María auxiliátrix


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PSALMI

LES PSAUMES

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Psalmi - Summárium

INTRODUCTION

PSAUME PREMIER

Ce Psaume contient comme un précis de toute la doctrine du psautier et un abrégé de toute la morale. Le psalmiste y représente que le bonheur de l’homme en cette vie consiste à s’éloigner des maximes et des mœurs des impies, et à s’attacher constamment à la loi de Dieu.

PSAUME II

En vain les rois et tes peuples de la terre s’opposent à l’établissement du règne de Jésus-Christ. David les exhorte à se soumettre à lui.

PSAUME III

David se soutient contre la crainte qu’on veut lui donner de ses ennemis, par le souvenir des secours qu’il a reçus de Dieu, et par l’espérance qu’il a d’en recevoir de nouveaux de sa bonté.

PSAUME IV

David, plein de reconnaissance de ce que Dieu a écouté sa prière, l’invoque de nouveau. Il exhorte ses ennemis à ne pas mettre leur confiance dans les biens de ce monde, mais à ne chercher, comme lui, leur repos qu’en Dieu seul.

PSAUME V

Belle prière du psalmiste. Il y représente ce que les méchants doivent craindre de la justice de Dieu, et ce que les justes doivent attendre de sa bonté.

PSAUME VI

David, pénétré de douleur de ses péchés et accablé des maux qui en étaient la peine, implore la miséricorde de Dieu. Il est si sûr d’être exaucé, qu’il reproche à ses ennemis d’avoir en vain espéré sa perte.

PSAUME VII

David, persécuté par Saül, invoque le secours du Seigneur. Il le prend à témoin de son innocence, et il prédit que le mal que son ennemi veut lui faire retombera sur lui.

PSAUME VIII

Le psalmiste admire la grandeur de Dieu peinte dans ses ouvrages, et l’excès de sa bonté dans le soin qu’il prend de l’homme et dans la puissance qu’il lui a donnée sur toutes les créatures. Ce psaume regarde particulièrement Jésus-Christ.

PSAUME IX

David loue le Seigneur de l’avoir rendu victorieux de ses ennemis. Il assure que Dieu protégera de même tous ceux qui auront recours à lui.

PSAUME X (Hebr. XI).

David se fortifie contre la crainte qu’on voulait lui donner de ses ennemis, par la vue de la justice de Dieu, et de son attention à punir les impies et à protéger les innocents.

PSAUME XI (Hebr. XII).

David représente à Dieu qu’il n’y a plus de bonne foi parmi les hommes, et il le prie de le sauver des artifices et des calomnies de ses ennemis.

PSAUME XII (Hebr. XIII).

David prie le Seigneur de ne pas le laisser tomber dans la mort que son ennemi veut lui donner, et il fait cette prière avec une ferveur et une confiance qui peuvent servir de modèle à tous ceux qui veulent recourir à Dieu.

PSAUME XIII (Hébr., XIV).

David décrit d’une manière très vive la corruption générale des hommes. Il prédit la délivrance du peuple de Dieu et la joie dont elle sera suivie.

PSAUME XIV (Hebr. XV).

David représente la sainteté que doivent avoir ceux qui aspirent à demeurer dans les tabernacles éternels de la Jérusalem céleste.

PSAUME XV (Hebr. XVI).

David implore le secours de Dieu parmi les nations étrangères où il se trouvait. Il déclare qu’il ne veut prendre aucune part à leurs sacrifices et à leur idolâtrie, et qu’il met tout son bonheur dans le culte du Seigneur. Il rend grâces à Dieu pour la protection qu’il lui a accordée, il espère tout de sa bonté. Enfin il prédit la résurrection du Sauveur.

PSAUME XVI (Hebr. XVII).

Le psalmiste implore le secours de Dieu contre ses ennemis. Il représente à Dieu sa propre innocence, et décrit la malice et la violence de ceux qui le persécutent.

PSAUME XVII (Hebr. XVIII).

Cantique d’actions de grâces de David, ou description des périls auxquels il a été exposé, des victoires qu’il a remportées, et des grâces qu’il a reçues du Seigneur.

PSAUME XVIII (Hebr. XIX).

David admire la puissance, la sagesse et la bonté de Dieu manifestées aux hommes par ses ouvrages exposés à leurs yeux, par la loi donnée aux Juifs et par le Rédempteur envoyé au monde.

PSAUME XIX (Hebr. XX).

Prière que David met dans la bouche de son peuple pour demander à Dieu l’heureux succès de ses armes.

PSAUME XX (Hebr. XXI).

Ce psaume est une suite du précédent. Dans celui-là David demandait à Dieu la victoire sur ses ennemis. Dans celui-ci il le remercie de la lui avoir accordée. Il convient parfaitement à Jésus-Christ triomphant du démon et demandant la même grâce pour ses membres.

PSAUME XXI (Hebr. XXII).

Tout ce qui est dit dans ce psaume convient si parfaitement à Jésus-Christ, qu’il parait moins une prophétie qu’une histoire de ses humiliations, de ses souffrances, et de la gloire dont elles ont été suivies. Le divin Sauveur en prononça les premières paroles lorsqu’il était sur la croix.

PSAUME XXII (Hebr. XXIII).

David exprime dans ce psaume les sentiments d’une âme que Dieu conduit lui-même et qu’il nourrit de sa grâce, de sa parole et de ses instructions.

PSAUME XXIII (Hebr. XXIV).

David nous représente dans ce psaume l’entrée triomphante de Jésus-Christ dans le ciel, et la sainteté que doivent avoir sur la terre tous ceux qui désirent demeurer avec lui.

PSAUME XXIV (Hebr. XXV).

David montre ici les sentiments de confiance, d’humilité et de pénitence avec lesquels on doit recourir à Dieu dans toutes les adversités.

PSAUME XXV (Hebr. XXVI).

David prend Dieu à témoin de son innocence, et le conjure de ne pas le perdre avec les impies.

PSAUME XXVI (Hebr. XXVII).

David nous apprend dans ce psaume que ceux qui ont mis, comme lui, toute leur espérance dans le Seigneur et tout leur bonheur à demeurer dans sa maison, n’ont rien à craindre de la part des hommes, qui ne sauraient leur ravir les biens du ciel, seuls dignes de leurs désirs.

PSAUME XXVII (Hebr. XXVIII).

Le Psalmiste implore le secours de Dieu contre ses ennemis ; il le loue par avance de la protection qu’il lui doit donner, et que sa foi lui rend présente. Les Pères rapportent ce psaume à Jésus-Christ qui, dans sa passion, adresse ses prières à Dieu, son Père.

PSAUME XXVIII (Hebr. XXIX).

Le Psalmiste convie tous les justes à venir louer Dieu dans son temple. Il représente les effets merveilleux de la voix du Seigneur qui éclate dans son tonnerre ; mais qui selon les Pères de l’Église fait sentir plus heureusement sa force dans la conversion des âmes par la prédication de l’Évangile.

PSAUME XXIX (Hebr. XXX).

On peut voir dans les interprètes les opinions diverses sur le motif et l’occasion de la composition de ce psaume. Quant à nous, il nous semble qu’on peut le considérer comme un cantique d’actions de grâces que David rend à Dieu pour la santé qu’il lui a redonnée par un effet de sa divine bonté. Dans le sens spirituel, il convient parfaitement à Jésus-Christ ressuscité et à toutes les âmes qui ont été guéries des faiblesses où leur orgueil les avait fait tomber.

PSAUME XXX (Hebr. XXXI).

C’est une prière pleine de ferveur, de confiance et d’humilité que le Psalmiste adresse à Dieu pour implorer son secours. Jésus-Christ, en s’en servant sur la croix, nous a montré que les souffrances de David étaient la figure des siennes.

PSAUME XXXI (Hebr. XXXII).

David relève le bonheur de ceux dont les péchés sont effacés. Il décrit sa résistance et son retour à Dieu, et il apprend aux pécheurs à éviter par une prompte conversion les châtiments dont ils sont menacés.

PSAUME XXXII (Hebr. XXXIII).

Le Psalmiste exhorte les justes à louer Dieu, à le craindre et à mettre en lui toute leur confiance.

PSAUME XXXIII (Hebr. XXXIV).

David rend grâces à Dieu du salut qu’il lui a procuré. Il exhorte tous les hommes à vivre dans la justice et à mettre leur confiance dans le Seigneur.

PSAUME XXXIV (Hebr. XXXV).

Le Psalmiste invoque le secours de Dieu contre ses ennemis. La plupart rapportent ce psaume à la persécution de Saül ; d’autres au temps de la révolte d’Absalom. Les Pères y trouvent Jésus-Christ poursuivi par ses ennemis et accusé faussement par eux devant Pilate.

PSAUME XXXV (Hebr. XXXVI).

David représente dans ce psaume ta malice du pécheur, la bonté de Dieu qui le souffre avec patience, et le bonheur dont il comblera les justes.

PSAUME XXXVI (Hebr. XXXVII).

David fortifie les fidèles contre le scandale que leur cause la prospérité des méchants. Il montre la vanité de la grandeur des impies et la solidité du bonheur des justes.

PSAUME XXXVII (Hebr. XXXVIII).

David représente à Dieu l’extrême misère où ses péchés l’ont plongé. Il implore sa miséricorde avec une parfaite confiance et une profonde humilité.

PSAUME XXXVIII (Hebr. XXXIX).

David apprend à tous tes hommes, par son exemple, à veiller sur leur langue, à ne pas s’attacher aux biens de cette vie qui dure si peu, à recevoir avec patience tous les maux qui leur viennent de la part de Dieu.

PSAUME XXXIX (Hebr. XL).

Le Psalmiste rend grâces à Dieu des secours qu’il lui a donnés. Il lui en demande de nouveaux, et il espère les recevoir de sa bonté. Une partie de cette belle prière ne trouve son application parfaite que dans le Messie, comme saint Paul nous t’apprend dans son Épitre aux Hébreux (X, 5-8), et comme nous le montre d’ailleurs une simple lecture attentive du psaume lui-même.

PSAUME XL (Hebr. XLI).

David représente le bonheur de celui qui a soin des pauvres. Il décrit les bontés divines à son égard et les perfidies de ses ennemis. Il marque clairement la trahison de Judas, et montre par là que ce psaume regarde Jésus-Christ.

PSAUME XLI (Hebr. XLII).

David, éloigné de la maison de Dieu par les persécutions de ses ennemis, se console dans son exil, et par le souvenir des miséricordes du Seigneur, et par l’espérance de revoir un jour le lieu de sa demeure.

PSAUME XLII (Hebr. XLIII).

Dans le psaume précédent, David demande au Seigneur la grâce de revoir son tabernacle. Dans celui-ci, il le remercie d’en avoir approché. Il s’excite à espérer en Dieu et à le louer.

PSAUME XLIII (Hebr. XLIV).

Le Psalmiste expose d’abord les grandes merveilles que Dieu fit autrefois en faveur de son peuple ; il se plaint ensuite des maux où il est réduit. Il espère une meilleure condition et demande instamment sa délivrance.

PSAUME XLIV (Hebr. XLV).

Ce psaume est comme l’épithalame du mariage de Jésus-Christ et de l’Église. Le Psalmiste chante leurs louanges et relève leur bonheur.

PSAUME XLV (Hebr. XLVI).

Le Psalmiste loue Dieu des avantages qu’il a fait remporter à son peuple. Il représente ensuite le bonheur qu’il a d’être sous sa sainte protection.

PSAUME XLVI (Hebr. XLVII).

Ce psaume convient à Jésus-Christ montant au ciel et régnant dans son Église. Le Psalmiste exhorte toutes tes nations à le louer à la vue de sa grandeur et de sa puissance.

PSAUME XLVII (Hebr. XLVIII).

Le sujet principal de ce psaume est l’Église figurée par Jérusalem. Le Psalmiste y décrit la vanité des efforts que ses ennemis ont faits contre elle, et le bonheur qu’elle a d’être toujours la demeure de Dieu.

PSAUME XLVIII (Hebr. XLIX).

Le Psalmiste prouve l’inutilité des richesses, en montrant qu’elles ne peuvent ni conserver la vie à celui qui les possède, ni les donner à un autre. Il fait voir ensuite que la mort est inévitable, qu’elle rend tous les hommes égaux, et que les méchants se rendent semblables aux bêtes.

PSAUME XLIX (Hebr. L).

Le souverain juge cite devant son tribunal tout son peuple, ses prêtres et ses juges. Il leur reproche leur vaine confiance dans leurs sacrifices, leur hypocrisie, leur injustice, leur liaison avec les méchants ; il les menace de sa colère et de ses plus terribles châtiments. La plupart des interprètes voient dans ce psaume le jugement dernier ou général, le second avènement du Fils de Dieu, qui est, en effet, assez bien marqué au vers. 1-4, 22

PSAUME L (Hebr. LI).

Ce psaume contient la prière ardente d’une âme affligée et pénitente. Le titre annonce clairement que ce sont les sentiments dans lesquels David entra lorsque le prophète Nathan lui eut reproché son crime avec Bethsabée, femme d’Urie. Le IIe Livre des Rois, d’où le titre est tiré, ajoute que le prophète reprocha en même temps à David le meurtre d’Urie (II Reg. XII).

PSAUME LI (Hebr. LII).

Tout en reprochant à Doég, l’Iduméen, d’avoir irrité Saül contre David, et d’avoir été cause de la mort des prêtres du Seigneur qui étaient à Nobé (I Reg. XXII, 9, et suiv.), le Psalmiste représente la malignité des médisants, les châtiments qui leur sont préparés, la vanité de la confiance qu’ils ont en leurs richesses, et le bonheur des justes qui mettent, comme lui, toute leur espérance en Dieu.

PSAUME LII (Hebr. LIII).

Le Psalmiste déplore la corruption générale des hommes. Il décrit la confusion où tombent ceux qui persécutent le peuple du Seigneur, et il prédit la délivrance de ce peuple et la joie dont elle sera suivie.

PSAUME LIII (Hebr. LIV).

David, pressé par ses ennemis, invoque le secours du Seigneur avec un cœur plein de confiance en sa bonté.

PSAUME LIV (Hebr. LV).

David, exposé à un grand danger, demande les ailes de la colombe pour se sauver. Il décrit la fourberie de ses ennemis. Il met toute sa confiance dans le Seigneur, et prédit la perte de ceux qui le persécutent. Les Pères font l’application de ce psaume à Jésus-Christ, trahi par Judas et livré aux Romains par les Juifs, et à l’Église chrétienne, persécutée au dehors par les païens et trahie par les hérétiques.

PSAUME LV (Hebr. LVI).

David expose à Dieu les maux qu’il souffre de la part de ses ennemis. Il espère dans le secours du Seigneur, et lui rend grâces de l’avoir exaucé et délivré.

PSAUME LVI (Hebr. LVII).

David implore le secours du Seigneur au fort de son affliction. Il lui rend grâces de l’avoir délivré, et il lui promet de publier ses louanges parmi les nations.

PSAUME LVII (Hebr. LVIII).

David s’élève contre les mauvais conseillers qui irritaient Saül contre lui. Prières et prédictions contre eux. Ils périront, et tout le monde connaitra la justice et la providence du Seigneur.

PSAUME LVIII (Hebr. LIX).

David représente à Dieu l’injustice et la violence de ses persécuteurs. Il en prédit le châtiment, et il annonce les louanges qu’il rendra au Seigneur pour les secours qu’il espère recevoir de sa bonté. On remarque aisément dans ce psaume des prophéties très claires de la vocation des Gentils, de la dispersion et de la réprobation des Juifs, et, enfin, de leur retour à l’Église chrétienne.

PSAUME LIX (Hebr. LX).

David se plaint à Dieu de ce qu’il a livré son peuple à ses ennemis. Il espère qu’après l’avoir ainsi châtié, il voudra bien de nouveau le protéger.

PSAUME LX (Hebr. LXI).

David invoque te secours du Seigneur avec cette ferme confiance que lui inspire la puissante protection dont il l’a toujours honoré.

PSAUME LXI (Hebr. LXII).

David s’excite lui-même, et tous ceux qui suivent son parti, à mettre toute sa confiance en Dieu, et à se soumettre entièrement à lui.

PSAUME LXII (Hebr. LXIII).

David représente vivement dans ce psaume ta soif ardente qu’il avait pour Dieu, le désir de revoir son tabernacle, et la confiance en sa puissante protection.

PSAUME LXIII (Hebr. LXIV).

David invoque le secours de Dieu contre ses ennemis. Il le remercie de la protection qu’il lui a donnée. Il lui représente la malice de ses persécuteurs, et il prédit que leurs calomnies retomberont sur eux.

PSAUME LXIV (Hebr. LXV).

Le Psalmiste prie Dieu de ramener son peuple captif dans la terre dont il a été enlevé. Il décrit la fertilité de cette terre, et il prédit les biens dont il comblera son peuple lorsqu’il y sera retourné.

PSAUME LXV (Hebr. LXVI).

Le Psalmiste invite tous les peuples de la terre à louer Dieu à la vue des merveilles de sa puissance. Il promet de s’acquitter des vœux qu’il lui a faits, et de purifier son cœur de toute attache au péché.

PSAUME LXVI (Hebr. LXVII).

David prie Dieu de répandre toutes ses miséricordes et sa lumière sur son peuple, et de remplir de joie toutes les nations en envoyant le Sauveur, qu’il doit leur donner.

PSAUME LXVII (Hebr. LXVIII)

Le Psalmiste demande au Seigneur qu’il paraisse devant son peuple, et qu’il dissipe ses ennemis par sa présence. Il décrit la pompe de sa marche et les merveilles qu’il opéra dans le désert. Il excite tout le peuple à louer ce souverain Seigneur. Ce psaume, comme en conviennent tous les commentateurs, est te plus difficile à entendre ; de là le grand nombre des interprétations diverses. Pour nous, il nous semble que c’est un cantique de triomphe, composé par David dans ta cérémonie du transport de l’Arche Sainte de Cariathiarim à Jérusalem ou de la maison d’Obédédom dans le tabernacle dressé à Sion. La plupart des Pères grecs et latins l’appliquent, dans le sens spirituel, à la venue, à la Résurrection, à l’Ascension de Jésus-Christ, à la prédication des Apôtres et à la conversion des Gentils ; saint Paul lui-même en a rapporté un passage à l’Ascension du Sauveur, comme on le verra dans les notes.

PSAUME LXVIII (Hebr. LXIX).

David implore de Dieu le secours contre ses ennemis qui l’opprimaient injustement. Il prend Dieu à témoin de son innocence ; il l’intéresse à le secourir, par intérêt pour sa propre gloire. Il prédit le malheur de ses persécuteurs, le retour de son peuple, le rétablissement de Jérusalem et des villes de Juda. Les Pères et les commentateurs reconnaissent unanimement que ce psaume regarde le Messie. Les preuves en sont trop claires, pour que nous ayons à les faire remarquer dans les notes.

PSAUME LXIX (Hebr. LXX).

David demande à Dieu une prompte assistance contre la malice et tes insultes de ses ennemis.

PSAUME LXX (Hebr. LXXI).

Le Psalmiste implore le secours de Dieu avec confiance. Il promet de publier ses merveilles, et d’en faire passer la mémoire jusqu’aux races futures. La plupart des anciens et des modernes rapportent ce psaume, quant au sens littéral, à David, chassé de Jérusalem par son fils Absalom, et abandonné par plusieurs de ceux qui avaient toujours passé pour ses amis.

PSAUME LXXI (Hebr. LXXII).

David prie le Seigneur de combler de ses lumières et de ses grâces Salomon, qui venait de monter sur le trône. Il prédit la grandeur et la félicité de son règne, et sous la figure du règne de Salomon, il décrit celui de Jésus-Christ.

PSAUME LXXII (Hebr. LXXIII).

Le Psalmiste fortifie les justes contre le scandale que leur cause la prospérité des méchants, en montrant l’inconstance et le revers de cette prospérité.

PSAUME LXXIII (Hebr. LXXIV).

Plainte et prière à Dieu au sujet de son peuple qui a été livré à ses ennemis, et du temple brulé et souillé par ces mêmes ennemis. Le Psalmiste fait le récit des anciennes merveilles opérées par le Seigneur en faveur de son peuple ; il termine en demandant à Dieu de se souvenir de l’orgueil de ses ennemis et de les humilier.

PSAUME LXXIV (Hebr. LXXV).

Le Psalmiste exhorte les méchants à se corriger et à s’humilier devant Dieu. Il prédit l’élévation et la gloire des justes.

PSAUME LXXV (Hebr. LXXVI).

Plusieurs rapportent ce psaume à la défaite de l’armée de Sennachérib par un ange. Selon cette hypothèse, le Psalmiste loue Dieu de la protection que Dieu a montrée à son peuple dans cette occasion.

PSAUME LXXVI (Hebr. LXXVII).

Le Psalmiste affligé se console par le souvenir des merveilles que Dieu a opérées en faveur de son peuple. Elles lui font tout espérer de sa puissance et de sa bonté.

PSAUME LXXVII (Hebr. LXXVIII).

Le Psalmiste fait le récit des effets de la bonté de Dieu envers son peuple depuis la sortie d’Égypte jusqu’au règne de David. Dieu choisit la tribu de Juda préférablement à celle d’Ephraïm. Les Pères prennent ce psaume, dans le sens moral, pour une instruction de Jésus-Christ à son Église ou de Dieu le père à ta synagogue.

PSAUME LXXVIII (Hebr. LXXIX).

Le Psalmiste se plaint de la cruauté des ennemis de Dieu qui ont ruiné la ville et le temple de Jérusalem, et adresse des prières au Seigneur pour le peuple en captivité.

PSAUME LXXIX (Hebr. LXXX).

Ce psaume contient une prière des captifs pour leur liberté, une comparaison du peuple juif à une vigne que Dieu a livrée aux ennemis, et une supplication de la regarder avec compassion, et d’envoyer l’homme de sa droite, c’est-à-dire le Messie.

PSAUME LXXX (Hebr. LXXXI).

Le Psalmiste invite le peuple à célébrer avec joie la fête des trompettes. Il rapporte l origine et la cause de l’établissement de cette solennité, et expose l’ingratitude des Israélites et les promesses du Seigneur.

PSAUME LXXXI (Hebr. LXXXII).

Le Psalmiste exhorte les juges de la terre à exercer la justice sans acception des personnes et dans la crainte du jugement du Seigneur.

PSAUME LXXXII (Hebr. LXXXIII).

Le Psalmiste implore le secours de Dieu contre une multitude d’ennemis qui s’étaient élevés contre son peuple. Il prédit le trouble dont ils seront saisis, et la confusion dont ils seront couverts.

PSAUME LXXXIII (Hebr. LXXXIV).

Le Psalmiste soupire après le tabernacle du Seigneur dont il se trouve éloigné par la persécution de ses ennemis, et il peint le bonheur de ceux qui passent leur vie dans ses parvis. Il apprend ainsi aux chrétiens à désirer avec ardeur les tabernacles du ciel.

PSAUME LXXXIV (Hebr. LXXXV).

Le Psalmiste loue Dieu d’avoir délivré son peuple de la captivité, et il le prie de l’établir dans une paix solide et une parfaite tranquillité. Il y a dans ce psaume plusieurs passages qui peuvent s’appliquer au peuple chrétien racheté du péché et de la mort par Jésus-Christ.

PSAUME LXXXV (Hebr. LXXXVI).

Ce psaume contient la prière d’un juste affligé ; il montre de plus que Dieu seul est vraiment grand et qu’il fait des prodiges et que toutes les nations reconnaitront sa grandeur.

PSAUME LXXXVI (Hebr. LXXXVII).

Le Psalmiste, en relevant la gloire de Jérusalem sous le nom de Cité de Dieu, décrit celle de l’Église de Jésus-Christ, où tous les peuples du monde se sont rassemblés dans une même foi.

PSAUME LXXXVII (Hebr. LXXXVIII).

Le Psalmiste représente à Dieu qu’il est dans l’affliction, abandonné de ses amis et de ses proches ; mais, en exposant ses souffrances, il peint Jésus-Christ dans sa Passion et dans l’abandonnement où ses Apôtres devaient le laisser. Ce psaume a beaucoup de rapport avec le XXIe. Quelques anciens, suivis de plusieurs modernes, l’ont entendu de la captivité de Babylone ; d’autres, de David persécuté par Absalom ; d’autres, enfin, de Jérémie jeté dans un cachot et abandonné des siens.

PSAUME LXXXVIII (Hebr. LXXXIX).

Le Psalmiste représente la miséricorde de Dieu envers la maison de David, et les promesses qu’il lui a faites ; il exalte sa vérité et sa fidélité à exécuter ses paroles ; mais il se plaint ensuite de ce que, malgré tant de promesses et de bontés, le royaume de Juda ait été renversé et la famille royale désolée ; enfin, il conjure le Seigneur de se souvenir de ses promesses, et de les exécuter. La plupart des Pères rapportent ce psaume à la génération et au règne de Jésus-Christ.

PSAUME LXXXIX (Hebr. XC).

Le Psalmiste décrit la grandeur de Dieu et la faiblesse de l’homme, dont la vie, déjà très courte, est encore abrégée par ses iniquités. Il prie le Seigneur de visiter et de consoler le peuple d’Israël.

PSAUME XC (Hebr. XCI).

Le Psalmiste représente le bonheur de ceux qui sont sous la protection de Dieu, et qui mettent en lui leur confiance.

PSAUME XCI (Hebr. XCII).

Le Psalmiste loue le Seigneur à la vue de ses ouvrages. Il représente le bonheur des justes et le malheur des pécheurs.

PSAUME XCII (Hebr. XCII).

Le Psalmiste relève la grandeur et la puissance de Dieu. Il déclare que la sainteté doit être le principal ornement de sa maison. Les Pères et la plupart des rabbins croient que ce psaume regarde le temps du Messie ; mais les premiers l’expliquent comme étant déjà accompli dans la personne de Jésus-Christ et dans son règne, et les derniers le considèrent comme une prophétie du Messie à venir.

PSAUME XCIII (Hebr. XCIV).

Le Psalmiste représente Dieu connaissant les crimes des méchants, et les punissant avec sévérité.

PSAUME XCIV (Hebr. XCV).

Le Psalmiste exhorte son peuple à louer Dieu, et à lui obéir dans ta vue de sa grandeur et de sa patience, de sa bonté et de sa justice.

PSAUME XCV (Hebr. XCVI).

Ce psaume contient des louanges et des actions de grâces pour les bienfaits de Dieu, et une invitation aux peuples gentils de venir adorer cette souveraine majesté, et de se soumettre à son empire. Les Pères l’ont expliqué de la venue du Messie et de l’établissement de l’Église chrétienne.

PSAUME XCVI (Hebr. XCVII).

Ce psaume représente le règne du Seigneur, la confusion des méchants et la joie des justes. Les uns croient qu’il fut composé par David, lorsqu’après la mort de Saül il se vit paisiblement établi dans son pays, et en possession du royaume que le Seigneur lui avait promis. D’autres pensent qu’il contient les actions de grâces des Juifs, délivrés de la captivité de Babylone, et la description de la vengeance exercée par le Seigneur contre les Babyloniens. Les Pères l’expliquent du premier et du second avènement de Jésus-Christ, de son règne dans l’Église et de la vocation des Gentils.

PSAUME XCVII (Hebr. XCVIII).

Le Psalmiste invite toutes les créatures à s’unir à lui pour louer Dieu des merveilles qu’il avait faites en faveur de son peuple et du salut qu’il lui avait procuré. Les Juifs expliquent ce psaume de l’avènement du Messie qu’ils attendent ; les Pères et les interprètes chrétiens, du premier ou du second avènement de Jésus-Christ ou de tous les deux.

PSAUME XCVIII (Hebr. XCIX).

Le Psalmiste exhorte tous les peuples de la terre à rendre à Dieu la gloire qui lui est due, à craindre sa justice, à garder sa loi et à invoquer en tout temps sa miséricorde. Les Pères expliquent ce psaume du règne et de la venue de Jésus-Christ : les Juifs l’entendent de leur Messie.

PSAUME XCIX (Hebr. C).

Le Psalmiste exhorte tous les peuples à venir louer Dieu dans son temple et à publier sa douceur, sa miséricorde et sa vérité.

PSAUME C (Hebr. CI).

Le Psalmiste, en représentant à Dieu l’innocence avec laquelle il a gouverné son peuple, apprend à tous les princes la conduite qu’ils doivent tenir dans la conduite de leurs États, dans le choix de leurs ministres et dans l’usage de leur puissance.

PSAUME CI (Hebr. CII).

Ce psaume est un des sept de la pénitence. Le Psalmiste y implore le secours de Dieu avec tes sentiments de la plus vive componction et de la plus profonde humilité. Quelques Pères y voient une prière de Jésus-Christ à son Père, prière dans laquelle il lui recommande son Église.

PSAUME CII (Hebr. CIII).

Le Psalmiste s’invite lui-même à louer le Seigneur de ses bienfaits. Il convie tous les anges et toutes les œuvres de Dieu à le bénir avec lui.

PSAUME CIII (Hebr. CIV).

Le Psalmiste loue le Seigneur à la vue de sa grandeur, de sa sagesse et de sa puissance qui éclate dans ses ouvrages.

PSAUME CIV (Hebr. CV).

Ce psaume contient des actions de grâces pour tous les bienfaits du Seigneur envers son peuple, et le récit de ses bienfaits depuis la vocation d’Abraham jusqu’à l’entrée des Hébreux dans la terre promise.

PSAUME CV (Hebr. CVI).

Le Psalmiste fait voir la patience avec laquelle Dieu a souffert les infidélités de son peuple et les divers châtiments dont il s’est servi pour le ramener à lui.

PSAUME CVI (Hebr. CVII).

Ce psaume contient des actions de grâces à Dieu, de ce qu’il a délivré les hommes de différents dangers, tel que l’égarement dans un désir stérile, une prison, une maladie dangereuse, une tempête sur mer. Tout cela convient assez aux Juifs, qui, après la captivité de Babylone, durent naturellement remercier Dieu de les avoir délivrés de ces malheurs.

PSAUME CVII (Hebr. CVIII).

Le Psalmiste s’excite lui-même à louer le Seigneur ; il le conjure de délivrer son peuple de l’oppression ; il se promet de rentrer bientôt dans les limites de ses anciennes possessions. Les Pères expliquent ce psaume de la venue ou de la Rédemption de Jésus-Christ, et de la vocation des Gentils.

PSAUME CVIII (Hebr. CIX).

Le Psalmiste implore le secours du Seigneur contre ses ennemis, qui l’outragent de mille manières. Les Pères ont regardé ce psaume comme une prophétie du malheur qui devait arriver au traître Judas et aux Juifs meurtriers de Jésus-Christ, dont les souffrances sont aussi parfaitement représentées dans la personne de David.

PSAUME CIX (Hebr. CX).

L’histoire ne présente aucun prince à qui on puisse faire l’application littérale de ce psaume ; mais il convient parfaitement à Jésus-Christ, car on y voit exactement retracés sa génération éternelle, son sacerdoce, selon l’ordre de Melchisedech, ses souffrances, son règne sur toutes les nations, etc.

PSAUME CX (Hebr. CXI).

Le Psalmiste loue Dieu des merveilles qu’il a faites en faveur de son ancien peuple. La plupart des Pères regardent ce psaume comme une action de grâces de Jésus-Christ et de l’Église chrétienne, pour les faveurs que Dieu a faites à ses saints, et en particulier pour l’établissement de l’Eucharistie et pour la conversion des Gentils.

PSAUME CXI (Hebr. CXII).

Le Psalmiste décrit le bonheur de celui qui craint le Seigneur et qui est fidèle à observer sa loi.

PSAUME CXII (Hebr. CXIII).

Le Psalmiste exhorte les serviteurs du Seigneur à le louer pour sa grandeur, sa puissance et sa bonté.

PSAUME CXIII (Hebr. CXIV).

Le Psalmiste représente les merveilles que le Seigneur opéra à la sortie d’Égypte, au passage de la mer Rouge et du Jourdain, fait ressortir la vanité des idoles, et rapporte la bénédiction du Seigneur sur Israël.

PSAUME CXIV (Hebr. CXVI).

Le Psalmiste délivré par le secours du Seigneur de la mort dont il était menacé, lui témoigne sa gratitude, son amour et sa confiance.

PSAUME CXV (Hebr. CXVI).

Le Psalmiste, au milieu des maux dont il est accablé, se soutient par sa foi et par sa confiance dans les promesses du Seigneur.

PSAUME CXVI (Hebr. CXVII).

Le Psalmiste invite toutes les nations à louer le Seigneur de sa miséricorde et de sa fidélité à exécuter ses promesses.

PSAUME CXVII (Hebr. CXVIII).

Le Psalmiste exhorte à louer le Seigneur à cause de sa grande miséricorde. Il décrit les dangers auxquels il a été exposé, et marque la manière dont il en est sorti.

PSAUME CXVIII (Hebr. CXIX).

L’auteur emploie tout ce long psaume à témoigner par différentes expressions, son amour pour la loi de Dieu et son aversion pour le péché.

PSAUME CXIX (Hebr. CXX).

Le Psalmiste, plein de reconnaissance des secours qu’il a reçus du Seigneur, le prie de le délivrer de la tangue et des mains de ses ennemis.

PSAUME CXX (Hebr. CXXI).

Le Psalmiste, abandonné des hommes, met toute sa confiance dans le Seigneur. Ce psaume est en forme de dialogue.

PSAUME CXXI (Hebr. CXXII).

L’auteur exprime dans ce psaume la joie que ressentirent les Juifs captifs à Babylone, lorsqu’il leur fut permis de retourner à Jérusalem.

PSAUME CXXII (Hebr. CXXIII).

Ce psaume contient une prière, qu’Origène, saint Jean Chrysostome, Théodore d’Heraclea, Théodoret, Bède, etc., mettent dans la bouche des captifs accablés sous le joug des Babyloniens.

PSAUME CXXIII (Hebr. CXXIV).

Ce psaume contient les actions de grâces des captifs délivrés de leurs ennemis, ils reconnaissent que, sans une protection particulière de Dieu, ils étaient perdus sans ressource.

PSAUME CXXIV (Hebr. CXXV).

Le Psalmiste représente le bonheur de ceux qui se confient en Dieu. Il ne laissera pas longtemps les justes sous la verge des pécheurs.

PSAUME CXXV (Hebr. CXX VI).  

Les Juifs revenus de la captivité de Babylone louent le Seigneur, et le prient de faire revenir leurs frères qui sont encore dans le lieu d’exil.

PSAUME CXXVI (Hebr. CXXVII).

Le Psalmiste exhorte les Juifs qui avaient entrepris de rebâtir la ville de Jérusalem et le temple du Seigneur, à n’attendre que de lui le succès de cette entreprise.

PSAUME CXXVII (Hebr. CXXVIII).

Le Psalmiste représente le bonheur de ceux qui craignent le Seigneur et qui marchent dans ses voies.

PSAUME CXXVIII (Hebr. CXXIX).

Le Psalmiste exhorte les enfants d’Israël à louer le Seigneur de la protection qu’il leur a accordée.

PSAUME CXXIX (Hebr. CXXX).

Dans ce psaume, qui est un des sept pénitentiaux, l’auteur, du fond de l’abime où ses péchés l’ont plongé, envisage la miséricorde du Sauveur et espère en sa bonté.

PSAUME CXXX (Hebr. CXXXI).

Le Psalmiste prend le Seigneur à témoin que son cœur a été très éloigné des sentiments d’orgueil et d’ambition que ses ennemis lui supposaient injustement.

PSAUME CXXXI (Hebr. CXXXII).

Le Psalmiste prie le Seigneur de se souvenir de David, et d’accomplir en sa considération les promesses qu’il lui a faites.

PSAUME CXXXII (Hebr. CXXXIII).

Bonheur des Juifs rassemblés à Jérusalem après la captivité.

PSAUME CXXXIII (Hebr. CXXXIV).

Le Psalmiste exhorte les prêtres et les Lévites à louer le Seigneur et à l’invoquer pour son peuple.

PSAUME CXXXIV (Hebr. CXXXV).

Le Psalmiste exhorte les ministres du Seigneur à le louer des bontés qu’il a eues pour Jacob, et des faveurs dont il a comblé sa postérité.

PSAUME CXXXV (Hebr. CXXXVI).

Le Psalmiste exalte la miséricorde du Seigneur par le récit des principales merveilles qu’il a opérées en faveur du peuple d’Israël.

PSAUME CXXXVI (Hebr. CXXXVII).

Le Psalmiste représente les Juifs captifs à Babylone comme n’ayant d’autre joie et d’autre consolation que celles que leur donnent le souvenir de Jérusalem et l’espérance d’y retourner.

PSAUME CXXXVII (Hebr. CXXXVIII).

Le Psalmiste loue le Seigneur de ce qu’il l’a exaucé, et il invite tous les rois de la terre et à l’en louer avec lui.

PSAUME CXXXVIII (Hebr. CXXXIX).

David implore le secours de Dieu contre ses ennemis, et il prédit que le mal qu’ils lui veulent faire retombera sur eux.

PSAUME CXXXIX (Hebr. CXL).

David implore le secours de Dieu contre ses ennemis, et il prédit que le mal qu’ils lui veulent faire retombera sur eux. La plupart des Pères rapportent ce psaume à Jésus-Christ et aux fidèles exposés à la persécution des méchants.

PSAUME CXL (Hebr. CXLI).

Le Psalmiste prie Dieu d’exaucer sa prière, de le garder de l’impatience, de le préserver de l’amitié et de la compagnie des mécréants. Il se plaint des persécutions qu’il souffre.

PSAUME CXLI (Hebr. CXLII).

David, dans la caverne d’Engaddi, prie le Seigneur de le délivrer du danger pressant où l’exposent la malice et la fureur de ses ennemis.

PSAUME CXLII (Hebr. CXLIII).

Ce psaume est un de ceux de la pénitence. David, chassé de Jérusalem par Absalom, implore le Seigneur ; il le conjure de lui faire connaitre ses voies, et prédit la perte de ses ennemis. Les Pères en font l’application à Jésus-Christ persécuté par les Juifs et trahi par Judas dont Absalom est la figure.

PSAUME CXLIII (Hebr. CXLIV).

David remercie Dieu des avantages qu’il lui a fait remporter sur ses ennemis. Il le conjure de le délivrer de leurs mains.

PSAUME CXLIV (Hebr. CXLV).

Le Psalmiste relève la bonté et la grandeur du Seigneur. Il invite toutes les créatures à se joindre à lui pour bénir son saint nom.

PSAUME CXLV (Hebr. CXLVI).

Le Psalmiste représente le bonheur de ceux qui mettent toute leur espérance dans le Seigneur.

PSAUME CXLVI (Hebr. CXLVII).

Le Psalmiste relève la bonté, la sagesse et la puissance de Dieu, qui éclatent dans toutes ses œuvres, et dans le soin qu’il prend de ses créatures

PSAUME CXLVII

Le Psalmiste exhorte Jérusalem à louer te Seigneur de son rétablissement et de tous les biens dont il l’a comblée.

PSAUME CXLVIII

Le Psalmiste invite toutes les créatures à louer le Seigneur,

PSAUME CXLIX

Le Psalmiste exhorte les Israélites à louer le Seigneur qui doit les combler de gloire et de bonheur, humilier leurs ennemis et les mettre sous leurs pieds.

PSAUME CL

Le Psalmiste invite à louer le Seigneur sur divers instruments, à cause de sa grandeur et de sa puissance infinie.

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INTRODUCTION AU LIVRE DES PSAUMES

On ignore par quel nom les anciens Hébreux désignaient la collection des Psaumes. Aujourd’hui on lui donne, dans la Bible hébraïque, le titre de Thehillîm, louanges. Les Septante intitulèrent leur traduction des thehillîm, « Psalmoi, » d’où notre mot de Psaumes. Psallein, dans les auteurs grecs, signifie toucher un instrument à cordes, et psalmos, le poème ou l’air qui est ainsi joué avec ou sans accompagnement de la voix.

Le nombre des Psaumes, selon le témoignage constant de tous les anciens auteurs, est de cent cinquante. Il existe d’ailleurs, dans le classement, quelques différences qui proviennent de ce que les divisions n’étaient pas primitivement marquées dans les manuscrits. La version grecque, reproduite par notre Vulgate, joint ensemble les Ps. IX et X, CXIV et CXV de l’hébreu ; elle partage le Ps. CXVII dont elle fait les Ps. CXIV et CXV. Ces variations, qui ne portent que sur la coupure, pour ainsi dire, des poèmes, sont du reste sans importance sérieuse ; elles n’atteignent pas le fond des choses.

La tradition juive, constatée par le texte même de l’Écriture et par la tradition des Pères, partageait les Psaumes, comme le Pentateuque, en cinq livres. La fin des quatre premiers est indiquée, dans le texte, par une doxologie placée Ps. XL, 14 ; LXXI, 19 ; LXXXVIII, 53 et CV, 48. Les versets que nous venons d’indiquer n’ont, la plupart, aucune liaison avec les Psaumes auxquels ils sont attachés ; ils marquent simplement la fin d’un recueil.

L’Église reçut certainement le Psautier des mains des Juifs, non seulement comme une partie de la Bible, mais aussi comme un livre liturgique, dont la synagogue se servait régulièrement dans les assemblées religieuses. Tout le monde en admet l’authenticité, entendue dans ce sens.

Tous les Psaumes, à l’exception de trente-quatre en hébreu (vingt dans la Vulgate), ont un titre qui nous fait connaitre soit leur auteur, soit leur nature et la manière dont ils devaient être chantés, soit la circonstance historique dans laquelle ils ont été composés, soit toutes ces choses à la fois. Ce titre n’est pas toujours absolument semblable dans le texte hébreu et dans les Septante ou la Vulgate.

L’autorité des inscriptions placées en tête des Psaumes n’est pas acceptée par tous les critiques. L’absence de titre dans plusieurs psaumes est au moins une présomption en faveur de la valeur des titres qu’on lit en tête des autres, car il faut qu’on ait eu des motifs sérieux d’en donner aux uns, sans en donner à tous.

Quelques Pères ont attribué tous les Psaumes à David, mais le style, le contenu et les titres mêmes de ces chants sacrés nous apprennent qu’ils sont d’auteurs et d’époques diverses, comme le reconnait expressément le Talmud.

David est le principal et le plus grand poète lyrique d’Israël. Ses chants se distinguent par la douceur, la tendresse, la grâce et la profondeur du sentiment. Sa note est ordinairement plaintive : plusieurs de ses chants commencent par une sombre peinture de sa désolation et de ses souffrances, mais ils se terminent par d’admirables élans de confiance en Dieu. Son amour pour Dieu et pour le tabernacle où il réside éclate en transports qui s’élèvent parfois jusqu’au sublime, comme dans le Ps. XVII. Il a composé la moitié des Psaumes que nous possédons et il mérite bien le nom de Psalmiste qui lui est donné par excellence.

Les titres des Psaumes en attribuent douze à Asaph. Quelques-uns d’entre eux sont d’excellents poèmes didactiques. Asaph était un des principaux musiciens de David. Tous les Psaumes qui portent son nom ne sont pas de lui, mais de l’un de ses descendants ou bien d’un autre Psalmiste qui s’appelait comme lui.

Onze des plus beaux psaumes sont attribués aux enfants de Coré. L’auteur n’est pas désigné individuellement, excepté dans le Ps. LXXXVII, œuvre d’Héman l’Ezrahites.

Le Ps. LXXXVIII a pour auteur Éthan l’Ezrahites, un des chantres de David, comme Héman.

Divers autres auteurs ont également composé des Psaumes.

Le plus ancien des Psaumes, le LXXXIXe, est de Moïse ; les plus récents sont du temps d’Esdras. La plupart, ayant David pour auteur, datent du XIe siècle avant notre ère. Quelques-uns de ceux qui portent le nom d’Asaph et des enfants de Coré, à plus forte raison les anonymes, sont d’époque incertaine. La plus grande partie des Psaumes graduels, CXIX-CXXXIII, sont postérieurs à la captivité. Les Ps. CXLVI-CL ont été probablement composés pour la fête de la restauration des murs de Jérusalem, du temps de Néhémie. Rien ne prouve qu’aucun de nos Psaumes ait été composé après cette date et qu’il en existe du temps des Macchabées.

Le premier des cinq livres des Psaumes, qui est exclusivement davidique, a été probablement formé par le saint roi lui-même. Le second, en partie davidique, en partie lévitique, a été compilé, d’après plusieurs critiques, du temps d’Ézéchias. Nous ne pouvons dire à quelle époque ont été faites les collections des chants renfermés dans les livres III et IV, mais c’est certainement avant Esdras. C’est Esdras lui-même qui a vraisemblablement recueilli les Psaumes réunis dans le livre V.

Le sujet ordinaire des Psaumes est Dieu et l’homme en face de Dieu : Dieu dans sa grandeur, sa bonté, sa miséricorde, ses bienfaits, sa justice ; l’homme dans sa faiblesse, sa petitesse, sa misère, ses infidélités et le besoin qu’il a du secours de son Créateur.

Le premier mouvement du Psalmiste le porte toujours vers Dieu. Non seulement Dieu occupe la plus large place dans ces chants ; mais sur cent cinquante qui composent la collection, il n’y en a que dix-sept où il ne soit pas nommé dès le premier verset. L’union habituelle et la plus intime avec Dieu, tel est le caractère le plus saillant des Psaumes.

Après Dieu, c’est de l’homme surtout qu’il est question dans la poésie lyrique des Hébreux, non pas de l’individu en particulier, mais de l’homme en général. David ne parle pas seulement en son nom ; il parle au nom de l’humanité entière, et lorsque l’univers chrétien chante les vers du poète hébreu, comme exprimant ses propres sentiments et ses propres pensées, il ne fait que s’approprier ce qui a été fait pour lui. Quoique l’auteur ait souvent composé ses cantiques à l’occasion d’évènements particuliers, il n’en a pas moins franchi les bornes étroites de l’horizon de la Palestine : jusque dans les Psaumes les plus personnels, il a parlé au nom de tous. Quand il célèbre sa victoire sur Goliath, Ps. CXLIII, il ne dit point à Dieu :

 

       Que suis-je, ô Seigneur, pour que tu penses à moi ?

 

Mais s’élevant bien au-dessus de sa personnalité, il s’écrie :

 

       Ô Seigneur ! qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui,

       Le fils de l’homme, pour que tu t’occupes de lui ?

       L’homme, qui est semblable à un souffle,

       Dont les jours sont comme l’ombre qui passe.

Versets 3-4.

 

Cette largeur de conception et de vues est d’autant plus frappante, que la langue dont il se sert est plus rebelle aux généralisations. Les idées générales et abstraites semblent ne pas exister pour la langue hébraïque, mais le génie du Psalmiste sait lui donner ce qui lui manque ; il oppose sans cesse dans ses chants la petitesse et la misère de l’homme à la grandeur et à la perfection de Dieu :

 

       Quand je regarde ton ciel, l’œuvre de tes doigts,

       La lune et les étoiles que tu as faites,

       Qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui,

       Le fils de l’homme, pour que tu prennes soin de lui ?

Ps. VIII, 4, 5.

 

Ces admirables vers, que nous lisons dans le Ps. VIII, l’un des poèmes les plus achevés et les plus parfaits qui existent dans aucune littérature ancienne ou moderne, nous les retrouvons sous une autre forme dans plusieurs autres passages de nos chants sacrés, où la créature est mise également en contraste avec son Créateur.

Mais le Psalmiste ne se contente pas de parler ainsi de l’homme en général, il étend plus loin ses généralisations. Quand il demande à Dieu de juger et de punir ses ennemis, sa pensée, d’un vol hardi, enveloppe dans sa prière tous les peuples qui font la guerre au Seigneur. Il veut se venger des Philistins, et il réclame de Dieu l’abaissement, non pas seulement des habitants de Geth, mais de tous les Gentils :

 

       Échapperont-ils [au châtiment] de leurs crimes ?

       Dans ta colère, ô Dieu, terrasse les Gentils.

Ps. LV, 8.

 

Dans les chants de David, le juste et le pécheur, le bon et le méchant, le grand et le petit, le riche et le pauvre deviennent ainsi des caractères généraux, et c’est de la sorte qu’il développe et agrandit le champ de la poésie gnomique qui devait prendre un si grand élan sous son fils Salomon.

Un autre caractère des Psaumes, très important à noter, c’est que l’homme qui est placé en face de Dieu dans ces chants sacrés est très souvent le Dieu-Homme, le Messie, représentant de l’humanité auprès de son Père ; leur auteur parle presque toujours au nom de Jésus-Christ, ou au moins en termes qu’on peut lui appliquer. Dieu, en faisant du Psalmiste l’interprète des sentiments de l’humanité, l’a fait par là même l’interprète des sentiments de son Fils, qui est le second Adam, l’homme par excellence ; c’est ainsi que le cri de David s’est trouvé tout à la fois le cri par excellence du Messie et de la nature humaine.

« Celui qui sait combien il y a de flots dans la mer et combien de larmes dans l’œil de l’homme ; celui qui voit les soupirs du cœur quand ils ne sont pas encore, et qui les entend encore, quand ils ne sont plus ; celui-là seul pourrait dire combien de pieux mouvements, combien de vibrations célestes a produit et produira dans les âmes le retentissement de ces merveilleux accords, de ces cantiques prédestinés, lus, médités, chantés à toutes les heures du jour et de la nuit, sur tous les points de la vallée des larmes. Ces psaumes de David sont comme une harpe mystique suspendue aux murs de la vraie Sion. Sous le souffle de l’esprit de Dieu, elle rend des gémissements infinis qui, roulant d’écho en écho, d’âme en âme, réveillant dans chacune d’elles un son qui s’unit au chant sacré, se répandent, se prolongent et s’élèvent comme l’universelle voix du repentir. » (Mgr Gerbet.)

« [David] est le premier des poètes du sentiment, dit Lamartine ; c’est le roi des lyriques. Jamais la fibre humaine n’a résonné d’accords si intimes, si pénétrants et si graves ! jamais la pensée du poète ne s’est adressée si haut et n’a crié si juste ! jamais l’âme de l’homme ne s’est répandue devant l’homme et devant Dieu en expressions et en sentiments si tendres, si sympathiques et si déchirants ! Tous les gémissements les plus secrets du cœur humain ont trouvé leurs voix et leurs notes sur les lèvres et sur la harpe de cet homme ! et si l’on remonte à l’époque reculée où de tels chants retentissaient sur la terre ; si l’on pense qu’alors la poésie lyrique des nations les plus cultivées ne chantait que le vin, l’amour, le sang, et les victoires des Muses et des coursiers dans les jeux de l’Élide, on est saisi d’un profond étonnement aux accents mystiques du roi-prophète, qui parle au Dieu créateur comme un ami à son ami, qui comprend et loue ses merveilles, qui admire ses justices, qui implore ses miséricordes, et semble un écho anticipé de la poésie évangélique, répétant les douces paroles du Christ avant de les avoir entendues. [Personne ne peut] refuser au poète-roi une inspiration qui ne fut donnée à aucun autre homme ! Lisez de l’Horace ou de Pindare après un psaume ! Pour moi, je ne le peux plus ! »

« David est le prince de la prière et le théologien de l’Ancien Testament, dit Lacordaire. C’est avec ses Psaumes que prie l’Église universelle, et elle trouve dans cette prière, outre la tendresse du cœur et la magnificence de la poésie, les enseignements d’une foi qui a tout su du Dieu de la création, et tout prévu du Dieu de la rédemption. Le Psautier était le manuel de la piété de nos pères ; on le voyait sur la table du pauvre comme sur le prie-Dieu des rois. Il est encore aujourd’hui, dans la main du prêtre, le trésor où il puise les aspirations qui le conduisent à l’autel, l’arche qui l’accompagne aux périls du monde, comme au désert de la méditation.

« Nul autre que David n’a mieux prié ; nul autre, préparé par plus de malheurs et plus de gloire, par plus de vicissitudes et plus de paix, n’a mieux chanté la foi de tous les âges, et mieux pleuré les fautes de tous les hommes. Il est le père de l’harmonie surnaturelle, le musicien de l’éternité dans les tristesses du temps, et sa voix se prête à qui la veut pour gémir, pour invoquer, pour intercéder, pour louer, pour adorer… Empruntez cette voix dont l’Église a fait la sienne, et qui, depuis trois mille ans, porte aux anges les soupirs et la joie des saints… Il n’y a pas dans la vie de l’homme un péril, une joie, une amertume, un abattement, une ardeur, pas un nuage et pas un soleil qui ne soient en David, et que sa harpe n’émeuve pour en faire un don de Dieu et un souffle d’immortalité (1). »

 

(1) Sur le caractère de la poésie hébraïque, voir la note 19 à la fin du volume (appendices).

 

PSAUMES
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES

Les observations ont pour but de nous faire éviter, dans les notes explicatives du texte sacré, une foule de redites qui, sans elles, seraient absolument inévitables, et qui ne pourraient manquer de fatiguer le lecteur.

I. Quand le Psalmiste lance des malédictions et des imprécations contre ses ennemis, quand il demande à Dieu de les punir et de les faire périr avec toute leur postérité, il n’est nullement animé de l’esprit de vengeance ; car : 1° S’il eût été, comme on le suppose, un homme haineux, emporté et vindicatif, aurait-il épargné Saül, qui machinait sa perte ? aurait-il vengé et pleuré amèrement sa mort ? aurait-il vengé aussi celle d’Isboseth, et recherché dans tout Israël quelqu’un de la famille de ce prince, son ennemi déclaré, pour le combler de bienfaits ? Aurait-il pardonné si généreusement à Séméï, qui l’avait outragé de la manière la plus atroce ? Ainsi on a toute raison de penser que ces imprécations ne procédaient pas d’un sentiment de vengeance, mais d’un grand zèle pour la gloire de Dieu que ses ennemis outrageaient. Fallût-il une nouvelle preuve de notre assertion, nous la trouverions dans ces deux passages des Psaumes mêmes : « Est-ce que je ne haïssais pas, Seigneur, ceux qui vous haïssent, et à la vue de vos ennemis, ne séchais-je point de douleur ? Je les haïssais d’une haine entière (Ps. CXXXVIII, 21, 22)… Si j’ai rendu le mal à ceux qui m’en avaient fait, que je tombe sans défense devant mes ennemis, je l’ai mérité. Que l’ennemi poursuive mon âme, qu’il l’atteigne, qu’il me foule vivant contre terre et qu’il ensevelisse ma gloire dans la poussière. » (Ps. VII, 5, 6.)

2° Saint Chrysostome et saint Augustin, suivis de plusieurs interprètes, pensent que ces imprécations ne sont pas réelles, mais qu’elles n’expriment que de simples prophéties énoncées dans la forme imprécatoire. Il est certain que quelques-unes au moins peuvent très bien s’expliquer de cette manière. Un cœur si bon, une âme aussi généreuse, ne peut avoir formé ces désirs de vengeance ; c’est une prédiction que lui suggère l’Esprit-Saint dont il est animé ; le même Dieu qui l’associera un jour à son jugement veut bien avancer à son égard l’exercice de ce pouvoir, en le chargeant d’annoncer de sa part les arrêts de sa justice contre les méchants.

3° Plusieurs de ces imprécations ne sont que conditionnelles, et ne renferment le souhait d’un mal qu’autant que le coupable ne se corrigera pas, mais qu’il persévérera dans son iniquité.

4° Les maux que parait souhaiter le Psalmiste n’ont pas pour objet la ruine personnelle du pécheur, mais se rapportent quelquefois à sa propre correction : « Remplissez leurs faces d’ignominie, et ils chercheront votre nom, Seigneur. » (Ps. LXXXII, 17.) D’autres fois ils se rapportent au bien général de la religion et de la société. Le prophète, brulant de zèle pour la gloire de Dieu, craignait que si la prospérité et les persécutions des méchants persévéraient, les justes ne fussent découragés, l’honneur de Dieu ne fût compromis et la religion ne souffrît un notable dommage ; ce qui paraitra évident à quiconque jettera un simple coup d’œil sur les prophéties de Malachie. Le Psalmiste demande donc à Dieu que par sa puissance il veuille bien réprimer les efforts des méchants. Or, c’est ce que demande l’Église chrétienne elle-même, quand elle prie contre ses persécuteurs et quand elle ordonne des prières contre les ennemis de l’État. Il faut encore bien remarquer que les ennemis de David ne s’attaquaient pas à lui personnellement, mais à Dieu qui l’avait établi dans sa théocratie, et dont il était le vice-gérant, et à tout le peuple hébreu dont il était le chef. Ainsi, sans faire attention à ses injures particulières, qu’il était disposé à pardonner, il considérait dans ses persécutions l’homme de Dieu, dont il tenait la place, et le bien de l’État dont il était le roi. Ainsi, ce n’était pas par le sentiment d’une vengeance particulière, mais par le zèle de la gloire de Dieu qu’il désirait l’humiliation et l’extermination de ses ennemis.

5° Le prophète ne parle pas en son nom propre, mais au nom de Dieu qui l’inspire et dont il est l’organe. Or répugne-t-il aux attributs de Dieu qu’il souhaite de tirer vengeance de tout homme qui refuse opiniâtrement de se soumettre à sa volonté ? Ce désir n’est-il pas lié avec l’amour de l’ordre et de la justice dont il ne saurait se départir ? Mais, si ces sentiments peuvent se supposer en Dieu, pourquoi paraitraient-ils choquants dans celui qui n’est que son interprète, qui ne fait que déclarer au dehors ce qu’il lui révèle au dedans ? N’oublions pas que les saints prophètes eurent aussi les sentiments de Dieu même. Plus ils sont remplis de son amour, plus ils haïssent et détestent tous les crimes qui attaquent sa sainteté infinie ; et Dieu leur découvrant par sa lumière divine l’endurcissement et l’impénitence des méchants, et la résolution infiniment juste où il est de les punir, ils entrent dans les sentiments de sa justice vengeresse, ils les approuvent et désirent la punition des coupables, mais ils la désirent comme Dieu lui-même, c’est-à-dire sans passion, sans mouvement de haine, sans emportement de colère, par le seul amour de l’ordre et de la justice éternelle.

6° Enfin, il faut se rappeler que ces imprécations sont exprimées dans un style poétique, style beaucoup plus véhément et plus hyperbolique chez les Orientaux qu’il ne l’est parmi nous, dont l’imagination infiniment plus froide et plus calme ne se permet pas toutes ces exagérations.

II. L’Écriture, comme l’a remarqué saint Augustin, a une langue particulière, et ceux qui n’en ont pas appris les règles, ne pouvant l’entendre qu’avec beaucoup de peine, se trouvent embarrassés quand ils veulent l’expliquer : Scriptura nostra quomodo loquitur, sic intelligénda est : habet linguam suam ; quicumque hanc linguam nescit, turbatur (Tract. X in Joan., c. II). En effet, les écrivains sacrés étant originairement hébreux ou hellénistes, c’est-à-dire Grecs hébraïsants, nous ont transmis les Livres saints avec toutes les locutions et toutes les expressions propres à la langue hébraïque. D’un autre côté, ceux qui les ont traduits de l’hébreu en grec, ou du grec en latin, n’ont presque rien changé à ces idiotismes. De là ces hébraïsmes et ces hellénismes sans nombre, qui arrêtent presque à chaque pas le lecteur étranger à la connaissance de la langue sainte. La Vulgate latine surtout, qui assez ordinairement imite avec fidélité la concision du texte original, devient souvent par là même inintelligible, principalement dans le livre des Psaumes. Aussi est-ce pour faire mieux comprendre le sens de cette version à ceux de nos lecteurs qui n’ont aucune connaissance de la langue hébraïque, que nous signalons ici les hébraïsmes principaux, les mêmes que saint Augustin regardait comme si nécessaires pour bien entendre l’Écriture, qu’il exhortait tous ceux qui l’étudiaient, à les apprendre et à se les rendre familiers (De Doct. Christ., lib. III). Par ce moyen d’ailleurs, nous serons dispensé de les expliquer dans les nombreux passages où ils se rencontrent. Or parmi ces idiotismes de la langue sacrée, les uns regardent plus particulièrement les noms, soit substantifs, soit adjectifs, soit pronoms, les autres les verbes, d’autres enfin les particules, c’est-à-dire l’adverbe, la préposition, la conjonction et l’interjection.

Les Hébreux, n’ayant point dans leur langue de genre neutre, le remplacent le plus ordinairement par le féminin. Or l’auteur de la Vulgate se conforme quelquefois à cet hébraïsme. — Les noms abstraits se mettent très souvent pour les concrets. — La répétition d’un même substantif au même cas avec ou sans la conjonction et, indique ordinairement ou l’universalité, ou un grand nombre, une multitude, ou une différence, une diversité dans l’espèce, ou enfin la vivacité du sentiment de celui qui parle. L’ensemble du discours fait distinguer facilement, dans chaque phrase, quel est celui de ces divers sens qui lui est propre. Mais, quand le substantif répété est mis la seconde fois au génitif, il tient lieu de superlatif, comme on va le voir un peu plus bas. — Les adjectifs sont souvent remplacés par un substantif précédé d’une préposition. — Les adjectifs qui indiquent une possession, une manière d’être, une habitude, et qui dans nos langues modernes sont pour la plupart dérivés du substantif dont ils indiquent la possession, se trouvent quelquefois remplacés par les mots fils, homme (filius, vir). — Le positif se met souvent pour le comparatif ; mais alors ce positif est suivi de la particule quam. — Le comparatif s’exprime en hébreu par le positif suivi de la particule min, qui signifie plus que (præ) ; mais, comme cette particule signifie aussi de (ab, ex), la Vulgate la rend quelquefois dans ce dernier sens, lors même qu’il s’agit d’un comparatif. — Le superlatif s’exprime ou par les particules beaucoup, excessivement, extrêmement, ajoutées à l’adjectif, ou par un substantif répété et mis, la seconde fois, au génitif, ou enfin par le mot Dieu qu’on joint au substantif ; mais dans ce dernier cas, c’est le superlatif porté à sa plus haute puissance et qui doit se rendre en français par le plus, le plus possible. — Quant aux nombres, le singulier se met souvent pour le pluriel. — Les cas se mettent également l’un pour l’autre, sans égard pour la concordance latine. — Le nominatif se met souvent d’une manière absolue, c’est-à-dire comme détaché de la proposition, quoique son usage propre soit d’en caractériser le sujet. Cet hébraïsme n’est point un pur pléonasme, comme plusieurs l’ont prétendu ; il a pour but d’attirer l’attention principalement sur l’idée exprimée par le nominatif absolu, d’en faire l’objet dominant de la pensée de l’écrivain sacré. — Le génitif marque assez souvent ou la fin qu’on se propose, ou l’effet qui est produit, ou le sujet dans lequel ou bien auquel on attribue quelque chose ou enfin la ressemblance. — Le datif se met quelquefois pour la préposition contre (advérsus, contra), et quelquefois aussi pour de, touchant, au sujet de (de). — L’accusatif se prend souvent d’une manière adverbiale ; souvent aussi il est remplacé par la préposition dans (in) avec l’ablatif, genre d’hébraïsme qui a pour but de donner à l’idée renfermée dans le verbe plus de force et d’énergie. — Le vocatif et l’ablatif n’offrant que des idiotismes faciles à comprendre, nous les passons sous silence. — Tout pronom exprimé, quoiqu’il soit implicitement renfermé dans le verbe, doit être autant que possible rendu dans une traduction, parce qu’il donne au discours une force et une énergie qui disparaitrait entièrement si on n’en tenait pas compte. Le pronom possessif, qui a le plus ordinairement une signification active, se prend fréquemment dans le sens passif.

Lorsqu’un verbe actif, au lieu de régir l’accusatif, se joint à son complément par l’intermédiaire d’une préposition, il donne à l’action qu’il exprime une nouvelle force et plus d’énergie. — Plusieurs verbes qui indiquent une chose comme positive, ne signifient réellement que dire, déclarer, publier cette chose. — Quand deux verbes de même temps ou de même mode sont joints ensemble par la conjonction et, le second exprime quelquefois le complément du premier et représente l’infinitif. D’autres fois le premier tient lieu d’un adverbe, ce qui arrive principalement quand ce premier verbe est ajouter (addere, adjicere) ou d’autres qui ont une signification analogue. — Quand un même verbe est répété plusieurs fois ou qu’il est joint à un nom ayant le même sens que lui, l’action qu’il exprime devient plus forte et plus énergique, et le nom lui-même répond alors à l’idée de tout à fait, entièrement, absolument, etc. — Le parfait s’emploie assez souvent pour le présent dans les choses qui ont coutume de se faire, c’est-à-dire dans les propositions générales dont la vérité ne dépend d’aucune circonstance de temps ; pour le futur, soit dans les prédictions et les promesses prophétiques, où les choses prédites et promises sont envisagées par l’écrivain sacré comme déjà accomplies, ou bien se passant sous ses yeux, soit quand il se trouve dans une proposition dépendante d’une première. — Le futur s’emploie comme le prétérit pour le présent dans les propositions générales dont la vérité est indépendante de toute circonstance de temps ; pour l’imparfait, et lorsque le verbe renferme implicitement les idées de devoir et de coutume. — Quand un verbe se trouve construit avec un complément qui ne lui convient pas, ce genre de construction indique qu’un autre verbe auquel appartient le complément est sous-entendu et que celui qui est exprimé réunit la signification de ce verbe sous-entendu à la sienne propre. La nature de la proposition, aussi bien que la construction elle-même, suggèrent facilement à l’esprit la signification du verbe sous-entendu.

Les particules avant que, jusqu’à, jusqu’à ce que, ne signifient pas toujours que l’action du verbe qui les précède, finit, se termine au moment où commence celle du verbe qui les suit. La négative non jointe à tout (omnis), signifie pas un, aucun (nullus). La préposition de (ab, ex) a quelquefois le sens de plus que, en comparaison de (plusquam, præ). Voy. ce que nous en avons dit au n° 1 au sujet du comparatif.

J.-B. Glaire

²

PSAUMES

1 à 10

Ps 1

*ps001

PSAUME PREMIER

Ce Psaume contient comme un précis de toute la doctrine du psautier et un abrégé de toute la morale. Le psalmiste y représente que le bonheur de l’homme en cette vie consiste à s’éloigner des maximes et des mœurs des impies, et à s’attacher constamment à la loi de Dieu.

1 Beátus vir qui non ábiit in consílio impiórum,

1. Heureux l’homme qui n’est pas allé au conseil des impies,

et in via peccatórum non stetit,

qui ne s’est pas arrêté dans la voie des pécheurs,

et in cáthedra pestiléntiæ non sedit ;

qui ne s’est pas assis dans la chaire de pestilence ;

2 sed in lege Dómini volúntas ejus,

2. Mais dont la volonté est dans la loi du Seigneur,

et in lege ejus meditábitur die ac nocte.

et qui médite cette loi le jour et la nuit.

3 Et erit tamquam lignum quod plantátum est secus decúrsus aquárum,

3. Il sera comme l’arbre planté près des courants des eaux,

quod fructum suum dabit in témpore suo :

qui donnera son fruit en son temps ;

et fólium ejus non défluet ;

Et sa feuille ne tombera point ;

et ómnia quæcúmque fáciet prosperabúntur.

et tout ce qu’il fera prospèrera.

4 Non sic ímpii, non sic ;

4. Il n’en est pas ainsi des impies ; non, il n’en est pas ainsi,

sed tamquam pulvis quem prójicit ventus a fácie terræ.

mais ils sont comme la poussière que le vent emporte de la face de la terre.

5 Ideo non resúrgent ímpii in judício,

5. C’est pourquoi les impies ne ressusciteront pas au jugement,

neque peccatóres in concílio justórum :

ni les pécheurs dans l’assemblée des justes.

6 quóniam novit Dóminus viam justórum,

6. Car le Seigneur connait la voie des justes,

et iter impiórum períbit.

et la voie des impies périra.

~

Ps. I. 2. Jos. I, 8. — 3. Jer. XVII, 8.

 

1. Ce premier psaume n’a de titre, ni dans l’hébreu, ni dans les Septante ; mais les Pères grecs et latins, de même que les rabbins, l’attribuent communément à David. Il parait cependant que le nom de David se lisait dans quelques anciens exemplaires des Septante, puisqu’il se trouve dans l’édition d’Alcala et dans celle des Aide. — * Le psaume I sert d’introduction générale à toute la collection des chants inspirés.

1-3. * Bonheur du juste, qui évite le mal et observe la loi, c’est-à-dire pratique le bien.

1, 5, 6. Dans le style des Hébreux les impies sont ce que nous appelons les méchants en général ; de là vient que chez eux les justes et les impies sont ce que nous nommons les bons et les méchants.

4-6. * Malheur du pécheur.

6. David ne dit pas qu’il n’y a point de résurrection pour les méchants, comme l’ont prétendu quelques incrédules ; il dit simplement qu’ils ne ressusciteront pas pour être admis dans l’assemblée des justes ; il faut faire violence au texte pour lui donner un autre sens. — Au jugement dernier. C’est ainsi que l’ont entendu la plupart des docteurs juifs après le paraphraste chaldéen. D’ailleurs, comme l’ajustement remarqué le savant Aben-Ezra, la présence de l’article déterminatif enlève toute espèce de doute à cet égard.

²

 

Ps 2

*ps002

PSAUME II

En vain les rois et tes peuples de la terre s’opposent à l’établissement du règne de Jésus-Christ. David les exhorte à se soumettre à lui.

1 Quare fremuérunt gentes,

1. Pourquoi les nations ont-elles frémi,

et pópuli meditáti sunt inánia ?

et les peuples médité des choses vaines ?

2 Astitérunt reges terræ,

2. Les rois de la terre se sont levés,

et príncipes convenérunt in unum

et les princes se sont ligués

advérsus Dóminum, et advérsus christum ejus.

contre le Seigneur et contre son Christ.

3 Dirumpámus víncula eórum,

3. Rompons leurs liens, ont-ils dit,

et projiciámus a nobis jugum ipsórum.

et rejetons loin de nous leur joug.

4 Qui hábitat in cælis irridébit eos,

4. Celui qui habite dans les cieux se rira d’eux,

et Dóminus subsannábit eos.

et le Seigneur se moquera d’eux.

5 Tunc loquétur ad eos in ira sua,

5. Alors il leur parlera dans sa colère,

et in furóre suo conturbábit eos.

et dans sa fureur il les confondra.

6 Ego autem constitútus sum rex ab eo

6. Pour moi, j’ai été établi roi par lui

super Sion, montem sanctum ejus,

sur Sion, sa montagne sainte,

prǽdicans præcéptum ejus.

annonçant ses préceptes.

7 Dóminus dixit ad me : Fílius meus es tu ;

7. Le Seigneur m’a dit : Vous êtes mon Fils,

ego hódie génui te.

moi aujourd’hui je vous ai engendré.

8 Póstula a me, et dabo tibi gentes hæreditátem tuam,

8. Demandez-moi, et je vous donnerai les nations en héritage,

et possessiónem tuam términos terræ.

et en possession les extrémités de la terre.

9 Reges eos in virga férrea,

9. Vous les gouvernerez avec une verge de fer,

et tamquam vas fíguli confrínges eos.

et vous les briserez comme un vase de potier.

10 Et nunc, reges, intellígite ;

10. Et maintenant, ô rois, comprenez ;

erudímini, qui judicátis terram.

instruisez-vous, vous qui jugez la terre.

11 Servíte Dómino in timóre,

11. Servez le Seigneur dans la crainte,

et exsultáte ei cum tremóre.

et réjouissez-vous en lui avec tremblement.

12 Apprehéndite disciplínam, nequándo irascátur Dóminus,

12. Embrassez la doctrine, de peur que quelque jour le Seigneur ne s’irrite,

et pereátis de via justa.

et que vous ne périssiez hors de la voie de la justice.

13 Cum exárserit in brevi ira ejus,

13. Lorsque sa colère s’enflammera en un instant,

beáti omnes qui confídunt in eo.

heureux tous ceux qui se confient en lui.

~

Ps. II. 1. Act. IV, 25. — 7. Act. XIII, 33 ; Hebr. I, 5 ; V, 5. — 9. Is. XXX, 14 ; Jer. XIX, 10-11 ; Apoc. II, 27 ; XIX, 15.

 

1-13. Ce psaume n’a, comme le premier, aucun titre dans l’hébreu, dans la Vulgate et dans la plupart des exemplaires des Septante ; quelques-uns seulement, soit grecs, soit latins, portent en tête : Psaume de David ; inscription dont la vérité se trouve confirmée par le témoignage formel des Apôtres mêmes. D’un autre côté, les Apôtres dans le Nouveau Testament, les anciens Pères grecs et latins, les anciens rabbins, les interprètes chrétiens, tous s’accordent à dire que ce psaume se rapporte au Messie. — * Ce Psaume est très souvent cité dans le Nouveau Testament. Les Actes, IV, 25-28, indiquent l’accomplissement de 1-2 dans la coalition des Juifs et des Gentils contre Jésus-Christ. Hebr. I, 5 et V, 5, cite le vers. 7 comme preuve de la génération éternelle du Verbe. Cf. Act. XIII, 33 et Rom. I, 4. Le nom de Messie ou Christ et celui de Fils de Dieu, Joan. I, 49 et Matth. XXVI, 63, qui étaient les noms par lesquels on désignait ordinairement chez les Juifs, du temps de Notre-Seigneur, le grand roi qu’ils attendaient, viennent de ce Ps. et de Dan. IX, 25. L’Apocalypse, XIX, 15 ; XII, 5 ; II, 5, nous montre Jésus-Christ gouvernant les nations avec une verge de fer.

1-3. * Les Gentils veulent en vain se révolter contre Dieu.

1. * Cette brusque interrogation, Pourquoi, indique que les complots des rois de la terre sont sans raison et seront sans succès. À quoi bon ?

2-3. * Ces deux vers expriment le résultat des délibérations des rois conjurés.

4-6. * Dieu se rit des vains efforts de ses ennemis.

4. * Celui qui habite dans les cieux est opposé aux rois de la terre, vers. 2 ; à leur agitation, à leur tumulte, est opposée sa sérénité ; ils se remuent, ils se démènent ; lui sourit, comme pourrait faire un homme qui verrait des fourmis se révolter contre lui.

6. Ses préceptes, ou bien son décret, par lequel il m’a établi roi.

7-9. * Discours du Messie ; il déclare que Dieu l’a engendré de toute éternité et qu’il lui a donné en héritage toutes les nations de la terre.

7. Je vous ai engendré. Cela peut s’entendre ou de la génération éternelle du Verbe (Hebr. I, 5), ou de sa naissance temporelle ; mais particulièrement de sa Résurrection, par laquelle il est devenu le premier-né d’entre les morts (Act. XIII, 32-33 ; Col. I, 18 ; Apoc. I, 5).

8. Je vous donnerai, etc. C’est dans le Messie seul qu’ont été accomplies ces magnifiques promesses.

9. Ce texte est applique plusieurs fois à Jésus-Christ, et Jésus-Christ se l’applique à lui-même. Voy. Apoc. II, 26-28 ; XII, 5 ; XIX, 15.

10-13. * Conclusion du Psalmiste : il faut obéir au roi-Messie.

12. La doctrine de Jésus-Christ, sa loi.

13. * « Il est facile de sentir le mérite de la marche lyrique de ce Psaume. Entrant hardiment en matière par une question, il déroule en peu de mots le tableau du bruit des réunions dans lesquelles les rois forment leurs vains projets. Un regard tombé du haut du ciel, un sourire du roi de ce ciel, anéantissent leurs combinaisons ; car, dans les vues du poète, ce terrible sourire devient le tonnerre tout puissant, il comprend ce langage, il s’en fait l’interprète. Ce langage est concis et majestueux comme doit l’être celui du roi du ciel ; mais le roi sur la terre donne des ordres plus détaillés, il donne même des avis, des conseils ; cependant le répit qu’il donne à ses ennemis pour les suivre est court, et l’ode se termine par une sentence sur les fidèles. Chaque trait de ce tableau est juste et sa gradation est admirable.» (Herder.)

²

 

Ps 3

*ps003

PSAUME III

David se soutient contre la crainte qu’on veut lui donner de ses ennemis, par le souvenir des secours qu’il a reçus de Dieu, et par l’espérance qu’il a d’en recevoir de nouveaux de sa bonté.

1 Psalmus David, cum fúgeret a fácie Absalom fílii sui.

1. Psaume de David, lorsqu’il fuyait devant Absalom son fils.

2 Dómine, quid multiplicáti sunt qui tríbulant me ?

2. Seigneur, pourquoi se sont-ils multipliés, ceux qui me persécutent ?

Multi insúrgunt advérsum me ;

Ils sont bien nombreux, ceux qui s’élèvent contre moi.

3 multi dicunt ánimæ meæ :

3. Beaucoup disent à mon âme :

Non est salus ipsi in Deo ejus.

Il n’y a point de salut pour elle en son Dieu.

4 Tu autem Dómine, suscéptor meus es,

4. Mais vous, Seigneur, vous êtes mon soutien,

glória mea, et exáltans caput meum.

ma gloire, et vous élevez ma tête.

5 Voce mea ad Dóminum clamávi ;

5. De ma voix, j’ai crié vers le Seigneur,

et exaudívit me de monte sancto suo.

et il m’a exaucé de sa montagne sainte.

6 Ego dormívi, et soporátus sum ;

6. Pour moi, je me suis endormi, j’ai sommeillé ;

et exsurréxi, quia Dóminus suscépit me.

et je me suis levé, car le Seigneur m’a pris sous sa protection.

7 Non timébo míllia pópuli circumdántis me.

7. Je ne craindrai point les milliers d’hommes du peuple qui m’environne :

Exsúrge, Dómine ; salvum me fac, Deus meus.

levez-vous, Seigneur, sauvez-moi, mon Dieu.

8 Quóniam tu percussísti omnes adversántes mihi sine causa ;

8. Car c’est vous qui avez frappé tous ceux qui me combattaient sans raison ;

dentes peccatórum contrivísti.

vous avez brisé les dents des pécheurs.

9 Dómini est salus ;

9. Au Seigneur appartient le salut ;

et super pópulum tuum benedíctio tua.

et sur votre peuple se répand votre bénédiction.

~

Ps. III.

 

1. Lorsqu’il fuyait, etc. Cette fuite de David est racontée dans le IIe livre des Rois, XV, 14 et suiv.

2-3. * Multitude des ennemis de David.

3. À mon âme. Ce qui suit exigerait : De mon âme, au lieu de : À mon âme. Il est certain que la particule hébraïque que les Septante ont rendue par le datif, son sens ordinaire, signifie quelquefois de, au sujet de, quand elle est jointe aux verbes dire, ordonner, etc.

4-5. * David n’est pas effrayé du nombre de ses ennemis, parce qu’il compte sur le secours de Dieu.

5. Sa montagne sainte ; c’est-à-dire Sion. Compar. Ps. II, 7.

6-7a. * Le Psalmiste se lève, il se couche, ce qui veut dire qu’il vit en paix et tranquille, parce que Dieu est son protecteur.

7b-9. * Prière à Dieu, pour qu’il délivre David de tous ses ennemis et qu’il bénisse son peuple.

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Ps 4

*ps004

PSAUME IV

David, plein de reconnaissance de ce que Dieu a écouté sa prière, l’invoque de nouveau. Il exhorte ses ennemis à ne pas mettre leur confiance dans les biens de ce monde, mais à ne chercher, comme lui, leur repos qu’en Dieu seul.

1 In finem, in carmínibus. Psalmus David.

1. Pour la fin, dans les cantiques, psaume de David.

2 Cum invocárem exaudívit me Deus justítiæ meæ,

2. Lorsque je l’invoquais, il m’a exaucé, le Dieu de ma justice ;

in tribulatióne dilatásti mihi.

dans la tribulation, vous m’avez mis au large.

Miserére mei, et exáudi oratiónem meam.

Ayez pitié de moi, et exaucez ma prière.

3 Fílii hóminum, úsquequo gravi corde ?

3. Fils des hommes, jusqu’à quand aurez-vous le cœur appesanti ?

ut quid dilígitis vanitátem, et quǽritis mendácium ?

pourquoi aimez-vous la vanité, et cherchez-vous le mensonge ?

4 Et scitóte quóniam mirificávit Dóminus sanctum suum ;

4. Sachez donc que le Seigneur a glorifié son saint :

Dóminus exáudiet me cum clamávero ad eum.

le Seigneur m’exaucera lorsque je crierai vers lui.

5 Irascímini, et nolíte peccáre ;

5. Irritez-vous et ne péchez pas ;

quæ dícitis in córdibus vestris, in cubílibus vestris compungímini.

et ce que vous dites en vos cœurs, repassez-le sur vos lits avec componction.

6 Sacrificáte sacrifícium justítiæ, et speráte in Dómino.

6. Offrez un sacrifice de justice, et espérez dans le Seigneur.

Multi dicunt : Quis osténdit nobis bona ?

Beaucoup disent : Qui nous montrera les biens qu’on nous promet ?

7 Signátum est super nos lumen vultus tui, Dómine :

7. La lumière de votre visage a été marquée sur nous, Seigneur ;

dedísti lætítiam in corde meo.

vous avez donné la joie à mon cœur.

8 A fructu fruménti, vini, et ólei sui, multiplicáti sunt.

8. Ils ont eu en abondance le fruit de leur froment, de leur vin et de leur huile.

9 In pace in idípsum dórmiam, et requiéscam ;

9. Dans la paix je m’endormirai et je reposerai tout à la fois,

10 quóniam tu, Dómine, singuláriter in spe constituísti me.

10. Car vous, Seigneur, vous seul m’avez établi dans l’espérance.

~

Ps. IV. 5. Eph. IV, 26.

 

1. Pour la fin, etc. L’explication des titres de ce genre qui se lisent dans les psaumes exigeant des développements d’une certaine étendue, nous renvoyons le lecteur aux interprètes qui en traitent dans leurs commentaires. — * Le texte hébreu porte : « Au chef de chœur, sur les neginôth, c’est-à-dire avec accompagnement d’instruments à corde. » Pour l’explication des titres des Psaumes, voir la note 20 à la fin du volume (appendices).

2. Le Dieu de ma justice ; c’est-à-dire le Dieu auteur et défenseur de ma justice. — * Pour bien suivre la pensée du Psalmiste, il faut mettre les verbes au présent et non au passé. Dans ce vers. 2, David demande à Dieu de l’exaucer dans son angoisse, au moment où tous l’abandonnent pour suivre Absalom.

3-4. * Le Psalmiste s’adresse à ses calomniateurs : qu’ils cessent leurs outrages, car Dieu va exaucer sa prière.

4. Son saint. David avait été sanctifié de Dieu par l’onction sainte qu’il avait reçue à son sacre.

5-6a. * Que ses ennemis rentrent en eux-mêmes et qu’ils se confient en Dieu, au lieu de se laisser aller à la présomption.

5. Irritez-vous, etc., ou bien, selon le texte hébreu : Frémissez, tremblez ; ce qui donne un sens mieux suivi.

6b-8. * Parmi ceux qui ont suivi David, beaucoup disent : Qui nous fera retrouver la paix et le bonheur ? — Dieu, répond-il, en faisant briller sur nous son visage, c’est-à-dire en nous accordant sa faveur.

6. Qui nous montrera ? c’est-à-dire qui nous donnera ? Qui nous récompensera pour le sacrifice que nous faisons, en suivant un roi détrôné et malheureux, en nous exposant par là même à la merci de nos ennemis, et en manquant des choses les plus nécessaires ? David répond à ceux qui font cette question que Dieu les a favorisés de sa divine lumière, qu’il leur a accordé une joie intérieure et le témoignage d’une bonne conscience.

7-8. * On lit en hébreu : Tu as mis plus de joie dans mon cœur, qu’au temps de la moisson et de la vendange.

9-10. * Tranquillité et paix de David, à cause de sa confiance sans bornes en Dieu.

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Ps 5

*ps005

PSAUME V

Belle prière du psalmiste. Il y représente ce que les méchants doivent craindre de la justice de Dieu, et ce que les justes doivent attendre de sa bonté.

1 In finem, pro ea quæ hæreditátem conséquitur. Psalmus David.

1. Pour la fin, pour celle qui obtient l’héritage, psaume de David.

2 Verba mea áuribus pércipe, Dómine ;

2. Prêtez l’oreille à mes paroles,

intéllige clamórem meum.

Seigneur, entendez mon cri.

3 Inténde voci oratiónis meæ,

3. Soyez attentif à la voix de ma prière,

rex meus et Deus meus.

mon roi et mon Dieu.

4 Quóniam ad te orábo, Dómine :

4. Parce que vers vous je prierai ;

mane exáudies vocem meam.

Seigneur, dès le matin vous entendrez ma voix.

5 Mane astábo tibi, et vidébo

5. Dès le matin je me présenterai devant vous, et je verrai

quóniam non Deus volens iniquitátem tu es.

que vous n’êtes pas un Dieu qui veut l’iniquité.

6 Neque habitábit juxta te malígnus,

6. Le méchant n’habitera pas près de vous ;

neque permanébunt injústi ante óculos tuos.

et les hommes injustes ne subsisteront pas devant vos yeux.

7 Odísti omnes qui operántur iniquitátem ;

7. Vous haïssez tous ceux qui opèrent l’iniquité ;

perdes omnes qui loquúntur mendácium.

vous perdrez tous ceux qui profèrent le mensonge.

Virum sánguinum et dolósum abominábitur Dóminus.

Le Seigneur aura en abomination un homme de sang et un fourbe.

8 Ego autem in multitúdine misericórdiæ tuæ

8. Mais moi, grâce à la multitude de vos miséricordes,

introíbo in domum tuam ;

j’entrerai dans votre maison ;

adorábo ad templum sanctum tuum in timóre tuo.

j’adorerai en approchant de votre saint temple, pénétré de votre crainte.

9 Dómine, deduc me in justítia tua :

9. Seigneur, conduisez-moi dans votre justice ;

propter inimícos meos dírige in conspéctu tuo viam meam.

à cause de mes ennemis dirigez ma voie en votre présence.

10 Quóniam non est in ore eórum véritas ;

10. Car la vérité n’est pas dans leur bouche :

cor eórum vanum est.

leur cœur est vain.

11 Sepúlchrum patens est guttur eórum ;

11. Un sépulcre ouvert est leur gosier ;

linguis suis dolóse agébant :

avec leurs langues ils agissaient astucieusement :

júdica illos, Deus.

jugez-les, ô Dieu.

Décidant a cogitatiónibus suis ;

Qu’ils soient déçus de leurs pensées ;

secúndum multitúdinem impietátum eórum expélle eos,

à cause de la multitude de leurs impiétés, chassez-les,

quóniam irritavérunt te, Dómine.

car ils vous ont irrité, Seigneur.

12 Et læténtur omnes qui sperant in te ;

12. Mais qu’ils se réjouissent, tous ceux qui espèrent en vous ;

in ætérnum exsultábunt, et habitábis in eis.

éternellement ils exulteront, et vous habiterez en eux.

Et gloriabúntur in te omnes qui díligunt nomen tuum,

Et ils se glorifieront en vous, tous ceux qui aiment votre nom ;

13 quóniam tu benedíces justo.

13. Car vous bénirez le juste.

Dómine, ut scuto bonæ voluntátis tuæ coronásti nos.

Seigneur, vous nous avez couronnés de votre bonne volonté comme d’un bouclier.

~

Ps. V. 11. Infra. XIII, 3 ; Rom. III, 13.

 

1. * Le titre hébreu porte : « Au chef de chœur, » el-han-nekhilôth (probablement indication d’un instrument de musique, la flûte). Sujet : Prière du matin, avant d’aller à la maison de Dieu.

2-5a. * David invoque Dieu dès le matin et demande à être exaucé.

4. Dès le matin vous entendrez ma voix. Les Hébreux priaient trois fois par jour : le matin, à midi et le soir. Il est dit du prophète Daniel qu’il était fidèle observateur de cette sainte pratique. Voy. Dan. VI, 10, 12.

5b-7. * David fonde sa prière et sa confiance sur la sainteté de Dieu.

7. Homme de sang ; littér. Homme de sangs (vir sanguinum) ; c’est-à-dire meurtrier. Les Hébreux employaient le mot sang au pluriel principalement lorsqu’il s’agissait du sang versé, répandu par le meurtre.

8-11a. * Le Psalmiste invoque Dieu avec confiance contre ses ennemis, parce qu’ils sont méchants.

8. J’adorerai en approchant de votre saint temple ; littér. J’adorerai vers votre, etc.

9. Dans votre justice ; dans la voie de votre justice.

11b-13. * Que Dieu punisse les méchants, et les justes se réjouiront.

11. * C’est un sépulcre ouvert que leur gosier, parce qu’avec les mensonges qu’ils profèrent, ils préparent à tout instant la mort et la ruine.

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Ps 6

*ps006

PSAUME VI

David, pénétré de douleur de ses péchés et accablé des maux qui en étaient la peine, implore la miséricorde de Dieu. Il est si sûr d’être exaucé, qu’il reproche à ses ennemis d’avoir en vain espéré sa perte.

1 In finem, in carmínibus. Psalmus David. Pro octáva.

1. Pour la fin, dans les cantiques, psaume de David, pour l’octave.

2 Dómine, ne in furóre tuo árguas me,

2. Seigneur, ne me reprenez pas dans votre fureur,

neque in ira tua corrípias me.

et ne me châtiez pas dans votre colère.

3 Miserére mei, Dómine, quóniam infírmus sum ;

3. Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que je suis infirme ;

sana me, Dómine, quóniam conturbáta sunt ossa mea.

guérissez-moi, Seigneur, parce que mes os sont ébranlés.

4 Et ánima mea turbáta est valde ;

4. Et mon âme est troublée à l’excès ;

sed tu, Dómine, úsquequo ?

mais vous, Seigneur, jusqu’à quand ?…

5 Convértere, Dómine, et éripe ánimam meam ;

5. Revenez, Seigneur, et délivrez mon âme ;

salvum me fac propter misericórdiam tuam.

sauvez-moi à cause de votre miséricorde.

6 Quóniam non est in morte qui memor sit tui ;

6. Parce que nul dans la mort ne se souvient de vous :

in inférno autem quis confitébitur tibi ?

et dans l’enfer qui vous glorifiera ?

7 Laborávi in gémitu meo ;

7. Je me suis fatigué dans mon gémissement ;

lavábo per síngulas noctes lectum meum :

je laverai chaque nuit mon lit de mes pleurs ;

lácrimis meis stratum meum rigábo.

j’arroserai ma couche de mes larmes.

8 Turbátus est a furóre óculus meus ;

8. Mon œil a été troublé par l’indignation ;

inveterávi inter omnes inimícos meos.

j’ai vieilli au milieu de tous mes ennemis.

9 Discédite a me omnes qui operámini iniquitátem,

9. Retirez-vous de moi, vous tous qui opérez l’iniquité ;

quóniam exaudívit Dóminus vocem fletus mei.

parce que le Seigneur a exaucé la voix de mon pleur.

10 Exaudívit Dóminus deprecatiónem meam ;

10. Le Seigneur a exaucé ma supplication,

Dóminus oratiónem meam suscépit.

le Seigneur a accueilli ma prière.

11 Erubéscant, et conturbéntur veheménter, omnes inimíci mei ;

11. Qu’ils rougissent et qu’ils soient remplis de trouble, tous mes ennemis ;

convertántur, et erubéscant valde velóciter.

qu’ils s’en retournent très promptement et qu’ils rougissent.

~

Ps. VI. 9. Matth. VII, 23 ; XXV, 41 ; Luc. XIII, 27.

 

1. * Le mot traduit pour la fin signifie toujours dans les titres des Psaumes que le poème sacré est adressé au chef de chœur. L’hébreu porte : « Au chef de chœur sur les neginôth, scheminith. » Neginôth veut dire avec accompagnement d’instruments à cordes. Scheminith, à l’octave, avec des voix de basse. Pour l’explication de tous ces termes techniques, voir la note 20 à la fin du volume (appendices). — Le sujet du psaume VI est une prière à Dieu pour désarmer sa colère. C’est le premier des sept Psaumes pénitentiaux. On ne peut rien imaginer de plus tendre, de plus touchant et de plus profondément triste. Il faut cependant remarquer que, quoique il puisse très bien être mis dans la bouche d’un pécheur repentant, il n’a pas été composé par un pécheur, mais par un infortuné, sous le poids de l’oppression. Il ne renferme aucune allusion à des péchés commis.

2-4. * Appel de David à la miséricorde de Dieu pour qu’il ne le châtie pas dans sa colère, car il tremble devant lui.

4. Jusqu’à quand serez-vous en colère, ou me laisserez-vous dans mon triste état ?

5-8. * Motifs pour lesquels Dieu doit secourir David.

6. Nul dans la mort, etc. Les morts dans un silence absolu et dans l’enfer ne profèrent que des paroles de désespoir et de blasphème. C’est à tort que quelques interprètes catholiques traduisent le mot inférnus ou enfer de la Vulgate par tombeau, le mot hébreu correspondant scheôl n’a nullement cette signification ; les hébraïsants même rationalistes en conviennent. Il y a d’ailleurs un autre mot en hébreu pour signifier tombeau, sépulcre.

9-11. * Chant de triomphe : Dieu a exaucé le Psalmiste ; il le fait triompher de tous ses ennemis,

²

 

Ps 7

*ps007

PSAUME VII

David, persécuté par Saül, invoque le secours du Seigneur. Il le prend à témoin de son innocence, et il prédit que le mal que son ennemi veut lui faire retombera sur lui.

1 Psalmus David, quem cantávit Dómino pro verbis Chusi, fílii Jémini.

1. Psaume de David qu’il chanta au Seigneur, à cause des paroles de Chus, fils de Jemini.

2 Dómine Deus meus, in te sperávi ;

2. Seigneur, mon Dieu, en vous j’ai espéré ;

salvum me fac ex ómnibus persequéntibus me, et líbera me :

sauvez-moi de tous ceux qui me persécutent et délivrez-moi.

3 nequándo rápiat ut leo ánimam meam,

3. De peur qu’enfin, comme un lion, il ne ravisse mon âme,

dum non est qui rédimat, neque qui salvum fáciat.

tandis qu’il n’y a personne qui me délivre et me sauve.

4 Dómine Deus meus, si feci istud,

4. Seigneur mon Dieu, si j’ai fait cela,

si est iníquitas in mánibus meis,

si l’iniquité est dans mes mains ;

5 si réddidi retribuéntibus mihi mala,

5. Si j’ai rendu le mal à ceux qui m’en avaient fait,

décidam mérito ab inimícis meis inánis.

que je tombe justement devant mes ennemis sans défense.

6 Persequátur inimícus ánimam meam, et comprehéndat ;

6. Que l’ennemi poursuive mon âme, et la saisisse,

et concúlcet in terra vitam meam,

et foule ma vie contre la terre,

et glóriam meam in púlverem dedúcat.

et ensevelisse ma gloire dans la poussière.

7 Exsúrge, Dómine, in ira tua,

7. Levez-vous, Seigneur, dans votre colère,

et exaltáre in fínibus inimicórum meórum :

et paraissez dans votre grandeur au milieu de mes ennemis.

et exsúrge, Dómine Deus meus, in præcépto quod mandásti,

Levez-vous, Seigneur mon Dieu, selon le précepte que vous avez établi.

8 et synagóga populórum circúmdabit te :

8. Et l’assemblée des peuples vous environnera.

et propter hanc in altum regrédere :

Et à cause d’elle retournez en haut.

9 Dóminus júdicat pópulos.

9. Le Seigneur juge les peuples.

Júdica me, Dómine, secúndum justítiam meam,

Jugez-moi, Seigneur, selon ma justice,

et secúndum innocéntiam meam super me.

et selon l’innocence qui est en moi.

10 Consumétur nequítia peccatórum, et díriges justum,

10. La méchanceté des pécheurs sera anéantie, et vous dirigerez le juste,

scrutans corda et renes, Deus.

ô Dieu qui sondez les cœurs et les reins.

11 Justum adjutórium meum a Dómino,

11. Un juste secours me viendra du Seigneur,

qui salvos facit rectos corde.

qui sauve les hommes droits de cœur.

12 Deus judex justus, fortis, et pátiens ;

12. Dieu est un juge équitable, fort et patient ;

numquid iráscitur per síngulos dies ?

est-ce qu’il s’irrite tous les jours ?

13 Nisi convérsi fuéritis, gládium suum vibrábit ;

13. Si vous ne vous convertissez, il fera vibrer son glaive ;

arcum suum teténdit, et parávit illum.

il a tendu son arc, et il l’a préparé.

14 Et in eo parávit vasa mortis,

14. Il y a préparé des instruments de mort,

sagíttas suas ardéntibus effécit.

il a fait ses flèches contre les ardents persécuteurs.

15 Ecce partúriit injustítiam ;

15. Voilà qu’il a enfanté l’injustice :

concépit dolórem, et péperit iniquitátem.

il a conçu la douleur et a mis au monde l’iniquité.

16 Lacum apéruit, et effódit eum ;

16. Il a ouvert un abime, et l’a creusé ;

et íncidit in fóveam quam fecit.

et il est tombé dans la fosse qu’il avait faite.

17 Convertétur dolor ejus in caput ejus,

17. La douleur qu’il voulait me causer retournera sur sa tête ;

et in vérticem ipsíus iníquitas ejus descéndet.

et son iniquité descendra sur lui.

18 Confitébor Dómino secúndum justítiam ejus,

18. Je louerai le Seigneur selon sa justice ;

et psallam nómini Dómini altíssimi.

je chanterai le nom du Dieu très-haut.

~

Ps. VII. 10. I Par. XXVIII, 9 ; Jer. XI, 20 ; XVII, 10 ; XX, 12. — 15. Job. XV, 35 ; Is. LIX, 4 ; Jac. I, 15. — 16. Esth. VII, 10 ; Prov. XXVI, 27 ; XXVIII, 10 ; Ps. IX, 16, 23 ; LVI, 7 ; Eccles. X, 8 ; Eccli. XXVII, 29.

 

1. Voir au IIe livre des Rois, chap. XVI et XVII. — * Le texte hébreu porte : « Schiggayôn (terme inconnu, qui semble correspondre à peu près à dithyrambe et désigner un poème dans lequel le poète, entrainé par son enthousiasme, met peu de liaison dans ses idées et point d’uniformité dans son rythme, cantio erratica, comme on l’a appelé), de David, qu’il chanta au Seigneur à cause des paroles de Chusi le Benjamites. » Chusi est le même nom qu’Éthiopien. Le personnage de la tribu de Benjamin qu’il désigne ici est inconnu : ce n’est pas Séméï ; ce devait être un des zélés partisans de Saül, un de ces rapporteurs qui, comme Doég et les Ziphéens, calomniaient David fugitif auprès de Saül et excitaient la colère du roi contre lui. Quoique les livres historiques ne mentionnent point Chusi, les détails donnés I Reg. XXIV-XXVI, éclaircissent très bien plusieurs passages de ce psaume.

2-3. * Invocation à Dieu pour qu’il arrache David à ses ennemis.

3, 6, etc. Mon âme ; c’est-à-dire moi. Nous avons déjà remarqué plus d’une fois qu’en hébreu, comme en arabe, le mot âme était souvent synonyme de personne, individu.

4-6. * Protestation, sous forme d’imprécation contre lui-même, que le Psalmiste n’a pas fait ce que Chusi lui impute.

5. # Justement : (mérito) parce que je l’ai mérité.

6. Qu’il foule ma vie, etc. ; qu’il me foule tout vivant. — Qu’il ensevelisse ; c’est le sens du grec et de l’hébreu, qui portent à la lettre : Qu’il fasse habiter.

7-11.* Invocation à Dieu pour qu’il rende justice à l’innocent et qu’il mette fin à l’iniquité.

7. Selon le précepte, etc. Selon le commandement que vous avez fait vous-même de protéger et de secourir les innocents opprimés.

8. Et l’assemblée des peuples qui désirent ardemment que vous me rendiez justice, vous environnera pour entendre le jugement que vous porterez en ma faveur, et vous en rendre gloire. — Retournez en haut sur votre tribunal, d’où il semble que vous êtes descendu pour me laisser en proie à mes ennemis.

12-14. * Dieu est juste et il punit le pécheur ; il est impossible d’échapper à ses flèches, c’est-à-dire à ses jugements.

15-18. * Le pécheur reçoit le traitement qu’il avait mérité ; il tombe dans la fosse qu’il avait creusée. Que Dieu soit loué !

16. Dans ce verset, David fait allusion à un ancien stratagème usité à la chasse et à la guerre, de creuser des fosses, qu’on couvrait ensuite de branches et d’un peu de terre, afin que les hommes ou les bêtes y tombassent.

²

 

Ps 8

*ps008

PSAUME VIII

Le psalmiste admire la grandeur de Dieu peinte dans ses ouvrages, et l’excès de sa bonté dans le soin qu’il prend de l’homme et dans la puissance qu’il lui a donnée sur toutes les créatures. Ce psaume regarde particulièrement Jésus-Christ.

1 In finem, pro torculáribus. Psalmus David.

1. Pour la fin, pour les pressoirs, psaume de David.

2 Dómine, Dóminus noster,

2. Seigneur, notre Seigneur,

quam admirábile est nomen tuum in univérsa terra !

que votre nom est admirable dans toute la terre !

quóniam eleváta est magnificéntia tua super cælos.

Puisque votre magnificence est élevée au-dessus des cieux.

3 Ex ore infántium et lacténtium perfecísti laudem propter inimícos tuos,

3. De la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle, vous avez tiré une louange parfaite contre vos ennemis,

ut déstruas inimícum et ultórem.

pour anéantir l’ennemi et son vengeur.

4 Quóniam vidébo cælos tuos, ópera digitórum tuórum,

4. Je considèrerai vos cieux, les œuvres de vos doigts ;

lunam et stellas quæ tu fundásti.

la lune et les étoiles que vous avez affermies.

5 Quid est homo, quod memor es ejus ?

5. Qu’est-ce qu’un homme, pour que vous vous souveniez de lui,

aut fílius hóminis, quóniam vísitas eum ?

et le fils d’un homme, pour que vous le visitiez ?

6 Minuísti eum paulo minus ab ángelis ;

6. Vous l’avez abaissé un peu au-dessous des anges,

glória et honóre coronásti eum ;

vous l’avez couronné de gloire et d’honneur ;

7 et constituísti eum super ópera mánuum tuárum.

7. Et vous l’avez établi sur les œuvres de vos mains.

8 Omnia subjecísti sub pédibus ejus,

8. Vous avez mis toutes choses sous ses pieds,

oves et boves univérsas,

tous les brebis et les bœufs,

ínsuper et pécora campi,

et de plus les animaux des champs ;

9 vólucres cæli, et pisces maris

9. Les oiseaux du ciel, et les poissons de la mer

qui perámbulant sémitas maris.

qui parcourent les sentiers de la mer.

10 Dómine, Dóminus noster,

10. Seigneur notre Seigneur,

quam admirábile est nomen tuum in univérsa terra !

que votre nom est admirable dans toute la terre !

~

Ps. VIII. 3. Tob. IX, 9. — 6. Hebr. II, 7. — 6. (propríetas) Gen. I, 26 ; I Cor. III, 22. — 8. Gen. I, 28 ; I Cor. XV, 26.

 

1. * En hébreu : « Au chef de chœur. Sur le gitthith (instrument, cithare de Geth). » — Hymne au créateur des astres et de l’homme. « Ce petit poème, sans aucune prétention à quelque artifice de forme, n’a besoin d’aucun commentaire. Il est sublime par sa simplicité même. La grandeur de Dieu révélée par l’univers, œuvre de ses mains, révélée au besoin par la bouche de ses plus faibles créatures, dont la voix est toujours assez puissante pour imposer silence à celle de l’impiété, est mise en regard de la petitesse de l’homme. Et pourtant l’homme est le roi de la création ; ses prérogatives sont telles qu’il est comme un Dieu au milieu de son entourage visible. Il n’y a pas d’être sur la terre dont il ne se sente le maitre, avec les moyens qui lui sont octroyés. » (Ed. Reuss.) C’est le premier psaume du recueil où le poète ne parle pas en son nom seul, mais au nom de tous : notre Seigneur. Il est plusieurs fois cité dans le Nouveau Testament et appliqué au Messie, l’homme-Dieu, l’homme par excellence. Hebr. II, 6-8 ; I Cor. XV, 26 ; cf. Eph. I, 22 ; Matth. XXI, 16.

2a. * Refrain du Psaume : Que Dieu est grand dans la création.

2b-3. * Grandeur de Dieu attestée même par les enfants et même par ses ennemis.

3. Vengeur, c’est-à-dire défenseur (defensorem), comme disaient autrefois quelques exemplaires. D’ailleurs, comme on le sait, dans la basse latinité, on a dit defénsor pour ultor.

4-5. * Grandeur de Dieu dans la création du ciel, des étoiles et de l’homme.

5. Qu’est-ce qu’un homme, etc. Voy. notre note sur l’Épitre aux Hébreux, II, 6.

6. Vous l’avez abaissé, etc. Saint Paul nous apprend que ce texte regarde principalement Jésus-Christ, homme-Dieu, qui, après avoir été rendu inférieur aux anges dans son Incarnation, a été couronné de gloire et d’honneur à sa Résurrection.

6-9. * Bonté de Dieu envers l’homme auquel il a soumis les êtres créés.

10. * Répétition du refrain initial. — « Il y a dans le livre des Psaumes, des chants où la notion de l’immensité de Dieu, de l’insignifiance de l’homme devant sa toute-puissance et de la grande place qu’elle lui assigne néanmoins dans la création, s’exprime sous une forme si belle, si simple, si élevée, qu’elle est restée classique. Rien de plus naturel que ce psaume VIII, qui ressemble au chant d’un pâtre contemplant pendant la nuit les splendeurs d’un ciel d’Orient… Ou tout nous trompe, ou voilà un jet admirablement pur du sentiment religieux le plus authentique. C’est dans des pièces de ce genre que le monothéisme juif révèle son immense supériorité Sur les meilleurs épanchements des religions de la nature. Cet accent d’humilité devant Dieu tout à la fois et de fierté vis-à-vis de tout ce qui n’est pas l’homme ; cette admiration émue, mais contenue, de la nature visible, cette joie de vivre en maitre, sur la terre, par délégation divine, tout dans ce petit poème, respire la religion virile et saine. » (A. Réville.)

²

 

Ps 9

*ps009

PSAUME IX

David loue le Seigneur de l’avoir rendu victorieux de ses ennemis. Il assure que Dieu protégera de même tous ceux qui auront recours à lui.

1 In finem, pro occúltis fílii. Psalmus David.

1. Pour la fin, pour les mystères du Fils, psaume de David.

2 Confitébor tibi, Dómine, in toto corde meo ;

2. Je vous louerai, Seigneur, en tout mon cœur ;

narrábo ómnia mirabília tua.

je raconterai toutes vos merveilles.

3 Lætábor et exsultábo in te ;

3. Je me réjouirai et j’exulterai en vous ;

psallam nómini tuo, Altíssime.

je chanterai votre nom, ô Très-Haut.

4 In converténdo inimícum meum retrórsum ;

4. Quand vous aurez mis mon ennemi en fuite,

infirmabúntur, et períbunt a fácie tua.

ils seront sans force, et ils périront devant votre face.

5 Quóniam fecísti judícium meum et causam meam ;

5. Puisque vous m’avez fait justice et pris en main ma cause :

sedísti super thronum, qui júdicas justítiam.

vous vous êtes assis sur votre trône, vous qui jugez selon la justice.

6 Increpásti gentes, et périit ímpius :

6. Vous avez gourmandé les nations, et l’impie a péri ;

nomen eórum delésti in ætérnum, et in sǽculum sǽculi.

vous avez effacé leur nom pour l’éternité, et pour les siècles des siècles.

7 Inimíci defecérunt frámeæ in finem,

7. Les armes de l’ennemi ont perdu leur force pour toujours,

et civitátes eórum destruxísti.

et vous avez détruit leurs villes.

Périit memória eórum cum sónitu ;

Leur mémoire a péri avec bruit :

8 et Dóminus in ætérnum pérmanet.

8. Et le Seigneur demeure éternellement.

Parávit in judício thronum suum,

Il a préparé son trône pour le jugement :

9 et ipse judicábit orbem terræ in æquitáte :

9. Et lui-même jugera le disque de la terre avec équité,

judicábit pópulos in justítia.

il jugera les peuples avec justice.

10 Et factus est Dóminus refúgium páuperi ;

10. Et le Seigneur s’est fait le refuge du pauvre,

adjútor in opportunitátibus, in tribulatióne.

son aide au temps du besoin, dans la tribulation.

11 Et sperent in te qui novérunt nomen tuum,

11. Qu’ils espèrent donc en vous ceux qui connaissent votre nom,

quóniam non dereliquísti quæréntes te, Dómine.

puisque vous n’avez pas délaissé ceux qui vous cherchent, Seigneur.

12 Psállite Dómino qui hábitat in Sion ;

12. Chantez le Seigneur, qui habite dans Sion ;

annuntiáte inter gentes stúdia ejus :

annoncez ses desseins parmi les nations.

13 quóniam requírens sánguinem eórum recordátus est ;

13. Puisqu’il s’est souvenu d’eux, en demandant compte du sang,

non est oblítus clamórem páuperum.

et qu’il n’a pas oublié le cri des pauvres.

14 Miserére mei, Dómine :

14. Ayez pitié de moi, Seigneur,

vide humilitátem meam de inimícis meis,

voyez l’abaissement où m’ont réduit mes ennemis.

15 qui exáltas me de portis mortis,

15. Vous qui me relevez des portes de la mort,

ut annúntiem omnes laudatiónes tuas in portis fíliæ Sion :

afin que je publie toutes vos louanges aux portes de la fille de Sion.

16 exsultábo in salutári tuo.

16. J’exulterai dans votre salut.

Infíxæ sunt gentes in intéritu quem fecérunt ;

Les nations ont été englouties dans le gouffre qu’elles avaient préparé ;

in láqueo isto quem abscondérunt

dans le même lacet qu’elles avaient caché,

comprehénsus est pes eórum.

leur pied a été pris.

17 Cognoscétur Dóminus judícia fáciens ;

17. Ainsi on reconnaitra que le Seigneur rend justice ;

in opéribus mánuum suárum comprehénsus est peccátor.

le pécheur a été pris dans les œuvres de ses mains.

18 Convertántur peccatóres in inférnum,

18. Que de même les pécheurs soient précipités dans l’enfer,

omnes gentes quæ obliviscúntur Deum.

et toutes les nations qui oublient Dieu.

19 Quóniam non in finem oblívio erit páuperis ;

19. Car le pauvre ne sera pas pour toujours en oubli ;

patiéntia páuperum non períbit in finem.

la patience des pauvres ne sera pas toujours vaine.

20 Exsúrge, Dómine ; non confortétur homo :

20. Levez-vous, Seigneur, que l’homme ne se fortifie point :

judicéntur gentes in conspéctu tuo.

que les nations soient jugées en votre présence.

21 Constítue, Dómine, legislatórem super eos,

21. Établissez, Seigneur, un législateur sur eux,

ut sciant gentes quóniam hómines sunt.

afin que les peuples sachent qu’ils ne sont que des hommes.

~

 

1. * En hébreu : « Au chef de chœur, sur l’air de Mouth labbên (mort du fils ?). » — Hymne d’actions de grâces à Dieu qui a fait triompher son peuple de ses ennemis. Le Targum y voit un cantique à l’occasion de la victoire sur Goliath. Ce psaume est alphabétique, et le commencement de chaque vers est indiqué par la répétition de la même lettre de l’alphabet ; l’aleph, 2-3 ; le beth, 4-5 ; le zaïn, 12-13 ; le kheth, 14-16a ; le teth, 16b-17 ; le yod, 18-19 ; le qoph, 20-21, quatre fois chacun ; le ghimel, 6, et le hé, 7, deux fois ; le vav, 8b-l 1, huit fois. La lettre daleth manque. Du yod, le poète passe au qoph et termine son chant.

2-5. * Louange à Dieu (2-3), parce qu’il a accordé la victoire à David (4-5).

6-7. * Description de la fuite des ennemis de Dieu.

7. Les armes ; littér. les épées à deux tranchants (frameæ).

8-9. * Grandeur et justice de Dieu vainqueur.

10-11. * Dieu est le refuge de tous les opprimés et de tous ceux qui se confient en lui.

12-13. * Exhortation à remercier Dieu qui a vengé son peuple.

13. D’eux. Ce mot se rapporte à ceux qui vous cherchent, Seigneur, du vers. 10.

14-16. * Prière que David avait faite à Dieu pour être délivré de ses ennemis.

15. La fille de Sion, signifie le peuple ou la ville de Sion.

16b-17. * Fruit de cette prière : les nations ont été prises dans les pièges qu’elles avaient tendus.

16. Dans votre salut ; c’est-à-dire à cause du salut que vous m’avez procuré. — Dans le même lacet, etc. Voy. Ps. VII, 16.

18-19. * Coup d’œil sur l’avenir : punition du méchant, délivrance de l’opprimé.

18. Que les pécheurs, etc. David exprime ici une prophétie plutôt qu’un souhait. Voy. p. 1096, 2°. — * Dans l’enfer, dans le scheôl ou séjour des morts, porte le texte original, mais c’est évidemment pour y être punis des péchés commis, de sorte que dans ce passage, comme dans plusieurs autres, le mot scheôl désigne réellement l’enfer.

20. Que l’homme ne se glorifie point dans la malice par son impunité.

²

 

Ps 10 (Hébreux)

PSAUME X

(selon les Hébreux).

22 Ut quid, Dómine, recessísti longe ;

1. Pourquoi, Seigneur, vous êtes-vous retiré au loin,

déspicis in opportunitátibus, in tribulatióne ?

et avez-vous détourné de moi vos regards au temps du besoin, dans la tribulation ?

23 Dum supérbit ímpius, incénditur pauper :

2. Pendant que l’impie s’enorgueillit, le pauvre est persécuté avec ardeur ;

comprehendúntur in consíliis quibus cógitant.

ils sont pris dans les projets qu’ils forment.

24 Quóniam laudátur peccátor in desidériis ánimæ suæ,

3. Car le pécheur est loué dans les désirs de son âme,

et iníquus benedícitur.

et le méchant est béni.

25 Exacerbávit Dóminum peccátor :

4. Le pécheur a irrité le Seigneur ;

secúndum multitúdinem iræ suæ, non quæret.

il ne se mettra pas en peine de la grandeur de sa colère.

26 Non est Deus in conspéctu ejus ;

5. Dieu n’est point devant ses yeux ;

inquinátæ sunt viæ illíus in omni témpore.

ses voies sont souillées en tout temps.

Auferúntur judícia tua a fácie ejus ;

Vos jugements sont ôtés de devant sa vue ;

ómnium inimicórum suórum dominábitur.

il dominera tous ses ennemis.

27 Dixit enim in corde suo : Non movébor

6. Car il a dit dans son cœur : Je ne serai point ébranlé ;

a generatióne in generatiónem, sine malo.

de génération en génération je serai sans aucun mal.

28 Cujus maledictióne os plenum est, et amaritúdine, et dolo ;

7. Sa bouche est pleine de malédiction, d’amertume et de fraude :

sub lingua ejus labor et dolor.

sous sa langue sont le travail et la douleur.

29 Sedet in insídiis cum divítibus in occúltis,

8. Il est assis en embuscade avec les riches, dans des lieux cachés,

ut interfíciat innocéntem.

afin de tuer l’innocent.

30 Oculi ejus in páuperem respíciunt ;

9. Ses yeux observent le pauvre :

insidiátur in abscóndito, quasi leo in spelúnca sua.

il lui dresse des embuches dans le secret, comme un lion dans sa caverne.

Insidiátur ut rápiat páuperem ;

Il dresse des embuches pour prendre le pauvre ;

rápere páuperem dum áttrahit eum.

pour prendre le pauvre, tandis qu’il l’attire.

31 In láqueo suo humiliábit eum ;

10. Quand il l’aura dans son filet, il le renversera,

inclinábit se, et cadet cum dominátus fúerit páuperum.

il s’inclinera, et tombera, lorsqu’il se sera rendu maitre des pauvres.

32 Dixit enim in corde suo : Oblítus est Deus ;

11. Car il a dit dans son cœur : Dieu a perdu le souvenir,

avértit fáciem suam, ne vídeat in finem.

il a détourné sa face pour ne rien voir à jamais.

33 Exsúrge, Dómine Deus, exaltétur manus tua ;

12. Levez-vous, Seigneur Dieu, que votre main s’élève :

ne obliviscáris páuperum.

n’oubliez pas les pauvres.

34 Propter quid irritávit ímpius Deum ?

13. Pourquoi l’impie a-t-il irrité Dieu ? C’est qu’il a dit dans son cœur :

dixit enim in corde suo : Non requíret.

Il n’en recherchera pas la vengeance.

35 Vides, quóniam tu labórem et dolórem consíderas,

14. Vous le voyez ; car vous considérez le travail et la douleur,

ut tradas eos in manus tuas.

afin de livrer les oppresseurs entre vos mains.

Tibi derelíctus est pauper ;

Le pauvre vous est abandonné ;

órphano tu eris adjútor.

c’est vous qui serez le protecteur de l’orphelin.

36 Cóntere bráchium peccatóris et malígni ;

15. Brisez le bras du pécheur et du méchant ;

quærétur peccátum illíus, et non inveniétur.

l’on cherchera son péché, et on ne le trouvera pas.

37 Dóminus regnábit in ætérnum, et in sǽculum sǽculi ;

16. Le Seigneur règnera éternellement et dans les siècles des siècles :

períbitis, gentes, de terra illíus.

nations, vous serez exterminées de sa terre.

38 Desidérium páuperum exaudívit Dóminus ;

17. Le Seigneur a exaucé le désir des pauvres :

præparatiónem cordis eórum audívit auris tua :

votre oreille a entendu la préparation de leur cœur :

39 judicáre pupíllo et húmili,

18. Afin de rendre justice à l’orphelin et au faible,

ut non appónat ultra magnificáre se homo super terram.

afin que l’homme cesse de s’élever d’orgueil sur la terre.

~

Ps. IX. 7. Infra. XIII, 3 ; Rom. III, 14. — 16 et 23. Esth. VII, 10 ; Prov. XXVI, 27 ; XXVIII, 10 ; Ps. VII, 16 ; LVI, 7 ; Eccles. X, 8 ; Eccli. XXVII, 29.

 

1-2. Pourquoi, etc. Ce verset exprime une simple question adressée à Dieu dans l’excès de l’affliction, mais non un vrai murmure. Jésus-Christ en a adressé une semblable à son Père, du haut de sa croix. — * Les Septante et notre Vulgate font de ce Psaume, qui a de très grandes analogies avec le précédent, la suite du Ps. IX ; l’hébreu en fait au contraire le Ps. X, et c’est ici que commence la diversité dans la numérotation des Psaumes entre l’hébreu et la Vulgate. Nos éditions, tout en unissant ce chant au précédent, recommencent cependant la division par versets comme dans l’hébreu.

1-2. * Appel à Dieu qui se tient loin, pendant que le pauvre est pris dans les pièges des méchants.

2. Le pauvre est persécuté avec ardeur ; littér. est brulé. Voy. Ps. VII, 14. — Ils sont pris ; c’est-à-dire les impies ; le singulier précédant impie est ici un nom collectif.

3-5. * L’impie s’applaudit de ses succès ; il triomphe pendant que le jugement est loin.

4. Sa colère ; c’est-à-dire la colère du Seigneur.

6-7. * L’impie croit à la durée de son bonheur.

8-9. * L’impie tend des embuches à l’innocent et au pauvre.

9. Le second prendre est à l’infinitif (rapere) dans la Vulgate, par hébraïsme, pour ut rapiat.

10-11. * Le malheureux tombe dans les pièges de l’impie et celui-ci croit que Dieu ne songe pas à le punir.

12-13. * Appel à Dieu pour qu’il n’oublie pas le pauvre et ne tolère pas les blasphèmes du méchant.

14. * Rien n’est plus facile à Dieu que de secourir l’affligé.

15-16. * Que Dieu châtie le pécheur et les Gentils disparaitront.

17-18. * La prière du Psalmiste est exaucée.

²

 

Ps 10

*ps010

PSAUME X

(Hebr. XI).

David se fortifie contre la crainte qu’on voulait lui donner de ses ennemis, par la vue de la justice de Dieu, et de son attention à punir les impies et à protéger les innocents.

1 In finem. Psalmus David.

1. Pour la fin, psaume de David.

2 In Dómino confído ; quómodo dícitis ánimæ meæ :

2. Je me confie dans le Seigneur : comment dites-vous à mon âme :

Tránsmigra in montem sicut passer ?

Émigre sur la montagne comme un passereau ?

3 Quóniam ecce peccatóres intendérunt arcum ;

3. Car voilà que les pécheurs ont tendu un arc ;

paravérunt sagíttas suas in pháretra,

ils ont préparé leurs flèches dans un carquois,

ut sagíttent in obscúro rectos corde :

pour percer dans les ténèbres les hommes droits de cœur.

4 quóniam quæ perfecísti destruxérunt ;

4. Car ce que vous avez établi, ils l’ont détruit ;

justus autem, quid fecit ?

mais le juste, qu’a-t-il fait ?

5 Dóminus in templo sancto suo ;

5. Le Seigneur est dans son saint temple ;

Dóminus in cælo sedes ejus.

le Seigneur, son trône est dans le ciel.

Oculi ejus in páuperem respíciunt ;

Ses yeux observent le pauvre :

pálpebræ ejus intérrogant fílios hóminum.

ses paupières interrogent les enfants des hommes.

6 Dóminus intérrogat justum et ímpium ;

6. Le Seigneur interroge le juste et l’impie ;

qui autem díligit iniquitátem, odit ánimam suam.

mais celui qui aime l’iniquité hait son âme.

7 Pluet super peccatóres láqueos ;

7. Il fera pleuvoir sur les pécheurs des pièges ;

ignis et sulphur, et spíritus procellárum, pars cálicis eórum.

le feu, le soufre et le vent des tempêtes sont la part de leur calice.

8 Quóniam justus Dóminus, et justítias diléxit :

8. Car le Seigneur est juste et il aime la justice :

æquitátem vidit vultus ejus.

son visage a vu l’équité.

~

Ps. X. 5. Habac. II, 20.

 

1. * Hébreu : « Au chef de chœur. » David refuse de s’enfuir malgré le danger qui menace sa vie, parce qu’il met en Dieu toute sa confiance.

2. * Quomodo dicitis animæ meæ, pour de anima mea, c’est-à-dire de moi. Le traducteur latin a gardé le datif qu’il trouvait en grec.

2-4. * Discours des amis pusillanimes de David qui lui conseillent de fuir le danger qui le menace.

5-8. * Celui dont la conscience est en paix est à l’abri de la peur ; il se confie en Dieu qui punira le pécheur dans sa justice.

7. Il fera pleuvoir, etc. C’est une expression métaphorique pour marquer une vengeance terrible de la part de Dieu. — Calice se prend souvent dans l’Écriture pour le sort ; ainsi la part de leur calice veut dire ici : leur part échue par le sort.

8. Son visage, etc. Il a regardé favorablement l’homme en qui règne l’équité.

²

 

11 à 20

Ps 11

*ps011

PSAUME XI

(Hebr. XII).

David représente à Dieu qu’il n’y a plus de bonne foi parmi les hommes, et il le prie de le sauver des artifices et des calomnies de ses ennemis.

1 In finem, pro octáva. Psalmus David.

1. Pour la fin, pour l’octave, psaume de David.

2 Salvum me fac, Dómine, quóniam defécit sanctus,

2. Sauvez-moi, Seigneur, car il n’y a plus de saint :

quóniam diminútæ sunt veritátes a fíliis hóminum.

les vérités ont diminué parmi les fils des hommes.

3 Vana locúti sunt unusquísque ad próximum suum ;

3. Ils ont dit des choses vaines, chacun à son prochain :

lábia dolósa, in corde et corde locúti sunt.

leurs lèvres sont trompeuses ; ils ont parlé avec un cœur et un cœur.

4 Dispérdat Dóminus univérsa lábia dolósa,

4. Que Dieu perde entièrement toutes les lèvres trompeuses,

et linguam magníloquam.

et la langue qui profère des discours superbes.

5 Qui dixérunt : Linguam nostram magnificábimus ;

5. Ils ont dit : Nous ferons éclater la puissance de notre langue ;

lábia nostra a nobis sunt.

nos lèvres sont à nous,

Quis noster dóminus est ?

qui est notre maitre ?

6 Propter misériam ínopum, et gémitum páuperum,

6. À cause de la misère de ceux qui sont sans secours, et du gémissement des pauvres,

nunc exsúrgam, dicit Dóminus.

maintenant je me lèverai, dit le Seigneur.

Ponam in salutári ;

Je les établirai dans le salut :

fiduciáliter agam in eo.

j’agirai en cela avec une entière liberté.

7 Elóquia Dómini, elóquia casta ; argéntum igne examinátum,

7. Les paroles du Seigneur sont des paroles pures, un argent éprouvé par le feu,

probátum terræ, purgátum séptuplum.

purifié dans la terre, raffiné jusqu’à sept fois.

8 Tu, Dómine, servábis nos,

8. Vous, Seigneur, vous nous sauverez,

et custódies nos a generatióne hac in ætérnum.

et vous nous préserverez de cette génération éternellement.

9 In circúitu ímpii ámbulant :

9. Les impies rôdent autour de nous ;

secúndum altitúdinem tuam multiplicásti fílios hóminum.

c’est dans la profondeur de vos desseins que vous avez multiplié les fils des hommes.

~

Ps. XI. 7. Prov. XXX, 5.

 

1. * Hébreu : « Au chef de chœur. Sur le scheminith » (voir Ps. VI). Prière de David pour obtenir de Dieu qu’il le protège au milieu des méchants qui l’entourent.

2-3. * Appel de David à Dieu, au milieu des trompeurs dont il est environné.

3. Un cœur et un cœur ; un cœur double, plein de duplicité.

4-5. * Que Dieu détruise les trompeurs qui se vantent de pouvoir tout par leur langue.

6. * Réponse de Dieu qui promet de sauver les affligés.

7. Purifié dans la terre ; c’est-à-dire dans le creuset de terre. — * Le Psalmiste reprend les paroles du Seigneur dont il fait l’éloge.

8-9. * Nouvel appel à Dieu pour qu’il conserve les siens au milieu des méchants.

²

 

Ps 12

*ps012

PSAUME XII

(Hebr. XIII).

David prie le Seigneur de ne pas le laisser tomber dans la mort que son ennemi veut lui donner, et il fait cette prière avec une ferveur et une confiance qui peuvent servir de modèle à tous ceux qui veulent recourir à Dieu.

1 In finem. Psalmus David.

1. Pour la fin, psaume de David.

Usquequo, Dómine, obliviscéris me in finem ?

Jusques à quand Seigneur, m’oublierez-vous pour toujours ?

úsquequo avértis fáciem tuam a me ?

Jusques à quand détournerez-vous de moi votre visage ?

2 quámdiu ponam consília in ánima mea ;

2. Jusques à quand formerai-je des projets dans mon âme,

dolórem in corde meo per diem ?

et donnerai-je du tourment à mon cœur pendant le jour ?

3 úsquequo exaltábitur inimícus meus super me ?

3. Jusques à quand mon ennemi s’élèvera-t-il au-dessus de moi ?

4 Réspice, et exáudi me, Dómine Deus meus.

4. Regardez et exaucez-moi, Seigneur mon Dieu.

Illúmina óculos meos, ne umquam obdórmiam in morte ;

Éclairez mes yeux, que jamais je ne m’endorme dans la mort :

5 nequándo dicat inimícus meus : Præválui advérsus eum.

5. De peur qu’un jour mon ennemi ne dise : J’ai prévalu contre lui.

Qui tríbulant me exsultábunt si motus fúero ;

Ceux qui me tourmentent tressailliront de joie, si je suis ébranlé ;

6 ego autem in misericórdia tua sperávi.

6. Mais moi, j’ai espéré dans votre miséricorde.

Exsultábit cor meum in salutári tuo.

Mon cœur exultera dans votre salut ;

Cantábo Dómino qui bona tríbuit mihi ;

je chanterai le Seigneur qui m’a comblé de biens ;

et psallam nómini Dómini altíssimi.

je chanterai le nom du Dieu Très-Haut.

~

Ps. XII.

 

1. Pour toujours. Il faut nécessairement suppléer devant ces mots : sera-ce, ou bien les traduire par entièrement, absolument ; sens dont ils sont susceptibles en hébreu.

1-3. * Plainte à Dieu qui abandonne le Psalmiste.

4-5. * Prière pour implorer le secours divin.

6. Votre salut ; c’est-à-dire le salut dont vous êtes l’auteur, le salut qui vient de vous. — * Espoir que la prière du Psalmiste sera exaucée.

²

 

Ps 13

*ps013

PSAUME XIII

(Hebr. XIV).

David décrit d’une manière très vive la corruption générale des hommes. Il prédit la délivrance du peuple de Dieu et la joie dont elle sera suivie.

1 In finem. Psalmus David.

1. Pour la fin, psaume de David.

Dixit insípiens in corde suo : Non est Deus.

L’insensé a dit dans son cœur : Il n’y a point de Dieu.

Corrúpti sunt, et abominábiles facti sunt in stúdiis suis ;

Ils se sont corrompus, et ils sont devenus abominables dans leurs affections ;

non est qui fáciat bonum, non est usque ad unum.

il n’y en a point qui fasse le bien, il n’y en a pas même un seul.

2 Dóminus de cælo prospéxit super fílios hóminum,

2. Le Seigneur, du haut du ciel, a regardé sur les fils des hommes,

ut vídeat si est intélligens, aut requírens Deum.

pour voir s’il en est un qui ait de l’intelligence, et qui cherche Dieu.

