ÉPITRE DE SAINT JACQUES
L’auteur cette Épitre ne peut être S. Jacques, fils de Zébédée, mis à mort une dizaine d’années après la Pentecôte. C’est donc S. Jacques, fils d’Alphée, apôtre comme le premier, et parent de Notre Seigneur, selon que l’affirme le concile de Trente.
Quelques auteurs ont voulu distinguer du fils d’Alphée, Jacques, évêque de Jérusalem, parent de Notre Seigneur et auteur de cette Lettre ; mais ce sentiment, contraire à la persuasion commune, ne peut être justifié par de bonnes raisons. S. Luc et S. Paul parlent bien de Jacques, évêque de Jérusalem : or, l’Épitre aux Galates dit nettement qu’il était parent de Notre Seigneur, qu’il fut du nombre des Apôtres et qu’on le regardait comme l’une des colonnes de l’Église. D’ailleurs, nous savons que l’Apôtre Jacques était fils d’Alphée ou de Cléophas, qu’Alphée ou Cléophas était marié à une parente de la sainte Vierge et qu’il en avait eu un fils qu’on nommait Jacques le Mineur. Il n’y a donc pas moyen de justifier cette distinction.
Étant fils de Cléophas et de Marie, l’auteur de cette Lettre était frère de Jude, de Simon et de Joseph. Le Sauveur lui apparut en particulier, après sa résurrection ; et plusieurs ont cru, dit S. Jérôme, qu’il l’avait lui-même établi évêque de Jérusalem. L’importance de cette église, l’affluence des Juifs et des chrétiens qui y venaient de toutes parts, l’opposition que la foi chrétienne ne pouvait manquer d’y rencontrer demandaient bien les soins et la présence assidue d’un apôtre. Il est certain que S. Jacques exerça cette charge de bonne heure. La première fois que S. Paul se rend à Jérusalem, après s’être présenté à S. Pierre, le chef du collège apostolique, il rend visite à Jacques, le frère du Seigneur. Au Concile, il le retrouve, et dans son Épitre aux Galates, il le nomme comme l’une des principales colonnes de l’Église. Il parait que S. Jacques occupa son siège pendant plus de trente ans. Sa sagesse et sa vertu lui acquirent l’estime des Juifs incrédules eux-mêmes ; ce qui n’empêcha pas qu’il ne fût victime de sa foi et qu’il ne rendît au Sauveur, comme ses collègues, le témoignage du sang. Il fut mis à mort en l’an 62 ou 63, sous le pontificat d’Ananias, dans un soulèvement populaire dont les Scribes et les Pharisiens étaient les instigateurs. Eusèbe nous a transmis la tradition qu’Hegésippus avait recueillie sur ce sujet. Il nous apprend de plus que les fidèles de Jérusalem avaient conservé par vénération et qu’ils montraient encore, de son temps, la chaire de leur premier évêque. C’est un des plus anciens monuments du culte des reliques dans l’Église.
Ce qui parait avoir donné lieu à l’Épitre de S. Jacques, ce sont les enseignements antichrétiens de certains docteurs simonites ou nicolaïtes. D’après ces hérétiques, hommes présomptueux qui abondaient en paroles, pour avoir part à l’héritage de Jésus-Christ, il n’était besoin pour personne, ni de changement de vie, ni de bonnes œuvres ; il suffisait d’adhérer aux oracles divins et d’en avoir l’intelligence. En cela seul consistait le mérite aussi bien que la sagesse. Ils citaient, à l’appui de leur système, quelques paroles de S. Paul qu’ils interprétaient à leur manière. Averti du scandale et peut-être consulté sur ce sujet par les chrétiens israélites ou gentils, dont un grand nombre venaient chaque année à Jérusalem, S. Jacques se crut d’autant plus obligé de défendre la vérité que le crédit particulier dont il jouissait parmi ses compatriotes le mettait à même de s’en faire écouter et de leur donner d’utiles avis.
L’objet de la Lettre répond naturellement à la fin que l’auteur se propose. Bien qu’il touche plusieurs points de morale, entre autre la vanité des richesses et la nécessité de la patience, les vérités sur lesquelles il insiste le plus sont celles-ci : qu’on ne doit pas se flatter de se sauver, si l’on néglige les œuvres de salut, qu’il faut veiller sur ses paroles, ne pas faire ostentation de science ni s’arroger la charge de Docteur, mais observer avec soin les devoirs de la justice et de la charité.
On peut distinguer trois parties dans cet écrit : — 1° S. Jacques exhorte les fidèles à la constance, I. — 2° Il reprend les faux Docteurs, II-IV, 7. — 3° Il indique les devoirs des divers états, IV, 8-V, 20.
Cette Épitre a plutôt la forme d’une instruction morale ou d’une exhortation que celle d’une lettre. Elle commence par une salutation aux tribus d’Israël, comme il convenait à une instruction de l’évêque de Jérusalem ; mais on n’y voit rien qui ressemble à une conclusion épistolaire. Peut-être S. Jacques voulait-il en faire son testament spirituel. Bien que Jésus-Christ n’y soit nommé que deux fois, cet écrit respire toute la ferveur du christianisme. Il porte cependant l’empreinte de la sagesse et de la modération de son auteur. Nulle part la nécessité d’une vertu effective et le caractère obligatoire de la loi de Dieu ne sont plus fortement inculqués. Pour la méthode, il rappelle moins les Épitres de S. Paul que les discours du Sauveur et surtout le sermon sur la montagne. S. Jacques ne procède pas par raisonnements, mais par affirmations, par sentences ; il énonce simplement ses idées, sans chercher à les déduire d’un principe ni à les lier ensemble, et pour l’ordinaire il en a un certain nombre sur chaque sujet et il les donne d’un ton qui annonce l’autorité. Ses maximes dénotent un esprit vif, cultivé, poétique même, accoutumé à la lecture des prophètes. Le style, quoique simple, est non seulement correct, mais noble, élégant, énergique. Les fortes pensées, les images, les interrogations, les tours vifs et frappants, les antithèses abondent et donnent à cet écrit une physionomie à part. Quoique les pensées soient toutes bibliques, le grec est très pur.
