María auxiliátrix


Biblia HTML

PROVÉRBIA

PROVERBES

*prsu

Provérbia - Summárium

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER

Exhortation à l’étude de la sagesse. Malheur de ceux qui la méprisent, et qui cherchent à séduire les simples.

CHAPITRE II

Avantages que l’on trouve dans la possession de la sagesse. Maux que la sagesse fait éviter à ceux qui l’aiment et qui la possèdent.

CHAPITRE III

La sagesse donne une longue vie. Avoir confiance en Dieu. N’être pas sage à ses propres yeux. Honorer le Seigneur par des présents ; souffrir ses corrections et ses épreuves. Prix inestimable de la sagesse. Le Seigneur a fondé la terre par la sagesse. Paix de ceux qui possèdent la sagesse. Faire du bien à son prochain. Bonheur des justes.

CHAPITRE IV

Salomon donne aux autres les instructions qu’il a reçues lui-même pendant sa jeunesse. Exhortation à étudier la sagesse. Inquiétudes des méchants. Garder son cœur avec soin. Veiller sur sa langue et sur ses démarches.

CHAPITRE V

Être attentif à la sagesse. Veiller sur ses pensées et sur ses paroles. S’attacher à sa femme. Fuir les femmes de mauvaise vie. Éviter les femmes étrangères. Suites funestes de l’adultère.

CHAPITRE VI

Ne se rendre pas légèrement caution pour un autre. Imiter la diligence de la fourmi. Peinture de l’homme apostat. Exhortation à l’étude de la loi et de la sagesse. Éviter la rencontre et la compagnie d’une femme corrompue. Énormité de l’adultère. Difficulté d’obtenir le pardon de ce crime.

CHAPITRE VII

Exhortation à la sagesse. Description d’une femme déréglée et de ses artifices. Malheur à ceux qui s’y laissent prendre.

CHAPITRE VIII

Éloge de la sagesse, par l’éminence et la justice de ses maximes, par ses œuvres admirables et par les récompenses qu’elle accorde à ceux qui la cherchent.

CHAPITRE IX

Maison de la sagesse ; son festin auquel elle invite les simples. La femme insensée invite à son banquet. Malheur de ceux qui s’y rendent.

CHAPITRE X

Du fils sage et de l’insensé. De l’homme juste et de l’impie. Du diligent et du paresseux. De la charité et de la haine. De la bonne et de la mauvaise langue.

CHAPITRE XI

Avantages des justes et des sages, opposés aux malheurs des méchants et des insensés. Vraies et fausses richesse.

CHAPITRE XII

Aimer la correction. Cultiver la piété. La femme vigilante. Sort différent des bons et des méchants. Pauvre qui se suffit a lui-même. Du fainéant et de l’ivrogne. De l’insensé et du sage. Des biens et des maux causés par la langue.

CHAPITRE XIII

Du fils sage et de l’insensé. Retenue dans les paroles. Courte durée de l’éclat des impies. Biens acquis trop promptement. Du délai de ce qu’on espère. Châtier ses enfants. Insatiabilité des impies.

CHAPITRE XIV

Différents caractères des sages et des insensés. Sort différent des justes et des méchants. Du travail. De la crainte du Seigneur. De la patience. De la compassion envers les pauvres.

CHAPITRE XV

Douceur dans les paroles. Docilité aux corrections. Victime des impies. Tout est connu de Dieu. Ruine des superbes. Paresseux, insensé, impie, opposés au juste, au sage, au diligent.

CHAPITRE XVI

Dieu dispose de la langue et des pas de l’homme. Colère et clémence du roi. Maux que cause l’orgueil. Voie funeste qui parait bonne. Dieu règle et conduit le sort.

CHAPITRE XVII

Le serviteur sage. Dieu éprouve les cœurs. Ne pas mépriser le pauvre. Jugements injustes et abominables aux yeux du Seigneur. L’ami aime en tout temps. L’insensé passe pour sage, lorsqu’il se tait.

CHAPITRE XVIII

De l’ami infidèle. De la confiance du juste et de celle du riche. Orgueil et humiliation. Fruits de la langue. Bonne et mauvaise femme. De l’homme sociable.

CHAPITRE XIX

Du pauvre et du riche. Du faux témoin. De la colère et de la bienveillance du roi. La femme prudente est un don du Seigneur. Correction des enfants. Crainte du Seigneur. Châtiments réservés aux méchants.

CHAPITRE XX

Vin, source de luxure. De l’homme paresseux. Double poids et double mesure, choses abominables. Danger d’être caution. Honorer ses parents. Ne pas rendre le mal. Les grands maux demandent de grands remèdes.

CHAPITRE XXI

Cœur du roi dans la main de Dieu. Paresse, source de misères. Malheur de ceux qui ont le cœur dur pour les pauvres. Avantages de la justice et de la sagesse. Le salut est un don du Seigneur.

CHAPITRE XXII

Prix de la bonne réputation. Avantage de la pureté de cœur. Exhortation à la sagesse. Ne point opprimer le pauvre. Ne point toucher aux bornes anciennes.

CHAPITRE XXIII

Sobriété à la table des grands. Ne point rechercher les richesses. Ne point opprimer les pupilles. Demeurer ferme dans la crainte dit Seigneur. Fuir les femmes de mauvaise vie et l’ivrognerie.

CHAPITRE XXIV

Ne pas envier la prospérité des méchants. N’estimer que la sagesse. Se soutenir dans l’affliction. Ne pas se réjouir de la ruine de ses ennemis. Craindre Dieu et le roi. Éviter la paresse.

CHAPITRE XXV

Cœur des rois impénétrable. Ne point s’élever soi-même. Parole dite à propos. Promesse sans effet. Tristesse du cœur. Faire du bien à ses ennemis. Mettre des bornes à sa curiosité.

CHAPITRE XXVI

De l’insensé. De celui qui se croit sage. Du paresseux. Du faux ami. De la mauvaise langue. De celui qui cache sa haine.

CHAPITRE XXVII

Ne point compter sur l’avenir. Des bons conseils. Travailler à acquérir la sagesse. Du serviteur fidèle. Les louanges sont l’épreuve du cœur. Devoir des pasteurs.

CHAPITRE XXVIII

Timidité de l’impie. Confiance du juste. Simplicité du pauvre. De la crainte du Seigneur. De l’oisiveté. De celui qui juge injustement. De celui qui s’enfle d’orgueil. Du règne des impies.

CHAPITRE XXIX

De celui qui méprise les réprimandes. De la ruine des méchants. De la correction des enfants. Des instructions des prophètes. De l’homme superbe. De la crainte des hommes.

CHAPITRE XXX

La sagesse est un don de Dieu. Danger des richesses et de la pauvreté. Races exécrables. Filles de la sangsue. Choses insatiables. Choses inconnues. Choses insupportables. Choses très sages. Choses qui marchent bien.

CHAPITRE XXXI

Instructions que Salomon a reçues de sa mère. Fuir la débauche et les femmes. Ne pas boire de vin avec excès. Portrait de la femme forte : son économie, sa sagesse, sa vigilance, son assiduité au travail. Fragilité de la beauté du corps.

²

*prin

INTRODUCTION AU LIVRE DES PROVERBES

L’auteur du livre des Proverbes est Salomon, comme l’attestent les inscriptions. Les deux derniers chapitres du livre, XXX-XXXI, qui portent un autre nom, peuvent seuls lui être refusés. Tout le monde admet que les chapitres X-XXII sont de lui, au moins dans leur majeure partie. L’opinion de Grotius, qui prétendait que Salomon n’était que le compilateur des maximes publiées sous son nom, est universellement abandonnée ; elle est inconciliable avec les inscriptions, I, 1 ; X, 1, et avec III Reg. IV, 32. L’origine salomonienne de tous les proverbes est encore confirmée par l’uniformité du style qui est partout essentiellement le même, et par l’emploi de certains mots favoris qu’on retrouve dans les XXIX premiers chapitres.

La question de la date du livre dans sa forme actuelle est différente de celle de l’auteur. L’inscription du second recueil de proverbes, XXV, 1, prouve que cette partie ne fut recueillie que du temps d’Ézéchias, entre 725 et 696 avant Jésus-Christ, mais nous ne savons si elle fut empruntée à la tradition orale ou tirée de livres antérieurs. Quoi qu’il en soit, on peut affirmer avec M. Reusch que, « dans sa forme présente, le livre des Proverbes est du temps d’Ézéchias. L’appendice, XXX-XXXI, peut aussi avoir été ajouté à cette époque. Selon toute apparence, les hommes d’Ézéchias avaient déjà trouvé les deux premières parties, I-XXIV ou au moins I-XXII, 15, réunies par Salomon lui-même, ou sous son règne, ou peu après lui. » Les moyens de lire avec fruit le livre des Proverbes sont les suivants : « 1° Pour les bien entendre, en réduire la doctrine à certaines vérités capitales d’où les autres dépendent. — 2° Comparer les instructions de ce livre avec celles de l’Évangile et des Apôtres, ainsi que de la loi, des prophètes et des autres livres de l’Ancien Testament. — 3° Chercher dans les histoires de l’Écriture des hommes tels, en bien et en mal, que les dépeint le livre des Proverbes. — 4° Profiter des ouvertures que donnent les Pères de l’Église sur certains endroits de ce livre, pour entendre non seulement ces endroits, mais encore tout le reste du livre. — 5° Lire et méditer ce divin livre dans le même esprit dans lequel il a été composé. » (Anonyme.)

Voici un exemple, tiré de saint Augustin, qui montre quel fruit on peut retirer de la lecture et de la méditation des Proverbes dans les applications morales. Saint-Marc Girardin, après avoir rapporté le passage des Proverbes, VI, 6-8, qui vante la prévoyance de la fourmi, continue : « Ne croyez pas que les docteurs chrétiens, surtout les Pères de l’Église, n’aient expliqué la prévoyance que Salomon loue dans la fourmi, que par le soin d’amasser des richesses matérielles pour nos vieux jours. C’est la richesse morale qu’il faut acquérir quand on est jeune, pour en jouir quand on est vieux. Enrichissez votre âme, afin qu’elle ait de quoi se soutenir dans les mauvais jours. « Voyez, dit saint Augustin, la fourmi de Dieu : elle se lève tous les jours de grand matin, court à l’église, prie, entend la lecture de la parole sainte, chante les hymnes, repasse dans son esprit ce qu’elle a entendu, y réfléchit longtemps et amasse le grain qu’elle a recueilli dans l’aire… Vient l’épreuve de la tribulation, l’hiver de la vie, l’orage de la crainte, le froid de la tristesse, la perte des biens, le risque de la vie, la mort des siens, la disgrâce et l’humiliation… Alors les hommes regardent cette âme fidèle avec une grande compassion : Quel malheur ! disent-ils ; le moyen de vivre après cela ? Comment cette personne n’est-elle point accablée par tant de maux ? — Ils ne savent pas les provisions qu’a faites la fourmi et qui la nourrissent à ce moment ; ils ne voient pas quels grains précieux elle a amassés, et comment, renfermée dans son abri, loin de tous les yeux, elle se soutient pendant l’hiver à l’aide des travaux de l’été. » Voilà comment saint Augustin explique l’éloge que Salomon fait de la prévoyance de la fourmi, prévoyance d’autant plus louable qu’elle s’applique à des biens plus élevés et plus solides que ceux que recherchent ordinairement les hommes, biens qu’on ne possède et dont on ne jouit dans la vieillesse qu’à la condition de les avoir acquis dans la jeunesse. Ne nous y trompons pas, en effet, notre jeunesse fait et prépare notre vieillesse [et même notre vie éternelle], et nous ne retrouvons dans nos greniers que ce que nous avons semé et cultivé dans nos champs pendant le printemps. »

Les Proverbes sont le premier des livres appelés sapientiaux, dans le sens strict, parce qu’ils nous enseignent la véritable sagesse, celle qui nous apprend à pratiquer la vertu, à devenir meilleurs et à faire, comme nous le disons aujourd’hui dans la langue chrétienne, notre salut. La sagesse est, par conséquent la même chose que la vertu ; elle consiste à connaitre et à faire le bien pour plaire à Dieu, III, 4 ; à fuir le mal pour ne point lui déplaire, III, 7 ; cf. VIII, 13 ; à agir, en un mot, d’une manière surnaturelle. Le sentier des justes est lumière ; la voie des méchants, ténèbres, IV, 18-19. Cf. XXVIII, 18 ; IV, 27. Salomon veut prêcher ainsi la sagesse à ceux qui ne la connaissent pas encore, et en donner une connaissance plus parfaite à ceux qui savent déjà ce qu’elle est. À cause du but qu’il se propose, il s’adresse à l’homme en général ; l’individu s’efface devant l’humanité ou se confond avec elle. Le Juif ne se montre pas ici ; le côté étroit et national qui dépare les productions rabbiniques est tout à fait absent des livres sapientiaux ; l’Esprit-Saint instruit tous les hommes, parce qu’il les appelle tous au salut. La sagesse à laquelle il les convie, qu’il veut, leur faire aimer, n’est pas du reste une abstraction ; c’est une personne divine. L’auteur sacré nous la représente, dans le ch. VIII, 14, revêtue des attributs qu’Isaïe donne au Messie, XI, 2, le conseil, l’intelligence, la force ; il nous parle d’elle, 15-16, comme de Dieu : toute puissance vient d’elle sur la terre ; elle aime ceux qui l’aiment ; elle est la source de tous les biens, 16-21. La Sagesse est le Verbe, la seconde personne de la Sainte Trinité, engendrée de toute éternité par le Père, 22-23. Elle est désignée comme le Verbe dans l’Apocalypse, III, 14 ; comme Jésus-Christ dans saint Paul, Col. I, 15 ; elle a pris part à la création du monde, 24-30, comme nous l’explique saint Jean au commencement de son Évangile, I, 3 ; elle n’est pas seulement spectatrice de la création, elle y prend une part active, Prov. VIII, 30 ; Joan. I, 3. L’idée de la médiation du Verbe, entre son Père et les hommes, apparait aussi dans l’ensemble de ce passage des Proverbes, qui se termine par ce mot si tendre et si touchant : Mes délices sont d’être avec les fils des hommes, VIII, 31. Ce que nous recommande Salomon dans son livre, c’est donc l’imitation de la Sagesse incréée, la participation à sa vie et à ses attributs. En nous révélant ces grandes vérités, il nous montre en Dieu même le principe de la loi morale et la source de la vertu.

Le moyen d’acquérir la sagesse, c’est d’avoir la crainte de Dieu. L’introduction générale, I-IX, nous apprend quel est le motif qui a poussé Salomon à recueillir ses Proverbes : c’est de démontrer que la crainte de Dieu est le premier de tous les biens, I, 7 : La crainte du Seigneur est le principe de la sagesse, parce que c’est elle qui nous mène à la sagesse. Cette parole est le véritable commencement du livre, après la préface, I, 1-6 ; elle est répétée aussi à la fin, presque en dernier lieu, comme conclusion, IX, 10, parce que c’est la vérité que l’auteur se propose principalement d’inculquer, le résumé de toute sa doctrine. Cf. I, 22 ; VIII, 8 ; IX, 6 ; Job. XXVIII, 28 ; Ps. CX, 10 ; Eccli. I, 16.

La crainte de Dieu à laquelle Salomon ou plutôt l’Esprit-Saint attache tant d’importance, c’est la pratique de la religion, ou, en d’autres termes, le respect et le culte dus à Dieu, l’observation de ses commandements, ce que nous devons appeler maintenant une conduite chrétienne. Avoir la crainte de Dieu ou être fidèle à tous ses devoirs, c’est donc le moyen d’arriver à la sagesse. Le sage pose ainsi la religion comme base de la morale et de la sainteté ; en dehors de Dieu, il n’y a point de vraie morale ni de science complète, XVI, 20 ; XXIX, 25 ; III, 11-12, et surtout III, 5-6.

Depuis Julien l’Apostat, on a souvent répété que la sagesse des Proverbes n’était qu’une sagesse humaine. Il est vrai que, grâce à la révélation contenue dans l’Ancien Testament, et surtout dans le Nouveau, les idées exprimées dans les livres sapientiaux nous sont devenues familières et appartiennent en quelque sorte au patrimoine commun du genre humain, mais elles n’en sont pas moins élevées et dignes de celui qui les a inspirées. Pour en comprendre le prix, il faut les comparer aux maximes des sages païens. Or, depuis Phocylides jusqu’à Marc-Aurèle, quoique celui-ci et ses contemporains aient déjà vécu dans une atmosphère imprégnée de Christianisme, on ne trouve aucun philosophe qui égale le fils de David. Aucun d’entre eux n’a eu le regard assez pénétrant pour découvrir le vrai principe de la vertu et poser comme base de la sagesse le premier verset de notre livre : La crainte du Seigneur est le principe de la sagesse ; aucun d’entre eux n’a pu complètement éviter toute erreur : s’ils ont vu que le bien est le juste milieu entre deux excès, ils n’ont pas su se tenir dans le droit chemin ; de tous il faut retrancher des points répréhensibles en dogme et en morale ; Salomon seul n’erre jamais, parce que c’est Dieu qui parle par sa bouche. Épictète, le plus grand cependant des moralistes païens, n’avait trouvé qu’une morale négative, dépourvue de tout principe d’action : Souffre, abstiens-toi. Les autres philosophes stoïciens n’avaient su non plus enseigner qu’une résignation au-dessus des forces humaines, consistant à se faire illusion sur la nature de la souffrance, ou bien une vague reconnaissance pour les bontés du ciel ; ils n’avaient jamais pensé à nous inviter, comme l’Esprit Saint par la bouche de Salomon, à faire de la pensée de Dieu une douce occupation du cœur, une sorte de refuge et de lieu de repos. Si les Proverbes ne font pas encore briller le plein jour de l’Évangile, ils en sont du moins l’aurore : Dieu nous y apparait comme un père, jusque dans ses châtiments, III, 12.

Un poète, qui s’est inspiré des Proverbes, dans ses Paroles de Salomon, Joseph Autran, dit des maximes du Sage : « J’avais passé, je l’avoue, plusieurs années sans les revoir. Je ne redirai pas les sentiments que fit naitre en moi cette lecture ; ils seront compris du petit nombre de ceux qui ne dédaignent pas d’ouvrir de temps en temps ces livres incomparables. Quel poète et quel sage que ce roi Salomon ! Il a tout vu, tout senti, tout essayé, tout approfondi. L’expérience universelle des choses est résumée dans ces maximes, tour à tour sublimes et familières, qui s’adressent à tous les hommes et à tous les temps, dans ces courtes et substantielles sentences qui gardent après trois mille ans leur immortel à-propos. Que dire aussi de cette beauté de langage, de cette richesse d’images et de couleurs qui n’ont d’égales nulle part ? Telle en est la puissance qu’elles font oublier nos misères et nos petitesses des jours présents. »

Le livre des Proverbes se divise de la manière suivante. 1° Il s’ouvre par une sorte de préface générale, I, 1-6, qui renferme le titre du livre et le nom de l’auteur, et nous fait connaitre le caractère général et le but des Proverbes. — 2° Le corps du livre se partage en trois parties : 1° une introduction générale, I, 7-IX ; 2° et 3° deux recueils distincts des Proverbes de Salomon, X-XXIV ; XXV-XXIX. — 3° Enfin l’ouvrage se termine par trois appendices, savoir deux petites collections de proverbes qui portent le nom d’Agur (dans la Vulgate, « celui qui assemble ») et du roi Lamuel, et l’éloge alphabétique ou acrostiche de la femme forte, XXX ; XXXI, 1-9 ; XXXI, 10-31.

²

PROVERBES

LES PROVERBES(a) DE SALOMON

1 à 10

Pr 1

*pr01

CHAPITRE PREMIER

Exhortation à l’étude de la sagesse. Malheur de ceux qui la méprisent, et qui cherchent à séduire les simples.

1 Parábolæ Salomónis, fílii David, regis Israël,

1. Paraboles de Salomon, fils de David et roi d’Israël,

2 ad sciéndam sapiéntiam et disciplínam ;

2. Utiles pour connaitre la sagesse et la discipline,

3 ad intelligénda verba prudéntiæ,

3. Pour comprendre les paroles de la prudence,

et suscipiéndam eruditiónem doctrínæ,

pour recevoir l’instruction de la doctrine,

justítiam, et judícium, et æquitátem :

la justice, et le jugement et l’équité,

4 ut detur párvulis astútia,

4. Afin que soit donnée aux tout petits la finesse,

adolescénti sciéntia et intelléctus.

à l’adolescent la science et l’intelligence.

5 Audiens sápiens, sapiéntior erit,

5. Le sage, en écoutant, sera plus sage,

et intélligens gubernácula possidébit.

et l’intelligent possèdera les moyens de gouverner.

6 Animadvértet parábolam et interpretatiónem,

6. Il découvrira le proverbe et l’interprétation,

verba sapiéntum et ænígmata eórum.

les paroles des sages et leurs énigmes.

7 Timor Dómini princípium sapiéntiæ ;

7. La crainte du Seigneur est le principe de la sagesse.

sapiéntiam atque doctrínam stulti despíciunt.

La sagesse et la doctrine, les insensés les méprisent.

8 Audi, fili mi, disciplínam patris tui,

8. Écoute, mon fils, la discipline de ton père,

et ne dimíttas legem matris tuæ :

et ne rejette pas la loi de ta mère,

9 ut addátur grátia cápiti tuo,

9. Afin que soit ajouté un agrément à ta tête,

et torques collo tuo.

et un collier à ton cou.

10 Fili mi, si te lactáverint peccatóres,

10. Mon fils, si des pécheurs veulent t’attirer,

ne acquiéscas eis.

n’y acquiesce pas.

11 Si díxerint : Veni nobíscum, insidiémur sánguini ;

11. S’ils disent : Viens avec nous, dressons des embuches au sang,

abscondámus tendículas contra insóntem frustra ;

cachons des pièges à l’innocent qui ne l’a pas mérité ;

12 deglutiámus eum sicut inférnus vivéntem,

12. Comme l’enfer, engloutissons-le vivant

et íntegrum quasi descendéntem in lacum ;

et entier, comme celui qui descend dans la fosse.

13 omnem pretiósam substántiam reperiémus ;

13. Nous trouverons toutes sortes de biens précieux :

implébimus domos nostras spóliis :

nous remplirons nos maisons de dépouilles.

14 sortem mitte nobíscum,

14. Mets ta part avec nous,

marsúpium unum sit ómnium nostrum :

qu’une seule bourse soit pour nous tous.

15 fili mi, ne ámbules cum eis ;

15. Mon fils, ne marche pas avec eux,

próhibe pedem tuum a sémitis eórum :

écarte ton pied de leurs sentiers.

16 pedes enim illórum ad malum currunt,

16. Car leurs pieds courent au mal,

et festínant ut effúndant sánguinem.

et ils se hâtent afin de verser le sang.

17 Frustra autem jácitur rete

17. Mais en vain l’on jette le filet

ante óculos pennatórum.

devant les yeux des oiseaux.

18 Ipsi quoque contra sánguinem suum insidiántur,

18. Eux aussi à leur propre sang dressent des embuches,

et moliúntur fraudes contra ánimas suas.

et machinent des fraudes contre leurs propres âmes.

19 Sic sémitæ omnis avári :

19. Ainsi sont les sentiers de tout avare,

ánimas possidéntium rápiunt.

ils ravissent l’âme de tous ceux qui possèdent.

20 Sapiéntia foris prǽdicat ;

20. La sagesse prêche dehors ;

in platéis dat vocem suam :

dans les places publiques elle élève sa voix ;

21 in cápite turbárum clámitat ;

21. À la tête des foules elle crie,

in fóribus portárum urbis profert verba sua, dicens :

aux portes de la ville elle profère ses paroles disant :

22 Usquequo, párvuli, dilígitis infántiam,

22. Jusques à quand, tout petits enfants, aimerez-vous l’enfance,

et stulti ea quæ sibi sunt nóxia cúpient,

et les insensés désireront-ils ce qui leur est pernicieux,

et imprudéntes odíbunt sciéntiam ?

et les imprudents haïront-ils la science ?

23 convertímini ad correptiónem meam.

23. Convertissez-vous à mes remontrances :

En próferam vobis spíritum meum,

voici que je vous révèlerai mon esprit,

et osténdam vobis verba mea.

et que je vous ferai comprendre mes paroles.

24 Quia vocávi, et renuístis ;

24. Parce que j’ai appelé, et que vous avez refusé de m’entendre ;

exténdi manum meam, et non fuit qui aspíceret :

que j’ai tendu ma main, et qu’il n’y a eu personne qui m’ait regardé ;

25 despexístis omne consílium meum,

25. Que vous avez méprisé tous mes conseils,

et increpatiónes meas neglexístis.

et négligé mes réprimandes :

26 Ego quoque in intéritu vestro ridébo,

26. Moi aussi, à votre mort, je rirai

et subsannábo cum vobis id quod timebátis advénerit.

et je me moquerai, lorsque ce que vous craigniez vous sera arrivé.

27 Cum irrúerit repentína calámitas,

27. Lorsqu’une calamité arrivera tout d’un coup,

et intéritus quasi tempéstas ingrúerit ;

et que la mort, comme une tempête, fondra violemment sur vous ;

quando vénerit super vos tribulátio et angústia :

quand viendront sur vous la tribulation et l’angoisse :

28 tunc invocábunt me, et non exáudiam ;

28. Alors ils m’invoqueront, et je ne les exaucerai pas ;

mane consúrgent, et non invénient me :

dès le matin ils se lèveront, et ils ne me trouveront pas ;

29 eo quod exósam habúerint disciplínam,

29. Parce qu’ils ont haï la discipline,

et timórem Dómini non suscéperint,

et qu’ils n’ont pas reçu la crainte du Seigneur,

30 nec acquiéverint consílio meo,

30. Qu’ils n’ont pas acquiescé à mes conseils,

et detráxerint univérsæ correptióni meæ.

qu’ils ont déprécié toutes mes remontrances.

31 Cómedent ígitur fructus viæ suæ,

31. Aussi ils mangeront les fruits de leurs voies,

suísque consíliis saturabúntur.

et ils seront rassasiés de leurs conseils.

32 Avérsio parvulórum interfíciet eos,

32. L’égarement des tout petits les tuera ;

et prospéritas stultórum perdet illos.

et la prospérité des insensés les perdra.

33 Qui autem me audíerit, absque terróre requiéscet,

33. Mais celui qui m’écoute reposera sans terreur

et abundántia perfruétur, timóre malórum subláto.

et jouira de l’abondance, la crainte des maux ayant été enlevée.

~

CHAP. I. 7. Ps. CX, 10 ; Eccli. I, 16. — 16. Is. LIX, 7. — 20. Prov. VIII, 1. — 24. Is. LXV, 12 ; LXVI, 4 ; Jer. VII, 13.

 

(a). Le mot Proverbes se prend ici dans le sens de sentences, maximes, leçons courtes et instructives, écrites d’un style concis et sentencieux. Les Grecs lui ont donné le nom de Paraboles (Paroïmiaï) ; nom qui convient d’autant mieux que la plupart des sentences de ce recueil sont écrites d’un style parabolique et figuré. Les anciens Pères ont appelé ce livre Panaretos, d’un mot grec qui signifie trésor de toute vertu, ou recueil de toutes sortes d’instructions qui conduisent à la vertu.

1-6. * Préface des livres des Proverbes. Salomon a un double but : celui d’apprendre la sagesse à ceux qui ne la connaissent pas encore et celui d’en donner une connaissance plus parfaite à ceux qui la connaissent déjà.

2. La discipline. Ce mot, qui est souvent répété dans les Proverbes, signifie principalement les connaissances spéculatives, les instructions propres à former l’esprit et le cœur de la jeunesse, la correction des défauts. Le contexte seul suffit souvent pour faire saisir dans chaque passage la nuance de la signification.

4. Aux tout petits (parvulis) ; c’est-à-dire selon l’hébreu, aux simples, qui se laissent facilement persuader et séduire ; qui manquent d’expérience, et, par là même, de prudence. — La finesse se prend ici, en bonne part, pour la sagesse, la prudence, la discrétion.

7 et suiv. * La première partie des Proverbes de Salomon comprend les chapitres I, 7-IX. Elle diffère des deux autres parties de la collection en ce qu’elle ne se compose pas seulement de pensées détachées, roulant sur des objets divers : le sujet est unique ; l’auteur fait l’éloge de la sagesse et exhorte les jeunes gens à travailler à l’acquérir. On peut considérer, à certains égards, les chapitres I, 7-IX, comme une introduction aux proverbes proprement dits, destinée à en faire sentir l’utilité et l’importance. La connexion entre les divers chapitres n’est pas d’ailleurs très rigoureuse. Plusieurs, II ; V ; VII ; VIII ; IX, forment un tout régulier ; quelquefois, il n’y a de véritable suite que pendant quelques versets : III, 1-10 ; 13-26 ; IV, 14-19 ; VI, 1-5, 6-11, d’où la difficulté de marquer les subdivisions de cette première section avec certitude. On peut y distinguer, néanmoins, trois parties différant par le contenu : I, 8-III ; IV-VI, 19 ; VI, 20-IX. Le style des Proverbes est en général le style poétique le plus simple, mais il n’est pas partout le même. C’est surtout entre le premier et le second recueil que la différence de composition est sensible. Dans les chapitres I-IX, malgré un peu de diffusion, quelques répétitions et l’absence, en certains endroits, d’un développement régulier, le langage est plus noble, le ton plus élevé ; ils abondent en images vivantes et en prosopopées hardies ; les deux derniers chapitres, VIII-IX, comptent parmi les pages les plus sublimes de la Bible. Quant à la forme proprement dite, la structure des morceaux est peu régulière. Une pensée est quelquefois développée en deux ou trois versets, I, 8-9 ; II, 11-15 ; VI, 1-5 ; 6-11 ; 12-15 ; 16-19 ; d’autres fois elle embrasse une longue suite de versets ou même un chapitre tout entier, II, 1-22 ; V, 1-20 ; VI, 20-35 ; VII ; VIII ; IX.

7. Les insensés (stulti) ; sous ce nom, l’Écriture désigne assez souvent les méchants, les impies. — * La crainte du Seigneur est le principe de la sagesse. « Dans cette parole d’or, dit Umbreit, la philosophie de l’Orient se sépare nettement de l’Occident. Le sage [juif] parvient par la religion à la sagesse, tandis que le sage de l’Occident cherche à arriver par la sagesse à la religion. On peut expliquer ainsi ces paroles : L’homme religieux peut seul devenir véritablement sage. »

8. * Ici commence une subdivision qui embrasse la fin de ce chapitre et les chapitres II et III entiers. Elle contient une exhortation générale à s’adonner à la poursuite de la sagesse, et elle se termine par des détails divers. Cette première subdivision, comme les suivantes, est indiquée par les mots, Écoute, mon fils, ou expressions analogues, IV, 1 ; VI, 20.

9. Un agrément (gratia) ; un ornement, une couronne. — * Les Orientaux comparent souvent les paroles des sages à des perles et à des ornements de prix, parce qu’elles ornent l’homme moral comme une parure.

11. Au sang ; c’est-à-dire pour verser le sang. Compar. le vers. 16.

12. Dans la fosse ; dans le tombeau. — * Comme l’enfer, le scheôl, le lieu où étaient les âmes des morts.

17, 18. De même que l’oiseleur tend inutilement son filet sous les yeux des oiseaux, parce que, lorsque les oiseaux le voient tendre, ils l’évitent, de même aussi les pécheurs manqueront leur but ; bien plus, ils tomberont eux-mêmes dans les pièges qu’ils tendent aux autres.

20. * Dans les places publiques. On peut voir ici une allusion à la coutume orientale de mettre les préceptes de morale en vers, que des chanteurs ou des orateurs chantent ou déclament dans les rues et sur les places publiques.

22. Très petits. Voy. le vers. 4. — Les insensés. Voy. le vers. 7. — * Salomon énumère trois classes de gens qui repoussent la sagesse : les enfants ou les simples, les insensés ou les esprits légers et frivoles et les imprudents ou les sots. Voir la parabole de la semence, Matth. XIII, 3 et suiv.

31. Ils seront rassasiés, etc. ; c’est-à-dire ils recevront la récompense pleine et entière de leurs desseins, de leurs projets.

32. L’égarement ; littér. l’éloignement (avérsio) de la droite voie, de la sagesse, de la vertu. C’est le même sens en hébreu. Jérémie se sert plusieurs fois de ce mot pour exprimer l’éloignement de Dieu (Jer. II, 19 ; III, 22 ; V, 6 ; XIV, 7). — Tout petits. Voy. le vers. 4.

33. La crainte, etc. ; sans avoir à craindre aucun mal.

²

 

Pr 2

*pr02

CHAPITRE II

Avantages que l’on trouve dans la possession de la sagesse. Maux que la sagesse fait éviter à ceux qui l’aiment et qui la possèdent.

1 Fili mi, si suscéperis sermónes meos,

1. Mon fils, si tu reçois mes paroles,

et mandáta mea abscónderis penes te :

et si tu caches mes commandements en toi,

2 ut áudiat sapiéntiam auris tua,

2. En sorte que ton oreille écoute la sagesse :

inclína cor tuum ad cognoscéndam prudéntiam.

incline ton cœur pour connaitre la prudence.

3 Si enim sapiéntiam invocáveris,

3. Car si tu invoques la sagesse,

et inclináveris cor tuum prudéntiæ ;

et que tu inclines ton cœur vers la prudence ;

4 si quæsíeris eam quasi pecúniam,

4. Si tu la recherches comme l’argent,

et sicut thesáuros effóderis illam :

et que tu creuses pour la trouver, comme les trésors :

5 tunc intélliges timórem Dómini,

5. Alors tu comprendras la crainte du Seigneur,

et sciéntiam Dei invénies,

et tu trouveras la science de Dieu.

6 quia Dóminus dat sapiéntiam,

6. Parce que c’est le Seigneur qui donne la sagesse,

et ex ore ejus prudéntia et sciéntia.

et que de sa bouche sortent la prudence et la science.

7 Custódiet rectórum salútem,

7. Il veillera au salut des hommes droits,

et próteget gradiéntes simplíciter,

et protègera ceux qui marchent dans la simplicité,

8 servans sémitas justítiæ,

8. Conservant les sentiers de la justice,

et vias sanctórum custódiens.

et gardant les voies des saints.

9 Tunc intélliges justítiam, et judícium,

9. C’est alors que tu comprendras la justice et le jugement,

et æquitátem, et omnem sémitam bonam.

et l’équité et tout bon sentier.

10 Si intráverit sapiéntia cor tuum,

10. Si la sagesse entre dans ton cœur,

et sciéntia ánimæ tuæ placúerit,

et que la science à ton âme plaise,

11 consílium custódiet te,

11. Le conseil te gardera,

et prudéntia servábit te :

et la prudence te sauvera,

12 ut eruáris a via mala,

12. Afin que tu sois arraché à une voie mauvaise,

et ab hómine qui pervérsa lóquitur ;

et à l’homme qui tient des discours pervers ;

13 qui relínquunt iter rectum,

13. À ceux qui abandonnent le droit chemin,

et ámbulant per vias tenebrósas ;

et qui marchent par des voies ténébreuses,

14 qui lætántur cum malefécerint,

14. Qui se réjouissent lorsqu’ils ont mal fait,

et exsúltant in rebus péssimis ;

qui tressaillent de joie dans les choses les plus mauvaises,

15 quorum viæ pervérsæ sunt,

15. Dont les voies son perverses,

et infámes gressus eórum.

et dont les démarches sont infâmes.

16 Ut eruáris a mulíere aliéna,

16. Afin que tu sois arraché à la femme d’autrui,

et ab extránea quæ mollit sermónes suos,

et à l’étrangère, qui amollit ses paroles ;

17 et relínquit ducem pubertátis suæ,

17. Qui abandonne le guide de sa jeunesse,

18 et pacti Dei sui oblíta est.

18. Et qui a oublié l’alliance de son Dieu :

Inclináta est enim ad mortem domus ejus,

sa maison penche vers la mort,

et ad ínferos sémitæ ipsíus.

et ses sentiers vers les enfers ;

19 Omnes qui ingrediúntur ad eam non reverténtur,

19. Tous ceux qui entrent chez elle ne reviendront pas,

nec apprehéndent sémitas vitæ.

et ne prendront pas les sentiers de la vie.

20 Ut ámbules in via bona,

20. Afin que tu marches dans une voie bonne,

et calles justórum custódias :

et que tu gardes les sentiers des justes.

21 qui enim recti sunt habitábunt in terra,

21. Car les hommes qui sont droits habiteront sur la terre,

et símplices permanébunt in ea ;

et les simples y demeureront constamment.

22 ímpii vero de terra perdéntur,

22. Mais les impies seront exterminés de la terre ;

et qui iníque agunt auferéntur ex ea.

et les méchants en seront enlevés.

~

CHAP. II. 22. Job. XVIII, 17.

 

1. Si tu caches, etc. ; c’est-à-dire si tu les tiens renfermés dans ton cœur, comme on tient un trésor à l’abri de toute atteinte.

4. * Si tu la recherches, etc. L’image de cette recherche diligente est empruntée au travail des mines, décrit plus longuement, Job. XXVIII, 1-11.

17. Le guide de sa jeunesse ; littér. de sa puberté ; c’est-à-dire celui qu’elle avait épousé étant à l’âge de puberté, étant encore vierge. Compar. Jer. III, 4.

18. * Qui a oublié l’alliance de son Dieu, la loi de Dieu qu’elle viole. — Vers les enfers, en hébreu, vers les rephaim ou habitants du scheôl. Voir plus loin, IX, 18.

19. * Ne reviendront pas au monde supérieur, à la vie tranquille, heureuse et pure.

21. Les hommes qui sont droits ; selon l’hébreu, les intègres, les parfaits. — Sur la terre (in terra) : c’est-à-dire dans leur patrie, jouissant d’une sécurité et d’une prospérité durables, comme Moïse l’a promis à ceux qui observeraient les préceptes divins (Ex. XX, 12 ; Lev. XXVI, 18 ; XXVI, 5, etc.), et Jésus-Christ à ceux qui sont doux (Matth. V, 4). Mais de cette première idée d’une félicité temporelle et d’une vie paisible dans le monde, l’Écriture nous élève à une autre terre et à une autre vie, qui ne finira pas, à la terre des vivants, à la félicité éternelle, au ciel.

