BARUCH
*basu
Prologue du livre de Baruch. Ce livre fut lu devant les Juifs captifs à Babylone, et envoyé par eux à leurs frères de Jérusalem. Livre de Baruch, où d’abord ce prophète confesse au nom de son peuple la justice des châtiments que le Seigneur exerce sur eux.
Le Prophète, parlant toujours au nom de son peuple, reconnait la justice des jugements du Seigneur, et implore sa miséricorde avec confiance en ses promesses.
Baruch continue d’implorer la miséricorde du Seigneur au nom de ses frères. Il exhorte Israël à reconnaitre que son infidélité est la source de ses maux, et l’invite à rechercher la sagesse. Elle ne vient que de Dieu. Il l’a manifestée à Israël. Prophétie de l’Incarnation du Verbe.
Baruch exhorte les Israélites à se convertir au Seigneur et à observer sa loi. Jérusalem pleure la captivité de ses enfants ; elle les exhorte à espérer dans le Seigneur. Promesse de leur délivrance et de la ruine de leurs ennemis.
Le Prophète exhorte Jérusalem à quitter son deuil, et à se revêtir de joie, parce qu’il voit ses enfants revenir de leur captivité comblés de gloire.
Lettre de Jérémie aux Juifs captifs. Il leur annonce leur retour. Il les exhorte à ne pas prendre part à l’idolâtrie des Babyloniens. Il leur montre le néant et la vanité des idoles.
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1. Dans notre Introduction historique et critique, etc., nous avons prouvé l’authenticité et la canonicité du livre de Baruch contre les Juifs et les protestants en général, mais particulièrement contre les critiques et les exégètes d’Allemagne ; nous nous bornerons ici à quelques observations sur le texte original et les principales versions de ce livre, que plusieurs anciens Pères de l’Église ont cité sous le nom de Jérémie, soit parce qu’autrefois les écrits de ces deux prophètes ne formaient qu’un même volume, soit parce que Baruch a inséré dans son livre, non seulement les oracles que Dieu lui a inspirés, mais encore ceux qu’il avait entendus de la bouche de Jérémie, son maitre, et qu’il n’avait pas mis par écrit de son vivant.
2. On ne saurait douter que le livre de Baruch n’ait été originairement écrit en hébreu ; car, outre qu’il est plein d’hébraïsmes, on n’y découvre point cette enflure et cette affectation des Juifs hellénistes, qu’on remarque si facilement dans le livre de la Sagesse, par exemple, et dans le second des Machabées. Tout, au contraire, y est simple et parfaitement d’accord avec la construction de la langue hébraïque. Mais le texte primitif a été perdu depuis longtemps ; car dans la préface de la version de Jérémie, saint Jérôme dit : « Quant au petit livre de Baruch qui se trouve dans l’édition des Septante, nous n’en parlerons pas ; les Juifs ne le lisent pas ; ils ne le possèdent même plus. » Cependant il existait encore dans le second siècle, puisque Théodotion le traduisit en grec, comme nous l’avons prouvé dans notre Introduction historique et critique, etc., en répondant aux difficultés proposées par certains critiques allemands de ces derniers temps.
3. La version la plus ancienne du livre de Baruch est la version grecque, qui tient lieu maintenant de l’original. Une preuve évidente de sa haute antiquité, c’est qu’elle se trouve dans la Bible des Septante. La traduction latine qui fait partie de notre Vulgate a été composée sur la version grecque ; elle n’est pas de saint Jérôme, elle remonte beaucoup plus haut que l’époque à laquelle vivait ce saint docteur. Comme l’Église latine a toujours reconnu la canonicité du livre de Baruch, cette traduction doit être au moins du second siècle de l’ère chrétienne. Il y a eu d’autres versions du livre de Baruch, par exemple, la syriaque et l’arabe ; mais ce n’est pas ici le lieu d’en parler. (J.-B. Glaire.)
4. * Baruch, fils de Nerias, était le fidèle disciple et le secrétaire de Jérémie, Jer. XXXII, 12 ; XXXVI, 4, 10, 32. Il appartenait à une bonne famille de la tribu de Juda, Jer. LI, 59 ; son frère Saraïas faisait partie de la cour de Sédécias. Ses ennemis l’accusèrent d’être partisan des Chaldéens, et d’influencer Jérémie en faveur de ces derniers, Jer. XLIII, 3. La quatrième année de Joakim, il alla lire au roi les prophéties de son maitre, qu’il avait écrites sous sa dictée, et il les écrivit une seconde fois de la même manière, quand le roi eut jeté au feu la première édition, XXXVI. Les persécutions qu’il eut à subir lui causèrent un moment de découragement, mais il ne dura pas, XLV. Plus tard, sous le règne de Sédécias, il fut mis en prison avec Jérémie, et il y resta jusqu’à la prise de Jérusalem (588) ; il se retira alors à Masphath, et fut ensuite forcé, comme Jérémie, de suivre les Juifs fugitifs en Égypte, Jer. XLIII, 6. Il alla enfin à Babylone et il y mourut. Quelques-uns croient qu’il avait déjà visité cette ville la quatrième année de Sédécias (594), avec une ambassade royale dont son frère faisait partie et qui s’y était rendue, sur la demande de Jérémie, pour consoler les captifs. Cf. Jer. LI, 61.
Le style de Baruch, sans avoir la magnificence d’Isaïe, est remarquable, et l’on sait l’admiration qu’il avait inspirée à La Fontaine ; après l’avoir lu, il demandait à tous ceux qu’il rencontrait : « Avez-vous lu Baruch ? C’était un grand génie. »
Les cinq premiers chapitres de la prophétie sont de Baruch ; le sixième contient une lettre de Jérémie. La plupart des protestants et les rationalistes nient l’authenticité du tout. — I. Les cinq premiers chapitres sont réellement l’œuvre de Baruch, comme l’affirme le titre, I, 1. — 1° On conteste, il est vrai, l’autorité de ce titre, mais c’est sans fondement. Il porte, I, 2, que Baruch écrivit sa prophétie la cinquième année après la ruine de Jérusalem, 583. C’est inadmissible, dit-on, parce que Baruch avait accompagné Jérémie en Égypte, Jer. XLIII, 6. Mais il est facile de répondre qu’il ne suit nullement, de ce que Baruch était allé en Égypte en 588 ou 587, qu’il n’était pas en Chaldée en 583. — 2° On prétend trouver dans le cours du livre des passages qui indiquent qu’il a été écrit après la fin de la captivité et après la reconstruction du temple, I, 10, 14 ; II, 26. — L’auteur parle incontestablement, dans ces passages, de l’autel du Seigneur et de la maison de Dieu, mais c’est de la maison de Dieu ruinée et de l’autel sur lequel on continuait à offrir des sacrifices, comme dans les passages analogues de Jérémie. — II. Quant à l’authenticité de la lettre de Jérémie, ch. VI, le titre l’attribue à ce prophète, et il est confirmé par ce que dit le second livre des Machabées, II, 1-2.
Le livre de Baruch se partage en deux parties principales, I-III, 8, et III, 9-V. La lettre de Jérémie, placée à la fin, en forme comme un appendice. — I. La première partie renferme : — 1° une introduction, I, 1-14, et 2° une prière qui se subdivise en deux sections : la première section est une sorte de confession dans laquelle le peuple captif reconnait ses péchés, I, 15-11 ; dans la seconde section, les coupables repentants demandent à Dieu de mettre un terme au châtiment qu’ils reconnaissent avoir mérité, III, 1-8. — II. La seconde partie contient un discours de Baruch. — 1° Il exhorte le peuple à chercher la vraie sagesse et à se convertir, III, 9-IV, 8. Les versets 36-38 du ch. III renferment une prophétie messianique remarquable, dans laquelle la plupart des Pères ont vu la même pensée que celle exprimée dans l’Évangile de S. Jean : Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. — 2° Il console les captifs, leur recommande d’être fermes et courageux, et leur promet qu’ils seront vengés, IV, 9-29. — 3° Il s’adresse à Jérusalem elle-même, et lui annonce que ses fils, emmenés avec ignominie sur la terre étrangère, reviendront à elle avec gloire, IV, 30-V.
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BARUCH
Prologue du livre de Baruch. Ce livre fut lu devant les Juifs captifs à Babylone, et envoyé par eux à leurs frères de Jérusalem. Livre de Baruch, où d’abord ce prophète confesse au nom de son peuple la justice des châtiments que le Seigneur exerce sur eux.
1 Et hæc
verba libri quæ scripsit Baruch fílius Neríæ,
fílii Maasíæ, fílii Sedecíæ,
fílii Sédeï, fílii Helcíæ, in
Babylónia,
1. Et voici les paroles du livre qu’a écrites Baruch, fils de Nerias, fils de Maasias, fils de Sédécias, fils de Sedei, fils d’Helcias, à Babylone,
2 in anno quinto, in séptimo die mensis, in témpore quo cepérunt Chaldǽi Jerúsalem, et succendérunt eam igni.
2. En la cinquième année, au septième jour du mois, dans le temps que les Chaldéens prirent Jérusalem et y mirent le feu.
3 Et legit Baruch verba libri hujus ad aures Jechoníæ
fílii Jóakim regis Juda, et ad aures univérsi pópuli veniéntis ad librum,
3. Et Baruch lut les paroles de ce livre aux oreilles de Jéchonias, fils de Joakim, roi de Juda, et aux oreilles de tout le peuple qui venait pour entendre le livre ;
4 et ad aures poténtium, filiórum regum, et ad
aures presbyterórum, et ad aures pópuli, a mínimo usque ad máximum eórum,
ómnium habitántium in Babylónia, ad flumen Sodi.
4. Et aux oreilles des puissants, fils des princes, et aux oreilles des prêtres, et aux oreilles du peuple, depuis le plus petit jusqu’au plus grand de tous ceux qui habitaient dans Babylone et près du fleuve de Sodi,
5 Qui
audiéntes plorábant, et jejunábant, et orábant in conspéctu Dómini.
5. Qui écoutant, pleuraient et jeûnaient et priaient en présence du Seigneur.
6 Et
collegérunt pecúniam, secúndum quod pótuit uniuscujúsque manus,
6. Et ils amassèrent de l’argent selon la faculté de chacun d’eux.
7 et misérunt in Jerúsalem ad Jóakim fílium Helcíæ
fílii Salom sacerdótem, et ad sacerdótes, et ad omnem pópulum qui invénti sunt
cum eo in Jerúsalem :
7. Et ils l’envoyèrent à Jérusalem à Joakim, le prêtre, fils d’Helcias, fils de Salom, et aux prêtres, et à tout le peuple qui se trouva avec lui à Jérusalem ;
8 cum accíperet vasa templi Dómini, quæ abláta
fúerant de templo, revocáre in terram Juda, décima die mensis Sivan, vasa
argéntea quæ fecit Sedecías fílius Josíæ rex Juda,
8. Lorsqu’il recevait les vases du temple du Seigneur, qui avaient été emportés du temple, pour les reporter dans la terre de Juda, le dixième jour du mois de Sivan, vases d’argent que fit faire Sédécias, fils de Josias, et roi de Juda,
9 posteáquam
cepísset Nabuchodónosor rex Babylónis Jechoníam, et príncipes, et cunctos
poténtes, et pópulum terræ, ab Jerúsalem, et duxit eos vinctos in Babylónem.
