I. La “Scène du Puits” avec le rhinocéros Le bas du panneau du paradis céleste et terrestre II. La grotte de Lascaux dans son ensemble |
PrésentationNous rassemblons ici des images antérieures au Jardin des délices de Jérôme Bosch et présentant des ressemblances avec celui-ci, quelque soit l’origine de la ressemblance. Nous pouvons trouver à ces ressemblances quatre origines différentes : 1°) La plus simple : Jérôme Bosch a utilisé une image comme modèle pour son œuvre. 2°) La ressemblance vient du fait que les deux images décrivent le même sujet. 3°) Jérôme Bosch a vu pendant sa vie terrestre des objets qui seront produit dans le futur. 4°) Il peut encore y avoir une ressemblance d’une origine plus mystérieuse : Dieu a donné à un autre artiste que Jérôme Bosch, dans un temps passé, dans un temps contemporain ou dans un temps futur, des intuitions ou des visions semblables à celles qu’il lui a donné. * * * L’étude de ce sujet à déjà été commencé dans la page « Visite du Jardin des délices ». Pour l’instant, toutes les images similaires ne sont pas encore réunies dans la présente page. Cela sera fait plus tard. |
I. La “Scène du Puits” avec le rhinocéros(ou
le bison
à corne de
rhinocéros), grotte de Lascaux.
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Françoise Soubeyran a remarqué que l’animal de gauche n’avait pas la forme d’un rhinocéros mais d’un bison. Il est possible que l’animal soit composite : un bison avec deux cornes de rhinocéros. La pointe la plus haute est une oreille. (Lascaux : proposition de nouvelle lecture de la scène du puits, 1995). Le fait que l’animal se rapproche du bison tient peut-être au fait que l’artiste connaissait mieux la forme du bison que celle du rhinocéros. Il a peut-être voulu dessiner seulement un rhinocéros. Elle est reproduite au moins trois fois dans le tableau. 1°) Dieu amenant Ève à Adam (voir la lettre Quid sit Homo ? X. « L’œuvre de Saint Jean prêtre de Lascaux et du Saint prêtre de Villars dans l’œuvre des Saints peintres flamands ») ; 2°) le groupe de la Vierge Marie ; 3°) le groupe des trois Hommes sous la Vierge Marie (voir plus bas La “Scène du Puits” avec le rhinocéros, une scène érotique entre Hommes). Le rhinocéros a peut-être été peint après la composition du bison, de l’homme-oiseau et de l’oiseau sur un piquet. L’ensemble avec le rhinocéros est peut-être seulement une deuxième version de la “Scène du Puits”, dans ce cas nous voyons deux peintures : 1°) celle que nous appelons simplement “Scène du Puits” ; 2°) l’ensemble “Scène du Puits” avec le rhinocéros. |
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Dieu amenant Ève devant Adam |
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Pour Adam et Ève, à la place de gauche et droite, nous utilisons ces termes intérieur(e) et extérieur(e) afin de désigner le coté tourné vers l’époux(se) et le côté opposé. |
Nous utilisons encore la photographie de Hinz (Préhistoire de l’art occidental, André Leroi-Gourhan, Éditions d’art Lucien Mazenod, 1971) car elle correspond parfaitement avec les peintures de Jan van Eyck, Rogier van der Weyden et peut-être Robert Campin. Voici les trois principales superpositions : 1°) Les pieds du Seigneur Jésus sont sur les pattes avant du bison. 2°) Le corps d’Adam épouse les contours de l’homme-oiseau. 3°) Les pieds d’Ève sont sur les pattes arrière du bison, elle est au-dessus des entrailles ouvertes parce qu’elle est « la mère de tous les vivants ». Gn 3 « 20 Et vocavit Adam nomen uxoris suae, Heva : eo quod mater esset cunctorum viventium. » « 20. Adam donna à sa Femme le nom d’Ève, parce qu’elle était la mère de tous les vivants. » Remarquez la main de l’homme-oiseau posée sur la fesse d’Adam. L’Homme qui s’approche de la Vierge Marie dans le paradis céleste fait un geste semblable : il pose la main sur sa propre fesse. |
Agencement général 1°) Adam et Ève ont une position réciproque exactement semblable à celle de l’homme-oiseau et du bison : Adam dessous en diagonale, Ève au-dessus et droite. 2°) Ils sont plus éloignés car, au milieu d’eux, de se trouve le Seigneur Jésus qui les unis, or le Seigneur Jésus est la Corne de Salut, Il est le Sexe en érection qui unit les Amants de la “Scène du Puits”. |