Cette Épitre doit avoir été composée vers 62, peu de temps avant la mort de S. Jacques. Elle suppose non seulement que S. Pierre avait quitté la Judée et peut-être écrit déjà aux fidèles de l’Asie-Mineure, mais que les Épitres même de S. Paul aux Romains et aux Galates étaient connues et commentées. Du moins les remarques de S. Jacques sur la nécessité des bonnes œuvres semblent motivées par la fausse interprétation qu’on donnait à certains passages de ces Lettres. Il est également probable que S. Paul n’était plus dans l’Asie-Mineure et qu’il se trouvait éloigné des lieux où l’on dénaturait ainsi le sens de ses paroles. D’un autre côté, il n’est pas possible de renvoyer la composition de cette lettre après la ruine de Jérusalem, ni même à l’époque du siège, lorsque les chrétiens étaient retirés à Pella ou sur le point de quitter la ville. Rien n’y cessent l’agitation de cette époque. On sait d’ailleurs que S. Jacques ne dépassa pas l’an 62.
Quant au lieu où cette Épitre fut écrite, il n’y a aucune raison de douter que ce ne soit Jérusalem, cette ville à laquelle l’auteur était attaché par tant de liens, et d’où il semble qu’il ne s’est jamais éloigné. On trouve dans son langage la manière, les souvenirs et toutes les images d’un habitant de la Palestine, versé dans la connaissance de la loi et des prophètes. (L. Bacuez.)
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ÉPITRE DE SAINT JACQUES
*jcsu
Joie dans les souffrances. Demander à Dieu la sagesse. Prier avec foi. Pauvres élevés, riches abaissés. Souffrances heureuses. Dieu ne tente point. Il est l’auteur de tout bien. Écouter volontiers : parler peu. Pratiquer la vérité. Caractère de la vraie piété.
L’acception des personnes condamnée. Estime pour les pauvres. Ne violer la loi en aucun point. La foi sans les œuvres est inutile pour le salut. Abraham justifié par ses œuvres jointes à la foi.
Craindre de devenir maitre. La langue source de maux ; difficulté de la contenir. Sagesse terrestre amie des disputes. Caractère de la sagesse qui vient d’en haut.
Divisions produites par les passions. On n’obtient point, parce qu’on demande mal. Amitié du monde ennemie de Dieu. Se soumettre à Dieu ; résister au démon. S’affliger par la pénitence. Ne point médire, ne point juger. Ne point s’appuyer sur la vie, parce qu’elle est incertaine.
Riches injustes sévèrement punis. Patience dans les afflictions. Souffrances des prophètes et de Job. Éviter le jurement. Extrême-Onction. Confession des péchés. Prière du juste. Conversion du pécheur.
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Joie dans les souffrances. Demander à Dieu la sagesse. Prier avec foi. Pauvres élevés, riches abaissés. Souffrances heureuses. Dieu ne tente point. Il est l’auteur de tout bien. Écouter volontiers : parler peu. Pratiquer la vérité. Caractère de la vraie piété.
1 Jacóbus, Dei et Dómini nostri Jesu Christi
servus, duódecim tríbubus, quæ sunt in dispersióne, salútem.
1. Jacques, serviteur de Dieu et de Notre Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus qui sont dans la dispersion, salut.
2 Omne
gáudium existimáte fratres mei, cum in tentatiónes várias incidéritis :
2. Considérez comme sujet d’une joie complète, mes frères, lorsque vous tombez en diverses tentations,
3 sciéntes quod probátio fídei vestræ patiéntiam
operátur.
3. Sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience ;
4 Patiéntia autem opus perféctum habet : ut sitis perfécti et íntegri in nullo deficiéntes.
4. Or la patience rend les œuvres parfaites, de manière que vous soyez parfaits, accomplis, et ne manquant de rien.
5 Si quis autem vestrum índiget sapiéntia, póstulet
a Deo, qui dat ómnibus affluénter, et non impróperat : et dábitur ei.
5. Que celui à qui manque la sagesse, la demande à Dieu qui donne à tous en abondance, et ne reproche rien, et elle lui sera donnée.
6 Póstulet
autem in fide nihil hǽsitans : qui enim hǽsitat, símilis est flúctui
maris, qui a vento movétur et circumfértur :
6. Mais qu’il demande avec foi, sans aucun doute ; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, qui est agité et poussé çà et là par le vent.
7 non
ergo ǽstimet homo ille quod accípiat áliquid a Dómino.
7. Que cet homme donc ne s’imagine pas recevoir quelque chose de Dieu.
8 Vir duplex ánimo incónstans est in ómnibus viis
suis.
8. L’homme double d’esprit est inconstant dans toutes ses voies.
9 Gloriétur autem frater húmilis in exaltatióne sua :
9. Que celui de nos frères qui est dans l’abaissement se réjouisse de son élévation,
10 dives autem in humilitáte sua, quóniam sicut flos fœni transíbit ;
10. Et le riche de son abaissement, parce qu’il passera comme la fleur de l’herbe,
11 exórtus
est enim sol cum ardóre, et arefécit fœnum, et flos ejus décidit, et decor
vultus ejus depériit : ita et dives in itinéribus suis marcéscet.
11. Car le soleil s’est levé avec ses ardeurs, et il a desséché l’herbe, et sa fleur est tombée, et le charme de sa beauté s’est évanoui : ainsi le riche, lui aussi, se flétrira dans ses voies.
12 Beátus vir
qui suffert tentatiónem : quóniam cum probátus fúerit, accípiet corónam
vitæ, quam repromísit Deus diligéntibus se.
12. Bienheureux l’homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu’après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l’aiment.
13 Nemo cum tentátur, dicat quóniam a Deo
tentátur : Deus enim intentátor malórum est : ipse autem néminem
tentat.
13. Que nul, lorsqu’il est tenté, ne dise que c’est Dieu qui le tente ; car Dieu ne tente point pour le mal, et il ne tente lui-même personne ;
14
Unusquísque vero tentátur a concupiscéntia sua abstráctus, et illéctus.
14. Mais chacun est tenté par sa concupiscence, qui l’entraine et le séduit.
15 Deínde
concupiscéntia cum concéperit, parit peccátum : peccátum vero cum
consummátum fúerit, génerat mortem.
