María auxiliátrix

Lascaux exémplum / Artífices

Commentaire de La Crucifixion de Jan van Eyck 

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L’œuvre

La composition

Les inscriptions

I. L’écriteau en haut de la Croix

II. Les inscriptions et les signes du bas du tableau

« XP » comme Christ

« Z » comme Vie

Le Cercle, signe de l’Acte Créateur de Dieu, Œuvre du Grand-Prêtre Jésus-Christ

L’association de l’os fin et courbé et de la première croix aux pieds de Saint Jean

Le manteau de la Vierge Marie et le pied gauche de Saint Jean

L’os en diagonale aux pieds de la Vierge Marie, la pierre au pied de la Croix et de la Vierge Marie, la croix aux pieds de Saint Jean

La pierre au pied de la Croix et de la Vierge Marie

La Nativité

« lapis Israel » (Gn 49, 24)

La présence de Saint Joseph

La croix à forme humaine

Le signe en forme de Y

L’œil au pied de la Vierge Marie et la deuxième croix aux pieds de Saint Jean

« X » comme Christ, « homo », « œil » comme Vierge Marie, « mulier »

« X » comme la figure de l’homme-oiseau, « œil » comme la figure du bison

L’œil, la pierre et le pied de la Croix

Un quatrième personnage caché

L’œuvre

Jan van Eyck (c.1390-1441), La Crucifixion, c. 1425, Berlin, Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie. Huile sur bois transférée sur toile, 43×26 cm.

Les images de l’œuvre sur lesquelles nous avons travaillé.

La première image en noir et blanc : dans Emile Renders, Jean Van Eyck et le Polyptique. Deux problèmes résolus, 1950.

La troisième image en couleur : Alta definítio (closertovaneyck).

La première image en couleur.

La deuxième image en couleur.

La composition




La “Scène du Puits”, v. 15 000 ans avant Notre-Seigneur Jésus-Christ, Montignac, grotte de Lascaux. Peinture rupestre.

Le tableau La Crucifixion de Jan van Eyck est une reproduction de la “Scène du Puits de la grotte de Lascaux (Affiche PDF). Dans la lettre encyclique Les Amants, nous expliquons comment la “Scène du Puits” est reproduite selon la signification, la composition d’ensemble et même la composition géométrique. Nous proposons ici la démonstration des seules relations géométriques entre les deux images.




Une verticale donnée par le piquet de l’oiseau et les diagonales premières de la “Scène du Puits”.

Les diagonales sont peut-être les éléments géométriques de la composition de la “Scène du Puits” qui apparaissent au premier regard, c’est pourquoi nous les appelons « premières ». Le sens théologique est très fort, il s’agit de la Descente et la Montée du Seigneur Jésus (cf. Jn 20, 17 ; Ph 2, 5-11). Il s’agit aussi d’une flèche qui montre la Descente, mouvement principal de Dieu. En effet, si le Seigneur Jésus est monté, c’est pour redescendre à nouveau (cf. Ac 1, 11) à la fin du monde avec la Jérusalem céleste.

    Ap 21 « 2. Et moi, Jean, je vis la sainte cité, la nouvelle Jérusalem, descendant du ciel, d’auprès de Dieu, parée comme une épouse et ornée pour son époux. »

 

Jan van Eyck a choisi de composer sa reproduction de la “Scène du Puits” à partir de deux diagonales mais il en les a choisi ailleurs que sur la peinture telle qu’elle apparait, il les a choisi dans une superposition de deux images en miroir.


Figure 1 : Les diagonales premières et l’orientation de la verticale de la Crucifixion de Jan.



Figure 2 : Deux diagonales secondes et une verticale mettant en évidence la « blessure du bas » du Seigneur Jésus, celle qui représente la blessure du bison de la “Scène du Puits” (voir la lettre encyclique Les Amants, n. 4).



Figure 3 : Une superposition de deux images en miroir de la “Scène du Puits” qui elle-même se superpose avec les diagonales premières de la Crucifixion de Jan van Eyck.



Figure 4 : La superposition de la “Scène du Puits” utilisée par Jan van Eyck comme cadre pour composer la Crucifixion.



Figure 5 : La verticale choisie par Jan van Eyck pour la composition de la Crucifixion (en rouge) et les diagonales, visibles sur ce même tableau, représentant les deux diagonales « premières » de la “Scène du Puits”, (en bleu et vert).



Figure 6 : Les deux piquets des images superposées de la “Scène du Puits“ sont parallèles. Il s’agit donc de la superposition de deux images dont l’une est l’image de l’autre comme dans un miroir.




Figure 7 : Une grille de diagonales, d’horizontales et de verticales dans la composition de la Crucifixion de Jan van Eyck. Les personnages, les objets, les vêtements en particulier, sont peints de manière à dessiner ces droites. On trouve bien ici et dans les autres figures un exemple de ce qu’a écrit B. Facio sur Jan van Eyck :

 

« Jan le Gaulois est tenu pour le plus grand peintre de notre temps, savant dans les lettres mais surtout en géométrie et dans les arts qui servent à l’ornement de la peinture... »

Liber de viris illustribus, 1454-55,

cité par A. Chatelet, 1969.




Figure 8 : Le cercle passant par les trois Clous. Le nombril du Seigneur Jésus est placé presque au centre de ce cercle.

La Mère de Dieu « Blachernitissa » entre Moïse et le patriarche de Jérusalem Euthyme, v. 1224, Mont-Sinaï, monastère Sainte Catherine.

La Mère de Dieu « Blachernitissa », v. 1224, provenant du monastère de la Transfiguration, à Iarolslavl, Moscou, galerie Tretiakov.

La composition du tableau de Jan van Eyck s’inspire très probablement de la Mère de Dieu, « Vierge du Signe » ou encore « Blachernitissa » du nom d’une église Constantinople.

 

 « De même que l’impératrice et les dignitaires de la cour de Byzance portaient sur la poitrine un médaillon (signum) représentant le souverain, de même la Vierge Marie porte sur le cœur un cercle qui contient le Christ Emmanuel. C’est ainsi que nait le type iconographique de la Mère de Dieu du Signe, selon la prophétie d’Isaïe (VII, 14). »

Alfredo Tradigo, Icônes et saints d’Orient, Paris, Éditions Hazan, 2005.

 

    D’après l’explication d’A. Tradigo, nous ne savons pas si le nom « Vierge du Signe » vient du signe porté par « l’impératrice et les dignitaires de la cour de Byzance » ou du signe donné au roi Achaz par le prophète Isaïe, les deux faits se sont peut-être rencontrés pour donner naissance au modèle de l’icône.

    Is 7

« 14 (…) dabit Dominus ipse vobis signum :

« 14. (…) le Seigneur lui-même vous donnera un signe.

ecce virgo concipiet, et pariet filium,

Voilà que la vierge concevra et enfantera un fils,

et vocabitur nomen ejus Emmanuel. »

et son nom sera appelé Emmanuel. »

Le 24 décembre 2011, à 22h22 : Joyeux Noël !

Les inscriptions

I. L’écriteau en haut de la Croix

    Nous n’avons trouvé aucune documentation à ce sujet. L’inscription au-dessus de la Croix signifie au moins une partie de celle rapportée par l’Évangile selon Saint Jean :
    Jn 19 « 19 Scripsit autem et titulum Pilatus, et posuit super crucem. Erat autem scriptum : Jesus Nazarenus, Rex Judaeorum. 20 Hunc ergo titulum multi Judaeorum legerunt : quia prope civitatem erat locus, ubi crucifixus est Jesus, et erat scriptum hebraice, graece, et latine. »     « 19. Pilate fit une inscription et la mit sur la croix. Or il était écrit : Jésus de Nazareth, le roi des Juifs. 20. Beaucoup de Juifs lurent cette inscription, parce que le lieu où Jésus avait été crucifié se trouvait près de la ville, et qu’elle était écrite en hébreu, en grec et en latin. »

   Voici en hébreu les mots Jésus, Nazareth, roi, juifs (lire de droite à gauche) puis l’inscription telle qu’elle est rapportée dans le texte grec et la Vulgate :

ישע נצרת מלך יהודים

 « ΙΗΣΟΥΣ Ο ΝΑΖΩΡΑΙΟΣ Ο ΒΑΣΙΛΕΥΣ ΤΩΝ ΙΟΥΔΑΙΩΝ »

 « Jesus Nazarenus Rex Judaeorum »



    L’inscription en hébreu est peut-être le début du Psaume 21 :

 

אלי, אלי , למה עזבתני ;רחוק תישועתי, דברי שאגתי

 

    Voici le même texte avec les lettres manquantes entre crochet, et une incertaine entre parenthèse.

 

א[ל]י, [א](ל)[י, למ]ה ע[ז]ב[ת]ני[ ;]ר[חוק תישועתי, דב]רי[ שאגתי]

 

« 2 Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ?

Je gémis, et le salut reste loin de moi ! »

    Mt 27 « 46 Et circa horam nonam clamavit Jesus voce magna, dicens : Eli, Eli, lamma sabacthani ? hoc est : Deus meus, Deus meus, ut quid dereliquisti me ? »

    « 46. Et, vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte, disant : Éli, Éli, lamma sabacthani ? c’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous délaissé ? »

    Nous reconnaissons le début de l’inscription grecque et presque la totalité de l’inscription latine :

 

•ΙΗC•ΝIUC(Ᾱ ou Δ)C•(Κ ?)Η(Ψ ?)ΠΕ•

•Ihs•nazan(i ou u)z•-(r ?)iude•

 

    Σ (sigma) s’écrit souvent C. En minuscule, Σ s’écrit σ ou ς. On trouve aussi le C carré pour le S ou le Σ dans l’inscription de la devise de Jan van Eyck « Als isch kan », « Comme je peux. », sur le tableau de L’homme au turban rouge (bordure du haut). Υ (upsilon) peut s’écrire U.

 

     Jesus est orthographié : « Jhesus » comme sur le tableau de la Sainte Face (type 1440) (bordure du haut) de Jan van Eyck. Le i semi-consonne s’écrit aussi bien I que J. Le monogramme JHS signifie : Jesus hominum salvator « Jésus Sauveur des hommes ». Le trait au-dessus du h signifie que le mot est abrégé.

 

    L’histoire des monogrammes IHC et IHS est très bien expliquée sur le site des Jésuites.

 

(Le Η grec n’est pas le H latin ou français mais la lettre ητα (èta) qui correspond au e du mot latin Jesus et au é du mot français Jésus.)

 

    Si l’inscription en hébreu est réellement le début du Psaume 21, alors elle fait entendre la prière que l’homme-oiseau adresse vers le ciel. De plus le Psaume 21 est peut-être le texte de la Sainte Bible qui permet le plus de reconnaitre dans la “Scène du Puits” la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ. Dans ce Psaume le Serviteur souffrant est assailli par les animaux : un lion, « leo » (vv. 14, 22), des chiens nombreux, « canes multi » (v. 17), des jeunes taureaux nombreux, « vituli multi », des taureaux gras, « tauri pingues » (v. 13) et Il demande d’être sauvé « des cornes de la licorne » (v. 22), des cornes du reém en hébreu, une sorte d’auroch. En citant ce Psaume, Jan van Eyck montre que la Sainte Bible aussi a utilisé l’image d’un homme assailli par une puissante bête à cornes pour décrire la Passion du Seigneur Jésus. Il est donc tout à fait permis de reconnaitre la Passion de notre Seigneur dans la “Scène du Puits”.

    Ps 21

« 13 Circumdederunt me vituli multi ;

« 13. De jeunes taureaux en grand nombre m’ont environné ;

tauri pingues obsederunt me.

des taureaux gras m’ont assiégé.

(…)

(…)

22 Salva me ex ore leonis,

22. Sauvez-moi de la gueule du lion ;

et a cornibus unicornium humilitatem meam. »

et ma faiblesse des cornes des licornes. »

Note : « 22. * Des cornes des licornes, du reém ou bœuf sauvage (décrit dans Job, XXXIX, 9-12), comme le porte le texte original. La Vulgate a traduit le mot reém, tantôt par licorne, tantôt par rhinocéros, mais reém signifie toujours le buffle ou bœuf sauvage. »

    Le reém a été reconnu par certains savants comme l’auroch, une sorte de bœuf très grand. « Il atteint jusqu’à deux mètres de hauteur et trois mètres trente-trois centimètres de longueur. (…) Il est probablement le même que l’urus, bos priscus ou bos primigenius de l’époque quaternaire » (H. Lesètre, Dictionnaire de la Bible, publié sous la direction de F. Vigouroux, 1912.)

II. Les inscriptions et les signes du bas du tableau

    Il y a d’autres inscriptions et signes au bas du tableau.

    De gauche à droite nous lisons :

Aux pieds de la Vierge Marie :

1°) le manteau de la Vierge Marie qui couvre le sol

2°) un « Z » inversé

3°) un œil posé au-dessus de trois feuilles

4°) un os en diagonale

5°) une pierre

Aux pieds du Seigneur Jésus crucifié :

7°) XP à l’intérieur et sur la moitié basse d’une ellipse

8°) trois cales devant le pied de la Croix et une derrière

9°) une sorte de Y

Aux pieds de Saint Jean :

10°) un os fin et courbé

11°) une croix

12°) une deuxième croix

13°) le pied gauche, comme planté en terre, de Saint Jean

14°) un « Z » inversé



« XP » comme Christ

« Z » comme Vie

Le Cercle, signe de l’Acte Créateur de Dieu, Œuvre du Grand-Prêtre Jésus-Christ

L’association de l’os fin et courbé et de la première croix aux pieds de Saint Jean

Le manteau de la Vierge Marie et le pied gauche de Saint Jean

L’os en diagonale aux pieds de la Vierge Marie, la pierre au pied de la Croix et de la Vierge Marie, la croix aux pieds de Saint Jean

La pierre au pied de la Croix et de la Vierge Marie

La Nativité

« lapis Israel » (Gn 49, 24)

La présence de Saint Joseph

La croix à forme humaine

Le signe en forme de Y

L’œil au pied de la Vierge Marie et la deuxième croix aux pieds de Saint Jean

« X » comme Christ, « homo », « œil » comme Vierge Marie, « mulier »

« X » comme la figure de l’homme-oiseau, « œil » comme la figure du bison

L’œil, la pierre et le pied de la Croix

Un quatrième personnage caché

« XP » comme Christ

(En cliquant sur les titres de chapitre, vous pouvez revenir à l’image du bas du tableau.)