3 Omnes declinavérunt, simul inútiles facti sunt.

3. Tous se sont détournés ; tous ensemble sont devenus inutiles ;

Non est qui fáciat bonum, non est usque ad unum.

il n’en est pas qui fasse le bien, il n’en est pas même un seul.

Sepúlchrum patens est guttur eórum ;

Leur gosier est un sépulcre ouvert,

linguis suis dolóse agébant.

ils trompaient avec leurs langues ;

Venénum áspidum sub lábiis eórum,

le venin de l’aspic est sous leurs lèvres.

quorum os maledictióne et amaritúdine plenum est ;

Leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume ;

velóces pedes eórum ad effundéndum sánguinem.

leurs pieds courent avec rapidité pour verser le sang.

Contrítio et infelícitas in viis eórum,

La désolation et le malheur sont sur leurs voies ;

et viam pacis non cognovérunt ;

mais la voie de la paix, ils ne l’ont pas connue ;

non est timor Dei ante óculos eórum.

la crainte de Dieu n’est pas devant leurs yeux.

4 Nonne cognóscent omnes qui operántur iniquitátem,

4. Est-ce qu’ils ne connaitront point tous ceux qui opèrent l’iniquité,

qui dévorant plebem meam sicut escam panis ?

qui dévorent mon peuple comme un morceau de pain ?

5 Dóminum non invocavérunt ;

5. Ils n’ont pas invoqué le Seigneur,

illic trepidavérunt timóre, ubi non erat timor.

ils ont tremblé de frayeur là où n’était pas la crainte.

6 Quóniam Dóminus in generatióne justa est :

6. Car le Seigneur est avec la génération des justes,

consílium ínopis confudístis,

vous avez confondu les desseins du pauvre,

quóniam Dóminus spes ejus est.

car le Seigneur est son espérance.

7 Quis dabit ex Sion salutáre Israël ?

7. Qui fera sortir de Sion le salut d’Israël ?

Cum avérterit Dóminus captivitátem plebis suæ,

Lorsque le Seigneur aura mis fin à la captivité de son peuple,

exsultábit Jacob, et lætábitur Israël.

Jacob tressaillira de joie et Israël sera dans l’allégresse.

~

Ps. XIII. 1. Ps. LII. 1.

 

1. * L’impie nie Dieu et ses actes sont abominables.

2-3. * Du haut du ciel, Dieu regarde qui le cherche et il ne voit partout que corruption.

3. * La longueur de ce verset provient de ce que : Leur gosier et ce qui suit n’est pas dans le texte original.

4. David parle ici au nom de Dieu. Est-ce qu’ils ne connaitront point, etc. Ce verbe n’a pas plus de complément dans l’hébreu et dans le grec que dans la Vulgate ; mais on suppose tout naturellement que ce complément est ma justice, ou tout autre mot semblable sous-entendu.

4-6. * Annonce du châtiment réservé aux coupables.

6. Est avec la génération des justes (littér. la génération juste) ; c’est-à-dire protège, favorise la génération des justes. — Vous avez confondu ; c’est-à-dire déconcerté, humilié.

7. Dieu avait choisi la montagne de Sion pour sa demeure. Le psalmiste semble prédire le retour de Juda et d’Israël, et la réunion des dix tribus avec celle de Juda, dont les prophètes ont si souvent parlé, et qui s’exécuta réellement après le retour de la captivité. Les Pères de l’Église ont expliqué ce passage de la rédemption du genre humain, accompli par Jésus-Christ, sorti de Sion. Or c’est cette délivrance admirable qui a comblé Jacob et Israël d’allégresse. Elle a répandu la joie également parmi les gentils et parmi les juifs qui se sont convertis.

²

 

Ps 14

*ps014

PSAUME XIV

(Hebr. XV).

David représente la sainteté que doivent avoir ceux qui aspirent à demeurer dans les tabernacles éternels de la Jérusalem céleste.

1 Psalmus David.

1. Psaume de David.

Dómine, quis habitábit in tabernáculo tuo ?

Seigneur, qui habitera dans votre tabernacle,

aut quis requiéscet in monte sancto tuo ?

et qui reposera sur votre montagne sainte ?

2 Qui ingredítur sine mácula,

2. Celui qui marche sans tache,

et operátur justítiam ;

et qui pratique la justice.

3 qui lóquitur veritátem in corde suo :

3. Celui qui dit la vérité qui est dans son cœur ;

qui non egit dolum in lingua sua,

qui n’a pas trompé avec sa langue ;

nec fecit próximo suo malum,

Qui n’a pas fait de mal à son prochain,

et oppróbrium non accépit advérsus próximos suos.

et qui n’a pas accueilli l’injure contre ses frères.

4 Ad níhilum dedúctus est in conspéctu ejus malígnus ;

4. En présence de qui le méchant est regardé comme un néant,

timéntes autem Dóminum gloríficat.

mais qui glorifie ceux qui craignent Dieu.

Qui jurat próximo suo, et non décipit ;

Celui qui ayant fait un serment à son prochain, ne le trompe point.

5 qui pecúniam suam non dedit ad usúram,

5. Celui qui n’a point donné son argent à usure,

et múnera super innocéntem non accépit :

et n’a point reçu de présents contre l’innocent :

qui facit hæc non movébitur in ætérnum.

celui qui fait ces choses ne sera jamais ébranlé.

~

Ps. XIV.

 

2. Qui marche sans tache ; hébraïsme, pour : qui se conduit d’une manière irréprochable. Compar. Gen. V, 22, 24 ; VI, 9.

5. Contre l’innocent ; c’est-à-dire au détriment de l’innocent. C’est une allusion à un juge équitable, qui n’accepte point de présents pour condamner un innocent, mais qui, selon l’expression d’Isaïe, secoue ses mains de toute sorte de présents : Manus suas éxcutit ab omni munere (XXXIII, 15).

²

 

Ps 15

*ps015

PSAUME XV

(Hebr. XVI).

David implore le secours de Dieu parmi les nations étrangères où il se trouvait. Il déclare qu’il ne veut prendre aucune part à leurs sacrifices et à leur idolâtrie, et qu’il met tout son bonheur dans le culte du Seigneur. Il rend grâces à Dieu pour la protection qu’il lui a accordée, il espère tout de sa bonté. Enfin il prédit la résurrection du Sauveur.

1 Títuli inscríptio, ipsi David.

1. Inscription de titre par David lui-même.

Consérva me, Dómine, quóniam sperávi in te.

Conservez-moi, Seigneur, car j’ai espéré en vous.

2 Dixi Dómino : Deus meus es tu,

2. J’ai dit au Seigneur : Vous êtes mon Dieu,

quóniam bonórum meórum non eges.

vous n’avez pas besoin de mes biens.

3 Sanctis qui sunt in terra ejus,

3. Aux saints qui sont sur la terre,

mirificávit omnes voluntátes meas in eis.

il a manifesté d’une manière admirable mes volontés pour eux.

4 Multiplicátæ sunt infirmitátes eórum :

4. Leurs infirmités se sont multipliées,

póstea acceleravérunt.

ensuite, ils ont accéléré leur course.

Non congregábo conventícula eórum de sanguínibus,

Je ne réunirai point leurs assemblées pour offrir des victimes sanglantes,

nec memor ero nóminum eórum per lábia mea.

je ne rappellerai même pas leurs noms sur mes lèvres.

5 Dóminus pars hæreditátis meæ, et cálicis mei :

5. Le Seigneur est la part de mon héritage et de mon calice ;

tu es qui restítues hæreditátem meam mihi.

c’est vous qui me rendrez mon héritage.

6 Funes cecidérunt mihi in præcláris ;

6. Un lot m’est échu dans des lieux excellents ;

étenim hæréditas mea præclára est mihi.

car mon héritage est excellent pour moi.

7 Benedícam Dóminum qui tríbuit mihi intelléctum ;

7. Je bénirai le Seigneur de ce qu’il m’a donné l’intelligence,

ínsuper et usque ad noctem increpuérunt me renes mei.

et de ce que jusque dans la nuit même mes reins m’ont repris.

8 Providébam Dóminum in conspéctu meo semper :

8. Je voyais toujours le Seigneur en ma présence,

quóniam a dextris est mihi, ne commóvear.

car il est à ma droite, afin que je ne sois pas ébranlé.

9 Propter hoc lætátum est cor meum, et exsultávit lingua mea ;

9. C’est pourquoi mon cœur s’est réjoui et ma langue a tressailli,

ínsuper et caro mea requiéscet in spe.

et même ma chair reposera dans l’espérance.

10 Quóniam non derelínques ánimam meam in inférno,

10. Car vous ne laisserez point mon âme dans l’enfer,

nec dabis sanctum tuum vidére corruptiónem.

et vous ne permettrez point que votre saint voie la corruption.

11 Notas mihi fecísti vias vitæ ;

11. Vous m’avez fait connaitre les voies de la vie,

adimplébis me lætítia cum vultu tuo :

vous me remplirez de joie par votre visage ;

delectatiónes in déxtera tua usque in finem.

des délices sont à votre droite pour toujours.

~

Ps. XV. 8. Act. II, 25. — 10. Act. II, 31 ; XIII, 35.

 

1. Par ; c’est le vrai sens de l’hébreu et des Septante. — * Hébreu : « Miktham. » Voir l’explication de ce mot à la note 20 à la fin du volume. — Il faut se confier en Dieu, notre plus sûr asile dans tous nos périls. Cette prière a été composée par David pendant son séjour à Sicéleg, I Reg. XXX, ou au moins pendant qu’il était chez les Philistins. — Parmi les commentateurs catholiques, les uns regardent ce psaume comme messianique dans le sens littéral, les autres dans le sens figuré. Plusieurs traits de ce psaume sont certainement messianiques. S. Pierre, Act. II, 25, 31, dans son discours de la Pentecôte, se sert des vers. 8, 10, comme d’une prophétie de David, annonçant la résurrection de Jésus-Christ. S. Paul, Act. XIII, 35-37, dans son discours à Antioche de Pisidie, dit aussi que le vers. 10b a été accompli par la résurrection de Notre-Seigneur.

1-3. * David demande à Dieu de le garder lui-même, parce que, en dehors du Seigneur, il n’y a aucun bien pour lui ni pour les saints.

4. Les saints, les serviteurs de Dieu, dont il est parlé au verset précédent, ont été accablés de maux et de persécutions, mais cela n’a fait qu’augmenter leur sainte ardeur. Compar. Act. V, 41.

4-5. * Ceux qui s’éloignent du Seigneur sont malheureux ; il ne faut donc pas s’unir aux méchants, mais prendre Dieu pour son partage.

5. La part… de mon calice ; c’est-à-dire ma part échue par le sort. Compar. Ps. X (Hebr. XI), 7.

6. Un lot ; littér. des cordes. Les Hébreux, aussi bien que les Égyptiens, se servaient de cordes pour mesurer les terres. Compar. Deut. XXXII, 9 ; Jos. XVII, 5 ; II Reg. VIII, 2 ; Esth. XIII, 17, etc.

6-8. * Celui qui a Dieu pour partage a le plus excellent héritage et il doit en remercier le Seigneur.

7. Dans l’Écriture le mot reins se prend pour l’esprit et les affections les plus intimes.

8. Je voyais, etc. L’apôtre saint Pierre nous apprend que David avait en vue Jésus-Christ, par ces paroles. (Voy. Act. II, 25 et suiv.). D’un autre côté, les Pères de l’Église lui en font aussi l’application, en disant que le Sauveur, dans tous les moments de sa vie et de sa Passion, n’a jamais perdu de vue Dieu son Père. Le reste de ce verset et les versets suivants s’appliquent à Jésus-Christ. Voy. encore Act. XIII, 35.

9-11. * Joie du Psalmiste à cause des bienfaits qu’il a reçus et qu’il recevra de Dieu.

10. L’enfer, c’est-à-dire les limbes. — Voie la corruption ; hébraïsme pour éprouve la corruption.

²

 

Ps 16

*ps016

PSAUME XVI

(Hebr. XVII).

Le psalmiste implore le secours de Dieu contre ses ennemis. Il représente à Dieu sa propre innocence, et décrit la malice et la violence de ceux qui le persécutent.

1 Orátio David.

1. Prière de David.

Exáudi, Dómine, justítiam meam ;

Exaucez, Seigneur, ma justice.

inténde deprecatiónem meam.

Soyez attentif à ma supplication.

Auribus pércipe oratiónem meam,

Prêtez l’oreille à ma prière,

non in lábiis dolósis.

elle ne vient pas de lèvres trompeuses.

2 De vultu tuo judícium meum pródeat ;

2. Que de vous émane mon jugement ;

óculi tui vídeant æquitátes.

que vos yeux voient l’équité.

3 Probásti cor meum, et visitásti nocte ;

3. Vous avez éprouvé mon cœur, et vous l’avez visité pendant la nuit ;

igne me examinásti, et non est invénta in me iníquitas.

vous m’avez exaucé en me faisant passer par le feu, et il ne s’est pas trouvé en moi d’iniquité.

4 Ut non loquátur os meum ópera hóminum :

4. Afin que ma bouche ne parle pas même des œuvres des hommes,

propter verba labiórum tuórum, ego custodívi vias duras.

j’ai gardé, à cause des paroles de vos lèvres, des voies dures.

5 Pérfice gressus meos in sémitis tuis,

5. Affermissez mes pas dans vos sentiers,

ut non moveántur vestígia mea.

afin que mes pieds ne soient point ébranlés.

6 Ego clamávi, quóniam exaudísti me, Deus ;

6. Moi, j’ai crié, car vous m’avez exaucé, mon Dieu ;

inclína aurem tuam mihi, et exáudi verba mea.

inclinez votre oreille vers moi, et exaucez mes paroles.

7 Mirífica misericórdias tuas,

7. Faites éclater vos miséricordes,

qui salvos facis sperántes in te.

vous qui sauvez ceux qui espèrent en vous.

8 A resisténtibus déxteræ tuæ custódi me

8. Contre ceux qui résistent à votre droite, gardez-moi

ut pupíllam óculi.

comme la prunelle de l’œil.

Sub umbra alárum tuárum prótege me

Sous l’ombre de vos ailes, protégez-moi,

9 a fácie impiórum qui me afflixérunt.

9. Contre la face des impies qui m’ont tourmenté.

Inimíci mei ánimam meam circumdedérunt ;

Mes ennemis ont environné mon âme,

10 ádipem suum conclusérunt :

10. Ils ont fermé leurs entrailles,

os eórum locútum est supérbiam.

leur bouche a parlé orgueil,

11 Projiciéntes me nunc circumdedérunt me ;

11. Après m’avoir rejeté, maintenant ils m’environnent,

óculos suos statuérunt declináre in terram.

ils ont résolu d’incliner leurs yeux vers la terre.

12 Suscepérunt me sicut leo parátus ad prædam,

12. Ils m’ont saisi comme un lion préparé pour la proie,

et sicut cátulus leónis hábitans in ábditis.

et comme le petit d’un lion qui habite dans des lieux cachés.

13 Exsúrge, Dómine : prǽveni eum, et supplánta eum :

13. Levez-vous, Seigneur, prévenez-le et renversez-le,

éripe ánimam meam ab ímpio ;

arrachez mon âme à l’impie,

14 Frámeam tuam ab inimícis manus tuæ.

14. Votre épée à double tranchant aux ennemis de votre main.

Dómine, a paucis de terra dívide eos in vita eórum ;

Seigneur, séparez-les pendant leur vie du petit nombre de ceux qui sont à vous sur la terre ;

de abscónditis tuis adimplétus est venter eórum.

leur sein est rempli de vos biens cachés.

Saturáti sunt fíliis,

Ils sont rassasiés d’enfants,

et dimisérunt relíquias suas párvulis suis.

et ils laissent le reste de leurs biens à leurs petits-enfants.

15 Ego autem in justítia apparébo conspéctui tuo ;

15. Mais moi, dans ma justice, j’apparaitrai en votre présence ;

satiábor cum apparúerit glória tua.

je serai rassasié lorsque votre gloire m’aura apparu.

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Ps. XVI. 10. Judas. I, 16.

 

1. * Prière de David au moment de la persécution, probablement pendant que, du temps de la persécution de Saül, il se cachait dans le désert de Maon.

1-2. * Appel à la justice de Dieu pour qu’il fasse triompher la cause du Psalmiste.

2. De vous ; littér. et par hébraïsme de votre visage. Compar. Esth. I, 19, où on trouve une locution semblable.

3. La nuit dans le style biblique signifie comme ici le malheur, l’infortune, les tribulations, etc.

3-4. * Protestation d’innocence du Psalmiste.

4. Ne parle pas même. Compar. Eph. V, 3. — Des œuvres des hommes, mauvaises, perverses, comme elles sont pour la plupart. — Des paroles de vos lèvres ; c’est-à-dire de vos préceptes, de vos commandements.

5-9a. * Prière à Dieu.

8. « À qui des hommes, ô mon Dieu, oserais-je parler de la sorte, dit Rollin, et à qui pourrais-je dire que je lui suis précieux comme la prunelle de ses yeux ? Mais c’est vous-même qui m’inspirez et me commandez cette confiance. Rien n’est plus faible et plus délicat que la prunelle : en cela elle est mon image. Qu’elle le soit aussi, ô mon Dieu, dans tout le reste, et multipliez les secours à mon égard comme vous avez multiplié les précautions par rapport à elle, en l’environnant de paupières et de défenses Custodi me ut pupillam oculi. »

9b-12. * Tableau représentant les ennemis du Psalmiste prêts à le dévorer.

11. D’incliner leurs yeux vers la terre ; pour observer les traces de mes pas et me dresser des pièges. C’est l’explication qui nous a paru la plus conforme au contexte.

13-15. * Prière à Dieu.

13. Le sing. le (eum) représente le mot impie qui suit immédiatement. L’ordre naturel de la phrase est : prévenez l’impie, renversez-le, arrachez-lui, etc. Ce genre d’hyperbate n’est pas rare parmi les écrivains sacrés, surtout lorsqu’ils sont, comme David l’est ici, dominés par un sentiment vif et animé.

14. Épée (framea). Voy. Ps. IX, 7. « Frameam tuam. D’après les commentateurs de la Vulgate, ce mot désigne le glaive royal que Dieu avait momentanément laissé entre les mains de Saül. Mais on donne d’ordinaire cette autre traduction du texte hébreu : Délivre mon âme de l’impie par ton glaive ; (délivre-la) des hommes par ta main. » (Fillion) — Aux ennemis de votre main ; ce sont les mêmes que ceux qui résistent à votre droite, du vers. 8. — # Du petit nombre ; de ceux que Dieu appelle à travailler abondamment au salut des autres hommes comme le roi David qui combat au service de Dieu pour le bien de tout le peuple. Puisque les impies résiste à l’œuvre du salut, David demande qu’ils soient séparés du petit groupe qui aide les autres à recevoir le salut. — Ces biens cachés du Seigneur, dont parle David, sont les biens de la terre que Dieu a créés, et qu’il tient comme cachés dans un trésor pour les répandre chaque année sur la terre. — Ils sont rassasiés d’enfants ; c’est-à-dire que le grand nombre d’enfants qu’ils ont comble leurs désirs.

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Ps 17

*ps017

PSAUME XVII

(Hebr. XVIII).

Cantique d’actions de grâces de David, ou description des périls auxquels il a été exposé, des victoires qu’il a remportées, et des grâces qu’il a reçues du Seigneur.

1 In finem. Púero Dómini David, qui locútus est Dómino verba cántici hujus, in die qua erípuit eum Dóminus de manu ómnium inimicórum ejus, et de manu Saul, et dixit :

1. Pour la fin, par le serviteur du Seigneur, David, qui a prononcé à la gloire du Seigneur les paroles de ce cantique, au jour où le Seigneur l’arracha à la main de ses ennemis, et à la main de Saül, et a dit :

2 Díligam te, Dómine, fortitúdo mea.

2. Je vous aimerai, Seigneur, ma force :

3 Dóminus firmaméntum meum, et refúgium meum, et liberátor meus.

3. Le Seigneur est mon ferme appui, et mon refuge, et mon libérateur.

Deus meus adjútor meus, et sperábo in eum ;

Mon Dieu est mon aide, et j’espèrerai en lui.

protéctor meus, et cornu salútis meæ, et suscéptor meus.

Il est mon protecteur, la corne de mon salut et mon soutien.

4 Laudans invocábo Dóminum,

4. En le louant, j’invoquerai le Seigneur,

et ab inimícis meis salvus ero.

et je serai sauvé de mes ennemis.

5 Circumdedérunt me dolóres mortis,

5. Les douleurs de la mort m’ont environné ;

et torréntes iniquitátis conturbavérunt me.

les torrents de l’iniquité m’ont troublé.

6 Dolóres inférni circumdedérunt me ;

6. Les douleurs de l’enfer m’ont environné ;

præoccupavérunt me láquei mortis.

les lacs de la mort m’ont prévenu.

7 In tribulatióne mea invocávi Dóminum,

7. Dans ma tribulation j’ai invoqué le Seigneur,

et ad Deum meum clamávi :

et j’ai crié vers mon Dieu ;

et exaudívit de templo sancto suo vocem meam ;

Et de son temple saint il a exaucé ma voix ;

et clamor meus in conspéctu ejus introívit in aures ejus.

et mon cri poussé en sa présence est parvenu à ses oreilles.

8 Commóta est, et contrémuit terra ;

8. La terre s’est émue et a tremblé ;

fundaménta móntium conturbáta sunt, et commóta sunt :

les fondements des montagnes ont été bouleversés et ébranlés,

quóniam irátus est eis.

parce qu’il s’est irrité contre eux.

9 Ascéndit fumus in ira ejus,

9. La fumée a monté dans sa colère,

et ignis a fácie ejus exársit ;

et un feu ardent a jailli de sa face ;

carbónes succénsi sunt ab eo.

des charbons en ont été embrasés.

10 Inclinávit cælos, et descéndit,

10. Il a incliné les cieux, et il est descendu ;

et calígo sub pédibus ejus.

et un nuage obscur est sous ses pieds.

11 Et ascéndit super cherubím, et volávit ;

11. Et il est monté sur des chérubins et il s’est envolé ;

volávit super pennas ventórum.

il s’est envolé sur les ailes des vents.

12 Et pósuit ténebras latíbulum suum ;

12. Et il a fait des ténèbres son lieu de retraite ;

in circúitu ejus tabernáculum ejus,

autour de lui est sa tente,

tenebrósa aqua in núbibus áëris.

une eau ténébreuse est dans les nuées de l’air.

13 Præ fulgóre in conspéctu ejus nubes transiérunt ;

13. À l’éclat qui jaillit de sa présence, les nuées se sont dissipées ;

grando et carbónes ignis.

il en est sorti de la grêle et des charbons de feu.

14 Et intónuit de cælo Dóminus,

14. Et le Seigneur a tonné du ciel,

et Altíssimus dedit vocem suam :

et le Très-Haut a fait entendre sa voix ;

grando et carbónes ignis.

il est tombé de la grêle et des charbons de feu.

15 Et misit sagíttas suas, et dissipávit eos ;

15. Et il a lancé ses flèches, et il les a dissipés ;

fúlgura multiplicávit, et conturbávit eos.

il a multiplié ses éclairs, et il les a troublés.

16 Et apparuérunt fontes aquárum,

16. Alors ont paru les sources des eaux,

et reveláta sunt fundaménta orbis terrárum,

et les fondements du disque de la terre ont été mis à nu.

ab increpatióne tua, Dómine,

À votre menace, Seigneur,

ab inspiratióne spíritus iræ tuæ.

au souffle du vent de votre colère.

17 Misit de summo, et accépit me ;

17. Il a envoyé d’en haut,

et assúmpsit me de aquis multis.

et il m’a pris, et il m’a retiré d’un gouffre d’eaux.

18 Erípuit me de inimícis meis fortíssimis, et ab his qui odérunt me.

18. Il m’a arraché à mes ennemis très puissants, et à ceux qui me haïssaient,

Quóniam confortáti sunt super me ;

parce qu’ils étaient devenus plus forts que moi.

19 Prævenérunt me in die afflictiónis meæ :

19. Ils m’ont prévenu au jour de mon affliction,

et factus est Dóminus protéctor meus.

et le Seigneur s’est fait mon protecteur.

20 Et edúxit me in latitúdinem ;

20. Et il m’a mis au large :

salvum me fecit, quóniam vóluit me,

il m’a sauvé, parce qu’il m’a voulu.

21 et retríbuet mihi Dóminus secúndum justítiam meam,

21. Et le Seigneur me rétribuera selon ma justice,

et secúndum puritátem mánuum meárum retríbuet mihi :

et il me rétribuera selon la pureté de mes mains,

22 quia custodívi vias Dómini,

22. Parce que j’ai gardé les voies du Seigneur,

nec ímpie gessi a Deo meo ;

et que je n’ai pas agi avec impiété en m’éloignant de mon Dieu.

23 quóniam ómnia judícia ejus in conspéctu meo,

23. Puisque tous ses jugements sont devant mes yeux,

et justítias ejus non répuli a me.

et que je n’ai point éloigné de moi ses justices.

24 Et ero immaculátus cum eo ;

24. Et je serai sans tache avec lui,

et observábo me ab iniquitáte mea.

et je me donnerai de garde de mon iniquité.

25 Et retríbuet mihi Dóminus secúndum justítiam meam,

25. Et le Seigneur me rétribuera selon ma justice

et secúndum puritátem mánuum meárum in conspéctu oculórum ejus.

et selon la pureté de mes mains, présente à ses yeux.

26 Cum sancto sanctus eris,

26. Avec un saint, vous serez saint,

et cum viro innocénte ínnocens eris,

et avec un homme innocent, vous serez innocent ;

27 et cum elécto eléctus eris,

27. Et avec un homme excellent, vous serez excellent,

et cum pervérso pervertéris.

et avec un pervers, vous agirez avec détours.

28 Quóniam tu pópulum húmilem salvum fácies,

28. car vous sauverez un peuple humble,

et óculos superbórum humiliábis.

et humilierez les yeux des superbes.

29 Quóniam tu illúminas lucérnam meam, Dómine ;

29. car vous, Seigneur, faites luire ma lampe ;

Deus meus, illúmina ténebras meas.

mon Dieu, illuminez mes ténèbres.

30 Quóniam in te erípiar a tentatióne ;

30. car avec vous je serai délivré de la tentation,

et in Deo meo transgrédiar murum.

et avec mon Dieu je franchirai un mur.

31 Deus meus, impollúta via ejus ;

31. Mon Dieu, sa voie est sans souillure ;

elóquia Dómini igne examináta :

les paroles du Seigneur sont éprouvées par le feu ;

protéctor est ómnium sperántium in se.

il est le protecteur de tous ceux qui espèrent en lui.

32 Quóniam quis deus præter Dóminum ?

32. Car qui est Dieu, excepté le Seigneur,

aut quis deus præter Deum nostrum ?

ou qui est Dieu, excepté notre Dieu ?

33 Deus qui præcínxit me virtúte,

33. Le Dieu qui m’a ceint de la force,

et pósuit immaculátam viam meam ;

et qui a fait ma voie sans tache.

34 qui perfécit pedes meos tamquam cervórum,

34. Qui a disposé mes pieds comme les pieds des cerfs,

et super excélsa státuens me ;

et m’a établi sur les lieux élevés :

35 qui docet manus meas ad prǽlium.

35. Qui a instruit mes mains au combat ;

Et posuísti, ut arcum ǽreum, bráchia mea,

et vous avez rendu mes bras comme un arc d’airain.

36 et dedísti mihi protectiónem salútis tuæ :

36. Et vous m’avez donné la protection de votre salut ;

et déxtera tua suscépit me,

et votre droite m’a soutenu ;

et disciplína tua corréxit me in finem,

Et votre discipline m’a corrigé jusqu’à la fin,

et disciplína tua ipsa me docébit.

et votre discipline elle-même m’instruira encore.

37 Dilatásti gressus meos subtus me,

37. Vous avez agrandi mes pas sous moi,

et non sunt infirmáta vestígia mea.

et mes pieds n’ont pas été affaiblis.

38 Pérsequar inimícos meos, et comprehéndam illos ;

38. Je poursuivrai mes ennemis, et je les attendrai,

et non convértar donec defíciant.

et je ne reviendrai point jusqu’à ce qu’ils soient entièrement défaits.

39 Confríngam illos, nec póterunt stare ;

39. Je les briserai, et ils ne pourront se soutenir ;

cadent subtus pedes meos.

ils tomberont sous mes pieds.

40 Et præcinxísti me virtúte ad bellum,

40. Et vous m’avez ceint de force pour la guerre ;

et supplantásti insurgéntes in me subtus me.

et ceux qui s’insurgeaient contre moi, vous les avez renversés sous moi.

41 Et inimícos meos dedísti mihi dorsum,

41. Et vous m’avez livré mes ennemis par derrière ;

et odiéntes me disperdidísti.

et ceux qui me haïssaient vous les avez exterminés.

42 Clamavérunt, nec erat qui salvos fáceret ;

42. Ils ont crié, et il n’y avait personne qui les sauvât ;

ad Dóminum, nec exaudívit eos.

ils ont crié vers le Seigneur, et il ne les a pas exaucés.

43 Et commínuam eos ut púlverem ante fáciem venti ;

43. Et je les broierai comme de la poussière à la face du vent ;

ut lutum plateárum delébo eos.

et je les ferai disparaitre comme la boue des rues.

44 Erípies me de contradictiónibus pópuli ;

44. Vous me délivrerez des contradictions du peuple,

constítues me in caput géntium.

et vous m’établirez chef de nations.

45 Pópulus quem non cognóvi servívit mihi ;

45. Un peuple que je ne connaissais pas m’a servi ;

in audítu auris obedívit mihi.

en écoutant de ses oreilles, il m’a obéi.

46 Fílii aliéni mentíti sunt mihi,

46. Des fils étrangers m’ont menti,

fílii aliéni inveteráti sunt,

des fils étrangers ont vieilli,

et claudicavérunt a sémitis suis.

et ils ont chancelé en sortant de leurs voies.

47 Vivit Dóminus, et benedíctus Deus meus,

47. Le Seigneur vit ! et béni mon Dieu !

et exaltétur Deus salútis meæ.

et que le Dieu de mon salut soit exalté !

48 Deus qui das vindíctas mihi,

48. Vous, le Dieu qui me donnez des vengeances

et subdis pópulos sub me ;

et qui me soumettez des peuples,

liberátor meus de inimícis meis iracúndis.

qui me délivrez de mes ennemis furieux.

49 Et ab insurgéntibus in me exaltábis me ;

49. Et vous m’élèverez au-dessus de ceux qui s’insurgent ;

a viro iníquo erípies me.

vous m’arracherez à l’homme inique.

50 Proptérea confitébor tibi in natiónibus, Dómine,

50. À cause de cela, je vous confesserai parmi les nations, Seigneur,

et nómini tuo psalmum dicam ;

et je dirai un psaume à la gloire de votre nom,

51 magníficans salútes regis ejus,

51. Qui exalte les victoires de son roi,

et fáciens misericórdiam christo suo David,

et fait miséricorde à son christ, David,

et sémini ejus usque in sǽculum.

et à sa postérité pour toujours.

~

Ps. XVII. 3. Hebr. II, 13. — 34. II Reg. XXII, 34. — 35. II Reg. XXII, 35. — 49. II Reg. XXII, 49. — 50. II Reg. XXII, 50 ; Rom. XV, 9.

 

1. Ce psaume se trouve encore dans le second livre des Rois (XXII) avec quelques différences, qui viennent sans doute des copistes, mais qui n’altèrent nullement le fond et la substance du texte sacré. — Par. Voy. le titre du Ps. XV (Hebr. XVI). — * C’est le plus long de tous les psaumes appartenant à la catégorie des hymnes ou chants en l’honneur de Dieu. Il se divise en deux parties très distinctes, 2-31, 32-51 ; les louanges à Dieu recommencent avec le vers. 32.

2-4. * David aime Dieu parce qu’il est sa force et le délivre de ses ennemis.

3. La corne de mon salut ; c’est-à-dire mon puissant Sauveur. Chez les Hébreux la corne était un symbole de la force et de la puissance.

5-7. * Tableau des maux dont le Psalmiste a été délivré après avoir invoqué Dieu.

6. Les douleurs de l’enfer, ou, selon l’hébreu, et selon la Vulgate elle-même, II Reg. XXII, 6, les liens de l’enfer. Saint Pierre, dans les Actes des Apôtres (II, 24), fait à Jésus-Christ ressuscité l’application de ces paroles.

8-16. * Tableau de la puissance de Dieu descendant pour secourir David.

10. * Il a incliné les cieux et il est descendu. « Le poète trace en trois mots la plus imposante image que jamais l’imagination ait conçue. » (La Harpe.)

12. Autour de lui est sa tente. D’autres considèrent l’expression sa tente (tabernaculum ejus), comme un second complément de il a fait (posuit) en le supposant à l’accusatif ; mais le nominatif suivant tenebrosa aqua, nous a paru décisif en faveur de notre traduction. Il faut pourtant reconnaitre que le texte hébreu semble favoriser l’autre construction.

13. Il en est sorti. Ces mots ou autres semblables sont absolument nécessaires pour rendre intelligible la pensée de l’écrivain sacré ; car sans cela, dans les trois textes hébreu, grec et latin, les mots de la grêle et des charbons de feu ne sauraient être grammaticalement que des sujets du verbe précédent se sont dissipées (transiérunt).

14. Il est tombé. Ces mots, que nous avons ajoutés au texte, donnant lieu à une observation tout à fait semblable à celle que nous avons faite dans la note précédente, on peut consulter cette note. Nous ajouterons seulement que les mots grêle et charbons de feu ne se lisent ni dans le texte grec, ni dans saint Augustin, ni dans les Pères grecs, ni dans les anciens Psautiers latins, mais qu’ils se trouvent dans l’hébreu.

15. Les ; c’est-à-dire mes ennemis.

17. Il a envoyé d’en haut (Misit de summo). On suppose généralement que le complément sous-entendu de ce verbe est sa main (manum suam). L’expression et il m’a pris (accépit me), qui suit immédiatement, favorise cette interprétation, outre que la locution envoyer, lancer, et si l’on veut, étendre la main, sa main est très usitée parmi les écrivains sacrés.

17-20. * Tableau de la délivrance de David.

20. Parce qu’il m’a voulu ; littér. selon le grec et la Vulgate ; selon l’hébreu, parce qu’il s’est complu en moi.

21-24. * La délivrance de David est la récompense de sa piété.

23. Ses justices ; c’est-à-dire, selon l’hébreu, ses commandements, ses préceptes, ses lois, pleins de justice.

24. Mon iniquité ; le fond d’iniquité, qui est en moi, ou mon penchant à l’iniquité.

25-28. * Dieu traite l’homme selon ses mérites.

26-27. * Avec un saint, vous serez saint, etc. « Dieu est bon, c’est-à-dire miséricordieux envers ceux qui sont bons, et mauvais, c’est-à-dire sévère envers ceux qui sont mauvais, punissant les uns et faisant miséricorde aux autres. » (Saint François de Sales.)

27. Voy. pour l’explication de ce verset, II Reg. XXII, 27.

29. * Qui faites luire ma lampe, le flambeau qui éclaire la maison ou la tente, image de la vie heureuse et prospère. Dieu lui-même est la source de ce bonheur.

29-31. * Le Seigneur est la force de David.

31. Mon Dieu, sa voie est. etc. Voy. sur le genre et le but de cette construction, les Observat. prélimin., II, 1°.

32-35. * Le Seigneur est le seul Dieu et nous lui devons tout.

36. La protection de votre salut ; c’est-à-dire votre protection pour me sauver. — Votre discipline ; votre loi.

36-43. * Dieu est la force de David et le fait triompher de tous ses ennemis.

37. Mes pieds, littér. mes vestiges, les vestiges de mes pieds.

41. Et vous m’avez livré, etc. ; c’est-à-dire je les ai pris lorsqu’ils fuyaient, dans leur faite.

43. * Comme de la poussière à la face du vent. Quand le vent est fort et que la terre est brulée par la chaleur, comme cela arrive si souvent en Orient, son souffle détache des grains de terre, les emporte et les pulvérise en les roulant, de même que la boue desséchée dans les rues.

44. Vous me délivrerez, etc. Jusqu’ici David a parlé de lui-même à la lettre et selon le sens historique, et de Jésus-Christ, suivant le sens spirituel et figuré. Ce qui suit regarde plus directement le Sauveur du monde, quoiqu’il convienne aussi à David d’une manière moins parfaite.

44-46. * Dieu a élevé David à la royauté et l’a couvert de gloire.

45. Que je ne connaissais pas ; qui n’était pas de ma nation, qui n’était pas Hébreu.

46. Ils ont vieilli ; dans leur perversité. — Ils ont chancelé ; littér. ils ont boité. — En sortant. Cette expression ou toute autre semblable est nécessairement sous-entendue. Voy. sur cette sorte de construction, Observat. prélimin., II, 2°. — * Ce verset marque le triomphe de David sur les peuples étrangers.

47-51. * Remerciements à Dieu pour ses bienfaits.

47. Le Seigneur vit ! acclamation qui équivaut à Vive le Seigneur !

48. Des vengeances ; c’est-à-dire des moyens de vengeance.

50. Votre nom. Voy. II Reg. XXII, 50.

51. Les victoires. Voy. II Reg. XXII, 51.

²

 

Ps 18

*ps018

PSAUME XVIII

(Hebr. XIX).

David admire la puissance, la sagesse et la bonté de Dieu manifestées aux hommes par ses ouvrages exposés à leurs yeux, par la loi donnée aux Juifs et par le Rédempteur envoyé au monde.

1 In finem. Psalmus David.

1. Pour la fin, psaume de David.

2 Cæli enárrant glóriam Dei,

2. Les cieux racontent la gloire de Dieu,

et ópera mánuum ejus annúntiat firmaméntum.

et le firmament annonce les œuvres de ses mains.

3 Dies diéi erúctat verbum,

3. Le jour au jour en fait le récit,

et nox nocti índicat sciéntiam.

et la nuit à la nuit en donne connaissance.

4 Non sunt loquélæ, neque sermónes,

4. Ce ne sont des paroles, ni des discours,

quorum non audiántur voces eórum.

dont on n’entende les voix.

5 In omnem terram exívit sonus eórum,

5. Leur bruit s’est répandu dans toute la terre,

et in fines orbis terræ verba eórum.

et leurs paroles aux confins du disque de la terre.

6 In sole pósuit tabernáculum suum ;

6. Il a placé sa tente dans le soleil ;

et ipse tamquam sponsus procédens de thálamo suo.

et cet astre, comme un époux sortant de son lit nuptial,

Exsultávit ut gigas ad curréndam viam ;

S’est élancé comme un géant pour parcourir sa carrière :

7 a summo cælo egréssio ejus.

7. À l’extrémité du ciel est sa sortie ;

Et occúrsus ejus usque ad summum ejus ;

Et le terme de sa course à son extrémité ;

nec est qui se abscóndat a calóre ejus.

et il n’y a personne qui se cache à sa chaleur.

8 Lex Dómini immaculáta, convértens ánimas ;

8. La loi du Seigneur est sans tache, elle convertit les âmes ;

testimónium Dómini fidéle, sapiéntiam præstans párvulis.

le témoignage du Seigneur est fidèle ; il donne la sagesse aux tout petits.

9 Justítiæ Dómini rectæ, lætificántes corda ;

9. Les justices du Seigneur sont droites, elles réjouissent les cœurs ;

præcéptum Dómini lúcidum, illúminans óculos.

le précepte du Seigneur est plein de lumière, il éclaire les yeux.

10 Timor Dómini sanctus, pérmanens in sǽculum sǽculi ;

10. La crainte du Seigneur est sainte, elle subsiste dans les siècles des siècles ;

judícia Dómini vera, justificáta in semetípsa,

les jugements du Seigneur sont vrais, ils se justifient par eux-mêmes.

11 desiderabília super aurum et lápidem pretiósum multum,

11. Ils sont désirables au-dessus de l’or et de nombreuses pierres de prix,

et dulcióra super mel et favum.

et plus doux que le miel et le rayon.

12 Etenim servus tuus custódit ea ;

12. Aussi votre serviteur les garde,

in custodiéndis illis retribútio multa.

en les gardant, il trouve une grande récompense.

13 Delícta quis intélligit ?

13. Qui comprend ses fautes ?

ab occúltis meis munda me ;

Purifiez-moi des miennes cachées :

14 et ab aliénis parce servo tuo.

14. Et préservez votre serviteur des étrangers.

Si mei non fúerint domináti, tunc immaculátus ero,

S’ils ne me dominent point, alors je serai sans tache,

et emundábor a delícto máximo.

et purifié d’un très grand péché.

15 Et erunt ut compláceant elóquia oris mei,

15. Alors les paroles de ma bouche pourront vous plaire

et meditátio cordis mei in conspéctu tuo semper.

aussi bien que la méditation de mon cœur que je ferai toujours en votre présence,

Dómine, adjútor meus, et redémptor meus.

Seigneur, mon aide et mon rédempteur.

~

Ps. XVIII. 5. Rom. X, 18. — 6. Luc. XXIV, 46.

 

1. * Gloire de Dieu, qui se manifeste 1° par l’éclat de ses œuvres dans la nature et 2° par la beauté de sa loi dans l’ordre moral. « Kant se souvenait-il de ce psaume lorsqu’il disait : Il y a deux choses qui excitent en moi une continuelle admiration : le ciel étoilé au-dessus de ma tête et la loi morale dans mon cœur ? » (de La Jugie.) Plusieurs traits de ce psaume s’appliquent à la prédication des Apôtres, dans le sens spirituel, XVIII, 5 et Rom. X, 18.

2-3. * Les cieux racontent la gloire de Dieu.

2. Les cieux. Fondés sur le témoignage de saint Paul (Rom. X, 18), les Pères de l’Église entendent ici sous le nom de cieux, les Apôtres et les ministres de l’Évangile. Depuis le lever du soleil, les cieux publient la gloire de celui dont le firmament avait annoncé les œuvres avant que le soleil parût. Depuis que Jésus-Christ est venu, les apôtres et les ministres de l’Évangile publient la gloire de celui dont les patriarches et les prophètes avaient annoncé les œuvres avant que Jésus-Christ parût.

4-6a. * Le son de la parole des cieux n’est pas articulé, mais elle ne s’en fait pas moins entendre jusqu’aux extrémités de la terre, là où Dieu a établi la tente du soleil.

4. Ce ne sont point, etc. D’autres traduisent. Il n’y a point de langue ni de langage par qui leurs voix ne soient entendues ; mais ni l’hébreu, ni les Septante, ni la Vulgate, n’autorisent ce sens ; à moins qu’on ne le considère comme un simple commentaire du texte.

6b-7. * Le soleil lui-même s’élance d’un bout du monde à l’autre et rien n’échappe à son ardeur.

8-11. * Quant à la loi de Dieu, elle est parfaite, réjouissant le cœur, lumineuse, durable, vraie, précieuse.

9. Les justices ; selon l’hébreu, les commandements, les préceptes. Ces divers mots désignent la loi mosaïque.

11. # Le rayon ; de miel. Le mot s’employait auparavant sans complément de nom, il était alors la traduction exacte de favum. Son origine étymologique est entièrement étrangère au rayon de lumière.

12-15. * Retour du Psalmiste sur lui-même.

12. Les garde. Le mot les (ea) se rapporte à jugements (judicia) du vers. 10.

13. * Qui sont cachées, les fautes oubliées ou dont on n’a même pas eu connaissance.

14. Des étrangers, au peuple hébreu, des Gentils. Selon d’autres : Des fautes d’autrui ; c’est-à-dire des fautes auxquelles on coopère, soit en les commandant, soit en les conseillant, soit en y consentant, etc. À la vérité les Septante et la Vulgate, qui sont amphibologiques, peuvent se prêter à ce sens, mais il n’en est pas de même du texte hébreu. — # Le Seigneur dans l’Ancien Testament met souvent en garde contre les étrangers qui peuvent détourner son peuple de l’obéissance à la Loi et de l’Amour qu’ils doivent envers Lui, leur Dieu (Deut. VII, 1-4 ; Jos. XXIII, 11-13). En même temps, il demande toujours d’avoir pitié de l’étranger (Ex. XXII, 21 ; Lev. XIX, 10, 34). Il est très évident que les étrangers dont il est question ici sont les étrangers à l’obéissance. La prière du psalmiste s’explique ainsi : Préservez-moi des hommes qui vivent dans le pays de la désobéissance et qui voudrait me faire oublier mon identité nationale qui est de vous obéir.

²

 

Ps 19

*ps019

PSAUME XIX

(Hebr. XX).

Prière que David met dans la bouche de son peuple pour demander à Dieu l’heureux succès de ses armes.

1 In finem. Psalmus David.

1. Pour la fin, psaume de David.

2 Exáudiat te Dóminus in die tribulatiónis ;

2. Que le Seigneur vous exauce au jour de la tribulation ;

prótegat te nomen Dei Jacob.

que le nom du Dieu de Jacob vous protège.

3 Mittat tibi auxílium de sancto,

3. Qu’il vous envoie du secours du lieu saint ;

et de Sion tueátur te.

et que de Sion il vous défende.

4 Memor sit omnis sacrifícii tui,

4. Qu’il se souvienne de tous vos sacrifices,

et holocáustum tuum pingue fiat.

et que votre holocauste lui soit agréable.

5 Tríbuat tibi secúndum cor tuum,

5. Qu’il vous rende selon votre cœur,

et omne consílium tuum confírmet.

et qu’il confirme tous vos desseins.

6 Lætábimur in salutári tuo ;

6. Nous nous réjouirons de votre salut ;

et in nómine Dei nostri magnificábimur.

et dans le nom de notre Dieu nous nous glorifierons.

7 Impleat Dóminus omnes petitiónes tuas ;

7. Que le Seigneur accomplisse toutes vos demandes ;

nunc cognóvi quóniam salvum fecit Dóminus christum suum.

maintenant j’ai reconnu que le Seigneur a sauvé son Christ.

Exáudiet illum de cælo sancto suo,

Il l’exaucera du ciel, son sanctuaire :

in potentátibus salus déxteræ ejus.

le salut de sa droite est puissant.

8 Hi in cúrribus, et hi in equis ;

8. Ceux-ci se confient dans des charriots, et ceux-là dans des chevaux ;

nos autem in nómine Dómini Dei nostri invocábimus.

mais nous, c’est le nom du Seigneur que nous invoquerons.

9 Ipsi obligáti sunt, et cecidérunt ;

9. Ils ont été pris dans des lacs, et ils sont tombés ;

nos autem surréximus, et erécti sumus.

mais nous, nous nous sommes relevés et nous sommes restés debout.

10 Dómine, salvum fac regem,

10. Seigneur, sauvez le roi,

et exáudi nos in die qua invocavérimus te.

et exaucez-nous au jour où nous vous invoquerons.

~

Ps. XIX.

 

2-5. * Prière à Dieu pour qu’il accorde sa protection au roi en temps de guerre.

3. Du lieu saint ; littér. du saint ; c’est-à-dire comme on l’entend généralement, du sanctuaire. — * Le saint est le mont Sion, parce que c’est là que résidait l’arche du temps de David.

4. Agréable ; littér. gras. Plus les victimes étaient grasses, et plus on les croyait agréables à Dieu.

6-7. * On célébrera avec joie la victoire ; que Dieu daigne l’accorder.

6. Votre salut ; du salut que vous recevrez ; c’est-à-dire de l’heureux succès de vos armes. Nous l’avons déjà remarqué, les Hébreux employaient le mot salut pour exprimer la victoire. Voy. sur la signification du pronom votre, les Observat. prélimin., II, 1°.

7. Son sanctuaire. Compar. le vers. 2. — Est puissant ; littér. dans les puissances. En hébreu, comme en arabe, les adjectifs sont souvent remplacés par un substantif précédé d’une préposition. Voy. les Observat. prélimin., II, 1°.

8-9. * Ceux qui se confient dans leurs chevaux sont renversés, tandis que le peuple de Dieu est inébranlable.

10. * Conclusion et prière finale.

²

 

Ps 20

*ps020

PSAUME XX

(Hebr. XXI).

Ce psaume est une suite du précédent. Dans celui-là David demandait à Dieu la victoire sur ses ennemis. Dans celui-ci il le remercie de la lui avoir accordée. Il convient parfaitement à Jésus-Christ triomphant du démon et demandant la même grâce pour ses membres.

1 In finem. Psalmus David.

1. Pour la fin, psaume de David.

2 Dómine, in virtúte tua lætábitur rex,

2. Seigneur, dans votre force le roi se réjouira,

et super salutáre tuum exsultábit veheménter.

et à cause de votre salut, il tressaillira de la plus vive allégresse.

3 Desidérium cordis ejus tribuísti ei,

3. Vous lui avez accordé le désir de son cœur ;

et voluntáte labiórum ejus non fraudásti eum.

et vous n’avez pas trompé le vœu de ses lèvres ;

4 Quóniam prævenísti eum in benedictiónibus dulcédinis ;

4. Puisque vous l’avez prévenu des bénédictions les plus douces ;

posuísti in cápite ejus corónam de lápide pretióso.

vous avez mis sur sa tête une couronne de pierres précieuses.

5 Vitam pétiit a te, et tribuísti ei longitúdinem diérum,

5. Il vous a demandé la vie ; et vous lui avez accordé une longueur de jours

in sǽculum, et in sǽculum sǽculi.

jusqu’à un siècle, et jusqu’à un siècle de siècle.

6 Magna est glória ejus in salutári tuo ;

6. Grande est sa gloire par votre salut ;

glóriam et magnum decórem impónes super eum.

vous l’avez couvert de gloire et de beauté.

7 Quóniam dabis eum in benedictiónem in sǽculum sǽculi ;

7. Car vous en ferez un objet de bénédiction pour les siècles des siècles :

lætificábis eum in gáudio cum vultu tuo.

vous le remplirez de joie par la vue de votre visage.

8 Quóniam rex sperat in Dómino,

8. Car le roi espère dans le Seigneur

et in misericórdia Altíssimi non commovébitur.

et dans la miséricorde du Très-Haut, il sera inébranlable.

9 Inveniátur manus tua ómnibus inimícis tuis ;

9. Que votre main se trouve sur tous vos ennemis ;

déxtera tua invéniat omnes qui te odérunt.

que votre droite trouve tous ceux qui vous haïssent.

10 Pones eos ut clíbanum ignis in témpore vultus tui :

10. Vous les rendrez comme une fournaise ardente, au temps de votre visage :

Dóminus in ira sua conturbábit eos,

le Seigneur dans sa colère les jettera dans le trouble,

et devorábit eos ignis.

et un feu les dévorera.

11 Fructum eórum de terra perdes,

11. Vous ferez disparaitre son fruit de la terre,

et semen eórum a fíliis hóminum,

et sa semence d’entre les fils des hommes.

12 quóniam declinavérunt in te mala ;

12. Car ils ont voulu faire tomber des maux sur vous ;

cogitavérunt consília quæ non potuérunt stabilíre.

ils ont conçu des desseins qu’ils n’ont pu exécuter.

13 Quóniam pones eos dorsum ;

13. Car vous leur ferez tourner le dos :

in relíquiis tuis præparábis vultum eórum.

quant à ceux que vous laisserez survivre, vous disposerez leur visage à recevoir vos traits.

14 Exaltáre, Dómine, in virtúte tua ;

14. Élevez-vous, Seigneur, dans votre force, nous chanterons

cantábimus et psallémus virtútes tuas.

et nous célèbrerons par des hymnes les merveilles de votre puissance.

~

Ps. XX.

 

2-3. * Le roi se réjouit de sa victoire.

2. Votre salut ; le salut que vous lui avez procuré. Compar. Ps. XIX, 6.

3. Le vœu de ses lèvres ; le désir ardent exprimé par ses lèvres.

4-7. * Dieu a couronné le roi de gloire, il l’a comblé de jours, de joie et de bénédictions.

4. Les bénédictions les plus douces ; littér. et par hébraïsme, des bénédictions de douceurs.

8-13. * Parce que le roi a mis en Dieu sa confiance. Dieu exterminera tous ses ennemis.

10. Vous les rendrez, etc. ; c’est-à-dire, lorsque vous montrerez votre visage enflammé, il seront embrasés et brulés comme une fournaise ardente. Des prophètes emploient quelquefois l’expression embrasé comme une fournaise, pour dire être dans la consternation, dans la douleur, être saisi de frayeur, être exténué de la faim. Voy. Is. XIII, 8 ; Lam. V, 10. — * Au temps de votre visage, lorsque vous vous manifesterez, dès que vous apparaitrez comme un roi qui se montre à ses sujets à la tête de son armée.

11. Fruit et semence sont pris ici métaphoriquement pour enfants et postérité.

13. Quant à ceux, etc. C’est, ce nous semble, le vrai sens de la Vulgate et de la version grecque ; l’une et l’autre portent à la lettre : Dans vos restes vous préparerez leur visage. Mais le mot hébreu rendu par restes signifie aussi cordes d’arc. De plus, au lieu de leur visage, le texte original lit : contre leur visage ; d’où il suit que le véritable sens de ce passage est : Vous ajusterez aux cordes de votre arc (vos flèches que vous lancerez) contre leurs visages. Le mot flèche, qui est évidemment sous-entendu ici, se trouve exprimé dans une phrase parallèle, Ps. X (Hebr. XI), 2.

14. * Reconnaissance à Dieu pour ses bienfaits.

²

 

21 à 30

Ps 21

*ps021

PSAUME XXI

(Hebr. XXII).

Tout ce qui est dit dans ce psaume convient si parfaitement à Jésus-Christ, qu’il parait moins une prophétie qu’une histoire de ses humiliations, de ses souffrances, et de la gloire dont elles ont été suivies. Le divin Sauveur en prononça les premières paroles lorsqu’il était sur la croix.

1 In finem, pro susceptióne matutína. Psalmus David.

1. Pour la fin, pour le secours du matin, psaume de David.

2 Deus, Deus meus, réspice in me : quare me dereliquísti ?

2. Dieu, mon Dieu, regardez-moi : pourquoi m’avez-vous délaissé ?

longe a salúte mea verba delictórum meórum.

Les paroles de mes péchés sont loin de mon salut.

3 Deus meus, clamábo per diem, et non exáudies ;

3. Mon Dieu, je crierai pendant le jour, et vous ne m’exaucerez pas :

et nocte, et non ad insipiéntiam mihi.

et pendant la nuit, et ce n’est point à moi une folie.

4 Tu autem in sancto hábitas, laus Israël.

4. Mais vous, vous habitez dans un sanctuaire, vous la louange d’Israël.

5 In te speravérunt patres nostri ;

5. En vous nos pères ont espéré :

speravérunt, et liberásti eos.

ils ont espéré, et vous les avez délivrés.

6 Ad te clamavérunt, et salvi facti sunt ;

6. Vers vous ils ont crié et ils ont été sauvés :

in te speravérunt, et non sunt confúsi.

en vous ils ont espéré, et n’ont pas été confondus.

7 Ego autem sum vermis, et non homo ;

7. Pour moi je suis un ver et non pas un homme ;

oppróbrium hóminum, et abjéctio plebis.

l’opprobre des hommes et l’abjection du peuple.

8 Omnes vidéntes me derisérunt me ;

8. Tout ceux qui m’ont vu m’ont tourné en dérision :

locúti sunt lábiis, et movérunt caput.

ils ont parlé du bout des lèvres, et ils ont secoué la tête.

9 Sperávit in Dómino, erípiat eum :

9. Il a espéré dans le Seigneur, qu’il le délivre ;

salvum fáciat eum, quóniam vult eum.

qu’il le sauve, puisqu’il l’aime.

10 Quóniam tu es qui extraxísti me de ventre,

10. Cependant c’est vous qui m’avez tiré du ventre :

spes mea ab ubéribus matris meæ.

vous êtes mon espérance depuis les mamelles de ma mère.

11 In te projéctus sum ex útero ;

11. Sur vous j’ai été posé, en sortant de son sein ;

de ventre matris meæ Deus meus es tu :

depuis que j’étais dans le ventre de ma mère, vous êtes mon Dieu.

12 ne discésseris a me,

12. Ne vous éloignez pas de moi :

quóniam tribulátio próxima est,

Parce que la tribulation est proche,

quóniam non est qui ádjuvet.

parce qu’il n’y a personne qui me porte secours.

13 Circumdedérunt me vítuli multi ;

13. De jeunes taureaux en grand nombre m’ont environné ;

tauri pingues obsedérunt me.

des taureaux gras m’ont assiégé.

14 Aperuérunt super me os suum,

14. Ils ont ouvert sur moi leur gueule

sicut leo rápiens et rúgiens.

comme un lion ravissant et rugissant.

15 Sicut aqua effúsus sum,

15. Je me suis épanché comme de l’eau,

et dispérsa sunt ómnia ossa mea :

et tous mes os se sont déboités.

factum est cor meum tamquam cera liquéscens in médio ventris mei.

Mon cœur est devenu au dedans de moi comme une cire qui se fond.

16 Aruit tamquam testa virtus mea,

16. Ma force s’est desséchée comme un têt,

et lingua mea adhǽsit fáucibus meis :

et ma langue s’est attachée à mon palais ;

et in púlverem mortis deduxísti me.

et vous m’avez conduit à la poussière de la mort.

17 Quóniam circumdedérunt me canes multi ;

17. Car des chiens nombreux m’ont environné ;

concílium malignántium obsédit me.

un conseil de méchants m’a assiégé :

Fodérunt manus meas et pedes meos ;

Ils ont percé mes mains et mes pieds :

18 dinumeravérunt ómnia ossa mea.

18. Ils ont compté tous mes os.

Ipsi vero consideravérunt et inspexérunt me.

Ils m’ont eux-mêmes considéré et regardé attentivement.

19 Divisérunt sibi vestiménta mea,

19. Ils se sont partagé mes vêtements,

et super vestem meam misérunt sortem.

et sur ma robe ils ont jeté le sort.

20 Tu autem, Dómine, ne elongáveris auxílium tuum a me ;

20. Mais vous, Seigneur, n’éloignez pas votre secours de moi :

ad defensiónem meam cónspice.

voyez à ma défense.

21 Erue a frámea, Deus, ánimam meam,

21. Arrachez mon âme à l’épée à double tranchant ;

et de manu canis únicam meam.

et mon unique de la main du chien.

22 Salva me ex ore leónis,

22. Sauvez-moi de la gueule du lion ;

et a córnibus unicórnium humilitátem meam.

et ma faiblesse des cornes des licornes.

23 Narrábo nomen tuum frátribus meis ;

23. Je raconterai votre nom à mes frères ;

in médio ecclésiæ laudábo te.

je vous louerai au milieu de l’assemblée.

24 Qui timétis Dóminum, laudáte eum ;

24. Vous qui craignez le Seigneur, louez-le ;

univérsum semen Jacob, glorificáte eum.

race entière de Jacob, glorifiez-le :

25 Tímeat eum omne semen Israël,

25. Que toute la race d’Israël le craigne,

quóniam non sprevit, neque despéxit deprecatiónem páuperis,

car il n’a pas méprisé ni dédaigné la supplication du pauvre ;

nec avértit fáciem suam a me :

Et qu’il n’a point détourné sa face de moi,

et cum clamárem ad eum, exaudívit me.

et que lorsque je criais vers lui, il m’a exaucé.

26 Apud te laus mea in ecclésia magna ;

26. Devant vous sera ma louange dans une grande assemblée :

vota mea reddam in conspéctu timéntium eum.

je rendrai mes vœux en présence de ceux qui le craignent.

27 Edent páuperes, et saturabúntur,

27. Les pauvres mangeront et seront rassasiés ;

et laudábunt Dóminum qui requírunt eum :

et ils loueront le Seigneur, ceux qui le recherchent ;

vivent corda eórum in sǽculum sǽculi.

leurs cœurs vivront dans les siècles des siècles.

28 Reminiscéntur et converténtur ad Dóminum univérsi fines terræ ;

28. Tous les confins de la terre se souviendront du Seigneur et se convertiront à lui :

et adorábunt in conspéctu ejus univérsæ famíliæ géntium :

Et toutes les familles des nations adoreront en sa présence.

29 quóniam Dómini est regnum,

29. Car au Seigneur appartient le règne ;

et ipse dominábitur géntium.

et lui dominera sur les nations.

30 Manducavérunt et adoravérunt omnes pingues terræ ;

30. Tous les riches de la terre ont mangé et ont adoré :

in conspéctu ejus cadent omnes qui descéndunt in terram.

en sa présence tomberont tous ceux qui descendent dans la terre.

31 Et ánima mea illi vivet ;

31. Et mon âme vivra pour lui ;

et semen meum sérviet ipsi.

et ma postérité le servira.

32 Annuntiábitur Dómino generátio ventúra ;

32. La génération qui doit venir sera annoncée au Seigneur ;

et annuntiábunt cæli justítiam ejus

et les cieux annonceront sa justice

pópulo qui nascétur, quem fecit Dóminus.

au peuple qui naitra, et qu’a fait le Seigneur.

~

Ps. XXI. 2. Matth. XXVII, 46 ; Marc. XV, 34. — 8. Matth. XXVII, 39 ; Marc. XV, 29. — 9. Matth. XXVII, 43. — 19. Matth. XXVII, 35 ; Joan. XIX, 23-24. — 23. Hebr. II, 12.

 

1. * Hébreu : « Au chef de chœur. Sur [l’air de] ῾ayyéleth asch-schakhar, ou la biche de l’aurore. » Psaume prophétique, annonçant les souffrances du Messie. Il est comme un miracle permanent, tant la Passion y est prédite d’une manière claire : Ut non tam prophetia quam historia videatur, dit Cassiodore. On ne peut trouver dans tout l’Ancien Testament un seul personnage à qui il s’applique. Les premiers mots ont été prononcés par Notre-Seigneur sur la croix, Matth. XXVII, 46 ; Marc. XV, 34. — Le Sitio, que le Sauveur fit entendre à ses derniers moments, avait pour but d’accomplir la prophétie du vers. 16 ; Joan. XIX, 28. Tous les autres traits annoncés ont été également accomplis en la personne de Jésus-Christ. Non seulement le premier verset est tout à la fois parole des Psaumes et parole d’Évangile, mais aussi les blasphèmes et les branlements de tête, vers. 8 et Matth. XXVII, 39 ; l’insulte pour avoir placé mal à propos en Dieu sa confiance, vers. 9 et Matth. XXVII, 43 ; le partage des vêtements et le tirage au sort de la robe, vers. 19 et Joan. XIX, 23 et suiv. Impossible de mieux peindre que 15-18 les tortures de la crucifixion : distension des membres du corps nu, douleurs des mains et des pieds, soif brulante. Cf. aussi Hebr. II, 11 et suiv. ; Matth. XXVIII, 10 ; Joan. XX, 17 et Ps. XXI, 23. Aussi l’Église, au IVe concile général de Constantinople, coll. 4, a-t-elle condamné Théodore de Mopsuéstia, qui entendait ce psaume dans un sens purement historique, non prophétique.

2-12. * Plaintes du Messie délaissé de son Père sur la croix et abandonné de tous.

2. Les paroles de mes péchés, etc. ; le cri de mes péchés s’oppose à mon salut et à ma délivrance. Ces paroles conviennent assez à David, poursuivi par Absalom, son fils. Il reconnaissait que tous les malheurs dont sa famille avait été affligée, et ce qu’il éprouvait lui-même, n’étaient que la juste peine de son adultère et de son homicide. Si on applique ces mêmes paroles à Jésus-Christ, les mots mes péchés ne sauraient s’entendre de ses propres péchés, puisqu’il n’en commit jamais, et qu’il n’en pouvait commettre, mais des péchés des hommes dont il s’était chargé pour les expier. « Il a fait nos péchés ses péchés, dit saint Augustin, afin de faire sa justice notre justice (Delicta nostra, sua delicta fecit, ut justitiam suam, nostram justitiam faceret). » Voy. Joan. I, 29 ; II Cor. V, 21 ; Gal. III, 13 ; I Petr. II, 22.

8. Ils ont parlé du bout des lèvres ; c’est-à-dire ils ont murmuré.

11. C’est sur vous, etc. Allusion à l’ancienne coutume de mettre les enfants au sortir du sein de leur mère sur les genoux de leur père. Voy. Gen. XXX, 3 ; Job. III, 12. Cet usage existait aussi chez les Grecs ; Homère en rapporte des exemples dans l’Iliade et l’Odyssée.

13-22. * Description des tourments de la Passion.

16. * Comme un têt ; il n’y a rien de plus sec qu’un morceau de poterie que ni l’eau ni l’humidité ne peuvent pénétrer. — La poussière de la mort, les corps morts se décomposent et sont réduits en poussière.

17. Ils ont percé mes mains et mes pieds. Il faut renoncer à toutes les lois de la critique et de l’herméneutique, pour traduire avec les Juifs, comme un lion, mes mains et mes pieds, et avec les hébraïsants rationalistes, ils ont lié, ou souillé mes mains et mes pieds.

21. Unique ; qualificatif du mot âme, exprimé dans la phrase, mais qui la désigne en tant que seule, isolée, abandonnée.

22. * Des cornes des licornes, du reem ou bœuf sauvage (décrit dans Job. XXXIX, 9-12), comme le porte le texte original. La Vulgate a traduit le mot reem, tantôt par licorne, tantôt par rhinocéros, mais reem signifie toujours le buffle ou bœuf sauvage.

23-32. * Gloire de la résurrection. Reconnaissance du Messie envers son Père ; il le louera dans l’Église et le fera louer par elle dans toute la terre jusqu’à la fin des temps.

30. Les riches ; les opulents ; littér. les gras (pingues).

32. La génération qui doit venir sera annoncée au Seigneur ; c’est-à-dire, comme on l’explique ordinairement, sera déclarée appartenir au Seigneur. Selon l’hébreu : Il sera raconté touchant le Seigneur à la génération future ; c’est-à-dire le Seigneur sera annoncé, publié dans les siècles futurs.

²

 

Ps 22

*ps022

PSAUME XXII

(Hebr. XXIII).

David exprime dans ce psaume les sentiments d’une âme que Dieu conduit lui-même et qu’il nourrit de sa grâce, de sa parole et de ses instructions.

1 Psalmus David.

1. Psaume de David.

Dóminus regit me, et nihil mihi déerit :

Le Seigneur me conduit, et rien ne me manquera ;

2 in loco páscuæ, ibi me collocávit.

2. dans un lieu de pâture, il m’a placé.

Super aquam refectiónis educávit me ;

Auprès d’une eau fortifiante, il m’a élevé.

3 ánimam meam convértit.

3. Il a fait revenir mon âme.

Dedúxit me super sémitas justítiæ

Il m’a conduit dans les sentiers de la justice,

propter nomen suum.

à cause de son nom.

4 Nam etsi ambulávero in médio umbræ mortis,

4. Aussi, quand même je marcherais au milieu de l’ombre de la mort,

non timébo mala, quóniam tu mecum es.

je ne craindrais point les maux, car vous êtes avec moi.

Virga tua, et báculus tuus,

Votre verge et votre bâton

ipsa me consoláta sunt.

m’ont consolé.

5 Parásti in conspéctu meo mensam

5. Vous avez préparé en ma présence une table,

advérsus eos qui tríbulant me ;

en face de ceux qui me tourmentent.

impinguásti in óleo caput meum :

Vous avez oint ma tête d’huile ;

et calix meus inébrians, quam præclárus est !

et mon calice enivrant, combien il est magnifique !

6 Et misericórdia tua subsequétur me

6. Et votre miséricorde me suivra

ómnibus diébus vitæ meæ ;

tous les jours de ma vie,

et ut inhábitem in domo Dómini

Afin que j’habite dans la maison du Seigneur

in longitúdinem diérum.

durant de longs jours.

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Ps. XXII. 1. Is. XL, 11 ; Jer. XXIII, 4 ; Ezech. XXXIV, 11, 23 ; I Petr. II, 25 ; V, 4.

 

1. * « C’est une ode qui, pour la beauté du sentiment, n’a d’égale dans aucune littérature. Depuis trois mille ans ou plus, ce psaume a profondément remué des milliers de cœurs, il a réjoui des demeures abandonnées et malheureuses, il a fait entendre des paroles d’espérance et de joie, au milieu des larmes, à l’âme solitaire et sans secours, dont l’unique refuge est dans le ciel. Ces douze vers ont inspiré au-delà de tout calcul la résignation dans la souffrance, la force dans la faiblesse ; ils ont empêché de s’éteindre la flamme vacillante du sentiment religieux dans des cœurs près de se laisser aller au désespoir. » (J. Taylor.)

2-7. * Hymne à Dieu, le bon pasteur. Le Psalmiste exprime le bonheur et la paix de celui qui vit sous la garde de Dieu, sous l’image d’un troupeau conduit par un berger fidèle.

2-5. * Dieu le bon pasteur.

2. * Le Seigneur me conduit. La traduction littérale de l’hébreu est : le Seigneur est mon berger.

4. Il a fait revenir mon âme ; il m’a ramené au bercail. Le mot âme se met continuellement en hébreu et en arabe pour personne, individu.

5. La verge et la houlette des pasteurs sont la consolation des troupeaux, puisqu’elles les défendent contre les bêtes féroces ou contre les voleurs.

6. De la figure d’un pasteur qui conduisait et protégeait son troupeau, David passe à celle d’un hôte ou d’un ami, qui accorde sa protection à son ami contre ses persécuteurs, et qui lui dresse une table, lui prépare un festin pour le refaire de ses fatigues et le nourrir dans sa défaillance. Cette table, ce festin figuraient selon les Pères, le sacrement du Corps et du Sang de Jésus-Christ, que nous recevons dans l’Église, à la table sainte, et tes divines Écritures, qui sont le soutien et la nourriture de nos âmes. — * Vous avez oint ma tête d’huile, c’est-à-dire de parfums, parce que souvent on se parfumait la tête, quand on prenait part à un festin.

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Ps 23

*ps023

PSAUME XXIII

(Hebr. XXIV).

David nous représente dans ce psaume l’entrée triomphante de Jésus-Christ dans le ciel, et la sainteté que doivent avoir sur la terre tous ceux qui désirent demeurer avec lui.

1 Prima sábbati. Psalmus David.

1. Le premier de la semaine, psaume de David.(a)  

Dómini est terra, et plenitúdo ejus ;

Au Seigneur est la terre et toute sa plénitude ;

orbis terrárum, et univérsi qui hábitant in eo.

le disque du monde et tous ceux qui l’habitent.

2 Quia ipse super mária fundávit eum,

2. Car lui-même l’a fondé au-dessus des mers,

et super flúmina præparávit eum.

et l’a disposé au-dessus des fleuves.

3 Quis ascéndet in montem Dómini ?

3. Qui montera sur la montagne du Seigneur ?

aut quis stabit in loco sancto ejus ?

Ou qui se tiendra dans son lieu saint ?

4 Innocens mánibus et mundo corde,

4. Celui dont les mains sont innocentes et le cœur pur ;

qui non accépit in vano ánimam suam,

qui n’a pas reçu en vain son âme,

nec jurávit in dolo próximo suo :

qui n’a pas fait de serment trompeur à son prochain.

5 hic accípiet benedictiónem a Dómino,

5. Celui-là recevra la bénédiction du Seigneur,

et misericórdiam a Deo salutári suo.

et la miséricorde de Dieu, son salut.

6 Hæc est generátio quæréntium eum,

6. Telle est la génération de ceux qui le cherchent,

quæréntium fáciem Dei Jacob.

de ceux qui cherchent la face du Dieu de Jacob.

7 Attóllite portas, príncipes, vestras,

7. Élevez vos portes, ô princes ;

et elevámini, portæ æternáles,

et vous, élevez-vous, portes éternelles,

et introíbit rex glóriæ.

et le roi de gloire entrera.

8 Quis est iste rex glóriæ ?

8. Quel est ce roi de gloire ?

Dóminus fortis et potens,

Le Seigneur, fort et puissant :

Dóminus potens in prǽlio.

le Seigneur, puissant au combat.

9 Attóllite portas, príncipes, vestras,

9. Élevez vos portes, ô princes ;

et elevámini, portæ æternáles,

et vous, élevez-vous, portes éternelles,

et introíbit rex glóriæ.

et le roi de gloire entrera.

10 Quis est iste rex glóriæ ?

10. Quel est ce roi de gloire ?

Dóminus virtútum ipse est rex glóriæ.

Le Seigneur des armées ; c’est lui le roi de gloire.

~

Ps. XXIII. 1. Ps. XLIX, 12 ; I Cor. X, 26. — 4. Matth. V, 8.

 

(a). * Les Septante et la Vulgate ajoutent pour le premier jour de la semaine, comme si ce Psaume était destiné à célébrer la création et le jour où elle a commencé. Composé pour la translation de l’arche sur le mont Sion, II Reg. VI, 17, ou bien après une campagne victorieuse où l’arche avait été portée, quand elle fut reconduite sur le mont Sion, ce psaume devint comme le chant de l’entrée du Messie dans le temple, Malach. III, 1. Les Pères l’ont appliqué à l’Ascension ; l’Église à l’entrée de Notre-Seigneur à Jérusalem, le dimanche des Rameaux. — On peut supposer avec vraisemblance qu’il était chanté partie par le chœur et partie par des soli. — Ire partie. Pendant la montée, en se rendant au mont Sion, au bas de la montagne, 1-6 ; — IIe partie. Devant la porte de la citadelle de Sion, 7-10. « Tout le monde fait partie de la procession. Les lévites et les chantres, partagés en divers groupes, sont placés à la tête. Après l’introduction au Psaume, dans les deux premiers versets, quand la procession commence à monter sur la montagne sainte, [une voix] pose la question : Qui montera sur la montagne du Seigneur ? etc. La réponse est faite par [une autre voix] avec la plus grande dignité : Celui qui a les mains pures et un cœur pur, etc. Quand la procession approche des portes [de Sion], le chœur, avec tous ses instruments, s’unit pour pousser ce cri : Levez vos têtes, ô portes, etc. Un [solo] intervient et demande comme à demi-voix : Qui est le roi de gloire ? [Après une seconde demande], au moment où l’arche est introduite dans le Tabernacle, la réponse est faite par le chœur tout entier : Le Seigneur, fort, etc. — Je saisis l’occasion de cet exemple d’autant plus volontiers qu’il sert à faire voir combien la grâce et la magnificence des poèmes sacrés, comme d’ailleurs de tous les poèmes, dépend en partie de la connaissance des circonstances particulières dans lesquelles ils furent composés. » (Blair.)

1a-2. * Le chœur proclame que tout ce qui existe appartient au Dieu créateur.

1. Du monde ; littér. des terres.

3. * Une voix demande qui est digne de se présenter devant Dieu sur le mont Sion.

4. Qui n’a pas reçu en vain son âme ; saint Jérôme, saint Augustin, Théodoret, Cassiodore, etc., expliquant ce passage, disent que celui-là a reçu son âme en vain qui la souille par le péché, qui ne fait pas de bonnes œuvres, et qui met son affection en des choses vaines, périssables, méprisables. — * Une autre voix répond que le juste est digne de monter sur la montagne sainte.

5-6. * C’est le chœur qui reprend la parole.

6. Telle est la génération, la race ; c’est-à-dire tels sont ceux.

7. Les Pères de l’Église ont tous vu dans ce verset une prophétie de l’Ascension de Jésus-Christ. — * On est arrivé devant la porte de Sion et le chœur chante : Élevez vos portes. Les portes des villes, surmontées de tours, étaient souvent fixées dans des rainures, de sorte qu’on levait les portes en les tirant en haut pour les ouvrir et qu’on les baissait, en les faisant descendre et glisser dans les rainures, pour les fermer. — Portes éternelles, vieilles et solides.

8-9. * Une voix demande de l’intérieur de Sion : Quel est ce roi de gloire ? et c’est le chœur qui lui répond et répète : Élevez vos portes.

10. Le Seigneur des armées ; littér. des vertus (virtutum). La Vulgate porte ailleurs (Jer. XI, 20 ; Rom. IX, 29 ; Jac. V, 14) : Le Seigneur Sabaoth. Or, ce dernier mot, qui est hébreu et que l’on traduit ordinairement par armée, signifie primitivement, ce que le ciel et la terre renferment. Compar. Gen. II, 1. — * La même voix redemande de l’intérieur : Quel est ce roi de gloire ? et le chœur répond de nouveau : Le Seigneur des armées. — « Tout le monde sentira, dit Herder, qu’il y a dans ce psaume des changements de voix et il est tout aussi facile de voir qu’il y en a également dans la marche des idées si riches en action. Le début, qui proclame [le Seigneur] propriétaire de la terre tout entière, est magnifique, mais comme il doit habiter la petite montagne de Sion, on commence par élargir cette terre devant lui. La manière dont le chant passe à cette petite montagne est également très belle. Sion devient sacrée, parce que [Dieu] va l’habiter ; elle sera sacrée dans le sens politique comme dans le sens moral, car ainsi que rien d’impur ne peut être offert en sacrifice à Dieu, de même aucun adorateur impur ne pourra s’approcher de la montagne. — Toujours plein d’action, le psaume solennel poursuit sa route. Une foule est là, devant la porte ; elle frappe, elle demande à voir le monarque, et ce monarque, c’est [Dieu] lui-même ! Il siège sur l’arche de sa loi, lui qui, jadis, remporta tant de victoires, ce roi glorieux, si riche en force. C’est ainsi que le proclame la réponse du chœur, c’est ainsi que sur cette montagne [de Sion] nouvellement conquise, il habitera près de la demeure d’un roi héroïque [de David, le vainqueur de Jérusalem]. Pour donner au chant de la rondeur et de la majesté, on passe sous silence tous les détails du cérémonial. »

²

 

Ps 24

*ps024

PSAUME XXIV

(Hebr. XXV).

David montre ici les sentiments de confiance, d’humilité et de pénitence avec lesquels on doit recourir à Dieu dans toutes les adversités.

1 In finem. Psalmus David.

1. Pour la fin, psaume de David.

Ad te, Dómine, levávi ánimam meam :

Vers vous, Seigneur, j’ai élevé mon âme :

2 Deus meus, in te confído ; non erubéscam.

2. Mon Dieu, en vous je me confie, je n’en rougirai pas

3 Neque irrídeant me inimíci mei :

3. Que je ne sois point un sujet de dérision pour mes ennemis ;

étenim univérsi qui sústinent te, non confundéntur.

car tous ceux qui vous attendent avec constance ne seront pas confondus.

4 Confundántur omnes iníqua agéntes supervácue.

4. Qu’ils soient confondus, tous ceux qui commettent des iniquités gratuitement.

Vias tuas, Dómine, demónstra mihi,

Vos voies, Seigneur, montrez-moi,

et sémitas tuas édoce me.

et enseignez-moi vos sentiers.

5 Dírige me in veritáte tua, et doce me,

5. Dirigez-moi dans votre vérité, et instruisez-moi ;

quia tu es Deus salvátor meus,

car vous êtes Dieu mon Sauveur,

et te sustínui tota die.

et je vous ai attendu avec constance tout le jour.

6 Reminíscere miseratiónum tuárum, Dómine,

6. Souvenez-vous de vos bontés, Seigneur,

et misericordiárum tuárum quæ a sǽculo sunt.

et de vos miséricordes des temps les plus anciens.

7 Delícta juventútis meæ, et ignorántias meas, ne memíneris.

7. Des fautes de ma jeunesse et de mes ignorances, ne vous souvenez pas.

Secúndum misericórdiam tuam meménto mei tu,

Selon votre miséricorde, souvenez-vous de moi,

propter bonitátem tuam, Dómine.

à cause de votre bonté, Seigneur.

8 Dulcis et rectus Dóminus ;

8. Il est doux et droit, le Seigneur ;

propter hoc legem dabit delinquéntibus in via.

c’est pour cela qu’il donnera à ceux qui pèchent la loi à suivre dans la voie.

9 Díriget mansuétos in judício ;

9. Il conduira les hommes dociles dans la justice ;

docébit mites vias suas.

il enseignera ses voies à ceux qui sont doux.

10 Univérsæ viæ Dómini, misericórdia et véritas,

10. Toutes les voies du Seigneur sont miséricorde et vérité

requiréntibus testaméntum ejus et testimónia ejus.

pour ceux qui recherchent son testament et ses témoignages.

11 Propter nomen tuum, Dómine,

11. À cause de votre nom, Seigneur,

propitiáberis peccáto meo ; multum est enim.

vous pardonnerez mon péché, car il est grand.

12 Quis est homo qui timet Dóminum ?

12. Quel est l’homme qui craint le Seigneur ?

legem státuit ei in via quam elégit.

Dieu a établi pour lui une loi dans la voie qu’il a choisie.

13 Anima ejus in bonis demorábitur,

13. Son âme demeurera au milieu des biens,

et semen ejus hæreditábit terram.

et sa race aura en héritage la terre.

14 Firmaméntum est Dóminus timéntibus eum ;

14. C’est un ferme appui que le Seigneur pour ceux qui le craignent,

et testaméntum ipsíus ut manifestétur illis.

et son testament doit leur être manifesté.

15 Oculi mei semper ad Dóminum,

15. Mes yeux sont toujours élevés vers le Seigneur,

quóniam ipse evéllet de láqueo pedes meos.

car lui dégagera mes pieds du lacet qu’on m’aura tendu.

16 Réspice in me, et miserére mei,

16. Regardez-moi, et ayez pitié de moi,

quia únicus et pauper sum ego.

car je suis seul et pauvre.

17 Tribulatiónes cordis mei multiplicátæ sunt :

17. Les tribulations de mon cœur se sont multipliées ;

de necessitátibus meis érue me.

arrachez-moi à mes nécessités pressantes.

18 Vide humilitátem meam et labórem meum,

18. Voyez mon humiliation et ma peine ;

et dimítte univérsa delícta mea.

et remettez-moi toutes mes fautes.

19 Réspice inimícos meos, quóniam multiplicáti sunt,

19. Regardez mes ennemis, car ils se sont multipliés,

et ódio iníquo odérunt me.

et me haïssent d’une haine inique.

20 Custódi ánimam meam, et érue me :

20. Gardez mon âme, et délivrez-moi ;

non erubéscam, quóniam sperávi in te.

que je ne rougisse point, car j’ai espéré en vous.

21 Innocéntes et recti adhæsérunt mihi,

21. Les hommes innocents et droits se sont attachés à moi,

quia sustínui te.

car je vous ai attendu avec constance.

22 Líbera, Deus, Israël

22. Délivrez, ô Dieu, Israël,

ex ómnibus tribulatiónibus suis.

de toutes ses tribulations.

~

Ps. XXIV. 19. Joan. XV, 25.

 

1. * Prière pour la rémission des péchés et le secours dans l’affliction. C’est le second des Psaumes alphabétiques. Il renferme à peu près autant de distiques qu’il y a de lettres dans l’alphabet hébreu. Chacun de ces distiques est assez facile à comprendre, mais, comme en général dans les poèmes de ce genre, il n’y a pas une suite rigoureuse dans les idées.

3. Qui vous attendent ; c’est-à-dire qui espèrent en vous, qui mettent leur espérance en vous.

5. Je vous ai attendu avec constance. Voy. vers. 3.

7. * Des fautes de ma jeunesse, que la légèreté de l’âge semble rendre plus excusables, mais qui sont néanmoins coupables. — Mes ignorances désigne probablement les péchés d’un âge plus avancé. Le mot hébreu signifie prévarications.

8. La loi à suivre, etc. ; la conduite qu’ils devront tenir dans la voie qu’il leur indiquera.

9. La justice ; littér. le jugement. Le mot hébreu a les deux significations.

10. Son testament et ses témoignages ; c’est-à-dire son alliance et ses préceptes. Lorsque le Seigneur fit alliance avec son peuple, il les prit à témoin eux-mêmes, ainsi que le ciel et la terre, contre les transgresseurs ; il les conjura, par tout ce qui pouvait les toucher, d’être fidèles à ses préceptes ; il leur annonça des peines, leur fit des menaces, en leur donnant des gages de ses promesses. C’est ce qui a fait donner aux lois de Dieu le nom de témoignages, d’attestations : Testimonia, testificationes.

12. Dieu a établi, etc. Dieu lui a indiqué la conduite qu’il doit tenir, etc. L’hébreu et le grec portent le futur au lieu du parfait.

13. Son âme, etc. Compar. Ps. LXVIII, 36-37, où on lit une promesse semblable.

20. Gardez mon âme, afin qu’elle ne pèche point ; ou Gardez ma vie, ou moi, ma personne. Il est certain qu’en hébreu le mot âme a ces différentes significations.

21. Je vous ai attendu avec constance. Voy. le vers. 3.

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Ps 25

*ps025

PSAUME XXV

(Hebr. XXVI).

David prend Dieu à témoin de son innocence, et le conjure de ne pas le perdre avec les impies.

1 In finem. Psalmus David.

1. Pour la fin, psaume de David.

Júdica me, Dómine, quóniam ego in innocéntia mea ingréssus sum,

Jugez-moi, Seigneur, car moi j’ai marché dans mon innocence ;

et in Dómino sperans non infirmábor.

et espérant dans le Seigneur, je ne serai pas affaibli.

2 Proba me, Dómine, et tenta me ;

2. Éprouvez-moi, Seigneur, et sondez-moi ;

ure renes meos et cor meum.

brulez mes reins et mon cœur.

3 Quóniam misericórdia tua ante óculos meos est,

3. Car votre miséricorde est devant mes yeux ;

et complácui in veritáte tua.

et je me suis complu dans votre vérité.

4 Non sedi cum concílio vanitátis,

4. Je n’ai pas siégé dans un conseil de vanité ;

et cum iníqua geréntibus non introíbo.

et je n’entrerais pas parmi ceux qui commettent des iniquités.

5 Odívi ecclésiam malignántium,

5. Je hais l’assemblée des méchants ;

et cum ímpiis non sedébo.

et je ne siègerai pas avec des impies.

6 Lavábo inter innocéntes manus meas,

6. Je laverai mes mains parmi des innocents,

et circúmdabo altáre tuum, Dómine :

et je me tiendrai autour de votre autel, ô Seigneur ;

7 ut áudiam vocem laudis,

7. Afin que j’entende la voix de votre louange,

et enárrem univérsa mirabília tua.

et que je raconte toutes vos merveilles.

8 Dómine, diléxi decórem domus tuæ,

8. Seigneur, j’ai aimé la beauté de votre maison,

et locum habitatiónis glóriæ tuæ.

et le lieu où habite votre gloire.

9 Ne perdas cum ímpiis, Deus, ánimam meam,

9. Ne perdez pas, ô Dieu, mon âme avec des impies,

et cum viris sánguinum vitam meam :

ni ma vie avec des hommes de sang ;

10 in quorum mánibus iniquitátes sunt ;

10. Dans les mains desquels sont des iniquités,

déxtera eórum repléta est munéribus.

dont la droite est remplie de présents.

11 Ego autem in innocéntia mea ingréssus sum ;

11. Mais moi, j’ai marché dans mon innocence ;

rédime me, et miserére mei.

rachetez-moi et ayez pitié de moi.

12 Pes meus stetit in dirécto ;

12. Mon pied est demeuré ferme dans la droite voie :

in ecclésiis benedícam te, Dómine.

dans les assemblées, je vous bénirai, Seigneur.

~

Ps. XXV.

 

1. * David innocent, éloigné de Sion, demande à Dieu de pouvoir le louer dans sa maison sainte. Composé probablement pendant la révolte d’Absalom. Cf. II Reg. XV, 6-25. David regrette de ne pouvoir plus louer Dieu dans son Tabernacle : c’est là le sentiment principal de ce psaume.

2. Brulez, etc. ; passez par le feu mes reins et mon cœur, comme on y passe les métaux pour les épurer ; vous n’y trouverez rien de faux. Ou bien, comme les reins et le cœur marquent les affections et les pensées : Exposez-moi au feu des afflictions, et purifiez-moi des souillures et des affections terrestres.

5. * Je hais, etc. Je fuis les mauvaises compagnies.

10. Remplie de présents, qu’ils ont reçus pour prix et récompense de leur injustice et de leur violence, ou qu’ils destinent aux juges pour les corrompre.

11. Rachetez-moi ; c’est-à-dire délivrez-moi des injustices de mes ennemis.

12. * Dans les assemblées, quand le peuple se réunira devant le tabernacle, je vous bénirai, je chanterai vos louanges.

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Ps 26

*ps026

PSAUME XXVI

(Hebr. XXVII).

David nous apprend dans ce psaume que ceux qui ont mis, comme lui, toute leur espérance dans le Seigneur et tout leur bonheur à demeurer dans sa maison, n’ont rien à craindre de la part des hommes, qui ne sauraient leur ravir les biens du ciel, seuls dignes de leurs désirs.

1 Psalmus David, priúsquam linirétur.

1. Psaume de David, avant qu’il fût oint.

Dóminus illuminátio mea et salus mea : quem timébo ?

Le Seigneur est ma lumière et mon salut : qui craindrai-je ?

Dóminus protéctor vitæ meæ :

Le Seigneur est le protecteur de ma vie ;

a quo trepidábo ?

par qui serai-je intimidé ?

2 Dum apprópiant super me nocéntes ut edant carnes meas,

2. Tandis que des malfaiteurs s’apprêtent à fondre sur moi, pour manger mes chairs,

qui tríbulant me inimíci mei,

Mes ennemis qui me tourmentent,

ipsi infirmáti sunt et cecidérunt.

ont été eux-mêmes affaiblis, et sont tombés.

3 Si consístant advérsum me castra, non timébit cor meum ;

3. Si des camps s’établissent contre moi, mon cœur ne craindra pas.

si exsúrgat advérsum me prǽlium, in hoc ego sperábo.

Si un combat est livré contre moi, j’y mettrai mon espérance.

4 Unam pétii a Dómino, hanc requíram,

4. J’ai demandé une seule chose au Seigneur, je la rechercherai ;

ut inhábitem in domo Dómini ómnibus diébus vitæ meæ ;

c’est d’habiter dans la maison du Seigneur tous les jours de ma vie,

ut vídeam voluptátem Dómini, et vísitem templum ejus.

C’est de contempler les délices du Seigneur et de visiter son temple.

5 Quóniam abscóndit me in tabernáculo suo ;

5. Car il m’a caché dans son tabernacle ;

in die malórum protéxit me in abscóndito tabernáculi sui.

au jour des malheurs il m’a protégé en me cachant dans son tabernacle.

6 In petra exaltávit me,

6. Il m’a élevé sur un rocher ;

et nunc exaltávit caput meum super inimícos meos.

et maintenant il a élevé ma tête au-dessus de mes ennemis.

Circuívi, et immolávi in tabernáculo ejus hóstiam vociferatiónis ;

J’ai tourné autour de son autel, et j’ai immolé dans son tabernacle une hostie au milieu des cris de joie :

cantábo, et psalmum dicam Dómino.

je chanterai et je dirai un psaume au Seigneur.

7 Exáudi, Dómine, vocem meam, qua clamávi ad te ;

7. Exaucez, Seigneur, ma voix par laquelle j’ai crié vers vous :

miserére mei, et exáudi me.

ayez pitié de moi, et exaucez-moi.

8 Tibi dixit cor meum : Exquisívit te fácies mea ;

8. Mon cœur vous a parlé, ma face vous a recherché :

fáciem tuam, Dómine, requíram.

votre face, Seigneur, je la chercherai.

9 Ne avértas fáciem tuam a me ;

9. Ne détournez pas votre face de moi ;

ne declínes in ira a servo tuo.

ne vous retirez point, dans votre colère, de votre serviteur.

Adjútor meus esto ; ne derelínquas me,

Soyez mon aide ; ne m’abandonnez pas,

neque despícias me, Deus salutáris meus.

ne me méprisez pas, ô Dieu, mon Sauveur.

10 Quóniam pater meus et mater mea dereliquérunt me ;

10. Car mon père et ma mère m’ont abandonné ;

Dóminus autem assúmpsit me.

mais le Seigneur m’a recueilli.

11 Legem pone mihi, Dómine, in via tua,

11. Prescrivez-moi, Seigneur, une loi à suivre dans votre voie ;

et dírige me in sémitam rectam, propter inimícos meos.

et conduisez-moi dans une voie droite à cause de mes ennemis.

12 Ne tradíderis me in ánimas tribulántium me,

12. Ne me livrez pas aux âmes de ceux qui m’affligent ;

quóniam insurrexérunt in me testes iníqui,

car se sont élevés contre moi des témoins iniques,

et mentíta est iníquitas sibi.

et l’iniquité a menti contre elle-même.

13 Credo vidére bona Dómini in terra vivéntium.

13. Je crois que je verrai les biens du Seigneur dans la terre des vivants.

14 Expécta Dóminum, viríliter age :

14. Attends le Seigneur, agis avec courage ;

et confortétur cor tuum, et sústine Dóminum.

et que ton cœur se fortifie, et attends avec constance le Seigneur.

~

Ps. XXVI. 14. Ps. CXXIX, 4.

 

1-6. * Chant de la confiance triomphante.

1. * Avant qu’il fût oint. Ces mots sont ajoutés par la Vulgate qui nous apprend ainsi que ce psaume fut composé avant qu’Israël se fût encore soumis à David. — Qui craindrai-je ? David est sans peur, parce que Dieu le protège.

2. * Quand ses ennemis l’ont attaqué, ils sont tombés.

3. * Aussi est-il plein de confiance, serait-il attaqué par une armée entière.

4-6. * David ne demande qu’une chose, c’est de demeurer auprès de l’arche.

4. * Son temple ne désigne pas ici le temple proprement dit, qui ne fut bâti que par Salomon, mais l’arche, ta maison du Seigneur, la demeure où Dieu habite. David désire y habiter tous les jours de sa vie, c’est-à-dire vivre toujours près de l’arche, qu’il fit transporter dans son palais.

5. Selon la lettre, on peut entendre cela des secours que David avait reçus du Seigneur, particulièrement lorsqu’il se réfugia à Nobé auprès du grand-prêtre Achimelech. Voy. I Reg. XXI, 1 et suivants.

6. Il m’a élevé, etc. Dans le style biblique, élever sur un rocher, signifie : mettre hors de la portée des traits et de l’attaque des ennemis. Dieu prend souvent le nom de Rocher d’Israël.

7-14. * Chant de la confiance suppliante.

7-12. * Que Dieu écoute donc la prière du Psalmiste et ne le livre pas à ses ennemis.

10. Mon père et ma mère, etc. Si ces paroles s’entendent de David, elles peuvent se rapporter aux premières années de sa vie, où il était presque oublié dans sa famille, étant le plus jeune d’entre ses frères. Voy. I Reg. XVI, 5 et suivants.

12. Aux âmes ; hébraïsme, pour aux personnes, à ceux.

13-14. * David ne met sa confiance qu’en Dieu mais elle ne lui fera pas défaut.

13. Par la terre des vivants, la plupart des interprètes entendent ici, comme en plusieurs autres passages de l’Écriture, la terre d’Israël, patrie de David ; mais les Pères de l’Église expliquent cette expression dans un sens plus relevé, de l’éternité bienheureuse où les saints vivent d’une vie immuable et exempte d’inquiétudes, de dangers et de besoins.

14. Attends, etc. David, dans ce vers., se parle à lui-même. — Attends avec constance. Voy. Ps. XXIV, 3.

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Ps 27

*ps027

PSAUME XXVII

(Hebr. XXVIII).

Le Psalmiste implore le secours de Dieu contre ses ennemis ; il le loue par avance de la protection qu’il lui doit donner, et que sa foi lui rend présente. Les Pères rapportent ce psaume à Jésus-Christ qui, dans sa passion, adresse ses prières à Dieu, son Père.

1 Psalmus ipsi David.

Psaume par David lui-même.(a)

Ad te, Dómine, clamábo ; Deus meus, ne síleas a me :

1. Vers vous, Seigneur, je crierai : Mon Dieu, ne gardez pas le silence, en vous éloignant de moi,

nequándo táceas a me, et assimilábor descendéntibus in lacum.

de peur que si vous vous taisez, en vous éloignant de moi, je ne devienne semblable à ceux qui descendent dans la fosse.

2 Exáudi, Dómine, vocem deprecatiónis meæ dum oro ad te ;

2. Exaucez, Seigneur, la voix de ma supplication, lorsque je vous prie,

dum extóllo manus meas ad templum sanctum tuum.

lorsque j’élève mes mains vers votre temple saint.

3 Ne simul trahas me cum peccatóribus,

3. Ne m’entrainez pas avec des pécheurs,

et cum operántibus iniquitátem ne perdas me ;

et ne me perdez pas avec des hommes qui opèrent l’iniquité :

qui loquúntur pacem cum próximo suo,

qui parlent paix avec leur prochain,

mala autem in córdibus eórum.

et qui ont le mal dans leurs cœurs.

4 Da illis secúndum ópera eórum,

4. Donnez-leur selon leurs œuvres

et secúndum nequítiam adinventiónum ipsórum.

et selon la méchanceté de leurs inventions :

Secúndum ópera mánuum eórum tríbue illis ;

accordez-leur, selon leurs œuvres de leurs mains ;

redde retributiónem eórum ipsis.

rendez-leur leur salaire.

5 Quóniam non intellexérunt ópera Dómini,

5. Car ils n’ont pas appliqué leur esprit aux œuvres du Seigneur,

et in ópera mánuum ejus déstrues illos,

et aux œuvres de ses mains, vous les détruirez,

et non ædificábis eos.

et vous ne les rétablirez pas.

6 Benedíctus Dóminus,

6. Béni le Seigneur !

quóniam exaudívit vocem deprecatiónis meæ.

car il a exaucé la voix de ma supplication.

7 Dóminus adjútor meus et protéctor meus ;

7. Le Seigneur est mon aide et mon protecteur :

in ipso sperávit cor meum, et adjútus sum :

en lui a espéré mon cœur, et j’ai été secouru :

et reflóruit caro mea,

Et ma chair a refleuri ;

et ex voluntáte mea confitébor ei.

aussi de toute mon âme je le glorifierai.

8 Dóminus fortitúdo plebis suæ,

8. Le Seigneur est la force de son peuple ;

et protéctor salvatiónum christi sui est.

le protecteur et le sauveur de son Christ.

9 Salvum fac pópulum tuum, Dómine, et bénedic hæreditáti tuæ ;

9. Sauvez votre peuple, Seigneur, et bénissez votre héritage ;

et rege eos, et extólle illos usque in ætérnum.

dirigez-les, et élevez-les jusque dans l’éternité.

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Ps. XXVII.

 

(a). Par. Voy. le titre du Ps. XV (Hebr. XVI). — * Prière à Dieu pour invoquer son secours, probablement pendant la persécution d’Absalom.

1. La fosse ; c’est le sens littéral de l’hébreu ; c’est aussi celui du grec et de la Vulgate. Or la fosse signifie ici le tombeau.

2. * Votre temple saint, l’arche où Dieu réside.

3. Le mal ; c’est-à-dire la perversité. Les Septante et la Vulgate mettent le pluriel, qui, dans le langage biblique, donne plus de force et plus d’énergie, en sorte que d’après ces deux versions, le vrai sens est un grand mal, un mal considérable.

4. Leurs inventions ; c’est-à-dire selon l’hébreu, leurs œuvres.

5. Conformément au texte hébreu et à celui des Septante, nous supposons sous-entendue devant opera Domini de la Vulgate, la particule in ou dans, à, laquelle est exprimée dans le membre parallèle de phrase suivant : in opera Domini. Or, dans cette hypothèse, le sens du verbe latin intellexérunt n’est pas seulement ont compris, mais comme en hébreu et en grec, s’appliquer à, appliquer son esprit à, s’étudier à.

7. Ma chair a refleuri ; a pris une nouvelle vigueur. — De toute mon âme ; littér. De ma volonté (ex voluntate mea), c’est-à-dire, librement spontanément. Le terme du texte hébreu leb ou cœur se prend souvent dans le même sens.

8. Le protecteur et le sauveur de son Christ ; à la lettre : le protecteur des saluts (protéctor salvationum), etc. Compar. pour le sens de cette fin du verset, II Reg. XXII, 51.

9. Votre héritage, ou propriété, possession ; c’est un explicatif de votre peuple qui précède immédiatement. Voy. Deut. IX, 29.

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Ps 28

*ps028

PSAUME XXVIII

(Hebr. XXIX).

Le Psalmiste convie tous les justes à venir louer Dieu dans son temple. Il représente les effets merveilleux de la voix du Seigneur qui éclate dans son tonnerre ; mais qui selon les Pères de l’Église fait sentir plus heureusement sa force dans la conversion des âmes par la prédication de l’Évangile.

1 Psalmus David, in consummatióne tabernáculi.

1. Psaume de David. Pour la consommation du tabernacle.

Afférte Dómino, fílii Dei,

Apportez au Seigneur, enfants de Dieu,

afférte Dómino fílios aríetum.

apportez au Seigneur des petits de béliers.

2 Afférte Dómino glóriam et honórem ;

2. Apportez au Seigneur gloire et honneur,

afférte Dómino glóriam nómini ejus ;

apportez au Seigneur de la gloire pour son nom :

adoráte Dóminum in átrio sancto ejus.

adorez le Seigneur dans son saint parvis.

3 Vox Dómini super aquas ;

3. La voix du Seigneur a retenti sur les eaux,

Deus majestátis intónuit :

le Dieu de majesté a tonné ;

Dóminus super aquas multas.

le Seigneur s’est fait entendre sur des eaux abondantes.

4 Vox Dómini in virtúte ;

4. La voix du Seigneur est pleine de force :

vox Dómini in magnificéntia.

la voix du Seigneur est pleine de magnificence.

5 Vox Dómini confringéntis cedros,

5. La voix du Seigneur brise des cèdres ;

et confrínget Dóminus cedros Líbani :

et le Seigneur brisera les cèdres du Liban,

6 et commínuet eas, tamquam vítulum Líbani,

6. Et les mettra en pièces comme un jeune taureau du Liban :

et diléctus quemádmodum fílius unicórnium.

et le bien-aimé sera comme un petit de licorne.

7 Vox Dómini intercidéntis flammam ignis ;

7. La voix du Seigneur fend une flamme de feu ;

8 vox Dómini concutiéntis desértum :

8. La voix du Seigneur ébranle le désert ;

et commovébit Dóminus desértum Cades.

et le Seigneur agitera le désert de Cadès.

9 Vox Dómini præparántis cervos :

9. La voix du Seigneur prépare des cerfs ;

et revelábit condénsa,

et elle découvrira des lieux sombres et épais :

et in templo ejus omnes dicent glóriam.

et, dans son temple, tous diront : Gloire !

10 Dóminus dilúvium inhabitáre facit,

10. Le Seigneur fait habiter le déluge sur la terre ;

et sedébit Dóminus rex in ætérnum.

et le Seigneur roi siègera éternellement.

11 Dóminus virtútem pópulo suo dabit ;

11. Le Seigneur donnera de la force à son peuple :

Dóminus benedícet pópulo suo in pace.

le Seigneur bénira son peuple en paix.

~

Ps. XXVIII.

 

1. Tableau de la grandeur de Dieu manifestée dans l’orage, au moment de la translation de l’arche. — Ce psaume est un des plus beaux poèmes descriptifs de toute la collection. À l’aide de quelques traits bien choisis, David dépeint d’une manière parfaite tout ce qu’il y a à la fois de magnifique et de terrible dans les éléments déchainés. Dans le texte original, l’harmonie imitative du style fait entendre en quelque sorte les roulements prolongés du tonnerre, dans cette voix du Seigneur ou la foudre, sept fois répété. — Dans cette description, il y a deux scènes qui forment entre elles un admirable contraste, l’une sur la terre, l’autre dans le ciel. L’orage éclate avec fureur au nord de la Palestine, sur le Liban. Les cèdres qui font sa gloire volent en éclats, et leurs débris bondissent sur les flancs de la montagne comme un jeune taureau. La montagne elle-même tremble, ébranlée dans ses fondements. La tempête traverse la terre d’Israël en lançant ses éclairs. Elle atteint au sud le désert de Cadès, où les biches mettent bas d’épouvante. L’homme a fui l’ouragan. Il ne parait pas dans ce tableau ; il a été rendu muet par la terreur. Et, pendant que le monde est ainsi ébranlé et vacillant, que fait Dieu ? Il est assis en paix sur son trône. Que Dieu fortifie donc son peuple ! — Le tableau est encadré dans une exhortation à honorer Dieu et une invocation au Seigneur pour qu’il donne la paix à Israël.

1. Apportez, etc. Compar. Ps. XCV, 7-9.

2. Avant la construction du temple, le parvis du Seigneur était une espèce de cour, au-devant du tabernacle ; ce parvis était environné de colonnes d’espace en espace et de rideaux tendus d’une colonne à l’autre. Compar. Ex. XXVII, 9-18 ; Num. III, 26, 37 ; IV, 26, 32, etc.

3. La voix du Seigneur ; c’est-à-dire le tonnerre. Dans une infinité d’endroits de l’Écriture, cette expression a le même sens. — Sur des eaux abondantes ; celles de la mer ou les nuages, que Moïse nomme ailleurs (Gen. I, 7) les eaux supérieures au firmament. Le Psalmiste semble vouloir désigner ici, d’une manière allégorique, les peuples nombreux et les armées puissantes que les Israélites ont eu à combattre. Compar. Ps. CXLIII, 7.

4. Pleine de force, pleine de magnificence ; littér. dans ou avec la force, la magnificence ; hébraïsme, pour forte, magnifique.

5. Brise. Ce verbe, dans les Septante et la Vulgate, semble avoir pour sujet le mot Seigneur, avec lequel il concorde grammaticalement (Domini confringéntis) ; mais il est réellement et logiquement attribut de voix (vox), qui représente le nominatif. Toutes les grammaires hébraïques donnent l’explication de cette construction hébraïque, qu’on retrouve d’ailleurs dans les vers. suiv. 7 et 8. — * Les cèdres du Liban, c’est-à-dire l’arbre le plus majestueux et le plus fort.

6. Et le bien-aimé, etc. C’est la seule traduction dont soit susceptible la Vulgate expliquée par la version grecque. Or, le bien-aimé est un nom symbolique qui s’applique au peuple d’Israël (voy. Deut. XXXII, 15) ; de sorte que le sens est : Le peuple d’Israël, semblable au rhinocéros, renversera tout ce qui voudra lui faire résistance. — * Au lieu de bien-aimé, le texte hébreu porte Sirion, un des noms du mont Hermon, prolongement méridional de l’Anti-Liban qui fait face au Liban et se termine à Césarée de Palestine, là où se trouve une des trois sources du Jourdain. Le sens de l’original est celui-ci : Dieu met les cèdres en pièces comme un jeune taureau, il fait trembler le Liban et l’Hermon sous les coups de son tonnerre comme le petit du bœuf sauvage (au lieu de licorne. Voir la note sur Ps. XXI, 22).

7. Fend, etc. ; locution poétique pour dire que le tonnerre chasse des nues la foudre et les éclairs, et les partage en divers traits ou en plusieurs flammes qui se dispersent dans les airs. — * La flamme du feu est l’éclair.

8. Le désert de Cadès ; célèbre dans l’Écriture. Voy. Gen. XX, 1 ; Num. XIII, 27, etc. — * Voir la note de Num. XX, 1.

9. Prépare ; fait avorter. — Les cerfs ; c’est-à-dire les biches. En hébreu, les noms d’animaux sont généralement épicéniques, c’est-à-dire communs au mâle et à la femelle. — Elle découvrira, etc. Le tonnerre, en renversant les arbres ou en les dépouillant de leurs feuilles, découvre les bois les plus épais et les forêts les plus noires.

11. En paix. Le mot paix signifie le plus ordinairement dans l’Écriture prospérité parfaite.

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Ps 29

*ps029

PSAUME XXIX

(Hebr. XXX).

On peut voir dans les interprètes les opinions diverses sur le motif et l’occasion de la composition de ce psaume. Quant à nous, il nous semble qu’on peut le considérer comme un cantique d’actions de grâces que David rend à Dieu pour la santé qu’il lui a redonnée par un effet de sa divine bonté. Dans le sens spirituel, il convient parfaitement à Jésus-Christ ressuscité et à toutes les âmes qui ont été guéries des faiblesses où leur orgueil les avait fait tomber.

1 Psalmus cántici, in dedicatióne domus David.

1. Psaume pour servir de cantique, À la dédicace de la maison de David.

2 Exaltábo te, Dómine, quóniam suscepísti me,

2. Je vous exalterai, Seigneur, car vous m’avez relevé,

nec delectásti inimícos meos super me.

et vous n’avez pas réjoui mes ennemis à mon sujet.

3 Dómine Deus meus, clamávi ad te, et sanásti me.

3. Seigneur mon Dieu, j’ai crié vers vous, et vous m’avez guéri.

4 Dómine, eduxísti ab inférno ánimam meam ;

4. Seigneur, vous avez retiré de l’enfer mon âme,

salvásti me a descendéntibus in lacum.

et vous m’avez sauvé, en me séparant de ceux qui descendent dans la fosse.

5 Psállite Dómino, sancti ejus ;

5. Chantez des hymnes au Seigneur, vous, ses saints ;

et confitémini memóriæ sanctitátis ejus.

glorifiez la mémoire de sa sainteté.

6 Quóniam ira in indignatióne ejus,

6. Car le châtiment est dans son indignation,

et vita in voluntáte ejus :

et la vie dans sa bonne volonté.

ad vésperum demorábitur fletus,

Au soir sera réservé le pleur,

et ad matutínum lætítia.

au matin, la joie.

7 Ego autem dixi in abundántia mea :

7. Pour moi j’ai dit dans mon abondance :

Non movébor in ætérnum.

Je ne décherai jamais.

8 Dómine, in voluntáte tua præstitísti decóri meo virtútem ;

8. Seigneur, par votre bonne volonté, vous avez affermi mon état florissant.

avertísti fáciem tuam a me, et factus sum conturbátus.

Vous avez détourné votre face de moi, et je suis tombé dans le trouble.

9 Ad te, Dómine, clamábo,

9. Vers vous, Seigneur, je crierai,

et ad Deum meum deprecábor.

et à mon Dieu j’adresserai ma supplication.

10 Quæ utílitas in sánguine meo,

10. De quelle utilité vous sera mon sang,

dum descéndo in corruptiónem ?

lorsque je descendrai dans la corruption ?

numquid confitébitur tibi pulvis,

Est-ce que la poussière vous glorifiera ;

aut annuntiábit veritátem tuam ?

ou bien annoncera-t-elle votre vérité ?

11 Audívit Dóminus, et misértus est mei ;

11. Le Seigneur a entendu, il a eu pitié de moi :

Dóminus factus est adjútor meus.

le Seigneur est devenu mon aide.

12 Convertísti planctum meum in gáudium mihi ;

12. Vous avez converti mes lamentations en joie :

conscidísti saccum meum, et circumdedísti me lætítia :

vous avez déchiré mon sac, et m’avez environné d’allégresse.

13 ut cantet tibi glória mea, et non compúngar.

13. Afin que ma gloire vous chante, et que je ne sois plus tourmenté :

Dómine Deus meus, in ætérnum confitébor tibi.

Seigneur, mon Dieu, je vous rendrai gloire à jamais.

~

Ps. XXIX.

 

1. * Psaume de David, quand il fit la dédicace de sa maison, peut-être après la révolte d’Absalom et à la suite d’une maladie.

2-4. * Délivrance du Psalmiste.

4. Vous avez retiré, etc. ; c’est-à-dire vous n’avez pas permis que mon âme tombât dans l’enfer. — La fosse. Voy. Ps. XXVII, 1. — * C’est-à-dire, vous m’avez rappelé des portes de la mort, sauvé d’une maladie grave.

5-6a. * Invitation à louer Dieu.

5. La mémoire de sa sainteté ; hébraïsme, pour sa mémoire sainte.

6. Ce verset est diversement expliqué. Notre interprétation nous a paru la plus simple et la plus naturelle ; elle revient à-celle-ci : Il nous fait ressentir les effets de sa colère dans son indignation* et il nous comble de grâces dans sa faveur. Il ne faut pas l’oublier, le mot colère (ira) se prend dans l’Écriture pour l’effet de la colère ou châtiment, punition, et celui de volonté pour bienveillance.

6b-8. * Histoire de la maladie ; confiance du malade en Dieu.

9-10. * Prière faite pour obtenir la guérison.

10. * Voir la note sur Ps. CXIII bis, 25.

11-13. * Cette prière a été exaucée.

12. Mon sac. Voy. II Reg. III, 31. — * Vous avez déchiré mon sac, qui est le signe du deuil et de la tristesse, et vous m’avez rendu la vie, la santé et la joie.

13. * Ma gloire, mon âme, moi-même, comme Ps. VII, 6 ; XV, 9.

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Ps 30

*ps030

PSAUME XXX

(Hebr. XXXI).

C’est une prière pleine de ferveur, de confiance et d’humilité que le Psalmiste adresse à Dieu pour implorer son secours. Jésus-Christ, en s’en servant sur la croix, nous a montré que les souffrances de David étaient la figure des siennes.

1 In finem. Psalmus David, pro éxtasi.

1. Pour la fin, psaume de David, pour l’extase.

2 In te, Dómine, sperávi ;

2. En vous, Seigneur, j’ai espéré ;

non confúndar in ætérnum :

je ne serai pas confondu à jamais ;

in justítia tua líbera me.

dans votre justice, délivrez-moi.

3 Inclína ad me aurem tuam ;

3. Inclinez vers moi votre oreille,

accélera ut éruas me.

hâtez-vous de m’arracher à mes maux.

Esto mihi in Deum protectórem,

Soyez-moi un Dieu protecteur, et une maison de refuge,

et in domum refúgii, ut salvum me fácias :

afin que vous me sauviez.

4 quóniam fortitúdo mea et refúgium meum es tu ;

4. Car ma force et mon refuge, c’est vous ;

et propter nomen tuum dedúces me et enútries me.

et à cause de votre nom vous me conduirez et me nourrirez.

5 Edúces me de láqueo hoc quem abscondérunt mihi,

5. Vous me tirerez de ce filet qu’ils m’ont tendu en secret,

quóniam tu es protéctor meus.

vous êtes mon protecteur.

6 In manus tuas comméndo spíritum meum ;

6. En vos mains, je remets mon esprit ;

redemísti me, Dómine Deus veritátis.

vous m’avez racheté, Seigneur, Dieu de vérité.

7 Odísti observántes vanitátes supervácue ;

7. Vous haïssez ceux qui se confient dans les choses vaines, sans aucun fruit.

ego autem in Dómino sperávi.

Pour moi, dans le Seigneur j’ai espéré.

8 Exsultábo, et lætábor in misericórdia tua,

8. J’exulterai, je me réjouirai dans votre miséricorde,

quóniam respexísti humilitátem meam ;

Car vous avez regardé mon humiliation ;

salvásti de necessitátibus ánimam meam.

vous avez sauvé mon âme de ses nécessités pressantes.

9 Nec conclusísti me in mánibus inimíci :

9. Vous ne m’avez pas enfermé dans les mains d’un ennemi ;

statuísti in loco spatióso pedes meos.

vous avez mis mes pieds dans un lieu spacieux.

10 Miserére mei, Dómine, quóniam tríbulor ;

10. Ayez pitié de moi, Seigneur, car je suis dans la tribulation :

conturbátus est in ira óculus meus, ánima mea, et venter meus.

mon œil, mon âme et mes entrailles ont été troublés par la colère.

11 Quóniam defécit in dolóre vita mea,

11. Car ma vie a défailli dans la douleur,

et anni mei in gemítibus.

et mes années dans les gémissements.

Infirmáta est in paupertáte virtus mea,

Ma force s’est affaiblie par la pauvreté,

et ossa mea conturbáta sunt.

et mes os ont été ébranlés :

12 Super omnes inimícos meos factus sum oppróbrium,

12. À cause de tous mes ennemis je suis devenu le sujet d’un très grand opprobre pour mes voisins,

et vicínis meis valde, et timor notis meis ;

et la frayeur de ceux qui me connaissent.

qui vidébant me foras fugérunt a me.

Ceux qui m’ont vu ont fui loin de moi :

13 Oblivióni datus sum, tamquam mórtuus a corde ;

13. J’ai été mis en oubli comme un mort effacé du cœur.

factus sum tamquam vas pérditum :

Je suis devenu comme une chose perdue :

14 quóniam audívi vituperatiónem multórum commorántium in circúitu.

14. Car j’ai entendu le blâme d’un grand nombre qui séjourne autour de moi.

In eo dum convenírent simul advérsum me,

Pendant qu’ils se rassemblaient contre moi,

accípere ánimam meam consiliáti sunt.

ils ont tenu conseil pour prendre mon âme.

15 Ego autem in te sperávi, Dómine ;

15. Mais moi, j’ai espéré en vous, Seigneur ;

dixi : Deus meus es tu ;

j’ai dit : Vous êtes mon Dieu :

16 in mánibus tuis sortes meæ :

16. En vos mains sont mes destinées.

éripe me de manu inimicórum meórum, et a persequéntibus me.

Arrachez-moi à la main de mes ennemis, et à ceux qui me persécutent.

17 Illústra fáciem tuam super servum tuum ;

17. Faites luire votre face sur votre serviteur,

salvum me fac in misericórdia tua.

et sauvez-moi dans votre miséricorde.

18 Dómine, non confúndar, quóniam invocávi te.

18. Seigneur, que je ne sois point confondu, car je vous ai invoqué.

Erubéscant ímpii, et deducántur in inférnum ;

Que les impies rougissent, et qu’ils soient précipités dans l’enfer :

19 muta fiant lábia dolósa,

19. Qu’elles deviennent muettes les lèvres trompeuses

quæ loquúntur advérsus justum iniquitátem,

Qui profèrent l’iniquité contre le juste,

in supérbia, et in abusióne.

avec orgueil et mépris.

20 Quam magna multitúdo dulcédinis tuæ, Dómine,

20. Qu’elle est grande, Seigneur, l’abondance de votre douceur

quam abscondísti timéntibus te ;

que vous avez réservée en secret à ceux qui vous craignent !

perfecísti eis qui sperant in te in conspéctu filiórum hóminum !

Vous en comblez ceux qui espèrent en vous, en présence des enfants des hommes.

21 Abscóndes eos in abscóndito faciéi tuæ a conturbatióne hóminum ;

21. Vous les cacherez dans le secret de votre face, contre la persécution des hommes.

próteges eos in tabernáculo tuo, a contradictióne linguárum.

Vous les abriterez dans votre tabernacle, contre les attaques des langues.

22 Benedíctus Dóminus,

22. Béni le Seigneur !

quóniam mirificávit misericórdiam suam mihi in civitáte muníta.

car il a signalé sur moi sa miséricorde dans une ville fortifiée.

23 Ego autem dixi in excéssu mentis meæ :

23. Pour moi, j’ai dit dans le transport de mon esprit :

Projéctus sum a fácie oculórum tuórum :

J’ai été rejeté loin de vos yeux.

ídeo exaudísti vocem oratiónis meæ, dum clamárem ad te.

C’est pourquoi vous avez écouté la voix de ma prière, quand je criais vers vous.

24 Dilígite Dóminum, omnes sancti ejus,

24. Aimez le Seigneur, vous tous ses saints,

quóniam veritátem requíret Dóminus,

parce que le Seigneur recherchera la vérité,

et retríbuet abundánter faciéntibus supérbiam.

et qu’il rendra largement aux superbes, selon leur mérite.

25 Viríliter ágite, et confortétur cor vestrum,

25. Agissez avec courage, et que votre cœur se fortifie,

omnes qui sperátis in Dómino.

vous tous qui espérez dans le Seigneur.

~

Ps. XXX. 6. Luc. XXIII, 46.

 

1. * David persécuté s’abandonne entre les mains de Dieu. — Probablement du temps de la persécution de Saül. — Les Septante et la Vulgate ajoutent au titre les mots pour l’extase, se rapportant aux mots dans le transport de mon esprit, du vers. 23, et sans doute aussi à I Reg. XXIII, 26.

2-19. * Prière pour demander la délivrance et la fin de la persécution.

4. Vous me nourrirez ; c’est-à-dire vous prendrez soin de moi.

6. Vous m’avez racheté ; vous m’avez déjà délivré plusieurs fois.

7. Des choses vaines ; littér. des vanités. C’est ainsi que l’Écriture appelle les idoles.

8. Mon âme ; c’est-à-dire moi. Nous l’avons déjà remarqué plusieurs fois, chez les Hébreux comme chez les Arabes, l’âme se prend souvent pour la personne elle-même, et souvent aussi pour la vie, l’existence, comme au vers. 14 de ce même chapitre.

13. Comme une chose perdue ; abandonnée, oubliée. Le mot hébreu keli, que la Vulgate a rendu d’après les Septante par vase (vas), se prend pour toute sorte de choses. La traduction vase brisé est absolument fausse, au moins quant au mot brisé, puisqu’il n’est autorisé ni par le texte, ni par les versions grecque et latine, qui portent expressément perdu.

14. Prendre mon âme ; c’est-à-dire m’ôter la vie. Voy. vers. 8.

19. Mépris ; c’est le sens de l’hébreu et des Septante, et c’est ainsi que lisent saint Augustin et les anciens psautiers ; mais la Vulgate porte abus (abusione).

20-25. * Ces derniers versets considèrent comme déjà obtenu le secours demandé dans les versets précédents.

21. * Dans le secret de votre face, celui qui est devant l’arche de Dieu est protégé dans cet asile secret, où il est devant Dieu, contre tous ses persécuteurs.

22. Dans une ville fortifiée ; peut-être Céïla, que David avait sauvée des Philistins et d’où Dieu le fit sortir, afin qu’il ne fut pas livré à Saül (I Reg. XXIII, 5 et suiv.) ; ou bien Sicéleg, qui fut cédée à David par Achis, roi de Geth, pour qu’il y fit sa demeure, lorsqu’il était poursuivi par Saül (I Reg. XXVII, 6 et suiv.).

23. * Dans le transport de mon esprit, dans mon effroi, dans mon angoisse.

²

 

31 à 40

Ps 31

*ps031

PSAUME XXXI

(Hebr. XXXII).

David relève le bonheur de ceux dont les péchés sont effacés. Il décrit sa résistance et son retour à Dieu, et il apprend aux pécheurs à éviter par une prompte conversion les châtiments dont ils sont menacés.

1 Ipsi David intelléctus.

1. Par David lui-même, intelligence.(a)  

Beáti quorum remíssæ sunt iniquitátes,

Bienheureux ceux dont les iniquités ont été remises

et quorum tecta sunt peccáta.

et dont les péchés ont été couverts.

2 Beátus vir cui non imputávit Dóminus peccátum,

2. Bienheureux l’homme à qui le Seigneur n’a pas imputé de péché,

nec est in spíritu ejus dolus.

et dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude.

3 Quóniam tácui, inveteravérunt ossa mea,

3. Parce que je me suis tu, mes os ont vieilli,

dum clamárem tota die.

tandis que je criais tout le jour.

4 Quóniam die ac nocte graváta est super me manus tua,

4. Parce que jour et nuit votre main s’est appesantie sur moi :

convérsus sum in ærúmna mea, dum confígitur spina.

je me suis retourné dans mon tourment, pendant qu’une épine était enfoncée dans mon cœur.

5 Delíctum meum cógnitum tibi feci,

5. Je vous ai fait connaitre mon péché,

et injustítiam meam non abscóndi.

et je ne vous ai point caché mon injustice.

Dixi : Confitébor advérsum me injustítiam meam Dómino ;

J’ai dit : Je confesserai contre moi mon injustice au Seigneur,

et tu remisísti impietátem peccáti mei.

et vous m’avez remis l’impiété de mon péché.

6 Pro hac orábit ad te omnis sanctus

6. À cause de cette impiété, tout saint vous adressera des prières

in témpore opportúno.

en un temps favorable.

Verúmtamen in dilúvio aquárum multárum,

Et même, dans un déluge de grandes eaux,

ad eum non approximábunt.

elles n’approcheront pas de lui.

7 Tu es refúgium meum a tribulatióne quæ circúmdedit me ;

7. Vous êtes mon refuge contre la tribulation qui m’a environné.

exsultátio mea, érue me a circumdántibus me.

Ô vous, mon exultation, arrachez-moi à ceux qui m’environnent.

8 Intelléctum tibi dabo, et ínstruam te in via hac qua gradiéris ;

8. Je te donnerai l’intelligence, je t’enseignerai la voie par laquelle tu dois marcher :

firmábo super te óculos meos.

j’arrêterai sur toi mes yeux.

9 Nolíte fíeri sicut equus et mulus,

9. Ne devenez point comme un cheval et un mulet,

quibus non est intelléctus.

qui n’ont point d’intelligence.

In camo et freno maxíllas eórum constrínge,

Resserre avec le mors et le frein

qui non approximant ad te.

la bouche de ceux qui ne s’approchent pas de toi.

10 Multa flagélla peccatóris ;

10. De nombreux châtiments sont réservés au pécheur :

sperántem autem in Dómino misericórdia circúmdabit.

mais celui qui espère dans le Seigneur, la miséricorde l’environnera.

11 Lætámini in Dómino, et exsultáte, justi ;

11. Réjouissez-vous dans le Seigneur et exultez, justes,

et gloriámini, omnes recti corde.

glorifiez-vous, vous tous, droits de cœur.

~

Ps. XXXI. 1. Rom. IV, 7. — 5. Is. LXV, 24.

 

(a). Par. Voy. le titre du Ps. XV (Hebr. XVI). — * Intelligence, en hébreu, maskil, c’est-à-dire poème didactique. — C’est le second des sept psaumes de la pénitence. Il fut composé par David quand ses péchés lui eurent été remis. Le pardon qu’il réclame dans le Ps. L est obtenu dans celui-ci.

1-2. * Bonheur de l’homme dont les péchés sont pardonnés.

1. Couverts ; c’est-à-dire qui ne paraissent plus, parce qu’ils n’existent plus, ayant été détruits par lu justice et l’innocence obtenues par la foi. Saint Paul rappelle ce verset et le suivant dans son Épitre aux Romains, IV, 7-8.

2. N’a pas imputé ; c’est-à-dire a pardonné.

3-4. * État moral du pécheur avant d’avoir obtenu le pardon.

3. Je me suis tu, en ne confessant pas mon péché. — Je criais tout le jour, en publiant mes mérites. Cette explication de saint Augustin, qui est très simple et très naturelle, fait disparaitre la contradiction apparente des deux membres de ce verset. Ainsi, c’est par ce dangereux silence et par ce cri présomptueux que David s’est attiré le malheur dont il parle.

4. Une épine ; c’est-à-dire un remords de conscience.

5. * Résolution que prend le pécheur de mettre fin à ses remords en confessant ses fautes.

6-8. * Joie qu’éprouve le pécheur réconcilié avec Dieu.

6. À cause de cette impiété, que le Seigneur lui a remise ; ou à cause du pardon de son impiété. Tel est le vrai sens littéral de la Vulgate (pro ea) et des Septante ; l’hébreu à cause de cela revient au même. — Tout saint ; c’est-à-dire tout Israélite. Tous les Israélites, en effet, étaient appelés saints (Ex. XIX, 6), comme les chrétiens l’ont été depuis (Act. IX, 13, 32 ; Rom. I, 7). — Le temps favorable est, selon saint Jérôme, Théodoret, etc., la vie présente pendant laquelle nous pouvons faire pénitence, et nous relever de nos fautes, d’après le prophète Isaïe, LV, 6, et l’auteur de l’Ecclésiaste, IX, 10. — Le déluge, l’inondation des grandes eaux, signifient ordinairement, dans le style de l’Écriture, des calamités, des guerres, des malheurs subits et imprévus.

9-11. * Exhortation à ne pas résister à la grâce, afin de participer à l’allégresse des justes.

9. Ne s’approchent pas de toi ; ne t’obéissent pas.

²

 

Ps 32

*ps032

PSAUME XXXII

(Hebr. XXXIII).

Le Psalmiste exhorte les justes à louer Dieu, à le craindre et à mettre en lui toute leur confiance.

1 Psalmus David.

1. Psaume de David.

Exsultáte, justi, in Dómino ;

Justes, exultez dans le Seigneur,

rectos decet collaudátio.

aux cœurs droits convient sa louange.

2 Confitémini Dómino in cíthara ;

2. Louez le Seigneur sur la harpe :

in psaltério decem chordárum psállite illi.

jouez pour lui du psaltérion à dix cordes.

3 Cantáte ei cánticum novum ;

3. Chantez-lui un cantique nouveau :

bene psállite ei in vociferatióne.

jouez bien pour lui, au milieu des acclamations.

4 Quia rectum est verbum Dómini,

4. Car la parole du Seigneur est droite,

et ómnia ópera ejus in fide.

et toutes ses œuvres sont dans la fidélité.

5 Díligit misericórdiam et judícium ;

5. Il aime la miséricorde et la justice :

misericórdia Dómini plena est terra.

la terre est remplie de la miséricorde du Seigneur.

6 Verbo Dómini cæli firmáti sunt,

6. La parole du Seigneur a affermi les cieux :

et spíritu oris ejus omnis virtus eórum.

et du souffle de sa bouche, vient toute leur vertu.

7 Cóngregans sicut in utre aquas maris ;

7. Il rassemble comme dans une outre les eaux de la mer :

ponens in thesáuris abýssos.

il renferme comme dans des trésors les abimes.

8 Tímeat Dóminum omnis terra ;

8. Que toute la terre craigne le Seigneur :

ab eo autem commoveántur omnes inhabitántes orbem.

qu’à sa présence aussi soient émus tous ceux qui habitent l’univers.

9 Quóniam ipse dixit, et facta sunt ;

9. Car il a dit, et les choses ont été faites :

ipse mandávit et creáta sunt.

il a commandé, et elles ont été créées.

10 Dóminus díssipat consília géntium ;

10. Le Seigneur dissipe les conseils des nations ;

réprobat autem cogitatiónes populórum,

il réprouve aussi les pensées des peuples,

et réprobat consília príncipum.

et il réprouve les conseils des princes.