15. Puis la concupiscence lorsqu’elle a conçu, enfante le péché, et le péché, quand il a été consommé, engendre la mort.
16 Nolíte ítaque erráre, fratres mei dilectíssimi.
16. Ne vous y trompez donc point, mes frères bien-aimés.
17 Omne datum
óptimum, et omne donum perféctum desúrsum est, descéndens a Patre lúminum, apud
quem non est transmutátio, nec vicissitúdinis obumbrátio.
17. Toute grâce excellente et tout don parfait vient d’en haut et descend du père des lumières, en qui il n’y a ni changement, ni ombre de vicissitudes.
18 Voluntárie
enim génuit nos verbo veritátis, ut simus inítium áliquod creatúræ ejus.
18. Car c’est volontairement qu’il nous a engendrés par la parole de vérité, afin que nous fussions comme les prémices de ses créatures.
19 Scitis,
fratres mei dilectíssimi. Sit autem omnis homo velox ad audiéndum : tardus
autem ad loquéndum, et tardus ad iram.
19. Vous le savez, mes frères bien-aimés. Ainsi, que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, et lent à la colère ;
20
Ira enim viri justítiam Dei non operátur.
20. Car la colère de l’homme n’opère point la justice de Dieu.
21 Propter
quod abjiciéntes omnem immundítiam, et abundántiam malítiæ, in mansuetúdine
suscípite ínsitum verbum, quod potest salváre ánimas vestras.
21. C’est pourquoi, rejetant toute impureté et tout excès de malice, recevez avec docilité la parole entée en vous, qui peut sauver vos âmes.
22 Estóte
autem factóres verbi, et non auditóres tantum : falléntes vosmetípsos.
22. Mais pratiquez cette parole, et ne l’écoutez pas seulement, vous trompant vous-mêmes.
23 Quia si quis audítor est verbi, et non factor,
hic comparábitur viro consideránti vultum nativitátis suæ in spéculo :
23. Car si quelqu’un écoute la parole et ne la pratique pas, celui-là sera comparé à un homme qui regarde dans un miroir le visage qu’il a reçu en naissant.
24
considerávit enim se, et ábiit, et statim oblítus est qualis fúerit.
24. Il s’est regardé, et s’en est allé, et aussitôt il a oublié comment il était.
25 Qui autem perspéxerit in legem perféctam libertátis, et permánserit in ea, non audítor obliviósus factus, sed factor óperis : hic beátus in facto suo erit.
25. Mais celui qui examine à fond la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui s’y attache, n’écoutant pas pour oublier, mais pour agir, celui-là sera bienheureux dans ce qu’il fera.
26 Si quis
autem putat se religiósum esse, non refrénans linguam suam, sed sedúcens cor
suum, hujus vana est relígio.
26. Si quelqu’un croit être religieux, et ne met pas un frein à sa langue, mais séduit son propre cœur, sa religion est vaine.
27 Relígio
munda et immaculáta apud Deum et Patrem, hæc est : visitáre pupíllos et
víduas in tribulatióne eórum, et immaculátum se custodíre ab hoc sǽculo.
27. La religion pure et sans tache devant Dieu le Père, la voici : Visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et se conserver sans être souillé par ce siècle.
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CHAP. I.
3. Rom. V, 3.
— 6. Matth. VII, 7 ; XXI, 22 ; Marc. XI, 24 ; Luc. XI, 9 ; Joan. XIV, 13 ; XVI, 23, 24. — 10. Eccli. XIV, 18 ; Is. XL, 6 ; I Petr. I, 24. — 12. Job. V, 17. — 15. Job. XV, 35 ; Ps. VII, 15 ; Is. LIX, 4. — 19. Eccl., V, 1 ; 7, 9 ; Prov. XVII, 27. — 20. Eph. 4, 26. — 21. — Hebr. IV, 12.
— 22. Matth. VII, 21, 24 ; Rom. II, 13.
1. Qui sont dans la dispersion ; c’est-à-dire qui sont dispersés. Le mot dispersion se trouve quelquefois dans l’Écriture pour désigner les Juifs dispersés par suite de la captivité. — * Voir Joan. VII, 35.
3. L’épreuve produit la patience ; saint Paul dit au contraire que c’est la patience qui produit l’épreuve (Rom. V, 3). Mais outre que deux choses peuvent être mutuellement cause l’une de l’autre, le mot épreuve n’est pas pris dans le même sens dans les deux passages. La patience, c’est-à-dire la souffrance des afflictions, produit l’épreuve, et nous rend éprouvés et agréables à Dieu. Et l’épreuve, c’est-à-dire les maux et les tribulations par lesquels Dieu nous éprouve, produit la patience, et nous rend plus humbles, plus soumis, plus patients. C’est par l’exercice des souffrances que nous acquérons la patience.
5. La sagesse pratique, qui envisage au point de vue chrétien les adversités et les fait servir au salut.
8. L’homme double d’esprit ; c’est-à-dire qui en a un pour la foi, et l’autre pour l’incrédulité ; l’homme qui est partagé entre la foi et l’incrédulité, entre Dieu et le monde. L’homme animé de sentiments contraires.
13. Quoique Dieu ait tenté autrefois Abraham, quoique Moïse ait dit aux anciens Hébreux : Le Seigneur votre Dieu vous tente (Deut. XIII, 3), l’apôtre saint Jacques a pu dire avec vérité que Dieu ne tente personne, parce que le mot tenter a deux sens bien différents : dans l’un, il signifie séduire pour porter au mal ; et dans l’autre, éprouver, pour porter au bien, pour affermir dans la vertu, et pour procurer des occasions de mériter. Or c’est dans le premier sens que Dieu ne tente personne, et c’est dans le second qu’il a pu tenter Abraham et les anciens Hébreux, et qu’il peut tenter tous les hommes.
16. Ne vous y trompez donc point. « en vous imaginant que Dieu est l’auteur du mal ; il est, au contraire, la source suprême de tout bien. » (Crampon)
23. * Dans un miroir. Les miroirs étaient communs chez les anciens. Ils étaient en métal poli.
25. c’est la loi évangélique que l’apôtre appelle la loi de la liberté, parce qu’elle nous affranchit de la servitude des cérémonies, en opposition avec la loi de l’Ancien Testament, dont saint Paul dit qu’elle n’était propre qu’à former des esclaves (Gal. IV, 24).