   XP dans une ellipse, qui est probablement un cercle vu en perspective, reprend le dessin du Seigneur Jésus dans un cercle. XP sont les deux premières lettres du mot Christ en grec.

 

Le Nom de Jésus-Christ (par exemple en Ac 9, 34) :

En latin : IESUS CHRISTUS

En grec : ΙΗΣΟΥΣ ΧΡΙΣΤΟΣ

 

(Le Χ grec n’est pas le X latin ou français mais la lettre χῖ, khi, que l’on transcrit par ch en latin et en français.

Le Ρ grec n’est pas le P latin ou français mais la lettre ῥῶ, rhô, qui correspond au R latin et français.)

 

Le signe XP est dans la partie basse du cercle pour montrer que le Seigneur Jésus est descendu dans le monde pour le sauver. Le verbe descendre, descendere, est répété sept fois dans le discours sur le Pain de Vie dans l’Évangile selon Saint Jean.

Jn 3 « 16 Sic enim Deus dilexit mundum, ut Filium suum unigenitum daret : ut omnis qui credit in eum, non pereat, sed habeat vitam aeternam. 17 Non enim misit Deus Filium suum in mundum, ut judicet mundum, sed ut salvetur mundus per ipsum. »

« 16. Car Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. 17. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. »

Jn 6 « 50 Hic est panis de caelo descendens : ut si quis ex ipso manducaverit, non moriatur. 51 Ego sum panis vivus, qui de caelo descendi. 52 Si quis manducaverit ex hoc pane, vivet in aeternum : et panis quem ego dabo, caro mea est pro mundi vita. »

« 50. Voici le pain qui descend du ciel, afin que si quelqu’un en mange, il ne meure point. 51. Je suis le pain vivant, moi qui suis descendu du ciel. 52. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde.

Le monogramme XP à l’intérieur d’un cercle rappelle aussi les hosties, souvent marquées de l’autre monogramme de notre Seigneur : IHS. Ici, l’hostie montre l’Unité de la Crucifixion et du Saint Sacrifice de la Messe.

 

Catéchisme du Concile de Trente (1566) :

« LE SACRIFICE DE LA MESSE EST LE MÊME QUE CELUI DE LA CROIX.

    Nous reconnaissons donc que le Sacrifice qui s’accomplit à la Messe, et celui qui fut offert sur la Croix ne sont et ne doivent être qu’un seul et même Sacrifice, comme il n’y a qu’une seule et même Victime, Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui s’est immolé une fois sur la Croix d’une manière sanglante. Car il n’y a pas deux hosties, l’une sanglante, et l’autre non sanglante, il n’y en a qu’une ; il n’y a qu’une seule et même Victime dont l’immolation se renouvèle tous les jours dans l’Eucharistie depuis que le Seigneur a porté ce Commandement (Lc 22, 19) « Faites ceci en mémoire de Moi. »

    Il n’y a non plus qu’un seul et même Prêtre dans ce Sacrifice, c’est Jésus-Christ. Car les Ministres qui l’offrent n’agissent pas en leur propre nom. Ils représentent la Personne de Jésus-Christ, lorsqu’ils consacrent son Corps et son Sang, comme on le voit par les paroles mêmes de la Consécration. Car les prêtres ne disent pas (Co 11, 24) : Ceci est le Corps de Jésus-Christ, mais, Ceci est mon Corps : se mettant ainsi à la place de Notre-Seigneur, pour convertir la substance du pain et du vin en la véritable substance de son Corps et de son Sang.

    Les choses étant ainsi, il faut sans aucune hésitation enseigner avec le saint Concile que l’auguste Sacrifice de la Messe n’est pas seulement un Sacrifice de louanges et d’actions de grâces, ni un simple mémorial de celui qui a été offert sur la Croix, mais encore un vrai Sacrifice de propitiation, pour apaiser Dieu et nous le rendre favorable. Si donc nous immolons et si nous offrons cette victime très sainte avec un cœur pur, une Foi vive et une douleur profonde de nos péchés, nous obtiendrons infailliblement miséricorde de la part du Seigneur, et le secours de sa Grâce dans tous nos besoins. Le parfum qui s’exhale de ce Sacrifice lui est si agréable qu’Il nous accorde les dons de la grâce et du repentir, et qu’Il pardonne nos péchés. Aussi l’Église dit-elle dans une de ses Prières solennelles : « Chaque fois que nous renouvelons la célébration de ce sacrifice, nous opérons l’œuvre de notre salut. » (Secreta Dom., 9, post Pent.) Car tous les mérites si abondants de la Victime sanglante se répandent sur nous par ce Sacrifice non sanglant.

    Enfin, telle est la vertu de ce Sacrifice, — et les Pasteurs ne doivent pas manquer de l’enseigner — qu’il profite non seulement à celui qui l’immole et à celui qui y participe, mais encore à tous les Fidèles, soit à ceux qui rivent avec nous sur la terre, soit à ceux qui déjà sont morts dans le Seigneur, mais sans avoir suffisamment expié leurs fautes. Car c’est une tradition très certaine des Apôtres que le saint sacrifice de la Messe s’offre avec autant d’avantage pour les morts, que pour les péchés, les peines, les satisfactions et tous les genres de calamités et d’afflictions des vivants. D’où il suit clairement que toutes les Messes sont communes, (ou générales) puisqu’elles s’appliquent au bien général, et au salut commun de tous les Fidèles. »

« Z » comme Vie

L’inversion des deux Z est une référence au fait que la “Scène du puits”, reproduite par Jan van Eyck dans le tableau de La Crucifixion, est inversée par rapport à la réalité historique : le Seigneur Jésus a été blessé au côté droit (cf. Ezech. XLVII, 1-2) et la corne du bison se dirige sur le côté gauche de l’homme-oiseau. La “Scène du puits” est un miroir de la passion, une annonce prophétique. L’inversion dit encore une autre chose.

Z est la première lettre du mot ΖΩΗ, en minuscules ζωή, (zôè), Vie en grec.

On lit aussi un Z sur la robe du Seigneur Jésus sur une mosaïque de l’église saint Vital à Ravenne (VIe siècle).

    Jn 14 « 6 λέγει αὐτῷ ὁ ᾽Ιησοῦς, ᾽Εγώ εἰμι ἡ ὁδὸς καὶ ἡ ἀλήϑεια καὶ ἡ ζωή· οὐδεὶς ἔρχεται πρὸς τὸν πατέρα εἰ μὴ δι' ἐμοῦ. »

    « 6 Dicit ei Jesus : Ego sum via, et veritas, et vita. Nemo venit ad Patrem, nisi per me. »

    « 6. Jésus lui répondit : Moi je suis la voie, la vérité et la vie. Personne ne vient à mon Père que par moi. »

    Sur l’écriteau, un S est probablement changé en Z : « nazaniz ». Ce Z représente le Seigneur Jésus qui et la Vie. Les deux Z inversés du bas représentent la Vierge Marie et Saint Jean qui reçoivent la Vie du Seigneur Jésus. Ils sont faits chacun « âme vivante », « animam viventem ».

    Gn 2 « 7 Formavit igitur Dominus Deus hominem de limo terrae, et inspiravit in faciem ejus spiraculum vitae, et factus est homo in animam viventem. »

    « 7. Le Seigneur Dieu forma donc l’homme du limon de la terre, et il souffla sur son visage un souffle de vie, et l’homme fut fait âme vivante. »

    Gn 1 « 27 Et creavit Deus hominem ad imaginem suam : ad imaginem Dei creavit illum, masculum et feminam creavit eos. »

    « 27. Et Dieu créa l’homme à son image : c’est à l’image de Dieu qu’il le créa : il les créa mâle et femelle. »

    La Vierge Marie est « le miroir sans tache de la majesté de Dieu », la Vie qui est la sienne est donc inversée comme dans un miroir par rapport à celle du Seigneur Jésus. Saint Jean et tous les rachetés sont comme la Vierge Marie des miroirs de la majesté de Dieu.

    Sg 7

« 26 candor est [sapientia] enim lucis aeternae,

« 26. Car elle [la sagesse] est l’éclat de la lumière éternelle,

et speculum sine macula Dei majestatis,

le miroir sans tache de la majesté de Dieu,

et imago bonitatis illius. »

et l’image de sa bonté : »

    Ce verset de la Bible est cité sur la bordure de deux œuvres de Jan van Eyck : La Madone du chanoine van der Paele (1434-1436), Bruges, et Le triptyque portatif de Dresde (1437), Dresde. Le miroir est aussi présent en image dans les tableaux Les époux Arnolfini (1434), Londres, et La Madone du chanoine van der Paele où Jan van Eyck a peint son probable autoportrait dans un reflet sur le bouclier de Saint Georges. Dans l’œuvre connu de Jan van Eyck, les Z inversés de la Crucifixion sont donc une troisième citation écrite du miroir, la reproduction de la “Scène du Puits” en miroir est une troisième citation en image.

 

    Les Z inversés signifient que le Seigneur Jésus-Christ donne la Vie à la Vierge Marie et à Saint Jean. Les inscriptions dessinées à même la terre rappellent que Dieu a donné la Vie à l’Homme formé du limon de la terre en soufflant sur lui un souffle de Vie, c’est-à-dire en lui donnant la propre Vie de Dieu.

    Gn 2 « 7 Formavit igitur Dominus Deus hominem de limo terrae, et inspiravit in faciem ejus spiraculum vitae, et factus est homo in animam viventem. »

    « 7. Le Seigneur Dieu forma donc l’homme du limon de la terre, et il souffla sur son visage un souffle de vie, et l’homme fut fait âme vivante. »

    Ce Souffle de Vie est l’Esprit de Dieu envoyé par le Seigneur Jésus au moment de sa Précieuse Mort :

    Ps 103

« 30 Emittes spiritum tuum, et creabuntur,

« 30. Vous enverrez votre esprit, et ils seront créés ;

et renovabis faciem terrae. »

et vous renouvèlerez la face de la terre. »

    Mt 27 « 50 Jesus autem iterum clamans voce magna, emisit spiritum. »

    « 50. Cependant Jésus, criant encore d’une voix forte, envoya l’esprit. »

    L’Acte Créateur par lequel Dieu donne la Vie à l’Homme et la Crucifixion du Seigneur Jésus sont en vérité un seul et même Acte, le Seigneur Jésus a été crucifié pour donner la Vie au monde.

    Jn 3 « 14 Et sicut Moyses exaltavit serpentem in deserto, ita exaltari oportet Filium hominis : 15 ut omnis qui credit in ipsum, non pereat, sed habeat vitam aeternam. 16 Sic enim Deus dilexit mundum, ut Filium suum unigenitum daret : ut omnis qui credit in eum, non pereat, sed habeat vitam aeternam. 17 Non enim misit Deus Filium suum in mundum, ut judicet mundum, sed ut salvetur mundus per ipsum. »

    « 14. Et comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé ; 15. Afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. 16. Car Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. 17. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. »

    Les deux Z unissent la Vierge Marie et Saint Jean en un Couple. Nous voyons Dieu qui donne la Vie à ses Enfants chéris afin qu’eux aussi deviennent porteur de Vie, nous voyons Adam et Ève représentés par la Vierge Marie et Saint Jean.

    Gn 1 « 28 Benedixitque illis Deus, et ait : Crescite et multiplicamini, et replete terram, et subjicite eam, et dominamini piscibus maris, et volatilibus caeli, et universis animantibus, quae moventur super terram. »

    « 28. Et Dieu les bénit et leur dit : Croissez et multipliez-vous ; remplissez la terre et assujettissez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les volatiles du ciel et sur tous les animaux qui se meuvent sur la terre. »

    Gn 3 « 20 Et vocavit Adam nomen uxoris suae, Heva : eo quod mater esset cunctorum viventium. »

    « 20. Adam donna à sa femme le nom d’Ève, parce qu’elle était la mère de tous les vivants. »

L.-Cl. Fillion :

    « 20. Et vocavit... À première vue, on croirait voir ici une insertion malhabile. C’est un acte de foi d’une grande beauté. La première femme avait porté jusqu’alors le nom général de ’iššah, II, 23 ; au moment même où on le condamne à mourir, Adam l’appelle Heva, en hébr. : ḥavvah, la vivante, celle qui produit la vie (de ḥayah, “vivus fuit”), parce qu’il contemplait en elle, grâce à la divine promesse (vers. 15), la mère des vivants (ḥay, avec paronomase). »

    Gn 3 « 14 Et ait Dominus Deus ad serpentem : Quia fecisti hoc, maledictus es inter omnia animantia, et bestias terrae : super pectus tuum gradieris, et terram comedes cunctis diebus vitae tuae. 15 Inimicitias ponam inter te et mulierem, et semen tuum et semen illius : ipsa conteret caput tuum, et tu insidiaberis calcaneo ejus. »

    « 14. Le Seigneur Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux de la terre : tu ramperas sur ton ventre, et tu mangeras de la terre tous les jours de ta vie. 15. Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : Elle te brisera la tête, et toi, tu lui tendras des embuches au talon. »

Le Cercle, signe de l’Acte Créateur de Dieu, Œuvre du Grand-Prêtre Jésus-Christ

    Le Cercle dans la Sainte Bible est le signe de l’Acte Créateur de Dieu :

 

    Pr 8 « 23. Dès l’éternité j’ai été établie, dès les temps anciens, avant que la terre fut faite. 24. Les abimes n’étaient pas encore, et moi déjà j’avais été conçue ; les sources des eaux n’avaient pas encore jailli : 25. Les montagnes à la pesante masse n’étaient pas encore affermies, et moi, avant les collines, j’étais engendrée : 26. Il n’avait pas encore fait la terre et les fleuves, et les pôles du globe (orbis) de la terre. 27. Quand il préparait les cieux, j’étais présente : quand par une loi inviolable il entourait d’un cercle (gyro) les abimes : 28. Quand il affermissait en haut les éthers, et qu’il mettait en équilibre les sources des eaux : 29. Quand il mettait autour (circumdabat) de la mer ses limites, et qu’il imposait une loi aux eaux, afin qu’elles n’allassent point au delà de leurs bornes ; quand il pesait les fondements de la terre : 30. J’étais avec lui, disposant toutes choses ; et je me réjouissais chaque jour, me jouant, en tout temps, devant lui : 31. Me jouant dans le globe (orbe) de la terre ; et mes délices sont d’être avec les fils des hommes. »

 

    Le Seigneur Jésus, Dieu fait Homme, Dieu Frère des Hommes (cf. Hb 2, 11-12), sur la Croix est le Grand-Prêtre, « pris d’entre les hommes » (Hb 5, 1), qui donne la Vie de Dieu, qui crée le monde vivant de la Vie de Dieu.

