. * Chambre haute, hyperôon. Voir Marc. II, 4.

39. Dans le cénacle. Voy. I, 13. Dorcas avait formé une réunion de veuves pieuses, qui passaient avec elles les journées à tisser des habits pour les indigents.

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Ac 10

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CHAPITRE X

Vision de Corneille. Il envoie vers saint Pierre. Saint Pierre va trouver Corneille et lui prêche Jésus. Effusion du Saint-Esprit sur Corneille et sur plusieurs autres gentils ; leur baptême.

1. Il y avait à Césarée un certain homme, du nom de Corneille, centurion de la cohorte qui est appelée Italique,

2. Religieux et craignant Dieu, avec toute sa maison, faisant beaucoup d’aumônes au peuple, et priant Dieu sans cesse ;

3. Cet homme vit manifestement en vision, vers la neuvième heure, un ange de Dieu venant à lui, et lui disant : Corneille.

4. Et lui, le regardant, tout saisi de crainte, dit : Qu’est-ce, Seigneur ? Et l’ange lui répondit : Tes prières et tes aumônes sont montées en souvenir devant Dieu.

5. Et maintenant envoie des hommes à Joppe, et fais venir Simon, qui est surnommé Pierre ;

6. Il loge chez un certain Simon, corroyeur, dont la maison est près de la mer ; c’est lui qui te dira ce qu’il faut faire.

7. Lorsque l’ange qui lui parlait se fut retiré, il appela deux de ses serviteurs, et un soldat craignant Dieu, de ceux qui lui étaient subordonnés.

8. Quand il leur eut tout raconté, il les envoya à Joppe.

9. Or, le jour suivant, eux étant en chemin et approchant de la ville, Pierre monta sur le haut de la maison, vers la sixième heure, pour prier.

10. Et comme il eut faim, il voulut prendre quelque nourriture. Pendant qu’on lui en apprêtait, il lui survint un ravissement d’esprit :

11. Il vit le ciel ouvert, et comme une grande nappe suspendue par les quatre coins, et qu’on abaissait du ciel sur la terre,

12. Et dans laquelle étaient toutes sortes de quadrupèdes, de reptiles de la terre, et d’oiseaux du ciel.

13. Et une voix vint à lui : Lève-toi, Pierre, tue et mange.

14. Mais Pierre dit : Loin de là, Seigneur, car je n’ai jamais mangé rien d’impur et de souillé.

15. Et la voix lui dit encore une seconde fois : Ce que Dieu a purifié, ne l’appelle pas impur.

16. Or cela fut fait par trois fois, et aussitôt la nappe fut retirée dans le ciel.

17. Pendant que Pierre hésitait en lui-même sur ce que signifiait la vision qu’il avait eue, voilà que les hommes qui avaient été envoyés par Corneille, s’enquérant de la maison de Simon, arrivèrent à la porte.

18. Et ayant appelé, ils demandaient si ce n’était point là que logeait Simon, surnommé Pierre.

19. Cependant, comme Pierre songeait à la vision, l’Esprit lui dit : Voilà trois hommes qui te cherchent.

20. Lève-toi donc, descends, et va avec eux sans hésitation aucune, parce que c’est moi qui les ai envoyés.

21. Or Pierre étant descendu vers les hommes dit : Je suis celui que vous cherchez, quelle est la cause pour laquelle vous êtes venus ?

22. Ils répondirent : Corneille, centurion, homme juste et craignant Dieu, et ayant pour lui le témoignage de toute la nation juive a reçu d’un ange saint l’ordre de vous appeler dans sa maison, et d’écouter vos paroles.

23. Les faisant donc entrer, il les logea. Mais le jour suivant, il partit avec eux ; et quelques-uns des frères de Joppe l’accompagnèrent.

24. Et le jour d’après il entra dans Césarée. Or Corneille les attendait, ses parents et ses amis les plus intimes étant assemblés.

25. Et il arriva que lorsque Pierre entrait, Corneille vint au devant de lui, et, tombant à ses pieds, il l’adora.

26. Mais Pierre le releva, disant : Levez-vous ; et moi aussi je ne suis qu’un homme.

27. Et s’entretenant avec lui, il entra, et trouva un grand nombre de personnes qui étaient assemblées ;

28. Et il leur dit : Vous savez, vous, quelle abomination c’est pour un homme juif, que de fréquenter ou même d’approcher un étranger ; mais Dieu m’a montré à ne traiter aucun homme d’impur ou de souillé.

29. C’est pourquoi, ayant été appelé, je suis venu sans hésitation. Je vous demande donc pour quel sujet vous m’avez appelé ?

30. Et Corneille lui dit : Il y a en ce moment quatre jours, j’étais priant dans ma maison, à la neuvième heure ; et voilà qu’un homme vêtu de blanc se présenta devant moi, et dit :

31. Corneille, ta prière a été exaucée, et tes aumônes ont été en souvenir devant Dieu.

32. Ainsi envoie à Joppe et fais venir Simon, qui est surnommé Pierre ; il est logé dans la maison de Simon, corroyeur, près de la mer.

33. Aussitôt donc, j’ai envoyé vers vous, et vous m’avez fait la grâce de venir. Maintenant donc, nous sommes tous devant vous pour entendre tout ce que le Seigneur vous a commandé.

34. Alors, ouvrant la bouche, Pierre dit : En vérité, je vois que Dieu ne fait point acception des personnes ;

35. Mais qu’en toute nation celui qui le craint et pratique la justice, lui est agréable.

36. Dieu a envoyé la parole aux enfants d’Israël, annonçant la paix par Jésus-Christ (qui est le Seigneur de tous) ;

37. Vous savez, vous, ce qui est arrivé dans toute la Judée, en commençant par la Galilée, après le baptême que Jean a prêché ;

38. Comment Dieu a oint de l’Esprit-Saint et de sa vertu, Jésus de Nazareth, qui a passé en faisant le bien et guérissant tous ceux qui étaient opprimés par le diable, parce que Dieu était avec lui.

39. Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem, ce Jésus qu’ils ont tué, le suspendant à un bois.

40. Dieu l’a ressuscité le troisième jour, et lui a donné de se manifester,

41. Non à tout le peuple, mais aux témoins préordonnés de Dieu, à nous, qui avons mangé et bu avec lui, après qu’il fut ressuscité des morts.

42. Et il nous a commandé de prêcher au peuple et d’attester que c’est celui que Dieu a établi juge des vivants et des morts.

43. C’est à lui que tous les prophètes rendent ce témoignage que tous ceux qui croient en lui reçoivent, par son nom, la rémission des péchés.

44. Pierre parlant encore, l’Esprit-Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole.

45. Et les fidèles circoncis, qui étaient venus avec Pierre, s’étonnèrent grandement de ce que la grâce de l’Esprit-Saint était aussi répandue sur les gentils.

46. Car ils les entendaient parlant diverses langues et glorifiant Dieu.

47. Alors Pierre dit : Peut-on refuser l’eau du baptême à ceux qui ont reçu l’Esprit-Saint comme nous ?

48. Et il ordonna qu’ils fussent baptisés au nom du Seigneur Jésus-Christ. Alors ils le prièrent de demeurer avec eux quelques jours.

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CHAP. X. 34. Deut. X, 17 ; II Par. XIX, 7 ; Job. XXXIV, 19 ; Sap. VI, 8 ; Eccli. XXXV, 15 ; Rom. II, 11 ; Gal. II, 6 ; Eph. VI, 9 ; Col. III, 25 ; I Petr. I, 17. — 37. Luc. IV, 14. — 43. Jer. XXXI, 34 ; Mich. VII, 18.

 

1. * À Césarée. Voir Act. IX, 30. — Corneille. Nous ne savons guère de lui que ce que nous en apprennent les Actes. Peut-être était-il de l’illustre famille romaine des Cornélius. S. Jérôme dit qu’il bâtit une église chrétienne à Césarée et la tradition le fait évêque de Scamandios. — Centurion. Voir Matth. VIII, 5. — De la cohorte. Voir Matth. XXVII, 27. — Appelée Italique, parce qu’elle se composait de soldats d’Italie, et non de soldats tirés des provinces, afin que le procurateur romain pût compter davantage sur eux. — À cette époque, les Apôtres se demandaient si les Gentils, qui étaient impurs par leur origine, pouvaient être admis dans l’Église sans avoir reçu la circoncision. Une révélation divine va éclairer saint Pierre sur cette grave question.

3. La neuvième heure. Voy. III, 1.

9. Sur le haut, etc. ; c’est-à-dire sur la plate-forme qui servait de toit. — Vers la sixième heure ; c’est-à-dire vers midi.

14. * Je n’ai jamais mangé rien d’impur. La loi de Moïse défendait aux Israélites de manger la chair d’un certain nombre d’animaux appelés pour cette raison impurs.

17.* À la porte. Le mot qu’emploie le texte grec désigne la grande porte d’entrée de la maison.

28. Un étranger, « expression adoucie à dessein pour dire un païen. Cette interdiction ne se trouve pas formellement dans la Loi ; elle venait de la coutume et de l’interprétation des Docteurs. » (Crampon)

29. Pour quelle raison, etc. Pierre le savait déjà (vers. 22) ; mais il veut s’assurer des dispositions et des sentiments intimes du Centurion.

30. * Un homme vêtu de blanc. Les grands personnages se revêtaient d’habits blancs. Voir Luc. XXIII, 11. Un ange sous la figure d’un homme. Comp. supra I, 10.

35. Pierre proclame ici, non l’indifférence des religions, mais l’indifférence des nations pour le salut en Jésus-Christ.

41. Préordonnés ; ce mot, qui est de Bossuet, rend plus fidèlement le texte sacré que celui de prédestiné, qui est généralement employé.

44. « C’est le seul exemple que nous offre le nouveau Testament de l’effusion du Saint-Esprit avant le baptême. Dieu, dans la distribution de ses grâces, considère avant tout les dispositions de l’âme : il est libre pour le reste. » (Crampon)

48. Qu’ils fussent baptisés au nom, etc. Voy. II, 38.

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11 à 20

Ac 11

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CHAPITRE XI

Pierre repris rend raison de sa conduite. Disciples dispersés prêchant aux Juifs, puis aux gentils. Barnabé et Paul prêchent à Antioche. Disciples appelés Chrétiens. Prophétie d’Agábus. Aumônes pour les chrétiens de Judée.

1. Or les apôtres et les frères, qui étaient en Judée, apprirent que les gentils aussi avaient reçu la parole de Dieu.

2. Et, lorsque Pierre fut revenu à Jérusalem, ceux de la circoncision disputaient contre lui,

3. Disant : Pourquoi es-tu entré chez des hommes incirconcis, et as-tu mangé avec eux ?

4. Et Pierre commença à leur exposer les choses par ordre, disant :

5. J’étais dans la ville de Joppe, priant, et dans un ravissement d’esprit, je vis comme une grande nappe suspendue par les quatre coins, qu’on abaissait du ciel, et qui vint jusqu’à moi.

6. En la considérant attentivement, je vis les quadrupèdes de la terre, et les bêtes sauvages, et les reptiles, et les oiseaux du ciel.

7. Et j’entendis une voix qui me disait : Tue et mange.

8. Et je répondis : Nullement, Seigneur ; car jamais rien d’impur ou de souillé n’entra dans ma bouche.

9. Et la voix du ciel me dit une seconde fois : Ce que Dieu a purifié, ne l’appelle pas impur.

10. Cela fut fait par trois fois, et tout rentra dans le ciel.

11. Et voilà qu’aussitôt trois hommes, envoyés vers moi de Césarée, s’arrêtèrent devant la maison où j’étais.

12. Et l’Esprit me dit d’aller avec eux sans hésiter. Les six frères que voici vinrent avec moi, et nous entrâmes dans la maison de cet homme.

13. Or il nous raconta comment il avait vu dans sa maison un ange qui s’était présenté et lui avait dit : Envoie à Joppe et fais venir Simon, qui est surnommé Pierre ;

14. Il te dira des paroles par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison.

15. Lorsque j’eus commencé de parler, l’Esprit tomba sur eux comme sur nous au commencement.

16. Alors je me souvins de la parole du Seigneur, lorsqu’il disait : Jean a baptisé dans l’eau ; mais vous, vous serez baptisés dans l’Esprit-Saint.

17. Si donc Dieu leur a donné la même grâce qu’à nous, qui avons cru au Seigneur Jésus-Christ ; qui étais-je, moi, pour m’opposer à Dieu ?

18. Ces choses entendues, ils se turent, et glorifièrent Dieu, disant : Dieu a donc accordé la pénitence aux gentils aussi, pour qu’ils aient la vie.

19.Cependant ceux qui avaient été dispersés par la persécution qui s’était élevée au temps d’Étienne, avaient passé jusqu’en Phénicie, en Chypre, et à Antioche, n’annonçant la parole qu’aux Juifs seulement.

20. Mais il y avait parmi eux quelques hommes de Chypre et de Cyrène, qui, étant entrés dans Antioche, parlaient aux Grecs, leur annonçant le Seigneur Jésus.

21. Et la main du Seigneur était avec eux ; et un grand nombre crurent et se convertirent au Seigneur.

22. Or, lorsque le bruit en fut venu jusqu’aux oreilles de l’Église de Jérusalem, ils envoyèrent Barnabé à Antioche,

23. Lequel, lorsqu’il fut arrivé et qu’il eut vu la grâce de Dieu, se réjouit ; et il les exhortait tous à persévérer, d’un cœur ferme, dans le Seigneur ;

24. Car c’était un homme bon, plein de l’Esprit-Saint et de foi. Ainsi une grande multitude s’attacha au Seigneur.

25. Barnabé parti ensuite pour Tarse, afin de chercher Paul ; et, l’ayant trouvé, il l’amena à Antioche.

26. Et pendant une année entière ils demeurèrent dans cette Église, et y enseignèrent une foule nombreuse ; en sorte que ce fut à Antioche que les disciples reçurent pour la première fois le nom de Chrétiens.

27. Or, en ces jours-là, des prophètes vinrent de Jérusalem à Antioche ;

28. Et l’un d’eux, du nom d’Agábus, se levant, annonçait, par l’Esprit-Saint, qu’il y aurait une grande famine dans tout l’univers ; laquelle, en effet, arriva sous Claude.

29. Et les disciples résolurent d’envoyer, chacun suivant ce qu’il possédait, des aumônes aux frères qui habitaient dans la Judée ;

30. Ce qu’ils firent, en effet, les envoyant aux anciens par les mains de Barnabé et de Saül.

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CHAP. XI. 16. Matth. III, 11 ; Marc. I, 8 ; Luc. III, 16 ; Joan. I, 26 ; Supra. I, 5 ; Infra. XIX, 4.

 

5. * Joppe. Voir Act. IX, 36.

16. « L’effusion de l’Esprit-Saint dans les âmes est appelée par figure un baptême, évidemment supérieur au baptême d’eau. » (Crampon)

19. * En Phénicie. Au premier siècle de notre ère, la Phénicie formait une province de la Syrie, longeant la Méditerranée entre le fleuve Éleuthère et le mont Carmel. — En Chypre, ile de la Méditerranée entre la Cilicie et la Syrie. Parmi les villes de cette ile, les Actes mentionnent Salamine et Paphos, XIII, 5-6. — Dans Antioche, capitale de la Syrie, sur l’Oronte, bâtie par Seléucus Nicanor et nommée par lui Antioche en l’honneur de son père Antiochus. Les Juifs hellénistes y étaient nombreux.

20. * De Cyrène. Voir Act. II, 10. — Aux Grecs, les Juifs hellénistes parlant grec.

25. * Pour Tarse. Voir Act. IX, 30.

27. Des prophètes, des fidèles qui avaient reçu le charisme ou don de prophétie (voy. I Cor. XII, 10).

28. * Agábus, d’ailleurs inconnu, fit une autre prédiction plus tard pour annoncer l’emprisonnement de S. Paul, Act. XXI, 10. — La famine qu’il annonça ici eut lieu vers l’an 44 et sévit cruellement en Judée, comme l’a raconté l’historien Josèphe, sous le règne de Claude, quatrième empereur romain, qui gouverna l’empire depuis l’assassinat de Caligula en 41 jusqu’en 54 où il fut empoisonné par sa femme Agrippine.

30. Par les mains ; c’est-à-dire sous la conduite. Voy. V, 12. — * Aux anciens, aux chefs de l’église, qui étaient les évêques et les-prêtres. Le texte grec porte πρεσβύτεροι (presbyteroi), mot qui signifie tout à la fois anciens ou vieillards, évêques et prêtres. Le nom des prêtres vient même de là, par l’intermédiaire du latin presbýteri.

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CHAPITRE XII

Martyre de saint Jacques le Majeur. Emprisonnement et délivrance de saint Pierre. Hérode Agrippa meurt frappé de Dieu.

1. En ce temps-là, le roi Hérode porta les mains sur quelques-uns de l’Église pour les tourmenter.

2. Il fit mourir par le glaive Jacques, frère de Jean.

3. Et voyant que cela plaisait aux Juifs, il fit aussi prendre Pierre. Or c’étaient les jours des azymes.

4. Lorsqu’il l’eut pris, il le mit en prison, le confiant à la garde de quatre bandes de quatre soldats chacune, voulant, après la pâque, le produire devant le peuple.

5. Ainsi Pierre était gardé dans la prison. Mais l’Église faisait à Dieu, sans interruption, des prières pour lui.

6. Or la nuit même d’avant le jour où Hérode devait le produire, Pierre dormait entre deux soldats, lié de deux chaines, et des gardes devant la porte gardaient la prison.

7. Et voilà qu’un ange du Seigneur se présenta, et une lumière brilla dans la prison ; alors l’ange, frappant Pierre au côté, le réveilla, disant : Lève-toi promptement. Et les chaines tombèrent de ses mains.

8. Alors l’ange lui dit : Ceins-toi et mets ta chaussure à tes pieds. Et il fit ainsi. Et l’ange dit : Prends ton vêtement autour de toi, et suis-moi.

9. Et sortant, il le suivait, et il ne savait pas que ce qui se faisait par l’ange fut véritable ; car il croyait avoir une vision.

10. Or ayant passé la première et la seconde garde, ils vinrent à la porte de fer qui mène à la ville ; elle s’ouvrit d’elle-même à eux. Et, sortant, ils s’avancèrent dans une rue ; et aussitôt l’ange le quitta.

11. Alors Pierre, revenu à lui, dit : Maintenant je reconnais véritablement que Dieu a envoyé son ange, et qu’il m’a soustrait à la main d’Hérode et à toute l’attente du peuple juif.

12. Et, réfléchissant, il vint à la maison de Marie, mère de Jean, qui est surnommé Marc, où beaucoup de personnes étaient assemblées et priaient.

13. Or, comme il frappait à la porte, une jeune fille, nommée Rhode, vint pour écouter.

14. Dès qu’elle reconnut la voix de Pierre, transportée de joie, elle n’ouvrit pas la porte, mais, rentrant en courant, elle annonça que Pierre était à la porte.

15. Ils lui dirent : Tu es folle. Mais elle assurait qu’il en était ainsi. Sur quoi ils disaient : C’est son ange.

16. Cependant Pierre continuait de frapper. Et lorsqu’ils eurent ouvert, ils le virent et furent dans la stupeur.

17. Mais lui, leur faisant de la main signe de se taire, raconta comment le Seigneur l’avait tiré de la prison, et il dit : Annoncez ces choses à Jacques et à nos frères. Et étant sorti, il s’en alla dans un autre lieu.

18. Quand il fit jour, il n’y eut pas peu de trouble parmi les soldats, au sujet de ce que Pierre était devenu.

19. Hérode l’ayant fait chercher, et ne l’ayant point trouvé, fit donner la question aux gardes, et commanda de les mener au supplice ; puis il descendit de Jérusalem à Césarée, où il séjourna.

20. Il était irrité contre les Tyriens et les Sidoniens. Mais ils vinrent d’un commun accord vers lui, et Blaste, chambellan du roi, ayant été gagné, ils demandaient la paix, parce que leur pays tirait sa subsistance des terres du roi.

21. Ainsi, au jour fixé, Hérode, revêtu du vêtement royal, s’assit sur son trône, et il les haranguait.

22. Et le peuple applaudissait, criant : C’est le discours d’un dieu et non d’un homme.

23. Et soudain un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait point rendu gloire à Dieu ; et, mangé des vers, il expira.

24. Cependant la parole de Dieu croissait et se multipliait.

25. Et Barnabé et Saül, leur mission remplie, revinrent de Jérusalem, ayant pris avec eux Jean, qui est surnommé Marc.

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CHAP. XII. 25. Supra. XI, 30.

 

1. Cet Hérode était surnommé Agrippa. — Porta les mains, ou mit les mains sur ; hébraïsme qui veut dire : se mettre à, entreprendre, commencer. — * Le roi Hérode Agrippa Ier, fils d’Aristobule et de Bérénice, petit-fils d’Hérode le Grand et neveu d’Hérode Antipas, était né vers l’an 10 avant notre ère. Élevé à Rome, il y avait été mis en prison par Tibère, mais il fut mis en liberté à l’avènement de Caligula et obtint les tétrarchies de Philippe et de Lysánias avec le titre de roi. En l’an 41, Claude y ajouta la Judée et la Samarie, de sorte qu’Agrippa Ier fut ainsi aussi puissant qu’Hérode le Grand. Il affectait un grand zèle pour le judaïsme. Sa mort affreuse est racontée, Act. XII, 21-23. Elle eut lieu l’an 44 ; il avait 54 ans et avait régné 7 ans.

2. * Jacques le Majeur, fils de Zébédée, le premier des Apôtres qui subit le martyre. — Il fit mourir par le glaive Jacques le Majeur. Sur le lieu traditionnel où fut décapité le saint apôtre s’élève une église qui lui est dédiée et qui appartient aux Arméniens non unis, dans la partie sud-ouest de Jérusalem, sur le mont Sion. S. Jacques fut le premier Apôtre qui versa son sang pour Jésus-Christ, en l’an 44, onze ans après l’Ascension, aux environs de la Pâque juive, d’après le témoignage de Clément d’Alexandrie, conservé par Eusèbe.