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L’acception des personnes condamnée. Estime pour les pauvres. Ne violer la loi en aucun point. La foi sans les œuvres est inutile pour le salut. Abraham justifié par ses œuvres jointes à la foi.
1 Fratres
mei, nolíte in personárum acceptióne habére fidem Dómini nostri Jesu Christi
glóriæ.
1. Mes frères, ne joignez pas l’acception des personnes à la foi que vous avez en Notre Seigneur Jésus-Christ, le Seigneur de la gloire.
2 Etenim si introíerit in convéntum vestrum vir
áureum ánnulum habens in veste cándida, introíerit autem et pauper in sórdido
hábitu,
2. Car s’il entre dans votre assemblée un homme ayant un anneau d’or et un vêtement splendide, et qu’il y entre aussi un pauvre mal vêtu,
3 et
intendátis in eum qui indútus est veste præclára, et dixéritis ei : Tu
sede hic bene : páuperi autem dicátis : Tu sta illic ; aut sede
sub scabéllo pedum meórum :
3. Et que vous arrêtiez la vue sur celui qui a le vêtement splendide, et lui disiez : Assieds-toi bien ici ; tandis qu’au pauvre vous disiez : Tiens-toi là debout, où assieds-toi sur l’escabeau de mes pieds ;
4 nonne
judicátis apud vosmetípsos, et facti estis júdices cogitatiónum
iniquárum ?
4. Ne jugez-vous pas par vous-mêmes, et ne vous faites-vous pas juges avec des pensées d’iniquité ?
5 Audíte,
fratres mei dilectíssimi : nonne Deus elégit páuperes in hoc mundo,
dívites in fide, et hærédes regni, quod repromísit Deus diligéntibus se ?
5. Écoutez, mes frères bien-aimés ; Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres en ce monde pour être riches dans la foi, et héritiers du royaume que Dieu a promis à ceux qui l’aiment ?
6 vos autem
exhonorástis páuperem. Nonne dívites per poténtiam ópprimunt vos, et ipsi
trahunt vos ad judícia ?
6. Mais vous avez, vous, déshonoré le pauvre. Ne sont-ce pas les riches qui vous oppriment par leur puissance, et eux-mêmes qui vous trainent devant les tribunaux ?
7 nonne ipsi
blasphémant bonum nomen, quod invocátum est super vos ?
7. Ne sont-ce pas eux qui blasphèment le saint nom qui a été invoqué sur vous ?
8 Si tamen legem perfícitis regálem secúndum
Scriptúras : Díliges próximum tuum sicut teípsum : bene
fácitis :
8. Si cependant vous accomplissez la loi royale selon les Écritures : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien.
9 si autem persónas accípitis, peccátum operámini, redargúti a
lege quasi transgressóres.
9. Mais si vous faites acception des personnes, vous commettez un péché, et vous êtes condamnés par la loi comme transgresseurs.
10 Quicúmque autem totam legem serváverit, offéndat autem in uno, factus est ómnium reus.
10. Car quiconque a gardé toute la loi, et l’a violée en un seul point, devient coupable de tous.
11 Qui enim
dixit : Non mœcháberis, dixit et : Non occídes. Quod si non
mœcháberis, occídes autem, factus es transgréssor legis.
11. En effet, celui qui a dit : Tu ne commettras point d’adultère, a dit aussi : Tu ne tueras point. Si donc tu ne commets pas d’adultère, mais que tu tues, tu es violateur de la loi.
12 Sic
loquímini, et sic fácite sicut per legem libertátis incipiéntes judicári.
12. Parlez et agissez comme devant être jugés par la loi de la liberté.
13
Judícium enim sine misericórdia illi qui non fecit misericórdiam :
superexáltat autem misericórdia judícium.
13. Car le jugement est sans miséricorde pour celui qui n’a pas fait miséricorde ; mais la miséricorde s’élève au-dessus du jugement.
14 Quid próderit, fratres mei, si fidem quis dicat
se habére, ópera autem non hábeat ? numquid póterit fides salváre
eum ?
14. Que servira-t-il, mes frères, que quelqu’un dise qu’il a la foi, s’il n’a point les œuvres ? Est-ce que la foi pourra le sauver ?
15 Si autem
frater et soror nudi sint, et indígeant victu quotidiáno,
15. Si un de vos frères ou une de vos sœurs sont nus, et s’ils manquent de la nourriture de chaque jour,
16 dicat
autem áliquis ex vobis illis : Ite in pace, calefacímini et
saturámini : non dedéritis autem eis quæ necessária sunt córpori, quid
próderit ?
16. Et qu’un de vous leur dise : Allez en paix, réchauffez-vous et rassasiez-vous, sans leur donner ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela leur servira-t-il ?
17 Sic et
fides, si non hábeat ópera, mórtua est in semetípsa.
17. Ainsi la foi, si elle n’a pas les œuvres, est morte en elle-même.
18 Sed dicet
quis : Tu fidem habes, et ego ópera hábeo : osténde mihi fidem tuam
sine opéribus : et ego osténdam tibi ex opéribus fidem meam.
18. Mais, dira quelqu’un : Toi, tu as la foi, et moi j’ai les œuvres ; montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi je te montrerai ma foi par mes œuvres.
19 Tu credis
quóniam unus est Deus : bene facis : et dǽmones credunt, et
contremíscunt.
19. Tu crois qu’il n’y a qu’un Dieu, tu fais bien ; mais les démons croient aussi, et ils tremblent.
20 Vis autem
scire, o homo inánis, quóniam fides sine opéribus mórtua est ?
20. Or veux-tu savoir, ô homme vain, que la foi sans les œuvres est morte ?
21 Abraham pater noster nonne ex opéribus justificátus est, ófferens Isaac fílium suum super altáre ?
21. Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres, lorsqu’il offrit son fils Isaac sur l’autel ?
22 Vides
quóniam fides cooperabátur opéribus illíus : et ex opéribus fides
consummáta est ?
22. Tu vois que la foi coopérait à ses œuvres, et que c’est par ses œuvres que la foi fut consommée.
23 Et
suppléta est Scriptúra, dicens : Crédidit Abraham Deo, et reputátum est
illi ad justítiam, et amícus Dei appellátus est.
