María auxiliátrix


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ESTHER

ESTHER

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Esther - Summárium

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER

Festin donné par Assuérus. La reine Vasthi refuse d’y venir. Assuérus la répudie.

CHAPITRE II

Esther devient l’épouse d’Assuérus. Mardochée découvre la conspiration de deux eunuques.

CHAPITRE III

Élévation d’Aman. Sa haine contre Mardochée. Il obtient un édit du roi pour faire mourir tous les Juifs, sujets d’Assuérus.

CHAPITRE IV

Consternation des Juifs. Mardochée instruit Esther de ce qui se passait. Elle se dispose à aller trouver le roi.

CHAPITRE V

Esther se présente devant Assuérus, et le prie de venir au festin qu’elle lui a préparé. Aman prend la résolution de faire pendre Mardochée.

CHAPITRE VI

Honneurs rendus à Mardochée. Confusion d’Aman.

CHAPITRE VII

Esther découvre au roi l’entreprise d’Aman. Aman est pendu à la potence qu’il avait fait dresser pour Mardochée.

CHAPITRE VIII

Élévation de Mardochée. Edit en faveur des Juifs.

CHAPITRE IX

Les Juifs, suivant l’ordre du roi, tuent tous ceux qui avaient conspiré leur perte. Ils établissent une fête en mémoire de leur délivrance.

CHAPITRE X

Grandeur d’Assuérus. Puissance de Mardochée. Explication d’un songe qu’il avait eu.

CHAPITRE XI

Autre songe de Mardochée.

CHAPITRE XII

Mardochée découvre une conspiration que deux eunuques d’Assuérus avaient formée contre lui.

CHAPITRE XIII

Edit contre les Juifs. Prière de Mardochée.

CHAPITRE XIV

Pénitence d’Esther ; sa prière avant d’aller trouver le roi Assuérus.

CHAPITRE XV

Avis de Mardochée à Esther après l’édit qu’Aman fit porter contre les Juifs. Ce qui se passa lorsqu’Esther parut devant Assuérus.

CHAPITRE XVI

Edit en faveur des Juifs.

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INTRODUCTION AU LIVRE D’ESTHER

L’auteur du livre d’Esther est inconnu. Le Talmud l’attribue à la grande Synagogue ; Clément d’Alexandrie, Aben Esra, etc., à Mardochée. Le ch. IX, 20, semble appuyer cette dernière opinion, mais le verset 31 du même chapitre prouve que la fin, du moins, n’est pas de lui. On peut cependant admettre que la plus grande partie de cette histoire a été rédigée par Mardochée.

Ce qui est certain, c’est que la forme même du récit suppose que l’empire perse est encore debout, car le narrateur en connait parfaitement les coutumes, ainsi que les habitudes et la cour ; il en appelle de plus aux annales des Mèdes et des Perses, X, 2. Il écrivait donc en Perse, à Suse même ; ce qui est confirmé, en outre, par l’absence d’allusions à Juda et à Jérusalem ; on ne peut même douter qu’il n’ait vécu à la cour, à cause des détails circonstanciés qu’il donne sur le grand banquet d’Assuérus, de la connaissance qu’il a des noms des grands officiers et des eunuques, de la femme et des enfants d’Aman, etc.

Le style, dans le texte original, est simple et généralement pur, mélangé seulement de quelques mots perses et de quelques expressions araméennes, comme on en trouve dans Esdras et dans certaines parties des Paralipomènes.

Le nom de Dieu ne se trouve pas une seule fois dans la partie protocanonique du livre d’Esther, peut-être parce qu’elle fut écrite à Suse, au milieu des païens ; mais s’il n’y est pas nommé, il parait partout : c’est sa Providence qui dispose tous les évènements et qui fait triompher les Juifs des pièges de leurs ennemis.

À la fin du livre d’Esther, S. Jérôme a placé un certain nombre de fragments dont nous ne possédons plus le texte original ; ils se lisent dans la Bible grecque, et ils avaient été traduits, de cette dernière source, dans l’ancienne Italique. Ces fragments sont rejetés par les protestants comme apocryphes. Ils forment la partie deutérocanonique du livre d’Esther et on y lit plusieurs fois le nom de Dieu. L’Église les range parmi les récits inspirés, de même que les autres parties de la Sainte Écriture.

La scène se passe à la cour d’Assuérus (hébreu Akhaschvérosch). Assuérus est Xerxès Ier, fils de Darius Ier, fils d’Hystaspe, qui régna de l’an 485 à l’an 465 avant J.-C. La forme hébraïque Akhaschvérosch correspond à la forme perse Kschayarscha, en la faisant précéder de l’aleph prosthétique. Ce qui est dit de l’étendue de l’empire perse, des usages de la cour et enfin de l’humeur capricieuse d’Assuérus, convient parfaitement à Xerxès. Les auteurs grecs et latins, en citant d’autres traits de son caractère, nous le présentent sous le même jour que l’écrivain hébreu : sensuel, vindicatif, cruel, extravagant.

Assuérus régnait depuis l’Inde jusqu’à l’Éthiopie, sur 127 provinces, qu’il ne faut pas confondre avec les 20 satrapies que Darius, fils d’Hystaspe, avait établies dans ses États. Les provinces étaient les subdivisions géographiques et ethnographiques de l’empire ; les satrapies étaient une division administrative plus générale, faite en vue du prélèvement des tributs.

Au moment où commence le récit, Assuérus est à Suse, capitale de la province de Susiane, ville forte, où le roi des Perses passait plusieurs mois de l’année. La troisième année de son règne, 482 avant J.-C., il donna un splendide festin à tous les grands de son royaume, pendant cent quatre-vingt jours, ce qu’il faut entendre en ce sens qu’ils vinrent les uns après les autres et que des premiers aux derniers invités, il s’écoula un espace de cent quatre-vingt jours.

La reine Vasthi, en ancien perse, Vahista, excellente, donna aussi un banquet à ses femmes. La reine prenait d’ordinaire ses repas avec le roi, mais non dans les festins publics. Assuérus lui ordonna de venir montrer sa beauté à ses convives, elle refusa, non sans raison, de paraitre devant des gens ivres. Le message lui avait été apporté par les sept eunuques, dont le nombre correspond à celui des sept Amschaspands. Le roi, irrité de sa désobéissance, la répudia.

Par une permission particulière de la Providence, une Juive, nommée Edissa, myrte, qui prit le nom perse d’Esther ou Astre, remplaça comme reine la fière Vasthi, en 479 ou 478. C’était la nièce de Mardochée. Dieu préparait ainsi la délivrance des Juifs, comme on va le voir dans le récit sacré.

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CHAPITRE PREMIER

Festin donné par Assuérus. La reine Vasthi refuse d’y venir. Assuérus la répudie.

1 In diébus Assuéri, qui regnávit ab India usque Æthiópiam super centum vigínti septem províncias,

1. Dans les jours d’Assuérus, qui régna depuis l’Inde jusqu’à l’Éthiopie sur cent vingt-sept provinces,

2 quando sedit in sólio regni sui, Susan cívitas regni ejus exórdium fuit.

2. Quand il s’assit sur le trône de son royaume, Suse était la première ville de son royaume.

3 Tértio ígitur anno impérii sui fecit grande convívium cunctis princípibus et púeris suis, fortíssimis Persárum, et Medórum ínclytis, et præféctis provinciárum coram se,

3. Or, à la troisième année de son règne, il fit un grand festin à tous les princes de sa cour et à ses serviteurs, aux plus braves des Perses, aux illustres des Mèdes, et aux gouverneurs des provinces, en sa présence,

4 ut osténderet divítias glóriæ regni sui, ac magnitúdinem atque jactántiam poténtiæ suæ, multo témpore, centum vidélicet et octogínta diébus.

4. Pour montrer les richesses de la gloire de son empire, et la grandeur et le faste de sa puissance, pendant longtemps, c’est-à-dire cent quatre-vingts jours.

5 Cumque impleréntur dies convívii, invitávit omnem pópulum, qui invéntus est in Susan, a máximo usque ad mínimum : et jussit septem diébus convívium præparári in vestíbulo horti, et némoris quod régio cultu et manu cónsitum erat.

5. Et lorsque les jours du festin furent accomplis, il invita tout le peuple qui se trouva dans Suse, depuis le plus grand jusqu’au plus petit, et il commanda que pendant sept jours on préparât un festin dans le vestibule de son jardin et du bois qui avait été planté par la magnificence et la main des rois.

6 Et pendébant ex omni parte tentória aérii colóris et carbásini ac hyacínthini, sustentáta fúnibus býssinis atque purpúreis, qui ebúrneis círculis insérti erant, et colúmnis marmóreis fulciebántur. Léctuli quoque áurei et argéntei, super paviméntum smarágdino et pário stratum lápide, dispósiti erant : quod mira varietáte pictúra decorábat.

6. Et de tous côtés étaient suspendues des tentures bleu céleste, d’un lin très fin couleur d’hyacinthe, soutenues par des cordons de fin lin et de pourpre, qui étaient passés dans des anneaux d’ivoire, et attachés à des colonnes de marbre. De plus, des lits d’or et d’argent étaient rangés sur un pavé d’émeraude et de marbre de Paros ; ce qu’une peinture d’une admirable variété embellissait.

7 Bibébant autem qui invitáti erant áureis póculis, et áliis atque áliis vasis cibi inferebántur. Vinum quoque, ut magnificéntia régia dignum erat, abúndans, et præcípuum ponebátur.

7. Or ceux qui avaient été invités buvaient dans des coupes d’or, et les mets étaient présentés dans des plats toujours différents. Le vin aussi était servi comme il convenait à la magnificence royale, abondant et exquis.

8 Nec erat qui noléntes cógeret ad bibéndum, sed sicut rex statúerat, præpónens mensis síngulos de princípibus suis ut súmeret unusquísque quod vellet.

8. Et il n’y avait personne qui contraignît à boire ceux qui ne le voulaient pas ; mais il en fut comme le roi l’avait établi, en préposant à chaque table un des grands de sa cour, afin que chacun prît ce qu’il voudrait.

9 Vasthi quoque regína fecit convívium feminárum in palátio, ubi rex Assuérus manére consuéverat.

9. La reine Vasthi aussi fit un festin de femmes, dans le palais où le roi Assuérus avait coutume de demeurer.

10 Itaque die séptimo, cum rex esset hilárior, et post nímiam potatiónem incaluísset mero, præcépit Máumam, et Bázatha, et Hárbona, et Bágatha, et Abgatha, et Zethar, et Charchas, septem eunúchis qui in conspéctu ejus ministrábant,

10. Ainsi au septième jour, lorsque le roi était plus Gal., et qu’après avoir bu avec excès, il se fut échauffé par le vin, il ordonna à Maumam, Bazatha, Harbona, Bagatha, Abgatha, Zethar et Charchas, les sept eunuques qui servaient en sa présence,

11 ut introdúcerent regínam Vasthi coram rege, pósito super caput ejus diadémate, ut osténderet cunctis pópulis et princípibus pulchritúdinem illíus : erat enim pulchra valde.

11. D’introduire devant le roi la reine Vasthi, le diadème posé sur sa tête, pour montrer au peuple et aux grands de la cour sa beauté ; car elle était très belle.

12 Quæ rénuit, et ad regis impérium quod per eunúchos mandáverat, veníre contémpsit. Unde irátus rex, et nímio furóre succénsus,

12. Vasthi refusa, et dédaigna de venir à l’ordre que le roi lui avait intimé par les eunuques. De là le roi irrité et enflammé d’une extrême fureur

13 interrogávit sapiéntes, qui ex more régio semper ei áderant, et illórum faciébat cuncta consílio, sciéntium leges, ac jura majórum

13. Demanda aux sages qui, selon l’usage des rois, étaient toujours près de lui, et par le conseil desquels il faisait toutes choses, parce qu’ils savaient les lois et le droit des anciens,

14 (erant autem primi et próximi, Chársena, et Sethar, et Admatha, et Tharsis, et Mares, et Mársana, et Mámuchan, septem duces Persárum, atque Medórum, qui vidébant fáciem regis, et primi post eum resídere sóliti erant) :

14. (Or les premiers et les plus proches étaient Charsena, Sethar, Admatha, Tharsis, Marés, Marsana et Mamuchan, les sept chefs des Perses et des Mèdes, qui voyaient la face du roi, et avaient coutume de s’assoir les premiers après lui.)

15 cui senténtiæ Vasthi regína subjacéret, quæ Assuéri regis impérium, quod per eunúchos mandáverat, fácere noluísset.

15. Quelle sentence méritait la reine Vasthi, qui n’avait pas voulu exécuter l’ordre que le roi Assuérus lui avait intimé par les eunuques.

16 Respondítque Mámuchan, audiénte rege atque princípibus : Non solum regem læsit regína Vasthi, sed et omnes pópulos et príncipes qui sunt in cunctis provínciis regis Assuéri.

16. Et Mamuchan répondit, le roi l’entendant, et les grands de la cour : Ce n’est pas seulement le roi qu’a offensé la reine Vasthi, mais encore tous les peuples et tous les grands qui sont dans toutes les provinces du roi Assuérus ;

17 Egrediétur enim sermo regínæ ad omnes mulíeres, ut contémnant viros suos, et dicant : Rex Assuérus jussit ut regína Vasthi intráret ad eum, et illa nóluit.

17. Car la parole de la reine parviendra à toutes les femmes, de manière qu’elles mépriseront leurs maris, et qu’elles diront : Le roi Assuérus a commandé que la reine Vasthi entrât auprès de lui ; et elle n’a pas voulu.

18 Atque hoc exémplo omnes príncipum cónjuges Persárum atque Medórum parvipéndent impéria maritórum : unde regis justa est indignátio.

18. Et d’après cet exemple toutes les femmes des princes des Perses et des Mèdes feront peu de cas des ordres de leurs maris ; c’est pourquoi l’indignation du roi est juste.

19 Si tibi placet, egrediátur edíctum a fácie tua, et scribátur juxta legem Persárum atque Medórum, quam præteríri illícitum est, ut nequáquam ultra Vasthi ingrediátur ad regem, sed regnum illíus áltera, quæ mélior est illa, accípiat.

19. S’il vous plaît ainsi, qu’un édit émane de vous, et qu’il soit écrit, selon la loi des Perses et des Mèdes, qu’il n’est jamais permis d’enfreindre, que Vasthi n’entrera jamais plus auprès du roi ; que quant à sa dignité de reine, une autre plus digne qu’elle la recevra.

20 Et hoc in omne (quod latíssimum est) provinciárum tuárum divulgétur impérium, et cunctæ uxóres, tam majórum quam minórum, déferant marítis suis honórem.

20. Et que cet édit soit publié dans toutes les provinces de votre empire (qui est très étendu), afin que toutes les femmes, tant des grands que des petits, rendent honneur à leurs maris.

21 Plácuit consílium ejus regi et princípibus : fecítque rex juxta consílium Mámuchan,

21. Le conseil de Mamuchan plut au roi et aux grands de la cour ; et le roi agit d’après ce conseil,

22 et misit epístolas ad univérsas províncias regni sui, ut quæque gens audíre et légere póterat, divérsis linguis et lítteris, esse viros príncipes ac majóres in dómibus suis : et hoc per cunctos pópulos divulgári.

22. Et il envoya des lettres à toutes les provinces de son royaume, de manière que chaque nation pouvait entendre et lire, en diverses langues et en divers caractères, que les maris étaient les chefs et les maitres dans leurs maisons, et que cela était publié parmi tous les peuples.

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CHAP. I.

 

1. * Assuérus. Xerxès Ier. Voir l’Introduction, p. ---.

2. * Suse, capitale de la Susiane, sur l’Eulǽus, une des résidences des rois de Perse,

4. Le roi voulut que pendant cent quatre-vingts jours son palais fut ouvert à tous les seigneurs de son vaste empire qui venaient le complimenter sur son avènement au trône et que pendant ce temps ils y fussent magnifiquement traités à mesure qu’ils arrivaient.

5. Remarquons bien que le texte ne dit pas que tous les habitants de Suse se trouvèrent en même temps réunis dans le vestibule du jardin. On peut donc légitimement supposer que le peuple fut distribué en sept bandes différentes dont chacune avait son jour, pour éviter la confusion, et qu’on partagea ensuite les convives de chaque bande en plusieurs repas, dans le même jour.