11 Consílium autem Dómini in ætérnum manet ;

11. Mais le conseil du Seigneur demeure éternellement :

cogitatiónes cordis ejus in generatióne et generatiónem.

les pensées de son cœur dans toutes les générations.

12 Beáta gens cujus est Dóminus Deus ejus ;

12. Bienheureuse la nation dont le Seigneur est le Dieu !

pópulus quem elégit in hæreditátem sibi.

Bienheureux le peuple qu’il a choisi pour son héritage !

13 De cælo respéxit Dóminus ;

13. Du haut du ciel, le Seigneur a regardé :

vidit omnes fílios hóminum.

il a vu tous les enfants des hommes.

14 De præparáto habitáculo suo

14. De la demeure qu’il s’est préparée,

respéxit super omnes qui hábitant terram :

il a porté ses regards sur tous ceux qui habitent la terre.

15 qui finxit sigillátim corda eórum ;

15. Lui qui a formé un à un leurs cœurs ;

qui intélligit ómnia ópera eórum.

et connait toutes leurs œuvres.

16 Non salvátur rex per multam virtútem,

16. Un roi ne se sauve point par sa grande puissance,

et gigas non salvábitur in multitúdine virtútis suæ.

et un géant ne se sauvera point par la grandeur de sa force.

17 Fallax equus ad salútem ;

17. Le cheval est un espoir trompeur de salut :

in abundántia autem virtútis suæ non salvábitur.

toute sa force ne le sauvera point.

18 Ecce óculi Dómini super metuéntes eum,

18. Voilà que les yeux du Seigneur sont sur ceux qui le craignent,

et in eis qui sperant super misericórdia ejus :

et sur ceux qui espèrent en sa miséricorde,

19 ut éruat a morte ánimas eórum,

19. Afin de délivrer leurs âmes de la mort,

et alat eos in fame.

et de les nourrir dans la famine.

20 Anima nostra sústinet Dóminum,

20. Notre âme attend avec constance le Seigneur,

quóniam adjútor et protéctor noster est.

car il est notre aide et notre protecteur

21 Quia in eo lætábitur cor nostrum,

21. Car en lui se réjouira notre cœur,

et in nómine sancto ejus sperávimus.

et dans son saint nom nous avons espéré.

22 Fiat misericórdia tua, Dómine, super nos,

22. Que votre miséricorde, Seigneur, soit sur nous,

quemádmodum sperávimus in te.

dans la mesure où nous avons espéré en vous.

~

Ps. XXXII. 9. Judith. XVI, 17 ; Infra. CXLVIII, 5.

 

1. * Hymne au Seigneur, créateur de l’univers et protecteur de son peuple. Sans titre dans l’hébreu. — Ce psaume a été composé à l’occasion de la délivrance d’Israël d’un joug étranger, opérée sans combat, par la Providence divine.

2. * Sur la harpe, hébreu : kinnor, psaltérion, nébel.

3. # Jouez bien pour lui : traduction explicative de J.-B. Glaire : « par un heureux concert, jouez pour lui du psaltérion, au milieu des acclamations ». Au milieu des acclamations. C’est le vrai sens du grec et de la Vulgate.

4. Sont dans la fidélité ; c’est-à-dire sont conformes à la fidélité dans les promesses. Le terme hébreu, fidèlement représenté par le latin fides, veut dire, en effet, fidélité dans les promesses, accomplissement exact de ce qu’on a promis.

11. Dans toutes les générations ; littér. dans une génération et une génération. Voy. sur ce genre de répétition, et sur l’accusatif generationem de la Vulgate, au lieu de l’ablatif qu’il faudrait régulièrement, voir les Observat. prélimin., II, 1°.

14. * De la demeure qu’il s’est préparée, sur le mont Sion.

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Ps 33

*ps033

PSAUME XXXIII

(Hebr. XXXIV).

David rend grâces à Dieu du salut qu’il lui a procuré. Il exhorte tous les hommes à vivre dans la justice et à mettre leur confiance dans le Seigneur.

1 Davídi, cum immutávit vultum suum coram Achímelech, et dimísit eum, et ábiit.

1. Psaume par David, lorsqu’il changea son visage devant Achimelech, qui le renvoya, et qu’il s’en alla.(a)  

2 Benedícam Dóminum in omni témpore ;

2. Je bénirai le Seigneur en tout temps :

semper laus ejus in ore meo.

toujours sa louange sera dans ma bouche.

3 In Dómino laudábitur ánima mea :

3. Mon âme se glorifiera dans le Seigneur :

áudiant mansuéti, et læténtur.

que les hommes doux m’entendent et soient comblés de joie.

4 Magnificáte Dóminum mecum,

4. Glorifiez le Seigneur avec moi :

et exaltémus nomen ejus in idípsum.

et exaltons tous ensemble son nom.

5 Exquisívi Dóminum, et exaudívit me ;

5. J’ai recherché le Seigneur, et il m’a exaucé,

et ex ómnibus tribulatiónibus meis erípuit me.

et, de toutes mes tribulations, il m’a retiré.

6 Accédite ad eum, et illuminámini ;

6. Approchez de lui, et vous serez éclairés,

et fácies vestræ non confundéntur.

et vos faces n’éprouveront pas la confusion.

7 Iste pauper clamávit, et Dóminus exaudívit eum,

7. Ce pauvre a crié, et le Seigneur l’a exaucé,

et de ómnibus tribulatiónibus ejus salvávit eum.

et, de toutes ses tribulations, il l’a sauvé.

8 Immíttet ángelus Dómini in circúitu timéntium eum,

8. Un ange du Seigneur se placera autour de ceux qui le craignent,

et erípiet eos.

et il les délivrera.

9 Gustáte et vidéte quóniam suávis est Dóminus ;

9. Goutez et voyez combien le Seigneur est doux :

beátus vir qui sperat in eo.

heureux l’homme qui espère en lui.

10 Timéte Dóminum, omnes sancti ejus,

10. Craignez le Seigneur, vous tous ses saints,

quóniam non est inópia timéntibus eum.

car il n’y a pas d’indigence pour ceux qui le craignent.

11 Dívites eguérunt, et esuriérunt ;

11. Des riches ont été dans le besoin, et ont eu faim ;

inquiréntes autem Dóminum non minuéntur omni bono.

mais ceux qui cherchent le Seigneur n’éprouveront l’amoindrissement d’aucun bien.

12 Veníte, fílii ; audíte me :

12. Venez, mes enfants, écoutez-moi :

timórem Dómini docébo vos.

je vous enseignerai la crainte du Seigneur.

13 Quis est homo qui vult vitam ;

13. Quel est l’homme qui veut une vie heureuse,

díligit dies vidére bonos ?

qui aime à voir des jours de bonheur ?

14 Próhibe linguam tuam a malo,

14. Préserve ta langue du mal ;

et lábia tua ne loquántur dolum.

et que tes lèvres ne profèrent point de discours artificieux.

15 Divérte a malo, et fac bonum ;

15. Détourne-toi du mal et fais le bien ;

inquíre pacem, et perséquere eam.

cherche la paix, poursuis-la.

16 Oculi Dómini super justos,

16. Les yeux du Seigneur sont sur les justes,

et aures ejus in preces eórum.

et ses oreilles à leurs prières.

17 Vultus autem Dómini super faciéntes mala,

17. Mais le visage du Seigneur est sur ceux qui font le mal,

ut perdat de terra memóriam eórum.

afin d’effacer de la terre leur mémoire.

18 Clamavérunt justi, et Dóminus exaudívit eos ;

18. Les justes ont crié, et le Seigneur les a exaucés :

et ex ómnibus tribulatiónibus eórum liberávit eos.

et il les a délivrés de toutes leurs tribulations.

19 Juxta est Dóminus iis qui tribuláto sunt corde,

19. Le Seigneur est près de ceux qui ont le cœur affligé ;

et húmiles spíritu salvábit.

et il sauvera les humbles d’esprit.

20 Multæ tribulatiónes justórum ;

20. Nombreuses sont les tribulations des justes ;

et de ómnibus his liberábit eos Dóminus.

mais Dieu les délivrera de toutes ces peines.

21 Custódit Dóminus ómnia ossa eórum :

21. Le Seigneur garde tous leurs os :

unum ex his non conterétur.

et pas un seul ne sera brisé.

22 Mors peccatórum péssima ;

22. La mort des pécheurs est très funeste ;

et qui odérunt justum delínquent.

et ceux qui haïssent le juste seront fautifs.

23 Rédimet Dóminus ánimas servórum suórum,

23. Le Seigneur rachètera l’âme de ses serviteurs ;

et non delínquent omnes qui sperant in eo.

et tous ceux qui espèrent en lui ne seront pas fautifs.

~

Ps. XXXIII. 9. I Petr. II, 3.— 11. Luc. I, 53. — 13. I Petr. III, 10. — 16. Eccli. XV, 20 ; Hebr. IV, 13.

 

1a. Par. Voy. le titre du Ps. XV (Hebr. XVI). — Lorsqu’il changea, etc. Compar. I Reg. XXI. — * Psaume didactique : chant d’action de grâces et éloge du juste ; bonheur qu’on goute au service de Dieu. — C’est un psaume alphabétique, composé de 22 distiques, selon le nombre des lettres de l’alphabet hébreu : seulement la lettre vav y manque et la lettre phé y est répétée deux fois, 17 et 23.

6. Et vous serez éclairés ; littér. Et soyez éclairés ; pur hébraïsme, dont la traduction littérale formerait un faux sens.

10. Vous tous ses saints. Voy. Ps. XXXI, 6.

13. Vie heureuse. Le seul mot vie signifiait souvent chez les Hébreux une existence heureuse, prospère. Le contexte prouve évidemment que c’est en ce sens qu’on doit le prendre ici.

17. Le visage irrité, enflammé du Seigneur, ou simplement la colère du Seigneur ; car en hébreu la face, le visage se mettent souvent pour la colère.

21. Pas un seul (des os des justes) ne sera brisé. Cette parole a eu son accomplissement littéral en la personne de Jésus-Christ, le juste par excellence, comme le dit l’évangéliste saint Jean (XIX, 33, 36).

²

 

Ps 34

*ps034

PSAUME XXXIV

(Hebr. XXXV).

Le Psalmiste invoque le secours de Dieu contre ses ennemis. La plupart rapportent ce psaume à la persécution de Saül ; d’autres au temps de la révolte d’Absalom. Les Pères y trouvent Jésus-Christ poursuivi par ses ennemis et accusé faussement par eux devant Pilate.

1 Ipsi David.

1. Par David lui-même.

Júdica, Dómine, nocéntes me ;

Jugez, Seigneur, ceux qui me font des iniquités :

expúgna impugnántes me.

combattez ceux qui m’attaquent.

2 Apprehénde arma et scutum,

2. Prenez des armes et un bouclier ;

et exsúrge in adjutórium mihi.

et levez-vous pour me venir en aide.

3 Effúnde frámeam, et conclúde advérsus eos qui persequúntur me ;

3. Tirez votre épée à deux tranchants et fermez le passage à ceux qui me poursuivent ;

dic ánimæ meæ : Salus tua ego sum.

dites à mon âme : Ton salut, c’est moi qui le suis.

4 Confundántur et revereántur quæréntes ánimam meam ;

4. Qu’ils soient confondus, et qu’ils soient couverts de honte, ceux qui cherchent mon âme.

avertántur retrórsum et confundántur cogitántes mihi mala.

Qu’ils retournent en arrière et qu’ils soient confondus, ceux qui forment contre moi de mauvais desseins.

5 Fiant tamquam pulvis ante fáciem venti,

5. Qu’ils deviennent comme la poussière devant la face du vent ;

et ángelus Dómini coárctans eos.

et qu’un ange du Seigneur les serre de près.

6 Fiat via illórum ténebræ et lúbricum,

6. Que leur voie devienne très ténébreuse et glissante,

et ángelus Dómini pérsequens eos.

et qu’un ange du Seigneur les poursuive.

7 Quóniam gratis abscondérunt mihi intéritum láquei sui ;

7. Car, sans motif, ils ont caché pour moi la mort dans leur piège ;

supervácue exprobravérunt ánimam meam.

et gratuitement ils ont outragé mon âme.

8 Véniat illi láqueus quem ignórat,

8. Qu’il lui vienne un piège qu’il ignore ;

et cáptio quam abscóndit apprehéndat eum,

et que le rets qu’il a caché le saisisse ;

et in láqueum cadat in ipsum.

qu’il tombe dans ses propres filets.

9 Anima autem mea exsultábit in Dómino,

9. Mais mon âme exultera dans le Seigneur,

et delectábitur super salutári suo.

elle se réjouira du salut qu’il lui aura procuré.

10 Omnia ossa mea dicent :

10. Tous mes os diront :

Dómine, quis símilis tibi ?

Seigneur, qui est semblable à vous ?

Erípiens ínopem de manu fortiórum ejus ;

Qui arrachez un homme sans ressource aux mains des plus forts que lui,

egénum et páuperem a diripiéntibus eum.

et l’indigent et le pauvre à ceux qui les dépouillaient.

11 Surgéntes testes iníqui,

11. Des témoins iniques s’étant levés

quæ ignorábam interrogábant me.

m’interrogeaient sur des choses que j’ignorais.

12 Retribuébant mihi mala pro bonis,

12. Ils me rendaient des maux pour des biens :

sterilitátem ánimæ meæ.

ils ont causé la stérilité à mon âme.

13 Ego autem, cum mihi molésti essent, induébar cilício ;

13. Et moi, pendant qu’ils me tourmentaient, j’étais revêtu d’un cilice.

Humiliábam in jejúnio ánimam meam,

J’humiliais mon ! âme par le jeûne,

et orátio mea in sinu meo convertétur.

et ma prière revenait dans mon sein.

14 Quasi próximum et quasi fratrem nostrum sic complacébam ;

14. Comme pour un de nos proches, et comme pour notre frère, ainsi pour chacun d’eux j’avais de la complaisance.

quasi lugens et contristátus sic humiliábar.

Comme un homme en deuil et contristé, ainsi j’étais humilié.

15 Et advérsum me lætáti sunt, et convenérunt ;

15. Et contre moi ils se sont réjouis et rassemblés :

congregáta sunt super me flagélla, et ignorávi.

des fléaux se sont accumulés et j’ai ignoré pourquoi.

16 Dissipáti sunt, nec compúncti ;

16. Mes ennemis ont été dissipés et n’ont point été touchés de componction ;

tentavérunt me, subsannavérunt me subsannatióne ;

ils m’ont éprouvé, ils m’ont chargé d’insultes :

frenduérunt super me déntibus suis.

ils ont grincé des dents contre moi.

17 Dómine, quando respícies ?

17. Seigneur, quand jetterez-vous un regard ?

Restítue ánimam meam a malignitáte eórum ;

Arrachez mon âme à leur malignité,

a leónibus únicam meam.

mon unique à des lions.

18 Confitébor tibi in ecclésia magna ; in pópulo gravi laudábo te.

18. Je vous confesserai dans une grande assemblée ; je vous louerai au milieu d’un peuple nombreux.

19 Non supergáudeant mihi qui adversántur mihi iníque,

19. Qu’ils ne se réjouissent point à mon sujet ceux qui s’opposent à moi injustement ;

qui odérunt me gratis, et ánnuunt óculis.

qui me haïssent sans motif et clignent les yeux.

20 Quóniam mihi quidem pacífice loquebántur ;

20. Car à la vérité, ils me parlaient pacifiquement ;

et in iracúndia terræ loquéntes, dolos cogitábant.

mais, dans leur colère ardente, parlant à la terre, ils pensaient à des fourberies.

21 Et dilatavérunt super me os suum ;

21. Et ils ont ouvert contre moi leur bouche ;

dixérunt : Eúge, eúge ! vidérunt óculi nostri.

ils ont dit : Triomphe ! triomphe ! nos yeux ont vu sa ruine.

22 Vidísti, Dómine : ne síleas ;

22. Vous l’avez vu, Seigneur ; ne gardez pas le silence :

Dómine, ne discédas a me.

Seigneur ne vous éloignez pas de moi.

23 Exsúrge et inténde judício meo, Deus meus ;

23. Levez-vous, et procédez à mon jugement :

et Dóminus meus, in causam meam.

mon Seigneur et mon Dieu, prenez en main ma cause,

24 Júdica me secúndum justítiam tuam, Dómine Deus meus,

24. Jugez-moi selon votre justice, Seigneur, mon Dieu,

et non supergáudeant mihi.

qu’ils ne se réjouissent point à mon sujet.

25 Non dicant in córdibus suis : Eúge, eúge, ánimæ nostræ ;

25. Qu’ils ne disent point dans leurs cœurs : Triomphe ! triomphe !

nec dicant : Devorávimus eum.

pour notre âme ; qu’ils ne disent point non plus : Nous l’avons dévoré.

26 Erubéscant et revereántur simul qui gratulántur malis meis ;

26. Qu’ils rougissent et qu’ils tremblent de frayeur, ceux qui se réjouissent de mes maux.

induántur confusióne et reveréntia qui magna loquúntur super me.

Qu’ils soient revêtus de confusion et de frayeur, ceux qui parlent avec hauteur contre moi.

27 Exsúltent et læténtur qui volunt justítiam meam ;

27. Qu’ils exultent et qu’ils se réjouissent, ceux qui veulent ma justice ; et qu’ils disent sans cesse :

et dicant semper : Magnificétur Dóminus, qui volunt pacem servi ejus.

Que le Seigneur soit glorifié, ceux qui veulent la paix de son serviteur.

28 Et lingua mea meditábitur justítiam tuam ;

28. Et ma langue s’exercera à chanter votre justice,

tota die laudem tuam.

et tout le jour votre louange.

~

Ps. XXXIV. 4. Infra. XXXIX, 15. — 19. Joan. XV, 25. — 21. Ps. XXXIX, 16 ; LXIX, 4.

 

1. Par. Voy. le titre du Ps. XV (Hebr. XVI).

4. Cherchent mon âme ; hébraïsme, pour cherchent à m’ôter la vie.

6. Très ténébreuse ; littér. ténèbres. Les Hébreux remplaçaient souvent par le substantif l’adjectif, qui devait être au superlatif.

8. Lui ; hébraïsme, pour à chacun d’eux.

12. La stérilité à mon âme. Le mot stérilité est à l’accusatif (sterilitatem) dans la Vulgate comme régime direct de ils rendaient ; et si nous avons ajouté, dans la traduction, ils ont causé, c’est à cause des exigences de notre langue. — Au lieu de stérilité, l’hébreu et le grec portent le manque, la privation d’enfants ; d’où le sens de la phrase entière est probablement : Ils m’ont causé une douleur semblable à celle d’une mère qui a perdu ses enfants.

13. Mon âme ; c’est-à-dire moi. On a déjà vu que chez les Hébreux le mot âme s’employait souvent pour personne, individu. — Ma prière revenait souvent dans mon sein. C’est une coutume assez répandue chez les Orientaux, en particulier chez les Arabes, que, quand ils veulent prier très modestement, ils se courbent de manière que leur tête descend jusqu’aux genoux et que, par conséquent, leur bouche se trouve vis-à-vis de leur poitrine.

16. Ils m’ont chargé d’insultes ; littér. ils m’ont insulté par insulte. Dans le style biblique, l’addition d’un terme à un autre terme de même signification se fait pour donner plus de force et d’énergie à l’expression.

17. Mon unique. Voy. Ps. XXI, 21.

19. L’expression cligner les yeux ou l’œil (annuere oculis ou oculo) se prend ordinairement en mauvaise part dans l’Écriture. Compar. Prov. VI, 13 ; X, 10 ; Eccli. XXVII, 25.

20. Parlant à la terre ; c’est-à-dire portant leurs regards vers la terre, baissant les yeux en parlant, pour mieux déguiser leurs vrais sentiments ; ce qui s’accorde très bien avec le mot ils clignent les yeux du verset précédent.

27. Qui veulent ma justice ; qui désirent que ma justice soit reconnue ; que Dieu me rende justice en me vengeant de mes ennemis.

28. S’exercera ; c’est le sens de l’hébreu et du grec ; et c’est aussi évidemment celui de la traduction meditabitur de la Vulgate (voy. Ps. XCIX, 9[?]).

²

 

Ps 35

*ps035

PSAUME XXXV

(Hebr. XXXVI).

David représente dans ce psaume ta malice du pécheur, la bonté de Dieu qui le souffre avec patience, et le bonheur dont il comblera les justes.

1 In finem. Servo Dómini ipsi David.

1. Pour la fin, au serviteur du Seigneur, par David lui-même.

2 Dixit injústus ut delínquat in semetípso :

2. L’impie a dit en lui-même qu’il pècherait :

non est timor Dei ante óculos ejus.

la crainte de Dieu n’est pas devant ses yeux.

3 Quóniam dolóse egit in conspéctu ejus,

3. Car il a agi astucieusement en sa présence,

ut inveniátur iníquitas ejus ad ódium.

en sorte que son iniquité est trouvée digne de haine.

4 Verba oris ejus iníquitas, et dolus ;

4. Les paroles de sa bouche sont injustice et astuce :

nóluit intellígere ut bene ágeret.

il n’a pas voulu s’instruire pour faire le bien.

5 Iniquitátem meditátus est in cubíli suo ;

5. Il a médité l’iniquité sur son lit :

ástitit omni viæ non bonæ :

il s’est arrêté dans toute voie qui n’était pas bonne :

malítiam autem non odívit.

et la malice, il ne l’a point haïe.

6 Dómine, in cælo misericórdia tua,

6. Seigneur, dans le ciel est votre miséricorde ;

et véritas tua usque ad nubes.

et votre vérité s’élève jusqu’aux nues.

7 Justítia tua sicut montes Dei ;

7. Votre justice est comme les montagnes de Dieu,

judícia tua abýssus multa.

vos jugements sont un abime profond.

Hómines et juménta salvábis, Dómine,

Vous sauverez, Seigneur, les hommes et les animaux,

8 quemádmodum multiplicásti misericórdiam tuam, Deus.

8. Puisque vous avez, ô Dieu, multiplié votre miséricorde.

Fílii autem hóminum in tégmine alárum tuárum sperábunt.

Mais les enfants des hommes espèreront à l’abri de vos ailes.

9 Inebriabúntur ab ubertáte domus tuæ,

9. Ils seront enivrés de l’abondance de votre maison :

et torrénte voluptátis tuæ potábis eos :

et vous les abreuverez du torrent de vos délices

10 quóniam apud te est fons vitæ,

10. Car en vous est une source de vie,

et in lúmine tuo vidébimus lumen.

et dans votre lumière nous verrons la lumière.

11 Præténde misericórdiam tuam sciéntibus te,

11. Étendez votre miséricorde à ceux qui vous connaissent,

et justítiam tuam his qui recto sunt corde.

et votre justice à ceux qui ont le cœur droit.

12 Non véniat mihi pes supérbiæ,

12. Qu’un pied de superbe ne vienne pas jusqu’à moi ;

et manus peccatóris non móveat me.

et qu’une main de pécheur ne m’ébranle point.

13 Ibi cecidérunt qui operántur iniquitátem ;

13. Là sont tombés ceux qui opèrent l’iniquité ;

expúlsi sunt, nec potuérunt stare.

ils ont été chassés et n’ont pu se soutenir.

~

Ps. XXXV. 3. Supra. XIII, 3.

 

1. Par. Voy. Ps. XV (Hebr. XVI). — * Dans le texte hébreu : « Au chef de chœur. Du serviteur de Jéhovah, de David. »

2-5. * Portrait de l’impie.

6-10. * Le Psalmiste exalte la bonté de Dieu.

7. Montagnes de Dieu ; hébraïsme, pour montagnes les plus élevées.

11-13. * Prière pour obtenir la grâce d’être fidèle au service du Seigneur et d’éviter ainsi le malheur du méchant.

11. Étendez… votre justice à ceux qui ont le cœur droit ; en punissant leurs ennemis qui les maltraitent injustement.

12. Un pied de superbe, d’orgueilleux ; littér. d’orgueil (supérbiæ). Nous rappellerons que les Hébreux mettaient souvent un substantif au lieu d’un adjectif.

13.  ; c’est-à-dire dans l’orgueil, dont il est parlé au verset précédent. L’orgueil a été de tout temps une pierre d’achoppement pour les pécheurs, selon la remarque de saint Augustin et de saint Jérôme. C’est par orgueil que les mauvais anges sont tombés et ont été chassés du ciel ; c’est par l’orgueil que nos premiers parents ont péché et ont été bannis du paradis terrestre ; c’est par l’orgueil enfin que la plupart des méchants s’écartent tous les jours de la voie du salut.

²

 

Ps 36

*ps036

PSAUME XXXVI

(Hebr. XXXVII).

David fortifie les fidèles contre le scandale que leur cause la prospérité des méchants. Il montre la vanité de la grandeur des impies et la solidité du bonheur des justes.

1 Psalmus ipsi David.

1. Psaume par David lui-même.

Noli æmulári in malignántibus,

Ne rivalise pas avec les méchants,

neque zelavéris faciéntes iniquitátem :

et ne sois pas zélé pour ceux qui commettent l’iniquité.

2 quóniam tamquam fœnum velóciter aréscent,

2. Car, comme le foin, ils sècheront en un instant,

et quemádmodum ólera herbárum cito décident.

et comme les herbes légumineuses, ils tomberont promptement.

3 Spera in Dómino, et fac bonitátem ;

3. Espère dans le Seigneur, et fais le bien :

et inhábita terram, et pascéris in divítiis ejus.

et tu habiteras la terre, et tu seras rassasié de ses richesses.

4 Delectáre in Dómino,

4. Mets tes délices dans le Seigneur,

et dabit tibi petitiónes cordis tui.

et il t’accordera ce que ton cœur demande.

5 Revéla Dómino viam tuam,

5. Révèle au Seigneur ta voie,

et spera in eo, et ipse fáciet.

espère en lui, et lui fera.

6 Et edúcet quasi lumen justítiam tuam,

6. Il fera éclater ta justice comme une lumière,

et judícium tuum tamquam merídiem.

et ton droit comme les splendeurs du midi.

7 Súbditus esto Dómino, et ora eum.

7. Sois soumis au Seigneur, et prie-le.

Noli æmulári in eo qui prosperátur in via sua ;

Ne rivalise pas avec celui qui prospère dans sa voie,

in hómine faciénte injustítias.

avec l’homme qui commet des injustices.

8 Désine ab ira, et derelínque furórem ;

8. Renonce à la colère et laisse la fureur :

noli æmulári ut malignéris.

ne rivalise pas avec les méchants pour faire le mal.

9 Quóniam qui malignántur exterminabúntur ;

9. Car ceux qui font le mal seront exterminés ;

sustinéntes autem Dóminum, ipsi hæreditábunt terram.

mais ceux qui attendent avec constance le Seigneur hériteront de la terre.

10 Et adhuc pusíllum, et non erit peccátor ;

10. Encore un peu de temps, et le pécheur ne sera plus :

et quæres locum ejus, et non invénies.

et tu chercheras son lieu, et tu ne le trouveras pas.

11 Mansuéti autem hæreditábunt terram,

11. Mais les hommes doux hériteront de la terre,

et delectabúntur in multitúdine pacis.

et ils jouiront d’une abondance de paix.

12 Observábit peccátor justum,

12. Le pécheur observera le juste,

et stridébit super eum déntibus suis.

et il grincera des dents contre lui.

13 Dóminus autem irridébit eum,

13. Mais le Seigneur se rira de lui,

quóniam próspicit quod véniet dies ejus.

car il voit que viendra son jour.

14 Gládium evaginavérunt peccatóres ;

14. Les pécheurs ont tiré le glaive :

intendérunt arcum suum :

ils ont tendu leur arc,

ut dejíciant páuperem et ínopem,

Afin de renverser un pauvre et un homme sans ressource,

ut trucídent rectos corde.

afin de tuer les hommes droits de cœur.

15 Gládius eórum intret in corda ipsórum,

15. Que leur glaive entre dans leur propre cœur,

et arcus eórum confringátur.

et que leur arc soit brisé.

16 Mélius est módicum justo,

16. Mieux vaut au juste un bien modique,

super divítias peccatórum multas :

que de grandes richesses de méchants.

17 quóniam bráchia peccatórum conteréntur :

17. Car les bras des impies se sont rompus ;

confírmat autem justos Dóminus.

mais le Seigneur affermit les justes.

18 Novit Dóminus dies immaculatórum,

18. Le Seigneur connait les jours des hommes sans tache :

et hæréditas eórum in ætérnum erit.

leur héritage sera éternel.

19 Non confundéntur in témpore malo,

19. Ils ne seront point confondus dans un temps mauvais,

et in diébus famis saturabúntur :

et dans des jours de famine, ils seront rassasiés,

20 quia peccatóres períbunt.

20. car les pécheurs périront.

Inimíci vero Dómini mox ut honorificáti fúerint et exaltáti,

Mais les ennemis de Dieu, honorés et exaltés un moment

deficiéntes quemádmodum fumus defícient.

comme une fumée, s’évanouiront entièrement.

21 Mutuábitur peccátor, et non solvet ;

21. Le pécheur empruntera et ne payera pas ;

justus autem miserétur et tríbuet :

mais le juste est compatissant, et il donnera.

22 quia benedicéntes ei hæreditábunt terram ;

22. Car ceux qui bénissent le Seigneur hériteront de la terre,

maledicéntes autem ei disperíbunt.

mais ceux qui le maudissent périront sans ressource.

23 Apud Dóminum gressus hóminis dirigéntur,

23. Par le Seigneur les pas de l’homme seront dirigés :

et viam ejus volet.

et il favorisera ses voies.

24 Cum cecíderit, non collidétur,

24. Lorsqu’il tombera, il ne sera point brisé :

quia Dóminus suppónit manum suam.

car le Seigneur met sa main sous lui.

25 Júnior fui, étenim sénui ;

25. J’ai été jeune et j’ai vieilli ;

et non vidi justum derelíctum,

et je n’ai point vu le juste abandonné,

nec semen ejus quærens panem.

ni sa race cherchant du pain.

26 Tota die miserétur et cómmodat ;

26. Tout le jour il a pitié et il prête ;

et semen illíus in benedictióne erit.

sa race sera en bénédiction.

27 Declína a malo, et fac bonum,

27. Détourne-toi du mal et fais le bien,

et inhábita in sǽculum sǽculi :

et tu auras une demeure dans les siècles des siècles.

28 quia Dóminus amat judícium,

28. Car le Seigneur aime la justice,

et non derelínquet sanctos suos :

et il ne délaissera pas ses saints :

in ætérnum conservabúntur.

ils seront conservés éternellement.

Injústi puniéntur,

Les injustes seront punis,

et semen impiórum períbit.

et la race des impies périra.

29 Justi autem hæreditábunt terram,

29. Mais les justes hériteront de la terre ;

et inhabitábunt in sǽculum sǽculi super eam.

et ils y habiteront dans les siècles des siècles.

30 Os justi meditábitur sapiéntiam,

30. La bouche du juste s’exercera à célébrer la sagesse ;

et lingua ejus loquétur judícium.

et sa langue publiera la justice.

31 Lex Dei ejus in corde ipsíus,

31. La loi de Dieu est dans son cœur,

et non supplantabúntur gressus ejus.

ses pas ne chancèleront pas.

32 Consíderat peccátor justum,

32. Le pécheur considère le juste ;

et quærit mortificáre eum.

et il cherche à le faire mourir.

33 Dóminus autem non derelínquet eum in mánibus ejus,

33. Mais le Seigneur ne le laissera pas dans ses mains ;

nec damnábit eum cum judicábitur illi.

et il ne le condamnera pas quand on le jugera.

34 Exspécta Dóminum, et custódi viam ejus,

34. Attends le Seigneur, et garde sa voie ;

et exaltábit te ut hæreditáte cápias terram :

et il t’exaltera, afin que tu prennes la terre en héritage :

cum períerint peccatóres, vidébis.

lorsque les pécheurs auront péri, tu le verras.

35 Vidi ímpium superexaltátum,

35. J’ai vu l’impie exalté

et elevátum sicut cedros Líbani :

et élevé comme les cèdres du Liban.

36 et transívi, et ecce non erat ;

36. J’ai passé, et voilà qu’il n’était-plus :

et quæsívi eum, et non est invéntus locus ejus.

je l’ai cherché, et son lieu n’a pas été trouvé.

37 Custódi innocéntiam, et vide æquitátem,

37. Garde l’innocence, et aie les yeux sur l’équité :

quóniam sunt relíquiæ hómini pacífico.

car une postérité est réservée à l’homme pacifique.

38 Injústi autem disperíbunt simul ;

38. Mais les injustes périront entièrement tous ensemble ;

relíquiæ impiórum interíbunt.

et la postérité des impies mourra.

39 Salus autem justórum a Dómino ;

39. Mais le salut des justes vient du Seigneur ;

et protéctor eórum in témpore tribulatiónis.

et il reste leur protecteur dans un temps de tribulation.

40 Et adjuvábit eos Dóminus, et liberábit eos ;

40. Et le Seigneur les aidera et les délivrera :

et éruet eos a peccatóribus, et salvábit eos,

il les arrachera aux pécheurs, et il les sauvera,

quia speravérunt in eo.

car ils ont espéré en lui.

~

Ps. XXXVI. 11. Matth. V, 4. — 30. Prov. XXXI, 26. — 31. Is. LI, 7.

 

1. Par. Voy. Ps. XV (Hebr. XVI). — * Psaume alphabétique. Tertullien appelle ce psaume : « Miroir de la Providence » et saint Isidore de Séville : « Remède contre l’impatience. »

3. Et tu habiteras la terre ; littér. Et habite ; hébraïsme. Voy. Ps. XXXIII, 6. Cette promesse d’habiter la terre est souvent répétée dans ce psaume ; et c’est ce qui a déterminé D. Calmet à dire que ces promesses regardaient le peuple juif captif à Babylone, pour qui rien n’était alors plus consolant que l’espérance de retourner dans la terre de ses pères. Mais dans le sens figuré, les Pères de l’Église l’expliquent du séjour des bienheureux au ciel. Compar. Ps. XXVI, 13.

13. Son jour dernier, le jour de sa mort, où il lui rendra selon ses œuvres.

18. Connait les jours ; c’est-à-dire connait la vie, la conduite et l’approuve. — Sans tache ; irréprochables, justes.

20. S’évanouiront entièrement ; littér. s’évanouissant, s’évanouiront, hébraïsme, que nous avons déjà fait remarquer.

28. Les saints ; ses serviteurs, son peuple.

30. S’exercera, etc. Voy. Ps. XXXIV, 28.

34. Tu le verras ; c’est-à-dire tu verras la vérité de ce que je viens de te dire.

37-38. Postérité ; littér. restes (reliquiæ), mot qui, en hébreu, signifie souvent, en effet, ceux qu’un homme laisse après lui.

²

 

Ps 37

*ps037

PSAUME XXXVII

(Hebr. XXXVIII).

David représente à Dieu l’extrême misère où ses péchés l’ont plongé. Il implore sa miséricorde avec une parfaite confiance et une profonde humilité.

1 Psalmus David, in rememoratiónem de sábbato.

1. Psaume de David, en souvenir touchant le sabbat.

2 Dómine, ne in furóre tuo árguas me,

2. Seigneur, ne me reprenez pas dans votre fureur,

neque in ira tua corrípias me :

et dans votre colère ne me châtiez pas.

3 quóniam sagíttæ tuæ infíxæ sunt mihi,

3. Parce que j’ai été percé de vos flèches ;

et confirmásti super me manum tuam.

et que vous avez appesanti sur moi votre main.

4 Non est sánitas in carne mea, a fácie iræ tuæ ;

4. Il n’y a rien de sain dans ma chair en présence de votre fureur :

non est pax óssibus meis, a fácie peccatórum meórum :

il n’y a pas de paix dans mes os en présence de mes péchés.

5 quóniam iniquitátes meæ supergréssæ sunt caput meum,

5. Parce que mes iniquités se sont élevées au-dessus de ma tête ;

et sicut onus grave gravátæ sunt super me.

et comme un fardeau pesant, elles se sont appesanties sur moi.

6 Putruérunt et corrúptæ sunt cicatríces meæ,

6. Mes plaies se sont putréfiées et corrompues

a fácie insipiéntiæ meæ.

en présence de ma folie.

7 Miser factus sum et curvátus sum usque in finem ;

7. Je suis devenu malheureux, et je suis entièrement courbé :

tota die contristátus ingrediébar.

et tout le jour je marchais contristé.

8 Quóniam lumbi mei impléti sunt illusiónibus,

8. Parce que mes reins ont été remplis d’illusions,

et non est sánitas in carne mea.

et qu’il n’y a rien de sain dans ma chair.

9 Afflíctus sum, et humiliátus sum nimis ;

9. J’ai été affligé et j’ai été humilié à l’excès ;

rugiébam a gémitu cordis mei.

je rugissais dans le frémissement de mon cœur.

10 Dómine, ante te omne desidérium meum,

10. Seigneur, devant vous est tout mon désir,

et gémitus meus a te non est abscónditus.

mon gémissement ne vous est pas caché.

11 Cor meum conturbátum est ;

11. Mon cœur a été troublé,

derelíquit me virtus mea, et lumen oculórum meórum,

ma force m’a abandonné ; et la lumière de mes yeux,

et ipsum non est mecum.

elle-même n’est plus avec moi.

12 Amíci mei et próximi mei advérsum me appropinquavérunt, et stetérunt ;

12. Mes amis et mes proches se sont approchés vis-à-vis de moi, et ils se sont arrêtés.

et qui juxta me erant, de longe stetérunt :

Et ceux qui étaient près de moi s’en sont tenus éloignés :

et vim faciébant qui quærébant ánimam meam.

13. Et ceux qui cherchaient mon âme usaient de violence envers moi.

13 Et qui inquirébant mala mihi, locúti sunt vanitátes,

Et ceux qui me désiraient des maux ont dit des choses vaines :

et dolos tota die meditabántur.

et tout le jour ils méditaient des fourberies.

14 Ego autem, tamquam surdus, non audiébam ;

14. Mais moi, comme un sourd, je n’entendais pas ;

et sicut mutus non apériens os suum.

et j’étais comme un muet qui n’ouvre pas la bouche.

15 Et factus sum sicut homo non áudiens,

15. Je suis donc devenu comme un homme qui n’entend point,

et non habens in ore suo redargutiónes.

et qui n’a pas dans sa bouche de répliques.

16 Quóniam in te, Dómine, sperávi ;

16. Parce que c’est vous, Seigneur, en qui j’ai espéré :

tu exáudies me, Dómine Deus meus.

c’est vous qui m’exaucerez, Seigneur mon Dieu.

17 Quia dixi : Nequándo supergáudeant mihi inimíci mei ;

17. Parce que j’ai dit : Que mes ennemis ne se réjouissent jamais à mon sujet :

et dum commovéntur pedes mei, super me magna locúti sunt.

et tandis que mes pieds étaient chancelants, ils ont parlé à mon sujet avec orgueil.

18 Quóniam ego in flagélla parátus sum,

18. Parce que moi je suis prêt à des châtiments,

et dolor meus in conspéctu meo semper.

et que ma douleur est toujours en ma présence.

19 Quóniam iniquitátem meam annuntiábo,

19. Parce que je publierai mon iniquité ;

et cogitábo pro peccáto meo.

et que je penserai à mon péché.

20 Inimíci autem mei vivunt, et confirmáti sunt super me :

20. Mais mes ennemis vivent et se sont fortifiés contre moi ;

et multiplicáti sunt qui odérunt me iníque.

et ils se sont multipliés ceux qui me haïssent injustement.

21 Qui retríbuunt mala pro bonis detrahébant mihi,

21. Ceux qui me rendent des maux pour des biens me déchiraient,

quóniam sequébar bonitátem.

parce que je m’attachais au bien.

22 Ne derelínquas me, Dómine Deus meus ;

22. Ne m’abandonnez pas, Seigneur mon Dieu ;

ne discésseris a me.

ne vous éloignez pas de moi.

23 Inténde in adjutórium meum,

23. Songez à me secourir, Seigneur,

Dómine Deus salútis meæ.

Dieu de mon salut.

~

Ps. XXXVII. 2. Supra. VI, 2.

 

1. * Prière d’un pécheur pour obtenir le pardon de ses fautes. C’est le troisième des sept psaumes de la pénitence. David y demande le pardon de ses péchés et la délivrance de ses ennemis, ce qui indique qu’il a été composé dans la dernière partie de sa vie, pendant ou après la révolte d’Absalom.

2-9. * Mal que le péché fait à l’âme : il la couvre de plaies hideuses.

4. Il n’y a rien, etc. ; je suis même pour mon corps dans le plus triste état. — En présence ; littér. à la face ; hébraïsme, pour à cause.

8. Mes reins, etc. Les Pères et la plupart des interprètes expliquent ces paroles des mouvements déréglés que David éprouvait, et qu’il regardait comme une suite et une punition de son péché. Les Hébreux aussi bien que les Grecs plaçaient dans les reins le siège des passions voluptueuses.

10-15. * Suite du tableau du mal que fait le péché.

13. Ceux qui cherchent mon âme. Voy. Ps. XXXIV, 4.

16-23. * Le Psalmiste, ne pouvant se guérir lui-même, appelle Dieu à son secours.

18. Prêt à des châtiments ; c’est-à-dire prêt à souffrir des châtiments.

²

 

Ps 38

*ps038

PSAUME XXXVIII

(Hebr. XXXIX).

David apprend à tous tes hommes, par son exemple, à veiller sur leur langue, à ne pas s’attacher aux biens de cette vie qui dure si peu, à recevoir avec patience tous les maux qui leur viennent de la part de Dieu.

1 In finem, ipsi Idithun. Cánticum David.

1. Pour la fin, à Idithun lui-même, cantique de David.

2 Dixi : Custódiam vias meas :

2. J’ai dit : Je garderai mes voies,

ut non delínquam in lingua mea.

afin que je ne pèche point par ma langue.

Pósui ori meo custódiam,

J’ai mis à ma bouche une garde,

cum consísteret peccátor advérsum me.

lorsque le pécheur s’élevait contre moi.

3 Obmútui, et humiliátus sum, et sílui a bonis ;

3. Je me suis tu, et je me suis humilié, et j’ai passé sous silence des bonnes choses ;

et dolor meus renovátus est.

et ma douleur a été renouvelée.

4 Concáluit cor meum intra me ;

4. Mon cœur s’est échauffé au dedans de moi :

et in meditatióne mea exardéscet ignis.

et dans ma méditation un feu s’est embrasé.

5 Locútus sum in lingua mea :

5. J’ai dit par ma langue :

Notum fac mihi, Dómine, finem meum,

Seigneur, faites-moi connaitre ma fin,

et númerum diérum meórum quis est,

Et le nombre de mes jours, quel il est ;

ut sciam quid desit mihi.

afin que je sache ce qui me manque.

6 Ecce mensurábiles posuísti dies meos,

6. Voilà que vous avez fait mes jours mesurables :

et substántia mea tamquam níhilum ante te.

mon être est comme rien devant vous.

Verúmtamen univérsa vánitas, omnis homo vivens.

En vérité, tout homme vivant est une vanité universelle.

7 Verúmtamen in imágine pertránsit homo ;

7. En vérité, comme une ombre passe un homme ;

sed et frustra conturbátur :

et c’est bien en vain qu’il se trouble.

thesaurízat, et ignórat cui congregábit ea.

Il thésaurise, et il ignore pour qui il aura amassé ses trésors.

8 Et nunc quæ est exspectátio mea : nonne Dóminus ?

8. Et maintenant quelle est mon attente ? N’est-ce pas le Seigneur ?

et substántia mea apud te est.

Oui, Mon Dieu, tout mon bien est en vous.

9 Ab ómnibus iniquitátibus meis érue me :

9. Arrachez-moi à toutes mes iniquités :

oppróbrium insipiénti dedísti me.

vous m’avez rendu un objet d’opprobre pour l’insensé.

10 Obmútui, et non apérui os meum,

10. Je suis resté muet, et je n’ai pas ouvert ma bouche :

quóniam tu fecísti ;

parce que c’est vous qui l’avez fait.

11 ámove a me plagas tuas.

11. Détournez de moi vos coups.

12 A fortitúdine manus tuæ ego deféci in increpatiónibus :

12. Par la force de votre main, moi j’ai défailli au milieu de vos réprimandes :

propter iniquitátem corripuísti hóminem.

à cause de son iniquité, vous avez puni un homme.

Et tabéscere fecísti sicut aráneam ánimam ejus :

Et vous avez fait dessécher son âme comme une araignée :

verúmtamen vane conturbátur omnis homo.

en vérité, c’est vainement que tout homme se trouble.

13 Exáudi oratiónem meam, Dómine, et deprecatiónem meam ;

13. Exaucez ma prière, Seigneur, et ma supplication :

áuribus pércipe lácrimas meas.

prêtez l’oreille à mes larmes.

Ne síleas, quóniam ádvena ego sum apud te,

Ne gardez pas le silence, parce que je suis auprès de vous un étranger

et peregrínus sicut omnes patres mei.

et un voyageur comme tous mes pères.

14 Remítte mihi, ut refrígerer

14. Donnez-moi quelque relâche, afin que je reprenne des forces,

priúsquam ábeam et ámplius non ero.

avant que je m’en aille et que je ne sois plus.

~

Ps. XXXVIII.

 

1. Idithun ; maitre de chœur, selon le titre hébreu, est probablement le même qu’Idithun du Ier livre des Paralipomènes (XVI, 41) et du IIe (V, 12), et qui est nommé Éthan au Ier des Paralipomènes (VI, 44). — * Composé probablement après la révolte d’Absalom. Tout ce psaume est empreint d’un sentiment profond du néant de la vie.

2-4. * David, attristé par l’adversité et aspirant en vain au repos, se laisse accabler par la tristesse.

2. * Une garde, un frein à ma bouche, pour l’empêcher de parler.

3. Des bonnes choses ; des choses favorables, qui auraient pu prouver la justice de ma cause, contre les attaques de mes ennemis.

5-8. * Plaintes du Psalmiste.

5. J’ai dit par ma langue, etc. Mon cœur, échauffé par le feu qui s’y était embrasé (vers. 4), m’a fait rompre mon silence ; c’est pourquoi j’ai dit de vive voix, etc. — Ce qui me manque, pour que j’arrive au dernier de ces jours ; ce qui me reste encore de jours à vivre.

6. Mesurables ; c’est-à-dire faciles à mesurer, restreints, peu nombreux. — Tout homme vivant, etc. ; tout homme qui vit sur la terre, de quelque condition, de quelque âge, de quelque état qu’il soit, n’a jamais d’existence solide, sur laquelle il puisse entièrement compter.

9-14. * La confiance reprend le dessus ; David prie, il demande le pardon de ses péchés et la cessation de la colère divine, à cause du néant de l’homme et de la brièveté de la vie.

10. C’est vous qui l’avez fait ; c’est vous qui avez permis, en punition de mes péchés, que je devinsse l’opprobre de l’insensé.

13. Prêtez l’oreille à mes larmes ; c’est-à-dire voyez, regardez, etc. Les Hébreux mettaient assez souvent l’un pour l’autre les verbes qui expriment une action des sens.

13b. Parce que je suis, etc. Voy. I Par. XXIX, 15.

14. Et que je ne sois plus ; littér. et je ne serai plus ; ce qui est un pur hébraïsme.

²

 

Ps 39

*ps039

PSAUME XXXIX

(Hebr. XL).

Le Psalmiste rend grâces à Dieu des secours qu’il lui a donnés. Il lui en demande de nouveaux, et il espère les recevoir de sa bonté. Une partie de cette belle prière ne trouve son application parfaite que dans le Messie, comme saint Paul nous t’apprend dans son Épitre aux Hébreux (X, 5-8), et comme nous le montre d’ailleurs une simple lecture attentive du psaume lui-même.

1 In finem. Psalmus ipsi David.

1. Pour la fin, psaume par David lui-même.

2 Exspéctans exspectávi Dóminum,

2. Attendant, j’ai attendu le Seigneur,

et inténdit mihi.

et il a fait attention à moi.

3 Et exaudívit preces meas,

3. Et il a exaucé mes prières :

et edúxit me de lacu misériæ et de luto fæcis.

et il m’a retiré d’un lac de misère, et d’un bourbier de fange.

Et státuit super petram pedes meos,

Et il a établi mes pieds sur une pierre,

et diréxit gressus meos.

et il a dirigé mes pas.

4 Et immísit in os meum cánticum novum,

4. Et il a mis dans ma bouche un cantique nouveau,

carmen Deo nostro.

un chant pour notre Dieu.

Vidébunt multi, et timébunt,

Beaucoup le verront, et craindront ;

et sperábunt in Dómino.

et ils espèreront dans le Seigneur.

5 Beátus vir cujus est nomen Dómini spes ejus,

5. Bienheureux l’homme dont le nom du Seigneur est l’espérance,

et non respéxit in vanitátes et insánias falsas.

et qui n’a point porté ses regards sur des vanités et des folies mensongères.

6 Multa fecísti tu, Dómine Deus meus, mirabília tua ;

6. Vous avez fait, vous, Seigneur mon Dieu, beaucoup de choses merveilleuses ;

et cogitatiónibus tuis non est qui símilis sit tibi.

et, dans vos pensées, il n’y a personne qui soit semblable à vous.

Annuntiávi et locútus sum :

J’ai annoncé et j’ai parlé :

multiplicáti sunt super númerum.

elles ont été multipliées sans nombre.

7 Sacrifícium et oblatiónem noluísti ;

7. Vous n’avez pas voulu de sacrifice et d’offrande ;

aures autem perfecísti mihi.

mais vous m’avez parfaitement disposé les oreilles.

Holocáustum et pro peccáto non postulásti ;

Vous n’avez pas demandé d’holocauste et de sacrifice pour le péché.

8 tunc dixi : Ecce vénio.

8. Alors, j’ai dit : Voici, je viens.

In cápite libri scriptum est de me,

En tête d’un livre, il a été écrit de moi,

9 ut fácerem voluntátem tuam.

9. Que j’accomplisse votre volonté

Deus meus, vólui,

(mon Dieu, je l’ai voulu),

et legem tuam in médio cordis mei.

et votre loi qui est au milieu de mon cœur.

10 Annuntiávi justítiam tuam in ecclésia magna ;

10. J’ai annoncé votre justice dans une grande assemblée ;

ecce lábia mea non prohibébo : Dómine, tu scisti.

voilà que je ne contiendrai pas mes lèvres, Seigneur, vous le savez.

11 Justítiam tuam non abscóndi in corde meo ;

11. Je n’ai pas caché votre justice dans mon cœur ;

veritátem tuam et salutáre tuum dixi ;

j’ai dit votre vérité et votre salut.

non abscóndi misericórdiam tuam et veritátem tuam a concílio multo.

Je n’ai pas caché votre miséricorde et votre vérité à un conseil nombreux.

12 Tu autem, Dómine, ne longe fácias miseratiónes tuas a me ;

12. Mais vous, Seigneur, n’éloignez pas de moi vos bontés :

misericórdia tua et véritas tua semper suscepérunt me.

votre miséricorde et votre vérité m’ont toujours soutenu.

13 Quóniam circumdedérunt me mala quorum non est númerus ;

13. Car des maux sans nombre m’ont environné ;

comprehendérunt me iniquitátes meæ, et non pótui ut vidérem.

mes iniquités m’ont investi, et je n’ai pu en soutenir la vue.

Multiplicátæ sunt super capíllos cápitis mei,

Elles se sont multipliées plus que les cheveux de ma tête ;

et cor meum derelíquit me.

et mon cœur m’a abandonné.

14 Compláceat tibi, Dómine, ut éruas me ;

14. Qu’il vous plaise, Seigneur, de me délivrer :

Dómine, ad adjuvándum me réspice.

Seigneur, voyez à me secourir.

15 Confundántur et revereántur simul,

15. Qu’ils sont confondus et qu’ils soient couverts de honte tous ensemble,

qui quærunt ánimam meam ut áuferant eam ;

ceux qui cherchent mon âme, pour me la ravir.

convertántur retrórsum et revereántur,

Qu’ils soient rejetés en arrière et qu’ils soient couverts de honte,

qui volunt mihi mala.

ceux qui me veulent des maux.

16 Ferant conféstim confusiónem suam,

16. Qu’ils portent promptement leur confusion,

qui dicunt mihi : Eúge, eúge !

ceux qui me disent : Triomphe ! triomphe !

17 Exsúltent et læténtur super te omnes quæréntes te ;

17. Qu’ils exultent et se réjouissent à votre sujet, tous ceux qui vous cherchent ;

et dicant semper : Magnificétur Dóminus, qui díligunt salutáre tuum.

et qu’ils disent sans cesse : Que le Seigneur soit glorifié ! ceux qui aiment votre salut.

18 Ego autem mendícus sum et pauper ;

18. Pour moi, je suis mendiant et pauvre :

Dóminus sollícitus est mei.

mais le Seigneur prend soin de moi.

Adjútor meus et protéctor meus tu es ;

Vous êtes mon aide et mon protecteur :

Deus meus, ne tardáveris.

mon Dieu ne tardez pas.

~

Ps. XXXIX. 7. Hebr. X, 5. — 14. Infra. LXIX, 2. — 15. Supra. XXXIV, 4. — 16. Ps. XXXIV, 21, 25 ; LXIX, 4.

 

1. Par. Voy. le titre du Ps. XV (Hebr. XVI). — * Psaume prophétique : S. Paul, Hebr. X, 5-10, place dans la bouche de Notre-Seigneur venant dans le monde les vers. 7-9. David le composa peut-être dans les derniers temps de la persécution de Saül. Ce psaume est construit très irrégulièrement, et il a plutôt le caractère d’une simple prière que celui d’un poème lyrique.

2-4. * Chant d’actions de grâces envers Dieu qui a retiré David du bourbier, c’est-à-dire du danger.

2. Attendant, j’ai attendu ; c’est-à-dire j’ai attendu avec la plus grande anxiété. En hébreu, comme en bien d’autres langues, cette sorte de répétition donne de l’intensité à l’idée exprimée par le verbe.

5-6. * Heureux l’homme qui se confie en Dieu, dont les merveilles sont sans nombre !

6. Et dans vos pensées, etc. Personne n’a des pensées aussi profondes et aussi élevées que les vôtres. Or, le mot pensées comprend aussi les desseins et les jugements. — J’ai annoncé, etc. ; c’est-à-dire, suivant l’explication de Symmaque et de saint Jérôme, lorsque j’ai voulu annoncer ces pensées et en parler, elles se sont trouvées en trop grand nombre pour pouvoir être racontées. — Elles ont été multipliées (vos pensées) ; le verbe en latin est au masculin : multiplicati, parce que l’auteur de la Vulgate l’a fait concorder, non pas avec le latin cogitationes, qui est du féminin, mais avec le grec dialogismoï, qui est du masculin, et dont cogitationes est la traduction. Ce genre d’anomalie se trouve encore dans le livre de la Sagesse (I, 7), où le neutre hoc quod concorde, non avec le latin spiritus, qui est du masculin, mais avec le grec pneuma, qui signifie aussi esprit, mais qui est du genre neutre.

7-9. * Comment remercier Dieu de ses bienfaits ? Par des sacrifices ? Non, par l’obéissance.

7. Vous m’avez parfaitement disposé les oreilles. Le texte hébreu porte : Vous m’avez percé les oreilles ; ce qui, selon bien des interprètes, serait une allusion à la coutume des anciens hébreux, chez lesquels on perçait une oreille à l’esclave qui ne voulait pas quitter son maitre à l’année sabbatique (voy. Ex. XXI, 5-6 ; Deut. XV, 17). Ce percement de l’oreille était un signe symbolique d’acquiescement et d’obéissance. On peut remarquer que la leçon de la Vulgate n’est pas opposée à celle du texte primitif, bien qu’elle ne soit pas aussi explicite. Les éditions des Septante, la plupart des Pères grecs ou latins et saint Paul lui-même, appliquant ce texte à Jésus-Christ (Hebr. X, 5), porte : Vous m’avez préparé, adapté un corps ; ce qui caractérise plus expressément le sacrifice de Jésus-Christ.

8. En tête d’un livre. C’est ainsi qu’on lit dans la Vulgate et les Septante ; l’hébreu porte dans un rouleau de livre ; sens que quelques-uns donnent aussi à la traduction des Septante. D’autres, se fondant principalement sur ce que Jésus-Christ dit dans saint Luc (XXIV, 25-27, 44) et dans saint Jean (V, 39 ; VII, 38), expliquent le mot tête de la Vulgate et des Septante par somme, totalité des Écritures. Le Sauveur dit formellement, en effet, dans saint Jean (V, 39) : « Scrutez les Écritures.., car ce sont elles qui rendent témoignage de moi » ; et dans saint Luc (XXIV, 44) : « Il fallait que fût accompli tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. »

9. Votre loi étant à l’accusatif dans le grec et dans le latin, est nécessairement un complément du verbe j’accomplirais (facerem), aussi bien que votre volonté (voluntatem tuam) qui précède. — Qui est ne présente nullement une addition arbitraire ; c’est une expression qui se sous-entend dans les auteurs sacrés. Ainsi, la traduction ordinaire, qui fait des mots votre volonté le sujet d’une phrase nominale, forme un vrai contre-sens.

10-18. * Le Psalmiste a manifesté à tous les bontés du Seigneur (vers. 10-11), mais il a besoin de nouvelles grâces (vers. 12) et il demande : 1° le pardon de ses péchés (vers. 13), 2° le triomphe sur ses ennemis (vers. 14-16) et 3° la joie et le salut pour lui et pour les justes (vers. 17-18).

11. Votre vérité ; c’est-à-dire votre fidélité à exécuter vos promesses. — Votre salut ; le salut que vous accordez, qui vient de vous. — À un conseil nombreux (a consilio multo) ; les Septante lisent rassemblement, réunion, qui a la même signification que conseil ; et l’hébreu, assemblée, comme au vers. 10.

15. Ceux qui cherchent mon âme. Voy. Ps. XXXIV, 4.

16. Ceux qui me disent ; par insulte.

²

 

Ps 40

*ps040

PSAUME XL

(Hebr. XLI).

David représente le bonheur de celui qui a soin des pauvres. Il décrit les bontés divines à son égard et les perfidies de ses ennemis. Il marque clairement la trahison de Judas, et montre par là que ce psaume regarde Jésus-Christ.

1 In finem. Psalmus ipsi David.

1. Pour la fin, psaume de David.

2 Beátus qui intélligit super egénum et páuperem :

2. Bienheureux celui qui porte ses soins sur l’indigent et le pauvre ;

in die mala liberábit eum Dóminus.

au jour mauvais, le Seigneur le délivrera.

3 Dóminus consérvet eum, et vivíficet eum,

3. Que le Seigneur le conserve ; qu’il lui donne vie

et beátum fáciat eum in terra,

et le fasse heureux sur la terre ;

et non tradat eum in ánimam inimicórum ejus.

et qu’il ne le livre point à l’âme de ses ennemis.

4 Dóminus opem ferat illi super lectum dolóris ejus ;

4. Que le Seigneur lui porte secours sur le lit de sa douleur ;

univérsum stratum ejus versásti in infirmitáte ejus.

vous avez retourné toute sa couche dans son infirmité.

5 Ego dixi : Dómine, miserére mei ;

5. Moi j’ai dit : Seigneur, ayez pitié de moi,

sana ánimam meam, quia peccávi tibi.

guérissez mon âme, parce que j’ai péché contre vous.

6 Inimíci mei dixérunt mala mihi :

6. Mes ennemis m’ont dit de mauvaises choses :

Quando moriétur, et períbit nomen ejus ?

Quand mourra-t-il, et quand périra son nom ?

7 Et si ingrediebátur ut vidéret, vana loquebátur ;

7. Et si quelqu’un d’eux entrait pour me voir, il tenait de vains discours :

cor ejus congregávit iniquitátem sibi.

son cœur s’est amassé de l’iniquité.

Egrediebátur foras et loquebátur.

Il sortait dehors, et il parlait

8 In idípsum advérsum me susurrábant omnes inimíci mei ;

8. De même. Contre moi murmuraient tous mes ennemis :

advérsum me cogitábant mala mihi.

contre moi ils formaient de mauvais desseins.

9 Verbum iníquum constituérunt advérsum me :

9. Ils ont élevé une parole inique contre moi :

Numquid qui dormit non adjíciet ut resúrgat ?

N’est-ce pas que celui qui dort ne se relèvera jamais ?

10 Etenim homo pacis meæ in quo sperávi,

10. Car l’homme de ma paix, en qui j’ai espéré,

qui edébat panes meos,

qui mangeait mes pains,

magnificávit super me supplantatiónem.

a fait éclater sur moi sa trahison.

11 Tu autem, Dómine, miserére mei,

11. Mais vous, Seigneur, ayez pitié de moi

et resúscita me ; et retríbuam eis.

et ressuscitez-moi, je leur rendrai ce qu’ils méritent.

12 In hoc cognóvi quóniam voluísti me,

12. J’ai connu que vous m’avez aimé,

quóniam non gaudébit inimícus meus super me.

en ce que mon ennemi ne se réjouira pas à mon sujet.

13 Me autem propter innocéntiam suscepísti ;

13. Pour moi, à cause de mon innocence, vous m’avez pris sous votre protection,

et confirmásti me in conspéctu tuo in ætérnum.

et vous m’avez affermi en votre présence pour toujours.

14 Benedíctus Dóminus Deus Israël

14. Béni le Seigneur Dieu d’Israël,

a sǽculo et usque in sǽculum. Fiat, fiat.

d’un siècle jusqu’à un autre siècle ! Ainsi soit-il, ainsi soit-il.

~

Ps. XL. 10. Act. I, 16.

 

1. * Psaume prophétique, composé pendant la révolte d’Absalom. Le faux ami du vers. 10 est Achitophel, II Reg. XVI, 23, figure de Judas Iscariote, Joan. XIII, 18 ; XVII, 12 ; Act. I, 16.

2-4. * Heureux celui qui est compatissant ! Dieu ne l’abandonne pas.

3. À l’âme de ses ennemis ; c’est-à-dire à la fureur de ses ennemis. Le mot âme, qui se lit aussi dans le texte hébreu, signifie, en effet, fureur, colère, en un mot, toutes les mauvaises passions, aussi bien que les bons sentiments, comme étant le siège des unes et des autres. Au lieu de : À l’âme, les Septante portent aux mains.

5-13. * Les ennemis de David souhaitent sa mort ; ses amis mêmes le trahissent (vers. 5-10) ; prière à Dieu pour qu’il le sauve (vers. 11-13).

6. M’ont dit ; pour ont dit de moi. Voy. Ps. III, 3.

9. Ce verset, très obscur, est diversement interprété. Pour nous, le sens le plus simple et le plus naturel est que David, ayant eu connaissance du projet inique de ses ennemis, qui était d’en finir entièrement avec lui en le faisant mourir, rapporte leurs propres paroles, qui expriment nettement, en effet, le motif de leur projet homicide. — Dormir dans le langage de l’Écriture signifie souvent être mort.

10. L’homme de ma paix ; avec qui j’étais en paix, mon ami. — Qui mangeait mes pains ; hébraïsme, pour qui mangeait avec moi, à ma table.

14. * Ce verset est une doxologie, qui ne fait pas partie du psaume, mais indique la fin du premier livre de la collection des Psaumes.

²

 

41 à 50

Ps 41

*ps041

PSAUME XLI

(Hebr. XLII).

David, éloigné de la maison de Dieu par les persécutions de ses ennemis, se console dans son exil, et par le souvenir des miséricordes du Seigneur, et par l’espérance de revoir un jour le lieu de sa demeure.

1 In finem. Intelléctus fíliis Coré.

1. Pour la fin, intelligence aux fils de Coré.

2 Quemádmodum desíderat cervus ad fontes aquárum,

2. Comme le cerf soupire après les sources des eaux,

ita desíderat ánima mea ad te, Deus.

ainsi mon âme soupire après vous, ô mon Dieu.

3 Sitívit ánima mea ad Deum fortem, vivum ;

3. Mon âme a eu soif du Dieu fort, vivant :

quando véniam, et apparébo ante fáciem Dei ?

quand viendrai-je, et paraitrai-je devant la face de Dieu ?

4 Fúerunt mihi lácrimæ meæ panes die ac nocte,

4. Mes larmes m’ont servi de pains le jour et la nuit :

dum dícitur mihi quotídie : Ubi est Deus tuus ?

pendant qu’on me dit tous les jours : Où est ton Dieu ?

5 Hæc recordátus sum, et effúdi in me ánimam meam,

5. Je me suis souvenu de ces choses, et j’ai répandu en moi mon âme ;

quóniam transíbo in locum tabernáculi admirábilis, usque ad domum Dei,

car je passerai dans le lieu du tabernacle admirable, jusqu’à la maison de Dieu ;

in voce exsultatiónis et confessiónis, sonus epulántis.

Au milieu d’un chant d’exultation et de louange, et des cris de joie de celui qui assiste à un festin.

6 Quare tristis es, ánima mea ?

6. Pourquoi es-tu triste, mon âme ?

et quare contúrbas me ?

Et pourquoi me troubles-tu ?

Spera in Deo, quóniam adhuc confitébor illi,

Espère en Dieu, parce que je le louerai encore :

salutáre vultus mei,

il est le salut de mon visage,

7 et Deus meus.

7. Et mon Dieu.

Ad meípsum ánima mea conturbáta est :

Mon âme a été toute troublée en moi-même ;

proptérea memor ero tui de terra Jordánis et Hermóniim a monte módico.

c’est pourquoi je me souviendrai de vous dans la terre du Jourdain, dans les monts Hermon, et sur une petite montagne.

8 Abýssus abýssum ínvocat, in voce cataractárum tuárum ;

8. Un abime appelle un abime, à la voix de vos cataractes.

ómnia excélsa tua, et fluctus tui super me transiérunt.

Tout ce que vous envoyez d’en haut, et vos flots ont passé sur moi.

9 In die mandávit Dóminus misericórdiam suam,

9. Le jour, le Seigneur a commandé à sa miséricorde

et nocte cánticum ejus ;

et la nuit, son cantique ;

apud me orátio Deo vitæ meæ.

auprès de moi, une prière au Dieu de ma vie.

10 Dicam Deo : Suscéptor meus es ;

10. Je dirai à Dieu : Vous êtes mon soutien.

quare oblítus es mei ?

Pourquoi m’avez-vous oublié ?

et quare contristátus incédo, dum afflígit me inimícus ?

et pourquoi faut-il que je marche contristé, tandis qu’un ennemi m’afflige ?

11 Dum confringúntur ossa mea,

11. Tandis qu’on brise mes os,

exprobravérunt mihi qui tríbulant me inimíci mei,

mes ennemis, qui me tourmentent, m’accablent de reproches,

dum dicunt mihi per síngulos dies : Ubi est Deus tuus ?

En me disant tous les jours : Où est ton Dieu ?

12 Quare tristis es, ánima mea ?

12. Pourquoi es-tu triste, mon âme ?

et quare contúrbas me ?

Et pourquoi me troubles-tu ?

Spera in Deo, quóniam adhuc confitébor illi,

Espère en Dieu, parce que je le louerai encore :

salutáre vultus mei, et Deus meus.

il est le salut de mon visage, et mon Dieu.

~

Ps. XLI.

 

1. Aux fils de Coré ; c’est-à-dire psaume donné aux fils de Coré pour être chanté par eux dans le temple, ou bien, psaume composé par les descendants de Coré, menés en captivité à Babylone. Il y a un certain nombre de psaumes sous leur nom dans la suite. — * Les psaumes XLI et XLII n’en font qu’un, l’un des plus beaux de la collection.

2-5. * L’exilé soupire après la maison de Dieu comme le cerf altéré après une source d’eau vive.

5. J’ai répandu en moi mon âme ; j’ai comme rendu l’âme, je suis tombé en défaillance par l’excès de ma douleur. — Parce que je passerai, etc. Avant ces mots, il y a évidemment une ellipse, dont le sens doit être : Mais j’ai repris mes forces, dès que j’ai pensé que je passerai, etc. — Des cris de joie ; littér. du bruit, du son, en latin soni au génitif, comme un des compléments grammaticaux de voce qui précède. Les Septante portent aussi le génitif ; les anciens psautiers latins et saint Augustin ont lu également soni. Ce qui autorise à croire que le mot sonus de la Vulgate est lui-même au génitif ; car il ne faut pas oublier que les Latins ont employé sonus à la quatrième déclinaison. — Qui assiste à un festin. On faisait, dans les solennités religieuses, des festins ; la loi même en commandait quelques-uns. Voy. Deut. XII, 5-7, 11, 12, 18 ; XVI, 11, etc.

6, 12. Le salut de mon visage ; c’est-à-dire de ma personne, mon salut. Le mot hébreu, traduit dans les Septante et dans la Vulgate par visage, signifie aussi personne, individu.

6. * Refrain.

7-11. * Plainte à Dieu.

7. Les monts Hermon. On dit dans la Vulgate Hermoniim, mot hébreu, dont la forme grammaticale représente un pluriel masculin, qui signifie à la lettre, les Hermon ; c’est-à-dire les montagnes d’Hermon. — Une petite montagne. On ne sait pas quelle est cette petite montagne. — * Cette description locale montre que celui des enfants de Coré qui a composé ce psaume était alors exilé au-delà du Jourdain ; elle peut convenir à un des compagnons d’exil de David, fuyant devant Absalom à l’est du fleuve. — La terre du Jourdain désigne les bords du Jourdain et plus précisément le pays à l’est du Jourdain (Celui qui écrit ce petit poème n’était donc pas exilé à Babylone). David s’était réfugié avec sa suite à Mahanaim (les camps), II Reg. XVII, 24. De là, on aperçoit la chaine de l’Hermon. — Une petite montagne, en hébreu Misar. C’est probablement le nom propre de la montagne, mais il est impossible aujourd’hui de l’identifier.

8. À la voix ; au bruit. — De vos cataractes ; des cataractes du ciel, que vous ouvrez pour faire tomber sur nous un déluge de maux, comme vous les ouvrîtes pour inonder la terre comme au temps de Noé (Voy. Gen. VIII, 11). Dans le style de l’Écriture, les grandes eaux signifient ordinairement de grandes calamités. — Tout ce que vous envoyez d’en haut ; littér. Toutes vos choses élevées (omnia excélsa tua) ; ce sont les pluies, les tempêtes, les foudres.

9. Pendant le jour, etc. Cette phrase étant inachevée dans l’hébreu et le grec, aussi bien que dans la Vulgate, nous avons cru devoir la compléter par les propres paroles du Psalmiste (Ps. XXXI, 10). — Et la nuit, son cantique. Ces mots, qui terminent le verset dans la Vulgate, sont suivis, dans l’hébreu et dans les Septante, de avec moi, dans moi. Quant à notre addition complémentaire a été dans ma bouche, elle est empruntée du psaume XXXIX, 4. — Dieu de ma vie ; c’est-à-dire protecteur de ma vie. Voy. Ps. XXVI, 1.

12. * Refrain.

²

 

Ps 42

*ps042

PSAUME XLII

(Hebr. XLIII).

Dans le psaume précédent, David demande au Seigneur la grâce de revoir son tabernacle. Dans celui-ci, il le remercie d’en avoir approché. Il s’excite à espérer en Dieu et à le louer.

1 Psalmus David.

1. Psaume de David.

Júdica me, Deus, et discérne causam meam de gente non sancta :

Jugez-moi, Seigneur, et distinguez ma cause de celle d’une nation non sainte ;

ab hómine iníquo et dolóso érue me.

arrachez-moi à un homme inique et trompeur.

2 Quia tu es, Deus, fortitúdo mea : quare me repulísti ?

2. Parce que vous êtes, ô Dieu, ma force : pourquoi m’avez-vous repoussé ?

et quare tristis incédo, dum afflígit me inimícus ?

et pourquoi faut-il que je marche attristé, tandis qu’un ennemi m’afflige ?

3 Emítte lucem tuam et veritátem tuam :

3. Envoyez votre lumière et votre vérité :

ipsa me deduxérunt, et adduxérunt

elles m’ont conduit et m’ont amené

in montem sanctum tuum, et in tabernácula tua.

à votre montagne sainte et dans vos tabernacles.

4 Et introíbo ad altáre Dei,

4. Et je viendrai à l’autel de Dieu ;

ad Deum qui lætíficat juventútem meam.

au Dieu qui réjouit ma jeunesse.

Confitébor tibi in cíthara, Deus, Deus meus.

Je vous louerai sur la harpe, Dieu, mon Dieu.

5 Quare tristis es, ánima mea ?

5. Pourquoi es-tu triste, mon âme ?

et quare contúrbas me ?

et pourquoi me troubles-tu ?

Spera in Deo, quóniam adhuc confitébor illi,

Espère en Dieu, car je le louerai encore :

salutáre vultus mei, et Deus meus.

il est le salut de mon visage, et mon Dieu.

~

Ps. LXII.

 

1-5. * Le psaume XLII est récité tous les jours au pied de l’autel par le prêtre qui va offrir le saint sacrifice. Par les hésitations qu’il exprime, avec ses alternatives de trouble et de confiance, il est admirablement propre à exprimer les sentiments qui remplissent le cœur du ministre de Dieu à ce moment solennel.

1-4. * Prière pour que Dieu délivre le Psalmiste de ses ennemis et lui fasse voir la demeure du Seigneur.

3. Votre vérité ; l’exécution fidèle de vos promesses.

5. Le salut de mon visage. Voy. Ps. XLI, 6. — * Refrain.

²

 

Ps 43

*ps043

PSAUME XLIII

(Hebr. XLIV).

Le Psalmiste expose d’abord les grandes merveilles que Dieu fit autrefois en faveur de son peuple ; il se plaint ensuite des maux où il est réduit. Il espère une meilleure condition et demande instamment sa délivrance.

1 In finem. Fíliis Core ad intelléctum.

1. Pour la fin, aux fils de Coré pour l’intelligence.

2 Deus, áuribus nostris audívimus,

2. Ô Dieu, nous avons entendu de nos oreilles ;

patres nostri annuntiavérunt nobis,

nos pères nous ont annoncé

opus quod operátus es in diébus eórum,

L’œuvre que vous avez opéré dans leurs jours

et in diébus antíquis.

et dans des jours anciens.

3 Manus tua gentes dispérdidit, et plantásti eos ;

3. Votre main a détruit entièrement des nations et établi nos pères ;

afflixísti pópulos, et expulísti eos.

vous avez affligé des peuples et vous les avez chassés.

4 Nec enim in gládio suo possedérunt terram,

4. Car ce n’est point par leur glaive qu’ils se sont mis en possession d’une terre,

et bráchium eórum non salvávit eos :

et ce n’est point leur bras qui les a sauvés :

sed déxtera tua et bráchium tuum,

Mais votre droite, et votre bras, et la lumière de votre visage,

et illuminátio vultus tui, quóniam complacuísti in eis.

Car vous vous êtes complu en eux.

5 Tu es ipse rex meus et Deus meus,

5. Vous même êtes mon roi et mon Dieu :

qui mandas salútes Jacob.

qui décidez les victoires de Jacob.

6 In te inimícos nostros ventilábimus cornu,

6. Avec vous, nous dissiperons nos ennemis par la corne ;

et in nómine tuo spernémus insurgéntes in nobis.

et en votre nom, nous mépriserons ceux qui s’élèvent contre nous.

7 Non enim in arcu meo sperábo,

7. Car ce n’est pas en mon arc que j’espèrerai :

et gládius meus non salvábit me :

et mon glaive ne me sauvera pas.

8 salvásti enim nos de affligéntibus nos,

8. Car vous nous avez sauvés de ceux qui nous affligeaient,

et odiéntes nos confudísti.

et vous avez confondu ceux qui nous haïssaient.

9 In Deo laudábimur tota die,

9. En Dieu nous nous glorifierons tout le jour ;

et in nómine tuo confitébimur in sǽculum.

et nous célèbrerons votre nom à jamais.

10 Nunc autem repulísti et confudísti nos,

10. Mais maintenant vous nous avez repoussés, et confondus ;

et non egrediéris, Deus, in virtútibus nostris.

et vous ne sortirez pas à la tête de nos années.

11 Avertísti nos retrórsum post inimícos nostros,

11. Vous nous avez fait tourner le dos à nos ennemis,

et qui odérunt nos diripiébant sibi.

et ceux qui nous haïssent arrachaient nos dépouilles.

12 Dedísti nos tamquam oves escárum,

12. Vous nous avez livrés comme des brebis que l’on mange,

et in géntibus dispersísti nos.

et vous nous avez dispersés parmi les nations.

13 Vendidísti pópulum tuum sine prétio,

13. Vous avez vendu votre peuple pour rien ;

et non fuit multitúdo in commutatiónibus eórum.

et il n’y a pas eu une multitude d’acheteurs à leurs ventes.

14 Posuísti nos oppróbrium vicínis nostris ;

14. Vous nous avez rendu un sujet d’opprobre à nos voisins,

subsannatiónem et derísum his qui sunt in circúitu nostro.

un objet d’insulte et de dérision à ceux qui sont autour de nous.

15 Posuísti nos in similitúdinem géntibus ;

15. Vous nous avez fait la fable des nations

commotiónem cápitis in pópulis.

et le secouement de tête des peuples.

16 Tota die verecúndia mea contra me est,

16. Tout le jour ma honte est devant moi,

et confúsio faciéi meæ coopéruit me :

et la confusion de ma face m’a couvert entièrement,

17 a voce exprobrántis et obloquéntis,

17. À la voix de celui qui m’adresse des reproches

a fácie inimíci et persequéntis.

et qui m’invective, à la face de mon ennemi et de celui qui me persécute.

18 Hæc ómnia venérunt super nos ; nec oblíti sumus te,

18. Tous ces maux sont venus sur nous et nous ne vous avons pas oublié,

et iníque non égimus in testaménto tuo.

et nous n’avons pas iniquement agi contre votre alliance.

19 Et non recéssit retro cor nostrum ;

19. Et notre cœur ne s’est pas retiré en arrière ;

et declinásti sémitas nostras a via tua :

et vous avez détourné nos sentiers de votre voie.

20 quóniam humiliásti nos in loco afflictiónis,

20. Car vous nous avez humiliés dans un lieu d’affliction,

et coopéruit nos umbra mortis.

l’ombre de la mort nous a enveloppés.

21 Si oblíti sumus nomen Dei nostri,

21. Si nous avons oublié le nom de notre Dieu,

et si expándimus manus nostras ad deum aliénum,

et si nous avons étendu nos mains vers un Dieu étranger ;

22 nonne Deus requíret ista ?

22. Est-ce que Dieu ne s’en enquerra pas ?

ipse enim novit abscóndita cordis.

Car il connait, lui, les choses cachées du cœur.

Quóniam propter te mortificámur tota die ;

Puisque, à cause de vous, nous sommes mis à mort tout le jour ;

æstimáti sumus sicut oves occisiónis.

nous sommes regardés comme des brebis de tuerie.

23 Exsúrge ; quare obdórmis, Dómine ?

23. Levez-vous, pourquoi dormez-vous, Seigneur ?

exsúrge, et ne repéllas in finem.

Levez-vous, et ne nous rejetez pas pour toujours.

24 Quare fáciem tuam avértis ?

24. Pourquoi détournez-vous votre face,

oblivísceris inópiæ nostræ et tribulatiónis nostræ ?

oubliez-vous notre misère et notre tribulation ?

25 Quóniam humiliáta est in púlvere ánima nostra ;

25. Car notre âme est humiliée dans la poussière,

conglutinátus est in terra venter noster.

et notre ventre est collé à la terre.

26 Exsúrge, Dómine, ádjuva nos,

26. Levez-vous, Seigneur, secourez-nous,

et rédime nos propter nomen tuum.

et rachetez-nous à cause de votre nom.

~

Ps. XLIII. 22. Rom. VIII, 36.

 

1. Aux fils de Coré. Voy. le titre du Ps. XLI (Hebr. XLII). — * Ce psaume parait avoir été composé pendant la guerre contre les Syriens et les Ammonites, II Rois, VIII, 13 ; cf. III Reg. XI, 15.

2-9. * 1° Dieu, vous nous avez aidés dans la personne de nos pères (vers. 2-4) ; 2° vous devez nous aider nous-mêmes (vers. 5-9).

2. L’œuvre, etc. ; c’est-à-dire les prodiges opérés en Égypte, à la mer Rouge et dans le désert.

3. Des nations ; entre autres, les Chananéens, qui, chassés de leur pays, ont été remplacés par les Hébreux.

4. Ce n’est point par leur glaive que les Hébreux ont conquis la terre de Chanaan, etc. Voyez, en effet, Jos. II, 9 ; XXIV, 12.

5. Les victoires ; littér. les saluts, les délivrances, mot qui, en hébreu, se prend pour les victoires remportées par un secours extraordinaire de Dieu.

6. Par la corne ; c’est-à-dire par la force. Voy. Luc. I, 69.

10-26. * 1° Quoique Dieu doive aider son peuple, il ne l’a point secouru (vers. 10-17) ; 2° quoique aucune faute ne le rende indigne de sa protection (vers. 18-22) ; 3° qu’il vienne donc le sauver (vers. 23-26).

10. Armées ; littér. vertus. Voy. Ps. XXIII, 10.

13. Vous avez vendu, etc. Vous vous êtes défait de nous, comme de vils et d’inutiles esclaves, à la première mise, sans attendre qu’on enchérit.

19. Et vous avez détourné, etc. La plupart des interprètes, entre autres Symmaque et saint Jérôme, répètent dans cette seconde partie du verset la négative qui est dans la première ; de sorte que le sens est : Vous n’avez pas permis que nous suivions des sentiers opposés à la voie que vous nous aviez tracée. Il est certain que ce genre d’ellipse n’est pas rare dans les écrivains sacrés.

22. Puisque à cause de vous, etc. Saint Paul, dans son Épitre aux Romains (VIII, 36), fait l’application de ce passage aux persécutions auxquelles les premiers chrétiens étaient en butte.

²

 

Ps 44

*ps044

PSAUME XLIV

(Hebr. XLV).

Ce psaume est comme l’épithalame du mariage de Jésus-Christ et de l’Église. Le Psalmiste chante leurs louanges et relève leur bonheur.

1 In finem, pro iis qui commutabántur. Fíliis Core, ad intelléctum. Cánticum pro dilécto.

1. Pour la fin, pour ceux qui seront changés, aux fils de Coré, pour l’intelligence, Cantique pour le bien-aimé.

2 Eructávit cor meum verbum bonum :

2. Mon cœur a vomi une bonne parole ;

dico ego ópera mea regi.

moi, j’adresse mes ouvrages au roi.

Lingua mea cálamus scribæ

Ma langue est une plume d’écrivain

velóciter scribéntis.

qui écrit rapidement.

3 Speciósus forma præ fíliis hóminum,

3. Vous êtes plus brillant de beauté que les enfants des hommes,

diffúsa est grátia in lábiis tuis :

la grâce est répandue sur vos lèvres ;

proptérea benedíxit te Deus in ætérnum.

c’est pourquoi le Seigneur vous a béni pour l’éternité.

4 Accíngere gládio tuo super femur tuum, potentíssime.

4. Ceignez votre glaive sur votre cuisse, très puissant.

5 Spécie tua et pulchritúdine tua

5. Dans votre dignité et votre beauté,

inténde, próspere procéde, et regna,

tendez votre arc, marchez avec succès et régnez

propter veritátem, et mansuetúdinem, et justítiam ;

Pour la vérité, la mansuétude et la justice ;

et dedúcet te mirabíliter déxtera tua.

et votre droite vous conduira admirablement.

6 Sagíttæ tuæ acútæ :

6. Vos flèches sont acérées,

pópuli sub te cadent,

des peuples tomberont à vos pieds ;

in corda inimicórum regis.

elles pénètreront dans les cœurs des ennemis du roi.

7 Sedes tua, Deus, in sǽculum sǽculi ;

7. Votre trône, ô Dieu, subsistera dans les siècles des siècles ;

virga directiónis virga regni tui.

c’est un sceptre d’équité que le sceptre de votre règne.

8 Dilexísti justítiam, et odísti iniquitátem ;

8. Vous avez aimé la justice et haï l’iniquité :

proptérea unxit te Deus, Deus tuus,

c’est pourquoi Dieu, votre Dieu, vous a plus excellemment oint

óleo lætítiæ, præ consórtibus tuis.

d’une huile de joie que ceux qui participent à l’onction avec vous.

9 Myrrha, et gutta, et cásia a vestiméntis tuis,

9. La myrrhe, l’aloès et la cannelle s’exhalent de vos vêtements

a dómibus ebúrneis ; ex quibus delectavérunt te

et de vos maisons d’ivoire ; dont vous ont fait présent

10 fíliæ regum in honóre tuo.

10. Des filles de rois, pour vous honorer.

Astitit regína a dextris tuis

La reine s’est tenue debout à votre droite,

in vestítu deauráto, circúmdata varietáte.

dans un vêtement d’or, couverte de vêtements variés.

11 Audi, fília, et vide, et inclína aurem tuam ;

11. Écoutez, ma fille, voyez et inclinez votre oreille :

et oblivíscere pópulum tuum, et domum patris tui.

oubliez votre peuple, et la maison de votre père.

12 Et concupíscet rex decórem tuum,

12. Et le roi sera épris de votre beauté ;

quóniam ipse est Dóminus Deus tuus, et adorábunt eum.

car il est le Seigneur votre Dieu, et on l’adorera.

13 Et fíliæ Tyri in munéribus vultum tuum deprecabúntur ;

13. Et les filles de Tyr viendront avec des présents :

omnes dívites plebis.

tous les riches du peuple imploreront votre visage.

14 Omnis glória ejus fíliæ regis ab intus,

14. Toute la gloire de la fille du roi est au dedans,

in fímbriis áureis,

avec des franges d’or.

15 circumamícta varietátibus.

15. Elle est toute couverte d’ornements variés.

Adducéntur regi vírgines post eam ;

Des vierges seront amenées au roi après elle :

próximæ ejus afferéntur tibi.

ses plus proches vous seront présentées.

16 Afferéntur in lætítia et exsultatióne ;

16. Elles seront présentées au milieu de l’allégresse et de l’exultation,

adducéntur in templum regis.

elles seront conduites dans le temple du roi.

17 Pro pátribus tuis nati sunt tibi fílii ;

17. Au lieu de vos pères, des fils vous sont nés :

constítues eos príncipes super omnem terram.

vous les établirez princes sur toute la terre.

18 Mémores erunt nóminis tui in omni generatióne et generatiónem :

18. Ils se souviendront de votre nom dans toute la suite des générations.

proptérea pópuli confitebúntur tibi in ætérnum, et in sǽculum sǽculi.

C’est pour cela que des peuples vous loueront éternellement, et dans les siècles des siècles.

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Ps. XLIV. 7. Hebr. I, 8. — 8. Is. V, 1 ; LXI, 3.

 

1. * Le titre hébreu porte : « Au chef de chœur. Sur (l’air) des lis ou (sur un instrument en forme de lis). Des enfants de Coré. Poème didactique ; (chant) d’amour. » — Ce psaume est appliqué par beaucoup de commentateurs au mariage de Salomon avec la fille du pharaon. On peut le regarder plus justement comme un chant purement prophétique, qui, comme le Cantique des cantiques, célèbre l’union de Notre-Seigneur avec son Église. Il est certainement messianique. Hebr. I, 8-9 et Ps. XLIV, 7 ; Is. IX, 6-7 et Ps. XLIV, 5, 12. Le Targumiste paraphrase ainsi le vers. 3 : « Ta beauté, ô roi Messie, est supérieure à celle des enfants des hommes. »

2-3. * Exorde : enthousiasme du prophète produit par l’excellence du sujet qui l’inspire : la beauté du roi Messie.

3. La grâce est répandue, etc. Saint Luc dit dans son Évangile (IV, 22) que tous admiraient les paroles de grâce qui sortaient de la bouche de Jésus-Christ. — C’est pourquoi le Seigneur vous a béni,etc. Jésus-Christ dans son humanité a été comblé de bénédictions et de grâces ; et la première qu’il a reçue, qui est celle de sa prédestination à la gloire d’être uni hypostatiquement à la divinité, il l’a reçue gratuitement, c’est-à-dire indépendamment de tout mérite de sa part et par la pure faveur de Dieu ; mais il a reçu les autres grâces, et la gloire infinie dont il jouit dans le ciel, en considération de ses mérites personnels, et pour récompense de ses humiliations, de son obéissance, de sa passion et de sa mort.

4-5. * Le roi Messie, prodige de beauté, est aussi un héros, un prodige de force. Le Psalmiste le dépeint comme l’ayant sous les yeux.

6-8. * Ce héros est Dieu, un dominateur divin.

7. Saint Paul (Hebr. I, 8) applique ce verset à Jésus-Christ, à qui, seul, en effet, il est applicable.

8. Qui participent, etc. ; c’est-à-dire les autres rois. L’onction que Jésus-Christ a reçue est bien supérieure à celle de tous les rois ordinaires, puisque c’est Dieu qui l’a oint de l’Esprit Saint et de sa vertu, selon le témoignage de l’apôtre saint Pierre (Act. X, 38) et celui du Sauveur lui-même, qui s’est appliqué (Luc. IV, 18), ces paroles du prophète Isaïe : « L’esprit du Seigneur est sur moi ; c’est pourquoi il m’a consacré par son onction (LXI, 1). »

9-10. * Après avoir dépeint le Messie, époux de l’Église, le Psalmiste nous dépeint l’Église, épouse du Messie : elle est brillante de l’or d’Ophir, etc.

9. Maison d’ivoire. Ce sont, selon les uns, de petits coffres d’ivoire, faits en forme de maisons, et dans lesquels on conservait les habits avec des odeurs et des herbes odoriférantes ; selon les autres, des palais incrustés ou couverts d’ivoire, comme porte le chaldéen, et comme était apparemment celui d’Achab, roi d’Israël, lequel est nommé dans l’Écriture (III Reg. XXII, 39) maison d’ivoire. L’hébreu lit, en effet, palais d’ivoire ; les Septante, bareis, mot d’origine égyptienne, et propre à la Palestine pour exprimer des tours ou des maisons bâties en forme de tours et fermées de tous côtés. — Dont vous ont fait présent ; littér. dont vous ont délecté, etc., s’accorde mieux avec la première interprétation de maisons d’ivoire. — * « La myrrhe est la résine du Balsamodendron myrrha, qui croît principalement en Arabie et en Abyssinie ; elle ne sert dans la parfumerie moderne qu’à la composition des dentifrices. » (E. Rimmel.) L’aloès. « Il ne faut pas confondre l’aloès employé en médecine avec celui dont parle la Bible. Ce dernier est l’Aloexylum agallochum, arbuste fort abondant dans tout l’Orient, et dont le bois très aromatique forme le principal ingrédient des bâtons odorants que les Chinois et les Indiens brulent dans leurs temples. » (Id.)

11-13. * Discours à la reine, afin qu’elle se donne tout entière au Messie.

13. Votre visage. Voy. Ps. XLI, 6. — * Tyr, capitale de la Phénicie, célèbre par son commerce et ses richesses.

14-16. * Description de la beauté de la reine ou de l’Église.

16. Le temple du roi ; c’est-à-dire son palais.

17-18. * Propagation et gloire de l’Église.

17. Au vers. 11, les amies de l’épouse l’ont exhortée à oublier son peuple et son père ; ici elles lui disent que pour un père et une mère qu’elle quittait, elle se verrait bientôt mère de fils qui seraient des princes régnant sur toute la terre. — Vous sont nés. Ainsi portent les Septante et la Vulgate ; mais l’hébreu met le futur, ce qui est plus conforme au contexte.

18. Dans toute la suite ; littér. Dans toute génération et génération. Voy. sur ce genre de répétition et sur l’accusatif generationem de la Vulgate au lieu de l’ablatif, Observat. prélimin., II, 1°.

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Ps 45

*ps045

PSAUME XLV

(Hebr. XLVI).

Le Psalmiste loue Dieu des avantages qu’il a fait remporter à son peuple. Il représente ensuite le bonheur qu’il a d’être sous sa sainte protection.

1 In finem, fíliis Core, pro arcánis. Psalmus.

1. Pour la fin, aux fils de Coré, pour les secrets, psaume.

2 Deus noster refúgium et virtus ;

2. Dieu est notre refuge et notre force,

adjútor in tribulatiónibus quæ invenérunt nos nimis.

notre aide dans les tribulations qui nous ont assaillis très violemment.

3 Proptérea non timébimus dum turbábitur terra,

3. C’est pour cela que nous ne craindrons pas, tandis que la terre sera bouleversée,

et transferéntur montes in cor maris.

et que des montagnes seront transportées au cœur des mers.

4 Sonuérunt, et turbátæ sunt aquæ eórum ;

4. Leurs flots ont mugi et ont été agités :

conturbáti sunt montes in fortitúdine ejus.

les montagnes ont été ébranlées par la puissance de Dieu.

5 Flúminis ímpetus lætíficat civitátem Dei :

5. Le cours d’un fleuve abondant réjouit la cité de Dieu ;

sanctificávit tabernáculum suum Altíssimus.

le Très-Haut y a sanctifié son tabernacle.

6 Deus in médio ejus, non commovébitur ;

6. Dieu est au milieu de cette cité, elle ne sera pas ébranlée :

adjuvábit eam Deus mane dilúculo.

Dieu la protègera dès le matin, au lever de l’aurore.

7 Conturbátæ sunt gentes, et inclináta sunt regna :

7. Des nations ont été troublées et des royaumes ont chancelé :

dedit vocem suam, mota est terra.

il a fait entendre sa voix, et la terre a été ébranlée.

8 Dóminus virtútum nobíscum ;

8. Le Seigneur des armées est avec nous :

suscéptor noster Deus Jacob.

le Dieu de Jacob est notre soutien.

9 Veníte, et vidéte ópera Dómini,

9. Venez, et voyez les œuvres du Seigneur,

quæ pósuit prodígia super terram,

vrais prodiges qu’il a opérés sur la terre,

10 áuferens bella usque ad finem terræ.

10. En faisant cesser les guerres jusqu’à l’extrémité de la terre.

Arcum cónteret, et confrínget arma,

Il brisera l’arc, mettra les armes en pièces ;

et scuta combúret igni.

et les boucliers, il les brulera dans le feu.

11 Vacáte, et vidéte quóniam ego sum Deus ;

11. Tenez-vous en repos, et voyez que c’est moi qui suis Dieu ;

exaltábor in géntibus, et exaltábor in terra.

je serai exalté parmi les nations ; et je serai exalté par toute la terre.

12 Dóminus virtútum nobíscum ;

12. Le Seigneur des armées est avec nous :

suscéptor noster Deus Jacob.

notre soutien est le Dieu de Jacob.

~

Ps. XLV.

 

1.* Le titre hébreu porte : « Au chef de chœur. Des enfants de Coré. ῾Al ῾alâmôth (avec voix de soprano, d’après un grand nombre). » Ce psaume a été probablement composé à l’occasion de la guerre des Moabites, des Ammonites et des Iduméens, du temps de Josaphat, II Par. XX.

2-4. * Dieu est notre secours, au milieu des tempêtes et des dangers.

3. Mers ; pluriel qui se trouve dans l’hébreu et les Septante, et que la Vulgate elle-même suppose, quoiqu’elle mette le singulier (maris), puisqu’elle porte au verset suivant leurs flots au lieu de ses flots.

4. La puissance de Dieu ; littér. Sa puissance. Si ce pronom sa est amphibologique dans la Vulgate, qui, au vers. précédent, met le mot mer au singulier, il ne l’est nullement dans l’hébreu et le grec, où il ne peut se rapporter qu’à Dieu, exprimé au 1er vers.

5-7. * Jérusalem est inébranlable, parce que Dieu la protège.

5. Le cours d’un fleuve abondant. Le Psalmiste fait probablement allusion à la fontaine de Siloé. L’historien Josèphe, qui en parle souvent, dit entre autres choses (De Bello Jud., l. V, C. XXVI), que lorsque Nabuchodonosor assiégea Jérusalem, les eaux de cette fontaine augmentèrent considérablement ; et que la même chose arriva pendant que Tite fît le siège de cette ville ; de telle sorte que durant le siège elle en fournissait à l’armée romaine et qu’il en restait encore pour arroser les jardins, tandis qu’auparavant on en pouvait avoir à peine, même avec de l’argent. — La cité de Dieu ; Jérusalem. — Y a sanctifié ; c’est-à-dire érigé et consacré.

8. * Refrain.

9-11. * Dieu détruit tous les ennemis de Jérusalem.

12. * Refrain.

²

 

Ps 46

*ps046

PSAUME XLVI

(Hebr. XLVII).

Ce psaume convient à Jésus-Christ montant au ciel et régnant dans son Église. Le Psalmiste exhorte toutes tes nations à le louer à la vue de sa grandeur et de sa puissance.

1 In finem, pro fíliis Core. Psalmus.

1. Pour la fin, pour les fils de Coré, psaume.

2 Omnes gentes, pláudite mánibus ;

2. Toutes les nations, battez des mains :

jubiláte Deo in voce exsultatiónis :

poussez des cris de joie vers Dieu, avec une voix d’exultation,

3 quóniam Dóminus excélsus, terríbilis,

3. Car le Seigneur est très élevé et terrible :

rex magnus super omnem terram.

grand roi sur toute la terre.

4 Subjécit pópulos nobis,

4. Il nous a assujetti des peuples,

et gentes sub pédibus nostris.

et a mis des nations sous nos pieds.

5 Elégit nobis hæreditátem suam ;

5. Il a choisi en nous son héritage,

spéciem Jacob quam diléxit.

la beauté de Jacob qu’il a aimée.

6 Ascéndit Deus in júbilo,

6. Dieu est monté au milieu des acclamations de joie,

et Dóminus in voce tubæ.

et le Seigneur au son de la trompette.

7 Psállite Deo nostro, psállite ;

7. Chantez notre Dieu, chantez :

psállite regi nostro, psállite :

chantez notre Roi, chantez.

8 quóniam rex omnis terræ Deus,

8. Car le roi de toute la terre est Dieu :

psállite sapiénter.

chantez avec sagesse.

9 Regnábit Deus super gentes ;

9. Dieu règnera sur les nations :

Deus sedet super sedem sanctam suam.

Dieu est assis sur son trône saint.

10 Príncipes populórum congregáti sunt cum Deo Abraham,

10. Des princes de peuples se sont réunis au Dieu d’Abraham ;

quóniam dii fortes terræ veheménter eleváti sunt.

car les dieux forts de la terre ont été puissamment élevés.

~

Ps. XLVI. 6. II Reg. VI, 15.

 

1. * Plusieurs critiques voient dans ce psaume un chant de triomphe, entonné après une victoire, au moment où l’on ramène l’arche sur le mont Sion ; la tradition chrétienne l’applique généralement à l’Ascension de Notre-Seigneur.

2-5. * Acclamation à Dieu (vers. 2-3), parce qu’il donne les peuples à Jacob (vers. 4-5).

5. Il a choisi en nous, etc. ; c’est-à-dire il nous a choisis parmi toutes les nations pour être son peuple. — La beauté ou la gloire de Jacob, désigne dans plus d’un endroit de l’Écriture le temple du Seigneur. Ainsi, cette seconde partie du verset veut dire : Le Seigneur a choisi aussi pour sa demeure le temple, dont Jacob, c’est-à-dire le peuple d’Israël, a droit de se glorifier ; et il l’a aimé, puisqu’il l’a préféré à toutes les autres demeures.

6-10. * Dieu s’élève. Qu’on chante sa gloire (vers. 6-7), parce qu’il est le roi de toute la terre (vers. 8-10).

6. Dans la première partie de ce vers., les Pères reconnaissent l’Ascension de Jésus-Christ. Quant à la seconde, elle est applicable à son dernier avènement, selon ce que dit saint Paul, que Jésus-Christ descendra du ciel au son de la trompette de Dieu (I Thess. IV, 15).

10. * # Les dieux forts de la terre ; ou les dieux puissants de la terre, les princes de ce monde. Le texte hébreu porte : À Dieu (appartiennent) les puissants de la terre ; il (Dieu) est extraordinairement élevé.

²

 

Ps 47

*ps047

PSAUME XLVII

(Hebr. XLVIII).

Le sujet principal de ce psaume est l’Église figurée par Jérusalem. Le Psalmiste y décrit la vanité des efforts que ses ennemis ont faits contre elle, et le bonheur qu’elle a d’être toujours la demeure de Dieu.

1 Psalmus cántici. Fíliis Core, secúnda sábbati.

1. Psaume du cantique aux fils de Coré pour le second jour de la semaine.

2 Magnus Dóminus et laudábilis nimis,

2. Le Seigneur est grand et très digne de louange,

in civitáte Dei nostri, in monte sancto ejus.

dans la cité de notre Dieu, et sur sa montagne sainte.

3 Fundátur exsultatióne univérsæ terræ mons Sion ;

3. La montagne de Sion est fondée à l’exultation de toute la terre ;

látera aquilónis, cívitas regis magni.

du côté de l’aquilon est la cité du grand Roi.

4 Deus in dómibus ejus cognoscétur

4. Dieu sera connu dans ses maisons,

cum suscípiet eam.

quand il en prendra la défense.

5 Quóniam ecce reges terræ congregáti sunt ;

5. Car voilà que les rois de la terre

convenérunt in unum.

se sont réunis et sont venus ensemble.

6 Ipsi vidéntes, sic admiráti sunt,

6. L’ayant vu eux-mêmes, ils ont été étonnés,

conturbáti sunt, commóti sunt.

ils ont été troublés, ils ont été fort émus :

7 Tremor apprehéndit eos ;

7. Un tremblement les a saisis.

ibi dolóres ut parturiéntis :

Là ils ont ressenti comme les douleurs d’une femme qui enfante :

8 in spíritu veheménti cónteres naves Tharsis.

8. Ainsi par un vent impétueux, vous briserez les vaisseaux de Tharsis.

9 Sicut audívimus, sic vídimus,

9. Ce que nous avions appris, nous l’avons vu

in civitáte Dómini virtútum, in civitáte Dei nostri :

dans la cité du Seigneur des armées, dans la cité de notre Dieu :

Deus fundávit eam in ætérnum.

Dieu l’a fondée pour l’éternité.

10 Suscépimus, Deus, misericórdiam tuam

10. Nous avons reçu, ô Dieu, votre miséricorde,

in médio templi tui.

au milieu de votre temple.

11 Secúndum nomen tuum, Deus,

11. Comme votre nom, ô Dieu,

sic et laus tua in fines terræ ;

ainsi votre louange s’étend jusqu’aux extrémités de la terre :

justítia plena est déxtera tua.

votre droite est pleine de justice.

12 Lætétur mons Sion,

12. Que se réjouisse la montagne de Sion,

et exsúltent fíliæ Judæ,

et qu’exultent les filles de Juda,

propter judícia tua, Dómine.

à cause de vos jugements, Seigneur.

13 Circúmdate Sion, et complectímini eam ;

13. Environnez Sion et embrassez-la :

narráte in túrribus ejus.

racontez toutes ces choses dans ses tours.

14 Pónite corda vestra in virtúte ejus,

14. Portez votre attention sur sa force :

et distribúite domos ejus, ut enarrétis in progénie áltera.

faites le dénombrement de ses maisons, afin que vous le racontiez à une autre génération.

15 Quóniam hic est Deus,

15. Car lui est Dieu,

Deus noster in ætérnum, et in sǽculum sǽculi :

notre Dieu pour l’éternité et pour les siècles des siècles :

ipse reget nos in sǽcula.

lui-même qui nous gouvernera dans les siècles.

~

Ps. XLVII.

 

1. * Chant de victoire à l’occasion de la délivrance de Jérusalem. Composé probablement à l’occasion de la délivrance de Jérusalem, assiégée par Phaceé, roi d’Israël, et Rasin, roi de Syrie, Is. VII, 1 ; IV Reg. XVI, 4.

2-3. * Gloire au Seigneur, à cause de la beauté de sa cité sainte !

2. * La cité de notre Dieu, Jérusalem. — Sa montagne sainte, Sion.

3. * Le texte hébreu doit se traduire : « La montagne de Sion est belle par son élévation ; elle est la joie de toute la terre. » — Du côté de l’aquilon, c’est-à-dire sur le mont Moria, au nord-est du mont Sion, est la cité du grand roi ; c’est là que fut bâti le temple du vrai Dieu.

4-8. * Tableau de la défaite de l’armée ennemie, dispersée soudain comme une flotte par la tempête.

4. Quand il prendra la défense ; c’est-à-dire la défense de Sion, nommée dans le vers. précédent.

7.  ; en présence de Sion.

8. Les vaisseaux de Tharsis ; expression qui signifie des vaisseaux de long cours en général, de fort grands vaisseaux.

9. Ce que nous avions appris, etc. Nous avons vu par expérience la vérité de ce que nos pères nous avaient dit tant de fois, que le temple du Seigneur subsisterait toujours, et qu’il le rendrait inébranlable et imprenable par la vertu de sa présence. — Le Seigneur des armées. Voyez Ps. XXIII, 10.

9-10. * Comparaison des évènements récents avec les miracles anciens.

11-12. * Action de grâces.

12. Les filles de Juda, peuvent désigner les villes de Juda ; parce que les Hébreux avaient coutume d’appeler filles du pays les villes dépendantes de la capitale.

13-15. * Description de la force de Jérusalem dont Dieu est le vrai Dieu.

13. Environnez Sion, etc. ; suivant l’hébreu : Faites le tour de Sion, et visitez-la de toutes parts ; comptez ses tours. C’est une apostrophe par laquelle le Psalmiste dit au peuple assemblé pour la solennité de la dédicace du temple : Comparez l’état présent de Sion à celui des temps antérieurs. Faites le tour du temple, etc.

²

 

Ps 48

*ps048

PSAUME XLVIII

(Hebr. XLIX).

Le Psalmiste prouve l’inutilité des richesses, en montrant qu’elles ne peuvent ni conserver la vie à celui qui les possède, ni les donner à un autre. Il fait voir ensuite que la mort est inévitable, qu’elle rend tous les hommes égaux, et que les méchants se rendent semblables aux bêtes.

1 In finem, fíliis Core. Psalmus.

1. Pour la fin, aux fils de Coré, psaume.

2 Audíte hæc, omnes gentes ;

2. Écoutez ces choses, vous toutes, nations :

áuribus percípite, omnes qui habitátis orbem :

prêtez l’oreille, vous qui habitez l’univers ;

3 quique terrígenæ et fílii hóminum,

3. Vous tous, fils de la terre, et fils des hommes,

simul in unum dives et pauper.

ensemble et de concert, riche et pauvre.

4 Os meum loquétur sapiéntiam,

4. Ma bouche parlera sagesse,

et meditátio cordis mei prudéntiam.

et la méditation de mon cœur, prudence.

5 Inclinábo in parábolam aurem meam ;

5. J’inclinerai mon oreille à une parabole,

apériam in psaltério propositiónem meam.

et je révèlerai sur le psaltérion mon sujet.

6 Cur timébo in die mala ?

6. Pourquoi craindrai-je au jour mauvais ?

iníquitas calcánei mei circúmdabit me.

Je craindrai si l’iniquité de ma voie m’environne.

7 Qui confídunt in virtúte sua,

7. Qu’ils craignent ceux qui se confient dans leur puissance,

et in multitúdine divitiárum suárum, gloriántur.

et se glorifient dans l’abondance de leurs richesses.

8 Frater non rédimit, rédimet homo :

8. Un frère ne rachète pas son frère : un homme étranger le rachètera-t-il ?

non dabit Deo placatiónem suam,

il ne donnera pas à Dieu de quoi l’apaiser pour lui-même,

9 et prétium redemptiónis ánimæ suæ.

9. Ni le prix du rachat de son âme :

Et laborábit in ætérnum ;

et il travaillera éternellement.

10 et vivet adhuc in finem.

10. Et il vivra encore jusqu’à la fin.

11 Non vidébit intéritum,

11. Il ne verra pas la mort,

cum víderit sapiéntes moriéntes :

lorsqu’il aura vu les sages mourir :

simul insípiens et stultus períbunt.

l’insensé et le fou périront également.

Et relínquent aliénis divítias suas,

Et ils laisseront à des étrangers leurs richesses.

12 et sepúlchra eórum domus illórum in ætérnum ;

12. Et leurs sépulcres seront leurs maisons pour toujours.

tabernácula eórum in progénie et progénie :

Et leurs tabernacles dans chaque génération ;

vocavérunt nómina sua in terris suis.

quoiqu’ils aient donné leurs noms à leurs terres.

13 Et homo, cum in honóre esset, non intelléxit.

13. Et l’homme, lorsqu’il était en honneur, ne l’a pas compris :

Comparátus est juméntis insipiéntibus,

il a été comparé aux animaux sans raison,

et símilis factus est illis.

et il est devenu semblable à eux.

14 Hæc via illórum scándalum ipsis ;

14. Cette voie qu’ils suivent est une pierre d’achoppement pour eux-mêmes,

et póstea in ore suo complacébunt.

et néanmoins dans la suite ils se complairont dans leurs discours.

15 Sicut oves in inférno pósiti sunt :

15. Comme des brebis, ils ont été parqués dans l’enfer :

mors depáscet eos.

c’est la mort qui les paitra.

Et dominabúntur eórum justi in matutíno ;

Et les justes domineront sur eux dès le matin :

et auxílium eórum veteráscet in inférno a glória eórum.

et leur appui sera détruit dans l’enfer après leur gloire.

16 Verúmtamen Deus rédimet ánimam meam de manu ínferi,

16. Mais cependant Dieu rachètera mon âme de la main de l’enfer,

cum accéperit me.

quand il m’aura pris sous sa protection.

17 Ne timúeris cum dives factus fúerit homo,

17. Ne craignez pas lorsqu’un homme sera devenu riche,

et cum multiplicáta fúerit glória domus ejus :

et que la gloire de sa maison se sera accrue.

18 quóniam, cum interíerit, non sumet ómnia,

18. Parce que, lorsqu’il sera mort, il n’emportera pas tous ses biens ;

neque descéndet cum eo glória ejus.

et que sa gloire ne descendra pas avec lui.

19 Quia ánima ejus in vita ipsíus benedicétur ;

19. Car son âme, pendant sa vie, sera bénie :

confitébitur tibi cum beneféceris ei.

il vous louera, lorsque vous lui aurez fait du bien.

20 Introíbit usque in progénies patrum suórum ;

20. Il ira rejoindre les générations de ses pères, et durant l’éternité,

et usque in ætérnum non vidébit lumen.

il ne verra pas la lumière.

21 Homo, cum in honóre esset, non intelléxit.

21. L’homme, lorsqu’il était en honneur, ne l’a pas compris :

Comparátus est juméntis insipiéntibus,

il a été comparé aux animaux sans raison,

et símilis factus est illis.

et il est devenu semblable à eux.

~

Ps. XLVIII. 5. Ps. LXXVII, 2 ; Matth. XIII, 35.

 

1. * Ce psaume commence par une sorte de préambule vers. 2-5, et comprend deux strophes égales, 6-12, et 14-20, terminées chacune par un refrain, 13, 21. — C’est un de ceux qui contiennent des passages explicites sur la croyance à une autre vie. Il rappelle les Proverbes, surtout dans son introduction.

3. Vous tous. Devant ces mots, est sous-entendu Écoutez ces choses, du vers. précédent. — Fils de la terre, etc. ; c’est-à-dire nés dans une basse ou noble condition.

5. J’inclinerai, etc. Je serai attentif à ce que l’Esprit divin me suggérera, et je ferai connaitre, au son d’un psaltérion, le sujet de mon chant, lequel m’aura été inspiré.

6. Je craindrai, nous a paru le complément le plus simple et le plus naturel de l’ellipse qui se trouve dans l’hébreu et les Septante, aussi bien que dans la Vulgate. — L’iniquité de ma voie ; littér. de mon talon ; c’est-à-dire de mes pas, de ma marche ; au figuré, de ma conduite. Ainsi, le sens est : Je n’aurai à craindre que si je marche dans une mauvaise voie.

7. Qu’ils craignent. Voy. la note précédente.

9-11. Ces versets, en partie si obscurs et par là même si diversement interprétés, s’expliqueraient assez bien, ce semble, si on supposait simplement une interrogation dans le texte, de cette manière : L’homme, pendant sa vie, sera toujours livré au travail et à la peine ; mais vivra-t-il éternellement ? Ne verra-t-il pas la mort pour lui-même, quand il verra les sages mourir ?

12. Pour toujours (in ætérnum) ; c’est-à-dire jusqu’à la fin du monde. — Tabernacles ; demeures, habitations. — Chaque génération ; littér. génération et génération, Voy. les Observat. prélimin., II, 1°Quoiqu’ils aient donné, etc. ; pour se rendre célèbres, immortels.

14. Leurs discours ; littér. leur bouche. Par un genre de métonymie très usité en hébreu, le mot bouche signifie aussi parole, discours, qui sort de la bouche.

15. Les paîtra ; sera leur pasteur. C’est le sens de l’hébreu et des Septante ; il est d’ailleurs très conforme au contexte. — Dès le matin ; sans délai, promptement. — Après leur gloire ; après qu’ils auront été dépouillés de leur gloire.

²

 

Ps 49

*ps049

PSAUME XLIX

(Hebr. L).

Le souverain juge cite devant son tribunal tout son peuple, ses prêtres et ses juges. Il leur reproche leur vaine confiance dans leurs sacrifices, leur hypocrisie, leur injustice, leur liaison avec les méchants ; il les menace de sa colère et de ses plus terribles châtiments. La plupart des interprètes voient dans ce psaume le jugement dernier ou général, le second avènement du Fils de Dieu, qui est, en effet, assez bien marqué au vers. 1-4, 22

1 Psalmus Asaph.

1. Psaume d’Asaph.

Deus deórum Dóminus locútus est,

Le Dieu des dieux, le Seigneur a parlé,

et vocávit terram a solis ortu usque ad occásum.

et il a appelé la terre, depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher.

2 Ex Sion spécies decóris ejus :

2. De Sion vient l’éclat de sa splendeur.

3 Deus maniféste véniet ;

3. Dieu viendra manifestement :

Deus noster, et non silébit.

notre Dieu viendra, et il ne gardera pas le silence.

Ignis in conspéctu ejus exardéscet ;

Un feu s’allumera en sa présence ;

et in circúitu ejus tempéstas válida.

et, autour de lui, s’élèvera une tempête violente.

4 Advocábit cælum desúrsum, et terram,

4. D’en haut il appellera le ciel et la terre

discérnere pópulum suum.

pour juger son peuple.

5 Congregáte illi sanctos ejus,

5. Rassemblez-lui ses saints,

qui órdinant testaméntum ejus super sacrifícia.

qui exécutent son alliance sur les sacrifices.

6 Et annuntiábunt cæli justítiam ejus,

6. Et les cieux annonceront sa justice,

quóniam Deus judex est.

car Dieu lui-même est juge.

7 Audi, pópulus meus, et loquar ;

7. Écoute, mon peuple, et je parlerai ;

Israël, et testificábor tibi :

Israël, écoute ; car je te prendrai à témoin :

Deus, Deus tuus ego sum.

Dieu, ton Dieu, c’est moi qui le suis.

8 Non in sacrifíciis tuis árguam te ;

8. Je ne te reprendrai pas pour tes sacrifices ;

holocáusta autem tua in conspéctu meo sunt semper.

car tes holocaustes sont toujours en ma présence.

9 Non accípiam de domo tua vítulos,

9. Je ne prendrai pas des veaux de ta maison,

neque de grégibus tuis hircos :

ni des boucs de tes troupeaux

10 quóniam meæ sunt omnes feræ silvárum,

10. car à moi sont toutes les bêtes des forêts,

juménta in móntibus, et boves.

les animaux qui paissent sur les montagnes et les bœufs.

11 Cognóvi ómnia volatília cæli,

11. Je connais tous les volatiles du ciel,

et pulchritúdo agri mecum est.

et la beauté des champs est en mon pouvoir.

12 Si esuríero, non dicam tibi :

12. Si j’ai faim, je ne te le dirai pas :

meus est enim orbis terræ et plenitúdo ejus.

car à moi est le disque de la terre, et sa plénitude.

13 Numquid manducábo carnes taurórum ?

13. Est-ce que je mangerai des chairs de taureaux ?

aut sánguinem hircórum potábo ?

ou boirai-je du sang des boucs ?

14 Immola Deo sacrifícium laudis,

14. Immole à Dieu un sacrifice de louange,

et redde Altíssimo vota tua.

et rends au Très-Haut tes vœux.

15 Et ínvoca me in die tribulatiónis :

15. Et invoque-moi, au jour de la tribulation :

éruam te, et honorificábis me.

je te délivrerai, et tu m’honoreras.

16 Peccatóri autem dixit Deus : Quare tu enárras justítias meas ?

16. Mais au pécheur Dieu a dit : Pourquoi racontes-tu mes justices,

et assúmis testaméntum meum per os tuum ?

et pourquoi ta bouche annonce-t-elle mon alliance ?

17 Tu vero odísti disciplínam,

17. Pour toi, tu hais la discipline,

et projecísti sermónes meos retrórsum.

et tu as rejeté ma parole derrière toi.

18 Si vidébas furem, currébas cum eo ;

18. Si tu voyais un voleur, tu courais avec lui,

et cum adúlteris portiónem tuam ponébas.

et, avec les adultères, tu mettais ta part.

19 Os tuum abundávit malítia,

19. Ta bouche a abondé en malice,

et lingua tua concinnábat dolos.

et ta langue ajustait des fourberies.

20 Sedens advérsus fratrem tuum loquebáris,

20. Assis, tu parlais contre ton frère et contre le fils de ta mère,

et advérsus fílium matris tuæ ponébas scándalum.

tu posais une pierre d’achoppement.

21 Hæc fecísti, et tácui.

21. Tu as fait ces choses, et je me suis tu.

Existimásti iníque quod ero tui símilis :

Tu as pensé, homme inique, que je te serai semblable :

árguam te, et státuam contra fáciem tuam.

je te reprendrai sévèrement, et je te poserai devant ta propre face.

22 Intellígite hæc, qui obliviscímini Deum,

22. Comprenez ces choses, vous qui oubliez Dieu ;

nequándo rápiat, et non sit qui erípiat.

de peur qu’un jour il ne vous enlève, et qu’il n’y ait personne qui vous délivre.

23 Sacrifícium laudis honorificábit me,

23. Un sacrifice de louange m’honorera ;

et illic iter quo osténdam illi salutáre Dei.

et c’est là le chemin par lequel je lui montrerai le salut de Dieu.

~

Ps. XLIX.

 

1. Psaume d’Asaph ou par Asaph ; c’est-à-dire composé par Asaph, ou par quelqu’un de ses descendants, selon les uns ; ou bien, selon les autres, donné à Asaph, chef d’une bande de musiciens, pour être chanté dans le temple. il y a douze psaumes sous le nom d’Asaph. — Le Dieu des dieux ; c’est-à-dire le Dieu des juges de la terre, le souverain juge. Dans l’Écriture, on donne le nom de dieux aux juges, aux magistrats. — Le lever et le coucher du soleil, sont mis ici pour l’orient et l’occident. — * Discours de Dieu sur le culte qu’il faut lui rendre. — Psaume didactique, d’une grande clarté, destiné à inculquer l’inutilité d’un culte purement extérieur.

1-6. * Description de la théophanie ou de l’apparition de Dieu qui va parler.

3. Dieu viendra, etc. Compar. la IIe Épitre de saint Pierre, III, 10-12. — * Un feu, l’éclair.

5. Ses saints ; c’est-à-dire ou les Israélites en général, qui, comme nous l’avons déjà remarqué plusieurs fois, sont nommés dans l’Écriture les saints du Seigneur, ou, selon Théodoret, Moïse, Aaron, Éléazar et tous ceux qui, après eux, ont exercé le saint ministère dans le temple. — Qui exécutent son alliance sur les sacrifices ; c’est-à-dire qui sont chargés d’exécuter l’alliance ou la loi divine, en ce qui concerne les sacrifices ; ce qui rentre dans l’explication de Théodoret, aussi bien que dans le texte hébreu où nous lisons : Qui ont fait alliance avec moi touchant les sacrifices.

7-15. * Discours de Dieu aux Juifs fidèles : ce qu’il désire d’eux, ce ne sont point des boucs et des taureaux, mais un sacrifice de louange, c’est-à-dire l’adoration du cœur.

9. Je ne prendrai pas ; je n’ai pas besoin de prendre.

11. La beauté des champs ; c’est, suivant Théodoret, les différentes sortes de fruits de la terre.

16-23. * Discours aux Juifs pécheurs : qu’ils n’espèrent point pouvoir pécher à leur gré et obtenir le pardon de leurs fautes par l’oblation de victimes : Dieu ne pardonne qu’à ceux qui se repentent et se corrigent.

16. * Pourquoi, etc. Le vers. 17 montre que ce que Dieu reproche au pécheur, c’est d’avoir toujours la loi divine à la bouche et de ne pas y conformer sa conduite.

18. Tu mettais ta part ; tu partageais avec eux ; tu vivais avec eux en ami et en frère.

21. Je te poserai, etc. ; je t’exposerai à tes propres yeux, afin que tu te voies bien tel que tu es.

23. Je lui montrerai ; hébraïsme, pour je lui ferai éprouver, gouter. — Le salut de Dieu ; le salut que Dieu accorde, qui vient de Dieu. — * « Jamais nulle ode grecque ou latine, dit Fénelon, n’a pu atteindre à la hauteur des Psaumes. Par exemple, celui qui commence ainsi : Le Dieu des Dieux, le Seigneur a parlé, et il a appelé la terre, surpasse toute imagination humaine. »

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Ps 50

*ps050

PSAUME L

(Hebr. LI).

Ce psaume contient la prière ardente d’une âme affligée et pénitente. Le titre annonce clairement que ce sont les sentiments dans lesquels David entra lorsque le prophète Nathan lui eut reproché son crime avec Bethsabée, femme d’Urie. Le IIe Livre des Rois, d’où le titre est tiré, ajoute que le prophète reprocha en même temps à David le meurtre d’Urie (II Reg. XII).

1 In finem. Psalmus David,

1. Pour la fin, psaume de David.

2 cum venit ad eum Nathan prophéta, quando intrávit ad Bethsábeë.

2. Lorsque le prophète Nathan vint le trouver, après qu’il eut péché avec Bethsabée.

3 Miserére mei, Deus, secúndum magnam misericórdiam tuam ;

3. Ayez pitié de moi, Seigneur, selon votre grande miséricorde ;

et secúndum multitúdinem miseratiónum tuárum, dele iniquitátem meam.

Et selon la multitude de vos miséricordes, effacez mon iniquité.

4 Amplius lava me ab iniquitáte mea,

4. Lavez-moi encore plus de mon iniquité,

et a peccáto meo munda me.

et purifiez-moi de mon péché.

5 Quóniam iniquitátem meam ego cognósco,

5. Car moi aussi, je connais mon iniquité,

et peccátum meum contra me est semper.

et mon péché est toujours devant moi.

6 Tibi soli peccávi, et malum coram te feci ;

6. J’ai péché contre vous seul, et j’ai fait le mal devant vous :

ut justificéris in sermónibus tuis,

afin que vous soyez reconnu juste dans vos paroles,

et vincas cum judicáris.

et que vous soyez victorieux quand on vous juge.

7 Ecce enim in iniquitátibus concéptus sum,

7. Voilà, en effet, que j’ai été conçu dans des iniquités,

et in peccátis concépit me mater mea.

et que ma mère m’a conçu dans des péchés.

8 Ecce enim veritátem dilexísti ;

8. Voilà, en effet, Seigneur, que vous aimez la vérité ;

incérta et occúlta sapiéntiæ tuæ manifestásti mihi.

que vous m’avez manifesté les choses obscures et cachées de votre sagesse.

9 Aspérges me hyssópo, et mundábor ;

9. Vous m’aspergerez avec de l’hysope et je serai purifié ;

lavábis me, et super nivem dealbábor.

vous me laverez, et je deviendrai plus blanc que la neige.

10 Audítui meo dabis gáudium et lætítiam,

10. Vous me ferez entendre une parole de joie et d’allégresse,

et exsultábunt ossa humiliáta.

et mes os humiliés exulteront.

11 Avérte fáciem tuam a peccátis meis,

11. Détournez votre face de mes péchés ;

et omnes iniquitátes meas dele.

et effacez toutes mes iniquités.

12 Cor mundum crea in me, Deus,

12. Créez un cœur pur en moi, ô mon Dieu !

et spíritum rectum ínnova in viscéribus meis.

et renouvelez un esprit droit dans mes entrailles.

13 Ne projícias me a fácie tua,

13. Ne me rejetez pas de devant votre face,

et spíritum sanctum tuum ne áuferas a me.

et ne retirez pas votre esprit saint de moi.

14 Redde mihi lætítiam salutáris tui,

14. Rendez-moi la joie de votre salut,

et spíritu principáli confírma me.

et par votre esprit souverain fortifiez-moi.

15 Docébo iníquos vias tuas,

15. J’enseignerai aux hommes iniques vos voies,

et ímpii ad te converténtur.

et les impies se convertiront à vous.

16 Líbera me de sanguínibus, Deus, Deus salútis meæ,

16. Délivrez-moi d’un sang versé, ô Dieu, Dieu de mon salut :

et exsultábit lingua mea justítiam tuam.

et ma langue publiera avec joie votre justice.

17 Dómine, lábia mea apéries,

17. Seigneur, vous ouvrirez mes lèvres,

et os meum annuntiábit laudem tuam.

et ma bouche annoncera votre louange.

18 Quóniam si voluísses sacrifícium, dedíssem útique ;

18. Car si vous aviez voulu un sacrifice, je vous l’aurais offert certainement ;

holocáustis non delectáberis.

mais des holocaustes ne vous seront point agréables.

19 Sacrifícium Deo spíritus contribulátus ;

19. Le sacrifice que Dieu désire est un esprit brisé de douleur :

cor contrítum et humiliátum, Deus, non despícies.

un cœur contrit et humilié, ô Dieu, vous ne le dédaignerez pas.

20 Benígne fac, Dómine, in bona voluntáte tua Sion,

20. Dans votre bonne volonté, Seigneur, traitez bénignement Sion ;

ut ædificéntur muri Jerúsalem.

et que les murs de Jérusalem soient bâtis.

21 Tunc acceptábis sacrifícium justítiæ, oblatiónes et holocáusta ;

21. Alors vous agréerez un sacrifice de justice, des oblations et des holocaustes ;

tunc impónent super altáre tuum vítulos.

alors on mettra sur votre autel des veaux.

~

Ps. L. 2. II Rois, XII. — 6. Rom. III, 4. — 9. Lev. XIV ; Num. XIX.

 

1-2. * Ce psaume est le plus beau de tous les actes de contrition. Jamais pécheur n’a senti plus vivement et exprimé plus fortement le besoin d’obtenir la rémission de ses péchés. Il renferme quatre strophes. Chacune d’elles commence par une invocation à Dieu, unique dispensateur de la grâce. La 1re strophe (vers. 3-6) contient la confession du crime, la 2e (vers. 7-10) demande que la souillure soit lavée, la 3e (vers. 11-15) que l’âme soit renouvelée et créée, la 4e (vers. 16-19) promet la reconnaissance et un sacrifice de louanges. Il y a peu de pages de la Bible qui renferment autant de vérités dogmatiques en si peu de lignes. Le péché souille l’âme, c’est une offense directe faite à Dieu. Seul, Dieu, l’unique dispensateur de la grâce, peut l’effacer. L’hysope, plante dont la tige servait d’aspersoir, n’est mentionnée qu’à ce titre poétique. Le pardon est obtenu seulement par la contrition. « La volupté avait séduit David, mais il en attaque le principe par le remède que Dieu a spécialement préparé pour ce désordre. Il devient le type de la mortification, il mange un pain qui est pour lui comme de la cendre… L’orgueil l’avait subjugué, mais il brise son joug par l’aveu de son crime. Et quel aveu ! Ce n’est pas une confession particulière, c’est une confession à tout son peuple, aux générations futures, à tous les lieux, à tous les siècles. Il ne la murmure pas à voix basse, il ne la parle pas, il la chante pour la faire retentir plus loin dans la mémoire des hommes. Quelle admirable énergie de langage ! quelle puissance et quelle vérité de sentiments !… Comme sa voix, après avoir rugi les gémissements de son cœur, soupire une douleur plus calme ; puis se relève, se dilate !… Ce sublime testament de pénitence, il l’avait légué à toutes les âmes qui passent sur cette terre, aux pécheurs repentants pour leur inspirer la confiance, aux criminels endurcis pour les attendrir, aux justes pour les édifier. Les âmes ont répondu à son appel. » (Mgr Gerbet.) — Le psaume L est le quatrième des psaumes pénitentiaux.

4. Encore plus ; le sens de l’hébreu est un grand nombre de fois, beaucoup.

6. J’ai péché contre vous seul. Plusieurs l’expliquent ainsi : Vous êtes le seul témoin de mon crime ; ce qui n’est pas exact. Nathan, à la vérité, dit à David : Tu as agi secrètement ; mais il ajoute : Cependant, parce que tu as fait blasphémer les ennemis du Seigneur, etc. (II Reg. XII, 12, 14). Or, ces dernières paroles du prophète prouvent clairement que non seulement les Israélites étaient informés du crime de David, mais que les étrangers eux-mêmes en avaient eu connaissance. Il vaut mieux dire avec les Pères de l’Église et beaucoup de commentateurs que David, en qualité de roi, ne reconnaissait aucune autorité supérieure à la sienne, et qu’ainsi il n’était responsable qu’à Dieu seul de sa conduite.

7. Iniquités, péchés ; l’hébreu porte le singulier, iniquité, péché ; c’est-à-dire le péché originel.

9. * Avec de l’hysope. Voir la note sur Ex. XII, 23.