Adam 2°) Le bras extérieur a exactement la position du bras extérieur de l’homme-oiseau. Le bras gauche est baissé mais la main de Dieu droite de Dieu, du côté d’Adam se trouve dans le prolongement du bras intérieur de l’homme-oiseau. 3°) L’Œil grand ouvert. 4°) Le visage de profil. 5°) Le profil en pointe en avant. La partie du Visage entre la Bouche et le Nez s’avance en pointe, c’est une anomalie faite exprès pour imiter un bec d’oiseau. 6°) Les deux Jambes rapprochées, droites, la gauche et visible derrière et un peu au-dessus de la droite. |
Ève 7°) La position des jambes d’Ève rappelle parfaitement celle des pattes avant du bison. Ève est en déséquilibre, tout près de tomber dans les bras de son chéri Adam. Les pattes avant du bison le mettent dans ce même déséquilibre tout près de tomber sur le Sexe en érection de l’homme-oiseau. Cette position des jambes tout à fait anormale est l’élément principal qui nous convainc que le dessin est une reproduction de la “Scène du Puits”. 8°) Le bras légèrement plié au coude a la même forme que les cornes du bison. La main se dirige vers la poitrine d’Adam, ainsi le bras et la main représente la corne intérieure. La main ouverte et le bras tendus sont aussi un signe d’union, ainsi ils représentent la corne extérieure qui se dirige vers la main et le bras intérieur de l’homme-oiseau pour fermer le cercle. On peut voir aussi dans le pouce et les autres doigts le dessin des deux cornes du bison. 9°) Les paupières à demi fermées. 10°) La tête très légèrement inclinée vers le sol. 11°) Son admirable chevelure qui la couvre à moitié comme les poils du dos et les poils du fanon qui couvre la moitié seulement du bison ; 12°) les mains qui forme une fourche, le pouce étant séparé des autres doigts ; 13°) et bien entendu ses délectables Nichons qui sont les cornes du bison. Les Animaux |
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15°) Le lapin derrière Ève, signe de fécondité, représente la pénétration du sexe du bison par la lance. |
16°) L’oiseau à trois têtes représente la Croix. |
17°) L’oiseau au bec très fin, celui avec la langue terminée par une flèche, la licorne représentent la lance. 18°) Les pointes en forme de flèche de lance, de la Croix et du piquet sont représentées par une seule flèche, celle de la langue de l’oiseau noir, bleu et blanc au-dessous d’Ève. |
19°) Le chat représente le rhinocéros (ou le bison à corne de rhinocéros) sur la gauche de la “Scène du Puits”. La queue relevée puis incurvée vers le bas suite exactement la forme de la queue tout en étant plus allongée. 20°) La patte arrière a exactement la même forme et position que la patte arrière même si cette dernière est la patte droite et non la gauche. 21°) Le dos bien creusé au milieu. 22°) La tête pointue de l’animal capturée par le chat dessine à peu près la corne de rhinocéros (ou du bison à corne de rhinocéros). 23°) Le mouvement d’éloignement vers l’extérieur et vers la gauche est exactement la même. Jérôme Bosch s’est servi d’un thème qui lui est familier, la chasse des Animaux, pour représenter le bison à corne de rhinocéros. Les cinq correspondances que nous venons de relever constituent des preuves certaines. 23°) Il n’est pas impossible que les feuilles rondes de la plante grimpant sur l’arbre derrière Adam représente des points ou les crottes dessiné(e)s derrière le bison à corne de rhinocéros. Le paysage 24°) La diagonale, formée par une bosse du terrain, dans le prolongement des Jambes de Ève et passant au niveau des Épaules de Adam est la diagonale dessiné par le corps de l’homme-oiseau. 25°) La motte de terre avec une plante dessus sont peut-être les entrailles du bison. 26°) la mare représente aussi les entrailles du bison. Le livre d’Isaïe met en relation le déchirement des cieux avec la fonte des montagnes. Une mare, surtout quand elle est boueuse, représente parfaitement une terre liquéfiée. Is 64 « 1. Oh ! si vous ouvriez les cieux, si vous descendiez ! devant votre face les montagnes s’écouleraient. »