6. * Un pavé d’émeraude et de marbre de Paros en mosaïque. De Paros est un mot ajouté par la Vulgate.

8. Que chacun prît ce qu’il voudrait. Assuérus voulut bien en cette circonstance déroger à la coutume des Perses en vertu de laquelle les convives devaient boire autant que le roi du festin l’ordonnait.

9. * Vasthi. Voir l’Introduction, p. ---.

12. Vasthi refusa ; fondée sur la loi qui ne permettait pas aux femmes en dignité de se montrer dans les festins.

14. Qui voyaient, etc. ; qui avaient l’honneur de voir le roi, ou qui étaient toujours près de lui. Compar. I Esd. VII, 14.

15. Quelle sentence, etc., est le complément direct de : Il demanda, qui se trouve au vers. 13.

19. De vous ; littér. et par hébraïsme de votre face.

20. Toutes les provinces de votre empire ; littér. et par hypallage, tout l’empire de vos provinces.

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CHAPITRE II

Esther devient l’épouse d’Assuérus. Mardochée découvre la conspiration de deux eunuques.

1 His ita gestis, postquam regis Assuéri indignátio deferbúerat, recordátus est Vasthi, et quæ fecísset, vel quæ passa esset :

1. Ces choses s’étant ainsi passées, après que l’indignation du roi Assuérus se fut calmée, il se souvint de Vasthi, et de ce qu’elle avait fait, et de ce qu’elle avait souffert.

2 dixerúntque púeri regis ac minístri ejus : Quærántur regi puéllæ vírgines ac speciósæ,

2. Alors les serviteurs du roi et ses ministres dirent : Qu’on cherche pour le roi de jeunes filles vierges et belles,

3 et mittántur qui consíderent per univérsas províncias puéllas speciósas et vírgines : et addúcant eas ad civitátem Susan, et tradant eas in domum feminárum sub manu Egéi eunúchi, qui est præpósitus et custos mulíerum regiárum : et accípiant mundum mulíebrem, et cétera ad usus necessária.

3. Et qu’on envoie des gens qui considèrent dans toutes les provinces les jeunes filles vierges et belles, et qu’ils les amènent à la ville de Suse, et les mettent dans la maison des femmes, sous la main d’Égée, l’eunuque, qui est le préposé et le gardien des femmes du roi, et qu’elles prennent une parure de femme, et toutes les autres choses nécessaires à leur usage.

4 Et quæcúmque inter omnes óculis regis placúerit, ipsa regnet pro Vasthi. Plácuit sermo regi : et ita, ut suggésserant, jussit fíeri.

4. Et celle qui entre toutes plaira aux yeux du roi, celle-là régnera à la place de Vasthi. Ce discours plut au roi, et il ordonna qu’on fît comme ils avaient conseillé.

5 Erat vir Judǽus in Susan civitáte, vocábulo Mardochǽus fílius Jaïr, fílii Sémeï, fílii Cis, de stirpe Jémini,

5. Il y avait dans la ville de Suse un homme juif, du nom de Mardochée, fils de Jaïr, fils de Séméï, fils de Cis, de la race de Jemini,

6 qui translátus fúerat de Jerúsalem eo témpore quo Jechoníam regem Juda Nabuchodónosor rex Babylónis transtúlerat,

6. Lequel avait été transféré de Jérusalem dans le temps que Nabuchodonosor, roi de Babylone, y avait transféré Jéchonias, roi de Juda.

7qui fuit nutrítius fíliæ fratris sui Edíssæ, quæ áltero nómine vocabátur Esther, et utrúmque paréntem amíserat : pulchra nimis, et decóra fácie. Mortuísque patre ejus ac matre, Mardochǽus sibi eam adoptávit in fíliam.

7. Il élevait la fille de son frère, Edissa, qui s’appelait d’un autre nom Esther ; et elle avait perdu son père et sa mère ; elle était très belle et d’un visage gracieux. Son père et sa mère morts, Mardochée l’adopta pour sa fille.

8 Cumque percrebruísset regis impérium, et juxta mandátum illíus multæ pulchræ vírgines adduceréntur Susan, et Egéo traderéntur eunúcho, Esther quoque inter céteras puéllas ei trádita est, ut servarétur in número feminárum.

8. Lors donc que l’ordre du roi eut été répandu, et que, selon son commandement, beaucoup de vierges belles étaient amenées à Suse et confiées à Égée l’eunuque, Esther aussi lui fut confiée entre toutes les autres, pour qu’elle fut conservée au nombre des femmes.

9Quæ plácuit ei, et invénit grátiam in conspéctu illíus. Et præcépit eunúcho, ut acceleráret mundum mulíebrem, et tráderet ei partes suas, et septem puéllas speciosíssimas de domo regis, et tam ipsam quam pedíssequas ejus ornáret atque excóleret.

9. Elle lui plut, et elle trouva grâce en sa présence, et il commanda à un autre eunuque de préparer aussitôt une parure de femme, de lui donner ses portions et sept filles très belles de la maison du roi, de la parer et de l’embellir, tant elle-même que ses suivantes.

10 Quæ nóluit indicáre ei pópulum et pátriam suam : Mardochǽus enim præcéperat ei, ut de hac re omníno reticéret :

10. Esther ne voulut pas lui indiquer son peuple et sa patrie, parce que Mardochée lui avait ordonné de garder entièrement le silence sur cela.

11 qui deambulábat quotídie ante vestíbulum domus, in qua eléctæ vírgines servabántur, curam agens salútis Esther, et scire volens quid ei accíderet.

11. Et il se promenait tous les jours devant le vestibule de la maison dans laquelle les vierges choisies étaient gardées, s’inquiétant du salut d’Esther, et voulant savoir ce qui lui arriverait.

12 Cum autem venísset tempus singulárum per órdinem puellárum ut intrárent ad regem, explétis ómnibus quæ ad cultum mulíebrem pertinébant, mensis duodécimus vertebátur : ita dumtáxat, ut sex ménsibus óleo ungeréntur mýrrhino, et áliis sex quibúsdam pigméntis et aromátibus uteréntur.

12. Or, lorsqu’était venu le temps de chacune des filles d’entrer selon son rang auprès du roi, et que tout ce qui concernait la parure était achevé, le douzième mois avait fait sa révolution : en sorte que pendant six mois elles s’oignaient d’huile de myrrhe, et pendant six autres mois, elles faisaient usage de parfums et d’aromates.

13 Ingredientésque ad regem, quidquid postulássent ad ornátum pértinens, accipiébant : et ut eis placúerat, compósitæ de triclínio feminárum ad regis cubículum transíbant.

13. Et lorsqu’elles devaient entrer auprès du roi, tout ce qu’elles demandaient concernant la parure, elles le recevaient, et parées à leur gré, elles passaient de la salle à manger des femmes dans la chambre du roi.

14 Et quæ intráverat véspere, egrediebátur mane, atque inde in secúndas ædes deducebátur, quæ sub manu Suságazi eunúchi erant, qui concubínis regis præsidébat : nec habébat potestátem ad regem ultra redeúndi, nisi voluísset rex, et eam veníre jussísset ex nómine.

14. Or celle qui était entrée le soir sortait le matin, et de là elle était conduite dans un autre appartement qui était sous la main de Susagazi, eunuque, lequel avait la garde des femmes du second rang ; et elle n’avait pas le pouvoir de revenir encore auprès du roi, à moins que le roi ne le voulût, et n’eût commandé qu’elle vînt, en l’appelant par son nom.

15 Evolúto autem témpore per órdinem, instábat dies quo Esther fília Abíhail fratris Mardochǽi, quam sibi adoptáverat in fíliam, debéret intráre ad regem. Quæ non quæsívit mulíebrem cultum, sed quæcúmque vóluit Egéus eunúchus custos vírginum, hæc ei ad ornátum dedit. Erat enim formósa valde, et incredíbili pulchritúdine : ómnium óculis gratiósa et amábilis videbátur.

15. Or, quelque temps s’étant écoulé, le jour approchait où, selon son rang, Esther, fille d’Abihaïl, frère de Mardochée, que Mardochée avait adoptée pour sa fille, devait entrer auprès du roi. Elle ne demanda pas d’ornement extraordinaire de femme ; mais Égée, l’eunuque, gardien des vierges, lui donna tout ce qu’il voulut pour sa parure : car elle était très bien faite, et d’une incroyable beauté ; et elle paraissait gracieuse et aimable aux yeux de tous.

16 Ducta est ítaque ad cubículum regis Assuéri mense décimo, qui vocátur Tebeth, séptimo anno regni ejus.

16. Elle fut donc amenée dans la chambre du roi Assuérus, au dixième mois, qui est appelé Tebeth, la septième année de son règne.

17 Et adamávit eam rex plus quam omnes mulíeres, habuítque grátiam et misericórdiam coram eo super omnes mulíeres : et pósuit diadéma regni in cápite ejus, fecítque eam regnáre in loco Vasthi.

17. Or le roi l’aima plus que toutes les autres femmes, et elle trouva grâce et bienveillance devant lui au-dessus de toutes les femmes, et il mit le diadème royal sur sa tête, et la fît régner à la place de Vasthi.

18 Et jussit convívium præparári permagníficum cunctis princípibus et servis suis pro conjunctióne et núptiis Esther. Et dedit réquiem univérsis provínciis, ac dona largítus est juxta magnificéntiam principálem.

18. Et il commanda qu’on préparât un festin très magnifique à tous les princes et à tous ses serviteurs pour le mariage et les noces d’Esther. Il donna aussi du repos aux peuples de ses provinces, et il fit des largesses avec la magnificence d’un prince.

19 Cumque secúndo quæreréntur vírgines et congregaréntur, Mardochǽus manébat ad jánuam regis :

19. Et lorsque, pour la seconde fois, on cherchait des vierges, et qu’on les rassemblait, Mardochée demeurait à la porte du roi.

20 necdum prodíderat Esther pátriam et pópulum suum, juxta mandátum ejus. Quidquid enim ille præcipiébat, observábat Esther : et ita cuncta faciébat ut eo témpore sólita erat, quo eam párvulam nutriébat.

20. Esther n’avait point fait encore connaitre sa patrie et son peuple, selon l’ordre de Mardochée ; car tout ce qu’il commandait, Esther l’observait, et elle faisait toutes choses comme elle avait coutume lorsqu’il l’élevait petite enfant.

21 Eo ígitur témpore, quo Mardochǽus ad regis jánuam morabátur, iráti sunt Bágathan et Thares duo eunúchi regis, qui janitóres erant, et in primo palátii límine præsidébant : voluerúntque insúrgere in regem, et occídere eum.

21. Dans le temps donc que Mardochée demeurait à la porte du roi, Bagathan et Tharés, deux eunuques du roi qui étaient portiers, et gardaient la première entrée du palais, furent irrités, et voulurent s’insurger contre le roi et le tuer.

22 Quod Mardochǽum non látuit, statímque nuntiávit regínæ Esther : et illa regi ex nómine Mardochǽi, qui ad se rem detúlerat.

22. Cela ne fut pas ignoré de Mardochée, qui l’annonça aussitôt à la reine Esther, et celle-ci au roi, au nom de Mardochée, qui lui avait déféré la chose.

23 Quæsítum est, et invéntum : et appénsus est utérque eórum in patíbulo. Mandatúmque est históriis, et annálibus tráditum coram rege.

23. On chercha et on découvrit le complot, et l’un et l’autre furent pendus à une potence. Or cela fut écrit dans les histoires et inséré dans les annales devant le roi.

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CHAP. II. 5. Infra. XI, 2. — 6. IV Reg. XXIV, 15 ; Infra. XI, 4.

 

5. * Mardochée,à l’époque où commence notre histoire, était déjà très âgé, selon plusieurs interprètes, qui entendent II, 5-6, en ce sens qu’il avait été transporté de Jérusalem du temps de Jéchonias, c’est-à-dire en 599 ; il aurait eu ainsi alors plus de 120 ans. Mais il est plus naturel de rapporter le verset 6, lequel avait été transféré, à Cis, son arrière grand-père. Son nom de Mardochée, qui est babylonien et non palestinien, semble indiquer qu’il était né en Babylonie.

7. * Esther. Sur le nom d’Esther, voir l’Introduction, p. ---.

9. Ses portions ; c’est-à-dire tout ce qui concernait sa nourriture, sa table, ou bien, selon d’autres interprètes, tout ce qu’il était convenable de lui donner selon son rang.

16. Le dixième mois commençait à la nouvelle lune de septembre.

17. Et la fît régner, etc. On objecte que suivant Hérodote, après la mort du mage Smerdis, il fut arrêté solennellement que le roi ne pourrait prendre de femme que dans la maison des sept prétendants au trône. On objecte encore qu’il n’est nullement probable qu’Assuérus ait voulu choisir pour reine une femme juive. Mais d’abord est-il bien sûr que l’obligation de n’épouser qu’une femme appartenant à la maison des sept prétendants ne regardait pas uniquement le successeur de Smerdis ? Il n’est pas plus sûr que, lors même que la convention eût été générale et sans restriction, les princes qui vinrent après lui la crurent obligatoire pour eux et consentirent à s’y soumettre. Enfin on sait que les souverains d’Asie, entièrement plongés dans la volupté, ne consultaient que leurs passions et que, par conséquent, ils ne pouvaient être qu’indifférents sur leur famille et leur religion. Cette considération explique encore comment Assuérus a pu épouser une Juive, d’autant plus qu’Esther cherchait elle-même à cacher son extraction, ainsi que le lui avait prescrit Mardochée, son oncle (vers. 20).

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Et 3

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CHAPITRE III

Élévation d’Aman. Sa haine contre Mardochée. Il obtient un édit du roi pour faire mourir tous les Juifs, sujets d’Assuérus.

1 Post hæc rex Assuérus exaltávit Aman fílium Amádathi, qui erat de stirpe Agag : et pósuit sólium ejus super omnes príncipes quos habébat.

1. Après cela, le roi Assuérus éleva Aman, fils d’Amadathi, qui était de la race d’Agag ; et il mit son trône au-dessus de tous les princes qu’il avait auprès de lui.

2 Cunctíque servi regis, qui in fóribus palátii versabántur, flectébant génua, et adorábant Aman : sic enim præcéperat eis imperátor : solus Mardochǽus non flectébat genu, neque adorábat eum.

2. Et tous les serviteurs du roi qui étaient à la porte du palais, fléchissaient les genoux et adoraient Aman ; ainsi, en effet, leur avait ordonné le souverain. Le seul Mardochée ne fléchissait point le genou devant lui et ne l’adorait point.

3 Cui dixérunt púeri regis, qui ad fores palátii præsidébant : Cur præter céteros non obsérvas mandátum regis ?

3. Les serviteurs du roi qui gardaient la porte du palais, lui dirent : Pourquoi n’observes-tu pas comme les autres l’ordre du roi ?

4 Cumque hoc crébrius dícerent, et ille nollet audíre, nuntiavérunt Aman, scire cupiéntes utrum perseveráret in senténtia : díxerat enim eis se esse Judǽum.

4. Et comme ils le lui disaient très souvent, et que lui ne les écoutait pas, ils en avertirent Aman, désirant savoir s’il persisterait dans sa résolution, car il leur avait dit qu’il était Juif.

5 Quod cum audísset Aman, et experiménto probásset quod Mardochǽus non flécteret sibi genu, nec se adoráret, irátus est valde,

5. Lorsqu’Aman l’eut appris, et que, par expérience, il eut reconnu que Mardochée ne fléchissait point le genou devant lui et ne l’adorait point, il fut très irrité.

6 et pro níhilo duxit in unum Mardochǽum míttere manus suas : audíerat enim quod esset gentis Judǽæ ; magísque vóluit omnem Judæórum, qui erant in regno Assuéri, pérdere natiónem.

6. Et il compta pour rien de porter ses mains sur le seul Mardochée ; car il avait appris qu’il était de la nation juive, et il aima mieux perdre toute la nation des Juifs qui étaient dans le royaume d’Assuérus.

7 Mense primo (cujus vocábulum est Nisan), anno duodécimo regni Assuéri, missa est sors in urnam, quæ hebráice dícitur phur, coram Aman, quo die et quo mense gens Judæórum debéret intérfici : et exívit mensis duodécimus, qui vocátur Adar.