10. Humiliés ; brisés par la douleur.

14. La joie de votre salut ; la joie que procure le salut qui vient de vous. C’est comme si David disait : Rendez-moi la joie en me sauvant. — Votre esprit souverain. C’est aussi le sens des Septante ; l’hébreu dit esprit spontané, généreux.

16. D’un sang versé ; littér. de sangs. Voy. Ps. V, 7.

20-21. * Ces deux derniers versets ont été ajoutés après coup, peut-être du temps d’Esdras. Ils sont placés, non plus dans la bouche de David, mais dans celle du peuple.

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51 à 60

Ps 51

*ps051

PSAUME LI

(Hebr. LII).

Tout en reprochant à Doég, l’Iduméen, d’avoir irrité Saül contre David, et d’avoir été cause de la mort des prêtres du Seigneur qui étaient à Nobé (I Reg. XXII, 9, et suiv.), le Psalmiste représente la malignité des médisants, les châtiments qui leur sont préparés, la vanité de la confiance qu’ils ont en leurs richesses, et le bonheur des justes qui mettent, comme lui, toute leur espérance en Dieu.

1 In finem. Intelléctus David,

1. Pour la fin. Intelligence à David,

2 cum venit Doëg Idumǽus, et nuntiávit Sáuli : Venit David in domum Achímelech.

2. Lorsque Doég l’Iduméen vint annoncer à Saül que David était venu dans la maison d’Achimelech.

3 Quid gloriáris in malítia,

3. Pourquoi te glorifies-tu en ta malice,

qui potens es in iniquitáte ?

toi qui es puissant en iniquité ?

4 Tota die injustítiam cogitávit lingua tua ;

4. Tout le jour, ta langue a médité l’injustice :

sicut novácula acúta fecísti dolum.

comme un rasoir aiguisé, tu as trompé.

5 Dilexísti malítiam super benignitátem ;

5. Tu as aimé la malice plus que la bonté ;

iniquitátem magis quam loqui æquitátem.

et un langage d’iniquité plutôt que d’équité.

6 Dilexísti ómnia verba præcipitatiónis ;

6. Tu as aimé toutes les paroles de perdition,

lingua dolósa.

ô langue trompeuse !

7 Proptérea Deus déstruet te in finem ;

7. C’est pourquoi Dieu te détruira pour toujours,

evéllet te, et emigrábit te de tabernáculo tuo,

et t’enlèvera et t’exilera, toi, de ton tabernacle,

et radícem tuam de terra vivéntium.

et ta racine de la terre des vivants.

8 Vidébunt justi, et timébunt ;

8. Les justes le verront, et ils craindront ;

et super eum ridébunt, et dicent :

et ils riront de lui, et diront :

9 Ecce homo qui non pósuit Deum adjutórem suum ;

9. Voilà un homme qui n’a pas pris Dieu pour son aide,

sed sperávit in multitúdine divitiárum suárum,

mais qui a espéré dans la multitude de ses richesses,

et præváluit in vanitáte sua.

et qui s’est prévalu de sa vanité.

10 Ego autem, sicut olíva fructífera in domo Dei ;

10. Pour moi, je suis comme un olivier qui porte du fruit dans la maison de Dieu ;

sperávi in misericórdia Dei, in ætérnum et in sǽculum sǽculi.

j’ai espéré dans la miséricorde de Dieu pour l’éternité, et pour les siècles des siècles.

11 Confitébor tibi in sǽculum, quia fecísti ;

11. Je vous louerai pour toujours de ce que vous avez fait,

et exspectábo nomen tuum,

et j’attendrai votre nom,

quóniam bonum est in conspéctu sanctórum tuórum.

car il est bon, en présence de vos saints.

~

Ps. LI.

 

1. Intelligence à David ; ou, selon d’autres, de David ; c’est-à-dire psaume didactique composé par David.

4. Comme un rasoir, etc. Tu as trompé par ta langue, comme fait un rasoir aiguisé, qui, au lieu de retrancher simplement les poils superflus de la barbe, coupe la chair et fait des plaies profondes.

6. Perdition ; littér. précipitation, chute ; l’hébreu dit absorption, engloutissement ; les Septante, l’action de jeter dans la mer.

7. Tabernacle. Les anciens Hébreux appelaient leur demeure tabernacle ou tente. — Ta racine ; c’est-à-dire tes enfants ; afin que ta famille soit entièrement et à jamais éteinte. Le pronom ta, qui manque dans la Vulgate, se trouve dans l’hébreu et les Septante.

11. De ce que vous avez fait relativement à moi et à Doég. La Vulgate, comme l’hébreu et le grec, porte simplement : Parce que vous avez fait. Le verbe faire se met quelquefois, surtout dans les psaumes, d’une manière absolue et sans complément ou régime. C’est le contexte qui détermine le sens dans lequel on doit le prendre. — Votre nom. Le nom de Dieu se prend souvent dans l’Écriture pour Dieu lui-même ou pour son secours, son appui, sa protection. — Bon ; favorable, bienfaisant. — En présence de vos saints ; c’est-à-dire pour vos fidèles serviteurs. Voy. pour le mot saints, Ps. XXXI, 6.

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Ps 52

*ps052

PSAUME LII

(Hebr. LIII).

Le Psalmiste déplore la corruption générale des hommes. Il décrit la confusion où tombent ceux qui persécutent le peuple du Seigneur, et il prédit la délivrance de ce peuple et la joie dont elle sera suivie.

1 In finem, pro Máëleth intelligéntiæ David.

1. Pour la fin, pour Maëleth. Intelligence à David.

Dixit insípiens in corde suo : Non est Deus.

L’insensé a dit dans son cœur : Il n’y a point de Dieu.

2 Corrúpti sunt, et abominábiles facti sunt in iniquitátibus ;

2. Ils se sont corrompus, et sont devenus abominables dans leurs iniquités ;

non est qui fáciat bonum.

il n’en est pas qui fasse le bien.

3 Deus de cælo prospéxit super fílios hóminum,

3. Dieu, du haut du ciel, a regardé sur les fils des hommes,

ut vídeat si est intélligens, aut requírens Deum.

afin de voir s’il en est un intelligent ou cherchant Dieu.

4 Omnes declinavérunt ; simul inútiles facti sunt :

4. Tous se sont détournés, tous ensemble sont devenus inutiles ;

non est qui fáciat bonum, non est usque ad unum.

il n’en est pas qui fassent le bien ; il n’en est pas même un seul.

5 Nonne scient omnes qui operántur iniquitátem,

5. Est-ce qu’ils ne connaitront point, tous ceux qui opèrent l’iniquité,

qui dévorant plebem meam ut cibum panis ?

qui dévorent mon peuple comme un morceau de pain ?

6 Deum non invocavérunt ;

6. Ils n’ont pas invoqué le Seigneur,

illic trepidavérunt timóre, ubi non erat timor.

ils ont tremblé de frayeur là où n’était pas la crainte.

Quóniam Deus dissipávit ossa eórum qui homínibus placent :

Car Dieu a dispersé les os de ceux qui plaisent aux hommes ;

confúsi sunt, quóniam Deus sprevit eos.

ils ont été confondus, car le Seigneur les a méprisés.

7 Quis dabit ex Sion salutáre Israël ?

7. Qui fera sortir de Sion le salut d’Israël ?

cum convérterit Deus captivitátem plebis suæ,

Lorsque Dieu aura ramené la captivité de son peuple,

exsultábit Jacob, et lætábitur Israël.

Jacob exultera : Israël sera dans l’allégresse.

~

Ps. LII. 1. Ps. XIII, 1. — 3. Ps. XIII, 2. — 4. Rom. III, 12.

 

1. Ce psaume, à quelques légères différences près, n’est que le XIIIe, avec lequel on peut le comparer. — Intelligence à David. Voy. le titre du Ps. LI (Hebr. LII). — L’insensé se met souvent dans la Bible pour l’impie.

5. Est-ce qu’ils ne connaitront point, etc. Voy. Ps. XIII, 4.

6. Dieu a dispersé les os ; a détruit, anéanti les forces. — Qui plaisent ; qui cherchent à plaire.

7. Qui fera sortir de Sion, etc. Voy. Ps. XIII, 7.

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Ps 53

*ps053

PSAUME LIII

(Hebr. LIV).

David, pressé par ses ennemis, invoque le secours du Seigneur avec un cœur plein de confiance en sa bonté.

1 In finem, in carmínibus. Intelléctus David,

1. Pour la fin dans les cantiques, intelligence à David.

2 cum veníssent Ziphǽi, et dixíssent ad Saul : Nonne David abscónditus est apud nos ?

2. Lorsque les habitants de Ziph furent venus et eurent dit à Saül : Est-ce que David n’est pas chez nous ?

3 Deus, in nómine tuo salvum me fac,

3. Dieu, sauvez-moi par votre nom,

et in virtúte tua júdica me.

et jugez-moi par votre puissance.

4 Deus, exáudi oratiónem meam ;

4. Dieu, exaucez ma prière,

áuribus pércipe verba oris mei.

prêtez l’oreille aux paroles de ma bouche.

5 Quóniam aliéni insurrexérunt advérsum me,

5. Car des étrangers se sont élevés contre moi,

et fortes quæsiérunt ánimam meam,

et des ennemis puissants ont cherché mon âme ;

et non proposuérunt Deum ante conspéctum suum.

ils n’ont pas mis Dieu devant leurs yeux.

6 Ecce enim Deus ádjuvat me,

6. Mais voilà que Dieu vient à mon aide ;

et Dóminus suscéptor est ánimæ meæ.

et le Seigneur est le soutien de mon âme.

7 Avérte mala inimícis meis ;

7. Tournez les maux du côté de mes ennemis ;

et in veritáte tua dispérde illos.

et par votre fidélité dans les promesses, exterminez-les.

8 Voluntárie sacrificábo tibi,

8. Je vous offrirai, volontairement, un sacrifice ;

et confitébor nómini tuo, Dómine, quóniam bonum est.

je louerai votre nom, Seigneur, car il est bon.

9 Quóniam ex omni tribulatióne eripuísti me,

9. Car vous m’avez retiré de toute tribulation,

et super inimícos meos despéxit óculus meus.

et sur mes ennemis, mon œil a jeté un regard de mépris.

~

Ps. LIII.

 

1. Intelligence de David. Voy. le titre du Ps. LI (Hebr. LII). — * Le titre hébreu porte : « Au chef de chœur. Avec accompagnement d’instruments à cordes (Neginôth). Poème didactique (Maskil). »

2. Ce fait avec tout ce qui s’y rattache est raconté au premier livre des Rois (XXIII, 19 et suiv. ; XXVI, 1 et suiv.).

3-5. * Plaintes du Psalmiste.

3. Votre nom. Voy. pour la vraie signification de ces mots, Ps. LI, 11. — Jugez-moi ; etc. Usez de votre puissance pour juger entre Saül et moi ; et punissez les Ziphéens, qui, le plus injustement du monde, m’ont trahi et découvert à mon adversaire. Remarquons, en passant, que le verbe hébreu, qui signifie primitivement juger, exprime aussi quelquefois les effets du jugement, punir, châtier.

5. Des étrangers. Quoique de la tribu de Juda, comme David lui-même, les Ziphéens méritaient le titre d’étrangers ou ennemis, selon l’ancien langage biblique, à cause de leur infidélité envers lui. Cette explication n’est pas opposée à celle des interprètes qui prétendent qu’il y avait beaucoup d’étrangers à la nation israélite, dans l’armée de Saül. — Ont cherché mon âme. Voy. Ps. XXXIV, 4.

6-9. * Confiance dans la protection divine.

7. Tournez les maux, etc. Ce ne sont ici ni des imprécations, ni des invectives, mais bien une sorte de prophétie de ce qui doit arriver aux méchants, ou des arrêts prononcés contre eux par l’esprit de Dieu même. Voy. les Observat. prélimin., I, ce que nous avons dit sur ces sortes d’expressions répandues dans les psaumes.

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Ps 54

*ps054

PSAUME LIV

(Hebr. LV).

David, exposé à un grand danger, demande les ailes de la colombe pour se sauver. Il décrit la fourberie de ses ennemis. Il met toute sa confiance dans le Seigneur, et prédit la perte de ceux qui le persécutent. Les Pères font l’application de ce psaume à Jésus-Christ, trahi par Judas et livré aux Romains par les Juifs, et à l’Église chrétienne, persécutée au dehors par les païens et trahie par les hérétiques.

1 In finem, in carmínibus. Intelléctus David.

1. Pour la fin, dans les cantiques, intelligence à David.

2 Exáudi, Deus, oratiónem meam,

2. Exaucez, ô Dieu, ma prière,

et ne despéxeris deprecatiónem meam :

et ne méprisez pas ma supplication.

3 inténde mihi, et exáudi me.

3. Portez votre attention sur moi, et exaucez-moi.

Contristátus sum in exercitatióne mea,

J’ai été contristé dans ma méditation :

et conturbátus sum

et j’ai été troublé

4 a voce inimíci, et a tribulatióne peccatóris.

4. À la voix d’un ennemi et à cause de l’oppression du pécheur.

Quóniam declinavérunt in me iniquitátes,

Car ils ont détourné sur moi des iniquités ;

et in ira molésti erant mihi.

et par colère ils me tourmentaient.

5 Cor meum conturbátum est in me,

5. Mon cœur a été troublé au-dedans de moi ;

et formído mortis cécidit super me.

et la frayeur de la mort est tombée sur moi.

6 Timor et tremor venérunt super me,

6. Une crainte et un tremblement sont venus sur moi ;

et contexérunt me ténebræ.

et des ténèbres m’ont couvert.

7 Et dixi : Quis dabit mihi pennas sicut colúmbæ,

7. Et j’ai dit : Qui me donnera des ailes comme les ailes d’une colombe,

et volábo, et requiéscam ?

et je m’envolerai, et je me reposerai ?

8 Ecce elongávi fúgiens,

8. Voilà que je me suis éloigné en fuyant :

et mansi in solitúdine.

et j’ai demeuré dans le désert.

9 Exspectábam eum qui salvum me fecit

9. J’attendais celui qui m’a sauvé

a pusillanimitáte spíritus, et tempestáte.

d’un abattement d’esprit et d’une tempête.

10 Præcípita, Dómine ; dívide linguas eórum :

10. Précipitez-les, Seigneur, divisez leurs langues ;

quóniam vidi iniquitátem et contradictiónem in civitáte.

car j’ai vu l’iniquité et la discorde dans la cité.

11 Die ac nocte circúmdabit eam super muros ejus iníquitas ;

11. Jour et nuit l’iniquité l’environnera sur ses murs :

et labor in médio ejus,

le travail est au milieu d’elle,

12 et injustítia :

12. Ainsi que l’injustice.

et non defécit de platéis ejus usúra et dolus.

L’usure n’a pas fait défaut dans ses places publiques, ni la fraude.

13 Quóniam si inimícus meus maledixísset mihi,

13. Car si c’eût été mon ennemi qui m’eût maudit,

sustinuíssem útique.

je l’aurais supporté certainement.

Et si is qui óderat me super me magna locútus fuísset,

Et si celui qui me haïssait avait parlé contre moi avec hauteur,

abscondíssem me fórsitan ab eo.

je me serais, sans doute, caché de lui.

14 Tu vero homo unánimis,

14. Mais c’est toi, homme qui vivais avec moi dans un même esprit,

dux meus, et notus meus :

mon guide et mon familier,

15 qui simul mecum dulces capiébas cibos ;

15. Qui partageais avec moi les doux mets de ma table ;

in domo Dei ambulávimus cum consénsu.

nous avons marché dans la maison du Seigneur avec un parfait accord.

16 Véniat mors super illos,

16. Vienne la mort sur eux ;

et descéndant in inférnum vivéntes :

et qu’ils descendent dans l’enfer tout vivants :

quóniam nequítiæ in habitáculis eórum, in médio eórum.

car la méchanceté est dans leurs demeures, au milieu d’eux.

17 Ego autem ad Deum clamávi,

17. Mais moi, j’ai crié vers Dieu,

et Dóminus salvábit me.

et le Seigneur me sauvera.

18 Véspere, et mane, et merídie, narrábo, et annuntiábo ;

18. Le soir, et le matin, et à midi, je raconterai et j’annoncerai ses miséricordes,

et exáudiet vocem meam.

et il exaucera ma voix.

19 Rédimet in pace ánimam meam ab his qui appropínquant mihi :

19. Il rachètera en paix mon âme de ceux qui s’approchaient de moi ;

quóniam inter multos erant mecum.

car ils étaient en grand nombre avec moi.

20 Exáudiet Deus, et humiliábit illos,

20. Dieu m’exaucera, et les humiliera,

qui est ante sǽcula.

lui qui est avant les siècles.

Non enim est illis commutátio,

Car il n’y a pas de changement en eux,

et non timuérunt Deum.

et ils n’ont pas craint Dieu.

21 Exténdit manum suam in retribuéndo ;

21. Il a étendu sa main en leur rendant selon leurs mérites.

Contaminavérunt testaméntum ejus :

Ils ont souillé son alliance,

22 divísi sunt ab ira vultus ejus,

22. Ils ont été dissipés par la colère de son visage ;

et appropinquávit cor illíus.

et son cœur s’est approché contre eux.

Mollíti sunt sermónes ejus super óleum ;

Ses discours sont plus doux que l’huile ;

et ipsi sunt jácula.

mais ils sont en même temps des javelots.

23 Jacta super Dóminum curam tuam, et ipse te enútriet ;

23. Déposez vos soins sur le Seigneur, et lui-même vous nourrira ;

non dabit in ætérnum fluctuatiónem justo.

il ne laissera pas éternellement le juste dans l’agitation.

24 Tu vero, Deus, dedúces eos in púteum intéritus.

24. Mais vous, ô Dieu, vous les conduirez dans un puits de destruction.

Viri sánguinum et dolósi non dimidiábunt dies suos ;

Les hommes de sang et trompeurs n’arriveront pas à la moitié de leurs jours :

ego autem sperábo in te, Dómine.

mais moi, j’espèrerai en vous, Seigneur.

~

Ps. LIV. 23. Matt, VI, 25 ; Luc. XII, 22 ; I Petr. V, 7.

 

1. * On lit dans l’hébreu : « Au chef de chœur. Avec accompagnement d’instruments à cordes (Neginôth). Psaume didactique (Maskil). » — Ce psaume est, comme le Ps. XL, du temps de la révolte d’Absalom. L’ami qui l’a trahi est Achitophel, figure de Judas Iscariote.

7. D’une colombe. Le mot columbæ de la Vulgate est au génitif, comme le prouve le texte des Septante ; et par conséquent la traduction, comme à la colombe, est fondée sur une fausse analyse.

8. Dans le désert. Lorsque David fuyait devant son fils Absalom, révolté contre lui, il se retira dans le désert au-delà du Jourdain. Voy. II Reg. XV et suiv.

10. Précipitez-les, etc. Voy. les Observat. prélimin., I ; et Compar. II Reg. XV, 31 et suiv. — La cité ; peut-être la ville d’Hébron, où la révolte d’Absalom commença ; peut-être encore Jérusalem, où David n’ignorait pas qu’Absalom avait un très grand nombre de partisans.

14. * Mon guide, mon conseiller. Il s’agit d’Achitophel.

15. * Avec un parfait accord. Dans l’original : avec la multitude qui allait à la maison du Seigneur. David veut dire qu’Achitophel était comme un autre lui-même, dont il ne se séparait jamais, ni à table, ni dans les actes de culte qu’il rendait à Dieu.

16. Vienne la mort, etc. Voy. les Observat. prélimin., I.

18. Le soir, etc. Le jour chez les Hébreux commençait le soir ; et ils priaient trois fois le jour ; règle qu’observait exactement le prophète Daniel, même pendant la captivité. Voy. Dan. VI, 10.

19. Il rachètera, etc. ; phrase elliptique, ou comme on dit en termes de grammaire hébraïque, construction prégnante dont le sens complet est : En me donnant la paix, il me délivrera de ceux qui s’approchaient dans des vues hostiles. — Avec moi ; contre moi. Dans le style de l’Écriture, la particule avec signifie souvent en opposition, contre.

22. Ses discours. Ce sont, selon les uns, les discours de Dieu, nommé au vers. 20, et selon les autres, les paroles flatteuses qu’Absalom adressait tous les matins à la porte du palais, aux Israélites, pour gagner leurs cœurs, et se frayer ainsi un chemin à la royauté.

24. Un puits de destruction ; c’est le tombeau. — De sang ; littér. de sangs. Voy. Ps. V, 7.

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Ps 55

*ps055

PSAUME LV

(Hebr. LVI).

David expose à Dieu les maux qu’il souffre de la part de ses ennemis. Il espère dans le secours du Seigneur, et lui rend grâces de l’avoir exaucé et délivré.

1 In finem, pro pópulo qui a sanctis longe factus est. David in títuli inscriptiónem, cum tenuérunt eum Allóphyli in Geth.

1. Pour la fin. Pour le peuple qui a été éloigné des saints (ou des choses saintes) ; par David, pour une inscription de titre, lorsque les Allophyli (étrangers) le retinrent dans Geth.

2 Miserére mei, Deus, quóniam conculcávit me homo ;

2. Ayez pitié de moi, ô Dieu, car un homme m’a foulé aux pieds :

tota die impúgnans, tribulávit me.

tout le jour m’attaquant, il m’a tourmenté.

3 Conculcavérunt me inimíci mei tota die,

3. Mes ennemis m’ont foulé aux pieds tout le jour ;

quóniam multi bellántes advérsum me.

car ils sont nombreux, ceux qui combattent contre moi.

4 Ab altitúdine diéi timébo :

4. Dès la hauteur du jour, je craindrai ;

ego vero in te sperábo.

mais j’espèrerai en vous.

5 In Deo laudábo sermónes meos ;

5. En Dieu je louerai mes discours,

in Deo sperávi :

en Dieu j’ai espéré ;

non timébo quid fáciat mihi caro.

je ne craindrai pas ce que pourra me faire la chair.

6 Tota die verba mea execrabántur ;

6. Tout le jour ils exécraient mes paroles :

advérsum me omnes cogitatiónes eórum in malum.

contre moi, toutes leurs pensées était pour le mal.

7 Inhabitábunt, et abscóndent ;

7. Ils habiteront près de moi et ils se cacheront ;

ipsi calcáneum meum observábunt.

en même temps, ils observeront mes pas.

Sicut sustinuérunt ánimam meam,

Comme ils ont attendu avec constance mon âme pour la perdre,

8 pro níhilo salvos fácies illos ;

8. Vous ne les sauverez à aucun prix :

in ira pópulos confrínges.

dans votre colère, vous briserez des peuples.

9 Deus, vitam meam annuntiávi tibi ;

9. Ô Dieu ! Je vous ai exposé ma vie ;

posuísti lácrimas meas in conspéctu tuo,

vous avez mis mes larmes en votre présence,

sicut et in promissióne tua :

Comme aussi dans votre promesse.

10 tunc converténtur inimíci mei retrórsum.

10. Alors mes ennemis seront rejetés en arrière.

In quacúmque die invocávero te,

En quelque jour que je vous aie invoqué,

ecce cognóvi quóniam Deus meus es.

j’ai connu que vous êtes mon Dieu.

11 In Deo laudábo verbum ;

11. En Dieu, je louerai une parole ;

in Dómino laudábo sermónem.

dans le Seigneur, je louerai un discours :

In Deo sperávi :

en Dieu j’ai espéré,

non timébo quid fáciat mihi homo.

je ne craindrai pas ce que pourra me faire un homme.

12 In me sunt, Deus, vota tua,

12. Je vous dois, ô Dieu, des vœux

quæ reddam, laudatiónes tibi :

que j’acquitterai, et des louanges en votre honneur.

13 quóniam eripuísti ánimam meam de morte,

13. Car vous avez arraché mon âme à la mort,

et pedes meos de lapsu,

et mes pieds à la chute,

ut pláceam coram Deo in lúmine vivéntium.

afin que je plaise à Dieu en sa présence, dans la lumière des vivants.

~

Ps. LV.

 

1. Par David. Voy. le Ps. XV (Hebr. XVI). — Ce fait avec tout ce qui s’y rattache est raconté au premier livre des Rois, XXI, XXII et suiv. — * Le titre en hébreu signifie : « Au chef de chœur, [sur l’air de] la colombe muette (ou des térébinthes) du lointain (?) (premières paroles d’un chant connu). De David. Mikthâm. Quand les Philistins (les Allophyli) le tenaient dans Geth. »

2. Un homme ; selon les uns, Saül ; selon les autres, Achis, roi de Geth, chez qui David s’était réfugié, pour se soustraire aux persécutions de Saül ; mais par qui il fut chassé comme épileptique, parce qu’il avait contrefait l’insensé, dès qu’il eut su qu’on l’avait dénoncé à ce prince comme étant le plus grand ennemi des Philistins. Voy. I Reg. XXI.

4. Dès la hauteur du jour ; c’est-à-dire en plein jour, lorsque mes ennemis pourront me découvrir et m’attaquer plus facilement. C’est l’explication la plus simple et la plus naturelle,

5. Mes discours, comme portent les Septante et la Vulgate, signifient les discours qui m’ont été adressés, que Dieu m’a fait entendre. Le texte hébreu lit sa parole. Saint Jérôme et saint Augustin expliquent cette expression par : Les promesses touchant ma délivrance. — La chair ; littér. une chair ; c’est-à-dire, selon le style de l’Écriture, un mortel, un homme. Compar. les vers. 2 et 11. — * Ce verset forme un refrain.

7. Près de moi. C’est le vrai sens des Septante et de la Vulgate ; ils se posteront, ils se tiendront ; ce qui suit autorise parfaitement cette interprétation. — Mes pas ; littér. mon talon. Voy. Ps. XLVIII, 6.

8. Vous briserez des peuples. Le mot peuples n’étant affecté de l’article déterminatif, ni dans l’hébreu, dans le grec, ne saurait être légitimement rapporté aux ennemis particuliers de David. La phrase exprime une sentence générale.

9. Le sens de ce verset parait être : Je vous ai exposé tous mes maux ; vous avez vu mes larmes, et vous en avez été touché, comme vous me l’aviez promis.

11. En Dieu, etc. ; c’est-à-dire une parole que Dieu me fera entendre, un discours qu’il m’adressera selon l’objet de mes louanges. Ceci est une espèce de refrain. Compar. le vers. 5.

12. Je vous dois ; litter., selon l’hébreu, sur moi sont ; c’est-à-dire sont à ma charge ; c’est aussi le vrai sens de la traduction en moi sont du grec et de la Vulgate.

13. La lumière des vivants ; c’est-à-dire cette vie. Plusieurs Pères l’entendent de Jésus-Christ, la lumière du monde ; d’autres, du bonheur du ciel, opposé aux ténèbres de cette vie.

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Ps 56

*ps056

PSAUME LVI

(Hebr. LVII).

David implore le secours du Seigneur au fort de son affliction. Il lui rend grâces de l’avoir délivré, et il lui promet de publier ses louanges parmi les nations.

1 In finem, ne dispérdas. David in títuli inscriptiónem, cum fúgeret a fácie Saul in spelúncam.

1. Pour la fin. Ne perdez pas entièrement ; par David, pour une inscription de titre, lorsqu’il s’enfuit de devant la face de Saül dans la caverne.

2 Miserére mei, Deus, miserére mei,

2. Ayez pitié de moi, ô Dieu, ayez pitié de moi,

quóniam in te confídit ánima mea.

parce que mon âme s’est confiée en vous.

Et in umbra alárum tuárum sperábo,

Et à l’ombre de vos ailes, j’espèrerai

donec tránseat iníquitas.

jusqu’à ce que l’iniquité soit passée.

3 Clamábo ad Deum altíssimum,

3. Je crierai au Dieu très haut,

Deum qui benefécit mihi.

au Dieu qui m’a fait du bien.

4 Misit de cælo, et liberávit me ;

4. Il a envoyé du ciel, et il m’a délivré :

dedit in oppróbrium conculcántes me.

il a donné en opprobre ceux qui me foulaient aux pieds.

Misit Deus misericórdiam suam et veritátem suam,

Dieu a envoyé sa miséricorde et sa vérité,

5 et erípuit ánimam meam de médio catulórum leónum.

5. Et il a arraché mon âme du milieu des petits des lions :

Dormívi conturbátus.

j’ai dormi tout troublé.

Fílii hóminum dentes eórum arma et sagíttæ,

Les fils des hommes, leurs dents sont des armes et des flèches,

et lingua eórum gládius acútus.

et leur langue un glaive acéré.

6 Exaltáre super cælos, Deus,

6. Élevez-vous au-dessus des cieux, ô Dieu,

et in omnem terram glória tua.

et que sur toute la terre éclate votre gloire.

7 Láqueum paravérunt pédibus meis,

7. Ils ont préparé un lacet pour mes pieds,

et incurvavérunt ánimam meam.

et ils ont courbé mon âme.

Fodérunt ante fáciem meam fóveam,

Ils ont creusé devant ma face une fosse,

et incidérunt in eam.

et ils y sont tombés.

8 Parátum cor meum, Deus, parátum cor meum ;

8. Mon cœur est prêt, ô Dieu, mon cœur est prêt :

cantábo, et psalmum dicam.

je chanterai et je dirai un psaume.

9 Exsúrge, glória mea ;

9. Lève-toi, ô ma gloire,

exsúrge, psaltérium et cíthara :

lève-toi, psaltérion, et toi, harpe :

exsúrgam dilúculo.

je me lèverai au point du jour.

10 Confitébor tibi in pópulis, Dómine,

10. Je vous louerai parmi les peuples, Seigneur,

et psalmum dicam tibi in géntibus :

et je dirai un psaume en votre honneur parmi les nations.

11 quóniam magnificáta est usque ad cælos misericórdia tua,

11. Parce que votre miséricorde s’est élevée jusqu’aux cieux,

et usque ad nubes véritas tua.

et votre vérité jusqu’aux nues.

12 Exaltáre super cælos, Deus,

12. Soyez exalté au-dessus des cieux, ô Dieu,

et super omnem terram glória tua.

et que sur toute la terre éclate votre gloire.

~

Ps. LVI. 7. Esth. VII, 10 ; Prov. XXVI, 27 ; XXVIII, 10 ; Ps. VII, 16 ; IX, 16, 23 ; Eccles. X, 8 ; Eccli. XXVII, 29.

 

1. Dans la caverne ou d’Odollam (I Reg. XXII, 1), ou d’Engaddi (Ibid., XXIV, 1-4). — * En hébreu : « Au chef de chœur. [Sur l’air de] ῾al thaschkheth (ne perds pas). De David. Mikthâm. »

2. L’iniquité ; c’est-à-dire les efforts et les tentatives des hommes iniques contre moi.

4. Il a envoyé du ciel ; sa main ou son secours. Compar. Ps. XVII, 17. — Sa vérité ; c’est-à-dire la fidélité dans ses promesses.

6. Élevez-vous, etc. Ceci, selon la remarque des Pères, s’explique très bien de l’Ascension de Jésus-Christ. — * Ce verset forme refrain.

7. Ils ont courbé mon âme ; c’est-à-dire ils l’ont fait fléchir sous le poids des maux qu’ils lui ont causés.

9. Ma gloire signifie probablement mon âme ; selon d’autres, mes instruments ; suivant saint Athanase, mon esprit de prophétie.

12. * Refrain final.

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Ps 57

*ps057

PSAUME LVII

(Hebr. LVIII).

David s’élève contre les mauvais conseillers qui irritaient Saül contre lui. Prières et prédictions contre eux. Ils périront, et tout le monde connaitra la justice et la providence du Seigneur.

1 In finem, ne dispérdas. David in títuli inscriptiónem.

1. Pour la fin. Ne perdez pas entièrement ; par David, pour une inscription de titre.

2 Si vere útique justítiam loquímini,

2. Si c’est bien avec vérité que vous parlez justice,

recta judicáte, fílii hóminum.

jugez selon l’équité, ô fils des hommes.

3 Etenim in corde iniquitátes operámini ;

3. Car dans votre cœur vous opérez des iniquités :

in terra injustítias manus vestræ concínnant.

sur la terre vos mains travaillent avec art des injustices.

4 Alienáti sunt peccatóres a vulva ;

4. Les pécheurs se sont égarés dès leur naissance ;

erravérunt ab útero :

ils ont erré dès le sein de leur mère :

locúti sunt falsa.

ils ont dit des choses fausses.

5 Furor illis secúndum similitúdinem serpéntis,

5. Leur fureur est semblable à celle d’un serpent,

sicut áspidis surdæ et obturántis aures suas,

à celle d’un aspic sourd qui bouche ses oreilles,

6 quæ non exáudiet vocem incantántium,

6. Qui n’écoutera pas la voix des enchanteurs,

et venéfici incantántis sapiénter.

et d’un magicien qui charme habilement.

7 Deus cónteret dentes eórum in ore ipsórum ;

7. Dieu brisera leurs dents dans leur bouche ;

molas leónum confrínget Dóminus.

il mettra en poudre les molaires des lions.

8 Ad níhilum devénient tamquam aqua decúrrens ;

8. Ils seront réduits à rien comme une eau qui passe :

inténdit arcum suum donec infirméntur.

il a tendu son arc jusqu’à ce qu’ils tombent sans force.

9 Sicut cera quæ fluit auferéntur ;

9. Comme la cire qui fond, ils seront détruits :

supercécidit ignis, et non vidérunt solem.

un feu est tombé d’en haut sur eux, et ils n’ont pas vu le soleil.

10 Priúsquam intellígerent spinæ vestræ rhamnum,

10. Avant que vos épines sentent le buisson,

sicut vivéntes sic in ira absórbet eos.

Dieu, dans sa colère, les engloutira comme tout vivants.

11 Lætábitur justus cum víderit vindíctam ;

11. Le juste se réjouira, lorsqu’il aura vu la vengeance :

manus suas lavábit in sánguine peccatóris.

il lavera ses mains dans le sang du pécheur.

12 Et dicet homo : Si útique est fructus justo,

12. Et l’homme dira : S’il est réellement un avantage pour le juste,

útique est Deus júdicans eos in terra.

il est réellement un Dieu qui juge les hommes sur la terre.

~

Ps. LVII.

 

1. * En hébreu : « Au chef de chœur, [Sur l’air de] ῾al thaschkheth (ne perds pas). De David. Mikthâm. » — Composé probablement pendant la révolte d’Absalom. — Le langage est vif, les images fortes et relativement plus multipliées que dans aucun autre psaume, quelquefois à peine indiquées, d’où une certaine obscurité.

2-3. * Apostrophe aux juges qui violent la justice.

4-6. * Tableau des méchants qui sont incorrigibles.

5-6. D’un aspic sourd, etc. Le Palmiste veut dire simplement que les enchantements ne font pas plus d’effet sur l’aspic que s’il était réellement sans oreilles ou qu’il les bouchât. Il est incontestable par toute l’antiquité que les magiciens possédaient l’art d’enchanter les serpents, et par ce moyen de les empêcher de piquer. C’est pourquoi lorsque l’Écriture veut parler de serpents redoutables, elle les appelle des serpents qui ne se laissent point enchanter, ou qui sont sourds à la voix des enchanteurs. Compar. Eccles. X, 11 ; Jer. VIII, 17.

7-12. * Prière à Dieu pour qu’il anéantisse les méchants comme des bêtes malfaisantes (vers. 7-10) et pour que le juste triomphe de leur ruine (vers. 11-12).

7. Les molaires des lions, selon la Vulgate et les Septante ; mais il est plus probable qu’il faut l’entendre des dents canines ; d’abord, dans les lions et les autres carnivores, ce ne sont point les dents molaires qui sont le plus à craindre ; en second lieu, la paraphrase chaldaïque, la version syriaque et une des versions arabes portent dents de devant. — Les termes molaires et lions, n’étant point déterminés par l’article, dans le texte hébreu, comme ils le sont dans la version grecque, la phrase exprime une sentence générale. Compar. Ps. LV, 7 ???.

10. Avant que vos épines sentent le buisson ; hébraïsme, pour avant que vos épines parviennent à l’état de buisson ; c’est-à-dire d’arbrisseau ; avant qu’elles aient atteint leur développement ; ce qui signifie, que Dieu fera disparaitre en peu de temps les ennemis de David.

11. Le juste, etc. Voy. Observat. prélimin., I.

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Ps 58

*ps058

PSAUME LVIII

(Hebr. LIX).

David représente à Dieu l’injustice et la violence de ses persécuteurs. Il en prédit le châtiment, et il annonce les louanges qu’il rendra au Seigneur pour les secours qu’il espère recevoir de sa bonté. On remarque aisément dans ce psaume des prophéties très claires de la vocation des Gentils, de la dispersion et de la réprobation des Juifs, et, enfin, de leur retour à l’Église chrétienne.

1 In finem, ne dispérdas. David in títuli inscriptiónem, quando misit Saul et custodívit domum ejus ut eum interfíceret.

1. Pour la fin. Ne perdez pas entièrement ; par David, pour une inscription de titre, quand Saül envoya des gens et fit garder sa maison afin de le tuer (I Rois, XIX, 11).

2 Eripe me de inimícis meis, Deus meus,

2. Arrachez-moi à mes ennemis, ô mon Dieu ;

et ab insurgéntibus in me líbera me.

et délivrez-moi de ceux qui s’insurgent contre moi.

3 Eripe me de operántibus iniquitátem,

3. Délivrez-moi de ceux qui opèrent l’iniquité ;

et de viris sánguinum salva me.

et sauvez-moi des hommes de sang.

4 Quia ecce cepérunt ánimam meam ;

4. Car voilà qu’ils ont pris mon âme ;

irruérunt in me fortes.

des forts ont fondu sur moi.

5 Neque iníquitas mea, neque peccátum meum, Dómine ;

5. Ni mon iniquité ni mon péché, Seigneur, n’en ont été cause ;

sine iniquitáte cucúrri, et diréxi.

c’est sans iniquité que j’ai couru et que j’ai dirigé mes voies.

6 Exsúrge in occúrsum meum, et vide :

6. Levez-vous au-devant de moi, et voyez,

et tu, Dómine Deus virtútum, Deus Israël,

et vous, Seigneur Dieu des armées, Dieu d’Israël.

inténde ad visitándas omnes gentes :

Songez à visiter toutes les nations ;

non misereáris ómnibus qui operántur iniquitátem.

ne faites miséricorde à aucun de ceux qui opèrent l’iniquité.

7 Converténtur ad vésperam, et famem patiéntur ut canes :

7. Ils reviendront vers le soir, et ils seront affamés comme des chiens,

et circuíbunt civitátem.

et ils tourneront autour de la ville.

8 Ecce loquéntur in ore suo,

8. Voici qu’ils parleront dans leur bouche ;

et gládius in lábiis eórum : quóniam quis audívit ?

et un glaive est sur leurs lèvres, en disant : Qui nous a entendus ?

9 Et tu, Dómine, deridébis eos ;

9. Mais vous, Seigneur, vous vous rirez d’eux ;

ad níhilum dedúces omnes gentes.

vous réduirez au néant toutes les nations.

10 Fortitúdinem meam ad te custódiam,

10. Je garderai pour vous ma force ;

quia, Deus, suscéptor meus es :

car, ô Dieu, vous êtes mon soutien.

11 Deus meus misericórdia ejus prævéniet me.

11. Mon Dieu ! sa miséricorde me préviendra.

12 Deus osténdet mihi super inimícos meos :

12. Dieu me montrera le sort de mes ennemis :

ne occídas eos, nequándo obliviscántur pópuli mei.

ne les tuez point, de peur que mon peuple n’oublie leur châtiment.

Dispérge illos in virtúte tua,

Dispersez-les par votre puissance

et depóne eos, protéctor meus, Dómine :

et faites-les déchoir, ô mon protecteur, ô Seigneur !

13 delíctum oris eórum, sermónem labiórum ipsórum ;

13. À cause du crime de leur bouche et du discours de leurs lèvres ;

et comprehendántur in supérbia sua.

et qu’ils soient pris dans leur orgueil.

Et de execratióne et mendácio annuntiabúntur 14 in consummatióne :

Et ils seront dénoncés publiquement pour leurs malédictions et leurs mensonges, 14. À leur consommation,

in ira consummatiónis, et non erunt.

à la colère de leur consommation, et ils ne seront plus.

Et scient quia Deus dominábitur Jacob, et fínium terræ.

Et ils sauront que Dieu dominera dans Jacob, et jusqu’aux extrémités de la terre.

15 Converténtur ad vésperam, et famem patiéntur ut canes :

15. Ils reviendront vers le soir, et ils seront affamés comme des chiens ;

et circuíbunt civitátem. 16 Ipsi dispergéntur ad manducándum ;

et ils tourneront autour de la ville. 16. Ils se disperseront pour manger :

si vero non fúerint saturáti, et murmurábunt.

mais s’ils ne sont pas rassasiés, ils murmureront.

17 Ego autem cantábo fortitúdinem tuam,

17. Pour moi, je chanterai votre force ;

et exsultábo mane misericórdiam tuam :

et je célèbrerai en exultant, dès le matin, votre miséricorde,

quia factus es suscéptor meus,

Car vous êtes devenu mon soutien

et refúgium meum in die tribulatiónis meæ.

et mon refuge au jour de ma tribulation.

18 Adjútor meus, tibi psallam,

18. Ô mon aide, je vous célèbrerai,

quia Deus suscéptor meus es ;

car vous êtes mon Dieu, mon soutien ;

Deus meus, misericórdia mea.

mon Dieu, ma miséricorde.

~

Ps. LVIII.

 

1. * Titre hébreu : « Au chef de chœur. [Sur l’air de] ῾al thaschkheth (ne perds pas). Mikthâm. » Saül, avant de donner l’ordre de garder la maison de David et de le tuer le matin, cherchait à s’en débarrasser secrètement. Les valets de la cour, race vénale et malveillante pour le vainqueur de Goliath, étaient prêts à seconder les desseins du roi. David avait remarqué dans Gabaa une certaine agitation, le va-et-vient qui en était résulté le soir, quand ces scélérats parcouraient la ville pour le rencontrer et le frapper. De là les angoisses de David, la répétition de la description des versets 7 et 15, sa joie quand arrive le matin et sa reconnaissance envers Dieu. Le psaume est composé avec beaucoup d’art. Il renferme deux parties, vers. 2-10 ; 11-18. La 1re partie peint le trouble et l’inquiétude de David, la 2e ses angoisses calmées, sa colère et ses espérances.

3. De sang ; littér. de sangs. Voy. Ps. V, 7.

4. Mon âme ; c’est-à-dire moi. Voy. Ps. VII, 3.

7. * Refrain. — Ils reviendront vers le soir, et ils seront affamés comme des chiens et ils tourneront autour de la ville. Tous ces traits sont topiques et très caractéristiques. « Dans toutes les villes de la Palestine et de la Syrie, on rencontre les chiens par bandes, par petits groupes, en famille. Ce sont des chiens-loups, au poil jaune, au museau de renard, à l’air rusé, mais faux et méchant. Le jour ils sont muets, étendus, au repos et dorment dans les rues [qui leur servent de domicile, car ils n’ont point de maitres]. Mais après le coucher du soleil, ils s’éveillent [affamés] et se mettent en campagne. Alors ce sont, toute la nuit, des jappements, des hurlements épouvantables, des cris sauvages de rage, de fureur ; ils parcourent les rues, se jettent sur tout ce qui peut être pour eux un aliment, et se disputent avec férocité les moindres détritus. » (E. Guibout, Jérusalem, 1889, p. 188.)

8. Ils parleront dans leur bouche ; ils murmureront. — En disant ; c’est le vrai sens de la particule hébraïque, rendue dans la Vulgate par puisque (quoniam).

10. Pour vous ; c’est-à-dire pour vous louer, pour vous célébrer. — * Refrain terminant la première partie du psaume.

11. Sa miséricorde ; est pour votre miséricorde. Après une interpellation, les Hébreux employaient assez souvent la troisième personne au lieu de la seconde.

12. Ce verset est très diversement expliqué ; nous avons choisi l’interprétation qui nous a paru la plus conforme au contexte. Ainsi, le Psalmiste veut dire : Ne les frappez point d’une mort prompte ; mais faites-leur porter longtemps le poids de votre colère, afin que mon peuple n’oublie jamais les effets de votre vengeance, et qu’il apprenne à vous craindre et à mettre en vous son espérance.

13. À cause. La plupart des commentateurs supposent que cette particule, exprimée d’ailleurs dans le chaldéen, est sous-entendue dans les Septante et dans la Vulgate, et qu’elle régit les mots crime et discours, qui sont à l’accusatif dans ces deux dernières versions ; mais quelques-uns font dépendre l’accusatif du verbe précédent : sentiment qui peut être fondé.

14. À leur consommation ; c’est-à-dire au jour de leur ruine. — À la colère de leur consommation ; au jour de la colère divine qui les consumera.

15. * Refrain. Voir vers. 7.

16. Ils murmureront ; littér. et ils murmureront. Le mot et indique ici uniquement le commencement de l’apodose ; s’il devait se rendre en français, ce serait par alors, dans ce sens, cela supposé.

18. * Même refrain que vers. 10.

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Ps 59

*ps059

PSAUME LIX

(Hebr. LX).

David se plaint à Dieu de ce qu’il a livré son peuple à ses ennemis. Il espère qu’après l’avoir ainsi châtié, il voudra bien de nouveau le protéger.

1 In finem, pro his qui immutabúntur, in títuli inscriptiónem ipsi David, in doctrínam,

1. Pour la fin, pour ceux qui seront changés, pour une inscription de titre par David lui-même, pour la doctrine,

2 cum succéndit Mesopotámiam Sýriæ et Sobal, et convértit Joab, et percússit Idumǽam in valle Salinárum duódecim míllia.

2. Lorsqu’il brula la Mésopotamie de Syrie et Sobal, et que Joab, étant revenu, frappa l’Idumée dans la vallée des Salines, par la défaite de douze mille hommes.

3 Deus, repulísti nos, et destruxísti nos ;

3. Ô Dieu, vous nous avez rejetés, et vous nous avez détruits ;

irátus es, et misértus es nobis.

vous avez été irrité ; et ensuite vous avez eu pitié de nous.

4 Commovísti terram, et conturbásti eam ;

4. Vous avez ébranlé la terre, et vous l’avez bouleversée ;

sana contritiónes ejus, quia commóta est.

réparez ses brisures, car elle a été ébranlée.

5 Ostendísti pópulo tuo dura ;

5. Vous avez montré à votre peuple des châtiments rigoureux ;

potásti nos vino compunctiónis.

vous nous avez fait boire du vin de componction

6 Dedísti metuéntibus te significatiónem,

6. Vous avez donné à ceux qui vous craignent un signal,

ut fúgiant a fácie arcus ;

afin qu’ils fuient à la face de l’arc :

ut liberéntur dilécti tui.

Afin que vos bien-aimés soient délivrés.

7 Salvum fac déxtera tua, et exáudi me.

7. Sauvez-moi par votre droite, et exaucez-moi.

8 Deus locútus est in sancto suo :

8. Dieu a parlé dans son sanctuaire :

lætábor, et partíbor Sichímam ;

Je me réjouirai, et je partagerai Sichem,

et convállem tabernaculórum metíbor.

et je mesurerai la vallée des tabernacles.

9 Meus est Gálaad, et meus est Manásses ;

9. À moi est Galaad, et à moi est Manassé,

et Ephraïm fortitúdo cápitis mei.

et Éphraïm est la force de ma tête.

Juda rex meus ;

Juda est mon roi ;

10 Moab olla spei meæ.

10. Moab est le vase de mon espérance.

In Idumǽam exténdam calceaméntum meum :

Jusque dans l’Idumée j’étendrai mes pas ;

mihi alienígenæ súbditi sunt.

des étrangers me sont devenus soumis.

11 Quis dedúcet me in civitátem munítam ?

11. Qui me conduira dans une ville fortifiée ?

quis dedúcet me usque in Idumǽam ?

qui me conduira jusque dans l’Idumée ?

12 nonne tu, Deus, qui repulísti nos ?

12. Ne sera-ce pas vous, ô Dieu, qui nous avez rejetés ?

et non egrediéris, Deus, in virtútibus nostris ?

et ne sortirez-vous point, ô Dieu, à la tête de nos armées ?

13 Da nobis auxílium de tribulatióne,

13. Donnez-nous du secours, pour nous tirer de la tribulation,

quia vana salus hóminis.

car vain est le salut de l’homme.

14 In Deo faciémus virtútem ;

14. En Dieu nous ferons preuve de valeur ;

et ipse ad níhilum dedúcet tribulántes nos.

et lui-même réduira au néant ceux qui nous tourmentent.

~

Ps. LIX.

 

1. Par. Voy. le Ps. XV (Hebr. XVI).

1-2. * Titre hébreu : « Au chef de chœur. Sur [l’air de] schouschan ῾êdouth (le lis du témoignage). Mikthâm. De David. Pour être enseigné (comme l’élégie sur la mort de Saül et de Jonathan, II Reg. I, 18). » Les paroles : Lorsqu’il brula, etc., indiquent d’une manière générale l’époque de la composition du psaume. Il fut fait avant la victoire de la vallée des Salines, à un moment où la Palestine du sud était maltraitée par les Iduméens à qui le roi n’avait pas de troupes suffisantes à opposer. — Le psaume CVII, 7-14, est la reproduction de LIX, 7-15.

2. Les faits historiques mentionnés dans ce titre, et qu’on lit en grande partie dans II Reg. VIII, 13 ; X, 16, 19 ; III Reg. XI, 15, 16 ; I Par. XVIII, 12 ; XIX, 19, offrent plusieurs difficultés ; on peut les voir exposées et expliquées dans les commentateurs.

3-7. * Plaintes et prière d’Israël opprimé par les Iduméens.

5. Vous avez montré. Voy. Ps. XLIX, 23. — Du vin de componction ; c’est-à-dire du vin de douleur qui nous a fait ressentir de vifs remords de vous avoir offensé.

6. Un signal, pour se sauver et pour se mettre à couvert des flèches de leurs ennemis. Le Psalmiste semble faire allusion à ce qui se pratiquait en temps de guerre chez les Hébreux. On dressait sur les montagnes des espèces de mâts ; et en cas d’alarme et d’irruption des ennemis, on élevait un signal au haut de ce bois, afin que le peuple pût se sauver dans les montagnes et dans les autres lieux de sûreté. Compar. Is. V, 26 ; XI, 12 ; XVIII, 3 ; XXX, 17 ; XXXIII, 23.

8-10. * Discours de Dieu annonçant la défaite de tous les ennemis de son peuple.

8. Dans son sanctuaire ; selon d’autres dans son saint ou par son saint ; c’est-à-dire David lui-même ou Jésus-Christ. — Je partagerai, etc. Partager et mesurer un terrain, signifient s’en rendre maitre. — * Sichem. Voir la note sur Gen. XII, 6.

9. Galaad, désigne le pays situé au-delà du Jourdain. — Manassé et Ephraïm sont mis pour toutes les autres tribus qui furent si longtemps séparées de Juda. — Ephraïm est la force de ma tête ; en ce qu’elle me fournit l’élite de mes troupes, les capitaines les plus vaillants et les plus expérimentés. — * Juda est mon roi. La tribu de Juda domine partout.

10. Moab, etc. Quelquefois, dit D. Calmet, on jetait les sorts au fond d’un vase plein d’eau. Le sort qui venait le dernier était le meilleur. Moab est le bon lot qui m’est venu, et qui a été tiré du fond du vase. Selon d’autres interprètes, le Psalmiste qualifie ainsi Moab, parce que c’était une province fertile et abondante. Le texte hébreu porte : Moab est le vase où je me lave ; ce qui marque l’assujettissement et l’avilissement des Moabites. Mais les Septante et Symmaque ont lu comme la Vulgate. — Mes pas ; littér. ma chaussure. — Des étrangers ; c’est-à-dire les Philistins qui avaient émigré dans la Palestine, et dont le pays est expressément nommé ici dans le texte hébreu. — * Moab, désigne le pays à l’est de la mer Morte, habité par les descendants de Loth. — L’Idumée, au sud de la Palestine, était très forte, à cause de ses montagnes.

11-14. * Prière pour obtenir la victoire contre les Iduméens.

11. Une ville fortifiée ; Bosra, ville forte de l’Idumée, selon la plupart, et dont il est parlé, Is. LXIII, 1. — * La ville fortifiée est plutôt Pétra, la capitale de l’Idumée. Voir la note sur IV Reg. XIV, 7.

13. Pour nous tirer. Ces mots sont évidemment sous-entendus ; l’expression de la tribulation, qui, d’ailleurs, ne saurait dépendre de donnez-nous du secours, en est le complément. Voyez ce que nous dit sur ce genre de construction dans les Observat. prélimin., II, 2°.

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Ps 60

*ps060

PSAUME LX

(Hebr. LXI).

David invoque te secours du Seigneur avec cette ferme confiance que lui inspire la puissante protection dont il l’a toujours honoré.

1 In finem. In hymnis David.

1. Pour la fin. Dans les hymnes de David.

2 Exáudi, Deus, deprecatiónem meam ;

2. Exaucez, ô Dieu, ma supplication ;

inténde oratióni meæ.

soyez attentif à ma prière.

3 A fínibus terræ ad te clamávi, dum anxiarétur cor meum ;

3. Des extrémités de la terre j’ai crié vers vous : tandis que mon cœur était dans l’anxiété,

in petra exaltásti me.

vous m’avez élevé sur une pierre.

Deduxísti me, 4 quia factus es spes mea :

Vous m’avez conduit, 4. Parce que vous êtes devenu mon espérance ;

turris fortitúdinis a fácie inimíci.

une tour forte à la face de l’ennemi.

5 Inhabitábo in tabernáculo tuo in sǽcula ;

5. J’habiterai dans votre tabernacle durant des siècles :

prótegar in velaménto alárum tuárum.

je serai abrité et à couvert sous vos ailes.

6 Quóniam tu, Deus meus, exaudísti oratiónem meam ;

6. Parce que vous, mon Dieu, vous avez exaucé ma prière :

dedísti hæreditátem timéntibus nomen tuum.

vous avez donné un héritage à ceux qui craignent votre nom.

7 Dies super dies regis adjícies ;

7. Vous ajouterez des jours aux jours du roi ;

annos ejus usque in diem generatiónis et generatiónis.

vous lui donnerez des années jusqu’au jour d’une génération et d’une génération.

8 Pérmanet in ætérnum in conspéctu Dei :

8. Il demeurera éternellement en la présence de Dieu ;

misericórdiam et veritátem ejus quis requíret ?

qui recherchera la miséricorde et la vérité de Dieu ?

9 Sic psalmum dicam nómini tuo in sǽculum sǽculi,

9. Ainsi je dirai un psaume à la gloire de votre nom dans les siècles des siècles ;

ut reddam vota mea de die in diem.

afin de m’acquitter de mes vœux de jour en jour.

~

Ps. LX.

 

1. * Prière de David éloigné de Jérusalem pendant la révolte d’Absalom. Titre hébreu : « Au chef de chœur. Avec accompagnement d’instruments à cordes (Neginôth). De David. » — Composé par David fugitif, pendant la révolte d’Absalom, à Mahanaim (Vulgate : Castra), II Reg. XVII, 24, ou en quelque autre endroit du pays de Galaad.

2-4. * Prière de David fugitif pour que Dieu le soutienne et le conduise.

3. Une pierre ; un rocher haut et inaccessible.

4. Une tour forte ; littér. et par hébraïsme, une tour de force. En hébreu, en effet, un adjectif est souvent remplacé par un substantif mis au génitif.

5-6. * Dieu est la force de David ; il désire habiter toujours près du Tabernacle, près de celui qui lui a donné son héritage.

7. D’une génération et d’une génération, hébraïsme, pour plusieurs, un grand nombre de générations. Suivant la paraphrase chaldaïque et les anciens rabbins, les expressions du texte ne peuvent être exactement vérifiées que dans la personne du Messie.

7-9. * Que Dieu donne de longs jours au roi, qu’il le garde, et il le remerciera par ses chants.

8. Recherchera, sondera, approfondira.

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61 à 70

Ps 61

*ps061

PSAUME LXI

(Hebr. LXII).

David s’excite lui-même, et tous ceux qui suivent son parti, à mettre toute sa confiance en Dieu, et à se soumettre entièrement à lui.

1 In finem, pro Idithun. Psalmus David.

1. Pour la fin. Pour Idithun, psaume de David.

2 Nonne Deo subjécta erit ánima mea ?

2. Est-ce que mon âme ne sera pas soumise à Dieu ?

ab ipso enim salutáre meum.

car de lui-même vient mon salut.

3 Nam et ipse Deus meus et salutáris meus ;

3. Car lui-même est mon Dieu et mon sauveur, mon soutien,

suscéptor meus, non movébor ámplius.

je ne serai plus ébranlé.

4 Quoúsque irrúitis in hóminem ?

4. Jusques à quand fondrez-vous sur un homme ?

interfícitis univérsi vos,

chercherez-vous tous ensemble à le détruire,

tamquam paríeti inclináto et macériæ depúlsæ.

comme vous feriez à une muraille qui penche, et à un mur sec qui s’écroule ?

5 Verúmtamen prétium meum cogitavérunt repéllere ;

5. Car ils ont songé à me dépouiller de ma dignité :

cucúrri in siti :

j’ai couru dans ma soif.

ore suo benedicébant,

De leur bouche ils me bénissaient,

et corde suo maledicébant.

et de leur cœur ils me maudissaient.

6 Verúmtamen Deo subjécta esto, ánima mea,

6. Cependant, sois soumise à Dieu, ô mon âme,

quóniam ab ipso patiéntia mea :

puisque de lui vient ma patience.

7 quia ipse Deus meus et salvátor meus,

7. Car lui-même est mon Dieu et mon sauveur :

adjútor meus, non emigrábo.

mon aide, je n’émigrerai pas.

8 In Deo salutáre meum et glória mea ;

8. En Dieu est mon salut et ma gloire :

Deus auxílii mei, et spes mea in Deo est.

il est le Dieu de mon secours, et mon espérance est en Dieu.

9 Speráte in eo, omnis congregátio pópuli ;

9. Espérez en lui, toute l’assemblée de son peuple ;

effúndite coram illo corda vestra :

répandez devant lui vos cœurs :

Deus adjútor noster in ætérnum.

Dieu est notre aide pour l’éternité.

10 Verúmtamen vani fílii hóminum,

10. Mais les fils des hommes sont vains ;

mendáces fílii hóminum in statéris,

les fils des hommes sont faux dans leurs balances ;

ut decípiant ipsi de vanitáte in idípsum.

afin de tromper ensemble par vanité.

11 Nolíte speráre in iniquitáte,

11. Gardez-vous bien d’espérer dans l’iniquité,

et rapínas nolíte concupíscere ;

et gardez-vous bien de désirer des rapines :

divítiæ si áffluant, nolíte cor appónere.

si les richesses vous affluent, gardez-vous bien d’y attacher votre cœur.

12 Semel locútus est Deus ;

12. Dieu a parlé une fois,

duo hæc audívi :

j’ai entendu ces deux choses :

quia potéstas Dei est, 13 et tibi, Dómine, misericórdia :

que la puissance est à Dieu, 13. Et à vous, Seigneur, la miséricorde :

quia tu reddes unicuíque juxta ópera sua.

que vous rendrez à chacun selon ses œuvres.

~

Ps. LXI. 13. Matth. XVI, 27 ; Rom. II, 6 ; I Cor. III, 8 ; Gal. VI, 5.

 

1. Idithun. Voy. le titre du Ps. XXXVIII (Hebr. XXXIX). — * Composé pendant la révolte d’Absalom.

2-3. * Acte de confiance en Dieu.

2. Est-ce que mon âme, etc. David, sentant s’élever dans son cœur des sentiments de vengeance contre ses ennemis, cherche à les réprimer par ces paroles.

4-5. * Projets des ennemis de David contre sa personne.

4. Chercherez-vous à détruire ? littér. et par hébraïsme, tuez-vous, détruisez-vous ? — À une muraille et à un mur, sont au datif dans la Vulgate et dans les Septante, sans doute pour in parietem, in macériam, comme complément du verbe irruitis précédent, dont le premier régime est in hominem. Il y a dans la Bible plus d’un exemple de ce genre de construction.

6-8. * Nouvel acte de confiance en Dieu.

9-11. * Discours au peuple pour qu’il mette son espoir en Dieu, évite le mal et fasse le bien.

10. Faux dans leurs balances ; c’est-à-dire se servent de faux poids ; ce qui peut s’entendre des jugements faux et trompeurs que l’on porte, des injustices diverses que l’on commet, des préjugés injustes que l’on conçoit contre son prochain. Compar. le livre des Prov. XI, 1 ; XX, 10.

12-13. * Dieu mettra ordre à tout : il a la puissance et la justice et il rendra à chacun selon ses œuvres. — Dieu a parlé une fois à son peuple, en lui donnant la loi sur le mont Sinaï ; mais il lui découvrit alors deux grandes vérités que David avait bien retenues ; savoir que Dieu est également puissant et miséricordieux, et qu’il rend à chacun selon ses œuvres. Compar. Ex. XX, 5-6.

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Ps 62

*ps062

PSAUME LXII

(Hebr. LXIII).

David représente vivement dans ce psaume ta soif ardente qu’il avait pour Dieu, le désir de revoir son tabernacle, et la confiance en sa puissante protection.

1 Psalmus David, cum esset in desérto Idumǽæ.

1. Psaume de David. Lorsqu’il était dans le désert de l’Idumée. (I Rois, XXII, 5)

2 Deus, Deus meus, ad te de luce vígilo.

2. Dieu, mon Dieu, je veille et j’aspire vers vous dès la lumière.

Sitívit in te ánima mea ; quam multiplíciter tibi caro mea !

Mon âme a eu soif de vous : en combien de manières ma chair est pour vous !

3 In terra desérta, et ínvia, et inaquósa,

3. Dans une terre déserte et sans chemin, et sans eau,

sic in sancto appárui tibi,

je me suis présenté devant vous, comme dans le sanctuaire,

ut vidérem virtútem tuam et glóriam tuam.

afin de voir votre vertu et votre gloire.

4 Quóniam mélior est misericórdia tua super vitas,

4. Car votre miséricorde est meilleure que la vie ;

lábia mea laudábunt te.

mes lèvres vous loueront.

5 Sic benedícam te in vita mea,

5. Ainsi je vous bénirai pendant ma vie :

et in nómine tuo levábo manus meas.

et en votre nom je lèverai mes mains.

6 Sicut ádipe et pinguédine repleátur ánima mea,

6. Que mon âme soit remplie comme d’une graisse abondante ;

et lábiis exsultatiónis laudábit os meum.

et avec des lèvres d’exultation, ma bouche vous louera.

7 Si memor fui tui super stratum meum,

7. Si je me suis souvenu de vous sur ma couche ;

in matutínis meditábor in te.

je méditerai les matins sur vous,

8 Quia fuísti adjútor meus,

8. Car vous avez été mon aide.

et in velaménto alárum tuárum exsultábo.

Et à couvert sous vos ailes, je serai transporté de joie.

9 Adhǽsit ánima mea post te ;

9. Mon âme s’est attachée à vous ;

me suscépit déxtera tua.

votre droite m’a soutenu.

10 Ipsi vero in vanum quæsiérunt ánimam meam :

10. Pour eux, en vain ils ont cherché mon âme ;

introíbunt in inferióra terræ ;

ils entreront dans les parties inférieures de la terre.

11 tradéntur in manus gládii :

11. Ils seront livrés aux mains du glaive,

partes vúlpium erunt.

ils seront la part des renards.

12 Rex vero lætábitur in Deo ;

12. Mais le roi se réjouira en Dieu ;

laudabúntur omnes qui jurant in eo :

on louera tous ceux qui jureront par lui ;

quia obstrúctum est os loquéntium iníqua.

parce qu’a été fermée la bouche de ceux qui disaient des choses iniques.

~

Ps. LXII.

 

1. * Prière de David dans le désert de Juda, pendant la persécution de Saül. Les éditions ordinaires des Septante et la Vulgate portent Idumée au lieu de Juda, mais c’est cette dernière leçon, qu’on lit dans plusieurs manuscrits et dans Euthýmius, qui est la vraie. — Ce psaume est une prière que David adresse à Dieu le matin, et c’est pour ce motif que l’Église le fait réciter à Laudes, qu’on chante le matin. Il a été déjà employé par la primitive Église comme prière du matin. — Obligé de se réfugier dans un désert aride pour échapper à la colère de son ennemi, le Psalmiste réclame pour lui la protection de Dieu, et pour ceux qui le persécutent le châtiment qui leur est dû.

2. La lumière du jour, ou l’aurore, comme porte le texte hébreu. — Mon âme, etc. Tout mon être, mon âme aussi bien que mon corps, ne soupire qu’après vous, ne respire que vous, est entièrement à vous.

3. Dans la terre déserte, etc., où je me trouve exilé, je vous adore et vous prie comme si j’étais à Jérusalem dans votre sanctuaire, devant l’arche et le tabernacle.

4. La vie ; littér. et par hébraïsme, tes vies.

5. Je lèverai mes mains vers le ciel ; c’est-à-dire je prierai. Dans leurs prières, les Hébreux étendaient ordinairement les mains et les tenaient élevées vers le ciel.

6. D’une graisse abondante ; littér. d’une graisse et d’une graisse.

11. Sous le nom de renards (vulpium), la Vulgate désigne ici les chacals, qui abondent dans la Palestine et qui déterrent les cadavres et les dévorent. Compar. Judic. XV, 4.

12. Qui jureront par lui. L’usage de jurer par la vie du roi était très commun parmi les Hébreux. Voy. entre autres passages de l’Écriture qui le prouvent, I Reg. I, 26 ; XX, 3 ; II Reg. XV, 21. — Plusieurs critiques, à cause de ce mot de roi, prétendent que ce psaume ne peut pas être du temps de la persécution de Saül, mais de l’époque de la révolte d’Absalom, etc. Il n’est cependant nullement impossible que David, qui avait été sacré par Samuel, prît dès lors le titre de roi, et que ceux qui le suivaient lui donnassent ce titre et jurassent par lui.

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Ps 63

*ps063

PSAUME LXIII

(Hebr. LXIV).

David invoque le secours de Dieu contre ses ennemis. Il le remercie de la protection qu’il lui a donnée. Il lui représente la malice de ses persécuteurs, et il prédit que leurs calomnies retomberont sur eux.

1 In finem. Psalmus David.

1. Pour la fin, psaume de David.

2 Exáudi, Deus, oratiónem meam cum déprecor ;

2. Exaucez, ô Dieu, ma prière, lorsque je vous supplie :

a timóre inimíci éripe ánimam meam.

de la crainte d’un ennemi délivrez mon âme.

3 Protexísti me a convéntu malignántium,

3. Vous m’avez protégé contre l’assemblée des méchants,

a multitúdine operántium iniquitátem.

et contre la multitude de ceux qui opèrent l’iniquité.

4 Quia exacuérunt ut gládium linguas suas ;

4. Parce qu’ils ont aiguisé leurs langues comme un glaive :

intendérunt arcum rem amáram,

ils ont tendu leur arc, chose amère,

5 ut sagíttent in occúltis immaculátum.

5. Afin de lancer des flèches dans les ténèbres, contre un innocent.

6 Súbito sagittábunt eum, et non timébunt ;

6. Ils les lanceront soudainement contre lui, et ils ne craindront point :

firmavérunt sibi sermónem nequam.

ils se sont affermis dans un discours pervers.

Narravérunt ut abscónderent láqueos ;

Ils ont concerté de cacher des pièges,

dixérunt : Quis vidébit eos ?

ils ont dit : Qui les verra ?

7 Scrutáti sunt iniquitátes ;

7. Ils ont cherché avec soin des iniquités contre moi ;

defecérunt scrutántes scrutínio.

ceux qui les cherchaient ont défailli dans ces recherches.

Accédet homo ad cor altum,

L’homme descendra dans la profondeur de son cœur ;

8 et exaltábitur Deus.

8. Mais Dieu sera exalté.

Sagíttæ parvulórum factæ sunt plagæ eórum,

Les plaies qu’ils ont faites sont devenues des flèches de petits enfants.

9 et infirmátæ sunt contra eos linguæ eórum.

9. Et leurs langues ont perdu leur force, en se tournant contre eux-mêmes.

Conturbáti sunt omnes qui vidébant eos,

Tous ceux qui les voyaient ont été troublés,

10 et tímuit omnis homo.

10. Et tout homme a été saisi de crainte.

Et annuntiavérunt ópera Dei,

Et ils ont annoncé les œuvres de Dieu,

et facta ejus intellexérunt.

et ils ont compris les choses qu’il a faites.

11 Lætábitur justus in Dómino, et sperábit in eo,

11. Le juste se réjouira dans le Seigneur, et il espèrera en lui,

et laudabúntur omnes recti corde.

et tous les hommes droits de cœur seront loués.

~

Ps. LXIII.

 

1. * Composé probablement du temps de la persécution de Saül, contre les courtisans qui entouraient ce prince et nuisaient à David par leurs calomnies et leurs rapports venimeux.

4. Chose amère (ce sont les propres termes des Septante et de la Vulgate) ; c’est-à-dire chose funeste, pernicieuse ; le mot hébreu signifie aussi parole ; c’est le même que les Septante et la Vulgate ont rendu par discours au vers. 6.

6-7. * Tableau des coups et des intrigues des calomniateurs !

7. Ils ont cherché, etc. Pour couvrir leur injustice d’un prétexte d’équité, ils ont voulu me faire passer pour un homme criminel, mais leurs accusations sont tombées d’elles-mêmes. — L’homme méchant descendra dans la profondeur de son cœur, pour y chercher les moyens de perdre le juste.

8-11. * Châtiment que Dieu réserve aux calomniateurs.

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Ps 64

*ps064

PSAUME LXIV

(Hebr. LXV).

Le Psalmiste prie Dieu de ramener son peuple captif dans la terre dont il a été enlevé. Il décrit la fertilité de cette terre, et il prédit les biens dont il comblera son peuple lorsqu’il y sera retourné.

1 In finem. Psalmus David, cánticum Jeremíæ et Ezechiélis pópulo transmigratiónis, cum incíperent exíre.

1. Pour la fin, psaume de David. Cantique a de Jérémie et d’Ezechiel, pour le peuple émigré, lorsqu’il commençait à sortir.

2 Te decet hymnus, Deus, in Sion,

2. À vous, ô Dieu, convient un hymne en Sion ;

et tibi reddétur votum in Jerúsalem.

et à vous sera rendu un vœu dans Jérusalem.

3 Exáudi oratiónem meam ;

3. Exaucez ma prière :

ad te omnis caro véniet.

vers vous, toute chair viendra.

4 Verba iniquórum prævaluérunt super nos,

4. Des paroles d’hommes iniques ont prévalu sur nous ;

et impietátibus nostris tu propitiáberis.

mais vous, vous pardonnerez nos iniquités.

5 Beátus quem elegísti et assumpsísti :

5. Bienheureux celui que vous avez choisi et pris à votre service :

inhabitábit in átriis tuis.

il habitera dans vos parvis.

Replébimur in bonis domus tuæ ;

Nous serons remplis des biens de votre maison :

sanctum est templum tuum,

votre temple est saint,

6 mirábile in æquitáte.

6. Admirable par l’équité qui y règne.

Exáudi nos, Deus, salutáris noster,

Exaucez-nous, ô Dieu, notre salut,

spes ómnium fínium terræ, et in mari longe.

l’espérance de toutes les extrémités de la terre, et sur la mer, au loin.

7 Prǽparans montes in virtúte tua,

7. Vous qui disposez les montagnes par votre force,

accínctus poténtia ;

armé de puissance ;

8 qui contúrbas profúndum maris,

8. Qui troublez le profond de la mer,

sonum flúctuum ejus.

le bruit de ses flots.

Turbabúntur gentes,

Les nations seront troublées,

9 et timébunt qui hábitant términos a signis tuis ;

9. Et ceux qui habitent les limites de la terre craindront à la vue de vos miracles :

éxitus matutíni et vésperi delectábis.

vous réjouirez les issues du matin et du soir.

10 Visitásti terram, et inebriásti eam ;

10. Vous avez visité la terre, et vous l’avez enivrée :

multiplicásti locupletáre eam.

vous avez multiplié ses richesses.

Flumen Dei replétum est aquis ; parásti cibum illórum :

Le fleuve de Dieu a été rempli d’eaux, vous avez préparé la nourriture des hommes ;

quóniam ita est præparátio ejus.

car c’est ainsi qu’est la préparation de la terre.

11 Rivos ejus inébria ;

11. Enivrez ses ruisseaux,

multíplica genímina ejus :

multipliez ses productions :

in stillicídiis ejus lætábitur gérminans.

dans les pluies douces elle se réjouira en produisant.

12 Benedíces corónæ anni benignitátis tuæ,

12. Vous bénirez la couronne de l’année, objet de votre bonté ;

et campi tui replebúntur ubertáte.

et vos champs seront remplis par l’abondance des fruits.

13 Pinguéscent speciósa desérti,

13. Les beaux lieux du désert seront engraissés ;

et exsultatióne colles accingéntur.

et les collines seront ceintes d’exultation.

14 Indúti sunt aríetes óvium,

14. Les béliers des brebis ont été revêtus,

et valles abundábunt fruménto ;

et les vallées abonderont en froment :

clamábunt, étenim hymnum dicent.

elles crieront, et elles diront un hymne.

~

Ps. LXIV.

 

(a). Cantique. Ce mot et les suivants jusqu’à la fin du titre ne se lisent ni dans l’hébreu, ni dans le chaldéen, ni dans le syriaque. On ne les lisait pas non plus dans les anciens exemplaires des Septante, qui étaient dans les Hexaples d’Origène ; ils offrent, en effet, des difficultés, touchant lesquelles on peut voir les commentateurs.

1. * De Jérémie et d’Ezechiel. Cette addition faite par la Vulgate signifie sans doute que Jérémie et Ezechiel firent chanter ce psaume de David à leurs frères. Ce psaume est un chant de victoire, mais il est impossible de déterminer exactement à quelle occasion il fut composé. — Il est remarquable par son mouvement lyrique et par la vivacité des couleurs ; quoique quelques-unes de ses tournures soient hardies, il est généralement clair.

2-6a. * Gloire à Dieu ! Heureux celui qui visite son temple !

4. Des paroles. # Les hommes méchants accusent les pécheurs de leur péché et les pécheurs ne peuvent se défendre contre cette accusation que par le moyen du pardon accordé par Dieu.

6b-9. * Puissance de Dieu.

6. De toutes les extrémités, etc. ; c’est-à-dire de toutes les nations jusqu’aux extrémités les plus lointaines de la terre et de la mer.

9. # {Erreur de la vulgate} Exitus… delectabis. Par les « issues du matin » Il faut entendre la région où apparaît l’aurore, c.-à-d. l’orient. Véspere (faute pour « vésperi », ou « vésperæ », comme portent de très anciens Psautiers latins) désigne de même l’occident. Hébr. : les lieux d’où surgissent l’aurore et le crépuscule.. (Fillion.)

10-14. * Dieu féconde la terre et nous nourrit.

10. Vous l’avez enivrée ; c’est-à-dire arrosée de pluies abondantes. — Le fleuve de Dieu, ou le fleuve par excellence, le Jourdain, selon les uns ; ou les grands fleuves en général, selon les autres ; le singulier, dans le style biblique, se mettant souvent pour le pluriel. — Vous avez préparé ; en remplissant d’eaux les rivières. — Des hommes ; littér. d’eux (illorum), c’est-à-dire des habitants de la terre, nommés au vers. précédent. — La préparation de la terre ; littér. sa préparation (præparatio ejus) ; or, le pronom représente certainement ici le mot terre, exprimé au vers. précédent. Le sens de cette dernière phrase est donc : Car c’est ainsi que vous préparez la terre pour la nourriture de ses habitants.

11. Dans les pluies, etc. Le sens est que la terre se réjouira de se voir arrosée par des pluies bienfaisantes qui lui feront produire des fruits en abondance.

14. Les béliers des brebis ; c’est-à-dire les béliers qui marchent à la tête des brebis, comme chefs des troupeaux. — Ont été revêtus ; d’une riche toison. — Elles ; ce pronom se rapporte à collines du vers. précédent, aussi bien qu’au mot vallées.

²

 

Ps 65

*ps065

PSAUME LXV

(Hebr. LXVI).

Le Psalmiste invite tous les peuples de la terre à louer Dieu à la vue des merveilles de sa puissance. Il promet de s’acquitter des vœux qu’il lui a faits, et de purifier son cœur de toute attache au péché.

1 In finem. Cánticum psalmi resurrectiónis.

1. Pour la fin. Cantique d’un psaume de résurrection.

Jubiláte Deo, omnis terra ;

Poussez des cris de joie vers Dieu, toute la terre ;

2 psalmum dícite nómini ejus ;

2. Dites un psaume à l’honneur de son nom :

date glóriam laudi ejus.

rendez gloire à sa louange.

3 Dícite Deo : Quam terribília sunt ópera tua, Dómine !

3. Dites à Dieu : Que vos œuvres sont redoutables, Seigneur !

in multitúdine virtútis tuæ mentiéntur tibi inimíci tui.

à la vue de la grandeur de votre puissance, vos ennemis vous mentiront.

4 Omnis terra adóret te, et psallat tibi ;

4. Que toute la terre vous adore et vous chante ;

psalmum dicat nómini tuo.

qu’elle dise un psaume à la gloire de votre nom.

5 Veníte, et vidéte ópera Dei :

5. Venez et voyez les œuvres de Dieu :

terríbilis in consíliis super fílios hóminum.

il est terrible dans ses desseins sur les fils des hommes.

6 Qui convértit mare in áridam ;

6. Lui qui a changé la mer en terre aride :

in flúmine pertransíbunt pede :

dans un fleuve, ils passeront à pied,

ibi lætábimur in ipso.

là nous nous réjouirons.

7 Qui dominátur in virtúte sua in ætérnum ;

7. Il domine éternellement par sa puissance :

óculi ejus super gentes respíciunt :

ses yeux regardent les nations :

qui exásperant non exalténtur in semetípsis.

que ceux qui l’irritent ne s’élèvent pas en eux-mêmes.

8 Benedícite, gentes, Deum nostrum,

8. Bénissez, ô nations, notre Dieu,

et audítam fácite vocem laudis ejus :

faites entendre la voix de sa louange.

9 qui pósuit ánimam meam ad vitam,

9. Lui qui a rendu mon âme à la vie,

et non dedit in commotiónem pedes meos.

et n’a pas permis que mes pieds aient chancelé.

10 Quóniam probásti nos, Deus ;

10. Car vous nous avez éprouvés, ô Dieu,

igne nos examinásti, sicut examinátur argéntum.

vous nous avez épurés par le feu, comme l’argent est épuré.

11 Induxísti nos in láqueum ;

11. Vous nous avez conduits dans un lacet,

posuísti tribulatiónes in dorso nostro ;

vous avez mis des tribulations sur notre dos :

12 imposuísti hómines super cápita nostra.

12. Vous avez imposé des hommes sur nos têtes.

Transívimus per ignem et aquam,

Nous avons passé par le feu et par l’eau ;

et eduxísti nos in refrigérium.

et vous nous avez conduits au rafraichissement.

13 Introíbo in domum tuam in holocáustis ;

13. J’entrerai dans votre maison avec des holocaustes ;

reddam tibi vota mea 14 quæ distinxérunt lábia mea :

je vous rendrai mes vœux, 14. Qu’ont proférés mes lèvres,

et locútum est os meum in tribulatióne mea.

Et desquels a parlé ma bouche dans ma tribulation.

15 Holocáusta medulláta ófferam tibi, cum incénso aríetum ;

15. Je vous offrirai des holocaustes gras, avec la fumée des béliers :

ófferam tibi boves cum hircis.

je vous offrirai des bœufs avec des boucs.

16 Veníte, audíte, et narrábo, omnes qui timétis Deum,

16. Venez et écoutez, vous tous qui craignez Dieu,

quanta fecit ánimæ meæ.

et je raconterai quelles grandes choses il a faites pour mon âme.

17 Ad ipsum ore meo clamávi,

17. Vers lui, j’ai crié de ma bouche,

et exaltávi sub lingua mea.

et je l’ai exalté par ma langue.

18 Iniquitátem si aspéxi in corde meo,

18. Si j’ai regardé l’iniquité dans mon cœur,

non exáudiet Dóminus.

le Seigneur ne m’exaucera pas.

19 Proptérea exaudívit Deus,

19. C’est pourquoi le Seigneur m’a exaucé,

et atténdit voci deprecatiónis meæ.

et a été attentif à la voix de ma supplication.

20 Benedíctus Deus, qui non amóvit oratiónem meam,

20. Béni est Dieu qui n’a pas écarté ma prière,

et misericórdiam suam a me.

ni sa miséricorde de moi !

~

Ps. LXV.

 

1. Le Psalmiste remercie Dieu d’une délivrance nationale dans la première partie, 1-12, et d’une délivrance personnelle dans la seconde, 13-20, mais on ne sait à quels faits particuliers il fait allusion.

1-4. * Que tous les peuples de la terre louent Dieu de ses œuvres merveilleuses.

2. Dites ; ce pluriel se rapporte à terre, du vers. précédent, laquelle est un nom collectif, qui se prend pour ses habitants.

3. Vous mentiront ; en se soumettant extérieurement à vous, mais cette soumission sera feinte et trompeuse.

5-7. * Tableau des merveilles que Dieu a opérées.

6. Ils passeront, etc. ; allusion au passage de la mer Rouge par les Israélites, sous la conduite de Moïse.

8-12. * Gloire à Dieu, parce qu’après avoir éprouvé son peuple, il le laisse respirer.

10. Vous nous avez épurés par le feu. Compar. Deut. IV, 20, et Dan. III, 21.

13-15. * Le vers. 13 commence la seconde partie, qui est personnelle. Le Psalmiste exécutera le vœu qu’il a fait pendant qu’il était dans l’angoisse.

15. La fumée des béliers ; c’est-à-dire de la fumée des chairs brulées des béliers.

16-20. * Récit fait au peuple du bienfait reçu et de la reconnaissance du Psalmiste.

18. Si j’ai regardé, etc. ; s’il y a dans mon cœur quelque mauvais dessein, de l’hypocrisie, etc.

²

 

Ps 66

*ps066

PSAUME LXVI

(Hebr. LXVII).

David prie Dieu de répandre toutes ses miséricordes et sa lumière sur son peuple, et de remplir de joie toutes les nations en envoyant le Sauveur, qu’il doit leur donner.

1 In finem, in hymnis. Psalmus cántici David.

1. Pour la fin. Dans les hymnes, psaume d’un cantique de David.

2 Deus misereátur nostri, et benedícat nobis ;

2. Que Dieu ait pitié de nous, et qu’il nous bénisse ;

illúminet vultum suum super nos, et misereátur nostri :

qu’il fasse briller la lumière de son visage sur nous, et qu’il ait pitié de nous.

3 ut cognoscámus in terra viam tuam,

3. Afin que nous connaissions sur la terre votre voie,

in ómnibus géntibus salutáre tuum.

votre salut dans toutes les nations.

4 Confiteántur tibi pópuli, Deus :

4. Que les peuples vous glorifient, ô Dieu,

confiteántur tibi pópuli omnes.

que tous les peuples vous glorifient.

5 Læténtur et exsúltent gentes,

5. Que les nations se réjouissent et exultent,

quóniam júdicas pópulos in æquitáte,

car vous jugez les peuples avec équité,

et gentes in terra dírigis.

et vous dirigez les nations sur la terre.

6 Confiteántur tibi pópuli, Deus :

6. Que les peuples vous glorifient, ô Dieu,

confiteántur tibi pópuli omnes.

que tous les peuples vous glorifient.

7 Terra dedit fructum suum :

7. La terre a donné son fruit.

benedícat nos Deus, Deus noster !

Qu’il nous bénisse, Dieu, notre Dieu,

8 Benedícat nos Deus,

8. Qu’il nous bénisse, Dieu ;

et métuant eum omnes fines terræ.

et que toutes les extrémités de la terre le redoutent.

~

Ps. LXVI.

 

1. * Hymne d’action de grâces après la récolte. Le titre hébreu porte : « Au chef de chœur avec neginôth. » La Vulgate ajoute « de David. »

2-3. * Que Dieu nous bénisse et que toute la terre connaisse ses voies !

2. Qu’il fasse briller, etc. Cette expression se trouve souvent employée dans l’Écriture pour marquer les regards favorables et la bienveillance en général.

3. Votre salut, etc. ; le salut que vous procurez à toutes les nations.

4. * Refrain.

5-6. * Que tous les peuples se réjouissent parce que Dieu est juste.

6. * Refrain.

7-8. * La terre a porté ses fruits : Que Dieu nous bénisse !

7. La terre a donné son fruit. Après une grande sécheresse et une affreuse stérilité, vous avez donné la fécondité à nos champs. Dans le sens spirituel, ce fruit est Jésus-Christ et la terre la sainte Vierge.

²

 

Ps 67

*ps067

PSAUME LXVII

(Hebr. LXVIII). Le Psalmiste demande au Seigneur qu’il paraisse devant son peuple, et qu’il dissipe ses ennemis par sa présence. Il décrit la pompe de sa marche et les merveilles qu’il opéra dans le désert. Il excite tout le peuple à louer ce souverain Seigneur. Ce psaume, comme en conviennent tous les commentateurs, est te plus difficile à entendre ; de là le grand nombre des interprétations diverses. Pour nous, il nous semble que c’est un cantique de triomphe, composé par David dans ta cérémonie du transport de l’Arche Sainte de Cariathiarim à Jérusalem ou de la maison d’Obédédom dans le tabernacle dressé à Sion. La plupart des Pères grecs et latins l’appliquent, dans le sens spirituel, à la venue, à la Résurrection, à l’Ascension de Jésus-Christ, à la prédication des Apôtres et à la conversion des Gentils ; saint Paul lui-même en a rapporté un passage à l’Ascension du Sauveur, comme on le verra dans les notes.

1 In finem. Psalmus cántici ipsi David.

1. Pour la fin. Psaume d’un cantique de David lui-même.

2 Exsúrgat Deus, et dissipéntur inimíci ejus ;

2. Que Dieu se lève, et que ses ennemis soient dissipés ;

et fúgiant qui odérunt eum a fácie ejus.

et que ceux qui le haïssent fuient devant sa face.

3 Sicut déficit fumus, defíciant ;

3. Comme s’évanouit la fumée, qu’ils s’évanouissent :

sicut fluit cera a fácie ignis, sic péreant peccatóres a fácie Dei.

comme la cire fond à la face du feu, qu’ainsi périssent les pécheurs à la face de Dieu.

4 Et justi epuléntur, et exsúltent in conspéctu Dei,

4. Mais que les justes fassent des festins, et qu’ils exultent en la présence de Dieu ;

et delecténtur in lætítia.

et qu’ils se plaisent dans la joie.

5 Cantáte Deo ; psalmum dícite nómini ejus :

5. Chantez Dieu, dites un psaume à la gloire de son nom :

iter fácite ei qui ascéndit super occásum.

faites un chemin à celui qui monte sur le couchant :

Dóminus nomen illi ; exsultáte in conspéctu ejus.

le Seigneur est son nom. Exultez en sa présence :

Turbabúntur a fácie ejus,

les pécheurs seront troublés devant sa face,

6 patris orphanórum, et júdicis viduárum ;

6. Lui, le père des orphelins, et le juge des veuves.

Deus in loco sancto suo.

Dieu est dans son lieu saint ;

7 Deus qui inhabitáre facit uníus moris in domo ;

7. Dieu qui fait habiter dans sa maison ceux qui sont d’un même esprit :

qui edúcit vinctos in fortitúdine,

Qui fait sortir par sa puissance ceux qui sont dans les liens,

simíliter eos qui exásperant, qui hábitant in sepúlchris.

et pareillement ceux qui l’irritent, qui habitent dans des sépulcres.

8 Deus, cum egrederéris in conspéctu pópuli tui,

8. Ô Dieu, lorsque vous sortiez en présence de votre peuple,

cum pertransíres in desérto,

lorsque vous passiez dans le désert,

9 terra mota est, étenim cæli distillavérunt,

9. La terre fut ébranlée ; car les cieux se fondirent en eaux

a fácie Dei Sínaï, a fácie Dei Israël.

à la face du Dieu du Sinaï, à la face du Dieu d’Israël.

10 Plúviam voluntáriam segregábis, Deus, hæreditáti tuæ ;

10. Vous réserverez, ô Dieu, une pluie volontaire pour votre héritage ;

et infirmáta est, tu vero perfecísti eam.

il a été affaibli, mais vous, vous l’avez fortifié.

11 Animália tua habitábunt in ea ;

11. Vos animaux y habiteront ;

parásti in dulcédine tua páuperi, Deus.

vous avez, ô Dieu, préparé dans votre douceur une nourriture au pauvre.

12 Dóminus dabit verbum evangelizántibus, virtúte multa.

12. Le Seigneur donnera la parole à ceux qui annonceront la bonne nouvelle, avec une grande force.

13 Rex virtútum dilécti, dilécti ;

13. Le roi des armées du bien-aimé, du bien-aimé ;

et speciéi domus divídere spólia.

et ce sera à la beauté de la maison de partager les dépouilles.

14 Si dormiátis inter médios cleros,

14. Si vous dormez au milieu de vos héritages,

pennæ colúmbæ deargentátæ,

vous serez comme des ailes argentées d’une colombe

et posterióra dorsi ejus in pallóre auri.

dont les extrémités du dos ont une pâleur d’or.

15 Dum discérnit cæléstis reges super eam,

15. Tandis que le roi du ciel disperse des rois sur elle,

nive dealbabúntur in Selmon.

ils deviendront blancs par la neige qui est sur Selmon.

16 Mons Dei, mons pinguis :

16. La montagne de Dieu est une montagne grasse :

mons coagulátus, mons pinguis.

Montagne fertile, montagne grasse.

17 Ut quid suspicámini, montes coagulátos ?

17. Pourquoi regardez-vous avec envie, montagnes fertiles ?

mons in quo beneplácitum est Deo habitáre in eo ;

La montagne sur laquelle il a plu à Dieu d’habiter ;

étenim Dóminus habitábit in finem.

car le Seigneur y habitera jusqu’à la fin.

18 Currus Dei decem míllibus multiplex, míllia lætántium ;

18. Le char de Dieu est entouré de plus de dix mille ; ce sont des milliers de saints qui se livrent à la joie ;

Dóminus in eis in Sina, in sancto.

le Seigneur est au milieu d’eux, à Sinaï dans son sanctuaire.

19 Ascendísti in altum, cepísti captivitátem,

19. Vous êtes monté en haut, vous avez pris une captivité :

accepísti dona in homínibus ;

vous avez reçu des dons parmi les hommes ;

étenim non credéntes inhabitáre Dóminum Deum.

Car vous avez pris ceux qui ne croyaient pas que le Seigneur Dieu habitât au milieu de son peuple.

20 Benedíctus Dóminus die quotídie :

20. Béni soit le Seigneur un jour, chaque jour :

prósperum iter fáciet nobis Deus salutárium nostrórum.

il nous fera un chemin prospère, le Dieu de nos victoires.

21 Deus noster, Deus salvos faciéndi ;

21. Notre Dieu est le Dieu qui sauve ;

et Dómini, Dómini éxitus mortis.

et au Seigneur, au Seigneur appartient de retirer de la mort.

22 Verúmtamen Deus confrínget cápita inimicórum suórum,

22. Mais Dieu brisera les têtes de ses ennemis ;

vérticem capílli perambulántium in delíctis suis.

le sommet chevelu de ceux qui marchent dans leurs péchés.

23 Dixit Dóminus : Ex Basan convértam,

23. Le Seigneur a dit : De Basan je les amènerai,

convértam in profúndum maris :

je les amènerai dans le profond de la mer ;

24 ut intingátur pes tuus in sánguine ;

24. En sorte que ton pied soit teint dans du sang,

lingua canum tuórum ex inimícis, ab ipso.

que la langue de tes chiens le soit du sang de tes ennemis.

25 Vidérunt ingréssus tuos, Deus,

25. Ils ont vu vos marches, ô Dieu, les marches de mon Dieu,

ingréssus Dei mei, regis mei, qui est in sancto.

de mon roi qui est dans le sanctuaire.

26 Prævenérunt príncipes conjúncti psalléntibus,

26. Des princes joints à des joueurs de psaltérion ont précédé,

in médio juvenculárum tympanistriárum.

au milieu de jeunes filles battant du tambour.

27 In ecclésiis benedícite Deo Dómino de fóntibus Israël.

27. Dans des assemblées bénissez Dieu, le Seigneur, vous sortis des sources d’Israël.

28 Ibi Bénjamin adolescéntulus, in mentis excéssu ;

28. était le jeune Benjamin, dans l’extase de son esprit.

príncipes Juda, duces eórum ;

Les princes de Juda, leurs chefs ;

príncipes Zábulon, príncipes Néphthali.

les princes de Zabulon, les princes de Nephthali.

29 Manda, Deus, virtúti tuæ ;

29. Commandez, ô Dieu, à votre puissance ;

confírma hoc, Deus, quod operátus es in nobis.

affermissez, ô Dieu, ce que vous avez opéré parmi nous.

30 A templo tuo in Jerúsalem,

30. Du milieu de votre temple qui est dans Jérusalem,

tibi ófferent reges múnera.

des rois vous offriront des présents.

31 Increpa feras arúndinis ;

31. Réprimez les bêtes du roseau,

congregátio taurórum in vaccis populórum :

assemblée de taureaux au milieu des vaches des peuples,

ut exclúdant eos qui probáti sunt argénto.

afin de chasser ceux qui ont été éprouvés par l’argent.

Díssipa gentes quæ bella volunt.

Dissipez des nations qui veulent les guerres.

32 Vénient legáti ex Ægýpto ;

32. Des ambassadeurs viendront d’Égypte ;

Æthiópia prævéniet manus ejus Deo.

l’Éthiopie tendra la première ses mains vers Dieu.

33 Regna terræ, cantáte Deo ;

33. Royaumes de la terre, chantez Dieu ;

psállite Dómino ; psállite Deo.

jouez du psaltérion en l’honneur de Dieu,

34 Qui ascéndit super cælum cæli, ad oriéntem :

34. Qui est monté sur le ciel du ciel, vers l’Orient.

ecce dabit voci suæ vocem virtútis.

Voici qu’il donnera à sa voix une voix de puissance :

35 Date glóriam Deo super Israël ;

35. Donnez gloire à Dieu, au sujet d’Israël ;

magnificéntia ejus et virtus ejus in núbibus.

sa magnificence et sa puissance éclatent dans les nues.

36 Mirábilis Deus in sanctis suis ;

36. Dieu est admirable dans ses saints,

Deus Israël ipse dabit virtútem et fortitúdinem plebi suæ.

le Dieu d’Israël lui-même donnera puissance et force à son peuple :

Benedíctus Deus !

béni soit Dieu.

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Ps. LXVII. 19. Eph. IV, 8. — 36. LXXXVIII, 8 ; II Thess. I, 10.

 

1. * Ce psaume, le plus difficile à comprendre de toute la collection, a été composé à l’occasion d’une guerre de David, peut-être la guerre contre les Syriens et les Ammonites, II Reg. X-XII ; I Par. XIX-XX, 3. Cf. II Reg. VIII, 3-14 et I Par. XVIII, 3-13. Le vers. 2, par lequel s’ouvre le psaume, est la reproduction des paroles de Moïse, Num. X, 35, et indique que l’arche avait été portée à l’armée, ce qui eut lieu dans la guerre contre les Syriens et les Ammonites, II Reg. XI, 11. David chante sa victoire. Le psaume se divise en deux parties et en neuf strophes. La 1re partie qui sert d’introduction, 2-19, est un tableau du passé ; la 2e, 20-36, chante le triomphe présent et remercie Dieu du succès qu’il a donné à son peuple.

2-4. * Quand Dieu, c’est-à-dire l’arche de Dieu, se lève, ses ennemis se dissipent comme la fumée, les méchants périssent, les justes se réjouissent.

2. Que Dieu se lève. Compar. Num. X, 35. — Et que ses ennemis ; c’est-à-dire les Philistins et les autres peuples ennemis du Dieu des Hébreux.

4. Mais que les justes, etc. Compar. I Par. XV, XVI.

5-7. * Chantez en l’honneur de Dieu, préparez-lui le chemin quand il passe (dans son arche), dans son lieu saint, car il est le père de l’orphelin et le défenseur de la veuve, le libérateur du captif ; il laisse seulement les rebelles dans le tombeau ou dans le désert aride, comme porte l’hébreu.

5. Faites un chemin. C’est une apostrophe aux habitants des lieux où devait passer l’Arche sainte. — Sur le couchant ; c’est-à-dire sur le mont de Sion vers le couchant.

7. Ceux qui sont d’un même esprit (unius moris) ; le peuple israélite. — Qui fait sortir, etc. ; qui a délivré nos pères de l’esclavage de l’Égypte par sa force toute-puissante. — Ceux qui l’irritent, etc. On explique, dans le sens spirituel, cette fin du verset, des Gentils que Jésus-Christ a délivrés de la mort du péché et du tombeau de l’ignorance où ils étaient ensevelis, quoiqu’ils l’offensassent continuellement.

8-11. * Les vers. 6-7 rappellent l’Exode et ce que Dieu a fait pour son peuple dans le désert ; les versets 8-11 continuent à parler des merveilles de cette époque ; ils rappellent la promulgation de la loi sur le Sinaï et l’occupation de la Terre Promise. Vos animaux désignent Israël considéré comme un troupeau dont Dieu est le pasteur.

8. Le Psalmiste commence à décrire les merveilles que le Seigneur opéra dans le désert après la sortie d’Égypte. Déborah dans son cantique (Judic. V, 4, 5) et Habacuc dans sa prophétie (III, 6, 10) font une description semblable de la pompe du Seigneur marchant dans le désert et descendant à Sinaï.

10. Une pluie volontaire ; une pluie de faveur. Cette pluie est, selon les uns, une pluie réelle, qui rafraîchit les Hébreux dans l’accablement et la lassitude où ils étaient réduits, et, selon les autres, la manne dont ils furent nourris dans le désert. Les Pères expliquent cette pluie, dans le sens spirituel, de la doctrine évangélique, et dans le sens littéral de la manne.

11. # Dans votre douceur ; Glaire traduit : par un effet de votre douceur.

12-15. * Le texte original peut se traduire ainsi :

Adonai (le Seigneur) donne le signal ;

Les messagères de la victoire sont une armée nombreuse.

Les rois des armées s’enfuient, s’enfuient,

Et la maitresse de la maison ramasse le butin.

Puis, quand vous vous reposez [en paix] au milieu des abreuvoirs,

[Vous êtes comme] les ailes de la colombe aux reflets d’argent,

Au plumage étincelant d’or.

Quand le Tout-Puissant dissipe les rois,

La neige blanchit le Selmon.

Le sens des quatre premiers vers est suffisamment clair ; celui des cinq derniers parait d’une obscurité impénétrable. La strophe entière peint la conquête de la Terre Promise. Dieu donne le signal du combat, et la victoire est gagnée ; de nombreuses jeunes filles chantent le triomphe, Ex. XV, 20 ; Judic. XI, 34. Les rois qui s’enfuient sont les ennemis du peuple de Dieu vaincus ; leurs dépouilles sont rapportées à la maison et données aux femmes, Judic. V, 30. Alors les Israélites peuvent vivre en paix au milieu de leurs troupeaux ; ils sont enrichis et parés des riches bijoux conquis ; les ennemis s’enfuient du côté du Selmon et le font briller comme s’il était couvert de neige.

12. Le Seigneur donnera, etc. Compar. Matth. X, 19, 20 ; Luc. XXI, 15. — Avec une grande force ; littér. vertu (virtute). Le terme hébreu traduit dans la Vulgate par virtus, signifiant armée, multitude, bien des interprètes traduisent cette fin de verset : En grand nombre. Compar. le vers. suivant.

13. Le roi des armés. # « C.-à-d., suivant notre version latine, que le Seigneur a vaincu lui-même les ennemis, en conduisant au combat les armées de son bien-aimé, Israël. » (Fillion.) — Glaire traduit : « Le roi des armées sera soumis au bien-aimé, au bien-aimé ; » et ajoute les notes : Le roi des armées ; le roi le plus puissant des rois nos ennemis ; littér. des vertus (virtutum). Voy. Ps. XXIII, 10. — Au bien-aimé, au bien-aimé ; cette répétition donne une nouvelle force à l’expression, qui représente déjà par elle-même un superlatif. Cette expression peut s’appliquer au peuple d’Israël, qui assujettit les rois puissants du pays de Chanaan, mais elle convient bien mieux à Jésus-Christ, le bien-aimé du Père, l’objet de toutes ses complaisances (Matth. III, 17). — La beauté de la maison ; c’est-à-dire la femme, qui, selon la coutume de l’Orient, demeure presque toujours renfermée dans sa maison. De partager les dépouilles. Le Psalmiste fait allusion à Déborah et à Jahel, femme d’Haber le Cinéen (Judic. IV ; V, 24). C’était, en effet, l’ancien usage de la guerre de partager les dépouilles des vaincus.

14. Dans son Comment. littéral sur ce verset, D. Calmet dit : « Les interprètes se tourmentent inutilement ici, pour donner un sens distinct à ce texte, qui est d’une obscurité presque impénétrable. » Cependant le savant auteur essaie de donner une explication tout en avouant qu’il ne sera « peut-être pas plus heureux qu’ils ne l’ont été. » Quant à nous, nous chercherons simplement à éclaircir par quelques mots notre traduction, reproduction littérale de la Vulgate et des Septante. Voici donc comment nous entendons ce verset : Quand, dans la terre promise, vous posséderez les lots ou héritages qui vous seront échus par le sort, vous deviendrez riches et opulents, vous brillerez par l’argent et l’or comme les colombes dont le plumage reflète l’argent et l’or.

15. Sur elle (super eam) ; sur la terre exprimée au vers. 9, ou mieux, peut-être, sur l’héritage (hæréditas) du vers. 10, lequel est féminin en latin. — Les lieux deviendront blancs. # « Autre métaphore très hardie, qui représente également les heureuses suites de la victoire décrite plus haut. Les Israélites, tout couverts des brillantes dépouilles de l’ennemi, ressemblèrent alors à la terre blanchie par une épaisse couche de neige. On retrouve cette image chez les auteurs classiques (cf. Homère, Il., XIX, 357-361 [De même que les neiges épaisses volent dans l'air, refroidies par le souffle impétueux de l'aithéréen Boréas, de même, hors des nefs, se répandaient les casques solides et resplendissants, et les boucliers bombés, et les cuirasses épaisses, et les lances de frêne.]). » (Fillion.) — Ils deviendront blancs par la neige abondante du mont Selmon, sous laquelle ils seront ensevelis ; selon d’autres : Les lieux deviendront blancs comme la neige, par les ossements des cadavres qui les couvriront. C’est ainsi qu’on lit dans Virgile (Ænéis, V, 865) : Des rochers blancs d’ossements ; et (XII, 36) : Les champs sont blancs par les ossements ; et dans Ovide (Fast., l. I) : La terre est blanche d’ossements humains. La première interprétation nous semble plus simple et plus naturelle.

16-19. * Traduction du texte original :

Montagnes de Dieu, montagnes de Basan !

Montagnes aux cimes élevées, montagnes de Basan !

Pourquoi êtes-vous jalouses, hautes cimes,

De la montagne que Dieu a choisie pour y habiter ?

Jéhovah y habitera à jamais.

Le char de Dieu, des milliers,

Une multitude innombrable,

Dieu lui-même, le Sinaï [viennent] dans ce sanctuaire.

Tu montes sur le sommet [de Sion], tu amènes tes prisonniers.

Tu reçois les présents des hommes, des ennemis eux-mêmes,

Et tu y demeures, Jéhovah, Dieu !

Cette strophe nous représente Dieu choisissant le mont Sion pour sa demeure. David met en présence les hautes montagnes de Basan (la Vulgate a pris ce nom pour un substantif commun et le traduit par gras), et les collines de Jérusalem. C’est-à-dire le mont Sion. Par une figure hardie, il suppose les montagnes de Basan jalouses de Sion. Dieu descend sur ce dernier, avec son innombrable cour, et là il reçoit l’hommage de tous.

16. Fertile ; littér. coagulée, caillée (coagulatus).

17. Montagne de Dieu. # L’épithète « montagne de Dieu » est un superlatif hébreu, pour caractériser leur élévation, cf. Ps. XXXV, 7 ; LXXIX, 11. (Fillion.)

18. À Sinaï ; c’est-à-dire comme autrefois sur le mont Sinaï.

19. Vous êtes, etc. Monter s’élever en haut, se dit souvent, en parlant de Dieu, lorsqu’il fait éclater sa gloire, qu’il s’élève en quelque sorte au-dessus de la terre, pour manifester sa puissance et sa majesté. Voy. Ps. XLVI, 6 ; LVI, 6, 12 ; CVII, 6 ; CXII, 4. — Vous avez pris, assujetti, emmené ; une captivité ; un grand nombre de captifs. — Ceux qui ne croyaient pas ; est régi par le verbe vous avez pris, qui précède. Saint Paul, dans son Épitre aux Éphésiens (IV, 8), applique ce verset à l’Ascension de Jésus-Christ.

20-36. * IIe Partie : Tableau du présent : Après avoir rappelé tout ce que Dieu a fait pour son peuple et pour Jérusalem où il vient demeurer, David loue le Seigneur de la victoire qu’il vient de lui faire remporter.

20-24. * Tableau de la victoire. Une partie de la guerre avait eu pour théâtre le pays de Basan.

20. Victoires ; littér. saluts, délivrances. Voy. sur ce mot, Ps. XLIII, 5.

23. Basan. Voir la note sur Num. XXI, 33.

25-28. * Tableau du triomphe au retour de l’armée victorieuse.

28. * Dans l’extase de son esprit, dans la surprise, dans l’abattement. Le sens de l’hébreu est : Benjamin, le jeune ou le petit, domine, est à la tête de ses frères, parce que c’est de cette tribu qu’est sorti Saül, le premier roi. Puis viennent les princes de Juda, etc.

29-31. * Prière pour que Dieu continue à protéger Jérusalem.

31. Les bêtes du roseau ; c’est-à-dire les bêtes sauvages. — Assemblée de taureaux (congregatio taurorum). Il faudrait régulièrement l’accusatif (congregationem) ; mais, comme nous l’avons déjà fait observer (Observat. prélimin., II, 1°), la Vulgate met ces cas l’un pour l’autre, sans égard pour la concordance latine. Cette même anomalie se trouve dans la version grecque. — Au milieu, etc. ; c’est-à-dire des troupeaux de vaches. — Ces divers animaux désignent les ennemis d’Israël : les Philistins, les Chananéens, les Égyptiens. — Qui ont été éprouvés par l’argent ; c’est-à-dire comme l’argent ; ce qui s’applique aux Israélites. — * Les bêtes du roseau symbolisent l’Égypte où les roseaux abondent.

32-36. * Invitation à tous les peuples de la terre à louer le vrai Dieu.

34. Le ciel du ciel ; hébraïsme, pour tous les cieux. — Vers l’orient. Jésus-Christ s’éleva au ciel de la montagne des Oliviers, qui est à l’orient de Jérusalem. — Une voix de puissance ; hébraïsme, pour une voix très puissante.

35. Au sujet d’Israël ; pour les prodiges qu’il a opérés en faveur d’Israël.

36. * Dans ses saints. Le texte original doit se traduire : dans ses sanctuaires, dans les lieux sanctifiés par le séjour et la présence de l’arche, le Sinaï, Silo, le mont Sion.

²

 

Ps 68

*ps068

PSAUME LXVIII

(Hebr. LXIX).

David implore de Dieu le secours contre ses ennemis qui l’opprimaient injustement. Il prend Dieu à témoin de son innocence ; il l’intéresse à le secourir, par intérêt pour sa propre gloire. Il prédit le malheur de ses persécuteurs, le retour de son peuple, le rétablissement de Jérusalem et des villes de Juda. Les Pères et les commentateurs reconnaissent unanimement que ce psaume regarde le Messie. Les preuves en sont trop claires, pour que nous ayons à les faire remarquer dans les notes.

1 In finem, pro iis qui commutabántur. David.

1. Pour la fin, pour ceux qui seront changés, par David.

2 Salvum me fac, Deus,

2. Sauvez-moi, ô Dieu,

quóniam intravérunt aquæ usque ad ánimam meam.

car des eaux sont entrées dans mon âme.

3 Infíxus sum in limo profúndi et non est substántia.

3. Je suis enfoncé dans une boue profonde et sans consistance.

Veni in altitúdinem maris, et tempéstas demérsit me.

Je suis venu dans la profondeur de la mer, et une tempête m’a submergé.

4 Laborávi clamans, raucæ factæ sunt fauces meæ ;

4. Je me suis fatigué en criant, ma gorge est devenue enrouée :

defecérunt óculi mei, dum spero in Deum meum.

mes yeux défaillent, pendant que j’espère en mon Dieu.

5 Multiplicáti sunt super capíllos cápitis mei

5. Ils se sont multipliés plus que les cheveux de ma tête,

qui odérunt me gratis.

ceux qui me haïssent sans sujet.

Confortáti sunt qui persecúti sunt me

Ils se sont fortifiés,

inimíci mei injúste ;

ceux qui me persécutent injustement ;

quæ non rápui, tunc exsolvébam.

ce que je n’avais pas pris, je l’ai pourtant payé.

6 Deus, tu scis insipiéntiam meam ;

6. Ô Dieu, c’est vous qui savez ma folie ;

et delícta mea a te non sunt abscóndita.

et mes péchés ne vous sont point cachés.

7 Non erubéscant in me qui exspéctant te, Dómine, Dómine virtútum ;

7. Qu’ils ne rougissent pas à cause de moi, ceux qui vous attendent, Seigneur, Seigneur des armées.

non confundántur super me qui quærunt te, Deus Israël.

Qu’ils ne soient pas confondus à mon sujet, ceux qui vous cherchent, ô Dieu d’Israël.

8 Quóniam propter te sustínui oppróbrium ;

8. Puisque c’est à cause de vous que j’ai souffert l’opprobre,

opéruit confúsio fáciem meam.

et que la confusion a couvert ma face.

9 Extráneus factus sum frátribus meis,

9. Je suis devenu étranger à mes frères,

et peregrínus fíliis matris meæ.

un inconnu aux fils de ma mère.

10 Quóniam zelus domus tuæ comédit me,

10. Car le zèle de votre maison m’a dévoré,

et oppróbria exprobrántium tibi cecidérunt super me.

et les outrages de ceux qui vous insultaient sont tombés sur moi.

11 Et opérui in jejúnio ánimam meam,

11. J’ai couvert mon âme dans le jeûne,

et factum est in oppróbrium mihi.

et on m’en a fait un sujet d’opprobre.

12 Et pósui vestiméntum meum cilícium ;

12. Et j’ai pris pour mon vêtement un cilice,

et factus sum illis in parábolam.

et je suis devenu pour eux un proverbe.

13 Advérsum me loquebántur qui sedébant in porta,

13. Ceux qui étaient assis à la porte de la ville parlaient contre moi,

et in me psallébant qui bibébant vinum.

et ceux qui buvaient du vin me chantaient en dérision.

14 Ego vero oratiónem meam ad te, Dómine ;

14. Pour moi, je vous adresse ma prière, Seigneur ;

tempus benepláciti, Deus.

c’est le temps de votre bienveillance, ô Dieu.

In multitúdine misericórdiæ tuæ,

Exaucez-moi selon la grandeur de votre miséricorde,

exáudi me in veritáte salútis tuæ.

et selon la vérité de votre salut.

15 Eripe me de luto, ut non infígar ;

15. Retirez-moi de la fange, afin que je n’y demeure pas enfoncé ;

líbera me ab iis qui odérunt me, et de profúndis aquárum.

délivrez-moi de ceux qui me haïssent, et du fond des eaux.

16 Non me demérgat tempéstas aquæ,

16. Qu’une tempête d’eau ne me submerge pas,

neque absórbeat me profúndum,

qu’un abime ne m’engloutisse pas ;

neque úrgeat super me púteus os suum.

qu’un puits ne referme pas sa bouche sur moi.

17 Exáudi me, Dómine, quóniam benígna est misericórdia tua ;

17. Exaucez-moi, Seigneur, car votre miséricorde est bienfaisante ;

secúndum multitúdinem miseratiónum tuárum réspice in me.

selon la multitude de vos bontés, regardez sur moi.

18 Et ne avértas fáciem tuam a púero tuo ;

18. Et ne détournez pas votre face de votre serviteur ;

quóniam tríbulor, velóciter exáudi me.

parce que je suis tourmenté, exaucez-moi promptement.

19 Inténde ánimæ meæ, et líbera eam ;

19. Soyez attentif à mon âme et délivrez-la

propter inimícos meos, éripe me.

à cause de mes ennemis : sauvez-moi.

20 Tu scis impropérium meum, et confusiónem meam, et reveréntiam meam ;

20. Vous, vous connaissez mon opprobre, ma confusion et ma retenue.

21 in conspéctu tuo sunt omnes qui tríbulant me.

21. Ils sont en votre présence, tous ceux qui me tourmentent :

Impropérium exspectávit cor meum et misériam :

mon cœur a attendu l’opprobre et la misère.

et sustínui qui simul contristarétur, et non fuit ;

Et j’ai attendu avec constance quelqu’un qui prît part à ma tristesse, et nul ne l’a fait :

et qui consolarétur, et non invéni.

et quelqu’un qui me consolât, et je n’ai trouvé personne.

22 Et dedérunt in escam meam fel,

22. Ils m’ont donné pour nourriture du fiel,

et in siti mea potavérunt me acéto.

et dans ma soif ils m’ont abreuvé de vinaigre.

23 Fiat mensa eórum coram ipsis in láqueum,

23. Que leur table devienne devant eux un filet,

et in retributiónes, et in scándalum.

et la punition qu’ils méritent, une pierre d’achoppement.

24 Obscuréntur óculi eórum, ne vídeant,

24. Que leur yeux s’obscurcissent, afin qu’ils ne voient point :

et dorsum eórum semper incúrva.

et tenez leur dos toujours courbé.

25 Effúnde super eos iram tuam,

25. Répandez sur eux votre colère,

et furor iræ tuæ comprehéndat eos.

et que la fureur de votre colère les saisisse.

26 Fiat habitátio eórum desérta,

26. Que leur habitation devienne déserte,

et in tabernáculis eórum non sit qui inhábitet.

et que dans leurs tabernacles il n’y ait personne qui habite.

27 Quóniam quem tu percussísti persecúti sunt,

27. Car ils ont persécuté celui que vous-même vous avez frappé,

et super dolórem vúlnerum meórum addidérunt.

et ils ont ajouté à la douleur de mes plaies.

28 Appóne iniquitátem super iniquitátem eórum,

28. Mettez iniquité sur leur iniquité,

et non intrent in justítiam tuam.

et qu’ils n’entrent point dans votre justice.

29 Deleántur de libro vivéntium,

29. Qu’ils soient effacés du livre des vivants,

et cum justis non scribántur.

et qu’avec les justes ils ne soient point écrits.

30 Ego sum pauper et dolens ;

30. Pour moi, je suis pauvre et souffrant ;

salus tua, Deus, suscépit me.

votre secours, ô mon Dieu, m’a soutenu.

31 Laudábo nomen Dei cum cántico,

31. Je louerai le nom de Dieu par un cantique,

et magnificábo eum in laude :

je le glorifierai par la louange.

32 et placébit Deo super vítulum novéllum,

32. Et cela sera plus agréable à Dieu qu’un jeune veau

córnua producéntem et úngulas.

qui pousse ses cornes et ses ongles.

33 Vídeant páuperes, et læténtur ;

33. Que les pauvres voient et se réjouissent :

quǽrite Deum, et vivet ánima vestra :

cherchez Dieu et votre âme vivra ;

34 quóniam exaudívit páuperes Dóminus,

34. Car le Seigneur a exaucé les pauvres,

et vinctos suos non despéxit.

il n’a pas méprisé ceux qui sont dans les liens.

35 Laudent illum cæli et terra ;

35. Que les cieux le louent, ainsi que la terre,

mare, et ómnia reptília in eis.

la mer et tous les reptiles qu’ils contiennent.

36 Quóniam Deus salvam fáciet Sion,

36. Car Dieu sauvera Sion,

et ædificabúntur civitátes Juda,

et les cités de Juda seront rebâties.

et inhabitábunt ibi, et hæreditáte acquírent eam.

Ses citoyens y habiteront, et l’acquerront en héritage.

37 Et semen servórum ejus possidébit eam ;

37. Et la race des serviteurs de Dieu la possèdera ;

et qui díligunt nomen ejus habitábunt in ea.

et ceux qui aiment son nom y habiteront.

~

Ps. LXVIII. 10. Joan. II, 17 ; Rom. XV, 3. — 22. Matth. XXVII, 48. — 23. Rom. XI, 9. — 26. Act. I, 20.

 

1. * Prophétie des souffrances de Notre-Seigneur dans sa Passion. Le titre hébreu porte : « Au chef de chœur. Sur les schoschannim. » Voir ce mot dans la note 20 à la fin du volume. Ce psaume a été composé peut-être pendant la persécution de Saül, mais il se rapporte si exclusivement et si parfaitement à Jésus-Christ, à part peut-être un petit nombre de traits accessoires, qu’il est impossible de trouver dans la vie de David aucune circonstance à laquelle il s’applique pleinement ; il prédit les souffrances de Notre-Seigneur dans sa passion et est le pendant en même temps que le complément du Ps. XXI ; aussi est-il, avec ce dernier, celui qui est le plus fréquemment cité dans le Nouveau Testament : — 1° Les ennemis du Sauveur le haïssent sans cause, Joan. XV, 25 et Ps. LXVIII, 5 (aussi XXIV, 19). — 2° Jésus est dévoré du zèle de la maison de Dieu, Ps. LXVIII, 10a et Joan. II, 17. — 3° Il supporte volontairement les opprobres, Ps. LXVIII, 10b et Rom. XV, 3. — 4° La malédiction du Ps. LXVIII, 26a, s’accomplit dans la personne de Judas Iscariote, Act. I, 20. — 5° La réprobation d’Israël est indiquée Ps. LXVIII, 23-24 ; Rom. XI, 9. — 6° Le vinaigre donné à Jésus-Christ sur la croix est prophétisé, Ps. LXVIII, 22 ; Joan. XIX, 28 ; Matth. XXVII, 48. Aussi tous les Pères sont-ils unanimes à voir dans ce psaume une prophétie littérale de la passion et de la résurrection de Notre-Seigneur. — Il se divise en trois parties : 1° souffrances du Messie, 2-19 ; — 2° Causées par ses ennemis qui doivent en être punis, 20-29 ; — 3° tandis que lui sera sauvé et que les Gentils convertis le loueront avec lui, 30-37. — La suite des pensées est celle-ci : — Ire partie. 1° le Messie souffre, 2-4 ; 5 ; — 2° pour Dieu, 6-7 ; 8-10 ; 11-13 ; — 3° par conséquent Dieu doit le sauver, 14 ; 15-16 ; 17-19. — IIe partie. Puisque c’est par la malice de ses ennemis qu’il souffre, 20-22 ; Dieu doit les châtier, 23-26 ; 27-29. — IIIe partie. Mais lui, Dieu le sauvera et il l’en remerciera, 30-32. La conversion des Gentils sera sa récompense et ils loueront Dieu avec lui, 33-34 ; 35-37.

2. Des eaux, etc. Les eaux, l’inondation, aussi bien que la tempête marquent, dans le style de l’Écriture, de grandes calamités.

4. Une boue profonde ; littér. de profondeur, d’abime (limo profundi). — Dans la profondeur. Le mot latin altitudinem de la Vulgate signifie également hauteur, élévation ; mais il ne saurait avoir ici ce sens ; le texte hébreu et la version grecque ne laissent aucun doute à cet égard.

5. Ce que Je n’avais pas pris, etc. C’est une espèce de proverbe.

6. Folie signifie ici, comme dans une foule d’autres endroits de la Bible, erreur, égarement, faute.

7. Des armées ; littér. des vertus. Voy. Ps. XXIII, 10.

11. J’ai couvert, etc. Il y a probablement ici une ellipse ; et le sens de la phrase est : J’ai couvert mon âme d’une cilice pendant mon jeûne ; c’est-à-dire je me suis revêtu d’un cilice. Nous avons déjà fait observer plus d’une fois qu’en hébreu, comme en arabe, le mot âme s’employait souvent pour personne, individu. Quant à l’ellipse du mot cilice, elle paraitra toute naturelle si on rapproche ces paroles du Ps. XXXIV, 13 : « Et moi, pendant qu’ils me tourmentaient, j’étais revêtu d’un cilice. J’humiliais mon âme par le jeûne ; » et si l’on considère qu’on revêtait le cilice dans la pénitence aussi bien que dans le deuil et dans une extrême pauvreté. Enfin, le vers. 12 suivant semble ne laisser aucun doute à cet égard. Les Septante portent à la lettre : J’ai courbé dans le jeûne mon âme ; et l’hébreu : J’ai pleuré dans le jeûne mon âme. Si l’on traduisait le verbe opérui de la Vulgate par j’ai accablé, écrasé, sens qu’il a incontestablement dans les auteurs latins, on entrerait dans l’idée des traducteurs grecs : mais nous préférons notre interprétation, d’autant mieux que les Septante de l’édition de Complute, et la plupart des exemplaires grecs et latins, portent expressément : J’ai couvert.

12. Un proverbe de mépris, un sujet de raillerie. — * Un cilice, un sac, vêtement étroit, marque de deuil et de tristesse.

13. Anciennement les lieux d’assemblées et les places publiques étaient à la porte des villes.

14. La vérité de votre salut. Voy., pour le sens de cette expression, Ps. XXXIX, 11.

15. Du fond des eaux ; c’est-à-dire de l’enfer. Compar. Job. XXVI, 5.

16. Qu’une tempête d’eau. Compar. le vers. 1er.

23. Que leur table, etc. Voy. sur le vrai sens de cette imprécation et toutes les autres contenues dans ce psaume, les  Psaumes, Observat. prélimin., I.

24. Tenez leur dos, etc. ; c’est-à-dire qu’ils soient accablés de fardeaux.

26. Que leur habitation, etc. La ruine de Jérusalem a été l’accomplissement de cette prophétie.

28. Mettez iniquité ; c’est-à-dire selon le style des écrivains sacrés, laissez les mettre, etc. — Dans votre justice ; dans les voies de votre justice, de vos bonnes grâces.

32. Qu’un jeune veau ; que le sacrifice d’un jeune veau.

36. Cette prophétie s’explique littéralement du rétablissement de la Judée après la captivité de Babylone. Or, ce rétablissement était une figure de l’établissement de l’Église.

²

 

Ps 69

*ps069

PSAUME LXIX

(Hebr. LXX).

David demande à Dieu une prompte assistance contre la malice et tes insultes de ses ennemis.

1 In finem. Psalmus David in rememoratiónem, quod salvum fécerit eum Dóminus.

1. Pour la fin. Psaume de David en mémoire de ce que le Seigneur l’avait sauvé.

2 Deus, in adjutórium meum inténde ;

2. Dieu, tendez vers mon aide ;

Dómine, ad adjuvándum me festína.

Seigneur, hâtez-vous de m’aider.

3 Confundántur, et revereántur, qui quærunt ánimam meam.

3. Qu’ils soient confondus, et qu’ils soient couverts de honte, ceux qui cherchent mon âme.

4 Avertántur retrórsum, et erubéscant, qui volunt mihi mala ;

4. Qu’ils retournent en arrière et qu’ils rougissent, ceux qui me veulent des maux.

avertántur statim erubescéntes qui dicunt mihi : Eúge, eúge !

Qu’ils s’en retournent aussitôt en rougissant, ceux qui me disent : Triomphe, triomphe !

5 Exsúltent et læténtur in te omnes qui quærunt te ;

5. Mais qu’ils exultent et se réjouissent, tous ceux qui vous cherchent,

et dicant semper : Magnificétur Dóminus, qui díligunt salutáre tuum.

et qu’ils disent sans cesse : Que le Seigneur soit glorifié, ceux qui aiment votre salut.

6 Ego vero egénus et pauper sum ;

6. Pour moi je suis indigent et pauvre ;

Deus, ádjuva me.

Dieu, aidez-moi.

Adjútor meus et liberátor meus es tu ;

C’est vous qui êtes mon aide et mon libérateur ;

Dómine, ne moréris.

Seigneur, ne tardez pas.

~

Ps. LXIX. 4. Ps. XXXIV, 21, 25 ; XXXIX, 16.

 

1. * Pour le Ps. LXIX, voir le Ps. XXXIX, dont il est un fragment (Ps. XXXIX, 14-18).

3. Qui cherchent mon âme. Voy. Ps. XXXIV, 4.

5. Votre salut ; c’est-à-dire, le salut que vous accordez, qui vient de vous.

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Ps 70

*ps070

PSAUME LXX

(Hebr. LXXI).

Le Psalmiste implore le secours de Dieu avec confiance. Il promet de publier ses merveilles, et d’en faire passer la mémoire jusqu’aux races futures. La plupart des anciens et des modernes rapportent ce psaume, quant au sens littéral, à David, chassé de Jérusalem par son fils Absalom, et abandonné par plusieurs de ceux qui avaient toujours passé pour ses amis.

1 Psalmus David, filiórum Jónadab, et priórum captivórum.

1. Psaume de David. Des fils de Jonadab et des premiers captifs.

In te, Dómine, sperávi ; non confúndar in ætérnum.

En vous, Seigneur, j’ai mis mon espérance ; que je ne sois pas confondu éternellement.

2 In justítia tua líbera me, et éripe me :

2. Dans votre justice, délivrez-moi, et arrachez-moi à la persécution.

inclína ad me aurem tuam, et salva me.

Inclinez vers moi votre oreille, et sauvez-moi.

3 Esto mihi in Deum protectórem,

3. Soyez-moi un Dieu protecteur,

et in locum munítum, ut salvum me fácias :

et un lieu fortifié ; afin que vous me sauviez ;

quóniam firmaméntum meum et refúgium meum es tu.

car mon ferme appui et mon refuge, c’est vous.

4 Deus meus, éripe me de manu peccatóris,

4. Mon Dieu, arrachez-moi de la main d’un pécheur,

et de manu contra legem agéntis, et iníqui :

d’une main agissant contre la loi et inique ;

5 quóniam tu es patiéntia mea, Dómine ;

5. car vous êtes ma patience, Seigneur ;

Dómine, spes mea a juventúte mea.

Seigneur, mon espérance depuis ma jeunesse.

6 In te confirmátus sum ex útero ;

6. Sur vous j’ai été appuyé à ma naissance :

de ventre matris meæ tu es protéctor meus ;

dès le sein de ma mère vous êtes mon protecteur,

in te cantátio mea semper.

en vous a toujours était mon chant.

7 Tamquam prodígium factus sum multis ;

7. Je suis devenu comme un prodige pour la plupart ;

et tu adjútor fortis.

mais vous êtes mon aide puissant.

8 Repleátur os meum laude,

8. Que ma bouche soit remplie de louange,

ut cantem glóriam tuam,

afin que je chante votre gloire ;

tota die magnitúdinem tuam.

tout le jour, votre grandeur.

9 Ne projícias me in témpore senectútis ;

9. Ne me rejetez pas au temps de ma vieillesse ;

cum defécerit virtus mea, ne derelínquas me.

quand ma force m’a manqué, ne m’abandonnez pas.

10 Quia dixérunt inimíci mei mihi,

10. Car mes ennemis ont parlé de moi,

et qui custodiébant ánimam meam consílium fecérunt in unum,

et ceux qui observaient mon âme ont tenu conseil ensemble,

11 dicéntes : Deus derelíquit eum :

11. Disant : Dieu l’a délaissé,

persequímini et comprehéndite eum,

poursuivez-le, saisissez-le :

quia non est qui erípiat.

car il n’est personne qui le délivre.

12 Deus, ne elongéris a me ;

12. Dieu, ne vous éloignez pas de moi ;

Deus meus, in auxílium meum réspice.

mon Dieu, voyez à me secourir.

13 Confundántur et defíciant detrahéntes ánimæ meæ ;

13. Qu’ils soient confondus, et qu’ils périssent, ceux qui disent du mal de mon âme :

operiántur confusióne et pudóre qui quærunt mala mihi.

qu’ils soient couverts de confusion et de honte, ceux qui me cherchent des maux.

14 Ego autem semper sperábo,

14. Pour moi, toujours j’espèrerai :

et adjíciam super omnem laudem tuam.

j’ajouterai à toutes vos louanges.

15 Os meum annuntiábit justítiam tuam,

15. Ma bouche annoncera votre justice,

tota die salutáre tuum.

tout le jour, votre salut.

Quóniam non cognóvi litteratúram,

Car je n’ai pas connu une science vaine,

16 introíbo in poténtias Dómini ;

16. J’entrerai dans les puissances du Seigneur :

Dómine, memorábor justítiæ tuæ solíus.

Seigneur, je me souviendrai de votre justice seule.

17 Deus, docuísti me a juventúte mea ;

17. Ô Dieu, vous m’avez instruit dès ma jeunesse,

et usque nunc pronuntiábo mirabília tua.

et je publierai vos merveilles opérées jusqu’à ce jour,

18 Et usque in senéctam et sénium,

18. Et dans ma vieillesse et ma décrépitude,

Deus, ne derelínquas me,

ô Dieu, ne me délaissez pas,

donec annúntiem bráchium tuum generatióni omni quæ ventúra est,

jusqu’à ce que j’annonce votre bras à toute la génération qui doit venir ;

poténtiam tuam, 19 et justítiam tuam, Deus, usque in altíssima ;

Votre puissance, 19. Et votre justice, ô Dieu, qui s’élèvent jusqu’aux cieux,

quæ fecísti magnália, Deus : quis símilis tibi ?

et les grandes choses que vous avez faites : ô Dieu, qui est semblable à vous ?

