ISAÍAS
*issu
Ingratitude des Israélites. Menace des vengeances du Seigneur contre eux. Ils sont exhortés à la pénitence. Reproches et menaces contre Jérusalem. Rétablissement de celle-ci.
Gloire de Jérusalem, où les nations viennent adorer le Seigneur. Maison de Jacob rejetée. Superbes humiliés. Dieu seul est exalté.
Désolation de Juda et de Jérusalem. Reproches du Seigneur contre les princes de son peuple. Il condamne l’orgueil et le luxe des filles de Sion.
Suite de la désolation de Juda. Germe du Seigneur en gloire. Restes d’Israël sauvés.
Ingratitude des enfants d’Israël. Le Seigneur prend la maison de Juda pour juge entre lui et la maison d’Israël. Maux dont les Israélites seront accablés ; ennemis que Dieu suscitera contre eux.
Isaïe voit la gloire du Seigneur. Le Seigneur l’envoie porter sa parole aux enfants d’Israël et de Juda ; il lui annonce leur endurcissement, et les différentes révolutions qu'ils doivent éprouver.
Le roi de Syrie et le roi d’Israël se liguent contre Jérusalem. Ils ne prévaudront point. La vierge enfantera un fils nommé Emmanuel. Maux qui doivent fondre sur Juda.
Fils qui doit naitre à Isaïe. Désolation prochaine des deux royaumes d’Israël et de Syrie. Désolation de Juda. Vains efforts des ennemis de Juda. Le Seigneur devient une pierre de scandale pour les deux maisons d’Israël et de Juda. Désolation du royaume des dix tribus.
Premiers coups portés sur la maison d’Israël. Délivrance de la maison de Juda. Règne du Messie. Maux qui doivent tomber sur Israël.
Suite des menaces contre Israël. Assur sera exterminé. Les restes d’Israël se convertiront au Seigneur. Marche d’Assur ; sa défaite.
Rejeton de la tige de Jessé. Les nations viennent à lui. Restes d’Israël et de Juda rassemblés et réunis.
Cantique d’actions de grâces sur la délivrance des deux maisons d’Israël et de Juda.
Ruine de Babylone par les Mèdes et les Perses.
Délivrance des enfants de Jacob. Ruine du roi de Babylone. Défaite des Assyriens. Menaces contre les Philistins. Promesses en faveur de Juda.
Vengeance que le Seigneur exercera contre les Moabites. Désolation et ruine de leur pays.
Agneau envoyé de Moab. Ressource offerte aux Moabites. Défaite de Sennachérib. Nouvel éclat du règne d’Ézéchias. Endurcissement des Moabites ; leur prochaine désolation.
Ruine de Damas. Désolation de Samarie. Restes d’Israël convertis au Seigneur. Défaite de Sennachérib.
Malheur à l’Éthiopie, qui croit le Seigneur trop faible pour défendre la maison de Juda. Le peuple de Juda, délivré, viendra offrir des présents au Seigneur.
Maux dont le Seigneur accablera l’Égypte. Autel dédié au Seigneur dans ce pays. L’Égypte menacée et délivrée. Les Égyptiens et les Assyriens unis dans le culte du Seigneur. Les Israélites se joignent à eux.
Captivité des Égyptiens et des Éthiopiens.
Ruine de Babylone. Nuit qui menace l’Idumée. Malheurs qui doivent tomber sur l’Arabie.
Siège de Jérusalem par les Assyriens. Sobna destitué de son office, et remplacé par Eliacim.
Humiliation et transmigration de Tyr. Son rétablissement. Elle consacrera au Seigneur le fruit de son commerce.
Maux qui doivent tomber sur la Judée. Punition de ses ennemis. Rétablissement de Jérusalem.
Cantique d’actions de grâces sur la délivrance du peuple de Juda. Punition des Moabites.
Cantique sur la délivrance du peuple de Juda.
Punition du prince oppresseur des Israélites. Délivrance de ce peuple. « in gladio suo duro, et grandi, et forti »
Ruine du royaume d’Ephraïm. Désolation du royaume de Juda.
Désolation de Jérusalem et de la Judée. Défaite des ennemis. Rétablissement des enfants de Juda.
Vaine confiance de la Judée dans le secours de l’Égypte. Rétablissement de Juda. Défaite de ses ennemis.
Vaine confiance de la Judée dans le secours de l’Égypte. Délivrance de Jérusalem. Défaite de ses ennemis.
Règne de Justice promis à Juda. Désolation de la Judée. Son rétablissement. Ruine de ses ennemis.
Ruine des ennemis de Juda. Délivrance du peuple. Gloire de Jérusalem.
Vengeance du Seigneur contre les nations, et en particulier contre l’Idumée.
Rétablissement de la Judée. Biens promis aux fils de Juda.» affermissez les genoux débiles. »
Sennachérib marche contre la Judée. Députation de Rabsacés vers Ézéchias. Discours insolent de cet envoyé.
Consternation d’Ézéchias. Isaïe le rassure. Blasphèmes de Sennachérib. Prière d’Ézéchias. Isaïe lui promet le secours du Seigneur. L’ange du Seigneur extermine l’armée de Sennachérib.
Maladie d’Ézéchias. Sa guérison miraculeuse. Rétrogradation du soleil. Cantique d’Ézéchias.
Ézéchias montre ses trésors aux députés du roi de Babylone. Il en est repris par Isaïe.
Délivrance d’Israël. Voix qui se fait entendre dans le désert. Manifestation du Seigneur, sa grandeur, sa puissance. Bonheur de ceux qui persévèrent dans l’attente du Seigneur.
Règne du juste. Ses conquêtes. Délivrance d’Israël. Ruine de Babylone. Vanité et impuissance des idoles.
Caractère du libérateur d’Israël. Félicité des peuples sous son règne. Ruine de Babylone. Délivrance d'Israël. Aveuglement de ce peuple. Sa captivité.
Conservation et délivrance d’Israël. Le Seigneur est le seul Dieu. Ruine de Babylone. Délivrance et ingratitude d’Israël. « moi, je t’ai aimé »
Rétablissement d’Israël. Le Seigneur est le seul Dieu. Vanité des idoles. Règne de Cyrus. Prise de Babylone. Rétablissement de Jérusalem.
Victoires de Cyrus, règne de justice. Délivrance d’Israël. Le Seigneur reconnu par les nations. Il est le seul Dieu véritable. Tous les peuples le reconnaitront ; tout Israël se glorifiera en lui.
Ruine des idoles de Babylone. Israël protégé du Seigneur. Le Seigneur est le seul Dieu véritable ; tous ses desseins s’accomplissent. Dieu promet le salut à Sion.
Ruine de Babylone Punition de sa dureté, de son orgueil et de sa fausse sagesse.
Reproches contre Israël. Sa délivrance gratuite. Promesse d’un libérateur, c’est-à-dire du Messie figuré par Cyrus. Délivrance d'Israël.
Le messie rejeté par Israël et envoyé aux nations. Délivrance d'Israël. Plainte de Sion. Son rétablissement. Ruine de ses ennemis.
Israël est vendu pour ses iniquités ; Dieu est tout-puissant pour le délivrer. Le Messie exposé aux insultes. Ruine de ses ennemis.
Rétablissement de Sion. Délivrance d’Israël. Ruine de ses ennemis. Jérusalem consolée, ses ennemis humiliés.
Délivrance et rétablissement de Jérusalem. Envoyé qui annonce le règne du Dieu de Sion. Sentinelles qui annoncent le retour des enfants de Sion. Gloire et humiliation du Messie. Le Messie reconnu par les nations.
Le Messie méconnu par son peuple. Naissance obscure du Messie. Ses humiliations, ses souffrances, sa mort. Sa vie nouvelle, sa longue postérité, les succès de son ministère.
Jérusalem rétablie ; multitude de ses habitants ;étendue de sa puissance ; alliance du Seigneur avec elle ;magnificence de sa structure ; vains efforts de ses ennemis.
Tous les hommes sont appelés à la foi et à la pénitence. Dieu miséricordieux et véritable dans ses promesses. Bonheur de ceux qui reviennent à Dieu.
Bonheur de ceux qui observent les commandements de Dieu. L’étranger et l’eunuque reçus parmi le peuple du Seigneur. Reproches contre les pasteurs et les gardes de Jérusalem.
Mort du juste. Reproche aux Juifs idolâtres. Retour du peuple de sa captivité. Malheur aux méchants.
Hypocrisie des Juifs condamnée. Leurs faux jeûnes. Manière de bien observer le sabbat. Récompense de ceux qui l’observent fidèlement.
Infidélité d’Israël, obstacle à sa délivrance. Vengeance du Seigneur contre Babylone et ses alliés. Délivrance d’Israël.
Rétablissement de Jérusalem. Les nations se soumettent à elle. Sa gloire, sa joie, ses richesses, sa paix.
Mission du prophète ou plutôt du Messie. Délivrance et rétablissement d’Israël.
Zèle du prophète pour Jérusalem. Gloire de Jérusalem. Gardes établis sur ses murs. Paix d’Israël, sa délivrance. Peuple saint. Ville chérie.» et ton Dieu se réjouira en toi. »
Vainqueur qui sort de l’Idumée tout couvert de sang. Reconnaissance des miséricordes du Seigneur sur Israël. Aveu de l’infidélité de ce peuple. Vœu pour son entière délivrance. « Quel est celui qui vient d’Édom, de Bosra ? »
Vœu pour la délivrance d’Israël. Aveu de l’infidélité de ce peuple. Instance pour son rétablissement.» Oh ! si vous ouvriez les cieux, si vous descendiez ! »
Conversion des gentils. Incrédulité des Juifs. Vengeance du Seigneur sur ce peuple. Restes sauvés par grâce. Bénédiction du Seigneur sur ses serviteurs. Nouveau monde. Félicité de Jérusalem.
Temple et sacrifice des Juifs rejetés. Vengeance du Seigneur contre ce peuple. Sion enfante un peuple fidèle. Le Seigneur se fait connaitre aux nations. Race nouvelle qui subsistera éternellement.
²
Isaïe, en hébreu, Yescha ῾yahu (Jéhova sauve), était fils d’Amos, et d’après une tradition rabbinique, neveu, par son père, du roi Amasias. Il était originaire de Juda et habitait Jérusalem. Il passa sa vie dans la capitale, au centre même de la vie politique et religieuse de Juda, et non dans un village perdu, comme son contemporain Michée, ni errant çà et là, dans toute la Palestine, comme Elie et Élisée, ou prenant soin de ses troupeaux, comme Amos, le berger de Thécué. C’est le premier prophète vivant dans la cité sainte, dont les écrits nous soient restés. Il prophétisa sous les rois Ozias, Joathan, Achaz et Ézéchias. Sa première vision eut lieu l’année de la mort d’Ozias (758) ; la dernière prophétie de lui, dont nous connaissions la date, est de la quatorzième année d’Ézéchias (712), Is. XXXVI-XXXIX. On croit qu’il vécut jusque sous le règne de Manassé, qui le fit mourir par le supplice de la scie. Outre ses prophéties, il avait écrit les Annales du roi Ozias, aujourd’hui perdues.
Pendant les seize ans du règne de Joathan (758-742), Isaïe parut rarement sur la scène ; aucune prophétie n’est datée de cette époque ; sous Achaz (742-727), il intervint dans une circonstance importante, au moment où Razin, roi de Syrie, et Phaceé, roi d’Israël, menaçaient Jérusalem ; il contribua sans doute efficacement à faire échouer le projet des ennemis ; ce fut surtout du temps d’Ézéchias (727-698) qu’il exerça avec le plus de succès et d’éclat son ministère prophétique. On a soutenu, mais sans preuve, qu’il avait élevé ce saint roi, comme Nathan avait élevé Salomon. Ce qui est certain, c’est qu’il fut son ami et son conseiller. Il ranima son courage pendant une grave maladie, et il releva sa confiance en Dieu, ainsi que celle de son peuple, au moment de l’invasion de Sennachérib. Il sut aussi faire entendre au fils d’Achaz des paroles sévères de la part de Dieu, lorsque ce prince, cédant à un mouvement de vaine complaisance, étala ses trésors aux ambassadeurs du roi de Babylone. À partir de ces grands évènements, nous ne voyons plus apparaitre Isaïe sur la scène politique. La tradition plaçait son tombeau à Paneas, dans le pays de Basan ; c’est de là que ses reliques furent transportées à Constantinople, en 442, sous le règne de l’empereur Théodose II.
Isaïe occupe dans la Bible la première place parmi les prophètes. Ce rang d’honneur lui appartient, non par droit d’ancienneté, — Joël, Jonas, Amos, Osée, ont vécu avant lui, — mais par droit de mérite, comme au plus grand de tous, par l’étendue et l’importance de ses révélations, aussi bien que par l’éclat incomparable de son style. Aucun autre prophète n’a embrassé un aussi vaste horizon ni touché à tant de sujets ; aucun autre n’a vu avec autant de clarté et de précision autour de lui et dans le lointain des âges. Il est le grand prophète, comme S. Paul est le grand apôtre. Placé à égale distance, dans le temps, de Moïse et de Jésus-Christ, vivant à une des époques les plus critiques de l’histoire du peuple de Dieu, au moment où la race de Jacob était menacée d’être écrasée entre les deux puissances rivales qui se disputaient alors l’empire du monde, l’Égypte et l’Assyrie, il fut le continuateur de l’œuvre de Moïse, la force et le soutien de son roi et de ses frères, comme le boulevard de leur nationalité. C’est le témoignage que lui rend le Saint-Esprit lui-même dans l’Ecclésiastique. Il prépara en outre, plus qu’aucun autre prophète, l’avènement du Messie. Il a décrit d’une manière si exacte les principales circonstances de la vie de Notre-Seigneur, que S. Jérôme a dit de lui avec raison qu’on devrait l’appeler plutôt un évangéliste qu’un prophète.
Le style d’Isaïe est digne de ses prophéties. « Jamais peut-être aucun homme n’a parlé un plus beau langage », a dit Seinecke. Comme tous les génies, il unit la grandeur à la simplicité : rien de plus sublime et en même temps rien de plus naturel, de plus clair et de plus limpide. Son éloquence est pleine de mouvement et de poésie, sans aucun trait forcé ou exagéré ; elle coule à pleins bords, calme et majestueuse, comme un large fleuve, mais sans sortir de ses rives. Isaïe n’a point des élans de passion comme Joël et Nahum, ses transports ne sont pas impétueux et saccadés comme ceux d’Osée ou d’Amos, et il produit néanmoins une impression plus profonde, parce qu’il sait varier son langage à l’infini et prendre toujours le ton qui convient à son sujet ; tour à tour tendre et sévère ; persuasif et irrésistible, comme une mère, dans ses exhortations ; foudroyant et terrible, comme un juge dans ses menaces.
Son style est coulant, rapide, vif, énergique, coloré. Ses transitions, comme en général chez les Orientaux, ne sont pas ménagées ; elles entraveraient sa marche ; il va droit à son but, et les énumérations sont chez lui fort rares. Ce qui le caractérise, c’est la noblesse, l’éclat, la sublimité, mais il réunit à lui seul les diverses qualités que les autres se partagent. David est un poète lyrique dans les Psaumes, Jérémie un poète élégiaque dans ses Lamentations, Ézéchiel un poète descriptif dans ses grandes visions ; Isaïe est tout à la fois un poète lyrique, élégiaque et descriptif. Il excelle dans tous les genres, et quoiqu’on ne puisse l’apprécier comme il le mérite que dans l’original, ses beautés sont telles qu’elles sont encore visibles et saisissantes jusqu’à travers nos traductions décolorées en langues occidentales. Quel tableau plus achevé que celui de la vision du ch. VI : « En l’année à laquelle est mort le roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône haut et élevé, et ce qui était sous lui remplissait le temple. Des Séraphins étaient au-dessus du trône ; l’un avait six ailes et l’autre six ailes ; avec deux ils voilaient leur face, et avec deux ils voilaient les pieds, et avec deux ils volaient. Et ils se criaient l’un à l’autre : Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu des armées, toute la terre est pleine de sa gloire. Et les linteaux des gonds furent ébranlés par la voix des anges qui criaient, et la maison fut remplie de fumée. » Le prophète inspiré de Dieu a fait, en quelques coups de pinceau, un chef-d’œuvre où rien ne manque.
Aucun poète élégiaque n’a trouvé de traits plus touchants, qu’Isaïe, dépeignant dans le ch. V l’ingratitude d’Israël envers son Dieu :
Habitants de Jérusalem, hommes de Juda,
Jugez vous-mêmes entre moi et ma vigne.
Qu’ai-je pu faire à ma vigne que je n’aie point fait ? etc.
L’Ecclésiaste lui-même n’a pas trouvé de termes plus expressifs et d’une mélancolie plus touchante pour décrire la vanité de la vie :
Une voix me dit : Crie.
Et j’ai répondu : Que crierai-je ?
— Toute chair est de l’herbe
Et sa beauté est comme la fleur des champs.
L’herbe sèche, la fleur tombe,
Quand souffle le vent du Seigneur.
Oui, ce peuple n’est que de l’herbe.
L’herbe sèche, la fleur tombe,
Mais la parole de notre Dieu subsiste à jamais.
Toute la seconde partie, XL-LXVI, est pleine d’un lyrisme divin. Jamais l’enthousiasme ne s’est élevé plus haut ; Isaïe fait entendre des accents jusque-là inconnus, il exprime ses idées avec un éclat incomparable ; il a des élans superbes ; la richesse de son imagination est inépuisable ; sa palette est chargée des couleurs les plus vives, mais dans ses tableaux, tout est bien fondu, rien ne heurte et ne choque.
Lève-toi, illumine-toi (Jérusalem), ta lumière s’avance
Et la gloire du Seigneur se lève sur toi.
Les ténèbres couvrent la terre, et l’obscurité, les nations,
Mais le Seigneur parait et sa gloire t’illumine…
Lève les yeux, regarde de tous côtés :
(Les peuples) s’assemblent, ils viennent à toi…
Les dromadaires de Madian et d’Epha,
Ceux de Saba accourent ;
Ils apportent l’or et l’encens, etc. Is. LX, 1-6.
Le livre d’Isaïe est une collection de prophéties faites en différents temps et dans des circonstances diverses. Il ne forme donc pas un tout suivi, une composition rigoureusement enchainée, comme le livre de Job, par exemple ; c’est un recueil, non une œuvre d’un seul jet. Il y a cependant un ordre et un plan dans ce recueil.
On distingue deux parties bien marquées dans Isaïe. La première embrasse les trente-neuf premiers chapitres ; elle comprend des oracles composés à des époques diverses et sur des sujets variés, sous les règnes d’Ozias, de Joathan, d’Achaz et d’Ézéchias. La seconde est contenue dans les ch. XL-LXVI ; elle s’occupe, d’une manière suivie, de l’avènement du Rédempteur d’Israël, elle forme un ensemble complet et coordonné et se rattache étroitement à la première. La première elle-même, quoiqu’elle renferme des morceaux d’époques différentes, ne manque pas d’ordre et d’enchainement. Les prophéties qu’elle nous a conservées sont classées chronologiquement, non pas toutefois d’une manière rigoureuse et absolue, parce que le prophète a aussi tenu compte de la nature des sujets dans la classification qu’il a adoptée.
La lecture des prophéties d’Isaïe et une de celles qui ont toujours été le plus recommandées dans l’Église, parce qu’elle est très propre à instruire et à édifier en développant dans les cœurs les sentiments de la foi et de la piété. Quand S. Augustin, au moment de sa conversion, demanda à S. Ambroise quel livre il devait lire : Isaïe, lui répondit-il.
On peut y puiser un grand nombre d’instructions ; nous allons en indiquer seulement quelques-unes.
Toutes les exhortations, tous les conseils d’Isaïe n’ont qu’un but, c’est de faire servir Dieu avec fidélité. Celui qui ne se confie pas en Dieu, mais dans les idoles, celui, pouvons-nous dire, qui viole la loi de Dieu pour satisfaire ses passions, sera un jour confondu. Dieu seul est digne de nos hommages. — Le culte que Dieu demande est le culte intérieur et non pas seulement l’extérieur. Isaïe, après avoir entendu les Séraphins chanter dans le ciel le trisagion, nous recommande d’honorer la sainteté de Dieu. Nous devons mettre notre confiance en Dieu, dans nos nécessités corporelles aussi bien que dans nos nécessités spirituelles.
Le livre d’Isaïe est plein d’enseignements moraux. À cause de l’état de dépravation dans lequel des rois idolâtres avaient fait tomber le peuple, I, 5-6, il condamne le vice plus souvent qu’il ne recommande la vertu, mais la censure qu’il inflige au mal est l’éloge du bien. Il prêche souvent la conversion aux pécheurs, il leur reproche leur ingratitude envers Dieu, le peu de profit qu’ils retirent des avertissements qu’il leur fait donner par ses prophètes, leur luxe effréné, leurs injustices, leur avarice et leur cupidité, leur intempérance, leur orgueil et leur présomption. Il est facile à chacun, en lisant Isaïe, de recueillir et de coordonner une multitude de passages semblables, également utiles pour l’édification personnelle et pour l’instruction des autres.
Nous devons d’ailleurs chercher toujours dans ce prophète, même dans les parties historiques et dans les oracles contre les nations étrangères, Jésus-Christ, son Église et leur triomphe sur leurs ennemis.