7. Au premier mois (dont le nom est Nisan), la douzième année du règne d’Assuérus, le sort qui en hébreu se dit phur, fut jeté dans l’urne devant Aman, auquel jour et auquel mois la nation des Juifs devait être exterminée ; et le douzième mois, qui est appelé Adar, sortit.

8 Dixítque Aman regi Assuéro : Est pópulus per omnes províncias regni tui dispérsus, et a se mútuo separátus, novis utens légibus et cæremóniis, ínsuper et regis scita contémnens : et óptime nosti quod non expédiat regno tuo ut insoléscat per licéntiam.

8. Et Aman dit au roi Assuérus : Il y a un peuple dispersé dans toutes les provinces de votre royaume, divisé lui-même, ayant des lois et des cérémonies nouvelles, et de plus méprisant les décrets du roi. Or vous savez très bien qu’il importe à votre royaume qu’il ne devienne pas plus insolent par la licence.

9 Si tibi placet, decérne, ut péreat, et decem míllia talentórum appéndam arcáriis gazæ tuæ.

9. S’il vous plaît ainsi, décrétez qu’il périsse, et je pèserai dix mille talents aux trésoriers de votre épargne.

10 Tulit ergo rex ánnulum, quo utebátur, de manu sua, et dedit eum Aman fílio Amádathi de progénie Agag, hosti Judæórum,

10. Le roi tira donc de sa main l’anneau dont il se servait, et le donna à Aman, fils d’Amadathi, de la race d’Agag, ennemi des Juifs,

11 dixítque ad eum : Argéntum, quod tu pollicéris, tuum sit ; de pópulo age quod tibi placet.

11. Et lui dit : Que l’argent que tu promets soit pour toi ; fais de ce peuple ce qui te plaira.

12 Vocatíque sunt scribæ regis mense primo Nisan, tertiadécima die ejúsdem mensis : et scriptum est, ut jússerat Aman, ad omnes satrápas regis, et júdices provinciárum, diversarúmque géntium, ut quæque gens légere póterat et audíre pro varietáte linguárum ex nómine regis Assuéri : et lítteræ signátæ ipsíus ánnulo

12. Et les scribes du roi furent appelés en Nisan, premier mois, le treizième jour du même mois, et l’on écrivit, au nom du roi Assuérus, comme l’avait commandé Aman, à tous les satrapes du roi, aux juges des provinces et des diverses nations, avec une variété de langage telle que chaque nation pouvait lire et entendre ; et les lettres, scellées de l’anneau du roi,

13 missæ sunt per cursóres regis ad univérsas províncias, ut occíderent atque delérent omnes Judǽos, a púero usque ad senem, párvulos et mulíeres, uno die, hoc est tertiodécimo mensis duodécimi, qui vocátur Adar ; et bona eórum diríperent.

13. Furent envoyées par les courriers du roi à toutes les provinces, afin qu’on tuât et qu’on exterminât tous les Juifs, depuis l’enfant jusqu’au vieillard, les petits enfants et les femmes, en un seul jour, c’est-à-dire le treizième jour du douzième mois qui est appelé Adar, et que leurs biens fussent pillés.

14 Summa autem epistolárum hæc fuit, ut omnes provínciæ scirent, et parárent se ad prædíctam diem.

14. Or la substance des lettres était que toutes les provinces sussent son intention, et se préparassent pour le susdit jour.

15 Festinábant cursóres, qui missi erant, regis impérium explére. Statímque in Susan pepéndit edíctum, rege et Aman celebránte convívium, et cunctis Judǽis, qui in urbe erant, fléntibus.

15. Les courriers qui avaient été envoyés se hâtaient de remplir l’ordre du roi. Et aussitôt l’édit fut affiché dans Suse, le roi et Aman célébrant un festin, et tous les Juifs qui étaient dans la ville pleurant.

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CHAP. III.

 

1. * Aman.Quelque temps après l’élévation d’Esther à la dignité de reine et le service rendu au roi par Mardochée, Assuérus choisit pour premier ministre un Mède nommé Aman, originaire de la province d’Agag. « On a longtemps cru que Haman, fils d’Hamadâtha, dont le nom a reçu une si triste célébrité, était Amalékite, car l’un des rois d’Amalec s’appelait Agag. Et puisque déjà dans l’antiquité les noms d’Ésaü, d’Amalec, étaient pris comme les désignations des païens d’Europe, les Septante traduisent l’hébreu Agagi par Μακεδών, le Macédonien. Néanmoins, le nom de Haman, ainsi que celui de son père, trahit une origine médo-perse. Nous savons maintenant, par les inscriptions de Khorsabad, que le pays d’Agag composait réellement une partie de la Médie. Or, voilà donc une nouvelle circonstance qui montre, jusque dans ses moindres détails, la valeur historique du livre d’Esther. » (Oppert.) — On voit par là que l’objection faite contre Est., XVI, 10, et tirée de ce que, dans ce passage, Aman est qualifié de Macédonien, est sans valeur. Ce passage ne contredit pas, comme on le prétendait, III, 1, 10 ; VIII, 3 ; IX, 6, 24. Le mot de Macédonien, dans le ch. XVI, vient de ce que les traducteurs grecs, d’après lesquels a été faite la version de ce ch. XVI, ont rendu à tort, ici comme IX, 23 (24), le mot Agagites par Macédonien.

2. * Le seul Mardochée ne fléchissait point le genou, sans doute parce qu’il considérait cette prostration comme un acte d’idolâtrie. Les Spartiates refusèrent de rendre à Xerxès un hommage semblable.

7. Le mois de Nisan commençait à la nouvelle lune de mars, et le mois d’Adar, à la nouvelle lune de février. — Phur ; mot persan qui a été adopté par les Hébreux. Compar., IX, 24. — On tirait douze sorts, pour les douze mois de l’année.

9. Je pèserai ; c’est-à-dire je donnerai le poids, je payerai. — Dix mille talents. Si c’étaient les talents d’argent des Hébreux, ils feraient environ 44 000 000 Fr. (en 1902) ; mais s’il s’agissait des talents babyloniens, les dix mille donneraient tout au plus 21 000 000 (en 1902). Quoi qu’il en soit, Aman espérait recueillir de la confiscation des Juifs mis à mort la somme qu’il promettait.

10. * L’anneau. Il lui donnait ainsi tout pouvoir.

13. * Le treizième jour du douzième mois. Onze mois devaient donc s’écouler entre la date du décret et son exécution. On a trouvé ce délai invraisemblable, mais l’explication nous en est fournie par le texte lui-même. Les Perses consultaient le sort dans les affaires graves ; le sort, en cette circonstance, ayant indiqué le douzième mois, appelé Adar, il était nécessaire d’attendre cette date. — Aman fait porter l’ordre par des courriers dans tout le royaume. Ces courriers avaient été institués par Cyrus.

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Et 4

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CHAPITRE IV

Consternation des Juifs. Mardochée instruit Esther de ce qui se passait. Elle se dispose à aller trouver le roi.

1 Quæ cum audísset Mardochǽus, scidit vestiménta sua, et indútus est sacco, spargens cínerem cápiti : et in platéa médiæ civitátis voce magna clamábat, osténdens amaritúdinem ánimi sui,

1. Lorsque Mardochée eut appris cela, il déchira ses vêtements, et se revêtit d’un sac, répandant de la cendre sur sa tête ; et sur la place du milieu de la ville il criait d’une voix forte, témoignant l’amertume de son âme,

2 et hoc ejulátu usque ad fores palátii grádiens. Non enim erat lícitum indútum sacco aulam regis intráre.

2. Et au milieu de ces lamentations, s’avançant jusqu’à la porte du palais : car il n’était pas permis d’entrer revêtu d’un sac dans le palais du roi.

3 In ómnibus quoque provínciis, óppidis, ac locis, ad quæ crudéle regis dogma pervénerat, planctus ingens erat apud Judǽos, jejúnium, ululátus, et fletus, sacco et cínere multis pro strato uténtibus.

3. Dans toutes les provinces aussi, dans les villes et dans les lieux dans lesquels l’édit cruel du roi était parvenu, il y avait parmi les Juifs un grand deuil, un jeûne, des cris déchirants, beaucoup se servant de sac et de cendre au lieu de lit.

4 Ingréssæ autem sunt puéllæ Esther et eunúchi, nuntiaverúntque ei. Quod áudiens consternáta est, et vestem misit, ut abláto sacco indúerent eum : quam accípere nóluit.

4. Or les jeunes filles d’Esther et les eunuques entrèrent, et le lui annoncèrent. En l’apprenant, elle fut consternée, et elle envoya un habit à Mardochée, afin qu’on lui ôtât son sac et qu’on le revêtît de cet habit ; il ne voulut point le recevoir.

5 Accitóque Athach eunúcho, quem rex minístrum ei déderat, præcépit ei ut iret ad Mardochǽum, et dísceret ab eo cur hoc fáceret.

5. Alors, ayant fait venir Athach, l’eunuque que le roi lui avait donné pour serviteur, elle lui ordonna d’aller vers Mardochée et d’apprendre de lui pourquoi il faisait cela.

6 Egressúsque Athach, ivit ad Mardochǽum stantem in platéa civitátis, ante óstium palátii :

6. Or Athach, étant sorti, alla vers Mardochée, qui se tenait sur la place de la ville, devant la porte du palais.

7 qui indicávit ei ómnia quæ accíderant : quómodo Aman promisísset ut in thesáuros regis pro Judæórum nece inférret argéntum.

7. Mardochée lui apprit tout ce qui était arrivé, de quelle manière Aman avait promis de porter de l’argent dans les trésors du roi par le moyen du massacre des Juifs.

8 Exémplar quoque edícti, quod pendébat in Susan, dedit ei, ut regínæ osténderet, et monéret eam ut intráret ad regem et deprecarétur eum pro pópulo suo.

8. Il lui donna aussi un exemplaire de l’édit qui était affiché dans Suse, afin qu’il le montrât à la reine, et qu’il l’avertît d’entrer chez le roi et de le prier pour son peuple.

9 Regréssus Athach, nuntiávit Esther ómnia quæ Mardochǽus díxerat.

9. Étant revenu, Athach annonça à Esther tout ce que Mardochée lui avait dit.

10 Quæ respóndit ei, et jussit ut díceret Mardochǽo :

10. Esther lui répondit, et lui commanda de dire à Mardochée :

11 Omnes servi regis, et cunctæ, quæ sub ditióne ejus sunt, norunt provínciæ, quod sive vir, sive múlier non vocátus, intérius átrium regis intráverit, absque ulla cunctatióne statim interficiátur : nisi forte rex áuream virgam ad eum teténderit pro signo cleméntiæ, atque ita possit vívere. Ego ígitur quómodo ad regem intráre pótero, quæ trigínta jam diébus non sum vocáta ad eum ?

11. Tous les serviteurs du roi et toutes les provinces qui sont sous sa domination, savent que si un homme ou une femme, qui n’a pas été appelé, entre dans le vestibule intérieur du roi, il est sans aucun délai tué sur-le-champ, à moins que le roi ne tende son sceptre d’or vers lui en signe de clémence, et qu’ainsi il puisse vivre. Comment donc moi pourrai-je entrer vers le roi, moi qui, depuis déjà trente jours, n’ai pas été appelée auprès de lui ?

12 Quod cum audísset Mardochǽus,

12. Ce qu’ayant entendu, Mardochée

13 rursum mandávit Esther, dicens : Ne putes quod ánimam tuam tantum líberes, quia in domo regis es præ cunctis Judǽis :

13. Manda de nouveau à Esther, disant : Ne pensez pas, parce que vous êtes dans la maison du roi, que vous sauverez seule votre vie, plutôt que tous les autres Juifs ;

14 si enim nunc silúeris, per áliam occasiónem liberabúntur Judǽi : et tu, et domus patris tui, períbitis. Et quis novit utrum idcírco ad regnum véneris, ut in tali témpore pararéris ?

14. Car, si maintenant vous gardez le silence, les Juifs seront délivrés par un autre moyen, et vous, et la maison de votre père, vous périrez. Et qui sait si vous n’êtes point parvenue à la dignité royale uniquement afin que vous fussiez préparée pour un pareil temps ?

15 Rursúmque Esther hæc Mardochǽo verba mandávit :

15. Et Esther manda de nouveau à Mardochée ces mots :

16 Vade, et cóngrega omnes Judǽos quos in Susan repéreris, et oráte pro me. Non comedátis et non bibátis tribus diébus et tribus nóctibus : et ego cum ancíllis meis simíliter jejunábo, et tunc ingrédiar ad regem contra legem fáciens, non vocáta, tradénsque me morti et perículo.

16. Allez et assemblez tous les Juifs que vous trouverez dans Suse, et priez pour moi. Ne mangez et ne buvez point durant trois jours et trois nuits ; et moi, je jeunerai également avec mes filles, et alors j’entrerai auprès du roi, agissant contre la loi, n’ayant pas été appelée, et m’abandonnant à la mort et au péril.

17 Ivit ítaque Mardochǽus, et fecit ómnia quæ ei Esther præcéperat.

17. C’est pourquoi Mardochée alla, et fit tout ce qu’Esther lui avait ordonné.

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CHAP. IV.

 

4. Les jeunes filles ; les filles attachées au service.

11. Le vestibule, etc. ; c’est-à-dire le vestibule qui précédait immédiatement la chambre où était le roi.

13. Plutôt que tous les autres Juifs ; c’est-à-dire à l’exclusion de tous les autres Juifs, si tous les Juifs périssent.

16. Trois jours et trois nuits. Cela doit s’entendre d’une partie de deux nuits et d’un jour entier ; puisqu’Esther mangea avec le roi, avant même que le troisième jour fût passé (V, l). Compar. Matth. XII, 40. — À la mort et au péril ; hébraïsme, pour au péril de la mort.

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Et 5

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CHAPITRE V

Esther se présente devant Assuérus, et le prie de venir au festin qu’elle lui a préparé. Aman prend la résolution de faire pendre Mardochée.

1 Die autem tértio indúta est Esther regálibus vestiméntis, et stetit in átrio domus régiæ, quod erat intérius, contra basílicam regis : at ille sedébat super sólium suum in consistório palátii contra óstium domus.

1. Or, le troisième jour, Esther se revêtit de vêtements royaux et se présenta dans le vestibule de la maison du roi, lequel était intérieur, contre la chambre du roi : or il était assis sur son trône, dans la chambre du conseil du palais, contre la porte de la maison.

2 Cumque vidísset Esther regínam stantem, plácuit óculis ejus, et exténdit contra eam virgam áuream, quam tenébat manu : quæ accédens, osculáta est summitátem virgæ ejus.

2. Et lorsqu’il vit la reine Esther devant lui, elle plut à ses yeux, et il étendit vers elle le sceptre d’or qu’il avait à la main. Esther, s’approchant, baisa le bout de son sceptre.

3 Dixítque ad eam rex : Quid vis, Esther regína ? quæ est petítio tua ? étiam si dimídiam partem regni petíeris, dábitur tibi.

3. Et le roi lui dit : Que voulez-vous, reine Esther ? Quelle est votre demande ? Quand vous me demanderiez la moitié de mon royaume, elle vous serait donnée.

4 At illa respóndit : Si regi placet, óbsecro ut vénias ad me hódie, et Aman tecum, ad convívium quod parávi.

4. Mais elle répondit : S’il plaît au roi, je vous conjure de venir, et Aman avec vous, au festin que j’ai préparé.

5 Statímque rex : Vocáte, inquit, cito Aman ut Esther obédiat voluntáti. Venérunt ítaque rex et Aman ad convívium, quod eis regína paráverat.

5. Et aussitôt le roi : Appelez vite Aman, dit-il, afin qu’il obéisse à la volonté d’Esther. C’est pourquoi le roi et Aman vinrent au festin que la reine leur avait préparé.

6 Dixítque ei rex, postquam vinum bíberat abundánter : Quid petis ut detur tibi ? et pro qua re póstulas ? étiam si dimídiam partem regni mei petíeris, impetrábis.

6. Or le roi lui dit, après qu’il eut bu abondamment : Que désirez-vous que je vous donne, et que demandez-vous ? Quand vous me demanderiez la moitié de mon royaume, vous l’obtiendriez.

7 Cui respóndit Esther : Petítio mea, et preces sunt istæ :

7. Esther lui répondit : Voici ma demande et mes prières :

8 si invéni in conspéctu regis grátiam, et si regi placet ut det mihi quod póstulo, et meam ímpleat petitiónem : véniat rex et Aman ad convívium quod parávi eis, et cras apériam regi voluntátem meam.