3. * Jours des azymes. Voir Matth. XXVI, 17.

6. « On avait appliqué à Pierre la custódia militáris des Romains. Des quatre soldats de l’escouade, deux se trouvaient dans la cellule du prisonnier ; l’un était libre, et Pierre était attaché à l’autre par deux chaines, une à chaque main. Les deux autres soldats étaient postés, l’un à la porte de la cellule, l’autre à la porte extérieure de la prison (la porte de fer), mais au dedans : c’étaient la première et la deuxième garde (vers. 10). Ces précautions montrent bien l’intention d’Agrippa de condamner à mort le chef de l’Église. » (Crampon)

12. * Jean Marc, parent de Barnabé, regardé communément comme le même que S. Marc l’Évangéliste, accompagna S. Paul et S. Barnabé dans quelques-unes de leurs missions (voir Act. XIII, 5, 13 ; XV, 37, 39). Il devint plus tard secrétaire de S. Pierre.

13. * Rhode. Ce nom signifie rose.

17. * À Jacques le Mineur, fils d’Alphée, cousin de Notre Seigneur et premier évêque de Jérusalem.

19. * À Césarée. Voir Act. IX, 30.

21. L’historien Juif Josèphe confirme en tous points le récit de saint Luc (Antiq. XIX, VII, 1, 2).

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Ac 13

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CHAPITRE XIII

Paul et Barnabé sont envoyés aux gentils. Ils passent dans l’ile de Chypre. Le magicien Bárjesu frappé d’aveuglement. Conversion du proconsul Sergius Paulus. Saint Paul vient à Antioche de Pisidie, où il prêche dans la synagogue. Les Juifs lui résistent. Il se tourne vers les gentils.

1. Il y avait dans l’église d’Antioche des prophètes et des docteurs, parmi lesquels Barnabé et Simon, qui s’appelait le Noir, Lucius de Cyrène, et Manahen, frère de lait d’Hérode le tétrarque, et Saül.

2. Or pendant qu’ils offraient au Seigneur les saints mystères, et qu’ils jeunaient, l’Esprit-Saint leur dit : Séparez-moi Saül et Barnabé pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés.

3. Alors, ayant jeûne et prié, ils leur imposèrent les mains et les firent partir.

4. Et eux, étant ainsi envoyés par l’Esprit-Saint, allèrent à Séleucie, et de là ils firent voile pour Chypre.

5. Quand ils furent venus à Salamine, ils annonçaient la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs. Or Jean les aidait dans le ministère.

6. Après qu’ils eurent parcouru toute l’ile jusqu’à Paphos, ils trouvèrent un certain homme, magicien, faux prophète et Juif, dont le nom était Bárjesu,

7. Et qui était avec le proconsul Sergius Paulus, homme prudent. Celui-ci, ayant fait venir Barnabé et Saül, désirait entendre la parole de Dieu.

8. Or Elymas, le magicien (car c’est ainsi qu’on interprète son nom), leur résistait, cherchant à détourner le proconsul de la foi.

9. Mais, rempli de l’Esprit-Saint, Saül, qui est le même que Paul, le regardant,

10. Dit : O homme plein de toute malice et de toute fraude, fils du diable, ennemi de toute justice, tu ne cesses de subvertir les voies droites du Seigneur.

11. Mais maintenant, voilà la main du Seigneur sur toi, et tu seras aveugle, ne voyant point le soleil jusqu’à un certain temps. Et soudain tomba sur lui une profonde obscurité et des ténèbres ; et allant çà et là, il cherchait qui lui donnât la main.

12. Alors le proconsul voyant ce fait, crut, admirant la doctrine du Seigneur.

13. Paul et ceux qui étaient avec lui, s’étant embarqués à Paphos, vinrent à Perge de Pamphylie. Mais Jean, se séparant d’eux, s’en retourna à Jérusalem.

14. Mais eux, passant au delà de Perge, vinrent à Antioche de Pisidie, et, étant entrés dans la synagogue le jour du sabbat, ils s’assirent.

15. Après la lecture de la loi et des prophètes, les chefs de la synagogue envoyèrent vers eux, disant : Hommes, nos frères, si vous avez quelque exhortation à faire au peuple, parlez.

16. Alors Paul se levant, et de la main commandant le silence, dit : Hommes d’Israël, et vous qui craignez Dieu, écoutez :

17. Le Dieu du peuple d’Israël a choisi nos pères, et a exalté ce peuple lorsqu’il habitait dans la terre d’Égypte, et, le bras levé, il l’en a retiré.

18. Et pendant une durée de quarante ans, il supporta sa conduite dans le désert.

19. Puis, ayant détruit sept nations dans le pays de Chanaan, il lui en partagea la terre par le sort,

20. Après environ quatre cent cinquante ans ; et ensuite, il leur donna des juges jusqu’au prophète Samuel.

21. Alors ils demandèrent un roi, et Dieu leur donna Saül, fils de Cis, de la tribu de Benjamin, pendant quarante ans ;

22. Puis l’ayant ôté, il leur suscita pour roi David, à qui il rendit témoignage, disant : J’ai trouvé David, fils de Jessé, homme selon mon cœur, qui fera toutes mes volontés.

23. C’est de sa postérité que Dieu, selon sa promesse, a suscité à Israël le Sauveur Jésus,

24. Jean, avant sa venue, ayant prêché le baptême de pénitence à tout le peuple d’Israël.

25. Et lorsque Jean achevait sa course, il disait : Je ne suis pas celui que vous pensez ; mais voilà que vient après moi celui dont je ne suis pas digne de délier la chaussure.

26. Hommes, mes frères, fils de la race d’Abraham, c’est à vous, et à ceux qui parmi vous craignent Dieu, que la parole de ce salut a été envoyée.

27. Car ceux qui habitaient Jérusalem, et leurs chefs, le méconnaissant et ne comprenant pas les paroles qui sont lues à chaque sabbat, ils les ont accomplies en le condamnant ;

28. Et, ne trouvant en lui aucune cause de mort, ils demandèrent à Pilate de le faire mourir.

29. Et après qu’ils eurent consommé tout ce qui était écrit de lui, le descendant du bois, ils le mirent dans un sépulcre.

30. Mais Dieu l’a ressuscité des morts le troisième jour, et pendant un grand nombre de jours il a été vu de ceux

31. Qui étaient montés avec lui de Galilée à Jérusalem, et qui sont maintenant ses témoins devant le peuple.

32. Et nous, nous vous annonçons que la promesse qui a été faite à nos pères,

33. Dieu l’a tenue à nos fils, ressuscitant Jésus, comme il est écrit dans le deuxième psaume : Vous êtes mon fils, je vous ai engendré aujourd’hui.

34. Et qu’il l’ait ressuscité d’entre les morts, pour ne plus retourner à la corruption, c’est ce qu’il a dit par ces paroles : Je vous tiendrai les promesses sacrées faites à David, promesses inviolables.

35. Et ailleurs encore il dit : Vous ne permettrez point que votre Saint voie la corruption.

36. Car David, après avoir servi en son temps aux desseins de Dieu, s’endormit ; il fut déposé près de ses pères, et vit la corruption.

37. Mais celui que Dieu a ressuscité d’entre les morts, n’a point vu la corruption.

38. Qu’il soit donc connu de vous, mes frères, que c’est par lui que la rémission des péchés vous est annoncée ; et toutes les choses dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse,

39. Quiconque croit en lui, en est justifié par lui.

40. Prenez donc garde que ne vienne sur vous ce qui est dit dans les prophètes :

41. Voyez, contempteurs, admirez et anéantissez-vous ;

car je fais une œuvre en vos jours,

une œuvre que vous ne croirez pas, si on vous la raconte.

42. Lorsqu’ils sortaient de la synagogue, on les priait de parler, le sabbat suivant, sur le même sujet.

43. Et quand l’assemblée se fut séparée, beaucoup de Juifs et de prosélytes servant Dieu, suivirent Paul et Barnabé qui, leur parlant, les exhortaient à persévérer dans la grâce de Dieu.

44. Or, le sabbat suivant, presque toute la ville s’assembla pour entendre la parole de Dieu.

45. Mais, voyant cette foule, les Juifs furent remplis de colère, et, blasphémant, ils contredisaient les paroles de Paul.

46. Alors Paul et Barnabé dirent hardiment : C’était à vous qu’il fallait d’abord annoncer la parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez indignes de la vie éternelle, voilà que nous nous tournons vers les gentils ;

47. Car le Seigneur nous l’a commandé en ces termes : Je t’ai établi la lumière des gentils, afin que tu sois leur salut jusqu’aux extrémités de la terre.

48. Ce qu’entendant, les gentils se réjouirent, et ils glorifiaient la parole de Dieu ; et tous ceux qui étaient préordonnés à la vie éternelle embrassèrent la foi.

49. Ainsi la parole du Seigneur se répandait par toute la contrée.

50. Mais les Juifs ayant animé les femmes dévotes et de qualité, et les principaux de la ville, excitèrent une persécution contre Paul et Barnabé, et les chassèrent du pays.

51. Alors ceux-ci, ayant secoué contre eux la poussière de leurs pieds, vinrent à Iconium.

52. Cependant les disciples étaient remplis de joie et de l’Esprit-Saint.

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CHAP. XIII. 17. Ex. I, 1 ; XIII, 21, 22. — 18. Ex. XVI, 3. — 19. Jos. XIV, 2. — 20. Judic. III, 9. — 21. I Reg. VIII, 5 ; IX, 16 ; X, 1. — 22. I Reg. XIII, 14 ; XVI, 13 ; Ps. LXXXVIII, 21. — 23. Is. XI, 1. — 24. Matth. III, 1 ; Marc. I, 4 ; Luc. III, 3. — 25. Matth. III, 11 ; Marc. I, 7 ; Joan. I, 27. — 28. Matth. XXVII, 20, 23 ; Marc. XV, 13 ; Luc. XXIII, 21, 23 ; Joan. XIX, 15. — 30. Matth. XXVIII ; Marc. XVI ; Luc. XXIV ; Joan. XX. — 33. Ps. II, 7. — 34. Is. LV, 3. — 35. Ps. XV, 10. — 36. III Reg. II, 10. — 41. Habac. I, 5. — 47. Is. XLIX, 6. — 51. Matth. X, 14 ; Marc. VI, 11 ; Luc. IX, 5.

 

1. Ici commence la troisième et dernière partie des Actes. Barnabé qui était sans doute à la tête de l’Église d’Antioche. — * Simon le Noir. En grec Suméôn, personnage inconnu. — Lucius de Cyrène est peut-être le même qui est nommé, Rom. XVI, 21. — Manahen est inconnu. — Hérode le tétrarque. Voir Matth. XIV, 1. — Saül, S. Paul. Frère de lait : le mot grec est ainsi traduit par la Vulgate ; mais il a aussi la signification de nourri, élevé avec. On donnait alors aux enfants des grandes familles, non seulement des pédagogues ou précepteurs, mais encore d’autres enfants ou compagnons élevés avec eux. Ce dernier sens est généralement adopté par les exégètes modernes.

3. * C’est ainsi que commença la première mission de S. Paul, l’an 45 de notre ère.

4. * Séleucie, ville de Syrie sur la Méditerranée, au sud et à 120 stades d’Antioche vis-à-vis de l’ile de Chypre, à 40 stades au nord de l’embouchure de l’Oronte. — Chypre. Voir Act. XI, 19.

5. * À Salamine. C’était une des villes principales de l’ile de Chypre, sur la côte orientale, avec un bon port. Les Juifs y étaient nombreux. On voit aujourd’hui ses ruines près de la moderne Famagouste. — Dans les synagogues. Quand un Juif étranger assistait aux offices de la synagogue, le chef de la synagogue l’invitait à parler et S. Paul ne manqua jamais, dans toute sa carrière apostolique, de saisir cette occasion d’annoncer l’Évangile. Comparez Luc. IV, 16 et Act. XIII, 15.

6. * Jusqu’à Paphos. Cette ville, port de mer, était à l’opposé de Salamine, sur la côte occidentale de l’ile de Chypre. Elle servait alors de résidence au proconsul romain. L’ancienne Paphos, célèbre chez les anciens par le culte de Vénus, était à soixante stades au nord. — Bárjesu. Ce nom signifie fils de Jésus.

7. * Sergius Paulus. « Les Actes donnent à Sergius Paulus le titre de proconsul. On sait, en effet, que la Chypre, à raison de son importance et de son étendue, formait à elle seule une province dans l’empire, et l’on voit par plusieurs médailles qu’elle avait pour gouverneur un proconsul annuel, comme toutes les provinces dont le gouvernement dépendait du Sénat. L’éloge que S. Luc fait des lumières et de la sagesse de Sergius Paulus, et l’impression que l’Évangile produisit sur son esprit, donnent lieu de croire qu’il devint un des appuis du christianisme naissant. Le Martyrologe romain le nomme au 22 mars, avec le titre d’évêque de Narbonne ; et l’église de cette ville l’a toujours regardé comme son Apôtre. D’après la tradition, S. Paul l’aurait établi sur ce siège, dans le voyage qu’il fit pour se rendre en Espagne. Narbonne est bien, en effet, sur la voie qui conduisait de l’Italie dans la Bétique. L’Itinéraire d’Antonin, qui décrit cette voie, nomme Nice, Arles, Narbonne, les monts Pyrénéens, Barcelone. — Plusieurs pensent que c’est en souvenir de la conversion de Sérgius Paulus, comme signe de l’estime et de l’affection dont il honorait son généreux disciple, que l’Apôtre aurait pris le nom de Paul, à la place de celui de Saül qu’il avait porté jusque-là. Mais, si cette conjecture a quelque vraisemblance, elle n’est pas nécessaire pour l’explication du fait. L’usage des doubles noms, ou des surnoms grecs et latins, était alors commun chez les Juifs. Un certain nombre qui avaient un nom significatif, le traduisaient dans l’une de ces langues, comme Cephas qui s’appela Petrus, Silas qu’on nomma Tértius ou Silvánus, etc. D’autres, renonçant tout à fait à leur nom, en prenaient un suivant leur gout, comme Jean qui prit le nom de Marc, Jannès qui se nomma Alexandre, Onias qui s’appela Ménélaüs, Jésus qui prit celui de Juste. D’autres enfin se bornaient à changer quelque lettre ou à modifier la désinence de leur nom pour lui donner une apparence grecque ou latine. Ainsi on disait Jason au lieu de Jésus, Alcimus pour Éliacim, Hegésippus au lieu de Joseph, Dosithée au lieu de Dosíthaï, Trypho pour Tarphon, Alphée pour Clopé, Diocletiánus pour Dioclès. C’est ce qu’aura fait probablement S. Paul. Au moment d’entrer dans l’empire et de se mettre en rapport avec les Romains, il aura latinisé son nom, en l’altérant le moins possible. » (L. Bacuez.)

13. * À Perge, capitale de la Pamphylie, sur la rivière Cestros, à soixante stades de la Méditerranée. Dans le voisinage, sur une éminence, était un temple célèbre de Diane. — La Pamphylie, province de l’Asie-Mineure, est déjà mentionnée, Act. II, 10. Voir ce passage. — Jean Marc. Voir Act. XII, 12.

14. Du sabbat ; litter., des sabbats. Le pluriel de ce mot se met quelquefois pour le singulier. — * Antioche de Pisidie était une ville de Phrygie, mais on l’appelait de Pisidie, à cause de la proximité de cette province et afin de la distinguer d’Antioche de Syrie. Comme cette dernière, elle avait été bâtie par Seléucus Nicátor qui l’avait ainsi nommée en l’honneur de son père Antiochus. C’était une ville importante. Auguste en avait fait une colonie romaine.

15. * Les chefs de la synagogue. Le premier archisynagógus (voir Marc. V, 22) était assisté d’un conseil composé d’un nombre plus ou moins considérable de membres, selon l’importance des synagogues. On les appelait quelquefois archisynagógi ou chefs de la synagogue. Ils avaient dans l’assemblée des sièges particuliers, près du coffre destiné à recevoir les Saintes Écritures.

25. * La chaussure, les sandales. Voir Marc. VI, 9.

26. La parole de ce salut ; c’est-à-dire du salut dont Jésus-Christ est l’auteur. Compar. le vers. 23. Au chap. V, 20, on a pu remarquer une construction de phrase tout à fait semblable.

28. * Pilate. Voir note sur Matth. XXVII, 2.

35. Voie la corruption. Compar. II, 27.

43. * De prosélytes, gentils convertis au judaïsme.

45. De colère. Traduction et note figurant dans l’édition DFT : « De jalousie : les Juifs s’imaginaient qu’eux seuls avaient droit au salut apporté au monde par le Messie. D’autres traduisent, d’une haine violente. »

48. Préordonnés. Voy. sur ce mot, X, 41.

51. * Iconium, aujourd’hui Konyéh, ville importante de l’Asie-Mineure, chef-lieu de la province de Lycaonie, dans une plaine fertile, au pied du mont Taurus, sur la grande ligne de communication entre Éphèse et les villes de Tarse et d’Antioche de Pisidie. Elle était avantageusement placée pour servir de centre aux missions de S. Paul dans ces parages ; aussi l’y reverrons-nous encore.

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CHAPITRE XIV

Succès de la prédication de Paul et de Barnabé à Iconium. Ils sont chassés et se réfugient à Lystra. Paul y guérit un boiteux. On veut leur sacrifier ; on les lapide. Ils vont à Derbe. Ils s’en retournent à Antioche de Syrie, en visitant les fidèles.

1. Or il arriva à Iconium, qu’ils entrèrent ensemble dans la synagogue, et parlèrent de telle sorte, qu’une grande multitude de Juifs et de Grecs embrassa la foi.

2. Mais ceux des Juifs qui demeurèrent incrédules, excitèrent et irritèrent l’esprit des gentils contre les frères.

3. Ils demeurèrent donc là longtemps, agissant avec assurance dans le Seigneur, qui rendait témoignage à la parole de sa grâce, opérant des miracles et des prodiges par leurs mains.

4. Ainsi toute la ville se divisa ; les uns étaient pour les Juifs, et les autres pour les apôtres.

5. Et comme les gentils et les Juifs, avec leurs chefs, allaient se jeter sur eux pour les outrager et les lapider,

6. Les apôtres l’ayant su, s’enfuirent à Lystra et à Derbe, villes de Lycaonie, et dans tout le pays d’alentour, et ils y évangélisaient.

7. Or il y avait assis à Lystra, un certain homme perclus de ses pieds. Il était boiteux dès le sein de sa mère, et n’avait jamais marché.

8. Il entendit Paul parler ; et Paul, le regardant et voyant qu’il avait la foi qu’il serait guéri,

9. Dit d’une voix forte : Lève-toi droit sur tes pieds. Et il s’élança, et il marchait.

10. Or la foule, ayant vu ce qu’avait fait Paul, éleva la voix, disant en lycaonien : Des dieux devenus semblables à des hommes sont descendus vers nous.

11. Et ils appelaient Barnabé Jupiter ; et Paul, Mercure, parce que c’était lui qui portait la parole.

12. Bien plus, le prêtre de Jupiter, qui était près de la ville, étant venu devant la porte avec des taureaux et des couronnes, voulait, avec le peuple, leur sacrifier.

13. Ce qu’ayant entendu, les apôtres Barnabé et Paul déchirèrent leurs tuniques, et s’élancèrent dans la foule, criant,

14. Et disant : Hommes, pourquoi faites-vous cela ? Nous aussi, nous sommes des mortels, des hommes semblables à vous, qui vous exhortons à quitter ces choses vaines pour le Dieu vivant, qui a fait le ciel, la terre, la mer, et tout ce qu’ils contiennent ;

15. Qui, dans les générations passées, a laissé toutes les nations marcher dans leurs voies.

16. Mais néanmoins il ne s’est pas laissé lui-même sans témoignage, répandant du ciel ses biens, en dispensant les pluies et les saisons fécondes, en nous donnant la nourriture en abondance, et en remplissant nos cœurs de joie.

17. Même en disant ces choses, ils empêchèrent à peine la foule de leur sacrifier.

18. Cependant survinrent quelques Juifs d’Antioche et d’Iconium, et, le peuple gagné, ils lapidèrent Paul, et le trainèrent hors de la ville, croyant qu’il était mort.

19. Mais les disciples l’entourant, il se leva, et rentra dans la ville, et le jour suivant, il partit pour Derbe avec Barnabé.

20. Et lorsqu’ils eurent évangélisé cette ville, et instruit un grand nombre de personnes, ils revinrent à Lystra, à Iconium et à Antioche,

21. Affermissant les âmes des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et disant que c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu.

22. Et après avoir ordonné des prêtres en chaque église, et avoir prié et jeûne, ils les recommandèrent au Seigneur, en qui ils avaient cru.

23. Traversant ensuite la Pisidie, ils vinrent dans la Pamphylie ;

24. Puis ayant annoncé la parole du Seigneur à Perge, ils descendirent à Attalía,

25. Et de là, firent voile pour Antioche, d’où on les avait commis à la grâce de Dieu pour l’œuvre qu’ils avaient accomplie.

26. Or, lorsqu’ils furent arrivés, et qu’ils eurent assemblé l’Église, ils racontèrent combien Dieu avait fait de grandes choses avec eux, et qu’il avait ouvert aux gentils la porte de la loi.

27. Et ils demeurèrent là un certain temps avec les disciples.

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CHAP. XIV. 14. Gen. I, 1 ; Ps. CXLV, 6 ; Apoc. XIV, 7. — 25. Supra. XIII, 1.

