María auxiliátrix


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SAPIÉNTIA

SAGESSE

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Sapiéntia - Summárium

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER

Aimer la justice. Chercher le Seigneur avec droiture. Le Seigneur connait tout, et rien n’échappe à sa vengeance. La mort ne vient pas de Dieu ; mais elle est la suite du péché.

CHAPITRE II

Faux raisonnement des impies qui nient l’immortalité de l’âme, et qui mettent le souverain bien dans la jouissance des plaisirs sensibles. Leur haine contre le juste. Le démon auteur de la mort.

CHAPITRE III

Bonheur des justes et malheur des méchants après la mort. Récompense de la chasteté. Suites funestes de l’adultère.

CHAPITRE IV

Avantages de la chasteté. Suites malheureuses de l’adultère. Mort des justes heureuse, quoique précipitée. Justes retirés du monde par miséricorde. Malheur des méchants à la mort.

CHAPITRE V

Triomphe des justes. Regrets inutiles des méchants. Félicité éternelle des justes. Vengeance du Seigneur contre les méchants.

CHAPITRE VI

Rois et juges de la terre exhortés à acquérir la sagesse. Supplices rigoureux préparés à ceux qui gouvernent injustement. La sagesse se présente à ceux qui l’aiment et ta cherchent. Combien il est avantageux de la posséder.

CHAPITRE VII

Tous entrent dans cette vie et en sortent de la même manière. La sagesse est préférable à tous les autres biens. Avantages qu’on en retire. Louanges de la sagesse.

CHAPITRE VIII

Excellence de la sagesse. Avantages que l’on trouve dans la possession de la sagesse. C’est de Dieu qu’on la reçoit.

CHAPITRE IX

Prière de Salomon au Seigneur pour obtenir la sagesse. La sagesse est nécessaire pour gouverner les autres et pour se conduire soi-même.

CHAPITRE X

Merveilles opérées par la sagesse depuis le commencement du monde, en la personne d’Adam, de Noé, d’Abraham, de Jacob, de Joseph, de Moïse, et en faveur des Israélites.

CHAPITRE XI

La sagesse a conduit les Israélites dans le désert. Miracle de l’eau tirée du rocher par Moïse. Sagesse de Dieu marquée dans les plaies dont il frappa l’Égypte. Bonté de Dieu pour ses créatures.

CHAPITRE XII

Dieu châtie avec patience ceux qui l’ont offensé, pour leur donner lieu de faire pénitence. Il instruit ses enfants par les châtiments qu’il exerce sur ses ennemis.

CHAPITRE XIII

Vanité des hommes qui, au lieu de reconnaitre Dieu dans ses créatures, les ont prises elles-mêmes pour des dieux. Folie et aveuglement de ceux qui ont donné le nom de dieux aux ouvrages de la main des hommes.

CHAPITRE XIV

Folie de celui qui en s’embarquant invoque une idole. Prophétie de la ruine de l’idolâtrie. Origine de l’idolâtrie. Maux dont elle est la source.

CHAPITRE XV

Le Sage, au nom des fidèles Israélites, loue le Seigneur de les avoir préservés de l’idolâtrie. Aveuglement de ceux qui fabriquent des idoles et de ceux qui les adorent. Culte impie des animaux.

CHAPITRE XVI

La manière dont Dieu traite ses amis et ses ennemis. Plaies dont il frappe les Égyptiens ; bienfaits qu’il répand sur les Hébreux.

CHAPITRE XVII

Jugements de Dieu. Ténèbres de l’Égypte et frayeur des Égyptiens, tandis que le reste du monde jouissait de la lumière et vaquait librement à ses travaux.

CHAPITRE XVIII

Les Égyptiens sont dans les ténèbres, tandis que les Israélites jouissent de la lumière. Ces derniers sont ensuite guidés par une colonne de feu. Les premiers-nés de l’Égypte sont exterminés sans réserve ; la plaie de la mort qui frappe les Hébreux dans le désert est bientôt arrêtée.

CHAPITRE XIX

Les Égyptiens engloutis dans la mer en poursuivant les Hébreux, qui y trouvent un passage libre. Parallèle des jugements de Dieu sur Sodome et sur l’Égypte. Les éléments employés à l’exécution des jugements du Seigneur.

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OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES

1. Ce livre est nommé Sagesse, parce que la sagesse, c’est-à-dire la piété, la crainte de Dieu, la justice, y sont recommandées par des leçons et par des exemples. Voyez, soit dans notre Introduction historique et critique, etc., soit dans notre Dictionnaire universel des sciences ecclésiastiques, les preuves qui militent en faveur de la divinité de ce livre, divinité que ne reconnaissent ni les Juifs ni les Protestants.

2. La traduction latine de la Sagesse n’appartient pas à saint Jérôme ; c’est l’ancienne Vulgate, dite Italique, usitée dans l’Église avant ce Père, et faite par un auteur inconnu, sur le grec dont elle s’écarte assez souvent, mais, il faut bien le reconnaitre, dans des points de peu d’importance. Nous devons ajouter qu’elle est parfois d’une certaine obscurité, qui vient de ce que son auteur ne se conforme pas toujours au latin classique, soit pour la signification des mots, soit pour la syntaxe : deux sortes d’anomalies dont nous avons dû nécessairement tenir compte dans notre traduction, rendue d’ailleurs fort difficile par les exigences si rigoureuses de la langue française.

3. Il y a surtout dans les passages où est rapportée la plaie des ténèbres dont Dieu frappa l’Égypte, plusieurs circonstances qu’on ne trouve pas dans les livres de Moïse ; mais ce serait une injustice d’accuser l’auteur de les avoir inventées ; il avait pu les apprendre par le canal sûr d’une tradition reconnue pour constante par les Juifs de son temps, sous les yeux desquels il écrivait, et qui n’auraient pas manqué de s’élever contre lui et contre son ouvrage, s’il y avait eu lieu de l’accuser de faux. Si Moïse a passé sous silence ces circonstances si dignes cependant d’être remarquées, c’est que d’ailleurs il en avait assez dit pour faire connaitre la force et la puissance de Dieu. Il écrivait dans un temps où l’on ne pouvait ignorer aucune des merveilles que Dieu avait opérées en Égypte ; il en a rapporté quelques-unes, et il a laissé les autres pour être transmises par les pères à leurs enfants de génération en génération. Par cette voie même, elles ont pu parvenir à la connaissance de l’auteur de ce livre qui s’en est servi dans le dessein de faire voir avec quelle bonté la sagesse protège les justes qui la recherchent et s’attachent à elle, et avec quelle sévérité elle punit ceux qui la méprisent, et qui s’opiniâtrent à la rejeter. D’ailleurs, pourrait-on prouver qu’il est impossible que l’Esprit-Saint ait révélé à l’auteur de ce livre certaines circonstances que la tradition n’avait point transmises ? (J.-B. Glaire.)

* 4. Le livre de la Sagesse a été écrit en grec, d’après l’opinion universelle des critiques modernes, suivant en cela S. Jérôme. C’est de tous les écrits que contient la Bible grecque celui dont le langage est le plus pur et le plus remarquable au point de vue littéraire. Comme il est l’œuvre d’un Israélite, on y rencontre quelques hébraïsmes et le parallélisme de la poésie des Livres Saints, mais on y reconnait en même temps un écrivain versé dans la langue grecque : il fait un usage fréquent des mots composés et des adjectifs, qui sont si rares dans les œuvres des autres Juifs hellénistes ; il se sert d’expressions qui n’ont point de termes correspondants en hébreu ; il emprunte certaines locutions à la philosophie platonicienne et stoïcienne. Ce sont là tout autant de traits qui montrent que le texte grec est le texte original.

Le style n’est pas toujours égal : très élevé et sublime dans quelques parties, comme dans le portrait de l’épicurien, II ; dans le tableau du jugement dernier, V, 15-24 ; dans la description de la sagesse, VII, 26-VIII, 1 ; etc. ; incisif et mordant dans la peinture des idoles, XIII, 11-19 ; il est diffus et surchargé d’épithètes, contrairement au génie des Hébreux, dans d’autres passages, VII, 22-23.

* 5. Dans les Bibles grecques, ce livre porte le titre de « Sagesse de Salomon. » Le nom de ce roi ne se lit pas dans la Vulgate, et avec raison, car ce livre est l’œuvre d’un inconnu, non du fils de David. Il a été attribué à Salomon, parce que celui qui l’a composé, usant de fiction, s’exprime comme s’il était le fils de David, VII-IX. De là l’inscription qu’on lit en tête des Septante et l’erreur d’un certain nombre de Pères qui ont pris ce langage au pied de la lettre, mais S. Jérôme et S. Augustin ont observé avec raison qu’il n’avait pas été écrit par l’auteur des Proverbes et qu’il était bien moins ancien. C’est ce que prouvent : 1° la langue originale, qui est le grec alexandrin ; 2° les connaissances de l’écrivain, qui a vécu hors de la Palestine et fait des allusions aux sectes grecques ainsi qu’aux mœurs et aux habitudes helléniques ; 3° les citations des Septante qu’on y rencontre ; 4° les allusions historiques à une époque autre que celle de Salomon, comme le portrait des épicuriens, II, 1-6, 8 ; la peinture des arts, XV, 4, etc.

Du temps de S. Jérôme, plusieurs attribuaient le livre de la Sagesse à Philon, mais c’est à tort, car la doctrine du livre inspiré est sur plusieurs points en contradiction formelle avec les opinions contenues dans les écrits certains du philosophe juif. Quelques critiques ont attribué notre livre à Zorobabel, qu’ils regardaient comme le second Salomon, et ont voulu expliquer ainsi pourquoi les Septante lui ont donné le titre de Sagesse de Salomon ; mais leur sentiment est insoutenable, parce que Zorobabel n’a pu écrire en grec. Les savants modernes reconnaissent universellement que toutes les tentatives pour découvrir l’auteur inconnu de la Sagesse ont été infructueuses.

* 6. Cependant, si l’on ignore le nom de l’auteur, on peut du moins savoir en quel lieu il a écrit. C’est en Égypte, et très probablement à Alexandrie ; de là ses allusions à la religion égyptienne, XII, 24 ; XV, 18-19, etc. ; ses connaissances en philosophie grecque, etc. ; il était très certainement Juif et écrivait pour les Juifs, car son œuvre est remplie d’allusions bibliques qui ne pouvaient être comprises que par les enfants d’Abraham : il parle de Noé, X, 4, de Lot, X, 6, etc., sans les nommer ; il loue sa nation et connait la loi mosaïque comme pouvait le faire seulement un Juif, III, 8 ; XII, 7, etc.

* 7. On ne saurait dire avec la même certitude à quelle époque a vécu l’auteur de la Sagesse. Les opinions sont très partagées à ce sujet. Ce qu’il est permis d’avancer avec le plus de vraisemblance, c’est qu’il a écrit de 150 à 130 environ av. J.-C. Il est postérieur aux Septante, puisqu’il cite leur traduction du Pentateuque et d’Isaïe ; il est probablement antérieur à Philon ; les épreuves des Juifs auxquelles il fait allusion, VI, 5 ; XII, 2 ; XV, 14, se rapportent peut-être aux maux que leur fit endurer Ptolémée VII Physcon (145-117 av. J.-C.).

* 8. On peut diviser le livre de la Sagesse de plusieurs manières. La division la plus simple est la suivante : il renferme deux parties, l’une purement théorique, I-IX, et l’autre historique, X-XIX. Dans la première, l’auteur considère la sagesse au point de vue intellectuel et moral ; dans la seconde, il l’étudié dans l’histoire. La marche générale de la pensée est facile à suivre, cependant les subdivisions ne sont pas rigoureusement tracées. C’est ce qui a porté des critiques à nier, les uns, l’unité de livre, les autres, son intégrité ; mais la liaison qui existe entre les divers chapitres, leur harmonie substantielle, l’uniformité générale du ton et de la manière de penser, l’identité du langage, malgré quelques différences de style, qu’explique le changement de sujet, tout cela prouve que la Sagesse est l’œuvre complète d’un seul auteur.

Ire partie : La sagesse au point de vue spirituel et moral, I-IX. La première partie du livre de la Sagesse nous montre en elle : 1° la source du bonheur et de l’immortalité, I-V ; 2° le guide de la vie, VI-IX.

I. La sagesse, source du bonheur et de l’immortalité, I-V. — 1° Ce qu’est la sagesse : elle consiste dans la rectitude du cœur, I, 1-5 ; et dans la rectitude du langage, 6-11. — 2° Origine de la mort, I, 12-11, 25 : elle est entrée de fait, dans le monde, par le mauvais usage que l’homme a fait de son libre arbitre, I, 12-16, l’épicurien ne cherchant qu’à jouir de la vie présente, II, 1-9, et persécutant le juste, 10-20 ; mais le premier auteur de la mort est la jalousie du démon, 21-25.-3° Les bons et les méchants dans la vie présente, III-IV. Le juste est en sécurité, malgré des apparences trompeuses, III, 1-9 ; le méchant est malheureux, 10-12 ; le contraste est complet entre l’un et l’autre ; tout tourne définitivement à bien pour le juste et à mal pour l’impie, III, 13-IV. — 4° C’est surtout après la mort que le contraste est grand entre eux, V. La conscience condamne déjà le pécheur : V, 1-15. Dieu récompense le juste, 16-17 ; il châtie le coupable, 18-24. — Dans cette section, le passage II, 12-20 est célèbre. Il peint, en traits frappants, la passion du Sauveur, le vrai juste, II, 12, le Fils de Dieu, 18, condamné à une mort honteuse, 20, par les enfants du monde ; aussi tous les Pères l’ont-ils entendu de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

II. La sagesse, guide de la vie, VI-IX. — 1° Puisque tel est le résultat de la vie du sage et de l’insensé, il faut faire de la sagesse le guide de notre vie. L’auteur s’adresse spécialement aux rois, et leur dit que la sagesse doit diriger leur conduite, VI, 1-23. — 2° La sagesse est d’ailleurs accessible à tous, VI, 24-VII, 7 ; elle est la source de tous les biens, VII, 8-VIII, 1, elle doit dominer et régler toute notre vie, VIII, 2-16. — 3° Elle est un don de Dieu, VIII, 17-21 ; de là la prière du ch. IX pour l’obtenir de lui.

IIe partie : La sagesse considérée au point de vue historique, X-XIX. Après avoir montré l’excellence et la nature de la sagesse, ainsi que l’usage que nous devons en faire comme règle de notre vie, l’auteur confirme tout ce qu’il a dit par une sorte de revue historique de l’histoire du peuple de Dieu : il nous montre les bons récompensés et les méchants punis. — 1° X-XII. La sagesse est une puissance qui sauve et qui châtie, comme nous le voyons dans l’histoire primitive, d’Adam à Moïse, X-XI, 4, et dans les châtiments qu’elle attire soit sur les Égyptiens, XI, 5-27, soit sur les Chananéens, XII, 1-18 ; par cette justice, elle nous apprend qu’il faut être juste et humain, 19-27. — 2° XIII-XIV. Comme le crime principal des Chananéens était l’idolâtrie, l’auteur en décrit l’origine et les progrès, et montre combien elle est en opposition avec la sagesse. Il parle successivement de l’adoration des forces de la nature, XIII, 1-9 ; des idoles, œuvres de la main des hommes, XIII, 10-XIV, 13, et enfin des hommes divinisés, XIV, 14-21 ; il termine ce tableau en décrivant les effets déplorables du polythéisme, XIV, 22-31. — 3° XV-XIX. Il revient alors de nouveau aux plaies de l’Égypte et s’en sert pour faire ressortir le contraste qui existe entre les adorateurs du vrai Dieu et les païens : c’est par là que cette dernière subdivision se rattache à ce qui précède. Il signale en premier lieu le contraste en général, XV, 1-17, et puis spécialement le contraste qui se manifeste, d’une manière si éclatante, entre les fidèles serviteurs de la sagesse et les Égyptiens adonnés à l’idolâtrie, lorsque Dieu afflige ces derniers par toute sorte de plaies, tandis que les premiers en sont affranchis. Le Seigneur emploie contre les adorateurs des animaux et de la nature l’action des bêtes, XV, 18-XVI, 13, et celle des forces de la nature, l’eau et le feu avec les ténèbres, XVI, 14-XVIII, 4 ; enfin la mort, XVIII, 5-XIX, 5. Dans sa conclusion, l’auteur montre les Hébreux fidèles sauvés, et ceux d’entre eux qui désobéissent à Dieu punis, XIX, 6-20.

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LA SAGESSE

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CHAPITRE PREMIER

Aimer la justice. Chercher le Seigneur avec droiture. Le Seigneur connait tout, et rien n’échappe à sa vengeance. La mort ne vient pas de Dieu ; mais elle est la suite du péché.

1 Dilígite justítiam, qui judicátis terram.

1. Aimez la justice, vous qui jugez la terre.

Sentíte de Dómino in bonitáte,

Ayez du Seigneur de bons sentiments,

et in simplicitáte cordis quǽrite illum :

et cherchez-le dans la simplicité de cœur ;

2 quóniam invenítur ab his qui non tentant illum,

2. Parce que ceux-là le trouvent, qui ne le tentent pas ;

appáret autem eis qui fidem habent in illum.

et il apparait à ceux qui ont foi en lui ;

3 Pervérsæ enim cogitatiónes séparant a Deo ;

3. Car les pensées perverses séparent de Dieu ;

probáta autem virtus córripit insipiéntes.

mais sa puissance éprouvée corrige les insensés ;

4 Quóniam in malévolam ánimam non introíbit sapiéntia,

4. Parce que dans une âme malveillante n’entrera pas la sagesse,

nec habitábit in córpore súbdito peccátis.

et qu’elle n’habitera pas dans un corps assujetti aux péchés.

5 Spíritus enim sanctus disciplínæ effúgiet fictum,

5. Car l’esprit saint qui inspire la science fuira le déguisement,

et áuferet se a cogitatiónibus quæ sunt sine intelléctu,

et il se retirera des pensées qui sont sans intelligence,

et corripiétur a superveniénte iniquitáte.

et il sera emporté par l’iniquité qui surviendra.

6 Benígnus est enim spíritus sapiéntiæ,

6. Car bienfaisant est l’esprit de sagesse,

et non liberábit malédicum a lábiis suis :

mais il ne sauvera pas le médisant à cause de ses lèvres,

quóniam renum illíus testis est Deus,

parce que Dieu est témoin de ses reins,

et cordis illíus scrutátor est verus,

qu’il est scrutateur véritable de son cœur,

et linguæ ejus auditor.

et qu’il entend sa langue.

7 Quóniam spíritus Dómini replévit orbem terrárum,

7. Parce que l’esprit du Seigneur a rempli le disque de la terre,

et hoc quod cóntinet ómnia, sciéntiam habet vocis.

et que lui, qui contient tout, a la connaissance de la voix.

8 Propter hoc qui lóquitur iníqua non potest latére,

8. C’est pourquoi celui qui dit des choses iniques ne peut se cacher,

nec prætériet illum corrípiens judícium.

et le jugement qui punit ne le négligera pas.

9 In cogitatiónibus enim ímpii interrogátio erit ;

9. Car l’impie sera interrogé sur ses pensées ;

sermónum autem illíus audítio ad Deum véniet,

et le bruit de ses discours ira jusqu’à Dieu,

ad correptiónem iniquitátum illíus.

pour le châtiment de ses iniquités.

10 Quóniam auris zeli audit ómnia,

10. Parce que l’oreille du zèle entend toutes choses,

et tumúltus murmuratiónum non abscondétur.

et le tumulte des murmures ne lui sera pas caché.

11 Custodíte ergo vos a murmuratióne quæ nihil prodest,

11. Gardez-vous donc du murmure qui ne sert à rien,

et a detractióne párcite linguæ :

et préservez votre langue de la détraction,

quóniam sermo obscúrus in vácuum non ibit,

parce qu’une parole secrète ne passera pas en vain ;

os autem quod mentítur occídit ánimam.

et qu’une bouche qui ment tue l’âme.

12 Nolíte zeláre mortem in erróre vitæ vestræ,

12. Ne recherchez pas si ardemment la mort dans les égarements de votre vie,

neque acquirátis perditiónem in opéribus mánuum vestrárum.

et n’acquérez pas la perdition par les œuvres de vos mains ;

13 Quóniam Deus mortem non fecit,

13. Car Dieu n’a pas fait la mort,

nec lætatur in perditióne vivórum.

et ne se réjouit pas de la perdition des vivants.

14 Creávit enim ut essent ómnia,

14. Car il a créé, afin que toutes choses existassent ;

et sanábiles fecit natiónes orbis terrárum :

et il a fait toutes les nations du disque de la terre guérissables,

et non est in illis medicaméntum extermínii,

et il n’y a pas en elles de venin de mort ;

nec inferórum regnum in terra.

et le règne des enfers n’est pas sur la terre.

15 Justítia enim perpétua est, et immortális.

15. Car la justice est perpétuelle et immortelle ;

16 Impii autem mánibus et verbis accersiérunt illam,

16. Mais les impies, par les mains et par les paroles, ont appelé la mort :

et æstimántes illam amícam, defluxérunt ;

et l’estimant amie, ils ont disparu ;

et sponsiónes posuérunt ad illam,

et ils ont fait alliance avec elle,

quóniam digni sunt qui sint ex parte illíus.

parce qu’ils sont dignes d’être de son parti.

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CHAP. I. 1. III Reg. III, 9 ; Is. LVI, 1. — 2. II Par. XV, 2. — 6. Gal. V, 22 ; Jer. XVII, 10. — 7. Is. VI, 3. — 13. Ezech. XVIII, 32 ; XXXIII, 11.

 

1. Ayez, etc. ; littér. Sentez touchant le Seigneur en bonté ; hébraïsme introduit dans le grec et le latin. En hébreu, en effet, un substantif précédé de la préposition dans ou avec équivaut à l’adjectif correspondant. Ainsi sentite in bonitate est mis ici pour sentite bonum.

3. Puissance ; c’est le sens du texte grec, que la version latine a rendu par virtus. — Corrige ; selon le grec, convainc.

5. Il sera emporté, etc. L’Esprit-Saint, qui est entré dans l’âme d’un homme, en sortira lorsque cet homme se livrera à l’iniquité.

6. Est témoin ; voit, connait. — Reins ; se prend souvent dans l’Écriture pour l’intérieur du corps, et par extension, pour les pensées les plus secrètes.

7. L’esprit du Seigneur répandu dans l’univers entier et, par conséquent, se trouvant présent dans tous les lieux, entend et connait toutes les paroles, mêmes les plus secrètes.

14. Il a fait toutes les nations guérissables ; par Jésus-Christ qui est venu leur apporter le remède propre à les guérir de toutes leurs maladies.

16. Par les mains ; c’est-à-dire les œuvres : l’Écriture emploie souvent le premier mot pour signifier ce dernier. — La mort, qui est exprimée au verset 13, est représentée ici par le pronom elle (illam).

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CHAPITRE II

Faux raisonnement des impies qui nient l’immortalité de l’âme, et qui mettent le souverain bien dans la jouissance des plaisirs sensibles. Leur haine contre le juste. Le démon auteur de la mort.

1 Dixérunt enim cogitántes apud se non recte :

1. Ils ont dit, en effet, pensant faussement en eux-mêmes :

Exíguum et cum tǽdio est tempus vitæ nostræ,

Il est court et plein d’ennui le temps de notre vie,

et non est refrigérium in fine hóminis,

et il n’est pas de jouissance à la fin de l’homme,

et non est qui ágnitus sit revérsus ab ínferis.

et il n’est personne qu’on sache être revenu des enfers ;

2 Quia ex níhilo nati sumus,

2. Parce que nous sommes nés de rien,

et post hoc érimus tamquam non fuérimus.

et qu’après cela nous serons comme si nous n’avions pas été ;

Quóniam fumus flatus est in náribus nostris,

parce que le souffle de nos narines est une fumée,

et sermo scintílla ad commovéndum cor nostrum :

et la parole une étincelle pour agiter notre cœur ;

3 qua extíncta, cinis erit corpus nostrum,

3. Cette étincelle éteinte, notre corps sera cendre,

et spíritus diffundétur tamquam mollis aër ;

et l’esprit se dissipera comme un air subtil,

et transíbit vita nostra tamquam vestígium nubis,

et notre vie passera comme la trace d’un nuage,

et sicut nébula dissolvétur quæ fugáta est a rádiis solis,

et s’évanouira comme un brouillard qui est chassé par les rayons du soleil

et a calóre illíus aggraváta.

et qui tombe, appesanti par sa chaleur ;

4 Et nomen nostrum obliviónem accípiet per tempus,

4. Et notre nom subira l’oubli par le temps,

et nemo memóriam habébit óperum nostrórum.

et personne ne se souviendra de nos œuvres.

5 Umbræ enim tránsitus est tempus nostrum,

5. Car c’est le passage d’une ombre que notre temps,

et non est revérsio finis nostri :

et il n’y a pas de retour après notre fin,

quóniam consignáta est, et nemo revértitur.

parce que le sceau est posé, et que personne ne revient.

6 Veníte ergo, et fruámur bonis quæ sunt,

6. Venez donc, et jouissons des biens qui sont,

et utámur creatúra tamquam in juventúte celériter.

et usons promptement des créatures, de même que dans la jeunesse.

7 Vino pretióso et unguéntis nos impleámus,

7. Enivrons-nous des vins exquis, et parfumons-nous ;

et non prætéreat nos flos témporis.

et que la fleur de la saison ne nous échappe point.

8 Coronémus nos rosis ántequam marcéscant ;

8. Couronnons-nous de roses, avant qu’elles se flétrissent ;

nullum pratum sit quod non pertránseat luxúria nostra :

qu’il n’y ait aucune prairie par laquelle ne passent nos plaisirs.

9 nemo nostrum exsors sit luxúriæ nostræ.

9. Que personne de nous ne soit exclu de nos plaisirs :

Ubíque relinquámus signa lætítiæ,

laissons partout des marques de réjouissance,

quóniam hæc est pars nostra, et hæc est sors.

parce que c’est là notre partage et notre sort.