8. Si j’ai trouvé grâce en présence du roi, et s’il plaît au roi de me donner ce que je demande, et de remplir mon désir, que le roi vienne et Aman au festin que je leur ai préparé, et demain je découvrirai ma volonté au roi.

9 Egréssus est ítaque illo die Aman lætus et álacer. Cumque vidísset Mardochǽum sedéntem ante fores palátii, et non solum non assurrexísse sibi, sed nec motum quidem de loco sessiónis suæ, indignátus est valde :

9. Aman sortit donc, ce jour-là, joyeux et dispos. Mais, lorsqu’il eut vu Mardochée assis devant la porte du palais, et que non seulement il ne s’était pas levé pour lui, mais qu’il ne s’était pas même remué de la place où il était assis, il fut fort indigné ;

10 et dissimuláta ira revérsus in domum suam, convocávit ad se amícos suos, et Zares uxórem suam,

10. Et dissimulant sa colère, il retourna à sa maison, et réunit auprès de lui ses amis et Zarés, sa femme.

11 et expósuit illis magnitúdinem divitiárum suárum, filiorúmque turbam, et quanta eum glória super omnes príncipes et servos suos rex elevásset.

11. Or il leur exposa la grandeur de ses richesses, le grand nombre de ses enfants, et à quelle grande gloire le roi l’avait élevé au-dessus de tous les grands de la cour et de ses serviteurs.

12 Et post hæc ait : Regína quoque Esther nullum álium vocávit ad convívium cum rege præter me : apud quam étiam cras cum rege pransúrus sum.

12. Et après cela il dit : La reine Esther aussi n’a appelé nul autre au festin avec le roi, hors moi : et c’est chez elle qu’encore demain je dois dîner avec le roi.

13 Et cum hæc ómnia hábeam, nihil me habére puto, quámdiu vídero Mardochǽum Judǽum sedéntem ante fores régias.

13. Et quoique j’aie tous ces avantages, je crois que je n’ai rien, tant que je verrai Mardochée, le Juif, assis devant la porte du roi.

14 Responderúntque ei Zares uxor ejus, et céteri amíci : Jube parári excélsam trabem, habéntem altitúdinis quinquagínta cúbitos, et dic mane regi ut appendátur super eam Mardochǽus, et sic ibis cum rege lætus ad convívium. Plácuit ei consílium, et jussit excélsam parári crucem.

14. Or Zarés, sa femme, et tous les autres, ses amis, lui dirent : Commande qu’on prépare une potence fort élevée, ayant cinquante coudées de hauteur, et dis dès le matin au roi qu’on y suspende Mardochée, et c’est ainsi que, joyeux, tu iras avec le roi au festin. Ce conseil lui plut, et il commanda qu’on préparât une croix fort élevée.

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CHAP. V.

 

4. Le vestibule, etc. Voy. IV, 11.

14. Une croix. Le texte hébreu porte, la croix, avec l’article déterminatif, parce que le mot croix est virtuellement renfermé dans le terme générique potence qui précède.

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Et 6

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CHAPITRE VI

Honneurs rendus à Mardochée. Confusion d’Aman.

1 Noctem illam duxit rex insómnem, jussítque sibi afférri histórias et annáles priórum témporum. Quæ cum illo præsénte legeréntur,

1. Le roi passa cette nuit sans dormir, et il commanda qu’on lui apportât les histoires et les annales des temps antérieurs. Et comme on les lisait, lui présent,

2 ventum est ad illum locum ubi scriptum erat quómodo nuntiásset Mardochǽus insídias Bágathan et Thares eunuchórum, regem Assuérum juguláre cupiéntium.

2. On vint à cet endroit où était écrit de quelle manière Mardochée avait dénoncé les embuches de Bagathan et de Tharés, eunuques qui avaient voulu égorger le roi Assuérus.

3 Quod cum audísset rex, ait : Quid pro hac fide honóris ac prǽmii Mardochǽus consecútus est ? Dixérunt ei servi illíus ac minístri : Nihil omníno mercédis accépit.

3. Ce que le roi ayant entendu, il demanda : Quel honneur et quelle récompense Mardochée a-t-il obtenus pour cette fidélité ? Ses serviteurs et ses ministres répondirent : Il n’a reçu absolument aucune récompense.

4 Statímque rex : Quis est, inquit, in átrio ? Aman quippe intérius átrium domus régiæ intráverat, ut suggéreret regi, et jubéret Mardochǽum affígi patíbulo, quod ei fúerat præparátum.

4. Et aussitôt le roi : Qui est, dit-il, dans le vestibule ? Or Aman était entré dans le vestibule intérieur de la maison du roi, pour lui conseiller de commander que Mardochée fût attaché à la potence qui lui avait été préparée.

5 Respondérunt púeri : Aman stat in átrio. Dixítque rex : Ingrediátur.

5. Les serviteurs répondirent : C’est Aman qui est dans le vestibule. Le roi reprit : Qu’il entre.

6 Cumque esset ingréssus, ait illi : Quid debet fíeri viro, quem rex honoráre desíderat ? Cógitans autem in corde suo Aman, et réputans quod nullum álium rex, nisi se, vellet honoráre,

6. Et lorsqu’il fut entré, le roi lui demanda : Que doit-on faire à l’homme que le roi désire honorer ? Or Aman, pensant en son cœur et

7 respóndit : Homo, quem rex honoráre cupit,

s’imaginant que le roi ne voulait point honorer un autre que lui, 7. Répondit : Un homme que le roi désire honorer

8 debet índui véstibus régiis, et impóni super equum, qui de sella regis est, et accípere régium diadéma super caput suum :

8. Doit être revêtu des vêtements royaux, et être placé sur un cheval que le roi monte, et recevoir un diadème royal sur sa tête,

9 et primus de régiis princípibus ac tyránnis téneat equum ejus, et per platéam civitátis incédens clamet, et dicat : Sic honorábitur, quemcúmque volúerit rex honoráre.

9. Et que le premier des princes royaux des grands de la cour tienne son cheval, et que, marchant par la place de la ville, il crie et dise : Ainsi sera honoré celui que le roi voudra honorer.

10 Dixítque ei rex : Festína, et sumpta stola et equo, fac, ut locútus es, Mardochǽo Judǽo, qui sedet ante fores palátii. Cave ne quidquam de his, quæ locútus es, prætermíttas.

10. Or le roi lui dit : Hâte-toi, prends la robe et le cheval, et fais comme tu as dit à Mardochée, le Juif qui est assis devant la porte du palais. Prends bien garde de ne rien omettre de ce que tu as dit.

11 Tulit ítaque Aman stolam et equum, indutúmque Mardochǽum in platéa civitátis, et impósitum equo præcedébat, atque clamábat : Hoc honóre condígnus est, quemcúmque rex volúerit honoráre.

11. C’est pourquoi Aman prit la robe et le cheval, et, en ayant revêtu Mardochée dans la place de la ville, et l’ayant mis à cheval, il le précédait et criait : Il est digne de cet honneur, celui que le roi veut honorer.

12 Reversúsque est Mardochǽus ad jánuam palátii : et Aman festinávit ire in domum suam, lugens et opérto cápite :

12. Et Mardochée revint à la porte du palais ; et Aman se hâta d’aller en sa maison, triste, et la tête couverte.

13 narravítque Zares uxóri suæ, et amícis, ómnia quæ eveníssent sibi. Cui respondérunt sapiéntes quos habébat in consílio, et uxor ejus : Si de sémine Judæórum est Mardochǽus, ante quem cádere cœpísti, non póteris ei resístere, sed cades in conspéctu ejus.

13. Or il raconta à Zarés, sa femme, et à ses amis tout ce qui était arrivé. Les sages dont il prenait conseil, et sa femme, lui répondirent : Si c’est de la race des Juifs qu’est Mardochée devant lequel tu as commencé à déchoir, tu ne pourras lui résister, mais tu tomberas devant lui.

14 Adhuc illis loquéntibus, venérunt eunúchi regis, et cito eum ad convívium, quod regína paráverat, pérgere compulérunt.

14. Ceux-ci parlant encore, les eunuques du roi vinrent et le forcèrent à se rendre aussitôt au festin que la reine avait préparé.

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CHAP. VI.

 

8. Que le roi monte ; litter., qui est de la selle du roi.

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Et 7

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CHAPITRE VII

Esther découvre au roi l’entreprise d’Aman. Aman est pendu à la potence qu’il avait fait dresser pour Mardochée.

1 Intrávit ítaque rex et Aman, ut bíberent cum regína.

1. Le roi entra donc, et Aman, pour boire avec la reine.

2 Dixítque ei rex étiam secúnda die, postquam vino incalúerat : Quæ est petítio tua, Esther, ut detur tibi ? et quid vis fíeri ? étiam si dimídiam partem regni mei petíeris, impetrábis.

2. Et le roi dit encore ce second jour, après qu’il eut été échauffé par le vin : Quelle est votre demande, Esther, afin qu’elle vous soit accordée ? et que voulez-vous que l’on fasse ? Quand vous me demanderiez la moitié de mon royaume, vous l’obtiendriez.

3 Ad quem illa respóndit : Si invéni grátiam in óculis tuis o rex, et si tibi placet, dona mihi ánimam meam pro qua rogo, et pópulum meum pro quo óbsecro.

3. Esther lui répondit : Si j’ai trouvé grâce à vos yeux, ô roi, et s’il vous plaît, accordez-moi ma propre vie pour laquelle je vous prie, et mon peuple pour lequel je vous implore.

4 Tráditi enim sumus ego et pópulus meus, ut conterámur, jugulémur, et pereámus. Atque útinam in servos et fámulas venderémur : esset tolerábile malum, et gemens tacérem : nunc autem hostis noster est, cujus crudélitas redúndat in regem.

4. Car nous avons été livrés, moi et mon peuple, pour que nous soyons foulés aux pieds, égorgés, et que nous périssions. Et plût à Dieu qu’on nous vendît comme serviteurs et servantes ; ce serait un mal supportable, et, gémissant, je me tairais ; mais maintenant, nous avons un ennemi dont la cruauté retombe sur le roi.

5 Respondénsque rex Assuérus, ait : Quis est iste, et cujus poténtiæ, ut hæc áudeat fácere ?

5. Or le roi Assuérus, répondant, dit : Qui est celui-là ? et quel est son pouvoir, pour qu’il ose faire ces choses ?

6 Dixítque Esther : Hostis et inimícus noster péssimus iste est Aman. Quod ille áudiens, íllico obstúpuit, vultum regis ac regínæ ferre non sústinens.

6. Alors Esther dit : Notre ennemi et notre adversaire est ce très méchant Aman. Ce que celui-ci entendant, il resta sur le champ tout interdit, ne supportant pas les regards du roi et de la reine.

7 Rex autem irátus surréxit, et de loco convívii intrávit in hortum arbóribus cónsitum. Aman quoque surréxit ut rogáret Esther regínam pro ánima sua : intelléxit enim a rege sibi parátum malum.

7. Or le roi, irrité, se leva, et, sortant du lieu du festin, il entra dans un lieu planté d’arbres. Aman aussi se leva, afin de prier la reine Esther pour sa vie, parce qu’il avait compris que le malheur lui était préparé par le roi.

8 Qui cum revérsus esset de horto nemóribus cónsito, et intrásset convívii locum, réperit Aman super léctulum corruísse in quo jacébat Esther, et ait : Etiam regínam vult opprímere, me præsénte, in domo mea. Necdum verbum de ore regis exíerat, et statim operuérunt fáciem ejus.

8. Lorsque Assuérus fut revenu du jardin planté d’arbres et qu’il fut entré dans le lieu du festin, il trouva qu’Aman s’était jeté sur le lit où était Esther, et il dit : Même à la reine il ose faire violence, moi présent, dans ma maison ? Cette parole n’était pas encore sortie de la bouche du roi, qu’on couvrit aussitôt le visage d’Aman.

9 Dixítque Hárbona, unus de eunúchis, qui stabant in ministério regis : En lignum quod paráverat Mardochǽo, qui locútus est pro rege, stat in domo Aman, habens altitúdinis quinquagínta cúbitos. Cui dixit rex : Appéndite eum in eo.

9. Alors Harbona, l’un des eunuques qui étaient au service du roi, dit : Voilà que le bois qu’il avait préparé à Mardochée, qui a parlé dans l’intérêt du roi, est dans la maison d’Aman ; il a de hauteur cinquante coudées. Le roi lui dit : Pendez-le à ce bois.

10 Suspénsus est ítaque Aman in patíbulo quod paráverat Mardochǽo : et regis ira quiévit.

10. Aman fut donc pendu à la potence qu’il avait préparée à Mardochée, et la colère du roi s’apaisa.

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CHAP. VII. 10. Prov. XXVI, 27 ; XXVIII, 10 ; Ps. VII, 16 ; IX, 16, 23 ; LVI, 7 ; Eccles. X, 8 ; Eccli. XXVII, 29.

 

1. Boire, signifie ici, comme souvent ailleurs, prendre un repas, faire un festin.

8. On couvrit,etc. Comme c’était une coutume assez générale dans l’antiquité de couvrir la tête de ceux qu’on menait ou qu’on destinait au supplice, bien des interprètes pensent que le visage d’Aman, ainsi couvert, était un signe du châtiment qui lui était réservé ; mais d’autres prétendent qu’on voilà le visage d’Aman, parce qu’ayant offensé et irrité le roi, il s’était rendu indigne de le voir.

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Et 8

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CHAPITRE VIII

Élévation de Mardochée. Edit en faveur des Juifs.

1 Die illo dedit rex Assuérus Esther regínæ domum Aman adversárii Judæórum, et Mardochǽus ingréssus est ante fáciem regis. Conféssa est enim ei Esther quod esset pátruus suus.

l. En ce jour-là, le roi Assuérus donna à la reine Esther la maison d’Aman, l’ennemi des Juifs, et Mardochée entra devant la face du roi ; car Esther lui avait avoué qu’il était son oncle.

2 Tulítque rex ánnulum, quem ab Aman récipi jússerat, et trádidit Mardochǽo. Esther autem constítuit Mardochǽum super domum suam.

2. Et le roi prit l’anneau qu’il avait commandé d’ôter à Aman, et il le remit à Mardochée. Or Esther établit Mardochée sur sa maison.

3 Nec his conténta, prócidit ad pedes regis, flevítque, et locúta ad eum orávit ut malítiam Aman Agagítæ, et machinatiónes ejus péssimas quas excogitáverat contra Judǽos, jubéret írritas fíeri.

3. Et non contente de cela, elle se jeta aux pieds du roi, pleura, et, lui parlant, elle le pria de commander que la malice d’Aman, l’Agagites, et ses machinations très mauvaises qu’il avait imaginées contre les Juifs, devinssent impuissantes.

4 At ille ex more sceptrum áureum proténdit manu, quo signum cleméntiæ monstrabátur : illáque consúrgens stetit ante eum,

4. Or le roi, selon la coutume, lui tendit de la main son sceptre d’or, par où se manifestait un signe de clémence ; et la reine, se levant, se tint devant lui,

5 et ait : Si placet regi, et si invéni grátiam in óculis ejus, et deprecátio mea non ei vidétur esse contrária, óbsecro ut novis epístolis, véteres Aman lítteræ, insidiatóris et hostis Judæórum, quibus eos in cunctis regis provínciis períre præcéperat, corrigántur.

5. Et dit : S’il plaît au roi, et si j’ai trouvé grâce à ses yeux, et que ma prière ne lui paraisse pas importune, je demande avec instance que par de nouvelles lettres les anciennes lettres d’Aman, l’insidieux, et l’ennemi des Juifs, par lesquelles il avait ordonné qu’ils périraient dans toutes les provinces du roi, soient révoquées.

6 Quómodo enim pótero sustinére necem et interfectiónem pópuli mei ?

6. Car comment pourrai-je soutenir la mort et le massacre de mon peuple ?

7 Respondítque rex Assuérus Esther regínæ, et Mardochǽo Judǽo : Domum Aman concéssi Esther, et ipsum jussi affígi cruci, quia ausus est manum míttere in Judǽos.

7. Et le roi Assuérus répondit à la reine Esther, et à Mardochée le Juif : J’ai donné à Esther la maison d’Aman, et j’ai commandé que lui fut attaché à la croix, parce qu’il a osé porter la main sur les Juifs.