 

2. Contre les frères ; c’est-à-dire contre les nouveaux convertis, tant du paganisme que du judaïsme.

3. Par leurs mains. Voy. V, 12.

6. * Lystra, au sud d’Iconium, au nord du mont Taurus. Le disciple de S. Paul, Timothée, était probablement originaire de Lystra. — Derbe, au sud-est d’Iconium, à l’est de Lystra, située probablement près du passage appelé les portes de Cilicie. Ces deux villes, comme Iconium, faisaient partie de la province de Lycaonie, en Asie-Mineure, bornée à l’est par la Cappadoce, au nord par la Galatie, à l’ouest par la Phrygie, et séparée au sud de la Cilicie par la chaine du Taurus.

10. * En lycaonien, dialecte qu’on a supposé être le cappadocien, mais dont le vrai caractère est inconnu.

11. * Jupiter, le maitre des dieux de l’Olympe, était souvent accompagné d’après les fables grecques, de Mercure, le dieu de l’éloquence, qui parlait pour le roi des dieux. S. Paul étant l’orateur est pris pour Mercure.

12. * Le prêtre qui était près de la ville, qui desservait le temple de Jupiter situé dans le voisinage de la ville. — Avec des taureaux et des couronnes. Les païens avaient coutume d’orner de couronnes les victimes qu’ils offraient à leurs dieux.

18. * D’Antioche de Pisidie. Voir Act. XIII, 14.

23. * La Pisidie, province de l’Asie Mineure, bornée à l’est par la Lycaonie et la Cilicie, au sud par la Pamphylie, à l’ouest et au nord par la Phrygie. Les Apôtres se dirigeant vers le sud, arrivent en Pamphylie, sur laquelle on peut voir Act. II, 10.

24. * À Perge, capitale de la Pamphylie. Voir Act. XIII, 13. — Attalía, aujourd’hui Antali, ville et port de mer du sud-ouest de la Pamphylie, à l’embouchure du Catarrachtès. Elle portait le nom d’Attalía, parce qu’elle avait été fondé par Attale II Philadelphe, roi de Pergame (159-138 avant Jésus-Christ).

25. D’où on les avait commis, etc., pour : D’où on les avait envoyés, en les commettant. C’est un genre de construction elliptique très commun en hébreu. — * Pour Antioche de Syrie. Ici se termine par le retour au point de départ le premier grand voyage apostolique de S. Paul. Il avait duré cinq ans, de l’an 45 à l’an 50.

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Ac 15

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CHAPITRE XV

Dispute à Antioche sur les observations légales. Saint Paul et saint Barnabé vont à Jérusalem consulter les apôtres. Concile de Jérusalem. Lettre du concile. Jude et Silas envoyés à Antioche avec Paul et Barnabé. Paul et Barnabé se séparent.

1. Et quelques-uns, qui étaient descendus de Judée, enseignaient aux frères : Si vous n’êtes circoncis suivant le rit de Moïse, vous ne pouvez être sauvés.

2. Paul et Barnabé s’étant donc fortement élevés contre eux, il fut résolu que Paul et Barnabé, et quelques-uns d’entre les autres, iraient à Jérusalem vers les apôtres et les prêtres pour cette question.

3. Ceux-ci donc, accompagnés par l’Église, traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des gentils ; et ils causaient ainsi à tous les frères une grande joie.

4. Arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l’Église, par les apôtres et les anciens, auxquels ils racontèrent combien Dieu avait fait de grandes choses avec eux.

5. Mais que quelques-uns de la secte des pharisiens, qui avaient embrassé la foi, s’étaient levés, disant qu’il fallait qu’ils fussent circoncis, et qu’on leur ordonnât de garder la loi de Moïse.

6. Les apôtres et les prêtres s’assemblèrent donc pour examiner cette question.

7. Mais après une grande discussion, Pierre, se levant, leur dit : Hommes, mes frères, vous savez qu’en des jours déjà anciens, Dieu m’a choisi parmi vous afin que les gentils entendissent par ma bouche la parole de l’Évangile, et qu’ils crussent.

8. Et Dieu, qui connait les cœurs, leur a rendu témoignage, leur donnant l’Esprit-Saint, comme à nous ;

9. Et il n’a fait entre nous et eux aucune différence, purifiant leurs cœurs par la foi.

10. Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu, imposant aux disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ?

11. Mais c’est par la grâce de Jésus-Christ que nous croyons être sauvés, comme eux aussi.

12. Alors toute l’assemblée se tut ; et ils écoutaient Barnabé et Paul racontant combien de miracles et de prodiges Dieu avait faits par eux parmi les gentils.

13. Et après qu’ils se furent tus, Jacques répondit, disant : Hommes, mes frères, écoutez-moi :

14. Simon a raconté comment Dieu, dès le principe, a visité les gentils, afin de choisir parmi eux un peuple pour son nom.

15. Et les paroles des prophètes s’accordent avec lui, ainsi qu’il est écrit :

16. Après cela je reviendrai,

et je rebâtirai le tabernacle de David, qui est tombé ;

je réparerai ses ruines

et je le relèverai ;

17. Afin que le reste des hommes cherchent le Seigneur,

et aussi toutes les nations sur lesquelles mon nom a été invoqué,

dit le Seigneur, qui fait ces choses.

18. De toute éternité, Dieu connait son œuvre.

19. C’est pourquoi moi, je juge qu’on ne doit pas inquiéter ceux d’entre les gentils qui se convertissent à Dieu,

20. Mais leur écrire qu’ils s’abstiennent des souillures des idoles, de la fornication, des animaux étouffés, et du sang.

21. Quant à Moïse, depuis les temps anciens, il a, en chaque ville, des hommes qui le prêchent dans les synagogues, où on le lit tous les jours de sabbat.

22. Alors il plut aux apôtres et aux anciens, avec toute l’Église, de choisir quelques-uns d’entre eux, et de les envoyer, avec Paul et Barnabé, à Antioche : Jude, qui est surnommé Barsabas, et Silas, qui étaient des principaux entre les frères,

23. Écrivant par eux : Les APÔTRES et les prêtres, frères, aux frères d’entre les gentils, qui sont à Antioche, et en Syrie et en Cilicie, salut.

24. Comme nous avons appris que quelques-uns sortant d’au milieu de nous vous ont troublés par leurs discours, en bouleversant vos âmes, quoique nous ne leur eussions donné aucun ordre,

25. Il a plu à nous tous de choisir des personnes et de les envoyer vers vous avec nos très chers Barnabé et Paul,

26. Hommes qui ont exposé leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christ.

27. Nous avons donc envoyé Jude et Silas, qui vous rapporteront les mêmes choses de vive voix.

28. Car il a semblé bon à l’Esprit-Saint et à nous, de ne vous imposer aucun autre fardeau que ces choses-ci, qui sont nécessaires :

29. Que vous vous absteniez de ce qui a été sacrifié aux idoles, du sang, des animaux étouffés, et de la fornication ; en vous en abstenant, vous agirez bien. Portez-vous bien.

30. Ces envoyés donc se rendirent à Antioche, et, les fidèles rassemblés, ils remirent la lettre.

31. Quand ils l’eurent lue, ils éprouvèrent beaucoup de joie et de consolation.

32. Et comme Jude et Silas étaient eux-mêmes prophètes, ils consolèrent les frères et les fortifièrent par de nombreux discours.

33. Et, après avoir passé là quelque temps, ils furent renvoyés en paix par les frères à ceux qui les avaient envoyés.

34. Cependant il parut bon à Silas de rester là, et Jude seul retourna à Jérusalem.

35. Or Paul et Barnabé demeurèrent aussi à Antioche, enseignant et annonçant avec plusieurs autres la parole de Dieu.

36. Mais quelques jours après Paul dit à Barnabé : Retournons visiter nos frères dans toutes les villes où nous avons prêché la parole du Seigneur, pour voir comment ils sont.

37. Or Barnabé voulait prendre avec lui Jean, qui est surnommé Marc.

38. Mais Paul lui représentait que celui qui les avait quittés en Pamphylie et n’était point allé avec eux pour cette œuvre, ne devait pas être repris.

39. De là il y eut division entre eux, de sorte qu’ils se séparèrent l’un de l’autre. Barnabé ayant donc pris Marc, s’embarqua pour Chypre.

40. Et Paul ayant choisi Silas, partit, commis à la grâce de Dieu par les frères.

41. Or il parcourait la Syrie et la Cilicie, confirmant les Églises, et leur ordonnant de garder les préceptes des apôtres et des prêtres.

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CHAP. XV. 1. Gal. V, 2. — 7. Supra. X, 20. — 8. Supra. X, 45. — 16. Amos., IX, 11.

 

1. * Les faits racontés dans ce chapitre se passèrent en l’an 51.

3. Accompagnés par l’Église ; c’est-à-dire que l’Église les fit accompagner par quelques fidèles. — * La Phénicie. Voir Act. XI, 19.

4. * Les anciens, titre de dignité, les prêtres.

5. Qu’ils fussent circoncis ; c’est-à-dire que les gentils fussent circoncis quand ils se convertissaient.

13. * Jacques le Mineur, premier évêque de Jérusalem, cousin de Notre Seigneur.

14. Un peuple pour son nom ; c’est-à-dire pour lui ; un peuple qui lui appartiendrait d’une manière toute particulière. Nous avons déjà fait remarquer que dans l’Écriture le nom se prend souvent pour la personne même. Cela a lieu surtout quand il s’agit de Dieu.

17. Sur lesquelles mon nom a été invoqué ; ou bien qui sont appelées de mon nom, qui portent mon nom. La phrase, en hébreu, est susceptible de ces deux sens.

20. Les souillures des idoles signifient ici les viandes immolées aux idoles, divinités impures et abominables.

22. * Aux anciens, aux prêtres. — Jude… Barsabas n’est nommé que dans ce chapitre. — Silas, qui apparait ici pour la première fois, devint un des compagnons de S. Paul, qu’il suivit dans sa mission en Macédoine (Act. XV, 40 ; XVII, 4). Il demeura à Bérée quand S. Paul quitta cette ville, mais il rejoignit ensuite l’Apôtre à Corinthe où il continua probablement quelque temps à prêcher l’Évangile. Silas n’est qu’une contraction de Silvánus et c’est sous ce dernier nom que S. Paul le mentionne dans ses Épitres. Le Silvánus par lequel S. Pierre envoya sa première Épitre aux Églises de l’Asie-Mineure est probablement le même.

23. Par eux ; littér. : Par leurs mains. Voy. V, 12. — * En Syrie. Voir Matth. IV, 24. — En Cilicie. Voir Act. VI, 9.

29. Il était d’autant plus nécessaire de défendre expressément aux gentils la fornication, qu’elle passait généralement chez eux pour une chose permise. Quant au sang et à la chair des animaux étouffés, cette défense avait été faite aux hommes aussitôt après le déluge. Saint Jacques est d’avis qu’on la maintienne, soit pour inspirer de plus en plus aux gentils convertis l’horreur du meurtre et du sang ; soit afin que les Juifs eussent moins d’aversion pour les gentils qui embrassaient le christianisme, en les voyant d’accord avec eux sur un point qu’ils regardaient comme un des plus importants. Toutefois cette défense n’était que temporaire.

32. Tous ceux qui avaient le don d’interpréter les Écritures et de parler des choses de Dieu étaient appelés prophètes, aussi bien que ceux qui étaient inspirés pour prédire l’avenir.

36. Visiter. Dieu inspira ensuite à Paul un autre dessein (infra XVI, 6-9).

37. * Jean… Marc. Voir Act. XII, 12.

38. * En Pamphylie. Voir Act. XIII, 13.

39. * Pour Chypre. Voir Act. XI, 19.

40. * C’est le commencement du second voyage apostolique de S. Paul, en l’an 51.

41. * La Syrie. Voir Matth. IV, 24. — La Cilicie. Voir Act. VI, 9.

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CHAPITRE XVI

Paul prend avec lui Timothée. Il est détourné de prêcher en Asie et en Bithynie ; mais il est appelé en Macédoine. Il arrive à Philippes ; conversion de Lydie. Pythonisse délivrée. Paul et Silas, fouettés et mis en prison, convertissent le geôlier ; leur délivrance.

1. Paul arriva à Derbe, puis à Lystra. Et voilà qu’il s’y trouvait un disciple du nom de Timothée, fils d’une femme juive fidèle et d’un père gentil.

2. Les frères, qui étaient à Lystra et à Iconium, rendaient de lui un bon témoignage.

3. Paul voulut l’emmener avec lui ; il le prit donc et le circoncit à cause des Juifs qui étaient en ces lieux. Car tous savaient que son père était gentil.

4. Or, en allant par les villes, ils leur recommandaient d’observer les décisions qui avaient été prises par les apôtres et les anciens qui étaient à Jérusalem.

5. Ainsi les Églises s’affermissaient dans la foi et croissaient en nombre tous les jours.

6. Mais, comme ils traversaient la Phrygie et le pays de Galatie, il leur fut défendu par l’Esprit-Saint d’annoncer la parole de Dieu dans l’Asie.

7. Étant venus en Mysie, ils tentèrent d’aller en Bithynie ; mais l’Esprit de Jésus, ne le leur permit pas.

8. Lorsqu’ils eurent traversé la Mysie, ils descendirent à Troas ;

9. Et Paul eut, la nuit, une vision : Un certain homme de Macédoine se tenait devant lui, le priant et disant : Passe en Macédoine, et secours-nous.

10. Aussitôt qu’il eut eu cette vision, nous cherchâmes à partir pour la Macédoine, assurés que Dieu nous appelait à y prêcher l’Évangile.

11. Nous étant donc embarqués à Troas, nous vînmes droit à Samothrace, et le jour suivant à Neápolis,

12. Et de là à Philippes, colonie qui est la première ville de cette partie de la Macédoine. Or nous demeurâmes quelques jours à conférer dans cette ville.

13. Le jour du sabbat, nous sortîmes hors de la porte près du fleuve, où il paraissait que se faisait la prière ; et, nous asseyant, nous parlâmes aux femmes qui s’étaient assemblées.

14. Et une femme, nommée Lydie, marchande de pourpre de la ville de Thyatire, et servant Dieu, nous écouta ; et le Seigneur ouvrit son cœur pour prêter attention à ce que disait Paul.

15. Lorsqu’elle eut été baptisée, elle et sa maison, elle nous pria, disant : Si vous m’avez jugée fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison, et demeurez-y. Et elle nous y força.

16. Or il arriva qu’allant à la prière, nous rencontrâmes une jeune fille ayant un esprit de python, laquelle apportait un grand gain à ses maitres, en devinant.

17. Cette jeune fille nous suivant, Paul et nous, criait, disant : Ces hommes sont des serviteurs du Dieu Très-Haut, qui vous annoncent la voie du salut.

18. Elle fit cela pendant bien des jours. Cependant Paul, le souffrant avec peine, et se retournant, dit à l’esprit : Je te commande, au nom de Jésus-Christ, de sortir d’elle. Et il sortit à l’heure même.

19. Mais ses maitres, voyant que l’espoir de leur gain était perdu, se saisirent de Paul et de Silas, et les conduisirent sur la place publique devant les autorités ;

20. Et les présentant aux magistrats, ils dirent : Ces hommes troublent notre ville, attendu que ce sont des Juifs,

21. Qui enseignent des pratiques qu’il ne nous est pas permis de recevoir ni de suivre, puisque nous sommes Romains.

22. Et le peuple courut sur eux ; et les magistrats, leurs vêtements déchirés, ordonnèrent qu’ils fussent déchirés de verges.

23. Et, quand on les eut chargés d’un grand nombre de coups, ils les envoyèrent en prison, ordonnant au geôlier de les garder soigneusement.

24. Le geôlier, ayant reçu cet ordre, les mit dans la prison basse, et serra leurs pieds dans les ceps.

25. Or, au milieu de la nuit, Paul et Silas priant, louaient Dieu ; et ceux qui étaient dans la prison, les entendaient.

26. Tout-à-coup il se fit un grand tremblement de terre, de sorte que les fondements de la prison furent ébranlés. Et aussitôt toutes les portes s’ouvrirent, et les liens de tous les prisonniers furent brisés.

27. Alors, réveillé et voyant les portes de la prison ouvertes, le geôlier tira son épée, et il voulait se tuer, pensant que les prisonniers s’étaient enfuis.

28. Mais Paul cria d’une voix forte, disant : Ne te fais pas de mal, car nous sommes tous ici.

29. Et le geôlier, ayant demandé de la lumière, entra ; et, tout tremblant, il tomba aux pieds de Paul et de Silas ;

30. Et les faisant sortir, il demanda : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ?

31. Ils lui répondirent : Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison.

32. Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, à lui et à tous ceux qui étaient dans sa maison.

33. Et lui, les prenant à cette même heure de la nuit, il lava leurs plaies, et il fut baptisé, lui et toute sa maison, aussitôt après.

34. Puis, les ayant conduits chez lui, il leur servit à manger ; et il se réjouit avec toute sa maison de ce qu’il avait cru en Dieu.

35. Lorsqu’il fit jour, les magistrats envoyèrent les licteurs, disant : Laisse aller ces hommes.

36. Aussitôt le geôlier rapporta ces paroles à Paul : Les magistrats ont mandé de vous relâcher ; maintenant donc, sortez et allez en paix.

37. Mais Paul dit aux licteurs : Après nous avoir publiquement déchirés de verges, sans jugement, nous, citoyens romains, ils nous ont mis en prison, et maintenant ils nous renvoient en secret ? Il n’en sera pas ainsi, mais qu’ils viennent,

38. Et nous délivrent eux-mêmes. Les licteurs rapportèrent donc ces paroles aux magistrats. Or ceux-ci furent saisis de crainte, ayant appris qu’ils étaient Romains.

39. Ils vinrent donc les supplier ; et les faisant sortir, ils les prièrent de se retirer de la ville.

40. Or, sortant de la prison, ils allèrent chez Lydie ; et ayant vu les frères, ils les consolèrent et partirent.

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CHAP. XVI. 22. II Cor. XI, 25 ; Phil. I, 13 ; I Thess. II, 2.

 

1. * Derbe, Lystra. Voir Act. XIV, 6. — Timothée. Voir l’Introduction aux Épitres pastorales, p. 3975.

2. * Iconium. Voir Act. XIII, 51.

3. Saint Paul a pu circoncire Timothée, parce que les apôtres n’avaient pas défini que la circoncision était illicite ; ils s’étaient bornés, comme on le voit dans le chapitre précédent, à déclarer qu’elle n’était plus nécessaire.

4. * Les anciens, les prêtres.

6. * La Phrygie. Voir Act. II, 10. — La Galatie. Voir Act. XVIII, 23. — Dans l’Asie proconsulaire qui comprenait la plus grande partie de l’Asie Mineure orientale, c’est-à-dire, outre la Phrygie, la Mysie, la Lydie et la Caria.

7. * En Mysie, province de l’Asie Mineure, faisant partie de l’Asie proconsulaire, entourée à l’est et en partie au nord par la mer Égée, entre la Propontide ou mer de Marmara et la Lydie, avait pour villes principales Pergame, Troas et Assos. — En Bithynie, autre province de l’Asie Mineure bornée au nord par le Pont-Euxin, à l’ouest par la Propontide et la Mysie, au sud par la Phrygie et la Galatie et à l’est par la Paphlagonie.

8. * Troas, ville et port de mer près de l’Hellespont, entre les promontoires de Lectum et de Sigée, au sud de l’ancienne Troie, regardée par quelques-uns comme appartenant à la Mysie inférieure. Fondée par le roi Antigone, elle avait porté d’abord le nom d’Antigonía Troas ; plus tard Lysimaque l’appela Alexandria Troas en l’honneur d’Alexandre le Grand. Elle était très florissante à l’époque romaine et Auguste en fît une colonie avec tous les privilèges attachés à ce titre. L’étendue de ses ruines atteste quelle fut sans importance. Elle la devait à sa situation sur la route qui menait en Macédoine de diverses parties de l’Asie Mineure. S. Paul arriva à Troas en l’an 52.

9. * Macédoine, pays situé au nord de la Grèce proprement dite et borné à l’est par la Thrace, au nord par la Mésie, à l’ouest par l’Illyrie et au sud par l’Épire et la Thessalie. Ses limites ont d’ailleurs varié à diverses époques. La Macédoine fut conquise par les Romains au temps de Persée, 167 av. J.-C., et divisée peu après en quatre districts qui avaient pour chefs-lieux Amphipolis, Thessalonique, Pella et Pelagónia. En 142 av. J.-C., elle devint une province proconsulaire, unique jusqu’au règne de Tibère Sous Claude, toute la Grèce fut partagée en deux provinces sous le nom d’Achaïe et de Macédoine. Les villes macédoniennes mentionnées dans les Actes sont Neápolis, Philippes, Apollonie, Bérée, Thessalonique, Amphipolis, Apollonie. La mission de S. Paul en Macédoine eut lieu en l’an 52.

11. * Samothrace, ile de la mer Égée, au nord de Lemnos, au sud de la côte de la Thrace, appelée d’abord Dardánia et plus tard Samothrace, parce qu’elle fut occupée successivement par les Thraces et par les Samiens. Elle était célèbre par les mystères de Cérès et de Proserpine qu’on y célébrait. — Neápolis, ville et port de mer sur la mer Égée, avait appartenu d’abord à la Thrace, mais fut incorporée à la Macédoine par Vespasien.

12. * Philippes, ville de Macédoine, dans la première région de cette province, d’après la division romaine, sur la mer Égée entre le Strymon et le Nestus, sur la frontière de Thrace, à trente-trois milles romains au nord d’Amphipolis, à dix milles de Neápolis où S. Paul avait débarqué. Auguste en avait fait une colonie. Elle tirait son nom de Philippe Ier, roi de Macédoine.

14. * Lydie était probablement une personne riche et ne résidait que temporairement à Philippes. — Thyatire, sa patrie, célèbre par ses étoffes de pourpre, était une ville de Lydie, en Asie-Mineure, colonisée par les Macédoniens, entre Sardes et Pergame, sur la rivière du Lycus.