22. * La sagesse promet ici à ses sectateurs un des biens qui étaient le plus désirés des Hébreux, le bonheur de vivre et de mourir en paix dans sa patrie.

²

 

Pr 3

*pr03

CHAPITRE III

La sagesse donne une longue vie. Avoir confiance en Dieu. N’être pas sage à ses propres yeux. Honorer le Seigneur par des présents ; souffrir ses corrections et ses épreuves. Prix inestimable de la sagesse. Le Seigneur a fondé la terre par la sagesse. Paix de ceux qui possèdent la sagesse. Faire du bien à son prochain. Bonheur des justes.

1 Fili mi, ne obliviscáris legis meæ,

1. Mon fils, n’oublie pas ma loi,

et præcépta mea cor tuum custódiat :

et que ton cœur garde mes préceptes,

2 longitúdinem enim diérum, et annos vitæ, et pacem,

2. Car ils t’apporteront la longueur des jours,

appónent tibi.

des années de vie, et la paix.

3 Misericórdia et véritas te non déserant ;

3. Que la miséricorde et la vérité ne t’abandonnent pas :

circúmda eas gútturi tuo,

mets-les autour de ton cou,

et descríbe in tábulis cordis tui :

grave-les sur les tables de ton cœur :

4 et invénies grátiam, et disciplínam bonam,

4. Et tu trouveras grâce et une bonne discipline

coram Deo et homínibus.

devant Dieu et les hommes.

5 Habe fidúciam in Dómino ex toto corde tuo,

5. Aie confiance dans le Seigneur de tout ton cœur,

et ne innitáris prudéntiæ tuæ.

et ne t’appuie pas sur ta prudence.

6 In ómnibus viis tuis cógita illum,

6. Dans toutes tes voies, pense à lui,

et ipse díriget gressus tuos.

et lui-même dirigera tes pas.

7 Ne sis sápiens apud temetípsum ;

7. Ne sois pas sage à tes propres yeux :

time Deum, et recéde a malo :

crains Dieu, et éloigne-toi du mal ;

8 sánitas quippe erit umbilíco tuo,

8. Car ce sera la santé pour ton corps

et irrigátio óssium tuórum.

et une irrigation pour tes os.

9 Honóra Dóminum de tua substántia,

9. Honore le Seigneur de ton bien,

et de primítiis ómnium frugum tuárum da ei :

et donne-lui des prémices de tous tes fruits ;

10 et implebúntur hórrea tua saturitáte,

10. Et tes greniers seront remplis d’abondance,

et vino torculária tua redundábunt.

et tes pressoirs regorgeront de vin.

11 Disciplínam Dómini, fili mi, ne abjícias,

11. Ne rejette pas, mon fils, la discipline du Seigneur :

nec defícias cum ab eo corríperis :

et ne te décourage pas, lorsque par lui tu es châtié ;

12 quem enim díligit Dóminus, córripit,

12. Car le Seigneur châtie celui qu’il aime,

et quasi pater in fílio cómplacet sibi.

et il se complait en lui comme un père en son fils.

13 Beátus homo qui invénit sapiéntiam,

13. Bienheureux l’homme qui a trouvé la sagesse,

et qui áffluit prudéntia.

et qui est riche en prudence :

14 Mélior est acquisítio ejus negotiatióne argénti,

14. L’acquisition de la sagesse vaut mieux que le commerce de l’argent,

et auri primi et puríssimi fructus ejus.

et ses fruits sont préférables à l’or le meilleur et le plus pur ;

15 Pretiósior est cunctis ópibus,

15. Elle est plus précieuse que toutes les richesses ;

et ómnia quæ desiderántur huic non valent comparári.

et tout ce qu’on désire ne peut lui être comparé.

16 Longitúdo diérum in déxtera ejus,

16. La longueur des jours est dans sa droite ;

et in sinístra illíus divítiæ et glória.

et dans sa gauche sont les richesses et la gloire.

17 Viæ ejus viæ pulchræ,

17. Ses voies sont des voies belles,

et omnes sémitæ illíus pacíficæ.

et tous ses sentiers sont pacifiques.

18 Lignum vitæ est his qui apprehénderint eam,

18. Elle est un arbre de vie pour ceux qui la saisissent,

et qui tenúerit eam beátus.

et celui qui la tient est bienheureux.

19 Dóminus sapiéntia fundávit terram ;

19. Le Seigneur, par la sagesse, a fondé la terre :

stabilívit cælos prudéntia.

il a affermi les cieux par la prudence.

20 Sapiéntia illíus erupérunt abýssi,

20. Par sa sagesse ont paru tout à coup des abimes,

et nubes rore concréscunt.

et les nuées se chargent de rosée.

21 Fili mi, ne éffluant hæc ab óculis tuis.

21. Mon fils, que ces choses ne s’éloignent pas de tes yeux ;

Custódi legem atque consílium,

garde la loi et le conseil ;

22 et erit vita ánimæ tuæ,

22. Et ce sera la vie pour ton âme,

et grátia fáucibus tuis.

et un ornement à ton cou ;

23 Tunc ambulábis fiduciáliter in via tua,

23. Alors tu marcheras avec assurance dans ta voie,

et pes tuus non impínget.

et ton pied ne se heurtera pas ;

24 Si dormíeris, non timébis ;

24. Si tu dors, tu ne craindras pas :

quiésces, et suávis erit somnus tuus.

tu reposeras, et doux sera ton sommeil ;

25 Ne páveas repentíno terróre,

25. Ne redoute pas une terreur soudaine,

et irruéntes tibi poténtias impiórum.

ni les puissances des impies fondant sur toi.

26 Dóminus enim erit in látere tuo,

26. Car le Seigneur sera à ton côté,

et custódiet pedem tuum, ne capiáris.

et il gardera ton pied, afin que tu ne sois point pris.

27 Noli prohibére benefácere eum qui potest :

27. N’empêche point de bien faire celui qui le peut :

si vales, et ipse bénefac.

si tu es en état, fais toi-même bien.

28 Ne dicas amíco tuo : Vade, et revértere : cras dabo tibi :

28. Ne dis pas à ton ami : Va et reviens ; demain je te donnerai,

cum statim possis dare.

lorsqu’à l’instant tu peux donner.

29 Ne moliáris amíco tuo malum,

29. Ne machine pas de mal contre ton ami,

cum ille in te hábeat fidúciam.

puisque lui en toi a confiance.

30 Ne conténdas advérsus hóminem frustra,

30. Ne dispute pas avec un homme sans sujet,

cum ipse tibi nihil mali fécerit.

lorsque lui-même ne t’a rien fait de mal.

31 Ne æmuléris hóminem injústum,

31. Ne porte pas envie à un homme injuste,

nec imitéris vias ejus :

et n’imite pas ses voies,

32 quia abominátio Dómini est omnis illúsor,

32. Parce que c’est l’abomination du Seigneur, qu’un moqueur ;

et cum simplícibus sermocinátio ejus.

et que c’est avec les simples qu’est sa conversation.

33 Egéstas a Dómino in domo ímpii ;

33. La détresse viendra du Seigneur dans la maison de l’impie ;

habitácula autem justórum benedicéntur.

mais les habitations des justes seront bénies.

34 Ipse delúdet illusóres,

34. Il se jouera lui-même des moqueurs ;

et mansuétis dabit grátiam.

et aux hommes doux il donnera sa grâce.

35 Glóriam sapiéntes possidébunt ;

35. Les sages possèderont la gloire :

stultórum exaltátio ignomínia.

l’élévation des insensés sera l’ignominie.

~

CHAP. III. 7. Rom. XII, 16. — 9. Tob. IV, 7 ; Luc. XIV, 13. — 11. Hebr. XII, 5 ; Apoc. III, 19. — 31. Ps. XXXVI, 1. — 34. Jac. IV, 6 ; I Petr. V, 5.

 

2. Ils t’apporteront, etc. Compar. Ex. XX, 22 ; Deut. V, 10 ; XXII, 7.

3. Mets-les autour, etc. Compar. Ex. XIII, 9 ; Deut. VI, 8. — Grave, etc. ; allusion aux Tables de la loi. Voy. Ex. XXIV, 12.

4. Discipline. Voy. Prov. I, 2.

6. * Lui-même dirigera tes pas, aplanira tes sentiers, rendra ta vie heureuse et sainte. Voir Ps. XXVI, 12.

10. * Tes pressoirs. Le mot hébreu ainsi traduit désigne une sorte d’auge creusée dans la terre ou taillée dans le roc à côté du pressoir proprement dit et dans laquelle se déverse le vin qui coule du pressoir. Voir Is. V, 2.

14-15. * Toutes les richesses. En hébreu, les perles. Il y a une gradation ascendante ; d’abord l’argent, puis l’or, plus précieux que l’argent, et enfin les perles plus rares encore et de plus grand prix. Voir VIII, 11 et Job. XXVIII, 18.

16. La longueur, etc. ; c’est-à-dire que la sagesse donne, d’un côté, une longue et heureuse vie ; et de l’autre, des biens et des honneurs. — * L’excellence de la sagesse a été montrée jusqu’ici par des comparaisons. Dans ce verset, elle nous apparait comme une reine dont les mains sont remplies des présents que les Hébreux considèrent comme les plus désirables, et elle les offre à ceux qui obéissent à ses lois. Les dons qu’offre ici la sagesse sont ceux que Dieu promit à Salomon quand il lui apparut à Gabaon, III Reg. III, 11-14.

17. * Pacifiques. La sagesse donne la paix de l’âme que tous les hommes désirent et que les impies, qui ne recherchent point la sagesse, ne trouvent point.

18. * Un arbre de vie. Allusion à l’arbre de vie du paradis terrestre, Gen. II, 9 ; III, 22.

20. Des nuées se chargent de rosée (nubes rore concréscunt) ; selon l’hébreu : Des nuées distillent la rosée. — * Les abimes, les eaux des mers. Ce verset, comme les deux précédents, rappelle les premiers chapitres de la Genèse.

27-35. * Exhortation à la charité fraternelle.

32. Moqueur (illusor) ; selon l’hébreu, pervers, dépravé.

²

 

Pr 4

*pr04

CHAPITRE IV

Salomon donne aux autres les instructions qu’il a reçues lui-même pendant sa jeunesse. Exhortation à étudier la sagesse. Inquiétudes des méchants. Garder son cœur avec soin. Veiller sur sa langue et sur ses démarches.

1 Audíte, fílii, disciplínam patris,

1. Écoutez, mes fils, la discipline d’un père,

et atténdite ut sciátis prudéntiam.

et soyez attentifs, afin que vous connaissiez la prudence.

2 Donum bonum tríbuam vobis :

2. Je vous ferai un don excellent ;

legem meam ne derelinquátis.

n’abandonnez pas ma loi.

3 Nam et ego fílius fui patris mei,

3. Car moi aussi j’ai été un fils chéri de mon père,

tenéllus et unigénitus coram matre mea.

et comme un fils unique devant ma mère ;

4 Et docébat me, atque dicébat :

4. Et il m’instruisait, et me disait :

Suscípiat verba mea cor tuum ;

Que ton cœur reçoive mes paroles,

custódi præcépta mea, et vives.

garde mes préceptes et tu vivras.

5 Pósside sapiéntiam, pósside prudéntiam :

5. Possède la sagesse, possède la prudence :

ne obliviscáris, neque declínes a verbis oris mei.

n’oublie pas les paroles de ma bouche et ne t’en écarte pas.

6 Ne dimíttas eam, et custódiet te :

6. Ne rejette pas la sagesse, et elle te gardera :

dílige eam, et conservábit te.

aime-la, et elle te conservera.

7 Princípium sapiéntiæ : pósside sapiéntiam,

7. Un principe de sagesse est : Mets-toi en possession de la sagesse ;

et in omni possessióne tua acquíre prudéntiam.

et par tout ce que tu possèdes, acquiers la prudence ;

8 Arripe illam, et exaltábit te ;

8. Saisis-la, et elle t’exaltera ;

glorificáberis ab ea cum eam fúeris amplexátus.

tu seras glorifié par elle, lorsque tu l’auras embrassée ;

9 Dabit cápiti tuo augménta gratiárum,

9. Elle mettra sur ta tête des accroissements de grâces,

et coróna ínclyta próteget te.

et elle te couvrira d’une glorieuse couronne.

10 Audi, fili mi, et súscipe verba mea,

10. Écoute mon fils, et reçois mes paroles,

ut multiplicéntur tibi anni vitæ.

afin que se multiplient pour toi des années de vie.

11 Viam sapiéntiæ monstrábo tibi ;

11. Je te montrerai la voie de la sagesse :

ducam te per sémitas æquitátis :

je te conduirai par les sentiers de l’équité ;

12 quas cum ingréssus fúeris, non arctabúntur gressus tui,

12. Lorsque tu y seras entré, tes pas ne seront pas resserrés ;

et currens non habébis offendículum.

et, courant, tu ne trouveras pas de pierre d’achoppement.

13 Tene disciplínam, ne dimíttas eam ;

13. Retiens la discipline, ne la rejette pas :

custódi illam, quia ipsa est vita tua.

garde-la, parce que c’est elle qui est ta vie.

14 Ne delectéris in sémitis impiórum,

14. Ne prends pas plaisir aux sentiers des impies,

nec tibi pláceat malórum via.

que la voie des méchants ne t’agrée point.

15 Fuge ab ea, nec tránseas per illam ;

15. Fuis-la, n’y passe pas :

declína, et désere eam.

détourne-toi et abandonne-la ;

16 Non enim dórmiunt nisi malefécerint,

16. Car ils ne dorment point, s’ils n’ont mal fait ;

et rápitur somnus ab eis nisi supplantáverint.

et le sommeil leur est ravi, s’ils n’ont supplanté quelqu’un ;

17 Cómedunt panem impietátis,

17. Ils mangent du pain d’impiété,

et vinum iniquitátis bibunt.

et c’est du vin d’iniquité qu’ils boivent.

18 Justórum autem sémita quasi lux splendens procédit,

18. Mais le sentier des justes, comme une lumière éclatante,

et crescit usque ad perféctam diem.

s’avance et croît jusqu’au jour parfait.

19 Via impiórum tenebrósa ;

19. La voie des impies est ténébreuse ;

nésciunt ubi córruant.

ils ne savent où ils se précipitent.

20 Fili mi, auscúlta sermónes meos,

20. Mon fils, écoute mes discours,

et ad elóquia mea inclína aurem tuam.

et à mes paroles incline ton oreille ;

21 Ne recédant ab óculis tuis :

21. Qu’elles ne s’éloignent pas de tes yeux,

custódi ea in médio cordis tui :

garde-les au milieu de ton cœur ;

22 vita enim sunt inveniéntibus ea,

22. Car elles sont la vie pour ceux qui les trouvent,

et univérsæ carni sánitas.

et la santé pour toute chair :

23 Omni custódia serva cor tuum,

23. Garde ton cœur en toute vigilance,

quia ex ipso vita procédit.

parce que c’est de lui que la vie procède.

24 Rémove a te os pravum,

24. Écarte de toi la bouche perverse ;

et detrahéntia lábia sint procul a te.

et que des lèvres médisantes soient loin de toi.

25 Oculi tui recta vídeant,

25. Que tes yeux voient ce qui est droit,

et pálpebræ tuæ præcédant gressus tuos.

et que tes paupières précèdent tes pas.

26 Dírige sémitam pédibus tuis,

26. Dresse un sentier pour tes pieds ;

et omnes viæ tuæ stabiliéntur.

et toutes tes voies seront affermies.

27 Ne declínes ad déxteram neque ad sinístram ;

27. N’incline ni à droite ni à gauche :

avérte pedem tuum a malo :

détourne ton pied du mal ;

vias enim quæ a dextris sunt novit Dóminus :

car les voies qui sont à droite, le Seigneur les connait :

pervérsæ vero sunt quæ a sinístris sunt.

mais perverses sont celles qui sont à gauche.

Ipse autem rectos fáciet cursus tuos,

Or lui-même rendra droites tes marches,

itínera autem tua in pace prodúcet.

et fera que tes chemins seront en paix.

~

CHAP. IV. 26. Hebr. XII, 13. — 27. Num. XX, 17 ; Deut. II, 27 ; XVII, 10, 20 ; XXVIII, 14.

 

1 et suiv. * Écoutez, mes fils. Commencement de la seconde subdivision de la première partie. Elle comprend les chapitres IV et V jusqu’à VI, 19 et revient sur des points particuliers de l’exhortation contenue dans la première subdivision. — Salomon reproduit ici les instructions qu’il avait reçues dans sa jeunesse de David, son père. Il rappelle souvent qu’il ne donne pas ses enseignements comme les siens propres, mais comme ceux de l’expérience des vieillards et de ses aïeux.

1. La discipline. Voy. Prov. I, 2.

3. Chéri (tenéllus) ; le grec porte obéissant, docile. — Comme ; particule qui se sous-entend très souvent dans le style biblique, et qui est évidemment sous-entendue ici, puisque Salomon eut trois frères (I Par. III, 5) ; à moins qu’on ne prenne fils unique dans le sens de fils chéri, le bien-aimé, comme l’ont fait les Septante. On sait, d’ailleurs, que les écrivains grecs et latins désignaient quelquefois par bien-aimés les fils uniques ou premiers-nés.

7. Un principe de sagesse, etc. ; c’est-à-dire c’est déjà être sage, que de chercher la sagesse, que de travailler pour l’obtenir. — Par tout ce que tu possèdes ; c’est-à-dire emploie, si c’est nécessaire, tout ce que tu possèdes pour acquérir la prudence.

12. * La vie de l’homme est souvent comparée dans l’Écriture à une marche ou à un voyage, parce que nous n’avons pas ici de demeure permanente et que notre véritable patrie est ailleurs. Gen. XLVII, 9 ; Ps. XXXIX, 14-15. Les pas resserrés indiquent les embarras qui surviennent à l’homme dans le cours de la vie. La course est la prompte exécution de ce que nous avons à faire pour remplir le but de la vie ; la pierre d’achoppement ou la chute est l’issue malheureuse d’une affaire, l’échec d’un plan ou d’une entreprise. Celui qui possède la sagesse n’a point de difficultés dans l’exécution de ses plans, il peut les mener promptement à bonne fin, sans courir aucun danger de manquer son but.

16. Le sommeil, etc. ; les méchants ne prennent pas de sommeil, ils ne se livrent pas au sommeil.

18. * S’avance et croît en éclat jusqu’au plein midi. Notre-Seigneur a souvent comparé aussi la vie du juste à la lumière et celle du pécheur aux ténèbres, Joan. XI, 9, 10, etc.

22. Toute chair, dans le langage de l’Écriture, signifie tous les hommes.

25. Que tes yeux, etc. ; c’est-à-dire regarde droit devant toi, sans porter inconsidérément tes yeux de côté et d’autre. — Que tes paupières, etc. ; c’est la même pensée que la précédente, mais exprimée en des termes différents.

27. * Ici finit l’exhortation du père à ses fils.

²

 

Pr 5

*pr05

CHAPITRE V

Être attentif à la sagesse. Veiller sur ses pensées et sur ses paroles. S’attacher à sa femme. Fuir les femmes de mauvaise vie. Éviter les femmes étrangères. Suites funestes de l’adultère.

1 Fili mi, atténde ad sapiéntiam meam,

1. Mon fils, sois attentif à ma sagesse,

et prudéntiæ meæ inclína aurem tuam :

et à ma prudence incline ton oreille,

2 ut custódias cogitatiónes, et disciplínam lábia tua consérvent.

2. Afin que tu veilles sur tes pensées, et que tes lèvres conservent la discipline.

Ne atténdas falláciæ mulíeris ;

Prends garde à l’artifice fallacieux de la femme ;

3 favus enim distíllans lábia meretrícis,

3. Car c’est un rayon distillant le miel, que les lèvres d’une prostituée,

et nitídius óleo guttur ejus :

et plus brillant que l’huile est son gosier ;

4 novíssima autem illíus amára quasi absínthium,

4. Mais ses derniers moments sont amers comme l’absinthe,

et acúta quasi gládius biceps.

et perçants comme un glaive à deux tranchants.

5 Pedes ejus descéndunt in mortem,

5. Ses pieds descendent à la mort,

et ad ínferos gressus illíus pénetrant.

et jusqu’aux enfers ses pas pénètrent.

6 Per sémitam vitæ non ámbulant ;

6. Ils ne marchent point par le sentier de la vie :

vagi sunt gressus ejus et investigábiles.

ses pas sont incertains, et on ne peut les découvrir.

7 Nunc ergo fili mi, audi me,

7. Maintenant donc, mon fils, écoute-moi,

et ne recédas a verbis oris mei.

et ne t’écarte pas des paroles de ma bouche.

8 Longe fac ab ea viam tuam,

8. Éloigne d’elle ta voie,

et ne appropínques fóribus domus ejus.

et ne t’approche pas de la porte de sa maison.

9 Ne des aliénis honórem tuum,

9. Ne donne pas à des étrangers ton honneur,

et annos tuos crudéli :

et tes années à un cruel vengeur,

10 ne forte impléntur extránei víribus tuis,

10. De peur que des étrangers ne soient comblés de tes biens,

et labóres tui sint in domo aliéna,

et que tes travaux n’aillent dans la maison d’un autre,

11 et gemas in novíssimis,

11. Et que tu ne gémisses à la fin,

quando consúmpseris carnes tuas et corpus tuum,

quand tu auras consumé tes chairs et ton corps ;

et dicas : 12 Cur detestátus sum disciplínam,

et que tu ne dises : 12. D’où vient que j’ai déteste la discipline,

et increpatiónibus non acquiévit cor meum,

et qu’aux remontrances n’a pas acquiescé mon cœur,

13 nec audívi vocem docéntium me,

13. Et que je n’ai pas écouté la voix de ceux qui m’instruisaient,

et magístris non inclinávi aurem meam ?

et qu’à mes maitres je n’ai pas incliné mon oreille ?

14 pene fui in omni malo,

14. J’ai été presque dans toute sorte de maux

in médio ecclésiæ et synagógæ.

au milieu de l’assemblée et de la réunion.

15 Bibe aquam de cistérna tua,

15. Bois de l’eau de ta citerne,

et fluénta pútei tui ;

et de l’eau vive de ton puits :

16 derivéntur fontes tui foras,

16. Que les cours de tes fontaines soient dirigés au dehors ;

et in platéis aquas tuas dívide.

et dans les rues partage tes eaux.

17 Habéto eas solus,

17. Possède-les seul,

nec sint aliéni partícipes tui.

et que des étrangers n’y aient point de part avec toi.

18 Sit vena tua benedícta,

18. Que ta source soit bénie ;

et lætáre cum mulíere adolescéntiæ tuæ.

et réjouis-toi avec la femme de ta jeunesse ;

19 Cerva caríssima, et gratíssimus hínnulus :

19. Qu’elle te soit une biche très chère, un très agréable faon ;

úbera ejus inébrient te in omni témpore ;

que ses mamelles t’enivrent en tout temps ;

in amóre ejus delectáre júgiter.

et que dans son amour soit toujours ta joie.

20 Quare seducéris, fili mi, ab aliéna,

20. Pourquoi, mon fils, seras-tu séduit par une étrangère,

et fóveris in sinu altérius ?

et reposeras-tu dans le sein d’une autre ?

21 Réspicit Dóminus vias hóminis,

21. Le Seigneur regarde les voies de l’homme,

et omnes gressus ejus consíderat.

et il considère tous ses pas.

22 Iniquitátes suas cápiunt ímpium,

22. Ses iniquités saisissent l’impie,

et fúnibus peccatórum suórum constríngitur.

et par les liens de ses propres péchés, il est enchainé.

23 Ipse moriétur, quia non hábuit disciplínam,

23. Il mourra, parce qu’il n’a pas eu de discipline,

et in multitúdine stultítiæ suæ decipiétur.

et c’est par l’excès de sa folie qu’il sera trompé.

~

CHAP. V. 21. Job. XIV, 16 ; XXXI, 4 ; XXXIV, 21.

 

1. * Tout le chapitre V est une exhortation à la chasteté.

2. Discipline. Voy. pour le sens de ce mot, qui est reproduit dans ce chapitre, Prov. I, 2.

3. * Le miel est très commun en Palestine, c’est la terre où coule le miel, comme le dit l’Écriture, Ex. III, 8. Les abeilles y sont très nombreuses, même dans les parties désertes, où elles déposent leur miel dans les fentes des rochers et dans le creux des arbres. De là la fréquence de la comparaison du miel.

4. * Comme l’absinthe ; l’amertume proverbiale de cette plante est opposée au miel du vers. 3. L’absinthe est commune en Palestine, on la trouve en particulier en abondance dans les environs de Bethléem. Elle a environ un mètre de hauteur, est vivace et pousse sans culture dans les terrains secs et un peu chauds. Les Orientaux en faisaient grand usage, malgré son amertume et quoiqu’ils semblent l’avoir considérée comme un poison.

9. À un cruel (crudéli). Le mot cruel étant au masculin en hébreu, et ne pouvant par là même se rapporter à la femme adultère, nous avons supposé qu’il désignait le mari, ou un frère, ou un parent quelconque, naturellement intéressé à venger le déshonneur fait à sa famille. C’est ainsi que Siméon et Lévi vengèrent, par un massacre, le viol commis par Sichem sur la personne de Dina, leur sœur (Gen. XXXIV).

10. De tes biens ; littér. de tes forces (viribus) ; mais outre que le mot hébreu rendu dans la Vulgate par forces, signifie également les biens de la fortune, le parallélisme exige ce sens.

14. Au milieu, etc. ; c’est-à-dire devant tout le peuple.

18. Ta source ; c’est le sens de l’hébreu et du grec, Vulgate ; littér. veine (vena). — La femme de ta jeunesse ; que tu as épousée dans ta jeunesse. Compar. Prov. II, 17.

19. * Une biche ou une gazelle. « Dans tout l’Orient, la gazelle, à cause de sa timidité, de la douceur de son regard et de l’élégance de ses mouvements et de ses formes, est le symbole de la beauté. » (Mgr Mislin.)

23. Il n’a pas eu de disciple. Voy. Prov. I, 2.

²

 

Pr 6

*pr06

CHAPITRE VI

Ne se rendre pas légèrement caution pour un autre. Imiter la diligence de la fourmi. Peinture de l’homme apostat. Exhortation à l’étude de la loi et de la sagesse. Éviter la rencontre et la compagnie d’une femme corrompue. Énormité de l’adultère. Difficulté d’obtenir le pardon de ce crime.

1 Fili mi, si spopónderis pro amíco tuo,

1. Mon fils, si tu t’es rendu garant pour ton ami,

defixísti apud extráneum manum tuam :

et que tu aies engagé à un étranger ta main,

2 illaqueátus es verbis oris tui,

2. Tu t’es enlacé par les paroles de ta bouche,

et captus própriis sermónibus.

et tu as été pris par tes propres discours.

3 Fac ergo quod dico, fili mi, et temetípsum líbera,

3. Fais donc ce que je dis, mon fils, délivre-toi toi-même,

quia incidísti in manum próximi tui.

parce que tu es tombé dans la main de ton prochain.

Discúrre, festína, súscita amícum tuum.

Cours de tous côtés, hâte-toi, réveille ton ami ;

4 Ne déderis somnum óculis tuis,

4. N’accorde point de sommeil à tes yeux,

nec dormítent pálpebræ tuæ.

et que tes paupières ne s’assoupissent point.

5 Erúere quasi dámula de manu,

5. Dégage-toi, comme un petit daim qui échappe de la main,

et quasi avis de manu áucupis.

et comme un oiseau qui fuit de la main d’un oiseleur.

6 Vade ad formícam, o piger,

6. Va à la fourmi, ô paresseux,

et consídera vias ejus, et disce sapiéntiam.

et considère ses voies, et apprends la sagesse ;

7 Quæ cum non hábeat ducem,

7. La fourmi, quoiqu’elle n’ait ni chef,

nec præceptórem, nec príncipem,

ni maitre, ni prince,

8 parat in æstáte cibum sibi,

8. Prépare dans l’été sa nourriture,

et cóngregat in messe quod cómedat.

et rassemble durant la moisson ce qu’elle doit manger.

9 Usquequo, piger, dórmies ?

9. Jusqu’à quand, paresseux, dormiras-tu ?

quando consúrges e somno tuo ?

quand sortiras-tu de ton sommeil ?

10 Páululum dórmies, páululum dormitábis,

10. Tu dormiras un peu, tu sommeilleras un peu,

páululum cónseres manus ut dórmias ;

tu mettras un peu les mains l’une dans l’autre, afin que tu dormes :

11 et véniet tibi quasi viátor egéstas,

11. Et viendra à toi, comme un coureur de chemin, la détresse ;

et paupéries quasi vir armátus.

et la pauvreté comme un homme armé.

Si vero ímpiger fúeris, véniet ut fons messis tua,

Mais si tu es actif, viendra ta moisson comme une source abondante,

et egéstas longe fúgiet a te.

et la détresse fuira loin de toi.

12 Homo apóstata, vir inútilis, gráditur ore pervérso ;

12. Un homme apostat, homme inutile, va tenant des discours pervers,

13 ánnuit óculis, terit pede, dígito lóquitur,

13. Fait signe des yeux, frappe du pied, parle avec un doigt,

14 pravo corde machinátur malum,

14. Avec un cœur dépravé il machine le mal,

et omni témpore júrgia séminat.

et en tout temps il sème des querelles ;

15 Huic extémplo véniet perdítio sua, et súbito conterétur,

15. En un moment lui viendra sa perte, et soudain il sera brisé,

nec habébit ultra medicínam.

et il n’aura plus de remède.

16 Sex sunt quæ odit Dóminus,

16. Il y a six choses que hait le Seigneur,

et séptimum detestátur ánima ejus :

et la septième, son âme la déteste :

17 óculos sublímes, linguam mendácem,

17. Des yeux altiers, une langue menteuse,

manus effundéntes innóxium sánguinem,

des mains versant un sang innocent,

18 cor máchinans cogitatiónes péssimas,

18. Un cœur formant des pensées très mauvaises,

pedes velóces ad curréndum in malum,

des pieds prompts à courir au mal,

19 proferéntem mendácia testem fallácem,

19. Un témoin fallacieux proférant des mensonges,

et eum qui séminat inter fratres discórdias.

et celui qui, entre des frères, sème des discordes.

20 Consérva, fili mi, præcépta patris tui,

20. Conserve, mon fils, les préceptes de ton père,

et ne dimíttas legem matris tuæ.

et ne rejette pas la loi de ta mère.

21 Liga ea in corde tuo júgiter,

21. Lie-les dans ton cœur continuellement,

et circúmda gútturi tuo.

et mets-les autour de ton cou.

22 Cum ambuláveris, gradiántur tecum ;

22. Lorsque tu vas et viens, qu’ils marchent avec toi :

cum dormíeris, custódiant te :

lorsque tu dors, qu’ils te gardent,

et evígilans lóquere cum eis.

et te réveillant, parle avec eux ;

23 Quia mandátum lucérna est, et lex lux,

23. Parce qu’un commandement est un flambeau, et la loi, une lumière,

et via vitæ increpátio disciplínæ :

et que c’est la voie de la vie qu’une remontrance de discipline ;

24 ut custódiant te a mulíere mala,

24. Afin qu’ils te préservent d’une femme corrompue

et a blanda lingua extráneæ.

et de la langue flatteuse d’une étrangère.

25 Non concupíscat pulchritúdinem ejus cor tuum,

25. Que ton cœur ne se passionne point pour sa beauté ;

nec capiáris nútibus illíus :

et ne sois point pris par les signes de ses yeux ;

26 prétium enim scorti vix est uníus panis,

26. Car le prix d’une prostituée est à peine d’un pain seul ;

múlier autem viri pretiósam ánimam capit.

mais une femme ravit l’âme précieuse d’un homme.

27 Numquid potest homo abscóndere ignem in sinu suo,

27. Est-ce qu’un homme peut cacher du feu dans son sein,

ut vestiménta illíus non árdeant ?

sans que ses vêtements s’embrasent ?

28 aut ambuláre super prunas,

28. Ou marcher sur des charbons ardents,

ut non comburántur plantæ ejus ?

sans que soient brulées les plantes de ses pieds ?

29 sic qui ingredítur ad mulíerem próximi sui,

29. Ainsi celui qui s’approche de la femme de son prochain

non erit mundus cum tetígerit eam.

ne sera pas pur lorsqu’il l’aura touchée.

30 Non grandis est culpa cum quis furátus fúerit :

30. Ce n’est pas une grande faute,

furátur enim ut esuriéntem ímpleat ánimam ;

lorsque quelqu’un dérobe afin de remplir son âme affamée ;

31 deprehénsus quoque reddet séptuplum,

31. Pris, il rendra même le septuple,

et omnem substántiam domus suæ tradet.

et il livrera tout ce qu’il a dans sa maison.

32 Qui autem adúlter est,

32. Mais celui qui est adultère,

propter cordis inópiam perdet ánimam suam ;

à cause de son manque de cœur, perdra son âme ;

33 turpitúdinem et ignomíniam cóngregat sibi,

33. Il rassemble sur lui la turpitude et l’ignominie,

et oppróbrium illíus non delébitur :

et son opprobre ne sera pas effacé ;

34 quia zelus et furor viri

34. Parce que la jalousie et la fureur du mari

non parcet in die vindíctæ,

ne pardonneront pas au jour de la vengeance,

35 nec acquiéscet cujúsquam précibus,

35. Et il n’acquiescera aux prières de personne,

nec suscípiet pro redemptióne dona plúrima.

et il ne recevra pas pour satisfaction les dons les plus nombreux.

~

CHAP. VI. 10. Infra. XXIV, 33. — 27. Eccli. IX, 9, 11.

 

1-5. * Il ne faut pas engager témérairement sa parole en se portant caution.

1. Et que tu aies, etc. C’est une très ancienne coutume parmi les Orientaux de confirmer leurs promesses et leurs engagements, en se donnant mutuellement la main. On en voit beaucoup d’exemples dans la Bible (Prov. XVII, 18 ; XXII, 26 ; Is. LXII, 8, etc.). Xénophon parle de cette pratique comme très commune parmi les Perses (Anabase, l. II, III, et alibi passim).

5. * De la main. Toutes les versions anciennes autres que la Vulgate traduisent : des filets, au lieu de la main.

6-8. * Ce que le Sage dit de la fourmi, VI, 6-8, et XXX, 25, a donné lieu à des objections. D’après les Proverbes, les fourmis font des provisions au temps de la moisson. C’est ce qu’on a cru, en effet, partout jusqu’au siècle dernier, et ce que nous lisons dans les fables de La Fontaine ; mais, dit-on, en réalité, la fourmi est Carnivore ; elle vit d’insectes et de pucerons, qu’elle élève pour les traire et se nourrir de leur lait ; en fait de matières non animales, elle n’aime que celles qui sont sucrées. Pendant l’hiver, en Occident, elle ne mange pas ; elle s’engourdit, et se réveille au même degré de température que les pucerons dont elle se nourrit. — De tout cela, on ne peut rien conclure contre l’inspiration de l’auteur sacré. Salomon propose surtout, et à bon droit, les fourmis comme un modèle d’activité. « On a célébré avec raison, dit Latreille, la prévoyance de ces insectes et leur amour insatiable pour leur travail. » Quant à leurs approvisionnements, un savant naturaliste anglais, sir John Lubbock, l’un des derniers qui aient étudié leurs mœurs, dit à leur sujet : « Nos fourmis anglaises ne font point de provisions pour l’hiver ; leur genre de nourriture ne le permet pas ; mais quelques espèces des pays méridionaux font des amas de grain, quelquefois en quantité considérable. » Le Dr Lortet dit expressément que les fourmis de Syrie ramassent dans leurs greniers « une quantité de blé souvent très considérable. » — Et il ajoute : « Des milliers de travailleurs sont activement occupés à chercher des grains de blé tombés sur le sol et à les rentrer dans leurs vastes greniers souterrains. Les greniers de ces fourmilières, très vastes, très profonds, forment plusieurs étages réunis par des galeries superposées les unes aux autres… Lorsque la moisson n’est pas abondante, les fellahs ont toujours la précaution d’aller reprendre à ces laborieux insectes les provisions qu’ils ont faites pour la saison d’hiver. »

6-11. * Contre la paresse.

10. Tu dormiras, etc. C’est une imitation des gestes d’un paresseux, ou une concession, en sorte que le sens soit : Dors donc, etc. ; ou bien enfin, c’est une prosopopée du paresseux qui dit, lorsqu’on l’éveille : Laissez-moi dormir encore un peu, etc. — * Ce tableau de la paresse du dormeur est complet dans sa brièveté : il y a une gradation bien marquée : au sommeil succède l’assoupissement ; puis, avant de se décider à se lever, le paresseux étire encore longtemps les bras.

11. Un coureur de chemin (viator), qui tombe inopinément sur les passants. Compar. Prov. XXIV, 34. — Un homme armé ; auquel on ne peut résister.

12-15. * Contre la fourberie.

12. Va tenant, etc. ; littér. marche avec une bouche perverse. — * L’homme apostat, d’après l’original signifie le méchant.

13. Fait signe, etc. ; peinture exacte d’un homme inconstant et fourbe. — * Le fourbe se sert de signes, des yeux, des pieds et des mains pour dissimuler et tromper.

16-19. * Les sept vices que Dieu déteste.

20. * Conserve, mon fils. Commencement de la troisième subdivision de la première partie qui s’étend jusqu’au chapitre IX inclusivement. Le discours du Sage croît graduellement en force et en grandeur, et il s’élève jusqu’à la plus haute poésie pour faire l’éloge de la sagesse incréée.

21. Lie-les ; allusion à ce que dit Moïse dans le Deut. VI, 6-8. Compar. Prov. VII, 3.

24-35. * Sur la chasteté. Après une exhortation générale à suivre ses avis paternels (20-23), le Sage exhorte à fuir l’impureté (24-35).

²

 

Pr 7

*pr07

CHAPITRE VII

Exhortation à la sagesse. Description d’une femme déréglée et de ses artifices. Malheur à ceux qui s’y laissent prendre.

1 Fili mi, custódi sermónes meos,

1. Mon fils, garde mes paroles ;

et præcépta mea recónde tibi.

et mes préceptes, mets-les en réserve pour toi.