9. Après que Nabuchodonosor, roi de Babylone, eut enlevé de Jérusalem Jéchonias, et les princes, et tous les grands, et le peuple du pays, et qu’il les eut emmenés enchainés à Babylone.
10 Et dixérunt : Ecce mísimus ad vos pecúnias,
de quibus émite holocautómata et thus : et fácite manna, et offérte pro
peccáto, ad aram Dómini Dei nostri :
10. Et ils dirent : Voilà que nous vous avons envoyé de l’argent ; achetez-en des holocaustes et de l’encens, et faites-en des oblations, et offrez-les pour le péché à l’autel du Seigneur notre Dieu ;
11 et oráte pro vita Nabuchodónosor regis Babylónis,
et pro vita Baltássar fílii ejus, ut sint dies eórum sicut dies cæli super
terram :
11. Et priez pour la vie de Nabuchodonosor, roi de Babylone, et pour la vie de Baltassar, son fils, afin que leurs jours sur la terre soient comme les jours du ciel ;
12 et ut det
Dóminus virtútem nobis, et illúminet óculos
nostros, ut vivámus sub umbra Nabuchodónosor
regis Babylónis, et sub umbra Baltássar fílii
ejus, et serviámus eis multis
diébus, et inveniámus grátiam in conspéctu
eórum.
12. Et afin que Dieu nous donne la force, et qu’il éclaire nos yeux, pour que nous vivions sous l’ombre de Nabuchodonosor, roi de Babylone, et sous l’ombre de Baltassar, son fils, et que nous les servions durant de longs jours, et que nous trouvions grâce en leur présence.
13 Et pro
nobis ipsis oráte ad Dóminum Deum nostrum, quia peccávimus Dómino Deo nostro,
et non est avérsus furor ejus a nobis usque in hunc diem.
13. Et pour nous-mêmes priez le Seigneur notre Dieu ; parce que nous avons péché contre le Seigneur notre Dieu, et que sa fureur ne s’est pas détournée de nous jusqu’à ce jour.
14 Et légite librum istum quem mísimus ad vos
recitári in templo Dómini, in die solémni et in die opportúno :
14. Et lisez ce livre, que nous vous avons envoyé pour être lu publiquement, dans le temple du Seigneur, en un jour solennel et en un jour favorable ;
15 et dicétis :
15. Et vous direz :
Dómino Deo nostro justítia,
Au Seigneur notre Dieu la justice ;
nobis autem
confúsio faciéi nostræ,
mais à nous la confusion de notre face,
sicut est dies hæc omni Juda,
comme il en est en ce jour pour tout Juda
et habitántibus in Jerúsalem :
et pour les habitants de Jérusalem,
16 régibus nostris, et princípibus nostris,
16. Pour nos rois, et nos princes,
et sacerdótibus nostris, et
prophétis nostris,
et nos prêtres, et nos prophètes,
et pátribus nostris.
et nos pères.
17
Peccávimus ante Dóminum Deum nostrum,
17. Nous avons péché devant le Seigneur notre Dieu,
et non credídimus, diffidéntes
in eum :
et nous ne l’avons pas cru, n’ayant pas de confiance en lui ;
18 et non fúimus subjectíbiles illi,
18. Et nous ne lui avons pas été soumis,
et non audívimus vocem
Dómini Dei nostri,
et nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur notre Dieu,
ut ambularémus in mandátis ejus, quæ dedit nobis.
afin de marcher selon les commandements qu’il nous a donnés.
19 A die qua edúxit patres nostros de terra Ægýpti,
19. Depuis le jour qu’il a tiré nos pères de la terre de l’Égypte
usque ad diem hanc,
jusqu’à ce jour,
erámus incredíbiles ad Dóminum Deum nostrum :
nous étions incrédules au Seigneur notre Dieu ;
et dissipáti recéssimus, ne
audirémus vocem ipsíus :
et disséminés, nous nous sommes retirés pour ne pas écouter sa voix.
20 et adhæsérunt nobis multa mala et maledictiónes
20. Et il s’est attaché à nous beaucoup de maux et de malédictions
quæ constítuit Dóminus Móysi servo suo,
que le Seigneur intima à Moïse, son serviteur,
qui edúxit patres nostros de terra Ægýpti,
qui a tiré nos pères de la terre de l’Égypte
dare nobis terram fluéntem lac et mel, sicut hodiérna die.
pour nous donner une terre où coulaient du lait et du miel, comme en ce jour.
21 Et non audívimus vocem Dómini Dei nostri,
21. Et nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur notre Dieu,
secúndum
ómnia verba prophetárum quos misit ad nos :
selon toutes les paroles des prophètes, qu’il nous a envoyés ;
22 et abívimus unusquísque in sensum cordis nostri
malígni,
22. Et nous nous sommes laissés aller chacun au sens de notre cœur méchant,
operári diis aliénis,
pour servir des dieux étrangers,
faciéntes mala
ante óculos Dómini Dei nostri.
faisant le mal devant les yeux du Seigneur notre Dieu.
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CHAP. I. 15. Infra. II, 6. — 17. Dan. IX, 5. — 19. Jer. VII, 28. — 20. Deut. XXVIII, 15.
2. Du mois de Nisan ; qui était le premier de l’année ; ou de Sivan, le troisième, dont il est parlé au vers. 8 ; ou enfin du cinquième, parce que l’auteur ayant désigné la cinquième année, sans déterminer le mois, donne à entendre qu’il s’agit du cinquième. — * La cinquième année après la prise de Jérusalem, en 583. Voir IV Reg. XXV, 8.
3. * Jéchonias ; prisonnier à Babylone.
4. Sodi ; en grec Soud, est selon les uns un fleuve qui se déchargeait dans l’Euphrate, ou un de ses grands canaux ; selon les autres, c’est l’Euphrate même, appelé Sodi, c’est-à-dire le superbe, à cause de l’abondance et de l’impétuosité de ses eaux ; l’hébreu zoud, qu’on transcrit aussi soud, signifiant entre autres choses, être enflé d’orgueil.
7. * Joakim, fils d’Helcias, n’était pas le grand-prêtre, mais probablement celui qui en tenait la place à Jérusalem.
8. Du temple du Seigneur. Il faut entendre par là les ruines du temple sur lesquelles les Juifs avaient élevé un autel pour offrir leurs sacrifices (Compar. Jer. XLI, 5). Ainsi disparait la prétendue contradiction que les incrédules trouvent dans ce chapitre. — Sivan ; commençait à la nouvelle lune de juin.
10. Des oblations ; selon la Vulgate et les Septante, manna. C’est le mot hébreu minhâ, qui a été modifié dans sa prononciation, et qui signifie proprement le sacrifice non sanglant, tel que les offrandes de pain, de liqueurs, de froment, de farine, de vin.
11. Son fils ; c’est-à-dire son petit-fils et fils d’Evilmerodach, fils ainé lui-même de Nabuchodonosor et son successeur immédiat. Dans toutes les langues, le mot fils se prend souvent pour petit-fils, comme un aïeul est fréquemment qualifié de père. Selon une tradition des Juifs, Evilmerodach était alors en disgrâce, et Baltassar était considéré comme l’héritier présomptif du royaume. Ceci explique pourquoi l’écrivain sacré ne nomme pas ici Evilmerodach. — * Baltassar ne doit pas désigner ici celui du temps duquel Babylone fut prise. — Comme les jours du ciel ; c’est-à-dire des jours sans fin. Compar. Ps. LXXXVIII, 27.
14. Dans le temple du Seigneur. Voy. vers. 8. — En un jour favorable (in die opportuno) ; selon les Grecs, dans des jours d’opportunité ; ce qu’on explique par dans les jours des fêtes fixes, déterminées.
15. Et vous direz, etc. Ici, suivant plusieurs, commence le livre même de Baruch, le livre mentionné aux vers. I, 3, 14.
20. Les malédictions, etc. Voy. Lev. XXVI ; Deut. XXVIII, XXIX.
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Le Prophète, parlant toujours au nom de son peuple, reconnait la justice des jugements du Seigneur, et implore sa miséricorde avec confiance en ses promesses.
1 Propter quod státuit Dóminus Deus noster verbum
suum,
1. À cause de quoi le Seigneur notre Dieu a vérifié sa parole
quod locútus est ad nos,
qu’il nous a dite, à nous,
et ad júdices nostros qui judicavérunt Israël,
et à nos juges qui ont jugé Israël,
et ad reges nostros, et ad príncipes nostros,
et à nos rois et à nos princes,
et ad omnem Israël et Juda :
et à tout Israël et à Juda ;
2 ut addúceret Dóminus super nos mala magna,
2. Afin que le Seigneur amenât sur nous de grands maux,
quæ non sunt facta sub cælo
qui n’ont pas eu lieu sous le ciel,
quemádmodum facta sunt in Jerúsalem,
comme ils ont eu lieu dans Jérusalem,
secúndum quæ scripta sunt in lege Móysi,
selon ce qui a été écrit dans la loi de Moïse,
3 et manducáret homo carnes fílii sui et carnes
fíliæ suæ.
3. Qu’un homme mangerait des chairs de son fils et des chairs de sa fille.
4 Et dedit eos sub manu regum ómnium qui sunt in circúitu nostro,
4. Et il les a livrés aux mains de tous les rois qui nous environnent,
in impropérium et in desolatiónem in ómnibus pópulis
à l’opprobre et à la désolation parmi tous les peuples
in quibus nos dispérsit Dóminus :
au milieu desquels nous a dispersés le Seigneur.
5 et facti sumus subtus, et non supra,
5. Et nous avons été au-dessous et non au-dessus,
quia
peccávimus Dómino Deo nostro,
parce que nous avons péché contre le Seigneur notre Dieu,
non obaudiéndo voci ipsíus.
en n’obéissant pas à sa voix.
6 Dómino Deo nostro justítia,
6. Au Seigneur notre Dieu la justice ;
nobis autem et pátribus nostris
confúsio faciéi,
à nous et à nos pères la confusion de la face,
sicut est dies hæc :
comme il en est en ce jour.
7 quia locútus est Dóminus super nos ómnia mala hæc
7. Parce que le Seigneur a prononcé contre nous tous ces maux
quæ venérunt super nos :
qui sont venus sur nous ;
8 et non sumus deprecáti fáciem Dómini Dei
nostri,
8. Et nous n’avons pas supplié la face du Seigneur notre Dieu,
ut reverterémur unusquísque nostrum a viis nostris péssimis.
afin que nous revenions chacun de nos voies très mauvaises.
9 Et vigilávit Dóminus in malis,
9. Et le Seigneur a veillé sur les maux
et addúxit ea super nos :
et il les a amenés sur nous ;
quia justus est Dóminus in
ómnibus opéribus suis
parce que le Seigneur est juste dans toutes ses œuvres
quæ mandávit nobis,
qu’il nous a commandées ;
10 et non audívimus vocem ipsíus
10. Et nous n’avons pas écouté sa voix,
ut irémus in præcéptis Dómini,
afin de marcher dans les préceptes
quæ dedit
ante fáciem nostram.
qu’il a mis devant notre face.