8 Scríbite ergo Judǽis, sicut vobis placet, regis nómine, signántes lítteras ánnulo meo. Hæc enim consuetúdo erat, ut epístolis, quæ ex regis nómine mittebántur et illíus ánnulo signátæ erant, nemo audéret contradícere.

8. Écrivez donc aux Juifs comme il vous plaît, au nom du roi, scellant les lettres de mon anneau. Car c’était la coutume que nul n’osait s’opposer aux lettres qui étaient envoyées au nom du roi et scellées de son anneau.

9Accitísque scribis et libráriis regis (erat autem tempus tértii mensis, qui appellátur Siban) vigésima et tértia die illíus scriptæ sunt epístolæ, ut Mardochǽus volúerat, ad Judǽos, et ad príncipes, procuratorésque et júdices, qui centum vigínti septem provínciis ab India usque ad Æthiópiam præsidébant : provínciæ atque provínciæ, pópulo et pópulo juxta linguas et lítteras suas, et Judǽis, prout légere póterant et audíre.

9. Les scribes donc et les copistes du roi ayant été mandés (or c’était le temps du troisième mois, qui est appelé Siban), le vingt-troisième jour de ce même mois, les lettres furent écrites, comme Mardochée le voulait, aux Juifs, aux grands, aux gouverneurs et aux juges qui commandaient aux cent vingt-sept provinces du royaume, depuis l’Inde jusqu’à l’Éthiopie, à une province et à une province, à un peuple et à un peuple, suivant leurs langues et les caractères de leur écriture, et aux Juifs, selon qu’ils pouvaient les lire et les comprendre.

10 Ipsǽque epístolæ, quæ regis nómine mittebántur, ánnulo ipsíus obsignátæ sunt, et missæ per veredários : qui per omnes províncias discurréntes, véteres lítteras novis núntiis prævenírent.

10. Ainsi ces lettres, qui étaient envoyées au nom du roi, furent scellées de son anneau, et portées par les courriers, qui courant de différents côtés dans toutes les provinces, prévinrent les anciennes lettres par ces nouveaux messages.

11 Quibus imperávit rex, ut convenírent Judǽos per síngulas civitátes, et in unum præcíperent congregári ut starent pro animábus suis, et omnes inimícos suos cum conjúgibus ac líberis et univérsis dómibus, interfícerent atque delérent, et spólia eórum diríperent.

11. Le roi leur commanda d’aller trouver les Juifs en chaque ville, et de leur ordonner de s’assembler tous, de défendre leur vie, de tuer et de détruire tous leurs ennemis avec leurs femmes, leurs enfants, et toutes leurs maisons, et d’enlever leurs dépouilles.

12 Et constitúta est per omnes províncias una ultiónis dies, id est tertiadécima mensis duodécimi Adar.

12. Et on fixa dans toutes les provinces un jour de vengeance, c’est le treizième jour du douzième mois, Adar.

13 Summáque epístolæ hæc fuit, ut in ómnibus terris ac pópulis qui regis Assuéri subjacébant império, notum fíeret parátos esse Judǽos ad capiéndam vindíctam de hóstibus suis.

13. La substance de la lettre était que dans toutes les contrées, et à tous les peuples qui étaient soumis à l’empire du roi Assuérus, il fût notifié que les Juifs étaient prêts à tirer vengeance de leurs ennemis.

14 Egressíque sunt veredárii céleres núntia perferéntes, et edíctum regis pepéndit in Susan.

14. Les courriers partirent donc en grande hâte, portant la nouvelle, et l’édit du roi fut affiché dans Suse.

15 Mardochǽus autem de palátio et de conspéctu regis egrédiens, fulgébat véstibus régiis, hyacínthinis vidélicet et aériis, corónam áuream portans in cápite, et amíctus sérico pállio atque purpúreo. Omnísque cívitas exultávit atque lætáta est.

15. Or Mardochée, sortant du palais et de la présence du roi, parut dans un grand éclat avec des vêtements royaux, qui étaient de couleur d’hyacinthe et de bleu céleste, portant une couronne d’or sur la tête, et couvert d’un manteau de soie et de pourpre. Et toute la ville fut transportée de joie et se livra à l’allégresse.

16 Judǽis autem nova lux oríri visa est, gáudium, honor, et tripúdium.

16. Quant aux Juifs, il sembla se lever pour eux une nouvelle lumière, la joie, l’honneur et l’allégresse.

17 Apud omnes pópulos, urbes, atque províncias, quocúmque regis jussa veniébant, mira exultátio, épulæ atque convívia, et festus dies : in tantum ut plures altérius gentis et sectæ eórum religióni et cæremóniis jungeréntur. Grandis enim cunctos judáici nóminis terror inváserat.

17. Parmi tous les peuples, les villes et les provinces, partout où les ordres du roi arrivaient, c’étaient des transports de joie, des banquets, des festins et un jour de fête ; tellement que beaucoup de gens d’une autre nation et d’une autre religion embrassèrent leur religion et leurs cérémonies ; car une grande crainte du nom juif avait saisi tous les esprits.

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CHAP. VIII.

 

3. * Agagites, du pays d’Agag. Voir plus haut sur la note III, 1.

9. Le troisième mois, Siban ou Sivan, commençait à la nouvelle lune de mai. — À une province et à une province, hébraïsme, pour à chaque province.

11. De défendre, etc. ; littér. et par hébraïsme, de se tenir debout pour leurs âmes.

12. Du douzième mois, Adar. Voy. III, 7.

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CHAPITRE IX

Les Juifs, suivant l’ordre du roi, tuent tous ceux qui avaient conspiré leur perte. Ils établissent une fête en mémoire de leur délivrance.

1 Igitur duodécimi mensis, quem Adar vocári ante jam díximus, tertiadécima die, quando cunctis Judǽis interféctio parabátur, et hostes eórum inhiábant sánguini, versa vice Judǽi superióres esse cœpérunt, et se de adversáriis vindicáre.

1. Ainsi le treizième jour du douzième mois que nous avons déjà dit s’appeler Adar, quand le massacre des Juifs était préparé, et que leurs ennemis respiraient le sang, les Juifs, au contraire, commencèrent à être les plus forts et à se venger de leurs adversaires,

2 Congregatíque sunt per síngulas civitátes, óppida, et loca, ut exténderent manum contra inimícos, et persecutóres suos. Nullúsque ausus est resístere, eo quod omnes pópulos magnitúdinis eórum formído penetrárat.

2. Et ils s’assemblèrent dans toutes les villes, les bourgs, et d’autres lieux, pour étendre la main contre leurs ennemis et leurs persécuteurs ; et nul n’osa résister, parce que la crainte de leur puissance avait saisi tous les peuples.

3 Nam et provinciárum júdices, et duces, et procuratóres, omnísque dígnitas quæ síngulis locis ac opéribus prǽerat, extollébant Judǽos timóre Mardochǽi,

3. Car et les juges des provinces, et les chefs, et les gouverneurs et tout dignitaire qui était préposé à chaque lieu et à chaque ouvrage, élevaient les Juifs par la crainte de Mardochée.

4 quem príncipem esse palátii, et plúrimum posse cognóverant : fama quoque nóminis ejus crescébat quotídie, et per cunctórum ora volitábat.

4. Qu’on savait être prince du palais, et pouvoir beaucoup : la renommée de son nom aussi croissait tous les jours, et volait dans les bouches de tout le monde.

5 Itaque percussérunt Judǽi inimícos suos plaga magna, et occidérunt eos, reddéntes eis quod sibi paráverant fácere :

5. C’est pourquoi les Juifs frappèrent leurs ennemis d’une grande plaie, et les tuèrent, leur rendant ce qu’ils s’étaient préparés à leur faire à eux-mêmes ;

6 in tantum ut étiam in Susan quingéntos viros interfícerent, extra decem fílios Aman Agagítæ hostis Judæórum : quorum ista sunt nómina :

6. Tellement que même dans Suse, l’Agagites, ennemi des Juifs, dont voici les nom :

7 Pharsándatha, et Delphon, et Esphatha,

7. Pharsandatha, Delphon, Esphatha,

8 et Phóratha, et Adalía, et Arídatha,

8. Phoratha, Adalia, Aridatha, ils tuèrent cinq cents hommes, outre les dix fils d’Aman,

9 et Phermésta, et Arísaï, et Arídaï, et Jézatha.

9. Phermesta, Arisai, Aridai et Jezatha.

10 Quos cum occidíssent, prædas de substántiis eórum tángere noluérunt.

10. Lorsqu’ils les eurent tués, ils ne voulurent pas toucher à leurs biens.

11 Statímque númerus eórum, qui occísi erant in Susan, ad regem relátus est.

11. Et aussitôt le nombre de ceux qui avaient été tués dans Suse fut rapporté au roi,

12 Qui dixit regínæ : In urbe Susan interfecérunt Judǽi quingéntos viros, et álios decem fílios Aman : quantam putas eos exercére cædem in univérsis provínciis ? quid ultra póstulas, et quid vis ut fíeri júbeam ?

12. Qui dit à la reine : Dans la ville de Suse, les Juifs ont tué cinq cents hommes, et de plus les dix fils d’Aman : combien grand pensez-vous qu’est le carnage dans toutes les provinces ? Que demandez-vous de plus, et que voulez-vous que je commande de faire ?

13 Cui illa respóndit : Si regi placet, detur potéstas Judǽis, ut sicut fecérunt hódie in Susan, sic et cras fáciant, et decem fílii Aman in patíbulis suspendántur.

13. Esther lui répondit : S’il plaît au roi que le pouvoir soit donné aux Juifs de faire encore demain dans Suse ce qu’ils ont fait aujourd’hui, et que les dix fils d’Aman soient pendus aux potences.

14 Præcepítque rex ut ita fíeret. Statímque in Susan pepéndit edíctum, et decem fílii Aman suspénsi sunt.

14. Et le roi ordonna qu’il fût fait ainsi. Et aussitôt l’édit fut affiché dans Suse, et les dix fils d’Aman furent pendus.

15 Congregátis Judǽis quartadécima die mensis Adar, interfécti sunt in Susan trecénti viri : nec eórum ab illis dirépta substántia est.

15. Les Juifs s’étant assemblés le quatorzième jour du mois d’Adar, tuèrent trois cents hommes dans Suse, mais ils n’enlevèrent pas leur bien.

16 Sed et per omnes províncias quæ ditióni regis subjacébant, pro animábus suis stetérunt Judǽi, interféctis hóstibus ac persecutóribus suis : in tantum ut septuagínta quinque míllia occisórum impleréntur, et nullus de substántiis eórum quidquam contíngeret.

16. Et dans toutes les provinces qui étaient sous la domination du roi, les Juifs défendirent leur vie, et tuèrent leurs ennemis et leurs persécuteurs ; tellement qu’il y en eut jusqu’à soixante-quinze mille de tués ; mais nul Juif ne toucha à rien de leurs biens.

17 Dies autem tertiusdécimus mensis Adar primus apud omnes interfectiónis fuit, et quartadécima die cǽdere desiérunt. Quem constituérunt esse solémnem, ut in eo omni témpore deínceps vacárent épulis, gáudio, atque convíviis.

17. Or le treizième jour du mois d’Adar fut pour tous le premier du massacre, et au quatorzième jour ils cessèrent de tuer. Ils établirent que ce jour était solennel, en sorte qu’ils passeraient tout ce temps-là à l’avenir dans les banquets, dans la joie et dans les festins.

18 At hi, qui in urbe Susan cædem exercúerant, tertiodécimo et quartodécimo die ejúsdem mensis in cæde versáti sunt : quintodécimo autem die percútere desiérunt. Et idcírco eúmdem diem constituérunt solémnem epulárum atque lætítiæ.

18. Mais ceux qui dans la ville de Suse avaient exercé le carnage étaient encore pendant le treizième et le quatorzième jour du même mois occupés au carnage ; mais au quinzième jour ils cessèrent de frapper. Et c’est pour cela qu’ils établirent ce même jour comme solennel pour des banquets et des réjouissances.

19 Hi vero Judǽi, qui in óppidis non murátis ac villis morabántur, quartumdécimum diem mensis Adar conviviórum et gáudii decrevérunt, ita ut exúltent in eo, et mittant sibi mútuo partes epulárum et cibórum.

19. Quant aux Juifs qui demeuraient dans les villes non murées et dans les villages, ils déterminèrent le quatorzième jour du mois d’Adar pour un jour de festin et de joie, en sorte qu’ils se réjouissent en ce jour, et s’envoient mutuellement une partie des mets et des aliments.

20 Scripsit ítaque Mardochǽus ómnia hæc, et lítteris comprehénsa misit ad Judǽos qui in ómnibus regis provínciis morabántur, tam in vicíno pósitis, quam procul,

20. C’est pourquoi Mardochée écrivit toutes ces choses, et, les ayant renfermées dans des lettres, il les envoya aux Juifs qui demeuraient dans toutes les provinces du roi, tant celles qui étaient situées dans le voisinage que celles qui étaient au loin,

21 ut quartamdécimam et quintamdécimam diem mensis Adar pro festis suscíperent, et reverténte semper anno solémni celebrárent honóre :

21. Afin qu’ils adoptassent le quatorzième et le quinzième jour du mois d’Adar comme des fêtes, et qu’au retour de chaque année ils les célébrassent par des honneurs solennels,

22 quia in ipsis diébus se ulti sunt Judǽi de inimícis suis, et luctus atque tristítia in hilaritátem gaudiúmque convérsa sunt, esséntque dies isti epulárum atque lætítiæ, et mítterent sibi ínvicem cibórum partes, et paupéribus munúscula largiréntur.

22. Parce que c’est en ces jours mêmes que les Juifs se vengèrent de leurs ennemis, et que le deuil et la tristesse furent changés en gaieté et en joie ; et afin que ce fussent des jours de banquets et de réjouissances, et qu’ils s’envoyassent les uns aux autres une partie des mets, et qu’ils donnassent aux pauvres de petits présents.

23 Susceperúntque Judǽi in solémnem ritum cuncta quæ eo témpore fácere cœ́perant, et quæ Mardochǽus lítteris faciénda mandáverat.

23. Les Juifs adoptèrent donc comme rite solennel tout ce qu’en ce temps-là ils avaient commencé à faire, et ce que Mardochée dans ses lettres leur avait mandé de faire.

24 Aman enim, fílius Amádathi stirpis Agag, hostis et adversárius Judæórum, cogitávit contra eos malum, ut occíderet illos atque deléret : et misit phur, quod nostra lingua vértitur in sortem.

24. Car Aman, fils d’Amadathi, de la race d’Agag, ennemi et adversaire des Juifs, avait médité le mal contre eux pour les perdre et les exterminer, et il avait jeté phur, ce qui en notre langue se traduit par le sort.

25 Et póstea ingréssa est Esther ad regem, óbsecrans ut conátus ejus lítteris regis írriti fíerent, et malum quod contra Judǽos cogitáverat, reverterétur in caput ejus. Dénique et ipsum et fílios ejus affixérunt cruci,

25. Mais après cela Esther entra auprès du roi, demandant avec instances que, par une nouvelle lettre du roi, ses efforts devinssent impuissants, et que le mal qu’il avait imaginé contre les Juifs retournât sur sa tête. En effet, on les attacha, et lui et ses fils, à la croix.

26 atque ex illo témpore dies isti appelláti sunt phurim, id est sórtium : eo quod phur, id est sors, in urnam missa fúerit. Et cuncta quæ gesta sunt, epístolæ, id est, libri hujus volúmine, continéntur :

26. Et depuis ce temps-là ces jours ont été appelés phurim, c’est-à-dire jour des sorts, parce que le phur, c’est-à-dire le sort, avait été jeté dans l’urne. Et tout ce qui s’est passé est contenu dans le rouleau de cette lettre, c’est-à-dire du livre de Mardochée ;

27 quæque sustinuérunt, et quæ deínceps immutáta sunt, suscepérunt Judǽi super se et semen suum, et super cunctos qui religióni eórum voluérunt copulári, ut nulli líceat duos hos dies absque solemnitáte transígere, quos scriptúra testátur, et certa éxpetunt témpora, annis sibi júgiter succedéntibus.

27. Tout ce qu’ils souffrirent, et les changements qui survinrent. Les Juifs prirent pour eux, pour leur race, et pour tous ceux qui voulurent s’associer à leur religion, l’engagement qu’il ne serait permis à personne de passer sans solennité ces deux jours, que cet écrit indique, et qui demandent des temps déterminés, les années se succédant sans interruption.