L’association de l’os fin et courbé et de la première croix aux pieds de Saint Jean

    C’est encore une affirmation de l’unité de l’Acte créateur de Dieu et de la Crucifixion du Seigneur Jésus aux pieds de Saint Jean. L’os courbé rappelle en effet la côte d’Adam avec laquelle Dieu a façonné Ève.

    Gn 2 « 21 Immisit ergo Dominus Deus soporem in Adam : cumque obdormisset, tulit unam de costis ejus, et replevit carnem pro ea. 22 Et aedificavit Dominus Deus costam, quam tulerat de Adam, in mulierem : et adduxit eam ad Adam. 23 Dixitque Adam : Hoc nunc os ex ossibus meis, et caro de carne mea : haec vocabitur Virago, quoniam de viro sumpta est. »

    « 21. Le Seigneur Dieu envoya donc à Adam un profond sommeil ; et lorsqu’il se fut endormi, il prit une de ses côtes, et il mit de la chair à sa place. 22. Puis le Seigneur Dieu forma de la côte qu’il avait tirée d’Adam, une femme, et il l’amena devant Adam. 23. Et Adam dit : Voilà maintenant un os de mes os, et de la chair de ma chair : celle-ci s’appellera femme, parce qu’elle a été tirée d’un homme. »

    Or des commentateurs ont vu dans le côté ouvert du Seigneur Jésus sur la Croix, un évènement tout à fait semblable.

    Jn 19 « 33 Ad Jesum autem cum venissent, ut viderunt eum jam mortuum, non fregerunt ejus crura, 34 sed unus militum lancea latus ejus aperuit, et continuo exivit sanguis et aqua. »

    « 33. Mais lorsqu’ils vinrent à Jésus, et qu’ils le virent déjà mort, ils ne rompirent point les jambes ; 34. Seulement un des soldats ouvrit son côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. »

Saint Jean Chrysostome (349-407) :

    « Aussi saint Paul dit-il : Nous sommes de sa chair et de ses os (Ep 5, 30), désignant par là le côté du Seigneur. De même en effet que le Seigneur a pris chair dans le côté d’Adam pour former la femme, ainsi le Christ nous a donné le sang et l’eau de son côté pour former l’Église. Et de même qu’alors il a pris de la chair du côté d’Adam, pendant l’extase de son sommeil, ainsi maintenant nous a-t-il donné le sang et l’eau après sa mort. »

Catéchèses baptismales 3, cité dans le Livre des Jours, mardi de la Ve semaine de Carême.

 

    Remarquez bien que l’os fin et courbé est placé sur la gauche de la Croix dessinée au sol, comme la Blessure de la Lance est ouverte sur le Côté gauche du Seigneur Jésus. L’os est fin parce qu’il est associé à cette Croix qui elle-même est dessiné de deux traits fins.

 

    Selon le tableau de Jean van Eyck, il n’y a pas une ressemblance mais une unité des deux évènements de la Création d’Ève et de l’ouverture du Côté du Seigneur Jésus. : c’est par l’ouverture du côté du Seigneur Jésus que Dieu a créé Adam et Ève. La Création est la Rédemption sont un seul et même évènement. L’os courbé rappelle la Création, la Croix, la Rédemption, leur association, avec l’os posé sur le coté de la Croix, montre que les deux Évènements n’en sont qu’Un Seul.

Le manteau de la Vierge Marie et le pied gauche de Saint Jean

    Le manteau de la Vierge Marie dessine les entrailles du bison et le pied gauche de Saint Jean la pointe du piquet de l’oiseau sur un piquet.

 

    Ce sont des images sexuelles : le pied se plante comme le Sexe de l’Homme et le manteau recouvre comme le Sexe de la Femme.

 

    Le manteau est encore une image de la protection que la Vierge Marie donne au monde. Cette protection est chantée depuis très longtemps par l’Église par la prière « Sub tuum praesidium » « Sous votre protection ».

« Sub tuum praesidium confugimus, 

« Sous votre protection, nous nous réfugions, 

Sancta Dei Genetrix. 

Sainte Mère de Dieu. 

Nostras deprecationes ne despicias in necessitatibus, 

Ne méprisez pas nos prières quand nous sommes dans les nécessités, 

sed a periculis cunctis libera nos semper, 

mais de tous les dangers délivrez-nous toujours, 

Virgo gloriosa et benedicta. »

Vierge glorieuse et bénie. »


    Pour représenter la protection de la Vierge Marie, apparait au XIIIe siècle l’image de la Vierge au manteau appelée « Vierge de la Consolation » ou « Vierge de la Miséricorde ». Au XVe siècle cette image se rencontre assez souvent (d’après P. Perdrizet, 1908 et É. Mâle, 1925).

 

Jean Miralhet, La Vierge de Miséricorde (v. 1420-1450), Nice, chapelle de la Miséricorde.

    Cette image s’inspire très certainement de Paroles de la Sainte Bible :

    Ps 90

« 1 Laus cantici David.

« 1. Louange de cantique à [ou de] David.

Qui habitat in adjutorio Altissimi,

Celui qui habite dans le secours du Très-Haut

in protectione Dei caeli commorabitur.

demeurera sous la protection du Dieu du ciel.

2 Dicet Domino : Susceptor meus es tu, et refugium meum ;

2. Il dira au Seigneur : Vous êtes mon soutien et mon refuge ;

Deus meus, sperabo in eum.

il est mon Dieu, j’espèrerai en lui.

3 Quoniam ipse liberavit me de laqueo venantium,

3. Parce que c’est lui-même qui m’a délivré d’un filet de chasseurs

et a verbo aspero.

et d’une parole meurtrière.

4 Scapulis suis obumbrabit tibi,

4. Il te mettra à l’ombre sous ses épaules,

et sub pennis ejus sperabis.

et sous ses ailes tu espèreras.

5 Scuto circumdabit te veritas ejus :

5. Sa vérité t’environnera de son bouclier,

non timebis a timore nocturno ;

et tu n’auras pas à craindre d’une terreur nocturne,

6 a sagitta volante in die,

6. D’une flèche volant dans le jour,

a negotio perambulante in tenebris,

d’une affaire qui marche dans des ténèbres,

ab incursu, et daemonio meridiano. (...) »

et de l’attaque d’un démon du midi. (...) »

    Mt 23 « 37 Jerusalem, Jerusalem, quae occidis prophetas, et lapidas eos, qui ad te missi sunt, quoties volui congregare filios tuos, quemadmodum gallina congregat pullos suos sub alas, et noluisti ? »

    « 37. Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes, et tu n’as pas voulu ? »

    Nous pouvons donc tout à fait interpréter le bas du manteau de la Vierge Marie comme un signe de sa Protection maternelle. Comme l’objet recouvert n’est pas ici le peuple chrétien mais le sol même, la terre, la matière, nous pouvons penser qu’il représente la protection de la Vierge Marie en faveur de la Création tout entière.

L’os en diagonale aux pieds de la Vierge Marie, la pierre au pied de la Croix, la croix aux pieds de Saint Jean

    C’est trois objet représentent quatre objets ou Personne de la “Scène du Puits”.

L’os en diagonale aux pieds de la Vierge Marie : la lance qui traverse le corps du bison.

 

La pierre : l’homme-oiseau sous le bison mais elle représente aussi les entrailles du bison.

 

La première croix aux pieds de Saint Jean : la Croix-Propulseur sous les pieds de l’homme-oiseau.

La pierre au pied de la Croix et de la Vierge Marie

La Nativité




Robert Campin, La Nativité, v. 1425, Dijon, Musée des Beaux-Arts. Huile sur bois, 86 x 72 cm.

Jan van Eyck, La Crucifixion, v. 1425, Berlin, Staatliche Museen. Huile sur bois transférée sur toile, 43 x 26 cm.




Triptyque de la Nativité, « Triptyque Bladelin » (panneau central) v. 1445-1448, Berlin, Staatliche Museen zu Berlin.

    La pierre représente tout d’abord l’Enfant-Jésus à sa naissance comme Il est souvent représenté du temps de Jan van Eyck : posé à terre devant la Vierge Marie qui l’adore les mains jointes en signe de prière et d’adoration. Sur le tableau de Robert Campin les mains de la Vierge Marie ne sont pas jointes mais légèrement ouvertes.

    Cette nouvelle façon de représenter la Nativité vient de deux sources : Les méditations de la Vie du Christ (Meditationes vitae Christi) du pseudo-Bonaventure, religieux franciscain du XIIIe siècle, selon l’explication d’Émile Mâle (1925), et les Révélations de Sainte Brigitte. Voici d’abord le texte du pseudo-Bonaventure. Avertissons les lecteurs : même s’il assure s’appuyer sur une révélation privée, il est possible qu’il ait ajouté au récit entendu des détails qu’il a imaginé lui-même comme il le fait dans tout le cours de ses Méditations.

    «  Maintenant, remarquez bien tout ce qui se passe, surtout ce que j’ai intention de vous raconter : c’est la Vierge qui l’a révélé elle-même et fait connaitre, selon que je l’ai appris d’un saint religieux de notre ordre, homme tout à fait digne de foi et à qui, je pense, fut faite cette révélation.

    L’heure de l’enfantement divin était arrivée : c’était au milieu de la nuit du dimanche. La Vierge se levant, s’appuya contre une colonne qui se trouvait en cet endroit. Joseph était assis, l’âme pleine de tristesse, sans doute, de ce qu’il ne pouvait offrir ce qui était convenable en pareille circonstance. Se levant donc et prenant du foin de la crèche, il l’étendit aux pieds de Marie et se retira d’un autre côté. Alors le Fils du Dieu éternel, sortant du sein de sa mère sans lui faire ressentir aucune douleur, sans lui faire éprouver aucune lésion, se trouva à l’instant même transporté miraculeusement sur le foin qui était aux pieds de sa mère. Marie, s’inclinant aussitôt, le recueillit dans ses bras, et, l’embrassant tendrement, le plaça contre son cœur. Instruite par l’Esprit-Saint, elle commença à laver et à arroser son corps du lait dont le ciel avait rempli ses mamelles avec abondance. Prenant ensuite le voile qui couvrait son front, elle l’en enveloppa et le mit dans la crèche. Aussitôt le bœuf et l’âne, fléchissant le genou, approchèrent leurs têtes au-dessus de la crèche et y répandirent leur haleine, comme si, doués de raison, ils eussent reconnu que cet enfant si pauvrement vêtu, avait besoin d’être réchauffé dans une saison aussi rigoureuse. Sa mère, se prosternant, l’adora et rendit grâces à Dieu en ces termes : « Je vous rends grâces, ô Seigneur, Père saint, de ce que vous m’avez donné votre Fils ; je vous adore, ô Dieu éternel, et vous aussi, ô Fils du Dieu vivant et mon Fils. » Joseph l’adora de même, et prenant la selle de l’âne il en détacha les coussins, qui étaient de laine ou de bourre, et les mit auprès de la crèche, afin que la Vierge pût s’assoir. Elle s’y plaça donc et appuya son bras sur la selle elle-même. Ainsi se tenait la Reine du monde, le visage penché sur la crèche, les yeux et le cœur entièrement fixés sur son Fils bien-aimé. Voilà ce que dit la révélation. »

Méditations de la Vie du Christ, chapitre 7.

    Voici maintenant le récit de la Nativité dans les Révélations de Sainte Brigitte (1303-1373) :

 

    « Lorsque moi, Brigitte, étais à Bethléem, je vis une Vierge enceinte, affublée d’un blanc manteau et d’une subtile et fine tunique, au travers de laquelle je voyais la chair virginale, le ventre de laquelle était grandement plein, d’autant qu’elle était prête à enfanter. Il y avait avec elle un honnête vieillard, et tous deux avaient un bœuf et un âne ; et étant, entrées dans une caverne, le vieillard, ayant lié le bœuf et l’âne à la crèche, porta une lampe allumée à la Sainte Vierge, et la ficha en la muraille, s’écartant un peu de la Sainte Vierge pendant qu’elle enfanterait.

    Cette Vierge donc se déchaussa, quitta son manteau blanc, ôta le voile de sa tête et le mit auprès d’elle ; et je vis ses cheveux beaux à merveille, comme des fleurs éparpillées sur sa tunique, sur ses épaules. Elle tira lors de son sein deux draps de fin lin et deux de laine, très-blancs et très-purs, pour envelopper l’enfant ; et elle portait encore deux autres petits draps de lin pour le couvrir et lui lier la tête ; et elle les mit auprès d’elle, afin d’en user à temps et saison.

    Or, toutes choses étant ainsi prêtes, la Sainte Vierge, ayant fléchi le genou, se mit avec une grande révérence en oraison ; et elle tenait le dos contre la crèche, et la face levée vers le ciel vers l’orient ; et ayant levé les mains et ayant les yeux fixés au ciel, elle était en extase, suspendue en une haute et sublime contemplation, enivrée des torrents de la divine douceur ; et étant de la sorte en oraison, je vis le petit enfant se mouvoir dans son ventre et naitre en un moment, duquel il sortait un si grand et ineffable éclat de lumière que le soleil ne lui était en rien comparable, ni l’éclat de la lumière que le bon vieillard avait mise en la muraille, car la splendeur divine de cet enfant avait anéanti la clarté de la lampe ; et la manière de l’enfantement fut si subtile et si prompte que je ne peux connaitre et discerner comment et en quelle partie elle se faisait.