20 Quantas ostendísti mihi tribulatiónes multas et malas !

20. Que vous m’avez montré de tribulations nombreuses et pénibles !

et convérsus vivificásti me,

mais revenant, vous m’avez rendu la vie,

et de abýssis terræ íterum reduxísti me.

et vous m’avez ramené des abimes de la terre.

21 Multiplicásti magnificéntiam tuam ;

21. Vous avez multiplié votre magnificence ;

et convérsus consolátus es me.

et revenant, vous m’avez consolé.

22 Nam et ego confitébor tibi in vasis psalmi veritátem tuam, Deus ;

22. Car je célèbrerai encore pour vous, ô Dieu, votre vérité sur des instruments de psaume :

psallam tibi in cíthara, sanctus Israël.

je vous chanterai sur la harpe, ô saint d’Israël.

23 Exsultábunt lábia mea cum cantávero tibi ;

23. Mes lèvres exulteront, lorsque je vous chanterai,

et ánima mea quam redemísti.

ainsi que mon âme que vous avez rachetée ;

24 Sed et lingua mea tota die meditábitur justítiam tuam,

24. Et ma langue aussi s’exercera tout le jour à chanter votre justice,

cum confúsi et revériti fúerint qui quærunt mala mihi.

alors que seront confondus et couverts de honte ceux qui me cherchent des maux.

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Ps. LXX.

 

1. * Sans titre en hébreu. Le titre de la Vulgate signifie probablement que ce psaume était souvent chanté par les Rechabites (Jer. XXXV) et par les premiers captifs. Cet appel à la protection divine était alors tout à fait de circonstance. — Ce chant contient beaucoup de réminiscences d’autres psaumes.

5. Parce que c’est vous qui êtes ma patience ; c’est-à-dire que c’est de vous que vient ma patience. Compar. Ps. LXI, 6.

6. Sur vous j’ai été appuyé, etc. Voy. sur le sens de ce passage, Ps. XXI, 11. — # En vous a toujours ; Vous avez toujours été l’objet de mes chants.

10. Ont parlé de moi ; littér. Ont dit à moi, m’ont dit (dixérunt mihi). Nous avons déjà fait observer que la particule hébraïque, rendue dans les Septante et la Vulgate par le datif, outre son sens ordinaire, signifiait quelquefois de, au sujet de, quand elle est jointe aux verbes dire, ordonner, etc. ; ce qui est incontestablement vrai dans ce passage-ci. Ajoutons que le verbe ont dit se trouvant séparé de son complément, Dieu l’a délaissé (vers. 11), par plusieurs propositions, les exigences de notre langue nous ont obligé de substituer le neutre parler à l’actif dire. Quant à la traduction contre moi, nous la regardons comme fausse. — Qui observaient mon âme ; c’est-à-dire qui m’épiaient pour me perdre.

15. Votre salut ; le salut qui me vient de vous. — Science vaine ; ou fausse sagesse, astuce, dont était rempli Achitophel, conseiller de David, qui se jeta dans le parti d’Absalom.

16. J’entrerai, etc. ; c’est-à-dire je me renfermerai dans la considération de la puissance infinie du Seigneur.

18-19. Votre puissance et votre justice qui s’élèvent jusqu’aux cieux. Compar. Ps. XXXV, 6 ; LVI, 11. Le mot altissima de la Vulgate (littér. lieux très élevés), que nous avons rendu par cieux, est la traduction d’un terme hébreu qui signifie hauteur, élévation, ce qui est élevé, et en particulier, le ciel.

18. Votre bras ; la force de votre bras.

20. Vous m’avez montré ; hébraïsme, pour vous m’avez fait sentir, éprouver.

22. Des instruments de psaume ; c’est-à-dire des instruments sur lesquels on chantait les psaumes.

24. S’exercera ; littér. méditera (meditabitur). Voy. Ps. XXXIV, 28.

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71 à 80

Ps 71

*ps071

PSAUME LXXI

(Hebr. LXXII).

David prie le Seigneur de combler de ses lumières et de ses grâces Salomon, qui venait de monter sur le trône. Il prédit la grandeur et la félicité de son règne, et sous la figure du règne de Salomon, il décrit celui de Jésus-Christ.

1 Psalmus, in Salomónem.

1. Psaume pour Salomon.

2 Deus, judícium tuum regi da,

2. Dieu, donnez votre jugement au roi ;

et justítiam tuam fílio regis ;

et votre justice au fils du roi,

judicáre pópulum tuum in justítia,

Pour qu’il juge votre peuple dans la justice,

et páuperes tuos in judício.

et vos pauvres dans l’équité.

3 Suscípiant montes pacem pópulo,

3. Que les montagnes reçoivent la paix pour le peuple,

et colles justítiam.

et les collines la justice.

4 Judicábit páuperes pópuli,

4. Il jugera les pauvres du peuple ;

et salvos fáciet fílios páuperum,

il sauvera les fils des pauvres,

et humiliábit calumniatórem.

et il humiliera le calomniateur.

5 Et permanébit cum sole, et ante lunam,

5. Il subsistera avec le soleil et devant la lune,

in generatióne et generatiónem.

dans toutes les générations.

6 Descéndet sicut plúvia in vellus,

6. Il descendra comme la pluie sur une toison ;

et sicut stillicídia stillántia super terram.

et comme des eaux qui tombent goutte à goutte sur la terre.

7 Oriétur in diébus ejus justítia, et abundántia pacis,

7. Dans ses jours s’élèvera la justice, et une abondance de paix :

donec auferátur luna.

jusqu’à ce que la lune disparaisse entièrement.

8 Et dominábitur a mari usque ad mare,

8. Et il dominera depuis une mer jusqu’à une autre mer,

et a flúmine usque ad términos orbis terrárum.

et depuis un fleuve jusqu’aux limites de la terre.

9 Coram illo prócident Æthíopes,

9. Devant lui se prosterneront les Éthiopiens ;

et inimíci ejus terram lingent.

et ses ennemis lècheront la poussière.

10 Reges Tharsis et ínsulæ múnera ófferent ;

10. Les rois de Tharsis et les iles lui offriront des présents ;

reges Arabum et Saba dona addúcent :

des rois d’Arabie et de Saba lui apporteront des dons ;

11 et adorábunt eum omnes reges terræ ;

11. Et tous les rois de la terre l’adoreront :

omnes gentes sérvient ei.

toutes les nations le serviront ;

12 Quia liberábit páuperem a poténte,

12. Car il délivrera le pauvre du puissant ;

et páuperem cui non erat adjútor.

et le pauvre qui n’avait point d’aide.

13 Parcet páuperi et ínopi,

13. Il traitera avec ménagement le pauvre et l’homme sans ressource ;

et ánimas páuperum salvas fáciet.

et il sauvera les âmes des pauvres.

14 Ex usúris et iniquitáte rédimet ánimas eórum,

14. Des usures et de l’iniquité il rachètera leurs âmes ;

et honorábile nomen eórum coram illo.

et honorable sera leur nom devant lui.

15 Et vivet, et dábitur ei de auro Arábiæ ;

15. Et il vivra, et on lui donnera de l’or de l’Arabie,

et adorábunt de ipso semper,

et on adorera toujours à son sujet :

tota die benedícent ei.

tout le jour on le bénira.

16 Et erit firmaméntum in terra in summis móntium ;

16. Et il y aura du froment sur la terre, sur des sommets de montagnes ;

superextollétur super Líbanum fructus ejus,

au-dessus du Liban s’élèvera son fruit :

et florébunt de civitáte sicut fœnum terræ.

et les habitants de la cité fleuriront comme l’herbe de la terre.

17 Sit nomen ejus benedíctum in sǽcula ;

17. Que son nom soit béni dans les siècles ;

ante solem pérmanet nomen ejus.

avant le soleil subsiste son nom.

Et benedicéntur in ipso omnes tribus terræ ;

Et seront bénies en lui toutes les tribus de la terre,

omnes gentes magnificábunt eum.

toutes les nations le glorifieront.

18 Benedíctus Dóminus Deus Israël,

18. Béni le Seigneur, le Dieu d’Israël,

qui facit mirabília solus.

qui fait des merveilles seul ;

19 Et benedíctum nomen majestátis ejus in ætérnum,

19. Et béni le nom de sa majesté éternellement :

et replébitur majestáte ejus omnis terra. Fiat, fiat.

et toute la terre en sera remplie : ainsi soit, ainsi soit.

20 Defecérunt laudes David, fílii Jesse.

20. Sont finies les louanges de David, fils de Jessé.

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Ps. LXXI. 11. Matth. II, 11.

 

1. * S’applique particulièrement au Messie : « Ô Dieu, dit le Targum, donne ta justice au roi Messie. »

2-4. * Que Dieu accorde au roi la vertu de justice.

2. Dans l’équité ; littér. dans le jugement. Le terme hébreu, rendu dans la Vulgate par judicium signifie aussi jugement, juste, justice, équité.

3. * Que les montagnes et les collines, pour tout le pays. Que la paix et la justice règnent dans toute la Terre Sainte.

5-7. * Que Dieu accorde au roi la paix et la prospérité.

5. Dans toutes les générations ; littér. dans une génération et une génération. Voy., sur ce genre de répétition et sur l’accusatif generationem de la Vulgate, au lieu du génitif, Observat. prélimin., II, 1°.

8-11. * Que Dieu accorde au roi la domination sur ses ennemis.

10. * Tharsis, Tartéssus, en Espagne, où les Phéniciens allaient chercher l’or et l’argent. — Les iles, l’île de Chypre et les iles de la Méditerranée, et par extension l’Europe. — Saba était un royaume d’Arabie, particulièrement célèbre par ses parfums.

12-15. * Que Dieu accorde au roi la compassion pour les malheureux.

15. Et on adorera, etc. Plusieurs interprètes traduisent : Et on l’adorera ; comme si les mots de la Vulgate de ipso étaient synonymes de ipsum. Si l’on prend ici le verbe adorer, pour l’action simple de s’incliner, de se prosterner, sens qu’il a souvent dans l’Écriture, on peut l’appliquer à Salomon ; mais si on l’entend de l’adoration proprement dite, c’est-à-dire du culte souverain qu’on ne doit rendre qu’à la divinité, il ne peut convenir ici qu’à Jésus-Christ. Les Septante lisent : On priera à cause de lui, à son sujet ou pour lui. — * Arabie, pays qui s’étend au sud-est de la Palestine jusqu’à la mer Rouge.

16-17. * Que Dieu accorde au roi l’abondance des récoltes et la gloire.

16. Il y aura du froment. C’est le sens de l’hébreu, et celui que réclame le contexte. La Vulgate. d’après le grec, porte appui, soutien (firmaméntum) ; traduction qui ne s’éloigne pas du texte primitif, puisque chez les Hébreux le froment était appelé la force, l’appui (firmaméntum, robur) ou le bâton du pain (baculus panis). Voy., en effet, Is. II, 1 ; Ezech. IV, 9, 16 ; XIV, 13 ; Ps. CIV, 16.

18-19. * Les versets 18-19 sont une doxologie indépendante du psaume, pour marquer la fin du 2e livre des Psaumes, qu’indique plus explicitement encore le vers. 20.

20. Sont finies, etc. ; c’est-à-dire que c’est le dernier psaume que David composa avant sa mort. Personne ne sait d’une manière certaine pourquoi ont été mises ici ces paroles, qui seraient plus naturellement placées à la fin du psautier. On peut voir dans les commentateurs ce qui a été dit à ce sujet.

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Ps 72

*ps072

PSAUME LXXII

(Hebr. LXXIII).

Le Psalmiste fortifie les justes contre le scandale que leur cause la prospérité des méchants, en montrant l’inconstance et le revers de cette prospérité.

1 Psalmus Asaph.

1. Psaume d’Asaph.

Quam bonus Israël Deus,

Que Dieu est bon à Israël,

his qui recto sunt corde !

à ceux qui ont le cœur droit !

2 Mei autem pene moti sunt pedes,

2. Mais mes pieds ont presque chancelé,

pene effúsi sunt gressus mei :

et mes pas ont presque dévié.

3 quia zelávi super iníquos,

3. Parce que j’ai porté envie aux hommes iniques,

pacem peccatórum videns.

voyant la paix des pécheurs.

4 Quia non est respéctus morti eórum,

4. Parce qu’ils ne pensent pas à leur mort,

et firmaméntum in plaga eórum.

et que leur plaie n’a pas de consistance.

5 In labóre hóminum non sunt,

5. Ils ne seront pas sujets à la fatigue des hommes,

et cum homínibus non flagellabúntur.

et avec les autres hommes ils ne seront pas frappés ;

6 Ideo ténuit eos supérbia ;

6. C’est pour cela que l’orgueil s’est emparé d’eux,

opérti sunt iniquitáte et impietáte sua.

qu’ils se sont couverts de leur iniquité et de leur impiété.

7 Pródiit quasi ex ádipe iníquitas eórum ;

7. Leur iniquité est sortie comme de leur graisse ;

transiérunt in afféctum cordis.

ils ont suivi le sentiment de leur cœur.

8 Cogitavérunt et locúti sunt nequítiam ;

8. Ils ont pensé et ils ont parlé méchanceté ;

iniquitátem in excélso locúti sunt.

ils ont parlé hautement iniquité.

9 Posuérunt in cælum os suum,

9. Ils ont posé leur bouche contre le ciel,

et lingua eórum transívit in terra.

et leur langue a passé sur la terre.

10 Ideo convertétur pópulus meus hic,

10. C’est pour cela que mon peuple en reviendra là :

et dies pleni inveniéntur in eis.

et les impies trouveront en eux des jours pleins.

11 Et dixérunt : Quómodo scit Deus,

11. Et ils ont dit : Comment Dieu le sait-il ?

et si est sciéntia in excélso ?

et le Très-Haut en a-t-il connaissance ?

12 Ecce ipsi peccatóres, et abundántes in sǽculo

12. Voilà que ces pécheurs eux-mêmes, vivant dans l’abondance,

obtinuérunt divítias.

ont obtenu des richesses.

13 Et dixi : Ergo sine causa justificávi cor meum,

13. Et j’ai dit : C’est donc sans cause que j’ai purifié mon cœur,

et lavi inter innocéntes manus meas,

et que j’ai lavé mes mains parmi des innocents.

14 et fui flagellátus tota die,

14. Car j’ai été affligé tout le jour,

et castigátio mea in matutínis.

et mon châtiment a eu lieu les matins.

15 Si dicébam : Narrábo sic ;

15. Si je disais : Je parlerai ainsi,

ecce natiónem filiórum tuórum reprobávi.

voilà que je réprouvais la race de vos enfants.

16 Existimábam ut cognóscerem hoc ;

16. Je pensais à connaitre ce mystère :

labor est ante me :

un pénible travail s’est trouvé devant moi.

17 donec intrem in sanctuárium Dei,

17. Jusqu’à ce que j’entre dans le sanctuaire de Dieu,

et intélligam in novíssimis eórum.

et que je comprenne leurs fins dernières.

18 Verúmtamen propter dolos posuísti eis ;

18. Mais cependant à cause de leurs tromperies vous leur avez envoyé des maux ;

dejecísti eos dum allevaréntur.

vous les avez renversés, tandis qu’ils s’élevaient.

19 Quómodo facti sunt in desolatiónem ?

19. Comment sont-ils tombés dans la désolation ?

súbito defecérunt : periérunt propter iniquitátem suam.

Soudain ils ont défailli : ils ont péri à cause de leur iniquité.

20 Velut sómnium surgéntium, Dómine,

20. Comme un songe de ceux qui s’éveillent, Seigneur,

in civitáte tua imáginem ipsórum ad níhilum rédiges.

vous réduirez au néant leur image dans votre cité.

21 Quia inflammátum est cor meum,

21. Parce que mon cœur a été enflammé,

et renes mei commutáti sunt ;

et que mes reins ont été bouleversés ;

22 et ego ad níhilum redáctus sum, et nescívi :

22. Et que moi j’ai été réduit au néant, et que je n’ai pas su pourquoi.

23 ut juméntum factus sum apud te,

23. Que je suis devenu comme un animal stupide devant vous,

et ego semper tecum.

mais que toujours j’ai été avec vous.

24 Tenuísti manum déxteram meam,

24. Vous avez soutenu ma main droite :

et in voluntáte tua deduxísti me,

selon votre volonté vous m’avez dirigé,

et cum glória suscepísti me.

et vous m’avez reçu avec gloire.

25 Quid enim mihi est in cælo ?

25. Car qu’y a-t-il pour moi dans le ciel,

et a te quid vólui super terram ?

et hors de vous qu’ai-je voulu sur la terre ?

26 Defécit caro mea et cor meum ;

26. Ma chair a défailli, ainsi que mon cœur ;

Deus cordis mei, et pars mea, Deus in ætérnum.

ô le Dieu de mon cœur, et le Dieu mon partage pour l’éternité !

27 Quia ecce qui elóngant se a te períbunt ;

27. Parce que voilà que ceux qui s’éloignent de vous périront :

perdidísti omnes qui fornicántur abs te.

vous avez perdu tous ceux qui forniquent, en s’éloignant de vous.

28 Mihi autem adhærére Deo bonum est ;

28. Pour moi, mon bien est de m’attacher à Dieu,

pónere in Dómino Deo spem meam :

de mettre dans le Seigneur Dieu mon espérance ;

ut annúntiem omnes prædicatiónes tuas

Afin que j’annonce toutes vos louanges

in portis fíliæ Sion.

aux portes de la ville de Sion.

~

Ps. LXXII.

 

1. * Justification de la Providence, qui permet que les justes souffrent et que les méchants prospèrent. — Le sujet de ce psaume est analogue à celui du Ps. XXXVI. « Prêt à confesser quelques doutes qui s’étaient élevés jadis dans son âme, le [psalmiste]… se croit obligé de les condamner d’avance en débutant par un élan d’amour ; il s’écrie : Que notre Dieu est bon pour tous les hommes qui ont le cœur droit ! Après ce beau mouvement, il pourra avouer sans peine d’anciennes inquiétudes : J’étais scandalisé et je sentais presque ma foi s’ébranler, lorsque je contemplais la tranquillité des méchants… C’est ce qu’on appelle… des tentations ; et il se hâte de nous dire que la vérité ne tarda pas à leur imposer silence. Mais je l’ai compris enfin, ce mystère, lorsque je suis entré dans le sanctuaire du Seigneur ; lorsque j’ai vu la fin qu’il a préparée aux coupables… Ayant ainsi abjuré tous les sophismes de l’esprit, il ne sait plus qu’aimer. Il s’écrie : Que puis-je désirer dans le ciel ! Que puis-je aimer sur la terre, excepté vous seul ! Ma chair et mon sang se consument d’amour. » (De Maistre.) — Ce psaume se divise en deux parties, 1-14 ; 15-28. — Ire partie : Le bonheur du méchant, 1-14. — 1-2 : Malgré la bonté de Dieu pour Israël, mes pieds ont chancelé, j’ai failli tomber. — 3-6 : parce que j’ai porté envie au bonheur du méchant ; — tableau de ce bonheur : 7-12 ; — découragement que ce bonheur cause au juste, 13-14. — IIe partie : Explication du bonheur des méchants et consolation des justes, 15-28. — 15-18 : L’explication du bonheur des méchants est dans leur destinée finale. — 19-23a : Ils périssent inopinément ; quand la vue de leur prospérité nous aigrit, c’est parce que nous sommes comme la brute sans intelligence. — 23b-26 : Le juste doit donc se tenir toujours uni à Dieu et n’avoir point d’autre partage. — 27-28 : car s’écarter de lui, c’est périr ; vivre avec lui, c’est le bonheur. — D’Asaph. Voy. le titre du Ps. XLIX (Hebr. L). — À Israël. Quelques exemplaires des Septante lisent au génitif, d’Israël ; mais la plupart portent, conformément à l’hébreu, à Israël.

3. Paix. Par ce mot, les Hébreux désignaient souvent une vie tranquille et prospère.

9. Ils ont posé, etc. Ils ont attaqué Dieu dans le ciel par leurs blasphèmes, et les hommes sur la terre par leurs médisances et leurs calomnies.

10. Mon peuple ; c’est-à-dire le peuple de Dieu. — En reviendra là ; à cette plainte. — Des jours pleins ; c’est-à-dire une vie longue et heureuse.

11. Comment Dieu, etc. Compar. Job. XXII, 13 ; Ps. IX (Hebr. X), 11.

17. Leurs ; c’est-à-dire des pécheurs, qui sont nommés aux vers. 3 et 12.

18. À cause, etc. C’est la traduction qui parait la mieux fondée, surtout si l’on considère que plusieurs exemplaires des Septante et la plupart des anciens psautiers portent expressément leurs et maux ; et qu’elle se lie mieux au contexte.

21-24. Nous avons adopté, pour ces versets, la ponctuation suivie par Martini dans sa traduction italienne, comme étant la seule qui permette la véritable explication de ce passage.

24. Avec gloire ; en me comblant de gloire.

27. En s’éloignant. Cette expression est véritablement sous-entendue. Voy. Observat. prélimin., II, 2°.

28. Vos louanges ; c’est le vrai sens du latin prædicationes, qui est, en effet, remplacé par laudationes au Ps. IX, 15. — La fille de Sion ; signifie le peuple ou la ville de Sion. — * « Que ce psaume est beau ! dit Herder. Le poète commence par une sentence, résultat des nombreuses observations qui font sa conclusion. Passant avec rapidité et d’une manière inaperçue à des situations pénibles, il dépeint comment il s’est trompé ; et lorsqu’il a fait arriver ce tableau à son apogée, il en détourne son chant. Introduit enfin dans le conseil [de la Providence], il reconnait que son premier jugement était [faux]. Des vœux nouveaux, mais toujours en harmonie avec ses hésitations, le rattachent à Dieu et l’élèvent au plus haut degré des sentiments chaleureux. [Le sentiment d’une ferme confiance en Dieu] termine le tout. Ce psaume didactique est aussi remarquable par son contenu que par son arrangement. Asaph voit d’abord le bonheur des méchants, puis il reconnait que ce bonheur disparait comme une ombre, tandis que celui des bons est inébranlable. »

²

 

Ps 73

*ps073

PSAUME LXXIII

(Hebr. LXXIV).

Plainte et prière à Dieu au sujet de son peuple qui a été livré à ses ennemis, et du temple brulé et souillé par ces mêmes ennemis. Le Psalmiste fait le récit des anciennes merveilles opérées par le Seigneur en faveur de son peuple ; il termine en demandant à Dieu de se souvenir de l’orgueil de ses ennemis et de les humilier.

1 Intelléctus Asaph.

1. Intelligence d’Asaph.

Ut quid, Deus, repulísti in finem,

Pourquoi, ô Dieu, nous avez-vous rejetés pour toujours,

irátus est furor tuus super oves páscuæ tuæ ?

et pourquoi votre fureur s’est-elle irritée contre les brebis de votre pâturage ?

2 Memor esto congregatiónis tuæ,

2. Souvenez-vous de votre assemblée,

quam possedísti ab inítio.

que vous avez possédée dès le commencement,

Redemísti virgam hæreditátis tuæ,

vous avez racheté la verge de votre héritage :

mons Sion, in quo habitásti in eo.

Sion est le mont sur lequel vous avez habité.

3 Leva manus tuas in supérbias eórum in finem :

3. Levez vos mains à jamais contre leur orgueil :

quanta malignátus est inimícus in sancto !

combien de méchancetés a commises l’ennemi dans votre sanctuaire !

4 Et gloriáti sunt qui odérunt te in médio solemnitátis tuæ ;

4. Ceux qui vous haïssent ont signalé leur orgueil au milieu de votre solennité.

posuérunt signa sua, signa :

Ils ont posé leurs étendards en grand nombre ;

5 et non cognovérunt sicut in éxitu super summum.

5. (Et ils n’ont pas compris ce qu’ils faisaient), au haut du temple, comme à la sortie d’une ville.

Quasi in silva lignórum secúribus

Comme dans une forêt d’arbres, avec des cognées,

6 excidérunt jánuas ejus in idípsum ;

6. Ils ont abattu de concert ses portes :

in secúri et áscia dejecérunt eam.

avec la cognée et la hache à double tranchant, ils l’ont renversée.

7 Incendérunt igni sanctuárium tuum ;

7. Ils ont brulé par le feu votre sanctuaire :

in terra polluérunt tabernáculum nóminis tui.

ils ont souillé sur la terre le tabernacle de votre nom.

8 Dixérunt in corde suo cognátio eórum simul :

8. Ils ont dit dans leur cœur, eux et tous leurs alliés ensemble :

Quiéscere faciámus omnes dies festos Dei a terra.

Faisons cesser de dessus la terre tous les jours de fêtes de Dieu.

9 Signa nostra non vídimus ;

9. Nous ne voyons plus nos signes ;

jam non est prophéta ;

il n’y a point de prophètes,

et nos non cognóscet ámplius.

et Dieu ne nous connaitra plus.

10 Usquequo, Deus, improperábit inimícus ?

10. Jusques à quand, ô Dieu, l’ennemi se livrera-t-il à l’outrage ?

irrítat adversárius nomen tuum in finem ?

notre adversaire irritera-t-il toujours votre nom ?

11 Ut quid avértis manum tuam,

11. Pourquoi détournez-vous votre main,

et déxteram tuam de médio sinu tuo in finem ?

et votre droite de votre sein pour toujours ?

12 Deus autem rex noster ante sǽcula :

12. Mais Dieu, notre roi depuis des siècles,

operátus est salútem in médio terræ.

a opéré le salut au milieu de la terre.

13 Tu confirmásti in virtúte tua mare ;

13. C’est vous qui, par votre puissance, avez affermi la mer,

contribulásti cápita dracónum in aquis.

brisé les têtes des dragons dans les eaux.

14 Tu confregísti cápita dracónis ;

14. Vous avez écrasé la tête du dragon :

dedísti eum escam pópulis Æthíopum.

vous l’avez donné pour nourriture aux peuples de l’Éthiopie.

15 Tu dirupísti fontes et torréntes ;

15. Vous avez fait jaillir de la pierre des sources et des torrents ;

tu siccásti flúvios Ethan.

vous avez desséché les fleuves d’Éthan.

16 Tuus est dies, et tua est nox ;

16. À vous est le jour, et à vous est la nuit :

tu fabricátus es auróram et solem.

Vous avez formé l’aurore et le soleil.

17 Tu fecísti omnes términos terræ ;

17. Vous avez fait toutes les limites de la terre :

æstátem et ver tu plasmásti ea.

l’été et le printemps, vous les avez créés.

18 Memor esto hujus : inimícus improperávit Dómino,

18. Souvenez-vous de ceci : l’ennemi a outragé le Seigneur,

et pópulus insípiens incitávit nomen tuum.

et un peuple insensé a provoqué votre nom.

19 Ne tradas béstiis ánimas confiténtes tibi,

19. Ne livrez pas aux bêtes féroces des âmes qui vous louent ;

et ánimas páuperum tuórum ne obliviscáris in finem.

et les âmes de vos pauvres, ne les oubliez pas à jamais.

20 Réspice in testaméntum tuum,

20. Regardez sur votre alliance ;

quia repléti sunt qui obscuráti sunt terræ dómibus iniquitátum.

car ceux qui sont avilis sur la terre ont été comblés de maisons d’iniquités.

21 Ne avertátur húmilis factus confúsus ;

21. Que celui qui est dans l’humiliation ne soit pas renvoyé couvert de confusion ;

pauper et inops laudábunt nomen tuum.

le pauvre et l’homme sans ressource loueront votre nom.

22 Exsúrge, Deus, júdica causam tuam ;

22. Levez-vous, ô Dieu, jugez votre cause :

memor esto improperiórum tuórum,

souvenez-vous des outrages que vous recevez,

eórum quæ ab insipiénte sunt tota die.

de ceux qui vous sont faits par un insensé tout le jour.

23 Ne obliviscáris voces inimicórum tuórum :

23. N’oubliez pas les clameurs de vos ennemis :

supérbia eórum qui te odérunt ascéndit semper.

l’orgueil de ceux qui vous haïssent monte toujours.

~

Ps. LXXIII. 7. IV Reg. XXV, 9. — 12. Luc. I, 68.

 

1-8. * Prière à Dieu pour qu’il n’abandonne pas toujours Jérusalem et son sanctuaire dévastés.

1. Intelligence d’Asaph ou psaume didactique composé par Asaph. Compar. le titre du Ps. XLIX (Hebr. L). — * Ce psaume est rapporté par un grand nombre de critiques contemporains à l’époque des Macchabées, I Mach. IV, 38, 46 ; IX, 27 ; XIV, 41 ; II Mach. I, 8b ; VIII, 1-4, 33 ; cf. Ps. LXXIII, 3, 4b, 7, 8b, 9b. Mais comme le Ps. LXXVIII, il peut avoir été composé après la prise de Jérusalem et la ruine du temple de Salomon par Nabuchodonosor, IV Reg. XXIV ; II Par. XXXVI ; Jer. LII.

2. Votre assemblée ; c’est-à-dire votre peuple. — La verge de votre héritage ; c’est-à-dire simplement votre héritage. Plusieurs savants interprètes prétendent que les Hébreux se servaient de verges ou perches, aussi bien que de cordes, pour mesurer leurs terres.

4-9. * Peinture des dévastations commises dans le temple par les ennemis des Juifs qui sont les ennemis de Dieu (vers. 4-6) ; ils ont fait cesser tout culte et il n’y a plus de miracles, plus de prophètes pour consoler Israël (vers. 7-9).

4. Leurs étendards en grand nombre ; littér. leurs signes ou étendards, signes (signa eorum, signa). Nous avons déjà fait observer que la répétition d’un substantif au même cas indiquait souvent un grand nombre, une multitude ; la traduction ordinaire nous a paru défectueuse.

5. Ce qu’ils faisaient, ou la sainteté du lieu. Il est évident que le verbe comprendre (cognovérunt) exige un complément semblable. — Comme à la sortie ; c’est-à-dire comme aux portes, aussi bien que sur les portes. Les Chaldéens, après avoir pris la ville de Jérusalem, placèrent leurs étendards sur les portes comme des trophées de leurs victoires ; ils en firent autant sur les portes du temple. Pendant les quelques jours de pillage de la ville et du temple, et avant que Nabuzardan y eût fait mettre le feu, les soldats commirent les insolences, les profanations et les brutalités qui leur sont reprochées ici. Voy. IV Reg. XXV, 1 et suiv. ; Jer. LII, 12 et suiv.

6. Ses portes. Le pronom ejus, amphibologique dans la Vulgate, étant au féminin dans les Septante, ne peut se rapporter qu’au mot Jérusalem sous-entendu. — Ils l’ont renversée (dejecérunt eam) ; même observation à faire.

7. Ils ont souillé sur la terre ; c’est-à-dire en le renversant par terre.

9. Nos signes ; les prodiges qui nous ont été promis dans la loi et dont une partie a été opérée en faveur de nos pères. — Il n’y a point de prophète. C’est la plainte des Juifs captifs à Babylone, dans leur désespoir ; plainte au fond exagérée, puisque Daniel était à Babylone. Il est vrai qu’il y prophétisa peu, et que ses principales prophéties lui furent révélées à Suse (Dan. VII-XI). Quant aux signes ou prodiges, s’ils ne virent pas à Babylone ces grands coups d’éclat, comme on en avait vu anciennement en Égypte et dans le désert, ils furent cependant témoins de la délivrance miraculeuse de Daniel et de ses compagnons, de la fournaise ardente (III, 20 et suiv.) ; et de celle de Daniel, de la fosse aux lions (XIV, 30 et suiv.) ; de la justification miraculeuse de la chaste Suzanne (XIII, 45 et suiv.) ; de la métamorphose de Nabuchodonosor (IV, 13 et suiv.) ; enfin des derniers moments de Balthasar, roi des Chaldéens (V, 22 et suiv.).

10-11. * Jusqu’à quand durera cet abandon du Seigneur ?

12-14. * Ce n’est pas la puissance qui manque à Dieu ; il a séparé la mer de la terre ferme, il brise la tête du crocodile.

12. Mais Dieu, etc. Les Pères l’entendent ordinairement de la rédemption du genre humain, opérée par Jésus-Christ, notre Dieu et notre roi, au milieu de la Judée.

13. * Les têtes des dragons, les grands animaux qui habitent les eaux du Nil et figurent le peuple et l’armée d’Égypte.

14. * La tête du dragon, de Leviathan, le crocodile, emblème du roi d’Égypte. — Le roi d’Égypte est devenu la proie de l’Éthiopie.

15-17. * Dieu est le créateur des rivières, du jour, des astres, des saisons.

15. Jaillir de la pierre. Compar. Ex. XVII, 6 ; Num. XX, 8 et suiv. — Éthan, signifie, suivant les anciens hébraïsants, force ou antiquité, et, suivant les modernes, flux, écoulement perpétuel. Les Septante et la Vulgate en ont fait un nom propre de lieu. Il est certain qu’Éthan ou Étham,(car on lit l’un et l’autre) était un lieu où les Israélites firent leur troisième station après leur sortie d’Égypte, et qui était situé à l’extrémité du désert. Voy. Ex. XIII, 20 ; Num. XXXIII, 6.

17. Toutes les limites ; c’est-à-dire toute l’étendue.

18-23. * Que Dieu ne laisse donc plus insulter son nom ! qu’il ait pitié de son peuple, avec qui il a fait alliance ! (vers. 18-20) ; vers. 21-23 : Répétition de la même pensée en d’autres termes.

20. Ces hommes avilis sur la terre, dont parle ici le Psalmiste, sont probablement les Chaldéens ou les Iduméens et les Samaritains. — Ont été comblés ; etc. ; c’est-à-dire se sont emparés injustement des maisons des Hébreux pendant leur captivité.

²

 

Ps 74

*ps074

PSAUME LXXIV

(Hebr. LXXV).

Le Psalmiste exhorte les méchants à se corriger et à s’humilier devant Dieu. Il prédit l’élévation et la gloire des justes.

1 In finem, ne corrúmpas. Psalmus cántici Asaph.

1. Pour la fin. Ne corrompez pas. Psaume d’un cantique d’Asaph.

2 Confitébimur tibi, Deus, confitébimur,

2. Nous vous louerons, ô Dieu, nous louerons,

et invocábimus nomen tuum ;

et nous invoquerons votre nom.

narrábimus mirabília tua.

Nous raconterons vos merveilles.

3 Cum accépero tempus,

3. Lorsque j’aurai pris mon temps,

ego justítias judicábo.

c’est moi qui jugerai les justices.

4 Liquefácta est terra et omnes qui hábitant in ea :

4. La terre s’est fondue, et tous ceux qui y habitent.

ego confirmávi colúmnas ejus.

C’est moi qui ai affermi ses colonnes.

5 Dixi iníquis : Nolíte iníque ágere :

5. J’ai dit aux hommes iniques : N’agissez pas iniquement ;

et delinquéntibus : Nolíte exaltáre cornu :

et à ceux qui pèchent : N’élevez pas votre corne.

6 nolíte extóllere in altum córnu vestrum ;

6. N’élevez pas en haut votre corne :

nolíte loqui advérsus Deum iniquitátem.

ne dites pas contre Dieu d’iniquité ;

7 Quia neque ab oriénte, neque ab occidénte,

7. Parce que ni de l’Orient, ni de l’Occident,

neque a desértis móntibus :

ni des montagnes désertes, il ne vous viendra des secours,

8 quóniam Deus judex est.

8. Car c’est Dieu qui est juge.

Hunc humíliat, et hunc exáltat :

Il humilie celui-ci et il exalte celui-là ;

9 quia calix in manu Dómini vini meri, plenus misto.

9. Parce qu’un calice de vin pur est dans la main du Seigneur, calice plein d’un mélange.

Et inclinávit ex hoc in hoc ;

Et il l’a penché d’un côté et d’un autre ;

verúmtamen fæx ejus non est exinaníta :

cependant, la lie n’en a pas été épuisée ;

bibent omnes peccatóres terræ.

tous les pécheurs de la terre en boiront.

10 Ego autem annuntiábo in sǽculum ;

10. Pour moi, j’annoncerai à jamais,

cantábo Deo Jacob :

je chanterai le Dieu de Jacob.

11 et ómnia córnua peccatórum confríngam,

11. Et je briserai les cornes des pécheurs ;

et exaltabúntur córnua justi.

et les cornes des justes seront élevées.

~

Ps. LXXIV.

 

1. D’Asaph ou par Asaph. Voy. le titre du Ps. XLIX (Hebr. L). — * Le titre hébreu porte ; « Au chef de chœur. [Sur l’air] ῾al thaschkhêth : ne corrompez pas. » — Théodoret avait trouvé dans quelques manuscrits des Septante l’addition suivante dans le titre : Contre l’Assyrien. On peut en effet rapporter ce psaume au temps d’Ézéchias et y voir un chant prophétique annonçant que Juda sera délivré de l’invasion de Sennachérib, IV Reg. XIX ; II Par. XXXII ; Is. XXXVII.

2. * Refrain.

3-4. * Discours de Dieu : Il rend la justice, quand le moment est venu ; il soutient la terre, quand elle semble ébranlée dans ses fondements.

3. Je jugerai les justices ; hébraïsme pour avec la plus grande justice.

5-9a. Le Psalmiste déclare en conséquence au méchant qu’il ne lèvera plus la tête (5-6) ; parce que ce n’est pas un monarque de l’orient ou de l’occident, c’est-à-dire un monarque terrestre, qui gouverne, c’est Dieu (7-9a).

5, 6, 11. Voy., pour le mot corne, Ps. XVII, 3.

9b-11. * Dieu tient à la main une coupe remplie d’un breuvage amer, et il la fera boire au méchant jusqu’à la lie ; et Israël glorifiera son Dieu et célébrera la ruine de l’impie.

9. Un calice, etc. Le calice, dans le style des prophètes, marque ordinairement la vengeance et la colère. Les Septante, la Vulgate, les versions syriaque et arabe, semblent reconnaitre ici deux calices ; aussi plusieurs interprètes expliquent-ils ainsi ce passage : L’un de ces calices est plein d’un vin pur, net, sans lie ; l’autre l’est d’un vin épais, trouble et avec sa lie. Dieu mêle l’un avec l’autre, et tempère le vin pur par un mélange de vin amer et trouble, suivant la nature des fautes des coupables. — Et il l’a penché ; pour faire boire.

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Ps 75

*ps075

PSAUME LXXV

(Hebr. LXXVI).

Plusieurs rapportent ce psaume à la défaite de l’armée de Sennachérib par un ange. Selon cette hypothèse, le Psalmiste loue Dieu de la protection que Dieu a montrée à son peuple dans cette occasion.

1 In finem, in láudibus. Psalmus Asaph, cánticum ad Assýrios.

1. Pour la fin, dans les louanges, psaume d’Asaph à l’occasion des Assyriens.

2 Notus in Judǽa Deus ;

2. Dieu est connu dans la Judée,

in Israël magnum nomen ejus.

dans Israël son nom est grand.

3 Et factus est in pace locus ejus,

3. C’est dans la paix qu’a été fait son lieu :

et habitátio ejus in Sion.

et son habitation dans Sion.

4 Ibi confrégit poténtias árcuum,

4. Là il a brisé la puissance des arcs,

scutum, gládium, et bellum.

le bouclier, le glaive et la guerre.

5 Illúminans tu mirabíliter a móntibus ætérnis ;

5. Vous avez fait briller une lumière d’une manière admirable du haut des montagnes éternelles.

6 turbáti sunt omnes insipiéntes corde.

6. Ils ont été troublés, tous les insensés de cœur.

Dormiérunt somnum suum,

Ils ont dormi leur sommeil,

et nihil invenérunt omnes viri divitiárum in mánibus suis.

et tous les hommes de richesses n’ont rien trouvé dans leurs mains.

7 Ab increpatióne tua, Deus Jacob,

7. À votre réprimande, Dieu de Jacob,

dormitavérunt qui ascendérunt equos.

se sont endormis ceux qui montaient les chevaux.

8 Tu terríbilis es ; et quis resístet tibi ?

8. Vous, vous êtes terrible, et qui vous résistera,

ex tunc ira tua.

dès lors qu’éclatera votre colère ?

9 De cælo audítum fecísti judícium :

9. Du haut du ciel, vous avez fait entendre un jugement :

terra trémuit et quiévit 10 cum exsúrgeret in judícium Deus,

la terre a tremblé et s’est tenue en silence, 10. Lorsque Dieu s’est levé pour le jugement,

ut salvos fáceret omnes mansuétos terræ.

afin de sauver tous les hommes doux de la terre.

11 Quóniam cogitátio hóminis confitébitur tibi,

11. Aussi dans sa pensée, l’homme vous louera,

et relíquiæ cogitatiónis diem festum agent tibi.

et par suite de cette pensée, il célèbrera un jour de fête en votre honneur.

12 Vovéte et réddite Dómino Deo vestro,

12. Faites des vœux au Seigneur votre Dieu, et accomplissez-les,

omnes qui in circúitu ejus affértis múnera :

vous tous qui, étant autour de lui, apportez des présents,

terríbili, 13 et ei qui aufert spíritum príncipum :

à lui le terrible, 13. Et à lui qui enlève le souffle vital des princes,

terríbili apud reges terræ.

qui est terrible aux rois de la terre.

~

Ps. LXXV.

 

1. * Ce psaume se rattache étroitement au précédent : Le Ps. LXXIV nous annonçait la délivrance de Juda, menacé par Sennachérib ; le Ps. LXXV nous la montre accomplie et en remercie le Seigneur.

2-4. * Dieu a fait proclamer la grandeur de son nom en Juda, en brisant les armes de guerre des ennemis.

3. Dans la paix ; c’est-à-dire dans Jérusalem, dont l’ancien nom était Salem, en hébreu Schâlêm (Gen. XIV, 18), qui exprime l’idée de paix. — Son lieu ; sa demeure,

4. Là, etc. ; c’est-à-dire dans la Judée.

5-7. * La gloire de Dieu brille éclatante ; il a terrassé soldats et cavaliers.

5. Une lumière. La lumière de Dieu marque ici, comme dans bien d’autres endroits de l’Écriture, le secours, la faveur, la puissance divine. — Éternelles ; épithète que les écrivains sacrés donnent assez souvent aux montagnes à cause de leur antiquité.

6. Ils ont dormi, etc. La manière prompte et miraculeuse dont l’armée de Sennachérib fut exterminée soutient très bien cette idée de sommeil.

8-10. * Qu’il est terrible, le Seigneur ! À peine s’est-il levé pour juger, que la terre est tranquille.

10. Les hommes doux de la terre ; ce sont les Israélites qui ne cherchaient qu’à vivre en paix, lorsque Sennachérib vint les attaquer. Ézéchias avait même acheté la paix, moyennant une très forte somme d’argent, après que l’ennemi eut commencé à exercer des hostilités. Voy. IV Reg. XVIII, 13-16.

11-13. * Remercions Dieu qui met fin à l’orgueil des rois.

11. Dans sa pensée ; littér. : La pensée de l’homme vous louera ; et les restes de pensée vous feront un jour de fête.

12-13. Compar. II Par. XXXIII, 21-23.

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Ps 76

*ps076

PSAUME LXXVI

(Hebr. LXXVII).

Le Psalmiste affligé se console par le souvenir des merveilles que Dieu a opérées en faveur de son peuple. Elles lui font tout espérer de sa puissance et de sa bonté.

1 In finem, pro Idithun. Psalmus Asaph.

1. Pour la fin, pour Idithun, psaume d’Asaph.

2 Voce mea ad Dóminum clamávi ;

2. De ma voix j’ai crié au Seigneur ;

voce mea ad Deum, et inténdit mihi.

de ma voix j’ai crié à Dieu, et il m’a prêté attention.

3 In die tribulatiónis meæ Deum exquisívi ;

3. Au jour de ma tribulation j’ai recherché Dieu :

mánibus meis nocte contra eum, et non sum decéptus.

mes mains durant la nuit, ont été étendues vers lui ; et mon espérance n’a point été déçue.

Rénuit consolári ánima mea ;

Mon âme a refusé d’être consolée,

4 memor fui Dei, et delectátus sum,

4. Je me suis souvenu de Dieu, et j’ai été ravi de joie ;

et exercitátus sum, et defécit spíritus meus.

je me suis exercé à méditer, et mon esprit a défailli.

5 Anticipavérunt vigílias óculi mei ;

5. Mes yeux ont anticipé les veilles de la nuit ;

turbátus sum, et non sum locútus.

j’ai été troublé, et je n’ai point parlé.

6 Cogitávi dies antíquos,

6. J’ai pensé aux jours anciens ;

et annos ætérnos in mente hábui.

et j’ai eu les années éternelles dans l’esprit.

7 Et meditátus sum nocte cum corde meo,

7. Et j’ai médité la nuit avec mon cœur,

et exercitábar, et scopébam spíritum meum.

je m’exerçais à prier et je sondais mon esprit.

8 Numquid in ætérnum projíciet Deus ?

8. Est-ce que Dieu nous rejettera éternellement ?

aut non appónet ut complacítior sit adhuc ?

ou ne sera-t-il pas de nouveau plus favorable encore ?

9 aut in finem misericórdiam suam abscíndet,

9. Ou retranchera-t-il sans fin sa miséricorde,

a generatióne in generatiónem ?

de génération en génération ?

10 aut obliviscétur miseréri Deus ?

10. Ou Dieu oubliera-t-il d’avoir pitié ?

aut continébit in ira sua misericórdias suas ?

ou contiendra-t-il, dans sa colère, ses miséricordes ?

11 Et dixi : Nunc cœpi ;

11. Et j’ai dit : C’est maintenant que je commence ;

hæc mutátio déxteræ Excélsi.

ce changement est l’œuvre de la droite du Très-Haut.

12 Memor fui óperum Dómini,

12. Je me suis souvenu des œuvres du Seigneur,

quia memor ero ab inítio mirabílium tuórum :

je me souviendrai aussi de vos merveilles depuis le commencement,

13 et meditábor in ómnibus opéribus tuis,

13. Je méditerai sur toutes vos œuvres,

et in adinventiónibus tuis exercébor.

et je m’exercerai dans vos desseins.

14 Deus, in sancto via tua :

14. O Dieu, votre voie est sainte :

quis deus magnus sicut Deus noster ?

quel Dieu est grand comme notre Dieu ?

15 Tu es Deus qui facis mirabília :

15. Vous êtes le Dieu qui faites des merveilles.

notam fecísti in pópulis virtútem tuam.

Vous avez fait connaitre parmi les peuples votre puissance ;

16 Redemísti in bráchio tuo pópulum tuum,

16. Vous avez racheté par votre bras votre peuple,

fílios Jacob et Joseph.

les fils de Jacob et de Joseph.

17 Vidérunt te aquæ, Deus ;

17. Les eaux vous ont vu, ô Dieu,

vidérunt te aquæ, et timuérunt :

les eaux vous ont vu ; et elles ont craint,

et turbátæ sunt abýssi.

et les abimes ont été troublés.

18 Multitúdo sónitus aquárum ;

18. Il y a eu un grand bruit des eaux :

vocem dedérunt nubes.

les nuées ont fait entendre leur voix.

Etenim sagíttæ tuæ tránseunt ;

Car vos flèches traversaient les airs ;

19 vox tonítrui tui in rota.

19. La voix de votre tonnerre a éclaté sur la roue.

Illuxérunt coruscatiónes tuæ orbi terræ ;

Vos éclairs ont brillé sur le disque de la terre :

commóta est, et contrémuit terra.

la terre s’est émue, et a tremblé.

20 In mari via tua, et sémitæ tuæ in aquis multis,

20. Dans la mer a été votre route, et vos sentiers ont été de grandes eaux :

et vestígia tua non cognoscéntur.

et vos traces ne seront pas connues.

21 Deduxísti sicut oves pópulum tuum,

21. Vous avez conduit, comme des brebis, votre peuple

in manu Móysi et Aaron.

par les mains de Moïse et d’Aaron.

~

Ps. LXXVI. 21. Ex. XIV, 29.

 

1. Idithun. Voy. le titre du Ps. XXXVIII (Hebr. XXXIX). — D’Asaph. Voy. le titre du Ps. XLIX (Hebr. L). — * Il est impossible de déterminer en quelle circonstance ce psaume fut composé. On peut supposer cependant que c’est vers l’époque de la ruine du royaume des dix tribus. — « Les deux premières strophes forment l’exorde et expriment un sentiment de tristesse et d’angoisse au sujet des malheurs présents de la nation (vers. 2-7). Les trois strophes suivantes (vers. 8-16) cherchent la consolation et le secours auprès de Dieu, qui a été jadis le libérateur d’Israël. Enfin une brillante description du passage de la mer Rouge (vers. 17-21), rattachée à cette idée d’une consolation à puiser dans l’histoire, termine le poème. » (Ed. Reuss.)

3. Mon âme a refusé, etc. Au milieu de ma captivité, accablé de douleur, je n’ai pu trouver aucune consolation hors de Dieu.

8. Ne sera-t-il pas de nouveau, etc. ; littér. et par hébraïsme : N’ajoutera-t-il pas d’être, etc. Voy. Psaumes Observat. prélimin., II, 2°.

11. Et j’ai dit ; après avoir ainsi déchargé mon cœur devant Dieu. — Je commence à espérer.

13. Je m’exercerai dans vos desseins ; c’est-à-dire à réfléchir sur, etc. — Vos desseins ; littér. vos inventions ; l’hébreu porte : vos actions, vos œuvres.

14. Votre voie est sainte ; littér. est dans la sainteté. Nous avons déjà fait remarquer qu’en hébreu les adjectifs sont souvent remplacés par un substantif précédé d’une préposition.

18. Vos flèches. Les flèches de Dieu signifient assez ordinairement, dans l’Écriture, les foudres et les éclairs.

19. La roue ou les roues ; c’est-à-dire les charriots ; car la partie est prise ici pour le tout. Il s’agit des charriots des Égyptiens, lesquels furent brisés dans la mer Rouge.

20. Dans la mer, etc. ; c’est-à-dire vous avez marché dans les eaux de la mer, à la tête de votre peuple, comme sur la terre ferme ; et ensuite vous avez refermé cette mer, sans qu’on ait pu découvrir les traces de votre passage.

²

 

Ps 77

*ps077

PSAUME LXXVII

(Hebr. LXXVIII).

Le Psalmiste fait le récit des effets de la bonté de Dieu envers son peuple depuis la sortie d’Égypte jusqu’au règne de David. Dieu choisit la tribu de Juda préférablement à celle d’Ephraïm. Les Pères prennent ce psaume, dans le sens moral, pour une instruction de Jésus-Christ à son Église ou de Dieu le père à ta synagogue.

1 Intelléctus Asaph.

1. Intelligence d’Asaph.

Atténdite, pópule meus, legem meam ;

Appliquez-vous à ma loi, ô mon peuple,

inclináte aurem vestram in verba oris mei.

inclinez votre oreille aux paroles de ma bouche.

2 Apériam in parábolis os meum ;

2. J’ouvrirai ma bouche en paraboles :

loquar propositiónes ab inítio.

je dirai des choses cachées dès le commencement ;

3 Quanta audívimus, et cognóvimus ea,

3. Combien de grandes choses nous avons entendues et connues,

et patres nostri narravérunt nobis.

et que nos pères nous ont racontées.

4 Non sunt occultáta a fíliis eórum in generatióne áltera,

4. Elles n’ont pas été cachées à leurs fils dans une autre génération.

narrántes laudes Dómini et virtútes ejus,

Ils ont raconté les louanges du Seigneur, ses œuvres puissantes,

et mirabília ejus quæ fecit.

et ses merveilles qu’il a faites ;

5 Et suscitávit testimónium in Jacob,

5. Et a suscité un témoignage dans Jacob ;

et legem pósuit in Israël,

et a établi une loi dans Israël :

quanta mandávit pátribus nostris

Combien de grandes choses il a commandé

nota fácere ea fíliis suis :

à nos pères de faire connaitre à leurs fils,

6 ut cognóscat generátio áltera :

6. Afin qu’une autre génération les connaisse.

fílii qui nascéntur et exsúrgent,

Les fils qui naitront et s’élèveront

et narrábunt fíliis suis,

après eux les raconteront à leurs fils,

7 ut ponant in Deo spem suam,

7. Afin qu’ils mettent en Dieu leur espérance,

et non obliviscántur óperum Dei,

qu’ils n’oublient pas ses œuvres,

et mandáta ejus exquírant :

et qu’ils recherchent ses commandements.

8 ne fiant, sicut patres eórum,

8. De peur qu’ils ne deviennent comme leurs pères

generátio prava et exásperans ;

une génération perverse et exaspérant Dieu :

generátio quæ non diréxit cor suum,

Une génération qui n’a point dirigé son cœur,

et non est créditus cum Deo spíritus ejus.

et dont l’esprit ne s’est point confié en Dieu.

9 Fílii Ephrem, intendéntes et mitténtes arcum,

9. Les fils d’Ephrem, habiles à tendre l’arc et à en tirer,

convérsi sunt in die belli.

ont tourné le dos au jour du combat.

10 Non custodiérunt testaméntum Dei,

10. Ils n’ont pas gardé l’alliance de Dieu,

et in lege ejus noluérunt ambuláre.

et ils n’ont pas voulu marcher dans sa loi.

11 Et oblíti sunt benefactórum ejus,

11. Ils ont oublié ses bienfaits

et mirabílium ejus quæ osténdit eis.

et les merveilles qu’il leur a montrées.

12 Coram pátribus eórum fecit mirabília

12. Devant leurs pères il a fait des merveilles,

in terra Ægýpti, in campo Táneos.

dans la terre d’Égypte, dans la plaine de Tanis.

13 Interrúpit mare, et perdúxit eos,

13. Il divisa la mer, et il les fit passer :

et státuit aquas quasi in utre :

et il fixa les eaux comme dans une outre.

14 et dedúxit eos in nube diéi,

14. Il les conduisit, le jour, au moyen d’une nuée,

et tota nocte in illuminatióne ignis.

et toute la nuit à la clarté d’un feu.

15 Interrúpit petram in erémo,

15. Il fendit une pierre dans le désert,

et adaquávit eos velut in abýsso multa.

et les fit boire comme à un abime abondant.

16 Et edúxit aquam de petra,

16. Car il fit sortir de l’eau de la pierre,

et dedúxit tamquam flúmina aquas.

et il en fit sortir des eaux comme des fleuves.

17 Et apposuérunt adhuc peccáre ei ;

17. Mais ils péchèrent encore de nouveau contre lui,

in iram excitavérunt Excélsum in inaquóso.

ils excitèrent à la colère le Très-Haut dans un lieu sans eau.

18 Et tentavérunt Deum in córdibus suis,

18. Et ils tentèrent Dieu dans leurs cœurs,

ut péterent escas animábus suis.

au point qu’ils demandèrent une nourriture pour leurs âmes.

19 Et male locúti sunt de Deo ;

19. Et ils parlèrent mal de Dieu, ils dirent :

dixérunt : Numquid póterit Deus paráre mensam in desérto ?

Est-ce que Dieu pourra préparer une table dans le désert ?

20 quóniam percússit petram, et fluxérunt aquæ,

20. Car il a frappé une pierre, et que des eaux ont coulé ;

et torréntes inundavérunt.

et des torrents ont débordé.

Numquid et panem póterit dare,

Pourra-t-il aussi donner du pain

aut paráre mensam pópulo suo ?

et préparer une table pour son peuple ?

21 Ideo audívit Dóminus et dístulit ;

21. C’est pourquoi le Seigneur entendit et différa ;

et ignis accénsus est in Jacob,

mais un feu s’alluma contre Jacob,

et ira ascéndit in Israël :

et sa colère monta contre Israël ;

22 quia non credidérunt in Deo,

22. Car ils ne crurent pas en Dieu,

nec speravérunt in salutári ejus.

et n’espérèrent pas en son salut ;

23 Et mandávit núbibus désuper,

23. Et il commanda aux nuées d’en haut,

et jánuas cæli apéruit.

et il ouvrit les portes du ciel.

24 Et pluit illis manna ad manducándum,

24. Et il leur fit pleuvoir de la manne pour manger,

et panem cæli dedit eis.

et il leur donna du pain du ciel.

25 Panem angelórum manducávit homo ;

25. L’homme mangea le pain des anges,

cibária misit eis in abundántia.

Dieu leur envoya une nourriture en abondance.

26 Tránstulit austrum de cælo,

26. Il fit disparaitre du ciel le vent du midi,

et indúxit in virtúte sua áfricum.

et il amena par sa puissance le vent d’Afrique.

27 Et pluit super eos sicut púlverem carnes,

27. Il fit pleuvoir sur eux des viandes comme la poussière,

et sicut arénam maris volatília pennáta.

et des oiseaux comme le sable de la mer.

28 Et cecidérunt in médio castrórum eórum,

28. Et ils tombèrent au milieu de leur camp,

circa tabernácula eórum.

autour de leurs tabernacles.

29 Et manducavérunt, et saturáti sunt nimis,

29. Ils mangèrent et ils furent rassasiés à l’excès,

et desidérium eórum áttulit eis :

et Dieu leur accorda selon leur désir ;

30 non sunt fraudáti a desidério suo.

30. Ils ne furent point frustrés dans leur désir.

Adhuc escæ eórum erant in ore ipsórum,

Leurs viandes étaient encore dans leur bouche,

31 et ira Dei ascéndit super eos :

31. Quand la colère de Dieu tomba sur eux.

et occídit pingues eórum,

Et il tua les gras d’entre eux,

et eléctos Israël impedívit.

et rejeta l’élite d’Israël.

32 In ómnibus his peccavérunt adhuc,

32. Au milieu de tous ces prodiges ils péchèrent encore,

et non credidérunt in mirabílibus ejus.

et ne crurent pas à ses merveilles.

33 Et defecérunt in vanitáte dies eórum,

33. Et leurs jours se terminèrent vainement,

et anni eórum cum festinatióne.

et leurs années avec rapidité.

34 Cum occíderet eos, quærébant eum et revertebántur,

34. Lorsqu’il les tuait, ils le cherchaient, et ils revenaient,

et dilúculo veniébant ad eum.

et, dès le point du jour, ils venaient à lui.

35 Et rememoráti sunt quia Deus adjútor est eórum,

35. Et ils se souvinrent que Dieu était leur aide,

et Deus excélsus redémptor eórum est.

et que le Dieu très haut était leur rédempteur.

36 Et dilexérunt eum in ore suo,

36. Mais ils l’aimèrent de bouche seulement,

et lingua sua mentíti sunt ei ;

et ils lui mentirent par leur langue ;

37 cor autem eórum non erat rectum cum eo,

37. Car leur cœur n’était pas droit avec lui,

nec fidéles hábiti sunt in testaménto ejus.

et ils ne furent pas trouvés fidèles à son alliance.

38 Ipse autem est miséricors,

38. Mais lui est miséricordieux,

et propítius fiet peccátis eórum,

il pardonnera leurs péchés,

et non dispérdet eos.

et ne les perdra pas entièrement.

Et abundávit ut avérteret iram suam,

Et souvent il détourna sa colère,

et non accéndit omnem iram suam.

et il n’alluma pas toute sa colère.

39 Et recordátus est quia caro sunt,

39. Il se rappela qu’ils étaient chair,

spíritus vadens et non rédiens.

un souffle qui va et qui ne revient pas.

40 Quóties exacerbavérunt eum in desérto ;

40. Combien de fois l’ont-ils irrité dans le désert,

in iram concitavérunt eum in inaquóso ?

et l’ont-ils excité à la colère dans un lieu sans eau ?

41 Et convérsi sunt, et tentavérunt Deum,

41. Et de nouveau ils tentèrent Dieu,

et sanctum Israël exacerbavérunt.

et ils ont aigri le saint d’Israël.

42 Non sunt recordáti manus ejus,

42. Ils ne se sont pas rappelé sa main,

die qua redémit eos de manu tribulántis :

au jour où il les retira de la main d’un oppresseur,

43 sicut pósuit in Ægýpto signa sua,

43. Comment il fit en Égypte ses miracles,

et prodígia sua in campo Táneos ;

et ses prodiges dans la plaine de Tanis.

44 et convértit in sánguinem flúmina eórum,

44. Et il changea en sang leurs fleuves

et imbres eórum, ne bíberent.

et leurs pluies, pour qu’ils ne bussent point.

45 Misit in eos cœnomýiam, et comédit eos,

45. Il envoya contre eux une multitude de mouches

et ranam, et dispérdidit eos ;

qui les dévorèrent, et la grenouille qui les ravagea.

46 et dedit ærúgini fructus eórum,

46. Et il donna à la rouille leurs fruits,

et labóres eórum locústæ ;

et leurs travaux à la sauterelle.

47 et occídit in grándine víneas eórum,

47. Et il fit périr par la grêle leurs vignes,

et moros eórum in pruína ;

et leurs mûriers par la gelée.

48 et trádidit grándini juménta eórum,

48. Et il livra à la grêle leurs bêtes,

et possessiónem eórum igni ;

et leurs possessions au feu.

49 misit in eos iram indignatiónis suæ,

49. Il envoya contre eux la colère de son indignation :

indignatiónem, et iram, et tribulatiónem,

l’indignation, et la colère,

immissiónes per ángelos malos.

et la tribulation envoyées par des anges mauvais.

50 Viam fecit sémitæ iræ suæ :

50. Il fit une voie au sentier de sa colère,

non pepércit a morte animábus eórum,

et il n’épargna pas la mort à leurs âmes ;

et juménta eórum in morte conclúsit :

et leurs bêtes, il les renferma dans la mort.

51 et percússit omne primogénitum in terra Ægýpti ;

51. Et il frappa tout premier-né d’Égypte,

primítias omnis labóris eórum in tabernáculis Cham :

les prémices de tout travail dans les tabernacles de Cham.

52 et ábstulit sicut oves pópulum suum,

52. Et il en retira, comme des brebis, son peuple ;

et perdúxit eos tamquam gregem in desérto :

et il les conduisit comme un troupeau dans le désert.

53 et dedúxit eos in spe, et non timuérunt,

53. Et il les fit sortir pleins d’espérance, et ils ne craignirent point ;

et inimícos eórum opéruit mare.

quant à leurs ennemis, la mer les couvrit.

54 Et indúxit eos in montem sanctificatiónis suæ,

54. Et il les amena sur la montagne de sa sanctification ;

montem quem acquisívit déxtera ejus ;

montagne qu’a acquise sa droite.

et ejécit a fácie eórum gentes,

Et il chassa de leur face des nations ;

et sorte divísit eis terram in funículo distributiónis ;

et il leur divisa au sort une terre avec un cordeau de partage.

55 et habitáre fecit in tabernáculis eórum tribus Israël.

55. Et il fit habiter dans leurs tabernacles les tribus d’Israël.

56 Et tentavérunt, et exacerbavérunt Deum excélsum,

56. Mais ils tentèrent et aigrirent le Dieu très haut ;

et testimónia ejus non custodiérunt.

et ne gardèrent pas ses témoignages.

57 Et avertérunt se, et non servavérunt pactum :

57. Et ils se détournèrent de lui et n’observèrent pas l’alliance ;

quemádmodum patres eórum, convérsi sunt in arcum pravum.

de la même manière que leurs pères, ils devinrent comme un arc qui porte à faux.

58 In iram concitavérunt eum in cóllibus suis,

58. Ils l’ont excité à la colère sur leurs collines ;

et in sculptílibus suis ad æmulatiónem eum provocavérunt.

et par leurs images taillées au ciseau, ils l’ont provoqué à la jalousie.

59 Audívit Deus, et sprevit,

59. Dieu entendit, et il méprisa,

et ad níhilum redégit valde Israël.

et il réduisit entièrement au néant Israël.

60 Et répulit tabernáculum Silo,

60. Et il repoussa le tabernacle de Silo,

tabernáculum suum, ubi habitávit in homínibus.

son tabernacle où il avait habité parmi les hommes.

61 Et trádidit in captivitátem virtútem eórum,

61. Il livra à la captivité l’arche, leur force ;

et pulchritúdinem eórum in manus inimíci.

et leur beauté entre les mains de l’ennemi.

62 Et conclúsit in gládio pópulum suum,

62. Il renferma son peuple entre les glaives ;

et hæreditátem suam sprevit.

et son héritage, il le méprisa.

63 Júvenes eórum comédit ignis,

63. Un feu dévora leurs jeunes hommes ;

et vírgines eórum non sunt lamentátæ.

et leurs vierges ne furent pas pleurées.

64 Sacerdótes eórum in gládio cecidérunt,

64. Leurs prêtres tombèrent sous le glaive,

et víduæ eórum non plorabántur.

et on ne pleurait pas leurs veuves.

65 Et excitátus est tamquam dórmiens Dóminus,

65. Mais le Seigneur se réveilla comme un homme endormi,

tamquam potens crapulátus a vino.

comme un héros qui a été ivre de vin.

66 Et percússit inimícos suos in posterióra ;

66. Il frappa ses ennemis par derrière ;

oppróbrium sempitérnum dedit illis.

il leur infligea un opprobre éternel.

67 Et répulit tabernáculum Joseph,

67. Et il repoussa le tabernacle de Joseph,

et tribum Ephraïm non elégit :

et ne choisit point la tribu d’Ephraïm ;

68 sed elégit tribum Juda,

68. Mais il choisit la tribu de Juda,

montem Sion, quem diléxit.

la montagne de Sion qu’il a aimée.

69 Et ædificávit sicut unicórnium sanctifícium suum,

69. Et il bâtit comme une corne de licornes son sanctuaire,

in terra quam fundávit in sǽcula.

dans la terre qu’il a fondée pour les siècles.

70 Et elégit David, servum suum,

70. Il choisit David son serviteur,

et sústulit eum de grégibus óvium ;

et il le tira du milieu des troupeaux de brebis :

de post fœtántes accépit eum :

il le prit à la suite de celles qui étaient pleines,

71 páscere Jacob servum suum,

71. Pour être le pasteur de Jacob son serviteur,

et Israël hæreditátem suam.

et d’Israël son héritage.

72 Et pavit eos in innocéntia cordis sui,

72. Et David les fit paitre dans l’innocence de son cœur,

et in intelléctibus mánuum suárum dedúxit eos.

et avec ses mains habiles, il les conduisit.

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Ps. LXXVII. 2. Matth. XIII, 35. — 13. Ex. XIV, 22. — 15. Ex. XVII, 6 ; Ps. CIV, 41. — 21. Num. XI, 1. — 24. Ex. XVI, 4 ; Num. XI, 7 ; Sap. XVI, 20-21. — 25. Joan. VI, 31 ; I Cor. X, 3. — 26. Num. XI, 31. — 30. Num. XI, 33. — 44. Ex. VII, 20. — 45. Ex. VIII, 6, 24. — 46. Ex. X, 15. — 47. Ex. IX, 25. — 51. Ex. XII, 29. — 53. Ex. XIV, 27. — 54. Jos. XIII, 7. — 60. I Reg. IV, 4 ; Jer. VII, 12.

 

1-12. * Résumé de l’histoire du peuple de Dieu, pour servir d’enseignement à Israël et l’exciter à la fidélité au Seigneur.

1. Ma loi ; c’est-à-dire ma doctrine, mes instructions ; car le terme hébreu correspondant est un dérivé du verbe enseigner, instruire.

2. Des choses cachées, etc. C’est le sens de l’hébreu et des Septante et celui que Jésus-Christ a donné lui-même (Matth. XIII, 35). Or ces choses cachées, etc., sont les mystères de l’Évangile, la connaissance des vérités du salut, qui n’ont été révélées que depuis la venue de Jésus-Christ, comme le dit saint Paul (Rom. XVI, 25-26 ; I Cor. II, 7 ; Col. I, 6-27).

3. Combien de grandes choses, etc. ; c’est un des compléments du verbe précédent je dirai.

5. Témoignage, le mot hébreu rendu dans les Septante et la Vulgate par témoignage signifie précepte, ordonnance, décret, loi ; c’est probablement ce dernier sens qu’il a ici. — Combien de grandes choses, etc. Voy. la note du vers. 3.

9. * On ignore à quel fait le Psalmiste fait allusion.

11. Qu’il leur a montrées ; qu’il a opérées devant eux.

12. * Des merveilles, les plaies d’Égypte. — Dans la plaine de Tanis. Tanis, située dans le Delta, était au moment de l’exode la résidence du pharaon. Voir la note sur Num. XIII, 23.

13. * La mer Rouge. Voir pour les allusions de ce verset et des versets suivants les passages de l’Exode et des Nombres auxquels renvoient les références.

15. Comme un abime abondant ; c’est-à-dire comme s’il y avait eu en ce lieu de grands amas d’eaux potables ; expression hyperbolique pour marquer la quantité des eaux qui sortirent du rocher. Compar. I Cor. X, 4.

17. Mais ils péchèrent de nouveau ; littér. et par hébraïsme : Ils ajoutèrent à pécher. Voy. Psaumes Observat. prélimin., II, 2°.

18. Ils tentèrent Dieu dans leurs cœurs ; en ce qu’au lieu de s’adresser à lui, ils se livrèrent aux murmures. — Pour leurs âmes ; pour leurs personnes, pour eux.

20. Pain ; c’est-à-dire nourriture en général.

21. Et différa l’accomplissement de sa promesse, de les faire entrer dans la terre promise.

31. Rejeta litter., empêcha d’entrer dans la terre promise, selon l’hébreu, il abattit, il fit tomber.

38. Souvent il détourna ; littér. et par hébraïsme : Il abonda pour détourner. Compar. la note du vers. 17.

39. * Un souffle, le vent. La vie est comme un souffle, une ombre.

41. Et de nouveau ils tentèrent ; littér. : Et ils retournèrent, et ils tentèrent ; même hébraïsme qu’au vers. précédent. ???

44. Leurs fleuves ; c’est-à-dire les fleuves des Égyptiens.

45. * Une multitude de mouches. Voir la note sur Ps. CIV, 31.

47. * Leurs mûriers, leurs sycomores à figues, l’un des arbres les plus précieux du pays. Voir Luc. XIX, 4.

48. Au feu du ciel ; l’hébreu dit à la foudre.

50. Il fit, etc. ; c’est-à-dire il ouvrit un chemin large et spacieux ; il donna un libre essor à sa colère. — À leurs âmes ; à leurs personnes, à eux-mêmes. Compar. vers. 18. — Il les renferma dans la mort ; il les livra à la mort.

54. La montagne de sa sanctification ; c’est-à-dire de sa consécration, qu’il s’était consacrée par la destination qu’il en avait faite, dès le commencement, et qui était d’établir le siège de sa religion. Il est certain que le mot hébreu signifie non seulement sainteté, mais encore chose sainte, consacrée, sanctuaire, temple. — Avec un cordeau. Voy. Ps. XV, 6.

56. Ses témoignages ; c’est-à-dire ses préceptes, ses ordonnances. Voy. le vers. 5.

58. Leurs images, etc. ; leurs idoles.

60. * Silo. Voir la note sur Jos. XVIII, 1.

61. Beauté ; c’est-à-dire gloire. La force et la gloire des Israélites était l’arche d’alliance. Voy. I Reg. IV, 21-22 ; II Par. VI, 41 ; Ps. CXXXI, 8.

69. Le sanctuaire dans la terre de Juda était unique comme la corne d’une licorne est unique sur le front de cet animal. D’un autre côté, la corne, en général, est le symbole de la gloire, de la force, de l’empire et de l’élévation : toutes choses qui conviennent parfaitement au temple de Jérusalem. — * De licornes. Voir Ps. XXI, 22.

72. Avec ses mains habiles ; littér. avec les intelligences de ses mains. Le Psalmiste, dans les trois derniers versets, relève la droiture, la prudence et la sagesse de David, mort depuis quelque temps, pour convaincre de plus en plus Ephraïm de son ingratitude, d’avoir abandonné la maison de ce prince si juste, si sage, si religieux, et si manifestement choisi de Dieu.

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Ps 78

*ps078

PSAUME LXXVIII

(Hebr. LXXIX).

(a) Le Psalmiste se plaint de la cruauté des ennemis de Dieu qui ont ruiné la ville et le temple de Jérusalem, et adresse des prières au Seigneur pour le peuple en captivité.

1 Psalmus Asaph.

1. Psaume d’Asaph.

Deus, venérunt gentes in hæreditátem tuam ;

O Dieu, des nations sont venues dans votre héritage,

polluérunt templum sanctum tuum ;

elles ont souillé votre saint temple ;

posuérunt Jerúsalem in pomórum custódiam.

elles ont fait de Jérusalem une cabane à garder les fruits.

2 Posuérunt morticína servórum tuórum escas volatílibus cæli ;

2. Elles ont donné les corps morts de vos serviteurs en pâture aux volatiles du ciel ;

carnes sanctórum tuórum béstiis terræ.

et les chairs de vos saints, aux bêtes de la terre.

3 Effudérunt sánguinem eórum tamquam aquam in circúitu Jerúsalem,

3. Elles ont répandu leur sang comme l’eau autour de Jérusalem ;

et non erat qui sepelíret.

et il n’y avait personne qui les ensevelît.

4 Facti sumus oppróbrium vicínis nostris ;

4. Nous sommes devenus l’opprobre de nos voisins,

subsannátio et illúsio his qui in circúitu nostro sunt.

la moquerie et le jouet de ceux qui sont autour de nous.

5 Usquequo, Dómine, irascéris in finem ?

5. Jusques à quand, Seigneur, serez-vous entièrement irrité ?

accendétur velut ignis zelus tuus ?

jusques à quand votre zèle s’allumera-t-il comme un feu ?

6 Effúnde iram tuam in gentes quæ te non novérunt,

6. Répandez votre colère sur des nations qui ne vous connaissent point,

et in regna quæ nomen tuum non invocavérunt :

et sur des royaumes qui n’invoquent pas votre nom ;

7 quia comedérunt Jacob,

7. Car ils ont dévoré Jacob

et locum ejus desolavérunt.

et désolé son lieu.

8 Ne memíneris iniquitátum nostrárum antiquárum ;

8. Ne vous souvenez pas de nos iniquités anciennes ;

cito antícipent nos misericórdiæ tuæ,

que promptement nous préviennent vos miséricordes ;

quia páuperes facti sumus nimis.

car nous sommes devenus pauvres à l’excès.

9 Adjuva nos, Deus salutáris noster,

9. Aidez-nous, ô Dieu notre Sauveur,

et propter glóriam nóminis tui, Dómine, líbera nos :

et pour la gloire de votre nom, Seigneur, délivrez-nous,

et propítius esto peccátis nostris, propter nomen tuum.

et pardonnez nos péchés à cause de votre nom ;

10 Ne forte dicant in géntibus : Ubi est Deus eórum ?

10. De peur que, par hasard, l’on ne dise parmi les peuples : Où est leur Dieu ?

et innotéscat in natiónibus coram óculis nostris

Faites donc connaitre parmi les nations, devant nos yeux,

últio sánguinis servórum tuórum qui effúsus est.

la vengeance du sang de vos serviteurs qui a été répandu ;

11 Intróëat in conspéctu tuo gémitus compeditórum ;

11. Qu’il vienne en votre présence, le gémissement de ceux qui sont dans les fers.

secúndum magnitúdinem bráchii tui pósside fílios mortificatórum :

Selon la grandeur de votre bras, possédez les fils de ceux qui ont été mis à mort.

12 et redde vicínis nostris séptuplum in sinu eórum ;

12. Rendez à nos voisins, et versez dans leur sein le septuple :

impropérium ipsórum quod exprobravérunt tibi, Dómine.

rendez-leur l’opprobre dont ils ont prétendu vous couvrir, ô Seigneur.

13 Nos autem pópulus tuus, et oves páscuæ tuæ,

13. Pour nous, votre peuple, et les brebis de votre pâturage,

confitébimur tibi in sǽculum ;

nous vous louerons pour toujours ;

in generatiónem et generatiónem annuntiábimus laudem tuam.

dans toutes les générations nous annoncerons votre louange.

~

Ps. LXXVIII. 2. I Mach. VII, 17. — 6. Jer. X, 25. — 8. Is. LXIV, 9.

 

(a). * Ce psaume est de la même époque que le Ps. LXXIII et se rapporte à la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor.

1-4. * Tableau lamentable de Jérusalem dévastée.

1. * Une cabane à garder des fruits. En Palestine, il y a dans les champs et il y avait surtout autrefois des cabanes ou des constructions grossières en pierres, pour servir de lieu de garde contre les voleurs. Ces tours de garde étaient le plus souvent inhabitées et presque toujours en mauvais état.

2. Vos saints ; ce sont les Israélites fidèles, religieux, nommés dans le même verset vos.

5-7. * Que Dieu ait pitié de son peuple honni et méprisé et qu’il châtie ses ennemis.

5. Entièrement ; litter., dans les Septante et la Vulgate, pour la fin (in finem), et dans l’hébreu, entièrement, tout à fait ; expression qui est ici probablement synonyme de sans interruption, sans cesse.

7. Son lieu ; c’est-à-dire sa demeure.

8-10. * Que Dieu pardonne ses péchés à son peuple et manifeste par sa vengeance sa divinité aux païens.

11-13. * Que Dieu ait pitié d’Israël ! qu’il rende à leurs voisins le septuple du mal qu’ils ont fait à ses serviteurs, et ceux-ci le glorifieront.

11. Selon la grandeur ; par la force, la puissance.

12. Le septuple, des maux qu’ils nous ont faits. — L’opprobre ; c’est un second complément direct du verbe rendez. — * Dans leur sein, parce que c’est là que les Orientaux ont coutume de placer les objets qu’ils portent.

13. Dans toutes les générations ; littér. et par hébraïsme : Dans une génération et une génération. Voir les Observat. prélimin., II, 1°.

²

 

Ps 79

*ps079

PSAUME LXXIX

(Hebr. LXXX).

Ce psaume contient une prière des captifs pour leur liberté, une comparaison du peuple juif à une vigne que Dieu a livrée aux ennemis, et une supplication de la regarder avec compassion, et d’envoyer l’homme de sa droite, c’est-à-dire le Messie.

1 In finem, pro iis qui commutabúntur. Testimónium Asaph, psalmus.

1. Pour la fin, pour ceux qui seront changés, témoignage d’Asaph, psaume.

2 Qui regis Israël, inténde ;

2. Vous qui gouvernez Israël, soyez attentif :

qui dedúcis velut ovem Joseph.

vous qui conduisez, comme une brebis, Joseph.

Qui sedes super cherubím, manifestáre

Vous qui êtes assis sur les Chérubins, manifestez-vous

3 coram Ephraïm, Bénjamin, et Manásse.

3. Devant Ephraïm, Benjamin et Manassé.

Excita poténtiam tuam, et veni,

Excitez votre puissance, et venez,

ut salvos fácias nos.

afin que vous nous sauviez.

4 Deus, convérte nos, et osténde fáciem tuam,

4. Ô Dieu, convertissez-nous, et montrez votre face,

et salvi érimus.

et nous serons sauvés.

5 Dómine Deus virtútum,

5. Seigneur, Dieu des armées,

quoúsque irascéris super oratiónem servi tui ?

jusques à quand serez-vous irrité au sujet de la prière de votre serviteur ?

6 cibábis nos pane lacrimárum,

6. nous nourrirez-vous d’un pain de larmes,

et potum dabis nobis in lácrimis in mensúra ?

et nous donnerez-vous à boire des larmes dans une mesure ?

7 Posuísti nos in contradictiónem vicínis nostris,

7. Vous nous avez posés comme un objet de contradiction à nos voisins ;

et inimíci nostri subsannavérunt nos.

et nos ennemis nous ont insultés.

8 Deus virtútum, convérte nos, et osténde fáciem tuam,

8. Dieu des armées, convertissez-nous, et montrez votre face,

et salvi érimus.

et nous serons sauvés.

9 Víneam de Ægýpto transtulísti :

9. Vous avez transporté de l’Égypte une vigne,

ejecísti gentes, et plantásti eam.

vous avez chassé des nations, et vous l’avez plantée.

10 Dux itíneris fuísti in conspéctu ejus ;

10. Vous avez été un guide de route devant elle :

plantásti radíces ejus, et implévit terram.

vous avez planté ses racines, et elle a rempli la terre.

11 Opéruit montes umbra ejus,

11. Son ombre a couvert les montagnes,

et arbústa ejus cedros Dei.

et ses rameaux les cèdres de Dieu.

12 Exténdit pálmites suos usque ad mare,

12. Elle a étendu ses branches jusqu’à la mer,

et usque ad flumen propágines ejus.

et ses rameaux jusqu’au fleuve.

13 Ut quid destruxísti macériam ejus,

13. Pourquoi donc avez-vous détruit son mur de clôture,

et vindémiant eam omnes qui prætergrediúntur viam ?

et pourquoi la vendangent-ils, tous ceux qui passent dans le chemin ?

14 Exterminávit eam aper de silva,

14. Un sanglier de forêt l’a entièrement dévastée ;

et singuláris ferus depástus est eam.

et une bête sauvage l’a broutée.

15 Deus virtútum, convértere,

15. Dieu des armées, revenez,

réspice de cælo, et vide,

regardez du haut du ciel et voyez,

et vísita víneam istam :

et visitez cette vigne.

16 et pérfice eam quam plantávit déxtera tua,

16. Faites-la prospérer, celle que votre droite à plantée, et portez vos regards

et super fílium hóminis quem confirmásti tibi.

sur le fils de l’homme que vous avez établi fermement pour vous.

17 Incénsa igni et suffóssa,

17. Elle a été brulée par le feu et déchaussée ;

ab increpatióne vultus tui períbunt.

par la réprimande de votre visage ils périront.

18 Fiat manus tua super virum déxteræ tuæ,

18. Que votre main repose sur l’homme de votre droite,

et super fílium hóminis quem confirmásti tibi.

et sur le fils de l’homme que vous avez établi fermement pour vous.

19 Et non discédimus a te :

19. Et nous ne nous éloignerons plus de vous ;

vivificábis nos, et nomen tuum invocábimus.

vous nous rendrez la vie, et nous invoquerons votre nom.

20 Dómine Deus virtútum, convérte nos, et osténde fáciem tuam,

20. Seigneur, Dieu des armées, convertissez-nous ; et montrez votre face,

et salvi érimus.

et nous serons sauvés.

~

Ps. LXXIX. 4. Jer. XXXI, 18 ; Lam. V, 21.

 

1. * Le titre hébreu porte : « Au chef de chœur. ῾El Schoschannîm. ῾Êdouth. Maskil. » Voir l’explication de ces mots dans la note 20 à la fin du volume. Les Septante ajoutent : « sur l’Assyrien. » — Le royaume d’Israël (ou d’Ephraïm, descendant de Joseph), demande dans un magnifique langage la protection de Dieu contre les Assyriens qui l’oppriment.

2-4. * Que le berger d’Israël secoure Ephraïm et Manassé !

2. Israël et Joseph marquent ici toutes les tribus, tout le peuple d’Israël ; mais le Psalmiste ne rappelle probablement que ces deux noms, parce qu’ils étaient principalement chéris de Dieu. — * Qui êtes assis sur les Chérubins, placés au-dessus de l’arche d’alliance.

6. Dans une mesure ; avec abondance, abondamment.

8. * Refrain, qui ne diffère de celui du vers. 4 que par l’addition du mot des armées à Dieu.

9-12. * Dieu avait transplanté Israël comme un cep de vigne dans les montagnes d’Ephraïm où il avait prospéré.

11. Cèdres de Dieu ; hébraïsme, pour cèdres extrêmement hauts.

12. La mer Méditerranée, à l’occident. — Jusqu’au fleuve, l’Euphrate, à l’orient.

13-16. * Pourquoi Dieu laisse-t-il ravager sa plantation ?

14. * Un sanglier. Le sanglier est assez commun en Palestine et y fait quelquefois beaucoup de dégâts. Il figure ici l’Iduméen, d’après les commentateurs Juifs, et la bête sauvage figure l’Arabe nomade. Ce qui est certain c’est que ce sont là des emblèmes des ennemis du peuple de Dieu.

16. Sur le fils de l’homme, ne peut être qu’un complément du verbe regardez (réspice), exprimé au verset précédent. — Le fils de l’homme ; c’est Jésus-Christ, qui s’est comparé dans l’Évangile à une vigne (Joan. XV, 1, 4-5).

17-20. * Puisse Dieu protéger encore Israël ! à l’avenir il lui sera fidèle et invoquera son nom.

17. Par la réprimande de votre visage ; par votre regard sévère et menaçant. — Ils périront ; les ennemis, selon les uns, les Israélites, selon les autres.

20. * Refrain, comme aux vers. 4 et 8, avec l’addition du mot Seigneur.

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Ps 80

*ps080

PSAUME LXXX

(Hebr. LXXXI).

Le Psalmiste invite le peuple à célébrer avec joie la fête des trompettes. Il rapporte l origine et la cause de l’établissement de cette solennité, et expose l’ingratitude des Israélites et les promesses du Seigneur.

1 In finem, pro torculáribus. Psalmus ipsi Asaph.

1. Pour la fin. Pour les pressoirs, psaume d’Asaph lui-même.

2 Exsultáte Deo adjutóri nostro ;

2. Exultez en Dieu notre aide ;

jubiláte Deo Jacob.

poussez des cris de joie vers le Dieu de Jacob.

3 Súmite psalmum, et date týmpanum ;

3. Entonnez un psaume, et donnez du tambour,

psaltérium jucúndum cum cíthara.

un psaltérion harmonieux avec une harpe.

4 Buccináte in neoménia tuba,

4. Sonnez de la trompette à la néoménie,

in insígni die solemnitátis vestræ :

au jour insigne de votre solennité ;

5 quia præcéptum in Israël est,

5. Car c’est un précepte dans Israël,

et judícium Deo Jacob.

une ordonnance en l’honneur du Dieu de Jacob.

6 Testimónium in Joseph pósuit illud,

6. Il l’établit comme un monument pour Joseph,

cum exíret de terra Ægýpti ;

quand il sortit de la terre d’Égypte,

linguam quam non nóverat, audívit.

et entendit une langue qu’il ne connaissait pas.

7 Divértit ab onéribus dorsum ejus ;

7. Il détourna son dos des fardeaux,

manus ejus in cóphino serviérunt.

et ses mains qui servaient à porter les corbeilles.

8 In tribulatióne invocásti me, et liberávi te.

8. Dans la tribulation, tu m’as invoqué, et je t’ai délivré ;

Exaudívi te in abscóndito tempestátis ;

je t’ai exaucé du fond de la tempête,

probávi te apud aquam contradictiónis.

je t’ai éprouvé auprès de l’eau de contradiction.

9 Audi, pópulus meus, et contestábor te.

9. Écoute, mon peuple, car je te prendrai à témoin :

Israël, si audíeris me,

Israël, si tu m’écoutes,

10 non erit in te deus recens,

10. Il n’y aura pas au milieu de toi de dieu nouveau,

neque adorábis deum aliénum.

et tu n’adoreras pas de dieu étranger.

11 Ego enim sum Dóminus Deus tuus,

11. Car moi je suis le Seigneur ton Dieu,

qui edúxi te de terra Ægýpti.

qui t’ai tiré de la terre d’Égypte ;

Diláta os tuum, et implébo illud.

élargis la bouche, je l’emplirai.

12 Et non audívit pópulus meus vocem meam,

12. Mais mon peuple n’a pas écouté ma voix,

et Israël non inténdit mihi.

et Israël ne m’a pas prêté attention.

13 Et dimísi eos secúndum desidéria cordis eórum ;

13. Et je les ai abandonnés aux désirs de leur cœur ;

ibunt in adinventiónibus suis.

ils iront dans des voies de leur invention.

14 Si pópulus meus audísset me,

14. Si mon peuple m’avait écouté ;

Israël si in viis meis ambulásset,

si Israël avait marché dans mes voies,

15 pro níhilo fórsitan inimícos eórum humiliássem,

15. En un moment j’aurais humilié ses ennemis,

et super tribulántes eos misíssem manum meam.

et sur ceux qui les tourmentaient, j’aurais lancé ma main.

16 Inimíci Dómini mentíti sunt ei,

16. Les ennemis du Seigneur lui ont menti,

et erit tempus eórum in sǽcula.

et leur temps durera des siècles.

17 Et cibávit eos ex ádipe fruménti,

17. Cependant il les a nourris de moelle de froment,

et de petra melle saturávit eos.

et les a rassasiés de miel sorti d’une pierre.

~

Ps. LXXX. 6. Gen. XLI, 29. — 8. Ex. XVII, 5. — 10. Ex. XX, 3. — 13. Act. XIV, 15. — 14. Bar. III, 13.

 

1. * Titre en hébreu : « Au chef de chœur. Sur le gittith. » Voir sur le gittith, la note 20 à la fin du volume. — Ce psaume a pour objet de célébrer la fête de Pâques, et c’est pour ce motif qu’il parle de la sortie d’Égypte. — Le Psalmiste rappelle à celui qui observera fidèlement les commandements de Dieu quelle est la récompense qui lui est destinée. Les vers. 2-5 exhortent à célébrer Pâques avec allégresse. Dans les vers. 6-17, c’est Dieu qui parle. (Les verbes des vers. 6 et 7 sont à la première personne en hébreu). Il demande à son peuple la fidélité, en lui rappelant comment il a puni dans le désert ceux qui lui ont été rebelles et en assurant qu’il accordera tous les biens à ceux qui écouteront sa voix.

3. # Donnez du tambour : « faites entendre un tambour » (Glaire).

4. * Néoménie, nouvelle lune. — Au jour insigne de votre solennité, la fête de Pâques. D’après quelques commentateurs, la fête des Tabernacles.

5. Une ordonnance ; statut, loi ; c’est le sens qu’a ici, comme en bien d’autres endroits, le terme hébreu rendu dans les Septante et la Vulgate par jugement. — En l’honneur de Dieu ; littér. au Dieu (Deo) ; ce datif qui se trouve également en grec, et même en hébreu, ne permet pas d’autre traduction.

6. Joseph est mis ici pour tout Israël (Compar. Ps. LXXIX, 1), parce que la fête des tabernacles fut instituée en mémoire du voyage des Hébreux au sortir de l’Égypte, où Joseph avait été comme leur second père et leur nourricier. — Il entendit, etc. Selon la plupart des Pères et des interprètes, le Psalmiste veut dire que les Israélites, après leur sortie de l’Égypte, entendirent la voix du Seigneur qui leur parlait du haut du Sinaï par l’entremise de Moïse, et qui leur donna une loi et leur communiqua des vérités jusqu’alors inconnues pour eux.

8. Du fond de la tempête (in abscondito tempestatis) ; c’est-à-dire lorsqu’en Égypte, je t’ai mis à couvert des foudres, de la grêle, des tempêtes, des bruits effroyables, dont j’ai épouvanté les Égyptiens, ou bien, lorsque je descendis sur le Sinaï au milieu des tonnerres et des éclairs, et que tu me prias de ne pas te parler moi-même, mais de te faire connaitre mes ordres par Moïse.

13. Dans des voies, etc. (in adinventionibus suis) le grec dit habitudes, gouts, caprices, et l’hébreu, conseils, desseins.

15. En un moment ou aisément. La Vulgate ajoute peut-être (forsitan). Ce mot ne se lit pas dans le texte hébreu, et il répond dans les Septante à une particule grecque qui n’exprime nullement le doute.

16. Les ennemis du Seigneur sont ici les Israélites infidèles à leur Dieu et qui lui ont manqué de parole. — Leur temps ; c’est-à-dire le temps de leur châtiment, de leurs peines.

²

 

81 à 90

Ps 81

*ps081

PSAUME LXXXI

(Hebr. LXXXII).

Le Psalmiste exhorte les juges de la terre à exercer la justice sans acception des personnes et dans la crainte du jugement du Seigneur.

1 Psalmus Asaph.

1. Psaume d’Asaph.

Deus stetit in synagóga deórum ;

Dieu a assisté à une assemblée de dieux,

in médio autem deos dijúdicat.

mais au milieu d’eux, il juge des dieux.

2 Usquequo judicátis iniquitátem,

2. Jusques à quand jugerez-vous selon l’iniquité,

et fácies peccatórum súmitis ?

et ferez-vous acception de la personne des pécheurs ?

3 Judicáte egéno et pupíllo ;

3. Jugez pour l’indigent et le pupille :

húmilem et páuperem justificáte.

faites justice à l’humble et au pauvre.

4 Erípite páuperem,

4. Délivrez le pauvre,

et egénum de manu peccatóris liberáte.

et arrachez l’indigent de la main du pécheur.

5 Nesciérunt, neque intellexérunt ;

5. Ils n’ont pas su, et ils n’ont pas compris ;

in ténebris ámbulant :

ils marchent dans les ténèbres ;

movebúntur ómnia fundaménta terræ.

tous les fondements de la terre seront ébranlés.

6 Ego dixi : Dii estis,

6. Moi j’ai dit : Vous êtes des dieux,

et fílii Excélsi omnes.

et fils du Très-Haut, tous.

7 Vos autem sicut hómines moriémini,

7. Mais vous mourrez comme des hommes ;

et sicut unus de princípibus cadétis.

et comme l’un des princes, vous tomberez.

8 Surge, Deus, júdica terram,

8. Levez-vous, ô Dieu, jugez la terre ;

quóniam tu hæreditábis in ómnibus géntibus.

car vous hériterez parmi toutes les nations.

~

Ps. LXXXI. 4. Prov. XXIV, 11. — 6. Joan. X, 34.

 

1-8. * Le Psalmiste invoque le secours de Dieu contre des juges iniques, cf. Ps. LVIII. Notre-Seigneur a cité ce psaume, Joan. X, 34-36. On en place assez généralement la composition au temps de Josaphat, vers 890 av. J.-C. — Le langage est plein de force et d’énergie. — Deux discours de Dieu forment le fond du poème ; dans le premier (vers. 1-5), il intime aux juges l’ordre d’être justes ; dans le deuxième (6-8), il les menace de ses châtiments.

1. Dieux ; c’est le nom qu’on donne assez souvent aux juges, aux magistrats, dans l’Écriture, parce qu’ils rendent la justice au nom et à la place de Dieu. Compar. Ex. XXI, 6 ; XXII, 8, 28.

2. Et ferez-vous acception, etc. Voy. pour cette locution Job. XIII, 8-10.

5. Après avoir repris les juges de leur mauvaise foi et de leur injustice, le Psalmiste les accuse d’ignorance.

7. Comme l’un des princes ; c’est-à-dire Lucifer, le prince des anges rebelles.

8. Levez-vous, etc. C’est une prière dans laquelle le Psalmiste demande la venue du Messie, qui devait avoir les nations en héritage. Compar. Ps. II, 8.

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Ps 82

*ps082

PSAUME LXXXII

(Hebr. LXXXIII).

Le Psalmiste implore le secours de Dieu contre une multitude d’ennemis qui s’étaient élevés contre son peuple. Il prédit le trouble dont ils seront saisis, et la confusion dont ils seront couverts.

1 Cánticum Psalmi Asaph.

1. Cantique du psaume d’Asaph.

2 Deus, quis símilis erit tibi ?

2. Ô Dieu, qui sera semblable à vous ?

ne táceas, neque compescáris, Deus :

Ne vous taisez pas, et ne soyez pas retenu, ô Dieu,

3 quóniam ecce inimíci tui sonuérunt,

3. Parce que voilà que vos ennemis se sont assemblés en tumulte,

et qui odérunt te extulérunt caput.

ont fait un grand bruit, et que ceux qui vous haïssent ont levé la tête.

4 Super pópulum tuum malignavérunt consílium,

4. Contre votre peuple ils ont formé un dessein plein de malice,

et cogitavérunt advérsus sanctos tuos.

et ils ont conspiré contre vos saints.

5 Dixérunt : Veníte, et disperdámus eos de gente,

5. Ils ont dit : Venez, et perdons-les entièrement, en sorte qu’ils ne soient plus un peuple,

et non memorétur nomen Israël ultra.

qu’on ne se souvienne pas du nom d’Israël, dans la suite.

6 Quóniam cogitavérunt unanímiter ;

6. Parce qu’ils ont conspiré unanimement,

simul advérsum te testaméntum disposuérunt :

qu’ensemble contre vous ils ont fait alliance,

7 tabernácula Idumæórum et Ismahelítæ,

7. Les tabernacles des Iduméens et les Ismaélites :

Moab et Agaréni,

Moab, et les Agaréniens,

8 Gebal, et Ammon, et Amalec ;

8. Gebal et Ammon et Amalec :

alienígenæ cum habitántibus Tyrum.

des étrangers avec les habitants de Tyr.

9 Etenim Assur venit cum illis :

9. Et aussi Assur est venu avec eux :

facti sunt in adjutórium fíliis Lot.

ils ont prêté secours aux fils de Loth.

10 Fac illis sicut Madían et Sísaræ,

10. Faites-leur comme à Madian et à Sisara ;

sicut Jabin in torrénte Cissón.

comme à Jabin au torrent de Cisson.

11 Disperiérunt in Endor ;

11. Ils périrent entièrement à Endor :

facti sunt ut stercus terræ.

ils devinrent comme un fumier pour la terre.

12 Pone príncipes eórum sicut Oreb,

12. Traitez leurs princes comme Oreb,

et Zeb, et Zébeë, et Sálmana :

et Zeb, et Zebeé, et Salmana :

omnes príncipes eórum,

Tous leurs princes,

13 qui dixérunt : Hæreditáte possideámus sanctuárium Dei.

13. Qui ont dit : Possédons en héritage le sanctuaire de Dieu.

14 Deus meus, pone illos ut rotam,

14. Mon Dieu, rendez-les comme une roue,

et sicut stípulam ante fáciem venti.

et comme une paille devant la face du vent.

15 Sicut ignis qui combúrit silvam,

15. Comme un feu qui brule entièrement une forêt,

et sicut flamma combúrens montes,

et comme une flamme brulant entièrement des montagnes ;

16 ita perséqueris illos in tempestáte tua,

16. Ainsi vous les poursuivrez par votre tempête,

et in ira tua turbábis eos.

et dans votre colère vous les troublerez.

17 Imple fácies eórum ignomínia,

17. Remplissez leurs faces d’ignominie,

et quærent nomen tuum, Dómine.

et ils chercheront votre nom, ô Seigneur.

18 Erubéscant, et conturbéntur in sǽculum sǽculi,

18. Qu’ils rougissent, et qu’ils soient troublés dans les siècles des siècles :

et confundántur, et péreant.

qu’ils soient confondus et qu’ils périssent.

19 Et cognóscant quia nomen tibi Dóminus :

19. Et qu’ils sachent que votre nom est le Seigneur,

tu solus Altíssimus in omni terra.

que vous seul êtes le Très-Haut sur toute la terre.

~

Ps. LXXXII. 10. Judic. VII, 22 ; IV, 15 ; IV, 24. — 12. Judic. VII, 25 ; VIII, 21.

 

1. * Les Iduméens, les Arabes, les Moabites et les autres peuples voisins se sont unis pour attaquer ensemble le royaume de Juda. C’est probablement la ligue dont il est parlé II Par. XX, 1, du temps de Josaphat, vers 895 av. J.-C. Le Psalmiste demande à Dieu de défendre son peuple contre tous ces ennemis. — La suite des pensées est facile à saisir. Il faut remarquer seulement que dans les deux premiers vers de l’original, le parallélisme est synonymique, et qu’au lieu de : Dieu, qui sera semblable à vous ? il porte :

Ne vous taisez point, ne restez pas inactif, ô Dieu.

Ô Dieu, ne gardez point le silence !

2. Ne vous taisez pas, etc. ; ne demeurez pas en repos ; ne retenez pas votre juste courroux contre vos ennemis.

7-9. * Énumération des peuples et des tribus confédérés contre Israël.

7. Les Iduméens, les Ismaélites et les autres peuples nommés dans le vers. suivant, n’habitaient pour la plupart que dans les tabernacles ou tentes, et n’avaient pas de demeures fixes. — * Les Ismaélites sont les Arabes, particulièrement nomades. — Les Agaréniens habitaient à l’est du pays de Galaad.

8. Des étrangers ; c’est-à-dire les Philistins. Voy. sur ce mot Ps. LIX, 10. — * Gebal serait ici, d’après quelques-uns, la ville et le port de la Phénicie, appelés par les Grecs Byblos, au nord de Tyr et de Beyrouth ; mais on ne peut guère douter que Gebal désigne ici le pays montagneux qui s’étend de la mer Morte jusqu’à Pétra, capitale de l’Idumée. Ce pays est encore aujourd’hui appelé Djébel, mot qui signifie montagne. Ses habitants se seraient unis aux Ammonites, qui habitaient à l’est de la mer Morte ; aux Amalécites, tribu nomade de la péninsule du Sinaï voisine de l’Idumée, etc., contre le royaume de Juda, voir le vers. 1. — Les Philistins et les Tyriens ne sont pas nommés, non plus que quelques autres mentionnés par le Psalmiste, dans II Par. XX, mais l’énumération est ici plus complète. Il est probable d’ailleurs que les Tyriens n’ont pas combattu directement le royaume de Juda, mais ont seulement soutenu les confédérés.

9. Assur ; les Assyriens. La plupart des faits indiqués dans les versets suivants sont racontés dans les Juges, IV-VIII. — * Aux fils de Loth, les Moabites et les Ammonites.

11. Pour la terre ou à ta terre, comme portent l’hébreu et les Septante, ce qui ôte l’amphibologie du mot terræ de la Vulgate. Ainsi, selon nous, le vrai sens est que leurs cadavres, dont la terre fut couverte, devinrent pour elle comme un fumier, qui l’engraissa. Cependant on traduit généralement par : Ils furent abandonnés sans sépulture comme du fumier sur la terre, ou bien par : Ils dirent foulés comme du fumier sous les pieds des vainqueurs.

13. * Le sanctuaire de Dieu, la Terre Sainte.

14. Comme une roue ; c’est-à-dire sans consistance, sans fixité, mais dans une agitation et dans un bouleversement continuels.

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Ps 83

*ps083

PSAUME LXXXIII

(Hebr. LXXXIV).

Le Psalmiste soupire après le tabernacle du Seigneur dont il se trouve éloigné par la persécution de ses ennemis, et il peint le bonheur de ceux qui passent leur vie dans ses parvis. Il apprend ainsi aux chrétiens à désirer avec ardeur les tabernacles du ciel.

1 In finem, pro torculáribus fíliis Core. Psalmus.

1. Pour la fin. Pour les pressoirs, aux fils de Coré, psaume.

2 Quam dilécta tabernácula tua, Dómine virtútum !

2. Qu’ils sont aimables, vos tabernacles, Seigneur des armées !

3 Concupíscit, et déficit ánima mea in átria Dómini ;

3. Mon âme désire avec ardeur, et languit après les parvis du Seigneur.

cor meum et caro mea exsultavérunt in Deum vivum.

Mon cœur et ma chair ont exulté pour le Dieu vivant.

4 Etenim passer invénit sibi domum,

4. Car un passereau trouve pour lui une maison ;

et turtur nidum sibi, ubi ponat pullos suos :

une tourterelle, un nid où elle dépose ses petits.

altária tua, Dómine virtútum,

Vos autels, Seigneur des armées,

rex meus, et Deus meus.

mon roi et mon Dieu.

5 Beáti qui hábitant in domo tua, Dómine ;

5. Bienheureux ceux qui habitent dans votre maison, Seigneur ;

in sǽcula sæculórum laudábunt te.

dans les siècles des siècles ils vous loueront.

6 Beátus vir cujus est auxílium abs te :

6. Bienheureux l’homme dont le secours vient de vous ;

ascensiónes in corde suo dispósuit,

il a disposé dans son cœur des degrés pour s’élever,

7 in valle lacrimárum, in loco quem pósuit.

7. Dans la vallée de larmes, dans le lieu qu’il a fixé.

8 Etenim benedictiónem dabit legislátor ;

8. Car le législateur donnera sa bénédiction ;

ibunt de virtúte in virtútem :

ils iront de vertu en vertu ;

vidébitur Deus deórum in Sion.

il sera vu le Dieu des dieux dans Sion.

9 Dómine Deus virtútum, exáudi oratiónem meam ;

9. Seigneur, Dieu des armées, exaucez ma prière,

áuribus pércipe, Deus Jacob.

prêtez l’oreille, Dieu de Jacob.

10 Protéctor noster, áspice, Deus,

10. Dieu notre protecteur, regardez,

et réspice in fáciem christi tui.

regardez sur la face de votre Christ ;

11 Quia mélior est dies una in átriis tuis super míllia ;

11. car mieux vaut un jour dans vos parvis, que des milliers dans d’autres.

elégi abjéctus esse in domo Dei mei

J’ai choisi d’être abaissé dans la maison de mon Dieu,

magis quam habitáre in tabernáculis peccatórum.

plutôt que d’habiter dans les tabernacles des pécheurs.

12 Quia misericórdiam et veritátem díligit Deus :

12. Car Dieu aime la miséricorde et la vérité,

grátiam et glóriam dabit Dóminus.

le Seigneur donnera la grâce et la gloire.

13 Non privábit bonis eos qui ámbulant in innocéntia :

13. Il ne privera pas de biens ceux qui marchent dans l’innocence.

Dómine virtútum, beátus homo qui sperat in te.

Seigneur des armées, bienheureux l’homme qui espère en vous.

~

Ps. LXXXIII.

 

1. * Le titre hébreu porte : « Au chef de musique. Sur le gitthîth. » Voir l’explication de gitthith (pour les pressoirs) dans la note 20 à la fin du volume (appendices). — Ce psaume fait le pendant du Ps. XLII-XLIII. Il a été composé peut-être par quelqu’un de ceux qui avaient accompagné David dans sa fuite, à l’époque de la révolte d’Absalom. L’auteur manifeste le plus vif amour pour la maison de Dieu, et exprime ce sentiment d’une manière touchante. — Au fils de Coré. Voy. le titre du Ps. XLI (Hebr. XLII).

2-5. * Sentiments du Psalmiste à l’égard de la maison de Dieu.

4. Vos autels. Après ces mots, qui forment un sujet sans attribut, il faut probablement sous-entendre, sont le lieu où je désirerais faire ma demeure. — * « Quelquefois, dit le comte de Maistre dans les Soirées de Saint-Pétersbourg, le sentiment l’oppresse [le Psalmiste], Un verbe qui s’avançait pour exprimer la pensée du prophète s’arrête sur ses lèvres et retombe sur son cœur ; mais la piété le comprend lorsqu’il s’écrie : Tes autels, ô Dieu des esprits !… »

5. Dans les siècles des siècles ; hébraïsme, pour dans tous les siècles.

6-9. * Heureux l’homme droit. Il peut visiter Dieu dans Sion. Prière pour le roi (pour David qui a été obligé de s’enfuir devant Absalom).

6-7. Ces deux versets, que la Vulgate a traduits très fidèlement sur les Septante, sont aussi obscurs dans le texte hébreu que dans ces deux versions. Voici l’explication qui nous a paru la plus simple et la plus naturelle : Bienheureux l’homme qui attend son secours de vous, ô mon Dieu, et qui, dans cette vallée de larmes, lieu, où il s’est placé lui-même par son péché, a résolu en son cœur les moyens de s’élever jusqu’à vous (ascensiones in corde suo disposuit).

7. * La vallée de larmes est généralement regardée aujourd’hui comme une vallée qui portait le nom de Bâkâ ou des larmes (de baume), vallée où croissait le baumier.

8. * Le législateur donnera sa bénédiction. Le texte original doit se traduire : La pluie d’automne, une pluie abondante et salutaire, donnera la bénédiction, rendra fertile la Vallée de larmes. — Ils iront, les serviteurs de Dieu. — Il sera vu. En hébreu : le serviteur de Dieu se présentera au Seigneur sur la montagne de Sion.

10-13. * Bonheur qu’on goute à demeurer auprès de Dieu, parce qu’il est la source de la grâce et de la gloire.

10. Votre Christ ; c’est-à-dire le Messie, selon les uns. David, ou Zorobabel, ou le peuple juif, suivant les autres.

11. # Abaissé ; parmi les derniers, les humbles, cf. Luc. XIV, 10-11, et aussi parmi ceux qui sont méprisés, cf. Hebr. XI, 24-26 ; XIII, 13.

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Ps 84

*ps084

PSAUME LXXXIV

(Hebr. LXXXV).

Le Psalmiste loue Dieu d’avoir délivré son peuple de la captivité, et il le prie de l’établir dans une paix solide et une parfaite tranquillité. Il y a dans ce psaume plusieurs passages qui peuvent s’appliquer au peuple chrétien racheté du péché et de la mort par Jésus-Christ.

1 In finem, fíliis Coré. Psalmus.

1. Pour la fin, aux fils de Coré, psaume.

2 Benedixísti, Dómine, terram tuam ;

2. Vous avez béni, Seigneur, votre terre ;

avertísti captivitátem Jacob.

vous avez détourné la captivité de Jacob.

3 Remisísti iniquitátem plebis tuæ ;

3. Vous avez remis l’iniquité de votre peuple,

operuísti ómnia peccáta eórum.

vous avez couvert tous leurs péchés.

4 Mitigásti omnem iram tuam ;

4. Vous avez apaisé votre colère,

avertísti ab ira indignatiónis tuæ.

vous avez détourné votre peuple de la colère de votre indignation.

5 Convérte nos, Deus salutáris noster,

5. Convertissez-nous, ô Dieu notre Sauveur ;

et avérte iram tuam a nobis.

et détournez votre colère de nous.

6 Numquid in ætérnum irascéris nobis ?

6. Est-ce que vous serez éternellement en colère ;

aut exténdes iram tuam a generatióne in generatiónem ?

ou étendrez-vous votre colère de génération en génération ?

7 Deus, tu convérsus vivificábis nos,

7. Ô Dieu, revenez, vous nous donnerez la vie,

et plebs tua lætábitur in te.

et votre peuple se réjouira en vous.

8 Osténde nobis, Dómine, misericórdiam tuam,

8. Montrez-nous, Seigneur, votre miséricorde ;

et salutáre tuum da nobis.

et donnez-nous votre salut.

9 Audiam quid loquátur in me Dóminus Deus,

9. J’écouterai ce que dira au dedans de moi le Seigneur Dieu,

quóniam loquétur pacem in plebem suam,

car il parlera paix pour son peuple,

et super sanctos suos,

Et pour ses saints,

et in eos qui convertúntur ad cor.

et pour ceux qui se tournent vers leur cœur.

10 Verúmtamen prope timéntes eum salutáre ipsíus,

10. Assurément, près de ceux qui le craignent est son salut,

ut inhábitet glória in terra nostra.

afin que la gloire habite dans notre terre.

11 Misericórdia et véritas obviavérunt sibi ;

11. La miséricorde et la vérité se sont rencontrées :

justítia et pax osculátæ sunt.

la justice et la paix se sont donné un baiser.

12 Véritas de terra orta est,

12. La vérité est sortie de la terre,

et justítia de cælo prospéxit.

et la justice a regardé du haut du ciel.

13 Etenim Dóminus dabit benignitátem,

13. Le Seigneur accordera sa bonté,

et terra nostra dabit fructum suum.

et notre terre donnera son fruit.

14 Justítia ante eum ambulábit,

14. La justice marchera devant lui,

et ponet in via gressus suos.

et il mettra ses pas dans la voie.

~

Ps. LXXXIV.

 

1. * Ce psaume parait avoir été composé après le retour de la captivité. Cf. Agg. I, 9-11 ; II, 16-20. — Le Psalmiste demande à Dieu de se montrer comme autrefois miséricordieux envers son peuple et de le rétablir dans son état de prospérité.

2-4. * Rappel de la miséricorde que Dieu a témoignée autrefois à son peuple.

5-8. * Prière pour que Dieu redevienne miséricordieux envers son peuple.

8. Montrez-nous. Voy. Ps. LXX, 20. — Votre salut ; votre assistance salutaire, votre secours ; ou bien votre Christ, notre sauveur.

9-11. * Espoir que cette demande sera exaucée.

9. Il parlera paix ; c’est-à-dire il annoncera la paix. — Pour son peuple en général. — Pour ses saints. Voy. Ps. LXXVIII, 2. — Qui se tournent vers leur cœur ; qui entrent en eux-mêmes, ou qui tournent leur cœur vers Dieu, comme portent les Septante.

11. On peut voir dans les interprètes la belle et juste application qui a été faite à Jésus-Christ et à son Église, de ce qui est dit dans ce verset et dans les suivants.

12-14. * Tableau de la prospérité future que le Psalmiste vient d’obtenir.

14. Il mettra ; c’est-à-dire il suivra la justice comme son avant-coureur.

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Ps 85

*ps085

PSAUME LXXXV

(Hebr. LXXXVI).

Ce psaume contient la prière d’un juste affligé ; il montre de plus que Dieu seul est vraiment grand et qu’il fait des prodiges et que toutes les nations reconnaitront sa grandeur.

1 Orátio ipsi David.

1. Prière de David lui-même.

Inclína, Dómine, aurem tuam et exáudi me,

Inclinez, Seigneur, votre oreille, et exaucez-moi,

quóniam inops et pauper sum ego.

car je suis sans ressource et pauvre.

2 Custódi ánimam meam, quóniam sanctus sum ;

2. Gardez mon âme, car je suis saint :

salvum fac servum tuum, Deus meus, sperántem in te.

sauvez, mon Dieu, votre serviteur qui espère en vous.

3 Miserére mei, Dómine,

3. Ayez pitié de moi, Seigneur,

quóniam ad te clamávi tota die ;

car vers vous j’ai crié tout le jour.

4 lætífica ánimam servi tui,

4. Réjouissez l’âme de votre serviteur,

quóniam ad te, Dómine, ánimam meam levávi.

car vers vous, Seigneur, j’ai élevé mon âme.

5 Quóniam tu, Dómine, suávis et mitis,

5. car vous, Seigneur, vous êtes bienveillant et doux,

et multæ misericórdiæ ómnibus invocántibus te.

et d’une grande miséricorde pour tous ceux qui vous invoquent.

6 Auribus pércipe, Dómine, oratiónem meam,

6. Prêtez l’oreille, Seigneur, à ma prière,

et inténde voci deprecatiónis meæ.

et soyez attentif à la voix de ma supplication.

7 In die tribulatiónis meæ clamávi ad te,

7. Au jour de ma tribulation, j’ai crié vers vous,

quia exaudísti me.

car vous m’avez exaucé.

8 Non est símilis tui in diis, Dómine,

8. Il n’est point de semblable à vous parmi les dieux, Seigneur ;

et non est secúndum ópera tua.

et il n’est rien de comparable à vos œuvres.

9 Omnes gentes quascúmque fecísti vénient,

9. Toutes les nations que vous avez faites viendront,

et adorábunt coram te, Dómine,

et adoreront devant vous, Seigneur,

et glorificábunt nomen tuum.

et glorifieront votre nom.

10 Quóniam magnus es tu, et fáciens mirabília ;

10. car vous êtes grand, vous, et que vous faites des merveilles,

tu es Deus solus.

et que vous êtes seul Dieu.

11 Deduc me, Dómine, in via tua, et ingrédiar in veritáte tua ;

11. Conduisez-moi, Seigneur, dans votre voie, et que je marche dans votre vérité :

lætétur cor meum, ut tímeat nomen tuum.

que mon cœur se réjouisse, afin qu’il craigne votre nom.

12 Confitébor tibi, Dómine Deus meus, in toto corde meo,

12. Je vous louerai, Seigneur mon Dieu, en tout mon cœur,

et glorificábo nomen tuum in ætérnum :

et je glorifierai votre nom éternellement ;

13 quia misericórdia tua magna est super me,

13. Car votre miséricorde est grande envers moi,

et eruísti ánimam meam ex inférno inferióri.

et vous avez arraché mon âme de l’enfer le plus profond.

14 Deus, iníqui insurrexérunt super me,

14. Ô Dieu, des hommes iniques se sont insurgés contre moi,

et synagóga poténtium quæsiérunt ánimam meam :

et une assemblée de puissants a cherché mon âme ;

et non proposuérunt te in conspéctu suo.

et ils ne vous ont pas eu présent devant leurs yeux.

15 Et tu, Dómine Deus, miserátor et miséricors ;

15. Et vous, Seigneur, vous le Dieu compatissant et miséricordieux,

pátiens, et multæ misericórdiæ, et verax.

patient, d’une grande miséricorde, et véridique,

16 Réspice in me, et miserére mei ;

16. Regardez sur moi, et ayez pitié de moi ;

da impérium tuum púero tuo,

donnez votre puissance à votre serviteur,

et salvum fac fílium ancíllæ tuæ.

et sauvez le fils de votre servante.

17 Fac mecum signum in bonum,

17. Faites pour moi un signe favorable, afin qu’ils le voient,

ut vídeant qui odérunt me, et confundántur :

ceux qui me haïssent, et qu’ils soient confondus,

quóniam tu, Dómine, adjuvísti me, et consolátus es me.

car vous Seigneur, vous m’avez aidé et consolé.

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Ps. LXXXV. 5. Joël. II, 13.

 

1. * David, dans l’adversité, peut-être pendant la révolte d’Absalom, demande à Dieu de le secourir. Plusieurs commentateurs pensent cependant que cette prière n’a été composée que du temps d’Ézéchias et de Zorobabel, et que le nom de David, dans le titre, signifie simplement que l’auteur a écrit ce psaume à l’aide de fragments qu’il a empruntés à David. — Le nom d’Adonaï se lit sept fois dans l’original, probablement avec intention. — Voici la suite des idées : Appel à Dieu ; 5-7 : parce qu’il est miséricordieux et que celui qui l’invoque est dans la détresse ; — 8-10 : parce qu’il est grand et qu’il opère des merveilles. — 11-13. Demande de la lumière et de la grâce divines. — 14-17. Invocation contre les ennemis du serviteur de Dieu.

2. Gardez mon âme ; hébraïsme, pour gardez-moi ; c’est-à-dire conservez-moi la vie. — Je suis saint ; ou, selon l’hébreu, pieux, voué à votre culte ; suivant d’autres, innocent des crimes qu’on m’impute.

8. Il n’est rien, etc. ; littér. il n’est pas selon vos œuvres ; ce qui signifie évidemment, il n’est pas d’œuvre semblable ou comparable à vos œuvres. Prophètes, ces expressions sont souvent employées pour désigner la délivrance d’un grand danger. Dans un sens plus élevé, elles s’appliquent à Jésus-Christ descendu aux enfers et ressuscité d’entre les morts.

14. A cherché mon âme. Voy. Ps. XXXIV, 4.

15. Véridique ; en parlant de Dieu, signifie le plus ordinairement fidèle à tenir ses promesses.

16. Le fils, etc. Le fils d’une servante, né dans la maison, était esclave à perpétuité chez son maitre.

17. Faites, etc. ; opérez en ma faveur un prodige éclatant, afin que nos ennemis ne croient pas que vous m’avez entièrement abandonné. Littér. Faites avec ou envers moi un signe pour bon ; construction purement hébraïque.

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Ps 86

*ps086

PSAUME LXXXVI

(Hebr. LXXXVII).

Le Psalmiste, en relevant la gloire de Jérusalem sous le nom de Cité de Dieu, décrit celle de l’Église de Jésus-Christ, où tous les peuples du monde se sont rassemblés dans une même foi.

1 Fíliis Core. Psalmus cántici.

1. Aux fils de Coré(a), psaume de cantique.

Fundaménta ejus in móntibus sanctis ;

Ses fondements sont sur les montagnes saintes ;

2 Díligit Dóminus portas Sion super ómnia tabernácula Jacob.

2. Le Seigneur aime les portes de Sion plus que toutes les tentes de Jacob.

3 Gloriósa dicta sunt de te, cívitas Dei !

3. Des choses glorieuses ont été dites de toi, cité de Dieu.

4 Memor ero Rahab et Babylónis, sciéntium me ;

4. Je me souviendrai de Rahab et de Babylone qui me connaissent.

Ecce alienígenæ, et Tyrus, et pópulus æthíopum,

Voilà que des étrangers et Tyr, et un peuple d’Éthiopiens

Hi fúerunt illic.

ont été là.

5 Numquid Sion dicet : Homo et homo natus est in ea,

5. Est-ce qu’on ne dira pas de Sion : Un homme et un homme est né en elle,

Et ipse fundávit eam Altíssimus ?

et lui-même, le Très-Haut, l’a fondée ?

6 Dóminus narrábit in scriptúris populórum et príncipum,

6. Le Seigneur le racontera dans les écritures des peuples et des princes,

Horum qui fúerunt in ea.

de ceux qui furent en elle.

7 Sicut lætántium ómnium

7. Comme de tous ceux qui se réjouissent,

Habitátio est in te.

l’habitation est en toi.

~

Ps. LXXXVI.

 

(a). Au fils de Coré. Voy. le titre du Ps. XLI (Hebr. XLII).

1-7. * Eusèbe dit avec raison que ce psaume est très obscur. Plusieurs critiques pensent qu’il fut composé à la suite de la ruine de l’armée de Sennachérib. Cf. Ps. XLV ; XLVII et LXXV. — L’auteur y annonce la conversion des Gentils. — En voici la traduction sur l’hébreu où il est plus clair :

Elle est fondée sur les saintes montagnes (où est le temple) !

Le Seigneur aime les portes de Sion

Plus que toutes les tentes de Jacob.

On dit sur toi des choses glorieuses, cité de Dieu :

« Je compterai l’Égypte et Babylone parmi ceux qui me connaissent.

Voici les Philistins (des étrangers), Tyr avec l’Éthiopie ;

Ils sont nés là (à Jérusalem). »

Et l’on dit à Sion :

Une multitude d’hommes y est née.

C’est le Très-Haut qui l’a fondée.

Le Seigneur compte et inscrit les peuples :

Ils sont nés là.

Et chantres et musiciens [s’écrient] :

« Tu es la source de toutes (nos joies). »

1. Ses (dans l’hébreu et les Septante de lui) se rapporte selon les uns à Sion, exprimé dans le verset suivant, selon les autres, à Seigneur, qui se lit dans le même verset ; selon d’autres, à Jérusalem, mot sous-entendu ; enfin suivant quelques-uns, à temple, également sous-entendu. La seconde explication, les fondements du Seigneur, c’est-à-dire posés par le Seigneur, ou, comme dit l’hébreu, la fondation du Seigneur, faite par le Seigneur, parait la mieux établie. Compar, en effet, le vers. 3. — Les montagnes saintes sont principalement Sion et Moria, sur lesquelles fut bâti le temple de Jérusalem. — Les portes de Sion, par une figure très usitée dans le style biblique, sont mises pour toute la ville de Sion. — * « La montagne de Sion, ce siège de l’empire à jamais florissant de ce grand roi (David) ne pouvait manquer de passer avec lui à la postérité. Quoique cette montagne fut petite et aride, elle n’en devait pas moins devenir la tête des nations, le point de départ d’où découleraient tous les fleuves vivifiants, c’est-à-dire la loi et l’enseignement qui assurent la félicité des peuples. Cet honneur lui était prédestiné, parce que son roi devait donner à la terre la paix et la joie, et y répandre la lumière et la prospérité. Elle est fondée sur des montagnes saintes, etc. Qu’elle est belle, la lyrique couronne de louanges dont le poète pare la ville royale ! Qu’on se souvienne de tous les chants où Jérusalem est représentée comme la ville de Dieu et d’un royaume éternel, comme la tête de tous les peuples de la terre, et l’on se fera une idée des riches développements que les prophètes donnent à ces images. » (Herder.)

4. Rahab ; ce mot hébreu, qui signifie proprement orgueil, fierté, désigné très probablement et poétiquement l’Égypte, ici aussi bien que dans le Ps. LXXXVIII, 11, et dans Is. XXV, 11 ; LI, 9 ; passages où la Vulgate elle-même a rendu le même terme hébreu par orgueil, superbe. — Des étrangers ; c’est-à-dire les Philistins. Voy. sur ce mot, Ps. LIX, 10.

5. Est-ce qu’on ne dira pas ; littér. ne dira-t-il pas ; ce qui revient au même ; car, dans les phrases semblables, le mot quelqu’un, ou le participe du verbe, formant le sujet, se sous-entend très souvent ; en sorte que le sens rigoureusement grammatical est : Est-ce que quelqu’un, ou un disant ne dira pas ? L’hébreu porte : Il sera dit ; ce qui est encore la même chose. Quant aux Septante, où on lit aujourd’hui : Une mère Sion dira, saint Jérôme, dans son Commentaire sur ce passage, soutient que les anciens exemplaires portaient, comme il traduit lui-même : Numquid Sion dicet ?De Sion. c’est ce qu’exigent évidemment les mots suivants, dans elle. Ainsi, la traduction, à Sion, est un vrai contre-sens. À la vérité, la particule hébraïque, mise devant Sion, marque ordinairement le datif, mais elle signifie aussi quelquefois de, au sujet de, quand elle est jointe aux verbes dire, ordonner, et qu’elle n’est pas suivie d’un verbe à la seconde personne, comme nous avons eu déjà occasion de le faire observer. — Un homme et un homme ; c’est-à-dire un grand nombre, une multitude d’hommes.

6. Le Seigneur le racontera ; c’est le Seigneur qui dira quels sont les hommes nés dans Sion. Ce verset est une réponse à la question faite dans le précédent. — Dans des écritures de peuples, etc. ; c’est-à-dire dans des rôles, des listes ou des dénombrements. Les Septante lisent dans écriture de peuples, et l’hébreu, en inscrivant des peuples.

7. Glaire traduit : « Ceux qui habite en toi ont la joie de tous ceux qui se livre à l’alégresse. » Voici sa note : Ceux qui habite en toi ; littér. l’habitation en toi ; c’est un hébraïsme en vertu duquel le substantif se met très souvent au lieu de l’adjectif. — # C’est-à-dire : Comme c’est le cas pour les peuples cités précédemment, le propre de ceux qui se réjouissent est d’avoir leur habitation en toi (ou d’habiter en toi). Lætantium omnium ; est un génitif, cela signifie : « Ce qui appartient en propre à ceux qui se réjouissent ». Sicut : Les peuples cités précédemment possèdent eux aussi l’habitation dans la cité de Dieu et, par suite, la joie de ceux qui l’habitent. Jan van Eyck (c. 1390-1441) a parfaitement rendu le vrai sens de ce verset dans le tableau La Vierge dans une église : la joie, c’est habiter le ventre de la Vierge Marie et la gloire de la Vierge Marie, c’est son vagin, source de joie pour la création tout entière. — * L’Église applique ce psaume à la très Sainte Vierge. M. Olier, dans ses Mémoires inédits, donne un bel exemple des applications que l’on peut faire des chants sacrés aux offices liturgiques, par la manière dont il commente le Fundaménta ejus, entendu de la Mère de Dieu. « Les fondements, ou autrement les premiers sentiments et les prémices de la vie de la très Sainte Vierge sont élevés par-dessus les plus hautes montagnes de l’Église, c’est-à-dire par-dessus les âmes les plus parfaites et les plus éminentes de l’Église.., d’où vient que Dieu aime plus ces entrées ou autrement ces portes, que les tabernacles de Jacob. Les entrées de la très Sainte Vierge sont deux, l’une cachée et inconnue, qui est sa sainte Conception ; l’autre est plus évidente, et c’est sa Nativité… Gloriosa dicta sunt de te, civitas Dei. Ô Sainte Vierge, vraie demeure de Dieu.., on ne peut exprimer la gloire et la grandeur de votre âme… Memor ero Rahab et Babylonis sciéntium me. Ecce alienigenæ et Tyrus et populus Æthiopum, hi fúerunt illic. À ce moment de ma Conception et de ma naissance, j’offrais toute l’Église à Dieu ; je présentais avec moi toute l’étendue des nations qui devaient servir à son honneur et à sa gloire. Et sa bonté a exaucé mes vœux et mon offrande… Numquid Sion dicet : Homo et homo natus est in ea, et ipse fundavit eam Altissimus ? À voir cette magnificence et sainteté de l’âme de Marie, est-il pas bien aisé de voir que Dieu l’a préparée pour naitre d’elle son Fils unique Jésus-Christ, qui est le fils de l’homme, et avec lui aussi toute l’étendue de son Église ? Homo et homo natus est in ea… Dieu remplira le cœur de tous les hommes d’honneurs et de ressentiments pour sa personne… C’est une joie commune et universelle de tous les fidèles chrétiens. » Oraison sur la Nativité de la Sainte Vierge, 8 septembre 1641.

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Ps 87

*ps087

PSAUME LXXXVII

(Hebr. LXXXVIII).

Le Psalmiste représente à Dieu qu’il est dans l’affliction, abandonné de ses amis et de ses proches ; mais, en exposant ses souffrances, il peint Jésus-Christ dans sa Passion et dans l’abandonnement où ses Apôtres devaient le laisser. Ce psaume a beaucoup de rapport avec le XXIe. Quelques anciens, suivis de plusieurs modernes, l’ont entendu de la captivité de Babylone ; d’autres, de David persécuté par Absalom ; d’autres, enfin, de Jérémie jeté dans un cachot et abandonné des siens.

1 Cánticum Psalmi, fíliis Core, in finem, pro Máheleth ad respondéndum. Intelléctus Eman Ezrahítæ.

1. Cantique de psaume. Des fils de Coré, pour la fin, pour Maheleth, pour répondre, intelligence d’Eman l’Ezrahites.

2 Dómine, Deus salútis meæ,

2. Seigneur, Dieu de mon salut,

in die clamávi et nocte coram te.

j’ai crié devant vous, le jour et la nuit.

3 Intret in conspéctu tuo orátio mea,

3. Que ma prière pénètre en votre présence ;

inclína aurem tuam ad precem meam.

inclinez votre oreille à ma supplication ;

4 Quia repléta est malis ánima mea,

4. Car mon âme est remplie de maux,

et vita mea inférno appropinquávit.

et que ma vie s’est approchée de l’enfer.

