Le Déluge, le Seigneur Jésus bon Samaritain et l’Église Arche de Noé |
L’Escamoteur ou l’Accoucheur |
Il s’agit très certainement de l’autoportrait de Jérôme Bosch avec son épouse. Dans la lucarne ronde en haut à gauche, on aperçoit un oisillon qui ouvre le bec vers en oiseau, son père ou sa mère qui le nourrit, c’est un tableau de famille. Jérôme est un voyant, un oiseau qui voit dans l’obscurité ce que la plupart de ses contemporains de voient pas. C’est pourquoi il a choisit de se représenter par une chouette dans un grand nombre de ses tableaux. La chouette est ici dans le panier de l’escamoteur. La composition est encadré par deux petits oiseaux chacun dans une ouverture circulaire, en haut à gauche l’oisillon dans la lucarne, en bas à droite, la petit chouette dans le panier. Ces deux oiseaux, avec les deux grenouilles, sont le personnage principal du récit. Ils sont l’enfant Jérôme et de son épouse dans le ventre de sa mère, le bec en haut et la boucle du panier sont le cordon ombilical, et plus encore il s’agit de l’Enfant Jésus dans le ventre de la Vierge Marie. |
Le tableau est un récit de l’Annonciation, l’Enfant Jésus dans le ventre de la Vierge Marie sont les oiseaux, et de la Nativité, l’Enfant Jésus qui sort du ventre de la Vierge Marie sont les grenouilles : Dieu joue à l’escamoteur en faisant naitre un Enfant d’une Vierge (cf. Mt 1, 32 ; Lc 1, 34), c’est un tour de passepasse. Plus qu’Escamoteur, l’homme en rouge est un Accoucheur : il fait sortir une grenouille de la bouche de l’homme volé sans rien y avoir mis à l’avance. Pour comprendre cette description de l’Annonciation et de la Nativité, il faut lire la parabole des talents. Trois cercles, l’ouverture du panier, la lucarne et le cerceau posé contre le pied de la table, forment un triangle. Le cercle est le signe de l’Acte créateur de Dieu. Pr 8 « 23 Ab aeterno ordinata sum, et ex antiquis
antequam terra fieret. » « 23.
Dès
l’éternité j’ai
été établie, dès les temps
anciens, avant que la terre
fut
faite. 24. Les abimes n’étaient pas
encore, et moi déjà
j’avais été
conçue ; les sources des eaux n’avaient
pas encore
jailli : 25. Les montagnes à la pesante masse
n’étaient pas
encore affermies, et moi, avant les collines,
j’étais
engendrée : 26. Il
n’avait pas encore fait la terre et les fleuves, et les
pôles du globe (orbis) de
la terre terrae). 27. Quand il préparait les cieux,
j’étais présente : quand par
une loi inviolable il entourait d’un
cercle (gyro) les abimes : 28.
Quand
il affermissait en haut les éthers, et qu’il
mettait en équilibre les
sources
des eaux : 29. Quand il mettait
autour (circumdabat) de la mer ses limites,
et qu’il
imposait une loi aux eaux, afin qu’elles
n’allassent point au delà de
leurs
bornes ; quand il pesait les fondements de la terre :
30. J’étais
avec lui, disposant toutes choses ; et je me
réjouissais
chaque jour, me
jouant, en tout temps, devant lui : 31. Me jouant dans le globe (orbe)
de
la terre ; et mes délices sont
d’être
avec les fils des hommes. » Le sujet du tableau L’escamoteur est l’illustration de la vérité théologique selon laquelle la Conception Virginale et la Naissance Virginale de l’Enfant Jésus sont le Commencement du monde, la Vierge Marie était présente au Commencement du monde (cf. Si 24, 14), Elle est la Mère de la Création. |
Le charriot de foin |
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Ps 101 |
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« 1 Oratio pauperis, cum anxius fuerit, et in
conspectu Domini effuderit precem suam. (…)
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« 1. Oraison du pauvre. Lorsqu’il est dans l’anxiété, et qu’en présence du Seigneur il répand sa prière. (…) |
7 Similis factus sum pellicano solitudinis ; |
7. Je suis devenu semblable au pélican du désert ; |
factus sum sicut nycticorax in domicilio. |
je suis devenu comme le hibou dans sa demeure. |
8 Vigilavi, et factus sum sicut passer solitarius in tecto. » |
8. J’ai veillé, et je suis devenu comme un passereau solitaire sur un toit. » |
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Devant
le triptyque on ne peut s’empêcher
de penser à la question d’un inconnu au Seigneur
Jésus : |
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Lc 13 « 22 Et ibat per civitates et castella, docens, et iter faciens in Jerusalem. |
« 22. Et il allait par les villes et par les villages, enseignant, et faisant son chemin vers Jérusalem. |
23 Ait autem illi quidam : Domine, si pauci sunt, qui salvantur ? Ipse autem dixit ad illos : |
23. Or quelqu’un lui demanda : Seigneur, y en a-t-il peu qui soient sauvés ? Il leur répondit : |
24 Contendite intrare per angustam portam : quia multi, dico vobis, quaerent intrare, et non poterunt. » |
24. Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ; car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer, et ne le pourront pas. » |
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Ce petit dialogue est tout le triptyque. Le spectateur est surpris devant le contraste entre le triptyque fermé et ouvert. À l’extérieur un grand personnage, seul, marchant à pas lents, à l’intérieur une multitude de petits personnages mêlés dans un foule agitée. Le même contraste est visible dans le monde angélique : une multitude d’anges déchus sur le panneau du paradis terrestre et un seul Ange intercesseur sur le panneau central. Devant un tel spectacle, celui que Jérôme Bosch voit dans la société qui l’entourait, on peut demander au Seigneur : « y en a-t-il peu qui soient sauvés ? » Dans
le tableau le
sentiment d’inquiétude est encore
renforcé par le dialogue entre le
Seigneur
Jésus et l’Ange intercesseur. L’Ange
supplie le Seigneur pour les
pécheurs, le
Christ regarde l’Ange, montre les plaies de ses mains et
celle de son
côté. Il
semble répondre à l’Ange :
« Vois mes plaies,
personne ne les regarde.
J’ai déjà tout accompli pour les sauver
mais eux tous se désintéressent
totalement de tout cela. Que puis-je faire de
plus ? » La marche du
panneau central conduit à droite dans le panneau de
l’enfer. Dans ce
mouvement
on peut encore entendre le Seigneur Jésus
répondre à l’Ange :
« Ils
ne font pas attention à Moi, Je ne peux que les laisser se
précipiter
en
enfer. » D’après
la théologie l’Église
enseignée du
temps de Jérôme Bosch et celle qui a
été la sienne pendant une première
partie
de sa vie, Adam et Ève ont péché et
par eux la péché et la mort sont
entrés
dans le monde. Jérôme Bosch voit un monde
dominé par la mort dans
lequel une
foule d’insensés vit sans se soucier du danger et
se dirige en effet
vers la
mort éternelle. La composition du panneau central et celui
de droite
reprend à
la lettre le psaume 91 : |
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Ps 37 |
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« 1 Noli aemulari in malignantibus, |
1. Ne rivalise pas avec les méchants, |
neque zelaveris facientes iniquitatem : |
et ne sois pas zélé pour ceux qui commettent l’iniquité. |
2 quoniam tamquam fœnum velociter
arescent, |
2. Car, comme le foin, ils sècheront en un instant, |
et quemadmodum olera herbarum cito decident. |
et comme les herbes légumineuses, ils tomberont promptement. |
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Am 2 |
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« 1 Haec dicit
Dominus : |
« 1. Voici ce que dit le Seigneur : |
Super tribus sceleribus Moab, |
À cause des trois et même des quatre crimes de Moab, |
et super quatuor non convertam
eum, |
je ne le convertirai pas, |
eo quod incenderit ossa regis Idumaeae usque ad
cinerem. |
parce qu’ils ont brulé les os du roi d’Édom, jusqu’à les réduire en cendres. |
2 Et mittam ignem in Moab, |
2. Et j’enverrai un feu dans Moab, |
et devorabit aedes
Carioth : |
et il dévorera les édifices de Carioth ; |
et morietur in sonitu Moab, in
clangore tubae. |
et Moab mourra au milieu du bruit des armes et au son de la trompette ; |
3 Et disperdam judicem de medio
ejus, |
3. Et j’exterminerai le juge du milieu de Moab, |
et omnes principes ejus
interficiam cum eo, |
et tous ses princes, je les ferai périr avec lui, |
dicit Dominus. |
dit le Seigneur. |
4 Haec dicit Dominus : |
4. Voici ce que dit le Seigneur : |
Super tribus sceleribus Juda, |
A cause des trois et même des quatre crimes de Juda, |
et super quatuor non convertam
eum, |
je ne le convertirai pas, |
eo quod abjecerit legem Domini |
parce qu’ils ont rejeté la loi du Seigneur, |
et mandata ejus non
custodierit : |
et n’ont pas gardé ses commandements ; |
deceperant enim eos idola sua, |
car leurs idoles les ont
trompés, |
post quae abierant patres eorum. |
ces idoles après lesquelles avaient couru leurs pères. |
5 Et mittam ignem in Juda, |
5. Et j’enverrai un feu dans Juda, |
et devorabit aedes Jerusalem. |
et il dévorera les édifices de Jérusalem. |
6 Haec dicit Dominus : |
6. Voici ce que dit le Seigneur : |
Super tribus sceleribus
Israël, |
À cause des trois et même des quatre crimes d’Israël, |
et super quatuor non convertam
eum, |
je ne le convertirai pas ; |
pro eo quod vendiderit pro argento justum, |
parce qu’il a vendu le juste pour de l’argent, |
et pauperem pro calceamentis. |
et le pauvre pour une chaussure. |
7 Qui conterunt super pulverem
terrae capita pauperum, |
7. Ils brisent sur la poussière les têtes des pauvres |
et viam humilium
declinant : |
et détournent la voie des humbles ; |
et filius ac pater ejus ierunt ad
puellam, |
le père et le fils sont allés vers une jeune fille, |
ut violarent nomen sanctum meum. |
afin de violer mon nom saint. |
8 Et super vestimentis pignoratis
accubuerunt juxta omne altare, |
8. Et c’est sur des vêtements reçus en gage qu’ils se sont couchés près de tout autel ; |
et vinum damnatorum bibebant in
domo Dei sui. |
et ils buvaient le vin des condamnés dans le temple de leur Dieu. |
9 Ego autem exterminavi Amorrhaeum a facie
eorum, |
9. Cependant c’est moi qui ai exterminé à leur face l’Amorrhéen, |
cujus altitudo, cedrorum altitudo ejus, |
dont la hauteur était la hauteur des cèdres, |
et fortis ipse quasi
quercus ; |
et il était fort lui-même comme un chêne ; |
et contrivi fructum ejus desuper,
|
et j’ai détruit son fruit en haut, |
et radices ejus subter. |
et ses racines en bas. |
10 Ego sum qui ascendere vos feci
de terra AEgypti, |
10. C’est moi qui vous ai fait monter de la terre d’Égypte, |
et duxi vos in deserto
quadraginta annis, |
et vous ai conduits dans le désert pendant quarante années, |
ut possideretis terram Amorrhaei.
|
afin que vous possédiez la terre de l’Amorrhéen. |
11 Et suscitavi de filiis vestris
in prophetas, |
11. Et d’entre vos fils j’ai suscité des prophètes, |
et de juvenibus vestris
nazaraeos. |
et d’entre vos jeunes hommes des Nazaréens. |
Numquid non ita est, filii
Israël ? dicit Dominus. |
Est-ce qu’il n’en est pas ainsi, ô fils d’Israël ? dit le Seigneur. |
12 Et propinabitis nazaraeis
vinum, |
12. Et vous offrirez du vin à boire aux Nazaréens, |
et prophetis mandabitis,
dicentes : |
et vous commanderez aux prophètes, disant : |
Ne prophetetis. |
Ne prophétisez point. |
13 Ecce ego stridebo subter vos, |
13. Voilà que moi, je crierai sous vous, |
sicut stridet plaustrum onustum fœno.
|
comme crie le charriot chargé de foin. |
14 Et peribit fuga a veloce, |
14. Et la fuite manquera au plus rapide, |
et fortis non obtinebit virtutem
suam, |
et le brave ne jouira pas de sa valeur, |
et robustus non salvabit animam
suam : |
et le fort ne sauvera pas son âme ; |
15 et tenens arcum non stabit, |
15. Et celui qui manie l’arc ne résistera pas, |
et velox pedibus suis non
salvabitur, |
et le plus vite de ses pieds ne se sauvera pas, |
et ascensor equi non salvabit
animam suam : |
et le cavalier ne sauvera pas son âme. |
16 et robustus corde inter fortes
nudus fugiet in illa die, |
16. Et le plus hardi entre les braves s’enfuira nu en ce jour-là, |
dicit
Dominus. » |
dit le Seigneur. » |
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Ps 91 |
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« 6 Quam magnificata sunt
opera tua,
Domine ! |
« 6. Que vos œuvres sont magnifiques, Seigneur ! |
nimis profundae factae sunt cogitationes tuae. |
Vos pensées sont infiniment profondes. |
7 Vir insipiens non cognoscet, |
7. Un homme insensé ne les connaitra pas, |
et stultus non intelliget haec. |
et un fou ne les comprendra pas. |
8 Cum exorti fuerint peccatores sicut fœnum, |
8. Lorsque les pécheurs seront sortis au dehors comme le foin, |
et apparuerint omnes qui operantur iniquitatem, |
et qu’auront apparu tous ceux qui opèrent l’iniquité, |
ut intereant in saeculum saeculi : |
Pour périr dans les siècles des siècles ; |
9 tu autem Altissimus in aeternum, Domine. |
9. Vous, au contraire, vous êtes éternellement le Très-Haut, ô Seigneur. |
10 Quoniam ecce inimici tui, Domine, |
10. Car voici que vos ennemis, Seigneur, |
quoniam ecce inimici tui peribunt ; |
Car voici que vos ennemis périront, |
et dispergentur omnes qui operantur iniquitatem. » |
et ils seront dispersés tous ceux qui opèrent l’iniquité. » |
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v.
6 : Les œuvres
de la Création et de la Rédemption sont
magnifiques (dans la théologie
ancienne
la Création et la Rédemption étaient
comprises comme deux choses
distinctes) :
le panneau du paradis terrestre et le Christ montrant ses plaies. v
7. : Les
insensés ne les comprennent pas : la foule du
panneau central
ne comprend
rien à ce qui est se passe dans le monde et dans leur vie,
elle ne fait
même
pas attention à Dieu. v
8. Trois verbes
décrivent un mouvement théâtral,
l’entrée (exorior
« naitre, sortir, paraitre, se montrer,
etc. »), la
scène (appareo
« être
visible »), la
sortie (intereo
« se perdre
dans, disparaitre dans, périr,
mourir ») : c’est
l’entrée à gauche et
à droite (sous la planche), la scène au milieu,
des hommes et des
femmes tous
oisifs ou occupés à pratiquer le
péché et la sortie à droite le long du
timon
du charriot. Il semble que les hommes ont été
transformés en démon au
cours de
leur vie et qu’ils entrainent avec eux la paille de leurs
péchés. (On
peut
peut-être aussi interpréter les personnages de
droite comme des démons
entrainant les hommes vers l’enfer.) On reconnait dans le
mouvement de
la
phrase, celui du triptyque ouvert. Il semble évident que le
foin du
tableau est
la transcription du mot « foenum »
de la Vulgate. v.
9 : « Vous, au contraire,
vous êtes
éternellement le Très-Haut, ô
Seigneur » :
le Seigneur Jésus sur le nuage demeure
éternellement et en
hauteur contrairement aux pécheurs qui vivent en bas pour la
durée
courte d’une
vie et disparaissent ensuite. v.