    Je vis incontinent ce glorieux enfant, gisant à terre, nu et pur, la chair duquel était très-pure. Je vis aussi la peau secondine [le placenta] auprès de lui enveloppée et grandement pure. J’ouïs lors les chants mélodieux des anges, et soudain le ventre de la Vierge, qui était enflammé, se remit en sa naturelle consistance, et je vis son corps d’une beauté admirable, tendre et délicat.

    Or, la Vierge, sentant qu’elle avait enfanté, ayant baissé la tête et joint les mains, adora l’enfant avec grande révérence et lui dit : O mon Dieu et mon Seigneur, soyez le très-bien venu ! Et lors l’enfant, pleurant et comme tremblotant de froid et de la dureté du pavé où il gisait, s’émouvait un peu, et étendait ses bras, cherchant quelque soulagement et la faveur de la Mère. La mère le prit lors en ses bras, le serra sur son sein, et l’échauffa sur sa poitrine avec des joies indicibles et avec une tendre et maternelle compassion. Et lors s’asseyant à terre, elle le mit en son giron et prit de ses doigts son nombril, qui soudain fut coupé, d’où il ne sortit ni sang ni aucune autre chose ; et après elle l’enveloppa de petits drapeaux de lin et de laine, et avec des langes et des liens, elle serra son petit corps avec un bandeau qui était cousu en quatre lieux à la partie du drap de linge, et après, elle lui lia la tête. »

Sainte Brigitte, Révélations, chapitre 21, traduction de Jacques Ferraige.

    D’après Émile Mâle, les peintres (ou plus simplement un grand nombre de peintres) ont eu accès à cette manière de voir la Nativité par le moyen du théâtre.

 

    « La Nativité se présentait également aux spectateurs sous l’aspect qu’elle revêt dans les Méditations. L’Enfant au moment de sa naissance apparaissait couché sur la terre et protégé seulement par une poignée de foin ; la Vierge et saint Joseph s’agenouillaient devant lui pour l’adorer ; enfin des anges venaient aussi s’incliner devant leur Dieu.

    On lit dans Mercadié cette indication scénique : « Marie à genoux devant son enfant qui est nez et est accompaigniez de plusieurs angèles qui rendent grande clarité et font grant mélodie. »

    Gréban met dans la bouche de saint Joseph les vers suivants, qui sont assez précis pour le dispenser de toute autre indication :

J’aperçois un enfant qui pleure

Tout nu sur le ferre (le foin) gisant

Et la mère à genoulx devant

L’adorant par grand reverence.

Et il ajoute :

... Qu’ai-je à faire

Sinon à moi ruer à terre

Et adorer le nouveau-né ? (vers 5050 et suiv.). »

 

L’art religieux de la fin du Moyen Âge en France, Paris, Librairie Armand Colin, 1925, II, 1.

    Avant de continuer l’étude du tableau de Jan van Eyck, nous devons faire un commentaire des textes que nous venons de lire car nous pourrions nous égarer en ne sachant pas les lire comme il se doit. Comme toute narration, ces textes utilisent un mode descriptif particulier. Il ne faudrait pas croire, surtout pour celui de Saint Brigitte, que le mode descriptif est cinématographique comme les Saints Évangiles à peu de détail près, c’est-à-dire qu’il rapporte ce qui c’est passé tel que nous l’aurions vu si nous avions été présents au lieu et moment où l’action s’est déroulée. La clé pour comprendre le mode descriptif de la vision de Saint Brigitte est la « subtile et fine tunique, au travers de laquelle [elle] voyais la chair virginale [de la Sainte Vierge] ». Il est très évident que la Vierge Marie, si pudique par rapport à son doux et chaste époux Saint Joseph, portait une tunique opaque. De même, il est très certain qu’après le voyage depuis Nazareth, elle ne portait pas « un blanc manteau ». Le Seigneur Jésus dit Lui-Même dans les Saints Évangiles : « ceux qui portent des vêtements précieux et vivent dans les délices habitent les maisons des rois. » (Lc 7, 24) Saint Joseph, la Vierge Marie et l’Enfant Jésus vivaient pauvrement. Comment alors lire la vision de Saint Brigitte ? Dieu a voulu lui montrer toute la sublimité de l’Évènement et la profondeur d’Adoration que la Vierge Marie donnait à Dieu, à ce moment comme dans tous les instants de sa Vie. Voici ce que nous révèle la tunique transparente : Dieu a donné à voir l’invisible. Comme la tunique laisse transparaitre la beauté sublime de « la chair virginale », la petitesse, la simplicité et l’Humilité de la Vierge Marie laissent transparaitre la sublimité et la profondeur de son Adoration. Une fois que nous savons cela, nous ne sommes plus déroutés. En fait, si nous avions été présents, nous aurions bien vu un miracle extraordinaire : l’Enfant Dieu sortir du Ventre Béni de sa Douce Mère en un instant pendant qu’elle priait à genoux. Cependant nous aurions vu aussi les pauvres vêtements de la Vierge Marie et une Adoration tout intérieure, très probablement avec très peu de manifestations extérieures, et surtout le grand étonnement, intérieur lui aussi, de la Vierge Marie devant tout ce qui arrive. Comment était-elle vêtu à ce moment, nous ne savons pas exactement. La vision de Saint Brigitte ne nous détourne pas de la « petite voie », de l’enseignement de la petite Thérèse qui a si bien compris la Vierge Marie et qui, même, donne des preuves solides à son argumentation.

 

    « je suis sure que sa vie réelle devait être toute simple. On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable, faire ressortir ses vertus, dire qu’elle vivait de foi comme nous, en donner des preuves par l’Évangile où nous lisons : “Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.” [Lc 2, 50] Et cette autre, non moins mystérieuse : “Ses parents étaient dans l’admiration de ce qu’on disait de lui.” [Lc 2, 33] Cette admiration suppose un certain étonnement, ne trouvez-vous pas, ma petite Mère ? »

Derniers entretiens, Carnet Jaune, 21 aout 1897, 3.

 

 

« Je sais qu’à Nazareth, Mère pleine de grâces   [Lc 1, 28]

Tu vis très pauvrement, ne voulant rien de plus

Point de ravissements, de miracles, d’extases

N’embellissent ta vie, ô Reine des Élus !....

Le nombre des petits est bien grand sur la terre

Ils peuvent sans trembler vers toi lever les yeux

C’est par la voie commune, incomparable Mère

Qu’il te plaît de marcher pour les guider aux Cieux. »

Pourquoi je t’aime, ô Marie, mai 1897, PN 54, 17.

 

    Cependant il ne faut pas opposer Saint Brigitte et Saint Thérèse, Dieu les a données toutes les deux à l’Église. Une simple phrase de Sainte Thérèse, extraite du même entretien, explique pourquoi il y a tant de différence entre la façon dont Saint Brigitte contemple la Vierge Marie et celle de la petite Thérèse : « On sait bien que la Sainte Vierge est la Reine du Ciel et de la terre, mais elle est plus Mère que reine, » « On sait bien » dit t’elle en 1897. Sainte Brigitte a reçu ses visions au XIVe siècle, soit cinq siècles plus tôt. On sait bien, oui, on sait bien, mais il a fallu apprendre pour savoir ce qu’on sait aujourd’hui. C’est tout le sens de la majesté de la vision de Saint Brigitte : il fallait que le peuple chrétien continue de fortifier sa foi dans la majesté de la Mère de Dieu. Ensuite, et seulement ensuite, Dieu peut tourner autrement notre regard et nous faire comprendre que cette majesté sublime est enfouie dans une vie pauvre et simple. Il y a rapprochement tout a fait possible entre la montagne du Sinaï et le mont des Béatitudes.

 

    Ex 14 « 16. Et déjà le troisième jour était venu, et le matin avait répandu sa lumière, et voilà que des tonnerres commencèrent à se faire entendre, des éclairs à briller et une nuée très épaisse à couvrir la montagne, et le son d’une trompette retentissait très fortement, et la peur saisit le peuple qui était dans le camp. 17. Et lorsque Moïse les eut conduits du lieu où était le camp à la rencontre de Dieu, ils s’arrêtèrent au pied de la montagne. 18. Or toute la montagne de Sinaï fumait, parce que le Seigneur y était descendu au milieu du feu, et la fumée en montait comme une fournaise ; aussi, toute la montagne inspirait la terreur. 19. Et le son de la trompette augmentait insensiblement de plus en plus et se répandait plus au loin. Moïse parlait, et Dieu lui répondait. »

 

    Mt 4 « 25. Et une grande multitude le suivit de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et d’au delà du Jourdain. 4 1. Jésus voyant la foule, monta sur la montagne, et, lorsqu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui, 2. Et ouvrant sa bouche, il les instruisait, disant : 3. Bienheureux les pauvres d’esprit, parce qu’à eux appartient le royaume des cieux. »

 

    C’est bien le Même Dieu qui parle à Moïse depuis le mont Sinaï au milieu des tonnerres, des éclairs, de la nuée, du son d’une trompette, du feu, de la fumée d’une fournaise, et parle aux Apôtres sur le mont des Béatitude au-dessus du lac de Galilée. Et cependant, la Loi nouvelle donnée au mont des Béatitudes et supérieure à la première. Dieu a fait d’abord connaitre sa grandeur et sa majesté avant de faire connaitre sa proximité avec les hommes. Dieu veut que nous connaissions le trésor infini enfoui dans l’Humanité du Seigneur Jésus, sa Divinité. 

    Col 2 « 9 quia in ipso inhabitat omnis plenitudo divinitatis corporaliter : »

    « 9. Car en lui toute la plénitude de la divinité habite corporellement ; »

    Pour nous apprendre à connaitre la Vierge Marie, il nous semble que Dieu a fait quelque chose de semblable avec Sainte Brigitte et Sainte Thérèse : la première ressemble à Moïse, la seconde ressemble aux Apôtres. Nous pouvons lire maintenant la vision de Sainte Brigitte sans nous égarer :

 

    « C’est bien de parler de ses prérogatives, mais il ne faut pas dire que cela, et si, dans un sermon, on est obligé du Commencement à la fin de s’exclamer et de faire Ah ! ah ! on en a assez ! Qui sait si quelque âme n’irait pas même jusqu’à sentir alors un certain éloignement pour une créature tellement supérieure et ne se dirait pas : “Si c’est cela, autant aller briller comme on pourra dans un petit coin !” »

 

    Sainte Thérèse nous rappelle que ce que Dieu aime le plus chez la Vierge Marie ne sont pas ses prérogatives mais sa petitesse.

    Lc 1

 

« Magnificat anima mea Dominum :

« Mon âme glorifie le Seigneur.

47 et exsultavit spiritus meus in Deo salutari meo.

47. Et mon esprit a tressailli d’allégresse en Dieu mon Sauveur ;

48 Quia respexit humilitatem ancillae suae : »

48. Parce qu’il a regardé l’humilité de sa servante ; »

    Le texte du pseudo-Bonaventure se rapproche beaucoup plus de la simplicité. Il y a cependant des détails qui relèvent peut-être de la fable. Il faut toujours se rappeler que le but du pseudo-Bonaventure est d’émouvoir, de faire vivre les cœurs, de les aider à battre pour s’émerveiller et pour aimer. Pour atteindre son objectif, il n’hésite pas à recourir à des inventions. L’âne et le bœuf venant se mettre à genoux devant l’Enfant Jésus en est probablement une. Dieu a parfois accompli de tels miracles mais pour aider certaines âmes incrédules à reconnaitre la présence de Dieu. Saint Joseph et la Vierge Marie n’avaient pas besoin d’un tel témoignage pour se mettre à genoux devant l’Enfant Dieu. La prière de la Vierge Marie a peut-être aussi été inventée : « Je vous rends grâces, ô Seigneur, Père saint, de ce que vous m’avez donné votre Fils ; je vous adore, ô Dieu éternel, et vous aussi, ô Fils du Dieu vivant et mon Fils. » Elle ressemble plus à une prédication qu’à l’émerveillement d’une Mère devant son Enfant, fût-Il l’Enfant Dieu. Elle a pour but d’enseigner le peuple chrétien. Les paroles, voire le silence, de la Vierge Marie, ont peut-être été beaucoup plus simples.



Anonyme allemand, La Nativité.



Jan van Eyck, La Crucifixion.

    Relisons maintenant les deux passages qui nous intéressent tout particulièrement en rapport avec le tableau de Jan van Eyck :

 

    « Alors le Fils du Dieu éternel, sortant du sein de sa mère sans lui faire ressentir aucune douleur, sans lui faire éprouver aucune lésion, se trouva à l’instant même transporté miraculeusement sur le foin qui était aux pieds de sa mère. »

 

    « Or, toutes choses étant ainsi prêtes, la Sainte Vierge, ayant fléchi le genou, se mit avec une grande révérence en oraison ; (…) Je vis incontinent ce glorieux enfant, gisant à terre, »

 

     Remarquons que cette Naissance sur le sol est l’accomplissement des prophéties de l’Ancien Testament.

    Ps 66

 

« 1 In finem, in hymnis. Psalmus cantici David.

« 1. Pour la fin. Dans les hymnes, psaume d’un cantique de David.

2 Deus misereatur nostri, et benedicat nobis ;

2. Que Dieu ait pitié de nous, et qu’il nous bénisse ;

illuminet vultum suum super nos, et misereatur nostri :

qu’il fasse briller la lumière de son visage sur nous, et qu’il ait pitié de nous.

3 ut cognoscamus in terra viam tuam,

3. Afin que nous connaissions sur la terre votre voie,

in omnibus gentibus salutare tuum.

et votre salut dans toutes les nations.

4 Confiteantur tibi populi, Deus :

4. Que les peuples vous glorifient, ô Dieu,

confiteantur tibi populi omnes.

que tous les peuples vous glorifient.

5 Laetentur et exsultent gentes,

5. Que les nations se réjouissent et exultent,

quoniam judicas populos in aequitate,

parce que vous jugez les peuples avec équité,

et gentes in terra dirigis.

et que vous dirigez les nations sur la terre.

6 Confiteantur tibi populi, Deus :

6. Que les peuples vous glorifient, ô Dieu,

confiteantur tibi populi omnes.

que tous les peuples vous glorifient.