10 Opprimámus páuperem justum, et non parcámus víduæ,

10. Opprimons le juste pauvre, et n’épargnons pas la veuve,

nec veteráni revereámur canos multi témporis :

et ne respectons pas les cheveux blancs du vieillard d’un long âge.

11 sit autem fortitúdo nostra lex justítiæ ;

11. Mais que notre force soit la loi de la justice :

quod enim infírmum est, inútile invenítur.

car ce qui est faible est regardé comme inutile.

12 Circumveniámus ergo justum, quóniam inútilis est nobis,

12. Circonvenons donc le juste, parce qu’il nous est inutile,

et contrárius est opéribus nostris,

qu’il est contraire à nos œuvres,

et impróperat nobis peccáta legis,

qu’il nous reproche les péchés contre la loi,

et diffámat in nos peccáta disciplínæ nostræ.

et qu’il nous déshonore en décriant les fautes de notre conduite.

13 Promíttit se sciéntiam Dei habére,

13. Il se vante d’avoir la science de Dieu,

et fílium Dei se nóminat.

et il se nomme le fils de Dieu.

14 Factus est nobis in traductiónem cogitatiónum nostrárum.

14. Il est devenu pour nous le censeur de nos pensées.

15 Gravis est nobis étiam ad vidéndum,

15. Sa vue nous est même à charge,

quóniam dissímilis est áliis vita illíus,

parce que sa vie est dissemblable de la vie des autres

et immutátæ sunt viæ ejus.

et que ses voies ont été changées.

16 Tamquam nugáces æstimáti sumus ab illo,

16. Nous sommes estimés par lui frivoles ;

et ábstinet se a viis nostris tamquam ab immundítiis,

il s’abstient de nos voies comme de souillures :

et præfert novíssima justórum,

il préfère les derniers moments des justes,

et gloriátur patrem se habére Deum.

et il se glorifie d’avoir pour père Dieu.

17 Videámus ergo si sermónes illíus veri sint,

17. Voyons donc si ses paroles sont véritables ;

et tentémus quæ ventúra sunt illi,

éprouvons ce qui lui arrivera,

et sciémus quæ erunt novíssima illíus.

et nous saurons quels seront ses derniers moments.

18 Si enim est verus fílius Dei, suscípiet illum,

18. Car s’il est vrai fils de Dieu, Dieu prendra sa défense,

et liberábit eum de mánibus contrariórum.

et il le délivrera des mains de ses ennemis.

19 Contumélia et torménto interrogémus eum,

19. Interrogeons-le par l’outrage et les tourments,

ut sciámus reveréntiam ejus,

afin que nous connaissions sa crainte respectueuse,

et probémus patiéntiam illíus.

et que nous éprouvions sa patience.

20 Morte turpíssima condemnémus eum ;

20. Condamnons-le à la mort la plus honteuse ;

erit enim ei respéctus ex sermónibus illíus.

car on aura égard à lui d’après ses paroles.

21 Hæc cogitavérunt, et erravérunt :

21. Voici ce qu’ils ont pensé, et ils ont erré ;

excæcávit enim illos malítia eórum.

car leur malice les a aveuglés.

22 Et nesciérunt sacraménta Dei :

22. Ils n’ont pas su les secrets de Dieu ;

neque mercédem speravérunt justítiæ,

ils n’ont pas espéré la récompense de la justice,

nec judicavérunt honórem animárum sanctárum.

et ils n’ont pas jugé justement l’honneur des âmes saintes.

23 Quóniam Deus creávit hóminem inexterminábilem,

23. Car Dieu a créé l’homme inexterminable,

et ad imáginem similitúdinis suæ fecit illum.

et c’est à l’image de sa ressemblance qu’il l’a fait.

24 Invídia autem diáboli mors introívit in orbem terrárum :

24. Mais, par l’envie du diable, la mort est entrée dans le disque de la terre.

25 imitántur autem illum qui sunt ex parte illíus.

25. Or ceux-là l’imitent, qui sont de son parti.

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CHAP. II. 1. Job. VII, 1 ; XIV, 1. — 5. I Par. XXIX, 15. — 6. Is. XXII, 13 ; LVI, 12 ; I Cor. XV, 32. — 13. Matth. XXVII, 43. — 14. Joan. VII, 7. — 18. Ps. XXI, 9. — 20. Jer. XI, 19. — 23. Gen. I, 27 ; II, 7 ; V, 1 ; IX, 6 ; Eccli. XVII, 1. — 24. Gen. III, 1.

 

1. Jouissance ; repos ; littér. rafraîchissement ; le grec porte guérison.

2. Après cela ; c’est-à-dire après la mort.

5. Notre temps ; le temps, la durée de notre vie. — Le sceau est posé ; c’est une allusion à une ancienne coutume qui était de placer les corps dans des cavernes, dont on fermait exactement l’entrée en y mettant un sceau.

7. La fleur de la saison (témporis) ; probablement du printemps.

11. Est regardé comme (invenitur), selon le grec, est convaincu.

12. Circonvenons, etc. Tout ce qui est dit dans ce verset et les suivants, jusqu’à la fin du chapitre, exprime les sentiments des impies contre les justes en général ; mais représente si parfaitement la fureur des Juifs contre Jésus-Christ, que les Pères l’ont regardé comme une prophétie de sa Passion.

14. Le censeur ; littér. en censure ; selon le grec, en accusation, en blâme. Le substantif précédé d’une préposition, et mis ainsi pour un adjectif, est pur hébraïsme.

15. Ont été changées. Le latin immutatæ sunt étant amphibologique (puisqu’il est susceptible des deux significations opposées, ont été changées et n’ont pas été changées, sont immuables), nous avons dû l’expliquer par le texte grec, qui veut dire seulement ont été changées, déplacées ou sont différentes des autres.

20. On aura égard, etc. Si ses paroles sont véritables, Dieu prendra soin de lui. Compar. Matth. XXVII, 43.

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CHAPITRE III

Bonheur des justes et malheur des méchants après la mort. Récompense de la chasteté. Suites funestes de l’adultère.

1 Justórum autem ánimæ in manu Dei sunt,

1. Mais les âmes des justes sont dans la main de Dieu,

et non tangent illos torméntum mortis.

et le tourment de la mort ne les touchera pas.

2 Visi sunt óculis insipiéntium mori,

2. Ils ont paru mourir aux yeux des insensés ;

et æstimáta est afflíctio éxitus illórum,

et leur sortie du monde a été estimée affliction ;

3 et quod a nobis est iter extermínium ;

3. Et leur séparation d’avec nous, une extermination ;

illi autem sunt in pace :

mais eux sont en paix.

4 etsi coram homínibus torménta passi sunt,

4. Et si devant les hommes ils ont souffert des tourments,

spes illórum immortalitáte plena est.

leur espérance est pleine d’immortalité.

5 In paucis vexáti sunt, in multis bene disponéntur,

5. Après quelques tribulations, ils seront placés au milieu d’une multitude de biens,

quóniam Deus tentávit eos,

parce que Dieu les a éprouvés,

et invénit illos dignos se.

et les a trouvés dignes de lui.

6 Tamquam aurum in fornáce probávit illos,

6. Il les a éprouvés comme l’or dans la fournaise ;

et quasi holocáusti hóstiam accépit illos,

il les a reçus comme une hostie d’holocauste,

et in témpore erit respéctus illórum.

et, dans le temps ils auront un regard favorable.

7 Fulgébunt justi

7. Les justes brilleront,

et tamquam scintíllæ in arundinéto discúrrent.

et comme des étincelles dans un lieu planté de roseaux ils se répandront de différents côtés.

8 Judicábunt natiónes, et dominabúntur pópulis,

8. Ils jugeront les nations, et ils domineront les peuples,

et regnábit Dóminus illórum in perpétuum.

et leur Seigneur règnera à jamais.

9 Qui confídunt in illo intélligent veritátem,

9. Ceux qui se confient en lui comprendront la vérité ;

et fidéles in dilectióne acquiéscent illi,

et ceux qui sont fidèles dans son amour lui demeureront attachés,

quóniam donum et pax est eléctis ejus.

parce que le don et la paix sont pour ses élus.

10 Impii autem secúndum quæ cogitavérunt

10. Mais les impies, selon qu’ils ont pensé,

correptiónem habébunt :

recevront un châtiment ;

qui neglexérunt justum,

eux qui ont négligé ce qui est juste,

et a Dómino recessérunt.

et se sont retirés du Seigneur.

11 Sapiéntiam enim et disciplínam qui ábjicit infélix est :

11. Car celui qui rejette la sagesse et l’instruction est malheureux,

et vácua est spes illórum,

et vaine est leur espérance,

et labóres sine fructu,

leurs travaux sont sans fruit

et inutília ópera eórum.

et leurs œuvres inutiles.

12 Mulíeres eórum insensátæ sunt,

12. Leurs femmes sont insensées

et nequíssimi fílii eórum.

et très mauvais leurs fils.

13 Maledícta creatúra eórum, quóniam felix est stérilis ;

13. Maudite est leur créature, parce qu’heureuse est la femme stérile

et incoinquináta, quæ nescívit thorum in delícto,

et sans souillure, qui n’a pas connu de lit nuptial criminel ;

habébit fructum in respectióne animárum sanctárum ;

elle recevra une récompense, à la visite des âmes saintes ;

14 et spado qui non operátus est per manus suas iniquitátem,

14. Et heureux l’eunuque qui n’a pas opéré par ses mains l’iniquité,

nec cogitávit advérsus Deum nequíssima :

qui n’a pas pensé contre Dieu des choses mauvaises ;

dábitur enim illi fídei donum eléctum,

car il lui sera accordé un don choisi de fidélité,

et sors in templo Dei acceptíssima.

et un sort très agréable dans la maison du Seigneur.

15 Bonórum enim labórum gloriósus est fructus,

15. Car le fruit des bons travaux est glorieux,

et quæ non cóncidat radix sapiéntiæ.

et la racine de la sagesse ne sèche point.

16 Fílii autem adulterórum in inconsummatióne erunt,

16. Mais les fils des adultères seront consumés,

et ab iníquo thoro semen exterminábitur.

et la race provenant d’un lit nuptial inique sera exterminée.

17 Et si quidem longæ vitæ erunt, in níhilum computabúntur,

17. Et s’ils viennent à être d’une longue vie, ils seront comptés pour rien,

et sine honóre erit novíssima senéctus illórum :

et sans honneur sera leur vieillesse la plus avancée.

18 et si celérius defúncti fúerint, non habébunt spem,

18. Et s’ils meurent prématurément, ils seront sans espérance ;

nec in die agnitiónis allocutiónem.

et au jour du jugement, sans parole de consolation.

19 Natiónis enim iníquæ diræ sunt consummatiónes.

19. Car la fin d’une nation inique est cruelle.

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CHAP. III. 1. Deut. XXXIII, 3 ; Infra. V, 4. — 7. Matth. XIII, 43. — 8. I Cor. VI, 2. — 14. Is. LVI, 4.

 

3. Sont en paix ; c’est-à-dire jouissent d’un bonheur complet, d’une félicité parfaite. C’est pourquoi l’Écriture désigne ordinairement l’état des âmes saintes après leur mort par le mot paix. Compar. IV Reg. XXII, 20 ; Eccli. XLIV, 14, etc.

5. Après quelques tribulations, etc. Compar. Rom. VIII, 18 ; II Cor. IV, 17.

6. Dans le temps ; c’est-à-dire quand leur temps sera venu. — Ils auront, etc. ; de la part de Dieu nommé au verset précédent.

10. Ce qui est juste ; la justice, ou bien le juste, l’homme juste ; car le texte grec est aussi amphibologique que le latin.

12. Insensées ; c’est-à-dire débauchées, déréglées. Dans l’Écriture, les insensés sont souvent mis pour les méchants. — Une récompense ; littér. du fruit. — À la visite, etc. ; lorsque Dieu visitera les âmes saintes, au jour de la mort et du jugement.

13. Leur créature ; leur postérité.

15. Le mot quæ de la Vulgate, échappant à toute analyse et ne se lisant pas dans le grec, nous l’avons supprimé dans notre traduction.

18. Jour du jugement ; littér. de la reconnaissance ; c’est-à-dire, où tout sera connu ; selon le grec, du discernement, de l’examen ; expressions qui désignent évidemment le jugement de Dieu après la mort. Il faut remarquer que tout ce qui est dit ici des enfants des adultères ne doit s’entendre que de ceux qui imitent les désordres de leurs parents, et qui vivent, comme eux, dans le crime ; car, sans cela, le crime de leurs parents ne leur est pas imputé au jugement de Dieu ; et il peut fort bien arriver que celui qui est né d’une union criminelle soit sauvé, et que des enfants de saints soient réprouvés.

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CHAPITRE IV

Avantages de la chasteté. Suites malheureuses de l’adultère. Mort des justes heureuse, quoique précipitée. Justes retirés du monde par miséricorde. Malheur des méchants à la mort.

1 O quam pulchra est casta generátio, cum claritáte !

1. Ô combien belle est une génération chaste et glorieuse !

immortális est enim memória illíus,

car sa mémoire est immortelle,

quóniam et apud Deum nota est, et apud hómines.

et elle est connue de Dieu et des hommes.

2 Cum præsens est, imitántur illam,

2. Lorsqu’elle est présente, on l’imite,

et desíderant eam cum se edúxerit ;

et on la regrette lorsqu’elle s’est retirée ;

et in perpétuum coronáta triúmphat,

couronnée pour jamais, elle triomphe,

incoinquinatórum certáminum prǽmium vincens.

après avoir remporté le prix de la victoire dans les combats sans souillure.

3 Multígena autem impiórum multitúdo non erit útilis,

3. Mais la multitude variée des impies ne sera pas utile,

et spúria vitulámina non dabunt radíces altas,

et les rejetons bâtards ne donneront pas des racines profondes,

nec stábile firmaméntum collocábunt.

et n’établiront pas une tige durable.

4 Etsi in ramis in témpore germináverint,

4. Et si des rameaux germent dans leur temps,

infírmiter pósita, a vento commovebúntur,

peu solidement plantés, ils seront agités par le vent

et a nimietáte ventórum eradicabúntur.

et déracinés par la violence des vents.

5 Confringéntur enim rami inconsummáti ;

5. Car les rameaux seront brisés avant de s’être développés ;

et fructus illórum inútiles et acérbi ad manducándum,

leurs fruits seront inutiles, amers au gout,

et ad níhilum apti.

et bons à rien.

6 Ex iníquis enim somnis fílii qui nascúntur,

6. Car les enfants qui naissent d’une union inique

testes sunt nequítiæ advérsus paréntes in interrogatióne sua.

sont des témoins de la perversité des parents, lorsqu’on les interroge.

7 Justus autem si morte præoccupátus fúerit,

7. Mais le juste, s’il est prévenu par la mort,

in refrigério erit ;

sera dans le repos.

8 senéctus enim venerábilis est non diutúrna,

8. Car la vieillesse est vénérable, non parce qu’elle dure longtemps,

neque annórum número computáta :

et qu’elle se compte par le nombre des années ;

cani autem sunt sensus hóminis,

mais les cheveux blancs, c’est la prudence de l’homme,

9 et ætas senectútis vita immaculáta.

9. Et l’âge de la vieillesse, une vie sans tache.

10 Placens Deo factus est diléctus,

10. Plaisant à Dieu, il est devenu son bien-aimé,

et vivens inter peccatóres translátus est.

et vivant parmi les pécheurs, il en a été transféré ;

11 Raptus est, ne malítia mutáret intelléctum ejus,

11. Il a été enlevé, afin que la malice ne changeât point son esprit,

aut ne fíctio decíperet ánimam illíus.

ou que l’illusion ne déçût son âme.

12 Fascinátio enim nugacitátis obscúrat bona,

12. Car la fascination de la frivolité obscurcit le bien,

et inconstántia concupiscéntiæ transvértit sensum sine malítia.

et l’inconstance de la concupiscence renverse le sens qui est sans malice.

13 Consummátus in brevi,

13. Consommé en peu de temps,

explévit témpora multa ;

il a rempli un grand nombre de jours ;

14 plácita enim erat Deo ánima illíus :

14. Car son âme était agréable à Dieu ;

propter hoc properávit edúcere illum de médio iniquitátum.

à cause de cela il s’est hâté de le retirer du milieu des iniquités ;

Pópuli autem vidéntes, et non intelligéntes,

mais les peuples voient et ne comprennent pas,

nec ponéntes in præcórdiis tália,

et ils ne mettent pas dans leur cœur des choses semblables, savoir :

15 quóniam grátia Dei et misericórdia est in sanctos ejus,

15. Que la grâce de Dieu et sa miséricorde sont pour ses saints,

et respéctus in eléctos illíus.

et son regard favorable pour ses élus.

16 Condémnat autem justus mórtuus vivos ímpios,

16. Mais le juste mort condamne les impies vivants,

et juvéntus celérius consummáta longam vitam injústi.

et une jeunesse plus promptement consommée, la longue vie de l’homme injuste.

17 Vidébunt enim finem sapiéntis,

17. Car ils verront la fin du sage,

et non intélligent quid cogitáverit de illo Deus,

et ils ne comprendront pas ce que Dieu a pensé sur lui,

et quare muníerit illum Dóminus.

et pourquoi le Seigneur l’a mis en sureté.

18 Vidébunt, et contémnent eum ;

18. Ils verront et ils le mépriseront,

illos autem Dóminus irridébit.

mais le Seigneur se rira d’eux.

19 Et erunt post hæc decidéntes sine honóre,

19. Et ils seront après cela mourant sans honneur,

et in contumélia inter mórtuos in perpétuum :

en opprobre entre les morts à jamais ;

quóniam disrúmpet illos inflátos sine voce,

parce qu’il les brisera dans leur orgueil et les réduira au silence,

et commovébit illos a fundaméntis,

il les détruira jusqu’aux fondements,

et usque ad suprémum desolabúntur,

ils seront réduits à la dernière désolation ;

et erunt geméntes, et memória illórum períbit.

ils seront gémissants, et leur mémoire périra.

20 Vénient in cogitatióne peccatórum suórum tímidi,

20. Ils viendront effrayés par la pensée de leurs péchés,

et tradúcent illos ex advérso iniquitátes ipsórum.

et leurs iniquités, se tenant vis-à-vis, les accuseront.

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CHAP. IV. 4. Jer. XVII, 6 ; Matth. VII, 27. — 10. Hebr. XI, 5.

 

2. Combats sans souillure ; c’est-à-dire combats soutenus sans la moindre souillure.

5. Au gout ; littér. à manger.

6. D’une union inique ; ou illégitime ; littér. de songes iniques.

7. Dans le repos ; la jouissance ; littér. dans le rafraîchissement ; le grec dit repos, délassement. Compar. II, 1.

10. Plaisant à Dieu ; il s’agit du juste nommé au vers. 7, les vers. 8-9 formant une parenthèse.

12. Obscurcit le bien ; littér. les bonnes choses ; c’est-à-dire nous aveugle, en sorte que nous ne connaissons qu’obscurément ou point du tout ce qui est bon et juste.

13. Consommé. Voy. le vers. 10. — De jours ; littér. de temps.

16. Une jeunesse, etc. ; c’est-à-dire que le juste enlevé à la fleur de son âge est la condamnation du méchant qui, dans une longue vie, n’est pas parvenu à la perfection d’un jeune homme.

17. Ce que Dieu, etc. ; le dessein de Dieu sur lui.

20. Les accuseront ; c’est le sens du grec ; le latin traducent illos peut signifier les traduiront en jugement ; ce qui revient au même sens.

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CHAPITRE V

Triomphe des justes. Regrets inutiles des méchants. Félicité éternelle des justes. Vengeance du Seigneur contre les méchants.

1 Tunc stabunt justi in magna constántia

1. Alors les justes s’élèveront avec une grande fermeté

advérsus eos qui se angustiavérunt,

contre ceux qui les ont tourmentés,

et qui abstulérunt labóres eórum.

et qui leur ont ravi le fruit de leurs travaux.

2 Vidéntes turbabúntur timóre horríbili,

2. Ceux-ci le voyant seront troublés par une crainte horrible,

et mirabúntur in subitatióne insperátæ salútis ;

et ils s’étonneront de ce salut soudain et inattendu,

3 dicéntes intra se, pœniténtiam agéntes,

3. Disant en eux-mêmes, se repentant

et præ angústia spíritus geméntes :

et gémissant dans l’angoisse de leur esprit :

Hi sunt quos habúimus aliquándo in derísum,

Voici ceux que nous avons eus autrefois en dérision,

et in similitúdinem impropérii.

en proverbes outrageants.

4 Nos insensáti, vitam illórum æstimabámus insániam,

4. Nous insensés, nous estimions leur vie une folie,

et finem illórum sine honóre ;

et leur fin sans honneur :

5 ecce quómodo computáti sunt inter fílios Dei,

5. Et voilà qu’ils sont comptés parmi les fils de Dieu,

et inter sanctos sors illórum est.

et que leur sort est au milieu des saints.

6 Ergo errávimus a via veritátis,

6. Nous avons donc erré hors de la voie de la vérité,

et justítiæ lumen non luxit nobis,

et la lumière de la justice n’a pas lui pour nous,

et sol intelligéntiæ non est ortus nobis.

et le soleil de l’intelligence ne s’est pas levé pour nous.

7 Lassáti sumus in via iniquitátis et perditiónis,

7. Nous nous sommes lassés dans la voie de l’iniquité

et ambulávimus vias diffíciles :

et de la perdition, et nous avons marché dans des voies difficiles ;

viam autem Dómini ignorávimus.

mais la voie du Seigneur, nous l’avons ignorée.

8 Quid nobis prófuit supérbia ?

8. À quoi nous a servi l’orgueil ?

aut divitiárum jactántia quid cóntulit nobis ?

ou que nous a rapporté l’ostentation des richesses ?

9 Transiérunt ómnia illa tamquam umbra,

9. Toutes ces choses ont passé comme une ombre,

et tamquam núntius percúrrens,

et comme un messager rapide ;

10 et tamquam navis quæ pertránsit fluctuántem aquam,

10. Comme un navire qui fend l’eau agitée ;

cujus cum præteríerit non est vestígium inveníre,

lorsqu’il est passé, on ne peut trouver sa trace,

neque sémitam carínæ illíus in flúctibus ;

ni le sentier de sa carène dans les flots ;

11 aut tamquam avis quæ tránsvolat in áëre,

11. Ou comme un oiseau qui traverse l’air au vol ;

cujus nullum invenítur arguméntum itíneris,

on ne distingue aucune marque de sa route,

sed tantum sónitus alárum vérberans levem ventum,

mais seulement le bruit des ailes, qui frappe la brise légère,

et scindens per vim itíneris áërem :

et fend l’air avec effort ;

commótis alis transvolávit,

ses ailes agitées, il a achevé son vol,

et post hoc nullum signum invenítur itíneris illíus ;

et après cela on ne découvre aucune trace de sa route ;

12 aut tamquam sagítta emíssa in locum destinátum,

12. Ou comme une flèche lancée vers un but ;

divísus aër contínuo in se reclúsus est,

l’air qu’elle sépare se réunit aussitôt,

ut ignorétur tránsitus illíus :

en sorte qu’on ignore son passage :

13 sic et nos nati contínuo desívimus esse ;

13. Ainsi nous sommes nés, et aussitôt nous avons cessé d’être,

et virtútis quidem nullum signum valúimus osténdere,

et nous n’avons certainement pu montrer aucun signe de vertu :

in malignitáte autem nostra consúmpti sumus.

mais c’est par notre méchanceté que nous avons été consumés.

14 Tália dixérunt in inférno hi qui peccavérunt :

14. Telles sont les choses qu’ont dites dans l’enfer ceux qui ont péché ;

15 quóniam spes ímpii tamquam lanúgo est quæ a vento tóllitur,

15. Parce que l’espérance de l’impie est comme la laine qui est emportée par le vent ;

et tamquam spuma grácilis quæ a procélla dispérgitur,

comme l’écume légère qui est dispersée par la tempête ;

et tamquam fumus qui a vento diffúsus est,

comme la fumée qui est dissipée par le vent,

et tamquam memória hóspitis uníus diéi prætereúntis.

et comme le souvenir d’un hôte qui passe et ne s’arrête qu’un seul jour.

16 Justi autem in perpétuum vivent,

16. Mais les justes vivront éternellement ;

et apud Dóminum est merces eórum,

auprès du Seigneur est leur récompense,

et cogitátio illórum apud Altíssimum.

et les soins en leur faveur dans le Très-Haut.

17 Ideo accípient regnum decóris,

17. C’est pour cela qu’ils recevront le royaume d’honneur

et diadéma speciéi de manu Dómini :

et le diadème d’éclat de la main du Seigneur,

quóniam déxtera sua teget eos,

parce que de sa droite il les protègera,

et bráchio sancto suo deféndet illos.

et de son bras saint il les défendra.

18 Accípiet armatúram zelus illíus,

18. Son zèle prendra son armure,

et armábit creatúram ad ultiónem inimicórum.

et il armera la créature pour se venger de ses ennemis.

19 Induet pro thoráce justítiam,

19. Il revêtira, pour cuirasse, la justice,

et accípiet pro gálea judícium certum ;

et pour casque, son jugement infaillible ;

20 sumet scutum inexpugnábile æquitátem.

20. Il prendra pour bouclier inexpugnable l’équité :

21 Acuet autem duram iram in lánceam,

21. Mais il aiguisera son inflexible colère comme une lance,

et pugnábit cum illo orbis terrárum contra insensátos.

et le disque de la terre combattra avec lui contre les insensés.

22 Ibunt dirécte emissiónes fúlgurum,

22. Les foudres lancées iront tout droit,

et tamquam a bene curváto arcu núbium exterminabúntur,

et elles seront décochées des nuées, comme d’un arc bien tendu,

et ad certum locum insílient.

et elles atteindront rapidement le but.