28 Isti sunt dies, quos nulla umquam delébit oblívio, et per síngulas generatiónes cunctæ in toto orbe provínciæ celebrábunt : nec est ulla cívitas, in qua dies phurim, id est sórtium, non observéntur a Judǽis, et ab eórum progénie, quæ his cæremóniis obligáta est.

28. Ce sont ces jours qu’aucun oubli n’effacera jamais, et qu’à chaque génération toutes les provinces célébreront dans l’univers entier ; et il n’est aucune ville en laquelle les jours des phurim, c’est-à-dire les jours des sorts, ne soient observés par les Juifs, et par leur race, qui est liée par ces cérémonies.

29 Scripserúntque Esther regína fília Abíhail, et Mardochǽus Judǽus, étiam secúndam epístolam, ut omni stúdio dies ista solémnis sancirétur in pósterum :

29. Et la reine Esther, fille d’Abihaïl, et Mardochée, le Juif, écrivirent encore une seconde lettre, afin que ce jour fût ratifié avec tout le zèle possible dans l’avenir.

30 et misérunt ad omnes Judǽos qui in centum vigínti septem provínciis regis Assuéri versabántur, ut habérent pacem, et suscíperent veritátem,

30. Et ils envoyèrent à tous les Juifs qui demeuraient dans les cent vingt-sept provinces du roi Assuérus, afin qu’ils eussent la paix et reçussent la vérité,

31 observántes dies sórtium, et suo témpore cum gáudio celebrárent : sicut constitúerant Mardochǽus et Esther, et illi observánda suscepérunt a se, et a sémine suo, jejúnia, et clamóres, et sórtium dies,

31. Observant les jours des sorts, et les célébrant en leur temps avec joie, comme l’avaient établi Mardochée et Esther, et comme ils avaient pris l’engagement d’observer, eux et leur race, les jeûnes, les cris, les jours des sorts,

32 et ómnia quæ libri hujus, qui vocátur Esther, história continéntur.

32. Et tout ce qui est contenu dans l’histoire de ce livre, qui est appelé Esther.

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CHAP. IX.

 

6. L’Agagites. Voy. VIII, 3.

13. Esther pouvait avoir un motif suffisant de faire cette demande : elle pouvait croire en effet que soixante-quinze mille personnes devaient être sacrifiées à la conservation de trois ou quatre millions de Juifs répandus dans tout l’empire, et que cette mesure était nécessaire à la sûreté de son peuple, qui s’était trouvé à la veille d’une extinction totale, et qui pouvait encore y être exposé.

16. Défendirent leur vie. Voy. VIII, 11. — * Soixante-quinze mille de tués. Ce nombre n’a rien d’incroyable, réparti sur l’étendue de l’empire perse. Mithridate, roi de Pont, fit massacrer, en un seul jour, dans son royaume, 80 000 Romains. On a reproché aux Juifs de s’être laissé entrainer en cette circonstance par la cruauté et la vengeance ; on a, en particulier, blâmé Esther d’avoir demandé pour eux, à son époux, la permission de continuer à Suse le massacre, pendant un autre jour, IX, 13. Mais on oublie que les coreligionnaires de Mardochée, dans la capitale comme ailleurs, ne faisaient que se défendre : la reine sollicite l’autorisation de faire le lendemain ce qui a été fait le jour même, IX, 13 ; c’est-à-dire de défendre leur vie, VIII, 11 ; sa prière suppose que les habitants de Suse voulaient le lendemain renouveler leurs attaques contre ceux qu’ils haïssaient, non seulement sans doute à cause de leur nationalité, mais aussi à cause de leur religion.

24, 26. Phur. Voy. III, 7. — Phurim ; plur. hébreu de Phur. — Dans le rouleau, etc. Les lettres et les livres qui sont souvent exprimés en hébreu par le même mot, s’écrivaient sur des feuilles de papyrus, de parchemin, etc. On les roulait autour d’un bâton (de là le mot rouleau ou volume), et quand elles étaient ainsi roulées, on les arrêtait avec un petit cordon ; ce qui faisait qu’on pouvait facilement y apposer un sceau.

26. * Ces jours ont été appelés Phurim, c’est-à-dire la fête des Phurim. La fête des Phurim est encore célébrée dans les synagogues. Le 13 adar, veille de la fête, est un jour de jeûne. Le soir de ce jour, la fête commence, et le livre d’Esther est lu en entier. Le lecteur prononce très rapidement le passage IX, 7-9, dans lequel on trouve les noms d’Aman et de ses fils, et, autant que possible, sans reprendre haleine, pour signifier qu’ils furent pendus tous à la fois. Pendant ce temps les assistants font du bruit. Cette lecture est répétée de la même manière le matin du 14 adar. La soirée se passe dans de grandes réjouissances. — Les manuscrits hébreux reproduisent les vers. 7, 8, 9. du ch. IX sous forme de trois colonnes perpendiculaires, comme pour représenter les dix fils d’Aman, pendus à trois cordes parallèles, au nombre de 3, 3 et 4.

27. Cet écrit ; la lettre de Mardochée. — Et qui demandent, etc. ; c’est-à-dire, que ces jours de fête devront se renouveler tous les ans, sans jamais y manquer, à l’époque fixée, qui est le quatorze et le quinze du mois d’Adar.

30. Dans le langage ordinaire de l’Écriture, les mots paix et vérité signifient, l’un toute sorte de prospérité, et l’autre, la fidélité à s’acquitter de ses promesses.

31. Les cris vers le Seigneur ; c’est-à-dire les prières faites à haute voix. La fête des sorts se célèbre encore aujourd’hui chez les Juifs avec la plus grande solennité.

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Et 10

*et10

CHAPITRE X

Grandeur d’Assuérus. Puissance de Mardochée. Explication d’un songe qu’il avait eu.

1 Rex vero Assuérus omnem terram et cunctas maris ínsulas fecit tributárias :

1. Or le roi Assuérus rendit toute la terre et toutes les iles de la mer tributaires.

2 cujus fortitúdo et impérium, et dígnitas atque sublímitas, qua exaltávit Mardochǽum, scripta sunt in libris Medórum, atque Persárum :

2. Sa force, et son empire, et la dignité et la grandeur à laquelle il éleva Mardochée, sont écrits dans les livres des Mèdes et des Perses ;

3 et quómodo Mardochǽus judáici géneris secúndus a rege Assuéro fúerit, et magnus apud Judǽos, et acceptábilis plebi fratrum suórum, quærens bona pópulo suo, et loquens ea quæ ad pacem séminis sui pertinérent.

3. Et comme Mardochée, de la race judaïque, devint le second après le roi Assuérus, grand parmi les Juifs, et agréable à la foule de ses frères, cherchant le bien pour son peuple, et ne disant que ce qui intéressait la paix de sa race.

APPENDICES DEUTEROCANÓNICÆ

Quæ habéntur in Hebrǽo, plena fide expréssi. Hæc autem, quæ sequúntur, scripta réperi in editióne vulgáte, quæ Græcum lingua et lítteris continéntur: et ínterim post finem libri hoc capítulum ferebátur: quod juxta consuetúdinem nostram óbelo, id est, veru prænotávimus.

APPENDICES DEUTÉROCANONIQUES

(a) J’ai traduit avec une entière fidélité ce qui se trouve dans l’hébreu. Mais ce qui suit, je l’ai trouvé écrit dans l’édition Vulgate, où il est contenu en langue grecque et en caractères grecs. Cependant, à la fin du livre, se trouvait placé ce petit chapitre, que, selon notre coutume, nous avons marqué d’un obèle, c’est-à-dire d’une petite broche.

4 Dixítque Mardochǽus : A Deo facta sunt ista.

4. Et Mardochée dit : C’est par Dieu qu’ont été faites ces choses.

5 Recordátus sum sómnii quod vidéram, hæc éadem significántis : nec eórum quidquam írritum fuit.

5. Je me souviens d’un songe que j’ai vu, et qui marquait ces mêmes choses, et rien de ces choses n’a été vain.

6 Parvus fons, qui crevit in flúvium, et in lucem solémque convérsus est, et in aquas plúrimas redundávit : Esther est quam rex accépit uxórem, et vóluit esse regínam.

6. La petite source qui devint grande comme un fleuve, puis se changea en lumière et en soleil, et se répandit en eaux très abondantes, c’est Esther, que le roi a prise pour femme, et il a voulu qu’elle fut reine.

7 Duo autem dracónes : ego sum, et Aman.

7. Mais les deux dragons, moi et Aman.

8 Gentes, quæ convénerant : hi sunt, qui conáti sunt delére nomen Judæórum.

8. Les nations qui s’étaient assemblées, ce sont ceux qui ont tâché d’effacer le nom des Juifs.

9 Gens autem mea Israël est, quæ clamávit ad Dóminum, et salvum fecit Dóminus pópulum suum : liberavítque nos ab ómnibus malis, et fecit signa magna atque porténta inter gentes :

9. Ma nation est Israël, laquelle cria vers le Seigneur, et le Seigneur sauva son peuple, et il nous a délivrés de tous les maux, et il a fait de grands miracles et des prodiges parmi les nations.

10 et duas sortes esse præcépit, unam pópuli Dei, et álteram cunctárum géntium.

10. Et il ordonna qu’il y eût deux sorts, l’un du peuple de Dieu, et l’autre de toutes les nations.

11 Venítque utráque sors in statútum ex illo jam témpore diem coram Deo univérsis géntibus :

11. Et l’un et l’autre sort vinrent au jour marqué dès ce temps-là devant Dieu pour toutes les nations.

12 et recordátus est Dóminus pópuli sui, ac misértus est hæreditátis suæ.

12. Et le Seigneur se souvint de son peuple, et eut pitié de son héritage.

13 Et observabúntur dies isti in mense Adar quartadécima et quintadécima die ejúsdem mensis, cum omni stúdio et gáudio, in unum cœtum pópuli congregáti, in cunctas deínceps generatiónes pópuli Israël.

13. Et ces jours seront observés au mois d’Adar, le quatorzième et le quinzième jour du même mois, avec tout le zèle et toute la joie du peuple réuni en une seule assemblée, et cela dans toutes les générations à venir du peuple d’Israël.

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CHAP. X.

 

3. La paix. Voy. sur ce mot, IX, 30.

(a). J’ai traduit, etc. Cette observation ainsi que les autres de même nature qu’on lit dans ce chapitre et les suivants sont de saint Jérôme. Quant à l’édition Vulgate dont il parle, c’est l’ancienne version italique qui était la plus commune de son temps. — Mais ce qui suit ; c’est-à-dire depuis le vers. 3 de ce chap. X jusqu’à XI, 1. C’est en effet à ce vers. 4 que commence la partie deutérocanonique, qui se compose de sept fragments, et que les protestants rangent à tort parmi les livres apocryphes.

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Et 11

*et11

CHAPITRE XI

Autre songe de Mardochée.

1 Anno quarto regnántibus Ptolemǽo et Cleópatra, attulérunt Dosithǽus, qui se sacerdótem et Levítici géneris ferébat, et Ptolemǽus fílius ejus, hanc epístolam phurim, quam dixérunt interpretátum esse Lysímachum Ptolemǽi fílium in Jerúsalem.

1. En la quatrième année du règne de Ptolémée et de Cléopâtre, Dosithǽus, qui se disait prêtre, et de la race lévitique, et Ptolémée son fils, apportèrent cette épître des phurim, qu’ils dirent avoir été interprétée par Lysimaque, fils de Ptolémée, à Jérusalem.

Hoc quoque princípium erat in editióne vulgáta, quod nec in Hebrǽo, nec apud ullum fertur intérpretum.

Ce commencement aussi était dans l’édition Vulgate ; mais il ne se trouve ni dans l’hébreu ni dans aucun interprète.

2 Anno secúndo, regnánte Artaxérxe máximo, prima die mensis Nisan, vidit sómnium Mardochǽus fílius Jáïri, fílii Sémeï, fílii Cis, de tribu Bénjamin :

2. À la seconde année du règne d’Artaxérxes très grand, le premier jour du mois de Nisan, Mardochée, fils de Jaïr, fils de Séméï, fils de Cis, de la tribu de Benjamin, vit un songe :

3 homo Judǽus, qui habitábat in urbe Susis, vir magnus, et inter primos aulæ régiæ.

3. C’était un Juif qui demeurait dans la ville de Suse, homme puissant, et entre les premiers de la cour du roi.

4 Erat autem de eo número captivórum, quos transtúlerat Nabuchodónosor rex Babylónis de Jerúsalem cum Jechonía rege Juda.

4. Or il était du nombre des captifs que Nabuchodonosor, roi de Babylone, avait transférés de Jérusalem avec Jéchonias, roi de Juda.

5 Et hoc ejus sómnium fuit : apparuérunt voces, et tumúltus, et tonítrua, et terræmótus, et conturbátio super terram :

5. Et voici quel fut son songe : Des voix se firent entendre, ainsi qu’un tumulte et des tonnerres ; et il y eut un tremblement de terre, et un trouble sur la terre :

6 et ecce duo dracónes magni, paratíque contra se in prǽlium.

6. Et voilà deux dragons grands, et prêts à combattre l’un contre l’autre.

7 Ad quorum clamórem cunctæ concitátæ sunt natiónes, ut pugnárent contra gentem justórum.

7. À leur cri, toutes les nations s’émurent pour combattre contre la nation des justes.

8 Fuítque dies illa tenebrárum et discríminis, tribulatiónis et angústiæ, et ingens formído super terram.

8. Et ce jour fut un jour de ténèbres, de péril, de tribulation, d’angoisse, et une grande épouvante sur la terre.

9 Conturbatáque est gens justórum timéntium mala sua, et præparáta ad mortem.

9. La nation des justes, qui craignaient pour leurs propres maux, se troubla et se prépara à la mort.

10 Clamaverúntque ad Deum : et illis vociferántibus, fons parvus creávit in flúvium máximum, et in aquas plúrimas redundávit.

10. Et ils crièrent vers Dieu, et, pendant qu’ils poussaient des clameurs, une petite source devint un très grand fleuve, et se répandit en eaux très abondantes.

11 Lux et sol ortus est, et húmiles exaltáti sunt, et devoravérunt ínclytos.

11. La lumière et le soleil parurent ; et ceux qui étaient dans l’humiliation furent exaltés, et ils dévorèrent ceux qui était dans l’éclat.

12 Quod cum vidísset Mardochǽus, et surrexísset de strato, cogitábat quid Deus fácere vellet : et fixum habébat in ánimo, scire cúpiens quid significáret sómnium.

12. Lorsque Mardochée eut vu ce songe, et qu’il se fut levé de son lit, il pensait en lui-même ce que Dieu voulait faire ; et il avait le songe fixé en son esprit, désirant savoir ce qu’il signifiait.

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CHAP. XI. 4. IV Reg. XXIV, 15 ; Supra. II, 6.

 

1. Ce commencement ; c’est-à-dire depuis le vers. 2 de ce chap. XI, jusqu’à XII, 6. — * Ce verset forme le titre du livre d’Esther dans la version grecque, où il est placé en tête. Le Ptolémée mentionné ici est Ptolémée VI Philométor qui régna de 181 à 146 avant J.-C. C’est sous le règne de ce prince qu’on porta en Égypte la traduction grecque du livre d’Esther, mais le livre lui-même existait en hébreu depuis longtemps.

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Et 12

*et12

CHAPITRE XII

Mardochée découvre une conspiration que deux eunuques d’Assuérus avaient formée contre lui.

1 Morabátur autem eo témpore in aula regis cum Bágatha et Thara eunúchis regis, qui janitóres erant palátii.

1. Or il demeurait en ce temps-là à la cour du roi avec Bagatha et Thara, eunuques du roi, qui étaient les portiers du palais.

2 Cumque intellexísset cogitatiónes eórum, et curas diligéntius pervidísset, dídicit quod conaréntur in regem Artaxérxem manus míttere, et nuntiávit super eo regi.

2. Et ayant compris leurs pensées, et ayant vu plus exactement leur dessein, il apprit qu’ils avaient entrepris de porter leurs mains sur le roi Artaxérxes, et il en donna avis au roi.