Fili, 2 serva mandáta mea, et vives ;

Mon fils, 2. Observe mes commandements et tu vivras ;

et legem meam quasi pupíllam óculi tui :

et garde ma loi comme la pupille de ton œil :

3 liga eam in dígitis tuis,

3. Lie-la à tes doigts,

scribe illam in tábulis cordis tui.

écris-la sur les tables de ton cœur.

4 Dic sapiéntiæ : Soror mea es,

4. Dis à la sagesse : Ma sœur ;

et prudéntiam voca amícam tuam :

et la prudence, appelle-la ton amie :

5 ut custódiant te a mulíere extránea,

5. Afin qu’elle te préserve d’une femme du dehors,

et ab aliéna quæ verba sua dúlcia facit.

et d’une étrangère, qui rend ses paroles douces.

6 De fenéstra enim domus meæ

6. Car de la fenêtre de ma maison

per cancéllos prospéxi,

par les barreaux, j’ai regardé,

7 et vídeo párvulos ;

7. Et je vois les petits enfants,

consídero vecórdem júvenem,

je considère un jeune homme sans cœur,

8 qui transit per platéam juxta ángulum

8. Qui passe dans une rue au coin,

et prope viam domus illíus gráditur :

et s’avance vers la maison de cette femme,

9 in obscúro, advesperascénte die,

9. À la brune, sur le soir,

in noctis ténebris et calígine.

dans les ténèbres de la nuit et une obscurité profonde.

10 Et ecce occúrrit illi múlier ornátu meretrício,

10. Et voilà qu’au-devant de lui va une femme d’une parure de courtisane,

præparáta ad capiéndas ánimas :

prête à ravir des âmes ;

gárrula et vaga,

causeuse et vagabonde,

11 quiétis impátiens,

11. Inquiète,

nec valens in domo consístere pédibus suis ;

ne pouvant dans sa maison se tenir sur ses pieds,

12 nunc foris, nunc in platéis,

12. Tantôt dehors, tantôt dans les places publiques,

nunc juxta ángulos insídians.

tantôt aux coins des rues, tendant ses pièges.

13 Apprehensúmque deosculátur júvenem,

13. Et prenant le jeune homme, elle lui donne un baiser

et procáci vultu blandítur, dicens :

et, d’un visage effronté, elle le flatte, disant :

14 Víctimas pro salúte vovi ;

14. J’avais voué des victimes pour ton salut ;

hódie réddidi vota mea :

aujourd’hui j’ai acquitté mes vœux ;

15 idcírco egréssa sum in occúrsum tuum,

15. C’est pour cela que je suis sortie au-devant de toi,

desíderans te vidére, et réperi.

désirant te voir, et je t’ai rencontré.

16 Intéxui fúnibus léctulum meum ;

16. J’ai entrelacé mon lit de sangles,

stravi tapétibus pictis ex Ægýpto :

j’y ai étendu des couvertures brodées d’Égypte ;

17 aspérsi cubíle meum myrrha,

17. J’ai parfumé ma couche de myrrhe,

et áloë, et cinnámomo.

d’aloès et de cinnamome.

18 Veni, inebriémur ubéribus,

18. Viens, enivrons-nous de délices,

et fruámur cúpitis ampléxibus donec illucéscat dies.

jouissons de ce que nous avons désiré, jusqu’à ce que le jour paraisse ;

19 Non est enim vir in domo sua :

19. Mon mari n’est pas à sa maison :

ábiit via longíssima :

il est parti pour un voyage très long ;

20 sácculum pecúniæ secum tulit ;

20. Il a pris avec lui le sac où est l’argent ;

in die plenæ lunæ reversúrus est in domum suam.

c’est à la pleine lune qu’il doit revenir à sa maison.

21 Irretívit eum multis sermónibus,

21. Elle l’a enlacé par la multitude de ses paroles ;

et blandítiis labiórum protráxit illum.

et par les flatteries de ses lèvres, elle l’a entrainé.

22 Statim eam séquitur quasi bos ductus ad víctimam,

22. Aussitôt, il la suit comme un bœuf conduit pour servir de victime,

et quasi agnus lascíviens,

et comme un agneau bondissant

et ignórans quod ad víncula stultus trahátur :

et ignorant, l’insensé, qu’on l’entraine pour le lier,

23 donec transfígat sagítta jecur ejus,

23. Jusqu’à ce qu’une flèche ait percé son foie ;

velut si avis festínet ad láqueum,

comme un oiseau va précipitamment dans un filet,

et nescit quod de perículo ánimæ illíus ágitur.

ignorant qu’il s’agit du danger de son âme.

24 Nunc ergo, fili mi, audi me,

24. Maintenant donc, mon fils, écoute-moi,

et atténde verbis oris mei.

et sois attentif aux paroles de ma bouche.

25 Ne abstrahátur in viis illíus mens tua,

25. Que ton esprit ne soit point entrainé dans les voies de cette femme ;

neque decipiáris sémitis ejus ;

ne t’égare pas dans ses sentiers ;

26 multos enim vulnerátos dejécit,

26. Car elle a renversé beaucoup de blessés qu’elle avait faits,

et fortíssimi quique interfécti sunt ab ea.

et les plus forts, quels qu’ils fussent, ont été tués par elle.

27 Viæ ínferi domus ejus,

27. Ce sont des voies de l’enfer que sa maison ;

penetrántes in interióra mortis.

voies pénétrant jusque dans les profondeurs de la mort.

~

CHAP. VII.

 

1-27. * Contre l’impureté.

3. Lie-la, etc. Compar. Ex. XIII, 26 ( ?) ; Deut. VI, 8.

5. D’une femme, etc. Par les vers. 19 et 20, on voit qu’il est question ici d’une femme mariée, mais déréglée dans ses mœurs.

6. Par les barreaux. Dans la Palestine, il n’y avait pas de vitres aux fenêtres, à cause de la grande chaleur ; on les fermait par des jalousies et des rideaux.

7. Sans cœur (vecors), ou sans intelligence ; c’est-à-dire insensé ; car le terme hébreu, qui signifie proprement cœur, se prend souvent pour intelligence, sagesse.

14. J’avais voué, etc. Elle engage hypocritement le jeune homme à manger avec elle la partie des victimes qui, d’après la loi mosaïque (Lev. VII, 15 et suiv. ; XIX, 6 ; XXII, 29-30), lui revenait de son sacrifice.

16. J’ai entrelacé, etc. ; hypallage, pour j’ai entrelacé des sangles sous mon lit ; au lieu de le placer sur des planches dures. — * Des couvertures brodées d’Égypte ou des tapis. Les tapis fabriqués en Égypte étaient renommés dans l’antiquité. Ezech. XXVII, 7.

17. * Énumération des parfums avec lesquels on parfumait les appartements et les lits.

20. * À la pleine lune, dans une quinzaine environ, car d’après le vers. 9, l’obscurité est profonde ; on est donc au dernier quartier de la lune ou à la nouvelle lune.

22. Conduit pour servir de victime (ad victimam) ; ou plutôt selon l’hébreu et le grec : Conduit à la tuerie ; sans aucune mention de sacrifice, ce qui est le contraire du vers. 14, où les termes du texte original et de la version des Septante signifient de véritables victimes de sacrifice.

27. Ce sont des voies, etc. Compar. Prov. II, 18 ; V, 5.

²

 

Pr 8

*pr08

CHAPITRE VIII

(a) Éloge de la sagesse, par l’éminence et la justice de ses maximes, par ses œuvres admirables et par les récompenses qu’elle accorde à ceux qui la cherchent.

1 Numquid non sapiéntia clámitat,

1. Est-ce que la sagesse ne crie pas,

et prudéntia dat vocem suam ?

et que la prudence ne fait pas entendre sa voix ?

2 In summis excelsísque vertícibus supra viam,

2. Sur les plus hauts et les plus élevés sommets,

in médiis sémitis stans,

au-dessus de la voie, se tenant au milieu des sentiers,

3 juxta portas civitátis,

3. Près des portes de la cité,

in ipsis fóribus lóquitur, dicens :

à l’entrée même de la ville, elle parle, disant :

4 O viri, ad vos clámito,

4. Ô hommes, c’est à vous que je crie,

et vox mea ad fílios hóminum.

et ma voix s’adresse aux fils des hommes.

5 Intellígite, párvuli, astútiam,

5. Apprenez, ô tout petits, la finesse,

et insipiéntes, animadvértite.

et vous, insensés, faites attention.

6 Audíte, quóniam de rebus magnis locutúra sum,

6. Écoutez, car je vais parler de grandes choses,

et aperiéntur lábia mea ut recta prǽdicent.

et mes lèvres s’ouvriront pour proclamer la droiture.

7 Veritátem meditábitur guttur meum,

7. Ma bouche s’exercera à la vérité,

et lábia mea detestabúntur ímpium.

et mes lèvres détesteront ce qui est impie.

8 Justi sunt omnes sermónes mei :

8. Tous mes discours sont justes,

non est in eis pravum quid, neque pervérsum ;

il n’y a rien de dépravé ni de pervers.

9 recti sunt intelligéntibus,

9. Ils sont droits pour ceux qui ont de l’intelligence,

et æqui inveniéntibus sciéntiam.

et équitables pour ceux qui trouvent la science.

10 Accípite disciplínam meam, et non pecúniam ;

10. Recevez ma discipline et non de l’argent :

doctrínam magis quam aurum elígite :

choisissez la doctrine plutôt que l’or.

11 mélior est enim sapiéntia cunctis pretiosíssimis,

11. Car mieux vaut la sagesse que toutes les choses les plus précieuses ;

et omne desiderábile ei non potest comparári.

et tout ce qu’il y a de désirable ne peut lui être comparé.

12 Ego sapiéntia, hábito in consílio,

12. Moi, sagesse, j’habite dans le conseil,

et erudítis intérsum cogitatiónibus.

et je suis présente aux savantes pensées.

13 Timor Dómini odit malum :

13. La crainte du Seigneur hait le mal :

arrogántiam, et supérbiam,

l’arrogance et l’orgueil,

et viam pravam, et os bilíngue, detéstor.

une voie dépravée, et une langue double, je les déteste.

14 Meum est consílium et ǽquitas ;

14. À moi est le conseil et l’équité :

mea est prudéntia, mea est fortitúdo.

à moi est la prudence, à moi est la force.

15 Per me reges regnant,

15. Par moi les rois règnent,

et legum conditóres justa decérnunt ;

et les législateurs décrètent des choses justes ;

16 per me príncipes ímperant,

16. Par moi les princes commandent

et poténtes decérnunt justítiam.

et les puissants rendent la justice.

17 Ego diligéntes me díligo,

17. Moi, j’aime ceux qui m’aiment,

et qui mane vígilant ad me, invénient me.

et ceux qui dès le matin veillent pour me chercher me trouveront.

18 Mecum sunt divítiæ et glória,

18. Avec moi sont les richesses et la gloire,

opes supérbæ et justítia.

des biens superbes, et la justice.

19 Mélior est enim fructus meus auro et lápide pretióso,

19. Car mieux vaut mon fruit que l’or et les pierres précieuses,

et genímina me argénto elécto.

et mieux valent mes produits que l’argent le meilleur.

20 In viis justítiæ ámbulo,

20. Je marche dans les voies de la justice,

in médio semitárum judícii :

au milieu des sentiers du jugement,

21 ut ditem diligéntes me,

21. Afin d’enrichir ceux qui m’aiment,

et thesáuros eórum répleam.

et de remplir leurs trésors.

22 Dóminus possédit me in inítio viárum suárum

22. Le Seigneur m’a possédée au commencement de ses voies,

ántequam quidquam fáceret a princípio.

avant qu’il fît quelque chose dès le principe.

23 Ab ætérno ordináta sum,

23. Dès l’éternité j’ai été établie,

et ex antíquis ántequam terra fíeret.

dès les temps anciens, avant que la terre fut faite.

24 Nondum erant abýssi, et ego jam concépta eram :

24. Les abimes n’étaient pas encore, et moi déjà j’avais été conçue ;

necdum fontes aquárum erúperant,

les sources des eaux n’avaient pas encore jailli :

25 necdum montes gravi mole constíterant :

25. Les montagnes à la pesante masse n’étaient pas encore affermies,

ante colles ego parturiébar.

et moi, avant les collines, j’étais engendrée :

26 Adhuc terram non fécerat, et flúmina,

26. Il n’avait pas encore fait la terre et les fleuves,

et cárdines orbis terræ.

et les pôles du disque de la terre.

27 Quando præparábat cælos, áderam ;

27. Quand il préparait les cieux, j’étais présente :

quando certa lege et gyro vallábat abýssos ;

quand par une loi inviolable il entourait d’un cercle les abimes :

28 quando ǽthera firmábat sursum,

28. Quand il affermissait en haut la voute éthérée,

et librábat fontes aquárum ;

et qu’il mettait en équilibre les sources des eaux :

29 quando circúmdabat mari términum suum,

29. Quand il mettait autour de la mer ses limites,

et legem ponébat aquis, ne transírent fines suos ;

et qu’il imposait une loi aux eaux, afin qu’elles n’allassent point au delà de leurs bornes ;

quando appendébat fundaménta terræ :

quand il pesait les fondements de la terre :

30 cum eo eram, cuncta compónens.

30. J’étais avec lui, disposant toutes choses ;

Et delectábar per síngulos dies,

et je me réjouissais chaque jour,

ludens coram eo omni témpore,

me jouant, en tout temps, devant lui :

31 ludens in orbe terrárum ;

31. Me jouant dans le disque de la terre ;

et delíciæ meæ esse cum fíliis hóminum.

et mes délices sont d’être avec les fils des hommes.

32 Nunc ergo, fílii, audíte me :

32. Maintenant donc, mes fils, écoutez-moi :

beáti qui custódiunt vias meas.

Bienheureux ceux gardent mes voies.

33 Audíte disciplínam, et estóte sapiéntes,

33. Écoutez la discipline, et soyez sages,

et nolíte abjícere eam.

et n’allez pas la rejeter.

34 Beátus homo qui audit me,

34. Bienheureux l’homme qui m’écoute,

et qui vígilat ad fores meas quotídie,

et qui veille tous les jours à l’entrée de ma demeure,

et obsérvat ad postes óstii mei.

et se tient en observation auprès de ma porte.

35 Qui me invénerit, invéniet vitam,

35. Celui qui me trouvera trouvera la vie,

et háuriet salútem a Dómino.

et puisera le salut dans le Seigneur :

36 Qui autem in me peccáverit, lædet ánimam suam ;

36. Mais celui qui péchera contre moi blessera son âme.

omnes qui me odérunt díligunt mortem.

Tous ceux qui me haïssent aiment la mort.

~

CHAP. VIII. Prov. I, 20.

 

(a). On peut considérer ce chapitre comme une suite du précédent, où le Sage a représenté les attraits dangereux de la volupté dans les discours impudents d’une femme débauchée ; tandis qu’ici il dépeint la sagesse, nous invitant à l’aimer par des paroles nobles, grandes, élevées et par de magnifiques promesses de nous combler des biens les plus solides.

1-36. * Ce chapitre est une prosopopée. La Sagesse y parle comme une reine. Il y a trois séries de pensées : 1° richesse des dons que prodigue la Sagesse, 1-21 ; 2° son origine divine et éternelle, 22-31 ; 3° bienfaits qu’elle répand sur ceux qui la possèdent. Ce chapitre développe ainsi deux idées déjà indiquées dans les chapitres précédents : la description de la sagesse 1° comme prêchant aux hommes, I, 20-30 ; 2° comme médiateur et instrument divin dans la création du monde, III, 19-26.

1. La sagesse. La plupart des Pères entendent ici par ce mot la sagesse divine et éternelle, en tant que seconde personne de la très sainte Trinité ; en sorte, néanmoins, qu’une partie des attributs de cette divine sagesse s’applique à la divinité, et une autre partie à l’humanité du Fils de Dieu.

5. Ô tout petits. Voy. Prov. I, 4.

19. L’argent le meilleur ; excellent : littér. choisi (elécto).

20. Du jugement ; c’est-à-dire du droit, de ce qui est juste et légitime. Cette explication, conforme d’ailleurs au parallélisme et au texte hébreu, nous a paru préférable à celle des interprètes, qui traduisent le judicium de la Vulgate par prudence ou sagesse. Les Septante ont rendu par justice, ce qui revient à notre explication.

22-26. * Origine divine de la Sagesse.

22. * Le Seigneur m’a possédée. Ce verset est célèbre dans l’histoire des discussions dogmatiques, parce que les Ariens en faussaient le sens et prétendaient en conclure que le Verbe n’était pas incréé, mais ce passage signifie que la Sagesse ou le Verbe est coéternel et consubstantiel au Père.

24. * Les abimes ; les mers.

27-31. * Coopération de la sagesse divine à la création du monde.

27. * D’un cercle, de la voute céleste qui, à l’horizon, a l’apparence d’un cercle. — Les abimes ; les eaux de la mer.

33. La discipline. Voy., sur le sens de ce mot, Prov. I, 2.

34. Auprès de ma porte ; littér. aux poteaux, aux jambages de ma porte.

²

 

Pr 9

*pr09

CHAPITRE IX

Maison de la sagesse ; son festin auquel elle invite les simples. La femme insensée invite à son banquet. Malheur de ceux qui s’y rendent.

1 Sapiéntia ædificávit sibi domum :

1. La sagesse s’est bâtie une maison,

excídit colúmnas septem.

elle a taillé sept colonnes.

2 Immolávit víctimas suas, míscuit vinum,

2. Elle a immolé ses victimes, mêlé le vin

et propósuit mensam suam.

et dressé sa table.

3 Misit ancíllas suas ut vocárent

3. Elle a envoyé ses servantes pour appeler ses conviés,

ad arcem et ad mœ́nia civitátis.

à la forteresse et aux murs de la cité :

4 Si quis est párvulus, véniat ad me.

4. Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi.

Et insipiéntibus locúta est :

Et à des insensés elle a dit :

5 Veníte, comédite panem meum,

5. Venez, mangez mon pain,

et bíbite vinum quod míscui vobis.

et buvez le vin que je vous ai mêlé.

6 Relínquite infántiam, et vívite,

6. Quittez l’enfance, et vivez,

et ambuláte per vias prudéntiæ.

et marchez par les voies de la prudence.

7 Qui érudit derisórem, ipse injúriam sibi facit,

7. Celui qui instruit un railleur se fait injure à lui-même ;

et qui árguit ímpium, sibi máculam génerat.

et celui qui reprend un impie se crée une tache.

8 Noli argúere derisórem, ne óderit te :

8. Ne reprends pas un railleur, de peur qu’il ne te haïsse.

árgue sapiéntem, et díliget te.

Reprends un sage, et il t’aimera.

9 Da sapiénti occasiónem, et addétur ei sapiéntia ;

9. Donne à un sage une occasion, et il recevra un surcroit de sagesse.

doce justum, et festinábit accípere.

Enseigne un juste, et il se hâtera de recevoir l’instruction.

10 Princípium sapiéntiæ timor Dómini,

10. Le principe de la sagesse est la crainte du Seigneur ;

et sciéntia sanctórum prudéntia.

et la science des saints est la prudence.

11 Per me enim multiplicabúntur dies tui,

11. Car par moi seront multipliés tes jours,

et addéntur tibi anni vitæ.

et te seront données des années de vie.

12 Si sápiens fúeris, tibimetípsi eris ;

12. Si tu es sage, c’est pour toi-même que tu le seras ;

si autem illúsor, solus portábis malum.

mais si tu es moqueur, seul, tu en porteras le mal.

13 Múlier stulta et clamósa,

13. Une femme insensée, criarde,

plenáque illécebris, et nihil omníno sciens,

pleine d’attraits et ne sachant absolument rien,

14 sedit in fóribus domus suæ,

14. S’est assise à la porte de sa maison,

super sellam in excélso urbis loco,

sur un siège, en un lieu élevé de la ville,

15 ut vocáret transeúntes per viam,

15. Afin d’appeler ceux qui passent par la voie,

et pergéntes itínere suo :

et qui poursuivent leur chemin :

16 Qui est párvulus declínet ad me.

16. Que celui qui est tout petit se détourne et vienne vers moi.

Et vecórdi locúta est :

Et elle a dit à un jeune homme sans cœur :

17 Aquæ furtívæ dulcióres sunt,

17. Des eaux dérobées sont plus douces,

et panis abscónditus suávior.

et un pain caché est plus suave.

18 Et ignorávit quod ibi sint gigántes,

18. Et il ignore que là sont des géants,

et in profúndis inférni convívæ ejus.

et que dans les profondeurs de l’enfer sont ses convives.

~

CHAP. IX. 1. — Is. XXV, 6 ; Matth. XXII, 2 ; Luc. XIV, 16 ; Apoc. XIX, 9. 10. Ps. CX, 10 ; Supra. I, 7 ; Eccli. I, 16.

 

1-18. * Peinture de la vocation des hommes à la possession et à la jouissance de la vraie sagesse, sous la figure d’une invitation à un double banquet, celui de la sagesse, 1-12, et celui de la folie, 13-18. Il faut se rendre au premier et fuir le second.

1. La sagesse, etc. C’est la suite de la parabole commencée au chapitre précédent, où l’auteur a représenté la sagesse comme une femme vénérable, dont il oppose les beautés réelles et les solides promesses aux faux attraits de la volupté dépeinte au chap. XII, sous l’image d’une femme débauchée et impudente. — La maison de la sagesse est, selon les Pères, l’humanité sainte de Jésus-Christ et l’Église chrétienne, qui réunissent, mais d’une manière plus excellente, les avantages décrits par Salomon. — Sept colonnes. Le nombre sept a toujours été considéré, non seulement chez les Hébreux, mais encore chez les Arabes et les peuples de la Perse, comme le nombre parfait et, en conséquence, mystérieux et sacré. Dans la religion chrétienne, les sept colonnes figurent les sept sacrements et les sept dons du Saint-Esprit. — * Tailler des colonnes indique la magnificence des constructions.

2. Elle a immolé ses victimes ; ou selon l’hébreu, elle a tué, égorgé ses animaux, qu’elle avait engraissés pour un festin, en dehors de tout sacrifice. Voyez ce que nous avons dit à ce sujet, Prov. VII, 22. — Mêlé le vin ;c’est-à-dire préparé. Dans les contrées de l’Orient, les vins étant épais et forts, on les tempère toujours, en y mêlant de l’eau, à proportion de leur force, et quelquefois des aromates.

3. Ses servantes. Les servantes de la sagesse représentent les Apôtres, les docteurs de l’Église et, en général, les prédicateurs, qui vont partout annoncer l’Évangile, publier la foi chrétienne. — * Ces servantes envoyées pour chercher les convives correspondent aux serviteurs de l’Évangile qui vont appeler les convives au festin de noces, Matth. XXII, 1 et suiv. ; Luc. XIV, 16 et suiv.

4, 16. Tout petit (parvulus). Voy. Prov. I, 4.

5. Le vin que je vous ai mêlé. Voy. le vers. 2. — * Mon pain, dans le sens d’aliments de toute espèce, mais ce mot n’est ici qu’une expression figurée, indiquant la doctrine de la sagesse, de même que le vin.

7, 8, 12. Railleur ; selon l’hébreu, qui méprise ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré, impie.

10. * La science des saints est celle qui est propre aux saints et qui rend saints. Les saints sont ceux qui se distinguent entre les hommes par leur piété.

13-18. * La folie est maintenant personnifiée pour être mise en opposition avec la Sagesse vivante.

14. * Elle s’est assise à la porte de sa maison pour attirer les imprudents. — Elle va aussi çà et là, en un lieu élevé de la ville, pour chercher des victimes.

15. * Afin d’appeler elle-même. La Folie est toujours inférieure à la Sagesse. Celle-ci faisait inviter à son banquet par ses servantes, IX, 3 ; la Folie doit faire les invitations elle-même.

16. À un jeune homme sans cœur (vecordi). Voy. Prov. VII, 7. — * Ce verset est la répétition du vers. 4, mais la Folie le répète dans un sens ironique, appelant petit ou simple celui qui suit les voies de la Sagesse.

17. Un pain caché ; c’est-à-dire un pain pris en cachette, ou qu’on est obligé de manger en se cachant. — * La Folie invite à un banquet qui n’est pas somptueux, mais qui a l’attrait du fruit défendu.

18.  ; chez la femme insensée du vers. 13 ; c’est-à-dire que la maison de cette femme est pour le jeune homme qui se laisse séduire un vrai sépulcre ; c’est le lieu où sont les anciens géants morts depuis des siècles. Job, en effet (XXVI, 5), Isaias (XIV, 9) et Ézéchiel (XXXII, 21, 27, 29), nous dépeignent l’enfer comme un lieu ténébreux, où demeurent les anciens géants, et où ils gémissent sous les eaux. Compar. de plus Prov. II, 18-19 ; V, 5. — * Le mot traduit par géants, en hébreu rephaim, désigne proprement les âmes des morts, qui sont dans le scheôl et doit être distingué du mot semblable, Rephaim, qui est le nom d’une race de géants. Plus haut, II, 18, S. Jérôme a traduit le mot Rephaim par enfer, qui, d’ailleurs comme ici, rend l’expression hébraïque scheôl. — Ce verset est la conclusion brève, mais forte de Salomon. Quel terrible banquet ! La maison de la Folie est comme un soupirail de l’enfer et ses convives se voient tout d’un coup plongés au milieu même de l’enfer, avec les habitants de l’abime.

²

PARABOLES DE SALOMON(a)

Pr 10

*pr10

CHAPITRE X

Du fils sage et de l’insensé. De l’homme juste et de l’impie. Du diligent et du paresseux. De la charité et de la haine. De la bonne et de la mauvaise langue.

1 Fílius sápiens lætíficat patrem,

1. Un fils sage réjouit son père,

fílius vero stultus mœstítia est matris suæ.

mais un fils insensé est la tristesse de sa mère.

2 Nil próderunt thesáuri impietátis,

2. Des trésors d’impiété ne serviront de rien,

justítia vero liberábit a morte.

mais la justice délivrera de la mort.

3 Non afflíget Dóminus fame ánimam justi,

3. Le Seigneur n’affligera pas par la famine l’âme du juste,

et insídias impiórum subvértet.

et il renversera les pièges dressés par les impies.

4 Egestátem operáta est manus remíssa ;

4. La main relâchée a opéré la détresse ;

manus autem fórtium divítias parat.

mais la main du fort acquiert des richesses.

Qui nítitur mendáciis, hic pascit ventos ;

Celui qui s’appuie sur des mensonges se repaît de vents ;

idem autem ipse séquitur aves volántes.

et celui-là même poursuit des oiseaux qui volent.

5 Qui cóngregat in messe, fílius sápiens est ;

5. Celui qui amasse pendant la moisson est un fils sage ;

qui autem stertit æstáte, fílius confusiónis.

mais celui qui ronfle pendant l’été, un fils de confusion.

6 Benedíctio Dómini super caput justi ;

6. La bénédiction du Seigneur est sur la tête du juste ;

os autem impiórum óperit iníquitas.

mais l’iniquité couvre la bouche des impies.

7 Memória justi cum láudibus,

7. La mémoire du juste sera accompagnée de louanges ;

et nomen impiórum putréscet.

mais le nom des impies pourrira.

8 Sápiens corde præcépta súscipit ;

8. Le sage de cœur accueille les préceptes,

stultus cǽditur lábiis.

l’insensé est déchiré par les lèvres.

9 Qui ámbulat simplíciter ámbulat confidénter ;

9. Celui qui marche simplement marche surement ;

qui autem deprávat vias suas maniféstus erit.

mais celui qui déprave ses voies sera découvert.

10 Qui ánnuit óculo dabit dolórem ;

10. Celui qui fait signe de l’œil causera de la douleur ;

et stultus lábiis verberábitur.

et l’insensé de lèvres sera frappé.

11 Vena vitæ os justi,

11. C’est une source de vie que la bouche du juste ;

et os impiórum óperit iniquitátem.

mais la bouche des impies couvre de l’iniquité.

12 Odium súscitat rixas,

12. La haine suscite des querelles ;

et univérsa delícta óperit cáritas.

et la charité couvre toutes les fautes.

13 In lábiis sapiéntis invenítur sapiéntia,

13. Sur les lèvres du sage se trouve la sagesse ;

et virga in dorso ejus qui índiget corde.

et une verge sur le dos de celui qui manque de cœur.

14 Sapiéntes abscóndunt sciéntiam ;

14. Les sages cachent la science ;

os autem stulti confusióni próximum est.

mais la bouche de l’insensé est proche de la confusion.

15 Substántia dívitis, urbs fortitúdinis ejus ;

15. Le bien du riche est sa ville forte :

pavor páuperum egéstas eórum.

la crainte des pauvres, c’est leur détresse.

16 Opus justi ad vitam,

16. L’œuvre du juste conduit à la vie ;

fructus autem ímpii ad peccátum.

mais le fruit de l’impie, au péché.

17 Via vitæ custodiénti disciplínam ;

17. La voie de la vie est à celui qui garde la discipline ;

qui autem increpatiónes relínquit, errat.

mais celui qui néglige les réprimandes s’égare.

18 Abscóndunt ódium lábia mendácia ;

18. Les lèvres menteuses cachent de la haine :

qui profert contuméliam, insípiens est.

celui qui profère un outrage est un insensé.

19 In multilóquio non déerit peccátum,

19. Dans une multitude de paroles il n’y aura pas manque de péché ;

qui autem moderátur lábia sua prudentíssimus est.

mais celui qui modère ses lèvres est très prudent.

20 Argéntum eléctum lingua justi ;

20. C’est un argent excellent que les lèvres du juste,

cor autem impiórum pro níhilo.

mais le cœur des impies est de nul prix.

21 Lábia justi erúdiunt plúrimos ;

21. Les lèvres du juste instruisent un grand nombre d’hommes ;

qui autem indócti sunt in cordis egestáte moriéntur.

mais ceux qui ne sont pas instruits, mourront par un manque de cœur.

22 Benedíctio Dómini dívites facit,

22. La bénédiction du Seigneur fait les riches,

nec sociábitur eis afflíctio.

et l’affliction ne s’alliera pas à eux.

23 Quasi per risum stultus operátur scelus,

23. C’est comme en se jouant qu’un insensé commet le crime ;

sapiéntia autem est viro prudéntia.

mais la sagesse est pour l’homme la prudence.

24 Quod timet ímpius véniet super eum ;

24. Ce que craint l’impie viendra sur lui :

desidérium suum justus dábitur.

l’objet de leur désir sera accordé aux justes.

25 Quasi tempéstas tránsiens non erit ímpius ;

25. Comme une tempête qui passe, l’impie ne sera plus ;

justus autem quasi fundaméntum sempitérnum.

mais le juste est comme un fondement éternel.

26 Sicut acétum déntibus, et fumus óculis,

26. Comme est le vinaigre aux dents, et la fumée aux yeux,

sic piger his qui misérunt eum.

ainsi est le paresseux à ceux qui l’ont envoyé.

27 Timor Dómini appónet dies,

27. La crainte du Seigneur ajoutera des jours à la vie ;

et anni impiórum breviabúntur.

et les années des impies seront abrégées.

28 Exspectátio justórum lætítia,

28. L’attente des justes, c’est la joie :

spes autem impiórum períbit.

mais l’espérance des impies périra.

29 Fortitúdo símplicis via Dómini,

29. C’est la force du simple que la voix du Seigneur ;

et pavor his qui operántur malum.

mais aussi l’effroi de ceux qui opèrent le mal.

30 Justus in ætérnum non commovébitur,

30. Le juste jamais ne sera ébranlé ;

ímpii autem non habitábunt super terram.

mais des impies n’habiteront pas sur la terre.

31 Os justi partúriet sapiéntiam ;

31. La bouche du juste enfantera la sagesse,

lingua pravórum períbit.

la langue des dépravés périra.

32 Lábia justi consíderant plácita,

32. Les lèvres du juste considèrent les choses qui plaisent,

et os impiórum pervérsa.

et la bouche des impies, les choses perverses.

~

CHAP. X. 2. Infra. XI, 4. — 10. Eccli. XXVII, 25. — 12. I Cor. XIII, 4 ; I Petr. IV, 8.

 

(a). Ce titre ne se lit ni dans les éditions des Septante, ni dans celle de la Vulgate par Sixte V ; mais il est dans le texte hébreu, dans la Paraphrase chaldaïque et dans les exemplaires imprimés et manuscrits de la Version de saint Jérôme. C’est ici que commence proprement le corps de l’ouvrage ; les chapitres précédents ne sont qu’une sorte de préface ou d’introduction.

1. * Seconde partie des Proverbes, X-XXIV. Les proverbes proprement dits ou sentences de Salomon qui commencent au chapitre X, sont divisés en deux recueils particuliers, dont le premier n’a pas d’autre titre que celui qu’on lit ici, mais dont le second, XXV, 1, a un titre qui lui est propre et indique que la collection est de date postérieure à celle qui forme la seconde partie du livre. La section X-XXIV se subdivise elle-même de la manière suivante : 1° X-XXII, 16. C’est un assemblage de pensées détachées, composées ordinairement d’un seul distique, sans autre lien de rapprochement entre elles que le sujet général, qui est la morale et la prudence. — 2° XXII, 17-XXIV, 22. Au vers. 17 du chapitre XXII, commence une série de préceptes, sur la justice et la prudence, qui ne sont plus exprimés seulement en deux vers, mais avec quelques développements. Ils sont nommés paroles des sages, XXII, 17, et peut-être est-ce là les maximes des sages annoncées, I, 6. — 3° XXIV, 23-34. Les douze derniers versets de la seconde partie forment un petit groupe à part, qui porte l’inscription, XXIV, 23 : « ce sont encore les paroles des sages », ou, d’après quelques-uns, « proverbes pour les sages. » On doit rejeter cette dernière interprétation comme peu vraisemblable, parce que ce ne sont point les sages qui ont besoin de conseils de ce genre. Ces sentences paraissent former un supplément au premier recueil. Suivant quelques critiques, elles ne sont pas de Salomon, à cause du titre qu’elles portent ; suivant d’autres, elles sont de sa composition. L’opinion la plus vraisemblable est qu’elles ont pour auteurs d’anciens Sages, mais qu’elles ont été adoptées par Salomon lui-même qui les a fait insérer dans le recueil de ses propres maximes. La seconde partie du livre, contenant le premier recueil des Proverbes et formant véritablement le corps de l’ouvrage, offre une régularité de structure frappante, dans toute la première subdivision, X-XXII, 16. Chaque proverbe est généralement exprimé en deux vers ou deux membres paralléliques, indépendants l’un de l’autre, sans liaison nécessaire avec ce qui précède et avec ce qui suit. Le parallélisme dans les premiers chapitres est d’ordinaire antithétique, le second vers exprimant le contraire du premier, comme XIV, 30. Après le milieu du chapitre XV, ce trait caractéristique s’efface peu à peu et disparait complètement dans les derniers chapitres. Partout l’élocution est simple, élégante. La maxime est exprimée avec brièveté ; elle est aussi fréquemment enveloppée comme d’un voile transparent. C’est un des caractères de la poésie gnomique de ne pas appeler toujours les choses par leur nom, afin d’aiguiser l’esprit en l’aiguillonnant et de le rendre pénétrant en le provoquant à la recherche et à la réflexion. Voir XXV, 16 ; XX, 12, 15 ; etc. Dans la seconde subdivision, XXII, 17-XXIV, 22, ainsi que dans la troisième, XXIV, 23-24, le style est moins soigné. Les préceptes moraux sont plus longs que ceux qui sont donnés X-XXII, et moins longs que I-IX.

1-32. * Comparaison générale entre le bon et le méchant. C’est le sujet principal des chapitres X-XV.

4. Celui qui s’appuie,… qui volent. Ce passage n’est ni dans l’hébreu, ni dans le grec, ni dans un grand nombre de manuscrits latins.

6. L’iniquité ; probablement pour la peine, le châtiment de l’iniquité ; sens qu’a ce mot ici comme en plusieurs autres endroits. — Couvre la bouche ; c’est-à-dire ferme la bouche ; en sorte que les impies ne peuvent rien dire pour leur justification. Quelques-uns lisent, comme on lit au vers. 11 : La bouche des impies couvre (cache) de l’iniquité.

8-10. * Trois sentences pour expliquer la différence entre le sage et l’insensé.

8. L’insensé, etc. ; c’est la traduction littérale de la Vulgate : Stultus cǽditur labiis ; l’hébreu porte : Un insensé de lèvres tombera précipitamment. Or un insensé de lèvres est un homme qui parle d’une manière inconsidérée et imprudente. Ajoutons qu’au vers. 10, la Vulgate a rendu la même phrase hébraïque par : Un insensé de lèvres ou par lèvres, sera frappé (stultus labiis verberabitur).

10. Qui fait signe, etc. Voy. Prov. VI, 13. — Un insensé, etc. Voy. le vers. 8.

11-14. * Différence entre le bon et le méchant, entre la sagesse et la folie.

11. Une source (vena). Voy. Prov. V, 18. — Couvre ; c’est-à-dire cache.

13. Qui manque de cœur. Voy. Prov. VII, 7.

15-21. * Sept sentences se rapportant presque toutes aux biens de la terre, richesse, honneurs, réputation, à leur valeur et aux moyens de les acquérir.

15. Ville forte ; littér. et par hébraïsme, ville de force.

17. La discipline. Voy. Prov. I, 2.

20. L’argent excellent ; le meilleur ; littér. choisi (eléctum).

21. Par un manque de cœur ; c’est-à-dire par un manque d’intelligence, de sagesse. Compar. Prov. VII, 7.

22-25. * Sort différent du juste et du pécheur. Le vers. 23 en donne en quelque sorte la raison.

23. C’est comme, etc. L’insensé qui ne connait pas l’énormité du péché le commet comme en riant ; tandis que la sagesse rend l’homme attentif, prudent, circonspect.

²

 

11 à 20

Pr 11

*pr11

CHAPITRE XI

Avantages des justes et des sages, opposés aux malheurs des méchants et des insensés. Vraies et fausses richesse.

1 Statéra dolósa abominátio est apud Dóminum,

1. La balance trompeuse est une abomination auprès du Seigneur ;

et pondus æquum volúntas ejus.

le poids juste est selon sa volonté.

2 Ubi fúerit supérbia, ibi erit et contumélia ;

2. Où sera l’orgueil, là aussi sera l’outrage ;

ubi autem est humílitas, ibi et sapiéntia.

mais où est l’humilité, là aussi est la sagesse.