23 Et a petrósa ira plenæ mitténtur grándines ;

23. Et par la colère de Dieu semblable à une baliste, d’abondantes grêles seront envoyées,

excandéscet in illos aqua maris,

et l’eau de la mer sera courroucée contre eux,

et flúmina concúrrent dúriter.

et les fleuves se déborderont avec furie.

24 Contra illos stabit spíritus virtútis,

24. Contre eux s’élèvera un vent violent,

et tamquam turbo venti dívidet illos ;

et comme un tourbillon, il les dissipera ;

et ad erémum perdúcet omnem terram iníquitas illórum,

leur iniquité réduira toute la terre en un désert,

et malígnitas evértet sedes poténtium.

et leur méchanceté renversera les trônes des puissants.

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CHAP. V. 4. Supra. III, 2. — 9. I Par. XXIX, 15 ; Supra. II, 5. — 10. Prov. XXX, 19. — 15. Ps. I, 4 ; Prov. X, 28 ; XI, 7. — 18. Ps. XVII, 40 ; Eph. VI, 13.

 

1. Alors ; c’est-à-dire lors du jugement des impies, dont il est parlé au chapitre précédent.

16. Les soins en leur faveur ; littér. la pensée ou le soin d’eux (cogitatio illorum). Ici, comme en bien d’autres passages de l’Écriture, le pronom possessif a le sens passif. Compar. Psaumes Observat. prélimin., II, 1°. Le grec porte la sollicitude, le soin ; ce qui confirme notre assertion par rapport au pronom possessif.

22. Les foudres lancées ; littér. les émissions des foudres. L’auteur, ainsi que les autres écrivains sacrés, envisage les foudres comme les flèches d’un arc. — Elles seront décochées ; c’est-à-dire renvoyées, retirées ; car le latin exterminabuntur signifie proprement seront renvoyées, chassées de leur lieu. — Des nuées. Le génitif latin nubium pourrait à la rigueur être considéré comme régime du mot arc (arcu) ; mais il nous a paru plus naturel de le faire dépendre du verbe. Il est vrai que dans cette hypothèse, il devrait être à l’ablatif ; mais il est constant que pour les cas comme pour les genres, la Vulgate se conforme souvent, non point au latin, mais à l’idiome du texte original. Ainsi le génitif est mis ici, comme dans le grec, pour l’ablatif que réclame la langue latine.

23. Semblable à une baliste, comme porte le texte grec ; la Vulgate dit pierreuse. Or la baliste ou catapulte était une machine dont on se servait anciennement dans les sièges pour lancer des pierres. Le sens est donc que la colère de Dieu sera comme une baliste, qui fera tomber sur les impies une quantité de grêles aussi dures que des pierres.

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CHAPITRE VI

Rois et juges de la terre exhortés à acquérir la sagesse. Supplices rigoureux préparés à ceux qui gouvernent injustement. La sagesse se présente à ceux qui l’aiment et ta cherchent. Combien il est avantageux de la posséder.

1 Mélior est sapiéntia quam vires,

1. Mieux vaut la sagesse que les forces,

et vir prudens quam fortis.

et l’homme prudent que le courageux.

2 Audíte ergo, reges, et intellígite ;

2. Écoutez donc, rois, et comprenez :

díscite, júdices fínium terræ.

instruisez-vous, juges des confins de la terre.

3 Præbéte aures, vos qui continétis multitúdines,

3. Prêtez l’oreille, vous qui gouvernez des multitudes,

et placétis vobis in turbis natiónum.

et qui vous complaisez dans des troupes de nations ;

4 Quóniam data est a Dómino potéstas vobis,

4. Parce que la puissance vous a été donnée par le Seigneur,

et virtus ab Altíssimo :

et la force par le Très-Haut,

qui interrogábit ópera vestra, et cogitatiónes scrutábitur.

qui interrogera vos œuvres et scrutera vos pensées :

5 Quóniam cum essétis minístri regni illíus,

5. Parce qu’étant les ministres de son royaume,

non recte judicástis, nec custodístis legem justítiæ,

vous n’avez pas jugé équitablement, vous n’avez pas gardé la loi de la justice,

neque secúndum voluntátem Dei ambulástis.

et vous n’avez pas marché selon la volonté de Dieu.

6 Horrénde et cito apparébit vobis,

6. Il vous apparaitra d’une manière effroyable et promptement,

quóniam judícium duríssimum his qui præsunt fiet.

 parce qu’un jugement très rigoureux est réservé à ceux qui commandent.

7 Exíguo enim concéditur misericórdia ;

7. Car la miséricorde est accordée aux petits ;

poténtes autem poténter torménta patiéntur.

mais les puissants seront puissamment tourmentés.

8 Non enim súbtrahet persónam cujúsquam Deus,

8. Car Dieu n’exceptera personne,

nec verébitur magnitúdinem ejus cujúsquam,

il ne respectera la grandeur de personne,

quóniam pusíllum et magnum ipse fecit,

parce que lui-même a fait les grands et les petits,

et æquáliter cura est illi de ómnibus.

et qu’il a également soin de tous.

9 Fortióribus autem fórtior instat cruciátio.

9. Mais aux plus forts est destiné un plus fort supplice.

10 Ad vos ergo, reges, sunt hi sermónes mei :

10. Pour vous donc, ô rois, sont ces miennes paroles,

ut discátis sapiéntiam, et non excidátis.

afin que vous appreniez la sagesse, et que vous ne tombiez pas.

11 Qui enim custodíerint justa juste, justificabúntur ;

11. Car ceux qui garderont justement les choses justes seront justifiés,

et qui didícerint ista, invénient quid respóndeant.

et ceux qui auront appris ceci trouveront de quoi répondre.

12 Concupíscite ergo sermónes meos ;

12. Désirez donc ces miennes paroles, aimez-les,

dilígite illos, et habébitis disciplínam.

et vous y aurez une instruction.

13 Clara est, et quæ numquam marcéscit, sapiéntia :

13. Elle est claire, et telle que jamais elle ne se flétrit, la sagesse :

et fácile vidétur ab his qui díligunt eam,

elle est facilement aperçue par ceux qui l’aiment,

et invenítur ab his qui quærunt illam.

et trouvée par ceux qui la cherchent.

14 Præóccupat qui se concupíscunt,

14. Elle prévient ceux qui la désirent ardemment,

ut illis se prior osténdat.

afin de se montrer à eux la première.

15 Qui de luce vigiláverit ad illam non laborábit ;

15. Celui qui, dès la lumière du jour, veillera pour elle,

assidéntem enim illam fóribus suis invéniet.

n’aura pas de peine, car il la trouvera assise à sa porte.

16 Cogitáre ergo de illa sensus est consummátus,

16. Penser donc à elle est une prudence consommée ;

et qui vigiláverit propter illam cito secúrus erit.

et celui qui veillera à cause d’elle sera exempt de soucis.

17 Quóniam dignos se ipsa círcuit quærens,

17. Parce qu’elle tourne elle-même de tous côtés, cherchant ceux qui sont dignes d’elle ;

et in viis osténdit se hiláriter,

dans les chemins elle se montre à eux avec un visage riant,

et in omni providéntia occúrrit illis.

et elle va au-devant d’eux avec tout le soin de sa providence.

18 Inítium enim illíus veríssima est disciplínæ concupiscéntia.

18. Car le commencement de la sagesse est le désir très sincère de l’instruction.

19 Cura ergo disciplínæ diléctio est,

19. Le soin donc de l’instruction est l’amour,

et diléctio custódia legum illíus est ;

et l’amour est l’observation de ses lois :

custodítio autem legum consummátio incorruptiónis est ;

or l’attention à observer ses lois est la consommation de l’incorruption :

20 incorrúptio autem facit esse próximum Deo.

20. Et l’incorruption approche l’homme de Dieu.

21 Concupiscéntia ítaque sapiéntiæ dedúcit ad regnum perpétuum.

21. C’est pourquoi le désir de la sagesse conduit au royaume éternel.

22 Si ergo delectámini sédibus et sceptris, o reges pópuli,

22. Si donc vous vous complaisez dans les trônes et les sceptres, ô rois des peuples,

dilígite sapiéntiam, ut in perpétuum regnétis :

aimez la sagesse, afin que vous régniez éternellement ;

23 dilígite lumen sapiéntiæ, omnes qui præéstis pópulis.

23. Aimez la lumière de la sagesse, vous tous qui êtes à la tête des peuples.

24 Quid est autem sapiéntia, et quemádmodum facta sit, réferam,

24. Mais qu’est-ce que la sagesse, et de quelle manière a-t-elle été faite, je le raconterai,

et non abscóndam a vobis sacraménta Dei :

et je ne vous cacherai pas les secrets de Dieu ;

sed ab inítio nativitátis investigábo,

mais je la rechercherai dès le commencement de sa naissance,

et ponam in lucem sciéntiam illíus,

et je mettrai en lumière sa science,

et non præteríbo veritátem.

et je ne tairai pas la vérité ;

25 Neque cum invídia tabescénte iter habébo,

25. Je ne cheminerai pas avec celui qui dessèche d’envie,

quóniam talis homo non erit párticeps sapiéntiæ.

parce qu’un tel homme ne participera pas à la sagesse.

26 Multitúdo autem sapiéntium sánitas est orbis terrárum,

26. La multitude des sages est le salut du disque de la terre ;

et rex sápiens stabiliméntum pópuli est.

et un roi sage est le soutien de son peuple.

27 Ergo accípite disciplínam per sermónes meos,

27. Recevez donc l’instruction par mes paroles,

et próderit vobis.

et cela vous sera utile.

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CHAP. VI. 1. Eccli. IX, 18. — 4. Rom. XIII, 1. — 8. Deut. X, 17 ; II Par. XIX, 7 ; Eccli. XXXV, 15 ; Act. X, 34 ; Rom. II, 11 ; Gal. II, 6 ; Eph. VI, 9 ; Col. III, 25 ; I Petr. I, 17.

 

2. Des confins de la terre ; c’est-à-dire de la terre entière.

3. Qui vous complaisez, etc. ; qui vous glorifiez de commander à une foule de nations.

11. Ceux qui garderont, etc. ; ceux qui dans toutes leurs actions observeront fidèlement la justice seront traités comme justes. — Ceci (ista) ; ce que j’enseigne. — De quoi répondre ; de quoi se défendre, se justifier devant le souverain juge.

19, 20. L’incorruption (incorruptio) ; c’est-à-dire l’exemption de toute souillure, la pureté parfaite de l’âme.

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CHAPITRE VII

Tous entrent dans cette vie et en sortent de la même manière. La sagesse est préférable à tous les autres biens. Avantages qu’on en retire. Louanges de la sagesse.

1 Sum quidem et ego mortális homo, símilis ómnibus,

1. Je suis assurément, moi aussi homme mortel, semblable à tous,

et ex génere terréni illíus qui prior factus est :

et de la race de cet homme de terre qui le premier fut fait,

et in ventre matris figurátus sum caro ;

et dans le sein de ma mère j’ai été formé chair ;

2 decem ménsium témpore coagulátus sum in sánguine :

2. Dans l’espace de dix mois j’ai été fait d’un sang épaissi

ex sémine hóminis, et delectaménto somni conveniénte.

et de la substance de l’homme, et le plaisir du sommeil y concourant.

3 Et ego natus accépi commúnem áërem,

3. Et moi né, j’ai reçu l’air commun ;

et in simíliter factam décidi terram,

je suis tombé sur la même terre,

et primam vocem símilem ómnibus emísi plorans.

et j’ai élevé une voix semblable à toutes les autres en pleurant.

4 In involuméntis nutrítus sum, et curis magnis :

4. J’ai été nourri dans les langes et avec de grands soins.

5 nemo enim ex régibus áliud hábuit nativitátis inítium.

5. Car aucun des rois n’a eu un autre commencement de naissance.

6 Unus ergo intróitus est ómnibus ad vitam,

6. Il n’y a donc pour tous qu’une même entrée dans la vie

et símilis éxitus.

et une semblable sortie.

7 Propter hoc optávi, et datus est mihi sensus ;

7. À cause de cela j’ai désiré, et le sens m’a été donné :

et invocávi, et venit in me spíritus sapiéntiæ :

j’ai invoqué, et est venu en moi l’esprit de sagesse :

8 et præpósui illam regnis et sédibus,

8. Et je l’ai mise avant les royaumes et les trônes,

et divítias nihil esse duxi in comparatióne illíus.

et j’ai jugé que les richesses n’étaient rien en comparaison d’elle ;

9 Nec comparávi illi lápidem pretiósum,

9. Je ne lui ai point comparé de pierre précieuse,

quóniam omne aurum in comparatióne illíus aréna est exígua,

parce que tout, en comparaison d’elle, est un peu de sable,

et tamquam lutum æstimábitur argéntum in conspéctu illíus.

et que l’argent sera estimé comme de la boue devant elle.

10 Super salútem et spéciem diléxi illam,

10. Je l’ai aimée au-dessus de la santé et de la beauté,

et propósui pro luce habére illam,

je me suis proposé de l’avoir pour ma lumière,

quóniam inextinguíbile est lumen illíus.

parce que sa clarté est inextinguible.

11 Venérunt autem mihi ómnia bona páriter cum illa,

11. Or, me sont venus ensemble tous les biens avec elle,

et innumerábilis honéstas per manus illíus ;

et des richesses innombrables par ses mains,

12 et lætátus sum in ómnibus,

12. Et je me suis réjoui en toutes choses,

quóniam antecedébat me ista sapiéntia,

parce que marchait devant moi cette sagesse,

et ignorábam quóniam horum ómnium mater est.

et j’ignorais qu’elle était la mère de tous ces biens.

13 Quam sine fictióne dídici,

13. Je l’ai apprise sans déguisement,

et sine invídia commúnico,

et sans envie je la communique,

et honestátem illíus non abscóndo.

et je ne cache pas ses richesses.

14 Infinítus enim thesáurus est homínibus ;

14. Car elle est un trésor infini pour les hommes,

quo qui usi sunt, partícipes facti sunt amicítiæ Dei,

et ceux qui en ont usé sont devenus participants de l’amitié de Dieu,

propter disciplínæ dona commendáti.

recommandables par les dons de la science.

15 Mihi autem dedit Deus dícere ex senténtia,

15. Pour moi, Dieu m’a donné de dire ce que je sens,

et præsúmere digna horum quæ mihi dantur :

et d’avoir des pensées dignes des faveurs qui me sont accordées,

quóniam ipse sapiéntiæ dux est,

parce qu’il est lui-même le guide de la sagesse

et sapiéntium emendátor.

et le réformateur des sages ;

16 In manu enim illíus et nos et sermónes nostri,

16. Car nous sommes dans sa main, et nous et nos paroles,

et omnis sapiéntia, et óperum sciéntia, et disciplína.

et toute la sagesse, et la science d’agir, et l’instruction.

17 Ipse enim dedit mihi horum quæ sunt sciéntiam veram,

17. Car c’est lui-même qui m’a donné de ce qui est la vraie science,

ut sciam dispositiónem orbis terrárum, et virtútes elementórum,

afin que je connaisse la disposition du disque de la terre, et les vertus des éléments,

18 inítium, et consummatiónem, et medietátem témporum,

18. Le commencement et la fin, et le milieu des temps,

vicissitúdinum permutatiónes, et commutatiónes témporum,

les permutations des choses qui se succèdent et les changements des saisons,

19 anni cursus, et stellárum dispositiónes,

19. Les révolutions des années, et les dispositions des étoiles,

20 natúras animálium, et iras bestiárum,

20. Les natures des animaux, et les colères des bêtes ;

vim ventórum, et cogitatiónes hóminum,

la force des vents et les pensées des hommes ;

differéntias virgultórum, et virtútes radícum.

les différences des plantes, et les vertus des racines ;

21 Et quæcúmque sunt abscónsa et improvísa dídici :

21. Et toutes les choses cachées et imprévues, je les ai apprises,

ómnium enim ártifex dócuit me sapiéntia.

parce que l’artisan de toutes choses, la sagesse, m’a instruit.

22 Est enim in illa spíritus intelligéntiæ,

22. Car en elle est un esprit d’intelligence,

sanctus, únicus, multiplex, subtílis,

saint, unique, multiple, subtil,

disértus, móbilis, incoinquinátus, certus,

disert, prompt, sans tache, certain,

suávis, amans bonum, acútus,

doux, aimant le bien, pénétrant,

quem nihil vetat, benefáciens,

que rien ne peut empêcher d’agir, bienfaisant ;

23 humánus, benígnus, stábilis, certus, secúrus,

23. Humain, bienveillant, stable, sûr, calme,

omnem habens virtútem, ómnia prospíciens,

ayant toute puissance, voyant tout,

et qui cápiat omnes spíritus,

contenant tous les esprits,

intelligíbilis, mundus, subtílis.

intelligible, pur, subtil ;

24 Omnibus enim mobílibus mobílior est sapiéntia :

24. Car la sagesse est plus prompte que tout ce qu’il y a de prompt,

attíngit autem ubíque propter suam mundítiam.

et elle atteint partout à cause de sa pureté.

25 Vapor est enim virtútis Dei,

25. Elle est la vapeur de la vertu de Dieu,

et emanátio quædam est claritátis omnipoténtis Dei sincéra,

et une certaine émanation de la gloire du Tout-Puissant :

et ídeo nihil inquinátum in eam incúrrit :

et c’est pour cela que rien de souillé n’entre en elle :

26 candor est enim lucis ætérnæ,

26. Car elle est l’éclat de la lumière éternelle,

et spéculum sine mácula Dei majestátis,

le miroir sans tache de la majesté de Dieu,

et imágo bonitátis illíus.

et l’image de sa bonté :

27 Et cum sit una, ómnia potest ;

27. Et quoiqu’elle ne soit qu’une, elle peut tout ;

et in se pérmanens ómnia ínnovat :

et immuable en soi, elle renouvèle toutes choses ;

et per natiónes in ánimas sanctas se transfert ;

elle se répand parmi les nations dans les âmes saintes,

amícos Dei et prophétas constítuit.

et elle forme les amis de Dieu et les prophètes.

28 Néminem enim díligit Deus,

28. Car Dieu n’aime personne,

nisi eum qui cum sapiéntia inhábitat.

si ce n’est celui qui habite avec la sagesse.

29 Est enim hæc speciósior sole,

29. Car elle est plus belle que le soleil,

Et super omnem dispositiónem stellárum :

et au-dessus de toute disposition des étoiles ;

Luci comparáta, invenítur prior.

comparée à la lumière, elle se trouve la première.

30 Illi enim succédit nox ;

30. Car à la lumière succède la nuit ;

sapiéntiam autem non vincit malítia.

mais la malice ne triomphe pas de la sagesse.

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CHAP. VII. 2. Job. X, 10. — 6. Job. I, 21 ; I Tim. VI, 7. — 9. Job. XXVIII, 15 ; Prov. VIII, 11. — 11. III Reg. III, 13 ; Matth. VI, 33. — 26. Hebr. I, 3.

 

1. J’ai été formé chair ; c’est-à-dire corps ; mon corps a été formé.

2. * Dans l’espace de dix mois. L’année chez les Hébreux se composait de mois de 29 et 30 jours. La naissance de l’enfant arrivait ordinairement vers le milieu du dixième mois, et l’on comptait le mois commencé, dans le calcul que nous avons ici, selon un usage assez commun en Orient. C’est ainsi qu’il est dit que Jésus-Christ resta trois jours dans le tombeau, quoiqu’il n’y ait été mis que le vendredi soir et qu’il soit ressuscité le dimanche matin.

3. J’ai reçu, etc. ; j’ai respiré l’air commun à tous les autres hommes.

7. J’ai désiré, etc. Compar. III Reg. III, 9-11.

8. Et je l’ai mise, etc. Compar. Prov. VIII, 10, 11, 15, 16.

11. Richesses ; c’est le sens du grec, et même du latin de la Vulgate honéstas, non seulement ici, mais dans tout le livre.

20. * Les colères des bêtes. Le sens du grec est plus général, il exprime tous les instincts des animaux. — Les différences des plantes, la science de la botanique. — Les vertus des racines, la connaissance des remèdes.

22. * La sagesse dont il est question dans ce verset et les suivants est la Sagesse incréée, comme l’enseignent les théologiens, et comme le prouve la comparaison du langage de notre livre avec celui de l’Ecclésiastique, XXIV, 4 et suiv., et avec l’Épitre aux Hébreux, I, 3.

25. La vapeur ; comme une odeur qui s’exhale de la vertu divine.

29. Au-dessus de toute disposition des étoiles ; c’est-à-dire supérieure par sa beauté à la disposition déjà si belle des étoiles du firmament. La traduction : Elle est plus élevée que toutes les étoiles, est aussi peu conforme à la Vulgate qu’au texte grec.

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CHAPITRE VIII

Excellence de la sagesse. Avantages que l’on trouve dans la possession de la sagesse. C’est de Dieu qu’on la reçoit.

1 Attíngit ergo a fine usque ad finem fórtiter,

1. La sagesse, au contraire, atteint avec force d’une extrémité à une autre extrémité,

et dispónit ómnia suáviter.

et dispose toutes choses avec douceur.

2 Hanc amávi, et exquisívi a juventúte mea,

2. Je l’ai aimée, je l’ai recherchée dès ma jeunesse,

et quæsívi sponsam mihi eam assúmere,

et j’ai demandé à l’avoir pour épouse,

et amátor factus sum formæ illíus.

et je suis devenu amateur de sa beauté.

3 Generositátem illíus gloríficat,

3. Elle glorifie la noblesse de son origine,

contubérnium habens Dei ;

comme jouissant de l’union étroite de Dieu ;

sed et ómnium Dóminus diléxit illam.

et aussi parce que le Seigneur de toutes choses l’a aimée ;

4 Doctrix enim est disciplínæ Dei,

4. Car c’est elle qui enseigne la science de Dieu,

et eléctrix óperum illíus.

et qui choisit ses œuvres.

5 Et si divítiæ appetúntur in vita,

5. Et si on convoite les richesses dans la vie,

quid sapiéntia locuplétius quæ operátur ómnia ?

quoi de plus riche que la sagesse qui opère toutes choses ?

6 Si autem sensus operátur,

6. Mais si c’est l’intelligence de l’homme qui produit,

quis horum quæ sunt magis quam illa est ártifex ?

qui plus qu’elle est l’artisan de ces choses qui existent ?

7 Et si justítiam quis díligit,

7. Et si quelqu’un aime la justice,

labóres hujus magnas habent virtútes :

ses travaux ont pour objet les grandes vertus ;

sobrietátem enim et prudéntiam docet,

car elle enseigne la sobriété et la prudence,

et justítiam, et virtútem,

la justice et la force d’âme,

quibus utílius nihil est in vita homínibus.

choses qui sont les plus utiles à l’homme dans la vie.

8 Et si multitúdinem sciéntiæ desíderat quis,

8. Et si quelqu’un désire une grande science,

scit prætérita, et de futúris ǽstimat ;

elle sait les choses passées et juge des futures ;

scit versútias sermónum, et dissolutiónes argumentórum ;

elle sait les artifices du discours et la solution des arguments ;

signa et monstra scit ántequam fiant,

elle sait les signes et les prodiges avant qu’ils se produisent,

et evéntus témporum et sæculórum.

et les évènements des temps et des siècles.

9 Propósui ergo hanc addúcere mihi ad convivéndum,

9. Je me suis donc proposé de l’amener à vivre avec moi,

sciens quóniam mecum communicábit de bonis,

sachant qu’elle me communiquera ses biens,

et erit allocútio cogitatiónis et tǽdii mei.

et qu’elle sera la consolation de ma pensée et de mon ennui.

10 Habébo propter hanc claritátem ad turbas,

10. À cause d’elle j’acquerrai de la gloire auprès de la multitude,

et honórem apud senióres júvenis ;

et de l’honneur auprès des vieillards, quoique jeune ;

11 et acútus invéniar in judício,

11. Je serai trouvé pénétrant dans les jugements,

et in conspéctu poténtium admirábilis ero,

et en présence des puissants je serai admirable ;

et fácies príncipum mirabúntur me :

et la face des princes me regardera avec étonnement ;

12 tacéntem me sustinébunt,

12. Quand je me tairai, ils attendront patiemment,

et loquéntem me respícient,

et quand je parlerai, ils me regarderont,

et sermocinánte me plura, manus ori suo impónent.

et quand je discourrai sur plusieurs sujets, ils mettront la main sur la bouche.

13 Prætérea habébo per hanc immortalitátem,

13. Outre cela, j’aurai par elle l’immortalité,

et memóriam ætérnam his qui post me futúri sunt relínquam.

et laisserai une mémoire éternelle à ceux qui doivent venir après moi.

14 Dispónam pópulos,

14. Je gouvernerai des peuples,

et natiónes mihi erunt súbditæ :

et des nations me seront soumises.

15 timébunt me audiéntes reges horréndi.

15. Les rois les plus redoutables me craindront, lorsqu’ils m’entendront :

In multitúdine vidébor bonus,

au milieu de la multitude je me montrerai bon,

et in bello fortis.

et dans la guerre, vaillant.

16 Intrans in domum meam, conquiéscam cum illa :

16. Entrant dans ma maison, je reposerai avec elle ;

non enim habet amaritúdinem conversátio illíus,

car sa conversation n’a pas d’amertume,

nec tǽdium convíctus illíus,

ni sa société d’ennui,

sed lætítiam et gáudium.

mais de l’allégresse et de la joie.

17 Hæc cógitans apud me

17. Pesant ces choses en moi,

et commémorans in corde meo,

et remettant en mémoire à mon cœur,

quóniam immortálitas est in cognatióne sapiéntiæ,

que l’immortalité est alliée de la sagesse,

18 et in amicítia illíus delectátio bona,

18. Et que dans son amitié est un plaisir honnête ;

et in opéribus mánuum illíus honéstas sine defectióne,

dans les œuvres de ses mains, des richesses inépuisables ;

et in certámine loquélæ illíus sapiéntia,

dans ses discussions, la sagesse,

et præcláritas in communicatióne sermónum ipsíus :

et une grande gloire dans la communication de ses discours,

circuíbam quærens, ut mihi illam assúmerem.

je tournais de tous côtés la cherchant, afin de la prendre pour moi.

