PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT JEAN
L’authenticité de cette Épitre n’a jamais été contestée, et elle ne pourrait l’être sérieusement. D’ailleurs, il suffît de la lire pour être convaincu que S. Jean en est l’auteur. S’il ne se désigne pas par son nom ou par ses prérogatives, il ne s’en révèle pas moins de la manière la plus manifeste. Il affirme qu’il a été témoin de tout ce que le Verbe de vie a fait lorsqu’il était sur la terre. Il parle comme étant bien connu de ceux à qui il s’adresse. Il s’exprime en docteur, en maitre, en père. Aux erreurs qu’il combat, on peut voir l’époque où il a écrit : ce ne peut être que la fin du premier siècle. Les vérités qu’il enseigne et la manière dont il les énonce font reconnaitre l’auteur du quatrième Évangile. Le fond des idées est le même dans les deux écrits et ne diffère pas de celui de l’Apocalypse. De part et d’autre, ce sont les mêmes dogmes : la divinité du Sauveur, l’universalité de la rédemption, la réalité de la vie future. C’est le même accent, la même conviction, la même candeur, la même tendresse, le même zèle à confesser la foi et à la communiquer. C’est aussi le même style : même simplicité dans les constructions, mêmes expressions favorites, mêmes parallélismes, mêmes répétitions, mêmes maximes et mêmes images. Enfin, c’est un langage que S. Jean seul a parlé, langage de la spiritualité la plus sublime et de la bonté la plus paternelle, tout de lumière, de pureté et d’amour. On admet assez communément que cette Épitre a été écrite à l’occasion du quatrième Évangile, pour en annoncer la publication et en indiquer le but. Ce fait n’est garanti par aucun témoignage bien exprès ; mais l’Épitre répond bien à ce dessein : elle est comme le sommaire de cet Évangile et elle pourrait en être la préface. D’anciens Pères ont supposé que S. Jean s’adressait à des Juifs convertis, résidant chez les Parthes. Mais la Lettre ne fournit aucune base à ce sentiment. On n’y trouve rien qui en restreigne la destination : elle ne contient aucune salutation, ni au commencement ni à la fin, de sorte qu’elle semble plutôt avoir été destinée, comme l’Évangile même, à l’Église entière. On peut présumer seulement que l’une et l’autre auront été publiés, d’abord à Éphèse où devait être l’Apôtre, puis dans l’Asie-Mineure où dogmatisaient les hérétiques qu’il combat. On connait les circonstances qui l’ont déterminé à prendre la plume, si longtemps après les Synoptiques et les autres écrivains sacrés. Dès l’origine de l’Église, un grand nombre de judaïsants, à demi convertis, s’éprirent du désir de se faire fondateurs de religions, ou plutôt réformateurs et chefs de sectes. Chacun se composa à son gré un système où il mélangea à divers degrés les dogmes du christianisme, les traditions juives et les idées philosophiques de l’Orient. De là un commencement de gnose, assez indécis d’abord, qui se diversifia suivant les lieux et les personnes, mais dont la tendance générale était de rabaisser la dignité du Sauveur et de reporter sur les spéculations philosophiques l’importance que la religion chrétienne attachait à la pratique de la vertu. Cérinthe (80-100) ne voulut voir en Jésus-Christ qu’une union morale et passagère du Christ ou du Dieu suprême avec une personne humaine. D’autres ne reconnurent même pas la réalité de cette courte union. Selon eux, la chair ayant pour auteur le principe du mal et étant mauvaise de sa nature, le Verbe n’avait pu s’unir à elle : il n’avait pris qu’une forme humaine pour nous donner des instructions et des exemples. Il n’existait donc pas d’Homme-Dieu. Quant à la rédemption, elle n’avait pas eu lieu non plus. Il est vrai qu’elle perdait sa raison d’être, l’homme n’ayant pas besoin d’être racheté, mais seulement d’être instruit ; car c’était une maxime admise par tous ces novateurs, que pour plaire à Dieu, il suffisait de le connaitre et d’avoir l’intelligence de ses mystères. À leurs yeux, la science et la sainteté étaient une même chose. La vertu ne contribuait en rien à la perfection, et le péché n’y mettait aucun obstacle. S. Paul, passant près d’Éphèse en l’an 58, avait