LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE
*lmsu
Jérémie déplore la désolation de Jérusalem, et annonce les vengeances de Jérusalem contre ceux qui se réjouissent du malheur de cette ville.
Jérémie continue de déplorer la désolation de Jérusalem. Il exhorte Sion à gémir sans cesse et à exposer au Seigneur son affliction.
Jérémie déplore sa propre misère. Il exhorte les enfants de Juda à retourner au Seigneur. Il expose au Seigneur ses souffrances, et annonce la ruine de ses enfants.
Jérémie déplore de nouveau la désolation de Jérusalem. Il annonce les vengeances du Seigneur contre l’Idumée et le rétablissement de Sion.
Jérémie expose au Seigneur la misère de son peuple, et le conjure de rappeler ce même peuple à lui.
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Les Lamentations portent en hébreu le nom de ῾êkâh, « comment », par lequel elles commencent, et qui semble avoir été comme une sorte de terme consacré pour le début d’une élégie. Les Septante substituèrent à ce mot initial, comme ils l’avaient fait pour le Pentateuque, un titre plus significatif, et les désignèrent sous le nom de threnoï. Notre dénomination, les Lamentations, n’est que la traduction du grec. C’était un vieil usage de faire des élégies sur la mort des personnes aimées ; il fut étendu aux malheurs publics. Jérémie déplora dans ses Lamentations la ruine de Jérusalem et du temple, comme il avait déploré auparavant la mort de Josias.
Les Lamentations se composent de cinq petits poèmes ou élégies distinctes, correspondant aux cinq chapitres de la Vulgate.
Les quatre premiers chapitres sont des pièces alphabétiques, c’est-à-dire que chaque verset commence par une des lettres de l’alphabet hébreu dans le texte original. La troisième élégie a cela de particulier, que la lettre initiale caractéristique reparait trois fois, ce qui a fait diviser le IIIe chapitre en 66 versets au lieu de 22, qu’on compte dans les deux premiers. La cinquième élégie n’est pas alphabétique, mais elle se compose également de 22 versets.
Peu de livres ont obtenu aussi efficacement que les Lamentations de Jérémie le but que s’était proposé leur auteur. Que d’infortunés ont trouvé dans l’expression des douleurs du Prophète un adoucissement à leurs propres douleurs ! Elles séchèrent sans doute plus d’une fois les larmes des captifs, sur les bords des fleuves de Babylone, et quand ils furent de retour dans leur patrie, ce fut le livre des souvenirs, qui leur rappelait leurs maux passés. Chaque année, le 9 ab (juillet), on jeuna et on lut dans les synagogues, au milieu des larmes, les Lamentations de Jérémie, en mémoire de ces mauvais jours. Et plus tard, quand la grande victime, l’agneau de Dieu qui devait effacer les péchés du monde, eut été immolée sur le Calvaire, l’Église, pour célébrer les mystères de la passion et de la mort de Notre-Seigneur, adopta les chants lugubres du Prophète : pendant la Semaine-Sainte, on entend retentir dans toutes les églises du monde catholique les accents plaintifs de Jérémie, déplorant un malheur plus grand que celui de la ruine de Jérusalem et du temple, le supplice d’un Dieu, mis à mort par ceux qu’il était venu racheter.
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LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE
Jérémie déplore la désolation de Jérusalem, et annonce les vengeances de Jérusalem contre ceux qui se réjouissent du malheur de cette ville.
PROLOGUE
1. (a) Et il arriva, après que le peuple d’Israël eut été emmené en captivité, et que Jérusalem fut déserte, que Jérémie, le prophète, s’assit pleurant, et qu’il fit entendre ses lamentations sur Jérusalem, et que d’un cœur amer, soupirant et gémissant, il dit :
ALEPH.
Comment est-elle assise solitaire,
la ville pleine de peuple ?
elle est devenue comme veuve,
la maitresse des nations ;
la reine des provinces
a été assujettie au tribut.
BETH.
2. Pleurant, elle a pleuré pendant la nuit,
et ses larmes coulent sur ses joues ;
et il n’est personne qui la console,
parmi ceux qui lui étaient chers ;
tous ses amis l’ont méprisée
et sont devenus ses ennemis.
GHIMEL.
3. Juda a émigré à cause de son affliction
et de la grandeur de son esclavage :
il a habité parmi les nations,
et n’a pas trouvé de repos :
ses persécuteurs l’ont saisi
dans ses angoisses.
DALETH.
4. Les voies de Sion sont en deuil, de ce qu’il n’y a personne
qui vienne pour une solennité ;
toutes ses portes sont détruites ;
ses prêtres gémissent,
ses vierges sont défigurées ;
elle-même est plongée dans l’amertume.
HE.
5. Ses ennemis sont devenus maitres,
ses adversaires se sont enrichis,
parce que le Seigneur a parlé contre elle
à cause de la multitude de ses iniquités ;
ses petits enfants ont été emmenés en captivité
devant la face de celui qui les tourmentait.
VAU.
6. Toute la beauté de la fille de Sion
s’est retirée d’elle ;
ses princes sont devenus comme des béliers
ne trouvant pas de pâturages ;
ils s’en sont allés sans force
devant la face de celui qui les poursuivait.
ZAIN.
7. Jérusalem s’est souvenue des jours de son affliction,
et de la prévarication
de toutes les choses précieuses
qu’elle avait eues dès les jours anciens,
lorsque son peuple tombait sous une main ennemie
et qu’il n’avait pas de défenseur ;
ses ennemis l’ont vue,
et ils se sont moqués de ses sabbats.