3 Simplícitas justórum díriget eos,

3. La simplicité des justes les dirigera ;

et supplantátio perversórum vastábit illos.

et la trahison des pervers les ruinera.

4 Non próderunt divítiæ in die ultiónis ;

4. Les richesses ne serviront pas, au jour de la vengeance ;

justítia autem liberábit a morte.

mais la justice délivrera de la mort.

5 Justítia símplicis díriget viam ejus,

5. La justice du simple dirigera sa voie ;

et in impietáte sua córruet ímpius.

et dans son impiété succombera l’impie.

6 Justítia rectórum liberábit eos,

6. La justice des hommes droits les délivrera ;

et in insídiis suis capiéntur iníqui.

et dans leurs propres embuches seront pris les iniques.

7 Mórtuo hómine ímpio, nulla erit ultra spes,

7. Un homme impie mort, il n’y aura plus aucune espérance ;

et exspectátio sollicitórum períbit.

et l’attente des ambitieux périra.

8 Justus de angústia liberátus est,

8. Le juste a été délivré de l’angoisse,

et tradétur ímpius pro eo.

et l’impie sera livré pour lui.

9 Simulátor ore décipit amícum suum ;

9. Un dissimulé trompe par sa bouche son ami ;

justi autem liberabúntur sciéntia.

mais les justes seront délivrés par la science.

10 In bonis justórum exsultábit cívitas,

10. Au bonheur des justes exultera une cité,

et in perditióne impiórum erit laudátio.

et à la ruine des impies il y aura louange.

11 Benedictióne justórum exaltábitur cívitas,

11. Par la bénédiction des justes, sera exaltée une cité ;

et ore impiórum subvertétur.

et par la bouche des impies elle sera renversée.

12 Qui déspicit amícum suum índigens corde est ;

12. Celui qui méprise son ami manque de cœur ;

vir autem prudens tacébit.

mais un homme prudent se taira.

13 Qui ámbulat fraudulénter, revélat arcána ;

13. Celui qui marche frauduleusement révèle les secrets ;

qui autem fidélis est ánimi, celat amíci commíssum.

mais celui qui est fidèle d’esprit tient cachée la confidence de son ami.

14 Ubi non est gubernátor, pópulus córruet ;

14. Où il n’y a point de gouvernement, le peuple croulera ;

salus autem, ubi multa consília.

mais le salut est là où il y a beaucoup de conseils.

15 Affligétur malo qui fidem facit pro extráneo ;

15. Il sera affligé par le malheur, celui qui répond pour un étranger ;

qui autem cavet láqueos secúrus erit.

mais celui qui se garde du lacs sera en sûreté.

16 Múlier gratiósa invéniet glóriam,

16. La femme gracieuse trouvera la gloire ;

et robústi habébunt divítias.

et les forts auront des richesses.

17 Benéfacit ánimæ suæ vir miséricors ;

17. Il fait du bien à son âme, l’homme miséricordieux ;

qui autem crudélis est, étiam propínquos ábjicit.

mais celui qui est cruel rejette même ses proches.

18 Impius facit opus instábile,

18. L’impie fait une œuvre qui n’est pas stable ;

seminánti autem justítiam merces fidélis.

mais pour celui qui sème la justice, il y a une récompense assurée.

19 Cleméntia prǽparat vitam,

19. La clémence prépare la vie,

et sectátio malórum mortem.

et la recherche du mal, la mort.

20 Abominábile Dómino cor pravum,

20. Abominable est au Seigneur un cœur dépravé,

et volúntas ejus in iis qui simplíciter ámbulant.

et sa bienveillance est pour ceux qui marchent avec simplicité.

21 Manus in manu non erit ínnocens malus ;

21. Lors même qu’une main serait dans une main, le méchant ne sera pas innocent ;

semen autem justórum salvábitur.

mais la race des justes sera sauvée.

22 Círculus áureus in náribus suis,

22. C’est un anneau d’or aux naseaux d’une truie,

múlier pulchra et fátua.

qu’une femme belle et insensée.

23 Desidérium justórum omne bonum est ;

23. Le désir des justes est toute espèce de bien :

præstolátio impiórum furor.

l’attente des impies est la fureur.

24 Alii dívidunt própria, et ditióres fiunt ;

24. Les uns partagent leurs propres biens et deviennent plus riches ;

álii rápiunt non sua, et semper in egestáte sunt.

les autres ravissent ce qui n’est pas à eux, et toujours ils sont dans la détresse.

25 Anima quæ benedícit impinguábitur,

25. L’âme qui bénit sera engraissée ;

et qui inébriat, ipse quoque inebriábitur.

et celui qui enivre, lui-même aussi sera enivré.

26 Qui abscóndit fruménta maledicétur in pópulis ;

26. Celui qui cache le blé sera maudit des peuples ;

benedíctio autem super caput vendéntium.

mais la bénédiction viendra sur la tête de ceux qui le vendent.

27 Bene consúrgit dilúculo qui quærit bona ;

27. C’est avec raison que se lève au point du jour celui qui cherche les biens ;

qui autem investigátor malórum est, opprimétur ab eis.

mais celui qui recherche les maux en sera accablé.

28 Qui confídit in divítiis suis córruet :

28. Celui qui se confie dans ses richesses tombera précipitamment ;

justi autem quasi virens fólium germinábunt.

mais les justes comme la feuille verdoyante germeront.

29 Qui contúrbat domum suam possidébit ventos,

29. Celui qui trouble sa maison possèdera les vents,

et qui stultus est sérviet sapiénti.

et celui qui est insensé servira le sage.

30 Fructus justi lignum vitæ,

30. Le fruit du juste est un arbre de vie ;

et qui súscipit ánimas sápiens est.

et celui qui prend soin des âmes est sage.

31 Si justus in terra récipit,

31. Si le juste sur la terre reçoit sa punition,

quanto magis ímpius et peccátor !

combien plus l’impie et le pécheur ?

~

CHAP. XI. 4. Supra. X, 2. — 31. I Petr. IV, 18.

 

1-11. * Onze sentences sur la récompense de la bonne conduite envers le prochain et sur la punition de l’injuste.

1. La balance trompeuse, etc. Voy. Lev. XIX, 36.

4. Les richesses, etc. Compar. Prov. X, 2.

10. Il y aura louange à Dieu ; on louera la justice et la providence-de Dieu.

12. Manque de cœur. Voy. Prov. VII, 7.

13. Fidèle d’esprit ; c’est-à-dire sincèrement fidèle.

21. Lors même, etc. ; littér. une main dans une main ; expression évidemment elliptique, pour : quand même une main serait dans une main (étiam si manus ad manum fuerit), comme on lit au chap. XVI, vers. 5 ; ce qui signifie : Quand il aurait une main dans l’autre ; c’est-à-dire quand il ne ferait rien, quand il serait dans un repos complet de ses mains, comme il a toujours le cœur au mal, Dieu ne le traitera pas comme un innocent.

22. * Un anneau d’or aux naseaux. « C’est l’usage dans presque tout l’Orient, dit Hammer, que les femmes portent des anneaux au nez, à la narine gauche, qui est percée au milieu. Ces anneaux consistent en un fil d’or où il y a souvent une perle. »

25. L’âme ; par hébraïsme, la personne. — Qui bénit ; autre hébraïsme, pour qui fait du bien, qui est bienfaisante.

27-31. * Cinq proverbes sur le contraste entre le bon et le méchant et leur récompense.

29. Celui qui trouble sa maison ; c’est-à-dire qui dissipe ses biens, qui se ruine par son inconduite, ou qui sème dans sa maison la division et la discorde. — Possédera des vents ; rien que du vent ; il se verra bientôt dans la pauvreté. — Servira ; sera esclave ; c’est le vrai sens de la Vulgate aussi bien que du texte hébreu.

30. Est un arbre de vie. Compar. Gen. II, 9 ; III, 22.

²

 

Pr 12

*pr12

CHAPITRE XII

Aimer la correction. Cultiver la piété. La femme vigilante. Sort différent des bons et des méchants. Pauvre qui se suffit a lui-même. Du fainéant et de l’ivrogne. De l’insensé et du sage. Des biens et des maux causés par la langue.

1 Qui díligit disciplínam díligit sciéntiam ;

1. Celui qui aime la discipline aime la science :

qui autem odit increpatiónes insípiens est.

mais celui qui hait les réprimandes est insensé.

2 Qui bonus est háuriet grátiam a Dómino ;

2. Celui qui est bon puisera la grâce dans le Seigneur ;

qui autem confídit in cogitatiónibus suis ímpie agit.

mais celui qui se confie dans ses pensées agit en impie.

3 Non roborábitur homo ex impietáte,

3. L’homme ne s’affermira point par l’impiété :

et radix justórum non commovébitur.

et la racine des justes ne sera pas ébranlée.

4 Múlier díligens coróna est viro suo ;

4. Une femme diligente est une couronne pour son mari :

et putrédo in óssibus ejus, quæ confusióne res dignas gerit.

et c’est la carie dans les os du sien qu’une femme qui fait des choses dignes de confusion.

5 Cogitatiónes justórum judícia,

5. Les pensées des justes sont des jugements ;

et consília impiórum fraudulénta.

les conseils des impies sont frauduleux.

6 Verba impiórum insidiántur sánguini ;

6. Les paroles des impies dressent des embuches au sang ;

os justórum liberábit eos.

la bouche des justes les délivrera.

7 Verte ímpios, et non erunt ;

7. Renversez les impies, ils ne seront plus ;

domus autem justórum permanébit.

mais la maison du juste demeurera à jamais.

8 Doctrína sua noscétur vir ;

8. C’est par sa doctrine que sera connu un homme ;

qui autem vanus et excors est patébit contémptui.

mais celui qui est vain et sans cœur sera ouvert au mépris.

9 Mélior est pauper et suffíciens sibi

9. Mieux vaut un pauvre se suffisant à lui-même,

quam gloriósus et índigens pane.

qu’un glorieux qui manque de pain.

10 Novit justus jumentórum suórum ánimas ;

10. Le juste connait les âmes de ses bêtes ;

víscera autem impiórum crudélia.

mais les entrailles des impies sont cruelles.

11 Qui operátur terram suam satiábitur pánibus ;

11. Celui qui travaille sa terre sera rassasié de pain ;

qui autem sectátur ótium stultíssimus est.

mais celui qui cherche l’oisiveté est très insensé.

Qui suávis est in vini demoratiónibus,

Celui à qui il est doux de passer le temps à boire du vin

in suis munitiónibus relínquit contuméliam.

laisse dans ses fortifications du déshonneur.

12 Desidérium ímpii muniméntum est pessimórum ;

12. Le désir d’un impie est l’appui des plus méchants ;

radix autem justórum profíciet.

mais la racine des justes prospèrera.

13 Propter peccáta labiórum ruína próximat malo ;

13. À cause du péché de ses lèvres, la ruine s’approche du méchant ;

effúgiet autem justus de angústia.

mais le juste échappera à l’angoisse.

14 De fructu oris sui unusquísque replébitur bonis,

14. En vertu du fruit de sa bouche, chacun sera rempli de biens,

et juxta ópera mánuum suárum retribuétur ei.

et selon les œuvres de ses mains il lui sera rendu.

15 Via stulti recta in óculis ejus ;

15. La voie d’un insensé est droite à ses yeux ;

qui autem sápiens est audit consília.

mais celui qui est sage écoute les conseils.

16 Fátuus statim índicat iram suam ;

16. L’insensé découvre soudain sa colère ;

qui autem dissímulat injúriam cállidus est.

mais celui qui dissimule une injure est habile.

17 Qui quod novit lóquitur, index justítiæ est ;

17. Celui qui dit ce qu’il sait rend un témoignage juste ;

qui autem mentítur, testis est frauduléntus.

mais celui qui ment est un témoin frauduleux.

18 Est qui promíttit, et quasi gládio púngitur consciéntiæ :

18. Il est tel qui promet et qui ensuite est percé comme du glaive de sa conscience ;

lingua autem sapiéntium sánitas est.

mais la langue des sages est la santé.

19 Lábium veritátis firmum erit in perpétuum ;

19. La lèvre véridique sera ferme à perpétuité ;

qui autem testis est repentínus, concínnat linguam mendácii.

mais celui qui est témoin précipité se fait une langue de mensonge.

20 Dolus in corde cogitántium mala ;

20. La fraude est dans le cœur de ceux qui pensent des choses mauvaises ;

qui autem pacis íneunt consília, séquitur eos gáudium.

mais ceux qui entrent dans des conseils de paix, la joie les suit.

21 Non contristábit justum quidquid ei accíderit :

21. Rien ne contristera le juste, quoi qu’il lui arrive :

ímpii autem replebúntur malo.

mais les impies seront remplis de maux.

22 Abominátio est Dómino lábia mendácia ;

22. C’est une abomination pour le Seigneur, que des lèvres menteuses ;

qui autem fidéliter agunt placent ei.

mais ceux qui sincèrement agissent lui plaisent.

23 Homo versátus celat sciéntiam,

23. Un homme habile cache sa science ;

et cor insipiéntium próvocat stultítiam.

et le cœur des insensés publie leur folie.

24 Manus fórtium dominábitur ;

24. La main des forts dominera ;

quæ autem remíssa est, tribútis sérviet.

mais celle qui est relâchée sera soumise aux tributs.

25 Mœror in corde viri humiliábit illum,

25. La tristesse dans le cœur d’un homme l’humiliera ;

et sermóne bono lætificábitur.

et par une bonne parole il sera réjoui.

26 Qui négligit damnum propter amícum, justus est ;

26. Celui qui néglige un dommage à cause d’un ami est juste ;

iter autem impiórum decípiet eos.

mais le chemin des impies les trompera.

27 Non invéniet frauduléntus lucrum,

27. Le frauduleux ne trouvera pas de gain ;

et substántia hóminis erit auri prétium.

et la richesse d’un homme juste sera d’un prix d’or.

28 In sémita justítiæ vita ;

28. Dans le sentier de la justice est la vie ;

iter autem dévium ducit ad mortem.

mais le chemin détourné conduit à la mort.

~

CHAP. XII. 4. Prov. XXI, 9 ; Prov. XXV, 24 ; Eccli. XXV, 17. — 9. Eccli. X, 30. — 11. Eccli. XX, 30.

 

1-3. * Trois sentences sur l’opposition qui existe entre le bien et le mal en général.

4-11. * Huit proverbes sur les bénédictions et les malédictions de la vie domestique et leurs causes.

5. Les pensées des justes, etc. ; c’est-à-dire que les justes ne cherchent que la justice.

6. Au sang ; pour verser le sang.

8. Sans cœur (excors) ; a le même sens que vecors. Voy. Prov. VII, 7. — Ouvert ; entièrement exposé.

10. Connait ; c’est-à-dire à soin ; c’est le sens de l’hébreu. — Des âmes ; de la vie. — * Le juste a de la sollicitude même pour les animaux qui le servent. Celui qui est cruel envers les animaux le devient facilement envers ses semblables, tandis que celui qui est humain à l’égard des bêtes l’est à plus forte raison à l’égard des hommes.

11. Celui à qui, etc. Ce passage, qui n’existe pas dans l’hébreu et qui est pris des Septante, signifie que le soldat qui, chargé de la garde des fortifications, s’occupe à boire du vin, les laisse exposées à l’ennemi ; ce qui est un déshonneur.

12-22. * Onze proverbes sur les vertus et les défauts dans la vie civile, et spécialement des péchés de la langue.

12. Est l’appui de plus méchants ; est de trouver un appui dans les plus méchants ; de s’en faire un rempart (munimen), afin que, joint à eux, il n’en devienne que plus formidable.

14. En vertu du fruit, etc. ; c’est-à-dire en vertu des sages discours sortis de sa bouche, chacun sera comblé de biens.

19. Sera ferme à perpétuité ; ne se démentira jamais.

23-28. * Six sentences mettent sous les yeux l’opposition qui existe entre le sage et l’insensé, l’homme actif et le paresseux.

24. * Sera soumise aux tributs, à la corvée, à des travaux imposés.

27. Sera d’un prix d’or ; vaudra de l’or, sera précieuse comme l’or.

²

 

Pr 13

*pr13

CHAPITRE XIII

Du fils sage et de l’insensé. Retenue dans les paroles. Courte durée de l’éclat des impies. Biens acquis trop promptement. Du délai de ce qu’on espère. Châtier ses enfants. Insatiabilité des impies.

1 Fílius sápiens doctrína patris ;

1. Un fils sage garde la doctrine de son père :

qui autem illúsor est non audit cum argúitur.

mais un moqueur n’écoute pas quand on le reprend.

2 De fructu oris sui homo satiábitur bonis :

2. En vertu du fruit de sa bouche, l’homme sera rassasié de biens ;

ánima autem prævaricatórum iníqua.

mais l’âme des prévaricateurs est inique.

3 Qui custódit os suum custódit ánimam suam ;

3. Celui qui garde sa bouche, garde son âme ;

qui autem inconsiderátus est ad loquéndum, séntiet mala.

mais celui qui est inconsidéré dans ses paroles sentira le mal.

4 Vult et non vult piger ;

4. Le paresseux veut et ne veut pas ;

ánima autem operántium impinguábitur.

mais l’âme de ceux qui travaillent s’engraissera.

5 Verbum mendax justus detestábitur ;

5. La parole mensongère, le juste la détestera ;

ímpius autem confúndit, et confundétur.

mais l’impie confond et il sera confondu.

6 Justítia custódit innocéntis viam,

6. La justice garde la voie de l’innocent ;

impíetas autem peccatórem supplántat.

mais l’impiété supplante le pécheur.

7 Est quasi dives, cum nihil hábeat,

7. Il est tel qui parait riche, quoiqu’il n’ait rien ;

et est quasi pauper, cum in multis divítiis sit.

et il est tel qui parait pauvre, quoiqu’il jouisse de beaucoup de richesses.

8 Redémptio ánimæ viri divítiæ suæ ;

8. La rançon de l’âme d’un homme, ce sont ses richesses :

qui autem pauper est, increpatiónem non sústinet.

mais celui qui est pauvre ne soutient pas un reproche.

9 Lux justórum lætíficat :

9. La lumière des justes réjouit :

lucérna autem impiórum extinguétur.

mais la lampe des impies s’éteindra.

10 Inter supérbos semper júrgia sunt ;

10. Entre les superbes, il y a toujours des querelles ;

qui autem agunt ómnia cum consílio, regúntur sapiéntia.

mais ceux qui font tout avec conseil sont conduits par la sagesse.

11 Substántia festináta minuétur ;

11. Le bien amassé à la hâte sera diminué ;

quæ autem paulátim collígitur manu, multiplicábitur.

mais celui qui est recueilli peu à peu, à la main, sera multiplié.

12 Spes quæ différtur afflígit ánimam ;

12. L’espérance différée afflige l’âme ;

lignum vitæ desidérium véniens.

c’est un arbre de vie qu’un désir qui s’accomplit.

13 Qui détrahit alícui rei, ipse se in futúrum óbligat ;

13. Celui qui parle avec mépris de quelque chose s’engage lui-même pour l’avenir :

qui autem timet præcéptum, in pace versábitur.

mais celui qui craint le précepte demeurera en paix.

Animæ dolósæ errant in peccátis :

Les âmes trompeuses s’égarent dans les péchés,

justi autem misericórdes sunt, et miserántur.

mais les justes sont miséricordieux et compatissants.

14 Lex sapiéntis fons vitæ,

14. La loi du sage est une source de vie,

ut declínet a ruína mortis.

pour éviter la ruine de la mort.

15 Doctrína bona dabit grátiam ;

15. La bonne doctrine donne la grâce :

in itínere contemptórum vorágo.

sur le chemin des contempteurs est un précipice.

16 Astútus ómnia agit cum consílio ;

16. L’homme avisé fait tout avec conseil ;

qui autem fátuus est áperit stultítiam.

mais celui qui est insensé laisse voir de la folie.

17 Núntius ímpii cadet in malum ;

17. Le messager d’un impie tombera dans le mal ;

legátus autem fidélis, sánitas.

mais un envoyé fidèle est la santé.

18 Egéstas et ignomínia ei qui déserit disciplínam ;

18. Détresse et ignominie à celui qui abandonne la discipline.

qui autem acquiéscit arguénti glorificábitur.

Mais celui qui acquiesce à celui qui réprimande sera glorifié.

19 Desidérium si compleátur deléctat ánimam ;

19. Un désir, s’il s’accomplit, réjouit l’âme ;

detestántur stulti eos qui fúgiunt mala.

les insensés détestent ceux qui fuient les choses mauvaises.

20 Qui cum sapiéntibus gráditur sápiens erit ;

20. Celui qui marche avec les sages sera sage ;

amícus stultórum símilis efficiétur.

l’ami des insensés leur deviendra semblable.

21 Peccatóres perséquitur malum,

21. Le mal poursuit les pécheurs ;

et justis retribuéntur bona.

et aux justes seront donnés des biens en récompense.

22 Bonus relíquit hærédes fílios et nepótes,

22. L’homme vertueux laisse héritiers des fils et des petits-fils ;

et custodítur justo substántia peccatóris.

et est réservé pour le juste le bien du pécheur.

23 Multi cibi in noválibus patrum,

23. Il y a beaucoup de fruits dans les novales des pères ;

et áliis congregántur absque judício.

et c’est pour d’autres qu’ils sont amassés sans jugement.

24 Qui parcit virgæ odit fílium suum ;

24. Celui qui épargne la verge hait son fils ;

qui autem díligit illum instánter érudit.

mais celui qui l’aime le corrige fortement.

25 Justus cómedit et replet ánimam suam ;

25. Le juste mange et remplit son âme ;

venter autem impiórum insaturábilis.

mais le ventre des impies est insatiable.

~

CHAP. XIII.

 

1. Garde ou reproduit, représente ; littér. est. — Moqueur. Voy. Prov. IX, 7.

2. En vertu, etc. Voy. Prov. XII, 14.

4-12. * Neuf maximes se rapportant la plupart au bon emploi des biens temporels.

12. * Un arbre de vie ; allusion à l’arbre de vie du paradis terrestre, Gen. II, 9 ; III, 22.

13-17. * Avantage de la bonne doctrine.

13. Les âmes trompeuses… Compatissants. Ce passage ne se trouve ni dans l’hébreu, ni dans plusieurs éditions latines, ni dans quelques exemplaires grecs. Dans ceux des Grecs et des Latins qui le lisent, il est placé après les versets 9 ou 11.

17. Est la santé ; une source de santé et de prospérité, tant pour lui-même que pour celui qui l’envoie.

18-25. * Récompenses qui sont le fruit de la sagesse.

23. De fruits ; littér. d’aliments, de nourriture. — Pour d’autres ; pour des étrangers. — Qu’ils sont amassés sans jugement ; c’est-à-dire que ceux qui en cultivant les champs de leurs pères manquent de jugement et d’esprit de conduite perdront tous les fruits de leur travail, qui iront à des étrangers. — * Dans les novales, terres nouvellement défrichées et profondément défoncées.

²

 

Pr 14

*pr14

CHAPITRE XIV

Différents caractères des sages et des insensés. Sort différent des justes et des méchants. Du travail. De la crainte du Seigneur. De la patience. De la compassion envers les pauvres.

1 Sápiens múlier ædíficat domum suam ;

1. Une femme sage édifie sa maison ;

insípiens exstrúctam quoque mánibus déstruet.

l’insensée détruira de ses propres mains celle même qui était construite.

2 Ambulans recto itínere, et timens Deum,

2. Celui qui marche par un droit chemin, et qui craint le Seigneur,

despícitur ab eo qui infámi gráditur via.

est méprisé par celui qui marche dans une voie infâme.

3 In ore stulti virga supérbiæ ;

3. Dans la bouche d’un insensé est la verge de l’orgueil ;

lábia autem sapiéntium custódiunt eos.

mais les lèvres des sages les gardent.

4 Ubi non sunt boves, præsépe vácuum est ;

4. Où il n’y a point de bœufs, la crèche est vide ;

ubi autem plúrimæ ségetes, ibi manifésta est fortitúdo bovis.

mais où abondent les moissons, là est manifeste la force du bœuf.

5 Testis fidélis non mentítur ;

5. Un témoin fidèle ne ment pas,

profert autem mendácium dolósus testis.

mais un témoin trompeur profère le mensonge.

6 Quærit derísor sapiéntiam, et non ínvenit ;

6. Le railleur cherche la sagesse, et ne la trouve pas :

doctrína prudéntium fácilis.

la doctrine des prudents est facile.

7 Vade contra virum stultum,

7. Va contre l’homme insensé,

et nescit lábia prudéntiæ.

et qui ne connait pas les lèvres de la prudence.

8 Sapiéntia cállidi est intellígere viam suam,

8. La sagesse d’un homme habile est de comprendre sa voie ;

et imprudéntia stultórum errans.

et l’imprudence des insensés est errante.

9 Stultus illúdet peccátum,

9. L’insensé se jouera du péché ;

et inter justos morábitur grátia.

et c’est parmi les justes que demeurera la grâce.

10 Cor quod novit amaritúdinem ánimæ suæ,

10. Quant au cœur qui connait l’amertume de son âme,

in gáudio ejus non miscébitur extráneus.

un étranger ne se mêlera pas dans sa joie.

11 Domus impiórum delébitur :

11. La maison des impies sera détruite ;

tabernácula vero justórum germinábunt.

mais les tabernacles des justes seront florissants.

12 Est via quæ vidétur hómini justa,

12. Il est une voie qui parait droite à l’homme ;

novíssima autem ejus dedúcunt ad mortem.

mais ses issues conduisent à la mort.

13 Risus dolóre miscébitur,

13. Le rire de douleur sera mêlé,

et extréma gáudii luctus óccupat.

et le deuil occupe les extrémités de la joie.

14 Viis suis replébitur stultus,

14. L’insensé sera rempli de ses voies ;

et super eum erit vir bonus.

mais au-dessus de lui sera l’homme vertueux.

15 Innocens credit omni verbo ;

15. L’innocent croit à toute parole :

astútus consíderat gressus suos.

l’homme avisé considère ses pas.

Fílio dolóso nihil erit boni ;

Pour un fils trompeur il n’y aura rien de bon :

servo autem sapiénti prósperi erunt actus,

mais à un serviteur sage ses actes seront prospères,

et dirigétur via ejus.

et sa voie sera dirigée.

16 Sápiens timet, et declínat a malo ;

16. Le sage craint et se détourne du mal :

stultus tránsilit, et confídit.

l’insensé passe outre et a confiance.

17 Impátiens operábitur stultítiam,

17. L’impatient commettra des actions de folie ;

et vir versútus odiósus est.

l’homme artificieux est odieux.

18 Possidébunt párvuli stultítiam,

18. Les tout petits possèderont la folie ;

et exspectábunt astúti sciéntiam.

et les hommes avisés attendront la science.

19 Jacébunt mali ante bonos,

19. Les méchants seront couchés par terre devant les bons ;

et ímpii ante portas justórum.

et les impies devant les portes des justes.

20 Etiam próximo suo pauper odiósus erit :

20. Même à son prochain, le pauvre est odieux ;

amíci vero dívitum multi.

mais les amis des riches sont nombreux.

21 Qui déspicit próximum suum peccat ;

21. Celui qui méprise son prochain pèche ;

qui autem miserétur páuperis beátus erit.

mais celui qui a pitié du pauvre sera bienheureux.

Qui credit in Dómino misericórdiam díligit.

Celui qui croit au Seigneur aime la miséricorde.

22 Errant qui operántur malum ;

22. Ils s’égarent, ceux qui opèrent le mal :

misericórdia et véritas prǽparant bona.

la miséricorde et la vérité préparent des biens.

23 In omni ópere erit abundántia ;

23. Dans tout travail sera l’abondance :

ubi autem verba sunt plúrima, ibi frequénter egéstas.

mais où il y a beaucoup de paroles, là fréquemment est la détresse.

24 Coróna sapiéntium divítiæ eórum ;

24. La couronne des sages, ce sont leurs richesses ;

fatúitas stultórum imprudéntia.

la sottise des insensés, l’imprudence.

25 Líberat ánimas testis fidélis,

25. Un témoin fidèle délivre des âmes :

et profert mendácia versipéllis.

et celui qui est double profère des mensonges.

26 In timóre Dómini fidúcia fortitúdinis,

26. Dans la crainte du Seigneur est une confiance ferme ;

et fíliis ejus erit spes.

et à ses enfants sera l’espérance.

27 Timor Dómini fons vitæ,

27. La crainte du Seigneur est une source de vie,

ut declínent a ruína mortis.

afin qu’on évite la ruine de la mort.

28 In multitúdine pópuli dígnitas regis,

28. Dans la multitude du peuple est la gloire d’un roi ;

et in paucitáte plebis ignomínia príncipis.

et dans le petit nombre des sujets l’ignominie d’un prince.

29 Qui pátiens est multa gubernátur prudéntia ;

29. Celui qui est patient se gouverne avec une grande prudence ;

qui autem impátiens est exáltat stultítiam suam.

mais celui qui est impatient signale sa folie.

30 Vita cárnium sánitas cordis ;

30. La vie des chairs, c’est la santé du cœur :

putrédo óssium invídia.

la carie des os, l’envie.

31 Qui calumniátur egéntem éxprobrat factóri ejus ;

31. Celui qui opprime un indigent, outrage le créateur de cet indigent ;

honórat autem eum qui miserétur páuperis.

mais celui-là l’honore, qui a pitié d’un pauvre.

32 In malítia sua expellétur ímpius :

32. À cause de sa malice, l’impie sera rejeté ;

sperat autem justus in morte sua.

mais le juste espère dans sa mort même.

33 In corde prudéntis requiéscit sapiéntia,

33. Dans le cœur de l’homme prudent repose la sagesse ;

et indóctos quosque erúdiet.

et elle instruira tous les ignorants.

34 Justítia élevat gentem ;

34. La justice élève une nation ;

míseros autem facit pópulos peccátum.

mais le péché fait les peuples malheureux.

35 Accéptus est regi miníster intélligens ;

35. Un ministre intelligent est bien accueilli du roi ;

iracúndiam ejus inútilis sustinébit.

celui qui est inutile endurera son courroux.

~

CHAP. XIV. 2. Job. XII, 4. — 31. Infra. XVII, 5.

 

1-7. * De la sagesse et de la folie en général.

1. Édifie sa maison. Dans le langage de l’Écriture, édifier ou bâtir sa maison, lorsqu’on parle d’une femme, signifie proprement avoir des enfants, et les bien élever.

3. Dans la bouche, etc. ; c’est-à-dire la langue d’un insensé est comme une verge d’orgueil et d’insolence, qui frappe, meurtrit les autres, en le blessant lui-même. Au contraire, les lèvres des sages ne blessent personne, et elles les conservent eux-mêmes dans une parfaite tranquillité, en ne donnant pas prise à la critique et à la malignité.

4. Où il n’y a point, etc. L’auteur semble vouloir dire en général que, quand on ne travaille pas, on n’a rien à attendre.

6. Railleur. Voy. Prov. IX, 7. — La doctrine, etc. ; c’est-à-dire que les hommes prudents s’instruiront sans peine ; comme ils cherchent la sagesse sérieusement et véritablement, elle vient au-devant d’eux (Sap. VI, 14).

7. Va contre ; résiste, oppose-toi à lui.

8-19. * Comparaison du sage et de l’insensé, par rapport surtout à leurs destinées diverses.

14. L’insensé, etc. L’insensé est entièrement satisfait de sa propre conduite, il s’y plaît, il y trouve son contentement et sa joie. — Au-dessus de lui sera l’homme vertueux ; c’est-à-dire l’homme vertueux le dominera ; ou bien, l’homme vertueux sera encore plus rempli de ses voies que l’insensé ; il s’y plaira davantage, parce qu’elles sont meilleures.

15. Pour un fils trompeur… sera dirigée. Ce passage ne se trouve ni dans l’hébreu, ni dans le chaldéen, ni dans les Septante de Complute et de Rome, ni dans les manuscrits latins, ni dans quelques éditions de la Vulgate.

18. Les tout petits (parvuli). Voy. Prov. I, 4. — Attendront la science ; comme un héritage qui leur est dû.

19. * Couchés par terre. Image tirée des vaincus, prosternés et étendus par terre devant leur vainqueur, comme nous les représentent les bas-reliefs antiques de l’Assyrie.

20-27. * De la richesse et de la pauvreté dans leurs rapports avec la sagesse et avec la folie.

21. Celui qui croit… miséricorde. Ce passage n’est ni dans l’hébreu, ni dans le grec, ni dans les anciens manuscrits latins.

22. Préparent ; c’est-à-dire nous acquièrent.

25. Des âmes ; littér. et par hébraïsme, pour des personnes, des individus.

26. Dans la crainte, etc. Quand on a la crainte du Seigneur, on est dans une confiance ferme ; littér. et par hébraïsme, une confiance de force.

28-35. * Parallèle entre le sage et l’insensé, le riche et le pauvre, le prince et le sujet.

30. La vie, etc. Un cœur sain donne la santé à tout le reste des chairs, c’est-à-dire du corps.

31. Qui opprime ; outrage, traite injustement et avec violence. Tel est le sens qu’a partout le verbe hébreu que la Vulgate rend par calomnier (calumniari). C’est ainsi que calumnia signifie le plus ordinairement oppression, violence, injustice criante.

33. Elle ; c’est-à-dire la sagesse. Si le latin erudiet est amphibologique, l’hébreu ne l’est nullement, le verbe y étant au féminin, et ne pouvant avoir pour sujet que le mot sagesse, nom du genre féminin.

²

 

Pr 15

*pr15

CHAPITRE XV

Douceur dans les paroles. Docilité aux corrections. Victime des impies. Tout est connu de Dieu. Ruine des superbes. Paresseux, insensé, impie, opposés au juste, au sage, au diligent.

1 Respónsio mollis frangit iram ;

1. Une douce réponse brise la colère :

sermo durus súscitat furórem.

une parole dure excite la fureur.

2 Lingua sapiéntium ornat sciéntiam ;

2. La langue des sages embellit la science ;

os fatuórum ebúllit stultítiam.

la bouche des insensés fait jaillir la folie.

3 In omni loco, óculi Dómini

3. En tout lieu, les yeux du Seigneur

contemplántur bonos et malos.

observent les bons et les méchants.

4 Lingua placábilis lignum vitæ ;

4. La langue pacifique est un arbre de vie ;

quæ autem immoderáta est cónteret spíritum.

mais celle qui est immodérée brisera l’esprit.

5 Stultus irrídet disciplínam patris sui ;

5. L’insensé se moque de la discipline de son père ;

qui autem custódit increpatiónes astútior fiet.

mais celui qui est docile aux réprimandes deviendra plus sage.

In abundánti justítia virtus máxima est :

Dans une abondante justice est une très grande vertu ;

cogitatiónes autem impiórum eradicabúntur.

mais les pensées des méchants seront déracinées.

6 Domus justi plúrima fortitúdo,

6. La maison du juste est une grande force ;

et in frúctibus ímpii conturbátio.

et dans les fruits de l’impie il n’y a que trouble.

7 Lábia sapiéntium disseminábunt sciéntiam ;

7. Les lèvres des sages répandront la science :

cor stultórum dissímile erit.

le cœur des insensés sera tout à fait différent.

8 Víctimæ impiórum abominábiles Dómino ;

8. Les victimes des impies sont abominables au Seigneur,

vota justórum placabília.

les vœux des justes lui sont agréables.

9 Abominátio est Dómino via ímpii ;

9. C’est une abomination pour le Seigneur, que la voie de l’impie :

qui séquitur justítiam dilígitur ab eo.

celui qui suit la justice est aimé de lui.

10 Doctrína mala deserénti viam vitæ ;

10. La doctrine est odieuse à celui qui abandonne la voie de la vie ;

qui increpatiónes odit, moriétur.

celui qui hait les réprimandes mourra.

11 Inférnus et perdítio coram Dómino ;

11. L’enfer et la perdition sont à nu devant le Seigneur ;

quanto magis corda filiórum hóminum !

combien plus les cœurs des fils des hommes ?

12 Non amat péstilens eum qui se córripit,

12. L’homme pernicieux n’aime pas celui qui le reprend,

nec ad sapiéntes gráditur.

et ne va pas vers les sages.

13 Cor gaudens exhílarat fáciem ;

13. Un cœur joyeux rassérène le visage ;

in mœróre ánimi dejícitur spíritus.

par la tristesse de l’âme, l’esprit est abattu.

14 Cor sapiéntis quærit doctrínam,

14. Le cœur du sage cherche la doctrine ;

et os stultórum páscitur imperítia.

et la bouche des insensés se repait d’ignorance.

15 Omnes dies páuperis, mali ;

15. Tous les jours du pauvre sont mauvais ;

secúra mens quasi juge convívium.

l’âme tranquille est comme un continuel festin.

16 Mélius est parum cum timóre Dómini,

16. Mieux vaut peu avec la crainte du Seigneur

quam thesáuri magni et insatiábiles.

que des trésors grands et inépuisables.

17 Mélius est vocári ad ólera cum caritáte,

17. Mieux vaut être convié à un repas d’herbes où règne la charité,

quam ad vítulum saginátum cum ódio.

qu’à manger avec de la haine un veau engraissé.

18 Vir iracúndus próvocat rixas ;

18. L’homme colère excite des querelles ;

qui pátiens est mítigat suscitátas.

celui qui est patient apaise celles qui étaient déjà suscitées.

19 Iter pigrórum quasi sepes spinárum ;

19. Le chemin des paresseux est comme une haie d’épines ;

via justórum absque offendículo.

la voie des justes est sans pierre d’achoppement.

20 Fílius sápiens lætíficat patrem,

20. Un fils sage réjouit son père ;

et stultus homo déspicit matrem suam.

et un homme insensé méprise sa mère.

21 Stultítia gáudium stulto,

21. La folie est joie pour l’insensé :

et vir prudens dírigit gressus suos.

et l’homme prudent dirige ses pas.

22 Dissipántur cogitatiónes ubi non est consílium ;

22. Les pensées se dissipent là où il n’y a point de conseil ;

ubi vero sunt plures consiliárii, confirmántur.

mais où il y a plusieurs conseillers, elles s’affermissent.

23 Lætatur homo in senténtia oris sui,

23. L’homme se réjouit de la sentence sortie de sa bouche ;

et sermo opportúnus est óptimus.

et la parole opportune est excellente.