19 Puer autem eram ingeniósus,

19. Or, j’étais un enfant ingénieux,

et sortítus sum ánimam bonam.

et j’avais reçu en partage une âme bonne.

20 Et cum essem magis bonus,

20. Et comme je devenais bon de plus en plus,

veni ad corpus incoinquinátum.

je suis parvenu à conserver un corps sans souillure.

21 Et ut scivi quóniam áliter non possem esse cóntinens, nisi Deus det ;

21. Et comme j’ai su que je ne pouvais être continent si Dieu ne me donnait de l’être

et hoc ipsum erat sapiéntiæ, scire cujus esset hoc donum :

(et c’était déjà un effet de la sagesse, de savoir de qui était ce don),

ádii Dóminum, et deprecátus sum illum,

je recourus au Seigneur, et le suppliai,

et dixi ex totis præcórdiis meis :

et je lui dis de tout mon cœur :

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CHAP. VIII. 2. Eccli. XV, 2.

 

6. Mais si c’est, etc. Si c’est l’intelligence (humaine), qui fait tant d’excellents ouvrages, pour faire tout ce qui existe, n’a-t-il pas fallu une intelligence bien supérieure ? Compar. VII, 12-21 ; Prov. VIII, 22.

8. La solution des arguments ; ou selon le grec : La solution des énigmes.

12. Ils attendront patiemment ; que je parle. — Ils me regarderont ; comme ravis d’admiration par la sagesse de mes discours. — Ils mettront la main, etc. Compar. Job. XXIX, 9-10.

15. Lorsqu’ils m’entendront ; ou Lorsqu’ils entendront parler de moi.

18. Des richesses (honéstas). Voy., sur ce mot, VII, 11.

19. Un enfant ingénieux (ingeniosus). — J’ai reçu en partage ; littér. par le sort ; c’est-à-dire par un pur effet de la bonté de Dieu.

20. Ce verset mal entendu a fait croire à plusieurs que l’auteur favorisait la préexistence des âmes, système condamné par le Ve concile général tenu à Constantinople. Quand le Sage dit qu’il est venu dans un corps sans souillure, il n’entend nullement parler du moment de la création, lorsque son âme a été jointe à son corps ; il veut dire seulement qu’ayant reçu de Dieu une âme pleine de dispositions favorables pour le bien (vers. 19), il les a cultivées avec soin, en sorte que son corps a été exempt des souillures qui sont un obstacle à l’étude de la sagesse, qu’il reconnait lui-même (vers. 21) être un don particulier de Dieu.

21. Être continent (esse continens) ; posséder la continence ; sens que favorise le verset précédent ; cependant d’autres traduisent par posséder, retenir, conserver la sagesse, fondés principalement sur ce que : 1° le grec signifie obtenir ce qu’on désire, posséder, aussi bien qu’être continent, chaste ; 2° la Vulgate elle-même emploie dans l’Ecclésiastique (VI, 28 ; XV, 1) le mot continens dans le sens de possesseur de la sagesse (sapiéntiæ) et possesseur de la justice (justitiæ) ; 3° que dans la prière qui suit immédiatement, c’est la sagesse qui en fait l’objet.

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CHAPITRE IX

Prière de Salomon au Seigneur pour obtenir la sagesse. La sagesse est nécessaire pour gouverner les autres et pour se conduire soi-même.

1 Deus patrum meórum, et Dómine misericórdiæ,

1. Dieu de mes pères, et Seigneur de miséricorde,

qui fecísti ómnia verbo tuo,

qui avez fait toutes choses par votre parole,

2 et sapiéntia tua constituísti hóminem,

2. Et par votre sagesse avez formé l’homme,

ut dominarétur creatúræ quæ a te facta est,

afin qu’il dominât sur la créature que vous avez faite,

3 ut dispónat orbem terrárum in æquitáte et justítia,

3. Afin qu’il dirige le disque de la terre dans l’équité

et in directióne cordis judícium júdicet :

et la justice, et qu’il rende les jugements dans la droiture de cœur :

4 da mihi sédium tuárum assistrícem sapiéntiam,

4. Donnez-moi la sagesse assistante à votre trône,

et noli me reprobáre a púeris tuis :

et ne me rejetez pas du nombre de vos enfants ;

5 quóniam servus tuus sum ego, et fílius ancíllæ tuæ ;

5. Parce que je suis votre serviteur, moi, et le fils de votre servante,

homo infírmus, et exígui témporis,

un homme infirme et de peu de temps,

et minor ad intelléctum judícii et legum.

et peu capable de comprendre les jugements et les lois.

6 Nam etsi quis erit consummátus inter fílios hóminum,

6. Car encore que quelqu’un soit consommé en savoir parmi les fils des hommes,

si ab illo abfúerit sapiéntia tua, in níhilum computábitur.

si votre sagesse n’est pas en lui, il sera compté pour rien.

7 Tu elegísti me regem pópulo tuo,

7. C’est vous qui m’avez choisi pour roi de votre peuple,

et júdicem filiórum tuórum et filiárum :

et pour juge de vos fils et de vos filles ;

8 et dixísti me ædificáre templum in monte sancto tuo,

8. Et vous m’avez dit de bâtir un temple sur votre montagne sainte,

et in civitáte habitatiónis tuæ altáre :

et dans la cité de votre habitation, un autel,

similitúdinem tabernáculi sancti tui quod præparásti ab inítio.

représentation de votre tabernacle saint que vous avez préparé dès le commencement ;

9 Et tecum sapiéntia tua, quæ novit ópera tua,

9. Et avec vous est votre sagesse, qui connait vos ouvrages,

quæ et áffuit tunc cum orbem terrárum fáceres,

qui fut présente lorsque vous formiez le disque de la terre,

et sciébat quid esset plácitum óculis tuis,

et qui savait ce qui était agréable à vos yeux,

et quid diréctum in præcéptis tuis.

et ce qu’il y avait de droiture dans vos préceptes.

10 Mitte illam de cælis sanctis tuis,

10. Envoyez-la de vos cieux saints,

et a sede magnitúdinis tuæ,

et du trône de votre grandeur,

ut mecum sit et mecum labóret,

afin qu’elle soit avec moi, et qu’avec moi elle agisse,

ut sciam quid accéptum sit apud te :

afin que je sache ce qui est favorablement accueilli par vous :

11 scit enim illa ómnia, et intélligit,

11. Car elle sait toutes choses, et elle les comprend ;

et dedúcet me in opéribus meis sóbrie,

elle me conduira dans mes œuvres avec circonspection,

et custódiet me in sua poténtia.

et me gardera par sa puissance.

12 Et erunt accépta ópera mea,

12. Et mes œuvres seront favorablement accueillies,

et dispónam pópulum tuum juste,

et je dirigerai votre peuple justement,

et ero dignus sédium patris mei.

et je serai digne du trône de mon père.

13 Quis enim hóminum póterit scire consílium Dei ?

13. Car qui d’entre les hommes pourra savoir le conseil de Dieu ?

aut quis póterit cogitáre quid velit Deus ?

ou qui pourra penser ce que veut Dieu ?

14 Cogitatiónes enim mortálium tímidæ,

14. Car les pensées des mortels sont timides,

et incértæ providéntiæ nostræ ;

et nos prévoyances incertaines.

15 corpus enim quod corrúmpitur ággravat ánimam,

15. Car le corps, qui se corrompt, appesantit l’âme ;

et terréna inhabitátio déprimit sensum multa cogitántem.

et cette habitation terrestre abat l’esprit qui pense beaucoup de choses.

16 Et diffícile æstimámus quæ in terra sunt,

16. Et difficilement nous apprécions les choses qui sont sur la terre,

et quæ in prospéctu sunt invénimus cum labóre :

et celles qui sont sous nos yeux, nous les trouvons avec peine.

quæ autem in cælis sunt, quis investigábit ?

Mais celles qui sont dans les cieux, qui les découvrira ?

17 Sensum autem tuum, quis sciet, nisi tu déderis sapiéntiam,

17. Or votre sentiment, Seigneur, qui le connaitra, si vous ne donnez vous-même la sagesse,

et míseris spíritum sanctum tuum de altíssimis,

et si vous n’envoyez votre esprit saint du plus haut des cieux ;

18 et sic corréctæ sint sémitæ eórum qui sunt in terris,

18. Et qu’ainsi soient redressées les voies de ceux qui sont sur la terre,

et quæ tibi placent didícerint hómines ?

et que les hommes apprennent ce qui vous plaît ?

19 Nam per sapiéntiam sanáti sunt

19. Car c’est par la sagesse qu’ont été guéris

quicúmque placuérunt tibi, Dómine, a princípio.

tous ceux qui vous ont plu, Seigneur, dès le commencement.

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CHAP. IX. 1. I Reg. III, 9. — 5. Ps. CXV, 16. — 7. I Par. XXVIII, 4, 5 ; II Par. I, 9. — 9. Prov. VIII, 22, 27 ; Joan. I, 1. — 13. Is. XL, 13 ; Rom. XI, 34 ; I Cor. II, 16.

 

1. Dieu de mes pères, etc. C’est la prière dont il est parlé au chapitre précédent ; elle continue dans tout le reste du livre. On peut la considérer comme une paraphrase de celle qu’on lit III Reg. III, 6 et suiv. L’auteur étend ici la pensée de Salomon et y ajoute plusieurs choses qui reviennent à son dessein, qui est d’instruire les rois, de leur inspirer l’amour de la sagesse, de la vertu, de la justice, et de les éloigner de la violence, de l’injustice et du dérèglement.

8. Représentation ; copie ; littér. similitude. Le temple de Salomon fut construit sur le plan du tabernacle que Moïse érigea dans le désert. Compar. III Reg. VI, avec Ex. XXV-XXX.

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CHAPITRE X

Merveilles opérées par la sagesse depuis le commencement du monde, en la personne d’Adam, de Noé, d’Abraham, de Jacob, de Joseph, de Moïse, et en faveur des Israélites.

1 Hæc illum qui primus formátus est a Deo patre orbis terrárum,

1. C’est elle qui conserva celui qui fut formé le premier par Dieu, pour être le père du disque de la terre,

cum solus esset creátus, custodívit,

ayant d’abord été créé seul ;

2 et edúxit illum a delícto suo,

2. Et elle le tira de son péché,

et dedit illi virtútem continéndi ómnia.

et lui donna la force de gouverner toutes choses.

3 Ab hac ut recéssit injústus in ira sua,

3. Dès qu’un injuste, dans sa colère, se sépara d’elle,

per iram homicídii fratérni depériit.

il périt par la colère qui le porta au meurtre de son frère.

4 Propter quem cum aqua deléret terram, sanávit íterum sapiéntia,

4. Lorsqu’à cause de lui, l’eau inonda la terre, la sagesse sauva de nouveau le monde,

per contemptíbile lignum justum gubérnans.

en gouvernant le juste par un bois méprisable.

5 Hæc et in consénsu nequítiæ, cum se natiónes contulíssent,

5. C’est elle aussi qui, lorsque les nations, d’un commun accord, s’abandonnèrent au mal,

scivit justum, et conservávit sine queréla Deo,

discerna le juste, le rendit irréprochable devant Dieu,

et in fílii misericórdia fortem custodívit.

et le conserva fort contre sa tendresse pour son fils.

6 Hæc justum a pereúntibus ímpiis liberávit fugiéntem,

6. C’est elle qui délivra un juste, fuyant du milieu des impies,

descendénte igne in Pentápolim :

qui périrent par un feu descendu sur la Pentapole :

7 quibus in testimónium nequítiæ

7. En témoignage de leur méchanceté,

fumigabúnda constat desérta terra,

cette terre déserte est toujours fumante ;

et incérto témpore fructus habéntes árbores :

les arbres portant des fruits hors de saison,

et incredíbilis ánimæ memória stans figméntum salis.

et une statue de sel debout, souvenir d’une âme incrédule.

8 Sapiéntiam enim prætereúntes,

8. Ceux qui ont négligé la sagesse,

non tantum in hoc lapsi sunt ut ignorárent bona,

non seulement sont tombés par là même dans l’ignorance du bien ;

sed et insipiéntiæ suæ reliquérunt homínibus memóriam,

mais ils ont encore laissé aux hommes un souvenir de leur folie,

ut in his quæ peccavérunt nec latére potuíssent.

en sorte que leurs fautes n’auraient pu demeurer cachées.

9 Sapiéntia autem hos qui se obsérvant

9. Mais la sagesse a délivré des douleurs

a dolóribus liberávit.

ceux qui l’observent.

10 Hæc prófugum iræ fratris justum dedúxit per vias rectas,

10. C’est elle qui a conduit par des voies droites un juste

et osténdit illi regnum Dei,

qui fuyait la colère de son frère,

et dedit illi sciéntiam sanctórum ;

qui lui a montré le royaume de Dieu,

honestávit illum in labóribus,

qui lui a donné la science des saints,

et complévit labóres illíus.

qui l’a enrichi dans ses travaux, et a rendu prospères ses travaux.

11 In fraude circumveniéntium illum áffuit illi,

11. Elle l’a secouru contre la fraude de ceux qui le circonvenaient,

et honéstum fecit illum.

et elle l’a rendu riche.

12 Custodívit illum ab inimícis,

12. Elle l’a gardé contre ses ennemis,

et a seductóribus tutávit illum :

défendu contre ses séducteurs,

et certámen forte dedit illi ut vínceret,

et l’a engagé dans un rude combat, afin qu’il vainquît

et sciret quóniam ómnium poténtior est sapiéntia.

et qu’il sût que la sagesse est plus puissante que toutes choses.

13 Hæc vénditum justum non derelíquit,

13. C’est elle qui n’a pas délaissé un juste, lorsqu’il fut vendu ;

sed a peccatóribus liberávit eum ;

mais elle l’a délivré des mains des pécheurs,

descendítque cum illo in fóveam,

elle est descendue avec lui dans une fosse ;

14 et in vínculis non derelíquit illum,

14. Dans les liens même elle ne l’a pas quitté,

donec afférret illi sceptrum regni,

jusqu’à ce qu’elle lui eût remis le sceptre du royaume,

et poténtiam advérsus eos qui eum deprimébant :

et la puissance contre ceux qui l’opprimaient ;

et mendáces osténdit qui maculavérunt illum,

elle a convaincu de mensonge ceux qui l’ont déshonoré,

et dedit illi claritátem ætérnam.

et elle lui a donné une gloire éternelle.

15 Hæc pópulum justum et semen sine queréla liberávit

15. C’est elle qui a délivré un peuple juste

a natiónibus quæ illum deprimébant.

et une race irrépréhensible des nations qui l’opprimaient

16 Intrávit in ánimam servi Dei,

16. Elle est entrée dans l’âme d’un serviteur de Dieu

et stetit contra reges horréndos in porténtis et signis.

et s’est élevée par des prodiges et des signes contre des rois redoutables.

17 Et réddidit justis mercédem labórum suórum,

17. Elle a rendu à des justes la récompense de leurs travaux,

et dedúxit illos in via mirábili :

et les a conduits par une voie admirable :

et fuit illis in velaménto diéi,

et elle a été pour eux l’ombre pendant le jour,

et in luce stellárum per noctem ;

et la lumière des étoiles pendant la nuit ;

18 tránstulit illos per mare Rubrum,

18. Elle les a conduits par la mer Rouge,

et transvéxit illos per aquam nímiam.

et les a fait passer à travers des eaux immenses.

19 Inimícos autem illórum demérsit in mare,

19. Mais elle a enseveli leurs ennemis dans la mer,

et ab altitúdine inferórum edúxit illos.

et elle les a retirés eux-mêmes du fond des abimes.

Ideo justi tulérunt spólia impiórum,

C’est pour cela que les justes ont emporté des dépouilles des impies,

20 et decantavérunt, Dómine, nomen sanctum tuum,

20. Et qu’ils ont chanté, Seigneur, votre nom saint,

et victrícem manum tuam laudavérunt páriter :

et qu’ils ont loué tous ensemble votre main victorieuse,

21 quóniam sapiéntia apéruit os mutórum,

21. Parce que la sagesse a ouvert la bouche des muets,

et linguas infántium fecit disértas.

et qu’elle a rendu les langues des petits enfants éloquentes.

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CHAP. X. 1. Gen. I, 27. — 2. Gen. II, 7. — 3. Gen. IV, 8. — 4. Gen. VII, 21. — 5. Gen. XI, 2. — 6. Gen. XIX, 17, 22. — 10. Gen. XXVIII, 5, 10. — 13. Gen. XXXVII, 28. — 14. Gen. XLI, 40 ; Act. VII, 10. — 15. Ex. I, 11. — 18. Ex. XIV, 22 ; Ps. LXVII, 13. — 19. Ex. XII, 35. — 20. Ex. XV, 1.

 

1. * Celui qui fut formé le premier par Dieu, Adam.

3. Un injuste ; c’est-à-dire Cain. — * Au meurtre de son frère, Abel.

4. À cause de lui ; à cause de ses péchés que ses descendants imitèrent. — Un bois méprisable. L’arche de Noé, désigné ici sous le nom de juste, parut, en effet, méprisable aux yeux de ses contemporains impies.

5. Le juste ; probablement Abraham, qui se conserva pur au milieu des peuples idolâtres, et même au milieu de la famille de son père, qui adorait les idoles. — Et le conserva fort, etc. Ceci convient parfaitement à Abraham, qui, comme le remarque saint Ambroise, se montra sage en croyant à Dieu, qui lui parlait, et en ne préférant pas son amour pour son fils aux ordres de son Dieu ; juste, en rendant au créateur ce qu’il tenait de sa libéralité ; enfin, fort et généreux, en réprimant les sentiments de la nature, et en offrant à Dieu un sacrifice entier de tout ce qu’il avait de plus cher au monde, et de tout ce qu’il ressentait de plus vif et de plus tendre.

6. Un juste ; c’est Lot. — La Pentapole ; c’est-à-dire les cinq villes : Sodome, Gomorrhe, Adama, Séboïm et Ségor ; cette dernière fut préservée par les prières de Lot. Ce qui est dit dans ce verset et le suivant sur la Pentapole se trouve confirmé par les relations des voyageurs.

7. Des fruits hors de saison (incérto témpore) ; qui ne mûrissent pas. C’est l’opposé des fruits qui viennent dans leur temps (témpore suo), comme dit le Psalmiste (Ps. I, 3), et qui par là même arrivent à une parfaite maturité. — Une statue de sel, etc. Voy. Gen. XIX, 24-26. — * Il y a toujours une évaporation très forte sur la mer Morte ; elle suffit pour compenser l’apport que lui fait le Jourdain, apport que Tobler évalue à six millions quatre-vingt-dix mille tonnes par jour. C’est peut-être à ce phénomène que fait allusion l’auteur de la Sagesse ; mais il faut remarquer de plus que sur la rive orientale, il y a plusieurs sources qui se jettent dans l’ouadi Zerka, et dont l’eau presque bouillante remplit la vallée de vapeur fumante. — Portant des fruits hors de saison, les célèbres pommes de Sodome. Josèphe dit que la terre de Sodome produit des fruits qui paraissent bons à manger, mais qui se réduisent en poussière dès qu’on les touche. On croit communément que c’est le fruit de l’asclépiade géante, l’ochar des Arabes. Il est jaune et ressemble à une pomme. On trouve sur la côte occidentale de la mer Morte et principalement à Engaddi un fruit qu’on appelle « pomme de Sodome. Il a neuf centimètres de la queue à l’extrémité et onze centimètres de circonférence. Il n’a point de chair et n’est vraiment qu’une peau verte ressemblant à celle d’une figue, contenant des graines semblables aux pépins des pommes ordinaires. Chacun de ces pépins porte une grosse barbe d’environ trois centimètres de long, plus douce que la soie. Cette barbe se file plus facilement que le coton, mais elle n’a pas beaucoup de résistance. La plante qui le produit est vivace et semi-ligneuse ; elle ne dépasse guère la hauteur de trois mètres, et ses feuilles ressemblent assez à une petite feuille de chou cabus, excepté cependant qu’elles ne sont pas bombées. Ne serait-ce pas là le fruit dont parle le livre de la Sagesse ? » (Liévin.)

10. Un juste ; Jacob, frère d’Ésaü. — L’a enrichi (honestavit). Voy. VII, 11. Pour les autres détails concernant Jacob, et compris dans les versets 11 et 12, on peut comparer Gen. XXXI-XXXIII.

13. Ce verset et le suivant tracent les principaux traits de l’histoire de Joseph, fils du patriarche Jacob.

14. Le sceptre du royaume. Moïse dit que Pharaon établit Joseph sur toute sa maison, et qu’il lui donna une autorité absolue sur toute l’Égypte ; cela suffit pour justifier l’expression sceptre du royaume, surtout si on considère que dans le pays de Chanaan on donnait le nom de rois à tous ceux qui gouvernaient une ville ou qui étaient élevés à de grands honneurs, et qu’Abraham et Moïse sont appelés rois par Justin, Nicolas de Damas et l’historien Josèphe. — Qui l’ont déshonoré ; c’est-à-dire qui ont cherché à le déshonorer par de fausses accusations, comme la femme de Putiphar.

15. Un peuple, etc. Les Israélites pouvaient être appelés justes et irrépréhensibles, par rapport aux Égyptiens qu’ils n’avaient jamais offensés et qui les avaient réduits à la plus cruelle servitude, et même un peuple saint, avec le texte grec, puisque ce peuple était choisi de Dieu pour lui être consacré, et que dès lors il servait et adorait le Dieu que ses pères avaient servi et adoré, et que, de plus, les prémices en étaient consacrées à Dieu dans la personne des anciens patriarches et des autres justes qui leur avaient succédé dans ce même peuple. C’est ainsi que saint Paul, dans le temps même de la réprobation d’une partie du peuple juif, dit en parlant de cette nation : Que si les prémices sont saintes, la masse l’est aussi ; et si la racine est sainte, les rameaux aussi (Rom. XI, 16).

16. D’un serviteur de Dieu ; de Moïse. — Des rois redoutables. Moïse ne parut que devant Pharaon ; mais, comme on l’a vu au verset 14, on donnait dans ces temps-là le nom de roi aux grands et aux princes.

19. Elle les a retirés eux-mêmes ; c’est-à-dire les Israélites appelés justes dans les versets précédents. La plupart des interprètes expliquent ainsi le texte ; mais quelques-uns appliquent le pronom les (illos) aux Égyptiens, nommés dans le même verset les ennemis des Israélites (inimicos illorum). Ces derniers se fondent : 1° sur ce que Moïse dit expressément qu’après avoir traversé la mer à pied sec, les enfants d’Israël virent les Égyptiens morts sur le rivage (Ex. XIV, 29) ; 2° sur ce que l’auteur de la Sagesse ajoute immédiatement : C’est pour cela que les justes ont emporté les dépouilles des impies (des Égyptiens) ; arguments, il faut en convenir, plus spécieux que solides.

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CHAPITRE XI

La sagesse a conduit les Israélites dans le désert. Miracle de l’eau tirée du rocher par Moïse. Sagesse de Dieu marquée dans les plaies dont il frappa l’Égypte. Bonté de Dieu pour ses créatures.

1 Diréxit ópera eórum in mánibus prophétæ sancti.

1. Elle a dirigé leurs œuvres par les mains d’un saint prophète.

2 Iter fecérunt per desérta quæ non habitabántur,

2. Ils ont fait route par des déserts ;

et in locis desértis fixérunt casas.

et c’est dans des lieux déserts qu’ils ont planté leurs tentes.

3 Stetérunt contra hostes,

3. Ils ont tenu ferme contre leurs ennemis,

et de inimícis se vindicavérunt.

et ils se sont vengés de ceux qui leur étaient opposés.

4 Sitiérunt, et invocavérunt te,

4. Ils ont eu soif, et ils vous ont invoqué,

et data est illis aqua de petra altíssima,

et il leur a été donné de l’eau d’un rocher très élevé,

et réquies sitis de lápide duro.

et l’apaisement de leur soif est venu d’une pierre dure.

5 Per quæ enim pœnas passi sunt inimíci illórum

5. Car, lorsque leurs ennemis furent punis

a defectióne potus sui,

par le manque de leurs eaux,

et in eis cum abundárent fílii Israël lætáti sunt :

tandis que les fils d’Israël se réjouirent d’en avoir en abondance ;

6 per hæc, cum illis deéssent, bene cum illis actum est.

6. Eux-mêmes, lorsqu’ils en manquèrent, furent bien traités.

7 Nam pro fonte quidem sempitérni flúminis,

7. En effet, au lieu de la source d’un fleuve qui coulait toujours,

humánum sánguinem dedísti injústis.

vous donnâtes du sang aux hommes injustes.

8 Qui cum minueréntur in traductióne infántium occisórum,

8. Et lorsqu’ils étaient diminués pour avoir livré les enfants à la mort,

dedísti illis abundántem aquam insperáte,

vous donnâtes aux Israélites une eau abondante, d’une manière inespérée,

9 osténdens per sitim quæ tunc fuit,

9. Montrant par cette soif qui arriva alors,

quemádmodum tuos exaltáres,

de quelle manière vous releviez les vôtres,

et adversários illórum necáres.

et comment vous faisiez mourir leurs ennemis.

10 Cum enim tentáti sunt,

10. Car, lorsque vos enfants eurent été éprouvés,

et quidem cum misericórdia disciplínam accipiéntes,

mais, à la vérité, en recevant un châtiment mêlé de miséricorde,

sciérunt quemádmodum cum ira judicáti ímpii torménta pateréntur.

ils comprirent de quelle manière, jugés dans votre colère, les impies souffraient des tourments.

11 Hos quidem tamquam pater monens probásti ;

11. À la vérité, vous avez éprouvé les uns comme un père qui avertit ;

illos autem tamquam durus rex intérrogans condemnásti.

mais les autres, vous les avez condamnés comme un roi sévère qui interroge.