annoncé l’apparition prochaine de ces hérésies, et, un peu plus tard, écrivant à Timothée, évêque de cette ville, il lui inculquait l’obligation où il était de les combattre. Mais ce fut surtout l’œuvre de S. Jean qui vint lui-même s’établir à Éphèse après la mort de la sainte Vierge. Il s’en acquitta, en affirmant, avec toute l’énergie et la netteté possibles, dans cette Épitre comme dans son Évangile, les dogmes les plus essentiels du christianisme, la nature humaine du Sauveur, sa divinité et surtout l’union personnelle de son humanité et de sa divinité. Aussi se trouve-t-il avoir réfuté par avance les hérésies plus dangereuses et plus puissantes qui allaient bientôt déchirer l’Église, et altérer, chacune à sa manière, le mystère de l’Incarnation : l’arianisme, le nestorianisme, l’eutychianisme, etc. Nul écrit ne se prête moins à une analyse proprement dite. On voit bien néanmoins le but de l’auteur : il est à la fois dogmatique et moral. En même temps qu’il affermit les fidèles dans la croyance à la divinité du Sauveur, à la réalité de son sacrifice et à l’universalité de la Rédemption, S. Jean s’efforce de les convaincre de la nécessité de pratiquer la vertu et surtout de l’importance de la charité. Ainsi les exhortations se mêlent à la polémique et aux enseignements doctrinaux. Jésus-Christ est montré tour à tour comme vrai Dieu, comme vrai homme, comme médiateur, comme victime, comme source de toute grâce et de tout pardon. Le péché est présenté comme incompatible avec la grâce sanctifiante, et les bonnes œuvres comme indispensables pour le salut. De l’ensemble de l’Épitre résulte cette conclusion : Que la vocation du chrétien est de participer à la vie de Dieu, en s’attachant à Notre Seigneur par la foi et en s’appropriant ses mérites par une vie pure et sainte. (L. Bacuez.)
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PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT JEAN
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Jésus-Christ vie éternelle apparue aux hommes. Société entre Dieu et nous. Marcher dans la lumière, pour être en société avec Dieu. Se dire sans péché, c’est mentir et accuser Dieu même de mensonge.
Jésus-Christ victime de propitiation pour les péchés de tout te monde. Qui demeure en lui doit marcher comme lui. Qui hait son frère est dans les ténèbres. Qui aime le monde n’aime point Dieu. Triple concupiscence. Plusieurs Antéchrists. L’onction divine enseigne tout.
Les chrétiens enfants de Dieu. Qui commet le péché est enfant du diable. Qui est né de Dieu ne pèche point. Qui n’aime point son frère demeure dans la mort. Aimer non de parole, mais réellement. Dieu demeure en nous par son Esprit.
Discernement des esprits. S’aimer les uns les autres. Amour de Dieu envers nous, modèle de l’amour que nous devons à nos frères. Celui qui demeure dans la charité demeure en Dieu. Confiance qu’inspire la charité. Celui qui hait son frère n’aime point Dieu.
Amour de Dieu et du prochain. Commandements de Dieu non pénibles. Foi victorieuse du monde. Témoins qui déposent pour Jésus-Christ. Qui ne croit pas en Jésus-Christ fait Dieu menteur, et n’a point la vie. Demandes exaucées. Péché qui conduit à la mort. Jésus-Christ vrai Dieu.
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Jésus-Christ vie éternelle apparue aux hommes. Société entre Dieu et nous. Marcher dans la lumière, pour être en société avec Dieu. Se dire sans péché, c’est mentir et accuser Dieu même de mensonge.
1. Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et touché par nos mains, du Verbe de la vie
2. (Car la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, nous l’attestons, et nous vous l’annonçons, cette vie éternelle qui nous est apparue) ;
3. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous entriez vous-mêmes en société avec nous, et que notre société soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ.
4. Et nous vous écrivons ceci, afin que vous vous réjouissiez, et que votre joie soit complète.
5. Or ce que nous vous annonçons après l’avoir entendu de lui, c’est que Dieu est lumière, et qu’il n’y a point en lui de ténèbres.
