SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT MATTHIEU
L’auteur du premier évangile est l’apôtre S. Matthieu. Il n’y a qu’une voix à cet égard dans la tradition. Les Pères s’accordent également à dire que cet évangile a paru avant tous les autres, que S. Matthieu l’a écrit en hébreu pour l’usage des chrétiens de Judée, avant de quitter ce pays pour aller prêcher la foi parmi les Gentils, entre l’an 45 et l’an 48, un peu avant que S. Paul écrivît ses premières Épitres. Quant à la version grecque du texte hébreu de S. Matthieu, il est certain que, si l’auteur ne l’a pas faite lui-même, comme Josèphe a fait la traduction de sa Guerre des Juifs, elle date du moins du temps des apôtres et a dû être approuvée par eux ; car dès le premier siècle, et avant la mort de S. Jean, elle était citée et reçue par toute l’Église avec l’autorité des textes inspirés ; et s’il en avait été autrement, on aurait peine à s’expliquer la disparition du texte hébreu.
L’évangile de S. Matthieu n’est pas proprement une histoire, une biographie. On y trouve bien une esquisse de la vie du Sauveur et un sommaire de sa prédication. Mais les faits n’y tiennent pas une grande place ; ils sont peu circonstanciés et souvent groupés, comme les discours, suivant leurs analogies. L’ordre chronologique fait défaut, aussi bien que les dates. Le dessein de l’auteur est donc, avant tout, dogmatique et moral. Ce qu’il se propose, c’est de montrer à ses lecteurs, ce qu’il a prêché jusque-là de vive voix, que Jésus est le Messie promis au peuple Juif, qu’il faut croire à sa parole, accepter ses maximes, entrer dans son Église, et se conformer à ses lois. Aussi s’attache-t-il à signaler dans sa personne toutes les prérogatives que les prophètes ont attribuées au Messie, celles de roi, de législateur, de thaumaturge, de prophète, de souverain prêtre. À tous ces points de vue, il a soin de faire remarquer l’accord des prophéties avec les faits qu’il décrit.
Cet évangile a été appelé quelquefois l’évangile du royaume des cieux, parce qu’on y voit annoncée et souvent désignée sous ce nom l’œuvre que le Fils de Dieu venait accomplir en ce monde ; mais l’auteur a soin de faire sentir que sa royauté est spirituelle, qu’elle a pour fin le salut des âmes.
Ses vingt-huit chapitres se divisent en trois parties : les premières années du Sauveur, sa prédication, ses derniers jours. Les premières années du Sauveur remplissent trois chapitres, dans lesquels il est surtout représenté comme roi, I-III. Ses derniers jours, depuis le commencement de sa Passion jusqu’à son retour au ciel, en occupent trois également, XXVI-XXVIII : Notre Seigneur y parait comme prêtre et victime. La partie intermédiaire, la seconde, est de beaucoup plus considérable, IV-XXV. Si l’on en fait deux sections, on aura d’abord sa prédication dans la Galilée, IV-XVIII, puis son ministère, si laborieux et si combattu, dans la Judée, XIX-XXV. La première fait voir en lui le législateur, IV-VII, et le thaumaturge, VIII-XVIII. Dans la seconde, XIX-XXV, il agit en prophète : il enseigne, il reprend, il prédit. Mais ces points de vue s’entremêlent, et il parait plusieurs fois sous le même aspect.
Les caractères de cet évangile s’accordent sur tous les points avec le témoignage de la tradition. On ne peut s’empêcher de reconnaitre, en le lisant, que l’auteur était juif, qu’il avait été témoin des faits, qu’il écrivait pour les Juifs de Palestine, à une époque peu éloignée de la mort du Sauveur, enfin qu’il avait bien le caractère et les dispositions que devait avoir S. Matthieu.
1° L’auteur était juif de naissance. — Ses citations indiquent un homme versé dans l’étude de l’Ancien Testament et dans la méditation des prophètes. Son langage dénote un habitant de la Palestine qui a reçu une éducation juive et qui est habitué à parler l’idiome de son pays. À ses yeux, la maison d’Israël est toujours la maison de Dieu ; tous ceux qui en font partie ont le Seigneur pour père. Jérusalem est encore la cité sainte, malgré son déicide ; le temple est encore le lieu saint. Les hébraïsmes et les répétitions ou oppositions paralléliques surabondent dans son style. Enfin l’aspect de la Galilée, son ciel, ses campagnes, son sol, ses troupeaux, ses figuiers, ses montagnes, ses torrents, son lac, s’y reflètent comme ils durent se refléter dans les discours de notre Sauveur, dans ses paraboles, ses comparaisons et ses images.
2° Il a été témoin des faits qu’il rapporte. — C’est ce qu’il suppose évidemment, en retraçant en détail les actions du divin Maitre, et surtout en reproduisant ses discours avec tant d’étendue, sans jamais indiquer aucune source, ni donner d’autre garantie que son témoignage. À la vérité, ses récits sont moins circonstanciés que ceux de S. Marc, et il ne suit pas l’ordre des temps aussi fidèlement que S. Luc ; mais cette particularité s’explique par le but spécialement dogmatique de sa composition. Quant aux discours, qui tiennent la plus grande partie de son ouvrage, si l’auteur ne les avait pas recueillis de la bouche du Sauveur, il faudrait dire qu’il les a inventés ou qu’il les a rédigés d’après la tradition ; mais, dans ce cas, ces discours conviendraient-ils si bien au caractère du Fils de Dieu, à sa dignité, à ses lumières, à sa sainteté ? Y trouverait-on ce naturel, cette élévation, cette placidité, ce charme ? Il nous semble voir trop d’unité dans le fond et dans la forme, trop de pureté dans la doctrine, trop de noblesse et de simplicité dans le langage, pour n’y pas reconnaitre une reproduction directe de l’enseignement du divin Maitre. C’est un assez grand honneur pour l’évangéliste d’avoir reproduit sans altération cette morale et ce style.
3° II écrivait pour ses compatriotes, c’est-à-dire pour les Juifs de Palestine convertis au christianisme. — S’il avait destiné son évangile aux Gentils, il se proposerait un autre but, il suivrait une autre marche ; il insisterait sur d’autres points ; il ferait moins d’emprunts à l’Ancien Testament ; il parlerait un autre langage. À qui peut-il s’adresser, sinon à des Juifs, quand il annonce la venue du royaume de Dieu, quand il établit l’autorité du Sauveur sur sa qualité de Messie, quand il lui applique les prédictions des prophètes, quand il commence par décrire sa généalogie, quand il l’appelle le fils de David, quand il parle du lieu saint et de la sainte cité, quand il mentionne sans nulle explication les localités, les lois et les usages du pays, quand il met les Gentils sur la même ligne que les publicains, quand il rapporte avec tant de détails les invectives du Sauveur contre les Pharisiens, quand il fait entendre que le règne de la Synagogue est fini et qu’une autre Église, une Église universelle, va s’élever sur ses ruines, etc. ? Mais si c’est à des Juifs convertis qu’il destine son évangile, ce ne peut être qu’à ceux de la Palestine, car ils ne formaient une église particulière qu’en Judée, et partout ailleurs ils étaient mêlés avec les Gentils.
4° Il a composé son livre de bonne heure, assez peu de temps après l’Ascension du Sauveur. — Puisque l’auteur est un apôtre, et qu’il destine son livre aux Juifs de la Palestine, il a dû l’écrire lorsqu’il était au milieu d’eux, avant la dispersion du collège apostolique, de l’an 45 à l’an 48 au plus tard. Si l’on compare cet évangile avec les deux autres synoptiques, on est conduit à la même conclusion, car il est visiblement le plus ancien. On conçoit S. Marc, disciple de S. Pierre, abrégeant S. Matthieu et retranchant de l’évangile hébreu ce qui était sans intérêt pour les Romains. On conçoit S. Luc, disciple de S. Paul, complétant les Mémoires des premiers évangélistes, et s’efforçant de mettre dans leurs récits l’ordre et la correction qui y manquent. Mais on ne concevrait pas S. Matthieu, un témoin oculaire, un apôtre, prenant pour guide dans beaucoup d’endroits un simple disciple, paraphrasant S. Marc, traduisant S. Luc dans un langage moins correct et s’écartant à dessein de l’ordre chronologique. Matthieu le publicain a donc été le premier à écrire l’Évangile, comme Madeleine la pécheresse a été la première à annoncer la Résurrection.
5° Les dispositions qu’il manifeste conviennent parfaitement à S. Matthieu. — Le style de cet écrit est simple, uniforme et peu soigné. C’est partout la même manière de passer des faits aux discours et des discours aux faits. Le mot « alors » se trouve répété près de cent fois. Néanmoins cette rédaction, et surtout les citations de l’Ancien Testament dont elle est semée, supposent une culture d’esprit que la plupart des apôtres n’avaient pas. Or, l’emploi que S. Matthieu remplissait, avant son apostolat, demandait précisément un degré particulier d’instruction. Rien d’étonnant qu’il soit le premier à qui on ait demandé et qui ait entrepris de tracer une esquisse de la prédication du Sauveur. De plus, on fait observer que l’auteur du premier évangile s’exprime avec une précision remarquable, lorsqu’il s’agit de cens et d’impôt. — 1° Sa modestie n’est pas moins remarquable. S. Matthieu trouvait, comme S. Paul, un sujet de confusion dans la première partie de sa vie, et il est à croire que lui seul, entre les disciples du Sauveur, pouvait se plaire à rappeler son ancienne profession de publicain. Or c’est précisément ce qui a lieu. Comme il avait changé son nom de Lévi en celui de Matthieu, don de Dieu, au moment où il s’attachait à Notre Seigneur, lorsque S. Marc et S. Luc rapportent le fait de sa vocation et qu’ils font connaitre son premier emploi, ils ont soin de ne le désigner que par son ancien nom, afin de ne pas associer dans l’esprit des fidèles l’idée d’un apôtre avec le souvenir d’une profession odieuse. Mais le premier évangéliste ne songe pas à rien dissimuler : il dit simplement Matthieu, ou le publicain ; et il indique le bureau qu’il occupait à Capharnaüm. Cette observation a été faite de bonne heure : nous la trouvons dans Eusèbe, S. Jérôme et S. Chrysostome. On peut y joindre une autre remarque du même genre. On sait que le Sauveur envoya ses Apôtres prêcher l’Évangile deux à deux. Les trois synoptiques qui rapportent ce fait mettent, comme compagnons d’apostolat, au quatrième rang, S. Matthieu et S. Thomas, mais avec cette différence que le premier évangéliste donne la première place à S. Thomas et que les deux derniers la donnent à S. Matthieu. Quiconque tiendra compte des leçons données par le Sauveur à ses Apôtres et du sentiment qu’on a toujours eu de leur vertu, croira volontiers que c’est S. Matthieu lui-même qui s’est mis ici au second rang, tandis que ses collègues le plaçaient au premier. (M. Bacuez.)(1)
(1) Toutes les citations de M. Bacuez faites dans ce volume sont tirées du Manuel biblique.
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LE SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT MATTHIEU
*mtsu
Généalogie de Jésus-Christ. Sa conception dans le sein de la Vierge. Soupçons de Joseph, époux de Marie. Il est rassuré par un ange. Naissance de Jésus-Christ.
Adoration des Mages. Fuite de Jésus en Égypte. Meurtre des enfants de Bethléem par Hérode. Retour de Jésus de l’Égypte.
Prédication de saint Jean ; sa pénitence ; son baptême ; ses reproches contre les Pharisiens et les Saducéens. Jésus-Christ vient à lui et reçoit son baptême.
Jeûne et tentation de Jésus-Christ. Il se retire en Galilée et fixe sa demeure à Capharnaüm. Il prêche dans ce pays. Vocation de Pierre et d’André, de Jacques et de Jean. Miracles et réputation de Jésus-Christ.
Sermon sur la montagne. Béatitudes. Apôtres, sel et lumière de la terre. Loi non détruite. Faire et enseigner. Justice abondante. Parole injurieuse. Réconciliation. Adultère dans le cœur. S’arracher l’œil. Mariage indissoluble. Jurement. Être prêt à tout souffrir. Amour des ennemis. Perfection.
Suite du sermon sur la montagne. Aumône. Prière. Jeûne. Trésor dans le ciel. Œil simple. Servir Dieu, non l’argent. Ne point s’inquiéter des besoins de la vie. Confiance en la Providence.
Suite du sermon sur la montagne. Ne point juger témérairement. Ne pas donner les choses saintes aux chiens. Demander, chercher et frapper. Charité. Voie étroite. Faux prophètes. Fruit semblable à l’arbre. Dieu juge sur les œuvres. Bâtir sur la pierre et non sur le sable.
Guérison d’un lépreux et de beaucoup d’autres malades. Dispositions pour suivre Jésus-Christ. Tempête apaisée. Démons chassés, pourceaux précipités.
Guérison d’un paralytique. Vocation de saint Matthieu. Jeûne. Hémorroïsse guérie. Fille de Jaïre ressuscitée. Guérison de deux aveugles. Possédé muet délivré. Brebis sans pasteurs. Moisson. Ouvriers.
Mission des Apôtres. Leurs noms. Instructions que Jésus-Christ leur donne ; puissance qu’il leur communique. Il leur recommande te désintéressement, la prudence, la patience, la confiance en Dieu. Il leur annonce les maux qu’ils auront à souffrir et la récompense qu’ils en recevront.
Saint Jean envoie deux de ses disciples à Jésus-Christ. Éloge de saint Jean. Jésus-Christ et saint Jean rejetés par les Juifs. Villes impénitentes pires que Sodome. Sages aveuglés ; simples éclairés. Joug de Jésus-Christ doux et léger.
Murmures des pharisiens contre les disciples de Jésus-Christ, qui arrachaient des épis un jour de sabbat. Guérison d’un homme qui avait la main desséchée. Douceur du Messie. Possédé aveugle et muet. Blasphèmes des pharisiens. Péché contre le Saint-Esprit. Miracle de Jonas. Démon rentrant. Mère et frères de Jésus-Christ.
Parabole de la semence et son explication. Plusieurs autres paraboles. Jésus méprisé dans sa patrie.
Mort de saint Jean-Baptiste. Multiplication des cinq pains et des deux poissons. Jésus et Pierre marchent sur les eaux. Vertus des vêtements de Jésus-Christ.
Scandale des pharisiens en voyant les disciples de Jésus manger sans avoir lavé leurs mains. Guérison de plusieurs malades. Multiplication des sept pains.
Prodige demandé et refusé. Levain des pharisiens et des sadducéens. Confession et primauté de saint Pierre. Jésus-Christ prédit sa passion, sa mort et sa résurrection. Saint Pierre repris. Croix et renoncement à soi-même.
Transfiguration de Jésus-Christ. Avènement d’Elie. Guérison d’un enfant lunatique. Puissance de la foi. Jésus-Christ prédit sa passion. Il paye le tribut pour lui et pour saint Pierre.
S’humilier. Devenir enfant. Fuir le scandale. Parabole de la brebis égarée. Correction fraternelle. Pouvoir des clefs. Pardon des injures. Parabole du créancier et du débiteur.
Indissolubilité du mariage. Eunuques volontaires. Enfants présentés à Jésus-Christ. Conseils de perfection. Salut des riches difficile. Récompense promise à ceux qui quittent tout pour Jésus-Christ.
Parabole des ouvriers envoyés à la vigne. Jésus-Christ prédit sa passion. Demande des enfants de Zébédée. Domination interdite. Deux aveugles guéris près de Jéricho.
Entrée de Jésus-Christ dans Jérusalem. Vendeurs chassés du temple. Acclamations des enfants. Figuier séché. Puissance de la foi. Autorité de Jésus : Baptême de Jean. Parabole des deux fils envoyés à la vigne, des vignerons homicides. Parabole de la pierre angulaire.
Parabole du festin des noces. Rendre à César ce qui est à César. Résurrection des morts. Vie angélique. Amour de Dieu et du prochain. Le Messie, fils et seigneur de David.
Écouter ceux qui sont assis sur la chaire de Moïse. Vanité et hypocrisie des scribes et des pharisiens. Reproches de Jésus-Christ contre eux. Prédiction contre Jérusalem.
Jésus-Christ prédit la ruine de Jérusalem. Questions des disciples à l’occasion de cette prédiction, et réponse de Jésus-Christ. Signes de la ruine de Jérusalem, et du dernier avènement de Jésus-Christ.
Parabole des dix vierges. Parabole des talents. Dernier jugement. Œuvres de miséricorde faites ou refusées à Jésus-Christ dans la personne de ses membres.
Conspiration des Juifs. Parfums répandus sur la tête de Jésus-Christ. Trahison de Judas. Dernière cène. Institution de l’Eucharistie. Renoncement de saint Pierre prédit. Prière de Jésus dans le jardin des Oliviers. Il est pris, conduit chez Caïphe, accusé, condamné, outragé. Renoncement et pénitence de saint Pierre.
Conseil des Juifs contre Jésus-Christ. Désespoir de Judas. Jésus devant Pilate ; Barabbas lui est préféré. Cris des Juifs contre Jésus-Christ. Couronnement d’épines ; insultes. Jésus-Christ est conduit au Calvaire et crucifié. Ténèbres. Mort de Jésus-Christ. Miracles après sa mort. Joseph d’Arimathie prend soin de sa sépulture. Gardes mis au sépulcre.
Résurrection de Jésus-Christ. Apparition de l’ange aux saintes femmes. Jésus-Christ même leur apparait. Gardes corrompus par les princes des prêtres. Apparition de Jésus en Galilée. Mission des apôtres.
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Généalogie de Jésus-Christ. Sa conception dans le sein de la Vierge. Soupçons de Joseph, époux de Marie. Il est rassuré par un ange. Naissance de Jésus-Christ.
(hi) 1 Liber generatiónis Jesu Christi fílii David, fílii Abraham.
1. Livre de la généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham.
2 Abraham
génuit Isaac. Isaac autem génuit Jacob. Jacob autem génuit Judam, et fratres
ejus.
2. Abraham engendra Isaac. Isaac engendra Jacob. Jacob engendra Juda et ses frères.
3 Judas autem
génuit Phares, et Zaram de Thamar. Phares autem génuit Esron. Esron autem
génuit Aram.
3. Juda engendra de Thamar, Pharès et Zara. Pharès engendra Esron. Esron engendra Aram.
4 Aram autem génuit Amínadab. Amínadab autem génuit Naásson. Naásson autem génuit Salmon.
4. Aram engendra Aminadab. Aminadab engendra Naasson. Naasson engendra Salmon.
5 Salmon autem génuit Booz de Rahab. Booz autem génuit Obed ex Ruth. Obed autem génuit Jesse. Jesse autem génuit David regem.
5. Salmon engendra de Rahab, Booz. Booz engendra de Ruth, Obed. Obed engendra Jessé. Et Jessé engendra David, roi.
6 David autem
rex génuit Salomónem ex ea quæ fuit Uríæ.
6. David, roi, engendra Salomon, de celle qui fut femme d’Urie.
7 Sálomon autem génuit Róboam. Róboam autem génuit Abíam. Abías autem génuit Asa.
7. Salomon engendra Roboam. Roboam engendra Abias. Abias engendra Asa.
8 Asa autem génuit Josáphat. Josáphat autem génuit Joram. Joram autem génuit Ozíam.
8. Asa engendra Josaphat. Josaphat engendra Joram. Joram engendra Ozias.
9 Ozías autem génuit Jóatham. Jóatham autem génuit Achaz. Achaz autem génuit Ezechíam.
9. Ozias engendra Joatham. Joatham engendra Achaz. Achaz engendra Ézéchias.
10 Ezechías autem génuit Manássen. Manásses autem génuit Amon. Amon autem génuit Josíam.
10. Ézéchias engendra Manassé. Manassé engendra Amon. Amon engendra Josias.
11 Josías
autem génuit Jechoníam, et fratres ejus in transmigratióne Babylónis.
11. Josias engendra Jéchonias et ses frères vers la transmigration de Babylone.
12 Et post transmigratiónem Babylónis : Jechonías génuit Saláthiel. Saláthiel autem génuit Zoróbabel.
12. Et après la transmigration de Babylone, Jéchonias engendra Salathiel. Salathiel engendra Zorobabel.
13 Zoróbabel autem génuit Abiud. Abiud autem génuit Elíacim. Elíacim autem génuit Azor.
13. Zorobabel engendra Abiud. Abiud engendra Éliacim. Éliacim engendra Azor.
14 Azor autem génuit Sadoc. Sadoc autem génuit Achim. Achim autem génuit Eliud.
14. Azor engendra Sadoc. Sadoc engendra Achim. Achim engendra Éliud.
15 Eliud autem génuit Eleázar. Eleázar autem génuit Mathan. Mathan autem génuit Jacob.
15. Éliud engendra Éléazar. Éléazar engendra Mathan. Mathan engendra Jacob.
16 Jacob autem génuit Joseph virum
Maríæ, de qua natus est Jesus, qui vocátur Christus.
16. Et Jacob engendra Joseph, époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.
17
Omnes ítaque generatiónes ab Abraham usque ad David, generatiónes
quatuórdecim : et a David usque ad transmigratiónem Babylónis,
generatiónes quatuórdecim : et a transmigratióne Babylónis usque ad
Christum, generatiónes quatuórdecim.
17. Il y a donc en tout, d’Abraham jusqu’à David, quatorze générations ; de David jusqu’à la transmigration de Babylone, quatorze générations ; et de la transmigration de Babylone jusqu’au Christ, quatorze générations.
18
Christi autem generátio sic erat : cum esset desponsáta mater ejus María Joseph,
ántequam convenírent invénta est in útero habens de Spíritu Sancto.
18. Or telle fut la naissance du Christ : Marie, sa mère, étant fiancée à Joseph, avant qu’ils vinssent ensemble, il se trouva qu’elle avait conçu de l’Esprit-Saint.
(hi) 19 Joseph
autem vir ejus cum esset justus, et nollet eam tradúcere, vóluit occúlte
dimíttere eam.
19. Mais Joseph, son mari, qui était un homme juste, ne voulant pas la diffamer, résolut de la renvoyer secrètement.
20 Hæc autem
eo cogitánte, ecce ángelus Dómini appáruit in somnis ei, dicens : Joseph,
fili David, noli timére accípere Maríam cónjugem tuam : quod enim in ea
natum est, de Spíritu Sancto est.
20. Et comme il pensait à ces choses, voici qu’un ange du Seigneur lui apparut en songe, disant : Joseph, fils de David, ne crains point de prendre avec toi Marie, ta femme ; car ce qui a été engendré en elle est du Saint-Esprit ;
21
Páriet autem fílium : et vocábis nomen ejus Jesum : ipse enim salvum
fáciet pópulum suum a peccátis eórum.
21. Elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de JÉSUS ; car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.
22 Hoc autem totum factum est, ut adimplerétur quod dictum est a Dómino per prophétam dicéntem :
22. Or tout cela se fit pour que fût accomplie cette parole que le Seigneur a dite par le prophète :
23Ecce
virgo in útero habébit, et páriet
fílium : et vocábunt nomen ejus
Emmánuël,
quod est interpretátum Nobíscum Deus.
23. Voilà que la Vierge concevra, et enfantera un fils, et on le nommera Emmanuel, ce que l’on interprète par : Dieu avec nous.
24 Exsúrgens
autem Joseph a somno, fecit sicut præcépit ei ángelus Dómini, et accépit
cónjugem suam.
24. Ainsi réveillé de son sommeil, Joseph fit comme l’ange du Seigneur lui avait ordonné, et prit sa femme avec lui.
25
Et non cognoscébat eam donec péperit fílium suum primogénitum : et vocávit
nomen ejus Jesum.
25. Or il ne l’avait point connue, quand elle enfanta son fils premier-né, à qui il donna le nom de Jésus.
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Concordances : CHAP. I. 1. Luc. III, 23. — 2. Gen. XXI, 3 ; XXV, 25 ; XXIX, 35. — 3. Gen. XXXVIII, 29 ; I Par. II, 4 ; Ruth. IV, 18 ; I Par. II, 5. — 4. Num. VII, 12. — 5. Ruth. IV, 21, 22 ; I Reg. XVI, 1. — 6. II Reg. XII, 24. — 7. III Reg. XI, 43 ; XIV, 31 ; XV, 8. — 9. II Par. XXVI, 23 ; XXVII, 9 ; XXVIII, 27. — 10. II Par. XXXII, 33 ; XXXIII, 20 ; XXXIII, 25. — 11. II Par. XXXVI, 1-4. — 18. Luc. I, 27. — 21. Luc. I, 31 ; Act. IV, 12. — 23. Is. VII, 14.
8. Ozias n’était pas fils immédiat de Joram. Joram fut père d’Ochozias qui le fut de Joas ; et Joas eut pour fils Amasias, père d’Ozias. On croit que saint Matthieu a passé Ochozias, Joas, Amasias, pour conserver la distribution de cette généalogie en trois parties, chacune de quatorze générations (vers. 17), et peut-être aussi à cause de leur impiété, ou enfin, à cause de l’arrêt prononcé contre la maison d’Achab, dont ils étaient descendus par Athalie, leur mère (III Reg. XXI, 21). Au reste, c’est la coutume des Juifs, et même des Orientaux en général, d’omettre plusieurs descendants dans leurs généalogies, parce que leur but est de faire connaitre certains personnages illustres plutôt que de présenter une énumération complète de tous les individus appartenant à l’échelle généalogique.
16. Saint Matthieu, en donnant ici la généalogie de saint Joseph, se conforme à l’usage des Juifs, qui, dans leurs listes généalogiques, ne faisaient point mention des femmes ; mais il n’en donne pas moins la généalogie de Jésus-Christ, puisque la sainte Vierge, sa mère, descendait aussi bien que saint Joseph de la famille de David. — Sur la double généalogie de Notre Seigneur donnée par saint Matthieu et par saint Luc, voir la note 26 à la fin du volume. — * Saint Joseph était, comme nous l’apprend l’Évangile, de la tribu de David et exerçait un métier pour gagner sa vie. C’était, d’après la tradition, le métier de charpentier. Il vivait à Nazareth, et c’est là qu’il épousa la sainte Vierge. Le choix que Dieu fit de lui pour être le gardien de la virginité de Marie et le père adoptif de Notre Seigneur nous montre quelle était sa vertu et sa sainteté. On ne sait pas à quelle époque il mourut, mais tout porte à croire que ce fut avant la vie publique de Jésus-Christ. — Marie, en hébreu Myriam, signifie probablement maitresse, dame, de sorte que le nom de Notre Dame, donné à la sainte Vierge, n’est sans doute que la traduction de son nom. Exemptée du péché originel par un privilège spécial, et destinée à être la mère de Dieu, elle devait dépasser en sainteté toutes les créatures. Son père fut saint Joachim, et sa mère sainte Anne. Elle était de la tribu de Juda et de la race de David. La tradition nous apprend qu’elle fut présentée à l’âge de trois ans au temple de Jérusalem et employée au service de Dieu. Elle épousa saint Joseph à Nazareth, où eut lieu le mystère de l’Annonciation. L’évangile nous fait connaitre sa visite à sa cousine Élisabeth, comment elle mit son fils Jésus au monde à Bethléem, s’enfuit avec lui en Égypte, habita avec lui à Nazareth, le perdit dans le temple de Jérusalem quand il avait douze ans, l’accompagna dans une partie de ses courses apostoliques, le suivit au Calvaire. Elle était avec les Apôtres au Cénacle le jour de la Pentecôte. Elle habita ensuite avec saint Jean que Jésus lui avait donné à sa place. Les uns la font mourir à Éphèse, les autres à Jérusalem. Elle rendit son âme à Dieu dans un âge avancé et son corps fut transporté miraculeusement dans le ciel.
17. * La captivité de Babylone commença en 606 avant Jésus-Christ, et finit en 536, après avoir duré soixante-dix ans.
18. Avant qu’ils vinssent ensemble. Voy. plus bas, vers. 25.
21. * Jésus, en hébreu Yehoschouah, sous sa forme complète, c’est-à-dire Jéhovah est sauveur. Jésus a été en effet le sauveur des hommes, le Dieu sauveur qui nous a rachetés et délivrés du péché.
23. La Vierge par excellence, qui était destinée à devenir la mère du Messie.
25. L’expression premier-né, comme le remarque judicieusement saint Jérôme, n’emporte pas toujours dans l’Écriture l’idée d’autres enfants qui seraient venus après. Ainsi elle marque simplement ici que Marie n’en avait point eu auparavant. De même, dans la phrase textuelle du grec et de la Vulgate : Il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle eut enfanté, la particule jusqu’à ce que ne dit pas non plus que Joseph connut Marie après la naissance du Sauveur. L’Ancien et le Nouveau Testament fournissent une foule d’exemples qui prouvent que les particules jusqu’à ce que, avant que, tout en niant une chose pour le passé, ne l’affirment nullement pour l’avenir. D’ailleurs quand, dans le langage ordinaire, on dit qu’un juge a condamné un coupable avant de l’entendre, et qu’une femme a refusé de pardonner à ses ennemis jusqu’à la mort, s’ensuit-il que ce juge ait entendu le coupable après l’avoir condamné, et que cette femme ait pardonné à ses ennemis après sa mort ? — * La tradition place au 25 décembre la nativité de Notre Seigneur. Quant à l’année où eut lieu ce grand évènement, on ne la connait pas d’une manière certaine. Les chronologistes la placent entre l’an 7 et l’an 1 avant notre ère. Une seule chose est incontestable, c’est que, par suite d’une erreur de calcul, le commencement de l’ère chrétienne n’a pas été fixé à l’année même de la naissance de Jésus-Christ, mais à une année postérieure qu’il a été jusqu’à présent impossible de préciser avec certitude. De là vient que la mort d’Hérode eut lieu avant l’ère chrétienne, selon notre manière de compter, quoiqu’il ne mourût qu’après la nativité de Notre Seigneur.
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Adoration des Mages. Fuite de Jésus en Égypte. Meurtre des enfants de Bethléem par Hérode. Retour de Jésus de l’Égypte.
(hi) 1 Cum ergo natus esset Jesus in Béthlehem Juda in
diébus Heródis regis, ecce magi ab oriénte venérunt Jerosólymam,
1. Lors donc que Jésus fut né en Bethléem de Juda, aux jours du roi Hérode, voilà que des mages vinrent de l’Orient à Jérusalem,
2 dicéntes : Ubi est qui natus est rex
Judæórum ? vídimus enim stellam ejus in oriénte, et venímus adoráre eum.
2. Disant : Où est celui qui est né roi des Juifs ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer.
3 Audiens
autem Heródes rex, turbátus est, et omnis Jerosólyma cum illo.
3. Ayant appris cela, le roi Hérode se troubla, et tout Jérusalem avec lui.
4 Et cóngregans omnes príncipes sacerdótum, et
scribas pópuli, sciscitabátur ab eis ubi Christus nascerétur.
4. Et assemblant tous les princes des prêtres et les scribes du peuple, il s’enquit d’eux où naitrait le Christ.
5 At illi dixérunt : In Béthlehem Judæ : sic enim scriptum est per prophétam :
5. Or eux lui dirent : À Bethléem de Juda ; car il a été ainsi écrit par le prophète :
6 Et tu Béthlehem terra Juda,
6. Et toi, Bethléem, terre de Juda,
nequáquam mínima es
tu n’es pas la moindre
in princípibus Juda :
parmi les principales villes de Juda ;
ex te enim éxiet dux, qui regat
pópulum meum Israël.
car c’est de toi que sortira le chef qui doit régir Israël mon peuple.
7 Tunc
Heródes clam vocátis magis diligénter dídicit ab eis tempus stellæ, quæ
appáruit eis :
7. Alors Hérode, les mages secrètement appelés, s’enquit d’eux avec soin du temps où l’étoile leur était apparue ;
8 et mittens
illos in Béthlehem, dixit : Ite, et interrogáte diligénter de púero :
et cum invenéritis, renuntiáte mihi, ut et ego véniens adórem eum.
8. Et, les envoyant à Bethléem, il dit : Allez, informez-vous exactement de l’enfant ; et lorsque vous l’aurez trouvé, faites-le moi savoir, afin que moi aussi j’aille l’adorer.
9 Qui cum audíssent regem, abiérunt, et ecce
stella, quam víderant in oriénte, antecedébat eos, usque dum véniens staret
supra, ubi erat puer.
9. Ceux-ci donc, après avoir entendu le roi, s’en allèrent ; et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue en Orient les précédait jusqu’à ce qu’elle vint et s’arrêta au-dessus du lieu où était l’enfant.
10 Vidéntes autem stellam gavísi sunt gáudio magno valde.
10. Or, voyant l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie.
11 Et intrántes domum, invenérunt púerum cum María
matre ejus, et procidéntes adoravérunt eum : et apértis thesáuris suis
obtulérunt ei múnera, aurum, thus, et myrrham.
11. Et, entrant dans la maison, ils trouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils l’adorèrent ; puis, leurs trésors ouverts, ils lui offrirent des présents, de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
12 Et respónso accépto in somnis ne redírent ad Heródem, per áliam viam revérsi sunt in regiónem suam.
12. Mais ayant été avertis en songe de ne point retourner vers Hérode, ils revinrent dans leur pays par un autre chemin.
(hi) 13 Qui cum
recessíssent, ecce ángelus Dómini appáruit in somnis Joseph, dicens : Surge,
et áccipe púerum, et matrem ejus, et fuge in Ægýptum, et esto ibi usque dum
dicam tibi. Futúrum est enim ut Heródes quærat púerum ad perdéndum eum.
13. Après qu’ils furent partis, voilà qu’un ange du Seigneur apparut à Joseph pendant son sommeil, et dit : Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, fuis en Égypte et restes-y, jusqu’à ce que je te parle ; car il arrivera qu’Hérode cherchera l’enfant pour le faire mourir.
14 Qui
consúrgens accépit púerum et matrem ejus nocte, et secéssit in Ægýptum :
14. Joseph, s’étant levé, prit l’enfant et sa mère pendant la nuit et se retira en Égypte ;
15 et erat
ibi usque ad óbitum Heródis : ut adimplerétur quod dictum est a Dómino per
prophétam dicéntem : Ex Ægýpto vocávi fílium meum.
15. Et il s’y tint jusqu’à la mort d’Hérode, afin que fût accomplie cette parole que le Seigneur a dite par le prophète : J’ai appelé mon fils de l’Égypte.
16 Tunc Heródes videns quóniam illúsus esset a
magis, irátus est valde, et mittens occídit omnes púeros, qui erant in Béthlehem,
et in ómnibus fínibus ejus, a bimátu et infra secúndum tempus, quod exquisíerat
a magis.
16. Alors Hérode, voyant qu’il avait été trompé par les mages, entra en une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants qui étaient dans Bethléem et dans tous ses environs, depuis deux ans et au-dessous, selon le temps dont il s’était enquis des mages.
17 Tunc
adimplétum est quod dictum est per Jeremíam prophétam dicéntem :
17. Ce fut alors que s’accomplit la parole du prophète Jérémie, disant :
18 Vox in Rama audíta est
18. Une voix a été entendue dans Rama,
plorátus, et ululátus multus :
des pleurs et des cris déchirants souvent répétés :
Rachel plorans fílios suos,
c’était Rachel pleurant ses fils
et nóluit consolári, quia non
sunt.
et ne voulant point se consoler, parce qu’ils ne sont plus.
(hi) 19 Defúncto autem Heróde, ecce ángelus Dómini appáruit in somnis Joseph in Ægýpto,
19. Hérode étant mort, voilà qu’un ange du Seigneur apparut à Joseph pendant son sommeil en Égypte,
20
dicens : Surge, et áccipe púerum, et matrem ejus, et vade in terram Israël :
defúncti sunt enim qui quærébant ánimam púeri.
20. Disant : Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et va dans la terre d’Israël ; car ils sont morts, ceux qui recherchaient la vie de l’enfant.
21 Qui
consúrgens, accépit púerum, et matrem ejus, et venit in terram Israël.
21. Joseph s’étant levé, prit l’enfant et sa mère et vint dans la terre d’Israël.
22 Audiens autem quod Archélaüs regnáret in Judǽa
pro Heróde patre suo, tímuit illo ire : et admónitus in somnis, secéssit
in partes Galilǽæ.
22. Mais ayant appris qu’Archélaüs régnait en Judée à la place d’Hérode, son père, il appréhenda d’y aller ; et, averti pendant son sommeil, il se retira dans le pays de Galilée.
23 Et véniens habitávit in civitáte quæ vocátur Názareth :
ut adimplerétur quod dictum est per prophétas : Quóniam Nazarǽus
vocábitur.
23. Étant donc venu, il habita une ville qui est appelée Nazareth, afin que s’accomplît ce qui a été dit par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.
~
CHAP. II. 1. Luc. II, 7. — 6. Mich. V, 2 ; Joan. VII, 42. — 11. Ps. LXXI, 10. — 15. Os. XI, 1. — 18. Jer. XXXI, 15.
1. * Voir note 27, à la fin du volume, la description de Bethléem. — « Il est parlé dans l’Évangile, de deux Hérode, Hérode l’Ancien ou le Grand, fils d’Antipater, meurtrier des Innocents, et Hérode Antipas, fils du précédent et d’une samaritaine, appelée Malthace, tétrarque de Galilée, époux adultère d’Hérodiade, meurtrier de saint Jean-Baptiste, celui que Notre-Seigneur appelle un renard, et devant qui il comparait dans sa Passion. C’est avec lui que Manahen avait été élevé. C’est lui qui eut pour intendant Chusa, dont la femme était au nombre des disciples les plus dévoués du divin Maitre : Il mourut dans l’exil. — Les Actes parlent encore d’un troisième Hérode, surnommé Agrippa, petit-fils d’Hérode l’Ancien, fils d’Aristobule et d’une petite-fille de Marianne, neveu d’Hérode Antipas et son beau-frère par Hérodiade. Celui-ci, porté subitement au trône par le caprice de Caligula, dont il était le compagnon de débauche et le favori, fit décapiter saint Jacques et incarcérer saint Pierre, puis périt rongé des vers. Le roi Agrippa, devant qui Festus fit comparaitre saint Paul, était son fils. — Les Hérode étaient Iduméens d’origine, c’est-à-dire descendants d’Ésaü. Le premier naquit à Ascalon. » (L. Bacuez.). — Son père Antipater avait été nommé procureur de la Judée par Jules César, sous le pontificat d’Hyrcan II, en 47 avant Jésus-Christ. Les Iduméens s’étaient convertis à la religion juive, quand ils avaient été soumis par Jean Hyrcan, vers 129 avant Jésus-Christ. À la mort d’Antipater, son fils Hérode, âgé, dit-on, de quinze ans, devint gouverneur de la Galilée, puis de la Cœlésyrie. Plus tard, Marc-Antoine le nomma tétrarque de Judée avec son frère Phasaël. Une invasion des Parthes. qui soutenaient les anciens princes Asmonéens, l’obligea de fuir à Rome. Là il fut nommé, par le Sénat, roi de Judée, an 40 avant Jésus-Christ, et dans la suite, Auguste augmenta encore son pouvoir et son royaume. Hérode, qu’on a surnommé le Grand, se distingua par son luxe et ses cruautés. Il rebâtit le temple de Jérusalem et aussi celui de Samarie ; il introduisit les jeux païens dans sa capitale, et le culte païen à Césarée ; à Rome, il avait sacrifié à Jupiter. Il mourut à l’âge de 70 ans, souillé du sang de sa femme Marianne, de trois de ses fils, des Saints Innocents et de bien d’autres. On place ordinairement sa mort l’an 4 avant notre ère. — Les mages étaient des sages ou savants qu’on croit être venus de l’Arabie Déserte, de la Chaldée ou de la Mésopotamie, aux environs de l’Euphrate. Comme le fameux devin Balaam avait habité ces contrées, on pouvait y avoir conservé le souvenir de la prophétie par laquelle il avait annoncé l’avènement du Messie sous l’emblème d’une étoile qui devait s’élever de Jacob (Num. XXIV, 17).
2. * Voir sur l’étoile des mages la note 28 à la fin du volume (appendices).
4. * Les princes des prêtres, c’est-à-dire les chefs des prêtres, comme le porte le texte grec, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales qui faisaient à tour de rôle une semaine chacun le service du temple. La Vulgate ayant employé le mot principes, on a pris l’habitude de traduire en français les princes des prêtres, mais il faut remarquer que le mot principes n’a pas le sens restreint de notre mot princes et signifie ici dans le texte latin chefs, chefs des familles sacerdotales. Ils étaient membres du sanhédrin. — Les scribes du peuple. On appelait scribes des hommes habiles dans la science et l’explication de la loi mosaïque. Ils jouissaient d’une grande considération parmi le peuple. Ils sont ordinairement mentionnés comme ici avec les princes, c’est-à-dire les chefs des prêtres. Comme corps, ils avaient une plus grande influence que les prêtres simplement dits. Plusieurs d’entre eux faisaient partie du sanhédrin avec les principaux des prêtres et les anciens. Leur nombre était considérable ; ils avaient des écoles où ils enseignaient ; ils donnaient aussi des conseils à ceux qui les consultaient. Les docteurs de la loi étaient des scribes, mais on réservait ce titre de docteurs à ceux des scribes qui étaient spécialement juristes et interprétaient la loi. La plupart des scribes étaient pharisiens ; ils comptaient cependant aussi dans leurs rangs quelques saducéens. Ils avaient surchargé la loi de pratiques minutieuses ; ils adressèrent souvent au Sauveur des questions captieuses et ils méritèrent d’être traités par lui d’hypocrites et de guides aveugles.
9. * Du lieu où était l’enfant. Ce lieu est appelé maison au verset 11, d’où divers commentateurs ont conclu que la sainte Vierge et saint Joseph avaient quitté la grotte et l’étable et avaient été reçus dans une maison proprement dite, avant l’arrivée des mages. Il est cependant possible que le mot de maison, dont la signification est très large dans les langues orientales, soit appliqué ici à la grotte et pris simplement dans le sens de demeure, habitation. La tradition actuelle place dans la grotte l’adoration des mages.
11. La plupart des Pères ont remarqué dans ces présents un mystère qui désignait la divinité, la royauté et l’humanité de Jésus-Christ.
16. * Un auteur païen a conservé le souvenir du massacre des Saints Innocents. « Macrobe raconte entre les bons mots d’Auguste que cet empereur, ayant appris que parmi les enfants qu’Hérode, roi des Juifs, avait fait tuer en Syrie, âgés de deux ans et au-dessous, il avait enveloppé son propre fils dans ce massacre, dit : Il vaut mieux être le pourceau d’Hérode que son fils. » (Glaire.)
18. * Rachel fut enterrée près de Bethléem. Son tombeau est à une demi-lieue, au nord de ce village. Le tombeau actuel « ne remonte qu’à Mohammed IV, qui l’a renouvelé en 1679. Un Juif d’Europe l’a fait réparer récemment, dit Mgr Mislin. Des ruines sont éparses sur les collines ; quelques-uns ont cru que ce devait être celles de Rama. Au témoignage d’Eusèbe, [il y avait] un lieu appelé Rama près de Bethléem. » Il parait plus exact [à d’autres] de prendre ici simplement ce mot dans le sens de hauteur. Ce fut là qu’on entendit les cris déchirants qui s’élevèrent jusqu’au ciel des mères de Bethléem et des environs, personnifiées dans Rachel, la mère des enfants d’Israël. — Pourquoi, se demande saint Jérôme, ces enfants sont-ils plus particulièrement attribués à Rachel, tandis qu’elle est la mère de Benjamin et non de Juda, dans la tribu duquel est située la ville de Bethléem ? Il répond : « Parce que Rachel est ensevelie près de Bethléem, et qu’elle a pris le titre de mère de la terre qui a donné l’hospitalité à son corps ; ou encore, parce que les deux tribus de Juda et de Benjamin se touchaient, et qu’Hérode avait ordonné de mettre à mort non seulement les enfants de Bethléem, mais ceux de tous les environs. »
22. * Archélaüs, fils d’Hérode le Grand et de la samaritaine Malthace, avait été désigné par son père pour être son successeur dans le royaume de Judée. Les soldats le proclamèrent roi, mais il ne voulut prendre ce titre qu’après y avoir été autorisé par Auguste. Avant de partir pour Rome, il fit périr près de trois mille Pharisiens pour réprimer une sédition. Il revint de la capitale de l’empire avec le titre d’ethnarque et épousa Glaphyra, veuve de son frère Alexandre. Son mépris de la loi mosaïque et ses cruautés révoltèrent les Juifs qui portèrent leurs plaintes à Auguste. Archélaüs fut déposé (an 7 de Jésus-Christ) et exilé à Vienne, dans les Gaules, où il mourut. Quelques commentateurs ont vu une allusion au voyage d’Archélaüs à Rome dans la parabole de Notre Seigneur rapportée dans saint Luc. XIX, 12-14. — Archélaüs régnait en Judée, et non en Galilée, où était située Nazareth. L’autorité d’Archélaüs s’étendait sur la Judée, l’Idumée et la Samarie. Le reste du royaume d’Hérode avait été partagé entre ses deux autres fils : Hérode Antipas avait eu la Galilée et la Pérée, et Philippe la Batanée, la Trachonitide et l’Hauranitide. La Judée proprement dite correspondait à peu près à l’ancien royaume de Juda, formé par la Palestine du Sud. — Le pays de Galilée. Sur la Galilée, voir la note 29 à la fin du volume.
23. * Nazareth. Voir sur Nazareth la note 30 à la fin du volume. — # Le pluriel prophétas signifie probablement que l’évangélise voulait citer non point un oracle déterminé, mais une sorte de résumé de plusieurs prédictions messianiques, plusieurs textes condensés en un seul. Quel est le sens de la citation ? Il est évident que l’évangéliste joue sur les mots à la façon orientale… S. Matthieu aperçoit, à la lumière d’en haut, une connexion mystique qui existe entre le nom de la ville de Nazareth et un prédicat appliqué au Messie par les prophètes. … Ce serait probablement le substantif netzer, “rejeton, rameau”. Les prophètes attribuent réellement au Messie la dénomination de “netzer”, soit d’une manière très expresse, par exemple dans ce passage d’Isaïe : « Un rameau (en hébr. netzer) sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines, » Is. XI, 1 ; LIII, 2 ; soit en termes analogues, v. g. : Is. IV, 2 ; Jer. XXIII, 5 ; XXXIII, 15 ; Zach. III, 8 ; VI, 12, etc., qui nomment le Christ, germe. (D’après Fillion.)
²
Prédication de saint Jean ; sa pénitence ; son baptême ; ses reproches contre les Pharisiens et les Saducéens. Jésus-Christ vient à lui et reçoit son baptême.
(hi) 1 In diébus autem illis venit Joánnes Baptísta prǽdicans in desérto Judǽæ,
1. Or, en ces jours-là, vint Jean-Baptiste prêchant dans le désert de Judée,
2 et dicens : Pœniténtiam ágite :
appropinquávit enim regnum cælórum.
2. Et disant : Faites pénitence, car le royaume des cieux approche.
3 Hic est
enim, qui dictus est per Isaíam prophétam dicéntem :
3. C’est lui dont a parlé le prophète Isaïe, disant :
Vox clamántis in desérto :
Voix de quelqu’un qui crie dans le désert :
Paráte viam Dómini ;
Préparez la voie du Seigneur
rectas fácite sémitas ejus.
faites droits ses sentiers.
4 Ipse autem Joánnes habébat vestiméntum de pilis
camelórum, et zonam pellíceam circa lumbos suos : esca autem ejus erat
locústæ, et mel silvéstre.
4. Or Jean avait un vêtement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour de ses reins ; et sa nourriture était des sauterelles et du miel sauvage.
5 Tunc exíbat ad eum Jerosólyma, et omnis Judǽa, et
omnis régio circa Jordánem ;
5. Alors accourait à lui Jérusalem, toute la Judée et tout le pays autour du Jourdain ;
6 et baptizabántur ab eo in Jordáne, confiténtes peccáta sua.
6. Et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, confessant leurs péchés.
7 Videns autem multos pharisæórum, et sadducæórum,
veniéntes ad baptísmum suum, dixit eis : Progénies viperárum, quis demonstrávit
vobis fúgere a ventúra ira ?
7. Or voyant beaucoup de Pharisiens et de Saducéens venant à son baptême, il leur dit : Race de vipères, qui vous a montré à fuir devant la colère qui va venir ?
8 Fácite ergo fructum dignum pœniténtiæ.
8. Faites donc de dignes fruits de pénitence.
9 Et ne
velítis dícere intra vos : Patrem habémus Abraham. Dico enim vobis quóniam
potens est Deus de lapídibus istis suscitáre fílios Abrahæ.
9. Et ne songez pas à dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous le dis, Dieu peut, de ces pierres mêmes, susciter des enfants à Abraham.
10 Jam enim
secúris ad radícem árborum pósita est. Omnis ergo arbor, quæ non facit fructum
bonum, excidétur, et in ignem mittétur.
10. Déjà la cognée a été mise à la racine des arbres. Tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu.
(hi) 11 Ego quidem baptízo vos in aqua in
pœniténtiam : qui autem post me ventúrus est, fórtior me est, cujus non
sum dignus calceaménta portáre : ipse vos baptizábit in Spíritu Sancto, et
igni.
11. Moi, à la vérité, je vous baptise dans l’eau pour la pénitence ; mais celui qui doit venir après moi est plus puissant que moi ; et je ne suis pas digne de porter sa chaussure : lui-même vous baptisera dans l’Esprit saint et dans le feu.
12 Cujus
ventilábrum in manu sua : et permundábit áream suam : et congregábit
tríticum suum in hórreum, páleas autem combúret igni inextinguíbili.
12. Son van est dans sa main, et il nettoiera entièrement son aire : il amassera son blé dans le grenier ; mais il brulera la paille dans un feu qui ne peut s’éteindre.
(hi) 13 Tunc venit
Jesus a Galilǽa in Jordánem ad Joánnem, ut baptizarétur ab eo.
13. Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain vers Jean pour être baptisé par lui.
14 Joánnes
autem prohibébat eum, dicens : Ego a te débeo baptizári, et tu venis ad
me ?
14. Or Jean le détournait, disant : C’est moi qui dois être baptisé par vous, et vous venez à moi !
15 Respóndens
autem Jesus, dixit ei : Sine modo : sic enim decet nos implére omnem
justítiam. Tunc dimísit eum.
15. Mais, répondant, Jésus lui dit : Laisse maintenant, car c’est ainsi qu’il convient que nous accomplissions toute justice. Alors Jean le laissa.
16 Baptizátus autem Jesus, conféstim ascéndit de
aqua, et ecce apérti sunt ei cæli : et vidit Spíritum Dei descendéntem
sicut colúmbam, et veniéntem super se.
16. Or ayant été baptisé, Jésus sortit aussitôt de l’eau ; et voici que les cieux lui furent ouverts : il vit l’Esprit de Dieu descendant en forme de colombe et venant sur lui.
17 Et ecce
vox de cælis dicens : Hic est Fílius meus diléctus, in quo mihi complácui.
17. Et voici une voix du ciel disant : Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai mis mes complaisances.
~
CHAP. III. 2. Marc. I, 4 ; Luc. III, 3. — 3. Is. XL, 3 ; Marc. I, 3 ; Luc. III, 4 ; Joan. I, 23. — 4. Marc. I, 6 ; Lev. XI, 22. — 5. Marc. I, 5. — 7. Luc. III, 7 ; Infra. XXIII, 33. — 9. Joan. VIII, 39. — 11. Marc. I, 8 ; Luc. III, 16 ; Joan. I, 26 ; Act. I, 5. — 13. Marc. I, 9. — 16. Luc. III, 22. — 17. Luc. IX, 35 ; II Petr. I, 17.
1. En ces jours-là, c’est-à-dire au temps de Jésus-Christ dont ce livre contient l’histoire ; car cette expression n’indique pas toujours que les faits qui la suivent soient immédiatement arrivés après ceux qui la précèdent. — * Jean (Yohanan, Jéhovah fait grâce), surnommé Baptiste, parce qu’il baptisait dans le Jourdain, était de race sacerdotale, fils de Zacharie et d’Élisabeth, cousine de la sainte Vierge, Luc. I, 5-80. Destiné par la Providence à être le précurseur du Messie, il se prépara à sa mission par une vie rude et austère, et il l’accomplit en prêchant la pénitence, en annonçant la venue du Messie, en baptisant Jésus et en montrant en lui l’agneau qui efface les péchés du monde, celui auquel il était chargé de préparer lui-même les voies. Il mourut martyr de son zèle à défendre la sainteté du mariage et fut décapité à Machéronte par ordre d’Hérode Antipas. Voir Matth. XIV, 1-12. — Le désert de Judée, ainsi appelé, non qu’il fut stérile et sans pâturages, mais parce qu’il était inhabité, est la région située à l’ouest de la mer Morte. « Il consiste en un plateau déchiré par de profonds ravins, et sur lequel s’élèvent des monticules coniques. C’est un désert jaunâtre et sans eau, d’une largeur de 25 kilomètres et d’une longueur d’environ 100 kilomètres. La chaleur de cette contrée dépourvue d’arbres est considérable. » (A. Socin). La tradition fixe le séjour du Précurseur à trois heures de Bethléem, à la Grotte de S. Jean-Baptiste ou désert de S. Jean, appelé dans le pays el-Habiz. « Cette grotte est située sur le haut d’une colline très escarpée, tournée au nord-ouest, et qui domine la vallée du Térébinthe. Elle est d’un accès assez difficile ; mais quand on est dedans, on la trouve si bien appropriée à la destination qu’elle a eue, à la vie d’ermite, qu’on la croit faite de main d’homme. C’est une cellule naturelle, longue de dix à douze pieds, large de six ; elle a deux ouvertures, dont l’une sert de porte et l’autre de fenêtre : celle-ci donne sur la vallée et a une très belle vue. Au fond de la grotte, il y a un rocher qui semble taillé tout exprès pour servir de siège et de couche ; on l’appelle lit de S. Jean. Une source d’eau fraiche et limpide sort d’une fente de montagne : elle forme au pied de la grotte un petit bassin et s’épanche dans la vallée en traçant un étroit ruban de verdure. » (Mislin.)
2. Le royaume des
cieux. — « Le mot, royaume de Dieu,
employé plus de cinquante fois par saint Marc et par saint Luc ; celui de royaume des cieux, non moins souvent répété par S.
Matthieu ; ceux de royaume du Christ ou
simplement de royaume par excellence, semblent pris
indistinctement ou à près peu dans le même sens. Ils sont propres à la
révélation chrétienne, dit saint Augustin. Néanmoins l’expression royaume des cieux
était déjà employée par le
Précurseur
pour annoncer l’avènement du Sauveur, et nous avons lieu
de croire qu’elle
était dès lors en usage pour désigner
l’œuvre du Messie ou le nouvel état
religieux et politique qu’on s’attendait à lui voir
fonder. Dans l’esprit de
Notre Seigneur, ces mots avaient un sens non moins précis
qu’étendu. Ils
signifiaient la société chrétienne,
l’Église dont il devait être le fondateur
et le chef ; le grand royaume prédit par Daniel, comme
supérieur à tout
autre ; royaume véritablement divin, qui ne tire
d’ici-bas ni son origine,
ni son autorité, ni sa constitution, ni sa
hiérarchie ; royaume
surnaturel, qui n’admet dans son sein que des hommes
régénérés, élevés à la
dignité d’enfants de Dieu ; royaume universel, dont
l’autorité s’étend sur
le monde entier et qui aspire à s’incorporer tous les
peuples ; royaume
combattu et incomplet sur la terre ; royaume éternel
néanmoins, qui ne
finira pas ici-bas avant la fin des temps, et qui doit se
perpétuer et se consommer
dans le ciel pour l’éternité. Mais il s’en
faut que ces expressions aient
éveillé dès lors des idées aussi nettes et
aussi exactes dans tous ceux qui les
entendaient. Comme elles n’énonçaient clairement
qu’une chose, à savoir, que le
Messie règnerait et que sa royauté ne serait pas
[seulement] terrestre comme
les autres, elles permettaient à chacun de faire ses conjectures
et de garder
les vues qu’il pouvait avoir sur les caractères, les
prérogatives et les
destinées de cette royauté à venir. On ne la
désirait pas avec moins
d’ardeur : au contraire. Ce qu’il y avait de vague
dans l’idée qu’on s’en
formait servait à écarter les difficultés ;
et les ennemis du Sauveur,
comme ses disciples, s’accordaient pour désirer de voir
bientôt s’accomplir les
desseins du ciel. » (L. Bacuez.)