11 Et nunc, Dómine Deus Israël,
11. Et maintenant, Seigneur Dieu d’Israël,
qui eduxísti pópulum tuum de
terra Ægýpti
qui avez retiré votre peuple de la terre de l’Égypte
in manu válida, et in signis, et in prodígiis,
par une main forte et par des signes, et par des prodiges,
et in virtúte tua magna, et in bráchio excélso,
et par votre grande puissance, et par votre bras élevé,
et fecísti tibi nomen sicut est
dies iste :
et qui vous êtes fait un nom, comme il en est en ce jour ;
12 peccávimus, ímpie égimus,
12. Nous avons péché, nous avons agi avec impiété,
iníque géssimus, Dómine Deus
noster,
nous avons commis l’iniquité, Seigneur notre Dieu,
in ómnibus justítiis tuis.
contre toutes vos justices.
13 Avertátur ira tua a nobis,
13. Que votre colère se détourne de nous,
quia
derelícti sumus pauci inter gentes ubi dispersísti nos.
parce que nous sommes restés en petit nombre parmi les nations où vous nous avez dispersés.
14 Exáudi, Dómine, preces nostras et oratiónes nostras,
14. Exaucez, Seigneur, nos vœux et nos prières,
et educ nos propter te,
et délivrez-nous à cause de vous-même,
et da nobis
inveníre grátiam ante fáciem eórum qui nos abduxérunt :
et accordez-nous de trouver grâce devant ceux qui nous ont emmenés ;
15 ut sciat omnis terra quia tu es Dóminus Deus noster,
15. Afin que toute la terre sache que c’est vous qui êtes le Seigneur notre Dieu,
et quia nomen tuum invocátum
est super Israël,
et que votre nom est invoqué
et super genus ipsíus.
sur Israël et sur sa race.
16 Réspice,
Dómine, de domo sancta tua in nos,
16. Regardez-nous, Seigneur, du haut de votre sainte maison,
et inclína aurem tuam, et
exáudi nos.
et inclinez votre oreille et exaucez-nous.
17 Aperi óculos tuos et vide :
17. Ouvrez vos yeux, et voyez
quia non mórtui qui
sunt in inférno,
que ce ne sont pas les morts qui sont dans l’enfer
quorum spíritus accéptus est a
viscéribus suis,
et dont l’esprit a été séparé de leurs entrailles,
dabunt honórem et
justificatiónem Dómino :
qui rendront honneur et justice au Seigneur ;
18 sed ánima quæ tristis est super magnitúdine mali,
18. Mais c’est l’âme qui est triste à cause de la grandeur du mal,
et incédit curva et infírma,
et qui s’avance courbée, infirme
et óculi deficiéntes, et ánima
esúriens,
et les yeux défaillants, et l’âme pressée de la faim,
dat tibi glóriam et justítiam
Dómino.
qui vous rend gloire et justice comme au Seigneur.
19 Quia non
secúndum justítias patrum nostrórum
19. Parce que ce n’est pas à cause de la justice de nos pères
nos fúndimus preces et pétimus misericórdiam
que nous répandons nos prières, et que nous demandons miséricorde
ante conspéctum tuum, Dómine Deus noster :
en votre présence, Seigneur notre Dieu ;
20 sed quia misísti iram tuam et furórem tuum super nos,
20. Mais parce que vous avez envoyé votre colère et votre fureur sur nous,
sicut locútus es in manu puerórum tuórum prophetárum,
comme vous l’avez annoncé par l’entremise de vos serviteurs, les prophètes,
dicens : 21 Sic dicit Dóminus :
disant : 21. Ainsi dit le Seigneur :
Inclináte húmerum vestrum et cervícem vestram,
Inclinez votre épaule et votre cou,
et ópera
fácite regi Babylónis,
et servez le roi de Babylone ;
et sedébitis in terra quam dedi
pátribus vestris.
et vous demeurerez en repos dans la terre que j’ai donnée à vos pères.
22 Quod si non audiéritis vocem Dómini Dei
vestri,
22. Que si vous n’écoutez pas la voix du Seigneur votre Dieu,
operári regi Babylóniæ,
pour servir le roi de Babylone,
defectiónem
vestram fáciam de civitátibus Juda,
je vous chasserai des cités de Juda
et a foris Jerúsalem,
et hors de Jérusalem,
23 et áuferam a vobis vocem jucunditátis et vocem
gáudii,
23. Et je ferai cesser parmi vous la voix du plaisir, et la voix de la joie,
et vocem sponsi et vocem
sponsæ,
et la voix de l’époux, et la voix de l’épouse ;
et erit omnis terra sine
vestígio ab inhabitántibus eam.
et toute cette terre sera sans trace de ceux qui l’habitent.
24 Et non audiérunt vocem tuam,
24. Et nos pères n’ont pas écouté votre voix,
ut operaréntur regi Babylónis :
afin de servir les rois de Babylone ;
et statuísti verba tua,
et vous avez vérifié vos paroles
quæ locútus
es in mánibus puerórum tuórum prophetárum,
que vous avez dites par l’entremise de vos serviteurs, les prophètes,
ut
transferréntur ossa regum nostrórum
que les os de nos rois et les os de nos pères
et ossa patrum nostrórum de loco suo :
seraient transportés hors de leur lieu ;
25 et ecce projécta sunt in calóre solis et in gelu
noctis,
25. Et voilà qu’ils ont été exposés à la chaleur du soleil et à la gelée de la nuit ;
et mórtui sunt in dolóribus
péssimis,
et ils sont morts dans des douleurs cruelles,
in fame et in gládio, et in emissióne.
par la faim, et par le glaive, et par l’exil.
26 Et posuísti templum in quo invocátum est nomen tuum in ipso
26. Et vous avez fait de ce temple, dans lequel votre nom a été invoqué,
sicut hæc dies,
ce qu’il est en ce jour,
propter iniquitátem domus Israël
et domus Juda.
à cause de l’iniquité de la maison d’Israël et de la maison de Juda.
27 Et fecísti in nobis, Dómine Deus noster,
27. Et vous avez agi envers nous, Seigneur notre Dieu,
secúndum omnem bonitátem tuam
selon toute votre bonté,
et secúndum omnem miseratiónem tuam illam magnam :
et selon toute cette grande miséricorde qui est la vôtre,
28 sicut locútus es in manu púeri tui Móysi,
28. Comme vous l’avez annoncé par l’entremise de Moïse, votre serviteur,
in die qua præcepísti ei scríbere legem tuam coram fíliis Israël,
au jour où vous lui ordonnâtes d’écrire votre loi devant les enfants d’Israël,
29 dicens : Si non audiéritis vocem meam,
29. Disant : Si vous n’écoutez pas ma voix,
multitúdo hæc
magna convertétur in mínimam inter gentes,
cette grande multitude sera réduite à un très petit nombre parmi les nations,
quo ego eos dispérgam :
où moi je les disperserai ;
30 quia scio quod me non áudiet
pópulus :
30. Parce que je sais que ce peuple ne m’écoutera pas ;
pópulus est enim dura cervíce.
car c’est un peuple d’un cou roide ;
Et convertétur ad cor suum in terra captivitátis suæ,
mais il rentrera en son cœur dans la terre de sa captivité ;
31 et scient quia ego sum Dóminus Deus eórum :
31. Et ils sauront que c’est moi qui suis le Seigneur leur Dieu ;
et dabo eis cor, et
intélligent ;
et je leur donnerai un cœur, et ils comprendront ;
aures, et áudient :
des oreilles, et ils entendront.
32 et laudábunt me in terra captivitátis suæ,
32. Et ils me loueront dans la terre de leur captivité,
et mémores erunt nóminis mei,
et ils se souviendront de mon nom.
33 et avértent se a dorso suo duro,
33. Et ils se détourneront de leur dos roide,
et a malignitátibus suis :
et de leurs méchancetés,
quia reminiscéntur viam patrum suórum,
parce qu’ils se souviendront de la voie de leurs pères
qui peccavérunt in me.
qui ont péché contre moi.
34 Et revocábo illos in terram quam jurávi pátribus eórum,
34. Et je les rappellerai dans la terre que j’ai promise par serment à leurs pères,
Abraham, Isaac, et Jacob :
à Abraham, et à Isaac, et à Jacob ;
et dominabúntur ejus, et
multiplicábo eos,
et ils en seront les maitres ; et je les multiplierai,
et non minorabúntur :
et ils ne diminueront pas.
35 et státuam illis testaméntum álterum sempitérnum,
35. Et j’établirai avec eux une autre alliance, qui sera éternelle,
ut sim illis in Deum,
afin que je sois leur Dieu
et ipsi erunt mihi in
pópulum :
et qu’eux soient mon peuple ;
et non movébo ámplius pópulum
meum, fílios Israël,
et je ne transporterai plus mon peuple, les fils d’Israël,
a terra quam dedi
illis.
hors de la terre que je leur ai donnée.
~
CHAP. II. 2. Deut. XXVIII, 53. — 6. Supra. I, 15. — 11. Dan. IX, 15. — 16. Deut. XXVI, 15 ; Is. LXIII, 15. — 17. Is. XXXVII, 17 ; LXIV, 9 ; Ps. CXIII, 25. — 29. Lev. XXVI, 14 ; Deut. XXVIII, 15.
2. Qui n’ont pas, etc. ; comme il n’y en a jamais eu de semblables.
3. Qu’un homme, etc. Compar. Lev. XXVI, 29 ; Deut. XXVIII, 53, 55.
9. A veillé, etc. ; c’est-à-dire s’est appliqué à nous punir. — Toutes ses œuvres, etc. ; tout ce qu’il nous a commandé.
12. Vos justices ; vos justes ordonnances.
15, 26. Votre nom, etc. ; ou bien, Israël porte votre nom ; le texte hébreu est susceptible de ces deux sens.
17. L’enfer ; c’est-à-dire ce lieu souterrain que les Hébreux regardaient comme le séjour des âmes après la mort.
24. Que les os, etc. Compar. Jer. VIII, 1.
29, 34. Ces versets se trouvent, au moins quant au sens, dans Lev. XXVI, 15, 45 ; Deut. IV, 25, 30 ; XXVIII, 62 ; XXX, 3 ; Jer. XXIV, 6 ; XXXII, 37.
30. D’un cou roide ; qui supporte difficilement le joug, indomptable.
33. Dos roide ; a le même sens que cou roide du vers. 30.
34. En ; d’elle, c’est-à-dire de la terre, nommée dans ce même verset. C’est ainsi dans les Septante ; la Vulgate porte le pluriel eux ou elles (eis) ; ce qui est probablement une faute de copiste. Dans la Bible imprimée à la Propagande avec la version arabe, en 1671, on lit le singulier d’elle (ejus).
²
Baruch continue d’implorer la miséricorde du Seigneur au nom de ses frères. Il exhorte Israël à reconnaitre que son infidélité est la source de ses maux, et l’invite à rechercher la sagesse. Elle ne vient que de Dieu. Il l’a manifestée à Israël. Prophétie de l’Incarnation du Verbe.
