María auxiliátrix

Jherominus Bosch

Visite de l’Hortus deliciárum,
un tableau de Jérôme Bosch
2012

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Jérôme Bosch (’s-Hertogenbosch, c.1450 – ibid., c.1516), Hortus deliciárum, FR. Le jardin des délices (triptyque, v. 1503-1504), Madrid, Musée du Prado. 220×389 cm.

Is. XLIX « 8 Hæc dicit Dóminus :

8. Voici ce que dit le Seigneur :

In témpore plácito exaudívi te,

En un temps favorable je t’ai exaucé,

et in die salútis auxiliátus sum tui :

et en un jour de salut je t’ai secouru,

et servávi te, et dedi te in fœdus pópuli,

je t’ai conservé, et je t’ai établi pour faire alliance avec un peuple,

ut suscitáres terram,

afin que tu rétablisses une terre,

et possidéres hæreditátes dissipátas ;

et que tu possèdes des héritages dissipés ;

9 ut díceres his qui vincti sunt : Exíte,

9. Afin que tu dises à ceux qui étaient dans les fers : Sortez ;

et his qui in ténebris : Revelámini.

et à ceux qui étaient dans les ténèbres : Soyez dévoilés.

Super vias pascéntur,

Sur les chemins, ils trouveront à paitre,

et in ómnibus planis páscua eórum. »

et dans toutes les plaines seront leurs pâturages. »

Soyez dévoilés : que ce qui empêchait la lumière de vous atteindre soit retiré, mais cela signifie aussi : soyez mis à nu.

Cant. V « 1 Véniat diléctus meus in hortum suum,

« — L’Épouse. 1. Qu’il vienne, mon bien-aimé, dans son jardin,

et cómedat fructum pomórum suórum.

et qu’il mange le fruit de ses arbres.

Veni in hortum meum, soror mea, sponsa ;

— L’Époux. Je suis venu dans mon jardin, ma sœur, épouse,

méssui myrrham meam cum aromátibus meis ;

j’ai recueilli ma myrrhe avec mes aromates ;

comédi favum cum melle meo ;

j’ai mangé le rayon avec le miel,

bibi vinum meum cum lacte meo ;

j’ai bu mon vin avec mon lait :

comédite, amíci, et bíbite,

mangez, mes amis, et buvez ;

et inebriámini, caríssimi. »

enivrez-vous, mes bien chers ».

Apoc. II «  7 Qui habet aurem, áudiat quid Spíritus dicat ecclésiis : Vincénti dabo édere de ligno vitæ, quod est in paradíso Dei mei. »

« 7. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit-Saint dit aux Églises : Au vainqueur, je donnerai à manger du bois de vie, qui est dans le paradis de mon Dieu. »

Table des chapitres

Quelques citations

Triptyque fermé et l’ouverture : La création du monde

Le triptyque fermé

L’ouverture du triptyque

Panneau de gauche : Le paradis terrestre

Dieu amène Ève devant Adam

L’échelle de Jacob

La fontaine de vie

La pétrographie

L’arbre, les fruits, le serpent et la caverne

La tête d’homme qui parle et écoute

Les deux principaux arbres du paradis terrestre

La mare

La chouette

Panneau central : Le paradis céleste

Répondre à l’objection : « Au paradis céleste, les élus sont vêtus. »

Répondre à l’objection : « Au paradis céleste, il n’y a pas d’activité sexuelle. »

Le Seigneur Jésus

La Vierge Marie

La religieuse

Le poisson sur une potence

Les tables de la loi

Les oiseaux et les poissons

La femme ayant la lune sous ses pieds

La mare du paradis céleste

La chevauchée

Les dromadaires portant les fils de la nouvelle Jérusalem

La maison du Seigneur

Les peuples de la terre

La porte d’entrée du paradis céleste

Les trois chemins vers le paradis céleste

L’Amour privilégié

La masturbation

La solitude inquiète

Un chemin vers la Vie éternelle

Le combat de Jacob

Le Règne de notre Seigneur Jésus Christ

Le Portement de Croix et la Vraie Vigne

La “Scène du Puits” avec le rhinocéros, une scène érotique entre hommes

Le clitoris

La frise des Mains

L’origine des peuples

Les lignes du triptyque

La ligne de croissance

La ligne de la doctrine endurcie du péché originel

La ligne de la doctrine de la Pesanteur originelle

La ligne du doigt de Dieu

Les quatre premières lignes superposées

Conclusion du panneau du paradis céleste : Adam et Ève réconciliés

Panneau de droite : L’enfer

Les instruments de musique

Les oreilles coupées

Le M sur le couteau

L’homme avec une taverne à l’intérieur de lui

Les arbalètes

Le soldat en armure dévoré par des animaux démoniaques

Le crapaud

Le dialogue de sourds

Les influences certaines ou possibles, quelques images présentant des ressemblances avec le Jardin des délices de Jérôme Bosch

Bon commentaire du Jardin des délices par un autre auteur

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Bibliographie : voir la page « Jheronimus Bosch ».


Triptyque fermé et l’ouverture : La création du monde


Le triptyque fermé



Dieu crée le monde (cf. Gn 1)


 

Le monde au troisième jour de la création (cf. Gn 1, 9-13)

Gen. I «  9 Dixit vero Deus : Congregéntur aquæ, quæ sub cælo sunt, in locum unum : et appáreat árida. Et factum est ita. 10 Et vocávit Deus áridam Terram, congregationésque aquárum appellávit Mária. Et vidit Deus quod esset bonum. 11 Et ait : Gérminet terra herbam viréntem, et faciéntem semen, et lignum pomíferum fáciens fructum juxta genus suum, cujus semen in semetípso sit super terram. Et factum est ita. 12 Et prótulit terra herbam viréntem, et faciéntem semen juxta genus suum, lignúmque fáciens fructum, et habens unumquódque seméntem secúndum spéciem suam. Et vidit Deus quod esset bonum. 13 Et factum est véspere et mane, dies tértius. »

« 9. Dieu dit ensuite : Que les eaux qui sont sous le ciel se rassemblent en un seul lieu, et que la partie aride paraisse. 10. Or Dieu nomma la partie aride, Terre, et les amas d’eaux, il les appela Mers. Et Dieu vit que cela était bon. 11. Et il dit : Que la terre produise de l’herbe verdoyante, et faisant de la semence, et des arbres fruitiers, faisant du fruit selon leur espèce, dont la semence soit en eux-mêmes sur la terre. Et il fut fait ainsi. 12. Et la terre produisit de l’herbe verdoyante, et faisant de la semence selon son espèce, et des arbres faisant du fruit, et ayant chacun de la semence selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon. 13. Et d’un soir et d’un matin se fit un troisième jour. »

Bien que la lumière soit crée le premier jour (v. 3), les luminaires qui éclairent la terre sont créés seulement le quatrième jour dans le récit de la Genèse (vv. 15-17). Le paysage peint par Jérôme Bosch est celui d’avant le quatrième jour. La lumière apparait à notre regard lors de l’ouverture du triptyque dans explosion de couleurs, une véritable hymne à la création, comme celles qu’on lit dans la Sainte Bible et tout particulièrement dans les psaumes.

Ps. XXXII « 8 Tímeat Dóminum omnis terra ;

« 8. Que toute la terre craigne le Seigneur :

ab eo autem commoveántur omnes inhabitántes orbem.

qu’à sa présence aussi soient émus tous ceux qui habitent l’univers.

9 Quóniam ipse dixit, et facta sunt ;

9. Car il a dit, et les choses ont été faites :

ipse mandávit et creáta sunt. »

il a commandé, et elles ont été créées. »

 

Ps. CXLVIII «  4 Laudáte eum, cæli cælórum ;

« 4. Louez-le, cieux des cieux,

et aquæ omnes quæ super cælos sunt,

et que toutes les eaux qui sont au-dessus des cieux

5 laudent nomen Dómini.

5. Louent le nom du Seigneur.

Quia ipse dixit, et facta sunt ;

Car lui-même a dit, et les choses ont été faites :

ipse mandávit, et creáta sunt. »

lui-même a commandé, et elles ont été créées. »

 

Judith XVI « 17 Tibi sérviat omnis creatúra tua,

« 17. Que toute créature vous obéisse [Seigneur] ;

quia dixísti, et facta sunt ;

car vous avez parlé, et les choses ont été faites ;

misísti spíritum tuum, et creáta sunt :

vous avez envoyé votre esprit, et elles ont été créées,

et non est qui resístat voci tuæ. »

et il n’y a personne qui résiste à votre voix. »



La citation en haut du tableau est extraite du Psaume 32 (v. 9) ou du Psaume 148 (v. 5). On trouve aussi une expression semblable dans le livre de Judith (16, 17) :

 

Ipse dixit et facta sūt   Ipse mādauit et creata sūt

 

L’ouverture du triptyque


L’ouverture du triptyque reproduit l’effet théâtral du récit de la Genèse repris par Saint Jean dans son Évangile.

Gen. I «  1 In princípio creávit Deus cælum et terram. 2 Terra autem erat inánis et vácua, et ténebræ erant super fáciem abýssi : et spiritus Dei ferebátur super aquas. 3 Dixítque Deus : Fiat lux. Et facta est lux. 4 Et vidit Deus lucem quod esset bona : et divísit lucem a ténebris. 5 Appellavítque lucem Diem, et ténebras Noctem : factúmque est véspere et mane, dies unus. »

« 1. Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. 2. Mais la terre était informe et nue, et des ténèbres étaient sur la face d’un abime, et l’Esprit de Dieu était porté sur les eaux. 3. Or Dieu dit : Que la lumière soit. Et la lumière fut. 4. Et Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres. 5. Et il appela la lumière, Jour, et les ténèbres, Nuit : et d’un soir et d’un matin se fit un jour unique. »

Joan. I «  5 et lux in ténebris lucet »

« 5. Et la lumière luit dans les ténèbres, »

De la vision d’un monde plongé dans les ténèbres, notre regard se trouve maintenant devant une explosion de couleur, de lumière et de vie. La lumière est créée le premier jour dans le récit biblique, les luminaires seulement le quatrième. Cela permet à Jérôme Bosch de montrer que la lumière du monde est l’homme. Avant que l’homme apparaisse, le monde est encore dans les ténèbres.

Joan. I « 1 In princípio erat Verbum,

« 1. Au commencement était le Verbe,

et Verbum erat apud Deum,

et le Verbe était en Dieu,

et Deus erat Verbum.

et le Verbe était Dieu.

2 Hoc erat in princípio apud Deum.

2. C’est lui qui au commencement était en Dieu.

3 Omnia per ipsum facta sunt :

3. Toutes choses ont été faites par lui ;

et sine ipso factum est nihil, quod factum est.

et sans lui rien n’a été fait de ce qui a été fait.

4 In ipso vita erat,

4. En lui était la vie,

et vita erat lux hóminum :

et la vie était la lumière des hommes ;

5 et lux in ténebris lucet,

5. Et la lumière luit dans les ténèbres,

et ténebræ eam non comprehendérunt.

et les ténèbres ne l’ont pas comprise.

6 Fuit homo

6. Il y eut un homme

missus a Deo,

envoyé de Dieu

cui nomen erat Joánnes.

dont le nom était Jean.

7 Hic venit in testimónium

7. Celui-ci vint comme témoin

ut testimónium perhibéret de lumine,

pour rendre témoignage à la lumière,

ut omnes créderent per illum.

afin que tous crussent par lui ;

8 Non erat ille lux,

8. Il n’était pas la lumière,

sed ut testimónium perhibéret de lumine.

mais il devait rendre témoignage à la lumière.

9 Erat lux vera,

9. Celui-là était la vraie lumière,

quæ illúminat omnem hominem

qui illumine tout homme

veniéntem in hunc mundum.

venant en ce monde.

10 In mundo erat,

10. Il était dans le monde,

et mundus per ipsum factus est,

et le monde a été fait par lui,

et mundus eum non cognóvit.

et le monde ne l’a pas connu.

11 In própria venit,

11. Il est venu chez lui,

et sui eum non recepérunt.

et les siens ne l’ont pas reçu.

12 Quotquot autem recepérunt eum,

12. Mais à tous ceux qui l’ont reçu,

dedit eis potestátem fílios Dei fíeri,

il a donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu ;

his qui credunt in nomine ejus :

à ceux qui croient en son nom ;

13 qui non ex sanguínibus,

13. Qui ne sont point nés du sang,

neque ex voluntáte carnis,

ni de la volonté de la chair,

neque ex voluntáte viri,

ni de la volonté de l’homme,

sed ex Deo nati sunt.

mais de Dieu.

14 Et Verbum caro factum est,

14. Et le Verbe a été fait chair,

et habitávit in nobis :

et il a habité parmi nous

et vídimus glóriam ejus,

et nous avons vu sa gloire

glóriam quasi unigéniti a Patre

comme la gloire qu’un fils unique reçoit de son père,

plenum grátiæ et veritátis. »

plein de grâce et de vérité. »

Joan. VIII , 12 « Ego sum lux mundi : qui séquitur me, non ámbulat in ténebris, sed habébit lumen vitae. »

12. Jésus : « Moi, je suis la lumière du monde : qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. »

Matth. V , 14 « Vos estis lux mundi. »

14. Jésus à ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde. »

Apoc. XXI «  23 Et cívitas non eget sole neque luna ut lúceant in ea, nam cláritas Dei illuminávit eam, et lucérna ejus est Agnus. »

« 23. Et la ville [la cité de Dieu] n’a pas besoin de soleil ni de la lune pour l’éclairer, parce que la gloire de Dieu l’éclairé, et que sa lampe est l’Agneau. »

L’Agneau est le Seigneur Jésus (cf. Ap 5, 6-9).

Cette explosion de lumière, vie et de couleur est l’entrée de Dieu dans le néant de la créature pour lui apporter vie et la jouissance, c’est la pénétration de la bite de Jésus dans le con de Marie (voyez la lettre encyclique Les Amants).


Panneau de gauche : Le paradis terrestre


Gen. II «  19 Formátis ígitur Dóminus Deus de humo cunctis animántibus terræ, et univérsis volatílibus cæli, addúxit ea ad Adam, ut vidéret quid vocáret ea : omne enim quod vocávit Adam ánimæ vivéntis, ipsum est nomen ejus. 20 Appellavítque Adam nomínibus suis cuncta animántia, et univérsa volatília cæli, et omnes béstias terræ : Adæ vero non inveniebátur adjútor símilis ejus. »

« 19. Tous les animaux de la terre et tous les volatiles du ciel, ayant donc été formés de la terre, le Seigneur Dieu les fit venir devant Adam, afin qu’il vît comment il les nommerait : or le nom qu’Adam donna à toute âme vivante, est son vrai nom. 20. Ainsi Adam, appela par leurs noms tous les animaux, tous les volatiles du ciel, et toutes les bêtes de la terre : mais pour Adam, il ne se trouvait point d’aide semblable à lui. »

Dieu amène Ève devant Adam




Gen. II «  «  18 Dixit quoque Dóminus Deus : Non est bonum esse hóminem solum : faciámus ei adjutórium símile sibi. (…) 21 Immísit ergo Dóminus Deus sopórem in Adam : cumque obdormísset, tulit unam de costis ejus, et replévit carnem pro ea. 22 Et ædificávit Dóminus Deus costam, quam túlerat de Adam, in mulíerem : et addúxit eam ad Adam. 23 Dixítque Adam : Hoc nunc os ex óssibus meis, et caro de carne mea : hæc vocábitur Virágo, quóniam de viro sumpta est. 24 Quam ob rem relínquet homo patrem suum, et matrem, et adhærébit uxóri suæ : et erunt duo in carne una. 25 Erat autem utérque nudus, Adam scílicet et uxor ejus : et non erubescébant. »

« 18. Le Seigneur Dieu dit aussi : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; faisons-lui une aide semblable à lui. (…) 21. Le Seigneur Dieu envoya donc à Adam un profond sommeil ; et lorsqu’il se fut endormi, il prit une de ses côtes, et il mit de la chair à sa place. 22. Puis le Seigneur Dieu forma de la côte qu’il avait tirée d’Adam, une femme, et il l’amena devant Adam. 23. Et Adam dit : Voilà maintenant un os de mes os, et de la chair de ma chair : celle-ci s’appellera Virago, parce qu’elle a été tirée d’un vir. 24. C’est pourquoi un homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme ; et ils seront deux dans une seule chair. 25. Or ils étaient nus l’un et l’autre, c’est-à-dire Adam et sa femme, et ils ne rougissaient pas. »

La composition est une reproduction de la “Scène du Puits” avec le rhinocéros de la grotte de Lascaux (voir ci-après la comparaison détaillée). Remarquons l’oiseau sur un piquet représenté par l’oiseau gris et noir sous Adam et les deux oiseaux grimpeurs sur deux arbres de gauche ; la croix-propulseur représentée par l’oiseau à trois têtes. Ces deux remarques sont très importantes car, sans elles, nous pourrions croire que la Croix est absente de la description du paradis terrestre alors qu’en vérité la Croix est à l’origine de la Création.

L’échelle de Jacob

Gen. XXVIII « 12 Vidítque in somnis scalam stantem super terram, et cacúmen illíus tangens cælum : ángelos quoque Dei ascendéntes et descendéntes per eam, 13 et Dóminum inníxum scalæ dicéntem sibi : Ego sum Dóminus Deus Abraham patris tui, et Deus Isaac : terram, in qua dormis, tibi dabo et sémini tuo. »

« 12. Alors il vit en songe une échelle posée sur la terre, et dont le sommet touchait au ciel, les anges de Dieu aussi qui la montaient et la descendaient. 13. Et le Seigneur appuyé sur l’échelle, lui disant : Je suis le Seigneur, le Dieu d’Abraham ton père et le Dieu d’Isaac ; la terre sur laquelle tu dors, je te la donnerai, à toi et à ta postérité. »

Dans le triptyque du Jardin des délices, les Anges sont le plus souvent invisibles tout simplement parce qu’ils font partie du monde invisible. Certains des Anges et des démons sont représentés sous forme d’animaux réels ou fabuleux dans le but d’expliquer leur action. Il faut une observation attentive et prudente car, dans les panneaux du paradis terrestre et du paradis céleste, beaucoup d’animaux, ou peut-être la plus part, sont des animaux et non la représentation de l’action des Anges.

 

Sýmbolum Nicǽnum Constantinopolitánum  

Symbole de Nicée-Constantinople


« Credo in unum Deum, Patrem omnipoténtem,

« Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant,

Factórem cæli et terræ,

Créateur du ciel et de la terre,

visibílium ómnium et invisibílium. » 

de l’univers visible et invisible.» 

 







La fontaine de vie



La place d’honneur dans le paradis des origines est offerte au sexe de la femme, incarnation de la miséricorde divine, de la tendresse divine, de l’amour divin, le plus grand don de Dieu fait aux hommes et aux femmes. Le plus grand don de Dieu aux hommes et aux femmes est le don de l’Incarnation du Christ mais le plus grand don de l’Incarnation du Christ est le don du sexe de la femme.

Gen. II «  8 Plantáverat autem Dóminus Deus paradísum voluptátis a princípio, in quo pósuit hóminem quem formáverat. 9 Produxítque Dóminus Deus de humo omne lignum pulchrum visu, et ad vescéndum suave lignum étiam vitæ in médio paradísi, lignúmque sciéntiæ boni et mali. 10 Et flúvius egrediebátur de loco voluptátis ad irrigándum paradísum, qui inde divíditur in quátuor cápita. 11 Nomen uni Phison : ipse est qui círcuit omnem terram Hevilath, ubi náscitur aurum : 12 et aurum terræ illíus óptimum est ; ibi invenítur bdéllium, et lapis onýchinus. 13 Et nomen flúvii secúndi Gehon ; ipse est qui circúmit omnem terram Æthiópiæ. 14 Nomen vero flúminis tértii, Tigris : ipse vadit contra Assýrios. Flúvius autem quartus, ipse est Euphrátes. 15 Tulit ergo Dóminus Deus hóminem, et pósuit eum in paradíso voluptátis, ut operarétur, et custodíret illum : »

« 8. Or le Seigneur Dieu avait planté, dès le commencement, un paradis de volupté, dans lequel il mit l’homme qu’il avait formé. 9. Et le Seigneur Dieu fit sortir du sol toutes sortes de bois beaux à voir, et doux à manger : et aussi le bois de vie au milieu du paradis, et le bois de la science du bien et du mal. 10. De ce lieu de volupté sortait un fleuve pour arroser le paradis, et qui ensuite se divise en quatre canaux. 11. Le nom de l’un est Phison ; c’est celui qui coule autour de la terre de Hévilath, où vient l’or. 12. Et l’or de cette terre est excellent ; c’est là aussi que se trouve le bdellium et la pierre d’onyx. 13. Le nom du second fleuve est Gehon ; c’est celui qui coule tout autour de la terre d’Éthiopie. 14. Le nom du troisième fleuve est le Tigre ; il se répand du côté de l’Assyrie. Le quatrième fleuve, c’est l’Euphrate. 15. Le Seigneur Dieu prit donc l’homme et le mit dans un paradis de volupté, pour le cultiver et le garder : »



Le sexe de la femme est la fontaine de jouissance qui arrose le paradis des origines.

Jérôme Bosch a manifestement utilisé des dessins anatomiques pour son œuvre. La représentation du sexe de la femme, tout en étant poétique et symbolique, est parfaitement exacte au point de vue scientifique. On y reconnait le vagin, l’entrée ; l’utérus, la sphère ; les trompes de Fallope sur les deux côtés ; les pavillons des trompes, les disques ; les ovaires, posés sur les disques. Tout ceci est prolongé par une œuvre d’art splendide, vérité parfaite : la chair du sexe de la femme n’est pas une seule matière mais une œuvre d’art, un poème, une hymne à la joie. Le prolongement doit être vu comme tout le reste du corps et même de la personne tout entière de la femme, toute la personne de la femme est un prolongement de son sexe, un épanouissement de son sexe, l’expression déployée de la joie du sexe. Et finalement le corps et la personne tout entière de l’homme est encore un prolongement du sexe de la femme, la chair humaine et l’homme tout entier, aussi bien homme que femme, est déploiement de la joie du sexe de la femme.

Le prolongement doit être vu comme tout le reste du corps et même de la personne tout entière de la femme, toute la personne de la femme est un prolongement de son sexe, un épanouissement de son sexe, l’expression déployée de la joie du sexe. Et finalement le corps et la personne tout entière de l’homme est encore un prolongement du sexe de la femme, la chair humaine et l’homme tout entier, aussi bien homme que femme, est déploiement de la joie du sexe de la femme.

Le sexe de la femme et tout son déploiement, la chair humaine, est une tuyauterie splendide, une hymne à la pleine jouissance, ce sont les grandes orgues de nos églises, grandes orgues tout ordonnées à l’orgasme. Dans la langue française, le mot orgue comme le mot amour est masculin au singulier et féminin au pluriel. En amour en effet il y a un homme et plusieurs femmes, un époux, Dieu, et une multitude d’épouses, les créatures. La tuyauterie splendide du sexe de la femme est aussi une fontaine, une fontaine de joie et de pleine jouissance, la source de la vie.

La pétrographie

La fontaine de vie repose sur une ile faite d’une matière noire où reposent de petites boules brillantes. Cette matière terrestre noire associée à la brillance fait penser à du charbon. Le charbon est du carbone minéral, le sexe de la femme chef d’œuvre de la création matérielle est un minéral devenu vie, une matière minérale inflammable par le souffle de l’esprit de Dieu, la lumière divine, la jouissance divine. Le cœur de la femme et de l’homme est un cœur de pierre (Ez 36, 26-27) fait pour s’enflammer par la présence de Dieu (Ex 3, 2).

Le sacrifice d’Élie :

III Reg. XVIII «  37 Exáudi me, Dómine, exáudi me : ut discat pópulus iste quia tu es Dóminus Deus, et tu convertísti cor eórum íterum. 38 Cécidit autem ignis Dómini, et vorávit holocáustum, et ligna, et lápides, púlverem quoque, et aquam quæ erat in aquædúctu lambens. »

« 37. Exaucez-moi, Seigneur, exaucez-moi, afin que ce peuple apprenne que vous êtes le Seigneur Dieu, et que c’est vous qui avez converti leur cœur de nouveau. 38. Or le feu du Seigneur tomba, et dévora l’holocauste, le bois et les pierres, la poussière même, et l’eau qui était dans la rigole autour de l’autel. »

L’offrande de Gédéon :

Judic. VI «  21 exténdit ángelus Dómini summitátem virgæ, quam tenébat in manu, et tétigit carnes et panes ázymos : ascendítque ignis de petra, et carnes azymósque panes consúmpsit : ángelus autem Dómini evánuit ex óculis ejus. »

« 21. L’ange du Seigneur étendit le bout de la verge qu’il tenait à la main, et il toucha la chair et les pains azymes : et le feu monta de la pierre, et consuma la chair et les pains azymes ; mais l’ange du Seigneur disparut de devant ses yeux. »

Un passage de la Saint Bible raconte la découverte de pétrole « huile de pierre ». Ce n’est pas exactement du charbon mais c’est une matière très proche, une matière minérale faite de carbone et prête à s’enflammer.

I Mac. I «  19 Nam cum in Pérsidem duceréntur patres nostri, sacerdótes qui tunc cultóres Dei erant, accéptum ignem de altári occúlte abscondérunt in valle, ubi erat púteus altus et siccus, et in eo contutáti sunt eum, ita ut ómnibus ignótus esset locus. 20 Cum autem præteríssent anni multi, et plácuit Deo ut mitterétur Nehemías a rege Pérsidis, nepótes sacerdótum illórum qui abscónderant, misit ad requiréndum ignem : et sicut narravérunt nobis, non invenérunt ignem, sed aquam crassam. 21 Et jussit eos hauríre, et afférre sibi : et sacrifícia quæ impósita erant, jussit sacérdos Nehemías aspérgi ipsa aqua : et ligna, et quæ erant superpósita. 22 Utque hoc factum est, et tempus áffuit quo sol refúlsit, qui prius erat in núbilo, accénsus est ignis magnus, ita ut omnes miraréntur. 23 Oratiónem autem faciébant omnes sacerdótes, dum consummarétur sacrifícium, Jonátha inchoánte, céteris autem respondéntibus. »

« 19. Car lorsque nos pères furent emmenés en Perse, les prêtres alors occupés au service divin, ayant pris secrètement le feu qui était sur l’autel, le cachèrent dans une vallée, où il y avait un puits profond et desséché ; et ils l’y mirent en sureté, de telle sorte que ce lieu demeurât inconnu à tous. 20. Mais lorsque beaucoup d’années se furent écoulées, il plut à Dieu que Néhémie fût envoyé en Judée par le roi de Perse ; il envoya les petits-fils de ces prêtres qui avaient caché le feu, pour le chercher, et comme ils nous l’ont raconté, ils ne trouvèrent point le feu, mais seulement une eau épaisse. 21. Et le prêtre Néhémie leur commanda de puiser cette eau et de la lui apporter ; et il leur commanda d’asperger avec cette eau et sur les victimes qui avaient été mises sur l’autel, et sur le bois, et sur ce qui avait été mis dessus. 22. Et dès que cela fut fait, et qu’arriva le temps auquel resplendit le soleil, qui était auparavant dans un nuage, il s’alluma un grand feu, en sorte que tous furent dans l’admiration. 23. Cependant tous les prêtres faisaient la prière jusqu’à ce que le sacrifice fût consumé, Jonathás commençant et les autres répondant. »

La fontaine de vie, hymne de louange s’élançant vers le ciel pour donner gloire à Dieu, les grandes orgues de nos églises, est une flamme jaillissant de la matière enflammée par le soleil divin, le Christ, et par l’Esprit de joie, de jouissance et d’ivresse infinies, l’Esprit-Saint qui se mouvait sur les eaux (cf. Gn 1, 2 d’après l’hébreu), qui se mouvait sur la femme. Voir la lettre encyclique Quid est Homo ?, IV, 2. « La pétrographie ». 

L’arbre, les fruits, le serpent et la caverne



 

Gen. III « 1 Sed et serpens erat callídior cunctis animántibus terræ quæ fécerat Dóminus Deus. Qui dixit ad mulíerem : Cur præcépit vobis Deus ut non comederétis de omni ligno paradísi ? »

« 1. Mais le serpent était le plus rusé de tous les animaux de la terre qu’avait faits le Seigneur. Il dit à la femme : Pourquoi Dieu vous a-t-il commandé de ne pas manger de tous les bois du paradis ? »

 

Le serpent se dirige vers une caverne. C’est la caverne des voleurs.

 

Matth. XXI « 12 Et intrávit Jesus in templum Dei, et ejiciébat omnes vendéntes et eméntes in templo, et mensas numulariórum, et cáthedras vendéntium colúmbas evértit : 13 et dicit eis : Scriptum est : Domus mea domus oratiónis vocábitur : vos autem fecístis illam spelúncam latrónum. »

« 12. Et Jésus entra dans le temple de Dieu, et chassa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le temple ; il renversa même les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient des colombes ; 13. Et il leur dit : Il est écrit : Ma maison sera appelée maison de prière ; mais vous en avez fait une caverne de voleurs. »

Le Seigneur est rusé, parfois Il semble interdire ce qu’Il commande. Plus exactement, tout en commandant un interdit, Il fait allusion à la récompense de l’obéissance qui est l’exagération de ce qui était interdit. Ceci est vrai pour tous les commandements même le cinquième : « Tu ne tueras pas » (Ex 20, 13). En obéissant nous laissons Dieu prendre possession de nous, vivre en nous et, parce que nous Le laissons s’incarner en nous, nous sommes cause de sa mort, nous Le tuons, nous sommes homicides et déicides, mais selon la vérité, nous obéissons à un commandement très mystérieux : « Tue-moi. »

III Reg. XX «  35 Tunc vir quidam de fíliis prophetárum dixit ad sócium suum in sermóne Dómini : Pércute me. At ille nóluit percútere.

« 35. Alors un certain homme d’entre les fils des prophètes dit à son compagnon avec la parole du Seigneur : Frappe-moi. Mais comme celui-ci ne voulut pas le frapper, »

Jonas I «  12 Et dixit ad eos : Tóllite me, et míttite in mare, et cessábit mare a vobis : scio enim ego quóniam propter me tempéstas hæc grandis venit super vos. »

« 12. Et il [Jonas] leur dit : Prenez-moi et jetez-moi dans la mer, et la mer se calmera pour vous, car je sais, moi, que c’est à cause de moi que cette grande tempête est venue sur vous. »

Le chapitre III de la Genèse raconte l’histoire d’un malentendu. À l’intérieur de l’homme, la loi de la nature commande ce que nous avons appelé la « causalité » ou la « pesanteur », c’est le fameux interdit entendu par Adam et Ève comme un commandement de Dieu et, en vérité, c’est un commandement de Dieu puisque Dieu a créé les lois de la nature. Cependant la Loi propre de Dieu, la Gratuité, s’oppose à la pesanteur et le serpent, le Seigneur Jésus, dont le sexe de l’homme est l’incarnation, vient inviter Ève à enfreindre les lois de la nature pour entrer dans la Gratuité du plaisir sexuel. Elle obéit de tout son cœur. Nous avons la conviction que ce geste lui vaut d’être une des plus grande Sainte de toute l’histoire. Par la suite Adam et Ève sont effrayés par l’infraction qu’ils viennent de commettre comme Saint Pierre lorsqu’il marche sur les eaux vers le Seigneur Jésus. Et l’histoire de l’humanité jusqu’à la fin du monde est un apprentissage de la Gratuité. Les malédictions de Dieu prononcées au chapitre III de la Genèse sont un moyen de voiler la Gratuité afin d’aider l’homme et la femme à s’en approcher et à en prendre possession. La démonstration de ce que nous affirmons ici se trouve dans les lettres encycliques que nous avons publiées.

L’interprétation traditionnelle du chapitre III de la Genèse n’est pas fausse cependant. C’est toujours par l’amour, l’attention à l’autre, que nous atteignons nos désirs. Il faut comprendre que Dieu a utilisé le récit de la consommation du fruit pour montrer les conséquences malheureuses de la désobéissance alors qu’en vérité il n’y a pas eu de désobéissance. C’est subtile, nous en convenons, mais vrai et démontré : le Seigneur Jésus, le Fils de Dieu incarné, est le plus rusé des animaux de la terre que le la sainte Trinité a faits. Le plaisir se trouve dans l’infraction des interdits mais l’infraction des interdits qui nous éloignés du monde divine, du monde du plaisir, l’infraction des lois de la nature, celles qui sont en nous de par notre nature.

Revenons maintenant au temple fait caverne de bandits. Si nous aimons le temple, si nous adorons Dieu le Seigneur alors, à ce moment et seulement à ce moment il sera pleinement transformé en caverne de brigands. Il y a en nous une résistance à la Gratuité de Dieu, le Seigneur Jésus nous aide à la vaincre au moyen de la ruse. Ceux qui L’aiment comprennent toujours au bout d’un temps ce qu’Il veut dire et ils savent comment obtenir ce qu’Il promet, c’est toujours par la voie de l’obéissance mais une obéissance véritable, une obéissance qui vient du fond du cœur, une obéissance qui désire l’objet à atteindre par le moyen de l’obéissance, d’une obéissance profonde et véritable qui obéit à tout ce que Dieu commande dans un premier temps et dans un second temps même lorsqu’Il commande de faire dans un deuxième temps ce qu’Il avait interdit dans le premier.