27°) La mare peut représenter l’ouverture du Puits et la Fontaine de Vie peut représenter la profondeur du Puits. 28°) Il y a quatre grottes dans le paysage dont une qui s’ouvre par le haut. |
Le bas du panneau du paradis céleste et terrestre |
Photographie de Jean Vertut dans Préhistoire de l’art occidental L’image est inversée pour correspondre avec la superposition ci-dessous. |
Composition du bas du panneau du paradis céleste à partir de la “Scène du Puits” avec le rhinocéros |
Comparaison de la “Scène du Puits” avec le rhinocéros et du Groupe de la Vierge Marie |
Les quatre Personnes représentent les quatre personnages de la “Scène du Puits” avec le rhinocéros. De gauche à droite sur le tableau de Jérôme Bosch : 1°) L’Homme qui enfonce des tiges de fleur : l’oiseau sur un piquet, c’est bien d’enfoncement que parle le piquet. 2°) L’Homme qui se fait enfoncer des tiges de fleur : le rhinocéros. La queue relevée est représentée par les fleurs qui dépassent. Les points qui sont probablement des crottes signifient la merde qui reste sur un phallus pénétrant un anus. Au paradis céleste cette merde est transformée en fleur. 3°) La Vierge Marie : l’homme-oiseau. Elle porte un chapeau semblable à l’Homme mordant dans une fraise (voir ci-dessous). Ce chapeau représente une tête d’oiseau, la tête de l’homme-oiseau sur la Vierge Marie, la tête de l’oiseau sur un piquet sur la tête de l’Homme mordant dans une fraise. 4°) L’Homme qui touche la Vierge Marie pour La demander : le bison. La jambe intérieure, droite vers le bassin de la Vierge Marie dessine le Sexe en Érection de l’homme-oiseau. La jambe extérieure dessine les pattes avant obliques du bison. Un poinçon sort du Nichon gauche de la Vierge Marie, celui du Cœur. C’est le glaive de douleur (cf. Lc 2, 35), c’est aussi son pouvoir de séduction : Elle transperce d’Amour son Divin Fils et ses autres amant(e)s. Le poinçon représente aussi le Sexe en Érection de l’homme-oiseau. Nous ne connaissons pas bien l’histoire de ce poinçon. Il n’apparait pas sur toutes les reproductions photographiques. Il semble qu’il avait disparu avec le temps et qu’il a été rétabli lors d’une réfection. Il y a une double inversion par rapport à la “Scène du Puits” avec le rhinocéros. Les positions de la Vierge Marie et de son amant reproduise celle du l’homme-oiseau et du bison mais il y a une inversion des rôles : la Femme prend la place de l’Homme et réciproquement. Le couple formée par les deux Hommes près de la Vierge Marie est dans une position inversée par rapport au couple formé par le rhinocéros et l’oiseau sur un piquet. Finalement le bison que représentent aussi la Vierge Marie et le rhinocéros que représente l’Homme avec le cul en l’air, son rapproché l’un contre l’autre dans la reproduction. |
Superposition de la “Scène du Puits” avec une Scène érotique entre Hommes |
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II. La grotte de Lascaux dans son ensemble |
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La licorne à deux cornesElle est présente dans le tableau indirectement par les licornes, chacune étant en relation étroite avec un animal à deux cornes ou avec un objet dessinant une deuxième corne. Souvent même la corne unique de la licorne touche ou passe entre les deux cornes d’un autre animal. |
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Le paradis terrestreSur la gauche au milieu.1°) La corne courbe d’une licorne passe entre deux cornes. 2°) La licorne blanche est associé avec un animal à deux cornes. Les queues dessinent le même mouvement. La tête de l’animal à deux cornes se tourne vers la queue de la licorne pour former une ronde. |
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3°) La corne de licorne noire dans la mare croise les deux parties du bec entrouvert d’une des têtes de l’oiseau à trois têtes, celui qui représente la Croix-Propulseur de la grotte de Lascaux.