4. * Jean avait un vêtement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour de ses reins. « La ceinture de cuir, le vêtement de poils de chameau sont encore portés par les Arabes les moins riches. Les pauvres gens qui n’ont pas de manteau portent une courte tunique retenue par une ceinture, c’était le costume de Jean. » (J.-H. Michon.) — Sa nourriture était des sauterelles. On a toujours mangé et l’on mange encore les sauterelles en Orient. Elles sont plus grosses que celles de nos contrées. On enlève les pattes et les ailes et on les prépare des manières les plus diverses. Elles ont un gout qui approche de celui de l’écrevisse ou du homard. Les rois d’Assyrie en exigeaient comme tribut des peuples qu’ils avaient soumis. — Du miel sauvage. Il abonde dans le désert de Judée où les abeilles sauvages le produisent dans les trous des rochers.
5. * Tout le pays autour du Jourdain. C’est-à-dire la région appelée dans l’Ancien Testament Kikkar, aujourd’hui le Ghôr ; c’est la gorge profonde creusée par le Jourdain depuis le lac de Tibériade jusqu’à la mer Morte. Il s’agit surtout ici sans doute de la partie méridionale du Ghôr.
6. Le baptême de saint Jean était un symbole de la rémission des péchés, qu’il promettait à ceux qui s’en approchaient dans un esprit de componction et de pénitence, après avoir confessé leurs péchés.
7. Les Pharisiens et les Saducéens étaient les deux principales sectes des Juifs. Ceux-ci prétendaient qu’il n’y avait ni anges ni démons ; ils rejetaient l’immortalité de l’âme et la résurrection des morts. Les Pharisiens croyaient toutes ces vérités et faisaient profession d’être exacts observateurs de la loi de Dieu et des traditions des anciens ; mais ils faisaient consister presque toute la religion dans des pratiques purement extérieures et corrompaient la loi de Dieu par de fausses interprétations. — * Voir les notes 31 et 32 à la fin du volume sur les Pharisiens et les Saducéens.
11. C’était la coutume des Hébreux, aussi bien que des Grecs et des Romains, de faire porter, lier et délier leurs souliers par les derniers de leurs esclaves. — Dans l’Esprit saint et dans le feu ; c’est-à-dire dans l’Esprit saint qui purifie et qui enflamme comme le feu.
16-17. On voit ici se manifester distinctement les trois personnes de la très sainte Trinité.
²
Jeûne et tentation de Jésus-Christ. Il se retire en Galilée et fixe sa demeure à Capharnaüm. Il prêche dans ce pays. Vocation de Pierre et d’André, de Jacques et de Jean. Miracles et réputation de Jésus-Christ.
(hi) 1 Tunc Jesus ductus est in desértum a Spíritu, ut
tentarétur a diábolo.
1. Alors Jésus fut conduit par l’Esprit dans le désert pour y être tenté par le diable.
2 Et cum
jejunásset quadragínta diébus, et quadragínta nóctibus, póstea esúriit.
2. Et lorsqu’il eut jeuné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
3 Et accédens
tentátor dixit ei : Si Fílius Dei es, dic ut lápides isti panes fiant.
3. Et le tentateur s’approchant, lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, dites que ces pierres deviennent des pains.
4 Qui
respóndens dixit : Scriptum est : Non in solo pane vivit homo, sed in
omni verbo, quod procédit de ore Dei.
4. Jésus, répondant, dit : Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
5 Tunc assúmpsit eum diábolus in sanctam civitátem, et státuit eum super pinnáculum templi,
5. Le diable alors le transporta dans la cité sainte et le plaça sur le haut du temple,
6 et dixit
ei : Si Fílius Dei es, mitte te deórsum. Scriptum est enim : Quia
ángelis suis mandávit de te, et in mánibus tollent te, ne forte offéndas ad
lápidem pedem tuum.
6. Et il lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous en bas, car il est écrit : Il vous a confié à ses anges, et ils vous porteront en leurs mains, de peur que vous ne heurtiez votre pied contre quelque pierre.
7 Ait illi
Jesus : Rursum scriptum est : Non tentábis Dóminum Deum tuum.
7. Jésus lui dit : Il est écrit aussi : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu.
8 Iterum assúmpsit eum diábolus in montem excélsum
valde : et osténdit ei ómnia regna mundi, et glóriam eórum,
8. Le diable de nouveau le transporta sur une montagne très élevée ; il lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire,
9 et dixit
ei : Hæc ómnia tibi dabo, si cadens adoráveris me.
9. Et lui dit : Je vous donnerai toutes ces choses, si, vous prosternant, vous m’adorez.
10 Tunc dicit
ei Jesus : Vade Sátana : Scriptum est enim : Dóminum Deum tuum
adorábis, et illi soli sérvies.
10. Alors Jésus lui dit : Retire-toi, Satan, car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu le serviras, lui seul.
11 Tunc
relíquit eum diábolus : et ecce ángeli accessérunt, et ministrábant ei.
11. Alors le diable le laissa ; et voilà que des anges s’approchèrent et ils le servaient.
(hi) 12 Cum autem
audísset Jesus quod Joánnes tráditus esset, secéssit in Galilǽam :
12. Mais quand Jésus eut appris que Jean avait été mis en prison, il se retira en Galilée ;
(hi) 13 et, relícta civitáte Názareth, venit, et
habitávit in Capharnaüm marítima, in fínibus Zábulon et Néphthalim :
13. Et ayant quitté la ville de Nazareth, il vint demeurer à Capharnaüm, ville maritime sur les confins de Zabulon et de Nephtali ;
14 ut adimplerétur quod dictum est per Isaíam prophétam :
14. Afin que s’accomplît la parole du prophète Isaïe, disant :
15 Terra Zábulon, et terra Néphthalim,
15. La terre de Zabulon et la terre de Nephtali,
via maris trans Jordánem,
voie de la mer, au-delà du Jourdain,
Galilǽa géntium :
Galilée des nations,
16 pópulus, qui sedébat in ténebris,
16. Le peuple qui était assis dans les ténèbres
vidit lucem magnam :
a vu une grande lumière ;
et sedéntibus in regióne umbræ
mortis,
et pour ceux qui étaient assis dans la région de l’ombre de la mort,
lux orta est eis.
une lumière s’est levée.
(hi) 17
Exínde
cœpit Jesus prædicáre, et dícere :
Pœniténtiam ágite : appropinquávit
enim regnum cælórum.
17. Depuis ce temps-là, Jésus commença à prêcher et à dire : Faites pénitence, car le royaume des cieux approche.
(hi) 18 Ambulans autem Jesus juxta mare Galilǽæ, vidit
duos fratres, Simónem, qui vocátur Petrus, et Andréam fratrem ejus, mitténtes
rete in mare (erant enim piscatóres),
18. Or, marchant le long de la mer de Galilée, Jésus vit deux frères, Simon qui est appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer (car ils étaient pêcheurs),
19 et ait
illis : Veníte post me, et fáciam vos fíeri piscatóres hóminum.
19. Et il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes.
20 At illi
contínuo relíctis rétibus secúti sunt eum.
20. Et eux aussitôt, quittant leurs filets, le suivirent.
21 Et procédens inde, vidit álios duos fratres,
Jacóbum Zebedǽi, et Joánnem fratrem ejus, in navi cum Zebedǽo patre eórum,
reficiéntes rétia sua : et vocávit eos.
21. Et s’avançant de là, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, dans leur barque avec Zébédée, leur père, raccommodant leurs filets, et il les appela.
22 Illi autem
statim relíctis rétibus et patre, secúti sunt eum.
22. Et eux, aussitôt, ayant laissé leurs filets et leur père, le suivirent.
(hi) 23 Et circuíbat Jesus totam Galilǽam, docens in
synagógis eórum, et prǽdicans Evangélium regni : et sanans omnem
languórem, et omnem infirmitátem in pópulo.
23. Et Jésus parcourait toute la Galilée enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’Évangile du royaume, et guérissant toute langueur et toute infirmité parmi le peuple.
24 Et ábiit opínio ejus in totam Sýriam, et
obtulérunt ei omnes male habéntes, váriis languóribus, et torméntis
comprehénsos, et qui dæmónia habébant, et lunáticos, et paralýticos, et curávit
eos :
24. Sa réputation se répandit aussi dans toute la Syrie, de sorte qu’on lui présenta tous les malades, tous ceux qui étaient atteints de souffrances et de maux divers, des démoniaques, des lunatiques, des paralytiques, et il les guérit.
25 et secútæ sunt eum turbæ multæ de Galilǽa, et
Decápoli, et de Jerosólymis, et de Judǽa, et de trans Jordánem.
25. Et une grande multitude le suivit de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et d’au delà du Jourdain.
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CHAP. IV. 1. Marc. I, 12 ; Luc. IV, 1. — 4. Deut. VIII, 3 ; Luc. IV, 4. — 6. Ps. XC, 11 ; Luc. IV, 10. — 7. Deut. VI, 16 ; Luc. IV, 12. — 10. Deut. VI, 13 ; X, 20 ; Luc. IV, 8. — 12. Marc. I, 14 ; Luc. IV, 14 ; Joan. IV, 43. — 15. Is. IX, 1. — 16. Luc. I, 79. — 17. Marc. I, 15. — 18. Marc. I, 16 ; Luc. V, 2. — 25. Marc. III, 7 ; Luc. VI, 17.
1. * Le désertde la tentation est, d’après la tradition, le désert de la Quarantaine, ainsi appelé des quarante jours qu’y passa Notre-Seigneur. Il s’étend à l’ouest de Jéricho ; il est très accidenté et ses montagnes sont des plus belles de la Palestine méridionale ; elles se composent de calcaire blanc et sont remplies de cavernes ; c’est là vraisemblablement que se réfugièrent les espions envoyés par Josué à Jéricho (Jos. II, 22) ; elles furent peuplées d’anachorètes, après l’ère chrétienne, en souvenir du jeûne du Sauveur.
5. * Sur le haut du temple. Littéralement sur le pinacle du temple. Le sens est incertain. D’après les uns, c’est le faite du temple proprement dit ; d’après les autres, comme le texte grec emploie un mot qui désigne ordinairement l’ensemble des constructions du temple, hiéron c’est le faite du portique de Salomon à l’est ou bien le faite de la porte royale qui se dressait au sud au-dessus d’un précipice profond, d’après le témoignage de Josèphe.
8. * Sur une montagne très élevée. Il est impossible de savoir quelle est cette montagne.
13. * Capharnaüm. Le site de Capharnaüm, dont le nom revint si souvent dans les Évangiles, est encore aujourd’hui un problème. La malédiction prononcée par le Sauveur contre cette ville coupable s’est si littéralement accomplie que personne ne peut dire avec certitude où il faut en chercher les ruines. D’après les uns, Capharnaüm était à Khan Miniéh, d’après les autres à Tell Hum. Khan Miniéh est un monceau de ruines qui tire son nom d’un vieux khan du voisinage, sur les bords du lac de Tibériade, à l’extrémité nord-ouest de la plaine. Tell Hum est à une heure de chemin au nord de Khan Miniéh, à trois quarts d’heure environ à l’ouest-sud-ouest de l’embouchure du Jourdain dans le lac.
18. * La mer de Galilée. Sur la mer de Galilée ou lac de Tibériade, voir la note 33 à la fin du volume.
21. * Zébédée, pêcheur de la mer de Galilée, époux de Salomé, qui parait avoir joui d’une certaine aisance.
23. Les synagogues étaient des lieux d’assemblée de religion pour les Juifs ; ils s’y réunissaient les jours de sabbat et les jours de fête pour prier, lire et entendre la parole de Dieu, et pour y exercer les autres pratiques de leur loi. Voy. notre Abrégé d’introduction aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, p. 554, 2e édit. — Du royaume ; c’est-à-dire du royaume de Dieu.
24. * Toute la Syrie. La Syrie désigne dans le Nouveau Testament le pays borné à l’est par l’Euphrate et l’Arabie, au sud par la Palestine, à l’ouest par la mer Méditerranée et la Phénicie, au nord par la chaine de l’Amanus et du Taurus.
25. * La Décapoleétait la confédération de plusieurs villes unies entre elles pour leur commune défense. Quoique le mot Décapole signifie dix villes, le nombre des cités confédérées était variable. La plupart d’entre elles étaient situées à l’est du Jourdain. La capitale, Scythópolis, l’ancienne Bethsan, à l’ouest du fleuve, est la clef de la Palestine proprement dite. Après Scythópolis, les villes les plus importantes de la Décapole étaient Césarée de Philippe, Asor, Cédès de Nephtali, Sephet, Corozaïn, Capharnaüm, Bethsaïde, Jotapata et Tibériade. Le territoire confédéré s’étendait donc depuis Scythopolis au sud jusqu’au Liban et à Damas au nord ; à l’ouest, il se prolongeait jusqu’à Sidon ; à l’est, il se prolongeait au-delà de Gadara (gen. Gadarórum), d’Hippos et de Pella.
²
Sermon sur la montagne. Béatitudes. Apôtres, sel et lumière de la terre. Loi non détruite. Faire et enseigner. Justice abondante. Parole injurieuse. Réconciliation. Adultère dans le cœur. S’arracher l’œil. Mariage indissoluble. Jurement. Être prêt à tout souffrir. Amour des ennemis. Perfection.
(hi) 1 Videns autem Jesus turbas, ascéndit in montem, et cum sedísset, accessérunt ad eum discípuli ejus,
1. Jésus voyant la foule, monta sur la montagne, et, lorsqu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui,
2 et apériens
os suum docébat eos dicens :
2. Et ouvrant sa bouche, il les instruisait, disant :
3 Beáti páuperes spíritu : quóniam ipsórum est
regnum cælórum.
3. Bienheureux les pauvres d’esprit, parce qu’à eux appartient le royaume des cieux.
4 Beáti mites : quóniam ipsi possidébunt
terram.
4. Bienheureux ceux qui sont doux, parce qu’ils possèderont la terre.
5 Beáti qui lugent : quóniam ipsi
consolabúntur.
5. Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu’ils seront consolés.
6 Beáti qui esúriunt et sítiunt justítiam :
quóniam ipsi saturabúntur.
6. Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu’ils seront rassasiés.
7 Beáti misericórdes :
quóniam ipsi misericórdiam consequéntur.
7. Bienheureux les miséricordieux, parce qu’ils obtiendront eux-mêmes miséricorde.
8 Beáti mundo corde :
quóniam ipsi Deum vidébunt.
8. Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu.
9 Beáti pacífici : quóniam fílii Dei
vocabúntur.
9. Bienheureux les pacifiques, parce qu’ils seront appelés enfants de Dieu.
10 Beáti qui persecutiónem patiúntur propter
justítiam : quóniam ipsórum est regnum cælórum.
10. Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce qu’à eux appartient le royaume des cieux.
11 Beáti
estis cum maledíxerint vobis, et persecúti vos fúerint, et díxerint omne malum
advérsum vos mentiéntes, propter me :
11. Vous êtes heureux, lorsque les hommes vous maudissent et vous persécutent, et disent faussement toute sorte de mal de vous, à cause de moi.
12 gaudéte, et exsultáte, quóniam merces vestra copiósa est in cælis. Sic enim persecúti sunt prophétas, qui fúerunt ante vos.
12. Réjouissez-vous et tressaillez de joie, parce que votre récompense est grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’ils ont persécuté les prophètes qui ont été avant vous.
13 Vos estis
sal terræ. Quod si sal evanúerit, in quo saliétur ? ad níhilum valet
ultra, nisi ut mittátur foras, et conculcétur ab homínibus.
13. Vous êtes le sel de la terre. Que si le sel perd sa vertu, avec quoi le salera-t-on ? Il n’est plus bon qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes.
14 Vos estis
lux mundi. Non potest cívitas abscóndi supra montem pósita,
14. Vous êtes la lumière du monde. Une ville ne peut être cachée, quand elle est située sur une montagne.
(hi) 15 neque accéndunt lucérnam, et ponunt eam sub
módio, sed super candelábrum, ut lúceat ómnibus qui in domo sunt.
15. Et on n’allume point une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur un chandelier, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.
16 Sic lúceat
lux vestra coram homínibus : ut vídeant ópera vestra bona, et gloríficent
Patrem vestrum, qui in cælis est.
16. Qu’ainsi donc luise votre lumière devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.
17
Nolíte putáre quóniam veni sólvere legem aut prophétas : non veni sólvere,
sed adimplére.
17. Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les prophètes : je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir.
18 Amen
quippe dico vobis, donec tránseat cælum et terra, jota unum aut unus apex non
præteríbit a lege, donec ómnia fiant.
18. Car, en vérité je vous le dis, jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, un seul iota ou un seul point de la loi ne passera pas que tout ne soit accompli.
19 Qui ergo sólverit unum de mandátis istis mínimis,
et docúerit sic hómines, mínimus vocábitur in regno cælórum : qui autem
fécerit et docúerit, hic magnus vocábitur in regno cælórum.
19. Celui donc qui violera l’un de ces moindres commandements, et enseignera ainsi aux hommes, sera appelé très petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui fera et enseignera, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux.
20 Dico enim
vobis, quia nisi abundáverit justítia vestra plus quam scribárum et
pharisæórum, non intrábitis in regnum cælórum.
20. Car je vous dis que si votre justice n’est plus abondante que celle des Scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.
21 Audístis quia dictum est antíquis : Non
occídes : qui autem occíderit, reus erit judício.
21. Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; car celui qui tuera sera soumis au jugement.
22 Ego autem dico vobis : quia omnis qui
iráscitur fratri suo, reus erit judício. Qui autem díxerit fratri suo, raca :
reus erit concílio. Qui autem díxerit, fátue : reus erit gehénnæ ignis.
22. Mais moi je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère sera soumis au jugement. Et celui qui dira à son frère : Raca, sera soumis au conseil. Mais celui qui lui dira : Fou, sera soumis à la géhenne du feu.
23 Si ergo offers munus tuum ad altáre, et ibi
recordátus fúeris quia frater tuus habet áliquid advérsum te :
23. Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi,
24 relínque
ibi munus tuum ante altáre, et vade prius reconciliári fratri tuo : et
tunc véniens ófferes munus tuum.
24. Laisse là ton don devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère, et alors, revenant, tu offriras ton don.
25 Esto conséntiens adversário tuo cito dum es in
via cum eo : ne forte tradat te adversárius júdici, et judex tradat te
minístro : et in cárcerem mittáris.
25. Accorde-toi au plus tôt avec ton adversaire pendant que tu chemines avec lui, de peur que ton adversaire ne te livre au juge, et que le juge ne te livre au ministre, et que tu ne sois jeté en prison.
26 Amen dico tibi, non éxies inde, donec reddas
novíssimum quadrántem.
26. En vérité, je te le dis, tu ne sortiras point de là que tu n’aies payé jusqu’au dernier quart d’un as.
27 Audístis
quia dictum est antíquis : Non mœcháberis.
27. Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras point d’adultère.
28 Ego autem dico vobis : quia omnis qui víderit mulíerem ad concupiscéndum eam, jam mœchátus est eam in corde suo.
28. Mais moi je vous dis que quiconque aura regardé une femme pour la convoiter, a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
29 Quod si óculus tuus dexter scandalízat te, érue
eum, et prójice abs te : éxpedit enim tibi ut péreat unum membrórum
tuórum, quam totum corpus tuum mittátur in gehénnam.
29. Que si ton œil droit te scandalise, arrache-le et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu’un de tes membres périsse, que si tout ton corps était jeté dans la géhenne.
30 Et si
dextra manus tua scandalízat te, abscíde eam, et prójice abs te : éxpedit
enim tibi ut péreat unum membrórum tuórum, quam totum corpus tuum eat in
gehénnam.
30. Et si ta main droite te scandalise, coupe-la et la jette loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu’un de tes membres périsse, que si tout ton corps était jeté dans la géhenne.
31 Dictum est
autem : Quicúmque dimíserit uxórem suam, det ei libéllum repúdii.
31. Il a été dit aussi : Quiconque renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation.
32 Ego autem dico vobis : quia omnis qui dimíserit
uxórem suam, excépta fornicatiónis causa, facit eam mœchári : et qui
dimíssam dúxerit, adúlterat.
32. Et moi je vous dis que quiconque renvoie sa femme hors le cas de fornication, la rend adultère : et quiconque épouse une femme renvoyée, commet un adultère.
33 Iterum audístis quia dictum est antíquis :
Non perjurábis : reddes autem Dómino juraménta tua.
33. Vous avez encore entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne te parjureras point, mais tu tiendras au Seigneur tes serments.
34
Ego autem dico vobis, non juráre omníno, neque per cælum, quia thronus Dei
est :
34. Et moi je vous dis de ne jurer en aucune façon, ni par le ciel, parce que c’est le trône de Dieu ;
35 neque per
terram, quia scabéllum est pedum ejus : neque per Jerosólymam, quia
cívitas est magni regis :
35. Ni par la terre, parce que c’est l’escabeau de ses pieds ; ni par Jérusalem, parce que c’est la ville du grand roi ;
36 neque per caput tuum juráveris, quia non potes unum capíllum album fácere, aut nigrum.
36. Ne jure pas non plus par ta tête, parce que tu ne peux rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir.
37 Sit autem
sermo vester, est, est : non, non : quod autem his abundántius est, a
malo est.
37. Que votre langage soit : Oui, oui : Non, non ; car ce qui est de plus, vient du mal.
38 Audístis
quia dictum est : Oculum pro óculo, et dentem pro dente.
38. Vous avez entendu qu’il a été dit : Œil pour œil et dent pour dent.
39 Ego autem dico vobis, non resístere
malo : sed si quis te percússerit in déxteram maxíllam tuam, præbe illi et
álteram :
39. Et moi je vous dis de ne point résister aux mauvais traitements ; mais si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui encore l’autre.
40 et ei, qui vult tecum judício conténdere, et
túnicam tuam tóllere, dimítte ei et pállium :
40. Et à celui qui veut t’appeler en justice pour t’enlever ta tunique, abandonne-lui encore ton manteau.
41 et
quicúmque te angariáverit mille passus, vade cum illo et ália duo.
41. Et quiconque te contraindra de faire avec lui mille pas, fais-en deux autres mille.
42 Qui petit
a te, da ei : et volénti mutuári a te, ne avertáris.
42. Donne à qui te demande, et ne te détourne point de celui qui veut emprunter de toi.
43 Audístis
quia dictum est : Díliges próximum tuum, et ódio habébis inimícum tuum.
43. Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.
44 Ego autem
dico vobis : dilígite inimícos vestros, benefácite his qui odérunt vos, et
oráte pro persequéntibus et calumniántibus vos :
44. Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient ;
45 ut sitis
fílii Patris vestri, qui in cælis est : qui solem suum oríri facit super
bonos et malos : et pluit super justos et injústos.
45. Afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et pleuvoir sur les justes et les injustes.
46 Si enim dilígitis eos qui vos díligunt, quam
mercédem habébitis ? nonne et publicáni hoc fáciunt ?
46. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains ne le font-ils pas aussi ?
47 Et si
salutavéritis fratres vestros tantum, quid ámplius fácitis ? nonne et
éthnici hoc fáciunt ?
47. Et si vous saluez vos frères seulement, que faites-vous de surcroit ? Les païens ne le font-ils pas aussi ?
48 Estóte
ergo vos perfécti, sicut et Pater vester cæléstis perféctus est.
48. Soyez donc parfaits, vous, comme votre Père céleste est parfait.
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CHAP. V. 3. Luc. VI, 20. — 4. Ps. XXXVI, 11. — 5. Is. LXI, 2. — 8. Ps. XXIII, 4. — 10. I Petr. II, 20 ; III, 14 ; IV, 14. — 13. Marc. IX, 49 ; Luc. XIV, 34. — 15. Marc. IV, 21 ; Luc. VIII, 16 ; XI, 33. — 16. I Petr. II, 12. — 18. Luc. XVI, 17. — 19. Deut. XXVII, 26 ; Gal. III, 10 ; Jac. II, 10. — 20. Luc. XI, 39. — 21. Ex. XX, 13 ; Deut. V, 17. — 25. Luc. XII, 58. — 27. Ex. XX, 14 ; Deut. V, 18. — 29. Marc. IX, 46 ; Infra. XVIII, 9. — 31. Deut. XXIV, 1 ; Infra. XIX, 7. — 32. Marc. X, 11 ; Luc. XVI, 18 ; I Cor. VII, 10. — 33. Ex. XX, 7 ; Lev. XIX, 12 ; Deut. V, 11 ; Jac. V, 12. — 34. Jac. V, 12. — 38. Ex. XXI, 24 ; Lev. XXIV, 20 ; Deut. XIX, 21. — 39. Luc. VI, 29. — 40. I Cor. VI, 7. — 42. Deut. XV, 8 ; Luc. VI, 34. — 43. Lev. XIX, 18. — 44. Luc. VI, 27 ; Rom. XII, 20 ; Prov. XXV, 21 ; Luc. XXIII, 34 ; Act. VII, 59. — 48. Lev. XI, 44 ; XIX, 2 ; XX, 7 ; I Petr. I, 16.
1. Sur la montagnevoisine du lieu où il se trouvait. — * « Si le sermon sur la montagne est l’abrégé de toute la doctrine chrétienne, les huit béatitudes sont l’abrégé de tout le sermon sur la montagne. » (Bossuet.) — Cette montagne est, d’après la tradition, celle à laquelle on a donné, en mémoire des huit béatitudes par lesquelles le Sauveur commence son discours, le nom de Mont des Béatitudes, situé au nord-ouest de la ville de Tibériade, à environ deux heures de marche. « Le Mont des Béatitudes ou Kurn-Hattin (Koroun-Hattîn), ainsi que l’appellent les indigènes, ne s’élève à guère plus de 50 mètres au-dessus de la plaine. Son plateau peut avoir une centaine de mètres de long. Les deux extrémités se terminent chacune par une petite éminence, et c’est ce qui lui a fait donner le nom de Kurn-Hattin (les cornes d’Hattîn). Par un temps clair, du haut du Mont des Béatitudes, on voit au sud-ouest le mont Thabor ; à l’est le pays de Galaad et le lac de Tibériade ; au nord-est, à l’horizon, le grand Hermon. » (Liévin de Hamme.)
3. Les pauvres d’esprit sont les pauvres de cœur et d’affection. S’ils n’ont point de richesses, ils n’en désirent pas ; s’ils en ont, ils n’y sont point attachés. — * « Bienheureux sont les pauvres d’esprit, c’est-à-dire, non seulement ces pauvres volontaires, qui ont tout quitté pour le suivre, et à qui il a promis le centuple dans cette vie, et dans la vie future la vie éternelle ; mais encore tous ceux qui ont l’esprit détaché des biens de la terre ; ceux qui sont effectivement dans la pauvreté sans murmure et sans impatience, qui n’ont pas l’esprit des richesses, le faste, l’orgueil, l’injustice, l’avidité insatiable de tout tirer à soi. La félicité éternelle leur appartient sous le titre majestueux de royaume. Parce que le mal de la pauvreté sur la terre, c’est de rendre méprisable, faible, impuissant, la félicité leur est donnée comme un remède à cette bassesse, sous le titre le plus auguste, qui est celui de royaume. » (Bossuet.)
4. La terre, c’est-à-dire la terre des vivants, comme l’appelle l’Écriture, ou le ciel. — * « Bienheureux ceux qui sont doux. Apprenez de moi que je suis doux, sans aigreur, sans enflure, sans dédain, sans prendre avantage sur personne, sans insulter au malheureux, sans même choquer le superbe ; mais tâchant de le gagner par douceur ; doux même à ceux qui sont aigres, n’opposant point l’humeur à l’humeur, la violence à la violence, mais corrigeant les excès d’autrui par des paroles vraiment douces. — On est bienheureux dans sa douceur, et on possède la terre. La terre sainte promise à Abraham est appelée une terre coulante de lait et de miel. Toute douceur y abonde ; c’est la figure du ciel et de l’Église. Ce qui rend l’esprit aigre, c’est qu’on répand sur les autres le venin et l’amertume qu’on a en soi-même. Lorsqu’on a l’esprit tranquille par la jouissance du vrai bien et par la joie d’une bonne conscience, comme on n’a rien d’amer en soi, on n’a que douceur pour les autres ; la vraie marque de l’innocence, ou conservée ou recouvrée, c’est la douceur. » (Bossuet.)
5. * « Bienheureux ceux qui pleurent, soit qu’ils pleurent leurs misères, soit qu’ils pleurent leurs péchés ; ils sont heureux et ils recevront la consolation véritable, qui est celle de l’autre vie, où toute affliction cesse, où toutes les larmes sont essuyées. » (Bossuet.)
6. * « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Faim et soif, c’est une ardeur vive, un désir avide et pressant qui vient d’un besoin extrême. Cherchez le royaume de Dieu et sa justice. La justice règne dans les cieux ; elle doit aussi régner dans l’Église qui est souvent appelée le royaume des cieux. Elle règne lorsqu’on rend à Dieu ce qu’on lui doit, car alors on rend aussi pour l’amour de Dieu tout ce qu’on doit à la créature qu’on regarde en lui. On se rend ce qu’on se doit à soi-même, car on s’est donné tout le bien dont on est capable, quand on s’est rempli de Dieu. L’âme alors n’a plus de faim, n’a plus de soif ; elle a sa véritable nourriture. » (Bossuet.)
7. * « Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Le plus bel effet de la charité, c’est d’être touché des maux d’autrui. Ceux qui sont inflexibles, insensibles, sans tendresse, sans pitié, sont dignes de trouver sur eux un ciel d’airain, qui n’ait ni pluie ni rosée. Au contraire, ceux qui sont tendres à la misère d’autrui auront part aux grâces de Dieu et à sa miséricorde ; il leur sera pardonné comme ils auront pardonné aux autres ; il leur sera donné comme ils auront donné aux autres ; ils recevront selon la mesure dont ils se seront servi envers leurs frères ; c’est Jésus-Christ qui le dit ; et autant qu’ils auront eu de compassion, autant Dieu en aura-t-il pour eux-mêmes. » (Bossuet.)
8. * « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur. Qui pourrait dire la beauté d’un cœur pur ? Une grâce parfaitement nette, un or parfaitement affiné, un diamant sans aucune tache, une fontaine parfaitement claire, n’égalent pas la beauté et la netteté d’un cœur pur. Il faut en ôter toute ordure, et celles principalement qui viennent des plaisirs des sens, car une goutte de ces plaisirs trouble cette belle fontaine. Qu’elle est belle, qu’elle est ravissante cette fontaine incorruptible d’un cœur pur ! Dieu se plaît à s’y voir lui-même comme dans un beau miroir ; il s’y imprime lui-même dans toute sa beauté. Ce beau miroir devient un soleil par les rayons qui le pénètrent ; il est tout resplendissant. La pureté de Dieu se joint à la nôtre qu’il a lui-même opérée en nous, et nos regards épurés le verront briller en nous-mêmes, et y luire d’une éternelle lumière : Bienheureux donc ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. » (Bossuet.)
9. * « Bienheureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu. Dieu est appelé le Dieu de paix. Sa bonté concilie tout. Il a composé cet univers des natures et des qualités les plus discordantes ; il fait concourir ensemble la nuit et le jour, l’hiver et l’été, le froid et le chaud, et ainsi du reste, pour la bonne constitution de l’univers et pour la conservation du genre humain. Jésus-Christ, le Fils unique du Père céleste, est le grand pacificateur, qui a annoncé la paix à ceux qui étaient de loin, et à ceux qui étaient de près, pacifiant par le sang qu’il a répandu sur la croix tout ce qui est dans le ciel et dans la terre, comme dit S. Paul. À l’exemple du Fils unique, les enfants d’adoption doivent prendre le caractère de leur père et se montrer vrais enfants de Dieu par l’amour de la paix. » (Bossuet.)
10. * « Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce que le royaume des cieux leur appartient. Tous ceux qui souffrent pour avoir bien fait, pour avoir donné bon exemple, pour avoir obéi simplement et avoir confondu par leur exemple ceux qui ne vivent pas assez régulièrement, en sorte qu’on se prend à eux des reproches qu’on fait aux autres, souffrent persécution pour la justice. Ceux qui portent leur croix tous les jours et persécutent persévéramment en eux-mêmes leurs mauvais désirs, souffrent persécution pour la justice. C’est ici la dernière et la plus parfaite de toutes les béatitudes, parce que c’est elle qui porte le plus vivement en elle-même l’empreinte et le caractère du Fils de Dieu. » (Bossuet.)
15. * Sous le boisseau. Le boisseau était une mesure de capacité pour les solides, qu’on avait dans les maisons, contenant la sixième partie d’un médimne attique, c’est-à-dire environ huit litres et demi. Si l’on voulait cacher sans l’éteindre une lampe allumée, on mettait le boisseau par-dessus.
19. Sera appelé ; sera regardé, considéré, ou simplement sera, en vertu d’un hébraïsme.
21-22. Le jugement est probablement le tribunal qui était établi dans chaque ville et qui se composait de vingt-trois juges ; comme le conseil signifie le tribunal souverain composé de soixante-douze membres, et qui jugeait en dernier ressort les crimes contre la religion et l’État. — Jésus-Christ veut donc dire ici que la haine, la colère, le désir de la vengeance sont aussi criminels aux yeux de Dieu que l’homicide, qui est puni de mort, parce que quiconque conserve de la haine contre son semblable est censé désirer sa mort, et que s’il ne se porte contre lui aux dernières extrémités, c’est uniquement la crainte qui le retient : que dire à son frère des paroles telles que Raca, vil, abject, c’est se rendre coupable devant Dieu des mêmes peines dont le conseil punit les plus grands crimes : qu’enfin, joindre à la haine, aux paroles de mépris, les outrages et les discours infamants, c’est mériter l’enfer, la terre n’ayant point de supplice capable d’expier un tel crime.
22. La géhenne du feu ; c’est-à-dire l’enfer. Le nom de géhenne vient de deux mots hébreux désignant une vallée où l’on a autrefois brulé des victimes humaines, et qui était devenue depuis la voirie de Jérusalem.
23. * L’autel des holocaustes, placé devant le temple proprement dit, dans la cour des prêtres, sur lequel on offrait et brulait les victimes des sacrifices.
25. Par le ministre, il faut entendre ici l’exécuteur de la justice.
26. L’as valait à peu près un sou de notre monnaie. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 544.
29-30. La géhenne. Voy. vers. 22.
32. Le Sauveur permet à un mari, en cas d’adultère, de se séparer de sa femme, mais non pas d’en épouser une autre du vivant de sa première.
33. Il n’est pas même permis de jurer avec vérité, sans une véritable nécessité.
39-42. Et moi, etc. Jésus-Christ veut nous montrer ici que c’est pour nous un véritable devoir de ne rechercher, ni même de désirer la vengeance, et d’être disposés intérieurement à renoncer à ce qui nous est dû toutes les fois que la charité et la gloire de Dieu le demandent. Pour l’exécution à la lettre de ses divines paroles, c’est un simple conseil de perfection propre à nous faire acquérir plus de mérite aux yeux de Dieu.
40. * Ta tunique, χιτών. C’est le vêtement de dessous qu’on avait coutume de porter sur la peau. — Ton manteau, ἱμάτιον. Vêtement qu’on mettait par-dessus la tunique.
46. Les publicains dont parle ici l’Évangile étaient des commis qui recueillaient les impôts, et qui, à plus d’un titre, étaient regardés comme des gens vils et méprisables.
²
Suite du sermon sur la montagne. Aumône. Prière. Jeûne. Trésor dans le ciel. Œil simple. Servir Dieu, non l’argent. Ne point s’inquiéter des besoins de la vie. Confiance en la Providence.
1 Atténdite
ne justítiam vestram faciátis coram homínibus, ut videámini ab eis :
alióquin mercédem non habébitis apud Patrem vestrum qui in cælis est.
1. Prenez garde à ne pas faire votre justice devant les hommes, pour être vus d’eux ; autrement vous n’aurez point de récompense de votre Père qui est dans les cieux.
2 Cum ergo facis eleemósynam, noli tuba cánere ante te, sicut hypócritæ fáciunt in synagógis, et in vicis, ut honorificéntur ab homínibus. Amen dico vobis, recepérunt mercédem suam.
2. Lors donc que tu fais l’aumône, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin d’être honorés des hommes. En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense.
3 Te autem
faciénte eleemósynam, nésciat sinístra tua quid fáciat déxtera tua :
3. Pour toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite,
4 ut sit eleemósyna tua in abscóndito, et Pater tuus, qui videt in abscóndito, reddet tibi.
4. Afin que ton aumône soit dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
5 Et cum orátis, non éritis sicut hypócritæ qui
amant in synagógis et in ángulis plateárum stantes oráre, ut videántur ab
homínibus : amen dico vobis, recepérunt mercédem suam.
5. Et, lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites qui aiment à prier debout dans les synagogues et au coin des grandes rues, afin d’être vus des hommes. En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense.
6 Tu autem cum oráveris, intra in cubículum tuum,
et clauso óstio, ora Patrem tuum in abscóndito : et Pater tuus, qui videt
in abscóndito, reddet tibi.
6. Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, et, la porte fermée, prie ton Père en secret : et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
7 Orántes
autem, nolíte multum loqui, sicut éthnici, putant enim quod in multilóquio suo
exaudiántur.
7. Or, priant, ne parlez pas beaucoup comme les païens ; ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés.
8 Nolíte ergo
assimilári eis : scit enim Pater vester, quid opus sit vobis, ántequam
petátis eum.
8. Ne leur ressemblez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.
9 Sic ergo vos orábitis :
9. C’est ainsi donc que vous prierez :
Pater noster, qui es in cælis,
Notre Père, qui êtes dans les cieux,
sanctificétur nomen tuum.
que votre nom soit sanctifié.
10 Advéniat regnum tuum ;
10. Que votre règne arrive.
fiat volúntas tua, sicut in cælo et in terra.
Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
11 Panem nostrum supersubstantiálem da nobis hódie,
11. Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien.
12 et dimítte nobis débita nostra,
12. Et remettez-nous nos dettes
sicut et nos dimíttimus
debitóribus nostris.
comme nous les remettons nous-mêmes à nos débiteurs.
13 Et ne nos indúcas in tentatiónem,
13. Et ne nous conduisez pas dans la tentation,
sed líbera nos a malo. Amen.
mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il.
14 Si enim
dimiséritis homínibus peccáta eórum : dimíttet et vobis Pater vester
cæléstis delícta vestra.
14. Car si vous remettez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous remettra à vous aussi vos péchés.
15 Si autem
non dimiséritis homínibus : nec Pater vester dimíttet vobis peccáta
vestra.
15. Mais si vous ne les remettez point aux hommes, votre Père céleste ne vous remettra point non plus vos péchés.
16 Cum autem
jejunátis, nolíte fíeri sicut hypócritæ, tristes. Extérminant enim fácies suas,
ut appáreant homínibus jejunántes. Amen dico vobis, quia recepérunt mercédem
suam.
16. Lorsque vous jeunez, ne vous montrez pas tristes comme les hypocrites : car ils exténuent leur visage, pour que leurs jeûnes paraissent devant les hommes. En vérité, je vous dis qu’ils ont reçu leur récompense.
17 Tu autem,
cum jejúnas, unge caput tuum, et fáciem tuam lava,
17. Pour toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage ;
18 ne
videáris homínibus jejúnans, sed Patri tuo, qui est in abscóndito : et
Pater tuus, qui videt in abscóndito, reddet tibi.
18. Afin que tu n’apparaisses pas aux hommes jeunant, mais à ton Père qui est présent à ce qui est secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
19 Nolíte
thesaurizáre vobis thesáuros in terra : ubi ærúgo, et tínea
demolítur : et ubi fures effódiunt, et furántur.
19. Ne vous amassez point de trésors sur la terre, où la rouille et les vers rongent, et où les voleurs fouillent et dérobent.
20
Thesaurizáte autem vobis thesáuros in cælo, ubi neque ærúgo, neque tínea
demolítur, et ubi fures non effódiunt, nec furántur.
20. Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni la rouille ni les vers ne rongent, et où les voleurs ne fouillent ni ne dérobent.
21 Ubi enim
est thesáurus tuus, ibi est et cor tuum.
21. Où en effet est ton trésor, là est aussi ton cœur.
22 Lucérna
córporis tui est óculus tuus. Si óculus tuus fúerit simplex, totum corpus tuum
lúcidum erit.
22. La lampe de ton corps est ton œil. Si ton œil est simple, tout ton corps sera lumineux.
23 Si autem
óculus tuus fúerit nequam, totum corpus tuum tenebrósum erit. Si ergo lumen,
quod in te est, ténebræ sunt : ipsæ ténebræ quantæ erunt ?
23. Mais si ton œil est mauvais, tout ton corps sera ténébreux. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, les ténèbres elles-mêmes que seront-elles ?
24 Nemo potest duóbus dóminis servíre : aut enim unum ódio habébit, et álterum díliget : aut unum sustinébit, et álterum contémnet. Non potéstis Deo servíre et mammónæ.
24. Nul ne peut servir deux maitres ; car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent.
25 Ideo dico vobis, ne sollíciti sitis ánimæ vestræ quid manducétis,
neque córpori vestro quid induámini. Nonne ánima plus est quam esca, et corpus plus quam vestiméntum ?
25. C’est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez point pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous vous vêtirez. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ?
26 Respícite volatília cæli, quóniam non serunt, neque metunt, neque cóngregant in hórrea : et Pater vester cæléstis pascit illa. Nonne vos magis pluris estis illis ?
26. Regardez les oiseaux du ciel ; ils ne sèment ni ne moissonnent, ni n’amassent dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit ; n’êtes-vous pas beaucoup plus qu’eux ?
27 Quis autem vestrum cógitans potest adjícere ad statúram suam cúbitum unum ?
27. Qui de vous, en s’inquiétant ainsi, peut ajouter à sa taille une seule coudée ?
28 Et de vestiménto quid sollíciti estis ? Consideráte lília agri quómodo crescunt : non labórant, neque nent.
28. Et quant au vêtement, pourquoi vous inquiétez-vous ? Voyez les lis des champs ; comme ils croissent ; ils ne travaillent ni ne filent.
29 Dico autem
vobis, quóniam nec Sálomon in omni glória sua coopértus est sicut unum ex
istis.
29. Or je vous dis que Salomon même dans toute sa gloire n’a jamais été vêtu comme l’un d’eux.
30 Si autem fœnum agri, quod hódie est, et cras in
clíbanum míttitur, Deus sic vestit, quanto magis vos módicæ fídei ?
30. Que si l’herbe des champs qui est aujourd’hui et qui demain est jetée dans le four, Dieu la vêtit ainsi, combien plus vous, hommes de peu de foi !
31 Nolíte
ergo sollíciti esse, dicéntes : Quid manducábimus, aut quid bibémus, aut
quo operiémur ?
31. Ne vous inquiétez donc point, disant : Que mangerons-nous, ou que boirons-nous, ou de quoi nous vêtirons-nous ?
32 hæc enim ómnia gentes inquírunt. Scit enim Pater vester, quia his ómnibus indigétis.
32. Car ce sont toutes choses que les nations recherchent ; mais votre Père sait que vous en avez besoin.
33 Quǽrite
ergo primum regnum Dei, et justítiam ejus : et hæc ómnia adjiciéntur
vobis.
33. Cherchez donc premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroit.
34 Nolíte ergo sollíciti esse in crástinum. Crástinus enim dies
sollícitus erit sibi ipsi : súfficit diéi malítia sua.
34. Ainsi ne soyez point inquiets pour le lendemain. Le jour de demain, en effet, sera inquiet pour lui-même ; à chaque jour suffit son mal.
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CHAP. VI. 9. Luc. XI,
2. — 11. Prov. XXX, 8 ; I Tim. VI, 8. — 12. Eccli. XXI, 1. — 14. Eccli. XXVIII, 3, 4, 5 ; Infra. XVIII, 35 ; Marc. XI, 25 ; Luc. VI, 36-37. — 20. Luc. XII, 33 ; I Tim. VI, 19. — 22. Luc. XI, 34. — 24. Luc. XVI, 13. — 25. Ps. LIV, 23 ; Luc. XII, 22 ; Phil. IV, 6 ; I Tim. VI, 7 ; I Petr. V, 7.
5. Les Juifs priaient ordinairement debout ; mais cet usage n’était point général, tantôt ils se tenaient à genoux, et tantôt ils se prosternaient le visage contre terre.
6. Jésus-Christ ne défend point ici les prières publiques qui se font dans les assemblées des fidèles, puisqu’il nous dit lui-même qu’il se trouve au milieu de deux ou trois personnes rassemblées pour prier en son nom ; mais il veut que dans les prières particulières et de simple dévotion chacun se retire dans le secret pour prier avec plus de recueillement et pour éviter l’ostentation. Il ne condamne pas non plus d’une manière absolue les longues prières, puisque lui-même a passé quelquefois les nuits à prier ; il s’élève seulement contre l’abus qu’en faisaient les Juifs à l’imitation des païens, qui croyaient se rendre plus aisément leurs dieux propices lorsqu’ils parlaient beaucoup en priant.
9. * « Notre Père. Dès ce premier mot de l’oraison dominicale le cœur se fond en amour. Dieu veut être notre Père par une adoption particulière. Il a un Fils unique qui lui est égal, en qui il a mis sa complaisance ; il adopte les pécheurs. Les hommes n’adoptent des enfants que lorsqu’ils n’en ont point ; Dieu qui avait un tel Fils, nous adopte encore. L’adoption est un effet de l’amour ; car on choisit celui qu’on adopte ; la nature donne les autres enfants, l’amour seul fait les adoptifs. Dieu qui aime son Fils unique de tout son amour, et jusqu’à l’infini, étend sur nous l’amour qu’il a pour lui. — Notre Père qui êtes dans les cieux. Vous êtes partout, mais vous êtes dans les cieux comme dans le lieu où vous rassemblez vos enfants, où vous vous montrez à eux, où vous leur manifestez votre gloire, où vous leur avez assigné leur héritage. » (Bossuet.)
9-10. * « Votre nom soit sanctifié ; votre règne arrive ; votre volonté soit faite en la terre comme au ciel. C’est la perpétuelle continuation de l’exercice d’aimer. Sanctifier le nom de Dieu, c’est le glorifier en tout et ne respirer que sa gloire. Désirer son règne, c’est vouloir lui être soumis de tout son cœur, et vouloir qu’il règne sur nous, et non seulement sur nous, mais encore sur toutes les créatures. Son règne est dans le ciel, son règne éclatera sur toute la terre dans le dernier jugement. » (Bossuet.)
11. * « Donnez-nous aujourd’hui notre pain de chaque jour. C’est ici le vrai discours d’un enfant qui demande en confiance à son père tous ses besoins jusqu’aux moindres. O notre Père, vous nous avez donné un corps mortel ; vous ne l’avez pas fait tel d’abord ; mais nous vous avons désobéi, et la mort est devenue notre partage. Le corps infirme et mortel a besoin tous les jours de nourriture ; ou il tombe en défaillance, ou il périt. Donnez-la nous simple, donnez-la nous autant qu’elle est nécessaire. Que nous apprenions en la demandant que c’est vous qui nous la donnez, de jour à jour. Vous donnez à vos enfants, à vos serviteurs, à vos soldats, si on veut qu’ils combattent sous vos étendards, vous leur donnez chaque jour leur pain. Que nous le demandions avec confiance ; que nous le recevions comme de votre main avec action de grâce ! » (Bossuet.)
12. * « Pardonnez-nous comme nous pardonnons. C’est une chose admirable comment Dieu fait dépendre le pardon que nous attendons de lui, de celui qu’il nous ordonne d’accorder à ceux qui nous ont offensés. Non content d’avoir partout inculqué cette obligation, il nous la met à nous-mêmes à la bouche dans la prière journalière, afin que si nous manquons à pardonner, il nous dise comme à ce mauvais serviteur : Je te juge par ta propre bouche, mauvais serviteur. Tu m’as demandé pardon, à condition de pardonner ; tu as prononcé ta sentence, lorsque tu as refusé de pardonner à ton frère. Va-t’en au lieu malheureux où il n’y a plus ni pardon ni miséricorde. » (Bossuet.)
13. * « Ne nous induisez point en tentation. On ne prie pas seulement pour s’empêcher de succomber à la tentation, mais pour la prévenir, conformément à cette parole : Veillez et priez, de peur que vous n’entriez en tentation. Non seulement de peur que vous n’y succombiez, mais de peur que vous n’y entriez. Il faut entendre par ces paroles la nécessité de prier en tout temps, et quand le besoin presse, et avant qu’il presse. N’attendez pas la tentation ; car alors le trouble et l’agitation de votre esprit vous empêchera de prier. Priez avant la tentation et prévenez l’ennemi. — Délivrez-nous du mal. L’Église explique : Délivrez-nous de tout mal, passé, présent et à venir. Le mal passé, mais qui laisse de mauvais restes, c’est le péché commis ; le mal présent, c’est le péché où nous sommes encore ; le mal à venir, c’est le péché que nous avons à craindre. Tous les autres maux ne sont rien qu’autant qu’ils nous portent au péché par le murmure et l’impatience. C’est principalement en cette vue que nous demandons d’être délivrés des autres maux. Délivrez-nous du mal. Délivrez-nous du péché et de toutes les suites du péché, par conséquent de la maladie, de la douleur, de la mort ; afin que nous soyons parfaitement libres. Alors aussi nous serons souverainement heureux. » (Bossuet.)
24. Jésus-Christ ne défend pas absolument aux chrétiens d’avoir des biens temporels, mais seulement d’y attacher leurs cœurs et d’en être les esclaves.
26-28. * « Regardez les oiseaux du ciel. Voyez les lis des champs. Jésus-Christ nous apprend, dans ce sermon admirable, à considérer la nature, les fleurs, les oiseaux, les animaux, notre corps, notre âme, notre accroissement insensible, afin d’en prendre occasion de nous élever à Dieu. Il nous fait voir toute la nature d’une manière plus relevée, d’un œil plus perçant, comme l’image de Dieu. Le ciel est son trône ; la terre est l’escabeau de ses pieds ; la capitale du royaume est le siège de son empire ; son soleil se lève, la pluie se répand pour nous assurer de sa bonté. Tout nous en parle : il ne s’est pas laissé sans témoignage. » (Bossuet.)
30. * Est jetée dans le four. Comme le bois est rare dans plusieurs parties de la Palestine, on se sert d’herbes sèches pour faire cuire le pain.
32. Les païens qui n’avaient point d’espérance solide, mettaient toute leur confiance dans leur travail et dans leur industrie. Un chrétien doit travailler de manière à attendre tout de la main et de la bénédiction de Dieu.
²
Suite du sermon sur la montagne. Ne point juger témérairement. Ne pas donner les choses saintes aux chiens. Demander, chercher et frapper. Charité. Voie étroite. Faux prophètes. Fruit semblable à l’arbre. Dieu juge sur les œuvres. Bâtir sur la pierre et non sur le sable.
1 Nolíte judicáre, ut non judicémini.
1. Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés.
2 In quo enim
judício judicavéritis, judicabímini : et in qua mensúra mensi fuéritis,
remetiétur vobis.
2. Car d’après le jugement selon lequel vous aurez jugé, vous serez jugés, et selon la mesure avec laquelle vous aurez mesuré, mesure vous sera faite.
3 Quid autem vides festúcam in óculo fratris tui,
et trabem in óculo tuo non vides ?
3. Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et ne vois-tu point la poutre qui est dans ton œil ?
4 aut quómodo
dicis fratri tuo : Sine ejíciam festúcam de óculo tuo, et ecce trabs est
in óculo tuo ?
4. Ou comment dis-tu à ton frère : Laisse-moi ôter la paille de ton œil, tandis qu’il y a une poutre dans le tien ?
5 Hypócrita,
éjice primum trabem de óculo tuo, et tunc vidébis ejícere festúcam de óculo
fratris tui.
5. Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton œil, et alors tu songeras à ôter la paille de l’œil de ton frère.
6 Nolíte dare
sanctum cánibus : neque mittátis margarítas vestras ante porcos, ne forte
concúlcent eas pédibus suis, et convérsi dirúmpant vos.
6. Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, et que, se tournant, ils ne vous déchirent.
7 Pétite, et
dábitur vobis : quǽrite, et inveniétis : pulsáte, et aperiétur vobis.
7. Demandez, et il vous sera donné ; cherchez et vous trouverez ; frappez, et il vous sera ouvert.
8 Omnis enim
qui petit, áccipit : et qui quærit, ínvenit : et pulsánti aperiétur.
8. Car quiconque demande, reçoit ; et qui cherche, trouve ; et à qui frappe, il sera ouvert.
9 Aut quis
est ex vobis homo, quem si petíerit fílius suus panem, numquid lápidem pórriget
ei ?
9. Quel est d’entre vous l’homme qui, si son fils lui demande du pain, lui présentera une pierre ?
10 aut si
piscem petíerit, numquid serpéntem pórriget ei ?
10. Ou si c’est un poisson qu’il lui demande, lui présentera-t-il un serpent ?
11 Si ergo
vos, cum sitis mali, nostis bona data dare fíliis vestris : quanto magis
Pater vester, qui in cælis est, dabit bona peténtibus se ?
11. Si donc vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ?
12 Omnia ergo
quæcúmque vultis ut fáciant vobis hómines, et vos fácite illis. Hæc est enim
lex, et prophétæ.
12. Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le leur aussi : car c’est la loi et les prophètes.
(hi) 13
Intráte per angústam portam : quia lata porta, et spatiósa via est, quæ
ducit ad perditiónem, et multi sunt qui intrant per eam.
13. Entrez par la porte étroite ; parce que large est la porte et spacieuse la voie qui conduit à la perdition ; et nombreux sont ceux qui entrent par elle.
14 Quam
angústa porta, et arcta via est, quæ ducit ad vitam : et pauci sunt qui
invéniunt eam !
14. Combien est étroite la porte et resserrée la voie qui conduit à la vie, et qu’il en est peu qui la trouvent !
15 Atténdite a falsis prophétis, qui véniunt ad vos in vestiméntis óvium, intrínsecus autem sunt lupi rapáces :
15. Gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous sous des vêtements de brebis, tandis qu’au-dedans ce sont des loups ravissants :
16 a frúctibus eórum cognoscétis eos. Numquid cólligunt de spinis uvas, aut de tríbulis
ficus ?
16. Vous les connaitrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des ronces ?
17 Sic omnis arbor bona fructus bonos facit : mala autem
arbor malos fructus facit.
17. Ainsi, tout arbre bon produit des fruits bons ; mais tout mauvais arbre produit de mauvais fruits.
18 Non potest arbor bona malos fructus fácere : neque arbor
mala bonos fructus fácere.
18. Un arbre bon ne peut produire de mauvais fruits, ni un arbre mauvais produire de bons fruits.
19 Omnis
arbor, quæ non facit fructum bonum, excidétur, et in ignem mittétur.
19. Tout arbre qui ne produit point de bon fruit sera coupé et jeté au feu.
20 Igitur ex
frúctibus eórum cognoscétis eos.
20. Vous les connaitrez donc à leurs fruits.
21 Non omnis
qui dicit mihi, Dómine, Dómine, intrábit in regnum cælórum : sed qui facit
voluntátem Patris mei, qui in cælis est, ipse intrábit in regnum cælórum.
21. Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux ; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là entrera dans le royaume des cieux.
22 Multi dicent mihi in illa die : Dómine,
Dómine, nonne in nómine tuo prophetávimus, et in nómine tuo dæmónia ejécimus,
et in nómine tuo virtútes multas fécimus ?
22. Beaucoup me diront en ce jour là : Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en votre nom que nous avons prophétisé ; en votre nom que nous avons chassé des démons, et en votre nom que nous avons fait beaucoup de miracles ?
23 Et tunc
confitébor illis : Quia numquam novi vos : discédite a me, qui
operámini iniquitátem.
23. Et alors je leur dirai hautement : Je ne vous ai jamais connu : retirez-vous de moi, vous qui opérez l’iniquité.
24 Omnis ergo
qui audit verba mea hæc, et facit ea, assimilábitur viro sapiénti, qui
ædificávit domum suam supra petram,
24. Quiconque donc entend ces paroles que je dis et les accomplit, sera comparé à un homme sage qui a bâti sa maison sur la pierre :
25 et
descéndit plúvia, et venérunt flúmina, et flavérunt venti, et irruérunt in
domum illam, et non cécidit : fundáta enim erat super petram.
25. Et la pluie est descendue, et les fleuves se sont débordés et les vents ont soufflé et sont venus fondre sur cette maison, et elle n’a pas été renversée, parce qu’elle était fondée sur la pierre.
26 Et omnis
qui audit verba mea hæc, et non facit ea, símilis erit viro stulto, qui
ædificávit domum suam super arénam :
26. Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les accomplit point, sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable ;
27 et
descéndit plúvia, et venérunt flúmina, et flavérunt venti, et irruérunt in
domum illam, et cécidit, et fuit ruína illíus magna.