12 Abséntes enim, et præséntes, simíliter torquebántur.

12. Car absents et présents, ils étaient également tourmentés :

13 Duplex enim illos accéperat tǽdium et gémitus,

13. Car un double ennui s’était emparé d’eux,

cum memória præteritórum.

et un gémissement au souvenir du passé.

14 Cum enim audírent per sua torménta bene secum agi,

14. Car, lorsqu’ils apprirent que ce qui avait fait leur tourment était devenu un bien pour les autres,

commemoráti sunt Dóminum, admirántes in finem éxitus.

ils se souvinrent du Seigneur, en admirant la fin de l’évènement.

15 Quem enim in expositióne prava projéctum derisérunt,

15. Car celui qu’ils tournèrent d’abord en dérision, dans l’exposition cruelle à laquelle il avait été abandonné,

in finem evéntus miráti sunt,

ils l’admirèrent à la fin de l’évènement,

non simíliter justis sitiéntes.

leur soif n’étant pas semblable à celle des justes.

16 Pro cogitatiónibus autem insensátis iniquitátis illórum,

16. Et quant aux pensées insensées de leur iniquité,

quod quidam errántes colébant mutos serpéntes

parce que quelques-uns, dans leur égarement, adoraient des serpents muets

et béstias supervácuas,

et des bêtes inutiles,

immisísti illis multitúdinem mutórum animálium in vindíctam ;

vous avez envoyé contre eux une multitude d’animaux muets en signe de vengeance ;

17 ut scirent quia per quæ peccat quis, per hæc et torquétur.

17. Afin qu’ils sussent que par où quelqu’un a péché, c’est par là qu’il est tourmenté.

18 Non enim impossíbilis erat omnípotens manus tua,

18. Car il n’était pas impossible à votre main toute-puissante,

quæ creávit orbem terrárum ex matéria invísa,

qui a créé le disque de la terre d’une matière informe,

immíttere illis multitúdinem ursórum, aut audáces leónes,

d’envoyer contre eux une multitude d’ours et des lions pleins d’audace,

19 aut novi géneris ira plenas ignótas béstias,

19. Ou des bêtes inconnues d’une nouvelle espèce,

aut vapórem ígnium spirántes,

pleines de colère, respirant une vapeur de feu,

aut fumi odórem proferéntes,

ou répandant une odeur de fumée,

aut horréndas ab óculis scintíllas emitténtes ;

ou lançant par les yeux d’horribles étincelles ;

20 quarum non solum læsúra póterat illos extermináre,

20. Bêtes dont non seulement la morsure pouvait les exterminer,

sed et aspéctus per timórem occídere.

mais l’aspect même les tuer.

21 Sed et sine his uno spíritu póterant occídi,

21. Mais même sans elles, ils pouvaient d’un seul souffle être tués,

persecutiónem passi ab ipsis factis suis,

poursuivis par leurs propres œuvres,

et dispérsi per spíritum virtútis tuæ :

et dispersés par le souffle de votre puissance ;

sed ómnia in mensúra, et número et póndere disposuísti.

mais vous avez disposé toutes choses avec mesure et nombre et poids.

22 Multum enim valére, tibi soli supérerat semper :

22. Car la souveraine puissance est à vous seul à jamais :

et virtúti bráchii tui quis resístet ?

et qui résistera à la force de votre bras ?

23 Quóniam tamquam moméntum statéræ,

23. Parce que le disque de la terre est devant vous

sic est ante te orbis terrárum,

comme ce qui fait pencher une balance,

et tamquam gutta roris antelucáni quæ descéndit in terram.

et comme une goutte de la rosée d’avant le jour, laquelle descend sur la terre.

24 Sed miseréris ómnium, quia ómnia potes ;

24. Mais vous avez pitié de tous, parce que vous pouvez tout,

et dissímulas peccáta hóminum, propter pœniténtiam.

et vous dissimulez les péchés des hommes à cause du repentir.

25 Díligis enim ómnia quæ sunt,

25. Car vous aimez tout ce qui est,

et nihil odísti eórum quæ fecísti ;

et vous ne haïssez rien de tout ce que vous avez fait ;

nec enim ódiens áliquid constituísti aut fecísti.

car ce n’est pas inspiré par la haine que vous avez établi quelque chose, ou que vous l’avez fait.

26 Quómodo autem posset áliquid permanére, nisi tu voluísses ?

26. Mais comment quelque chose pourrait-il subsister, si vous ne l’aviez pas voulu ?

aut quod a te vocátum non esset conservarétur ?

ou comment ce qui n’aurait pas été ordonné par vous se conserverait-il ?

27 Parcis autem ómnibus, quóniam tua sunt, Dómine,

27. Mais vous êtes indulgent envers tous, parce que tout est à vous, Seigneur,

qui amas ánimas.

qui aimez les âmes.

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CHAP. XI. 1. Ex. XVI, 1. — 3. Ex. XVII, 13. — 4. Num. XX, 11. — 16. Infra. XII, 24. — 18. Lev. XXVI, 22 ; Infra. XVI, 1 ; Jer. VIII, 17.

 

1. D’un saint prophète ; c’est-à-dire de Moïse, appelé en effet prophète dans plusieurs passages de l’Écriture. Voy. Num. XII, 6-7 ; Deut. XVIII, 15 ; XXXIV, 10.

2. * Par des déserts, dans le Sinaï.

3. Contre leurs ennemis ; les Amalécites (Ex. XVII), les Chananéens (Num. XXI), les Madianites (Num. XXV-XXVI), Og, roi de Basan, et Sehon, roi des Amorrhéens (Num. XXI ; Deut. III, XXIX).

4. Et il leur a été donné, etc. Compar. Ex. XXVII ; Num. XX.

5. Dans la Vulgate le sens de ce verset n’est achevé que dans le suivant. Les exigences de notre langue s’opposant à une traduction littérale, nous avons tâché cependant de nous écarter le moins possible de la lettre du texte sacré. L’auteur rappelle ici que les Égyptiens furent tourmentés par la soif, parce que toutes les eaux de leur pays furent changées en sang par Moïse et Aaron (Ex. VII, 19-20), tandis que les Israélites se réjouirent d’en avoir en abondance de potable. — L’expression dans elles (in eis) est le complément ou régime du verbe ils se réjouirent (lætati sunt) ; et le pronom elles (eis), en particulier, remplace le mot eaux (aquis) représenté dans le verset même par boisson (potus).

6. Eux-mêmes ; les Israélites. — Furent bien traités ; puisque le Seigneur leur donna de l’eau toutes les fois qu’ils en manquèrent.

7. D’un fleuve ; du Nil. — Qui coulait toujours ; cela est dit par opposition aux torrents et aux lacs qui tarissent et ne durent que peu.

8. Les Égyptiens diminuèrent en nombre, parce qu’il en mourait beaucoup par la soif.

12. Absents,etc. Ils furent tourmentés, non seulement par les plaies dont Dieu les frappa, lorsque les Israélites étaient encore parmi eux, mais aussi par la douleur qu’ils continuèrent à éprouver, même après leur départ, à cause des grandes pertes qu’ils avaient faites.

15. Leur soif n’étant pas semblable à celle des justes ; celle des Égyptiens, dans leur propre pays, dura longtemps et les décima ; celle des Hébreux cessa dans le désert, dès qu’ils demandèrent de l’eau au Seigneur. — * Celui qu’ils tournèrent en dérision est Moïse.

16. * Adoraient des serpents muets et des bêtes inutiles (supervacuas) ; le grec porte de peu de valeur, viles. On sait que les Égyptiens rendaient un culte à toutes sortes d’animaux qu’ils entretenaient dans leurs temples, bœufs, chats, crocodiles, etc.

18. Informe ; c’est le sens du grec ; la Vulgate porte qui ne se voit pas (invisa).

23. Ce qui fait pencher une balance ; le moindre poids, un grain léger.

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CHAPITRE XII

Dieu châtie avec patience ceux qui l’ont offensé, pour leur donner lieu de faire pénitence. Il instruit ses enfants par les châtiments qu’il exerce sur ses ennemis.

1 O quam bonus et suávis est, Dómine, spíritus tuus in ómnibus !

1. Qu’il est bon et doux, Seigneur, votre esprit en toutes choses !

2 Ideóque eos qui exérrant pártibus córripis,

2. Et c’est pour cela que vous châtiez par parties ceux qui s’égarent ;

et de quibus peccant ádmones et allóqueris,

au sujet de leurs fautes, vous les reprenez et les exhortez,

ut relícta malítia credant in te, Dómine.

afin qu’abandonnant le mal, ils croient en vous, Seigneur.

3 Illos enim antíquos inhabitatóres terræ sanctæ tuæ,

3. Car ces anciens habitants de votre terre sainte

quos exhorruísti,

que vous avez eus en horreur,

4 quóniam odibília ópera tibi faciébant

4. Parce qu’ils faisaient des œuvres odieuses à vos yeux par des enchantements,

per medicámina et sacrifícia injústa,

et des sacrifices injustes ;

5 et filiórum suórum necatóres sine misericórdia,

5. Qu’ils tuaient sans pitié leurs propres enfants ;

et comestóres víscerum hóminum,

qu’ils mangeaient les entrailles des hommes et dévoraient leur sang,

et devoratóres sánguinis a médio sacraménto tuo,

au milieu de votre terre sacrée,

6 et auctóres paréntes animárum inauxiliatárum,

6. Et étaient tout ensemble les pères et les meurtriers des âmes non secourues,

pérdere voluísti per manus paréntum nostrórum :

vous les avez voulu perdre par les mains de nos pères,

7 ut dignam percíperent peregrinatiónem puerórum Dei,

7. Afin qu’elle reçût, la colonie des enfants de Dieu,

quæ tibi ómnium cárior est terra.

cette terre qui vous est la plus chère de toutes.

8 Sed et his tamquam homínibus pepercísti,

8. Et cependant vous les avez épargnés, comme étant hommes,

et misísti antecessóres exércitus tui vespas,

et vous avez envoyé, comme des avant-coureurs de votre armée, des guêpes,

ut illos paulátim exterminárent.

afin qu’elles les exterminassent peu à peu.

9 Non quia ímpotens eras in bello subjícere ímpios justis,

9. Non que vous fussiez impuissant à assujettir par la guerre les impies aux justes,

aut béstiis sævis, aut verbo duro simul extermináre :

ou à les faire périr soudain par des bêtes cruelles ou par votre parole sévère ;

10 sed pártibus júdicans,

10. Mais les châtiant par parties,

dabas locum pœniténtiæ,

vous donniez lieu au repentir,

non ignórans quóniam nequam est nátio eórum,

n’ignorant pas que leur nation était méchante,

et naturális malítia ipsórum,

leur malice naturelle,

et quóniam non póterat mutári cogitátio illórum in perpétuum.

et que leur pensée ne pourrait être changée à jamais.

11 Semen enim erat maledíctum ab inítio ;

11. Car leur race était maudite dès le commencement :

nec timens áliquem, véniam dabas peccátis illórum.

et, ne craignant personne, vous donniez pardon à leurs péchés.

12 Quis enim dicet tibi : Quid fecísti ?

12. Car qui vous dira : Qu’avez-vous fait ?

aut quis stabit contra judícium tuum ?

ou qui s’élèvera contre votre jugement ?

aut quis in conspéctu tuo véniet vindex iniquórum hóminum ?

ou qui viendra devant vous comme vengeur des hommes iniques ?

aut quis tibi imputábit, si períerint natiónes quas tu fecísti ?

ou qui vous imputera à blâme, si ont péri des nations que vous-même avez faites

13 Non enim est álius deus quam tu,

13. Car il n’est pas d’autre Dieu que vous,

cui cura est de ómnibus,

à qui est le soin de toutes choses,

ut osténdas quóniam non injúste júdicas judícium.

pour que vous ayez à montrer que ce n’est pas injustement que vous prononcez vos jugements.

14 Neque rex, neque tyránnus in conspéctu tuo inquírent

14. Ni roi ni prince, en votre présence, ne s’enquerront

de his quos perdidísti.

de ceux que vous avez détruits.

15 Cum ergo sis justus, juste ómnia dispónis ;

15. Puisque donc vous êtes juste, c’est justement que vous disposez toutes choses ;

ipsum quoque qui non debet puníri, condemnáre,

aussi condamner celui qui ne doit pas être puni,

éxterum ǽstimas a tua virtúte.

vous regardez cela comme en dehors de votre puissance.

16 Virtus enim tua justítiæ inítium est,

16. Car votre puissance est le principe de la justice,

et ob hoc quod Dóminus es,

et par cela même que vous êtes le Seigneur de tous,

ómnibus te párcere facis.

vous vous faites indulgent envers tous.

17 Virtútem enim osténdis tu,

17. Car vous montrez votre puissance,

qui non créderis esse in virtúte consummátus,

lorsqu’on ne vous croit pas souverain en puissance,

et horum qui te nésciunt audáciam tradúcis.

et vous confondez l’audace de ceux qui ne vous connaissent pas.

18 Tu autem dominátor virtútis, cum tranquillitáte júdicas,

18. Mais vous, dominateur de la puissance, c’est avec tranquillité que vous jugez,

et cum magna reveréntia dispónis nos :

et avec une grande réserve que vous nous gouvernez ;

subest enim tibi, cum volúeris posse.

car il dépend de vous, lorsque vous voulez, de pouvoir.

19 Docuísti autem pópulum tuum per tália ópera,

19. Or, vous avez appris à votre peuple par de telles œuvres,

quóniam opórtet justum esse et humánum ;

qu’il faut être juste et humain ;

et bonæ spei fecísti fílios tuos,

et vous avez donné à vos enfants une bonne espérance,

quóniam júdicans das locum in peccátis pœniténtiæ.

puisqu’en les jugeant, vous laissez au milieu de leurs péchés place au repentir.

20 Si enim inimícos servórum tuórum, et débitos morti,

20. Car, si vous avez puni avec tant de précaution les ennemis

cum tanta cruciásti attentióne,

de vos serviteurs et ceux qui étaient dus à la mort,

dans tempus et locum per quæ possent mutári a malítia :

leur donnant le temps et le lieu de pouvoir se convertir de leur malice,

21 cum quanta diligéntia judicásti fílios tuos,

21. Avec combien de circonspection avez-vous jugé vos enfants,

quorum paréntibus juraménta et conventiónes dedísti bonárum promissiónum !

aux pères desquels vous avez fait de bonnes promesses

22 Cum ergo das nobis disciplínam,

par serment et par convention ?

inimícos nostros multiplíciter flagéllas,

22. Lors donc que vous nous corrigez,

ut bonitátem tuam cogitémus judicántes,

vous frappez nos ennemis de coups multipliés,

et cum de nobis judicátur, sperémus misericórdiam tuam.

afin que nous considérions attentivement votre bonté,

23 Unde et illis qui in vita sua insensáte et injúste vixérunt,

et que, lorsque nous sommes en jugement, nous espérions votre miséricorde.

per hæc quæ coluérunt dedísti summa torménta.

23. De là vient qu’à ceux qui ont vécu en insensés et injustement,

24 Etenim in erróris via diútius erravérunt,

vous avez fait souffrir les plus grands tourments par les choses mêmes qu’ils adoraient.

deos æstimántes hæc quæ in animálibus sunt supervácua,

24. Car, très longtemps ils s’égarèrent dans la voie de l’erreur,

infántium insensatórum more vivéntes.

estimant dieux ceux des animaux qui sont inutiles,

25 Propter hoc tamquam púeris insensátis judícium in derísum dedísti.

et vivant à la manière des enfants insensés.

26 Qui autem ludíbriis et increpatiónibus non sunt corrécti,

25. À cause de cela, comme à des enfants insensés, vous leur avez d’abord infligé un châtiment en dérision.

dignum Dei judícium expérti sunt.

26. Mais ceux qui n’ont pas été corrigés par les railleries

27 In quibus enim patiéntes indignabántur

et par les réprimandes ont éprouvé ensuite un châtiment digne de Dieu.

per hæc quos putábant deos,

27. Car au milieu des maux qu’ils souffraient,

in ipsis cum exterminaréntur vidéntes,

voyant avec indignation qu’ils étaient exterminés

illum quem olim negábant se nosse, verum Deum agnovérunt ;

par les choses mêmes qu’ils prenaient pour des dieux,

propter quod et finis condemnatiónis eórum venit super illos.

ils reconnurent le Dieu véritable qu’ils disaient autrefois ne pas reconnaitre,

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CHAP. XII. 3. Deut. IX, 2, 12, 29 ; XVIII, 12. — 10. Ex. XXIII, 30 ; Deut. VII, 22. — 13. I Petr. V, 7. — 24. Supra. XI, 16 ; Rom. I, 23.

 

2. Par parties (partibus) ; partiellement ou graduellement, peu à peu et non tout d’un coup, comme ceux qui craignent que leurs ennemis ne leur échappent.

3. Ces anciens habitants, etc. ; c’est-à-dire les Chananéens.

4. Des sacrifices injustes ; dans lesquels ils immolaient leurs enfants à l’idole de Moloch. Compar. le verset suivant et Lev. XVIII, 21.

4-5. On ne saurait taxer de faux l’auteur de la Sagesse dans les détails qu’il donne ici des crimes des Chananéens, et dont les anciennes Écritures ne chargent point ce peuple. On sait que plusieurs peuples de Chananéens immolaient leurs propres enfants aux fausses divinités. On sait encore que dans la plupart des sacrifices la coutume était de manger quelque partie de la victime offerte ; il est donc très vraisemblable que ceux qui immolaient des victimes humaines aient porté l’excès jusqu’à manger quelque partie de ces victimes. Ainsi, quoique dans les autres endroits de l’Écriture, où il est parlé des Chananéens, il ne soit rien dit de cette coutume abominable de manger les entrailles des hommes et de dévorer leur sang, ce n’est pas une raison suffisante pour rejeter le témoignage de l’auteur de ce livre, lorsqu’il assure positivement cette abomination et cette horreur.

5. Au milieu de votre terre sacrée (a médio sacraménto suo). C’est l’explication des anciens interprètes et celle qui nous semble la meilleure. La Palestine était, en effet, une terre consacrée à Dieu, depuis qu’il avait promis par serment (sacraménto) de la donner aux descendants d’Abraham, et d’y établir le siège de la vraie religion. C’est de là qu’elle est encore appelée terre sainte (vers. 3), et terre la plus chère de toutes à Dieu (vers. 7).

8. Et vous avez envoyé, etc. Compar. Ex. XXIII, 28, 30 ; Deut. VIII, 20.

10. Châtiant ; littér. jugeant (judicans). Nous avons déjà fait observer que dans le style biblique, juger signifiait aussi les suites du jugement, comme condamner, punir, châtier. — Par parties ; par degrés, peu à peu. Compar. le vers. 2. — Leur pensée ne pourrait être changée à jamais ; dans le monde présent seulement car elles sont trop attachée à leur façon de penser et sans un jugement qui s’exerce définitivement sur cette nation dans l’erreur la nation ne changera jamais. En revanche les individus de cette nations que Dieu décide de faire disparaitre en voyant combien Dieu rejette définitivement la façon de penser cette nation sont invité au repentir, à comprendre que cette façon de penser est mauvaise et que celle de Dieu est la bonne. En voyant que la façon de penser de la nation ne peut pas subsister, les habitant sont inviter à abandonner ce qui leur paraissait durable et à adopter la pensée de Dieu qui est éternelle.

13. De toutes choses ; ou de tous les hommes ; l’expression est amphibologique, dans le grec aussi bien que dans la Vulgate.

18. De pouvoir ; c’est-à-dire d’exercer votre pouvoir, d’user de votre puissance.

23. Par les choses mêmes qu’ils adoraient. Les Égyptiens adoraient les serpents ; les Philistins et vraisemblablement aussi les Chananéens adoraient Beelzebuth, le dieu-mouche ou des mouches, dont il est souvent parlé dans l’Écriture. Ainsi, pour les punir par les choses mêmes qu’ils adoraient, Dieu envoya contre eux une armée de mouches pour les chasser et les tourmenter.

24. Inutiles (supervacua). Voy. XI, 16.

25, 26. Châtiment ; littér. jugement (judicium). Compar. le vers. 10.

27. Ils reconnurent le Dieu véritable ; mais ils s’en tinrent là ; ils furent du nombre de ces païens, dont parle saint Paul, lesquels, ayant connu Dieu, ne l’ont pas glorifié comme Dieu (Rom. I, 21). — Et à cause de cela, etc. ; c’est ce qui attira enfin sur eux les derniers malheurs ; ils furent exterminés.

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CHAPITRE XIII

Vanité des hommes qui, au lieu de reconnaitre Dieu dans ses créatures, les ont prises elles-mêmes pour des dieux. Folie et aveuglement de ceux qui ont donné le nom de dieux aux ouvrages de la main des hommes.

1 Vani autem sunt omnes hómines

1. Ainsi, vains sont tous les hommes

in quibus non subest sciéntia Dei ;

en qui n’est pas la science de Dieu,

et de his quæ vidéntur bona,

et qui par les biens visibles

non potuérunt intellígere eum qui est,

n’ont pu comprendre Celui qui est,

neque opéribus attendéntes agnovérunt quis esset ártifex :

et n’ont pas, en considérant les œuvres, connu quel était l’ouvrier ;

2 sed aut ignem, aut spíritum, aut citátum áërem,

2. Mais ou le feu, ou le vent, ou l’air subtil,

aut gyrum stellárum, aut nímiam aquam, aut solem et lunam,

ou la sphère des étoiles, ou l’immensité des eaux, ou le soleil et la lune,

rectóres orbis terrárum deos putavérunt.

voilà ce qu’ils ont cru être des dieux qui gouvernaient le disque de la terre.

3 Quorum si spécie delectáti, deos putavérunt,

3. Si, ravis de leur beauté, ils les ont crus des dieux,

sciant quanto his dominátor eórum speciósior est :

qu’ils sachent combien est plus beau leur dominateur ;

speciéi enim generátor hæc ómnia constítuit.

car c’est l’auteur de la beauté qui a établi toutes ces choses.

4 Aut si virtútem et ópera eórum miráti sunt,

4. Ou s’ils en ont admiré la puissance et les œuvres,

intélligant ab illis quóniam qui hæc fecit fórtior est illis :

qu’ils comprennent par là que celui qui les a faites est plus puissant qu’elles.

5 a magnitúdine enim speciéi et creatúræ

5. Car par la grandeur de la beauté et de la créature,

cognoscibíliter póterit creátor horum vidéri.

le créateur de ces choses pourra être vu de manière à être reconnu ;

6 Sed tamen adhuc in his minor est queréla ;

6. Mais cependant en ceux-ci le sujet de plaintes est moindre.

et hi enim fortásse errant,

Car eux aussi s’égarent sans doute,

Deum quæréntes, et voléntes inveníre.

en cherchant Dieu et en voulant le trouver.

7 Etenim cum in opéribus illíus converséntur inquírunt,

7. Car, comme ils vivent au milieu de ses œuvres, ils le cherchent,

et persuásum habent quóniam bona sunt quæ vidéntur.

et ils sont persuadés que les choses qui se voient sont bonnes.

8 Iterum autem nec his debet ignósci.

8. D’un autre côté, on ne doit pas leur pardonner.

9 Si enim tantum potuérunt scire

9. Car s’ils ont eu assez de savoir

ut possent æstimáre sǽculum,

pour apprécier le monde,

quómodo hujus Dóminum non facílius invenérunt ?

comment n’ont-ils pas trouvé plus facilement le Seigneur ?

10 Infelíces autem sunt,

10. Mais ils sont malheureux,

et inter mórtuos spes illórum est,

et leur espérance est parmi les morts,

qui appellavérunt deos ópera mánuum hóminum :

ceux qui ont appelé dieux les ouvrages des mains des hommes,

aurum et argéntum, artis inventiónem,

l’or, l’argent, les inventions de l’art,

et similitúdines animálium, aut lápidem inútilem,

des figures d’animaux, une pierre inutile,

opus manus antíquæ.

ouvrage d’une main antique.

11 Aut si quis ártifex faber de silva lignum rectum secúerit,

11. Ainsi c’est un grand malheur, si un habile ouvrier coupe dans la forêt un arbre bien droit,

et hujus docte erádat omnem córticem,

qu’avec adresse il en enlève toute l’écorce,

et arte sua usus

et que se servant de son art

diligénter fábricet vas útile in conversatiónem vitæ ;

il fasse un meuble utile pour l’usage de la vie ;

12 relíquiis autem ejus óperis

12. Qu’il emploie les débris de ce bois

ad præparatiónem escæ abutátur,

pour préparer sa nourriture ;

13 et réliquum horum quod ad nullos usus facit,

13. Et que le reste qui n’est d’aucun usage,

lignum curvum et vortícibus plenum

bois tortu et plein de nœuds,

sculpat diligénter per vacuitátem suam,

il le taille avec soin dans son loisir ;

et per sciéntiam suæ artis figúret illud,

que par la science de son art il lui donne une figure,

et assímilet illud imágini hóminis,

et le fasse semblable à l’image d’un homme,

14 aut alícui ex animálibus illud compáret :

14. Ou qu’il lui donne la forme de quelqu’un des animaux,

perlíniens rubríca, et rubicúndum fáciens fuco colórem illíus,

le frottant avec du vermillon, et le peignant en rouge avec du fard,

et omnem máculam quæ in illo est perlíniens ;

et enlevant en frottant toute tache qui est en lui ;

15 et fáciat ei dignam habitatiónem,

15. Qu’ensuite il lui fasse une habitation convenable,

et in paríete ponens illud,

le plaçant dans la muraille

et confírmans ferro 16 ne forte cadat,

et l’affermissant avec du fer, 16. De peur qu’il ne tombe,

prospíciens illi :

pourvoyant ainsi à sa sureté,

sciens quóniam non potest adjuváre se :

sachant qu’il ne peut s’aider lui-même ;

imágo enim est, et opus est illi adjutórium.

car c’est une simple image, et il a besoin d’un secours étranger.

17 Et de substántia sua, et de fíliis suis,

17. Et lui faisant un vœu, il le consulte sur ses biens,

et de núptiis votum fáciens inquírit :

sur ses enfants, sur un mariage.

non erubéscit loqui cum illo qui sine ánima est.