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ISAÏE
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Ingratitude des Israélites. Menace des vengeances du Seigneur contre eux. Ils sont exhortés à la pénitence. Reproches et menaces contre Jérusalem. Rétablissement de celle-ci.
1Vísio
Isaíæ, fílii Amos, quam vidit super Judam et
Jerúsalem, in diébus Ozíæ, Jóathan,
Achaz, et Ezechíæ, regum Juda.
1. Vision d’Isaïe, fils d’Amos, qu’il a vue touchant Juda et Jérusalem, dans les jours d’Ozias, de Joathan, d’Achaz et d’Ézéchias, rois de Juda.
2 Audíte, cæli, et áuribus pércipe, terra,
2. Écoutez, cieux, et prête l’oreille, terre,
quóniam Dóminus locútus est.
parce que le Seigneur a parlé.
Fílios enutrívi, et exaltávi ;
J’ai nourri des fils et je les ai élevés,
ipsi autem sprevérunt me.
mais eux m’ont méprisé.
3 Cognóvit bos possessórem suum,
3. Un bœuf connait son possesseur,
et ásinus præsépe dómini
sui ;
un âne l’étable de son maitre ;
Israël autem me non
cognóvit,
mais Israël ne m’a pas connu,
et pópulus meus non intelléxit.
et mon peuple n’a pas eu d’intelligence.
4 Væ genti peccatríci,
4. Malheur à la nation pécheresse,
pópulo gravi iniquitáte,
au peuple chargé d’iniquité,
sémini nequam, fíliis scelerátis !
à la race perverse, aux enfants scélérats ;
dereliquérunt Dóminum ;
ils ont abandonné le Seigneur,
blasphemavérunt Sanctum Israël ;
ils ont blasphémé le saint d’Israël,
abalienáti sunt retrórsum.
ils sont retournés en arrière.
5 Super quo percútiam vos ultra,
addéntes prævaricatiónem ?
5. Où vous frapperai-je encore, vous qui ajoutez à la prévarication ?
omne caput lánguidum,
toute tête est languissante,
et omne cor mœrens.
et tout cœur abattu.
6 A planta pedis usque ad vérticem,
6. De la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête,
non est in eo sánitas ;
rien en lui n’est sain ;
vulnus, et livor, et plaga
tumens,
c’est blessure, meurtrissure, plaie enflammée,
non est circumligáta, nec curáta medicámine,
qui n’a été ni bandée, ni pansée,
neque fota óleo.
ni adoucie par l’huile.
7 Terra vestra desérta ;
7. Votre terre est déserte,
civitátes vestræ succénsæ igni :
vos cités brulées par le feu ;
regiónem
vestram coram vobis aliéni dévorant,
votre pays, devant vous, des étrangers le dévorent,
et desolábitur sicut in
vastitáte hostíli.
et il sera désolé comme dans une dévastation de l’ennemi.
8 Et derelinquétur fília Sion
8. Et la fille de Sion sera laissée
ut umbráculum in vínea,
comme un berceau dans une vigne,
et sicut tugúrium in cucumerário,
comme une cabane dans un champ de concombres,
et sicut cívitas quæ vastátur.
comme une cité qui est livrée au pillage.
9 Nisi Dóminus exercítuum
9. Si le Seigneur des armées
reliquísset nobis semen,
ne nous avait réservé un rejeton,
quasi Sódoma fuissémus,
nous aurions été comme Sodome,
et quasi Gomórrha símiles
essémus.
nous serions devenus semblables à Gomorrhe.
10 Audíte verbum Dómini,
10. Écoutez la parole du Seigneur,
príncipes Sodomórum ;
princes de Sodome ;
percípite áuribus legem Dei nostri,
prêtez l’oreille à la loi de notre Dieu,
pópulus Gomórrhæ.
peuple de Gomorrhe.
11 Quo mihi multitúdinem
victimárum vestrárum ?
11. Qu’ai-je à faire de la multitude de vos victimes ?
dicit Dóminus.
dit le Seigneur.
Plenus sum : holocáusta aríetum,
Je suis rassasié ; les holocaustes des béliers,
et ádipem pínguium,
et la graisse des animaux gras,
et sánguinem vitulórum
et le sang des veaux
et agnórum et hircórum, nólui.
et des agneaux et des boucs, je n’en veux point.
12 Cum venirétis ante conspéctum meum,
12. Lorsque vous êtes venus en ma présence,
quis quæsívit hæc de mánibus
vestris,
qui a demandé ces choses de vos mains,
ut ambularétis in átriis
meis ?
afin que vous vous promeniez dans mes parvis ?
13 Ne offerátis ultra sacrifícium frustra :
13. Ne m’offrez plus de sacrifice en vain ;
incénsum abominátio est mihi.
l’encens m’est en abomination.
Neoméniam et sábbatum, et
festivitátes álias, non feram ;
Ma néoménie, le sabbat et les autres fêtes, je ne les souffrirai point ;
iníqui sunt cœtus vestri.
vos assemblées sont iniques.
14 Caléndas vestras, et
solemnitátes vestras odívit ánima mea :
14. Vos calendes, et vos solennités, mon âme les hait :
facta sunt
mihi molésta ; laborávi sústinens.
elles me sont devenues à charge ; j’ai peine à les souffrir.
15 Et cum extendéritis manus
vestras, avértam óculos meos a vobis,
15. Et lorsque vous étendrez vos mains, je détournerai mes yeux de vous ;
et cum multiplicavéritis
oratiónem, non exáudiam :
lorsque vous multiplierez la prière,
manus enim vestræ sánguine plenæ sunt.
je n’exaucerai pas ; car vos mains sont pleines de sang.
16 Lavámini, mundi estóte ;
16. Lavez-vous, purifiez-vous,
auférte malum cogitatiónum vestrárum
ôtez le mal de vos pensées
ab óculis meis :
de devant mes yeux ;
quiéscite ágere pervérse,
cessez d’agir avec perversité ;
17 díscite benefácere ;
17. Apprenez à bien faire, cherchez la justice,
quǽrite judícium, subveníte opprésso,
venez au secours de l’opprimé,
judicáte pupíllo, deféndite víduam.
jugez l’orphelin, défendez la veuve.
18 Et veníte, et argúite me, dicit Dóminus.
18. Et venez, et accusez-moi, dit le Seigneur :
Si fúerint
peccáta vestra ut cóccinum,
si vos péchés sont comme l’écarlate,
quasi nix dealbabúntur ;
comme la neige ils deviendront blancs,
et si fúerint rubra quasi
vermículus,
et s’ils sont rouges comme le vermillon,
velut lana alba erunt.
comme la laine ils seront blancs.
19 Si voluéritis, et audiéritis me,
19. Si vous voulez, et que vous m’écoutiez,
bona terræ coméditis.
vous mangerez les biens de la terre.
20 Quod si noluéritis, et me ad iracúndiam
provocavéritis,
20. Que si vous ne voulez pas, et que vous me provoquiez au courroux,
gládius devorábit vos,
le glaive vous dévorera,
quia os
Dómini locútum est.
parce que la bouche du Seigneur a parlé.
21 Quómodo facta est méretrix
21. Comment est devenue une prostituée
cívitas fidélis, plena judícii ?
la cité fidèle et pleine de jugement ?
justítia habitávit in ea,
la justice a habité en elle,
nunc autem homicídæ.
mais maintenant ce sont des meurtriers.
22 Argéntum tuum versum est in scóriam ;
22. Ton argent s’est converti en scorie ;
vinum tuum mistum est aqua.
ton vin a été mêlé d’eau.
23 Príncipes tui infidéles,
23. Tes princes sont infidèles,
sócii furum.
compagnons de voleurs ;
Omnes díligunt múnera,
tous aiment les présents
sequúntur retributiónes.
et poursuivent les récompenses.
Pupíllo non júdicant,
Ils ne rendent pas justice à l’orphelin,
et causa víduæ non ingredítur
ad illos.
et la cause de la veuve n’a pas d’accès auprès d’eux.
24 Propter hoc ait Dóminus,
24. À cause de cela, dit le Seigneur
Deus exercítuum, Fortis Israël :
Dieu des armées, le fort d’Israël :
Heu ! consolábor super hóstibus meis,
Ah ! je me consolerai sur mes ennemis,
et vindicábor de inimícis meis.
je me vengerai de ceux qui me sont opposés.
25 Et convértam manum meam ad te,
25. Et je tournerai ma main vers toi,
et éxcoquam ad puram scóriam tuam,
et j’épurerai par le feu tes scories,
et áuferam omne stannum tuum.
et j’enlèverai l’alliage qui est en toi.
26 Et restítuam júdices tuos ut fúerunt prius,
26. Et je rétablirai tes juges comme ils furent d’abord,
et consiliários tuos sicut antíquitus ;
et tes conseillers comme anciennement ;
post hæc vocáberis cívitas justi,
après cela tu seras appelée la cité du juste,
urbs fidélis.
ville fidèle.
27 Sion in judício redimétur,
27. Sion, par le jugement, sera rachetée,
et redúcent eam in justítia.
et on la ramènera par la justice ;
28 Et cónteret sceléstos, et peccatóres simul ;
28. Et le Seigneur brisera les scélérats et les pécheurs tous ensemble ;
et qui dereliquérunt Dóminum
consuméntur.
et ceux qui ont abandonné le Seigneur seront consumés.
29 Confundéntur enim ab idólis quibus sacrificavérunt,
29. Car ils seront confondus par les idoles auxquelles ils ont sacrifié ;
et erubescétis super hortis quos elegerátis,
et vous rougirez des jardins que vous aviez choisis,
30 cum fuéritis velut quercus defluéntibus fóliis,
30. Lorsque vous serez comme un chêne
et velut hortus absque aqua.
dont les feuilles tombent et comme un jardin sans eau.
31 Et erit fortitúdo vestra ut favílla stuppæ,
31. Et votre force sera comme la cendre chaude de l’étoupe,
et opus vestrum quasi
scintílla,
et votre œuvre comme une étincelle ;
et succendétur utrúmque simul,
et ils s’embraseront l’un et l’autre ensemble,
et non erit qui extínguat.
et il n’y aura personne qui l’éteigne.
~
CHAP. I. 3. (propríetas) I Cor. III, 22 ; I Cor. VI, 19. — 7. Infra. V, 6. — 9. Rom. IX, 29 ; Gen. XIX, 24. — 11. Jer. VI, 20 ; Am. V, 22. — 15. Infra. LIX, 3. — 16. I Petr. III, 11. — 23. Jer. V, 28. — Malach. III, 2.
1-3 et suiv. * Première partie d’Isaïe, I-XXXIX. — Elle contient les prophéties du temps d’Ozias, de Joathan et d’Achaz, et les oracles contre les nations étrangères. Elle se subdivise en quatre groupes. — Le premier, I-VI, renferme les oracles relatifs au peuple de Dieu, datant du temps d’Ozias et de Joathan. — Le second groupe comprend les prophéties du temps d’Achaz, VII-XII. Leur sujet principal est la venue du Messie, désigné sous le nom d’Emmanuel, d’où le nom de livre d’Emmanuel donné aux chapitres VII-XII. — Le troisième groupe, XIII-XXVII, est un recueil de prophéties contre les nations étrangères. — Le quatrième groupe, XXVIII-XXXIX, embrasse les prophéties faites sous Ézéchias, jusqu’à l’époque de la destruction de l’armée de Sennachérib. Elles ont trait, pour la plupart, à l’invasion assyrienne. — I. Le premier groupe contient quatre prophéties détachées. — 1° Il s’ouvre par une sorte de prologue, I, qui est comme la préface de la collection entière. — 2° Les ch. II-IV renferment un oracle sur Juda, dont ils nous font connaitre la mission, l’infidélité, le châtiment et enfin le triomphe par l’avènement du Messie. — 3° Le chapitre V nous représente le royaume de Juda comme la vigne du Seigneur. — 4° Le ch. VI raconte la vocation d’Isaïe au ministère prophétique. — Les règnes d’Ozias (809-758), et de Joathan (758-742), sous lesquels Isaïe écrivit d’abord, furent prospères et florissants, mais la paix et le bien-être amenèrent le luxe et la corruption. C’est là ce qu’attaque principalement le prophète à cette époque de sa vie.
1. Vision ; c’est-à-dire révélation ; chose vue, non par les yeux du corps, mais par ceux de l’esprit. C’est pourquoi, dans le principe, les prophètes s’appelaient, chez les Hébreux, voyants (I Reg. IX, 9). — Au temps d’Ozias, etc. L’histoire de ces rois est rapportée dans IV Reg. XV, XVI, XVIII, XIX, XX. — * 1° Prologue des prophéties d’Isaïe, I. — En tête du premier chapitre d’Isaïe, I, 1, nous lisons le titre, le sujet, et la date de tout le recueil. Cf. II Par. XXXII, 32. Le recueil est appelé vision, c’est-à-dire révélation, dans le sens collectif, pour indiquer que les oracles qu’il contient sont une collection de visions intellectuelles ou révélations surnaturelles. L’objet en est Juda et Jérusalem, car quoique le prophète parle d’Israël et de toutes les autres nations connues de son temps, c’est toujours relativement aux Juifs. — D’après la chronologie la plus généralement reçue, Ozias mourut en 758, et c’est pendant la dernière année de ce roi qu’Isaïe, VI, 1, commença à prophétiser ; Joatham régna de 758 à 742 ; Achaz de 742 à 727 ; Ézéchias de 727 à 698.
2-31. * Les versets 2-31 sont comme la préface de tout le livre. L’époque où cette préface a été composée est incertaine. Les vers. 7-8 indiquent une époque pendant laquelle le royaume de Juda était ravagé par une armée étrangère. Il eut à subir trois invasions, du temps d’Isaïe, la première à la fin du règne de Joathan, et la seconde sous Achaz, l’une et l’autre de la part des Israélites et des Syriens, IV Reg. XV, 37 ; XVI, 5 ; cf. Is. VI, 1, la troisième sous Ézéchias, de la part des Assyriens, IV Reg. XVIII, 13 ; Is. XXXVI. La plupart des commentateurs pensent avec vraisemblance que le ch. I date de la première invasion. — Le peuple n’a été sensible ni aux bienfaits que Dieu lui a accordés pendant les règnes d’Ozias et de Joathan (2-3), ni aux calamités qui viennent de fondre sur lui (4-9) ; il ne reste donc au Seigneur qu’à livrer son peuple au châtiment qu’il mérite et à le purifier par le feu de la tribulation, pour se faire ensuite du petit reste qui survivra un peuple selon son cœur (10-31). Les versets 24-31 se rapportent spécialement au Messie.
2. Écoutez, etc. Dieu avait en vue, dans ces prophéties, non seulement les juifs, mais les chrétiens eux-mêmes, puisque saint Paul dit que toutes ces choses ont été écrites pour nous être un avertissement, à nous, pour qui est venue la fin des temps (I Cor. X, 11), et encore que tout ce qui a été écrit, a été écrit pour notre instruction (Rom. IV, 4). — * Le vers. 1 est le titre général du livre et de la collection des prophéties d’Isaïe. La première prophétie commence au vers. 2.
4. * Le Saint d’Israël ; Dieu. L’idée de la sainteté de Dieu revient souvent dans les prophéties d’Isaïe. Voir VI, 3. La sainteté est le contraire du péché. Le saint est le juste et le pur, qui est au-dessus des autres par ses perfections. Dieu est le saint par excellence.
6. * Ni adoucie par l’huile. L’huile était le remède employé ordinairement pour guérir les plaies. Voir Luc. X, 34.
7. * Des étrangers ; des ennemis, probablement les Syriens, les Philistins et les Iduméens unis aux dix tribus schismatiques. IV Reg. XVI, 5.
8. La fille de Sion ; c’est-à-dire Jérusalem. Les Orientaux appellent filles les capitales et les villes d’un pays.
9. Si te Seigneur, etc. Saint Paul rappelle ce texte en parlant des restes fidèles d’entre les Juifs que Dieu réserva par grâce au temps de l’Évangile, tandis que la multitude demeura dans l’incrédulité, et attira sur elle la colère du Seigneur (Rom. IX, 29). — * Comme Sodome. Voir la note sur Gen. XIII, 10.
14. * Vos calendes, le sacrifice du commencement du mois.
15. * Lorsque vous étendrez vos mains. On étendait les mains pour prier.
18. * Les Hébreux considéraient le rouge foncé, ainsi que le noir et la nuit, comme le symbole du mal et du péché, tandis que le blanc, le jour et la lumière étaient les emblèmes du bien et du beau.
25. * Tes scories, les scories de l’argent, dont il est parlé au vers. 22, image des péchés d’Israël. — Le texte original dit que l’épuration sera faite avec du kali ou de la potasse. Voir Prov. XXV, 20.
26. Et je rétablirai, etc. Ce rétablissement peut regarder, selon la lettre, le renouvellement de Jérusalem sous le règne d’Ézéchias ; mais ce renouvellement n’était que la figure de ce qui devait arriver sous Jésus-Christ et dans son Église, qui est la vraie cité du juste, la ville vraiment fidèle.
29. Des jardins, etc. Compar. LXV, 3, où il est parlé de ces jardins dans lesquels se commettaient les actions les plus honteuses.
²
Gloire de Jérusalem, où les nations viennent adorer le Seigneur. Maison de Jacob rejetée. Superbes humiliés. Dieu seul est exalté.
1 Verbum quod vidit Isaías, fílius Amos, super Juda et Jerúsalem.
1. Parole qu’a vue Isaïe, fils d’Amos, touchant Juda et Jérusalem.
2 Et erit in novíssimis diébus :
2. Et il arrivera dans les derniers jours
præparátus mons domus Dómini
que la montagne préparée pour la demeure du Seigneur
in vértice móntium,
sera établie sur le sommet des montagnes,
et elevábitur super colles ;
et elle sera élevée au-dessus des collines,
et fluent ad eum omnes gentes,
et tous les peuples y afflueront.
3 et ibunt pópuli multi, et dicent :
3. Et beaucoup de peuples iront et diront :
Veníte, et ascendámus ad montem
Dómini,
Venez, et montons à la montagne du Seigneur,
et ad domum Dei Jacob ;
et à la maison du Dieu de Jacob,
et docébit nos vias suas,
et il nous enseignera ses voies,
et ambulábimus in sémitis ejus,
et nous marcherons dans ses sentiers ;
quia de Sion exíbit lex,
car de Sion sortira la loi,
et verbum Dómini de Jerúsalem.
et la parole du Seigneur de Jérusalem.
4 Et judicábit gentes,
4. Et il jugera les nations,
et árguet pópulos multos ;
et il convaincra beaucoup de peuples ;
et conflábunt gládios suos in vómeres,
et de leurs glaives ils forgeront des socs de charrue,
et lánceas suas in falces.
et de leurs lances des faux ;
Non levábit gens contra gentem
gládium,
une nation ne lèvera pas le glaive contre une autre nation,
nec exercebúntur ultra ad prǽlium.
elles ne s’exerceront plus au combat.
5 Domus Jacob, veníte,
5. Maison de Jacob, venez,
et ambulémus in lúmine Dómini.
et marchons à la lumière du Seigneur.
6 Projecísti enim pópulum tuum,
6. Car vous avez rejeté votre peuple,
domum Jacob,
la maison de Jacob ;
quia repléti sunt ut olim,
car ils ont été remplis comme autrefois,
et augéres habuérunt ut Philísthiim,
et ils ont eu des augures comme les Philistins,
et púeris aliénis adhæsérunt.
et qu’ils se sont attachés à des enfants étrangers.
7 Repléta est terra argénto et auro,
7. Sa terre est remplie d’argent et d’or ;
et non est finis thesaurórum
ejus.
et il n’y a pas de bornes à ses trésors ;
8 Et repléta est terra ejus equis,
8. Et sa terre est remplie de chevaux,
et innumerábiles quadrígæ ejus.
et ses quadriges sont innombrables.
Et repléta est terra ejus
idólis ;
Et sa terre est remplie d’idoles ;
opus mánuum suárum adoravérunt,
ils ont adoré l’ouvrage de leurs mains,
quod fecérunt dígiti eórum.
l’ouvrage qu’ont fait leurs doigts.
9 Et incurvávit se homo,
9. Et l’homme du peuple s’est courbé,
et humiliátus est vir ;
et l’homme de condition est humilié ;
ne ergo dimíttas eis.
ne leur pardonnez donc point.
10 Ingrédere in petram, et abscóndere in fossa humo
10. Entre dans la pierre, et cache-toi dans les creux de la terre,
a fácie
timóris Dómini, et a glória majestátis ejus.
par la crainte du Seigneur et de la gloire de sa majesté.
11 Oculi sublímes hóminis humiliáti sunt,
11. Les yeux altiers de l’homme du peuple ont été humiliés,
et incurvábitur altitúdo virórum ;
et la fierté des hommes de condition sera abaissée ;
exaltábitur autem Dóminus solus
mais le Seigneur seul sera exalté
in die illa.
en ce jour-là.