HETH.
8. Elle a beaucoup péché, Jérusalem ;
à cause de cela elle est devenue errante ;
tous ceux qui l’honoraient l’ont méprisée,
parce qu’ils ont vu son ignominie ;
aussi elle-même gémissant
a tourné son visage en arrière.
TETH.
9. Ses souillures ont paru sur ses pieds,
et elle ne s’est pas souvenue de sa fin ;
elle a été prodigieusement abaissée,
n’ayant pas de consolateur ;
voyez, Seigneur, mon affliction,
parce que l’ennemi s’est élevé.
JOD.
10. L’ennemi a porté la main
sur toutes ses choses précieuses ;
et elle a vu des nations
entrer dans son sanctuaire,
nations au sujet desquelles vous aviez ordonné
qu’elles n’entreraient pas dans votre assemblée.
CAPH.
11. Tout son peuple est gémissant
et cherchant du pain ;
ils ont donné toutes leurs choses précieuses
pour une nourriture qui ranimât leur âme.
Voyez, Seigneur, et considérez
combien je suis avilie.
LAMED.
12. Ô vous tous qui passez par la voie,
prêtez attention,
et voyez s’il est une douleur comme ma douleur ;
parce que le Seigneur m’a vendangée,
comme il l’a dit,
au jour de la colère de sa fureur.
MEM.
13. D’en haut il a envoyé un feu dans mes os,
et il m’a châtiée ;
il a tendu un fil à mes pieds,
et il m’a fait tomber en arrière,
il m’a rendue désolée,
accablée de chagrin tout le jour.
NUN.
14. Le joug de mes iniquités s’est éveillé ;
elles ont été roulées dans sa main,
et imposées sur mon cou ;
ma force s’est affaiblie ;
le Seigneur m’a livrée à une main
dont je ne pourrai sortir.
SAMECH.
15. Le Seigneur a enlevé du milieu de moi
tous mes hommes illustres ;
il a appelé contre moi le temps
afin de briser mes élus ;
le Seigneur a foulé le pressoir
pour la vierge fille de Juda.
AIN.
16. C’est pour cela que moi je pleure,
et que mon œil a fait couler des eaux ;
parce qu’il s’est éloigné de moi, le consolateur
qui devait faire revenir mon âme ;
mes fils sont perdus,
parce que l’ennemi est devenu le plus fort.
PHE.
17. Sion a étendu ses mains,
il n’y a personne qui la console ;
le Seigneur a appelé de tous côtés
contre Jacob ses ennemis ;
Jérusalem est devenue au milieu d’eux
comme une femme souillée par ses mois.
SADE.
18. Le Seigneur est juste,
parce que j’ai provoqué sa bouche au courroux ;
écoutez, je vous en conjure, vous tous, peuples,
et voyez ma douleur ;
mes vierges et mes jeunes hommes sont allés
en captivité.
COPH.
19. J’ai appelé mes amis
et ils m’ont trompée ;
mes prêtres et mes vieillards
ont été consumés dans la ville,
lorsqu’ils ont cherché de la nourriture
pour ranimer leur âme.
RES.
20. Voyez, Seigneur, que je suis dans la tribulation ;
mes entrailles sont émues ;
mon cœur est bouleversé au-dedans de moi,
parce que je suis remplie d’amertume ;
au dehors le glaive tue ;
au-dedans, c’est de même la mort.
SIN.
21. Ils ont appris que je gémis,
et qu’il n’y a personne qui me console ;
tous mes ennemis ont appris mon malheur ;
ils se sont réjouis, parce que c’est vous qui l’avez fait ;
vous amènerez le jour de ma consolation,
et ils seront semblables à moi.
THAU.
22. Que tout le mal qu’ils ont fait vienne devant vous ;
et vendangez-les, comme vous m’avez vendangée
à cause de toutes mes iniquités ;
car mes gémissements sont nombreux,
et mon cœur est triste.
~
CHAP. I. 2. Jer. XIII, 17. — 16. Jer. XIV, 17.
(a). Ce préambule, qu’on lit dans les Septante, ne se trouve ni dans l’hébreu, ni dans le chaldéen, ni dans le syriaque, ni dans les plus anciens et les meilleurs manuscrits de la version de saint Jérôme. L’édition de Sixte V l’a joint à la fin du chapitre LII de Jérémie comme si elle en faisait partie. Saint Bonaventure, suivi du plus grand nombre d’interprètes, soutient que ce n’est pas une écriture canonique, mais une simple addition qui vient des Grecs et qui n’a jamais été dans le texte original. — Quant aux mots aleph, beth, etc., ce sont les noms des lettres de l’alphabet hébreu, qui sont au nombre de vingt-deux, rangés dans leur ordre naturel.
1. * Le 1er verset donne le ton de tout le morceau. La pensée qui frappe l’esprit du Prophète, c’est la solitude dans laquelle il se trouve. La princesse, la maitresse des nations, est maintenant assise solitaire, comme la Judǽa capta qu’on voit plus tard sur les médailles romaines (Voir l’Appendice, note 25, p.---). Ses enfants lui ont été enlevés et elle est plongée dans la plus profonde misère.
2. Pleurant, elle a pleuré ; hébraïsme pour elle a beaucoup pleuré.
5. Devenus maitres ; littér. en tête (in capite).
7. Sabbats ; nom que les Hébreux donnaient à toutes les fêtes en général, à cause du repos qu’on y observait ; le mot sabbat signifie en effet repos. On sait que les païens reprochaient ordinairement aux Juifs de faire de cette inaction, de cette paresse, comme ils l’appelaient, une partie de leur religion.