16. Un esprit de python ; un esprit de magie.

19. * Silas. Voir Act. XV, 22.

21. * Nous sommes Romains, parce que Philippes était une colonie romaine.

22. Déchirés de verges. Voy. Matth. XXI, 35.

24. Ces ceps sont deux ais de bois qui se réunissent, et qui sont percés à diverses distances, dans les trous desquels on mettait les pieds des prisonniers à plus ou moins de distance ; les prisonniers demeuraient ainsi couchés sur le dos, ayant les pieds serrés et les jambes étendues, d’une manière fort gênante.

35. * Les licteurs, officiers publics qui portaient des faisceaux de verges devant les magistrats romains et exécutaient leurs ordres.

37. * Sans jugement, nous, citoyens romains. La loi romaine protégeait avec beaucoup de soin les citoyens romains. « Beaucoup, dit Cicéron, peuvent être absous après qu’on a entendu leur cause ; personne ne peut être condamné sans avoir été entendu. C’est un crime d’enchainer et de frapper un citoyen romain. »

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CHAPITRE XVII

Paul à Thessalonique ; les Juifs y soulèvent le peuple contre lui. Il passe à Bérée ; les Juifs de Thessalonique l’y poursuivent. Il est conduit à Athènes. Il prêche dans l’Aréopage.

1. Après avoir passé par Amphipolis et Apollonie, ils vinrent à Thessalonique, à l’endroit où était la synagogue des Juifs.

2. Or, selon sa coutume, Paul y entra, et pendant trois sabbats, il les entretint des Écritures,

3. Leur découvrant et leur faisant voir qu’il a fallu que le Christ souffrît, et qu’il ressuscitât des morts ; et ce Christ, disait-il, est Jésus-Christ, que je vous annonce.

4. Quelques-uns d’entre eux crurent, et se joignirent à Paul et à Silas, aussi bien qu’une grande multitude de prosélytes, de gentils, et beaucoup de femmes de qualité.

5. Mais les Juifs, poussés par l’envie, prirent avec eux quelques hommes méchants de la lie du peuple, et, les attroupant, ils suscitèrent un mouvement dans la ville ; puis, assiégeant la maison de Jason, ils cherchaient Paul et Silas, pour les mener devant le peuple.

6. Et ne les ayant point trouvés, ils trainèrent Jason et quelques-uns des frères devant les magistrats de la ville, criant : Voici ceux qui troublent la ville, et qui sont venus ici,

7. Ceux que Jason a reçus ; or tous sont rebelles aux décrets de César, disant qu’il y a un autre roi, Jésus.

8. C’est ainsi qu’ils émurent le peuple et les magistrats de la ville, qui entendirent ce discours.

9. Mais Jason et les autres ayant donné caution, ils les renvoyèrent.

10. Et aussitôt les frères firent partir de nuit pour Bérée, Paul et Silas. Lorsqu’ils y furent arrivés, ils entrèrent dans la synagogue des Juifs.

11. Or ceux-ci avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique ; ils reçurent la parole avec la plus grande avidité, cherchant tous les jours dans les Écritures s’il en était ainsi.

12. De sorte que beaucoup d’entre eux crurent, et parmi les gentils, beaucoup de femmes de qualité, et des hommes en assez grand nombre.

13. Mais quand les Juifs de Thessalonique surent que la parole de Dieu était prêchée par Paul à Bérée même, ils y vinrent soulever et troubler la multitude.

14. Aussitôt les frères firent partir Paul, pour qu’il allât jusqu’à la mer ; mais Silas et Timothée demeurèrent à Bérée.

15. Or ceux qui conduisaient Paul, le menèrent jusqu’à Athènes ; et ayant reçu de lui, pour Silas et Timothée, l’ordre de venir le rejoindre au plus vite, ils partirent.

16. Pendant que Paul les attendait à Athènes, son esprit était ému en lui, voyant cette ville livrée à l’idolâtrie.

17. Il disputait donc dans la synagogue avec les Juifs et les prosélytes, et tous les jours sur la place publique avec ceux qui s’y rencontraient.

18. Quelques philosophes épicuriens et stoïciens discouraient aussi avec lui, et plusieurs disaient : Que veut dire ce semeur de paroles ? Et d’autres : Il parait annoncer des dieux nouveaux ; parce qu’il leur annonçait Jésus et la résurrection.

19. Et, l’ayant pris, ils le conduisirent devant l’Aréopage, disant : Pouvons-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que tu publies ?

20. Car tu portes à nos oreilles de certaines choses nouvelles ; nous voudrions donc savoir ce que ce peut être.

21.  (Or tous les Athéniens et les étrangers demeurant à Athènes ne s’occupaient qu’à dire ou à entendre quelque chose de nouveau.)

22. Ainsi, étant au milieu de l’Aréopage, Paul dit : Athéniens, je vous vois, en toutes choses, religieux presque jusqu’à l’excès.

23. Car, passant, et voyant vos simulacres, j’ai trouvé même un autel où il était écrit : Au Dieu inconnu. Or ce que vous adorez sans le connaitre, moi, je vous l’annonce.

24. Le Dieu qui a fait le monde, et tout ce qui est dans le monde, ce Dieu, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite point en des temples faits de la main des hommes,

25. Et n’est point honoré par les ouvrages des mains des hommes, comme s’il avait besoin de quelque chose, puisqu’il donne lui-même à tous la vie, la respiration et toutes choses ;

26. Il a fait que d’un seul toute la race des hommes habite sur toute la face de la terre, déterminant les temps de leur durée et les limites de leur demeure ;

27. Afin qu’ils cherchent Dieu, et s’efforcent de le trouver comme à tâtons, quoiqu’il ne soit pas loin de chacun de nous.

28. Car c’est en lui que nous vivons, et que nous nous mouvons et que nous sommes ; comme quelques-uns assurément de vos poètes l’ont dit : nous sommes même de sa race.

29. Puisque donc nous sommes la race de Dieu, nous ne devons pas estimer que l’être divin soit semblable à de l’or, ou à de l’argent, ou à de la pierre sculptée par l’art et l’industrie de l’homme.

30. Mais, fermant les yeux sur les temps d’une telle ignorance, Dieu annonce maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, fassent pénitence ;

31. Parce qu’il a fixé un jour auquel il doit juger le monde avec équité par l’homme qu’il a établi, comme il en a donné la preuve à tous, en le ressuscitant d’entre les morts.

32. Mais lorsqu’ils entendirent parler de résurrection de morts, les uns se moquaient, et les autres dirent : Nous t’entendrons là-dessus une autre fois.

33. C’est ainsi que Paul sortit d’au milieu d’eux.

34. Quelques-uns cependant, s’attachant à lui, crurent : entre lesquels, Denys l’aréopagite, et une femme du nom de Damaris, et d’autres avec eux.

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CHAP. XVII. 24. Gen. I, 1 ; Supra. VII, 48.

 

1. * Amphipolis, ville de Macédoine sur le Strymon, qui l’entourait, colonie athénienne, métropole sous les Romains de la première subdivision de la Macédoine. — Apollonie, autre ville de Macédoine, dans le district de Mygdónia, dédiée à Apollon, d’où elle tirait son nom. Elle était située entre Amphipolis et Thessalonique, à trente milles romains de la première et à trente-six milles de la seconde. — Thessalonique, métropole de la seconde partie de la Macédoine, port de mer sur le golfe Thermaïque (Θερμαϊκός), ville très peuplée et très florissante au temps de S. Paul. Elle tirait son nom de Thessaloníca, sœur d’Alexandre-le-Grand et femme de Cassandre, qui l’avait bâtie.

4. * Silas. Voir Act. XV, 22.

5. * Jason était probablement le parent de S. Paul mentionné Rom. XVI, 21.

10. * Bérée, ville de la troisième subdivision de la Macédoine, non loin de Pella, au pied du mont Bérmius. Sosípater, qui fut un des compagnons de S. Paul, était de Bérée, s’il est le même que Sópater d’Act. XX, 4, comme cela est probable.

15. * Athènes, la célèbre ville de l’Attique, faisait partie du temps de S. Paul de la province romaine d’Achaïe ; mais c’était une ville libre, jouissant à ce titre de beaucoup de privilèges et en particulier de celui de diriger elle-même ses affaires intérieures. Il y avait à Athènes quatre collines dont trois, au nord, formaient une espèce de demi-cercle : l’Acropole, à l’est, rocher d’environ 45 mètres de hauteur ; à l’ouest, l’Aréopage ou colline de Mars (Arès), moins élevé que l’Acropole, et ensuite le Pnyx où se tenaient les assemblées du peuple. La quatrième colline, appelée le Muséum, était au sud. L’agora ou place publique (verset 17) qui servait de lieu de réunion et de marché était dans la vallée entre les quatre éminences. S. Paul fut pris de l’agora pour être conduit sur la colline de l’Aréopage (verset 19) où le grand tribunal auquel la colline donnait son nom tenait ses séances. S. Paul est conduit sur la colline de l’Aréopage (non devant le tribunal pour y être jugé) afin d’exposer sa doctrine devant la multitude. Ces faits se passaient en l’an 53.

17. Prosélytes. Voy. II, 11.

18. Des dieux ; littér. : des démons. Mais, sous le nom de démons, les Grecs entendaient des dieux à leur manière. — * Quelques philosophes épicuriens et stoïciens. Les Épicuriens (disciples d’Épicure, né à Samos (341-270 av. J.-C.), mais d’origine athénienne et ayant passé la plus grande partie de sa vie à Athènes), faisaient consister le bien moral dans le plaisir et croyaient que les dieux ne s’occupaient pas des hommes. Leur doctrine était donc en opposition complète avec l’évangile. Les Stoïciens, ainsi appelés du portique (stoa en grec) où leur fondateur Zénon (IVe siècle avant J.-C.) enseignait à Athènes, faisaient consister la sagesse dans la résignation et le mépris de la douleur. Leur enseignement favorisait l’orgueil et était ainsi en contradiction avec le christianisme.

23. * Pausanias, dans sa description d’Athènes, dit que l’autel au Dieu inconnu était près de Phalère où peut-être S. Paul avait débarqué.

24. La divinité n’est point renfermée dans les temples, comme en ayant besoin pour sa demeure, ou pour d’autres usages, ainsi que les païens le croyaient. Mais, comme elle est présente en tout lieu, elle se trouve là, comme ailleurs.

28. * Quelques-uns de vos poètes, Arátus, poète cilicien, compatriote de S. Paul, et Cléanthe, disciple de Zénon. Ces deux poètes vivaient au troisième siècle avant J.-C.

34. * Denys l’aréopagite, c’est-à-dire juge au tribunal de l’Aréopage, selon la tradition de l’Église, devint le premier évêque de Paris et fut martyrisé à Montmartre. — Damaris. La mention qui est faite ici d’elle prouve qu’elle était de haut rang. On a supposé sans preuve que c’était la femme de Denys l’Aréopagite.

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CHAPITRE XVIII

Paul vient à Corinthe ; il travaille des mains avec Aquila et Priscille. Il quitte les Juifs et instruit les gentils. Il est accusé devant le proconsul. Il vient à Éphèse, va à Jérusalem, revient à Antioche, parcourt la Galatie et la Phrygie. Apollo vient à Éphèse et passe en Achaïe.

1. Après cela, Paul étant parti d’Athènes, vint à Corinthe ;

2. Et ayant trouvé un certain Juif, du nom d’Aquila, originaire du Pont, qui était depuis peu venu d’Italie avec Priscille, sa femme (parce que Claude avait ordonné à tous les Juifs de sortir de Rome), il se joignit à eux.

3. Et comme il était du même métier, il demeurait chez eux et y travaillait : or leur métier était de faire des tentes.

4. Mais il disputait dans les synagogues tous les jours de sabbat, interposant le nom du Seigneur Jésus, et il s’efforçait de persuader les Juifs et les Grecs.

5. Et lorsque Silas et Timothée furent venus de Macédoine, Paul s’appliquait à prêcher avec plus d’ardeur encore, annonçant hautement aux Juifs le Christ Jésus.

6. Mais les Juifs le contredisant et blasphémant, il secoua ses vêtements et leur dit : Que votre sang soit sur votre tête, j’en suis pur ; et désormais j’irai vers les gentils.

7. En sortant de là, il entra dans la maison d’un homme nommé Tite Juste, qui servait Dieu, et dont la maison était attenante à la synagogue.

8. Cependant Crispe, chef de la synagogue, crut au Seigneur avec toute sa famille. Beaucoup de Corinthiens, ayant entendu Paul, crurent aussi et furent baptisés.

9. Or le Seigneur dit à Paul la nuit, dans une vision : Ne crains point, mais parle, et ne te tais pas ;

10. Car je suis avec toi, et personne n’ira à ton encontre, pour te nuire, parce que j’ai un peuple nombreux dans cette ville.

11. Il demeura donc à Corinthe un an et six mois, enseignant chez eux la parole de Dieu.

12. Mais Gallion étant proconsul d’Achaïe, les Juifs, d’un commun accord, s’élevèrent contre Paul, et le conduisirent à son tribunal,

13. Disant : Celui-ci persuade aux hommes de rendre à Dieu un culte contraire à la loi.

14. Et au moment où Paul commençait à ouvrir la bouche, Gallion dit aux Juifs : S’il s’agissait, ô Juifs, de quelque injustice ou de quelque crime, je vous écouterais, comme c’est mon devoir.

15. Mais si ce ne sont que des questions de mots, de noms et de votre loi, voyez vous-mêmes ; je ne veux pas, moi, être juge de ces choses.

16. Et il les renvoya de son tribunal.

17. Et tous, s’emparant de Sosthène, chef de la synagogue, le frappaient devant le tribunal, et Gallion ne s’en mit nullement en peine.

18. Après qu’il eut demeuré un certain nombre de jours encore, Paul dit adieu aux frères, et fit voile pour la Syrie (et avec lui Priscille et Aquila), s’étant fait auparavant couper les cheveux à Cenchris ; car il avait fait un vœu.

19. Et il vint à Éphèse, où il laissa Priscille et Aquila. Mais lui, étant entré dans la synagogue, il disputait avec les Juifs.

20. Et ceux-ci le priant de rester plus longtemps avec eux, il n’y consentit point.

21. Mais ayant pris congé d’eux, et leur ayant dit : Je reviendrai vers vous, si Dieu le veut, il partit d’Éphèse,

22. Et étant descendu à Césarée, il monta et salua l’Église ; puis il descendit à Antioche.

23. Et après y avoir passé quelque temps, il partit, parcourant par ordre tout le pays de Galatie et la Phrygie, et fortifiant tous les disciples.

24. Or un Juif, du nom d’Apollo, Alexandrin d’origine, homme éloquent et puissant dans les Écritures, vint à Éphèse.

25. Il avait été instruit de la voie du Seigneur, et, fervent d’esprit, il parlait et enseignait avec soin ce qui regarde Jésus, mais ne connaissant que le baptême de Jean.

26. Il commença donc à parler avec assurance dans la synagogue. Lorsque Priscille et Aquila l’eurent entendu, ils le prirent chez eux, et lui exposèrent avec plus de soin la voie du Seigneur.

27. Et comme il voulait aller en Achaïe, les frères qui l’y avaient exhorté, écrivirent aux disciples de le recevoir. Lorsqu’il fut arrivé, il servit beaucoup à ceux qui avaient embrassé la foi.

28. Car il convainquait fortement les Juifs, montrant par les écritures que Jésus est le Christ.

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CHAP. XVIII. — 8. I Cor. I, 14. — 18. Num. VI, 18 ; Infra. XXI, 24.

 

1. * À Corinthe, ville capitale de l’Achaïe propre, dans l’isthme du Péloponnèse, entre la mer Ionienne et la mer Égée. Voir l’introduction aux Épitres aux Corinthiens. Le voyage de S. Paul à Corinthe eut lieu l’an 53 de notre ère. Il y séjourna pendant une partie de l’an 54 jusque vers la fête de Pâques.

2. * Aquila, d’origine juive, né en Asie Mineure, dans le Pont (voir Act. II, 9), avait vécu à Rome avec sa femme Priscille jusqu’en l’an 50 ou 51 où l’empereur Claude (voir Act. XI, 28) bannit tous les Juifs de sa capitale, à cause des troubles qu’ils y avaient excités et qui paraissent avoir eu pour cause la division que la prédication du christianisme amena entre les Juifs qui refusèrent de se convertir et ceux qui se convertirent. Priscille parait avoir été une femme remarquable et avoir joué avec Aquila un rôle assez important dans les temps apostoliques. Elle s’était retirée avec son mari à Corinthe et c’est là qu’ils rencontrèrent S. Paul. On ignore s’ils étaient déjà chrétiens ou si ce fut l’Apôtre qui leur fit embrasser la religion nouvelle. Ils accompagnèrent plus tard S. Paul à Éphèse et quand le décret de bannissement de Claude fut tombé en désuétude, ils retournèrent à Rome. La tradition nous apprend qu’ils moururent l’un et l’autre martyrs. — Priscilla est le diminutif de Prisca et cette femme est nommée indifféremment sous l’une ou l’autre forme, conformément à un usage commun chez les Latins.

3. * Leur métier était de faire des tentes. En Orient, pour des voyages un peu considérables, il fallait emporter avec soi des tentes afin de s’y abriter. S. Paul et Aquila fabriquaient de ces petites tentes. Ce métier était très commun en Cilicie, patrie de S. Paul ; on y faisait des tentes en grand nombre avec du poil de chèvre et ce tissu avait pris le nom de cilícium, du pays d’où il venait. S. Paul avait dû apprendre ce métier pendant qu’il faisait ses études, selon la coutume juive d’enseigner à chacun les moyens de gagner sa vie en cas de besoin.

5. * Silas. Voir Act. XV, 22. — Timothée. Voir l’Introduction aux Épitres pastorales, p---. — De Macédoine. Voir Act. XVI, 9.

7. * Tite Juste. Le nom de Tite ne se lit pas dans la plupart des manuscrits grecs. Ce Corinthien n’est point le Tite à qui S. Paul a écrit une de ses Épitres pastorales.

8. * Crispe, chef de la synagogue. Sur le chef de la synagogue, voir Marc. V, 22. Crispe ou Crispus fut baptisé par S. Paul, I Cor. I, 14.

12. * Gállio. « Le proconsul au tribunal duquel on traine l’Apôtre est Gállio († 65), frère de Sénèque le philosophe et oncle du poète Lucain. Non moins versé dans la littérature que dans l’administration, ce magistrat, d’origine obscure, avait pris le nom d’un Romain opulent, Junius Gállio, qui l’avait adopté ; et la faveur de son frère lui avait valu le proconsulat d’Achaïe. Sénèque lui dédia son traité De la Colère, en lui rendant ce témoignage, confirmé par Stace et non contredit par S. Luc, qu’il était le plus patient et le plus pacifique des hommes : Dulcis Gállio. Il eut besoin plus tard de sa patience et de sa philosophie pour supporter la disgrâce de son frère, et la sienne qui suivit de près. S. Paul était à Corinthe depuis dix-huit mois, lorsqu’il comparut devant ce proconsul. » (L. Bacuez.) Proconsul d’Achaïe. L’Achaïe, dans le sens restreint, désignait la partie maritime septentrionale du Péloponnèse. Dans son sens plus étendu, celui qu’il a ici et dans tout le Nouveau Testament, l’Achaïe est la province romaine qui depuis l’an 146 avant J.-C. comprenait toute la Grèce, à l’exception de la Thessalie, qui faisait partie de la province de Macédoine.

17. * Sosthène avait peut-être remplacé Crispe comme chef de la synagogue de Corinthe après la conversion de ce dernier. S. Paul, dans sa première Épitre aux Corinthiens, I, 1, nomme un Sosthène parmi ses collaborateurs. On ignore si c’est celui dont il est question ici. Ce nom était assez commun chez les Grecs.

18. * Pour la Syrie. Voir Matth. IV, 24. — S’étant fait auparavant couper les cheveux…, car il avait fait un vœu, pour remercier sans doute le Seigneur du succès de sa mission apostolique. Josèphe dit que c’était de son temps une pieuse coutume parmi les Juifs de recourir à la protection divine en s’engageant à offrir un sacrifice dans le temple de Jérusalem et, trente jours auparavant, à se couper les cheveux et à s’abstenir de vin. — À Cenchris, un des ports de Corinthe, du côté de l’Asie, sur le golfe Salonique.

19. * « Éphèse, ville libre de l’empire, bâtie sur les bords du Caïstre, entre Milet et Smyrne, célèbre par son commerce, son temple de Diane et son zèle pour le culte de sa grande déesse, était la métropole de l’Asie proconsulaire. Au-dessous du proconsul, qui avait le gouvernement de la province, était un magistrat, nommé Scribe, ou intendant de la cité. Des dignitaires nommés Asiarques, veillaient aux fêtes religieuses et aux représentations scéniques. Les Éphésiens passionnés pour l’honneur de la déesse ne l’étaient pas moins pour le plaisir et pour la magie, et il était difficile de trouver ailleurs plus de fanatisme et de superstition. — Le premier séjour de S. Paul en cette ville, au retour de sa seconde mission, fut de courte durée ; mais l’Apôtre revint bientôt et y séjourna deux ans et quelques mois (55-58), c’est-à-dire plus longtemps qu’en aucun autre endroit, excepté Rome. Malgré l’opposition des Juifs, qui s’y étaient établis en grand nombre, ses travaux produisirent des fruits abondants qui s’étendirent à toute la province d’Asie. Il écrivit de là sa première Épitre aux Corinthiens. Obligé de s’éloigner de l’Église qu’il avait fondée, il lui donna pour évêque Timothée, son disciple ; ce qui n’empêcha pas S. Jean de s’établir aussi à Éphèse après la mort de la sainte Vierge, et d’exercer longtemps sur toute la contrée le pouvoir exceptionnel que lui donnait sa qualité d’Apôtre. — Le tableau si vif et si frappant que l’auteur des Actes trace de la sédition à laquelle S. Paul crut devoir céder aussi bien que de son séjour à Athènes, semble ne pouvoir venir que d’un témoin oculaire. Néanmoins il est remarquable qu’il y parle toujours à la troisième personne. Il ne recommence à se mêler au récit qu’après le passage de l’Apôtre en Grèce, à son retour par la Macédoine. » (L. Bacuez.)