12 Quia dies Dómini exercítuum
12. Car le jour du Seigneur des armées
super omnem supérbum, et
excélsum,
éclatera sur tout esprit superbe et hautain
et super omnem arrogántem,
et sur tout arrogant ;
et humiliábitur ;
et ils seront humiliés ;
13 et super omnes cedros Líbani sublímes et eréctas,
13. Et sur tous les cèdres du Liban, grands et élevés,
et super omnes quercus Basan,
et sur tous les chênes de Basan ;
14 et super omnes montes excélsos,
14. Et sur toutes les montagnes les plus hautes,
et super omnes colles elevátos,
et sur toutes les collines les plus élevées ;
15 et super omnem turrim excélsam,
15. Et sur toute tour la plus élevée
et super omnem murum munítum,
et sur toute muraille fortifiée ;
16 et super omnes naves Tharsis,
16. Et sur tous les vaisseaux de Tharsis,
et super omne quod visu
pulchrum est,
et sur tout ce qui est beau à voir.
17 et incurvábitur sublímitas hóminum,
17. Et l’orgueil des hommes du peuple sera abaissé,
et humiliábitur altitúdo virórum,
et la hauteur des hommes de condition sera humiliée,
et elevábitur Dóminus solus
et le Seigneur seul sera élevé
in die illa ;
en ce jour-là ;
18 et idóla pénitus conteréntur ;
18. Et les idoles seront entièrement brisées ;
19 et introíbunt in spelúncas petrárum,
19. Et ils entreront dans les creux des rochers,
et in vorágines terræ,
dans les antres de la terre,
a fácie formídinis Dómini
par la frayeur du Seigneur,
et a glória
majestátis ejus,
et à cause de la gloire de sa majesté,
cum surréxerit percútere terram.
lorsqu’il se lèvera pour frapper la terre.
20 In die illa projíciet homo
20. En ce jour-là l’homme rejettera ses idoles d’argent
idóla argénti sui, et simulácra
auri sui,
et ses simulacres d’or,
quæ fécerat sibi ut adoráret,
qu’il s’était faits pour les adorer,
talpas et vespertiliónes.
les taupes et les chauves-souris.
21 Et ingredítur scissúras petrárum
21. Et il entrera dans les fentes des pierres,
et in cavérnas saxórum,
et dans les cavernes des roches
a fácie formídinis Dómini,
par la frayeur du Seigneur,
et a glória
majestátis ejus,
et à cause de la gloire de sa majesté,
cum surréxerit percútere terram.
lorsqu’il se lèvera pour frapper la terre.
22 Quiéscite ergo ab hómine,
22. Laissez donc l’homme
cujus spíritus in náribus ejus est,
dont le souffle est dans ses narines,
quia excélsus reputátus est
ipse.
parce qu’il a été réputé pour le Très-Haut.
~
CHAP. II. 2. Mich. IV, 1. — 19. Os. X, 8 ; Luc. XXIII, 30 ; Apoc. VI, 16.
1-22. — * 2° Prophétie sur Juda, II-IV. — Les ch. II-IV forment un tout suivi, avec un titre particulier. La fin du ch. IV correspond au commencement du ch. II. Le prophète, après avoir exhorté, accusé, menacé, encouragé, arrive à la fin à la promesse qui lui avait servi de point de départ, la félicité de Sion et la prospérité messianique. Cette prophétie se distingue par-là de toutes les autres : elle est la seule qui commence par une promesse, vers. 2.
1. Parole, ou chose ; car le terme hébreu auquel correspond le latin verbum, signifie l’une et l’autre. D’un autre côté, comme chez les Hébreux les verbes qui expriment l’action des sens, s’employaient les uns pour les autres, verbum peut réellement signifier ici parole, et le verbe il a vu (vidit), être mis pour il a entendu (audivit).
2. Dans les derniers jours ; expression qui le plus ordinairement signifie le temps de la venue du Messie, et qui ne saurait avoir d’autre sens ici, d’autant que, depuis Isaïe jusqu’à Jésus-Christ, il n’y a eu aucune époque où la prédiction contenue dans ce verset ait eu son accomplissement.
2-4. Ces trois versets se retrouvent dans Michée, IV, 1-3.
4. Au combat ; l’une contre l’autre. Le Jugement des Nations reste à venir ; la fin des guerres et donc la paix universelle dans le Christ qui suivra, également.
6. Car vous avez, etc. Le prophète s’adresse à Dieu. — La maison de Jacob ; dans le sens littéral comprend les deux maisons d’Israël et de Juda ; mais, dans le sens mystérieux des prophètes, elle peut, selon saint Jérôme, représenter la gentilité chrétienne. Dans l’un et l’autre sens, les reproches et les menaces ne tombent que sur les prévaricateurs. — Remplis d’iniquités. — À des enfants d’étrangers ; par des alliances défendues par la loi. Compar. Ex. XXXIV, 15-16 ; Deut. VII, 3 ; I Esd. IX, 2. — * Des augures ; des devins qui devinent par les nuages, d’après le sens probable de l’hébreu. — Les Philistins avaient des devins célèbres, I Reg. VI, 2, et il y avait un oracle fameux à Accaron, IV Reg. I, 2.
9. S’est courbé, s’est humilié ; devant les idoles.
10. * Entre dans la pierre, dans les cavernes qui abondent dans les montagnes calcaires de la Palestine et où les Hébreux se réfugiaient en temps de guerre pour échapper à leurs ennemis.
12. Le jour du Seigneur ; c’est-à-dire le jour du jugement du Seigneur. Compar. XIII, 6, 9.
13. Ce verset et les suivants contiennent des expressions figurées qui peuvent toutes se rapporter à la ruine du royaume d’Israël, et à la désolation même du royaume de Juda au temps de Sennachérib et de Nabuchodonosor. — * Basan. Voir la note sur Num. XXI, 33.
16. Les vaisseaux de Tharsis ; ce sont des vaisseaux de long cours. Quant à Tharsis, on sait par l’Écriture (III Reg. X, 22 ; II Par. IX, 21 ; XX, 36) que c’était un lieu de commerce maritime, où Salomon envoyait ses flottes ; mais on ignore en quel pays il se trouvait. — * On admet communément aujourd’hui que Tharsis est Tartéssus en Espagne, dans la Bétique, d’où les Phéniciens tiraient l’argent. Tartéssus était aussi le nom du Guadalquivir, qui portait le nom de Bétis du temps de Strabon. La ville de Tartéssus ou Tharsis était située entre les deux bras de la rivière, près de son embouchure, et elle donnait son nom au pays environnant.
19. Ils entreront ; c’est-à-dire les hommes nommés au verset 17. Compar. Os. X, 8 ; Luc. XXIII, 30 ; Apoc. VI, 15-16.
20. Ses idoles d’argent, ses simulacres d’or ; littér. et par hébraïsme, les idoles de son argent, les simulacres de son or. — * Les taupes et les chauves-souris n’étaient point adorées comme dieux. Le texte original porte : « l’homme laissera ses idoles… aux taupes et aux chauves-souris, » supposé toutefois que les taupes soient ici désignées, car le sens du mot hébreu est très douteux. En tout cas, Isaïe veut dire que les idoles seront délaissées.
22. Laissez donc, etc. C’est un avis aux Juifs de ne pas persécuter Jésus-Christ. — Dont le souffle, etc. ; dont la vie apparente n’est qu’un souffle ; qui ne vous parait qu’un simple mortel, mais qui est en réalité le Très-Haut.
²
Désolation de Juda et de Jérusalem. Reproches du Seigneur contre les princes de son peuple. Il condamne l’orgueil et le luxe des filles de Sion.
1 Ecce enim Dominátor, Dóminus exercítuum,
1. Car voici que le dominateur, Seigneur des armées,
áuferet a Jerúsalem et a Juda
enlèvera de Jérusalem le robuste et le fort,
válidum et fortem,
tout soutien de pain,
omne robur panis, et omne robor
aquæ ;
et tout soutien d’eau ;
2 fortem, et virum bellatórem,
2. Le fort et l’homme de guerre,
júdicem, et prophétam, et
aríolum, et senem ;
le juge et le prophète, le devin et le vieillard ;
3 príncipem super quinquagínta, et honorábilem
vultu et consiliárium,
3. Le chef de cinquante et le vénérable de visage, et le conseiller, et l’habile d’entre les architectes,
et sapiéntem de architéctis, et
prudéntem elóquii mýstici.
et celui qui a l’intelligence du langage mystique.
4 Et dabo púeros príncipes eórum,
4. Et je leur donnerai des enfants pour princes,
et effemináti dominabúntur eis ;
et des efféminés les domineront.
5 et írruet pópulus, vir ad virum,
5. Et le peuple se précipitera, l’homme sur l’homme,
et unusquísque ad próximum suum ;
et chacun sur son prochain ;
tumultuábitur puer contra senem,
l’enfant se soulèvera contre le vieillard,
et ignóbilis contra nóbilem.
et le plébéien contre le noble.
6 Apprehéndet enim vir fratrem suum,
6. L’homme prendra son frère
domésticum patris sui :
né dans la maison de son père, disant :
Vestiméntum tibi est, princeps esto noster,
Tu as un vêtement, sois notre prince ;
ruína autem hæc sub manu tua.
et que cette ruine soit sous ta main.
7 Respondébit in die illa, dicens :
7. Il répondra en ce jour-là, disant :
Non sum médicus,
Je ne suis pas médecin,
et in domo mea non est panis
neque vestiméntum :
et dans ma maison il n’y a ni pain, ni vêtement ;
nolíte constitúere me príncipem pópuli.
ne m’établissez pas prince du peuple.
8 Ruit enim Jerúsalem, et Judas cóncidit,
8. Car Jérusalem s’est écroulée et Juda est renversé ;
quia lingua eórum et adinventiónes eórum contra Dóminum,
parce que leur langue et leurs inventions sont contre le Seigneur,
ut
provocárent óculos majestátis ejus.
afin d’irriter les yeux de sa majesté.
9 Agnítio vultus eórum respóndit
eis ;
9. La vue de leur visage leur a répondu,
et peccátum suum quasi Sódoma
prædicavérunt, nec abscondérunt.
et comme Sodome, ils ont publié leur péché et ne l’ont pas caché ;
Væ ánimæ
eórum, quóniam réddita sunt eis mala !
malheur à leur âme, parce que les maux qu’ils avaient faits leur ont été rendus.
10 Dícite justo quóniam bene,
10. Dites au juste qu’il est heureux,
quóniam fructum adinventiónum suárum cómedet.
parce qu’il goutera le fruit de ses inventions.
11 Væ ímpio in malum !
11. Malheur à l’impie livré au mal ;
retribútio
enim mánuum ejus fiet ei.
car il recevra le salaire des œuvres de ses mains.
12 Pópulum meum exactóres sui spoliavérunt,
12. Mon peuple a été dépouillé par ses exacteurs,
et mulíeres dominátæ sunt eis.
et des femmes les ont dominés.
Pópule meus, qui te beátum
dicunt, ipsi te decípiunt,
Mon peuple, ceux qui te disent heureux, ceux-là même te trompent ;
et viam gréssuum tuórum
díssipant.
ils détruisent la voie de tes pas.
13 Stat ad judicándum Dóminus,
13. Le Seigneur est debout pour juger,
et stat ad judicándos pópulos.
et il est debout pour juger les peuples.
14 Dóminus ad judícium véniet
14. Le Seigneur entrera en jugement
cum sénibus pópuli sui, et
princípibus ejus ;
avec les anciens et princes de son peuple ;
vos enim
depásti estis víneam,
car c’est vous qui avez ravagé ma vigne ;
et rapína páuperis in domo vestra.
et la dépouille du pauvre est dans votre maison.
15 Quare attéritis pópulum meum,
15. Pourquoi foulez-vous aux pieds mon peuple,
et fácies páuperum commolítis ?
et meurtrissez-vous la face des pauvres,
dicit Dóminus Deus exercítuum.
dit le Seigneur Dieu des armées ?
16 Et dixit Dóminus :
16. Et le Seigneur dit :
Pro eo quod elevátæ sunt fíliæ Sion,
Parce que les filles de Sion se sont élevées,
et ambulavérunt exténto collo,
et qu’elles ont marché le cou tendu,
et nútibus oculórum ibant,
et qu’elles allaient en faisant des signes des yeux,
et plaudébant, ambulábant
pédibus suis,
et qu’elles faisaient du bruit avec leurs pieds, en marchant,
et compósito gradu incedébant ;
et qu’elles s’avançaient d’un pas mesuré :
17 decalvábit Dóminus vérticem filiárum Sion,
17. Le Seigneur rendra chauve la tête des filles de Sion,
et Dóminus crinem eárum
nudábit.
et le Seigneur les dépouillera de leur chevelure.
18 In die illa áuferet Dóminus ornaméntum calceaméntum,
18. En ce jour-là, le Seigneur leur ôtera l’ornement des chaussures, et les croissants,
19 et lúnulas, et torques,
19. Et les colliers, et les carcans,
et monília, et armíllas, et
mitras,
et les bracelets, et les mitres,
20 et discriminália, et periscélidas, et murénulas,
20. Les aiguilles de tête, et les periscélides, et les petits colliers,
et olfactoríola, et ináures,
et les boites de parfum, et les pendants d’oreilles,
21 et ánnulos, et gemmas in fronte pendéntes,
21. Et les bagues, et les pierres précieuses, qui pendent sur leur front,
22 et mutatória, et pallíola,
22. Et les vêtements de rechange, et les écharpes,
et linteámina, et acus,
et les linges précieux, et les aiguilles,
23 et spécula, et sindónes,
23. Et les miroirs, et les fins tissus,
et vittas, et therístra.
et les bandeaux, et les vêtements d’été.
24 Et erit pro suávi odóre fœtor,
24. Et ce sera, au lieu d’une suave odeur, la puanteur,
et pro zona funículus,
et au lieu d’une ceinture, une corde,
et pro crispánti crine calvítium,
et au lieu d’une chevelure frisée, la calvitie,
et pro fáscia pectoráli cilícium.
et au lieu de la bandelette qui soutient leur gorge, un cilice.
25 Pulchérrimi quoque viri tui gládio
cadent,
25. Tes hommes aussi les plus beaux tomberont sous le glaive,
et fortes tui in prǽlio.
et tes forts dans le combat.
26 Et mœrébunt atque lugébunt portæ ejus,
26. Et tes portes seront dans la tristesse et dans les larmes,
et desoláta in terra sedébit.
et désolée, elle s’assiéra sur la terre.
~
CHAP. III.
2. Le devin (ariolum) peut se prendre en bonne part pour un homme prudent, qui, par sa sagacité et le soin qu’il met à observer le passé, forme des conjectures sur l’avenir et parvient à y pénétrer. Compar. Prov. XVI, 10.
3. Le chef de cinquante hommes. Il y avait dans l’armée des Hébreux des bandes ou pelotons de cinquante soldats. Compar. Ex. XVIII, 21 ; IV Reg. IX, 14. — Celui qui a, etc. ; c’est, selon saint Jérôme, celui qui, étant bien exercé à l’étude de la loi et à la parole divine, est capable de calmer les troubles de l’esprit par sa parole et ses entretiens spirituels. — * Au lieu d’architectes, le texte hébreu parle de tous les artisans habiles en général, et celui qui a l’intelligence du langage mystique est, dans l’original, l’enchanteur qui, pour produire ses enchantements, se sert d’un langage mystérieux et de formules magiques.
6. Tu as un vêtement ; c’est-à-dire tu n’es pas réduit, comme nous, à la dernière misère.
8-10. Inventions ; selon l’hébreu, actions, œuvres. Compar. Deut. XXVIII, 20 ; Judic. II, 19 ; Ps. XXVII, 4, etc.
9. La vue de leur visage ; ou ce qu’on voit de leur visage ; littér. la connaissance, ou ce qu’on connait (agnitio). La paraphrase chaldaïque donne ce sens, et c’est très vraisemblablement celui du texte hébreu. — Leur a répondu ; a répondu, a témoigné contre eux. — * Comme Sodome. Voir la note sur Gen. XIII, 10.
12. Des femmes ; c’est-à-dire probablement des hommes efféminés, tels qu’étaient les derniers rois de Juda, qui, à une affreuse tyrannie, joignaient la lâcheté, la faiblesse, l’incapacité de gouverner. Ils étaient de plus énervés par le plaisir et la débauche. Compar. Jer. XXII, XXIII ; Ezech. IX. — Les ont dominés. Le pronom pluriel les (eis) peut très bien se rapporter au mot singulier peuple, qui est un nom collectif.
16-24. * Ici commence un nouveau discours de Dieu contre le luxe et la vanité des filles de Sion. Nous y trouvons rémunération de vingt et un articles de toilette, dont quelques-uns sont encore portés par les femmes syriennes. Plusieurs d’entre eux sont d’origine étrangère (Soph. I, 8), car le luxe a toujours fait des emprunts au dehors.
16. Qu’elles faisaient du bruit, etc. Cette fin du verset se refusant à toute analyse grammaticale, nous l’avons traduite en nous rapprochant le plus possible du texte latin. Tous les voyageurs s’accordent à dire que dans certaines contrées de l’Orient les femmes portent au bas des jambes des grelots ou de petites sonnettes, et aussi de petites chaines pour que leurs pas soient petits et toujours égaux.
18. * Les croissants, bijoux en forme de croissant, qu’on portait suspendus au cou.
19. Et les colliers, etc. Une partie de ces ornements sont mentionnés dans Num. XXXI, 50. — * Les colliers ; leurs pendants d’oreille, d’après la traduction la plus commune du texte original. — Les carcans, ornement du cou.
20. * Les aiguilles de tête, dans l’hébreu : les diadèmes. — Les periscélides, les chainettes qui rattachaient l’anneau des pieds auquel fait allusion le vers. 16. — Les petits colliers ; traduction plus commune : ceintures. Voir Jer. II, 32. — Et les boîtes de parfums, très répandues dans tout l’Orient. — Et les pendants d’oreilles ; en hébreu, amulettes, qui avaient la forme d’ornements et qu’on portait à cause de la vertu superstitieuse qu’on leur attribuait.
21. * Les pierres précieuses qui pendent sur leur front. Dans l’original, les anneaux de nez, auxquels est ordinairement attachée une pierre précieuse.
23. * Les miroirs ; miroirs de main, en métal poli. Voir Ex. XXVIII, 8 ; Job. XXXVII, 18.
²
Suite de la désolation de Juda. Germe du Seigneur en gloire. Restes d’Israël sauvés.
1 Et apprehéndent septem mulíeres virum unum in die illa, dicéntes :
1. Et sept femmes prendront un seul homme en ce jour-là, disant :
Panem nostrum comedémus,
Nous mangerons notre pain,
et vestiméntis nostris operiémur :
et nous serons couvertes de nos vêtements ;
tantúmmodo
invocétur nomen tuum super nos ;
seulement que votre nom soit invoqué sur nous,
aufer oppróbrium nostrum.
enlevez notre opprobre.
2 In die illa,
2. En ce jour-là,
erit germen Dómini in magnificéntia et glória,
le germe du Seigneur sera dans la magnificence et la gloire ;
et fructus terræ sublímis, et
exsultátio
et le fruit de la terre s’élèvera, et l’exultation
his qui salváti fúerint de Israël.
sera pour ceux d’Israël qui auront été sauvés.
3 Et erit : omnis qui relíctus fúerit in Sion,
3. Et voici ce qui arrivera : Quiconque aura été laissé dans Sion,
et resíduus in Jerúsalem,
et sera resté dans Jérusalem,
Sanctus vocábitur,
sera appelé saint ;
omnis qui scriptus est in vita
in Jerúsalem.
quiconque aura été écrit comme vivant dans Jérusalem ;
4 Si ablúerit Dóminus sordes filiárum Sion,
4. Quand le Seigneur aura purifié les souillures des filles de Sion,
et sánguinem Jerúsalem láverit
de médio ejus,
et qu’il aura lavé le sang de Jérusalem, lequel est au milieu d’elle,
in spíritu judícii, et spíritu ardóris.
par un esprit de justice et par un esprit d’ardeur.
5 Et creábit Dóminus super omnem locum montis Sion,
5. Et le Seigneur créera sur toute la montagne de Sion,
et ubi invocátus est,
et sur le lieu où il aura été invoqué,
nubem per diem et fumum,
un nuage et une fumée pendant le jour,
et splendórem ignis flammántis
in nocte :
et l’éclat d’un feu flamboyant pendant la nuit ;
super omnem enim glóriam protéctio.
car sur toute gloire sera sa protection.
6 Et tabernáculum erit in umbráculum,
6. Et il y aura un tabernacle pour ombrage
diéi ab æstu,
dans le jour contre la chaleur,
et in securitátem et absconsiónem
et pour mettre en sûreté
a turbine et a plúvia.
et à couvert de la tempête et de la pluie.
~
CHAP. IV.
1. Sept ; c’est-à-dire plusieurs. Les Hébreux mettaient quelquefois ce mot pour un nombre indéterminé. — Que votre nom, etc. ; ou bien, que nous portions votre nom. Le texte hébreu, comme nous l’avons déjà remarqué, est susceptible de ces deux sens. — * Enlevez notre opprobre de n’avoir point d’enfants. Gen. XXX, 23. La misère et la désolation sont telles que les hommes ne peuvent pas trouver un chef, III, 6-7, et les femmes ne peuvent pas trouver de mari, même aux conditions les plus dures.