10. L’ennemi a porté, etc. Jérémie parle ici de ce qui arriva à la prise de Jérusalem, lorsque les soldats chaldéens portèrent leurs mains sacrilèges jusque dans le sanctuaire (II, 7).
11. Leur âme ; hébraïsme pour leur personne.
12. M’a vendangée ; m’a traitée comme une vigne vendangée, où on n’a rien laissé. — La colère de sa fureur. Voy. IV, 8.
15. Mes élus ; mes soldats choisis, d’élite. — Le Seigneur a foulé le pressoir ; pour en faire couler le vin de sa colère. Compar. Is. LXIII, 2-3 ; Joël. III, 13 ; Apoc. XIV, 19-20 ; XIX, 15. — Pour la vierge, etc. ; pour enivrer la vierge, etc. C’est le peuple de Juda, dans ce passage comme dans bien d’autres, qui est désigné sous le nom d’une vierge et d’une fille.
16. Qui devait faire revenir mon âme (convértens animam meam) ; lorsque la tristesse lui faisait abandonner mon corps ; qui devait me redonner la vie.
18. Le Seigneur est juste ; dans les maux dont il m’a affligé. — Parce que j’ai provoqué ; dans l’hébreu, je me suis révoltée, j’ai été rebelle. — Sa bouche ; pour ce qui est sorti de sa bouche, sa parole, ses ordres, son commandement ; métonymie dont on a pu déjà remarquer plus d’un exemple.
20. Au dehors, etc. Hors de la ville, dans le pays, les Juifs étaient tués par les Chaldéens ; dans la ville ils mouraient par la famine et la peste.
22. Vendangez-les. Voy., pour le sens de cette expression, le verset 12.
²
Jérémie continue de déplorer la désolation de Jérusalem. Il exhorte Sion à gémir sans cesse et à exposer au Seigneur son affliction.
ALEPH.(a)
1. Comment le Seigneur a-t-il couvert de ténèbres,
dans sa fureur, la fille de Sion ?
il a jeté du ciel sur la terre
l’illustre Israël,
et il ne s’est pas souvenu de l’escabeau de ses pieds
au jour de sa fureur.
BETH.
2. Le Seigneur a tout renversé, il n’a épargné
aucune des magnificences de Jacob ;
il a détruit dans sa fureur
les fortifications de la vierge de Juda,
il les a jetées par terre ;
il a souillé son royaume et ses princes.
GHIMEL.
3. Il a brisé dans la colère de sa fureur
toute la corne d’Israël ;
il a retiré en arrière sa droite
de la face de l’ennemi,
et il a allumé dans Jacob comme le feu
d’une flamme dévorante tout autour.
DALETH.
4. Il a tendu son arc comme un adversaire ;
il a affermi sa droite comme un ennemi,
et il a tué tout ce qui était beau à voir
dans le tabernacle de la fille de Sion :
il a répandu, comme un feu,
son indignation.
HE.
5. Le Seigneur est devenu comme un ennemi :
il a renversé Israël,
il a renversé toutes ses murailles,
il a détruit ses fortifications,
et il a rempli dans la fille de Juda l’homme
et la femme d’humiliation.
VAU.
6. Il a détruit comme un jardin sa tente ;
il a renversé sa tente ;
le Seigneur a livré à l’oubli dans Sion
la fête et le sabbat,
et à l’opprobre et à l’indignation de sa fureur
le roi et le prêtre.
ZAIN.
7. Le Seigneur a rejeté son autel,
il a maudit sa sanctification ;
il a livré à la main de l’ennemi
les murs de ses tours ;
ils ont élevé la voix dans la maison du Seigneur,
comme dans un jour solennel.
HETH.
8. Le Seigneur a résolu de détruire
le mur de la fille de Sion ;
il a tendu son cordeau,
et il n’a pas détourné sa main de la perdition ;
l’avant-mur a gémi,
et le mur a été pareillement détruit.
TETH.
9. Ses portes ont été enfoncées dans la terre :
il a ruiné et brisé ses verrous ;
son roi et ses princes, il les a dispersés parmi les nations ;
il n’y a pas de loi,
et ses prophètes n’ont pas trouvé
de vision venant du Seigneur.
JOD.
10. Ils se sont assis sur la terre, ils se sont tus,
les vieillards de la fille de Sion ;
ils ont couvert de cendre leurs têtes ;
ils se sont ceints de cilices ;
les vierges de Jérusalem
ont baissé leurs têtes vers la terre.
CAPH.
11. Mes yeux ont défailli à force de larmes,
mes entrailles ont été émues ;
mon foie s’est répandu sur la terre,
à cause de la destruction de la fille de mon peuple,
lorsque défaillaient le petit enfant, et l’enfant à la mamelle,
sur les places de la ville.
LAMED.
12. Ils ont dit à leurs mères :
Où sont le blé et le vin ?
lorsqu’ils tombaient comme des blessés
sur les places de la cité ;
lorsqu’ils exhalaient leurs âmes
sur le sein de leurs mères.
MEM.
13. À qui te comparerai-je ? ou à qui t’assimilerai-je,
fille de Jérusalem ?
à qui t’égalerai-je, pour te consoler,
vierge fille de Sion ?
car grande est comme la mer ta ruine ;
qui t’apportera du remède ?
NUN.