1 Et nunc, Dómine omnípotens, Deus Israël,
1. Et maintenant, Seigneur tout-puissant, Dieu d’Israël,
ánima in angústiis, et spíritus ánxius clamat ad te.
une âme dans les angoisses, et un esprit inquiet crie vers vous ;
2 Audi, Dómine, et miserére,
2. Écoutez, Seigneur, et ayez pitié,
quia Deus es miséricors :
parce que vous êtes un Dieu miséricordieux,
et miserére nostri, quia peccávimus ante te :
et ayez pitié de nous, parce que nous avons péché devant vous.
3 quia tu sedes in sempitérnum,
3. Parce que vous subsistez éternellement ;
et nos, períbimus in
ævum ?
et nous, périrons-nous pour jamais ?
4 Dómine omnípotens, Deus Israël,
4. Seigneur tout-puissant, Dieu d’Israël,
audi nunc
oratiónem mortuórum Israël,
écoutez maintenant la prière des morts d’Israël,
et filiórum ipsórum qui
peccavérunt ante te,
et des fils de ceux qui ont péché devant vous
et non audiérunt vocem
Dómini Dei sui,
et qui n’ont pas écouté la voix du Seigneur leur Dieu,
et agglutináta sunt nobis mala.
et les maux se sont attachés à nous.
5 Noli meminísse iniquitátum patrum nostrórum,
5. Ne vous souvenez pas des iniquités de nos pères,
sed meménto manus tuæ et nóminis tui in témpore isto :
mais souvenez-vous, en ce temps-ci, de votre main et de votre nom ;
6 quia tu es Dóminus Deus noster,
6. Parce que c’est vous qui êtes le Seigneur notre Dieu,
et laudábimus te, Dómine :
et nous vous louerons, Seigneur ;
7 quia propter hoc dedísti timórem tuum in córdibus nostris,
7. Parce que c’est à cause de cela que vous avez mis votre crainte dans nos cœurs,
et ut invocémus nomen tuum,
afin que nous invoquions votre nom
et laudémus te in captivitáte
nostra,
et que nous vous louions dans notre captivité ;
quia
convértimur ab iniquitáte patrum nostrórum,
parce que nous nous détournons de l’iniquité de nos pères,
qui peccavérunt ante te.
qui ont péché devant vous.
8 Et ecce nos in captivitáte
nostra sumus hódie,
8. Et voilà que nous sommes aujourd’hui dans notre captivité,
qua nos dispersísti in
impropérium,
où vous nous avez dispersés pour être un sujet d’outrage,
et in maledíctum, et in peccátum,
de malédiction, et un exemple de la peine due au péché,
secúndum
omnes iniquitátes patrum nostrórum,
selon toutes les iniquités de nos pères
qui recessérunt a te, Dómine
Deus noster.
qui se sont retirés de vous, Seigneur notre Dieu.
9 Audi, Israël, mandáta vitæ :
9. Écoute, Israël, des commandements de vie ;
áuribus pércipe, ut scias
prudéntiam.
prête l’oreille, afin que tu saches la prudence.
10 Quid est,
Israël, quod in terra inimicórum es,
10. D’où vient, Israël, que tu es dans la terre de tes ennemis ?
11 inveterásti in terra aliéna,
11. Tu as vieilli dans une terre étrangère,
coinquinátus es cum mórtuis,
tu t’es souillé avec les morts ;
deputátus es cum descendéntibus in inférnum ?
tu es devenu semblable à ceux qui descendent dans l’enfer.
12 Dereliquísti fontem sapiéntiæ :
12. Tu as abandonné la source de la sagesse ;
13 nam si in via Dei ambulásses,
13. Car dans la voie de Dieu si tu avais marché,
habitásses útique in pace sempitérna.
tu aurais assurément habité dans une paix éternelle.
14 Disce ubi sit prudéntia,
14. Apprends où est la prudence,
ubi sit virtus, ubi sit
intelléctus,
où est la force, où est l’intelligence ;
ut scias simul ubi sit
longitúrnitas vitæ et victus,
afin que tu saches en même temps où est la longueur de la vie, et la nourriture,
ubi sit lumen oculórum, et pax.
où est la lumière des yeux, et la paix.
15 Quis invénit locum ejus ?
15. Qui a trouvé son lieu ?
et quis intrávit in thesáuros
ejus ?
et qui est entré dans ses trésors ?
16 Ubi sunt príncipes géntium,
16. Où sont les princes des nations,
et qui dominántur super béstias
quæ sunt super terram ?
et ceux qui dominent sur les bêtes qui sont sur la terre ?
17 qui in ávibus cæli ludunt,
17. Qui se jouent des oiseaux du ciel,
18 qui argéntum thesaurízant, et aurum,
18. Qui amassent l’argent et l’or
in quo confídunt hómines,
dans lequel les hommes se confient
et non est finis acquisitiónis
eórum ?
et dont l’acquisition est sans fin ?
qui argéntum fabricant, et
sollíciti sunt,
qui travaillent l’argent, et y mettent beaucoup de soin,
nec est invéntio óperum
illórum ?
et dont les ouvrages sont incompréhensibles ?
19 Extermináti sunt, et ad ínferos descendérunt,
19. Ils ont été exterminés, ils sont descendus dans les enfers ;
et álii loco eórum surrexérunt.
et d’autres se sont levés à leur place.
20 Júvenes vidérunt lumen, et habitavérunt super
terram,
20. De jeunes hommes ont vu la lumière, et ils ont habité sur la terre ;
viam autem disciplínæ ignoravérunt,
mais ils ont ignoré la voie de la vraie science,
21 neque intellexérunt sémitas ejus,
21. Ils n’en ont pas compris les sentiers,
neque fílii eórum suscepérunt
eam :
leurs fils ne l’ont pas reçue,
a fácie ipsórum longe facta
est ;
elle s’est éloignée de leur face ;
22 non est audíta in terra Chánaan,
22. Elle n’a point été entendue dans la terre de Chanaan,
neque visa est in Theman.
et elle n’a pas été vue dans Théman.
23 Fílii quoque Agar, qui exquírunt prudéntiam quæ
de terra est,
23. Les fils d’Agar même qui recherchent la prudence qui est de la terre,
negotiatóres Merrhæ et Theman,
ces marchands de Merrha et de Théman,
et fabulatóres, et exquisitóres
prudéntiæ et intelligéntiæ :
et ces conteurs de fables, et ces scrutateurs de la prudence et de l’intelligence,
viam autem sapiéntiæ nesciérunt,
n’ont pas connu la voie de la sagesse,
neque
commemoráti sunt sémitas ejus.
et n’ont pas mentionné ses sentiers.
24 O Israël,
quam magna est domus Dei,
24. Ô Israël, qu’elle est grande, la maison de Dieu,
et ingens locus possessiónis
ejus !
et qu’il est vaste, le lieu de sa possession !
25 magnus est, et non habet finem :
25. Il est grand, et n’a point de fin,
excélsus, et imménsus.
il est élevé et immense.
26 Ibi fúerunt gigántes nomináti illi, qui ab inítio
fúerunt,
26. Là ont été ces géants de renom qui vécurent dès le commencement,
statúra magna, sciéntes bellum.
ces géants d’une haute stature et sachant la guerre.
27 Non hos elégit Dóminus,
27. Le Seigneur ne les a pas choisis,
neque viam disciplínæ invenérunt :
ils n’ont pas trouvé la voie de la vraie science ;
proptérea periérunt,
à cause de cela ils ont péri.
28 et quóniam non habuérunt sapiéntiam,
28. Et comme ils n’ont pas eu la sagesse,
interiérunt propter suam insipiéntiam.
ils sont morts à cause de leur folie.
29 Quis ascéndit in cælum, et accépit eam,
29. Qui est monté au ciel et y a pris la sagesse,
et edúxit eam de núbibus ?
et l’a amenée des nuées ?
30 Quis transfretávit mare, et invénit illam,
30. Qui a passé la mer et l’a trouvée,
et áttulit illam super aurum
eléctum ?
et l’a rapportée de préférence à l’or le plus pur ?
31 Non est qui possit scire vias ejus,
31. Il n’est personne qui puisse connaitre ses voies,
neque qui exquírat sémitas
ejus :
ni qui recherche ses sentiers ;
32 sed qui scit univérsa novit eam,
32. Mais celui qui sait toutes choses la connait,
et adinvénit eam prudéntia sua
et il l’a trouvée par sa prudence ;
qui præparávit terram in ætérno
témpore :
celui qui a affermi la terre à jamais,
et replévit eam pecúdibus et
quadrupédibus
et qui l’a remplie de toutes sortes d’animaux.
33 qui emíttit lumen, et vadit,
33. Qui envoie la lumière, et elle va ;
et vocávit illud, et obédit
illi in tremóre.
et il l’appelle, et elle lui obéit avec tremblement.
34 Stellæ autem dedérunt lumen in custódiis suis,
34. Or les étoiles ont donné la lumière à leurs postes,
et lætátæ sunt :
et elles se sont réjouies.
35 vocátæ sunt, et dixérunt : Adsumus,
35. Elles ont été appelées et elles ont dit : Nous voici ;
et luxérunt ei cum jucunditáte,
qui fecit illas.
et elles ont brillé avec plaisir pour celui qui les a créées.
36 Hic est Deus noster,
36. C’est lui qui est notre Dieu,
et non æstimábitur álius
advérsus eum.
et nul autre ne sera estimé auprès de lui.
37 Hic adinvénit omnem viam disciplínæ,
37. C’est lui qui a trouvé toute voie de vraie science,
et trádidit illam Jacob púero
suo,
et qui l’a donnée à Jacob, son serviteur,
et Israël dilécto suo.
et à Israël, son bien-aimé.
38 Post hæc in terris visus est,
38. Après cela, il a été vu sur la terre,
et cum homínibus conversátus
est.
et il a demeuré avec les hommes.
~
CHAP. III.
4. Des morts d’Israël ; c’est-à-dire des enfants d’Israël, que les maux qu’ils souffrent dans leur captivité ont rendus semblables aux morts ensevelis dans le tombeau (Ezech. XXXVII, 12) ; ou bien des saints patriarches, Abraham, Jacob, Isaac, etc., qui, de leur vivant et depuis leur mort, n’ont cessé de prier pour le salut du peuple.
5. De votre main ; de votre puissance. Le sens de ce verset est : Nous ne méritons pas par nous-mêmes que vous nous sauviez ; mais cependant sauvez-nous, afin de faire éclater par là votre puissance, et d’empêcher vos ennemis de blasphémer votre nom. Compar. Jos. VII, 9 ; III Reg. VIII, 41 ; Ps. XXII, 3 ; Ezech. XX, 14, etc.
11. Tu t’es souillé avec les morts ; tu es au milieu des Chaldéens, peuple idolâtre, dans un état de souillure et d’impureté semblable à celui de quiconque touche un corps mort, ou demeure dans une maison où il y a un mort (Lev. V, 2 ; XI, 25 ; XXII, 4 ; Num. XIX, 14). — * Dans l’enfer, dans le scheôl, séjour des morts.
15. Son lieu ; le lieu de la sagesse, le lieu où elle réside.
18. Qui travaillent, etc. Avec l’argent extrait des mines, ces princes des nations faisaient faire, en y mettant le plus grand soin, toute espèce d’ouvrages riches et précieux, dont le grand nombre et la parfaite exécution ne pouvaient guère se concevoir. C’est cette dernière pensée que la Vulgate a rendue conformément au grec des Septante, par : Nec est invéntio operum illorum, et que nous croyons avoir exprimé fidèlement nous-même dans notre traduction.