10 : « voici que vos ennemis
périront » :
ils
sont en enfer dans le panneau de gauche ; « ils
seront dispersés tous ceux qui opèrent
l’iniquité » :
les hommes en enfer ne sont plus mêlés comme dans
le panneau central
mais
séparés pas les démons qui les
saisissent ou les pourchassent. Le spectateur du triptyque ouvert voit un monde dominé par la mort. À gauche, le péché originel fait entrer le péché et la mort. Les anges déchus envahissent le monde parce qu’Adam et Ève leur ont ouvert l’entrée par le péché (toujours selon l’ancienne théologie). Au milieu, une foule d’hommes et de femmes insensés marchent sans le comprendre vers leur damnation. À gauche la vision de l’enfer témoigne que les hommes ont construit eux-mêmes leur malheur contre le dessein du Dieu qui est de donner le Salut à tout homme (1 Tm 2, 4) : c’est la tour de Babel (cf. Gn 11, 3-4). Devant une telle désolation que doit faire le disciple du Christ ? Entendre la réponse à la question qui surgit devant un tel spectacle. |
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Lc 13 « 23 Ait autem illi quidam : Domine, si pauci sunt, qui salvantur ? Ipse autem dixit ad illos : |
« 23. Or quelqu’un lui demanda : Seigneur, y en a-t-il peu qui soient sauvés ? Il leur répondit : |
24 Contendite intrare per angustam portam : quia multi, dico vobis, quaerent intrare, et non poterunt. » |
24. Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ; car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer, et ne le pourront pas. » |
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Le Seigneur Jésus tourne son interlocuteur et tous ceux qui entendent leur dialogue vers leur propre Salut : « Toi, cherche le Salut. » C’est ce que fait le personnage du triptyque fermé. Nous comprenons alors le sens de lecture du tableau. Il s’agit de quitter ce monde de mort et la foule des insensés qui l’habite, il s’agit de partir, de s’en aller, de se retirer. Que fait-on lorsqu’on s’en va après avoir regardé un triptyque ? On le referme. Le charriot de foin est un triptyque qui se lit dans le sens ouvert puis fermé. Le colporteur aussi est dans un monde de mort. Le paysage est dominé par une potence. À droite, on retrouve les hommes insensés qui s’amusent par la musique et la danse sans avoir conscience du danger. Saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716, c’est-à-dire deux siècles après) dénonce le même danger dans un discours très semblable. |
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La danse et le bal (Cantique
31), extraits : « 1 On veut me perdre, Seigneur, Par le piège de la danse ; Coupez ce piège trompeur Qu’on tend à mon innocence. Les mondains dansent malgré vous, Ô Seigneur, secourez-nous. 2 Voici l’encens de Vénus Et son école agréable, Voici le jeu de Bacchus, Voici le cercle du diable, Voici sa belle invention Pour notre perdition. 3 Oui, Satan est l’inventeur De la danse malheureuse, Il est le premier auteur De cette peste joyeuse, Pour condamner bien joyeusement Et comme insensiblement. 9 Leur corps (1) est tout déréglé, Leur esprit est sans lumière, Leur cœur est ensorcelé : C’est ce que le diable opère, Leur faisant nommer scrupuleux Ceux qui ne font pas comme eux. 13 En parlant en général, La danse est indifférente, De soi ce n’est pas un mal ; Elle peut être innocente, Car David dansa de ferveur Devant l’arche du Seigneur. (2) 14 Mais pour danser sans pécher, Il faut tant de circonstances, Qu’on ne peut pas s’empêcher D’offenser Dieu dans les danses. C’est un mal ordinairement, C’est un grand dérèglement. 28 Ô grand fou, qui danse au bord D’un éternel précipice, Sans appréhender la mort Ni Dieu même en sa justice ! Ah ! Satan l’a tout aveuglé, Il tuera ce bœuf vilé. (3) 32 La danse est même un tyran, Le plus fin qui soit peut-être ; Elle a fait mourir saint Jean, (4) Précurseur de notre Maitre. Ô grand Dieu, qu’elle a fait de morts Et dans l’âme et dans le corps ! 33 Les saints Pères, les docteurs Les canons, l’Église même Ont condamné les danseurs, Les ont frappés d’anathème, Aussi bien que les bateleurs, Les comédiens, les farceurs. 34 Les hommes sont aveuglés Par la danse, dit un Père, Les enfants sont déréglés, Ils méprisent père et mère, Les femmes y perdent l’honneur Et la grâce du Seigneur. 35 Les danses font transgresser Toutes les lois de l’Église, Elles font encore briser Toute la loi de Moïse ; Un danseur a perdu la foi Et ne garde plus la loi. » (1) cf. 2 S 6, 16. (2) Celui des danseurs. (3) Vilé. Nous ne connaissons pas ce mot. C’est peut-être une erreur dans le document que nous avons copié. (4) cf. Mc 6, 16-29. |
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À gauche des brigands assaillent un homme pour le dépouiller. C’est un souvenir de la Parole du Seigneur : |
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Lc 12 « 32 Nolite timere pusillus grex, quia complacuit Patri vestro dare vobis regnum. |
« 32. Ne craignez point, petit troupeau, parce qu’il a plu à votre Père de vous donner son royaume. |
33 Vendite quae possidetis, et date eleemosynam. Facite vobis sacculos, qui non veterascunt, thesaurum non deficientem in caelis : quo fur non appropriat, neque tinea corrumpit. |
33. Vendez ce que vous avez et l’aumône. Faites-vous des bourses que le temps n’use point, un trésor qui ne vous fasse pas défaut dans les cieux, où le voleur n’approche point, et où les vers ne rongent point. |
34 Ubi enim thesaurus vester est, ibi et cor vestrum erit. |
34. Car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur. |
35 Sint lumbi vestri praecincti, et lucernae ardentes in manibus vestris, |
35. Ceignez vos reins, et ayez en vos mains les lampes allumées ; |
36 et
vos similes hominibus exspectantibus dominum suum quando revertatur a
nuptiis : ut, cum venerit et pulsaverit, confestim aperiant ei. » |
36. Semblables à des hommes qui attendent que leur maitre revienne des noces ; afin que lorsqu’il viendra et frappera à la porte, ils lui ouvrent aussitôt. » |
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Le récit se termine sur une parole de réconfort : « Ne craignez point, petit troupeau ». « Si vous êtes peu nombreux, ne craignez pas pour autant. Le Salut vous est donné gratuitement. Il vous suffit de le recevoir comme des enfants. » Le colporteur a conservé dans sa valise une bonne nourriture (la cuillère nous laisse penser en effet que le contenu de la valise est de la nourriture). Cette nourriture est la Parole de Dieu, le Pain de Vie descendu du Ciel, les Paroles du Seigneur Jésus dans les Saints Évangiles. Ce colporteur est Jérôme Bosch. Avec le don particulier qu’il a reçu de l’Esprit Saint (cf. Rm 12, 6 ; Ex 35, 30-35), par son travail d’artiste, il annonce la morale chrétienne. |
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Mt 24 « 44
Ideo et vos estote parati : quia qua nescitis hora Filius
hominis venturus est. |
« 44.
C’est pourquoi
vous aussi, tenez-vous prêts ; car vous ignorez
l’heure à
laquelle le Fils de l’homme doit venir. |
45
Quis, putas, est fidelis servus, et prudens, quem constituit dominus
suus super familiam suam ut det illis cibum in tempore ? |
45. Qui, pensez-vous, est le
serviteur fidèle et prudent que son maitre a
établi sur tous ses
serviteurs, pour leur distribuer dans le temps leur
nourriture ? |
46
Beatus ille servus, quem cum venerit dominus ejus, invenerit sic
facientem. |
46. Heureux ce serviteur, que
son maitre, lorsqu’il viendra, trouvera agissant ainsi. |
47
Amen dico vobis, quoniam super omnia bona sua constituet eum. »
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47. En
vérité, je vous dis
qu’il l’établira sur tous ses
biens. » |
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Le serviteur de la parabole distribue la nourriture aux autres serviteurs. C’est la cuillère sur le sac. Pour Jérôme Bosch, cette cuillère est son pinceau. Il a reçu de Dieu mission d’enseigner la morale chrétienne en peinture et il s’acquitte de son service avec fidélité (cf. Rm 12, 6-8). Chaque tableau qui sort de son atelier est une portion de bonne nourriture distribuée aux serviteurs du Seigneur Jésus. Comme ses tableaux circulent un peu partout dans son pays et même au-delà, il est un vrai colporteur d’Évangile. Il marche doucement, repousse avec méfiance les tentations (ce sont les lampes allumées de la vigilance dans les mains, remarquez aussi la ceinture bien serrée) et se prépare à traverser le ravin de la mort. Lui se prépare à passer dans l’au-delà mais pas seulement l’au-delà de l’éternité, plus encore l’au-delà de la localité : il s’apprête à passer du monde extérieur à Dieu au monde de Dieu, du monde de la mort au monde de la Vie. Il accomplit avec son Divin Maitre le Christ, la Pâque du Seigneur (cf. Ex 12, 11 ; 14, 15-31 ; Jn 13, 1). Remarquez bien que, dans ce tableau ayant pour thème les fins dernières, le paradis n’est pas représenté visuellement. Nous sommes dans le sublime de la théologie. L’enfer est décrit comme un lieu appartenant au même monde que le temps présent. C’est le monde extérieur à Dieu. Les insensés du panneau central commettent la faute de refuser de comprendre que ne pas s’occuper de religion, c’est rester sur place, c’est choisir de demeurer éternellement où ils sont déjà, à l’extérieur de Dieu. Le monde divin est un autre monde que le monde terrestre, l’enfer est le monde terrestre qui dure éternellement. Dans le triptyque nous voyons les insensés passer d’un panneau à l’autre. Ils ne sortent pas du cadre de l’œuvre. Le colporteur, lui, s’apprête à sortir du cadre, il quitte le champ de vision de l’observateur. Il s’apprête à passer en Dieu. C’est un homme religieux, un dévot. Il met à profit le temps de sa vie terrestre pour vivre en « étranger et voyageur » (Gn 23, 4 ; cf. Hb 11, 13). Toute la composition du triptyque est une invitation puissante à se laisser emporter par le mouvement de la religion chrétienne, celui de la Pâque du Seigneur (cf. Jn 14, 3). Le colporteur se prépare donc à franchir la vallée d’ombre mortelle. Selon la Parole du Seigneur, il n’a rien à craindre. Devant lui se tient une autre potence, mais c’est celle de la Vie, la potence qui tient un bâton. Potence et bâton sont un même objet : la Croix du Seigneur Jésus. La Croix, sur laquelle le Seigneur Jésus a reçu les plaies qui sauvent les hommes de bonne volonté, est l’Ancre de son Espérance (cf. Hb 9, 16). Elle est là devant lui pour l’aider à franchir le pont, à passer dans la Vie éternelle. |
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Ps 22 |
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« 4 Nam etsi ambulavero in
medio
umbrae mortis, |
« 4. Aussi, quand même je marcherais au milieu de l’ombre de la mort, |
non timebo mala, quoniam tu mecum es. |
je ne craindrais point les maux, car vous êtes avec moi. |
Virga tua, et baculus tuus, |
Votre verge et votre bâton |
ipsa me consolata sunt. » |
m’ont consolé. » |
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D’après l’hébreu (traduction d’A. Crampon) : « 4 Même quand je marche dans une vallée d’ombre mortelle, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton me rassurent. » |
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La femme qui lave un enfant |
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Elle a deux significations. Elle est parmi le peuple des insensés. Elle est fait une bonne action, elle soigne un enfant, mais elle fait réellement partie du peuple des insensés car elle agit comme les autres sans conscience de l’avenir. Jérôme Bosch est un moraliste avant d’être un artiste. Il se considère comme un pauvre ouvrier au service du Seigneur Jésus, rien de plus. Il accomplit sa fonction avec les talents qui lui ont été donnés (cf. Mt 25, 14-30). Le sujet principal de l’œuvre est les fins dernières, « novissima » (Dt 32, 20.29 ; Ps 72, 17 ; Si 7, 40 ; 28, 6), les dernières choses qui arrivent à un homme : la mort, le jugement l’enfer ou le ciel. Il ne faut jamais oublier à ce sujet que regarder le jugement, c’est avant tout regarder la Miséricorde. C’est ce que montre le Seigneur Jésus dans son nuage : les plaies, Don de sa Miséricorde. La femme qui lave l’enfant vit sans conscience de la mort comme le porc à côté d’elle qui finira bientôt sur la broche à cuire. Elle ne pense pas qu’en vivant dans l’ignorance, elle finira dans les flammes de l’enfer (cf. Ps 48, 13-15). Il faut bien comprendre que l’ignorance est un péché mortel. Pour ignorer la parole de Dieu, il faut toujours faire exprès de ne pas l’entendre. Dieu appelle chaque homme par son nom (cf. Is 43, 1) et Dieu l’appelle encore s’il vient à pécher (cf. Gn 4, 9) ou se condamne lui-même parce qu’il pense avoir péché alors que ce n’est pas la vérité (cf. Gn 3, 9 ; 1 Jn 3, 20). Si l’homme ne connait pas Dieu, c’est qu’il a refusé d’écouter la voix qui l’appelait à entrer dans la vie de relation (cf. Is 66, 4, le v. 3 fait référence au porc). La mort vient d’abord par l’ignorance par le refus de regarder nos fins dernières. Cette vérité est signifiée dans le panneau central par la tête décapité avec un bandeau sur les yeux. Le refus de voir, fait perdre la tête, c’est-à-dire la raison. Les hommes deviennent alors « comme des animaux sans raison, destinés naturellement à devenir une proie et à périr » (2 P 2, 12 ; cf. Ps 48, 21). La femme a aussi une autre signification. Avec le Seigneur Jésus dans le nuage, elle encadre la composition. Elle le Seigneur Jésus Lui-Même et avec Lui ses envoyés. Par sa Passion, pas la Croix, par ses Plaies, par son Sang, et au moyen du Sacrement du Baptême, Il nous a lavé de nous souillures. |
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Ez 36 |
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« 25 Et
effundam super
vos aquam mundam, |
« 25. Et
je
répandrai sur vous une eau pure, |
et mundabimini ab omnibus
inquinamentis vestris, |
et vous serez
purifiés de
toutes vos souillures, |
et ab universis idolis vestris
mundabo vos. » |
et je vous purifierai de
toutes vos idoles. » |
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1 Th 2 « 7 … sed
facti sumus parvuli in medio vestrum, tamquam si nutrix foveat
filios suos. |
Saint Paul : « 7. … nous nous sommes faits petits parmi vous, comme une nourrice qui soigne ses enfants. » |
Cependant nombreux sont les hommes qui, lavés de leur souillures par le Baptême, retournent se rouler dans la fange comme le porc. Selon cette lecture, le porc n’est plus associé à la femme mais à l’enfant. Nous citons tout le chapitre 2 de la 2ème lettre de Saint Pierre car l’œuvre de Jérôme Bosch est l’illustration. |
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2 P 2 « 1
Fuerunt vero et pseudoprophetae in populo, sicut et in vobis erunt
magistri mendaces, qui introducent sectas perditionis : et eum
qui emit eos, Dominum negant, superducentes sibi celerem perditionem. |
« 1. Mais
il y a eu
aussi de faux prophètes dans le peuple, comme il y aura
également parmi
vous des maitres menteurs, qui introduiront des sectes de perdition, et
renieront le Seigneur qui nous a rachetés, attirant sur eux
une prompte
perdition. |
2 Et
multi sequentur eorum luxurias, per quos via veritatis
blasphemabitur : |
2. Et beaucoup verront leurs
dérèglements, et par eux la voie de la
vérité sera blasphémée. |
3 et
in avaritia fictis verbis de vobis negotiabuntur : quibus
judicium jam olim non cessat : et perditio eorum non dormitat.
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3. Et, dans leur avarice, ils
trafiqueront de vous au moyen de paroles artificieuses : leur
jugement déjà ancien n’est pas
interrompu, ni leur perte endormie. |
4 Si
enim Deus angelis peccantibus non pepercit, sed rudentibus inferni
detractos in tartarum tradidit cruciandos, in judicium reservari. |
4. Car si Dieu n’a
pas épargné
les anges qui ont péché ; mais si,
chargés des chaines de
l’enfer et précipités dans
l’abime, il les a livrés afin
d’être
tourmentés et réservés pour le
jugement ; |
5 Et originali mundo non pepercit, sed octavum
Noe justitiae praeconem custodivit, diluvium mundo impiorum inducens. |
5. S’il
n’a pas épargné
l’ancien monde, mais n’a sauvé que sept
personnes avec Noé, prédicateur
de la justice, amenant le déluge sur le monde des
impies ; |
6 Et
civitates Sodomorum et Gomorrhaeorum in cinerem redigens, eversione
damnavit : exemplum eorum, qui impie acturi sunt,
ponens : |
6. Si, réduisant en
cendres
les villes de Sodome et de Gomorrhe, il les a condamnées
à la
ruine : exemple pour ceux qui vivraient dans
l’iniquité ; |
7 et
justum Lot oppressum a nefandorum injuria, ac luxuriosa conversatione
eripuit : |
7. Si enfin il a
délivré le
juste Lot opprimé de l’outrage des
infâmes et de leur vie dissolue. |
8
aspectu enim, et auditu justus erat : habitans apud eos, qui
de die in diem animam justam iniquis operibus cruciabant. |
8. (Car il était
pur de ses
yeux et de ses oreilles, habitant cependant au milieu de ceux qui
tourmentaient chaque jour son âme juste par leurs
œuvres détestables), |
9
Novit Dominus pios de tentatione eripere : iniquos vero in
diem judicii reservare cruciandos. |
9. C’est que le
Seigneur sait
délivrer les justes de la tentation, et réserver
les méchants au jour
du jugement pour être tourmentés ; |
10
Magis autem eos, qui post carnem in concupiscentia immunditiae
ambulant, dominationemque contemnunt, audaces, sibi placentes, sectas
non metuunt introducere blasphemantes : |
10. Et surtout ceux qui
suivent la chair dans sa convoitise d’impureté,
qui méprisent les
puissances, sont audacieux, épris
d’eux-mêmes, et ne craignent point
d’introduire des sectes, en blasphémant ;
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11
ubi angeli fortitudine, et virtute cum sint majores, non portant
adversum se execrabile judicium. |
11. Tandis que les anges,
quoiqu’ils soient supérieurs en force et en
puissance, ne portent point
les uns contre les autres des jugements de malédiction. |
12 Hi
vero velut irrationabilia pecora, naturaliter in captionem, et in
perniciem in his quae ignorant blasphemantes in corruptione sua
peribunt, |
12. Mais ceux-ci, comme des
animaux sans raison, destinés naturellement à
devenir une proie et à
périr, blasphémant ce qu’ils ne
connaissent pas, périront dans leur
corruption, |
13
percipientes mercedem injustitiae, voluptatem existimantes diei
delicias : coinquinationes, et maculae deliciis affluentes, in
conviviis suis luxuriantes vobiscum, |
13. Recevant ainsi le salaire
de l’iniquité, regardant comme jouissance les
plaisirs d’un
jour : souillures et saletés, regorgeant de
délices, dissolus
dans leurs festins avec vous ; |
14
oculos habentes plenos adulterii, et incessabilis delicti. Pellicientes
animas instabiles, cor exercitatum avaritia habentes, maledictionis
filii : |
14. Ayant les yeux pleins
d’adultère et d’un
péché qui ne cesse jamais ; attirant les
âmes inconstantes ; ayant le cœur
exercé à
l’avarice ; fils de
malédiction ; |
15
derelinquentes rectam viam erraverunt, secuti viam Balaam ex Bosor, qui
mercedem iniquitatis amavit : |
15. Laissant la voie droite,
ils se sont égarés en suivant la voie de Balaam
de Bosor, qui aima le
prix de l’iniquité, |
16
correptionem vero habuit suae vesaniae : subjugale mutum
animal, hominis voce loquens, prohibuit prophetae insipientiam. |
16. Mais qui reçut
le
châtiment de sa folie : une bête de somme
muette, parlant