14. Tes prophètes ont vu pour toi
des choses fausses et insensées ;
ils ne te découvraient pas ton iniquité
pour t’exciter à la pénitence ;
ils ont vu pour toi des prophéties de malheur fausses,
et pour tes ennemis l’expulsion de la Judée.
SAMECH.
15. Ils ont frappé des mains à ton sujet,
tous ceux qui passaient par la voie ;
ils ont sifflé et secoué la tête
sur la fille de Jérusalem :
Est-ce là, disaient-ils, cette ville d’une parfaite beauté,
la joie de toute la terre ?
PHE.
16. Ils ont ouvert la bouche contre toi,
tous tes ennemis ;
ils ont sifflé, et ils ont grincé des dents,
et ils ont dit : Nous la dévorerons ;
voici, c’est le jour que nous attendions ;
nous l’avons trouvé, nous l’avons vu.
AIN.
17. Le Seigneur a fait ce qu’il a résolu ;
il a accompli la parole
qu’il avait décrétée dès les jours anciens ;
il a détruit, et il n’a pas épargné ;
il a réjoui ton adversaire à ton sujet,
et il a exalté la corne de tes ennemis.
SADE.
18. Leur cœur a crié vers le Seigneur
sur les murs de la fille de Sion :
Fais couler comme un torrent de larmes
pendant le jour et pendant la nuit ;
ne te donne pas de repos,
et que la prunelle de ton œil ne se taise pas.
COPH.
19. Lève-toi, loue le Seigneur pendant la nuit,
au commencement des veilles :
répands, comme l’eau, ton cœur,
en la présence du Seigneur ;
lève vers lui tes mains pour l’âme
de tes petits enfants
qui ont défailli par la faim,
à la tête de tous les carrefours.
RES.
20. Voyez, Seigneur, et considérez
qui vous avez vendangé ainsi :
les mères mangeront-elles donc leur fruit,
des petits enfants de la hauteur d’un palme ?
est-ce qu’on tuera dans le sanctuaire
du Seigneur le prêtre et le prophète ?
SIN.
21. L’enfant et le vieillard
ont été étendus dehors sur la terre ;
mes vierges et mes jeunes hommes
sont tombés sous le glaive ;
vous avez tué au jour de votre fureur ;
vous avez frappé et vous n’avez pas eu de pitié.
THAU.
22. Vous avez appelé comme à un jour solennel mes ennemis,
pour m’épouvanter de toutes parts ;
et il n’y a eu personne dans le jour de la fureur du Seigneur,
qui ait échappé,
et qui ait été laissé ; ceux que j’ai élevés et nourris,
mon ennemi les a consumés.
~
CHAP. II. 17. Lev. XXVI, 14 ; Deut. XXVIII, 15. — 18. Jer. XIV, 17 ; Supra. I, 16.
(a). ALEPH. Pour ce mot et les autres semblables, qui sont en tête des versets suivants, voy. I, (a).
1-22. * La seconde élégie peint surtout la destruction de la cité sainte et du temple, comme la première avait peint sa solitude actuelle. Elle remonte de l’effet à la cause.
1. Les ténèbres, l’obscurité ; signifient souvent, dans la Bible, les malheurs, les calamités, une grande affliction. — L’escabeau de ses pieds ; c’est-à-dire son arche d’alliance, son temple.
2. II n’a épargné aucune ; littér. et par hébraïsme, il n’a pas épargné toutes.
3. La colère de sa fureur. Voy. IV, 8. — La corne ; la force, la puissance.
6. Sa tente ; sa demeure, c’est-à-dire son tabernacle, son temple.
7. Sa sanctification ; le lieu qu’il s’est consacré, son sanctuaire.
8. * L’avant-mur a gémi ; la petite muraille qui était placée devant le rempart est tombée.
9. N’ont pas trouvé ; n’ont pas reçu. — Vision prophétique.
10. * Signes de deuil et de désolation.
11. Mon foie, etc. ; hyperbole, pour marquer une grande douleur. Compar. Job. XVI, 14.
12. * Où sont le blé et le vin. Les enfants, pendant le siège, meurent de faim ; ils demandent à leurs mères de la nourriture et elles ne peuvent leur en donner.
13. Pour te consoler ; littér. et par hébraïsme, et je te consolerai.
14. Ont vu pour toi, etc. ; ont eu pour toi des visions, etc. — Prophéties du malheur. C’est la vraie signification du terme hébreu masçôth que la Vulgate a rendu ici par assumptiones, et ailleurs par onera, litter., charges, fardeaux, et au figuré malheurs accablants. Voy. Is. XIII, 1. Le sens de ce passage est donc : Tes prophètes t’ont trompée en présentant comme fausses les prophéties qui t’annonçaient des malheurs, et te prédisant que tes ennemis seraient chassés de la Judée.
16. Ce verset commence par phe, et le suivant par aïn, contrairement à l’ordre alphabétique. Cette inversion, qui se remarque aussi dans les deux chapitres suivants, vient probablement de ce que quelque écrivain, voyant que le verset phé se liait mieux par le sens que le verset aïn, à celui qui commence par samech, a cru pouvoir se permettre ce déplacement.
17. Adversaire, ennemis ; ces deux mots réunis expriment des ennemis de toute espèce. Rien n’est plus commun dans les langues orientales que l’agglomération de plusieurs termes qui ont à peu près la même signification, pour donner à l’expression plus de force et d’énergie.
²
Jérémie déplore sa propre misère. Il exhorte les enfants de Juda à retourner au Seigneur. Il expose au Seigneur ses souffrances, et annonce la ruine de ses enfants.