27. Et la pluie est descendue, et les fleuves se sont débordés, et les vents ont soufflé et sont venus fondre sur cette maison ; elle s’est écroulée et sa ruine a été grande.
28 Et factum
est : cum consummásset Jesus verba hæc, admirabántur turbæ super doctrína
ejus.
28. Or il arriva que, lorsque Jésus eut achevé ces discours, le peuple était dans l’admiration de sa doctrine.
29 Erat enim
docens eos sicut potestátem habens, et non sicut scribæ eórum, et pharisǽi.
29. Car il les instruisait comme ayant autorité, et non comme leurs scribes et les pharisiens.
~
CHAP. VII. 1. Luc. VI,
37 ; Rom. II,
1. — 2. Marc. IV,
24. — 6. Infra. XV, 26. — 7. Infra. XXI, 22 ; Marc. XI, 24 ; Luc. XI, 9 ; Joan. XIV, 13 ; Jac. I, 6. — 9. Luc. XI, 11. — 12. Tob. IV, 16 ; Luc. VI, 31. — 13. Luc. XIII, 24. — 19. Supra. III, 10. — 21. Infra. XXV, 11 ; Luc. VI, 46. — 22. Act. XIX, 13. — 23. Ps. VI, 9 ; Infra. XXV, 41 ; Luc. XIII, 27. — 24. Luc. VI, 48 ; Rom. II, 13 ; Jac. I, 22. — 29. Marc. I, 22 ; Luc. IV, 32.
1. Ne jugez point ; c’est-à-dire n’allez pas vous informer par des motifs de curiosité, des mœurs et des actions des autres, pour les soumettre à votre jugement et les y condamner.
3. Ce verset et les suivants contiennent différentes manières de parler proverbiales.
15. Les Hébreux comprenaient par prophètes non seulement ceux qui prédisaient l’avenir, mais en général aussi quiconque se donnait pour inspiré, ou qui se mêlait d’interpréter l’Écriture et d’enseigner. Et, sous le nom de faux prophètes, les Pères ont compris ici tous les faux docteurs, juifs ou chrétiens.
22-23. La prophétie et le don des miracles ne sont pas toujours des preuves certaines de la sainteté et du mérite de ceux à qui Dieu en fait part ; témoin Balaam et Judas lui-même (Num. XXIV, 17 ; Matth. X, 1).
²
Guérison d’un lépreux et de beaucoup d’autres malades. Dispositions pour suivre Jésus-Christ. Tempête apaisée. Démons chassés, pourceaux précipités.
1 Cum autem
descendísset de monte, secútæ sunt eum turbæ multæ :
1. Or, lorsqu’il fut descendu de la montagne, une grande foule le suivit :
(hi) 2 et ecce leprósus véniens, adorábat eum,
dicens : Dómine, si vis, potes me mundáre.
2. Et voilà qu’un lépreux venant à lui l’adorait, disant : Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir.
3 Et exténdens Jesus manum, tétigit eum, dicens : Volo : mundáre. Et conféstim mundáta est lepra ejus.
3. Et Jésus étendant la main le toucha, disant : Je le veux, sois guéri. Et à l’instant sa lèpre fut guérie.
4 Et ait illi Jesus : Vide, némini
díxeris : sed vade, osténde te sacerdóti, et offer munus, quod præcépit
Móyses, in testimónium illis.
4. Alors Jésus lui dit : Prends garde, ne le dis à personne, mais va, montre-toi au prêtre, et offre le don prescrit par Moïse, en témoignage pour eux.
(hi) 5 Cum autem introísset Capharnaüm, accéssit ad eum centúrio, rogans eum,
5. Et comme il était entré dans Capharnaüm, un centurion s’approcha de lui, le priant,
6 et dicens : Dómine, puer meus jacet in domo
paralýticus, et male torquétur.
6. Et disant : Seigneur, mon serviteur git paralytique dans ma maison, et il souffre violemment.
7 Et ait illi
Jesus : Ego véniam, et curábo eum.
7. Jésus lui dit : J’irai, et le guérirai.
8 Et
respóndens centúrio, ait : Dómine, non sum dignus ut intres sub tectum
meum : sed tantum dic verbo, et sanábitur puer meus.
8. Mais le centurion répondant : Seigneur, dit-il, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit ; mais dites seulement une parole et mon serviteur sera guéri.
9 Nam et ego
homo sum sub potestáte constitútus, habens sub me mílites, et dico huic :
Vade, et vadit : et álii : Veni, et venit : et servo meo :
Fac hoc, et facit.
9. Car moi qui suis un homme soumis à la puissance d’un autre et qui ai sous moi des soldats, je dis à l’un : Va, et il va ; et à un autre : Viens, et il vient, et à mon serviteur : Fais cela, et il le fait.
10 Audiens
autem Jesus mirátus est, et sequéntibus se dixit : Amen dico vobis, non
invéni tantam fidem in Israël.
10. Or Jésus, l’entendant, fut dans l’admiration, et il dit à ceux qui le suivaient : En vérité, je vous le dis ; je n’ai pas trouvé une si grande foi dans Israël.
11 Dico autem
vobis, quod multi ab oriénte et occidénte vénient, et recúmbent cum Abraham, et
Isaac, et Jacob in regno cælórum :
11. Aussi je vous dis que beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident et auront place dans le royaume des cieux avec Abraham, Isaac et Jacob ;
12 fílii autem regni ejiciéntur in ténebras
exterióres : ibi erit fletus et stridor déntium.
12. Tandis que les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures ; là sera le pleur et le grincement de dents.
13 Et dixit Jesus centurióni : Vade, et sicut credidísti, fiat tibi. Et sanátus est puer in illa hora.
13. Alors Jésus dit au centurion : Va, et que selon que tu as cru il te soit fait. Et son serviteur fut guéri à cette heure même.
(hi) 14 Et cum
venísset Jesus in domum Petri, vidit socrum ejus jacéntem, et febricitántem :
14. Jésus étant venu ensuite dans la maison de Pierre vit sa belle-mère gisante et ayant la fièvre.
15 et tétigit
manum ejus, et dimísit eam febris, et surréxit, et ministrábat eis.
15. Il lui toucha la main, et la fièvre la quitta ; aussitôt elle se leva, et elle les servait.
16 Véspere autem facto, obtulérunt ei multos dæmónia
habéntes : et ejiciébat spíritus verbo, et omnes male habéntes
curávit :
16. Le soir étant venu, on lui présenta beaucoup de démoniaques, et par sa parole il chassait les malins esprits, et il guérit tous les malades :
17 ut adimplerétur quod dictum est per Isaíam prophétam, dicéntem :
17. Afin que s’accomplît la parole du prophète Isaïe, disant :
Ipse infirmitátes nostras accépit :
Lui-même a pris nos infirmités
et ægrotatiónes nostras portávit.
et il s’est chargé de nos maladies.
18 Videns autem Jesus turbas multas circum se, jussit
ire trans fretum.
18. Or Jésus voyant une grande foule autour de lui ordonna de passer à l’autre côté de la mer.
(hi) 19 Et
accédens unus scriba, ait illi : Magíster, sequar te, quocúmque íeris.
19. Alors un scribe s’approchant, lui dit : Maitre, je vous suivrai partout où vous irez.
20 Et dicit
ei Jesus : Vulpes fóveas habent, et vólucres cæli nidos ; Fílius
autem hóminis non habet ubi caput reclínet.
20. Et Jésus lui dit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête.
21 Alius
autem de discípulis ejus ait illi : Dómine, permítte me primum ire, et
sepelíre patrem meum.
21. Un autre de ses disciples lui dit : Seigneur, permettez-moi d’aller d’abord et d’ensevelir mon père.
22 Jesus
autem ait illi : Séquere me, et dimítte mórtuos sepelíre mórtuos suos.
22. Mais Jésus lui dit : Suis-moi et laisse les morts ensevelir leurs morts.
(hi) 23 Et
ascendénte eo in navículam, secúti sunt eum discípuli ejus :
23. Étant ensuite monté dans la barque, ses disciples le suivirent.
24 et ecce motus magnus factus est in mari, ita ut
navícula operirétur flúctibus : ipse vero dormiébat.
24. Et voilà qu’une grande tempête se leva sur la mer ; de sorte que la barque était couverte par les vagues ; lui-même cependant dormait.
25 Et
accessérunt ad eum discípuli ejus, et suscitavérunt eum, dicéntes :
Dómine, salva nos : perímus.
25. C’est pourquoi ses disciples s’approchèrent de lui et l’éveillèrent, disant : Seigneur, sauvez-nous, nous périssons.
26 Et dicit
eis Jesus : Quid tímidi estis, módicæ fídei ? Tunc surgens imperávit
ventis, et mari, et facta est tranquíllitas magna.
26. Jésus leur dit : Pourquoi craignez-vous, hommes de peu de foi ? Alors, se levant, il commanda aux vents et à la mer, et il se fit un grand calme.
27 Porro
hómines miráti sunt, dicéntes : Qualis est hic, quia venti et mare
obédiunt ei ?
27. Or, saisis d’admiration, ces hommes disaient : Quel est celui-ci, que les vents et la mer lui obéissent ?
(hi) 28
Et cum venísset trans fretum in regiónem
Gerasenórum, occurrérunt ei duo habéntes
dæmónia, de monuméntis exeúntes, sævi
nimis, ita ut nemo posset transíre per viam illam.
28. Lorsqu’il fut venu de l’autre côté de la mer, dans le pays des Géraséniens, coururent au-devant de lui deux démoniaques, sortant des sépulcres extrêmement furieux, au point que personne n’osait passer par ce chemin ;
29 Et ecce clamavérunt, dicéntes : Quid nobis et tibi, Jesu fili Dei ? Venísti huc ante tempus torquére nos ?
29. Et ils se mirent à crier, disant : Qu’importe à nous et à vous, Jésus fils de Dieu ? Êtes-vous venu ici avant le temps pour nous tourmenter ?
30 Erat autem
non longe ab illis grex multórum porcórum pascens.
30. Or était non loin d’eux un grand troupeau de pourceaux qui paissaient ;
31 Dǽmones
autem rogábant eum, dicéntes : Si éjicis nos hinc, mitte nos in gregem
porcórum.
31. Et les démons le priaient, disant : Si vous nous chassez d’ici, envoyez-nous dans ce troupeau de pourceaux.
32 Et ait illis : Ite. At illi exeúntes
abiérunt in porcos, et ecce ímpetu ábiit totus grex per præceps in mare :
et mórtui sunt in aquis.
32. Il leur répondit : Allez. Eux donc, étant sortis, entrèrent dans les pourceaux ; et voilà que le troupeau tout entier se précipita impétueusement dans la mer ; et ils moururent dans les eaux.
33 Pastóres
autem fugérunt : et veniéntes in civitátem, nuntiavérunt ómnia, et de eis
qui dæmónia habúerant.
33. Et les gardiens s’enfuirent ; et venant dans la ville, ils racontèrent tout ceci, et le sort de ceux qui avaient été démoniaques.
34 Et ecce
tota cívitas éxiit óbviam Jesu : et viso eo, rogábant ut transíret a
fínibus eórum.
34. Aussitôt toute la ville sortit au-devant de Jésus ; et l’ayant vu, ils le priaient de sortir de leurs confins.
~
CHAP. VIII. 2. Marc. I, 40 ; Luc. V, 12. — 4. Lev. XIV, 2. — 5. Luc. VII, 1. — 8. Luc. VII, 6. — 11. Malach. I, 11. — 16. Marc. I, 32. — 17. Is. LIII, 4 ; I Petr. II, 24. — 20. Luc. IX, 58. — 23. Marc. IV, 36 ; Luc. VIII, 22. — 28. Marc. V, 1 ; Luc. VIII, 26. — 30. Marc. V, 11 ; Luc. VIII, 32. — 34. Marc. V, 17 ; Luc. VIII, 37.
2. * Un lépreux. La lèpre, maladie de la peau qui peut être très grave et faire tomber tout le corps en pourriture, était commune en Palestine. Elle rendait impur aux yeux de la loi celui qui en était atteint.
4. En témoignage pour eux ; c’est-à-dire afin que ce soit pour eux un témoignage et une preuve incontestable de ma puissance et de ma fidélité à faire observer la loi. — Le mot eux peut signifier par hébraïsme : à chacun des prêtres, ou bien : à la foule du peuple dont il est parlé au vers. 1.
5. * Capharnaüm. Voir Matth. IV, 13. — Un centurion. Le centurion était le chef d’une centurie légionnaire, c’est-à-dire de cent hommes. Il était chargé de la discipline de sa centurie, en présidait les exercices et les travaux, et marchait à sa tête quand on allait au combat. Il avait comme insigne de son autorité un casque à cimier et une branche de vigne qui lui servait à châtier ceux de ses hommes qui enfreignaient les règles de la discipline. Sa paie était double de celle des soldats.
6. Il y a une paralysie imparfaite qui consiste dans la privation ou du mouvement seul, ou du sentiment seul. C’est ce qu’ont reconnu tous les médecins tant anciens que modernes. Ainsi le paralytique, dont il est ici question, a pu souffrir extrêmement, même dans les parties paralysées, puisqu’il suffisait que les nerfs moteurs fussent seuls affectés, tandis que les nerfs sensitifs étaient entièrement libres et pouvaient, par là même, servir d’instrument à la douleur.
12. Les ténèbres extérieures désignent l’enfer. Jésus-Christ continue l’allégorie d’un festin. Or dans les festins, la salle était toujours bien éclairée ; de sorte que ceux qui en étaient expulsés se trouvaient dans les ténèbres, pleurant et grinçant les dents de dépit et de rage.
16. On a voulu expliquer les possessions dont il est parlé dans les évangélistes par de simples maladies ou par un dérèglement de l’imagination, ou par des possessions purement spirituelles, ou enfin par le seul emportement des passions. Mais les termes dont se sont servis les écrivains sacrés et Jésus-Christ lui-même sont trop clairs et trop explicites pour qu’on puisse les entendre autrement que l’Église les a toujours entendus, c’est-à-dire de possessions dans lesquelles le démon agit sur les corps.
18. * De la mer de Galilée.
24. * « Il n’y a de tempête sur la mer de Tibériade que par les vents d’ouest. Venant de la côte de Capharnaüm, ils devaient chasser la barque avec violence et l’empêcher d’aborder. » (J. H. Michon.)
28. Voy. sur les possessions le vers. 16. — * Géraséniens (le texte grec porte : Gergésa) était situé, d’après l’opinion commune, à l’endroit où sont aujourd’hui les ruines informes de Khersa, sur la rive gauche de l’ouadi es-Semak, qui se jette dans le lac de Génésareth à l’est. Là, entre l’ouadi es-Semak et l’ouadi Fik, vis-à-vis de la ville de Tibériade, cessent les collines et commence la plaine qui s’étend au nord sur la rive orientale du lac. Les ruines de Khersa sont entourées d’un mur. Un peu au sud, en un seul endroit, sont des rochers très escarpés qui s’avancent en pointe dans la mer de Galilée et c’est de là que les porcs poussés par les démons durent se précipiter dans les flots. Partout ailleurs il y a une bande de terre cultivable entre les montagnes et le lac. — Sortant des sépulcres. Les tombeaux chez les Juifs pouvaient servir d’habitation. C’étaient des cavernes ou des excavations artificielles au milieu des jardins ou des champs ou dans les flancs des montagnes. Ils étaient souvent assez vastes, renfermant des cours avec des chambres souterraines, disposées le long de corridors et remplies de niches où l’on plaçait des cadavres ; on fermait ensuite la niche avec une pierre. Sur plusieurs de ces tombeaux on élevait des édicules. Les démoniaques dont parle saint Matthieu pouvaient habiter dans l’un de ces édicules ou dans les corridors du tombeau.
32. * Le troupeau tout entier se précipita dans la mer. Voir la note sur Matth. XXI, 19.
²
Guérison d’un paralytique. Vocation de saint Matthieu. Jeûne. Hémorroïsse guérie. Fille de Jaïre ressuscitée. Guérison de deux aveugles. Possédé muet délivré. Brebis sans pasteurs. Moisson. Ouvriers.
(hi) 1 Et ascéndens in navículam, transfretávit, et venit in civitátem suam.
1. Jésus étant monté dans la barque, traversa la mer et vint dans sa ville.
(hi) 2 Et ecce
offerébant ei paralýticum jacéntem in lecto. Et videns Jesus fidem illórum,
dixit paralýtico : Confíde fili, remittúntur tibi peccáta tua.
2. Et voilà que des gens lui présentaient un paralytique gisant sur un lit. Or Jésus voyant leur foi, dit à ce paralytique : Mon fils, aie confiance, tes péchés te sont remis.
3 Et ecce
quidam de scribis dixérunt intra se : Hic blasphémat.
3. Et voici que quelques-uns d’entre les scribes dirent en eux-mêmes : Celui-ci blasphème.
4 Et cum
vidísset Jesus cogitatiónes eórum, dixit : Ut quid cogitátis mala in
córdibus vestris ?
4. Mais, comme Jésus avait vu leurs pensées, il dit : Pourquoi pensez-vous mal en vos cœurs ?
5 Quid est
facílius dícere : Dimittúntur tibi peccáta tua : an dícere :
Surge, et ámbula ?
5. Lequel est le plus facile de dire : Tes péchés te sont remis, ou de dire : Lève-toi et marche ?
6 Ut autem
sciátis, quia Fílius hóminis habet potestátem in terra dimitténdi peccáta, tunc
ait paralýtico : Surge, tolle lectum tuum, et vade in domum tuam.
6. Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés : Lève-toi, dit-il alors au paralytique, prends ton lit et retourne en ta maison.
7 Et
surréxit, et ábiit in domum suam.
7. Et il se leva et s’en alla dans sa maison.
8 Vidéntes
autem turbæ timuérunt, et glorificavérunt Deum, qui dedit potestátem talem
homínibus.
8. Mais, voyant cela, la multitude fut saisie de crainte, et rendit gloire à Dieu qui a donné une telle puissance aux hommes.
(hi) 9 Et, cum transíret inde Jesus, vidit hóminem sedéntem in telónio, Matthǽum nómine. Et ait illi : Séquere me. Et surgens, secútus est eum.
9. Lorsqu’il fut sorti de là, Jésus vit un homme nommé Matthieu assis au bureau des impôts, et il lui dit : Suis-moi. Et, se levant, il le suivit.
10 Et factum
est, discumbénte eo in domo, ecce multi publicáni et peccatóres veniéntes,
discumbébant cum Jesu, et discípulis ejus.
10. Or il arriva que Jésus étant à table dans la maison, beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent s’y assoir avec lui et ses disciples.
11 Et
vidéntes pharisǽi, dicébant discípulis ejus : Quare cum publicánis et
peccatóribus mandúcat magíster vester ?
11. Les pharisiens voyant cela, disaient à ses disciples : Pourquoi votre maitre mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ?
12 At Jesus
áudiens, ait : Non est opus valéntibus médicus, sed male habéntibus.
12. Mais Jésus, entendant, dit : Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades.
13 Eúntes autem díscite quid est : Misericórdiam volo, et non sacrifícium. Non enim veni vocáre justos, sed peccatóres.
13. Allez donc et apprenez ce que veut dire : J’aime mieux la miséricorde que le sacrifice. Car je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs.
14 Tunc
accessérunt ad eum discípuli Joánnis, dicéntes : Quare nos, et pharisǽi,
jejunámus frequénter : discípuli autem tui non jejúnant ?
14. Alors s’approchèrent de lui les disciples de Jean, disant : Pourquoi nous et les pharisiens jeunons-nous fréquemment, et vos disciples ne jeunent-ils point ?
15 Et ait illis Jesus : Numquid possunt fílii
sponsi lugére, quámdiu cum illis est sponsus ? Vénient autem dies cum
auferétur ab eis sponsus : et tunc jejunábunt.
15. Jésus leur répondit : Les fils de l’époux peuvent-ils s’attrister pendant que l’époux est avec eux ? Mais viendront des jours où l’époux leur sera enlevé, et alors ils jeuneront.
16 Nemo autem immíttit commissúram panni rudis in vestiméntum vetus : tollit enim plenitúdinem ejus a vestiménto, et pejor scissúra fit.
16 Personne ne met une pièce d’étoffe neuve à un vieux vêtement, car elle emporte du vêtement tout ce qu’elle recouvre, et la déchirure devient plus grande.
17 Neque mittunt vinum novum in utres véteres : alióquin rumpúntur utres, et vinum effúnditur, et utres péreunt. Sed vinum novum in utres novos mittunt : et ambo conservántur.
17. Et l’on ne met point de vin nouveau dans des outres vieilles, autrement les outres se rompent, le vin se répand, et les outres sont perdues ; mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et tous les deux se conservent.
(hi) 18 Hæc illo loquénte ad eos, ecce princeps unus accéssit,
et adorábat eum, dicens : Dómine, fília mea modo defúncta est : sed
veni, impóne manum tuam super eam, et vivet.
18. Comme il leur disait ces choses, un chef de synagogue s’approcha de lui et l’adorait, disant : Seigneur, ma fille vient de mourir ; mais venez, imposez votre main sur elle, et elle vivra.
19 Et surgens
Jesus, sequebátur eum, et discípuli ejus.
19. Et Jésus, se levant, le suivait avec ses disciples.
20 Et ecce múlier, quæ sánguinis fluxum patiebátur
duódecim annis, accéssit retro, et tétigit fímbriam vestiménti ejus.
20. Et voilà qu’une femme affligée d’une perte de sang depuis douze ans, s’approcha de lui par derrière et toucha la frange de son vêtement.
21 Dicébat enim intra se : Si tetígero tantum vestiméntum
ejus, salva ero.
21. Car elle disait en elle-même : Si je touche seulement son vêtement, je serai guérie.
22 At Jesus convérsus, et videns eam, dixit : Confíde, fília, fides tua te salvam fecit. Et salva facta est múlier ex illa hora.
22. Mais Jésus s’étant retourné, et la voyant, dit : Ma fille, ayez confiance, votre foi vous a guérie. Et cette femme fut guérie à l’heure même.
23 Et cum venísset Jesus in domum príncipis, et
vidísset tibícines et turbam tumultuántem, dicébat :
23. Or lorsque Jésus fut arrivé à la maison du chef de synagogue, et qu’il eut vu les joueurs de flute et la foule tumultueuse, il disait :
24 Recédite : non est enim mórtua puélla, sed dormit. Et deridébant eum.
24. Retirez-vous ; car la jeune fille n’est pas morte, mais elle dort. Et ils se moquaient de lui.
25 Et cum
ejécta esset turba, intrávit : et ténuit manum ejus, et surréxit puélla.
25. Après donc qu’on eut renvoyé la foule, il entra, prit la main de la jeune fille, et elle se leva.
26 Et éxiit fama hæc in univérsam terram illam.
26. Et le bruit s’en répandit dans tout le pays.
(hi) 27 Et
transeúnte inde Jesu, secúti sunt eum duo cæci, clamántes, et dicéntes :
Miserére nostri, fili David.
27. Comme Jésus sortait de là, deux aveugles le suivirent, criant et disant : Fils de David, ayez pitié de nous.
28 Cum autem venísset domum, accessérunt ad eum cæci. Et dicit eis Jesus : Créditis quia hoc possum fácere vobis ? Dicunt ei : Utíquë, Dómine.
28. Et lorsqu’il fut venu dans la maison, les aveugles s’approchèrent de lui. Et Jésus leur dit : Croyez-vous que je puisse faire cela ? Ils lui dirent : Oui, Seigneur.
29 Tunc
tétigit óculos eórum, dicens : Secúndum fidem vestram, fiat vobis.
29. Alors il toucha leurs yeux, disant : Qu’il vous soit fait selon votre foi.
30 Et apérti sunt óculi eórum : et comminátus
est illis Jesus, dicens : Vidéte ne quis sciat.
30. Aussitôt leurs yeux furent ouverts, et Jésus les menaça, disant : Prenez garde que personne ne le sache.
31
Illi autem exeúntes, diffamavérunt eum in tota terra illa.
31. Mais eux, s’en allant, répandirent sa renommée dans tout ce pays-là.
(hi) 32 Egréssis
autem illis, ecce obtulérunt ei hóminem mutum, dæmónium habéntem.
32. Après qu’ils furent partis, on lui présenta un homme muet, possédé du démon.
33 Et ejécto
dæmónio, locútus est mutus, et mirátæ sunt turbæ, dicéntes : Numquam
appáruit sic in Israël.
33. Or, le démon chassé, le muet parla ; et le peuple saisi d’admiration disait : Jamais rien de semblable ne s’est vu en Israël.
34 Pharisǽi autem dicébant : In príncipe
dæmoniórum éjicit dǽmones.
34. Mais les pharisiens disaient : C’est par le prince des démons qu’il chasse les démons.
(hi) 35 Et
circuíbat Jesus omnes civitátes, et castélla, docens in synagógis eórum, et
prǽdicans Evangélium regni, et curans omnem languórem, et omnem infirmitátem.
35. Et Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’évangile du royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité.
36 Videns
autem turbas, misértus est eis : quia erant vexáti, et jacéntes sicut oves
non habéntes pastórem.
36. Or en voyant cette multitude, il en eut compassion, parce qu’ils étaient accablés et couchés comme des brebis n’ayant point de pasteur.
37 Tunc dicit
discípulis suis : Messis quidem multa, operárii autem pauci.
37. Alors il dit à ses disciples : La moisson est abondante, mais il y a peu d’ouvriers.
38 Rogáte ergo Dóminum messis, ut mittat operários in messem suam.
38. Priez donc le maitre de la moisson qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.
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CHAP. IX. 2. Marc. II, 3 ; Luc. V, 18. — 9. Marc. II, 14 ; Luc. V, 27. — 13. Os. VI, 6 ; Infra. XII, 7 ; I Tim. I, 15. — 14. Marc. II, 18 ; Luc. V, 33. — 18. Marc. V, 22 ; Luc. VIII, 41. — 20. Marc. V, 25 ; Luc. VIII, 43. — 32. Infra. XII, 22 ; Luc. XI, 14. — 35. Marc. VI, 6. — 37. Luc. X, 2.
1. * Dans sa ville. Capharnaüm, où il habitait alors ordinairement.
15. Les fils de l’époux, pour les amis et les compagnons de l’époux ; hébraïsme. — * Les amis de l’époux étaient chargés de faire tous les préparatifs des noces et prenaient part ensuite aux fêtes du mariage qui duraient ordinairement sept jours.
17. * Des outres. Les Orientaux se servent d’outrés de peau de chèvre, de chameau ou d’âne pour conserver le vin et les autres liquides.
18. Un chef de synagogue ; c’est ainsi que cet homme est qualifié dans saint Marc, et dans saint Luc. — * Son nom était Jaïre.
20. Selon la loi, les Hébreux étaient obligés de porter des franges aux quatre coins de leurs manteaux (Num. XV, 38 ; Deut. XXII, 12).
23. * Les joueurs de flute et la foule. Les pleureuses et les joueurs de flute étaient un accompagnement ordinaire des funérailles. Voir Jer. IX, 17.
28. Cela ; c’est-à-dire ce que vous me demandez.
30. Jésus-Christ fait cette défense pour nous donner l’exemple de l’humilité. Nous ne devons pas aimer qu’on publie nos vertus et nos bienfaits : à Dieu seul appartiennent l’honneur et la gloire.
34. Par le prince des démons ; c’est-à-dire par la puissance du prince des démons, comme si Jésus-Christ avait eu des intelligences avec Satan.
²
Mission des Apôtres. Leurs noms. Instructions que
Jésus-Christ leur donne ; puissance qu’il leur communique. Il leur
recommande te désintéressement, la prudence, la patience, la confiance en Dieu.
Il leur annonce les maux qu’ils auront à souffrir et la récompense qu’ils en
recevront.
1 Et
convocátis duódecim discípulis suis, dedit illis potestátem spirítuum
immundórum, ut ejícerent eos, et curárent omnem languórem, et omnem
infirmitátem.
1. Et ayant convoqué ses douze disciples, il leur donna puissance sur les esprits impurs, pour les chasser, et pour guérir toute maladie et toute infirmité.
2 Duódecim autem Apostolórum nómina sunt hæc. Primus, Simon, qui dícitur Petrus : et Andréas frater ejus,
2. Or voici les noms des douze apôtres : Le premier, Simon, appelé Pierre, et André son frère :
3 Jacóbus Zebedǽi,
et Joánnes frater ejus, Philíppus, et Bartholomǽus, Thomas, et Matthǽus
publicánus, Jacóbus Alphǽi, et Thaddǽus,
3. Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, Philippe et Barthélemy, Thomas et Matthieu le publicain, Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée :
4 Simon Chananǽus, et Judas
Iscariótes, qui et trádidit eum.
4. Simon le Cananéen, et Judas Iscariote, qui le trahit.
5 Hos duódecim misit Jesus, præcípiens eis,
dicens : In viam géntium ne abiéritis, et in civitátes Samaritanórum ne
intravéritis :
5. Ce sont ces douze que Jésus envoya, leur commandant en disant : N’allez point vers les gentils, et n’entrez point dans les villes des Samaritains ;
6 sed pótius ite ad oves quæ periérunt domus Israël.
6. Mais allez plutôt aux brebis perdues de la maison d’Israël.
7 Eúntes
autem prædicáte, dicéntes : Quia appropinquávit regnum cælórum.
7. Allant donc, prêchez, disant : Le royaume des cieux est proche.
8 Infírmos curáte, mórtuos suscitáte, leprósos mundáte, dǽmones
ejícite : gratis accepístis, gratis date.
8. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons ; c’est gratuitement que vous avez reçu, gratuitement donnez.
9 Nolíte possidére aurum, neque
argéntum, neque pecúniam in zonis vestris :
9. Ne possédez ni or, ni argent, ni aucune monnaie dans vos ceintures :
10 non peram in via, neque duas túnicas, neque calceaménta, neque
virgam : dignus enim est operárius cibo suo.
10. Ni sac pour la route, ni deux tuniques, ni chaussure, ni bâton ; car l’ouvrier mérite sa nourriture.
11 In
quamcúmque autem civitátem aut castéllum intravéritis, interrogáte, quis in ea
dignus sit : et ibi manéte donec exeátis.
11. En quelque ville ou village que vous entriez, demandez qui y en est digne, et demeurez chez lui jusqu’à votre départ.
12 Intrántes autem in domum, salutáte eam, dicéntes : Pax huic dómui.
12. Or, en entrant dans la maison, saluez-la, disant : Paix à cette maison.
13 Et
síquidem fúerit domus illa digna, véniet pax vestra super eam : si autem
non fúerit digna, pax vestra revertétur ad vos.
13. Et si cette maison en est digne, votre paix viendra sur elle, et si elle n’en est pas digne, votre paix reviendra à vous.
14 Et
quicúmque non recéperit vos, neque audíerit sermónes vestros : exeúntes
foras de domo, vel civitáte, excútite púlverem de pédibus vestris.
14. Lorsque quelqu’un ne vous recevra point, et n’écoutera point vos paroles, sortant de la maison ou de la ville, secouez la poussière de vos pieds.
15 Amen dico vobis : Tolerabílius erit terræ
Sodomórum et Gomorrhæórum in die judícii, quam illi civitáti.
15. En vérité, je vous dis : Il y aura moins à souffrir pour Sodome et pour Gomorrhe au jour du jugement que pour cette ville.
16 Ecce ego mitto vos sicut
oves in médio lupórum. Estóte ergo
prudéntes sicut serpéntes, et símplices sicut colúmbæ.
16. Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes.
17 Cavéte
autem ab homínibus. Tradent enim vos in concíliis, et in synagógis suis
flagellábunt vos :
17. Mais gardez-vous des hommes ; car ils vous feront comparaitre dans leurs assemblées, et vous flagelleront dans leurs synagogues.
18 et ad prǽsides, et ad reges ducémini propter me
in testimónium illis, et géntibus.
18. Et vous serez conduits à cause de moi devant les gouverneurs et les rois, en témoignage pour eux et pour les nations.
19 Cum autem
tradent vos, nolíte cogitáre quómodo, aut quid loquámini : dábitur enim
vobis in illa hora, quid loquámini :
19. Lors donc que l’on vous livrera, ne pensez ni comment, ni ce que vous devrez dire ; il vous sera donné, en effet, à l’heure même ce que vous devrez dire.
20 non enim
vos estis qui loquímini, sed Spíritus Patris vestri, qui lóquitur in vobis.
20. Car ce n’est pas vous qui parlez, mais l’Esprit de votre Père qui parle en vous.
21 Tradet
autem frater fratrem in mortem, et pater fílium : et insúrgent fílii in
paréntes, et morte eos affícient :
21. Or le frère livrera le frère à la mort, et le père le fils ; les enfants s’élèveront contre les parents et les feront mourir.
22 et éritis ódio ómnibus propter nomen meum : qui autem perseveráverit usque in finem, hic salvus erit.
22. Et vous serez en haine à tous, à cause de mon nom ; mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé.
23 Cum autem persequéntur vos in civitáte ista, fúgite in áliam. Amen dico vobis, non consummábitis civitátes Israël, donec véniat Fílius hóminis.
23. Lors donc qu’on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre. En vérité, je vous le dis : Vous n’aurez pas fini d’évangéliser toutes les villes d’Israël jusqu’à ce que vienne le Fils de l’homme.
24 Non est
discípulus super magístrum, nec servus super dóminum suum :
24. Le disciple n’est point au-dessus du maitre, ni l’esclave au-dessus de son seigneur.
25 súfficit discípulo ut sit sicut magíster ejus, et
servo, sicut dóminus ejus. Si patremfamílias Beélzebub vocavérunt, quanto magis
domésticos ejus ?
25. Il suffit au disciple qu’il soit comme son maitre, et à l’esclave comme son seigneur. S’ils ont appelé le père de famille Béelzébub, combien plus ceux de sa maison ?
26 Ne ergo
timuéritis eos. Nihil enim est opértum, quod non revelábitur : et
occúltum, quod non sciétur.
26. Ne les craignez donc point : car il n’y a rien de caché qui ne sera révélé, et rien de secret qui ne sera su.
27 Quod dico vobis in ténebris, dícite in lúmine : et quod in aure audítis, prædicáte super tecta.
27. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le dans la lumière, et ce qui vous est dit à l’oreille, prêchez-le sur les toits.
28 Et nolíte timére eos qui occídunt corpus, ánimam
autem non possunt occídere : sed pótius timéte eum, qui potest et ánimam
et corpus pérdere in gehénnam.
28. Ne craignez point ceux qui tuent le corps et ne peuvent tuer l’âme ; mais craignez plutôt celui qui peut précipiter l’âme et le corps dans la géhenne.
29 Nonne duo pásseres asse véneunt ? et unus ex
illis non cadet super terram sine Patre vestro.
29. Deux passereaux ne se vendent-ils pas un as ? Cependant pas un d’eux ne peut tomber sur la terre sans votre Père.
30 Vestri
autem capílli cápitis omnes numeráti sunt.
30. Les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés.
31 Nolíte
ergo timére : multis passéribus melióres estis vos.
31. Ainsi ne craignez point : vous valez plus qu’un grand nombre de passereaux.
32 Omnis ergo
qui confitébitur me coram homínibus, confitébor et ego eum coram Patre meo, qui
in cælis est.
32. Quiconque donc me confessera devant les hommes, moi aussi je le confesserai devant mon Père qui est dans les cieux :
33 Qui autem
negáverit me coram homínibus, negábo et ego eum coram Patre meo, qui in cælis
est.
33. Mais celui qui m’aura renié devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux.
34 Nolíte arbitrári quia pacem vénerim
míttere in terram : non veni pacem míttere, sed gládium :
34. Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive.
35 veni enim
separáre hóminem advérsus patrem suum, et fíliam advérsus matrem suam, et nurum
advérsus socrum suam :
35. Car je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère et la belle-fille de sa belle-mère.
36 et inimíci
hóminis, doméstici ejus.
36. Ainsi les ennemis de l’homme seront les gens de sa propre maison.
(hi) 37 Qui amat
patrem aut matrem plus quam me, non est me dignus : et qui amat fílium aut
fíliam super me, non est me dignus.
37. Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi.
38 Et qui non
áccipit crucem suam, et séquitur me, non est me dignus.
38. Et qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi.
39 Qui ínvenit ánimam suam, perdet illam : et
qui perdíderit ánimam suam propter me, invéniet eam.
39. Celui qui trouvera sa vie, la perdra ; et celui qui aura perdu sa vie pour moi, la retrouvera.
40 Qui
récipit vos, me récipit : et qui me récipit, récipit eum qui me misit.
40. Qui vous reçoit, me reçoit, et qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.
41 Qui
récipit prophétam in nómine prophétæ,
mercédem prophétæ accípiet : et qui
récipit justum in nómine justi, mercédem justi
accípiet.
41. Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète, recevra la récompense d’un prophète, et celui qui reçoit un juste en qualité de juste, recevra la récompense d’un juste.
42 Et
quicúmque potum déderit uni ex mínimis istis cálicem aquæ frígidæ tantum in
nómine discípuli : amen dico vobis, non perdet mercédem suam.
42. Et quiconque aura donné à l’un de ces plus petits seulement un verre d’eau froide à boire, parce qu’il est de mes disciples, en vérité, je vous le dis, il ne perdra point sa récompense.
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CHAP. X. 1. Marc. III, 13 ; Luc. VI, 13 ; IX, 1. — 6. Act. XIII, 46. — 9. Marc. VI, 8 ; Luc. IX, 3 ; X, 4. — 16. Luc. X, 3. — 19. Luc. XII, 11 ; Act. VI, 10. — 22. Infra. XIV, 9 ; Luc. XXI, 17. — 23. Infra. XVI, 28 ; Joan. XXI, 22 ; Marc. VIII, 39 ; Luc. IX, 27. — 24. Luc. VI, 40 ; Joan. XIII, 16 ; XV, 20. — 26. Marc. IV, 22 ; Luc. VIII, 17 ; XII, 2. — 29. II Reg. XIV, 11 ; Act. XXVII, 35. — 32. Marc. VIII, 38 ; Luc. IX, 26 ; XII, 8 ; II Tim. II, 12. — 34. Luc. XII, 51. — 36. Mich. VII, 5. — 37. Luc. XIV, 26. — 38. Infra. XVI, 24 ; Marc. VIII, 34 ; Luc. XIV, 27. — 39. Infra. XVI, 25 ; Marc. VIII, 35 ; Luc. IX, 24 ; XVII, 33 ; Joan. XII, 25. — 40. Marc. IX, 36 ; Luc. X, 16 ; Joan. XIII, 20. — 42. Marc. IX, 40.
4. * Judas Iscariote, c’est-à-dire de Carioth, ville de la tribu de Juda. (Jos. XV, 25.)
5. * Les Samaritains, ainsi nommés parce qu’ils habitaient la Samarie, étaient les descendants des étrangers transportés dans ce pays après la ruine du royaume d’Israël, et les ennemis invétérés des Juifs. Voir IV Reg. XVII.
9. On portait autrefois la bourse suspendue à la ceinture ; on mettait aussi l’argent dans la ceinture elle-même, qui était creuse et large, comme le sont encore la plupart de celles des Orientaux.
15. * Sodome avait été détruite, de même que Gomorrhe, à cause de ses crimes, par la vengeance divine, Gen. XIX, 24, qui fit pleuvoir sur elles une pluie de soufre et de feu.
18. En témoignage pour eux et pour les nations ; c’est-à-dire pour servir de témoignage et de preuve irrécusable du soin que Dieu a pris de leur faire annoncer la doctrine du salut, et de l’opiniâtreté avec laquelle ils l’ont refusée.
23. # Jusqu’à ce que vienne le Fils de l’homme… Voy. Matth. XVI, 28 (note).
25. Béelzébub était le nom d’une idole des Philistins. Les Juifs donnaient ce nom au démon, parce que les faux dieux sont des démons.
27. Sur les toits. Pour bien comprendre le sens de ce verset, voyez ce que nous avons dit sur les habitations des Hébreux dans notre Abrégé d’introduction, etc., p. 530, 2e édit. — * Les toits des maisons orientales sont en forme de terrasse. Voir note sur Marc. II, 4.
28. Dans la géhenne. Voy. V, 22.
29. Un as. Compar., V, 26. — Sans votre Père ; c’est-à-dire sans la volonté, sans l’ordre de votre Père. Le Sauveur veut faire entendre ici à ses apôtres qu’ils sont sous la protection spéciale du Père céleste, et que, par conséquent, ils n’ont rien à craindre de la part des hommes.
34. L’Évangile est ce glaive qui sépare un fils de son père, quand ce père veut persister dans son infidélité, etc. Et le verset suivant n’est que l’explication de celui-ci.
39. Celui qui sauvera sa vie (Qui invénit ánimam suam) ; c’est-à-dire qui tient beaucoup à sa vie, qui tient par-dessus tout à la conserver. Le mot vie (âme en grec et en latin) désigne la vie passagère du corps et la vie éternelle de l’âme. N.-S. joue ici et dans les passages parallèles sur ces deux sens. Dans l’Écriture, le mot âme (anima), ou substance spirituelle, se prend en effet aussi pour la vie et les biens de ce monde, et pour la personne même, le soi. Voyez XVI, 25.
²
Saint Jean envoie deux de ses disciples à Jésus-Christ. Éloge de saint Jean. Jésus-Christ et saint Jean rejetés par les Juifs. Villes impénitentes pires que Sodome. Sages aveuglés ; simples éclairés. Joug de Jésus-Christ doux et léger.
(hi) 1 Et factum est, cum consummásset Jesus, præcípiens
duódecim discípulis suis, tránsiit inde ut docéret, et prædicáret in
civitátibus eórum.
1. Et il arriva que lorsque Jésus eut fini de donner ces commandements à ses douze disciples, il partit de là pour enseigner et prêcher dans leurs villes.
2 Joánnes autem cum audísset in vínculis ópera
Christi, mittens duos de discípulis suis,
2. Or, Jean, quand il eut appris dans la prison les œuvres de Jésus-Christ, envoyant deux de ses disciples,
3 ait
illi : Tu es, qui ventúrus es, an álium exspectámus ?
3. Lui dit : Est-ce vous qui devez venir, ou est-ce un autre que nous attendons ?
4 Et
respóndens Jesus ait illis : Eúntes renuntiáte Joánni quæ audístis, et
vidístis.
4. Et Jésus, répondant leur dit : Allez, rapportez à Jean ce que vous avez entendu et vu :
5 Cæci
vident, claudi ámbulant, leprósi mundántur, surdi áudiunt, mórtui resúrgunt,
páuperes evangelizántur :
5. Des aveugles voient, des boiteux marchent, des lépreux sont guéris, des sourds entendent, des morts ressuscitent, des pauvres sont évangélisés.
6 et beátus
est, qui non fúerit scandalizátus in me.
6. Et heureux est celui qui ne se scandalisera point de moi.
7 Illis autem
abeúntibus, cœpit Jesus dícere ad turbas de Joánne : Quid exístis in
desértum vidére ? arúndinem vento agitátam ?
7. Comme ils s’en retournaient, Jésus commença à dire de Jean à la multitude : Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent ?
8 Sed quid
exístis vidére ? hóminem móllibus vestítum ? Ecce qui móllibus
vestiúntur, in dómibus regum sunt.
8. Mais encore, qu’êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu mollement ? Mais ceux qui se vêtent mollement sont dans les maisons des rois.
9 Sed quid exístis vidére ? prophétam ? Etiam dico vobis, et plus quam prophétam.
9. Qu’êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et plus qu’un prophète ;
10 Hic est
enim de quo scriptum est : Ecce ego mitto ángelum meum ante fáciem tuam,
qui præparábit viam tuam ante te.
10. Car c’est lui dont il est écrit : Voici que moi j’envoie mon ange devant votre face, lequel préparera votre voie devant vous.
11 Amen dico
vobis, non surréxit inter natos mulíerum major Joánne Baptísta : qui autem
minor est in regno cælórum, major est illo.
11. En vérité, je vous le dis, il ne s’est pas élevé entre les enfants des femmes de plus grand que Jean-Baptiste ; mais celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui.
12 A diébus
autem Joánnis Baptístæ usque nunc, regnum cælórum vim pátitur, et violénti
rápiunt illud.
12. Or, depuis les jours de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux souffre violence, et ce sont des violents qui le ravissent.
13 Omnes enim
prophétæ et lex usque ad Joánnem prophetavérunt :
13. Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean.
14 et si vultis recípere, ipse est Elías, qui
ventúrus est.
14. Et si vous voulez le comprendre, il est lui-même Élie qui doit venir.
15 Qui habet
aures audiéndi, áudiat.
15. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende.
16 Cui autem símilem æstimábo
generatiónem istam ? Símilis est
púeris sedéntibus in foro : qui clamántes coæquálibus
16. Mais à qui comparerai-je cette génération ? Elle est semblable à des enfants assis dans la place qui, criant à leurs compagnons,
17
dicunt : Cecínimus vobis, et non saltástis : lamentávimus, et non
planxístis.
17. Disent : nous avons chanté pour vous, et vous n’avez point dansé ; nous nous sommes lamentés, et vous n’avez poussé ni plaintes ni gémissements.
18 Venit enim
Joánnes neque mandúcans, neque bibens, et dicunt : Dæmónium habet.
18. Jean, en effet, est venu ne mangeant, ni ne buvant, et ils disent : Il est démoniaque.
19 Venit Fílius hóminis mandúcans, et bibens, et dicunt : Ecce homo vorax, et potátor vini, publicanórum et peccatórum amícus. Et justificáta est sapiéntia a fíliis suis.
19. Le Fils de l’homme est venu mangeant et buvant, et ils disent : Voilà un homme de bonne chère et adonné au vin, ami des publicains et des pécheurs. Mais la sagesse a été justifiée par ses enfants.
20 Tunc cœpit
exprobráre civitátibus, in quibus factæ sunt plúrimæ virtútes ejus, quia non
egíssent pœniténtiam :
20. Alors il commença à faire des reproches aux villes dans lesquelles s’était opéré le plus grand nombre de ses miracles, de ce qu’elles n’avaient pas fait pénitence.
21 Væ tibi Corózaïn, væ tibi Bethsáida : quia,
si in Tyro et Sidóne factæ essent virtútes quæ factæ sunt in vobis, olim in
cilício et cínere pœniténtiam egíssent.
21. Malheur à toi, Corozaïn ; malheur à toi, Bethsaïde ! car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et Sidon, elles auraient fait pénitence autrefois sous le cilice et dans la cendre.
22 Verúmtamen dico vobis : Tyro et Sidóni remíssius erit in die judícii, quam vobis.
22. Aussi, je vous le dis : Pour Tyr et pour Sidon, il y aura plus de rémission au jour du jugement que pour vous.
23 Et tu Capharnaüm, numquid usque in cælum
exaltáberis ? usque in inférnum descéndes, quia si in Sódomis factæ
fuíssent virtútes quæ factæ sunt in te, forte mansíssent usque in hanc diem.
23. Et toi, Capharnaüm, est-ce jusqu’au ciel que tu t’élèveras ? Tu descendras jusqu’aux enfers, parce que, si dans Sodome avaient été faits les miracles qui ont été faits au milieu de toi, elle aurait peut-être subsisté jusqu’à ce jour.
24 Verúmtamen
dico vobis, quia terræ Sodomórum remíssius erit in die judícii, quam tibi.
24. Bien plus, je vous dis que pour le pays de Sodome, il y aura au jour du jugement plus de rémission que pour toi.
(hi) 25 In illo
témpore respóndens Jesus dixit : Confíteor tibi, Pater, Dómine cæli et
terræ, quia abscondísti hæc a sapiéntibus, et prudéntibus, et revelásti ea
párvulis.
25. En ce temps-là, Jésus prenant la parole, dit : Mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, je vous rends gloire de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et que vous les avez révélées aux petits.
26 Ita Pater : quóniam sic fuit plácitum ante te.
26. Oui, mon Père, parce qu’il vous a plu ainsi.
27 Omnia mihi trádita sunt a Patre meo. Et nemo novit Fílium, nisi Pater : neque
Patrem quis novit, nisi Fílius, et cui volúerit Fílius reveláre.
27. Toutes choses m’ont été données par mon Père. Et nul ne connait le Fils, si ce n’est le Père ; et nul ne connait le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler.
28 Veníte ad
me omnes qui laborátis, et oneráti estis, et ego refíciam vos.
28. Venez à moi, vous tous qui prenez de la peine et qui êtes chargés, et je vous soulagerai.
29 Tóllite
jugum meum super vos, et díscite a me, quia mitis sum, et húmilis corde :
et inveniétis réquiem animábus vestris.
29. Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vos âmes.
30 Jugum enim
meum suáve est, et onus meum leve.
30. Car mon joug est doux et mon fardeau léger.
~
CHAP.
XI. 2. Luc. VII, 18. — 5. Is. XXXV, 5 ; LXI, 1. — 7. Luc. VII, 24. — 10. Malach. III, 1 ; Marc. I, 2 ; Luc. VII, 27. — 12. Luc. XVI, 16. — 14. Malach. IV, 5. — 21. Luc. X, 13. — 27. Joan. VI, 46 ; VII, 28 ; VIII, 19 ; X, 15. — 29. Jer. VI, 16. — 30. I Joan. V, 3.
1. Par les villes des douze apôtres, on peut entendre celles de la Galilée, où les apôtres étaient tous ou presque tous nés.
2. * Saint Jean-Baptiste était prisonnier à Machéronte, à l’est de la mer Morte. Voir note sur Matth. XIV, 3.
14. La prophétie de Malachie (IV, 5-6), dont l’objet littéral est l’avènement personnel d’Élie, qui doit précéder le dernier avènement, se trouve aussi vérifiée dans un premier sens moins littéral en la personne de Jean-Baptiste, qui fut suscité dans l’esprit et dans la vertu d’Élie (Luc. I, 17) pour précéder le Messie, au temps de son premier avènement. Les Juifs, qui confondaient ce double avènement du Messie, attendaient alors Élie même en personne.
21.* Corozaïn,bourgade de Galilée, qui n’est mentionnée ni dans l’Ancien Testament ni dans Josèphe. S. Jérôme dit qu’elle était située à deux mille romains de Capharnaüm, sur les bords du lac de Génésareth. Beaucoup la placent aujourd’hui au nord de Capharnaüm dans la plaine. — Bethsaïde, ville de Galilée, dont le nom signifie maison de pêche, située sur la rive occidentale du lac de Génésareth, non loin de Capharnaüm. Il y avait à l’extrémité septentrionale du lac, à l’est, près du Jourdain, une autre Bethsaïde, qui faisait partie de la Gaulonitide ; elle fut agrandie par Philippe le tétrarque et reçut le surnom de Júlias, en l’honneur de Julie, fille de l’empereur Auguste. D’après plusieurs interprètes, la Bethsaïde dont il est question dans S. Luc., IX, 10, et aussi dans S. Marc., VIII, 22, est Bethsaïda-Julias ; dans tous les autres passages du Nouveau Testament où Bethsaïde est nommée, il faut entendre celle de Galilée. — Tyr et Sidon. Voir Marc. III, 8.
23. * Capharnaüm, voir Matth. IV, 13.
²
Murmures des pharisiens contre les disciples de Jésus-Christ, qui arrachaient des épis un jour de sabbat. Guérison d’un homme qui avait la main desséchée. Douceur du Messie. Possédé aveugle et muet. Blasphèmes des pharisiens. Péché contre le Saint-Esprit. Miracle de Jonas. Démon rentrant. Mère et frères de Jésus-Christ.
(hi) 1 In illo témpore ábiit Jesus per sata
sábbato : discípuli autem ejus esuriéntes cœpérunt véllere spicas, et
manducáre.
1. En ce temps-là, Jésus passait le long des blés un jour de sabbat, et ses disciples ayant faim se mirent à cueillir des épis et à les manger.
2 Pharisǽi
autem vidéntes, dixérunt ei : Ecce discípuli tui fáciunt quod non licet
fácere sábbatis.
2. Les pharisiens voyant cela lui dirent : Voilà que vos disciples font ce qu’il n’est pas permis de faire aux jours du sabbat.
3 At ille
dixit eis : Non legístis quid fécerit David, quando esúriit, et qui cum eo
erant :
3. Mais il leur dit : N’avez-vous point lu ce que fit David, lorsqu’il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui ?
4 quómodo intrávit in domum Dei, et panes
propositiónis comédit, quos non licébat ei édere, neque his qui cum eo erant,
nisi solis sacerdótibus ?
4. Comme il entra dans la maison de Dieu, et mangea les pains de proposition qu’il ne lui était pas permis de manger, ni à ceux qui étaient avec lui, mais aux prêtres seuls ?
5 aut non
legístis in lege quia sábbatis sacerdótes in templo sábbatum víolant, et sine
crímine sunt ?
5. Ou n’avez-vous pas lu dans la loi, qu’aux jours du sabbat les prêtres, dans le temple, violent le sabbat et sont sans péché ?
6 Dico autem vobis, quia templo
major est hic.
6. Or, je vous dis qu’il y a ici quelqu’un de plus grand que le temple.
7 Si autem
scirétis, quid est : Misericórdiam volo, et non sacrifícium : numquam
condemnassétis innocéntes :
7. Et si vous compreniez ce que signifie : Je veux la miséricorde et non le sacrifice, vous n’auriez jamais condamné les innocents.
8 dóminus
enim est Fílius hóminis étiam sábbati.
8. Car le Fils de l’homme est maitre du sabbat même.
(hi) 9 Et cum inde transísset, venit in synagógam eórum.
9. Étant parti de là, il vint dans leur synagogue.
10 Et ecce
homo manum habens áridam, et interrogábant eum, dicéntes : Si licet
sábbatis curáre ? ut accusárent eum.
10. Or, voilà qu’un homme avait la main desséchée, et ils l’interrogeaient, disant : Est-il permis de guérir les jours de sabbat ? afin de l’accuser.
11 Ipse autem dixit illis : Quis erit ex vobis
homo, qui hábeat ovem unam, et si cecíderit hæc sábbatis in fóveam, nonne
tenébit et levábit eam ?
11. Mais il leur répondit : Quel sera l’homme d’entre vous qui, ayant une brebis, si cette brebis tombe dans une fosse le jour du sabbat, ne la prendra pas pour l’en retirer ?
12 Quanto
magis mélior est homo ove ? ítaque licet sábbatis benefácere.
12. Or combien un homme vaut mieux qu’une brebis ? Il est donc permis de faire le bien les jours de sabbat.
13 Tunc ait hómini : Exténde manum tuam. Et exténdit, et restitúta est sanitáti sicut áltera.
13. Alors il dit à cet homme : Étends ta main. Il l’étendit, et elle devint saine comme l’autre.
14 Exeúntes
autem pharisǽi, consílium faciébant advérsus eum, quómodo pérderent eum.
14. Cependant les Pharisiens étant sortis tinrent conseil contre lui comment ils le perdraient.
(hi) 15 Jesus
autem sciens recéssit inde : et secúti sunt eum multi, et curávit eos
omnes :
15. Mais Jésus, le sachant, partit de là, et beaucoup le suivirent et il les guérit tous.
16 et
præcépit eis ne maniféstum eum fácerent.
16. Et il leur ordonna de ne point le révéler.
17 Ut adimplerétur quod dictum est per Isaíam prophétam, dicéntem :
17. Afin que fut accomplie la parole du prophète Isaïe, disant :
18 Ecce puer meus, quem elégi, diléctus meus,
18. Voici mon serviteur que j’ai choisi,
in quo bene complácuit ánimæ meæ.
l’objet de ma dilection, en qui mon âme a mis toutes ses complaisances.
Ponam spíritum meum super eum,
Je ferai reposer mon esprit sur lui,
et judícium géntibus nuntiábit.
et il annoncera la justice aux nations.
19 Non conténdet, neque clamábit,
19. Il ne disputera point, il ne criera point,
neque áudiet áliquis in platéis vocem ejus :
et personne n’entendra sa voix dans les places publiques.
20 arúndinem quassátam non confrínget,
20. Il n’achèvera pas de rompre un roseau à demi brisé,
et linum fúmigans non
extínguet,
et n’éteindra point une mèche encore fumante,
donec ejíciat ad victóriam judícium :
jusqu’à ce qu’il assure le triomphe de la justice.
21 et in nómine ejus gentes sperábunt.
21. Et les nations espèreront en son nom.
(hi) 22 Tunc
oblátus est ei dæmónium habens, cæcus, et mutus, et curávit eum ita ut
loquerétur, et vidéret.
22. Alors on lui présenta un démoniaque, aveugle et muet, et il le guérit, en sorte qu’il parlait et voyait.
23 Et
stupébant omnes turbæ, et dicébant : Numquid hic est fílius David ?