23. Et ainsi fut accomplie l’Écriture, qui dit : Abraham crut, et ce lui fut imputé à justice, et il fut appelé ami de Dieu.
24 Vidétis quóniam ex opéribus justificátur homo, et
non ex fide tantum ?
24. Vous voyez donc que c’est par les œuvres que l’homme est justifié, et non par la foi seulement.
25 Simíliter et Rahab méretrix, nonne ex opéribus
justificáta est, suscípiens núntios, et ália via ejíciens ?
25. De même Rahab, cette femme de mauvaise vie, n’est-ce pas par les œuvres qu’elle fut justifiée, recevant les espions et les renvoyant par un autre chemin ?
26 Sicut enim
corpus sine spíritu mórtuum est, ita et fides sine opéribus mórtua est.
26. Car comme le corps sans l’esprit est mort, ainsi la foi elle-même sans les œuvres est morte.
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CHAP. II. 1. Lev. XIX, 15 ; Deut. I, 17 ; XVI, 19 ; Prov. XXIV, 23 ; Eccli. XLII, 1. — 8. Lev. XIX, 18 ; Matth. XXII, 39 ; Marc. XII, 31 ; Rom. XIII, 9 ; Gal. V, 14. — 9. Lev. XIX, 15 ; Supra, v. 1. — 10. Deut. XXVII, 26 ; Matth. V, 19 ; Gal. III, 10. — 15. I Joan. III, 17. — 21. Gen. XXII, 9 ; Eccli. XLIV, 21 ; Hebr. XI, 17. — 23. Gen. XV, 6 ; Rom. IV, 3 ; Gal. III, 6. — 24. Gal. V, 6. — 25. Jos. II, 4 ; Hebr. XI, 31.
2. * Un anneau d’or. Les bagues en or ou autres métaux précieux étaient communes chez les anciens.
8. La loi royale ; c’est-à-dire qui domine toutes les autres, la loi suprême. * « Sens : si pourtant vous agissez ainsi, non par mépris du pauvre, mais pour quelque motif honnête, et sans violer la première de toutes les lois, la charité, je ne vous condamne pas absolument. Mais si vous faites réellement acception des personnes, c’est-à-dire, si vous humiliez le pauvre parce qu’il est pauvre, vous êtes coupable ; car (vers. 10) quiconque transgresse un seul point de la loi, etc. » (Crampon)
10. Lorsque cette Épitre fut écrite, il y avait des Juifs qui croyaient que violer la loi sur un point ou sur un petit nombre de points, et la pratiquer sur tous les autres, n’était pas un péché grave qui pût attirer la colère de Dieu, qu’il y avait même un certain mérite en cela. Saint Augustin dit que c’était aussi l’erreur de quelques chrétiens de son temps. c’est donc contre cette erreur que saint Jacques s’élève ; et quand il dit toute, c’est qu’il considère la loi comme un tout pris dans son ensemble. Ainsi, qu’on viole tel ou tel précepte en particulier, c’est toujours la loi elle-même qui est violée.
14 et suiv. L’apôtre n’est nullement en contradiction ici avec ce que dit saint Paul aux Romains (I, 17 ; III, 20 et suiv.) ; car saint Paul s’attache à montrer que les œuvres prescrites par les lois cérémonielles de Moïse ne servaient par elles-mêmes de rien pour le salut depuis la prédication de l’Évangile, à moins qu’elles ne fussent animées de la foi et de la charité, tandis que la foi animée elle-même de la charité, pouvait, sans les œuvres cérémonielles de la loi, nous rendre justes et nous mériter le salut. Saint Jacques, au contraire, parle de la pratique des œuvres morales, telles que la justice, la miséricorde, et toutes les autres vertus. Or comment saint Paul aurait-il voulu exclure ces sortes d’œuvres, lui qui remplit toutes ses lettres d’exhortations à bien vivre et à mettre en action les vérités que Jésus-Christ nous a enseignées ?
24. * « Pour S. Jacques, Abraham est le représentant et le type de tous les vrais croyants : la conclusion est donc légitime. Sa doctrine est d’ailleurs conforme à celle de S. Paul, qui n’accorde de valeur qu’à “la foi agissante par les œuvres” (Gal. V, 6). » (Crampon)
25. * Rahab… recevant à Jéricho les espions de Josué.
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Craindre de devenir maitre. La langue source de maux ; difficulté de la contenir. Sagesse terrestre amie des disputes. Caractère de la sagesse qui vient d’en haut.
1 Nolíte
plures magístri fíeri fratres mei, sciéntes quóniam majus judícium súmitis.
1. Ne vous faites point maitres en grand nombre, mes frères, sachant que vous vous chargez d’un jugement plus sévère.
2 In multis enim offéndimus omnes. Si quis in verbo
non offéndit, hic perféctus est vir : potest étiam freno circumdúcere
totum corpus.
2. Car nous faisons tous beaucoup de fautes. Si quelqu’un ne pèche point en paroles, c’est un homme parfait, et il peut conduire même tout son corps avec le frein.
3 Si autem
equis frena in ora míttimus ad consentiéndum nobis, et omne corpus illórum
circumférimus.
3. Si nous mettons un mors dans la bouche des chevaux pour qu’ils nous obéissent, nous faisons tourner tout leur corps de côté et d’autre.
4 Ecce et
naves, cum magnæ sint, et a ventis válidis minéntur, circumferúntur a módico
gubernáculo ubi ímpetus dirigéntis volúerit.
4. Et comme les vaisseaux, quoique grands, et quoique chassés par des vents impétueux, sont portés, au moyen d’un petit gouvernail, partout où le veut celui qui les dirige ;
5 Ita et lingua módicum quidem membrum est, et magna exáltat. Ecce quantus ignis quam magnam silvam incéndit !
5. Ainsi la langue est à la vérité un petit membre, mais elle fait de grandes choses. Voyez combien peu de feu embrase une grande forêt !
6 Et lingua ignis est, univérsitas iniquitátis.
Lingua constitúitur in membris nostris, quæ máculat totum corpus, et inflámmat
rotam nativitátis nostræ inflammáta a gehénna.
6. La langue aussi est un feu, un monde d’iniquité. La langue est placée parmi nos membres, et souille tout le corps, et enflamme tout le cours de notre vie, enflammée elle-même par la géhenne.