ALEPH
1. Je suis un homme voyant ma misère
sous la verge de son indignation.
2. Il m’a conduit et amené dans les ténèbres
et non à la lumière.
3. C’est seulement contre moi qu’il tourne et retourne
sa main durant tout le jour.
BETH.
4. Il a fait vieillir ma peau et ma chair,
il a brisé mes os.
5. Il a bâti autour de moi, et il m’a environné
de fiel et de peine.
6. Il m’a mis dans des lieux ténébreux
comme les morts éternels.
GHIMEL.
7. Il a bâti autour de moi, afin que je ne sorte pas ;
il a appesanti mes fers aux pieds.
8. Mais lors même que je crierais et que je prierais,
il a repoussé ma prière.
9. Il a fermé mes voies avec des pierres de taille,
il a détruit mes sentiers.
DALETH.
10. Il est devenu pour moi un ours en embuscade,
un lion dans des lieux cachés.
11. Il a détruit mes sentiers et il m’a brisé,
il m’a mis dans la désolation.
12. Il a tendu son arc, il m’a fait
comme le but de ses flèches.
HE.
13. Il a lancé dans mes reins
les filles de son carquois.
14. Je suis devenu la raillerie de tout mon peuple,
leur chanson durant tout le jour.
15. Il m’a rempli d’amertume,
il m’a enivré d’absinthe.
VAU.
16. Et il a brisé toutes mes dents,
il m’a nourri de cendre.
17. Et mon âme a été éloignée de la paix,
et j’ai oublié le bonheur.
18. Et j’ai dit : Elle a péri, ma fin,
et ce que j’espérais du Seigneur.
ZAIN.
19. Souvenez-vous de ma pauvreté, et de l’excès commis contre moi,
de l’absinthe et du fiel.
20. J’en conserverai toujours la mémoire, et sèchera
mon âme en moi de douleur.
21. Je repasserai ces choses dans mon cœur,
c’est pourquoi j’espérai.
HETH.
22. Grâce aux miséricordes du Seigneur nous n’avons pas été consumés ;
car ses bontés n’ont pas fait défaut.
23. Elles se renouvèlent au point du jour ;
votre fidélité est grande.
24. Mon partage est le Seigneur, a dit mon âme ;
à cause de cela je l’attendrai.
TETH.
25. Le Seigneur est bon à ceux qui espèrent en lui,
à l’âme qui le recherche.
26. Il est bon d’attendre en silence
le salut de Dieu.
27. Il est bon à l’homme de porter un joug
dès sa jeunesse.
JOD.
28. Il s’assiéra solitaire, et il se taira,
parce qu’il a mis ce joug sur lui.
29. Il mettra sa bouche dans la poussière,
pour voir si par hasard il y a espérance.
30. Il tendra la joue à celui qui le frappera,
il sera rassasié d’opprobres.
CAPH.
31. Parce que le Seigneur ne rejettera
pas toujours ;
32. Parce que s’il a rejeté, il aura aussi pitié
selon la multitude de ses miséricordes.
33. Car il n’a pas humilié d’après son cœur,
il n’a pas rejeté les fils des hommes,
LAMED.
34. Afin de fouler sous ses pieds
tous les captifs de la terre,
35. Afin de faire incliner le droit de l’homme
devant la face du Très-Haut.
36. Perdre un homme dans son jugement,
le Seigneur ne le sait pas.
MEM.
37. Qui est celui qui a dit qu’une chose se fît,
le Seigneur ne l’ayant pas commandé ?
38. De la bouche du Très-Haut, ne sortiront-ils pas
les maux et les biens ?
39. Pourquoi a murmuré l’homme vivant,
l’homme, de la punition de ses péchés ?
NUN.
40. Scrutons nos voies, interrogeons-les,
et retournons au Seigneur.
41. Élevons nos cœurs avec nos mains
vers le Seigneur qui est dans les cieux.
42. Nous, nous avons iniquement agi, et au courroux nous vous avons provoqué,
c’est pour cela que vous êtes inexorable.
SAMECH.
43. Vous vous êtes enveloppé dans votre fureur, et vous nous avez frappés ;
vous avez tué et vous n’avez pas épargné.
44. Vous avez mis une nuée devant vous,
afin que la prière ne passe pas.
SAMECH.
45. Comme une plante arrachée et rejetée, vous m’avez mis
au milieu des peuples.
46. Ils ont ouvert la bouche contre nous,
tous nos ennemis.
PHE.
47. La prophétie nous est devenue effroi,
lacs et ruine.
48. Mon œil a fait couler des courants d’eaux
sur la ruine de la fille de mon peuple.
AIN.
49. Mon œil s’est affligé, et ne s’est pas tu,
de ce qu’il n’y avait point de repos,
50. Jusqu’à ce qu’il regardât et vît
le Seigneur depuis des cieux.
51. Mon œil a tourmenté mon âme
à cause de toutes les filles de ma ville.
SADE.
52. Ils m’ont pris à la chasse comme un oiseau,
mes ennemis, sans sujet.
53. Ma vie est tombée dans la fosse,
et ils ont posé une pierre sur moi.
54. Des eaux se sont débordées sur ma tête ;
j’ai dit : Je suis perdu.
COPH.
55. J’ai invoqué votre nom, Seigneur,
du lac le plus profond.
56. Vous avez entendu ma voix ; ne détournez pas votre oreille
de mes sanglots et de mes cris.