5 Æstimátus sum cum descendéntibus in lacum,

5. J’ai été regardé comme ceux qui descendent dans une fosse :

factus sum sicut homo sine adjutório,

je suis devenu comme un homme sans secours,

6 inter mórtuos liber ;

6. Libre entre des morts,

sicut vulneráti dormiéntes in sepúlchris,

Comme des blessés mortellement, qui dorment dans des sépulcres,

quorum non es memor ámplius,

dont vous ne vous souvenez plus,

et ipsi de manu tua repúlsi sunt.

et qui ont été repoussés de votre main.

7 Posuérunt me in lacu inferióri,

7. Ils m’ont mis dans une fosse profonde,

in tenebrósis, et in umbra mortis.

dans des lieux ténébreux, et dans l’ombre de la mort.

8 Super me confirmátus est furor tuus,

8. Sur moi s’est fortifiée votre fureur,

et omnes fluctus tuos induxísti super me.

et vous avez fait passer tous vos flots sur moi.

9 Longe fecísti notos meos a me ;

9. Vous avez éloigné de moi ceux qui me sont connus ;

posuérunt me abominatiónem sibi.

ils m’ont posé comme un objet d’abomination pour eux.

Tráditus sum, et non egrediébar ;

J’ai été livré, et je ne sortais pas ;

10 óculi mei languérunt præ inópia.

10. Mes yeux ont langui à cause de ma détresse.

Clamávi ad te, Dómine, tota die ;

J’ai crié vers vous, Seigneur,

expándi ad te manus meas.

tout le jour j’ai étendu vers vous mes mains.

11 Numquid mórtuis fácies mirabília ?

11. Est-ce que, pour des morts, vous ferez des merveilles,

aut médici suscitábunt, et confitebúntur tibi ?

ou des médecins les ressusciteront-ils, afin qu’ils vous louent ?

12 Numquid narrábit áliquis in sepúlchro misericórdiam tuam,

12. Est-ce que quelqu’un racontera votre miséricorde dans un sépulcre,

et veritátem tuam in perditióne ?

et votre vérité dans le lieu de la destruction ?

13 Numquid cognoscéntur in ténebris mirabília tua ?

13. Est-ce que vos merveilles seront connues dans les ténèbres,

et justítia tua in terra obliviónis ?

et votre justice dans la terre de l’oubli ?

14 Et ego ad te, Dómine, clamávi,

14. Et moi, vers vous, Seigneur, j’ai crié,

et mane orátio mea prævéniet te.

et, dès le matin, ma prière vous préviendra.

15 Ut quid, Dómine, repéllis oratiónem meam ;

15. Pourquoi, Seigneur, repoussez-vous ma prière,

avértis fáciem tuam a me ?

détournez-vous votre face de moi ?

16 Pauper sum ego, et in labóribus a juventúte mea ;

16. Je suis un pauvre, moi, et dans les travaux depuis ma jeunesse ;

exaltátus autem, humiliátus sum et conturbátus.

et après avoir été exalté, j’ai été humilié et troublé.

17 In me transiérunt iræ tuæ,

17. Sur moi ont passé les flots de votre colère,

et terróres tui conturbavérunt me :

et vos terreurs m’ont troublé.

18 circumdedérunt me sicut aqua tota die ;

18. Elles m’ont environné, comme une eau, tout le jour,

circumdedérunt me simul.

elles m’ont environné tout ensemble.

19 Elongásti a me amícum et próximum,

19. Vous avez éloigné de moi un ami et un proche,

et notos meos a miséria.

et ceux qui m’étaient connus, à cause de ma misère.

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Ps. LXXXVII.

 

1. Intelligence à Eman l’Ezrahites, ou, selon d’autres, d’Eman ; c’est-à-dire psaume didactique, composé par Eman. On connait Eman ou Héman, un des principaux maitres de la musique du temple, et chef des chantres, de la famille de Coré du temps de David. — * Le titre porte : « Au maitre de musique. Pour une makhaleth. Pour répondre (c’est-à-dire, vraisemblablement pour être chanté alternativement par deux chœurs). Maskil. D’Héman l’Ezrahites. » Héman l’Ezrahites était probablement de la race de Coré. — Prière d’une tristesse touchante, adressée à Dieu pour obtenir du soulagement dans l’affliction, peut-être la guérison de la lèpre, vers. 9. Elle rappelle les discours de Job. — Le sens du psaume est clair.

4. Ma vie, etc. ; c’est-à-dire j’ai couru grand risque de mourir.

5. Fosse signifie ici tombeau.

7. Ils m’ont mis, etc. Toutes ces expressions désignent le tombeau, et, dans un sens figuré, la servitude, l’esclavage.

9. J’ai été livré ; l’hébreu porte enfermé. — Je ne sortais pas, je ne pouvais pas sortir.

11-13. * Les morts, avant la venue de Jésus-Christ, ne glorifiaient point Dieu, parce que les mérites du Rédempteur n’avaient pas encore ouvert aux justes les portes du ciel.

²

 

Ps 88

*ps088

PSAUME LXXXVIII

(Hebr. LXXXIX).

Le Psalmiste représente la miséricorde de Dieu envers la maison de David, et les promesses qu’il lui a faites ; il exalte sa vérité et sa fidélité à exécuter ses paroles ; mais il se plaint ensuite de ce que, malgré tant de promesses et de bontés, le royaume de Juda ait été renversé et la famille royale désolée ; enfin, il conjure le Seigneur de se souvenir de ses promesses, et de les exécuter. La plupart des Pères rapportent ce psaume à la génération et au règne de Jésus-Christ.

1 Intelléctus Ethan Ezrahítæ.

1. Intelligence d’Éthan l’Ezrahites.

2 Misericórdias Dómini in ætérnum cantábo ;

2. Les miséricordes du Seigneur, éternellement je les chanterai.

in generatiónem et generatiónem annuntiábo veritátem tuam in ore meo.

Dans toutes les générations j’annoncerai votre vérité par ma bouche.

3 Quóniam dixísti : In ætérnum misericórdia ædificábitur in cælis ;

3. Car vous avez dit : Éternellement la miséricorde sera fondée dans les cieux ;

præparábitur véritas tua in eis.

votre vérité y sera affermie.

4 Dispósui testaméntum eléctis meis ;

4. J’ai établi une alliance avec mes élus ;

jurávi David servo meo :

j’ai juré à David mon serviteur :

5 Usque in ætérnum præparábo semen tuum,

5. J’affermirai ta race, en sorte qu’elle dure éternellement,

et ædificábo in generatiónem et generatiónem sedem tuam.

Et je fonderai ton trône pour toutes les générations.

6 Confitebúntur cæli mirabília tua, Dómine ;

6. Les cieux publieront vos merveilles, Seigneur,

étenim veritátem tuam in ecclésia sanctórum.

comme aussi votre vérité dans l’assemblée des saints.

7 Quóniam quis in núbibus æquábitur Dómino ;

7. Qui, en effet, dans les nues, sera égal au Seigneur ;

símilis erit Deo in fíliis Dei ?

et qui sera semblable à Dieu parmi les fils de Dieu ?

8 Deus, qui glorificátur in consílio sanctórum,

8. Le Dieu qui est glorifié dans l’assemblée des saints,

magnus et terríbilis super omnes qui in circúitu ejus sunt.

est grand et terrible au-dessus de tous ceux qui sont autour de lui.

9 Dómine Deus virtútum, quis símilis tibi ?

9. Seigneur, Dieu des armées, qui est semblable à vous ?

potens es, Dómine, et véritas tua in circúitu tuo.

vous êtes puissant, Seigneur, et la vérité est autour de vous.

10 Tu domináris potestáti maris ;

10. Vous dominez sur la puissance de la mer,

motum autem flúctuum ejus tu mítigas.

et le mouvement de ses flots, vous l’apaisez.

11 Tu humiliásti, sicut vulnerátum, supérbum ;

11. Vous avez humilié un superbe, comme un blessé mortellement :

in bráchio virtútis tuæ dispersísti inimícos tuos.

par la force de votre bras vous avez dispersé vos ennemis.

12 Tui sunt cæli, et tua est terra :

12. À vous sont les cieux, et à vous est la terre :

orbem terræ, et plenitúdinem ejus tu fundásti ;

le disque de la terre et sa plénitude, vous les avez fondés ;

13 aquilónem et mare tu creásti.

13. L’aquilon et la mer, vous les avez créés.

Thabor et Hermon in nómine tuo exsultábunt :

Le Thabor et l’Hermon bondiront de joie en votre nom ;

14 tuum bráchium cum poténtia.

14. Votre bras est puissant.

Firmétur manus tua, et exaltétur déxtera tua :

Que votre main s’affermisse, et que votre droite soit exaltée ;

15 justítia et judícium præparátio sedis tuæ :

15. La justice et le jugement sont la base de votre trône.

misericórdia et véritas præcédent fáciem tuam.

La miséricorde et la vérité précèderont votre face ;

16 Beátus pópulus qui scit jubilatiónem :

16. Bienheureux le peuple qui sait la jubilation ;

Dómine, in lúmine vultus tui ambulábunt,

Seigneur, dans la lumière de votre visage, ils marcheront,

17 et in nómine tuo exsultábunt tota die,

17. dans votre nom, ils tressailliront de joie tout le jour,

et in justítia tua exaltabúntur.

et, dans votre justice, ils seront exaltés.

18 Quóniam glória virtútis eórum tu es,

18. Puisque la gloire de leur puissance, c’est vous ;

et in beneplácito tuo exaltábitur cornu nostrum.

et que par votre bienveillance notre corne sera exaltée.

19 Quia Dómini est assúmptio nostra,

19. Car le Seigneur nous a pris sous sa protection,

et sancti Israël regis nostri.

et le saint d’Israël, notre roi.

20 Tunc locútus es in visióne sanctis tuis,

20. Alors vous parlâtes dans une vision à vos saints et vous dites :

et dixísti : Pósui adjutórium in poténte,

J’ai mis mon secours dans un homme puissant ;

et exaltávi eléctum de plebe mea.

et j’ai exalté un élu du milieu de mon peuple.

21 Invéni David, servum meum ;

21. J’ai trouvé David mon serviteur,

óleo sancto meo unxi eum.

je l’ai oint de mon huile sainte.

22 Manus enim mea auxiliábitur ei,

22. Car ma main le secourra,

et bráchium meum confortábit eum.

et mon bras le fortifiera.

23 Nihil profíciet inimícus in eo,

23. Un ennemi ne pourra rien contre lui,

et fílius iniquitátis non appónet nocére ei.

et un fils d’iniquité ne pourra plus lui nuire.

24 Et concídam a fácie ipsíus inimícos ejus,

24. Et je taillerai en pièces à sa face ses ennemis,

et odiéntes eum in fugam convértam.

et ceux qui le haïssent, je les mettrai en fuite.

25 Et véritas mea et misericórdia mea cum ipso,

25. Et ma vérité et ma miséricorde seront avec lui,

et in nómine meo exaltábitur cornu ejus.

et en mon nom sera exaltée sa corne.

26 Et ponam in mari manum ejus,

26. Et je poserai sa main sur la mer,

et in flumínibus déxteram ejus.

et sa droite sur les fleuves.

27 Ipse invocábit me : Pater meus es tu,

27. Lui-même m’invoquera, disant : Vous êtes mon père,

Deus meus, et suscéptor salútis meæ.

mon Dieu, et le garant de mon salut ;

28 Et ego primogénitum ponam illum,

28. Et moi, je l’établirai mon premier-né,

excélsum præ régibus terræ.

et plus élevé que tous les rois de la terre.

29 In ætérnum servábo illi misericórdiam meam,

29. Éternellement je lui conserverai ma miséricorde,

et testaméntum meum fidéle ipsi.

et mon alliance lui sera fidèle.

30 Et ponam in sǽculum sǽculi semen ejus,

30. Et j’établirai sa race dans les siècles des siècles,

et thronum ejus sicut dies cæli.

et son trône comme les jours du ciel.

31 Si autem derelíquerint fílii ejus legem meam,

31. Mais si ses fils abandonnent ma loi,

et in judíciis meis non ambuláverint ;

s’ils ne marchent pas dans mes jugements,

32 si justítias meas profanáverint,

32. S’ils profanent mes justes ordonnances,

et mandáta mea non custodíerint :

et ne gardent point mes commandements,

33 visitábo in virga iniquitátes eórum,

33. Je visiterai avec une verge leurs iniquités,

et in verbéribus peccáta eórum ;

et avec des fléaux leurs péchés.

34 misericórdiam autem meam non dispérgam ab eo,

34. Mais je ne retirerai pas ma miséricorde de lui,

neque nocébo in veritáte mea,

et je ne manquerai pas à ma vérité ;

35 neque profanábo testaméntum meum :

35. Et je ne profanerai point mon alliance,

et quæ procédunt de lábiis meis non fáciam írrita.

et les paroles qui sortent de ma bouche, je ne les rendrai pas vaines.

36 Semel jurávi in sancto meo, si David méntiar :

36. J’ai juré une seule fois par ma sainteté, que je ne mentirai pas à David :

37 semen ejus in ætérnum manébit.

37. Sa race demeurera éternellement.

Et thronus ejus sicut sol in conspéctu meo,

38. Et son trône sera comme le soleil en ma présence,

38 et sicut luna perfécta in ætérnum,

et comme la pleine lune, éternellement,

et testis in cælo fidélis.

et comme le témoin fidèle dans le ciel.

39 Tu vero repulísti et despexísti ;

39. Et vous cependant, vous avez rejeté et méprisé :

distulísti christum tuum.

vous avez éloigné votre Christ.

40 Evertísti testaméntum servi tui ;

40. Vous avez renversé l’alliance faite avec votre serviteur ;

profanásti in terra sanctuárium ejus.

vous avez profané sur la terre son sanctuaire.

41 Destruxísti omnes sepes ejus ;

41. Vous avez détruit toutes ses haies ;

posuísti firmaméntum ejus formídinem.

vous avez répandu dans ses forteresses la frayeur.

42 Diripuérunt eum omnes transeúntes viam ;

42. Tous ceux qui passaient dans le chemin l’ont pillé :

factus est oppróbrium vicínis suis.

il est devenu l’opprobre de ses voisins.

43 Exaltásti déxteram depriméntium eum ;

43. Vous avez exalté la droite de ceux qui l’opprimaient ;

lætificásti omnes inimícos ejus.

vous avez réjoui tous ses ennemis.

44 Avertísti adjutórium gládii ejus,

44. Vous avez détourné l’aide de son glaive,

et non es auxiliátus ei in bello.

et vous ne l’avez pas secouru dans la guerre.

45 Destruxísti eum ab emundatióne,

45. Vous l’avez dépouillé de son éclat,

et sedem ejus in terram collisísti.

et son trône, vous l’avez brisé contre la terre.

46 Minorásti dies témporis ejus ;

46. Vous avez abrégé les jours de sa durée :

perfudísti eum confusióne.

vous l’avez couvert d’ignominie.

47 Usquequo, Dómine, avértis in finem ?

47. Jusques à quand, Seigneur, détournerez-vous entièrement votre face ?

exardéscet sicut ignis ira tua ?

Jusques à quand s’embrasera votre colère comme un feu ?

48 Memoráre quæ mea substántia :

48. Souvenez-vous de ce qu’est mon être :

numquid enim vane constituísti omnes fílios hóminum ?

car est-ce en vain que vous avez créé tous les fils des hommes ?

49 Quis est homo qui vivet et non vidébit mortem ?

49. Quel est l’homme qui vivra, et qui ne verra pas la mort ?

éruet ánimam suam de manu ínferi ?

qui retirera son âme de la main de l’enfer ?

50 Ubi sunt misericórdiæ tuæ antíquæ, Dómine,

50. Où sont vos miséricordes anciennes, Seigneur,

sicut jurásti David in veritáte tua ?

telles que vous les avez jurées à David dans votre vérité ?

51 Memor esto, Dómine, oppróbrii servórum tuórum,

51. Souvenez-vous, Seigneur, de l’opprobre (que j’ai gardé dans mon sein),

quod contínui in sinu meo, multárum géntium :

que vos serviteurs ont souffert de la part d’un grand nombre de nations ;

52 quod exprobravérunt inimíci tui, Dómine ;

52. Souvenez-vous de ce que vos ennemis ont reproché, Seigneur,

quod exprobravérunt commutatiónem christi tui.

de ce qu’ils ont reproché le changement de votre Christ.

53 Benedíctus Dóminus in ætérnum. Fiat, fiat.

53. Béni le Seigneur éternellement ! ainsi soit, ainsi soit.

~

Ps. LXXXVIII. 4. II Reg. VII, 12. — 8. Ps. LXVII, 36 ; II Thess. I, 10. — 12. Gen. I, 1. — 21. I Reg. XVI, 1, 12 ; Act. XIII, 22. — 38. II Reg. VII, 16. — 50. II Reg. VII, 11.

 

1. Intelligence à Éthan l’Ezrahites. Compar. le titre du psaume précédent, et III Reg. IV, 31. — * La date de ce psaume est incertaine. On l’a rapporté à l’époque de la révolte d’Absalom, au temps de l’invasion de Sennachérib et aux règnes de Joakim, de Jéchonias ou de Sédécias. On peut le placer avec plus de vraisemblance au moment de l’invasion de Sésac, pharaon d’Égypte, sous Roboam, III Reg. XIV ; II Par. XII. — La poésie est élevée, vive, colorée. — Trois parties bien distinctes : 1°, 2-19 : le Psalmiste célèbre les bienfaits de Dieu envers la maison de David pour exciter sa confiance en lui ; 2°, 20-38, il rappelle les promesses divines à la famille royale, afin de préparer la prière finale ; 3°, 39-52, il fait un tableau saisissant de l’état de désolation dans lequel est le royaume et implore le salut. — Le vers. 53 est la doxologie qui termine le livre IIIe de la collection des Psaumes.

2, 5. Toutes les générations ; littér. et par hébraïsme, génération et génération.

3. Sera affermie ; solidement établie ; littér. sera préparée. L’hébreu a les deux significations ; mais c’est évidemment la première qui convient ici et au vers. 5 ; elle est exigée par le parallélisme, qui fait loi pour l’explication des livres poétiques de la Bible.

3, 6. Votre vérité ; c’est-à-dire votre fidélité à tenir vos promesses.

7. Les fils de Dieu, dans le style de l’Écriture, se dit ordinairement des anges, surtout lorsqu’on parle des cieux.

11. Un superbe. Voy. Ps. LXXXVI, 4.

13. * Le Thabor. Voir Judic. IV, 6. — L’Hermon, chaine de montagnes, au nord de la Palestine.

14. Puissant ; littér. et par hébraïsme, avec puissance. Voyez les Observat. prélimin., II, 1°.

15. La base ; littér. la préparation. Compar. le vers. 2.

16. Jubilation ; au sens propre le cri, l’acclamation, le chant de joie.

18. Corne ; c’est-à-dire force. Voy. Ps. XVII, 3.

19. Sous sa protection. Ces mots, qui ne se lisent ni dans la Vulgate, ni dans les Septante, sont indiqués suffisamment par le texte hébreu, qui porte à la lettre : Parce que Jéhova est notre bouclier, et le saint d’Israël, notre roi. Or, en hébreu bouclier se prend très souvent pour Dieu protecteur, protection divine. — Quant aux mots le saint d’Israël (c’est-à-dire Dieu), notre roi ; ils forment un second sujet grammatical du verbe il a pris. Toute autre analyse serait évidemment contraire à la Vulgate, aux Septante et à la version latine qui se trouve dans les œuvres de saint Jérôme, car le savant Père y dit expressément : « C’est du Seigneur et du saint d’Israël que vient notre protection : Quia a Domino est protéctio nostra et a sancto Israël rege nostro. »

20. Alors ; c’est-à-dire au temps de la promesse mentionnée aux vers. 3-4, promesse sur laquelle le Psalmiste revient après une longue digression, et qu’il présente avec plus de détail. — À vos saints prophètes, Samuel, Nathan et Gad.

21. J’ai trouvé, etc. Voy. I Reg. XVI, 11-13.

25. Corne ; c’est-à-dire force. Voy. Ps. XVII, 3.

28. Premier-né signifie ici, comme en plusieurs autres passages de l’Écriture, un fils bien-aimé, préféré par le père à ses autres enfants ou distingué par quelque glorieuse prérogative. Compar. Ex. IV, 22 ; Eccli. XXXVI, 14.

29. Et mon alliance, etc. ; j’observerai fidèlement l’alliance que j’ai faite avec lui.

30. Et j’établirai… son trône, de manière qu’il dure autant que le ciel. Ces paroles ne conviennent qu’au règne de Jésus-Christ.

35. Je ne profanerai point, par une violation.

36. Une seule fois ; c’est-à-dire irrévocablement. — Par ma sainteté ; par mon saint nom.

38. Et son trône, etc. Voy. II Reg. VII, 16. — Et comme le témoin fidèle dans le ciel. Ce témoin fidèle est probablement l’arc-en-ciel, qui est un signe de l’alliance de Dieu avec les hommes. Compar. Gen. IX, 9-16.

39. Plusieurs expliquent ce verset de Sédécias, dernier roi de Juda, conduit en captivité, et mort à Babylone ; mais d’autres l’entendent du Messie, qui devait délivrer la nation juive.

40. Vous avez profané, etc. Compar. Ps. LXXIII, 7.

44. Vous avez détourné l’aide de son glaive ; c’est-à-dire vous avez rendu ses armes impuissantes et inutiles.

48. Les fils des hommes ; hébraïsme, pour les hommes.

49. Ne verra pas ; hébraïsme, pour n’éprouvera pas.

52. Le changement de votre Christ ; le changement de vos dispositions envers votre Christ, en ne lui accordant point le règne éternel que vous lui aviez promis.

²

Ps 89

*ps089

PSAUME LXXXIX

(Hebr. XC).

Le Psalmiste décrit la grandeur de Dieu et la faiblesse de l’homme, dont la vie, déjà très courte, est encore abrégée par ses iniquités. Il prie le Seigneur de visiter et de consoler le peuple d’Israël.

1 Orátio Móysi, hóminis Dei.

1. Prière de Moïse, l’homme de Dieu.

Dómine, refúgium factus es nobis

Seigneur, vous êtes devenu un refuge pour nous,

a generatióne in generatiónem.

de génération en génération.

2 Priúsquam montes fíerent,

2. Avant que les montagnes fussent faites,

aut formarétur terra et orbis,

ou que la terre fût formée et l’univers,

a sǽculo et usque in sǽculum tu es, Deus.

de siècle en siècle, vous êtes Dieu.

3 Ne avértas hóminem in humilitátem :

3. Ne détournez pas un homme vers l’abaissement ;

et dixísti : Convertímini, fílii hóminum.

car vous avez dit : Convertissez-vous, fils des hommes.

4 Quóniam mille anni ante óculos tuos

4. Puisque mille ans devant vos yeux,

tamquam dies hestérna quæ prætériit :

sont comme le jour d’hier qui a passé ;

et custódia in nocte 5 quæ pro níhilo habéntur,

Et comme une veille nocturne, 5. Qui ne compte pour rien :

eórum anni erunt.

ainsi seront leurs années.

6 Mane sicut herba tránseat ;

6. Que le matin, comme l’herbe, l’homme passe ;

mane flóreat, et tránseat ;

que le matin il fleurisse et passe :

véspere décidat, indúret, et aréscat.

que le soir il tombe, il durcisse et se dessèche.

7 Quia defécimus in ira tua,

7. Car nous avons défailli par votre colère,

et in furóre tuo turbáti sumus.

et par votre fureur nous avons été troublés.

8 Posuísti iniquitátes nostras in conspéctu tuo ;

8. Vous avez mis nos iniquités en votre présence,

sǽculum nostrum in illuminatióne vultus tui.

et le temps de notre vie à la lumière de votre visage.

9 Quóniam omnes dies nostri defecérunt,

9. C’est pourquoi tous nos jours ont défailli,

et in ira tua defécimus.

et par votre colère nous avons défailli.

Anni nostri sicut aránea meditabúntur ;

Nos années s’exercent comme l’araignée :

10 dies annórum nostrórum in ipsis septuagínta anni.

10. Les jours de nos années sont en eux-mêmes de soixante-dix ans.

Si autem in potentátibus octogínta anni,

Mais chez les hommes robustes, elles vont à quatre-vingts ans,

et ámplius eórum labor et dolor ;

et leur surplus est peine et douleur.

quóniam supervénit mansuetúdo, et corripiémur.

Car survient votre mansuétude, et nous sommes emportés.

11 Quis novit potestátem iræ tuæ,

11. 12. Qui connait la puissance de votre colère,

et præ timóre tuo iram tuam 12 dinumeráre ?

et peut, à cause de la crainte qu’il a de vous, énumérer les effets de votre colère ?

Déxteram tuam sic notam fac,

Faites ainsi connaitre votre droite,

et erudítos corde in sapiéntia.

et ceux qui sont instruits de cœur dans la sagesse.

13 Convértere, Dómine ; úsquequo ?

13. Revenez, Seigneur, jusqu’à quand ?…

et deprecábilis esto super servos tuos.

et soyez exorable aux vœux de vos serviteurs.

14 Repléti sumus mane misericórdia tua ;

14. Nous avons été remplis dès le matin, de votre miséricorde,

et exsultávimus, et delectáti sumus ómnibus diébus nostris.

nous avons exulté ; et nous avons passé tous nos jours dans les délices.

15 Lætáti sumus pro diébus quibus nos humiliásti ;

15. Nous nous sommes réjouis pour les jours auxquels vous nous avez humiliés,

annis quibus vídimus mala.

pour les années auxquelles nous avons vu des maux.

16 Réspice in servos tuos et in ópera tua,

16. Regardez vos serviteurs et vos œuvres,

et dírige fílios eórum.

et dirigez leurs fils.

17 Et sit splendor Dómini Dei nostri super nos,

17. Et soit la splendeur du Seigneur notre Dieu sur nous,

et ópera mánuum nostrárum dírige super nos,

et dirigez les œuvres de nos mains pour nous,

et opus mánuum nostrárum dírige.

et dirigez l’œuvre de nos mains.

~

Ps. LXXXIX. 10. Eccli. XVIII, 8.

 

1-17. * Ce psaume, le plus ancien de la collection, a dû être chanté par le peuple d’Israël depuis l’Exode et ainsi conservé de mémoire. Plusieurs des traits qu’il contient rappellent la manière de Moïse. Cf. Deut. XXXII et XXXIII. C’est à cause de son antiquité qu’il est placé en tête du IVe livre. — Il fut composé sans doute à la suite de la condamnation portée contre les Israélites par le Seigneur qui, pour les punir de leurs continuelles révoltes, leur annonça que tous ceux qui avaient atteint l’âge de 20 ans, au moment de la sortie d’Égypte, périraient dans le désert.

1-6. * Contraste entre la brièveté de la vie de l’homme et l’éternité de Dieu.

1. Prière, etc. Voy. pour ce titre les interprètes.

2. Avant que, etc. Le Psalmiste fait ressortir ici l’éternité et l’immutabilité de Dieu, pour l’opposer à la faiblesse et à la brièveté de la vie humaine dont il va parler.

3. Ne détournez pas, etc. ; c’est-à-dire ne permettez pas qu’un homme se tourne, etc. L’Écriture dit souvent que Dieu fait ce qu’il permet seulement. — # Autre explication proposée : « Suivant les LXX et la Vulgate, prière pour que l’Éternel n’humilie pas davantage son peuple déjà si malheureux, et pour qu’il daigne, au contraire, le ramener à la vie en prononçant une de ses paroles puissantes (dixisti : Convertimini…). » (Fillion) Dieu abaisse toujours pour élever (cf. I Reg. II, 6-7 ; Job. XLII, 12-16 ; Phil. II, 5-11, etc.). Cette prière est celle de l’homme parvenu au fond de l’abaissement et suppliant Dieu d’accomplir son dessein sur lui : cesser de l’abaisser encore et enfin le relever. Cette prière serait mauvaise si elle était dite par un homme qui n’a pas encore suffisamment connu l’abaissement, il peut cependant la dire sans malice lorsqu’il a l’impression qu’il n’en peut plus mais se soumet toujours à Dieu si ce dernier souhaite l’abaisser encore. Voyez Jac. I, 9-10. — Fils des hommes ; hébraïsme, pour hommes.

4. Veille nocturne ; littér. veille dans la nuit. Nous avons eu déjà occasion de remarquer qu’en hébreu les adjectifs sont souvent remplacés par un substantif précédé d’une préposition. Or l’expression veille nocturne désigne ici un espace de temps très court, puisque les Hébreux divisaient la nuit en trois veilles.

5. Leurs années ; c’est-à-dire les années des fils des hommes, nommés au verset 3.

6. Que le matin, etc. C’est le sens exact de la Vulgate et des Septante. Les traducteurs rendent généralement les verbes de ce verset par le présent ou le futur de l’indicatif ; le texte hébreu est susceptible de ces deux temps ; mais, selon nous, le contexte favorise plutôt le premier ; car le Psalmiste, voulant montrer la brièveté et la fragilité de la vie humaine, doit tout naturellement invoquer, en preuve, un fait existant, et dont l’expérience a été déjà faite.

7-11. * Ce sont les péchés de l’homme (d’Israël rebelle dans le désert), qui abrègent ses jours en attirant la colère de Dieu sur lui.

9. Nos années, etc. Nos années sont semblables à l’araignée qui travaille et s’épuise à faire une toile si fragile, que le moindre attouchement peut la détruire. — S’exercent. Compar. Ps. XXXIV, 28.

10. En elles-mêmes ; ordinairement ; si aucune maladie ou tout autre accident extraordinaire ne vient en abréger le cours. — Mais survient, etc. ; c’est-à-dire notre vie ne va pas ordinairement au-delà de quatre-vingts ans, parce que votre douce miséricorde vient, en nous enlevant de ce monde, nous délivrer des infirmités et des autres misères, qui, dans un âge plus avancé, font de la vie une mort continuelle.

12-17. * Prière à Dieu, pour qu’il ait pitié de ses serviteurs et leur accorde ses grâces.

12. * Ce verset commence, pour le sens, à Faites, etc. Énumérer est la conclusion de la phrase du verset précédent.

13. # Revenez ; vers nous. — Jusqu’à quand !… Voy. Ps. VI, 4.

14, 15. On pourrait traduire ces deux versets conformément à l’hébreu, de cette manière : Remplissez-nous de votre miséricorde dès le matin (c’est-à-dire au plus tôt, sans tarder), et nous tressaillirons, etc., et nous passerons, etc., et nous nous réjouirons, etc.

15. Nous avons vu. Voy. Ps. LXXXVIII, 49.

²

 

Ps 90

*ps090

PSAUME XC

(Hebr. XCI).

Le Psalmiste représente le bonheur de ceux qui sont sous la protection de Dieu, et qui mettent en lui leur confiance.

1 Laus cántici David.

1. Louange de cantique à David.

Qui hábitat in adjutório Altíssimi,

Celui qui habite dans le secours du Très-Haut

in protectióne Dei cæli commorábitur.

demeurera sous la protection du Dieu du ciel.

2 Dicet Dómino : Suscéptor meus es tu, et refúgium meum ;

2. Il dira au Seigneur : Vous êtes mon soutien et mon refuge ;

Deus meus, sperábo in eum.

il est mon Dieu, j’espèrerai en lui.

3 Quóniam ipse liberávit me de láqueo venántium,

3. Car lui m’a délivré d’un filet de chasseurs

et a verbo áspero.

et d’une parole meurtrière.

4 Scápulis suis obumbrábit tibi,

4. Il te mettra à l’ombre sous ses épaules,

et sub pennis ejus sperábis.

et sous ses ailes tu espèreras.

5 Scuto circúmdabit te véritas ejus :

5. Sa vérité t’environnera de son bouclier,

non timébis a timóre noctúrno ;

et tu n’auras pas à craindre d’une terreur nocturne,

6 a sagítta volánte in die,

6. D’une flèche volant dans le jour,

a negótio perambulánte in ténebris,

d’une affaire qui marche dans des ténèbres,

ab incúrsu, et dæmónio meridiáno.

et de l’attaque d’un démon du midi.

7 Cadent a látere tuo mille, et decem míllia a dextris tuis ;

7. Mille tomberont à ton côté, et dix mille à ta droite ;

ad te autem non appropinquábit.

mais nul n’approchera de toi.

8 Verúmtamen óculis tuis considerábis,

8. Et même tu considèreras de tes propres yeux,

et retributiónem peccatórum vidébis.

et tu verras la punition méritée des pécheurs.

9 Quóniam tu es, Dómine, spes mea ;

9. Parce que tu as dit : Seigneur, vous êtes mon espérance,

Altíssimum posuísti refúgium tuum.

et que tu as choisi le Très-Haut pour ton refuge.

10 Non accédet ad te malum,

10. Le mal ne viendra pas jusqu’à toi,

et flagéllum non appropinquábit tabernáculo tuo.

et aucun fléau n’approchera de ton tabernacle.

11 Quóniam ángelis suis mandávit de te,

11. Car il a commandé à ses anges à ton sujet,

ut custódiant te in ómnibus viis tuis.

de te garder dans toutes tes voies.

12 In mánibus portábunt te,

12. Ils te porteront dans leurs mains,

ne forte offéndas ad lápidem pedem tuum.

de peur que ton pied ne heurte contre une pierre.

13 Super áspidem et basilíscum ambulábis,

13. Tu marcheras sur l’aspic et le basilic,

et conculcábis leónem et dracónem.

et tu fouleras aux pieds le lion et le dragon.

14 Quóniam in me sperávit, liberábo eum ;

14. Parce qu’il a espéré en moi, je le délivrerai :

prótegam eum, quóniam cognóvit nomen meum.

je le protègerai, parce qu’il a connu mon nom.

15 Clamábit ad me, et ego exáudiam eum ;

15. Il criera vers moi, et je l’exaucerai :

cum ipso sum in tribulatióne :

avec lui, je serai dans la tribulation,

erípiam eum, et glorificábo eum.

je le sauverai et le glorifierai.

16 Longitúdine diérum replébo eum,

16. Je le comblerai d’une longue suite de jours,

et osténdam illi salutáre meum.

et je lui montrerai mon salut.

~

Ps. XC. 11. Matth. IV, 6 ; Luc. IV, 10. — 13. Luc. X, 19.

 

1-16. Il y a dans ce psaume un changement de personnes, plus fréquent que dans aucun autre. Or ce changement s’expliquerait sans peine, si, avec J.-D. Michaélis, on supposait deux chœurs chantant alternativement : l’un les vers. 1-2, puis le premier hémistiche du vers. 9, et les vers. suivants, jusqu’au vers. 14, où Dieu lui-même intervient et parle jusqu’à la fin. — À David ; selon d’autres, de David, par David. — * 1re voix, 1 ; 2e voix, 2 ; 1re voix, 3-8 ; 2e voix, 9a ; 1re voix, 9b-13 ; discours de Dieu, 14-16. Composé probablement au temps de la peste, par laquelle Dieu punit le dénombrement d’Israël fait par David, II Reg. XXIV, 15-17 ; cf. Ps. XC, 3, 6-7. — Ce beau psaume se distingue par l’élévation de la pensée, la vivacité des sentiments, l’ardeur de la foi, la simplicité de la confiance, la vivacité des couleurs et la limpidité du langage.

2. * L’hébreu porte : je dis, et non pas : il dira.

3. D’un filet, etc. ; c’est-à-dire des pièges des méchants et de leurs calomnies. — * D’une parole meurtrière, en hébreu ; de la peste qui ravage.

4. Dans ce verset et les suivants, la parole est adressée au personnage qui parle en son nom dans les précédents. — Il te mettra, etc. Il te couvrira, en quelque sorte, de son corps, comme les soldats du premier rang dans une armée couvrent ceux qui sont derrière eux, et il te mettra à couvert sous ses ailes, comme une poule qui couve ses petits, pour les conserver, lorsqu’elle les croit exposés à quelque danger.

5. Sa vérité ; c’est-à-dire sa fidélité à garder ses promesses. — Terreur nocturne ; c’est tout ce qui peut effrayer pendant la nuit, comme les spectres, les voleurs, les assassins, etc. Le lit de Salomon était gardé par soixante braves des plus vaillants d’Israël à cause des craintes de la nuit (Cant. III, 7-8).

6. D’une flèche, etc. Cette flèche volante signifie probablement une sorte de maladie contagieuse. Les Arabes et les Turcs donnent à la peste le nom de flèche de Dieu, de trait du Tout-puissant, qu’il est impossible de décliner. — D’une affaire, etc. ; d’un complot tramé secrètement, dans l’ombre. — D’un démon du midi. Les orientaux se représentent la peste sous l’image d’un mauvais esprit, qui exerce ses ravages, non seulement pendant la nuit, mais encore à l’heure du midi, à laquelle, dans ces pays chauds, tout le monde fait la méridienne. Or on suppose que c’est pendant ce temps de silence et de repos, que le démon, auteur de la peste, fait ses ravages. Nous retrouvons ces mêmes idées chez les anciens, Grecs et Latins. Plusieurs auteurs prétendent qu’elles avaient prévalu aussi chez les Juifs ; ce qui a donné lieu à cette expression des Septante et de la Vulgate. À la vérité, le texte hébreu ne parle que de peste et de contagion ; mais la Paraphrase chaldaïque, Aquila, Symmaque et la version syriaque, font une mention expresse de démons du midi.

7. Mille ennemis. — N’approchera de toi ; c’est-à-dire ne te touchera, ne te blessera ; tu seras en sûreté au milieu de tes plus cruels ennemis.

13. Ainsi protégé de Dieu, les bêtes les plus féroces et les plus dangereuses ne sauraient te nuire ; au contraire, tu les écraserais sans peine. — * Au lieu de l’aspic, l’hébreu porte un des noms du lion. — Le basilic, un serpent très venimeux.

16. Je lui montrerai. Voy. Ps. LXX, 20.

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91 à 100

Ps 91

*ps091

PSAUME XCI

(Hebr. XCII).

Le Psalmiste loue le Seigneur à la vue de ses ouvrages. Il représente le bonheur des justes et le malheur des pécheurs.

1 Psalmus cántici, in die sábbati.

1. Psaume de cantique, Au jour du sabbat.

2 Bonum est confitéri Dómino,

2. Il est bon de louer le Seigneur,

et psállere nómini tuo, Altíssime :

et de chanter votre nom, ô Très-Haut,

3 ad annuntiándum mane misericórdiam tuam,

3. Pour annoncer le matin votre miséricorde,

et veritátem tuam per noctem,

et votre vérité pendant la nuit ;

4 in decachórdo, psaltério ;

4. Sur le psaltérion à dix cordes,

cum cántico, in cíthara.

avec un cantique sur la harpe.

5 Quia delectásti me, Dómine, in factúra tua ;

5. Car que vous m’avez réjoui, Seigneur, par ce vous avez fait,

et in opéribus mánuum tuárum exsultábo.

et à la vue des œuvres de vos mains je tressaillirai.

6 Quam magnificáta sunt ópera tua, Dómine !

6. Que vos œuvres sont magnifiques, Seigneur !

nimis profúndæ factæ sunt cogitatiónes tuæ.

Vos pensées sont infiniment profondes.

7 Vir insípiens non cognóscet,

7. Un homme insensé ne les connaitra pas,

et stultus non intélliget hæc.

et un fou ne les comprendra pas.

8 Cum exórti fúerint peccatóres sicut fœnum,

8. Lorsque les pécheurs se seront produits au dehors comme le foin,

et apparúerint omnes qui operántur iniquitátem,

et qu’auront apparu tous ceux qui opèrent l’iniquité,

ut intéreant in sǽculum sǽculi :

Pour périr dans les siècles des siècles ;

9 tu autem Altíssimus in ætérnum, Dómine.

9. Vous, au contraire, vous êtes éternellement le Très-Haut, ô Seigneur.

10 Quóniam ecce inimíci tui, Dómine,

10. Car voici que vos ennemis, Seigneur,

quóniam ecce inimíci tui períbunt ;

Car voici que vos ennemis périront,

et dispergéntur omnes qui operántur iniquitátem.

et ils seront dispersés tous ceux qui opèrent l’iniquité.

11 Et exaltábitur sicut unicórnis cornu meum,

11. Et ma corne sera élevée comme la corne d’une licorne,

et senéctus mea in misericórdia úberi.

ma vieillesse comblée d’une miséricorde abondante.

12 Et despéxit óculus meus inimícos meos,

12. Mon œil a regardé avec mépris mes ennemis,

et in insurgéntibus in me malignántibus áudiet auris mea.

et mon oreille entendra avec complaisance la ruine des méchants qui s’insurgent contre moi.

13 Justus ut palma florébit ;

13. Le juste, comme un palmier, fleurira ;

sicut cedrus Líbani multiplicábitur.

comme un cèdre du Liban, il se multipliera.

14 Plantáti in domo Dómini,

14. Plantés dans la maison du Seigneur,

in átriis domus Dei nostri florébunt.

dans les parvis de la maison de notre Dieu, ils fleuriront.

15 Adhuc multiplicabúntur in senécta úberi,

15. Ils se multiplieront encore dans une heureuse vieillesse ;

et bene patiéntes erunt :

et ils montreront une patience persévérante,

16 ut annúntient quóniam rectus Dóminus Deus noster,

16. Pour annoncer que le Seigneur notre Dieu est droit,

et non est iníquitas in eo.

et qu’il n’y a point d’iniquité en lui.

~

Ps. XCI.

 

1. * Ce psaume est encore chanté aujourd’hui par les Juifs au jour du sabbat. — C’est une sorte de théodicée abrégée dans laquelle le Psalmiste résume nos devoirs de louange et de reconnaissance envers Dieu et sa Providence. — Le nom de Jéhovah (le Seigneur) est répété sept fois dans cette hymne, en l’honneur sans doute des sept jours de la création. — Voici la suite des pensées : 1re str., 2-4 : Il faut louer Dieu ; — 2e str., 5-7 : à cause de la grandeur de ses œuvres et de la profondeur de ses desseins ; — 3e str., 8-10 : parce qu’il triomphe de tous ses ennemis ; — 4e et 5e str., 11-16 : et qu’il comble le juste de ses bénédictions.

4. Votre vérité ; c’est-à-dire votre fidélité à tenir vos promesses.

8. Dans les siècles des siècles ; hébraïsme, pour dans tous les siècles. Voy. les Observat. prélimin., II, 1°.

11. Ma corne. Voy. Ps. XVII, 3. — * D’une licorne. Voir Ps. XXI, 22.

12. D’en haut ; avec mépris. — Avec complaisance ; expression adverbiale, nullement arbitraire et superflue, mais exigée par la construction du verbe actif entendra, qui, dans la Vulgate, aussi bien que dans les Septante et le texte hébreu, se trouve joint à son complément par l’intermédiaire de la préposition dans (in malignantibus), au lieu de l’être immédiatement par le nom mis à l’accusatif.

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Ps 92

*ps092

PSAUME XCII

(Hebr. XCII).

Le Psalmiste relève la grandeur et la puissance de Dieu. Il déclare que la sainteté doit être le principal ornement de sa maison. Les Pères et la plupart des rabbins croient que ce psaume regarde le temps du Messie ; mais les premiers l’expliquent comme étant déjà accompli dans la personne de Jésus-Christ et dans son règne, et les derniers le considèrent comme une prophétie du Messie à venir.

1 Laus cántici ipsi David, in die ante sábbatum, quando fundáta est terra.

1. Louange de cantique à David lui-même(a), au jour avant le sabbat, quand la terre fut fondée.

Dóminus regnávit, decórem indútus est :

Le Seigneur a établi son règne et a été revêtu de gloire ;

indútus est Dóminus fortitúdinem, et præcínxit se.

le Seigneur a été revêtu de force, et il s’est ceint.

Etenim firmávit orbem terræ, qui non commovébitur.

Car il a affermi le disque de la terre, lequel ne sera point ébranlé.

2 Paráta sedes tua ex tunc ;

2. Votre trône était établi dès lors :

a sǽculo tu es.

avant les siècles, vous êtes.

3 Elevavérunt flúmina, Dómine,

3. Les fleuves ont élevé, Seigneur,

elevavérunt flúmina vocem suam ;

les fleuves ont élevé leur voix.

elevavérunt flúmina fluctus suos,

Les fleuves ont élevé leurs flots,

4 a vócibus aquárum multárum.

4. À cause des mugissements des eaux abondantes.

Mirábiles elatiónes maris ;

Admirables sont les soulèvements de la mer ;

mirábilis in altis Dóminus.

admirable est le Seigneur dans les cieux.

5 Testimónia tua credibília facta sunt nimis ;

5. Vos témoignages sont infiniment dignes de créance :

domum tuam decet sanctitúdo, Dómine,

la sainteté, Seigneur, convient à votre maison,

in longitúdinem diérum.

dans la longue durée des jours.

~

Ps. XCII.

 

(a). À David lui-même. Voy. le titre du Ps. LI (Hebr. LII).

1-5. * Sans titre en hébreu. La Vulgate porte : « Cantique de louange de David, pour la veille du sabbat, quand la terre fut fondée, » c’est-à-dire destiné à être chanté le vendredi, au sacrifice du matin, au jour de la création de l’homme. — Ce psaume, composé probablement par David après une victoire, fut appliqué plus tard au service liturgique. Il est court, mais plein de force, de majesté et d’élan lyrique.

1. Il s’est ceint ; c’est-à-dire il s’est préparé pour une grande œuvre. — * « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Quel homme, ayant à parler de si grandes choses, eût commencé comme Moïse ? demande Rollin. Quelle majesté et en même temps quelle simplicité !… La sagesse éternelle, qui s’est jouée en faisant le monde, en fait le récit sans s’émouvoir. Les prophètes, dont le but est de nous faire admirer les merveilles de la création, en parlent d’un ton bien différent : Le Seigneur prend possession de son empire ; il s’est revêtu de gloire. Le Seigneur s’est revêtu de sa force, il s’est armé de son pouvoir. Le saint roi, transporté en esprit à la première origine du monde, dépeint en termes magnifiques comment Dieu, qui jusque-là était demeuré inconnu, invisible et caché dans le secret impénétrable de son être, s’est tout d’un coup manifesté par une foule de merveilles incompréhensibles. Le Seigneur, dit-il, sort enfin de sa solitude. Il ne veut plus être seul heureux, seul juste, seul saint. Il veut régner par sa bonté et par ses largesses. Mais de quelle gloire ce Roi immortel est-il revêtu ? Quelles richesses vient-il étaler à nos yeux ? De quelles sources partent tant de lumières et tant de beautés ? Où étaient cachés ces trésors et cette riche pompe qui sortent du sein des ténèbres ? Quelle est la majesté même du Créateur, si celle qui l’environne imprime un tel respect ? Que doit-il être, puisque ses ouvrages sont si magnifiques ? »

4. Dans les cieux ; littér. dans les lieux élevés.

5. * Le sens de ce verset, c’est que la plus belle œuvre de Dieu, c’est sa loi. Cf. Ps. XVIII.

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Ps 93

*ps093

PSAUME XCIII

(Hebr. XCIV).

Le Psalmiste représente Dieu connaissant les crimes des méchants, et les punissant avec sévérité.

1 Psalmus ipsi David, quarta sábbati.

1. Psaume à David lui-même, au quatrième du sabbat.

Deus ultiónum Dóminus ;

Le Seigneur est le Dieu des vengeances :

Deus ultiónum líbere egit.

le Dieu des vengeances a agi avec liberté.

2 Exaltáre, qui júdicas terram ;

2. Levez-vous, vous qui jugez la terre :

redde retributiónem supérbis.

rendez leur salaire aux superbes.

3 Usquequo peccatóres, Dómine,

3. Jusqu’à quand les pécheurs, ô Seigneur,

úsquequo peccatóres gloriabúntur ;

jusqu’à quand les pécheurs se glorifieront-ils ?

4 Effabúntur et loquéntur iniquitátem ;

4. Jusqu’à quand se répandront-ils en discours et parleront-ils iniquité ?

loquéntur omnes qui operántur injustítiam ?

jusqu’à quand parleront-ils, tous ceux qui commettent l’injustice ?

5 Pópulum tuum, Dómine, humiliavérunt,

5. Ils ont, Seigneur, humilié votre peuple ;

et hæreditátem tuam vexavérunt.

et votre héritage, ils l’ont ravagé.

6 Víduam et ádvenam interfecérunt,

6. Ils ont massacré la veuve et l’étranger,

et pupíllos occidérunt.

et ils ont tué l’orphelin.

7 Et dixérunt : Non vidébit Dóminus,

7. Et ils ont dit : Le Seigneur ne le verra pas,

nec intélliget Deus Jacob.

et le Dieu de Jacob ne le saura pas.

8 Intellígite, insipiéntes in pópulo ;

8. Comprenez, insensés du peuple ;

et stulti, aliquándo sápite.

et vous, fous, devenez enfin sages.

9 Qui plantávit aurem non áudiet ?

9. Celui qui a fait l’oreille n’entendra-t-il pas ?

aut qui finxit óculum non consíderat ?

Celui qui a formé l’œil ne voit-il pas ?

10 Qui córripit gentes non árguet,

10. Celui qui reprend des nations ne convaincra-t-il pas,

qui docet hóminem sciéntiam ?

lui qui enseigne à l’homme la science ?

11 Dóminus scit cogitatiónes hóminum,

11. Le Seigneur connait les pensées des hommes

quóniam vanæ sunt.

et sait qu’elles sont vaines.

12 Beátus homo quem tu erudíeris, Dómine,

12. Bienheureux l’homme que vous aurez vous-même instruit, Seigneur,

et de lege tua docúeris eum :

et à qui vous aurez enseigné votre loi,

13 ut mítiges ei a diébus malis,

13. Afin que vous lui accordiez quelque douceur dans des jours mauvais,

donec fodiátur peccatóri fóvea.

jusqu’à ce qu’au pécheur soit creusée une fosse.

14 Quia non repéllet Dóminus plebem suam,

14. Car le Seigneur ne rejettera pas son peuple ;

et hæreditátem suam non derelínquet,

et son héritage, il ne l’abandonnera pas.

15 quoadúsque justítia convertátur in judícium :

15. Jusqu’à ce que la justice se convertisse en jugement,

et qui juxta illam, omnes qui recto sunt corde.

et qu’auprès d’elle soient tous ceux qui ont le cœur droit.

16 Quis consúrget mihi advérsus malignántes ?

16. Qui se lèvera pour moi contre des méchants ?

aut quis stabit mecum advérsus operántes iniquitátem ?

ou qui se tiendra près de moi contre des ouvriers d’iniquité ?

17 Nisi quia Dóminus adjúvit me,

17. Si ce n’était que le Seigneur m’a secouru,

paulo minus habitásset in inférno ánima mea.

peu s’en serait fallu que dans l’enfer n’eût habité mon âme.

18 Si dicébam : Motus est pes meus :

18. Si je disais : Mon pied a chancelé,

misericórdia tua, Dómine, adjuvábat me.

votre miséricorde, Seigneur, me venait en aide.

19 Secúndum multitúdinem dolórum meórum in corde meo,

19. Selon la multitude de mes douleurs qui étaient dans mon cœur,

consolatiónes tuæ lætificavérunt ánimam meam.

vos consolations ont réjoui mon âme.

20 Numquid adhǽret tibi sedes iniquitátis,

20. Est-ce qu’un tribunal d’iniquité s’allie avec vous,

qui fingis labórem in præcépto ?

qui faites d’un précepte un travail pénible ?

21 Captábunt in ánimam justi,

21. Ils tendront des pièges à l’âme d’un juste,

et sánguinem innocéntem condemnábunt.

et condamneront un sang innocent.

22 Et factus est mihi Dóminus in refúgium,

22. Mais le Seigneur est devenu pour moi un refuge ;

et Deus meus in adjutórium spei meæ.

et mon Dieu, l’aide de mon espérance.

23 Et reddet illis iniquitátem ipsórum,

23. Et il leur rendra leur iniquité,

et in malítia eórum dispérdet eos :

il les perdra entièrement par leur malice ;

dispérdet illos Dóminus Deus noster.

il les perdra entièrement, le Seigneur notre Dieu.

~

Ps. XCIII. 1. Deut. XXXII, 35 ; Rom. XII, 19. — 19. I Cor. X, 13 ; II Cor. I, 5 ; IV, 17 ; VII, 4.

 

1. À David ; ou De David, par David. — Au quatrième du sabbat ; c’est-à-dire au quatrième jour de la semaine. — * Sans titre en hébreu. Vulgate : « Psaume de David pour le quatrième jour après le sabbat », c’est-à-dire le mercredi, où la synagogue le récite encore aujourd’hui. Composé peut-être pendant la révolte d’Absalom.

1b-3. * Invocation contre les méchants.

1b. Le Seigneur est le Dieu des vengeances. Compar. Deut. XXXII, 35 ; Rom. XII, 19.

2. Levez-vous ; montez sur votre tribunal.

4-7. * Tableau de la tyrannie des méchants.

8-11.* Discours aux méchants. Dieu connait leurs desseins et les fera échouer.

9. Qui a fait ou établi ; littér. dans l’hébreu, le grec et la Vulgate, qui a planté.

12-15. * Le peuple sera défendu par son Dieu.

15. Se convertisse en jugement ; c’est-à-dire rende ses arrêts. — Et qu’auprès d’elle, etc. Le premier qui de la Vulgate, qui ne se trouve d’ailleurs ni dans le grec, ni dans l’hébreu, échappe à toute analyse grammaticale. Les Septante portent à la lettre : Et soient attachés à elle, tous les droits par le cœur, etc. ; ce qui revient parfaitement à notre traduction. — # {Erreur de la vulgate} Qui juxta illam. Le premier pronom qui est de trop. (Fillion.)

16-19. * Au milieu des adversités, le Psalmiste a été soutenu par la grâce et par sa confiance en Dieu.

19. Selon la multitude, etc. Saint Paul exprime la même pensée dans I Cor. X, 13 ; II Cor. I, 5 ; IV, 17 ; VII, 4.

20-23. * Dieu fera retomber sur les méchants leur iniquité.

20. Le sens de ce verset parait être : Ainsi, y a-t-il en vous, ô mon Dieu, la moindre injustice, lorsque vous faites des commandements dont l’observation est pénible, comme par exemple, de souffrir avec patience les persécutions de nos ennemis ? La réponse à cette question se trouve, comme on le voit, au verset précédent.

²

 

Ps 94

*ps094

PSAUME XCIV

(Hebr. XCV).

Le Psalmiste exhorte son peuple à louer Dieu, et à lui obéir dans ta vue de sa grandeur et de sa patience, dé sa bonté et de sa justice.

1 Laus cántici ipsi David.

1. Louange de cantique à David lui-même.

Veníte, exsultémus Dómino ;

Venez, réjouissons-nous au Seigneur ;

jubilémus Deo salutári nostro ;

poussons des cris d’allégresse vers Dieu notre salut.

2 præoccupémus fáciem ejus in confessióne,

2. Prévenons sa présence par notre louange,

et in psalmis jubilémus ei :

et dans des psaumes poussons des cris d’allégresse vers lui.

3 quóniam Deus magnus Dóminus,

3. Car le Seigneur est le grand Dieu,

et rex magnus super omnes deos.

le grand roi au-dessus de tous les dieux.

4 Quia in manu ejus sunt omnes fines terræ,

4. Car dans sa main sont tous les confins de la terre,

et altitúdines móntium ipsíus sunt ;

et les cimes des montagnes sont à lui.

5 quóniam ipsíus est mare, et ipse fecit illud,

5. Car à lui est la mer, et lui-même l’a faite,

et siccam manus ejus formavérunt.

et ses mains ont formé le continent.

6 Veníte, adorémus, et procidámus,

6. Venez, adorons, et prosternons-nous,

et plorémus ante Dóminum qui fecit nos :

et pleurons devant le Seigneur qui nous a faits.

7 quia ipse est Dóminus Deus noster,

7. Car lui-même est le Seigneur notre Dieu,

et nos pópulus páscuæ ejus, et oves manus ejus.

et nous sommes le peuple de son pâturage, et les brebis de sa main.

8 Hódie si vocem ejus audiéritis,

8. Aujourd’hui si vous entendez sa voix,

nolíte obduráre corda vestra 9 sicut in irritatióne,

n’endurcissez pas vos cœurs, 9. Comme dans l’irritation,

secúndum diem tentatiónis in desérto,

au jour de la tentation dans le désert,

ubi tentavérunt me patres vestri :

où vos pères me tentèrent,

probavérunt me, et vidérunt ópera mea.

m’éprouvèrent, et virent mes œuvres.

10 Quadragínta annis offénsus fui generatióni illi,

10. Pendant quarante ans, j’ai été courroucé contre cette génération,

et dixi : Semper hi errant corde.

et j’ai dit : Toujours ils errent de cœur.

11 Et isti non cognovérunt vias meas :

11. Et eux, ils n’ont point connu mes voies ;

ut jurávi in ira mea :

ainsi j’ai juré dans ma colère :

Si introíbunt in réquiem meam.

S’ils entreront dans mon repos.

~

Ps. XCIV. 8. Hebr. III, 7 ; IV, 7. — 10. Num. XIV, 34. — 11. Hebr. IV, 3.

 

1. À David ; ou de David, par David. — * C’est un hymne liturgique, composé peut-être pour être chanté le jour du sabbat. Le sens est très clair. — Voici la suite des pensées : — 1-2 : Exhortation à louer Dieu ; — 3-4 : parce qu’il est le créateur de la terre ; — 5-6 : de la mer (le vers. 6 est comme un refrain et la répétition du vers. 1) ; — 7-8a : et de l’homme ; nous sommes son troupeau, si nous écoutons sa voix. — 8b-11 : Discours de Dieu exhortant son peuple à l’obéissance, en rappelant comment il a puni dans le désert les Israélites rebelles.

2. Présence ; littér. face, mot qui, en hébreu, se met souvent pour personne. D’où le sens est : Hâtons-nous, sans nous laisser prévenir, de nous présenter devant lui pour célébrer ses louanges.

9. Dans l’irritation ; c’est-à-dire dans le lieu de l’irritation, Raphidim, où les Israélites murmurèrent, du temps de Moïse, parce qu’il manquaient d’eau (Ex. XVII, 1 et suiv.) ; ou bien, selon d’autres, l’endroit du désert de Pharan, où ils se révoltèrent, quand on leur annonça ce qu’étaient les Chananéens et le pays de Chanaan (Num. XIV, 2 et suiv.) ; ou bien encore Cadès, où le manque d’eau excita une nouvelle sédition parmi eux (Num. XXI, 1 et suiv.). Voy. sur ce verset et les suivants l’Épitre aux Hébreux (III, 7-19 ; IV, 1-11).

11. S’ils entreront ; pour ils n’entreront pas. Dans les formules du serment, les Hébreux employaient la particule si, quand ils juraient qu’ils ne feraient pas une chose, et ils y ajoutaient la négation, lorsqu’ils juraient qu’ils la feraient. Cette manière de s’exprimer vient de ce qu’ils omettaient, par euphémisme, l’imprécation qui suit les jurements ; par exemple : Je veux qu’il m’arrive tel mal. tel malheur, si, etc. — Dans mon repos ; c’est-à-dire dans le pays, où je devais leur donner la paix et le repos, la terre promise.

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Ps 95

*ps095

PSAUME XCV

(Hebr. XCVI).

Ce psaume contient des louanges et des actions de grâces pour les bienfaits de Dieu, et une invitation aux peuples gentils de venir adorer cette souveraine majesté, et de se soumettre à son empire. Les Pères l’ont expliqué de la venue du Messie et de l’établissement de l’Église chrétienne.

1 Cánticum ipsi David, quando domus ædificabátur post captivitátem.

1. Cantique à David lui-même. Lorsqu’on bâtissait la maison, après la captivité.

Cantáte Dómino cánticum novum ;

Chantez au Seigneur un cantique nouveau :

cantáte Dómino omnis terra.

chantez au Seigneur, toute la terre.

2 Cantáte Dómino, et benedícite nómini ejus ;

2. Chantez au Seigneur, et bénissez son nom :

annuntiáte de die in diem salutáre ejus.

annoncez de jour en jour son salut.

3 Annuntiáte inter gentes glóriam ejus ;

3. Annoncez parmi les nations sa gloire,

in ómnibus pópulis mirabília ejus.

parmi tous les peuples ses merveilles.

4 Quóniam magnus Dóminus, et laudábilis nimis :

4. Car le Seigneur est grand, et infiniment louable ;

terríbilis est super omnes deos.

il est terrible au-dessus de tous les dieux.

5 Quóniam omnes dii géntium dæmónia ;

5. Car tous les dieux des nations sont des démons :

Dóminus autem cælos fecit.

mais le Seigneur a fait les cieux.

6 Conféssio et pulchritúdo in conspéctu ejus ;

6. La louange et la beauté sont en sa présence :

sanctimónia et magnificéntia in sanctificatióne ejus.

la sainteté et la magnificence dans le lieu de sa sanctification.

7 Afférte Dómino, pátriæ géntium,

7. Apportez au Seigneur, ô familles des nations,

afférte Dómino glóriam et honórem ;

apportez au Seigneur gloire et honneur ;

8 afférte Dómino glóriam nómini ejus.

8. Apportez au Seigneur la gloire de son nom.

Tóllite hóstias, et introíte in átria ejus ;

Prenez des hosties, et entrez dans ses parvis ;

9 adoráte Dóminum in átrio sancto ejus.

9. Adorez le Seigneur dans son saint parvis.

Commoveátur a fácie ejus univérsa terra ;

Que toute la terre soit ébranlée devant sa face ;

10 dícite in géntibus, quia Dóminus regnávit.

10. Dites parmi les nations que le Seigneur a établi son règne.

Etenim corréxit orbem terræ, qui non commovébitur ;

Car il a affermi le disque de la terre, qui ne sera pas ébranlé :

judicábit pópulos in æquitáte.

il jugera les peuples avec équité.

11 Læténtur cæli, et exsúltet terra ;

11. Que les cieux se livrent à la joie, que la terre exulte,

commoveátur mare et plenitúdo ejus ;

que la mer soit agitée, et sa plénitude ;

12 gaudébunt campi, et ómnia quæ in eis sunt.

12. Les champs se réjouiront, et tout ce qui est en eux.

Tunc exsultábunt ómnia ligna silvárum

Alors exulteront tous les arbres des forêts,

13 a fácie Dómini, quia venit,

13. À la face du Seigneur, car il vient ;

quóniam venit judicáre terram.

car il vient juger la terre.

Judicábit orbem terræ in æquitáte,

Il jugera le disque de la terre avec équité,

et pópulos in veritáte sua.

et les peuples selon sa vérité.

~

Ps. XCV.

 

1. À David ; ou de David, par David. — * Ce psaume se retrouve avec des variantes, I Par. XVI, 8-36, et l’auteur sacré nous apprend qu’il fut chanté pour la fête de la translation de l’arche, du temps de David. Il était naturel, par conséquent, qu’on le chantât de nouveau lors de la reconstruction du second temple, de 534 à 515 avant J.-C.

1-6. * Exhortation à louer Dieu, (vers. 1-3), à cause de sa grandeur et de sa puissance (vers. 4-6).

1. La maison ; c’est-à-dire le temple.

5. * Tous les dieux des nations sont des démons, des choses vaines, dit le texte hébreu. Les démons, en faisant adorer les idoles, qui étaient des choses vaines, se faisaient adorer eux-mêmes. Voir I Cor. X, 20.

6. Sont en sa présence ; c’est-à-dire lui appartiennent. — Sa sanctification (sanctificatione) ; c’est-à-dire son sanctuaire, son temple ; proprement le lieu qu’il s’est consacré. Compar. Ps. LXXVII, 54.

7-13. * Il faut offrir à Dieu ses présents et son adoration (vers. 7-9), et proclamer devant tous les peuples sa royauté, qui est reconnue par toutes les créatures (vers. 10-13).

7. Familles. C’est le sens de l’hébreu et des Septante ; la Vulgate porte patriæ, c’est-à-dire pays, régions, contrées.

8. La gloire de son nom ; c’est-à-dire due à son nom.

10. # Saint Augustin donne une version différente dans le commentaire de ce psaume : Dicite in nationibus, Dominus regnavit a ligno. « Dites aux nations : Le Seigneur a régné par le bois. ».

11. La mer et sa plénitude ; pour toute la plénitude de la mer, la mer tout entière ; figure grammaticale, dont la Bible fournit un certain nombre d’exemples.

13. Selon sa vérité ; c’est-à-dire selon les règles infaillibles de sa vérité, ou selon sa fidélité à remplir ses promesses.

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Ps 96

*ps096

PSAUME XCVI

(Hebr. XCVII).

Ce psaume représente le règne du Seigneur, la confusion des méchants et la joie des justes. Les uns croient qu’il fut composé par David, lorsqu’après la mort de Saül il se vit paisiblement établi dans son pays, et en possession du royaume que le Seigneur lui avait promis. D’autres pensent qu’il contient les actions de grâces des Juifs, délivrés de la captivité de Babylone, et la description de la vengeance exercée par le Seigneur contre les Babyloniens. Les Pères l’expliquent du premier et du second avènement de Jésus-Christ, de son règne dans l’Église et de la vocation des Gentils.

1 Huic David, quando terra ejus restitúta est.

1. À David. Quand sa terre fut restituée.

Dóminus regnávit : exsúltet terra ;

Le Seigneur a établi son règne, que la terre exulte :

læténtur ínsulæ multæ.

que des iles en multitude se livrent à la joie.

2 Nubes et calígo in circúitu ejus ;

2. Une nuée et une obscurité profonde sont autour de lui :

justítia et judícium corréctio sedis ejus.

la justice et l’équité sont la base de son trône.

3 Ignis ante ipsum præcédet,

3. Un feu marchera devant lui,

et inflammábit in circúitu inimícos ejus.

et embrasera tout autour ses ennemis.

4 Illuxérunt fúlgura ejus orbi terræ ;

4. Ses éclairs ont illuminé le disque de la terre :

vidit, et commóta est terra.

elle a vu, et elle a été ébranlée, la terre,

5 Montes sicut cera fluxérunt a fácie Dómini ;

5. Les montagnes, comme la cire, se sont fondues à la face du Seigneur :

a fácie Dómini omnis terra.

à la face du Seigneur toute la terre s’est fondue.

6 Annuntiavérunt cæli justítiam ejus,

6. Les cieux ont annoncé sa justice,

et vidérunt omnes pópuli glóriam ejus.

et tous les peuples ont vu sa gloire.

7 Confundántur omnes qui adórant sculptília,

7. Qu’ils soient confondus, tous ceux qui adorent des images taillées au ciseau,

et qui gloriántur in simulácris suis.

et qui se glorifient dans leurs simulacres.

Adoráte eum omnes Angeli ejus.

Adorez-le, vous tous ses anges ;

8 Audívit, et lætáta est Sion,

8. Sion a entendu et s’est réjouie ;

et exsultavérunt fíliæ Judæ

Et les filles de Juda ont exulté,

propter judícia tua, Dómine.

à cause de vos jugements, Seigneur ;

9 Quóniam tu Dóminus altíssimus super omnem terram ;

9. Car vous, Seigneur, êtes le Très-Haut sur toute la terre ;

nimis exaltátus es super omnes deos.

infiniment élevé au-dessus de tous les dieux.

10 Qui dilígitis Dóminum, odíte malum :

10. Vous qui aimez le Seigneur, haïssez le mal :

custódit Dóminus ánimas sanctórum suórum ;

le Seigneur garde les âmes de ses saints ;

de manu peccatóris liberábit eos.

de la main du pécheur, il les délivrera.

11 Lux orta est justo,

11. Une lumière s’est levée pour le juste,

et rectis corde lætítia.

et une joie pour les hommes droits de cœur.

12 Lætámini, justi, in Dómino,

12. Réjouissez-vous, justes, dans le Seigneur,

et confitémini memóriæ sanctificatiónis ejus.

et célébrez la mémoire de sa sanctification.

~

Ps. XCVI. 7. Ex. XX, 4 ; Lev. XXVI, 1 ; Deut. V, 8 ; Hebr. I, 6. — 10. Am. V, 15 ; Rom. XII, 9.

 

1. À David, etc., ou de David, par David, lorsqu’il fut rétabli dans son pays. — * Ces mots indiquent sans doute l’époque où David fut reconnu roi par toutes les tribus.

1-6. * Tableau de la puissance de Dieu dans la nature.

1. Iles ; Le mot hébreu traduit dans les Septante et dans la Vulgate par ile, signifie proprement région lointaine, contrée très éloignée ; sens qui convient parfaitement à ce passage.

2. Base ; appui soutien ; c’est le sens du terme hébreu que les Septante ont rendu ici par redressement amélioration, et ailleurs par préparation, disposition. Compar. Ps. LXXXVIII, 3, 14.

7-9. * Puissance de Dieu sur les idoles ; joie qu’elle cause à Sion.

7. Adorez-le vous tous ses anges. Saint Paul, dans son Épitre aux Hébreux (I, 6), cite ces paroles, en parlant du Verbe de Dieu fait homme.

10-12. * Exhortation à servir Dieu.

12. Sa sanctification (sanctificationis ejus) ; c’est-à-dire son sanctuaire, son temple. Ps. LXXVII, 54 ; Ps. XCV, 6.

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Ps 97

*ps097

PSAUME XCVII

(Hebr. XCVIII).

(a) Le Psalmiste invite toutes les créatures à s’unir à lui pour louer Dieu des merveilles qu’il avait faites en faveur de son peuple et du salut qu’il lui avait procuré. Les Juifs expliquent ce psaume de l’avènement du Messie qu’ils attendent ; les Pères et les interprètes chrétiens, du premier ou du second avènement de Jésus-Christ ou de tous les deux.

1 Psalmus ipsi David.

1. Psaume à David (de David) lui-même.

Cantáte Dómino cánticum novum,

Chantez au Seigneur un cantique nouveau,

quia mirabília fecit.

car il a fait des merveilles.

Salvávit sibi déxtera ejus,

Sa droite et son bras saint,

et bráchium sanctum ejus.

l’ont sauvé lui-même.

2 Notum fecit Dóminus salutáre suum ;

2. Le Seigneur a fait connaitre son salut :

in conspéctu géntium revelávit justítiam suam.

en présence des nations, il a révélé sa justice.

3 Recordátus est misericórdiæ suæ,

3. Il s’est souvenu de sa miséricorde

et veritátis suæ dómui Israël.

et de sa vérité en faveur de la maison d’Israël.

Vidérunt omnes términi terræ

Toutes les extrémités de la terre ont vu

salutáre Dei nostri.

le salut de notre Dieu.

4 Jubiláte Deo, omnis terra ;

4. Poussez des cris de joie vers Dieu, toute la terre,

cantáte, et exsultáte, et psállite.

chantez, et exultez, et jouez du psaltérion.

5 Psállite Dómino in cíthara ;

5. Chantez le Seigneur sur une harpe ;

in cíthara et voce psalmi ;

sur une harpe, en y mêlant un chant de psaume ;

6 in tubis ductílibus, et voce tubæ córneæ.

6. Sur des trompettes façonnées, et au son d’une trompette de corne.

Jubiláte in conspéctu regis Dómini :

Poussez des cris de joie en présence du roi, le Seigneur ;

7 moveátur mare, et plenitúdo ejus ;

7. Que la mer soit agitée et sa plénitude,

orbis terrárum, et qui hábitant in eo.

le disque des terres et ceux qui y habitent.

8 Flúmina plaudent manu ;

8. Les fleuves applaudiront de la main,

simul montes exsultábunt

comme aussi les montagnes exulteront.

9 a conspéctu Dómini :

9. À la présence du Seigneur,

quóniam venit judicáre terram.

car il vient juger la terre.

Judicábit orbem terrárum in justítia,

Il jugera le disque de la terre selon la justice,

et pópulos in æquitáte.

et les peuples selon l’équité.

~

Ps. XCVII. 3. Is. LII, 10 ; Luc. III, 6.

 

(a). Ce psaume a beaucoup de ressemblance avec le XCVe, c’est le même sujet et la même forme, mais avec des couleurs propres et une étendue moindre. — La version syriaque dit qu’il traite « de la délivrance du peuple de la servitude d’Égypte. » — Ce psaume, comme les deux précédents, prédit les merveilles que doit opérer le Messie en venant sur la terre. — Le commencement et la fin sont à peu près les mêmes que dans le Ps. XCV. — Les vers. 4-6 invitent tous les peuples à louer Dieu au son des instruments de musique.

1. L’ont sauvé lui-même ; littér. et par hébraïsme l’ont sauvé à lui-même (Compar. Is. LIX, 16 ; LXIII, 5) ; comparaison prise d’un guerrier qui a combattu, vaincu, terrassé, tué de sa propre main son ennemi, et qui ne doit sa victoire qu’à lui-même. Ce passage s’explique parfaitement de Jésus-Christ, qui, en ressuscitant, a vaincu l’enfer, le péché et la mort par sa propre vertu.

3. Sa vérité ; c’est-à-dire sa fidélité à tenir ses promesses.

6. Sur des trompettes, etc. Ce sont probablement des trompettes semblables à celles que Moïse fit faire dans le désert (Num. X, 2 et suiv.).

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Ps 98

*ps098

PSAUME XCVIII

(Hebr. XCIX).

Le Psalmiste exhorte tous les peuples de la terre à rendre à Dieu la gloire qui lui est due, à craindre sa justice, à garder sa loi et à invoquer en tout temps sa miséricorde. Les Pères expliquent ce psaume du règne et de la venue de Jésus-Christ : les Juifs l’entendent de leur Messie.

1 Psalmus ipsi David.

1. Psaume à David (de David) lui-même.

Dóminus regnávit : irascántur pópuli ;

Le Seigneur a établi son règne, que des peuples frémissent de colère ;

qui sedet super Cherubím : moveátur terra.

il est assis sur des chérubins, que la terre soit ébranlée.

2 Dóminus in Sion magnus,

2. Le Seigneur est grand dans Sion ;

et excélsus super omnes pópulos.

il est élevé au-dessus de tous les peuples.

3 Confiteántur nómini tuo magno,

3. Qu’ils rendent gloire à votre grand nom,

quóniam terríbile et sanctum est,

car il est terrible et saint,

4 et honor regis judícium díligit.

4. Et l’honneur d’un roi aime le jugement.

Tu parásti directiónes ;

Vous avez préparé des voies droites :

judícium et justítiam in Jacob tu fecísti.

jugement et justice dans Jacob, c’est vous qui les avez exercés.

5 Exaltáte Dóminum Deum nostrum,

5. Exaltez le Seigneur notre Dieu,

et adoráte scabéllum pedum ejus,

et adorez l’escabeau de ses pieds,

quóniam sanctum est.

car il est saint.

6 Móyses et Aaron in sacerdótibus ejus,

6. Moïse et Aaron parmi ses prêtres,

et Sámuël inter eos qui ínvocant nomen ejus :

et Samuel entre ceux qui invoquent son nom,

Invocábant Dóminum, et ipse exaudiébat eos ;

invoquaient le Seigneur, et le Seigneur les exauçait ;

7 in colúmna nubis loquebátur ad eos.

7. Du milieu d’une colonne de nuée il leur parlait.

Custodiébant testimónia ejus,

Ils gardaient ses témoignages

et præcéptum quod dedit illis.

et le précepte qu’il leur avait donné.

8 Dómine Deus noster, tu exaudiébas eos ;

8. Seigneur notre Dieu, vous les exauciez :

Deus, tu propítius fuísti eis,

ô Dieu, vous leur avez été propice,

et ulcíscens in omnes adinventiónes eórum.

mais en vous vengeant de toutes leurs inventions.

9 Exaltáte Dóminum Deum nostrum,

9. Exaltez le Seigneur notre Dieu,

et adoráte in monte sancto ejus,

et adorez-le sur sa montagne sainte ;

quóniam sanctus Dóminus Deus noster.

car il est saint, le Seigneur notre Dieu.

~

Ps. XCVIII.

 

1. * Composé probablement pour la cérémonie de la translation de l’arche à Jérusalem. C’est le 3e des psaumes qui commencent par Dominus regnavit. Le 1er, XCII, chante la gloire de Dieu ; le 2e, XCVI, les bénédictions qu’il répand sur la terre, et le 3e, XCVIII, les faveurs qu’il accorde à ceux qui le prient.

1-5. * La royauté de Dieu fait trembler les Gentils et la terre elle-même ; il faut le louer, parce qu’il est grand et saint (vers. 1-3), et (vers. 4-5) parce qu’il gouverne Israël avec équité.

1. * Que des peuples frémissent de colère, hébreu : qu’ils tremblent devant la puissance de Dieu. — Il est assis sur des chérubins, les chérubins de l’arche d’alliance, qui est comme le trône de Dieu.

4. Aime ; c’est-à-dire veut, exige. — Jugement signifie, de même qu’en hébreu, ce qui est juste, légitime, conforme au droit. — Des voies droites ; des lois et des préceptes conformes à la droiture.

5. * Refrain.

6-8. * Dieu a exaucé les saints des premiers temps (vers. 6-7) ; il faut l’adorer à leur exemple, sur Sion, la montagne sainte (vers. 8).

7. C’est du milieu, etc. Cela ne doit s’entendre que de Moïse et d’Aaron, auxquels Dieu manifestait ordinairement sa présence par une nuée qui paraissait sur la tente où était gardée l’arche d’alliance. — Les témoignages ; les ordonnances, les décrets.

8. Mais en vous vengeant ; lors même que vous les punissiez. — Inventions ; c’est-à-dire, comme porte le texte hébreu, actions ; mot qui se prend toujours en mauvaise part, dans l’Écriture, quand il s’agit des actions, des œuvres des hommes.

9. * Refrain, comme vers. 5, sauf quelques légères modifications.

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Ps 99

*ps099

PSAUME XCIX

(Hebr. C).

Le Psalmiste exhorte tous les peuples à venir louer Dieu dans son temple et à publier sa douceur, sa miséricorde et sa vérité.

1 Psalmus in confessióne.

1. Psaume de louange (ou d’action de grâces).

2 Jubiláte Deo, omnis terra ;

2. Poussez des cris d’allégresse vers Dieu, toute la terre :

servíte Dómino in lætítia.

servez le Seigneur avec joie.

Introíte in conspéctu ejus in exsultatióne.

Entrez en sa présence avec exultation.

3 Scitóte quóniam Dóminus ipse est Deus ;

3. Sachez que le Seigneur est Dieu :

ipse fecit nos, et non ipsi nos :

lui-même nous a faits, et non pas nous-mêmes ;

pópulus ejus, et oves páscuæ ejus.

Vous son peuple et les brebis de son pâturage,

4 Introíte portas ejus in confessióne ;

4. Entrez par ses portes en le louant :

átria ejus in hymnis :

dans ses parvis en chantant des hymnes ;

confitémini illi.

publiez ses louanges.

Laudáte nomen ejus, 5 quóniam suávis est Dóminus,

Louez son nom ; 5. Car il est bienveillant, le Seigneur :

in ætérnum misericórdia ejus,

sa miséricorde est éternelle,

et usque in generatiónem et generatiónem véritas ejus.

et jusqu’à toutes les générations s’étend sa vérité.

~

Ps. XCIX.

 

1. * Composé sans doute par un pieux Lévite, après la captivité, à l’époque de la dédicace du second temple.

2-3. * Invitation à louer Dieu avec joie dans son temple, parce qu’il est notre créateur et que nous sommes son troupeau.

4-5. * Il faut entrer dans les sacrés parvis en le louant et en le remerciant, parce qu’il est bon et que sa miséricorde est sans bornes.

4. Ses portes ; c’est-à-dire les portes de son tabernacle, de son temple.

5. Jusqu’à toutes les générations ; littér. jusqu’à une génération et une génération. Voy. sur ce genre de répétition les Observat. prélimin., II, 1°.

²

 

Ps 100

*ps100

PSAUME C

(Hebr. CI).

Le Psalmiste, en représentant à Dieu l’innocence avec laquelle il a gouverné son peuple, apprend à tous les princes la conduite qu’ils doivent tenir dans la conduite de leurs États, dans le choix de leurs ministres et dans l’usage de leur puissance.

1 Psalmus ipsi David.

1. Psaume à David (ou de David lui-même).

Misericórdiam et judícium cantábo tibi, Dómine ;

Je vous chanterai la miséricorde et la justice, ô Seigneur :

psallam, 2 et intélligam in via immaculáta : quando vénies ad me ?

Je les chanterai sur le psaltérion, 2. Et je m’appliquerai à comprendre une voie sans tache, quand vous viendrez vers moi.

Perambulábam in innocéntia cordis mei, in médio domus meæ.

Je marchais dans l’innocence de mon cœur, dans l’intérieur de ma maison.

3 Non proponébam ante óculos meos rem injústam ;

3. Je ne me proposais point devant les yeux de chose injuste :

faciéntes prævaricatiónes odívi ;

ceux qui commettaient des prévarications, je les ai haïs.

non adhǽsit mihi 4 cor pravum ;

Il ne s’est pas attaché à moi 4. De cœur pervers :

declinántem a me malígnum non cognoscébam.

je ne connaissais pas le méchant qui s’éloignait de moi.

5 Detrahéntem secréto próximo suo, hunc persequébar :

5. Celui qui en secret disait du mal de son prochain, je le poursuivais.

supérbo óculo, et insatiábili corde, cum hoc non edébam.

L’homme à l’œil superbe, et au cœur insatiable, je ne mangeais pas avec lui.

6 Oculi mei ad fidéles terræ, ut sédeant mecum ;

6. Mes yeux étaient sur les fidèles de la terre, afin qu’ils fussent assis près de moi :

ámbulans in via immaculáta, hic mihi ministrábat.

celui qui marchait dans une voie sans tache était celui qui me servait.

7 Non habitábit in médio domus meæ qui facit supérbiam ;

7. Il n’habitera pas dans l’intérieur de ma maison,

qui lóquitur iníqua non diréxit in conspéctu oculórum meórum.

celui qui agit avec orgueil ; celui qui dit des choses iniques n’a pas dirigé sa voie devant mes yeux.

8 In matutíno interficiébam omnes peccatóres terræ,

8. Dès le matin, je tuais tous les pécheurs de la terre,

ut dispérderem de civitáte Dómini omnes operántes iniquitátem.

afin d’exterminer de la cité de Dieu tous ceux qui opèrent l’iniquité.

~

Ps. C.

 

1-8. * Devoirs d’un roi exprimés sous forme de promesses. — Psaume composé probablement au moment où le saint roi conçut le projet de transporter l’arche de la maison d’Obédédom à Jérusalem, II Reg. VI, 11, sq. — Ce psaume est simplement composé de distiques.

1. La justice ; littér. le jugement. Voy. Ps. XCVIII, 4.

2. Je m’appliquerai, etc. En vertu d’un hébraïsme, le verbe je comprendrai (intélligam) prend la signification de je m’appliquerai à comprendre, parce qu’au lieu de gouverner l’accusatif, comme il le devrait, en sa qualité de verbe actif, il se joint à son complément voie par l’intermédiaire de la préposition dans (in). Ainsi le sens est : Je m’appliquerai à vivre dans la pureté et dans l’innocence. — Quand vous viendrez vers moi, pour m’éclairer et m’aider de votre grâce.

6. Mes yeux, etc. ; c’est-à-dire je mettais tous mes soins à n’avoir auprès de moi pour officiers et pour ministres que des hommes d’une fidélité et d’une intégrité reconnues.

7. N’a pas dirigé, etc. ; n’a pas cherché à être agréable à mes yeux.

8. Dès le matin. Les rois rendaient la justice dès le matin. Voy. Jer. XXI, 12.

²

 

101 à 110

Ps 101

*ps101

PSAUME CI

(Hebr. CII).

Ce psaume est un des sept de la pénitence. Le Psalmiste y implore le secours de Dieu avec tes sentiments de la plus vive componction et de la plus profonde humilité. Quelques Pères y voient une prière de Jésus-Christ à son Père, prière dans laquelle il lui recommande son Église.

1 Orátio páuperis, cum ánxius fúerit, et in conspéctu Dómini effúderit precem suam.

1. Oraison du pauvre. Lorsqu’il est dans l’anxiété, et qu’en présence du Seigneur il répand sa prière.

2 Dómine, exáudi oratiónem meam,

2. Seigneur, exaucez ma prière,

et clamor meus ad te véniat.

et que mon cri vienne jusqu’à vous.

3 Non avértas fáciem tuam a me :

3. Ne détournez pas votre face de moi ;

in quacúmque die tríbulor, inclína ad me aurem tuam ;

en quelque jour où je sois dans la tribulation, inclinez vers moi votre oreille.

in quacúmque die invocávero te, velóciter exáudi me.

En quelque jour où je vous invoque, exaucez-moi promptement ;

4 Quia defecérunt sicut fumus dies mei,

4. Car mes jours, comme la fumée, se sont évanouis,

et ossa mea sicut crémium aruérunt.

et mes os, comme une broutille, se sont desséchés.

5 Percússus sum ut fœnum, et áruit cor meum,

5. J’ai été frappé comme une herbe, et mon cœur s’est flétri,

quia oblítus sum comédere panem meum.

car j’ai oublié de manger mon pain.

6 A voce gémitus mei

6. À la voix de mon gémissement,

adhǽsit os meum carni meæ.

mes os se sont collés à ma peau.

7 Símilis factus sum pelicáno solitúdinis ;

7. Je suis devenu semblable au pélican du désert ;

factus sum sicut nyctícorax in domicílio.

je suis devenu comme le hibou dans sa demeure.

8 Vigilávi, et factus sum sicut passer solitárius in tecto.

8. J’ai veillé, et je suis devenu comme un passereau solitaire sur un toit.

9 Tota die exprobrábant mihi inimíci mei,

9. Durant tout le jour mes ennemis m’outrageaient,

et qui laudábant me advérsum me jurábant :

et ceux qui me louaient auparavant faisaient des imprécations contre moi.

10 quia cínerem tamquam panem manducábam,

10. Car je mangeais de la cendre comme du pain,

et potum meum cum fletu miscébam,

et que je mêlais mon breuvage avec mes pleurs,

11 a fácie iræ et indignatiónis tuæ :

11. À l’aspect de votre colère et de votre indignation,

quia élevans allisísti me.

car en m’élevant vous m’avez brisé.

12 Dies mei sicut umbra declinavérunt,

12. Mes jours, comme l’ombre, ont décliné :

et ego sicut fœnum árui.

moi, j’ai séché comme l’herbe.

13 Tu autem, Dómine, in ætérnum pérmanes,

13. Mais vous, Seigneur, vous subsistez éternellement ;

et memoriále tuum in generatiónem et generatiónem.

et votre souvenir se transmet à toutes les générations.

14 Tu exsúrgens miseréberis Sion,

14. Vous levant, vous aurez pitié de Sion ;

quia tempus miseréndi ejus, quia venit tempus :

car le temps est venu, le temps d’avoir pitié d’elle.

15 quóniam placuérunt servis tuis lápides ejus,

15. Car ses pierres ont été agréables à vos serviteurs,

et terræ ejus miserebúntur.

et à la vue de sa terre, ils seront attendris.

16 Et timébunt gentes nomen tuum, Dómine,

16. Et les nations révèreront votre nom, Seigneur,

et omnes reges terræ glóriam tuam :

et tous les rois de la terre votre gloire.

17 quia ædificávit Dóminus Sion,

17. Car le Seigneur a bâti Sion,

et vidébitur in glória sua.

et il sera vu dans sa gloire.

18 Respéxit in oratiónem humílium

18. Il a regardé sur la prière des humbles,

et non sprevit precem eórum.

et il n’a point méprisé leur demande.

19 Scribántur hæc in generatióne áltera,

19. Que ces choses soient écrites pour une autre génération,

et pópulus qui creábitur laudábit Dóminum.

et le peuple qui naitra louera le Seigneur,

20 Quia prospéxit de excélso sancto suo ;

20. Car le Seigneur a regardé son lieu saint :

Dóminus de cælo in terram aspéxit :

le Seigneur a regardé du ciel sur la terre,

21 ut audíret gémitus compeditórum ;

21. Afin d’entendre les gémissements des détenus dans les fers,

ut sólveret fílios interemptórum :

et de délivrer les fils de ceux qu’on a mis à mort,

22 ut annúntient in Sion nomen Dómini,

22. Afin qu’ils annoncent dans Sion le nom du Seigneur,

et laudem ejus in Jerúsalem :

et sa louange dans Jérusalem,

23 in conveniéndo pópulos in unum, et reges,

23. Lorsque des peuples et des rois s’assembleront

ut sérviant Dómino.

pour servir le Seigneur.

24 Respóndit ei in via virtútis suæ :

24. Il lui a dit dans le temps de sa force :

Paucitátem diérum meórum núntia mihi :

Faites-moi connaitre le petit nombre de mes jours.

25 ne révoces me in dimídio diérum meórum,

25. Ne me rappelez pas au milieu de mes jours :

in generatiónem et generatiónem anni tui.

à toutes les générations s’étendent vos années.

26 Inítio tu, Dómine, terram fundásti,

26. Au commencement, vous, Seigneur, vous avez fondé la terre,

et ópera mánuum tuárum sunt cæli.

et les cieux sont les ouvrages de vos mains.

27 Ipsi períbunt, tu autem pérmanes ;

27. Pour eux, ils périront, mais vous, vous subsistez toujours ;

et omnes sicut vestiméntum veteráscent.

et tous, comme un vêtement, ils vieilliront.

Et sicut opertórium mutábis eos, et mutabúntur ;

Et vous les changerez comme un habit dont on se couvre, et ils seront changés ;

28 tu autem idem ipse es, et anni tui non defícient.

28. Mais vous, vous êtes toujours le même, et vos années ne passeront pas.

29 Fílii servórum tuórum habitábunt,

29. Les fils de vos serviteurs auront une habitation,

et semen eórum in sǽculum dirigétur.

et leur postérité sera dirigée à jamais.

~

Ps. CI. 26. Hebr. I, 10.

 

1-29. * Ce pauvre n’est pas un individu, c’est le peuple d’Israël affligé, probablement en captivité. — Voici la suite des idées : 2-3 : Invocation à Dieu ; 4-12 : pour qu’il ait pitié de l’affliction de son peuple ; tableau de cette affliction. — 13-23 : Raisons qu’a Dieu de le secourir. — 24-29 : Contraste entre l’éternité de Dieu et la brièveté de la vie de l’homme, motif pour obtenir la prolongation de nos jours. — Ce psaume est le 5e des Psaumes de la pénitence.

6. À la voix de mon gémissement ; c’est-à-dire à cause de mon gémissement, à force de gémir. — Peau ; littér. chair, mot qui ne convient nullement ici ; car il n’y a rien d’étonnant à ce que les os tiennent à la chair. D’un autre côté, le terme arabe correspondant à l’hébreu s’emploie pour exprimer peau, épiderme, cuir, pellicule, écorce. Ainsi, le Psalmiste veut dire que, dans son extrême affliction, sa chair s’est tellement consumée, que ses os n’ont pu adhérer qu’à sa peau.

7. Par ces comparaisons et les suivantes, le Psalmiste veut dépeindre la tristesse. — * Le pélican, se nourrissant de poissons, vit au bord de la mer ou des fleuves, loin de la demeure des hommes. — Le hibou dans sa demeure, en hébreu, le hibou des mines, qui habite les ruines. Ces deux oiseaux étaient dans la loi mosaïque des animaux impurs. Lev. XI, 17, 18.

13. Toutes les générations. Voy. Ps. LXXXVIII, 2.

15. Parce que ses pierres, etc. Les ruines de Sion ont été agréables aux serviteurs de Dieu, Zorobabel, Esdras et Néhémie. Les Juifs, dit Bossuet, aimaient jusqu’aux ruines de leur patrie et du temple et en chérissaient la poussière, où ils venaient offrir leurs dons.

16. Et les nations, etc. C’est dans l’Église de Jésus-Christ que ces paroles ont eu leur parfait accomplissement.

23. Lorsque des peuples, etc. C’est après la venue de Jésus-Christ que ces prophéties ont été accomplies. Compar. le vers. 15. — * Le Psalmiste demande dans ces versets que tous les peuples chantent la gloire de son Dieu : « Il est exaucé, dit le comte de Maistre, après avoir rappelé cette prière ; parce qu’il n’a chanté que l’Éternel, ses chants participent de l’éternité ; les accents enflammés confiés aux cordes de sa lyre divine retentissent encore, après trente siècles, dans toutes les parties de l’univers. La synagogue conserva les Psaumes ; l’Église se hâta de les adopter ; la poésie de toutes les nations chrétiennes s’en est emparée, et depuis plus de trois siècles le soleil ne cesse d’éclairer quelques temples dont les voutes retentissent de ces hymnes sacrées. On les chante à Rome, à Genève, à Madrid, à Londres, à Québec, à Quito, à Moscou, à Pékin, à Botany-Bay ; on les murmure au Japon. »

24. Il a dit. C’est ici le vrai sens du verbe hébreu que la Vulgate a rendu, d’après les Septante, par il a répondu (respondit). Quant au sujet de ce verbe, c’est probablement le pauvre (pauper) mentionné dans le titre du psaume. — Lui ; c’est-à-dire au Seigneur, nommé au vers. précédent. — Dans le temps de sa force ; littér. dans la voie de sa force ; lorsqu’il était dans la vigueur, à la fleur de l’âge.

27-28. Saint Paul, dans son Épitre aux Hébreux (I, 10-12), applique les paroles de ces trois versets au Fils de Dieu.

29. Sera dirigée ; selon l’hébreu, sera fermement établie.

²

 

Ps 102

*ps102

PSAUME CII

(Hebr. CIII).

Le Psalmiste s’invite lui-même à louer le Seigneur de ses bienfaits. Il convie tous les anges et toutes les œuvres de Dieu à le bénir avec lui.

1 Ipsi David.

1. De David lui-même.

Bénedic, ánima mea, Dómino,

Bénis, ô mon âme, le Seigneur ;

et ómnia quæ intra me sunt nómini sancto ejus.

et que tout ce qui est au-dedans de moi bénisse son saint nom.

2 Bénedic, ánima mea, Dómino,

2. Bénis, ô mon âme, le Seigneur,

et noli oblivísci omnes retributiónes ejus.

et n’oublie point tous ses bienfaits.

3 Qui propitiátur ómnibus iniquitátibus tuis ;

3. Lui qui pardonne toutes tes iniquités ;

qui sanat omnes infirmitátes tuas :

guérit toutes tes infirmités.

4 qui rédimit de intéritu vitam tuam ;

4. Il rachète de la mort ta vie ;

qui corónat te in misericórdia et miseratiónibus :

te couronne de miséricorde et de bontés.

5 qui replet in bonis desidérium tuum ;

5. Il remplit de biens ton désir :

renovábitur ut áquilæ juvéntus tua :

ta jeunesse sera renouvelée comme celle de l’aigle.

6 fáciens misericórdias Dóminus,

6. Le Seigneur fait miséricorde et justice

et judícium ómnibus injúriam patiéntibus.

à tous ceux qui souffrent une injustice.

7 Notas fecit vias suas Móysi ;

7. Il a fait connaitre ses voies à Moïse,

fíliis Israël voluntátes suas.

aux enfants d’Israël ses volontés.

8 Miserátor et miséricors Dóminus :

8. Compatissant et miséricordieux est le Seigneur ;

longánimis, et multum miséricors.

lent à punir et abondamment miséricordieux.

9 Non in perpétuum irascétur,

9. Il ne sera pas toujours irrité ;

neque in ætérnum comminábitur.

et il ne menacera sans fin.

10 Non secúndum peccáta nostra fecit nobis,

10. Il ne nous a pas traités selon nos péchés ;

neque secúndum iniquitátes nostras retríbuit nobis.

et ne nous a pas rétribués selon nos iniquités.

11 Quóniam secúndum altitúdinem cæli a terra,

11. Puisque, selon la hauteur des cieux au-dessus de la terre,

corroborávit misericórdiam suam super timéntes se ;

il a renforcé sa miséricorde sur ceux qui le craignent.

12 quantum distat ortus ab occidénte,

12. Comme est distant l’orient de l’occident,

longe fecit a nobis iniquitátes nostras.

il a mis loin de nous nos iniquités.

13 Quómodo miserétur pater filiórum,

13. Comme un père s’attendrit sur ses enfants,

misértus est Dóminus timéntibus se.

le Seigneur a eu pitié de ceux qui le craignent ;

14 Quóniam ipse cognóvit figméntum nostrum ;

14. Car lui-même sait de quoi nous sommes formés.

recordátus est quóniam pulvis sumus.

Il s’est souvenu que nous sommes poussière ;

15 Homo, sicut fœnum dies ejus ;

15. Un homme, ses jours sont comme une herbe :

tamquam flos agri, sic efflorébit :

comme une fleur des champs, ainsi il fleurira.

16 quóniam spíritus pertransíbit in illo, et non subsístet,

16. Car un souffle passera sur elle, et elle ne subsistera pas :

et non cognóscet ámplius locum suum.

et on ne connaitra plus son lieu.

17 Misericórdia autem Dómini ab ætérno,

17. Mais la miséricorde du Seigneur est de l’éternité

et usque in ætérnum super timéntes eum.

et jusqu’à l’éternité sur ceux qui le craignent.

Et justítia illíus in fílios filiórum,

Et sa justice s’étend sur les fils des fils,

18 his qui servant testaméntum ejus,

18. Pour ceux qui gardent son alliance,

et mémores sunt mandatórum ipsíus ad faciéndum ea.

Et se souviennent de ses commandements, pour les accomplir.

19 Dóminus in cælo parávit sedem suam,

19. Le Seigneur dans le ciel a préparé son trône ;

et regnum ipsíus ómnibus dominábitur.

et son empire dominera sur toutes choses.

20 Benedícite Dómino, omnes ángeli ejus :

20. Bénissez le Seigneur, tous ses anges,

poténtes virtúte, faciéntes verbum illíus,

puissants en force, accomplissant sa parole,

ad audiéndam vocem sermónum ejus.

pour obéir à la voix de ses ordres.

21 Benedícite Dómino, omnes virtútes ejus ;

21. Bénissez le Seigneur, toutes ses armées célestes ;

minístri ejus, qui fácitis voluntátem ejus.

ses ministres, qui faites sa volonté.

22 Benedícite Dómino, ómnia ópera ejus :

22. Bénissez le Seigneur, tous ses ouvrages,

in omni loco dominatiónis ejus,

dans tous les lieux de sa domination :

bénedic, ánima mea, Dómino.

bénis, ô mon âme, le Seigneur.

~

Ps. CII. 8. Ex. XXXIV, 6 ; Num. XIV, 18.

 

1-22. * « Ce psaume, l’un des plus beaux de David, est le cantique des miséricordes du Seigneur. Elles n’ont jamais été célébrées d’un ton plus sublime, et jamais le sublime n’a été plus touchant. » (La Harpe.) — La suite des pensées est la suivante : — 1-5 : Exhortation à louer et remercier Dieu à cause des bienfaits personnels que nous en avons reçus ; — 6-9 : à cause du soin qu’il prend des opprimés comme il l’a fait pour les Hébreux au temps de Moïse ; — 10-14 : à cause du pardon qu’il accorde aux pécheurs ; — 15-18 : à cause de sa bonté qui s’étend d’âge en âge et n’est pas passagère comme notre vie. — 19-22 : Que le ciel et la terre louent donc le Seigneur !

5. Ta jeunesse, etc. L’aigle, comme les autres oiseaux, rajeunit, en quittant tous les ans ses plumes pendant la mue, et en reprenant ensuite de nouvelles. Et si le Psalmiste a choisi l’aigle, pour en faire l’objet de sa comparaison, c’est, sans doute, à cause de sa force, de sa grandeur et de sa vivacité, qui en font le roi des oiseaux.

11. Selon la hauteur, etc. ; c’est-à-dire autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant Dieu, etc.

15. Ses jours, etc. Compar. Ps. LXXXIX, 6 ; Job. XIV, 2.

16. On ne reconnaitra, etc. ; littér. et par hébraïsme il ne reconnaitra. Dans le style hébraïque, en effet, la troisième personne singulière de la voix active tient lieu de la forme impersonnelle. — Son lieu ; c’est-à-dire le lieu qu’elle occupait.

22. Dans ce verset, nous avons cru devoir nous conformer à la ponctuation du texte hébreu et des Septante, parce qu’elle présente un sens plus conforme au contexte que celle de la Vulgate.

²

 

Ps 103

*ps103

PSAUME CIII

(Hebr. CIV).

Le Psalmiste loue le Seigneur à la vue de sa grandeur, de sa sagesse et de sa puissance qui éclate dans ses ouvrages.

1 Ipsi David.

1. De David lui-même.

Bénedic, ánima mea, Dómino :

Bénis, ô mon âme, le Seigneur :

Dómine Deus meus, magnificátus es veheménter.

Seigneur mon Dieu, votre magnificence a paru avec grand éclat.

Confessiónem et decórem induísti,

Vous avez revêtu la louange et l’honneur ;

2 amíctus lúmine sicut vestiménto.

2. Couvert de lumière comme d’un vêtement ;

Exténdens cælum sicut pellem,

Étendant le ciel comme une tente ;

3 qui tegis aquis superióra ejus :

3. Vous qui couvrez d’eaux sa partie la plus élevée,

qui ponis nubem ascénsum tuum ;

qui montez sur un nuage,

qui ámbulas super pennas ventórum :

qui marchez sur les ailes des vents ;

4 qui facis ángelos tuos spíritus,

4. Qui faites de vos anges des vents,

et minístros tuos ignem uréntem.

et de vos ministres un feu brulant ;

5 Qui fundásti terram super stabilitátem suam :

5. Qui avez fondé la terre sur sa base :

non inclinábitur in sǽculum sǽculi.

elle ne sera pas ébranlée dans les siècles des siècles.

6 Abýssus sicut vestiméntum amíctus ejus ;

6. L’abime, comme un vêtement, l’enveloppe ;

super montes stabunt aquæ.

des eaux s’élèveront au-dessus des montagnes.

7 Ab increpatióne tua fúgient ;

7. À votre réprimande elles s’enfuiront ;

a voce tonítrui tui formidábunt.

à la voix de votre tonnerre, elles seront saisies d’une forte crainte.

8 Ascéndunt montes, et descéndunt campi,

8. Des montagnes s’élèvent, et des champs s’abaissent

in locum quem fundásti eis.

dans le lieu que vous leur avez fixé.

9 Términum posuísti quem non transgrediéntur,

9. Vous avez posé aux eaux un terme qu’elles ne dépasseront pas,

neque converténtur operíre terram.

et elles ne reviendront pas couvrir la terre.

10 Qui emíttis fontes in convállibus ;

10. Vous lâchez des fontaines dans les vallons :

inter médium móntium pertransíbunt aquæ.

au milieu des montagnes traverseront les eaux.

11 Potábunt omnes béstiæ agri ;

11. Toutes les bêtes de la campagne s’abreuveront ;

expectábunt ónagri in siti sua.

les onagres soupireront après elles dans leur soif.

12 Super ea vólucres cæli habitábunt ;

12. Au-dessus les oiseaux du ciel habiteront :

de médio petrárum dabunt voces.

du milieu des rochers ils feront entendre leurs voix.

13 Rigans montes de superióribus suis ;

13. Vous arrosez les montagnes avec les eaux supérieures du ciel :

de fructu óperum tuórum satiábitur terra :

du fruit de vos ouvrages la terre sera rassasiée ;

14 prodúcens fœnum juméntis,

14. Vous produisez du foin pour les bêtes,

et herbam servitúti hóminum,

et de l’herbe à l’usage des hommes,

ut edúcas panem de terra,

Afin que vous fassiez sortir du pain de la terre,

15 et vinum lætíficet cor hóminis :

15. Et que le vin réjouisse le cœur de l’homme :

ut exhílaret fáciem in óleo,

Afin qu’il égaie son visage avec l’huile,

et panis cor hóminis confírmet.

et que le pain fortifie le cœur de l’homme.

16 Saturabúntur ligna campi,

16. Ils seront abondamment nourris,

et cedri Líbani quas plantávit :

les arbres de la campagne et les cèdres du Liban qu’il a plantés ;

17 illic pásseres nidificábunt :

17. Là des passereaux nicheront.

heródii domus dux est eórum.

Le nid du héron est le premier de tous ;

18 Montes excélsi cervis ;

18. De hautes montagnes servent de retraite aux cerfs ;

petra refúgium herináciis.

un rocher, de refuge aux hérissons.

19 Fecit lunam in témpora ;

19. Il a fait la lune pour marquer les temps ;

sol cognóvit occásum suum.

le soleil a connu son coucher.

20 Posuísti ténebras, et facta est nox ;

20. Vous avez établi des ténèbres, et la nuit a été faite :

in ipsa pertransíbunt omnes béstiæ silvæ :

c’est durant la nuit que feront leurs courses toutes les bêtes de la forêt.

21 cátuli leónum rugiéntes ut rápiant,

21. Les petits des lions rugiront, cherchant une proie,

et quærant a Deo escam sibi.

et demandant à Dieu leur pâture.

22 Ortus est sol, et congregáti sunt,

22. Le soleil s’est levé, et ils se sont rassemblés ;

et in cubílibus suis collocabúntur.

et ils se retireront dans leurs tanières.

23 Exíbit homo ad opus suum,

23. Alors l’homme sortira pour son ouvrage,

et ad operatiónem suam usque ad vésperum.

et pour son travail jusqu’au soir.

24 Quam magnificáta sunt ópera tua, Dómine !

24. Combien magnifiques sont vos œuvres, Seigneur !

ómnia in sapiéntia fecísti ;

Vous avez fait toutes choses avec sagesse :

impléta est terra possessióne tua.

la terre est remplie de vos biens.

25 Hoc mare magnum et spatiósum mánibus ;

25. Cette mer est grande et spacieuse des deux côtés ;

illic reptília quorum non est númerus :

là sont des reptiles sans nombre ;

animália pusílla cum magnis.

Des animaux petits avec des grands ;

26 Illic naves pertransíbunt ;

26. Là des navires traverseront.

draco iste quem formásti ad illudéndum ei.

est ce dragon, que vous avez formé pour s’y jouer :

27 Omnia a te expéctant

27. Tous attendent de vous que vous leur donniez

ut des illis escam in témpore.

la nourriture au temps voulu.

28 Dante te illis, cólligent ;

28. Vous leur donnant, ils recueilleront :

aperiénte te manum tuam, ómnia implebúntur bonitáte.

vous ouvrant votre main, tous seront remplis de vos biens.

29 Averténte autem te fáciem, turbabúntur ;

29. Mais, vous détournant votre face, ils seront troublés :

áuferes spíritum eórum, et defícient,

vous leur ôterez le souffle,

et in púlverem suum reverténtur.

et ils périront et retourneront dans leur poussière.

30 Emíttes spíritum tuum, et creabúntur,

30. Vous enverrez votre esprit, et ils seront créés ;

et renovábis fáciem terræ.

et vous renouvèlerez la face de la terre.

31 Sit glória Dómini in sǽculum ;

31. Soit la gloire du Seigneur à jamais célébrée :

lætábitur Dóminus in opéribus suis.

le Seigneur se réjouira dans ses œuvres ;

32 Qui réspicit terram, et facit eam trémere ;

32. Lui qui regarde la terre et la fait trembler ;

qui tangit montes, et fúmigant.

qui touche les montagnes, et elles fument.

33 Cantábo Dómino in vita mea ;

33. Je chanterai le Seigneur pendant ma vie :

psallam Deo meo quámdiu sum.

je jouerai du psaltérion en l’honneur de mon Dieu, tant que j’existerai.

34 Jucúndum sit ei elóquium meum ;

34. Qu’agréable lui soit ma parole :

ego vero delectábor in Dómino.

moi, je mettrai mes délices dans le Seigneur.

35 Defíciant peccatóres a terra,

35. Que les pécheurs disparaissent de la terre,

et iníqui, ita ut non sint.

ainsi que les hommes iniques, en sorte qu’ils ne soient plus :

Bénedic, ánima mea, Dómino.

bénis, mon âme, le Seigneur.

~

Ps. CIII. 4. Hebr. I, 7. — 30. Matth. XXVII, 50. — 33. Infra. CXLV, 2.

 

1. * Ce psaume contient, des œuvres du Créateur, une magnifique description qui rappelle le premier chapitre de la Genèse, et une exhortation à louer l’auteur de ces merveilles. — « Qu’il nous soit permis d’indiquer dans les hymnes que [renferme] le livre des Psaumes, une de celles que nous regardons comme les modèles parfaits de ces sortes de compositions : c’est le Ps. CIII, que l’on pourrait appeler l’hymne de la création. Qu’on le lise ; qu’on lise ensuite tout ce qui a été écrit de plus estimé sur cette matière si souvent traitée, en prose et en vers, depuis Hésiode jusqu’à Ovide, depuis Cicéron et Pline jusqu’à Buffon, et nous ne craignons pas qu’on puisse ensuite en citer qui soit du ton et de la hauteur de ce psaume. » (Gatien Arnoult.) — « Les tableaux répandus dans la Bible, dit Chateaubriand, peuvent servir à prouver doublement que la poésie descriptive est née, parmi nous, du Christianisme. Job, les Prophètes, l’Ecclésiaste, et surtout les Psaumes, sont remplis de descriptions magnifiques. Le Ps. Bénedic, anima mea, est un chef-d’œuvre dans ce genre… Horace et Pindare sont restés bien loin de cette poésie. » — « On peut dire, écrit Alexandre de Humboldt, que le 103e psaume est à lui seul une esquisse du monde. « Le Seigneur, revêtu de lumière, a étendu le ciel comme un tapis. Il a fondé la terre sur sa propre solidité, en sorte qu’elle ne vacillât pas dans toute la durée des siècles. Les eaux coulent du haut des montagnes dans les vallons, aux lieux qui leur ont été assignés, afin que jamais elles ne passent les bornes prescrites, mais qu’elles abreuvent tous les animaux des champs. Les oiseaux du ciel chantent sous le feuillage. Les arbres de l’Éternel, les cèdres, que Dieu lui-même a plantés, se dressent pleins de sève. Les oiseaux y font leur nid, et l’autour bâtit son habitation sur les sapins. » Dans le même psaume est décrite la mer « où s’agite la vie d’êtres sans nombre. Là passent les vaisseaux et se meuvent les monstres que tu as créés, ô Dieu, pour qu’ils s’y jouent librement. » L’ensemencement des champs, la culture de la vigne qui réjouit le cœur de l’homme, celle de l’olivier, y ont aussi trouvé place. Les corps célestes complètent ce tableau de la nature. « Le Seigneur a créé la lune pour mesurer le temps, et le soleil connait le terme de sa course. Il fait nuit : les animaux se répandent sur la terre, les lionceaux rugissent après leur proie et demandent leur nourriture à Dieu. Le soleil parait : ils se rassemblent et se réfugient dans leurs cavernes, tandis que l’homme se rend à son travail et fait sa journée jusqu’au soir. » On est surpris, dans un poème lyrique aussi court, de voir le monde entier, la terre et le ciel, peints en si grands traits : à la vie confuse des éléments est opposée l’existence calme et laborieuse de l’homme, depuis le lever du soleil jusqu’au moment où le soir met fin à ses travaux. Ce contraste, ces vues générales sur l’action réciproque des phénomènes, ce retour à la puissance invisible et présente qui peut rajeunir la terre ou la réduire en poudre, tout est empreint d’un caractère sublime. »

1-4. * Éloge de l’œuvre du premier et du second jours de la création.

1. Louange ; c’est ici le vrai sens du mot confessionem de la Vulgate, ainsi que du terme correspondant des Septante : l’hébreu porte majesté.

2. Couvert de lumière. Voy. I Tim. VI, 16. — Tente ; littér. peau. Chez les Hébreux, la tente ne se composait, dans l’origine, que de peaux de bêtes que l’on étendait sur des perches fortement fixées en terre, pour que la tente pût résister à la violence du vent.

3. Sa partie ; c’est-à-dire la partie du ciel, exprimée dans le vers. précédent. Le Psalmiste fait ici allusion à ce qui est dit, Gen. I, 7.

4. Qui faites, etc. ; qui donnez à vos anges la rapidité des vents et à vos ministres l’ardeur des flammes.

5-9. * Formation de la terre.

6. * L’abime, la mer. Description de l’état de la terre avant que les eaux et l’aride ou la terre ferme fussent séparées.

10-14a. Production des sources, des animaux et des plantes.

11. L’onagre, demeurant dans les déserts les plus reculés, et par conséquent plus exposé à souffrir la soif qu’aucun autre animal moins sauvage.

13. Avec les eaux supérieures du ciel ; littér. avec ses eaux supérieures ; or le pronom ses (suis) se rapporte à ciel, qui est exprimé au verset précédent. Compar. le vers. 3.

14b-18. * Les trois principales productions nourricières (céréales, vin et huile) ; les pluies qui fécondent la terre et les animaux qui habitent les montagnes.

14. De l’herbe (herbam), l’hébreu signifie légume, plante nourrissante.

15. Avec l’huile. Les anciens croyaient que les onctions d’huile faites sur le corps étaient presque aussi nécessaires que la nourriture.

17. Le nid ; littér. la maison. — Et le premier de tous. Le héron niche plus tôt que tous les autres oiseaux ; et il fait son nid sur les plus hauts arbres. — * L’hébreu porte au lieu de : le nid du héron est le premier de tous, « les cyprès sont la maison (ou la demeure) de la cigogne. »

19-23. * Les astres.

19. Il a fait la lune, etc. Ce sont, en effet, les différentes phases de la lune qui ont fourni aux premiers hommes l’occasion de déterminer les mois et les années. Compar. Eccli. XLIII, 6.

24-26. * Les habitants des mers.

25. Des deux côtés ; c’est-à-dire par sa longueur et sa largeur. Le terme hébreu que la Vulgate a rendu par mains (manibus) signifie aussi côtés ; et comme il est ici au duel, il ne peut avoir d’autre sens que celui que nous lui avons donné dans notre traduction. — Reptiles ; c’est-à-dire poissons. Compar. Gen. I, 20.

26. * Ce dragon, en hébreu, Leviathan, mot qui désigne ordinairement le crocodile, mais qui signifie ici un grand cétacé.

27-30. * Dieu donne la nourriture et la vie.

31-35a. * Gloire à Dieu pour toutes ses merveilles.

32. Qui touche les montagnes, etc. Compar. Ex. XIX, 18.

35. * Bénis, mon âme, le Seigneur. Ces paroles sont la répétition du refrain initial, vers. 1.

²

 

Ps 104

*ps104

PSAUME CIV

(Hebr. CV).

Ce psaume contient des actions de grâces pour tous les bienfaits du Seigneur envers son peuple, et le récit de ses bienfaits depuis la vocation d’Abraham jusqu’à l’entrée des Hébreux dans la terre promise.

1 Allelúia.

1. Alléluia.

Confitémini Dómino, et invocáte nomen ejus ;

Louez le Seigneur, et invoquez son nom :

annuntiáte inter gentes ópera ejus.

annoncez, parmi les nations, ses œuvres.

2 Cantáte ei, et psállite ei ;

2. Chantez-le, et jouez du psaltérion en son honneur :

narráte ómnia mirabília ejus.

racontez toutes ses merveilles.

3 Laudámini in nómine sancto ejus ;

3. Glorifiez-vous en son nom saint :

lætétur cor quæréntium Dóminum.

qu’il se réjouisse, le cœur de ceux qui cherchent le Seigneur.

4 Quǽrite Dóminum, et confirmámini ;

4. Cherchez le Seigneur et vous serez fortifiés :

quǽrite fáciem ejus semper.

cherchez sa face sans cesse.

5 Mementóte mirabílium ejus quæ fecit ;

5. Souvenez-vous de ses merveilles qu’il a faites ;

prodígia ejus, et judícia oris ejus :

de ses prodiges, et des jugements de sa bouche,

6 semen Abraham servi ejus ;

6. Postérité d’Abraham, ses serviteurs,

fílii Jacob elécti ejus.

enfants de Jacob, ses élus.

7 Ipse Dóminus Deus noster ;

7. Lui-même est le Seigneur notre Dieu :

in univérsa terra judícia ejus.

sur toute la terre s’exercent ses jugements.

8 Memor fuit in sǽculum testaménti sui ;

8. Il s’est toujours souvenu de son alliance ;

verbi quod mandávit in mille generatiónes :

de la parole qu’il a prescrite pour mille générations ;

9 quod dispósuit ad Abraham,

9. Qu’il a donnée à Abraham ;

et juraménti sui ad Isaac :

de son serment à Isaac ;

10 et státuit illud Jacob in præcéptum,

10. Et il a établi ce serment avec Jacob en précepte,

et Israël in testaméntum ætérnum,

et avec Israël en alliance éternelle,

11 dicens : Tibi dabo terram Chánaan,

11. Disant : Je te donnerai la terre de Chanaan

funículum hæreditátis vestræ :

pour cordeau de votre héritage.

12 cum essent número brevi,

12. Lorsqu’ils étaient un petit nombre,

paucíssimi, et íncolæ ejus.

très peu nombreux, et étrangers dans cette terre ;

13 Et pertransiérunt de gente in gentem,

13. Et ils passèrent de nation en nation,

et de regno ad pópulum álterum.

et d’un royaume à un autre peuple ;

14 Non relíquit hóminem nocére eis :

14. Il ne permit pas qu’aucun homme leur fit du mal,

et corrípuit pro eis reges.

il châtia même les rois à cause d’eux.

15 Nolíte tángere christos meos,

15. Ne touchez pas à mes oints,

et in prophétis meis nolíte malignári.

et ne maltraitez pas mes prophètes.

16 Et vocávit famem super terram,

16. Et il appela la famine sur la terre,

et omne firmaméntum panis contrívit.

et il brisa tout soutien de pain.

17 Misit ante eos virum :

17. Il envoya devant eux un homme :

in servum venúndatus est, Joseph.

Joseph qui fut vendu comme esclave.

18 Humiliavérunt in compédibus pedes ejus ;

18. On humilia ses pieds dans des entraves ;

ferrum pertránsiit ánimam ejus :

un fer transperça son âme,

19 donec veníret verbum ejus.

19. Jusqu’à ce que s’accomplît sa parole.

Elóquium Dómini inflammávit eum.

La parole du Seigneur l’enflamma ;

20 Misit rex, et solvit eum ;

20. Le roi envoya et le délia :

princeps populórum, et dimísit eum.

le prince des peuples envoya, et le mit en liberté.

21 Constítuit eum dóminum domus suæ,

21. Il l’établit maitre de sa maison,

et príncipem omnis possessiónis suæ :

et prince de toutes ses possessions ;

22 ut erudíret príncipes ejus sicut semetípsum,

22. Afin qu’il instruisît ses princes comme lui-même,

et senes ejus prudéntiam docéret.

et qu’il enseignât la sagesse à ses vieillards.

23 Et intrávit Israël in Ægýptum,

23. Et Israël entra en Égypte,

et Jacob áccola fuit in terra Cham.

et Jacob habita comme étranger dans la terre de Cham.

24 Et auxit pópulum suum veheménter,

24. Et Dieu y multiplia son peuple prodigieusement,

et firmávit eum super inimícos ejus.

et le rendit plus puissant que ses ennemis.

25 Convértit cor eórum, ut odírent pópulum ejus,

25. Il changea leur cœur, afin qu’ils haïssent son peuple,

et dolum fácerent in servos ejus.

et qu’ils employassent la fraude contre ses serviteurs.

26 Misit Móysen servum suum ;

26. Il envoya Moïse son serviteur,

Aaron quem elégit ipsum.

et Aaron qu’il choisit aussi.

27 Pósuit in eis verba signórum suórum,

27. Il leur donna l’ordre de faire des signes

et prodigiórum in terra Cham.

et des prodiges dans la terre de Cham.

28 Misit ténebras, et obscurávit ;

28. Il envoya des ténèbres, et répandit l’obscurité ;

et non exacerbávit sermónes suos.

et il ne rétracta pas ses paroles.

29 Convértit aquas eórum in sánguinem,

29. Il changea leurs eaux en sang,

et occídit pisces eórum.

et fit mourir leurs poissons.

30 Edidit terra eórum ranas

30. Leur terre produisit des grenouilles,

in penetrálibus regum ipsórum.

qui pénétrèrent dans les appartements de leurs rois.

31 Dixit, et venit cœnomýia et cíniphes

31. Il dit, et il vint des myriades de mouches, et des moucherons

in ómnibus fínibus eórum.

dans tout leur pays.

32 Pósuit plúvias eórum grándinem :

32. Il changea leurs pluies en grêle,

ignem comburéntem in terra ipsórum.

et envoya un feu qui brulait dans leur terre.

33 Et percússit víneas eórum, et ficúlneas eórum,

33. Et il frappa leurs vignes et leurs figuiers,

et contrívit lignum fínium eórum.

et brisa les arbres de leur pays.

34 Dixit, et venit locústa,

34. Il dit, et vint la sauterelle,

et bruchus cujus non erat númerus :

et la chenille qui était sans nombre ;

35 et comédit omne fœnum in terra eórum,

35. Et elle mangea toute l’herbe dans leur terre,

et comédit omnem fructum terræ eórum.

et elle mangea tout le fruit de leur terre.

36 Et percússit omne primogénitum in terra eórum,

36. Et il frappa tout premier-né dans leur terre,

primítias omnis labóris eórum.

et les prémices de tout leur travail.

37 Et edúxit eos cum argénto et auro,

37. Et il les fit sortir avec de l’or et de l’argent :

et non erat in tríbubus eórum infírmus.

et il n’y avait pas dans leurs tribus un seul malade.

38 Lætáta est Ægýptus in profectióne eórum,

38. L’Égypte se réjouit à leur départ,

quia incúbuit timor eórum super eos.

car la crainte qu’elle avait d’eux fondit sur elle.

39 Expándit nubem in protectiónem eórum,

39. Il étendit une nuée pour les couvrir,

et ignem ut lucéret eis per noctem.

et un feu pour les éclairer pendant la nuit.

40 Petiérunt, et venit cotúrnix,

40. Ils demandèrent, et la caille vint ;

et pane cæli saturávit eos.

et du pain du ciel il les rassasia.

41 Dirúpit petram, et fluxérunt aquæ :

41. Il fendit un rocher, et des eaux coulèrent :

abiérunt in sicco flúmina.

et dans un lieu sec se répandirent des fleuves ;

42 Quóniam memor fuit verbi sancti sui,

42. Car il se souvint de sa parole sainte

quod hábuit ad Abraham púerum suum.

qu’il a donnée à Abraham, son serviteur.

43 Et edúxit pópulum suum in exsultatióne,

43. Et il fit sortir son peuple dans l’exultation,

et eléctos suos in lætítia.

et ses élus dans l’allégresse.

44 Et dedit illis regiónes géntium,

44. Et il leur donna les contrées des nations,

et labóres populórum possedérunt :

et ils possédèrent les travaux des peuples ;

45 ut custódiant justificatiónes ejus,

45. Afin qu’ils gardent ses ordonnances,

et legem ejus requírant.

et qu’ils recherchent sa loi.

~

Ps. CIV. 1. I Par. XVI, 8 ; Is. XII, 4. — 9. Gen. XXII, 16. — 15. II Reg. I, 14 ; I Par. XVI, 22. — 17. Gen. XXXVII, 36. — 18. Gen. XXXIX, 20 ; Luc. II, 35. — 20. Gen. XLI, 14. — 23. Gen. XLVI, 6. — 24. Ex. I, 7 ; Act. VII, 17. — 26. Ex. III, 10 ; IV, 29. — 27. Ex. VII, 10. — 28. Ex. X, 21. — 29. Ex. VII, 20. — 30. Ex. VIII, 6. — 31. Ex. VIII, 16, 24. — 34. Ex. X, 12. — 36. Ex. XII, 29. — 37. Ex. XII, 35. — 39. Ex. XIII, 21 ; Ps. LXXVII, 14 ; I Cor. X, 1. — 40. Ex. XVI, 13. — 41. Num. XX, 11. — 42. Gen. XVII, 7.

 

1. * Ce psaume, composé par David, fut chanté à la fête de la translation de l’arche à Jérusalem, I Par. XVI, 7. Ce chapitre des Paralipomènes reproduit les quinze premiers versets, I Par. XVI, 8-22 ; il les fait suivre sans interruption du Ps. XCVI, 1, et CV, 47-48. Le Ps. CIV résume l’histoire d’Israël et fait ressortir la Providence de Dieu sur son peuple. Cf. Ps. LXXVII et CV. — La versification est régulière, mais ce psaume est sans grande élévation poétique.

4. # Et vous serez fortifiés ; littér. et par hébraïsme : et soyez fortifiés.

5. Prodiges et jugements sont des compléments du verbe souvenez-vous, quoiqu’ils ne soient pas au génitif, comme ils y sont dans le passage parallèle (I Par. XVI, 12), parce que, comme nous l’avons déjà fait observer, dans la Vulgate, les cas se mettent l’un pour l’autre, sans égard pour la concordance latine. La même anomalie se trouve ici dans les Septante. — Les jugements de sa bouche ; c’est-à-dire exécutés par ses ordres, ou prédits auparavant. Compar. Gen. XV, 14 ; Ex. III, 20.

6. Ses serviteurs ; c’est-à-dire les serviteurs du Seigneur. Ainsi portent les Septante, en entendant par serviteurs les descendants d’Abraham ; l’hébreu lit son serviteur, en faisant de ce mot un qualificatif d’Abraham. Dans le passage parallèle (I Par. XVI, 13), les Septante mettent ses enfants (les enfants du Seigneur), mais l’hébreu met, son serviteur. — Ses élus ; c’est-à-dire les élus du Seigneur, selon l’hébreu et les Septante, ici et dans l’endroit parallèle des Paralipomènes. Quant à la Vulgate, elle est partout amphibologique, les mots servi et elécti pouvant être au génitif singulier aussi bien qu’au nominatif vocatif pluriel.

9. * Pour l’explication des allusions historiques contenues dans ce psaume, voir les passages auxquels renvoient les notes indiquant les références du texte sacré.

11. Pour cordeau. Voy. Ps. LXXVII, 54.

16. Il brisa, etc. Briser le soutien ou le bâton du pain, signifiait chez les Hébreux ôter tout moyen de subsistance. Voy., sur cette locution, Lev. XXVI, 26.

18. Un fer, etc. Compar. Luc. II, 35. — Vînt ; s’accomplît. — Sa parole, la prédiction qu’il avait faite à l’échanson et au panetier de Pharaon (Gen. XL, 22-23). Cette prédiction, en faisant connaitre Joseph pour vrai prophète, fut la cause de sa mise en liberté et de son élévation.

19. La parole du Seigneur l’enflamma ; il reçut alors l’esprit de prophétie. La parole de Dieu est souvent comparée dans l’Écriture à un feu ardent.

22. Ses princes, ses vieillards ; c’est-à-dire les princes et les anciens ou sages de sa cour, ses conseillers.

23. La terre de Cham ; c’est l’Égypte, ainsi nommée, parce que Cham, fils de Noé, y demeura, et que Mesraïm, second fils de Cham, la peupla. — * Un des noms donnés par les anciens Égyptiens à leur pays est Chemi.

25. Il changea, etc. Voy. pour le vrai sens de ce verset, Ex. IV, 21.

27. L’ordre. Le terme hébreu rendu dans la Vulgate par paroles, et dans les Septante par discours, signifie souvent commandement, ordre. — Signes ; c’est-à-dire miracles. Le grec répète le pronom ses devant le mot prodiges. — La terre de Cham. Voy. le vers. 23.

28. Et il ne rétracta pas ; littér. il n’irrita pas, il n’aigrit pas. Le sens le plus simple et le plus naturel de cette seconde partie du verset, tel qu’il se lit dans la Vulgate, est, selon nous, que Dieu accomplit exactement tout ce qu’il avait dit à Moïse au sujet des plaies dont il devait frapper Pharaon et l’Égypte.

31. * Il vint des myriades de mouches et des moucherons. Parmi ces insectes, il faut ranger surtout les moustiques. Ceux-là seuls qui ont habité l’Orient, l’Égypte et la Palestine peuvent se faire une idée de cette plaie. Un médecin en fait la description suivante : « Le moustique est un animal bien petit, mais bien rusé et bien avide de votre sang… Il bourdonne et vous pique ; il vous enfonce son aiguillon, et s’il y a plusieurs moustiques à la fois qui vous perforent, vous êtes en feu et votre corps est criblé de milliers de boutons, sièges brulants de démangeaisons intolérables… Les moustiques sont des insectes plus dangereux et plus répandus qu’on ne le croit généralement. Le chancelier du consul général de France à Jérusalem, qui avait résidé à Zanzibar, nous a dit qu’une des régions de cette côte torride est absolument inhabitable par le fait des moustiques ; les ouvriers, pour travailler, sont obligés d’avoir tout le corps enduit d’une épaisse couche de mortier, qu’ils doivent renouveler plusieurs fois par jour ; quant aux chevaux, ânes et mulets, ils endurent de telles souffrances, qu’ils en perdent l’appétit et le sommeil ; ils ne peuvent ni manger ni dormir, ils maigrissent et meurent de consomption, au bout d’un mois de séjour sur cette côte inhospitalière. » E. Guibout, Jérusalem, Le Caire, Damas, 1889, p. 186.

34-35. Qui était sans nombre… Elle mangea. Ces verbes qui, étant au singulier, ne concordent grammaticalement qu’avec le dernier substantif chenille, ont cependant aussi pour sujet le nom précédent sauterelle. Ce genre de construction n’est pas étranger au style de la Bible.

37. Il les fit sortir. Le pronom tes tient la place du mot Hébreux ou Israélites, désignés au vers. 24-25 sous le nom de son peuple. — Avec de l’or et de l’argent. Compar. Ex. XI, 2 ; XII, 35-36.

²

 

Ps 105

*ps105

PSAUME CV

(Hebr. CVI).

Le Psalmiste fait voir la patience avec laquelle Dieu a souffert les infidélités de son peuple et les divers châtiments dont il s’est servi pour le ramener à lui.

1 Allelúia.

Alléluia.

Confitémini Dómino, quóniam bonus,

1. Louez le Seigneur, car il est bon,

quóniam in sǽculum misericórdia ejus.

car à jamais est sa miséricorde.