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Le paradis céleste4°) En haut à gauche. Une licorne avec la corne sur le bout du chanfrein est associée avec la tête d’un bouquetin noir. |
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Les autres licornes sont dans la ronde autour du bassin. 5°) À coté de l’animal-phallus, la corne de la licorne passe sur l’insertion des deux cornes d’un autre animal. Les deux cerises représentent peut-être aussi un nombre multiplicatif (comme bis « deux fois » en latin) de la corne sur laquelle elles sont suspendues. |
6°) La corne de cette licorne se divise en deux. Nous voyons une corne semblable dans la grotte de Lascaux, celle du protomé de cerf de l’abside (site de la grotte). |
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7°) La corne du chat est associée au bras d’un homme qui dessine une deuxième corne. 8°) Une chouette avec deux aigrettes très prononcées est posée la corne de la licorne poilue. Juste dessous une cigogne ouvre le bec pour dessiner deux cornes. |
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9°) La corne de la licorne hérissée est associée à deux cornes à courbe inversée d’un autre animal. Dans la ronde et presque exactement opposés sur un diamètre, celui passant sur la ligne de croissance, deux groupes montrent la même association d’une corne unique droite et de deux cornes à la courbe inversée. |
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L’enfer10°) À gauche et au milieu, la corne d’un moine est associée au bec d’un démon à tête d’oiseau. |
L’ours noir |
L’ours de la grotte de Lascaux est superposé sur la partie noire du ventre du troisième taureau de la salle des taureaux. L’ensemble du corps de distingue très peu mais une patte avec trois griffes apparait très nettement. D’après le site internet de la grotte, « le traitement d’image permet de différencier la teinte utilisée pour l’aurochs de celle de l’ours et de saisir le contour graphique de ce dernier ». Jérôme Bosch n’a pas pu le faire et l’éclairage dont il disposait était seulement une flamme. L’ours est posé sur ses pattes et regarde vers nous. Cependant la trace noir en haut à droite peu laisser penser qu’il s’agit de la patte avant gauche d’un ours sur de-dessus et aplati comme une peau servant de tapis comme Jérôme Bosch l’a peint, suspendu dans les serres d’un oiseau-lion. |
III. Des objets antiques |
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La corne aux cerfs et aux poissons de la grotte de Lorthet |
« Grotte
de Lorthet, Hautes-Pyrénées, France. Corne
décorée. Vue d’ensemble frontale de
l’objet (a), relevé sur impression de
pâte
à modeler (b) et dessin schématique (c). Cet
ensemble gravé sur un support rond
n’est visible dans son intégralité que
lorsqu’il est imprimé sur de la pâte
à
modeler. Il présente une association de deux
espèces - poissons et cerfs -,
probablement des symboles totémiques. » Extrait de : Emmanuel Anati, Aux origines de l’art, Paris, Fayard, 2003. Relevé CCSP d’après photo P. Graziosi ; archives WARA. |
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On trouve sur cette gravure une procession de quadrupèdes associée à des poissons comme dans le panneau central du Jardin des délices. Dans le tableau de Jérôme Bosch, les hommes aussi sont associés aux poissons. À Ravenne (voir ci-après), le poisson représente le Pain Eucharistique. Cette image reprend les récits de la multiplication des pains et des poissons dans les Saint Évangiles (cf. Mt 14, 15 ; 15, 32 ; Mc 6, 37; 8, 1; Lc 9, 13; Jn 6, 5). Ce miracle est une image d’un miracle plus grand, celui la transsubstantiation : le Seigneur Jésus remplace la substance du pain et du vin par la substance de son Corps et son Sang présents sous l’aspect de pain et de vin et, par ce moyen, se donne aux hommes en abondance. Le Pain Eucharistique, fait pour entrer d’abord dans notre bouche du haut, est la Bite de Jésus qui entre dans la bouche du bas de la Vierge Marie, l’Église. Le poisson, un animal allongé et glissant, est une image parfaite du phallus. Sur le dessin de la corne aux cerfs et aux poissons, un poisson se trouve devant le phallus d’un cerf, un autre derrière l’anus de ce même cerf. Il peut être interprété comme une image du phallus. Cette interprétation est fortement suggérée par la lecture du psaume 41 : |