22. * Césarée. Voir Act. IX, 30. — Il monta à Jérusalem. Ce voyage de S. Paul à Jérusalem était le quatrième qu’il faisait dans cette ville depuis sa conversion. — Il descendit de Jérusalem à Antioche de Syrie et là se termina le second voyage apostolique de S. Paul, qui avait duré trois ans, de 51 à 54.

23. Par ordre ; c’est-à-dire en suivant l’ordre des lieux. — * Il partit. C’est le commencement de la troisième mission de S. Paul, entreprise avec Timothée et Erástus, en 54. — Galatie, province du centre de l’Asie Mineure. Elle tirait son nom des Gaulois qui, après avoir quitté leur patrie, s’étaient rendus en Trace et de là au IIIe siècle avant notre ère en Asie Mineure. En 188 av. J.-C., ils furent soumis par les Romains, mais eurent néanmoins des rois propres jusqu’en 26 av. J.-C., où leur pays fut réduit en province romaine. — La Phrygie. Voir Act. II, 10.

24. * Apollo. Voir I Cor. I, 12.

27. Il servit beaucoup, etc., par la lumière et la grâce dont il était rempli.

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CHAPITRE XIX

Paul vient à Éphèse. Disciples qui n’avaient reçu que le baptême de Jean. Miracles de Paul. Exorcistes. Juifs battus par les démons. Progrès de la parole divine. Sédition contre Paul, excitée par Demétrius.

1. Or il arriva pendant qu’Apollo était à Corinthe, que Paul, ayant parcouru les provinces supérieures, vint à Éphèse et y trouva quelques disciples,

2. Et il leur demanda : Avez-vous reçu l’Esprit-Saint depuis que vous croyez ? Ils lui répondirent : S’il y a un Esprit-Saint, nous ne l’avons pas même ouï dire.

3. Et lui leur repartit : De quel baptême avez-vous donc été baptisés ? Ils répondirent : Du baptême de Jean.

4. Alors Paul répliqua : Jean a baptisé le peuple du baptême de pénitence, leur disant de croire en celui qui devait venir après lui, c’est-à-dire en Jésus-Christ.

5. Ces paroles entendues, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus.

6. Et après que Paul leur eut imposé les mains, l’Esprit-Saint descendit sur eux, et ils parlaient diverses langues, et prophétisaient.

7. Ils étaient en tout environ douze.

8. Alors étant entrés dans la synagogue, il y parla avec assurance pendant trois mois, disputant et les persuadant du royaume de Dieu.

9. Et, comme quelques-uns s’endurcissaient et ne croyaient point, maudissant la voie du Seigneur devant la multitude, il s’éloigna d’eux, et en sépara ses disciples ; il disputait tous les jours dans l’école d’un certain Tyran.

10. Or c’est ce qui se fit pendant deux ans ; de sorte que tous ceux qui demeuraient en Asie, Juifs et gentils, entendirent la parole du Seigneur.

11. Et Dieu faisait, par la main de Paul, des miracles extraordinaires ;

12. Au point même que l’on mettait sur les malades des mouchoirs et des tabliers qui avaient touché son corps, et ils étaient guéris de leurs maladies, et les esprits mauvais sortaient.

13. Or quelques Juifs exorcistes, qui allaient de côté et d’autre, tentèrent d’invoquer le nom de Jésus sur ceux qui avaient en eux des esprits mauvais, disant : Je vous adjure par le Jésus que Paul prêche.

14. C’étaient sept fils de Sceva, Juif et prince des prêtres, qui faisaient cela.

15. Mais l’esprit mauvais, répondant, leur dit : Je connais Jésus, et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ?

16. Et l’homme en qui était le plus mauvais démon s’élança sur eux, et, s’étant rendu maitre de deux d’entre eux, il les maltraita de telle sorte, qu’ils s’enfuirent de cette maison, nus et blessés.

17. Cela fut connu de tous les Juifs et gentils qui habitaient Éphèse ; et la crainte s’empara d’eux tous, et le nom du Seigneur Jésus était glorifié.

18. Beaucoup d’entre les croyants venaient, confessant, et déclarant ce qu’ils avaient fait.

19. Et beaucoup aussi de ceux qui avaient exercé les arts curieux, apportèrent leurs livres, et les brulèrent en présence de tous ; et le prix en ayant été supputé, on trouva la somme de cinquante mille deniers.

20. Ainsi croissait et s’affermissait puissamment la parole de Dieu.

21.Ces choses accomplies, Paul résolut, par un mouvement de l’Esprit-Saint, la Macédoine et l’Achaïe traversées, d’aller à Jérusalem, disant : Après que j’aurai été là, il faut que je voie Rome aussi.

22. Et envoyant en Macédoine deux de ceux qui l’assistaient, Timothée et Erástus, il demeura lui-même quelque temps en Asie.

23. Mais il survint en ce temps-là, un grand trouble au sujet de la voie du Seigneur.

24. Car un certain orfèvre, du nom de Demétrius, qui, faisant en argent de petits temples de Diane, procurait un gain considérable aux ouvriers,

25. Les ayant assemblés, avec d’autres qui faisaient de ces sortes d’ouvrages, il dit : Hommes, vous savez que c’est de cette industrie que vient notre gain ;

26. Et vous voyez et entendez dire que ce Paul ayant persuadé non seulement Éphèse, mais presque toute l’Asie, il a détourné une grande multitude, disant : Ils ne sont pas dieux ceux qui sont faits par des mains.

27. Or, non seulement nous courons risque que notre métier soit décrié, mais que le temple même de la grande Diane tombe dans le mépris, et que s’anéantisse insensiblement la majesté de celle que toute l’Asie et le monde entier révère.

28. Ce discours entendu, ils furent remplis de colère, et ils s’écrièrent, disant : Grande est la Diane des Éphésiens !

29. La ville fut aussitôt remplie de confusion, et ils firent irruption dans le théâtre, y entrainant Gaius et Aristárchus, macédoniens, compagnons de voyage de Paul.

30. Or Paul, voulant pénétrer au milieu du peuple, les disciples ne le permirent pas.

31. Quelques-uns aussi des Asiarques, qui étaient ses amis, envoyèrent vers lui, le priant de ne pas se présenter au théâtre ;

32. Cependant les uns criaient une chose, les autres une autre. Car c’était une réunion confuse, et la plupart ne savaient pourquoi ils étaient assemblés.

33. Cependant on dégagea Alexandre de la foule, à l’aide des Juifs qui le poussaient devant eux. Or Alexandre demanda de la main qu’on fît silence, voulant se défendre devant le peuple.

34. Mais, dès qu’il eut été reconnu pour Juif, tous, d’une seule voix, crièrent pendant environ deux heures : Grande est la Diane des Éphésiens !

35. Alors le scribe ayant apaisé la foule, dit : Éphésiens, quel est l’homme qui ignore que la ville d’Éphèse rend un culte à la grande Diane, fille de Jupiter ?

36. Puisque donc on ne peut le contester, il faut que vous soyez calmes, et que vous ne fassiez rien témérairement.

37. Car vous avez amené ces hommes, qui ne sont ni sacrilèges, ni blasphémateurs de votre déesse.

38. Que si Demétrius et les ouvriers qui sont avec lui ont à se plaindre de quelqu’un, il y a des audiences publiques, il existe des proconsuls ; qu’ils s’accusent les uns les autres.

39. Mais si vous avez quelque autre affaire à proposer, elle pourra se terminer dans une assemblée régulière.

40. Car nous courons risque d’être accusés de sédition sur ce qui s’est passé aujourd’hui n’y ayant personne qui donne un motif (que nous puissions justifier) de cet attroupement. Et lorsqu’il eut dit cela, il congédia l’assemblée.

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CHAP. XIX. 4. Matth. III, 11 ; Marc. I, 8 ; Luc. III, 16 ; Joan. I, 26 ; Supra. I, 5 ; XI, 16.

 

6. Imposé les mains : rite de la confirmation. — Parler diverses langues, etc. voy. I Cor. XIV, 2.

9. * Un certain Tyran. Ce personnage est inconnu. D’après les uns, c’était un Juif, qui enseignait dans une de ces écoles qu’on annexait quelquefois aux synagogues ; d’après les autres, c’était un philosophe païen qui était à la tête d’une école profane.

10. * En Asie, dans la partie de l’Asie Mineure dont les Romains avaient fait sous ce nom une province proconsulaire. Durant deux ans : Pendant ce séjour de deux ans à Éphèse, Paul écrivit plusieurs épitres : celle aux Galates, la première aux Corinthiens, etc. — Tous ceux : hyperbole. — L’Asie proconsulaire.

11. Par la main de Paul. Voy. V, 12.

12. * Des mouchoirs. Voir Luc. XIX, 20.

13. * Juifs exorcistes, Juifs vagabonds, qui faisaient profession de chasser les démons.

14. * Sceva était prince des prêtres, c’est-à-dire probablement chef d’une des vingt-quatre familles sacerdotales. Il n’est pas dit qu’il résidât lui-même à Éphèse.

19. * Les arts curieux ou magiques. La magie était en si grand honneur à Éphèse, que les formules magiques qu’on portait en Orient comme amulettes s’appelaient lettres éphésiennes. — Leurs livres, qui traitaient de la magie et en renfermaient les formules. — Cinquante mille deniers, 43 500 francs (en 1900).

21. * La Macédoine et l’Achaïe. Voir Act. XVI, 9 et XVIII, 12. — Rome, la capitale de l’empire, avait déjà des chrétiens assez nombreux dans son sein.

22. * Timothée. Voir l’Introduction aux Épitres pastorales. — Erástus est probablement le même qui est nommé dans la seconde Épitre à Timothée (verset 20), mais il n’est pas possible de savoir si c’est celui qui est qualifié de trésorier de Corinthe dans l’Épitre aux Romains, XVI, 23.

24. * Demétrius faisait fabriquer de petits édicules qui représentaient le célèbre temple de Diane d’Éphèse, considéré par les anciens comme l’une des merveilles du monde. — La Diane d’Éphèse différait de la Diane grecque. Elle se rapprochait de l’Astarté syrienne et par conséquent de Vénus.

26. * Presque toute l’Asie proconsulaire. Voir Act. XVI, 6.

28. * Grande était le titre spécial de la Diane des Éphésiens.

29. * Gaius, inconnu, différent du Gaius d’Act. XX, 4. — Aristárchus était de Thessalonique. Il était avec S. Paul à Rome (Act. XXVII, 2) et il est mentionné comme collaborateur de l’Apôtre et prisonnier avec lui, Col. IV, 10 et Philem. I, 24. D’après la tradition, il devint évêque d’Apamée.

31. Les Asiarques étaient les pontifes païens de l’Asie ; on les choisissait parmi les plus riches et les plus considérables de la province.

35. * Le scribe d’Éphèse était un fonctionnaire public chargé de la rédaction et de la garde des actes administratifs.

37. Ni des blasphémateurs de votre déesse : « Paul et les siens avaient évité, par prudence, toute attaque directe contre le culte de Diane ; la simple exposition de la doctrine évangélique suffisait à leur cause. » (Crampon)

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CHAPITRE XX

Paul va en Macédoine et en Grèce. Il prêche à Troas. Mort et résurrection d’Eutychus. Paul arrive à Milet. Il y assemble les prêtres et les évêques de l’Église d’Éphèse. Discours de Paul dans cette assemblée.

1. Après que le tumulte eut cessé, Paul ayant appelé les disciples, et leur ayant fait une exhortation, leur dit adieu, et partit pour aller en Macédoine.

2. Lorsqu’il eut parcouru ces contrées et fait beaucoup d’exhortations, il vint en Grèce ;

3. Où, après avoir séjourné trois mois, il résolut de s’en retourner par la Macédoine, les Juifs lui ayant dressé une embuscade sur le chemin qu’il devait prendre pour se rendre par mer en Syrie.

4. Sópater, fils de Pyrrhus, de Bérée, l’accompagna, de même qu’Aristárchus et Second, Thessaloniciens ; Gaius, de Derbe, et Timothée ; Týchicus et Tróphimus, tous deux d’Asie.

5. Ceux-ci étant allés devant, nous attendirent à Troas ;

6. Pour nous, après les jours des azymes, nous nous embarquâmes à Philippes, et en cinq jours nous les rejoignîmes à Troas, où nous demeurâmes sept jours.

7. Le premier jour de la semaine, les disciples étant assemblés pour rompre le pain, Paul, qui devait partir le lendemain, les entretenait, et il prolongea son discours jusqu’au milieu de la nuit.

8. Or il y avait beaucoup de lampes dans le cénacle où nous étions rassemblés.

9. Et un jeune homme, du nom d’Eutychus, qui était assis sur la fenêtre, était enseveli dans un profond sommeil, car Paul parlait depuis longtemps, et entrainé par le sommeil, tomba du troisième étage en bas, et fut relevé mort.

10. Paul étant descendu où il était, s’étendit sur lui, et, l’ayant embrassé, dit : Ne vous troublez point, car son âme est en lui.

11. Puis étant remonté et ayant rompu le pain et mangé, il leur parla encore beaucoup jusqu’au jour, et il partit ainsi.

12. Or on ramena le jeune homme vivant, et ils en furent grandement consolés.

13. Pour nous, montant sur le vaisseau, nous naviguâmes vers Asson, où nous devions reprendre Paul ; car il l’avait ainsi disposé, devant lui-même aller par terre.

14. Lors donc qu’il nous eut rejoints à Asson, nous le reprîmes, et nous vînmes à Mitylène.

15. Et de là, naviguant, nous arrivâmes le jour suivant devant Chio ; le lendemain nous abordâmes à Samos, et le jour d’après nous vînmes à Milet ;

16. Car Paul s’était proposé de passer Éphèse sans y prendre terre, de peur d’éprouver quelque retard en Asie. Car il se hâtait, afin d’être, s’il lui eût été possible, le jour de la Pentecôte à Jérusalem.

17. Or, de Milet envoyant à Éphèse, il appela les anciens de l’Église.

18. Et lorsqu’ils furent venus près de lui, et qu’ils étaient assemblés, il leur dit : Vous savez comment, dès le premier jour où je suis entré en Asie, j’ai été en tout temps avec vous,

19. Servant le Seigneur en toute humilité, au milieu des larmes et des épreuves qui me sont survenues par les trames des Juifs ;

20. Comment je ne vous ai soustrait aucune des choses utiles, et que rien ne m’a empêché de vous les annoncer, et de vous les enseigner publiquement et dans les maisons.

21. Prêchant aux Juifs et aux gentils la pénitence envers Dieu, et la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ.

22. Et maintenant voilà que, lié par l’Esprit, je m’en vais à Jérusalem, ignorant ce qui doit m’y arriver :

23. Si ce n’est que, dans toutes les villes, l’Esprit-Saint m’atteste que des chaines et des tribulations m’attendent à Jérusalem.

24. Mais je ne crains rien de ces choses, et je ne regarde pas ma vie comme plus précieuse que moi, pourvu que j’accomplisse ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, de rendre témoignage à l’Évangile de la grâce de Dieu.

25. Et maintenant voilà que je sais que vous ne verrez plus mon visage, vous tous au milieu desquels j’ai passé, annonçant le royaume de Dieu.

26. C’est pourquoi je vous prends à témoins aujourd’hui que je suis pur du sang de vous tous.

27. Car je ne me suis point refusé à vous annoncer tous les desseins de Dieu.

28. Soyez donc attentifs et à vous et à tout le troupeau sur lequel Dieu vous a établis évêques, pour gouverner l’Église de Dieu, qu’il a acquise par son sang.

29. Car moi je sais qu’après mon départ s’introduiront parmi vous des loups ravissants, qui n’épargneront point le troupeau ;

30. Et que, d’au milieu de vous-mêmes, s’élèveront des hommes qui enseigneront des choses perverses, afin d’attirer les disciples après eux.

31. C’est pourquoi, veillez, retenant en votre mémoire que pendant trois ans je n’ai cessé d’avertir avec larmes chacun de vous.

32. Et maintenant, je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, à celui qui est puissant pour édifier, et pour donner un héritage parmi tous les sanctifiés.

33. Je n’ai convoité ni l’or, ni l’argent, ni le vêtement de personne, comme

34. Vous le savez vous-mêmes ; parce que, à l’égard des choses dont moi et ceux qui sont avec moi avions besoin, ces mains y ont pourvu.

35. Je vous ai montré en tout que c’est en travaillant ainsi qu’il faut soutenir les faibles, et se souvenir de la parole du Seigneur Jésus ; car c’est lui-même qui a dit : Il est plus heureux de donner que de recevoir.

36. Lorsqu’il eut dit ces choses, il se mit à genoux, et pria avec eux tous.

37. Et il y eut un grand pleur parmi eux tous, et se jetant au cou de Paul, ils le baisaient,

38. Affligés surtout de la parole qu’il avait dite, qu’ils ne devaient plus revoir son visage. Et ils le conduisirent jusqu’au vaisseau.

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CHAP. XX. 34. I Cor. IV, 12 ; I Thess. II, 9 ; II Thess. III, 8.

 

1. En se retirant, Paul ne cède pas à un sentiment de crainte et de pusillanimité personnelle, mais il agit très sagement ; il évite par là que Demétrius et les ouvriers ne se jettent sur tous les chrétiens et ne les immolent à leur fureur. C’est ainsi qu’en a usé plus tard saint Athanase dans ses démêlés avec les Ariens. — * En Macédoine. Voir Act. XVI, 9.

2. * En Grèce, par opposition à la Macédoine. La Grèce signifie ici la même chose qu’Achaïe dans le reste des Actes. Voir Act. XVIII, 12.

3. * En Syrie. Voir Matth. IV, 24.

4. * Sópater, probablement le même que Sosípater, parent de S. Paul, Rom. XVI, 21. — Aristárchus. Voir Act. XIX, 29. — Second. Ce personnage, qui porte un nom latin, est inconnu, de même que Gaius de Derbe. — Timothée. Voir l’introduction aux Épitres pastorales. — Týchicus, peut-être originaire d’Éphèse, fut probablement le même qui porta les Épitres de S. Paul aux églises d’Éphèse et de Colosses (Eph. VI, 21 ; Col. IV, 7). On croit qu’il accompagna Titus et Trophimus dans la mission de Corinthe mentionnée II Cor. VIII, 16-24. — Trophimus.« Ce Trophimus est l’évêque que l’Église d’Arles honore comme son apôtre. Il était d’Éphèse et Gentil d’origine. Après avoir suivi S. Paul à Jérusalem, il parait l’avoir rejoint à Rome, puis accompagné dans ses dernières missions. La seconde Épitre à Timothée nous le montre retenu à Milet par la maladie, durant la dernière captivité de l’Apôtre ; mais, d’après la tradition, il n’aurait guère tardé à repasser, comme S. Crescent, de l’Orient dans les Gaules. S’étant fixé à Arles, il prêcha l’Évangile avec zèle, et cultiva avec tant de soin le champ qui lui avait été assigné, que de là, comme d’une source abondante, les ruisseaux de la foi se répandirent dans la France entière. » Ces paroles du Martyrologe romain, 29 décembre, empruntées de la première Épitre de S. Zósimus (417), indiquent l’existence d’une tradition, attestée quelques années plus tard (450), plus d’un siècle avant S. Grégoire de Tours, par tous les évêques de la province de Vienne. » (L. Bacuez.)

5. * À Troas. Voir Act. XVI, 8.

6. * Après les jours des azymes. Voir Matth. XXVI, 17. — À Philippes. Voir Act. XVI, 12.

7. * Le premier jour de la semaine, le dimanche.

8. * Cénacle, hyperôon, voir Marc. II, 4.

9. * Eutychus. Ce nom signifie fortuné.

13. * Asson ou Assos, port de mer de Mysie, vis-à-vis et au nord de l’ile de Lesbos, à neuf milles romains de la ville de Troas.

14. * Mitylène, capitale de Lesbos, au sud de l’ile, dans la mer Égée, aujourd’hui Metelin, autrefois célèbre par sa beauté, sa richesse et la culture littéraire de ses habitants.

15. * Devant Chio, ile de la mer Égée, entre Lesbos et Samos, près de la Lydie. — À Samos, ile de la mer Égée, non loin du continent et d’Éphèse. — À Milet, au sud d’Éphèse, ancienne capitale de l’Ionie, près de l’embouchure du Méandre, aujourd’hui complètement ruinée. Elle avait quatre ports et fonda un grand nombre de colonies.

16. * En Asie. Dans l’Asie proconsulaire. Voir Act. XVI, 6.

17. Les anciens de l’Église. Ce nom est commun aux prêtres et aux évêques (vers. 28). Il désignait en général les chefs d’une communauté, chargés de l’instruire, de la diriger, d’administrer les sacrements, etc. sans désignation de rang ou d’ordre hiérarchique (Beelen). Saint Irénée pense que l’apôtre fit venir non seulement l’évêque d’Éphèse et les prêtres de cette Église, mais aussi ceux des Églises voisines.

25. Saint Paul pensait qu’il ne reviendrait plus à Milet ; mais on voit dans ses Épitres qu’il forma depuis le dessein de retourner en Asie ; et il parait qu’en effet il y retourna.

30. Des hommes : saint Paul a en vue les gnostiques.

34. * Ces mains y ont pourvu en fabriquant des tentes. Voir Act. XVIII, 3.