6. Si nous disons que nous sommes en société avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et nous ne suivons pas la vérité.
7. Mais si nous marchons dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière, nous sommes ensemble dans la même société, et le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché.
8. Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous.
9. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous remettre nos péchés, et pour nous purifier de toute iniquité.
10. Si nous disons que nous n’avons point péché, nous le faisons menteur, et sa parole n’est point en nous.
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CHAP. I.
5. Joan. VIII,
12. — 7. Hebr. IX,
14 ; I Petr. I,
19 ; Apoc. I, 5. — 8. III Reg. VIII, 46 ; II Par. VI, 36 ; Prov. XX, 9 ; Eccli. VII, 21.
2. Ce verset forme évidemment une parenthèse, c’est pour cela que nous l’avons enfermé entre des crochets.
10. Nous le faisons menteur ; puisque nous soutenons le contraire de ce que l’Écriture nous enseigne, savoir que nul n’est sans péché. Voy., en effet, Ps. CXV, 2(11) ; Job. XIV, 4 ; Prov. XXIV, 16 ; Eccles. VII, 21.
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Jésus-Christ victime de propitiation pour les péchés de tout te monde. Qui demeure en lui doit marcher comme lui. Qui hait son frère est dans les ténèbres. Qui aime le monde n’aime point Dieu. Triple concupiscence. Plusieurs Antéchrists. L’onction divine enseigne tout.
1. Mes petits enfants, je vous écris ceci pour que vous ne péchiez point. Cependant, si quelqu’un pèche, nous avons pour avocat auprès du Père, Jésus-Christ le Juste.
2. Et il est lui-même propitiation pour nos péchés ; non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde.
3. Or ce qui nous assure que nous le connaissons, c’est si nous gardons ses commandements.
4. Celui qui dit le connaitre et ne garde pas ses commandements est un menteur, et la vérité n’est pas en lui.
5. Mais celui qui garde sa parole a vraiment en lui l’amour parfait de Dieu ; et c’est par là que nous connaissons que nous sommes en lui.
6. Celui qui dit qu’il demeure en lui doit marcher lui-même comme il a marché.
7. Mes bien-aimés, ce n’est pas un commandement nouveau que je vous écris, mais le commandement ancien que vous avez reçu dès le commencement ; et ce commandement ancien, c’est la parole que vous avez entendue.
8. Cependant je vous écris un commandement nouveau, qui est vrai en lui et en vous, parce que les ténèbres sont passées, et que déjà luit la vraie lumière.
9. Celui qui dit être dans la lumière, et qui hait son frère, est encore dans les ténèbres.
10. Celui qui aime son frère demeure dans la lumière, et le scandale n’est point en lui.
11. Mais celui qui hait son frère est dans les ténèbres, marche dans les ténèbres, et ne sait où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux.
12. Je vous écris, petits enfants, parce que vos péchés vous sont remis en son nom.
13. Je vous écris, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement. Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le malin.
14. Je vous écris, enfants, parce que vous avez connu le Père. Je vous écris, jeunes hommes, parce que vous êtes forts, que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le malin.
15. N’aimez point le monde ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, la charité du Père n’est pas en lui.
16. Parce que tout ce qui est dans le monde est convoitise de la chair, convoitise des yeux, orgueil de la vie ; or cela ne vient pas du Père, mais du monde.
17. Or le monde passe, et sa concupiscence aussi ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement.
18. Mes petits enfants, cette heure-ci est la dernière heure ; et comme vous avez entendu que l’Antéchrist vient, il y a maintenant beaucoup d’Antéchrists : d’où nous savons que c’est la dernière heure.
19. Ils sont sortis d’avec nous, mais ils n’étaient pas de nous ; car s’ils avaient été de nous, ils seraient certainement demeurés avec nous.
20. Pour vous, vous avez reçu du Saint l’onction, et vous connaissez toutes choses.
21. Aussi je ne vous ai pas écrit comme si vous ignoriez la vérité, mais comme la connaissant, et sachant qu’aucun mensonge ne vient de la vérité.
22. Qui est le menteur ? sinon celui qui nie que Jésus soit le Christ ? Celui-là est l’Antéchrist, qui nie le Père et le Fils.