d’une voix humaine, réprima la démence
du prophète. |
17 Hi
sunt fontes sine aqua, et nebulae turbinibus exagitatae, quibus caligo
tenebrarum reservatur. |
17. Ceux-là sont
des fontaines
sans eau, des nuées agitées par des
tourbillons ; l’obscurité
profonde des ténèbres leur est
réservée. |
18
Superba enim vanitatis loquentes, pelliciunt in desideriis carnis
luxuriae eos, qui paululum effugiunt, qui in errore
conversantur : |
18. Car parlant le langage
orgueilleux de la vanité, ils attirent par les
désirs de la chair de
luxure ceux qui peu de temps auparavant se sont retirés des
hommes
vivant dans l’erreur. |
19
libertatem illis promittentes, cum ipsi servi sint
corruptionem : a quo enim quis superatus est, hujus et servus
est. |
19. Ils leurs promettent la
liberté, quoiqu’ils soient eux-mêmes
esclaves de la
corruption ; car on est esclave de celui par qui on a
été
vaincu. |
20 Si
enim refugientes coinquinationes mundi in cognitione Domini nostri, et
Salvatoris Jesu Christi, his rursus implicati superantur :
facta sunt eis posteriora deteriora prioribus. |
20. Si donc après
avoir
cherché un refuge contre les souillures du monde, dans la
connaissance
de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, et s’y
être engagés de
nouveau, ils sont vaincus, leur dernier état devient pire
que le
premier. |
21
Melius enim erat illis non cognoscere viam justitiae, quam post
agnitionem, retrorsum converti ab eo, quod illis traditum est, sancto
mandato. |
21. Il eût mieux
valu pour eux
de ne pas connaitre la voie de la justice, que de l’avoir
connue et de
revenir ensuite en arrière, s’éloignant
du saint commandement qui leur
avait été donné. |
22
Contigit enim eis illud veri proverbii : Canis reversus ad
suum vomitum : et, Sus lota in volutabro luti. » |
22. Car il leur est
arrivé ce
que dit un proverbe vrai : Le chien est retourné
à son
vomissement ; et : Le pourceau lavé
s’est vautré de
nouveau dans la boue. » |
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Absolument aucun doute n’est possible quant à l’intention de Jérôme Bosch de reprendre le même motif. Lorsqu’il peint le Charriot de foin, il croit que le désir sexuel est une force qui entraine en enfer (vers la droite), au moment où il peint le Jardin des délices, il a compris que le désir sexuel est la force unique qui entraine au paradis (à gauche par rapport au panneau de l’enfer). Entre les deux moments, il a eu connaissance de la “Scène du Puits” de Lascaux. (Nous ne revenons pas ici sur les preuves multiples et évidentes que Jérôme Bosch a données dans le Jardin des délices.) Remarquez aussi la reprise du motif de la tête coupée avec un bandeau sur les yeux. Nous comprenons enfin ce motif curieux des visages placés à un endroit où il est impossible qu’ils soient visuellement prolongés par un corps (si le corps du premier homme était caché derrière la paroi de la guérite, il devrait apparaitre au niveau de la porte). Jérôme Bosch a voulu reprendre le motif de la tête décapitée pour le corriger. |
La planche est une reproduction d’un passage du livre de Jérémie. On la voit aussi dans le Jugement dernier de Vienne. (On trouve aussi la voie glissante en Ps 34, 6 et Ps 78, 23 selon l’hébreu). |
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Jr 23 |
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« 11 Propheta
namque et sacerdos polluti sunt, |
11. Car le
prophète et le prêtre se sont
souillés ; |
et in domo mea inveni malum
eorum, ait Dominus. |
et dans ma maison
j’ai trouvé leur mal, dit le Seigneur. |
12 Idcirco via eorum erit quasi
lubricum in tenebris : |
12. C’est pour cela
que leur voie sera comme un chemin glissant dans les
ténèbres ; |
impellentur enim, et corruent in
ea : |
car ils seront
poussés et ils y tomberont tous ensemble ; |
afferam enim super eos mala, |
car
j’amènerai sur eux des maux, |
annum visitationis eorum, ait
Dominus. » |
l’année
de leur visite, dit le Seigneur. » |
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Dans le Charriot de foin, la tête a été aveuglée mais par quoi ? Par une hirondelle qui porte dans son bec un long filament. À l’évidence, il s’agit de l’hirondelle venue apporter jusqu’à Tristan le souvenir Iseult. Le roi Marc, oncle de Tristan et futur époux légitime d’Iseult, ne voulait pas se marier. Quelques vassaux jaloux de Tristan, le successeur désigné, voulait forcer le roi à se marier pour avoir un descendant à placer sur son trône. Le roi leur dit : « “Réjouissez-vous, seigneurs ! je veux suivre votre conseil et j’ai résolu, tout bien pesé, de prendre femme. Sachez que je n’en veux pas d’autre que celle à qui appartient ce cheveu d’or. Une hirondelle qui venait de la mer me l’a apporté en son bec et c’est un heureux présage que je ne veux point négliger.” En disant ces mots, il leur tendait le cheveu entre ses doigts et faisait jouer sur le beau fil d’or un rayon de soleil. Les barons se sentirent raillés et comme bafoués par le roi : sous couleur d’accomplir leur désir, il leur désignait par dérision une femme introuvable. “Ce stratagème, disaient-ils entre eux, est une nouvelle invention de Tristan pour mieux s’assurer l’héritage de son oncle.” Tristan, quant à lui, ne cessait de contempler le cheveu d’or et sa vue éveillait dans son âme un plaisant souvenir. Parmi toutes les filles blondes qu’il avait vues, venues des pays du Nord, aucune — il en était sûr — n’avait des cheveux aussi semblables à un fil d’or, sauf une seule : Iseult, la fille du roi d’Irlande, celle qui l’avait soigné naguère dans le palais de son père, le roi Gormond, et à laquelle il avait appris le jeu des instruments. » Version en français moderne de René Louis, chapitre V. Il faut savoir ce qui est rapporté véritablement dans ce conte, nous comprendrons comment Jérôme Bosch a pu changer de façon de considérer le sexe. La véritable histoire Tristan et Iseult semble presque inconnue pourtant elle est très simple. On pense qu’il s’agit d’amants tombés dans un piège auquel ils n’ont pas pu échapper. C’est tout le contraire. La morale mal comprise peut les accuser de n’avoir su retenir leur attirance l’un vers l’autre pour obéir au sixième commandement : « Tu ne commettras point d’adultère. » (Ex 20, 14). C’est méconnaitre le récit. Tristan est Iseult ont péché contre le premier commandement : « Tu n’auras point de dieux étrangers devant moi … car moi je suis le Seigneur ton Dieu fort, jaloux » (Ex 20, 3-5). « Dieu est charité » (1 Jn 4, 8), nous devons tomber à genoux devant l’Amour et ne jamais lui résister. Nous devons nous laisser piéger par Lui, c’est pour cela que nous avons été créés. Tristan a commis le péché abominable de jouir du fait de piétiner à terre les droits absolus de la Gratuité et de l’Amour. Il avait été choisi gratuitement comme successeur du royaume mais, pour ne pas passer pour quelqu’un d’intéressé, il a voulu aller dans le sens de ceux qui le jalousait. Le péché contre le Saint Esprit (Mt 12, 31-32 ; Mc 3, 29-29 ; Lc 12, 10 ; 1 Jn 5, 16) consiste en cette chose seulement, dire à Dieu : « Votre Don ne n’intéresse pas. Vous ne parviendrez pas à me séduire, à me soumettre à votre Loi, celle de la Jouissance infinie. » Tristan est donc intervenu lui-aussi auprès du roi Marc pour le conseiller de se marier. Il a rejeté l’héritage du Royaume des Cieux (cf. Ac 13, 46). Ensuite il a vendu Iseult la blonde pour assouvir pleinement son orgueil démoniaque. Elle lui avait sauvé la vie, l’Amour avait tous les droits sur Tristan. Il devait s’y plier et aimer celle qui l’avait sauvé. Lui l’a vendu à son oncle, c’est abject. Ensuite Iseult a commis l’abominable péché de refuser d’être éconduite par un amant aussi démoniaque, elle a refusé l’humiliation que la providence voulait lui faire subir. Elle a refuser de se soumettre à la vérité : l’Amour a tous les droits mais elle n’est pas elle-même l’amour. L’Amour a tous les droits sur Tristan mais elle n’a aucun droit sur lui. Les vrais amants humains sont soumis à l’Amour, jamais à aucune créature. La Vierge Marie cependant à tous les droits sur nous en qualité de Pleine de Grâce, Mère de Dieu et Reine du Ciel. Elle est la divine Marie. Iseult a refusé de s’abaisser sous l’amour, c’est pourquoi elle a bu en parfaite conscience de son acte le breuvage magique. Et, lorsque le moine Ogrin exhorte l’un et l’autre au repentir, ils affirment que c’est impossible. Ils signifient par là que, selon eux, la magie est plus forte que le Sang du Seigneur Jésus. C’est immonde. La vérité du conte de Tristan et Iseult est méconnue et Jérôme Bosch ne la connaissait pas lorsqu’il a peint de Charriot de foin qui peut être comprise comme l’image des cheveux de la femme, considéré à tort comme une vanité alors qu’en vérité ils sont une splendeur faite pour être offerte à Dieu. |
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Ct 4 |
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« 9 Vulnerasti cor meum,
soror mea,
sponsa ; |
« 9. Tu as
blessé
mon cœur, ma sœur, mon épouse, |
vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, |
tu as blessé mon
cœur par
l’un de tes yeux |
et in uno crine colli
tui. » |
et par un cheveu de ton
cou. » |
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Lc 10 « 37
Et ecce mulier, quae erat in civitate peccatrix, ut cognovit quod
accubuisset in domo pharisaei, attulit alabastrum unguenti :
38 et stans
retro secus pedes ejus, lacrimis cœpit rigare pedes ejus, et
capillis
capitis
sui tergebat, et osculabatur pedes ejus, et unguento ungebat. » |
37. Et voilà qu’une femme connue dans la ville pour une pécheresse, ayant su qu’il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d’albâtre plein de parfums : 38. Et se tenant par derrière à ses pieds, elle commença à les arroser de ses larmes ; et les essuyant avec ses cheveux, elle les baisait et les oignait de parfums. » |
Marie,
sœur de Lazare et de Marthe,
accomplit le même geste avant la Bienheureuse Passion du
Seigneur
Jésus, elle
est peut-être la même femme que la
pécheresse (cf. Jn 11,
2 ; 13, 3). Il se joue dans la vie sexuelle une bataille acharnée. Le sexe nous attire vers le Ciel. L’homme qui refuse d’être dominé par Dieu piétine la chose la plus belle qui ait jamais été créée. Il la bafoue, c’est la luxure. Il poignarde le plaisir qui crie à ses oreilles un appel irrésistible vers le Ciel afin de ne pas être soumis à cette voix. Une voix crie avec une puissance infinie à l’oreille de Caïn, celle du plaisir d’être aimé de Dieu autant et plus que son frère Abel qui n’est pas seulement la figure du Christ mais le Christ Lui-Même. Le Seigneur Jésus aux damnés : « En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous ne l’avez point fait [un acte de Miséricorde corporel ou spirituel] à l’un de ces petits, à moi non plus, vous ne l’avez point fait. » (Mt 25, 40) Le Seigneur Jésus au futur Saint Paul : « Je suis Jésus que tu persécutes » (Ac 9, 5) La
présence de
tout homme est un témoigne infini de l’Amour dont
Dieu nous aime. Le
meurtre
n’a pas d’autre origine que le refus
d’entendre ce témoignage. Dans le
Charriot
de fin le meurtrier qui égorge un homme et le voleur
d’enfant (en bas à
gauche), agissent par ce seul motif : ils cherchent
à éliminer
du monde le
témoignage de l’Amour de Dieu pour
l’homme. La présence d’Abel est pour
Caïn un
danger de mort alors il le poignarde. Il refuse d’entendre,
il ne veut
pas que
le désir prennent possession de lui alors il tue
l’objet par lequel
Dieu crie à
ses oreilles. Une fois Abel mis à mort, la voix crie encore
plus fort,
celle du
Sang qui est la voix de la Vie (cf. Gn 9, 5, le mot âme dans la bible
possède le plus souvent
le sens de vie, les exemples sont
innombrables
mais, évidement, pour le savoir il faut lire
l’hébreu, le grec, la
Vulgate ou
une traduction littérale), la voix de Dieu, la
même qui dit : « Où est Abel
ton frère ? …
Qu’as-tu fait ? »
(Gn 4, 9-10) La luxure n’est rien dans
les actes
mais le seulement
discours que l’on porte sur les actes : « Je ne sais ;
suis-je le gardien de mon
frère, moi ? »
(Gn 4, 9) Les actes de luxure ne sont rien tant
que l’homme ne
combat à mort pas contre la voix de sa conscience. Bien
entendu l’homme
qui
laisse parler la voix du plaisir finit par se laisser conduire sur une
voie qui
l’amène à pratiquer la
chasteté en acte. Le combat final se joue en
face de la
Miséricorde. L’homme qui refuse
d’être soumis au plaisir se condamne
lui-même : « Elle
est trop grande, mon iniquité, pour que je mérite
le pardon. »
(Gn 4, 14) Tristan et Iseult achèvent
leur damnation en refusant le repentir proposé par le moine
Ogrin. Ils
opposent
une force qui est prétendument plus grande que celle de la
Miséricorde,
ils
redisent exactement les paroles de Caïn alors qu’en
vérité rien n’est
plus
puissant que la Miséricorde. La Miséricorde est
toute-puissante, les
attributs
de Dieu sont en vérité une Même Chose,
Dieu Lui-Même. Dieu se présente
à nous
par des attributs pour nous apprendre à Le connaitre mais en
Lui toutes
les
perfections sont Une Seule Chose, la Divinité (cf.
Jn 10, 30). La luxure, contrairement à ce que pensent souvent les hommes, est un mépris du sexe et non un attrait pour le sexe. La luxure est un mensoge : « Dieu, voyez ! je fais déjà ce que je n’ai pas besoin de Marie la Pute. » C’est un mensonge. Comment prétendre connaitre sur la terre la Jouissance qui est donnée par Marie la Pute autrement qu’en étant son fidèle dévot, son esclave ? L’homme amoureux de Dieu pressent que Dieu possède tout ce qui peut se désirer, tout plaisir. L’homme amoureux de Dieu sait par intuition qu’en Dieu sont contenues toutes les jouissances. |
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Sg 16
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« 20
… angelorum esca
nutrivisti populum tuum, |
« 20.
… vous avez
nourri votre peuple de la nourriture des anges ; |
et paratum panem de caelo
praestitisti illis sine labore, |
vous leur avez
donné un pain
venant du ciel, préparé sans travail, |
omne delectamentum in se
habentem, |
renfermant en soi tout ce qui
plaît, |
et omnis saporis
suavitatem. » |
et ce qui est
agréable à tous
les gouts. » |
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Dieu demande à l’homme : « Acceptes-tu de te faire poignarder par le plaisir ? d’être mis à mort dans ta volonté propre afin ma volonté s’accomplir pleinement en toi ? » L’homme amoureux de Dieu répond : « Oui. » Ensuite, il suit un chemin que souvent il ne comprend pas mais toujours il obéira à la loi de Dieu car il a dit oui. Lorsque Jérôme Bosch peint la tête coupée avec un bandeau sur les yeux, il croit que les passions de la chair aveuglent l’homme, lui cachent les fins dernière et le conduisent en enfer. Lorsqu’il peint le Jardin des délices il a compris que la pensée des plaisirs absorbe l’homme dans un désir de ne vivre que pour le plaisir, et donc de ne vivre que pour Dieu, la Source de tous les plaisirs. Il répare son erreur de jugement. Il montre une tête avec les yeux fermés, celle d’un homme qui pense à tout de que lui dit l’homme qui a pris la place de l’hirondelle. Cet homme parle de prendre la succession du roi Marc, de trôner après le Christ sur le Corps de la Vierge Marie, il parle de cette Femme qui guérit tous les hommes de leur tristesse et de leur frustration par son Amour incomparable. L’homme sauvé s’ouvre au désir. Le sexe fermé est la mort, le sexe ouvert est la Vie. Par cette différence, Bosch montre que finalement son premier dessin n’était pas entièrement faux. Le poisson du Charriot de foin avait la bouche fermé, celui qui le remplace dans le Jardin des délices à la bouche ouverte en face de deux cerises, image du clitoris et du désir sexuel dans ce même tableau. Pour l’instant nous nous voyons aucune autre référence au livre de Judith que celle de la tête séparée du corps. Nous ne savons pas si Jérôme Bosch a voulu le reproduire. Cependant nous devons dire ici la vérité du livre de Judith : l’homme sauvé est celui qui perd sa volonté et sa vie, celui qui se laisse décapiter. |
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Mt 10 « 39
Qui invenit animam suam, perdet illam : et qui perdiderit
animam suam propter me, inveniet eam. »
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« 39. Celui qui trouvera sa vie, la perdra ; et celui qui aura perdu sa vie pour moi, la retrouvera. » |
Mt 26 « 39
Et progressus pusillum, procidit in faciem suam, orans, et
dicens : Pater mi, si possibile est, transeat a me calix
iste :
verumtamen non sicut ego volo, sed sicut tu. » |
« 39. Et, s’étant un peu avancé, Jésus tomba sur sa face, priant et disant : Mon Père, s’il est possible, que ce calice passe loin de moi ; toutefois, non ma volonté, mais la vôtre. » |
Comprenons bien le combat de Jésus. Fait-il sa volonté ou celle du Père ? Son Humanité résiste à la peur de la souffrance et de la mort mais sa Divinité désire le Salut de la Création. Finalement, en se soumettant au Père, à Dieu qui est la Vérité, le Fils incarné fait aussi sa volonté. C’est aussi le désir du Fils de sauver la Création. Le disciple du Seigneur Jésus aussi a deux volontés : une intérieur, celle du cœur, et une extérieur, impossible à localiser car en vérité elle est une illusion (cf. Rm 7, 22-23 ; 2 Co 4, 16). Saint Paul la localise dans la chair mais il fait une erreur de jugement sur la vérité de la chair. La chair désire la jouissance de l’Amour autant que le cœur dont elle est inséparable (cf. 2 Co 3, 3) L’erreur de Saint Paul voulue par Dieu qui ne révèle pas son mystère en un instant mais petit à petit. Selon l’homme extérieur, la tête conduit les membres du corps d’après une prudence qui n’est pas la folie de l’Amour. La tête qui reconnait la vérité de la folie du cœur, l’homme intérieur, capitule devant lui, s’anéantit, choisit la mort pour le cœur règne seul en tyran. Qui est Holopherne ? L’ennemi de Dieu vaincu (cf. Rm 5, 10 ; Ac 9, 5) et, plus précisément, l’ennemi de Dieu vaincu par la Servante du Seigneur. Qui est l’ennemi de Dieu vaincu ? Celui qui reçoit Miséricorde. Holopherne est l’homme qui se laisse séduire par la beauté infinie de la Vierge Marie, en devient ivre de désir et finit pas se laisser mettre à mort par la Puissance de Dieu, son Sexe-Poignard, celui de la “Scène du Puits”, agissant par la Vierge Marie (cf. la fameuse la réplique d’Izran dans La Fuite en Égypte de Sainte Thérèse, 4r°). Tout est uni. La Vierge Marie agit « en alliant un cœur d’homme au sentiment d’une femme », « femineae cogitationi masculinum animum inserens» (2 M 7, 21). On retrouve ce courage viril dans une féminité arrivée à la perfection chez Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, grande admiratrice de Sainte Jeanne d’Arc. C’est une vérité biblique, la Femme manie du glaive avant même que l’homme ne sache s’en servir : |
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Gn 3 « 6
Vidit igitur mulier quod bonum esset lignum ad vescendum, et pulchrum
oculis, aspectuque delectabile : et tulit de fructu illius, et
comedit : deditque viro suo, qui comedit. » |
« 6. La femme donc vit que le bois était bon à manger, beau à voir et d’un aspect qui excitait le désir ; elle en prit, en mangea et en donna à son mari, qui en mangea. » |
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Ct 3
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« 4 Paululum
cum
pertransissem eos, |
« 4.