35. Soutenir les faibles ; d’autres trad., secourir les pauvres. — Il est plus heureux, etc. Ces paroles ne se trouvent pas dans l’Évangile ; saint Paul les avait apprises par la tradition des autres apôtres.

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CHAPITRE XXI

Paul va à Jérusalem. Filles de Philippe prophétesses. Agábus prédit les liens de Paul. Paul arrive à Jérusalem ; il se purifie dans le temple, est maltraité par les Juifs, et enchainé par le tribun de la cohorte romaine.

1. Or il arriva qu’ayant fait voile, après nous être arrachés d’eux, nous vînmes droit à Cos, et le jour suivant à Rhodes, et de là à Pátara.

2. Et ayant rencontré un vaisseau qui allait en Phénicie, nous y montâmes, et mîmes à la voile.

3. Quand nous fumes en vue de Chypre, la laissant à gauche, nous naviguâmes vers la Syrie et vînmes à Tyr, car c’est là que le vaisseau devait déposer sa charge.

4. Or, y ayant trouvé les disciples, nous y demeurâmes sept jours ; et les disciples disaient par l’Esprit-Saint à Paul, de ne point monter à Jérusalem.

5. Et ces jours écoulés, nous partîmes, et ils vinrent tous, avec leurs femmes et leurs enfants, nous conduire jusque hors de la ville ; et nous étant agenouillés sur le rivage, nous priâmes.

6. Et après nous être dit adieu les uns aux autres, nous montâmes sur le vaisseau, et ils s’en retournèrent chez eux.

7. Pour nous, terminant notre navigation de Tyr, nous descendîmes à Ptolémaïde, et, les frères salués, nous demeurâmes un jour avec eux.

8. Le lendemain, étant partis, nous vînmes à Césarée ; et, entrant dans la maison de Philippe, l’évangéliste, qui était un des sept, nous demeurâmes chez lui.

9. Il avait quatre filles vierges qui prophétisaient.

10. Et comme nous y demeurâmes quelques jours, il arriva de Judée un prophète nommé Agábus.

11. Or, étant venu nous voir, il prit la ceinture de Paul, et, se liant les pieds et les mains, il dit : Voici ce que dit l’Esprit-Saint : L’homme à qui est cette ceinture, les Juifs le lieront ainsi à Jérusalem, et ils le livreront entre les mains des gentils.

12. Ce qu’ayant entendu, nous conjurions Paul, nous et ceux qui étaient en cet endroit, de ne point monter à Jérusalem.

13. Alors Paul répondit et dit : Que faites-vous, pleurant et affligeant mon cœur ? Car moi, je suis prêt, non seulement à être lié, mais à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus.

14. Mais ne pouvant le persuader, nous nous tînmes en repos, disant : Que la volonté du Seigneur soit faite.

15. Après ces jours, ayant fait nos préparatifs, nous partîmes pour Jérusalem.

16. Or avec nous vinrent aussi quelques disciples de Césarée, amenant avec eux un certain Mnason, de Chypre, ancien disciple, chez qui nous devions loger.

17. Quand nous fûmes arrivés à Jérusalem, les frères nous reçurent avec joie.

18. Le jour suivant, Paul entrait avec nous chez Jacques, et tous les anciens s’assemblèrent.

19. Après les avoir salués, il racontait en détail ce que Dieu avait fait pour les gentils par son ministère.

20. Or eux, l’ayant entendu, glorifiaient Dieu ; et ils lui dirent : Tu vois, mon frère, combien de milliers de Juifs ont cru ; cependant tous sont zélés pour la loi.

21. Or ils ont ouï dire de toi que tu enseignes aux Juifs qui sont parmi les gentils, d’abandonner Moïse, disant qu’ils ne doivent point circoncire leurs fils, ni marcher selon les coutumes.

22. Que faire donc ? Certainement la multitude devra s’assembler, car ils apprendront que tu es arrivé.

23. Fais donc ce que nous te disons : Nous avons ici quatre hommes qui sont liés par un vœu.

24. Prends-les avec toi, purifie-toi avec eux, et paie pour eux, afin qu’ils se rasent la tête, et tous sauront que ce qu’ils ont entendu dire de toi est faux ; mais que toi aussi tu marches observant la loi.

25. Quant à ceux qui ont cru d’entre les gentils, nous avons écrit qu’ils devaient s’abstenir de ce qui a été immolé aux idoles, du sang, des animaux étouffés et de la fornication.

26. Alors Paul ayant pris ces hommes, et s’étant le lendemain purifié avec eux, entra dans le temple, indiquant les jours où s’accomplirait la purification, et quand l’offrande serait présentée pour chacun d’eux.

27. Mais comme les sept jours s’écoulaient, les Juifs d’Asie l’ayant vu dans le temple, émurent tout le peuple, et mirent la main sur lui, criant :

28. Hommes d’Israël, au secours ! Voici l’homme qui enseigne partout contre le peuple, contre la loi, et contre ce lieu ; et qui, de plus, a introduit des gentils dans le temple, et a ainsi violé le saint lieu.

29. Ils avaient vu, en effet, Tróphimus, d’Éphèse, dans la ville avec Paul, et ils pensèrent que Paul l’avait introduit dans le temple.

30. Aussitôt toute la ville s’émut, et il se fit un grand concours de peuple. S’étant donc saisis de Paul, ils l’entrainèrent hors du temple ; et aussitôt les portes furent fermées.

31. Comme ils cherchaient à le tuer, on vint dire au tribun de la cohorte : Tout Jérusalem est en confusion.

32. Celui-ci ayant pris, sur le champ, des soldats et des centurions, courut à eux. Dès qu’ils virent le tribun et les soldats, ils cessèrent de frapper Paul.

33. Alors s’approchant, le tribun le prit, et le fit lier de deux chaines ; et il demandait qui il était, et ce qu’il avait fait.

34. Mais, dans la foule, l’un criait une chose, l’autre une autre. Ne pouvant rien savoir de certain à cause du tumulte, il le fit conduire au camp.

35. Lorsque Paul fut arrivé sur les degrés, les soldats le portèrent, à cause de la violence du peuple.

36. Car une multitude de peuple le suivait, criant : Ôte-le du monde.

37. Comme il allait entrer dans le camp, Paul demanda au tribun : M’est-il permis de vous dire quelque chose ? Le tribun lui répondit : Sais-tu le grec ?

38. N’es-tu pas cet Égyptien qui a excité, il y a quelques jours, une sédition, et qui a conduit au désert quatre mille sicaires ?

39. Et Paul lui répondit : Je vous assure que je suis Juif, de Tarse en Cilicie, et citoyen de cette ville qui n’est pas inconnue. Permettez-moi, je vous prie, de parler au peuple.

40. Le tribun l’ayant permis, Paul se tenant debout sur les degrés, fit signe de la main au peuple, et en grand silence s’étant fait, il leur parla en langue hébraïque, disant :

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CHAP. XXI. 8. Supra. VI, 5 ; VIII, 5. — 24. Num. VI, 18 ; Supra. XVIII, 18. — 25. Supra. XV, 20, 29.

 

1. * Cos, petite ile de la mer Égée, vis-à-vis de Cnidus et d’Halicarnasse, très fertile et riche en vins et en blé. — Rhodes. Cette ile, l’une des Cyclades, en face de la Caria et de la Lycie, était très fertile et très commerçante. Le climat en est très doux. — À Pátara, ville maritime de Lycie, à l’embouchure du Xanthe, célèbre par un oracle d’Apollon.

2. * En Phénicie. Voir Act. XI, 19.

3. * En vue de Chypre. Voir Act. XI, 19. — Vers la Syrie. Voir Matth. IV, 24. — À Tyr. Voir Marc. III, 8.

7. * À Ptolémaïde, depuis S. Jean d’Acre, port de la Méditerranée, au sud de Tyr, ville de Phénicie.

8. Des sept diacres. Ce Philippe est nommé évangéliste, parce qu’il a été le premier à prêcher l’Évangile dans la Samarie. C’est dans ce sens que saint Paul recommande à son disciple Timothée (II Tim. IV, 5) de remplir la charge d’évangéliste. — * À Césarée. Voir Act. IX, 30.

10. * Agábus. Voir Act. XI, 28.

11. Se lia les pieds et les mains : imitant les anciens prophètes par cette action symbolique.

16. * Mnason porte un nom grec et était probablement un Juif helléniste.

17. * Quand nous fûmes arrivés à Jérusalem, en 58. Le troisième voyage apostolique de S. Paul avait duré de 54 à 58.

18. * Tous les anciens, tous les prêtres. — Chez Jacques le Mineur, frère de S. Jean l’Évangéliste, évêque de Jérusalem. Pierre et les autres Apôtres étaient alors éloignés de cette ville.

20. Combien de milliers, etc. « Un grand nombre de judéo-chrétiens étaient venus à Jérusalem pour la fête de la Pentecôte. — Zélés pour la Loi. Il y avait un grand danger dans cette communauté de pratiques religieuses qui unissait les judéo-chrétiens à la masse des Juifs restés incrédules. La ruine de Jérusalem et du Temple fit cesser cet état de choses. » (Crampon)

23. Par un vœu ; celui des Nazaréens.

28. Contre ce lieu ; ce lieu saint ; c’est le temple même. — * Il était défendu sous peine de mort aux païens de franchir les barrières qui séparaient dans le temple le parvis des Gentils de celui des Israélites. Voir Matth. XXI, 12.

29. * Tróphimus d’Éphèse. Voir Act. XX, 4.

30. * Les portes du temple qui donnaient accès dans les parvis. — Hors du temple, afin qu’il ne fût pas souillé par l’effusion du sang.

31. * Au tribun de la cohorte. Voir Matth.. XXVII, 27.

32. * Des centurions. Voir Matth. VIII, 5.

33. De deux chaines ; c’est-à-dire une à chaque main. Compar. XII, 6-7.

35. Sur les degrés de l’escalier très élevé qui mettait le temple en communication avec la tour Antonia.

38. Sicaires ; assassins alors répandus dans la Judée, et ainsi nommés, parce qu’ils portaient sous leurs habits un petit poignard, en latin sica. Josèphe donne trente mille hommes à cet Égyptien ; mais rien n’empêche que ce nombre n’ait été d’abord que de quatre mille. Puis Josèphe ne dit pas que tous ces trente mille brigands fussent sicaires. Ajoutons qu’il ne s’accorde guère avec lui-même au sujet de cet évènement.

40. * En langue hébraïque ; c’est-à-dire dans le dialecte araméen ou syro-chaldaïque que parlaient alors les Hébreux.

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CHAPITRE XXII

Discours de Paul aux Juifs, et fureur des Juifs contre lui. Le tribun veut le faire fouetter. Il se déclare citoyen romain.

1. Hommes, mes frères et mes pères, écoutez ma défense que je vais entreprendre devant vous.

2. Quand ils entendirent qu’il leur parlait en langue hébraïque, il se fit encore un plus grand silence.

3. Il dit donc : Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie, élevé dans cette ville aux pieds de Gamaliel, instruit selon la vérité de la loi de nos pères, zélateur de cette loi, comme vous l’êtes vous tous aujourd’hui ;

4. C’est moi qui ai poursuivi jusqu’à la mort ceux de cette voie, les chargeant de liens, hommes et femmes, et les jetant en prison,

5. Comme le prince des prêtres m’en est témoin ainsi que tous les anciens ; et même, ayant reçu d’eux des lettres pour nos frères de Damas, j’y allais pour les amener enchainés à Jérusalem, afin qu’ils fussent punis.

6. Or il arriva que lorsque j’étais en chemin, et que j’approchais de Damas au milieu du jour, soudain brilla du ciel autour de moi une abondante lumière ;

7. Et tombant par terre, j’entendis une voix qui me disait : Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu ?

8. Et moi je répondis : Qui êtes-vous, Seigneur ? Et il me dit : Je suis Jésus de Nazareth, que tu persécutes.

9. Et ceux qui étaient avec moi virent la lumière, mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui me parlait.

10. Alors je demandai : Que ferai-je, Seigneur ? Et le Seigneur me répondit : Lève-toi, va à Damas ; et là on te dira tout ce qu’il faut que tu fasses.

11. Et comme je ne voyais point, à cause de l’éclat de cette lumière, conduit par la main de mes compagnons, je vins à Damas.

12. Or un certain Ananias, homme selon la loi, ayant le témoignage de tous les Juifs qui habitaient dans cette ville,

13. Venant à moi, et s’approchant, me dit : Saül, mon frère, regarde. Et moi, au même instant, je le regardai.

14. Et lui reprit : Le Dieu de nos pères t’a préordonné pour connaitre sa volonté, voir le Juste, et entendre la voix de sa bouche ;

15. Parce que tu lui seras témoin devant tous les hommes, de ce que tu as vu et entendu.

16. Et maintenant, que tardes-tu ? Lève-toi, reçois le baptême et lave tes péchés en invoquant son nom.

17. Et il arriva qu’étant de retour à Jérusalem, et priant dans le temple, je tombai dans un ravissement d’esprit,

18. Et je vis le Seigneur qui me disait : Hâte-toi, et sors vite de Jérusalem ; car ils ne recevront pas le témoignage que tu rends de moi.

19. Et moi je répondis : Seigneur, ils savent eux-mêmes que c’est moi qui enfermais en prison et déchirais de coups dans les synagogues ceux qui croyaient en vous ;

20. Et que, lorsqu’on versait le sang d’Étienne, votre témoin, j’étais là, et j’y consentais, et je gardais les vêtements de ses meurtriers.

21. Et il me dit : Va, parce que je t’enverrai bien loin vers les nations.

22. Ils l’avaient écouté jusqu’à ce mot ; mais alors ils élevèrent leur voix, disant : Ôte de la terre un pareil homme, car ce serait un crime de le laisser vivre.

23. Eux donc, poussant de grands cris, jetant leurs vêtements, et lançant de la poussière en l’air,

24. Le tribun ordonna de le conduire dans le camp, de le déchirer de verges, et de le mettre à la question, afin de savoir pourquoi ils criaient ainsi contre lui.

25. Mais lorsqu’ils l’eurent lié avec des courroies, Paul dit au centurion qui était près de lui : Vous est-il permis de flageller un citoyen romain non condamné ?

26. Ce qu’ayant entendu, le centurion se rendit auprès du tribun, et l’avertit, disant : Qu’allez-vous faire ? car cet homme est citoyen romain.

27. Et le tribun venant à lui, demanda : Dis-moi, es-tu Romain ? Et Paul répondit : Oui.

28. Le tribun repartit : C’est avec beaucoup d’argent que j’ai acquis ce droit de cité. Et Paul répliqua : Moi, je suis né citoyen.

29. Aussitôt donc s’éloignèrent de lui ceux qui devaient lui donner la question ; le tribun lui-même eut peur, après qu’il eut appris qu’il était citoyen romain, parce qu’il l’avait fait lier.

30. Le lendemain, voulant savoir plus exactement de quoi il était accusé par les Juifs, il lui ôta ses liens, et ordonna aux prêtres, et à tout le conseil de s’assembler, puis il amena Paul, et le plaça au milieu d’eux.

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CHAP. XXII. 4. Supra. VIII, 3. — 5. Supra. IX, 2. — 19. Supra. VIII, 3. — 20. Supra. VII, 57.

 

3. * Gamaliel. Voir Act. V, 34. — Dans cette ville, Jérusalem, la métropole du judaïsme. — Aux pieds : les disciples se tenaient assis sur d’humbles sièges, ou même par terre, tandis que le rabbi enseignait du haut de la chaire. — De Gamaliel, le chef célèbre de l’école orthodoxe, du pharisaïsme.

6. Comme j’étais en chemin : ce récit s’accorde, dans les choses essentielles, avec celui de saint Luc (Act. IX, 3 sv.) ; comp. XXVI, 12 sv.

9. Mais ils n’entendirent, etc. Voy. IX, 7.

14. Préordonné. Voy. sur ce mot, X, 41. — Le Juste par excellence, expression consacrée dans l’ancien Testament pour désigner le Messie.

23. Jetant de la poussière en l’air : soit en signe d’indignation et de douleur, soit pour exprimer le désir qu’ils avaient de lapider Paul.

25, 26. * Le centurion. Voir Matth. VIII, 5.

28. Saint Paul ne tenait pas sa qualité de citoyen romain du lieu de sa naissance, mais de ses parents. Sans être natifs d’une ville municipale, les Juifs pouvaient jouir du titre de citoyen et même de chevalier romain ; témoin l’historien Josèphe.

30. * Tout le Conseil, tout le sanhédrin. Voir Matth. XXVI, 59.

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CHAPITRE XXIII

Paul se justifie devant le conseil. Il reçoit un soufflet par l’ordre du grand-prêtre. Il divise les pharisiens d’avec tes saducéens. Jésus-Christ lui apparait. Il découvre une conjuration contre sa vie ; il est envoyé au gouverneur Félix.

1. Paul, regardant fixement le conseil, dit : Hommes, mes frères, jusqu’à ce jour je me suis conduit devant Dieu en toute bonne conscience.

2. Mais le prince des prêtres, Ananias, ordonna à ceux qui étaient près de lui de le frapper au visage.

3. Alors Paul lui dit : Dieu te frappera, muraille blanchie. Tu sièges pour me juger selon la loi, et, contre la loi, tu ordonnes de me frapper.

4. Ceux qui étaient présents dirent : Tu maudis le grand prêtre de Dieu ?

5. Et Paul répondit : J’ignorais, mes frères, que ce fut le prince des prêtres, car il est écrit : Tu ne maudiras point le prince de ton peuple.

6. Or Paul sachant qu’une partie étaient sadducéens, et l’autre pharisiens, s’écria dans le conseil : Hommes, mes frères, je suis pharisien, fils de pharisien ; c’est à cause de l’espérance et de la résurrection des morts que je suis en jugement.

7. Lorsqu’il eut dit cela, il s’éleva une discussion entre les pharisiens et les saducéens, et l’assemblée fut divisée.

8. Car les sadducéens disent qu’il n’y a ni résurrection, ni ange, ni esprit ; les pharisiens, au contraire, confessent l’un et l’autre.

9. Il s’éleva donc une grande clameur. Quelques-uns des pharisiens se levant, contestaient, disant : Nous ne trouvons rien de mal dans cet homme ; et si un esprit ou un ange lui a parlé ?

10. Et comme le tumulte s’accroissait, le tribun craignant que Paul ne fût mis en pièces par ces gens-là, commanda aux soldats de descendre, de l’enlever d’au milieu d’eux, et de le conduire dans le camp.

11. Mais, la nuit suivante, le Seigneur se présentant à lui, dit : Aie bon courage ; car, comme tu m’as rendu témoignage à Jérusalem, il faut aussi que tu me rendes témoignage à Rome.

12. Le jour étant venu, quelques-uns d’entre les Juifs s’assemblèrent, et se firent eux-mêmes anathème, disant qu’ils ne boiraient ni ne mangeraient qu’ils n’eussent tué Paul.

13. Ils étaient plus de quarante hommes qui avaient fait cette conjuration ;

14. Ils se rendirent auprès des princes des prêtres et des anciens, et dirent : Nous avons fait le vœu, en appelant sur nous l’anathème, de ne gouter de rien, que nous n’ayons tué Paul.

15. Maintenant donc, vous avec le conseil, faites avertir le tribun de l’amener devant vous, comme pour savoir quelque chose de plus certain sur lui. Nous, de notre côté, nous sommes prêts à le tuer avant qu’il arrive.

16. Mais ayant ouï parler de cette trahison, le fils de la sœur de Paul vint, entra dans le camp, et avertit Paul.

17. Alors Paul appelant à lui un des centurions, dit : Conduisez ce jeune homme au tribun, car il a quelque chose à lui dire.

18. Et le centurion le prenant avec lui, le conduisit au tribun, et dit : Le prisonnier Paul m’a prié de vous amener ce jeune homme qui a quelque chose à vous dire.

19. Aussitôt le tribun, le prenant par la main, se retira à part avec lui, et lui demanda : Qu’as-tu à me dire ?

20. Et le jeune homme répondit : Les Juifs sont convenus de vous prier d’amener demain Paul devant le conseil, comme pour savoir quelque chose de plus certain sur lui ;

21. Mais vous, ne les croyez pas ; car des embuches lui sont dressées par plus de quarante hommes d’entre eux, qui ont fait vœu de ne manger ni de boire, qu’ils ne l’aient tué ; et maintenant ils sont prêts, attendant votre ordre.

22. Le tribun donc renvoya le jeune homme, lui défendant de dire à personne qu’il lui eût donné cet avis.

23. Puis, deux centurions appelés, il leur dit : Tenez prêts, à la troisième heure de la nuit, deux cents soldats, soixante-dix cavaliers et deux cents lances, pour aller jusqu’à Césarée,

24. Et préparez des chevaux pour monter Paul, et le conduire surement au gouverneur Félix.

25.  (Car il craignit que les Juifs ne l’enlevassent et ne le tuassent, et qu’ensuite on ne l’accusât d’avoir reçu de l’argent.)

26. Il écrivit en même temps une lettre conçue en ces termes : Claude Lýsias à l’excellent gouverneur Félix, salut.

27. Les Juifs avaient pris cet homme, et ils allaient le tuer, lorsque, arrivant avec les soldats, je l’arrachai de leurs mains, ayant appris qu’il était Romain ;

28. Et voulant savoir de quoi ils l’accusaient, je l’ai conduit dans leur conseil.

29. J’ai trouvé qu’il était accusé au sujet de questions qui concernent leur loi ; mais qu’il n’avait commis aucun crime digne de mort ou de prison.

30. Et comme j’ai été averti des embuches qu’ils lui avaient dressées, je vous l’ai envoyé, déclarant aux accusateurs eux-mêmes, qu’ils aient à s’expliquer devant vous. Adieu.