24 Sémita vitæ super erudítum,

24. Le sentier de la vie est au-dessus de l’homme instruit,

ut declínet de inférno novíssimo.

afin qu’il se détourne de l’enfer le plus profond.

25 Domum superbórum demoliétur Dóminus,

25. Le Seigneur démolira la maison des superbes ;

et firmos fáciet términos víduæ.

et il affermira les bornes du champ de la veuve.

26 Abominátio Dómini cogitatiónes malæ,

26. C’est l’abomination du Seigneur que les pensées mauvaises ;

et purus sermo pulchérrimus firmábitur ab eo.

mais la parole pure, très belle, sera affermie par lui.

27 Contúrbat domum suam qui sectátur avarítiam ;

27. Celui-là trouble sa maison, qui court après l’avarice ;

qui autem odit múnera, vivet.

mais celui qui hait les présents vivra.

Per misericórdiam et fidem purgántur peccáta :

Par la miséricorde et par la foi se purifient les péchés ;

per timórem autem Dómini declínat omnis a malo.

mais c’est par la crainte du Seigneur que chacun se détourne du mal.

28 Mens justi meditátur obediéntiam ;

28. L’esprit du juste médite l’obéissance :

os impiórum redúndat malis.

la bouche des impies déborde en mauvais discours.

29 Longe est Dóminus ab ímpiis,

29. Le Seigneur est loin des impies ;

et oratiónes justórum exáudiet.

et il exaucera les prières des justes.

30 Lux oculórum lætíficat ánimam ;

30. La lumière des yeux réjouit l’âme ;

fama bona impínguat ossa.

la bonne réputation engraisse les os.

31 Auris quæ audit increpatiónes vitæ

31. L’oreille qui écoute les réprimandes de vie

in médio sapiéntium commorábitur.

demeurera au milieu des sages.

32 Qui ábjicit disciplínam déspicit ánimam suam ;

32. Celui qui rejette la discipline méprise son âme ;

qui autem acquiéscit increpatiónibus posséssor est cordis.

mais celui qui acquiesce aux réprimandes a du cœur.

33 Timor Dómini disciplína sapiéntiæ,

33. La crainte du Seigneur est une discipline de sagesse ;

et glóriam præcédit humílitas.

et l’humilité précède la gloire.

~

CHAP. XV. 1. Infra. XXV, 15. — 8. Infra. XXI, 27 ; Eccli. XXXIV, 21. — 13. Infra. XVII, 22. — 27. Infra. XVI, 6.

 

1-7. * Contre les différentes espèces de péchés de la langue.

4. * Un arbre de vie, comme celui du paradis terrestre. Voir XIII, 12.

5, 32, 35. Discipline. Voy. Prov. I, 2. — Dans une… déracinées. Ce passage n’est ni dans l’hébreu, ni dans le chaldéen, ni dans divers exemplaires grecs et latins.

6. La maison, etc. La maison du juste est un grand amas de toutes sortes de biens et de provisions ; tandis que les revenus de l’impie ne lui donnent que du trouble, à cause des maux de différentes sortes dont Dieu le frappe en punition de son impiété.

8-15. * Horreur de Dieu pour l’impie.

11. L’enfer ; veut dire ici le séjour de toutes les âmes après la mort, même de celles des justes qui attendaient le Rédempteur ; et la perdition, le lieu particulier où sont renfermées et tourmentées les âmes des méchants.

16-23. * De différentes espèces de vertus et de vices.

16. Mieux vaut, etc. Il semble que c’est de ce passage que saint Paul a emprunté le sentence : C’est un grand gain que la pitié avec ce qui suffit (I Tim. VI, 6).

17. Un veau engraissé. On engraissait des veaux pour les solennités où on devait offrir des sacrifices et où on devait faire quelque fête, quelques noces, quelque festin de famille (I Reg. XVII, 29 ; Jer. XXVI, 21 ; Luc. XV, 23).

24-33. * De diverses vertus, en particulier de la vie pieuse.

24. Le sentier, etc. ; ou mieux, selon l’hébreu : Le sentier de la vie est pour l’homme intelligent en haut ; c’est-à-dire au ciel.

27. Par la miséricorde… du mal. Ce passage, que les Septante ont mis ici, ne se trouve dans l’hébreu qu’au chap. XVI, 6, où la Vulgate le répète, et où les Septante ne l’ont pas mis.

30. Engraisse les os ; contribue à la santé du corps par le plaisir qu’elle cause.

31. De vie ; qui donnent la vie, en nous garantissant du péché, et, par conséquent, de la mort de l’âme.

²

 

Pr 16

*pr16

CHAPITRE XVI

Dieu dispose de la langue et des pas de l’homme. Colère et clémence du roi. Maux que cause l’orgueil. Voie funeste qui parait bonne. Dieu règle et conduit le sort.

1 Hóminis est ánimam præparáre,

1. C’est à l’homme de préparer son âme,

et Dómini gubernáre linguam.

et au Seigneur de gouverner la langue.

2 Omnes viæ hóminis patent óculis ejus ;

2. Toutes les voies de l’homme sont ouvertes à ses yeux :

spirítuum ponderátor est Dóminus.

le Seigneur pèse les esprits.

3 Revéla Dómino ópera tua,

3. Expose tes œuvres au Seigneur,

et dirigéntur cogitatiónes tuæ.

et tes pensées seront dirigées.

4 Univérsa propter semetípsum operátus est Dóminus ;

4. Le Seigneur a opéré toutes choses pour lui-même,

ímpium quoque ad diem malum.

l’impie même pour le jour mauvais.

5 Abominátio Dómini est omnis árrogans ;

5. C’est l’abomination du Seigneur que tout homme arrogant ;

etiámsi manus ad manum fúerit, non est ínnocens.

lors même qu’une main serait dans une main, il n’est point innocent.

Inítium viæ bonæ fácere justítiam ;

Le commencement de la bonne voie est de faire la justice :

accépta est autem apud Deum magis quam immoláre hóstias.

or elle est agréable à Dieu plus que l’immolation des hosties.

6 Misericórdia et veritáte redimítur iníquitas,

6. Par la miséricorde et la vérité se rachète l’iniquité ;

et in timóre Dómini declinátur a malo.

et c’est par la crainte du Seigneur qu’on se détourne du mal.

7 Cum placúerint Dómino viæ hóminis,

7. Lorsque plairont au Seigneur les voies de l’homme,

inimícos quoque ejus convértet ad pacem.

il convertira ses ennemis même à la paix.

8 Mélius est parum cum justítia

8. Mieux vaut peu avec la justice

quam multi fructus cum iniquitáte.

que beaucoup de fruits avec l’iniquité.

9 Cor hóminis dispónit viam suam,

9. Le cœur de l’homme dispose sa voie ;

sed Dómini est dirígere gressus ejus.

mais c’est au Seigneur de diriger ses pas.

10 Divinátio in lábiis regis ;

10. La divination est sur les lèvres du roi ;

in judício non errábit os ejus.

dans les jugements n’errera pas sa bouche.

11 Pondus et statéra judícia Dómini sunt,

11. Poids et balance sont les jugements du Seigneur ;

et ópera ejus omnes lápides sácculi.

et ses œuvres sont toutes les pierres du sachet.

12 Abominábiles regi qui agunt ímpie,

12. Abominables au roi sont ceux qui agissent en impies ;

quóniam justítia firmátur sólium.

parce que c’est par la justice que s’affermit un trône.

13 Volúntas regum lábia justa ;

13. Les rois veulent des lèvres justes :

qui recta lóquitur diligétur.

celui qui parle avec droiture sera aimé d’eux.

14 Indignátio regis núntii mortis,

14. L’indignation du roi est un messager de mort ;

et vir sápiens placábit eam.

et l’homme sage l’apaisera.

15 In hilaritáte vultus regis vita,

15. Dans l’hilarité du visage du roi est la vie ;

et cleméntia ejus quasi imber serótinus.

et sa clémence est comme la pluie de l’arrière-saison.

16 Pósside sapiéntiam, quia auro mélior est,

16. Possède la sagesse, parce qu’elle est meilleure que l’or ;

et acquíre prudéntiam, quia pretiósior est argénto.

et acquiers la prudence, parce qu’elle est plus précieuse que l’argent.

17 Sémita justórum declínat mala ;

17. Le sentier des justes s’écarte des maux ;

custos ánimæ suæ servat viam suam.

celui qui garde son âme conserve sa voie.

18 Contritiónem præcédit supérbia,

18. L’orgueil précède l’abattement ;

et ante ruínam exaltátur spíritus.

et avant la ruine l’esprit s’exalte.

19 Mélius est humiliári cum mítibus

19. Il vaut mieux être humilié avec des hommes doux

quam divídere spólia cum supérbis.

que de partager des dépouilles avec des superbes.

20 Erudítus in verbo repériet bona,

20. Un homme habile dans la parole trouvera des biens ;

et qui sperat in Dómino beátus est.

et celui qui espère dans le Seigneur est bienheureux.

21 Qui sápiens est corde appellábitur prudens,

21. Celui qui est sage de cœur sera appelé prudent :

et qui dulcis elóquio majóra percípiet.

et celui qui est doux dans la parole recevra de plus grands dons.

22 Fons vitæ erudítio possidéntis ;

22. C’est une source de vie que l’instruction, pour celui qui la possède ;

doctrína stultórum fatúitas.

la doctrine des insensés, c’est la folie.

23 Cor sapiéntis erúdiet os ejus,

23. Le cœur du sage instruit sa bouche ;

et lábiis ejus addet grátiam.

et à ses lèvres il ajoutera de la grâce.

24 Favus mellis compósita verba ;

24. C’est un rayon de miel que des paroles disposées avec art ;

dulcédo ánimæ sánitas óssium.

c’est la douceur de l’âme et la santé des os.

25 Est via quæ vidétur hómini recta,

25. Il est une voie qui parait à l’homme droite,

et novíssima ejus ducunt ad mortem.

et ses issues conduisent à la mort.

26 Anima laborántis labórat sibi,

26. L’âme de celui qui travaille, travaille pour soi,

quia cómpulit eum os suum.

parce que sa bouche l’y a contraint.

27 Vir ímpius fodit malum,

27. L’homme impie creuse le mal,

et in lábiis ejus ignis ardéscit.

et sur ses lèvres un feu brule.

28 Homo pervérsus súscitat lites,

28. L’homme pervers suscite des prières,

et verbósus séparat príncipes.

et le verbeux divise les princes.

29 Vir iníquus lactat amícum suum,

29. L’homme injuste attire son ami,

et ducit eum per viam non bonam.

et le conduit par une voie non bonne.

30 Qui attónitis óculis cógitat prava,

30. Celui qui, les yeux immobiles, forme des desseins pervers,

mordens lábia sua pérficit malum.

se mordant les lèvres, exécute le mal.

31 Coróna dignitátis senéctus,

31. C’est une couronne de dignité,

quæ in viis justítiæ reperiétur.

que la vieillesse qui se trouvera dans les voies de la justice.

32 Mélior est pátiens viro forti,

32. Vaut mieux un homme patient qu’un homme fort ;

et qui dominátur ánimo suo expugnatóre úrbium.

et celui qui domine son esprit vaut mieux que celui qui prend des villes d’assaut.

33 Sortes mittúntur in sinum,

33. Les sorts se jettent dans le pan de la robe ;

sed a Dómino temperántur.

mais c’est par le Seigneur qu’ils sont dirigés.

~

CHAP. XVI. 2. Infra. XX, 24 ; XXI, 2. — 6. Supra. XV, 27. — 24. Supra. XV, 13 ; Infra. XVII, 22.

 

1-3. * Les chapitres XVI-XXII, 16, sont principalement une exhortation à la crainte de Dieu et à l’obéissance. Le chap. XVI exhorte à la confiance en Dieu, parce qu’il est l’ordonnateur et le régulateur du monde. Les trois premiers versets nous montrent Dieu comme le maitre de toutes choses en général.

1. De préparer son âme ; en l’élevant à Dieu, afin qu’il en règle tous les mouvements et tous les désirs. Compar. Ps. XXXVIII, 1.

4-9. * Sagesse de la Providence divine dans la récompense donnée aux bons et dans les punitions infligées aux méchants.

5. Lors même qu’une main serait dans une main. Voy. Prov. XI, 21. — Le commencement… hosties. Ce passage manque ici dans l’hébreu et dans toutes les Bibles grecques, excepté celle du Vatican.

8. Mieux vaut, etc. Voy. Prov. XV, 16. — Beaucoup de fruits ; c’est-à-dire beaucoup de revenus, de biens, de richesses.

10-15. * Les rois considérés comme médiateurs ou instruments de la Providence.

10. Divination ; n’est pas pris ici en mauvaise part ; il signifie oracle divinement inspiré ; car le roi était le représentant de Dieu.

11. Poids et balance, etc. ; c’est-à-dire infiniment justes, infiniment équitables. — Toutes les pierres du sachet ; c’est la même idée exprimée en d’autres termes. Les anciens Hébreux, n’ayant point d’argent monnayé pour leur commerce, divisaient l’or et l’argent en lingots, plus ou moins forts, qu’ils mettaient dans une balance, et qu’ils pesaient avec des pierres renfermées dans un sachet. Le vendeur et l’acheteur portaient toujours à leur ceinture une balance et un sachet. — * Les pierres étaient choisies de préférence comme poids, parce qu’on peut difficilement les altérer et qu’elles échappent à la rouille.

13. Des lèvres justes ; un langage vrai, sincère.

14. L’indignation, etc. Un prince colère et emporté inspire la crainte de la mort à tous ceux qui le voient irrité contre eux.

15. Comme la pluie, etc. Voy. Job. XXIX, 23.

20. Un homme habile dans la parole. C’est le sens exact et rigoureux de la Vulgate ; mais, comme le terme hébreu rendu dans cette version par parole (verbo), signifie aussi chose, affaire, et qu’il a été traduit dans les Septante par choses, affaires, bien des traducteurs lui ont donné ce dernier sens.

24. La santé des os ; du corps ; figure grammaticale, par laquelle la partie se prend pour le tout. — * C’est un rayon de miel, etc. Allusion à la nature et à l’emploi du miel, très usité en médecine et qui tenait autrefois lieu de sucre.

26. Sa bouche ; la nécessité de manger.

33. Les sorts ; c’est-à-dire les billets du sort. — Mais c’est, etc. C’est uniquement le Seigneur qui dispose de ces billets en faisant que le premier tombe à telle personne, le second à telle autre, et ainsi de suite. — * Ce chapitre se termine par la grande pensée par laquelle il avait commencé : Dieu gouverne toutes choses, et rien n’arrive sur la terre que par sa volonté.

²

 

Pr 17

*pr17

CHAPITRE XVII

Le serviteur sage. Dieu éprouve les cœurs. Ne pas mépriser le pauvre. Jugements injustes et abominables aux yeux du Seigneur. L’ami aime en tout temps. L’insensé passe pour sage, lorsqu’il se tait.

1 Mélior est buccélla sicca cum gáudio

1. Vaut mieux une bouchée de pain sec avec la joie,

quam domus plena víctimis cum júrgio.

qu’une maison pleine de victimes avec la dispute.

2 Servus sápiens dominábitur fíliis stultis,

2. Le serviteur sage dominera les fils insensés ;

et inter fratres hæreditátem dívidet.

et il partagera l’héritage entre les frères.

3 Sicut igne probátur argéntum et aurum camíno,

3. Comme par le feu est éprouvé l’argent, et l’or dans le creuset ;

ita corda probat Dóminus.

ainsi le Seigneur éprouve les cœurs.

4 Malus obédit linguæ iníquæ,

4. Le méchant obéit à une langue inique,

et fallax obtémperat lábiis mendácibus.

et le trompeur obtempère à une lèvre mensongère.

5 Qui déspicit páuperem éxprobrat factóri ejus,

5. Celui qui méprise le pauvre outrage celui qui l’a fait,

et qui ruína lætatur altérius non erit impunítus.

et celui qui se réjouit de la ruine d’un autre ne sera pas impuni.

6 Coróna senum fílii filiórum,

6. La couronne des vieillards sont les fils des fils ;

et glória filiórum patres eórum.

et la gloire des fils sont leurs pères.

7 Non decent stultum verba compósita,

7. Les paroles graves ne conviennent pas à un insensé ;

nec príncipem lábium méntiens.

ni à un prince une lèvre menteuse.

8 Gemma gratíssima exspectátio præstolántis ;

8. C’est une pierre précieuse très agréable, que l’attente de celui qui espère ;

quocúmque se vertit, prudénter intélligit.

de quelque côté qu’il se tourne, il agit avec intelligence et prudence.

9 Qui celat delíctum quærit amicítias ;

9. Celui qui cache une faute recherche l’amitié :

qui áltero sermóne répetit, séparat fœderátos.

celui qui la rappelle une seconde fois sépare ceux qui étaient unis.

10 Plus próficit corréptio apud prudéntem,

10. Plus profite une réprimande à un homme prudent

quam centum plagæ apud stultum.

que cent coups à un insensé.

11 Semper júrgia quærit malus :

11. Toujours le méchant cherche des querelles :

ángelus autem crudélis mittétur contra eum.

mais un ange cruel sera envoyé contre lui.

12 Expedit magis ursæ occúrrere raptis fœ́tibus,

12. Il est plus avantageux de rencontrer une ourse à qui l’on a enlevé ses petits

quam fátuo confidénti in stultítia sua.

qu’un insensé se confiant dans sa folie.

13 Qui reddit mala pro bonis,

13. Celui qui rend le mal pour le bien,

non recédet malum de domo ejus.

le malheur ne s’éloignera pas de sa maison.

14 Qui dimíttit aquam caput est jurgiórum,

14. Celui qui lâche l’eau entame un procès ;

et ántequam patiátur contuméliam judícium déserit.

mais, avant qu’il souffre un affront, il abandonne le jugement.

15 Qui justíficat ímpium, et qui condémnat justum,

15. Celui qui justifie l’impie et celui qui condamne le juste

abominábilis est utérque apud Deum.

sont tous deux en abomination auprès de Dieu.

16 Quid prodest stulto habére divítias,

16. Que sert à l’insensé d’avoir des richesses,

cum sapiéntiam émere non possit ?

puisqu’il ne peut acheter la sagesse ?

Qui altum facit domum suam quærit ruínam,

Celui qui élève sa maison bien haut en cherche la ruine ;

et qui evítat díscere íncidet in mala.

et celui qui évite d’apprendre tombera dans des maux

17 Omni témpore díligit qui amícus est,

17. Il aime en tout temps, celui qui est ami ;

et frater in angústiis comprobátur.

et c’est dans les angoisses qu’un frère se fait connaitre.

18 Stultus homo plaudet mánibus,

18. Un homme insensé battra des mains,

cum spopónderit pro amíco suo.

lorsqu’il aura répondu pour son ami.

19 Qui meditátur discórdias díligit rixas,

19. Celui qui médite des discordes aime les rixes ;

et qui exáltat óstium quærit ruínam.

et celui qui élève sa porte cherche sa ruine.

20 Qui pervérsi cordis est non invéniet bonum,

20. Celui qui a un cœur pervers ne trouvera pas le bien ;

et qui vertit linguam íncidet in malum.

et celui qui tourne la langue tombera dans le malheur.

21 Natus est stultus in ignomíniam suam ;

21. L’insensé est né pour son ignominie ;

sed nec pater in fátuo lætábitur.

et un père dans un fils stupide ne mettra pas sa joie.

22 Animus gaudens ætátem flóridam facit ;

22. Un cœur joyeux rend la santé florissante ;

spíritus tristis exsíccat ossa.

une âme triste dessèche les os.

23 Múnera de sinu ímpius áccipit,

23. L’impie reçoit en secret des présents,

ut pervértat sémitas judícii.

afin qu’il pervertisse les sentiers de la justice.

24 In fácie prudéntis lucet sapiéntia ;

24. Sur la face de l’homme prudent brille la sagesse ;

óculi stultórum in fínibus terræ.

les yeux des insensés sont à l’extrémité du monde.

25 Ira patris fílius stultus,

25. Un fils insensé est la colère de son père,

et dolor matris quæ génuit eum.

et la douleur de la mère qui l’a enfanté.

26 Non est bonum damnum inférre justo,

26. Il n’est pas bon de causer du dommage au juste,

nec percútere príncipem qui recta júdicat.

ni de frapper le prince qui juge selon la justice.

27 Qui moderátur sermónes suos doctus et prudens est,

27. Celui qui modère ses paroles est docte et prudent ;

et pretiósi spíritus vir erudítus.

et l’homme savant est d’un esprit précieux.

28 Stultus quoque, si tacúerit, sápiens reputábitur,

28. L’insensé même, s’il se tait, sera réputé pour sage,

et si comprésserit lábia sua, intélligens.

et, s’il comprime ses lèvres, pour intelligent.

~

CHAP. XVII. 2. Eccli. X, 28. — 5. Supra. XIV, 31. — 13. Rom. XII, 17 ; I Thess. V, 15 ; I Petr. III, 9. — 15. Is. V, 23. — 22. Supra. XV, 13 ; XVI, 24. — 24. Eccles. II, 14 ; VIII, 1. — 27. Jac. I, 19.

 

6. Les fils des fils ; ses petits-neveux ; une belle et nombreuse postérité.

8. * Une pierre précieuse est un cadeau très agréable pour celui qui la reçoit ; aussi partout où ce cadeau se dirige, il fait réussir les desseins du donateur.

9. Celui qui cache, etc. ; qui garde le silence sur une faute commise contre lui, recherche et gagne par la même l’amitié de celui qui l’a commise ; tandis que s’il la rappelle deux fois seulement (altero sermone répetit), il met la division entre l’offenseur et lui. On peut aussi étendre cette maxime à tous ceux qui par leurs rapports inconsidérés sèment la division parmi leurs semblables.

12. * L’ours était autrefois commun en Syrie, jusqu’à l’époque des croisades.

14. Celui qui lâche, etc. Dans la Palestine les eaux, n’étant pas fort communes, donnaient par là même des occasions de dispute. Lâcher, par exemple, celles de son voisin ou de tout autre, était un cas de procès, dont l’issue ne pouvait qu’être défavorable à l’auteur du délit. Il était donc tout naturel que celui-ci se désistât, avant la sentence du juge, pour éviter un affront. Au lieu de il abandonne (déserit), l’hébreu porte l’impératif laisse. Compar. Matth. V, 25, 40.

16. Celui qui élève sa maison… maux. Ce passage n’est pas dans l’hébreu, mais il se trouve dans les Septante, ainsi que dans la Vulgate. On lit au vers. 19 quelque chose de semblable dans l’hébreu et dans la Vulgate, mais non dans le grec.

18. Battra des mains, etc. Voy. Prov. VI, 1.

20. Qui tourne la langue ; c’est-à-dire selon l’hébreu, qui a la langue tournée ; c’est-à-dire artificieuse, fourbe.

23. En secret ; littér. du sein. Les Hébreux portaient dans le sein ce qu’ils avaient de plus précieux.

24. Sont à l’extrémité du monde ; c’est-à-dire très éloignés d’eux ; et, par conséquent, ne pouvant pas les éclairer suffisamment.

²

 

Pr 18

*pr18

CHAPITRE XVIII

De l’ami infidèle. De la confiance du juste et de celle du riche. Orgueil et humiliation. Fruits de la langue. Bonne et mauvaise femme. De l’homme sociable.

1 Occasiónes quærit qui vult recédere ab amíco :

1. Celui qui veut rompre avec son ami en cherche les occasions ;

omni témpore erit exprobrábilis.

mais il sera couvert d’opprobre en tout temps.

2 Non récipit stultus verba prudéntiæ,

2. L’insensé ne reçoit pas les paroles de la prudence,

nisi ea díxeris quæ versántur in corde ejus.

à moins que tu ne lui dises les choses qui se trouvent dans son cœur.

3 Impius, cum in profúndum vénerit peccatórum, contémnit ;

3. L’impie, lorsqu’il est venu au fond des péchés, méprise ;

sed séquitur eum ignomínia et oppróbrium.

mais l’ignominie le suit ainsi que l’opprobre.

4 Aqua profúnda verba ex ore viri,

4. C’est une eau profonde que les paroles qui sortent de la bouche de l’homme,

et torrens redúndans fons sapiéntiæ.

et un torrent débordé que la source de la sagesse.

5 Accípere persónam ímpii non est bonum,

5. Faire acception de la personne d’un impie n’est pas une bonne chose,

ut declínes a veritáte judícii.

pour que tu t’écartes de la vérité dans le jugement.

6 Lábia stulti miscent se rixis,

6. Les lèvres de l’insensé se mêlent dans des rixes,

et os ejus júrgia próvocat.

et sa bouche provoque des querelles.

7 Os stulti contrítio ejus,

7. La bouche de l’insensé est sa destruction ;

et lábia ipsíus ruína ánimæ ejus.

et ses lèvres sont la ruine de son âme.

8 Verba bilínguis quasi simplícia,

8. Les paroles d’un homme à double langue paraissent simples ;

et ipsa pervéniunt usque ad interióra ventris.

et elles pénètrent jusqu’au fond des entrailles.

Pigrum déjicit timor ;

La crainte abat le paresseux ;

ánimæ autem effeminatórum esúrient.

mais les âmes des efféminés auront faim.

9 Qui mollis et dissolútus est in ópere suo

9. Celui qui est mou et lâche dans son ouvrage

frater est sua ópera dissipántis.

est frère de celui qui détruit les ouvrages.

10 Turris fortíssima nomen Dómini ;

10. C’est une tour très forte que le nom du Seigneur ;

ad ipsum currit justus, et exaltábitur.

le juste y court, et il sera exalté.

11 Substántia dívitis urbs róboris ejus,

11. Le bien du riche est sa ville forte,

et quasi murus válidus circúmdans eum.

et comme une muraille solide qui l’environne.

12 Antequam conterátur, exaltátur cor hóminis,

12. Avant qu’il soit brisé, le cœur de l’homme est exalté ;

et ántequam glorificétur, humiliátur.

et avant d’être élevé en gloire, il est humilié.

13 Qui prius respóndet quam áudiat,

13. Celui qui répond avant d’écouter

stultum se esse demónstrat, et confusióne dignum.

se montre insensé et digne de confusion.

14 Spíritus viri susténtat imbecillitátem suam ;

14. L’esprit de l’homme soutient sa faiblesse ;

spíritum vero ad irascéndum fácilem quis póterit sustinére ?

mais un esprit facile à se mettre en colère, qui pourra le soutenir ?

15 Cor prudens possidébit sciéntiam,

15. Le cœur prudent possèdera la science ;

et auris sapiéntium quærit doctrínam.

et l’oreille des sages cherche la doctrine.

16 Donum hóminis dilátat viam ejus,

16. Le présent d’un homme élargit sa voie,

et ante príncipes spátium ei facit.

et devant les princes lui fait faire place.

17 Justus prior est accusátor sui :

17. Le juste est le premier accusateur de lui-même ;

venit amícus ejus, et investigábit eum.

vient son ami, et il l’examinera.

18 Contradictiónes cómprimit sors,

18. Le sort apaise les différends ;

et inter poténtes quoque dijúdicat.

et entre les puissants mêmes, il sert d’arbitre.

19 Frater qui adjuvátur a fratre quasi cívitas firma,

19. Un frère qui est aidé par son frère est comme une cité forte ;

et judícia quasi vectes úrbium.

et leurs jugements sont comme les verrous des portes des villes.

20 De fructu oris viri replébitur venter ejus,

20. Le ventre de l’homme sera rempli du fruit de sa bouche ;

et genímina labiórum ipsíus saturábunt eum.

et les produits de ses lèvres le rassasieront.

21 Mors et vita in manu linguæ ;

21. La mort et la vie sont au pouvoir de la langue ;

qui díligunt eam cómedent fructus ejus.

ceux qui l’aiment mangeront ses fruits.

22 Qui invénit mulíerem bonam invénit bonum,

22. Celui qui a trouvé une femme vertueuse a trouvé un bien ;

et háuriet jucunditátem a Dómino.

et il puisera la joie dans le Seigneur.

Qui expéllit mulíerem bonam expéllit bonum ;

Celui qui chasse une femme vertueuse rejette un bien ;

qui autem tenet adúlteram stultus est et ímpius.

mais celui qui retient une adultère est insensé et impie.

23 Cum obsecratiónibus loquétur pauper,

23. C’est avec des supplications que parlera le pauvre ;

et dives effábitur rígide.

mais le riche s’énoncera sévèrement.

24 Vir amábilis ad societátem

24. L’homme aimable à la société

magis amícus erit quam frater.

sera plus ami qu’un frère.

~

CHAP. XVIII. 4. Infra. XX, 5. — 13. Eccli. XI, 8.

 

5. Dans le jugement ; littér. du jugement. — * Faire acception, etc. Il ne faut pas être partial envers le méchant, en faisant perdre son procès au juste.

8. La crainte… faim. Ce passage manque dans l’hébreu ; mais il se trouve dans les Septante, qui, d’ailleurs, ne contiennent pas la partie précédente de ce vers. 8.

11. Sa ville forte ; littér. et par hébraïsme, la ville de sa force.

16. Le présent, etc. Dans l’Orient, on ne parait devant les rois et les princes qu’avec des présents ; c’est une marque de respect et de dépendance de la part de celui qui vient faire sa cour. Compar. I Reg. IX, 7.

17-21. * Contre l’amour de la dispute et le mauvais usage de la langue.

17. Le juste, etc. Lorsque le juste a commis une faute, il est le premier à l’avouer et à reconnaitre son tort. Si son ami vient, il sonde avec lui le fond de son cœur.

20. Le ventre, etc. Voy. Prov. XII, 14.

21. Au pouvoir ; littér. et par hébraïsme, dans la main. Le sens de ce verset est que ceux qui aiment à beaucoup parler recevront pour fruits la vie ou la mort, suivant l’usage qu’ils auront fait de leur langue.

22. Celui qui chasse… impie. Ce passage, qui se trouve dans les Septante et dans l’arabe, manque dans l’hébreu, dans le chaldéen, dans divers manuscrits latins et dans plusieurs éditions latines, comme celles de Complute, de Sixte V, etc.

²

 

Pr 19

*pr19

CHAPITRE XIX

Du pauvre et du riche. Du faux témoin. De la colère et de la bienveillance du roi. La femme prudente est un don du Seigneur. Correction des enfants. Crainte du Seigneur. Châtiments réservés aux méchants.

1 Mélior est pauper qui ámbulat in simplicitáte sua

1. Mieux vaut un pauvre qui marche en sa simplicité

quam dives torquens lábia sua, et insípiens.

qu’un riche qui tord ses lèvres et qui est insensé.

2 Ubi non est sciéntia ánimæ, non est bonum,

2. Où n’est point la science de l’âme, il n’y a pas de bien :

et qui festínus est pédibus offéndet.

et celui qui hâte ses pieds tombera.

3 Stultítia hóminis supplántat gressus ejus,

3. La folie de l’homme renverse ses pas ;

et contra Deum fervet ánimo suo.

et contre Dieu il brule de colère en son cœur.

4 Divítiæ addunt amícos plúrimos ;

4. Les richesses donnent beaucoup de nouveaux amis ;

a páupere autem et hi quos hábuit separántur.

mais ceux mêmes qu’avait le pauvre se séparent de lui.

5 Testis falsus non erit impunítus,

5. Un témoin faux ne sera pas impuni ;

et qui mendácia lóquitur non effúgiet.

et celui qui dit des mensonges n’échappera pas.

6 Multi colunt persónam poténtis,

6. Beaucoup honorent la personne d’un homme puissant,

et amíci sunt dona tribuéntis.

et sont amis de celui qui donne des présents.

7 Fratres hóminis páuperis odérunt eum ;

7. Les frères d’un homme pauvre le haïssent :

ínsuper et amíci procul recessérunt ab eo.

en outre ses amis mêmes se retirent loin de lui.

Qui tantum verba sectátur nihil habébit ;

Celui qui court seulement après les paroles n’aura rien.

8 qui autem posséssor est mentis díligit ánimam suam,

8. Mais celui qui possède de l’intelligence aime son âme,

et custos prudéntiæ invéniet bona.

et celui qui garde la prudence trouvera des biens.

9 Falsus testis non erit impunítus,

9. Un faux témoin ne sera pas impuni,

et qui lóquitur mendácia períbit.

et celui qui dit des mensonges périra.

10 Non decent stultum delíciæ,

10. À l’insensé ne conviennent pas les délices,

nec servum dominári princípibus.

ni à l’esclave la domination sur les princes.

11 Doctrína viri per patiéntiam nóscitur,

11. La doctrine d’un homme se connait à sa patience,

et glória ejus est iníqua prætérgredi.

et sa gloire est de laisser de côté les choses iniques.

12 Sicut frémitus leónis, ita et regis ira,

12. Comme est le rugissement du lion, ainsi est la colère du roi ;

et sicut ros super herbam, ita et hiláritas ejus.

et comme la rosée qui tombe sur l’herbe, ainsi son hilarité.

13 Dolor patris fílius stultus,

13. La douleur d’un père est un fils insensé ;

et tecta júgiter perstillántia litigiósa múlier.

et ce sont des toits continuellement dégouttants qu’une femme querelleuse.

14 Domus et divítiæ dantur a paréntibus ;

14. La maison et les richesses sont données par les pères ;

a Dómino autem próprie uxor prudens.

mais c’est par le Seigneur proprement qu’est donnée une femme prudente.

15 Pigrédo immíttit sopórem,

15. La paresse envoie l’assoupissement ;

et ánima dissolúta esúriet.

et l’âme indolente aura faim.

16 Qui custódit mandátum custódit ánimam suam ;

16. Celui qui garde le commandement garde son âme ;

qui autem négligit viam suam mortificábitur.

mais celui qui néglige sa voie trouvera la mort.

17 Fœnerátur Dómino qui miserétur páuperis,

17. Celui-là prête à intérêt au Seigneur, qui a pitié du pauvre ;

et vicissitúdinem suam reddet ei.

et il lui rendra son bienfait.

18 Erudi fílium tuum ; ne despéres :

18. Corrige ton fils, n’en désespère pas ;

ad interfectiónem autem ejus ne ponas ánimam tuam.

mais à le tuer ne dispose pas ton âme.

19 Qui impátiens est sustinébit damnum,

19. Celui qui est impatient en souffrira du dommage ;

et cum rapúerit, áliud appónet.

et s’il prend quelque chose avec violence, il prendra encore autre chose.

20 Audi consílium, et súscipe disciplínam,

20. Écoute le conseil et reçois la discipline,

ut sis sápiens in novíssimis tuis.

afin que tu sois sage dans tes derniers moments.

21 Multæ cogitatiónes in corde viri ;

21. Il y a beaucoup de pensées dans le cœur de l’homme ;

volúntas autem Dómini permanébit.

mais la volonté du Seigneur demeurera à jamais.

22 Homo índigens miséricors est,

22. L’homme indigent est miséricordieux ;

et mélior est pauper quam vir mendax.

et mieux vaut le pauvre que l’homme menteur.

23 Timor Dómini ad vitam,

23. La crainte du Seigneur conduit à la vie :

et in plenitúdine commorábitur absque visitatióne péssima.

elle reposera dans l’abondance sans être visitée par le mal.

24 Abscóndit piger manum suam sub ascélla,

24. Le paresseux cache sa main sous son aisselle ;

nec ad os suum ápplicat eam.

et il ne la porte pas à sa bouche.

25 Pestilénte flagelláto stultus sapiéntior erit ;

25. L’homme pernicieux ayant été flagellé, l’insensé deviendra plus sage :

si autem corripúeris sapiéntem, intélliget disciplínam.

mais, si tu reprends le sage, il comprendra la discipline.

26 Qui afflígit patrem, et fugat matrem,

26. Celui qui afflige son père et met en fuite sa mère

ignominiósus est et infélix.

est ignominieux et malheureux.

27 Non cesses, fili, audíre doctrínam,

27. Ne cesse pas mon fils, d’écouter la doctrine ;

nec ignóres sermónes sciéntiæ.

n’ignore pas les paroles de la science.

28 Testis iníquus derídet judícium,

28. Un témoin inique se raille du jugement ;

et os impiórum dévorat iniquitátem.

et la bouche des impies dévore l’iniquité.

29 Paráta sunt derisóribus judícia,

29. Les jugements sont préparés pour les railleurs ;

et mállei percutiéntes stultórum corpóribus.

et les marteaux pour frapper les corps des insensés.

~

CHAP. XIX. 5. Dan. XIII, 61. — 24. Infra. XXVI, 15. — 25. Infra. XXI, 11.

 

1-29. * Exhortation à l’humilité, à la douceur et à la longanimité.

1. Qui tord ses lèvres ; c’est-à-dire, selon l’hébreu, dont les discours sont trompeurs.

9. Un faux témoin. Compar. le vers. 5.

13. Ce sont des toits, etc. Comme on ne peut demeurer dans une maison dont les toits dégouttent continuellement, c’est-à-dire sont mal couverts, ainsi on ne peut vivre avec une femme querelleuse. Compar. Prov. XXI, 9 ; XXVII, 15.

15. Envoie ; produit.

16. Le commandement ; nom collectif qui signifie les commandements, c’est-à-dire la loi divine.

19. Qui est impatient ; c’est-à-dire qui ne sait pas se contenir, qui n’est pas maitre de lui-même. — Il prendra encore ; littér. il ajoutera ; sous-entendu, à prendre ; ou il prendra encore, de nouveau. C’est le vrai sens de la Vulgate, expliquée par l’hébreu, sens que réclame, d’ailleurs, le commencement du verset.

23. Sans être, etc. ; littér. sans une visite très mauvaise.

25. La discipline. Voy. Prov. I, 2.

28. Du jugement ; c’est-à-dire de la justice.

29. Les railleurs. Voy. Prov. IX, 7.

²

 

Pr 20

*pr20

CHAPITRE XX

Vin, source de luxure. De l’homme paresseux. Double poids et double mesure, choses abominables. Danger d’être caution. Honorer ses parents. Ne pas rendre le mal. Les grands maux demandent de grands remèdes.

1 Luxuriósa res vinum, et tumultuósa ebríetas :

1. C’est une chose luxurieuse que le vin ; et l’ivresse est tumultueuse :

quicúmque his delectátur non erit sápiens.

quiconque y met son plaisir ne sera pas sage.