7 Omnis enim natúra bestiárum, et vólucrum, et
serpéntium, et ceterórum domántur, et dómita sunt a natúra humána :
7. Car toute nature de bêtes sauvages, d’oiseaux, de reptiles, et d’autres animaux, se dompte et elle a été domptée par la nature de l’homme.
8 linguam
autem nullus hóminum domáre potest : inquiétum malum, plena venéno
mortífero.
8. Mais la langue, nul homme ne peut la dompter : c’est un mal inquiet ; elle est pleine d’un venin mortel.
9 In ipsa
benedícimus Deum et Patrem : et in ipsa maledícimus hómines, qui ad
similitúdinem Dei facti sunt.
9. Par elle nous bénissons Dieu le Père ; et par elle nous maudissons les hommes qui ont été faits à l’image de Dieu.
10 Ex ipso ore procédit benedíctio et maledíctio. Non opórtet, fratres mei, hæc ita fíeri.
10. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi.
11 Numquid
fons de eódem forámine emánat dulcem et amáram aquam ?
11. Une fontaine fait-elle jaillir par la même ouverture l’eau douce et l’eau amère ?
12 Numquid potest, fratres mei, ficus uvas fácere, aut vitis ficus ? Sic neque salsa dulcem potest fácere aquam.
12. Un figuier peut-il, mes frères, produire des raisins, ou une vigne, des figues ? Ainsi une source salée ne peut donner de l’eau douce.
13 Quis sápiens et disciplinátus inter vos ? Osténdat ex bona conversatióne operatiónem suam in mansuetúdine sapiéntiæ.
13. Qui parmi vous est sage et instruit ? Que par une bonne conduite il montre ses œuvres dans une sagesse pleine de douceur.
14 Quod si
zelum amárum habétis, et contentiónes sint in córdibus vestris : nolíte
gloriári, et mendáces esse advérsus veritátem :
14. Que si vous avez un zèle amer, et si des différends existent dans vos cœurs, ne vous glorifiez point, et ne soyez pas menteurs contre la vérité.
15 non est
enim ista sapiéntia desúrsum descéndens : sed terréna, animális, diabólica.
15. Ce n’est point là la sagesse qui vient d’en haut, mais une sagesse terrestre, animale, diabolique.
16 Ubi enim
zelus et conténtio, ibi inconstántia et omne opus pravum.
16. Car où est l’envie et l’esprit de contention, là est l’inconstance et toute œuvre perverse.
17 Quæ autem
desúrsum est sapiéntia, primum quidem pudíca est, deínde pacífica, modésta,
suadíbilis, bonus conséntiens, plena misericórdia et frúctibus bonis, non
júdicans, sine simulatióne.
17. Mais la sagesse d’en haut est premièrement chaste, ensuite pacifique, modeste, facile à persuader, cédant au bien, pleine de miséricorde et de bons fruits, ne jugeant point, et n’étant pas dissimulée.
18 Fructus autem justítiæ, in pace seminátur, faciéntibus pacem.
18. Or le fruit de la justice se sème dans la paix par ceux qui cultivent la paix.
~
CHAP.
III. 1. Matth. XXIII, 8. — 19. Is. XXXII, 17.
2. * D’autres : « Son corps tout entier, avec les convoitises et les passions dont le corps est comme le foyer. Suivent deux comparaisons, qui expliquent cette dernière pensée. » (Crampon)
6. Par la géhenne. Voy. Matth. V, 22. * Enflamme tout le cours de notre vie : « elle nous fait pêcher durant tout le cours de notre vie, elle-même étant excitée par l’esprit de mensonge, le démon. » (Crampon)
7. Et d’autres animaux. Le grec porte : Et d’animaux marins. Beaucoup d’interprètes pensent qu’on lisait autrefois dans la Vulgate cetórum au lieu de ceterórum.
13. Dans une sagesse pleine de douceur ; littér. et par hébraïsme : Dans une douceur de sagesse.
²
Divisions produites par les passions. On n’obtient point, parce qu’on demande mal. Amitié du monde ennemie de Dieu. Se soumettre à Dieu ; résister au démon. S’affliger par la pénitence. Ne point médire, ne point juger. Ne point s’appuyer sur la vie, parce qu’elle est incertaine.
1 Unde bella
et lites in vobis ? nonne hinc : ex concupiscéntiis vestris, quæ
militant in membris vestris ?
1. D’où viennent les guerres et les procès entre vous ? N’est-ce pas de là ? de vos convoitises qui combattent dans vos membres ?
2 concupíscitis, et non habétis : occíditis,
et zelátis : et non potéstis adipísci : litigátis, et belligerátis,
et non habétis, propter quod non postulátis.
2. Vous convoitez et vous n’avez point ; vous tuez, vous êtes envieux, et ne pouvez obtenir ; vous plaidez et faites la guerre, et vous n’avez point, parce que vous ne demandez point.
3 Pétitis, et
non accípitis : eo quod male petátis : ut in concupiscéntiis vestris
insumátis.
3. Vous demandez et ne recevez point, parce que vous demandez mal, pour satisfaire vos convoitises.
4 Adúlteri, nescítis quia amicítia hujus mundi
inimíca est Dei ? quicúmque ergo volúerit amícus esse sǽculi hujus,
inimícus Dei constitúitur.
4. Adultères, ne savez-vous point que l’amitié de ce monde est ennemie de Dieu ? Quiconque donc veut être ami de ce monde se fait ennemi de Dieu.
5 An putátis quia inániter Scriptúra dicat : Ad invídiam concupíscit spíritus qui hábitat in vobis ?
5. Pensez-vous que ce soit en vain que l’Écriture dise : C’est après l’envie que soupire ardemment l’esprit qui habite en vous ?
6 majórem autem dat grátiam. Propter quod
dicit : Deus supérbis resístit, humílibus autem dat grátiam.
6. Mais il donne une grâce plus grande. C’est pourquoi elle dit : Dieu résiste aux superbes, mais aux humbles il donne la grâce.
7 Súbditi ergo estóte Deo, resístite autem diábolo, et fúgiet a
vobis.