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Ps. XLI
« 2
Quemadmodum desiderat cervus ad fontes aquarum, |
« 2. Comme le cerf soupire après les sources
des eaux, |
ita
desiderat anima mea ad te, Deus. |
ainsi
mon âme soupire après vous, ô
mon Dieu. |
3
Sitivit anima mea ad Deum fortem, vivum ; |
3. Mon
âme a eu soif du Dieu fort, vivant : |
quando
veniam, et apparebo ante faciem Dei ? »
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quand
viendrai-je, et paraitrai-je devant la face de
Dieu ? » |
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Dans le tableau de Jérôme Bosch, le poisson est une image du phallus. Il a peut-être connu une image semblable à celle de la corne aux cerfs de Lorthet qui a pu lui suggérer l’idée de représenter le phallus par un poisson. Il faut toujours penser aussi que les mêmes images peuvent venir à la pensée des hommes sans que ceux-ci copient des œuvres précédentes. Les mêmes images peuvent venir à la pensée de plusieurs artistes d’une manière indépendante les uns des autres du fait des analogies entre les objets (la forme et le mouvement de glisser pour le phallus et le poisson) et par l’Esprit Saint qui suggère ces images. |
Un harpon |
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Un des animaux du Jardin des délices (en haut à gauche) ressemble beaucoup à au harpon en os fabriqué au paléolithique supérieur. Jérôme Bosch a peut-être dessiné cet animal d’après un harpon récent ramené par un explorateur d’un pays où un peuple utilisait cet outil au XVIe siècle, ou d’après un objet ramassé au cours de la fouille d’un site antique. |
IV. Les mosaïques de Ravenne |
1°) La correspondance des couleurs 2°) Le globe représentant le ciel s’enfonçant dans la terre (absides des églises Saint Vital et Saint Apollinaire in classe) et la sphère bleue d’enfonçant dans le lac du Jardin des délices. 3°) Les processions de Saint Apollinaire Nuovo sont de véritables courses comme la ronde autour du bassin. 4°) Dans les mosaïques de Ravenne le mal est presque toujours absent, elles sont une représentation du paradis céleste. André Frossard : « Le secret de Ravenne, de cette beauté que le temps pourra soustraire un jour à nos regards, mais non pas au cœur de ceux qui l’auront entrevue, c’est bien cette représentation d’un monde enfin réconcilié, cette union intime du ciel et de la terre, toute souffrance, toute angoisse, tout péché abolis dans le mariage indissoluble du sacrifice et de la joie. Car ici le ciel et la terre ne font qu’un, la terre littéralement gorgée de ciel resplendit dans une béatitude indestructible, et le ciel se repose en elle comme dans un berceau. Impossible de les détacher, l’un et l’autre sont intimement liés, par l’effet d’une fusion littéralement nucléaire de la foi et de l’espérance dans le soleil de la charité, ce que la mosaïque est plus propre qu’aucune autre forme d’art à rendre par la dureté, le scintillement, l’espèce d’énergie colorée de ses pierres, assemblées en figures et en méandres par un Petit Poucet qui aurait retrouvé son chemin dans l’infini. » L’Évangile selon Ravenne, Paris, Robert Laffont – Le Centurion, 1984. |
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En haut et
ci-dessous : Nef de l’église Saint Apollinaire Nuovo, VIe siècle. À
droite :
Saint Vital, voute. |
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Les inscriptions : STSVITALIS : pour SANCTUS VITALIS, Saint Vital, le titulaire de l’église, « un soldat romain martyrisé pour avoir prodigué des encouragements à un chrétien que l’on conduisait au supplice » (L’Évangile selon Ravenne, p. 112). Z : est probablement ici la première lettre de ΖΩΗ (zôè), la « Vie » en grec (cf. Jn 14, 6) ECCLESIUSEPIS : pour ECCLESIUS EPISCOPUS, l’évêque Ecclesius qui fit bâtir l’église au VIe siècle.