3 Qui de utróque, hábita quæstióne, conféssos jussit duci ad mortem.

3. Le roi, après qu’ils eurent été mis l’un et l’autre à la question, et qu’ils eurent confessé leur crime, commanda qu’ils fussent conduits à la mort.

4 Rex autem quod gestum erat, scripsit in commentáriis : sed et Mardochǽus rei memóriam lítteris trádidit.

4. Or le roi écrivit dans des mémoires ce qui s’était passé, et Mardochée en transmit le souvenir dans sa lettre.

5 Præcepítque ei rex, ut in aula palátii morarétur, datis ei pro delatióne munéribus.

5. Le roi lui ordonna de demeurer en son palais, en lui donnant des présents pour sa délation.

6 Aman vero fílius Amádathi Bugǽus erat gloriosíssimus coram rege, et vóluit nocére Mardochǽo et pópulo ejus pro duóbus eunúchis regis qui fúerant interfécti.

6. Mais Aman, fils d’Amadathi, Bugée, était en grand honneur auprès du roi, et il voulut nuire à Mardochée et à son peuple, à cause des deux eunuques du roi qui avaient été tués.

Hucúsque proœ́mium. Quæ sequúntur, in eo loco pósita erant, ubi scriptum est in volúmine :

Jusqu’ici est l’avant-propos. Ce qui suit était mis à l’endroit du volume où est écrit :

Et diripuérunt bona, vel substántias eórum.

Et ils enlevèrent leurs biens ou leurs richesses.

Quæ in sola vulgáta editióne repérimus.

Ce que nous avons trouvé dans la seule édition Vulgate.

Epístolæ autem hoc exémplar fuit.

Or voici quelle était la copie de la lettre.

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CHAP. XII. 1. Supra. II, 21 ; VI, 2.

 

2. * Artaxérxes très grand. Le nom d’Artaxérxes, qui se lit ici et dans tous les Appendices, vient des Septante ; il est certain qu’il répond là, comme dans les chapitres précédents, à Xerxès. La version grecque a traduit à tort Akhaschvérosch par Artaxérxes, dans tout le cours de ce livre, et comme cette partie de notre traduction latine est faite sur les Septante, elle porte le nom d’Artaxérxes au lieu de celui d’Assuérus que nous lisons dans les chapitres précédents traduits directement par saint Jérôme sur l’original hébreu.

3. Qu’ils eurent été mis… à la question ; ou simplement qu’on eut fait, qu’on eut instruit leur procès.

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Et 13

*et13

CHAPITRE XIII

Edit contre les Juifs. Prière de Mardochée.

1 Rex máximus Artaxérxes ab India usque Æthiópiam, centum vigínti septem provinciárum princípibus et dúcibus qui ejus império subjécti sunt, salútem.

1. Le roi très grand Artaxérxes, qui règne depuis l’Inde jusqu’à l’Éthiopie sur cent vingt-sept provinces, aux princes et aux chefs qui sont soumis à son empire, salut.

2 Cum plúrimis géntibus imperárem, et univérsum orbem meæ ditióni subjugássem, vólui nequáquam abúti poténtiæ magnitúdine, sed cleméntia et lenitáte gubernáre subjéctos, ut absque ullo terróre vitam siléntio transigéntes, optáta cunctis mortálibus pace frueréntur.

2. Quoique je commandasse à un très grand nombre de nations, et que j’eusse soumis tout l’univers à ma domination, je n’ai voulu en aucune manière abuser de la grandeur de ma puissance ; mais j’ai gouverné mes sujets avec clémence et avec douceur, afin que, passant leur vie en silence et sans aucune crainte, ils jouissent de la paix souhaitée de tous les mortels.

3 Quærénte autem me a consiliáriis meis quómodo posset hoc impléri, unus qui sapiéntia et fide céteros præcellébat, et erat post regem secúndus, Aman nómine,

3. Et comme je demandai à mes conseillers de quelle manière cela pourrait être accompli, l’un d’entre eux, nommé Aman, qui par sa sagesse et par sa fidélité l’emportait sur tous les autres, et était le second après le roi,

4 indicávit mihi in toto orbe terrárum pópulum esse dispérsum, qui novis uterétur légibus, et, contra ómnium géntium consuetúdinem fáciens, regum jussa contémneret, et universárum concórdiam natiónum sua dissensióne violáret.

4. M’a fait connaitre qu’il y a un peuple dispersé dans toute la terre, ayant de nouvelles lois, et qui, agissant contre la coutume de toutes les nations, méprise les commandements des rois, et détruit par son dissentiment la concorde de tous les peuples.

5 Quod cum didicissémus, vidéntes unam gentem rebéllem advérsus omne hóminum genus pervérsis uti légibus, nostrísque jussiónibus contraire, et turbáre subjectárum nobis provinciárum pacem atque concórdiam,

5. Ce qu’ayant appris, et voyant qu’une seule nation rebelle à tout le genre humain, a des lois perverses, va contre nos ordonnances, et trouble la paix et la concorde des provinces qui nous sont soumises,

6 jússimus ut quoscúmque Aman, qui ómnibus provínciis præpósitus est et secúndus a rege, et quem patris loco cólimus, monstráverit, cum conjúgibus ac líberis deleántur ab inimícis suis, nullúsque eórum misereátur, quartadécima die duodécimi mensis Adar anni præséntis :

6. Nous avons ordonné que tous ceux qu’Aman (qui est préposé sur toutes les provinces, qui est le second après le roi, et que nous honorons comme notre père) aura fait connaitre, comme étant de ce peuple, soient détruits par leurs ennemis, avec leurs femmes et leurs enfants, le quatorzième jour d’Adar, douzième mois de l’année présente, et que nul n’en ait pitié,

7 ut nefárii hómines uno die ad ínferos descendéntes, reddant império nostro pacem, quam turbáverant.

7. Afin que ces hommes criminels, descendant tous en un même jour dans les enfers, rendent à notre empire la paix qu’ils avaient troublée.

Hucúsque exémplar epístolæ.

Quæ sequúntur, post eum locum scripta réperi, ubi légitur :

Jusqu’ici est la copie de la lettre.

Ce qui suit, je l’ai trouvé écrit après l’endroit où on lit :

Pergénsque Mardochǽus, fecit ómnia quæ ei mandáverat Esther.

Et, allant, Mardochée fit tout ce que lui avait mandé Esther.

Nec tamen habéntur in Hebráico, et apud nullum pénitus ferúntur intérpretum.

Mais cependant il ne se trouve pas dans l’hébreu, et il n’est entièrement rapporté dans aucun des interprètes.

8 Mardochǽus autem deprecátus est Dóminum, memor ómnium óperum ejus,

8. Or Mardochée pria le Seigneur, se souvenant de toutes ses œuvres,

9 et dixit : Dómine, Dómine rex omnípotens, in ditióne enim tua cuncta sunt pósita, et non est qui possit tuæ resístere voluntáti, si decréveris salváre Israël.

9. Et il dit : Seigneur, Seigneur, roi tout-puissant, car toutes choses sont soumises à votre pouvoir, et il n’y a personne qui puisse résister à votre volonté, si vous avez résolu de sauver Israël.

10 Tu fecísti cælum et terram, et quidquid cæli ámbitu continétur.

10. C’est vous qui avez fait le ciel et la terre, et tout ce qui est renfermé dans l’enceinte du ciel.

11 Dóminus ómnium es, nec est qui resístat majestáti tuæ.

11. Vous êtes le Seigneur de toutes choses, et il n’y a personne qui puisse résister à votre majesté.

12 Cuncta nosti, et scis quia non pro supérbia et contumélia, et áliqua glóriæ cupiditáte, fécerim hoc, ut non adorárem Aman superbíssimum

12. Vous connaissez toutes choses, et vous savez que ce n’est ni par orgueil, ni par insulte, ni par quelque désir de gloire, que j’ai fait en sorte de ne pas adorer Aman, le très superbe.

13 (libénter enim pro salúte Israël étiam vestígia pedum ejus deosculári parátus essem),

13. (Car volontiers, pour le salut d’Israël, j’aurais été prêt à baiser les traces de ses pieds) :

14 sed tímui ne honórem Dei mei transférrem ad hóminem, et ne quemquam adorárem, excépto Deo meo.

14. Mais j’ai craint de transporter l’honneur de mon Dieu à un homme, et d’adorer quelqu’un, excepté mon Dieu.

15 Et nunc, Dómine rex, Deus Abraham, miserére pópuli tui, quia volunt nos inimíci nostri pérdere, et hæreditátem tuam delére.

15. Et maintenant, Seigneur roi, Dieu d’Abraham, ayez pitié de votre peuple, parce que nos ennemis veulent nous perdre, et détruire votre héritage.

16 Ne despícias partem tuam, quam redemísti tibi de Ægýpto.

16. Ne méprisez pas votre portion que vous vous êtes rachetée de l’Égypte.

17 Exáudi deprecatiónem meam, et propítius esto sorti et funículo tuo, et convérte luctum nostrum in gáudium, ut vivéntes laudémus nomen tuum, Dómine : et ne claudas ora te canéntium.

17. Exaucez ma prière, et soyez propice à votre lot et à votre partage, et changez notre deuil en joie, afin que, vivant, nous célébrions votre nom, Seigneur, et ne fermez pas la bouche de ceux qui vous chantent.

18 Omnis quoque Israël pari mente et obsecratióne clamávit ad Dóminum, eo quod eis certa mors impénderet.

18. Tout Israël aussi, dans le même esprit, et avec les mêmes supplications, cria vers le Seigneur, parce qu’une mort certaine les menaçait.

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CHAP. XIII.

 

5. En lui donnant des présents. Il est dit plus haut (VI, 3) que Mardochée ne reçut pas de récompense. Le roi, sans aucun doute, donna l’ordre de récompenser dignement le service que Mardochée lui avait rendu ; mais il est très vraisemblable qu’Aman, qui en voulait à Mardochée, parce qu’il avait dévoilé la conspiration des deux eunuques, fit en sorte que la bonne volonté du roi fût sans effet. D’autres disent que les présents faits à Mardochée furent si peu de chose, que les historiens ne crurent pas devoir en faire mention dans les annales du roi.

7. Et allant, etc. Ces paroles se trouvent dans la Vulgate, ch. IV, 17.

16. Votre portion ; le peuple hébreu que vous avez choisi pour être spécialement votre peuple.

17. À votre lot, etc. Même figure qu’au verset précédent. — Votre partage ; littér. votre corde. Comme nous l’avons déjà remarqué, on se servait de cordes pour la division et le partage des terres.

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Et 14

*et14

CHAPITRE XIV

Pénitence d’Esther ; sa prière avant d’aller trouver le roi Assuérus.

1 Esther quoque regína confúgit ad Dóminum, pavens perículum quod imminébat.

1. La reine Esther aussi eut recours au Seigneur, effrayée du péril qui était imminent.

2 Cumque deposuísset vestes régias, flétibus et lúctui apta induménta suscépit, et pro unguéntis váriis, cínere et stércore implévit caput, et corpus suum humiliávit jejúniis : omniáque loca, in quibus ántea lætári consuéverat, crínium laceratióne complévit.

2. Et, quittant ses habits de reine, elle prit des vêtements conformes aux pleurs et au deuil, et au lieu de ses diverses essences, elle couvrit sa tête de cendre et de boue : elle affligea son corps par les jeûnes ; et tous les lieux où auparavant elle avait accoutumé de se réjouir, elle les remplit de ses cheveux qu’elle avait arrachés.

3 Et deprecabátur Dóminum Deum Israël, dicens : Dómine mi, qui rex noster es solus, ádjuva me solitáriam, et cujus præter te nullus est auxiliátor álius.

3. Et elle priait le Seigneur Dieu d’Israël, disant : Mon Seigneur, qui seul êtes notre roi, secourez-moi dans mon abandon, puisque hors de vous il n’est aucun autre aide.

4 Perículum meum in mánibus meis est.

4. Mon péril est en mes mains.

5 Audívi a patre meo quod tu, Dómine, tulísses Israël de cunctis géntibus, et patres nostros ex ómnibus retro majóribus suis, ut possidéres hæreditátem sempitérnam, fecistíque eis sicut locútus es.

5. J’ai ouï de mon père que vous, Seigneur, aviez pris Israël d’entre toutes les nations, et, en remontant, nos pères d’entre tous leurs ancêtres, pour que vous possédiez un héritage éternel ; et vous avez fait pour eux comme vous avez dit.

6 Peccávimus in conspéctu tuo, et idcírco tradidísti nos in manus inimicórum nostrórum :

6. Nous avons péché en votre présence, et c’est pour cela que vous nous avez livrés aux mains de nos ennemis ;

7 colúimus enim deos eórum. Justus es Dómine :

7. Car nous avons adoré leurs dieux. Vous êtes juste, Seigneur.

8 et nunc non eis súfficit, quod duríssima nos ópprimunt servitúte, sed robur mánuum suárum, idolórum poténtiæ deputántes,

8. Et, maintenant, il ne leur suffit pas de nous opprimer par la plus dure servitude ; mais, attribuant la force de leurs bras au pouvoir des idoles,

9 volunt tua mutáre promíssa, et delére hæreditátem tuam, et cláudere ora laudántium te, atque extínguere glóriam templi et altáris tui,

9. Ils veulent changer vos promesses, détruire votre héritage, fermer les bouches de ceux qui vous louent, et éteindre la gloire du temple et de votre autel,

10 ut apériant ora géntium, et laudent idolórum fortitúdinem, et prǽdicent carnálem regem in sempitérnum.

10. Afin d’ouvrir la bouche des nations, de louer la puissance des idoles, et de célébrer un roi de chair à jamais.

11 Ne tradas, Dómine, sceptrum tuum his, qui non sunt, ne rídeant ad ruínam nostram : sed convérte consílium eórum super eos, et eum qui in nos cœpit sævíre, dispérde.

11. Ne livrez pas, Seigneur, votre sceptre à ceux qui ne sont pas, de peur qu’ils ne rient de notre ruine ; mais tournez leurs conseils sur eux, et perdez celui qui a commencé à sévir contre nous.

12 Meménto, Dómine, et osténde te nobis in témpore tribulatiónis nostræ, et da mihi fidúciam, Dómine rex deórum, et univérsæ potestátis :

12. Souvenez-vous de nous, Seigneur, montrez-vous à nous dans le temps de notre tribulation, et donnez-moi l’assurance, Seigneur, roi des dieux et de toute puissance.

13 tríbue sermónem compósitum in ore meo in conspéctu leónis, et transfer cor illíus in ódium hostis nostri, ut et ipse péreat, et céteri qui ei conséntiunt.

13. Mettez des paroles convenables dans ma bouche en présence du lion, et transférez son cœur à la haine de notre ennemi, afin qu’il périsse lui-même et tous les autres qui conspirent avec lui.

14 Nos autem líbera manu tua, et ádjuva me, nullum áliud auxílium habéntem nisi te, Dómine, qui habes ómnium sciéntiam,

14. Mais nous, délivrez-nous par votre main, et secourez-moi ; car je n’ai d’autre secours que vous, Seigneur, qui avez la science de toutes choses,

15 et nosti quia óderim glóriam iniquórum, et detéster cubíle incircumcisórum, et omnis alienígenæ.

15. Et qui savez que je hais la gloire des hommes iniques, et que je déteste le lit des incirconcis et de tout étranger.

16 Tu scis necessitátem meam, quod abóminer signum supérbiæ et glóriæ meæ, quod est super caput meum in diébus ostentatiónis meæ, et detéster illud quasi pannum menstruátæ, et non portem in diébus siléntii mei,

16. Oui, vous savez ma situation pénible, et que j’ai en abomination le signe de mon orgueil et de ma gloire qui est sur ma tête dans les jours de ma splendeur, et que je le déteste comme un linge souillé, et que je ne le porte pas dans les jours de mon silence ;

17 et quod non coméderim in mensa Aman, nec mihi placúerit convívium regis, et non bíberim vinum libáminum :

17. Que je n’ai pas mangé à la table d’Aman, que le festin du roi ne m’a point plu, et que je n’ai pas bu du vin des libations ;

18 et numquam lætáta sit ancílla tua, ex quo huc transláta sum usque in præséntem diem, nisi in te, Dómine Deus Abraham.

18. Et que jamais votre servante ne s’est réjouie, depuis que j’ai été transportée ici jusqu’au présent jour, sinon en vous, Seigneur Dieu d’Abraham.