Sainte Thérèse de l’enfant Jésus et de la Sainte Face (1873-1897) s’est beaucoup amusée avec cette histoire de caverne de brigand :

 

« On voit suspendues aux parois de la caverne, des armes, des peaux de bêtes sauvages. A terre s’étale une étrange variété de bijoux, de riches candélabres qui sont mêlés à d’autres objets sans valeur. Une jeune femme SUSANNA berce son fils Dimas en chantant sur l’air du “Trouvère”. (…)

IZARN, frappant sur l’épaule de son compagnon.

Camarade, fais pas la mauvaise tête, le chef ne nous dit [4r°] pas d’injures. Je regrette aussi que Dimas soit lépreux, il est bien constitué ; je suis sûr que pas un ne lui aurait été comparable pour escalader les murs, faire sauter les serrures, et surtout pour manier l’épée afin de se faire obéir des rebelles. »

La Fuite en Égypte, 1896.

La tête d’homme qui parle et écoute

 

Le rocher devant la caverne dessine une tête d’homme. L’animal à la carapace blanche dessine un œil aveugle. La caverne est à la place de l’oreille. Un arbre est posé sur le sommet du crâne. Un serpent descend de cet arbre vers la caverne-oreille. Un autre serpent dessine l’ouverture de la bouche avec sa queue et s’enroule sur la lèvre supérieure. La tête est tournée vers l’ouverture de la sphère rose de la fontaine de vie.

Nous voyons la conversation des deux sexes. Le nez, le serpent aveugle, sexe de l’homme, est face à l’ouverture de la sphère rose, la chouette au regard profond, sexe de la femme. L’homme est ignorant, la femme sait et elle est la source de la connaissance pour l’homme ignorant. Nous voyons le serpent, sexe de l’homme, parler à l’ouverture du sexe de la femme. Le serpent se glissant vers la caverne-oreille montre que le message est entendu. Le serpent a obtenu ce qu’Il désirait : se glisser dans le sexe de la femme.

Le récit est complet. Il commence en bas par la création d’Adam. En effet nous voyons Adam sortir de son sommeil, celui pendant lequel Dieu a tiré Ève de son côté mais il rappelle aussi le premier réveil de l’homme lorsque Dieu « insuffla sur sa face un souffle de vie », « inspirávit in fáciem ejus spiráculum vitae » (Gn 2, 7). Nous voyons ensuite Dieu amenant Ève devant Adam après l’avoir façonnée avec une de ses côtes (Gn 2, 21-22). Vient maintenant la parole que le serpent adresse à la femme et ce qu’Il obtient d’elle :

Gen. III «  6 Vidit ígitur múlier quod bonum esset lignum ad vescéndum, et pulchrum óculis, aspectúque delectábile : et tulit de fructu illíus, et comédit : dedítque viro suo, qui comédit. »

« 6. La femme donc vit que le bois était bon à manger, beau à voir et d’un aspect qui excitait le désir ; elle en prit, en mangea et en donna à son mari, qui en mangea. »

Le serpent de bois est mangé par la femme. Le serpent mange aussi selon ce que dira Dieu juste après :

Gen. III « 14 (…) super pectus tuum gradiéris, et terram cómedes cunctis diébus vitae tuæ. »

« 14. (…) tu ramperas sur ton ventre, et tu mangeras de la terre tous les jours de ta vie. »

Le plaisir est aussi pour Lui. Serpent et Adam, tout à la fois, tu manges cette « terre de laquelle tu as été pris », « terram de qua sumptus es » (Gn 3, 19) et dont, par conséquent, tu manges Ève qui est formée ce cette même terre et bien formée !

Le récit se poursuit par le palmier : les branches dessinent un jaillissement, c’est l’éjaculation. Le Bois a été avalé et Il a craché ou vomi, « eructávit » (Ps 44, 2) dans la bouche de la femme. Les fruits montrent la suite de l’union des époux, la naissance des enfants.

Gen. III «  20 Et vocávit Adam nomen uxóris suæ, Heva : eo quod mater esset cunctórum vivéntium. »

« 20. Adam donna à sa femme le nom d’Ève, parce qu’elle était la mère de tous les vivants. »

Tout en haut la multitude d’oiseaux sortant d’une caverne, c’est-à-dire du Ventre Maternel, passant par deux anneaux, montre l’explosion de Vie qui est née de cette première Union. Dorénavant sur la terre, les Hommes et les Femmes ne cesseront de s’unir pour engendrer l’Humanité et la Joie de Vivre. De cette première Union, nait le Peuple que nous voyons dans le paradis céleste.

Les deux principaux arbres du paradis terrestre

Au milieu du paradis terrestre se trouve une forêt d’arbres fruitiers, tous de la même espèce. Dans le lointain se trouvent des arbres différents mais à l’aspect très neutre et sans fruit. Ils semblent servir uniquement à l’embellissement du paysage. Les deux principaux arbres du paradis terrestre sont le dragonnier et le palmier. On trouve déjà ces deux arbres associés dans des dessins allemands de l’époque de Jérôme Bosch.

Pour mémoire. 1°) Le dragonnier arbre est originaire des iles Canaries. Son nom scientifique aujourd’hui est Dracaena draco. Classification. Règne : Plantae / Sous-règne : Tracheobionta / Division : Magnoliophyta / Classe : Liliopsida / Sous-classe : Liliidae / Ordre : Liliales / Famille : Liliaceae / Genre : Dracaena. 2°) Les palmiers sont classés aujourd’hui dans la famille des Arecaceae. Classification. Règne : Plantae / Sous-règne : Tracheobionta / Division : Magnoliophyta / Classe : Liliopsida / Sous-classe : Arecidae / Ordre : Arecales / Famille : Arecaceae.




Martin Schongauer, La Fuite en Égypte (c. 1470), Paris, musée du Louvre. Burin, 22,5×17cm.

Michael Wolgemut, Adam et Ève, Chronique de Nuremberg, édition de 1493. fol. 7r, Paris, Bibliothèque de France. Xylographie.

Larry Silver :

« Le jardin du Paradis se distingue par sa faune et sa flore exotiques, en accord avec le texte de la Genèse (II, 9) : “Le seigneur Dieu avait aussi produit de la terre toutes sortes d’arbres beaux à la vue, et dont le fruit était agréable au gout, et l’arbre de vie au milieu du paradis, avec l’arbre de la science du bien et du mal.” Des spécialistes ont reconnu dans l’arbre à grosses branches et feuilles pointues, au premier plan à gauche, un dragonnier originaire des Canaries et de Madère. Cet arbre bien particulier figurait déjà dans plusieurs estampes allemandes, notamment La Fuite en Égypte de Martin Schongauer, l’Adam et Ève gravé par Michael Wolgemut pour l’édition de 1493 de la Chronique de Nuremberg et une des xylographies de la Vie de la Vierge d’Albrecht Durer, La Fuite en Égypte (vers 1504). Wolgemut a représenté trois sortes d’arbres dans son Paradis : un palmier-dattier derrière Adam, un pommier entouré d’un serpent, traditionnellement identifié à l’arbre de la connaissance, et le dragonnier derrière Ève. Le passage correspondant de la Chronique de Nuremberg décrit le “très noble arbre de vie”, qui procure la vie éternelle et dont les fruits protègent la santé. »

Bosch, 2006, Paris, Éditions Citadelles et Mazenod, pp. 40-46.

Le dessin de Schongauer (c. 1470)

1°) Le dragonnier est associé à la Vierge Marie, la femme, et à l’Enfant Jésus. Les rondeurs rappellent celles de la femme et sa fécondité, le fruit de son ventre, le divin Enfant Jésus pour la Vierge Marie.

2°) Le palmier est associé à Saint Joseph et aux Anges. Ces derniers rappellent l’intimité dans laquelle Saint Joseph vivait avec « un ange du Seigneur », « ángelus Dómini » (Mt 1, 20 ; 2, 13) qui l’avertissait, venait à son secours, dès qu’il en avait besoin. Il est très possible que leur disposition le long du tronc, de la moitié haute au moins, et le long des palmes soit une description de l’échelle de Jacob (cf. Gn 28, 12-13).

Les Anges sont ceux de l’échelle de Jacob, ils peuvent aussi être vus comme représentant un personnage. Nous remarquons la présence des quatre personnages visibles de l’Annonciation : Saint Joseph, la Vierge Marie, l’Ange de Dieu, l’Enfant Jésus Fils de Dieu. Dieu le Père et Dieu l’Esprit Saint sont aussi des personnages de l’évènement mais Ils sont invisibles.

La xylographie de Wolgemut (pub. 1493)

Dans la xylographie de Wolgemut, il est clair que :

 

1°) Le dragonnier est associé à Ève, la femme, et à la source du fleuve qui irrigue le paradis.

Gen. II « 10 Et flúvius egrediebátur de loco voluptátis ad irrigándum paradísum, qui inde divíditur in quátuor cápita. »

« 10. De ce lieu de délices sortait un fleuve pour arroser le paradis, et qui ensuite se divise en quatre canaux. »

2°) Le palmier est associé à Adam, l’homme.

3°) L’arbre à fruit comme des pommes rouges est l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Gen. II « 8 Plantáverat autem Dóminus Deus paradísum voluptátis a princípio, in quo pósuit hominem quem formáverat. 9 Produxítque Dóminus Deus de humo omne lignum pulchrum visu, et ad vescéndum suave lignum étiam vitae in médio paradísi, lignúmque sciéntiæ boni et mali. »

« 8. Or le Seigneur Dieu avait planté, dès le commencement, un jardin de délices, dans lequel il mit l’homme qu’il avait formé. 9. Et le Seigneur Dieu fit sortir du sol tout bois beau à voir, et doux à manger : et aussi le bois de vie au milieu du paradis, et le bois de la science du bien et du mal. »

Pour mémoire, nous citons l’article lignum du Gaffiot. On y trouve que le mot lignum signifie aussi bien « un bois » que « un arbre. « lignum, i, n. (2 lego, cf. signum), bois : Cat. Agr. 130 ; Cic. Verr. 1, 27, 69 ; Hor. Ο. 1, 9, 5 ; in silvam ligna ferre [prov.] Hor. S. 1, 10, 34, porter de l’eau à la rivière ║ bois [de construction] : Juv. 11, 118 ║ planche, tablette : Juv. 13, 137 ║ partie dure et ligneuse des fruits ; coquille, noyau, pépin : Plin. 15, 111 ; 15, 10 ; 13, 40 [poét.] arbre : Virg. En. 12, 767 ; Hor. S. 1,8,1 ; O. 2, 13, 11 ║ bâton : Vulg. Marc. 14, 43 ║ [chrét.] le bois de la croix, croix : Aug. Conf. 9, 13, 35. » (Grand Gaffiot, 2000.)

Nous avons déjà relevé la présence de trois personnages, Adam, le serpent, Ève, et celle de trois arbres, le palmier, l’arbre à fruits comme des pommes rouges, le dragonnier. Il y a encore la fontaine de vie à droite et le rocher à gauche.

4°) La fontaine représente celle du texte de la Genèse.

5°) Le rocher avec la partie haute qui dépasse (minet en latin) montre les dangers, les menaces auxquels seront exposés Adam et Ève chassés du paradis originel et surtout la mort qui désormais viendra à eux à certain jour.

La composition de Jérôme Bosch

Les trois types d’arbres de la page de la chronique de Nuremberg, la xylographie de Wolgemut, sont reproduits par Jérôme Bosch dans la moitié basse du panneau du paradis terrestre : le dragonnier, l’arbre à fruits comme des pommes rouges, le palmier. Cependant il a changé complètement la disposition.

Les changements.

1°) Le dragonnier se trouve derrière Adam.

2°) Le palmier se trouve derrière Ève.

3°) L’arbre à fruits comme des pommes rouges est multiplié en une forêt.

4°) Le serpent s’enroule sur le palmier, descend au lieu de monter et ne tient aucun fruit.

5°) Les fruits du dattier sont aussi portés par une plante grimpante sur le dragonnier.

6°) La fontaine de vie devient le personnage principal.

7°) Le Rocher devient le Rocher-Tête d’homme.

Les raisons des changements.

1° et 2°) Le dragonnier est associé à Adam et le palmier à Ève parce que Adam et Ève tiennent la place de l’homme-oiseau et du bison, que l’homme-oiseau et passif et le bison actif. Jérôme Bosch en mélangeant les sexes et leur symboles montre que dans l’amour, il vient un temps où les amants sont si bien unis et mélangé que chacun est à son tour homme ou femme et puis tout à la fois homme et femme.

3°) L’arbre à fruits comme des pommes rouges est devenu une forêt d’arbres fruitiers destinée à nourrir Adam et Ève. Cette forêt représente l’ensemble divers de ces arbres « beau à voir, et doux à manger ». Dans le tableau, ils sont tous identiques parce que Jérôme Bosch ne montre pas la diversité des espèces mais unicité de la fonction : l’agrément et l’alimentation. Les deux autres arbres ont une fonction symbolique : le dragonnier représente la femme et le palmier, l’homme. Jérôme Bosch a rejeté l’interprétation selon laquelle « le bois de la connaissance du bien et du mal » serait situé ailleurs que dans l’homme et la femme. Ce bois est le sexe. Jérôme Bosch rejette l’erreur d’interprétation en retirant au motif de l’arbre à fruits comme des pommes rouges sa signification symbolique, il lui donne une signification matérielle : c’est moyen d’alimentation.

4°) Le serpent s’enroule sur le palmier, image de l’homme, pour monter l’unité du serpent et du sexe de l’homme. Le mouvement descendant montre que ce serpent est divin et non démoniaque. Dieu descend (Ps 17, 10 ; Is 64, 3 ; Lc 19, 5, Ap 21, 2 ; etc., etc.), le Diable veut monter (Is 14, 11-15). Le serpent ne tient pas de fruit car la Vulgate ne fait mention d’aucun fruit, le mot n’apparait, mais seulement le mot « lignum », « bois ». Le serpent est lui-même le bois qui se propose à la femme pour être mangé.

5°) Les fruits du dattier sont aussi portés par une plante grimpante sur le dragonnier, c’est le sperme qui monte les trompes du sexe de la femme.

6° et 7°) La fontaine de vie de la xylographie devient dans le tableau de Jérôme Bosch le personnage central et principal de la composition. Il s’enrichit d’une multitude de détails, la figure d’où sort la source est devenue la chouette. Le rocher devient le rocher-tête d’homme. Jérôme Bosch fait de la fontaine et du rocher des représentations, des objets dont il veut parler : le sexe de la femme et le sexe de l’homme.

Nous avons donc une parfaite symétrie des divers personnages qui représentent chacun, soit le sexe de l’homme, soit le sexe de la femme.

Le sexe de l’homme

Adam

rocher-tête d’homme

palmier

serpent

Le sexe de la femme

Ève

fontaine de vie

dragonnier

chouette

Entre les deux amoureux, se trouve l’antique serpent, le divin serpent, la « cornu salútis », « corne de salut » (Lc 1, 69), le Seigneur Jésus qui unit les amants.

Le récit de la Genèse devient maintenant limpide.

Gen. II «  9 Produxítque Dóminus Deus de humo omne lignum pulchrum visu, et ad vescéndum suave lignum étiam vitae in médio paradísi, lignúmque sciéntiæ boni et mali. (…)

« 9. Et le Seigneur Dieu fit sortir du sol tout bois beau à voir, et doux à manger : et aussi le bois de vie au milieu du paradis, et le bois de la science du bien et du mal. (…)

16 præcepítque ei, dicens : Ex omni ligno paradísi cómede ; 17 de ligno autem sciéntiæ boni et mali ne cómedas : in quocúmque enim die coméderis ex eo, morte moriéris. »

16. Et il lui commanda, disant : Mange de tous les bois du paradis : 17. Mais quant au bois de la science du bien et du mal, n’en mange pas ; car au jour où tu en mangeras, tu mourras de mort. »

Gen. III, 3 de fructu vero ligni quod est in médio paradísi, præcépit nobis Deus ne comederémus, et ne tangerémus illud, ne forte moriámur. »

« 3. Mais pour le fruit du bois qui est au milieu du paradis, Dieu nous a commandé de n’en point manger, et de n’y point toucher, de peur que nous ne mourions. »

Ève a-t-elle menti en disant que le bois de la connaissance du bien et du mal est au milieu du paradis alors que Dieu avait donné cette place au bois de vie ? « Nequáquam ! » (Gn 3, 4) Pas du tout ! Elle dit vrai : le bois de vie, le sexe de la femme est au milieu du corps, le bois de la connaissance du bien et du mal, le sexe de l’homme, est au milieu du corps. La différence vient du point de vue. Dieu donne au bois de vie la place du milieu du paradis car Il parle à Adam et le paradis d’Adam est le corps d’Ève. Ève donne au bois de la connaissance du bien et du mal la place du milieu du paradis car son paradis est le corps d’Adam.

Dieu interdit à Adam de consommer, de se satisfaire de ce qui est déjà à lui, de se replier sur lui-même, car alors il mourra de la mauvaise mort. Dieu veut en revanche qu’Adam meure de la bonne mort, la mort d’amour en consommant ce qui n’est pas encore à lui, en donnant toute sa vie pour posséder la vie de l’autre.

Le projet de Dieu est très subtil. Bien évidement Adam ne le comprend pas dans toutes ses finesses. Il commence tout juste son apprentissage. Il entend seulement qu’il ne faut pas toucher à ce sexe qu’il a entre les jambes. Il mélange encore le commandement de Dieu compris seulement partiellement avec la loi de la nature qui interdit la gratuité, la satisfaction sans travail pour produire ce qui satisfait.

Ensuite il transmet ce qu’il pense à sa compagne en commentant cette erreur : il dit à elle de ne pas toucher ce que Dieu a interdit à lui, Adam, et non une autre que lui.

Pour mémoire. Dieu ne condamne pas la masturbation d’une manière absolue mais dans la mesure où elle est un acte d’abandon de la conquête de l’autre sexe. La masturbation est le plus souvent un acte de stimulation du désir sexuel et donc une stimulation de la conquête du plus grand plaisir connu lors de la rencontre des sexes.

Nous sommes en plein dans la plus belle histoire d’amour de tous les temps. De plus, il faut se rappeler cette vérité biblique :

Gen. II «  24 Quam ob rem relínquet homo patrem suum, et matrem, et adhærébit uxóri suæ : et erunt duo in carne una. »

« 24. C’est pourquoi un homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme ; et ils seront deux dans une seule chair. »

Le corps d’Adam et le corps d’Ève sont une seule chair, un seul objet. Dans l’union des Amants, les deux objets se trouvent exactement à la même place, puisque justement le sexe de la femme est un vide pour accueillir le plein du sexe de l’homme. Le bon sens dit en effet que deux objets différents ne peuvent occuper la même place sauf bien entendu si un de ses objets est en fait un vide. C’est le cas du sexe de la femme. Le bon sens nous dit aussi que le contenu d’un vase occupe la même place géographique que le contenant. Oui le serpent est le plus rusé de tous les animaux ! Le texte semble parler de deux objets non superposables mais en fait ils le sont, le serpent le sait, « Nequáquam ! », et Ève le croit.

Ève a commencé seule à manger du bois de la connaissance du bien et du mal car elle aussi est pourvu d’un petit serpent de bois. Elle a commencé à en jouir avant de jouir du serpent de bois de son chéri, « gládio suo duro, et grandi, et forti », « son glaive dur et grand et fort » (Is 27, 1).

Le bois de vie est plusieurs objets.

Le bois de vie est plusieurs objets. Lorsqu’Adam est encore le « protoplaste » (Sp 7, 1 ; 10, 1 selon les Septante), le premier zygote humain, le bois de vie est sa mère, la femelle bipède qui le porte. Le bois de vie devient par la suite son épouse Ève. Le bois de la connaissance du bien et du mal est aussi plusieurs objets. Dans le ventre de sa mère, il est probablement le moyen par lequel il est en relation avec la mère, c’est-à-dire la membrane cellulaire lorsqu’il est le protoplaste puis le cordon ombilical et le placenta lors du développement du fœtus. Il devient ensuite son sexe. Ces ceux objets appartiennent en effet à la même personne, Adam. Le cordon et le placenta sont formés de la chair de l’enfant. Le bois de la connaissance du bien et du mal est le moyen d’être en relation. Dieu interdit d’en manger, c’est-à-dire d’être de se replier sur cet objet. L’enfant doit d’abord apprendre à vivre la relation avec un objet extérieur à lui-même. Quand il est dans le ventre de la mère ou encore au sein, il distingue parfois difficilement la mère comme objet différent de lui-même mais il est un objet qu’il peut distinguer sans aucune difficulté, Dieu qui lui parle dès le premier instant de sa conception.

Dieu donne le commandement de ne pas manger du bois de la connaissance du bien et du mal à Adam avant la création d’Ève alors qu’il est encore le protoplaste. C’est l’interdit de l’inceste. Dieu lui interdit de trouver en sa mère toute sa joie. Il doit d’abord la quitter (cf. Gn 2, 24). Le souvenir de ce commandement demeure en Adam adulte et jeune homme. Il voit dans Ève la même chose que sa mère, l’objet de sa joie. Elle devient aussi sa mère en devenant sa joie, une joie venue après la séparation. En donnant l’âme Adam la joie, elle devient sa mère selon l’esprit. Dieu a prononcé un interdit contre la relation sexuelle avec sa mère selon la chair. Adam, par erreur, applique cet interdit au sujet d’Ève qui elle n’est pas sa mère charnelle mais son épouse.

Le sexe de l’homme et de la femme est le bois de la connaissance du bien et du mal.

Le bois de la connaissance du bien et du mal est, pour l’homme et la femme, le sexe. Le sexe fait connaitre le plaisir gratuit, la gratuité. Rien, en effet, n’est la cause du plaisir. C’est un objet donné par Dieu sans que l’homme n’ait rien fait pour le produire ou le mériter. Le bien est l’amour de la gratuité (une chose arrive sans cause, sans précédent), le mal est le rejet de la gratuité et l’amour de la causalité (une chose arrive automatiquement parce qu’une autre la précède). Le sexe fait connaitre la gratuité. L’amour de la gratuité est le bien et le rejet de la gratuité est le mal. Le sexe met en relation avec la gratuité et les sentiments qui naissent dans l’homme en rapport à la gratuité sont le bien ou le mal. L’homme qui aime la gratuité découvre le bien qui habite sa volonté et découvre aussi que c’est mal de rejeter la gratuité. L’homme qui rejette la gratuité découvre le mal qui habite sa volonté et découvre aussi que c’est bien d’aimer la gratuité. C’est pourquoi le sexe donne la connaissance du bien et du mal.

Le sexe de l’homme st le bois de la connaissance du bien et du mal et le sexe de la femme le bois de vie.

Les choses dont nous parlons sont délicates et très riches. Il faut aussi comprendre que le bois de vie est le sexe de la femme alors que le bois de la connaissance du bien et du mal est le sexe de l’homme. Cela vient de cette double vérité du couple humain :

1°) L’homme est la tête et la femme le corps (1 Co 11, 3 ; Ep 2, 22), l’homme tient la place de Dieu et l’épouse tient la place de la création (cf. Ep 5, 25.32). L’homme est la tête, donc la pensée, la femme est le corps donc la vie. L’homme est Dieu donc celui qui révèle. La femme est la création donc celle qui donne joie à Dieu, qui est sa vie.

2°) Chacun des époux est pour l’autre le moyen par lequel Dieu se donne, chacun est Dieu pour l’autre. L’homme donne la révélation mais la femme, quand elle révèle, est aussi homme pour l’homme qui à ce moment est femme. La femme donne la joie à l’homme mais l’homme, qui donne joie, est aussi femme pour la femme qui à ce moment est homme.

Dans l’évènement suivant, l’homme est homme. La femme donne la joie et l’homme révèle cette joie par sa parole :

Gen. II «  23 Dixítque Adám : Hoc nunc os ex óssibus meis, et caro de carne mea : hæc vocábitur Virágo, quóniam de viro sumpta est.

« 23. Et Adám dit : Voilà maintenant un os de mes os, et de la chair de ma chair : celle-ci s’appellera Virago, parce qu’elle a été tirée d’un vir. »

Dans l’évènement suivant, l’homme est homme et femme. Jésus donne son corps pour la joie du monde, il est femme. Jésus révèle qu’il est la joie, il est homme :

Luc. XXII «  19 Et accépto pane grátias egit, et fregit, et dedit eis, dicens : Hoc est corpus meum, quod pro vobis datur : hoc fácite in meam commemoratiónem. »

« 19. Et ayant pris du pain, il rendit grâces et le rompit, et le leur donna, disant : Ceci est mon corps, qui est donné pour vous : faites ceci en mémoire de moi. »

Les fruits du palmier sur le dragonnier

Les fruits du palmier grimpant sur le dragonnier possèdent deux significations : une biologique, une théologique.

1°) La signification biologique : les spermatozoïdes jaillis de l’éjaculation montent par le col, l’utérus et les trompes de Fallope vers les ovaires.

2°) La signification théologique :

Joan.  III «  13 Et nemo ascéndit in cælum, nisi qui descéndit de cælo, Fílius hóminis, qui est in cælo. 14 Et sicut Móyses exaltávit serpéntem in desérto, ita exaltári opórtet Fílium hóminis : 15 ut omnis qui credit in ipsum, non péreat, sed hábeat vitam ætérnam. 16 Sic enim Deus diléxit mundum, ut Fílium suum unigénitum daret : ut omnis qui credit in eum, non péreat, sed hábeat vitam ætérnam. 17 Non enim misit Deus Fílium suum in mundum, ut júdicet mundum, sed ut salvétur mundus per ipsum.”

« 13. Car personne n’est monté au ciel que celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel. 14. Et comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé ; 15. Afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. 16. Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. 17. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. »

Le spermatozoïde est crucifié dans l’ovule. Il meure pour donner à l’ovule une vie personne, pour en en faire un homme. La femme est la croix, celle qui attire l’homme à donner sa vie, et l’homme le crucifié, celui qui donne sa vie à la femme. Voyez dans le commentaire sur la grotte de Lascaux le chap. La croix-propulseur et la lettre encyclique Ecce Lignum.

Il est presque certain que l’interprétation de Jérôme Bosch se trouvait déjà dans la xylographie de Wolgemut. La source de vie est associée au sexe d’Ève et, sur la gauche, du côté d’Adam, un chemin serpente au pied du rocher. Le serpent est le sexe d’Adam.

La mare

Nous voyons dans le coin un poisson-canard en habit de moine en train de lire. Il représente le moine qui ne comprend pas la parole de Dieu. Le bas du corps celui d’un poisson, c’est l’image de l’homme qui jouit des plaisirs de la chair, comme nous le montrerons dans le commentaire du panneau central. Le haut du corps celui d’un oiseau, image de l’homme qui pense aux plaisirs de la chair et désir les atteindre. Le moine poisson-canard est un mauvais moine qui fait le chemin inverse à celui du bon moine.

L’homme jouit dès le début de sa vie dans la relation qu’il a avec sa mère. Le mauvais moine s’éloigne de la jouissance pour ne faire qu’y penser avec mépris, tout en cherchant à ne jamais les atteindre. Il est poisson puis oiseau sans ailes. L’homme jouit des le début de sa vie mais d’une jouissance imparfaite qui est un appel à des jouissances parfaites. L’homme est invité à penser ardemment à la jouissance afin d’atteindre les jouissances parfaite. L’homme saint, celui qui se donne à la volonté de Dieu, est petit poisson au début, puis intensément oiseau et enfin grand poisson.

La parole de Dieu est une invitation aux joies de la chair. Sainte Thérèse de l’enfant Jésus et de la Sainte Face l’a parfaitement compris, elle veut s’effeuiller, se déshabiller pour réjouir le bon Dieu. Elle a compris que la vie chrétienne est un déshabillement qui nous prépare à la nudité du paradis céleste.

 

« Je veux souffrir par amour et même jouir par amour, ainsi je jetterai des fleurs devant ton trône, je n’en rencontrerai pas une sans l’effeuiller pour toi... puis en jetant mes fleurs je chanterai, (pourrait-on pleurer en faisant une aussi joyeuse action ?) je chanterai, même lorsqu’il me faudra cueillir mes fleurs au milieu des épines et mon chant sera d’autant plus mélodieux que les épines seront longues et piquantes. »

Manuscrit B – deuxième partie, 4 r°, 8 septembre 1896.

 

« Les pétales des fleurs, caressant ton Visage

Te disent que mon cœur est à toi sans retour

De ma rose effeuillée tu comprends le langage

Et tu souris à mon amour. »

PN 34, 1896.

 

« Pour toi, je dois mourir, enfant, beauté Suprême

Quel heureux sort !

Je veux en m’effeuillant te prouver que je t’aime

O mon Trésor !...

Sous tes pas enfantins, je veux avec mystère

Vivre ici-bas

Et je voudrais encor adoucir au Calvaire

Tes derniers pas !.... »

PN 51, 19 mai 1897.

Cant. V

 

3 « Expoliávi me túnica mea : quómodo índuar illa ? »

3. « Je me suis dépouillée de ma tunique ; comment m’en revêtirai-je ? »

 

 

Is LXII

 

«  5 Habitábit enim júvenis cum vírgine,

« 5. Car le jeune homme habitera avec la vierge,

et habitábunt in te fílii tui ;

et tes fils habiteront en toi.

et gaudébit sponsus super sponsam,

Et l’époux se réjouira en son épouse,

et gaudébit super te Deus tuus. »

et ton Dieu se réjouira en toi. »

 

 

« Hier, le chant de la “Rose effeuillée” m’a remis en mémoire un cher souvenir. C’est la Mère Marie-Henriette du Carmel de Paris, avenue de Messine, qui m’avait demandé de prier Ste Thérèse de l’enfant-Jésus de lui composer une poésie sur ce sujet. Comme il répondait aux sentiments de notre chère Sainte, elle y mit tout son cœur. Mère Henriette en fut très contente, seulement elle m’écrivit qu’il manquait un dernier couplet expliquant qu’à la mort, le bon Dieu recueillerait ces pétales effeuillés pour en reformer une belle rose qui brillerait toute l’éternité. Alors, Sr Thérèse de l’enfant Jésus me dit :

“Que la bonne Mère fasse elle-même ce couplet comme elle l’entend, pour moi je ne suis pas du tout inspirée de le faire. Mon désir est d’être effeuillée à tout jamais, pour réjouir le bon Dieu. Un point, c’est tout !...” »

Mai 1897, Autres paroles de Sainte Thérèse, recueillies par Sœur Marie de la Trinité,

billet à Mère Agnès de Jésus, le 17 janvier 1935.

 

Sainte Thérèse nous enseigne que le chemin de l’effeuillage est un vrai chemin de Croix. Comprendre que le Seigneur nous appelle aux joies de la chair ne s’oppose en rien à la tradition chrétienne qui a toujours enseigné qu’on atteint le bonheur par la Croix. Tout est affaire d’humilité. Il s’agit de laisser Dieu exercer sa puissance sur nous. La Croix est la puissance que Dieu met en œuvre pour nous donner la jouissance divine. Nous l’acceptons si nous acceptons de nous laisser faire, de laisser Dieu nous donner l’humilité pour être capables de recevoir la Croix, la jouissance, sa puissance, ces trois choses n’en sont qu’une.

La chouette

La chouette dans l’œuvre de Jérôme Bosch a souvent été mal interprétée par les commentateurs. On y a vu une représentation du mal. C’est une grossière erreur. Dans la loi de Moïse, la chouette et le hibou sont des animaux impurs (Dt 14, 15 ; Lv 11, 16). Dans le livre d’Isaïe, le hibou peuple une terre désolée et maudite par le Seigneur (13, 22). Cette impureté légale et cette image ne suffisent pas pour consacrer le hibou comme une image du mal, d’autant plus qu’un psalmiste lui donne une très haute dignité, celle d’être l’image du pauvre :

Ps. CI « 1 Orátio páuperis, cum ánxius fúerit, et in conspéctu Dómini effúderit precem suam. (…)

«  1. Oraison du pauvre. Lorsqu’il est dans l’anxiété, et qu’en présence du Seigneur il répand sa prière. (…)

7 Símilis factus sum pellicáno solitúdinis ;

7. Je suis devenu semblable au pélican du désert ;

factus sum sicut nyctícorax in domicílio. »

je suis devenu comme le hibou dans sa demeure. »

C’est justement cette image que Jérôme Bosch a choisi dans un dessin qui est de toute évidence un autoportrait Le champ a des yeux, la forêt des oreilles (plume et bistre, 20,2×12,7 cm, Staatliche Museen, Berlin). La chouette est un animal qui voit parfaitement clair dans l’obscurité, cette caractéristique en fait facilement une image de Dieu et du prophète.

Ps. CXXXVIII «  11 Et dixi : Fórsitan ténebræ conculcábunt me ;

« 11. Et j’ai dit : Peut-être que les ténèbres me couvriront ;

et nox illuminátio mea in delíciis meis.

et la nuit est une lumière autour de moi dans mes plaisirs,

12 Quia ténebræ non obscurabúntur a te,

12. Car les ténèbres ne seront pas obscures pour vous,

et nox sicut dies illuminábitur :

et la nuit sera éclairée comme le jour :

sicut ténebræ ejus, ita et lumen ejus. »

comme sont les ténèbres de celle-là, de même aussi est la lumière de celui-ci. »

La vulgate est ici un peu difficile comme souvent dans les psaumes, cependant un passage est lumineux :

« Quia ténebræ non obscurabúntur a te, »

« Car les ténèbres ne seront pas obscures pour vous, »

Quel est l’animal dont on peut affirmer ceci ? Les rapaces nocturnes, dont la chouette et le hibou. Il est donc très clair que la chouette dans les œuvres de Jérôme Bosch est une image de la présence de Dieu.