7. Soyez donc soumis à Dieu et résistez au diable, et il s’enfuira de vous.
8 Appropinquáte Deo, et appropinquábit vobis. Emundáte manus, peccatóres : et purificáte corda, dúplices ánimo.
8. Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous. Purifiez vos mains, pécheurs, et purifiez vos cœurs, vous double d’esprit ;
9 Míseri
estóte, et lugéte, et ploráte : risus vester in luctum convertátur, et
gáudium in mœrórem.
9. Sentez votre misère, et gémissez et pleurez ; que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse.
10
Humiliámini in conspéctu Dómini, et exaltábit vos.
10. Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous exaltera.
11 Nolíte
detráhere altérutrum fratres. Qui détrahit fratri, aut qui júdicat fratrem
suum, détrahit legi, et júdicat legem. Si autem júdicas legem, non es factor legis,
sed judex.
11. Mes frères, ne parlez point mal les uns des autres. Celui qui parle mal de son frère, ou qui juge son frère, parle mal de la loi et juge la loi. Or si tu juges la loi, tu n’en es pas l’observateur, mais le juge.
12 Unus est
legislátor et judex, qui potest pérdere et liberáre.
12. Il n’y a qu’un législateur et qu’un juge qui peut perdre et sauver.
13 Tu autem
quis es, qui júdicas próximum ? Ecce nunc qui dícitis : Hódie, aut
crástino íbimus in illam civitátem, et faciémus ibi quidem annum, et mercábimur,
et lucrum faciémus :
13. Mais qui es-tu, toi qui juges le prochain ? Voyez maintenant, vous qui dites : Aujourd’hui ou demain nous irons dans cette ville ; nous y demeurerons un an ; nous trafiquerons et nous gagnerons beaucoup ;
14 qui
ignorátis quid erit in crástino.
14. Vous qui ne savez pas même ce qui sera demain.
15 Quæ est enim vita vestra ? vapor est ad módicum parens, et deínceps exterminábitur ; pro eo ut dicátis : Si Dóminus volúerit. Et : Si vixérimus, faciémus hoc, aut illud.
15. Car qu’est-ce que votre vie ? C’est une vapeur qui parait pour un peu de temps, et qui ensuite sera dissipée. Au lieu de dire : Si le Seigneur le veut ; et : Si nous vivons, nous ferons ceci ou cela.
16 Nunc autem
exsultátis in supérbiis vestris. Omnis exsultátio talis, malígna est.
16. Mais maintenant vous vous complaisez dans vos vaines présomptions. Toute complaisance semblable est mauvaise.
17 Sciénti
ígitur bonum fácere, et non faciénti, peccátum est illi.
17. Celui donc qui sait le bien à faire et qui ne le fait pas, est coupable de péché.
~
CHAP. IV. 6. Prov. III, 34 ; I Petr. V, 5. — 10. I Petr. V, 6. — 13. Rom. XIV, 4.
2. * « Vive peinture de l’agitation d’une âme qui ne sait pas mettre un frein à ses désirs : elle convoite mille choses, et ne les obtenant pas, elle devient meurtrière (dans son cœur, I Joan. III, 15), c’est-à-dire, elle hait à mort ceux qui lui sont un obstacle, et envie, etc. » (Crampon)
4. Adultères. L’Écriture appelle souvent ainsi non seulement les idolâtres et les impies déclarés, mais encore tous les hommes qui sont attachés aux biens terrestres et aux plaisirs illicites, parce qu’ils brisent ainsi l’union qui doit toujours exister entre eux et Dieu leur créateur et bienfaiteur.
5. L’Écriture, etc. Ce passage ne se trouve pas en termes exprès dans la Bible ; mais l’Apôtre fait allusion aux divers endroits où elle parle du péché originel, ou de la concupiscence et du penchant qui nous porte constamment au mal. — C’est après l’envie, etc. ; le chagrin qu’on ressent du bonheur, des succès d’autrui ; c’est en effet le sens du texte grec. — L’esprit qui habile en vous ; c’est-à-dire l’esprit malin, le démon. Compar. le vers. 7, où il est dit : Résistez au diable, et il s’enfuira de vous ; et cet autre passage de l’Écriture : C’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde (Sap. II, 24). D’autres traduisent : L’esprit (de Dieu) qui habite en vous, vous aime d’un amour de jalousie. Mais, outre que cette traduction est peu conforme à la vraie signification des mots employés par l’Apôtre, elle ne s’accorde pas avec le verset suivant.
6. Mais il donne ; c’est-à-dire Dieu, ou comme porte la version syriaque, Notre Seigneur.
8. Double d’esprit. Compar. I, 8. — * « La main figure les œuvres extérieures ; le cœur, les passions. » (Crampon)
²
Riches injustes sévèrement punis. Patience dans les afflictions. Souffrances des prophètes et de Job. Éviter le jurement. Extrême-Onction. Confession des péchés. Prière du juste. Conversion du pécheur.
1 Agite nunc
dívites, ploráte ululántes in misériis vestris, quæ advénient vobis.
1. Et maintenant, riches, pleurez, poussant des hurlements à cause des misères qui vous surviendront.
2 Divítiæ vestræ putrefáctæ sunt, et vestiménta vestra a tíneis
comésta sunt.
2. Vos richesses sont tombées en pourriture, et vos vêtements ont été mangés par les vers.
3 Aurum et argéntum vestrum æruginávit : et ærúgo eórum in testimónium vobis erit, et manducábit carnes vestras sicut ignis. Thesaurizástis vobis iram in novíssimis diébus.
3. Votre or et votre argent se sont rouillés, et leur rouille rendra témoignage contre vous, et dévorera vos chairs comme un feu. Vous vous êtes amassé des trésors de colère pour les derniers jours.
4 Ecce merces operariórum, qui messuérunt regiónes
vestras, quæ fraudáta est a vobis, clamat : et clamor eórum in aures
Dómini Sábaoth introívit.
4. Voilà que le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, élève la voix, et leur clameur a pénétré jusqu’au Seigneur Sabaoth.
5 Epuláti estis super terram, et in luxúriis
enutrístis corda vestra in die occisiónis.
5. Vous avez vécu sur la terre dans les délices et les voluptés, et vous avez nourri vos cœurs comme en un jour de sacrifice.
6 Addixístis,
et occidístis justum, et non resístit vobis.