2 Sicut rugítus leónis, ita et terror regis :

2. Comme le rugissement du lion, ainsi est la terreur du roi :

qui próvocat eum peccat in ánimam suam.

celui qui le provoque pèche contre son âme.

3 Honor est hómini qui séparat se a contentiónibus ;

3. C’est un honneur pour l’homme, de se séparer des contestations ;

omnes autem stulti miscéntur contuméliis.

mais tous les insensés s’immiscent dans des affaires ignominieuses.

4 Propter frigus piger aráre nóluit ;

4. À cause du froid, le paresseux n’a pas voulu labourer ;

mendicábit ergo æstáte, et non dábitur illi.

il mendiera donc pendant l’été, et il ne lui sera rien donné.

5 Sicut aqua profúnda, sic consílium in corde viri ;

5. Comme une eau profonde, ainsi est le conseil dans le cœur de l’homme ;

sed homo sápiens exháuriet illud.

mais l’homme sage l’épuisera.

6 Multi hómines misericórdes vocántur ;

6. Beaucoup d’hommes sont appelés miséricordieux ;

virum autem fidélem quis invéniet ?

mais un homme fidèle, qui le trouvera ?

7 Justus qui ámbulat in simplicitáte sua

7. Le juste qui marche dans sa simplicité

beátos post se fílios derelínquet.

laissera après lui des enfants bienheureux.

8 Rex qui sedet in sólio judícii

8. Le roi qui est assis sur le trône de la justice

díssipat omne malum intúitu suo.

dissipe tout le mal par son regard.

9 Quis potest dícere : Mundum est cor meum ;

9. Qui peut dire : Mon cœur est pur,

purus sum a peccáto ?

je suis pur de péché ?

10 Pondus et pondus, mensúra et mensúra :

10. Un poids et un poids, une mesure et une mesure,

utrúmque abominábile est apud Deum.

l’un et l’autre sont abominables auprès de Dieu.

11 Ex stúdiis suis intellígitur puer,

11. Par ses inclinations un enfant est connu :

si munda et recta sint ópera ejus.

si ses œuvres sont pures et droites.

12 Aurem audiéntem, et óculum vidéntem :

12. L’oreille qui entend et l’œil qui voit,

Dóminus fecit utrúmque.

le Seigneur a fait l’un et l’autre.

13 Noli dilígere somnum, ne te egéstas ópprimat :

13. N’aime pas le sommeil, de peur que la détresse ne t’accable ;

áperi óculos tuos, et saturáre pánibus.

ouvre les yeux et rassasie-toi de pain.

14 Malum est, malum est, dicit omnis emptor ;

14. C’est mauvais, c’est mauvais, dit tout acheteur ;

et cum recésserit, tunc gloriábitur.

et après qu’il se sera retiré, alors il se glorifiera.

15 Est aurum et multitúdo gemmárum,

15. Il y a de l’or et une multitude de pierreries ;

et vas pretiósum lábia sciéntiæ.

mais c’est un vase précieux que les lèvres savantes.

16 Tolle vestiméntum ejus qui fidejússor éxtitit aliéni,

16. Prends le vêtement de celui qui s’est fait caution pour un étranger ;

et pro extráneis aufer pignus ab eo.

et parce qu’il a répondu pour des étrangers, emporte un gage de lui.

17 Suávis est hómini panis mendácii,

17. Un pain de mensonge est doux à l’homme ;

et póstea implébitur os ejus cálculo.

mais, ensuite, sa bouche sera remplie de gravier.

18 Cogitatiónes consíliis roborántur,

18. Les pensées s’affermissent par les conseils,

et gubernáculis tractánda sunt bella.

et c’est par de sages directions que doivent être conduites les guerres.

19 Ei qui revélat mystéria, et ámbulat fraudulénter,

19. Quant à celui qui révèle les secrets, qui marche frauduleusement,

et dilátat lábia sua, ne commisceáris.

et qui dilate ses lèvres, ne te lie pas avec lui.

20 Qui maledícit patri suo et matri,

20. Celui qui maudit son père et sa mère,

extinguétur lucérna ejus in médiis ténebris :

sa lampe s’éteindra au milieu des ténèbres.

21 hæréditas ad quam festinátur in princípio,

21. L’héritage vers lequel on se précipite dès le premier instant

in novíssimo benedictióne carébit.

sera à la fin privé de bénédiction.

22 Ne dicas : Reddam malum :

22. Ne dis point : Je rendrai le mal ;

exspécta Dóminum, et liberábit te.

attends le Seigneur, et il te délivrera.

23 Abominátio est apud Dóminum pondus et pondus ;

23. C’est une abomination auprès du Seigneur, qu’un poids et un poids :

statéra dolósa non est bona.

la balance trompeuse n’est pas bonne.

24 A Dómino dirigúntur gressus viri :

24. Par le Seigneur sont dirigés les pas de l’homme ;

quis autem hóminum intellígere potest viam suam ?

mais qui des hommes peut comprendre sa voie ?

25 Ruína est hómini devoráre sanctos,

25. C’est une ruine pour l’homme de dévorer les saints,

et post vota retractáre.

et après des vœux, de se rétracter.

26 Díssipat ímpios rex sápiens,

26. Un roi sage dissipe les impies,

et incúrvat super eos fórnicem.

et courbe sur eux un arc de triomphe.

27 Lucérna Dómini spiráculum hóminis,

27. Le souffle de l’homme est une lampe du Seigneur,

quæ investígat ómnia secréta ventris.

laquelle découvre les parties intimes du corps.

28 Misericórdia et véritas custódiunt regem,

28. La miséricorde et la vérité gardent le roi,

et roborátur cleméntia thronus ejus.

et par la clémence est affermi son trône.

29 Exsultátio júvenum fortitúdo eórum,

29. La joie des jeunes hommes, c’est leur force ;

et dígnitas senum caníties.

et la dignité des vieillards, les cheveux blancs.

30 Livor vúlneris abstérget mala,

30. La lividité d’une blessure fera disparaitre le mal ;

et plagæ in secretióribus ventris.

et les plaies dans les parties les plus intimes du corps le feront disparaitre aussi.

~

CHAP. XX. 9. III Reg. VIII, 46 ; II Par. VI, 36 ; Eccles. VII, 21 ; I Joan. I, 8. — 10. Supra. XI, 1. — 16. Infra. XXVII, 13. — 20. Ex. XXI, 17 ; Lev. XX, 9 ; Matth. XV, 4. — 22. Rom. XII, 17 ; I Thess. V, 15 ; I Petr. III, 9.

 

4. À cause du froid, etc. Dans la Palestine, les semailles se font en novembre et en décembre, mois pendant lesquels soufflent ordinairement les vents du nord.

5. Comme une eau, etc. Le cœur de l’homme dans ses desseins est aussi impénétrable qu’une eau profonde ; mais le sage qui a la connaissance des hommes lit jusqu’au fond du cœur humain, en sonde les abimes et en découvre ce qu’il a de plus secret.

10. Un poids et un poids, etc. ; c’est-à-dire divers poids et diverses mesures. Dieu défend dans sa loi d’avoir divers poids et diverses mesures. Voy. Deut. XXV, 13-16.

15. Savantes ; littér. et par hébraïsme, de la science.

17. Un pain de mensonge ; un faux pain, un pain qui parait bon, mais qui est réellement mauvais.

21. L’héritage, etc. Le sage veut dire qu’il est moralement impossible qu’on acquière légitimement de grands biens en un moment. Compar. Prov. XIII, 11.

23. C’est une abomination, etc. Voy. vers. 10.

25. Dévorer les saints ; les attaquer, les persécuter. Dieu prend la défense des saints, ses amis persécutés, en faisant périr leurs persécuteurs : témoin Pharaon, Antiochus Épiphane, etc.

26. Courbe sur eux un arc de triomphe ; c’est la traduction littérale de la Vulgate : Incurvat super eos fornicem ; texte que l’on explique ainsi : Il les fait passer sous l’arc de son triomphe. L’hébreu dit : Et il ramena sur eux une roue ; et les Septante : Et il jettera (ou passera sur eux une roue.) Après avoir vaincu les Ammonites, David fit passer sur eux des charriots armés de fer (II Reg. XII, 31). L’Écriture fait assez souvent allusion à ce genre de supplice. On faisait passer sur le corps des condamnés des charriots avec des roues années de fer, roues très basses et très lourdes, et qui en faisaient des espèces de traineaux propres à battre le grain.

27. Le souffle ; c’est-à-dire l’esprit. — Une lampe du Seigneur ; allumée par le Seigneur lui-même. — Découvre, etc. Nul, selon saint Paul, ne sait ce qui est au-dedans de l’homme, que l’esprit de l’homme qui est en lui (I Cor. II, 11). — Corps ; littér. ventre ; c’est la partie pour le tout : figure de rhétorique assez usitée dans le style biblique.

30. La lividité, etc. Le sens de ce passage est que les méchants ne se guérissent ou ne se corrigent que par des châtiments corporels qui se font sentir. — Corps ; littér. ventre. Voy. vers. 27.

²

 

21 à 30

Pr 21

*pr21

CHAPITRE XXI

Cœur du roi dans la main de Dieu. Paresse, source de misères. Malheur de ceux qui ont le cœur dur pour les pauvres. Avantages de la justice et de la sagesse. Le salut est un don du Seigneur.

1 Sicut divisiónes aquárum, ita cor regis in manu Dómini :

1. Comme sont les courants des eaux, ainsi est le cœur du roi dans la main du Seigneur :

quocúmque volúerit, inclinábit illud.

de quelque côté qu’il veut, il le fera tourner.

2 Omnis via viri recta sibi vidétur :

2. Toute voie de l’homme lui parait droite ;

appéndit autem corda Dóminus.

mais le Seigneur pèse les cœurs.

3 Fácere misericórdiam et judícium

3. Faire miséricorde et justice

magis placet Dómino quam víctimæ.

plaît plus au Seigneur que des victimes.

4 Exaltátio oculórum est dilatátio cordis ;

4. L’exaltation des yeux vient de la dilatation du cœur :

lucérna impiórum peccátum.

la lampe des impies est péché.

5 Cogitatiónes robústi semper in abundántia ;

5. Les pensées d’un homme fort amènent toujours l’abondance ;

omnis autem piger semper in egestáte est.

mais tout paresseux est toujours dans la détresse.

6 Qui cóngregat thesáuros lingua mendácii vanus et excors est,

6. Celui qui amasse des trésors avec une langue de mensonge est vain et sans cœur,

et impingétur ad láqueos mortis.

et il s’engagera dans les lacs de la mort.

7 Rapínæ impiórum détrahent eos,

7. Les rapines des impies les entraineront à leur ruine,

quia noluérunt fácere judícium.

parce qu’ils n’ont pas voulu faire justice.

8 Pervérsa via viri aliéna est ;

8. La voie perverse d’un homme est une voie étrangère ;

qui autem mundus est, rectum opus ejus.

mais celui qui est pur, son œuvre est droite.

9 Mélius est sedére in ángulo dómatis,

9. Mieux vaut demeurer sur l’angle d’un toit

quam cum mulíere litigiósa, et in domo commúni.

qu’avec une femme querelleuse et dans une maison commune.

10 Anima ímpii desíderat malum :

10. L’âme de l’impie désire le mal ;

non miserébitur próximo suo.

il n’aura pas pitié de son prochain.

11 Mulctáto pestilénte, sapiéntior erit párvulus,

11. L’homme contagieux étant puni, le simple sera plus sage ;

et si sectétur sapiéntem, sumet sciéntiam.

et s’il s’attache à un sage, il acquerra de la science.

12 Excógitat justus de domo ímpii,

12. Le juste réfléchit à la maison de l’impie,

ut détrahat ímpios a malo.

pour retirer les impies du mal.

13 Qui obtúrat aurem suam ad clamórem páuperis,

13. Celui qui ferme son oreille au cri du pauvre

et ipse clamábit, et non exaudiétur.

criera lui-même et ne sera pas exaucé.

14 Munus abscónditum extínguit iras,

14. Un présent secret éteint les colères ;

et donum in sinu indignatiónem máximam.

et un don glissé dans le sein, l’indignation la plus grande.

15 Gáudium justo est fácere judícium,

15. C’est une joie pour le juste que de faire justice ;

et pavor operántibus iniquitátem.

mais c’est l’effroi de ceux qui opèrent l’iniquité.

16 Vir qui erráverit a via doctrínæ

16. L’homme qui s’égare de la voie de la doctrine

in cœtu gigántum commorábitur.

demeurera dans l’assemblée des géants.

17 Qui díligit épulas in egestáte erit ;

17. Celui qui aime les festins sera dans la détresse :

qui amat vinum et pínguia non ditábitur.

celui qui aime le vin et la bonne chère ne s’enrichira pas.

18 Pro justo datur ímpius,

18. Pour le juste est livré l’impie,

et pro rectis iníquus.

et pour les hommes droits l’homme inique.

19 Mélius est habitáre in terra desérta

19. Mieux vaut habiter dans une terre déserte

quam cum mulíere rixósa et iracúnda.

qu’avec une femme querelleuse et colère.

20 Thesáurus desiderábilis, et óleum in habitáculo justi :

20. Il y a un trésor précieux et de l’huile dans la demeure du juste ;

et imprúdens homo dissipábit illud.

mais l’homme imprudent les dissipera.

21 Qui séquitur justítiam et misericórdiam

21. Celui qui recherche la justice et la miséricorde

invéniet vitam, justítiam, et glóriam.

trouvera la vie, la justice et la gloire.

22 Civitátem fórtium ascéndit sápiens,

22. Le sage a escaladé la cité des forts,

et destrúxit robur fidúciæ ejus.

et a détruit la force où elle mettait sa confiance.

23 Qui custódit os suum et linguam suam

23. Celui qui garde sa bouche et sa langue

custódit ab angústiis ánimam suam.

garde son âme des angoisses.

24 Supérbus et árrogans vocátur indóctus,

24. L’homme superbe et arrogant est appelé ignorant,

qui in ira operátur supérbiam.

parce que dans la colère il agit avec orgueil.

25 Desidéria occídunt pigrum :

25. Les désirs tuent le paresseux ;

noluérunt enim quidquam manus ejus operári.

car ses mains n’ont voulu rien faire.

26 Tota die concupíscit et desíderat ;

26. Tout le jour il souhaite et il désire ;

qui autem justus est, tríbuet, et non cessábit.

mais le juste donnera et il ne cessera de donner.

27 Hóstiæ impiórum abominábiles,

27. Les hosties des impies sont abominables,

quia offerúntur ex scélere.

parce qu’elles sont offertes comme fruit de leur crime.

28 Testis mendax períbit ;

28. Le témoin menteur périra ;

vir obédiens loquétur victóriam.

l’homme obéissant parlera victoire.

29 Vir ímpius procáciter obfírmat vultum suum ;

29. L’homme impie affermit effrontément son visage ;

qui autem rectus est córrigit viam suam.

mais celui qui est droit corrige sa voie.

30 Non est sapiéntia, non est prudéntia,

30. Il n’y a pas de sagesse, il n’y a pas de prudence,

non est consílium contra Dóminum.

il n’y a pas de conseil contre le Seigneur.

31 Equus parátur ad diem belli ;

31. Le cheval est préparé pour le jour du combat ;

Dóminus autem salútem tríbuit.

mais c’est le Seigneur qui donne la victoire.

~

CHAP. XXI. 2. Supra. XVI, 2. — 9. Prov. XII, 4 ; Prov. XXV, 24 ; Eccli. XXV, 17. — 19. Eccli. XXV, 23. — 27. Supra. XV, 8 ; Eccli. XXXIV, 21.

 

1. Comme sont, etc. De même qu’un jardinier réunit les divers courants des eaux pour les faire couler où il veut, dans les jardins, de même le Seigneur conduit le cœur du roi et en dispose selon sa volonté.

4. L’exaltation des yeux ; c’est-à-dire le regard altier, l’air hautain. — La dilatation ; l’enflure, l’orgueil.

6. Sans cœur (excors). Voy. Prov. VII, 7.

9. D’un toit (domatis). Le toit des maisons chez les Hébreux était en plate-forme. Le sens du verset est qu’il vaut mieux demeurer sur le haut de la maison, exposé aux injures de l’air, que de vivre avec une femme querelleuse, et habiter dans la même maison. Compar. Prov. XIX, 13 ; XXVII, 15.

11. Le simple (parvulus). Voy., pour l’explication de ce mot, Prov. I, 4.

14. Glissé dans le sein. Voy. Prov. XVII, 23.

16. Dans l’assemblée, etc. ; c’est-à-dire dans l’enfer avec ces anciens géants, qui se sont rendus si fameux par leurs violences et leurs crimes. Voy. Prov. IX, 18, où nous avons cité plusieurs autres écrivains sacrés, qui ont parlé de la même manière de ces géants.

20. Trésor ; ce mot ne désigne, pour l’ordinaire, chez les Hébreux, que des amas de provisions et des fruits de la terre. — Mais l’homme, etc. Tandis que le juste administre ses biens avec une sage économie, l’imprudent prodigue les siens. — Les dissipera ; littér. le (illud) au neutre. En hébreu, le pronom, qui se rapporte à plusieurs noms antécédents, peut ne concorder qu’avec le dernier ; ce qui a lieu ici. C’est pour cela que la Vulgate, qui se conforme assez ordinairement aux idiotismes de la langue sainte, a mis le singulier, qui est dans le texte original. Seulement, comme le dernier antécédent, huile (oleum), est en latin du neutre (genre qui manque en hébreu), elle a employé illud au lieu du pluriel les (illa), qui représenterait grammaticalement les deux antécédents trésor et huile.

24. Est appelé ; c’est-à-dire est regardé, considéré, ou simplement, en vertu d’un hébraïsme, est.

26. Il souhaite et il désire ; dans le style biblique, la réunion de synonymes a pour but de donner de l’énergie à l’expression. Ainsi le sens est : souhaiter avec la plus grande ardeur.

27. Elles sont offertes, etc. ; c’est-à-dire que ces hosties sont des choses injustement acquises, le fruit des rapines des impies qui les offrent en sacrifice.

28. L’homme obéissant ; à Dieu, à la loi, à sa raison, etc. — Parlera victoire ; c’est-à-dire victorieusement, sera victorieux dans ses paroles.

31. Le cheval, etc. Les Hébreux et les Orientaux en général ne se servaient du cheval que pour la guerre. Le bœuf était destiné à labourer et à conduire les charriots ordinaires ; l’âne et le chameau portaient les charges et les fardeaux ; on s’en servait même pour la monture dans les voyages. — Victoire ; littér. salut, délivrance ; mot qui, en hébreu, se prend pour une victoire remportée par un secours extraordinaire de Dieu.

²

 

Pr 22

*pr22

CHAPITRE XXII

Prix de la bonne réputation. Avantage de la pureté de cœur. Exhortation à la sagesse. Ne point opprimer le pauvre. Ne point toucher aux bornes anciennes.

1 Mélius est nomen bonum quam divítiæ multæ ;

1. Mieux vaux une bonne renommée que beaucoup de richesses :

super argéntum et aurum grátia bona.

au-dessus de l’argent et de l’or est la bonne amitié.

2 Dives et pauper obviavérunt sibi :

2. Le riche et le pauvre se sont rencontrés.

utriúsque operátor est Dóminus.

Le créateur de l’un et de l’autre, c’est le Seigneur.

3 Cállidus vidit malum, et abscóndit se ;

3. L’homme habile a vu le mal et s’est caché :

ínnocens pertránsiit, et afflíctus est damno.

le simple a passé outre et il a souffert du dommage.

4 Finis modéstiæ timor Dómini,

4. La fin de la modestie est la crainte du Seigneur,

divítiæ, et glória, et vita.

les richesses, la gloire et la vie.

5 Arma et gládii in via pervérsi ;

5. Des armes et des glaives se trouvent sur la voie du pervers ;

custos autem ánimæ suæ longe recédit ab eis.

mais celui qui garde son âme s’en retire bien loin.

6 Provérbium est : adoléscens juxta viam suam ;

6. C’est un proverbe : Le jeune homme suit sa voie ;

étiam cum senúerit, non recédet ab ea.

lors même qu’il sera vieux, il ne s’en écartera pas.

7 Dives paupéribus ímperat,

7. Le riche commande aux pauvres ;

et qui áccipit mútuum servus est fœnerántis.

et celui qui emprunte est l’esclave de celui qui prête.

8 Qui séminat iniquitátem metet mala,

8. Celui qui sème l’iniquité moissonnera des maux,

et virga iræ suæ consummábitur.

et par la verge de sa colère il sera détruit.

9 Qui pronus est ad misericórdiam benedicétur :

9. Celui qui est porté à la miséricorde sera béni :

de pánibus enim suis dedit páuperi.

il a donné de son pain au pauvre.

Victóriam et honórem acquíret qui dat múnera ;

Il obtiendra la victoire et l’honneur, celui qui fait des présents ;

ánimam autem aufert accipiéntium.

mais il ravit l’âme de ceux qui les reçoivent.

10 Ejice derisórem, et exíbit cum eo júrgium,

10. Chasse le railleur, et s’en ira avec lui la querelle,

cessabúntque causæ et contuméliæ.

et cesseront les plaintes et les outrages.

11 Qui díligit cordis mundítiam,

11. Celui qui aime la pureté du cœur,

propter grátiam labiórum suórum habébit amícum regem.

à cause de la grâce de ses lèvres, aura pour ami le roi.

12 Oculi Dómini custódiunt sciéntiam,

12. Les yeux du Seigneur gardent la science ;

et supplantántur verba iníqui.

mais les paroles de l’homme inique sont confondues.

13 Dicit piger : Leo est foris ;

13. Le paresseux dit : Le lion est dehors,

in médio plateárum occidéndus sum.

au milieu des rues je dois être tué.

14 Fóvea profúnda os aliénæ :

14. C’est une fosse profonde que la bouche de l’étrangère ;

cui irátus est Dóminus, íncidet in eam.

celui contre qui le Seigneur est irrité y tombera.

15 Stultítia colligáta est in corde púeri,

15. La folie est liée au cœur de l’enfant,

et virga disciplínæ fugábit eam.

et la verge de la discipline la fera fuir.

16 Qui calumniátur páuperem ut áugeat divítias suas,

16. Celui qui opprime le pauvre pour augmenter ses richesses

dabit ipse ditióri, et egébit.

donnera lui-même à un plus riche et sera dans la détresse.

17 Inclína aurem tuam, et audi verba sapiéntium :

17. Incline ton oreille, et écoute les paroles des sages ;

appóne autem cor ad doctrínam meam,

applique ton cœur à ma doctrine.

18 quæ pulchra erit tibi cum serváveris eam in ventre tuo,

18. Elle sera belle pour toi, lorsque tu la garderas au fond de ton cœur,

et redundábit in lábiis tuis :

et elle se répandra sur tes lèvres ;

19 ut sit in Dómino fidúcia tua,

19. Afin que ta confiance soit dans le Seigneur :

unde et osténdi eam tibi hódie.

c’est pour cela que je te l’ai montrée aujourd’hui.

20 Ecce descrípsi eam tibi triplíciter,

20. Voilà que je te l’ai décrite triplement,

in cogitatiónibus et sciéntia :

avec réflexion et science ;

21 ut osténderem tibi firmitátem et elóquia veritátis,

21. Afin de te montrer la certitude et les paroles de la vérité,

respondére ex his illis qui misérunt te.

pour répondre à ceux qui t’ont envoyé.

22 Non fácias violéntiam páuperi quia pauper est,

22. Ne fais point violence au pauvre, parce qu’il est pauvre :

neque cónteras egénum in porta :

et ne brise pas l’indigent à la porte ;

23 quia judicábit Dóminus causam ejus,

23. Parce que le Seigneur jugera sa cause,

et confíget eos qui confixérunt ánimam ejus.

et il percera ceux qui ont percé son âme.

24 Noli esse amícus hómini iracúndo,

24. Ne sois pas ami d’un homme colère,

neque ámbules cum viro furióso :

et ne marche pas avec un homme furieux ;

25 ne forte discas sémitas ejus,

25. De peur que tu n’apprennes ses voies,

et sumas scándalum ánimæ tuæ.

et que tu n’en retires un scandale pour ton âme.

26 Noli esse cum his qui défigunt manus suas,

26. Ne sois point avec ceux qui engagent leurs mains,

et qui vades se ófferunt pro débitis :

et qui se rendent caution des dettes ;

27 si enim non habes unde restítuas,

27. Car si tu n’as pas de quoi rendre,

quid causæ est ut tollat operiméntum de cubíli tuo ?

quel motif y a-t-il pour qu’il emporte la couverture de ton lit ?

28 Ne transgrediáris términos antíquos,

28. Ne dépasse pas les anciennes bornes

quos posuérunt patres tui.

qu’ont posées tes pères.

29 Vidísti virum velócem in ópere suo ?

29. As-tu vu un homme prompt dans son œuvre ?

coram régibus stabit, nec erit ante ignóbiles.

il se tiendra devant les rois, et il ne sera pas devant les hommes obscurs.

~

CHAP. XXII. 1. Eccli. VII, 2. — 2. Infra. XXIX, 13. — 9. Eccli. XXXI, 28.

 

5. Âme ; ce mot, comme on l’a souvent remarqué, se prend en hébreu, comme en arabe, pour la personne elle-même, pour l’individu.

9. Il obtiendra… reçoivent. Ce passage, qui manque dans l’hébreu et même dans quelques éditions latines, est dans les Septante.

14. Fosse profonde ; abime. Le mot fosse se prend aussi dans l’Écriture pour pièges, embuches.

15. La folie ; c’est-à-dire l’ignorance, la faiblesse, le penchant au mal.

16. Qui opprime. Voy. Prov. XIV, 31.

17. * Ici commencent les paroles des sages, contenues dans XXII, 17-XXIV, 22. C’est une série de préceptes sur la justice et la prudence.

20. Triplement ; ou trois fois ; c’est-à-dire diverses fois, souvent.

21. La certitude et les paroles ; hébraïsme, pour la certitude des paroles.

22. À la porte de la ville ; c’est-à-dire en jugement. Chez les Hébreux, les tribunaux siégeaient aux portes de la ville.

26. Engagent leurs mains. Voy. Prov. VI, 1.

29. Il se tiendra, etc. Un homme diligent et actif s’insinuera à la cour des rois, et ne s’attachera pas à des gens vils et obscurs.

²

 

Pr 23

*pr23

CHAPITRE XXIII

Sobriété à la table des grands. Ne point rechercher les richesses. Ne point opprimer les pupilles. Demeurer ferme dans la crainte dit Seigneur. Fuir les femmes de mauvaise vie et l’ivrognerie.

1 Quando séderis ut cómedas cum príncipe,

1. Quand tu seras assis pour manger avec le prince,

diligénter atténde quæ appósita sunt ante fáciem tuam.

considère attentivement ce qui est servi devant toi ;

2 Et státue cultrum in gútture tuo :

2. Mets un couteau à ta gorge,

si tamen habes in potestáte ánimam tuam.

si cependant tu es maitre de ton âme.

3 Ne desíderes de cibis ejus,

3. Ne désire pas des aliments de celui

in quo est panis mendácii.

chez qui est un pain de mensonge.

4 Noli laboráre ut ditéris,

4. Ne travaille pas à t’enrichir ;

sed prudéntiæ tuæ pone modum.

mais à ta prudence mets des bornes.

5 Ne érigas óculos tuos ad opes quas non potes habére,

5. Ne lève pas tes yeux vers des richesses que tu ne peux avoir ;

quia fácient sibi pennas quasi áquilæ, et volábunt in cælum.

parce qu’elles se feront des ailes comme celles d’un aigle, et s’envoleront au ciel.

6 Ne cómedas cum hómine ínvido,

6. Ne mange pas avec un homme envieux,

et ne desíderes cibos ejus :

et ne désire pas de ses mets ;

7 quóniam in similitúdinem aríoli et conjectóris

7. Parce que, semblable à un devin et à un augure,

ǽstimat quod ignórat.

il juge de ce qu’il ignore.

Cómede et bibe, dicet tibi ;

Mange et bois, te dira-t-il,

et mens ejus non est tecum.

et son cœur n’est pas avec toi.

8 Cibos quos coméderas évomes,

8. Les aliments que tu avais mangés, tu les rejetteras ;

et perdes pulchros sermónes tuos.

et tu perdras tes sages discours.

9 In áuribus insipiéntium ne loquáris,

9. Ne parle pas à l’oreille des insensés, parce qu’ils mépriseront la doctrine

qui despícient doctrínam elóquii tui.

que tu leur auras enseignée par tes paroles.

10 Ne attíngas parvulórum términos,

10. Ne touche pas aux bornes des petits ;

et agrum pupillórum ne intróëas :

et n’entre pas dans le champ des orphelins ;

11 propínquus enim illórum fortis est,

11. Car leur proche est puissant ;

et ipse judicábit contra te causam illórum.

et lui-même jugera contre toi leur cause.

12 Ingrediátur ad doctrínam cor tuum,

12. Que ton cœur s’avance vers la doctrine,

et aures tuæ ad verba sciéntiæ.

et tes oreilles vers les paroles de la science.

13 Noli subtráhere a púero disciplínam :

13. Ne soustrais pas à l’enfant la discipline ;

si enim percússeris eum virga, non moriétur.

car si tu le frappes de la verge, il ne mourra pas.

14 Tu virga percúties eum,

14. Tu le frapperas donc de la verge ;

et ánimam ejus de inférno liberábis.

et de l’enfer tu délivreras son âme.

15 Fili mi, si sápiens fúerit ánimus tuus,

15. Mon fils, si ton esprit est sage,

gaudébit tecum cor meum :

mon cœur se réjouira avec toi ;

16 et exsultábunt renes mei,

16. Et mes reins exulteront,

cum locúta fúerint rectum lábia tua.

lorsque tes lèvres parleront droiture.

17 Non æmulétur cor tuum peccatóres,

17. Que ton cœur ne porte pas envie aux pécheurs ;

sed in timóre Dómini esto tota die :

mais dans la crainte du Seigneur sois tout le jour ;

18 quia habébis spem in novíssimo,

18. Parce que tu auras l’espérance à ton dernier moment,

et præstolátio tua non auferétur.

et que ton attente ne sera pas frustrée.

19 Audi, fili mi, et esto sápiens,

19. Écoute, mon fils, et sois sage ;

et dírige in via ánimum tuum.

et dirige ton esprit dans la bonne voie.

20 Noli esse in convíviis potatórum,

20. Ne te trouve pas dans les festins des buveurs,

nec in comessatiónibus eórum qui carnes ad vescéndum cónferunt :

ni dans les orgies de ceux qui apportent des viandes pour manger ensemble.

21 quia vacántes pótibus et dantes sýmbola consuméntur,

21. Car ceux qui passent le temps à boire et qui payent leur écot, se ruineront,

et vestiétur pannis dormitátio.

et l’assoupissement sera vêtu de haillons.

22 Audi patrem tuum, qui génuit te,

22. Écoute ton père qui t’a engendré ;

et ne contémnas cum senúerit mater tua.

et ne méprise pas ta mère, lorsqu’elle aura vieilli.

23 Veritátem eme, et noli véndere sapiéntiam,

23. Achète la vérité, et ne vends pas la sagesse,

et doctrínam, et intelligéntiam.

la doctrine et l’intelligence.

24 Exsúltat gáudio pater justi ;

24. Le père du juste exulte de joie ;

qui sapiéntem génuit, lætábitur in eo.

celui qui a engendré le sage se réjouira en lui.

25 Gáudeat pater tuus et mater tua,

25. Que ton père et ta mère se réjouissent ;

et exsúltet quæ génuit te.

et qu’elle exulte, celle qui t’a enfanté.

26 Præbe, fili mi, cor tuum mihi,

26. Donne-moi ton cœur, mon fils ;

et óculi tui vias meas custódiant.

et que tes yeux gardent mes voies.

27 Fóvea enim profúnda est méretrix,

27. Car c’est une fosse profonde, qu’une prostituée ;

et púteus angústus aliéna.

et un puits étroit, qu’une étrangère.

28 Insidiátur in via quasi latro,

28. Elle dresse des embuches sur la voie comme un voleur ;

et quos incáutos víderit, interfíciet.

et ceux qu’elle verra n’être pas sur leurs gardes, elle les tuera.

29 Cui væ ? cujus patri væ ?

29. À qui malheur ? au père de qui malheur ?

cui rixæ ? cui fóveæ ?

à qui les querelles ? à qui les fosses ?

cui sine causa vúlnera ? cui suffúsio oculórum ?

à qui les blessures sans motifs ? à qui le trouble des yeux ?

30 nonne his qui commorántur in vino,

30. N’est-ce pas à ceux qui s’arrêtent à boire le vin,

et student calícibus epotándis ?

et qui prennent gout à vider des coupes pleines ?

31 Ne intueáris vinum quando flavéscit,

31. Ne regarde pas le vin, quand il jaunit,

cum splendúerit in vitro color ejus :

lorsque sa couleur brille dans le verre :

ingredítur blande,

il entre doucement ;

32 sed in novíssimo mordébit ut cóluber,

32. Mais à la fin, il mordra comme une couleuvre :

et sicut régulus venéna diffúndet.

et comme le basilic, il répandra son venin.

33 Oculi tui vidébunt extráneas,

33. Tes yeux verront les étrangères,

et cor tuum loquétur pervérsa.

et ton cœur dira des choses perverses.

34 Et eris sicut dórmiens in médio mari,

34. Et tu seras comme un homme dormant au milieu de la mer,

et quasi sopítus gubernátor, amísso clavo.

et comme un pilote assoupi, le gouvernail ayant été perdu ;

35 Et dices : Verberavérunt me, sed non dólui ;

35. Et tu diras : Ils m’ont frappé, mais je n’en ai pas souffert ;

traxérunt me, et ego non sensi.

ils m’ont trainé, et moi je ne l’ai pas senti :

Quando evigilábo, et rursus vina repériam ?

quand me réveillerai-je, et trouverai-je encore du vin ?

~

CHAP. XXIII. 13. Supra. XIII, 24 ; Eccli. XXX, 1. — 17. Infra. XXIV, 1.

 

1, 2. Il y a deux grands défauts à éviter à la table des grands : le premier, de trop parler ; le second, de trop manger. Salomon engage son disciple à éviter l’un et l’autre, en lui disant de mettre un couteau à sa gorge, si toutefois il est assez maitre de lui-même, pour modérer son appétit et sa sensualité. Par la table du prince, saint Augustin entend le banquet eucharistique, et, selon saint Jérôme, l’expression mets un couteau à ta gorge signifie, qu’en faisant la sainte communion, nous devons égorger en nous tout ce qui est contraire à la foi et à la charité, et détruire le vieil homme par le glaive de l’esprit, afin que le nouveau vive seul en nous.

3. Un pain de mensonge ; une nourriture trompeuse, qui flatte le gout, mais qui est malsaine, ou qui ne soutient pas, qui n’est pas substantielle. Nous l’avons déjà remarqué, le mot hébreu, rendu dans la Vulgate par pain (panis), se prend souvent pour nourriture, aliment, en général, et quelquefois pour chair, viande, en particulier, ce que signifie aussi le terme arabe correspondant.

11. Leur proche ; c’est-à-dire, suivant le terme de l’original hébreu, celui qui a droit de rachat sur un champ aliéné de sa famille.

19. Bonne ; ce mot est renfermé dans le terme hébreu, rendu simplement par dirige (dirige) dans la Vulgate.

21. L’assoupissement ; c’est-à-dire le paresseux qui est toujours assoupi.

27, 29. Fosse, fosses. Compar. Prov. XXII, 14.

31-35. * La peinture de l’ivrognerie, contenue dans ces cinq versets, est d’une beauté remarquable.

31. Quand il jaunit (flavéscit) ; prend une couleur d’or ; mais on assure assez généralement qu’il n’y avait que du vin rouge dans la Palestine ; il est certain que le texte hébreu porte quand il est rouge.

²

 

Pr 24

*pr24

CHAPITRE XXIV

Ne pas envier la prospérité des méchants. N’estimer que la sagesse. Se soutenir dans l’affliction. Ne pas se réjouir de la ruine de ses ennemis. Craindre Dieu et le roi. Éviter la paresse.

1 Ne æmuléris viros malos,

1. Ne porte pas envie aux hommes méchants,

nec desíderes esse cum eis :

et ne désire pas d’être avec eux ;

2 quia rapínas meditátur mens eórum,

2. Parce que leur âme médite des rapines,

et fraudes lábia eórum loquúntur.

et que leurs lèvres parlent fraudes.

3 Sapiéntia ædificábitur domus,

3. C’est par la sagesse que se bâtira une maison,

et prudéntia roborábitur.

et par la prudence qu’elle s’affermira.

4 In doctrína replebúntur cellária,

4. Par la science, les celliers se rempliront

univérsa substántia pretiósa et pulchérrima.

de toute sorte de biens précieux et très beaux.

5 Vir sápiens fortis est,

5. L’homme sage est puissant,

et vir doctus robústus et válidus :

et l’homme instruit est robuste et vigoureux.

6 quia cum dispositióne inítur bellum,

6. Parce que c’est avec réflexion que s’entreprend une guerre ;

et erit salus ubi multa consília sunt.

et que le salut sera où il y a beaucoup de conseils.

7 Excélsa stulto sapiéntia ;

7. Bien élevée est pour l’insensé la sagesse

in porta non apériet os suum.

à la porte de la ville, il n’ouvrira pas la bouche.

8 Qui cógitat mala fácere stultus vocábitur :

8. Celui qui pense à faire le mal sera appelé insensé.

9 cogitátio stulti peccátum est,

9. La pensée de l’insensé est péché ;

et abominátio hóminum detráctor.

et c’est l’abomination des hommes, que le médisant.

10 Si desperáveris lassus in die angústiæ,

10. Si, fatigué au jour de l’angoisse, tu désespères,

imminuétur fortitúdo tua.

ta force sera diminuée.

11 Erue eos qui ducúntur ad mortem,

11. Arrache au péril ceux qui sont conduits à la mort,

et qui trahúntur ad intéritum, liberáre ne cesses.

et, ceux que l’on traine à la destruction, ne cesse pas de les délivrer.

12 Si díxeris : Vires non súppetunt ;

12. Si tu dis : Les forces me manquent ;

qui inspéctor est cordis ipse intélligit :

celui qui observe le cœur le discerne lui-même,

et servatórem ánimæ tuæ nihil fallit,

rien ne trompe le conservateur de ton âme ;

reddétque hómini juxta ópera sua.

et il rendra à l’homme selon ses œuvres.