Cette interprétation fondée se change en certitude lorsqu’on a observé que les trois chouettes semblables du tableau, il y en a encore une autre dans la chevauchée mais d’aspect très différent, font le récit de l’histoire de Jacob à partir du moment où il quitte son père et sa mère pour s’attacher non à sa femme mais à ses deux femmes et aux deux servantes de ses femmes (Gn 28-32). Ceux qui ont déjà lu cette histoire mouvementée et très amusante savent qu’elle est le récit de l’apprentissage de la vie sexuelle. C’est le chemin vers le paradis céleste. Les trois chouettes racontent trois épisodes de la vie de Jacob : L’échelle de Jacob (Gn 28), Le combat de Jacob (Gn 32, 22-30) et L’issue de ce combat (Gn 32, 31-32).

L’histoire de Jacob est un apprentissage de la vie sexuelle, une préparation à l’entrée dans le paradis céleste. Regardons maintenant ce paradis céleste afin d’apprendre nous aussi à nous y vivre éternellement.


Panneau central : Le paradis céleste


En haut, au milieu des bras des quatre fleuves, se trouve une sphère bleue abritant les jeux sexuels d’un homme et d’une femme. On aperçoit derrière une autre personne et à droite encore une autre montrant son cul. On peut raisonnablement penser que d’autres hommes et femmes habitent réellement la sphère et se livrent à toutes sortes de plaisirs qui ne sont pas montrés directement dans le tableau.

Gen. II «  10 Et flúvius egrediebátur de loco voluptátis ad irrigándum paradísum, qui inde divíditur in quátuor cápita. »

« 10. De ce lieu de volupté [le paradis] sortait un fleuve pour arroser le paradis, et qui ensuite se divise en quatre canaux. »

Répondre à l’objection : « Au paradis céleste, les élus sont vêtus. »

1°) Nous avons déjà cité le témoignage de Sœur Marie de la Trinité sur la réponse que Thérèse la cochonne donne à cette objection.

2°) Voici un témoignage de Saint Jean apôtre, évangéliste et amant de la Sainte Vierge.

Apoc. VI «  9 Et cum aperuísset sigíllum quintum, vidi subtus altáre ánimas interfectórum propter verbum Dei, et propter testimónium, quod habébant : 10 et clamábant voce magna, dicéntes : Usquequo Dómine (sanctus et verus), non júdicas, et non víndicas sánguinem nostrum de iis qui habitant in terra ? 11 Et datæ sunt illis síngulæ stolæ albæ : et dictum est illis ut requiéscerent adhuc tempus módicum donec compleántur consérvi eórum, et fratres eórum, qui interficiéndi sunt sicut et illi. »

« 9. Lorsqu’il eut ouvert le cinquième sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui ont été tués à cause de la parole de Dieu, à cause du témoignage qu’ils avaient. 10. Et ils criaient d’une voix forte, disant : Jusques à quand, Seigneur (le saint et le véritable), ne ferez-vous point justice et ne vengerez-vous point notre sang de ceux qui habitent la terre ? 11. Et une robe blanche fut donnée à chacun d’eux ; et il leur fut dit qu’ils attendissent en repos encore un peu de temps, jusqu’à ce que fût accompli le nombre de ceux qui servaient Dieu comme eux, et celui de leurs frères qui devaient être tués comme eux. »

On ne peut être plus clair : le vêtement blanc que portent les élus dans le ciel aujourd’hui est un vêtement d’attente. Saint Jean a vu le ciel avant la fin du monde, avant la résurrection, c’est pourquoi il a vu des hommes et des femmes habillée. Il n’a pas vu des corps habillés mais des âmes sans corps revêtu d’un vêtement. Aujourd’hui au ciel, seuls le Seigneur Jésus et la Vierge Marie ont un corps. L’âme est autres élus ne peut être recouverte d’un vêtement matériel car elles n’ont pas de corps. La robe blanche signifie la tendresse que Dieu donne aux âmes du ciel pour leur permettre d’attendre sans souffrance, et cependant avec un désir ardent, la résurrection de leur corps.

3°) Lorsque Saint Jean voit la Vierge Marie, Elle qui a un corps, il la voit revêtue du soleil, c’est-à-dire nue.

Apoc. XII « 1 Et signum magnum appáruit in cælo : múlier amícta sole, et luna sub pédibus ejus, et in cápite ejus coróna stellárum duódecim : »

« 1. Et un grand signe parut dans le ciel : Une femme revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles. »

Pour mémoire. Saint Jean ne voit pas le Seigneur Jésus nu car on ne peut voir la gloire de Dieu sans mourir (cf. Ex 33, 20). La Vierge Marie a vu le Seigneur Jésus nu dans la nuit pascale parce qu’elle avait déjà connue la mort au pied de la croix.

4°) Autre témoignage de Saint Jean.

Apoc. XXI «  10 Et sústulit me in spíritu in montem magnum et altum, et osténdit mihi civitátem sanctam Jérusalem descendéntem de cælo a Deo, 11 habéntem claritátem Dei : et lumen ejus símile lápidi pretióso tamquam lápidi jáspidis, sicut crystállum. 12 Et habébat murum magnum, et altum, habéntem portas duódecim : et in portis ángelos duódecim, et nómina inscrípta, quæ sunt nómina duódecim tríbuum filiórum Israël : »

« 10. Et il me transporta en esprit sur une montagne grande et haute, et il me montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, 11. Ayant la clarté de Dieu ; sa lumière était semblable à une pierre précieuse, telle qu’une pierre de jaspe, semblable au cristal. 12. Elle avait une grande et haute muraille, ayant elle-même douze portes, et aux portes douze anges, et des noms écrits, qui sont les noms des douze tribus des enfants d’Israël. »

Saint Jean a vu la Jérusalem céleste de l’extérieur, il voit les murailles et les portes. Au verset 21, il dit voir la place mais il ne voit aucun des habitants. L’Apocalypse nous montre donc seulement les hommes et les femmes habitants du ciel avant la résurrection générale et jamais après. Le jardin des délices montre la Jérusalem céleste après la résurrection, c’est pourquoi nous voyons des corps nus. Le paradis céleste est sur la terre, c’est bien ce qu’annonce la descente de la cité de Dieu sur la terre nouvelle (cf. Ap 21, 2).

5°) Témoignage du prophète Isaïe, la vie dans la Jérusalem éternelle.

Is. LXVI « 12 Quia hæc dicit Dóminus :

« 12. Car voici ce que dit le Seigneur :

Ecce ego declinábo super eam quasi flúvium pacis,

Voilà que moi j’amènerai sur elle comme un fleuve de paix,

et quasi torréntem inundántem glóriam géntium,

et comme un torrent qui se déborde, la gloire des nations,

quam sugétis :

laquelle vous sucerez ;

ad úbera portabímini,

à la mamelle vous serez portés,

et super génua blandiéntur vobis.

et sur les genoux on vous caressera.

13 Quómodo si cui mater blandiátur,

13. Comme quelqu’un que sa mère caresse ,

ita ego consolábor vos,

de même moi je vous consolerai ;

et in Jerusalém consolabímini.”

et c’est dans Jérusalem que vous serez consolés. »

Une mère caresse son enfant lorsqu’il est nu, c’est évident.

6°) Témoignage du Notre-Seigneur, la parabole des invités au banquet selon Saint Matthieu.

Matth. XXII « 9 ite ergo ad éxitus viárum, et quoscúmque invenéritis, vocáte ad núptias. 10 Et egréssi servi ejus in vias, congregavérunt omnes quos invenérunt, malos et bonos : et implétæ sunt núptiæ discumbéntium. 11 Intrávit autem rex ut vidéret discumbéntes, et vidit ibi hóminem non vestítum veste nuptiáli. 12 Et ait illi : Amice, quómodo huc intrásti non habens vestem nuptiálem ? At ille obmútuit. »

« 9. Allez donc dans les carrefours, et tous ceux que vous trouverez, appelez-les aux noces. 10. Et ses serviteurs s’étant dispersés sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, bons et mauvais, et la salle des noces fut remplie de convives. 11. Or le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut un homme qui n’était point revêtu de la robe nuptiale. 12. Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir la robe nuptiale ? Et celui-ci resta muet. »

Un mariage est scellé au moment du consentement mutuel des époux mais il n’est consommé qu’au moment de l’union charnelle des époux. La robe nuptiale définitive est la nudité.

Nous développons plus abondamment le sujet de la nudité au paradis dans un chapitre de la lettre encyclique La théologie du nudisme.

Répondre à l’objection : « Au paradis céleste, il n’y a pas d’activité sexuelle. »

1°) Notre-Seigneur dit qu’au paradis on ne se marie pas.

Luc. XX «  35 illi vero qui digni habebúntur sǽculo illo, et resurrectióne ex mórtuis, neque nubent, neque ducent uxóres : 36 neque enim ultra mori potuérunt : æquáles enim ángelis sunt, et fílii sunt Dei, cum sint fílii resurrectiónis. »

« 35. Mais ceux qui seront trouvés dignes du siècle à venir et de la résurrection des morts, ne se marieront point et n’épouseront point de femmes ; 36. Car ils ne pourront plus mourir ; parce qu’ils sont égaux aux anges, et fils de Dieu, étant fils de la résurrection. »

Le fait de ne pas se marier n’empêche pas physiquement d’avoir des relations sexuelles. Seule la loi concernant le mariage impose un empêchement et cette loi est provisoire. Dans le Jardin des délices nous ne distinguons aucun couple marié sauf celui qui se trouve dans une bulle transparente mais cet endroit du tableau montre la vie terrestre.

2°) Le chapitre LXVI du Livre d’Isaïe décrit la relation de Dieu et avec les élus comme la relation d’une mère avec son enfant. Nous expliquons ailleurs et à maintes reprise, c’est notre unique sujet de prédication, comment cette relation parvient à son terme.

Le Seigneur Jésus


Le bon Pasteur

Le Seigneur Jésus dans le jardin des délices vient amoureusement toucher ses enfants pour savoir s’ils ne manquent de rien et pour leur apprendre éternellement la jouissance. Il est en bas à gauche, Il regarde tendrement un de ses enfants, pose affectueusement sur son épaule la main droite, pendant qu’Il tient, de la main gauche, une branche sortie d’une sphère rose habitée par une femme. Le Seigneur Jésus plein de bonté apprend à son enfant la jouissance. Il lui dit :

Gen. XII «  1 Dixit autem Dóminus ad Abram : Egrédere de terra tua, et de cognatióne tua, et de domo patris tui, et veni in terram quam monstrábo tibi.

« 1. Mais le Seigneur dit à Abram : Sors de ton pays et de ta parenté et de la maison de ton père, et viens dans la terre que je te montrerai. »

Une traduction d’après le texte hébreu lit : « Va pour toi. » Va pour ta jouissance, quitte le monde de la tristesse entre dans le monde la jouissance éternelle.

Le Seigneur Jésus avec une douceur infinie vient à la rechercher des ses enfants chéris pour leur montrer le chemin de la pleine jouissance.

Cant. VI - SPONSA.

— L’Épouse.

« 1 Diléctus meus descéndit in hortum suum ad aréolam arómatum,

« 1. Mon bien-aimé est descendu dans son jardin, dans le parterre des aromates,

ut pascátur in hortis, et lília cólligat.

afin de se repaitre dans les jardins, et de cueillir des lis.

2 Ego dilécto meo, et diléctus meus mihi,

2. Moi, je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi,

qui páscitur inter lília.  »

lui qui se repait parmi les lis. »

Le Seigneur vient vers chacune de ses brebis pour les conduire aux pâturages et aux eaux de la pleine jouissance. Il s’occupe de chacune, Il cherche à savoir si chacune ne manque de rien. Comme son bonheur est de donner la jouissance, de venir enseigner et donner la jouissance, Il se nourrit lorsqu’il descend dans le jardin où vive les créatures qu’Il abreuve de sa jouissance.

Le Crucifié

Le Seigneur Jésus porte sur son dos une fraise avec, au-dessus, comme le nœud d’un joli paquet cadeau et, en bas, une sorte de queue terminée par un feuille ou une fleur bleue cachant le haut de ses fesses. C’est en vérité une feuille devenue fleur. La grosse fraise est fendue par le milieu et laisse échapper comme une éjaculation, c’est le gland du Seigneur jésus. Cette grosse fraise et ce qui l’accompagne est le Seigneur Jésus sur la Croix. Le gland du Seigneur, gland de Dieu, est l’unique gland d’homme qui ait vécu la chasteté parfaite. Cette chasteté parfaite est la croix. La fraise est le Christ en Croix, le serpent de Moïse (Nu 21, 8-9), le ver de terre de David (Ps 21, 7).

Le Seigneur Jésus souffrant, portant la Croix et cloué sur la Croix, a été transformé en fraise, en gland, l’extrémité du phallus décalotté ou circonscris, lieu de la jouissance. Le Seigneur Jésus en effet en souffrant sur la Croix a donné la jouissance à ses créatures, c’est pourquoi il est devenu sur le Croix gland de phallus. La croix et le gland qu’elle produit sont le cadeau du Seigneur Jésus à ses enfants.

Le Seigneur Jésus est montré de dos et ses fesses sont encore un peu cachées. Le mystère de la gratuité n’est pas encore entièrement dévoilé dans le tableau. Nous ne voyons pas encore tous les habitants du paradis célestes dans leurs ébats amoureux. Les ébats sont montrés de manière imagée mais pas directement. À droite l’homme buvant à la gourde que lui présente un autre homme est en train de lui sucer la bite. Cette gourde à la même forme que celle tenue par un homme du groupe en bas à gauche du tableau, en train de contempler leur origine : l’union charnelle d’Adam et Ève. Cette feuille de figuier devenue fleur bleue montre aussi que nous ferons toujours mémoire de la doctrine de la Rédemption telle que le Seigneur Jésus nous l’a d’abord enseigné : au moment même où Il nous donne son Sang, Il ajoute « pour la rémission des péchés », « in remissiónem peccatórum » (Mt 26, 28). L’homme de bonne volonté n’a jamais commis de faute. Lorsque Jésus annonce que son sang est versé pour la rémission des péchés en laissant comprendre que les péchés sont les fautes des hommes, Il prononce un divin mensonge, un mensonge d’amour dont nous nous souviendrons toujours.

La Porte des brebis

Cette feuille-fleur cache encore la porte du paradis céleste, le trou du cul du Seigneur Jésus.

Joan. X « 7 Dixit ergo eis íterum Jesus : Amen, amen dico vobis, quia ego sum óstium óvium. 8 Omnes quotquot venérunt, fures sunt, et latrónes, et non audiérunt eos oves. 9 Ego sum óstium. Per me si quis introíerit, salvábitur : et ingrediétur, et egrediétur, et páscua invéniet. »

« 7. Jésus leur dit donc encore : En vérité, en vérité, je vous le dis, c’est moi qui suis la porte des brebis. 8. Tous ceux qui sont venus sont des voleurs et des larrons, et les brebis ne les ont point écoutés. 9. C’est moi qui suis la porte. Si c’est par moi que quelqu’un entre, il sera sauvé ; et il entrera, et il sortira, et il trouvera des pâturages. »



Dans le trou du cul du Seigneur se trouve les pâturages « páscua » promis. C’est ce que montre les fleurs plantées dans l’anus d’un l’homme (voir ci-dessous). Le trou du cul du Seigneur est la Porte des brebis. C’est aussi ce que montre le cul que l’on voit dépasser par l’ouverture de la sphère bleue, Porte du Ciel descendue sur la terre. On donne le nom de porte du ciel à la Vierge Marie parce qu’Elle nous a donné Jésus qui est le paradis mais il est encore plus vrai de dire que Jésus est la porte du ciel, et plus exactement que la partie la plus charnelle de Jésus est la porte du ciel, car c’est l’Incarnation du Fils de Dieu qui nous ouvre la porte du monde divin.

L’homme est serpent et la femme est pâturage, maison de Dieu et porte du Ciel, « domus Dei, et porta cæli » (Gn 28, 17). Cependant l’homme est aussi pâturage, maison et porte et la femme serpent-cracheur, « terram fluéntem lacte et melle », « terre où coulent du lait et du miel » (Lv 20, 24). Le plaisir du Seigneur Jésus est d’avoir plusieurs pâturages à offrir au serpent qui avance sur son ventre et mange de la terre tous les jours de sa vie (cf. Gn 3, 14).

Le Seigneur Jésus vient amoureusement à la rencontre des hommes en se portant Lui-Même Crucifié. Selon la plus pure doctrine chrétienne le Christ est à la fois le Prêtre, parce qu’Il opère le sacrifice, l’autel parce que son corps est le lieu unique où s’opère le sacrifice et la victime car il s’offre Lui-Même en sacrifice.

La Vierge Marie

Elle est l’épouse, la seule femme qui porte le voile de la mariée.

Elle est l’épouse, la seule femme qui porte le voile de la mariée.

Gen. XXIV «  62 Eo autem témpore deambulábat Isaac per viam quæ ducit ad púteum, cujus nomen est Vivéntis et vidéntis : habitábat enim in terra austráli : 63 et egréssus fúerat ad meditándum in agro, inclináta jam die : cumque elevásset óculos, vidit camélos veniéntes procul. 64 Rebécca quoque, conspécto Isaac, descéndit de camélo, 65 et ait ad púerum : Quis est ille homo qui venit per agrum in occúrsum nobis ? Dixítque ei : Ipse est dóminus meus. At illa tollens cito pállium, opéruit se. 66 Servus autem cuncta, quæ gésserat, narrávit Isaac. 67 Qui introdúxit eam in tabernáculum Saræ matris suæ, et accépit eam uxórem : et in tantum diléxit eam, ut dolórem, qui ex morte matris ejus accíderat, temperáret. »

« 62. En ce même temps se promenait Isaac dans le chemin qui mène au puits dont le nom est puits Du vivant et voyant ; car il habitait dans la terre australe. 63. Et il était sorti pour méditer dans la campagne, le jour étant déjà sur son déclin : et comme il avait levé les yeux, il vit les chameaux venant de loin. 64. Rébecca aussi, Isaac aperçu, descendit de son chameau, 65. Et dit au serviteur : Quel est cet homme qui vient par la campagne, à notre rencontre ? Et il lui dit : C’est mon maitre. Et elle, prenant aussitôt son voile, se couvrit. 66. Or le serviteur raconta tout ce qu’il avait fait, à Isaac, 67. Qui conduisit Rébecca dans la tente de Sara sa mère, et la reçut pour femme : et il l’aima tellement, qu’il tempéra la douleur qu’il avait eue de la mort de sa mère. »

Au jardin des délices, la Vierge Marie se donne à ses enfants. La Vierge Marie est vierge dans le sens qu’Elle n’a jamais rien refusée à Dieu. Dans le paradis céleste, Elle est donnée à son divin Fils et son divin Fils nous La donne à nous et Elle consent avec la plus grande jouissance car c’est sa jouissance de faire la jouissance de ses enfants. La Vierge Marie est une bonne mère.

Is. LXII «  4 Non vocáberis ultra Derelícta,

« 4. Tu ne seras plus appelée Délaissée,

et terra tua non vocábitur ámplius Desoláta ;

et ta terre ne sera plus appelée Désolée ;

sed vocáberis, Volúntas mea in ea,

mais tu seras appelée Ma volonté en elle,

et terra tua Inhabitáta,

et ta terre Inhabitée,

quia complácuit Dómino in te,

parce que le Seigneur s’est complu en toi ;

et terra tua inhabitábitur.

et ta terre sera inhabitée.

5 Habitábit enim júvenis cum vírgine,

5. Car le jeune homme habitera avec la vierge,

et habitábunt in te fílii tui ;

et tes fils habiteront en toi.

et gaudébit sponsus super sponsam,

Et l’époux se réjouira en son épouse,

et gaudébit super te Deus tuus. »

et ton Dieu se réjouira en toi. »

Elle est la pleine de grâce, Celle qui accueille en plénitude la Gratuité. Elle nous protège du sentiment de culpabilité qui empêche d’accueillir la Gratuité. C’est pourquoi, dans le tableau, nous La voyons protégeant le personnage qui se livre à une jouissance qui peut paraitre honteuse parce qu’elle est purement gratuite, parce qu’elle n’a aucune relation avec la génération des enfants, la jouissance anale.

Pour mémoire. La Gratuité, par définition, est ce qui est donné sans être fabriqué. Il est donc impossible de changer la pénétration vaginale en un plaisir gratuit, dans le sens qu’elle n’a plus de relation avec la génération, par le moyen artificiel de la contraception. Les enfants aussi sont un don gratuit de Dieu. Nous devons recevoir de Dieu tout ce qu’Il nous donne : les enfants, les plaisirs attachées à la génération et les plaisirs non attachés à la génération.

La religieuse

Is. LIV «  1 Lauda, stérilis, quæ non paris ;

« 1. Loue le Seigneur, stérile, qui n’enfantes pas ;

decánta laudem, et hinni, quæ non pariébas :

chante sa louange, et pousse des cris de joie, toi qui n’enfantais pas :

quóniam multi fílii desértæ

parce que les fils de la délaissée seront plus nombreux

magis quam ejus quæ habet virum, dicit Dóminus.

que les fils de celle qui a un mari, dit le Seigneur.

2 Diláta locum tentórii tui,

2. Élargis l’enceinte de ta tente,

et pelles tabernaculórum tuórum exténde :

et étends les peaux de tes tabernacles ;

ne parcas :

n’épargne rien ;

longos fac funículos tuos,

allonge tes cordages,

et clavos tuos consólida.

et affermis tes pieux.

3 Ad déxteram enim et ad lævam penetrábis,

3. Car tu pénètreras à droite et à gauche,

et semen tuum gentes hæreditábit,

et ta race aura des nations pour héritage,

et civitátes desértas inhabitábit.

et elle habitera des villes auparavant désertes.

4 Noli timére, quia non confundéris,

4. Ne crains pas, parce que tu ne seras pas confondue,

neque erubésces ; non enim te pudébit,

et tu ne rougiras pas ; car tu n’auras pas de honte,

quia confusiónis adolescéntiæ tuæ obliviscéris,

parce que tu oublieras la confusion de ta jeunesse ;

et oppróbrii viduitátis tuæ non recordáberis ámplius.

et de l’opprobre de ta viduité, tu ne te souviendras plus.

5 Quia dominábitur tui qui fecit te,

5. Parce que celui qui t’a faite te dominera ;

Dóminus exercítuum nomen ejus,

le Seigneur des armées est son nom,

et redémptor tuus, Sanctus Israël :

et ton rédempteur, le saint d’Israël,

Deus omnis terræ vocábitur.

sera appelé le Dieu de toute la terre.

6 Quia et mulíerem derelíctam et mœréntem spíritu

6. Car le Seigneur t’a appelée

vocávit te Dóminus,

comme une femme délaissée et affligée d’esprit,

et uxórem ab adolescéntia abjéctam,

et comme une femme répudiée dès sa jeunesse,

dixit Deus tuus. »

a dit ton Dieu. »

Ces promesses divines pour les femmes délaissées ou stériles dans l’Ancien Testament s’appliquent aussi pour les femmes qui ont répondu à l’appel de la consécration religieuse et de la virginité. On aperçoit une femme enceinte portant un voile de religieuse sur la tête. À sa droite et à sa gauche se trouvent une femme et un homme, ses enfants. Ils sont dans une demi-Sphère transparente, dans une tente devenue trop étroite pour eux et leur mère. La seule femme qu’on aperçoit enceinte au jardin des délices est une de celles qui ont répondu à l’appel de la vie religieuse. La grossesse de la religieuse est bien entendu une image de la fécondité spirituelle et n’indique pas qu’il y a des femmes enceintes au paradis céleste. Cependant nous connaitrons la joie de la femme enceinte car nous serons toutes et tous mère selon la parole du Seigneur :

Luc. VIII «  21 Qui respóndens, dixit ad eos : Mater mea et fratres mei hi sunt, qui verbum Dei áudiunt et fáciunt. »

« 21. Jésus répondant, leur dit : Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui l’accomplissent. »

La tente de l’isolement de la religieuse est surmontée d’une branche épineuse qui vient la faire saigner entre les jambes. Cette effusion du sang au niveau du sexe est la représentation du martyre de la virginité.

Pour mémoire. Une tache rouge est visible sous les fesses de la religieuse dans l’image ci-dessus trouvée dans un livre mais elle n’est pas visible sur le tableau dans l’état ou il se trouve en 2012.

Hierónymus Stridonénsis (c.347-420), Epístola ad Demetríadem, Epist. CXXX, 5, PL 22, col.1110 :

« Habet et serváta pudicítia martýrium suum. »

« Elle possède aussi son martyre, celle qui garde la chasteté. »

Le poisson sur une potence




L’observation de ce motif suffit pour nous convaincre que le tableau Le jardin des délices est un prodige, il est d’une richesse et d’une perfection extraordinaires.

Num. XXI «  8 et locútus est Dóminus ad eum : Fac serpéntem aéneum, et pone eum pro signo : qui percússus aspéxerit eum, vivet. 9 Fecit ergo Móyses serpéntem aéneum, et pósuit eum pro signo : quem cum percússi aspícerent, sanabántur. »

« 8. Et le Seigneur lui dit : Fais un serpent d’airain, et expose-le comme un signe : celui qui ayant été blessé, le regardera, vivra. 9. Moïse fit donc un serpent d’airain et l’exposa comme un signe : lorsque les blessés le regardaient, ils étaient guéris. »

Joan. III «  14 Et sicut Móyses exaltávit serpéntem in desérto, ita exaltári opórtet Fílium hóminis : 15 ut omnis qui credit in ipsum, non péreat, sed hábeat vitam ætérnam. 16 Sic enim Deus diléxit mundum, ut Fílium suum unigénitum daret : ut omnis qui credit in eum, non péreat, sed hábeat vitam ætérnam. »

« 14. Et comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé ; 15. Afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. 16. Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. »

Joan. XII « 32 Et ego, si exaltátus fúero a terra, ómnia traham ad meípsum. »

« 32. Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai toutes les choses à moi ; »

Cant. I « 3 Trahe me, post te currémus

« 3. Entraine-moi ; après toi nous courrons

in odórem unguentórum tuórum.

à l’odeur de tes parfums.

Introdúxit me rex in cellária sua ;

Le roi m’a introduite dans ses celliers ;

exsultábimus et lætábimur in te,

nous exulterons et nous nous réjouirons en toi,

mémores úberum tuórum super vinum.

nous souvenant de tes mamelles supérieures au vin :

Recti díligunt te. »

les cœurs droits te chérissent. »

Marc. I «  17 et dixit eis Jesus : Veníte post me, et fáciam vos fíeri piscatóres hóminum. »

« 17. Et Jésus leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. »

Cant. VI « 3 Pulchra es, amíca mea ;

« 3. Tu es belle, mon amie,

suávis, et decóra sicut Jerusalém ;

douce et gracieuse comme Jérusalem :

terríbilis ut castrórum ácies ordináta.

terrible comme une armée rangée en bataille. »

Gen. III «  6 Vidit ígitur múlier quod bonum esset lignum ad vescéndum, et pulchrum óculis, aspectúque delectábile : et tulit de fructu illíus, et comédit : dedítque viro suo, qui comédit. »

« 6. La femme donc vit que le bois était bon à manger, beau à voir et d’un aspect qui excitait le désir ; elle en prit, en mangea et en donna à son mari, qui en mangea. »

Matth. XXVI «  26 Cœnántibus autem eis, accépit Jesus panem, et benedíxit, ac fregit, dedítque discípulis suis, et ait : Accípite, et comédite : hoc est corpus meum. »

« 26. Or, pendant qu’ils soupaient, Jésus prit le pain, le bénit, le rompit, et le donna à ses disciples, et dit : Prenez et mangez ; ceci est mon corps. »

Toutes ces citations sont reproduites dans le motif du poisson sur une potence avec les personnages qui l’entourent. Tout se mêle.

L’épouse attire son mari hors de l’eau par la nourriture qu’elle lui présente. Elle l’appâte au moyen des ses charmes pour le faire sortir de la mort de la causalité et le conduire à la vie de la jouissance gratuite.

Terrible comme une armée en bataille, elle le suspend à la croix. Elle le contraint, par le désir qu’elle fait naitre en lui, de capituler, de ne plus se conserver, mais de mourir pour elle et cette mort, ce dont de soi, est la source de toute la jouissance.

De cette croix l’époux attire tout à lui et donne à manger le pain de son corps, le Pain de son corps immolé. De cette croix, l’époux attire tout à lui à la connaissance de la jouissance qu’il possède sur la croix. De la croix, il appelle les hommes à venir dans son cellier, dans les jouissances de la chair qu’il a à offrir aux hommes.

Ainsi l’Église devient pécheur d’hommes. Elle donne aux hommes le gout de la jouissance quelle a connue et connait encore. Les hommes péchés sont alors des crucifiés qui attirent eux aussi vers l’époux, « Attire-moi ; après toi nous courrons » (Ct 1, 3) ; le corps de l’Église grandit, l’Armée devient toujours plus nombreuse.

C’est sublimissimement sublime, merveilleux, tout y est, tout y est, c’est un vertige.

Les tables de la loi

La fin du culte de la loi de Moïse et du culte des sacrements

Nous voyons deux tables rangées dans un coin du tableau comme des objets devenus maintenant inutiles. Ce sont les tables de la loi, la table du décalogue, la loi de l’ancienne Alliance, et la table de l’autel chrétien, la loi de la nouvelle Alliance. On voit encore qu’elle était faite de pierre, elles sont veinées comme le marbre, de bleu pour la table du décalogue, de jaune pour la table de l’autel. Cependant elles sont devenues rose comme la chair, elles sont devenues des tables de chair. La loi autrefois écrites sur des tables de pierre a passé sur les cœurs de chair, elle n’a plus besoin d’exister à l’extérieur, elle est devenue intérieure pour tous les habitants du paradis céleste :

Jer. XXXI « 33 Sed hoc erit pactum quod fériam cum domo Israël

« 33. Mais voici l’alliance que je ferai avec la maison d’Israël

post dies illos, dicit Dóminus :

après ces jours-là, dit le Seigneur :

dabo legem meam in viscéribus eórum,

Je mettrai ma loi dans leurs entrailles,

et in corde eórum scribam eam,

et je l’écrirai dans leur cœur ;

et ero eis in Deum,

et je serai leur Dieu,

et ipsi erunt mihi in pópulum :

et eux seront mon peuple.

34 et non docébit ultra vir próximum suum

34. Et un homme n’instruira plus son prochain,

et vir fratrem suum,

et un homme son frère,

dicens : Cognósce Dóminum :

disant : Connais le Seigneur ;

omnes enim cognóscent me,

car tous me connaitront,

a mínimo eórum usque ad máximum, ait Dóminus :

depuis le plus petit d’entre eux jusqu’au plus grand, dit le Seigneur ;

quia propitiábor iniquitáti eórum,

parce que je pardonnerai leur iniquité,

et peccáti eórum non memorábor ámplius. »

et que de leur péché je ne me souviendrai plus. »

Le sacrifice est le don de notre cœur à Dieu pour qu’Il y inscrive sa loi, la Gratuité. Une fois que la Gratuité est inscrite, il n’y a plus de sacrifice, nous sommes déjà sacrifiés et, parce que notre cœur appartient à Dieu, nous jouissons de la jouissance de Dieu.

Les tables posés dans un coin, devenues inutiles, montre qu’au paradis éternelle le culte de la loi de Moïse et celui des sacrements sont tous les deux terminées et que ne demeure que le culte de la jouissance sexuelle. Elles montrent aussi que les cultes anciens sont terminés pour les hommes qui ont appris dès le temps de la vie terrestre que Dieu désir le culte de la jouissance sexuelle.

L’épisode du veau d’or, image prophétique du culte définitif

Dieu a pris le néant, dur comme de la pierre. Il a écrit sa loi sur ce néant et cette écriture a dissout dans le néant sa dureté et lui a communiqué la douceur divine. La dureté est maintenant une chose oubliée, Dieu se trouve face à un néant devenu doux et le néant jouit de la douceur qui lui a été donnée.

Cette transformation, Dieu ne l’a pas accomplie sans heurt. Il a voulu laisser au néant une part de sa dureté afin de la lui faire connaitre. Le néant a donc résisté durement. L’épisode du veau d’or dans le désert fait le récit d’un de ces heurts entre l’action de Dieu qui donne la douceur et le néant qui résiste à cette douceur. Cet épisode est très riche, il faut beaucoup de la délicatesse pour le comprendre pleinement. Voici quelques moments de l’épisode.