7 Terra dedit fructum suum :

7. La terre a donné son fruit.

benedicat nos Deus, Deus noster !

Qu’il nous bénisse, Dieu, notre Dieu,

8 Benedicat nos Deus,

8. Qu’il nous bénisse, Dieu ;

et metuant eum omnes fines terrae. »

et que toutes les extrémités de la terre le redoutent. »

    L’Enfant Jésus est le Fruit de la Terre. Toute l’histoire de la Création est tournée vers cette Naissance inouïe.

    Is 64

« 4 A saeculo non audierunt, neque auribus perceperunt ;

« 4. Dès les temps anciens on n’a pas entendu,

oculus non vidit, Deus, absque te,

et on n’a pas prêté l’oreille ; l’œil n’a pas vu,

quae praeparasti exspectantibus te. »

ô Dieu, hors vous, ce que vous avez préparé à ceux qui vous attendent. »

    L’histoire de la Création du bigbang à l’Annonciation est l’histoire de la Création d’une Femme qui serait la Mère de Dieu. À Noël, enfin, la Terre a donné son Fruit mais ce Fruit ne sera mur que sur l’Arbre de la Croix.

 

    Il est très évident que la pierre posée au sol devant les pieds de la Vierge Marie est l’Enfant-Jésus Nouveau-Né. Nous ne savons pas si la position des mains de la Vierge Marie, à demi inversées vers le bas plutôt que vers le haut a été peinte la première fois par Jan van Eyck. Rogier van der Weyden peint la Vierge Marie avec les mains en prière entière vers le bas dans le Triptyque de la Nativité « Triptyque Bladelin » (v. 1445-1448), Berlin.

 

    Jan van Eyck montre donc l’unité de la Nativité et de la Crucifixion comme Saint Jean l’Évangéliste l’a vu et l’a rapporté dans l’Apocalypse :

    Ap 12 « 1 Et signum magnum apparuit in caelo : mulier amicta sole, et luna sub pedibus ejus, et in capite ejus corona stellarum duodecim : 2 et in utero habens, clamabat parturiens, et cruciabatur ut pariat. 3 Et visum est aliud signum in caelo : et ecce draco magnus rufus habens capita septem, et cornua decem : et in capitibus ejus diademata septem, 4 et cauda ejus trahebat tertiam partem stellarum caeli, et misit eas in terram : et draco stetit ante mulierem, quae erat paritura, ut cum peperisset, filium ejus devoraret. 5 Et peperit filium masculum, qui recturus erat omnes gentes in virga ferrea : et raptus est filius ejus ad Deum, et ad thronum ejus, 6 et mulier fugit in solitudinem ubi habebat locum paratum a Deo, ut ibi pascant eam diebus mille ducentis sexaginta. »

    « 1. Et un grand prodige parut dans le ciel : Une femme revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles. 2. Elle était enceinte, et elle criait, se sentant en travail, et elle était tourmentée des douleurs de l’enfantement. 3. Et un autre prodige fut vu dans le ciel : Un grand dragon roux, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses sept têtes, sept diadèmes. 4. Or sa queue entrainait la troisième partie des étoiles, et elle les jeta sur la terre ; et le dragon s’arrêta devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer son fils aussitôt qu’elle serait délivrée. 5. Elle enfanta un enfant mâle qui devait gouverner toutes les nations avec une verge de fer ; et son fils fut enlevé vers Dieu et vers son trône. 6. Et la femme s’enfuit dans le désert où elle avait un lieu préparé par Dieu, pour y être nourrie mille deux cent soixante jours. »

    C’est à la Croix et non à la Nativité que la Vierge Marie a souffert (v. 2) et que le Seigneur Jésus Lui a été enlevé à la Vierge Marie (v. 5). Mais c’est bien à la Nativité que l’Enfant est sorti de son Ventre Béni (v. 5). La Croix et la Nativité sont un seul Évènement. Voici donc l’affirmation théologie que peint Jan van Eyck en reproduisant la “Scène du Puits” : le bison enfante ses entrailles ouvertes par un coup de lance, c’est un Accouchement vécu dans la douleur des blessures de la Croix. Remarquez que l’homme-oiseau, l’enfant du bison, est placé devant lui, à même le sol, allongé sur le dos à ses pieds, exactement comme l’Enfant Jésus aux pieds de la Vierge Marie dans le récit des Révélations de Sainte Brigitte, est dans les représentations du temps de Jan van Eyck. Avec une grande surprise, nous voyons une deuxième fois, après avoir remarqué la mode des coiffes à cornes pour les femmes (voir la lettre encyclique Les Amants, compléments), que l’époque de Jan van Eyck préparait le peintre à comprendre parfaitement la “Scène du Puits”.

« lapis Israel » (Gn 49, 24)

    Peindre une pierre pour représenter l’Enfant Jésus dans une représentation de la Passion est habile car la pierre se cache facilement dans les éléments du paysage mais ce n’est pas un artifice de Jan van Eyck, il représente simplement une vérité biblique : le Christ est une pierre.

 

    Dans l’Ancien Testament Dieu est présenté comme le Rocher sur lequel s’appuie l’homme isolé et le peuple dans son ensemble.

    2 S 22

 

2 (…) Dominus petra mea, et robur meum, et salvator meus.

2. (…) Le Seigneur est ma pierre, et ma force, et mon sauveur.

3 Deus fortis meus : sperabo in eum ;

3. Dieu est mon fort, j’espèrerai en lui ;

scutum meum, et cornu salutis meae :

il est mon bouclier, l’appui de mon salut ;

elevator meus, et refugium meum ;

c’est lui qui m’élève, et qui est mon refuge ;


 

    Ps 124

 

1 Canticum graduum.

1. Cantique des degrés.

Qui confidunt in Domino, sicut mons Sion :

Ceux qui se confient dans le Seigneur sont comme la montagne de Sion :

non commovebitur in aeternum,

il ne sera jamais ébranlé,

qui habitat 2 in Jerusalem.

celui qui habite 2. Dans Jérusalem.

Montes in circuitu ejus ;

Des montagnes sont autour d’elle,

et Dominus in circuitu populi sui,

et le Seigneur autour de son peuple,

ex hoc nunc et usque in saeculum.

dès ce moment et jusqu’à jamais.

    Joseph fils de Jacob, figure de Jésus-Christ, a été nommé par son père « pierre d’Israël ».

    Gn 49

24 Sedit in forti arcus ejus,

24. Son arc s’est appuyé sur le fort ;

et dissoluta sunt vincula brachiorum et manuum illius

les liens de ses bras et de ses mains ont été brisés

per manus potentis Jacob :

par les mains du puissant de Jacob ;

inde pastor egressus est, lapis Israël.

de là il est sorti pasteur, pierre d’Israël.

    Jésus-Christ Lui-Même s’est présenté comme une pierre :

    Mt 7 « 24 Omnis ergo qui audit verba mea haec, et facit ea, assimilabitur viro sapienti, qui aedificavit domum suam supra petram, »

    « 24. Quiconque donc entend ces paroles que je dis et les accomplit, sera comparé à un homme sage qui a bâti sa maison sur la pierre : »

    Lc 20 « 17 (…) Lapidem quem reprobaverunt aedificantes, hic factus est in caput anguli ? 18 Omnis qui ceciderit super illum lapidem, conquassabitur : super quem autem ceciderit, comminuet illum. »

    « 17. (…) La pierre qu’on rejetée ceux qui bâtissaient est devenue un sommet d’angle ? 18. Quiconque tombera sur cette pierre sera brisé, et celui sur qui elle tombera, elle le réduira en poudre. »

    Les Apôtres ont prêché en reprenant cette comparaison :

    Ac 4 « 11 Hic est lapis qui reprobatus est a vobis aedificantibus, qui factus est in caput anguli : 12 et non est in alio aliquo salus. Nec enim aliud nomen est sub caelo datum hominibus, in quo oporteat nos salvos fieri. »

    « 11. Ce Jésus est la pierre qui a été rejetée par vous qui bâtissiez, et qui est devenue un sommet d’angle ; 12. Et il n’y a de salut en aucun autre ; car nul autre nom n’a été donné sous le ciel aux hommes, par lequel nous devions être sauvés. »

    Nous entendons ici la répétition exacte des paroles du roi David : « ma pierre, et ma force, et mon sauveur. »

    Rm 9 « 33 sicut scriptum est : Ecce pono in Sion lapidem offensionis, et petram scandali : et omnis qui credit in eum, non confundetur. »

    « 33. Comme il est écrit : Voici que je mets en Sion une pierre d’achoppement et une pierre de scandale ; et quiconque croit en lui ne sera point confondu. »

    1 Co 10 « 4 et omnes eumdem potum spiritalem biberunt (bibebant autem de spiritali, consequente eos, petra : petra autem erat Christus) »

     « 4. Et tous [conduits par Moïse dans le désert] ont bu le même breuvage spirituel (car ils buvaient de l’eau de la pierre spirituelle qui les suivait ; or cette pierre était le Christ) »

    Ep 2 « 20 (…) ipso summo angulari lapide Christo Jesu »

    20. (…) le Christ Jésus étant lui-même pierre principale de l’angle »

    1 P 2 « 4 Ad quem accedentes lapidem vivum, ab hominibus quidem reprobatum, a Deo autem electum, et honorificatum : 5 et ipsi tamquam lapides vivi superaedificamini, domus spiritualis, sacerdotium sanctum, offerre spirituales hostias, acceptabiles Deo per Jesum Christum. »

    « 4. Et vous approchant de lui, pierre vivante, rejetée des hommes, mais choisie et honorée de Dieu, 5. Soyez vous-mêmes posés sur lui, comme pierres vivantes, maison spirituelle, sacerdoce saint, pour offrir des hosties spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ. »

    Le Seigneur Jésus est une pierre, voilà ce que nous montre Jan van Eyck dans le tableau La Crucifixion. Il est une pierre à sa naissance, Il est une pierre sur la croix. Il est la pierre sur laquelle les chrétiens s’appuie, Il est pierre vivante, pierre d’angle, choisie et de valeur, Il est aussi pierre d’achoppement, pierre de scandale. La pierre au pied de la Vierge Marie dessine l’image bienheureuse de l’Enfant Jésus posé à terre lorsqu’il vient de naitre, adoré par le ciel tout entier et sa Douce Mère tout d’abord, ensuite par Saint Joseph, les bergers et les mages. La pierre aux pieds de la Vierge Marie dessine l’image malheureuse de la pierre de scandale : sur le tableau de la Crucifixion, cette image prend toute sa valeur car le plus grand des scandales, après la pauvreté du Christ dans un Enfant nouveau-né (cf. Mt 2, 13), sa parenté avec les hommes (cf. Mt 13, 57), sa puissance (Mt 12, 24 ; Jn 11, 47-48), sa liberté (cf. Mc 7, 5), sa bonté, sa douceur et son pardon (cf. Lc 7, 39 ; 19, 7), son autorité (cf. Mt 21, 23), le Don de sa Chair à manger et de son Sang à boire (cf. Jn 6, 62), sa popularité, c’est-à-dire l’Amour que Lui témoigne le peuple (cf. Lc 19, 39), sa Divinité (cf. Lc 22, 70 ; Jn 10, 33) ; le plus grand des scandales est le scandale de la Croix comme l’affirme Saint Paul :

    1 Co 1 « 18 Verbum (…) crucis pereuntibus quidem stultitia est : iis autem qui salvi fiunt, id est nobis, Dei virtus est. (…) 22 Quoniam et Judaei signa petunt, et Graeci sapientiam quaerunt : 23 nos autem praedicamus Christum crucifixum : Judaeis quidem scandalum, gentibus autem stultitiam, 24 ipsis autem vocatis Judaeis, atque Graecis Christum Dei virtutem, et Dei sapientia : 25 quia quod stultum est Dei, sapientius est hominibus : et quod infirmum est Dei, fortius est hominibus. »

    « 18. (…) la parole de la croix est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, c’est-à-dire pour nous, elle est vertu de Dieu. (…) 22. Car les Juifs demandent des miracles, et les Grecs cherchent la sagesse ; 23. Et nous, nous prêchons le Christ crucifié, pour les Juifs, il est vrai scandale, et pour les gentils, folie ; 24. Mais, pour ceux qui sont appelés, soit Juifs, soit Grecs, le Christ vertu de Dieu et sagesse de Dieu ; 25. Car ce qui est folie en Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse en Dieu est plus fort que les hommes. »

    Ga 5 « 11 Ego autem, fratres, si circumcisionem adhuc praedico : quid adhuc persecutionem patior ? ergo evacuatum est scandalum crucis. »

    « 11. Pour moi, mes frères, si je prêche encore la circoncision, pourquoi suis-je encore persécuté ? Le scandale de la croix est donc anéanti ? »

    La pierre d’achoppement, la pierre de scandale, celle qui est Salut pour les hommes de bonnes volonté, perte pour ceux qui refusent le Salut, est posée entre le pied de le Croix et les pieds de la Vierge Marie car Elle est associée en tout à son Divin Fils, aussi pour la révélation des pensées des cœurs comme l’a prophétisé Siméon :

    Lc 2 « 34 Et benedixit illis Simeon, et dixit ad Mariam matrem ejus : Ecce positus est hic in ruinam et in resurrectionem multorum in Israël, et in signum cui contradicetur : 35 et tuam ipsius animam pertransibit gladius ut revelentur ex multis cordibus cogitationes. »

    « 34. Et Siméon les bénit et dit à Marie, sa mère : Celui-ci a été établi pour la ruine et la résurrection d’un grand nombre en Israël, et en signe que l’on contredira ; 35. Et un glaive traversera votre âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient révélées. »

    Le psaume 94 selon l’hébreu chante parfaitement l’Enfant Dieu Nouveau-Né comme une pierre. Il suffit pour s’en convaincre de le rapprocher du récit de l’Adoration des bergers. Remarquons aussi que ce psaume, parce qu’il ouvre chaque matin la liturgie des heures, convient parfaitement pour chanter Noël, le matin du monde créé par l’Incarnation de Dieu.