57. Vous vous êtes approché de moi un jour, quand je vous ai invoqué ;
vous avez dit : Ne crains pas.
RES.
58. Vous avez jugé, Seigneur, la cause de mon âme,
rédempteur de ma vie.
59. Vous avez vu, Seigneur, leur iniquité contre moi ;
jugez leur jugement.
60. Vous avez vu toute leur fureur,
toutes leurs pensées contre moi.
SIN.
61. Vous avez entendu leurs outrages, Seigneur,
toutes leurs pensées contre moi ;
62. Les lèvres de ceux qui s’élèvent contre moi, et leurs projets
contre moi tout le jour.
63. Quand ils sont assis, et quand ils se lèvent, voyez,
je suis l’objet de leurs chansons.
THAU.
64. Vous leur rendrez la pareille, Seigneur,
selon les œuvres de leurs mains.
65. Vous leur mettrez comme un bouclier sur le cœur,
la peine dont vous les accablerez.
66. Vous les poursuivrez dans votre fureur, et vous les briserez
sous le ciel, Seigneur.
~
CHAP. III. 37. Am. III, 6.
(a). ALEPH. Pour ce mot et les autres semblables qui sont en tête des versets suivants, voy. I, (a). # Dans ce chapitre chaque verset hébreu commence par la lettre indiquée juste avant.
1-66. * Le chapitre III s’occupe principalement, quoique non exclusivement, de la désolation du Prophète lui-même.
1. Son indignation ; l’indignation du Seigneur.
5. * II a bâti autour de moi comme pour m’assiéger, il m’a environné et abreuvé d’amertume.
6. Des lieux ténébreux ; la prison où il fut mis pendant le siège de Jérusalem (Jer. XXXVIII, 6-7). — Les morts éternels ; ceux qui sont réellement dans le tombeau. Compar. Ps. XLVIII, 11 ; CXLII, 3.
9. * Il a fermé mes voies avec des pierres de taille ; il m’a barré le chemin par un mur et m’a ainsi empêché de fuir et de me mettre en sureté.
13. Les filles de son carquois ; ses flèches.
15. * Il m’a enivré d’absinthe. Voir Prov. V, 4.
18. Elle a péri, ma fin (périit finis meus) ; ma fin est consommée, c’en est fait de moi ; ou bien, la fin de mes maux n’aura jamais lieu.
19. L’excès commis contre moi ; la persécution que je souffre ; c’est le vrai sens de l’expression de la Vulgate, transgressionis meæ, expliquée par le texte original, les pronoms possessifs ayant en hébreu la signification passive aussi bien que la signification active. Les Septante portent aussi, ma persécution.
20. J’en conserverai toujours la mémoire ; littér. et par hébraïsme, par la mémoire, je me remémorerai.
23. Elles ; les bontés du Seigneur, mentionnées au vers. précéd. — Se renouvellent ; littér. sont nouvelles. Le latin porte nouveaux (novi), parce qu’en hébreu le mot bonté (hésed) est du masculin, et que l’auteur de la Vulgate se conforme quelquefois à la concordance hébraïque. — Au point du jour (diluculo) ; c’est-à-dire avec promptitude, avec empressement. — Votre fidélité dans vos promesses ; c’est le sens du texte original.
29. Il mettra, etc. ; il se prosternera le visage contre terre.
33. D’après son cœur. Ce n’est pas de son gré que Dieu châtie les hommes ; il y est forcé par leurs péchés. Compar. Ezech. XVIII, 23, 32 ; XXXIII, 11.
37. Qui a dit, etc. ; qui oserait dire qu’une chose est arrivée sans l’ordre du Seigneur ?
39. La punition, etc. Souvent dans l’Écriture le péché est mis pour la peine, le châtiment du péché.
46. Contrairement à l’ordre alphabétique, le mot PHE est mis avant AIN (vers. 49). Voy. II, 16.
51. A tourmenté ; maltraité ; sens qui parait être celui de l’hébreu, et auquel peut être ramené le deprædatus est de la Vulgate. — Les filles de ma ville ; c’est-à-dire les vierges de Jérusalem (I, 4, 18 ; II, 10, 21), ou bien les villes de Juda dont Jérusalem était comme la mère.
53. * Ma vie, etc. Je suis tombé tout vivant dans une fosse, et l’on en a fermé l’orifice avec une pierre pour que je ne puisse pas être sauvé.
²
Jérémie déplore de nouveau la désolation de Jérusalem. Il annonce les vengeances du Seigneur contre l’Idumée et le rétablissement de Sion.
ALEPH.
1. Comment s’est-il obscurci, l’or ?
Comment a été changée sa couleur éclatante ?
Comment ont été dispersées les pierres du sanctuaire,
à la tête de toutes les places ?
BETH.
2. Les fils de Sion illustres
et revêtus de l’or le plus pur,
comment ont-ils été traités comme des vases d’argile,
ouvrages des mains d’un potier ?
GHIMEL.
3. Mais les lamies même ont mis à nu leurs mamelles,
et ont allaité leurs petits ;
la fille de mon peuple est cruelle
comme une autruche dans le désert.
DALETH.
4. La langue de l’enfant à la mamelle
s’est attachée à son palais par la soif ;
les petits enfants ont demandé du pain,
et il n’y avait personne qui le leur brisât.
HE.
5. Ceux qui se nourrissaient délicieusement
sont morts dans les rues ;
ceux qui étaient élevés dans la pourpre
ont embrassé des immondices.
VAU.