Lorsque je
les ai eu un peu
dépassées, |
inveni quem diligit anima
mea : |
j’ai
rencontré celui que
chérit mon âme : |
tenui eum, nec dimittam, |
je l’ai saisi et je
ne le
laisserai pas aller, |
donec introducam illum in domum matris meae, |
jusqu’à
ce que je
l’introduise dans la maison de ma mère, |
et in cubiculum genetricis
meae. » |
et dans la chambre de celle
qui m’a donné le jour. » |
|
Le Déluge, le Seigneur Jésus bon Samaritain et l’Église Arche de Noé |
Le Déluge, le Seigneur Jésus bon Samaritain et l’Église Arche de Noé, Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen. |
Huile sur bois ; deux panneaux : 69,5 x 39 et 69 x 36 cm. |
Introduction |
Les quatre panneaux sont une représentation et une interprétation du récit du déluge. Le récit des envers et celui des revers se superposent exactement, il faut comprendre comment. Jérôme Bosch donne ici l’illustration de deux interprétations : 1°) d’un côté, une interprétion de la Parabole du bon Samaritain répandue très tôt dans l’histoire de l’Église et transmise par plusieurs écrivains ecclésiastiques ; 2°) de l’autre, l’interprétation de l’Arche de Noé comme image de l’Église. Le tableau contient encore deux références à Babel, image de la cité mauvaise, c’est la tour parfaitement semblable à celle que nous voyons dans les tableaux La tentation de Saint Antoine (Lisbonne), Le charriot de foin (Madrid), Le jugement dernier (Bruges), et la pierre ronde posée contre la tour, elle vient du texte de l’Apocalypse : Ap 18 « 21.
Alors un ange fort leva en
haut une
pierre comme une grande
meule, et la jeta dans la mer, disant : Ainsi sera
précipitée
Babylone,
cette grande cité, et à l’avenir elle
ne sera plus trouvée. » L’union parfaite des deux côtés est peinte par les deux groupes sur le dernier médaillon : 1°) Au premier plan : le Seigneur Jésus et l’homme béni par le Seigneur ; 2°) au second plan : l’Ange et un vêtement l’homme recevant un vêtement des mains de l’Ange. Le premier groupe est le même que celui qui sort de la tour de Babel : l’homme sur des béquilles, l’Homme blessé soutenu et conduit par un Homme avec une tête d’animal ressemblant à un âne, nous verrons tout de suite pourquoi. Le second est le même que l’Arche de Noé et ses habitants sauvés du déluge. Nous vous proposons découvrir successivement les deux interprétations, le bon Samaritain du Seigneur Jésus et l’Arche de Noé image de l’Église, et comment Jérôme Bosch les a illustrées et unies dans les quatre panneaux du déluge. |
La parabole du bon Samaritain |
La Sainte Bible |
Lc 10
« 25. Et
voilà
qu’un docteur
de la loi, se levant pour le tenter, dit : Maitre, que
ferai-je pour
posséder la vie éternelle ? 26.
Jésus lui dit : Qu’y
a-t-il d’écrit
dans la loi ? Qu’y lis-tu ? 27. Celui-ci
répondant,
dit : Tu
aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton
âme, de
toutes tes
forces, et de tout ton esprit ; et ton prochain comme
toi-même. 28. Jésus
lui dit : Tu as bien répondu ; fais cela,
et tu
vivras. 29. Mais lui,
voulant se justifier lui-même, dit à
Jésus : Et qui est mon
prochain ? 30. Jésus reprenant, dit : Un
homme
descendait de
Jérusalem à Jéricho, et il tomba entre
les mains de voleurs qui,
l’ayant
dépouillé et couvert de plaies, s’en
allèrent, le laissant à
demi-vivant (semivivo).31.
Or il arriva qu’un prêtre descendait par le
même chemin ; et
l’ayant vu,
passa outre. 32. Pareillement un lévite, se trouvant
près de là, le
vit, et
passa outre aussi. 33. Mais un Samaritain, qui était en
voyage, vint
près de
lui, et, le voyant, fut touché de compassion. 34. Et,
s’approchant, il
banda
ses plaies, y versant de l’huile et du vin ; et, le
mettant
sur sa monture
(in jumentum suum), il le conduisit en une hôtellerie, et
prit soin de
lui
(duxit in stabulum, et curam ejus egit). 35. Et le jour suivant, il
tira deux
deniers, et les donnant à l’hôte,
dit : Aie soin de lui (Curam
illius
habe), et tout ce que tu dépenseras de plus, je te le
rendrai à mon
retour. 36.
Lequel de ces trois te semble avoir été le
prochain de celui qui tomba
entre
les mains des voleurs ? 37. Le docteur
répondit :
Celui qui a été
compatissant pour lui (Qui fecit misericordiam in illum). Et
Jésus lui
dit : Va, et fais de même (Vade, et tu fac
similiter). » Notes : « 30. * Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. « Il descendait, car Jérusalem est beaucoup plus élevée que Jéricho. La distance entre ces deux villes était d’environ cent cinquante stades (en stades olympiques, de 27 à 28 kilom.) ; la route traversait une contrée aride, un désert. La plaine de Jéricho, véritable oasis dans le désert, était d’une grande fertilité, renommée pour ses roses, son miel et les meilleurs produits de la Palestine. Le misérable village de Riha occupe aujourd’hui l’emplacement de l’ancienne Jéricho. — Pendant son voyage, il tomba entre les mains des voleurs qui l’ayant dépouillé, etc. Josèphe raconte que la Palestine était alors infestée de brigands, et S. Jérôme nous apprend qu’une partie de la route de Jérusalem à Jéricho était appelée le chemin du sang, à cause du sang qui y avait été répandu ; il y avait là une garnison romaine, pour la protection des voyageurs. Aujourd’hui encore les Arabes du désert pillent fréquemment ceux qui parcourent cette contrée. » (TRENCH.) 34. * De l’huile et du vin. Les anciens se servaient de l’huile et du vin pour panser les blessures, du vin pour les laver et les purifier, de l’huile pour en calmer l’irritation. — En une hôtellerie, non en une hôtellerie proprement dite, mais dans le khan ou caravansérail. Voir Luc., II, 7 : Ce mot ne doit pas être entendu dans le sens moderne. « L’hôtellerie, l’auberge n’existait pas en Orient. Par la loi de l’hospitalité, l’étranger était reçu dans chaque maison où il se présentait. À défaut de cette hospitalité, ou s’il ne voulait pas y recourir, il pouvait se retirer dans une hôtellerie commune, appelée aujourd’hui khan, où hommes et bêtes trouvent un abri. Quand l’hôtellerie commune était occupée, force était à l’étranger de chercher ailleurs un abri. En général, la chose est facile en Palestine, où le terrain montagneux et calcaire offre partout des grottes [naturelles ou] taillées de main d’homme, soit pour servir d’habitation, soit comme chambres sépulcrales. La plupart de ces excavations remontent à des époques très reculées. » (J.-H. Michon.) La tradition place ce caravansérail à Khan el-Akhmar. 35. Le denier est la pièce d’argent des Romains. — * L’hôte, celui qui est chargé de la garde du caravansérail. » |
La Liturgie |
Cette prière s’accorde parfaitement avec l’interprétation de la parabole du bon Samaritain que nous lirons juste après. Messe du 22 décembre. Prière d’ouverture : « Tu n’as pas supporté, Seigneur, que l’homme soit abandonné à la mort, mais Tu as voulu le racheter en lui envoyant ton Fils Unique ; accorde, nous T’en prions, à ceux qui s’inclineront devant l’Enfant de Bethléem de communier à la Vie d’un tel Rédempteur. Lui qui règne avec Toi et le Saint Esprit maintenant et pour les siècles des siècles. » |
Les écrivains ecclésiastiques |
Origène (185 ou 186 -253 ou 254) Homélies sur Saint Luc, 24. Saint Ambroise de Milan (340-397) Traité sur l’Évangile de Luc, VII, 73-74. Saint Augustin (354-430), Quaest. Evangel. (Question sur les Évangiles) 2, 19. |
Nous
proposons ici des textes qui nous ont
transmis l’interprétation selon laquelle le
Seigneur Jésus est le bon
Samaritain venant au secours de l’Humanité
persécutée par les forces du
mal.
Les « forces du mal » en
vérité sont sans force (cf. Jn 16, 33 ; Rm 8,
35-39 ; 1 Jn 2, 13-14 ; 4, 4), elles sont seulement un
moyen de prendre conscience de notre faiblesse. Nous avons
expliqué que
tout ce
qui nous attire vers le mal est comme une sorte incarnation du
néant
afin de
nous faire prendre conscience de là où nous avons
été tirés (cf. la Lettre encyclique Quid sit Homo ?
III. La Pesanteur originelle, 5. et
6.b.). Nous
lisons d’abord les
textes. Nous observerons ensuite comment Jérôme
Bosch les a illustrés.
Il a pu
utiliser les textes eux-mêmes ou bien les citations faites
par les
prédicateurs
de son temps. |
Saint Clément d’Alexandrie (deuxième moitié du IIe s.) |
Quis dives salvetur (Quel riche sera sauvé ?) 28-29, Sources Chrétiennes (SC), n° 537, Paris, Cerf, 2011, p. 175-179. Traduction : Patrick Descourtieux ; Notes : Carlo Nardi et Patrick Descourtieux ; 2011. (Ici les notes sont réduites. En gras quelques mots plus particulièrement étudiés dans la suite du commentaire.) |
«
[L’amour
du prochain]
28,
1 [Jésus] dit que le commandement placé
en second —
Tu aimeras ton
prochain comme toi-même (Lv 19,18 ; Mc
12,31) —
n’est pas moins
important que le premier. Il faut donc aimer Dieu plus que
soi-même. 2 Son
interlocuteur lui ayant
demandé : Qui est mon prochain ? (Lc 10,29),
il ne donna pas la même définition que les juifs,
qui désignent ainsi
le parent
par le sang, le concitoyen, le prosélyte (1),
l’homme circoncis comme
eux ou
celui qui respecte la même Loi. 3
Il
raconte l’histoire d’un homme qui descendait de
Jérusalem à Jéricho
(Cf. Lc 10,
29-37), et il le montre transpercé par des brigands et
jeté à demi-mort
(ἡμιθνής)
sur le chemin. Un prêtre le dépasse, un
lévite le regarde avec
indifférence,
mais le samaritain, homme méprisé et
rejeté, est saisi de
pitié : sans
passer à côté, comme par hasard,
à leur manière, il vint tout
équipé de
ce dont
le malheureux avait besoin, du vin, de l’huile, des bandages,
une
monture et,
pour l’aubergiste, un salaire dont il donna une partie et
promit de
verser le
reste. 4 Lequel
d’entre
eux,
dit [Jésus], a été
le prochain de cet
homme qui avait tant
souffert ? (Lc 10, 36) L’autre ayant
répondu : Celui qui lui a
montré de la miséricorde, [Jésus]
reprit :
Toi aussi, va et fais de
même (Lc 10, 37), car
l’amour fait
fleurir la pratique du bien. [Le
Christ, bon
samaritain] 29,
1 Il introduit donc l’amour dans chacun des deux
commandements, tout en
marquant une distinction de degré : il
élève au premier rang
l’amour de
Dieu et réserve le second à l’amour du
prochain. 2
Or, ce prochain, qui peut-il être, sinon le Sauveur
lui-même ? Qui, plus que lui, a eu pitié
de nous, qui étions
pour ainsi
dire mis à mort par les
puissances du monde des ténèbres (Cf.
Ep 6, 12), accablés par
une multitude
de blessures, de craintes, de désirs, de colères,
de chagrins, de
mensonges et
de plaisirs ? 3
L’unique
médecin de ces blessures, c’est Jésus,
qui extirpe radicalement nos
passions : à la différence de la Loi,
qui se contente
d’enlever les
bourgeons et les fruits des mauvaises plantes, il fait aller sa propre
cognée
jusqu’aux racines (Cf. Mt 3, 10) du mal. 4
Sur nos âmes blessées, il a versé le
vin, le sang de la vigne de David (2).
Il a offert la miséricorde issue des entrailles du
Père (Cf. Lc 1, 78)
et l’a
prodiguée généreusement (3).
Il a montré les liens indissolubles de la santé
et du salut, l’amour,
la foi et
l’espérance (Cf. 1 Co 13, 13). Il a
donné aux anges,
aux principautés et
aux puissances l’ordre de nous servir, moyennant
une forte
récompense, car
ils seront eux aussi libérés de la
vanité du monde, par la révélation
de la
gloire des fils de Dieu (Cf. Rm 8, 19-21). 5
Il faut donc l’aimer à l’égal
de Dieu. Or, aimer le Christ Jésus, c’est
faire
sa volonté et garder ses commandements. (Cf. Jn 15, 14) 6
En effet, ce n’est pas en me disant :
« Seigneur,
Seigneur », qu’on entrera dans le royaume
des deux, mais en
faisant la
volonté de mon Père. (Mt
7,
21) Pourquoi me dire :
« Seigneur, Seigneur », sans
faire ce que je
dis ? (Lc
6,46) Heureux êtes-vous
de voir
et
d’entendre ce que n ‘ont vu ni entendu les justes
et les prophètes,
(Mt 13, 16-17) en faisant ce que je dis. (Cf. Jn 14,
15) » (1) « Le prosélyte est un nouvel arrivant dans la communauté d’Israël (cf. Lv 19, 33). (2) Dans la Didachè, la vigne de David désignait l’Église. Clément la met en rapport avec le Christ. (3) La miséricorde (ἔλεον, à l’accusatif) renvoie à l’huile (ἔλαιον). » |
Origène (185 ou 186 -253 ou 254) |
Homélies sur Saint Luc, 24. SC 87, p.
401-411. (Extraits, texte
complet
ci-après) |
« 3.
Selon le commentaire d’un ancien qui voulait
interpréter la parabole,
l’homme
qui descendait représente Adam, Jérusalem le
paradis, Jéricho le monde,
les
brigands les puissances
ennemies, le prêtre la Loi, le lévite
les
Prophètes, et
le Samaritain le Christ. Les blessures sont la
désobéissance, la
monture le
corps du Seigneur, le
« pandochium »,
c’est-à-dire
l’auberge ouverte
à tous ceux qui veulent y entrer, symbolise
l’Église. De plus, les deux
deniers
représentent le Père et le Fils ;
l’hôtelier le chef de
l’Église chargé de
l’administrer ; quant à la promesse faite
par le Samaritain de
revenir,
elle figurait le second avènement du Sauveur. (…)
5.
(…) Le prêtre,
à mon
avis figurant la Loi, voit le
Samaritain et de même le lévite qui, selon
moi, représente les
Prophètes, le voit aussi. Tous deux
l’ont vu mais ils
passèrent et
l’abandonnèrent là. Mais la
Providence laissait cet homme
à
demi-mort aux soins de celui qui était plus
fort que la
Loi et les
Prophètes, c’est-à-dire du Samaritain,
dont le nom signifie
« gardien[1] ».
C’est lui qui « ni ne sommeille ni ne dort
en veillant sur
Israël ».
(Ps. 120, 4) C’est
pour secourir l’homme à demi-mort que
le Samaritain s’est mis en route ; il ne descend pas
« de Jérusalem à
Jéricho » comme le prêtre et le
lévite, ou plutôt, s’il
descend, il
descend pour sauver le moribond et veiller sur lui. (…) 6.
Aussi, après être venu
jusqu’à l’homme à demi-mort,
l’ayant vu
baigner dans son sang, il en eut pitié et
s’approcha de lui pour
devenir son
prochain. « Il banda ses blessures, versa de
l’huile mêlée de
vin », (…) 7.
(…) Puis il
« chargea le
blessé sur sa monture »,
c’est-à-dire sur son propre
corps : il a, en
effet, daigné assumer l’humanité. Ce
Samaritain « porte nos
péchés »
(Matth., 8, 17 ; Is., 53, 4) et souffre pour nous ;
il porte le
moribond et le conduit dans une auberge,
c’est-à-dire dans l’Église
qui
accueille tous les hommes, ne refuse son secours à personne
et où tous
sont
conviés par Jésus :
« Venez à moi, vous tous qui
êtes
fatigués et qui
ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai. »
(Matth., 11,
28) 8.
(…) Lorsque, le matin, il s’apprêtait
à partir, il prélève sur son
argent, sur
ses fonds personnels, « deux
deniers » de bon aloi,
et il en gratifie
l’aubergiste, sans aucun doute l’ange
de l’Église (angelum
ecclesiae), en lui prescrivant de soigner
consciencieusement et de mener jusqu’à la
guérison cet homme que
lui-même avait
soigné durant un temps trop bref. » [1] Cette étymologie que l’on trouve In Jo. com., XX, 35, GCS 4, p. 375, est conservée par Ambroise et Augustin, loc. paral. » |
Texte complet de l’homélie d’Origène |
Traduction et notes par Henry Crouzel, s.j., François Fournier, s.j., Pierre Périchon, s.j., 1962. |
« HOMÉLIE
XXXIV Sur
le texte :
Maitre, que dois-je faire pour posséder la vie
éternelle ?
jusqu’au
passage où il est dit : Va et toi aussi
fais de même. (Lc,
10, 25-37) [La parabole du
bon
Samaritain[1].]
1. Il y a
beaucoup de préceptes dans la Loi,
mais le
Sauveur a seulement retenu
dans l’Évangile, en une sorte de
résumé, ceux dont
l’observance conduit
à la vie éternelle[2].
C’est à quoi se rapporte la demande
qu’un docteur de la Loi adressait à
Jésus :
« Maitre, que dois-je faire pour posséder
la vie
éternelle ? »
On vous a lu aujourd’hui le texte de S. Luc. Jésus
répondit :
« Qu’y a-t-il
d’écrit dans la Loi ? Qu’y
lis-tu ? — Tu aimeras le
Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes
forces et de tout ton
esprit,
et ton prochain comme toi-même. » (cf.