23. Quiconque nie le Fils ne reconnait pas le Père ; qui confesse le Fils reconnait aussi le Père.
24. Pour vous, que ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurerez, vous aussi, dans le Fils et dans le Père.
25. Et la promesse qu’il nous a faite lui-même, c’est la vie éternelle.
26. Voilà ce que je vous écris à l’égard de ceux qui vous séduisent.
27. Pour vous, que l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous. Vous n’avez pas besoin que quelqu’un vous instruise ; mais ce que son onction vous enseigne de toutes choses est vrai, et n’est pas un mensonge. Ainsi, comme il vous l’a enseigné, demeurez en lui.
28. Oui, mes petits enfants, demeurez en lui, afin que lorsqu’il apparaitra, nous ayons confiance, et que nous ne soyons pas confondus à son avènement.
29. Si vous savez qu’il est juste, sachez aussi que quiconque pratique la justice, est né de lui.
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CHAP.
II. 2. I Tim. II, 6. — 8. Joan. XIII, 34 ; XV, 12. —
10. Infra. III,
14. — 17. I Cor. VII,
31. — 27. Jer. XXXI,
33 ; II Cor. III,
3 ; Hebr. X,
16.
1. Le Juste. Le titre de Juste par excellence est donné à Jésus-Christ dans plusieurs passages de l’Écriture.
7, 8. Le commandement d’aimer le prochain est aussi ancien que le monde, c’est une loi de la nature même ; mais il est devenu un commandement nouveau par la perfection que Jésus-Christ y attachée.
13. Le malin esprit, le démon.
18. * Il y a maintenant beaucoup d’Antéchrists, c’est-à-dire de pécheurs et d’hérétiques. « Les hérétiques sont appelés antéchrists parce qu’ils sont les précurseurs de l’Antéchrist (II Thess. II, 4) » (Tintori)
19. Ils n’étaient pas de nous ; ils n’étaient pas des nôtres, parce qu’ils n’étaient pas sincèrement chrétiens. Chrétiens seulement par le baptême, infidèles par la perversité de leur doctrine et de leur conduite.
20. Du Saint. Les prophètes ont appelé Jésus-Christ le Saint par excellence ; plusieurs écrivains sacrés lui ont donné le nom de Juste, notamment saint Jean dans cette même Épitre (II, 1). Saint Pierre réunit ces deux titres dans un de ses discours (Act. III, 14). — Les vrais enfants de l’Église, participant à l’onction de l’Esprit-Saint, y trouvent toutes les connaissances, toute l’instruction nécessaire, sans avoir besoin de les chercher ailleurs.
27. Comme il vous, etc. ; selon d’autres, comme elle ; c’est-à-dire l’onction. À la vérité, le Grec et la Vulgate sont amphibologiques ; mais la version syriaque porte il, c’est-à-dire le Fils de Dieu, nommé aux versets précédents.
28. Oui. Nous avons déjà fait remarquer (Joan. XVIII, 36) que dans beaucoup de passages la particule du texte que l’on traduit généralement par maintenant était purement enclitique.
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Les chrétiens enfants de Dieu. Qui commet le péché est enfant du diable. Qui est né de Dieu ne pèche point. Qui n’aime point son frère demeure dans la mort. Aimer non de parole, mais réellement. Dieu demeure en nous par son Esprit.
1. Voyez quelle charité le Père a eue pour nous, de vouloir que nous soyons appelés, et que nous soyons réellement enfants de Dieu ! Si donc le monde ne nous connait pas, c’est parce qu’il ne le connait pas.
2. Mes bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu ; mais on ne voit pas encore ce que nous serons. Nous savons que lorsqu’il apparaitra nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est.
3. Et quiconque a cette espérance en lui se sanctifie, comme lui-même est saint.
4. Quiconque commet le péché commet l’iniquité ; car le péché est l’iniquité.
5. Et vous savez qu’il est apparu pour ôter nos péchés ; et il n’y a pas de péché en lui.
6. Quiconque donc demeure en lui ne pèche point, et quiconque pèche ne l’a point vu et ne l’a pas connu.
7. Mes petits enfants, que personne ne vous séduise. Qui pratique la justice est juste, comme lui-même est juste.
8. Celui qui commet le péché est du diable, parce que le diable pèche dès le commencement. Si le Fils de Dieu est apparu, c’est pour détruire les œuvres du diable.