23. Et tout le peuple, frappé de stupéfaction, disait : N’est-ce point là le Fils de David ?
24 Pharisǽi autem audiéntes, dixérunt : Hic non
éjicit dǽmones nisi in Beélzebub príncipe dæmoniórum.
24. Or, entendant cela, les pharisiens disaient : Celui-ci ne chasse les démons que par Béelzébub, prince des démons.
25 Jesus
autem sciens cogitatiónes eórum, dixit eis : Omne regnum divísum contra se
desolábitur : et omnis cívitas vel domus divísa contra se, non stabit.
25. Mais, Jésus connaissant leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera ruiné, et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne subsistera pas.
26 Et si
Satanás Sátanam éjicit, advérsus se divísus est : quómodo ergo stabit
regnum ejus ?
26. Que si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même ; comment donc son royaume subsistera-t-il ?
27 Et
si ego in Beélzebub ejício dǽmones, fílii vestri in quo ejíciunt ? ídeo
ipsi júdices vestri erunt.
27. Et si moi je chasse les démons par Béelzébub, par qui vos enfants les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges.
28 Si
autem ego in Spíritu Dei ejício dǽmones, ígitur pervénit in vos regnum Dei.
28. Mais si je chasse les démons par l’esprit de Dieu, le royaume de Dieu est donc parvenu jusqu’à vous.
29 Aut quómodo potest quisquam intráre in domum
fortis, et vasa ejus dirípere, nisi prius alligáverit fortem ? et tunc
domum illíus dirípiet.
29. D’ailleurs, comment quelqu’un peut-il entrer dans la maison du fort et enlever ce qu’il possède, si auparavant il ne lie le fort ? C’est alors qu’il pillera sa maison.
(hi) 30 Qui non est mecum, contra me est ; et qui
non cóngregat mihi, spargit.
30. Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui ne rassemble pas avec moi, disperse.
31 Ideo dico vobis : Omne peccátum et
blasphémia remittétur homínibus, Spíritus autem blasphémia non remittétur.
31. C’est pourquoi je vous dis : Tout péché et tout blasphème sera remis aux hommes ; mais le blasphème contre l’Esprit ne sera point remis.
32 Et
quicúmque díxerit verbum contra Fílium hóminis, remittétur ei : qui autem
díxerit contra Spíritum Sanctum, non remittétur ei, neque in hoc sǽculo, neque
in futúro.
32. Et quiconque aura parlé contre le Fils de l’homme, il lui sera remis ; mais si quelqu’un a parlé contre l’Esprit-Saint, il ne lui sera remis, ni en ce siècle, ni dans le siècle à venir.
33 Aut fácite
árborem bonam, et fructum ejus bonum : aut fácite árborem malam, et
fructum ejus malum : síquidem ex fructu arbor agnóscitur.
33. Ou estimez l’arbre bon et le fruit bon ; ou estimez l’arbre mauvais et le fruit mauvais ; car c’est par le fruit qu’on connait l’arbre.
34 Progénies
viperárum, quómodo potéstis bona loqui, cum sitis mali ? ex abundántia
enim cordis os lóquitur.
34. Race de vipères, comment pouvez-vous dire de bonnes choses, puisque vous êtes mauvais ? C’est, en effet, de l’abondance du cœur que la bouche parle.
35 Bonus homo de bono thesáuro profert bona : et malus homo
de malo thesáuro profert mala.
35. L’homme bon tire du bon trésor de bonnes choses, et l’homme mauvais tire du mauvais trésor de mauvaises choses.
36 Dico autem
vobis quóniam omne verbum otiósum, quod locúti fúerint hómines, reddent
ratiónem de eo in die judícii.
36. Or je vous dis que toute parole oiseuse que les hommes auront dite ils en rendront compte au jour du jugement.
37 Ex verbis enim tuis justificáberis et ex verbis
tuis condemnáberis.
37. Car c’est par tes paroles que tu seras justifié et par tes paroles que tu seras condamné.
38 Tunc
respondérunt ei quidam de scribis et pharisǽis, dicéntes : Magíster,
vólumus a te signum vidére.
38. Alors quelques-uns des scribes et des pharisiens prirent la parole après lui, disant : Maitre, nous voulons voir un miracle de vous.
(hi) 39 Qui respóndens ait illis : Generátio mala et
adúltera signum quærit : et signum non dábitur ei, nisi signum Jonæ
prophétæ.
39. Jésus, répondant, leur dit : Une génération méchante et adultère demande un signe, et il ne lui sera donné d’autre signe que celui du prophète Jonas.
40 Sicut enim fuit Jonas in ventre ceti tribus
diébus, et tribus nóctibus, sic erit Fílius hóminis in corde terræ tribus
diébus et tribus nóctibus.
40. Car comme Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson, ainsi le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits.
41 Viri
Ninivítæ surgent in judício cum generatióne ista, et condemnábunt eam :
quia pœniténtiam egérunt in prædicatióne Jonæ, et ecce plus quam Jonas hic.
41. Les Ninivites se lèveront au jugement avec cette génération et la condamneront, parce qu’ils firent pénitence à la prédication de Jonas, et cependant il y a ici plus que Jonas.
(hi) 42 Regína austri surget in judício cum generatióne
ista, et condemnábit eam : quia venit a fínibus terræ audíre sapiéntiam Salomónis,
et ecce plus quam Sálomon hic.
42. La reine du Midi se lèvera au jugement avec cette génération, et la condamnera, parce qu’elle vint des extrémités de la terre écouter la sagesse de Salomon ; et cependant il y a ici plus que Salomon.
(hi) 43
Cum autem
immúndus spíritus exíerit ab hómine,
ámbulat per loca árida, quærens réquiem,
et non ínvenit.
43. Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il s’en va errant en des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point.
44 Tunc dicit : Revértar in domum meam, unde exívi. Et véniens ínvenit eam vacántem, scopis mundátam, et ornátam.
44. Alors il dit : Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti, et y revenant, il la trouve libre, purifiée de ce qui la souillait et ornée.
(hi) 45 Tunc vadit, et assúmit septem álios spíritus secum nequióres se, et intrántes hábitant ibi : et fiunt novíssima hóminis illíus pejóra prióribus. Sic erit et generatióni huic péssimæ.
45. Alors il va et prend sept autres esprits plus mauvais que lui, et entrant, ils y demeurent ; et le dernier état de cet homme est pire que le premier. Ainsi en sera-t-il de cette génération perverse.
46 Adhuc eo loquénte ad turbas, ecce mater ejus et
fratres stabant foris, quæréntes loqui ei.
46. Lorsqu’il parlait encore au peuple, voilà que sa mère et ses frères étaient dehors, cherchant à lui parler.
47 Dixit autem
ei quidam : Ecce mater tua, et fratres tui foris stant quæréntes te.
47. Quelqu’un lui dit : Voilà votre mère et vos frères qui sont dehors et qui vous cherchent.
48 At ipse respóndens dicénti sibi, ait : Quæ
est mater mea, et qui sunt fratres mei ?
48. Mais, répondant à celui qui lui parlait, il dit : Qui est ma mère et qui sont mes frères ?
49 Et
exténdens manum in discípulos suos, dixit : Ecce mater mea, et fratres
mei.
49. Et étendant la main vers ses disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères.
50 Quicúmque
enim fécerit voluntátem Patris mei, qui in cælis est, ipse meus frater, et
soror, et mater est.
50. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère et ma sœur et ma mère.
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CHAP. XII. 1. Marc. II, 23 ; Luc. VI, 1. — 3. I Reg. XXI, 6. — 4. Lev. XXIV, 9. — 5. Num. XXVIII, 9. — 7. Os. VI, 6 ; Supra. IX, 13. — 10. Marc. III, 1 ; Luc. VI, 6. — 11. Deut. XXII, 4. — 18. Is. XLII, 1. — 24. Supra. IX, 34 ; Marc. III, 22 ; Luc. XI, 15. — 25. Luc. XI, 17. — 31. Marc. III, 28-29 ; Luc. XII, 10 ; I Joan. V, 16. — 34. Luc. VI, 45. — 39. Infra. XVI, 4 ; Luc. XI, 29 ; I Cor. I, 22 ; Jon. II, 1. — 41. III, 5. — 42. III Reg. X, 1 ; II Par. IX, 1. — 43. Luc. XI, 24. — 45. II Petr. II, 20. — 46. Marc. III, 31 ; Luc. VIII, 19.
1. * La loi mosaïque permettait à ceux qui avaient faim de cueillir quelques épis dans un champ (Deut. XXIII, 25).
4. Les pains de proposition sont ceux qu’on exposait tous les samedis sur la table d’or devant le Seigneur.
6. * Que le temple, en grec, hiéron. Voir Matth. XXI, 12.
9. * Dans leur synagogue. Voir Matth. IV, 23.
11. On a prétendu qu’il n’est pas permis aux Juifs de retirer, le jour du sabbat, une bête d’un puits ou d’une fosse où elle serait tombée, et que, par conséquent, le discours de Jésus-Christ n’est pas conforme à la vérité. Nous convenons que cette défense existe, mais elle est bien postérieure au temps de Jésus-Christ.
18-21. Ce texte d’Isaïe (XLII, 1-4) s’applique à Jésus-Christ même dans le sens littéral. En effet, Jésus-Christ était Fils coéternel et consubstantiel au Père par sa nature divine, mais il s’est rendu son serviteur, comme le dit saint Paul (Phil. II, 2), en se revêtant de la chair et des infirmités humaines.
24. * Béelzébub. Voir Matth. X, 25.
29. Le fort, ou le fort armé, comme l’appelle saint Luc (XI, 21), était l’atriénsis des anciens, c’est-à-dire un officier fidèle et vaillant à qui l’on confiait la garde d’une maison.
30. Jésus-Christ parle ici à des pharisiens, qui, par le seul refus qu’ils faisaient de croire en lui, formaient une opposition des plus fortes à la prédication de l’Évangile. Car, comme ils étaient les plus accrédités des Juifs, leur exemple empêchait un grand nombre de conversions.
31-32. Il résulte du contexte même que le péché contre le Saint-Esprit, dont il est ici parlé, consiste à attribuer au démon les miracles du Sauveur. Or ce péché est dit irrémissible, parce qu’il est moralement impossible d’en obtenir la rémission, attendu qu’il y a une malice intrinsèque naturellement opposée au pardon. Il faudrait pour cela un miracle de la grâce que Dieu n’accorde pas selon le cours ordinaire de sa providence. D’un autre côté, c’est un dogme de la foi catholique qu’il n’y a aucun péché absolument irrémissible, l’Église ayant reçu le pouvoir de remettre tous les péchés sans exception, et Dieu, dans sa miséricorde, pouvant toucher le cœur du pécheur le plus endurci.
37. Car c’est par tes paroles, etc. Il parait que c’est un proverbe que l’évangéliste rapporte textuellement, puisque les verbes sont au singulier.
39. # Un signe ; un prodige, un miracle.
40. Si l’on a égard à la manière dont les Juifs divisaient le temps, on reconnaitra sans peine que le corps de Jésus-Christ est resté trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 535, 2e édit.
42. La reine du Midi ; c’est-à-dire la reine de Saba, province d’Arabie située au sud de la Judée.
46. On sait que chez les anciens et surtout chez les Hébreux le mot frère se prenait dans le sens de cousin et de proche en général. — Sur les frères du Seigneur, voir la note 34 de M. Glaire à la fin du volume. — # Dans la Sainte Bible le mot frère désigne souvent un membre de la famille. Gen. XIII, 8 : un neveu (Lot, le fils d’Aran, frère d’Abraham) ; Gen. XXIV, 47 : un neveu (Bathuel, le fils de Nachor, frère d’Abraham) Gen. XXIX, 15 : un neveu (Jacob, le fils de Rébecca, sœur de Laban) ; Tob. VII, 4 : un « cousin » (vers. 2) ; Lev. XXV, 48 : « Son oncle, le fils de son oncle, son consanguin et son allié » (vers. 49) ; Deut. II, 4, 8 : les membres du peuple issu d’Ésaü, frère de Jacob, père du peuple hébreu.
48-50. La réponse du Sauveur signifie, selon l’explication des Pères, que quand il s’agit de la gloire et des intérêts de Dieu, on ne doit considérer ni parents ni amis ; pas plus qu’on ne doit considérer la chair et le sang, dès qu’ils s’opposent à ce que Dieu demande de nous. Enfin Jésus-Christ nous apprend par là qu’il préfère aux parents et aux amis selon la chair, ceux qui lui sont attachés selon l’esprit, ceux qui l’écoutent, qui l’aiment et qui le suivent. Ainsi sa réponse n’avait nullement pour but de montrer du mépris pour sa mère et ses parents.
²
Parabole de la semence et son explication. Plusieurs autres paraboles. Jésus méprisé dans sa patrie.
1 In illo die éxiens Jesus de domo, sedébat secus
mare.
1. Ce jour-là, Jésus étant sorti de la maison, s’assit sur le bord de la mer.
2 Et congregátæ sunt ad eum turbæ multæ, ita ut navículam ascéndens sedéret : et omnis turba stabat in lítore,
2. Et il s’assembla près de lui une grande foule, de sorte que, montant sur la barque, il s’assit, et la foule resta sur le rivage ;
(hi) 3 et locútus est eis multa in parábolis,
dicens : Ecce éxiit qui séminat, semináre.
3. Et il leur annonça beaucoup de choses en paraboles, disant : Voilà que celui qui sème est sorti pour semer.
4 Et dum
séminat, quædam cecidérunt secus viam, et venérunt vólucres cæli, et comedérunt
ea.
4. Et, pendant qu’il semait, des grains tombèrent le long du chemin, et les oiseaux du ciel vinrent et les mangèrent.
5 Alia autem
cecidérunt in petrósa, ubi non habébant terram multam : et contínuo exórta
sunt, quia non habébant altitúdinem terræ :
5. D’autres tombèrent sur un terrain pierreux, où il n’y avait pas beaucoup de terre, et ils levèrent très vite, parce que la terre était peu profonde.
6 sole autem
orto æstuavérunt ; et quia non habébant radícem, aruérunt.
6. Mais le soleil s’étant levé, ils furent brulés, et parce qu’ils n’avaient point de racine, ils se desséchèrent.
7 Alia autem
cecidérunt in spinas : et crevérunt spinæ, et suffocavérunt ea.
7. D’autres tombèrent parmi les épines, et les épines crûrent et les étouffèrent.
8 Alia autem
cecidérunt in terram bonam : et dabant fructum, áliud centésimum, áliud
sexagésimum, áliud trigésimum.
8. D’autres tombèrent dans une bonne terre et produisirent des fruits, l’un cent, l’autre soixante, l’autre trente.
9 Qui habet
aures audiéndi, áudiat.
9. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende.
10 Et
accedéntes discípuli dixérunt ei : Quare in parábolis loquéris eis ?
10. Et ses disciples s’approchant, lui dirent : Pourquoi leur parlez-vous en paraboles ?
11 Qui
respóndens, ait illis : Quia vobis datum est nosse mystéria regni
cælórum : illis autem non est datum.
11. Il leur répondit, en disant : Parce que, pour vous, il vous a été donné de connaitre les mystères du royaume des cieux ; mais, pour eux, il ne leur a pas été donné.
12 Qui enim
habet, dábitur ei, et abundábit : qui autem non habet, et quod habet
auferétur ab eo.
12. Car celui qui a, on lui donnera, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera ôté.
13 Ideo in parábolis loquor eis : quia vidéntes
non vident, et audiéntes non áudiunt, neque intélligunt.
13. C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce que voyant, ils ne voient point, et qu’écoutant, ils n’entendent ni ne comprennent.
14 Et
adimplétur in eis prophetía Isaíæ, dicéntis :
14. Aussi, c’est en eux que s’accomplit la prophétie d’Isaïe, disant :
Audítu audiétis, et non
intelligétis :
Vous écouterez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ;
et vidéntes vidébitis, et non
vidébitis.
vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point.
15 Incrassátum est enim cor pópuli hujus,
15. Car le cœur de ce peuple s’est appesanti,
et áuribus gráviter audiérunt,
et ses oreilles se sont endurcies,
et óculos suos clausérunt :
et ils ont fermé leurs yeux,
nequándo vídeant óculis, et
áuribus áudiant,
afin que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent,
et corde intélligant, et
convertántur,
que leur cœur ne comprenne, et que, se convertissant,
et sanem eos.
je ne les guérisse.
16 Vestri
autem beáti óculi quia vident, et aures vestræ quia áudiunt.
16. Mais heureux vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles, parce qu’elles entendent.
17 Amen
quippe dico vobis, quia multi prophétæ et justi cupiérunt vidére quæ vidétis,
et non vidérunt : et audíre quæ audítis, et non audiérunt.
17. Car, en vérité, je vous dis que beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu ; entendre ce que vous entendez, et ne l’ont point entendu.
18 Vos ergo audíte parábolam seminántis.
18. Vous donc, entendez la parabole de celui qui sème.
19 Omnis qui
audit verbum regni, et non intélligit, venit malus, et rapit quod seminátum est
in corde ejus : hic est qui secus viam seminátus est.
19. Quiconque entend la parole du royaume et ne la comprend pas, l’esprit malin vient et il enlève ce qui a été semé dans son cœur : tel est celui qui a reçu la semence le long du chemin.
20 Qui autem
super petrósa seminátus est, hic est qui verbum audit, et contínuo cum gáudio
áccipit illud :
20. Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c’est celui qui écoute la parole et la reçoit d’abord avec joie ;
21 non habet
autem in se radícem, sed est temporális : facta autem tribulatióne et
persecutióne propter verbum, contínuo scandalizátur.
21. Mais comme il n’a pas en lui de racine, il ne se maintient pas longtemps ; car la tribulation et la persécution survenant à cause de la parole, il est aussitôt scandalisé.
22 Qui autem
seminátus est in spinis, hic est qui verbum audit, et sollicitúdo sǽculi
istíus, et fallácia divitiárum suffócat verbum, et sine fructu effícitur.
22. Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui écoute la parole ; mais les sollicitudes de ce siècle et la tromperie des richesses étouffent cette parole, et elle reste sans fruit.
23 Qui vero in terram bonam seminátus est, hic est
qui audit verbum, et intélligit, et fructum affert, et facit áliud quidem
centésimum, áliud autem sexagésimum, áliud vero trigésimum.
23. Mais celui qui a reçu la semence dans une bonne terre, c’est celui qui écoute la parole et la comprend ; qui porte du fruit, et rend ou cent, ou soixante, ou trente.
(hi) 24 Aliam
parábolam propósuit illis, dicens : Símile factum est regnum cælórum
hómini, qui seminávit bonum semen in agro suo :
24. Il leur proposa une autre parabole, disant : Le royaume des cieux est semblable à un homme qui avait semé du bon grain dans son champ.
25 cum autem dormírent hómines, venit inimícus ejus,
et superseminávit zizánia in médio trítici, et ábiit.
25. Mais pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint et sema de l’ivraie au milieu du froment, et s’en alla.
26 Cum autem
crevísset herba, et fructum fecísset, tunc apparuérunt et zizánia.
26. L’herbe ayant donc crû et produit son fruit, alors parut aussi l’ivraie.
27 Accedéntes
autem servi patrisfamílias, dixérunt ei : Dómine, nonne bonum semen
seminásti in agro tuo ? unde ergo habet zizánia ?
27. Cependant les serviteurs du père de famille s’approchant, lui demandèrent : Seigneur, n’avez-vous pas semé du bon grain dans votre champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?
28 Et ait illis : Inimícus homo hoc fecit. Servi autem dixérunt ei : Vis, imus, et collígimus ea ?
28. Et il leur répondit : C’est un homme ennemi qui a fait cela. Les serviteurs lui demandèrent : Voulez-vous que nous allions l’arracher ?
29 Et ait : Non : ne forte colligéntes
zizánia, eradicétis simul cum eis et tríticum.
29. Il répondit : Non, de peur qu’arrachant l’ivraie, vous n’arrachiez aussi le froment avec elle.
30 Sínite
utráque créscere usque ad messem, et in témpore messis dicam messóribus :
Collígite primum zizánia, et alligáte ea in fascículos ad comburéndum :
tríticum autem congregáte in hórreum meum.
30. Laissez l’un et l’autre croitre jusqu’à la moisson, et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d’abord l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la bruler ; mais le froment, rassemblez-le dans mon grenier.
(hi) 31 Aliam parábolam propósuit eis dicens :
Símile est regnum cælórum grano sinápis, quod accípiens homo seminávit in agro
suo :
31. Il leur proposa une autre parabole, disant : Le royaume des cieux est semblable à un grain de sènevé, qu’un homme prit et sema dans son champ.
32 quod mínimum quidem est ómnibus semínibus :
cum autem créverit, majus est ómnibus oléribus, et fit arbor, ita ut vólucres
cæli véniant, et hábitent in ramis ejus.
32. C’est, à la vérité, le plus petit de tous les grains ; mais lorsqu’il a crû, il est plus grand que toutes les plantes, et il devient un arbre ; de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses rameaux.
(hi) 33
Aliam parábolam locútus est eis : Símile est
regnum cælórum ferménto, quod accéptum
múlier abscóndit in farínæ satis tribus,
donec fermentátum est totum.
33. Il leur dit encore cette autre parabole : Le royaume du ciel est semblable au levain qu’une femme prend et mêle dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que le tout ait fermenté.
34 Hæc ómnia
locútus est Jesus in parábolis ad turbas : et sine parábolis non
loquebátur eis :
34. Jésus dit toutes ces choses en paraboles à la multitude ; et il ne lui parlait point sans paraboles ;
35 ut implerétur quod dictum erat per prophétam dicéntem : Apériam in parábolis os meum ; eructábo abscóndita a constitutióne mundi.
35. Afin que s’accomplît la parole du prophète disant : J’ouvrirai ma bouche en paraboles, et je révèlerai des choses cachées depuis la fondation du monde.
36 Tunc,
dimíssis turbis, venit in domum : et accessérunt ad eum discípuli ejus,
dicéntes : Edíssere nobis parábolam zizaniórum agri.
36. Alors, la multitude renvoyée, il vint dans la maison, et ses disciples s’approchèrent de lui, disant : Expliquez-nous la parabole de l’ivraie semée dans le champ.
37 Qui
respóndens ait illis : Qui séminat bonum semen, est Fílius hóminis.
37. Jésus répondant, leur dit : Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme,
38 Ager autem est mundus. Bonum vero semen, hi sunt fílii regnum. Zizánia autem, fílii sunt nequam.
38. Et le champ, c’est le monde. Mais le bon grain, ce sont les enfants du royaume, et l’ivraie les enfants du malin esprit.
39 Inimícus autem, qui seminávit ea, est diábolus. Messis vero, consummátio sǽculi est. Messóres autem, ángeli sunt.
39. L’ennemi qui l’a semée, c’est le démon. La moisson, c’est la consommation du siècle ; et les moissonneurs sont les anges.
40 Sicut ergo colligúntur zizánia, et igni comburúntur : sic erit in consummatióne sǽculi.
40. Comme donc on arrache l’ivraie et qu’on la brule dans le feu, ainsi en sera-t-il à la consommation du siècle.
41 Mittet
Fílius hóminis ángelos suos, et cólligent de regno ejus ómnia scándala, et eos
qui fáciunt iniquitátem :
41. Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité ;
42 et mittent eos in camínum ignis. Ibi erit fletus et stridor déntium.
42. Et ils les jetteront dans la fournaise du feu. Là sera le pleur et le grincement de dents.
43 Tunc justi
fulgébunt sicut sol in regno Patris eórum. Qui habet aures audiéndi, áudiat.
43. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende.
(hi) 44 Símile est regnum cælórum thesáuro abscóndito in
agro : quem qui invénit homo, abscóndit, et præ gáudio illíus vadit, et
vendit univérsa quæ habet, et emit agrum illum.
44. Le royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ ; celui qui l’a trouvé, le cache, et à cause de la joie qu’il en a, il va et vend tout ce qu’il a, et il achète ce champ.
(hi) 45 Iterum
símile est regnum cælórum hómini negotiatóri, quærénti bonas margarítas.
45. Le royaume des cieux est encore semblable à un marchand qui cherchait de bonnes perles ;
46 Invénta
autem una pretiósa margaríta, ábiit, et véndidit ómnia quæ hábuit, et emit eam.
46. Or, une perle précieuse trouvée, il s’en alla, vendit tout ce qu’il avait, et l’acheta.
(hi) 47 Iterum
símile est regnum cælórum sagénæ missæ in mare, et ex omni génere píscium
congregánti.
47. Le royaume de Dieu est encore semblable à un filet jeté dans la mer, qui prend toutes sortes de poissons ;
48 Quam, cum
impléta esset, educéntes, et secus litus sedéntes, elegérunt bonis in vasa,
malos autem foras misérunt.
48. Et, lorsqu’il est plein, les pêcheurs le retirant, puis, s’asseyant sur le rivage, ils choisissent les bons, les mettent dans des vases, et jettent les mauvais dehors.
49 Sic erit
in consummatióne sǽculi : exíbunt ángeli, et separábunt malos de médio
justórum,
49. Ainsi en sera-t-il à la consommation du siècle ; les anges viendront et sépareront les méchants du milieu des justes,
50 et mittent eos in camínum ignis : ibi erit fletus, et stridor déntium.
50. Et les jetteront dans la fournaise du feu. Là sera le pleur et le grincement de dents.
51
Intellexístis hæc ómnia ? Dicunt ei : Etiam.
51. Avez-vous bien compris tout ceci ? Ils lui dirent : Oui.
52 Ait
illis : Ideo omnis scriba doctus in regno cælórum, símilis est hómini
patrifamílias, qui profert de thesáuro suo nova et vétera.
52. Et il ajouta : C’est pourquoi tout scribe, instruit de ce qui touche le royaume des cieux, est semblable au père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes.
(hi) 53 Et factum
est, cum consummásset Jesus parábolas istas, tránsiit inde.
53. Et il arriva que, lorsque Jésus eut achevé ces paraboles, il partit de là.
54 Et véniens in pátriam suam, docébat eos in
synagógis eórum, ita ut miraréntur, et dícerent : Unde huic sapiéntia hæc,
et virtútes ?
54. Or étant venu dans son pays, il les instruisait dans leurs synagogues ; de sorte que saisis d’étonnement, ils disaient : D’où viennent à celui-ci cette sagesse et ces miracles ?
55 Nonne hic est fabri fílius ? nonne mater
ejus dícitur María, et fratres ejus, Jacóbus, et Joseph, et Simon, et Judas ?
55. N’est-ce pas le fils de l’artisan ? Sa mère ne s’appelle-t-elle point Marie ? et ses frères, Jacques, Joseph, Simon et Jude ?
56 et soróres
ejus, nonne omnes apud nos sunt ? unde ergo huic ómnia ista ?
56. Et ses sœurs, ne sont-elles pas toutes parmi nous ? D’où lui viennent donc toutes ces choses ?
57 Et
scandalizabántur in eo. Jesus autem dixit eis : Non est prophéta sine
honóre, nisi in pátria sua, et in domo sua.
57. Et ils se scandalisaient de lui. Mais Jésus leur dit : Un prophète n’est pas sans honneur si ce n’est dans sa patrie et dans sa maison.
58 Et non fecit ibi virtútes multas propter
incredulitátem illórum.
58. Et il ne fit pas là beaucoup de miracles, à cause de leur incrédulité.
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CHAP. XIII. 2. Marc. IV, 1 ; Luc. VIII, 4. — 12. Infra. XXV, 29 ; Marc. IV, 25 ; Luc. VIII, 18. — 14. Is. VI, 9 ; Marc. IV, 12 ; Luc. VIII, 10 ; Joan. XII, 40 ; Act. XXVIII, 26 ; Rom. XI, 8. — 17. Luc. X, 24. — 24. Marc. IV, 26. — 31. Marc. IV, 31 ; Luc. XIII, 19. — 33. Luc. XIII, 21. — 35. Ps. LXXVII, 2. — 36. Marc. IV, 34. — 39. Apoc. XIV, 15. — 43. Sap. III, 7 ; Dan. XII, 3. — 54. Marc. VI, 1 ; Luc. IV, 16. — 55. Joan. VI, 42.
1. * Jésus étant sorti de la maison, probablement à Capharnaüm, où il demeurait depuis le commencement de son ministère (Matth. IV, 13). — S’assit sur le bord de la mer de Galilée ou lac de Tibériade.
3.* En paraboles. Sur les paraboles de l’Évangile, voir la note 35 à la fin du volume.
13. Il ne s’agit ici que des mystères du royaume de Dieu, et non des préceptes évangéliques que tous doivent entendre et pratiquer. Or Jésus-Christ ne proposait qu’en paraboles les mystères aux Juifs, afin de les punir de l’aveuglement de leur esprit et de l’endurcissement de leur cœur. Voy. Marc. IV, 12.
23. Ou cent, etc. ; littér. autre cent, etc.
25. * L’ivraie est une plante annuelle, de la famille des graminées et de la tribu des hordéacées. Il en existe plusieurs espèces. Celle de la parabole est le Lólium temuléntum ou ivraie enivrante. Elle est commune dans les moissons d’Europe comme en Palestine. « L’ivraie enivrante est la seule graminée qui possède des propriétés malfaisantes. Son nom lui vient de l’espèces d’ivresse qu’elle occasionne. Ses semences mêlées au blé, ont souvent produit des symptômes d’empoisonnement, des nausées, des vertiges. » (Chenu.) Par la cuisson, l’action de la chaleur lui enlève ses propriétés malfaisantes. — Son ennemi sema de l’ivraie. « Notre-Seigneur n’a rien imaginé ici, mais il parle d’un acte de malice qui a dû être connu de ses auditeurs. La loi romaine le suppose, et un écrivain moderne (Roberts), en parlant des coutumes et des mœurs de l’Orient, affirme qu’il est également pratiqué dans l’Inde. « Voyez, dit-il, ce coquin attentif au moment où son voisin labourera son champ ; dès que le champ est ensemencé, il s’y rend à son tour, de nuit, et y répand ce que les natifs appellent pandinellu, c’est-à-dire de l’ivraie ; elle croît avant la bonne semence et se propage rapidement, tellement que le malheureux propriétaire du champ doit attendre des années avant de pouvoir se débarrasser de cette plante nuisible. » (Trench, L’ivraie.)
29-30. * L’ivraie, avant de s’être développée, ressemble si fort au froment, qu’il est très difficile de distinguer les deux plantes l’une de l’autre. Mais « quand le blé commence à former l’épi, l’ivraie fait de même, et alors un enfant ne peut plus la confondre avec le froment ou avec l’orge. Auparavant le triage serait impossible. Les cultivateurs eux-mêmes qui, en Palestine, ont l’habitude d’arracher les mauvaises herbes dans leurs champs, n’essaient point d’enlever l’ivraie. » (Thomson.)
31. * Un grain de sènevé ou de moutarde. La sinápis nigra ou moutarde noire de Palestine est une plante annuelle, aux rameaux nombreux et à larges feuilles. Tous les voyageurs rapportent qu’en Terre Sainte, elle atteint, même à l’état sauvage, de grandes proportions et s’élève souvent à plus de trois mètres de hauteur, de sorte que les oiseaux du ciel peuvent se reposer littéralement sur ses rameaux.
32. * Il devient un arbre. Les premiers chrétiens ont souvent représenté Jésus-Christ dans le tombeau avec un arbre qui sort de sa bouche et sur les branches duquel sont les Apôtres.
33. * Trois mesures de farine, trois sata, c’est-à-dire environ 39 litres.
39. La consommation du siècle ; c’est-à-dire la fin du monde.
44. * « Saint Augustin nous dit que le champ dans lequel on peut trouver le céleste trésor n’est autre que la vraie Église, parce que dans l’Église seule nous pouvons trouver dans toute leur pureté et les dogmes révélés de Dieu, et les lois qu’il nous a imposées, et le culte qu’il exige. » (Ventura di Raulica.)
54. * Étant venu dans son pays, Nazareth.
55. # Artisan. « Par l’appellation également méprisante de “faber”, ils désignaient S. Joseph, qu’ils croyaient être le vrai père de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ce mot, de même que le grec τέκτων, est assez vague et peut signifier tout ensemble “faber ferrárius” [artisan en fer, forgeron] et “faber lignárius” [artisan en bois, charpentier]. Bien que plusieurs Pères, en particulier S. Ambroise et S. Hilaire, aient adopté le premier sens, il est plus conforme à la tradition de faire du Père adoptif du Sauveur un ouvrier qui travaillait le bois. On croit généralement qu’il était charpentier » (Fillion) Voy. aussi Matth. I, 16.
55-56. Ses frères, ses sœurs, c’est-à-dire ses cousins, ses cousines, ses parents en général. Voyez la note supplémentaire sur Matth. XII, 46. — * Jacques est saint Jacques le Mineur, un des douze apôtres. Jude est l’apôtre saint Jude, l’auteur de l’épitre catholique qui porte son nom. Simon fut le successeur de saint Jacques le Mineur, son frère, sur le siège de Jérusalem. On ne connait de Joseph (ou Josès, comme l’appelle le texte grec) que son nom. Ces quatre cousins de Notre-Seigneur étaient fils de Cléophas et d’une Marie qui était sœur ainée de la sainte Vierge, suivant les uns ; sa belle-sœur suivant les autres, Cléophas étant le frère de saint Joseph, époux de la sainte Vierge.
58. À cause de leur incrédulité ; pour les punir de leur incrédulité.
²
Mort de saint Jean-Baptiste. Multiplication des cinq pains et des deux poissons. Jésus et Pierre marchent sur les eaux. Vertus des vêtements de Jésus-Christ.
(hi) 1 In illo témpore audívit Heródes tetrárcha famam Jesu :
1. En ce temps-là Hérode, le tétrarque, apprit la renommée de Jésus ;
2 et ait
púeris suis : Hic est Joánnes Baptísta : ipse surréxit a mórtuis, et
ídeo virtútes operántur in eo.
2. Et il dit à ses serviteurs : C’est Jean-Baptiste, c’est lui-même qui est ressuscité des morts, et voilà pourquoi des miracles s’opèrent par lui :
(hi) 3 Heródes enim ténuit Joánnem, et alligávit
eum : et pósuit in cárcerem propter Herodíadem uxórem fratris sui.
3. Car Hérode s’était saisi de Jean, l’avait chargé de fers et jeté en prison, à cause d’Hérodiade, femme de Philippe son frère.
4 Dicébat enim illi Joánnes : Non licet tibi
habére eam.
4. Car Jean lui disait : Il ne t’est pas permis de l’avoir.
5 Et volens
illum occídere, tímuit pópulum : quia sicut prophétam eum habébant.
5. Et voulant le faire mourir, il craignit le peuple qui le tenait pour prophète.
6 Die autem natális Heródis saltávit fília
Herodíadis in médio, et plácuit Heródi :
6. Or, au jour de la naissance d’Hérode, la fille d’Hérodiade dansa au milieu de sa cour, et plut à Hérode.
7 unde cum
juraménto pollícitus est ei dare quodcúmque postulásset ab eo.
7. D’où il lui promit, avec serment, de lui donner tout ce qu’elle lui demanderait.
8 At illa præmónita a matre sua : Da mihi, inquit, hic in disco caput Joánnis Baptístæ.
8. Mais elle, instruite à l’avance par sa mère : Donnez-moi, dit-elle, ici dans un bassin, la tête de Jean-Baptiste.
9 Et
contristátus est rex : propter juraméntum autem, et eos qui páriter
recumbébant, jussit dari.
9. Et le roi fut contristé ; cependant à cause du serment et de ceux qui étaient à table avec lui, il commanda qu’on la lui donnât.
10 Misítque et decollávit Joánnem in cárcere.
10. Et il envoya décapiter Jean dans la prison.
11 Et allátum
est caput ejus in disco, et datum est puéllæ, et áttulit matri suæ.
11. Et sa tête fut apportée dans un bassin, et donnée à la jeune fille, qui la porta à sa mère.
12 Et
accedéntes discípuli ejus, tulérunt corpus ejus, et sepeliérunt illud : et
veniéntes nuntiavérunt Jesu.
12. Or ses disciples étant venus prirent son corps et l’ensevelirent ; puis ils vinrent l’annoncer à Jésus.
(hi) 13 Quod cum audísset Jesus, secéssit inde in
navícula, in locum desértum seórsum : et cum audíssent turbæ, secútæ sunt
eum pedéstres de civitátibus.
13. Ce que Jésus ayant entendu, il partit de là dans une barque, pour se retirer à l’écart en un lieu désert ; mais le peuple l’ayant su, le suivit à pied, des villes.
14 Et éxiens
vidit turbam multam, et misértus est eis, et curávit lánguidos eórum.
14. Et, comme il sortait de la barque, il vit une grande foule ; il eut pitié d’eux, et il guérit leurs malades.
15 Véspere
autem facto, accessérunt ad eum discípuli ejus, dicéntes : Desértus est
locus, et hora jam prætériit : dimítte turbas, ut eúntes in castélla,
emant sibi escas.
15. Or le soir étant venu, ses disciples s’approchèrent de lui, disant : Ce lieu est désert, et déjà l’heure est avancée ; renvoyez le peuple, pour qu’ils aillent dans les villages acheter de quoi manger.
16 Jesus
autem dixit eis : Non habent necésse ire : date illis vos manducáre.
16. Mais Jésus leur dit : Il n’est pas nécessaire qu’ils y aillent ; donnez-leur vous-mêmes à manger.
17
Respondérunt ei : Non habémus hic nisi quinque panes et duos pisces.
17. Ils lui répondirent : Nous n’avons ici que cinq pains et deux poissons.
18 Qui ait
eis : Afférte mihi illos huc.
18. Jésus leur dit : Apportez-les moi ici.
19 Et cum jussísset turbam discúmbere super fœnum,
accéptis quinque pánibus et duóbus píscibus, aspíciens in cælum benedíxit, et
fregit, et dedit discípulis panes, discípuli autem turbis.
19. Et après avoir ordonné à la multitude de s’assoir sur l’herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux au ciel, il les bénit ; puis rompant les pains, il les donna à ses disciples, et ses disciples au peuple.
20 Et manducavérunt omnes, et saturáti sunt. Et tulérunt relíquias, duódecim cóphinos fragmentórum plenos.
20. Ils en mangèrent tous et furent rassasiés ; et les disciples emportèrent les restes, douze paniers pleins de morceaux.
21
Manducántium autem fuit númerus quinque míllia virórum, excéptis muliéribus et
párvulis.
21. Or, le nombre de ceux qui mangèrent fut de cinq mille hommes, outre les femmes et les petits enfants.
(hi) 22 Et statim
cómpulit Jesus discípulos ascéndere in navículam, et præcédere eum trans
fretum, donec dimítteret turbas.
22. Aussitôt Jésus ordonna à ses disciples de monter dans la barque et de le précéder de l’autre côté de la mer, tandis qu’il renverrait le peuple.
23 Et dimíssa turba, ascéndit in montem solus oráre. Véspere autem facto solus erat ibi :
23. Et, le peuple renvoyé, il monta seul sur la montagne pour prier. Or, le soir étant venu, il se trouvait là seul.
24 navícula
autem in médio mari jactabátur flúctibus : erat enim contrárius ventus.
24. Cependant, la barque était agitée par les flots au milieu de la mer ; car le vent était contraire.
25 Quarta enim vigília noctis, venit ad eos ámbulans
super mare.
25. Mais à la quatrième veille de la nuit, il vint à eux marchant sur la mer.
26 Et vidéntes eum super mare ambulántem, turbáti sunt, dicéntes : Quia phantásma est. Et præ timóre clamavérunt.
26. Or, le voyant marcher sur la mer, ils se troublèrent et dirent : C’est un fantôme ; et ils poussèrent des cris de frayeur.
27 Statímque
Jesus locútus est eis, dicens : Habéte fidúciam : ego sum, nolíte
timére.
27. Mais Jésus aussitôt leur parla, disant : Ayez confiance, c’est moi, ne craignez point.
28 Respóndens
autem Petrus, dixit : Dómine, si tu es, jube me ad te veníre super aquas.
28. Pierre, répondant, dit : Seigneur, si c’est vous, ordonnez-moi de venir à vous sur les eaux.
29 At ipse
ait : Veni. Et descéndens Petrus de navícula, ambulábat super aquam ut
veníret ad Jesum.
29. Et Jésus dit : Viens. Et Pierre descendant de la barque, marchait sur les eaux pour venir à Jésus.
30 Videns
vero ventum válidum, tímuit : et cum cœpísset mergi, clamávit
dicens : Dómine, salvum me fac.
30. Mais, voyant la violence du vent, il eut peur ; et comme il commençait à enfoncer, il cria, disant : Seigneur, sauvez-moi !
31 Et
contínuo Jesus exténdens manum, apprehéndit eum : et ait illi :
Módicæ fídei, quare dubitásti ?
31. Et à l’instant même Jésus étendant la main, le saisit, et lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?
32 Et cum
ascendíssent in navículam, cessávit ventus.
32. Or, lorsqu’ils furent montés dans la barque, le vent cessa.
33 Qui autem
in navícula erant, venérunt, et adoravérunt eum, dicéntes : Vere Fílius
Dei es.
33. Alors ceux qui étaient dans la barque, vinrent et l’adorèrent, disant : Vraiment, vous êtes le fils de Dieu.
34 Et cum transfretássent, venérunt
in terram Génesar.
34. Lorsqu’ils eurent traversé la mer, ils vinrent dans la terre de Génésar.
35 Et cum
cognovíssent eum viri loci illíus, misérunt in univérsam regiónem illam, et
obtulérunt ei omnes male habéntes :
35. Et quand les hommes de ce lieu l’eurent reconnu, ils envoyèrent dans toute cette contrée, et lui présentèrent tous les malades ;
36 et rogábant eum ut vel fímbriam vestiménti ejus tángerent. Et quicúmque tetigérunt, salvi facti sunt.
36. Et ils lui demandaient de toucher seulement la frange de ses vêtements ; et tous ceux qui la touchèrent furent guéris.
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CHAP. XIV. 1. Marc. VI, 14 ; Luc. IX, 7. — 3. Marc. VI, 17 ; Luc. III, 19. — 5. Infra. XXI, 26. — 13. Marc. VI, 31 ; Luc. IX, 10 ; Joan. VI, 1. — 17. Joan. VI, 9. — 22. Marc. VI, 45. — 23. Joan. VI, 15. — 34. Marc. VI, 53.
1. On donnait le titre de tétrarques à des princes qui gouvernaient la quatrième partie d’un royaume démembré. — * Hérode le tétrarque s’appelait aussi Antipas et il était fils, comme Archélaüs (voir Matth. II, 22), d’Hérode le Grand et de Malthace la Samaritaine. Après la mort de son père, il devint tétrarque de la Galilée et de la Pérée. Il épousa d’abord une fille du roi arabe Arétas mais se lia ensuite avec Hérodiade, sa nièce, femme de son demi-frère, Hérode Philippe (Matth. XIV, 3). Cette liaison coupable fit de lui le meurtrier de saint Jean-Baptiste et amena plus tard sa ruine, comme il est dit, note sur Matth. XIV, 3. C’est à cet Hérode que Pilate envoya Notre Seigneur (Luc. XXIII, 7-12). C’était un esprit faible, superstitieux, rusé et sans principes (Luc. XIII, 31-32). Exilé à Lyon, en l’an 39, il fut transféré ensuite en Espagne, où il mourut.
3. * Hérodiade était fille d’Aristobule, un des fils d’Hérode le Grand et de Mariamne ; elle était sœur d’Hérode Agrippa Ier. Elle épousa d’abord Hérode Philippe Ier, mais elle le quitta pour Hérode Antipas, fils d’Hérode le Grand, comme Philippe Ier, mais par une autre femme. Hérode Antipas était déjà marié depuis longtemps avec une fille d’Arétas, roi d’Arabie. Ce dernier, pour venger l’affront fait à sa fille, attaqua l’armée d’Hérode et la tailla en pièces. Le peuple, raconte Josèphe, considéra cette défaite comme une juste punition du meurtre de Jean-Baptiste, commis peu auparavant pour plaire à Hérodiade et à sa fille Salomé. Ce ne fut pas du reste le seul châtiment que Hérodiade attira sur Antipas. Cette femme ambitieuse le pressa d’aller à Rome pour y obtenir le titre de roi. Les émissaires d’Agrippa combattirent ses prétentions à la cour de Caligula et il fut exilé à Lyon, l’an 39 de notre ère. Sa coupable épouse l’y accompagna et c’est là qu’elle mourut. — Philippe, le mari légitime d’Hérodiade, fils d’Hérode le Grand et de Mariamne, avait été déshérité par son père et vécut comme simple particulier. C’est sans doute ce qui porta l’ambitieuse Hérodiade à l’abandonner pour Hérode Antipas. Il ne faut pas confondre ce Philippe avec son demi-frère Philippe le tétrarque d’Iturée et de Trachonitide dont parle saint Luc. III, 1.
4. * La loi de Moïse prohibait le mariage entre beau-frère et belle-sœur, même divorcés (Lev. XVIII, 16).
6. * La fille d’Hérodiade qui se fit donner par Hérode Antipas la tête de saint Jean-Baptiste, en récompense de ses danses, s’appelait Salomé. Elle était fille d’Hérode Philippe Ier, l’époux légitime d’Hérodiade. Elle épousa en premières noces Philippe, tétrarque de Trachonitide, et plus tard Aristobule, roi de Chalcis.
10. * Dans la prison. Josèphe nous apprend que saint Jean-Baptiste était emprisonné à Machéronte (Machǽrus, aujourd’hui M’Kaur), à l’est de la mer Morte. C’était une forteresse construite par Alexandre fils d’Hyrcan Ier. Hérode le Grand en avait fait la place la plus forte de la Pérée. La citadelle, située sur une colline de rochers très élevés, au milieu de vallées profondes, était entourée d’une enceinte haute de 160 coudées, qui enfermaient le palais royal. Elle est à 1158 mètres au-dessus de la mer Morte, à 764 mètres au-dessus de la Méditerranée.
13. Des villes ; c’est-à-dire des villes voisines. — * Le lieu désert où Jésus se retira se trouvait dans les environs de Bethsaïda-Julias, au nord-est du lac de Tibériade (Matth. XI, 21), dans la tétrarchie de Philippe, prince d’un caractère doux, pacifique. Voir note sur Luc. III, 1. La région qui s’étend au nord-est du lac est peu peuplée, parce qu’elle est moins arrosée et par suite moins fertile.
19. Il les bénit. Compar., Luc. IX, 16.
23. Sur la montagne ; c’est-à-dire la montagne voisine. Compar., V, 1.
25. Du temps de Jésus-Christ, les Juifs partageaient la nuit en quatre veilles égales entre elles, à la manière des Grecs et des Romains. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 536, 2e édit. — * La première veille commençait au coucher du soleil ; la seconde, appelée minuit, commençait vers neuf heures et se prolongeait jusqu’au milieu de la nuit ; la troisième, appelée le chant du coq, se terminait vers trois heures du matin ; la quatrième finissait à la pointe du jour.
34. * Génésar ou Génésareth. La terre de Génésar était sur le bord du lac de Génésareth ou de Tibériade, à l’ouest, probablement à l’endroit appelé aujourd’hui el-Ghoueir, entre Khan Minyèh et Medjdel. Josèphe dit que cette terre était très fertile et d’une grande beauté.
36. La frange de ses vêtements. Compar., IX, 20.
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Scandale des pharisiens en voyant les disciples de Jésus manger sans avoir lavé leurs mains. Guérison de plusieurs malades. Multiplication des sept pains.
(hi) 1 Tunc
accessérunt ad eum ab Jerosólymis scribæ et pharisǽi, dicéntes :
1. Alors s’approchèrent de lui les scribes et les pharisiens de Jérusalem, disant :
2 Quare discípuli tui transgrediúntur traditiónem
seniórum ? non enim lavant manus suas cum panem mandúcant.
2. Pourquoi vos disciples transgressent-ils la tradition des anciens ? car ils ne lavent pas leurs mains, lorsqu’ils mangent du pain.
3 Ipse autem respóndens ait illis : Quare et vos transgredímini mandátum Dei propter traditiónem vestram ? Nam Deus dixit :
3. Mais Jésus leur répondit, disant : Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu, pour votre tradition ? Car Dieu a dit :
4 Honóra patrem, et matrem : et, Qui
maledíxerit patri, vel matri, morte moriátur.
4. Honore ton père et ta mère ; et quiconque maudira son père ou sa mère, mourra de mort.
5 Vos autem
dícitis : Quicúmque díxerit patri, vel matri : Munus, quodcúmque est
ex me, tibi próderit :
5. Mais vous, vous dites : Quiconque dit à son père ou à sa mère : Tout don que j’offre, tournera à votre profit, satisfait à la loi ;
6 et non
honorificábit patrem suum, aut matrem suam : et írritum fecístis mandátum
Dei propter traditiónem vestram.
6. Et cependant il n’honore point son père ou sa mère ; ainsi vous avez détruit le commandement de Dieu pour votre tradition.
7 Hypócritæ,
bene prophetávit de vobis Isaías, dicens :
7. Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous, disant :
8 Pópulus hic lábiis me
honórat :
8. Ce peuple m’honore des lèvres ;
cor autem eórum longe est a me.
mais son cœur est loin de moi.
9 Sine causa autem colunt me,
9. Et il est vain le culte qu’ils me rendent,
docéntes doctrínas et mandáta
hóminum.
enseignant des doctrines et des ordonnances humaines.
10 Et
convocátis ad se turbis, dixit eis : Audíte, et intellígite.
10. Puis, ayant appelé à lui le peuple, il leur dit : Écoutez et comprenez.
11 Non quod intrat in os, coínquinat hóminem :
sed quod procédit ex ore, hoc coínquinat hóminem.
11. Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l’homme.
12 Tunc
accedéntes discípuli ejus, dixérunt ei : Scis quia pharisǽi audíto verbo
hoc, scandalizáti sunt ?
12. Alors, ses disciples s’approchant, lui dirent : Savez-vous que les pharisiens, cette parole entendue, se sont scandalisés ?
13 At ille
respóndens ait : Omnis plantátio, quam non plantávit Pater meus cæléstis,
eradicábitur.
13. Mais Jésus, répondant, dit : Toute plante que mon Père céleste n’a point plantée, sera arrachée.
14 Sínite
illos : cæci sunt, et duces cæcórum ; cæcus autem si cæco ducátum
præstet, ambo in fóveam cadunt.
14. Laissez-les ; ils sont aveugles et conducteurs d’aveugles ; or, si un aveugle conduit un aveugle ils tombent tous deux dans une fosse.
15 Respóndens autem Petrus dixit ei : Edíssere nobis parábolam istam.
15. Prenant alors la parole, Pierre lui dit : Expliquez-nous cette parabole.
16 At ille
dixit : Adhuc et vos sine intelléctu estis ?
16. Mais Jésus répondit : Et vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence ?
17 Non
intellígitis quia omne quod in os intrat, in ventrem vadit, et in secéssum
emíttitur ?
17. Ne comprenez-vous point que tout ce qui entre dans la bouche va au ventre, et est rejeté en un lieu secret ?
18 Quæ autem
procédunt de ore, de corde éxeunt, et ea coínquinant hóminem :
18. Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et voilà ce qui souille l’homme.
19 de corde enim éxeunt cogitatiónes malæ, homicídia, adultéria,
fornicatiónes, furta, falsa testimónia, blasphémiæ :
19. Car du cœur viennent les mauvaises pensées, les homicides, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les blasphèmes.
20 hæc sunt,
quæ coínquinant hóminem. Non lotis autem mánibus manducáre, non coínquinat
hóminem.
20. C’est là ce qui souille l’homme ; mais manger sans avoir lavé ses mains, ne souille point l’homme.
(hi) 21 Et egréssus inde Jesus secéssit in partes Tyri et
Sidónis.
21. Jésus étant parti de là, se retira du côté de Tyr et de Sidon.
22 Et ecce
múlier chananǽa a fínibus illis egréssa clamávit, dicens ei : Miserére
mei, Dómine fili David : fília mea male a dæmónio vexátur.
22. Et voici qu’une femme chananéenne, sortie de ces contrées, s’écria, lui disant : Seigneur, fils de David, ayez pitié de moi ; ma fille est cruellement tourmentée par le démon.
23 Qui non respóndit ei verbum. Et accedéntes
discípuli ejus rogábant eum dicéntes : Dimítte eam : quia clamat post
nos.
23. Jésus ne lui répondit pas un mot. Et ses disciples s’approchant de lui le priaient, disant : Renvoyez-la, car elle crie derrière nous.
24 Ipse autem respóndens ait : Non sum missus
nisi ad oves, quæ periérunt domus Israël.
24. Mais Jésus répondant, dit : Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël.
25 At illa
venit, et adorávit eum, dicens : Dómine, ádjuva me.
25. Elle, cependant, vint et l’adora, disant : Seigneur, secourez-moi !
26 Qui respóndens ait : Non est bonum súmere
panem filiórum, et míttere cánibus.
26. Jésus répliquant, dit : Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens.
27 At illa
dixit : Etiam Dómine : nam et catélli edunt de micis quæ cadunt de
mensa dominórum suórum.
27. Mais elle répartit : Il est vrai, Seigneur ; mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maitres.
28 Tunc respóndens Jesus, ait illi : O múlier, magna est fides tua : fiat tibi sicut vis. Et sanáta est fília ejus ex illa hora.
28. Alors, reprenant la parole, Jésus lui dit : Ô femme, grande est votre foi ; qu’il vous soit fait comme vous désirez. Et sa fille fut guérie dès cette heure-là.
29 Et cum transísset inde Jesus, venit secus mare
Galilǽæ : et ascéndens in montem, sedébat ibi.
29. Et lorsqu’il fut parti de là, Jésus vint le long de la mer de Galilée ; et montant sur la montagne, il s’y assit.
30 Et
accessérunt ad eum turbæ multæ, habéntes secum mutos, cæcos, claudos, débiles,
et álios multos : et projecérunt eos ad pedes ejus, et curávit eos,
30. Alors s’approcha de lui une grande foule, ayant avec elle des muets, des aveugles, des boiteux, des infirmes et beaucoup d’autres ; et on les mit à ses pieds, et il les guérit :
(hi) 31 ita ut
turbæ miraréntur, vidéntes mutos loquéntes, claudos ambulántes, cæcos
vidéntes : et magnificábant Deum Israël.
31. De sorte que la foule était dans l’admiration, voyant des muets parlant, des boiteux marchant, des aveugles voyant ; et elle glorifiait le Dieu d’Israël.
32 Jesus
autem, convocátis discípulis suis, dixit : Miséreor turbæ, quia tríduo jam
perséverant mecum, et non habent quod mandúcent : et dimíttere eos jejúnos
nolo, ne defíciant in via.
32. Cependant, Jésus ayant appelé ses disciples, dit : J’ai pitié de ce peuple, car il y a déjà trois jours qu’ils sont constamment avec moi, et ils n’ont pas de quoi manger ; et je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur qu’ils ne défaillent en chemin.
33 Et dicunt ei discípuli : Unde ergo nobis in desérto panes tantos, ut saturémus turbam tantam ?
33. Les disciples lui répondirent : Où donc nous procurer, dans un désert, assez de pains pour rassasier une si grande multitude ?
34 Et ait illis Jesus : Quot habétis panes ? At illi dixérunt : Septem, et paucos piscículos.
34. Et Jésus leur demanda : Combien avez-vous de pains ? Et eux lui dirent : Sept, et quelques petits poissons.
35 Et
præcépit turbæ ut discúmberent super terram.
35. Alors il commanda au peuple de s’assoir sur la terre.
36 Et
accípiens septem panes, et pisces, et grátias agens, fregit, et dedit
discípulis suis, et discípuli dedérunt pópulo.
36. Et prenant les sept pains et les poissons, et rendant grâces, il les rompit et les donna à ses disciples, et ses disciples les donnèrent au peuple.
37 Et comedérunt omnes, et saturáti sunt. Et quod supérfuit de fragméntis, tulérunt septem sportas plenas.
37. Et tous mangèrent et furent rassasiés. Et de ce qui resta de morceaux, ses disciples emportèrent sept corbeilles pleines.
38 Erant
autem qui manducavérunt quátuor míllia hóminum, extra párvulos et mulíeres.
38. Or, ceux qui mangèrent étaient au nombre de quatre mille hommes, outre les petits enfants et les femmes.
39 Et, dimíssa turba, ascéndit in navículam :
et venit in fines Mágedan.