Deut., 6, 5)
« Tu as bien
répondu, dit Jésus, fais cela et tu
vivras » (cf. Lév., 18, 5)
de la vie
éternelle, sans aucun doute[3] ;
telles
furent la question du docteur de la Loi et les paroles du Sauveur
concernant la
vie éternelle. Ce précepte de la Loi nous
enseigne en même temps d’une
façon
claire à aimer Dieu. « Écoute,
Israël, dit le Deutéronome, le
Seigneur ton
Dieu est le seul Dieu », et « tu
aimeras le Seigneur
ton Dieu de tout
ton esprit » et la suite, et « le
prochain comme
toi-même ». (Deut.,
6, 4-5.) Et le Sauveur a rendu témoignage
à ces vérités quand il dit :
« A ces deux
commandements se rattachent
toute la Loi ainsi que les Prophètes. »
(Matth., 22, 40) 2.
Mais le docteur de la Loi « voulant se justifier
lui-même » et
montrer que personne n’était son prochain,
reprit :
« Qui est mon
prochain ? » Le Seigneur énonce
alors la parabole,
dont voici le
début : « Un homme descendait de
Jérusalem à
Jéricho », et la
suite. Il enseigne que cet homme qui descendait n’a
été le prochain de
personne
sinon de celui qui a voulu garder les commandements et se
préparer à
être le
prochain de quiconque a besoin de secours. C’est ce qui est
noté pour
conclure
la parabole : « Lequel de ces trois,
à ton avis,
s’est montré le
prochain de l’homme tombé aux mains des
brigands ? »
Ni le prêtre, ni
le lévite n’ont été son
prochain mais selon la réponse du docteur de la
Loi
lui-même : « Celui qui a
pratiqué la
miséricorde » a été
son
prochain, d’où ces mots du Sauveur :
« Va, toi aussi
fais de même. » [Interprétation
traditionnelle de la parabole.] 3.
Selon le commentaire d’un ancien[4]
qui
voulait interpréter la parabole, l’homme qui
descendait représente
Adam, Jérusalem
le paradis, Jéricho le monde, les brigands les puissances
ennemies, le
prêtre
la Loi, le lévite les Prophètes, et le Samaritain
le Christ[5].
Les
blessures sont la désobéissance, la monture le
corps du Seigneur, le
« pandochium »,
c’est-à-dire l’auberge ouverte
à tous ceux qui veulent y entrer,
symbolise l’Église.
De plus, les deux deniers représentent le Père et
le Fils ;
l’hôtelier le
chef de l’Église chargé de
l’administrer ; quant à la promesse
faite par
le Samaritain de revenir, elle figurait le second avènement
du Sauveur. [Sens
christologique.]
4.
Cette interprétation est spirituelle et
séduisante mais on ne doit pas
penser pour
autant qu’elle puisse s’appliquer à tout
homme[6].
« Tout
homme, en effet, n’est pas descendu (volontairement) de
Jérusalem à
Jéricho »,
et ce n’est pas pour ce motif que tous les hommes demeurent
dans le
siècle
présent, mais le Christ, lui, « y a
été envoyé et y est venu à
cause des
brebis perdues de la maison
d’Israël ». (Matth., 15, 24) L’homme
qui « descend de Jérusalem à
Jéricho tombe aux mains des brigands »
précisément parce qu’il
a lui-même
voulu descendre[7].
Les brigands ne peuvent
être que ceux dont le Sauveur dit :
« Tous ceux qui
sont venus avant
moi ont été des voleurs et des
brigands. » (Jn, 10, 8) Il ne
tombe d’ailleurs
pas au milieu de voleurs mais « de
brigands » bien
plus terribles que
de simples voleurs puisqu’ils ont volé et couvert
de plaies cet homme
qui, « descendant
de Jérusalem », était
tombé entre leurs mains. Quelles sont
ces plaies ?
Quelles sont ces blessures dont l’homme est
atteint ? Les
vices et les
péchés. 5.
Puis les brigands, après
l’avoir dépouillé de ses
vêtements et couvert de blessures, ne le
secourent pas
dans sa nudité et, après l’avoir
roué de coups encore une fois,
l’abandonnent ; c’est
pourquoi l’Écriture
dit :
« L’ayant
dépouillé et
couvert de
blessures, ils s’en allèrent, le
laissant » non pas mort, mais
« à demi
mort ». Or
voici que par le même chemin
descendaient
« un prêtre »
d’abord,
puis « un lévite », qui
avaient peut-être fait du bien
à d’autres
personnes mais n’en
firent pas à celui
« qui était
descendu de Jérusalem à
Jéricho ». Le
prêtre, à mon avis
figurant la Loi, voit le
Samaritain et de même le lévite qui, selon
moi, représente les
Prophètes, le voit aussi. Tous deux
l’ont vu mais ils
passèrent et
l’abandonnèrent
là. Mais la Providence
laissait cet homme à demi-mort
aux
soins de celui qui était plus fort que la Loi
et les
Prophètes, c’est-à-dire
du Samaritain, dont le nom signifie « gardien[8] ».
C’est lui qui « ni ne sommeille ni ne dort
en veillant sur
Israël ». (Ps.
121 (120), 4) C’est
pour secourir l’homme à demi mort que
le Samaritain s’est mis en route ; il ne descend pas
« de Jérusalem à
Jéricho » comme le prêtre et le
lévite, ou plutôt, s’il
descend, il
descend pour sauver le moribond et veiller sur lui. Les Juifs lui ont
dit :
« Tu es samaritain et un démon te
possède. » (Jn,
8,48) Après avoir
affirmé n’être pas
possédé du démon, Jésus ne
voulut pas nier qu’il fût
samaritain[9],
car
il se savait gardien. 6. Aussi,
après être venu jusqu’à
l’homme à demi mort, l’ayant vu baigner
dans
son sang,
il en eut pitié et s’approcha de lui pour devenir
son prochain.
« Il banda
ses blessures, versa de l’huile mêlée de
vin », et ne dit pas
ce qu’on lit
dans le prophète : « Il
n’y a ni pansement ni huile
ni bande à
appliquer. » (Is., 1, 6) Voilà le
Samaritain dont les soins et
les secours
sont nécessaires à tous ceux qui sont malades, et
il avait spécialement
besoin
du secours de ce Samaritain, l’homme qui,
« descendant de
Jérusalem, était
tombé entre les mains de brigands » qui
l’avaient blessé et
laissé pour
mort. Mais afin que vous sachiez que la Providence divine conduisait ce
Samaritain, descendu pour soigner un homme
« tombé aux mains
de brigands »,
il est clairement spécifié qu’il
portait avec lui des bandes, de
l’huile et du
vin ; à mon avis, ces objets, le Samaritain ne les
emportait
sans doute
pas avec lui pour cet unique moribond mais pour d’autres
aussi, blessés
de
diverses façons et qui avaient également besoin
de bandes, d’huile et
de vin. 7. Il avait de
l’huile dont
l’Écriture
dit : « Que l’huile fasse luire
le visage »
(Ps. 104 (103), 15),
le visage sans aucun doute de celui qui avait été
soigné. Pour calmer
l’inflammation
des blessures, il les nettoie avec de l’huile, et avec du vin
mêlé de
je ne
sais quel produit amer. Puis il « chargea le
blessé sur sa
monture »,
c’est-à-dire sur son propre corps : il a,
en effet, daigné
assumer l’humanité[10].
Ce
Samaritain « porte nos
péchés » (Matth., 8,
17 ; Is., 53, 4) et
souffre pour nous ; il porte le moribond et le conduit dans
une auberge, c’est-à-dire
dans l’Église qui accueille tous les hommes, ne
refuse son secours à
personne
et où tous sont conviés par
Jésus : « Venez à
moi,
vous tous qui êtes
fatigués et qui ployez sous le fardeau, et je vous
soulagerai. » (Matth.,
11, 28) 8.
Et après avoir conduit le moribond à
l’auberge, il ne le quitte pas
immédiatement, mais demeure avec lui toute une
journée pour soigner ses
blessures, non seulement pendant le jour, mais encore durant la nuit,
lui
consacrant ainsi toute sa sollicitude et son savoir-faire. Lorsque, le
matin,
il s’apprêtait à partir, il
prélève sur son argent, sur ses fonds
personnels, « deux
deniers » de bon aloi, et il en gratifie
l’aubergiste, sans
aucun doute l’ange
de l’Église, en lui prescrivant de
soigner
consciencieusement et de
mener jusqu’à
la guérison cet homme que lui-même avait
soigné durant un temps trop
bref.
Quant aux deux deniers donnés à l’ange
comme salaire pour qu’il soigne
bien l’homme
à lui confié, ils représentent, me
semble-t-il, la connaissance du Père
et du
Fils et la connaissance de ce mystère : le
Père est dans le
Fils et le
Fils dans le Père[11].
Promesse est également faite à
l’hôtelier de lui rembourser
immédiatement tous
les frais que nécessite la guérison du moribond. 9.
Ce gardien des âmes est apparu
vraiment
plus proche des hommes que la Loi et les
Prophètes, « en faisant
miséricorde à celui qui
était tombé entre les
mains de
brigands »
et il s’est montré son
prochain non pas tellement
en paroles mais en actes.
Il nous est donc possible, suivant ce qui est dit : « Soyez mes
imitateurs, comme
je le suis du Christ » (I
Cor., 4, 16), d’imiter le Christ
et d’avoir pitié des hommes
« tombés
aux mains des brigands », d’aller
à eux, de bander leurs plaies,
d’y
verser de l’huile et du vin,
de
les charger sur notre propre monture et de
porter leurs fardeaux et c’est pour nous y
exhorter
que le Fils
de Dieu ne s’adresse pas seulement au docteur de la Loi mais
à nous
tous :
« Va, toi aussi, et fais de
même. » Si nous agissons
de la sorte,
nous obtiendrons la vie éternelle dans le Christ
Jésus, « à
qui
appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des
siècles.
Amen ».
(I Pierre, 4, 11) » [1] Jusqu’ici Origène commentait d’une façon suivie l’évangile de Luc. Sans aucune explication, sans transition, l’homélie XXXIV interrompt ce commentaire suivi. Nous passons de la Tentation du Sauveur (Lc 4, 27) à la parabole du Bon Samaritain (Lc 10, 25-27). Voir introduction p. 83. [2] Une phrase grecque, qui n’apparaît pas dans la traduction de Jérôme, contient une nouvelle réfutation des théories de Marcion. Σαφῶς ἐν τούτοις παρίσταται, ὃτι ή κατὰ τὸν δημιουργὸν τοῦ κoσμoυ θεὸν καὶ τὰς ἀπ’ αὐτοῦ γραφὰς παλαιὰς κηρυσσομένη ζωὴ ἡ αἰώνιός ἐστιν, ἣν καὶ ὁ σωτὴρ καταγγέλλει. « Il est clairement établi dans ce passage que la vie annoncée par le Dieu créateur du monde et dans les Écritures qui sont de Lui, c’est la vie éternelle que le Sauveur lui aussi annonce. » [3]
Nous adoptons une correction, suggérée par le
P. A-Vaccari,
que M. Rauer
n’a pas retenue, voir Biblica
13 (1932), p. 109, Hoc fac et vives. Haud
dubium, quin sempiterna est
vita, de qua. Tel est le texte de Rauer. Le changement de
ponctuation et la
suppression de est, attestée par les mss
C et D, se
justifient par une
construction fréquente dans le latin de
Jérôme : v.
g. Egressus est rex in occursum ei,
haud dubium quin Abraham, Lettre 73,
9, t. IV, p. 26. Videbunt autem haud dubium quin
Deum, In Is. com., 66, 13, PL 24,
662 C. [4] La mention d’un presbytre indique que l’exégèse de la Parabole appartient à une ancienne tradition. On trouve un commentaire contenant les mêmes symboles dans un écrit faussement attribué à Théophile d’Antioche, Corpus Apologet., Otto, Iéna 1861, t. VIII, p. 309. En réalité ce commentaire doit avoir une source plus ancienne encore, car nous trouvons trace de l’explication de la parabole du Bon Samaritain dans Irénée, Adv. Haer., III, 17, 3, SC 34, p. 307-308, et la dépendance de l’évêque de Lyon est grande, on le sait, à l’égard des presbytres, c’est-à-dire des premiers disciples du Seigneur. Une chaine exégétique, dont le texte semble appartenir à Titus de Bostra, reprend, à quelques nuances près, les mêmes explications, J. A. Cramer, Catenae, t. II, p. 87-88. Voir aussi le fragment grec 71. Il serait intéressant de comparer entre eux tous ces textes, sans oublier le commentaire d’Ambroise, Traité sur l’Évangile de Luc, VII, 71-84, SC 52, p. 32-36, et celui de saint Augustin, Quaest. Evangel. 2, 19, PL 35, 1340-1341, pour ne citer que quelques-uns des commentaires les plus connus. On trouverait d’autres références patristiques sur la parabole du Bon Samaritain dans H. de Lubac, Catholicisme, 4e éd. Paris, 1947, p. 169, note 1. Voir J. Daniélou, « Le Bon Samaritain », Mélanges bibliques en l’honneur d’A. Robert, p. 457 et es. et l’art de D. Sanchis, « Samaritanus ille », RSR 49 (1961), p. 406 et ss. [5] Origène a repris ailleurs cette exégèse, In Cant. Prolog., GCS 8, p. 70 ; In Jos. hom., VI, 4, SC 71, p. 189-191, et In Matth. com., XVI, 9, GCS 10, p. 503. L’exil d’Adam, chassé du Paradis dans un monde mauvais, est symbolisé par la descente de Jérusalem à Jéricho. [6] Pour tout homme la descente du Paradis de la béatitude dans le monde est la conséquence d’une chute ; pour le Christ, il n’en va pas de même puisqu’il est « descendu » pour sauver l’humanité. En ce sens, la parabole concerne le Christ et le mystère de son Incarnation rédemptrice. [7] Telle est la différence entre le Christ qui est descendu en ce monde par obéissance au Père, « il y a été envoyé », et Adam qui y est descendu parce que, dans son libre arbitra, il a choisi la chute, « il a lui-même voulu des cendre ». [8] Cette étymologie que l’on trouve In Jo. com., XX, 35, GCS 4, p. 375, est conservée par Ambroise et Augustin, loc. paral. Voir F. Wutz, « Onomastica Sacra », TU 41 (1914), p. 117, 546 et 747. [9] Dans le Commentaire sur Jean, op. cit., p. 374-375, Origène indique trois raisons pour lesquelles le Christ n’a pas refusé d’être appelé Samaritain. [10] Cf. hom. XXIX, note 3 sur assumptus homo, p. 364. [11] Ou trouve affirmée dans ce texte l’intériorité mutuelle du Père et du Fils qui est, pour Origène, une manière d’affirmer l’unité de la nature divine. Si Origène semble parfois réserver au parfait la contemplation du mystère de la Trinité (In Lev. hom., XIII, 3, GCS 6, p. 472), ailleurs il considère ce mystère comme objet indispensable de la foi de tout chrétien (In Lev. hom., V, 3, ibid., p. 340). Cf. In Luc. hom., XXXVII, 5. Indice qu’il convient de nuancer l’opposition établie par le P. J. Lebreton entre le pariait et le simple croyant, « Les degrés de la connaissance religieuse d’après Origène », RSR 12 (1922), p. 265-296. |
Saint Ambroise de Milan (340-397) |
Traité sur
l’Évangile de Luc, VII, 71-84, SC 52, p.
32-36. (Extraits, texte
complet ci-après). |
« 73.
(…) Jéricho est en effet la figure de ce monde,
où, chassé du paradis,
c’est-à-dire de la Jérusalem
céleste, Adam est descendu par la
déchéance de sa
prévarication, passant de la vie aux enfers :
c’est le
changement non pas
de lieu, mais de mœurs, qui a fait l’exil de sa
nature. Bien changé de
l’Adam qui
jouissait d’un bonheur sans trouble, dès
qu’il se fut abaissé aux fautes du monde, il
rencontra des
larrons ; il ne
les aurait pas rencontrés, s’il ne s’y
était exposé en déviant du
commandement
céleste. Quels sont ces larrons, sinon les anges de la nuit
et des
ténèbres,
qui parfois se travestissent en anges de lumière (II
Cor.,
XI, 14), mais
ne peuvent s’y tenir ? Ils nous
dépouillent d’abord des
vêtements de grâce
spirituelle que nous avons reçus, et c’est ainsi
qu’ils ont coutume
d’infliger
des blessures : car si nous gardons intacts les
vêtements que
nous avons
pris, nous ne pouvons ressentir les coups des larrons. Prenez donc
garde d’être
d’abord dépouillé, comme Adam a
d’abord été mis à nu,
dépourvu de la
protection
du commandement céleste et dépouillé
du vêtement de la foi :
c’est ainsi
qu’il a reçu la blessure mortelle à
laquelle aurait succombé tout le
genre
humain, si le Samaritain n’était descendu pour
guérir ses cruelles
blessures. 74.
Ce n’est pas le premier
venu que ce Samaritain : celui qu’avaient
dédaigné le prêtre,
le lévite,
Il ne l’a pas dédaigné à son
tour. Ne méprisez pas non plus, à cause de
ce nom
de secte, Celui qu’en interprétant ce nom vous
admirerez : car
le nom de
Samaritain signifie gardien : telle est sa traduction. Qui est
ce
gardien ? N’est-ce pas Celui dont il est
dit :
« Le Seigneur
garde les petits » (Ps.
114, 6) ? (…) 75.
« Et il
pansa ses blessures, en y versant de l’huile et du
vin. » Ce
médecin a
bien des remèdes, au moyen desquels il a coutume de
guérir. Sa parole
est un
remède : tel de ses discours ligature les plaies,
un autre les
fomente d’huile,
un autre y verse le vin ; Il ligature les plaies par tel
précepte plus
austère, Il réchauffe en remettant le
péché, Il pique comme avec le vin
en
annonçant le jugement. 76.
« Et
il le plaça, dit-il, sur sa monture. »
Écoutez comment Il vous
y place :
« Il porte nos péchés et
souffre pour nous » (Is.,
LIII, 4). Le
Pasteur aussi a placé la brebis fatiguée sur ses
épaules (Lc,
XV, 5). Car
« l’homme
est devenu semblable à une monture » (Ps.
48, 13) : alors Il nous a placés sur sa
monture, pour que nous ne soyons pas comme le cheval et le mulet
(Ps.
31, 9), pour supprimer
les infirmités de notre chair en prenant notre
corps. » |
Texte complet du passage de traité de Saint Ambroise de Milan sur le bon Samaritain |
Traité sur
l’Évangile de Luc, VII, 71-84, SC 52, p.
32-36. Introduction,
traduction et notes de Dom Gabriel Tissot,
o.s.b., 1958. (Nous avons corrigé la traduction de « semivuvus »,
« demi-vivant » plutôt
que
« demi-mort »). |
« Luc X, 30-37. Le bon Samaritain. 71.