2. Le fruit de la terre ; c’est encore le Sauveur, dont il est dit plus bas (XLV, 8) : « Que la terre s’ouvre et qu’elle germe le Sauveur. »
2-6. Ces versets font allusion au Règne Glorieux du Messie, après le second avènement, la chute de l’Antéchrist et le déluge de feu concomitant ; très peu d’hommes resteront sur terre mais ils seront tous saints. Voir infra XI, 6-9 ; XXX, 26 ; LXV, 20-25 ; LXVI, 22 (notes).
3. Quiconque, etc. Dieu est représenté comme un prince qui tient un compte exact de ses sujets ; il les efface de son registre à mesure qu’ils meurent. — Comme vivant ; littér. et par hébraïsme, avec la vie.
4. Par un esprit, etc. ; c’est-à-dire en livrant son peuple au glaive, et ses villes aux flammes ; ce que les Pères expliquent du baptême de l’eau, et du baptême du feu ou du Saint-Esprit.
²
Ingratitude des enfants d’Israël. Le Seigneur prend la maison de Juda pour juge entre lui et la maison d’Israël. Maux dont les Israélites seront accablés ; ennemis que Dieu suscitera contre eux.
1 Cantábo dilécto meo
1. Je chanterai à mon bien-aimé
cánticum
patruélis mei víneæ suæ.
le cantique de mon proche parent à sa vigne.
Vínea facta
est dilécto meo
Une vigne a été acquise à mon bien-aimé,
in cornu fílio ólei.
sur une corne abondante en huile.
2 Et sepívit eam, et lápides elégit ex illa,
2. Et il l’a environnée d’une haie,
et plantávit eam eléctam ;
et il en a ôté les pierres, il y a mis un plant choisi,
et ædificávit turrim in médio
ejus,
et il y a bâti une tour au milieu,
et tórcular exstrúxit in ea ;
et il y a construit un pressoir ;
et exspectávit ut fáceret uvas,
et il a espéré qu’elle produirait des raisins
et fecit labrúscas.
et elle a produit des grappes sauvages.
3 Nunc ergo, habitatóres Jerúsalem
3. Maintenant donc, habitants de Jérusalem,
et viri Juda,
et hommes de Juda ;
judicáte inter me
soyez juges entre moi
et víneam meam.
et ma vigne.
4 Quid est quod débui ultra fácere víneæ meæ,
4. Qu’est-ce que j’ai dû faire de plus à ma vigne,
et non feci ei ?
que je ne lui ai pas fait ?
an quod exspectávi ut fáceret uvas,
n’ai-je pas espéré qu’elle produirait des raisins,
et fecit labrúscas ?
et elle a produit des grappes sauvages ?
5 Et nunc osténdam vobis
5. Et maintenant je vous montrerai
quid ego
fáciam víneæ meæ :
ce que moi je ferai à ma vigne ;
áuferam sepem ejus,
j’enlèverai sa haie,
et erit in direptiónem ;
et elle sera au pillage ;
díruam macériam ejus,
je détruirai sa muraille,
et erit in conculcatiónem.
et elle sera foulée aux pieds.
6 Et ponam eam desértam ;
6. Je la rendrai déserte ;
non putábitur et non
fodiétur :
elle ne sera pas taillée, et elle ne sera pas labourée ;
et ascéndent vepres et spinæ,
les ronces et les épines s’élèveront,
et núbibus mandábo
et je commanderai aux nuées
ne pluant super eam imbrem.
de ne pas répandre sur elle de pluie.
7 Vínea enim Dómini exercítuum
7. Car la vigne du Seigneur des armées
domus Israël est ;
est la maison d’Israël,
et vir Juda
et l’homme de Juda
germen ejus delectábile :
son germe délectable ;
et exspectávi ut fáceret
judícium,
et j’ai espéré qu’il rendrait un jugement,
et ecce iníquitas ;
et voilà l’iniquité ;
et justítiam, et ecce clamor.
qu’il rendrait la justice, et voilà le cri de l’opprimé.
8 Væ qui conjúngitis domum ad domum,
8. Malheur à vous qui joignez maison à maison,
et agrum agro copulátis
et qui ajoutez un champ à un champ
usque ad términum loci !
jusqu’à ce que le lieu vous manque ;
Numquid habitábitis vos soli
est-ce que vous seuls vous habiterez
in médio terræ ?
au milieu de la terre ?
9 In áuribus meis sunt hæc,
9. Voici ce qui a été révélé à mes oreilles.
dicit Dóminus exercítuum ;
Le Seigneur des armées dit :
nisi domus multæ desértæ
fúerint,
J’ai juré si des maisons nombreuses,
grandes et pulchræ, absque
habitatóre.
élevées et belles ne seront pas désertes, sans habitant.
10 Decem enim júgera vineárum fácient lagúnculam unam,
10. Car dix arpents de vignes rapporteront une seule petite bouteille,
et trigínta
módii seméntis fácient módios tres.
et trente mesures de semence produiront trois mesures.
11 Væ qui consúrgitis mane
11. Malheur à vous qui vous levez dès le matin
ad ebrietátem sectándam,
pour vous abandonner à l’ivresse,
et potándum usque ad vésperam,
et pour boire jusqu’à la nuit,
ut vino æstuétis !
afin que par le vin vous vous échauffiez.
12 Cíthara, et lyra, et týmpanum,
12. La harpe, et la lyre, et le tambour, et la flûte,
et tíbia, et vinum in convíviis
vestris ;
et le vin se trouvent dans vos festins ;
et opus Dómini non respícitis,
et l’œuvre du Seigneur, vous n’y avez pas égard,
nec ópera
mánuum ejus considerátis.
et les ouvrages de ses mains, vous ne les considèrerez pas.
13 Proptérea captívus ductus est pópulus meus,
13. C’est pour cela que mon peuple a été emmené captif,
quia non hábuit sciéntiam,
parce qu’il n’a pas d’intelligence ;
et nóbiles ejus interiérunt
fame,
et que les nobles d’Israël ont péri de faim,
et multitúdo ejus siti exáruit.
et que la multitude de son peuple a séché par la soif.
14 Proptérea dilatávit inférnus ánimam suam,
14. C’est pour cela que l’enfer a dilaté son âme,
et apéruit os
suum absque ullo término ;
et qu’il a ouvert sa bouche d’une manière illimitée ;
et descéndent fortes ejus,
et ses puissants, et son bas peuple, et ses grands,
et pópulus ejus, et sublímes
gloriosíque ejus, ad eum.
et ses hommes glorieux y descendront.
15 Et incurvábitur homo, et humiliábitur vir,
15. Et l’homme du peuple s’inclinera, et l’homme de condition sera humilié,
et óculi sublímium depriméntur.
et les yeux des superbes s’abaisseront.
16 Et exaltábitur Dóminus exercítuum in
judício ;
16. Et le Dieu des armées sera exalté à cause de son jugement :
et Deus sanctus sanctificábitur
in justítia.
et le Dieu saint sera sanctifié à cause de sa justice.
17 Et pascéntur agni juxta órdinem suum,
17. Et les agneaux paitront à leur ordinaire,
et desérta in ubertátem versa
ádvenæ cómedent.
et dans les déserts devenus fertiles, des étrangers trouveront leur nourriture.
18 Væ qui tráhitis iniquitátem
18. Malheur à vous qui tirez l’iniquité
in funículis vanitátis,
avec les cordes de la vanité,
et quasi vínculum plaustri
peccátum !
et le péché comme les traits d’un charriot ;
19 qui dícitis : Festínet,
19. Qui dites : Qu’il se hâte,
et cito véniat opus ejus, ut
videámus ;
et que son œuvre vienne bientôt, afin que nous la voyions ;
et apprópiet, et véniat
et qu’il s’approche et qu’il vienne,
consílium sancti Israël,
le décret du saint d’Israël,
et sciémus illud !
et nous le connaitrons !
20 Væ qui dícitis malum bonum,
20. Malheur à vous qui appelez le mal bien,
et bonum malum ;
et le bien mal ;
ponéntes ténebras lucem,
qui donnez les ténèbres pour la lumière,
et lucem ténebras ;
et la lumière pour les ténèbres ;
ponéntes amárum in dulce,
qui donnez l’amer pour le doux
et dulce in amárum !
et le doux pour l’amer !
21 Væ qui sapiéntes estis in óculis vestris,
21. Malheur à vous qui êtes sages à vos yeux,
et coram vobismetípsis prudéntes.
et qui êtes prudents vis-à-vis de vous-mêmes !
22 Væ qui poténtes estis ad bibéndum vinum,
22. Malheur à vous qui êtes puissants à boire le vin,
et viri fortes ad miscéndam
ebrietátem !
et des hommes vaillants à mêler des boissons enivrantes ;
23 qui justificátis ímpium pro munéribus,
23. Qui justifiez l’impie pour des présents,
et justítiam justi aufértis ab
eo !
et ravissez au juste sa propre justice !
24 Propter hoc, sicut dévorat stípulam lingua ignis,
24. À cause de cela, comme une langue de feu dévore la paille,
et calor flammæ exúrit,
et comme la chaleur de la flamme la brule entièrement,
sic radix
eórum quasi favílla erit,
ainsi leur racine sera comme de la cendre embrasée,
et germen eórum ut pulvis ascéndet ;
et leur germe s’élèvera comme de la poussière.
abjecérunt enim legem Dómini
exercítuum,
Car ils ont rejeté la loi du Seigneur des armées,
et elóquium sancti Israël
blasphemavérunt.
et ils ont blasphémé la parole du saint d’Israël.
25 Ideo irátus est furor Dómini in pópulum suum,
25. C’est pour cela qu’a été irritée la fureur du Seigneur contre son peuple ;
et exténdit manum suam super
eum, et percússit eum :
et qu’il a étendu sa main sur lui, et qu’il l’a frappé ;
et conturbáti sunt montes,
que les montagnes ont été ébranlées,
et facta sunt morticína eórum quasi stercus in médio plateárum.
et que leurs cadavres sont devenus comme la boue sur les places publiques.
In his ómnibus non est advérsus furor ejus,
Au milieu de tous ces maux, sa colère ne s’est point détournée,
sed adhuc manus ejus exténta.
mais sa main a été encore étendue.
26 Et elevábit signum in natiónibus procul,
26. Et il élèvera son étendard au loin parmi les nations ;
et sibilábit ad eum de fínibus
terræ :
et il sifflera pour l’appeler des confins de la terre ;
et ecce festínus velóciter
véniet.
et voici qu’en grande hâte il viendra promptement.
27 Non est defíciens neque labórans in eo ;
27. Il n’y a dans lui ni de défaillant ni de fatigué ;
non dormitábit, neque dórmiet ;
il ne sommeillera ni ne dormira ;
neque solvétur cíngulum renum ejus,
la ceinture de ses reins ne se déliera pas,
nec rumpétur
corrígia calceaménti ejus.
ni la courroie de sa chaussure ne se rompra.
28 Sagíttæ ejus acútæ, et omnes arcus ejus exténti.
28. Ses flèches sont aigües, et tous ses arcs bandés.
Ungulæ equórum ejus ut silex,
La corne de leurs chevaux est comme un caillou ;
et rotæ ejus quasi ímpetus tempestátis.
et ses roues comme l’impétuosité de la tempête.
29 Rugítus ejus ut leónis ;
29. Son rugissement est comme celui du lion ;
rúgiet ut cátuli leónum :
il rugira comme les petits des lions ;
et frendet, et tenébit prædam,
et il frémira ; et il saisira sa proie et il l’étreindra,
et amplexábitur, et non erit
qui éruat.
et il n’y aura personne qui puisse la lui arracher.
30 Et sonábit super eum in die illa sicut sónitus maris :
30. Et un bruit se fera entendre sur lui en ce jour-là, comme le bruit de la mer ;
aspiciémus in terram,
nous regarderons sur la terre,
et ecce ténebræ tribulatiónis,
et voilà les ténèbres de la tribulation ;
et lux obtenebráta est in
calígine ejus.
et la lumière a été couverte de ténèbres par sa profonde obscurité.
~
CHAP. V. 1. Jer. II, 21 ; Matth. XXI, 33. — 21. Prov. III, 7 ; Rom. XII, 16.
1-30. — * 3° La parabole de la vigne, V. — La troisième prophétie d’Isaïe est contenue dans le ch. V. Elle commence par une belle parabole, qui nous décrit sous l’image très juste d’une vigne, plantée et cultivée par Dieu avec le plus grand soin, l’histoire même du peuple de Dieu. L’ingratitude et les crimes d’Israël arrachent au prophète des paroles indignées ; il menace les coupables et leur montre, en terminant, les vengeurs de leur maitre outragé, sous la forme emblématique de chevaux, de lions, des mugissements de la mer et des ténèbres. Notre-Seigneur devait se servir plus tard de la même parabole pour reprocher aux Juifs leur infidélité. Matth. XXI, 33-43 ; Marc. XII, 1-10 ; Luc. XX, 9-16. Voir Jer. II, 21.
1. À mon bien-aimé ; c’est-à-dire, comme le montre la suite, Jésus-Christ, le bien-aimé de Dieu et des hommes. — Une vigne ; la maison d’Israël (vers. 7). — Jésus-Christ emploie une parabole semblable en parlant des Juifs incrédules (Matth. XXI, 33 et suiv.). — Une corne ; c’est un hébraïsme désignant la partie d’une montagne la plus élevée, comme la corne est la partie la plus élevée de certains animaux. Les Arabes eux-mêmes emploient cette locution. — Abondant en huile ; littér. fils de l’huile (filio olei). En hébreu, le mot fils signifie aussi doué, possesseur de, et le terme huile s’applique à tous les corps gras, aux oliviers, aux figuiers, etc. Or, on sait que les meilleurs plants de vigne, dans la Palestine, sont sur des montagnes chargées d’oliviers et de figuiers. — # L’huile est l’image de la joie et de la jouissance. Voy. Infra. LXI, 3 ; Ps. XLIV, 8.
2. Une tour. Sous ce nom les Pères et les interprètes entendent le temple, et sous le terme de pressoir, l’autel des holocaustes. — * Une tour. « De nombreux enclos délimités par de petits murs en pierres sèches [dans les environs de Bethléhem et dans la plus grande partie de la Palestine] renferment presque tous à leur centre, soit debout, soit renversée, une de ces petites tours qui servaient autrefois, comme quelques-unes d’entre elles servent encore aujourd’hui, à protéger ces enclos à l’époque de la récolte. » — Il l’a environné d’une haie et il en a ôté les pierres. « Par cette haie, il faut entendre ici un petit mur de séparation, construit avec les pierres retirées de l’enclos pour laisser place à la vigne, et hérissé en outre la plupart du temps de plantes épineuses. » — Il y a construit un pressoir. On trouve en Palestine des pressoirs taillés dans le roc. « Dans les environs de Bethléhem, [on voit] trois ou quatre de ces pressoirs antiques, creusés dans le roc, et divisés soit en deux, soit en trois compartiments. » (V. Guérin.)
5, 6. Les menaces faites dans ces versets furent accomplies à la lettre, lors de la désolation d’Israël par les Assyriens ; mais elles ont reçu un second accomplissement sur les Juifs incrédules, depuis la mort de Jésus-Christ.
9. Révélé ; mot très probablement sous-entendu ici, et exprimé dans un passage parallèle (XXII, 14). — Mes oreilles ; c’est-à-dire les oreilles du prophète (compar. le même passage). C’est le sens de l’hébreu, comme l’a justement remarqué saint Jérôme dans son Commentaire ; c’est aussi celui de la paraphrase chaldaïque, contrairement à la version des Septante. — Si des maisons… ne seront pas ; c’est-à-dire qu’elles seront. (Voy. sur les formules du serment, Ps. XCIV, 11).
10. * Dans l’hébreu : « Dix journées de travail de vigne, (l’étendue de vigne qu’on peut travailler en dix jours) produira un bath (de vin) et un hômer de semence produira un epha de récolte. L’epha était la dixième partie d’un hômer. Voir à la fin du volume, note 21, les mesures hébraïques.
11. * Le vin dont il est question ici est un vin artificiel, fait avec des dattes, des pommes, des grenades, du miel, de l’orge, et souvent mélangé d’aromates.
13. C’est pour cela, etc. Cette prophétie, qui se rapporte à la lettre à la captivité de Babylone, est un symbole de la dispersion des Juifs incrédules depuis la mort de Jésus-Christ ; et c’est à ceux-ci que saint Jérôme l’applique.
14. Son âme ; hébraïsme, pour lui-même. — * L’enfer ; en hébreu : le scheôl, la demeure des morts.
16. Sera sanctifié ; reconnu pour saint, loué comme saint.
19. Qu’il ; c’est-à-dire Dieu, dont il s’agit dans tout ce verset. — Son œuvre ; ce qu’il prétend faire, ce dont il nous menace depuis longtemps. On trouve dans plusieurs autres prophètes de pareilles insolences dites par les Juifs.
22. * Mêler des boissons enivrantes. Voir plus haut, vers. 11.
24. Langue de feu ; signifie flamme. Compar. Act. II, 3.
26. Il sifflera, etc. ; littér. il sifflera vers lui (sibilabit ad eum). Le pronom lui peut se rapporter à ennemi (hostem), ou à armée (exércitum), ou bien encore à peuple (populum) sous-entendu. L’hébreu offre la même amphibologie ; mais le grec porte à elles, c’est-à-dire aux nations ; ce qui fait disparaitre toute difficulté. Plusieurs Pères prétendent que ce sifflement est une allusion aux gardes des mouches à miel qui les font venir de leurs ruches dans la campagne au son du sifflet, et les ramènent de la même manière, lorsque la nuit approche. Cette explication semble confirmée par ce que dit Isaïe lui-même un peu plus bas (VII, 18). Le sujet des verbes il élèvera, il sifflera est le Seigneur, nommé au verset précédent ; mais celui de il viendra, est l’ennemi, ou l’armée, ou le peuple appelé par le sifflement du Seigneur.
27. La ceinture, etc. ; c’est celle qu’on portait dans les voyages. — * Ne pas délier la ceinture, c’est donc être toujours en marche.
28. Ses roues ; les roues de ses charriots. — * La corne de leurs chevaux est comme un caillou. Les anciens ne ferraient pas les chevaux. Ceux de ces animaux qui avaient un sabot très dur, qui avaient « des pieds d’airain », comme dit Homère, étaient par la même particulièrement estimés.
30. Sa profonde obscurité. Le pronom sa se rapporte au mot tribulation, qui, comme l’affliction, la misère, la calamité, est ordinairement représentée dans l’Écriture sous l’emblème d’une nuit sombre et ténébreuse.
²
(a) Isaïe voit la gloire du Seigneur. Le Seigneur l’envoie porter sa parole aux enfants d’Israël et de Juda ; il lui annonce leur endurcissement, et les différentes révolutions qu’ils doivent éprouver.
1
In anno quo mórtuus est rex Ozías, vidi Dóminum sedéntem super sólium excélsum
et elevátum ; et ea quæ sub ipso erant replébant templum.
1. En l’année où est mort le roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône haut et élevé ; et ce qui était sous lui remplissait le temple,
2 Seráphim stabant super
illud : sex alæ uni, et sex alæ álteri ; duábus velábant fáciem ejus,
et duábus velábant pedes ejus, et duábus volábant.
2. Des séraphins étaient au-dessus du trône : l’un avait six ailes, et l’autre six ailes ; avec deux, ils voilaient leur face, et avec deux ils voilaient leurs pieds, et avec deux ils volaient.
3
Et clamábant alter ad álterum, et dicébant :
3. Et ils se criaient l’un à l’autre, et ils disaient :
Sanctus, sanctus, sanctus
Dóminus, Deus exercítuum ;
Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu des armées,
plena est
omnis terra glória ejus.
toute la terre est pleine de sa gloire.
4 Et commóta sunt superliminária cárdinum a voce
clamántis, et domus repléta est fumo.
4. Et les linteaux des gonds furent ébranlés par la voix des anges qui criaient, et la maison fut remplie de fumée.
5 Et dixi :
5. Et je dis :
Væ mihi, quia tácui,
Malheur à moi, parce que je me suis tu,
quia vir
pollútus lábiis ego sum,
parce que moi je suis un homme souillé par mes lèvres,
et in médio pópuli pollúta lábia habéntis ego hábito,
et que j’habite au milieu d’un peuple qui a les lèvres souillées,
et regem Dóminum exercítuum
vidi óculis meis.
et que j’ai vu le roi Seigneur des armées de mes yeux !
6 Et volávit ad me unus de seráphim, et in manu
ejus cálculus, quem fórcipe túlerat de altári,
6. Et vers moi voilà un des séraphins, et dans sa main était un caillou qu’avec des pincettes il avait enlevé de l’autel.
7 et tétigit os meum, et dixit :
7. Et il en toucha ma bouche et dit :
Ecce tétigit
hoc lábia tua,
Cela a touché tes lèvres, et ton iniquité sera effacée,
et auferétur iníquitas tua, et
peccátum tuum mundábitur.
et ton péché sera purifié.
8 Et audívi vocem Dómini dicéntis :
8. Et j’entendis la voix du Seigneur disant :
Quem mittam ?
Qui enverrai-je
et quis ibit nobis ?
et qui ira pour nous ?
Et dixi :
Et je dis :
Ecce ego, mitte me.
Me voici ; envoyez-moi.