39. Et le peuple renvoyé, il monta dans la barque, et vint aux confins de Magédan.
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CHAP. XV. 1. Marc. VII, 1. — 2. Marc. VII, 5. — 4. Ex. XX, 12 ; Deut. V, 16 ; Eph. VI, 2 ; Ex. XXI, 17 ; Lev. XX, 9 ; Prov. XX, 20. — 8. Is. XXIX, 15 ; Marc. VII, 6. — 13. Joan. XV, 2. — 14. Luc. VI, 39. — 15. Marc. VII, 17. — 21. Marc. VII, 24. — 24. Supra. X, 6 ; Joan. X, 3. — 26. Supra. VII, 6. — 30. Is. XXXV, 5. — 32. Marc. VIII, 1.
2. Manger du pain, ou manger le pain, dans la langue des Hébreux, signifie simplement prendre de la nourriture, faire un repas. — * La tradition des anciens, c’est-à-dire des ancêtres, désigne les préceptes pour la plupart rituels qui, d’après les Juifs d’alors, avaient été donnés oralement par Moïse et transmis oralement jusqu’à eux soit pour expliquer la loi, soit pour la compléter. Ils y attachaient la même importance qu’à la loi écrite. Le précepte de laver les mains avant de manger était une addition à la loi écrite. Dans saint Marc. VII, 7, Jésus appelle cette tradition la tradition des hommes, par opposition avec la véritable loi de Dieu.
4. Mourra de mort ; c’est-à-dire il mourra infailliblement, il sera puni de mort sans rémission. Dans la Bible, comme dans les auteurs profanes, ce genre de répétition a pour but de donner de la force et de l’énergie au discours.
9. Jésus-Christ veut censurer ici les commandements contraires à la loi de Dieu, comme l’oubli et la négligence des parents, sous prétexte que l’on donne à Dieu, ou au moins ceux qui ne conduisent nullement à la vraie piété, comme le lavement fréquent des mains, sans égard à la pureté du cœur.
11. On abuse souvent de ces paroles pour autoriser la violation de l’abstinence prescrite par l’Église. Il est vrai que les viandes qui entrent dans le corps de l’homme ne peuvent souiller son âme ; mais le mépris des lois de l’Église établie par Jésus-Christ lui-même, la sensualité, voilà ce qui souille et rend coupable devant Dieu. C’est ainsi qu’Adam n’a pas été souillé par le fruit qui entra dans sa bouche, mais par sa désobéissance à loi de Dieu.
21. * Du côté de Tyr et de Sidon, villes de Phénicie, sur la Méditerranée, au nord de la Palestine.
23. Jésus-Christ ne répondit rien à cette femme pour éprouver sa foi.
24. Le Messie avait été envoyé pour sauver les nations aussi bien que les Juifs, mais il ne devait point prêcher au milieu d’elles ; cette mission était réservée à ses apôtres.
26. Les Juifs traitaient les gentils de chiens, à cause de la corruption de leurs mœurs.
29. Sur la montagne. Voy. XIV, 23. — * La mer de Galilée. Voir la note 33 à la fin du volume.
39. * Magédan ou Mágdala, comme porte le texte grec, aujourd’hui el-Medjdel, sur la rive occidentale du lac de Tibériade, à l’extrémité méridionale de la plaine de Génésareth, à une heure et un quart environ au nord de Tibériade. On croit que c’est là qu’était née Marie-Madeleine et que c’est de Mágdala qu’elle tirait son surnom.
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Prodige demandé et refusé. Levain des pharisiens et des sadducéens. Confession et primauté de saint Pierre. Jésus-Christ prédit sa passion, sa mort et sa résurrection. Saint Pierre repris. Croix et renoncement à soi-même.
(hi) 1 Et
accessérunt ad eum pharisǽi et sadducǽi tentántes : et rogavérunt eum ut
signum de cælo osténderet eis.
1. Alors vinrent à lui les pharisiens et les sadducéens, pour le tenter, et ils le prièrent de leur faire voir un prodige dans le ciel.
2 At ille
respóndens, ait illis : Facto véspere dícitis : Serénum erit,
rubicúndum est enim cælum.
2. Mais Jésus répondant leur dit : Le soir venu, vous dites : Il fera beau, car le ciel est rouge.
3 Et
mane : Hódie tempéstas, rútilat enim triste cælum.
3. Et le matin : Aujourd’hui, de l’orage, car le ciel est sombre et rougeâtre.
4 Fáciem ergo cæli dijudicáre nostis : signa autem témporum non potéstis scire ? Generátio mala et adúltera signum quærit : et signum non dábitur ei, nisi signum Jonæ prophétæ. Et relíctis illis, ábiit.
4. Vous savez donc juger l’aspect du ciel, et vous ne savez pas reconnaitre les signes des temps ? Une génération méchante et adultère demande un signe, et il ne lui sera point donné de signe, si ce n’est le signe du prophète Jonas. Et les ayant quittés, il s’en alla.
(hi) 5 Et cum veníssent discípuli ejus trans fretum,
oblíti sunt panes accípere.
5. Or, lorsque ses disciples étaient venus de l’autre côté de la mer, ils avaient oublié de prendre des pains.
6 Qui dixit
illis : Intuémini, et cavéte a ferménto pharisæórum et sadducæórum.
6. Jésus leur dit : Gardez-vous soigneusement du levain des pharisiens et des sadducéens.
7 At illi
cogitábant intra se dicéntes : Quia panes non accépimus.
7. Mais eux pensaient en eux-mêmes, disant : C’est parce que nous n’avons pas pris de pains.
8 Sciens
autem Jesus, dixit : Quid cogitátis intra vos módicæ fídei, quia panes non
habétis ?
8. Or Jésus le sachant dit : Pourquoi pensez-vous en vous-mêmes, hommes de peu de foi, à ce que vous n’avez pas de pains ?
9 Nondum
intellígitis, neque recordámini quinque panum in quinque míllia hóminum, et
quot cóphinos sumpsístis ?
9. Ne comprenez-vous pas encore, et ne vous souvient-il point des cinq pains distribués aux cinq mille hommes, et combien de corbeilles vous avez remportées ?
10 neque septem panum in quátuor míllia hóminum, et quot sportas sumpsístis ?
10. Ni des sept pains distribués aux quatre mille hommes et combien de corbeilles vous avez remportées ?
11 Quare non
intellígitis, quia non de pane dixi vobis : Cavéte a ferménto pharisæórum
et sadducæórum ?
11. Comment ne comprenez-vous point que ce n’est pas au sujet du pain que je vous ai dit : Gardez-vous du levain des pharisiens et des sadducéens ?
12 Tunc
intellexérunt quia non díxerit cavéndum a ferménto panum, sed a doctrína
pharisæórum et sadducæórum.
12. Alors ils comprirent qu’il n’avait pas dit de se garder du levain des pains, mais de la doctrine des pharisiens et des sadducéens.
(hi) 13 Venit autem Jesus in partes Cæsáreæ
Philíppi : et interrogábat discípulos suos, dicens : Quem dicunt
hómines esse Fílium hóminis ?
13. Or Jésus vint aux environs de Césarée de Philippe, et il interrogeait ses disciples, disant : Quel est celui que les hommes disent être le Fils de l’homme ?
14 At illi
dixérunt : Alii Joánnem Baptístam, álii autem Elíam, álii vero Jeremíam,
aut unum ex prophétis.
14. Ceux-ci répondirent : Les uns disent que c’est Jean-Baptiste ; d’autres, Élie ; d’autres Jérémie, ou quelqu’un des prophètes.
15 Dicit
illis Jesus : Vos autem, quem me esse dícitis ?
15. Jésus leur demanda : Et vous, qui dites-vous que je suis ?
16 Respóndens
Simon Petrus dixit : Tu es Christus, Fílius Dei vivi.
16. Prenant la parole, Simon Pierre dit : Vous êtes le Christ, le fils du Dieu vivant.
17 Respóndens
autem Jesus, dixit ei : Beátus es Simon Bar Jona : quia caro et
sanguis non revelávit tibi, sed Pater meus, qui in cælis est.
17. Et Jésus répondant, lui dit : Tu es heureux, Simon, fils de Jean, car ni la chair ni le sang ne t’ont révélé ceci, mais mon Père qui est dans les cieux.
18
Et ego dico tibi, quia tu es Petrus, et super
hanc petram ædificábo Ecclésiam meam, et
portæ ínferi non prævalébunt advérsus
eam.
18. Aussi moi je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle.
19 Et tibi dabo claves regni cælórum. Et quodcúmque ligáveris
super terram, erit ligátum et in cælis : et quodcúmque sólveris super
terram, erit solútum et in cælis.
19. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre, sera aussi délié dans les cieux.
20 Tunc
præcépit discípulis suis ut némini dícerent quia ipse esset Jesus Christus.
20. Alors il commanda à ses disciples de ne dire à personne qu’il était lui-même Jésus le Christ.
(hi) 21 Exínde cœpit Jesus osténdere discípulis suis,
quia oportéret eum ire Jerosólymam, et multa pati a senióribus, et scribis, et
princípibus sacerdótum, et occídi, et tértia die resúrgere.
21. Dès lors Jésus commença à découvrir à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, qu’il souffrît beaucoup de la part des anciens, des scribes et des princes des prêtres ; qu’il fut mis à mort et que le troisième jour il ressuscitât.
22 Et
assúmens eum Petrus, cœpit increpáre illum dicens : Absit a te,
Dómine : non erit tibi hoc.
22. Et, le prenant à part, Pierre se mit à le reprendre, disant : Que cela soit loin de vous, Seigneur ! cela ne vous arrivera point.
23 Qui convérsus, dixit Petro : Vade post me Sátana,
scándalum es mihi : quia non sapis ea quæ Dei sunt, sed ea quæ hóminum.
23. Mais Jésus se retournant, dit à Pierre : Retire-toi de moi, Satan ; tu es un scandale pour moi, parce que tu ne goutes pas ce qui est de Dieu, mais ce qui est des hommes.
24 Tunc Jesus
dixit discípulis suis : Si quis vult post me veníre, ábneget semetípsum,
et tollat crucem suam, et sequátur me.
24. Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il porte sa croix et me suive.
25 Qui enim volúerit ánimam suam salvam fácere,
perdet eam : qui autem perdíderit ánimam suam propter me, invéniet eam.
25. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi, la trouvera.
26 Quid enim
prodest hómini, si mundum univérsum lucrétur, ánimæ vero suæ detriméntum
patiátur ? aut quam dabit homo commutatiónem pro ánima sua ?
26. Et que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ? Ou que donnera l’homme en échange de son âme ?
27 Fílius
enim hóminis ventúrus est in glória Patris sui cum ángelis suis : et tunc
reddet unicuíque secúndum ópera ejus.
27. Car le Fils de l’homme viendra dans la gloire de son Père avec ses anges ; et alors il rendra à chacun selon ses œuvres.
28 Amen dico vobis, sunt quidam de hic stántibus,
qui non gustábunt mortem, donec vídeant Fílium hóminis veniéntem in regno suo.
28. En vérité, je vous dis : Il y en a quelques-uns ici présents, qui ne gouteront pas de la mort jusqu’à ce qu’ils voient le Fils de l’homme venant dans son royaume.
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CHAP. XVI. 1. Marc. VIII, 11. — 2. Luc. XII, 54. — 4. Supra. XII, 39 ; Jon. II, 1. — 6. Marc. VIII, 15 ; Luc. XII, 1. — 9. Supra. XIV, 17 ; Joan. VI, 9. — 10. Supra. XV, 34. — 13. Marc. VIII, 27. — 14. Marc. VIII, 28 ; Luc. IX, 19. — 16. Joan. VI, 70. — 18. Joan. I, 42. — 19. Is. XXII, 22 ; Joan. XX, 23. — 23. Marc. VIII, 33. — 24. Supra. X, 39 ; Marc. VIII, 35 ; Luc. IX, 24 ; XVII, 33 ; Joan. XII, 25. — 25. Luc. XVII, 33 ; Joan. XII, 25. — 27. Act. XVII, 31 ; Rom. II, 6. — 28. Supra., X, 23 ; Infra. XVI, 27-28 ; Marc. VIII, 39 ; Luc. IX, 27 ; Joan. XXI, 22.
4. # Un signe ; un prodige, un miracle.
5. C’était la coutume de ce temps et de ce pays que les voyageurs portassent le pain dont ils pouvaient avoir besoin.
13. * Césarée de Philippe, au pied de l’Hermon, près d’une des sources du Jourdain, en Gaulonitide, s’appelait d’abord Páneas. Quand Philippe le tétrarque l’eut agrandie, il l’appela Césarée en l’honneur de Tibère César, et on y ajouta le nom même de Philippe pour la distinguer de la Césarée bâtie sur la Méditerranée, par Hérode le Grand, entre Joppe et Dora. Aujourd’hui Césarée de Philippe a repris son nom primitif sous la forme Bânias et compte environ 150 maisons.
18. Dans le syro-chaldéen que l’on parlait au temps de Jésus-Christ, il n’y avait point de différence de genre entre le nom propre Pierre, et le nom commun pierre ; c’est pourquoi, dans cette langue, l’allusion est plus naturelle. — Les portes de l’enfer, c’est-à-dire le palais, le royaume de l’enfer, l’enfer lui-même. Comme partie principale d’un édifice, les portes sont mises pour le tout. On dit la Porte Ottomane pour le royaume ottoman. Remarquez aussi que l’enfer est souvent représenté dans l’Écriture comme un palais ayant des portes et des verrous.
19. Les mots lier et délier sont synonymes Couvrir et de fermer ; parce qu’anciennement on ouvrait les portes en déliant la barre, et on les fermait en la liant. Les clefs sont le symbole de la puissance. Voy. Joan. XXI, 17.
21. * De la part des anciens, des scribes et des princes des prêtres. Les anciens, titre de dignité, dont il est si souvent question dans les Évangiles, sont les membres du sanhédrin. Cette dénomination provient de ce que primitivement les chefs des villes et les juges étaient choisis parmi les vieillards. Dans plusieurs passages des Act. XI, 30, etc., et dans les Épitres, le mot d’anciens a un autre sens, comme il sera expliqué en son lieu. — Sur les scribes et les princes des prêtres, voir la note Matth. II, 4.
23. Retire-toi, etc. C’est comme si le Sauveur disait : Ma volonté et celle de mon Père est que je meure pour le salut des hommes, et tu veux m’empêcher de souffrir ; tu mérites donc d’être appelé Satan, c’est-à-dire adversaire, contradicteur.
25. Car celui qui voudra sauver, etc. Compar., X, 39 (voir la note).
28. Plusieurs Pères de l’Église croient que le Sauveur veut parler de sa transfiguration, rapportée dans le chapitre suivant ; l’expression quelques-uns de ceux qui sont ici donne à ce sentiment une probabilité. — * À cause des nombreux passages parallèles, dans lesquels le texte ne peut s’entendre de la Transfiguration, on peut donner avec d’autres interprètes l’explication suivante. Au lieu de : Venant dans son royaume, S. Marc, VIII, 39, dit : Venant dans sa puissance : « Pendant tout le premier siècle, il y eut au sein de l’Église une croyance que Jésus allait paraître dans le monde, pour y établir son règne dorénavant triomphant et glorieux. [Les incrédules prétendent que Jésus-Christ parle] d’une venue temporelle dans le monde, [ce qui n’est pas arrivé]. S. Luc donne la solution en disant : Quelques-uns sont ici qui ne goûteront point la mort qu’ils n’aient vu le royaume de Dieu (Luc. IX, 27). Or, la prophétie s’est accomplie merveilleusement, et Jean le disciple, avant de mourir, a vu une admirable diffusion de la parole évangélique dans le monde. Le royaume de Dieu, avait dit Jésus, est au dedans de vous (Luc. XVII, 21). L’annonce de ce fameux événement n’était pas autre que le règne de Dieu dans les âmes. » (J.-H. Michon.) — # L’Église et le Christ, c’est la même chose. Par ses paroles mystérieuses, Jésus veut nous faire savoir combien il est vrai que l’Église c’est le Christ, combien il faut aimer l’Église et combien cette vérité est un profond mystère.
²
Transfiguration de Jésus-Christ. Avènement d’Elie. Guérison d’un enfant lunatique. Puissance de la foi. Jésus-Christ prédit sa passion. Il paye le tribut pour lui et pour saint Pierre.
(hi) 1 Et post dies sex assúmit Jesus Petrum, et
Jacóbum, et Joánnem fratrem ejus, et ducit illos in montem excélsum
seórsum :
1. Six jours après, Jésus prit Pierre, Jacques et Jean son frère, et les conduisit sur une haute montagne, à l’écart.
2 et
transfigurátus est ante eos. Et resplénduit fácies ejus sicut sol :
vestiménta autem ejus facta sunt alba sicut nix.
2. Et il fut transfiguré devant eux ; sa face resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la neige.
3 Et ecce
apparuérunt illis Móyses et Elías cum eo loquéntes.
3. Et voilà que Moïse et Élie leur apparurent, s’entretenant avec lui.
4 Respóndens
autem Petrus, dixit ad Jesum : Dómine, bonum est nos hic esse : si
vis, faciámus tria tabernácula, tibi unum, Móysi unum, et Elíæ unum.
4. Or, prenant la parole, Pierre dit à Jésus : Seigneur, il nous est bon d’être ici ; si vous voulez, faisons-y trois tentes, une pour vous, une pour Moïse, et une pour Élie.
5 Adhuc eo loquénte, ecce nubes lúcida obumbrávit eos. Et ecce vox de nube, dicens : Hic est Fílius
meus diléctus, in quo mihi bene complácui : ipsum audíte.
5. Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit. Et voici une voix de la nuée, disant : Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances. Écoutez-le.
6 Et
audiéntes discípuli cecidérunt in fáciem suam, et timuérunt valde.
6. Or, les disciples entendant cela, tombèrent sur leur face, et furent saisi d’une frayeur extrême.
7 Et accéssit
Jesus, et tétigit eos : dixítque eis : Súrgite, et nolíte timére.
7. Mais Jésus s’approcha et les toucha ; et il leur dit : Levez-vous et ne craignez point.
8 Levántes
autem óculos suos, néminem vidérunt, nisi solum Jesum.
8. Alors, levant les yeux, ils ne virent plus personne, si ce n’est Jésus, seul.
9 Et
descendéntibus illis de monte, præcépit eis Jesus, dicens : Némini
dixéritis visiónem, donec Fílius hóminis a mórtuis resúrgat.
9. Et comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur commanda, disant : Ne parlez à personne de cette vision, jusqu’à ce que le Fils de l’homme ressuscite d’entre les morts.
10 Et interrogavérunt eum discípuli, dicéntes :
Quid ergo scribæ dicunt, quod Elíam opórteat primum veníre ?
10. Et les disciples l’interrogèrent, disant : Pourquoi donc les scribes disent-ils qu’il faut qu’auparavant Élie vienne ?
11 At ille
respóndens, ait eis : Elías quidem ventúrus est, et restítuet ómnia.
11. Jésus répondant, leur dit : Élie, en effet, doit venir, et il rétablira toutes choses.
12 Dico autem vobis, quia Elías jam venit, et non cognovérunt eum, sed fecérunt in eo quæcúmque voluérunt. Sic et Fílius hóminis passúrus est ab eis.
12. Mais je vous le dis : Élie est déjà venu, et ils ne l’ont point connu, et ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu. C’est ainsi que le Fils de l’homme lui-même doit être traité par eux.
13 Tunc
intellexérunt discípuli, quia de Joánne Baptísta dixísset eis.
13. Alors les disciples comprirent qu’il leur avait parlé de Jean-Baptiste.
14 Et cum
venísset ad turbam, accéssit ad eum homo génibus provolútus ante eum,
dicens : Dómine, miserére fílio meo, quia lunáticus est, et male
pátitur : nam sæpe cadit in ignem, et crebro in aquam.
14. Lorsqu’il fut venu vers le peuple, un homme s’approcha de lui, et il se jeta à ses pieds, disant : Seigneur, ayez pitié de mon fils, parce qu’il est lunatique et qu’il souffre cruellement ; car il tombe souvent dans le feu et souvent dans l’eau.
15 Et óbtuli
eum discípulis tuis, et non potuérunt curáre eum.
15. Je l’ai présenté à vos disciples, et ils n’ont pu le guérir.
16 Respóndens autem Jesus, ait : O generátio incrédula, et pervérsa, quoúsque ero vobíscum ? úsquequo pátiar vos ? Afférte huc illum ad me.
16. Et répondant, Jésus dit : Ô race incrédule et perverse, jusqu’à quand serai-je avec vous ? Jusqu’à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi ici.
17 Et
increpávit illum Jesus, et éxiit ab eo dæmónium, et curátus est puer ex illa
hora.
17. Or, Jésus ayant gourmandé le démon, il sortit de l’enfant, qui fut guéri à l’heure même.
18 Tunc
accessérunt discípuli ad Jesum secréto, et dixérunt : Quare nos non
potúimus ejícere illum ?
18. Alors les disciples s’approchèrent de Jésus en secret, et lui dirent : Pourquoi nous, n’avons-nous pu le chasser ?
19 Dixit illis Jesus : Propter incredulitátem
vestram. Amen quippe dico vobis, si habuéritis fidem sicut granum sinápis,
dicétis monti huic : Transi hinc illuc, et transíbit, et nihil impossíbile
erit vobis.
19. Jésus leur répondit : À cause de votre incrédulité. En vérité, je vous le dis, si vous aviez de la foi comme un grain de sènevé, vous diriez à cette montagne : Passe d’ici là, et elle y passerait, et rien ne vous serait impossible.
20 Hoc autem
genus non ejícitur nisi per oratiónem et jejúnium.
20. Mais ce genre de démons ne se chasse que par la prière et le jeûne.
(hi) 21
Conversántibus autem eis in Galilǽa, dixit illis Jesus : Fílius hóminis
tradéndus est in manus hóminum :
21. Or, tandis qu’ils se trouvaient en Galilée, Jésus leur dit : Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes.
22 et occídent eum, et tértia die resúrget. Et contristáti sunt veheménter.
22. Et ils le tueront, et le troisième jour il ressuscitera. Et ils furent extrêmement contristés.
(hi) 23 Et cum veníssent Capharnaüm, accessérunt qui
didráchma accipiébant ad Petrum, et dixérunt ei : Magíster vester non
solvit didráchma ?
23. Lorsqu’ils vinrent à Capharnaüm, ceux qui recevaient le didrachme s’approchèrent de Pierre, et lui demandèrent : Est-ce que votre maitre ne paye pas le didrachme ?
24 Ait :
Etiam. Et cum intrásset in domum, prævénit eum Jesus, dicens : Quid tibi
vidétur Simon ? reges terræ a quibus accípiunt tribútum vel censum ?
a fíliis suis, an ab aliénis ?
24. Il répondit : Il le paye. Et lorsqu’il fut entré dans la maison, Jésus le prévint, disant : Que t’en semble, Simon ? De qui les rois de la terre reçoivent-ils le tribut ou le cens ? De leurs enfants ou des étrangers ?
25 Et ille
dixit : Ab aliénis. Dixit illi Jesus : Ergo líberi sunt fílii.
25. Et Pierre répondit : Des étrangers. Jésus lui dit : Ainsi, les enfants en sont exempts.
26 Ut autem non scandalizémus eos, vade ad mare, et
mitte hamum : et eum piscem, qui primus ascénderit, tolle : et apérto
ore ejus, invénies statérem : illum sumens, da eis pro me et te.
26. Cependant pour ne les point scandaliser, va à la mer, jette un hameçon ; et le poisson qui le premier montera, prends-le ; puis ouvrant sa bouche, tu trouveras un statère ; l’ayant pris, donne-le pour moi et pour toi.
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CHAP. XVII. 1. Marc. IX,
1 ; Luc. IX, 28.
— 5. Supra. III, 17 ; II Petr. I, 17. — 10. Marc. IX, 10. — 11. Malach. IV, 5. — 12. Supra. XI, 14 ; XIV, 10. — 14. Marc. IX, 16 ; Luc. IX, 38. — 19. Luc. XVII, 6. — 21. Infra. XX, 18 ; Marc. IX, 30 ; Luc. IX, 44.
1. Sur une haute montagne. On croit communément que c’est le Thabor dans la Galilée. — * C’est l’opinion qui a été soutenue par Eusèbe et S. Jérôme. Elle est néanmoins aujourd’hui très contestée, parce que le Sauveur était précédemment fort loin du Thabor, à Césarée de Philippe (Matth. XVI, 16) et qu’après la transfiguration, les Évangélistes parlent de son retour en Galilée (Matth. XVII, 21 ; Marc. IX, 29), sans mentionner aucun voyage dans l’intervalle. On pense donc que la montagne de la Transfiguration était située plus au nord, et à l’est du Jourdain, mais sans pouvoir la déterminer d’une manière précise.
10. Le prophète Malachie dit, en effet, qu’Elie doit venir avant le grand et épouvantable jour du Seigneur. Compar. ce que nous avons dit un peu plus haut, ch. XI, 14.
19. * Un grain de sènevé. Voir Matth. XIII, 31.
23. Le didrachme ou double drachme valait environ quatre-vingt-un centimes. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 543. — * « Ce didrachme était la contribution d’un demi-sicle, ou de deux drachmes, que les familles juives étaient habituées à payer pour l’entretien du Temple. Vespasien le fit percevoir plus tard pour le Capitale. Les collecteurs s’adressent à S. Pierre, soit par respect pour le Sauveur, soit pour engager le disciple à s’acquitter à la place du maitre. La réponse du Sauveur suppose clairement sa divinité. Pour ne pas scandaliser ceux qui l’ignorent, il consent à payer ; mais il fait observer qu’il n’est pas soumis à l’impôt, et il relève par un miracle cet acte de condescendance. Le statère avait la valeur d’un tétradrachme, trois francs environ, et par conséquent suffisait pour deux personnes. » (Bacuez.) — Capharnaüm, voir Matth. IV, 13.
26. Le statère valait quatre drachmes.
²
S’humilier. Devenir enfant. Fuir le scandale. Parabole de la brebis égarée. Correction fraternelle. Pouvoir des clefs. Pardon des injures. Parabole du créancier et du débiteur.
(hi) 1 In illa hora accessérunt discípuli ad Jesum, dicéntes : Quis, putas, major est in regno cælórum ?
1. En ce moment-là les disciples s’approchèrent de Jésus, disant : Qui, pensez-vous, est le plus grand dans le royaume des cieux ?
2 Et ádvocans
Jesus párvulum, státuit eum in médio eórum,
2. Et Jésus appelant un petit enfant, le plaça au milieu d’eux,
3 et
dixit : Amen dico vobis, nisi convérsi fuéritis, et efficiámini sicut
párvuli, non intrábitis in regnum cælórum.
3. Et dit : En vérité, je vous le dis, si vous ne vous convertissez, et ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.
4 Quicúmque ergo humiliáverit se sicut párvulus iste, hic est major in regno cælórum.
4. Quiconque donc se fait petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des cieux.
5 Et qui
suscéperit unum párvulum talem in nómine meo, me súscipit :
5. Et qui reçoit en mon nom un petit enfant semblable, me reçoit.
(hi) 6 qui autem scandalizáverit unum de pusíllis istis,
qui in me credunt, éxpedit ei ut suspendátur mola asinária in collo ejus, et
demergátur in profúndum maris.
6. Mais celui qui scandalise un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui que l’on suspendît une meule de moulin à son cou, et qu’on le précipitât au profond de la mer.
7 Væ mundo a
scándalis ! Necésse est enim ut véniant scándala : verúmtamen væ
hómini illi, per quem scándalum venit.
7. Malheur au monde, à cause des scandales ; car il est nécessaire qu’il vienne des scandales : cependant malheur à l’homme par qui le scandale arrive.
8 Si autem manus tua, vel pes tuus scandalízat te,
abscíde eum, et prójice abs te : bonum tibi est ad vitam íngredi débilem,
vel claudum, quam duas manus vel duos pedes habéntem mitti in ignem ætérnum.
8. Si donc ta main ou ton pied te scandalise, coupe-le, et jette-le loin de toi ; il vaut mieux pour toi entrer dans la vie, privé d’une main ou d’un pied, que d’être jeté, ayant deux mains ou deux pieds, dans le feu éternel.
9 Et si óculus tuus scandalízat te, érue eum, et
prójice abs te : bonum tibi est cum uno óculo in vitam intráre, quam duos
óculos habéntem mitti in gehénnam ignis.
9. Et si ton œil te scandalise, arrache-le et le jette loin de toi ; il vaut mieux pour toi entrer dans la vie avec un seul œil, que d’être jeté ayant deux yeux dans la géhenne du feu.
10 Vidéte ne
contemnátis unum ex his pusíllis : dico enim vobis, quia ángeli eórum in
cælis semper vident fáciem Patris mei, qui in cælis est.
10. Prenez garde de mépriser un seul de ces petits ; parce que, je vous le dis, leurs anges voient sans cesse dans le ciel la face de mon Père qui est dans les cieux.
11 Venit enim Fílius hóminis salváre quod períerat.
11. Car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui avait péri.
(hi) 12 Quid vobis
vidétur ? si fúerint alícui centum oves, et errávit una ex eis :
nonne relínquit nonagínta novem in móntibus, et vadit quǽrere eam quæ
errávit ?
12. Que vous en semble ? Si quelqu’un a cent brebis, et qu’une d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf dans les montagnes, et ne s’en va-t-il pas chercher celle qui s’est égarée ?
13 Et si
contígerit ut invéniat eam : amen dico vobis, quia gaudet super eam magis
quam super nonagínta novem, quæ non erravérunt.
13. Et s’il arrive qu’il la trouve, en vérité, je vous dis, elle lui donne plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées.
14 Sic non
est volúntas ante Patrem vestrum, qui in cælis est, ut péreat unus de pusíllis
istis.
14. Ainsi ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux, qu’un seul de ces petits périsse.
(hi) 15 Si autem
peccáverit in te frater tuus, vade, et córripe eum inter te, et ipsum
solum : si te audíerit, lucrátus eris fratrem tuum.
15. Si ton frère a péché contre toi, va et reprends-le entre toi et lui seul : s’il t’écoute, tu auras gagné ton frère ;
16 Si autem
te non audíerit, ádhibe tecum adhuc unum, vel duos, ut in ore duórum, vel trium
téstium stet omne verbum.
16. S’il ne t’écoute point, prends encore avec toi une ou deux personnes, afin que sur la parole de deux ou trois témoins tout soit avéré.
17 Quod si non audíerit eos : dic ecclésiæ. Si
autem ecclésiam non audíerit, sit tibi sicut éthnicus et publicánus.
17. Que s’il ne les écoute point, dis-le à l’Église ; et s’il n’écoute point l’Église, qu’il te soit comme un païen et un publicain.
18 Amen dico
vobis, quæcúmque alligavéritis super terram, erunt ligáta et in cælo : et
quæcúmque solvéritis super terram, erunt solúta et in cælo.
18. En vérité, je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié aussi dans le ciel : et tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié aussi dans le ciel.
19 Iterum
dico vobis, quia si duo ex vobis consénserint super terram, de omni re
quamcúmque petíerint, fiet illis a Patre meo, qui in cælis est.
19. Je vous dis encore, que si deux d’entre vous s’accordent sur la terre, quelque chose qu’ils demandent, il le leur sera fait par mon Père qui est dans les cieux.
20 Ubi enim sunt duo vel tres congregáti in nómine meo, ibi sum in médio eórum.
20. Car là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux.
(hi) 21 Tunc
accédens Petrus ad eum, dixit : Dómine, quóties peccábit in me frater
meus, et dimíttam ei ? usque sépties ?
21. Alors, s’approchant, Pierre lui dit : Seigneur, combien de fois, mon frère péchant contre moi, lui pardonnerai-je ? Jusqu’à sept fois ?
22 Dicit illi
Jesus : Non dico tibi usque sépties : sed usque septuágies sépties.
22. Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à septante fois sept fois.
23 Ideo
assimilátum est regnum cælórum hómini regi, qui vóluit ratiónem pónere cum
servis suis.
23. C’est pourquoi le royaume des cieux est comparé à un homme-roi qui voulut compter avec ses serviteurs.
24 Et cum cœpísset ratiónem pónere, oblátus est ei
unus, qui debébat ei decem míllia talénta.
24. Or, lorsqu’il eut commencé à compter, on lui en présenta un qui lui devait dix mille talents.
25 Cum autem non habéret unde rédderet, jussit eum
dóminus ejus venundári, et uxórem ejus, et fílios, et ómnia quæ habébat, et
reddi.
25. Et comme il n’avait pas de quoi les rendre, son maitre ordonna qu’on le vendît, lui, sa femme et ses filles, et tout ce qu’il avait, et qu’on payât.
26 Prócidens autem servus ille, orábat eum, dicens : Patiéntiam habe in me, et ómnia reddam tibi.
26. Mais se jetant à ses pieds, le serviteur le priait, disant : Ayez patience à mon égard, et je vous rendrai tout.
27 Misértus
autem dóminus servi illíus, dimísit eum, et débitum dimísit ei.
27. Alors le maitre de ce serviteur ayant pitié de lui, le renvoya et lui remit sa dette.
28 Egréssus autem servus ille invénit unum de
consérvis suis, qui debébat ei centum denários : et tenens suffocávit eum,
dicens : Redde quod debes.
28. Mais ce serviteur étant sorti, rencontra un de ses compagnons qui lui devait cent deniers ; et l’ayant saisi, il l’étouffait, disant : Rends-moi ce que tu dois.
29 Et
prócidens consérvus ejus, rogábat eum, dicens : Patiéntiam habe in me, et
ómnia reddam tibi.
29. Et se jetant à ses pieds, son compagnon le priait, disant : Aie patience à mon égard, et je te rendrai tout.
30 Ille autem
nóluit : sed ábiit, et misit eum in cárcerem donec rédderet débitum.
30. Mais lui ne voulut pas ; et il s’en alla, et le fit mettre en prison jusqu’à ce qu’il payât sa dette.
31 Vidéntes
autem consérvi ejus quæ fiébant, contristáti sunt valde : et venérunt, et
narravérunt dómino suo ómnia quæ facta fúerant.
31. Voyant ce qui se passait, les autres serviteurs furent grandement contristés ; ils vinrent et racontèrent à leur maitre tout ce qui s’était fait.
32 Tunc
vocávit illum dóminus suus : et ait illi : Serve nequam, omne débitum
dimísi tibi quóniam rogásti me :
32. Alors son maitre l’appela, et lui dit : Méchant serviteur, je t’ai remis toute ta dette, parce que tu m’as prié :
33 nonne ergo
opórtuit et te miseréri consérvi tui, sicut et ego tui misértus sum ?
33. Ne fallait-il donc pas que toi aussi tu eusses pitié de ton compagnon, comme j’ai eu moi-même pitié de toi ?
34 Et irátus
dóminus ejus trádidit eum tortóribus, quoadúsque rédderet univérsum débitum.
34. Et son maitre irrité le livra aux bourreaux, jusqu’à ce qu’il payât toute sa dette.
35 Sic et
Pater meus cæléstis fáciet vobis, si non remiséritis unusquísque fratri suo de
córdibus vestris.
35. C’est ainsi que vous traitera aussi mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne à son frère du fond de son cœur.
~
CHAP. XVIII. 1. Marc. IX, 33 ; Luc. IX, 46. — 2. Infra. XIX, 14. — 3. I Cor. XIV, 20. — 6. Marc. IX, 41 ; Luc. XVII, 2. — 8. Supra. V, 30 ; Marc. IX, 42. — 10. Ps. XXXIII, 8. — 11. Luc. XIX, 10. — 12. Luc. XV, 4. — 15. Lev. XIX, 17 ; Eccli. XIX, 13 ; Luc. XVII, 3 ; Jac. V, 19. — 16. Deut. XIX, 15 ; Joan. VIII, 17 ; II Cor. XIII, 1 ; Hebr. X, 28. — 17. I Cor. V, 11 ; II Thess. III, 14. — 18. Joan. XX, 23. — 21. Luc. XVII, 4.
6. De moulin ; litter., d’âne ; qu’un âne tourne. — * Dans chaque maison, on faisait moudre chaque jour la quantité de blé nécessaire pour l’usage de la famille ; il y avait par conséquent dans chaque maison un moulin à bras ou à âne, tourné dans le premier cas par une ou deux personnes. Le moulin à âne était plus grand, mais composé comme le moulin à bras de deux meules de pierre superposées, l’inférieure étant immobile et la supérieure mobile. Le grain était écrasé entre les deux meules.
8. Dans la vie, c’est-à-dire dans la vie éternelle.
9. Dans la géhenne. Voy. V, 22.
17. À l’Église, c’est-à-dire aux chefs, aux pasteurs de l’Église.
24. Quand il ne s’agirait ici que du petit talent des Égyptiens, des Arabes et des Juifs, ce serait toujours une somme prodigieuse pour un particulier. Le Sauveur a voulu nous faire comprendre par là que nos dettes envers Dieu sont incalculables. — * Le talent d’argent valant 8.500 francs, dix mille talents font 85.000.000 de francs (en 1900). On peut supposer, du reste, que le débiteur de la parabole est un des principaux officiers du roi, un fermier ou un administrateur des revenus royaux. Dans une parabole juive, qui a quelque ressemblance avec la parabole évangélique, il s’agit du tribut que doit payer toute une ville et dont le roi la libère, sur sa demande.
25. Suivant l’ancien droit des Hébreux et de plusieurs autres peuples, un créancier pouvait vendre ou réduire en esclavage ses débiteurs insolvables. — * Dans diverses contrées de l’Orient, par exemple en Perse, aujourd’hui encore, la disgrâce royale entraine la confiscation des biens, la perte des esclaves et quelquefois celle de la femme et des enfants du condamné.
28. Le denier, pièce d’argent des Romains, valait environ 0,80 centimes (en 1900).
²
Indissolubilité du mariage. Eunuques volontaires. Enfants présentés à Jésus-Christ. Conseils de perfection. Salut des riches difficile. Récompense promise à ceux qui quittent tout pour Jésus-Christ.
(hi) 1 Et factum
est, cum consummásset Jesus sermónes istos, migrávit a Galilǽa, et venit in
fines Judǽæ trans Jordánem,
1. Or, il arriva que lorsque Jésus eut achevé ses discours, il partit de Galilée et vint aux confins de la Judée, au delà du Jourdain ;
2 et secútæ sunt eum turbæ multæ, et curávit eos
ibi.
2. Et de grandes troupes le suivirent, et il les guérit.
3 Et
accessérunt ad eum pharisǽi tentántes eum, et dicéntes : Si licet hómini
dimíttere uxórem suam, quacúmque ex causa ?
3. Et les pharisiens s’approchèrent de lui pour le tenter, disant : Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour quelque cause que ce soit ?
4 Qui respóndens, ait eis : Non legístis, quia qui fecit hóminem ab inítio, másculum et féminam fecit eos ? Et dixit :
4. Jésus répondant, leur dit : N’avez-vous pas lu que celui qui fit l’homme au commencement, les fit mâle et femelle, et qu’il dit :
5 Propter hoc
dimíttet homo patrem, et matrem, et adhærébit uxóri suæ, et erunt duo in carne
una.
5. À cause de cela l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils seront deux dans une seule chair ?
6 Itaque jam non sunt duo, sed una caro. Quod ergo Deus conjúnxit, homo non séparet.
6. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Ce que Dieu donc a uni, que l’homme ne le sépare point.
7 Dicunt illi : Quid ergo Móyses mandávit dare
libéllum repúdii, et dimíttere ?
7. Ils lui demandèrent : Pourquoi donc Moïse a-t-il commandé de lui donner un acte de répudiation et de la renvoyer ?
8 Ait
illis : Quóniam Móyses ad durítiam cordis vestri permísit vobis dimíttere
uxóres vestras : ab inítio autem non fuit sic.
8. Il leur répondit : Parce que Moïse, à cause de la dureté de votre cœur, vous a permis de renvoyer vos femmes ; mais au commencement il n’en fut pas ainsi.
9 Dico autem vobis, quia quicúmque dimíserit uxórem
suam, nisi ob fornicatiónem, et áliam dúxerit, mœchátur : et qui dimíssam
dúxerit, mœchátur.
9. Aussi je vous dis que quiconque renvoie sa femme, si ce n’est pour cause de fornication, et en épouse une autre, commet un adultère ; et celui qui épouse une femme renvoyée se rend adultère.
10 Dicunt ei
discípuli ejus : Si ita est causa hóminis cum uxóre, non éxpedit núbere.
10. Ses disciples lui dirent : Si telle est la condition de l’homme à l’égard de sa femme, il n’est pas bon de se marier.
11 Qui dixit
illis : Non omnes cápiunt verbum istud, sed quibus datum est.
11. Jésus leur dit : Tous ne comprennent pas cette parole, mais ceux à qui il a été donné.
12 Sunt enim eunúchi, qui de matris útero sic nati sunt : et sunt eunúchi, qui facti sunt ab homínibus : et sunt eunúchi, qui seípsos castravérunt propter regnum cælórum. Qui potest cápere cápiat.
12. Car il y a des eunuques qui sont nés tels dès le sein de leur mère ; il y en a que les hommes ont fait eunuques ; et il y en a qui se sont eux-mêmes rendus eunuques, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne.
(hi) 13 Tunc obláti sunt ei párvuli, ut manus eis impóneret, et oráret. Discípuli autem increpábant eos.
13. Alors on lui présenta des petits enfants, pour qu’il leur imposât les mains et priât. Or les disciples les rebutaient.
14 Jesus vero ait eis : Sínite párvulos, et
nolíte eos prohibére ad me veníre : tálium est enim regnum cælórum.
14. Mais Jésus leur dit : Laissez les petits enfants et ne les empêchez point de venir à moi ; car à de tels appartient le royaume des cieux.
15 Et cum
imposuísset eis manus, ábiit inde.
15. Et lorsqu’il leur eut imposé les mains, il partit de là.
(hi) 16 Et ecce unus accédens, ait illi : Magíster
bone, quid boni fáciam ut hábeam vitam ætérnam ?
16. Et voilà que quelqu’un s’approchant, lui dit : Bon maitre, que ferai-je de bon pour avoir la vie éternelle ?
17 Qui dixit
ei : Quid me intérrogas de bono ? Unus est bonus, Deus. Si autem vis
ad vitam íngredi, serva mandáta.
17. Jésus lui répondit : Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Un seul est bon, Dieu. Mais si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements.
18 Dicit
illi : Quæ ? Jesus autem dixit : Non homicídium fácies ;
non adulterábis ; non fácies furtum ; non falsum testimónium
dices ;
18. Lesquels ? demanda-t-il. Jésus répondit : Tu ne tueras point : Tu ne commettras point d’adultère : Tu ne déroberas point : Tu ne rendras point de faux témoignage :
19 honóra
patrem tuum, et matrem tuam, et díliges próximum tuum sicut teípsum.
19. Honore ton père et ta mère, et aime ton prochain comme toi-même.
20 Dicit illi adoléscens : Omnia hæc custodívi a juventúte mea : quid adhuc mihi deest ?
20. Le jeune homme lui dit : J’ai observé tout cela depuis ma jeunesse ; que me manque-t-il encore ?
21 Ait illi
Jesus : Si vis perféctus esse, vade, vende quæ habes, et da paupéribus, et
habébis thesáurum in cælo : et veni, séquere me.
21. Jésus lui dit : Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; viens ensuite, et suis-moi.
22 Cum
audísset autem adoléscens verbum, ábiit tristis : erat enim habens multas
possessiónes.
22. Lorsque le jeune homme eut entendu cette parole, il s’en alla triste ; car il avait de grands biens.
23 Jesus
autem dixit discípulis suis : Amen dico vobis, quia dives diffícile
intrábit in regnum cælórum.
23. Alors Jésus dit à ses disciples : En vérité, je vous dis qu’un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux.
24 Et íterum dico vobis : Facílius est camélum per forámen acus transíre,
quam dívitem intráre in regnum cælórum.
24. Et je vous dis encore : Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le royaume des cieux.
25 Audítis
autem his, discípuli mirabántur valde, dicéntes : Quis ergo póterit salvus
esse ?
25. Or, ces choses entendues, ses disciples s’étonnaient grandement, et disaient : Qui donc pourra être sauvé ?
26 Aspíciens
autem Jesus, dixit illis : Apud hómines hoc impossíbile est : apud
Deum autem ómnia possibília sunt.
26. Mais Jésus les regardant leur dit : Aux hommes, cela est impossible, mais à Dieu tout est possible.
(hi) 27 Tunc
respóndens Petrus, dixit ei : Ecce nos relíquimus ómnia, et secúti sumus
te : quid ergo erit nobis ?
27. Alors reprenant, Pierre lui dit : Et nous, voici que nous avons tout quitté pour vous suivre : qu’y aura-t-il donc pour nous ?
28 Jesus
autem dixit illis : Amen dico vobis, quod vos, qui secúti estis me, in
regeneratióne cum séderit Fílius hóminis in sede majestátis suæ, sedébitis et
vos super sedes duódecim, judicántes duódecim tribus Israël.
28. Jésus leur dit : En vérité, je vous dis que vous qui m’avez suivi, lorsqu’à la régénération, le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous aussi, vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël.
29 Et omnis
qui relíquerit domum, vel fratres, aut soróres, aut patrem, aut matrem, aut
uxórem, aut fílios, aut agros propter nomen meum, céntuplum accípiet, et vitam
ætérnam possidébit.
29. Et quiconque aura quitté ou maison, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou femme, ou fils, ou terre, à cause de mon nom, recevra le centuple, et possèdera la vie éternelle.
30
Multi autem erunt primi novíssimi, et novíssimi primi.
30. Mais beaucoup de premiers seront les derniers, et beaucoup de derniers les premiers.
~
CHAP. XIX. 1. Marc. X, 1. — 3. Marc. X, 2. — 4. Gen. I, 27. — 5. Gen. II, 24 ; I Cor. VI, 16 ; Eph. V, 31. — 7. Deut. XXIV, 1. — 9. Supra. V, 32 ; Marc. X, 11 ; Luc. XVI, 18 ; I Cor. VII, 10. — 13. Marc. X, 13 ; Luc. XVIII, 15. — 14. Supra. XVIII, 3. — 16. Marc. X, 17 ; Luc. XVIII, 18. — 18. Ex. XX, 13. — 25. Marc. X, 26-27 ; Luc. XVIII, 26-27. — 30. Infra. XX, 16 ; Marc. X, 31 ; Luc. XIII, 30.
2. Et il les guérit ; c’est-à-dire qu’il guérit en ce lieu tous les malades qu’on lui présenta.
4. L’homme, c’est-à-dire la créature humaine. Ainsi ce mot doit s’entendre non d’un individu, mais de l’espèce ; c’est pourquoi il est considéré ici comme un pluriel dans la Vulgate : Il les fit mâle et femelle, et dans l’hébreu même, d’où Jésus-Christ a emprunté sa citation.
7. C’est dans le Deutéronome (XXIV, 1), que Moïse a ordonné à tout homme qui répudiait sa femme de lui donner un acte de répudiation.
9. Jésus-Christ permet à un mari, en cas d'adultère, de se séparer de sa femme, mais non pas d’en épouser une autre du vivant de la première. # Pour cause de fornication ; d’adultère. « Il n’y a pas de doute que le mot πορνεία, “fornicátio”, ne doive s’entendre de l’adultère proprement dit, puisqu’il est question de fautes contre les mœurs commises par une personne mariée. Il a cette signification dans l’Ancien Testament, Cf. Levit., XVIII et XX, et chez les auteurs classiques. (…) D’après l’enseignement de l’Église catholique, tel qu’il a été formulé par les conciles de Florence et de Trente, Jésus interdit ici le divorce d’une manière absolue, parce qu’il proclame d’une manière également absolue l’indissolubilité du mariage. [Le contexte, les autres écrits du Nouveau Testament et enfin la tradition vont dans ce sens : voy. le commentaire complet] La concession faite par Jésus pour le cas d’adultère doit (…) s’entendre d’une simple séparation “quoad torum” [de lit], avec défense complété de contracter un second mariage. » (Fillion)
12. Il y en a qui se sont rendus, etc. Ce sont ceux qui ont renoncé pour toujours aux plaisirs des sens, pour servir avec une plus grande liberté de cœur Dieu et la justice, et mériter ainsi le bonheur éternel.
14. Car à de tels, etc. Cette traduction nous a paru la seule qui pût rendre fidèlement la concision énergique du texte. Bossuet d’ailleurs traduit : À de tels appartient le royaume de Dieu.
16. Quelqu’un ; c’est-à-dire un jeune homme, comme portent les versets 20 et 22.
24. C’était un proverbe usité chez les Juifs pour marquer une chose naturellement impossible. Les Arabes en ont un semblable.
²
Parabole des ouvriers envoyés à la vigne. Jésus-Christ prédit sa passion. Demande des enfants de Zébédée. Domination interdite. Deux aveugles guéris près de Jéricho.
(hi) 1 Símile est regnum cælórum hómini patrifamílias,
qui éxiit primo mane condúcere operários in víneam suam.
1. Le royaume des cieux est semblable à un père de famille qui sortit de grand matin, afin de louer des ouvriers pour sa vigne.
2 Conventióne autem facta cum
operáriis ex denário diúrno, misit eos in víneam suam.
2. Or, convention faite avec les ouvriers d’un denier par jour, il les envoya à sa vigne.
3 Et egréssus circa horam tértiam,
vidit álios stantes in foro otiósos,
3. Et étant sorti de nouveau, vers la troisième heure, il en vit d’autres qui se tenaient sur la place sans rien faire.
4 et dixit
illis : Ite et vos in víneam meam, et quod justum fúerit dabo vobis.
4. Et il leur dit : Allez, vous aussi, à ma vigne, et ce qui sera juste, je vous le donnerai.
5 Illi autem abiérunt. Iterum autem éxiit circa
sextam et nonam horam : et fecit simíliter.
5. Et ils y allèrent. Il sortit encore vers la sixième et la neuvième heure, et il fit la même chose.
6 Circa undécimam vero éxiit, et invénit álios
stantes, et dicit illis : Quid hic statis tota die otiósi ?
6. Enfin, vers la onzième heure, il sortit, et il en trouva d’autres qui étaient là, et il leur dit : Pourquoi êtes-vous ici, tout le jour, sans rien faire ?
7 Dicunt ei : Quia nemo nos condúxit. Dicit illis : Ite et vos in víneam meam.
7. Ils répondirent : Parce que personne ne nous a loués. Il leur dit : Allez, vous aussi, à ma vigne.
8 Cum sero
autem factum esset, dicit dóminus víneæ procuratóri suo : Voca operários,
et redde illis mercédem incípiens a novíssimis usque ad primos.
8. Or, lorsqu’il se fit soir, le maitre de la vigne dit à son intendant : Appelle les ouvriers, et paye-les, en commençant par les derniers jusqu’aux premiers.
9 Cum
veníssent ergo qui circa undécimam horam vénerant, accepérunt síngulos
denários.
9. Ceux donc qui étaient venus vers la onzième heure s’étant approchés, reçurent chacun un denier.
10 Veniéntes
autem et primi, arbitráti sunt quod plus essent acceptúri : accepérunt
autem et ipsi síngulos denários.
10. Or les premiers venant ensuite, pensèrent qu’ils devraient recevoir davantage ; mais ils reçurent aussi chacun un denier.
11 Et
accipiéntes murmurábant advérsus patremfamílias,
11. Et en le recevant, ils murmuraient contre le père de famille,
12
dicéntes : Hi novíssimi una hora fecérunt, et pares illos nobis fecísti,
qui portávimus pondus diéi, et æstus.
12. Disant : Ces derniers ont travaillé une heure, et vous les traitez comme nous, qui avons porté le poids du jour et de la chaleur.
13 At ille
respóndens uni eórum, dixit : Amíce, non fácio tibi injúriam : nonne
ex denário convenísti mecum ?
13. Mais, répondant à l’un d’eux, il dit : Mon ami, je ne te fais point de tort ; n’es-tu pas convenu d’un denier avec moi ?
14 Tolle quod
tuum est, et vade : volo autem et huic novíssimo dare sicut et tibi.
14. Prends ce qui est à toi et va-t’en ; je veux donner même à ce dernier autant qu’à toi.
15 Aut non licet mihi quod volo, fácere ? an
óculus tuus nequam est, quia ego bonus sum ?
15. Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux ? et ton œil est-il mauvais parce que je suis bon ?
16 Sic erunt novíssimi primi, et primi novíssimi. Multi enim sunt vocáti, pauci vero elécti.
16. Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers ; car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus.
(hi) 17 Et
ascéndens Jesus Jerosólymam, assúmpsit duódecim discípulos secréto, et ait
illis :
17. Or Jésus montant à Jérusalem prit à part les douze disciples et leur dit :
18 Ecce
ascéndimus Jerosólymam, et Fílius hóminis tradétur princípibus sacerdótum, et
scribis, et condemnábunt eum morte,
18. Voilà que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux princes des prêtres et aux scribes, et ils le condamneront à mort
19 et tradent
eum géntibus ad illudéndum, et flagellándum, et crucifigéndum, et tértia die
resúrget.
19. Et ils le livreront aux gentils pour être moqué et flagellé et crucifié ; et le troisième jour il ressuscitera.
(hi) 20 Tunc accéssit ad eum mater filiórum Zebedǽi cum
fíliis suis, adórans et petens áliquid ab eo.
20. Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de lui avec ses fils, l’adorant et lui demandant quelque chose.
21 Qui dixit
ei : Quid vis ? Ait illi : Dic ut sédeant hi duo fílii mei, unus
ad déxteram tuam, et unus ad sinístram in regno tuo.
21. Jésus lui dit : Que voulez-vous ? Elle lui répondit : Ordonnez que mes deux fils que voici soient assis, l’un à votre droite, l’autre à votre gauche, dans votre royaume.
22 Respóndens autem Jesus, dixit : Nescítis
quid petátis. Potéstis bíbere cálicem, quem ego bibitúrus sum ? Dicunt
ei : Póssumus.
22. Mais, répondant, Jésus dit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que je vais boire ? Ils lui répondirent : Nous le pouvons.
23 Ait illis : Cálicem quidem meum
bibétis : sedére autem ad déxteram meam vel sinístram non est meum dare
vobis, sed quibus parátum est a Patre meo.
23. Il leur dit : Vous boirez en effet mon calice : mais d’être assis à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de vous l’accorder à vous, mais à ceux à qui mon Père l’a préparé.
24 Et audiéntes decem, indignáti sunt de duóbus
frátribus.
24. Or, entendant cela, les dix s’indignèrent contre les deux frères.
25 Jesus
autem vocávit eos ad se, et ait : Scitis quia príncipes géntium dominántur
eórum : et qui majóres sunt, potestátem exércent in eos.
25. Mais Jésus les appela à lui, et leur dit : Vous savez que les princes des nations les dominent, et que les grands exercent la puissance sur elles.
26 Non ita
erit inter vos : sed quicúmque volúerit inter vos major fíeri, sit vester
miníster :
26. Il n’en sera pas ainsi parmi vous ; mais que celui qui voudra être le plus grand parmi vous, soit votre serviteur ;
27 et qui
volúerit inter vos primus esse, erit vester servus.
27. Et celui qui voudra être le premier parmi vous sera votre esclave.
28 Sicut Fílius hóminis non venit ministrári, sed ministráre, et dare ánimam suam redemptiónem pro multis.
28. Comme le Fils de l’homme n’est point venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour la rédemption d’un grand nombre.
(hi) 29 Et
egrediéntibus illis ab Jéricho, secúta est eum turba multa,
29. Lorsqu’ils sortaient de Jéricho, une grande foule le suivit :
30 et ecce
duo cæci sedéntes secus viam audiérunt quia Jesus transíret : et
clamavérunt, dicéntes : Dómine, miserére nostri, fili David.
30. Et voilà que deux aveugles assis sur le bord du chemin, entendirent que Jésus passait ; et ils élevèrent la voix, disant : Seigneur, fils de David, ayez pitié de nous.
31 Turba
autem increpábat eos ut tacérent. At illi magis clamábant, dicéntes :
Dómine, miserére nostri, fili David.
31. Et la foule les gourmandait pour qu’ils se tussent ; mais eux criaient encore plus, disant : Seigneur, fils de David, ayez pitié de nous.
32 Et stetit
Jesus, et vocávit eos, et ait : Quid vultis ut fáciam vobis ?
32. Alors Jésus s’arrêta, les appela, et dit : Que voulez-vous que je vous fasse ?
33
Dicunt illi : Dómine, ut aperiántur óculi nostri.
33. Ils lui répondirent : Seigneur, que nos yeux s’ouvrent.
34 Misértus autem eórum Jesus, tétigit óculos eórum. Et conféstim vidérunt, et secúti sunt eum.
34. Et ayant pitié d’eux, Jésus toucha leurs yeux ; et aussitôt ils recouvrèrent la vue et ils le suivirent.
~
CHAP. XX. 16. Supra. XIX, 30 ; Marc. X, 31 ; Luc. XIII, 30. — 16. Infra. XXII, 14. — 17. Marc. X, 32 ; Luc. XVIII, 31. — 20. Marc. X, 35. — 24. Marc. X, 41. — 25. Luc. XXII, 25. — 28. Phil. II, 7. — 29. Marc. X, 46 ; Luc. XVIII, 35.