Il ne rougit pas de parler à un bois qui est sans âme :

18 Et pro sanitáte quidem infírmum deprecátur,

18. Pour sa santé, il sollicite un infirme ;

et pro vita rogat mórtuum,

pour la vie, il prie un mort, et pour le secourir,

et in adjutórium inútilem ínvocat.

il invoque celui qui n’est d’aucune utilité ;

19 Et pro itínere petit ab eo qui ambuláre non potest ;

19. Pour un voyage, il s’adresse à celui qui ne peut marcher ;

et de acquiréndo, et de operándo,

pour acquérir et entreprendre,

et de ómnium rerum evéntu,

et pour le succès de toutes choses,

petit ab eo qui in ómnibus est inútilis.

il s’adresse à celui qui en toutes choses est inutile.

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CHAP. XIII. 1. Rom. I, 18. — 2. Deut. IV, 19 ; XVII, 3. — 7. Rom. I, 21. — 11. Is. XLIV, 12 ; Jer. X, 3.

 

1. Celui qui est ; par lui-même, l’Être nécessaire. Compar, Ex. III, 14.

2. * Énumération des créatures qui ont été divinisées et adorées par les idolâtres. Les Perses adoraient le feu, ainsi que les vents ; les Chananéens, le soleil, la lune et les astres ; les Égyptiens adoraient aussi le soleil sous le nom de Ra, le Nil, etc. Les Grecs rendaient également un culte à toutes les créatures que nomme ici l’auteur de la Sagesse.

3. Qui a établi (constituit) ; qui a créé, selon le grec.

5. De la beauté et de la créature ; c’est-à-dire de la beauté de la créature ; figure grammaticale dont la Bible fournit plusieurs exemples. — De manière à être reconnu (cognoscibiliter) ; dans le grec, par analogie.

10-XIV, 13. * Description d’une grande beauté littéraire de la folie de l’idolâtrie.

10. Mais ils sont malheureux. L’écrivain sacré distingue deux sortes d’idolâtres : les uns qui cherchent Dieu dans la nature et adorent les choses de la nature au lieu de Dieu ; les autres qui se font eux-mêmes des idoles pour les adorer. Les premiers, mentionnés dans les versets précédents, sont, à la vérité, dignes de blâme, puisqu’ils auraient pu facilement s’élever de la beauté des créatures au Créateur ; mais les derniers, dont il s’agit depuis ce vers. 10 jusqu’à la fin du chapitre, sont plus blâmables encore.

11. Ainsi c’est un grand malheur. Ces mots ou autres semblables sont évidemment sous-entendus ; car autrement ce qui suit n’aurait aucune liaison avec ce qui précède ; et cependant on comprend aisément qu’il en faut nécessairement une. Remarquons, de plus, que la phrase qui commence ici, et qui est interrompue par de nombreuses parenthèses, ne se trouve complète qu’au vers. 17.

14. Avec du vermillon. Les anciens estimaient extraordinairement le vermillon, et n’en usaient que comme d’une chose très précieuse.

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CHAPITRE XIV

Folie de celui qui en s’embarquant invoque une idole. Prophétie de la ruine de l’idolâtrie. Origine de l’idolâtrie. Maux dont elle est la source.

1 Iterum álius navigáre cógitans,

1. Un autre encore, pensant à naviguer,

et per feros fluctus iter fácere incípiens,

et commençant à faire route à travers les flots impétueux,

ligno portánte se, fragílius lignum ínvocat.

invoque un bois plus fragile que celui qui le porte.

2 Illud enim cupíditas acquiréndi excogitávit,

2. Car le désir d’acquérir l’a inventé,

et ártifex sapiéntia fabricávit sua.

et un ouvrier l’a fabriqué par son adresse.

3 Tua autem, Pater, providéntia gubérnat :

3. Mais c’est votre providence, ô Roi, qui le gouverne ;

quóniam dedísti et in mari viam,

parce que c’est vous qui avez tracé sur la mer une voie,

et inter fluctus sémitam firmíssimam,

et au milieu des flots un sentier très assuré ;

4 osténdens quóniam potens es ex ómnibus salváre,

4. Montrant ainsi que vous pouvez sauver de tous les périls,

étiam si sine arte áliquis ádeat mare.

lors même que quelqu’un, sans le secours de l’art, va sur la mer.

5 Sed ut non essent vácua sapiéntiæ tuæ ópera,

5. Mais afin que les ouvrages de votre sagesse ne fussent pas inutiles,

propter hoc étiam et exíguo ligno credunt hómines ánimas suas,

les hommes confient leurs âmes même à un faible bois ;

et transeúntes mare per ratem liberáti sunt.

et, traversant la mer, ils ont été sauvés avec un vaisseau.

6 Sed et ab inítio cum perírent supérbi gigántes,

6. Mais aussi dès le commencement, lorsque périrent les géants superbes,

spes orbis terrárum ad ratem confúgiens,

l’espoir du disque de la terre se réfugiant dans un vaisseau

remísit sǽculo semen nativitátis quæ manu tua erat gubernáta.

qui était conduit par votre main, conserva au monde un germe de renaissance.

7 Benedíctum est enim lignum per quod fit justítia ;

7. Car béni est le bois par lequel est faite la justice.

8 per manus autem quod fit idólum,

8. Mais l’idole qui est faite par les mains est maudite,

maledíctum est et ipsum, et qui fecit illud :

elle-même et celui qui l’a faite :

quia ille quidem operátus est,

l’un, parce qu’il l’a faite, et l’autre,

illud autem cum esset fragile, deus cognominátus est.

parce que, quoiqu’elle fut quelque chose de fragile, elle a été surnommée dieu.

9 Simíliter autem ódio sunt Deo ímpius et impíetas ejus ;

9. Or Dieu a également en haine l’impie et son impiété.

10 étenim quod factum est, cum illo qui fecit torménta patiétur.

10. Et aussi ce qui a été fait avec celui qui l’a fait, souffrira des tourments.

11 Propter hoc et in idólis natiónum non erit respéctus,

11. À cause de cela, pour les idoles des nations, il n’y aura pas d’égard ;

quóniam creatúræ Dei in ódium factæ sunt,

parce que les créatures de Dieu lui sont devenues un objet de haine,

et in tentatiónem animábus hóminum,

une tentation pour les âmes des hommes,

et in muscípulam pédibus insipiéntium.

et un piège pour les pas des insensés.

12 Inítium enim fornicatiónis est exquisítio idolórum,

12. Car le commencement de la fornication est la recherche des idoles,

et adinvéntio illórum corrúptio vitæ est :

et leur découverte, la corruption de la vie humaine ;

13 neque enim erant ab inítio,

13. Car elles n’étaient pas au commencement,

neque erunt in perpétuum.

et elles ne seront pas pour toujours.

14 Supervacúitas enim hóminum hæc advénit in orbem terrárum,

14. Car la vanité des hommes est venue sur le disque de la terre ;

et ídeo brevis illórum finis est invéntus.

et c’est pour cela que leur fin s’est trouvée prompte.

15 Acérbo enim luctu dolens pater,

15. Gémissant en effet dans un deuil amer,

cito sibi rapti fílii fecit imáginem ;

un père fit l’image de son fils qui lui avait été soudainement ravi ;

et illum qui tunc quasi homo mórtuus fúerat,

et il commença à adorer comme dieu

nunc tamquam deum cólere cœpit,

celui qui, comme homme, venait de mourir,

et constítuit inter servos suos sacra et sacrifícia.

et il établit pour lui parmi ses serviteurs un culte et des sacrifices.

16 Deínde interveniénte témpore, convalescénte iníqua consuetúdine,

16. Ensuite, le temps intervenant, l’inique coutume prévalut ;

hic error tamquam lex custodítus est,

l’erreur fut observée comme une loi,

et tyrannórum império colebántur figménta.

et par le commandement des princes, des idoles étaient adorées.

17 Et hos quos in palam hómines honoráre non póterant

17. Et quant à ceux que les hommes ne pouvaient honorer

propter hoc quod longe essent,

en face, parce qu’ils étaient éloignés,

e longínquo figúra eórum alláta,

après avoir fait apporter de loin leurs portraits,

evidéntem imáginem regis quem honoráre volébant fecérunt,

ils exposèrent aux yeux l’image du roi qu’ils voulaient honorer,

ut illum qui áberat, tamquam præséntem cólerent sua sollicitúdine.

afin d’adorer dans leur zèle, comme présent, celui qui était absent.

18 Provéxit autem ad horum cultúram

18. Mais ce qui augmenta leur culte, et les adorateurs ignorants,

et hos qui ignorábant artíficis exímia diligéntia.

ce fut le zèle extraordinaire de l’artiste.

19 Ille enim, volens placére illi qui se assúmpsit,

19. Car, voulant plaire à celui qui l’employait,

elaborávit arte sua ut similitúdinem in mélius figuráret.

il épuisa tout son art pour faire une image plus parfaite.

20 Multitúdo autem hóminum, abdúcta per spéciem óperis,

20. Or la multitude des hommes, séduite par la beauté de l’ouvrage,

eum qui ante tempus tamquam homo honorátus fúerat,

estima dieu celui qui un peu auparavant

nunc deum æstimavérunt.

avait été honoré comme un homme.

21 Et hæc fuit vitæ humánæ decéptio,

21. Et telle fut la déception de la vie humaine,

quóniam aut afféctui aut régibus deserviéntes hómines,

parce que des hommes, soit disposés à cela personnellement,

incommunicábile nomen lapídibus et lignis imposuérunt.

soit trop complaisants pour les rois, donnèrent à des pierres et à du bois le nom incommunicable.

22 Et non suffécerat errásse eos circa Dei sciéntiam,

22. Et il ne leur a pas suffi d’errer touchant la science de Dieu ;

sed et in magno vivéntes insciéntiæ bello,

mais vivant dans une grande lutte causée par l’ignorance,

tot et tam magna mala pacem appéllant.

ils appellent paix tant et de si grands maux.

23 Aut enim fílios suos sacrificántes,

23. Car, ou immolant leurs propres enfants,

aut obscúra sacrifícia faciéntes,

ou faisant des sacrifices clandestins,

aut insániæ plenas vigílias habéntes,

ou célébrant des veilles pleines d’une brutalité furieuse,

24 neque vitam, neque núptias mundas jam custódiunt :

24. Ils ne gardent ni l’honnêteté dans leur vie, ni la chasteté dans leur mariage ;

sed álius álium per invídiam occídit,

mais l’un tue l’autre par envie,

aut adúlterans contrístat,

ou l’outrage par l’adultère ;

25 et ómnia commísta sunt : sanguis, homicídium,

25. Et tout est confondu ; le sang, l’homicide, le vol,

furtum et fíctio, corrúptio et infidélitas,

la fourberie, la corruption, l’infidélité, le tumulte,

turbátio et perjúrium, tumúltus bonórum,

le parjure, la vexation des bons,

26 Dei immemorátio, animárum inquinátio,

26. L’oubli de Dieu, la souillure des âmes,

nativitátis immutátio, nuptiárum inconstántia,

le changement de la naissance, l’inconstance des mariages,

inordinátio mœ́chiæ et impudicítiæ.

et les dissolutions de l’adultère et de l’impudicité ;

27 Infandórum enim idolórum cultúra

27. Car le culte des infâmes idoles est la cause,

omnis mali causa est, et inítium et finis.

le principe et la fin de tout le mal.

28 Aut enim dum lætántur insániunt,

28. Car ou lorsqu’ils se réjouissent, ils s’abandonnent à la fureur,

aut certe vaticinántur falsa,

ou ils annoncent comme certaines des choses fausses,

aut vivunt injúste, aut péjerant cito.

ou ils vivent dans l’injustice, ou ils se parjurent sans hésitation.

29 Dum enim confídunt in idólis quæ sine ánima sunt,

29. Car, se confiant en des idoles qui sont sans âme,

male jurántes nocéri se non sperant.

ils espèrent que, tout en jurant faussement, ils ne se nuisent pas.

30 Utráque ergo illis evénient digne,

30. Ces deux choses donc leur viendront en punition bien méritée,

quóniam male sensérunt de Deo, attendéntes idólis,

parce qu’ils ont mal pensé de Dieu en s’attachant aux idoles,

et juravérunt injúste,

et qu’ils ont juré injustement,

in dolo contemnéntes justítiam.

méprisant la justice par leur fourberie.

31 Non enim juratórum virtus,

31. Car ce n’est pas la puissance de ceux par qui on a juré,

sed peccántium pœna,

mais la peine due aux pécheurs,

perámbulat semper injustórum prævaricatiónem.

qui marche toujours contre les hommes injustes.

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CHAP. XIV. 3. Ex. XIV, 22. — 6. Gen. VI, 4 ; VII, 7. — 8. Ps. CXIII, 12 ; Bar. VI, 3. — 23. Deut. XVIII, 10 ; Jer. VII, 6.

 

2-7. Ces versets forment une parenthèse, dans laquelle l’auteur montre comment, avec la permission de Dieu, la navigation a été inventée par les hommes, afin de faire éclater sa toute-puissance, et comment Dieu s’en est servi dans le déluge pour répandre ses bénédictions sur le genre humain.

3. Quelques-uns croient que le Sage fait ici allusion au passage de la mer Rouge ; mais la plupart l’entendent de l’art de la navigation.

5. Ils ont été sauvés (liberati sunt). Le grec met également le verbe au passé ; peut-être que l’écrivain sacré fait allusion à quelque fait antérieur connu des Hébreux, mais dont l’histoire ne parle point.

6. Un germe de renaissance ; Noé et sa famille, qui ont donné naissance au nouveau monde. Compar. Gen. VI, 4 ; VII, 7.

7. Béni est le bois, etc. ; expression mystérieuse dans laquelle les Pères découvrent le bois de la croix du Sauveur, laquelle, contribuant à son sacrifice, a procuré au monde le don de la justice qu’il nous a méritée par son sang. Ce bois sacré est figuré par le bois même de l’Arche qui sauva Noé et sa famille.

11. Pour les idoles des nations, etc. ; c’est-à-dire qu’elles ne seront pas épargnées, mais renversées et détruites. C’est ce que les prophètes avaient prédit. Voy. Is. II, 20 ; Jer. X, 5 ; Ezech. XXX, 13 ; Zach. XIII, 2. Compar. le vers. 13.

12. La recherche des idoles ; c’est le premier essai qui a été fait pour en fabriquer. Or ce premier essai a été suivi de la fornication, qui est devenue une partie du culte des idoles. Par fornication, quelques interprètes entendent l’idolâtrie elle-même, qui est souvent appelée de ce nom. — Leur découverte, etc. Une fois trouvé et établi, le culte des idoles a introduit la corruption, c’est-à-dire, outre la fornication, toute sorte d’affreux dérèglements parmi les hommes.

13. Car elles n’étaient pas au commencement. Les idoles n’existaient pas, en effet, lorsque fut créé le premier homme, qui ne connut et n’adora qu’un Dieu, son créateur. Par conséquent, l’idolâtrie, qui ne fut introduite que dans des temps postérieurs par des hommes pervers, loin d’être conforme à la nature de l’homme, y est entièrement opposée. — Elles ne seront pas pour toujours. Les prophètes l’avaient prédit (voyez vers. 11), et la prédication de l’Évangile a confirmé leur prédiction ; car depuis la venue du Messie, qui lui a porté un coup mortel, l’idolâtrie n’a cessé de diminuer.

14. S’est trouvée prompte (est invéntus). Le verbe étant au passé dans le grec comme dans la Vulgate, l’auteur sacré fait sans doute allusion à la destruction du monde par le déluge, ou à quelque autre évènement antérieur à son époque, mais dont l’histoire ne nous a laissé aucune mention.

15. * Une des causes de l’idolâtrie fut le regret excessif causé par la perte des parents et des amis. Voir II Mach. XI, 23. — Il établit pour lui parmi ses serviteurs un culte et des sacrifices. C’est ce qui avait lieu en particulier en Égypte.

16. Et par le commandement, etc. Voy. Dan. III, 1-22.

17. * On avait divinisé les rois dans divers pays. En Égypte, les Lagides payaient régulièrement des sommes destinées à rendre les honneurs divins à leurs prédécesseurs.

18. Et les adorateurs ignorants ; littér. et ceux qui ignoraient (et hos qui ignorabant). Cet accusatif hos de la Vulgate peut être le régime de la préposition ad, exposant du premier complément culturam du verbe provéxit, ou second complément de ce même verbe ; car ces deux sortes de constructions sont également usitées, au moins en hébreu.

21. Le nom incommunicable, le nom de Dieu, Jéhovah, qui ne se communique pas aux créatures, comme quelques autres, par exemple Elôhîm, Adônâï. Les Juifs, par respect, ne le prononcent jamais ; ils y substituent Adônâï, que les Septante et la Vulgate ont constamment traduit par le Seigneur. Voy. notre Diction. universel des sciences ecclés., art. JÉHOVAH.

23. * En immolant leurs propres enfants. Voir plus haut, note sur XII, 4-5. Cet usage barbare subsistait encore à Carthage, quand écrivait l’auteur de la Sagesse. — Ou faisant des sacrifices clandestins, allusion aux mystères, tels que ceux d’Éleusis, etc. — Célébrant des veilles pleines d’une brutalité furieuse, dans les orgies du culte de Bacchus, II Mach. VI, 4 ; Rom. XIII, 13 ; Bar. VI, 43.

26. Le changement de naissance ; la confusion dans la naissance des enfants, dont la vraie origine ne saurait être assurée au milieu d’une si affreuse corruption des mariages.

31. Parmi les païens, il s’en trouvait qui croyaient que les dieux punissaient quelquefois les parjures ; le Sage leur montre ici que, si cela arrive, ce n’est pas à ces fausses divinités qu’il faut l’attribuer, mais au souverain Seigneur.

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CHAPITRE XV

Le Sage, au nom des fidèles Israélites, loue le Seigneur de les avoir préservés de l’idolâtrie. Aveuglement de ceux qui fabriquent des idoles et de ceux qui les adorent. Culte impie des animaux.

1 Tu autem, Deus noster, suávis et verus es,

1. Mais vous, notre Dieu, vous êtes doux et véritable,

pátiens, et in misericórdia dispónens ómnia.

patient, et avec miséricorde disposant toutes choses.

2 Etenim si peccavérimus, tui sumus,

2. Car, si nous péchions, nous sommes à vous,

sciéntes magnitúdinem tuam ;

connaissant votre grandeur,

et si non peccavérimus,

et si nous ne péchions pas,

scimus quóniam apud te sumus computáti.

nous savons que vous tenez compte de nous.

3 Nosse enim te, consummáta justítia est ;

3. Vous connaitre, en effet, c’est une justice consommée ;

et scire justítiam et virtútem tuam, radix est immortalitátis.

et comprendre votre justice et votre force, c’est la racine de l’immortalité.

4 Non enim in errórem indúxit nos

4. Aussi, elles ne nous ont pas induits en erreur,

hóminum malæ artis excogitátio,

les inventions de l’art funeste des hommes,

nec umbra pictúræ labor sine fructu,

ni une ombre de la peinture, travail sans fruit,

effígies sculpta per vários colóres :

ni une figure sculptée de diverses couleurs,

5 cujus aspéctus insensáto dat concupiscéntiam,

5. Dont l’aspect donne à un insensé de la passion,

et díligit mórtuæ imáginis effígiem sine ánima.

en sorte qu’il aime la ressemblance d’une image sans âme.

6 Malórum amatóres digni sunt qui spem hábeant in tálibus,

6. Les amateurs des mauvaises choses sont dignes de mettre leur espérance en de tels dieux,

et qui fáciunt illos, et qui díligunt, et qui colunt.

aussi bien ceux qui les font, et ceux qui les aiment, et ceux qui les adorent.

7 Sed et fígulus mollem terram premens,

7. Et même un potier qui presse la terre molle,

laborióse fingit ad usus nostros unumquódque vas ;

en forme par son travail pour notre usage un vase quelconque,

et de eódem luto fingit quæ munda sunt in usum vasa,

et de la même boue il forme ceux qui sont destinés à des usages honnêtes,

et simíliter quæ his sunt contrária :

et également à ceux qui ne le sont pas :

horum autem vasórum quis sit usus,

or, quel doit être l’usage de ces vases,

judex est fígulus.

le juge est le potier.

8 Et cum labóre vano deum fingit de eódem luto

8. Et, par un vain travail, il fait un dieu de la même boue,

ille qui paulo ante de terra factus fúerat,

lui qui a été formé de la terre un peu auparavant,

et post pusíllum redúcit se unde accéptus est,

et qui peu après doit retourner là d’où il a été pris,

repetítus ánimæ débitum quam habébat.

lorsqu’on lui réclamera la dette de l’âme qu’il avait.

9 Sed cura est illi non quia laboratúrus est,

9. Et il a souci, non parce qu’il doit travailler,

nec quóniam brevis illi vita est :

ni parce que la vie est courte pour lui ;

sed concertátur aurifícibus et argentáriis ;

mais parce qu’il est combattu par les ouvriers en or et en argent,

sed et ærários imitátur,

et qu’il imite ceux qui travaillent en airain,

et glóriam præfert, quóniam res supervácuas fingit.

et il met en avant la gloire de faire des choses inutiles.

10 Cinis est enim cor ejus,

10. C’est de la cendre que son cœur,

et terra supervácua spes illíus,

et de la terre inutile que son espérance ;

et luto vílior vita ejus :

et sa vie est plus vile que la boue ;

11 quóniam ignorávit qui se finxit,

11. Parce qu’il a ignoré qui l’a formé,

et qui inspirávit illi ánimam quæ operátur,

qui lui a inspiré cette âme qui agit,

et qui insufflávit ei spíritum vitálem.

et qui lui a insufflé l’esprit vital.

12 Sed et æstimavérunt ludum esse vitam nostram,

12. Mais ils ont estimé que notre vie est un jeu,

et conversatiónem vitæ compósitam ad lucrum,

et que l’occupation de la vie a pour but le lucre,

et oportére undecúmque étiam ex malo acquírere.

et qu’il faut, par tous les moyens, même par le mal, en acquérir.

13 Hic enim scit se super omnes delínquere,

13. Celui-là, en effet, sait qu’il pèche plus que tous les autres,

qui ex terræ matéria fragília vasa et sculptília fingit.

qui forme d’une matière de terre des vases fragiles, et des images taillées au ciseau.

14 Omnes enim insipiéntes,

14. Mais ils sont tous insensés

et infelíces supra modum ánimæ supérbi,

et malheureux, excessivement superbes d’esprit,

sunt inimíci pópuli tui, et imperántes illi :

les ennemis de votre peuple, et ceux qui le dominent ;

15 quóniam ómnia idóla natiónum deos æstimavérunt,

15. Parce qu’ils estiment dieux toutes les idoles des nations,

quibus neque oculórum usus est ad vidéndum,

qui n’ont ni l’usage des yeux pour voir,

neque nares ad percipiéndum spíritum,

ni des narines pour respirer,

neque aures ad audiéndum,

ni des oreilles pour entendre,

neque dígiti mánuum ad tractándum,

ni des doigts de mains pour toucher ;

sed et pedes eórum pigri ad ambulándum.

mais même leurs pieds sont paresseux pour la marche :

16 Homo enim fecit illos ;

16. Car c’est un homme qui a fait ces dieux,

et qui spíritum mutuátus est, is finxit illos.

et celui qui a reçu en prêt l’esprit de vie, celui-là même les a formés.

Nemo enim sibi símilem homo póterit deum fíngere.

Personne en effet ne pourra faire un dieu semblable à lui-même.

17 Cum enim sit mortális, mórtuum fingit mánibus iníquis.

17. Car, puisqu’il est mortel, c’est un mort qu’il forme avec des mains iniques.

Mélior enim est ipse his quos colit,

Il vaut mieux en effet lui-même que ceux qu’il adore,

quia ipse quidem vixit, cum esset mortális, illi autem numquam.

parce qu’il a vécu au moins quelque temps, quoiqu’il fût mortel ; mais eux, jamais.

18 Sed et animália misérrima colunt ;

18. Et ils adorent jusqu’aux animaux les plus misérables ;

insensáta enim comparáta his, illis sunt deterióra.

lesquels, en effet, comparés à d’autres, privés de raison, leur sont inférieurs.

19 Sed nec aspéctu áliquis ex his animálibus bona potest conspícere :

19. Même quant à leur aspect, personne ne peut voir dans ces animaux rien de beau.

effugérunt autem Dei laudem et benedictiónem ejus.

Ils ont aussi échappé à la louange de Dieu et à sa bénédiction.

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CHAP. XV. 7. Rom. IX, 21. — 15. Ps. CXIII, 13 ; CXXXIV, 16.

 

8. Lorsqu’on lui réclamera, etc. ; lorsque Dieu lui redemandera l’âme qu’il ne lui avait donnée que pour un temps, et dont, par conséquent, le fabricateur d’idoles lui est redevable comme d’une véritable dette.

12. Ils ont estimé ; pluriel qui se rapporte à les amateurs de mauvaises choses du verset 6.

13. Des images taillées au ciseau ; c’est-à-dire des idoles.

14. Excessivement (supra modum) ; cet adverbe, par la place qu’il occupe, pourrait rigoureusement se rapporter à malheureux, qui précède ; cependant nous croyons qu’il est plus naturel de le rattacher à l’expression suivante : superbes d’esprit. — * Les ennemis de votre peuple, les Égyptiens, qui adorent les dieux mentionnés au vers. 18. C’est, d’après les uns, une allusion à Ptolémée IV Philopator (322-204), qui, après avoir été repoussé de Jérusalem, vers 217, traita les Juifs d’Égypte avec beaucoup de cruauté. D’après d’autres, dont l’opinion est plus probable, l’auteur sacré veut parler ici des mauvais traitements que fit endurer aux Juifs, comme le rapporte Josèphe, Ptolémée VII Physcon (170-117).

15. * Les Grecs d’Alexandrie identifiaient leurs dieux avec ceux des autres peuples et honoraient les idoles étrangères comme les leurs propres. Rome, sous l’empire, fit de même.