9 Et dixit :
9. Et il dit :
Vade, et dices pópulo
huic :
Va, et tu diras à ce peuple :
Audíte audiéntes, et nolíte
intellígere ;
Écoutant, écoutez, et ne comprenez pas ;
et vidéte visiónem, et nolíte
cognóscere.
et voyez la vision, et ne la discernez pas ;
10 Excǽca cor pópuli hujus,
10. Aveugle le cœur de ce peuple,
et aures ejus ággrava,
et rends ses oreilles sourdes,
et óculos ejus claude :
et ferme ses yeux ;
ne forte vídeat óculis suis,
de peur qu’il ne voie de ses yeux,
et áuribus suis áudiat,
et qu’il n’entende de ses oreilles,
et corde suo intélligat,
et que de son cœur il ne comprenne,
et convertátur, et sanem eum.
et qu’il ne se convertisse et que je ne le guérisse.
11 Et dixi :
11. Et j’ai dit :
Usquequo, Dómine ?
Jusques à quand, Seigneur ?
Et dixit :
et il a dit :
Donec desoléntur civitátes absque habitatóre,
Jusqu’à ce que les cités soient désolées, et sans un habitant,
et domus sine hómine,
et que les maisons soient sans un homme ;
et terra relinquétur desérta.
et la terre sera laissée déserte.
12 Et longe fáciet Dóminus hómines,
12. Et le Seigneur éloignera les hommes,
et multiplicábitur quæ
derelícta fúerat in médio terræ.
et elle se multipliera, celle qui avait été délaissée au milieu de la terre.
13 Et adhuc in ea decimátio,
13. Et elle sera encore décimée,
et convertétur, et erit in
ostensiónem
et elle se convertira, et elle se montrera
sicut terebínthus, et sicut
quercus quæ expándit ramos suos ;
comme le térébinthe et comme le chêne qui étend ses rameaux ;
semen sanctum erit id quod stéterit in ea.
ce sera une race sainte, ce qui restera en elle.
~
CHAP.
VI. 3. Apoc. IV,
8. — 9. Matth. XIII,
14 ; Marc. IV,
12 ; Luc. VIII,
10 ; Joan. XII,
40 ; Act. XXVIII,
26 ; Rom. XI, 8.
(a). L’inauguration du prophète Isaïe (vers. 1-9) a été traitée par certains critiques de pure invention, Isaïe voulant par ce récit prévenir la haine du peuple, que ses menaces ne pouvaient manquer d’exciter contre lui.
1-13. — * 4° Vocation d’Isaïe au ministère prophétique, VI. — Le ch. VI nous raconte les détails de la vocation du prophète à sa mission prophétique. « La tradition place cette prophétie après la mort d’Ozias et à la première année de Joathan… Les modernes se sont écartés de cet arrangement : Ie parce que le sujet de ce chapitre doit le faire considérer comme le premier dans l’ordre des temps ; 2° parce que le titre : En l’année où est mort le roi Ozias (758), se rapporte non au temps qui a suivi, mais à celui qui a précédé la mort de ce roi de Juda… Ces raisons, quoique plausibles, ne vont pas au-delà de simples vraisemblances… Les interprètes ont examiné : 1° quel a été l’objet de cette vision prophétique ; 2° quelle en est la scène ; 3° quelle en est la nature. — 1° Selon quelques-uns, l’objet de la vision a été le Père, selon d’autres Dieu le Fils, et selon d’autres la Sainte Trinité. Ce dernier sentiment est plus probable, attendu que l’Église, dès les premiers siècles, a reconnu une allusion aux trois personnes divines dans les mots : Saint, saint, saint, et dans cette interrogation : Qui enverrai-je (unité de substance), et qui ira pour nous (pluralité des personnes) ? — 2° La scène s’est passée, selon les uns, dans le temple de Salomon ; selon d’autres, dans le ciel montré à l’imagination du prophète sous des formes semblables à celles du temple… — 3° On peut admettre une apparition réelle, comme celles dont furent honorés tant d’autres avant Isaïe. Cependant Cornélius a Lapide, après S. Augustin, soutient que tout s’est passé dans l’imagination du prophète, et ce sentiment parait bien plus probable. » (Le Hir.)
1. Le Seigneur ; c’est-à-dire, selon saint Jean (XII, 40-41), le Fils de Dieu. — Et ce qui était au-dessous de lui ; les tapis sur lesquels le trône était placé ; ou plutôt, selon le texte original, le bas, le bord, l’extrémité de sa robe ; car c’est le sens qu’a le terme hébreu dans Ex. XXVIII, 33-34. — * Le temple ; en hébreu hékal, mot qui signifie palais des rois et temple de Dieu. C’est la demeure extraterrestre, le ciel où Dieu réside.
2. Leur face ; littér. et par hébraïsme, sa face ; parce que le pluriel ils voilaient (velabant) est pour chacun d’eux voilait. — * Des séraphins, mot qui signifie brulants, enflammés, et qui désigne un des chœurs des anges. Ce passage est le seul endroit, soit de l’Ancien, soit du Nouveau Testament où nous lisions leur nom.
3. Saint, saint, saint. Cette triple glorification d’un seul Dieu désigne, d’après les Pères, le mystère de la trinité des personnes divines dans l’unité de la divine essence.
5. Malheur, etc. Saint Jérôme, saint Cyrille, Théodoret, et plusieurs interprètes après eux, pensent qu’Isaïe se reproche ici d’avoir offensé Dieu par le silence qu’il garda envers Ozias lorsqu’il s’empara du sacerdoce (II Par. XXVI, 17-18). D’autres veulent que le prophète se reproche de n’avoir pas mêlé ses louanges à celles des séraphins. D. Calmet croit qu’Isaïe fait ici la même confession ou la même excuse au Seigneur que Moïse après l’apparition de Dieu dans le buisson ardent. Compar. Ex. IV, 10 ; VI, 12, 30. — Et que j’ai vu, etc. Les Hébreux croyaient qu’on ne pouvait voir Dieu ou un ange sans mourir (Gen. XVI, 13 ; Ex. XXXIII, 20).
6. Caillou (calculus) ; dans l’hébreu, pierre rougie au feu ; dans le grec, charbon. — * De l’autel. Isaïe voit dans le ciel un autel analogue à celui du temple de Jérusalem, sur lequel brule le feu. Le feu est l’emblème de la purification.
8. Qui enverrai-je ? Ce singulier marque l’unité d’essence. — Pour nous ; exprime la distinction des personnes dans l’essence divine.
9. Écoutant écoutez ; hébraïsme, pour écoutez bien.
10. Aveugle, etc. Saint Jean, saint Paul et Jésus-Christ même ont appliqué ce passage à l’endurcissement des Juifs au temps de l’Évangile. Voy. Matth. XIII, 14 ; Luc. VII, 10 ; Joan. XII, 40 ; Act. XXVIII, 26 ; Rom. XI, 8. — * Le cœur ; l’intelligence.
12. Éloignera ; bannira les Juifs loin de leur pays. — Elle se multipliera, etc. ; la nation des Juifs.
13. Elle sera encore décimée. Cette décimation que quelques interprètes ont prise à tort en bonne part, pourrait s’expliquer du carnage qui fut fait des Juifs sous Adrien ; carnage si horrible, qu’à peine la dixième partie put s’y soustraire.
²
Le roi de Syrie et le roi d’Israël se liguent contre Jérusalem. Ils ne prévaudront point. La vierge enfantera un fils nommé Emmanuel. Maux qui doivent fondre sur Juda.
1Et
factum est in diébus Achaz, fílii Jóathan,
fílii Ozíæ, regis Juda, ascéndit Rasin,
rex Sýriæ, et Pháceë, fílius
Romelíæ, rex Israël, in Jerúsalem, ad
præliándum
contra eam : et non potuérunt
1. Et il arriva dans les jours d’Achaz, fils de Joathan, fils d’Ozias, roi de Juda, que Rasin, roi de Syrie, et Phaceé, fils de Romélie, roi d’Israël, montèrent à Jérusalem pour lui livrer bataille ; et ils ne purent la réduire.
2 debelláre
eam. Et nuntiavérunt dómui David, dicéntes : Requiévit Sýria super Ephraïm.
Et commótum est cor ejus, et cor pópuli ejus, sicut movéntur ligna silvárum a
fácie venti.
2. Et on l’annonça à la maison de David, en disant : La Syrie a trouvé un appui dans Ephraïm ; et le cœur d’Achaz fut agité ainsi que le cœur du peuple, comme sont agités les arbres des forêts à la face du vent.
3Et
dixit Dóminus ad Isaíam : Egrédere in
occúrsum Achaz, tu et qui
derelíctus est Jasub, fílius tuus, ad extrémum
aquædúctus piscínæ superióris in
via agri Fullónis ;
3. Et le Seigneur dit à Isaïe : Sors au-devant d’Achaz, toi et Jasub ton fils qui t’est resté, et va à l’extrémité du canal de la piscine supérieure, sur la voie du champ du foulon.
4. Et tu lui diras :
Vide ut síleas ; noli
timére,
Voyez à vous tenir en repos ; ne craignez point,
et cor tuum ne formídet
et que votre cœur ne tremble point
a duábus caudis titiónum fumigántium istórum,
à cause de ces deux bouts de tisons fumants,
in ira furóris Rasin, regis
Sýriæ, et fílii Romelíæ ;
devant la colère de Rasin, roi de Syrie, et du fils de Romélie ;
5 eo quod consílium iníerit contra te Sýria in malum,
5. Parce que la Syrie, Ephraïm et le fils de Romélie
Ephraïm, et fílius Romelíæ,
dicéntes :
ont formé de mauvais desseins contre vous, disant :
6 Ascendámus ad Judam,
6. Montons contre Juda,
et suscitémus eum, et avellámus
eum ad nos,
et mettons-le en mouvement, faisons-le venir à nous,
et ponámus regem in médio ejus fílium Tábeël.
et établissons-y pour roi le fils de Tabéel.
7 Hæc dicit Dóminus Deus :
7. Voici ce que dit le Seigneur Dieu :
Non stabit, et non erit
istud ;
Cela ne subsistera pas et ne sera même pas.
8 sed caput Sýriæ Damáscus,
8. Mais la capitale de la Syrie est Damas,
et caput Damásci Rasin ;
et le chef de Damas est Rasin ;
et adhuc sexagínta et quinque
anni,
et encore soixante-cinq ans,
et désinet Ephraïm esse
pópulus ;
et Ephraïm cessera d’être un peuple.
9 et caput Ephraïm Samaría,
9. Et la capitale d’Ephraïm est Samarie,
et caput Samaríæ fílius Romelíæ.
et le chef de Samarie le fils de Romélie.
Si non credidéritis, non
permanébitis.
Si vous ne croyez pas, vous ne persévérerez pas.
10
Et adjécit Dóminus loqui ad Achaz, dicens :
10. Le Seigneur parla encore à Achaz, disant :
11 Pete tibi signum a Dómino Deo tuo, in profúndum inférni, sive in excélsum supra.
11. Demande pour toi un miracle au Seigneur ton Dieu, au fond de l’enfer, ou au plus haut des cieux.
12 Et dixit Achaz :
Non petam, et non tentábo Dóminum.
12. Et Achaz dit : Je n’en demanderai pas, et je ne tenterai pas le Seigneur.
13. Et le prophète dit :
Audíte ergo, domus David.
Écoutez donc, maison de David :
Numquid parum vobis est
moléstos esse homínibus,
Est-ce peu pour vous d’être fâcheux aux hommes,
quia molésti estis et Deo
meo ?
puisque vous êtes fâcheux même à mon Dieu ?
14 Propter hoc dabit Dóminus ipse vobis signum :
14. À cause de cela le Seigneur lui-même vous donnera un signe.
ecce virgo concípiet, et páriet
fílium,
Voilà que la vierge concevra et enfantera un fils,
et vocábitur nomen ejus Emmánuël.
et son nom sera appelé Emmanuel.
15 Bútyrum et mel cómedet,
15. Il mangera du beurre et du miel,
ut sciat reprobáre malum, et
elígere bonum.
en sorte qu’il sache réprouver le mal et choisir le bien.
16 Quia ántequam sciat puer reprobáre malum et
elígere bonum,
16. Parce qu’avant que l’enfant sache réprouver le mal et choisir le bien,
derelinquétur
terra quam tu detestáris a fácie duórum regum suórum.
la terre que tu détestes sera abandonnée de ses deux rois.
17 Addúcet Dóminus super te, et super pópulum tuum,
17. Le Seigneur amènera,
et super domum patris tui,
avec le roi des Assyriens,
dies qui non venérunt
sur toi, sur ton peuple et sur la maison de ton père,
a diébus separatiónis Ephraïm a Juda,
des jours qui ne sont pas venus
cum rege Assyriórum.
depuis la séparation d’Ephraïm d’avec Juda.
18 Et erit in die illa : sibilábit Dóminus
18. Il arrivera en ce jour que Dieu sifflera
muscæ quæ est in extrémo
flúminum Ægýpti,
pour appeler la mouche qui est à l’extrémité des fleuves de l’Égypte,
et api quæ est in terra Assur ;
et l’abeille qui est dans la terre d’Assur ;
19 et vénient, et requiéscent omnes
19. Et elles viendront et elles se reposeront toutes
in torréntibus vállium,
dans les torrents des vallées,
et in cavérnis petrárum,
et dans les cavernes des pierres,
et in ómnibus frutétis, et in
univérsis foramínibus.
et sur tous les arbrisseaux et dans tous les trous.
20 In die illa radet Dóminus
20. En ce jour-là, le Seigneur
in novácula condúcta in his qui trans flumen sunt,
rasera avec un rasoir emprunté sur ceux qui sont au-delà du fleuve
in rege Assyriórum,
et sur le roi des Assyriens
caput et pilos pedum,
la tête, et le poil des pieds
et barbam univérsam.
et toute la barbe.
21 Et erit in die illa :
21. Et il arrivera en ce temps-là
nútriet homo vaccam boum, et duas oves,
qu’un homme nourrira une vache et deux brebis,
22 et præ ubertáte lactis
22. Et à cause de l’abondance du lait
cómedet bútyrum ;
il mangera du beurre ;
bútyrum enim et mel manducábit
car il mangera du beurre et du lait,
omnis qui relíctus fúerit in
médio terræ.
quiconque aura été laissé au milieu de la terre.
23 Et erit in die illa : omnis locus ubi
fúerint
23. Et il arrivera en ce jour-là, qu’en tout lieu
mille vites, mille argénteis,
où il y aura eu mille pieds de vigne, à mille pièces d’argent,
in spinas et in vepres erunt.
ces pieds de vigne seront changés en épines et en ronces.
24 Cum sagíttis et arcu ingrediéntur illuc :
24. On y entrera avec les flèches et l’arc ;
vepres enim et spinæ erunt in
univérsa terra.
car les ronces et les épines seront sur toute la terre.
25 Et omnes montes qui in sárculo sarriéntur,
25. Quant à toutes les montagnes qui seront bien sarclées,
non véniet illuc terror
spinárum et véprium :
la crainte des épines et des ronces ne les atteindra pas,
et erit in páscua bovis, et in
conculcatiónem pécoris.
mais elles serviront de pâturage au bœuf, et le menu bétail les foulera aux pieds.
~
CHAP. VII. 1. IV Reg. XVI, 5. — 14. Matth. I, 23 ; Luc. I, 31.
1. * IIe groupe : Prophéties du temps d’Achaz ou la prophétie d’Emmanuel, VII-XII. — La seconde période du ministère prophétique d’Isaïe comprend les oracles prononcés sous le règne d’Achaz. Achaz régna 16 ans (742-727). Trois circonstances de son histoire doivent être principalement notées pour l’intelligence des prophéties d’Isaïe à cette époque. — 1° Achaz, au lieu de maintenir le culte de Dieu, comme Ozias et Joathan, favorisa ouvertement l’idolâtrie. — 2° Phaceé d’Israël et Rasin de Damas continuèrent contre lui les hostilités qu’ils avaient commencées contre Joathan, IV Reg. XV, 37. Les détails de la guerre contre Achaz sont donnés dans IV Reg. XVI, 5-9, et II Par. XXVIII, 5-21. Plusieurs pensent que la guerre fut courte, mais cette opinion est peu vraisemblable. Les confédérés ne purent exécuter qu’en plusieurs campagnes tout ce qui est raconté dans les Rois et les Paralipomènes. Dans une première campagne, résumée par Isaïe, VII, 1, ils assiégèrent sans succès Jérusalem, IV Reg. XVI, 5. C’est alors qu’Isaïe fit la prophétie du ch. VII, 1-9. — 3° Comme Phaceé et Rasin continuèrent, probablement chacun de leur côté, à ravager le royaume de Juda, Rasin poussant jusqu’à la mer Rouge. IV Reg. XVI, 6, et emportant un grand butin, II Par. XXVIII, 5 ; Phaceé ravageant aussi Juda, faisant périr cent vingt mille hommes, emmenant deux cent mille captifs, II Par. XXVIII, 5, 6, 8, Achaz manqua de confiance en Dieu ; et ne se sentant pas de force à lutter contre ces deux ennemis que soutenaient encore les Iduméens et les Philistins, IV Reg. XVI, 6 ; II Par. XXVIII, 17-18, il appela à son aide Téglath-Phalasar, roi d’Assyrie. Isaïe fit les prophéties VII, 10-XII, à la suite de cet appel à l’étranger. — C’est au moment où le bruit de la marche des Israélites et des Syriens vient d’arriver dans la capitale, et la remplit de terreur, qu’Isaïe commence les prophéties contenues dans les ch. VII-XII. Elles forment ce qu’on a appelé le livre d’Emmanuel, parce qu’Emmanuel ou le Messie en est le sujet principal. Elles ont cela de commun, qu’elles ont toutes été faites à l’occasion de la guerre de Phaceé et de Rasin contre Juda.
Les prophéties du temps d’Achaz sont au nombre de quatre : 1° VII, 1-9 ; 2° VII, 10-25 ; 3° VIII, 1-4 ; 4° VIII, 5-XII. Le commencement de chacune d’elle est indiqué par une formule qui en marque la division, VII, 1 ; VII, 10 ; VIII, 1, et VIII, 5. La première prépare la prophétie d’Emmanuel ; la seconde annonce sa naissance miraculeuse ; la troisième donne un signe prochain de la délivrance de Juda, et la quatrième montre dans le triomphe du peuple de Dieu le symbole d’un triomphe plus grand encore au temps du Messie. — 1° Prophéties contre Samarie et contre Damas, VII, 1-9. — Au moment où Rasin et Phaceé vont faire le siège de Jérusalem, Isaïe console Achaz et son peuple, en prédisant que les attaques de leurs ennemis seront vaines, et que, dans 65 ans, Ephraïm cessera d’être un peuple. C’était probablement la première année du règne d’Achaz (742). Ses ennemis durent profiter du changement du trône pour combattre Juda.
3. Jasub ; signifie en hébreu un reste reviendra ; nom mystérieux, et que Dieu, autant qu’on peut en juger, avait fait donner à cet enfant, comme preuve que Juda serait délivré de l’oppression de ce règne, et que les restes du peuple se convertiraient sous le règne d’Ézéchias. Compar. X, 21-22. — La piscine supérieure ; elle était au pied des murs de Jérusalem, à l’orient. — * La situation de la piscine supérieure est controversée, mais on la place aujourd’hui le plus communément à l’ouest de la ville, et on l’identifie avec le Birket-Mamilla.
6. * Le fils de Tabéel. On lit dans une inscription du roi d’Assyrie Theglathphalasar le nom d’un personnage qui s’appelle Itibil ou Tibil et qui peut être le Tabéel d’Isaïe ; mais l’inscription est malheureusement si mutilée que nous ne savons pas ce qu’était ce personnage.
8. * Ce vers. 8, dans lequel est annoncée la ruine complète d’Ephraïm, c’est-à-dire du royaume des dix tribus, au bout de 65 ans, offre plusieurs difficultés. — 1° On soutient qu’il est une interpolation ou bien qu’il est une prophétie faite après coup, comme s’il était plus difficile à Dieu de révéler une date en particulier que l’avenir en général ! On affirme, il est vrai, mais à tort, que les prédictions de l’Ancien Testament ne sont jamais aussi précises. Cet exemple n’est pas isolé, nous en rencontrons beaucoup d’autres. — 2° On a prétendu aussi que ce chiffre de 65 est faux. Il n’en est rien. Il serait inexact, s’il s’agissait de la prise de Samarie par Salmanasar et Sargon, laquelle eut lieu, en effet, peu d’années après, mais Isaïe ne parle pas de l’époque où Ephraïm cessa d’être un royaume, il parle du temps où il cessa d’être un peuple, ce qui, d’après des calculs fort probables, eut lieu du temps d’Asarhaddon, la 6e année du règne de ce roi d’Assyrie, la 20e de celui de Manassé de Juda. Le monarque ninivite fit transporter en divers pays les derniers restes d’Israël, comme nous pouvons le conclure de I Esd. IV, 2. Or, de la 1re année d’Achaz, date de la prophétie d’Isaïe, à la 20e année de Manassé, il y a juste 65 ans : 16 années d’Achaz + 29 d’Ézéchias + 20 de Manassé = 65.
9. * Samarie. Voir la note sur III Reg. XVI, 24.