    Lc 2 « 9. Et voilà qu’un ange du Seigneur se présenta devant eux, et une lumière divine les environna, et ils furent saisis d’une grande crainte. 10. Mais l’ange leur dit : Ne craignez point, car voici que je vous apporte la bonne nouvelle d’une grande joie pour tout le peuple ; 11. C’est qu’il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ-Seigneur. 12. Et ceci sera pour vous le signe : Vous trouverez un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche. 13. Au même instant se joignit à l’ange une multitude de la milice céleste, louant Dieu, et disant : 14. Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté. 15. Et il arriva que lorsque les anges, remontant au ciel, les eurent quittés, les bergers se disaient les uns aux autres : Passons jusqu’à Bethléem, et voyons ce prodige qui est arrivé, et que le Seigneur nous a fait connaitre. 16. Ils vinrent donc en grande hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et l’enfant couché dans une crèche. 17. Or, en le voyant, ils reconnurent la parole qui leur avait été dite sur cet enfant. 18. Et tous ceux qui en entendirent parler admirèrent ce qui leur avait été raconté par les bergers. 19. Or Marie conservait toutes ces choses, les repassant dans son cœur. 20. Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de toutes les choses qu’ils avaient entendues et vues, comme il leur avait été annoncé. »

    Ps 94 (d’après le texte hébreu)

 

« 1 Venez, chantons avec allégresse au Seigneur* !

    Ps 94 (d’après la Vulgate)

Poussons des cris de joie vers le Rocher de notre salut !

« 1. Venez, réjouissons-nous au Seigneur ;

2 Allons au-devant de lui avec des louanges,

poussons des cris d’allégresse vers Dieu notre salut.

faisons retentir des hymnes en son honneur. »

2. Prévenons sa présence par notre louange,

(…)

(…)

6 Venez, prosternons-nous et adorons,

6. Venez, adorons, et prosternons-nous,

fléchissons le genou devant le Seigneur*, notre Créateur.

et pleurons devant le Seigneur qui nous a faits.

7 Car il est notre Dieu,

7. Parce que lui-même est le Seigneur notre Dieu,

et nous, nous sommes le peuple de son pâturage,

et que nous sommes le peuple de son pâturage,

le troupeau que sa main conduit. »

et les brebis de sa main. »

    C’est évident : le psaume 94 est une prophétie de l’exultation des bergers venus adorer l’Enfant Dieu. Dans le texte hébreu, Il est appelé « Rocher », traduit par « Deus », « Dieu »  comme en beaucoup d’endroit dans les Psaumes de la Vulgate (10 fois). Ailleurs dans les psaumes « Rocher » est encore traduit par d’autres noms : adjutor, adjutorium, susceptor, fortitudo, firmamentum, « aide, secours, défenseur, force, soutien » (7 fois).

La présence de Saint Joseph

    Puisque la Nativité est incluse dans la Crucifixion, Saint Joseph doit être présent. Où est-il ?

 

    La pierre qui est l’Enfant Jésus est aux pieds de et entre la Vierge Marie et le Seigneur Jésus crucifié. Le Seigneur Jésus et la Vierge Marie, les Époux des Noces de la Croix, sont le Père et la Mère de l’Enfant. Selon sa Divinité, le Seigneur Jésus est le Fils de Dieu le Père. Selon son Humanité, Il est le Fils de Dieu, c’est-à-dire Fils des Trois Personnes de la Sainte Trinité. Il est donc aussi Père de l’Enfant Jésus, Père de Lui-Même, et Fils de Lui-Même, car « par Lui tout a été fait », « per quem omnia facta sunt. » (Credo de Nicée-Constantinople).

 

    Saint Joseph sait qu’il n’est pas le père naturel de l’Enfant Jésus et que son Épouse est d’abord l’Épouse de Dieu. Qu’a-t-il fait au moment de la Naissance de l’Enfant Dieu ? Voici ce que nous rapportent les Saints Évangiles :

 

    Lc 1 « 18. Or telle fut la naissance du Christ : Marie, sa mère, étant fiancée à Joseph, avant qu’ils vinssent ensemble, il se trouva qu’elle avait conçu de l’Esprit-Saint. (…) 20. (…) voici qu’un ange du Seigneur lui apparut en songe, disant : Joseph, fils de David, ne crains point de prendre avec toi Marie, ta femme ; car ce qui a été engendré en elle est du Saint-Esprit ; (…)  24. Ainsi réveillé de son sommeil, Joseph fit comme l’ange du Seigneur lui avait ordonné, et prit sa femme avec lui. 25. Or il ne l’avait point connue, quand elle enfanta son fils premier-né, à qui il donna le nom de Jésus. »

 

    Lc 2 « 6. Or il arriva que lorsqu’ils étaient là, les jours où elle devait enfanter furent accomplis. 7. Et elle enfanta son fils premier-né, et l’ayant enveloppé de langes, elle le coucha dans la crèche, parce qu’il n’y avait point de place pour eux dans l’hôtellerie. »

 

    Les Saints Évangiles nous disent que Saint Joseph n’est pas le père naturel de l’Enfant Jésus et qu’il n’a pas connu la Vierge Marie. Saint Joseph et la Vierge Marie vivaient dans la même maison mais séparément.

 

    À premier abord les Saints Évangiles ne nous disent rien sur l’activité de Saint Joseph au moment de la Nativité. En vérité ce silence est une indication très claire. Nous voyons Saint Joseph toujours très actif dans les récits de l’Enfance de Jésus mais, au moment de la Nativité, les Saint Évangiles ne parlent plus de lui et ne rapportent que les actes de la Vierge Marie. Le récit de Saint Matthieu est très court mais très parlant : « elle enfanta son fils premier-né, à qui il donna le nom de Jésus. » Le récit de Saint Luc précise bien que don du Nom de Jésus a eu lieu au moment de la Circoncision (cf. Lc 2, 21), c’est-à-dire huit jours après la naissance : Saint Joseph reprend sa place active après le Mystère de Noël. Nous savons alors que Saint Joseph s’est effacé au moment de la Nativité. Il a laissé la Mère et l’Enfant vivre Seuls ce mystère qui n’appartenait qu’à Eux Seuls. « Qui n’appartenait » car ensuite ce mystère a été donné au monde entier.

 

    Nous proposons cette réflexion après avoir lu les textes du pseudo-Bonaventure et de Sainte Brigitte. Ce sont eux qui nous ont fait voir l’effacement de Saint Joseph et nous vérifions dans les Saints Évangiles que cette description correspond tout à fait à la réalité.

 

    Sur le tableau de Jean van Eyck, la place de Saint Joseph est donc tenue par Saint Jean qui se dirige vers l’extérieur du tableau. Cette position est celle de l’oiseau sur un piquet de la “Scène du Puits”. Nous découvrons donc que Saint Joseph aussi est présent dans la “Scène du Puits”. Nous ne connaissons pas de tableaux de peintres flamands du temps de Jan van Eyck représentant l’effacement de Saint Joseph au moment de la Nativité, sinon par le geste de cacher la flamme de la chandelle qu’il tient dans la main. Ce motif cite un passage des Révélations de Saint Brigitte : « je vis le petit enfant se mouvoir dans son ventre et naitre en un moment, duquel il sortait un si grand et ineffable éclat de lumière que le soleil ne lui était en rien comparable, ni l’éclat de la lumière que le bon vieillard avait mise en la muraille, car la splendeur divine de cet enfant avait anéanti la clarté de la lampe ». La chandelle des peintres flamands établi un rapprochement entre Saint Joseph, dernier des Patriarches et Saint Jean le Baptiste dernier des Prophètes de l’Ancien Testament. Par cette flamme cachée, il semble dire :

    Jn 3 « 30 Illum oportet crescere, me autem minui. »

    « 30. Il faut qu’il croisse et que je diminue. »

    Et ces paroles du Seigneur Jésus au sujet de Saint Jean le Baptiste conviennent aussi à son père Saint Joseph en ce qu’il représente tout l’Ancien Testament, toute l’Attente du Messie promis.

    Jn 5 « 35 Ille erat lucerna ardens et lucens : vos autem voluistis ad horam exsultare in luce ejus. »

    « 35. Il était la lampe ardente et luisante, et un moment vous avez voulu vous réjouir à sa lumière. »

    Saint Jean explique plus en détail au début de son Évangile :

    Jn 1

 

« 6 Fuit homo

« 6. Il y eut un homme

missus a Deo,

envoyé de Dieu

cui nomen erat Joannes.

dont le nom était Jean.

7 Hic venit in testimonium

7. Celui-ci vint comme témoin

ut testimonium perhiberet de lumine,

pour rendre témoignage à la lumière,

ut omnes crederent per illum.

afin que tous crussent par lui ;

8 Non erat ille lux,

8. Il n’était pas la lumière,

sed ut testimonium perhiberet de lumine.

mais il devait rendre témoignage à la lumière.

9 Erat lux vera,

9. Celui-là était la vraie lumière,

quae illuminat omnem hominem

qui illumine tout homme

venientem in hunc mundum. »

venant en ce monde. »

    Ce qu’il dit de Jean le Baptiste par rapport au Messie est aussi vrai de l’Ancien Testament par rapport au Nouveau. L’effacement de Saint Joseph est l’effacement de l’Ancien Testament devant le Nouveau.

 

    Les peintres italiens ont peints des images représentant l’effacement de Saint Joseph en le montrant à l’écart pendant que la Vierge Marie adore son Divin Enfant Nouveau-Né.




Gentile da Fabriano (v. 1370-1427), La Nativité, sur la prédelle de

L’Adoration des mages, 1423, Firenze, Galleria degli Uffizi.



La “Scène du Puits”.



Jan van Eyck, La Crucifixion.

    C’est admirable ! Que voyons-nous ? La disposition de l’Enfant Jésus, de la Vierge Marie et de Saint Joseph du tableau de Gentile da Fabriano est exactement la même que celle de l’homme-oiseau, du bison et de l’oiseau sur un piquet dans la “Scène du Puits”. Par suite, elle correspond avec la disposition de la pierre, de la Vierge Marie et de Saint Jean dans le tableau de Jan van Eyck. Et, merveille ! un détail inattendu vient encore rapprocher les images : le bâton de marche de Saint Joseph et le piquet de l’homme-oiseau et le pied de Saint Jean.

 

    En regardant maintenant les deux images sans faire de transposition avec la symétrie dans un miroir, nous voyons l’Enfant Jésus et le bœuf agenouillé dans la position de l’homme-oiseau et du bison avec les pattes avant obliques. Le bâton de Saint Joseph devient la lance. Nous entrons dans le sublime. Saint Joseph est le très chaste époux de la Vierge Marie, cependant nous apprenons qu’il a fécondé le Ventre Béni de son Épouse. Comment ? Par la Foi. En lui, le dernier des Patriarches, le dernier des pères humains dans l’arbre généalogique du Christ depuis Adam (cf. Lc 3, 23-38), en lui est concentrée toute l’Attente du Messie, toute la Foi d’Israël. Cet arbre généalogique est présent dans le tableau par l’arbre contre lequel s’appuie Saint Joseph pour dormir. La Vierge Marie a conçu par son Humilité, Saint Joseph L’a fécondé par la Foi. Il attendait le Messie avec une telle ardeur que son Épouse Virginale a conçu du Saint Esprit. Combien est grande aussi l’Humilité de Saint Joseph qui semble dormir dans un coin alors qu’il a accouché son Épouse par sa prière. Nous touchons à la certitude : Gentile da Fabriano connaissait la “Scène du Puits”. Il nous reste à en trouver la preuve par la géométrie du tableau, voici le résultat :

    Deux points de repères infaillibles sont donnés sur le tableau de Gentile da Fabriano pour trouver la mise à l’échelle et la position réciproque des deux images : le bâton de Saint Joseph à la place de la partie basse de la lance et une tache claire sur la montagne à la place de l’œil du bison. Pour ne laisser aucun doute possible sur l’intention de l’auteur du tableau de La Nativité, la position des bras de l’Enfant Jésus reprend exactement celle de saint Joseph autour du bâton et les mains dessinent un geste de préhension : l’Enfant Jésus, par des signes, nous demande de regarder le bâton. Le motif de superposition le plus important est ici la flèche de la Croix-Propulseur qui vient se planter sur le cou de l’Enfant Jésus, Il est l’Agneau mystique, Il est la Victime de l’Holocauste :

    Gn 22 « 6 Tulit quoque ligna holocausti, et imposuit super Isaac filium suum : ipse vero portabat in manibus ignem et gladium. Cumque duo pergerent simul, 7 dixit Isaac patri suo : Pater mi. At ille respondit : Quid vis, fili ? Ecce, inquit, ignis et ligna : ubi est victima holocausti ? 8 Dixit autem Abraham : Deus providebit sibi victimam holocausti, fili mi. Pergebant ergo pariter. »

   « 6. Il prit aussi le bois de l’holocauste, et le mit sur son fils Isaac, mais lui-même portait en ses mains le feu et le glaive. Comme ils s’avançaient tous deux ensemble, 7. Isaac dit à son père : Mon père. Et celui-ci répondit : Que veux-tu, mon fils ? Voici, dit-il, le feu et le bois ; où est la victime de l’holocauste ? 8. Et Abraham répondit : Dieu, mon fils, se pourvoira lui-même de la victime de l’holocauste. Ils s’avançaient donc ensemble. »

    Il y a des moments où le Seigneur Jésus est si fortement présent qu’il ne nous reste plus rien à faire. Il faut Le laisser agir et nous effacer. Cela est arrivé à Saint Joseph au moment de la Nativité.