2 Quis loquétur poténtias Dómini ;

2. Qui dira les puissances du Seigneur,

audítas fáciet omnes laudes ejus ?

et fera entendre toutes ses louanges ?

3 Beáti qui custódiunt judícium,

3. Bienheureux ceux qui gardent l’équité,

et fáciunt justítiam in omni témpore.

et qui pratiquent la justice en tout temps.

4 Meménto nostri, Dómine, in beneplácito pópuli tui ;

4. Souvenez-vous de nous, Seigneur, dans votre bienveillance pour votre peuple ;

vísita nos in salutári tuo :

visitez-nous pour nous sauver ;

5 ad vidéndum in bonitáte electórum tuórum ;

5. Pour que nous voyions avec joie les biens de vos élus,

ad lætándum in lætítia gentis tuæ :

que nous nous réjouissions dans la joie de votre nation,

ut laudéris cum hæreditáte tua.

afin que vous soyez loué avec votre héritage.

6 Peccávimus cum pátribus nostris :

6. Nous avons péché avec nos pères ;

injúste égimus ; iniquitátem fécimus.

nous avons injustement agi, nous avons commis l’iniquité.

7 Patres nostri in Ægýpto non intellexérunt mirabília tua ;

7. Nos pères en Égypte ne comprirent point vos merveilles,

non fúerunt mémores multitúdinis misericórdiæ tuæ.

ils ne se souvinrent pas de la grandeur de votre miséricorde.

Et irritavérunt ascendéntes in mare, mare Rubrum ;

Et ils vous irritèrent, lorsqu’ils montaient vers la mer, la mer Rouge.

8 et salvávit eos propter nomen suum,

8. Mais il les sauva à cause de son nom,

ut notam fáceret poténtiam suam.

afin de faire connaitre sa puissance.

9 Et incrépuit mare Rubrum et exsiccátum est,

9. Il réprimanda la mer Rouge, et elle fut desséchée,

et dedúxit eos in abýssis sicut in desérto.

et il les conduisit dans des abimes, comme dans un désert.

10 Et salvávit eos de manu odiéntium,

10. Il les sauva de la main de ceux qui les haïssaient,

et redémit eos de manu inimíci.

et il les racheta de la main d’un ennemi.

11 Et opéruit aqua tribulántes eos ;

11. Et l’eau couvrit ceux qui les tourmentaient,

unus ex eis non remánsit.

et il ne resta pas un seul d’entre eux.

12 Et credidérunt verbis ejus,

12. Alors ils crurent à ses paroles,

et laudavérunt laudem ejus.

et chantèrent ses louanges.

13 Cito fecérunt ; oblíti sunt óperum ejus :

13. Bientôt ils oublièrent ses œuvres,

et non sustinuérunt consílium ejus.

et n’attendirent pas l’accomplissement de ses desseins.

14 Et concupiérunt concupiscéntiam in desérto,

14. Mais ils conçurent un désir violent dans le désert,

et tentavérunt Deum in inaquóso.

et ils tentèrent Dieu dans un lieu sans eau.

15 Et dedit eis petitiónem ipsórum,

15. Il leur accorda leur demande,

et misit saturitátem in ánimas eórum.

il leur envoya le rassasiement de leurs âmes.

16 Et irritavérunt Móysen in castris ;

16. Et ils irritèrent, dans le camp,

Aaron, sanctum Dómini.

Moïse et Aaron, le saint du Seigneur.

17 Apérta est terra, et deglutívit Dathán,

17. La terre s’ouvrit et engloutit

et opéruit super congregatiónem Abiron.

Dathan ; et elle couvrit la troupe d’Abiron.

18 Et exársit ignis in synagóga eórum :

18. Un feu s’alluma au milieu de leur assemblée :

flamma combússit peccatóres.

une flamme brula entièrement ces pécheurs.

19 Et fecérunt vítulum in Horeb,

19. Et ils firent un veau à Horeb,

et adoravérunt scúlptile.

et adorèrent une image taillée au ciseau.

20 Et mutavérunt glóriam suam

20. Ils changèrent ainsi leur gloire

in similitúdinem vítuli comedéntis fœnum.

contre la ressemblance d’un veau qui mange de l’herbe.

21 Oblíti sunt Deum qui salvávit eos ;

21. Ils oublièrent le Dieu qui les avait sauvés,

qui fecit magnália in Ægýpto,

qui avait fait de grandes choses en Égypte,

22 mirabília in terra Cham,

22. Des choses merveilleuses dans la terre de Cham ;

terribília in mari Rubro.

des choses terribles dans la mer Rouge.

23 Et dixit ut dispérderet eos,

23. Et il avait dit qu’il les perdrait entièrement,

si non Móyses, eléctus ejus,

si Moïse son élu

stetísset in confractióne in conspéctu ejus,

ne se fût tenu sur la brèche en sa présence,

ut avérteret iram ejus, ne dispérderet eos.

afin de détourner sa colère, pour qu’il ne les perdît pas entièrement ;

24 Et pro níhilo habuérunt terram desiderábilem ;

24. Et ils comptèrent pour rien une terre si désirable ;

non credidérunt verbo ejus.

Ils ne crurent point à sa parole,

25 Et murmuravérunt in tabernáculis suis ;

25. Mais ils murmurèrent dans leurs tabernacles ;

non exaudiérunt vocem Dómini.

ils n’écoutèrent point la voix du Seigneur.

26 Et elevávit manum suam super eos

26. Alors il leva sa main sur eux,

ut prostérneret eos in desérto :

afin de les terrasser dans le désert,

27 et ut dejíceret semen eórum in natiónibus,

27. Et afin d’abaisser leur race au milieu des nations,

et dispérgeret eos in regiónibus.

pour les disperser dans diverses contrées.

28 Et initiáti sunt Beélphegor,

28. Ils se consacrèrent à Beelphegor,

et comedérunt sacrifícia mortuórum.

et ils mangèrent des sacrifices des morts.

29 Et irritavérunt eum in adinventiónibus suis,

29. Ils irritèrent le Seigneur par leurs inventions,

et multiplicáta est in eis ruína.

et la ruine se multiplia parmi eux.

30 Et stetit Phínees, et placávit,

30. Mais Phinéès se présenta

et cessávit quassátio.

et apaisa le Seigneur, et le désastre cessa.

31 Et reputátum est ei in justítiam,

31. Et ce lui fut imputé à justice,

in generatiónem et generatiónem usque in sempitérnum.

dans toutes les générations à jamais.

32 Et irritavérunt eum ad aquas contradictiónis,

32. Ils irritèrent encore le Seigneur aux eaux de contradiction,

et vexátus est Móyses propter eos :

et Moïse fut puni à cause d’eux,

33 quia exacerbavérunt spíritum ejus,

33. Parce qu’ils contristèrent son esprit,

et distínxit in lábiis suis.

Et que la défiance fut sur ses lèvres ;

34 Non disperdidérunt gentes

34. Ils ne détruisirent point les nations

quas dixit Dóminus illis :

que Dieu leur avait désignées.

35 et commísti sunt inter gentes,

35. Mais ils se mêlèrent parmi les nations,

et didicérunt ópera eórum ;

ils apprirent leurs œuvres ;

36 et serviérunt sculptílibus eórum,

36. Et ils servirent leurs images taillées au ciseau,

et factum est illis in scándalum.

et ce devint pour eux une occasion de scandale.

37 Et immolavérunt fílios suos et fílias suas dæmóniis.

37. Ils immolèrent leurs fils et leurs filles aux démons.

38 Et effudérunt sánguinem innocéntem,

38. Ils répandirent un sang innocent,

sánguinem filiórum suórum et filiárum suárum,

le sang de leurs fils et de leurs filles

quas sacrificavérunt sculptílibus Chánaan.

qu’ils sacrifièrent aux images taillées au ciseau de Chanaan.

Et infécta est terra in sanguínibus,

Et la terre fut infectée de sang,

39 et contamináta est in opéribus eórum :

39. Et elle fut souillée par leurs œuvres :

et fornicáti sunt in adinventiónibus suis.

et ils forniquèrent avec leurs inventions.

40 Et irátus est furóre Dóminus in pópulum suum,

40. Aussi le Seigneur fut irrité de fureur contre son peuple,

et abominátus est hæreditátem suam.

et il eut en abomination son héritage.

41 Et trádidit eos in manus géntium ;

41. Et il les livra entre les mains des nations,

et domináti sunt eórum qui odérunt eos.

et ceux qui les haïssaient les dominèrent.

42 Et tribulavérunt eos inimíci eórum,

42. Et leurs ennemis les tourmentèrent,

et humiliáti sunt sub mánibus eórum ;

et ils furent humiliés sous leurs mains ;

43 sæpe liberávit eos.

43. Souvent il les délivra.

Ipsi autem exacerbavérunt eum in consílio suo,

Mais eux l’aigrirent par leurs sentiments,

et humiliáti sunt in iniquitátibus suis.

et ils furent humiliés à cause de leurs iniquités.

44 Et vidit cum tribularéntur,

44. Et il vit qu’ils étaient tourmentés,

et audívit oratiónem eórum.

et il écouta leur prière.

45 Et memor fuit testaménti sui,

45. Il se souvint de son alliance,

et pœnítuit eum secúndum multitúdinem misericórdiæ suæ :

et il se repentit selon la grandeur de sa miséricorde.

46 et dedit eos in misericórdias,

46. Il les livra donc à ses miséricordes,

in conspéctu ómnium qui céperant eos.

en présence de tous ceux qui les avaient menés en captivité.

47 Salvos nos fac, Dómine Deus noster,

47. Sauvez-nous, Seigneur notre Dieu,

et cóngrega nos de natiónibus :

et rassemblez-nous, et délivrez-nous des nations,

ut confiteámur nómini sancto tuo,

Afin que nous louions votre nom saint,

et gloriémur in laude tua.

et que nous nous glorifions dans votre louange.

48 Benedíctus Dóminus Deus Israël, a sǽculo et usque in sǽculum ;

48. Béni le Seigneur Dieu d’Israël d’un siècle jusqu’à un autre siècle !

et dicet omnis pópulus : Fiat, fiat.

et tout le peuple dira : Ainsi soit, ainsi soit.

~

Ps. CV. 1. Judith. XIII, 21. — 2. Eccli. XLIII, 35. — 6. Judith. VII, 19. — 9. Ex. XIV, 21. — 11. Ex. XIV, 27. — 14. Ex. XVII, 2. — 15. Num. XI, 31. — 17. Num. XVI, 32. — 19. Ex. XXXII, 4. — 23. Ex. XXXII, 10. — 26. Num. XIV, 32. — 30. Num. XXV, 7. — 32. Num. XX, 10. — 45. Deut. XXX, 1.

 

1-48. * Abrégé de l’histoire du peuple de Dieu dans le désert du Sinaï. — Ce psaume commence la série de ceux qui portent en tête le mot alléluia en hébreu. Dans la Vulgate, on lit déjà ce mot (allelou-yah, louez Yah ou Jéhovah), Ps. CIV, 1, où il est bien placé, puisque ce dernier psaume est aussi consacré à louer Dieu et que le Ps. CV ne fait que reprendre une partie du résumé historique, exposé dans le précédent, pour développer les faits qui s’étaient passés à l’époque de l’Exode et pendant le séjour de quarante ans dans le désert. Le ton, du reste, n’est pas le même dans les deux chants : c’est celui de la pénitence, Ps. CV ; celui de l’hymne, Ps. CIV ; comme c’est celui d’un simple poème didactique, Ps. LXXVII. — Ce psaume est du temps de la captivité, vers. 47, ce qui nous explique pourquoi il demande pardon à Dieu ; le premier Confitémini, Ps. CIV, est de l’époque qui l’a précédée, et le troisième, Ps. CVI, de celle qui a suivi. La loi du parallélisme est observée dans le Ps. CV, mais on n’y voit pas de trace d’une division symétrique par strophes. On peut grouper les pensées de la manière suivante : introduction, exhortation à louer Dieu, 1-3 ; prière, 4-6 ; faits historiques, 7-12 ; 13-23 ; 24-33 ; 34-42 ; 43-46 ; 47. Le vers. 48 est la doxologie qui marque la fin du IVe livre des Psaumes. — Pour jamais est (in sǽculum), etc. ; c’est-à-dire éternelle est sa miséricorde.

5. Avec joie. Ces mots ou autres semblables sont nécessaires pour rendre fidèlement le sens de la locution hébraïque, voir dans les biens, au lieu de voir les biens. Compar. ce que nous avons dit, sur ce genre de construction, Observat. prélimin., II, 2°.

9. * Voir pour les faits indiqués dans ce verset et les suivants les passages auxquels renvoient les références du texte sacré.

12. Alors ils crurent, etc. Voy. Ex. XIV, 31 ; XV, 1 et suiv.

13. Bientôt ils oublièrent ; littér. et par hébraïsme, bientôt ils firent, et ils oublièrent.

14. Ils conçurent un désir violent ; littér. dans la Vulgate, l’hébreu et les Septante, ils désirèrent un désir. Une des manières de donner, en hébreu, plus d’énergie à un verbe, c’est d’y joindre un substantif de même signification.

16. Ils irritèrent. Voy. Num. XVI. — Le saint du Seigneur ; son sacrificateur, son grand-prêtre.

22. * Dans la terre de Cham. Voir plus haut Ps. CIV, 23.

23. Avant Si Moïse, il faut, pour compléter le sens, ajouter les mots sous-entendus : Et il l’aurait fait ; genre d’ellipse qui n’est pas rare dans l’Écriture. — Se fût tenu sur la brèche. « Se tenir sur la brèche : métaphore très expressive, pour dire que Moïse, en venant implorer la miséricorde du Seigneur justement irrité, s’exposa à recevoir lui-même les premiers coups de sa colère. Cf. Ex. XXXII, 11-14, 30. Ainsi fait un vaillant guerrier qui, voyant une brèche ouverte dans le rempart de la citadelle qu’il défend, s’y précipite pour arrêter les assaillants. » (Fillion)

28. * Beelphegor, dieu au culte impur.

29. Leurs inventions ; selon l’hébreu, leurs œuvres. — La ruine ; c’est-à-dire la mort.

38. De sang ; littér. de sangs. Voy. Ps. V, 7. — Ils forniquèrent avec leurs inventions ; ils adorèrent des idoles qui étaient leur propre ouvrage. L’Écriture désigne ordinairement l’idolâtrie sous le nom de fornication.

45. Il se repentit ; expression purement métaphorique employée par les écrivains sacrés, afin de s’accommoder et de se proportionner à la faiblesse de notre intelligence.

46. Il les livra, etc. ; il fut d’une grande miséricorde à leur égard ; ou bien, selon d’autres, il les abandonna à la miséricorde de ceux qui les avaient menés en captivité, il leur fit trouver grâce aux yeux de ceux qui, etc.

47. Et délivrez-nous. Ces mots se trouvent dans le passage parallèle, I Par. XVI, 35 ; et le complément des nations, qui suit immédiatement, le suppose sous-entendu. Voy. ce qui est dit sur ce genre de construction, Observat. prélimin., II, 2°.

²

 

Ps 106

*ps106

PSAUME CVI

(Hebr. CVII).

Ce psaume contient des actions de grâces à Dieu, de ce qu’il a délivré les hommes de différents dangers, tel que l’égarement dans un désir stérile, une prison, une maladie dangereuse, une tempête sur mer. Tout cela convient assez aux Juifs, qui, après la captivité de Babylone, durent naturellement remercier Dieu de les avoir délivrés de ces malheurs.

1 Allelúia.

Alléluia.

Confitémini Dómino, quóniam bonus,

1. Louez le Seigneur, car il est bon,

quóniam in sǽculum misericórdia ejus.

car à jamais est sa miséricorde.

2 Dicant qui redémpti sunt a Dómino,

2. Qu’ils le disent, ceux qui ont été rachetés par le Seigneur,

quos redémit de manu inimíci,

qu’il a rachetés de la main d’un ennemi,

et de regiónibus congregávit eos,

qu’il a rassemblés des contrées,

3 a solis ortu, et occásu, ab aquilóne, et mari.

3. De l’orient et du couchant, de l’aquilon et de la mer.

4 Erravérunt in solitúdine, in inaquóso ;

4. Ils ont erré dans la solitude, dans un lieu sans eau ;

viam civitátis habitáculi non invenérunt.

ils n’ont pas trouvé de voie vers une cité habitée ;

5 Esuriéntes et sitiéntes,

5. Affamés et altérés,

ánima eórum in ipsis defécit.

leur âme a défailli en eux-mêmes.

6 Et clamavérunt ad Dóminum cum tribularéntur,

6. Ils ont crié vers le Seigneur, lorsqu’ils étaient dans la tribulation,

et de necessitátibus eórum erípuit eos ;

et il les a arrachés à leurs nécessités pressantes.

7 et dedúxit eos in viam rectam,

7. Et il les a conduits dans une voie droite,

ut irent in civitátem habitatiónis.

afin qu’ils allassent dans une cité habitable.

8 Confiteántur Dómino misericórdiæ ejus,

8. Qu’elles louent le Seigneur, ses miséricordes

et mirabília ejus fíliis hóminum.

et ses merveilles en faveur des fils des hommes.

9 Quia satiávit ánimam inánem,

9. Car il a rassasié l’âme vide,

et ánimam esuriéntem satiávit bonis.

et il a rassasié de biens l’âme affamée ;

10 Sedéntes in ténebris et umbra mortis ;

10. Ceux qui étaient assis dans des ténèbres et dans l’ombre de la mort,

vinctos in mendicitáte et ferro.

enchainés dans l’indigence et les fers ;

11 Quia exacerbavérunt elóquia Dei,

11. car ils aigrirent les paroles de Dieu,

et consílium Altíssimi irritavérunt.

et ils irritèrent le conseil du Très-Haut.

12 Et humiliátum est in labóribus cor eórum ;

12. Aussi leur cœur a été humilié dans les travaux,

infirmáti sunt, nec fuit qui adjuváret.

ils ont été affaiblis, et il n’y eut personne qui les secourût.

13 Et clamavérunt ad Dóminum cum tribularéntur ;

13. Ils ont crié vers le Seigneur, lorsqu’ils étaient dans la tribulation,

et de necessitátibus eórum liberávit eos.

et il les a délivrés de leurs nécessités pressantes.

14 Et edúxit eos de ténebris et umbra mortis,

14. Et il les a tirés des ténèbres et de l’ombre de la mort,

et víncula eórum disrúpit.

et il a rompu leurs liens.

15 Confiteántur Dómino misericórdiæ ejus,

15. Qu’elles louent le Seigneur, ses miséricordes

et mirabília ejus fíliis hóminum.

et ses merveilles en faveur des fils des hommes.

16 Quia contrívit portas ǽreas,

16. Car il a brisé des portes d’airain,

et vectes férreos confrégit.

et rompu des verrous de fer.

17 Suscépit eos de via iniquitátis eórum ;

17. Il les a recueillis en les tirant de la voie de leur iniquité ;

propter injustítias enim suas humiliáti sunt.

car à cause de leurs injustices, ils avaient été humiliés.

18 Omnem escam abomináta est ánima eórum,

18. Leur âme avait eu horreur de toute nourriture ;

et appropinquavérunt usque ad portas mortis.

aussi ils approchèrent jusqu’aux portes de la mort.

19 Et clamavérunt ad Dóminum cum tribularéntur,

19. Ils ont crié vers le Seigneur, lorsqu’ils étaient dans la tribulation,

et de necessitátibus eórum liberávit eos.

et il les a délivrés de leurs nécessités pressantes.

20 Misit verbum suum, et sanávit eos,

20. Il a envoyé sa parole, et il les a guéris,

et erípuit eos de interitiónibus eórum.

et il les a arrachés à leur destruction.

21 Confiteántur Dómino misericórdiæ ejus,

21. Qu’elles louent le Seigneur, ses miséricordes

et mirabília ejus fíliis hóminum.

et ses merveilles en faveur des fils des hommes ;

22 Et sacríficent sacrifícium laudis,

22. Qu’ils sacrifient un sacrifice de louange,

et annúntient ópera ejus in exsultatióne.

et qu’ils annoncent ses œuvres dans l’exultation.

23 Qui descéndunt mare in návibus,

23. Ceux qui descendent sur la mer dans des navires,

faciéntes operatiónem in aquis multis :

et qui font la manœuvre sur les grandes eaux.

24 ipsi vidérunt ópera Dómini,

24. Ceux-là même ont vu les œuvres du Seigneur,

et mirabília ejus in profúndo.

et ses merveilles dans le profond de l’abime.

25 Dixit, et stetit spíritus procéllæ,

25. II a dit, et un vent de tempête s’est levé,

et exaltáti sunt fluctus ejus.

et les flots de la mer se sont soulevés.

26 Ascéndunt usque ad cælos, et descéndunt usque ad abýssos ;

26. Ils montent jusqu’aux cieux, et ils descendent jusqu’aux abimes ;

ánima eórum in malis tabescébat.

leur âme dans les maux se consumait.

27 Turbáti sunt, et moti sunt sicut ébrius,

27. Ils ont été troublés, ils ont chancelé comme un homme ivre,

et omnis sapiéntia eórum devoráta est.

et toute leur sagesse a été absorbée.

28 Et clamavérunt ad Dóminum cum tribularéntur ;

28. Ils ont crié vers le Seigneur, lorsqu’ils étaient dans la tribulation,

et de necessitátibus eórum edúxit eos.

et il les a délivrés de leurs nécessités pressantes.

29 Et státuit procéllam ejus in auram,

29. Il a changé la tempête en une brise légère,

et siluérunt fluctus ejus.

et les flots de la mer se sont tenus en silence.

30 Et lætáti sunt quia siluérunt ;

30. Et ils se sont réjouis de ce que les flots se tenaient en silence,

et dedúxit eos in portum voluntátis eórum.

et il les a conduits au port de leur désir.

31 Confiteántur Dómino misericórdiæ ejus,

31. Qu’elles louent le Seigneur, ses miséricordes

et mirabília ejus fíliis hóminum.

et ses merveilles en faveur des fils des hommes.

32 Et exáltent eum in ecclésia plebis,

32. Et qu’on l’exalte dans l’assemblée du peuple,

et in cathedra seniórum laudent eum.

et que dans la chaire des anciens, on le loue.

33 Pósuit flúmina in desértum,

33. Il a changé des fleuves en désert,

et éxitus aquárum in sitim ;

et des cours d’eau en un sol aride,

34 terram fructíferam in salsúginem,

34. Une terre fertile en un champ de sel,

a malítia inhabitántium in ea.

à cause de la malice de ceux qui y habitaient.

35 Pósuit desértum in stagna aquárum,

35. Mais ensuite il a changé un désert en un étang plein d’eau,

et terram sine aqua in éxitus aquárum.

et une terre sans eau en des cours d’eaux.

36 Et collocávit illic esuriéntes,

36. Il a placé là ceux qui étaient affamés,

et constituérunt civitátem habitatiónis :

et ils ont élevé une cité habitable.

37 et seminavérunt agros et plantavérunt víneas,

37. Ils ont ensemencé des champs, et ont planté des vignes :

et fecérunt fructum nativitátis.

et elles ont fait naitre du fruit.

38 Et benedíxit eis, et multiplicáti sunt nimis ;

38. Et il les a bénis, ils se sont multipliés,

et juménta eórum non minorávit.

et il n’a pas diminué leurs bestiaux.

39 Et pauci facti sunt et vexáti sunt,

39. Mais ils sont devenus en petit nombre,

a tribulatióne malórum et dolóre.

et tourmentés par la tribulation des maux et par la douleur.

40 Effúsa est contémptio super príncipes :

40. Le mépris s’est répandu sur leurs princes,

et erráre fecit eos in ínvio, et non in via.

et le Seigneur les a fait errer dans un lieu sans chemin frayé, et non dans une voie.

41 Et adjúvit páuperem de inópia,

41. Et il a aidé le pauvre en le délivrant de son indigence,

et pósuit sicut oves famílias.

et il a fait ses familles nombreuses comme des brebis.

42 Vidébunt recti, et lætabúntur ;

42. Les justes verront et se réjouiront,

et omnis iníquitas oppilábit os suum.

et toute iniquité fermera sa bouche.

43 Quis sápiens, et custódiet hæc,

43. Qui est sage et gardera ces choses,

et intélliget misericórdias Dómini ?

et comprendra les miséricordes du Seigneur ?

~

Ps. CVI. 42. Job. XXII, 19.

 

1-43. * Le Psalmiste, après une exhortation à louer Dieu, 1-3, a peint en six tableaux, d’une grande beauté, la manière dont Dieu punit le pécheur et le ramène à lui. 1° Dieu nourrit ceux qui ont faim, 4-9 ; 2° il délivre les captifs, 10-16 ; 3° il guérit les malades, 17-22 ; 4° il sauve les naufragés, 23-32 ; 5° il nourrit tous les hommes, 33-38 ; 6° il protège les faibles, 39-42. Le vers. 43 forme la conclusion. Double refrain, dont l’un est inséré dans le corps même de la strophe, vers. 6, 13, 19, 28, et vers. 8, 15, 21 et 31. — Ce psaume est un cantique d’actions de grâces, probablement composé pour la célébration de la fête des Tabernacles, après le retour de la captivité, I Esd. III, 4-5. — Pour jamais, etc. Voy. Ps. CV, 1.

3. De la mer, du midi, de l’Océan ou de la mer Rouge, qui est au midi de la Palestine.

7. Habitable ; c’est-à-dire pour y habiter ; littér. et par hébraïsme, à habitation.

10. Ceux qui étaient assis (sedéntes), et enchainés (vinctos), étant à l’accusatif dans les Septante aussi bien que dans la Vulgate, ne peuvent être que les compléments de il a rassasié (satiavit) du vers. précédent.

11. Ils aigrirent, etc. ; ils aigrirent Dieu, en violant ses préceptes et provoquèrent la colère du Très-Haut, en méprisant son conseil, sa volonté.

23. * Ceux qui descendent sur la mer. Idiotisme hébreu : la mer est plus basse que le rivage et l’on y descend, mais on est sur la mer, parce que le vaisseau flotte à sa surface. — La manœuvre. Plusieurs traduisent : négoce, commerce, parce que c’était le but de la navigation des Phéniciens.

32. Dans la chaire, etc. ; dans le lieu où siègent les juges et les magistrats qui étaient tous des anciens, c’est-à-dire des vieillards.

36. Habitable. Voy. le vers. 7.

37. Et elles ont fait, etc. ; littér. et elles ont fait du fruit de naissance.

40. Leurs ; se lit dans les Septante, mais l’hébreu porte simplement comme la Vulgate, des princes.

²

 

Ps 107

*ps107

PSAUME CVII

(Hebr. CVIII).

Le Psalmiste s’excite lui-même à louer le Seigneur ; il le conjure de délivrer son peuple de l’oppression ; il se promet de rentrer bientôt dans les limites de ses anciennes possessions. Les Pères expliquent ce psaume de la venue ou de la Rédemption de Jésus-Christ, et de la vocation des Gentils.

1 Cánticum Psalmi, ipsi David.

1. Cantique de psaume, de David lui-même.

2 Parátum cor meum, Deus, parátum cor meum ;

2. Mon cœur est prêt, ô Dieu, mon cœur est prêt,

cantábo, et psallam in glória mea.

je chanterai, je jouerai du psaltérion au milieu de ma gloire.

3 Exsúrge, glória mea ; exsúrge, psaltérium et cíthara ;

3. Lève-toi, ô ma gloire, lève-toi, psaltérion, et toi, harpe :

exsúrgam dilúculo.

je me lèverai au point du jour.

4 Confitébor tibi in pópulis, Dómine,

4. Je vous louerai parmi les peuples, Seigneur,

et psallam tibi in natiónibus :

et je dirai un psaume en votre honneur parmi les nations.

5 quia magna est super cælos misericórdia tua,

5. Parce que votre miséricorde est grande au-dessus des cieux,

et usque ad nubes véritas tua.

et que votre vérité s’élève jusqu’aux nues.

6 Exaltáre super cælos, Deus,

6. Soyez exalté au-dessus des cieux, ô Dieu,

et super omnem terram glória tua :

et que sur toute la terre éclate votre gloire,

7 ut liberéntur dilécti tui.

7. Afin que vos bien-aimés soient délivrés.

Salvum fac déxtera tua, et exáudi me.

Sauvez-moi par votre droite, et exaucez-moi ;

8 Deus locútus est in sancto suo :

8. Dieu a parlé dans son sanctuaire :

Exsultábo, et dívidam Sichímam ;

J’exulterai, et je partagerai Sichem,

et convállem tabernaculórum dimétiar.

et je mesurerai la vallée des tabernacles.

9 Meus est Gálaad, et meus est Manásses,

9. À moi est Galaad, et à moi est Manassé ;

et Ephraïm suscéptio cápitis mei.

Ephraïm est l’appui de ma tête.

Juda rex meus ;

Juda est mon roi,

10 Moab lebes spei meæ :

10. Moab est le vase de mon espérance.

in Idumǽam exténdam calceaméntum meum ;

Jusque dans l’Idumée j’étendrai mes pas :

mihi alienígenæ amíci facti sunt.

des étrangers me sont devenus amis.

11 Quis dedúcet me in civitátem munítam ?

11. Qui me conduira dans une ville fortifiée ?

quis dedúcet me usque in Idumǽam ?

qui me conduira jusque dans l’Idumée ?

12 nonne tu, Deus, qui repulísti nos ?

12. Ne sera-ce pas vous, ô Dieu, qui nous avez rejetés ?

et non exíbis, Deus, in virtútibus nostris ?

et ne sortirez-vous point, ô Dieu, à la tête de nos armées ?

13 Da nobis auxílium de tribulatióne,

13. Donnez-nous du secours, pour nous tirer de la tribulation,

quia vana salus hóminis.

parce que vain est le salut de l’homme.

14 In Deo faciémus virtútem ;

14. En Dieu nous ferons preuve de valeur,

et ipse ad níhilum dedúcet inimícos nostros.

et lui-même réduira au néant nos ennemis.

~

Ps. CVII.

 

1. À quelques différences près, les six premiers versets de ce psaume se trouvent dans le LVIe, et les autres dans le LIXe. — * Il se compose de deux parties. La première moitié, 2-6, est la reproduction de LVI, 8-12, et la seconde, 7-14, la reproduction de LIX, 7-14. Voir ces deux psaumes.

3. Ma gloire. Voy. Ps. LVI, 9.

4. Je dirai un psaume en votre honneur. C’est certainement le sens du latin psallam tibi, puisque dans l’endroit parallèle (Ps. LVI, 10), on lit : Psalmum dicam.

8. Dans son sanctuaire ; Je partagerai. Voy. Ps. LIX, 8.

9. Galaad ; Manassé et Ephraïm ; Ephraïm est l’appui de ma tête. Voy. Ps. LIX, 9.

10. Moab ; Mes pas ; Des étrangers. Voy. Ps. LIX, 10.

11. Une ville fortifiée. Voy. Ps. LIX, 11.

13. Pour nous tirer. Voy. Ps. LIX, 13.

²

 

Ps 108

*ps108

PSAUME CVIII

(Hebr. CIX).

Le Psalmiste implore le secours du Seigneur contre ses ennemis, qui l’outragent de mille manières. Les Pères ont regardé ce psaume comme une prophétie du malheur qui devait arriver au traître Judas et aux Juifs meurtriers de Jésus-Christ, dont les souffrances sont aussi parfaitement représentées dans la personne de David.

1 In finem. Psalmus David.

1. Pour la fin, psaume de David.

2 Deus, laudem meam ne tacúeris,

2. Dieu, ne taisez pas ma louange,

quia os peccatóris et os dolósi super me apértum est.

parce que la bouche d’un pécheur et la bouche d’un trompeur est ouverte contre moi.

3 Locúti sunt advérsum me lingua dolósa,

3. Ils ont parlé contre moi avec une langue trompeuse,

et sermónibus ódii circumdedérunt me :

et de discours de haine ils m’ont environné,

et expugnavérunt me gratis.

et ils m’ont attaqué gratuitement.

4 Pro eo ut me dilígerent, detrahébant mihi ;

4. Au lieu de m’aimer, ils disaient du mal de moi ;

ego autem orábam.

mais moi je priais.

5 Et posuérunt advérsum me mala pro bonis,

5. Ils m’ont rendu des maux pour des biens,

et ódium pro dilectióne mea.

et de la haine pour mon amour.

6 Constítue super eum peccatórem,

6. Établissez sur lui un pécheur,

et diábolus stet a dextris ejus.

et que le diable se tienne à sa droite.

7 Cum judicátur, éxeat condemnátus ;

7. Lorsqu’on le jugera, qu’il sorte condamné,

et orátio ejus fiat in peccátum.

et que sa prière même se tourne en péché.

8 Fiant dies ejus pauci,

8. Que ses jours soient réduits à un petit nombre,

et episcopátum ejus accípiat alter.

et qu’un autre reçoive son épiscopat.

9 Fiant fílii ejus órphani,

9. Que ses fils deviennent orphelins,

et uxor ejus vídua.

et sa femme, veuve.

10 Nutántes transferántur fílii ejus et mendícent,

10. Que ses fils ballotés soient transférés d’un lieu dans un autre,

et ejiciántur de habitatiónibus suis.

et qu’ils mendient, et qu’ils soient chassés de leurs habitations.

11 Scrutétur fœnerátor omnem substántiam ejus,

11. Qu’un usurier scrute tout ce qu’il possède,

et dirípiant aliéni labóres ejus.

et que des étrangers ravissent le fruit de ses travaux.

12 Non sit illi adjútor,

12. Qu’il n’y ait personne qui l’assiste,

nec sit qui misereátur pupíllis ejus.

et qu’il n’y ait personne qui prenne pitié de ses orphelins.

13 Fiant nati ejus in intéritum ;

13. Que ses enfants soient dévoués à la mort,

in generatióne una deleátur nomen ejus.

qu’en une seule génération son nom s’efface.

14 In memóriam rédeat iníquitas patrum ejus in conspéctu Dómini,

14. Qu’en mémoire revienne l’iniquité de ses pères, devant le Seigneur ;

et peccátum matris ejus non deleátur.

et que le péché de sa mère ne soit point effacé.

15 Fiant contra Dóminum semper,

15. Que ces péchés soient toujours devant le Seigneur,

et dispéreat de terra memória eórum :

et que leur mémoire périsse entièrement de la terre ;

16 pro eo quod non est recordátus fácere misericórdiam,

16. Parce qu’il ne s’est point souvenu de faire miséricorde.

17 et persecútus est hóminem ínopem et mendícum,

17. Et qu’il a persécuté un homme sans ressource etmendiant

et compúnctum corde, mortificáre.

et l’homme au cœur brisé, pour le faire mourir.

18 Et diléxit maledictiónem, et véniet ei ;

18. Il a aimé la malédiction, et elle viendra à lui :

et nóluit benedictiónem, et elongábitur ab eo.

il n’a pas voulu la bénédiction, et elle s’éloignera de lui.

Et índuit maledictiónem sicut vestiméntum ;

Il s’est revêtu de la malédiction comme d’un vêtement,

et intrávit sicut aqua in interióra ejus,

et elle est entrée comme de l’eau dans ses entrailles,

et sicut óleum in óssibus ejus.

et comme de l’huile dans ses os.

19 Fiat ei sicut vestiméntum quo operítur,

19. Qu’elle lui soit comme le vêtement dont il se couvre,

et sicut zona qua semper præcíngitur.

et comme la ceinture dont il est toujours ceint.

20 Hoc opus eórum qui détrahunt mihi apud Dóminum,

20. Telle est, auprès du Seigneur, l’œuvre de ceux qui parlent mal de moi,

et qui loquúntur mala advérsus ánimam meam.

de ceux qui blasphèment contre moi.

21 Et tu, Dómine, Dómine, fac mecum propter nomen tuum,

21. Et vous, Seigneur, Seigneur, agissez avec moi à cause de votre nom,

quia suávis est misericórdia tua.

parce que douce est votre miséricorde.

22 Líbera me, quia egénus et pauper ego sum,

22. Délivrez-moi parce que moi, je suis indigent et pauvre,

et cor meum conturbátum est intra me.

et que mon cœur s’est troublé au dedans de moi.

23 Sicut umbra cum declínat ablátus sum,

23. Comme l’ombre, lorsqu’elle décline, j’ai été enlevé,

et excússus sum sicut locústæ.

et j’ai été chassé comme les sauterelles.

24 Génua mea infirmáta sunt a jejúnio,

24. Mes genoux ont été affaiblis par le jeûne,

et caro mea immutáta est propter óleum.

et ma chair a été changée à cause de l’huile qui m’a manqué.

25 Et ego factus sum oppróbrium illis ;

25. Je suis devenu un opprobre pour eux ;

vidérunt me, et movérunt cápita sua.

ils m’ont vu et ils ont secoué la tête.

26 Adjuva me, Dómine Deus meus ;

26. Aidez-moi, Seigneur mon Dieu :

salvum me fac secúndum misericórdiam tuam.

sauvez-moi selon votre miséricorde.

27 Et sciant quia manus tua hæc,

27. Qu’ils sachent que votre main est là,

et tu, Dómine, fecísti eam.

et que c’est vous, Seigneur, qui avez fait cela.

28 Maledícent illi, et tu benedíces :

28. Ils me maudiront eux, et vous, vous me bénirez :

qui insúrgunt in me confundántur ;

que ceux qui s’insurgent contre moi soient confondus ;

servus autem tuus lætábitur.

mais votre serviteur sera dans l’allégresse.

29 Induántur qui détrahunt mihi pudóre,

29. Qu’ils soient revêtus de honte, ceux qui disent du mal de moi :

et operiántur sicut diplóide confusióne sua.

qu’ils soient couverts de leur confusion comme d’un manteau.

30 Confitébor Dómino nimis in ore meo,

30. Je glorifierai le Seigneur de toute la puissance de ma voix,

et in médio multórum laudábo eum :

je chanterai ses louanges au milieu d’une multitude.

31 quia ástitit a dextris páuperis,

31. Parce qu’il s’est tenu à la droite du pauvre,

ut salvam fáceret a persequéntibus ánimam meam.

afin de sauver mon âme de ceux qui la persécutaient.

~

Ps. CVIII. 7. Prov. XXVIII, 9.

 

1. * Ce psaume, comme le LXVIIIe, demande à Dieu de châtier sévèrement les ennemis de David, ou de Jésus-Christ dont David est la figure. Celui contre qui s’élève ici le Psalmiste est sans doute Doég, la figure de Judas Iscariote, Cf. Act. I, 20 ; Joan. XVII, 12. — Dans les versets 2-5 et 26-31, l’auteur parle de ses ennemis au pluriel, dans les autres au singulier, parce qu’il appelle les vengeances de Dieu contre tous les ennemis de son peuple, en même temps que contre son ennemi personnel. — 2-5 : Mal qu’ont fait au Psalmiste les méchants, en retour de ses bienfaits. — 6-10 : Que Dieu donc accable le traître de maux dans sa famille ; — 11-15 : dans sa fortune, sa postérité et sa mémoire ; — 16-20 : à cause de ses iniquité. — 21-25 : Que le Seigneur au contraire ait pitié du Psalmiste affligé et malade ; — 26-31 : qu’il le délivre de ses ennemis, et il recevra ses remerciements.

6. Sur lui. Ce singulier que le Psalmiste emploie dans ce verset et dans les suivants, jusqu’au 19e inclusivement, signifie chacun d’eux, c’est-à-dire chacun de ses ennemis, qu’il met dans tout le reste du psaume au pluriel. Ce changement de nombre, dans des récits semblables, n’est pas sans exemple chez les écrivains sacrés. Cependant, selon d’habiles interprètes, David désigne spécialement par ce singulier le principal de ses adversaires, que les uns prétendent être Doég, l’Iduméen, qui était à la cour de Saül (I Reg. XXI, 7), et les autres, Achitophel, le Gilonites, un des conseillers de David, lequel prit part à la conjuration d’Absalom (II Reg. XV, 12, 31). — Quant au malédictions et aux imprécations qui suivent, voy. plus haut nos Observat. prélimin., I.

7. Que sa prière même, etc. ; c’est-à-dire que sa défense même, et les prières qu’il pourra adresser à ses juges, ne servent qu’à les irriter davantage contre lui, et ne le rendent que plus coupable à leurs yeux, parce qu’elles manqueront des qualités qui pourraient les rendre efficaces et méritoires.

8. * Qu’un autre reçoive son épiscopat. S. Pierre cite ses paroles dans les Actes, I, 20, et les applique à Judas Iscariote. Le mot grec épiscopat, conservé ici, signifie, comme le mot hébreu original, surveillance, charge, fonction. Doég, dont parle le Psalmiste, était chargé de la garde des troupeaux de Saül. Il est la figure de Judas, qui trahit son maitre, comme Doég trahit David.

20. Telle est, etc. ; telle sera auprès du Seigneur la récompense de ceux qui, etc.

23. Chassé ; littér. agité, secoué.

24. A été changée ; desséchée ; c’est-à-dire j’ai beaucoup maigri. — Qui m’a manqué. Ces mots sont évidemment sous-entendus ; le contexte le démontre. D’un autre côté, la particule hébraïque, traduite dans les Septante et dans la Vulgate par à cause, signifie entre autres choses, faute de, à défaut de. Comme nous l’avons déjà remarqué, les anciens croyaient que les onctions d’huile faites sur le corps étaient presque aussi nécessaires que la nourriture.

27. Cela (eam). Les Hébreux, n’ayant pas le genre neutre, et le remplaçant par le féminin, mettent aussi quelquefois le féminin pour le neutre.

²

 

Ps 109

*ps109

PSAUME CIX

(Hebr. CX).

(a) L’histoire ne présente aucun prince à qui on puisse faire l’application littérale de ce psaume ; mais il convient parfaitement à Jésus-Christ, car on y voit exactement retracés sa génération éternelle, son sacerdoce, selon l’ordre de Melchisedech, ses souffrances, son règne sur toutes les nations, etc.

1 Psalmus David.

1. Psaume de David.

Dixit Dóminus Dómino meo :

Le Seigneur a dit à mon Seigneur :

Sede a dextris meis,

Asseyez-vous à ma droite,

donec ponam inimícos tuos scabéllum pedum tuórum.

Jusqu’à ce que je fasse de vos ennemis l’escabeau de vos pieds.

2 Virgam virtútis tuæ emíttet Dóminus ex Sion :

2. Le Seigneur fera sortir de Sion la verge de votre puissance ;

domináre in médio inimicórum tuórum.

dominez au milieu de vos ennemis.

3 Tecum princípium in die virtútis tuæ

3. Avec vous est le principe au jour de votre puissance,

in splendóribus sanctórum :

dans les splendeurs des saints :

ex útero, ante lucíferum, génui te.

de mon sein, avant que lucifer existât je vous ai engendré.

4 Jurávit Dóminus, et non pœnitébit eum :

4. Le Seigneur a juré et il ne s’en repentira point :

Tu es sacérdos in ætérnum

Vous êtes prêtre pour l’éternité,

secúndum órdinem Melchísedech.

selon l’ordre de Melchisedech.

5 Dóminus a dextris tuis ;

5. Le Seigneur est à votre droite :

confrégit in die iræ suæ reges.

il a brisé des rois au jour de sa colère.

6 Judicábit in natiónibus, implébit ruínas ;

6. Il exercera ses jugements parmi les nations, qu’il remplira de ruines,

conquassábit cápita in terra multórum.

il écrasera sur la terre les têtes d’un grand nombre.

7 De torrénte in via bibet ;

7. Il boira du torrent dans le chemin :

proptérea exaltábit caput.

c’est pour cela qu’il lèvera la tête.

~

Ps. CIX. 1. Matth. XXII, 44 ; I Cor. XV, 25 ; Hebr. I, 13 ; X, 13. — 4. Joan. XII, 34 ; Hebr. V, 6 ; VII, 17.

 

(a). * Notre-Seigneur s’est appliqué expressément ce psaume, Matth. XXII, 41-46 ; Marc. XII, 35-37 ; Luc. XX, 41-44. — Le vers. 1 annonce que Jésus-Christ sera élevé à la droite du Père, après sa victoire décisive sur ses ennemis, Act. II, 34 sq. ; I Cor. XV, 25 ; Hebr. I, 13 ; X, 13. Le vers. 4 prophétise l’abrogation du sacerdoce d’Aaron, et son remplacement par le sacerdoce de Jésus-Christ, selon l’ordre de Melchisedech, Hebr. V, 6 ; VII, 17, 21. Le sens des autres versets, qui ne sont pas cités dans le Nouveau Testament, n’est pas moins certain. Le vers. 2 prédit que le règne du Messie, qui commencera à Jérusalem, s’étendra de là sur toute la terre. Le vers. 3 nous le montre, quoique d’une manière obscure, engendré du sein de Dieu. Les versets 5 et 6 nous le représentent triomphant, du haut du ciel, de ses ennemis. Enfin, le vers. 7 nous fait entrevoir les souffrances par lesquelles il s’est acquis sa gloire. — Les versets 1-2, contiennent un oracle de Dieu qui fournit le thème développé dans le reste du psaume. Le Seigneur promet au Messie la puissance et la domination universelle. Dans les versets 3-4, le Psalmiste lui rappelle son origine et les promesses que le Seigneur lui a faites. Dans les versets 5-7, il dépeint le Messie terrassant ses ennemis, après avoir conquis son royaume en buvant de l’eau du torrent, c’est-à-dire par ses souffrances.

1. Mon Seigneur. David n’a pu donner ce titre à aucun simple mortel, parce qu’il n’en reconnaissait aucun au-dessus de lui. Ce n’est donc qu’au Messie, c’est-à-dire à l’Homme-Dieu qu’il le donne ; Jésus-Christ l’a prouvé aux Juifs de son temps, et saint Paul fait aussi au Sauveur l’application de ce passage du Psalmiste. Voy. Matth. XXII, 42-45 ; I Cor. XV, 25 ; Hebr. I, 13 ; X, 13. — Asseyez-vous. etc. Comme Dieu, le Sauveur a toujours été à la droite de son Père ; comme homme, il n’a commencé à y être qu’après son Ascension. Comme homme, Dieu lui dit de s’assoir à sa place, comme Dieu et Fils de Dieu, égal au Père, il prend place à sa droite : Audit quasi homo, sed quasi Filius, dit saint Ambroise. C’est la coutume en Orient que les monarques fassent assoir à leur droite ceux à qui ils confient le gouvernement de leur empire. — Jusqu’à ce que. Voy. sur le vrai sens de cette expression, Matth. I, 25. — * L’escabeau de vos pieds. Les vainqueurs en Orient, pour humilier les vaincus, les foulaient sous leurs pieds et s’en servaient comme d’un escabeau, ainsi qu’on le voit sur des bas-reliefs assyriens.

2. Sion désigne souvent, dans les prophètes, Jérusalem dont l’enceinte renfermait trois montagnes ou coteaux, Sion, Acra et Moria. — La verge (virgam) est, selon plusieurs Pères, le sceptre de Jésus-Christ, c’est-à-dire sa croix, selon d’autres, la parole de son Évangile, qui assujettit les nations à la foi ; ou bien, suivant d’autres, la sévérité de son jugement, qui brisera les méchants avec une verge de fer (Ps. II, 9). L’empire du Sauveur a commencé dans Sion, ou Jérusalem (Is. II, 3 ; Mich. IV, 2 ; Luc. XXIV, 47).

3. Principe ; c’est-à-dire, suivant la plupart des Pères, domination, empire, principauté. — Au jour de votre puissance ; c’est-à-dire de toute éternité, puisque la génération et le règne de Jésus-Christ, comme Dieu, sont éternels. Cependant saint Chrysostome, Théodoret, saint Augustin et saint Athanase entendent par cette expression le jour du jugement, auquel Jésus-Christ exercera son empire, sa sévérité et sa justice, en paraissant au milieu de ses anges et de ses saints (in splendoribus sanctorum.) — * Ce passage est très difficile. Le texte hébreu actuel est aussi très obscur, surtout pour les 3e et 4e vers. On peut le traduire ainsi :

Ton peuple [t’offre] spontanément [ses dons] au jour de ta puissance

Dans la magnificence du lieu saint ;

Du sein de l’aurore

[Coule] la rosée de ta jeunesse.

4. * « Le passage dans lequel le roi célébré ici nous est représenté en même temps comme prêtre, fournit une des preuves les plus fortes du caractère messianique de ce psaume. » (Koenig.) — Le Seigneur a juré et il ne s’en repentira point. « Il n’y aura point de changement à cette promesse. » (Bossuet.) Vous êtes prêtre pour l’éternité, selon l’ordre de Melchisedech. « Vous n’avez ni commencement ni fin : ce n’est point un sacerdoce qui vienne de vos ancêtres, ni qui doive passer à vos descendants. Votre sacerdoce ne passe point en d’autres mains : il y aura sous vous des sacrificateurs et des prêtres ; mais qui seront vos vicaires, et non point vos successeurs. » (Bossuet.)

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Ps 110

*ps110

PSAUME CX

(Hebr. CXI).

(a) Le Psalmiste loue Dieu des merveilles qu’il a faites en faveur de son ancien peuple. La plupart des Pères regardent ce psaume comme une action de grâces de Jésus-Christ et de l’Église chrétienne, pour les faveurs que Dieu a faites à ses saints, et en particulier pour l’établissement de l’Eucharistie et pour la conversion des Gentils.

1 Allelúia.

1. Alléluia.

Confitébor tibi, Dómine, in toto corde meo,

Je vous louerai, Seigneur, en tout mon cœur ;

in consílio justórum, et congregatióne.

en conseil des justes et en assemblée.

2 Magna ópera Dómini :

2. Grandes sont les œuvres du Seigneur ;

exquisíta in omnes voluntátes ejus.

parfaitement conformes à toutes ses volontés.

3 Conféssio et magnificéntia opus ejus,

3. Louange et magnificence est son ouvrage,

et justítia ejus manet in sǽculum sǽculi.

et sa justice demeure dans les siècles des siècles.

4 Memóriam fecit mirabílium suórum,

4. Il a institué un mémorial de ses merveilles,

miséricors et miserátor Dóminus.

le Seigneur miséricordieux et compatissant ;

5 Escam dedit timéntibus se ;

5. Il a donné une nourriture à ceux qui le craignent.

memor erit in sǽculum testaménti sui.

Il se souviendra à jamais de son alliance,

6 Virtútem óperum suórum annuntiábit pópulo suo,

6. Il annoncera la puissance de ses œuvres à son peuple,

7 ut det illis hæreditátem géntium.

7. Afin de leur donner l’héritage des nations :

Opera mánuum ejus véritas et judícium.

les œuvres de ses mains sont vérité et justice.

8 Fidélia ómnia mandáta ejus,

8. Tous ses commandements sont fidèles,

confirmáta in sǽculum sǽculi,

confirmés dans les siècles des siècles,

facta in veritáte et æquitáte.

faits selon la vérité et l’équité.

9 Redemptiónem misit pópulo suo ;

9. Il a envoyé la rédemption à son peuple :

mandávit in ætérnum testaméntum suum.

il a établi pour l’éternité son alliance.

Sanctum et terríbile nomen ejus.

Saint et terrible est son nom ;

10 Inítium sapiéntiæ timor Dómini ;

10. Le commencement de la sagesse est la crainte du Seigneur.

intelléctus bonus ómnibus faciéntibus eum :

La bonne intelligence est à tous ceux qui la pratiquent.

laudátio ejus manet in sǽculum sǽculi.

Sa louange demeure dans les siècles des siècles.

~

Ps. CX. 10. Prov. I, 7 ; IX, 10 ; Eccli. I, 16.

 

(a). * Ce psaume et les deux suivants dans l’hébreu, les huit suivants dans la Vulgate, commencent par Alléluia. Le Ps. CX et le Ps. CXI se font pendant pour le fond et pour la forme. L’un et l’autre sont alphabétiques, et composés de 22 vers, commençant chacun par une lettre de l’alphabet hébreu dans l’original. Le premier loue Dieu des bienfaits qu’il a accordés à Israël, à diverses époques de son histoire ; le second proclame le bonheur de celui qui craint Dieu, c’est-à-dire, est fidèle à pratiquer ses commandements ; tous les deux affirment la justice divine, qui a toujours le dernier mot. La poésie des psaumes CX et CXI ressemble à celle de plusieurs parties des Proverbes.

1. En conseil des justes ; c’est-à-dire leur société particulière. — En assemblée ; dans des réunions publiques.

2. Parfaitement conformes, etc. ; littér. recherchées (exquisita) par le Seigneur pour toutes ses volontés.

3. Louange et magnificence ; hébraïsme, pour louable et magnifique ; comme au vers. 7, vérité et justice pour vraies et justes.

5. Une nourriture ; la manne donnée aux Israélites dans le désert ; mais dans le sens spirituel, le Verbe fait chair, l’Eucharistie, la parole de Dieu.

9. La rédemption faite par Moïse en faveur des anciens Hébreux, et celle de Cyrus en faveur Rédemption de Jésus-Christ en faveur de tout le genre humain.

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111 à 120

Ps 111

*ps111

PSAUME CXI

(Hebr. CXII).

Le Psalmiste décrit le bonheur de celui qui craint le Seigneur et qui est fidèle à observer sa loi.

1 Allelúia, reversiónis Aggǽi et Zacharíæ.

1. Alléluia, du retour d’Aggée et de Zacharie.(a)  

Beátus vir qui timet Dóminum :

Bienheureux l’homme qui craint le Seigneur,

in mandátis ejus volet nimis.

il mettra toutes ses volontés dans ses commandements.

2 Potens in terra erit semen ejus ;

2. Sa postérité sera puissante sur la terre :

generátio rectórum benedicétur.

la génération des justes sera bénie.

3 Glória et divítiæ in domo ejus,

3. Gloire et richesses sont dans sa maison ;

et justítia ejus manet in sǽculum sǽculi.

et sa justice demeure dans les siècles des siècles.

4 Exórtum est in ténebris lumen rectis :

4. Il s’est élevé dans les ténèbres une lumière pour les hommes droits :

miséricors, et miserátor, et justus.

le Seigneur est miséricordieux, compatissant et juste.

5 Jucúndus homo qui miserétur et cómmodat ;

5. Agréable est l’homme qui a de la pitié et qui prête,

dispónet sermónes suos in judício :

il règlera ses discours avec jugement ;

6 quia in ætérnum non commovébitur.

6. car il ne sera jamais ébranlé.

7 In memória ætérna erit justus ;

7. Le juste jouira d’une mémoire éternelle :

ab auditióne mala non timébit.

il ne craindra pas d’entendre quelque chose de fâcheux.

Parátum cor ejus speráre in Dómino,

Son cœur est prêt à espérer dans le Seigneur ;

8 confirmátum est cor ejus ;

8. Son cœur est affermi, il ne sera pas ébranlé,

non commovébitur donec despíciat inimícos suos.

jusqu’à ce qu’il méprise ses ennemis.

9 Dispérsit, dedit paupéribus ;

9. Il a répandu, donné aux pauvres :

justítia ejus manet in sǽculum sǽculi :

sa justice demeure dans les siècles des siècles,

cornu ejus exaltábitur in glória.

sa corne sera exaltée avec gloire.

10 Peccátor vidébit, et irascétur ;

10. Le pécheur verra, et il sera irrité :

déntibus suis fremet et tabéscet :

il grincera des dents, et se consumera ;

desidérium peccatórum períbit.

le désir des pécheurs périra.

~

Ps. CXI.

 

(a). * Saint Chrysostome regarde ce psaume comme une suite du précédent ; il est certain qu’il a été composé dans le même gout et sur le même dessein. — Voir le psaume CX. — Ce psaume sans titre en hébreu, porte dans la Vulgate celui de Retour d’Aggée et de Zacharie, ce qui signifie sans doute qu’il fut chanté après le retour de la captivité, du temps des prophètes Aggée et Zacharie, et par leur conseil.

1. Il mettra, etc. ; il recherchera avant tout d’accomplir ses commandements.

7. D’entendre quelque chose de fâcheux. Glaire traduit : D’entendre mal parle de lui.

8. Jusqu’à ce que. Voy. sur le vrai sens de cette expression Matth. I, 25.

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Ps 112

*ps112

PSAUME CXII

(Hebr. CXIII).

(a) Le Psalmiste exhorte les serviteurs du Seigneur à le louer pour sa grandeur, sa puissance et sa bonté.

1 Allelúia.

1. Alléluia.

Laudáte, púeri, Dóminum ;

Louez le Seigneur, enfants,

laudáte nomen Dómini.

louez le nom du Seigneur.

2 Sit nomen Dómini benedíctum

2. Que le nom du Seigneur soit béni,

ex hoc nunc et usque in sǽculum.

dès ce moment et jusqu’à jamais.

3 A solis ortu usque ad occásum

3. Du lever du soleil à son coucher,

laudábile nomen Dómini.

louable est le nom du Seigneur.

4 Excélsus super omnes gentes Dóminus,

4. Le Seigneur est élevé au-dessus de toutes les nations,

et super cælos glória ejus.

et au-dessus des cieux est sa gloire.

5 Quis sicut Dóminus Deus noster, qui in altis hábitat,

5. Qui est comme le Seigneur notre Dieu, qui habite les hauteurs,

6 et humília réspicit in cælo et in terra ?

6. Et regarde les choses basses dans le ciel et sur la terre ?

7 Súscitans a terra ínopem,

7. Qui tire de la terre l’homme sans ressource,

et de stércore érigens páuperem :

et qui relève du fumier le pauvre ;

8 ut cóllocet eum cum princípibus,

8. Pour le placer avec des princes,

cum princípibus pópuli sui.

avec les princes de son peuple.

9 Qui habitáre facit stérilem in domo,

9. Qui fait habiter la femme stérile dans une maison,

matrem filiórum lætántem.

mère se réjouissant de ses enfants.

~

Ps. CXII. 3. Malach. I, 11.

 

(a). * Ce psaume qui a, pour le fond, des analogies avec le cantique d’Anne, I Reg. II, et avec le Magnificat, est un hymne de louange à Dieu. — Il commence le Hallel que les Juifs récitent aux trois grandes fêtes de l’année, à la fête de la Dédicace et aux Néoménies. Les autres Psaumes du Hallel sont CXIII-CXVII, et CXXXV, lequel est appelé spécialement le grand Hallel. — Le Ps. CXII est très régulier, il renferme trois strophes, 1-3 ; 4-6 ; 7-9 ; et est très facile à comprendre. La 1re strophe est une invitation à louer Dieu ; la 2e exalte la grandeur du Très-Haut ; la 3e, établissant un contraste entre cette élévation et la bonté divine, loue le Seigneur de ce qu’il s’abaisse jusqu’aux petits et aux faibles pour les soutenir et les consoler.

1. Enfants (pueri) ; c’est aussi le sens des Septante ; mais l’hébreu, le chaldéen, le syriaque et les anciens interprètes grecs, Aquila, Symmaque, Théodotion, lisent serviteurs ; et c’est aussi serviteurs que portent la Vulgate et les Septante dans un endroit parallèle, Ps. CXXXIV, 1.

²

 

Ps 113

*ps113

PSAUME CXIII

(Hebr. CXIV).

Le Psalmiste représente les merveilles que le Seigneur opéra à la sortie d’Égypte, au passage de la mer Rouge et du Jourdain, fait ressortir la vanité des idoles, et rapporte la bénédiction du Seigneur sur Israël.

1 Allelúia.

1. Alléluia.

In éxitu Israël de Ægýpto,

Lorsque qu’Israël sortit de l’Égypte,

domus Jacob de pópulo bárbaro,

et la maison de Jacob du milieu d’un peuple barbare,

2 facta est Judǽa sanctificátio ejus ;

2. La Judée devint sa sanctification,

Israël potéstas ejus.

et Israël son empire.

3 Mare vidit, et fugit ;

3. La mer le vit, et s’enfuit,

Jordánis convérsus est retrórsum.

le Jourdain retourna en arrière.

4 Montes exsultavérunt ut aríetes,

4. Les montagnes bondirent comme des béliers,

et colles sicut agni óvium.

et les collines comme des agneaux de brebis.

5 Quid est tibi, mare, quod fugísti ?

5. Qu’as-tu, ô mer, que tu aies fui ?

et tu, Jordánis, quia convérsus es retrórsum ?

et toi, Jourdain, que tu sois retourné en arrière ?

6 montes, exsultástis sicut aríetes ?

6. Montagnes, pourquoi avez-vous bondi comme des béliers,

et colles, sicut agni óvium ?

et vous, collines, comme des agneaux de brebis ?

7 A fácie Dómini mota est terra,

7. La terre a été ébranlée à la face du Seigneur,

a fácie Dei Jacob :

à la face du Dieu de Jacob.

8 qui convértit petram in stagna aquárum,

8. Qui convertit la pierre en étangs d’eaux,

et rupem in fontes aquárum.

et le rocher en fontaines d’eaux.

9 Non nobis, Dómine, non nobis,

9. NON PAS À NOUS, SEIGNEUR, NON PAS À NOUS,

sed nómini tuo da glóriam :

mais à votre nom donnez gloire.

10 super misericórdia tua et veritáte tua ;

10. À cause de votre miséricorde et de votre vérité,

nequándo dicant gentes :

de peur qu’un jour les nations ne disent :

Ubi est Deus eórum ?

Où est leur Dieu ?

11 Deus autem noster in cælo ;

11. Mais notre Dieu est dans le ciel :

ómnia quæcúmque vóluit fecit.

toutes choses quelconques qu’il a voulues, il les a faites.

12 Simulácra géntium argéntum et aurum,

12. Les simulacres des nations sont de l’or et de l’argent ;

ópera mánuum hóminum.

des ouvrages de mains d’hommes.

13 Os habent, et non loquéntur ;

13. Ils ont une bouche, et ils ne parleront pas :

óculos habent, et non vidébunt.

ils ont des yeux, et ils ne verront pas.

14 Aures habent, et non áudient ;

14. Ils ont des oreilles, et ils n’entendront pas ;

nares habent, et non odorábunt.

ils ont des narines, et ils ne sentiront pas.

15 Manus habent, et non palpábunt ;

15. Ils ont des mains, et ils ne toucheront pas ;

pedes habent, et non ambulábunt ;

ils ont des pieds, et ils ne marcheront pas ;

non clamábunt in gútture suo.

et ils ne crieront pas de leur gosier.

16 Símiles illis fiant qui fáciunt ea,

16. Qu’ils leur deviennent semblables ceux qui les font,

et omnes qui confídunt in eis.

et tous ceux qui se confient en elles.

17 Domus Israël sperávit in Dómino ;

17. La maison d’Israël a espéré dans le Seigneur ;

adjútor eórum et protéctor eórum est.

il est leur aide et leur protecteur.

18 Domus Aaron sperávit in Dómino ;

18. La maison d’Aaron a espéré dans le Seigneur ;

adjútor eórum et protéctor eórum est.

il est leur aide et leur protecteur.

19 Qui timent Dóminum speravérunt in Dómino ;

19. Ceux qui craignent le Seigneur ont espéré dans le Seigneur ;

adjútor eórum et protéctor eórum est.

il est leur aide et leur protecteur.

20 Dóminus memor fuit nostri,

20. Le Seigneur s’est souvenu de nous,

et benedíxit nobis.

et il nous a bénis.

Benedíxit dómui Israël ;

Il a béni la maison d’Israël ;

benedíxit dómui Aaron.

il a béni la maison d’Aaron.

21 Benedíxit ómnibus qui timent Dóminum,

21. Il a béni tous ceux qui craignent le Seigneur,

pusíllis cum majóribus.

les plus petits avec les plus grands.

22 Adjíciat Dóminus super vos,

22. Que le Seigneur vous accorde de nouveaux biens,

super vos et super fílios vestros.

à vous et à vos fils.

23 Benedícti vos a Dómino,

23. Soyez bénis du Seigneur,

qui fecit cælum et terram.

qui a fait le ciel et la terre.

24 Cælum cæli Dómino ;

24. Le ciel du ciel est au Seigneur ;

terram autem dedit fíliis hóminum.

mais la terre, il l’a donnée aux fils des hommes.

25 Non mórtui laudábunt te, Dómine,

25. Ce ne sont point les morts qui vous loueront, Seigneur,

neque omnes qui descéndunt in inférnum :

ni aucun de ceux qui descendent dans l’enfer.

26 sed nos qui vívimus, benedícimus Dómino,

26. Mais nous qui vivons, nous bénissons le Seigneur,

ex hoc nunc et usque in sǽculum.

dès ce moment et jusqu’à jamais.

~

Ps. CXIII. 1a pars. 1. Ex. XIII, 3. — 2a pars. 12. Infra. CXXXIV, 15. — 13. Sap. XV, 15. — 25. Bar. II, 17.

 

1. 1ère partie (1-8). * Psaume historique. Il résume en quelques traits, avec des images fortes et hardies, les miracles opérés par le Seigneur pour délivrer son peuple de l’année du Pharaon, qui le poursuivait à la sortie d’Égypte. Les Égyptiens y sont appelés un peuple barbare, dans le sens primitif du mot, ancien indien barbaras, analogue à balbus, celui qui bégaie, c’est-à-dire, ici, celui qui parle une langue étrangère, qu’on ne comprend pas. — La Harpe dit, au sujet de ce psaume : « Si ce n’est pas là de la poésie lyrique et du premier ordre, il n’y en eut jamais ; et si je voulais donner un modèle de la manière dont l’ode doit procéder dans les grands sujets, je n’en choisirais pas un autre : il n’y en a pas de plus accompli. Le début est un exposé simple, rapide et imposant. Le poète raconte des merveilles inouïes comme il raconterait des faits ordinaires : pas un accent de surprise ni d’admiration, comme n’y aurait pas manqué tout autre poète. Le Psalmiste ne veut pas parler lui-même de l’idée qu’il faut avoir des merveilles qu’il trace. Il veut que ce soit toute la nature qui rende témoignage au Maitre auquel elle obéit. Il l’interroge donc tout de suite, et de quel ton ! Mer, pourquoi as-tu fui ? Jourdain, etc. Je cherche quelque chose de comparable à cette brusque et frappante apostrophe, et je ne trouve rien qui en approche. Il interpelle la mer, le fleuve, les montagnes, les collines, et avec quelle sublime brièveté ! Et dans l’instant vous entendez la mer, le fleuve, les montagnes, les collines qui répondent ensemble : Eh ! ne voyez-vous pas que ta terre s’est émue à la face du Seigneur ? Et comment ne serait-elle pas émue à la face de Celui qui change la pierre en fontaine et la roche en source d’eau vive ? Car ce sont là les liaisons supprimées dans cette poésie rapide. Le poète aurait pu aussi mettre en récit ce miracle, comme il a fait des autres ; mais il préfère de le mettre dans la bouche des êtres inanimés ; est-ce là un art vulgaire ? »

2. Sa sanctification ; sa consécration ; c’est-à-dire que Juda est devenu le peuple consacré au Seigneur, la nation sainte, comme il est dit expressément dans l’Exode (XIX, 6). — Son empire ; le peuple de sa domination, dont il voulait bien être le roi.

9. 2ème partie (9-26). * Ce psaume, qui est le CXVe selon l’hébreu, quoique il ait une numérotation particulière, pour les versets, dans notre Vulgate [# Nous n’avons pas conservée ici la numérotation particulière.], ne compte que pour un avec le précédent, non seulement dans les Septante, nos éditions latines et la liturgie, mais aussi dans les versions syriaque, éthiopienne et arabe. Le beau sentiment qu’exprime le : Non pas à nous, Seigneur, etc., à la suite des merveilles de la sortie d’Égypte, semble, en effet, relier ce psaume au précédent : le chantre sacré, comme ébloui et accablé à la vue de tant de miracles, et tout pénétré du sentiment de l’infirmité de l’homme, pouvait s’écrier naturellement : Non pas à nous. Mais la différence de sujet et de rythme parait donner raison au partage du Ps. In éxitu, dans la Bible hébraïque. — C’est une prière d’Israël adressée à Dieu pour obtenir son secours dans une guerre contre les ennemis idolâtres. On le chantait peut-être solennellement au moment de marcher contre l’ennemi.

9-11. * Que Dieu glorifie son nom en accordant la victoire aux siens contre les idolâtres.

12-16. * Les dieux des païens ne sont rien.

15. Avec leur gosier ; c’est-à-dire quoiqu’ils aient un gosier.

17-19. * Que les guerriers d’Israël soient donc pleins de confiance, car c’est le vrai Dieu qui est leur soutien. Comme cette dernière idée est celle que le Psalmiste veut inculquer le plus profondément dans le cœur des soldats, elle est répétée trois fois dans cette strophe, à la 3e personne. Les versets 22-23, sont à la 2e personne ; ce changement provient, sans doute, de ce que le refrain était chanté par le chœur de ceux qui ne partaient point pour la guerre, tandis que les guerriers chantaient eux-mêmes le reste du psaume, d’où l’emploi de la 1re personne : 9, 11, 20, 26.

20-26. * Promesse que Dieu bénira son peuple, 20-22. — 23-26 : Même pensée exprimée en d’autres termes : Dieu conservera à Israël la terre qu’il lui a donnée, et les Israélites le loueront, avant de descendre dans la tombe.

24. Le ciel du ciel ; hébraïsme, pour le ciel le plus élevé. Voy. plus haut les Observat. prélimin., II, 1°.

25. Ni aucun ; littér. ni tous. En hébreu les mots tout, tous, toute, toutes, joints à une négation, signifient aucun, nul, aucune, nulle. — * Ce ne sont point les morts qui vous loueront. Les damnés ne louent point Dieu. Les justes mêmes, dans les limbes, avant la venue du Messie, ne pouvaient glorifier Dieu comme les saints qui jouissent de la béatitude céleste dans le ciel.

²

 

Ps 114

*ps114

PSAUME CXIV

(Hebr. CXVI).

Le Psalmiste délivré par le secours du Seigneur de la mort dont il était menacé, lui témoigne sa gratitude, son amour et sa confiance.

1 Allelúia.

1. Alléluia.

Diléxi, quóniam exáudiet Dóminus

J’ai aimé, car le Seigneur exaucera

vocem oratiónis meæ.

la voix de ma prière.

2 Quia inclinávit aurem suam mihi,

2. Car il a incliné son oreille vers moi,

et in diébus meis invocábo.

pendant tous mes jours je l’invoquerai.

3 Circumdedérunt me dolóres mortis ;

3. Les douleurs de la mort m’ont environné,

et perícula inférni invenérunt me.

et les périls de l’enfer m’ont atteint.

Tribulatiónem et dolórem invéni,

J’ai trouvé l’affliction et la douleur,

4 et nomen Dómini invocávi :

4. Et j’ai invoqué le nom du Seigneur.

o Dómine, líbera ánimam meam.

Ô Seigneur, délivrez mon âme ;

5 Miséricors Dóminus et justus,

5. Le Seigneur est miséricordieux et juste,

et Deus noster miserétur.

et notre Dieu a de la pitié.

6 Custódiens párvulos Dóminus ;

6. Le Seigneur garde les petits :

humiliátus sum, et liberávit me.

j’ai été humilié, et il m’a délivré.

7 Convértere, ánima mea, in réquiem tuam,

7. Rentre, ô mon âme, en ton repos,

quia Dóminus benefécit tibi :

car le Seigneur a été bon pour toi.

8 quia erípuit ánimam meam de morte,

8. Car il a arraché mon âme à la mort,

óculos meos a lácrimis,

mes yeux aux larmes,

pedes meos a lapsu.

mes pieds à la chute.

9 Placébo Dómino in regióne vivórum.

9. Je plairai au Seigneur dans la région des vivants.

~

Ps. CXIV.

 

1. * Les deux psaumes CXIV et CXV n’en forment qu’un seul en hébreu. La Vulgate ne les compte aussi que pour un dans la numérotation des versets. Quoique on puisse très bien les couper en deux, ils paraissent cependant étroitement unis et forment quatre strophes, 1-4 ; 5-9 ; 10-14 ; 15-19, lesquelles se correspondent exactement. Les deux premières racontent à quel péril de mort a échappé le Psalmiste ; les deux dernières remercient Dieu de cette délivrance.

2. Pendant (in) est précédé de et ; mais cette particule, qui se trouve aussi dans l’hébreu et les Septante, est ici purement pléonastique, ou ne sert qu’à marquer l’apodose ; c’est-à-dire une proposition qui est subordonnée à la précédente. Bien qu’elle ne puisse s’exprimer ici en français, elle a le sens de alors, dans ce cas, cela supposé.

3. Les douleurs de la mort, etc. Compar. Ps. XVII, 5, 6.

9. Dans la région des vivants ; parmi les vivants, dans ce monde ; mais les Pères l’entendent dans le sens spirituel de la félicité du ciel qui est la vraie région des vivants, dont tous les habitants sont pour toujours agréables au Seigneur, sans craindre de déchoir jamais de cet état si heureux.

²

 

Ps 115

*ps115

PSAUME CXV

(Hebr. CXVI). (a)

Le Psalmiste, au milieu des maux dont il est accablé, se soutient par sa foi et par sa confiance dans les promesses du Seigneur

10 Allelúia.

10. Alléluia.

Crédidi, propter quod locútus sum ;

J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ;

ego autem humiliátus sum nimis.

mais j’ai été humilié jusqu’à l’excès.

11 Ego dixi in excéssu meo :

11. J’ai dit dans mon transport :

Omnis homo mendax.

Tout homme est menteur.

12 Quid retríbuam Dómino

12. Que rendrai-je au Seigneur

pro ómnibus quæ retríbuit mihi ?

pour tous les biens qu’il m’a faits ?

13 Cálicem salutáris accípiam,

13. Je prendrai le calice du salut,

et nomen Dómini invocábo.

et j’invoquerai le nom du Seigneur.

14 Vota mea Dómino reddam

14. Je rendrai mes vœux au Seigneur

coram omni pópulo ejus.

devant tout son peuple ;

15 Pretiósa in conspéctu Dómini

15. Précieuse, en présence du Seigneur,

mors sanctórum ejus.

est la mort de ses saints.

16 O Dómine, quia ego servus tuus ;

16. Ô Seigneur, car je suis votre serviteur,

ego servus tuus, et fílius ancíllæ tuæ.

je suis votre serviteur, et le fils de votre servante.

Dirupísti víncula mea :

Vous avez rompu mes liens ;

17 tibi sacrificábo hóstiam laudis,

17 À vous, je sacrifierai une hostie de louange,

et nomen Dómini invocábo.

et j’invoquerai le nom du Seigneur.

18 Vota mea Dómino reddam

18. Je rendrai mes vœux au Seigneur

in conspéctu omnis pópuli ejus ;

en présence de tout son peuple,

19 in átriis domus Dómini,

19. Dans les parvis de la maison du Seigneur,

in médio tui, Jerúsalem.

au milieu de toi, Jérusalem.

~

Ps. CXV. 10. II Cor. IV, 13. — 11. Rom. III, 4.

 

(a). * Ce psaume, dans les Bibles hébraïques, est la continuation du précédent ; voilà pourquoi, même dans les éditions latines, les versets commencent par le 10e.

10. J’ai cru, etc. Saint Paul (II Cor. IV, 13) cite ce passage pour montrer que ceux qui ont le don de la foi la publient hardiment et sans aucune crainte de la part des hommes.

11. Dans mon transport ; expression qui se trouve déjà Ps. XXX, 23.

13. Le calice du salut ; allusion au vin que l’on répandait sur les victimes d’actions de grâces, selon la loi mosaïque (Ex. XXIX, 40 ; Num. XV, 5 ; XXVIII, 7, 14), ou, suivant les Pères, au calice de la Passion de Jésus-Christ. — * Le calice du salut, figure du calice eucharistique, désigne la coupe qu’on offrait à Dieu pour le remercier de ses bienfaits, et qu’on buvait ensuite. La troisième des quatre coupes que buvaient les Juifs, dans la célébration de la fête de Pâques, était appelée la coupe de bénédiction ou d’actions de grâces. Cf. I Cor. X, 16 ; Matth. XXVI, 27 ; Luc. XXII, 17 ; Jer. XVI, 7 ; II Reg. III, 35 ; Prov. XXXI, 6.

15. * Ce verset rappelle la mort dont le Psalmiste a parlé, Ps. CXIV, et à laquelle il a échappé. En disant que la mort du juste est précieuse aux yeux de Dieu, il affirme par la même l’existence de l’autre vie.

16. Le fils de votre servante. Voy. Ps. LXXXV, 16.

19. * Dans les parvis. Les simples fidèles ne pouvaient pénétrer que les parvis de la maison du Seigneur, et c’est là qu’ils offraient à Dieu leurs offrandes et ce qu’ils lui avaient voué.

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Ps 116

*ps116

PSAUME CXVI

(Hebr. CXVII).

Le Psalmiste invite toutes les nations à louer le Seigneur de sa miséricorde et de sa fidélité à exécuter ses promesses.

1 Allelúia.

1. Alléluia.

Laudáte Dóminum, omnes gentes ;

Louez le Seigneur, toutes les nations ;

laudáte eum, omnes pópuli.

louez-le, tous les peuples ;

2 Quóniam confirmáta est super nos misericórdia ejus,

2. Car s’est affermie sur nous sa miséricorde,

et véritas Dómini manet in ætérnum.

et la vérité du Seigneur demeure à jamais.

~

Ps. CXVI. 1. Rom. XV, 11. — 2. Joan. XII, 34.

 

1. Nations, etc. Saint Paul voit dans ce psaume la vocation des gentils au christianisme (Rom. XV, 11). C’est aussi dans ce sens que les Pères et la plupart des interprètes l’expliquent.

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Ps 117

*ps117

PSAUME CXVII

(Hebr. CXVIII).

(a) Le Psalmiste exhorte à louer le Seigneur à cause de sa grande miséricorde. Il décrit les dangers auxquels il a été exposé, et marque la manière dont il en est sorti.

1 Allelúia.

1. Alléluia.

Confitémini Dómino, quóniam bonus,

Louez le Seigneur, car il est bon,

quóniam in sǽculum misericórdia ejus.

car à jamais est sa miséricorde.

2 Dicat nunc Israël : Quóniam bonus,

2. Dise maintenant Israël qu’il est bon,

quóniam in sǽculum misericórdia ejus.

qu’à jamais est sa miséricorde.

3 Dicat nunc domus Aaron :

3. Dise maintenant la maison d’Aaron,

Quóniam in sǽculum misericórdia ejus.

qu’à jamais est sa miséricorde.

4 Dicant nunc qui timent Dóminum :

4. Disent maintenant ceux qui craignent le Seigneur,

Quóniam in sǽculum misericórdia ejus.

qu’à jamais est sa miséricorde.

5 De tribulatióne invocávi Dóminum,

5. Dans la tribulation, j’ai invoqué le Seigneur ;

et exaudívit me in latitúdine Dóminus.

et le Seigneur m’a exaucé, en me mettant au large.

6 Dóminus mihi adjútor ;

6. Le Seigneur m’est un aide :

non timébo quid fáciat mihi homo.

je ne craindrai pas ce que peut me faire un homme ;

7 Dóminus mihi adjútor,

7. Le Seigneur m’est un aide,

et ego despíciam inimícos meos.

et moi je mépriserai mes ennemis.

8 Bonum est confídere in Dómino,

8. Il est bon de se confier dans le Seigneur,

quam confídere in hómine.

plutôt que de se confier dans un homme,

9 Bonum est speráre in Dómino,

9. Il est bon d’espérer dans le Seigneur,

quam speráre in princípibus.

plutôt que d’espérer dans des princes.

10 Omnes gentes circuiérunt me,

10. Toutes les nations m’ont environné :

et in nómine Dómini, quia ultus sum in eos.

au nom du Seigneur, je me suis vengé d’elles.

11 Circumdántes circumdedérunt me,

11. Environnant, elles m’ont environné :

et in nómine Dómini, quia ultus sum in eos.

au nom du Seigneur, je me suis vengé d’elles.

12 Circumdedérunt me sicut apes,

12. Elles m’ont environné comme des abeilles,

et exarsérunt sicut ignis in spinis :

elles se sont embrasées comme un feu dans des épines,

et in nómine Dómini, quia ultus sum in eos.

au nom du Seigneur, je me suis vengé d’elles.

13 Impúlsus evérsus sum, ut cáderem,

13. Violemment heurté, j’ai été ébranlé et près de tomber,

et Dóminus suscépit me.

mais le Seigneur m’a soutenu.

14 Fortitúdo mea et laus mea Dóminus,

14. Ma force et ma louange, c’est le Seigneur,

et factus est mihi in salútem.

il est devenu mon salut.

15 Vox exsultatiónis et salútis

15. Une voix d’exultation et de salut a retenti

in tabernáculis justórum.

dans les tabernacles des justes.

16 Déxtera Dómini fecit virtútem ;

16. La droite du Seigneur a exercé sa puissance,

déxtera Dómini exaltávit me :

la droite du Seigneur m’a exalté,

déxtera Dómini fecit virtútem.

la droite du Seigneur a exercé sa puissance.

17 Non móriar, sed vivam,

17. Je ne mourrai pas, mais je vivrai,

et narrábo ópera Dómini.

je raconterai les œuvres du Seigneur.

18 Castígans castigávit me Dóminus,

18. Me châtiant, il m’a châtié, le Seigneur,

et morti non trádidit me.

mais il ne m’a pas livré à la mort.

19 Aperíte mihi portas justítiæ :

19. Ouvrez-moi les portes de la justice ;

ingréssus in eas confitébor Dómino.

entré en elles, je louerai le Seigneur ;

20 Hæc porta Dómini :

20. Voici la porte du Seigneur,

justi intrábunt in eam.

les justes y entreront.

21 Confitébor tibi quóniam exaudísti me,

21. Je vous louerai, car vous m’avez exaucé,

et factus es mihi in salútem.

et que vous êtes devenu mon salut.

22 Lápidem quem reprobavérunt ædificántes,

22. La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs

hic factus est in caput ánguli.

est devenue un sommet d’angle.

23 A Dómino factum est istud,

23. Par le Seigneur a été fait cela,

et est mirábile in óculis nostris.

et c’est admirable à nos yeux.

24 Hæc est dies quam fecit Dóminus ;

24. Voici le jour qu’a fait le Seigneur ;

exsultémus, et lætémur in ea.

exultons et réjouissons-nous en ce jour.

25 O Dómine, salvum me fac ;

25. Ô Seigneur, sauvez-moi,

o Dómine, bene prosperáre.

ô Seigneur, faites-moi bien prospérer ;

26 Benedíctus qui venit in nómine Dómini :

26. Béni celui qui vient au nom du Seigneur !

benedíximus vobis de domo Dómini.

Nous vous avons béni de la maison du Seigneur ;

27 Deus Dóminus, et illúxit nobis.

27. Le Seigneur est Dieu, et nous a éclairés.

Constitúite diem solémnem in condénsis,

Instituez un jour solennel dans les feuillages touffus,

usque ad cornu altáris.

jusqu’à la corne de l’autel.

28 Deus meus es tu, et confitébor tibi ;

28. Vous êtes mon Dieu, et je vous louerai ;

Deus meus es tu, et exaltábo te.

Vous êtes mon Dieu, et je vous exalterai.

Confitébor tibi quóniam exaudísti me,

Je vous louerai, car vous m’avez exaucé,

et factus es mihi in salútem.

et vous êtes devenu mon salut.

29 Confitémini Dómino, quóniam bonus,

29. Louez le Seigneur, car il est bon,

quóniam in sǽculum misericórdia ejus.

car à jamais est sa miséricorde.

~

Ps. CXVII. 7. Hebr. XIII, 6. — 14. Ex. XV, 2. — 22. Is. XXVIII, 16 ; Matth. XXI, 42 ; Luc. XX, 17 ; Act. IV, 11 ; Rom. IX, 33 ; I Petr. II, 7.

 

(a). * Ce psaume dont la forme même, – la quadruple invitation de 1-4, le refrain répété après chaque vers : 1-4, etc., – indique qu’il avait été composé pour une cérémonie publique, fut probablement chanté à la Dédicace du second temple, I Esd. VI, 15-16. On n’y distingue pas de strophes régulières, mais il se divise en divers groupes, destinés à être chantés à des moments différents. Au commencement de la cérémonie, quand la procession se met en marche, elle loue la bonté de Dieu, 1-4 ; pendant la marche, elle rappelle comment Dieu a délivré Israël de la captivité, et elle l’en remercie, 5-18 ; à l’entrée du temple, elle demande que les portes du temple lui soient ouvertes, pour y glorifier Dieu, 19. — Ceux qui reçoivent la procession répondent que c’est la porte de Dieu, et que les justes seuls y entrent, 20 ; ils remercient Dieu de l’érection du nouveau temple, et de la joie qu’il leur donne en cette fête, 21-23 ; ils accueillent enfin ceux qui arrivent et ceux qui attendaient, répètent les deux premiers vers qui résument tout le psaume.

1, 29. Pour jamais, etc. Voy. Ps. CV, 1.

5. En mettant au large. Voy. plus haut, Observat. prélimin., II, 2°.

10. D’elles ; littér. d’eux, c’est-à-dire des habitants des nations.

11. Environnant, etc., hébraïsme, pour elles m’ont environné de toutes parts. Compar. Ps. XXXIX, 2.

14, 21, 28. Il est devenu mon salut ; littér. et par hébraïsme, il est devenu pour moi en salut.

18. Me châtiant, il m’a châtié ; pour il m’a châtié sévèrement. Compar. Ps. XXXIX, 2.

22. La pierre, etc. C’est une figure de Jésus-Christ, qui, rejeté par les Juifs, mis à mort par la malice de ses ennemis, est cependant devenue la pierre angulaire de l’édifice de l’Église, le lien des deux peuples, juif et gentil, réunis dans la religion et dans la foi chrétienne. C’est en ce sens que Jésus-Christ lui-même et les apôtres ont expliqué ce passage. Compar. Matth. XXI, 42 ; Marc. XII, 10 ; Luc. XX, 17 ; Eph. II, 20 ; I Petr. II, 6-7.

27. # Nous a éclairés ; il a fait luire sa lumière sur nous. Feuillages touffus. À la fête des Tabernacles, les Juifs faisaient des tentes de branches de verdure dans les parvis du temple, dans toute l’étendue de la montagne sainte, dans les cours de la ville. — La corne ; l’hébreu et les Septante lisent les cornes. Il y avait quatre cornes à l’autel des holocaustes. Voy. Ex. XXVII, 2 ; XXIX, 12.

²

 

Ps 118

*ps118

PSAUME CXVIII

(Hebr. CXIX).

L’auteur emploie tout ce long psaume à témoigner par différentes expressions, son amour pour la loi de Dieu et son aversion pour le péché.

ALEPH. v. 1

1 Allelúia.

1. Alléluia.

Beáti immaculáti in via,

Bienheureux ceux qui sont sans tache dans la voie,

qui ámbulant in lege Dómini.

qui marchent dans la loi du Seigneur.

2 Beáti qui scrutántur testimónia ejus ;

2. Bienheureux ceux qui étudient ses témoignages ;

in toto corde exquírunt eum.

ils le recherchent de tout leur cœur.

3 Non enim qui operántur iniquitátem

3. Car ceux qui opèrent l’iniquité

in viis ejus ambulavérunt.

n’ont pas marché dans ses voies.

4 Tu mandásti mandáta tua

4. Vous avez ordonné que vos commandements

custodíri nimis.

soient gardés très exactement.

5 Utinam dirigántur viæ meæ

5. Que toutes mes voies soient dirigées

ad custodiéndas justificatiónes tuas.

pour garder vos justifications !

6 Tunc non confúndar,

6. Alors je ne serai point confondu,

cum perspéxero in ómnibus mandátis tuis.

quand je fixerai mes yeux sur vos commandements.

7 Confitébor tibi in directióne cordis,

7. Je vous louerai dans la droiture de mon cœur,

in eo quod dídici judícia justítiæ tuæ.

car j’ai appris les jugements de votre justice.

8 Justificatiónes tuas custódiam ;

8. Je garderai vos justifications :

non me derelínquas usquequáque.

ne m’abandonnez pas entièrement.

~

Ps. CXVIII. Aleph.

 

1. Ce psaume est acrostiche ou alphabétique, mais de telle sorte que chacune des vingt-deux lettres dont se compose l’alphabet hébreu comprend huit versets. Selon saint Ambroise, le Psalmiste a suivi l’ordre alphabétique, comme pour nous faire comprendre que ce psaume est l’alphabet des chrétiens, et que nous y trouvons les éléments et les principes de tous nos devoirs. La loi de Dieu se trouve exprimée dans tous les versets (excepté dans le 122e), mais sous plusieurs noms différents, noms qui en montrent les qualités et l’excellence. Et bien que ces noms ne signifient pas tous étymologiquement la même chose, on ne laisse pas de les prendre pour synonymes dans ce psaume. Or, pour éviter dans les Notes explicatives une foule de redites, nous donnerons ici l’explication de ces divers noms. Ainsi la loi, lex, terme générique qui comprend tout ce que Dieu a ordonné par lui-même, par ses législateurs et ses prophètes, et qu’on explique principalement de la loi écrite, donnée ou la conduite qu’il doit tenir, en suivant les lois de Dieu ; – 2° Témoignage (testimonium), soit parce que sa loi est quelquefois accompagnée de certains rites, qui servent de monument ou de témoignage à quelque évènement mémorable, comme la Pâque, qui est un témoignage de la sortie d’Égypte, soit parce que, suivant saint Hilaire et Théodoret, Dieu, en donnant ses lois à son peuple, attesta le ciel et la terre ; – 3° Commandement (mandatum), ou bien encore, précepte, ordonnance, statut, décret ; parce que la loi contient des ordres, où Dieu se donne comme maitre et comme monarque absolu, et des prescriptions qui regardent particulièrement le culte et l’amour de Dieu et du prochain ; – 4° Parole (verbum, eloquium), parce que les promesses, les menaces, les instructions et les ordres de Dieu, dont il est parlé si souvent dans la loi, s’expriment par des paroles ; – 5° Jugement (judicium), parce que dans les lois divines se trouvent des jugements rendus, des sentences prononcées, et les effets de ces jugements et de ces sentences, lesquels sont, d’un côté, l’acquittement des justes, et de l’autre, la punition des méchants ; – 6° Justice (justitia), parce que dans toutes les lois du Seigneur règne l’équité la plus parfaite, équité qui parait surtout dans la conduite qu’il tient envers les hommes, en rendant à chacun selon ses œuvres ; – 7° Justification (justificatio), parce que c’est l’observation de la loi qui nous justifie et nous fait croitre en justice et en sainteté ; – 8° Enfin la loi divine est nommée vérité (véritas), soit parce qu’elle ne contient rien de faux, soit parce que les promesses et les menaces qu’elle fait doivent être fidèlement accomplies. — La pensée principale développée dans ce psaume est que notre devoir capital consiste dans l’observation de la loi de Dieu. L’Église le fait réciter tous les jours à ses prêtres, dans les petites heures du Bréviaire, pour leur rappeler que leur vie entière ne doit être que l’accomplissement de la volonté de Dieu. — On a reproché à ce psaume de manquer de plan et de logique, d’être rempli de répétitions oiseuses et monotones, etc. Voici ce qu’on peut répondre à ces objections : « Le verset 9 nous montre que l’auteur est « un jeune homme, » ce qui est confirmé par les versets 99-100 [et 141]. Ce jeune homme se trouve dans un état qui est clairement décrit : il est traité avec mépris, maltraité, persécuté par les ennemis de la parole de Dieu, puisque la défection l’entoure, par un gouvernement hostile à la vraie religion, 23, 46, 161 ; il est dans les fers, 61, 83, il attend la mort, 109 ; il reconnait dans ses souffrances une humiliation salutaire qui lui vient de Dieu : la parole de Dieu est donc sa consolation, sa sagesse ; il attend le secours divin et l’implore ; – le psaume tout entier est une prière pour obtenir la persévérance au milieu d’une société impie et dégénérée, la consolation au milieu d’une affliction profonde, augmentée par l’infidélité de ceux qui l’environnent ; c’est une prière pour obtenir le salut : elle devient de plus en plus pressante et fait entendre, dans la strophe caph, le quand me consolerez-vous ? 82. – Lorsqu’on s’est bien pénétré de ce caractère du psaume, il est impossible de ne pas apercevoir le développement de la pensée. Après avoir loué la parole de Dieu (strophe aleph) et proclamé combien grande est sa vertu, puisqu’elle rend pieux le jeune homme qui l’étudié avec soin (beth), le poète demande, au milieu des ennemis railleurs qui le persécutent, la grâce de l’illumination (ghimel), de la fermeté (daleth), de la persévérance (hé), et de la force de confesser sa foi avec force et avec joie (vau) ; la parole de Dieu est l’objet de son affection (zaïn) ; il se range parmi ceux qui craignent Dieu (kheth), il reconnait que son humiliation est salutaire (teth), mais il a besoin de consolation (yod), et il demande en soupirant : Quand serai-je délivré (caph) ? Sans la parole puissante, ferme, éternelle de Dieu qui le soutient, il perdrait courage (lamed) ; elle lui donne la sagesse et la prudence (mem) ; il lui a juré fidélité et il garde son serment, malgré la persécution (nun) ; il abhorre et méprise les apostats (samech). Il est opprimé, mais Dieu ne le laissera pas périr (῾aïn), il ne permettra pas que les efforts des impies, qui lui arrachent des larmes, l’emportent (phé) sur lui, qui est petit (encore jeune) et méprisé, mais que consume le zèle contre ceux qui oublient Dieu (tsadé). Puisse le Seigneur entendre les cris par lesquels il l’appelle, et le jour et la nuit (qof), le consoler bientôt par sa miséricordieuse bonté (resch), lui qui, persécuté par les princes, s’attache fermement à Dieu (schin), et enfin le sauver, lui, pauvre brebis errante et en grand danger (thau) ! — Toutes les pensées principales des diverses strophes ne sont pas épuisées par cette analyse,… mais elle montre du moins que ce psaume ne manque point de suite et de mouvement dans la pensée, qu’il n’est point un simple poème abstrait, mais que, fondé sur des évènements particuliers, il est l’expression d’une situation personnelle, d’où est sorti, comme un fruit de la piété (de l’auteur), cet éloge intarissable de la loi de Dieu… Il est possible que la composition d’un psaume aussi long, qui manifeste dans sa forme artificielle, depuis le commencement jusqu’à la fin, la tranquillité d’âme d’un confesseur de la foi, soit l’œuvre d’un prisonnier qui abrégeait les heures de sa captivité en exprimant ainsi, en strophes alphabétiques, ses plaintes et ses espérances. » (F. Delitzsch.) — « Il nous parait, dit M. Le Hir, que l’on pourrait tirer de la seule lecture ou exposition de ce psaume une preuve frappante de la divinité d’une religion qui inspire de tels sentiments d’amour, d’amour tendre, vif et désintéressé pour la loi de Dieu. Le Psalmiste va jusqu’à verser des larmes et à se consumer de douleur et d’indignation, par zèle pour cette loi qu’il voit transgressée, méprisée par les méchants. L’homme cherche en vain de tels sentiments en lui-même, il faut que la grâce les y forme. Aussi ne trouve-t-on rien d’analogue dans toutes les littératures ni dans toutes les philosophies profanes. »

²

BETH. v.9

9 In quo córrigit adolescéntior viam suam ?

9. Comment un jeune homme corrigera-t-il sa voie ?

in custodiéndo sermónes tuos.

en gardant vos paroles.

10 In toto corde meo exquisívi te ;

10. Je vous ai recherché de tout mon cœur,

ne repéllas me a mandátis tuis.

ne me repoussez pas de vos commandements.

11 In corde meo abscóndi elóquia tua,

11. Dans mon cœur j’ai caché vos paroles,

ut non peccem tibi.

afin que je ne pèche point contre vous.

12 Benedíctus es, Dómine ;

12. Vous êtes béni, Seigneur,

doce me justificatiónes tuas.

enseignez-moi vos justifications.

13 In lábiis meis pronuntiávi ómnia judícia oris tui.

13. J’ai prononcé de mes lèvres tous les jugements de votre bouche.

14 In via testimoniórum tuórum delectátus sum,

14. Dans la voie de vos témoignages, je me suis plu

sicut in ómnibus divítiis.

comme dans toutes les richesses.

15 In mandátis tuis exercébor,

15. Je m’exercerai dans vos commandements,

et considerábo vias tuas.

et je considèrerai vos voies.

16 In justificatiónibus tuis meditábor :

16. Je méditerai sur vos justifications,

non oblivíscar sermónes tuos.

je n’oublierai pas vos paroles.

~

Ps. CXVIII. Beth.

 

10. Ne me repoussez, etc. ; c’est-à-dire ne permettez pas que je m’éloigne, etc.

²

GHIMEL. v.17

17 Retríbue servo tuo, vivífica me,

17. Donnez son salaire à votre serviteur,

et custódiam sermónes tuos.

rendez-moi la vie, et je garderai vos paroles.

18 Revéla óculos meos,

18. Dévoilez mes yeux,

et considerábo mirabília de lege tua.

et je considèrerai les merveilles de votre loi.

19 Incola ego sum in terra :

19. Moi je suis étranger sur la terre ;

non abscóndas a me mandáta tua.

ne me cachez point vos commandements.

20 Concupívit ánima mea

20. Mon âme a désiré ardemment

desideráre justificatiónes tuas in omni témpore.

vos justifications, en tout temps.

21 Increpásti supérbos ;

21. Vous avez réprimandé des superbes,

maledícti qui declínant a mandátis tuis.

maudit ceux qui s’écartent de vos commandements.

22 Aufer a me oppróbrium et contémptum,

22. Ôtez de moi l’opprobre et le mépris,

quia testimónia tua exquisívi.

parce que j’ai recherché vos témoignages.

23 Etenim sedérunt príncipes, et advérsum me loquebántur ;

23. Car des princes se sont assis, et contre moi ils parlaient ;

servus autem tuus exercebátur in justificatiónibus tuis.

mais votre serviteur s’exerçait sur vos justices.

24 Nam et testimónia tua meditátio mea est,

24. Car vos témoignages sont ma méditation,

et consílium meum justificatiónes tuæ.

et mon conseil, vos justifications.

~

Ps. CXVIII. Ghimel.

²

DALETH. v.25

25 Adhǽsit paviménto ánima mea :

25. Mon âme s’est collée à la terre :

vivífica me secúndum verbum tuum.

vivifiez-moi selon votre parole.

26 Vias meas enuntiávi, et exaudísti me ;

26. Je vous ai dénoncé mes voies, et vous m’avez exaucé ;

doce me justificatiónes tuas.

enseignez-moi vos justifications.

27 Viam justificatiónum tuárum ínstrue me,

27. Instruisez-moi de la voie de vos commandements,

et exercébor in mirabílibus tuis.

et je m’exercerai dans vos merveilles.

28 Dormitávit ánima mea præ tǽdio :

28. Mon âme s’est assoupie d’ennui ;

confírma me in verbis tuis.

fortifiez-moi par vos paroles.

29 Viam iniquitátis ámove a me,

29. Écartez de moi la voie de l’iniquité,

et de lege tua miserére mei.

et en vertu de votre loi, ayez pitié de moi.

30 Viam veritátis elégi ;

30. J’ai choisi la voie de la vérité :

judícia tua non sum oblítus.

je n’ai pas oublié vos jugements.

31 Adhǽsi testimóniis tuis, Dómine ;

31. Je me suis attaché à vos témoignages,

noli me confúndere.

Seigneur, ne me confondez point.

32 Viam mandatórum tuórum cucúrri,

32. J’ai couru dans la voie de vos commandements,

cum dilatásti cor meum.

lorsque vous avez dilaté mon cœur.

~

Ps. CXVIII. Daleth.

²

HE. v.33

33 Legem pone mihi, Dómine, viam justificatiónum tuárum,

33. Imposez-moi une loi, Seigneur, la voie de vos justifications,

et exquíram eam semper.

et je la rechercherai toujours.

34 Da mihi intelléctum, et scrutábor legem tuam,

34. Donnez-moi l’intelligence, et j’étudierai votre loi,

et custódiam illam in toto corde meo.

et je la garderai dans tout mon cœur.

35 Deduc me in sémitam mandatórum tuórum,

35. Conduisez-moi dans le sentier de vos commandements,

quia ipsam vólui.

car j’ai voulu celui-ci.

36 Inclína cor meum in testimónia tua,

36. Inclinez mon cœur vers vos témoignages,

et non in avarítiam.

et non vers l’avarice.

37 Avérte óculos meos, ne vídeant vanitátem ;

37. Détournez mes yeux, afin qu’ils ne voient pas la vanité :

in via tua vivífica me.

faites-moi vivre dans vos sentiers.

38 Státue servo tuo elóquium tuum

38. Établissez votre parole dans votre serviteur,

in timóre tuo.

par votre crainte.

39 Amputa oppróbrium meum quod suspicátus sum,

39. Détruisez mon opprobre que j’ai appréhendé :

quia judícia tua jucúnda.

vos jugements sont doux.

40 Ecce concupívi mandáta tua :

40. Voilà que j’ai désiré vos commandements :

in æquitáte tua vivífica me.

par votre justice, vivifiez-moi.

~

Ps. CXVIII. He

²

VAU. v.41

41 Et véniat super me misericórdia tua, Dómine ;

41. Et vienne sur moi votre miséricorde, Seigneur,

salutáre tuum secúndum elóquium tuum.

et votre salut selon votre parole.

42 Et respondébo exprobrántibus mihi verbum,

42. Et je répondrai à ceux qui m’outragent, un mot :

quia sperávi in sermónibus tuis.

car j’ai espéré dans vos jugements.

43 Et ne áuferas de ore meo verbum veritátis usquequáque,

43. Et n’ôtez pas entièrement de ma bouche la parole de vérité,

quia in judíciis tuis supersperávi.

car en vos jugements j’ai beaucoup espéré.

44 Et custódiam legem tuam semper,

44. Et je garderai votre loi toujours,

in sǽculum et in sǽculum sǽculi.

dans les siècles et dans les siècles des siècles.

45 Et ambulábam in latitúdine,

45. Je marchais au large,

quia mandáta tua exquisívi.

car j’ai recherché vos commandements.

46 Et loquébar in testimóniis tuis in conspéctu regum,

46. Et je parlais de vos témoignages en présence des rois,

et non confundébar.

et je n’étais pas confondu.

47 Et meditábar in mandátis tuis,

47. Et je méditais sur vos commandements,

quæ diléxi.

que j’ai toujours aimés.

48 Et levávi manus meas ad mandáta tua, quæ diléxi,

48. Et j’ai levé mes mains vers vos commandements, que j’ai toujours aimés,

et exercébar in justificatiónibus tuis.

et je m’exerçais dans vos justifications.

~

Ps. CXVIII. Vau.

²

ZAIN. v.49

49 Memor esto verbi tui servo tuo,

49. Souvenez-vous de votre parole à votre serviteur,

in quo mihi spem dedísti.

par laquelle vous m’avez donné de l’espérance.

50 Hæc me consoláta est in humilitáte mea,

50. Ce qui m’a consolé dans mon humiliation,

quia elóquium tuum vivificávit me.

c’est que votre parole m’a donné la vie.

51 Supérbi iníque agébant usquequáque ;

51. Des superbes agissaient avec une extrême iniquité,

a lege autem tua non declinávi.

mais de votre loi je ne me suis pas écarté.

52 Memor fui judiciórum tuórum a sǽculo, Dómine,

52. Je me suis souvenu, Seigneur,

et consolátus sum.

de vos jugements, qui sont dès avant les siècles, et j’ai été consolé.

53 Deféctio ténuit me,

53. La défaillance s’est emparée de moi,

pro peccatóribus derelinquéntibus legem tuam.

à cause des pécheurs qui abandonnent votre loi.

54 Cantábiles mihi erant justificatiónes tuæ

54. L’objet de mes chants était vos justifications,

in loco peregrinatiónis meæ.

dans le lieu de mon pèlerinage.

55 Memor fui nocte nóminis tui, Dómine,

55. Je me suis souvenu durant la nuit de votre nom,

et custodívi legem tuam.

Seigneur, et j’ai gardé votre loi.

56 Hæc facta est mihi,

56. Cela m’est arrivé,

quia justificatiónes tuas exquisívi.

car j’ai recherché vos justifications.

~

Ps. CXVIII. Zain.

 

50. Ce qui (hæc). Nous avons déjà fait remarquer que les Hébreux n’ayant pas dans leur langue le genre neutre, le remplaçaient par le féminin, et que les Septante aussi bien que la Vulgate se conformaient souvent à cet idiotisme.

56. Cela (hæc). Voy. la note précédente.

²

 

HETH. v.57

57 Pórtio mea, Dómine,

57. Ma part, Seigneur, je l’ai dit,

dixi custodíre legem tuam.

c’est de garder votre loi.

58 Deprecátus sum fáciem tuam in toto corde meo ;

58. J’ai imploré votre face en tout mon cœur :

miserére mei secúndum elóquium tuum.

ayez pitié de moi selon votre parole.

59 Cogitávi vias meas,

59. J’ai songé à mes voies,

et convérti pedes meos in testimónia tua.

et j’ai tourné mes pieds vers vos témoignages.

60 Parátus sum, et non sum turbátus,

60. Je suis prêt, et je ne suis pas troublé ;

ut custódiam mandáta tua.

en sorte que je garderai vos commandements.

61 Funes peccatórum circumpléxi sunt me,

61. Les liens des pécheurs m’ont enveloppé ;

et legem tuam non sum oblítus.

mais je n’ai point oublié votre loi.

62 Média nocte surgébam ad confiténdum tibi,

62. Au milieu de la nuit, je me levais pour vous louer

super judícia justificatiónis tuæ.

sur les jugements de votre justification.

63 Párticeps ego sum ómnium timéntium te,

63. Je suis aussi en société avec tous ceux qui vous craignent,

et custodiéntium mandáta tua.

et qui gardent vos commandements.

64 Misericórdia tua, Dómine, plena est terra ;

64. De votre miséricorde, Seigneur, la terre est pleine.

justificatiónes tuas doce me.

Enseignez-moi vos justifications.

~

Ps. CXVIII. Heth.

²

TETH. v.65

65 Bonitátem fecísti cum servo tuo, Dómine,

65. Vous avez usé de bonté envers votre serviteur,

secúndum verbum tuum.

ô Seigneur, selon votre parole.

66 Bonitátem, et disciplínam, et sciéntiam doce me,

66. Enseignez-moi la bonté, et la discipline, et la science,

quia mandátis tuis crédidi.

car j’ai cru à vos commandements.

67 Priúsquam humiliárer ego delíqui :

67. Avant que je fusse humilié, j’ai péché ;

proptérea elóquium tuum custodívi.

c’est pourquoi j’ai gardé votre parole.

68 Bonus es tu, et in bonitáte tua

68. Vous êtes bon, vous, et dans votre bonté

doce me justificatiónes tuas.

enseignez-moi vos justifications.

69 Multiplicáta est super me iníquitas superbórum ;

69. Elle s’est multipliée contre moi, l’iniquité des superbes ;

ego autem in toto corde meo scrutábor mandáta tua.

mais moi en tout mon cœur j’étudierai vos commandements.

70 Coagulátum est sicut lac cor eórum ;

70. Leur cœur s’est coagulé comme du lait ;

ego vero legem tuam meditátus sum.

mais moi j’ai médité votre loi.

71 Bonum mihi quia humiliásti me,

71. Il m’est bon que vous m’ayez humilié,

ut discam justificatiónes tuas.

afin de m’apprendre vos justifications.

72 Bonum mihi lex oris tui,

72. La loi de votre bouche est bonne pour moi

super míllia auri et argénti.

au dessus des milliers d’or et d’argent.

~

Ps. CXVIII. Teth.

 

66. La discipline ; c’est-à-dire la prudence, la sagesse, par laquelle je puisse éviter le mal et m’attacher au bien.

²

JOD. v.73

73 Manus tuæ fecérunt me, et plasmavérunt me :

73. Vos mains m’ont fait et m’ont formé ;

da mihi intelléctum, et discam mandáta tua.

donnez-moi l’intelligence, afin que j’apprenne vos commandements.

74 Qui timent te vidébunt me et lætabúntur,

74. Ceux qui vous craignent me verront, et se réjouiront,

quia in verba tua supersperávi.

car en vos paroles j’ai espéré.

75 Cognóvi, Dómine, quia ǽquitas judícia tua,

75. J’ai reconnu, Seigneur, que vos jugements sont équité,

et in veritáte tua humiliásti me.

et dans votre vérité vous m’avez humilié.

76 Fiat misericórdia tua ut consolétur me,

76. Qu’elle se montre, votre miséricorde, afin qu’elle me console,

secúndum elóquium tuum servo tuo.

selon votre parole à votre serviteur.

77 Véniant mihi miseratiónes tuæ, et vivam,

77. Viennent sur moi vos bontés, et je vivrai,

quia lex tua meditátio mea est.

car votre loi est ma méditation.

78 Confundántur supérbi, quia injúste iniquitátem fecérunt in me ;

78. Qu’ils soient confondus, les superbes, car injustement ils ont commis l’iniquité contre moi :

ego autem exercébor in mandátis tuis.

pour moi, je m’exercerai dans vos commandements.

79 Convertántur mihi timéntes te,

79. Qu’ils se tournent vers moi, ceux qui vous craignent

et qui novérunt testimónia tua.

et qui connaissent vos témoignages.

80 Fiat cor meum immaculátum in justificatiónibus tuis,

80. Devienne mon cœur sans tache dans vos justifications,

ut non confúndar.

afin que je ne sois pas confondu.

~

Ps. CXVIII. Jod.

²

CAPH. v.81

81 Defécit in salutáre tuum ánima mea,

81. Mon âme a défailli dans l’attente de votre salut,

et in verbum tuum supersperávi.

et en votre parole j’ai beaucoup espéré.

82 Defecérunt óculi mei in elóquium tuum,

82. Mes yeux ont défailli dans l’attente de votre parole, disant :

dicéntes : Quando consoláberis me ?

Quand me consolerez-vous ?

83 Quia factus sum sicut uter in pruína ;

83. Car je suis devenu comme une outre dans la gelée :

justificatiónes tuas non sum oblítus.

je n’ai pas oublié vos justifications.

84 Quot sunt dies servi tui ?

84. Quel est le nombre de jours de votre serviteur ?

quando fácies de persequéntibus me judícium ?

quand ferez-vous justice de ceux qui me persécutent ?

85 Narravérunt mihi iníqui fabulatiónes,

85. Des hommes iniques m’ont raconté des choses fabuleuses,

sed non ut lex tua.

mais ce n’est pas comme votre loi.

86 Omnia mandáta tua véritas :

86. Tous vos commandements sont vérité :

iníque persecúti sunt me, ádjuva me.

iniquement ils m’ont persécuté, venez à mon aide.

87 Paulo minus consummavérunt me in terra ;

87. Ils m’ont presque anéanti sur la terre ;

ego autem non derelíqui mandáta tua.

mais moi je n’ai pas abandonné vos commandements.

88 Secúndum misericórdiam tuam vivífica me,

88. Selon votre miséricorde, rendez-moi la vie,

et custódiam testimónia oris tui.

et je garderai les témoignages de votre bouche.

~

Ps. CXVIII. Caph. 87. II Cor. IV, 8-9.

²

LAMED. v.89

89 In ætérnum, Dómine,

89. Éternellement, Seigneur,

verbum tuum pérmanet in cælo.

votre parole demeure dans le ciel.

90 In generatiónem et generatiónem véritas tua ;

90. À toutes les générations passe votre vérité :

fundásti terram, et pérmanet.

vous avez fondé la terre, et elle demeure stable.

91 Ordinatióne tua persevérat dies,

91. Par votre ordre persévère le jour,

quóniam ómnia sérviunt tibi.

car toutes choses vous ont assujetties.

92 Nisi quod lex tua meditátio mea est,

92. Si ce n’était que votre loi est ma méditation,

tunc forte periíssem in humilitáte mea.

j’aurais peut-être péri dans mon humiliation.

93 In ætérnum non oblivíscar justificatiónes tuas,

93. Éternellement je n’oublierai pas vos justifications,

quia in ipsis vivificásti me.

car par elles-mêmes vous m’avez rendu la vie.

94 Tuus sum ego ; salvum me fac :

94. À vous j’appartiens, sauvez-moi ;

quóniam justificatiónes tuas exquisívi.

car j’ai recherché vos justifications.

95 Me exspectavérunt peccatóres ut pérderent me ;

95. Des pécheurs m’ont attendu, afin de me perdre ;

testimónia tua intelléxi.

mais j’ai compris vos témoignages.

96 Omnis consummatiónis vidi finem,

96. J’ai vu la fin de toute perfection :

latum mandátum tuum nimis.

votre commandement est étendu infiniment.

~

Ps. CXVIII. Lamed.

²

MEM. v.97

97 Quómodo diléxi legem tuam, Dómine !

97. Comme j’ai aimé votre loi, Seigneur,

tota die meditátio mea est.

tout le jour elle est ma méditation.

98 Super inimícos meos prudéntem me fecísti mandáto tuo,

98. Vous m’avez rendu plus prudent que mes ennemis par votre commandement,

quia in ætérnum mihi est.

car il est pour jamais avec moi.

99 Super omnes docéntes me intelléxi,

99. J’ai été plus intelligent que tous ceux qui m’instruisaient,

quia testimónia tua meditátio mea est.

car vos témoignages sont ma méditation.

100 Super senes intelléxi,

100. J’ai été plus intelligent que les vieillards,

quia mandáta tua quæsívi.

car j’ai recherché vos commandements.

101 Ab omni via mala prohíbui pedes meos,

101. De toute mauvaise voie j’ai détourné mes pieds,

ut custódiam verba tua.

afin que je garde votre parole.

102 A judíciis tuis non declinávi,

102. De vos jugements je ne me suis point écarté,

quia tu legem posuísti mihi.

car vous, vous m’avez prescrit une loi.

103 Quam dúlcia fáucibus meis elóquia tua !

103. Que vos paroles sont douces à ma gorge,

super mel ori meo.

plus douces que le miel à ma bouche !

104 A mandátis tuis intelléxi ;

104. Par vos commandements j’ai acquis de l’intelligence :

proptérea odívi omnem viam iniquitátis.

c’est pourquoi j’ai haï toute voie d’iniquité.

~

Ps. CXVIII. Mem.

 

97. # J’ai aimé votre loi et je l’aime toujours.

²

 

NUN. v.105

105 Lucérna pédibus meis verbum tuum,

105. C’est une lampe à mes pieds que votre parole,

et lumen sémitis meis.

et une lumière dans mes sentiers.

106 Jurávi et státui

106. J’ai juré, et j’ai résolu

custodíre judícia justítiæ tuæ.

de garder les jugements de votre justice.

107 Humiliátus sum usquequáque, Dómine ;

107. J’ai été extrêmement humilié, Seigneur,

vivífica me secúndum verbum tuum.

rendez-moi la vie selon votre parole.

108 Voluntária oris mei beneplácita fac, Dómine,

108. Ayez pour agréables les hommages volontaires de ma bouche,

et judícia tua doce me.

Seigneur, et enseignez-moi vos jugements.

109 Anima mea in mánibus meis semper,

109. Mon âme est toujours en mes mains,

et legem tuam non sum oblítus.

et je n’ai pas oublié votre loi.

110 Posuérunt peccatóres láqueum mihi,

110. Des pécheurs m’ont tendu un piège,

et de mandátis tuis non errávi.

et je n’ai point erré loin de vos commandements.

111 Hæreditáte acquisívi testimónia tua in ætérnum,

111. En héritage j’ai acquis pour jamais vos témoignages,

quia exsultátio cordis mei sunt.

car ils sont l’exultation de mon cœur.

112 Inclinávi cor meum ad faciéndas justificatiónes tuas in ætérnum,

112. J’ai incliné mon cœur à accomplir pour jamais vos justifications,

propter retributiónem.

à cause de la récompense.

~

Ps. CXVIII. Nun.

 

105. C’est une lampe, etc. ; votre parole, c’est-à-dire votre loi, est un flambeau qui éclaire mes pas et une lumière qui éclaire la voie où je dois marcher. Compar. Prov. VI, 23 ; II Petr. I, 19.

106. Les jugements de votre justice ; hébraïsme, pour vos jugements qui sont justes. Voy. les Observat. prélimin., II, 1°.

108. Les hommages, ou les louanges, ou les vœux, que ma bouche prononce.

109. Mon âme, etc. ; c’est-à-dire je suis dans un danger continuel de perdre la vie. On trouve des expressions semblables et employées dans le même sens : Judic. XII, 3 ; I Reg. XIX, 5 ; XXVIII, 21 ; Esth. XIV, 4 ; Job. XIII, 14.

²

SAMECH. v.113

113 Iníquos ódio hábui,

113. J’ai eu en haine les hommes iniques,

et legem tuam diléxi.

et j’ai aimé votre loi.

114 Adjútor et suscéptor meus es tu,

114. Mon aide, et en votre parole

et in verbum tuum supersperávi.

j’ai beaucoup espéré.

115 Declináte a me, malígni,

115. Éloignez-vous de moi, méchants,

et scrutábor mandáta Dei mei.

et j’étudierai les commandements de mon Dieu.

116 Súscipe me secúndum elóquium tuum, et vivam,

116. Soutenez-moi selon votre parole, et je vivrai,

et non confúndas me ab exspectatióne mea.

et ne me confondez pas dans mon attente.

117 Adjuva me, et salvus ero,

117. Aidez-moi, et je serai sauvé ;

et meditábor in justificatiónibus tuis semper.

et je méditerai toujours sur vos justifications.

118 Sprevísti omnes discedéntes a judíciis tuis,

118. Vous avez méprisé tous ceux qui s’éloignent de vos jugements,

quia injústa cogitátio eórum.

car leur pensée est injuste.

119 Prævaricántes reputávi omnes peccatóres terræ ;

119. J’ai regardé comme prévariquant tous les pécheurs de la terre :

ídeo diléxi testimónia tua.

c’est pourquoi j’ai aimé vos témoignages.

120 Confíge timóre tuo carnes meas ;

120. Transpercez mes chairs de votre crainte ;

a judíciis enim tuis tímui.

à la vue de vos jugements j’ai craint.

~

Ps. CXVIII. Samech.

²

AIN. v.121

121 Feci judícium et justítiam :

121. J’ai fait jugement et justice ;

non tradas me calumniántibus me.

ne me livrez pas à ceux qui me calomnient.

122 Súscipe servum tuum in bonum :

122. Protégez votre serviteur pour le bien,

non calumniéntur me supérbi.

que les superbes ne me calomnient point.

123 Oculi mei defecérunt in salutáre tuum,

123. Mes yeux ont défailli dans l’attente de votre salut,

et in elóquium justítiæ tuæ.

et dans l’attente de la parole de votre justice.

124 Fac cum servo tuo secúndum misericórdiam tuam,

124. Agissez avec votre serviteur selon votre miséricorde,

et justificatiónes tuas doce me.

et enseignez-moi vos justifications.

125 Servus tuus sum ego : da mihi intelléctum,

125. Je suis votre serviteur, moi, donnez-moi l’intelligence,

ut sciam testimónia tua.

afin que je connaisse vos témoignages.

126 Tempus faciéndi, Dómine :

126. Il est temps d’agir, Seigneur,

dissipavérunt legem tuam.

ils ont dissipé votre loi.

127 Ideo diléxi mandáta tua

127. C’est pourquoi j’ai aimé votre loi

super aurum et topázion.

au-dessus de l’or et de la topaze.

128 Proptérea ad ómnia mandáta tua dirigébar ;

128. C’est pour cela que je me dirigeais vers tous vos commandements,

omnem viam iníquam ódio hábui.

et que j’ai eu toute voie inique en haine.

~

Ps. CXVIII. Ain.

 

121. J’ai fait, etc. ; dans les jugements que j’ai rendus, j’ai pratiqué la justice, l’équité.

123. La parole de votre justice. Compar. vers. 106.

127. * De la topaze. L’hébreu porte : de l’or épuré.

²

PHE. v.129

129 Mirabília testimónia tua :

129. Admirables sont vos témoignages ;

ídeo scrutáta est ea ánima mea.

c’est pourquoi mon âme les a étudiés.

130 Declarátio sermónum tuórum illúminat,

130. La manifestation de vos paroles illumine,

et intelléctum dat párvulis.

elle donne l’intelligence aux petits.

131 Os meum apérui, et attráxi spíritum :

131. J’ai ouvert ma bouche, et j’ai attiré l’air,

quia mandáta tua desiderábam.

car je désirais vos commandements.

132 Aspice in me, et miserére mei,

132. Jetez un regard sur moi, et ayez pitié de moi,

secúndum judícium diligéntium nomen tuum.

selon votre équité à l’égard de ceux qui aiment votre nom.

133 Gressus meos dírige secúndum elóquium tuum,

133. Dirigez mes pas selon votre parole,

et non dominétur mei omnis injustítia.

qu’aucune injustice ne me domine.

134 Rédime me a calúmniis hóminum

134. Délivrez-moi des calomnies des hommes,

ut custódiam mandáta tua.

afin que je garde vos justifications.

135 Fáciem tuam illúmina super servum tuum,

135. Faites briller votre face sur votre serviteur,

et doce me justificatiónes tuas.

et enseignez-moi vos justifications.

136 Exitus aquárum deduxérunt óculi mei,

136. Mes yeux ont fait couler des cours d’eaux,

quia non custodiérunt legem tuam.

car ils ont violé votre loi.

~

Ps. CXVIII. Phe.

 

132. Selon votre équité ; littér. jugement (judicium), qui se prend souvent dans le style biblique pour justice.

135. Faites brillez. Compar. Ps. LXVI, 2.

136. Des cours d’eaux, pour des torrents, des ruisseaux de larmes.

²

SADE. v.137

137 Justus es, Dómine,

137. Vous êtes juste, Seigneur,

et rectum judícium tuum.

et droit est votre jugement.

138 Mandásti justítiam testimónia tua,

138. Vous avez établi la justice,

et veritátem tuam nimis.

vos témoignages et votre vérité très solidement.

139 Tabéscere me fecit zelus meus,

139. Mon zèle m’a fait sécher,

quia oblíti sunt verba tua inimíci mei.

car mes ennemis ont oublié vos paroles.

140 Ignítum elóquium tuum veheménter,

140. Votre parole a été très éprouvée par le feu,

et servus tuus diléxit illud.

et votre serviteur l’a aimée.

141 Adolescéntulus sum ego et contémptus ;

141. Je suis jeune et méprisé,

justificatiónes tuas non sum oblítus.

mais je n’ai pas oublié vos justifications.

142 Justítia tua, justítia in ætérnum,

142. Votre justice est justice éternellement,

et lex tua véritas.

et votre loi vérité.

143 Tribulátio et angústia invenérunt me ;

143. La tribulation et l’angoisse m’ont atteint,

mandáta tua meditátio mea est.

vos commandements, c’est ma méditation.

144 Æquitas testimónia tua in ætérnum :

144. Vos témoignages sont équités éternellement :

intelléctum da mihi, et vivam.

donnez-moi l’intelligence et je vivrai.

~

Ps. CXVIII. Sade.

 

140. A été très éprouvée par le feu ; comme un métal qu’on a épuré dans le creuset ; elle est donc pure, sincère, véritable. Compar. Ps. XI, 7.

142. Est justice éternellement ; c’est-à-dire une justice immuable, qui ne se démentira jamais.

144. Sont équité éternellement. Voy. la note précédente.

²

COPH. v.145

145 Clamávi in toto corde meo : exáudi me, Dómine ;

145. J’ai crié en tout mon cœur, exaucez-moi, Seigneur,

justificatiónes tuas requíram.

je rechercherai vos justifications.

146 Clamávi ad te ; salvum me fac :

146. J’ai crié vers vous, sauvez-moi,

ut custódiam mandáta tua.

afin que je garde vos commandements.

147 Prævéni in maturitáte, et clamávi :

147. Je me suis hâté de bonne heure, et j’ai crié,

quia in verba tua supersperávi.

car en vos paroles j’ai beaucoup espéré.

148 Prævenérunt óculi mei ad te dilúculo,

148. Mes yeux vous ont prévenu dès le point du jour,

ut meditárer elóquia tua.

afin que je méditasse vos paroles.

149 Vocem meam audi secúndum misericórdiam tuam, Dómine,

149. Écoutez ma voix selon votre miséricorde, Seigneur,

et secúndum judícium tuum vivífica me.

et selon votre jugement donnez-moi la vie.

150 Appropinquavérunt persequéntes me iniquitáti :

150. Ils se sont approchés de l’iniquité, ceux qui me persécutent,

a lege autem tua longe facti sunt.

et ils se sont éloignés de votre loi.

151 Prope es tu, Dómine,

151. Vous êtes proche, vous, Seigneur,

et omnes viæ tuæ véritas.

et toutes vos voies sont vérité.

152 Inítio cognóvi de testimóniis tuis,

152. Dès le commencement j’ai reconnu touchant vos témoignages,

quia in ætérnum fundásti ea.

que vous les avez fondés pour l’éternité.

~

Ps. CXVIII. Coph.

²

RES. v.153

153 Vide humilitátem meam, et éripe me,

153. Voyez mon humiliation, et délivrez-moi,

quia legem tuam non sum oblítus.

car je n’ai pas oublié votre loi.

154 Júdica judícium meum, et rédime me :

154. Jugez mon jugement et rachetez-moi :

propter elóquium tuum vivífica me.

à cause de vote parole, donnez-moi la vie.

155 Longe a peccatóribus salus,

155. Loin des pécheurs est le salut,

quia justificatiónes tuas non exquisiérunt.

car ils n’ont pas recherché vos justifications.

156 Misericórdiæ tuæ multæ, Dómine ;

156. Vos miséricordes sont nombreuses, Seigneur :

secúndum judícium tuum vivífica me.

selon votre jugement donnez-moi la vie.

157 Multi qui persequúntur me, et tríbulant me ;

157. Nombreux sont ceux qui me persécutent et me tourmentent ;

a testimóniis tuis non declinávi.

mais je ne me suis point détourné de vos témoignages.

158 Vidi prævaricántes et tabescébam,

158. J’ai vu des prévaricants et j’ai séché,

quia elóquia tua non custodiérunt.

car ils n’ont pas gardé vos paroles.

159 Vide quóniam mandáta tua diléxi, Dómine :

159. Voyez que j’ai aimé vos commandements, Seigneur :

in misericórdia tua vivífica me.

dans votre miséricorde donnez-moi la vie.

160 Princípium verbórum tuórum véritas ;

160. Le principe de vos paroles est vérité :

in ætérnum ómnia judícia justítiæ tuæ.

éternels sont tous les jugements de votre justice.

~

Ps. CXVIII. Res.

 

154. Mon jugement ; c’est-à-dire ma cause.

158. Prévaricants. # Cette orthographe suit la règle générale remarquée par R. Thimonnier : « Seuls s’écrivent par -quant les adjectifs et les substantifs tirés d’un verbe en -quer, mais qui n’ont pas de dérivé en -cation (…). Tous les autres ont la finale -cant (…). »

 

²

SIN. v.161

161 Príncipes persecúti sunt me gratis,

161. Des princes m’ont persécuté gratuitement,

et a verbis tuis formidávit cor meum.

et mon cœur a redouté vos paroles.

162 Lætábor ego super elóquia tua,

162. Pour moi, je me réjouirai dans vos paroles,

sicut qui invénit spólia multa.

comme celui qui a trouvé de grandes dépouilles.

163 Iniquitátem ódio hábui, et abominátus sum,

163. J’ai eu l’iniquité en haine et en abomination ;

legem autem tuam diléxi.

mais j’ai aimé votre loi.

164 Sépties in die laudem dixi tibi,

164. Sept fois le jour, je vous ai adressé une louange,

super judícia justítiæ tuæ.

sur les jugements de votre justice.

165 Pax multa diligéntibus legem tuam,

165. Paix abondante pour ceux qui aiment votre loi ;

et non est illis scándalum.

il n’y a pas pour eux de scandale.

166 Exspectábam salutáre tuum, Dómine,

166. J’attendais votre salut, Seigneur,

et mandáta tua diléxi.

et j’ai aimé vos commandements.

167 Custodívit ánima mea testimónia tua,

167. Mon âme a gardé vos témoignages,

et diléxit ea veheménter.

et elle les a aimés ardemment.

168 Servávi mandáta tua et testimónia tua,

168. J’ai observé vos commandements et vos témoignages,

quia omnes viæ meæ in conspéctu tuo.

car toutes mes voies sont en votre présence.

~

Ps. CXVIII. Sin.

²

TAU. v.169

169 Appropínquet deprecátio mea in conspéctu tuo, Dómine ;

169. Que ma supplication approche de votre présence, Seigneur ;

juxta elóquium tuum da mihi intelléctum.

selon votre parole donnez-moi l’intelligence.

170 Intret postulátio mea in conspéctu tuo ;

170. Que ma demande pénètre en votre présence,

secúndum elóquium tuum éripe me.

selon votre parole délivrez-moi.

171 Eructábunt lábia mea hymnum,

171. Mes lèvres feront retentir un hymne,

cum docúeris me justificatiónes tuas.

lorsque vous m’aurez enseigné vos justifications.

172 Pronuntiábit lingua mea elóquium tuum,

172. Ma langue publiera votre parole,

quia ómnia mandáta tua ǽquitas.

car tous vos commandements sont équité.

173 Fiat manus tua ut salvet me,

173. Que votre main soit sur moi pour me sauver,

quóniam mandáta tua elégi.

car j’ai fait choix de vos commandements.

174 Concupívi salutáre tuum, Dómine,

174. J’ai désiré votre salut, Seigneur,

et lex tua meditátio mea est.

et votre loi est ma méditation.

175 Vivet ánima mea, et laudábit te,

175. Mon âme vivra, et vous louera,

et judícia tua adjuvábunt me.

et vos jugements me viendront en aide.