16. Celui qui a reçu en prêt (mutuatus est). Voy. le vers. 8. — Semblable à lui-même ; c’est-à-dire vivant, intelligent comme il l’est lui-même.

18. Les animaux, etc. ; ce sont les serpents, les chiens, les crocodiles, etc., adorés par les Égyptiens en particulier.

19. Rien de beau ; littér. de bonnes choses ; mais il faut remarquer que dans le style biblique le mot bon, surtout lorsqu’il est joint à un verbe qui marque l’action des yeux, exprime plus souvent la beauté que la bonté. — Ils ont échappé, etc. Ils n’ont pas été l’objet des louanges et des bénédictions de Dieu comme les premiers animaux le furent après leur création (Gen. I, 21-22) ; ils ont été plutôt maudits, comme le serpent dont le démon s’était servi pour tenter Ève (Gen. III, 14).

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CHAPITRE XVI

La manière dont Dieu traite ses amis et ses ennemis. Plaies dont il frappe les Égyptiens ; bienfaits qu’il répand sur les Hébreux.

1 Propter hæc et per his simília passi sunt digne torménta,

1. À cause de ces animaux et d’autres semblables, ils ont souffert des tourments mérités

et per multitúdinem bestiárum extermináti sunt.

et ont été exterminés par une multitude de bêtes.

2 Pro quibus torméntis bene disposuísti pópulum tuum,

2. Au lieu de tourments, vous avez bien traité votre peuple,

quibus dedísti concupiscéntiam delectaménti sui novum sapórem,

auquel vous avez accordé l’objet de son désir et de sa délectation, lui préparant des cailles,

escam parans eis ortygométram :

aliment d’un nouveau gout ;

3 ut illi quidem, concupiscéntes escam

3. En sorte que ceux-là, quoiqu’avides de nourriture,

propter ea quæ illis osténsa et missa sunt,

à cause cependant des animaux qui leur avaient été montrés et envoyés,

étiam a necessária concupiscéntia averteréntur.

renonçaient à satisfaire un désir nécessaire.

Hi autem in brevi ínopes facti, novam gustavérunt escam.

Mais ceux-ci, devenus pour peu de temps privés de ressources, goutèrent une nourriture nouvelle.

4 Oportébat enim illis sine excusatióne quidem

4. Car il fallait qu’une ruine inévitable survînt

superveníre intéritum exercéntibus tyránnidem ;

à ceux qui exerçaient une tyrannie sur votre peuple ;

his autem tantum osténdere

et que vous montriez seulement à ceux-ci

quemádmodum inimíci eórum exterminabántur.

de quelle manière vos ennemis étaient exterminés.

5 Etenim cum illis supervénit sæva bestiárum ira,

5. Et, en effet, lorsqu’à ceux là survint la terrible colère des bêtes,

mórsibus perversórum colubrórum exterminabántur.

par les morsures des astucieux serpents, ils étaient exterminés.

6 Sed non in perpétuum ira tua permánsit,

6. Mais votre colère ne dura pas toujours ;

sed ad correptiónem in brevi turbáti sunt,

car ils ne furent qu’un peu de temps troublés, pour avertissement,

signum habéntes salútis ad commemoratiónem mandáti legis tuæ.

ayant eu un signe de salut, en souvenir des commandements de votre loi.

7 Qui enim convérsus est,

7. Celui qui en effet se tournait vers ce signe

non per hoc quod vidébat sanabátur,

était guéri, non par ce qu’il voyait,

sed per te, ómnium salvatórem.

mais par vous, le sauveur de tous ;

8 In hoc autem ostendísti inimícis nostris

8. Or, en cela vous avez montré à nos ennemis

quia tu es qui líberas ab omni malo.

que c’est vous qui délivrez de tout mal.

9 Illos enim locustárum et muscárum occidérunt morsus,

9. Car pour eux la morsure des sauterelles et des mouches les a tués,

et non est invénta sánitas ánimæ illórum,

et il n’a pas été trouvé de remède pour leur âme,

quia digni erant ab hujuscémodi exterminári.

parce qu’ils étaient dignes d’être exterminés de cette manière.

10 Fílios autem tuos nec dracónum venenatórum vicérunt dentes :

10. Mais vos enfants, les dents même des dragons venimeux ne les ont pas vaincus,

misericórdia enim tua advéniens sanábat illos.

parce que votre miséricorde, survenant, les guérissait.

11 In memória enim sermónum tuórum examinabántur,

11. Car en souvenir de vos préceptes, ils étaient éprouvés,

et velóciter salvabántur :

et ils étaient promptement guéris,

ne in altam incidéntes obliviónem

de peur que, tombant dans un profond oubli de ces préceptes,

non possent tuo uti adjutório.

ils ne pussent se servir de votre secours.

12 Etenim neque herba, neque malágma sanávit eos :

12. Aussi n’est-ce ni une herbe, ni un émollient qui les a guéris,

sed tuus, Dómine, sermo, qui sanat ómnia.

mais votre parole, Seigneur, qui guérit toutes choses.

13 Tu es enim, Dómine, qui vitæ et mortis habes potestátem,

13. Car c’est vous, Seigneur, qui avez la puissance de la vie et de la mort,

et dedúcis ad portas mortis, et redúcis.

et qui menez jusqu’aux portes de la mort, et en ramenez ;

14 Homo autem occídit quidem per malítiam ;

14. Or, un homme tue par malice ;

et cum exíerit spíritus, non revertétur,

mais, lorsque l’esprit sera sorti du corps, il n’y reviendra pas ;

nec revocábit ánimam quæ recépta est.

et ce n’est pas un homme qui rappellera l’âme qui s’est retirée ;

15 Sed tuam manum effúgere impossíbile est.

15. Mais d’échapper à votre main, c’est impossible.

16 Negántes enim te nosse ímpii,

16. Car les impies qui disaient ne pas vous connaitre

per fortitúdinem bráchii tui flagelláti sunt :

ont été frappés par la force de votre bras ;

novis aquis, et grandínibus,

tourmentés par de nouvelles eaux,

et plúviis persecutiónem passi,

et par des grêles, et par des pluies,

et per ignem consúmpti.

et consumés par le feu.

17 Quod enim mirábile erat, in aqua, quæ ómnia extínguit,

17. Et ce qui était admirable, c’est que dans l’eau qui éteint tout,

plus ignis valébat :

le feu avait plus de force :

vindex est enim orbis justórum.

parce que l’univers est le vengeur des justes.

18 Quodam enim témpore mansuetabátur ignis,

18. Quelquefois, le feu tempérait son ardeur,

ne combureréntur quæ ad ímpios missa erant animália,

afin que ne fussent pas brulés les animaux qui avaient été envoyés contre les impies ;

sed ut ipsi vidéntes scirent

et aussi afin qu’eux-mêmes, voyant cette merveille, reconnussent

quóniam Dei judício patiúntur persecutiónem.

que c’était par un jugement de Dieu qu’ils souffraient ces maux.

19 Et quodam témpore in aqua

19. Mais quelquefois c’était dans l’eau

supra virtútem ignis exardescébat úndique,

que, surpassant sa propre vertu, ce feu s’enflammait de tous côtés,

ut iníquæ terræ natiónem extermináret.

afin d’exterminer la nation d’une terre inique.

20 Pro quibus angelórum esca nutrivísti pópulum tuum,

20. Au lieu de cela, vous avez nourri votre peuple de la nourriture des anges ;

et parátum panem de cælo præstitísti illis sine labóre,

et vous leur avez donné un pain venant du ciel, préparé sans travail,

omne delectaméntum in se habéntem,

renfermant en soi toute chose plaisante,

et omnis sapóris suavitátem.

et ce qui est agréable à tous les gouts.

21 Substántia enim tua dulcédinem tuam,

21. Car cette nourriture qui venait de vous montrait votre douceur

quam in fílios habes, ostendébat ;

que vous avez pour vos enfants ;

et desérviens uniuscujúsque voluntáti,

et, servant avec zèle la volonté de chacun,

ad quod quisque volébat convertebátur.

elle se changeait en ce que chacun voulait.

22 Nix autem et glácies sustinébant vim ignis, et non tabescébant :

22. Mais la neige et la glace soutenaient la violence du feu, et ne se fondaient pas ;

ut scirent quóniam fructus inimicórum exterminábat

afin que l’on sût qu’un feu, brulant dans la grêle

ignis ardens in grándine et plúvia corúscans ;

et étincelant au milieu de la pluie, consumait les fruits des ennemis.

23 hic autem íterum ut nutriréntur justi,

23. Or ce feu, afin que les justes fussent nourris,

étiam suæ virtútis oblítus est.

oublia encore même sa propre force.

24 Creatúra enim tibi factóri desérviens,

24. Car la créature, qui vous obéit comme à son Créateur,

exardéscit in torméntum advérsus injústos,

s’enflamme pour tourmenter les hommes injustes,

et lénior fit ad benefaciéndum pro his qui in te confídunt.

et devient plus douce pour faire du bien à ceux qui se confient en vous.

25 Propter hoc et tunc in ómnia transfiguráta,

25. À cause de cela, alors aussi transformée de toutes manières,

ómnium nutríci grátiæ tuæ deserviébat,

elle obéissait à votre grâce, la nourrice de tous,

ad voluntátem eórum qui a te desiderábant :

s’accommodant à la volonté de ceux qui désiraient quelque chose de vous ;

26 ut scirent fílii tui quos dilexísti, Dómine,

26. Afin qu’ils sussent, Seigneur, les fils que vous aimez,

quóniam non nativitátis fructus pascunt hómines,

que ce ne sont pas les fruits nés de la terre qui nourrissent les hommes,

sed sermo tuus hos qui in te credíderint consérvat.

mais que c’est votre parole qui conserve ceux qui croient en vous.

27 Quod enim ab igne non póterat exterminári,

27. Car ce qui ne pouvait être consumé par le feu se fondait aussitôt,

statim ab exíguo rádio solis calefáctum tabescébat :

étant échauffé par un léger rayon du soleil ;

28 ut notum ómnibus esset

28. Afin qu’il fût connu de tous

quóniam opórtet præveníre solem ad benedictiónem tuam,

qu’il faut prévenir le soleil pour vous bénir,

et ad ortum lucis te adoráre.

et vous adorer au lever de la lumière.

29 Ingráti enim spes tamquam hibernális glácies tabéscet,

29. Car l’espérance de l’ingrat, comme la glace de l’hiver, se fondra ;

et dispériet tamquam aqua supervácua.

et elle périra entièrement comme une eau inutile.

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CHAP. XVI. 2. Num. XI, 31. — 5. Num. XXI. — 9. Ex. VIII, 24 ; X, 4 ; Apoc. IX, 7. — 13. Deut. XXXII, 39 ; I Reg. II, 6 ; Tob. XIII, 2. — 16. Ex. IX, 23. — 20. Ex. XVI, 14 ; Num. XI, 7 ; Ps. LXXVII, 25 ; Joan. VI, 31. — 21. Is. LXVI, 11. — 22. Ex. IX, 24. — 26. Deut. VIII, 3 ; Matth. IV, 4.

 

1. À cause de ces animaux, etc. Compar. XII, 25, et Ex. VIII, 2, 3, 16, 21 ; X, 4-6, 12-15. — Ils ; les Égyptiens. — * Par une multitude de bêtes, grenouilles, mouches, sauterelles des plaies d’Égypte.

2. Des cailles. Compar. Ex. XVI, 13 ; Num. XI, 13.

3. Ceux-là ; les Égyptiens. — À cause, etc. À cause des animaux impurs et dégoutants que Dieu leur avait envoyés (Ex. VIII, 3), les Égyptiens avaient en aversion même les viandes les plus nécessaires. — Ceux-ci ; les Hébreux.

5. Astucieux (perversorum), rusés (Gen. III, 1) ; ou bien tortueux, ce qui est la signification propre du grec skotiôn employé ici par les Septante. — * Ils étaient exterminés, les Israélites, par les serpents brulants, Num. XXI, 6.

6, 7. Un signe de salut ; c’est-à-dire le serpent d’airain, figure de Jésus-Christ notre Sauveur en croix. Voy. Num. XXI, 8- 9 ; Joan. III, 14-15.

9. Leur âme ; hébraïsme conservé aussi par les Septante pour leur vie. — * Les sauterelles ravagèrent toute l’Égypte pour punir ses habitants qui ne voulaient point laisser partir les Hébreux. Ex. X, 5-15. Sur la plaie des mouches, voir note sur Ps. CIV, 31.

10. * Des dragons ; des serpents brulants. Tandis que les Égyptiens périrent, vers. 9, par des animaux qui généralement ne tuent pas, les Israélites sont sauvés même des serpents venimeux. Pharaon appelle la plaie des sauterelles « cette mort », Ex. X, 17 ; cependant Moïse ne dit point expressément que ni les mouches ni les sauterelles aient fait mourir des Égyptiens. Il est certain d’ailleurs qu’il y a des mouches dont la piqûre est mortelle.

11. Ils étaient éprouvés (examinabantur) ; selon le grec, ils étaient piqués. # Le mot latin examen signifie aiguille d’une balance, d’où le glissement de sens de la piqure vers la mesure, l’épreuve.

14. Et ce n’est pas un homme. C’est, en effet, le mot homme, exprimé au commencement du verset, qui est le nominatif du verbe rappellera (revocabit). — Qui s’est retiré ; ou qui a été reçu dans l’autre vie.

16. * De nouvelles eaux ; des pluies, des orages inaccoutumés : allusion à la septième plaie. Ex. IX, 22-25. Il ne pleut presque jamais en Égypte.

17. * Dans l’eau le feu avait plus de force ; les éclairs et les tonnerres étaient plus terribles au milieu de la pluie d’orage, ce qui remplissait d’étonnement les Égyptiens, qui voient si rarement des orages.

18. * Ce verset se rapporte à des faits qui ne sont pas consignés dans l’Exode. Cornélius a Lapide et d’autres commentateurs croient que le feu dont parle ici l’auteur sacré désigne des feux qu’allumaient, mais en vain, les Égyptiens pour se délivrer des insectes envoyés contre eux pour les punir.

20. Un pain venant du ciel (panem de cælo). Le mot pain, nous l’avons déjà remarqué, se prend très souvent dans l’Écriture pour nourriture en général. Il s’applique ici, dans le sens propre, à la manne et aux cailles que Dieu envoya aux Israélites dans le désert ; et, dans le sens spirituel, il est la figure de la sainte Eucharistie. Compar. Ex. XVI, 14 et suiv. ; Num. XI, 7 et suiv. ; Ps. LXXVII, 23 et suiv. ; Joan. VI, 31 et suiv.

21. Cette nourriture qui venait de vous ; littér. votre substance (substantia tua) ; c’est-à-dire la manne et les cailles. Voy. le vers. précédent.

22. * La neige et la glace ; nom donné à la manne, à cause de sa ressemblance avec la gelée blanche, Ex. XVI, 14.

27. Ce qui ne pouvait, etc. Le feu cuisait la manne et la durcissait de manière qu’on en faisait de petites miches qu’on mangeait comme du pain ; mais le moindre rayon de soleil la faisait fondre. Voy. Num. XI, 8 ; Ex. XVI, 21.

28. Pour vous bénir ; c’est-à-dire pour vous rendre grâces ; c’est le sens du grec ; littér. pour votre bénédiction (in benedictionem), que d’autres interprètent par : Pour recevoir votre bénédiction ; les Israélites, en effet, recueillirent la manne, bénédiction ou bienfait de Dieu.

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CHAPITRE XVII

(a) Jugements de Dieu. Ténèbres de l’Égypte et frayeur des Égyptiens, tandis que le reste du monde jouissait de la lumière et vaquait librement à ses travaux.

1 Magna sunt enim judícia tua, Dómine,

1. Grands sont vos jugements, Seigneur,

et inenarrabília verba tua :

et inexprimables vos paroles :

propter hoc indisciplinátæ ánimæ erravérunt.

à cause de cela les âmes sans science se sont égarées.

2 Dum enim persuásum habent iníqui

2. Tandis que les impies se sont persuadés

posse dominári natióni sanctæ,

qu’ils pouvaient dominer la nation sainte,

vínculis tenebrárum et longæ noctis compedíti,

enchainés par les liens des ténèbres et d’une longue nuit ;

inclúsi sub tectis,

enfermés sous leurs toits ;

fugitívi perpétuæ providéntiæ jacuérunt.

fuyant l’éternelle Providence, ils ont été abattus.

3 Et dum putant se latére in obscúris peccátis,

3. Et tandis qu’ils pensaient être cachés

tenebróso obliviónis velaménto dispérsi sunt,

dans leurs péchés secrets, ils ont été dispersés

pavéntes horrénde,

sous le voile ténébreux de l’oubli,

et cum admiratióne nímia perturbáti.

saisis d’un horrible effroi, et frappés du plus grand étonnement.

4 Neque enim quæ continébat illos spelúnca sine timóre custodiébat,

4. Car la caverne qui les renfermait ne les défendait pas contre la crainte,

quóniam sónitus descéndens perturbábat illos,

parce qu’un bruit descendant les troublait

et persónæ tristes illis apparéntes pavórem illis præstábant.

et que des spectres lugubres, leur apparaissant, les jetaient dans l’épouvante.

5 Et ignis quidem nulla vis póterat illis lumen præbére,

5. Et même aucun feu ardent ne pouvait leur donner la lumière,

nec síderum límpidæ flammæ

et la flamme pure des astres

illumináre póterant illam noctem horréndam.

ne pouvait éclaircir cette horrible nuit.

6 Apparébat autem illis subitáneus ignis, timóre plenus ;

6. Mais il leur apparaissait un feu subit, qui les remplissait de crainte,

et timóre percúlsi illíus quæ non videbátur faciéi,

et frappés de la crainte de ce fantôme, qu’ils ne voyaient pas distinctement,

æstimábant deterióra esse quæ videbántur.

ils estimaient pires les choses qu’ils voyaient clairement ;

7 Et mágicæ artis appósiti erant derísus,

7. À cela s’ajoutèrent les dérisions de l’art magique ;

et sapiéntiæ glóriæ corréptio cum contumélia.

et la vanterie de sagesse devint un blâme avec affront.

8 Illi enim qui promittébant

8. Ceux en effet qui promettaient de bannir le trouble

timóres et perturbatiónes expéllere se ab ánima languénte,

et la crainte d’une âme languissante, languissaient eux-mêmes

hi cum derísu pleni timóre languébant.

dans la dérision, et pleins de crainte.

9 Nam etsi nihil illos ex monstris perturbábat,

9. Car lors même que rien du côté des spectres ne les troublait,

tránsitu animálium et serpéntium sibilatióne commóti,

fortement émus par le passage des animaux

tremebúndi períbant,

et par le sifflement des serpents, ils mouraient tout tremblants ;

et áërem quem nulla ratióne quis effúgere posset, negántes se vidére.

et l’air, que nul en aucune manière ne peut éviter, ils refusaient de le voir.

10 Cum sit enim tímida nequítia,

10. Comme en effet la méchanceté est timide,

dat testimónium condemnatiónis :

elle donne un témoignage de condamnation contre elle,

semper enim præsúmit sæva,

car toujours elle se représente d’avance les choses terribles,

perturbáta consciéntia :

étant troublée par la conscience.

11 nihil enim est timor nisi prodítio cogitatiónis auxiliórum.

11. La crainte en effet n’est rien que l’abandon des secours de la pensée.

12 Et dum ab intus minor est exspectátio,

12. Et tandis qu’elle attend moins de secours au-dedans d’elle-même,

majórem cómputat insciéntiam ejus causæ,

elle grossit la cause inconnue,

de qua torméntum præstat.

de laquelle vient le tourment.

13 Illi autem qui impoténtem vere noctem,

13. Mais ceux qui pendant cette nuit vraiment impuissante,

et ab ínfimis et ab altíssimis ínferis superveniéntem,

et survenue des bas et des plus profonds enfers,

eúmdem somnum dormiéntes,

dormaient le même sommeil,

14 aliquándo monstrórum exagitabántur timóre,

14. Tantôt étaient fort agités par la crainte des spectres,

aliquándo ánimæ deficiébant traductióne :

et tantôt défaillaient par l’abandon de leur âme ;

subitáneus enim illis et insperátus timor supervénerat.

car une crainte subite et inattendue leur était survenue.

15 Deínde si quisquam ex illis decidísset,

15. Puis, si quelqu’un d’entre eux était tombé,

custodiebátur in cárcere sine ferro reclúsus.

il demeurait reclus sans chaines dans cette prison de ténèbres.

16 Si enim rústicus quis erat, aut pastor,

16. Si en effet c’était un campagnard ou un berger

aut agri labórum operárius præoccupátus esset,

ou un cultivateur, qui lut ainsi surpris,

ineffugíbilem sustinébat necessitátem ;

il avait à supporter une nécessité inévitable ;

17 una enim caténa tenebrárum omnes erant colligáti.

17. Car, d’une même chaine de ténèbres, tous étaient liés.

Sive spíritus síbilans,

Ou un vent qui soufflait,

aut inter spissos árborum ramos ávium sonus suávis,

ou la voix douce des oiseaux au milieu des rameaux épais des arbres,

aut vis aquæ decurréntis nímium,

ou le violent murmure de l’eau s’écoulant avec une rapidité excessive,

18 aut sonus válidus præcipitatárum petrárum,

18. Ou le grand bruit des pierres tombant d’en haut,

aut ludéntium animálium cursus invísus,

la course des animaux se jouant ensemble sans être aperçus,

aut mugiéntium válida bestiárum vox,

ou la voix puissante des bêtes mugissantes,

aut résonans de altíssimis móntibus echo :

ou l’écho résonnant des plus hautes montagnes,

deficiéntes faciébant illos præ timóre.

les rendaient défaillants de crainte.

19 Omnis enim orbis terrárum límpido illuminabátur lúmine,

19. Car tout le disque de la terre était éclairé d’une lumière pure,

et non impedítis opéribus continebátur.

et s’occupait sans obstacle à ses travaux ;

20 Solis autem illis superpósita erat gravis nox,

20. Mais sur eux seuls s’étendait une profonde nuit,

imágo tenebrárum quæ superventúra illis erat :

image des ténèbres qui devaient leur survenir.

ipsi ergo sibi erant gravióres ténebris.

Ils étaient donc plus à charge à eux-mêmes que les ténèbres.

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CHAP. XVII. 2. Ex. X, 23. — 7. Ex. VII, 22 ; VIII, 7.

 

(a). Il y a dans ce chapitre plusieurs faits qui concernent les Égyptiens ; il faut, pour les mieux comprendre, les comparer avec le livre de l’Exode.

1. Inexprimables (inenarrabilia) ; ou difficiles à exposer, à expliquer, comme porte le texte grec. — Les âmes sans science ; littér. indisciplinées (indisciplinatæ) ; mais il faut se rappeler que dans l’Écriture, et surtout dans les Livres sapientiaux, le mot disciplina s’emploie fréquemment pour science ; aussi le grec porte-t-il ici sans instruction, sans éducation. Or ces âmes sans science, de même que les impies, mentionnés dans le verset suivant, désignent les Égyptiens.

2. Fuyant (fugitivi), etc. ; allusion aux esclaves fugitifs, que leurs maitres chargent de chaines et enferment dans un sombre cachot. — * Description de la neuvième plaie d’Égypte, celle des ténèbres (XVII, 1-XVIII, 4). Elle fut produite par le vent appelé khamsin, qui obscurcit l’air et le remplit d’une poussière impalpable qui pénètre partout. Les Égyptiens fuient la tempête en s’enfermant sous leurs toits.

3. * Saisis d’un horrible effroi. Les tempêtes de khamsin, surtout quand elles sont portées à un degré extraordinaire, comme dans le miracle de la neuvième plaie, produisent un grand malaise et par conséquent une grande terreur.

4. * Des spectres lugubres apparaissent aux Égyptiens enfiévrés par la tempête.

5. * Aucun feu ardent ne pouvait leur donner la lumière du soleil, complètement voilé par le sable impalpable qui remplit l’atmosphère dans les tempêtes de khamsin.

6. Un feu subit, etc. Ce feu subit qui passait comme un éclair, leur permettait d’entrevoir les objets, mais non de les remarquer à loisir et distinctement. C’est cette vue subite et interrompue qui au lieu de les rassurer augmentait leur terreur, et par là même leur faisait juger les choses plus affreuses et plus terribles qu’elles ne l’étaient réellement. —* Il leur apparaissait un feu subit. Au lieu de feu subit, le texte original porte : « un bûcher qui s’allume de lui-même, » expression qui exprime très bien l’état de l’atmosphère embrasée par le khamsin. Elle est rougeâtre comme les lueurs d’un incendie.

9. * L’air…, ils refusaient de le voir. C’est en effet dans l’air qu’est le fléau.

10. Troublée (turbata) ; se rapporte à méchanceté qui précède. — Par la conscience (consciéntia). C’est le sens formel des Septante. La Vulgate étant amphibologique, nous avons cru devoir l’interpréter par le texte grec, contrairement à Bible catholique anglaise, à celle de Scio (en espagnol), à celle d’Allioli et à celle de Loch et Reischl (en allemand).

11. L’abandon, etc. ; le manque, la privation des secours que la pensée peut offrir.

12. La cause inconnue ; littér. l’ignorance de la cause.

13. Impuissante. Cette nuit est ainsi appelée, soit parce qu’elle mettait les Égyptiens dans l’impuissance d’agir, soit parce qu’elle ne pouvait être ni évitée, ni éclairée.

14. Par l’abandon de leur âme ; dans le grec, par la trahison de l’âme ; c’est-à-dire que leur âme effrayée elle-même les abandonnait.

15. Sans chaines autres qui les retinssent que l’obscurité même qui les environnait de toutes parts. Compar. le vers. 17. — * Quand le khamsin est déchainé avec violence, l’indigène se couche dans son manteau et ne bouge plus, pour échapper autant que possible à la poussière impalpable et brulante qui pénètre partout.

16. Une nécessité inévitable ; celle de ne pouvoir quitter le lieu où il avait été surpris par les ténèbres et la frayeur.