Ex. XXXI « 18 Dedítque Dóminus Móysi, complétis hujuscémodi sermónibus in monte Sinaí, duas tábulas testimónii lapídeas, scriptas dígito Dei. »

Ex. XXXII, 5 « Aarón, ædificávit altáre coram eo, et præcónis voce clamávit dicens : Cras solémnitas Dómini est. 6 Surgentésque mane, obtulérunt holocáusta, et hóstias pacíficas, et sedit pópulus manducáre, et bíbere, et surrexérunt lúdere. (…)

19 Cumque appropinquásset ad castra, vidit vítulum, et choros : iratúsque valde, projécit de manu tábulas, et confrégit eas ad radícem montis : 20 arripiénsque vítulum quem fécerant, combússit, et contrívit usque ad púlverem, quem sparsit in aquam, et dedit ex eo potum fíliis Israél. (…)

24 Quibus ego dixi : Quis vestrum habet aurum ? Tulérunt, et dedérunt mihi : et projéci illud in ignem, egressúsque est hic vítulus. 25 Videns ergo Móyses pópulum quod esset nudátus (spoliáverat enim eum Aarón propter ignomíniam sordis, et inter hostes nudum constitúerat), » 26 et stans in porta castrórum, ait : Si quis est Dómini, jungátur mihi. Congregatíque sunt ad eum omnes fílii Leví : 27 quibus ait : Hæc dicit Dóminus Deus Israél : Ponat vir gládium super femur suum : ite, et redíte de porta usque ad portam per médium castrórum, et occídat unusquísque fratrem, et amícum, et próximum suum. 28 Fecerúntque fílii Leví juxta sermónem Móysi, ceciderúntque in die illa quasi vigínti tria míllia hóminum. 29 Et ait Móyses : Consecrástis manus vestras hódie Dómino, unusquísque in fílio, et in fratre suo, ut detur vobis benedíctio. »

« 18. Or, le Seigneur ayant achevé les discours de cette sorte sur la montagne de Sinaí, donna à Moïse les deux tables de pierre du témoignage, écrites du doigt de Dieu. »

5. « Aarón, il bâtit un autel devant le veau, et il cria par la voix d’un héraut : Demain est une solennité du Seigneur. 6. Et, se levant le matin, ils offrirent des holocaustes et des hosties pacifiques, et le peuple s’assit pour manger et pour boire, et ils se levèrent pour jouer. (…)

19. Et lorsqu’il [Moïse] se fut approché du camp, il vit le veau et les danses ; alors très irrité, il jeta les tables qu’il tenait à la main, et les rompit au pied de la montagne ; 20. Puis saisissant le veau qu’ils avaient fait, il le brula, et le brisa jusqu’à le réduire en poudre, qu’il répandit dans l’eau, et il donna de cette poudre à boire aux enfants d’Israël. (…)

24. Moi [Aaron], je leur ai dit : Qui de vous a de l’or ? Ils l’ont apporté et me l’ont donné ; et je l’ai jeté dans le feu, et il en est sorti ce veau. 25. Moïse voyant donc que le peuple avait été mis nu (car Aarón l’avait dépouillé pour une ignominie d’ordure, et l’avait mis nu au milieu de ses ennemis), » 26. Et se tenant à la porte du camp, dit : Si quelqu’un est au Seigneur, qu’il se joigne à moi. Et tous les enfants de Leví se réunirent auprès de lui ; 27. Il leur dit : Voici ce que dit le Seigneur Dieu d’Israël : Que chaque homme mette un glaive sur sa cuisse : allez et revenez d’une porte à l’autre au travers du camp, et que chacun tue son frère, son ami, et celui qui lui est le plus proche. 28. Et les fils de Leví firent selon la parole de Moïse, et il tomba en ce jour-là environ vingt-trois mille hommes. 29. Alors Moïse dit : Vous avez consacré aujourd’hui vos mains au Seigneur, chacun sur son fils et sur son frère, afin que vous soit donnée une bénédiction. »

Résumons. Moïse monte sur la montagne recevoir la loi donnée par Dieu. Il reçoit la loi sous forme orale, la parole de Dieu qu’il entend, et sous forme écrite, sur deux tables de pierre qu’il reçoit. Pendant le temps de cette réception, le peuple trouve le temps long et s’ennuie. Le peuple fabrique un objet de culte en or et, pour se faire se dépouille, de son or. Devant l’objet de culte en or, le peuple fait des sacrifices d’animaux. Une fois la chose accomplie, il commence à jouer. Dieu avertit Moïse de ce qu’il va voir en descendant de la montagne. Moïse descend, voit le peuple qui joue, l’objet de culte en or, le peuple dénudé de son or. Il se met en colère et brise les tables de pierre. Il demande ensuite aux fils de Lévi, hommes choisis par Dieu pour le service du culte, de tuer ceux qui leur sont les plus proches. Il y a un massacre de 23 000 hommes. Moïse annonce aux meurtriers que leur geste leur vaut la bénédiction de Dieu.

Recueillons les éléments qui touchent immédiatement le sujet du jardin des délices. Le peuple se dépouille de l’or, se retrouve nu et joue. Moïse est en colère et brise les tables de pierre. Remarquons bien qu’il n’efface pas le mémoire de la loi orale mais seulement la loi écrite sur la pierre. Les hommes consacré au culte, mettent un glaive sur la cuisse, vont et viennent, plante leur glaive et ainsi consacre leurs mains à Dieu et obtiennent la bénédiction de Dieu.

Pour mémoire. Faisons une remarque au sujet de l’expression « poser un glaive sur sa cuisse ». On la lit aussi dans le psaume XLIV. Il est évident que cette expression signifie mettre son phallus en érection. Ici l’évidence est plus grande encore et sert même de preuve définitive à l’interprétation de cette expression. Moïse demande au Lévites d’utiliser leur glaive dès l’instant et au lieu même où il se trouve. Il ne leur demande pas de partir au loin accomplir une guerre. Dans le cas présent, il est évident que les hommes ne vont pas attacher un fourreau sur leur cuisse pour transporter leur arme jusqu’au lieu du combat. Moïse leur demande de tuer ici et maintenant. Il leur demande de prendre leur glaive en mai aussitôt. Il est donc évident que l’expression « poser un glaive sur sa cuisse » ne signifie pas attacher un fourreau muni d’un glaive sur l’extérieur de la jambe mais de dresser le glaive qui se trouve à proximité immédiate des cuisses d’un homme.

Comprenons l’épisode du veau d’or. Le peuple n’a commis rien de mal. Cependant Moïse n’est pas capable de comprendre encore qu’il n’y a pas de mal et c’est pourquoi Dieu ne le lui révèle pas. Moïse conduit le peuple confié par Dieu avec dureté. Les meurtriers et les victimes sont aussi innocentes les unes que les autres. Les victimes n’ont rien fait de mal, les meurtriers sont durs par ignorance. Dans la suite de l’histoire de la religion, beaucoup de directeurs spirituels, papes, évêques, abbés, confesseurs, ont usé de dureté avec des fidèles qui n’en avaient pas besoin car ils n’avaient déjà plus de cœur de pierre et avait déjà connus la douceur de Dieu.

Découvrons l’image prophétique, le récit d’un évènement futur que contient l’épisode du veau d’or. Le peuple pendant qu’il attend le retour de son chef, se dépouille des fausses richesses. Il accomplit un rituel ancien afin de s’en débarrasser puis se tourne vers le jeu. Les hommes serviteur du culte accomplissent l’acte sexuel pour recevoir la consécration de leurs organes sexuels et la bénédiction de Dieu qui prend plaisir à leur activité sexuelle. L’acte sexuel est un acte du culte. Le chef est en colère. Cette colère est le désir ardent de détruire toute causalité qui nait lorsque l’homme s’approche du plaisir sexuel. Le chef est Dieu qui détruit l’ancien culte de la privation pour laisser grandir le nouveau culte du plaisir sexuel. Le chef brise les tables de pierre sont détruites par le chef du peuple parce que le peuple a déjà reçu la loi dans leur chair par le jeu sexuel.

Voici quelques détails du culte adamique décrits dans ce texte.

1°) Le peuple se livre à l’ignominie : le culte adamique est ignoble pour les hommes dur et il attire sur ses pratiquants le mépris.

2°) Au milieu de ses ennemis : les opposants au culte adamique, les persécuteurs de l’inquisition.

3°) Les Lévites transperce du glaive les personnes qui se trouvent le plus près d’eux. Ils ne cherchent pas mais prennent le partenaire qui se présente.

« Noctu in ábditis locis sacra operári sóliti post quosdam hymnos seu cantilénas extínctis lumínibus, promíscuis ac fortuítis coítibus sese inquinábant. »

« La nuit, dans des lieux cachés, ils avaient coutume de faire leurs dévotions. Après quelques hymnes ou chants, et après avoir éteint les lumières, ils se souillaient par des coïts mêlés et accomplis au hasard. »

Spondanus, ad ann. 1297, num. 9. Il cite Sabellic 9, 7. Pratéolos, Sandérus, Gaultier.

Cité par Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle dans l’article Fratricelli.

Les oiseaux et les poissons

Il y a trois principales catégories d’animaux dans le tableau : les quadrupèdes, les oiseaux et les poissons.

Remarquons aussi les singes dans une grotte (au pied de la sculpture-maison bleue de droite). On voit encore un papillon (sur le chardon bleu à la pointe du lac d’en bas), une sorte de millepatte (à gauche de la sculpture-maison rose de gauche), un animal fantastique (c’est-à-dire plus que les autres, à gauche de la sculpture-maison bleue de droite), un crapaud (à droite de la même sculpture-maison bleue).

Les quadrupèdes sont chevauchés le plus souvent. Les oiseaux et les poissons forment un couple, il faut les interpréter ensemble. Cette association est montrée avec évidence dans le haut du tableau. Dans le ciel, ont voit un poisson volant et un autre porté par un homme avec des ailes.

Dans la mare du paradis terrestre, nous voyons aussi le moine dans l’erreur : le bas du corps est un poisson, le haut un canard, donc un oiseau. Le mouvement est inversé, faussé, ce que montre la brisure entre les deux parties. (Jérôme Bosch utilise ici l’observation d’une tige plongée dans l’eau qui semble brisée par un effet d’optique.).

L’oiseau et le poisson sont tous deux une image du sexe de l’homme mais à des moments différents de l’activité sexuelle. Le sexe de l’homme est oiseau avant de pénétrer le sexe de la femme. Le sexe contient en lui le désir de la rencontre, il emporte l’homme vers la femme et l’union sexuelle, il met l’homme en mouvement pour voler vers un objet éloigné, il est un oiseau.

Le sexe de l’homme contient le désir et le transmet à la volonté chez la femme aussi. En effet le serpent parle à Ève et la convainc. Les oiseaux nourrissant les femmes et les hommes à la béquée sont comme le serpent qui propose à Ève, et aussi par son intermédiaire à Adam, le désir de la jouissance de la chair.

Lorsque le sexe de l’homme pénètre le sexe de la femme, il devient poisson, un poisson dans l’eau. Le sexe n’est plus dans l’air libre, ne fait plus de grand déplacement, il est emprisonné d’eau et glisse par petits mouvements dans le lieu qui le contient.

Le poisson tout en bas du tableau est désigné par un homme à une femme, c’est une invitation à la pénétration. Sur la droite un peu plus haut, un homme tenant un poisson invite deux hommes dans une guérite à le rejoindre pour une partie de plaisir.

Le mauvais moine fait le chemin à l’envers. Il habitué à jouir des plaisirs grossiers de la vie terrestre, il est poisson, puis il apprend à se séparer des plaisirs grossier et à vivre uniquement dans la pensée. Le bon chemin est de penser puis d’aller vers les plaisirs grossiers. Y a-t-il un chemin à faire. Est-ce que l’homme n’aime pas les plaisirs grossiers dès le commencement de sa vie ? Non. Dès le commencement de sa vie, l’homme aime un peu les plaisirs grossiers mais aussi les repoussent. Il doit apprendre à les aimer parfaitement et venir vers eux sans aucune retenue. Il doit y penser souvent et s’en approcher pour apprendre à les aimer avec toujours plus d’ardeur pour accueillir pleinement, à flots abondants, les jouissances éternelles du paradis.

La femme ayant la lune sous ses pieds

Apoc. XII « 1 Et signum magnum appáruit in cælo : múlier amícta sole, et luna sub pédibus ejus, et in cápite ejus corona stellárum duódecim : »

« 1. Et un grand signe parut dans le ciel : Une femme revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles. »

« Revêtue du soleil » est une image poétique pour dire nue.

 

Ps. CXLIII d’après le texte hébreu :

« 12 Que nos fils, comme des plants vigoureux, grandissent en leur jeunesse !

Que nos filles soient comme les colonnes angulaires, sculptées à la façon de celles d’un temple ! »

Pour mémoire, dans la vulgate on lit :

« 12 Quorum fílii sicut novéllæ plantatiónes in juventúte sua ;

« 12. Dont les fils sont comme de nouvelles plantes dans leur jeunesse.

fíliæ eórum compósitæ,

Leurs filles sont parées,

circumornátæ ut similitúdo templi. »

entièrement ornées, ressemblant ainsi à un temple. »

 

Quatre colonnes angulaires dessinent les jambes de la Vierge Marie, temple de Dieu. Elle porte dans son ventre la Sainte et Bienheureuse Trinité faite chair. Il ne faut pas comprendre que les trois Personnes se sont incarnées mais que la Sainte et Bienheureuse Trinité tout entière est présente dans le Seigneur Jésus :

Col. II « 9 quia in ipso inhábitat omnis plenitúdo divinitátis corporáliter :  »

« 9. Car en lui toute la plénitude de la divinité habite corporellement ; »

La Vierge Marie est la Fontaine qui arrose le paradis céleste.

Cant. IV « 12 Hortus conclúsus soror mea, sponsa,

« 12. C’est un jardin fermé que ma sœur, épouse,

hortus conclúsus, fons signátus. »

un jardin fermé, une fontaine scellée. »

Elle est scellée pour être possédée seulement par l’amour et par rien d’autre. Le sceau est le signe de la consécration, de l’appartenance exclusive. Elle appartient exclusivement à Dieu, c’est pourquoi Dieu peut en faire ce qu’Il veut et La donner à ses amis.

Matth.  20 «  15 Aut non licet mihi quod volo, fácere ? an óculus tuus nequam est, quia ego bonus sum ? »

« 15. Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux ? et ton œil est-il mauvais parce que je suis bon ? »



Dans le ventre de la Vierge Marie, dans la sphère bleue, les femmes et les hommes entrent pour jouir. Là se trouve tous les plaisirs, là se trouve le Pain du Ciel qui contient tous les plaisirs.

Sap. XVI « 18 Quodam enim témpore mansuetabátur ignis,

« 18. Quelquefois, le feu tempérait son ardeur,

ne combureréntur quæ ad ímpios missa erant animália,

afin que ne fussent pas brulés les animaux qui avaient été envoyés contre les impies ;

sed ut ipsi vidéntes scirent

et aussi afin qu’eux-mêmes, voyant cette merveille, reconnussent

quóniam Dei judício patiúntur persecutiónem.

que c’était par un jugement de Dieu qu’ils souffraient ces maux.

19 Et quodam témpore in aqua

19. Mais quelquefois c’était dans l’eau

supra virtútem ignis exardescébat úndique,

que, surpassant sa propre vertu, ce feu s’enflammait de tous côtés,

ut iníquæ terræ natiónem extermináret.

afin d’exterminer la nation d’une terre inique.

20 Pro quibus angelórum esca nutrivísti pópulum tuum,

20. Au lieu de cela, vous avez nourri votre peuple de la nourriture des anges ;

et parátum panem de cælo præstitísti illis sine labóre,

et vous leur avez donné un pain venant du ciel, préparé sans travail,

omne delectaméntum in se habéntem,

renfermant en soi toute chose plaisante,

et omnis sapóris suavitátem . »

et ce qui est agréable à tous les gouts. »

Note : « 18. * Ce verset se rapporte à des faits qui ne sont pas consignés dans l’Exode. Cornélius a Lapide et d’autres commentateurs croient que le feu dont parle ici l’auteur sacré désigne des feux qu’allumaient, mais en vain, les Égyptiens pour se délivrer des insectes envoyés contre eux pour les punir. »

Ce passage est mystérieux car il se rapporte à des évènements non consignés par ailleurs dans la Sainte Bible. Ce mélange de feu et d’eau s’applique parfaitement à la jouissance sexuelle. Les femmes et les hommes viennent s’abriter en la Vierge Marie pour jouir du feu tout en étant dans l’eau. Voyez aussi les femmes et hommes devenus flamme (à droite de la sphère bleue). La Vierge Marie apporte une douceur qui nous permet de supporter la brulure de l’amour de Dieu.

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716) : 

« Si nous craignons d’aller directement à Jésus-Christ, ou à cause de sa grandeur infinie, ou à cause de notre bassesse, ou à cause de nos péchés, implorons hardiment l’aide et l’intercession de Marie notre Mère : elle est bonne, elle est tendre ; il n’y a en elle rien d’austère ni rebutant, rien de trop sublime et de trop brillant ; en la voyant, nous voyons notre pure nature. Elle n’est pas le soleil, qui, par la vivacité de ses rayons, pourrait nous éblouir à cause de notre faiblesse ; mais elle est belle et douce comme la lune, qui reçoit la lumière du soleil et la tempère pour la rendre conforme à notre petite portée.

Préparation au Règne de Jésus-Christ, n.85.

La Vierge Marie, la fontaine de vie arrose le paradis nouveau, en vérité elle arrosait déjà le paradis ancien :

Sirac XXIV «  14 Ab inítio et ante sǽcula creáta sum,

14. Dès le commencement et avant les siècles,

et usque ad futúrum sǽculum non désinam :

j’ai été créée, et jusqu’au siècle futur je ne cesserai pas d’être,

et in habitatióne sancta coram ipso ministrávi. »

et dans l’habitation sainte, j’ai exercé devant lui mon ministère. »

Elle arrosait déjà le paradis terrestre, Elle arrose pour toujours le paradis céleste. Autour de sa source se déploient quatre membres, Elle est le trésor des trésors, Elle est la Mère.

Gen. II « 8 Plantáverat autem Dóminus Deus paradísum voluptátis a princípio, in quo pósuit hóminem quem formáverat. 9 Produxítque Dóminus Deus de humo omne lignum pulchrum visu, et ad vescéndum suave lignum étiam vitæ in médio paradísi, lignúmque sciéntiæ boni et mali. 10 Et flúvius egrediebátur de loco voluptátis ad irrigándum paradísum, qui inde divíditur in quátuor cápita. 11 Nomen uni Phisón : ipse est qui círcuit omnem terram Heviláth, ubi náscitur aurum : 12 et aurum terræ illíus óptimum est ; ibi invenítur bdéllium, et lapis onýchinus. 13 Et nomen flúvii secúndi Gehón ; ipse est qui circúmit omnem terram Æthiópiæ. 14 Nomen vero flúminis tértii, Tigris : ipse vadit contra Assýrios. Flúvius autem quartus, ipse est Euphrátes. 15 Tulit ergo Dóminus Deus hóminem, et pósuit eum in paradíso voluptátis, ut operarétur, et custodíret illum : »

« 8. Or le Seigneur Dieu avait planté, dès le commencement, un paradis de volupté, dans lequel il mit l’homme qu’il avait formé. 9. Et le Seigneur Dieu fit sortir du sol toutes sortes de bois beaux à voir, et doux à manger : et aussi le bois de vie au milieu du paradis, et le bois de la science du bien et du mal. 10. De ce lieu de volupté sortait un fleuve pour arroser le paradis, et qui ensuite se divise en quatre canaux. 11. Le nom de l’un est Phisón ; c’est celui qui coule autour de la terre de Heviláth, où vient l’or. 12. Et l’or de cette terre est excellent ; c’est là aussi que se trouve le bdellium et la pierre d’onyx. 13. Le nom du second fleuve est Gehón ; c’est celui qui coule tout autour de la terre d’Éthiopie. 14. Le nom du troisième fleuve est le Tigre ; il se répand du côté de l’Assyrie. Le quatrième fleuve, c’est l’Euphrate. 15. Le Seigneur Dieu prit donc l’homme et le mit dans un paradis de volupté, pour le cultiver et le garder : »

C’est à nous de garder ce trésor et le Seigneur Dieu nous montre l’exemple :

Is. XXVII « 1 In die illa visitábit Dóminus

«  1. En ce jour-là Dieu visitera

in gládio suo duro, et grandi, et forti,

avec son glaive dur et grand et fort,

super Leviathán, serpéntem vectem,

Léviathan, serpent bâton fuyant,

et super Leviathán, serpéntem tortuósum,

Léviathan, serpent tortueux,

et occídet cetum qui in mari est.

et il tuera le grand poisson qui est dans la mer.

2 In die illa vínea meri cantábit ei.

2. En ce jour-là la vigne du vin pur le chantera.

3 Ego Dóminus qui servo eam ;

3. Moi, le Seigneur qui la garde,

repénte propinábo ei.

je l’arroserai soudain ;

Ne forte visitétur contra eam,

de peur qu’elle ne soit endommagée,

nocte et die servo eam. »

nuit et jour je la garde. »

La mare du paradis céleste

La mare est déplacée par rapport au paradis terrestre. Elle a pris la place de la fontaine de vie, celle-ci est poussée un peu plus loin. Il semble que la mare désigne la matérialité du sexe de la femme tandis que la fontaine de vie en désigne la poésie. Le temps est pour faire grandir la poésie, et l’éternité pour jouir de la matière enrichie de cette poésie. Le paradis céleste tourne autour de la mare, autour du sexe de la femme. Le temps n’est plus de chanter les louanges de la Vierge Marie mais de La baiser. La liturgie céleste est une mégapartouze.



Les femmes avec un oiseau sur la tête pensent au sexe de l’homme, plus exactement à l’appel que fait entendre le sexe de l’homme (voir plus haut Les oiseaux et les poissons). Ce n’est plus le serpent qui parle mais l’oiseau. Le reptile a maintenant des ailes, les femmes volent vers un nombre presque infini par partenaires. S’ils sont en nombre fini quant au nombre d’individus, car les habitants du paradis céleste sont en nombre fini, ils sont en nombre infini par la variété de leurs désirs et les moyens de les satisfaire, tout ceci étant donné par le Seigneur Jésus. Une femme emportée par ce désir sort de la mare pour rejoindre un ou plusieurs partenaires.

 

La chevauchée

Les mâles sont emportés par une chevauchée. Ils sont emportés par leur désir, ou plutôt par les désirs qui les transportent. Les quadrupèdes de la ronde sont les Anges de Dieu qui transmettent aux hommes le désir de la jouissance sexuelle. Les Anges de Dieu participent à l’activité sexuelle des hommes, ils y prennent leurs délices. Ce sont eux qui emportent les femmes et les hommes dans une folie érotique. Cette folie n’est belle et jouissive que dans l’amitié, c’est pourquoi, sur la terre, les Anges de Dieu nous appellent d’abord l’obéissance mais, ils nous appellent à l’obéissance, uniquement pour parvenir à la jouissance. N’oubliez pas l’histoire de Tobie : L’Archange Gabriel a conduit Tobie dans les bras de Sarah. N’oubliez pas l’histoire de Jacob : il a rencontré les Anges dès le moment du départ de son aventure du mariage et des jouissances de la chair (Gen., XXVIII, 12). Les Anges de Dieu aiment la jouissance des des hommes, ils en sont les serviteurs, ils en sous aussi les participants. Les Anges jouissent dans la chair des hommes, la chair des hommes est un instrument de leur jouissance. La chair est le lieu de communication, le canal, par lequel Dieu donne sa jouissance à la création tout entière. Les Anges jouissent par le moyen de la chair, dans la chair des hommes. Les hommes jouissent dans leur chair, et les autres créatures aussi jouissent par le moyen de la chair des hommes : pierres, étoiles, plantes, animaux, jouissent par le moyen de la chair des hommes et par la jouissance de l’homme. Sans jouissance de l’homme rien dans la création ne jouit. L’homme, rencontre de l’esprit et du corps, est le lieu de communication entre Dieu et la création le lieu de passage de la jouissance divine vers la création. C’est cette vérité que proclame notre Seigneur Jésus Christ lorsqu’Il dit :

Joan. VI, 52 « panis quem ego dabo, caro mea est pro mundi vita. »

52. « le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde. »

C’est par Jésus-Christ, la chair humaine unie à Dieu et donc habitée parfaitement par Dieu, que la Vie divine, la jouissance divine, est donnée au monde entier et pas seulement aux hommes.


Les mâles sont entrainés par la force des désirs que Dieu leurs communique par l’intermédiaire des Anges. C’est ce qu’on appelle parfois une « folie dionysiaque », un emportement à se livrer à toutes sortes de jouissances de la chair. Dans la pensée, dans le cœur, dans tout le corps les désirs grandissent, grandissent encore, se multiplient, inventent toute une fantaisie de jouissances de la chair. Les femmes portent un oiseau sur leur tête, un animal faible mais capable de parcourir de grandes distances en peu de temps. Les femmes sont faites pour s’élancer vers leur partenaire lorsqu’elles entendent l’appel à la jouissance. Les hommes sont portés par des quadrupèdes, des animaux forts et puissants. Ces animaux, les Anges leur communiquent la force et l’imagination divine pour baiser leur partenaire. Cette force, cette imagination infinie est le mouvement de la poésie, ce mouvement qu’on voit sur les parois de la grotte de Lascaux.


La luxure, cathédrale Saint-Etienne d’Auxerre, 14e s., bas-relief.

Jérôme Bosch a représenté une seule chèvre dans sa ronde mais elle n’est montée par aucun homme mais par deux oiseaux. (Il y aussi un cochon non monté par un homme et par deux oiseaux mais un autre est monté par un homme.) Il a probablement voulu s’éloigner d’une représentation de la luxure semblable à celle de la cathédrale d’Auxerre et signifier de cette manière que la chevauchée du jardin ne représente pas un péché mais une vertu.

Les dromadaires portant les fils de la nouvelle Jérusalem



Is. LX « 1 Surge, illumináre, Jerusalém, quia venit lumen tuum,

« 1. Lève-toi, reçois la lumière, Jérusalem, parce qu’est venue ta lumière,

et glória Dómini super te orta est.

et que la gloire du Seigneur sur toi s’est levée.

2 Quia ecce ténebræ opérient terram,

2. Parce que voilà que les ténèbres couvriront la terre,

et calígo pópulos ;

et une obscurité, les peuples ;

super te autem oriétur Dóminus,

mais sur toi se lèvera le Seigneur,

et glória ejus in te vidébitur.

et sa gloire en toi se verra.

3 Et ambulábunt gentes in lúmine tuo,

3. Et des nations marcheront à ta lumière,

et reges in splendóre ortus tui.

et des rois à la splendeur de ton lever.

4 Leva in circúitu óculos tuos, et vide :

4. Lève autour de toi tes yeux et vois ;

omnes isti congregáti sunt, venérunt tibi ;

tous ceux-ci se sont rassemblés, ils sont venus à toi ;

fílii tui de longe vénient

tes fils de loin viendront,

et fíliæ tuæ de látere surgent.

et tes filles à ton côté se lèveront.

5 Tunc vidébis, et áfflues ;

5. Alors tu verras, et tu seras dans l’abondance ;

mirábitur et dilatábitur cor tuum :

ton cœur admirera, et se dilatera,

quando convérsa fúerit ad te multitúdo maris ;

quand se sera tournée vers toi la richesse de la mer,

fortitúdo géntium vénerit tibi.

et que la force des nations sera venue à toi.

6 Inundátio camelórum opériet te,

6. Une inondation de chameaux te couvrira

dromedárii Madían et Ephá ;

ainsi que les dromadaires de Madian et d’Ephá ;

omnes de Sabá vénient,

tous viendront de Saba,

aurum et thus deferéntes,

apportant de l’or et de l’encens,

et laudem Dómino annuntiántes.

et publiant des louanges en l’honneur du Seigneur.

7 Omne pecus Cedár congregábitur tibi ;

7. Tout troupeau de Cedar sera rassemblé pour toi,

aríetes Nabaióth ministrábunt tibi :

les béliers de Nabaióth seront employés à ton service ;

offeréntur super placábili altári meo,

ils seront offerts sur mon autel d’expiation,

et domum majestátis meæ glorificábo. »

et je glorifierai la maison de ma majesté. »

Dans la chevauchée, on voit deux dromadaires montés. L’un portes deux hommes sans nacelles et l’autre trois hommes dans une nacelle.

La maison du Seigneur

Ps. CLXXXIII « 1 In finem, pro torculáribus fíliis Core. Psalmus.

« 1. Pour la fin. Pour les pressoirs, aux fils de Coré, psaume.

2 Quam dilécta tabernácula tua, Dómine virtútum !

2. Qu’ils sont aimables, vos tabernacles, Seigneur des armées !

3 Concupíscit, et déficit ánima mea in átria Dómini ;

3. Mon âme désire avec ardeur, et languit après les parvis du Seigneur.

cor meum et caro mea exsultavérunt in Deum vivum.

Mon cœur et ma chair ont exulté pour le Dieu vivant.

4 Etenim passer ínvenit sibi domum,

4. Car un passereau trouve pour lui une maison ;

et turtur nidum sibi, ubi ponat pullos suos :

une tourterelle, un nid où elle dépose ses petits.

altária tua, Dómine virtútum,

Vos autels, Seigneur des armées,

rex meus, et Deus meus.

mon roi et mon Dieu.

5 Beáti qui habitant in domo tua, Dómine ;

5. Bienheureux ceux qui habitent dans votre maison, Seigneur ;

in sǽcula sæculórum laudábunt te.

dans les siècles des siècles ils vous loueront.

6 Beátus vir cujus est auxílium abs te :

6. Bienheureux l’homme dont le secours vient de vous ;

ascensiónes in corde suo dispósuit,

il a disposé dans son cœur des degrés pour s’élever,

7 in valle lacrimárum, in loco quem pósuit.

7. Dans la vallée de larmes, dans le lieu qu’il a fixé.

8 Etenim benedictiónem dabit legislátor ;

8. Car le législateur donnera sa bénédiction ;

ibunt de virtúte in virtútem :

ils iront de vertu en vertu ;

vidébitur Deus deórum in Sion.

il sera vu le Dieu des dieux dans Sion.

9 Dómine Deus virtútum, exáudi oratiónem meam ;

9. Seigneur, Dieu des armées, exaucez ma prière,

áuribus pércipe, Deus Jacob.

prêtez l’oreille, Dieu de Jacob.

10 Protéctor noster, áspice, Deus,

10. Dieu notre protecteur, regardez,

et réspice in fáciem christi tui.

regardez sur la face de votre Christ ;

11 Quia mélior est dies una in átriis tuis super míllia ;

11. car mieux vaut un jour dans vos parvis, que des milliers dans d’autres.

elégi abjéctus esse in domo Dei mei

J’ai choisi d’être abaissé dans la maison de mon Dieu,

magis quam habitáre in tabernáculis peccatórum.

plutôt que d’habiter dans les tabernacles des pécheurs.

12 Quia misericórdiam et veritátem díligit Deus :

12. Car Dieu aime la miséricorde et la vérité,

grátiam et glóriam dabit Dóminus.

le Seigneur donnera la grâce et la gloire.

13 Non privábit bonis eos qui ámbulant in innocéntia :

13. Il ne privera pas de biens ceux qui marchent dans l’innocence.

Dómine virtútum, beátus homo qui sperat in te. »

Seigneur des armées, bienheureux l’homme qui espère en vous. »

Au fond de la plaine, et au bout de deux des quatre fleuves, se trouvent deux rochers-maison, qui accueillent des habitants du paradis. À l’entrée de la bleue, se tient une femme vue de face, à l’entrée de la rose un homme vu de dos. Ils sont les maisons de Dieu dans lesquels les hommes trouvent la jouissance divine.

Les peuples de la terre

Ps 66
« Pour la fin.
1. Dans les hymnes, psaume d’un cantique de David.
2. Que Dieu ait pitié de nous, et qu’il nous bénisse ; qu’il fasse briller la lumière de son visage sur nous, et qu’il ait pitié de nous.
3. Afin que nous connaissions sur la terre votre voie, et votre salut dans toutes les nations.

4. Que les peuples vous glorifient, ô Dieu, que tous les peuples vous glorifient.
5. Que les nations se réjouissent et exultent, parce que vous jugez les peuples avec équité, et que vous dirigez les nations sur la terre.
6. Que les peuples vous glorifient, ô Dieu, que tous les peuples vous glorifient.
7. La terre a donné son fruit. Qu’il nous bénisse, Dieu, notre Dieu,
8. Qu’il nous bénisse, Dieu ; et que toutes les extrémités de la terre le redoutent. »

Nous voyons deux familles de peuple dans le tableau Le Jardin des délices : les blancs d’Europe et les noirs d’Afrique. Il n’y a pas de noir dans le panneau de l’enfer. On peut y voir une prise de position. Jérôme Bosch affirme que les noirs sont bien des Hommes autant que les blancs. S’il n’y en a pas en enfer, c’est peut-être pour affirmer que la situation des victimes de la traite des noirs les unit au Seigneur Jésus souffrant et qu’ils seront sauvés alors que leurs bourreaux seront damnés à moins de se repentir. La traite des noirs par des espagnols a commencé au XVe siècle, par les portugais au XVIe siècle, Des français, anglais et hollandais ont commencé ce crime au XVIIe siècle. Si Jérôme Bosch prend position contre la traite des noirs, ce n’est donc pas contre ses compatriotes ou ses voisins immédiats en particulier mais contre des européens et des personnes qui se prétendent chrétiens tout en faisant un mal abominable. Cette hypothèse est renforcée par le fait que les deux couples noir et blanc que nous voyons, celui dans la nacelle et celui sur un canard (ci-dessous), sont montrés dans les deux seules embarcations du tableau (il y aussi un(e) sirène en armure et aussi un Homme montrant son cul, les deux jouant sur un poisson à droite mais ce n’est pas vraiment une embarcation).