22. Théman ; ville célèbre de l’Idumée.
23. Merrha ; ville d’Arabie. Il y avait en Arabie plusieurs villes d’un nom à peu près semblable. — Théman ; autre ville d’Arabie, différente de celle du verset précédent. — * Les fils d’Agar, mère d’Ismaël ; les Ismaélites, les Arabes.
26. * Ces géants. Voir Gen. VI, 4.
32. Toutes sortes d’animaux ; littér. et par hébraïsme, de bêtes et de quadrupèdes.
38. Il a demeuré, etc. Les Pères et les interprètes expliquent communément ce passage de l’Incarnation du Verbe divin. Il est certain qu’on ne peut lui donner un sens plus clair et plus naturel.
²
Baruch exhorte les Israélites à se convertir au Seigneur et à observer sa loi. Jérusalem pleure la captivité de ses enfants ; elle les exhorte à espérer dans le Seigneur. Promesse de leur délivrance et de la ruine de leurs ennemis.
1 Hic liber mandatórum Dei,
1. Voici le livre des commandements de Dieu,
et lex quæ est in
ætérnum :
et la loi qui subsiste éternellement :
omnes qui tenent eam pervénient
ad vitam :
tous ceux qui la gardent parviendront à la vie,
qui autem dereliquérunt eam, in mortem.
ceux qui l’ont abandonnée à la mort.
2 Convértere, Jacob, et apprehénde eam :
2. Convertis-toi, ô Jacob, et embrasse la loi ;
ámbula per viam ad splendórem ejus contra lumen ejus.
marche dans sa voie à sa splendeur, en face de sa lumière.
3 Ne tradas álteri glóriam tuam,
3. Ne livre pas ta gloire à un autre,
et dignitátem tuam genti aliénæ.
et ta dignité à une nation étrangère.
4 Beáti sumus, Israël,
4. Bienheureux nous sommes, Israël,
quia quæ Deo placent manifésta sunt nobis.
parce que ce qui plaît à Dieu nous a été manifesté.
5 Animǽquior esto, pópulus Dei,
memorábilis Israël :
5. Rassure-toi, peuple de Dieu, monument d’Israël ;
6 venundáti estis géntibus non in
perditiónem :
6. Vous avez été vendus aux nations, non pour votre ruine ;
sed propter quod in ira ad iracúndiam provocástis Deum,
mais parce que vous avez provoqué Dieu à un grand courroux,
tráditi estis adversáriis.
vous avez été livrés à vos adversaires.
7 Exacerbástis enim eum qui fecit vos, Deum
ætérnum,
7. Car vous avez aigri celui qui vous a faits, le Dieu éternel,
immolántes dæmóniis, et non
Deo.
en immolant à des démons et non à Dieu.
8 Oblíti enim estis Deum qui nutrívit vos,
8. Car vous avez oublié le Dieu qui vous a nourris,
et contristástis nutrícem
vestram Jerúsalem.
et vous avez contristé votre nourrice Jérusalem.
9 Vidit enim iracúndiam a Deo veniéntem vobis, et
dixit :
9. Car elle a vu le courroux venant de Dieu sur vous,
Audíte, confines Sion :
et elle a dit : Écoutez, confins de Sion,
addúxit enim mihi Deus luctum
magnum.
car Dieu m’a envoyé un grand deuil ;
10 Vidi enim captivitátem pópuli mei,
10. Car j’ai vu la captivité de mon peuple,
filiórum meórum et filiárum,
de mes fils et de mes filles,
quam superdúxit illis Ætérnus.
que l’Éternel a amenée sur eux.
11 Nutrívi
enim illos cum jucunditáte ;
11. Car je les ai nourris dans la joie ;
dimísi autem illos cum fletu et
luctu.
mais je les ai laissés aller dans le pleur et le deuil.
12 Nemo gáudeat super me víduam et desolátam :
12. Que personne ne se réjouisse de moi, veuve et désolée :
a multis
derelícta sum propter peccáta filiórum meórum,
j’ai été abandonnée par un grand nombre à cause des péchés de mes enfants,
quia declinavérunt a lege Dei.
parce qu’ils se sont détournés de la loi de Dieu.
13 Justítias autem ipsíus nesciérunt,
13. Et ses justices, ils ne les ont pas connues,
nec ambulavérunt per vias mandatórum Dei,
et ils n’ont pas marché dans les voies des commandements de Dieu,
neque per
sémitas veritátis ejus cum justítia ingréssi sunt.
et ils ne sont pas entrés avec justice dans les sentiers de sa vérité.
14 Véniant confines Sion,
14. Qu’ils viennent, les confins de Sion,
et memoréntur captivitátem
filiórum et filiárum meárum,
et qu’ils se rappellent la captivité de mes fils et de mes filles,
quam superdúxit illis Ætérnus.
que l’Éternel a amenée sur eux.
15 Addúxit enim super illos gentem de longínquo,
15. Car il a fait venir contre eux une nation de loin, u
gentem ímprobam, et altérius
linguæ,
ne nation méchante et d’une autre langue ;
16 qui non sunt revériti senem,
16. Qui n’ont pas respecté le vieillard,
neque puerórum misérti sunt,
et n’ont pas eu pitié des enfants,
et abduxérunt diléctos víduæ,
qui ont emmené loin de ses fils ceux qui étaient chers à la veuve,
et a fíliis únicam desolavérunt.
et l’ont désolée en la laissant seule.
17 Ego autem, quid possum adjuváre vos ?
17. Mais moi, comment puis-je vous secourir ?
18 qui enim addúxit super vos mala,
18. Car celui qui a amené sur vous les maux est celui-là même
ipse vos
erípiet de mánibus inimicórum vestrórum.
qui vous délivrera des mains de vos ennemis.
19 Ambuláte, fílii, ambuláte :
19. Marchez, mes fils, marchez ;
ego enim
derelícta sum sola.
car moi j’ai été laissée seule.
20 Exui me stola pacis,
20. J’ai quitté la robe de la paix ;
índui autem me sacco
obsecratiónis,
je me suis revêtue du sac de la supplication,
et clamábo ad Altíssimum in diébus meis.
et je crierai vers le Très-Haut durant mes jours.
21
Animæquióres estóte, fílii ; clamáte ad Dóminum,
21. Rassurez-vous, mes enfants ; criez vers le Seigneur,
et erípiet vos de manu
príncipum inimicórum.
et il vous arrachera de la main des princes ennemis.
22 Ego enim sperávi in ætérnum salútem vestram,
22. Car moi, j’ai espéré dans l’Éternel, qui est votre salut,
et venit mihi gáudium a Sancto, super misericórdia
et la joie m’est venue du Saint dans la vue de la miséricorde
quæ véniet
vobis ab ætérno salutári nostro.
qui vous viendra de l’Éternel, notre sauveur.
23 Emísi enim vos cum luctu et plorátu :
23. Car je vous ai envoyés dans le deuil et dans le pleur ;
redúcet autem vos mihi Dóminus
mais le Seigneur vous ramènera à moi
cum gáudio et jucunditáte in sempitérnum.
dans la joie et le plaisir pour toujours.
24 Sicut enim vidérunt vicínæ Sion captivitátem vestram a Deo,
24. Car comme les voisines de Sion ont vu votre captivité venant de Dieu,
sic vidébunt et in celeritáte salútem vestram a Deo,
ainsi elles verront aussi bientôt, venant de Dieu, votre salut
quæ supervéniet vobis cum
honóre magno et splendóre ætérno.
qui vous arrivera avec un grand honneur et une splendeur éternelle.
25 Fílii, patiénter sustinéte iram quæ supervénit
vobis :
25. Mes enfants, supportez patiemment la colère qui vous est arrivée ;
persecútus est enim te inimícus
tuus :
car il t’a persécuté, ton ennemi ;
sed cito vidébis perditiónem ipsíus,
mais bientôt tu verras sa ruine,
et super cervíces ipsíus
ascéndes.
et tu monteras sur son cou.
26 Delicáti
mei ambulavérunt vias ásperas :
26. Mes enfants délicats ont marché dans des voies raboteuses ;
ducti sunt enim ut grex
diréptus ab inimícis.
ils ont été emmenés comme un troupeau ravi par ses ennemis.
27 Animæquióres estóte, fílii, et proclamáte ad Dóminum :
27. Rassurez-vous, mes enfants, et criez vers le Seigneur ;
erit enim memória vestra ab eo
qui duxit vos.
car votre souvenir ne s’éloignera pas de celui qui vous a conduits.
28 Sicut enim fuit sensus vester ut errarétis a Deo,
28. Car comme votre sentiment a été d’errer loin de Dieu,
décies tantum íterum converténtes requirétis eum :
en revenant à lui, vous le rechercherez avec dix fois autant d’ardeur.
29 qui enim indúxit vobis mala,
29. Car celui qui a amené les maux sur vous,
ipse rursum addúcet vobis
sempitérnam jucunditátem cum salúte vestra.
lui-même vous amènera de nouveau une joie éternelle avec votre salut.
30 Animǽquior esto, Jerúsalem :
30. Rassure-toi, Jérusalem,
exhortátur enim te, qui te
nominávit.
car il t’y exhorte, celui qui t’a nommée.
31 Nocéntes períbunt, qui te vexavérunt :
31. Ils périront, les méchants qui t’ont tourmentée ;
et qui gratuláti sunt in tua
ruína, puniéntur.
et ceux qui se sont félicités de ta ruine seront punis ;
32 Civitátes quibus serviérunt fílii tui, puniéntur,
32. Les cités où vos fils ont été esclaves seront châtiées ;
et quæ accépit fílios tuos.
même celle qui a reçu tes fils comme captifs.
33 Sicut enim gavísa est in tua ruína, et lætáta est
in casu tuo,
33. Car, comme elle s’est réjouie de ta ruine, et qu’elle a tressailli d’allégresse à ta chute,
sic contristábitur in sua desolatióne,
ainsi elle sera contristée dans sa désolation.
34 et amputábitur exsultátio multitúdinis ejus,
34. Et l’exultation de sa multitude lui sera enlevée,
et gaudimónium ejus erit in luctum.
et sa joie sera changée en deuil.
35 Ignis enim supervéniet ei ab Ætérno in longitúrnis diébus,
35. Car un feu lui arrivera lancé par l’Éternel pendant des jours de longue durée,
et habitábitur a dæmóniis in
multitúdine témporis.
et elle sera habitée par des démons durant beaucoup de temps.
36 Circúmspice, Jerúsalem, ad oriéntem,
36. Jérusalem, regarde vers l’Orient,
et vide jucunditátem a Deo tibi
veniéntem.
et vois la joie qui te vient de Dieu.
37 Ecce enim véniunt fílii tui, quos dimisísti
dispérsos :
37. Car voilà que viennent tes fils que tu as envoyés pour être dispersés ;
véniunt collécti ab oriénte usque ad occidéntem, in verbo Sancti,
ils viennent tous ensemble de l’Orient jusqu’à l’Occident,
gaudéntes in honórem Dei.
se réjouissant à la parole du saint pour l’honneur de Dieu.