6. Et l’iniquité de la fille de mon peuple est devenue plus grande
que le péché de Sodome,
qui fut renversée en un moment,
et les hommes n’y ont pas mis les mains.
ZAIN.
7. Ses Nazaréens étaient plus blancs que la neige,
plus éclatants que le lait,
plus vermeils que l’ivoire antique,
plus beaux que le saphir.
HETH.
8. Leur face est devenue plus noire que des charbons,
et ils n’ont pas été reconnus sur les places publiques ;
leur peau s’est attachée à leur os,
elle est devenue comme du bois.
TETH.
9. Plus heureux ont été les tués par le glaive
que les morts par la faim ;
car ceux-ci ont dépéri, consumés
par la stérilité de la terre.
JOD.
10. Les mains des femmes compatissantes
ont fait cuire leurs enfants ;
ils sont devenus leur nourriture
dans la ruine de la fille de mon peuple.
CAPH.
11. Le Seigneur a assouvi sa fureur,
il a répandu la colère de son indignation ;
et il a allumé dans Sion un feu
qui a dévoré ses fondements.
LAMED.
12. Ils n’ont pas cru, les rois de la terre
et tous les habitants de l’univers,
que l’ennemi, que l’adversaire
entrerait par les portes de Jérusalem :
MEM.
13. À cause des péchés de ses prophètes
et des iniquités de ses prêtres,
qui ont répandu au milieu d’elle
le sang des justes.
NUN.
14. Ils ont erré en aveugles sur les places publiques,
ils se sont souillés par le sang ;
et comme ils ne pouvaient faire autrement,
ils relevèrent leurs robes.
SAMECH.
15. Retirez-vous, impurs, leur a-ton crié,
retirez-vous, allez-vous-en, ne nous touchez pas ;
car ils se sont querellés, et tout émus, ils ont dit parmi les nations :
Le Seigneur n’habitera plus parmi eux.
PHE.
16. La face du Seigneur les a divisés,
il ne les regardera plus :
ils n’ont pas révéré la face des prêtres,
ils n’ont pas eu pitié des vieillards.
AIN.
17. Lorsque nous subsistions encore,
nos yeux se sont lassés dans l’attente de notre vain secours,
en tenant nos regards attachés sur une nation
qui ne pouvait nous sauver.
SADE.
18. Nos pas ont glissé
en parcourant nos places publiques ;
notre fin s’est approchée ; nos jours se sont accomplis,
parce qu’est venue notre fin.
COPH.
19. Nos persécuteurs ont été plus vite
que les aigles du ciel ;
sur les montagnes ils nous ont poursuivis,
dans le désert ils nous ont dressé des pièges.
RES.
20. L’esprit de notre bouche, le Christ, le Seigneur
a été pris à cause de nos péchés ;
celui à qui nous avions dit : Sous votre ombre,
nous vivrons parmi les nations.
SIN.
21. Réjouis-toi et sois dans l’allégresse, fille d’Édom,
qui habites dans la terre de Hus ;
jusqu’à toi aussi viendra le calice ; tu seras enivrée
et mise à nu.
THAU.
22. Elle est accomplie, la peine de ton iniquité,
fille de Sion ; le Seigneur ne t’exilera plus ;
il a visité ton iniquité, fille d’Édom ;
il a découvert tes péchés.
~
CHAP. IV. 6. Gen. XIX, 4.
1-22. * Le chapitre IVe semble d’abord reproduire les tableaux du Ier et du IIe, mais c’est pour faire luire un rayon d’espérance, en montrant dans le châtiment divin la source même de la régénération.
1. L’or ; les pierres du sanctuaire ; c’est-à-dire l’or réel qui éclatait dans Jérusalem et les pierres dont était construit le sanctuaire ; ou bien, selon d’autres, cet or représente les princes d’Israël (voy. le vers. 2), et les pierres du sanctuaire, les prêtres.
3. * Les lamies ; hébreu : les chacals. — Comme une autruche. On dit qu’elle abandonne une partie de ses œufs dans le désert. Job. XXXIX, 16.
6. Les hommes, etc. Sodome périt uniquement par le feu du ciel. Voy. Gen. XIX, 24-25.
7. Ses Nazaréens. Les Nazaréens étaient très considérés parmi les Juifs, tant par leur consécration au Seigneur que par leur manière de vivre plus pure et plus innocente. Jésus-Christ lui-même a voulu porter le nom de Nazaréen (Matth. II, 23). Voy. sur leur consécration, Num. VI.
11. La colère de son indignation. Voy. Jer. IV, 8.
12. L’ennemi et l’adversaire. Voy. II, 17.
16. PHE. Voy., sur le déplacement de ce mot, II, 16.
19. Nos persécuteurs, etc. ; allusion aux Chaldéens, qui poursuivirent avec une vitesse et une rapidité incroyables le roi Sédécias, lorsqu’il fuyait devant eux. Compar. IV Reg. XXV, 4-5 ; Jer. XXXIX, 5 ; LII, 8-9.
20. L’esprit de notre bouche ; le souffle qui nous anime. — Le Christ, le Seigneur (Christus Dominus) ; selon l’hébreu, le Christ du Seigneur ; ce qui s’entend à la lettre de Sédécias, roi du peuple de Dieu, mais ce qui, dans un sens plus élevé, doit s’entendre de Jésus-Christ, le vrai Christ, le Fils unique de Dieu, pris et livré à la mort à cause de nos péchés.