10-25. * 11° Prédiction de la naissance d’Emmanuel, VII, 10-25. — Cette seconde prophétie date probablement de la même année que la précédente (742), et ne lui est postérieure que de peu de temps. Elle est une des plus importantes de l’Ancien Testament, parce qu’elle annonce la naissance miraculeuse du fils de la Vierge, Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu avec nous ». Elle se divise en quatre parties : 1° VII, 10-13. Isaïe fait connaitre les circonstances de la prophétie. Au moment, semble-t-il, où Achaz songe à appeler Theglathphalasar à son secours, le prophète, pour lui prouver que Juda peut se reposer sur Dieu de sa défense, dit au roi qu’il peut demander comme gage de cette protection un signe ou miracle. Le prince le refuse. — 2° Isaïe n’en donne pas moins ce signe ; la naissance du fils de la Vierge, VII, 14-17, Ce signe est accompagné de l’assurance qu’en deux ou trois ans Juda sera délivré de la Syrie et d’Israël, mais il sera puni lui-même d’avoir appelé l’Assyrien. — 3° Un évènement prochain, l’invasion de la Palestine par les armées égyptienne et ninivite, confirmera la vérité de l’oracle divin, VII, 18-20. — 4° Tableau de la désolation produite par cette invasion, VII, 21-25.
10. Parla encore ; littér. ajouta à parler. Voy., sur cet hébraïsme, Psaumes Observat. prélimin., II, 2°.
14. La vierge. C’est ainsi que portent l’hébreu et les Septante. En vain les rationalistes allemands se sont-ils efforcés de prouver que l’article ici n’avait aucun sens déterminatif ; tous les exemples qu’ils allèguent sont faussement appliqués. Leurs efforts ne sont pas moins vains quand ils veulent établir que le terme hébreu traduit par vierge (virgo) ne signifie qu’une fille nubile. L’argument qu’ils tirent de l’arabe, en l’appliquant encore faussement, ne prouve rien. Tout conspire donc ici en faveur du sens de la Vierge, l’étymologie, le contexte et la tradition. Saint Matthieu (I, 22-23) nous fait remarquer l’accomplissement de cette prophétie, en expliquant le nom d’Emmanuel. Compar. Isaïe, VIII, 8. * La mère d’Emmanuel est la Très Sainte Vierge, et Emmanuel est Jésus-Christ, d’après l’attestation formelle de saint Matthieu (Matth. I, 22-23). Voir aussi Luc. I, 31, qui contient une allusion évidente à Is. VII, 14. Le texte grec de saint Luc reproduit à peu près littéralement, sauf les modifications nécessaires, le texte grec de la traduction de ce verset d’Isaïe dans les Septante. Cette explication authentique de la prophétie d’Isaïe est décisive, aussi a-t-elle été soutenue par tous les Pères et les docteurs. — 2° Emmanuel n’est pas un fils d’Achaz, comme on l’a faussement soutenu. Plusieurs critiques ont imaginé que l’enfant annoncé par le prophète était Ézéchias. Mais Ézéchias avait déjà neuf ans, au moins, à l’époque de cette prophétie, par conséquent Isaïe ne pouvait prédire sa naissance, comme l’a observé saint Jérôme. — Le fils de la Vierge est appelé Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu avec nous », nom significatif, comme tous les noms hébreux, et qui nous fait connaitre la nature du Messie : c’est Dieu lui-même, venant vivre au milieu de nous. Ce nom est d’ailleurs plutôt un nom symbolique qu’un nom propre, comme les noms qui lui sont donnés, IX, 5.
15. * Du beurre et du miel. C’est la nourriture des habitants du désert, et c’était aussi, chez les anciens, la nourriture ordinaire des enfants. — Dans la suite du verset en sorte que, ne peut signifier qu’il se nourrira de lait et de miel, afin de savoir choisir entre le mal et le bien, ce qui n’aurait aucun sens, mais jusqu’à ce que il ait atteint l’âge de discrétion, c’est-à-dire qu’il soit sorti de l’enfance. C’est ainsi que l’ont compris la paraphrase chaldaïque, les Septante et généralement les commentateurs.
16. * L’explication de ce verset offre des difficultés et on l’a très diversement interprété. Tout le monde convient que le vers. 15 s’applique à Emmanuel : il se nourrira de la même nourriture que ceux de son âge. Mais comment Emmanuel peut-il désigner le Messie, puisque, d’après le verset 16, avant que celui qui est promis comme signe soit sorti de l’enfance, c’est-à-dire, avant deux ou trois ans, les royaumes de Syrie et d’Israël, ennemis de Juda, auront été dépeuplés par Téglath-Phalasar, roi d’Assyrie ? — L’explication la plus simple consiste à supposer qu’Isaïe veut indiquer simplement une date et que le sens est : Avant que se soit écoulé le temps qu’il faudrait à Emmanuel, s’il naissait de nos jours, pour sortir de l’enfance, Israël et la Syrie seront désolés. — Il est à remarquer que, contrairement aux usages des prophètes, après que la naissance d’Emmanuel, qui doit servir de signe, a été annoncée, Isaïe ne nous dit nulle part qu’Emmanuel soit né réellement de son temps, Pourquoi, si ce n’est parce qu’il ne devait naitre réellement que plus de 700 ans après ? — On peut se demander, il est vrai, pourquoi Dieu choisit une marque si éloignée de sa protection, au milieu des dangers présents, mais, 1° nous voyons, par toutes les prophéties, qu’il console souvent son peuple par les espérances messianiques qu’il fait briller à leurs yeux ; 2° c’est parce que l’accomplissement de ce prodige ne doit avoir lieu que plus tard qu’il donne un signe prochain dans la naissance du fils d’Isaïe, laquelle fait le sujet de la troisième prophétie.
18. * La mouche. Sur les mouches d’Égypte, voir la note sur Ps. CIV, 31. Les Égyptiens sont comparés aux mouches, parce qu’elles infectent la vallée du Nil, et les Assyriens aux abeilles, qui sont nombreuses dans leur pays.
20. * Au-delà du fleuve de l’Euphrate. Le rasoir est le roi des Assyriens, qui rasera, c’est-à-dire ravagera tout le royaume de Juda ; raser toute la barbe à un homme était un cruel outrage.
21. Vache ; littér. vache de bœufs (vaccam boum) ; les Septante lisent : génisse de bœufs, et l’hébreu : génisse de bœuf.
24. * Avec les flèches, à cause des bêtes sauvages.
²
Fils qui doit naitre à Isaïe. Désolation prochaine des deux royaumes d’Israël et de Syrie. Désolation de Juda. Vains efforts des ennemis de Juda. Le Seigneur devient une pierre de scandale pour les deux maisons d’Israël et de Juda. Désolation du royaume des dix tribus.
1
Et dixit Dóminus ad me : Sume tibi librum grandem, et scribe in eo stylo
hóminis : Velóciter spólia détrahe, cito prædáre.
1. Et le Seigneur me dit : Prends un grand livre et écris-y en style d’homme : Enlève promptement les dépouilles, prends vite le butin.
2Et
adhíbui mihi testes fidéles, Uríam
sacerdótem, et Zacharíam, fílium
Barachíæ :
2. Et je pris des témoins fidèles, Urie le prêtre et Zacharie fils de Barachie ;
3
et accéssi ad prophetíssam, et concépit, et péperit fílium. Et dixit Dóminus ad me :
Voca nomen ejus : Accélera spólia detráhere ; Festína prædári :
3. Et je m’approchai de la prophétesse, et elle conçut et enfanta un fils. Et le Seigneur me dit : Appelle son nom : Hâte-toi d’enlever les dépouilles : Empresse-toi de prendre le butin.
4 quia
ántequam sciat puer vocáre patrem suum et matrem suam, auferétur fortitúdo
Damásci, et spólia Samaríæ, coram rege Assyriórum.
4. Parce qu’avant que l’enfant sache nommer son père et sa mère, la puissance de Damas sera enlevée, ainsi que les dépouilles de Samarie devant le roi des Assyriens.
5
Et adjécit Dóminus loqui ad me adhuc, dicens :
5. Et le Seigneur me parla encore, disant :
6 Pro eo quod abjécit pópulus iste
6. Parce que ce peuple a rejeté
aquas Síloë, quæ vadunt cum
siléntio,
les eaux de Siloé, qui coulent en silence,
et assúmpsit magis Rasin,
et qu’il a pris plutôt Rasin,
et fílium Romelíæ :
et le fils de Romélie ;
7 propter hoc ecce Dóminus addúcet super eos
7. À cause de cela, voici que le Seigneur fera venir sur eux
aquas flúminis fortes et
multas,
les eaux violentes et abondantes du fleuve,
regem Assyriórum, et omnem
glóriam ejus,
le roi des Assyriens et toute sa gloire ;
et ascéndet super omnes rivos
ejus,
et il s’élèvera au-dessus de toutes ses rives,
et fluet super univérsas ripas
ejus ;
et il coulera par dessus tous ses bords ;
8 et ibit per Judam, inúndans, et tránsiens :
8. Et il ira à travers Juda, l’inondant
usque ad collum véniet.
et le traversant jusqu’au cou.
Et erit exténsio alárum ejus
Et il étendra ses ailes,
implens
latitúdinem terræ tuæ, o Emmánuël !
remplissant l’étendue de ta terre, ô Emmanuel.
9 Congregámini, pópuli, et vincímini ;
9. Rassemblez-vous, peuples, et soyez vaincus ;
et audíte, univérsæ procul
terræ :
et écoutez, vous toutes, terres lointaines,
confortámini, et vincímini ;
fortifiez-vous et soyez vaincues,
accíngite vos, et vincímini.
ceignez-vous pour le combat, soyez vaincues ;
10 Iníte consílium, et dissipábitur ;
10. Formez des desseins, et ils seront dissipés ;
loquímini verbum, et non fiet :
dites une parole, et elle ne sera pas exécutée,
quia nobíscum Deus.
parce qu’avec nous est Dieu.
11 Hæc enim ait Dóminus ad me : Sicut in manu forti erudívit me,
11. Car voici ce que m’a dit le Seigneur, quand, me tenant par une main puissante, il m’a instruit,
ne irem in via pópuli hujus, dicens :
afin que je n’allasse point dans la voie de ce peuple disant :
12 Non dicátis : Conjurátio ;
12. Ne dites pas : Conjuration ;
ómnia enim quæ lóquitur pópulus
iste, conjurátio est :
car tout ce que dit ce peuple est conjuration ;
et timórem ejus ne timeátis,
neque paveátis.
ne craignez pas ce qu’il craint et ne vous effrayez point.
13 Dóminum exercítuum ipsum sanctificáte ;
13. Sanctifiez le Seigneur des armées ;
ipse pavor vester, et ipse terror vester :
qu’il soit lui-même votre frayeur, et lui-même votre terreur.
14 et erit vobis in sanctificatiónem ;
14. Et il vous sera en sanctification.
in lápidem autem offensiónis, et in petram scandáli,
Mais il sera en pierre d’achoppement
duábus dómibus Israël ;
et en pierre de scandale aux deux maisons d’Israël ;
in láqueum et in ruínam habitántibus Jerúsalem.
en lacs et en ruine aux habitants de Jérusalem.
15 Et offéndent ex eis plúrimi,
15. Et le plus grand nombre d’entre eux se heurteront,
et cadent, et conteréntur,
et tomberont, et seront brisés,
et irretiéntur, et capiéntur.
et ils s’embarrasseront dans des filets et ils seront pris.
16 Liga testimónium,
16. Lie le témoignage,
signa legem in discípulis meis.
scelle la loi pour mes disciples,
17 Et exspectábo Dóminum qui abscóndit fáciem suam
17. Et j’attendrai le Seigneur qui cache sa face
a domo Jacob, et præstolábor eum.
à la maison de Jacob, et je l’attendrai.
18 Ecce ego et púeri mei quos dedit mihi Dóminus
18. Me voici, moi et les enfants que le Seigneur m’a donnés
in signum, et in porténtum Israël
pour être un signe et un présage dans Israël,
a Dómino exercítuum,
par l’ordre du Seigneur des armées
qui hábitat in monte Sion :
qui habite sur la montagne de Sion.
19 et cum díxerint ad vos :
19. Et lorsqu’on vous dira :
Quǽrite a pythónibus
Consultez les pythoniens et les devins
et a divínis qui strident in
incantatiónibus suis :
qui bruissent dans leurs enchantements, répondez :
numquid non pópulus a Deo suo requíret,
Est-ce qu’un peuple ne consultera pas son Dieu ?
pro vivis a mórtuis ?
Consulte-t-on les morts pour les vivants ?
20 ad legem magis et ad testimónium.
20. Recourez plutôt à la loi, et au témoignage.
Quod si non díxerint juxta
verbum hoc,
Que s’ils ne parlent pas conformément à cette parole,
non erit eis matutína lux.
la lumière du matin ne sera pas pour eux.
21 Et transíbit per eam, córruet, et esúriet ;
21. Et ils passeront au milieu d’elle, et ils tomberont, et ils souffriront la faim ;
et cum esuríerit, irascétur.
et lorsqu’ils souffriront la faim, ils se mettront en colère,
Et maledícet regi suo, et Deo
suo,
et ils maudiront leur roi et leur Dieu,
et suscípiet sursum,
et ils regarderont en haut.
22 et ad terram intuébitur ;
22. Et ils porteront leurs regards vers la terre,
et ecce tribulátio et ténebræ,
et voilà la tribulation et les ténèbres,
dissolútio et angústia,
l’abattement et l’angoisse,
et calígo pérsequens,
une nuit sombre qui les poursuivra,
et non póterit avoláre de
angústia sua.
et ils ne pourront échapper à leur angoisse.
~
CHAP. VIII. 6. Jer. II, 13 ; XVIII, 15. — 14. Luc. II, 34 ; Rom. IX, 33 ; I Petr. II, 7.
1-4. * IIIe prophétie : Signe prochain de la délivrance de Juda dans la promesse du fils d’Isaïe. — Dieu commande à Isaïe de donner un nom prophétique au fils qui va lui naitre : Mahêr-schâlal-khasch-baz, c’est-à-dire, comme l’a traduit saint Jérôme, Hâte-toi d’enlever les dépouilles, vers. 3. Avant qu’il sache parler, c’est-à-dire dans un an, Damas sera vaincue et le royaume d’Israël pillé par le roi d’Assyrie, vers. 4. En effet, dans l’intervalle de temps marqué par le prophète, le roi de Damas, Rasin, fut battu et tué par Theglathphalasar, IV Reg. XVI, 9, et le royaume de Phaceé ravagé par le même prince, qui emmena captifs une partie des habitants de la Palestine du nord, IV Reg. XV, 29. Tous ces faits, racontés par la Bible, sont confirmés par les fragments des annales assyriennes du roi de Ninive, retrouvés dans ces dernières années.
1. En style d’homme ; c’est-à-dire dans une écriture que tout homme puisse facilement lire. La paraphrase chaldaïque dit écriture claire. Le prophète Habacuc a exprimé (II, 2) la même pensée qu’Isaïe, quoiqu’en des termes différents.
2. * Urie est très probablement le grand prêtre dont il est question IV Reg. XVI, 10-11. Zacharie est sans doute un lévite, mais il n’est pas autrement connu.
3. La prophétesse ; c’est la femme d’Isaïe.
5-12. * IVe prophétie : Le triomphe du peuple de Dieu sur ses ennemis du temps d’Achaz est le symbole de son triomphe au temps du Messie, VIII, 5-XII. — Le triomphe du peuple de Dieu annoncé par la troisième prophétie et accompli depuis, n’est que le symbole d’un triomphe plus grand encore au temps du Messie. Dieu parle de nouveau à Isaïe, VIII, 5. — 1° Israël et Juda seront punis pour avoir placé leur confiance dans des secours étrangers, mais Emmanuel viendra les consoler un jour au milieu des ténèbres dans lesquelles ils seront plongés ; un petit enfant naitra, ce sera l’enfant-Dieu et il consolidera le trône de David, à jamais, VIII, 5-IX, 7. — 2° Il ne paraitra cependant sur la terre que lorsque les enfants de Jacob et en particulier Ephraïm auront été châtiés, IX, 8-X, 4. — 3° Alors Dieu brisera Assur, la verge dont il s’est servi et la figure de tous les ennemis de son peuple ; le reste d’Israël se convertira ; la tige de Jessé changera la face du monde, et Sion chantera un cantique d’action de grâces en l’honneur de son Dieu, X, 5-XII. Le chapitre VII montre les Messie naissant, le chapitre IX nous le fait voir déjà né, et le chapitre XI, régnant glorieusement.
5. Parla encore. Compar. VII, 10.
6. Les eaux, etc. ; c’est-à-dire la maison de David représentée par les eaux de Siloé, qui étaient au pied de la montagne de Sion, et dont le nom signifie envoyé (Joan. IX, 7). Les prophètes représentent assez ordinairement par les noms des fleuves les lieux adjacents. Ainsi ils parlent de l’Égypte sous le nom du Nil, et de Babylone sous celui de l’Euphrate, etc. Dans ce verset, Isaïe veut dire que le peuple de Juda, ayant jugé trop faibles pour le défendre les princes de la maison de David, a eu recours à des rois étrangers. — * Les eaux de Siloé qui coulent en silence. La fontaine de Siloé est intermittente et peu abondante. Voir la note sur Joan. IX, 7.
7. * Les eaux violentes. La figure est tirée de l’inondation annuelle de l’Euphrate.
8. Ô Emmanuel ; le prophète s’adresse ici au Messie qui devait naitre dans la Judée et posséder le trône de David (Luc. I, 32).
9. Soyez vaincus ; hébraïsme, pour : et vous serez vaincus.
11. Quand. Ce mot, qui n’est représenté par aucun terme dans le texte hébreu, nous a semblé la traduction la plus fidèle du sicut de la Vulgate, d’autant plus que les auteurs latins eux-mêmes lui ont donné ce sens. — Disant (dicens), et dans l’hébreu en disant (dicéndo), n’est pas un pur pléonasme, ou, comme on dit, un pléonasme vicieux, parce que les mots voici ce que m’a dit le Seigneur ayant pour complément ou régime les versets suivants, dont ils sont trop éloignés, on les en a rapprochés par la répétition du verbe dire Cet idiotisme de la langue hébraïque a pour but d’écarter le plus possible toute obscurité dans le langage.
14. Il sera, etc. Jésus lui-même est devenu une pierre d’achoppement et de scandale (Rom. IX, 33 ; I Petr. II, 8). — * S. Paul et S. Pierre ont appliqué ces paroles à Notre-Seigneur, parce que les Juifs n’ayant pas cru en lui, il devint pour eux une cause de réprobation.
16. Lie, etc. Quand les Hébreux écrivaient sur des tablettes quelque chose qu’ils voulaient tenir secret, ils les enveloppaient de lin, et y appliquaient le sceau par-dessus. — Le témoignage et la loi ; c’est-à-dire les prédictions que le Seigneur a fait prononcer par le prophète.
18. Me voici, etc. Compar. Hebr. II, 13.
19. Pythoniens ; ou magiciens ; ils sont désignés aussi sous le nom de ayant un esprit de python. — * Moïse avait condamné la nécromancie comme une « abomination, » mais cette superstition, fondée sur la réalité d’une autre vie, était si enracinée dans le peuple, que nous voyons Isaïe l’attaquer, et peut-être avec peu de succès. La persistance de ces consultations superstitieuses, parmi les Israélites, à toutes les époques de leur histoire, est une preuve incontestable de leur foi à une autre vie.
21. D’elle (eam) ; de la terre de Juda.
²
Premiers coups portés sur la maison d’Israël. Délivrance de la maison de Juda. Règne du Messie. Maux qui doivent tomber sur Israël.
1 Primo témpore alleviáta est
1. Dans le premier temps a été allégée
terra Zábulon et terra Néphthali :
la terre de Zabulon, ainsi que la terre de Nephthali ;
et novíssimo aggraváta est via
maris
et dans le dernier, a été aggravée la voie de la mer,
trans Jordánem Galilǽæ géntium.
au delà du Jourdain, la voie de la Galilée des nations.
2 Pópulus qui ambulábat in ténebris,
2. Le peuple qui marchait dans les ténèbres
vidit lucem magnam ;
a vu une grande lumière ;
habitántibus
in regióne umbræ mortis,
pour ceux qui habitaient dans la région de l’ombre de la mort,
lux orta est eis.
une lumière s’est levée.
3 Multiplicásti gentem,
3. Vous avez augmenté la nation
et non magnificásti lætítiam.
et vous n’avez pas agrandi sa joie.
Lætabúntur coram te, sicut qui
lætántur in messe ;
Ils se réjouiront devant vous, comme ceux qui se réjouissent dans la moisson ;
sicut exsúltant victóres capta
præda, quando dívidunt spólia.
et comme exultent les vainqueurs après le butin pris, quand ils partagent les dépouilles.
4 Jugum enim óneris ejus,
4. Car le joug de son fardeau,
et virgam húmeri ejus,
la verge de son épaule,
et sceptrum exactóris ejus
et le sceptre de son exacteur, vous en avez triomphé,
superásti, sicut in die Madían.
comme à la journée de Madian.