18. Sans être aperçus. Ils entendaient le hurlement des animaux, mais ils ne les voyaient pas.

20. Image, etc. L’écrivain sacré fait allusion au malheur éternel qui attendait les Égyptiens après leur mort, sous l’image d’une nuit profonde. C’est ainsi que l’enfer et la damnation nous sont représentés dans l’Évangile et dans les écrits des Apôtres. Voy. Matth. VIII, 12 ; XII, 13 ; II Petr. II, 17 ; Jude, vers. 13, etc.

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CHAPITRE XVIII

Les Égyptiens sont dans les ténèbres, tandis que les Israélites jouissent de la lumière. Ces derniers sont ensuite guidés par une colonne de feu. Les premiers-nés de l’Égypte sont exterminés sans réserve ; la plaie de la mort qui frappe les Hébreux dans le désert est bientôt arrêtée.

1 Sanctis autem tuis máxima erat lux,

1. Mais, Seigneur, il y avait pour vos saints une grande lumière,

et horum quidem vocem audiébant, sed figúram non vidébant.

et ils entendaient leur voix, mais ne voyaient pas leur visage.

Et quia non et ipsi éadem passi erant, magnificábant te ;

Et parce qu’ils ne souffraient pas les mêmes choses, ils vous glorifiaient :

2 et qui ante læsi erant, quia non lædebántur, grátias agébant,

2. Et eux qui auparavant avaient été maltraités, parce qu’ils ne l’étaient plus, ils vous rendaient grâces,

et ut esset differéntia, donum petébant.

et ils demandaient la faveur que cette différence existât toujours.

3 Propter quod ignis ardéntem colúmnam

3. C’est pourquoi ils ont eu une colonne ardente de feu

ducem habuérunt ignótæ viæ,

pour guide dans une voie inconnue ;

et solem sine læsúra boni hospítii præstitísti.

et vous leur avez donné ainsi un soleil, sans préjudice de votre bonne hospitalité.

4 Digni quidem illi carére luce,

4. Ceux-là étaient assurément dignes d’être privés de la lumière,

et pati cárcerem tenebrárum,

et de souffrir une prison de ténèbres,

qui inclúsos custodiébant fílios tuos,

puisqu’ils tenaient renfermes vos enfants

per quos incipiébat incorrúptum legis lumen sǽculo dari.

par qui la lumière incorruptible de votre loi commençait à être donnée au monde.

5 Cum cogitárent justórum occídere infántes,

5. Lorsqu’ils pensèrent à tuer les petits enfants des justes,

et uno expósito fílio et liberáto,

et qu’un seul de ces enfants eût été exposé et sauvé,

in traductiónem illórum, multitúdinem filiórum abstulísti,

pour leur punition vous avez enlevé une multitude de leurs propres enfants,

et páriter illos perdidísti in aqua válida.

comme aussi vous les avez perdus eux-mêmes dans une eau puissante.

6 Illa enim nox ante cógnita est a pátribus nostris,

6. Cette nuit, en effet, fut connue auparavant par nos pères,

ut vere sciéntes quibus juraméntis credidérunt,

afin que sachant bien à quels serments ils avaient cru,

animæquióres essent.

ils fussent plus rassurés.

7 Suscépta est autem a pópulo tuo sánitas quidem justórum,

7. Ainsi votre peuple apprit, à la vérité, le salut des justes,

injustórum autem exterminátio.

mais aussi l’extermination des méchants.

8 Sicut enim læsísti adversários,

8. Car comme vous avez puni nos ennemis,

sic et nos próvocans magnificásti.

ainsi en nous appelant à vous, vous nous avez glorifiés.

9 Abscónse enim sacrificábant justi púeri bonórum,

9. Cependant les justes, enfants des bons, sacrifiaient en secret ;

et justítiæ legem in concórdia disposuérunt ;

et ils établirent d’un commun accord cette loi de justice,

simíliter et bona et mala receptúros justos,

que les justes devaient recevoir également les biens et les maux ;

patrum jam decantántes laudes.

et ils chantaient déjà les cantiques de louanges qu’ils avaient reçus de leurs pères.

10 Resonábat autem inconvéniens inimicórum vox,

10. Mais en même temps retentissait la voix confuse des ennemis,

et flébilis audiebátur planctus ploratórum infántium.

et on entendait le cri lamentable de ceux qui pleuraient des enfants.

11 Símili autem pœna servus cum dómino afflíctus est,

11. Or, d’une semblable peine fut affligé l’esclave avec le maitre ;

et populáris homo regi simília passus.

et l’homme du peuple souffrit des maux semblables à ceux du roi.

12 Simíliter ergo omnes, uno nómine mortis,

12. Tous donc également avaient des morts

mórtuos habébant innumerábiles :

sans nombre et frappés d’un seul genre de mort.

nec enim ad sepeliéndum vivi sufficiébant,

Car les vivants ne suffisaient pas à ensevelir,

quóniam uno moménto quæ erat præclárior

parce qu’en un moment

nátio illórum extermináta est.

leur plus illustre race fut exterminée.

13 De ómnibus enim non credéntes, propter venefícia ;

13. N’ayant cru, en effet, à aucun prodige précédent, à cause des enchantements magiques ;

tunc vero primum cum fuit extermínium primogenitórum,

mais pour la première fois, alors qu’eut lieu l’extermination des premiers-nés,

spopondérunt pópulum Dei esse.

ils confessèrent que c’était le peuple de Dieu.

14 Cum enim quiétum siléntium continéret ómnia,

14. Car lorsqu’un paisible silence régnait sur toutes choses

et nox in suo cursu médium iter habéret,

et que la nuit était au milieu de sa course,

15 omnípotens sermo tuus de cælo, a regálibus sédibus,

15. Votre parole toute-puissante venant du ciel, du trône royal,

durus debellátor in médiam extermínii terram prosilívit,

vainqueur impitoyable, fondit au milieu de cette terre d’extermination ;

16 gládius acútus insimulátum impérium tuum portans :

16. Glaive aigu portant votre arrêt fatal,

et stans, replévit ómnia morte,

et se tenant ferme, elle remplit tout de mort,

et usque ad cælum attingébat stans in terra.

et se tenant sur la terre, elle atteignait jusqu’au ciel.

17 Tunc contínuo visus somniórum malórum turbavérunt illos,

17. Alors aussitôt des visions mauvaises de songes les troublèrent,

et timóres supervenérunt insperáti.

et des craintes inattendues survinrent.

18 Et álius alibi projéctus semivívus,

18. Et, jetés çà et là à moitié morts,

propter quam moriebátur causam demonstrábat mortis.

ils déclaraient la cause de leur mort.

19 Visiónes enim quæ illos turbavérunt hæc præmonébant,

19. Car, les visions qui les troublèrent les avertissaient d’avance,

ne ínscii quare mala patiebántur perírent.

afin qu’ils ne périssent pas, sans savoir pourquoi ils souffraient des maux.

20 Tétigit autem tunc et justos tentátio mortis,

20. À la vérité l’épreuve de la mort atteignit aussi les justes,

et commótio in erémo facta est multitúdinis :

et la multitude fut frappée dans le désert ;

sed non diu permánsit ira tua.

mais votre colère ne dura pas longtemps.

21 Próperans enim homo sine queréla deprecári pro pópulis,

21. Car un homme sans reproche se hâtant d’intercéder pour le peuple ;

próferens servitútis suæ scutum,

présentant le bouclier de son ministère ;

oratiónem et per incénsum deprecatiónem allégans,

offrant la prière, et, par l’encens, la supplication,

réstitit iræ, et finem impósuit necessitáti,

résista à la colère et mit fin à la calamité,

osténdens quóniam tuus est fámulus.

montrant qu’il était votre serviteur.

22 Vicit autem turbas non in virtúte córporis,

22. Or, il apaisa les troubles, non par la force du corps,

nec armatúræ poténtia :

ni par la puissance des armes ;

sed verbo illum qui se vexábat subjécit,

mais par la parole il fléchit celui qui le faisait souffrir,

juraménta paréntum et testaméntum commémorans.

en rappelant les serments faits à nos pères, et l’alliance jurée avec eux.

23 Cum enim jam acervátim cecidíssent super altérutrum mórtui,

23. Car, lorsque déjà les morts étaient tombés par monceaux les uns sur les autres,

intérstitit, et amputávit ímpetum,

il s’entremit, et arrêta la vengeance,

et divísit illam quæ ad vivos ducébat viam.

et lui coupa le chemin qui menait aux vivants.

24 In veste enim podéris quam habébat, totus erat orbis terrárum ;

24. Car dans la longue robe qu’il portait, tout le disque de la terre était représenté ;

et paréntum magnália in quátuor ordínibus lápidum erant sculpta,

et les grandeurs des ancêtres étaient gravées sur les quatre rangs de pierres ;

et magnificéntia tua in diadémate cápitis illíus sculpta erat.

et votre magnificence sur le diadème de sa tête était gravée.

25 His autem cessit qui exterminábat, et hæc extímuit :

25. Or, à ces choses céda celui qui exterminait, et il en fut épouvanté ;

erat enim sola tentátio iræ suffíciens.

car la seule épreuve de votre colère était suffisante.

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CHAP. XVIII. 1. Ex. X, 23. — 3. Ex. XIV, 24 ; Ps. LXXVII, 14 ; CIV, 39. — 5. Ex. I, 16 ; II, 3 ; XIV, 27. — 11. Ex. XII, 29. — 21. Num. XVI, 46. — 24. Ex. XXVIII, 6.

 

1. Ils entendaient, etc. Cela est dit des Hébreux, suivant les uns, et des Égyptiens, selon les autres. Ces derniers se fondent principalement sur quelques exemplaires qui ajoutent le mot inimici ou ennemis.

3. Vous leur avez donné, etc. La colonne de feu leur servait de soleil. — De votre bonne hospitalité (boni hospitii) ; c’est-à-dire le désert, où le Seigneur traita si bien les Israélites, en leur donnant, outre les colonnes de feu et de nuée, la manne, les cailles, etc.

4. * Une prison de ténèbres ; la plaie des ténèbres tenant les Égyptiens comme prisonniers dans les lieux où elle les avait surpris. Voir plus haut, XVII, 16-17.

5-22. * Dixième plaie : l’ange exterminateur fait mourir les premiers-nés des Égyptiens.

5. Une eau puissante (aqua valida) ; la mer Rouge.

6. Cette nuit, etc. Moïse avait prédit aux Israélites ce qui leur arriverait la nuit de leur sortie d’Égypte, et pendant laquelle les premiers-nés de l’Égypte furent tués par l’ange exterminateur. Compar. Ex. XI, XII. — À quels serments, etc. Dieu avait promis par serment aux anciens Hébreux qu’il les retirerait de l’Égypte, et qu’il leur donnerait en possession la terre de Chanaan.

12. Genre ; sorte, manière ; littér. nom (nomine), qui, même dans les écrivains profanes, réunit ces diverses significations.

13. Aucun. Comme nous l’avons déjà remarqué, le mot tout, avec une négation, signifie en hébreu nul, pas un ; hébraïsme qui est passé dans les Septante et la Vulgate. — Que c’était, etc. ; que les Hébreux étaient le peuple de Dieu.

16. Fatal ; littér. non dissimulé, non feint (insimulatum). — Se tenant ferme ; ou dans l’attitude d’un combattant, vraie signification du latin stans.

18. Jetés çà et là ; littér. un autre jeté là ; ce qui est mis par abréviation pour : Un jeté ici, un autre là.

20. L’auteur fait ici allusion à ce qui arriva aux Israélites dans le désert, après la révolte de Coré, de Dathan et d’Abiron. Voy. Num. XVI, 46 et suiv.

21. Un homme ; Aaron, le grand-prêtre. — Sans reproche (sine queréla) ; dans la circonstance actuelle. Voy. le vers. 20. L’auteur ne rappelle pas la faute d’Aaron, lorsqu’il permit au peuple d’adorer le veau d’or, parce que cette ancienne faute avait été effacée longtemps auparavant.

22. Celui qui le faisait souffrir ; l’ange exterminateur (vers. 25). Aaron a dû, en effet, beaucoup souffrir en voyant exterminer son peuple. — Les serments faits à nos pères ; c’est le vrai sens du latin juraménta patrum, par hébraïsme.

23. Lui coupa le chemin ; littér. divisa, partagea le chemin ; en se posant entre le feu, qui avait déjà dévoré beaucoup d’Israélites, et ceux qui vivaient encore.

24. Dans la longue robe, etc. Cette robe du grand-prêtre était de fin lin, bleu de ciel, et au bord de laquelle pendaient des sonnettes d’or entremêlées de grenades couleur de pourpre. Or la couleur bleue représentait le ciel et l’air ; la toile de lin, la terre ; l’or, le feu et les grenades, la mer. — Les grandeurs ; les Septante disent les gloires ; ce sont les noms des douze patriarches, fils de Jacob (Ex. XXVIII, 17 et suiv.). — Votre magnificence, etc. Le grand-prêtre portait écrit sur une lame d’or qui ceignait son front : “La sainteté est au Seigneur” (Ibid., 36-38).

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CHAPITRE XIX

Les Égyptiens engloutis dans la mer en poursuivant les Hébreux, qui y trouvent un passage libre. Parallèle des jugements de Dieu sur Sodome et sur l’Égypte. Les éléments employés à l’exécution des jugements du Seigneur.

1 Impiis autem usque in novíssimum

1. Mais aux impies, jusqu’au dernier moment,

sine misericórdia ira supervénit.

sans miséricorde survint la colère du Seigneur ;

Præsciébat enim et futúra illórum :

car il savait d’avance leur avenir ;

2 quóniam cum ipsi permisíssent ut se edúcerent,

2. Parce qu’ayant eux-mêmes permis aux Israélites de se retirer,

et cum magna sollicitúdine præmisíssent illos,

et les ayant renvoyés avec un grand empressement,

consequebántur illos, pœniténtia acti.

ils couraient après eux, poussés par le repentir.

3 Adhuc enim inter manus habéntes luctum,

3. Car, lorsqu’ils avaient encore le deuil au milieu d’eux,

et deplorántes ad monuménta mortuórum,

et qu’ils pleuraient sur les tombeaux des morts,

áliam sibi assumpsérunt cogitatiónem insciéntiæ,

ils prirent une résolution de démence :

et quos rogántes projécerant,

ceux-là mêmes qu’ils avaient renvoyés,

hos tamquam fugitívos persequebántur.

en les priant de se retirer, ils les poursuivirent comme des fugitifs.

4 Ducébat enim illos ad hunc finem digna necéssitas ;

4. À cette fin, en effet, les conduisait une juste nécessité ;

et horum quæ accíderant commemoratiónem amittébant,

et ils perdaient le souvenir de ce qui était arrivé,

ut quæ déerant torméntis repléret punítio :

afin qu’une nouvelle punition complétât ce qui manquait à leurs tourments,

5 et pópulus quidem tuus mirabíliter transíret,

5. Et qu’en même temps votre peuple traversât miraculeusement,

illi autem novam mortem invenírent.

mais qu’eux trouvassent une nouvelle mort.

6 Omnis enim creatúra ad suum genus ab inítio refigurabátur,

6. Car toute créature, selon son genre, prenait comme au commencement une nouvelle forme,

desérviens tuis præcéptis,

accomplissant vos préceptes,

ut púeri tui custodiréntur illǽsi.

afin que vos enfants fussent conservés sains et saufs.

7 Nam nubes castra eórum obumbrábat,

7. Une nuée, en effet, couvrait leur camp de son ombre,

et ex aqua quæ ante erat, terra árida appáruit,

et là où l’eau était auparavant, apparut une terre aride ;

et in mari Rubro via sine impediménto,

et au milieu de la mer Rouge une voie libre,

et campus gérminans de profúndo nímio :

et un champ en pleine végétation est sorti du plus profond de l’abime :

8 per quem omnis nátio transívit quæ tegebátur tua manu,

8. Champ par lequel est passée toute la nation, qui était protégée par votre main,

vidéntes tua mirabília et monstra.

voyant vos merveilles et vos prodiges.

9 Tamquam enim equi depavérunt escam,

9. Aussi, comme des chevaux au pacage, ils ont recueilli une nourriture abondante,

et tamquam agni exsultavérunt,

et comme des agneaux, ils ont bondi,

magnificántes te, Dómine, qui liberásti illos.

vous glorifiant, Seigneur, vous qui les aviez délivrés.

10 Mémores enim erant adhuc eórum

10. Car ils se souvenaient encore de ce qui était arrivé

quæ in incolátu illórum facta fúerant :

dans leur habitation en pays étranger ;

quemádmodum pro natióne animálium edúxit terra muscas,

comment au lieu d’un peuple d’animaux, la terre avait produit des mouches,

et pro píscibus eructávit flúvius multitúdinem ranárum.

et comment au lieu de poissons, le fleuve avait jeté une multitude de grenouilles.

11 Novíssime autem vidérunt novam creatúram ávium,

11. Mais en dernier lieu, ils virent une nouvelle race d’oiseaux,

cum, addúcti concupiscéntia, postulavérunt escas epulatiónis.

lorsque, cédant à la convoitise, ils demandèrent à Dieu une nourriture excellente.

12 In allocutióne enim desidérii ascéndit illis de mari ortygométra :

12. Car en satisfaction de leur désir, il monta pour eux de la mer des cailles :

et vexatiónes peccatóribus supervenérunt,

et les tourments survinrent aux pécheurs,

non sine illis quæ ante facta erant arguméntis per vim fumílnum :

non sans des indices qui avaient été donnés auparavant par la violence des tonnerres ;

juste enim patiebántur secúndum suas nequítias.

parce que c’est justement qu’ils souffraient selon leurs méchancetés.

13 Etenim detestabiliórem inhospitalitátem instituérunt :

13. Car ils ont exercé une inhospitalité plus détestable :

álii quidem ignótos non recipiébant ádvenas ;

les uns ne recevaient point des étrangers inconnus ;

álii autem bonos hóspites in servitútem redigébant.

mais les autres réduisaient en servitude des hôtes bienfaisants.

14 Et non solum hæc, sed et álius quidam respéctus illórum erat,

14. Et non seulement cela, mais il y avait encore une autre considération à faire à l’égard de ceux-là,

quóniam invíti recipiébant extráneos.

c’est qu’ils recevaient à contrecœur des étrangers.

15 Qui autem cum lætítia recepérunt hos

15. Mais ceux-ci firent souffrir les tourments les plus cruels

qui eísdem usi erant justítiis,

à ceux qu’ils avaient d’abord reçus avec allégresse

sævíssimis afflixérunt dolóribus.

et qui vivaient sous les mêmes lois.

16 Percússi sunt autem cæcitáte :

16. Aussi ont-ils été frappés d’aveuglement,

sicut illi in fóribus justi,

comme ceux-là à la porte du juste,

cum subitáneis coopérti essent ténebris,

lorsque ayant été couverts de subites ténèbres,

unusquísque tránsitum óstii sui quærébat.

chacun cherchait l’entrée de sa porte.

17 In se enim eleménta dum convertúntur,

17. Car lorsque les éléments changent de fonctions entre eux,

sicut in órgano qualitátis sonus immutátur,

il en est comme dans un psaltérion, dont les accords varient,

et ómnia suum sonum custódiunt :

mais dont chaque corde retient son propre son ;

unde æstimári ex ipso visu certo potest.

ainsi qu’on peut s’en convaincre surement par la vue même de ce qui est arrivé.

18 Agréstia enim in aquática convertebántur,

18. Car les animaux terrestres étaient changés en aquatiques,

et quæcúmque erant natántia, in terram transíbant.

et tous ceux qui nageaient passaient sur la terre.

19 Ignis in aqua valébat supra suam virtútem,

19. Le feu dans l’eau surpassait sa propre vertu,

et aqua extinguéntis natúræ obliviscebátur.

et l’eau oubliait sa nature qui est de l’éteindre.

20 Flammæ e contrário corruptibílium animálium

20. Les flammes, au contraire, n’attaquèrent pas les chairs des animaux sujets à la corruption,

non vexavérunt carnes coambulántium,

lesquels cheminaient ensemble,

nec dissolvébant illam, quæ fácile dissolvebátur sicut glácies, bonam escam.

et elles ne faisaient pas fondre cette bonne nourriture,

In ómnibus enim magnificásti pópulum tuum, Dómine,

qui d’ailleurs se fondait facilement comme la glace.

et honorásti, et non despexísti,

Car en toutes choses, vous avez glorifié votre peuple, Seigneur ;

in omni témpore et in omni loco assístens eis.

vous l’avez honoré, et ne l’avez pas dédaigné,

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CHAP. XIX. 3. Ex. XIV, 5. — 11. Ex. XVI, 13 ; Num. XI, 31 ; Supra. XVI, 2. — 16. Gen. XIX, 11.

 

1. Aux impies ; c’est-à-dire aux Égyptiens.

3. Au milieu d’eux ; littér. entre les mains ; c’est-à-dire que leur deuil était tout récent. Compar. Ex. XIV, 5.

5. Eux ; c’est-à-dire les Égyptiens. — Nouvelle ; d’un genre tout nouveau, extraordinaire, ou, selon le grec, étrange, inouïe. C’est la submersion des Égyptiens dans la mer Rouge.

6. Toute créature, etc. On aurait cru voir une nouvelle création, tant les éléments paraissaient nouveaux et extraordinaires dans leurs effets. Le feu ne brulait plus, ou brulait dans l’eau, l’eau devenait solide, la mer s’ouvrait, etc.

7. Un champ, etc. Quelques-uns regardaient comme une hyperbole sans réalité ce qui est dit ici ; mais d’autres croient, avec plus de probabilité, que ces expressions sont exactement vraies et justifiées par la nature même du fond de la mer Rouge, qui, selon le témoignage du P. Sicard, qui a visité ces lieux, comme nous l’avons déjà fait remarquer ailleurs, est un terrain sablonneux, parsemé d’herbes, et ne différant en rien du terrain des déserts d’alentour. Voy. la Sainte Bible en latin et en français, etc., t. 1, p. 268. Paris, 1834.

9. Comme des chevaux. C’est une allusion à la joie qu’éprouvèrent les Israélites, lorsque Dieu leur envoya la manne dans le désert. — Vous glorifiant, etc. ; autre allusion au cantique d’action de grâces chanté par les Hébreux après le passage de la mer Rouge. Ex. XV.

11. Mais en dernier lieu, etc. Compar. pour l’ensemble de ce verset Sap. XVI, 2 ; Ex. XVI, 13 ; Num. XI, 31. — [D’après la traduction et la note, le texte que J.-B. Glaire traduisait portait epulonis « épulon » à la place de epulationis « repas, festin » qu’on lit dans la Vulgate aujourd’hui. Voici sa note : « Une nourriture excellente ; littér. une nourriture d’épulon (epulonis), mot désignant chez les Latins le prêtre qui présidait aux festins des sacrifices, et signifiant aussi convive. Le texte grec porte des aliments de délices. »] — * Une nouvelle race d’oiseaux, les cailles.

12. Non sans des indices. Dieu, par les foudres et le feu du ciel tombés sur Sodome, avait longtemps auparavant fait connaitre aux Égyptiens les malheurs qui les menaçaient, puisqu’ils imitaient et même surpassaient les habitants de Sodome par leur inhumanité envers les étrangers, comme le prouvent les versets suivants.

13. Ils ont exercé ; c’est-à-dire les Égyptiens. — Les uns, etc. ; les habitants de Sodome refusaient l’hospitalité à des inconnus, tels que les anges envoyés à Lot (Gen. XIX). — Les autres, etc. ; les Égyptiens opprimaient injustement les Hébreux qui ne leur avaient fait que du bien (bonos hospites).

14. Et non seulement, etc. Les habitants de Sodome, en donnant l’hospitalité à des inconnus, ne les reçurent qu’à contrecœur, malgré eux (inviti), ou, suivant le texte grec, en ennemis (apechthôs).

15. Reçus avec allégresse. Compar. Gen. XLV, 18-20. — * Ceux-ci, les Égyptiens.

16. Ils ont été frappés d’aveuglement. Le Sage veut parler des ténèbres de l’Égypte qui durèrent trois jours, dont il a déjà fait mention (XVII), et qu’il rappelle ici dans ce verset même. — Comme ceux-là ; les Sodomites. — À la porte du juste ; de Lot. — Lorsque ayant été, etc. Toute cette dernière partie du verset se rapporte aux Égyptiens dont l’aveuglement ou l’impuissance de voir venait des ténèbres répandues sur l’Égypte, tandis que celui des Sodomites avaient une autre cause, que l’Écriture ne nous fait pas connaitre (Gen. XIX, 11) ; de sorte que nous ignorons en quoi consistait précisément cet aveuglement. Beaucoup d’interprètes pensent que c’était une sorte de vertige ou d’éblouissement.

17. Ce verset dans la Vulgate échappe à toute analyse. Ce qui a fait dire à Bossuet qu’il y a des choses qui manquent ou qui ne sont pas à leur place. Le savant interprète trouve aussi que le grec lui-même présente des difficultés. Pour nous, nous avons cherché à donner le sens le plus simple et le plus naturel, en combinant les deux textes. — Lorsque les éléments, etc. Les éléments ont réellement changé de fonctions ou de propriétés entre eux, quand, par exemple, l’eau n’a pas éteint le feu ; quand le feu lui-même n’a détruit ni la neige, ni la grêle ; quand l’eau s’est arrêtée et est devenue solide comme un mur. Or tout cela s’est fait sans que les lois générales de la nature aient été troublées dans leur harmonie générale.

18. Les animaux, etc. Les troupeaux des Hébreux passèrent à travers la mer Rouge, tandis que les grenouilles couvrirent l’Égypte comme des troupeaux, se répandant sur toute la terre sèche et jusque dans les maisons.

19. Le feu surpassait, etc. Compar. XVI, 17-19.

20. Les flammes, etc. Compar. XVI, 18. — Elles ne faisaient pas fondre, etc. Compar. XVI, 27. — Vous tenant, etc. ; l’assistant, le protégeant.

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