31. Ainsi, selon l’ordre qu’ils avaient, les soldats prirent Paul avec eux, et le conduisirent de nuit à Antipatride.

32. Et le jour suivant, ayant laissé les cavaliers aller avec lui, ils revinrent au camp.

33. Lorsque les cavaliers furent arrivés à Césarée, et qu’ils eurent remis la lettre au gouverneur, ils lui présentèrent aussi Paul.

34. Or, quand il eut reçu la lettre, et demandé à Paul de quelle province il était ; apprenant qu’il était de Cilicie :

35. Je t’entendrai, dit-il, quand tes accusateurs seront venus. Et il ordonna de le garder dans le prétoire d’Hérode.

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CHAP. XXIII. 5. Ex. XXII, 28. — 6. Phil. III, 5. — 8. Matth. XXII, 23.

 

2. * Ananias, fils de Nébédée, avait reçu le souverain pontificat d’Hérode, roi de Chalcis, l’an 48 de notre ère, à la place de Joseph, fils de Camithas. Le procurateur romain Cumanus l’envoya à Rome en 52 pour répondre aux accusations portées contre lui par les Samaritains. Ananias fut acquitté et conserva sa dignité jusqu’en 59 où il dut la céder à Ismaël, fils de Phabi. Il périt de la main des sicaires qui lui firent expier ainsi ses liaisons avec les Romains, en 66 ou 67.

5. Saint Paul a pu aisément ne pas connaitre le grand prêtre, attendu qu’alors le pontificat était une dignité variable selon le caprice ou la politique des Romains. Josèphe dit qu’il y eut trois grands prêtres la même année, et que l’un d’eux ne conserva sa dignité qu’un seul jour. Ainsi saint Paul a pu facilement être dans l’ignorance sur ce point. Ajoutons que le grand prêtre n’avait pas alors ses vêtements de pontife ; ils étaient renfermés dans la tour Antonia, d’où on ne les tirait qu’aux jours solennels. Enfin, en supposant que dans le lieu où se tenait le sanhédrin, il y avait une place affectée pour le grand prêtre, il ne s’en trouva assurément point de telle chez le tribun où se tint le conseil devant lequel comparut saint Paul.

6. * Sadducéens, pharisiens. Voir les notes 31 et 32 à la fin du volume.

10. De descendre de la forteresse Antonia.

11. * Rome étant la capitale du monde païen, l’Apôtre des gentils doit y prêcher le christianisme.

14. * Les princes des prêtres, voir Matth. II, 4. — Les anciens, les membres du Sanhédrin.

16. La sœur de Paul. « En supposant qu’elle se soit mariée de bonne heure à Jérusalem, on s’explique que Paul ait été envoyé fort jeune dans cette ville, pour s’y consacrer aux études rabbiniques. Mais peut-être ce neveu de l’Apôtre y était-il venu, comme autrefois l’oncle, pour y faire ses études. » (Crampon)

23. La troisième heure de la nuit ; c’est-à-dire le milieu de l’intervalle entre le coucher du soleil et minuit. — * À Césarée, résidence ordinaire du gouverneur romain. Voir Act. IX, 30.

24. * Félix.« L’historien profane le mentionne, comme ayant gouverné la Judée (52-59), sous le règne de Néron, pendant le pontificat d’Ananias, immédiatement avant Festus. Tacite, Suétone et Josèphe nous apprennent quelques particularités de sa vie. Il était frère de Pallas, et comme lui, un affranchi de la maison de Claude. Suivant Tacite, il gardait dans sa fortune les sentiments de sa première condition. Josèphe ajoute qu’il vivait en adultère, et qu’il s’était rendu fameux par ses concussions. Une fois déjà, les plaintes causées par sa rapacité l’avaient fait mander à Rome, et c’est grâce au crédit de son frère qu’il avait été absous. Les Actes confirment ce que l’histoire profane nous apprend de son avarice et de sa vie licencieuse. Cet esclave débauché eut successivement pour femmes trois filles de rois. La dernière était Drusílla, fille d’Hérode Agrippa I, sœur de Bérénice et d’Agrippa II. Félix l’avait enlevée à Azize, roi d’Émèse, grâce aux artifices d’un magicien juif, nommé Simon. Elle lui donna un fils, qui périt avec sa mère, dans l’éruption du Vésuve, sous le règne de Titus, en 79. Il fallait l’intrépidité de l’Apôtre pour oser parler de chasteté et de justice devant un pareil juge, qui pouvait l’envoyer à la mort. S. Paul fît plus. Il lui annonça hautement le jugement dernier où les vertus auront leur récompense et les vices leur châtiment. Si Félix ne se rendit pas, il ne put du moins se défendre d’un sentiment de terreur. » (L. Bacuez.)

26. * Claude Lýsias était probablement grec de naissance, comme semble l’indiquer son nom, et c’est pour cela qu’il avait été obligé d’acheter le titre de citoyen romain, Act. XXII, 28.

27. Lýsias altère ici la vérité à son profit et dissimule habilement ses torts envers saint Paul : voy. la fin du chapitre XXII.

31. * Antipatride, autrefois Kapharsaba, aujourd’hui Kefr Saba, dans une plaine fertile et bien arrosée, entre Jérusalem et Césarée, à quarante-deux milles romains de Jérusalem et vingt-six de Césarée. Hérode le Grand, qui restaura Kapharsaba, lui donna le nom d’Antipatride en l’honneur de son père Anti pater.

34. * De Cilicie. Voir Act. VI, 9.

35. * Le prétoire d’Hérode. Palais construit par Hérode le Grand et habité par le gouverneur romain.

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CHAPITRE XXIV

Paul accusé devant Félix ; il se défend ; il demeure prisonnier. Félix, étant avec Drusílla, fait venir Paul : il est effrayé par son discours. Festus succède à Félix, qui laisse Paul en prison.

1. Cinq jours après, le prince des prêtres, Ananias, descendit avec quelques anciens, et un certain Tertúllus, orateur : lesquels comparurent contre Paul devant le gouverneur.

2. Or Paul ayant été appelé, Tertúllus commença de l’accuser, disant : Jouissant par vous d’une profonde paix, et beaucoup de choses étant redressées par votre prévoyance,

3. Toujours et partout, excellent Félix, nous le reconnaissons, avec toute sorte d’actions de grâces.

4. Mais pour ne point vous retenir plus longtemps, je vous prie de nous écouter un moment avec toute votre bonté.

5. Nous avons trouvé que cet homme, vraie peste, excite le trouble parmi les Juifs répandus dans le monde entier, et qu’il est chef de la secte séditieuse des Nazaréens ;

6. Il a même tenté de profaner le temple ; et l’ayant saisi, nous avons voulu le juger suivant notre loi.

7. Mais le tribun Lýsias survenant, l’a arraché avec une grande violence de nos mains,

8. Ordonnant que ses accusateurs vinssent vers vous ; c’est par lui que vous pourrez vous-même, l’interrogeant, vous assurer des choses dont nous l’accusons.

9. Et les Juifs ajoutèrent que cela était ainsi.

10. Mais Paul (le gouverneur lui ayant fait signe de parler) répondit : Sachant que depuis plusieurs années, vous êtes établi juge sur ce peuple, je me défendrai avec confiance.

11. Car vous pouvez savoir qu’il n’y a pas plus de douze jours que je suis monté pour adorer à Jérusalem ;

12. Et ils ne m’ont trouvé disputant avec quelqu’un ou ameutant la foule, ni dans le temple, ni dans la synagogue,

13. Ni dans la ville ; et ils ne sauraient vous prouver ce dont ils m’accusent maintenant.

14. Mais ce que je confesse devant vous, c’est que, suivant la secte qu’ils appellent hérésie, je sers mon Père et mon Dieu, croyant à tout ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes ;

15. Ayant en Dieu l’espérance qu’il y aura une résurrection, qu’eux aussi attendent, de justes et de méchants.

16. C’est pourquoi je m’efforce d’avoir toujours ma conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes.

17. Mais après plusieurs années, je suis venu pour faire des aumônes à ma nation, et à Dieu des offrandes et des vœux.

18. C’est dans ces exercices qu’ils m’ont trouvé dans le temple, sans concours ni tumulte.

19. Et ce sont certains Juifs d’Asie, lesquels auraient dû se présenter devant vous et m’accuser, s’ils avaient quelque chose contre moi ;

20. Ou bien que ceux-ci disent s’ils ont trouvé en moi quelque iniquité, quand j’ai comparu devant le conseil ;

21. Si ce n’est à l’égard de cette seule parole que j’ai prononcée hautement étant au milieu d’eux : C’est à cause de la résurrection des morts, que suis aujourd’hui jugé par vous.

22. Mais Félix qui connaissait très bien cette voie, les remit, disant : Quand le tribun Lýsias sera venu, je vous écouterai.

23. Et il commanda au centurion de garder Paul, mais de lui laisser du repos, et de n’empêcher aucun des siens de le servir.

24. Or quelques jours après, Félix venant avec Drusílla, sa femme, qui était Juive, appela Paul, et l’entendit sur ce qui touche la foi dans le Christ-Jésus.

25. Mais Paul discourant sur la justice, la chasteté, et le jugement futur, Félix effrayé, répondit : Quant à présent, retire-toi ; je te manderai en temps opportun ;

26. Il espérait en même temps que Paul lui donnerait de l’argent ; c’est pourquoi, le faisant souvent venir, il s’entretenait avec lui.

27. Deux années s’étant écoulées, Félix eut pour successeur Pórtius Festus. Or Félix, voulant faire plaisir aux Juifs, laissa Paul en prison.

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CHAP. XXIV. 18. Supra. XXI, 26. — 21. Supra. XXIII, 6.

 

1. * Quelques anciens, quelques membres du sanhédrin. — Tertúllus, diminutif de Tértius, indique un homme d’origine latine. C’était un avocat chargé par les Juifs d’accuser S. Paul. Les évènements racontés ici se passèrent en l’an 58.

14. Le mot secte n’est pas pris ici en mauvaise part. Le grec porte voie. Compar. IX, 2.

22. Cette voie. Compar. IX, 2.

24. * Avec Drusílla. Voir Act. XXIII, 24.

26. * Lui donnerait de l’argent. La vénalité était une des plaies de l’administration romaine, surtout dans les provinces éloignées du centre de l’empire.

27. * Festus, qui succéda à Félix comme procurateur, était un affranchi aussi bien que son prédécesseur. Il vint en Judée en 59, la cinquième année de Néron, la seconde de la captivité de S. Paul ou de la légation de Félix. Si désireux qu’il fut de plaire aux Juifs, Festus sut rappeler, aux ennemis de l’Apôtre, ce qu’exigeaient le droit romain et l’équité naturelle : que nul accusé ne fût condamné avant d’avoir été confronté avec ses accusateurs et mis à même de s’expliquer sur leurs imputations.

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Ac 25

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CHAPITRE XXV

Les Juifs accusent Paul devant Festus. Paul se défend et en appelle à César. Agrippa et Bérénice viennent à Césarée. Agrippa veut voir Paul. Festus fait venir Paul devant Agrippa.

1. Festus donc, étant arrivé dans la province, monta, trois jours après, de Césarée à Jérusalem.

2. Et les princes des prêtres et les premiers d’entre les Juifs vinrent vers lui pour accuser Paul, et ils le priaient,

3. Demandant en grâce, qu’il le fit amener à Jérusalem, ayant préparé des embuches pour le tuer en chemin.

4. Mais Festus répondit que Paul était gardé à Césarée, et que lui-même partirait bientôt.

5. Que les principaux donc d’entre vous (dit-il) descendent ensemble, et, s’il y a quelque crime en cet homme, qu’ils l’accusent.

6. Or, après avoir passé huit ou dix jours parmi eux, il descendit à Césarée ; et le jour suivant, il s’assit sur son tribunal, et ordonna d’amener Paul.

7. Lorsqu’on l’eut amené, les Juifs qui étaient descendus de Jérusalem l’entourèrent, l’accusant de beaucoup de crimes graves, qu’ils ne pouvaient prouver,

8. Paul se défendant ainsi : Je n’ai rien fait, ni contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre César.

9. Mais Festus, qui voulait faire plaisir aux Juifs, répondant à Paul, dit : Veux-tu monter à Jérusalem, et y être jugé sur ces choses devant moi ?

10. Mais Paul répondit : C’est devant le tribunal de César que je suis : c’est là qu’il faut que je sois jugé. Je n’ai nui en rien aux Juifs, comme vous-même le savez fort bien.

11. Car si j’ai nui à quelqu’un ou si j’ai fait quelque chose qui mérite la mort, je ne refuse point de mourir ; mais s’il n’en est rien des choses dont ils m’accusent, personne ne peut me livrer à eux. J’en appelle à César.

12. Alors Festus, ayant conféré avec le conseil, répondit : C’est à César que tu en as appelé, c’est devant César que tu iras.

13. Quelques jours après, le roi Agrippa et Bérénice descendirent à Césarée pour saluer Festus.

14. Et comme ils demeurèrent plusieurs jours, Festus parla de Paul au roi, disant : Un certain homme a été laissé ici par Félix comme prisonnier ;

15. À son sujet, lorsque j’étais à Jérusalem, les princes des prêtres et les anciens des Juifs sont venus vers moi, demandant une condamnation contre lui.

16. Je leur ai répondu : Ce n’est pas la coutume des Romains de condamner un homme avant que l’accusé ait ses accusateurs présents, et qu’on lui ait donné lieu de se défendre, pour se laver de l’accusation.

17. Après donc qu’ils furent venus ici sans aucun délai, le jour suivant, siégeant sur mon tribunal, j’ordonnai d’y amener cet homme.

18. Ses accusateurs s’étant présentés, ne lui reprochaient aucun des crimes dont je le soupçonnais coupable ;

19. Mais ils agitaient contre lui quelques questions touchant leur superstition, et un certain Jésus, mort, que Paul affirmait être vivant.

20. Pour moi, hésitant à l’égard d’une question de cette sorte, je lui demandais s’il voulait aller à Jérusalem pour être jugé sur ces choses.

21.Mais Paul en ayant appelé, pour que sa cause fût réservée à la connaissance d’Auguste, j’ai ordonné qu’on le gardât jusqu’à ce que je l’envoie à César.

22. Agrippa dit alors à Festus : Je voulais, moi aussi, entendre cet homme. Demain, répondit Festus, vous l’entendrez.

23. Le lendemain donc, Agrippa et Bérénice étant venus en grande pompe, et étant entrés dans la salle des audiences avec les tribuns et les principaux de la ville, Paul fut amené par ordre de Festus.

24. Et Festus dit : Roi Agrippa, et vous tous qui êtes ici réunis avec nous, vous voyez cet homme, au sujet de qui toute la multitude des Juifs m’a interpelle à Jérusalem, représentant et criant qu’il ne devait pas vivre plus longtemps.

25. Pour moi, j’ai reconnu qu’il n’avait rien fait qui méritât la mort ; cependant lui-même en ayant appelé à Auguste, j’ai décidé de l’y envoyer.

26. Et n’ayant rien de certain à écrire de lui à l’Empereur, je l’ai fait venir devant vous tous, mais principalement devant vous, roi Agrippa, afin que, l’interrogation faite, j’aie quelque chose à écrire.

27. Car il me semble hors de raison d’envoyer un homme chargé de liens, et de ne pas en faire connaitre la cause.

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CHAP. XXV.

 

1.* De Césarée résidence ordinaire du gouverneur romain. Voir Act. IX, 30.

11.* J’en appelle à César. S. Paul avait droit de faire appel à César en sa qualité de citoyen romain. Le César auquel il en appelle était alors Néron (an 60).

13. Cet Agrippa était alors roi de la Trachonitide. Il avait pour père Hérode surnommé Agrippa, roi de Judée, qui avait fait mourir saint Jacques. Voy. XII, 1. — * « AgrippaII, fils du meurtrier de S. Jacques, Hérode Agrippa, était beau-frère de Félix par Drusílla. C’était, d’après Josèphe, un Juif zélé pour sa religion. Il porta le titre de roi, quoiqu’il n’ait pas succédé à son père sur le trône de Judée. Il se retira à Rome en 66 et mourut en l’an 100. — Bérénice, sœur d’Agrippa, plus âgée que Drusílla, déjà veuve du vieil Hérode de Chalcis, son oncle, et séparée de Polémon, roi de Cilicie, passait pour être la concubine de son frère. Ces enfants déchus du grand Hérode viennent offrir leurs hommages à l’affranchi Festus, devenu momentanément favori et grand officier de l’empereur. Tandis qu’ils étaient leur faste, dans une ville où leur père est mort rongé des vers pour son orgueil, le gouverneur romain, voulant les distraire, les invite à présider un interrogatoire qui pourra les intéresser, parce qu’il a trait à leur religion. » (L. Bacuez.)

15. * Les princes des prêtres, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales. — Les anciens des Juifs, les membres du Sanhédrin.

21. D’Auguste ; c’est-à-dire de Néron. Le nom d’Auguste, pris d’abord par Octave devint commun aux empereurs romains, comme celui de César.

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Ac 26

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CHAPITRE XXVI

Discours de Paul devant Agrippa. Festus traite Paul d’insensé. Agrippa reconnait l’innocence de Paul.

1. Alors Agrippa dit à Paul : On te permet de parler pour te défendre. Paul aussitôt, étendant la main, commença sa justification.

2. Roi Agrippa, je m’estime heureux d’avoir, sur toutes les choses dont les Juifs m’accusent, à me défendre aujourd’hui devant vous,

3. Surtout, vous connaissant toutes choses, et les coutumes et les questions qui existent parmi les Juifs. C’est pourquoi je vous supplie de m’écouter avec patience.

4. Et d’abord ma vie qui, depuis le commencement, s’est passée au milieu de ma nation à Jérusalem, tous les Juifs la connaissent,

5. Sachant d’avance (s’ils veulent rendre témoignage), que, dès le commencement, j’ai vécu pharisien, selon la secte la mieux fondée de notre religion.

6. Et cependant me voici soumis à un jugement au sujet de l’espérance en la promesse qui a été faite par Dieu à nos pères,

7. Et dont nos douze tribus, servant Dieu nuit et jour, espèrent entrer en possession. Ainsi, c’est au sujet de cette espérance, ô roi, que je suis accusé par les Juifs.

8. Juge-t-on incroyable parmi vous que Dieu ressuscite les morts ?

9. Pour moi, j’avais pensé que je devais par mille moyens agir contre le nom de Jésus de Nazareth ;

10. Et c’est ce que j’ai fait à Jérusalem ; j’ai jeté en prison un grand nombre de saints, en ayant reçu le pouvoir des princes des prêtres ; et, lorsqu’on les faisait mourir, j’ai donné mon suffrage.

11. Et parcourant souvent toutes les synagogues pour les tourmenter, je les forçais de blasphémer ; et, de plus en plus furieux contre eux, je les poursuivais jusque dans les villes étrangères.

12. Comme j’allais dans ces dispositions à Damas, avec pouvoir et permission des princes des prêtres,

13. Je vis, ô roi, au milieu du jour, dans le chemin, qu’une lumière du ciel, surpassant l’éclat du soleil, brillait autour de moi et de ceux qui étaient avec moi.

14. Et, étant tous tombés par terre, j’entendis une voix qui me disait en langue hébraïque : Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu ? Il t’est dur de regimber contre l’aiguillon.

15. Et moi, je demandai : Qui êtes-vous, Seigneur ? Et le Seigneur répondit : Je suis Jésus que tu persécutes.

16. Mais lève-toi et tiens-toi sur tes pieds ; car je ne t’ai apparu que pour t’établir ministre et témoin des choses que tu as vues, et de celles pour lesquelles je t’apparaitrai encore,

17. Te délivrant des mains du peuple et de celles des gentils vers lesquels je t’envoie maintenant,

18. Pour ouvrir leurs yeux, afin qu’ils se convertissent des ténèbres à la lumière, et de la puissance de Satan à Dieu, et qu’ils reçoivent la rémission des péchés, et une part entre les saints, par la foi en moi.

19. Ainsi, roi Agrippa, je ne fus pas incrédule à la vision céleste ;

20. Mais à ceux de Damas, d’abord, puis à Jérusalem, dans tout le pays de Judée, et aux gentils, j’annonçais qu’ils fissent pénitence, et qu’ils se convertissent à Dieu, faisant de dignes œuvres de pénitence.

21. Voilà pourquoi les Juifs, s’étant saisis de moi lorsque j’étais dans le temple, cherchaient à me tuer.

22. Mais, assisté du secours de Dieu, jusqu’à ce jour je suis demeuré ferme, rendant témoignage aux petits et aux grands, ne disant rien que ce que les prophètes et Moïse ont prédit devoir arriver :

23. Que le Christ souffrirait, qu’il serait le premier dans la résurrection des morts, et qu’il devait annoncer la lumière à ce peuple et aux gentils.

24. Comme il parlait ainsi, exposant sa défense, Festus, d’une voix forte, dit : Tu es fou, Paul ; ton grand savoir te fait perdre le sens.

25. Et Paul : Je ne suis point fou (dit-il), ô excellent Festus ; mais je dis des paroles de sagesse et de vérité.

26. Et il sait bien ces choses, le roi devant qui je parle avec tant d’assurance ; car je pense qu’il n’ignore rien de cela, aucune de ces choses ne s’étant passée dans un coin.

27. Croyez-vous aux prophètes, roi Agrippa ? Je sais que vous y croyez.

28. Et Agrippa à Paul : Peu s’en faut que tu ne me persuades d’être chrétien.

29. Mais Paul : Plaise à Dieu qu’il ne s’en faille ni peu ni beaucoup ; que non seulement vous, mais encore tous ceux qui m’écoutent, deveniez aujourd’hui tels que je suis moi-même, à l’exception de ces liens.

30. Alors le roi, le gouverneur, Bérénice, et tous ceux qui étaient assis avec eux se levèrent.

31. Et s’étant retirés à part, ils se parlaient l’un à l’autre, disant : Cet homme n’a rien fait qui mérite la mort ou les liens.