 

Nous ne savons pas pourquoi, à part les noirs et les blancs, les autres familles de peuples ne sont pas représentées sur le tableau : les peuples du Moyen-Orient, les asiatiques, les indigènes américains. Deux explications sont possibles : 1°) Jérôme Bosch n’avait pas de modèle pour peindre les Femmes et les Hommes des autres familles de peuple ; 2°) il a choisi deux peuples seulement pour représenter la diversité des peuples.

La porte d’entrée du paradis céleste

Elle est comme un bras de mer, une mer d’eaux trouble, boueuse, qui charrie les Femmes et les Hommes du paradis terrestre vers le paradis céleste. Le tableau du Jardin des délices est très riche et complet. Il présente donc dans un même paysage des évènements qui ne se passe pas tous dans le même lieu ou le même temps. Après la résurrection, lorsque nous serons au paradis céleste descendu sur la terre, plus personne n’entra. Selon la parole du Seigneur, la porte sera fermée (Mt 25, 10). Nous observons donc dans cette partie du tableau des évènements qui se passe dans l’histoire sur la terre, entre ciel et terre au moment de la mort, à l’arrivé dans le ciel avant la résurrection et aussi, il faut le croire, au purgatoire. Les Femmes et les Hommes sont portés par d’immenses oiseaux. C’est l’immensité du Désir Sexuel entretenue par une vie de pénitence et de contemplation. La frustration est le chemin le chemin du Ciel :

Lc 6

« 20. Alors Jésus, les yeux levés sur ses disciples, dit :

Bienheureux, ô pauvres ! parce qu’à vous appartient le royaume de Dieu.

21. Bienheureux, vous qui maintenant avez faim, parce que vous serez rassasiés.

Bienheureux, vous qui pleurez maintenant, parce que vous rirez.

22. Vous serez heureux lorsque les Hommes vous haïront, vous éloigneront, vous injurieront, et rejetteront votre nom comme mauvais, à cause du Fils de l’Homme.

23. Réjouissez-vous en ce jour-là, et tressaillez d’allégresse, parce que votre récompense est grande dans le ciel ; car c’est ainsi que leurs pères faisaient aux prophètes.

24. Cependant, malheur à vous, riches, parce que vous avez votre consolation.

25. Malheur à vous qui êtes rassasiés, parce que vous aurez faim.

Malheur à vous qui riez maintenant, parce que vous gémirez et vous pleurerez.

26. Malheur, quand les Hommes vous loueront,

car c’est ainsi que leurs pères faisaient aux faux prophètes. »

 

La frustration est le chemin du ciel cependant, quand le Seigneur Jésus nous comble de Joie, nous n’avons pas à la refuser. Il faut se laisser faire par lui. Le plaisir aussi entretient, allume, enflamme le désir dans la mesure où il est toujours contenue dans l’obéissance.

Un couple en train de danser est surpris par les nouveaux arrivants. Il ne pensait pas à eux, il est dérangé dans leur jeu. Ce couple au bout du triangle, ou encore de la flèche que forme le groupe des arrivant explique certainement que le Désir sexuel est le moteur, l’attraction qui entraine vers le paradis céleste.

 

Un Homme ouvre grand les yeux, touche son oreille, il n’a jamais vu et entendu les merveilles de Jouissance qu’il découvre devant lui.

 

Is 64 « 4. Dès les temps anciens on n’a pas entendu, et on n’a pas prêté l’oreille ; l’œil n’a pas vu, ô Dieu, hors vous, ce que vous avez préparé à ceux qui vous attendent. »

Missel, Messe XX, prière d’ouverture :

« Pour ceux qui T’aiment, Seigneur, Tu as préparé des Biens que l’œil ne peut voir : répands en nos cœurs la ferveur de ta Charité, afin qu’en T’aimant en toute chose et par-dessus tout, nous obtenions de Toi l’héritage qui surpasse tout Désir. Par Jésus-Christ. »

Ces biens, l’œil ne peut les voir mais le Cœur peut les pressentir et notre corps, surtout les parties les plus érogènes, peut les toucher.

 

Un autre étend les bras en signe de joie et de délivrance. Un autre, les yeux fermés, la tête entre les mains, les mains sur ses oreilles, pense à tout le bonheur qui l’attend, à ce bonheur que l’œil ne peut voir, ni les oreilles entendre. C’est l’attitude du fidèle qui écoute ou lit le catéchisme et les Saintes Écritures et les comprend.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face :

« Un jour une de mes maitresses de l’Abbaye (1) me demanda ce que je faisais les jours de congé lorsque j’étais seule. Je lui répondis que j’allais derrière mon lit dans un espace vide qui s’y trouvait et qu’il m’était facile de fermer avec le rideau et que là « je pensais. » — Mais à quoi pensez-vous ? me dit-elle. — Je pense au bon Dieu, à la vie... à l’éternité, enfin je pense !... La bonne religieuse rit beaucoup de moi, plus tard elle aimait à me rappeler le temps où je pensais, me demandant si je pensais encore... Je comprends maintenant que je faisais oraison sans le savoir et que déjà le Bon Dieu m’instruisait en secret. »

(1) L’Abbaye bénédictine de Lisieux, Notre-Dame-du-Pré. Sainte Thérèse elle y entre à 8 ans comme demi-pensionnaire. À l’âge de 13 ans, en février-mars, son père, M. Martin, la retire définitivement de l’Abbaye à cause de sa santé.

Manuscrit A, 33 v°.

L’Homme qui embrasse la Femme noire…

 

Ct 1 « 4. Je suis noire, mais je suis belle, ô filles de Jérusalem, comme les tabernacles de Cédar, comme les pavillons de Salomon. »

 

… montre la réconciliation de tous les peuples. Un Homme a la tête dans une goutte transparente. Cette goutte a exactement la forme des deux outres que nous voyons ailleurs : une tenue par un Homme du groupe des peuples, une autre tenue par un Homme qui donne à boire à un autre Homme, c’est une fellation. Cette goutte de verre signifie peut-être que les pensées de l’Homme sont toutes pleine des Désirs charnelles, il lève le bras comme à l’attaque : enfin il va pouvoir assouvir tout ces Désirs qu’il a engrangé dans le temps de la Vie terrestre.

 

Une autre personne, Homme ou Femme, porte un objet sur la tête se prolongeant comme une chevelure.

 

L’Homme dans la sphère bleu foncé regardant vers l’extérieur et tendant les mains est probablement une âme du purgatoire, de l’Église souffrante, qui attend le secours des fidèles de l’Église militante.

Les Hommes affamés à la peau bleue, malade, sont la transcription de la prophétie de David.

 

   Ps 27 « 7. Le Seigneur est mon aide et mon protecteur : en lui a espéré mon cœur, et j’ai été secouru : Et ma chair a refleuri ; aussi de toute mon âme je le glorifierai. »

Ils sont en train d’être guéris. Leur aspect maladif et leur état d’affamés montrent sans aucun doute qu’il s’agit d’âmes du purgatoire. Une âme qui atteint la Sainteté à la fin de sa vie est en pleine santé, ce serait une erreur de la représenter par un corps malade. Il ne peut pas s’agir de corps après la résurrection car, à ce moment, tous les corps seront en parfaite santé. Nous voyons dans le Jardin des délices la vérité de l’être et non son apparence. Nous voyons « l’Homme intérieur » et non « l’Homme extérieur ». Saint Paul utilise ces termes pour désigner ce qu’il y a de bon en nous et ce qu’il y a de mauvais. Il fait l’erreur de placer géographiquement le bien dans ce qui est intérieur et invisible, le mal dans ce qui est extérieur et visible. Quand nous avons observé la confusion qu’il a pu faire dans le vocabulaire, nous pouvons lire avec clarté ce qu’il veut dire :

 

2 Co 4 « 16. C’est pourquoi nous ne perdons point courage, mais, bien qu’en nous l’Homme extérieur se détruise, cependant l’Homme intérieur se renouvèle de jour en jour. »

L’Homme extérieur, le corps, peut bien partir en ruine car notre intérieur se renouvèle, c’est-à-dire, se purifie. Si l’intérieur se purifie c’est qu’une chose mauvaise y habitait, l’incapacité à vivre la Gratuité. La peau bleue, les corps malades, des trois Hommes nourris par un oiseau à l’entrée du Jardin des délices ne représentent pas le corps malade sur la terre mais l’Homme intérieur non encore renouvelé. Il faut remarquer par ailleurs que la maigreur et la peau bleue de l’Homme qui écarte les bras (plus à gauche) représentent peut-être le corps malade sur la terre, car le geste manifeste une grande énergie et une pleine santé de l’âme.

Au bout du bras de mer, un groupe de nouveaux arrivants, tout près de monter sur la terre ferme, sont nourris par un oiseau. Ce ne sont pas les âmes dans le purgatoire : leur peau est en parfaite santé. Il s’agit des Femmes et des Hommes qui ont quitté la terre ou le purgatoire et vont bientôt entrer au Ciel. À la fin de notre vie, et au moment du passage vers le Ciel, le Seigneur Jésus achève de nous donner un Désir à la mesure de ce qu’Il veut nous donner. Même si nous nous sommes laissé faire entièrement au cours de notre vie terrestre, même si nous sommes Saint(e)s, au moment du passage vers le Ciel, le Seigneur Jésus doit encore nous nourrir pour atteindre la plénitude du Désir qu’Il veut nous donner.

Les trois chemins vers le paradis céleste

Cette partie du tableau décrit la vie terrestre qui est une préparation à la vie éternelle. La vie éternelle est un Mégapartouze, la préparation à la vie éternelle est donc un apprentissage de la vie sexuelle et rien d’autre. Les trois chemins sont ce que nous avons appelé la solitude inquiète, la masturbation et l’amour privilégié. Il nous semble préférable de nommer ce troisième chemin amour privilégié que mariage.

L’Amour privilégié

Le mariage est une loi et un Sacrement, l’amour privilégié est un sentiment. Nous vivons un apprentissage de la vie sexuelle pas seulement dans un mariage mais dans les rêveries, dans les relations hors mariage, ou encore dans plusieurs mariages, soit dans la polygamie quand elle était encore acceptée, soit dans plusieurs mariages en cas de veuvage et de remariage.

Les relations hors mariage sont strictement défendues (cf. Mt 16, 18), même en pensée (cf. Mt 5, 28) et nous verrons pourquoi. Cependant il faut reconnaitre que dans ce chemin de traverse, une expérience est réellement vécu par la personne et entre dans son chemin d’apprentissage. Elle aurait pu ou du faire autrement peut-être mais c’est ce qu’elle a vécu réellement. L’Évangile annonce très nettement cette vérité dans le récit des amours malheureuse de la Samaritaine (cf. Jn 4, 16-17).

Pour ce qui est de la rêverie remarquez combien de fois pouvons nous être amoureux avant, pendant ou après une vie conjugale. C’est encore un apprentissage par l’amour privilégié : un amour qui se tourne particulièrement vers une personne. Notre affection privilégiée peut se tourner vers une et plusieurs autre(s) personne(s) au cours de notre vie terrestre. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus en plus d’aimer le Seigneur Jésus avait un amour privilégié pour Saint Théophile Vénard (1829-1861), le veinard ! Elle a aussi entretenu des relations avec ses « frères prêtres » qui sont de toute évidence des relations amoureuses. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter ce témoignage :

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face :

« Ce fut notre Ste Mère Thérèse qui m’envoya pour bouquet de fête en 1895 mon premier petit frère (1). J’étais au lavage bien occupée de mon travail lorsque mère Agnès de Jésus me prenant à l’écart me lut une lettre qu’elle venait de recevoir. C’était un jeune séminariste inspiré, disait-il, par Ste Thérèse qui venait demander une sœur qui se dévouât spécialement au salut de son âme et l’aidât de ses prières et sacrifices lorsqu’il serait missionnaire afin qu’il puisse sauver beaucoup d’âmes. Il promettait d’avoir toujours un souvenir pour celle qui deviendrait sa sœur, lorsqu’il pourrait offrir le Saint Sacrifice. Mère Agnès de Jésus me dit qu’elle voulait que ce soit moi qui devînt la sœur de ce futur missionnaire.

[32r°] Ma Mère, vous dire mon bonheur serait chose impossible, mon désir comblé d’une façon inespérée fit naitre dans mon cœur une joie que j’appellerai enfantine, car il me faut remonter aux jours de mon enfance pour trouver le souvenir de ces joies si vives que l’âme est trop petite pour les contenir, jamais depuis des années je n’avais gouté ce genre de bonheur. Je sentais que de ce côté mon âme était neuve, c’était comme si l’on avait touché pour la première fois des cordes musicales restées jusque-là dans l’oubli. »

(1) L’abbé Maurice Bellière (1874-1907)

Manuscrit C, 1897.

 

La petite délaissée attendait depuis longtemps un amoureux sur la terre qui pense à elle, à qui elle puisse penser et écrire des billets doux. Cependant elle est d’une extrême vigilance, elle sait qu’elle est en chemin vers le Ciel et que sa mission de religieuse n’est pas de s’arrêter ici-bas. Elle reste dans les limites de l’obéissance pour ne pas dévier vers une satisfaction mais faire de cette relation encore un chemin de Désir vers le Ciel.

La masturbation


La masturbation est un chemin vers le ciel. C’est une découverte du plaisir, un apprentissage de tout ce que le Sexe nous promet de bonheur. La masturbation ouvre à la rêverie. Nous utilisons le mot « rêverie » plutôt que « fantasme ». Ce dernier mot a été utilisé par le monde pour parler des pensées et désirs concertant le Sexe. Nous ne voulons en aucun cas être lié par les définitions mondaines de ce mot. Nous utilisons donc un mot neutre et beau « rêverie ». Le rêve est fait pour se réaliser.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face :

« Ah ! le Seigneur est si bon pour moi qu’il m’est impossible de le craindre, toujours II m’a donné ce que j’ai désiré ou plutôt II m’a fait désirer ce qu’il voulait me donner, » (Manuscrit C, 31, r°)

 

Saint Jean de la Croix (1542-1591) :

« Plus il veut donner, plus il fait désirer » (Lettre XI du 8/8/7/1589)

 

Sainte Thérèse parle ici le l’épreuve. En vérité la masturbation éveille une épreuve, un désir impossible à contenter. La masturbation est interdite par la religion catholique. C’est la répétition d’un acte qui ne peut contenter et enferme dans la solitude. Elle conduit à la dépression et au désespoir, si on continue de la pratiquer. Si la masturbation apparait dans le tableau de Jérôme Bosch comme un chemin vers la Vie céleste c’est pour parle de ce qu’elle est réellement : un chemin, et nous devons préciser : le début d’un chemin. La masturbation est interdite non pour éviter à des enfants ou des adultes de la pratiquer un court temps de leur vie, la plupart des personnes en effet y ont gouté malgré les interdits, Elle est là pour empêcher que les personnes s’enferme dedans, pour empêche qu’elle devienne un piège. Il est très clair que la masturbation du tableau de Jérôme Bosch éveille le Désir, c’est l’oiseau, image des désirs sexuel, sortant du fruit rouge. L’image est vraiment celle d’une naissance : l’oiseau est comme un enfant accouché entre les jambes de l’homme en train de se masturber. L’oiseau est fait pour s’envoler et non pour rester en cage, tout comme l’enfant est fait pour quitter ses parents (cf. ) et s’attacher à son conjoint. Voilà le sens de l’interdit de la masturbation : le désir éveillé est fait pour tourner la personne vers le Seul qui assouvira son désir, vers Dieu. 

 

Saint Augustin d’Hippone (354-430), Confessions, I, 1 :

« Tu excitas, ut laudare te delectet, quia fecisti nos ad te et inquietum est cor nostrum, donec requiescat in te. »

« Vous [Dieu] excitez [l’homme] à se complaire dans vos louanges ; car vous nous avez faits pour vous, et notre cœur est sans repos jusqu’à ce qu’il repose en vous. »

Dieu nous invite à faire naitre et grandir en nous le désir, le rêve, la poésie, une multitude de désirs, de plaisir afin que ce qui nous sera donné au paradis céleste soit tout plein de ces désirs, de ces rêves et de cette poésie.

La solitude inquiète


La solitude inquiète est un des trois chemins. C’est toutes les questions, les interrogations que nous nous posons sur ce que peut bien être le Sexe, la vie sexuelle, les relations sexuelles, la jouissance de la chair. Nous engrangeons pendant le temps de la vie terrestre une foule de réflexions qui finissent par constituer tout un monde intérieur que nous pourrons vivre et partager au paradis céleste. Saint Augustin est un modèle pour comprendre ce qu’est ce chemin en particulier les Soliloques « les paroles solitaire ». Il faut voir avec quelle passion un grand nombre de religieux célibataires se sont penché sur la vie sexuelle des personnes les pratiquant ou sur leur souvenir.

Cela a souvent indigné les personnes non religieuse : « Pourquoi s’occupe-t-il de se qui ne les regardent pas ? » À la vérité, ils s’occupent de ce qui les regarde tout particulièrement. Leur métier est même de ne pas pratiquer le sexe pour y penser encore plus « Moins on en fait, plus en on parle. » C’est entièrement vrai. Il faut que les actes sexuels soit habité et même commandé par toute une pensée, toute une poésie, sinon ces actes sombrent dans la mort spirituelle, la mort éternelle, l’enfer. La solitude inquiète est au service des personnes qui n’ont pas ou pas encore le loisir, le temps, de méditer sur les actes auxquels elles sont confronté et elle est tout particulièrement au service du mariage.

C’est très clair dans le tableau de Jérôme Bosch : les amants sont enfermés dans une poche amniotique et devant eux se trouve un placenta prolongé par un cordon ombilical sortant de la sphère dans laquelle est enfermé l’homme qui vit la solitude inquiète. C’est une parfaite représentation de la fécondité et du rôle du célibat consacré : il est le garant de la sainteté et de la Vie heureuse des couples mariés. L’homme est dans une graine qui a germé, le grain de blé meurt pour porter du fruit (cf. Jn 12, 24-25). La perte de sa Vie génitale est un grain qui meurt et germe pour donner la Vie à couple marié. Remarquez bien, c’est très important, le nom que donne la Vierge Marie, dans le message de la Salette (19 septembre 1846) au démon de la corruption des mœurs dans les couvents et monastère :

 

« Tremblez, terre, et vous qui faites profession de servir Jésus-Christ et qui au-dedans vous adorez vous-mêmes, tremblez ; car Dieu va vous livrer à son ennemi, parce que les lieux saints sont dans la corruption ; beaucoup de couvents ne sont plus les maisons de Dieu, mais les pâturages d’Asmodée et des siens. »

 

C’est le démon qui empêchait le mariage de Sarah dans le livre Tobie. C’est l’unique apparition de ce nom dans la Sainte Bible. Il est évident qu’il faut se rapporter à ce texte biblique pour comprendre le message de la Vierge Marie. Le célibat consacré vécu saintement est indispensable à des unions matrimoniales vécues saintement. Réciproquement, le mariage est indispensable à la vie consacré, tout simplement pour la raison que si tout le monde était consacré, il n’y aurait plus enfants, il n’y aurait ni mariage, ni célibat, il n’y aurait plus homme ou femme sur la terre. Le mariage et le célibat consacré sont complémentaires et indispensables l’un et l’autre. Les couples mariés cependant n’enfantent pas seulement selon la chair, ils enfantent oh combien ! selon l’esprit. Ils ont besoin des consacrés et leur joie de vivre est un appel pressant à la vie consacrée. Quel meilleur appel que celui de savoir qu’il est possible de servir le bonheur des autres ? Si l’utilité d’une vocation n’est plus visible, comment la désirer ? Autant faire autre chose. Mais Dieu merci ! dans toutes les époques et partout, on rencontre des gens heureux ! Il suffit de toute façon d’avoir rencontré dans sa vie un ou deux couples heureux, et parfois même une personne divorcée (nous précisons : contre sa volonté) heureuse pour savoir que le bonheur existe et que le bonheur, c’est le Christ.

Le célibat consacré est un moyen d’apprentissage de la Gratuité. En répondant à l’appel de Dieu, les hommes et femmes consacrés acceptent de recevoir ce que Dieu leur donne. Elles vivent et répandent dans le monde la connaissance que tout est don de Dieu et que rien ne se prend selon son propre désir. Grâce à eux, le mariage est connu pour ce qu’il est : un don gratuit et non une nécessité ; grâce à ceux les couples marié découvrent que leur mariage est un don, ils apprennent à le vivre comme un don, leur mariage alors devient Saint.

Remarquez encore ce que fait l’homme dans la solitude inquiète. Il est dans la solitude et il est inquiet. Cette inquiétude est peinte dans le tableau pour le regard de l’homme à travers un tube dans lequel avant un rat. Il est comme un enfant dans le ventre de sa mère pendant que son père fait l’amour avec son épouse. Il se demande qui est cet étranger qui rentre par là où il doit sortir. La sortie du ventre maternel est en fait une entrée dans le monde du Sexe. La séparation d’avec la mère a fait naitre le sexe. Il n’est pas certain que le mot latin sexus vient, selon l’étymologie, du verbe seco « couper ». Cependant les deux choses sont liées. Cela est certain. Le Sexe est une séparation faite pour la réunion. Voyez Quid sit Homo ?, IX, 2. Le prêtre.

Le monde du sexe est un monde inquiétant. Les couples mariés sont peut-être souvent protégé par Dieu de cette inquiétude pour tout simplement être capable de vivre leur vocation. Les célibataires sont libres d’être tourmenté au point qu’ils deviennent affectivement de vivre le mariage. C’est ce que dit Saint Augustin :

« nihil esse sentio quod magis ex arce deiciat animum virilem, quam blandimenta feminea, corporumque ille contactus, sine quo uxor haberi non potest. Itaque, si ad officium pertinet sapientis (quod nondum comperi) dare operam liberis, quisquis rei huius tantum gratia concumbit, mirandus mihi videri potest, at vero imitandus nullo modo : nam tentare hoc periculosius est, quam posse felicius. »

« Il n’est rien, je le sens, de plus grand pour jeter à bas l’âme virile hors de la forteresse (ou depuis les hauteurs) que les caresses féminines, et que ce contact des corps sans lequel une épouse ne peut être possédée. C’est pourquoi, si c’est un des devoirs du sage, ce que je n’ai point encore examiné, de chercher à avoir des enfants, celui qui couche dans ce seul but, je peux le voir comme devant être admiré mais vraiment, d’aucune manière, comme devant être imité ; car tenter ceci est plus dangereux que réussir plus heureux. »

Soliloques, I, 10 (hiver 386)

 

Saint Augustin, évêque, chargé d’enseigner le peuple de Dieu, en vient à penser que la morale chrétienne définie par le livre de Tobie est impraticable, au moins pour lui.

Tb 6 « 16 Tunc angelus Raphaël dixit ei : Audi me, et ostendam tibi qui sunt, quibus praevalere potest daemonium. 17 Hi namque qui conjugium ita suscipiunt, ut Deum a se et a sua mente excludant, et suae libidini ita vacent sicut equus et mulus quibus non est intellectus : habet potestatem daemonium super eos. 18 Tu autem cum acceperis eam, ingressus cubiculum, per tres dies continens esto ab ea, et nihil aliud nisi orationibus vacabis cum ea. »

« 6. Alors l’ange Raphaël lui dit : Écoute-moi, et je te montrerai qui sont ceux sur qui le démon a du pouvoir. 17. Or ceux qui embrassent le mariage de manière qu’ils bannissent Dieu de leur cœur et de leur esprit, et qu’ils s’abandonnent à leur passion, de même que le cheval et le mulet, qui n’ont pas d’intelligence, le démon a pouvoir sur eux. 18. Mais toi, après que tu l’auras épousée, étant entré dans la chambre à coucher, sois continent vis-à-vis d’elle pendant trois jours, et ne t’occupe avec elle d’aucune autre chose que de prières. »

Tb 8 « 9 Et nunc Domine, tu scis quia non luxuriae causa accipio sororem meam conjugem, sed sola posteritatis dilectione, in qua benedicatur nomen tuum in saecula saeculorum. »

« 9. Et maintenant, Seigneur, vous savez, vous, que ce n’est point pour cause de passion que je prends ma sœur pour épouse, mais par le seul désir d’une postérité dans laquelle soit béni votre nom dans les siècles des siècles. »

Oui, il faut le croire. Le célibat consacré est utile pour que des hommes et des femmes puissent vivre le sexe comme une inquiétude, féconde en connaissance et en poésie, inquiétude que Dieu évite souvent, mais pas toujours, aux hommes et aux femmes mariés pour leur permettre tout simplement de « donner l’œuvre des enfants », traduction littérale de l’expression latine signifiant « s’occuper d’avoir des enfants ». Les couples qui ne peuvent avoir d’enfant sont eux aussi appelé à vivre leur amour, et pour cela l’inquiétude est souvent éloignée de leur pensée. Il faut savoir, et l’expérience le prouve, que la grâce toute-puissante peut faire passe en un jour un personne seule ou un couple de la débauche effrénée à la sainteté de vie dès qu’elle (il) est touché(e) par l’amour de Dieu. L’amour est la source de la sainteté. Saint Augustin possédait l’amour pour avoir accepté de le recevoir, Dieu aurait pu éloigner en un jour ses tourments  si cela avait lui avait été utile pour accomplir son devoir d’état. :

Un chemin vers la Vie éternelle

Pourquoi les relations hors mariage sont-elles défendues ? De même la masturbation ? Elles peuvent être un chemin. La vie génitale sur cette terre doit être un chemin. L’homme sur la terre est un étranger et un voyageur (cf. Gn 23, 4 ; Hb 11, 13). S’arrêter de marcher, c’est la mort. Il faut regarder le Christ courir plus que marcher à travers la Palestine (cf Mc 1, 38). La satisfaction de l’homme se trouve dans le siècle à venir, jamais dans le temps. Les interdits sont en fait des interdits de s’arrêter de marcher, rien de plus. Chercher en dehors du mariage une satisfaction qu’on ne trouve pas dans le mariage, c’est refuser que le désir éveillé par la vie conjugale tourne vers Celui qui Seul pourra nous satisfaire pleinement Dieu. Les relations en dehors du mariage sont une masturbation, la recherche d’une satisfaction dans le temps d’aujourd’hui. On peut vivre aussi le mariage et le célibat (consacré ou non) comme une masturbation. C’est une perversion du mariage et du célibat. Les règles morales données aux personnes mariées et aux célibataires sont là pour les conduire à la Sainteté par le moyen de leur état de vie.

Le combat de Jacob

   Sur la gauche, un Homme est au corps à corps avec la Chouette, c’est le combat de Jacob.

L’échelle de Jacob


Le combat de Jacob


L’issue du combat de Jacob


Gn 32 « 24. Il demeura seul : et voilà qu’un Homme lutta avec lui jusqu’au matin. 25. Or comme cet Homme vit qu’il ne pouvait le vaincre, il toucha le nerf de sa cuisse, lequel aussitôt se dessécha. 26. Et il lui dit : Laisse-moi ; car déjà se lève l’aurore. Jacob répondit : Je ne vous laisserai point, si vous ne me bénissez. 27. Il lui demanda donc : Quel est ton nom ? Il répondit : Jacob. 28. Mais l’Homme : On ne t’appellera plus, dit-il, du nom de Jacob, mais du nom d’Israël ; parce que si tu as été fort contre Dieu, combien plus prévaudras-tu contre les Hommes ? 29. Jacob lui demanda : Dites-moi, de quel nom vous appelez-vous ? Il répondit : Pourquoi demandes-tu mon nom ? Et il le bénit en ce même lieu. 30. Jacob appela ce lieu du nom Phanuel, disant : J’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée. 31. Et le soleil se leva aussitôt après qu’il eut passé Phanuel ; mais il boitait d’un pied. 32. C’est pour ce motif que les enfants d’Israël ne mangent point jusqu’au présent jour, le nerf qui se dessécha dans la cuisse de Jacob, parce qu’il [l’Homme] toucha le nerf de sa cuisse, qui fut paralysé. »

Les trois chemins vers le paradis céleste sont trois manières de vivre le combat de Jacob. Le combat de Jacob est la dernière lutte de l’homme avec Dieu pour finir par se soumettre à la loi de la Gratuité. Dieu nous propose de jeter toutes nos forces dans la réclamation de la Gratuité (cf. Gn 32, 26) et de les perdre pour un travail qui pourrait réclamer un salaire. Si nous acceptons d’entrer dans ce combat, Dieu nous bénit et nous blesse afin de nous priver de la possibilité de retourner en arrière, d’essayer marcher par nous-mêmes, d’essayer d’acquérir quand il faut tout recevoir pour rien. Il blesse le combattant afin qu’il soit définitivement sauvé.


L’issue du combat de Jacob est montrée sur la droite du panneau central : les Amants se sont laissé posséder par la Gratuité. La branche que porte l’homme sur son épaule, le bois de la Croix, se prolonge et passe entre ses jambes et celles de sa partenaire. C’est le nerf de la hanche « nervum femoris » desséché (selon la Vulgate) ou démis (selon l’hébreu) par Dieu pendant le combat. La seule patte visible des trois chouette se saisit de cette branche, ce geste est une citation littérale du texte de la Vulgate : « il toucha le nerf de sa cuisse », il est donc très certain, encore une fois (voyez La chouette, p. 16), que la chouette représente Dieu dans le triptyque du  Jardin des délices. Ce geste montre aussi le Seigneur Jésus se saisissant de sa Croix pour donner la Victoire, pour donner la jouissance divine à l’homme (voyez plus bas Le portement de Croix et la vraie Vigne, p. 41).

Le panneau de droite, l’enfer, montre les Femmes et les Hommes qui ont refusé le combat de Jacob, qui ont voulu obéir aux lois de la nature, à la causalité plutôt que d’obéir à la Gratuité. Ils et elles ont choisi la mise en cause, la condamnation, ils et elles sont condamnées. Voyez les lettres encycliques Ecce Lignum, chap. Turris Davidica, La Parade Nuptiale et le Vol de la Bien-Aimée et Quid sit Homo ?, VII, 24. La Foi.

 

Un homme garde la tête tout juste hors de l’eau. Le combat n’est pas toujours facile. Nous sommes souvent au bord de la noyade mais c’est pour que nous mettions toute notre confiance en Dieu :

Ps 68

 

« 1 In finem, pro iis qui commutabuntur. David.

« 1. Pour la fin, pour ceux qui seront changés, par David.

2 Salvum me fac, Deus,

2. Sauvez-moi, ô Dieu,

quoniam intraverunt aquae usque ad animam meam.

parce que des eaux sont entrées dans mon âme.

3 Infixus sum in limo profundi et non est substantia.

3. Je suis enfoncé dans une boue profonde et sans consistance.

Veni in altitudinem maris, et tempestas demersit me.

Je suis venu dans la profondeur de la mer, et une tempête m’a submergé.

4 Laboravi clamans, raucae factae sunt fauces meae ;

4. Je me suis fatigué en criant, ma gorge est devenue enrouée :

defecerunt oculi mei, dum spero in Deum meum. »

mes yeux défaillent, pendant que j’espère en mon Dieu. »

Lc 21 « 28. Or, quand ces choses commenceront à s’accomplir, regardez et levez la tête, parce que votre rédemption approche. 29. Et il leur dit cette comparaison : Voyez le figuier et tous les arbres ; 30. Quand ils commencent à faire avancer d’eux du fruit (producunt jam ex se fructum), vous savez que l’été est proche. 31. De même vous, quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le royaume de Dieu est proche. »

 

Lorsque l’arbre présente en avant son fruit, lorsque vient le moment de la bandaison « levez la tête, parce que votre rédemption approche (…) sachez que le royaume de Dieu est proche. » sachez que le Ciel, c’est-à-dire le Jardin des délices approche.

Le Règne de notre Seigneur Jésus Christ

Un couple dans un cœur donne à manger à des nouveaux arrivants affamés. Ceux qui découvrent le vrai plaisir, la vraie jouissance, ont la capacité de transmettre aux autres le Désir du Ciel.

Le Règne de notre Seigneur Jésus Christ ? C’est notre Seigneur Jésus Christ, Roi, obéit par ses sujets. Que nous commande-t-Il ?

Jn 13 « 34 Mandatum novum do vobis : ut diligatis invicem : sicut dilexi vos, ut et vos diligatis invicem. »

« 34. Je vous donne un commandement nouveau : C’est que vous vous aimiez les uns les autres ; mais que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés. »

Nous devons donc prendre pour modèle le Sacré-Cœur de notre Seigneur Jésus Christ dans lequel réside tout son Amour. Remarquez bien que c’est le seul endroit du tableau où apparaisse un cœur, une sphère rose fendue vers le haut comme une sublime paire de fesses. Le cœur et le cul sont une seule chose, le Règne de notre Seigneur Jésus Christ. C’est une société d’hommes et de femme tout occupés aux jouissances de la chair. C’est bien de cela qu’il s’agit.