« Un homme descendait de Jérusalem
à Jéricho. » Samaritain
Afin de pouvoir plus
aisément expliquer le texte qui nous est proposé,
repassons l’histoire
ancienne
de la ville de Jéricho. Nous nous souvenons que
Jéricho — comme nous le
lisons
dans le livre intitulé Josué fils de
Navé — était une grande cité
entourée de
murs et de remparts, pour n’être pas accessible au
fer, ni forcée par
le
bélier. Il y demeurait une prostituée, Rahab, qui
donna l’hospitalité
aux
éclaireurs envoyés par Josué, les aida
de ses conseils, répondit aux
questions
de ses concitoyens qu’ils étaient partis, les
cacha sur son toit, et,
pour
arriver à se soustraire, elle et les siens, à la
destruction de la
ville, attacha
de l’écarlate à
sa fenêtre. Quant aux
murs inexpugnables de la
cité, au son des sept trompettes des prêtres (1),
accompagné par les cris et les
hurlements joyeux du peuple, ils
s’écroulèrent. 72.
Voyez comment chacun tient son rôle propre :
l’éclaireur la
vigilance, la prostituée le secret, le vainqueur la
fidélité, le prêtre
la
religion : les premiers, pour la gloire, ne craignent pas le
péril ;
elle, même en péril, ne trahit pas ceux
qu’elle a reçus ;
celui-ci, plus
soucieux de garder la fidélité que de vaincre,
prescrit la vie sauve
pour la
prostituée avant la ruine de la cité ;
quant aux instruments
de la
religion, ce sont les armes du prêtre. Et maintenant, Comment
ne pas
trouver
parfaitement merveilleux que dans toute cette ville nul n’ait
été sauvé
sinon
celui que la prostituée a libéré (2) ? 73.
Telle est la simple vérité historique.
Considérée plus à fond, elle
révèle
d’admirables mystères. Jéricho est en
effet la figure de ce monde, où,
chassé
du paradis, c’est-à-dire de la
Jérusalem céleste, Adam est descendu par
la
déchéance de sa prévarication, passant
de la vie aux enfers :
c’est le
changement non pas de lieu, mais de mœurs, qui a fait
l’exil de sa
nature. Bien
changé de l’Adam
qui
jouissait d’un
bonheur sans trouble, dès qu’il se fut
abaissé aux fautes du monde, il
rencontra des larrons ; il ne les aurait pas
rencontrés, s’il
ne s’y était
exposé en déviant du commandement
céleste. Quels sont ces larrons,
sinon les
anges de la nuit et des ténèbres, qui parfois se
travestissent en anges
de lumière
(II Cor., XI, 14), mais ne peuvent s’y
tenir ? Ils nous dépouillent
d’abord des vêtements de grâce
spirituelle que nous avons reçus, et
c’est ainsi
qu’ils ont coutume d’infliger des
blessures : car si nous
gardons intacts
les vêtements que nous avons pris, nous ne pouvons ressentir
les coups
des
larrons. Prenez donc garde d’être d’abord
dépouillé, comme Adam a
d’abord été
mis à nu, dépourvu de la protection du
commandement céleste et
dépouillé du
vêtement de la foi : c’est ainsi
qu’il a reçu la blessure
mortelle à
laquelle aurait succombé tout le genre humain, si le
Samaritain n’était
descendu pour guérir ses cruelles blessures.
74. Ce n’est pas le
premier venu
que ce Samaritain :
celui qu’avaient dédaigné le
prêtre, le lévite, Il ne l’a pas
dédaigné
à son
tour. Ne méprisez pas non plus, à cause de ce nom
de secte, Celui qu’en
interprétant ce nom vous admirerez : car le nom de
Samaritain
signifie
gardien : telle est sa traduction. Qui est ce
gardien ? N’est-ce pas
Celui dont il est dit : « Le Seigneur garde
les
petits » (Ps.
114, 6) ? De même
donc qu’il y a un Juif selon la lettre, un autre selon
l’esprit, il y a
aussi
un Samaritain du dehors, un autre caché. Donc ce Samaritain
qui
descendait — qui
est descendu du ciel, sinon Celui qui est monté au ciel,
« le
Fils de
l’homme, qui est au ciel » (cf. Jn,
III,
13) ? — voyant cet
homme à demi-vivant (semi-vivum),
que
personne jusque-là n’avait pu guérir
(comme celle qui avait un flux de
sang et
avait dépensé toute sa fortune en
médecins), s’est approché de lui,
c’est-à-dire en acceptant de souffrir avec nous
s’est fait notre proche
et, en
nous faisant miséricorde, notre voisin. 75.
« Et il pansa ses blessures, en y versant de
l’huile et du
vin. » Ce
médecin a bien des remèdes, au moyen desquels il
a coutume de guérir.
Sa parole
est un remède : tel de ses discours ligature les
plaies, un
autre les
fomente d’huile, un autre y verse le vin ; Il
ligature les
plaies par tel
précepte plus austère, Il réchauffe en
remettant le péché, Il pique
comme avec
le vin en annonçant le jugement. 76.
« Et il le plaça, dit-il, sur sa
monture. » Écoutez
comment Il vous y
place : « Il porte nos
péchés et souffre pour
nous » (Is., LIII,
4). Le Pasteur aussi a placé la brebis fatiguée
sur ses épaules (Lc,
XV, 5). Car
« l’homme est devenu semblable
à une monture » (Ps.
48,
13) : alors Il
nous a placés sur sa monture, pour que nous ne soyons pas
comme le
cheval et le
mulet (Ps.
31,
9), pour supprimer les infirmités de notre chair en prenant
notre
corps. 77. Enfin Il nous a conduits
à l’écurie,
nous qui étions montures :
l’écurie est le lieu où aiment
à se
retirer
ceux qui sont lassés d’un long parcours. Donc le
Seigneur a conduit à
l’écurie,
Lui qui relève de terre l’indigent et retire le
pauvre du fumier (Ps.
112, 7). 78.
« Et il a
pris soin de
lui », de crainte que malade il ne pût
observer les préceptes
qu’il avait
reçus. Mais
ce Samaritain n’avait pas le loisir de
demeurer longtemps sur terre : il Lui fallait retourner au
lieu d’où Il
était descendu. 79.
Aussi
« le
jour suivant » — quel est cet autre
jour ? Ne
serait-ce pas celui de
la résurrection du Seigneur, celui dont il est
dit :
« Voici le jour
que le Seigneur a fait » (Ps.
117, 24) ? — « Il tira deux
deniers et les remit à
l’hôtelier, et il
dit : prenez soin de lui. » 80.
Qu’est-ce que ces deux deniers ? Peut-être
les deux
Testaments, qui
portent empreinte sur eux l’effigie du Père
éternel, et au prix
desquels sont
guéries nos blessures. Car nous avons
été rachetés au prix du sang (I
Pierre, I, 19), afin d’échapper aux
ulcères de la mort
finale. 81. Donc ces deux deniers
—
encore
qu’il ne soit pas déplacé de penser
aussi aux pièces de ces quatre
livres (3)
— l’hôtelier les a reçus.
Lequel ? Peut-être celui qui a
dit :
« Je tiens cela pour de l’ordure, afin
d’acquérir le
Christ » (Phil.,
III, 8) — pour avoir soin de l’homme
blessé. L’hôtelier donc, c’est
celui qui a
dit : « Le Christ m’a
envoyé prêcher
l’évangile » (I Cor.,
I, 17). Les hôteliers sont ceux auxquels il est
dit :
« Allez dans le
monde entier, et prêchez l’évangile
à toute
créature » ; et
« quiconque croira et recevra le baptême,
sera
sauvé » (Mc,
XVI, 15-16) : oui,
sauvé de la mort, sauvé de la blessure
qu’ont infligée les larrons. 82.
Heureux l’hôtelier qui peut soigner
les blessures d’autrui ! Heureux celui à
qui Jésus
dit : « Ce
que vous aurez dépensé en surplus, je vous le
rendrai à mon
retour ! » Le bon dispensateur, qui
dépense même en
surplus !
Bon dispensateur Paul, dont les discours et les épitres sont
comme en
excédent
sur le compte qu’il avait reçu ! Il a
exécuté le mandat
déterminé (4)
du Seigneur par un travail presque immodéré de
l’âme et du corps, afin
de
soulager bien des gens de leurs graves maladies en leur dispensant sa
parole.
C’était donc le bon hôtelier de cette
écurie dans laquelle l’ânesse a
reconnu
la crèche de son Maitre (Is., I, 3), et dans laquelle on
renferme les
troupeaux
des agneaux, de crainte que les loups rapaces qui grondent
près des
parcs
n’aient un facile accès dans la bergerie. 83.
Il promet donc de rendre la récompense. Quand
reviendrez-vous,
Seigneur, sinon
au jour du jugement ? Car bien que vous soyez partout sans
cesse, vous
tenant au milieu de nous sans être vu de nous, il y aura
cependant un
moment où
toute chair vous verra revenir. Vous rendrez donc ce que vous devez.
Heureux ceux
qui ont pour débiteur Dieu ! Puissions-nous, nous
autres, être
débiteurs
solvables ! Puissions-nous être en état
de payer ce que nous
avons reçu,
sans que la fonction du sacerdoce ou du ministère (5)
nous exalte ! Comment rendrez-vous, Seigneur
Jésus ? Vous avez bien promis qu’au ciel
les bons auront une
abondante
récompense ; pourtant vous rendrez encore, quand
vous
direz :
« C’est bien, bon serviteur ;
puisque vous avez été
fidèle aux
petites choses, je vous confierai beaucoup ; entrez dans la
joie de votre
Seigneur » (Matth., XXV, 21). 84.
Puis donc que nul n’est plus notre prochain que Celui qui a
guéri nos
blessures, aimons-Le comme Seigneur, aimons-Le aussi comme
proche : car
rien n’est si proche que la tête pour les membres.
Aimons aussi celui
qui imite
le Christ ; aimons celui qui compatit à
l’indigence d’autrui
de par
l’unité du corps. Ce n’est pas la
parenté qui rend proche, mais la
miséricorde ; car la miséricorde est
conforme à la
nature : il n’est
rien de si conforme à la nature que d’aider celui
qui participe à notre
nature. » (1) Le récit biblique demanderait : au son des trompettes sept fois répété ; mais saint Ambroise, tout en y pensant peut-être, a écrit : septem, et non pas septies. (2) Le singulier est à prendre ici au sens collectif : c’est toute la famille et maison de Rahab qui, en sa considération, fut épargnée par Josué. (3) Les quatre Évangiles. (4) Allusion aux deux deniers remis par le Samaritain à l’hôtelier. (5)
Ministère correspond ici à diaconat. |
Saint Augustin (354-430) |
Quaest.
Evangel. 2,
19. Traduction d’après les Œuvres
Complètes de Saint Augustin,
Traduites pour la première fois en
français, sous la direction de M. Raulx, Tome
Vème, Commentaires sur
l’Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins
& Cie éditeurs, 1867. (Édition
numérique par www.abbaye-saint-benoit.ch)
|
« 19.
Homo quidam descendebat ab
Ierusalem in Iericho, ipse Adam
intellegitur in genere humano; Ierusalem civitas pacis illa caelestis,
a cuius
beatitudine lapsus est; Iericho luna interpretatur et significat
mortalitatem
nostram propter quod nascitur, crescit, senescit et occidit; latrones
diabolus
et angeli eius, qui eum spoliaverunt immortalitate et plagis impositis
peccata
suadendo reliquerunt semivivum, quia ex parte qua potest intellegere et
cognoscere Deum vivus est, homo, ex parte qua peccatis contabescit et
premitur
mortuus est, et ideo semivivus dicitur. Sacerdos autem et levita qui eo
viso
praeterierunt sacerdotium et ministerium Veteris Testamenti
significant, quod
non poterat prodesse ad salutem. Samaritanus custos interpretatur, et
ideo ipse
Dominus significatur hoc nomine. Alligatio vulnerum est cohibitio peccatorum;
oleum consolatio spei bonae propter indulgentiam datam ad
reconciliationem
pacis; vinum exhortatio ad operandum ferventissimo spiritu. Iumentum eius est caro in qua ad nos venire
dignatus est. Imponi
iumento est in ipsam incarnationem Christi
credere. Stabulum est Ecclesia, ubi reficiuntur viatores de
peregrinatione in
aeternam patriam redeuntes. Altera dies est post resurrectionem Domini.
Duo
denarii sunt vel duo praecepta caritatis, quam per Spiritum Sanctum
acceperunt
Apostoli ad evangelizandum ceteris, vel promissio vitae praesentis et
futurae,
secundum enim duas promissiones dictum est: Accipiet in hoc saeculo
septies
tantum, et in saeculo futuro vitam aeternam consequetur. Stabularius ergo est Apostolus. Quod
supererogat aut illud consilium est quod ait: De virginibus autem
praeceptum
Domini non habeo, consilium autem do, aut quod etiam manibus suis
operatus est,
ne infirmorum aliquem in novitate Evangelii gravaret, cum ei liceret
pasci ex
Evangelio. » |
« XIX. — Le bon samaritain (Luc, X, 30-37). — “Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho.” On voit ici Adam lui-même avec le genre humain. Jérusalem est cette cité céleste de la paix, de la béatitude, de laquelle l’homme est déchu ; Jéricho qui signifie Lune, représente notre mortalité, laquelle nait, croît, vieillit et disparait. Les voleurs sont le diable et ses anges qui “dépouillèrent” l’homme de l’immortalité “et qui l’ayant couvert de plaies” en l’induisant au péché, “le laissèrent demi-vivant”. L’homme en effet par le côté de lui-même qui peut saisir et connaitre Dieu, est vivant ; mais en tant que le péché lui ôte sa force et l’accable, il est mort ; c’est pourquoi on le dit laissé demi-vivant. Le prêtre et le lévite qui l’ayant vu passent outre, désignent le sacerdoce et le ministère du vieux Testament qui ne pouvaient servir au salut. C’est Notre-Seigneur lui-même qui est figuré par le Samaritain ; le Samaritain veut dire : le gardien. Le bandage des plaies marque la répression des péchés ; l’huile, la consolation de l’espérance bienheureuse, fruit de l’indulgence accordée pour la réconciliation de la paix ; le vin l’exhortation à la pratique fervente des œuvres de l’esprit. Sa monture est la Chair dans laquelle Il a daigné venir à nous. Être mis sur la monture, c’est croire à l’Incarnation du Christ. L’hôtellerie est l’Église où trouvent la réparation de leurs forces les voyageurs retournant de la terre étrangère à l’éternelle patrie. Le jour suivant marque le temps qui suit la résurrection du Seigneur. Les deux deniers sont ou bien les deux préceptes de la charité qui fut comme enseignée aux Apôtres par l’Esprit-Saint afin qu’ils annonçassent aux autres l’Évangile, ou bien la promesse de la vie présente et celle de la vie future. C’est en effet conformément à cette double promesse qu’il est dit : “Il recevra dans ce siècle sept fois autant, et dans le siècle futur il obtiendra la vie éternelle.” (Mt 19, 29) Le Maitre d’hôtel c’est donc l’Apôtre. Ce qu’il donne par surcroît désigne soit le conseil de la virginité proclamé par lui : “Touchant les vierges je n’ai point de précepte du Seigneur, mais je donne un conseil” (1 Co 7, 35) ; soit le travail des mains auquel il se livrait pour ne rendre onéreuse la promulgation de l’Évangile à aucun des infirmes de l’Église lorsqu’il pouvait vivre de l’Évangile. (cf. 2 Th 3, 8-9) » |
L’illustration de Jérôme Bosch |
|
a) L’Ange et les démons |
|
Parmi
les quatre
textes précédents, on trouve seulement dans ceux
de Saint Clément et
d’Origène
les deux interprétations réunies : les
larrons sont « les
puissances du monde des
ténèbres » ou « les puissances ennemies »,
et
l’hôtelier, les « anges,
(…)
principautés et (…)
puissances » ou « l’ange de
l’Église ».
Jérôme Bosch a
peint plusieurs démons
et un seul
Ange de Dieu. Les
panneaux sont donc très proches du texte
d’Origène. |
|
b) Le Seigneur Jésus « bête de somme », « jumentum » |
Le
Seigneur Jésus est
représenté par un animal avec
une
tête ressemblant à
celle d’un âne. On peut la comparer à la
tête de l’âne du triptyque de L’Adoration
des mages
(Madrid). Ce motif correspond aussi au texte
d’Origène. Selon lui la
monture du
Samaritain, « jumento
suo »,
est le Corps du Seigneur Jésus, c’est pourquoi
Jérôme Bosch représente
le
Seigneur sous la forme d’un animal. Saint
Ambroise est encore plus
précis, il cite approximativement le
Psaume 48 : « l’homme
est devenu semblable à une monture » (v. 13).
|
Ps 48 |
|
« 13
Et homo, cum in honore esset, non intellexit. |
« 13.
Et
l’homme, lorsqu’il était en honneur, ne
l’a pas compris : |
Comparatus est
jumentis insipientibus, |
il a été comparé
aux animaux sans raison, |
et similis
factus est illis. » |
et il est devenu semblable à
eux. » |
Il
est assez hardi de citer ce passage décrivant la perte de
raison des
impies
pour l’appliquer au Seigneur Jésus.
C’est une façon d’interpréter
la
Sainte
Bible où chaque partie de phrase, même sortie de
son contexte, peut
être
appliquée aux Mystères de la Vie de notre Sauveur
si on y reconnait une
similitude avec ces Mystères. Saint Ambroise cependant prend
soin de
nous
avertir :
il est bon d’être bête de somme pour
aider l’homme mais il faut se
garder de
devenir têtu comme un âne. Il ajoute juste
après : « alors Il nous a
placés sur
sa monture, pour que nous ne soyons pas comme le cheval et le mulet,
pour
supprimer les infirmités de notre chair en prenant notre
corps. » |
Ps 31 |
|
« 9
Nolite fieri sicut equus et mulus, |
« 9.