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Nous ne sommes pas du tout d’accord avec la suite de son texte qui appelle la représentation du Seigneur Jésus sur la Croix une « catastrophe » survenue après Ravenne. Nous reproduisons ce passage pour deux raisons : 1°) l’auteur a observé que « le secret de Ravenne », comme il dit, est l’union du ciel et de la terre, ce qui est accomplit dans le Jardin des délices ; 2°) par l’adhésion complète de l’auteur et la louange sans réserve (ici tout au moins) qu’il adresse à l’art de Ravenne, le texte montre en même temps ce qu’il y a de dangereux dans l’art de Ravenne : croire qu’on peut attendre le paradis sans passer par la Croix, montrer un paradis déjà attend alors que nous sommes en chemin. Une partie des mosaïques de Ravenne ont été faite pendant un temps où le clergé local était majoritairement soumis à l’hérésie arienne. Certaines mosaïques sont franchement mauvaises. La description de la Passion du Christ dans l’église Saint Apollinaire nuovo est une véritable imposture. La Paix fruit de la Croix et le bonheur du paradis céleste montré dans le Jardin des délices est le fruit de la Croix, il ne faut pas les opposer. Jérôme Bosch a représenté deux fois le Seigneur Jésus crucifié (la fraise sur le dos du Seigneur Jésus, le poisson sur une potence) et trois fois le portement de Croix (la moule, la mure, la branche des Amants dans la chouette) dans le panneau du paradis céleste. Il a encore peint la table de l’autel. La Croix et le Sacrifice habite sa description du paradis céleste. Il a gardé seulement ce qu’il y avait de bon dans l’art de Ravenne, il a rejeté le reste. La Croix à Ravenne est devenue le symbole d’une religion qui refuse de voir et connaitre le sens de ce symbole. Le danger de l’art de Ravenne est de vouloir anticiper la possession du paradis. Oui nous devons avoir dans le Cœur l’image du paradis pour de Désirer mais nous devons avoir le Crucifié devant nous pour nous conduire à ce même paradis. Vouloir atteindre la Paix de Dieu sans la Contemplation de la Croix, c’est rejeter le fondement du christianisme. 1 Co 2 « 1. Pour moi, mes frères, lorsque je suis venu vers vous, je ne suis point venu vous annoncer le témoignage du Christ dans la sublimité du discours et de la sagesse. 2. Car je n’ai pas jugé que je susse parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. » De toute façon la démonstration n’est plus à faire maintenant : comment pourront nous trouver la force d’être heureux dans le monde l’aujourd’hui sinon par la Contemplation du Seigneur Jésus en Croix ? Les paysages remplis d’animaux à Ravenne (voir aussi la voute de l’église Saint Vital) font penser à Saint François d’Assise (1182-1226). Il a vécu pleinement le mystère de l’Unité entre l’innocence et de la beauté de la nature et le Seigneur Jésus Crucifié. Sans le savoir peut-être, il contemplait la vérité selon laquelle le Seigneur Jésus n’a pas été crucifié pour réparer les fautes mais tout simplement pour créer le monde. Amen, « cela est vrai ». |