~
CHAP. IV. 36. Infra. V, 5.
5. Monument d’Israël ; c’est le sens de la Vulgate expliqué par le grec. La partie du peuple de Dieu qui était exilée, quoique réduite à un petit nombre, n’en était pas moins un reste suffisant pour conserver la mémoire et le nom d’Israël.
6. Un grand courroux. La réunion des mots colère (ira), et courroux (iracundiam), a pour but de donner de la force à l’expression.
9, 14. Confins ; c’est-à-dire les villes voisines. Voy. vers. 24.
13. Vos justices ; vos justes ordonnances. — Les sentiers de sa vérité ; hébraïsme, pour ses sentiers de vérité ; c’est-à-dire qui conduisent à la vérité ou qui sont les vrais ; le grec porte, des sentiers d’instruction, de discipline.
15. D’un autre langue ; d’une langue autre que celle des Juifs, par conséquent inconnue pour eux.
25. Bientôt. Au moment où Baruch écrivait ceci, seize ans de captivité s’étaient déjà écoulés, il n’en restait donc plus que cinquante-quatre. Or, quand il s’agit d’une monarchie aussi puissante que l’était celle de Babylone, cinquante-quatre ans sont peu de chose, et le Prophète a pu se servir du mot bientôt (cito).
30. Qui t’a nommée ;
de son nom. Compar. II,
15 ; Ps. XLV,
4 ; XLVIII,
1, 8 ; Is. LXII, 2.
35. Elle sera habitée. Compar. Is. XIII, 21 ; Jer. L, 39.
36. Regarde vers l’Orient. C’était de l’Orient que devait venir Cyrus, libérateur des Juifs (Is. XLI, 2 ; XXXIV, 14 ; XLVI, 11).
37. Ils viennent, etc. Compar. Is. XI, 11-12 ; Zach. VIII, 7, etc. — Du Saint ; de Dieu.
²
Le Prophète exhorte Jérusalem à quitter son deuil, et à se revêtir de joie, parce qu’il voit ses enfants revenir de leur captivité comblés de gloire.
1 Exue te, Jerúsalem, stola luctus et vexatiónis
tuæ,
1. Dépouille-toi, Jérusalem, de ta robe de deuil et de ton tourment ;
et índue te decóre, et honóre
ejus,
et revêts-toi de l’éclat et de la majesté
quæ a Deo tibi est, sempitérnæ glóriæ.
de cette gloire éternelle qui te vient de Dieu.
2 Circúmdabit te Deus diplóide justítiæ,
2. Le Seigneur te revêtira de la diploïde de la justice,
et impónet mitram cápiti
honóris ætérni.
et il mettra sur ta tête la mitre de l’éternelle gloire.
3 Deus enim osténdet splendórem suum in te,
3. Car Dieu montrera sa splendeur
omni qui sub cælo est.
en toi à tout homme qui est sous le ciel.
4 Nominábitur enim tibi nomen tuum a Deo in sempitérnum :
4. Car ton nom qui te sera donné de Dieu pour jamais est :
pax justítiæ, et honor
pietátis.
Paix de justice, et honneur de piété.
5 Exsúrge, Jerúsalem, et sta in excélso :
5. Lève-toi, Jérusalem, et tiens-toi sur la hauteur ;
et circúmspice ad oriéntem,
regarde vers l’Orient,
et vide colléctos fílios tuos
ab oriénte sole usque ad occidéntem,
et vois tes fils rassemblés du soleil levant jusqu’au couchant,
in verbo Sancti,
se réjouissant à la parole du saint
gaudéntes Dei memória.
dans le souvenir du Seigneur.
6 Exiérunt enim abs te pédibus ducti ab
inimícis :
6. Car ils sont sortis de toi, conduits à pied par les ennemis ;
addúcet autem illos Dóminus ad te portátos in honóre
mais le Seigneur les amènera vers toi, portés avec honneur
sicut fílios regni :
comme les fils d’un royaume.
7 constítuit enim Deus
7. Car le Seigneur a résolu
humiliáre omnem montem excélsum
et rupes perénnes,
d’abaisser toute montagne élevée et les roches éternelles,
et conválles replére in æqualitátem terræ,
et de combler les vallées jusqu’au niveau de la terre,
ut ámbulet Israël diligénter in honórem Dei.
afin qu’Israël marche rapidement pour la gloire de Dieu.
8 Obumbravérunt autem et silvæ,
8. Or les forêts mêmes
et omne lignum suavitátis Israël
et tout arbre de suavité ombrageront Israël
ex mandáto Dei.
par ordre de Dieu.
9 Addúcet enim Deus Israël cum jucunditáte in
lúmine majestátis suæ,
9. Car Dieu ramènera Israël avec joie à la lumière de sa majesté,
cum misericórdia et justítia
quæ est ex ipso.
avec la miséricorde et la justice qui vient de lui-même.
~
CHAP. V. 5. Supra. IV, 36.
2. Diploïde ; robe doublée de fourrure des anciens Orientaux.
5. À tout homme qui (omni qui) ; le grec met le féminin toute, qui remplace sans doute le neutre, comme en hébreu, où à défaut du genre neutre, on emploie en effet le féminin ; ainsi, dans les Septante, le sens est : À tout ce qui.
4. Paix,etc. Ces noms conviennent mieux encore à l’Église de Jésus-Christ qu’à la Jérusalem terrestre, qui en était la figure.
5. Regarde vers l’Orient, etc. Voy. IV, 36-37.
6. Ils sont sortis, etc. Les Juifs, ayant été conduits à pied comme des esclaves à Babylone, retournèrent avec honneur dans leur pays, amenant un grand nombre de chevaux, de mulets et de chameaux que leur fournit Cyrus. Voy. Is. XLIX, 22 ; LXVI, 20 ; I Esd. II, 66-67. — Les fils d’un royaume ; ou d’une royauté ; c’est-à-dire des princes qu’on porte sur les épaules ou en litière.
7. Le Seigneur a résolu, etc. ; allusion à Is. XL, 3-4.
²
Lettre de Jérémie aux Juifs captifs. Il leur annonce leur retour. Il les exhorte à ne pas prendre part à l’idolâtrie des Babyloniens. Il leur montre le néant et la vanité des idoles.
Exémplar epístolæ quam misit Jeremías ad abducéndos captívos in Babylóniam a rege Babyloniórum, ut annuntiáret illis secúndum quod præcéptum est illi a Deo.
Copie de la lettre qu’envoya Jérémie aux captifs qui devaient être emmenés à Babylone par le roi des Babyloniens, pour leur annoncer ce que Dieu lui avait ordonné de leur dire.
1 Propter peccáta quæ peccástis ante Deum,
abducémini in Babylóniam captívi a Nabuchodónosor rege Babylónis.
1. À cause des péchés que vous avez commis devant Dieu, vous serez emmenés captifs à Babylone, par Nabuchodonosor, roi des Babyloniens.
2 Ingréssi ítaque in Babylónem, éritis ibi annis
plúrimis, et tempóribus longis, usque ad generatiónes septem : post hoc
autem edúcam vos inde cum pace.
2. C’est pourquoi, entrés à Babylone, vous y serez durant beaucoup d’années et un long temps, jusqu’à sept générations ; mais après cela je vous en ramènerai dans la paix.
3 Nunc autem vidébitis in Babylónia deos áureos et
argénteos, et lapídeos et lígneos, in húmeris portári, ostentántes metum
géntibus.
3. Mais maintenant vous verrez à Babylone des dieux d’or et d’argent, et de pierre et de bois, que l’on porte sur les épaules et qui impriment la crainte aux nations.
4 Vidéte ergo
ne et vos símiles efficiámini factis aliénis, et metuátis, et metus vos cápiat
in ipsis.
4. Voyez donc à ne pas imiter les actions de ces étrangers, et à ne pas vous effrayer, et à ce que la frayeur ne vous saisisse pas à cause d’eux.
5 Visa ítaque turba de retro et ab ante, adorántes dícite in
córdibus vestris : Te opórtet adorári, Dómine.
5. C’est pourquoi, quand vous verrez une multitude derrière et devant, adorant, dites en vos cœurs : C’est vous qu’il faut adorer, Seigneur.
6 Angelus enim meus vobíscum est : ipse autem
exquíram ánimas vestras.
6. Car mon ange est avec vous, et moi-même je rechercherai vos âmes.
7 Nam lingua ipsórum políta a fabro ; ipsa étiam
inauráta et inargentáta : falsa sunt, et non possunt loqui.
7. Car leur langue a été polie par un ouvrier ; ceux même qui sont dorés et argentés sont faux, et ils ne peuvent parler.
8 Et sicut vírgini amánti ornaménta, ita accépto auro fabricáti
sunt.
8. Et comme on fait à une vierge qui aime les ornements, ainsi ils ont été fabriqués avec de l’or qu’on a employé.
9 Corónas certe áureas habent super cápita sua dii
illórum : unde súbtrahunt sacerdótes ab eis aurum et argéntum, et érogant
illud in semetípsos.
9. Leurs dieux ont assurément des couronnes d’or sur leurs têtes, d’où les prêtres leur enlèvent l’or et l’argent et se les arrogent à eux-mêmes.
10 Dant autem et ex ipso prostitútis, et meretríces
ornant : et íterum cum recéperint illud a meretrícibus, ornant deos suos.
10. Mais ils en donnent à des prostituées, et ils en parent des femmes de mauvaise vie, et lorsque ces femmes de mauvaise vie les leur ont rendus, ils en parent de nouveau leurs dieux.
11 Hi autem
non liberántur ab ærúgine et tínea.
11. Mais ceux-ci ne se préservent ni de la rouille ni des vers.
12 Opértis
autem illis veste purpúrea, extérgunt fáciem ipsórum propter púlverem domus qui
est plúrimus inter eos.
12. Or, après qu’on les a couverts d’un vêtement de pourpre, on nettoie leur face à cause de la poussière de leur maison, laquelle est abondante parmi eux.
13 Sceptrum autem habet ut homo, sicut judex
regiónis, qui in se peccántem non intérficit.
13. Mais il a un sceptre comme un homme, comme un juge de province ; cependant celui qui pèche contre lui, il ne le tue pas.
14 Habet étiam in manu gládium et secúrim, se autem de bello et a latrónibus non líberat. Unde vobis notum sit quia non sunt dii :
14. Il a aussi à la main un glaive et une hache ; mais de la guerre et des voleurs il ne se délivre pas. Que par là il vous soit connu que ce ne sont pas des dieux.
15 non ergo
timuéritis eos. Sicut enim vas hóminis confráctum inútile effícitur, tales sunt
et dii illórum.
15. Ne les craignez donc pas ; car comme le vase d’un homme, lorsqu’il est brisé, devient inutile, tels sont leurs dieux.
16
Constitútis illis in domo, óculi eórum pleni sunt púlvere a pédibus
introëúntium.
16. Après qu’ils ont été placés dans une maison, leurs yeux sont pleins de la poussière des pieds de ceux qui entrent.
17 Et sicut
alícui qui regem offéndit circumséptæ sunt jánuæ, aut sicut ad sepúlchrum
addúctum mórtuum : ita tutántur sacerdótes óstia clausúris et seris, ne a
latrónibus expoliéntur.