Ne
devenez point comme
un cheval et un mulet, |
quibus non est
intellectus. |
qui n’ont point d’intelligence.
|
In camo et freno maxillas eorum
constringe, |
Resserre avec le mors et le frein la bouche de ceux
|
qui non
approximant ad te. » |
qui ne s’approchent pas de
toi. » |
Pour
Saint Augustin aussi, la monture du
Samaritain est le Corps du Seigneur Jésus : |
|
« Iumentum eius est caro
in qua ad
nos venire dignatus est. Imponi
iumento est in ipsam incarnationem Christi credere. » |
« Sa
monture est la Chair dans laquelle Il a daigné venir
à nous. Être mis
sur la
monture, c’est croire à l’Incarnation du
Christ. » |
Nous voyons comment, dans le tableau L’Adoration des mages, l’Enfant Jésus est placé face à l’âne. Jérôme Bosch illustre aussi l’interprétation selon laquelle la monture du la parabole est l’Humanité du Seigneur Jésus. En mettant les images l’une en face de l’autre, nous découvrons le sens de cette cabane si particulière. Cet assemblage bizarre, qui semble prêt à s’effondrer, n’est pas une fantaisie, elle reprend exactement le dessin de l’homme blessé se maintenant avec des béquilles. Les béquilles et les montants tenant le toit sont les mêmes. La pointe que forme la travée, curieusement faite de deux morceaux de bois, dessine le nez pointu de l’homme. Le tableau de l’Épiphanie montre encore la même chose que celui du Déluge : le Seigneur Jésus est venu dans le monde pour sauver l’homme blessé, l’homme chancelant. Nous entendons ici l’antienne mariale du temps de l’Avent et de Noël. |
« Alma
Redemptoris Mater, |
« Auguste
Mère du Rédempteur |
quae pervia
caeli porta manes, |
Porte du Ciel,
Vous demeurez ouverte, |
et stella
maris, |
Étoile de la
mer, |
succurre
cadenti |
Secourez et
relevez |
surgere qui
curat populo : |
le peuple qui
tombe et prend soin de lui-même :
|
Tu quae
genuisti, natura mirante, |
Vous qui, par
une naissance merveilleuse, |
tuum
sanctum
Genitorem : |
avez enfanté
votre Saint Créateur : |
Virgo
prius ac posterius, |
Vierge avant
et après, |
Gabrielis
ab ore |
De la bouche
de Gabriel |
sumens illud
Ave, |
Recevez cet
Ave, |
peccatorum
miserere. » |
Prenez pitié
des pécheurs. » |
À gauche : Triptyque de la tentation de Saint Antoine (détail) ; à droite : Le déluge, etc. (détail). |
Sur le
panneau b, le Seigneur
Jésus de la
main droite bénit l’homme pour le
sauver. Ce sont les Sacrements,
en particulier celui de la Confession ou de la
Réconciliation. Saint Augustin : « Le
bandage des
plaies marque la
répression des péchés ;
l’huile, la consolation de l’espérance
bienheureuse, fruit de l’indulgence accordée pour
la réconciliation de
la
paix ; le vin l’exhortation à la pratique
fervente des œuvres
de
l’esprit. » |
|
d) La Descente du Seigneur Jésus |
Le
Seigneur Jésus fait de la main gauche un
signe qui désigne la terre à ses pieds. Il montre
la Descente qu’Il a
accomplit
(cf. Ph 2, 5-8) pour sauver le monde. Les deux mains du
Seigneur Jésus
sont un langage des signes tout à fait clair :
« Je
suis descendu
pour vous donner la Bénédiction,
c’est-à-dire pour vous
sauver. ». Jn 3
« 16.
Car Dieu a
tellement
aimé le monde, qu’il a donné son Fils
unique, afin que quiconque croit
en lui
ne périsse point, mais qu’il ait la vie
éternelle. 17. Car Dieu n’a pas
envoyé
son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde
soit
sauvé par lui. » La
blancheur du vêtement à
l’intérieur
d’une image ronde ajoute encore un signe très
précis : c’est
l’Hostie
consacrée : Jn 6
« 51.
Je suis le
pain vivant,
moi qui suis descendu du ciel. 52. Si quelqu’un mange de ce
pain, il
vivra
éternellement ; et le pain que je donnerai,
c’est ma chair
pour la vie du
monde. » L’homme
agenouillé devant le Seigneur
Jésus, les mains jointes et légèrement
penché en avant, est exactement
dans la
position d’un fidèle qui
s’apprête à recevoir le Sacrement de
l’Eucharistie à
la table de Communion, presque comme Saint
Antoine (La
tentation
de Saint Antoine, Lisbonne) qui n’a pas
les mains
jointes mais bénit
comme le Seigneur Jésus. Origène : « C’est pour secourir l’homme à demi-mort que le Samaritain s’est mis en route ; il ne descend pas “de Jérusalem à Jéricho” comme le prêtre et le lévite, ou plutôt, s’il descend, il descend pour sauver le moribond et veiller sur lui. » Saint Ambroise : « Donc
ce
Samaritain qui descendait — qui est descendu du ciel, sinon
Celui qui
est monté
au ciel, “le Fils de l’homme, qui est au
ciel” (Cf. Jn,
III, 13) ? — voyant cet homme à
demi-vivant
(semi-vivum), que personne jusque-là n’avait pu
guérir (comme celle qui
avait
un flux de sang et avait dépensé toute sa fortune
en médecins), s’est
approché
de lui, c’est-à-dire en acceptant de souffrir avec
nous s’est fait
notre proche
et, en nous faisant miséricorde, notre
voisin. » |
|
Conclusion |
|
Dans un monde submergé par le mal, le Seigneur Jésus descend pour sauver l’homme blessé. Les mauvais périssent dans leur propre méchanceté et Dieu offre à l’homme de bonne volonté les Secours nécessaires pour être guéri et sauvé, en premier lieu les Sacrements. Tous les Secours sont offerts en Jésus-Christ présent dans l’Église. L’Église ou la Vierge Marie, c’est la Même, est l’Arche de Noé. Elle nous porte en son Ventre Béni où nous trouvons la compagnie du Sauveur, compagnie au sens étymologique « [manger] le pain avec » : nous partageons avec Lui le Repas Eucharistique, le Pain de Vie. |
Le colporteur |
Comparaison avec les panneaux extérieurs du Charriot de foin La séparation des champs de vision à l’intérieur du panneau L’homme qui urine contre un mur |
|
Parmi les différences, on observe des bizarreries : - la cuillère ne suit pas les lois de la pesanteur ; - l’objet devant le ventre qui est inexplicable dans la tenue vestimentaire ou les accessoires du colporteur ; - la pantoufle. Parmi les nouveautés, il y a encore des bizarreries : - l’équerre posée contre la barrière ; - les cornes distordues de la vache. Il faut conclure que ce tableau est une énigme, il parle un langage codé et nous devons remarquer aussi que le peintre s’amuse avec ses codes. Évidemment tant que le secret était inconnu, il était impossible de lire un seul de codes du tableau. Lorsque nous connaissons les relations de Jan van Eyck, Rogier van der Weyden et Jérôme Bosch avec la “Scène du Puits” de Lascaux, les explications sont évidentes. Les cornes de la vache sont caractéristiques de l’art de Lascaux et même d’une période de l’art antique : la corne la plus avant est formée d’une simple courbe, la corne la plus en arrière suit une forme en S. La vache est le bison. |
Cependant Jérôme Bosch comme souvent prend des libertés par rapport à l’original, la corne avant de la vache est tournée vers le bas et non vers le haut comme dans la grotte de Lascaux. La barrière avec l’équerre associée à un oiseau noir et blanc est l’vir-avis. Les deux couleurs signifient l’association de la nature d’oiseau, le noir pour la tête et les ailes et de celle d’homme, le blanc pour le corps. L’association des deux natures humaine et animal de l’vir-avis signifie l’association des deux natures Divine et humaine dans le Seigneur Jésus, vrai Dieu et vrai homme. Deux lectures sont possibles quant à la correspondance entre les natures de l’vir-avis, et donc des couleurs de l’oiseau du la barrière, et celles du Seigneur Jésus. Elles dépendent des deux lectures de la “Scène du Puits”. Si les trois personnages de la “Scène du Puits” représentent la Trinité, la nature animale représente la Divinité. Si ces mêmes personnages représentent le Seigneur Jésus, la Vierge Marie et Saint Jean au Calvaire (cf. Jn 19, 26), la nature humaine représente la Divinité. |
Jérôme Bosch comme toujours prend beaucoup de liberté et joue avec l’original. L’oiseau noir et blanc et très proche de l’équerre donc représente l’vir-avis. Cependant il est orienté comme l’oiseau sur un piquet. L’oiseau sur l’arbre est perché comme l’oiseau sur un piquet mais il est à l’envers comme l’vir-avis. Finalement les deux oiseaux représentent en même temps et l’vir-avis et l’oiseau sur un piquet. |
La pantoufle est une citation du Triptyque de la Crucifixion « Triptyque Abegg » (Riggisberg) de pantoufle de Rogier van der Weyden. |
La
pantoufle de
Rogier van der Weyden est elle une citation du livre de
l’Exode : « Et le Seigneur [à Moïse] :
N’approche point d’ici, dit-il :
ôte la chaussure de tes pieds
(solve calceamentum de
pedibus tuis) ;
car le lieu dans lequel tu es est une terre sainte. » (3, 5) Dans la Vulgate la
chaussure est bien au singulier alors que les
pieds sont au pluriel. C’est pourquoi Rogier van
der Weyden
n’en perd qu’une sur le tableau. La pantoufle du
colporteur est de
toute
évidence la reprise de la signification de
l’autoportrait de
Rogier :
Jérôme Bosch donne le témoignage selon
lequel lui aussi a visité la
grotte de
Lascaux. |
|
La chouette est penchée en avant, c’est une exception dans l’œuvre de Jérôme Bosch, car la “Scène du puits” est en contrebas par rapport au point d’observation le plus naturel pour une personne venant visiter la grotte. Montage réalisé à partir de la photographie 3 de l’article du Dr H. Seuntjens, L’homme de Lascaux, totem vertical. |
|
Le corps du chien est tourné en sens opposé à la marche du colporteur dans la même direction que le rhinocéros à gauche de l’vir-avis. Le dessin du chien est posé sur un dessin sous-jacent tout à fait parallèle mais un peu plus grand. Cette superposition signifie que le chien tout à la fois cache et représente un autre animal plus grand, le rhinocéros du Puits de Lascaux. |
Sur les panneaux extérieurs du Jugement dernier ont trouve déjà la raison du changement qui va avoir lieu dans de la théologie de Jérôme Bosch. On y voit deux Saints : Jacques peint comme s’il faisait lui-même le pèlerinage de Compostelle et Bavo de Gand, un homme qui a vécu la charité dans le monde terrestre. |
Le colporteur du Charriot de foin s’apprête à passer le pont vers un monde extérieur au monde terrestre pour y trouver la vie éternelle. Le renversement est complet dans le Colporteur (Rotterdam) : les deux champs de vision sont sur le même panneau. Dans l’un, beige, se trouvent au premier plan deux hommes et deux femmes, une maison délabrée, des porcs, un coq, de petits oiseaux peu coloré (sauf l’oiseau noir et blanc mais il est en cage), et au loin un désert avec une maison, quelques habitants et des animaux. Dans l’autre champ, marron-vert, un arbre et des buissons verdoyants (cf. Os 14, 9), une vache, trois oiseaux bien vivant et colorés, le colporteur en marche et le visage animé par la surprise, et le chien. Celui-ci, bien qu’il conserve le collier à pointe, a perdu beaucoup de son caractère menaçant par rapport au Charriot de foin. Il marche à l’envers du colporteur, il ne le poursuit plus, les dents sont à peine visibles, les oreilles ne sont plus pointues mais arrondies et pendent gentiment, d’une manière générale les trais de la tête sont arrondis et doux. Le champ beige contient la saleté, le péché, la mort et un abri fait de main d’homme. - la saleté : les porcs, l’homme qui urine sur la maison (cf. Dt 23, 12-14), le coq sur le fumier ; - le péché : la luxure (l’homme et la femme dans la porte), l’orgueil (le coq), l’envie (la femme qui observe par la fenêtre), la gourmandise (les porcs), l’avarice (l’oiseau en cage), la colère est peut-être signifiée par la verge immense qui désigne d’abord la colère de Dieu (cf. Lc 12, 47-48, cité plus bas) mais peut aussi signifier le péché de colère de l’homme. Jc 1 « 20. Car la colère de l’homme n’opère point la justice de Dieu. » - la mort : le délabrement de la maison, la cruche à l’envers (voyez le chapitre L’homme qui urine, etc.), le désert. - un abri fait de main d’homme : la maison délabrée et l’autre maison dans le désert. Le champ marron-vert contient la vie : des animaux beaux et en liberté (la barrière n’est pas associée à une clôture), des plantes verdoyantes, un homme en marche avec l’esprit curieux et ouvert au monde, à la poésie, à Dieu, un abri non fait de main d’homme : les arbres et les buissons. L’opposition entre la maison qui remplace un des deux arbres qui entourent le colporteur du Charriot de foin et l’arbre est celle du Jardin des délices : le paradis est ce qui est naturel, fait de la main de Dieu, l’enfer est rempli d’objets faits de main d’homme. Le colporteur est vêtu et équipé, certes, mais tous ces objets sont au service de Dieu : il colporte la bonne nouvelle (voyez le commentaire du Charriot de foin, chap. Rester ou partir). La mort n’est pas partout dans le monde présent et la Vie pas uniquement dans « le siècle à venir » (Credo de Nicée-Constantinople). La Vie est déjà dans le monde présent, il suffit d’y être ouvert pour vivre en Elle. |
|
Lc 17 « 20
Interrogatus autem a pharisaeis : Quando venit regnum
Dei ? respondens eis, dixit : Non venit regnum Dei
cum
observatione : 21 neque dicent : Ecce hic, aut ecce
illic. Ecce enim
regnum Dei intra vos est. » |
« 20. Interrogé par les pharisiens : Quand vient le royaume de Dieu ? Leur répondant, il dit : Le royaume de Dieu ne vient point de manière à être remarqué ; 21. Et on ne dira point : Il est ici ou il est là. Car voici que le royaume de Dieu est au dedans de vous. » |
Jn 15 « 4 Manete in me, et ego in vobis. Sicut palmes non potest ferre fructum a semetipso,
nisi manserit in
vite, sic nec vos, nisi in me manseritis. » |
« 4. Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne peut porter de fruit par lui-même, s’il ne demeure uni à la vigne ; ainsi vous non plus, si vous ne demeurez en moi. » |
Ap 3 « 20
Ecce sto ad ostium, et pulso : si quis audierit vocem meam, et
aperuerit mihi januam, intrabo ad illum, et cœnabo cum illo,
et ipse
mecum. »
|
« 20. Me voici à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui, et je souperai avec lui, et lui avec moi. » |
Dans le champ beige, l’oiseau noir et blanc, qui représente l’vir-avis donc le Seigneur Jésus, est en cage. La mort c’est refuser à Dieu la liberté de vivre sur la terre. Finalement, pour trouver la Vie, il ne s’agit pas de quitter la terre mais de quitter un monde qui banni ou emprisonne Dieu, il n’est pas besoin de quitter la terre mais de quitter un certain champ de cette terre. Cette séparation s’opère en esprit (cf. Jn 4, 23), il suffit d’accueillir Dieu comme le fait la Vierge Marie dans sa propre Vie pour être dans la Vie, il suffit de demeurer en Dieu pour que la Vie soit en nous. |
L’homme qui urine contre un mur |
|
Ce motif attire l’attention. On le trouve dans la Sainte Bible. Cela vaut la peine d’y regarder de plus près. |
|
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1 R 21 « 16 Quod cum audisset Achab, mortuum videlicet Naboth, surrexit, et descendebat in vineam Naboth Jezrahelitae, ut possideret eam. |
« 16. Lorsque Achab eut appris cela, c’est-à-dire que Naboth était mort, il se leva, et il descendait dans la vigne de Naboth, le Jezrahélite, pour en prendre possession. |
17 Factus est igitur sermo Domini ad Eliam
Thesbiten, dicens : |
17. La parole du Seigneur fut donc adressée à Élie, le Thesbite, disant : |
18 Surge, et descende in occursum Achab regis Israël, qui est in Samaria : ecce ad vineam Naboth descendit, ut possideat eam. |
18. Lève-toi, et descends à la rencontre d’Achab, roi d’Israël, qui est dans Samarie : car voilà qu’il descend dans la vigne de Naboth pour en prendre possession. |
19 Et loqueris ad eum, dicens : Haec dicit Dominus : Occidisti, insuper et possedisti. Et post haec addes : Haec dicit Dominus : In loco hoc, in quo linxerunt canes sanguinem Naboth, lambent quoque sanguinem tuum. |
19. Et tu lui parleras, disant : Voici ce que dit le Seigneur : Tu as tué, et de plus tu as pris possession. Et après cela, tu ajouteras : Voici ce que dit le Seigneur : En ce même lieu dans lequel les chiens ont léché le sang de Naboth, ils lècheront aussi ton sang. |
20 Et ait Achab ad Eliam : Num invenisti me inimicum tibi ? Qui dixit : Inveni, eo quod venundatus sis, ut faceres malum in conspectu Domini. |
20. Et Achab dit à Élie : Est-ce que tu m’as trouvé ton ennemi ? Élie lui répondit : Je vous ai trouvé tel, parce que vous vous êtes vendu pour faire le mal en la présence du Seigneur. |
21 Ecce ego inducam super te malum, et demetam posteriora tua, et interficiam de Achab mingentem ad parietem, et clausum et ultimum in Israël. |
21. Voilà que j’amènerai des maux sur toi ; je moissonnerai ta postérité, et je tuerai d’Achab celui qui urine contre une muraille, celui qui est renfermé, et celui qui est le dernier dans Israël. |
22 Et dabo domum tuam sicut domum Jeroboam filii Nabat, et sicut domum Baasa filii Ahia : quia egisti ut me ad iracundiam provocares, et peccare fecisti Israël. » |
22. Et je rendrai ta maison comme la maison de Jéroboam, fils de Nabath, et comme la maison de Baasa, fils d’Ahia, parce que tu as agi de manière à provoquer mon courroux, et que tu as fait pécher Israël. » |
|
Note : 1 S 25, 22. « Un seul urinant, etc. Beaucoup d’interprètes entendent cette expression du chien, mais Bochart et après lui les meilleurs critiques l’entendent de l’homme ; et il faut convenir que tous les passages de l’Écriture où elle se trouve favorisent le sentiment de ces derniers. » Dt 32, 36. « Qui étaient renfermés, dans leurs forteresses, selon les uns, dans les prisons, selon les autres, ou bien, selon d’autres encore dans leurs maisons ; c’est-à-dire ceux qui n’avaient pas pris part à la guerre. » Des versets 21 et 22, trois motifs sont reproduits dans le tableau : « celui qui urine contre une
muraille, »
(cf.