5 Quia omnis violénta prædátio
cum tumúltu,
5. Parce que tout pillage fait dans le tumulte,
et vestiméntum mistum sánguine,
et tout vêtement souillé de sang
erit in combustiónem,
sera en combustion
et cibus ignis.
et la pâture du feu.
6 Párvulus enim natus est nobis,
6. Car UN ENFANT nous EST NÉ,
et fílius datus est nobis,
et un fils nous a été donné ;
et factus est principátus super
húmerum ejus :
et sa principauté est sur son épaule,
et vocábitur nomen ejus,
et son nom sera appelé
Admirábilis, Consiliárius, Deus, Fortis,
Admirable, Conseiller, Dieu, Fort,
Pater futúri sǽculi, Princeps
pacis.
Père du siècle à venir, Prince de la paix.
7 Multiplicábitur ejus impérium,
7. Son empire s’accroitra
et pacis non erit finis ;
et la paix n’aura pas de fin ;
super sólium David, et super regnum ejus sedébit,
sur le trône de David et sur son royaume
ut confírmet illud et
corróboret
il s’assiéra pour l’affermir et le fortifier
in judício et justítia,
dans le jugement et la justice,
ámodo et usque in
sempitérnum :
dès maintenant à tout jamais.
zelus Dómini exercítuum fáciet
hoc.
Le zèle du Seigneur des armées fera cela.
8 Verbum misit Dóminus in Jacob,
8. Le Seigneur a envoyé une parole dans Jacob,
et cécidit in Israël.
et elle est tombée dans Israël.
9 Et sciet omnis pópulus Ephraïm,
9. Et tout le peuple d’Ephraïm le saura
et habitántes Samaríam,
de même que ceux qui habitent Samarie,
in supérbia et magnitúdine
cordis dicéntes :
qui disent dans l’orgueil et l’enflure du cœur :
10 Láteres cecidérunt, sed quadris lapídibus
ædificábimus ;
10. Les briques sont tombées ; mais nous bâtirons avec des pierres de taille ;
sycómoros succidérunt, sed cedros immutábimus.
on a coupé nos sycomores, nous y substituerons des cèdres.
11 Et elevábit Dóminus hostes Rasin super eum,
11. Et le Seigneur élèvera les ennemis de Rasin sur lui,
et inimícos ejus in tumúltum vertet.
et il fera venir tous ses ennemis en foule :
12 Sýriam ab oriénte, et Philísthiim ab
occidénte ;
12. La Syrie de l’Orient, les Philistins de l’Occident ;
et devorábunt Israël toto ore.
et ils dévoreront Israël de toute leur bouche.
In ómnibus his non est avérsus furor ejus,
Avec toutes ces choses sa fureur n’a pas été détournée,
sed adhuc manus ejus exténta.
mais sa main est encore étendue ;
13 Et pópulus non est revérsus ad percutiéntem se,
13. Et le peuple n’est pas revenu vers celui qui le frappait,
et Dóminum exercítuum non
inquisiérunt.
et ils n’ont pas recherché le Seigneur des armées.
14 Et dispérdet Dóminus ab Israël caput et caudam,
14. Et le Seigneur retranchera d’Israël, dans un même jour,
incurvántem et refrenántem, die
una.
la tête et la queue, celui qui plie et celui qui réfrène.
15 Longǽvus et honorábilis, ipse est caput ;
15. Le vieillard et l’homme en dignité, c’est la tête ;
et prophéta docens mendácium,
ipse est cauda.
et le prophète qui enseigne le mensonge, c’est la queue.
16 Et erunt qui beatíficant pópulum istum,
seducéntes ;
16. Et ceux qui appellent ce peuple heureux seront des séducteurs ;
et qui beatificántur, præcipitáti.
et ceux qui sont appelés heureux seront précipités.
17 Propter hoc super adolescéntulis ejus non
lætábitur Dóminus,
17. À cause de cela le Seigneur ne mettra pas sa joie dans ses jeunes hommes ;
et pupillórum ejus et viduárum
non miserébitur :
et de ses orphelins, et de ses veuves, il n’aura pas pitié ;
quia omnis hypócrita est et
nequam,
parce que tous sont hypocrites et méchants,
et univérsum os locútum est
stultítiam ;
et que toute bouche a parlé folie.
in ómnibus his non est avérsus furor ejus,
Avec toutes ces choses sa fureur n’a pas été détournée,
sed adhuc manus ejus exténta.
mais sa main est encore étendue.
18 Succénsa est enim quasi ignis impíetas :
18. Car comme un feu, l’impiété s’est allumée,
veprem et spinam vorábit,
et elle dévorera la ronce et l’épine ;
et succendétur in densitáte
saltus,
et elle s’embrasera comme dans l’épaisseur d’une forêt ;
et convolvétur supérbia fumi.
et une fumée formera des tourbillons en s’élevant.
19 In ira Dómini exercítuum conturbáta est terra,
19. Par la colère du Seigneur des armées,
et erit pópulus quasi esca
ignis ;
la terre a été bouleversée, et le peuple sera comme la pâture du feu ;
vir fratri suo non
parcet.
l’homme n’épargnera pas son frère.
20 Et declinábit ad déxteram, et esúriet ;
20. Et il se tournera à droite et il aura faim ;
et cómedet ad sinístram, et non
saturábitur ;
et il mangera en allant à gauche, et il ne sera pas rassasié ;
unusquísque carnem bráchii sui
vorábit :
chacun dévorera la chair de son bras :
Manásses Ephraïm, et Ephraïm Manássen ;
Manassé dévorera Ephraïm, et Ephraïm Manassé ;
simul ipsi contra Judam.
et eux ensemble seront contre Juda.
21 In ómnibus his non est avérsus furor ejus,
21. Avec toutes ces choses sa fureur n’a pas été détournée,
sed adhuc manus ejus exténta.
mais sa main est encore étendue.
~
CHAP. IX. 1. Matth. IV, 15-16 ; Luc. I, 79. — 4. Judic. VII, 12. — 11. IV Reg. XVI, 9.
1. Dans le premier, etc. Theglathphalasar ou Thelgathphalnasar, roi d’Assyrie, qui commença de subjuguer les Israélites, fit beaucoup moins souffrir Zabulon et Nephtali que les autres tribus. — * La terre de Zabulon ; … de Nephthali ; ce qu’on appelait du temps de Notre-Seigneur la haute et basse Galilée. — A été aggravée ; la main de Dieu s’est appesantie sur la voie de la mer, le pays à l’ouest de la mer ou du lac de Tibériade. La grande route d’Acre à Damas était encore appelée du temps des croisades la voie de la mer. — Au-delà du Jourdain ; à l’est. — Ce que la Vulgate appelle Galilée des nations, nommé dans le texte original cercle des nations, désigne les parties de la Galilée les plus rapprochées de la Phénicie.
2. Le peuple, etc. Saint Matthieu nous montre l’accomplissement de cette prophétie en la personne de Jésus-Christ, qui porta dans ces régions la lumière de l’Évangile et y commença ses prédications (Matth. IV, 13 et suiv.).
4. Le joug de son fardeau ; c’est-à-dire le joug qui accablait la nation (gentem), nommée au verset précédent. — La verge de son épaule ; la verge qui frappait son épaule. — À la journée de Madian. Compar. Judic. VII.
6. Sur son épaule. Voy. Job. XXXI, 36. Les Pères expliquent ce texte de la croix que le Sauveur a portée sur ses épaules, comme la marque de sa royauté. Au reste, tout ce qui se dit dans ce verset et le suivant se rapporte nécessairement à Jésus-Christ. — * Cette prophétie nous fait connaitre la nature du Messie : ce sera un Dieu, non un homme. Saint Jérôme compte ici six noms particuliers et caractéristiques, donnés au Messie. Tous ces titres nous apprennent quels biens Jésus-Christ apportera aux hommes, en même temps qu’ils nous révèlent sa nature. — La locution : sa principauté est sur son épaule, s’explique par l’idée d’après laquelle le gouvernement est considéré comme un fardeau, une charge. Vizir, titre oriental de celui qui est revêtu d’une haute charge, signifie celui qui porte un fardeau.
10. Nos sycomores. On se servait ordinairement de bois de sycomore pour couvrir les maisons. — * Voir Luc. XIX, 4. — Les briques séchées au soleil étaient probablement les matériaux qui servaient à la construction des maisons ordinaires.
11. Sur lui ; sur le peuple d’Israël.
14. * Celui qui plie et celui qui réfrène ; dans l’original : la branche de palmier et le roseau.
17. Ses jeunes hommes ; du peuple d’Israël. — Folie ; ce mot ici, comme dans plusieurs autres endroits de l’Écriture, signifie impiété, irréligion.
18. Une fumée, etc. ; littér. l’élévation (supérbia) d’une fumée sera roulée autour (convolvétur).
19. L’homme, etc. Le prophète Michée qui vivait du temps d’Isaïe se sert d’une expression semblable pour peindre la dernière désolation de Juda (Mich. VII, 2, 6). On sait d’ailleurs que la ruine du royaume de Samarie fut précédée de guerres et de divisions intestines (IV Reg. XV).
²
Suite des menaces contre Israël. Assur sera exterminé. Les restes d’Israël se convertiront au Seigneur. Marche d’Assur ; sa défaite.
1 Væ qui condunt leges iníquas,
1. Malheur à ceux qui établissent des lois iniques,
et scribéntes injustítiam scripsérunt,
et qui écrivant, ont écrit l’injustice ;
2 ut opprímerent in judício páuperes,
2. Afin d’opprimer le pauvre dans le jugement,
et vim fácerent causæ humílium
pópuli mei ;
et de faire violence à la cause des faibles de mon peuple ;
ut essent víduæ præda eórum,
afin que les veuves soient leur proie,
et pupíllos diríperent.
et qu’ils pillent les orphelins !
3 Quid faciétis in die visitatiónis,
3. Que ferez-vous au jour de la visite
et calamitátis de longe
veniéntis ?
et de la calamité, venant de loin ?
ad cujus confugiétis auxílium ?
De qui solliciterez-vous le secours,
et ubi derelinquétis glóriam
vestram,
et où abandonnerez-vous votre gloire,
4 ne incurvémini sub vínculo,
4. Pour n’être point courbés sous la chaine,
et cum interféctis cadátis ?
et ne point tomber avec les tués ?
Super ómnibus his non est
avérsus furor ejus,
Après toutes ces choses sa fureur n’a pas été détournée,
sed adhuc manus ejus exténta.
mais sa main est encore étendue.
5 Væ Assur ! virga furóris mei et báculus ipse
est ;
5. Malheur à Assur ! la verge et le bâton de ma fureur, c’est lui ;
in manu eórum indignátio mea.
dans sa main est mon indignation.
6 Ad gentem fallácem mittam eum,
6. Je l’enverrai vers une nation trompeuse,
et contra pópulum furóris mei
mandábo illi,
je lui donnerai des ordres contre le peuple de ma fureur,
ut áuferat spólia, et dirípiat
prædam,
afin qu’il emporte des dépouilles, et qu’il enlève du butin,
et ponat illum in
conculcatiónem quasi lutum plateárum.
et qu’il le foule aux pieds comme la boue des places publiques.
7 Ipse autem non sic arbitrábitur,
7. Mais lui-même ne pensera pas ainsi,
et cor ejus non ita
existimábit ;
et son cœur n’aura pas un pareil sentiment ;
sed ad conteréndum erit cor ejus,
mais son cœur sera porté à la destruction
et ad interneciónem géntium non
paucárum.
et à la ruine totale d’un grand nombre de nations.
8 Dicet enim :
8. Car il dira :
9 Numquid non príncipes mei simul reges sunt ?
9. Est-ce que mes princes ne sont pas autant de rois ?
numquid non ut Charcamís, sic Cálano ?
Est-ce que Calano n’est pas comme Charcamis ;
et ut Arphad, sic Emath ?
et Émath comme Arphad ?
numquid non ut Damáscus, sic Samaría ?
est-ce que Samarie n’est pas comme Damas ?
10 Quómodo invénit manus mea regna
idóli,
10. De même que ma main a atteint les royaumes des idoles,
sic et simulácra eórum de Jerúsalem
et de Samaría.
de même aussi j’atteindrai les simulacres de Jérusalem et de Samarie.
11 Numquid non sicut feci Samaríæ et idólis ejus,
11. Est-ce que comme j’ai fait à Samarie et à ses idoles,
sic fáciam Jerúsalem et simulácris ejus ?
je ne ferai pas à Jérusalem et à ses simulacres ?
12 Et erit, cum impléverit Dóminus
12. Et il arrivera que, lorsque le Seigneur aura accompli
cuncta ópera sua
toutes ses œuvres
in monte Sion et in Jerúsalem,
sur la montagne de Sion et dans Jérusalem,
visitábo super fructum magnífici cordis regis Assur,
je visiterai le fruit du cœur arrogant du roi d’Assur,
et super glóriam altitúdinis oculórum ejus.
et la fierté de ses yeux altiers.
13 Dixit enim : In fortitúdine manus meæ feci,
13. Car il a dit : Par la force de ma main j’ai fait,
et in sapiéntia mea intelléxi ;
par ma sagesse j’ai compris ;
et ábstuli términos populórum,
et j’ai arraché les limites des peuples,
et príncipes eórum deprædátus
sum,
et j’ai spolié les princes,
et detráxi quasi potens in
sublími residéntes.
et comme puissant j’ai fait descendre ceux qui étaient assis sur un trône élevé.
14 Et invénit quasi nidum manus mea
14. Et ma main a atteint comme un nid
fortitúdinem populórum ;
la puissance des nations ;
et sicut colligúntur ova quæ derelícta sunt,
et de même qu’on recueille des œufs qui ont été abandonnés,
sic univérsam terram ego congregávi ;
de même moi j’ai réuni toute la terre ;
et non fuit qui movéret pennam,
et il ne s’est trouvé personne qui remuât l’aile
et aperíret os, et ganníret.
et ouvrît la bouche, et fît entendre le moindre cri.
15 Numquid gloriábitur secúris contra eum qui secat
in ea ?
15. Est-ce que la hache se glorifiera contre celui qui s’en sert pour fendre ?
aut exaltábitur serra contra
eum a quo tráhitur ?
ou la scie s’élèvera-t-elle contre celui par qui elle est mise en mouvement ?
Quómodo si
elevétur virga contra elevántem se,
C’est comme si la verge s’élevait contre celui qui la lève ;
et exaltétur báculus, qui
útique lignum est.
et comme si le bâton se glorifiait, lui qui est absolument du bois.
16 Propter hoc mittet Dominátor, Dóminus exercítuum,
16. À cause de cela le dominateur, Seigneur des armées,
in pínguibus ejus tenuitátem ;
enverra la maigreur au milieu de ses gras :
et subtus glóriam ejus succénsa
ardébit
et au-dessous de sa gloire s’allumera et s’enflammera
quasi combústio ignis.
comme un brasier ardent.
17 Et erit lumen Israël in igne,
17. Et la lumière d’Israël sera le feu,
et Sanctus ejus in flamma ;
et son Saint la flamme ;
et succendétur, et devorábitur
et les épines et les ronces d’Assur s’embraseront
spina ejus et vepres in die
una.
et seront dévorées dans un seul jour.
18 Et glória saltus ejus, et carméli ejus,
18. Et la gloire de sa forêt et de son Carmel,
ab ánima usque ad carnem consumétur ;
depuis l’âme jusqu’à la chair, sera consumée ;
et erit terróre prófugus.
et Assur de frayeur s’enfuira.
19 Et relíquiæ ligni saltus ejus præ paucitáte
numerabúntur,
19. Et les restes des arbres de sa forêt, à cause de leur petit nombre, se compteront aisément,
et puer scribet eos.
et un enfant pourra les enregistrer.
20 Et erit in die illa :
20. Et il arrivera en ce jour-là
non adjíciet resíduum Israël,
que le reste d’Israël
et hi qui fúgerint de domo Jacob,
et ceux qui auront échappé de la maison de Jacob,
inníti super eo qui pércutit
eos ;
ne s’appuieront plus sur celui qui les frappe,
sed innitétur super Dóminum,
mais ils s’appuieront avec sincérité
Sanctum Israël, in veritáte.
sur le Seigneur, le saint d’Israël.
21 Relíquiæ converténtur ; relíquiæ, inquam, Jacob
21. Les restes se convertiront (les restes de Jacob, dis-je)
ad Deum fortem.
au Dieu fort.
22 Si enim fúerit pópulus tuus, Israël, quasi aréna
maris,
22. Car lors-même que ton peuple, ô Israël, serait comme le sable de la mer,
relíquiæ converténtur ex eo ;
les restes seulement se convertiront ;
consummátio abbreviáta
ces restes, un nombre réduit,
inundábit justítiam.
abonderont en justice.
23 Consummatiónem enim et abbreviatiónem
23. Car le Seigneur Dieu des armées fera un compte
Dóminus Deus exercítuum fáciet
in médio omnis terræ.
et une réduction au milieu de toute la terre.
24 Propter hoc, hæc dicit Dóminus Deus
exercítuum :
24. À cause de cela, voici ce que dit le Seigneur Dieu des armées :
Noli timére, pópulus meus,
Mon peuple, habitant de Sion,
habitátor Sion, ab Assur :
ne crains pas Assur ;
in virga percútiet te,
avec la verge il te frappera,
et báculum suum levábit super
te,
et il lèvera son bâton sur toi,
in via Ægýpti.
dans la voie de l’Égypte,
25 Adhuc enim páululum modicúmque,
25. Car encore un peu, et un moment,
et consummábitur indignátio
et mon indignation et ma fureur
et furor meus super scelus
eórum.
seront à leur comble à cause de leur crime.
26 Et suscitábit super eum Dóminus exercítuum
flagéllum,
26. Et le Seigneur des armées lèvera sur lui le fouet,
juxta plagam Madían in petra Oreb :
comme il frappa Madian à la pierre d’Oreb,
et virgam suam super mare,
et sa verge sur la mer,
et levábit eam in via Ægýpti.
et il la lèvera dans la voie de l’Égypte.
27 Et erit in die illa :
27. Et il arrivera en ce jour-là,
auferétur
onus ejus de húmero tuo
que le fardeau d’Assur sera ôté de ton épaule,
et jugum ejus de collo tuo,
et son joug de ton cou ;
et computréscet jugum a fácie
ólei.
et le joug pourrira à cause de l’huile.
28 Véniet in Aiath, transíbit in Magron,
28. Il viendra à Aiath, il passera par Magron ;
apud Machmas commendábit vasa
sua.
à Machmas il déposera ses bagages.
29 Transiérunt cursim,
29. Ils ont passé en courant
Gaba sedes nostra ;
Gaba, notre campement ;
obstúpuit Rama,
Rama a été frappé de stupeur,
Gábaath Sáulis fugit.
Gabaath de Saül a pris la fuite.
30 Hinni voce tua, fília Gallim,
30. Fais retentir ta voix, fille de Gallim ;
atténde Láisa, paupércula Anathoth.
sois attentive, Laisa et toi aussi, pauvre Anathoth.
31 Migrávit Medémena ;
31. Medemena a émigré ;
habitatóres Gabim, confortámini.
habitants de Gabim, rassurez-vous.
32 Adhuc dies est ut in Nobe stetur ;
32. Il est encore jour pour s’arrêter à Nobé ;
agitábit manum suam super montem fíliæ Sion,
il agitera sa main contre la montagne de la fille de Sion,
collem Jerúsalem.
et la colline de Jérusalem.
33 Ecce Dominátor, Dóminus exercítuum,
33. Voici que le dominateur, Seigneur des armées,
confrínget lagúnculam in terróre ;
brisera la petite bouteille par la terreur ;
et excélsi statúra succidéntur,
et les plus élevés par la taille seront coupés par le bas,
et sublímes humiliabúntur.
et les grands seront humiliés.
34 Et subverténtur condénsa saltus ferro ;
34. Et les parties épaisses de la forêt seront abattues,
et Líbanus cum excélsis cadet.
et le Liban avec ses hauts cèdres tombera.
~
CHAP. X. 12. IV Reg. XIX, 35 ; Infra. XXXVII, 36. — 22. Aréna : Infra. XLVIII, 19. Relíquiæ : Infra. XI, 11 ; Rom. IX, 27. — 26. Infra. XXXVII, 36 ; Judic. VII, 25.
3. De loin ; de l’Assyrie, qui est désignée plus bas sous le nom d’Assur, nom qui est aussi donné au roi d’Assyrie et aux Assyriens eux-mêmes.
5. Sa main ; littér. leur main ; parce qu’Assur, étant un nom collectif, équivaut à un pluriel. — Est mon indignation ; c’est-à-dire qu’Assur est l’instrument de ma colère.
6. Une nation trompeuse ; les Israélites, qui se disaient le peuple de Dieu, et qui violaient ses lois, et rendaient une partie de leur culte aux idoles.
9. Mes princes ; les princes que j’ai vaincus. — Est-ce que Calano, etc. N’ai-je pas pris les villes les plus importantes, Calano aussi bien que Charcamis, etc. ? — * Calano, ville de Babylonie, la même que Chalamis, sur le Tigre, une des nécropoles de la Chaldée, aujourd’hui Zerghul, prise par les Assyriens en 738. — Charcamis, aujourd’hui Djérablous, sur la rive droite de l’Euphrate, ville capitale des Héthéens, prise par les Assyriens en 717. — Émath, aujourd’hui Hamah, dans la Cœlésyrie. — Arphad, aujourd’hui Tell-Er âd, au nord d’Alep, à une vingtaine de kilomètres environ de cette ville. Arphad est toujours nommée avec Émath et fut sans doute prise avec celle-ci en 720.