6. Vous avez condamné et tué le juste, et il ne vous a point résisté.
7 Patiéntes ígitur estóte, fratres, usque ad
advéntum Dómini. Ecce agrícola exspéctat pretiósum fructum terræ, patiénter
ferens donec accípiat temporáneum et serótinum.
7. Soyez donc patients, mes frères, jusqu’à l’avènement du Seigneur. Voyez, le laboureur espère recueillir le fruit précieux de la terre, attendant patiemment jusqu’à ce qu’il reçoive celui de la première et de l’arrière-saison.
8 Patiéntes
ígitur estóte et vos, et confirmáte corda vestra : quóniam advéntus Dómini
appropinquávit.
8. Soyez donc patients, vous aussi, et affermissez vos cœurs ; car l’avènement du Seigneur est proche.
9 Nolíte ingemíscere, fratres, in altérutrum, ut non judicémini. Ecce judex ante jánuam assístit.
9. Ne vous plaignez point les uns des autres, mes frères, afin que vous ne soyez pas condamnés. Voilà que le juge est à la porte.
10 Exémplum
accípite, fratres, éxitus mali, labóris, et patiéntiæ, prophétas qui locúti
sunt in nómine Dómini.
10. Prenez, mes frères, pour exemple de mort cruelle, de souffrances et de patience, les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.
11 Ecce beatificámus eos qui sustinuérunt.
Sufferéntiam Job audístis, et finem Dómini vidístis, quóniam miséricors Dóminus
est, et miserátor.
11. Voyez, nous appelons heureux ceux qui ont souffert. Vous avez appris la patience de Job, et vu la fin du Seigneur ; combien le Seigneur est miséricordieux et clément.
12 Ante ómnia
autem, fratres mei, nolíte juráre, neque per cælum, neque per terram, neque
áliud quodcúmque juraméntum. Sit autem sermo vester : Est, est : Non,
non : ut non sub judício decidátis.
12. Mais avant tout, mes frères, ne jurez ni par le ciel, ni par la terre, et ne faites aucun autre serment que ce soit. Que tout discours soit : Oui, oui ; non, non ; afin que vous ne tombiez pas sous le jugement.
13 Tristátur
áliquis vestrum ? oret. Æquo ánimo est ? psallat.
13. Quelqu’un de vous est-il triste ? qu’il prie. Est-il content ? qu’il chante des cantiques.
14 Infirmátur quis in vobis ? indúcat
presbýteros ecclésiæ, et orent super eum, ungéntes eum óleo in nómine
Dómini :
14. Quelqu’un parmi vous est-il malade ? qu’il appelle les prêtres de l’Église, et qu’ils prient sur lui, l’oignant d’huile au nom du Seigneur ;
15 et orátio
fídei salvábit infírmum, et alleviábit eum Dóminus : et si in peccátis sit,
remitténtur ei.
15. Et la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le soulagera, et s’il a des péchés, ils lui seront remis.
16 Confitémini ergo altérutrum peccáta vestra, et
oráte pro ínvicem ut salvémini : multum enim valet deprecátio justi
assídua.
16. Confessez donc vos péchés l’un à l’autre, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez sauvés ; car la prière assidue du juste peut beaucoup.
17 Elías homo erat símilis nobis passíbilis : et oratióne orávit ut non
plúeret super terram, et non pluit annos tres, et menses sex.
17. Élie était un homme semblable à nous, passible ; cependant il pria avec instance qu’il ne plût point sur la terre, et il ne plut pas pendant trois ans et six mois.
18 Et rursum
orávit : et cælum dedit plúviam, et terra dedit fructum suum.
18. Et il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre donna son fruit.
19 Fratres
mei, si quis ex vobis erráverit a veritáte, et convérterit quis eum :
19. Mes frères, si quelqu’un de vous s’égare de la vérité, et que quelqu’un l’y ramène,
20 scire debet quóniam qui convérti fécerit
peccatórem ab erróre viæ suæ, salvábit ánimam ejus a morte, et opériet
multitúdinem peccatórum.
20. Il doit savoir que celui qui ramènera un pécheur de l’égarement de sa voie, sauvera son âme de la mort, et couvrira une multitude de péchés.
~
CHAP. V.
12. Matth. V, 34. — 17. III Reg. XVII, 1 ; Luc. IV, 25.
4. Sabaoth. Voy., sur la vertu de ce mot, Rom. IX, 29.
5. Comme. Ce mot est évidemment sous-entendu ; il se trouve d’ailleurs dans le Grec. * « Jour de sacrifice . comme les animaux qu’on engraisse pour le sacrifice ; ou bien : comme les animaux qui mangent et boivent à l’ordinaire le jour même où ils sont offerts en sacrifice. » (Crampon)
7. Celui (le fruit) de la première, etc. C’est le seul sens dont soit susceptible la Vulgate, et c’est aussi le plus favorable au contexte. D’autres, conformément aux exemplaires grecs qui portent, comme la version syriaque, le mot pluie, traduisent : Jusqu’à ce qu’il reçoive la pluie de la première, etc.
11. La fin du Seigneur ; c’est-à-dire, selon saint Augustin et beaucoup d’interprètes après lui, la passion et la mort du Sauveur sur la croix. D’autres l’entendent de la fin heureuse que le Seigneur accorda à Job.
14. Sur lui. L’Apôtre emploie cette expression, parce que pendant la prière, le prêtre tenait la main étendue sur le malade. (Compar. Matth. XIX, 13 ; Act. VI, 6) ; ou bien, parce qu’en priant, il faisait les onctions sur lui. Ce passage exprime une promulgation claire du sacrement de l’Extrême-Onction institué par Jésus-Christ.
16. L’un à l’autre ; c’est-à-dire le malade au prêtre de l’Église, qu’il doit appeler auprès de lui, d’après le vers. 14, et qui a le pouvoir d’absoudre.
17. Pria avec instance ; litter., pria par la prière ; sorte d’hébraïsme, dont le but est, comme on l’a remarqué plusieurs fois, de donner de la force au discours.
20. Son âme ; celle du pécheur. — Couvrira, etc. Il effacera les péchés de celui qu’il convertit en l’amenant à faire pénitence et à se confesser ; et les siens propres, parce qu’en exerçant ainsi la charité, il se rend digne de recevoir la grâce de la rémission de ses fautes.
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