1 R 14, 10) : motif tel que le
texte ; « celui qui est
renfermé » : l’oiseau en cage ; « je rendrai ta maison comme la
maison de
Jéroboam, fils de Nabath, et comme la maison de
Baasa »
(1 R 15, 29 :
« Baasa fut devenu roi, il
tua toute
la maison
de Jéroboam ; il n’en laissa pas
même une seule âme de sa
race, jusqu’à ce
qu’il l’eût
exterminée » ;
1 R 16, 12-13 : « Zambri
… il tua toute la maison de
Baasa … détruisit toute la maison de
Baasa ») :
la maison
délabrée. Nous ne connaissons pas dans la sainte Bible ou dans les écrivains ecclésiastiques l’image de la cruche à l’envers. Elle est dressée comme l’étendard de la maison délabrée. Le sens est cependant évident : c’est une maison dont les habitants ne sont pas ouverts à la pluie du Ciel, ils n’accueillent pas la Grâce, le Don de Dieu. La femme qui regarde le colporteur par la fenêtre représente peut-être les personnes qui regardent avec un certain étonnement ou curiosité les chrétiens sans vouloir pour autant le devenir eux-mêmes. Le roi Hérode Antipas qui fit décapiter Saint Jean le Baptiste était de ce tempérament (cf. Mc 6, 20 ; Lc 23, 8). La truie et ses petits font référence à la parole du Seigneur Jésus : |
|
Mt 7 « 6
Nolite dare sanctum canibus : neque mittatis margaritas
vestras
ante porcos, ne forte conculcent eas pedibus suis, et conversi
dirumpant vos. »
|
« 6. Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, et que, se tournant, ils ne vous déchirent. » |
Effectivement, il était très dangereux de publier les prophéties de Lascaux du temps de Jérôme Bosch. Les inquisiteurs faisaient la chasse et il est très probable qu’ils auraient foulé aux pieds et déchiré ceux qui auraient tenté de proclamer trop fort que le Seigneur Jésus avait niqué sa Mère dans la Nuit Sainte et que la Vierge Marie est une Pute. Peut-être que des personnes ayant tenté de faire connaitre ouvertement les prophéties de Lascaux ont subi des violences physiques mais nous n’avons aucun document pour l’établir. Nous ne pouvons que constater que la propagation a eu lieu en secret parmi les peintres. Nous ne savons rien d’autre. La longue tige posée sur la maison délabrée ayant pour emblème un pot de terre est évidemment le signe de la condamnation de Dieu contre le monde impie. |
|
|
Ps 2
|
|
« 7 Dominus
dixit ad
me : Filius meus es tu ; |
« 7.
Le Seigneur m’a dit : Vous êtes mon Fils, |
ego hodie genui te. |
moi
aujourd’hui je vous ai engendré. |
8 Postula a me, et dabo tibi
gentes haereditatem tuam, |
8.
Demandez-moi, et je vous donnerai les nations en héritage, |
et possessionem tuam terminos
terrae. |
et
en possession les extrémités de la terre. |
9 Reges eos in virga ferrea, |
9.
Vous les gouvernerez avec une verge de fer, |
et tamquam vas figuli confringes
eos. » |
et
vous les briserez comme un vase de potier. » |
|
|
|
Ps 109
|
|
« 4 Juravit
Dominus, et
non pœnitebit eum : |
« 4. Le
Seigneur a
juré et il ne s’en repentira point : |
Tu es sacerdos in aeternum |
Vous êtes
prêtre pour
l’éternité, |
secundum ordinem Melchisedech. |
selon l’ordre de
Melchisédech. |
5 Dominus a dextris
tuis ; |
5. Le Seigneur est
à votre
droite : |
confregit in die irae suae
reges. » |
il a brisé des
rois au jour
de sa colère. » |
|
|
|
Is 30
|
|
« 9 Populus
enim ad
iracundiam provocans est : |
« 9. Car
c’est un
peuple provoquant au courroux, |
et filii mendaces, |
et ce sont
des fils menteurs, |
filii nolentes |
des fils qui ne veulent pas |
audire legem Dei ; |
entendre la loi de
Dieu ; |
10 qui dicunt
videntibus : Nolite videre, |
10. Qui disent à
ceux qui
voient : Ne voyez pas ; |
et aspicientibus :
Nolite aspicere nobis ea quae recta sunt ; |
et à ceux qui
regardent : Ne regardez pas pour nous des choses qui sont
justes ; |
loquimini nobis
placentia : |
dites-nous des choses qui
nous plaisent, |
videte nobis errores. |
voyez pour nous des erreurs. |
11 Auferte a me viam ; |
11. Éloignez de moi
cette voie, |
declinate a me semitam ;
|
détournez de moi
ce
sentier ; |
cesset a facie nostra |
qu’il disparaisse
de notre
face, |
Sanctus Israël. |
le saint
d’Israël. |
12 Propterea haec dicit Sanctus
Israël : |
12. A cause de cela, voici ce
que dit le saint d’Israël : |
Pro eo quod reprobastis verbum
hoc, |
Parce que vous avez
rejeté
cette parole, |
et sperastis in calumnia et in
tumultu, |
et que vous avez
espéré dans
la calomnie et dans le tumulte, |
et innixi estis super
eo ; |
et que vous y avez mis votre
appui, |
13 propterea erit vobis iniquitas
haec |
13. À cause de
cela, cette
iniquité sera pour vous |
sicut interruptio cadens, |
comme une brèche
qui menace
ruine, |
et requisita in muro excelso, |
et qui est
recherchée dans un
mur élevé, |
quoniam subito, dum non speratur,
veniet contritio ejus. |
parce que tout à
coup, tandis
qu’on ne s’y attend pas, vient son
écroulement. |
14 Et comminuetur sicut
conteritur lagena figuli |
14. Et elle sera mise en
pièces, |
contritione pervalida, |
comme on brise d’un
brisement
très fort un vase de potier ; |
et non invenietur de fragmentis
ejus testa |
et on ne trouvera pas parmi |
in qua portetur igniculus de
incendio, |
ses fragments un
têt dans
lequel on puisse porter un peu de feu pris d’un incendie, |
aut hauriatur parum aquae de
fovea. |
ou puiser un peu
d’eau à une
fosse. |
15 Quia haec dicit Dominus Deus,
Sanctus Israël : |
15. Car voici ce que dit le
Seigneur Dieu, le saint d’Israël : |
Si revertamini et quiescatis,
salvi eritis ; |
Si vous revenez, et vous vous
tenez en repos, vous serez sauvés ; |
in silentio et in spe erit
fortitudo vestra. |
dans le silence et dans
l’espérance sera votre force. |
Et
noluistis, » |
Et vous n’avez pas
voulu ; » |
|
Lire aussi : Jr 19, 10-11 ; Ap 2, 27. |
|
Lc 12 « 47 Ille autem servus qui cognovit voluntatem
domini sui, et non
praeparavit, et non facit secundum voluntatem ejus, vapulabit
multis : 48
qui autem non cognovit, et fecit digna plagis, vapulabit paucis. Omni
autem cui
multum datum est, multum quaeretur ab eo : et cui
commendaverunt multum,
plus petent ab eo. »
|
« 47. Mais ce serviteur, qui a connu la volonté de son maitre, et ne s’est pas tenu prêt, et de cette manière n’a pas agi selon sa volonté, recevra un grand nombre de coups ; 48. Celui qui ne l’a pas connue, et qui a fait des choses dignes de châtiment, recevra peu de coups. Car à celui à qui on a donné beaucoup, on demandera beaucoup ; et de celui à qui on a confié beaucoup, on exigera davantage. » |
La référence au texte d’Isaïe est évidente dans le tableau de Jérôme Bosch. Les peintres chrétiens qui étudient la “Scène du Puits” connaissent la vraie théologie, c’est leur métier que de savoir lire les images, eux-mêmes sont écrivains, mais ils sont entourés d’un monde qui rejette leur travail : « 10. [Ils] disent à ceux qui voient : Ne voyez pas ; et à ceux qui regardent : Ne regardez pas pour nous des choses qui sont justes ». Il ne s’agit pas d’histoire des temps antiques ou d’histoire de l’art, il s’agit réellement de prophétie, de la parole de Dieu : « 9. Car c’est un peuple provoquant au courroux, et ce sont des fils menteurs, des fils qui ne veulent pas entendre la loi de Dieu ». La Loi de Dieu, la vraie Loi, c’est la Loi de la Jouissance. Le monde impie ne veut pas savoir que la jouissance est divine, il ne veut pas devenir prisonnier de la Jouissance, des Délices, de-lacio, qui détourne, éloigne et fait tomber dans un piège, qui détourne de la tristesse de la mort pour rendre assoiffé de la Vie. |
|
|
Ps 83 |
|
« 3
Concupiscit, et
deficit anima mea in atria Domini ; |
« 3. Mon
âme désire
avec ardeur, et languit après les parvis du Seigneur. |
cor meum et caro mea
exsultaverunt in Deum vivum. » |
Mon cœur et ma
chair ont
exulté pour le Dieu vivant. » |
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Le monde rejette les prophéties de Lascaux mais Jérôme Bosch vit dans la paix. Il attend dans le silence et dans l’Espérance les l’accomplissement des promesses qu’il a découvertes : « 15. … Si vous revenez, et vous vous tenez en repos, vous serez sauvés ; dans le silence et dans l’espérance sera votre force. » La composition est divisée en deux zones délimitées par le changement de couleur du sol, le beige et le marron. La maison et ses habitants sont dans la zone beige, le colporteur, le chien, l’arbre avec la chouette et l’oiseau à l’envers, la vache et l’oiseau de la barrière sont dans la zone marron. Deux mondes se côtoient mais vivent indépendamment l’un de l’autre, il n’y a pas de communication, au sens d’« échange verbal » mais plus encore au sens de « partage des biens ». Jérôme Bosch est plongé dans un monde merveilleux, il découvre des choses absolument inouïes, mais elles ne sont pas pour le monde qui ignore et méprise le Don de Dieu. |
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Is 64 |
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« 4 A saeculo non audierunt, neque auribus perceperunt ; |
« 4. Dès les temps anciens on n’a pas entendu, et on n’a pas prêté l’oreille ; |
oculus non vidit, Deus, absque te, |
l’œil n’a pas vu, ô Dieu, hors vous, |
quae praeparasti exspectantibus te. |
ce que vous avez préparé à ceux qui vous attendent. |
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Il faut toujours se souvenir que cette parole, citée par Saint Paul (cf. 1 Co 2, 9), suit exactement la prière de l’vir-avis, début du récit de la “Scène du Puits”. Le merveilleux de Lascaux est pour ceux qui attendent Dieu, il n’est pas pour le monde de la maison délabrée qui sera détruite entièrement. Jérôme Bosch n’exclut personne, il constate les fait, c’est tout. Au moment où il peint le colporteur, vers 1500, cela fait 70 ans environ que le monde rejette les prophéties de Lascaux, soit par l’indifférence, soit par la calomnie et la violence. Il ne reste plus qu’aux dévots du Seigneur Jésus et de la Vierge Marie qui les connaissent déjà de se réjouir des promesses inouïes jusqu’alors et enfin révélées. Jérôme Bosch recevra par la suite ou a déjà reçu du Seigneur la prophétie selon laquelle ces choses merveilleuses seraient propagées dans toute l’Église. C’est un des thèmes du triptyque de L’Adoration des Mages avec donateurs (Madrid). |
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Superpositions avec la “Scène du Puits” de Lascaux |
Fig. 1 : L’vir-avis sur la barre transversale de la barrière et l’œil du bison sur celui de la vache |
Fig. 2 : La chouette observe la “Scène du Puits” en contrebas comme si elle était dans la grotte de Lascaux. |
Fig. 3 : L’vir-avis sur la barre transversale de la barrière et l’œil du bison sur celui de la vache, détail. |
Fig. 4 : Les entrailles du bison sur la valise et la partie basse de la lance sur l’objet devant le ventre du colporteur. |
Le Roi Œdipe et sa mère la Reine Jocaste |
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Un objet transperçant est planté au milieu du cercle de fil du chapeau. Jérôme Bosch a donc voulu montre l’œil du bison transpercé. Cela fait penser tout de suite au roi Œdipe. |
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« Le messager.
– (…) La femme est pendue !
Elle est là, devant nous, étranglée
par le nœud qui se balance au
toit... Le
malheureux à ce spectacle pousse un gémissement
affreux. Il détache la
corde
qui pend, et le pauvre corps tombe à terre...
C’est un spectacle alors
atroce à
voir. Arrachant les agrafes d’or qui servaient à
draper ses vêtements
sur elle,
il les lève en l’air et il se met à en
frapper ses deux yeux dans leurs
orbites. « Ainsi ne verront-ils plus, dit-il, ni le
mal que
j’ai subi, ni
celui que j’ai causé ; ainsi les
ténèbres leur
défendront-elles de voir
désormais ceux que je n’eusse pas dû
voir, et de connaître ceux que,
malgré
tout, j’eusse voulu
connaître ! » Sophocle, Œdipe roi, texte traduit par Paul Mazon. Le bison est aussi le Seigneur Jésus car il est immolé par le Phallus-Poignard de l’vir-avis. C’est cette lecture que donne Hubert van Eyck dans le Retable de l’Agneau mystique. Le chapeau peut être un signe pour désigner le Chef, « caput », la Tête de l’Église, le Seigneur Jésus. |
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Cl 1 « 18
Et ipse est caput corporis Ecclesiae, qui est principium,
primogenitus ex mortuis : ut sit in omnibus ipse primatum
tenens : »
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« 18. Et lui-même [le Fils du Père] est le chef du corps de l’Église ; il est le principe, le premier-né d’entre les morts, afin qu’en toutes choses il garde la primauté. » |
Le mot chapeau français vient de cappa « chape, capuchon » en latin qui vient peut-être du mot caput. Nous ne savons pas s’il y a un rapport entre le mot caput et le mot qui désigne un chapeau dans langue maternelle de Jérôme Bosch. L’association de l’œil et de l’objet transperçant est peut-être aussi une citation du livre de Zacharie et du Saint Évangile selon Jean. |
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Za 12
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« 10 Et
effundam super
domum David |
« 10. Et
je
répandrai sur la maison de David |
et super habitatores Jerusalem
spiritum gratiae et precum : |
et sur les habitants de
Jérusalem l’esprit de grâce et de
prières ; |
et aspicient ad me quem
confixerunt, |
et ils regarderont vers moi,
qu’ils ont percé ; |
et plangent eum planctu quasi
super unigenitum, |
et ils le pleureront
d’une
plainte comme un fils unique, |
et dolebunt super eum, |
et ils
s’affligeront à son
sujet, |
ut doleri solet in morte
primogeniti. » |
comme on a coutume de
s’affliger à la mort du
premier-né. » |
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Remarquez, parmi les traits qui dessinent les poils sur le dos du bison, les deux placés sous les yeux du colporteur. Elles sont les larmes de ceux qui s’affligent sur Dieu qu’ils ont transpercé. |
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Jn 19 « 33
Ad Jesum autem cum venissent, ut viderunt eum jam mortuum, non
fregerunt ejus crura, 34 sed unus militum lancea latus ejus aperuit, et
continuo exivit sanguis et aqua. 35 Et qui vidit, testimonium
perhibuit :
et verum est testimonium ejus. Et ille scit quia vera dicit :
ut et vos
credatis. 36 Facta sunt enim haec ut Scriptura impleretur : Os
non
comminuetis ex eo. 37 Et iterum alia Scriptura dicit :
Videbunt in quem
transfixerunt. »
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« 33. Mais lorsqu’ils vinrent à Jésus, et qu’ils le virent déjà mort, ils ne rompirent point ses jambes ; 34. Seulement un des soldats ouvrit son côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. 35. Et celui qui l’a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai. Et il sait qu’il dit vrai, afin que vous croyiez aussi. 36. Car ces choses ont été faites, afin que s’accomplit l’Écriture : Vous n’en briserez aucun os. 37. Et dans un autre endroit, l’Écriture dit encore : Ils porteront leurs regards sur celui qu’ils ont transpercé. » |
Le roi Œdipe regarde sa mère pendu, le Seigneur Jésus en Croix, qu’il a transpercé(e) et c’est pour ne pas la (Le) voir qu’il se transperce les yeux. Le fils a transpercé sa mère de son phallus or la Vierge Marie n’est que la Fille de son Fils, elle tient aussi la place du roi Œdipe. Lorsqu’elle perce le côté de son Fils avec sa corne, Elle s’unit à Celui ou Celle qui L’a enfantée. Selon cette lecture, le bison est le Fils et l’vir-avis la Mère. L’union des deux personnages est inextricable. Elles sont vraies ces paroles et, mieux encore, elle est vraie cette parole : |
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Gn 2 « 24 Quam ob rem relinquet homo patrem suum, et matrem, et adhaerebit uxori suae : et erunt duo in carne una. » |
« 24.
C’est pourquoi
un homme quittera son père et sa mère, et
s’attachera à sa
femme ; et ils seront deux dans une seule
chair. » |
Jn 10 « 30
Ego et Pater unum sumus. »
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« 30. Moi
et mon Père
nous sommes une seule chose. » |
Ep 5 « 30
quia membra sumus corporis ejus, de carne ejus et de ossibus ejus. 31
Propter hoc relinquet homo patrem et matrem suam, et adhaerebit uxori
suae, et erunt duo in carne una. 32 Sacramentum hoc magnum est, ego
autem dico in Christo et in Ecclesia. » |
« 30. Parce
que nous
sommes les membres de son corps, formés
de sa chair et de ses os. 31. À cause de cela
l’homme laissera son père
et sa mère, et s’attachera à sa
femme ; et ils seront deux
dans une seule chair. 32. Ce sacrement est grand, je dis dans le Christ
et dans l’Église. » |
L’époux et l’épouse, le Père et le Fils, le Christ et l’Église, tout ensemble ne sont qu’une seule chose. Il est juste que nous ne puissions jamais déterminer qui est qui dans le mystère Seigneur Jésus et de la Vierge Marie, ainsi que la “Scène du Puits” et le mythe d’Œdipe Roi. Chacun est, successivement ou simultanément dans un instant éternel, l’un et l’autre. |
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« Alma
Redemptoris
Mater, (…) |
« Auguste
Mère du
Rédempteur (…) |
Tu quae genuisti, natura mirante,
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Vous qui, par une naissance
merveilleuse, |
tuum sanctum Genitorem » |
avez enfanté votre
Saint
Père » |
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L’Adoration des mages avec donateurs |
L’Adoration des mages avec donateurs (triptyque), Madrid, Musée du Prado. Un commentaire du triptyque est inséré dans l’explication de notre devise et de nos armoiries. |