17. Et comme pour celui qui a offensé un roi, les portes sont fermées alentour, ou comme un mort mis au sépulcre, les prêtres défendent les portes par des verrous et par des serrures, de peur que par les voleurs ils ne soient entièrement dépouillés.
18 Lucérnas
accéndunt illis, et quidem multas, ex quibus nullam vidére possunt : sunt
autem sicut trabes in domo.
18. Ils allument devant eux des lampes, et en grand nombre, et ces dieux n’en peuvent voir aucune ; mais ils sont comme les poutres dans une maison.
19 Corda vero
eórum dicunt elíngere serpéntes qui de terra sunt, dum cómedunt eos, et
vestiméntum ipsórum, et non séntiunt.
19. Ils disent aussi que les serpents qui sortent de la terre rongent leurs cœurs, lorsqu’en effet ils les dévorent, eux et leurs vêtements, et ils ne le sentent pas.
20 Nigræ fiunt fácies eórum a fumo qui in domo fit.
20. Leurs faces deviennent noires par la fumée qu’il fait dans la maison.
21 Supra corpus eórum et supra caput eórum volant
nóctuæ, et hirúndines, et aves étiam, simíliter et cattæ.
21. Sur leurs corps et sur leurs têtes volent les hiboux, les hirondelles, et les autres oiseaux aussi également, et les chats y sautent.
22 Unde
sciátis quia non sunt dii : ne ergo timuéritis eos.
22. Par là sachez que ce ne sont pas des dieux, ne les craignez donc point.
23 Aurum
étiam quod habent ad spéciem est : nisi áliquis extérserit ærúginem, non
fulgébunt : neque enim dum conflaréntur, sentiébant.
23. L’or même qu’ils ont est pour l’apparence. Si quelqu’un n’en ôte pas la rouille, ils ne brilleront pas ; car lorsqu’on les jetait en fonte, ils ne le sentaient pas.
24 Ex omni prétio empta sunt, in quibus spíritus non
inest ipsis.
24. Et c’est à tout prix qu’ils ont été achetés, eux en qui la vie n’est pas.
25 Sine pédibus, in húmeris portántur, ostentántes
ignobilitátem suam homínibus : confundántur étiam qui colunt ea.
25. Étant sans pieds, ils sont portés sur les épaules, montrant ainsi aux hommes leur ignoble impuissance. Qu’ils soient confondus aussi ceux qui les adorent.
26 Proptérea si cecíderint in terram, a semetípsis
non consúrgunt : neque si quis eum statúerit rectum, per semetípsum
stabit : sed sicut mórtuis múnera eórum illis apponéntur.
26. À cause de cela, s’ils tombent par terre, ils ne se relèvent point par eux-mêmes ; et si quelqu’un ne les tient debout, ils ne s’y tiendront pas eux-mêmes ; mais comme à des morts, leurs présents leur seront apportés.
27 Hóstias
illórum vendunt sacerdótes ipsórum, et abutúntur : simíliter et mulíeres
eórum decerpéntes, neque infírmo, neque mendicánti, áliquid impértiunt.
27. Leurs prêtres vendent leurs hosties et en usent à leur gré ; également leurs femmes, qui en prennent aussi, n’en font nullement part ni à l’infirme ni au mendiant ;
28 De sacrifíciis eórum fœtæ et menstruátæ
contíngunt. Sciens ítaque ex his quia non sunt dii, ne timeátis eos.
28. Quant à leurs sacrifices, les femmes accouchées et celles qui sont dans leurs mois y touchent. C’est pourquoi sachant par là que ce ne sont pas des dieux, ne les craignez point.
29 Unde enim
vocántur dii ? quia mulíeres appónunt diis
argénteis, et áureis, et lígneis :
29. Car pourquoi sont-ils appelés des dieux ? Parce que des femmes apportent des présents à ces dieux d’argent, d’or, et de bois ;
30 et in dómibus eórum sacerdótes sedent habéntes
túnicas scissas, et cápita et barbam rasam, quorum cápita nuda sunt.
30. Et que dans leurs maisons les prêtres sont assis, ayant des tuniques déchirées, la tête et la barbe rasées, et la tête nue.
31 Rúgiunt
autem clamántes contra deos suos sicut in cœna mórtui.
31. Or ils rugissent en criant devant leurs dieux, comme au repas d’un mort.
32 Vestiménta
eórum áuferunt sacerdótes, et véstiunt uxóres suas et fílios suos.
32. Les prêtres enlèvent leurs vêtements, et en revêtent leurs femmes et leurs enfants.
33 Neque si
quid mali patiúntur ab áliquo, neque si quid boni, póterunt retribúere :
neque regem constitúere possunt, neque auférre.
33. S’ils éprouvent quelque mal de la part de quelqu’un, et quelque bien, ils ne peuvent le rendre ; et ils ne peuvent constituer un roi, ni le renverser.
34 Simíliter
neque dare divítias possunt, neque malum retribúere. Si quis illis votum
vóverit et non reddíderit, neque hoc requírunt.
34. Pareillement ils ne peuvent ni donner des richesses, ni rendre le mal. Si quelqu’un voue un vœu et ne l’acquitte pas, ils ne s’en mettent pas en peine.
35 Hóminem a morte non líberant, neque infírmum a potentióri erípiunt.
35. Ils ne délivrent pas un homme de la mort ; ils n’arrachent pas le faible de la main d’un plus puissant.
36
Hóminem cæcum ad visum non restítuunt ; de necessitáte hóminem non
liberábunt.
36. Ils ne rendent pas la vue à un homme aveugle, et de la détresse ils ne retirent pas un pauvre.
37 Víduæ non
miserebúntur, neque órphanis benefácient.
37. Ils n’auront pas pitié d’une veuve, et ils ne feront point de bien à des orphelins.
38 Lapídibus
de monte símiles sunt dii illórum, lígnei, et lapídei, et áurei, et
argéntei : qui autem colunt ea, confundéntur.
38. Aux pierres de la montagne sont semblables leurs dieux, dieux de bois et de pierre, et d’or et d’argent. Or ceux qui les adorent seront confondus.
39 Quómodo ergo æstimándum est aut dicéndum illos esse deos ?
39. Comment donc doit-on estimer ou dire qu’ils sont dieux ?
40 Adhuc enim ipsis Chaldǽis non honorántibus
ea : qui cum audíerint mutum non posse loqui, ófferunt illud ad Bel,
postulántes ab eo loqui :
40. Car encore les Chaldéens eux-mêmes ne les honorent pas ; lorsqu’ils ont appris qu’un muet ne peut parler, ils l’offrent à Bel, lui demandant qu’il parle ;
41 quasi
possint sentíre qui non habent motum ! Et ipsi, cum intelléxerint,
relínquent ea : sensum enim non habent ipsi dii illórum.
41. Comme s’ils pouvaient sentir, ces dieux qui n’ont pas le mouvement ; et les Chaldéens eux-mêmes, lorsqu’ils auront compris cette impuissance, ils les abandonneront ; car leurs dieux eux-mêmes n’ont pas le sentiment.
42 Mulíeres autem circúmdatæ fúnibus in viis sedent,
succendéntes ossa olivárum :
42. Des femmes ceintes avec des cordes sont assises sur les chemins, brulant des noyaux d’olives.
43 cum autem
áliqua ex ipsis, attrácta ab áliquo
transeúnte, dormíerit cum eo, próximæ
suæ
éxprobrat quod ea non sit digna hábita, sicut ipsa, neque
funis ejus dirúptus
sit.
43. Et lorsque quelqu’une d’entre elles, entrainée par quelque passant, a dormi avec lui, elle reproche à celle qui est auprès d’elle, qu’elle n’en a pas été jugée digne, et que sa corde n’a pas été rompue.
44 Omnia
autem quæ illi fiunt, falsa sunt : quómodo æstimándum aut dicéndum est
illos esse deos ?
44. Or tout ce qui se fait pour ces dieux est faux, comment doit-on estimer ou dire qu’ils sont dieux ?
45 A fabris autem et ab aurifícibus facta
sunt : nihil áliud erunt, nisi id quod volunt esse sacerdótes.
45. Mais c’est par des ouvriers en bois et par des orfèvres qu’ils ont été faits. Ils ne seront rien que ce que veulent les prêtres.
46 Artífices
étiam ipsi, qui ea fáciunt, non sunt multi témporis : numquid ergo possunt
ea, quæ fabricáta sunt ab ipsis, esse dii ?
46. Et les artistes eux-mêmes qui les font ne sont pas d’un long temps. Est-ce donc que les choses qui ont été fabriquées par eux peuvent être des dieux ?
47
Reliquérunt autem falsa et oppróbrium póstea futúris.
47. Mais ils ont laissé faussetés et opprobre aux hommes à venir.
48 Nam cum supervénerit illis prǽlium et mala, cógitant
sacerdótes apud se ubi se abscóndant cum illis.
48. Car lorsqu’il leur survient une guerre et d’autres maux, les prêtres pensent en eux-mêmes où ils se cacheront avec eux.
49 Quómodo ergo sentíri débeant quóniam dii sunt, qui nec de bello se líberant, neque de malis se erípiunt ?
49. Comment donc doit-on croire qu’ils sont dieux, ceux qui ne peuvent ni se délivrer de la guerre, ni s’arracher aux autres maux ?
50 Nam cum sint lígnea, inauráta et inargentáta,
sciétur póstea quia falsa sunt ab univérsis géntibus et régibus : quæ
manifésta sunt quia non sunt dii, sed ópera mánuum hóminum, et nullum Dei opus
cum illis.
50. Car puisqu’ils sont de bois, et recouverts d’or et d’argent, il sera reconnu après cela par toutes les nations et tous les rois qu’ils sont faux ; d’où il est manifeste que ce ne sont pas des dieux, mais l’œuvre de la main des hommes, et qu’il n’y a aucun ouvrage de Dieu en eux.
51 Unde ergo notum est quia non sunt dii, sed ópera
mánuum hóminum, et nullum Dei opus in ipsis est.
51. De là donc il est reconnu qu’ils ne sont pas des dieux, mais des ouvrages des mains des hommes, et qu’il n’est aucune œuvre de Dieu en eux.
52 Regem regióni non súscitant, neque plúviam homínibus dabunt.
52. Ils ne susciteront pas un roi pour un pays, et ils ne donneront pas de la pluie aux hommes ;
53 Judícium quoque non discérnent, neque regiónes
liberábunt ab injúria, quia nihil possunt, sicut cornículæ inter médium cæli et
terræ.
53. Et même ils ne discerneront pas un jugement, et ils ne délivreront point les provinces de la violence, parce qu’ils ne peuvent rien, comme des corneilles qui volent entre le ciel et la terre.
54 Etenim cum
incíderit ignis in domum deórum ligneórum, argenteórum et aureórum, sacerdótes
quidem ipsórum fúgient, et liberabúntur : ipsi vero sicut trabes in médio
comburéntur.
54. Car lorsque le feu sera tombé sur la maison de ces dieux de bois, d’argent et d’or, leurs prêtres à la vérité s’enfuiront et seront sauvés ; mais eux, comme les poutres d’une maison, ils seront brulés au milieu des flammes.