1-16. Cette parabole est une explication de la fin du chapitre précédent. Elle nous montre que Dieu est maitre de ses dons, et qu’il peut se faire que celui qui a travaillé une heure mérite autant que celui qui a travaillé une journée entière, s’il l’a fait avec plus de zèle. Elle s’applique aux gentils qui, n’entrant qu’à la dernière heure dans l’Église, auront part à la même récompense que les Juifs qui y ont été appelés les premiers. — * Il faut remarquer d’ailleurs que « quand Jésus-Christ se sert d’une comparaison, énonce une parabole, il ne veut pas nous faire entendre qu’il y ait toujours une parité complète entre l’allégorie et la vérité. Il ne faut prendre souvent que le fond des choses et les circonstances générales. Tout le reste n’est pour l’ordinaire qu’une espèce d’ornement sur lequel il est bon de ne pas trop s’appesantir. Il y a des traits qui sont nécessaires pour le complément de la figure, dit S. Jean Chrysostome, et qui ne le sont nullement pour la réalité. [Ici] l’excuse des ouvriers du soir, le murmure de ceux de la première heure, les reproches du maitre n’ont point d’application. » (Mgr Pichenot.)
2. * Un denier. Voir Matth. XVIII, 28.
3. * Vers la troisième heure. Vers neuf heures du matin.
5. * Vers la sixième et la neuvième heure. Vers midi et vers trois heures du soir.
6. * Vers la onzième heure. Vers cinq heures du soir.
15. Ton œil est-il mauvais ? Dans le style des Hébreux, comme dans celui des Grecs et des Latins, un mauvais œil est un œil jaloux et désigne un homme envieux et souvent un avare. Au contraire, un œil bon marque la bonté, la libéralité.
16. Ainsi les derniers, etc. Il semble au premier abord que la conclusion de cette parabole manque de justesse, et qu’il aurait fallu la terminer ainsi : Les derniers seront comme les premiers. C’est en effet le sens du texte original, où la particule de comparaison comme se trouve sous-entendue en vertu d’un hébraïsme que les auteurs du Nouveau Testament ont souvent imité.
20. * La mère des fils de Zébédée s’appelait Salomé. Ses deux fils étaient S. Jacques le Majeur et S. Jean l’Évangéliste.
22. Ce calice désigne les souffrances de Jésus-Christ.
23. Pour attacher ses disciples à la foi dont ils ne comprenaient pas encore la vertu, le Sauveur remet à son Père ce qui regarde la gloire, et ne se réserve que de prédire et de distribuer les afflictions ; quoique cependant tout ce qui est au Père soit au Fils, et tout ce qui est au Fils soit au Père (Joan. XVII, 10).
24. Or les dix ; c’est-à-dire les dix autres apôtres.
28. D’un grand nombre ; c’est-à-dire de tous, de tout le monde (ce qui constitue en effet un grand nombre), comme l’explique saint Jean dans sa première épitre (II, 2). On pourrait encore entendre cette expression de ceux-là seulement qui, par leur foi et leur conduite vraiment chrétienne, ont une part réelle aux mérites du Sauveur, mérites que les autres ont volontairement refusé de s’appliquer.
²
Entrée de Jésus-Christ dans Jérusalem. Vendeurs chassés du temple. Acclamations des enfants. Figuier séché. Puissance de la foi. Autorité de Jésus : Baptême de Jean. Parabole des deux fils envoyés à la vigne, des vignerons homicides. Parabole de la pierre angulaire.
(hi) 1 Et cum appropinquássent Jerosólymis, et veníssent
Béthphage ad montem Olivéti : tunc Jesus misit duos discípulos,
1. Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem et qu’ils furent venus à Bethphagé, près du mont des Oliviers, Jésus envoya deux disciples,
2 dicens
eis : Ite in castéllum, quod contra vos est, et statim inveniétis ásinam
alligátam, et pullum cum ea : sólvite, et addúcite mihi :
2. Leur disant : Allez au village qui est devant vous, et soudain vous trouverez une ânesse attachée, et son ânon avec elle ; déliez-les et amenez-les-moi.
3 et si quis
vobis áliquid díxerit, dícite quia Dóminus his opus habet : et conféstim
dimíttet eos.
3. Et si quelqu’un vous dit quelque chose, répondez que le Seigneur en a besoin ; et aussitôt il les laissera emmener.
4 Hoc autem totum factum est, ut adimplerétur quod dictum est per prophétam dicéntem :
4. Or tout cela fut fait, afin que s’accomplit la parole du prophète, disant :
5 Dícite fíliæ Sion :
5. Dites à la fille de Sion :
Ecce rex tuus venit tibi
Voici que votre Roi vient à vous
mansuétus, sedens super ásinam,
plein de douceur, monté sur une ânesse
et pullum fílium subjugális.
et sur l’ânon de celle qui est sous le joug.
6 Eúntes
autem discípuli fecérunt sicut præcépit illis Jesus.
6. S’en allant donc, les disciples firent comme Jésus leur avait commandé ;
7 Et
adduxérunt ásinam, et pullum : et imposuérunt super eos vestiménta sua, et
eum désuper sedére fecérunt.
7. Ils amenèrent l’ânesse et l’ânon, mirent dessus leurs vêtements et l’y firent assoir.
8 Plúrima
autem turba stravérunt vestiménta sua in via : álii autem cædébant ramos
de arbóribus, et sternébant in via :
8. La plus grande partie du peuple étendit ses vêtements le long de la route, d’autres coupaient des branches d’arbres et en jonchaient le chemin.
9 turbæ autem, quæ præcedébant, et quæ sequebántur,
clamábant, dicéntes : Hosánna fílio David : benedíctus, qui venit in
nómine Dómini : hosánna in altíssimis.
9. Or la foule qui précédait et celle qui suivait criaient, disant : Hosanna au fils de David : béni celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux !
10 Et cum intrásset Jerosólymam, commóta est
univérsa cívitas, dicens : Quis est hic ?
10. Lorsqu’il fut entré dans Jérusalem, toute la ville fut émue, demandant : Qui est celui-ci ?
11 Pópuli
autem dicébant : Hic est Jesus prophéta a Názareth Galilǽæ.
11. Et la multitude répondait : C’est Jésus, le Prophète de Nazareth en Galilée.
(hi) 12 Et intrávit Jesus in templum Dei, et ejiciébat
omnes vendéntes et eméntes in templo, et mensas numulariórum, et cáthedras
vendéntium colúmbas evértit :
12. Et Jésus entra dans le temple de Dieu, et chassa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le temple ; il renversa même les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient des colombes ;
13 et dicit
eis : Scriptum est : Domus mea domus oratiónis vocábitur : vos
autem fecístis illam spelúncam latrónum.
13. Et il leur dit : Il est écrit : Ma maison sera appelée maison de prière ; mais vous en avez fait une caverne de voleurs.
14 Et
accessérunt ad eum cæci, et claudi in templo : et sanávit eos.
14. Et des aveugles et des boiteux s’approchèrent de lui dans le temple, et il les guérit.
15 Vidéntes
autem príncipes sacerdótum et scribæ mirabília quæ fecit, et púeros clamántes
in templo, et dicéntes : Hosánna fílio David : indignáti sunt,
15. Mais les princes des prêtres et les scribes, voyant les merveilles qu’il faisait et les enfants qui criaient dans le temple et disaient : Hosanna au fils de David, s’indignèrent,
16 et
dixérunt ei : Audis quid isti dicunt ? Jesus autem dixit eis : Utíquë.
Numquam legístis : Quia ex ore infántium et lacténtium perfecísti
laudem ?
16. Et lui dirent : Entendez-vous ce que disent ceux-ci ? Jésus leur répondit : Oui. N’avez-vous jamais lu : C’est de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle, que vous avez tiré la louange la plus parfaite ?
(hi) 17 Et relíctis illis, ábiit foras extra civitátem in Bethaníam : ibíque mansit.
17. Et, les ayant quittés, il s’en alla hors de la ville à Béthanie et s’y arrêta.
(hi) 18 Mane autem revértens in civitátem, esúriit.
18. Le lendemain matin, comme il revenait à la ville, il eut faim.
19 Et videns fici árborem unam secus viam, venit ad eam : et nihil invénit in ea nisi fólia tantum, et ait illi : Numquam ex te fructus nascátur in sempitérnum. Et arefácta est contínuo ficúlnea.
19. Or apercevant un figuier près du chemin, il s’en approcha ; et n’y trouvant rien que des feuilles, il lui dit : Que jamais fruit ne naisse de toi désormais. Et à l’instant le figuier sécha.
(hi) 20 Et
vidéntes discípuli, miráti sunt, dicéntes : Quómodo contínuo áruit ?
20. Ce qu’ayant vu, les disciples s’étonnèrent, disant : Comment a-t-il séché sur-le-champ ?
21 Respóndens
autem Jesus, ait eis : Amen dico vobis, si habuéritis fidem, et non
hæsitavéritis, non solum de ficúlnea faciétis, sed et si monti huic
dixéritis : Tolle, et jacta te in mare, fiet.
21. Alors, Jésus prenant la parole, leur dit : En vérité, je vous dis : Si vous avez de la foi et que vous n’hésitiez point, non seulement vous ferez comme j’ai fait au figuier, mais même, si vous dites à cette montagne : Lève-toi et te jette dans la mer, cela se fera.
22 Et ómnia
quæcúmque petiéritis in oratióne credéntes, accipiétis.
22. Et tout ce que vous demanderez dans la prière avec foi, vous l’obtiendrez.
(hi) 23 Et cum venísset in templum, accessérunt ad eum
docéntem príncipes sacerdótum, et senióres pópuli, dicéntes : In qua
potestáte hæc facis ? et quis tibi dedit hanc potestátem ?
23. Or, comme il vint dans le temple, les princes des prêtres et les anciens du peuple s’approchèrent de lui, tandis qu’il enseignait, et dirent : Par quelle autorité faites-vous ces choses ? Et qui vous a donné ce pouvoir ?
24 Respóndens
Jesus dixit eis : Interrogábo vos et ego unum sermónem : quem si dixéritis
mihi, et ego vobis dicam in qua potestáte hæc fácio.
24. Jésus répondant, leur dit : Je vous ferai, moi aussi, une demande ; si vous y répondez, je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses.
25 Baptísmus
Joánnis unde erat ? e cælo, an ex homínibus ? At illi cogitábant
inter se, dicéntes :
25. Le baptême de Jean, d’où était-il ? Du ciel ou des hommes ? Mais eux pensaient en eux-mêmes, disant :
26 Si
dixérimus, e cælo, dicet nobis : Quare ergo non credidístis illi ? Si autem dixérimus, ex homínibus, timémus
turbam : omnes enim habébant Joánnem sicut prophétam.
26. Si nous répondons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi donc n’y avez-vous pas cru ! Et si nous répondons : Des hommes, nous avons à craindre le peuple ; tous, en effet, tenaient Jean pour prophète.
27 Et
respondéntes Jesu, dixérunt : Nescímus. Ait illis et ipse : Nec ego
dico vobis in qua potestáte hæc fácio.
27. Ainsi, répondant à Jésus, ils dirent : Nous ne savons. Et Jésus aussi leur répondit : Ni moi non plus je ne vous dirai par quelle autorité je fais ces choses.
(hi) 28 Quid autem
vobis vidétur ? Homo quidam habébat duos fílios, et accédens ad primum,
dixit : Fili, vade hódie, operáre in vínea mea.
28. Mais que vous en semble ? Un homme avait deux fils ; s’approchant du premier, il lui dit : Mon fils, va-t’en aujourd’hui travailler à ma vigne.
29 Ille autem
respóndens, ait : Nolo. Póstea autem, pœniténtia motus, ábiit.
29. Celui-ci répondant, dit : Je ne veux pas. Mais après, touché de repentir, il y alla.
30 Accédens
autem ad álterum, dixit simíliter. At ille respóndens, ait : Eo, dómine,
et non ivit :
30. S’approchant ensuite de l’autre, il dit de même. Et celui-ci répondant dit : J’y vais, Seigneur, et il n’y alla point.
31 quis ex
duóbus fecit voluntátem patris ? Dicunt ei : Primus. Dicit illis
Jesus : Amen dico vobis, quia publicáni et meretríces præcédent vos in
regnum Dei.
31. Lequel des deux a fait la volonté du père ? Ils lui dirent : Le premier. Jésus leur répliqua : En vérité je vous dis que les publicains et les courtisanes vous précèderont dans le royaume de Dieu.
32 Venit enim
ad vos Joánnes in via justítiæ, et non credidístis ei : publicáni autem et
meretríces credidérunt ei : vos autem vidéntes nec pœniténtiam habuístis
póstea, ut crederétis ei.
32. Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice et vous n’avez pas cru en lui ; mais les publicains et les femmes de mauvaise vie ont cru en lui ; et vous, ayant vu cela, vous n’avez pas même eu de repentir ensuite, de manière à croire en lui.
(hi) 33 Aliam parábolam audíte : Homo erat
paterfamílias, qui plantávit víneam, et sepem circúmdedit ei, et fodit in ea
tórcular, et ædificávit turrim, et locávit eam agrícolis, et péregre proféctus
est.
33. Écoutez une autre parabole : Il y avait un homme, père de famille, qui planta une vigne et l’entoura d’une haie, y creusa un pressoir, et bâtit une tour ; il la loua ensuite à des vignerons, et partit pour un voyage.
34 Cum autem tempus frúctuum appropinquásset, misit servos suos ad agrícolas, ut accíperent fructus ejus.
34. Or, lorsque le temps des fruits approcha, il envoya ses serviteurs aux vignerons, pour en recevoir les fruits.
35 Et agrícolæ, apprehénsis servis ejus, álium
cecidérunt, álium occidérunt, álium vero lapidavérunt.
35. Mais les vignerons s’étant saisis de ses serviteurs déchirèrent l’un de coups, tuèrent l’autre et en lapidèrent un autre.
36 Iterum
misit álios servos plures prióribus, et fecérunt illis simíliter.
36. Il envoya encore d’autres serviteurs en plus grand nombre que les premiers, et ils leur firent pareillement.
37 Novíssime autem misit ad eos fílium suum, dicens : Verebúntur fílium meum.
37. En dernier lieu il leur envoya son fils, disant : Ils auront du respect pour mon fils.
38 Agrícolæ
autem vidéntes fílium dixérunt intra se : Hic est hæres, veníte, occidámus
eum, et habébimus hæreditátem ejus.
38. Mais les vignerons voyant le fils dirent en eux-mêmes : Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, et nous aurons son héritage.
39 Et
apprehénsum eum ejecérunt extra víneam, et occidérunt.
39. Et après l’avoir pris, ils le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent.
40 Cum ergo
vénerit dóminus víneæ, quid fáciet agrícolis illis ?
40. Lors donc que viendra le maitre de la vigne, que fera-t-il à ces vignerons ?
41 Aiunt
illi : Malos male perdet : et víneam suam locábit áliis agrícolis,
qui reddant ei fructum tempóribus suis.
41. Ils lui répondirent : Il fera mourir misérablement ces misérables, et il louera sa vigne à d’autres vignerons qui lui en rendront le fruit en son temps.
42 Dicit
illis Jesus : Numquam legístis in Scriptúris :
42. Jésus leur demanda : N’avez-vous jamais lu dans les Écritures :
Lápidem quem reprobavérunt ædificántes,
La pierre rejetée par ceux qui bâtissaient,
hic factus est in caput ánguli :
est devenue un sommet d’angle.
a Dómino factum est istud,
Ceci est l’œuvre du Seigneur
et est mirábile in óculis
nostris ?
et elle est admirable à nos yeux ?
43 Ideo dico
vobis, quia auferétur a vobis regnum Dei, et dábitur genti faciénti fructus
ejus.
43. C’est pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu vous sera ôté, et qu’il sera donné à un peuple qui en produira les fruits.
44 Et qui
cecíderit super lápidem istum, confringétur : super quem vero cecíderit,
cónteret eum.
44. Celui qui tombera sur cette pierre, se brisera ; et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera.
45 Et cum
audíssent príncipes sacerdótum et pharisǽi parábolas ejus, cognovérunt quod de
ipsis díceret.
45. Or, lorsque les princes des prêtres et les pharisiens eurent entendu ses paraboles, ils comprirent que c’était d’eux qu’il parlait.
46 Et
quæréntes eum tenére, timuérunt turbas : quóniam sicut prophétam eum
habébant.
46. Et cherchant à se saisir de lui, ils craignirent le peuple, parce qu’il le regardait comme un prophète.
~
CHAP. XXI. 1. Marc. XI,
1 ; Luc. XIX,
29. — 5. Is. LXII, 11 ; Zach. IX, 9 ; Joan. XII, 15. — 9. Ps. CXVII, 26 ; Marc. XI, 10 ; Luc. XIX, 38. — 12. Marc. XI, 15 ; Luc. XIX, 45 ; Joan. II, 14. — 13. Is. LVI, 7 ; Jer. VII, 11 ; Luc. XIX, 46. — 16. Ps. VIII, 3. — 19. Marc. XI, 13. — 20. Marc. XI, 20. — 22. Supra. VII, 7 ; Marc. XI, 24 ; I Joan. III, 22. — 23. Marc. XI, 28 ; Luc. XX, 2. — 26. Supra. XIV, 5. — 33. Is. V, 1 ; Jer. II, 21 ; Marc. XII, 1 ; Luc. XX, 9. — 38. Infra. XXVI, 3 ; XXVII, 1 ; Joan. XI, 53. — 42. Ps. CXVII, 22 ; Act. IV, 11 ; Rom. IX, 33 ; I Petr. II, 7.
1. * Bethphagé était un village non loin de Béthanie, et, comme le dit le texte, près du mont des Oliviers. — Le mont des Oliviers lui-même est situé à l’est de Jérusalem dont il est séparé par le torrent de Cedron et la vallée de Josaphat. « Pour s’y rendre, on passe par la porte Saint-Étienne et la vallée de Josaphat ; on traverse le torrent de Cedron sur un pont d’une seule arche. Le torrent de Cedron traverse la vallée de Josaphat ; il est à vingt pas de Gethsémani. Non loin de Gethsémani est l’endroit où, malgré l’incertitude des traditions à cet égard, les chrétiens d’Orient soutiennent qu’eurent lieu les merveilles de l’Assomption de la très sainte Mère de Dieu. De cet endroit, on commence à monter le mont des Olives qui est fort roide. Rien n’égale la surprise que l’on éprouve, lorsque, arrivé à la moitié de sa hauteur, en se retournant, on aperçoit devant soi Jérusalem [et l’on jouit du magnifique spectacle qu’elle présente. Du haut de la montagne, en s’avançant vers le levant, on voit] la mer Morte, la plaine de Jéricho, le Jourdain et au-delà les montagnes de l’Arabie Pétrée. » (De Géramb.)
5. Cette citation parait être empruntée d’Isaïe et de Zacharie, mais surtout de ce dernier. Nous devons faire observer que l’évangéliste donne le sens du texte, sans en rapporter les propres termes.
9. Hosanna est un mot formé de l’hébreu, signifiant : Sauvez, je vous prie, et renfermant, comme le latin vivat, non seulement le souhait d’une longue vie, mais d’une vie accompagnée de prospérité et de gloire.
10. * Lorsqu’il fut entré dans Jérusalem. Une tradition très vraisemblable fait entrer Notre Seigneur dans la ville par la porte Dorée, située à l’est du temple et aujourd’hui murée,
12. * Dans le temple, en grec, hiéron. Le texte original distingue toujours soigneusement le hiéron et le naos. Le hiéron était l’ensemble des bâtiments et des cours qui étaient consacrés à Dieu ; le naos était le sanctuaire proprement dit. Comme nos églises consistent exclusivement dans l’édifice qui est la maison de Dieu, nos langues n’ont point de termes propres pour désigner ces deux choses autrefois si distinctes. Le naos ou maison de Dieu proprement dite se composait d’un portique, puis du Saint où étaient l’autel des parfums, le chandelier à sept branches et les pains de proposition, et enfin du Saint des Saints où avait été d’abord l’arche et où le grand prêtre seul pouvait pénétrer une fois par an. Les sacrifices ne s’offraient point dans le naos, mais au dehors. Devant le naos était une cour ou terrasse, appelée le parvis des Prêtres : c’est là qu’était l’autel des holocaustes sur lequel on offrait les victimes immolées au Seigneur. Les prêtres et les Lévites seuls pouvaient y pénétrer. Autour de cette terrasse en était une autre, plus basse de quinze marches, qui portait le nom de parvis des Israélites. À l’est, une cour élevée de cinq marches était réservée aux femmes. Une barrière séparait la cour des Juifs d’une troisième cour qui portait le nom de parvis des Gentils, parce que les Gentils eux-mêmes pouvaient y pénétrer, tandis qu’il leur était défendu sous peine de mort de pénétrer dans la cour d’Israël. Le parvis des Gentils était plus étendu à l’est et surtout au sud qu’au nord et qu’à l’ouest, parce que le naos n’était pas au milieu de la plateforme du mont Moriah, mais au nord-ouest. Le parvis des Gentils était fermé au levant par le portique de Salomon et au midi par le portique royal qui était beaucoup plus large que celui de Salomon. L’un et l’autre étaient magnifiques ; ils étaient formés de colonnes monolithes de marbre blanc de douze à treize mètres de haut. C’est sous ces portiques que se sont passées une partie des scènes racontées par les Évangiles et en particulier celle des vendeurs du temple. — Les tables des changeurs. « Ces usages se sont perpétués à Jérusalem, où, dans les rues voisines du bazar, les changeurs sont assis devant de petites tables chargées de diverses espèces de monnaie. » (J. H. Michon.)
17. * Béthanie, aujourd’hui el-Azarîyéh ou Lazariéh, si célèbre par les récits de l’Évangile, est maintenant un pauvre petit village d’une vingtaine de familles. Élevé sur la pente orientale du mont des Oliviers, il est proche de l’endroit où la route de Jérusalem à Jéricho commence à descendre avec rapidité vers la vallée du Jourdain. On y montre le site traditionnel de la maison et du tombeau de Lazare, ainsi que de la maison de Simon le lépreux.
19. * Et à l’instant le figuier sécha. « En arrivant de Béthanie à Jérusalem le matin, Jésus eut faim ; ayant vu de loin un figuier, il s’en approcha pour voir s’il y trouverait du fruit ; mais n’y trouvant que des feuilles, parce que ce n’était pas le temps des fruits, il le maudit. — C’est une parabole de choses, semblable à celle de paroles qu’on trouve en saint Luc. XIII, 6. Il ne faut donc point demander ce qu’avait fait ce figuier, ni ce qu’il avait mérité : car qui ne sait qu’un arbre ne mérite rien ? ni regarder cette malédiction du Sauveur par rapport au figuier, qui n’était que la matière de la parabole. Il faut voir ce qu’il représentait, c’est-à-dire la créature raisonnable qui doit toujours des fruits à son créateur, en quelque temps qu’il lui en demande ; et lorsqu’il ne trouve que des feuilles, un dehors apparent, et rien de solide, il la maudit. Jésus-Christ continua son voyage et revint à Béthanie, selon sa coutume, et la matinée d’après, ses disciples s’arrêtèrent au figuier, qu’ils trouvèrent desséché depuis la racine ; et Pierre dit au Sauveur : Maitre, le figuier que vous avez maudit est séché. Jésus-Christ ne voulait pas sortir de ce monde sans faire voir les effets sensibles de sa malédiction, voulant faire sentir ce qu’elle pouvait ; mais par un effet admirable de sa bonté, il frappe l’arbre et épargne l’homme. Ainsi quand il voulut faire sentir combien les démons étaient malfaisants, et jusqu’où allait leur puissance, lorsqu’il leur lâchait la main, il le fit paraitre sur un troupeau de pourceaux que les démons précipitèrent dans la mer (Matth. VIII, 32). Qu’il est bon et qu’il a de la peine à frapper l’homme ! » (Bossuet.) — Il faut d’ailleurs remarquer que Notre Seigneur pouvait s’étonner, en Palestine, de ne pas trouver de figues sur un figuier, quoique ce ne fut pas le temps ordinaire des figues (Marc. XI, 13), parce que en Palestine les figuiers ont des fruits à peu près toute l’année, voir Luc. XIII, 6. Josèphe dit qu’on cueillait des figues sur les figuiers des bords du lac de Génésareth pendant dix mois de l’année. Souvent, surtout sur les vieux arbres, il y a des figues qui ne sont pas encore mures quand les feuilles tombent et que la végétation s’arrête ; elles ne se détachent point des branches, mais y restent suspendues pendant tout l’hiver et deviennent bonnes à manger quand la végétation recommence au printemps. Notre Seigneur pouvait donc trouver des fruits sur l’arbre aux environs de Pâques. Les figuiers étaient nombreux autrefois sur le mont des Oliviers et il y en a encore quelques-uns aujourd’hui.
23. * Les princes des prêtres, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales. — Les anciens du peuple, les membres du sanhédrin.
33. Y creusa un pressoir. Les pressoirs étaient des cuves souterraines où l’on conservait le vin sur ses lies jusqu’à ce qu’on le mît dans des cruches ou dans des outres. — * On trouve encore aujourd’hui en Palestine, spécialement dans le sud, d’anciens pressoirs qui ont été creusés ou taillés dans le roc. — Et bâtit une tour. « L’habitude de construire des tours pour protéger, principalement à l’époque de la récolte, les enclos qu’elles dominent, remonte en Palestine à la plus haute antiquité. [Encore aujourd’hui], au centre de la plupart des jardins que délimitent de petits murs en pierres sèches, on remarque des tours de garde de forme ronde, et dont plusieurs sont peut-être très anciennes. Elles servent à protéger la récolte contre les déprédations des voleurs et les dévastations des bêtes fauves, principalement des chacals. » (V. Guérin.) Judée, I, 125.
35. Ils déchirèrent, etc. C’est le vrai sens du texte ; car le mot employé par la Vulgate signifie faire tomber, couper, trancher, tailler en pièces ; et celui du grec, écorcher, arracher, enlever la peau.
²
Parabole du festin des noces. Rendre à César ce qui est à César. Résurrection des morts. Vie angélique. Amour de Dieu et du prochain. Le Messie, fils et seigneur de David.
(hi) 1 Et
respóndens Jesus, dixit íterum in parábolis eis, dicens :
1. Jésus reprenant, leur parla de nouveau en paraboles, disant :
2
Símile factum est regnum cælórum hómini regi, qui fecit núptias fílio suo.
2. Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit les noces de son fils.
3 Et misit
servos suos vocáre invitátos ad núptias, et nolébant veníre.
3. Or il envoya ses serviteurs appeler les conviés aux noces ; mais ils ne voulurent point venir.
4 Iterum
misit álios servos, dicens : Dícite invitátis : Ecce prándium meum
parávi, tauri mei et altília occísa sunt, et ómnia paráta : veníte ad
núptias.
4. Il envoya encore d’autres serviteurs, disant : Dites aux conviés : Voilà que j’ai préparé mon festin, mes bœufs et les animaux engraissés ont été tués ; tout est prêt, venez aux noces.
5 Illi autem neglexérunt : et abiérunt, álius in villam suam, álius vero ad negotiatiónem suam :
5. Mais ils n’en tinrent compte, et ils s’en allèrent, l’un à sa maison des champs, et l’autre à son négoce.
6 réliqui
vero tenuérunt servos ejus, et contuméliis afféctos occidérunt.
6. Les autres se saisirent des serviteurs, et après les avoir outragés, ils les tuèrent.
7 Rex autem
cum audísset, irátus est : et missis exercítibus suis, pérdidit homicídas
illos, et civitátem illórum succéndit.
7. Or lorsque le roi l’eut appris, il en fut irrité ; et ayant envoyé ses armées, il extermina ces meurtriers et brula leur ville.
8 Tunc ait
servis suis : Núptiæ quidem parátæ sunt, sed qui invitáti erant, non fúerunt
digni :
8. Alors il dit à ses serviteurs : Les noces ont été préparées, mais ceux qui avaient été conviés, n’en ont pas été dignes.
9 ite ergo ad éxitus viárum, et quoscúmque invenéritis, vocáte ad núptias.
9. Allez donc dans les carrefours, et tous ceux que vous trouverez, appelez-les aux noces.
10 Et egréssi
servi ejus in vias, congregavérunt omnes quos invenérunt, malos et bonos :
et implétæ sunt núptiæ discumbéntium.
10. Et ses serviteurs s’étant dispersés sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, bons et mauvais, et la salle des noces fut remplie de convives.
11 Intrávit autem rex ut vidéret discumbéntes, et
vidit ibi hóminem non vestítum veste nuptiáli.
11. Or le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut un homme qui n’était point revêtu de la robe nuptiale.
12 Et ait illi : Amíce, quómodo huc intrásti non habens vestem nuptiálem ? At ille obmútuit.
12. Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir la robe nuptiale ? Et celui-ci resta muet.
13 Tunc dicit
rex minístris : Ligátis mánibus et pédibus ejus, míttite eum in ténebras
exterióres : ibi erit fletus et stridor déntium.
13. Alors le roi dit à ses serviteurs : Liez-lui les pieds et les mains et jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là sera le pleur et le grincement de dents.
14 Multi enim sunt vocáti, pauci vero
elécti.
14. Car beaucoup sont appelés, mais peu élus.
(hi) 15 Tunc
abeúntes pharisǽi, consílium iniérunt ut cáperent eum in sermóne.
15. Alors les pharisiens s’en allant, se concertèrent pour le surprendre dans ses paroles.
16 Et mittunt ei discípulos suos cum Herodiánis,
dicéntes : Magíster, scimus quia verax es, et viam Dei in veritáte doces,
et non est tibi cura de áliquo : non enim réspicis persónam hóminum :
16. Ils envoyèrent donc leurs disciples avec des hérodiens, disant : Maitre, nous savons que vous êtes vrai, que vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité, et que vous n’avez égard à qui que ce soit ; car vous ne considérez point la face des hommes.
17 dic ergo nobis quid tibi vidétur, licet censum
dare Cǽsari, an non ?
17. Dites-nous donc ce qui vous en semble : Est-il permis de payer le tribut à César, ou non ?
18 Cógnita
autem Jesus nequítia eórum, ait : Quid me tentátis, hypócritæ ?
18. Mais Jésus, leur malice connue, dit : Hypocrites, pourquoi me tentez-vous ?
19 osténdite mihi numísma census. At illi obtulérunt ei denárium.
19. Montrez-moi la monnaie du tribut. Et eux lui présentèrent un denier.
20 Et ait
illis Jesus : Cujus est imágo hæc, et superscríptio ?
20. Jésus leur demanda : De qui est cette image et cette inscription ?
21 Dicunt
ei : Cǽsaris. Tunc ait illis : Réddite ergo quæ sunt Cǽsaris,
Cǽsari : et quæ sunt Dei, Deo.
21 Ils lui répondirent : De César Alors il leur répliqua : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.
22 Et
audiéntes miráti sunt, et relícto eo abiérunt.
22. Ce qu’ayant entendu, ils furent saisis d’admiration, et le laissant, ils s’en allèrent.
(hi) 23 In illo
die accessérunt ad eum sadducǽi, qui dicunt non esse resurrectiónem : et
interrogavérunt eum,
23. Ce jour-là, vinrent à lui les sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, et ils l’interrogèrent,
24
dicéntes : Magíster, Móyses dixit : Si quis mórtuus fúerit non habens
fílium, ut ducat frater ejus uxórem illíus, et súscitet semen fratri suo.
24. Disant : Maitre, Moïse a dit : Si quelqu’un meurt n’ayant pas d’enfant, que son frère épouse sa femme et suscite des enfants à son frère.
25 Erant
autem apud nos septem fratres : et primus, uxóre ducta, defúnctus
est : et non habens semen, relíquit uxórem suam fratri suo.
25. Or il y avait parmi nous sept frères : le premier ayant pris une femme, mourut, et n’ayant point eu d’enfants, il a laissé sa femme à son frère.
26 Simíliter
secúndus, et tértius usque ad séptimum.
26. Pareillement le second et le troisième jusqu’au septième.
27 Novíssime
autem ómnium et múlier defúncta est.
27. Enfin après eux tous la femme aussi est morte.
28 In resurrectióne ergo cujus erit de septem uxor ? omnes enim habuérunt eam.
28. À la résurrection donc duquel des sept sera-t-elle femme puisque tous l’ont eue pour femme ?
29 Respóndens
autem Jesus, ait illis : Errátis nesciéntes Scriptúras, neque virtútem
Dei.
29. Mais, répondant, Jésus leur dit : Vous errez, ne comprenant ni les Écritures, ni la puissance de Dieu.
30 In resurrectióne enim neque nubent, neque nubéntur : sed erunt sicut ángeli Dei in cælo.
30. Car à la résurrection les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris ; mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel.
31 De
resurrectióne autem mortuórum non legístis quod dictum est a Deo dicénte
vobis :
31. Et touchant la résurrection des morts, n’avez-vous point lu la parole qui vous a été dite par Dieu :
32 Ego sum Deus Abraham, et Deus Isaac, et Deus Jacob ? Non est Deus mortuórum, sed vivéntium.
32. Je suis le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ? Or Dieu n’est point le Dieu des morts, mais des vivants.
33 Et
audiéntes turbæ, mirabántur in doctrína ejus.
33. Et le peuple l’entendant, admirait sa doctrine.
(hi) 34 Pharisǽi
autem audiéntes quod siléntium imposuísset sadducǽis, convenérunt in
unum :
34. Mais les pharisiens apprenant qu’il avait réduit les sadducéens au silence, s’assemblèrent ;
35 et
interrogávit eum unus ex eis legis doctor, tentans eum :
35. Et l’un d’eux, docteur de la loi, l’interrogea pour le tenter :
36 Magíster, quod est mandátum magnum in lege ?
36. Maitre, quel est le grand commandement de la loi ?
37 Ait illi
Jesus : Díliges Dóminum Deum tuum ex toto corde tuo, et in tota ánima tua,
et in tota mente tua.
37. Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.
38 Hoc est
máximum, et primum mandátum.
38. C’est là le premier et le plus grand commandement.
39 Secúndum
autem símile est huic : Díliges próximum tuum, sicut teípsum.
39. Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
40 In his
duóbus mandátis univérsa lex pendet, et prophétæ.
40. À ces deux commandements se rattachent toute la loi et les prophètes.
(hi) 41
Congregátis autem pharisǽis, interrogávit eos Jesus,
41. Or, les pharisiens étant assemblés, Jésus les interrogea,
42 dicens : Quid vobis vidétur de Christo ? cujus fílius est ? Dicunt ei : David.
42. Disant : Que vous semble du Christ ? de qui est-il fils ? Ils lui répondirent : De David.
43 Ait illis : Quómodo ergo David in
spíritu vocat eum Dóminum, dicens :
43. Il leur répliqua : Comment donc David l’appelle-t-il en esprit, son Seigneur, disant :
44 Dixit Dóminus Dómino meo : Sede a dextris
meis, donec ponam inimícos tuos scabéllum pedum tuórum ?
44. Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de vos ennemis l’escabeau de vos pieds ?
45 Si
ergo David vocat eum Dóminum, quómodo fílius ejus est ?
45. Si donc David l’appelle son Seigneur, comment est-il son fils ?
46 Et nemo
póterat ei respondére verbum : neque ausus fuit quisquam ex illa die eum
ámplius interrogáre.
46. Et personne ne pouvait lui rien répondre, et, depuis ce jour, nul n’osa plus l’interroger.
~
CHAP. XXII. 1. Prov. IX, 1 ; Is. XXV, 6 ; Luc. XIV, 16 ; Apoc. XIX, 9. — 13. Supra. VIII, 12 ; XIII, 42 ; Infra. XXV, 30. 14. Supra. XX, 16. — 15. Marc. XII, 13 ; Luc. XX, 20. — 21. Rom. XIII, 7. — 23. Act. XXIII, 8. — 24. Deut. XXV, 5 ; Marc. XII, 19 ; Luc. XX, 28. — 32. Ex. III, 6 ; Marc. XII, 26-27 ; Luc. XX, 37-38. — 35. Marc. XII, 28 ; Luc. X, 25. — 37. Deut. VI, 5. — 39. Lev. XIX, 18 ; Marc. XII, 31. — 43. Luc. XX, 41. — 44. Ps. CIX, 1.
11. * La robe nuptiale. C’est partout la coutume que les invités aux noces se revêtent d’habits de fêtes. Peut-être y a-t-il aussi une allusion à une coutume orientale, en vertu de laquelle les rois et les princes envoient à ceux qu’ils appellent à leur table une robe dont ils doivent se couvrir pour prendre part au festin.
14. Car beaucoup sont appelés, etc. Ces paroles sont la conclusion naturelle de la parabole, d’après laquelle beaucoup de ceux qui avaient été invités au festin des noces ne s’y rendirent pas.
16. Par les hérodiens dont il est ici question, les uns entendent des membres d’une secte de ce nom, les autres de simples partisans d’Hérode qui étaient, comme la secte elle-même, pour les Romains, et par conséquent opposés aux pharisiens ; de sorte que, de quelque manière que le Sauveur répondit, il ne pouvait manquer d’être accusé par l’un ou l’autre parti. Mais il sut éluder leur demande et éviter ainsi le piège qu’ils lui tendaient. — La face des hommes ; c’est-à-dire leur qualité, leur condition. Le sens de ce passage est que le Sauveur ne faisait acception de personne. — * Les hérodiens ou partisans des Hérode étaient probablement un parti surtout politique, qui considérait la famille d’Hérode comme le meilleur appui des Juifs contre l’absorption totale de leur pays dans l’empire romain, mais qui cherchait en même temps à établir une sorte de compromis entre le judaïsme et le paganisme, et avait par suite peu de zèle pour l’observation de la loi.
17. * À César. Le César alors régnant était Tibère. Voir Luc. III, 1.
32. Je suis le Dieu d’Abraham, etc. Avec ces paroles qui sont prises de l’Exode Jésus-Christ prouve ici la résurrection des corps par l’immortalité de l’âme, parce que, en effet, ces deux dogmes sont inséparables. L’âme étant immortelle doit nécessairement être un jour réunie à son corps, pour y recevoir la récompense ou la punition qu’elle a méritée dans ce corps même, lorsqu’elle en était revêtue.
43. En esprit ; c’est-à-dire parlant par l’Esprit de Dieu. Voy. Ps. CIX, 1.
44. * L’escabeau de vos pieds. Les vainqueurs avaient la coutume de poser leurs pieds sur le cou des vaincus en signe de leur triomphe, de sorte que faire de ses ennemis l’escabeau de ses pieds, c’est les soumettre à sa puissance.
²
Écouter ceux qui sont assis sur la chaire de Moïse. Vanité et hypocrisie des scribes et des pharisiens. Reproches de Jésus-Christ contre eux. Prédiction contre Jérusalem.
(hi) 1 Tunc Jesus
locútus est ad turbas, et ad discípulos suos,
1. Alors Jésus parla à la foule et à ses disciples,
2
dicens : Super cáthedram Móysi sedérunt scribæ et pharisǽi.
2. Disant : C’est sur la chaire de Moïse que sont assis les scribes et les pharisiens.
3 Omnia ergo
quæcúmque díxerint vobis, serváte, et
fácite : secúndum ópera vero eórum
nolíte fácere : dicunt enim, et non fáciunt.
3. Ainsi, tout ce qu’ils vous disent, observez-le et faites-le, mais n’agissez pas selon leurs œuvres ; car ils disent et ne font pas.
4 Alligant
enim ónera grávia, et importabília, et impónunt in húmeros hóminum :
dígito autem suo nolunt ea movére.
4. Ils attachent des fardeaux pesants et qu’on ne peut porter ; et ils les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne veulent pas même les remuer du doigt.
5 Omnia vero ópera sua fáciunt ut videántur ab
homínibus : dilátant enim phylactéria sua, et magníficant fímbrias.
5. Ils font toutes leurs œuvres pour être vus des hommes ; car ils portent de très larges phylactères, et des franges fort longues.
6 Amant autem primos recúbitus in cœnis, et primas cáthedras in synagógis,
6. Ils aiment les premières places dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues,
7 et
salutatiónes in foro, et vocári ab homínibus Rabbi.
7. Les salutations dans les places publiques, et à être appelés maitres par les hommes.
8 Vos autem
nolíte vocári Rabbi : unus est enim magíster vester, omnes autem vos
fratres estis.
8. Pour vous, ne veuillez pas être appelés maitres ; car un seul est votre maitre, et vous êtes tous frères.
9 Et patrem nolíte vocáre vobis super terram :
unus est enim pater vester qui in cælis est.
9. Et n’appelez sur la terre personne votre père ; car un seul est votre Père, lequel est dans les cieux.
10 Nec
vocémini magístri : quia magíster vester unus est, Christus.
10. Qu’on ne vous appelle point non plus maitres ; parce qu’un seul est votre maitre, le Christ.
11 Qui major
est vestrum, erit miníster vester.
11. Celui qui est le plus grand parmi vous, sera votre serviteur.
12 Qui autem
se exaltáverit, humiliábitur : et qui se humiliáverit, exaltábitur.
12. Car quiconque s’exaltera, sera humilié ; et quiconque s’humiliera, sera exalté.
13 Væ autem
vobis scribæ et pharisǽi hypócritæ, quia cláuditis regnum cælórum ante
hómines ! vos enim non intrátis, nec introëúntes sínitis intráre.
13. Mais malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux. Vous n’entrez pas vous-mêmes, et vous ne souffrez pas que les autres entrent.
14 Væ vobis
scribæ et pharisǽi hypócritæ, quia coméditis domos viduárum, oratiónes longas
orántes ! propter hoc ámplius accipiétis judícium.
14. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que sous le prétexte de vos longues prières, vous dévorez les maisons des veuves : c’est pour cela que vous subirez un jugement plus rigoureux.
15 Væ vobis scribæ et pharisǽi hypócritæ, quia
circúitis mare, et áridam, ut faciátis unum prosélytum, et cum fúerit factus,
fácitis eum fílium gehénnæ duplo quam vos.
15. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous parcourez la mer et la terre pour faire un prosélyte ; et quand il est fait, vous faites de lui un fils de la géhenne deux fois plus que vous.
16 Væ vobis duces cæci, qui dícitis : Quicúmque
juráverit per templum, nihil est : qui autem juráverit in auro templi,
debet.
16. Malheur à vous, guides aveugles, qui dites : Quiconque jure par le temple, ce n’est rien ; mais quiconque jure par l’or du temple, doit ce qu’il a juré.
17 Stulti et
cæci : quid enim majus est ? aurum, an templum, quod sanctíficat
aurum ?
17. Insensés et aveugles, lequel est le plus grand, l’or ou le temple qui sanctifie l’or ?
18 Et
quicúmque juráverit in altári, nihil est : quicúmque autem juráverit in
dono, quod est super illud, debet.
18. Et quiconque jure par l’autel, ce n’est rien : mais quiconque jure par l’offrande déposée sur l’autel, est engagé.
19 Cæci : quid enim majus est, donum, an altáre, quod sanctíficat donum ?
19. Aveugles, lequel est le plus grand, l’offrande ou l’autel qui sanctifie l’offrande ?
20 Qui ergo jurat in altári, jurat in eo, et in ómnibus quæ super illud sunt.
20. Celui donc qui jure par l’autel, jure par lui et par tout ce qui est dessus lui.
21 Et quicúmque juráverit in templo, jurat in illo, et in eo qui hábitat in ipso :
21. Et quiconque jure par le temple, jure par lui et par celui dont il est la demeure.
22 et qui
jurat in cælo, jurat in throno Dei, et in eo qui sedet super eum.
22. Et celui qui jure par le ciel, jure par le trône de Dieu et par celui qui y est assis.
23 Væ vobis scribæ et pharisǽi hypócritæ, qui
decimátis mentham, et anéthum, et cymínum, et reliquístis quæ gravióra sunt
legis, judícium, et misericórdiam, et fidem ! hæc opórtuit fácere, et illa
non omíttere.
23. Malheur à vous, pharisiens et scribes hypocrites, qui payez la dime de la menthe et de l’aneth et du cumin, et qui négligez les choses les plus graves de la loi, la justice, la miséricorde et la foi ; il fallait faire ceci, et ne pas omettre cela.
24 Duces
cæci, excolántes cúlicem, camélum autem glutiéntes.
24. Guides aveugles, qui employez un filtre pour le moucheron, et qui avalez le chameau.
25 Væ vobis
scribæ et pharisǽi hypócritæ, quia mundátis quod déforis est cálicis et
parópsidis ; intus autem pleni estis rapína et immundítia !
25. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous nettoyez les dehors de la coupe et du plat, tandis qu’au-dedans vous êtes pleins de souillures et de rapine.
26 Pharisǽe
cæce, munda prius quod intus est cálicis, et parópsidis, ut fiat id, quod
déforis est, mundum.
26. Pharisien aveugle, nettoie d’abord le dedans de la coupe et du plat, afin que le dehors soit net aussi.
27 Væ vobis scribæ et pharisǽi hypócritæ, quia
símiles estis sepúlchris dealbátis, quæ a foris parent homínibus speciósa,
intus vero pleni sunt óssibus mortuórum, et omni spurcítia !
27. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui au dehors paraissent beaux aux hommes, mais au-dedans sont pleins d’ossements de morts et de toute sorte de pourriture.
28 Sic et vos
a foris quidem parétis homínibus justi : intus autem pleni estis hypócrisi
et iniquitáte.
28. Ainsi vous aussi, au dehors, vous paraissez justes aux hommes ; mais au dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité.
29 Væ vobis
scribæ et pharisǽi hypócritæ, qui
ædificátis sepúlchra prophetárum, et
ornátis
monuménta justórum,
29. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui bâtissez les tombeaux des prophètes, ornez les monuments des justes,
30 et
dícitis : Si fuissémus in diébus patrum nostrórum, non essémus sócii eórum
in sánguine prophetárum !
30. Et qui dites : Si nous avions été du temps de nos pères, nous n’aurions pas été complices avec eux du sang des prophètes.
31 ítaque
testimónio estis vobismetípsis, quia fílii estis eórum, qui prophétas
occidérunt.
31. Ainsi vous êtes à vous-mêmes un témoignage que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes.
32 Et vos
impléte mensúram patrum vestrórum.
32. Comblez donc aussi la mesure de vos pères.
33
Serpéntes, genímina viperárum, quómodo fugiétis a judício gehénnæ ?
33. Serpents, races de vipères, comment fuirez-vous le jugement de la géhenne ?
34 Ideo ecce
ego mitto ad vos prophétas, et sapiéntes, et scribas, et ex illis occidétis, et
crucifigétis, et ex eis flagellábitis in synagógis vestris, et persequémini de
civitáte in civitátem :
34. C’est pourquoi voici que moi-même je vous envoie des prophètes, des sages et des docteurs ; vous tuerez et crucifierez les uns, et vous en flagellerez d’autres dans vos synagogues, et vous les poursuivrez de ville en ville :
35 ut véniat super vos omnis sanguis justus, qui
effúsus est super terram, a sánguine Abel justi usque ad sánguinem Zacharíæ,
fílii Barachíæ, quem occidístis inter templum et altáre.
35. Afin que retombe sur vous tout le sang innocent qui a été versé sur la terre, depuis le sang du juste Abel jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel.
36 Amen dico vobis, vénient hæc ómnia super generatiónem istam.
36. En vérité je vous dis : Tout ceci viendra sur cette génération.
(hi) 37 Jerúsalem,
Jerúsalem, quæ occídis prophétas, et lápidas eos, qui ad te missi sunt, quóties
vólui congregáre fílios tuos, quemádmodum gallína cóngregat pullos suos sub
alas, et noluísti ?
37. Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes, et tu n’as pas voulu ?
38 Ecce
relinquétur vobis domus vestra desérta.
38. Voilà que votre maison vous sera laissée déserte.
39 Dico enim vobis, non me vidébitis ámodo, donec
dicátis : Benedíctus, qui venit in nómine Dómini.
39. Car je vous le dis, vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vous disiez : Béni celui qui vient au nom du Seigneur !
~
CHAP. XXIII. 2. II Esd. VIII, 4. — 4. Luc. XI, 46 ; Act. XV, 10. — 5. Deut. VI, 8 ; XXII, 12 ; ;Num. XV, 38. — 6. Marc. XII, 39 ; Luc. XI, 43 ; XX, 46. — 8. Jac. III, 1. — 9. Malach. I, 6. — 12. Luc. XIV, 11 ; XVIII, 14. — 14. Marc. XII, 40 ; Luc. XX, 47. — 23. Luc. XI, 42. — 33. Supra. III, 7. — 35. Gen. IV, 8 ; Hebr. XI, 4 ; II Par. XXIV, 22.
5. Les phylactères ou préservatifs étaient des bandes de parchemin qu’on portait sur le front et sur le bras, et sur lesquelles étaient écrites certaines paroles de la loi. Compar. Ex. XIII, 16 ; Deut. VI, 8 ; XI, 18. — Et des franges fort longues. Compar. Matth. IX, 20.
9-10. Ce qui se lit dans ces deux versets veut dire que nous devons mettre incomparablement notre Père céleste au-dessus de tout père selon la chair, et que nous ne devons suivre aucun maitre qui nous détourne de Jésus-Christ. Mais cela ne nous empêche pas d’avoir, conformément à la loi divine, tout le respect dû pour nos pères selon la chair, pour nos pères spirituels (I Cor. IV, 15), pour nos maitres et nos précepteurs.
15. Fils de la géhenne ; c’est-à-dire de l’enfer ; hébraïsme, pour digne de l’enfer. Ainsi le sens est : Vous le rendez digne de l’enfer deux fois plus que vous. — Géhenne. Voy. Matth. V, 22. — * Pour faire un prosélyte, un converti du paganisme au judaïsme. Les Rabbins distinguaient deux espèces de prosélytes : les prosélytes de la justice, qui ayant reçu la circoncision, observaient tous les préceptes de la loi mosaïque, et les prosélytes de la porte, non circoncis, mais habitant au milieu des Juifs et observant certains préceptes, les sept appelés noachiques. Ils étaient ainsi nommés sans doute parce que le Pentateuque parle des étrangers qui habitent « dans les portes » ou l’intérieur des villes juives. Ex. XX, 10 ; Deut. XIV, 21 ; XXIV, 14.
16. Par le temple, dans le texte grec, naos. Voir Matth. XXI, 12.
23. * La menthe est commune en Syrie et les Juifs en mettaient dans les synagogues et dans leurs maisons pour y répandre une bonne odeur. — L’aneth, l’anis, plante de la famille des ombellifères qui atteint un mètre de hauteur. Les Juifs se servaient des grains d’anis comme de condiment dans leur cuisine. — Le cumin est une plante également de la famille des ombellifères dont le fruit était aussi employé pour aromatiser le vin et pour d’autres usages culinaires.
27. Les Juifs, dans la crainte qu’on ne se souillât en touchant les tombeaux, les blanchissaient au dehors afin qu’on les distinguât.
33. Le jugement de la géhenne ; c’est-à-dire la condamnation à la géhenne, à l’enfer. Compar., V, 22.
35. Zacharie, fils de Barachie. « Il y a divers sentiments, plus ou moins plausibles, sur la personne de Zacharie, fils de Barachie. — Plusieurs interprètes pensent qu’il s’agit ici de celui que les zélateurs ont immolé dans le temple, pendant le dernier siège de Jérusalem. Notre Seigneur aurait pu parler de ce meurtre à l’avance et annoncer qu’il serait puni ; mais il ne parait pas le faire ici. Il parle au passé, comme d’un crime déjà commis. — D’autres supposent qu’il est question de Zacharie, le dernier des petits prophètes. Son père s’appelait bien Barachie ; mais si un personnage si connu, le plus récent des prophètes, avait été tué entre le vestibule et l’autel, est-il à croire qu’il n’en fût fait mention nulle part ? — La plupart croient, comme S. Jérôme, que ce Zacharie est celui qui fut lapidé par Joas, in átrio domus Dómini, c’est-à-dire dans le parvis des prêtres, entre l’autel des holocaustes placé en avant du vestibule et le saint ou l’enceinte qui précédait immédiatement le Saint des saints. C’était probablement un usage parmi les Juifs d’unir le meurtre d’Abel à celui de ce pontife, comme les deux crimes les plus odieux qui eussent jamais été déjà commis. Si l’on objecte que le meurtre de Zacharie était déjà bien ancien pour être cité comme le dernier dont ils fussent coupables, on répond que le livre dans lequel on le lisait était un des livres historiques les plus récents de leur canon. Ainsi le meurtre d’Abel se lisait aux premières pages de la Bible, et celui de Zacharie aux dernières. La difficulté de ce sentiment est que, selon les Paralipomènes, ce Zacharie était fils de Joïada et non pas de Barachie. On peut néanmoins la résoudre de plusieurs manières : — 1° En supposant que le père de Zacharie, Joïada, avait deux noms, qu’il était surnommé Barachie ou fils d’Achias, ce qui n’a rien d’invraisemblable. — 2° En prenant le mot fils dans le sens de petit-fils ou d’héritier, ce qui a lieu fréquemment. Si l’on suppose Barachie mort avant son père Joïada, il était naturel que l’auteur des Paralipomènes donnât à Zacharie la qualification de fils, c’est-à-dire de descendant et d’héritier de Joïada, son aïeul, plutôt que de Barachie, son père. Or, il parait que l’âge de Joïada confirme cette supposition. — 3° En supposant que les mots, fils de Barachie, qui ne sont pas en S. Luc et qui manquent dans le manuscrit du Sinaï, à cet endroit de S. Matthieu, ont été introduits par un des premiers copistes, qui aura cru qu’il s’agissait du dernier Zacharie. » (L. Bacuez.) — Entre le temple, le naos, la maison de Dieu, et l’autel des holocaustes. Voir Matth. XXI, 12.
39. Jusqu’à ce que, etc. ; c’est-à-dire jusqu’à ce que vous me reconnaissiez pour le Messie, à la fin des temps, et que, dans mon avènement pour juger le monde, vous me saluiez par des acclamations comme votre Dieu et votre Seigneur.
²
Jésus-Christ prédit la ruine de Jérusalem. Questions des disciples à l’occasion de cette prédiction, et réponse de Jésus-Christ. Signes de la ruine de Jérusalem, et du dernier avènement de Jésus-Christ.
(hi) 1 Et egréssus Jesus de templo, ibat. Et accessérunt discípuli ejus, ut osténderent ei ædificatiónes templi.
1. Et Jésus étant sorti du temple, s’en alla. Alors ses disciples s’approchèrent pour lui faire remarquer les constructions du temple.
2 Ipse autem
respóndens dixit illis : Vidétis hæc ómnia ? amen dico vobis, non
relinquétur hic lapis super lápidem, qui non destruátur.
2. Mais lui-même, prenant la parole, leur dit : Voyez-vous toutes ces choses ? En vérité je vous dis : Il ne restera pas là pierre sur pierre qui ne soit détruite.
3 Sedénte autem eo super montem Olivéti,
accessérunt ad eum discípuli secréto, dicéntes : Dic nobis, quando hæc
erunt ? et quod signum advéntus tui, et consummatiónis sǽculi ?
3. Et comme il était assis sur le mont des Oliviers, ses disciples s’approchèrent de lui en particulier, disant : Dites-nous quand ces choses arriveront ? Et quel sera le signe de votre avènement et de la consommation du siècle ?
4 Et respóndens
Jesus, dixit eis : Vidéte ne quis vos sedúcat :
4. Et Jésus répondant, leur dit : Prenez garde que quelqu’un ne vous séduise ;
5 multi enim
vénient in nómine meo, dicéntes : Ego sum Christus : et multos
sedúcent.
5. Car beaucoup viendront en mon nom, disant : Je suis le Christ, et beaucoup seront séduits par eux.
6 Auditúri
enim estis prǽlia, et opiniónes præliórum. Vidéte ne turbémini : opórtet
enim hæc fíeri, sed nondum est finis :
6. Vous entendrez parler de combats et de bruits de combats. N’en soyez point troublés, car il faut que ces choses arrivent ; mais ce n’est pas encore la fin.
7 consúrget
enim gens in gentem, et regnum in regnum, et erunt pestiléntiæ, et fames, et
terræmótus per loca :
7. Car un peuple se soulèvera contre un peuple, un royaume contre un royaume ; et il y aura des pestes et des famines, et des tremblements de terre en divers lieux.
8 hæc autem ómnia inítia sunt dolórum.