9. Quiconque est né de Dieu ne commet point le péché, parce que la semence divine demeure en lui, et il ne peut pécher, parce qu’il est né de Dieu.
10. C’est à cela qu’on connait les enfants de Dieu et les enfants du diable. Quiconque n’est pas juste n’est pas de Dieu, non plus que celui qui n’aime pas son frère.
11. Car ce qui vous a été annoncé et que vous avez entendu dès le commencement est que vous vous aimiez les uns les autres ;
12. Non pas comme Caïn, qui était du malin, et qui tua son frère. Or pourquoi le tua-t-il ? Parce que ses œuvres étaient mauvaises et celles de son frère justes.
13. Ne vous étonnez point, mes frères, si le monde vous hait.
14. Nous savons que nous avons passé de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort.
15. Quiconque hait son frère est homicide. Or vous savez qu’aucun homicide n’a la vie éternelle demeurant en lui.
16. Nous avons connu la charité de Dieu en cela qu’il a donné sa vie pour nous ; ainsi nous devons de même donner notre vie pour nos frères.
17. Si celui qui a des biens de ce monde voit son frère dans le besoin, et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ?
18. Mes petits enfants, n’aimons point de parole ni de langue, mais en œuvres et en vérité.
19. C’est par là que nous connaissons que nous sommes de la vérité, et c’est devant Dieu que nous en persuaderons nos cœurs.
20. Que si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur, et connait toutes choses.
21. Mes bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne point, nous avons confiance en Dieu.
22. Et tout ce que nous demanderons, nous le recevrons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que ce qui lui est agréable, nous le faisons.
23. Or voici son commandement : c’est que nous croyions au nom de son Fils Jésus-Christ et que nous nous aimions les uns les autres, comme il en a donné le commandement.
24. Et qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et nous savons qu’il demeure en nous par l’Esprit qu’il nous a donné.
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CHAP.
III. 5. Is. LIII, 9 ; I Petr. II, 22. — 8. Joan. VIII, 44. — 11. Joan. XIII, 34 ; XV, 12.
— 12. Gen. IV, 8. — 14. Lev. XIX, 17 ; Supra. II, 10. — 16. Joan. XV, 13. — 17. Luc. III, 11 ; Jac. II, 15. — 22. Matth. XXI, 22. — 23. Joan. VI, 29 ; XVII, 3 ;
XIII,
34 ; XV, 12.
6. Ne pèche point ; c’est-à-dire qu’il ne tombe point dans des péchés graves, qu’il ne se laisse pas aller au crime ; s’il commet quelque faute par fragilité, il a soin de les expier par la pénitence.
8. Est apparu dans le monde, est venu dans le monde.
12. Du malin esprit, du démon. — * Caïn… tua son frère Abel.
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Discernement des esprits. S’aimer les uns les autres. Amour de Dieu envers nous, modèle de l’amour que nous devons à nos frères. Celui qui demeure dans la charité demeure en Dieu. Confiance qu’inspire la charité. Celui qui hait son frère n’aime point Dieu.
1. Mes bien-aimés, ne croyez point à tout esprit, mais éprouvez les esprits, s’ils sont de Dieu ; parce que beaucoup de faux prophètes se sont élevés dans le monde.
2. Voici en quoi se connait l’Esprit de Dieu : Tout esprit qui confesse que Jésus-Christ est venu dans la chair est de Dieu ;
3. Et tout esprit qui détruit Jésus n’est point de Dieu, et celui-là est l’Antéchrist, dont vous avez ouï dire qu’il vient ; or il est déjà dans le monde.
4. Vous, vous êtes de Dieu, mes petits enfants, et vous l’avez vaincu ; parce que celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde.
5. Eux sont du monde, c’est pourquoi ils parlent du monde, et le monde les écoute.
6. Nous, nous sommes de Dieu. Qui connait Dieu nous écoute ; qui n’est pas de Dieu ne nous écoute point ; et c’est à cela que nous connaissons l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur.
7. Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, parce que la charité est de Dieu. Ainsi quiconque aime est né de Dieu et connait Dieu.
8. Qui n’aime point ne connait pas Dieu, parce que Dieu est charité.
9. La charité de Dieu a paru en cela qu’il a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui.
10. Et cette charité consiste en ce que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c’est lui qui nous a aimés le premier, et qui a envoyé son Fils, propitiation pour nos péchés.
11. Mes bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres.
12. Personne n’a jamais vu Dieu. Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et sa charité en nous est parfaite.
13. Nous connaissons que nous demeurons en lui, et lui en nous, en cela qu’il nous a donné de son Esprit.
14. Et nous, nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé son Fils, Sauveur du monde.
15. Quiconque confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu.
16. Quant à nous, nous avons connu la charité que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est charité ; et qui demeure dans la charité demeure en Dieu, et Dieu en lui.
17. Or la charité de Dieu n’est parfaite en nous, de manière que nous ayons confiance au jour du jugement, qu’autant que nous sommes en ce monde tels qu’il est,
18. Car il n’y a point de crainte dans la charité ; mais la charité parfaite chasse la crainte, parce que la crainte est accompagnée de peine ; ainsi, celui qui craint n’est point parfait dans la charité.
19. Nous donc, aimons Dieu, parce que Dieu nous a aimés le premier.
20. Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur. Car celui qui n’aime point son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ?
21. De plus, nous avons ce commandement de Dieu : Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère.
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CHAP.
IV. 5. Joan. VIII,
47. — 9. Joan. III,
16. — 12. Joan. I,
18 ; I Tim. VI,
16. — 21. Joan. XIII, 34 ; XV, 12 ; Eph. V, 2.
1. Éprouver les esprits, c’est, par exemple, examiner si leur doctrine est conforme à la foi catholique, à l’enseignement de l’Église.
2. Tout esprit, etc. Ce n’est pas dire que la confession de ce point de foi seul soit dans tous les temps et dans tous les cas suffisante ; mais cela se rapporte à ce temps-là et à cette partie de la doctrine chrétienne qu’on devait particulièrement alors confesser, enseigner et maintenir contre les hérétiques qui avaient paru ; c’était la meilleure marque à laquelle on pût distinguer les vrais des faux docteurs.
3. Qui détruit ou qui divise Jésus-Christ, soit en niant sa nature humaine, ou sa divinité, soit en niant qu’il soit le Messie promis et envoyé de Dieu.
17. Tels qu’il est. Jésus-Christ étant saint et sans tache, nous devons, nous aussi, nous maintenir dans ce monde purs de toute tache du péché.
18. La charité parfaite, ou l’amour, chasse la crainte des hommes, comme aussi toute inquiétude qui nous porte à douter de la miséricorde de Dieu, et cette crainte servile qui nous fait appréhender la punition du péché plutôt que l’offense de Dieu. Mais elle n’exclut pas la crainte salutaire des jugements de Dieu, si souvent recommandée dans les Livres saints, pas plus que cette crainte et ce tremblement avec lesquels saint Paul (Phil. II, 12) nous recommande d’opérer notre salut. * « La crainte servile, qui se résout dans l’égoïsme ou amour de soi, n’a rien de commun avec la charité ; à mesure que l’une s’accroit, dit S. Augustin, l’autre diminue, et quand l’amour est arrivé à sa perfection, il n’y a plus, dans l’âme où il règne, de place pour la crainte servile. Cette crainte, loin d’échapper au châtiment qu’elle redoute, l’a déjà, elle le porte en quelque sorte en elle-même. Ajoutons que S. Jean décrit ici un état idéal, que les âmes les plus saintes peuvent bien entrevoir, auquel elles peuvent même toucher un moment, mais où elles ne sauraient, dans ce monde de péché, s’établir d’une manière définitive. En plaçant sous nos yeux ce but magnifique, il ne veut qu’une chose, nous animer à servir Dieu par le motif le plus élevé et le plus doux. » (Crampon, 1885)
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Amour de Dieu et du prochain. Commandements de Dieu non pénibles. Foi victorieuse du monde. Témoins qui déposent pour Jésus-Christ. Qui ne croit pas en Jésus-Christ fait Dieu menteur, et n’a point la vie. Demandes exaucées. Péché qui conduit à la mort. Jésus-Christ vrai Dieu.
1. Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu. Et quiconque aime celui qui a engendré aime aussi celui qui est né de lui.
2. Nous connaissons que nous aimons les enfants de Dieu lorsque nous aimons Dieu et que nous gardons ses commandements.
3. Car l’amour de Dieu, c’est que nous gardions ses commandements : et ses commandements ne sont pas pénibles.
4. Parce que tous ceux qui sont nés de Dieu triomphent du monde ; et la victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi.
5. Quel est celui qui triomphe du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?
6. C’est celui qui est venu avec l’eau et le sang, Jésus-Christ ; non pas avec l’eau seulement, mais avec l’eau et le sang. Et c’est l’Esprit qui rend témoignage que le Christ est la vérité.
7. Car ils sont trois qui rendent témoignage dans le ciel : le Père, le Verbe et l’Esprit-Saint ; et ces trois sont une seule chose.
8. Et ils sont trois qui rendent témoignage sur la terre, l’esprit, l’eau et le sang : et ces trois sont une seule chose.
9. Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand ; or ce témoignage de Dieu, qui est plus grand, est celui qu’il a rendu de son Fils.
10. Qui croit au Fils de Dieu a le témoignage de Dieu en soi. Qui ne croit pas au Fils fait Dieu menteur, parce qu’il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu de son Fils.
11. Et ce témoignage est que Dieu nous a donné la vie éternelle. Or cette vie est dans son Fils.
12. Celui qui a le Fils a la vie ; celui qui n’a point le Fils n’a point la vie.
13. Je vous écris ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu.
14. Et nous avons cette confiance en lui, que quelque chose que nous demandions selon sa volonté, il nous écoute.
15. Et nous savons qu’il nous écoute dans tout ce que nous demandons : nous le savons, parce que nous obtenons les demandes que nous lui faisons.
16. Si quelqu’un sait que son frère a commis un péché qui ne va pas à la mort, qu’il prie, et la vie sera accordée à celui dont le péché ne va pas à la mort. Il y a un péché qui va à la mort ; ce n’est pas pour celui-là que je dis que quelqu’un doive prier.
17. Toute iniquité est péché, et il y a un péché qui va à la mort.
18. Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche point ; mais la génération divine le conserve, et le malin ne le touche pas.
19. Nous savons que nous sommes de Dieu ; et le monde est tout entier sous l’empire du malin.
20. Nous savons encore que le Fils de Dieu est venu, et nous a donné l’intelligence, pour que nous connaissions le vrai Dieu, et que nous soyons en son vrai Fils. C’est lui qui est le vrai Dieu et la vie éternelle.
21. Mes petits enfants, gardez-vous des idoles. Amen.
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CHAP. V. 5. I Cor. XV, 57. — 10. Joan. III, 36. — 16. Matth. XII, 31-32 ; Marc. III, 28-29 ; Luc. XII, 10 ; I Joan. V, 16. — 20. Luc. XXIV, 45.
4. Tous ceux qui ; litter., tout ce qui. Voy. Rom. XI, 32.
16. Qui ne va pas à la mort, qui ne conduit pas à l’impénitence finale, laquelle cause à l’âme la mort éternelle. — Ce n’est pas, etc. Saint Jean ne défend pas de prier pour ceux qui commettent un tel péché ; car il n’y a pas de péché absolument irrémissible, mais il n’ose donner aux fidèles la confiance d’être exaucés pour celui-ci, confiance qu’il leur a inspirée à l’égard de tous les autres. — Le péché qui va à la mort, « qui entraine la mort spirituelle, qui rompt toute communion de vie avec le Fils de Dieu, c’est l’apostasie ou l’endurcissement. — Ce n’est pas pour ce péché-là, etc. Saint Jean ne défend pas de prier pour les apostats ; il ne dit pas non plus que ces prières ne seraient jamais exaucées. Mais il fait observer que la recommandation qui précède concerne d’autres pécheurs, et il insinue que la prière pour les apostats obtiendrait plus difficilement son effet, sans doute à cause de l’endurcissement de ceux pour qui elle serait faite. » (Crampon, 1885)
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