55 Regi autem
et bello non resístent. Quómodo ergo æstimándum est aut recipiéndum quia dii sunt ?
55. De plus, ils ne résisteront pas à un roi ni à une guerre. Comment donc doit-on estimer ou admettre qu’ils sont dieux ?
56 Non a
fúribus, neque a latrónibus se liberábunt dii lígnei, et lapídei, et inauráti,
et inargentáti : quibus hi qui fortióres sunt,
56. Des voleurs et des larrons, ils ne se sauveront pas, ces dieux de bois, et de pierre, et dorés, et argentés ; ceux-là, qui sont plus forts qu’eux,
57 aurum et
argéntum, et vestiméntum quo opérti sunt, áuferent illis, et abíbunt, nec sibi
auxílium ferent.
57. Leur enlèveront l’or et l’argent, et les vêtements dont ils sont couverts, et s’en iront ; et ces dieux ne se porteront point secours.
58 Itaque
mélius est esse regem ostentántem virtútem suam, aut vas in domo útile, in quo
gloriábitur qui póssidet illud, vel óstium in domo, quod custódit quæ in ipsa
sunt, quam falsi dii.
58. C’est pourquoi il vaut mieux être un roi qui déploie sa puissance, ou un vase utile dans une maison, et dont se glorifiera celui qui le possède ; ou la porte d’une maison, laquelle garantit ce qui y est, que d’être l’un des faux dieux.
59 Sol quidem
et luna ac sídera, cum sint spléndida et emíssa ad utilitátes, obáudiunt :
59. Assurément le soleil, la lune et les astres, quoique resplendissants et envoyés pour l’utilité des hommes, obéissent à Dieu.
60 simíliter
et fulgur cum apparúerit, perspícuum est : idípsum autem et spíritus in
omni regióne spirat :
60. Pareillement aussi l’éclair, lorsqu’il parait, est remarquable ; de même le vent souffle dans toutes les contrées.
61 et nubes,
quibus cum imperátum fúerit a Deo perambuláre univérsum orbem, perfíciunt quod
imperátum est eis :
61. Et les nuées, lorsqu’il leur est commandé de la part de Dieu de parcourir tout le disque, accomplissent ce qui leur a été commandé.
62 ignis
étiam missus désuper, ut consúmat montes et silvas, facit quod præcéptum est
ei : hæc autem neque speciébus, neque virtútibus, uni eórum simília sunt.
62. De plus le feu, envoyé d’en haut afin de consumer les montagnes et les forêts, fait ce qui lui a été ordonné. Or ces dieux, ni en beauté ni en puissance ne sont semblables à aucune de ces créatures.
63 Unde neque
existimándum est, neque dicéndum illos esse deos, quando non possunt neque
judícium judicáre, neque quidquam fácere homínibus.
63. D’où on ne doit ni estimer ni dire qu’ils sont dieux, puisqu’ils ne peuvent ni juger une cause ni faire quelque chose aux hommes.
64 Sciéntes
ítaque quia non sunt dii, ne ergo timuéritis eos.
64. Sachant qu’ils ne sont pas dieux, ne les craignez donc point.
65 Neque enim régibus maledícent, neque benedícent.
65. Car ils ne maudiront ni ne béniront les rois.
66 Signa
étiam in cælo géntibus non osténdunt : neque ut sol lucébunt, neque
illuminábunt ut luna.
66. Ils ne marquent pas non plus pour les nations les signes dans le ciel, ils ne luiront pas comme le soleil, et ils n’éclaireront pas comme la lune.
67 Béstiæ
melióres sunt illis, quæ possunt fúgere sub tectum ac prodésse sibi.
67. Les bêtes sont meilleures qu’eux ; elles peuvent s’enfuir sous un toit, et être utiles à elles-mêmes.
68 Nullo ítaque modo nobis est maniféstum quia sunt dii : propter quod ne timeátis eos.
68. C’est pourquoi il nous est manifeste qu’ils ne sont dieux en aucune manière ; à cause de quoi ne les craignez point.
69 Nam sicut in cucumerário formído nihil custódit,
ita sunt dii illórum lígnei, et argéntei, et inauráti.
69. Car comme en un champ de concombre un épouvantail ne préserve rien, ainsi sont leurs dieux de bois recouverts d’argent et d’or.
70 Eódem modo et in horto spina alba, supra quam
omnis avis sedet, simíliter et mórtuo projécto in ténebris, símiles sunt dii
illórum lígnei, et inauráti, et inargentáti.
70. De la même manière est dans un jardin l’aubépine, sur laquelle toute espèce d’oiseau se perche. Pareillement, à un mort jeté dans les ténèbres sont semblables leurs dieux de bois et dorés et argentés.
71 A púrpura
quoque et múrice, quæ supra illos tíneant, sciétis ítaque quia non sunt
dii : ipsi étiam postrémo comedúntur, et erunt oppróbrium in regióne.
71. Par la pourpre aussi et par l’écarlate qui est sur eux et que rongent les vers, vous saurez donc qu’ils ne sont pas dieux. Eux-mêmes aussi enfin sont mangés, et ils seront un opprobre dans le pays.
72 Mélior est
homo justus qui non habet simulácra, nam erit longe ab oppróbriis.
72. Mieux vaut l’homme juste qui n’a point de simulacres ; car il sera loin des opprobres.
~
CHAP. VI. 1. Jer. XXV, 9. — 3. Is. XLIV, 10. — 25. Is. XLVI, 7.
1-72. * La lettre de Jérémie a pour but de détourner les Juifs captifs à Babylone, à qui elle est adressée, de l’idolâtrie chaldéenne. Elle renferme une sorte de double refrain qui revient de temps en temps, et en marque les divers alinéas : 14-15, 22, 28, 64, et 39, 44, 55, 63. Jérémie y montre une grande connaissance de la religion babylonienne ; sa lettre est comme un monument archéologique où nous trouvons décrites en détail les statues des dieux chaldéens, ainsi que les cérémonies que l’on suivait pour habiller et déshabiller les idoles. Rien n’était plus propre que cet écrit à faire persévérer les enfants d’Israël dans le culte du vrai Dieu.
2. Sept générations. Chez les anciens, le mot génération représente tantôt cent, tantôt cinquante, trente-trois, dix, et même sept années. Ainsi ces sept générations marquent ici très probablement les soixante-dix années auxquelles Dieu avait fixé la durée de la captivité (Jer. XXV, 11-12 ; XXIX, 20).
3. * Des dieux d’or, etc. Il y avait à Babylone de nombreuses idoles d’or, d’argent, de pierre et de bois, et en certaines circonstances on les portait sur les épaules, comme nous le voyons sur des bas-reliefs du temps des Assyriens.
6. Mon ange ; saint Michel, défenseur du peuple hébreu. Voy. Dan. X, 13, 21 ; XII, 1. — * Je rechercherai vos âmes ; je prendrai soin de votre vie.
7. * Dorés et argentés. Les statues des dieux étaient souvent en bois recouvert de lames d’or ou d’argent.
9. Se les arrogent ; c’est-à-dire s’arrogent l’or et l’argent ; littér. se l’arrogé (illud.) Très souvent, en hébreu, lorsqu’un pronom ou un adjectif ou un participe se rapporte à plusieurs substantifs, il se met au nombre et au genre du dernier. — * Des couronnes d’or sur leurs têtes. Les images des dieux assyro-chaldéens qui sont parvenues jusqu’à nous sont souvent couronnées.
10. Les leur ; littér. le leur. Voy. le verset précédent.
13. Il ; c’est-à-dire un d’eux, ou chacun d’eux ; ce qui est un pur hébraïsme. — * Les monuments assyro-chaldéens représentent les dieux un sceptre à la main.
14. * Une hache. Un bas-relief figure le dieu Bel avec une hache à la main.
21.* Sur leurs têtes volent les hiboux ou les chauves-souris, qui aiment à se retirer dans les endroits sombres et obscurs comme étaient les sanctuaires des anciens temples. Tous ceux qui ont voyagé en Orient ont constaté combien les chauves-souris sont nombreuses, spécialement dans les cavernes, d’où elles forcent quelquefois les curieux de s’enfuir.
24. À tout prix ; jusqu’au prix le plus élevé. — Ils ont été achetés ; dans la Vulgate et les Septante on lit le neutre, soit que les dieux des païens aient été considérés comme de simples choses, et non comme des personnes, soit que le traducteur grec ait fait allusion au mot grec eïdôlon, idole, qui, dans sa langue, aussi bien qu’en latin, est du genre neutre. Cette particularité se présente dans plusieurs autres versets suivants de ce même chapitre. — En qui ; littér. en lesquels, en eux. — Ce pléonasme, qui ne se lit pas dans la version grecque, est imité d’une locution hébraïque où cependant le pléonasme n’existe réellement pas, comme nous l’avons prouvé dans nos Principes de grammaire hébraïque.
25. Ils sont portés, etc. Compar. Is. XLVI, 7.
26. Les, ils, leur ; littér. le, il, lui ; hébraïsme pour chacun, à chacun, ou l’un, à l’un d’eux. Compar. vers. 9. — Présents ; c’est-à-dire repas qu’on apportait à ces dieux, comme on en mettait sur les tombeaux des morts. Compar. Eccli. XXX, 18-19 ; Dan. XIV, 5 et suiv.
28. Les femmes, etc. Chez les Hébreux, toute femme qui se trouvait dans l’un de ces états ne pouvait entrer dans le temple (Lev. XII, 2, 4 ; XV, 19, 33) ; quoique les païens ne fussent pas tenus d’observer cette loi, les Juifs n’en avaient pas moins d’horreur pour ceux qui ne s’y conformaient point.
30. Les prêtres, etc. Ces pratiques de deuil étaient surtout en usage pour honorer le dieu Adonis, dont le culte était répandu non seulement dans l’Égypte, dans la Palestine, dans la Phénicie et la Syrie, mais encore dans la Babylonie et dans les provinces au-delà de l’Euphrate ; elles étaient sévèrement défendues aux prêtres du vrai Dieu (Lev. XXI, 5, 10).
31. Ils rugissent, etc. Dans les repas qui se faisaient en l’honneur des morts, et souvent près du tombeau, les parents manifestaient leur douleur par des cris et des lamentations.
40. * Bel ; le grand dieu chaldéen.
42. Brulant des noyaux d’olive ; en sacrifice. Hérodote dit que les femmes de Babylone offraient un pareil sacrifice à Vénus, une fois en leur vie.
45. Ouvriers en bois. Voy. vers. 7.
48. Avec eux ; c’est-à-dire avec leurs dieux.
50. Il est manifeste ; littér. lesquelles choses sont manifestes.
51. Aucune œuvre, etc. ; c’est-à-dire il n’y a rien de divin en eux.
53. Ils ne discerneront, etc. ; ils ne jugeront pas les différends des hommes par un miracle, comme Dieu fit pour celui qui s’éleva entre Aaron et Coré, Dathan et Abiron (Num. XVI).
69. Un épouvantail qu’on a mis dans un champ effraye d’abord les oiseaux ; mais ils découvrent bientôt ce qu’il est réellement, et dès lors il ne leur inspire plus aucune crainte.
70. * L’aubépine ne nuit pas aux oiseaux qui se perchent sur ses branches et ne les effraie pas.
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