21. Fille d’Edom ; c’est la nation des Iduméens. — La terre de Hus ; c’est-à-dire l’Idumée.
²
PRIÈRE DU PROPHÈTE JÉRÉMIE(a)
Jérémie expose au Seigneur la misère de son peuple, et le conjure de rappeler ce même peuple à lui.
1. Souvenez-vous, Seigneur, de ce qui nous est arrivé ;
considérez et regardez notre opprobre.
2. Notre héritage est passé à des ennemis,
nos maisons à des étrangers.
3. Nous sommes devenus comme des orphelins sans pères,
et nos mères comme des veuves.
4. Nous avons bu notre eau à prix d’argent,
nous avons acheté chèrement notre bois.
5. Nous étions conduits par des chaines attachées à nos cous,
à ceux qui étaient fatigués on ne donnait pas de repos.
6. Nous avons donné la main à l’Égypte et aux Assyriens,
afin de nous rassasier de pain.
7. Nos pères ont péché, et ils ne sont plus ;
et nous, nous avons porté leurs iniquités.
8. Des esclaves nous ont dominés ;
il n’y a eu personne qui nous arrachât de leur main.
9. Au péril de nos âmes, nous allions nous chercher du pain
à la face du glaive du désert.
10. Notre peau, comme un four, a été brulée
par les ardeurs de la faim.
11. Ils ont humilié des femmes dans Sion,
et des vierges dans les cités de Juda.
12. Des princes ont été pendus par la main ;
on n’a pas révéré la face des vieillards.
13. Ils ont indignement abusé des jeunes hommes ;
et des enfants ont succombé sous le bois.
14. Des vieillards ont abandonné les portes,
et de jeunes hommes, le chœur des joueurs de psaltérion.
15. La joie de notre âme a fait défaut ;
notre chœur a été changé en deuil.
16. Elle est tombée, la couronne de notre tête ;
malheur à nous, parce que nous avons péché !
17. À cause de cela, notre cœur est devenu triste ;
pour cela, nos yeux se sont couverts de ténèbres.
18. À cause de la montagne de Sion, qui a été détruite,
les renards s’y sont promenés.
19. Mais vous, Seigneur, vous demeurerez éternellement ;
votre trône subsistera dans toutes les générations.
20. Pourquoi nous oublierez-vous à jamais ?
Pourquoi nous abandonnerez-vous dans la longueur des jours ?
21. Convertissez-nous à vous, Seigneur, et nous serons convertis ;
renouvelez nos jours comme au commencement.
22. Mais nous rejetant, vous nous avez repoussés ;
vous êtes violemment irrité contre nous.
~
CHAP. V. 21. Ps. LXXIX, 4, 8, 20 ; Jer. XXXI, 18.
(a). Ce titre ne se lit ni dans l’hébreu, ni dans le chaldéen, ni dans l’édition romaine des Septante.
1-22. * Prière dans laquelle Jérémie implore le secours de Dieu pour qu’il mette fin à tant de maux.
2. Notre héritage ; c’est-à-dire la terre de promission que vous avez donnée à nos pères, et que nous possédions par un droit héréditaire. — Des ennemis, des étrangers ; les Chaldéens et les peuples voisins.
6. Nous avons donné, etc. Nous avons fait alliance, mais vainement, avec l’Égypte et les Assyriens dont nous attendions du secours. — Afin de nous, etc. ; afin de pouvoir assurer notre existence. — Pain ; comme on a pu déjà le remarquer, ce mot se prend dans la Bible pour toute sorte de nourriture.
8. Des esclaves, etc. ; selon quelques-uns, ce sont les Chaldéens et les Égyptiens, également descendus de Cham, dont la postérité avait été condamnée à être esclave de Sem (Gen. IX, 26) ; selon d’autres, les Iduméens, les Moabites et les Ammonites, peuples autrefois soumis aux Juifs ; enfin, suivant d’autres, ce sont les esclaves mêmes des Chaldéens, parce que c’était la coutume, dans les maisons où il y avait un certain nombre d’esclaves, que l’un d’eux commandât aux autres.
9. Nos âmes ; hébraïsme pour nos personnes, nous. — Pain. Voy. vers. 6. — Désert ; s’applique aussi dans le langage biblique aux plaines, aux campagnes. Au lieu de dans le désert, l’hébreu porte du désert, comme régime du mot glaive (gladii). Le sens de ce verset parait donc être : Nous courions risque d’être tués, si nous allions chercher dans les campagnes désertes des fruits ou des herbes sauvages pour nous sustenter, parce que le pays était rempli d’ennemis et de pillards.
10. Les ardeurs de la faim ; c’est le sens de l’hébreu. Les Arabes disent aussi le feu de la faim, les Grecs, une faim brulante, les Latins : une faim ignée (ignea fames) ; la Vulgate a traduit comme les Septante, tempêtes de la faim.
12. Des princes, etc. Les Chaldéens, après avoir décapité les princes de Juda, les pendaient par les mains à des poteaux.
13. Sous le bois dont on les chargeait, ou avec lequel on les frappait.
14. Les portes de la ville, où se tenaient les assemblées des juges.
16. La couronne, etc. Dans les fêtes, les noces et les festins, on se couronnait de fleurs.
18. * Les renards ; proprement les chacals.
19. Toutes les générations ; littér. et par hébraïsme, génération et génération.
20. Dans la longueur ; c’est-à-dire pour si longtemps.
21. Comme au commencement ; comme ils étaient au commencement, au temps de notre ancienne prospérité.
22. Nous rejetant, vous nous avez repoussés ; hébraïsme, pour vous nous avez entièrement rejetés.
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