19 Deus fortis super omnes, exáudi vocem eórum qui nullam áliam spem habent, et líbera nos de manu iniquórum, et érue me a timóre meo.

19. Dieu fort, au-dessus de tous, exaucez la voix de ceux qui n’ont aucune autre espérance, délivrez-nous de la main des hommes iniques, et arrachez-moi à ma crainte.

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CHAP. XIV. 5. Deut. IV, 20, 34 ; XXXII, 9.

 

4. Est en mes mains ; c’est-à-dire est imminent.

11. Votre sceptre ; votre pouvoir, ou votre peuple. Le peuple d’Israël, en effet, est quelquefois désigné sous ce nom. — Ceux qui ne sont pas, c’est-à-dire qui ne sont rien ; les méchants, ou plus probablement les idoles, qui sont appelées ailleurs vanités, choses vaines.

12. Des dieux ; c’est-à-dire des rois, des grands de la terre.

17. * Du vin des libations offertes aux faux dieux.

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Et 15

*et15

CHAPITRE XV

Avis de Mardochée à Esther après l’édit qu’Aman fit porter contre les Juifs. Ce qui se passa lorsqu’Esther parut devant Assuérus.

Hæc quoque áddita réperi in editióne vulgáta.

Ceci aussi, je l’ai trouvé ajouté dans l’édition Vulgate.

1 Et mandávit ei (haud dúbium quin esset Mardochǽus) ut ingrederétur ad regem, et rogáret pro pópulo suo et pro pátria sua.

1. Et il manda à Esther (point de doute que ce ne fût Mardochée) d’entrer auprès du roi, et de le prier pour son peuple et pour sa patrie.

2 Memoráre, inquit, diérum humilitátis tuæ, quómodo nutríta sis in manu mea, quia Aman secúndus a rege locútus est contra nos in mortem :

2. Souvenez-vous (dit-il) des jours de votre humiliation, comment vous avez été nourrie par ma main, parce qu’Aman, le second après le roi, a parlé contre nous de mort ;

3 et tu ínvoca Dóminum, et lóquere regi pro nobis, et líbera nos de morte.

3. Et vous, invoquez le Seigneur, et parlez au roi pour nous, et délivrez-nous de la mort.

Necnon et ista quæ súbdita sunt.

J’y ai trouvé aussi ce qui suit.

4 Die autem tértio depósuit vestiménta ornátus sui, et circúmdata est glória sua.

4. Or, le troisième jour, Esther quitta les vêtements de sa parure, et s’environna de sa gloire ;

5 Cumque régio fulgéret hábitu, et invocásset ómnium rectórem et salvatórem Deum, assúmpsit duas fámulas,

5. Et, brillant dans ce costume de reine, lorsqu’elle eut invoqué celui qui régit toutes choses, et le Dieu Sauveur, elle prit ses deux servantes ;

6 et super unam quidem innitebátur, quasi præ delíciis et nímia teneritúdine corpus suum ferre non sústinens :

6. Et elle s’appuyait sur l’une d’elles, comme ne pouvant soutenir son corps, à cause de son attitude nonchalante et de son extrême délicatesse.

7 áltera autem famulárum sequebátur dóminam, defluéntia in humum induménta susténtans.

7. Et l’autre servante suivait sa maitresse, portant ses vêtements qui trainaient à terre.

8 Ipsa autem róseo colóre vultum perfúsa, et gratis ac niténtibus óculis, tristem celábat ánimum, et nímio timóre contráctum.

8. Elle cependant, avec une couleur de rose répandue sur le visage et des yeux gracieux et brillants, cachait un cœur triste et serré d’une excessive crainte.

9 Ingréssa ígitur cuncta per órdinem óstia, stetit contra regem, ubi ille residébat super sólium regni sui, indútus véstibus régiis, auróque fulgens, et pretiósis lapídibus : erátque terríbilis aspéctu.

9. Étant donc entrée successivement par toutes les portes, elle se présenta devant le roi, où celui-ci était assis sur son trône, couvert des vêtements royaux, brillant d’or et de pierres précieuses ; et il était terrible à voir.

10 Cumque elevásset fáciem, et ardéntibus óculis furórem péctoris indicásset, regína córruit, et in pallórem colóre mutáto, lassum super ancíllulam reclinávit caput.

10. Et lorsqu’il eut levé sa face, et qu’avec des yeux ardents il eut montré la fureur de son cœur, la reine tomba, et, sa couleur se changeant en pâleur, elle pencha sa tête lassée sur la jeune servante.

11 Convertítque Deus spíritum regis in mansuetúdinem, et festínus ac métuens exilívit de sólio, et susténtans eam ulnis suis donec redíret ad se, his verbis blandiebátur :

11. Mais Dieu changea en douceur l’esprit du roi qui, se hâtant et effrayé, s’élança de son trône, et, soutenant Esther dans ses bras, jusqu’à ce qu’elle revînt à elle, il la caressait en ces termes :

12 Quid habes, Esther ? ego sum frater tuus : noli metúere.

12. Qu’avez-vous, Esther ? Je suis votre frère, ne craignez point.

13 Non moriéris : non enim pro te, sed pro ómnibus hæc lex constitúta est.

13. Vous ne mourrez point ; car cette loi n’a pas été établie pour vous, mais pour tous les autres.

14 Accéde ígitur, et tange sceptrum.

14. Approchez-vous donc, et touchez mon sceptre.

15 Cumque illa reticéret, tulit áuream virgam, et pósuit super collum ejus, et osculátus est eam, et ait : Cur mihi non lóqueris ?

15. Et comme Esther gardait le silence, il prit son sceptre d’or, le posant sur son cou, il lui donna un baiser, et dit : Pourquoi ne me parlez-vous pas ?

16 Quæ respóndit : Vidi te, dómine, quasi ángelum Dei, et conturbátum est cor meum præ timóre glóriæ tuæ.

16. Elle répondit : Je vous ai vu, seigneur, comme un ange de Dieu, et mon cœur a été troublé par la crainte de votre gloire :

17 Valde enim mirábilis es, dómine, et fácies tua plena est gratiárum.

17. Car, seigneur, vous êtes admirable, et votre face est pleine de grâces.

18 Cumque loquerétur, rursus córruit, et pene exanimáta est.

18. Et, comme elle parlait, elle tomba de nouveau, et elle était près de s’évanouir.

19 Rex autem turbabátur, et omnes minístri ejus consolabántur eam.

19. Or le roi était troublé, et tous ses ministres la consolaient.

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CHAP. XV.

 

4. De sa parure ; qui était en ce moment une parure de deuil. Compar. XIV, 2. — De sa gloire ; de sa dignité, c’est-à-dire de ses habits du reine.

13. Cette loi ; la loi qui défendait de paraitre devant le roi sans avoir été appelé. Voy. IV, 11.

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Et 16

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CHAPITRE XVI

Edit en faveur des Juifs.

Exémplar epístolæ regis Artaxérxis, quam pro Judǽis ad totas regni sui províncias misit : quod et ipsum in hebráico volúmine non habétur.

Copie de la lettre que le roi Artaxérxes envoya en faveur des Juifs dans toutes les provinces de son royaume, laquelle ne se trouve pas non plus dans le volume hébreu.

1 Rex magnus Artaxérxes ab India usque Æthiópiam, centum vigínti septem provinciárum dúcibus ac princípibus qui nostræ jussióni obédiunt, salútem dicit.

1. Le grand roi Artaxérxes, qui règne depuis l’Inde jusqu’à l’Éthiopie, aux chefs et aux gouverneurs des cent vingt-sept provinces qui sont soumises à notre commandement, dit salut.

2 Multi bonitáte príncipum et honóre, qui in eos collátus est, abúsi sunt in supérbiam :

2. Beaucoup ont abusé de la bonté des princes et de l’honneur qui leur a été conféré, jusqu’à l’insolence ;

3 et non solum subjéctos régibus nitúntur opprímere, sed datam sibi glóriam non feréntes, in ipsos qui dedérunt, moliúntur insídias.

3. Et non seulement ils tâchent d’opprimer les sujets des rois, mais, ne pouvant supporter la gloire qui leur a été donnée, ils tendent des pièges à ceux mêmes qui la leur ont donnée.

4 Nec conténti sunt grátias non ágere benefíciis, et humanitátis in se jura violáre, sed Dei quoque cuncta cernéntis arbitrántur se posse fúgere senténtiam.

4. Ils ne se contentent pas de ne point rendre grâces pour les bienfaits, et de violer en eux-mêmes les droits de l’humanité ; mais ils s’imaginent aussi qu’ils pourront échapper à la sentence de Dieu, qui voit tout.

5 Et in tantum vesániæ prorupérunt, ut eos qui crédita sibi offícia diligénter obsérvant, et ita cuncta agunt ut ómnium laude digni sint, mendaciórum cunículis conéntur subvértere,

5. Et ils sont tombés dans un tel degré de folie, que ceux qui remplissent fidèlement les charges à eux confiées et qui font toutes choses de manière à être dignes des louanges de tous, ils s’efforcent de les perdre par les artifices du mensonge,

6 dum aures príncipum símplices, et ex sua natúra álios æstimántes, cállida fraude decípiunt.

6. Tandis que par une fraude astucieuse, ils trompent les oreilles des princes, lesquelles sont simples et estiment les autres hommes par leur propre nature.

7 Quæ res et ex vetéribus probátur históriis, et ex his quæ gerúntur quotídie, quómodo malis quorúmdam suggestiónibus regum stúdia depravéntur.

7. Ce qui est prouvé et par les anciennes histoires, et par ce qui se passe chaque jour, c’est comment par les mauvaises suggestions de quelques-uns les intentions des rois sont perverties.

8 Unde providéndum est paci ómnium provinciárum.

8. C’est pourquoi il faut pourvoir à la paix de toutes les provinces.

9 Nec putáre debétis, si divérsa jubeámus, ex ánimi nostri veníre levitáte, sed pro qualitáte et necessitáte témporum, ut reipúblicæ poscit utílitas, ferre senténtiam.

9. Et vous ne devez pas penser, si nous ordonnons des choses différentes, que cela vienne de la légèreté de notre esprit, mais juger que c’est selon la nature et la nécessité des temps, comme l’utilité de l’État l’exige.

10 Et ut maniféstius quod dícimus intelligátis, Aman fílius Amádathi, et ánimo et gente Mácedo, alienúsque a Persárum sánguine, et pietátem nostram sua crudelitáte commáculans, peregrínus a nobis suscéptus est :

10. Et, afin que vous compreniez plus manifestement ce que nous disons, Aman, fils d’Amadathi, Macédonien de cœur et d’origine, n’étant point du sang des Perses, déshonorant notre clémence par sa cruauté, a été accueilli par nous, comme étranger.

11 et tantam in se expértus humanitátem, ut pater noster vocarétur, et adorarétur ab ómnibus post regem secúndus :

11. Et, après avoir reçu des marques de bonté telles, qu’il était appelé notre père, et adoré par tous, comme le second après le roi,

12 qui in tantum arrogántiæ tumórem sublátus est, ut regno priváre nos niterétur et spíritu.

12. Il s’est élevé à un si grand excès d’arrogance, qu’il tâchait de nous priver du royaume et de la vie.

13 Nam Mardochǽum, cujus fide et benefíciis vívimus, et consórtem regni nostri Esther cum omni gente sua, novis quibúsdam atque inaudítis máchinis expetívit in mortem :

13. Car, par des manœuvres nouvelles et inouïes, il a vivement désiré envoyer à la mort Mardochée, par la fidélité et les bons offices duquel nous vivons, et Esther, la compagne de notre royauté, avec toute sa nation,

14 hoc cógitans ut illis interféctis, insidiarétur nostræ solitúdini, et regnum Persárum transférret in Macédonas.

14. Pensant qu’eux une fois tués, il surprendrait notre vigilance, et transfèrerait le royaume des Perses aux Macédoniens.

15 Nos autem a péssimo mortálium Judǽos neci destinátos, in nulla pénitus culpa repérimus, sed e contrário justis uténtes légibus,

15. Mais nous, nous n’avons trouvé coupables d’aucune faute que ce soit les Juifs, destinés à la mort par le plus méchant des mortels ; mais au contraire se conformant à de justes lois,

16 et fílios altíssimi et máximi sempérque vivéntis Dei, cujus benefício et pátribus nostris et nobis regnum est tráditum, et usque hódie custodítur.

16. Et enfants du Dieu très haut, très grand et toujours vivant, par le bienfait de qui ce royaume a été donné et à nos pères et à nous, et par qui il a été conservé jusqu’à aujourd’hui.

17 Unde eas lítteras, quas sub nómine nostro ille diréxerat, sciátis esse írritas.

17. C’est pourquoi sachez que ces lettres, qu’il vous avait adressées sous mon nom, sont annulées.

18 Pro quo scélere ante portas hujus urbis, id est, Susan, et ipse qui machinátus est, et omnis cognátio ejus pendet in patíbulis : non nobis, sed Deo reddénte ei quod méruit.

18. Pour lequel crime, et lui qui l’a machiné, et toute sa parenté, sont pendus devant les portes de cette ville, c’est-à-dire de Suse, Dieu, et non pas nous, lui ayant rendu ce qu’il a mérité.

19 Hoc autem edíctum, quod nunc míttimus, in cunctis úrbibus proponátur, ut líceat Judǽis uti légibus suis.

19. Que cet édit donc que nous envoyons maintenant, soit exposé à la vue dans toutes les villes, afin qu’il soit permis aux Juifs de garder leurs lois.

20 Quibus debétis esse adminículo, ut eos qui se ad necem eórum paráverant, possint interfícere tertiadécima die mensis duodécimi, qui vocátur Adar.

20. Et vous devez leur être en aide, afin qu’ils puissent tuer le treizième jour du douzième mois, qui est appelé Adar, ceux qui s’étaient préparés à les faire mourir ;

21 Hanc enim diem, Deus omnípotens, mœróris et luctus, eis vertit in gáudium.

21. Car ce jour d’affliction et de deuil, le Dieu tout-puissant l’a changé pour eux en joie.

22 Unde et vos inter céteros festos dies, hanc habetóte diem, et celebráte eam cum omni lætítia, ut et in pósterum cognoscátur,

22. C’est pourquoi vous aussi, ayez ce jour parmi tous les autres jours de fête, et célébrez-le avec toute sorte de réjouissances, afin que dans l’avenir aussi on sache

23 omnes qui fidéliter Persis obédiunt, dignam pro fide recípere mercédem ; qui autem insidiántur regno eórum, períre pro scélere.

23. Que tous ceux qui obéissent fidèlement aux Perses reçoivent une récompense pour leur fidélité, mais que ceux qui trament une trahison contre leur royaume périssent pour leur crime.

24Omnis autem província et cívitas quæ nolúerit solemnitátis hujus esse párticeps, gládio et igne péreat, et sic deleátur, ut non solum homínibus, sed étiam béstiis ínvia sit in sempitérnum, pro exémplo contémptus et inobediéntiæ.

24. Or que toute province ou toute ville qui ne voudra pas participer à cette solennité, périsse par le glaive et par le feu, et soit tellement détruite, qu’elle devienne inaccessible à jamais, non-seulement aux hommes, mais même aux bêtes, comme un exemple de mépris et de désobéissance.

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CHAP. XVI. 10. Supra. III, 1.

 

6. En vertu d’une hypallage dont on a déjà vu plusieurs exemples, l’écrivain sacré attribue aux oreilles des princes ce qui appartient aux princes eux-mêmes.

10. On dit ici qu’Aman était Macédonien d’origine, ce qui n’est pas en contradiction avec ce qui est dit, chap. III, 1, qu’il était de la race d’Agag, roi des Amalécites, parce que le mot Macédonien est un terme générique, employé, comme on le voit en plusieurs endroits des Macchabées, pour signifier un étranger. D’ailleurs il peut très bien se faire qu’un homme de la postérité d’Agag se soit établi en Macédoine, et qu’Aman soit descendu de lui, et né dans cette contrée. — * Voir ce qui a été dit plus haut, III, 1.

14. * Aux Macédoniens. Voir plus haut, III, 1.

24. Qu’elle devienne inaccessible, etc. Les prophètes emploient souvent cette expression pour marquer une destruction totale, et qui ne laisse aucun espoir de rétablissement. — Comme un exemple, etc. Pour être un exemple du châtiment réservé à ceux qui désobéissent aux rois et méprisent leurs commandements.

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