176 Errávi sicut ovis quæ périit : quære servum tuum,

176. J’ai erré comme une brebis qui s’est perdue : cherchez votre serviteur,

quia mandáta tua non sum oblítus.

car je n’ai pas oublié vos commandements.

~

Ps. CXVIII. Tau. 176. Is. LIII, 6.

²

 

Ps 119

*ps119

PSAUME CXIX

(Hebr. CXX).

Le Psalmiste, plein de reconnaissance des secours qu’il a reçus du Seigneur, le prie de le délivrer de la tangue et des mains de ses ennemis.

1 Cánticum gráduum.

1. Cantique des degrés.(a)  

Ad Dóminum cum tribulárer clamávi,

J’ai crié vers le Seigneur, lorsque j’étais dans la tribulation,

et exaudívit me.

et il m’a exaucé.

2 Dómine, líbera ánimam meam a lábiis iníquis

2. Seigneur, délivrez mon âme des lèvres iniques,

et a lingua dolósa.

et d’une langue trompeuse.

3 Quid detur tibi, aut quid apponátur tibi

3. Que te sera-t-il donné, ou que te reviendra-t-il

ad linguam dolósam ?

pour ta langue trompeuse ?

4 Sagíttæ poténtis acútæ,

4. Les flèches aiguës d’un archer vigoureux,

cum carbónibus desolatóriis.

avec des charbons destructeurs.

5 Heu mihi, quia incolátus meus prolongátus est !

5. Malheur à moi, parce que mon séjour dans une terre étrangère a été prolongé.

habitávi cum habitántibus Cedar ;

J’ai habité avec les habitants de Cédar ;

6 multum íncola fuit ánima mea.

6. Mon âme a beaucoup séjourné dans une terre étrangère.

7 Cum his qui odérunt pacem eram pacíficus ;

7. Avec ceux qui haïssent la paix, j’étais pacifique ;

cum loquébar illis, impugnábant me gratis.

lorsque je leur parlais, ils m’attaquaient gratuitement.

~

Ps. CXIX.

 

(a). Ce psaume et les 14 suivants sont nommés Cantiques des degrés ou des montées, Psaumes graduels, sans qu’on ait jamais su, d’une manière certaine, ce qui a pu donner lieu à cette dénomination. On peut voir dans les interprètes les diverses explications qui ont été données de ce titre. — * Voir la note 20 à la fin du volume (appendices), au mot ma’alôth. — L’auteur vit dans un temps de trouble, peut-être du temps d’Esdras, après la captivité ; il est entouré d’ennemis, comme une brebis au milieu des loups, et il implore le secours de Dieu.

1-2. * Invocation à Dieu contre les fourbes.

3-4. * Apostrophe aux fourbes, qui ne retireront aucun profit de leur tromperie.

3. Que te sera-t-il donné, etc. Le Psalmiste s’adresse à quelqu’un de ses calomniateurs en particulier ou bien à tous, en employant le nombre singulier, ce qui a lieu assez souvent dans le style biblique.

4. D’un vigoureux ; du puissant ; selon les Septante, c’est-à-dire de Dieu, ou selon l’hébreu, d’un fort, vigoureux, robuste archer. — Des charbons destructeurs (desolatoriis) ; l’hébreu porte des charbons de genévriers, ou plutôt de genêts, qui croissent dans les déserts de l’Arabie. Le grec lit les charbons du désert, c’est-à-dire provenant de végétaux du désert. Remarquons que le terme hébreu, que la Vulgate traduit ici par desolatoriis, est le même que celui qu’elle a rendu par genièvre, ou genévrier dans III Reg. XIX, 4-5 ; Job. XXX, 4.

5-7. * Plainte du Psalmiste sur son sort.

5. Cédar, région qui tire son nom de Cédar, fils d’Ismaël (Gen. XXV, 13), et qui fut connu depuis sous le nom de pays des Sarrasins.

²

 

Ps 120

*ps120

PSAUME CXX

(Hebr. CXXI).

Le Psalmiste, abandonné des hommes, met toute sa confiance dans le Seigneur. Ce psaume est en forme de dialogue.

1 Cánticum gráduum.

1. Cantique des degrés.

Levávi óculos meos in montes,

J’ai levé les yeux vers les montagnes,

unde véniet auxílium mihi.

d’où me viendra le secours.

2 Auxílium meum a Dómino,

2. Mon secours vient du Seigneur,

qui fecit cælum et terram.

qui a fait le ciel et la terre.

3 Non det in commotiónem pedem tuum,

3. Qu’il ne permette pas que ton pied soit ébranlé,

neque dormítet qui custódit te.

et qu’il ne s’assoupisse pas, celui qui te garde.

4 Ecce non dormitábit neque dórmiet

4. Voici, il ne s’assoupira, ni ne dormira,

qui custódit Israël.

celui qui garde Israël.

5 Dóminus custódit te ;

5. Le Seigneur te garde,

Dóminus protéctio tua super manum déxteram tuam.

Le Seigneur est ta protection ; il est sur ta main droite.

6 Per diem sol non uret te,

6. Pendant le jour, le soleil ne te brulera pas,

neque luna per noctem.

ni la lune pendant la nuit.

7 Dóminus custódit te ab omni malo ;

7. Le Seigneur te garde de tout mal ;

custódiat ánimam tuam Dóminus.

que le Seigneur garde ton âme.

8 Dóminus custódiat intróitum tuum et éxitum tuum,

8. Que le Seigneur garde ton entrée et ta sortie,

ex hoc nunc et usque in sǽculum.

dès ce moment et jusqu’à jamais.

~

Ps. CXX. 1. II Par. XX, 17.

 

1. * Ce psaume est écrit avec simplicité, élégance ; il respire une grande sérénité d’âme. Les pensées du poète sont exclusivement tournées vers les choses saintes. Il est en route pour Jérusalem, où il est sûr de trouver le protecteur qui le garde de tout mal.

5. Il est sur ta main droite ; il la couvre, la met à l’abri ; c’est-à-dire il t’assure la victoire. Comme on se sert surtout de la main droite pour combattre, si Dieu la protège dans le combat, on est sûr du succès.

6. Ni la lune pendant la nuit. Les Orientaux ont toujours attribué le froid de la nuit à la lune, comme ils ont donné le nom de brulure à l’effet du froid sur les corps, aussi bien qu’à celui de la chaleur, parce que le froid et la chaleur dessèchent également les plantes et les font mourir, fanent les feuilles et les fleurs, et laissent sur les corps vivants à peu près les mêmes marques et les mêmes impressions. Les auteurs grecs et latins ont aussi attribué au froid la vertu de bruler comme au chaud.

8. Entrée et sortie ; ces mots, comme nous l’avons déjà remarqué plusieurs fois, signifiaient ordinairement chez les Hébreux l’ensemble de la conduite, toutes les actions de la vie.

²

 

121 à 130

Ps 121

*ps121

PSAUME CXXI

(Hebr. CXXII).

L’auteur exprime dans ce psaume la joie que ressentirent les Juifs captifs à Babylone, lorsqu’il leur fut permis de retourner à Jérusalem.

1 Cánticum gráduum.

1. Cantique des degrés.

Lætátus sum in his quæ dicta sunt mihi :

Je me suis réjoui des paroles qui m’ont été dites :

In domum Dómini íbimus.

Nous irons dans la maison du Seigneur.

2 Stantes erant pedes nostri

2. Nos pieds se tenaient

in átriis tuis, Jerúsalem.

dans tes parvis, ô Jérusalem.

3 Jerúsalem, quæ ædificátur ut cívitas,

3. Jérusalem, que l’on bâtit comme une cité

cujus participátio ejus in idípsum.

dont les parties sont unies ensemble.

4 Illuc enim ascendérunt tribus, tribus Dómini :

4. Car, là sont montées les tribus, les tribus du Seigneur ;

testimónium Israël,

témoignage d’Israël,

ad confiténdum nómini Dómini.

pour y louer le nom du Seigneur.

5 Quia illic sedérunt sedes in judício,

5. Car là ont été établis des tribunaux pour le jugement,

sedes super domum David.

des trônes pour la maison de David.

6 Rogáte quæ ad pacem sunt Jerúsalem,

6. Demandez ce qui importe à la paix de Jérusalem :

et abundántia diligéntibus te.

et que l’abondance soit à ceux qui t’aiment.

7 Fiat pax in virtúte tua,

7. Que la paix règne dans ta force,

et abundántia in túrribus tuis.

et l’abondance dans tes tours.

8 Propter fratres meos et próximos meos,

8. À cause de mes frères et de mes proches,

loquébar pacem de te.

je parlais paix à ton sujet ;

9 Propter domum Dómini Dei nostri,

9. À cause de la maison du Seigneur notre Dieu,

quæsívi bona tibi.

j’ai cherché des biens pour toi.

~

Ps. CXXI.

 

1. L’hébreu, le chaldéen, le syriaque et plusieurs autres interprètes ont lu le nom de David en tête de ce psaume, il n’en est pas de même des Septante, de la Vulgate et des Pères. — * Composé peut-être pendant la révolte d’Absalom. — Ce psaume suppose très clairement l’existence des pèlerinages à Jérusalem, vers. 4-6, comme règle.

1-3. * Joie au départ pour Jérusalem ; arrivée à la ville bien bâtie.

2. Nos pieds, etc. Avant la captivité nous avons demeuré dans, etc.

3. Dont les parties, etc. ; littér. dont la participation est pour une même chose. Or le terme hébreu rendu dans les Septante et la Vulgate par le mot participation signifie jonction, liaison, union. Ainsi le sens de cette dernière partie du verset est que Jérusalem, dont les pierres et les édifices furent dispersés ou détruits pendant longtemps, ont été de nouveau rétablis et rassemblés, de manière à constituer une ville bien habitée et bien peuplée. Compar. Jer. XXXI, 23-24. — Quant à l’expression de lui (ejus), qui forme un pléonasme, après dont (pléonasme qui se trouve aussi dans les Septante), elle est inutile en grec et en latin, mais elle est nécessaire en hébreu où le pronom appelé relatif sert simplement à exprimer la relation qui est entre une proposition conjonctive et le nom qui est qualifié par cette proposition, sans toutefois remplir, comme dans plusieurs autres langues, la fonction de sujet ou de complément dans la proposition conjonctive elle-même. On voit par là un nouvel exemple de la fidélité avec laquelle la Vulgate reproduit le texte original.

4-5. * Les tribus d’Israël vont là en pèlerinage, selon la prescription (témoignage) faite à Israël, pour y louer le Seigneur et y être jugés par la maison de David.

4. Les tribus, les tribus du Seigneur ; c’est-à-dire toutes les tribus du Seigneur. Voy. les Observat. prélimin., II, 1°.

5. Des tribunaux, des trônes. La Vulgate, le grec et l’hébreu n’ont employé qu’un seul terme, mais ce terme a, entre autres significations, celles de tribunaux et de trônes, qui conviennent, d’ailleurs, parfaitement ici.

6-9. * Vœux pour la félicité de Jérusalem.

6. Ceux qui t’aiment ; Jérusalem.

7. Force. Le terme hébreu rendu ici dans les Septante et la Vulgate par force, puissance (virtute), est traduit ailleurs dans les mêmes versions par forteresse ou rempart, fortification avancée, avant-mur, armée, troupes, sens qu’il a aussi en divers endroits, et que le contexte lui-même autorise certainement dans ce verset.

8. Ce verset et le suivant contiennent la réponse des Israélites que l’on a exhortés, dans les précédents, à donner des bénédictions à Jérusalem. — Mes frères et mes proches ; qui me sont unis par la religion et qui demeurent dans ton enceinte. — Je parlais, etc. ; c’est-à-dire je te souhaitais la paix.

9. À cause de la maison, etc. ; en considération du temple du Seigneur et de l’arche d’alliance que tu as le bonheur de posséder. — J’ai cherché à te procurer toutes sortes de biens. — * La Jérusalem terrestre est la figure de la Jérusalem céleste, aussi les sentiments exprimés dans ce psaume conviennent-ils parfaitement au chrétien qui aspire au ciel. « Je me suis réjoui, etc., vers. 1. Il est donc vrai que nous irons à la maison du Seigneur… Que les enfants du siècle se livrent à la fureur de leurs passions. Pour nous, enfants de lumière, hommes de désirs, nous demeurerons immobiles sur le seuil de la porte du Temple de Jérusalem ; nous n’aurons de conversation et de commerce que dans le ciel ; notre cœur sera tout entier là où est notre véritable trésor… Car là sont montées les tribus, les tribus du Seigneur. Que leur sort est désirable ! Nous sommes au vestibule, et ils ont pénétré jusqu’au Saint des Saints ; nous craignons et ils sont dans l’assurance ; nous combattons et ils triomphent ; nous souffrons et ils sont enivrés d’un torrent de voluptés ; nous croyons et ils voient ; nous espérons et ils possèdent ; nous gémissons et ils louent ; nous prions et ils louent. Pour y louer le nom du Seigneur. Voilà la seule ambition qui nous soit permise. Tout ce qui n’est pas la céleste Jérusalem est indigne de nous ; ne souhaitons, ne demandons que les biens et la paix qu’elle renferme. Demandez ce qui importe à la paix de Jérusalem. Ne songeons qu’au ciel, ne cherchons que le ciel, n’amassons que pour le ciel ; ne vivons que dans le ciel. À cause de la maison du Seigneur notre Dieu, j’ai cherché des biens pour toi. » (L’abbé Poule.)

²

 

Ps 122

*ps122

PSAUME CXXII

(Hebr. CXXIII).

Ce psaume contient une prière, qu’Origène, saint Jean Chrysostome, Théodore d’Heraclea, Théodoret, Bède, etc., mettent dans la bouche des captifs accablés sous le joug des Babyloniens.

1 Cánticum gráduum.

1. Cantique des degrés.

Ad te levávi óculos meos,

Vers vous, j’ai levé mes yeux,

qui hábitas in cælis.

vous qui habitez dans les cieux.

2 Ecce sicut óculi servórum

2. Voici, comme les yeux des esclaves

in mánibus dominórum suórum ;

sont fixés sur les mains de leurs maitres,

sicut óculi ancíllæ

comme les yeux d’une servante

in mánibus dóminæ suæ :

le sont sur les mains de sa maitresse ;

ita óculi nostri ad Dóminum Deum nostrum,

ainsi nos yeux sont fixés sur le Seigneur notre Dieu,

donec misereátur nostri.

jusqu’à ce qu’il ait pitié de nous.

3 Miserére nostri, Dómine, miserére nostri,

3. Ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous ;

quia multum repléti sumus despectióne ;

car nous avons été entièrement remplis de dédain :

4 quia multum repléta est ánima nostra

4. Car notre âme en a été entièrement remplie :

oppróbrium abundántibus, et despéctio supérbis.

nous sommes un opprobre pour ceux qui sont dans l’abondance, et un dédain pour les superbes.

~

Ps. CXXII.

 

1. * Le pieux Israélite lève ses yeux avec confiance vers Dieu 1° pour connaitre sa volonté, 1-2 ; 2° pour recevoir sa grâce au moment de l’affliction, 3-4.

²

 

Ps 123

*ps123

PSAUME CXXIII

(Hebr. CXXIV).

Ce psaume contient les actions de grâces des captifs délivrés de leurs ennemis, ils reconnaissent que, sans une protection particulière de Dieu, ils étaient perdus sans ressource.

1 Cánticum gráduum.

1. Cantique des degrés.

Nisi quia Dóminus erat in nobis,

Si le Seigneur n’eût été au milieu de nous,

dicat nunc Israël,

dise maintenant Israël ;

2 nisi quia Dóminus erat in nobis :

2. Si le Seigneur n’eût été au milieu de nous,

cum exsúrgerent hómines in nos,

Lorsque les hommes s’insurgeaient contre nous,

3 forte vivos deglutíssent nos ;

3. Peut-être nous auraient-ils dévorés tout vivants :

cum irascerétur furor eórum in nos,

Lorsque leur fureur s’irritait contre nous,

4 fórsitan aqua absorbuísset nos ;

4. Peut-être que l’eau nous aurait engloutis.

5 torréntem pertransívit ánima nostra ;

5. Notre âme a traversé un torrent :

fórsitan pertransísset ánima nostra

peut-être notre âme aurait passé

aquam intolerábilem.

dans une eau sans fond.

6 Benedíctus Dóminus, qui non dedit nos

6. Béni le Seigneur, qui ne nous a pas donnés

in captiónem déntibus eórum.

en proie à leurs dents.

7 Anima nostra sicut passer erépta est

7. Notre âme, comme un passereau,

de láqueo venántium ;

a été arrachée du filet des chasseurs :

láqueus contrítus est,

le filet a été rompu,

et nos liberáti sumus.

et nous, nous avons été délivrés.

8 Adjutórium nostrum in nómine Dómini,

8. Notre secours est dans le nom du Seigneur

qui fecit cælum et terram.

qui a fait le ciel et la terre.

~

Ps. CXXIII.

 

1. * Ce beau psaume peint les efforts qu’ont fait les ennemis du peuple de Dieu pour le dévorer, mais Dieu les a arrachés à leur rage. Cette même pensée est exprimée sous des images diverses : des flots qui menaçaient de les engloutir, des rets qu’on leur tendait pour les prendre. — Les aramaïsmes du texte original indiquent que la composition est relativement récente. Elle est faite avec un art raffiné.

5. Sans fond ; sans fondement, selon les Septante ; la Vulgate porte intolerabilem, qui ne supporte pas, qui n’offre pas d’appui, de soutien, sur laquelle on ne peut fixer le pied ; ce qui revient au sens donné par les Septante.

6. À leurs dents ; aux dents des hommes, nommés au vers. 2.

²

 

Ps 124

*ps124

PSAUME CXXIV

(Hebr. CXXV).

Le Psalmiste représente le bonheur de ceux qui se confient en Dieu. Il ne laissera pas longtemps les justes sous la verge des pécheurs.

1 Cánticum gráduum.

1. Cantique des degrés.(a)  

Qui confídunt in Dómino, sicut mons Sion :

Ceux qui se confient dans le Seigneur sont comme la montagne de Sion :

non commovébitur in ætérnum,

il ne sera jamais ébranlé,

qui hábitat 2 in Jerúsalem.

celui qui habite 2. Dans Jérusalem.

Montes in circúitu ejus ;

Des montagnes sont autour d’elle,

et Dóminus in circúitu pópuli sui,

et le Seigneur autour de son peuple,

ex hoc nunc et usque in sǽculum.

dès ce moment et jusqu’à jamais.

3 Quia non relínquet Dóminus virgam peccatórum

3. Parce que le Seigneur ne laissera pas la verge des pécheurs

super sortem justórum :

sur l’héritage des justes,

ut non exténdant justi

afin que les justes n’étendent point

ad iniquitátem manus suas,

leurs mains vers l’iniquité.

4 bénefac, Dómine, bonis,

4. Faites du bien, Seigneur, aux bons,

et rectis corde.

et aux droits de cœur.

5 Declinántes autem in obligatiónes,

5. Mais ceux qui se détournent dans les voies tortueuses,

addúcet Dóminus cum operántibus iniquitátem.

le Seigneur les amènera avec ceux qui opèrent l’iniquité :

Pax super Israël !

paix sur Israël.

~

Ps. CXXIV.

 

(a). * Composé sans doute pendant la captivité, vers. 3. — Ce psaume développe la pensée que Dieu protège ceux qui lui demeurent fidèles au milieu des épreuves de la captivité.

1-2. * Qui se confie en Dieu est inébranlable comme Jérusalem sur ses montagnes. Les montagnes, dans l’Écriture, sont l’image de la sécurité, parce que c’est là que les Hébreux se mettaient à l’abri de leurs ennemis.

2. * Voir la note 15 sur Jérusalem en fin de volume (appendices).

3. La verge des pécheurs ; c’est leur domination, leurs injustes violences. — Afin que les justes ne succombent pas à la violence de la tentation ; qu’ils ne se laissent pas aller au découragement et au désespoir, et qu’ils n’imitent point les pécheurs auxquels ils seraient assujettis. — * La pensée exprimée dans ce verset est que la captivité prendra fin.

4-5. * Que Dieu traite le bon avec bonté ; le méchant, qu’il le punisse, et qu’il donne sa paix à Israël.

5. Les voies tortueuses ; c’est le sens de l’hébreu et du grec ; la Vulgate porte obligationes, mot que quelques-uns pensent être une faute de copiste, et avoir été mis pour obliquationes, obliquités. D’autres croient que l’auteur de la Vulgate a réellement traduit par obligationes, mais en prenant ce mot dans le sens d’entortillement, ce qui revient à l’expression de l’hébreu et du grec. — Les amènera, etc. ; c’est-à-dire permettra qu’ils se joignent à ceux qui, etc.

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Ps 125

*ps125

PSAUME CXXV

(Hebr. CXXVI).

Les Juifs revenus de la captivité de Babylone louent le Seigneur, et le prient de faire revenir leurs frères qui sont encore dans le lieu d’exil.

1 Cánticum gráduum.

1. Cantique des degrés.(a)  

In converténdo Dóminus captivitátem Sion,

Quand le Seigneur a fait revenir la captivité de Sion,

facti sumus sicut consoláti.

nous sommes devenus comme des consolés.

2 Tunc replétum est gáudio os nostrum,

2. Alors notre bouche fut remplie de chants de joie,

et lingua nostra exsultatióne.

et notre langue de cris d’exultation.

Tunc dicent inter gentes :

Alors on dira parmi les nations :

Magnificávit Dóminus fácere cum eis.

Le Seigneur a magnifiquement agi avec eux.

3 Magnificávit Dóminus fácere nobíscum ;

3. Le Seigneur a magnifiquement agi avec nous :

facti sumus lætántes.

nous sommes devenus pleins de joie.

4 Convérte, Dómine, captivitátem nostram,

4. Faites revenir, Seigneur, notre captivité,

sicut torrens in austro.

comme le torrent au midi.

5 Qui séminant in lácrimis,

5. Ceux qui sèment dans les larmes

in exsultatióne metent.

moissonneront dans l’exultation.

6 Eúntes ibant et flebant,

6. Allant, ils allaient et pleuraient,

mitténtes sémina sua.

jetant leurs semences :

Veniéntes autem vénient cum exsultatióne,

Mais, venant, ils venaient avec exultation,

portántes manípulos suos.

portant leurs gerbes.

~

Ps. CXXV.

 

(a). * Les versets 1-3 s’occupent du passé, les versets 4-6, de l’avenir. Dans le passé, le Psalmiste rappelle la joie du retour de la captivité ; des difficultés sont survenues depuis ; les peuples qui entourent Juda lui suscitent toutes sortes d’obstacles pour entraver la reconstruction du temple ; tous les captifs ne sont pas revenus, mais que personne ne se laisse abattre : on sème dans les larmes, on récoltera dans l’allégresse.

1. Comme des consolés ; comme des gens qui passent d’une grande affliction à la consolation la plus vive en apprenant une nouvelle heureuse et inattendue.

4. Le torrent au midi. Le mot torrent étant précédé de l’article déterminatif dans les Septante, il est question ici non d’un torrent en général, mais d’un torrent particulier et connu. Or, c’est probablement le Nil, fleuve de l’Égypte, qui était au midi de la Palestine. Ainsi le sens du verset serait : Faites revenir. Seigneur, nos captifs, comme vous faites revenir le Nil pour arroser et fertiliser le pays, après qu’il l’a laissé dans la sécheresse pendant l’été. Cette interprétation, il est vrai, demanderait torrent à l’accusatif (torréntem) ; mais, comme nous l’avons déjà remarqué plus d’une fois, dans le style biblique, les cas se mettent l’un pour l’autre, sans égard pour la concordance latine. À la vérité, le texte hébreu porte : Comme des torrents dans le midi ; mais c’est toujours la même idée ; car ce que nous venons de dire du Nil en particulier est applicable aux divers torrents du sud de la Judée, de l’Idumée et de l’Arabie Pétrée.

6. * Allant, ils allaient. Le participe du verbe, placé devant le verbe, correspond à un idiotisme hébraïque qui a pour objet de donner plus de force à l’expression ; c’est une forme intensitive.

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Ps 126

*ps126

PSAUME CXXVI

(Hebr. CXXVII).

Le Psalmiste exhorte les Juifs qui avaient entrepris de rebâtir la ville de Jérusalem et le temple du Seigneur, à n’attendre que de lui le succès de cette entreprise.

1 Cánticum gráduum Salomónis.

1. Cantique des degrés de Salomon.(a)  

Nisi Dóminus ædificáverit domum,

Si le Seigneur ne bâtit une maison,

in vanum laboravérunt qui ædíficant eam.

en vain travaillent ceux qui la bâtissent.

Nisi Dóminus custodíerit civitátem,

Si le Seigneur ne garde une cité,

frustra vígilat qui custódit eam.

inutilement veille celui qui la garde.

2 Vanum est vobis ante lucem súrgere :

2. C’est chose vaine à vous de vous lever avant le jour :

súrgite postquam sedéritis,

levez-vous après que vous aurez pris du repos,

qui manducátis panem dolóris.

vous qui mangez un pain de douleur.

Cum déderit diléctis suis somnum,

Lorsqu’il aura donné à ses bien-aimés le sommeil,

3 ecce hæréditas Dómini, fílii ;

3. Voici l’héritage du Seigneur, des fils ;

merces, fructus ventris.

la récompense, le fruit des entrailles.

4 Sicut sagíttæ in manu poténtis,

4. Comme des flèches dans la main d’un archer vigoureux,

ita fílii excussórum.

ainsi sont les fils des exilés.

5 Beátus vir qui implévit desidérium suum ex ipsis :

5. Bienheureux l’homme qui par eux a rempli son désir ;

non confundétur cum loquétur inimícis suis in porta.

il ne sera pas confondu, lorsqu’il parlera à ses ennemis à la porte de la ville.

~

Ps. CXXVI.

 

(a). * De Salomon. — Le nom de Salomon manque dans la plupart des exemplaires des Septante, et Théodoret observe que le 1er verset semble indiquer qu’il s’agit non du premier temple, mais du second, dont la construction fut entravée par les peuples voisins, vers. 2, et fort difficile à cause du petit nombre de Juifs qui étaient revenus de captivité avec Zorobabel, vers. 4. Il faut remarquer d’ailleurs que ce psaume imite les écrits de Salomon. — Voici le développement des pensées contenues dans ce psaume. — 1 : Tous nos efforts sont vains, sans le secours de Dieu ; — 2 : Vain le lever matinal, vaine la veille prolongée, sans travail, tandis que à celui qu’il aime, pendant qu’il dort, Dieu donne son pain. — 3-5 : Comme bénédiction spéciale de la Providence, le Psalmiste énumère les enfants : ils sont la force de la famille, comme des flèches dans un carquois, les défenseurs naturels des parents devenus infirmes.

1, 3. Voyez, pour le sens général de ces trois versets, II Esd. IV-VI.

4. Exilés ; littér. secoués, ébranlés ; et par extension, bannis, chassés de leur pays.

5. Qui par eux ; par leur nombre ; c’est-à-dire qui aura eu autant de fils qu’il en désirait. — Lorsqu’il parlera ; s’il lui survient une dispute, un procès, une querelle contre quelqu’un de ses concitoyens. — À la porte de la ville ; c’était là que, chez les Hébreux, se trouvaient des tribunaux et que se rendait la justice.

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Ps 127

*ps127

PSAUME CXXVII

(Hebr. CXXVIII).

Le Psalmiste représente le bonheur de ceux qui craignent le Seigneur et qui marchent dans ses voies.

1 Cánticum gráduum.

1. Cantique des degrés.

Beáti omnes qui timent Dóminum,

Bienheureux tous ceux qui craignent le Seigneur,

qui ámbulant in viis ejus.

et qui marchent dans ses voies.

2 Labóres mánuum tuárum quia manducábis :

2. Car tu mangeras le fruit de tes travaux,

beátus es, et bene tibi erit.

tu es bienheureux, et bien te sera encore.

3 Uxor tua sicut vitis abúndans

3. Ta femme sera comme une vigne féconde

in latéribus domus tuæ ;

dans l’intérieur de ta maison :

fílii tui sicut novéllæ olivárum

Tes enfants, comme de jeunes plants d’oliviers,

in circúitu mensæ tuæ.

autour de ta table.

4 Ecce sic benedicétur homo

4. Ainsi sera béni l’homme

qui timet Dóminum.

qui craint le Seigneur.

5 Benedícat tibi Dóminus ex Sion,

5. Que le Seigneur te bénisse de Sion,

et vídeas bona Jerúsalem ómnibus diébus vitæ tuæ.

et que tu voies les biens de Jérusalem, tous les jours de ta vie.

6 Et vídeas fílios filiórum tuórum :

6. Et que tu voies les fils de tes fils,

pacem super Israël.

la paix sur Israël.

~

Ps. CXXVII.

 

1. * Le Psalmiste chante le bonheur du juste dans sa famille, et termine par des souhaits en faveur de Jérusalem. — Heureux qui garde la loi, il jouira du fruit de ses mains (vers. 1-2), et aura une nombreuse famille (vers. 3). Ainsi il sera béni et verra Jérusalem prospère (vers. 4-6).

3. Dans les coins (in latéribus) ; l’hébreu dit dans l’intérieur.

5. De Sion. Sion était considérée comme la demeure particulière de Dieu, à cause du tabernacle qui s’y trouvait. — Que tu voies. Le verbe hébreu, que les Septante et la Vulgate ont rendu par voir, signifie aussi éprouver, gouter, jouir de ; c’est certainement le sens qu’il a ici.

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Ps 128

*ps128

PSAUME CXXVIII

(Hebr. CXXIX).

Le Psalmiste exhorte les enfants d’Israël à louer le Seigneur de la protection qu’il leur a accordée.

1 Cánticum gráduum.

1. Cantique des degrés.

Sæpe expugnavérunt me a juventúte mea,

Souvent ils m’ont attaqué depuis ma jeunesse,

dicat nunc Israël ;

qu’Israël le dise maintenant.

2 sæpe expugnavérunt me a juventúte mea :

2. Souvent ils m’ont attaqué depuis ma jeunesse,

étenim non potuérunt mihi.

mais ils n’ont rien pu contre moi.

3 Supra dorsum meum fabricavérunt peccatóres ;

3. Sur mon dos ont travaillé les pécheurs ;

prolongavérunt iniquitátem suam.

ils ont prolongé leur iniquité.

4 Dóminus justus

4. Le Seigneur, qui est juste,

cóncidit cervíces peccatórum.

a abattu la tête des pécheurs ;

5 Confundántur, et convertántur retrórsum

5. Qu’ils soient confondus,

omnes qui odérunt Sion.

qu’ils retournent en arrière tous ceux qui haïssent Sion.

6 Fiant sicut fœnum tectórum,

6. Qu’ils deviennent comme l’herbe des toits,

quod priúsquam evellátur exáruit :

qui, avant qu’on l’arrache, est desséchée ;

7 de quo non implévit manum suam qui metit,

7. Dont ne remplit pas sa main celui qui moissonne,

et sinum suum qui manípulos cólligit.

ni son sein celui qui recueille les gerbes.

8 Et non dixérunt qui præteríbant :

8. Et ils n’ont pas dit, ceux qui passaient :

Benedíctio Dómini super vos.

La bénédiction du Seigneur soit sur vous,

Benedíximus vobis in nómine Dómini.

nous vous bénissons au nom du Seigneur.

~

Ps. CXXVIII.

 

1-8. * Deux strophes : 1-4 : Dieu a mis fin aux malheurs d’Israël ; — 5-8 : Puisse ce triomphe être durable !

1. Souvent, etc. Les uns appliquent les paroles de ce verset et des suivants à David, persécuté dès sa jeunesse, et toujours supérieur à ses ennemis ; les autres aux Juifs, qui ayant essuyé pendant un long temps tout ce que la malice et l’envie de leurs ennemis purent inventer contre eux, se trouvèrent enfin tranquilles dans Jérusalem après la captivité, virent le temple du Seigneur rétabli et les murs de la ville réparés.

3. Sur mon dos, etc. L’hébreu porte : Sur mon dos, des laboureurs ont labouré ; ils y ont tracé de longs sillons ; ce qui était, sans doute, une manière de parler proverbiale, pour dire, ils m’ont battu de verges et m’ont fait de profondes blessures.

6. L’herbe des toits, etc. Les toits de la Palestine étaient en plateforme, et l’herbe y croissait souvent ; mais comme le pays était très chaud et que cette herbe manquait de nourriture, elle se flétrissait et se desséchait bientôt.

7. * Ni son sein. Les Orientaux mettent dans leur sein les petits objets qu’ils ramassent.

²

 

Ps 129

*ps129

PSAUME CXXIX

(Hebr. CXXX).

Dans ce psaume, qui est un des sept pénitentiaux, l’auteur, du fond de l’abime où ses péchés l’ont plongé, envisage la miséricorde du Sauveur et espère en sa bonté.

1 Cánticum gráduum.

1. Cantique des degrés.

De profúndis clamávi ad te, Dómine ;

Des profondeurs j’ai crié vers vous, Seigneur ;

2 Dómine, exáudi vocem meam.

2. Seigneur, écoutez ma voix.

Fiant aures tuæ intendéntes in vocem deprecatiónis meæ.

Que vos oreilles deviennent attentives à la voix de ma supplication.

3 Si iniquitátes observáveris, Dómine,

3. Si vous observez les iniquités, Seigneur,

Dómine, quis sustinébit ?

Seigneur, qui résistera ?

4 Quia apud te propitiátio est ;

4. Mais en vous est la propitiation,

et propter legem tuam sustínui te, Dómine.

et à cause de votre loi, je vous ai attendu avec patience, Seigneur.

Sustínuit ánima mea in verbo ejus :

Mon âme s’est soutenue par sa parole ;

5 sperávit ánima mea in Dómino.

5. Mon âme a espéré dans le Seigneur.

6 A custódia matutína usque ad noctem,

6. Depuis la veille du matin jusqu’à la nuit,

speret Israël in Dómino.

qu’Israël espère dans le Seigneur.

7 Quia apud Dóminum misericórdia,

7. Parce que dans le Seigneur est la miséricorde,

et copiósa apud eum redémptio.

et en lui une abondante rédemption.

8 Et ipse rédimet Israël

8. Et lui-même rachètera Israël

ex ómnibus iniquitátibus ejus.

de toutes ses iniquités.

~

Ps. CXXIX. 4. Ps. XXVI, 14.

 

1-8. * Ce psaume, le 6e des pénitentiaux, est, dans les prières de l’Église, le gémissement des âmes du purgatoire. C’est une invocation touchante du pécheur qui demande à Dieu de le traiter avec miséricorde. « Ce chant extraordinaire, que chacun de nous a répété sur sa propre douleur, [fut] d’abord l’explosion d’un déchirement individuel, explosion d’un pathétique tellement expressif que, n’ayant ni auparavant ni depuis rien entendu de comparable, l’Église en a fait la lamentation liturgique des adieux suprêmes. » (E. Ollivier.) — Quartes strophes : 1-2 : Appel à la miséricorde de Dieu ; — 3-4a : parce que, s’il traite tout le monde avec une justice rigoureuse, personne ne pourra le soutenir. — 4b-6 : Motif de confiance : Le Psalmiste espère, — 7-8 : parce que Dieu est plein de miséricorde.

1. Des profondeurs ; de l’abime, c’est-à-dire de mon malheur, de ma misère, de mon infortune ; ou selon saint Chrysostome, Théodoret et quelques autres auteurs grecs, au fond de mon cœur.

3. Qui résistera ; à votre jugement.

4. À cause de votre loi, à cause des promesses de votre loi. Voy. Lev. XXVI ; Deut. XXVIII.

6. La veille du matin ; c’est-à-dire l’espace de temps compris entre le chant du coq et le lever du soleil. Compar. Ex. XIV, 24.

²

 

Ps 130

*ps130

PSAUME CXXX

(Hebr. CXXXI).

Le Psalmiste prend le Seigneur à témoin que son cœur a été très éloigné des sentiments d’orgueil et d’ambition que ses ennemis lui supposaient injustement.

1 Cánticum gráduum David.

1. Cantique des degrés de David.

Dómine, non est exaltátum cor meum,

Seigneur, mon cœur ne s’est pas exalté,

neque eláti sunt óculi mei,

et mes yeux ne se sont pas élevés.

neque ambulávi in magnis,

Je n’ai pas non plus marché dans les grandeurs,

neque in mirabílibus super me.

ni dans les choses merveilleuses au-dessus de moi.

2 Si non humíliter sentiébam,

2. Si je n’avais pas d’humbles sentiments,

sed exaltávi ánimam meam :

si au contraire j’ai exalté mon âme,

sicut ablactátus est super matre sua,

Que comme l’enfant qui a été sevré sur sa mère,

ita retribútio in ánima mea.

ainsi soit traitée mon âme.

3 Speret Israël in Dómino,

3. Qu’Israël espère dans le Seigneur,

ex hoc nunc et usque in sǽculum.

dès ce moment et jusqu’à jamais.

~

Ps. CXXX.

 

1. * Ce psaume rend bien les sentiments de David, toujours parfaitement soumis à la volonté de Dieu dans toutes les circonstances de sa vie. — Trois strophes : 1 : Le Psalmiste n’aspire pas à ce qui est au-dessus de lui. — 2 : Il a fait taire son âme, comme un enfant sevré. — 3 : Qu’Israël espère en Dieu.

2. Si je n’avais, etc. C’était la formule ordinaire des vœux ou serments des Hébreux. Voy. Ps. XCIV, 11. — Que comme l’enfant, etc. ; c’est l’imprécation jointe au vœu, et dont le sens est : Je veux que Dieu me traite comme on traite un enfant qui, lorsqu’on le sèvre, gémit entre les bras de sa mère. Voy., sur les formules de serments, Ps. XCIV, 11.

²

 

131 à 140

Ps 131

*ps131

PSAUME CXXXI

(Hebr. CXXXII).

Le Psalmiste prie le Seigneur de se souvenir de David, et d’accomplir en sa considération les promesses qu’il lui a faites.

1 Cánticum gráduum.

1. Cantique des degrés.

Meménto, Dómine, David,

Souvenez-vous, Seigneur, de David,

et omnis mansuetúdinis ejus :

et de toute sa douceur ;

2 sicut jurávit Dómino ;

2. Comme il a juré au Seigneur,

votum vovit Deo Jacob :

et voué ce vœu au Dieu de Jacob :

3 Si introíero in tabernáculum domus meæ ;

3. Si j’entre dans l’intérieur de ma maison,

si ascéndero in lectum strati mei ;

si je monte sur le lit de mon repos ;

4 si dédero somnum óculis meis,

4. Si j’accorde à mes yeux le sommeil,

et pálpebris meis dormitatiónem,

et à mes paupières l’assoupissement ;

5 et réquiem tempóribus meis,

5. Et le repos à mes tempes,

donec invéniam locum Dómino,

jusqu’à ce que je trouve un lieu pour le Seigneur,

tabernáculum Deo Jacob.

un tabernacle pour le Dieu de Jacob.

6 Ecce audívimus eam in Ephrata ;

6. Voilà que nous avons appris qu’il était à Ephrata,

invénimus eam in campis silvæ.

nous l’avons trouvé dans les champs de la forêt.

7 Introíbimus in tabernáculum ejus ;

7. Nous entrerons dans son tabernacle,

adorábimus in loco ubi stetérunt pedes ejus.

nous adorerons dans le lieu où se sont arrêtés ses pieds.

8 Surge, Dómine, in réquiem tuam,

8. Levez-vous, Seigneur, et entrez dans votre repos,

tu et arca sanctificatiónis tuæ.

vous et l’arche de votre sanctification.

9 Sacerdótes tui induántur justítiam,

9. Que vos prêtres soient revêtus de justice

et sancti tui exsúltent.

et que vos saints exultent.

10 Propter David servum tuum

10. À cause de David votre serviteur,

non avértas fáciem christi tui.

ne détournez pas la face de votre Christ.

11 Jurávit Dóminus David veritátem,

11. Le Seigneur a juré la vérité à David,

et non frustrábitur eam :

et il ne l’éludera pas :

De fructu ventris tui

un fils du fruit de tes entrailles

ponam super sedem tuam.

je mettrai sur ton trône.

12 Si custodíerint fílii tui testaméntum meum,

12. Si tes fils gardent mon alliance

et testimónia mea hæc quæ docébo eos,

et mes témoignages que je leur enseignerai,

et fílii eórum usque in sǽculum

Et si leurs fils les gardent aussi jusqu’à jamais

sedébunt super sedem tuam.

ils s’assoiront sur ton trône.

13 Quóniam elégit Dóminus Sion :

13. Puisque le Seigneur a choisi Sion,

elégit eam in habitatiónem sibi.

il l’a choisi pour son habitation.

14 Hæc réquies mea in sǽculum sǽculi ;

14. C’est là pour toujours le lieu de mon repos,

hic habitábo, quóniam elégi eam.

j’y habiterai, puisque je l’ai choisie.

15 Víduam ejus benedícens benedícam ;

15. Bénissant, je bénirai sa veuve :

páuperes ejus saturábo pánibus.

ses pauvres, je les rassasierai de pain.

16 Sacerdótes ejus índuam salutári,

16. Je revêtirai ses prêtres du salut,

et sancti ejus exsultatióne exsultábunt.

et ses saints exulteront d’exultation.

17 Illuc prodúcam cornu David ;

17. Là je produirai la corne de David :

parávi lucérnam christo meo.

j’ai préparé une lampe à mon christ.

18 Inimícos ejus índuam confusióne ;

18. Je couvrirai ses ennemis de confusion,

super ipsum autem efflorébit sanctificátio mea.

mais sur lui fleurira ma sanctification.

~

Ps. CXXXI. 3. II Reg. VII, 2 ; I Par. XVII, 1. — 8. II Par. VI, 41. — 11. II Reg. VII, 12 ; Luc. I, 55 ; Act. II, 30. — 17. Malach. III, 1 ; Luc. I, 69 ; Act. II, 30.

 

1. * Ce psaume demande la protection divine pour la famille de David et annonce le règne du Messie. Il fut probablement composé par Salomon pour la Dédicace du temple, II Par. VI, 41. — Les versets 1-10, rappellent à Dieu ce que David a fait pour lui : Projet de lui élever un temple (vers. 1-5) ; transport de l’arche à Jérusalem (vers. 6-10), — et lui demandent d’en récompenser sa postérité. Les versets 11-18, reproduisent les promesses que Dieu avait faites à David.

3-5. Ces trois versets expriment l’objet du vœu ou serment du Psalmiste, mais l’imprécation qui suit le jurement est sous-entendue. Voyez Ps. XCIV, 11. Compar. II Reg. VII, 2 ; II Par. VI, 4.

6. Nous avons appris, etc. Ces paroles et celles des deux versets suivants sont attribuées par les uns à David et par les autres au peuple juif captif. — Qu’il ; c’est-à-dire le tabernacle (tabernaculum) du vers. précédent ; la Vulgate et les Septante disent elle (eam). Voy. sur cette anomalie Ps. CXVIII, 50. — Ephrata désigne probablement ici la tribu d’Ephraïm, dans laquelle était située Silo, ville qui possédait l’arche et le tabernacle. Or, il est certain que l’arche demeura dans cette tribu depuis Josué jusqu’à Samuel, et que de là elle fut transportée à Cariathiarim, où elle demeura jusqu’au commencement du règne de David sur tout Israël. Compar. Ps. LXXVII, 60, 67. — Les champs de la forêt ; le mot hébreu Cariathiarim signifie, en effet, ville des bois. — * Le texte original porte :

Nous entendîmes dire qu’elle [l’arche] était à Ephrata,

Et nous la trouvâmes dans les champs de Yahar.

Yahar signifie forêt et a été traduit par silva dans la Vulgate. C’était un endroit près de Cariathiarim. Cariathiarim était une ville de Juda, sur la route de Jérusalem à Jaffa, dans les montagnes.

8. L’arche de votre sanctification. Voy. Ps. LXXVII, 54 ; Ps. XCV, 6. — Levez-vous, Seigneur. Compar. II Par. VI, 41.

10. De votre christ ; c’est-à-dire de votre oint. Salomon fut oint ou sacré roi par le prêtre Sadoc (III Reg. I, 39).

11. Dieu a juré, etc. Ces promesses se rapportent, selon la lettre, à Salomon ; mais dans un sens plus élevé, elles conviennent parfaitement à Jésus-Christ, descendu de David selon la chair, et roi éternel, non seulement des tribus d’Israël, mais de toutes les nations de la terre. Compar. II Reg. VII, 12 ; Luc. I, 55 ; Act. II, 30.

15. Bénissant je bénirai ; hébraïsme, pour je multiplierai les bénédictions.

17. La corne (cornu) ; c’est-à-dire la force, la puissance. — Une lampe ; un fils, un successeur glorieux, illustre. Les auteurs sacrés emploient souvent cette figure ; on la trouve même quelquefois dans les écrivains profanes.

18. Mais sur lui, etc. ; je me le consacrerai d’une manière éclatante, splendide.

²

 

Ps 132

*ps132

PSAUME CXXXII

(Hebr. CXXXIII).

Bonheur des Juifs rassemblés à Jérusalem après la captivité.

1 Cánticum gráduum David.

1. Cantique des degrés de David.

Ecce quam bonum et quam jucúndum,

Voyez qu’il est bon et qu’il est agréable

habitáre fratres in unum !

que des frères habitent ensemble !

2 Sicut unguéntum in cápite,

2. C’est comme un parfum sur une tête,

quod descéndit in barbam, barbam Aaron,

lequel descend sur une barbe, la barbe d’Aaron,

quod descéndit in oram vestiménti ejus ;

Lequel descend sur le bord de son vêtement ;

3 sicut ros Hermon,

3. C’est comme la rosée d’Hermon,

qui descéndit in montem Sion.

et celle qui descend sur la montagne de Sion.

Quóniam illic mandávit Dóminus benedictiónem,

Puisque c’est là que le Seigneur a établi la bénédiction,

et vitam usque in sǽculum.

et la vie jusqu’à jamais.

~

Ps. CXXXII.

 

1. * Le Psalmiste chante l’union fraternelle des Israélites, quand ils se réunissent pour les grandes cérémonies religieuses. Le grand-prêtre, fils d’Aaron, qui leur apparait alors, avec ses ornements éclatants et tout couvert de parfums, les ravit d’admiration ; la rosée qui tombe sur l’Hermon les charme ; non moins admirable, non moins charmante, est la réunion des frères.

2. Un parfum, une tête, une barbe. Ces mots n’étant pas précédés de l’article déterminatif dans le grec, version sur laquelle a été traduite notre Vulgate, et donnant d’ailleurs un meilleur sens, nous avons dû y conformer notre traduction.

3. Et celle ; mots évidemment sous-entendus ; car le Psalmiste ne pouvait nullement ignorer que la rosée qui descendait du mont Hermon, situé au-delà du Jourdain, ne pouvait tomber sur le montagne de Sion, située en-deçà de ce fleuve, et à plus de cinquante lieues d’Hermon. D’ailleurs ce genre d’ellipse n’est pas rare dans les écrivains sacrés. — * « Cet hymne national, destiné à être chanté pendant les réjouissances publiques, ainsi que le prouvent les deux derniers vers, s’arrondit avec une grâce parfaite, dit Herder. De l’image de l’huile précieuse qui coule de la tête du grand prêtre sur toute sa personne, le poète passe à celle de la rosée qui descend de la plus haute des montagnes, puis il s’arrête sur le tableau de la prospérité de Sion. N’est-ce pas là la véritable marche de l’ode ? Le grand prêtre Aaron lui-même n’est-il pas l’image d’un frère gracieux et paisible, que son frère oint de tout l’éclat d’Israël avec la bienveillance de Dieu ? »

²

 

Ps 133

*ps133

PSAUME CXXXIII

(Hebr. CXXXIV).

Le Psalmiste exhorte les prêtres et les Lévites à louer le Seigneur et à l’invoquer pour son peuple.

1 Cánticum gráduum.

1. Cantique des degrés.(a)  

Ecce nunc benedícite Dóminum, omnes servi Dómini :

Vous maintenant, bénissez le Seigneur, vous tous serviteurs du Seigneur ;

qui statis in domo Dómini,

Qui demeurez dans la maison du Seigneur,

in átriis domus Dei nostri.

dans les parvis de la maison de notre Dieu,

2 In nóctibus extóllite manus vestras in sancta,

2. Durant les nuits, élevez vos mains vers les choses saintes,

et benedícite Dóminum.

et bénissez le Seigneur.

3 Benedícat te Dóminus ex Sion,

3. Que le Seigneur te bénisse de Sion,

qui fecit cælum et terram.

lui qui a fait le ciel et la terre.

~

Ps. CXXXIII.

 

(a). * Ce psaume est le dernier des psaumes graduels. Il se compose de deux courtes strophes : 1-2 ; 3. — La 1re est une invitation, faite pendant la nuit, à louer le Seigneur. — La seconde est la réponse à cette invitation.

1. * Qui demeurez. Dans le texte original : qui vous tenez pour servir dans la maison de Dieu, qui remplissez les fonctions des prêtres ou des lévites.

2. Vers les choses saintes (in sancta) ; ce qui peut s’entendre de l’arche et du propitiatoire ou bien du sanctuaire. — * Durant les nuits. En hébreu, ces mots sont la fin de la phrase précédente.

3. Que te Seigneur te bénisse. C’est, suivant les uns, une apostrophe des prêtres et des Lévites au peuple qui s’en retourne après la dédicace du temple, et, selon les autres, une continuation de l’exhortation faite, dans les versets précédents, aux prêtres et aux Lévites de bénir le Seigneur ; ce qui est plus vraisemblable, parce que dans l’exhortation il n’est nullement fait mention de bénir le peuple, ou de prier pour lui. Quant au singulier te, il ne saurait être un obstacle ; car, comme nous l’avons déjà fait remarquer plusieurs fois, cet énallage de nombre n’est pas rare dans le style biblique.

²

 

Ps 134

*ps134

PSAUME CXXXIV

(Hebr. CXXXV).

Le Psalmiste exhorte les ministres du Seigneur à le louer des bontés qu’il a eues pour Jacob, et des faveurs dont il a comblé sa postérité.

1 Allelúia.

1. Alléluia.

Laudáte nomen Dómini ;

Louez le nom du Seigneur,

laudáte, servi, Dóminum :

louez le Seigneur, vous ses serviteurs,

2 qui statis in domo Dómini,

2. Qui demeurez dans la maison du Seigneur,

in átriis domus Dei nostri.

dans les parvis de la maison de notre Dieu.

3 Laudáte Dóminum, quia bonus Dóminus ;

3. Louez le Seigneur, car le Seigneur est bon :

psállite nómini ejus, quóniam suáve.

chantez son nom, car il est doux,

4 Quóniam Jacob elégit sibi Dóminus ;

4. Car le Seigneur s’est choisi Jacob

Israël in possessiónem sibi.

et Israël pour sa possession.

5 Quia ego cognóvi quod magnus est Dóminus,

5. Car moi j’ai connu que le Seigneur est grand,

et Deus noster præ ómnibus diis.

et que notre Dieu est au-dessus de tous les dieux.

6 Omnia quæcúmque vóluit Dóminus fecit,

6. Tout ce qu’il a voulu, le Seigneur l’a fait

in cælo, in terra, in mari et in ómnibus abýssis.

dans le ciel, sur la terre, dans la mer et dans tous les abimes.

7 Edúcens nubes ab extrémo terræ,

7. Amenant des nuages de l’extrémité de la terre,

fúlgura in plúviam fecit ;

il a changé des éclairs en pluie.

qui prodúcit ventos de thesáuris suis.

Il tire les vents de ses trésors ;

8 Qui percússit primogénita Ægýpti,

8. Il a frappé les premiers-nés d’Égypte,

ab hómine usque ad pecus.

depuis l’homme jusqu’à la bête.

9 Et misit signa et prodígia in médio tui, Ægýpte :

9. Et il a envoyé des signes et des prodiges au milieu de toi, ô Égypte,

in Pharaónem, et in omnes servos ejus.

contre Pharaon et contre tous ses serviteurs.

10 Qui percússit gentes multas,

10. Il a frappé des nations nombreuses,

et occídit reges fortes :

et a tué des rois puissants,

11 Sehon, regem Amorrhæórum, et Og, regem Basan,

11. Sehon, roi des Amorrhéens, et Og, roi de Basan,

et ómnia regna Chánaan :

et tous les royaumes de Chanaan.

12 et dedit terram eórum hæreditátem,

12. Et il a donné leur terre en héritage,

hæreditátem Israël pópulo suo.

en héritage à Israël son peuple.

13 Dómine, nomen tuum in ætérnum ;

13. Seigneur, votre nom subsistera éternellement,

Dómine, memoriále tuum in generatiónem et generatiónem.

Seigneur, votre souvenir dans toutes les générations.

14 Quia judicábit Dóminus pópulum suum,

14. Car le Seigneur jugera son peuple,

et in servis suis deprecábitur.

et il sera imploré par ses serviteurs.

15 Simulácra géntium argéntum et aurum,

15. Les simulacres des nations sont de l’argent et de l’or ;

ópera mánuum hóminum.

des ouvrages de main d’hommes.

16 Os habent, et non loquéntur ;

16. Ils ont une bouche, et ils ne parleront pas ;

óculos habent, et non vidébunt.

ils ont des yeux, et ne verront pas.

17 Aures habent, et non áudient ;

17. Ils ont des oreilles, et ils n’entendront pas,

neque enim est spíritus in ore ipsórum.

car il n’y a pas de souffle dans leur bouche.

18 Símiles illis fiant qui fáciunt ea,

18. Qu’ils leur deviennent semblables, ceux qui les font,

et omnes qui confídunt in eis.

et tous ceux qui se confient en elles.

19 Domus Israël, benedícite Dómino ;

19. Maison d’Israël, bénissez le Seigneur ;

domus Aaron, benedícite Dómino.

maison d’Aaron, bénissez le Seigneur.

20 Domus Levi, benedícite Dómino ;

20. Maison de Lévi, bénissez le Seigneur ;

qui timétis Dóminum, benedícite Dómino.

vous qui craignez le Seigneur, bénissez le Seigneur.

21 Benedíctus Dóminus ex Sion,

21. Béni soit le Seigneur du haut de Sion,

qui hábitat in Jerúsalem.

lui qui habite dans Jérusalem.

~

Ps. CXXXIV. 7. Jer. X, 13. — 8. Ex. XII, 29. — 10. Jos. XII, 1, 7. — 11. Num. XXI, 24, 35. — 15. Supra. CXIII, 4. — 16. Sap. XV, 15.

 

1. * Voici la suite des pensées exprimées dans ce psaume : — 1-4 : Exhortation à louer Dieu ; — 5-7 : parce qu’il est le Maitre de la nature ; — 8-12 : qu’il a délivré son peuple de la servitude d’Égypte, et lui a donné la terre de Chanaan ; — 13-14 : qu’il est plein de gloire, et sauve son peuple ; — 15-18 : tandis que les dieux des païens ne sont rien. — 19-21 : Que tout Israël loue donc le Seigneur.

2. * Qui demeurez dans la maison du Seigneur. Voir. Ps. CXXXIII, 1.

3. # Il est doux, c.-à.-d. le nom du Seigneur.

11. * Basan. Voir Num. XXI, 33.

13. Toutes les générations ; littér. et par hébraïsme, génération et génération. Voy. les  Observat. prélimin., II, 1°.

17. De souffle ; de vie.

²

 

Ps 135

*ps135

PSAUME CXXXV

(Hebr. CXXXVI).

Le Psalmiste exalte la miséricorde du Seigneur par le récit des principales merveilles qu’il a opérées en faveur du peuple d’Israël.

1 Allelúia.

1. Alléluia.

Confitémini Dómino, quóniam bonus,

Glorifiez le Seigneur, car il est bon,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde.

2 Confitémini Deo deórum,

2. Glorifiez le Dieu des dieux,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde.

3 Confitémini Dómino dominórum,

3. Glorifiez le Seigneur des seigneurs,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde ;

4 Qui facit mirabília magna solus,

4. Qui seul fait de grandes merveilles,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde ;

5 Qui fecit cælos in intelléctu,

5. Qui a fait les cieux avec intelligence,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde ;

6 Qui firmávit terram super aquas,

6. Qui a affermi la terre sur les eaux,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde ;

7 Qui fecit luminária magna,

7. Qui a fait de grands luminaires,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus :

car éternelle est sa miséricorde ;

8 solem in potestátem diéi,

8. Le soleil pour dominer sur le jour,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus ;

car éternelle est sa miséricorde ;

9 lunam et stellas in potestátem noctis,

9. La lune et les étoiles, pour dominer sur la nuit,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde ;

10 Qui percússit Ægýptum cum primogénitis eórum,

10. Qui a frappé l’Égypte avec leurs premiers-nés,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde ;

11 Qui edúxit Israël de médio eórum,

11. Qui a fait sortir Israël du milieu d’eux,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus,

car éternelle est sa miséricorde ;

12 in manu poténti et bráchio excélso,

12. Avec une main puissante et un bras étendu,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde ;

13 Qui divísit mare Rubrum in divisiónes,

13. Qui a divisé en deux la mer Rouge,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus ;

car éternelle est sa miséricorde ;

14 et edúxit Israël per médium ejus,

14. Et a fait passer Israël au milieu d’elle,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus ;

car éternelle est sa miséricorde ;

15 et excússit Pharaónem et virtútem ejus in mari Rubro,

15. Et a renversé Pharaon et son armée dans la mer Rouge,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde ;

16 Qui tradúxit pópulum suum per desértum,

16. Qui a conduit son peuple à travers le désert,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde ;

17 Qui percússit reges magnos,

17. Qui a frappé de grands rois,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus ;

car éternelle est sa miséricorde.

18 et occídit reges fortes,

18. Et a tué des rois puissants,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus :

car éternelle est sa miséricorde ;

19 Sehon, regem Amorrhæórum,

19. Sehon, roi des Amorrhéens,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus ;

car éternelle est sa miséricorde ;

20 et Og, regem Basan,

20. Et Og, roi de Basan,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus :

car éternelle est sa miséricorde :

21 et dedit terram eórum hæreditátem,

21. Et il a donné leur terre en héritage,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus ;

car éternelle est sa miséricorde ;

22 hæreditátem Israël, servo suo,

22. En héritage à Israël son serviteur,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde ;

23 Quia in humilitáte nostra memor fuit nostri,

23. Car dans notre humiliation il s’est souvenu de nous,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus ;

car éternelle est sa miséricorde ;

24 et redémit nos ab inimícis nostris,

24. Et il nous a rachetés de nos ennemis,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde ;

25 Qui dat escam omni carni,

25. Qui donne la nourriture à toute chair,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde ;

26 Confitémini Deo cæli,

26. Glorifiez le Dieu du ciel,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde.

Confitémini Dómino dominórum,

Glorifiez le Seigneur des seigneurs,

quóniam in ætérnum misericórdia ejus.

car éternelle est sa miséricorde.

~

Ps. CXXXV. 5. Gen. I, 1. — 10. Ex. XII, 29. — 11. Ex. XIII, 17. — 15. Ex. XIV, 28. — 18. Num. XXI, 24. — 20. Num. XXI, 33. — 21. Jos. XIII, 7.

 

1. * 1° Le Psalmiste exhorte le peuple à louer Dieu, 1-3 ; — 2° à cause des merveilles qu’il a opérées pendant les six jours de la création, 4-9 ; — 3° de la délivrance d’Israël de l’Égypte, 10-15 ; — 4° du don de la Terre Promise, 16-22 ; — 5° des dons qu’il accorde à chacun, 23-26. — Ce psaume a cela de particulier, que le refrain est intercalé entre chaque vers (26 fois) : parce qu’éternelle est sa miséricorde. — Un solo chantait, sans doute, chaque vers, et le chœur reprenait aussitôt le refrain, qui était comme le répons de nos litanies.

2-3. Dieu des dieux ; Seigneur des seigneurs ; par ces expressions, le Psalmiste a voulu dire que Dieu est supérieur à toute puissance, de quelque nature qu’elle soit, dans le ciel, sur la terre ou même dans les enfers. Quant au mot dieux en particulier, on le donne assez souvent aux juges, aux magistrats. Voy. Ps. LXXXI, 1.

10. Leurs premiers-nés ; au lieu de ses premiers. Le mot leurs est au pluriel, parce qu’Égypte, nom auquel il se rapporte, ne doit pas s’entendre ici de la terre, du sol, mais des habitants.

11. D’eux ; des Égyptiens. Compar. le verset précédent.

13. A divisé en deux ; littér. a divisé en divisions. Compar. Ex. XIV, 21-22.

20. * Basan. Voir la note sur Num. XXI, 33.

24. Il nous a rachetés, etc. ; il nous a délivrés des injustices de nos ennemis.

²

 

Ps 136

*ps136

PSAUME CXXXVI

(Hebr. CXXXVII).

Le Psalmiste représente les Juifs captifs à Babylone comme n’ayant d’autre joie et d’autre consolation que celles que leur donnent le souvenir de Jérusalem et l’espérance d’y retourner.

1 Psalmus David, Jeremíæ.

1. Psaume de David à Jérémie.(a)  

Super flúmina Babylónis illic sédimus et flévimus,

Sur les fleuves de Babylone, là nous nous sommes assis, et nous avons pleuré,

cum recordarémur Sion.

comme nous nous souvenions de Sion.

2 In salícibus in médio ejus

2. Aux saules, au milieu d’elle,

suspéndimus órgana nostra :

nous avons suspendu nos instruments.

3 quia illic interrogavérunt nos, qui captívos duxérunt nos,

3. Car là ceux qui nous avaient emmenés captifs, nous demandèrent

verba cantiónum ;

les paroles de nos chants ;

et qui abduxérunt nos :

Et ceux qui nous avaient enlevés nous disaient :

Hymnum cantáte nobis de cánticis Sion.

Chantez-nous un hymne des cantiques de Sion.

4 Quómodo cantábimus cánticum Dómini

4. Comment chanterons-nous un cantique du Seigneur

in terra aliéna ?

dans une terre étrangère ?

5 Si oblítus fúero tui, Jerúsalem,

5. Si je t’oublie, Jérusalem,

oblivióni detur déxtera mea.

que ma main droite soit livrée à l’oubli.

6 Adhǽreat lingua mea fáucibus meis,

6. Que ma langue s’attache à mon gosier,

si non memínero tui ;

si je ne me souviens pas de toi,

si non proposúero Jerúsalem

Si je ne me propose Jérusalem

in princípio lætítiæ meæ.

comme principe de ma joie.

7 Memor esto, Dómine, filiórum Edóm,

7. Souvenez-vous, Seigneur, des fils d’Édom

in die Jerúsalem :

au jour de Jérusalem,

qui dicunt : Exinaníte, exinaníte

Disant : Réduisez à néant,

usque ad fundaméntum in ea.

réduisez à néant en elle jusqu’aux fondements.

8 Fília Babylónis mísera ! beátus qui retríbuet tibi

8. Fille malheureuse de Babylone, bienheureux celui qui te rendra

retributiónem tuam quam retribuísti nobis.

la rétribution de ce que tu nous as fait !

9 Beátus qui tenébit,

9. Bienheureux celui qui saisira

et allídet párvulos tuos ad petram.

et brisera tes petits enfants contre la pierre !

~

Ps. CXXXVI.

 

(a). À Jérémie ; ou de Jérémie, pour Jérémie. Cette inscription n’est pas dans l’hébreu, ni dans le chaldéen. — * Ce titre est difficile à expliquer ; il est formellement rejeté par Théodoret.

1-9. * Ce psaume, l’un des plus beaux et des plus touchants, nous représente les Juifs captifs à Babylone, ne pouvant gouter aucune joie loin de leur patrie. Le patriotisme et la religion ne peuvent pas s’élever plus haut. « La poésie touchante de ce psaume, son sentiment si profond, si vrai, si mélancolique et si naturel, est passé dans l’âme des masses et l’a rendu populaire. Il répond à toutes les notes plaintives du cœur humain, à toutes les amertumes et à tous les regrets, à toutes les aspirations et à tous les mécomptes, à toutes les douleurs, à tous les gémissements… des espérances déçues pour les individus comme pour les nations. » (F. Claude.) — Voici la suite des pensées : 1-2 : Les Juifs captifs à Babylone ont suspendu leurs lyres aux saules pleureurs des bords de l’Euphrate, et ils versent des larmes au souvenir de Sion. — 3 : Chantez-nous un cantique de Sion, leur disent leurs maitres. — 4-6 : Comment chanter les louanges du Seigneur sur la terre étrangère ? Plutôt m’oublier moi-même qu’oublier Jérusalem ! — 7 : Prière à Dieu contre l’Idumée, qui, à l’époque de la ruine de Jérusalem, s’était rangée parmi les ennemis de la Judée. — 8-9 : Souhaits contre Babylone, qui a opprimé Juda.

1. * Sur les fleuves de Babylone. Babylone était arrosée par l’Euphrate et par de nombreux et grands canaux qui portaient le nom de nahar, en babylonien comme en hébreu, et c’est ce mot qui est traduit par fleuves.

2. * Aux saules. Le saule est si abondant sur les rives de l’Euphrate qu’on appelle cet arbre salix babylonica.

5. * « Combien cette apostrophe à Jérusalem rend-elle tendre et touchant le discours de ce Juif exilé ! Il croit la voir, l’entretenir, lui protester avec serment qu’il consent à perdre la voix et l’usage de la langue, aussi bien que de ses instruments, plutôt que de l’oublier en prenant part aux fausses joies de Babylone. » (Rollin.)

7. Les fils d’Édom ; c’est-à-dire les Iduméens qui, s’étant joint aux soldats de l’armée de Nabuchodonosor, les animèrent contre les Juifs, leurs propres frères, et les aidèrent à détruire Jérusalem jusqu’aux fondements. Compar. Jer. XII, 6 ; XXV, 14 ; XLIX ; Lam. IV, 12, 21 ; Ezech. XXV, 12 ; Abdías. — * Au jour de Jérusalem, au jour où elle fut châtiée et vaincue.

8. Fille de Babylone ; hébraïsme, pour habitants de Babylone.

9. Bienheureux, etc. Cette prophétie se trouve aussi dans Is. XIII, 16.

²

 

Ps 137

*ps137

PSAUME CXXXVII

(Hebr. CXXXVIII).

Le Psalmiste loue le Seigneur de ce qu’il l’a exaucé, et il invite tous les rois de la terre et à l’en louer avec lui.

1 Ipsi David.

1. À David (ou de David lui-même).

Confitébor tibi, Dómine, in toto corde meo,

Je vous glorifierai, Seigneur, en tout mon cœur,

quóniam audísti verba oris mei.

car vous avez écouté les paroles de ma bouche.

In conspéctu angelórum psallam tibi ;

En présence des anges je vous chanterai des hymnes :

2 adorábo ad templum sanctum tuum,

2. J’adorerai en me tournant vers votre saint temple,

et confitébor nómini tuo :

et je glorifierai votre nom,

super misericórdia tua et veritáte tua ;

À cause de votre miséricorde et de votre vérité :

quóniam magnificásti super omne, nomen sanctum tuum.

car vous avez élevé par-dessus tout la grandeur de votre nom saint.

3 In quacúmque die invocávero te, exáudi me ;

3. En quelque jour que je vous invoque, exaucez-moi ;

multiplicábis in ánima mea virtútem.

vous augmenterez en mon âme la force.

4 Confiteántur tibi, Dómine, omnes reges terræ,

4. Qu’ils vous glorifient, Seigneur, tous les rois de la terre,

quia audiérunt ómnia verba oris tui.

car ils ont entendu toutes les paroles de votre bouche ;

5 Et cantent in viis Dómini,

5. Et ils chantent dans les voies du Seigneur,

quóniam magna est glória Dómini ;

car grande est la gloire du Seigneur.

6 quóniam excélsus Dóminus, et humília réspicit,

6. Car le Seigneur est élevé, et il regarde les choses basses ;

et alta a longe cognóscit.

et les choses hautes, c’est de loin qu’il les connait.

7 Si ambulávero in médio tribulatiónis, vivificábis me ;

7. Si je marche au milieu de la tribulation, vous me donnerez la vie ;

et super iram inimicórum meórum extendísti manum tuam,

et sur la colère de mes ennemis vous avez étendu votre main,

et salvum me fecit déxtera tua.

et votre droite m’a sauvé.

8 Dóminus retríbuet pro me.

8. Le Seigneur rétribuera pour moi :

Dómine, misericórdia tua in sǽculum ;

Seigneur, votre miséricorde est pour jamais,

ópera mánuum tuárum ne despícias.

ne méprisez pas les ouvrages de vos mains.

~

Ps. CXXXVII.

 

1. * David remercie Dieu de la promesse qu’il lui a faite de faire sortir le Messie de sa race, et de rendre son trône éternel, II Reg. VII ; I Par, XVII. — 1-3 : Le Psalmiste remercie Dieu de la promesse qu’il lui a faite. — 4-6 : Tous les rois glorifieront Dieu, quand ils la verront se réaliser. — 7-8 : Pour lui sa confiance envers le Seigneur est sans bornes.

2. En me tournant, sous-entendu. Voy. plus haut, Observat. prélimin., II, 2°. — * Au lieu de super omne nomen sanctum tuum, l’hébreu porte super omne nomen, verbum tuum ce qui est plus explicite. Ce verbum, c’est la promesse de la perpétuité de la race de David dans la personne du Messie.

5. Dans les voies du Seigneur ; c’est-à-dire le long des chemins qui mènent au temple, selon les uns ; ou bien, selon les autres : Chantez les actions, la conduite du Seigneur.

6. Le Seigneur, etc. ; c’est-à-dire, quoique le Seigneur soit très élevé, il voit également les choses les plus grandes et les plus petites, les plus hautes et les plus basses. Ni leur éloignement ni leur petitesse ne peuvent les dérober à sa vue.

8. Rétribuera pour moi ; prendra ma défense contre mes ennemis.

²

 

Ps 138

*ps138

PSAUME CXXXVIII

(Hebr. CXXXIX).

David implore le secours de Dieu contre ses ennemis, et il prédit que le mal qu’ils lui veulent faire retombera sur eux.

1 In finem, psalmus David.

1. Pour la fin, psaume de David.

Dómine, probásti me, et cognovísti me ;

Seigneur, vous m’avez éprouvé, et vous m’avez connu ;

2 tu cognovísti sessiónem meam et resurrectiónem meam.

2. C’est vous qui avez connu mon coucher et mon lever.

3 Intellexísti cogitatiónes meas de longe ;

3. Vous avez compris de loin mes pensées ;

sémitam meam et funículum meum investigásti :

vous avez observé mes sentiers et le cours de ma vie.

4 et omnes vias meas prævidísti,

4. Et toutes mes voies, vous les avez prévues ;

quia non est sermo in lingua mea.

car il n’y a point de parole sur ma langue.

5 Ecce, Dómine, tu cognovísti ómnia,

5. Voilà que vous, Seigneur, vous avez connu toutes les choses

novíssima et antíqua.

nouvelles et anciennes :

Tu formásti me, et posuísti super me manum tuam.

vous m’avez formé et mis sur moi votre main.

6 Mirábilis facta est sciéntia tua ex me ;

6. Votre science est devenue admirable pour moi :

confortáta est, et non pótero ad eam.

elle est affermie, et je ne pourrai pas y atteindre.

7 Quo ibo a spíritu tuo ?

7. Où irai-je pour me dérober à votre esprit ?

et quo a fácie tua fúgiam ?

où fuirai-je devant votre face ?

8 Si ascéndero in cælum, tu illic es ;

8. Si je monte au ciel, vous y êtes ;

si descéndero in inférnum, ades.

si je descends dans l’enfer, vous y êtes présent.

9 Si súmpsero pennas meas dilúculo,

9. Si je prends mes ailes au point du jour,

et habitávero in extrémis maris,

et que j’habite aux extrémités de la mer,

10 étenim illuc manus tua dedúcet me,

10. Là encore votre main me conduira,

et tenébit me déxtera tua.

et votre droite me retiendra.

11 Et dixi : Fórsitan ténebræ conculcábunt me ;

11. Et j’ai dit : Peut-être que les ténèbres me couvriront ;

et nox illuminátio mea in delíciis meis.

et la nuit est une lumière autour de moi dans mes plaisirs,

12 Quia ténebræ non obscurabúntur a te,

12. Car les ténèbres ne seront pas obscures pour vous,

et nox sicut dies illuminábitur :

et la nuit sera éclairée comme le jour :

sicut ténebræ ejus, ita et lumen ejus.

comme sont les ténèbres de celle-là, de même aussi est la lumière de celui-ci.

13 Quia tu possedísti renes meos ;

13. Car vous qui êtes en possession de mes reins,

suscepísti me de útero matris meæ.

vous m’avez reçu dès le sein de ma mère.

14 Confitébor tibi, quia terribíliter magnificátus es ;

14. Je vous glorifierai, car vous avez montré d’une manière terrible votre magnificence :

mirabília ópera tua, et ánima mea cognóscit nimis.

admirables sont vos œuvres, mon âme le reconnait parfaitement.

15 Non est occultátum os meum a te, quod fecísti in occúlto ;

15. Mes os n’ont pas été cachés pour vous qui les avez faits dans le secret ;

et substántia mea in inferióribus terræ.

ni ma substance formée dans les parties inférieures de la terre.

16 Imperféctum meum vidérunt óculi tui,

16. Vos yeux ont vu mon corps encore informe,

et in libro tuo omnes scribéntur.

et tous les hommes seront écrits dans votre livre :

Dies formabúntur, et nemo in eis.

il se formera des jours, dans lesquels il n’y aura personne.

17 Mihi autem nimis honorificáti sunt amíci tui, Deus ;

17. Mais pour moi, ô Dieu, vos amis sont devenus extrêmement honorables ;

nimis confortátus est principátus eórum.

leur empire s’est extrêmement fortifié.

18 Dinumerábo eos, et super arénam multiplicabúntur.

18. Je les compterai, et ils se trouveront plus nombreux que le sable :

Exsurréxi, et adhuc sum tecum.

je me suis réveillé, et je suis encore avec vous.

19 Si occíderis, Deus, peccatóres,

19. Si vous tuez les pécheurs, ô Dieu,

viri sánguinum, declináte a me :

hommes de sang, détournez-vous de moi ;

20 quia dícitis in cogitatióne :

20. Car vous dites dans votre pensée :

Accípient in vanitáte civitátes tuas.

Ils recevront en vain vos cités.

21 Nonne qui odérunt te, Dómine, óderam,

21. Est-ce que je n’ai pas haï, Seigneur, ceux qui vous haïssaient ;

et super inimícos tuos tabescébam ?

et au sujet de vos ennemis, ne séchais-je pas ?

22 Perfécto ódio óderam illos,

22. Je les haïssais d’une haine parfaite ;

et inimíci facti sunt mihi.

et ils sont devenus des ennemis pour moi.

23 Proba me, Deus, et scito cor meum ;

23. Éprouvez-moi, ô Dieu, et comprenez mon cœur :

intérroga me, et cognósce sémitas meas.

interrogez-moi et connaissez mes sentiers.

24 Et vide si via iniquitátis in me est,

24. Et voyez si une voie d’iniquité est en moi,

et deduc me in via ætérna.

et conduisez-moi dans la voie éternelle.

~

Ps. CXXXVIII. 8. Am. IX, 2.

 

1-24. * Ce beau psaume est un des plus riches en enseignements théologiques sur la nature de Dieu. Dans une première partie, 1-12, David dépeint la science infinie et l’immensité divine, à qui rien ne peut échapper ; dans la seconde, 13-18, il loue le Seigneur qui donne la vie à l’homme, et à qui même les phases primitives de notre existence ne sont pas cachées, non plus que notre destinée future, tandis que nous, nous ne savons rien de toutes ces choses ; enfin, dans une troisième, 19-24, il s’élève contre les ennemis du Créateur, et demande à être lui-même éprouvé et purifié. Dieu connait tout, il connait donc aussi la différence qui existe entre David, son serviteur fidèle, et le méchant.

1. Seigneur, vous m’avez éprouvé,etc. Dans tout ce psaume, l’auteur s’attache à montrer que le Seigneur l’a éprouvé, examiné, pénétré et connu parfaitement dans son être, ses pensées, ses sentiments, ses actions, en un mot, tout ce qui le concerne.

2. Mon coucher ; littér. mon reposer, mon repos de la nuit. C’est le vrai sens du sessionem de la Vulgate, expliqué par le texte original ; car le terme hébreu correspondant signifie non seulement s’assoir, s’établir, mais aussi prendre du repos, se reposer ; et au Ps. CXXXI, 3, il a incontestablement le sens de se reposer la nuit ; sens que le contexte exige d’ailleurs ici. — * Mon coucher et mon lever signifie toutes mes actions.

6. Votre science, etc., pour moi, c’est-à-dire à mes yeux ; ou bien : La connaissance que vous avez de moi est admirable ; ou bien encore : Votre science s’est élevée admirablement au-dessus de moi.

12. Comme sont, etc. Vous y voyez la nuit comme le jour.

13. C’est vous, etc. (Tu possedisti) ; Septante, vous avez acquis ; ce qui est un des sens de l’hébreu, qui signifie aussi faire, former ; signification que nous croyons être la véritable dans ce passage-ci. — Reins, mot par lequel les Hébreux désignaient aussi ce qu’il y a de plus intime dans l’homme, le fond de l’âme. — Vous m’avez reçu, etc. Voy. Ps. XXI, 11.

15. Mes os ; littér. mon os ; c’est-à-dire chacun de mes os. Ici, comme en bien d’autres endroits de l’Écriture, la partie se met pour le tout. — Dans le secret ; littér. dans le caché ; dans le sein de ma mère. — Les parties inférieures de la terre désignent le tombeau ou même l’enfer, c’est-à-dire les limbes. Compar. Eph. IV, 9.

16. Encore informe, à l’état d’embryon. — Il se formera, etc. ; viendront des jours où il n’existera plus personne.

18. Je les compterai, etc. ; hébraïsme, pour si je les compte, je les trouverai, etc. — Je me suis réveillé, etc. ; quand je me réveille, je suis aussitôt occupé de vous, je pense à vous.

19. De sang ; littér. de sangs. Voy. Ps. V, 7.

20. Car vous dites en vous-mêmes au Seigneur : C’est en vain que vous donnerez vos cités aux Israélites, nous saurons bien les en chasser malgré vous.

²

 

Ps 139

*ps139

PSAUME CXXXIX

(Hebr. CXL).

David implore le secours de Dieu contre ses ennemis, et il prédit que le mal qu’ils lui veulent faire retombera sur eux. La plupart des Pères rapportent ce psaume à Jésus-Christ et aux fidèles exposés à la persécution des méchants.

1 In finem. Psalmus David.

1. Pour la fin, psaume de David.

2 Eripe me, Dómine, ab hómine malo ;

2. Arrachez-moi, Seigneur, à l’homme méchant :

a viro iníquo éripe me.

à l’homme inique arrachez-moi.

3 Qui cogitavérunt iniquitátes in corde,

3. Ceux qui ont pensé des iniquités dans leur cœur,

tota die constituébant prǽlia.

durant tout le jour préparaient des combats.

4 Acuérunt linguas suas sicut serpéntis ;

4. Ils ont aiguisé leur langue comme celle d’un serpent :

venénum áspidum sub lábiis eórum.

le venin d’un aspic est sous leurs lèvres.

5 Custódi me, Dómine, de manu peccatóris,

5. Gardez-moi, Seigneur, de la main d’un pécheur,

et ab homínibus iníquis éripe me.

et arrachez-moi à des hommes iniques.

Qui cogitavérunt supplantáre gressus meos :

Ils ont pensé à ébranler mes pas ;

6 abscondérunt supérbi láqueum mihi.

6. Des hommes superbes ont caché un lacs devant moi :

Et funes extendérunt in láqueum ;

Et ils ont tendu des cordes en lacs,

juxta iter, scándalum posuérunt mihi.

le long du chemin ils ont posé une pierre d’achoppement devant moi.

7 Dixi Dómino : Deus meus es tu ;

7. J’ai dit au Seigneur : C’est vous qui êtes mon Dieu ;

exáudi, Dómine, vocem deprecatiónis meæ.

exaucez, Seigneur, la voix de ma supplication.

8 Dómine, Dómine, virtus salútis meæ,

8. Seigneur, Seigneur, la force de mon salut,

obumbrásti super caput meum in die belli.

vous avez couvert ma tête de votre ombre au jour du combat ;

9 Ne tradas me, Dómine, a desidério meo peccatóri :

9. Ne me livrez pas, Seigneur, à un pécheur contre mon désir :

cogitavérunt contra me ;

ils ont conspiré contre moi,

ne derelínquas me, ne forte exalténtur.

ne me délaissez pas, de peur qu’ils ne triomphent.

10 Caput circúitus eórum :

10. La tête de leur circuit,

labor labiórum ipsórum opériet eos.

le travail de leurs lèvres les couvrira eux-mêmes.

11 Cadent super eos carbónes ;

11. Des charbons tomberont sur eux,

in ignem dejícies eos :

vous les précipiterez dans le feu :

in misériis non subsístent.

dans leurs misères, ils ne subsisteront pas.

12 Vir linguósus non dirigétur in terra ;

12. Un homme à la langue méchante ne sera pas dirigé sur la terre :

virum injústum mala cápient in intéritu.

les maux saisiront un homme injuste à la mort.

13 Cognóvi quia fáciet Dóminus judícium ínopis,

13. Je sais que le Seigneur se chargera de la cause de l’homme sans secours,

et vindíctam páuperum.

et de la vengeance des pauvres.

14 Verúmtamen justi confitebúntur nómini tuo,

14. Cependant les justes glorifieront votre nom ;

et habitábunt recti cum vultu tuo.

et les hommes droits vivront avec vous.

~

Ps. CXXXIX. 4. Supra. V, 11 ; Rom. III, 13.

 

1. * Psaume composé pendant la persécution d’Absalom, et analogue aux Ps. LVII et LXIII ; la conclusion de tous les trois est semblable. — 2-6 : Que Dieu garde le Psalmiste du méchant ; — 7-9 : parce qu’il met sa confiance en Dieu (prière qu’il lui adresse). — 10-11 : Que l’iniquité des impies retombe sur eux. — 12-14 : Oui, le pécheur périra, le juste triomphera et bénira le Seigneur.

8. Vous avez, etc. On explique ordinairement ce verset de David, vainqueur de Goliath ; mais on peut aussi l’entendre de la protection que le roi prophète avait reçue de Dieu dans ses différentes persécutions.

10. La tête de leur circuit. Ces paroles, qui se lisent dans les Septante aussi bien que dans la Vulgate, s’expliquent très bien par l’hébreu, qui porte : La tête ou le chef de ceux qui m’environnent, qui me persécutent ; c’est-à-dire Doég ou Saül lui-même. — Le travail de leurs lèvres ; c’est-à-dire leurs calomnies contre moi. — Les couvrira ; les accablera en tournant contre eux-mêmes.

14. Avec vous ; littér. avec votre visage. Voy. Ps. XLI, 6.

²

 

Ps 140

*ps140

PSAUME CXL

(Hebr. CXLI).

Le Psalmiste prie Dieu d’exaucer sa prière, de le garder de l’impatience, de le préserver de l’amitié et de la compagnie des mécréants. Il se plaint des persécutions qu’il souffre.

1 Psalmus David.

1. Psaume de David.

Dómine, clamávi ad te : exáudi me ;

Seigneur, j’ai crié vers vous, exaucez-moi :

inténde voci meæ, cum clamávero ad te.

soyez attentif à ma voix, lorsque je crierai vers vous.

2 Dirigátur orátio mea sicut incénsum in conspéctu tuo ;

2. Que ma prière soit dirigée comme un encens en votre présence :

elevátio mánuum meárum sacrifícium vespertínum.

que l’élévation de mes mains soit un sacrifice du soir.

3 Pone, Dómine, custódiam ori meo,

3. Mettez, Seigneur, une garde à ma bouche,

et óstium circumstántiæ lábiis meis.

et une porte autour de mes lèvres.

4 Non declínes cor meum in verba malítiæ,

4. N’inclinez pas mon cœur à des paroles de malice,

ad excusándas excusatiónes in peccátis ;

pour prétexter des excuses à mes péchés,

cum homínibus operántibus iniquitátem,

avec des hommes qui opèrent l’iniquité :

et non communicábo cum eléctis eórum.

et je n’aurai point de part à ce qu’ils recherchent le plus.

5 Corrípiet me justus in misericórdia, et increpábit me :

5. Le juste me reprendra dans sa bonté, et il me corrigera ;

óleum autem peccatóris non impínguet caput meum.

mais l’huile d’un pécheur ne parfumera pas ma tête.

Quóniam adhuc et orátio mea in beneplácitis eórum :

Car j’opposerai encore même ma prière contre les choses dans lesquelles ils se plaisent ;

6 absórpti sunt juncti petræ júdices eórum.

6. Attachés à une pierre, leurs juges ont été précipités.

Audient verba mea, quóniam potuérunt.

Ils écouteront mes paroles, car elles sont puissantes ;

7 Sicut crassitúdo terræ erúpta est super terram,

7. Comme une terre compacte, rompue par le soc, se répand sur la terre,

dissipáta sunt ossa nostra secus inférnum.

Nos os ont été dispersés auprès de l’enfer,

8 Quia ad te, Dómine, Dómine, óculi mei ;

8. Parce que vers vous, Seigneur, Seigneur, se sont élevés mes yeux ;

in te sperávi, non áuferas ánimam meam.

qu’en vous j’ai espéré, ne m’ôtez pas mon âme.

9 Custódi me a láqueo quem statuérunt mihi,

9. Gardez-moi du lacs qu’ils m’ont dressé,

et a scándalis operántium iniquitátem.

et des pierres d’achoppement de ceux qui opèrent l’iniquité.

10 Cadent in retiáculo ejus peccatóres :

10. Les pécheurs tomberont dans son filet :

singuláriter sum ego, donec tránseam.

pour moi, je suis seul, jusqu’à ce que je passe.

~

Ps. CXL.

 

1. * Ce psaume est difficile à expliquer. Il parait avoir été composé après la mort de Saül, quand David, en l’apprenant, fait tuer celui qui lui en apporte la nouvelle, et lorsqu’il est encore lui-même environné de dangers. — 1-2 : Invocation à Dieu. — 3-4 : Prière pour obtenir la grâce d’éviter le péché. — 5-7 : Il accepte comme un bien les coups dont le frappent les méchants, mais il demande néanmoins à en être délivré. — 8-10 : Prière à Dieu pour obtenir d’être délivré de ses ennemis. — Ce psaume était usité dans la primitive église comme prière du soir, de même que le Ps. LXII servait de prière du matin.

2. L’élévation de vos mains. Voy. Ps. LXII, 5.

4. N’inclinez pas mon cœur ; c’est-à-dire ne permettez pas que mon cœur se laisse aller. — À ce qu’ils recherchent le plus ; littér. aux choses de leur choix (cum elécti eorum) ; selon l’hébreu, à leurs mets délicats, suaves, exquis.

5. Un juste, etc. J’aime mieux les réprimandes sévères d’un juste que les paroles douces et flatteuses d’un méchant. Compar. Prov. XXVII, 6. — J’opposerai, etc. ; littér. ma prière contre les choses dans lesquelles ils plaisent (oratio mea in beneplacitis eorum). Plusieurs interprètes disent avec raison que la préposition in, aussi bien que la particule hébraïque qu’elle représente, signifie ici, comme en bien d’autres endroits, en opposition à, contre. — Les choses dans lesquelles, etc., c’est-à-dire leurs mauvais desseins, leurs complots perfides, leurs actions criminelles.

6. Attachés à une pierre ; à un rocher. — Leurs juges. Le mot juge se prend dans la Bible pour prince, chef ; d’autant plus que, chez les Hébreux, l’autorité souveraine fut pendant très longtemps entre les mains des Juges. Dans ce verset, David semble faire allusion à l’histoire racontée I Reg. XXIV, 3 et suiv. Dans cette hypothèse, leurs juges signifierait Saül, ses principaux officiers et les chefs de son armée.

7. Terre compacte ; c’est-à-dire motte, glèbe ; littér. et par hébraïsme, compacité de terre.

10. Son filet ; le filet de Dieu.

²

141 à 150

Ps 141

*ps141

PSAUME CXLI

(Hebr. CXLII).

David, dans la caverne d’Engaddi, prie le Seigneur de le délivrer du danger pressant où l’exposent la malice et la fureur de ses ennemis.

1 Intelléctus David, cum esset in spelúnca, orátio.

1. Intelligence de David, lorsqu’il était dans la caverne, prière.

2 Voce mea ad Dóminum clamávi,

2. De ma voix vers le Seigneur j’ai crié :

voce mea ad Dóminum deprecátus sum.

de ma voix au Seigneur j’ai adressé ma supplication ;

3 Effúndo in conspéctu ejus oratiónem meam,

3. Je répands, en sa présence, ma prière ;

et tribulatiónem meam ante ipsum pronúntio :

et ma tribulation, c’est devant lui que je l’expose.

4 in deficiéndo ex me spíritum meum,

4. Pendant que mon esprit se retire de moi,

et tu cognovísti sémitas meas.

et c’est vous qui avez connu mes sentiers.

In via hac qua ambulábam

Dans cette voie dans laquelle je marchais,

abscondérunt láqueum mihi.

ils ont caché un lacs devant moi.

5 Considerábam ad déxteram, et vidébam,

5. Je considérais à ma droite, et je regardais ;

et non erat qui cognósceret me :

et il n’y avait personne qui me connût.

périit fuga a me,

Point de fuite pour moi ;

et non est qui requírat ánimam meam.

et il n’y a personne qui s’enquière de mon âme.

6 Clamávi ad te, Dómine ;

6. J’ai crié vers vous, Seigneur,

dixi : Tu es spes mea,

j’ai dit : C’est vous qui êtes mon espérance,

pórtio mea in terra vivéntium.

ma part dans la terre des vivants.

7 Inténde ad deprecatiónem meam,

7. Soyez attentif à ma supplication,

quia humiliátus sum nimis.

car j’ai été humilié à l’excès.

Líbera me a persequéntibus me,

Délivrez-moi de ceux qui me persécutent,

quia confortáti sunt super me.

car ils sont devenus plus forts que moi.

8 Educ de custódia ánimam meam

8. Retirez de la prison mon âme,

ad confiténdum nómini tuo ;

pour qu’elle glorifie votre nom :

me exspéctant justi donec retríbuas mihi.

des justes m’attendent, jusqu’à ce que vous me rendiez justice.

~

Ps. CXLI. 2. Supra. XXVII, 6.

 

1. * Composé par David, pendant qu’il était caché pour fuir Saül, dans la caverne d’Odollam ou dans celle d’Engaddi, plus probablement dans la première, I Reg. XXII ; XXIV. — 2-4 : David recourt à Dieu au milieu des pièges qu’on lui tend. — 5-6 : En lui seul est son espoir. — 7-8 : Qu’il daigne donc l’exaucer et le délivrer.

4. Pendant que mon esprit, etc., pendant que je suis près de mourir.

5, 8. Mon âme, ma personne, moi.

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Ps 142

*ps142

PSAUME CXLII

(Hebr. CXLIII).

Ce psaume est un de ceux de la pénitence. David, chassé de Jérusalem par Absalom, implore le Seigneur ; il le conjure de lui faire connaitre ses voies, et prédit la perte de ses ennemis. Les Pères en font l’application à Jésus-Christ persécuté par les Juifs et trahi par Judas dont Absalom est la figure.

1 Psalmus David, quando persequebátur eum Absalom fílius ejus.

1. Psaume de David, quand Absalom son fils le poursuivait.

Dómine, exáudi oratiónem meam ;

Seigneur, exaucez ma prière,

áuribus pércipe obsecratiónem meam in veritáte tua ;

prêtez l’oreille à mon instante supplication dans votre vérité ;

exáudi me in tua justítia.

exaucez-moi dans votre justice.

2 Et non intres in judícium cum servo tuo,

2. Et n’entrez pas en jugement avec votre serviteur ;

quia non justificábitur in conspéctu tuo omnis vivens.

car, en votre présence, nul homme vivant ne sera justifié.

3 Quia persecútus est inimícus ánimam meam ;

3. Car l’ennemi a poursuivi mon âme ;

humiliávit in terra vitam meam ;

il a humilié jusqu’à terre ma vie ;

collocávit me in obscúris, sicut mórtuos sǽculi.

Il m’a plongé dans des lieux obscurs, comme les morts d’un siècle ;

4 Et anxiátus est super me spíritus meus ;

4. Et mon esprit a été dans l’anxiété sur mon sort ;

in me turbátum est cor meum.

au dedans de moi mon cœur s’est troublé.

5 Memor fui diérum antiquórum ;

5. Je me suis souvenu des jours anciens,

meditátus sum in ómnibus opéribus tuis :

j’ai médité sur toutes vos œuvres,

in factis mánuum tuárum meditábar.

sur les ouvrages de vos mains je méditais.

6 Expándi manus meas ad te ;

6. J’ai étendu mes mains vers vous :

ánima mea sicut terra sine aqua tibi.

mon âme est pour vous comme une terre sans eau ;

7 Velóciter exáudi me, Dómine ;

7. Exaucez-moi promptement, Seigneur,

defécit spíritus meus.

mon esprit a défailli.

Non avértas fáciem tuam a me,

Ne détournez pas votre face de moi,

et símilis ero descendéntibus in lacum.

autrement je serai semblable à ceux qui descendent dans la fosse.

8 Audítam fac mihi mane misericórdiam tuam,

8. Faites-moi entendre dès le matin la voix de votre miséricorde,

quia in te sperávi.

car en vous j’ai espéré.

Notam fac mihi viam in qua ámbulem,

Faites-moi connaitre la voie dans laquelle je dois marcher,

quia ad te levávi ánimam meam.

car vers vous j’ai élevé mon âme.

9 Eripe me de inimícis meis, Dómine :

9. Arrachez-moi à mes ennemis, Seigneur,

ad te confúgi.

vers vous je me suis réfugié ;

10 Doce me fácere voluntátem tuam,

10. Enseignez-moi à faire votre volonté,

quia Deus meus es tu.

car mon Dieu, c’est vous.

Spíritus tuus bonus dedúcet me in terram rectam.

Votre esprit, qui est bon, me conduira dans une terre droite ;

11 Propter nomen tuum, Dómine, vivificábis me :

11. À cause de votre nom, Seigneur, vous me rendrez la vie

in æquitáte tua, edúces de tribulatióne ánimam meam,

dans votre équité, vous retirerez de la tribulation mon âme,

12 et in misericórdia tua dispérdes inimícos meos,

12. Et dans votre miséricorde vous perdrez entièrement mes ennemis.

et perdes omnes qui tríbulant ánimam meam,

Et vous perdrez tous ceux qui tourmentent mon âme,

quóniam ego servus tuus sum.

car moi je suis votre serviteur.

~

Ps. CXLII.

 

1-12. * Ce psaume développe les pensées suivantes : 1-2 : Que Dieu écoute ma prière ; — 3-4 : parce que mon ennemi me poursuit. — 5-6 : Les bontés passées du Seigneur m’inspirent confiance. — 7-8a : Qu’il se hâte de me secourir, car je me meurs ; — 8b-10a : qu’il m’apprenne le chemin que je dois suivre pour échapper à mon ennemi ; — 10b-12 : qu’il me sauve et anéantisse mes ennemis. C’est le 7e et dernier psaume de la pénitence.

1. Quand Absalom, etc. Cette histoire est racontée dans le IIe livre des Rois, XVII. — Votre vérité, votre fidélité à remplir vos promesses.

2. Nul homme (non omnis) ; en hébreu le mot tout joint à une négation signifie pas un, nul.

3. Ce verset se rattache au premier, parce que le second forme comme une parenthèse. — Jusqu’à terre ; c’est-à-dire profondément ; ou bien, en me forçant de chercher un refuge dans les antres de la terre.

6. J’ai étendu, etc. ; c’est-à-dire je vous ai prié. Voy. Ps. LXII, 5. — Mon âme est, etc. ; je suis pour vous ce qu’est une terre aride pour la pluie qu’elle attend ; je suis dans une vive attente de votre secours.

7. La fosse. Voy. Ps. XXVII, 1.

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Ps 143

*ps143

PSAUME CXLIII

(Hebr. CXLIV).

David remercie Dieu des avantages qu’il lui a fait remporter sur ses ennemis. Il le conjure de le délivrer de leurs mains.

1 Psalmus David. Advérsus Góliath.

1. Psaume de David. Contre Goliath.

Benedíctus Dóminus Deus meus,

Béni le Seigneur mon Dieu,

qui docet manus meas ad prǽlium,

qui instruit mes mains au combat,

et dígitos meos ad bellum.

et mes doigts à la guerre.

2 Misericórdia mea et refúgium meum ;

2. Il est ma miséricorde et mon refuge ;

suscéptor meus et liberátor meus ;

mon soutien et mon libérateur ;

protéctor meus, et in ipso sperávi,

Mon protecteur ; aussi est-ce en lui j’ai espéré :

qui subdit pópulum meum sub me.

lui qui m’assujettit mon peuple.

3 Dómine, quid est homo, quia innotuísti ei ?

3. Seigneur, qu’est-ce que l’homme, pour que vous vous soyez fait connaitre à lui ?

aut fílius hóminis, quia réputas eum ?

ou le fils de l’homme pour que vous en teniez compte ?

4 Homo vanitáti símilis factus est ;

4. L’homme ressemble à la vanité ;

dies ejus sicut umbra prætéreunt.

ses jours comme une ombre passent.

5 Dómine, inclína cælos tuos, et descénde ;

5. Seigneur, inclinez vos cieux, et descendez ;

tange montes, et fumigábunt.

touchez les montagnes, et elles fumeront.

6 Fúlgura coruscatiónem, et dissipábis eos ;

6. Faites briller vos éclairs, et vous les dissiperez :

emítte sagíttas tuas, et conturbábis eos.

lancez vos flèches, et vous les jetterez dans le trouble.

7 Emítte manum tuam de alto : éripe me,

7. Envoyez votre main d’en haut ;

et líbera me de aquis multis,

délivrez-moi, sauvez-moi des grandes eaux,

de manu filiórum alienórum :

de la main des fils de l’étranger ;

8 quorum os locútum est vanitátem,

8. Dont la bouche a parlé vanité,

et déxtera eórum déxtera iniquitátis.

et dont la droite est une droite d’iniquité.

9 Deus, cánticum novum cantábo tibi ;

9. Ô Dieu, je vous chanterai un cantique nouveau :

in psaltério decachórdo psallam tibi.

je jouerai du psaltérion à dix cordes pour vous.

10 Qui das salútem régibus,

10. Ô vous, qui procurez le salut des rois,

qui redemísti David servum tuum de gládio malígno,

qui avez racheté David votre serviteur d’un glaive meurtrier,

11 éripe me, et érue me de manu filiórum alienórum,

11. Délivrez-moi. Et arrachez-moi à la main des fils de l’étranger,

quorum os locútum est vanitátem,

dont la bouche a parlé vanité,

et déxtera eórum déxtera iniquitátis.

et dont la droite est une droite d’iniquité :

12 Quorum fílii sicut novéllæ plantatiónes in juventúte sua ;

12. Dont les fils sont comme de nouvelles plantes dans leur jeunesse.

fíliæ eórum compósitæ,

Leurs filles sont parées,

circumornátæ ut similitúdo templi.

entièrement ornées, ressemblant ainsi à un temple.

13 Promptuária eórum plena, eructántia ex hoc in illud ;

13. Leurs greniers sont pleins, débordant de l’un dans l’autre.

oves eórum fœtósæ, abundántes in egréssibus suis ;

Leurs brebis fécondes sont en grande quantité, à leur sortie des étables ;

14 boves eórum crassæ.

14. Leurs vaches sont grasses.

Non est ruína macériæ, neque tránsitus,

Il n’y a pas de brèche à leur mur de clôture, ni d’entrée,

neque clamor in platéis eórum.

ni de clameur dans leurs rues.

15 Beátum dixérunt pópulum cui hæc sunt ;

15. On a dit bienheureux le peuple à qui sont ces avantages ;

beátus pópulus cujus Dóminus Deus ejus.

mais plutôt bienheureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu.

~

Ps. CXLIII. 4. Job. VIII, 9 ; XIV, 2.

 

1. * Voir I Reg. XVII. — Ce psaume est de forme irrégulière et renferme plusieurs passages qui se lisent déjà, Ps. XVII ; VIII ; XXXVII ; LXII ; CI ; CIII ; XXXIII. Les versets 12-14, sont d’un rythme différent dans l’original et ne se lient pas à ce qui précède. — En voici l’analyse : 1-2 : Actions de grâces à Dieu pour la victoire. — 3-4 : Qu’il est juste de remercier Dieu, lui si grand, qui s’occupe de nous, si petits ! — 5-8 : Que Dieu continue sa protection au vainqueur ; — 9-11 : et David le louera. Oui, qu’il le sauve ! — 12-15 : Souhaits de bonheur et de paix pour le peuple élu.

5. Elles fumeront. Compar. Ex. XIX, 18 ; Ps. CIII. 32.

7. Les grandes eaux figurent les grandes catastrophes, les grandes calamités.

14. Leurs rues ou leurs places publiques ; car platéa et le mot hébreu dont il est la traduction ont ces deux significations.

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Ps 144

*ps144

PSAUME CXLIV

(Hebr. CXLV).

Le Psalmiste relève la bonté et la grandeur du Seigneur. Il invite toutes les créatures à se joindre à lui pour bénir son saint nom.

1 Laudátio ipsi David.

1. Louange à David (ou de David lui-même).

Exaltábo te, Deus meus rex,

Je vous exalterai, ô mon Dieu, roi :

et benedícam nómini tuo in sǽculum, et in sǽculum sǽculi.

je bénirai votre nom dans les siècles, et dans les siècles des siècles.

2 Per síngulos dies benedícam tibi,

2. À chaque jour je vous bénirai,

et laudábo nomen tuum in sǽculum, et in sǽculum sǽculi.

et je louerai votre nom dans les siècles, et dans les siècles des siècles.

3 Magnus Dóminus, et laudábilis nimis,

3. Grand est le Seigneur, et infiniment louable,

et magnitúdinis ejus non est finis.

et à sa grandeur il n’y a pas de fin.

4 Generátio et generátio laudábit ópera tua,

4. Toutes les générations loueront vos œuvres,

et poténtiam tuam pronuntiábunt.

et elles publieront votre puissance.

5 Magnificéntiam glóriæ sanctitátis tuæ loquéntur,

5. Elles publieront la magnificence de la gloire de votre sainteté,

et mirabília tua narrábunt.

et elles raconteront vos merveilles.

6 Et virtútem terribílium tuórum dicent,

6. Et elles diront la vertu de vos terribles prodiges,

et magnitúdinem tuam narrábunt.

et elles raconteront votre grandeur.

7 Memóriam abundántiæ suavitátis tuæ eructábunt,

7. Elles proclameront le souvenir de l’abondance de votre douceur,

et justítia tua exsultábunt.

et à cause de votre justice elles exulteront.

8 Miserátor et miséricors Dóminus :

8. Le Seigneur est compatissant et miséricordieux ;

pátiens, et multum miséricors.

patient, et beaucoup miséricordieux.

9 Suávis Dóminus univérsis,

9. Le Seigneur est doux pour tous,

et miseratiónes ejus super ómnia ópera ejus.

et ses commisérations s’étendent sur toutes ses œuvres.

10 Confiteántur tibi, Dómine, ómnia ópera tua,

10. Qu’elles vous glorifient, Seigneur, toutes vos œuvres ;

et sancti tui benedícant tibi.

et que vos saints vous bénissent.

11 Glóriam regni tui dicent,

11. Ils diront la gloire de votre règne,

et poténtiam tuam loquéntur :

et ils publieront votre puissance,

12 ut notam fáciant fíliis hóminum poténtiam tuam,

12. Pour faire connaitre aux fils des hommes votre puissance,

et glóriam magnificéntiæ regni tui.

et la gloire de la magnificence de votre règne.

13 Regnum tuum regnum ómnium sæculórum ;

13. Votre règne est le règne de tous les siècles,

et dominátio tua in omni generatióne et generatiónem.

et votre domination s’étend à toutes les générations.

Fidélis Dóminus in ómnibus verbis suis,

Le Seigneur est fidèle dans toutes ses paroles,

et sanctus in ómnibus opéribus suis.

et saint dans toutes ses œuvres.

14 Allevat Dóminus omnes qui córruunt,

14. Le Seigneur soutient tous ceux qui sont près de tomber,

et érigit omnes elísos.

et il relève tous ceux qui ont été renversés.

15 Oculi ómnium in te sperant, Dómine,

15. Les yeux de tous en vous espèrent, Seigneur,

et tu das escam illórum in témpore opportúno.

et vous donnerez leur nourriture en temps opportun.

16 Aperis tu manum tuam,

16. Vous ouvrez, vous, votre main,

et imples omne ánimal benedictióne.

et vous comblez tout animal de bénédiction.

17 Justus Dóminus in ómnibus viis suis,

17. Le Seigneur est juste dans toutes ses voies,

et sanctus in ómnibus opéribus suis.

et saint dans toutes ses œuvres.

18 Prope est Dóminus ómnibus invocántibus eum,

18. Le Seigneur est près de tous ceux qui l’invoquent ;

ómnibus invocántibus eum in veritáte.

de tous ceux qui l’invoquent dans la vérité.

19 Voluntátem timéntium se fáciet,

19. Il fera la volonté de ceux qui craignent,

et deprecatiónem eórum exáudiet, et salvos fáciet eos.

et il exaucera leur supplication, et il les sauvera.

20 Custódit Dóminus omnes diligéntes se,

20. Le Seigneur garde tous ceux qui l’aiment ;

et omnes peccatóres dispérdet.

mais tous les pécheurs, il les perdra entièrement.

21 Laudatiónem Dómini loquétur os meum ;

21. Ma bouche publiera les louanges du Seigneur ;

et benedícat omnis caro nómini sancto ejus in sǽculum, et in sǽculum sǽculi.

et que toute chair bénisse son nom saint dans les siècles, et dans les siècles des siècles.

~

Ps. CXLIV.

 

1-21. * Ce psaume est alphabétique ; il se compose dans le texte original de 21 distiques (au lieu de 22, comme les autres psaumes alphabétiques du même genre, XXIV, etc., parce que la lettre nun est omise). Les deux vers qui manquent dans l’hébreu sont conservés dans la Vulgate, 13cd ; mais ils sont semblables, deux mots exceptés, au vers. 17. Une partie des prières du Benedicite, avant le repas, est tirée de ce psaume, 15-16. La primitive Église appliquait à la sainte Eucharistie les paroles du vers. 15 : Les yeux de tous en vous espèrent, etc.

1. Ô mon Dieu, roi ; c’est-à-dire qui êtes roi ; selon l’hébreu, mon Dieu, le roi ; suivant les Septante, mon Dieu, mon roi.

4, 13. Toutes les générations ; littér. génération et génération. Voy. Ps. XXXII, 11.

19. Il fera la volonté, etc. On l’a vu dans Moïse, dans Josué et dans une multitude d’autres saints, au désir desquels Dieu, en effet, obéit, pour ainsi dire, en leur donnant le pouvoir de faire des miracles.

²

 

Ps 145

*ps145

PSAUME CXLV

(Hebr. CXLVI).

Le Psalmiste représente le bonheur de ceux qui mettent toute leur espérance dans le Seigneur.

1 Allelúia, Aggǽi et Zacharíæ.

1. Alléluia, d’Aggée et de Zacharie.

2 Lauda, ánima mea, Dóminum.

2. Loue, ô mon âme, le Seigneur,

Laudábo Dóminum in vita mea ;

je louerai le Seigneur, pendant ma vie,

psallam Deo meo quámdiu fúero.

je jouerai du psaltérion en l’honneur de mon Dieu, tant que je serai.

Nolíte confídere in princípibus,

Ne vous confiez pas dans les princes,

3 in fíliis hóminum, in quibus non est salus.

3. Ni dans les fils des hommes, dans lesquels il n’y a pas de salut.

4 Exíbit spíritus ejus, et revertétur in terram suam ;

4. Son esprit sortira de son corps, et il retournera dans sa terre ;

in illa die períbunt omnes cogitatiónes eórum.

en ce jour périront toutes leurs pensées.

5 Beátus cujus Deus Jacob adjútor ejus,

5. Bienheureux celui dont le Dieu de Jacob est le porte-secours ;

spes ejus in Dómino Deo ipsíus :

son espérance est dans le Seigneur son Dieu,

6 qui fecit cælum et terram,

6. Qui a fait le ciel et la terre,

mare, et ómnia quæ in eis sunt.

la mer et tout ce qui existe en eux.

7 Qui custódit veritátem in sǽculum ;

7. Qui garde la vérité à jamais,

facit judícium injúriam patiéntibus ;

fait justice à ceux qui souffrent injure,

dat escam esuriéntibus.

donne la nourriture à ceux qui ont faim.

Dóminus solvit compedítos ;

Le Seigneur délie les détenus dans les fers ;

8 Dóminus illúminat cæcos.

8. Le Seigneur donne la lumière aux aveugles.

Dóminus érigit elísos ;

Le Seigneur relève ceux qui ont été renversés ;

Dóminus díligit justos.

le Seigneur aime les justes.

9 Dóminus custódit ádvenas,

9. Le Seigneur garde les étrangers ;

pupíllum et víduam suscípiet,

il prendra sous sa protection l’orphelin et la veuve ;

et vias peccatórum dispérdet.

et les voies des pécheurs, il les perdra entièrement.

10 Regnábit Dóminus in sǽcula ;

10. Le Seigneur règnera dans les siècles ;

Deus tuus, Sion, in generatiónem et generatiónem.

ton Dieu, ô Sion, dans toutes les générations.

~

Ps. CXLV. 2. Supra. CXLIV, 2. — 6. Act. XIV, 14 ; Apoc. XIV, 7.

 

1. * Ce psaume et les suivants, jusqu’à la fin du psautier, commencent par alléluia. Ils sont tous consacrés à louer Dieu. La Vulgate donne pour titre à celui-ci : « D’Aggée et de Zacharie, » soit que ces prophètes en soient les auteurs, soit qu’ils aient introduit l’usage de le chanter dans le second temple — Trois strophes : 1-4 : il faut louer Dieu et ne pas compter sur les hommes. — 5-7a : Heureux qui observe la loi du Seigneur ! — 7b-10 : Dieu, le protecteur des justes, le protégera.

3. Les fils des hommes ; c’est-à-dire les autres hommes, les hommes qui ne sont pas princes. — Dans lesquels, etc. Les princes, pas plus que les simples mortels, ne peuvent ni se sauver eux-mêmes, ni sauver les antres de la mort et de mille dangers qui les environnent.

4. Il retournera ; l’homme ou le prince, et non l’esprit ; le latin et le grec sont amphibologiques ; mais cette amphibologie n’existe pas dans l’hébreu, où le verbe retournera est au masculin, tandis que sortira est au féminin, parce que dans cette langue esprit est au féminin. — Sa terre ; la terre d’où il est sorti. Quant au singulier son, sa, il retournera ; ils sont mis pour chacun d’eux, de chacun d’eux, énallage de nombre assez commun dans les récits bibliques de ce genre.

²

 

Ps 146

*ps146

PSAUME CXLVI

(Hebr. CXLVII).

Le Psalmiste relève la bonté, la sagesse et la puissance de Dieu, qui éclatent dans toutes ses œuvres, et dans le soin qu’il prend de ses créatures

1 Allelúia.

1. Alléluia.

Laudáte Dóminum, quóniam bonus est psalmus ;

Louez le Seigneur, car il est bon de lui chanter un psaume :

Deo nostro sit jucúnda, decoráque laudátio.

qu’à notre Dieu la louange soit agréable et digne de lui.

2 Ædíficans Jerúsalem Dóminus,

2. Bâtissant Jérusalem, le Seigneur

dispersiónes Israélis congregábit :

rassemblera les dispersions d’Israël.

3 qui sanat contrítos corde,

3. Lui guérit ceux qui ont le cœur brisé,

et álligat contritiónes eórum ;

et bande leurs plaies.

4 qui númerat multitúdinem stellárum,

4. Il compte la multitude des étoiles,

et ómnibus eis nómina vocat.

et à elles toutes donne des noms.

5 Magnus Dóminus noster, et magna virtus ejus,

5. Grand est notre Dieu, et grande est sa force ;

et sapiéntiæ ejus non est númerus.

et à sa sagesse il n’y a point de borne.

6 Suscípiens mansuétos Dóminus ;

6. Le Seigneur prend sous sa protection les hommes doux ;

humílians autem peccatóres usque ad terram.

mais il humilie les pécheurs jusqu’à terre.

7 Præcínite Dómino in confessióne ;

7. Entonnez au Seigneur une louange :

psállite Deo nostro in cíthara.

chantez notre Dieu sur la harpe.

8 Qui óperit cælum núbibus,

8. Il couvre le ciel de nuages,

et parat terræ plúviam ;

et prépare à la terre de la pluie.

qui prodúcit in móntibus fœnum,

Il produit sur les montagnes du foin,

et herbam servitúti hóminum ;

et de l’herbe à l’usage des hommes.

9 qui dat juméntis escam ipsórum,

9. Il donne aux bêtes leur nourriture,

et pullis corvórum invocántibus eum.

et aux petits des corbeaux qui l’invoquent.

10 Non in fortitúdine equi voluntátem habébit,

10. Ce n’est pas dans la force du cheval qu’il mettra son désir,

nec in tíbiis viri beneplácitum erit ei.

ni dans les jambes de l’homme qu’il se complaira.

11 Beneplácitum est Dómino super timéntes eum,

11. Le Seigneur a mis sa complaisance dans ceux qui le craignent,

et in eis qui sperant super misericórdia ejus.

et dans ceux qui espèrent en sa miséricorde.

~

Ps. CXLVI.

 

1-11.* Action de grâces à Dieu pour le rétablissement des murs de Jérusalem. — Ce psaume et les suivants, jusqu’au Ps. CL, sont de Néhémie ou au moins de son époque. Ils ont tous pour sujet la restauration de Jérusalem. Le Ps. CXLVI (avec CXLVII, qui n’en est qu’une partie) remercie Dieu du rétablissement des murs et des portes de la capitale de la Judée ; le Ps. CXLVIII, du rétablissement de la nationalité juive, et le Ps. CXLIX, des triomphes remportés par les Juifs sur les peuples voisins. — Nous avons ici trois séries de pensées, 1-6 ; 7-11 ; 12-20 (en y comprenant le Ps. CXLVII), commençant chacune par une exhortation à louer Dieu, CXLVI, 1, 7, et CXLVII, 12, et exposant toutes les grandeurs de Dieu révélées doublement dans la nature et dans la protection spéciale accordée à Israël. Dans la première partie, le Psalmiste loue particulièrement Dieu d’avoir réédifié Jérusalem et créé les astres ; dans la deuxième, d’être la Providence des animaux ; dans la troisième, d’avoir rebâti les murs et les portes de Jérusalem, de lui donner l’abondance et surtout de lui avoir donné sa loi.

1. Parce qu’il est bon, etc. ; littér. parce que bon est un psaume à chanter en son honneur.

2. Bâtissant, etc. Le Seigneur a réellement rebâti Jérusalem en faisant révoquer l’ordre qui défendait aux Juifs de la rebâtir. — Les dispersions d’Israël ; hébraïsme, pour Israël dispersé.

5. De borne ; littér. de nombre ; ce qui revient au même sens ; à savoir que la sagesse est infinie.

6. Jusqu’à terre ; c’est-à-dire profondément.

10. Ce n’est pas, etc. Ce n’est ni la force du cheval, ni la vitesse des jambes d’un homme qui attirent la miséricorde du Seigneur et qui sauvent du danger. Compar. Ps. XXXII, 16-17.

²

 

Ps 147

*ps147

PSAUME CXLVII

(a) Le Psalmiste exhorte Jérusalem à louer te Seigneur de son rétablissement et de tous les biens dont il l’a comblée.

12 Allelúia.

Alléluia.

Lauda, Jerúsalem, Dóminum ;

12. Loue ô Jérusalem, le Seigneur :

lauda Deum tuum, Sion.

loue ton Dieu, ô Sion.

13 Quóniam confortávit seras portárum tuárum ;

13. Car il a affermi les serrures de tes portes :

benedíxit fíliis tuis in te.

il a béni tes fils au milieu de toi.

14 Qui pósuit fines tuos pacem,

14. Il a établi sur tes confins la paix,

et ádipe fruménti sátiat te.

et te rassasie de moelle de froment.

15 Qui emíttit elóquium suum terræ :

15. Il envoie sa parole à la terre :

velóciter currit sermo ejus.

avec vitesse court sa parole.

16 Qui dat nivem sicut lanam ;

16. Il donne de la neige comme de la laine,

nébulam sicut cínerem spargit.

répand le brouillard comme de la cendre.

17 Mittit crystállum suam sicut buccéllas :

17. Il envoie sa glace comme des petits morceaux de pain :

ante fáciem frígoris ejus quis sustinébit ?

à la face de son froid qui tiendra ?

18 Emíttet verbum suum, et liquefáciet ea ;

18. Il enverra sa parole, et il les fera fondre :

flabit spíritus ejus, et fluent aquæ.

son vent soufflera, et les eaux couleront.

19 Qui annúntiat verbum suum Jacob,

19. Il annonce sa parole à Jacob ;

justítias et judícia sua Israël.

ses justices et ses jugements à Israël.

20 Non fecit táliter omni natióni,

20. Il n’a pas fait ainsi pour toute nation :

et judícia sua non manifestávit eis.

et ses jugements, il ne les leur a pas manifestés.

Allelúia.

Alléluia.

~

Ps. CXLVII.

 

(a). Dans l’hébreu ce psaume est joint au précédent ; voilà pourquoi on n’y lit point le mot Alléluia, comme dans les Septante et la Vulgate.

12-20. * Ce psaume, qui est uni au précédent dans la Bible hébraïque, ne fait qu’un en effet avec lui. Voir la troisième partie du Ps. CXLVI. — La numérotation des versets, dans la Vulgate, commence par le verset 12, comme en hébreu.

14. Qui a établi, etc. ; littér. qui a établi tes confins paix ; hébraïsme qui donne beaucoup d’énergie à la pensée ; le véritable sens est : Qui a établi tes confins dans la paix la plus complète. — * De moelle de froment, du meilleur froment.

16. De la laine ; c’est-à-dire des flocons de laine. — Brouillard (nébulam) ; ou plutôt gelée blanche, selon le mot hébreu, que la Vulgate elle-même a traduit par gelée (gelu) dans Job. XXXVIII, 29, et par gelée blanche (pruina) dans Ex. XVI, 14.

17. Petits morceaux de pain (buccéllas) ; c’est aussi le sens du grec et de l’hébreu. — À la face, etc. ; c’est-à-dire qui pourra soutenir la rigueur de son froid, s’il veut lui donner une grande intensité.

18. Il les fera, etc. Le pronom les, qui est au pluriel neutre dans la Vulgate (ea), se rapporte aux mots neige, brouillards, glace, exprimés dans les versets précédents.

20. Leur (eis) se rapporte à nation, nom collectif.

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Ps 148

*ps148

PSAUME CXLVIII

Le Psalmiste invite toutes les créatures à louer le Seigneur,

1 Allelúia.

1. Alléluia.

Laudáte Dóminum de cælis ;

Louez le Seigneur du haut des cieux ;

laudáte eum in excélsis.

louez-le dans les lieux les plus élevés.

2 Laudáte eum, omnes ángeli ejus ;

2. Louez-le, tous ses anges ;

laudáte eum, omnes virtútes ejus.

louez-le, toutes ses puissances.

3 Laudáte eum, sol et luna ;

3. Louez-le, soleil et lune ;

laudáte eum, omnes stellæ et lumen.

louez-le, toutes les étoiles de la nuit, et lumière du jour.

4 Laudáte eum, cæli cælórum ;

4. Louez-le, cieux des cieux,

et aquæ omnes quæ super cælos sunt,

et que toutes les eaux qui sont au-dessus des cieux

5 laudent nomen Dómini.

5. Louent le nom du Seigneur.

Quia ipse dixit, et facta sunt ;

Car lui-même a dit, et les choses ont été faites :

ipse mandávit, et creáta sunt.

lui-même a commandé, et elles ont été créées.

6 Státuit ea in ætérnum, et in sǽculum sǽculi ;

6. Il les a établies à jamais, et pour les siècles des siècles :

præcéptum pósuit, et non præteríbit.

il leur a donné une loi, et elle ne sera pas détruite.

7 Laudáte Dóminum de terra,

7. Louez le Seigneur, habitants de la terre ;

dracónes et omnes abýssi ;

dragons, et tous les abimes.

8 ignis, grando, nix, glácies, spíritus procellárum,

8. Feu, grêle, neige, glace, vents de tempêtes,

quæ fáciunt verbum ejus ;

qui accomplissez sa parole :

9 montes, et omnes colles ;

9. Montagnes et toutes les collines,

ligna fructífera, et omnes cedri ;

arbres fruitiers, et tous les cèdres ;

10 béstiæ, et univérsa pécora ;

10. Bêtes sauvages, et tous les troupeaux ;

serpéntes, et vólucres pennátæ ;

serpents et oiseaux ailés ;

11 reges terræ et omnes pópuli ;

11. Rois de la terre, et tous peuples ;

príncipes et omnes júdices terræ ;

princes, et tous les juges de la terre.

12 júvenes et vírgines ; senes cum junióribus,

12. Que les jeunes hommes et les vierges, les vieillards et les plus jeunes,

laudent nomen Dómini :

louent le nom du Seigneur,

13 quia exaltátum est nomen ejus solíus.

13. Car il est le seul dont le nom a été exalté.

14 Conféssio ejus super cælum et terram ;

14. Sa louange est au-dessus du ciel et de la terre,

et exaltávit cornu pópuli sui.

et il a exalté la corne de son peuple.

Hymnus ómnibus sanctis ejus ;

Qu’un hymne soit chanté par tous ses saints,

fíliis Israël, pópulo appropinquánti sibi.

par les fils d’Israël, par le peuple qui l’approche.

Allelúia.

Alléluia.

~

Ps. CXLVIII. 4. Dan. III, 59, 60. — 5. Judith. XVI, 17 ; Supra. XXXII, 9.

 

1. * Le Psalmiste, heureux à la vue de la nationalité juive rétablie, s’adresse à toutes les créatures pour qu’elles en remercient Dieu avec lui. C’est la même pensée qui se manifeste dans le cantique des trois enfants dans la fournaise, et dans l’hymne au soleil de S. François d’Assise. Il y a dans cette manière d’envisager la nature non seulement beaucoup de poésie, mais aussi quelque chose d’élevé et de touchant qui transfigure l’univers, en nous montrant le créateur, d’une façon en quelque sorte sensible, dans toutes ses œuvres. Ce ne sont pas les créatures inanimées qui parlent, mais c’est l’homme qui leur prête sa voix, et de cette manière rend grâces au Seigneur pour les œuvres dont il lui a donné l’usage ou la jouissance. Tous les êtres louent d’ailleurs à leur manière celui qui les a faits, en observant les lois qu’il leur a imposées et en concourant ainsi à l’accomplissement de ses desseins. — Le psaume descend graduellement du ciel à la terre pour s’arrêter à l’homme et se terminer par une exhortation générale, 13-14.

7. * Dracones, en hébreu, les grands poissons de la mer. — Abimes de la mer.

8. * Feu, éclair et foudre.

10. Serpents ; sous ce nom, on entend généralement tous les reptiles, les vermisseaux et même les poissons. Compar. Gen. I, 20 ; Ps. CIII, 25. — Sa louange, etc. ; c’est-à-dire qu’il mérite plus de louanges qu’on ne lui en rend dans le ciel et sur la terre ; ou bien, selon d’autres, qu’il reçoit les louanges de toutes les créatures qui sont dans le ciel et sur la terre.

14. La corne ; c’est-à-dire la puissance. Compar. Ps. XVII, 3. — Ses saints ; les Israélites, qui sont souvent appelés dans l’Écriture du nom de saints. — Qui l’approche. Deut. IV, 7.

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Ps 149

*ps149

PSAUME CXLIX

Le Psalmiste exhorte les Israélites à louer le Seigneur qui doit les combler de gloire et de bonheur, humilier leurs ennemis et les mettre sous leurs pieds.

1 Allelúia.

1. Alléluia.

Cantáte Dómino cánticum novum ;

Chantez au Seigneur un cantique nouveau :

laus ejus in ecclésia sanctórum.

que sa louange retentisse dans l’assemblée des saints.

2 Lætétur Israël in eo qui fecit eum,

2. Qu’Israël se réjouisse en celui qui l’a fait ;

et fílii Sion exsúltent in rege suo.

que les fils de Sion exultent en leur roi.

3 Laudent nomen ejus in choro ;

3. Qu’ils louent son nom en chœur :

in týmpano et psaltério psallant ei.

qu’ils le célèbrent sur le tambour et sur le psaltérion ;

4 Quia beneplácitum est Dómino in pópulo suo,

4. Car le Seigneur se complait dans son peuple,

et exaltábit mansuétos in salútem.

et il exaltera les hommes doux et les sauvera.

5 Exsultábunt sancti in glória ;

5. Les saints exulteront dans la gloire ;

lætabúntur in cubílibus suis.

ils se réjouiront sur leurs lits.

6 Exaltatiónes Dei in gútture eórum,

6. Les louanges de Dieu seront dans leur bouche,

et gládii ancípites in mánibus eórum :

et des glaives à deux tranchants dans leurs mains,

7 ad faciéndam vindíctam in natiónibus,

7. Pour tirer vengeance des nations,

increpatiónes in pópulis ;

pour réprimander les peuples.

8 ad alligándos reges eórum in compédibus,

8. Pour mettre aux pieds de leurs rois des chaines,

et nóbiles eórum in mánicis férreis ;

et aux mains de leurs nobles, des fers.

9 ut fáciant in eis judícium conscríptum :

9. Afin d’exercer sur eux le jugement prescrit :

glória hæc est ómnibus sanctis ejus.

cette gloire est réservée à tous ses saints.

Allelúia.

Alléluia.

~

Ps. CXLIX.

 

1. * Le Psalmiste chante les victoires du peuple juif, revenu de la captivité, sur les tribus voisines qui leur avaient suscité toute sorte d’obstacles pour empêcher la reconstruction du temple. — Les cinq premiers versets invitent à louer Dieu de ses bontés, et les quatre derniers proclament que ces louanges lui sont dues, parce qu’il a tiré vengeance des peuples ennemis d’Israël.

4. Il exaltera et sauvera ; littér. il exaltera pour le salut.

5. Sur leurs lits ; dans les douceurs du repos ; ou bien dans leurs demeures.

8. Pour mettre, etc. ; littér. pour lier leurs rois dans des entraves, et leurs nobles dans des menottes de fer. — * Les bas-reliefs assyriens représentent les rois vaincus attachés avec des chaines aux pieds et aux mains.

9. Le jugement prescrit ; la vengeance déterminée dans l’ordre de Dieu et prédite dans les prophètes. — Cette gloire ; c’est-à-dire les avantages mentionnés dans les versets précédents, comme la gloire, le repos, la paix, la victoire, la supériorité sur les ennemis.

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Ps 150

*ps150

PSAUME CL

Le Psalmiste invite à louer le Seigneur sur divers instruments, à cause de sa grandeur et de sa puissance infinie.

1 Allelúia.

1. Alléluia.

Laudáte Dóminum in sanctis ejus ;

Louez le Seigneur dans son sanctuaire,

laudáte eum in firmaménto virtútis ejus.

louez-le dans le firmament de sa puissance.

2 Laudáte eum in virtútibus ejus ;

2. Louez-le dans les œuvres de sa puissance ;

laudáte eum secúndum multitúdinem magnitúdinis ejus.

louez-le selon la multitude de ses grandeurs.

3 Laudáte eum in sono tubæ ;

3. Louez-le au son de la trompette ;

laudáte eum in psaltério et cíthara.

louez-le sur le psaltérion et sur la harpe.

4 Laudáte eum in týmpano et choro ;

4. Louez-le sur le tambour et en chœur ;

laudáte eum in chordis et órgano.

louez-le sur les instruments à corde et sur l’orgue.

5 Laudáte eum in cýmbalis benesonántibus ;

5. Louez-le sur les cymbales sonores ;

laudáte eum in cýmbalis jubilatiónis.

louez-le sur les cymbales de jubilation ;

6 Omnis spíritus laudet Dóminum !

6. Que tout esprit loue le Seigneur.

Allelúia.

Alléluia.

~

Ps. CL.

 

1-6. * Le dernier des psaumes n’est qu’une magnifique doxologie dans laquelle le Psalmiste invite treize fois, en comprenant dans ce nombre l’alléluia initial et final, à louer Dieu dans le temple, — 1 : à cause de sa grandeur, — 2 : avec toute sorte d’instruments de musique, 3-5. La synagogue compte, d’après Ex. XXXIV, 6-7, treize attributs de Dieu. Kimchi dit que les treize louanges du Ps. CL correspondent à ces treize attributs.

1. Dans son sanctuaire ; litter., selon les Septante et la Vulgate, dans ses saints lieux ; ce qu’on traduit ordinairement par sanctuaire ; le mot hébreu correspondant signifie, entre autres choses, sainteté, lieu saint, sanctuaire, temple. D’un autre côté, le ciel est appelé quelquefois le lieu saint de Dieu. Compar. Ps. XIX, 7 ; CIII, 2, 12. — Le firmament de sa puissance ; c’est-à-dire le firmament, où il fait surtout éclater sa puissance. Or, le firmament est synonyme de ciel, puisqu’on lit dans Gen. I, 8 : « Dieu nomma le firmament, ciel. »

6. * Le psautier tout entier se termine par ce trait admirable qui le résume si bien : « Que tout être qui respire loue le Seigneur ! Alléluia ! » — Esprit ; ce qui a vie, ce qui respire.

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