 

    La porte, derrière la Vierge Marie, La désigne comme la « Porte du Ciel », « porta caeli » (Gn 28, 17) ou « janua caeli » (Litanies de la Vierge Marie), et cite l’antienne mariale de l’Avent et de Noël et celle du Carême :

    1 Co 15 « 9 Ego enim sum minimus Apostolorum, qui non sum dignus vocari Apostolus, quoniam persecutus sum ecclesiam Dei. 10 Gratia autem Dei sum id quod sum, et gratia ejus in me vacua non fuit, sed abundantius illis omnibus laboravi : non ego autem, sed gratia Dei mecum : »

    « 9. Car je suis le moindre des apôtres, et je ne suis pas digne d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu. 10. Mais c’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce n’a pas été stérile en moi, mais plus qu’eux tous, j’ai travaillé, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu avec moi ; »

    2 Co 3 « 4 Fiduciam autem talem habemus per Christum ad Deum : 5 non quod sufficientes simus cogitare aliquid a nobis, quasi ex nobis : sed sufficientia nostra ex Deo est : »

    « 4. Or, une telle confiance nous l’avons en Dieu par le Christ ; 5. Non que nous soyons suffisants pour former aucune pensée par nous-mêmes, comme de nous ; mais notre suffisance vient de Dieu, »

    Ga 2 « 20 Vivo autem, jam non ego : vivit vero in me Christus. (…) »

    « 20. Mais je vis, non plus moi, mais le Christ vit en moi. (…) »

    Saint Joseph vit et agit et ce n’est pas lui qui vit et agit mais le Divin Fils de son Épouse qui vit et agit en lui. Il tient le bâton et cependant l’Enfant Jésus Seul le sert dans ses mains. Le Seigneur Jésus nous dit :

    Jn 15 « 5 Ego sum vitis, vos palmites : qui manet in me, et ego in eo, hic fert fructum multum, quia sine me nihil potestis facere. »

    « 5. Moi je suis la vigne, et vous les sarments. Celui qui demeure en moi et moi en lui portera beaucoup de fruit ; parce que sans moi vous ne pouvez rien faire. »

    Il y a des moments où le Seigneur Jésus est si fortement présent qu’il ne nous reste plus rien à faire. Cela est arrivé à Saint Joseph au moment de la Nativité.

 

    La porte, derrière la Vierge Marie, La désigne comme la « Porte du Ciel », « porta caeli » (Gn 28, 17) ou « janua caeli » (Litanies de la Vierge Marie), et cite l’antienne mariale de l’Avent et de Noël et celle du Carême :

    Le geste de l’Enfant Jésus est un signe donné par le peintre pour montrer son intention de reproduire la “Scène du Puits”, cependant il a d’abord un sens théologique : le Christ est le Seul et Unique Prêtre (cf. CEC 1545). Le Vrai Prêtre n’est pas Abraham dont la main a été arrêté, Il n’est pas Saint Joseph qui pose la main sur le bâton sans le saisir, Il est l’Enfant Jésus qui saisit à pleines mains, des deux mains l’instrument de son supplice.

 

    La porte, derrière la Vierge Marie, La désigne comme la « Porte du Ciel », « porta caeli » (Gn 28, 17) ou « janua caeli » (Litanies de la Vierge Marie), et cite l’antienne mariale de l’Avent et de Noël et celle du Carême :

« Alma Redemptoris Mater,

« Auguste Mère du Rédempteur

quae pervia caeli porta manes, (…) »

Porte du Ciel, Vous demeurez ouverte, (…) »



« Ave, Regina caelorum

« Salut, Reine des Cieux,

Ave, Domina angelorum,

Salut, Maitresse des Anges,

Salve, radix, salve, porta

Salut, Racine, salut, Porte

Ex qua mundo lux est orta. (…) »

Par laquelle la Lumière est née pour le monde. (…) »

    Elle dessine aussi l’entrée de la grotte. Gentile da Fabriano connaissait lui-aussi la grotte de Lascaux. Remarquez bien que son tableau et celui de Jan van Eyck sont parfaitement contemporains à quelques années près : celui de Gentile da Fabriano est daté exactement de 1423, celui de Jan van Eyck approximativement de 1425. On connaissait aussi la “Scène du Puits” en Italie, finalement il est possible que Botticelli a peint La naissance de Vénus à partir de cette peinture antique.

 

    Nous devons maintenant absolument relire le récit de la vision de Béthel, il met parfaitement en relation les tableaux de Gentile de Fabriano et de Jan van Eyck.

    Gn 28 « 10. Jacob donc, sorti de Bersabée, poursuivait son chemin vers Haran. 11. Or, lorsqu’il fut venu en un certain lieu, et qu’il voulait s’y reposer, après le coucher du soleil, il prit une des pierres (de lapidibus) qui étaient là, et la mettant sous sa tête, il dormit en ce même lieu. 12. Alors il vit en songe une échelle posée sur la terre, et dont le sommet touchait au ciel, les anges de Dieu aussi qui la montaient et la descendaient. 13. Et le Seigneur appuyé sur l’échelle, lui disant : Je suis le Seigneur, le Dieu d’Abraham ton père et le Dieu d’Isaac ; la terre sur laquelle tu dors, je te la donnerai, à toi et à ta postérité. 14. Et elle sera, ta postérité, comme la poussière de la terre, et tu t’étendras à l’occident et à l’orient, au septentrion et au midi ; et SERONT BÉNIES EN TOI et en ta postérité toutes les tribus de la terre. 15. Et je serai ton gardien partout où tu iras, et je te ramènerai dans ce pays, et je ne te quitterai point, que je n’aie accompli tout ce que j’ai dit. 16. Quand Jacob fut éveillé de son sommeil, il dit : Vraiment le Seigneur est en ce lieu, et moi je ne le savais pas. 17. Et, saisi d’effroi : Qu’il est terrible, dit-il, ce lieu-ci ! Ce n’est autre chose que la maison de Dieu et la porte du ciel. (non est hic aliud nisi domus Dei, et porta caeli.) 18. Se levant donc le matin, Jacob prit la pierre (lapidem) qu’il avait mise sous sa tête, et l’érigea en monument, répandant de l’huile dessus, 19. Et il appela du nom de Béthel la ville qui auparavant s’appelait Luza. 20. Il voua aussi un vœu, disant : Si le Seigneur Dieu est avec moi, s’il me garde dans le chemin par lequel je marche, et me donne du pain pour me nourrir et des vêtements pour me couvrir, 21. Et que je retourne heureusement à la maison de mon père, le Seigneur sera mon Dieu ; 22. Et cette pierre, que j’ai érigée en monument, sera appelée Maison de Dieu ; et de tout ce que vous m’aurez donné, Seigneur, je vous offrirai la dime. »

    Jacob a dormi sur une pierre, le Christ, et il était au lieu de la porte du ciel, la Vierge Marie. Tout est parfait car « le Christ (…) présente en même temps le Prêtre, l’Autel, et l’Agneau », « Christus (…) idem sacerdos, altare, et agnus exhibuit » (Missel de l’Église catholique, Préface pascale V).

La croix à forme humaine

    La croix aux pieds de Saint Jean a une forme humaine. Elle dessine un homme qui marche vers la Croix. Un trait indique très clairement la relation entre les deux objets, il est le récit de la Vie du Seigneur Jésus, une marche continuelle vers l’aboutissement de sa Vie, l’Offrande de sa Vie pour que le monde ait la Vie.

    Jn 3 « 14 Et sicut Moyses exaltavit serpentem in deserto, ita exaltari oportet Filium hominis : 15 ut omnis qui credit in ipsum, non pereat, sed habeat vitam aeternam. 16 Sic enim Deus dilexit mundum, ut Filium suum unigenitum daret : ut omnis qui credit in eum, non pereat, sed habeat vitam aeternam. 17 Non enim misit Deus Filium suum in mundum, ut judicet mundum, sed ut salvetur mundus per ipsum. »

    « 14. Et comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé ; 15. Afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. 16. Car Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. 17. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. »

    Lc 9 « 51 Factum est autem dum complerentur dies assumptionis ejus, et ipse faciem suam firmavit ut iret in Jerusalem. »

    « 51. Or, il arriva que, quand les jours de son ascension s’accomplissaient, il fixa son visage pour aller à Jérusalem. »

Note : « 51. Il fixa son visage ; il tourna sa face, il se mit en chemin pour aller à Jérusalem. »

    Le mouvement de marche reproduit la signification de la flèche de la Croix-Propulseur sous les pieds de l’homme-oiseau. Cette flèche indique la suite du récit, l’élévation de l’oiseau sur le piquet.

Le signe en forme de Y

    Situé entre l’homme en marche vers la Croix dressée, le signe en forme de Y dessine logiquement la potence prête à recevoir la victime. La forme arrondie rappelle le cercle dans lequel est dessiné le Seigneur Jésus et peut-être aussi le geste des mains de la Vierge Marie qui porte l’Enfant Jésus sur certaines icônes. La Vierge Marie est le Bois de la Croix car le Seigneur Jésus a été crucifié pour Lui donner la Vie comme le montre l’Enfant Jésus sur le tableau La Vierge dans une église (voyez la lettre encyclique Ecce Lignum).

 

• La Vierge Marie et l’Enfant Jésus, v. 1350, iconostase du catholicon Serbie, monastère de Decani.

Virgo in áliqua ecclésia - FR. La Vierge dans une église, c. 1438, Berlin, Staatliche Museen. Oleo in quérceo týmpano, 31×14 cm.

L’œil au pied de la Vierge Marie et la deuxième croix aux pieds de Saint Jean

    Ces deux signes sont en relation l’un avec l’autre.

 

De l’extérieur vers le centre :

« Z » inversé

« Z » inversé 

œil

deuxième croix

os en diagonale qui représente la lance de la “Scène du Puits”

première croix qui représente la Croix-Propulseur de la “Scène du Puits”

    Il y a déjà une symétrie entre les deux Z et entre l’os en diagonale et la première croix qui sont la représentation de deux objets de la “Scène du Puits”. Il y a donc une symétrie entre les signes qui se trouvent entre eux.

« X » comme Christ, « homo », « œil » comme Vierge Marie, « mulier »

    La deuxième croix ressemble à un homme qui marche vers le pied de la Croix. Elle dessine aussi le Χ grec, la première lettre de ΧΡΙΣΤΟΣ, Christos, « Christ » en français. Le X, le Christ, est l’Homme, « homo ».

    Jn 19 « 5 (Exivit ergo Jesus portans coronam spineam, et purpureum vestimentum.) Et dicit eis : Ecce homo. »

    « 5. (Ainsi Jésus sortit, portant la couronne d’épines et le vêtement de pourpre.) Et Pilate leur dit : Voilà l’homme. »

    L’œil, la Vierge Marie, est la Femme, « mulier ». Les trois feuilles sous l’œil sont peut-être le schéma d’une fleur de lys qui représente la pureté de la Vierge Marie. Elles sont probablement en relation avec les trois cales du pied de la Croix pour dire la Compassion de la Vierge Marie, l’Union à la Passion de son Divin Fils.

    Jn 2 « 4 Et dicit ei Jesus : Quid mihi et tibi est, mulier ? nondum venit hora mea. »

    « 4. Et Jésus lui dit : Femme, qu’importe à moi et à vous ? Mon heure n’est pas encore venue.

    Jn 19 « 26 Cum vi.disset ergo Jesus matrem, et discipulum stantem, quem diligebat, dicit matri suae : Mulier, ecce filius tuus. »

    « 26. Lors donc que Jésus eut vu sa mère, et, près d’elle, le disciple qu’il aimait, il dit à sa mère : Femme, voilà votre fils. »

    Ga 4 « 4 At ubi venit plenitudo temporis, misit Deus Filium suum factum ex muliere, factum sub lege, 5 ut eos, qui sub lege erant, redimeret, ut adoptionem filiorum reciperemus. »

    « 4. Mais lorsque est venue la plénitude du temps, Dieu a envoyé son Fils, formé d’une femme, soumis à la loi, 5. Pour racheter ceux qui étaient sous la loi, pour que nous reçussions l’adoption des enfants. »

    Ap 12 « 1 Et signum magnum apparuit in caelo : mulier amicta sole, et luna sub pedibus ejus, et in capite ejus corona stellarum duodecim :»

    « 1. Et un grand prodige parut dans le ciel : Une femme revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles. »



 

    Pour comprendre les deux signes que nous observons maintenant, il faut encore les mettre en relation avec la souche d’arbre qui se trouve entre la Vierge Marie et le Seigneur Jésus. Le récit écrit par ces trois signes, le X, Christ, « l’homme », le bois rongé comme s’il avait été mangé, et l’œil, la Vierge Marie « la femme », est évident :

    Gn 3 « 6 Vidit igitur mulier quod bonum esset lignum ad vescendum, et pulchrum oculis, aspectuque delectabile : et tulit de fructu illius, et comedit : deditque viro suo, qui comedit. 7 Et aperti sunt oculi amborum ; cumque cognovissent se esse nudos, consuerunt folia ficus, et fecerunt sibi perizomata. »

    « 6. La femme donc vit que le bois était bon à manger, beau pour les yeux et d’un aspect qui excitait le désir ; elle prit de ce fruit, en mangea et en donna à son mari, qui en mangea. 7. En effet les yeux de tous les deux s’ouvrirent ; et lorsqu’ils eurent connu qu’ils étaient nus, ils entrelacèrent des feuilles de figuier, et s’en firent des ceintures. »

    Notez bien que dans la Vulgate de parle presque indistinctement de « bois » et de « fruit », « le bois était bon à manger (…) et elle [la femme] prit de ce  fruit (fructu illius) ». Le fruit est présenté comme un morceau de bois. Jan van Eyck a peint ce morceau de bois.

 

    Dire qu’il est mangé n’est pas exagéré car les Amants du Cantiques des cantiques sont comparés un grand nombre de fois, six fois exactement, à des chèvres. Le mot capra « chèvre » est cité 9 fois dans le Cantique, le mot haedus « chevreau » 1 fois. C’est l’animal qui est le plus cité par le Cantique. Trois fois, elles représentent l’Amante, (Ct 4, 1 ; 6, 4 ; 7, 3), trois fois elles représentent l’Amant (2, 9.17 ; 8, 14), trois fois elles représentent des Témoins (Ct 1, 7 (chevreaux), 2, 7 ; 3, 5). Certes une chèvre ne mange pas un tronc d’arbre mais elle mange volontiers des branches encore assez tendres.

 

     Voici donc le récit : la femme voit, c’est l’œil sous la Vierge Marie, celui qui mange est le Christ Jésus.