8. Mais toutes ces choses sont le commencement des douleurs.
9 Tunc
tradent vos in tribulatiónem, et occídent vos : et éritis ódio ómnibus
géntibus propter nomen meum.
9. Alors on vous livrera aux tribulations et à la mort, et vous serez en haine à toutes les nations à cause de mon nom.
10 Et tunc
scandalizabúntur multi, et ínvicem tradent, et ódio habébunt ínvicem.
10. Alors beaucoup se scandaliseront ; ils se trahiront et se haïront les uns les autres.
11 Et multi pseudoprophétæ surgent, et sedúcent
multos.
11. Beaucoup de faux prophètes aussi s’élèveront, et beaucoup seront séduits par eux.
12 Et quóniam
abundávit iníquitas, refrigéscet cáritas multórum :
12. Et parce que l’iniquité aura abondé, la charité d’un grand nombre se refroidira.
13 qui autem perseveráverit usque in finem, hic salvus erit.
13. Mais celui qui persévèrera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé.
14 Et prædicábitur hoc Evangélium regni in univérso
orbe, in testimónium ómnibus géntibus : et tunc véniet consummátio.
14. Et cet Évangile du royaume sera prêché dans le monde entier, en témoignage à toutes les nations ; et alors viendra la fin.
15 Cum ergo vidéritis abominatiónem desolatiónis,
quæ dicta est a Daniéle prophéta, stantem in loco sancto, qui legit,
intélligat :
15. Quand donc vous verrez l’abomination de la désolation, prédite par le prophète Daniel, se tenant dans le lieu saint (que celui qui lit entende) :
16 tunc qui in Judǽa sunt, fúgiant ad montes :
16. Alors, que ceux qui sont dans la Judée fuient sur les montagnes ;
17 et qui in tecto, non descéndat tóllere áliquid de
domo sua :
17. Et que celui qui sera sur le toit ne descende pas pour emporter quelque chose de sa maison :
18 et
qui in agro, non revertátur tóllere túnicam suam.
18. Et que celui qui sera dans les champs ne revienne pas pour prendre sa tunique.
19 Væ autem prægnántibus et nutriéntibus in illis
diébus !
19. Mais malheur aux femmes enceintes et à celles qui nourriront en ces jours-là !
20 Oráte autem ut non fiat fuga vestra in híeme, vel sábbato :
20. Priez donc que votre fuite n’arrive pas en hiver, ni en un jour de sabbat.
21 erit enim tunc tribulátio magna, qualis
non fuit ab inítio mundi usque modo, neque fiet.
21. Car alors la tribulation sera grande, telle qu’il n’y en a point eu depuis le commencement du monde jusqu’à présent, et qu’il n’y en aura point.
22 Et nisi breviáti fuíssent dies illi, non fíeret
salva omnis caro : sed propter eléctos breviabúntur dies illi.
22. Et si ces jours n’eussent été abrégés, nulle chair n’aurait été sauvée ; mais à cause des élus, ces jours seront abrégés.
23 Tunc si
quis vobis díxerit : Ecce hic est Christus, aut illic : nolíte
crédere.
23. Alors, si quelqu’un vous dit : Voici le Christ, ici, ou là, ne le croyez pas.
24 Surgent
enim pseudochrísti, et pseudoprophétæ : et dabunt signa magna, et
prodígia, ita ut in errórem inducántur (si fíeri potest) étiam elécti.
24. Car il s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes ; et ils feront de grands signes et des prodiges, en sorte que soient induits en erreur (s’il peut se faire) même les élus.
25. Voilà que je vous l’ai prédit.
26 Si ergo díxerint vobis : Ecce in desérto est, nolíte
exíre ; Ecce in penetrálibus, nolíte crédere.
26. Si donc on vous dit : Le voici dans le désert, ne sortez point : le voilà dans le lieu le plus retiré de la maison, ne le croyez pas.
27 Sicut enim
fulgur exit ab oriénte, et paret usque in occidéntem : ita erit et
advéntus Fílii hóminis.
27. Car, comme l’éclair part de l’orient et apparait jusqu’à l’occident, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme.
28 Ubicúmque fúerit corpus, illic congregabúntur et
áquilæ.
28. Partout où sera le corps, là aussi s’assembleront les aigles.
29 Statim
autem post tribulatiónem diérum illórum sol obscurábitur, et luna non dabit
lumen suum, et stellæ cadent de cælo, et virtútes cælórum commovebúntur :
29. Mais aussitôt après la tribulation de ces jours, le soleil s’obscurcira, et la lune ne donnera plus sa lumière ; les étoiles tomberont du ciel et les vertus des cieux seront ébranlées.
30 et tunc parébit signum Fílii hóminis in
cælo : et tunc plangent omnes tribus terræ : et vidébunt Fílium
hóminis veniéntem in núbibus cæli cum virtúte multa et majestáte.
30. Alors apparaitra le signe du Fils de l’homme dans le ciel ; alors pleureront toutes les tribus de la terre, et elles verront le Fils de l’homme venant dans les nuées du ciel, avec une grande puissance et une grande majesté.
31 Et mittet ángelos suos cum tuba, et voce magna : et
congregábunt eléctos ejus a quátuor ventis, a summis cælórum usque ad términos
eórum.
31. Et il enverra les anges, qui, avec une trompette et une voix éclatante, rassembleront ses élus des quatre vents de la terre, du sommet des cieux jusqu’à leurs dernières profondeurs.
32 Ab árbore autem fici díscite parábolam : cum
jam ramus ejus tener fúerit, et fólia nata, scitis quia prope est æstas :
32. Apprenez la parabole prise du figuier. Quand ses rameaux sont encore tendres et ses feuilles naissantes, vous savez que l’été est proche.
33 ita et vos
cum vidéritis hæc ómnia, scitóte quia prope est, in jánuis.
33. Ainsi vous-mêmes, lorsque vous verrez toutes ces choses, sachez que le Christ est proche, à la porte.
34 Amen dico
vobis, quia non præteríbit generátio hæc, donec ómnia hæc fiant.
34. En vérité je vous dis que cette génération ne passera point jusqu’à ce que toutes ces choses s’accomplissent.
35 Cælum et
terra transíbunt, verba autem mea non præteríbunt.
35. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.
36 De die autem
illa et hora nemo scit, neque ángeli cælórum, nisi solus Pater.
36. Mais pour ce jour et cette heure, personne ne les sait, pas même les anges du ciel ; il n’y a que le Père.
37 Sicut autem in diébus Noë, ita erit et advéntus Fílii hóminis :
37. Et comme aux jours de Noé, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme.
38 sicut enim
erant in diébus ante dilúvium comedéntes et bibéntes, nubéntes et nuptum
tradéntes, usque ad eum diem, quo intrávit Noë in arcam,
38. Car, comme ils étaient aux jours d’avant le déluge, mangeant et buvant, se mariant et mariant leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche,
39 et non
cognovérunt donec venit dilúvium, et tulit omnes : ita erit et advéntus
Fílii hóminis.
39. Et qu’ils ne reconnurent point de déluge, jusqu’à ce qu’il arriva et les emporta tous : ainsi sera l’avènement même du Fils de l’homme.
40 Tunc duo erunt in agro : unus assumétur, et
unus relinquétur.
40. Alors de deux hommes qui seront dans un champ, l’un sera pris et l’autre laissé.
41 Duæ
moléntes in mola : una assumétur, et una relinquétur.
41. De deux femmes qui moudront ensemble, l’une sera prise et l’autre laissée.
42 Vigiláte ergo, quia nescítis qua hora Dóminus vester ventúrus
sit.
42. Veillez donc, parce que vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur doit venir.
43 Illud
autem scitóte, quóniam si sciret paterfamílias qua hora fur ventúrus esset,
vigiláret útique, et non síneret pérfodi domum suam.
43. Mais sachez ceci : Si le père de famille savait à quelle heure le voleur doit venir, il veillerait certainement et ne laisserait pas percer sa maison.
44 Ideo et
vos estóte paráti : quia qua nescítis hora Fílius hóminis ventúrus est.
44. C’est pourquoi vous aussi, tenez-vous prêts ; car vous ignorez l’heure à laquelle le Fils de l’homme va venir.
45 Quis,
putas, est fidélis servus, et prudens, quem constítuit dóminus suus super
famíliam suam ut det illis cibum in témpore ?
45. Qui, pensez-vous, est le serviteur fidèle et prudent que son maitre a établi sur tous ses serviteurs, pour leur distribuer dans le temps leur nourriture ?
46 Beátus
ille servus, quem cum vénerit dóminus ejus, invénerit sic faciéntem.
46. Heureux ce serviteur, que son maitre, lorsqu’il viendra, trouvera agissant ainsi.
47 Amen dico vobis, quóniam super ómnia bona sua constítuet eum.
47. En vérité, je vous dis qu’il l’établira sur tous ses biens.
48 Si autem
díxerit malus servus ille in corde suo : Moram fecit dóminus meus
veníre :
48. Mais si ce mauvais serviteur dit en son cœur : Mon maitre tarde à venir ;
49 et cœ́perit
percútere consérvos suos, mandúcet autem et bibat cum ebriósis :
49. Et qu’il se mette à battre ses compagnons, à manger et à boire avec des ivrognes,
50 véniet
dóminus servi illíus in die qua non sperat, et hora qua ignórat :
50. Le maitre de ce serviteur viendra le jour où il ne s’y attend pas, et à l’heure qu’il ignore ;
51 et dívidet eum, partémque ejus ponet cum
hypócritis : illic erit fletus et stridor déntium.
51. Et il le divisera, et il lui donnera ainsi sa part avec les hypocrites : là sera le pleur et le grincement de dents.
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CHAP. XXIV. 1. Marc. XIII,
1 ; Luc. XXI, 5.
— 2. Luc. XIX, 44. — 4. Eph. V, 6 ; Col. II, 18. — 9. Supra. X, 17 ; Luc. XXI, 12 ; Joan. XV, 20 ; XVI, 2. — 37. Luc. XIII, 34. — 15. Marc. XIII, 14 ; Luc. XXI, 20 ; Dan. IX, 27. — 20. Act. I, 12. — 23. Marc. XIII, 21 ; Luc. XVII, 23. — 28. Luc. XVII, 37. — 29. Is. XIII, 10 ; Ezech. XXXII, 7 ; Joël. II, 10 ; III, 15 ; Marc. XIII, 24 ; Luc. XXI, 25. — 30. Apoc. I, 7. — 31. I Cor. XV, 52 ; I Thess. IV, 15. — 34. Luc. XXI, 32 ; Marc. XIII, 30. — 35. Marc. XIII, 31. — 37. Gen. VII, 7 ; Luc. XVII, 26. — 40. Luc. XVII, 34. — 43. Marc. XIII, 33 ; Luc. XII, 39. — 46. Apoc. XVI, 15. — 51. Supra. XIII, 42 ; Infra. XXV, 30.
1. * Du temple, en grec, hiéron. Voir Matth. XXI, 12.
3. * Sur le mont des Oliviers. Voir Matth. XXI, 1. Du mont des Oliviers, on dominait le Temple et on avait en vue toute la ville de Jérusalem, ses murs et ses édifices.
11. * Beaucoup de prophètes aussi s’élèveront. Les premiers écrivains ecclésiastiques ont vu ces faux prophètes dans les pseudo-Messies, Théodas (Act. V, 36), Barcochébas, dans Simon le Magicien, Cérinthe, etc. Il faut du reste remarquer que dans toute cette prophétie les évènements qui devaient s’accomplir à la ruine de Jérusalem sont mêlés avec ceux qui ne doivent se réaliser qu’à la fin du monde, sans qu’il soit toujours possible de bien les démêler les uns des autres. « Le Seigneur, dit un ancien auteur ecclésiastique à qui l’on doit l’Opus imperféctum publié dans les œuvres de S. Jean Chrysostome, le Seigneur n’a pas spécifié quels sont les signes qui appartiennent à la destruction de Jérusalem et quels sont ceux qui appartiennent à la fin du monde, de sorte que les mêmes signes semblent convenir à l’une et à l’autre, parce qu’il n’expose point avec ordre comme dans une histoire ce qui devait se passer, mais il annonce d’une manière prophétique ce qui arrivera. »
14. En témoignage à toutes les nations ; c’est-à-dire pour servir de témoignage à toutes les nations du soin que Dieu a pris de leur faire annoncer la doctrine du salut. — Et alors viendra la fin. Compar. le vers. 6.
15. * L’abomination de la désolation ; une idole, d’après l’interprétation des Juifs et de plusieurs Pères.
16. * Fuient sur les montagnes. Au moment du siège de Jérusalem par Titus, les chrétiens se réfugièrent en effet à Pella dans les montagnes de Galaad.
17. Sur le toit. Compar., X, 27.
19. Malheur aux femmes enceintes, etc. ; parce qu’elles ne pourront se sauver avec toute la promptitude nécessaire.
20. En hiver, à cause des incommodités de cette saison. — Ni en un jour de sabbat ; parce que les Juifs croyaient qu’il ne leur était pas permis de faire plus de deux mille pas, c’est-à-dire environ une demi-lieue de chemin le jour du sabbat.
21. * Alors la tribulation sera grande. Les tribulations qu’endurèrent les Juifs pendant le dernier siège de Jérusalem et dont Josèphe nous a raconté les détails dépassent toute imagination. Toutes les prophéties du Sauveur s’accomplirent à la lettre et le peuple déicide expia son crime par la ruine totale de ce pays dont il était si fier. « Les yeux plutôt que les oreilles, dit S. Jérôme, peuvent juger de ce que sont devenues les villes et les places fortes de la Judée ; nous qui pouvons voir l’état de cette province dans laquelle nous habitons, nous pouvons certifier l’exactitude de tout ce qui a été écrit. À peine découvrons-nous quelques vestiges de ruines là où s’élevaient autrefois de grandes villes… Les vignerons perfides (voir la parabole Matth. XXI, 33-41) après avoir tué les serviteurs et enfin le Fils de Dieu lui-même, n’ont plus maintenant le droit d’entrer dans Jérusalem que pour y pleurer et afin qu’ils puissent pleurer sur les ruines de leur capitale, ils sont obligés de payer une somme d’argent, de sorte que ceux qui avaient acheté le sang du Christ achètent maintenant la permission de verser des larmes et les pleurs mêmes ne leur sont permis qu’à prix d’argent. Voyez venir au jour anniversaire de la prise et de la destruction de Jérusalem par les Romains, voyez venir ce peuple lugubre ; ces vieilles femmes décrépites, ces vieillards chargés de haillons et d’années sont par leur tenue et par leur extérieur, autant de témoins de la colère de Dieu. La troupe misérable se rassemble, et tandis que brillent l’instrument du supplice du Seigneur et l’église de la Résurrection, tandis que l’étendard de la croix est déployé tout éclatant sur le mont des Oliviers, ce peuple malheureux pleure sur les ruines de son temple. »
22. Nulle chair. L’Écriture emploie souvent le mot chair pour désigner l’homme.
28. Tous les hommes ressuscités et renouvelés comme des aigles s’assembleront autour du corps de Jésus-Christ, qui a été immolé pour eux. — * Le corps, le cadavre. — Les aigles. L’aigle proprement dit ne se nourrit pas de cadavres, ordinairement du moins. L’oiseau de proie dont il s’agit ici est le vautour percnoptère qui ressemble beaucoup à l’aigle et que Pline considère comme formant la quatrième espèce du genre aigle. Nous avons du reste ici une locution proverbiale.
30. Le signe du Fils de l’homme ; c’est-à-dire la croix, qui est comme l’étendard du Sauveur.
32. * Du figuier. Voir Luc. XIII, 6.
34-35. « Ces versets étant la conclusion de la première partie du discours, et cette première partie annonçant deux évènements distincts, les mots “cette génération” désigneront ou bien les Juifs actuellement en vie, ou bien la race juive qui doit subsister jusqu’à la fin des temps, selon qu’on appliquera toutes ces choses à la destruction de Jérusalem ou à la catastrophe finale de l’univers. » (Crampon, 1885) Comp. Luc XXI, 32 et Marc XIII, 30.
37. Comme aux jours de Noé ; c’est-à-dire de la même manière qu’aux jours de Noé. Il faut suppléer fut, se passa la venue du déluge. C’est une sorte d’ellipse que l’on trouve souvent dans la Bible, et qui s’explique facilement par le contexte.
40-41. Ces façons de parler marquent le discernement qui se fera alors des élus et des réprouvés.
41. Les esclaves de l’un et de l’autre sexe étaient employés à moudre le grain à force de bras. — * La meule supérieure du moulin est souvent tournée en Orient par deux personnes. Voir note sur Matth. XVIII, 6. — # « De même, deux femmes sont ensemble dans un moulin ; le Seigneur a employé ici le féminin pour désigner toutes las populations. Pourquoi dans un moulin ? Parce qu’elles vivent et s’agitent dans le monde, dont un moulin est l’image ; parce que ce monde tourne comme un moulin, comme la meule d’un moulin, et malheur à ceux qu’elle broie ! » (Aug., in Ps. CXXXII)
51. Et il le divisera ; c’est-à-dire il le fera mourir. Dans l’Écriture, le mot diviser se met souvent pour séparer l’âme du corps, ôter la vie. Les maitres d’ailleurs avaient droit de vie et de mort sur leurs esclaves.
²
Parabole des dix vierges. Parabole des talents. Dernier jugement. Œuvres de miséricorde faites ou refusées à Jésus-Christ dans la personne de ses membres.
(hi) 1 Tunc símile erit regnum cælórum decem virgínibus :
quæ accipiéntes lámpades suas exiérunt óbviam sponso et sponsæ.
1. Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent au-devant de l’époux et de l’épouse.
2 Quinque
autem ex eis erant fátuæ, et quinque prudéntes :
2. Cinq d’entre elles étaient folles et cinq sages.
3 sed quinque fátuæ, accéptis lampádibus, non
sumpsérunt óleum secum :
3. Les cinq folles, en prenant leurs lampes, n’emportèrent point d’huile avec elles :
4 prudéntes vero accepérunt óleum in vasis suis cum lampádibus.
4. Mais les sages prirent de l’huile dans leurs vases avec les lampes.
5 Moram autem
faciénte sponso, dormitavérunt omnes et dormiérunt.
5. Or l’époux tardant à venir, elles s’assoupirent toutes, et s’endormirent.
6 Média autem nocte clamor factus est : Ecce
sponsus venit, exíte óbviam ei.
6. Mais au milieu de la nuit, un cri s’éleva : Voici l’époux qui vient ; sortez au-devant de lui.
7 Tunc
surrexérunt omnes vírgines illæ, et ornavérunt lámpades suas.
7. Aussitôt toutes ces vierges se levèrent, et préparèrent leurs lampes.
8 Fátuæ autem
sapiéntibus dixérunt : Date nobis de óleo vestro, quia lámpades nostræ
extinguúntur.
8. Mais les folles dirent aux sages : Donnez-nous de votre huile, parce que nos lampes s’éteignent.
9
Respondérunt prudéntes, dicéntes : Ne forte non suffíciat nobis, et vobis,
ite pótius ad vendéntes, et émite vobis.
9. Les sages répondirent, disant : De peur qu’il n’y en ait pas assez pour nous et pour vous, allez plutôt à ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous.
10 Dum autem irent émere, venit sponsus : et
quæ parátæ erant, intravérunt cum eo ad núptias, et clausa est jánua.
10. Or pendant qu’elles allaient en acheter l’époux arriva ; et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée.
11 Novíssime
vero véniunt et réliquæ vírgines,
dicéntes : Dómine, dómine, áperi
nobis.
11. Enfin les autres vierges vinrent aussi, disant : Seigneur, Seigneur, ouvrez-nous.
12 At ille
respóndens, ait : Amen dico vobis, néscio vos.
12. Mais l’époux répondant, dit : En vérité je vous dis que je ne vous connais point.
13 Vigiláte ítaque, quia nescítis diem, neque horam.
13. Veillez donc, parce que vous ne savez ni le jour ni l’heure.
(hi) 14 Sicut enim
homo péregre proficíscens, vocávit servos suos, et trádidit illis bona sua.
14. C’est comme un homme qui partant pour un voyage, appela ses serviteurs et leur remit ses biens.
15 Et uni dedit quinque talénta, álii autem duo,
álii vero unum, unicuíque secúndum própriam virtútem : et proféctus est
statim.
15. À l’un il donna cinq talents, à un autre deux, à un autre un, à chacun selon sa capacité, et il partit aussitôt.
16 Abiit
autem qui quinque talénta accéperat, et operátus est in eis, et lucrátus est
ália quinque.
16. Or celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla, les fit valoir et en gagna cinq autres.
17 Simíliter
et qui duo accéperat, lucrátus est ália duo.
17. Pareillement celui aussi, qui en avait reçu deux, en gagna deux autres.
18 Qui autem
unum accéperat, ábiens fodit in terram, et abscóndit pecúniam dómini sui.
18. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un, s’en allant, creusa la terre et cacha l’argent de son maitre.
19 Post
multum vero témporis venit dóminus servórum illórum, et pósuit ratiónem cum
eis.
19. Longtemps après, le maitre de ces serviteurs revint et compta avec eux.
20 Et
accédens qui quinque talénta accéperat, óbtulit ália quinque talénta,
dicens : Dómine, quinque talénta tradidísti mihi, ecce ália quinque
superlucrátus sum.
20. Alors celui qui avait reçu cinq talents s’approchant, lui présenta cinq autres talents, disant : Seigneur, vous m’avez remis cinq talents, en voici cinq autres que j’ai gagnés de plus.
21 Ait illi
dóminus ejus : Eúge serve bone, et fidélis : quia super pauca fuísti
fidélis, super multa te constítuam ; intra in gáudium dómini tui.
21. Son maitre lui répondit : Fort bien, serviteur bon et fidèle : parce que tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maitre.
22 Accéssit
autem et qui duo talénta accéperat, et ait : Dómine, duo talénta
tradidísti mihi, ecce ália duo lucrátus sum.
22. Celui qui avait reçu deux talents vint aussi, et dit : Seigneur, vous m’aviez remis deux talents ; en voici deux autres que j’ai gagnés.
23 Ait illi
dóminus ejus : Eúge serve bone, et fidélis : quia super pauca fuísti
fidélis, super multa te constítuam ; intra in gáudium dómini tui.
23. Son maitre lui répondit : Fort bien, serviteur bon et fidèle : parce que tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maitre.
24 Accédens
autem et qui unum taléntum accéperat, ait : Dómine, scio quia homo durus
es ; metis ubi non seminásti, et cóngregas ubi non sparsísti :
24. Puis s’approchant aussi, celui qui avait reçu un seul talent dit : Seigneur, je sais que vous êtes un homme sévère ; vous moissonnez où vous n’avez point semé, et recueillez où vous n’avez rien mis.
25 et timens
ábii, et abscóndi taléntum tuum in terra : ecce habes quod tuum est.
25. Aussi, craignant, je m’en suis allé et j’ai caché votre talent dans la terre : voici, je vous rends ce qui est à vous.
26 Respóndens
autem dóminus ejus, dixit ei : Serve male, et piger, sciébas quia meto ubi
non sémino, et cóngrego ubi non sparsi :
26. Son maitre répondant lui dit : Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne où je n’ai point semé, et que je recueille où je n’ai rien mis :
27 opórtuit ergo te commíttere pecúniam meam
numuláriis, et véniens ego recepíssem útique quod meum est cum usúra.
27. Il fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, revenant, j’aurais reçu avec usure ce qui est à moi.
28 Tóllite
ítaque ab eo taléntum, et date ei qui habet decem talénta :
28. Reprenez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a dix talents.
29 omni enim
habénti dábitur, et abundábit : ei autem qui non habet, et quod vidétur
habére, auferétur ab eo.
29. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance ; mais à celui qui n’a pas, même ce qu’il semble avoir, lui sera ôté.
30 Et inútilem servum ejícite in ténebras exterióres : illic erit fletus, et stridor déntium.
30. Et jetez ce serviteur inutile dans les ténèbres extérieures : là sera le pleur et le grincement de dents.
(hi) 31 Cum autem
vénerit Fílius hóminis in majestáte sua, et omnes ángeli cum eo, tunc sedébit
super sedem majestátis suæ :
31. Or, quand le Fils de l’homme viendra dans sa majesté, et tous les anges avec lui, alors il s’assiéra sur le trône de sa majesté.
32 et congregabúntur ante eum omnes gentes, et separábit eos ab ínvicem, sicut pastor ségregat oves ab hædis :
32. Et toutes les nations seront rassemblées devant lui, et il les séparera les uns d’avec les autres, comme le pasteur sépare les brebis d’avec les boucs ;
33 et státuet
oves quidem a dextris suis, hædos autem a sinístris.
33. Et il placera les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche.
34 Tunc dicet
rex his qui a dextris ejus erunt : Veníte benedícti Patris mei, possidéte
parátum vobis regnum a constitutióne mundi :
34. Alors, le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, les bénis de mon père ; possédez le royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde :
35 esurívi
enim, et dedístis mihi manducáre : sitívi, et dedístis mihi bíbere :
hospes eram, et collegístis me :
35. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais sans asile, et vous m’avez recueilli ;
36 nudus, et
cooperuístis me : infírmus, et visitástis me : in cárcere eram, et
venístis ad me.
36. Nu, et vous m’avez vêtu ; malade, et vous m’avez visité ; en prison, et vous êtes venus à moi.
37 Tunc
respondébunt ei justi, dicéntes : Dómine, quando te vídimus esuriéntem, et
pávimus te : sitiéntem, et dédimus tibi potum ?
37. Alors les justes lui répondront : Seigneur, quand est-ce que nous vous avons vu ayant faim, et que nous vous avons rassasié ; ayant soif, et que nous vous avons donné à boire ?
38 quando
autem te vídimus hóspitem, et collégimus te : aut nudum, et cooperúimus
te ?
38. Quand est-ce que nous vous avons vu sans asile, et que nous vous avons recueilli ; ou nu, et que nous vous avons vêtu ?
39 aut quando
te vídimus infírmum, aut in cárcere, et vénimus ad te ?
39. Ou quand est-ce que nous vous avons vu malade ou en prison, et que nous sommes venus à vous ?
40 Et
respóndens rex, dicet illis : Amen dico vobis, quámdiu fecístis uni ex his
frátribus meis mínimis, mihi fecístis.
40. Et le roi répondra, disant : En vérité, je vous dis : Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.
41 Tunc dicet
et his qui a sinístris erunt : Discédite a me maledícti in ignem ætérnum,
qui parátus est diábolo, et ángelis ejus :
41. Alors il dira aussi à ceux qui seront à sa gauche : Allez loin de moi, maudits, au feu éternel, qui a été préparé au diable et à ses anges ;
42 esurívi
enim, et non dedístis mihi manducáre : sitívi, et non desístis mihi
potum :
42. Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez point donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez point donné à boire ;
43 hospes
eram, et non collegístis me : nudus, et non cooperuístis me :
infírmus, et in cárcere, et non visitástis me.
43. J’étais sans asile, et vous ne m’avez point recueilli ; nu, et vous ne m’avez point vêtu ; malade et en prison, et vous ne m’avez point visité.
44 Tunc
respondébunt ei et ipsi, dicéntes : Dómine, quando te vídimus esuriéntem,
aut sitiéntem, aut hóspitem, aut nudum, aut infírmum, aut in cárcere, et non
ministrávimus tibi ?
44. Alors, eux aussi lui répondront, disant : Seigneur, quand est-ce que nous vous avons vu ayant faim, ou soif, ou sans asile, ou nu, ou malade, ou en prison, et que nous ne vous avons point assisté ?
45 Tunc
respondébit illis, dicens : Amen dico vobis : Quámdiu non fecístis
uni de minóribus his, nec mihi fecístis.
45. Alors il leur répondra, disant : En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous ne l’avez point fait à l’un de ces petits, à moi non plus, vous ne l’avez point fait.
46 Et ibunt hi in supplícium ætérnum : justi autem in vitam ætérnam.
46. Et ceux-ci s’en iront à l’éternel supplice, et les justes dans la vie éternelle.
~
CHAP. XXV. 13. Marc. XIII,
33. — 14. Luc. XIX,
12. — 29. Supra. XIII, 12 ; Marc. IV, 25 ; Luc. VIII, 18 ; XIX, 26. — 35. Is. LVIII, 7 ; Ezech. XVIII, 7, 16. — 36. Eccli. VII, 39. — 41. Ps. VI, 9 ; Supra. VII, 23 ; Luc. XIII, 27. — 46. Dan. XII, 2 ; Joan. V, 29.
1. * La cérémonie principale du mariage chez les Juifs consistait à conduire la fiancée de sa propre maison dans la maison de son futur époux. Elle avait lieu le soir, quand il était déjà nuit, ce qui obligeait d’emporter des lampes pour éclairer la marche. La fiancée richement habillée et entourée de ses compagnes, les dix vierges dont il est ici question, attendait la venue de l’époux et de ses amis (voir Matth. IX, 15) qui venaient la chercher et la conduisaient dans la maison qui devait être désormais la sienne. — Les mots de l’épouse ne se lisent pas dans le grec. De fait les compagnes vont attendre seulement l’époux.
3-4. * Les lampes étant petites, analogues à celles qu’on trouve dans les catacombes, il fallait en renouveler l’huile pour une si longue veille. C’est pour cela que les vierges sages avaient emporté avec leurs lampes un vase plein d’huile, tandis que les folles n’avaient pas pensé à en prendre avec elles.
6. * Au milieu de la nuit. Voir Matth. XIV, 25.
10. * La porte fut fermée. Les vierges folles n’arrivent que lorsque le cortège qui a accompagné la mariée à la maison de son époux est déjà entré dans la salle des noces et que la porte en est fermée.
15. Chez les Hébreux, le talent valait environ 4 400 francs (en 1900).
27. * Il fallait donc, etc. Par cette comparaison, Jésus-Christ veut nous montrer que nous ne devons rien négliger pour faire valoir les grâces que nous avons reçues de Dieu, soit pour notre perfection, soit pour le salut de nos frères.
30. Dans les ténèbres extérieures. Compar. VIII, 12.
²
Conspiration des Juifs. Parfums répandus sur la tête de Jésus-Christ. Trahison de Judas. Dernière cène. Institution de l’Eucharistie. Renoncement de saint Pierre prédit. Prière de Jésus dans le jardin des Oliviers. Il est pris, conduit chez Caïphe, accusé, condamné, outragé. Renoncement et pénitence de saint Pierre.
(hi) 1 Et factum
est : cum consummásset Jesus sermónes hos omnes, dixit discípulis
suis :
1. Or il arriva que lorsque Jésus eut achevé tous ces discours, il dit à ses disciples :
2 Scitis quia post bíduum Pascha fiet, et Fílius
hóminis tradétur ut crucifigátur.
2. Vous savez que la pâque se fera dans deux jours, et que le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié.
(hi) 3 Tunc congregáti sunt príncipes sacerdótum, et
senióres pópuli, in átrium príncipis sacerdótum, qui dicebátur Cáiphas :
3. Alors les princes des prêtres et les anciens du peuple s’assemblèrent dans la salle du grand prêtre appelé Caïphe,
4 et
consílium fecérunt ut Jesum dolo tenérent, et occíderent.
4. Et tinrent conseil pour se saisir de Jésus par ruse, et le faire mourir.
5 Dicébant
autem : Non in die festo, ne forte tumúltus fíeret in pópulo.
5. Mais ils disaient : Non pas un jour de la fête, de peur qu’il ne s’élevât du tumulte parmi le peuple.
(hi) 6 Cum autem Jesus esset in Bethanía in domo Simónis leprósi,
6. Or, comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux,
7 accéssit ad eum múlier habens alabástrum unguénti
pretiósi, et effúdit super caput ipsíus recumbéntis.
7. Vint auprès de lui une femme ayant un vase d’albâtre plein d’un parfum de grand prix, et elle le répandit sur sa tête, lorsqu’il était à table.
8 Vidéntes
autem discípuli, indignáti sunt, dicéntes : Ut quid perdítio hæc ?
8. Ce que voyant, ses disciples s’indignèrent, disant : Pourquoi cette perte ?
9 pótuit enim
istud venundári multo, et dari paupéribus.
9. Il pouvait, en effet, ce parfum, se vendre très cher et être donne aux pauvres.
10 Sciens
autem Jesus, ait illis : Quid molésti estis huic mulíeri ? opus enim
bonum operáta est in me.
10. Mais Jésus le sachant, leur dit : Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? c’est une bonne œuvre qu’elle a faite envers moi.
11 Nam semper páuperes habétis vobíscum : me autem non semper habétis.
11. Car vous avez toujours les pauvres avec vous ; mais moi, vous ne m’avez pas toujours.
12 Mittens enim hæc unguéntum hoc in corpus meum, ad sepeliéndum me fecit.
12. Cette femme, en répandant ce parfum sur mon corps, l’a fait pour m’ensevelir.
13 Amen dico
vobis, ubicúmque prædicátum fúerit hoc Evangélium in toto mundo, dicétur et
quod hæc fecit in memóriam ejus.
13. En vérité, je vous le dis, partout où sera prêché cet évangile, dans le monde entier, on dira même, en mémoire d’elle, ce qu’elle vient de faire.
(hi) 14 Tunc ábiit
unus de duódecim, qui dicebátur Judas Iscariótes, ad príncipes
sacerdótum :
14. Alors un des douze, appelé Judas Iscariote, alla vers les princes des prêtres,
15 et ait illis : Quid vultis mihi dare, et ego vobis eum tradam ? At illi constituérunt ei trigínta argénteos.
15. Et leur dit : Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai ? Et ceux-ci lui assurèrent trente pièces d’argent.
16 Et exínde
quærébat opportunitátem ut eum tráderet.
16. Et de ce moment il cherchait une occasion favorable pour le leur livrer.
(hi) 17 Prima autem die azymórum accessérunt discípuli ad
Jesum, dicéntes : Ubi vis parémus tibi comédere Pascha ?
17. Or, le premier jour des azymes, les disciples s’approchèrent de Jésus, disant : Où voulez-vous que nous vous préparions ce qu’il faut pour manger la pâque ?
18 At Jesus dixit : Ite in civitátem ad
quemdam, et dícite ei : Magíster dicit : Tempus meum prope est, apud
te fácio Pascha cum discípulis meis.
18. Jésus répondit : Allez dans la ville, chez un tel, et dites-lui : Le maitre dit : Mon temps est proche, je veux faire chez toi la pâque avec mes disciples.
19 Et fecérunt discípuli sicut constítuit illis
Jesus, et paravérunt Pascha.
19. Et les disciples firent comme Jésus leur commanda, et ils préparèrent la pâque.
20 Véspere autem facto, discumbébat cum duódecim discípulis suis.
20. Le soir donc étant venu, il était à table avec ses douze disciples.
(hi) 21 Et
edéntibus illis, dixit : Amen dico vobis, quia unus vestrum me traditúrus
est.
21. Et pendant qu’ils mangeaient, il dit : En vérité, je vous dis qu’un de vous est sur le point de me trahir.
22 Et
contristáti valde, cœpérunt sínguli dícere : Numquid ego sum Dómine ?
22. Alors, grandement contristés, ils commencèrent à lui demander chacun en particulier : Est-ce moi, Seigneur ?
23 At ipse respóndens, ait : Qui intíngit mecum manum in parópside, hic me tradet.
23. Mais Jésus répondant, dit : Celui qui met avec moi la main dans le plat, celui-là me trahira.
24 Fílius
quidem hóminis vadit, sicut scriptum est de illo : væ autem hómini illi,
per quem Fílius hóminis tradétur ! bonum erat ei, si natus non fuísset
homo ille.
24. Pour ce qui est du Fils de l’homme, il s’en va, selon ce qui a été écrit de lui ; mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme sera trahi ; il vaudrait mieux pour cet homme qu’il ne fut pas né.
25 Respóndens autem Judas, qui trádidit eum, dixit : Numquid ego sum Rabbi ? Ait illi : Tu dixísti.
25. Mais prenant la parole, Judas qui le trahit, dit : Est-ce moi, maitre ? Il lui répondit : Tu l’as dit.
(hi) 26 Cœnántibus autem eis, accépit Jesus panem, et
benedíxit, ac fregit, dedítque discípulis suis, et ait : Accípite, et
comédite : hoc est corpus meum.
26. Or, pendant qu’ils soupaient, Jésus prit le pain, le bénit, le rompit, et le donna à ses disciples, et dit : Prenez et mangez ; ceci est mon corps.
27 Et accípiens cálicem, grátias egit : et
dedit illis, dicens : Bíbite ex hoc omnes.
27. Et, prenant le calice, il rendit grâces, et le leur donna, disant : Buvez-en tous.
28 Hic est enim sanguis meus novi testaménti, qui
pro multis effundétur in remissiónem peccatórum.
28. Car ceci est mon sang, le sang du nouveau testament, qui sera répandu pour un grand nombre en rémission des péchés.
29
Dico autem vobis : non bibam ámodo de hoc genímine vitis usque in diem
illum, cum illud bibam vobíscum novum in regno Patris mei.
29. Or, je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père.
30 Et hymno dicto, exiérunt in montem Olivéti.
30. Et l’hymne dit, ils s’en allèrent à la montagne des Oliviers.
(hi) 31 Tunc dicit illis Jesus : Omnes vos scándalum patiémini in me in ista nocte. Scriptum est enim : Percútiam pastórem, et dispergéntur oves gregis.
31. Alors Jésus leur dit : Vous tous vous prendrez du scandale à mon sujet pendant cette nuit ; car il est écrit : Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées.
32 Postquam
autem resurréxero, præcédam vos in Galilǽam.
32. Mais, après que je serai ressuscité, je vous précèderai en Galilée.
33 Respóndens
autem Petrus, ait illi : Et si omnes scandalizáti fúerint in te, ego
numquam scandalizábor.
33. Or, Pierre répondant, lui dit : Quand tous se scandaliseraient de vous, pour moi jamais je ne me scandaliserai.
34 Ait illi Jesus : Amen dico tibi, quia in hac nocte, ántequam gallus cantet, ter me negábis.
34. Jésus lui répondit : En vérité, je te dis que cette nuit même, avant qu’un coq chante, tu me renieras trois fois.
35 Ait illi Petrus : Etiámsi oportúerit me mori tecum, non te negábo. Simíliter et omnes discípuli dixérunt.
35. Pierre lui dit : Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renierai point. Et tous les disciples dirent aussi de même.
(hi) 36 Tunc venit Jesus cum illis in villam, quæ dícitur
Gethsémani, et dixit discípulis suis : Sedéte hic donec vadam illuc, et
orem.
36. Alors Jésus vint avec eux à une maison de campagne qui est appelée Gethsémani, et il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici, pendant que j’irai là et que je prierai.
(hi) 37 Et
assúmpto Petro, et duóbus fíliis Zebedǽi, cœpit contristári et mœstus esse.
37. Et ayant pris avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à s’attrister et à être affligé.
38 Tunc ait
illis : Tristis est ánima mea usque ad mortem : sustinéte hic, et
vigiláte mecum.
38. Alors il leur dit : Mon âme est triste jusqu’à la mort ; demeurez ici, et veillez avec moi.
39 Et progréssus pusíllum, prócidit in fáciem suam,
orans, et dicens : Pater mi, si possíbile est, tránseat a me calix
iste : verúmtamen non sicut ego volo, sed sicut tu.
39. Et, s’étant un peu avancé, il tomba sur sa face, priant et disant : Mon Père, s’il est possible, que ce calice passe loin de moi ; toutefois, non ma volonté, mais la vôtre.
40 Et venit
ad discípulos suos, et invénit eos dormiéntes, et dicit Petro : Sic non
potuístis una hora vigiláre mecum ?
40. Ensuite il vint à ses disciples, et il les trouva endormis, et il dit à Pierre : Ainsi, vous n’avez pu veiller une heure avec moi.
41 Vigiláte, et oráte ut non intrétis in tentatiónem. Spíritus quidem promptus est, caro autem infírma.
41. Veillez et priez, afin que vous n’entriez point en tentation ; à la vérité, l’esprit est prompt, mais la chair est faible.
42 Iterum
secúndo ábiit, et orávit, dicens : Pater mi, si non potest hic calix
transíre nisi bibam illum, fiat volúntas tua.
42. Il s’en alla encore une seconde fois, et pria, disant : Mon Père, si ce calice ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté se fasse.
43 Et venit
íterum, et invénit eos dormiéntes : erant enim óculi eórum graváti.
43. Il vint de nouveau, et les trouva dormant, car leurs yeux étaient appesantis.
44 Et
relíctis illis, íterum ábiit, et orávit tértio, eúmdem sermónem dicens.
44. Et les ayant laissés, il s’en alla encore, et pria une troisième fois, disant les mêmes paroles.
45 Tunc venit ad discípulos suos, et dicit
illis : Dormíte jam, et requiéscite : ecce appropinquávit hora, et
Fílius hóminis tradétur in manus peccatórum.
45. Alors il revint à ses disciples, et leur dit : Dormez maintenant, et reposez-vous : voici que l’heure approche, et le Fils de l’homme sera livré aux mains des pécheurs.
46 Súrgite,
eámus : ecce appropinquávit qui me tradet.
46. Levez-vous, allons ; voici qu’approche celui qui me livrera.
(hi) 47 Adhuc eo loquénte, ecce Judas unus de duódecim
venit, et cum eo turba multa cum gládiis et fústibus, missi a princípibus
sacerdótum, et senióribus pópuli.
47. Jésus parlant encore, voici que Judas, l’un des douze, vint, et, avec lui, une troupe nombreuse armée d’épées et de bâtons, envoyée par les princes des prêtres et par les anciens du peuple.
48 Qui autem
trádidit eum, dedit illis signum, dicens : Quemcúmque osculátus fúero,
ipse est, tenéte eum.
48. Or celui qui le livra, leur donna un signe, disant : Celui que je baiserai, c’est lui-même, saisissez-le.
49 Et conféstim accédens ad Jesum, dixit : Ave Rabbi. Et osculátus est eum.
49. Et aussitôt, s’approchant de Jésus, il dit : Je vous salue, maitre. Et il le baisa.
50 Dixítque
illi Jesus : Amíce, ad quid venísti ? Tunc accessérunt, et manus
injecérunt in Jesum, et tenuérunt eum.
50. Et Jésus lui répondit : Mon ami, dans quel dessein es-tu venu ? Alors ils s’avancèrent, mirent la main sur Jésus et se saisirent de lui.
51 Et ecce
unus ex his qui erant cum Jesu, exténdens manum, exémit gládium suum, et
percútiens servum príncipis sacerdótum amputávit aurículam ejus.
51. Et voilà qu’un de ceux qui étaient avec Jésus, étendant la main, tira son épée, et, frappant le serviteur du prince des prêtres, lui coupa l’oreille.
52 Tunc ait illi Jesus : Convérte gládium tuum
in locum suum : omnes enim, qui accéperint gládium, gládio períbunt.
52. Alors Jésus lui dit : Remets ton épée en son lieu ; car tous ceux qui se serviront de l’épée périront par l’épée.
53 An putas, quia non possum rogáre patrem meum, et
exhibébit mihi modo plusquam duódecim legiónes angelórum ?
53. Penses-tu que je ne puisse pas prier mon Père, et qu’il ne m’enverra pas à l’heure même plus de douze légions d’anges ?
54 Quómodo
ergo implebúntur Scriptúræ, quia sic opórtet fíeri ?
54. Comment donc s’accompliront les Écritures, disant qu’il doit en être ainsi ?
55 In illa
hora dixit Jesus turbis : Tamquam ad latrónem exístis cum gládiis et
fústibus comprehéndere me : quotídie apud vos sedébam docens in templo, et
non me tenuístis.
55. En cette heure-là, Jésus dit à la troupe : Vous êtes sortis comme contre un voleur avec des épées et des bâtons afin de me prendre ; j’étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m’avez point pris.
56 Hoc autem
totum factum est, ut adimpleréntur Scriptúræ prophetárum. Tunc discípuli omnes,
relícto eo, fugérunt.
56. Or tout cela s’est fait, pour que s’accomplissent les Écritures des prophètes. Alors tous les disciples l’abandonnant, s’enfuirent.
(hi) 57 At illi tenéntes Jesum, duxérunt ad Cáipham
príncipem sacerdótum, ubi scribæ et senióres convénerant.
57. Mais les autres, se saisissant de Jésus, l’emmenèrent chez Caïphe, prince des prêtres, où s’étaient assemblés les scribes et les anciens du peuple.
58 Petrus autem sequebátur eum a longe, usque in átrium príncipis sacerdótum. Et ingréssus intro, sedébat cum minístris, ut vidéret finem.
58. Or Pierre le suivit de loin, jusque dans la cour du prince des prêtres ; et y étant entré, il s’assit avec les serviteurs, pour voir la fin.
59 Príncipes autem sacerdótum, et omne concílium,
quærébant falsum testimónium contra Jesum, ut eum morti tráderent :
59. Cependant les princes des prêtres et tout le conseil cherchaient un faux témoignage contre Jésus, pour le livrer à la mort.
(hi) 60 et non invenérunt, cum multi falsi testes accessíssent. Novíssime autem venérunt duo falsi testes,
60. Et ils n’en trouvèrent point, quoique beaucoup de faux témoins se fussent présentés. En dernier lieu, vinrent deux faux témoins,
61 et dixérunt : Hic dixit : Possum
destrúere templum Dei, et post tríduum reædificáre illud.
61. Et ils dirent : Celui-ci a dit : Je puis détruire le temple de Dieu, et, après trois jours, le rebâtir.
62 Et surgens
princeps sacerdótum, ait illi : Nihil respóndes ad ea, quæ isti advérsum
te testificántur ?
62. Alors le prince des prêtres se levant, lui dit : Tu ne réponds rien à ce que ceux-ci témoignent contre toi ?
(hi) 63 Jesus
autem tacébat. Et princeps sacerdótum ait illi : Adjúro te per Deum vivum,
ut dicas nobis si tu es Christus Fílius Dei.
63. Mais Jésus se taisait. Et le prince des prêtres lui dit : Je t’adjure par le Dieu vivant de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu.
64 Dicit illi
Jesus : Tu dixísti. Verúmtamen dico vobis, ámodo vidébitis Fílium hóminis
sedéntem a dextris virtútis Dei, et veniéntem in núbibus cæli.
64. Jésus lui répondit : Tu l’as dit. De plus, je vous le déclare, vous verrez un jour le Fils de l’homme assis à la droite de la majesté de Dieu, et venant dans les nuées du ciel.
65 Tunc princeps sacerdótum scidit vestiménta sua,
dicens : Blasphemávit : quid adhuc egémus téstibus ? ecce nunc
audístis blasphémiam :
65. Aussitôt le prince des prêtres déchira ses vêtements, disant : Il a blasphémé ; qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Voilà que maintenant vous avez entendu le blasphème.
66 quid vobis vidétur ? At illi respondéntes
dixérunt : Reus est mortis.
66. Que vous en semble ? Et eux répondant, dirent : Il mérite la mort.
67 Tunc exspuérunt in fáciem ejus, et cólaphis eum
cecidérunt, álii autem palmas in fáciem ejus dedérunt,
67. Alors ils lui crachèrent au visage, et le déchirèrent à coups de poing ; et d’autres lui donnèrent des soufflets,
68
dicéntes : Prophetíza nobis Christe, quis est qui te percússit ?
68. Disant : Christ, prophétise-nous, qui est celui qui t’a frappé ?
(hi) 69 Petrus
vero sedébat foris in átrio : et accéssit ad eum una ancílla,
dicens : Et tu cum Jesu Galilǽo eras.
69. Cependant Pierre était assis dehors dans la cour ; et une servante s’approcha de lui, disant : Et toi aussi tu étais avec Jésus le Galiléen ?
70 At ille negávit coram ómnibus, dicens : Néscio quid dicis.
70. Mais il nia devant tous, disant : Je ne sais ce que tu veux dire.
71 Exeúnte
autem illo jánuam, vidit eum ália ancílla, et ait his qui erant ibi : Et
hic erat cum Jesu Nazaréno.
71. Et comme il sortait hors de la porte, une autre servante l’aperçut et dit à ceux qui se trouvaient là : Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth.
72 Et íterum negávit cum juraménto : Quia non novi hóminem.
72. Et il le nia de nouveau avec serment, disant : Je ne connais point cet homme.
73 Et post pusíllum accessérunt qui stabant, et
dixérunt Petro : Vere et tu ex illis es : nam et loquéla tua
maniféstum te facit.
73. Peu après, ceux qui se trouvaient là s’approchèrent et dirent à Pierre : Certainement, toi aussi tu es de ces gens-là ; ton langage te décèle.
74 Tunc cœpit detestári et juráre quia non novísset hóminem. Et contínuo gallus cantávit.
74. Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer qu’il ne connaissait point cet homme. Et aussitôt un coq chanta.
75 Et recordátus est Petrus verbi Jesu, quod díxerat : Priúsquam gallus cantet, ter me negábis. Et egréssus foras, flevit amáre.
75. Et Pierre se souvint de cette parole que Jésus lui avait dite : Avant qu’un coq chante, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement.
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CHAP. XXVI. 2. Marc. XIV, 1 ; Luc. XXII, 1. — 7. Marc. XIV, 8 ; Joan. XI, 2 ; XII, 3. — 14. Marc. XIV, 10 ; Luc. XXII, 4. — 17. Marc. XIV, 12 ; Luc. XXII, 7. — 20. Marc. XIV, 17 ; Luc. XXII, 14. — 21. Joan. XIII, 21. — 24. Ps. XL, 10. — 26. I Cor. XI, 24. — 31. Marc. XIV, 27 ; Joan. XVI, 32 ; Zach. XIII, 7. — 32. Marc. XIV, 28 ; XVI, 7. — 34. Marc. XIV, 30 ; Joan. XIII, 38. — 35. Marc. XIV, 31 ; Luc. XXII, 33. — 47. Marc. XIV, 43 ; Luc. XXII, 47 ; Joan. XVIII, 3. — 52. Gen. IX, 6 ; Apoc. XIII, 10. — 54. Is. LIII, 10. — 56. Lam. IV, 20 ; Marc. XIV, 50. — 57. Luc. XXII, 54 ; Joan. XVIII, 24. — 61. Joan. II, 19. — 64. Supra. XVI, 27 ; Rom. XIV, 10 ; I Thess. IV, 15. — 67. Is. L, 6 ; Marc. XIV, 65. — 69. Luc. XXII, 55 ; Joan. XVIII, 17.
2. * La Pâque, la fête la plus solennelle des Juifs, se célébrait en mémoire de la délivrance du peuple juif de la servitude de l’Égypte, par la manducation de l’agneau pascal, figure de Notre Seigneur, I Cor. V, 7. Elle se célébrait le 14 nisan (mars-avril) et durait sept jours.
3. * Les princes des prêtres, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales. — Les anciens du peuple, les membres du Sanhédrin. — Du grand prêtre appelé Caïphe. Caïphe, qu’on appelait aussi Joseph, fut nommé grand-prêtre par le procurateur romain Valérius Gratus vers l’an 27 ou 28 de notre ère, à la place de Simon, fils de Camith. Il conserva ses fonctions pendant toute l’administration de Pilate, mais il fut déposé en l’an 36 ou 37 par le proconsul Vitellius et remplacé par Jonathan, fils du pontife Ananus ou Anne.
6. Simon le lépreux ; c’est-à-dire qui avait été lépreux. — * « Le repas décrit par S. Joan. XII, 2, est-il différent de celui qui eut lieu chez Simon le lépreux, Matth. XXVI, 6, et de celui que décrit S. Luc. VII, 36 ? — Il est probable que le repas décrit par S. Jean est le même que S. Matthieu nous dit avoir eu lieu chez Simon. Les deux Évangélistes placent la scène à Béthanie ; les récits présentent les mêmes circonstances et se rapportent à la même époque. Le Sauveur revint dans ce bourg six jours avant Pâques, comme le dit S. Jean, le samedi soir par conséquent, un peu avant le repas, ou le vendredi, si l’on compte les six jours à partir du jeudi soir où la fête commençait. Si S. Matthieu parle de deux jours avant Pâques, quelques versets plus haut, c’est à propos d’un autre fait, de la résolution prise par le Sanhédrin de faire mourir Jésus ; et cette anticipation n’empêche pas qu’il ne décrive ensuite très naturellement ce repas de Béthanie, qui a fourni à Judas l’occasion de quitter son Maitre et de le vendre aux Juifs. Que Lazare et ses sœurs assistent à ce repas, ce n’est pas une preuve qu’il eut lieu chez eux. Celui qui l’offrait ne pouvait-il pas être de leurs parents ou de leurs amis ? C’est même probablement parce qu’on n’était pas chez eux que S. Jean croit devoir signaler leur présence et surtout le zèle de Marthe à servir les convives. Ici comme ailleurs, le dernier évangile complète les précédents, en ajoutant à leur récit de nouveaux traits. S. Matthieu et S. Marc disent : une femme ; S. Jean dit : Marie, sœur de Lazare. Ils parlent de l’onction de la tête seulement ; lui signale l’onction des pieds. « Le repas dont parle S. Luc eut lieu assez longtemps auparavant, en Galilée, et selon toute apparence à Naïm. On ne peut donc pas le confondre avec celui qui eut lieu à Béthanie six jours avant Pâques, où Notre Seigneur eut à reprendre les sentiments de Judas, et non ceux de Simon. Seulement on peut demander si ce n’est pas le même Simon qui les a donnés l’un et l’autre. La plupart distinguent Simon le pharisien de Simon le lépreux. Ils ne semblent pas, disent-ils, avoir le même domicile, ni le même caractère, ni les mêmes dispositions envers le Sauveur. Ces raisons ne sont cependant pas une démonstration. Il n’est pas sûr que Simon fut de Naïm, ni même de Galilée : S. Luc ne le dit pas ; et quoique pharisien, il avait pu être guéri de la lèpre par Notre Seigneur et changer de sentiment à son égard. » (L. Bacuez.)
7. * « Une femme ayant un vase d’albâtre. On croit que c’est Marie-Madeleine. Le sentiment commun est qu’il n’y a point de distinction à faire entre la pécheresse de S. Luc, Marie-Madeleine, délivrée de sept démons, Marie, sœur de Marthe, et Marie de Béthanie. Ce sentiment parait bien fondé. En effet : 1° Tel est l’avis des docteurs et des Pères les plus anciens, celui que l’Église romaine a toujours suivi dans sa liturgie. S’il s’agissait, dans ces passages, de personnes différentes, serait-il possible que les Apôtres n’en eussent pas instruit les premiers fidèles ou qu’il se fût établi dès les premiers temps une tradition opposée à leur enseignement ? — 2° Lorsqu’on lit simplement l’Évangile, l’idée de ces distinctions ne s’offre pas à l’esprit. — Après avoir rapporté la conversion de la pécheresse chez Simon, S. Luc parle aussitôt de plusieurs femmes qui avaient été guéries ou délivrées du démon par le Sauveur, et qui l’assistaient de leurs biens : or, la première de toutes est Marie, surnommée Madeleine. — Quand S. Jean parle de Marie, sœur de Lazare et de Marthe, il ajoute, pour la faire connaitre, que c’est la personne qui a essuyé de ses cheveux les pieds du Sauveur. À qui peut-on penser, sinon à la pécheresse qu’on sait avoir fait à Naïm cet acte d’humilité et de religion ? — On ne peut pas la méconnaitre davantage chez Simon, où cette action est renouvelée, ni aux pieds du Sauveur, à la maison de Marthe, ni au pied de la croix, ni au tombeau, où elle parait sous le nom de Marie-Madeleine. Si ce n’était pas là, en effet, Marie de Béthanie, comment s’expliquer son absence, l’absence de la sœur de Lazare, en pareille circonstance ? D’ailleurs, ce sont les mêmes habitudes qui se manifestent partout, et l’identité du caractère indique l’identité de la personne. Mais si Marie de Béthanie est Marie-Madeleine, délivrée de sept démons, peut-on douter que ce ne soit la pécheresse de Naïm, celle qui a témoigné à Notre-Seigneur tant de repentir et tant d’amour ? — 3° On ne peut opposer à ce sentiment aucune difficulté réelle. — Une même personne ne peut-elle pas s’être trouvée en Galilée, chez Simon le pharisien, avoir possédé un bien à Mágdala, et être venue chez sa sœur à Béthanie ? — Il est des esprits qui répugnent à croire que le Sauveur ait témoigné tant de bonté à une pécheresse, même après sa conversion. Mais n’a-t-il pas dit lui-même à Simon ce qu’on doit penser d’un tel sentiment ? N’est-ce pas pour les pécheurs qu’il est venu sur la terre et ne voulait-il pas qu’on connût ses dispositions ? Ce qu’il a fait pour Madeleine, ne l’a-t-il pas fait pour la Samaritaine et pour une infinité d’autres ? N’était-ce pas un présage, une figure de la grâce qu’il destinait à toute la gentilité ? Ne l’a-t-il pas aussi convertie ? Ne l’a-t-il pas régénérée, honorée du nom d’épouse et mise à la place de la synagogue infidèle ? — Enfin, si Marie, sœur de Marthe, n’était pas Marie-Madeleine, ne faudrait-il pas dire que l’Église est loin de remplir les intentions du Sauveur, qu’elle ne comprend même pas la prédiction qu’il a faite au repas de Béthanie, puisqu’elle attribue à sainte Madeleine et qu’elle honore particulièrement en sa personne l’acte de religion qu’il a signalé en Marie comme devant être pour elle la source de tant de gloire ? — Le caractère de Madeleine contraste admirablement avec celui de Judas à Béthanie, comme il contraste avec celui de Simon à Naïm. » (L. Bacuez.) — Un vase d’albâtre. On a trouvé de nombreux échantillons de ces vases à parfums dans des tombeaux. Ceux qui ont été découverts dans les tombeaux des rois de Sidon, en Phénicie, et qui remontent à une époque un peu antérieure à Notre Seigneur, sont tous en albâtre égyptien ; ils ont la forme d’une poire ; leur hauteur est de 25 cm ; l’orifice a 3 cm ; l’épaisseur n’est guère que d’un centimètre. Ces vases faits au tour, sont donc très fragiles.