Nous avons observés plus haut comment l’homme dans la solitude inquiète nourrissait le couple d’Amants. Nous voyons maintenant l’homme près de sa compagne d’une beauté sublime. Ils sont un couple d’amants heureux et peuvent nourri leur frères. Voici une autre œuvre de Charité : la découverte des plaisirs de la chair vécu dans l’Amour vrai, engrange une joie et une connaissance qui peut être partagé à ceux qui ne les connaissent pas. La connaissance de l’Amour donne la faim de l’Amour. Les hommes affamés n’ont pas faim de l’Amour mais faim de la faim de l’Amour. Ce qui leur manque, c’est la faim, et l’Amour aussi, car il suffit d’avoir faim pour posséder l’Amour, Dieu se donne à ceux qui ont faim, à ceux qui Le désirent. L’oiseau qui sort la tête au-dessus du couple d’Amants heureux montre que les Hommes mordant dans la grosse mure sont nourris de désir. Il faut tout ce suite préciser que cette vocation de nourricier ne concerne pas seulement des couples mariés visiblement mais tous les couples mariés. Nous voyons dans ce motif toute la Vie de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : sa vocation s’est l’Amour, pour entrainer l’Église vers le désir de l’Amour. Elle vit intensément la relation conjugale avec Jésus son Époux (cf. lettre 118), afin de donner aux âmes de cette terre le désir d’être elles-mêmes enivré du désir d’aimer.

 

« Ah ! s’il en est ainsi, Jésus, éclaire-moi, tu le sais, je cherche la vérité... si mes désirs sont téméraires, fais-les disparaitre car ces désirs sont pour moi le plus grand des martyres... Cependant, je le sens, ô Jésus, après avoir aspiré vers les régions les plus élevées de l’Amour, s’il me faut ne pas les atteindre un jour, j’aurai gouté plus de douceur dans mon martyre, dans ma folie, que je n’en gouterai au sein des joies de la patrie, à moins que par un miracle tu ne m’enlèves le souvenir de mes espérances terrestres. Alors laisse[-moi] jouir pendant mon exil des délices de l’amour. Laisse-moi savourer les douces amertumes de mon martyre...

Jésus, Jésus, s’il est si délicieux le désir de t’Aimer, qu’est-ce donc de posséder, de jouir de l’Amour ?...

Comment une âme aussi imparfaite que la mienne peut-elle aspirer à posséder la plénitude de l’Amour ?... O Jésus ! mon premier, mon seul Ami, toi que j’aime uniquement, dis-moi quel est ce mystère ? Pourquoi ne réserves-tu pas ces immenses aspirations aux grandes âmes, aux Aigles qui planent dans les hauteurs ?... Moi je me considère comme un faible petit oiseau couvert seulement d’un léger duvet, je ne suis pas un aigle (Dt 32, 11), j’en ai simplement les yeux et le cœur  car malgré ma  petitesse extrême j’ose fixer le Soleil Divin, le Soleil de l’Amour et mon cœur sent en lui toutes [5r°] les aspirations de l’Aigle... »

Manuscrit B.

 

Le voici, cet oiseau sortant du cœur dans lequel sont enfermés les amants qui nourrissent les pauvres. Les couples mariés visiblement en vivant leur Amour dans le Christ, sont eux aussi des aimants pour le Christ. Nous pouvons donner ce témoignage personnel, une des raisons déterminantes, probablement la plus importante, et peut-être même la seule, qui nous aient conduit à vouloir être chrétien est d’avoir constaté que tous couples heureux que nous connaissions, au moins du bonheur que nous-mêmes désirions, étaient chrétiens et chrétiens « pratiquants » (un vrai chrétien est un chrétien pratiquant mais, hélas ! la précision est nécessaire).

Nous voyons dans le motif du couple dans le cœur donnant à manger à des hommes pauvres le Règne de notre Seigneur Jésus Christ. Une société d’hommes et de femmes en relation par le moyen du partage de ce bien inestimable qu’est la faim de l’Amour. Les amants en jouissant font grandir en eux le Désir de jouir encore, et ce désir est communicable. « Jésus… laisse[-moi] jouir pendant mon exil des délices de l’amour. » La communication fait la communion, c’est-à-dire la société, une société structurée autour de l’obéissance d’un unique Chef, un Royaume. Cette obéissance est celui de nous soumettre au désir de notre Roi de nous donner la jouissance de la chair (c’est évident chez Sainte Thérèse), voici le Règne de notre Seigneur Jésus Christ.

Voici la vraie Charité : marcher soi-même sur le chemin qui conduit aux jouissances de la chair et aider les autres à suivre ce même chemin. C’est ce que fait l’homme qui déplie l’homme allongé. Il lui ouvre les bras et s’apprête à lui ouvrir les jambes. L’homme allongé vit la jouissance extrême de se voir bientôt délié de tout ce qui le retenait loin de la jouissance. Nous ne savons pas bien d’où vient l’homme allongé mais les deux autres, celui qui déplie l’homme allongé et celui qui pousse une partie de la coquille et montre le signe de la victoire, la tige fleurie d’un chardon sur lequel un papillon vient butiner, sortent de la solitude inquiète. Leur solitude qui se prolongeait en placenta pour le couple vivant l’Amour privilégié a fleuri en un chardon, une fleur épineuse comme la Couronne d’épine que le Seigneur Jésus a portée pendant sa Passion Bienheureuse. Leur mission a été d’ôter de leurs frères et sœurs le sentiment de culpabilité. Ce chardon, avec la branche épineuse qui blesse la religieuse, la vierge consacrée, est une autre image de la fécondité de la Vie de pénitence ou la mortification. Un papillon vient butiner le chardon. Le papillon comme les autres insectes se nourrissant des fleurs, en particulier les abeilles vient récolter le miel produit par la fleur. Le signe est évident, très simple à lire, nous reconnaissons immédiatement le lion tué par Samson, image de la Mort Précieuse du Seigneur Jésus et de la douceur de l’Eucharistie (cf. Sg 16, 20-21), Pain qui est Lui-Même cette Mort :

 

Jg 14 « 5. C’est pourquoi Samson descendit avec son père et sa mère à Thamnatha. Et, lorsqu’ils furent arrivés aux vignes de la ville, parut le petit d’un lion furieux et rugissant, et il vint à la rencontre de Samson. 6. Mais l’Esprit du Seigneur s’empara de Samson, qui déchira le lion comme il aurait mis un chevreau en pièces, n’ayant absolument rien dans la main ; et il ne voulut pas le déclarer à son père et à sa mère. 7. Et il descendit, et il parla à la femme qui avait plu à ses yeux. 8. Et, après quelques jours, revenant pour l’épouser, il se détourna pour voir le corps du lion, et voilà qu’un essaim d’abeilles était dans la gueule du lion, et un rayon de miel (et ecce examen apum in ore leonis erat ac favus mellis). 9. Ayant pris ce rayon dans ses mains, il le mangeait en chemin ; et étant arrivé chez son père et sa mère, il leur en donna une partie, qu’eux-mêmes aussi mangèrent ; mais cependant il ne voulut pas leur déclarer qu’il avait pris le miel dans la gueule du lion. »

 

Le papillon a très certainement été choisi plutôt que l’abeille car celle-là est inoffensive (cf. Is 11, 6-9), elle n’a pas de dard. Le dard de la mort, en effet, a disparue au Paradis céleste.

 

1 Co 15 « 54. Et quand ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors sera accomplie cette parole qui est écrite : La mort a été absorbée dans sa victoire. 55. Ô mort, où est ta victoire ? Où est, ô mort, ton aiguillon (ubi est mors stimulus tuus) ? » (cf. Os 13, 14)

Nous avons essayé d’expliquer un peu la fonction et la richesse du sentiment de culpabilité dans la Lettre encyclique Quid sit Homo ?, chap. VIII. Les solitaires ont appris à aimer la Gratuité et peuvent aider les autres à La découvrir, à L’accueillir et à La vivre.

Jn 11 « 44 (…) Dixit eis Jesus : Solvite eum et sinite abire. »

« 44. (…) Jésus leur dit : Déliez-le et laissez-le aller. »

Cette Charité, déshabiller les autres…

 

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face :

« Je veux souffrir par amour et même jouir par amour, ainsi je jetterai des fleurs devant ton trône, je n’en rencontrerai pas une sans l’effeuiller pour toi... puis en jetant mes fleurs je chanterai, (pourrait-on pleurer en faisant une aussi joyeuse action ?) je chanterai, même lorsqu’il me faudra cueillir mes fleurs au milieu des épines et mon chant sera d’autant plus mélodieux que les épines seront longues et piquantes. »

Manuscrit B – deuxième partie, 4 r°, 8 septembre 1896.

 

… est un chemin de Croix. J’espère que vous avez compris maintenant le sens de cette promesse : Sainte Thérèse veut toutes et tous nous foutre à poils. La Charité est toujours un chemin de Croix. Pour aimer, il faut donner quelque chose. Juste dessous un Homme porte une Moule contenant deux Amants : le Seigneur Jésus a porté sa Croix pour fabriquer des Amoureux, nous devons à sa suite porter notre croix pour ouvrir à nos Sœurs et Frères la Porte de la Moule, la Porte des jouissances de la chair. Ici encore nous voyons que la Croix est féminine, Elle est la Vierge Marie, le Doux et Délicieux Con de Marie la Pute.

Le Portement de Croix et la Vraie Vigne

À droite, un peu en dessous, un autre Homme porte encore une Croix. Son visage se rapproche beaucoup de celui du Seigneur Jésus. C’est bien Lui.

 

Jn 15 « 1 Ego sum vitis vera, et Pater meus agricola est. »

« 1. Moi je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. 2. Tous les sarments qui ne portent pas de fruit en moi, il les retranchera ; et tous ceux qui portent du fruit, il les émondera, pour qu’ils portent plus de fruit encore. 3. Vous êtes déjà purs, vous, à cause des paroles que je vous ai dites. 4. Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne peut porter de fruit par lui-même, s’il ne demeure uni à la vigne ; ainsi vous non plus, si vous ne demeurez en moi. 5. Moi je suis la vigne, et vous les sarments. Celui qui demeure en moi et moi en lui portera beaucoup de fruit ; parce que sans moi vous ne pouvez rien faire. 6. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme le sarment, et il sèchera ; et on le ramassera, et on le jettera au feu, et il brulera. 7. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez, et il vous sera fait. 8. C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit, et que vous deveniez mes disciples. »

Le Seigneur porte une grosse mure, le fruit de sa Passion et tend un sarment de vigne en signe de victoire. Nous sommes sa Victoire, Il nous a acquis par sa douloureuse Passion. La Jouissance de la Création est le Fruit de sa Souffrance. Les deux autres mures, et en fait tous les fruits, qu’on voit dans le tableau sont le Fruit de la Passion. Lorsque nous nous mangeons l’Eucharistie, nous mangeons le Fruit de la Passion, lorsque nous jouissons des Jouissances de la Chair, nous mangeons le Fruit de sa bienheureuse Passion. Pour nous, porter du Fruit, c’est porter le Fruit que le Seigneur nous donne de sa Passion, porter du Fruit, c’est Jouir, Jouir, c’est remercier Dieu, rendre Grâce pour tout ce qu’Il a fait pour nous.

La “Scène du Puits” avec le rhinocéros, une scène érotique entre Hommes

Nous voyons ici une des reproductions de la “Scène du Puits” de la grotte de Lascaux dans le panneau du paradis céleste. La lance sur le bison est dessinée de trois traits : un à l’arrière, un sur le corps, un devant le ventre. La lance peut être interprétée comme un seul objet ou bien trois. Si c’est un seul objet on peut la voir transpercer le bison de l’arrière jusqu’au ventre. Si c’est trois objets, ils peuvent représenter trois moments de la narration : la Conception du Seigneur Jésus ou l’Annonciation, la Gestation, la Naissance du Seigneur Jésus, Noël. La partie avant peut aussi représenter le Sexe en érection d’un bison mâle. La scène érotique entre Hommes en est une illustration de cette lecture. Voyez la superposition plus bas.

 

L’Homme qui nous regarde est très probablement un autoportrait. Il est assis à terre et appuyé sur sa main exactement comme Adam sur le panneau du paradis terrestre et la Vierge Marie juste au-dessus. Ce motif est le signe qu’il s’agit d’une transposition. Ici nous n’avons plus une Femme et un Homme mais un Homme et un Homme.

 

1°) L’Homme à genoux, les yeux fermés tient la position du bison, la partie de l’arrière de la lance est donc un Phallus en train de le pénétrer. Il faut aussi remarquer l’arrière du bison posé sur le Cul d’un homme du groupe à droite. L’avant bras gauche de l’Homme à genoux est dans le prolongement de son Sexe, c’est la partie basse de la lance, l’Homme est montré par ce moyen avec le Sexe en érection.

 

2°) L’Homme assis est aussi montré le Sexe en érection : la partie du ventre entre sa cuisse gauche et le bras droit de l’Homme à genoux dessine une pointe, c’est le Sexe en érection de l’homme-oiseau. Ce Sexe vient se planter sous le menton de l’Homme à genoux, c’est une transposition du Sexe de l’homme-oiseau se dirigeant sur le fanon du bison.

 

3°) Le fruit ouvert laisse échapper des billes brillantes semblables à celles qui se trouvent sur la terre noire, le charbon, de l’ile du paradis terrestre soutenant la Fontaine de Vie. C’est les entrailles ouvertes du bison.

 

4°) L’Homme qui mord une fraise tient la place de l’oiseau sur un piquet. Il est orienté comme l’oiseau vers la droite. La queue de la fraise est la pointe du piquet.

 

5°) Sous la main posée à terre de l’Homme assis, trois perles représentent les trois personnages de la “Scène du Puits”, images de la Sainte et Bienheureuse Trinité.

 

6°) Le rhinocéros (ou le bison à corne de rhinocéros) présente son cul à l’oiseau sur un piquet. Nous avons déjà remarqué que, dans le Jardin des délices, l’oiseau est une représentation du Phallus. La corne du rhinocéros peut tout à fait apparaitre comme un symbole masculin même si bien entendu les rhinocéros mâles et femelles en sont pourvus. Le couple oiseau et rhinocéros peut être interprété comme un couple d’Hommes sur le point de pratiquer la pénétration anale.

 

7°) Les jambes repliées des personnages marchant sur les mains dessinent les queues du bison et du rhinocéros.

Les trois Hommes représentent parfaitement les trois personnages de la “Scène du Puits”. Les Hommes et les objets dessinent parfaitement l’ensemble de la composition. Jérôme Bosch a peint ici un des sens contenus dans la “Scène du Puits” : une relation charnelle homosexuelle. Nous ne pouvons pas en déduire forcément que Jérôme Bosch avait des relations homosexuels. Il nous dit au moins qu’il y pensait et les désirait. Juste au-dessus nous voyons l’Homme en train de se faire enfoncer des tiges de fleur dans l’anus tout en étant protégé par la Douce Vierge Marie.

 

Il y a dans le tableau encore une autre scène érotique entre Homme, une fellation. Ces deux Hommes ont l’air les plus heureux de tout le tableau.

Le clitoris

Nous voyons, dans l’image ci-dessus, une Femme mangeant des petits fruits rouges puisés dans une sphère qu’elle tient entre ses jambes. Un Homme, à côté d’elle, lui propose un poisson. Ici encore, comme dans le groupe de la Vierge Marie et celui de la cueillette, le récit est fidèle à celui de la Genèse : le Serpent est le premier à avoir pris la parole. La tentation vient de l’Homme et la Femme aide l’Homme à entrer dans le désir qu’il a éveillé chez sa Chérie.

Gn 3 « 6 Vidit igitur mulier quod bonum esset lignum ad vescendum, et pulchrum oculis, aspectuque delectabile : et tulit de fructu illius, et comedit : deditque viro suo, qui comedit. »

« 6. La Femme donc vit que le bois était bon à manger, beau à voir et d’un aspect qui excitait le désir ; elle en prit, en mangea et en donna à son mari, qui en mangea. »

Le Serpent a parlé à Ève du fruit. Elle remarque qu’il est au milieu du jardin « quod est in medio paradisi ». Elle n’a pas de Serpent comme son mari mais un Bouton, une petite Cerise. Dans le Jardin des délices, la fraise est le Gland de l’Homme et la cerise, le Clitoris de la Femme. Après avoir mangé du fruit de son Sexe, Ève l’a proposé à son Mari, elle a finalement donné à manger au Serpent. C’est toute Justice, ainsi la boucle est bouclée. Jérôme Bosch montre qu’il mange lui aussi du fruit de l’arbre proposé par la Femme. La Femme éveille tous les Désirs car la relation entre la Mère et l’Enfant est à l’origine de toute la vie sexuelle (voir les Vierge à l’Enfant dans les pages consacrées à l’œuvre complète des peintres religieux). Ce Désir enflammé par la Femme ne s’arrête pas aux Femmes, il se tourne aussi vers les Hommes.

La frise des Main

La Main est une image du Sexe de l’Homme dans le Cantique des cantiques.

 

Ct 5

« 4. Dilectus meus misit manum suam per foramen,

« 4. Mon bien-aimé a lancé sa main par le trou,

et venter meus intremuit ad tactum ejus. »

et mon ventre a tremblé à son attouchement. »

 

   Cette image biblique a été utilisée en particulier par Jean van Eyck dans le tableau de La Crucifixion et Rogier van der Weyden dans plusieurs représentations de La Vierge à l’Enfant. Elle est encore utilisée au XVIIe siècle par Abraham Bloemaert dans le tableau Médor et Angélique.

 

Jérôme Bosch rappelle avec insistance de sens de cette image le long d’une frise en bas du panneau du paradis céleste.


- Erhard Reuwich, Animaux de la Terre sainte, xylographie, fol. 132r de Bernard de Breydenbach, Peregrinationes in Terra sanctam, Mayence (1486), La Haye, Muséum Meermanno-Westreenianum.

1°) Le doigt d’Adam qui se tourne vers Ève.

2°) La main de la Femme aux longs cheveux qui peut-être reproduit le geste des Femmes à la corne de L’Abri de Laussel. Si c’est bien vrai, la main de la Femme noire dessine le geste de la main droite, le doit pointé de l’Homme à côté d’elle est placé au niveau de la corne tenue par les Femmes à la corne de l’Abri sous roche de Laussel. Cette hypothèse car la Femme aux longs cheveux est très poilue. Jérôme a probablement voulu peindre une Femme des Temps antiques. On peut encore penser qu’il l’a imaginé cette Femme d’après certains récits de voyage parfois très éloignés de la réalité et leurs illustrations. Voyez la xylographie d’Erhard Reuwich.

3°) La main de l’Homme qui touche et réclame la Vierge Marie.

4°) Le bras de l’Homme qui porte un poisson et invite ses amis dans la guérite à une partie de plaisir.

5°) La main de l’Homme qui plante des tiges de fleur dans le trou du Cul de l’Homme à genoux contre la Vierge Marie.

6°) L’avant-bras et la main de l’Homme à genoux de la scène érotique entre Hommes. C’est la partie avant de la lance qui traverse le bison de la “Scène du Puits”.

7°) L’avant-bras et la main de l’Homme qui mort dans une grosse fraise. C’est la corne du rhinocéros.

8°) Les bras et les mains aveugles des Hommes marchants sur les mains et enfermés dans une fleur-fruit.

9°) Le bras et la main qui sort de la coquille bleue. Ce bras semble plus posé seul sur le poisson et contre la coquille qu’être le prolongement d’un Homme caché à l’intérieur. Cette association au poisson comme celui vu plus haut, montre que la main de l’Homme et le poisson sont tous deux des images du Sexe de l’Homme.

10°) Le doigt de l’Homme qui montre le poisson et invite la Femme qui se masturbe à être pénétrée par lui.

11°) Le bras, la main et le doigt du Seigneur Jésus qui invite l’Homme avec un paquet de feuille sur son Cœur (cf. Ct 1, 12) : « Va pour toi. » (Gn 12, 1)

12°) La main du Seigneur Jésus portant la Croix.

13°) La main de l’Homme qui lance un oiseau (voir ci-après).

14°) L’avant-bras et la main de l’Homme embrassé par une Femme dans une coquille rose.

15°) Et surtout… la main de l’Homme dans la coquille rose et la tête dans son autre main et devant une tube de verre. La main est relevée exactement devant le Sexe, elle dessine le Sexe en érection de l’homme-oiseau et reprend le motif si souvent dessiné par Rogier van der Weyden dans les représentations de La Vierge à l’Enfant reproduisant la “Scène du Puits”.

16°) Il y en encore dans le panneau du paradis céleste un grand nombre de bras et de mains représentant le Sexe de l’Homme.

17°) Dans le panneau du paradis terrestre, la main gauche d’Adam est posée sur sa cuisse et n’est pas relevé car Ève n’a pas encore pris les choses en main…

Ct 3

4 Paululum cum pertransissem eos,

inveni quem diligit anima mea :

tenui eum, nec dimittam,

donec introducam illum in domum matris meae,

et in cubiculum genetricis meae. »

« 4. Lorsque je les [les sentinelles qui gardent la cité] ai eu un peu dépassées,

j’ai rencontré celui que chérit mon âme :

je l’ai saisi et je ne le laisserai pas aller,

jusqu’à ce que je l’introduise dans la maison de ma mère,

et dans la chambre de celle qui m’a donné le jour. »

… revenons au départ de la frise, n° 1, la boucle et bouclée. 

L’origine des peuples

En bas à gauche, tourné vers le panneau du paradis céleste, un groupe d’Homme et une Femme de couleurs différentes contemplent leur origine : l’Union charnelle d’Adam et Ève et la multitude des Unions charnelles de tous les temps. Il ne faut pas oublier ici les enfants nés hors d’une relation sexuelle. Un Homme tient une outre prolongée par une pipette comme une vésicule séminale. Elle représente les organes producteurs et achemineurs des spermatozoïdes. Même les enfants nés hors relation sexuelle sont issus des organes génitaux de leurs parents biologiques. L’Homme au premier plan, dans un même geste, montre le panneau du paradis terrestre et lance un oiseau dans le ciel comme Noé depuis l’Arche.

 

   Gn 8 « 6. Et lorsque quarante jours furent passés, Noé, ouvrant la fenêtre qu’il avait faite à l’arche, lâcha le corbeau, 7. Qui sortit et ne revint plus, jusqu’à ce que les eaux fussent desséchées sur la terre. 8. Il lâcha aussi la colombe, pour voir si les eaux n’étaient plus sur la surface de la terre. 9. Mais comme elle ne trouva pas où poser son pied, elle revint vers lui dans l’arche, parce que les eaux étaient encore sur toute la terre : et il tendit la main, et l’ayant prise, il la remit dans l’arche. 10. Et ayant attendu encore sept autres jours, il envoya de nouveau la colombe hors de l’arche. 11. Mais elle vint à lui vers le soir, portant à son bec un rameau d’olivier ayant des feuilles vertes. Noé comprit donc que les eaux n’étaient plus sur la face de la terre. 12. Il attendit cependant sept autres jours, et il envoya la colombe qui ne revint plus vers lui. »

L’envol de ces oiseaux est le départ de la multiplication des Hommes et des Femmes sur la Terre.

 

« 15. Alors Dieu parla à Noé, disant : 16. Sors de l’arche, toi et ta Femme, tes fils et les Femmes de tes fils. 17. Tous les animaux qui sont auprès de toi, de toute chair, tant parmi les volatiles que parmi les quadrupèdes et tous les reptiles qui rampent sur la terre, fais-les sortir avec toi et entrez sur la terre : Croissez et vous y multipliez. »

 

L’envol de ces oiseaux est le Désir Sexuel que Dieu a lâché dans le Cœur de l’Homme et de la Femme pour les amener à engendrer l’Humanité entière. Le Désir de la Naissance des Enfant vient toujours de Dieu. Dieu communique aux Hommes et aux Femmes un Désir qui accomplit son Désir. Les Enfants qui naissent hors relation sexuelle sont désirés par Dieu. Dieu Seul est toujours à l’origine première de notre Vie.

Les lignes du triptyque

Une ligne de croissance

Deux citations bibliques

Gn 1 « 28 Benedixitque illis Deus, et ait : Crescite et multiplicamini, et replete terram, et subjicite eam, et dominamini piscibus maris, et volatilibus caeli, et universis animantibus, quae moventur super terram. »

« 28. Et Dieu les bénit et leur dit : Croissez et multipliez-vous ; remplissez la terre et assujettissez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les volatiles du ciel et sur tous les animaux qui se meuvent sur la terre. »

 

Is 9 « 3 Multiplicasti gentem, et non magnificasti laetitiam. Laetabuntur coram te, sicut qui laetantur in messe ; sicut exsultant victores capta praeda, quando dividunt spolia. »

« 3. Vous avez multiplié le peuple et vous n’avez point augmenté la joie. Ils se réjouiront devant vous, comme on se réjouit à la moisson, et comme les vainqueurs tressaillent d’allégresse lorsqu’ils ont pillé l’ennemi, et qu’ils partagent le butin. »

Les objets qui désignent cette ligne

A. Le paradis terrestre

1°) Un des oiseaux sur l’arbre de gauche.

2°) Les yeux du Seigneur Jésus.

 

B. Le paradis céleste

3°) La ligne a la propriété de réunir, sur un diamètre de la ronde, l’animal-phallus et le poisson qui en avale un autre.

4°) L’Homme porté sur l’animal-phallus désigne le diamètre à notre attention, il tient dans ses bras ouverts un arc de cercle comme la sirène un peu plus haut tient sa queue.

5°) L’avant du hérisson.

6°) Les pattes et le bec d’un oiseau.

7°) La main d’une Femme passant la tête au-dessus de la berge du bassin.

8°) Le poigné de la première Femme du groupe au milieu du bassin.

9°) La ligne passe au-dessus d’une ligne dessiné par le Sexe exposé de trois Femmes dans le bassin et le celui caché d’une quatrième Femme.

10°) Le point d’intersection des diagonales du rectangle entourant l’ellipse formé par le cercle de la berge bassin vu selon la perspective.

11°) Au dessus de l’index d’une Femme dans l’eau et le sous le pouce de l’autre.

12°) Un point d’intersection des deux bras croisés de deux Femmes dans l’eau. La ligne ne passe pas sur le point d’intersection des lignes passant par le centre des bras mais sur les lignes supérieures des contours des bras.

13°) Le bout de deux becs d’oiseau posé sur la tête de Femmes assise sur la berge du bassin.

14°) Le sommet de la fleur rouge dans laquelle sont réunis des Hommes (et des Femmes ?).

15°) Il y a dans le paradis célestes d’autres signes que nous verrons par la suite.

16°) Elle commence en bas à droite sur le bec du martin-pêcheur et se termine sur la berge d’une des quatre extrémités, « quatuor capita », du fleuve qui arrose le paradis céleste (cf. Gn 2, 10). C’est une ligne de séparation de la composition. Le bec martin-pêcheur la commence probablement en souvenir de Saint Martin († 397) qui, avant d’être baptisé, partagea son manteau de soldat avec un pauvre à Amiens. Le plumage du martin-pêcheur est très nettement séparé par une ligne longitudinale, roux et blanc sur le ventre et la gorge, bleu, vert et noire sur le dos et la tête.

17°) Le couple Femme noire et Homme blanc sur le canard est encore une allusion à cette ligne de séparation. La main de l’Homme qui embrasse une Femme sur le canard, en tenant le cou et la joue de la belle, et le pouce de la Femme désignent la même ligne.

 

C. L’enfer

18°) Le sommet d’un feu droite.

19°) Le sommet de la porte d’un mur d’enceinte à gauche.

La signification de la ligne

Cette ligne est de première importance. Nous voyons combien Jérôme Bosch insiste pour nous la montrer. Elle révèle tout le sens du triptyque. Elle résume tout le mystère de Dieu, du Seigneur Jésus, de la religion chrétienne.

Elle passe sur les yeux du Fils de Dieu avant l’Incarnation. Cette superposition signifie qu’elle a pour origine le projet de Dieu.

 

Jr 19 « 10. Parce que voici ce que dit le Seigneur : Lorsque soixante-dix ans auront commencé d’être accomplis à Babylone, je vous visiterai ; et je réaliserai pour vous ma bonne parole en vous ramenant en ce lieu. 11. Car moi, je sais les pensées que je pense sur vous, dit le Seigneur, pensées de paix et non d’affliction : c’est de vous accorder la fin de vos maux et la patience. 12. Et vous m’invoquerez, et vous partirez ; vous me prierez, et moi je vous exaucerai. 13. Vous me chercherez et vous me trouverez, lorsque vous m’aurez cherché de tout votre cœur. »

 

Elle exprime deux choses : la Croissance et la Séparation. La Croissance contient en elle deux croissances : la croissance du Peuple et la croissance de la Joie. Nous sommes à l’origine du monde :

 

Gn 1 « 1 In principio creavit Deus caelum et terram. 2 Terra autem erat inanis et vacua, et tenebrae erant super faciem abyssi : et spiritus Dei ferebatur super aquas. 3 Dixitque Deus : Fiat lux. Et facta est lux. 4 Et vidit Deus lucem quod esset bona : et divisit lucem a tenebris. 5 Appellavitque lucem Diem, et tenebras Noctem : factumque est vespere et mane, dies unus. »

« 1. Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. 2. Mais la terre était informe et nue, et des ténèbres étaient sur la face d’un abime, et l’Esprit de Dieu était porté sur les eaux. 3. Or Dieu dit : Que la lumière soit. Et la lumière fut. 4. Et Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres. »

« 26 et ait : Faciamus hominem ad imaginem et similitudinem nostram : et praesit piscibus maris, et volatilibus caeli, et bestiis, universaeque terrae, omnique reptili, quod movetur in terra. 27 Et creavit Deus hominem ad imaginem suam : ad imaginem Dei creavit illum, masculum et feminam creavit eos. » 

« 26. Il dit ensuite : Faisons un Homme à notre image et à notre ressemblance : et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les volatiles du ciel, et sur les bêtes, et sur toute la terre et sur tous les reptiles qui se meuvent sur la terre. 27. Et Dieu créa l’Homme à son image : c’est à l’image de Dieu qu’il le créa : il les créa mâle et femelle. »

 

Gn 2 « 23 Dixitque Adam : Hoc nunc os ex ossibus meis, et caro de carne mea : haec vocabitur Virago, quoniam de viro sumpta est. »

« 23. Et Adam dit : Voilà maintenant un os de mes os, et de la chair de ma chair : celle-ci s’appellera Femme, parce qu’elle a été tirée d’un Homme. »

 

Mt 10 « 34 Nolite arbitrari quia pacem venerim mittere in terram : non veni pacem mittere, sed gladium : 35 veni enim separare hominem adversus patrem suum, et filiam adversus matrem suam, et nurum adversus socrum suam : 36 et inimici hominis, domestici ejus. 37 Qui amat patrem aut matrem plus quam me, non est me dignus : et qui amat filium aut filiam super me, non est me dignus. 38 Et qui non accipit crucem suam, et sequitur me, non est me dignus. 39 Qui invenit animam suam, perdet illam : et qui perdiderit animam suam propter me, inveniet eam. »

« 34. Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. 35. Car je suis venu séparer l’Homme de son père, la fille de sa mère et la belle-fille de sa belle-mère. 36. Ainsi les ennemis de l’Homme seront les gens de sa propre maison. 37. Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi. 38. Et qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. 39. Celui qui trouve son âme, la perdra ; et celui qui aura perdu son âme à cause de moi, la retrouvera. »

 

Dieu fait l’Homme à son image et pour le faire à son image, il le fait séparé mâle et femelle. L’Homme n’est pas le mâle, l’Homme n’est pas la Femme, l’Homme est mâle et femelle. L’Homme est un être complet uniquement avec lorsque le mâle retrouve celle qui lui est semblable, « os ex ossibus meis, et caro de carne mea », mais cependant entièrement différente, « car elle a été prise du mâle », « quoniam de viro sumpta est. ».

 

La séparation est à l’origine de la joie des retrouvailles. Adam nait au moment où il voit pour la première fois son épouse, c’est un cri de joie après la tristesse :

 

Gn 2 « 20 Appellavitque Adam nominibus suis cuncta animantia, et universa volatilia caeli, et omnes bestias terrae : Adae vero non inveniebatur adjutor similis ejus. »

« 20. Ainsi Adam, appela par leurs noms tous les animaux, tous les volatiles du ciel, et toutes les bêtes de la terre : mais pour Adam, il ne se trouvait point d’aide semblable à lui. »

« 23 Dixitque Adam : Hoc nunc os ex ossibus meis, et caro de carne mea : haec vocabitur Virago, quoniam de viro sumpta est. »

« 23. Et Adam dit : Voilà maintenant un os de mes os, et de la chair de ma chair : celle-ci s’appellera Femme, parce qu’elle a été tirée d’un Homme. »

 

Au commencement de l’Humanité s’accomplit déjà la Parole éternelle (cf. Mt 24, 35) du Seigneur Jésus :

 

Jn 16 « 19. Or Jésus connut qu’ils voulaient l’interroger, et il leur dit : Vous vous demandez les uns aux autres ce que j’ai dit : Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps et vous me verrez. 20. En vérité, en vérité, je vous le dis, vous gémirez et vous pleurerez, vous, mais le monde se réjouira ; vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie. »

 

La Vie et la Joie s’accroit par l’abandon.