13 Cómede, fili mi, mel, quia bonum est,

13. Mange, mon fils, le miel, parce qu’il est bon,

et favum dulcíssimum gútturi tuo.

et le rayon doux à ton gosier.

14 Sic et doctrína sapiéntiæ ánimæ tuæ :

14. Telle est la doctrine de la sagesse à ton âme :

quam cum invéneris, habébis in novíssimis spem,

quand tu l’auras trouvée, tu auras à tes derniers moments l’espérance

et spes tua non períbit.

et ton espérance ne périra pas.

15 Ne insidiéris, et quæras impietátem in domo justi,

15. Ne dresse pas d’embuches, et ne cherche pas l’impiété dans la maison du juste,

neque vastes réquiem ejus.

et ne détruis pas son repos.

16 Sépties enim cadet justus, et resúrget :

16. Car le juste tombera sept fois et se relèvera ;

ímpii autem córruent in malum.

mais les impies seront abattus dans le malheur.

17 Cum cecíderit inimícus tuus ne gáudeas,

17. Lorsque ton ennemi sera tombé, ne te réjouis pas :

et in ruína ejus ne exsúltet cor tuum :

et qu’à sa ruine ton cœur n’exulte pas ;

18 ne forte vídeat Dóminus, et displíceat ei,

18. De peur que le Seigneur ne le voie, et que cela ne lui déplaise ;

et áuferat ab eo iram suam.

et qu’il ne retire de lui sa colère.

19 Ne conténdas cum péssimis,

19. Ne dispute pas avec les hommes très méchants ;

nec æmuléris ímpios :

et ne porte pas envie aux impies ;

20 quóniam non habent futurórum spem mali,

20. Parce qu’ils n’ont pas l’espérance des choses futures, les méchants,

et lucérna impiórum extinguétur.

et que la lampe des impies s’éteindra.

21 Time Dóminum, fili mi, et regem,

21. Crains, mon fils, le Seigneur et le roi,

et cum detractóribus non commisceáris :

et ne te lie pas avec les médisants ;

22 quóniam repénte consúrget perdítio eórum,

22. Parce que tout à coup s’élèvera leur perte,

et ruínam utriúsque quis novit ?

et la ruine de l’un et de l’autre, qui la connait ?

23 Hæc quoque sapiéntibus.

23. Voici aussi pour les sages :

Cognóscere persónam in judício non est bonum.

Faire acception de la personne dans le jugement n’est pas bon.

24 Qui dicunt ímpio : Justus es : maledícent eis pópuli,

24. Quant à ceux qui disent à l’impie : Tu es juste ; les peuples les maudiront

et detestabúntur eos tribus.

et les tribus les détesteront.

25 Qui árguunt eum laudabúntur,

25. Ceux qui le reprennent seront loués ;

et super ipsos véniet benedíctio.

et sur eux viendra la bénédiction.

26 Lábia deosculábitur

26. Il baisera les lèvres,

qui recta verba respóndet.

celui qui répond des paroles droites.

27 Prǽpara foris opus tuum,

27. Prépare au dehors ton œuvre,

et diligénter exérce agrum tuum,

et avec soin cultive ton champ ;

ut póstea ædífices domum tuam.

afin qu’ensuite tu bâtisses ta maison.

28 Ne sis testis frustra contra próximum tuum,

28. Ne sois pas témoin sans raison contre ton prochain ;

nec lactes quemquam lábiis tuis.

et ne séduis personne par tes lèvres.

29 Ne dicas : Quómodo fecit mihi, sic fáciam ei ;

29. Ne dis pas : Comme il m’a fait, ainsi je lui ferai :

reddam unicuíque secúndum opus suum.

je rendrai à chacun selon son œuvre.

30 Per agrum hóminis pigri transívi,

30. J’ai passé dans le champ du paresseux,

et per víneam viri stulti :

et par la vigne de l’insensé :

31 et ecce totum repléverant urtícæ,

31. Et voilà que tout était rempli d’orties ;

et operúerant superfíciem ejus spinæ,

et que les épines en avaient couvert la surface,

et macéria lápidum destrúcta erat.

et que la muraille de pierres était détruite.

32 Quod cum vidíssem, pósui in corde meo,

32. Ce qu’ayant vu, je l’ai mis dans mon cœur,

et exémplo dídici disciplínam.

et par cet exemple je me suis instruit.

33 Parum, inquam, dórmies, módicum dormitábis ;

33. Tu dormiras un peu, dis-je, tu sommeilleras modérément,

pauxíllum manus cónseres ut quiéscas :

tu mettras faiblement les mains l’une dans l’autre, afin que tu reposes :

34 et véniet tibi quasi cursor egéstas,

34. Et viendra à toi, comme un coureur, la détresse ;

et mendícitas quasi vir armátus.

et la mendicité, comme un homme armé.

~

CHAP. XXIV. 1. Supra. XXIII, 17. — 11. Ps. LXXXI, 4. — 23. Lev. XIX, 15 ; Deut. I, 17 ; XVI, 19 ; Eccli. XLII, 1. — 29. Supra. XX, 22.

 

7. À la porte de la ville ; au lieu des assemblées publiques ; c’est-à-dire que l’insensé sera réduit au silence dans toutes les délibérations, et qu’il sera même incapable de se défendre contre ses accusateurs, d’accuser ses ennemis, d’instruire ses juges de son bon droit, etc.

8. Sera appelé insensé ; c’est-à-dire sera insensé. Voy. Prov. XXI, 24.

12. Le discerne lui-même ; sait parfaitement discerner si cette excuse alléguée : Les forces me manquent, est réellement fondée ou non.

16. Tombera ; non dans le péché, comme plusieurs l’entendent ; mais dans le malheur, la disgrâce, les épreuves, les afflictions. C’est le sens le plus conforme au contexte.

23-34. * Ces versets, qui terminent la seconde partie, semblent être un supplément du premier recueil des Proverbes.

23. Voici, etc. ; ce que je vais dire ou ce qui suit est aussi pour les sages. — Faire acception, etc. Compar. Lev. XIX, 15 ; Deut. I, 17 ; XVI, 19 ; Eccli. XLII, 1.

26. Il baisera, etc. Répondre avec droiture à quelqu’un, c’est lui donner un baiser, c’est-à-dire lui prouver une grande et tendre amitié.

33, 34. Tu dormiras un peu, etc. Au chap. VI, vers. 10, 11, l’auteur sacré met dans la bouche du paresseux des paroles semblables à celles qu’il lui adresse lui-même. — Dis-je ; ces mots ne se trouvent ni dans le texte hébreu, ni dans les Septante.

²

 

Pr 25

*pr25

CHAPITRE XXV

Cœur des rois impénétrable. Ne point s’élever soi-même. Parole dite à propos. Promesse sans effet. Tristesse du cœur. Faire du bien à ses ennemis. Mettre des bornes à sa curiosité.

1 Hæ quoque parábolæ Salomónis, quas transtulérunt viri Ezechíæ regis Juda.

1. Voici encore des paraboles de Salomon, qu’ont recueillies les hommes d’Ézéchias, roi de Juda.

2 Glória Dei est celáre verbum,

2. La gloire de Dieu est de cacher la parole,

et glória regum investigáre sermónem.

la gloire des rois, de scruter le discours.

3 Cælum sursum, et terra deórsum,

3. Le ciel en haut et la terre en bas,

et cor regum inscrutábile.

et le cœur des rois est impénétrable.

4 Aufer rubíginem de argénto,

4. Ôte la rouille de l’argent,

et egrediétur vas puríssimum.

et il en sortira un vase très pur.

5 Aufer impietátem de vultu regis,

5. Ôte l’impiété de devant le roi,

et firmábitur justítia thronus ejus.

et par la justice s’affermira son trône.

6 Ne gloriósus appáreas coram rege,

6. Ne parais pas chercher la gloire devant le roi,

et in loco magnórum ne stéteris.

et ne te tiens pas parmi les grands.

7 Mélius est enim ut dicátur tibi : Ascénde huc,

7. Car il vaut mieux qu’on te dise :

quam ut humiliéris coram príncipe.

Monte ici, que d’être humilié devant le prince.

8 Quæ vidérunt óculi tui ne próferas in júrgio cito,

8. Ce que tes yeux ont vu, ne le publie pas aussitôt dans une querelle ;

ne póstea emendáre non possis,

de peur que dans la suite, tu ne puisses réparer ton tort,

cum dehonestáveris amícum tuum.

lorsque tu auras déshonoré ton ami.

9 Causam tuam tracta cum amíco tuo,

9. Traite ton affaire avec ton ami,

et secrétum extráneo ne revéles :

et ne révèle pas un secret à un étranger ;

10 ne forte insúltet tibi cum audíerit,

10. De peur qu’il ne t’insulte, lorsqu’il t’aura appris,

et exprobráre non cesset.

et qu’il ne cesse de te le reprocher.

Grátia et amicítia líberant :

La faveur et l’amitié délivrent ;

quas tibi serva, ne exprobrábilis fias.

conserve-les, afin que tu ne deviennes pas répréhensible.

11 Mala áurea in lectis argénteis,

11. Comme sont les pommes d’or, sur des lits d’argent,

qui lóquitur verbum in témpore suo.

ainsi est celui qui dit une parole en son temps.

12 Ináuris áurea, et margarítum fulgens,

12. C’est un pendant d’oreille d’or, et une perle brillante

qui árguit sapiéntem et aurem obediéntem.

que celui qui reprend un sage et une oreille obéissante.

13 Sicut frigus nivis in die messis,

13. Comme la fraîcheur de la neige, au jour de la moisson,

ita legátus fidélis ei qui misit eum :

ainsi est un messager fidèle pour celui qui l’a envoyé ;

ánimam ipsíus requiéscere facit.

il fait reposer son âme.

14 Nubes, et ventus, et plúviæ non sequéntes,

14. Des nuages, du vent et point de pluie à la suite,

vir gloriósus et promíssa non complens.

tel est l’homme qui se vante et ne remplit pas ses promesses.

15 Patiéntia leniétur princeps,

15. Par la patience, un prince se laissera fléchir,

et lingua mollis confrínget durítiam.

et une langue douce brisera la dureté.

16 Mel invenísti : cómede quod súfficit tibi,

16. Tu as trouvé du miel : mange ce qui te suffit

ne forte satiátus évomas illud.

de peur que, rassasié, tu ne le vomisses.

17 Súbtrahe pedem tuum de domo próximi tui,

17. Éloigne ton pied de la maison de ton prochain ;

nequándo satiátus óderit te.

de peur qu’un jour, rassasié de toi, il ne te haïsse.

18 Jáculum, et gládius, et sagítta acúta,

18. Un trait, un glaive, une flèche acérée,

homo qui lóquitur contra próximum suum falsum testimónium.

tel est l’homme qui, contre son prochain, dit un faux témoignage.

19 Dens pútridus, et pes lassus,

19. Une dent cariée, un pied lassé,

qui sperat super infidéli in die angústiæ,

tel est celui qui espère en un infidèle au jour de l’angoisse,

20 et amíttit pállium in die frígoris.

20. Et qui perd son manteau au jour du froid.

Acetum in nitro,

Il met du vinaigre dans du nitre,

qui cantat cármina cordi péssimo.

celui qui chante des cantiques à un cœur très mauvais.

Sicut tínea vestiménto, et vermis ligno,

Comme la teigne au vêtement et le ver au bois,

ita tristítia viri nocet cordi.

ainsi la tristesse de l’homme nuit à son cœur.

21 Si esuríerit inimícus tuus, ciba illum ;

21. Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger :

si sitíerit, da ei aquam bíbere :

s’il a soif, donne-lui de l’eau à boire ;

22 prunas enim congregábis super caput ejus,

22. Car tu amasseras des charbons ardents sur sa tête ;

et Dóminus reddet tibi.

et le Seigneur te le rendra.

23 Ventus áquilo díssipat plúvias,

23. Le vent d’aquilon dissipe les pluies,

et fácies tristis linguam detrahéntem.

et le visage triste, la langue médisante.

24 Mélius est sedére in ángulo dómatis

24. Mieux vaut demeurer sur l’angle d’un toit

quam cum mulíere litigiósa et in domo commúni.

qu’avec une femme querelleuse, et dans une maison commune.

25 Aqua frígida ánimæ sitiénti,

25. C’est de l’eau fraiche à une âme altérée,

et núntius bonus de terra longínqua.

qu’une bonne nouvelle venant d’une terre éloignée.

26 Fons turbátus pede et vena corrúpta,

26. Une fontaine troublée avec le pied, et une source corrompue,

justus cadens coram ímpio.

tel est le juste qui tombe devant l’impie.

27 Sicut qui mel multum cómedit non est ei bonum,

27. Comme manger beaucoup de miel n’est pas une bonne chose ;

sic qui scrutátor est majestátis opprimétur a glória.

ainsi celui qui scrute la majesté sera accablé par la gloire.

28 Sicut urbs patens et absque murórum ámbitu,

28. Comme est une ville ouverte, et sans enceinte de murailles ;

ita vir qui non potest in loquéndo cohibére spíritum suum.

ainsi est l’homme qui ne peut, en parlant, retenir son esprit.

~

CHAP. XXV. 7. Luc. XIV, 8. — 15. Supra. XV, 1. — 21. Matth. V, 44 ; Luc. VI, 20 ; Rom. XII, 20. — 24. Prov. XII, 4 ; Prov. XXI, 9 ; Eccli. XXV, 17. — 27. Eccli. III, 22.

 

1 et suiv. * Troisième partie des Proverbes, XXV-XXIX. Le premier recueil des Proverbes est suivi d’un second dont le titre se lit au vers. 1. Cette inscription prouve que cette seconde collection a été faite vers 725 av. J.-C., pour servir de supplément à une autre déjà existante. Elle se compose, comme celle de X-XXII, de pensées embrassant un certain nombre de sujets divers, la plupart moraux. Pour la caractériser, on lui a donné le nom de livre du peuple, tandis qu’on a appelé la précédente, X-XXIV, livre de la jeunesse. — Ce second recueil est généralement semblable à celui de X-XXII, à part quelques légères différences : le parallélisme antithétique y est assez rare ; la forme allégorique revient assez souvent, XXV, 11, etc. ; les deux membres de la comparaison sont parfois simplement juxtaposés, sans être unis, XXV, 12, ou liés seulement par et ou ainsi, de même, XXVI, 1, 2, 18-19 ; XXVII, 8, etc. Nous ne rencontrons plus ici au même degré la concision sentencieuse du premier recueil ; la construction est plus lâche ; il y a des séries de proverbes reliés entre eux, XXVI, 23-25 ; XXVII, 15-16 ; 23-27 ; plusieurs ont un mot dominant qui en est comme la clef et est répété plusieurs fois, XXV, 8-10 ; XXVI, 3-12 ; 13-16. Ces observations s’appliquent surtout aux chapitres XXV-XXVII, 5.

1. Les hommes d’Ézéchias ; ce sont sans doute les personnages du temps de ce roi, les plus distingués par leur sagesse et leur savoir, tels qu’Isaïe, Eliacim, Joahé, Sobna.

2. La parole ; c’est-à-dire sa parole, qu’il est de sa gloire de nous cacher sous des voiles mystérieux, tandis qu’il est de la gloire des rois d’étudier cette même parole divine (investigare sermonem), et de chercher à la bien connaitre, pour en faire la règle de leur conduite.

10. La faveur… répréhensible. Ce passage, qui manque dans l’hébreu, se trouve dans les Septante, mais avec quelques différences.

11. Des pommes d’or, etc. Ces pommes, fixées sur les colonnes du lit, ou suspendues, ou attachées au lit même, étaient un ornement aussi beau que précieux.

12. C’est un pendant d’oreille, etc. ; comparaison analogue à la précédente, et que l’on retrouve fréquemment dans les auteurs arabes.

13. La fraîcheur de la neige. À l’époque de la moisson, c’est-à-dire vers le mois de juin et de juillet, les chaleurs étant très grandes dans la Judée, les Hébreux se servaient de neige pour rafraîchir les boissons. Le Liban leur en fournissait en abondance. Le même usage existait chez les Grecs et les Latins.

15. La dureté ; hébraïsme, pour ce qu’il y a de plus dur.

17. Éloigne, etc. ; ne fréquente pas trop la maison. — De ton prochain ; suivant l’hébreu et les Septante, de ton ami.

20. Il met du vinaigre dans, etc. ; littér. : Du vinaigre dans, etc. — À un cœur très mauvais (cordi péssimo) ; le terme hébreu signifie aussi malade affligé ; et c’est dans ce sens que les Septante l’ont rendu. Quant à l’ensemble du verset, les uns l’expliquent ainsi : De même que le vinaigre mêlé avec le nitre dissout le sel et augmente sa force détersive, en ôtant davantage les taches du visage, etc., de même aussi le chant des cantiques dissipe le chagrin et la mélancolie d’un cœur triste ; les autres, au contraire, l’interprètent de cette manière : De même que le vinaigre, quand on le mêle avec le nitre, altère sa vertu d’enlever les taches, de même aussi le chant des cantiques, loin de calmer les douleurs d’un cœur affligé, ne fait que l’aigrir et l’augmenter. Les comparaisons précédentes, dont celle-ci parait être une suite, donnent beaucoup de poids à cette dernière interprétation — Comme la teigne… cœur. Ce passage est dans les Septante, mais non point dans l’hébreu. — * Dans le nitre. Le nitre servait de savon aux anciens. « On lave les vêtements, dit Aristote, avec de l’eau et du nitre. Mais si l’on verse du vinaigre sur le nitre, il se fond et est perdu. » Il exhale de plus une mauvaise odeur.

22. Car tu amasseras, etc. Voy., sur le sens de ce verset, cité par saint Paul, Rom. XII, 20.

24. Mieux vaut, etc. Voy. Prov. XXI, 9.

26. Une source ; littér. veine (vena). Compar. Prov. V, 18.

27. Comme manger,etc. Le miel est agréable au gout, mais celui qui en mange trop s’en trouve mal. Pareillement, il est très agréable de se livrer à l’étude des choses divines, mais il n’est pas permis à notre intelligence bornée de vouloir, par curiosité et par présomption, scruter la majesté du Très-Haut. Si nous avons la témérité de le faire, nous serons éblouis par l’éclat même de cette majesté, accablés du poids de sa gloire, et nous nous perdrons dans la profondeur de ses secrets.

²

 

Pr 26

*pr26

CHAPITRE XXVI

De l’insensé. De celui qui se croit sage. Du paresseux. Du faux ami. De la mauvaise langue. De celui qui cache sa haine.

1 Quómodo nix in æstáte, et plúviæ in messe,

1. De même que la neige vient mal en été, et les pluies pendant la moisson,

sic índecens est stulto glória.

de même la gloire ne convient pas à un insensé.

2 Sicut avis ad ália tránsvolans, et passer quólibet vadens,

2. Comme l’oiseau qui passe en volant dans différents lieux, et le passereau qui va où il lui plaît ;

sic maledíctum frustra prolátum in quémpiam supervéniet.

ainsi une malédiction prononcée sans sujet par quelqu’un reviendra sur lui.

3 Flagéllum equo, et camus ásino,

3. Le fouet est pour le cheval, le mors pour l’âne,

et virga in dorso imprudéntium.

et la verge pour le dos des imprudents.

4 Ne respóndeas stulto juxta stultítiam suam,

4. Ne réponds pas à un fou selon sa folie,

ne efficiáris ei símilis.

de peur que tu ne lui deviennes semblable.

5 Respónde stulto juxta stultítiam suam,

5. Réponds à un fou selon sa folie,

ne sibi sápiens esse videátur.

de peur qu’il ne lui semble qu’il est sage.

6 Claudus pédibus, et iniquitátem bibens,

6. Celui-là est boiteux et boit l’iniquité,

qui mittit verba per núntium stultum.

qui envoie ses paroles par un messager insensé.

7 Quómodo pulchras frustra habet claudus tíbias,

7. De même qu’en vain un boiteux a de belles jambes ;

sic íncecens est in ore stultórum parábola.

de même une parabole sied mal dans la bouche des insensés.

8 Sicut qui mittit lápidem in acérvum Mercúrii,

8. Comme celui qui jette une pierre dans le monceau de Mercure ;

ita qui tríbuit insipiénti honórem.

ainsi est celui qui rend honneur à un insensé.

9 Quómodo si spina nascátur in manu temulénti,

9. De même que serait une épine qui naitrait dans la main d’un homme ivre ;

sic parábola in ore stultórum.

de même est une parabole dans la bouche des insensés.

10 Judícium detérminat causas,

10. Le jugement termine les causes ;

et qui impónit stulto siléntium iras mítigat.

et celui qui impose silence à l’insensé apaise les colères.

11 Sicut canis qui revértitur ad vómitum suum,

11. Comme le chien qui retourne à son vomissement,

sic imprúdens qui íterat stultítiam suam.

ainsi est l’imprudent qui réitère sa folie.

12 Vidísti hóminem sapiéntem sibi vidéri ?

12. As-tu vu un homme qui se croit sage ?

magis illo spem habébit insípiens.

Il y a plus à espérer d’un insensé.

13 Dicit piger : Leo est in via,

13. Le paresseux dit : Un lion est dans la voie,

et leǽna in itinéribus.

et une lionne dans les chemins ;

14 Sicut óstium vértitur in cárdine suo,

14. Comme une porte tourne sur son gond,

ita piger in léctulo suo.

ainsi fait le paresseux dans son lit.

15 Abscóndit piger manum sub ascélla sua,

15. Le paresseux cache sa main sous son aisselle,

et labórat si ad os suum eam convérterit.

et il est fatigué, s’il la porte à sa bouche.

16 Sapiéntior sibi piger vidétur

16. Le paresseux se croit plus sage

septem viris loquéntibus senténtias.

que sept hommes qui prononcent des sentences.

17 Sicut qui apprehéndit áuribus canem,

17. Comme celui qui saisit un chien par les oreilles,

sic qui transit impátiens et commiscétur rixæ altérius.

ainsi est celui qui, passant, s’irrite et se mêle à la rixe d’un autre.

18 Sicut nóxius est qui mittit sagíttas et lánceas in mortem,

18. Comme est coupable celui qui lance des flèches et des dards pour donner la mort ;

19 ita vir fraudulénter nocet amíco suo,

19. Ainsi l’est un homme qui frauduleusement nuit à son ami ;

et cum fúerit deprehénsus dicit : Ludens feci.

et qui, lorsqu’il est surpris, dit : C’est en jouant que je l’ai fait.

20 Cum defécerint ligna extinguétur ignis,

20. Lorsque le bois manquera, le feu s’éteindra ;

et susurróne subtrácto, júrgia conquiéscent.

de même, les délateurs supprimés, les querelles s’apaiseront.

21 Sicut carbónes ad prunas, et ligna ad ignem,

21. Comme les charbons donnent de la braise et le bois du feu,

sic homo iracúndus súscitat rixas.

ainsi l’homme colère suscite des rixes.

22 Verba susurrónis quasi simplícia,

22. Les paroles d’un délateur paraissent simples ;

et ipsa pervéniunt ad íntima ventris.

mais elles parviennent jusqu’au fond des entrailles.

23 Quómodo si argénto sórdido ornáre velis vas fíctile,

23. De même que serait un vase de terre, si tu voulais l’orner d’un argent impur,

sic lábia tuméntia cum péssimo corde sociáta.

de même sont des lèvres enflées, jointes à un cœur corrompu.

24 Lábiis suis intellígitur inimícus,

24. À ses propres lèvres on connait un ennemi,

cum in corde tractáverit dolos.

lorsque dans son cœur il s’occupe de tromperies.

25 Quando submíserit vocem suam, ne credíderis ei,

25. Quand il abaisse sa voix, ne le crois pas,

quóniam septem nequítiæ sunt in corde illíus.

parce que sept malices sont dans son cœur.

26 Qui óperit ódium fraudulénter,

26. Quant à celui qui couvre sa haine frauduleusement,

revelábitur malítia ejus in consílio.

sa malice sera révélée dans une assemblée publique.

27 Qui fodit fóveam íncidet in eam,

27. Celui qui creuse une fosse tombera dedans ;

et qui volvit lápidem revertétur ad eum.

et celui qui roule une pierre la verra retourner sur lui.

28 Lingua fallax non amat veritátem,

28. Une langue trompeuse n’aime pas la vérité ;

et os lúbricum operátur ruínas.

et une bouche flatteuse opère des ruines.

~

CHAP. XXVI. 11. II Petr. II, 22. — 15. Supra. XIX, 24. — 21. Supra. XV, 18. — 27. Esth. VII, 10 ; Prov. XXVIII, 10 ; Ps. VII, 16 ; IX, 16, 23 ; LVI, 7 ; Eccles. X, 8 ; Eccli. XXVII, 29.

 

1. * Saint Jérôme remarque dans son commentaire sur Am. IV, 7, qu’il ne tombe jamais de neige en Palestine, en été, et qu’il n’a jamais vu de pluie à la fin de juin ni en juillet. Dans les années ordinaires, depuis la cessation des pluies du printemps jusqu’en octobre ou en novembre, le ciel de la Terre Sainte est toujours serein.

7, 9. Une parabole ; une sentence grave, une maxime de sagesse.

8. Comme celui, etc. ; c’est-à-dire rendre honneur à un insensé est une chose aussi inutile et aussi peu raisonnable que de jeter une pierre, comme faisaient les païens, par superstition, dans le monceau qui était au pied de la statue de Mercure. — * Dans ce verset, saint Jérôme emploie une expression figurée, usitée chez les Latins. Le texte hébreu porte : “C’est lier une pierre à la fronde que rendre hommage à un insensé,” parce que la pierre liée à la fronde ne peut être lancée ni atteindre le but.

9. De même, etc. L’homme ivre qui a une épine dans la main ne la sent pas, son ivresse lui ayant fait perdre tout sentiment. De même l’insensé qui prononce des maximes de sagesse n’en comprend ni le sens ni la valeur.

16. Sept se met pour plusieurs, un certain nombre, beaucoup. — Qui prononcent des sentences ; c’est-à-dire des sages. Anciennement, le langage ordinaire des sages était les paraboles, les proverbes, les discours sentencieux.

17. Comme celui, etc. Prendre un chien par les oreilles, c’est s’exposer à être mordu ; s’immiscer imprudemment dans une querelle qui ne regarde pas, c’est risquer d’être maltraité.

22. Les paroles, etc. Voy. la même sentence, Prov. XVIII, 8.

23. Un argent impur ne va pas moins bien avec un vase de terre, que des lèvres enflées, c’est-à-dire superbes, orgueilleuses, avec un très mauvais cœur.

25. Sept. Voy. le vers. 16.

²

 

Pr 27

*pr27

CHAPITRE XXVII

Ne point compter sur l’avenir. Des bons conseils. Travailler à acquérir la sagesse. Du serviteur fidèle. Les louanges sont l’épreuve du cœur. Devoir des pasteurs.

1 Ne gloriéris in crástinum,

1. Ne te glorifie pas pour le lendemain,

ignórans quid superventúra páriat dies.

ignorant ce que produira le jour qui doit venir.

2 Laudet te aliénus, et non os tuum ;

2. Qu’un autre te loue, et non ta bouche :

extráneus, et non lábia tua.

un étranger, et non tes lèvres.

3 Grave est saxum, et onerósa aréna,

3. Lourde est la pierre, et pesant le sable ;

sed ira stulti utróque grávior.

mais la colère de l’insensé est plus pesante que l’une et l’autre.

4 Ira non habet misericórdiam nec erúmpens furor,

4. La colère n’a point de miséricorde, ni la fureur qui éclate ;

et ímpetum concitáti ferre quis póterit ?

et le choc impétueux d’un emporté, qui pourra le soutenir.

5 Mélior est manifésta corréptio

5. Mieux vaut une correction manifeste

quam amor abscónditus.

qu’un amour caché.

6 Melióra sunt vúlnera diligéntis

6. Les blessures que fait celui qui aime valent mieux

quam fraudulénta óscula odiéntis.

que les baisers trompeurs de celui qui hait.

7 Anima saturáta calcábit favum,

7. Une âme rassasiée foulera aux pieds un rayon de miel :

et ánima esúriens étiam amárum pro dulci sumet.

et une âme qui a faim trouvera doux même ce qui est amer.

8 Sicut avis transmígrans de nido suo,

8. Comme l’oiseau qui émigré de son nid,

sic vir qui derelínquit locum suum.

ainsi est l’homme qui abandonne son propre lieu.

9 Unguénto et váriis odóribus delectátur cor,

9. Dans le parfum et les odeurs variées, le cœur trouve du plaisir ;

et bonis amíci consíliis ánima dulcorátur.

et dans les bons conseils d’un ami, l’âme trouve des douceurs.

10 Amícum tuum et amícum patris tui ne dimíseris,

10. Ton ami et l’ami de ton père, ne les abandonne pas ;

et domum fratris tui ne ingrediáris in die afflictiónis tuæ.

et dans la maison de ton frère n’entre pas au jour de ton affliction.

Mélior est vicínus juxta

Vaut mieux un voisin qui est près,

quam frater procul.

qu’un frère qui est loin.

11 Stude sapiéntiæ, fili mi, et lætífica cor meum,

11. Applique-toi à la sagesse, mon fils, et réjouis mon cœur,

ut possis exprobránti respondére sermónem.

afin de pouvoir répondre à celui qui te fera des reproches.

12 Astútus videns malum, abscónditus est :

12. L’homme habile, voyant le mal, s’est caché ;

párvuli transeúntes sustinuérunt dispéndia.

les simples en passant ont souffert des dommages.

13 Tolle vestiméntum ejus qui spopóndit pro extráneo,

13. Ôte le vêtement de celui qui a répondu pour un étranger :

et pro aliénis aufer ei pignus.

et parce qu’il a répondu pour des étrangers, prends-lui un gage.

14 Qui benedícit próximo suo voce grandi,

14. Celui qui bénit son prochain d’une voix élevée,

de nocte consúrgens maledicénti símilis erit.

se levant dès la nuit pour cela, sera semblable à celui qui le maudit.

15 Tecta perstillántia in die frígoris

15. Des toits dégouttant en un jour de froid

et litigiósa múlier comparántur.

et une femme querelleuse sont semblables ;

16 Qui rétinet eam quasi qui ventum téneat,

16. Celui qui veut la retenir est comme celui qui veut arrêter le vent,

et óleum déxteræ suæ vocábit.

et appeler l’huile qui s’écoule de sa droite.

17 Ferrum ferro exacúitur,

17. Le fer est aiguisé par le fer ;

et homo exácuit fáciem amíci sui.

et l’homme aiguise la face de son ami.

18 Qui servat ficum cómedet fructus ejus,

18. Celui qui conserve un figuier en mangera les fruits ;

et qui custos est dómini sui glorificábitur.

et celui qui est gardien de son maitre sera élevé en gloire.

19 Quómodo in aquis respléndent vultus prospiciéntium,

19. De même que dans les eaux reluisent les visages de ceux qui s’y regardent ;

sic corda hóminum manifésta sunt prudéntibus.

de même, les cœurs des hommes sont manifestes aux prudents.

20 Inférnus et perdítio numquam impléntur :

20. L’enfer et la perdition ne sont jamais rassasiés :

simíliter et óculi hóminum insatiábiles.

semblablement aussi les yeux de l’homme sont insatiables.

21 Quómodo probátur in conflatório argéntum et in fornáce aurum,

21. De même que l’argent est éprouvé dans un creuset, et l’or dans une fournaise ;

sic probátur homo ore laudántis.

de même est éprouvé l’homme par la bouche de celui qui le loue.

Cor iníqui inquírit mala,

Le cœur de l’homme inique recherche les choses mauvaises ;

cor autem rectum inquírit sciéntiam.

mais le cœur droit recherche la science.

22 Si contúderis stultum in pila

22. Si tu broies l’insensé dans un mortier

quasi ptisánas feriénte désuper pilo,

comme des orges, en frappant dessus avec un pilon,

non auferétur ab eo stultítia ejus.

sa folie ne lui sera pas enlevée.

23 Diligénter agnósce vultum pécoris tui,

23. Connais soigneusement ton bétail,

tuósque greges consídera :

et considère tes troupeaux ;

24 non enim habébis júgiter potestátem,

24. Car tu n’auras pas toujours la puissance ;

sed coróna tribuétur in generatiónem et generatiónem.

mais une couronne te sera donnée pour toutes les générations.

25 Apérta sunt prata, et apparuérunt herbæ viréntes,

25. Les prés sont ouverts, et les herbes vertes ont paru,

et collécta sunt fœna de móntibus.

et les foins des montagnes ont été recueillis.

26 Agni ad vestiméntum tuum,

26. Les agneaux sont pour ton vêtement,

et hædi ad agri prétium.

et les chevreaux pour le prix du champ.

27 Suffíciat tibi lac caprárum in cibos tuos,

27. Que le lait des chèvres te suffise pour ta nourriture

et in necessária domus tuæ, et ad victum ancíllis tuis.

et pour le nécessaire de ta maison ; qu’il suffise aussi pour leur vivre, à tes servantes.

~

CHAP. XXVII. 3. Eccli. XXII, 18. — 6. Zach. XIII, 6. — 7. Job. VI, 7. — 13. Supra. XX, 16. — 15. Supra. XIX, 13. — 20. Eccli. XIV, 9. — 21. Supra. XVII, 3. — 26. I Tim. VI, 8.

 

5. Mieux vaut, etc. Une correction que l’on reçoit est utile ; on peut en tirer quelque avantage, tandis qu’une amitié cachée et secrète ne sert de rien à celui qui en est l’objet.

8. En quittant son lieu, c’est-à-dire sa patrie, sa demeure, un homme est comme un oiseau qui abandonne son nid, exposé à mille dangers et à mille traverses. Les anciens Hébreux étaient très attachés à leur patrie, et n’aimaient pas à voyager ; ils y étaient retenus, d’abord par le motif de leur religion, dont l’exercice parfait était concentré dans la Palestine ; en second lieu, par le danger de l’idolâtrie, qui était répandue dans l’univers entier ; et enfin par la nature même de leur sol, qui était un des meilleurs du monde.

10. Dans la maison, etc. Tu trouveras plus de consolation auprès d’un ami sincère qu’auprès de ton propre frère. Compar. Prov. XVIII, 24. — Vaux mieux… moins. Ce passage, qui manque dans l’hébreu, se trouve dans les Septante.

12. L’homme habile, etc. Voy. Prov. XXII, 3. ???

13. Prends-lui (aufer ei). Au lieu de ei, la Vulgate porte ab eo, un peu plus haut (XX, 16), où se lit la même sentence.

14. Celui qui, etc. C’est la peinture fidèle d’un faux ami. qui comble à contretemps de louanges outrées et excessives.

15. Des toits, etc. Voy. l’explication de ce verset, XIX, 13.

16. Qui veut la retenir ; littér. qui la retient (qui rétinet eam). Le verbe rétinet et les suivants, téneat, vocabit, sont ce qu’on appelle en termes de grammaire hébraïque des verbes de désir et d’effort ; c’est-à-dire des verbes qui, au lieu d’exprimer une action, n’expriment que le simple désir de la faire, ou que les efforts que l’on fait pour la réaliser. On trouve de ces verbes, non seulement dans l’Ancien Testament, mais encore dans le Nouveau.

17. Face. Ce mot signifiant en hébreu colère et personne, les uns traduisent : L’homme excite la colère de son ami ; et les autres : L’homme instruit la personne de son ami ; cette seconde traduction, nous semble plus simple et plus naturelle. Quant au mot hébreu rêhé, rendu dans la Vulgate par ami, il se prend souvent pour compagnon, semblable.

20. L’enfer et la perdition. Voy., pour ces deux mots, XV, 11.

21. Les louanges sont la pierre de touche des sentiments. Si l’homme qui les reçoit en conçoit de la vanité, de l’orgueil, de la présomption, elles prouvent que c’est un insensé ; si, au contraire, il les souffre avec peine et n’en devient pas plus fier, elles montrent sa sagesse. — Le cœur… science. Ce passage se lit dans les Septante, mais non dans l’hébreu.

23. Connais, etc. Une des qualités du bon pasteur, c’est de bien connaitre ses brebis. Compar. Joan. X, 14. — Bétail ; dans la Vulgate, pecus, mot dont le correspondant hébreu tsôn signifie le plus ordinairement le menu bétail, c’est-à-dire les brebis et les chèvres.

27. À tes servantes (ancillis tuis), est au datif comme second complément du verbe suffise (sufficiat) exprimé au commencement du verset. — * Le lait de chèvre est à peu près le seul et en tout cas le meilleur qu’on ait en Palestine en été.

²

 

Pr 28

*pr28

CHAPITRE XXVIII

Timidité de l’impie. Confiance du juste. Simplicité du pauvre. De la crainte du Seigneur. De l’oisiveté. De celui qui juge injustement. De celui qui s’enfle d’orgueil. Du règne des impies.

1 Fugit ímpius némine persequénte ;

1. L’impie fuit, personne ne le poursuivant ;

justus autem, quasi leo confídens, absque terróre erit.

mais le juste comme un lion plein de confiance, sera sans crainte.

2 Propter peccáta terræ multi príncipes ejus ;

2. À cause des péchés d’un pays, ses princes sont en grand nombre ;

et propter hóminis sapiéntiam, et horum sciéntiam quæ dicúntur,

mais à cause de la sagesse d’un homme et de sa connaissance des choses qui se disent,

vita ducis lóngior erit.

la vie du chef sera plus longue.

3 Vir pauper calúmnians páuperes

3. Un homme pauvre qui opprime les pauvres

símilis est imbri veheménti in quo parátur fames.

est semblable à une pluie violente qui prépare la famine.

4 Qui derelínquunt legem laudant ímpium ;

4. Ceux qui abandonnent la loi louent l’impie ;

qui custódiunt, succendúntur contra eum.

ceux qui la gardent s’enflamment contre lui.

5 Viri mali non cógitant judícium ;

5. Les hommes méchants ne pensent pas à ce qui est juste ;

qui autem inquírunt Dóminum animadvértunt ómnia.

mais ceux qui recherchent le Seigneur remarquent tout.

6 Mélior est pauper ámbulans in simplicitáte sua

6. Vaut mieux un pauvre qui marche dans sa simplicité

quam dives in pravis itinéribus.

qu’un riche qui va dans des chemins tortus.