15. Trente pièces d’argent ; c’est-à-dire trente sicles, qui font environ 48 francs de notre monnaie (en 1900) ; c’était le prix ordinaire d’un esclave. Ex. XXI, 32.
17. Les azymes ; c’est-à-dire la fête des pains sans levain. — La pâque ; l’agneau pascal.
18. * Je veux faire chez toi la pâque. Dans le cénacle. Voir sur le cénacle, Marc. XIV, 15.
19. * Ils préparèrent la pâque, l’agneau pascal et tout ce qui était nécessaire pour le manger selon les rites. Ex. XII, 3-20.
23. * Dans le plat, en grec trublion, plat très grand. En Orient, les assiettes sont inconnues ; chacun prend immédiatement dans le plat, à mesure qu’il mange, chacun de ses morceaux, en se servant de son pain en guise de cuiller et de fourchette. Tous les Apôtres mettaient donc la main dans le plat avec le Sauveur, et ces paroles ne désignaient pas le traitre mais signifiaient seulement : C’est un de ceux qui mangent ici avec moi qui me trahira.
26. Ceci est mon corps. Jésus ne dit pas : Ceci est la figure de mon corps ; ni : Dans ceci ou avec ceci est mon corps ; mais absolument : Ceci est mon corps, ce qui implique clairement la transsubstantiation.
27. Buvez-en tous. Cela fut dit aux douze apôtres, qui tous étaient alors présents ; mais il ne s’ensuit nullement qu’il soit ordonné à tous les fidèles de boire de ce calice, pas plus qu’il ne leur est ordonné de consacrer, d’offrir et d’administrer ce sacrement, parce que Jésus-Christ, dans le même moment, commanda à ses apôtres de faire cela, selon ces paroles de saint Luc (XXII, 19) : Faites ceci en mémoire de moi.
28. Le sang du nouveau testament. Comme l’ancien testament était consacré avec le sang des victimes (Ex. XXIV, 8) par ces paroles : Ceci est le sang du testament (Hebr. IX, 20), de même se trouve ici la consécration et l’institution du nouveau testament dans le sang de Jésus-Christ répandu d’une manière mystique, par ces paroles : Ceci est le sang du nouveau Testament. — Pour un grand nombre. Voy. Matth. XX, 28.
30. Et l’hymne dit ; c’est-à-dire, selon les uns, après le chant des Psaumes CXII-CXVII, consacrés dans les rituels des Juifs, pour la cène pascale ; ou, selon d’autres, après le chant du cantique composé par le Sauveur lui-même pour la circonstance. — * Comme Jésus-Christ et les Apôtres suivaient ordinairement les coutumes juives, l’opinion des premiers est la plus probable. « La nuit pascale, les Juifs avaient coutume de chanter deux hymnes eucharistiques, appelés Hallel, l’un qui commence par Alléluia et qui se compose des Psaumes CXII, CXIII, CXIV, CXV, CXVI, CXVII ; l’autre qu’on appelle grand, parce qu’on y dit vingt-six fois : Car sa miséricorde est à jamais (Ps. CXXXVI, 1) qui se compose du psaume CXXXVI. On divise le Hallel en deux parties : les psaumes CXII et CXIII avant de se mettre à table, le reste à la fin de la Cène pascale. » (H.-J. Michon.)
36. * Gethsémani. « Au bord même et presque à la naissance du torrent de Cedron, à l’est de Jérusalem, est Gethsémani ou le jardin des Oliviers. On y voit la grotte où Notre Seigneur répandit une sueur de sang. Cette grotte est irrégulière, profonde et haute, et divisée en deux cavités qui communiquent par une espèce de portique souterrain ; on y a pratiqué des autels. Le jardin même est entouré d’un petit mur de pierres sans ciment, et huit oliviers espacés de trente à quarante pas les uns des autres le couvrent presque tout entier de leur ombre. Ces oliviers sont au nombre des plus grands arbres que j’ai jamais rencontrés, dit Lamartine ; la tradition fait remonter leurs années jusqu’à la date mémorable de l’agonie de l’Homme-Dieu qui les choisit pour cacher ses divines angoisses. [L’olivier est pour ainsi dire immortel, a observé Châteaubriand, parce qu’il renait de sa souche.] Leur aspect confirmerait au besoin la tradition qui les vénère ; leurs immenses racines, comme les accroissements séculaires, ont soulevé la terre et les pierres qui les recouvraient, et, s’élevant de plusieurs pieds au-dessus du niveau du sol, présentent au pèlerin des sièges naturels, où il peut s’agenouiller ou s’assoir pour recueillir les saintes pensées qui descendent de leurs cimes silencieuses. Un tronc noueux, cannelé, creusé par la vieillesse comme par des rides profondes, s’élève en large colonne sur ces groupes de racines, et, comme accablé et penché par le poids des jours, s’incline à droite ou à gauche et laisse pendre ses vastes rameaux entrelacés, que la hache a cent fois retranchés pour les rajeunir. Ces rameaux, vieux et lourds, qui s’inclinent sur le tronc, en portent d’autres plus jeunes, qui s’élèvent un peu vers le ciel, et d’où s’échappent quelques tiges d’une ou deux années, couronnées de quelques touffes de feuilles et noircies de quelques petites olives bleues, qui tombent, comme des reliques célestes, sur les pieds du voyageur chrétien. » (Lamartine.)
39. Nous avons copié Bossuet, afin d’imiter le plus possible l’admirable concision du texte sacré, qui porte à la lettre : Toutefois, non comme je veux, mais comme vous (voulez.)
45. Dormez maintenant, etc. Ces paroles se prennent généralement dans un sens ironique. Ce n’est pas une permission que le Sauveur donne à ses apôtres, mais un reproche qu’il leur fait de ce qu’ils se mettaient si peu en peine de l’approche du péril qu’il leur avait annoncé.
47. * Les princes des prêtres. Voir la note sur Matth. II, 4. — Les anciens du peuple. Voir la note sur Matth. XVI, 21.
49. * Maitre. Dans le texte latin Rabbi. Voir sur ce mot la note sur Joan. I, 38.
52. Périront par l’épée ; c’est-à-dire mériteront de périr par l’épée.
53. Dans la milice romaine, la légion était composée de six mille hommes.
57. Selon le récit plus ample de saint Jean (XVIII, 13 et suiv.), ils le menèrent d’abord chez Anne, beau-père de Caïphe, et ensuite chez Caïphe. — * D’après la tradition, la maison de Caïphe, soit que ce fût sa propre maison, soit que ce fût celle des grands prêtres, était sur le mont Sion, dans la ville haute, à l’endroit où est aujourd’hui un petit couvent qui appartient aux Arméniens. Ce couvent occupe un emplacement triangulaire, en dehors de la porte actuelle qui porte le nom de Bab-es-Sioun ou Porte de Sion. On remarque au milieu une petite cour. C’est là, croit-on, que saint Pierre se trouvait pendant qu’on jugeait son maitre et qu’il le renia trois fois. Nicéphore nous apprend que sainte Hélène avait bâti en ce lieu une église dédiée au Prince des Apôtres.
59. * Tout le conseil, le sanhédrin. Le sanhédrin, qui est souvent désigné dans les Évangiles par la périphrase : les princes des prêtres, les scribes et les anciens du peuple (Marc. XIV, 43, 53) parce que c’étaient là les membres qui le constituaient, était le conseil et le tribunal suprême des Juifs. Il était composé de soixante-douze membres ; le grand-prêtre en était le président ; les vingt-quatre chefs des familles sacerdotales ou princes des prêtres (voir Matth. II, 4) y représentaient l’élément sacerdotal ; les scribes, la science juridique de la loi (voir Matth. II, 4) ; les anciens du peuple, le reste d’Israël. Les Juifs faisaient remonter à Moïse l’origine du sanhédrin (Ex. XVIII, 17-26) ; mais on ne le voit constitué comme il l’était du temps de Notre Seigneur, qu’après la captivité. Même sous Pilate, le sanhédrin jugeait les causes graves, et il avait le droit de prononcer la peine de mort, à la condition que sa sentence fut confirmée par le procurateur romain.
61. * Le temple, en grec naos. Voir Matth. XXI, 12.
65. En signe d’une grande douleur ou d’indignation, les Juifs déchiraient leurs vêtements.
66. Selon la loi (Lev. XXIV, 16), les blasphémateurs devaient être punis de mort.
67. Et le déchirèrent à coups de poing. Voy. XXI, 35.
73. * Ton langage te décèle. Les Galiléens n’avaient pas le même accent que les habitants de Jérusalem et de la Judée. Le Talmud dit que leur langage était corrompu et qu’ils brouillaient les lettres les unes avec les autres : le b avec le f., etc.
75. * Et étant sorti, il pleura amèrement. Selon la tradition, S. Pierre alla pleurer son péché dans une grotte, transformée en tombeau et située sur le versant de la partie du mont Sion qui regarde la vallée du Cedron. On éleva dans la suite, au-dessus de cette grotte, une église que les anciens pèlerins nomment Gallicante ou le Chant du coq.
²
Conseil des Juifs contre Jésus-Christ. Désespoir de Judas. Jésus devant Pilate ; Barabbas lui est préféré. Cris des Juifs contre Jésus-Christ. Couronnement d’épines ; insultes. Jésus-Christ est conduit au Calvaire et crucifié. Ténèbres. Mort de Jésus-Christ. Miracles après sa mort. Joseph d’Arimathie prend soin de sa sépulture. Gardes mis au sépulcre.
(hi) 1 Mane autem facto, consílium iniérunt omnes
príncipes sacerdótum et senióres pópuli advérsus Jesum, ut eum morti tráderent.
1. Or le matin étant venu, tous les princes des prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus, pour le livrer à la mort.
(hi) 2 Et vinctum adduxérunt eum, et tradidérunt Póntio
Piláto prǽsidi.
2. Et l’ayant lié, ils l’emmenèrent, et le livrèrent à Ponce Pilate, gouverneur.
(hi) 3 Tunc videns
Judas, qui eum trádidit, quod damnátus esset, pœniténtia ductus, rétulit
trigínta argénteos princípibus sacerdótum, et senióribus,
3. Alors Judas, qui l’avait livré, voyant qu’il était condamné, fut touché de repentir et reporta les trente pièces d’argent aux princes des prêtres et aux anciens,
4 dicens : Peccávi, tradens sánguinem justum. At illi dixérunt : Quid ad nos ? tu víderis.
4. Disant : J’ai péché en livrant un sang innocent. Mais eux lui répondirent : Que nous importe ? Vois toi-même.
5 Et
projéctis argénteis in templo, recéssit : et ábiens láqueo se suspéndit.
5. Alors ayant jeté l’argent dans le temple, il se retira et alla se pendre.
6 Príncipes autem sacerdótum, accéptis argénteis,
dixérunt : Non licet eos míttere in córbonam : quia prétium sánguinis
est.
6. Mais les princes des prêtres, ayant pris l’argent, dirent : Il n’est pas permis de le mettre dans le trésor, parce que c’est le prix du sang.
7 Consílio autem ínito, emérunt ex illis agrum
fíguli, in sepultúram peregrinórum.
7. Et après s’être consultés entre eux, ils en achetèrent le champ du potier, pour la sépulture des étrangers.
8 Propter hoc vocátus est ager ille, Hacéldama, hoc
est, Ager sánguinis, usque in hodiérnum diem.
8. C’est pourquoi ce champ est encore aujourd’hui appelé Haceldama, c’est-à-dire le champ du sang.
9 Tunc implétum est quod dictum est per Jeremíam
prophétam, dicéntem : Et accepérunt trigínta argénteos prétium appretiáti,
quem appretiavérunt a fíliis Israël :
9. Alors fut accomplie la parole du prophète Jérémie, disant : Ils ont reçu les trente pièces d’argent, prix de celui qui a été apprécié suivant l’appréciation des enfants d’Israël ;
10 et
dedérunt eos in agrum fíguli, sicut constítuit mihi Dóminus.
10. Et ils les ont données pour le champ du potier, ainsi que me l’a prescrit le Seigneur.
(hi) 11 Jesus autem stetit ante prǽsidem, et interrogávit eum præses, dicens : Tu es rex Judæórum ? Dicit illi Jesus : Tu dicis.
11. Or Jésus comparut devant le gouverneur, qui l’interrogea, disant : Es-tu le roi des Juifs ? Jésus lui répondit : Tu le dis.
12 Et cum
accusarétur a princípibus sacerdótum et senióribus, nihil respóndit.
12. Et comme les princes des prêtres et les anciens l’accusaient, il ne répondit rien.
13 Tunc dicit
illi Pilátus : Non audis quanta advérsum te dicunt testimónia ?
13. Alors Pilate lui dit : N’entends-tu point combien de témoignages ils rendent contre toi ?
14 Et non
respóndit ei ad ullum verbum, ita ut mirarétur præses veheménter.
14. Mais il ne répondit à aucune de ses paroles, de sorte que le gouverneur en était extrêmement étonné.
(hi) 15 Per diem autem solémnem consuéverat præses pópulo
dimíttere unum vinctum, quem voluíssent :
15. À un des jours de la fête solennelle, le gouverneur avait coutume de délivrer au peuple un prisonnier, celui qu’ils voulaient.
16 habébat autem tunc vinctum insígnem, qui
dicebátur Barábbas.
16. Or il avait alors un prisonnier insigne nommé Barabbas.
17
Congregátis ergo illis, dixit Pilátus : Quem vultis dimíttam vobis : Barábbam,
an Jesum, qui dícitur Christus ?
17. Le peuple étant donc assemblé, Pilate dit : Lequel voulez-vous que je vous délivre, Barabbas ou Jésus, qui est appelé Christ ?
18 Sciébat enim quod per invídiam tradidíssent eum.
18. Car il savait que c’était par envie qu’ils l’avaient livré.
19 Sedénte autem illo pro tribunáli, misit
ad eum uxor ejus, dicens : Nihil tibi, et justo illi : multa enim
passa sum hódie per visum propter eum.
19. Or, pendant qu’il siégeait sur son tribunal, sa femme lui envoya dire : Qu’il n’y ait rien entre toi et ce juste ; car j’ai beaucoup souffert aujourd’hui dans un songe à cause de lui.
20 Príncipes
autem sacerdótum et senióres persuasérunt pópulis ut péterent Barábbam, Jesum
vero pérderent.
20. Mais les princes des prêtres et les anciens persuadèrent au peuple de demander Barabbas, et de faire périr Jésus.
21 Respóndens autem præses, ait illis : Quem vultis vobis de duóbus dimítti ? At illi dixérunt : Barábbam.
21. Le gouverneur donc prenant la parole, leur dit : Lequel des deux voulez-vous que je vous délivre ? Ils répondirent : Barabbas.
22 Dicit
illis Pilátus : Quid ígitur fáciam de Jesu, qui dícitur Christus ?
22. Pilate leur demanda : Que ferai-je donc de Jésus appelé Christ ?
23 Dicunt omnes : Crucifigátur. Ait illis præses : Quid enim mali fecit ? At illi magis clamábant dicéntes : Crucifigátur.
23. Ils s’écrièrent tous : Qu’il soit crucifié. Le gouverneur leur repartit : Quel mal a-t-il fait ? Mais ils criaient encore plus, disant : Qu’il soit crucifié.
24 Videns autem Pilátus quia nihil profíceret, sed
magis tumúltus fíeret : accépta aqua, lavit manus coram pópulo,
dicens : Innocens ego sum a sánguine justi hujus : vos vidéritis.
24. Pilate voyant qu’il ne gagnait rien, mais que le tumulte augmentait, prit de l’eau et se lava les mains devant le peuple, disant : Je suis innocent du sang de ce juste : voyez vous-mêmes.
25 Et
respóndens univérsus pópulus, dixit : Sanguis ejus super nos, et super
fílios nostros.
25. Et tout le peuple répondant, dit : Son sang sur nous et sur nos enfants !
(hi) (hi-b) 26 Tunc dimísit illis Barábbam :
Jesum autem flagellátum trádidit eis ut crucifigerétur.
26. Alors il leur délivra Barabbas ; mais Jésus, après l’avoir fait flageller, il le leur livra pour être crucifié.
27 Tunc mílites prǽsidis suscipiéntes Jesum in prætórium, congregavérunt ad eum univérsam cohórtem :
27. Aussitôt les soldats du gouverneur menant Jésus dans le prétoire, rassemblèrent autour de lui toute la cohorte ;
28 et exuéntes eum, chlámydem coccíneam
circumdedérunt ei,
28. Et, l’ayant dépouillé, ils l’enveloppèrent d’un manteau d’écarlate ;
29 et plecténtes corónam de spinis, posuérunt super
caput ejus, et arúndinem in déxtera ejus. Et genu flexo ante eum, illudébant
ei, dicéntes : Ave rex Judæórum.
29. Puis tressant une couronne d’épines, ils la mirent sur sa tête, et un roseau dans sa main droite ; et fléchissant le genou devant lui, ils le raillaient, disant : Salut, roi des Juifs.
30 Et
exspuéntes in eum, accepérunt arúndinem, et percutiébant caput ejus.
30. Et, crachant sur lui, ils prenaient le roseau, et en frappaient sa tête.
31 Et
postquam illusérunt ei, exuérunt eum chlámyde, et induérunt eum vestiméntis
ejus, et duxérunt eum ut crucifígerent.
31. Après qu’ils se furent ainsi joués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, le couvrirent de ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier.
(hi) 32 Exeúntes autem invenérunt hóminem Cyrenǽum,
nómine Simónem : hunc angariavérunt ut tólleret crucem ejus.
32. Or, comme ils sortaient, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, nommé Simon ; ils le contraignirent de porter sa croix.
(hi) 33 Et venérunt in locum qui dícitur Gólgotha, quod
est Calváriæ locus.
33. Et ils vinrent au lieu appelé Golgotha, qui est le lieu du Calvaire.
34 Et dedérunt ei vinum bíbere cum felle mistum. Et cum gustásset, nóluit bíbere.
34. Là, ils lui donnèrent à boire du vin mêlé avec du fiel ; mais lorsqu’il l’eut gouté, il ne voulut pas boire.
35 Postquam autem crucifixérunt eum, divisérunt
vestiménta ejus, sortem mitténtes : ut implerétur quod dictum est per
prophétam dicéntem : Divisérunt sibi vestiménta mea, et super vestem meam
misérunt sortem.
35. Après qu’ils l’eurent crucifié, ils partagèrent ses vêtements, jetant le sort, afin que fût accomplie la parole du prophète, disant : Ils se sont partagé mes vêtements, et sur ma robe, ils ont jeté le sort.
36. Puis s’étant assis, ils le gardaient.
37 Et imposuérunt super caput ejus causam ipsíus
scriptam : Hic est Jesus rex Judæórum.
37. Et ils mirent au-dessus de sa tête sa condamnation ainsi écrite : Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs.
38 Tunc
crucifíxi sunt cum eo duo latrónes : unus a dextris, et unus a sinístris.
38. Alors furent crucifiés avec lui deux voleurs, l’un à droite et l’autre à gauche.
(hi) 39 Prætereúntes
autem blasphemábant eum movéntes cápita sua,
39. Or les passants le blasphémaient, branlant la tête,
40 et dicéntes : Vah ! qui déstruis
templum Dei, et in tríduo illud reædíficas : salva temetípsum : si
Fílius Dei es, descénde de cruce.
40. Et disant : Ah ! toi qui détruis le temple de Dieu et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même. Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix.
41 Simíliter
et príncipes sacerdótum illudéntes cum scribis et senióribus dicébant :
41. Pareillement les princes des prêtres eux-mêmes se moquant de lui avec les scribes et les anciens, disaient :
42 Alios
salvos fecit, seípsum non potest salvum fácere : si rex Israël est,
descéndat nunc de cruce, et crédimus ei :
42. Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même : s’il est le roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui :
43 confídit
in Deo : líberet nunc, si vult eum : dixit enim : Quia Fílius
Dei sum.
43. Il se confie en Dieu ; qu’il le délivre maintenant, s’il veut ; car il a dit : Je suis le Fils de Dieu.
44 Idípsum autem et latrónes, qui crucifíxi erant
cum eo, improperábant ei.
44. Or, c’était aussi l’insulte que lui faisaient les voleurs qui étaient crucifiés avec lui.
(hi) 45 A sexta autem hora ténebræ factæ sunt super univérsam terram usque ad horam nonam.
45. Mais, depuis la sixième heure, les ténèbres se répandirent sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure.
46 Et circa
horam nonam clamávit Jesus voce magna, dicens : Eli, Eli, lamma sabácthani ?
hoc est : Deus meus, Deus meus, ut quid dereliquísti me ?
46. Et, vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte, disant : Eli, Eli, lamma sabacthani ? c’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous délaissé ?
47 Quidam
autem illic stantes, et audiéntes, dicébant : Elíam vocat iste.
47. Mais quelques-uns de ceux qui étaient là, et qui entendaient, disaient : C’est Élie que celui-ci appelle.
48 Et
contínuo currens unus ex eis, accéptam spóngiam implévit acéto, et impósuit
arúndini, et dabat ei bíbere.
48. Et aussitôt l’un d’eux, courant, prit une éponge, l’emplit de vinaigre, puis la mit au bout d’un roseau, et il lui présentait à boire.
49 Céteri
vero dicébant : Sine, videámus an véniat Elías líberans eum.
49. Mais les autres disaient : Laisse, voyons si Élie viendra le délivrer.
(hi) 50 Jesus autem íterum clamans voce magna, emísit
spíritum.
50. Cependant Jésus, criant encore d’une voix forte, envoya l’esprit.
51 Et ecce velum templi scissum est in duas partes a
summo usque deórsum : et terra mota est, et petræ scissæ sunt,
51. Et voilà que le voile du temple fut fendu en deux, depuis le haut jusqu’en bas, et la terre fut mise en mouvement, les pierres furent fendues,
52 et monuménta apérta sunt : et multa córpora
sanctórum, qui dormíerant, surrexérunt.
52. Les sépulcres s’ouvrirent, et beaucoup de corps des saints qui s’étaient endormis se levèrent ;
53 Et
exeúntes de monuméntis post resurrectiónem ejus, venérunt in sanctam civitátem,
et apparuérunt multis.
53. Et sortant de leurs tombeaux, après sa résurrection, ils vinrent dans la cité sainte, et apparurent à un grand nombre de personnes.
(hi) 54 Centúrio autem, et qui cum eo erant, custodiéntes
Jesum, viso terræmótu, et his quæ fiébant, timuérunt valde, dicéntes :
Vere Fílius Dei erat iste.
54. Le centurion et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, voyant le tremblement de terre et tout ce qui se passait, furent saisis d’une extrême frayeur, et dirent : Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu.
55 Erant
autem ibi mulíeres multæ a longe, quæ secútæ erant Jesum a Galilǽa,
ministrántes ei :
55. Il y avait aussi à quelque distance de là beaucoup de femmes qui, de la Galilée, avaient suivi Jésus pour le servir ;
56 inter quas erat María Magdaléne, et María Jacóbi,
et Joseph mater, et mater filiórum Zebedǽi.
56. Et parmi lesquelles étaient Marie-Madeleine, et Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée.
(hi) 57 Cum autem sero factum esset, venit quidam homo
dives ab Arimathǽa, nómine Joseph, qui et ipse discípulus erat Jesu :
57. Or, quand il se fit soir, vint un homme riche d’Arimathie, du nom de Joseph, qui, lui aussi, était disciple de Jésus,
58 hic accéssit ad Pilátum, et pétiit corpus Jesu. Tunc Pilátus jussit reddi corpus.
58. Cet homme vint à Pilate, et lui demanda le corps de Jésus. Alors Pilate commanda que le corps fut remis.
59 Et accépto córpore, Joseph invólvit illud in sindóne munda,
59. Ayant donc reçu le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul blanc ;
60 et pósuit illud in monuménto suo novo, quod excíderat in petra. Et advólvit saxum magnum ad óstium monuménti, et ábiit.
60. Et il le mit dans son sépulcre neuf qu’il avait fait tailler dans le roc. Ensuite il roula une grande pierre à l’entrée du sépulcre, et s’en alla.
61 Erant autem ibi María Magdaléne, et áltera María, sedéntes
contra sepúlchrum.
61. Mais Marie-Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises près du sépulcre.
(hi) 62 Altera autem die, quæ est post Parascéven,
convenérunt príncipes sacerdótum et pharisǽi ad Pilátum,
62. Le lendemain, c’est-à-dire le jour d’après la préparation du sabbat, les princes des prêtres et les pharisiens vinrent ensemble vers Pilate,
63
dicéntes : Dómine, recordáti sumus, quia sedúctor ille dixit adhuc
vivens : Post tres dies resúrgam.
63. Et lui dirent : Seigneur, nous nous sommes rappelé que ce séducteur a dit, lorsqu’il vivait encore : Après trois jours je ressusciterai.
64 Jube ergo
custodíri sepúlchrum usque in diem tértium : ne forte véniant discípuli
ejus, et furéntur eum, et dicant plebi : Surréxit a mórtuis : et erit
novíssimus error pejor prióre.
64. Commandez donc que le sépulcre soit gardé jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent et ne le dérobent, et ne disent au peuple : Il est ressuscité d’entre les morts ; et la dernière erreur serait pire que la première.
65 Ait illis Pilátus : Habétis custódiam, ite, custodíte sicut scitis.
65. Pilate leur dit : Vous avez des gardes ; allez, et gardez-le comme vous l’entendez.
66 Illi autem abeúntes, muniérunt sepúlchrum,
signántes lápidem, cum custódibus.
66. Ceux-ci donc s’en allant, munirent le sépulcre, scellant la pierre, et mettant des gardes.
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CHAP. XXVII. 2. Marc. XV, 1 ; Luc. XXIII, 1 ; Joan. XVIII, 28. — 5. Act. I, 18. — 8. Act. I, 19. — 9. Zach. XI, 12. — 11. Marc. XV, 2 ; Luc. XXIII, 3 ; Joan. XVIII, 33. — 20. Marc. XV, 11 ; Luc. XXIII, 18 ; Joan. XVIII, 40 ; Act. III, 14. — 27. Marc. XV, 16 ; Ps. XXI, 17. — 29. Joan. XIX, 2. — 32. Marc. XV, 21 ; Luc. XXIII, 26. — 33. Marc. XV, 22 ; Luc. XXIII, 33 ; Joan. XIX, 17. — 35. Marc. XV, 24 ; Luc. XXIII, 34 ; Joan. XIX, 23 ; Ps. XXI, 19. — 40. Joan. II, 19. — 42. Sap. II, 18. — 43. Ps. XXI, 9. — 45. Marc. XII, 33 ; Luc. XXIII, 44. — 46. Ps. XXI, 2. — 50. Ps. CIII, 30. — 51a. II Par. III, 14 ; Marc. XV, 37 ; Luc. XXIII, 45. — 51b. Cant. V, 4. — 57. Marc. XV, 42 ; Luc. XXIII, 50 ; Joan. XIX, 38.
1. * Les princes des prêtres et les anciens du peuple. Voir Matth. XXVI, 3.
2. * « Ponce-Pilate fut le cinquième procurateur envoyé de Rome en Judée. Il gouverna cette province de l’an 26 à l’an 36 de l’ère chrétienne, sous les ordres du légat de Syrie. C’était une créature de Séjan, favori de Tibère. Par ménagement pour la susceptibilité des Juifs, il résidait à Césarée de Palestine, place forte sur la côte de la mer ; mais, comme Antipas, il venait à Jérusalem au temps des grandes fêtes, et alors il habitait le prétoire, demeure contigüe au palais d’Hérode et à la tour Antonia. » (L. Bacuez.)
6. Le trésor était l’endroit du temple où le peuple mettait ses présents et ses offrandes.
7. Du potier ; c’est-à-dire du potier de ce lieu.
8. * Haceldama, c’est-à-dire le champ du sang. L’emplacement traditionnel de ce champ, qui porte toujours le même nom, est au sud de Jérusalem, sur le versant méridional de la vallée de Ben-Hinnom.
9. Le texte qui est rapporté ici ne se lit pas dans Jérémie ; mais on en trouve la substance dans Zacharie. Saint Matthieu a pu se borner à dire du prophète, sans ajouter aucun nom. Il est certain que la version syriaque et plusieurs anciens manuscrits latins ne nomment pas le prophète. Cependant les interprètes ne conviennent pas tous que saint Matthieu ait fait cette omission, et ils cherchent à maintenir, les uns le nom de Jérémie, les autres celui de Zacharie.
15. À un des jours de la fête solennelle ; c’est-à-dire pendant la fête de pâque (Compar. Joan. XVIII, 39). Comme c’était la plus grande de leurs solennités, les Juifs la désignaient assez ordinairement sous le nom de la fête.
16. * Barabbas, d’après les détails fournis par les divers évangélistes, avait trempé dans une sédition, et il était voleur et assassin.
19. * Sa femme, Claudia Prócula ou Procla, d’après la tradition.
24. Les païens aussi se lavaient les mains, soit dans les alliances, soit dans les sacrifices qu’ils offraient aux dieux supérieurs, soit enfin pour expier un meurtre ou se purifier du sang répandu même à la guerre ; mais on pense généralement que Pilate a voulu dans cette circonstance se conformer à l’usage des Juifs pour leur être agréable.
26. Le supplice de la croix était la peine des esclaves, des voleurs, mais surtout des séditieux, suivant les lois romaines. Les Hébreux, selon Maimonide, ne crucifiaient régulièrement pas les hommes en vie, mais après leur mort ; ils les attachaient au poteau et les en détachaient avant le coucher du soleil. Compar. Deut. XXI, 22-23.
27. La cohorte romaine se composait de six cent vingt-cinq hommes. — * Menant Jésus dans le prétoire. Le prétoire, qui désigna d’abord la tente du général en chef dans le camp, fut aussi plus tard le nom donné à la résidence d’un gouverneur de province, comme était Pilate. C’est là qu’il habitait et qu’il rendait la justice. Les évangélistes ont conservé le nom latin grécisé que les Latins avaient donné au palais du procurateur dans la capitale de la Judée. À la place où s’élevait autrefois le Prétoire est aujourd’hui en grande partie, à ce qu’on croit, la cour actuelle de la caserne turque, au nord-ouest du Temple. On y voit encore de grosses pierres qu’on dit avoir appartenu au prétoire. « L’escalier, qui, de la cour supérieure où était le prétoire, conduisait dans la cour inférieure occupée aujourd’hui par une rue, a été transporté à Rome, où il est vénéré près de Saint-Jean de Latran. » (J. H. Michon.)
28. * Ils l’enveloppèrent d’un manteau d’écarlate. En grec : d’une chlamyde. C’était une espèce de manteau de laine, ouvert et retroussé sur l’épaule gauche, où il s’attachait avec une agrafe, afin de laisser le bras droit libre. Le nom est d’origine grecque ; il désigne ici le paludamentum, vêtement militaire des soldats romains. Il était de forme ovale, se portait par-dessus la cuirasse et retombait en arrière, à peu près jusqu’à mi-jambe. Les tribuns le portaient de couleur blanche ; les généraux et les empereurs de couleur pourpre.
29. * Une couronne d’épines. La couronne qu’on mit sur la tête de Notre Seigneur était de joncs, entrelacés d’épines de zizyphus. La couronne proprement dite est conservée à Notre-Dame de Paris ; Pise possède dans sa jolie église de la Spina une branche de zizyphus. La couronne de joncs de Paris, « cette relique insigne, peut-être la plus remarquable de celles que possèdent les chrétiens, à cause de son intégrité relative, vient sans conteste de saint Louis. Elle se compose d’un anneau de petits joncs réunis en faisceaux. Le diamètre intérieur de l’anneau est de 210 millimètres, la section a 15 millimètres de diamètre. Les joncs sont reliés par quinze ou seize attaches de joncs semblables. Quelques joncs sont pliés et font voir que la plante est creuse ; leur surface, examinée à la loupe, est sillonnée de petites côtes. Le jardin des Plantes de Paris cultive un jonc appelé juncus bálticus, originaire des pays chauds et qui parait exactement semblable à la relique de Notre-Dame. Quant aux épines, nul doute que ce ne soit du rhamnus, nom générique de trois plantes qui se rapprochent tout-à-fait de l’épine de Pise. [Ce rhamnus était le zizyphus spina Christi ou jujubier. Dans la couronne de Notre Seigneur, ses] branches brisées ou courbées vers le milieu pour prendre la forme d’un bonnet, étaient fixées par chacune de leurs extrémités, soit en dedans, soit au dehors du cercle de joncs. Il fallait que le cercle fut plus grand que le tour de la tête, afin de pouvoir l’y faire entrer, malgré le rétrécissement causé par l’introduction des branches, et l’on trouve en effet que la couronne de Notre-Dame placée seule sur la tête tomberait sur les épaules. On n’avait même pas besoin de nouveaux liens pour les fixer au cercle de joncs ; et les rameaux passés alternativement dessus et dessous devaient suffire pour les maintenir. C’est cette opération que les [évangélistes] ont pu appeler le tressage. Les soldats sans doute, évitèrent de toucher à ces horribles épines, dont chacune plus tranchante que la griffe du lion fait jaillir le sang en abondance. [La branche de zizyphus de Pise] a 80 millimètres de hauteur. L’épine principale a plus de 20 millimètres de longueur. » (Rohault de Fleury)
32. * Sa croix. Les auteurs avaient émis les opinions les plus diverses sur la nature du bois ou des bois dont était formée la croix. Après l’examen scientifique de diverses reliques, « on peut affirmer que le bois de la croix provenait d’un conifère, et on ne peut douter que ce conifère ne soit du pin. [D’après l’opinion commune, l’instrument du supplice de Notre Seigneur se composait d’un montant] avec une traverse laissant passer la tête de la tige, comme l’usage de la représenter s’en est le plus généralement répandu. [D’après] une ancienne tradition, la hauteur du montant était de 4 mètres 80, et celle de la traverse de 2 mètres 30 à 2 mètres 60. » Le supplice de la croix, très fréquent chez les Romains, était spécial pour les esclaves. On l’appliquait quelquefois aux hommes libres, mais alors aux plus vils ou aux plus coupables, comme les voleurs, les assassins, les faussaires. Chez les Romains, les condamnés portaient leurs croix. Plaute a dit : qu’il porte la potence à travers la ville et qu’il soit ensuite attaché à la croix. « L’intervention de Simon le Cyrénéen peut s’entendre de deux manières. Le texte sacré ne dit pas formellement si Notre Seigneur fut totalement déchargé de sa croix, ou s’il continua à la porter avec une aide étrangère. Dans la première hypothèse, le Christ aurait marché en avant, Simon portant seul la croix en arrière. Dans la seconde, il aurait porté la partie antérieure et Simon la partie postérieure, le bout trainant à terre. Saint Augustin, saint Athanase, saint Jérôme, saint Léon, Origène et plusieurs modernes supposent que Notre Seigneur fut entièrement déchargé. [On peut donner] à la croix un [poids total] d’environ cent kilogrammes. La croix devait trainer à terre, [parce que] ce long bois n’aurait pu rester en équilibre sur l’épaule ; la diminution de poids qui en résultait peut être évaluée à 25 ou 30 kilogrammes. [Le Sauveur avait donc encore à porter] environ 75 kilogrammes. [Ce fardeau dépassait ses forces, parce qu’il était] épuisé par les supplices qu’il avait endurés, par la longueur de la voie douloureuse dont on connait au moins les deux extrémités et qui devait être de 5 à 600 mètres, et par la difficulté des chemins dans un sol montueux. » (Rohault de Fleury.)
33. * Golgotha. Le Golgotha est actuellement enclavé dans l’église du Saint-Sépulcre, dans la partie sud-est de la Basilique. Il s’élève à la hauteur de 4 mètres 70 centimètres au-dessus du sol. Du temps de Notre Seigneur, le Calvaire était en dehors de Jérusalem, à l’ouest ; aujourd’hui il est dans l’enceinte même de la ville.
34. * Du vin mêlé avec du fiel. Voir Joan. XIX, 29-30.
35. * Après qu’ils l’eurent crucifié. « Tantôt la victime était attachée par terre à la croix, qui était ensuite élevée avec son fardeau ; tantôt la croix était d’abord dressée, et le condamné attaché avec des cordes, puis cloué. Le premier mode parait avoir été plus probablement employé sur le Calvaire. Les crucifiés étaient souvent fixés avec des clous [placés au milieu des mains et aux pieds]. Avant de clouer les pieds, on préparait le trou avec une broche. Ce que dit le Sauveur à saint Thomas, (Joan. XX, 27), prouve qu’il avait eu les mains percées de clous. Les auteurs profanes qui se sont occupés du crucifiement parlent toujours de quatre clous. Toutes les peintures grecques représentent Notre Seigneur fixé sur la croix avec quatre clous. Le clou [de la passion conservé à] Notre-Dame [de Paris], de 90 millimètres de longueur, n’a pas de tête ; sa pointe méplate est intacte. La forge en est grossière. Le clou que l’on voit dans la basilique de Sainte-Croix de Jérusalem à Rome a 120 millimètres de long, 8 millimètres 1/2 de grosseur à sa plus grande dimension, et sa tête est couverte d’une espèce de chapeau creux au fond duquel il est rivé, comme on le voit à quelques clous antiques, à ceux par exemple de la Bibliothèque du Vatican. » (Rohault de Fleury.)
37. * Celui-ci est Jésus, roi des Juifs. « Un écriteau destiné à faire connaitre les motifs de la condamnation [était] porté en avant du condamné, ou attaché à son cou ; il était parfois remplacé par une proclamation du crieur public, annonçant le nom du criminel et l’arrêt de la justice. Il était préparé quand Notre Seigneur sortit du prétoire, afin de le précéder dans le long parcours de la voie douloureuse. Le titre ne tenait pas encore à la croix, à laquelle il ne fut attaché avec des clous que sur le Calvaire. » Les trois premiers évangélistes n’ont pas rapporté mot à mot l’inscription ; ils n’en ont donné que le sens. Saint Jean est le seul qui l’ait littéralement reproduite, en nous apprenant qu’elle portait ces mots : Jésus de Nazareth, roi des Juifs, écrits en trois langues, en hébreu ou araméen, en grec et en latin. L’église de Sainte-Croix de Jérusalem, à Rome, possède un fragment considérable du titre de la croix. « C’est une petite planche [de chêne ou bien de sycomore ou de peuplier], de 235 millimètres de largeur sur 130 millimètres de hauteur, sillonnée de trous de vers. On y voit très distinctement deux restes d’inscription grecque et romaine, et dans le haut, l’extrémité de quelques lignes courbes qui paraissent être ceux d’une troisième inscription [en lettres hébraïques], La seconde inscription porte : Nazarenous (en caractères grecs) et la troisième : nazarenus re. Les lettres sont légèrement en creux, comme si elles avaient été tracées avec cet outil particulier dont les charpentiers se servent de nos jours pour marquer le bois, ou simplement avec une petite gouge. Elles ont de 28 millimètres à 30 millimètres. Peintes en rouge sur un fond blanc, elles devaient être très visibles à la hauteur où Ponce Pilate les fit placer. Les mots sont écrits [au rebours] de droite à gauche, en suivant l’ordre du titre hébreu, et les lettres sont renversées, comme si on les voyait dans une glace. » (Rohault de Fleury.) Le titre de la croix, dans son intégrité, devait avoir approximativement 65 centimètres sur 20.
40. * Le temple, en grec naos. Voir Matth. XXI, 12.
44. Saint Luc ne parle que d’un seul voleur qui ait insulté Jésus-Christ ; mais on peut très légitimement supposer que les deux voleurs s’étaient d’abord permis ces insultes, et qu’ensuite l’un d’eux, touché de la grâce, blâma l’insolence de son compagnon. On est encore fondé à dire que saint Matthieu parle ainsi de ces voleurs indistinctement, et qu’il a mis le pluriel pour le singulier, genre de licence qui se rencontre quelquefois dans les écrivains sacrés.
45. Depuis la sixième heure, etc. ; depuis midi jusqu’à trois heures. — Toute la terre, signifie, selon plusieurs, la Judée et quelques pays voisins.
50. * Jésus… rendit l’esprit. C’était le vendredi 14 nisan, à trois heures de l’après-midi, c’est-à-dire, selon les calculs les plus probables, le vendredi 7 avril de l’an 30 de notre ère.
51. * Le voile du temple, en grec naos. Il y avait dans le temple de Jérusalem deux voiles ou portières. Le premier voile séparait le portique du Saint ; le second séparait le Saint du Saint des Saints. C’est ce dernier qui fut déchiré en deux au moment de la mort de Notre Seigneur. — # Fut mis en mouvement (mota est). Le verbe móveo « mouvoir, mettre en mouvement » est aussi un synonyme de tremo ou cóntremo « trembler, être ébranlé », voy. Joël. II, 10. Le texte de Saint Matthieu rapporte un évènement cosmique : lors de sa précieuse Mort, le Seigneur Jésus envoie l’Esprit, donne la vie, renouvèle la face de la terre, (cf. Ps. CIII, 30.), met en mouvement l’univers. La meilleure traduction est donc la terre fut mise en mouvement.
52. Qui s’étaient endormis ; c’est-à-dire qui étaient morts. Souvent dans l’Écriture le sommeil est mis pour la mort.
54. * Le centurion et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus. « Les corps étaient gardés. Pétrone, dans une satire, dit que les soldats veillaient pour qu’on ne les dérobât pas pour les ensevelir. Il ajoute que les parents d’un crucifié profitèrent d’une nuit où les soldats étaient absents et enlevèrent le corps de la croix. » (Rohault de Fleury.)
56. * « Marie-Madeleineest célèbre dans l’Évangile par ses sentiments de charité ardente envers le Sauveur des hommes, et dans la tradition ecclésiastique par ses larmes et sa pénitence. Le surnom de Madeleine fut donné à Marie, parce qu’elle était du bourg de Mágdala, en Galilée, près du lac de Tibériade. On croit qu’elle était d’une famille distinguée par ses richesses. L’Évangile, en la nommant pécheresse, a fait supposer qu’elle s’était abandonnée à des débordements. On connait le châtiment que Marie-Madeleine subit durant quelques années : elle fut tourmentée du démon jusqu’au jour où le Sauveur, lui remettant ses péchés, l’affranchit de cette domination horrible. [Quand elle versa ses parfums sur les pieds de Jésus, il lui remit ses péchés.] C’est depuis cette époque qu’elle s’imposa des pratiques de pénitence. Après avoir mis sa chevelure et ses parfums aux pieds du Seigneur, comme si elle avait voulu figurer son renoncement à toutes choses vaines, elle se joignit à quelques saintes et nobles femmes qui suivaient le divin Maitre, écoutaient ses prédications et l’assistaient de leurs biens dans ses courses évangéliques. Marie-Madeleine et les saintes femmes suivirent Jésus de la Galilée à Jérusalem et elles ne l’abandonnèrent pas, même à sa mort, qui arriva six mois après. Marie avec sa famille habitait le bourg de Béthanie. [C’est là que mourut son frère Lazare, et c’est là que Jésus le ressuscita. Peu après, dans un repas qui fut donné à Béthanie au Sauveur chez un homme qui avait été guéri de la lèpre et où Lazare assistait avec ses deux sœurs, Marie répandit un nouveau vase de parfums sur les pieds du Sauveur.] Malgré les souffrances de son amour, Madeleine accompagna Jésus sur le Calvaire. [Elle lui rendit les derniers devoirs de la sépulture et mérita de voir des premières son Maitre ressuscité.] À partir de cet instant, on ne trouve plus dans l’Évangile aucune trace de sainte Madeleine. Il est probable toutefois qu’elle se rendit d’abord en Galilée, où Jésus devait se manifester à ses disciples. Ce fut l’opinion générale des anciens que, après la descente du Saint-Esprit et la dispersion des Apôtres, Marie-Madeleine quitta Jérusalem et la Palestine. La tradition [la] plus fondée fait aborder Marie-Madeleine en Provence avec Marthe et Lazare. D’après cette tradition, Lazare devint évêque de Marseille où il mourut ; Marthe porta l’Évangile à Tarascon, et Marie-Madeleine se retira dans la caverne devenue si célèbre sous le nom de Sainte-Baume. C’est là qu’elle finit ses jours dans les pratiques de la pénitence. » (Mgr Darboy.) — Marie, mère de Jacques et de Joseph, femme de Cléophas ou Alphée, sœur ou belle-sœur de la sainte Vierge, mère de saint Jacques le Mineur. — Sur Jacques et Joseph, ou Josès, voir Matth. XIII, 55-56. — La mère des fils de Zébédée, Salomé, mère de saint Jacques le Majeur et de saint Jean l’Évangéliste.
57. * Arimathie, d’après Eusèbe, est la Ramathaïm-Sophim située dans les montagnes d’Ephraïm, non loin de Béthel. D’après saint Jérôme, c’est la Ramleh actuelle, à quelques kilomètres de Lydda.
58. Les lois romaines défendaient de donner la sépulture aux criminels sans la permission des juges. — * « La croix était le tombeau du supplicié. Les Juifs attachèrent quelquefois à la croix les cadavres des suppliciés, mais ils ne les y abandonnaient jamais après le coucher du soleil. Les Romains, plus cruels, y fixaient les condamnés vivants et les laissaient périr misérablement de faim, de soif et d’épuisement. Leurs corps devenaient la proie des vautours et des chiens et se détruisaient en général par la putréfaction. » (Rohault de Fleury.)
59. * Joseph l’enveloppa dans un linceul blanc. « Le suaire dont se servit Joseph d’Arimathie devait envelopper décemment le corps pour le porter au tombeau, indépendamment des autres linges nécessaires à l’embaumement » dont parle saint Jean, XIX, 40 ; XX, 5, 7. » (Rohault de Fleury.) On honore à Cadouin (Dordogne) et à Turin le saint Suaire de Notre-Seigneur. « La longueur du saint suaire [de Cadouin] est de 2,81 m ; sa largeur de 1,13 m. La pièce d’étoffe est entière, ayant une lisière sur les deux côtés larges et une bordure coloriée sur les deux côtés longs. » (De Gourgues.) Quant au saint Suaire de Turin, « c’est une pièce d’étoffe de quatre mètres environ de longueur, en lin, un peu jauni par le temps et rayé comme du basin. De grandes taches, dont quelques-unes indiquent certainement la place de la tête, ne peuvent être attribuées qu’au sang divin dont ce saint Suaire fut décoré. Le temps a fait dans le tissu des trous imperceptibles dont quelques-uns ont été réparés par les princesses [de Savoie.] » (Mgr Jeancart.) Voyez les nombreux ouvrages publiés sur cette sainte et authentique relique, qui fait toujours l’objet de recherches scientifiques, et dont les mystérieuses empreintes ne sont pas explicables naturellement. C’est la plus émouvante relique du Christ crucifié et ressuscité.
60. C’était la coutume dans ce pays de faire tailler dans le roc des tombeaux pour les personnes de considération. — * Dans son sépulcre. D’après la tradition, le tombeau de Joseph d’Arimathie était composé de deux chambres, taillées l’une et l’autre dans le roc, et dont la première servait de vestibule à la seconde où avait été déposé le corps du Sauveur. Sainte Hélène, en préparant le terrain pour isoler le tombeau de Notre Seigneur, placé aujourd’hui au milieu de la rotonde de l’église du Saint-Sépulcre, modifia la forme du monument et le rendit quadrangulaire. La première chambre du tombeau, nommée chapelle de l’ange, parce qu’on croit que c’est là que l’Ange annonça aux saintes femmes la résurrection du Sauveur, est une sorte de vestibule long de 3,45 m sur 2,90 m de large. On entre par une petite porte très basse percée dans le mur ouest dans la seconde chambre appelée chapelle du tombeau de Notre Seigneur. Elle a 2,7 m de long sur 1,93 m de large. Des plaques de marbre blanc couvrent le roc naturel. Le tombeau proprement dit s’élève de 65 cm au-dessus du pavement ; il est long de 1,89 mètre et large de 93 cm. Il est creusé en forme d’auge et adhérent aux parois ouest-nord et est. — Il roula une grande pierre. Les tombeaux, étant des grottes ou des édifices, sont fermés par une porte ou par une pierre.
62. Le jour d’après la préparation du sabbat ; c’est-à-dire le jour même du sabbat. Les Juifs appelaient le vendredi la préparation du sabbat, parce qu’on y préparait à manger, ce qu’il n’était pas permis de faire le lendemain. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 537.
66. * Scellant la pierre et mettant des gardes. Les gardes furent placés à l’entrée du monument ou du vestibule extérieur, afin de surveiller les scellés. La garde romaine se composait ordinairement de seize hommes, qui se relevaient quatre par quatre de trois heures en trois heures.
²
Résurrection de Jésus-Christ. Apparition de l’ange aux saintes femmes. Jésus-Christ même leur apparait. Gardes corrompus par les princes des prêtres. Apparition de Jésus en Galilée. Mission des apôtres.
(hi) 1 Véspere autem sábbati, quæ lucéscit in prima
sábbati, venit María Magdaléne, et áltera María, vidére sepúlchrum.
1. Or la nuit du sabbat, le premier jour de la semaine commençant à luire, Marie-Madeleine et l’autre Marie vinrent pour voir le sépulcre.
(hi) 2 Et ecce
terræmótus factus est magnus. Angelus enim Dómini descéndit de cælo : et
accédens revólvit lápidem, et sedébat super eum :
2. Et voilà qu’il se fit un grand tremblement de terre ; car un ange du Seigneur descendit du ciel, et s’approchant, il renversa la pierre et s’assit dessus :
3 erat autem
aspéctus ejus sicut fulgur : et vestiméntum ejus sicut nix.
3. Son visage était comme un éclair, et son vêtement comme la neige.
4 Præ timóre
autem ejus extérriti sunt custódes, et facti sunt velut mórtui.
4. Par la crainte qu’il leur inspira, les gardes furent épouvantés, et devinrent comme morts.
5 Respóndens
autem ángelus dixit muliéribus : Nolíte timére vos : scio enim, quod
Jesum, qui crucifíxus est, quǽritis.
5. Mais l’ange prenant la parole, dit aux femmes : Ne craignez point, vous ; car je sais que vous cherchez Jésus, qui a été crucifié :
6 Non est
hic : surréxit enim, sicut dixit : veníte, et vidéte locum ubi
pósitus erat Dóminus.
6. Il n’est point ici ; car il est ressuscité, comme il l’a dit ; venez, et voyez le lieu où le Seigneur était déposé :
7 Et cito eúntes, dícite discípulis ejus quia
surréxit : et ecce præcédit vos in Galilǽam : ibi eum
vidébitis : ecce prædíxi vobis.
7. Et allant promptement, dites à ses disciples qu’il est ressuscité : et voici qu’il va devant vous en Galilée ; c’est là que vous le verrez. Ainsi je vous l’ai dit d’avance.
(hi) 8 Et exiérunt
cito de monuménto cum timóre et gáudio magno, curréntes nuntiáre discípulis
ejus.
8. Elles sortirent aussitôt du sépulcre avec crainte et avec une grande joie, courant porter ces nouvelles à ses disciples.
9 Et ecce
Jesus occúrrit illis, dicens : Avéte. Illæ autem accessérunt, et tenuérunt
pedes ejus, et adoravérunt eum.
9. Et voilà que Jésus se présenta à elles, disant : Je vous salue. Et elles, s’approchant, embrassèrent ses pieds et l’adorèrent.
10 Tunc ait
illis Jesus : Nolíte timére : ite, nuntiáte frátribus meis ut eant in
Galilǽam ; ibi me vidébunt.
10. Alors Jésus leur dit : Ne craignez point ; allez, annoncez à mes frères qu’ils aillent en Galilée ; c’est là qu’ils me verront.
(hi) 11 Quæ cum
abiíssent, ecce quidam de custódibus venérunt in civitátem, et nuntiavérunt
princípibus sacerdótum ómnia quæ facta fúerant.
11. Lorsqu’elles s’en furent allées, voilà que quelques-uns des gardes vinrent à la ville, et rapportèrent aux princes des prêtres tout ce qui s’était passé.
12 Et congregáti cum senióribus consílio accépto, pecúniam copiósam dedérunt milítibus,
12. Et ceux-ci, s’étant assemblés avec les anciens, et ayant tenu conseil, donnèrent une grosse somme d’argent aux soldats,
13
dicéntes : Dícite quia discípuli ejus nocte venérunt, et furáti sunt eum,
nobis dormiéntibus.
13. Disant : Dites : Ses disciples sont venus de nuit et l’ont enlevé, pendant que nous dormions.
14 Et si hoc
audítum fúerit a prǽside, nos suadébimus ei, et secúros vos faciémus.
14. Et si le gouverneur l’apprend, nous le persuaderons, nous vous mettrons en sureté.
15 At illi,
accépta pecúnia, fecérunt sicut erant edócti. Et divulgátum est verbum istud
apud Judǽos, usque in hodiérnum diem.
15. Ainsi les soldats, l’argent reçu, firent comme on leur avait appris ; et ce bruit s’est répandu parmi les Juifs jusqu’à ce jour.
(hi) 16 Undecim autem discípuli abiérunt in Galilǽam in montem ubi constitúerat illis Jesus.
16. Cependant les onze disciples s’en allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus leur avait déterminée.
17 Et vidéntes eum adoravérunt : quidam autem
dubitavérunt.
17. Et le voyant, ils l’adorèrent ; quelques-uns néanmoins doutèrent.
18 Et
accédens Jesus locútus est eis, dicens : Data est mihi omnis potéstas in
cælo et in terra :
18. Alors s’approchant, Jésus leur parla, disant : Toute puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre.
19 eúntes
ergo docéte omnes gentes : baptizántes eos in nómine Patris, et Fílii, et
Spíritus Sancti :
19. Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ;
20 docéntes eos serváre ómnia quæcúmque mandávi
vobis : et ecce ego vobíscum sum ómnibus diébus, usque ad consummatiónem
sǽculi.
20. Leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé : et voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation du siècle.
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CHAP. XXVIII. 1. Marc. XVI, 1 ; Joan. XX, 11. — 19. Marc. XVI, 15.
1. * L’autre Marie, Marie, femme de Cléophas.
7. Les disciples de Jésus-Christ étant Galiléens devaient s’en retourner en Galilée après la fête de pâque.
16. * Sur la montagne. On ignore quelle est la montagne de Galilée ici désignée.
17. Quelques-uns néanmoins doutèrent ; non quelques-uns des apôtres, puisque Thomas, qui seul avait douté de la vérité de la résurrection, en était alors pleinement convaincu ; mais quelques-uns des disciples qui se trouvaient là présents avec les apôtres et dont le doute portait non sur le fait de la résurrection, qui était indubitable, mais sur la personne même de Jésus-Christ. Saint Paul dit que Notre-Seigneur, après sa résurrection, se fit voir à plus de cinq cents (I Cor. XV, 6).
20. Jusqu’à la consommation du siècle ; c’est-à-dire jusqu’à la fin du monde. « Digne parole de l’Époux céleste, qui engage sa foi pour jamais à sa sainte Église ! Ne craignez point, mes Apôtres, ni vous qui succèderez à un si grand ministère : moi ressuscité, moi immortel, je serai toujours avec vous ; vainqueur de l’enfer et de la mort, je vous ferai triompher de l’un et de l’autre ; et l’Église que je formerai par votre sacré ministère, comme moi, sera immortelle. » (Bossuet.)
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