32. Aussi Agrippa dit à Festus : Cet homme pourrait être renvoyé, s’il n’en avait appelé à César.

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CHAP. XXVI. 10. Supra. VIII, 3. — 12. Supra. IX, 2. — 18. I Petr. II, 9. — 20. Supra. XIII et XIV. — 21. Supra. XXI, 31. — 17. Gal. I, 1.

 

10. De saints. Voy. IX, 13.

11. Saint Paul entre dans tous ces détails pour montrer au roi Agrippa qu’il n’avait pas embrassé le christianisme légèrement, puisqu’il en avait été un persécuteur si ardent, et qu’il ne s’était rendu qu’à la force des miracles et à l’évidence de la vérité.

29. * À l’exception de ces liens. « Et il montra ces chaines, dit le comte de Maistre. Après que dix-huit siècles ont passé sur ces pages saintes, après cent lectures de cette belle réponse, je crois la lire encore pour la première fois, tant elle me parait noble, douce, ingénieuse, pénétrante ! Je ne puis vous exprimer à quel point j’en suis touché. »

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Ac 27

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CHAPITRE XXVII

Paul est mis dans un vaisseau pour aller à Rome. Description de son voyage. Le vaisseau où il se trouvait est battu par la tempête. Dieu donne à Paul tous ceux qui étaient avec lui. Le vaisseau se brise ; tous se sauvent.

1. Lorsqu’il eut été résolu que Paul irait par mer en Italie, et qu’on le remettrait, avec d’autres prisonniers, entre les mains d’un nommé Julius, centurion de la cohorte Augusta,

2. Montant sur un navire d’Adrumétum, nous levâmes l’ancre, commençant à naviguer le long des côtes d’Asie, et ayant toujours avec nous Aristárchus, Macédonien de Thessalonique.

3. Le jour suivant, nous vînmes à Sidon. Or Julius, traitant Paul avec humanité, lui permit d’aller chez ses amis, et de prendre soin de lui-même.

4. Et quand nous fumes partis de là, nous naviguâmes au-dessous de Chypre, parce que les vents étaient contraires.

5. Traversant ensuite la mer de Cilicie et de Pamphylie, nous vînmes à Lystra, ville de Lycie ;

6. Mais le centurion trouvant là un navire d’Alexandrie, qui faisait voile pour l’Italie, il nous y fit embarquer.

7. Après avoir navigué lentement pendant bien des jours, et être à peine arrivés devant Cnide, le vent nous arrêtant, nous côtoyâmes la Crète, du côté de Salmone ;

8. Et suivant la côte avec difficulté, nous vînmes en un lieu appelé Bons-ports, près duquel était la ville de Thalassa.

9.Beaucoup de temps s’étant ainsi écoulé, et comme la navigation n’était déjà plus sure, le temps du jeûne se trouvant déjà passé, Paul les consolait,

10. Leur disant : Hommes, je vois que la navigation commence à n’être pas sans péril et sans grand dommage, non seulement pour la cargaison et le vaisseau lui-même, mais aussi pour nos âmes.

11. Mais le centurion croyait plus au pilote et au patron qu’à ce que Paul disait.

12. Et comme le port n’était pas propre pour hiverner, la plupart émirent l’avis d’en partir, afin, s’il se pouvait, de gagner Phœnice, port de Crète, qui regarde l’Africus et le Corus, et d’y passer l’hiver.

13. Un vent doux du midi s’étant levé, et eux pensant qu’ils accompliraient leur dessein, levèrent l’ancre d’Asson et côtoyèrent la Crète.

14. Mais, peu après, il se leva contre l’ile un vent de typhon, qui est appelé euro-aquilon.

15. Et comme le vaisseau était emporté, et ne pouvait résister au vent, nous nous laissâmes flotter avec le vaisseau au gré du vent.

16. Et, poussés au-dessous d’une ile qui est appelée Cauda, à peine pûmes-nous être maitres de l’esquif.

17. Lorsque les matelots l’eurent enfin tiré à nous, ils lièrent le vaisseau en se faisant aider, et, craignant de donner sur la syrte, ils abaissèrent le mât, et s’abandonnèrent ainsi à la mer.

18. Et comme nous étions fortement battus de la tempête, le jour suivant ils jetèrent les marchandises à la mer ;

19. Le troisième jour, ils jetèrent aussi, de leurs propres mains, les agrès du vaisseau.

20. Or, le soleil ni aucun autre astre n’ayant paru pendant plusieurs jours, et une violente tempête sévissant, nous avions perdu tout espoir de salut.

21. Et comme depuis longtemps on n’avait pas mangé, Paul se tenant au milieu d’eux, dit : Hommes, vous auriez dû, m’écoutant, ne point quitter la Crète, et vous épargner ainsi ce péril et cette perte.

22. Cependant je vous exhorte à prendre courage, parce que aucune de vos âmes ne périra ; il n’y aura que le vaisseau.

23. Car un ange du Dieu à qui je suis et que je sers, s’est présenté à moi cette nuit,

24. Disant : Paul, ne crains point ; il faut que tu comparaisses devant César ; et voilà que Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi.

25. C’est pourquoi, hommes, ayez bon courage ; car j’ai foi en Dieu, qu’il en sera comme il m’a été dit.

26. Mais il faut que nous soyons jetés contre une certaine ile.

27. Or, quand la quatorzième nuit fut venue, nous naviguant dans l’Adriatique, vers le milieu de la nuit, les matelots crurent entrevoir quelque terre.

28. Jetant aussitôt la sonde, ils trouvèrent vingt brasses, et s’éloignant un peu au delà, ils trouvèrent quinze brasses.

29. Alors craignant de heurter contre quelque écueil, jetant de la poupe quatre ancres, ils souhaitaient vivement qu’il fît jour.

30. Les matelots, cherchant à fuir du vaisseau, après avoir mis l’esquif en mer, sous prétexte de commencer à jeter des ancres du côté de la proue,

31. Paul dit au centurion et aux soldats : Si ces hommes ne restent pas dans le vaisseau, vous-mêmes ne pouvez vous sauver.

32. Alors les soldats coupèrent les cordages de l’esquif et le laissèrent aller.

33. Et comme le jour commençait à se faire, Paul les exhorta tous à prendre de la nourriture, disant : C’est aujourd’hui le quatorzième jour que vous passez à jeun dans l’attente, ne prenant rien.

34. C’est pourquoi je vous exhorte, pour votre salut, à prendre de la nourriture ; car pas un cheveu de la tête d’aucun de vous ne périra.

35. Et, quand il eut dit ces choses, prenant du pain, il rendit grâces à Dieu en présence de tous ; et l’ayant rompu, il se mit à manger.

36. Alors tous les autres ayant repris courage, mangèrent aussi.

37. Or nous étions dans le vaisseau deux cent soixante-seize personnes en tout.

38. Et quand ils furent rassasiés, ils allégèrent le vaisseau en jetant le blé dans la mer.

39. Lorsque le jour fut venu, ils ne reconnaissaient point la terre ; mais ils apercevaient un golfe qui avait un rivage, sur lequel ils songeaient à échouer le vaisseau s’ils le pouvaient.

40. Ainsi, après avoir levé les ancres, et en même temps lâché les attaches des gouvernails, ils s’abandonnèrent à la mer ; et ayant dressé l’artimon selon le vent qui soufflait, ils tiraient vers le rivage.

41. Mais ayant rencontré une langue de terre baignée par deux mers de deux côtés, ils échouèrent le vaisseau ; et la proue s’étant enfoncée, demeurait immobile ; mais la poupe se déjoignait par la violence des vagues.

42. Alors le dessein des soldats fut de tuer les prisonniers, de peur que quelqu’un d’eux ne s’enfuît en nageant.

43. Mais le centurion, voulant sauver Paul, les en empêcha et ordonna à ceux qui savaient nager, de se jeter à la mer les premiers, et de se sauver en gagnant la terre.

44. Pour les autres, on les fit passer sur des planches, et quelques-uns sur des débris du vaisseau. Et ainsi il arriva que tous gagnèrent la terre.

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CHAP. XXVII. 2. Supra. XIX, 29 ; XX, 4. — 41. II Cor. XI, 25.

 

1. * La cohorte Augusta dont Julius était centurion, était composée probablement des hommes appelés Augustáni, qu’on a supposé être les mêmes que les vétérans formant la garde du corps des empereurs. Le départ de S. Paul eut lieu l’an 60.

2. * D’Adrumétum, port de mer de la Mysie (Asie Mineure), près de la rivière du Calque. — Aristárchus. Voir note sur Act. XIX, 29.

3. * À Sidon, ville de la Phénicie, au sud de Tyr. — D’aller chez ses amis, naturellement sous la garde d’un soldat.

4. * De Chypre. Voir Act. XI, 19.

5. * La mer de Cilicie et de Pamphylie est comprise entre l’ile de Chypre et le littoral de l’Asie Mineure. — Lystra, ville de Lycie. Le texte grec lit Myra (Μύρα), au lieu de Lystra qui était en Lycaonie, non en Lycie. Myra, que devait illustrer plus tard son évêque S. Nicolas, est en effet une ville de Lycie, en Asie Mineure, entre la Caria et la Pamphylie. Cette ville était un port de mer, à l’est de Pátara.

6. * Un navire d’Alexandrie (port de mer d’Égypte) avait été poussé à Myra par les vents contraires (verset 4). On pouvait aller en un jour de Myra à Cnide.

7. * Devant Cnide, presqu’île et ville du même nom sur la côte de la Caria, entre l’ile de Cos et celle de Rhodes. — La Crète, ile au sud-ouest de Cnide. Le vent ayant empêché d’aborder à Cnide, le vaisseau aurait dû passer au nord de la Crète, mais à cause du temps, il alla passer au sud de l’ile. — Salmone est un promontoire à l’extrémité orientale de la Crète.

8-9. * Bons-ports, au sud de la Crète, à l’ouest de Salmone, où il y a un port à l’abri des vents du nord-ouest. — Thalassa, dans le texte grec Lasos (Λασαία). Les ruines de cette ville ont été découvertes en 1856, près du cap Léonda, non loin de Bons-ports, à l’est.

9, 10. Les consolait, etc. ; les encourageait tout en les avertissant du danger qu’ils couraient pour leur vie. Le grec porte, en effet, conseiller, exhorter, etc. — Du jeûne du Pardon (Kippour), ou de la fête des Expiations, qui avait lieu au commencement d’octobre. Passé cette date, les voyages maritimes devenaient dangereux ; on fermait alors la navigation, pour la rouvrir au mois de mars.

12. * Phœnice, port de Crète, au sud-ouest de l’ile, probablement le Lutro actuel, protégé par des rochers contre les vents du sud-ouest, l’Africus, et du nord-ouest, le Corus.

13. * Asson. Il y a bien en Crète une ville d’Assos, mais ce n’est pas un port de mer. D’après l’interprétation commune, le traducteur latin a pris pour un nom propre un mot grec qui est en réalité un adverbe, asson, plus près, et il faut traduire : ayant levé l’ancre, ils longèrent la terre, la côte de Crète, de très près.

14-15. * Le vaisseau se dirigeait vers l’ouest. Après avoir doublé le cap Littino, il naviguait en sécurité dans la baie de Massara, lorsqu’il s’éleva un vent de typhon ou produisant des tourbillons, d’entre l’est et le nord ; la violence de ce vent emporta le navire sans qu’il fût possible d’y résister.

16. * Le navire fut ainsi poussé au-dessous d’une ile qui est appelée Cauda, aujourd’hui Gaudo, au sud de la Crète.

17. Lièrent ; litter., ceignirent ; c’est-à-dire qu’ils firent au vaisseau comme une ceinture en le liant de bas en haut avec des câbles, afin d’en consolider les flancs. — En se faisant aider, autrement : En employant toutes sortes de moyens, comme les cordes, les crochets, etc. ; mais la première traduction parait mieux fondée. — Il y a deux syrtes ou bancs de sable sur la côte septentrionale de l’Afrique, la grande et la petite ; c’est de la dernière qu’il est ici question.

27. * Dans l’Adriatique. Les anciens appliquaient ordinairement ce nom à la mer Ionienne, entre la Grèce et l’Italie méridionale.

28. * Brasses. La brasse a la longueur des deux bras étendus ; elle valait de cinq à six pieds grecs.

40. L’artimon ; d’autres traduisent voile du perroquet ou de misaine : petit mât arboré sur les hunes des autres mâts, et dont la voile sert moins à mouvoir qu’à diriger le navire.

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Ac 28

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CHAPITRE XXVIII

Paul et ceux qui étaient avec lui sont reçus à Malte. Il est mordu d’une vipère. Il guérit les malades de cette ile. Il continue son voyage, arrive à Rome, prêche Jésus-Christ aux Juifs, leur reproche leur endurcissement, et leur annonce que les gentils leur seront préférés.

1. Après nous être ainsi sauvés, nous apprîmes que l’ile s’appelait Malte. Et les barbares nous montrèrent beaucoup d’humanité.

2. Car ayant allumé du feu, à cause de la pluie tombante et du froid, ils nous ranimaient.

3. Alors Paul ayant rassemblé une certaine quantité de sarments, et les ayant mis au feu, une vipère que la chaleur en fit sortir s’élança sur sa main.

4. Dès que les barbares virent cette bête qui pendait à sa main, ils se dirent l’un à l’autre : Assurément, cet homme est un meurtrier, puisque, après avoir échappé à la mer, la vengeance ne permet pas qu’il vive.

5. Et lui, secouant la bête dans le feu, n’en souffrit aucun mal.

6. Mais eux croyaient qu’il allait enfler, tomber soudainement et mourir. Et après avoir attendu longtemps, voyant qu’il ne lui arrivait aucun mal, ils changèrent de sentiments, et dirent que c’était un dieu.

7. En ces lieux-là se trouvaient des terres appartenant au premier de l’ile, nommé Públius, lequel, nous recevant, se montra, durant trois jours, très bon envers nous.

8. Or il se rencontra que le père de Públius était au lit, tourmenté de la fièvre et de la dysenterie. Paul alla le voir, et ayant prié, et lui ayant imposé les mains, il le guérit.

9. Cela fait, tous ceux qui, dans l’ile, avaient des maladies, venaient, et étaient guéris ;

10. Ils nous rendirent aussi beaucoup d’honneurs, et, quand nous nous mîmes en mer, ils nous pourvurent de toutes les choses qui nous étaient nécessaires.

11. Au bout de trois mois, nous nous embarquâmes sur un vaisseau d’Alexandrie, qui avait hiverné dans l’ile, et qui avait pour enseigne les castors.

12. Et étant arrivés à Syracuse nous y demeurâmes trois jours.

13. De là, faisant le tour de la côte, nous vînmes à Rhégium ; et un jour après, un vent ayant soufflé du midi, nous vînmes à Putéoli,

14. Où nous trouvâmes de nos frères, qui nous prièrent de demeurer avec eux sept jours ; et après nous partîmes pour Rome.

15. Ce qu’ayant appris, nos frères de Rome vinrent au-devant de nous jusqu’au forum d’Appius et aux trois Tavernes. Lorsque Paul les eut vus rendant grâces à Dieu, il fut rempli de confiance.

16. Quand nous fûmes arrivés à Rome, on permit à Paul de demeurer seul avec le soldat qui le gardait.

17. Après le troisième jour, il fit appeler les premiers d’entre les Juifs. Et lorsqu’ils se furent assemblés, il leur disait : Hommes, mes frères, n’ayant rien fait contre le temple ni contre les coutumes de nos pères, j’ai été chargé de liens à Jérusalem, et livré aux mains des Romains,

18. Lesquels, après m’avoir interrogé, ont voulu me renvoyer, parce qu’il n’y avait aucune cause de mort en moi.

19.Mais les Juifs s’y opposant, j’ai été forcé d’en appeler à César, non que j’aie quelque sujet d’accuser ma nation.

20. Voilà donc pourquoi j’ai demandé à vous voir et à vous parler. Car c’est à cause de l’espérance d’Israël que j’ai été lié de cette chaine.

21. Ils lui répondirent : Nous n’avons point reçu de lettre de Judée à ton sujet, et aucun frère n’est venu, qui nous ait parlé, ou nous ait dit aucun mal de toi.

22. Mais nous serions bien aises d’apprendre de toi-même ce que tu penses ; car ce que nous savons de cette secte, c’est que partout on la combat.

23. Lorsqu’ils lui eurent marqué un jour, ils vinrent en grand nombre le trouver dans l’hôtellerie ; et il leur expliquait, et confirmait par des témoignages le royaume de Dieu, s’efforçant, du matin au soir, de les persuader de ce qui regarde Jésus, par la loi de Moïse et par les prophètes.

24. Et les uns croyaient ce qu’il disait, et les autres ne le croyaient pas.

25. Et comme ils ne s’accordaient pas entre eux, ils se retiraient, Paul disant ce seul mot : C’est avec raison que l’Esprit-Saint a parlé à nos pères par la bouche du prophète Isaïe,

26. Disant : Va vers ce peuple, et dis-lui :

Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ;

regardant, vous regarderez, et vous ne verrez point.

27. Car le cœur de ce peuple s’est appesanti,

leurs oreilles sont devenues sourdes,

et ils ont fermé leurs yeux ;

de peur qu’ils ne voient de leurs yeux,

qu’ils n’entendent de leurs oreilles,

qu’ils ne comprennent de leur cœur, qu’ils ne se convertissent

et que je ne les guérisse.

28. Qu’il soit donc connu de vous, que ce salut de Dieu a été envoyé aux gentils, et qu’eux écouteront.

29. Lorsqu’il leur eut dit ces choses, les Juifs le quittèrent, ayant de grands débats entre eux.

30. Or il demeura deux ans entiers dans un logis qu’il avait loué ; et il recevait tous ceux qui venaient à lui,

31. Prêchant le royaume de Dieu, et enseignant ce qui regarde Jésus-Christ, en toute assurance et sans empêchement.

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CHAP. XXVIII. 26. Is. VI, 9 ; Matth. XIII, 14 ; Marc. IV, 12 ; Luc. VIII, 10 ; Joan. XII, 40 ; Rom. XI, 8.

 

1. Les barbares ; c’est-à-dire les restes des paysans africains qui étaient restes dans l’ile, depuis que les Romains s’en étaient rendus maitres ; ces paysans, ne parlant ni grec ni latin, étaient de ceux que les Grecs appelaient alors barbares. — * Malte. Quelques commentateurs croient qu’il s’agit ici de Meleda, dans le golfe de Venise, mais le plus grand nombre pensent que l’ile ici nommée est bien celle qui est connue aujourd’hui sous le nom de Malte, dans la mer Méditerranée, au sud de la Sicile.

4. * La vengeance, en grec Dikê, la vengeance divine personnifiée d’après les idées païennes.

7. * Au premier de l’ile, nommé Públius. Deux inscriptions, l’une grecque, l’autre latine, nous apprennent que le magistrat suprême de Malte portait le titre de Premier de l’ile.

11. * Les castors. En grec : les Dioscures, c’est-à-dire Castor et Pollux, fils de Jupiter et de Léda, dont on avait donné le nom à une constellation et que les marins honoraient comme une divinité tutélaire. Leur image était peinte sur la proue du vaisseau d’Alexandrie, qui, pour ce motif, portait leur nom.

12. * Syracuse, capitale de la Sicile, sur la côte orientale de cette ile.

13. * Rhégium, aujourd’hui Reggio, dans le royaume de Naples, au sud-ouest, vis-à-vis de la Sicile. — Putéoli. « Le lieu nommé Putéoli par la Vulgate est Pouzzoles, ville de la Campanie, sur le golfe de Naples. Le port d’Ostie ne pouvant recevoir que des barques, celui de Pouzzoles était le dernier où l’on abordât avant l’embouchure du Tibre. C’est vers ce port, parfaitement sûr, que cinglaient les nombreux vaisseaux qui venaient d’Alexandrie ; et c’est là que débarquaient les Juifs et les Syriens qui se rendaient à Rome. S. Paul y arriva deux jours après son départ de Reggio. Les frères qui l’accueillirent avec une charité si empressée, et qui le retinrent toute la semaine avec S. Luc et Aristárchus, étaient certainement des chrétiens, aussi bien que ceux qui vinrent à sa rencontre jusqu’au Marché d’Appius, à neuf lieues de Rome, et aux Trois Loges, à quatre lieues. Pouzzoles est à peu de distance de Pompéi. On a trouvé récemment dans les ruines de cette dernière ville, ensevelie dix-huit ans plus tard, en 79, sous les laves du Vésuve, une synagogue, et dans une inscription gravée au trait sur le stuc d’une muraille, une trace certaine de l’existence du christianisme à cette époque : Audi christiános, sævos olóres. » (L. Bacuez.)

15. * Forum ou marché d’Appius. Il était situé sur la via Appia, à quarante-trois milles de Rome, au nord-ouest de Terracine ; aujourd’hui San-Donato. — Les trois Tavernes étaient encore plus au nord, sur la même via Appia, à trente-trois milles de Rome.

16. * Seul avec le soldat qui le gardait. C’était un soldat prétorien, auquel S. Paul, d’après la coutume romaine, était attaché par une chaine au bras. — S. Paul arriva à Rome au mois de mars de l’an 61, la 7e année du règne de Néron.

19. * À César, alors Néron.

21-22. « On sent, dans le langage des Juifs, une sorte de réserve diplomatique ; ils s’en tiennent vis-à-vis de Paul au point de vue purement officiel. — De cette secte : religion de Jésus, à laquelle Paul a fait allusion verset 20. » (Crampon)

23. * Dans l’hôtellerie, proprement le logement où il recevait l’hospitalité, peut-être la maison d’Aquila et de Priscille.

25-26. Is. VI, 9 sv., cité d’après les Septante : comp. Matth. XIII, 14 ; Joan. XII, 40.

26. Regardant, vous regarderez ; répétition qui, comme on a pu le remarquer plusieurs fois, a pour but de donner de la force et de l’énergie au discours.

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