7 Qui custódit legem fílius sápiens est ;

7. Celui qui garde la loi est un fils sage ;

qui autem comessatóres pascit confúndit patrem suum.

mais celui qui nourrit des hommes de bonne chère couvre son père de confusion.

8 Qui coacérvat divítias usúris et fœ́nore,

8. Celui qui accumule des richesses par des usures et des intérêts

liberáli in páuperes cóngregat eas.

les amasse pour un homme libéral envers les pauvres.

9 Qui declínat aures suas ne áudiat legem,

9. Celui qui détourne ses oreilles pour ne pas écouter la loi,

orátio ejus erit execrábilis.

sa prière sera exécrable.

10 Qui décipit justos in via mala, in intéritu suo córruet,

10. Celui qui trompe les justes dans une voie mauvaise succombera à sa propre destruction ;

et símplices possidébunt bona ejus.

et les simples possèderont ses biens.

11 Sápiens sibi vidétur vir dives ;

11. Le riche se croit sage ;

pauper autem prudens scrutábitur eum.

mais le pauvre prudent le pénètrera.

12 In exsultatióne justórum multa glória est ;

12. Dans l’exultation des justes est une grande gloire ;

regnántibus ímpiis, ruínæ hóminum.

mais, les impies régnant, c’est la ruine des hommes.

13 Qui abscóndit scélera sua non dirigétur ;

13. Celui qui cache ses crimes ne sera pas dirigé ;

qui autem conféssus fúerit et relíquerit ea, misericórdiam consequétur.

mais celui qui les confesse et les abandonne obtiendra miséricorde.

14 Beátus homo qui semper est pavídus ;

14. Bienheureux l’homme qui est toujours craintif ;

qui vero mentis est duræ córruet in malum.

mais celui qui est d’un cœur dur tombera dans le mal.

15 Leo rúgiens et ursus esúriens,

15. Un lion rugissant, un ours affamé,

princeps ímpius super pópulum páuperem.

tel est un prince impie sur un peuple pauvre.

16 Dux índigens prudéntia multos ópprimet per calúmniam ;

16. Un chef manquant de prudence opprimera un grand nombre de personnes par violence ;

qui autem odit avarítiam, longi fient dies ejus.

mais celui qui hait l’avarice prolongera ses jours.

17 Hóminem qui calumniátur ánimæ sánguinem,

17. L’homme qui fait violence au sang d’une âme,

si usque ad lacum fúgerit, nemo sústinet.

s’il s’enfuit dans une fosse, personne ne le retient.

18 Qui ámbulat simplíciter salvus erit ;

18. Celui qui marche simplement sera sauvé ;

qui pervérsis gráditur viis cóncidet semel.

celui qui s’avance dans des voies perverses tombera tout d’un coup.

19 Qui operátur terram suam satiábitur pánibus ;

19. Celui qui travaille sa terre sera rassasié de pain :

qui autem sectátur ótium replébitur egestáte.

mais celui qui aspire à l’oisiveté se trouvera dans une détresse complète.

20 Vir fidélis multum laudábitur ;

20. Un homme fidèle sera beaucoup loué ;

qui autem festínat ditári non erit ínnocens.

mais celui qui se hâte de s’enrichir ne sera pas innocent.

21 Qui cognóscit in judício fáciem non bene facit ;

21. Celui qui dans le jugement à égard à la personne ne fait pas bien :

iste et pro buccélla panis déserit veritátem.

celui-là, même pour une bouchée de pain, abandonne la vérité.

22 Vir qui festínat ditári, et áliis ínvidet,

22. Un homme qui se hâte de s’enrichir, et qui porte envie aux autres,

ignórat quod egéstas supervéniet ei.

ignore que la détresse lui surviendra.

23 Qui córripit hóminem grátiam póstea invéniet apud eum,

23. Celui qui reprend un homme trouvera grâce ensuite auprès de lui,

magis quam ille qui per linguæ blandiménta décipit.

plus que celui qui le trompe par une langue flatteuse.

24 Qui súbtrahit áliquid a patre suo et a matre,

24. Celui qui soustrait quelque chose à son père et à sa mère,

et dicit hoc non esse peccátum,

et qui dit que ce n’est pas un péché,

párticeps homicídæ est.

est participant au crime d’un homicide.

25 Qui se jactat et dilátat, júrgia cóncitat ;

25. Celui qui se vante et s’enfle d’orgueil excite des querelles ;

qui vero sperat in Dómino sanábitur.

mais celui qui espère dans le Seigneur sera guéri.

26 Qui confídit in corde suo stultus est ;

26. Celui qui se confie en son cœur est un insensé ;

qui autem gráditur sapiénter, ipse salvábitur.

mais celui qui marche sagement, celui-là sera sauvé.

27 Qui dat páuperi non indigébit ;

27. Celui qui donne au pauvre ne manquera pas ;

qui déspicit deprecántem sustinébit penúriam.

celui qui méprise un suppliant souffrira la pénurie.

28 Cum surréxerint ímpii, abscondéntur hómines ;

28. Lorsque surgiront les impies, les hommes se cacheront,

cum illi períerint, multiplicabúntur justi.

et, lorsqu’ils périront, les justes se multiplieront.

~

CHAP. XXVIII. 6. Supra. XIX, 1. — 9. Ps. CVIII, 7. — 10. Esth. VII, 10 ; Prov. XXVI, 27 ; Ps. VII, 16 ; IX, 16, 23 ; LVI, 7 ; Eccles. X, 8 ; Eccli. XXVII, 29. — 19. Supra. XII, 11 ; Eccli. XX, 30. — 20. Supra. XIII, 11 ; XX, 21.

 

2. À cause, etc. Les prétendants à la souveraine autorité étant nombreux dans un pays, chacun d’eux, pour y arriver, n’épargne ordinairement ni les concussions, ni les violences, ni même les meurtres. De plus, ils se succèdent rapidement les uns aux autres, ce qui est une source perpétuelle de troubles et de maux pour le pays, qui subit ainsi la peine dé ses péchés. Il en est autrement quand il n’y a qu’un, seul chef, homme sage, parfaitement éclairé : Dieu prolonge ses jours.

3. Qui opprime littér. calomniant. Voy. Prov. XIV, 31.

10. Dans une voie mauvaise ; c’est-à-dire en les poussant dans, etc.

16. Par violence. Voy. le verset suivant.

17. Qui fait violence ; littér. qui calomnie. Voy. Prov. XIV, 31. — Sang ; mot qui se prend souvent dans l’Écriture pour le principe vital, la vie. — Âme ; c’est-à-dire personne, individu. D’où il suit que le sens de cette première partie du verset est : celui qui porte injustement et violemment atteinte à la vie de quelqu’un.

18. Tout d’un coup ; c’est le vrai sens du semel de la Vulgate et du tcéhâth (littér. en une) du texte hébreu.

25. Guéri ; Hebr., engraissé ; c’est-à-dire comblé de biens.

²

 

Pr 29

*pr29

CHAPITRE XXIX

De celui qui méprise les réprimandes. De la ruine des méchants. De la correction des enfants. Des instructions des prophètes. De l’homme superbe. De la crainte des hommes.

1 Viro qui corripiéntem dura cervíce contémnit,

1. À l’homme qui avec un cou roide méprise celui qui le reprend,

repentínus ei supervéniet intéritus,

surviendra une mort soudaine ;

et eum sánitas non sequétur.

et la guérison ne le suivra pas.

2 In multiplicatióne justórum lætábitur vulgus ;

2. À la multiplication des justes tout le monde se réjouira ;

cum ímpii súmpserint principátum, gemet pópulus.

lorsque les impies prendront le gouvernement, le peuple gémira.

3 Vir qui amat sapiéntiam lætíficat patrem suum ;

3. L’homme qui aime la sagesse réjouit son père ;

qui autem nutrit scorta perdet substántiam.

mais celui qui nourrit des prostituées perdra son bien.

4 Rex justus érigit terram ;

4. Un roi juste élève un pays ;

vir avárus déstruet eam.

un homme avare le détruira.

5 Homo qui blandis fictísque sermónibus lóquitur amíco suo

5. L’homme qui parle à son ami en des termes flatteurs

rete expándit gréssibus ejus.

et déguisés tend un filet à ses pieds.

6 Peccántem virum iníquum invólvet láqueus,

6. L’homme inique qui pèche, un lacs l’enveloppera ;

et justus laudábit atque gaudébit.

et le juste louera le Seigneur et se réjouira.

7 Novit justus causam páuperum ;

7. Le juste connait la cause des pauvres ;

ímpius ignórat sciéntiam.

l’impie ignore la science.

8 Hómines pestiléntes díssipant civitátem ;

8. Les hommes pernicieux détruisent une cité ;

sapiéntes vero avértunt furórem.

mais les sages détournent la fureur.

9 Vir sápiens si cum stulto conténderit,

9. Un homme sage, s’il dispute avec un insensé,

sive irascátur, sive rídeat, non invéniet réquiem.

soit qu’il s’irrite, soit qu’il rie, ne trouvera pas de repos.

10 Viri sánguinum odérunt símplicem ;

10. Les hommes de sang haïssent le simple ;

justi autem quærunt ánimam ejus.

mais les justes cherchent son âme.

11 Totum spíritum suum profert stultus ;

11. L’insensé met tout de suite en avant son esprit ;

sápiens differt, et resérvat in pósterum.

mais le sage diffère et réserve pour l’avenir.

12 Princeps qui libénter audit verba mendácii,

12. Le prince qui écoute volontiers des paroles de mensonge

omnes minístros habet ímpios.

a tous ses ministres impies.

13 Pauper et créditor obviavérunt sibi :

13. Le pauvre et le créancier se sont rencontrés ;

utriúsque illuminátor est Dóminus.

celui qui éclaire l’un et l’autre, c’est le Seigneur.

14 Rex qui júdicat in veritáte páuperes,

14. Le roi qui juge selon la vérité les pauvres,

thronus ejus in ætérnum firmábitur.

son trône sera à jamais affermi.

15 Virga atque corréptio tríbuit sapiéntiam ;

15. La verge et la correction donnent la sagesse ;

puer autem qui dimíttitur voluntáti suæ confúndit matrem suam.

mais l’enfant, abandonné à sa volonté, couvre de confusion sa mère.

16 In multiplicatióne impiórum multiplicabúntur scélera,

16. Par la multiplication des impies se multiplieront les crimes ;

et justi ruínas eórum vidébunt.

et les justes verront leur ruine.

17 Erudi fílium tuum, et refrigerábit te,

17. Forme ton fils, et il te consolera,

et dabit delícias ánimæ tuæ.

et il fera les délices de ton âme.

18 Cum prophetía defécerit, dissipábitur pópulus ;

18. Lorsque la prophétie cessera, le peuple sera dissipé ;

qui vero custódit legem beátus est.

mais celui qui garde la loi est bienheureux.

19 Servus verbis non potest erudíri,

19. L’esclave, par des paroles, ne peut être formé ;

quia quod dicis intélligit, et respondére contémnit.

parce qu’il comprend ce que tu dis, et il dédaigne de répondre.

20 Vidísti hóminem velócem ad loquéndum ?

20. As-tu vu un homme prompt à parler ?

stultítia magis speránda est quam illíus corréptio.

Il faut en attendre de la folie plutôt que son amendement.

21 Qui delicáte a puerítia nutrit servum suum

21. Celui qui, dès l’enfance, nourrit délicatement son esclave

póstea séntiet eum contumácem.

le trouvera dans la suite rebelle.

22 Vir iracúndus próvocat rixas,

22. L’homme colère provoque des rixes ;

et qui ad indignándum fácilis est erit ad peccándum proclívior.

et celui qui est facile à s’indigner sera plus enclin à pécher.

23 Supérbum séquitur humílitas,

23. L’humiliation suit le superbe ;

et húmilem spíritu suscípiet glória.

et la gloire accueillera l’humble d’esprit.

24 Qui cum fure partícipat odit ánimam suam ;

24. Celui qui avec un voleur s’associe hait sa propre âme ;

adjurántem audit, et non índicat.

il entend celui qui l’adjure, et il ne décèle pas le voleur.

25 Qui timet hóminem cito córruet ;

25. Celui qui craint l’homme tombera promptement ;

qui sperat in Dómino sublevábitur.

celui qui espère dans le Seigneur sera élevé.

26 Multi requírunt fáciem príncipis,

26. Beaucoup recherchent la face du prince ;

et judícium a Dómino egréditur singulórum.

mais c’est du Seigneur que procède le jugement de chacun.

27 Abominántur justi virum ímpium,

27. Les justes abominent l’homme impie ;

et abominántur ímpii eos qui in recta sunt via.

et les impies abominent ceux qui sont dans la droite voie.

Verbum custódiens fílius

Le fils qui garde la parole

extra perditiónem erit.

sera hors de perdition.

~

CHAP. XXIX. 3. Luc. XV, 13. — 13. Supra. XXII, 2. — 23. Job. XXII, 29.

 

1. Cou roide ; inflexible, qui ne peut supporter le joug, indomptable. Ainsi, mépriser avec un cou roide, veut dire mépriser en se révoltant.

10. Hommes de sang ; littér. de sangs (sanguinum). Voy. Ps. V, 7. — Cherchant son âme. L’expression chercher l’âme de quelqu’un signifie, le plus ordinairement, en vouloir à la vie de quelqu’un, chercher à tuer quelqu’un ; mais ici, comme dans le Ps. CXLI, 4, elle veut dire, au contraire, chercher à conserver la vie.

23. L’humiliation, etc. ; sentence souvent répétée, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament.

24. Hait son âme ; c’est-à-dire sa vie, puisqu’il s’expose à la perdre. Suivant la loi mosaïque, le complice d’un voleur était conduit devant le juge, qui l’adjurait par le Dieu vivant de déclarer l’auteur du vol ; s’il ne le faisait pas, il méritait, par cela même, la peine de mort. Compar. Lev. V, 1.

27. Le fils… perdition. Ce passage, qui manque ici dans le grec et dans l’hébreu, se trouve après le verset 22 du chapitre XXIV, où il est conçu en ces termes : Fils conservant parole ou discours (logon), hors de perdition sera. Or, par le mot parole, les uns entendent les promesses du fils, et les autres, la loi, les ordonnances du Seigneur.

²

 

Pr 30

*pr30

CHAPITRE XXX

La sagesse est un don de Dieu. Danger des richesses et de la pauvreté. Races exécrables. Filles de la sangsue. Choses insatiables. Choses inconnues. Choses insupportables. Choses très sages. Choses qui marchent bien.

1 Verba Congregántis, fílii Voméntis. Vísio quam locútus est vir cum quo est Deus, et qui Deo secum moránte confortátus, ait :

1. Paroles de celui qui assemble, du fils de celui qui répand les vérités. Vision qu’a racontée l’homme avec qui est Dieu, et qui, fortifié par Dieu demeurant avec lui, a dit :

2 Stultíssimus sum virórum,

2. Je suis le plus insensé des hommes,

et sapiéntia hóminum non est mecum.

et la sagesse des hommes n’est pas avec moi.

3 Non dídici sapiéntiam,

3. Je n’ai pas appris la sagesse ;

et non novi sciéntiam sanctórum.

et je ne connais pas la science des saints.

4 Quis ascéndit in cælum, atque descéndit ?

4. Qui est monté au ciel et en est descendu ?

quis contínuit spíritum in mánibus suis ?

qui a retenu le vent dans ses mains ?

quis colligávit aquas quasi in vestiménto ?

qui a lié les eaux comme dans un vêtement ?

quis suscitávit omnes términos terræ ?

qui a établi toutes les bornes de la terre ?

quod nomen est ejus, et quod nomen fílii ejus, si nosti ?

quel est son nom et quel est le nom de son fils, si tu le sais ?

5 Omnis sermo Dei ignítus :

5. Toute parole de Dieu est de feu ;

clýpeus est sperántibus in se.

il est un bouclier pour tous ceux qui espèrent en lui ;

6 Ne addas quidquam verbis illíus,

6. N’ajoute rien à ses paroles,

et arguáris, inveniarísque mendax.

pour que tu ne sois pas repris et trouvé menteur.

7 Duo rogávi te :

7. Je vous ai demandé deux choses,

ne déneges mihi ántequam móriar :

ne me les refusez pas avant que je meure.

8 vanitátem et verba mendácia longe fac a me ;

8. Éloignez de moi la vanité et les paroles mensongères.

mendicitátem et divítias ne déderis mihi :

Ne me donnez ni la mendicité ni les richesses ;

tríbue tantum víctui meo necessária,

accordez-moi seulement les choses nécessaires à ma vie ;

9 ne forte satiátus illíciar ad negándum,

9. De peur que, rassasié, je ne sois tenté de vous renier,

et dicam : Quis est Dóminus ?

et que je ne dise : Qui est le Seigneur ?

aut egestáte compúlsus, furer,

ou que, poussé par la détresse, je ne dérobe

et perjúrem nomen Dei mei.

et ne parjure le nom de mon Dieu.

10 Ne accúses servum ad dóminum suum,

10. N’accuse pas l’esclave auprès de son maitre,

ne forte maledícat tibi, et córruas.

de peur qu’il ne te maudisse, et que tu ne succombes.

11 Generátio quæ patri suo maledícit,

11. Il est une race qui maudit son père,

et quæ matri suæ non benedícit ;

et qui ne bénit pas sa mère.

12 generátio quæ sibi munda vidétur,

12. Il est une race qui se croit pure,

et tamen non est lota a sórdibus suis ;

et qui cependant n’a pas été lavée de ses souillures.

13 generátio cujus excélsi sunt óculi,

13. Il est une race dont les yeux sont altiers,

et pálpebræ ejus in alta surréctæ ;

et les paupières relevées.

14 generátio quæ pro déntibus gládios habet,

14. Il est une race qui au lieu de dents a des glaives,

et commándit moláribus suis,

et qui mâche avec ses molaires,

ut cómedat ínopes de terra,

afin de dévorer ceux qui sont sans ressources sur la terre,

et páuperes ex homínibus.

et les pauvres d’entre les hommes.

15 Sanguisúgæ duæ sunt fíliæ,

15. À la sangsue sont deux filles

dicéntes : Affer, affer.

qui disent : Apporte, apporte.

Tria sunt insaturabília,

Il y a trois choses insatiables,

et quartum quod numquam dicit : Súfficit.

et une quatrième qui jamais ne dit : C’est assez.

16 Inférnus, et os vulvæ,

16. L’enfer, la bouche de la vulve,

et terra quæ non satiátur aqua :

la terre qui ne se rassasie pas d’eau,

ignis vero numquam dicit : Súfficit.

et le feu qui jamais ne dit : C’est assez.

17 Oculum qui subsánnat patrem,

17. L’œil qui insulte son père,

et qui déspicit partum matris suæ,

et qui méprise l’enfantement de sa mère,

effódiant eum corvi de torréntibus,

que les corbeaux des torrents le percent,

et cómedant eum fílii áquilæ !

et que les fils de l’aigle le dévorent.

18 Tria sunt difficília mihi,

18. Trois choses sont difficiles pour moi,

et quartum pénitus ignóro :

et la quatrième, je l’ignore entièrement :

19 viam áquilæ in cælo,

19. La voie de l’aigle dans le ciel,

viam cólubri super petram,

la voie du serpent sur un rocher,

viam navis in médio mari,

la voie du vaisseau au milieu de la mer,

et viam viri in adolescéntia.

et la voie de l’homme dans son adolescence.

20 Talis est et via mulíeris adúlteræ,

20. Et telle est aussi la voie de la femme adultère,

quæ cómedit, et tergens os suum

qui mange, essuie sa bouche,

dicit : Non sum operáta malum.

et dit : Je n’ai pas fait le mal.

21 Per tria movétur terra,

21. Par trois choses est troublée la terre,

et quartum non potest sustinére :

et la quatrième elle ne peut la supporter :

22 per servum, cum regnáverit ;

22. Par un esclave, lorsqu’il règne ;

per stultum, cum saturátus fúerit cibo ;

par un insensé, lorsqu’il est rassasié de nourriture ;

23 per odiósam mulíerem, cum in matrimónio fúerit assúmpta ;

23. Par une femme odieuse, lorsqu’elle a été prise en mariage ;

et per ancíllam, cum fúerit hæres dóminæ suæ.

et par une servante, lorsqu’elle est devenue héritière de sa maitresse.

24 Quátuor sunt mínima terræ,

24. Quatre choses sont les plus petites de la terre,

et ipsa sunt sapientióra sapiéntibus :

et ces mêmes choses sont plus sages que les sages :

25 formícæ, pópulus infírmus,

25. Les fourmis, peuple faible

qui prǽparat in messe cibum sibi ;

qui prépare, dans la moisson, sa nourriture ;

26 lepúsculus, plebs inválida,

26. Le levreau, peuple sans force,

qui cóllocat in petra cubíle suum ;

qui établit dans un rocher son lit ;

27 regem locústa non habet,

27. Les sauterelles qui n’ont pas de roi

et egréditur univérsa per turmas suas ;

et sortent toutes par bandes ;

28 stéllio mánibus nítitur,

28. Le lézard qui s’appuie sur ses mains,

et morátur in ǽdibus regis.

et demeure dans le palais des rois.

29 Tria sunt quæ bene gradiúntur,

29. Il y a trois choses qui marchent bien,

et quartum quod incédit felíciter :

et une quatrième qui s’avance avec succès :

30 leo, fortíssimus bestiárum,

30. Le lion, le plus fort des animaux,

ad nullíus pavébit occúrsum ;

qui n’a peur de la rencontre de personne ;

31 gallus succínctus lumbos ;

31. Le coq qui a les reins ceints ;

et áries ; nec est rex, qui resístat ei.

le bélier, et le roi à qui nul ne résiste.

32 Est qui stultus appáruit postquam elevátus est in sublíme ;

32. Tel a paru insensé après qu’il a été élevé à un rang sublime ;

si enim intellexísset, ori suo imposuísset manum.

car s’il avait eu de l’intelligence, il aurait mis la main sur sa bouche.

33 Qui autem fórtiter premit úbera ad eliciéndum lac éxprimit bútyrum ;

33. Celui qui presse fort les mamelles pour en tirer le lait en fait sortir du beurre ;

et qui veheménter emúngit élicit sánguinem ;

et celui qui se mouche trop fort tire du sang :

et qui próvocat iras prodúcit discórdias.

et celui qui provoque les colères produit des discordes.

~

CHAP. XXX. 4. Ephes. IV, 9 ; Joan. III, 13.— 8. Matth. VI, 11 ; I Tim. VI, 8. —5. Ps. XI, 7. — 6. Deut. IV, 2 ; XII, 32.

 

1-33. * Le livre des Proverbes se termine par trois appendices (XXX-XXXI), contenant les proverbes d’Agur, de Lamuel et l’éloge de la femme forte. Les paroles d’Agur sont une collection de sentences, en partie exprimées simplement, en partie enveloppées sous une forme énigmatique. D’après saint Jérôme et la plupart des commentateurs juifs et catholiques, Agur est un nom symbolique, signifiant collectionneur et pris par Salomon comme celui de Qohélet ou Ecclésiaste, Eccles. I, 1. D’après un grand nombre de critiques modernes, Agur était un sage hébreu, de Massa, qui avait pour élèves Ithiel et Ukal, à qui il s’adresse, XXX, 1-6. Le texte du vers. 1 du chapitre XXX est traduit par la Vulgate, en rendant les noms propres par des noms communs. L’hébreu porte : “Paroles d’Agur (celui qui assemble), fils de Yaqê (de celui qui répand les vérités) ; poème que cet homme (Agur) adressa à Ithiel et à Ukal.” Ce passage est, du reste, obscur et diversement interprété. Plusieurs prennent pour un nom de lieu le mot massâh, que saint Jérôme traduit par vision. Dans le reste du chapitre, 7-33, Agur parle à tout le monde en général.

1. De Celui qui assemble (Congregantis), du fils de Celui qui répand les vérités (Voméntis). La plupart des Pères et des commentateurs catholiques pensent que les mots hébreux Agour et Iâké ou Yâqé, parfaitement rendus dans la Vulgate par Congregans et Vomens, conviennent très bien : le premier, à Salomon, qui dans le titre de l’Ecclésiaste s’appelle lui-même Qôheleth ou Ecclésiaste, c’est-à-dire le maitre de l’assemblée ou celui qui y préside et qui harangue ; et le second, à David, qui a été rempli de l’Esprit de Dieu et a répandu de sa bouche un grand nombre de vérités dans ses saints cantiques.

2. Je suis, etc. ; par moi-même, abandonné à mes seules lumières, indépendamment de Dieu.

11-14. * Les quatre races perverses.

15-16. * Les quatre choses insatiables.

18-20. * Les quatre choses inscrutables, qui ne laissent point de trace de leur passage.

19. La voie de l’homme, etc. ; c’est-à-dire la voie par laquelle il est arrivé à l’âge viril : comment de faible, de muet, de stupide, d’ignorant, de simple, il est devenu fort, parlant, prudent, habile, entreprenant, attaché à ses plaisirs et à ses intérêts.

21-23. * Les quatre choses insupportables.

24-28. * Les quatre choses petites et cependant sages.

25. Les fourmis, etc. Voy. Prov. VI, 6.

26. * Le levraut, en hébreu, schaphan. On admet généralement aujourd’hui que l’animal ici désigné est le daman de Syrie. Il ressemble au lapin, avec lequel les anciennes versions l’ont communément confondu. Les damans vivent en troupes, dans les trous des rochers, en Palestine. Ils sont timides, la faiblesse de leurs pattes en fait un peuple sans force, mais ils sont sages, s’éloignant peu de leurs rochers, ne marchant qu’avec précaution et s’enfuyant dès qu’ils aperçoivent un des oiseaux de proie qui leur font la chasse.

27. * Les sauterelles… sortent par bandes souvent innombrables, et l’on sait qu’elles dévorent quelquefois complètement les récoltes.

28. * Le lézard abonde en Palestine. « Dans les gorges qui descendent vers la mer Morte, des voyageurs ont trouvé des lézards [très grands], notamment une espèce propre à l’Égypte. Une autre espèce appelée dhab, a été trouvée dans la vallée du Jourdain, près de la montagne de la Quarantaine ; les Arabes la mangent et se servent de sa peau pour en faire des fourreaux de sabre, des sacs à tabac et aussi des sacs pour y conserver le beurre. » (Mgr Mislin.) La loi mosaïque range le lézard parmi les animaux impurs, Lev. XI, 20. Il habite dans les murs des maisons comme dans les rochers, et “peut être pris avec la main”, comme le dit le texte hébreu.

29-31. * Les quatre créatures fières.

31. Qui a les reins ceints. Comme nous l’avons déjà remarqué (Job. XXXVIII, 3), chez les anciens Hébreux, ceindre ses reins se disait d’un homme qui entreprenait un voyage ou qui allait au combat. Or on sait que le coq est un animal toujours prêt à se battre. — Et le roi, etc. Nous avons suivi dans cette phrase l’édition latine de Sixte V, qui porte : Et rex, nec est qui resistat ei ; littér. et le roi, et il n’est pas qui lui résiste ; leçon qui est plus conforme à l’hébreu et au contexte que celle de notre Vulgate commune : Et il n’est roi qui lui résiste (nec est rex qui resistat ei) : ce qui signifierait qu’il n’y a pas de roi qui résiste au bélier. Ajoutons que le mot rien, qu’on lit dans plusieurs traductions françaises, forme un vrai contre-sens.

33. Du beurre (butyrum) ; c’est le mot de la Vulgate ; mais nous devons faire observer qu’il s’agit tout au plus de crème faite avec du lait de vache ; car le beurre proprement dit n’était employé chez les anciens Hébreux, de même encore aujourd’hui chez les Orientaux, que comme médicament. Ajoutons que le terme hébreu traduit par beurre signifie généralement du lait de vache, c’est-à-dire du lait moins gras que celui de brebis et de chèvre, et qu’ici il désigne du lait clairet, petit lait ; en sorte que le sens de ce verset, selon le texte original, est : La pression du lait épais fait sortir un lait clair ; c’est-à-dire en pressant un lait gras, épais, on n’en fait couler que du lait clairet, du petit lait. On peut voir les preuves de cette interprétation dans notre Pentateuque avec une traduction française, etc., t. I. Genèse. p. 94 et 323.

²

 

Pr 31

*pr31

CHAPITRE XXXI

Instructions que Salomon a reçues de sa mère. Fuir la débauche et les femmes. Ne pas boire de vin avec excès. Portrait de la femme forte : son économie, sa sagesse, sa vigilance, son assiduité au travail. Fragilité de la beauté du corps.

1 Verba Lamuélis regis. Vísio qua erudívit eum mater sua.

1. Paroles de Lamuel roi. Vision par laquelle l’a instruit sa mère.

2 Quid, dilécte mi ? quid, dilécte úteri mei ?

2. Que te dirai-je, mon bien aimé, que te dirai-je, bien aimé de mon sein,

quid, dilécte votórum meórum ?

que te dirai-je, bien-aimé de mes vœux ?

3 Ne déderis muliéribus substántiam tuam,

3. Ne donne pas aux femmes ton bien,

et divítias tuas ad deléndos reges.

et tes richesses pour perdre des rois.

4 Noli régibus, o Lámuël, noli régibus dare vinum,

4. Non aux rois, ô Lamuel, non aux rois, ne donne pas de vin,

quia nullum secrétum est ubi regnat ebríetas ;

parce qu’il n’est nul secret où règne l’ivresse :

5 et ne forte bibant, et obliviscántur judiciórum,

5. Et de peur qu’ils ne boivent et qu’ils n’oublient les jugements,

et mutent causam filiórum páuperis.

et qu’ils ne changent la cause des fils du pauvre,

6 Date síceram mœréntibus,

6. Donnez de la cervoise à ceux qui sont affligés,

et vinum his qui amáro sunt ánimo.

et du vin à ceux qui ont le cœur dans l’amertume ;

7 Bibant, et obliviscántur egestátis suæ,

7. Qu’ils boivent et qu’ils oublient leur détresse,

et dolóris sui non recordéntur ámplius.

et que de leur douleur ils ne se souviennent plus.

8 Aperi os tuum muto,

8. Ouvre ta bouche pour le muet,

et causis ómnium filiórum qui pertránseunt.

et pour les causes de tous les fils qui passent ;

9 Aperi os tuum, decérne quod justum est,

9. Ouvre ta bouche, décrète ce qui est juste,

et júdica ínopem et páuperem.

et juge l’homme qui est sans ressources, et le pauvre.

10 Mulíerem fortem quis invéniet ?

10. Une femme forte, qui la trouvera ?

procul et de últimis fínibus prétium ejus.

au-dessus de ce qui vient de loin et des derniers confins du monde est son prix.

11 Confídit in ea cor viri sui,

11. Le cœur de son mari se confie en elle ;

et spóliis non indigébit.

et il ne manquera pas de dépouilles.

12 Reddet ei bonum, et non malum,

12. Elle lui rendra le bien et non le mal,

ómnibus diébus vitæ suæ.

tous les jours de sa vie.

13 Quæsívit lanam et linum,

13. Elle a cherché la laine et le lin,

et operáta est consília mánuum suárum.

et elle a travaillé par le conseil de ses mains.

14 Facta est quasi navis institóris,

14. Elle est devenue comme le vaisseau d’un marchand,

de longe portans panem suum.

portant de loin son pain.

15 Et de nocte surréxit,

15. Et de nuit elle s’est levée,

dedítque prædam domésticis suis,

et elle a donné de la nourriture aux personnes de sa maison,

et cibária ancíllis suis.

et des vivres à ses servantes.

16 Considerávit agrum, et emit eum ;

16. Elle a considéré un champ et l’a acheté :

de fructu mánuum suárum plantávit víneam.

du fruit de ses mains, elle a planté une vigne.

17 Accínxit fortitúdine lumbos suos,

17. Elle a ceint de force ses reins,

et roborávit bráchium suum.

et elle a affermi son bras.

18 Gustávit, et vidit quia bona est negotiátio ejus ;

18. Elle a gouté et elle a vu que son commerce est bon :

non extinguétur in nocte lucérna ejus.

pendant la nuit, sa lampe ne s’éteindra pas.

19 Manum suam misit ad fórtia,

19. Elle a mis sa main à des choses fortes ;

et dígiti ejus apprehendérunt fusum.

et ses doigts ont pris le fuseau.

20 Manum suam apéruit ínopi,

20. Elle a ouvert sa main à l’homme sans ressources,

et palmas suas exténdit ad páuperem.

et ses paumes, elles les a étendues vers le pauvre.

21 Non timébit dómui suæ a frigóribus nivis ;

21. Elle ne craindra pas pour sa maison le froid de la neige,

omnes enim doméstici ejus vestíti sunt duplícibus.

car toutes les personnes de sa maison ont un double vêtement.

22 Stragulátam vestem fecit sibi ;

22. Elle s’est fait une couverture :

byssus et púrpura induméntum ejus.

le fin lin et la pourpre forment son vêtement.

23 Nóbilis in portis vir ejus,

23. Illustre sera son mari aux portes de la ville,

quando séderit cum senatóribus terræ.

quand il siègera avec les sénateurs de la terre.

24 Sindónem fecit, et véndidit,

24. Elle a fait un fin tissu, et elle l’a vendu ;

et cíngulum trádidit Chananǽo.

et elle a livré une ceinture au Chananéen.

25 Fortitúdo et decor induméntum ejus,

25. La force et la beauté sont son vêtement,

et ridébit in die novíssimo.

et elle rira au jour dernier.

26 Os suum apéruit sapiéntiæ,

26. Elle a ouvert sa bouche à la sagesse,

et lex cleméntiæ in lingua ejus.

et la loi de la clémence est sur sa langue.

27 Considerávit sémitas domus suæ,

27. Elle a considéré les sentiers de sa maison,

et panem otiósa non comédit.

et elle n’a pas mangé de pain dans l’oisiveté.

28 Surrexérunt fílii ejus, et beatíssimam prædicavérunt ;

28. Ses fils se sont levés et l’ont proclamée très heureuse ;

vir ejus, et laudávit eam.

son mari s’est levé, et l’a louée.

29 Multæ fíliæ congregavérunt divítias ;

29. Beaucoup de filles ont amassé des richesses :

tu supergréssa es univérsas.

mais toi, tu les as toutes surpassées.

30 Fallax grátia, et vana est pulchritúdo :

30. Trompeuse est la grâce, et vaine est la beauté :

múlier timens Dóminum, ipsa laudábitur.

la femme qui craint le Seigneur est celle qui sera louée.

31 Date ei de fructu mánuum suárum,

31. Donnez-lui le fruit de ses mains,

et laudent eam in portis ópera ejus.

et que ses œuvres la louent aux portes de la ville.

~

CHAP. XXXI.

 

1-9.* Le second appendice, XXXI, 1-9, porte pour inscription : “Paroles du roi Lamuel.” Ce court morceau est écrit en vers d’un parallélisme synonymique et très régulier.

1. Lamuel, roi. La plupart des interprètes conviennent que ce Lamuel, dont le nom en hébreu signifie qui est à Dieu, ou qui a Dieu avec lui, ou consacré à Dieu, ou enfin consacré de Dieu, n’est autre que Salomon, d’autant plus qu’il n’y a jamais eu de roi d’Israël ou de Juda qui ait porté ce nom, et que jamais on n’aurait inséré dans le canon des Écritures sacrées l’ouvrage d’un prince païen.

2. Bien-aimé de mes vœux ; c’est-à-dire que j’ai souhaité par tant de vœux les plus ardents.

5. Les jugements ; la justice, l’équité dans les jugements, ou bien les lois, les ordonnances. — Qu’ils ne changent, etc. ; qu’ils ne donnent de fausses décisions dans la cause des pauvres.

8. De tous les fils, etc. ; de tous les mortels dont la vie n’est qu’un voyage et un passage ; ou bien de tous les étrangers qui ne font que passer dans les pays et qui n’ont d’autre protection que la justice des princes et des juges.

10-31. * Le livre des Proverbes se termine par une pièce alphabétique, composée d’autant de versets ou de distiques qu’il existe de lettres dans l’alphabet hébreu, c’est-à-dire de 22, chacun d’eux commençant par une de ces lettres, placée selon l’ordre ordinaire. C’est l’éloge de la femme forte, un portrait idéal tel que le conçoit le sage, inspiré par l’Esprit-Saint. « Salomon ne prend pas la femme forte sur un trône, ni dans un somptueux palais, ni dans les conseils des rois, ni au milieu des assemblées humaines ; il va plutôt la chercher dans la condition commune et ordinaire où Dieu a voulu placer la femme, c’est-à-dire dans son rôle d’épouse, de mère, de maitresse de maison, de femme même des champs, car ce n’est que dans ce rôle simple et modeste que la femme est appelée à se montrer forte, ce qui veut dire intelligente, active, soigneuse, prévoyante, ordonnée en toutes choses, uniquement occupée de ses devoirs et accomplie dans la vertu. Le portrait que Salomon a fait de cette femme est admirable ; il montre, suivant la pensée de Herder, “l’hommage qu’on rendait chez les Juifs à une femme laborieuse, et sachant rester dans le cercle domestique et champêtre où la renfermait la constitution du pays, qui, elle aussi, était toute domestique et toute champêtre.” Les nations païennes, qui avaient assigné à l’épouse un rang subalterne et un rôle presque effacé dans la maison de l’époux, n’ont jamais eu pour elle des éloges semblables ; il appartenait à la religion de Moïse et finalement au Christianisme de relever la femme avilie. » (H. Laurens.)

10. Une femme forte. Les Pères ont considéré cette femme forte comme la figure de la sainte Vierge et de l’Église de Jésus-Christ. Ils ont expliqué en ce sens tout le reste de ce chapitre.

13. Elle a travaillé, etc. ; elle n’a pas acheté les toiles et les étoffes toutes faites, mais elle les a travaillées elle-même de ses propres mains.

14. Son pain. Nous avons déjà remarqué que le terme hébreu, rendu dans la Vulgate par pain, s’applique à toutes sortes d’aliments.

19. À des choses fortes ; à des travaux pénibles.

23. * Aux portes de la ville, là où l’on se rassemble et où se rend la justice. — Les sénateurs, en hébreu, les vieillards, les chefs du peuple.

24. Au Chananéen. Les Chananéens étaient célèbres dans l’antiquité par leur commerce. C’est pour cela que Chananéen est devenu synonyme de marchand, commerçant.

²

£

INDEX