 

Jn 12 « 24. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de froment, tombant sur la terre, ne meurt pas, 25. Il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. Celui qui aime sa vie la perdra ; et celui qui hait sa vie en ce monde, la conservera pour la vie éternelle. »

 

Le panneau de l’enfer montre ceux qui ont refusé d’abandonner ce qu’ils possédaient. Le tableau est rempli d’objets manufacturés alors qu’il n’y en a aucun dans le panneau central. Ce fait, si envahissant dans le triptyque, suffit à montrer qu’il est absolument impossible qu’un passage, une succession temporelle, existe entre le panneau central et le panneau de droite. Affirmer que le panneau de droite montre le châtiment de ceux qui se sont livrés aux « plaisirs passagers » dans le panneau central est une absurdité complète. Pourquoi des Hommes et des Femmes qui auraient vécus sans objet manufacturé se trouveraient ensuite châtiés par des objets dont ils ne se sont jamais servi : arme, couteau, instrument de musique, table, chaise, dés, boissons trafiquées, stylo, papier, etc. Les Hommes et Femmes du panneau de l’enfer souffrent de ce dont ils n’ont pas voulu se séparer, les choses « du monde » pris en mauvaise part (cf. Jn 15, 18-19).

 

Le Seigneur Jésus est venu apporter le glaive. C’est le martin-pêcheur en bas à droite. Le motif qui commence la ligne de croissance et de séparation dans le paradis céleste. C’est Saint Martin coupant son manteau de soldat et en donnant une moitié à un pauvre à Amiens. En donnant la moitié, il donne tout ce qu’il peut donner, car le soldat payait la moitié de son équipement, l’autre appartenait à l’autorité qui le commandait.

 

Il faut bien entendre la parole du prophète Isaïe :

 

Is 9 « 3. Vous avez multiplié le peuple et vous n’avez point augmenté la joie. Ils se réjouiront devant vous, comme on se réjouit à la moisson, et comme les vainqueurs tressaillent d’allégresse lorsqu’ils ont pillé l’ennemi, et qu’ils partagent le butin. »

 

La croissance du Peuple a eu lieu dans la peine mais secrètement agissait aussi la croissance de la Joie. Celle-ci se manifeste ensuite, c’est le Jardin des délices.

 

Ps 125

« 1. Cantique des degrés.

Quand le Seigneur a fait revenir la captivité de Sion, nous fûmes comme des consolés.

2. Alors notre bouche fut remplie de joie, et notre langue d’exultation.

Alors on dira parmi les nations : Le Seigneur a magnifiquement agi avec eux.

3. Le Seigneur a magnifiquement agi avec nous : nous sommes devenus pleins de joie.

4. Faites revenir, Seigneur, notre captivité, comme le torrent au midi.

5. Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans l’exultation.

6. Allant, ils allaient et pleuraient, jetant leurs semences :

Mais, venant, ils venaient avec exultation, portant leurs gerbes. »

Le déplacement du bassin et de la Fontaine de Vie

Le mouvement de croissance est aussi montré dans le triptyque par le déplacement du bassin et de la Fontaine de Vie entre le paradis terrestre et le paradis céleste. Un seul Sexe Divin, « les Entrailles de Miséricorde », « viscera misericordiae » (Lc 1, 78) a fait que la mare boueuse de la Création devienne habitée par de Superbes Femmes faites à l’image de la Beauté Divine (cf. Sg 7, 26). Et le Chef d’Œuvre de la Création est devenu l’abri, le refuge, de notre Joie.

 

Mt 13 « 31. Il leur proposa une autre parabole, disant : Le royaume des cieux est semblable à un grain de sènevé, qu’un Homme prit et sema dans son champ. 32. C’est, à la vérité, le plus petit de tous les grains ; mais lorsqu’il a crû, il est plus grand que toutes les plantes, et il devient un arbre ; de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses rameaux. »

 

Hymne acathiste à la Mère de Dieu (extrait) :

« Réjouis-toi en qui les cieux se réjouissent avec la terre ».

 

Dans la sphère bleue, qui est aussi le Sexe de la Vierge Marie, les Hommes,  les Femmes et les Anges invisibles se réjouissent.

Conclusion

Nous avons donné une explication du thème de la séparation et de la croissance dans la Lettre encyclique Quid sit Homo ? IX, 2. Le Prêtre. Voici le passage d’Isaïe dont est extrait le verset cité en début de chapitre. Le Jardin des délices raconte en peinture de cette même prophétie (traduction et commentaire de L.-Cl. Fillion). Le peuple a été multiplié, la peine est passée ou est en train de passé (voir La porte d’entrée du paradis céleste et Le Règne de notre Seigneur Jésus Christ), le peuple se réjouit maintenant auprès de Dieu, les choses mauvaises ont été jetées au feu et ceux qui voulait s’y attacher y ont été jeté avec (cf. Is 66, 17.24). Cette délivrance et cette Joie nous est donnée par un Enfant, le Seigneur Jésus, et sa Mère, la Vierge Marie.

Is 9 « 1 Primo tempore alleviata est terra Zabulon et terra Nephthali : et novissimo aggravata est via maris trans Jordanem Galilaeae gentium. 2 Populus qui ambulabat in tenebris, vidit lucem magnam ; habitantibus in regione umbrae mortis, lux orta est eis. 3 Multiplicasti gentem, et non magnificasti laetitiam. Laetabuntur coram te, sicut qui laetantur in messe ; sicut exsultant victores capta praeda, quando dividunt spolia. 4 Jugum enim oneris ejus, et virgam humeri ejus, et sceptrum exactoris ejus superasti, sicut in die Madian. 5 Quia omnis violentia praedatio cum tumultu, et vestimentum mistum sanguine, erit in combustionem, et cibus ignis. 6 Parvulus enim natus est nobis, et filius datus est nobis, et factus est principatus super humerum ejus : et vocabitur nomen ejus, Admirabilis, Consiliarius, Deus, Fortis, Pater futuri saeculi, Princeps pacis. 7 Multiplicabitur ejus imperium, et pacis non erit finis ; super solium David, et super regnum ejus sedebit, ut confirmet illud et corroboret in judicio et justitia, amodo et usque in sempiternum : zelus Domini exercituum faciet hoc. »

« 1. Au temps passé le pays de Zabulon et le pays de Nephthali ont été humiliés, et au temps à venir, la route de la mer, au delà du Jourdain, la Galilée des nations, seront couvertes de gloire. 2. Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; sur ceux qui habitaient dans la région de l’ombre de la mort, une lumière s’est levée. 3. Vous avez multiplié le peuple dont vous n’aviez point augmenté la joie. Ils se réjouiront devant vous, comme on se réjouit à la moisson, et comme les vainqueurs tressaillent d’allégresse lorsqu’ils ont pillé l’ennemi, et qu’ils partagent le butin. 4. Car le joug qui pesait sur lui, la verge qui déchirait son dos, et le sceptre de celui qui l’opprimait, vous les avez brisés, comme la journée de Madian. 5. Car toutes les dépouilles remportées avec violence et dans le tumulte, et les vêtements souillés de sang seront mis au feu, et deviendront la pâture de la flamme. 6. Car un petit enfant nous est né, et un fils nous a été donné ; il portera sur son épaule la marque de sa principauté ; et il sera appelé Admirable, Conseiller, Dieu, Fort, Père du siècle futur, Prince de la paix. 7. Son empire s’étendra de plus en plus, et la paix n’aura pas de fin ; il s’assiéra sur le trône de David, et il possèdera son royaume pour l’affermir et le fortifier par le droit et par la justice, dès maintenant et à jamais, le zèle du Seigneur des armées fera ces choses. »

« 4° Le règne d’Emmanuel. IX, 1-7.

Chap. IX. — 1-5. La lumière apportée par le Messie. Magnifique contraste avec le tableau qui précède. Dans l’hébreu, le vers. 1 est rattaché an chap. VIII. — Primo tempore. Aux époques plus anciennes de l’histoire d’Israël, par opposition aux temps glorieux dont va parler le prophète. — Alleviata..., aggravata est... Il faut nécessairement donner à ces deux verbes le sens de ceux qui leur correspondent dans le texte primitif ; autrement, ils exprimeraient le contraire de la pensés d’Isaïe : Au premier temps (Dieu) a couvert d’opprobre (par conséquent, « levis, vilis facta est ») la terre de Zabulon..., et au dernier-temps, il a couvert de gloire (« gravis, gloriosa facta est ») le chemin de la mer... — L’expression novissimo (en hébreu, hâ’aḥarôn) représente l’ère messianique. Cf. II, 2, et le commentaire. — Les cinq locutions terra Zabulon, terra Nephtali, via maris, trans Jordanem et Galilaeae gentium sont à peu près synonymes, et désignent, à elles toutes, la Palestine septentrionale. Les deux premières représentent le territoire des tribus de Zabulon et de Nephthali. Par « chemin de la mer » il faut entendre le district situé à l’ouest du lac de Tibériade. « Au delà du Jourdain, » c’est ici le nord de la Palestine transjordanienne. Enfin la « Galilée (hébr. : gelit, cercle, district) des Gentils » était située du côté de la Phénicie, et elle portait ce nom parce qu’une partie considérable de sa population était païenne. Voyez l’Atl. géogr.) pl. VII et X. Toute la région ainsi décrite ayant eu ou devant avoir plus particulièrement à souffrir des invasions assyriennes, on lui prédit que le Messie lui apportera des bénédictions spéciales, qui compenseront leurs maux. — Populus qui... « Le cercle de la vision du prophète s’étend, » car il est maintenant question d’Israël tout entier. — In tenebris : dans les ténèbres de malheur. Cf. VIII, 20, 22. — In regione umbrae mortis : dans le .séjour des morts, qui est le lien ténébreux par excellence. Cf. Ps. XXII, 4, etc. — Vidit lucem..., lux orta... Grande emphase dans ces mots. Voici que la condition d’Israël est totalement transformée ; c’est le Jour parfait, la pleine lumière, après les plus affreuses ténèbres. Saint Matthieu, IV, 13 et ss., applique directement ce passage à Jésus Christ, qui apporta une si brillante lumière aux habitants dê la Galilée, lorsqu’il vint établir à Capharnaüm le centre de sa prédication ; le Talmud l’a compris de la même manière, car il en déduit que « le Messie sera manifesté en Galilée ». — Multiplicasti gentem... (vers. 3). L’humble reste d’Israël, si souvent mentionné par Isaïe (V, 13 ; VII, 17-22, etc.), deviendra une nation nombreuse et puissante. — Et non... laetitiam. L’hébreu dit au contraire, d’après la note marginale (le qeri) à laquelle se sont conformés les LXX et le syriaque : Tu multiplies la nation, tu lui prépares une grande joie. La leçon adoptée par la Vulgate (le keṭib) n’a de sens dans ce passage que si l’on traduit : Tu multiplies la nation à laquelle tu n’avais pas accordé une grande joie (litote pour signifier : la nation que tu avais abreuvée d’épreuves). Sur la multiplication merveilleuse du peuple de Dieu, voyez XXVI, 15, 18-19 ; Jer. XXXI, 27 ; Ez. XXXVI, 11, etc. — Laetabuntur coram te... Détail touchant : leur bonheur est très saint, et dépend de la présence de Jéhovah » parmi eux. — In messe, sicut victores... La joie de la moisson a été de tout temps proverbiale (cf. Ps. CXXV, 6, et Jer. XLVIII, 33, etc.) ; celle de la victoire est plus grande encore (cf. LIII, 12, Jud. V, 30 ; Ps. LXVII, 13 ; CXVIII, 162). — Jugum... oneris... (vers. 4). Hébraïsme : le joug pesant que les ennemis du peuple de Dieu (ejus), et spécialement les Assyriens, lui avaient imposé. — Virgam humeri. Autre hébraïsme : le bâton qui avait frappé cruellement le dos des Israélites. — Sceptrum exactoris, Plutôt : la verge du maitre de corvées. Cf. Ex. V, 6, et l’Atl. archéol., pl. XLIX , fig. 6. — Superasti. L’hébreu dit avec plus de force : Tu as brisé. — In die Madian : le jour où Gédéon battit les Madianites d’une manière miraculeuse. Cf. Jud. VII, 1 et ss. Il n’en coutera pas davantage à Jéhovah pour détruire les bataillons assyriens, quoique plus redoutables que ceux de Madian. — Omnis violenta praedatio (vers. 5). Variante considérable dans l’hébreu : Toute chaussure qu’on porte dans la mêlée ; c.-à-d. les bottes solides des soldats. — Vestimentum mixtum... : les tuniques militaires souillées de sang pendant le combat. — Erit in combustionem : parce que la paix règnera désormais. « Tout appareil de guerre disparait du royaume messianique. » Cf. II, 4 ; Ez. XXXIX, 9 ; Zach. IX, 10, etc.

6-7. La naissance et la royauté d’Emmanuel, sources de cette lumière et de tout ce bonheur. « Hymne de Noël » magnifique, chanté plus de sept-cent-trente ans avant la naissance du Christ. — Par valus... La particule enim rattache à la naissance de l’Enfant les heureux évènements qui viennent d’être décrits (vers. 1-6), et cet enfant, accueilli avec tant d’amour et de joie, ne diffère certainement pas d’Emmanuel, du Messie, dont le prophète annonçait naguère (VII, 14) la conception miraculeuse : le contexte ne permet pas le moindre doute sur ce point. Natus est et datus est sont des prétérits prophétiques. Le pronom nobis est très fortement accentué : le divin Enfant devait réellement naitre pour Israël et pour tous les Hommes. — Factus est principatus... Glorieuse énumération des attributs et des noms d’Emmanuel. Il sera le roi du monde entier. Cf. Ps. LXXI, 8 et ss. ; Mich. v, 3-5, etc. — Super humerum ejus. Expression figurée. Le pouvoir était regardé à bon droit comme un fardeau ; c’est pourquoi les grands dignitaires de l’État portaient parfois sur l’épaule les insignes de leur charge. Cf. XXII, 22. — Vocabitur nomen ejus... Cinq noms remarquables, dont le nouveau-né réalisera pleinement la signification. — Admirabilis : d’après l’hébreu, pélé’, à l’abstrait, c.-à-d. merveille. — Consiliarius : le conseiller parfait et Infaillible de ses sujets, auxquels il indiquera toujours la voie la plus excellente. — Deus fortis. Ces deux mots ne doivent pas être séparés, car ils n’en font qu’un en réalité. Hébr. : ’Et gibbôr, Dieu fort. Cf. X, 21 ; Deut. X, 17, etc. Ce nom explique et complète celui d’Emmanuel, « Dieu avec nous. » Il n’était pas possible d’énoncer la divinité du Messie en termes pins formels, car le mot ’El désigne toujours Dieu dans les saints Livres. — Pater futuri saeculi. Le Christ gouvernera le monde d’une manière toute paternelle, et son règne n’aura pas de fin. Hébr. : ’abi-‘ad, père de l’éternité, c.-à-d. père éternel. — Princeps pacte. Encore le rôle pacifique du Messie. Cf. II, 4, et la note ; Ps. LXXI, 1, 7 ; Mich. V, 5, etc. — Les LXX ont singulièrement altéré ce passage, n’osant pas, comme l’a pensé saint Jérôme, en exprimer toute la force. Au lieu des noms magnifiques que nous venons de lire, ils ont simplement cette, phrase assez ordinaire : On l’appellera ange du grand conseil, et j’amènerai la paix sur les princes et (je lui donnerai) la santé. Voyez Knabenbauer, h. l. — Multiplicabitur... (vers. 7). C’est l’extension universelle du royaume d’Emmanuel, ou la catholicité de l’Église. Cf. Ps. II, 8 ; LXXI, 11.— Super solium David : conformément aux antiques promesses (II Reg. VII, 14 et ss. ; cf. Luc. I, 32). — Ut confirmet illud... Ce règne sera établi sur des bases inébranlables et n’aura jamais de fin. — In judicio... Moyen par lequel sera produit un si beau résultat. Comp. I, 27. — Zelus Domini... C.-à-d. l’amour jaloux avec lequel Jéhovah protège son peuple privilégié. »

La ligne de la doctrine endurcie du péché originel

Deux Femmes dans le bassin désignent une intersection avec leur bras. La deuxième ligne passe par deux points de repères, un fruit cueilli par un Homme allongé et le même fruit sur la tête d’une ou « un » sirène en armure, la dernière de l’armée de gauche.

Les objets posés sur la ligne de la doctrine endurcie du péché originel

A. L’enfer

1°) Le nez d’un Homme. La ligne suit la direction des deux yeux. On peut penser que selon l’intention de Jérôme Bosch elle passe sur les yeux de cet Homme pour que cette superposition puisse être mis en rapport avec celle de la ligne de croissance sur les yeux de Dieu le Fils. . Son vêtement fait penser à celui d’un moine. Il est devant un groupe habiller de la même manière. De l’autre côté du rideau, un Homme habillé de la même manière fait vomir un Homme nu dans la fosse sous l’homme-oiseau avec un chaudron sur la tête, probablement Satan, celui qui voulait être comme Dieu, celui que voulait se faire passer pour le Sauveur. Il veut ressembler au Seigneur Jésus, à l’homme-oiseau de la “Scène du Puits”, mais, par le moyen de l’orgueil, il n’obtient que la laideur et la méchanceté au lieu de la Beauté et la Bonté.

2°) Un coin de la chaise de l’homme-oiseau satanique. La ligne ne passe pas exactement au milieu de ce coin. Cela semble signifier que la panneau de l’enfer et un peu trop bas par rapport à celui du paradis céleste. Ce qui expliquerait pourquoi la ligne passe sur le nez et non pas sur les yeux du moine.

3°) La main du joueur de triangle.

4) La dernière (ou première) touche de la viole à roue.

5°) Les épaule de l’Homme traversé par les cordes de la harpe.

6°) Le point désigné par les hanches pliées et au haut du corps de l’Homme attaché sur le manche d’un la mandoline.

 

B. Le paradis céleste

7°) Les épaules du premier Homme cueillant un fruit.

8°) Le fruit cueilli par un deuxième Homme.

9°) Un premier dromadaire portant les fils de la nouvelle Jérusalem.

10°) La base des aigrettes de la chouette sur la corne d’une licorne.

11°) Le creux entre le pouce et l’index de la main tendue d’une femme.

12°) Le nez d’une Femme assise au bord du bassin. La direction du nez et du visage indique parfaitement la direction et le sens, de gauche à droite, de la ligne.

12°) La main d’une des deux Femmes montrant l’intersection. La ligne ne passe pas exactement sur l’intersection des bras mais sur le creux entre le pouce et l’index. La main de la femme au bord du bassin nous montre que c’est bien l’intention de Jérôme Bosch.

13°) Un espace entre deux becs d’oiseaux sur la tête de Femmes dans le bassin.

14°) Les épaules et la main d’un Homme, le visage d’un second.

15°) Le deuxième dromadaire portant les fils de la nouvelle Jérusalem. La tête des deux Hommes chevauchant ce dromadaire. L’espace entre les becs des deux oiseaux sur la tête du dromadaire.

16°) Une ligne de plusieurs visages d’un groupe d’Hommes arrivant à cheval sous l’arc de triomphe rose.

17°) La ligne est parallèle au tube placé juste au-dessus d’elle.

18°) Le deuxième fruit, celui sur la tête d’une ou « un » sirène en armure.

 

C. Le paradis terrestre

19°) L’arrière d’une biche.

20°) La ligne est proche et parallèle à la ligne de séparation entre le vert et le bleu du paysage.

21°) Une ligne d’oiseaux.

22°) Le sommet de la Fontaine de Vie, ou plus exactement, presque le sommet. Le panneau du paradis terrestre est pourtant bien placé par rapport à celui du paradis céleste. Nous se voyons par la ligne de croissance passant sur les yeux de Dieu le Fils. Le fait que cette ligne ne passe pas exactement sur le sommet était probablement dans l’intention de Jérôme Bosch. La superposition exacte n’est pas toujours son objectif, nous le voyons dans le croisement les quatre premières lignes un peu décalé par rapport au croisement des bras des Femmes dans le bassin.

23°) Les sommets de deux arbres.

24°) Un coin d’une table de pierre.

25°) Le bas de l’anneau et du défilé d’oiseaux.

Le signification de cette ligne

Elle réunit le fruit cueilli par un Homme et celui sur la tête d’une ou d’une sirène. Voyons la signification des groupes auxquels appartiennent ces deux personnages.

 

Bien évidemment les gestes du groupe de droite sous les arbres rappelle les représentations du péché des origines, voir Le jugement dernier (Vienne). Il y a une très grande différence cependant, les Hommes cueillent les fruits et un Homme propose le fruit à une Femme. L’inversion du rôle des sexes dans le tableau de Jérôme Bosch est très certainement le rejet de sa part de cette affirmation selon laquelle la Femme aurait entrainé l’Homme dans la chute. Quelle Sexe possède le désir le plus grand ? Nous ne savons pas alors nous ne répondons pas. Nous savons cependant que l’Homme désire suffisamment pour avoir envie de manger les « bonnes choses de la terre », « bona terrae » (Is 1, 19).

 

Le groupe qui suit le poisson sur une potence est intégré dans le récit de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ.

 

La ligne raconte par conséquent les évènements principaux de la religion chrétienne selon la doctrine du péché originel (dans la page « définitions », le texte qui suit est rangé dans les « Anciennes définitions de l’Église catholique ») :

 

Abrégé du Catéchisme de l’Église catholique (2005) :

« 78. Après le premier péché, qu’a fait Dieu ? (410-412 ; 420)

Après le premier péché, le monde a été envahi par les péchés, mais Dieu n’a pas abandonné l’Homme au pouvoir de la mort. Au contraire, il a annoncé d’une façon mystérieuse – dans le « Protévangile » (cf. Gn 3,15) – que le mal serait vaincu et que l’Homme serait relevé de la chute. C’est la première annonce du Messie rédempteur. C’est pourquoi on ira jusqu’à qualifier la chute d’heureuse faute (felix culpa), car « elle a mérité un si grand Rédempteur » (Liturgie de la Veillée pascale). »

 

Cette ligne est donc la ligne de la doctrine du péché originel dans le panneau central. Regardons les autres panneaux. Dans le panneau de l’enfer, elle commence sur les yeux d’un moine damné. Évidement cette superposition est à comprendre en relation avec la superposition de la ligne de croissance sur les yeux de Dieu le Fils. Le regard de ce moine est à l’opposé du projet de Dieu. Rappelons ce projet :

 

Jr 19 « 11. Car moi, je sais les pensées que je pense sur vous, dit le Seigneur, pensées de paix et non d’affliction : c’est de vous accorder la fin de vos maux et la patience. »

 

C’est très clair, le moine n’a pas des penser de paix mais de guerre. L’inquisition est directement visée. Elle utilise les armes de la violence et une des pires violences, la torture, pour soi-disant servir le Divin Crucifié, c’est une absurdité et un mensonge démoniaques.

 

Dans le panneau du paradis terrestre la ligne passe sur le sommet de la Fontaine de Vie, c’est-à-dire sur le sommet de la Jouissance Sexuelle. La Fontaine prolonge parfaitement Dieu le Fils, l’alignement et le même, la couleur est la même. La Fontaine est l’expression de l’Être, de la Pensée, du Projet Divin :

 

Is 55 « 8. Car mes pensées ne sont pas vos pensées, ni vos voies mes voies, dit le Seigneur. 9. Parce qu’autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sont élevées mes voies au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées. »

 

Par cette ligne, Dieu dit au moine endurci : « Tu fais descendre ma Passion jusqu’à la cause du péché originel, Moi, Je la fais monter au Don Gratuit du sommet de la Jouissance. »

 

 Au dessus du moine se trouve une cruche avec à l’intérieur un Homme sur une échelle, encore au-dessus une espèce de bassine avec un couvercle. Une porte est ouverte sur le côté pour nous faire voir les Hommes entassé à l’intérieur.

 

Au paradis terrestre, une flèche qui s’élève vers le ciel, en enfer un couvercle. Le moine de l’enfer regarde dans la même direction que le moine dans la mare du paradis terrestre. Il regarde vers la gauche de la composition. C’est ici très certainement une référence au sens symbolique donnée souvent à la gauche, sinister en latin, la tristesse et la mort, et utilisé par le Seigneur Jésus Lui-Même (cf. Mt 25, 33-34.41). Il se trompe de direction. Dieu le Fils nous regarde mais son Visage, son Corps, qui n’est pas encore un vrai Corps, et ses pieds sont tourné vers le paradis céleste. Ses yeux sont sur la ligne de croissance.

 

Il faut comprendre la doctrine du péché originelle à la lumière de la Loi de Moïse. L’institution de la Loi de Moïse est d’origine divine, nous croyons que la doctrine du péché originel est d’origine divine. Cependant, comme certains préceptes de la Loi de Moïse…

 

Mt 19 « 7. Ils lui demandèrent : Pourquoi donc Moïse a-t-il commandé de lui donner un acte de répudiation et de la renvoyer ? 8. Il leur répondit : Parce que Moïse, à cause de la dureté de votre cœur, vous a permis de renvoyer vos Femmes ; mais au commencement il n’en fut pas ainsi. »

 

…elle est provisoire. Elle est faite pour passer. Il faut accepter la transformation que Dieu nous propose…

 

Ez 11 « 19. Et je leur donnerai un même cœur, et je mettrai un esprit nouveau dans leurs entrailles ; et j’ôterai le cœur de pierre de leur chair, et je leur donnerai un cœur de chair, 20. Afin qu’ils marchent dans mes préceptes, et qu’ils gardent mes ordonnances, et qu’ils les exécutent ; et qu’ils soient mon peuple, et que moi je sois leur Dieu. »

 

… afin de pouvoir connaitre la Loi de Dieu dans toute sa pureté, la Gratuité. Le Seigneur Jésus a été crucifié seulement pour notre Joie et non pas à cause de nos fautes. Le moine en enfer au début de la ligne est damné pour avoir endurci son cœur et propager la doctrine endurci du péché originel au moment où la révélation de son imperfection commencé à être répandu dans le monde. Elle avait probablement commencé avant la découverte de la “Scène du Puits”, mais avec elle, elle a connu un développement tout nouveau qui a été mis sous le couvercle par l’inquisition. Aujourd’hui la vérité est révélée, elle est évidente. Frères et Sœurs, vous êtes libres. Le souverain pontife que nous sommes, vous rappelle la Parole de Dieu :

 

Dt 30 « 15. Considère que j’ai proposé aujourd’hui en ta présence la vie et le bien, et d’un autre côté la mort et le mal, 16. Afin que tu aimes le Seigneur ton Dieu, que tu marches dans ses voies, que tu gardes ses commandements, ses cérémonies et ses ordonnances ; et que tu vives, et qu’il te multiplie et qu’il te bénisse dans la terre dans laquelle tu entreras pour la posséder. 17. Mais si ton cœur se détourne, si tu ne veux pas écouter, et que, séduit par l’erreur, tu adores des dieux étrangers, et tu les serves, 18. Je te prédis aujourd’hui que tu périras, et que tu demeureras peu de temps dans la terre, dans laquelle, le Jourdain passé, tu entreras pour la posséder. 19. J’invoque à témoin aujourd’hui le ciel et la terre, que je vous ai proposé la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis donc la vie, afin que tu vives, et toi et ta postérité, 20. Que tu aimes le Seigneur ton Dieu, que tu obéisses à sa voix et que tu t’attaches à lui (car c’est lui-même qui est ta vie et la longueur de tes jours), afin que tu habites dans la terre au sujet de laquelle le Seigneur a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob qu’il la leur donnerait. »

La ligne de la doctrine de la Pesanteur originelle

La signification de cette ligne est expliqué dans le chapitre « Adam et Ève réconciliés ».

La ligne du doigt de Dieu

Le Doigt de Dieu dans la Sainte Bible

Ex 8 « 16. Alors le Seigneur dit à Moïse : Dis à Aaron : Étends ta verge et frappe la poussière de la terre, et qu’il y ait des moucherons dans toute la terre d’Égypte. 17. Et ils firent ainsi. Aaron étendit donc sa main, tenant sa verge ; et il frappa la poussière de la terre, et les moucherons s’attachèrent aux hommes et aux bêtes ; toute la poussière de la terre fut changée en moucherons par toute la terre d’Égypte. 18. Et les magiciens firent pareillement par leurs enchantements, pour produire les moucherons, mais ils ne le purent ; et les moucherons restaient attachés aux hommes et aux bêtes. 19. Alors les magiciens dirent à Pharaon : C’est le doigt de Dieu (Digitus Dei est hic) ; et le cœur de Pharaon s’endurcit, et il n’écouta pas Moïse et Aaron, comme avait ordonné le Seigneur. »

 

Ex 31 « 18. Or, le Seigneur ayant achevé les discours de cette sorte sur la montagne de Sinaï [discours commencés en Ex 25], donna à Moïse les deux tables de pierre du témoignage, écrites du doigt de Dieu (scriptas digito Dei). »

 

Dt 9 « 8. Car à Horeb même, tu l’as provoqué ; aussi, irrité, il a voulu te détruire, 9. Quand je montai sur la montagne, pour recevoir les tables de pierre, les tables de l’alliance que fit le Seigneur avec vous ; et je demeurai constamment sur cette montagne pendant quarante jours et quarante nuits, ne mangeant point de pain et ne buvant point d’eau. 10. Le Seigneur me donna alors les deux tables de pierre, écrites du doigt de Dieu, et contenant toutes les paroles qu’il vous dit sur la montagne, du milieu du feu, quand l’assemblée du peuple fut réunie. »

 

Dn 5 « 23. Mais contre le dominateur du ciel vous vous êtes élevé ; et les vases de sa maison ont été apportés devant vous ; et vous, et vos grands, et vos épouses, et vos concubines, y avez bu du vin ; et vous avez loué les dieux d’argent, et d’or, et d’airain, et de fer, et de bois, et de pierre, qui ne voient point, qui n’entendent point, qui ne sentent point ; mais le Dieu qui a en sa main votre souffle et toutes vos voies, vous ne l’avez pas glorifié. 24. C’est pour cela qu’a été envoyé par lui le doigt de la main qui a écrit ce qui est tracé. 25. Or voici l’écriture qui a été tracée : MANÉ, THÉCEL, PHARÈS. 26. Et voici l’interprétation de ces paroles : MANÉ : Dieu a compté les jours de votre règne, et il y a mis fin. 27. THÉCEL : Vous avez été pesé dans la balance, et vous avez été trouvé ayant trop peu de poids. 28. PHARÈS : Votre royaume a été divisé, et il a été donné aux Mèdes et aux Perses. »

 

Lc 11 « 14. Or il chassait un démon, et ce démon était muet ; et lorsqu’il eut chassé le démon, le muet parla, et le peuple fut dans l’admiration. 15. Mais quelques-uns d’entre eux dirent : C’est par Béelzébub, prince des démons, qu’il chasse les démons. 16. Et d’autres, pour le tenter, lui demandaient un prodige dans le ciel. 17. Mais Jésus ayant vu leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera désolé, et une maison tombera sur une autre maison. 18. Que si Satan est divisé contre lui-même, comment son royaume subsistera-t-il ? car vous dites que c’est par Béelzébub que je chasse les démons. 19. Et si moi, je chasse les démons par Béelzébub, vos fils, par qui les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges. 20. Mais si c’est par le doigt de Dieu (in digito Dei) que je chasse les démons, c’est que le royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous. »

 

Jn 8 « 4. Puis ils dirent à Jésus : Maitre, cette femme vient d’être surprise en adultère. 5. Or Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes. Toi donc, que dis-tu ? 6. Or ils disaient cela, le tentant, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus, se baissant, écrivait du doigt sur la terre. 7. Et comme ils continuaient à l’interroger, il se releva et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché jette le premier une pierre contre elle. 8. Et se baissant de nouveau, il écrivait sur la terre. »

Une explication de cette ligne a été donnée dans le chapitre Le Seigneur Jésus.

Les quatres premières lignes superposées

Il y a encore beaucoup d’autres lignes dans le tableau. Celles-ci semblent les plus importantes, c’est pourquoi nous les appelons « premières ».