    Jr 11

« 19 Et ego quasi agnus mansuetus,

« 19. Et moi, j’ai été comme un agneau plein de douceur

qui portatur ad victimam :

que l’on porte pour en faire une victime ;

et non cognovi quia cogitaverunt super me consilia, dicentes :

et je n’ai pas su qu’ils formaient contre moi des projets, disant :

Mittamus lignum in panem ejus,

Mettons du bois dans son pain,

et eradamus eum de terra viventium,

rayons-le de la terre des vivants,

et nomen ejus non memoretur amplius. »

et que son nom ne soit plus rappelé dans la mémoire. »

    Dans la Crucifixion de Jean van Eyck l’œil, la « Femme », « mulier », est la Vierge Marie et Ève tout à la fois, le X, « l’Homme », « homo » est le Seigneur Jésus et Adam tout à la fois. Adam cependant est désigné par le mot vir, car homo en latin désigne l’être humain, aussi bien la femme que l’homme. Il y a deux Personnes masculines : le Seigneur Jésus et Saint Jean ou Dieu fait Homme et Adam. Par l’Incarnation en un Homme, « Dieu créa l’homme (hominem) à son image : c’est à l’image de Dieu qu’il le créa : il les créa mâle et femelle (masculum et feminam). » (Gn 1, 27) Le Seigneur Jésus est le nouvel Adam, « le dernier Adam » (1 Co 15, 45), et la Vierge Marie la nouvelle Ève. Cependant, le Couple Jésus et Marie ne vient pas réparer la faute commise par le Couple Adam et Ève mais au contraire Il est en train d’accomplir la souffrance qui est à l’origine de la joie qu’on connu Adam et Ève. Le Mystère de cette Joie est immense, nous comprenons facilement, qu’ils aient eu peur et qu’ils aient eu l’impression d’avoir commis une faute. Dieu pour les rassurer à confirmé leur pensée en les accusant mais ce n’était qu’un voile provisoirement posé sur la Lumière de la Vérité, voile qui devient maintenant transparent dans le tableau de Jan van Eyck, c’est le linge sur le Sexe du Seigneur Jésus.

    Lorsque Ève donne à manger le fruit à son mari, « viro suo » signifie d’abord « à son homme », elle lui donne à manger son Corps. C’est bien ce qu’à fait la Vierge Marie. Un merveilleux tableau montre l’unité entre le geste d’Ève envers son mari et la Vierge Marie qui allaite l’Enfant Jésus. 


- L’Annonciation, Glasgow city museums and art gallery. Huile sur panneau, 58,4 x 35,5 cm (surface peinte).

- La Nativité, Birmingham city art gallery. Huile sur panneau, 58,4 x 50,2 cm.

- L’Adoration des mages, Madrid, Museo del Prado. Huile sur panneau, 59,5 x 54,6 cm

- La Présentation au temple, Washington, National gallery of art. Huile sur panneau, 59 x 48,1 cm (surface peinte : 57,9 x 47,8 cm).

- Repos pendant la fuite en Égypte, Glasgow city museums and art gallery. Huile sur panneau, 59,7 x 51,7 cm.

 

« Ces cinq panneaux avec des scènes de l’enfance de Jésus, attribués à un peintre resté anonyme, révèlent la complexité des relations entre les artistes qui étaient en rapport avec l’atelier de Van der Weyden ou avaient accès à ses modèles. Peut-être les panneaux se rattachent-ils à plus d’un ensemble. Malheureusement, leur provenance ne nous permet pas d’inférer un lien quelconque entre eux dans le passé. Ils ont à peu près la même taille, bien que l’Annonciation ait été amputée de la partie avec l’ange. La main et le sceptre de Gabriel apparaissent sur une photo prise au début du XXe siècle, quand le panneau a été nettoyé, mais ils ont été à nouveau recouverts par la suite.  La préparation tachetée en rouge et vert à l’arrière de ce panneau pourrait bien être d’origine. Bien que la composition et l’effet pictural du Repos pendant la fuite en Égypte n’aient pas la même puissance que ceux des autres panneaux, la parenté stylistique entre ces cinq tableaux n’a jamais été mise en doute. »

Rogier van der Weyden, 1400/1464, Maitre des Passions, Lorne Campbell – Jan Van der Stock, Snoeck Publishers, 2009.



Le repos pendant la fuite en Égypte, Glasgow city museums and art gallery.

Huile sur panneau, 59,7 x 51,7 cm.

    La Vierge Marie montre sa Douce poitrine. Elle cueille un fruit sur l’arbre. L’Enfant Jésus tend une main vers la Poitrine de sa Mère pour le recevoir. De l’autre, Il montre qu’Il en mange. Le récit est évident. Il n’y a aucun doute sur l’intention de l’auteur : la Vierge Marie est la nouvelle Ève qui donne à l’Enfant Jésus, le nouvel Adam, le fruit de son Corps. Saint Joseph travaille seul pour la Joie de son Épouse et de son Fils, il œuvre comme le Seigneur Jésus sur la Croix entre la Vierge Marie et Saint Jean. La tendresse maternelle est toujours à l’origine de l’éducation sexuelle. Ici elle atteint le niveau le plus sublime car la Mère et aussi l’Épouse. C’est vrai pour nous aussi, la Vierge Marie est notre Mère, nous le savons bien, Elle est aussi notre Épouse, ne l’oublions jamais :

    Is 62

« 1 Propter Sion non tacebo,

« 1. À cause de Sion, je ne me tairai pas,

et propter Jerusalem non quiescam,

et à cause de Jérusalem, je ne me reposerai pas,

donec egrediatur ut splendor justus ejus,

jusqu’à ce que paraisse son juste comme une éclatante lumière,

et salvator ejus ut lampas accendatur.

et que son sauveur, comme un flambeau, répande sa clarté.

(…)

(…)

5 Habitabit enim juvenis cum virgine,

5. Car le jeune homme habitera avec la vierge,

et habitabunt in te filii tui ;

et tes fils demeureront en toi.

et gaudebit sponsus super sponsam,

Et l’époux se réjouira en son épouse,

et gaudebit super te Deus tuus. »

et ton Dieu se réjouira en toi. »

 

    Le texte l’hébreu est plus clair (traduction d’A. Crampon) :

 

Is 62

« 5 Comme un jeune homme épouse une vierge,

tes fils t’épouseront ;

et comme la fiancée fait la joie du fiancé,

ainsi tu seras la joie de ton Dieu. »

 

    Le 2 février 2012, en la Fête de la Présentation du Seigneur.

 

    Ne croyons pas cependant que la Vulgate est pudique. Ce n’est pas son habitude. Voici ce qu’elle nous dit : Dieu est un Phallus et l’habitation de Dieu, le Temple de Dieu, est un Vagin.

« X » comme la figure de l’homme-oiseau, « œil » comme la figure du bison

    Le X dessine aussi schématiquement la figure de l’homme-oiseau : les deux bras d’une part, le corps et la tête d’autre part. L’œil est dessine schématiquement la figure du bison, il reprend l’œil du bison. Les deux images sont inversées en miroir sur le tableau de Jan van Eyck. Sur la figure ci-contre nous les avons donc inversées de nouveau pour mieux les comparer avec les personnages de la “Scène du Puits” qu’elles représentent.

    La deuxième croix reproduit très exactement la forme de l’homme-oiseau : le trait court est la tête, une épaule plus haute que l’autre (comme la Vénus de Botticelli, soit dit en passant), une inversion de la courbe sur le bras extérieur, l’inversion de la courbe au bout du bras intérieur reproduit le tracé haut de la main.

    L’œil, en revanche, ne suit pas le dessin de l’œil du bison qui a la paupière mis close et ne regarde pas en face de lui l’homme-oiseau mais regarde en arrière et semble observer sa blessure. Cette différence vient de ce que, sur La Crucifixion, l’œil regarde exactement en direction de la blessure du coté Seigneur Jésus.

    Le tableau montre l’accomplissement de la prophétie du prophète Zacharie :

    Za 12

« 10 Et effundam super domum David

« 10. Et je répandrai sur la maison de David

et super habitatores Jerusalem

et sur les habitants de Jérusalem

spiritum gratiae et precum :

l’esprit de grâce et de prières ;

et aspicient ad me quem confixerunt,

et ils regarderont vers moi, qu’ils ont percé ;

et plangent eum planctu quasi super unigenitum,

et ils le pleureront amèrement, comme un fils unique,

et dolebunt super eum,

et ils s’affligeront à son sujet,

ut doleri solet in morte primogeniti. »

comme on a coutume de s’affliger à la mort du premier-né. »

    Qui transperce qui ? C’est un vertige. Le bison se transperce lui-même en transperçant l’homme-oiseau. Le Seigneur Jésus est transpercé par la Vierge Marie mais Il est transpercé par son propre Amour qui se reflète en Elle. Finalement c’est Lui-Même qui se transperce pour nous comme le montre l’image du pélican, image de l’Eucharistie dans le monde chrétien (voyez le Dictionnaire de la Bible publié par F. Vigouroux, le Premier commentaire du Psaume 101 par Saint Augustin (§ 8) et l’hymne « Adoro te devote ». Nous parlons plus en détail du pélican dans le commentaire du Retable de l’Annonciation et de l’Eucharistie de Sandro Botticelli). Hubert (plus probablement que Jan) van Eyck a peint non un pélican mais un aigle arrosant ses petits de son sang sur le brocard derrière le Seigneur Jésus dans le Retable de l’Agneau mystique (Gand, cathédrale Saint Bavon).





Nous voyons dans le mouvement de la tête et le regard du bison de la “Scène du Puits” une annonce prophétique de l’image du Pélican qui sera utilisée pour décrire la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ et le Mystère de l’Eucharistie : Dieu nous nourrit de sa propre Chair et de son propre Sang (voyez le Catéchisme de la doctrine chrétienne 2012, éditions N.-D. Auxiliatrice).

 

    L’œil et la deuxième croix sont des idéogrammes. Une partie de chaque personnage est utilisée pour représenter le tout. Jan van Eyck nous propose encore une autre lecture : le bison est la Vierge Marie, l’homme-oiseau est Saint Jean et l’oiseau sur un piquet est le Seigneur Jésus.

 

    Il y a en effet deux récits simultanés dans la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ :

    Gn 2 « 24 Quam ob rem relinquet homo patrem suum, et matrem, et adhaerebit uxori suae : et erunt duo in carne una. »

    « 24. C’est pourquoi un homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme ; et ils seront deux dans une seule chair. »

    Jn 19 « 26 Cum vidisset ergo Jesus matrem, et discipulum stantem, quem diligebat, dicit matri suae : Mulier, ecce filius tuus. 27 Deinde dicit discipulo : Ecce mater tua. Et ex illa hora accepit eam discipulus in sua. 28 Postea sciens Jesus quia omnia consummata sunt, ut consummaretur Scriptura, dixit : Sitio. 29 Vas ergo erat positum aceto plenum. Illi autem spongiam plenam aceto, hyssopo circumponentes, obtulerunt ori ejus. 30 Cum ergo accepisset Jesus acetum, dixit : Consummatum est. Et inclinato capite tradidit spiritum. »

    « 26. Lors donc que Jésus eut vu sa mère, et, près d’elle, le disciple qu’il aimait, il dit à sa mère : Femme, voilà votre fils. 27. Ensuite il dit au disciple : Voilà ta mère. Et depuis cette heure-là, le disciple la prit avec lui. 28. Après cela, Jésus sachant que tout était consommé, afin d’accomplir l’Écriture, dit : J’ai soif. 29. Or il y avait là un vase plein de vinaigre. C’est pourquoi les soldats entourant d’hysope une éponge pleine de vinaigre, la présentèrent à sa bouche. 30. Lors donc que Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est consommé. Et, la tête inclinée, il donna l’esprit. »

    1°) Le Seigneur Jésus et la Vierge Marie sont le Père et la Mère de Saint Jean qui se séparent d’eux pour vivre sa vie. C’est ce que montre la “Scène du Puits” par le petit oiseau fils, du grand homme-oiseau qui s’éloigne des amants et la Crucifixion où l’on voit Saint Jean tourné vers l’extérieur.

 

    2°) Le Seigneur Jésus œuvre pour faire naitre sa propre Humanité et par elle, la Vierge Marie et Saint Jean qu’Il offre l’un à l’autre. Le Seigneur Jésus, Travailleur solitaire, s’éloigne de ses Enfants Chéris après les avoir remis l’un à l’autre. C’est ce que montre la “Scène du Puits” par l’oiseau sur un piquet qui représente le serpent de Moïse attaché à un mat (cf. Nb 21, 8-9 ; Jn 3, 14) et la Crucifixion au moyen des idéogrammes œil et X. Cette vérité est aussi admirablement montrée dans le tableau que nous avons observé plus haut Le repos pendant la fuite en Égypte, (Glasgow).

L’œil, la pierre et le pied de la Croix

    L’œil, la pierre et le pied de la Croix sont tous les trois en relation avec trois objets :

1°) l’œil : les trois feuilles ;

2°) la pierre : les trois petits cailloux ;

3°) le pied de la Croix : les trois cales.

 

    C’est la famille Père, Mère et Fils, la Trinité aussi bien que le Seigneur Jésus, la Vierge Marie et Saint Jean qui représente aussi la Création tout entière née de l’Amour du Seigneur Jésus pour sa Sainte Mère.

Un quatrième personnage caché

    Il y a dans la “Scène du Puits” un quatrième personnage caché, celui vers lequel s’adresse la prière de l’homme-oiseau. Il s’agit de Dieu le Père. Dans la Crucifixion de Jan van Eyck, ce quatrième personnage est peut-être représenté sur l’inscription en hébreu, si elle est bien la citation du psaume 21, par les lettres א(ל ?)י abréviation possible de אלי אלי « Éli, Éli », qui se traduit « Mon Dieu, mon Dieu ». Ce quatrième personnage caché est aussi représenté par la quatrième cale du pied de la croix qu’on voit apparaitre non pas devant comme les trois premières mais derrière, à demi cachée.


Un ou plusieurs peintres anonymes, La “Scène du Puits”, v. 15 000 ans avant Notre-Seigneur Jésus-Christ, Montignac, grotte de Lascaux. Peinture rupestre.

Jan van Eyck, La Crucifixion, v. 1425, Berlin, Staatliche Museen zu Berlin. Huile sur bois transférée sur toile, 43 x 26 cm.

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