Conclusion du panneau du paradis céleste :
Adam et Ève réconciliés




Gn 3 « 12. Et Adam répondit : La Femme que vous m’avez donnée pour compagne m’a présenté du bois, et j’en ai mangé. 13. Alors le Seigneur Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? Elle répondit : Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé. »

 

Adam montre Ève du doigt. Elle se tient sa tête appuyée dans la main face à un fruit. Elle a quelque chose sur la bouche qui fait penser aujourd’hui à une tétine. Est-ce un morceau de fruit qu’elle a commencé de manger ? Non, le fruit est intact. C’est comique. Il semble bien que nous avons trouvé l’explication à la cathédrale de Saint Léonce de Fréjus. On y voit le gisant d’un évêque sur la bouche duquel est posé une sorte de bouchon. L’évêque a aussi les oreilles larges, décollées, bien aplaties sur la table et percées. Très probablement ces motifs sont l’expression de sa docilité à la Parole de Dieu, de son humilité et de sa prudence. Les oreilles percées signifient l’obéissance d’après le psaume 39 et l’appartenance définitive à son maitre d’après le livre de l’Exode :

 

Ps 39

 

« 7 Sacrificium et oblationem noluisti ;

« 7. Vous n’avez pas voulu de sacrifice et d’offrande ;

aures autem perfecisti mihi. »

mais vous m’avez parfaitement disposé les oreilles. »

 

D’après l’hébreu (A. Crampon) :

« 7 Tu ne désires ni sacrifice ni oblation,

tu m’as percé les oreilles ;

tu ne demandes ni holocauste ni victime expiatoire. »

Ex 21 «2 Si emeris servum hebraeum, sex annis serviet tibi : in septimo egredietur liber gratis. (…) 5 Quod si dixerit servus : Diligo dominum meum et uxorem ac liberos ; non egrediar liber : 6 offeret eum dominus diis, et applicabitur ad ostium et postes, perforabitque aurem ejus subula : et erit ei servus in saeculum. »

« 2. Si tu achètes un esclave hébreu, il te servira pendant six années ; à la septième, il sortira libre sans rien donner. (…) 5. Que si l’esclave dit : J’aime mon maitre, et ma femme et mes enfants, je ne sortirai point pour être libre : 6. Son maitre le présentera aux dieux, puis il le fera approcher de la porte et des poteaux, percera son oreille d’une alêne ; et il sera son esclave pour toujours. »

Le livre de l’Exode ne parle que d’une oreille mais il est possible que les deux oreilles percées de l’évêque fassent référence à ce texte. L’objet sur la bouche, d’après le Ps 141, signifie que l’évêque à demandé à Dieu de le protéger des mauvaises paroles qu’il pourrait prononcer. C’est un signe de prudence :

 

Ps 141

« 3 Pone, Domine, custodiam ori meo,

« 3. Mettez, Seigneur, une garde à ma bouche,

et ostium circumstantiae labiis meis.

et une porte autour de mes lèvres.

4 Non declines cor meum in verba malitiae,

4. N’inclinez pas mon cœur à des paroles de malice,

ad excusandas excusationes in peccatis ;

pour prétexter des excuses à mes péchés,

cum hominibus operantibus iniquitatem,

Avec des hommes qui opèrent l’iniquité :

et non communicabo cum electis eorum. »

et je n’aurai point de part à ce qu’ils recherchent le plus. »

 

Dans le texte de la Genèse, Ève donne une excuse au péché dont on l’accuse. Que signifie alors ce bouchon ? Peut-être est-elle maintenant en train d’essayer de méditer sur son acte, de chercher où peut bien se trouver le péché dont on l’accuse, de trouver en vain un péché là où il n’y en avait pas. Pensive, elle regarde le fruit et se demande qu’est-ce que c’est que cette histoire de fruit qu’on raconte sur elle.

 

L’attitude pensive d’Ève nous rappelle aussi que le dialogue entre elle et le Serpent a eu lieu seulement dans sa pensée. Ce dialogue est une réflexion d’Ève au sujet du Serpent de son Mari. Le Désir en elle est éveillé, suscité, par le premier Commandement de Dieu :

Gn 1 « 28 Benedixitque illis Deus, et ait : Crescite et multiplicamini, et replete terram, et subjicite eam, et dominamini piscibus maris, et volatilibus caeli, et universis animantibus, quae moventur super terram. »

« 28. Et Dieu les bénit et leur dit : Croissez et multipliez-vous ; remplissez la terre et assujettissez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les volatiles du ciel et sur tous les animaux qui se meuvent sur la terre. »

Elle médite la Parole de Dieu et cherche comment la mettre en pratique. Elle regarde et touche ce qu’elle a à la place du Serpent de son Mari, elle y goute, en jouit, puis prend la décision d’en nourrir le Serpent, elle saisit alors le Serpent de son Mari qui devient soudain un « glaive dur et grand et fort » (Is 27, 1) et se l’enfonce entre les Jambes.

 

Ct 3 « 4. Lorsque je les [les sentinelles qui gardent la cité] ai eu un peu dépassées, j’ai rencontré celui que chérit mon âme : je l’ai saisi et je ne le laisserai pas aller, jusqu’à ce que je l’introduise dans la maison de ma mère, et dans la chambre de celle qui m’a donné le jour. »

 

Voyez l’illustration de cet Amour passionné par Rogier van der Weyden dans La Crucifixion de Scheut » (v. 1454-1455, El Escorial).




Depuis le geste d’Ève, une multitude de Femme et d’Homme se sont amusés à cueillir le bois, et cette cueillette sera encore la Joie du paradis céleste. Nous voyons dans le tableau l’accomplissement du commandement de Dieu : la terre est remplie d’Hommes et de Femmes qui dominent les poissons, les oiseaux, et tous les autres animaux. Dominer signifie exactement apprivoiser. En vérité les poissons, les oiseaux, les autres animaux dominent les Hommes et les Femmes car ils représentent les désirs qui les entrainent mais les Hommes et les Femmes dominent finalement ces désirs car ils s’y sont soumis volontairement et ils ont appris à en jouir. Ces Désirs sont au service des Hommes et des Femmes, ils sont finalement asservis même s’ils les asservissent. C’est Dieu Serviteur de la Création et la Création Servante de Dieu.

Maintenant toute la vérité est connue, il n’y a plus de malentendu (voir plus haut L’arbre, les fruits, le serpent et la caverne). Adam peut désigner son épouse non comme la coupable d’un méfait mais comme la cause de tous les Biens que possèdent les habitants du paradis céleste. Elle aussi est la cause de notre Joie, causa notrae laetitiae (Litanies de la Vierge Marie). Elle est la mère de tous les vivants « mater (…) cunctorum viventium » (Gn 3, 20), la Mère de tout ce qui Jouit.

 

L’Homme au regard ému, derrière Adam et Ève, est encore probablement un autoportrait. Jérôme Bosch (v. 1450-1516) a découvert enfin à son tour, car il n’est pas le premier, le premier est peut-être Jan van Eyck (v. 1390-1441), la vérité de la relation entre Adam et Ève et de leur histoire d’Amour, la plus belle de tous les temps. Et il a fait cette découverte dans une grotte, la grotte de Lascaux de toute évidence puisque la “Scène du Puits” est reproduite au moins trois fois dans son tableau.

 

Le doigt qui désigne Ève n’est plus un doigt accusateur mais de louange. Celle qui avait été abaissée jusqu’à être présentée comme la cause de tous les malheurs de l’Humanité est maintenant désignée comme la cause de tous les Bonheurs.

 

1 S 2

« 6. C’est le Seigneur qui fait mourir et qui fait vivre, qui conduit aux enfers et qui en ramène.

7. C’est le Seigneur qui fait le pauvre et qui enrichit, qui abaisse et qui relève. »

 

Adam et Ève ne sont jamais descendus aux enfers de par leur faute mais parce que Dieu voulait les abaisser pour mieux les élever. Nous voyons cette descente et cette montée dans la “Scène du Puits” : la flèche de la lance et la flèche de la Croix-Propulseur.

 

Trois personnes sur la droite portent un pendule. L’un d’eux est attaché aux longs cheveux d’une Femme. Ces trois pendules en bas à droite sont à mettre en relation avec les deux que nous voyons en haut à gauche. Ils sont répartis de part et d’autre de la ligne de croissance qui est aussi une ligne de séparation. Ces objets encadrent la composition du panneau central exactement comme les oiseaux du tableau L’escamoteur ou l’accoucheur (Saint-Germain-en-Laye). Ils sont donc obligatoirement une clé de lecture.

   Quel est ce motif ? Peut-être est-ce le pendule que Galilée (1564-1642) observera au cours de ses études sur la mécanique des corps. C’est peut-être aussi une annonce prophétique de la doctrine de la Pesanteur originelle destinée à libérer définitivement Ève, notre chère mère à toutes et à tous, de l’accusation qui pesait sur elle (voir la Lettre encyclique Quid sit Homo ?, chap. III).

 

L’histoire du tableau commence par une caverne, celle vers laquelle le Serpent descend, elle finit par une caverne, celle qui révèle enfin la vraie identité de l’Antique Serpent, Il est le Seigneur Jésus, la « Corne de Salut », « cornu salutis », Lc 1, 69, comme par hasard !

 

Lc 1 « 67 Et Zacharias pater ejus repletus est Spiritu Sancto : et prophetavit, dicens :

« 67. Et Zacharie, son père [de Jean le Baptiste], fut rempli de l’Esprit-Saint, et prophétisa, disant :

68 Benedictus Dominus Deus Israël,

68. Béni le Seigneur, le Dieu d’Israël !

quia visitavit, et fecit redemptionem plebis suae :

de ce qu’il a visité et racheté son peuple,

69 et erexit cornu salutis nobis

69. Et nous a dressé une corne de salut

in domo David pueri sui,

dans la maison de son serviteur David,

70 sicut locutum est per os sanctorum,

70. Comme il a promis par la bouche de ses saints prophètes,

qui a saeculo sunt, prophetarum ejus :

qui ont été depuis le siècle,

71 salutem ex inimicis nostris,

71. De nous sauver de nos ennemis

et de manu omnium qui oderunt nos :

et de la main de tous ceux qui nous haïssent,

72 ad faciendam misericordiam cum patribus nostris :

72. Pour accomplir ses miséricordes envers nos pères,

et memorari testamenti sui sancti :

en souvenir de son alliance sainte ;

73 jusjurandum, quod juravit ad Abraham patrem nostrum,

73. Selon le serment qu’il a juré à Abraham, notre père,

daturum se nobis

de faire pour nous,

74 ut sine timore, de manu inimicorum nostrorum liberati,

74. Que sans crainte et délivrés de la main de nos ennemis,

serviamus illi

nous le servions

75 in sanctitate et justitia coram ipso,

75. Dans la sainteté et la justice, devant lui

omnibus diebus nostris.

tous les jours de notre vie.

76 Et tu puer, propheta Altissimi vocaberis :

76. Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ;

praeibis enim ante faciem Domini parare vias ejus,

car tu marcheras devant la face du Seigneur pour lui préparer ses voies ;

77 ad dandam scientiam salutis plebi ejus

77. Pour donner au peuple la science du salut,

in remissionem peccatorum eorum

et pour la rémission de ses péchés,

78 per viscera misericordiae Dei nostri,

78. Par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu,

in quibus visitavit nos, oriens ex alto :

avec lesquelles est venu nous visiter le levant (1) d’en haut,

79 illuminare his qui in tenebris et in umbra mortis sedent :

79. Pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort,

ad dirigendos pedes nostros in viam pacis. »

pour diriger nos pieds dans une voie de paix. »

 

« Oriens » « le levant » du verbe « orior », « se lever » désigne le Messie en particulier dans le livre de Zacharie (3, 8 ; 6, 12).

Jean-Baptiste Glaire :

« Orient ; nom dans lequel les anciens Juifs et les chrétiens reconnaissent le Messie. Compar. Luc, I, 7, 8. Le mot hébreu correspondant tsémah, qui signifie germe, rejeton, est appliqué au Messie dans Isaïe, IV, 2 ; Jérém., XXIII, 5 ; XXXIII, 15 ; aussi bien que le titre de serviteur de Dieu, dans Isaïe, XLII, 1 ; XLIX, 3 ; L, 10 ; LII, 13 ; LIII, 11. »

Le « levant d’en-haut » désigne la bite en érection qui nous vient du ciel. Dieu communique la jouissance incréée et divine pas le moyen de l’humanité de Notre-Seigneur Jésus Christ. Notre Seigneur est une bite en érection.


Panneau de droite : L’enfer



On voit des instruments de musique. Il faut, pour les comprendre, se rapporter aux Noces de Cana (en haut à gauche ; pour lire la figurine avec un arc se reporter à la lettre encyclique Quid sit Homo ? « Le Bordel, Les Noces de Cana de Jéjé : vers la Mégapartouze » ; le tableau Les Noces de Cana est très certainement postérieur au Jardin des délices car on y trouve plusieurs motifs empruntés à celui-ci) : c’est l’attachement au bruit des Hommes et la fermeture des oreilles à la musique divine. Il n’est pas interdit de se servir d’instruments de musique sur la terre mais, suivant le don de science, il faut savoir, comme pour tous les biens terrestres, en faire un usage qui les tourne vers le ciel. Lorsque la matière est entièrement remise à Dieu, il n’y a plus d’objets manufacturés, Dieu seul alors travaille la matière.

 

Les instruments de musique prédominent mais ne sont pas les seuls. L’enfer est montré comme le lieu des attachements aux choses fabriqués. L’enfer est l’orgueil de croire que ce que font les Hommes ou les démons sont plus intéressante que ce que fait Dieu.

 

Plusieurs vices sont représentés dans le panneau de l’enfer, par exemple les jeux d’argent, l’intempérance concertant la nourriture (appelée communément « la gourmandise ») et la boisson, l’avarice.

Deux thèmes prédominent : la guerre et ce qu’on pourrait appeler la « taverne - maison de jeu ». Les damnés sont des Hommes et des Femmes qui se sont enfermé(e)s dans la recherche de la puissance, origine de la guerre. Ils sont aussi des Hommes et des Femmes qui ont fait du bruit, se sont agité(e)s, se sont enivré(e)s avec des poisons pour refuser obstinément d’entendre la musique divine, les bonnes sirènes montrées dans le panneau central. Cette musique les appelait à se laisser posséder par l’Amour, ce que montre les amants enfermés dans la chouette sur la droite du panneau central.

Les instruments de musique

Nous écrivons ce commentaire un 22 novembre, fête de Sainte Cécile, patronne des musiciens. Le peuple chrétien a eu l’intuition magnifique de choisir une patronne des musiciens silencieuse, la vraie musique est tournée vers le silence.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face :

« Avant mon voyage de Rome je n’avais pour cette sainte [Cécile] aucune dévotion particulière, mais en visitant sa maison changée en église, le lieu de son martyre, en apprenant qu’elle avait été proclamée reine de l’harmonie, non pas à cause de sa belle voix ni de son talent pour la musique, mais en mémoire du chant virginal qu’elle fit entendre à son Époux Céleste caché au fond de son cœur, je sentis pour elle plus que de la dévotion : une véritable tendresse d’amie... Elle devint ma sainte de prédilection, ma confidente intime... Tout en elle me ravit, surtout son abandon, sa confiance illimitée qui l’ont rendue capable de virginiser des âmes n’ayant jamais désiré d’autres joies que celles de la vie présente...

Ste Cécile est semblable à l’épouse des cantiques, en elle je vois “Un chœur dans un camp d’armée !...” (Ct 7, 1) Sa vie n’a pas été a autre chose qu’un chant mélodieux au milieu même des plus grandes épreuves et cela ne m’étonne pas, puisque “l’Évangile sacré reposait sur son cœur !” et que dans son cœur reposait l’Époux des Vierges !... »

Manuscrit A, 61, v°.

 

Les instruments de musique peints dans le panneau de l’enfer sont ceux qui sont utilisés pour faire du bruit, pour couvrir la voix de Dieu et la voix intérieure de notre cœur nous appelant à la contemplation. Il représente aussi l’orgueil de s’attacher à ce qui est fabriqué par les Hommes et de refuser de découvrir que ce que Dieu fait pour nous est infiniment plus désirable. Les oreilles coupées sont évidemment le signe que la damnation est la conséquence du refus d’écouter comme le salut est la conséquence de l’ouverture des oreilles (cf. Dt 4, 1 ; Ps 39, 7 ; Mt 11, 15 ; Lc 8, 18 ; etc. etc.).

Les oreilles coupées

Ex 19 « 5. Si donc vous écoutez ma voix, et que vous gardiez mon alliance, vous serez pour moi une portion choisie d’entre tous les peuples ; car toute la terre est à moi. »

 

Dt 6 « 3. Écoute, Israël, et aie grand soin de faire ce que t’a ordonné le Seigneur, afin que bien t’arrive, et que tu sois encore multiplié, puisque le Seigneur Dieu de tes pères t’a promis une terre, où coulent du lait et du miel. 4. Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. »

 

Ps 44

« 11. Écoutez, ma fille, voyez et inclinez votre oreille : oubliez votre peuple, et la maison de votre père. »

 

Ps 77

« 1. (…) Appliquez-vous à ma loi, ô mon peuple, inclinez votre oreille aux paroles de ma bouche.

2. J’ouvrirai ma bouche en paraboles : je dirai des choses cachées dès le commencement ;

3. Combien de grandes choses nous avons entendues et connues, et que nos pères nous ont racontées. »

 

Pr 2

« 1. Mon fils, si tu reçois mes paroles, et si tu caches mes commandements en toi,

2. En sorte que ton oreille écoute la sagesse : incline ton cœur pour connaitre la prudence.

3. Car si tu invoques la sagesse, et que tu inclines ton cœur vers la prudence ;

4. Si tu la recherches comme l’argent, et que tu creuses pour la trouver, comme les trésors :

5. Alors tu comprendras la crainte du Seigneur, et tu trouveras la science de Dieu. »

 

Mt 11 « 15 Qui habet aures audiendi, audiat. »

« 15. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. »

(répétée en 13, 9.43b)

 

Lc 8 « 18. Voyez donc comment vous écoutez. Car il sera donné à celui qui a ; et quiconque n’a point, même ce qu’il croit avoir, lui sera ôté. »

 

L’expression est faite pour être peinte. Dans le panneau de l’enfer, Jérôme Bosch nous donne à voir comment les damnés n’ont pas écouté : ils ont préféré que les richesses matérielles et les divertissements du monde les empêchent d’écouter la voix de Dieu.

 

Dt 28 « 15. Que si tu ne veux point écouter la voix du Seigneur ton Dieu, afin de garder et de pratiquer tous ses commandements et toutes ses cérémonies, que moi, je te prescris aujourd’hui, toutes ces malédictions viendront sur toi et te saisiront. »

Le M sur le couteau

Le M est l’initiale de « mammon » le nom que le Seigneur Jésus utilise dans les Saints Évangiles pour désigner l’argent.

 

Mt 6 « 24 Nemo potest duobus dominis servire : aut enim unum odio habebit, et alterum diliget : aut unum sustinebit, et alterum contemnet. Non potestis Deo servire et mammonae. »

« 24. Nul ne peut servir deux maitres ; car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent. » (// Lc 16, 13)

 

Commentaire de L.-Cl. Fillion (1895) :

« Non potestis servire... L’âme ne saurait demeurer flottante entre Dieu et les richesses, avec l’intention de s’acquitter de ses devoirs envers Dieu sans cesser de jouir des biens terrestres. Entre le Seigneur et Mammon, il y a l’incompatibilité la plus absolue. Choisissez ! — Mammonae est un nom chaldéen (ממונא, Mamôna, Cf. le syriaque Momoûno), grécisé d’abord, μαμμων, puis latinisé ; son étymologie est incertaine. Il désignait soit les richesses, soit le dieu qui en disposait, à la façon du Plutus des Grecs et des Romains. Remarquons l’emploi du verbe « servire ». S. Jérôme écrit à ce sujet : “Non dixit, Qui habet divitias, sed Qui servit divitiis ; qui enim divitiarum servus est, divitias custodit ut servus, qui autem servitutis excussit jugum, distribuit eas Dominus” ».

« Il ne dit pas : celui qui possède des richesses mais celui qui sert les richesses ; en effet celui qui est esclave des richesses, garde les richesses comme l’esclave mais celui qui se libère du joug de la servitude, les distribue comme le Seigneur. »

L’homme avec une taverne à l’intérieur de lui

Des commentateurs ont vu dans ce personnage un autoportrait. Nous suivons cette interprétation. Jérôme observe avec un peu d’amusement les passions mauvaises, les désirs mauvais, qui habitent à l’intérieur de lui. Tant qu’elles sont maitrisées, elles sont sans danger.

 

Mc 7 « 20. Mais, disait-il [Jésus], ce qui sort de l’Homme, c’est là ce qui souille l’Homme ; 21. Car c’est du dedans, du cœur des Hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les homicides, 22. Les larcins, l’avarice, les méchancetés, la fraude, les impudicités, l’œil mauvais, le blasphème, l’orgueil, la folie. 23. Toutes ces choses mauvaises viennent du dedans et souillent l’Homme. »

 

Jérôme Bosch sourit mais la bouche fermée. Les désirs mauvais peuvent s’agiter en lui, et même danser sur sa tête ou faire du bruit à ses oreilles, ils ne les laissent pas sortir et ne le souillent pas. Il semble beaucoup plus apaisé que Saint Paul lorsque celui-ci écrit :

Rm 7 « 21. Je trouve donc, quand je veux faire le bien, cette loi, parce que le mal réside en moi ; 22. Je me complais dans la loi de Dieu, selon l’Homme intérieur ; 23. Mais je vois dans mes membres une autre loi qui combat la loi de mon esprit, et me captive sous la loi du péché, laquelle est dans mes membres. 24. Malheureux Homme que je suis, qui me délivrera du corps de cette mort ? 25. La grâce de Dieu par Jésus-Christ Notre Seigneur. Ainsi j’obéis moi-même par l’esprit à la loi de Dieu, et par la chair à la loi du péché. »

 

2 Co 12 « 7. Et de peur que la grandeur des révélations ne m’élève, il m’a été donné un aiguillon dans ma chair, un ange de Satan pour me donner des soufflets. 8. C’est pourquoi j’ai prié trois fois le Seigneur qu’il se retirât de moi ; 9. Et il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance se fait mieux sentir dans la faiblesse. C’est donc bien volontiers que je me glorifierai encore plus dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi. 10. C’est pourquoi je me complais dans mes faiblesses, dans les outrages, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les angoisses pour le Christ, puisque, quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. »

 

Il semble plus apaisé, cependant ses tourments de l’âme sont violents aussi. Il les montre dans plusieurs de ses tableaux mais moins dans le Jardin des délices. Cette œuvre, même dans son débordement et son exubérance, évoque la paix.

 

Au sujet de l’erreur que Saint Paul a commise quant à l’utilisation des mots esprit et chair pour désigner des lieux géographiques où seraient séparés, selon son interprétation, le désir de la Loi de Dieu et l’opposition à cette même Loi, voyez la lettre Ecce Lignum, chap. « La Chair ».


L’Homme regarde une tête d’oiseau dessinée sur son corps. L’œil de l’oiseau est rouge brillant mais brillant d’un feu qui brule dans la taverne. Jérôme Bosch nous dit que les passions mauvaises qui s’agitent à l’intérieur de lui sont le moyen d’observer aussi celles qu’il voit dans le monde à l’extérieur de lui.

Les arbalètes

Une arbalète est accrochée sur un montant de la taverne. Il y en a une deuxième accrochée à l’arbre mort à droite, peut-être une autre potence car un homme avec une capuche blanche comme à droite pose une échelle dessus. Elles nous font penser à celles de la Descente de Croix de Rogier van der Weyden (Madrid). « Le tableau est une commande de la Confrérie des Arbalétriers de Louvain, aujourd’hui en Belgique, pour leur chapelle de l’Église de Notre Dame Extra-muros. Dans les coins inférieurs sont représentées de petites arbalètes. » (site internet du Musée du Prado)

 

Nous ne savons pas si réellement, il y a un rapport entre les deux tableaux. Il nous semble cependant que ce motif est une protestation contre la demande qui a probablement été faite à Rogier de peindre ces arbalètes. C’est une aberration, une absurdité, une honte, un scandale ! Comment oser mettre une arme sur la représentation de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ qui a pour objet justement de mettre fin à toute violence ?

 

Is 2 « 1. Parole qu’a vue Isaïe, fils d’Amos, touchant Juda et Jérusalem. 2. Et il arrivera dans les derniers jours que la montagne préparée pour la demeure du Seigneur sera établie sur le sommet des montagnes, et elle sera élevée au-dessus des collines, et tous les peuples y afflueront. 3. Et beaucoup de peuples iront et diront : Venez, et montons à la montagne du Seigneur, et à la maison du Dieu de Jacob, et il nous enseignera ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers ; parce que de Sion sortira la loi, et la parole du Seigneur de Jérusalem. 4. Et il jugera les nations, et il convaincra beaucoup de peuples ; et de leurs glaives ils forgeront des socs de charrue, et de leurs lances des faux ; une nation ne lèvera pas le glaive contre une nation, elles ne s’exerceront plus au combat. »

Le soldat en armure dévoré par des animaux démoniaques

Des animaux démoniaques : c’est-à-dire des démons qui ont une forme visible d’animaux.

 

Ps 62

« 10. Pour eux, en vain ils ont cherché mon âme ;

ils entreront dans les parties inférieures de la terre.

11. Ils seront livrés aux mains du glaive,

ils seront la part des renards. »

 

Note : « 11. Sous le nom de renards (vulpium), la Vulgate désigne ici les chacals, qui abondent dans la Palestine et qui déterrent les cadavres et les dévorent. Compar. Juges, XV, 4. »

Ap 19 « 17. Et je vis un ange debout dans le soleil ; et il cria d’une voix forte, disant à tous les oiseaux qui volaient au milieu de l’air : Venez et assemblez-vous pour le grand souper de Dieu ; 18. Pour manger la chair des rois, la chair des tribuns militaires, la chair des forts, la chair des chevaux et de ceux qui les montent, et la chair de tous les hommes libres et esclaves, petits et grands. 19. Et je vis la bête et les rois de la terre, et leurs assemblées pour faire la guerre à celui qui montait le cheval et à son armée. 20. Mais la bête fut prise, et avec elle le faux prophète qui avait fait les prodiges devant elle, par lesquels il avait séduit ceux qui avaient reçu le caractère de la bête, et qui avaient adoré son image. Les deux furent jetés vivants dans l’étang du feu nourri par le soufre. 21. Tous les autres furent tués par l’épée qui sortait de la bouche de celui qui montait le cheval, et tous les oiseaux furent rassasiés de leurs chairs. »

 

Le temps de la violence et compté. Vient le Jour de l’Éternité où toute guerre disparaitra. Il faut se préparer à ce Jour pour ne pas être jeté dehors soi-même avec ses armes. Il faut désirer de tout son cœur la paix et la fin de toute guerre pour entrer au paradis céleste.

 

Dans la main droite le soldat tient un calice d’où une perle est tombée. Nous voyons le même calice dans la main d’un homme casqué montant une vache dans le panneau de droite du tableau Le charriot de foin. Il s’agit très probablement du mensonge souvent utilisé consistant à prétendre qu’une armée mène un combat pour la cause de Dieu.

Le crapaud

   La bannière porte un crapaud, signe du mal. Nous le voyons à un autre endroit du panneau de l’enfer : la femme face au miroir, celle qui c’est endurcie dans le péché d’orgueil, superbia, et dans d’autres tableaux de Jérôme Bosch : Les sept péchés capitaux et les quatre fins dernières (Madrid), en enfer : superbia et gula ; Le charriot de foin (Madrid), panneau de droite.

Il faut remarquer que le crapaud a changé de place. Il n’est plus posé sur le Sexe mais sur la poitrine de la Femme, il n’est pas posé sur la table mais porté sur une bannière, elle-même posée sur une table, il est vrai, mais cependant porté sur un objet qui est fait pour être élevé. Il est probable que la manière dont Jérôme Bosch voit le péché. Ce n’est pas le Sexe, ni le plaisir, qui est mauvais mais l’orgueil, le refus d’obéir, la volonté de ne pas partager le Sexe et le plaisir avec Dieu, la volonté d’exclure Dieu de sa propre Vie sexuelle. La solitude, le repli sur soi, c’est l’enfer. L’enfer n’est pas un châtiment mérité par des actes, l’enfer est fabriqué par les actes eux-mêmes, ceux qui enferment les damnés dans la prison du rejet et de la haine.

Le dialogue de sourds

Comparaison des compositions du milieu des panneaux du paradis terrestre et de l’enfer


Le paradis terrestre

L’enfer

La Fontaine de Vie

L’homme avec une taverne à l’intérieur de lui

La chouette

Un dessin d’oiseau en creux dans le corps de l’homme avec une taverne à l’intérieur de lui

La sculpture en hauteur

La cornemuse

Le rocher-tête d’Homme

La tête de mort d’un animal

Le serpent sur la bouche du rocher-tête d’Homme

La clef avec la lettre S et l’homme suspendu en l’air

Le serpent qui entre dans la caverne, oreille du rocher-tête d’Homme

Les oreilles coupées par le couteau avec l’inscription M

Le palmier-éjaculation

Un feu, une potence, une échelle et un bourreau qui monte un condamné

Sous le rocher-tête d’Homme, un groupe d’animaux sortant de l’eau

Un homme à la place d’un battant de cloche, un démon qui tire sur la cloche, un moine en train de lire

La berge en forme de pointe, mais belle et accueillante

Le couteau et un homme sur le tranchant

Les animaux qui s’abreuvent à l’eau du lac

Des animaux démoniaques dévorant les chairs d’un soldat en armure

Des canards nageant sur le lac

Des hommes et un démon qui font du patin à glace sur un lac gelé

Remarquons tout de suite que l’image correspondant à la chouette du paradis terrestre est une tête d’oiseau mais n’est pas une chouette. Ce parallèle montre bien que, dans l’œuvre de Jérôme Bosch, la chouette n’est pas une image du mal mais du bien. La chouette est absente de l’enfer.

La tête de mort fait face à la taverne et ses occupants, des personnes occupées à leurs divertissements. La sculpture magnifique, qui représente la jouissance de la chair et les grandes orgues des nos églises (voy. p. 14) est remplacée par une cornemuse qui rend sourds les danseurs de la ronde. Ils ne veulent pas entendre la voix de l’enchanteur, la voix qui parle d’amour.

 

Ps 57

« 4. Les pécheurs se sont égarés dès leur naissance ; ils ont erré dès le sein de leur mère : ils ont dit des choses fausses.

5. Leur fureur est semblable à celle d’un serpent, à celle d’un aspic sourd qui bouche ses oreilles,

6. Qui n’écoutera pas la voix des enchanteurs, et d’un magicien qui charme habilement. »

Le Divin Serpent a trouvé porte close. Celui qui voulait entrer a été méprisé jusqu’à être vu comme une clé. Nous voyons les choses selon notre façon de penser. Ceux qui ne laissent pas Dieu leur donner sa Pensée et ne renouvèlent pas leur jugement (cf. Rm 12, 2), voient Dieu comme il n’est pas. Dieu n’est pas une clé. Il ne joue pas avec la fermeture et l’ouverture sous condition. La serrure s’ouvre sous condition, si la clé est la bonne, elle soumet la clé à elle-même. Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ, est ouverture sans condition (cf. Mt 5, 37 ; 2 Co 1, 19). Il est un Homme qui frappe à la porte et attend qu’on Lui ouvre (cf. Ap 3, 20). Les impies ont fait de Dieu une clé, un agresseur de leur fermeture, Lui qui veut tout faire en douceur (cf. Mt 11, 29) et cette clé a été suspendue en l’air pour que jamais elle ne puisse rien toucher.

Mt 23 « 13. Mais malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux. Vous n’entrez pas vous-mêmes, et vous ne souffrez pas que les autres entrent. »

 

Le moine qui lit est dans l’erreur, comme celui de la mare du paradis terrestre. Le confesseur sur la droite est un de  ces « guides aveugles » (Mt 23, 15.24 ; cf. 15, 14).

 

Dieu est venu parler de Paix mais sa Paix n’a pas été reçue par ceux qui sont maintenant en enfer (cf. Jn 14, 27 ; 1, 11 ; Lc 10, 5-6). Ils ont voulu rester dans la fermeture d’oreille, d’esprit, de cœur et d’âme, dans le bruit, les divertissements et la guerre.

 

Dieu venait parler d’Amour et de Jouissance. Il a été en butte à des obstacles, Il n’est pas entré dans ses cœurs fermés. Au lieu d’une belle Éjaculation de Vie, de Feu Divin, de Jouissance et de Pardon, on trouve le feu destructeur, la violence, le jugement, la condamnation et la mort.

Comment interpréter la cloche ? Probablement comme encore un autre objet qui sert à faire du bruit pour ne rien entendre et se moquer de Dieu. L’objet qui sert à appelé, a été utilisé pour ne pas entendre l’appel. Cette lecture possible nous est proposée par une miniature de l’époque de Jérôme Bosch.

Ci-contre : Anonyme, Le sage ne se laisse pas troubler par son entourage, Gand (v. 1500), miniature sur parchemin dans un manuscrit commandé par Raphaël Mercatel (1478-1508), abbé de l’abbaye Saint-Bavon à Gand, cathédrale Saint Bavon.

En enfer se trouve un dialogue de sourds. Dieu veut vivre en celui ou celle qui parle et en celui ou celle qui écoute. Le serpent du paradis terrestre entre dans l’oreille du rocher-tête d’Homme. Dieu éveille un Désir en un Homme et l’Homme le propose à la Femme. Si l’Homme ferme son oreille et la Femme aussi, c’est l’enfer. Un dialogue de sourds. La tête est morte, le corps est vide.

 

1 Co 11 « 3. Or je veux que vous sachiez que le chef de tout homme est le Christ ; le chef de la femme, l’homme ; et le chef du Christ, Dieu. »

 

Ep 5 « 22. Que les femmes soient soumises à leurs maris comme au Seigneur ; 23. Parce que l’homme est le chef de la femme, comme le Christ est le chef de l’Église, et il est aussi le Sauveur de son corps. 28. Ainsi les maris doivent aimer leurs femmes comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme, s’aime lui-même. »

 

Il reste une agitation vide. Il semble impossible de mesurer la distance, elle est infinie, entre ce vide et la Plénitude de Joie que les élus reçoivent dans le paradis céleste et dès la vie terrestre. La terre est déjà un paradis lorsque nous vivons avec Dieu.

Suite : 

Les influences certaines ou possibles, quelques images présentant des ressemblances avec le Jardin des délices de Jérôme Bosch

Bon commentaire du Jardin des délices par un autre auteur

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