10. * Les royaumes des idoles. Les rois d’Assyrie emportaient comme trophées les idoles des peuples vaincus. Sargon emporta ainsi les idoles de la ville d’Azot ; Assarhaddon prit les dieux des Arabes, fit écrire sur leurs statues l’éloge de son dieu Assur et les renvoya ensuite à ses adversaires.
12. Le fruit du cœur ; c’est-à-dire les œuvres.
16. Il enverra, etc., c’est-à-dire il exténuera les soldats les plus forts et les plus robustes de l’armée assyrienne.
17. Le feu, la flamme ; littér. et par hébraïsme, dans le feu (in igne), dans la flamme (in flamma), ou plutôt comme la flamme. Nous disons nous-mêmes, en français agir en homme ou comme un homme.
18. * Carmel désigne ici un lieu planté d’arbres fruitiers choisis, vignes et oliviers.
22. Lors même, etc. Ce qui est dit dans ce verset arriva sous Ézéchias. Saint Paul applique ce passage aux Juifs du temps de Jésus-Christ, en suivant le texte des Septante (Rom. IX, 27-28).
23. # « Hebr. la destruction est résolue ; elle fera déborder il justice. (vers. 22). Image sublime. Il s’agit tout ensemble de la Justice vengeresse et rédemptrice. — Consummatiónem enim… (vers. 23). Hébr. : Car cette destruction qui a été résolue, le Seigneur l’accomplira au milieu du pays (dans le pays tout entier). » (Fillion.)
24. Dans la voie de l’Égypte ; comme firent autrefois les Égyptiens, quand vous sortîtes de l’Égypte. — * Ou plutôt, sans doute, comme nous l’apprennent les documents assyriens, Assur te frappera en se rendant en Égypte pour faire la guerre à ce pays.
26. À la pierre d’Oreb. Voy. Judic. VII 25. — * Dans la voie de l’Égypte. Sennachérib allait faire la guerre contre l’Égypte, en même temps qu’il faisait assiéger Jérusalem, comme nous l’apprennent ses inscriptions, et c’est alors que son armée fut frappée par l’ange exterminateur.
27. Le fardeau d’Assur, etc. Dans un sens plus élevé cela s’entend de Jésus-Christ, qui a remporté la victoire sur le démon, et qui nous a délivrés du joug dont nous étions accablés. — À cause de l’huile ; c’est-à-dire selon l’interprétation la plus naturelle, à cause du manque d’huile.
28-32. * Ces versets décrivent la marche d’un des corps d’armée de Sennachérib, lorsqu’il envahit le royaume de Juda. Comparez IV Reg. XVIII, 14.
28. * Aiath, Haï, la première ville de Juda que rencontrent les Assyriens, était située, d’après Scheeg, à six heures au nord de Jérusalem, sur une colline isolée d’où l’on jouit d’une vue très étendue, à l’endroit appelé actuellement Tell-Jiba, où il y a beaucoup de ruines. — Magron, aujourd’hui El-Migroun, à quelques minutes de Beitin, l’antique Béthel. — Machmas, au nord-est de Jérusalem, aujourd’hui Moukmas.
29. Gabaath de Saül ; Gabaath, patrie de Saül (I Reg. XI, 4) ; c’est la même que Gaba, qui a dû ajouter en hébreu une finale ou terminaison, parce qu’elle est suivie d’un complément Or, la Vulgate a transcrit à la lettre ce mot ainsi composé. — * Gaba, voir note sur I Reg. XI, 4. — Rama, l’Er-Râm actuel, au nord de Jérusalem. — Gabaath de Saül, voir note sur I Reg. XI, 4.
30. * Anathoth, ville sacerdotale, dans la tribu de Benjamin, près de Jérusalem, au nord-est de cette ville. — Gallim, et Laisa, n’ont pas été retrouvés.
31. * Medemena, Gabim, sites inconnus.
32. Il est encore jour (adhuc dies est). L’article déterminatif qui se trouve en hébreu devant le mot jour ne permet aucune autre traduction. — * Nobé, Nob, voir la note sur I Reg. XXI, 1.
33. * Prédiction du désastre de l’armée de Sennachérib. La métaphore est bien suivie dans l’hébreu. Au lieu de la petite bouteille, il porte les rameaux des arbres.
²
Rejeton de la tige de Jessé. Les nations viennent à lui. Restes d’Israël et de Juda rassemblés et réunis.
1 Et egrediétur virga de radíce Jesse,
1. Et il sortira une tige de la racine de Jessé,
et flos de radíce ejus
ascéndet.
et une fleur s’élèvera de sa racine,
2 Et requiéscet super eum spíritus Dómini :
2. Et l’esprit du Seigneur reposera sur lui ;
spíritus sapiéntiæ et intelléctus,
l’esprit de sagesse et d’intelligence,
spíritus consílii et fortitúdinis,
l’esprit de conseil et de force,
spíritus sciéntiæ et pietátis ;
l’esprit de science et de piété.
3 et replébit eum spíritus timóris Dómini.
3. L’esprit de crainte du Seigneur le remplira.
Non secúndum visiónem oculórum
judicábit,
Il ne jugera pas d’après ce qu’auront vu les yeux,
neque
secúndum audítum áurium árguet ;
et il ne condamnera pas d’après ce qu’auront ouï les oreilles.
4 sed judicábit in justítia páuperes,
4. Mais il jugera les pauvres dans la justice,
et árguet in æquitáte pro mansuétis terræ ;
et il se prononcera avec équité pour les hommes paisibles de la terre ;
et percútiet terram virga oris
sui,
et il frappera la terre de la verge de sa bouche,
et spíritu labiórum suórum
interfíciet ímpium.
et du souffle de ses lèvres il tuera l’impie.
5 Et erit justítia cíngulum lumbórum ejus,
5. Et la justice sera la ceinture de ses reins,
et fides cinctórium renum ejus.
et la fidélité le ceinturon de ses flancs.
6 Habitábit lupus cum agno,
6. Le loup habitera avec l’agneau,
et pardus cum hædo
accubábit ;
et le léopard se couchera près du chevreau ;
vítulus, et leo, et ovis, simul
morabúntur,
le jeune taureau, et le lion, et la brebis demeureront ensemble,
et puer párvulus minábit eos.
et un petit enfant les conduira.
7 Vítulus et ursus pascéntur,
7. Le veau et l’ours iront aux mêmes pâturages ;
simul requiéscent cátuli eórum ;
leurs petits se reposeront ensemble ;
et leo quasi
bos cómedet páleas.
le lion comme le bœuf mangera la paille.
8 Et delectábitur infans ab úbere super forámine
áspidis ;
8. Et l’enfant à la mamelle se jouera sur le trou de l’aspic ;
et in cavérna réguli
et celui qui viendra d’être sevré portera sa main
qui ablactátus fúerit manum suam mittet.
dans la caverne du basilic.
9 Non nocébunt, et non occídent
9. Ils ne nuiront pas, et ils ne tueront pas
in univérso monte sancto meo,
sur toute ma montagne sainte ;
quia repléta est terra sciéntia
Dómini, sicut aquæ maris operiéntes.
parce que la terre est remplie de la connaissance du Seigneur, comme les eaux qui couvrent la mer.
10 In die illa radix Jesse,
10. En ce jour-là viendra la racine de Jessé
qui stat in signum populórum,
qui est comme l’étendard des peuples ;
ipsum gentes deprecabúntur,
c’est à lui que les nations adresseront leurs prières,
et erit sepúlchrum ejus
gloriósum.
et son sépulcre sera glorieux.
11 Et erit in die illa : adjíciet Dóminus secúndo manum suam
11. Et il arrivera en ce jour-là que le Seigneur étendra une seconde fois sa main
ad possidéndum resíduum
pópuli sui,
pour posséder le reste de son peuple,
quod relinquétur ab Assýriis,
et ab Ægýpto,
qui aura échappé aux Assyriens, et à l’Égypte,
et a Phetros, et ab Æthiópia,
et ab Ælam, et a Sénnaar,
et à Phetros, et à l’Éthiopie, et à Ælam et à Sennaar,
et ab Emath, et ab ínsulis
maris.
et à Émath, et aux iles de la mer.
12 Et levábit signum in natiónes,
12. Et il élèvera son étendard
et congregábit prófugos Israël,
parmi les nations, il réunira les fugitifs d’Israël,
et dispérsos Juda cólliget
et les dispersés de Juda,
a quátuor plagis terræ.
il les rassemblera des quatre coins de la terre.
13 Et auferétur zelus Ephraïm,
13. Et la jalousie d’Ephraïm sera détruite,
et hostes Juda períbunt ;
et les ennemis de Juda périront ;
Ephraïm non æmulábitur Judam,
Ephraïm n’enviera pas Juda,
et Judas non pugnábit contra Ephraïm.
et Juda ne combattra pas contre Ephraïm.
14 Et volábunt in húmeros Philísthiim per mare,
14. Et ils voleront sur les épaules des Philistins par la mer ;
simul prædabúntur fílios oriéntis ;
ils pilleront ensemble les fils de l’Orient.
Idumǽa et Moab præcéptum manus
eórum,
L’Idumée et Moab seront la première capture de leur main,
et fílii Ammon obediéntes
erunt.
et les fils d Ammon leur obéiront.
15 Et desolábit Dóminus linguam maris Ægýpti,
15. Et le Seigneur mettra à sec la langue de la mer d’Égypte,
et levábit manum suam super flumen in fortitúdine spíritus sui ;
et il lèvera sa main sur le fleuve, il l’agitera par la force de son souffle,
et percútiet eum in septem rivis,
et il le frappera dans ses sept ruisseaux,
ita ut tránseant per eum calceáti.
en sorte qu’on le passera tout chaussé.
16 Et erit via resíduo pópulo meo
16. Et il y aura une voie pour le reste de mon peuple
qui relinquétur ab Assýriis,
qui aura échappé aux Assyriens,
sicut fuit Israéli
comme il y en eut une pour Israël,
in die illa qua ascéndit
de terra Ægýpti.
au jour auquel il monta de la terre d’Égypte.
~
CHAP. XI. 1. Act. XIII, 23. — 4. II Thess. II, 8. — 6. Infra. LXV, 25. — 10. Rom. XV, 12.
1-16. * Tout le chapitre XI est consacré à dépeindre le Messie et les biens qu’il apportera à la terre : 1° Il sortira de la race de Jessé, ancêtre de David. — 2° Ce rejeton de la tige de Jessé sera rempli des dons du Saint-Esprit, 2-3. — 3° Le Messie apportera avec lui dans le monde le règne de la justice, 4-5. Voir II Thess. II, 8. Isaïe dépeint son règne sous les images les plus riantes, vers. 6-9 ; il annonce enfin la conversion des Gentils, 11-16.
1. Et il sortira, etc. Sous ces expressions, le prophète annonce la naissance du Messie, même selon la paraphrase chaldaïque et la plupart des rabbins. — Il faut avouer que ce qui suit s’y rapporte également. — * L’opposition entre les cèdres du Liban du verset précédent, X, 34, avec ce rejeton de la racine (en hébreu, du tronc coupé) de Jessé est frappante. Le cèdre ne pousse point de rejetons, ce qui explique la disparition presque complète de cet arbre du mont Liban, mais l’arbre qui figure Jessé a des rejetons qui perpétueront à jamais sa postérité.
2-3. * Isaïe énumère sept dons du Saint-Esprit pour indiquer la plénitude de sa grâce. Le texte hébreu ne mentionne que six dons, parce que ce que la Vulgate traduit par piété et crainte du Seigneur, est exprimé deux fois par le même mot dans le texte original. Ces dons sont énumérés deux par deux : la sagesse, c’est la sagesse théorique ; l’intelligence, c’est le discernement, la prudence ; le conseil, c’est la sagesse pratique qui, en toute circonstance, et surtout dans les cas difficiles, voit avec sûreté ce qui doit être fait ; la force, c’est la force de la volonté qui exécute ce que conseille la sagesse ; la science, c’est la connaissance de la loi de Dieu ; la piété, c’est la religion. Quoique, en hébreu, le septième don soit exprimé par les mêmes mots que le sixième, nous pouvons l’entendre, comme l’a fait la Vulgate, dans le sens même des termes : la crainte de Dieu proprement dite, en attribuant le sens de piété au sixième don, comme nous l’avons fait.
4. Il tuera, etc. Saint Paul se sert des mêmes expressions pour marquer la défaite de l’antéchrist par le Seigneur Jésus (II Thess. II, 8).
6-9. Les peintures symboliques qu’on lit dans ces versets représentent les effets de la grâce de Jésus-Christ qui a changé des peuples aussi farouches que des loups, des lions et des léopards, en leur donnant la douceur de l’agneau. En effet, des peuples auparavant intraitables se sont soumis aux pasteurs de l’Église avec une docilité étonnante ; à ce point que les apôtres et les évêques leurs successeurs commandaient avec autorité aux grands, aux empereurs mêmes, et à des nations entières, n’étant armés que du seul nom de Jésus.
8. * Aspic, basilic, serpents très venimeux.
10. La racine de Jessé, Voy. le verset 1 et la note. — L’étendard des peuples ; c’est la croix du Sauveur, qui fut comme un signal autour duquel tous les peuples du monde se sont rassemblés. — Son sépulcre, etc. Le sépulcre de Jésus-Christ a été glorieux, tant parce que ce divin Sauveur en est sorti après avoir vaincu la mort, et qu’il s’y est opéré depuis bien des miracles, que parce que le tombeau lui-même est depuis tant de siècles l’objet de la vénération des chrétiens.
11. Une seconde fois. Le Seigneur avait autrefois étendu sa main pour délivrer son peuple de la puissance des Égyptiens, et il devait l’étendre encore dans la suite pour le ramener de la captivité de Babylone. — * L’Égypte désigne ici la basse Égypte ; Phetros, la Haute-Égypte ; l’Éthiopie commandait alors par ses rois à toute l’Égypte. — Ælam, la Susiane. — Sennaar, la Babylonie. — Émath, voir plus haut, X, 9.
3. * Ephraïm, le royaume d’Israël.
14. La première capture ; vrai sens du latin præcéptum ; car, comme le remarquent judicieusement Martini et Scio, ce mot représente ici le participe du verbe præcipio, dont la signification primitive est prendre, obtenir le premier (primus capio, occupo). — * Les épaules ou plutôt l’épaule (kateph) des Philistins est le nom propre de la côte du pays des Philistins le long de la Méditerranée (Jos. XIII, 2) qu’on comparait à une épaule (voir Num. XXXIV, 11) — Les fils de l’Orient sont les Arabes, surtout nomades, à l’est et au nord-est de la Palestine.
15. Mettra à sec ; littér. désolera (desolabit). — Le fleuve ; c’est-à-dire l’Euphrate, selon les uns, et le Nil, selon les autres. — Le ; est au masculin, dans la Vulgate, bien qu’il se rapporte à flumen, nom neutre. Cette anomalie vient de ce que la version conserve souvent le genre qui est dans le texte hébreu. — Sept ruisseaux ; les sept branches du Nil ; ou bien quelques ruisseaux de l’Euphrate. Voy. sur le mot sept, IV, 1. Au reste, ces expressions peuvent être considérées comme figurées, et comme annonçant que le Seigneur lèvera tous les obstacles qui pourraient s’opposer au retour de son peuple. Compar. cette prophétie avec celle de Zacharie (X, 10 et suiv.). — * La langue, le golfe d’Akaba, de la mer d’Égypte, de la mer Rouge.
²
Cantique d’actions de grâces sur la délivrance des deux maisons d’Israël et de Juda.
1
Et dices in die illa :
1. Et tu diras en ce jour-là :
Confitébor
tibi, Dómine, quóniam irátus es mihi ;
Je vous glorifierai, Seigneur, car vous avez été irrité contre moi ;
convérsus est furor tuus, et
consolátus es me.
mais votre fureur s’est tournée, et vous m’avez consolé.
2 Ecce Deus salvátor meus ;
2. Voilà que Dieu est mon sauveur,
fiduciáliter agam, et non
timébo :
j’agirai avec confiance, et je ne craindrai pas,
quia fortitúdo mea et laus mea
Dóminus,
car ma force et ma louange, c’est le Seigneur,
et factus est mihi in salútem.
et il est devenu mon salut.
3 Hauriétis aquas in gáudio de
fóntibus salvatóris.
3. Vous puiserez avec joie des eaux des fontaines du Sauveur ;
4 Et dicétis in die illa :
4. Et vous direz en ce jour-là :
Confitémini Dómino et invocáte
nomen ejus ;
Glorifiez le Seigneur, et invoquez son nom ;
notas fácite in pópulis adinventiónes ejus ;
faites connaitre parmi les nations ses œuvres ;
mementóte quóniam excélsum est
nomen ejus.
souvenez-vous que sublime est son nom.
5 Cantáte Dómino, quóniam
magnífice fecit ;
5. Chantez le Seigneur, il a agi avec magnificence ;
annuntiáte hoc in univérsa terra.
annoncez cela dans toute la terre.
6 Exsúlta et lauda, habitátio Sion,
6. Exulte et loue, habitation de Sion,
quia magnus in médio tui Sanctus
Israël.
car il est grand est au milieu de toi le saint d’Israël.
~
CHAP. XII. 2. Ex. XV, 2 ; Ps. CXVII, 14.
1. En ce jour-là ; c’est-à-dire lorsque vous reviendrez de l’Égypte et de l’Assyrie. Voy. XI, 15-16. — Parce que ; après vous être irrité contre moi à cause de mes infidélités, votre colère s’est détournée par votre miséricorde.
2. Voilà que Dieu, etc. ; allusion à Ex. XV, 2. L’Église, dans l’usage qu’elle fait de ce cantique, reconnait ici Jésus même dont le nom signifie Sauveur.
4. Ses œuvres ; c’est le vrai sens de l’expression latine adinventiones, expliquée par l’hébreu, comme nous l’avons déjà remarqué.
6. Habitation ou maison de Sion ; c’est l’assemblée des fidèles, l’Église de Jésus-Christ.
²
Ruine de Babylone par les Mèdes et les Perses.
1 Onus Babylónis, quod vidit Isaías, fílius Amos.
1. Malheur accablant de Babylone qu’a vu Isaïe, fils d’Amos.
2 Super montem caliginósum leváte signum :
2. Sur une montagne couverte de nuages, levez un étendard,
exaltáte vocem,
haussez la voix,
leváte manum,
levez la main,
et ingrediántur portas duces.
et que dans ses portes entrent les chefs.
3 Ego mandávi sanctificátis meis,
3. Moi, j’ai donné mes ordres à mes sanctifiés,
et vocávi fortes meos in ira
mea,
et j’ai dans ma colère appelé mes forts
exsultántes in glória mea.
qui exultent dans ma gloire.
4 Vox multitúdinis in móntibus,
4. La voix d’une multitude sur les montagnes
quasi populórum frequéntium ;
est comme celle de peuples nombreux ;
vox sónitus regum,
voix retentissante de rois,
géntium congregatárum.
de nations réunies ;
Dóminus exercítuum præcépit
le Seigneur des armées a commandé
milítiæ belli,
à la milice de guerre,
5 veniéntibus de terra procul,
5. À ceux qui venaient d’une terre lointaine,
a summitáte cæli ;
de l’extrémité du ciel ;
Dóminus, et vasa furóris ejus,
le Seigneur et les instruments de sa fureur
ut dispérdat omnem terram.
s’avancent pour perdre entièrement toute la terre.
6 Ululáte, quia prope est dies Dómini ;
6. Poussez des hurlements, parce qu’est proche le jour du Seigneur ;
quasi
vástitas a Dómino véniet.
il viendra du Seigneur comme une dévastation.
7 Propter hoc omnes manus dissolvéntur,
7. À cause de cela toutes les mains seront affaiblies,
et omne cor hóminis
contabéscet,
et tout cœur d’homme se desséchera,
8 et conterétur.
8. Et sera brisé.
Torsiónes et dolóres tenébunt ;
Des tourments et des douleurs les tiendront ;
quasi partúriens dolébunt :
ils souffriront comme une femme en travail ;
unusquísque ad próximum suum stupébit,
chacun regardera son voisin avec stupeur ;
fácies combústæ vultus eórum.
leurs visages seront comme des faces brulées par le feu.
9 Ecce dies Dómini véniet,
9. Voici que le jour du Seigneur viendra
crudélis, et indignatiónis
plenus, et iræ, furorísque,
cruel et plein d’indignation, et de colère et de fureur,
ad ponéndam terram in solitúdinem,
pour réduire la terre en solitude,
et peccatóres ejus conteréndos
de ea.
et en exterminer ses pécheurs.
10 Quóniam stellæ cæli, et splendor eárum,
10. Parce que les étoiles du ciel et leur splendeur
non expándent lumen suum ;
ne répandront pas leur lumière ;
obtenebrátus est sol in ortu
suo,
le soleil s’est couvert de ténèbres à son lever ;
et luna non splendébit in
lúmine suo.
et la lune ne luira pas dans sa lumière ;
11 Et visitábo super orbis mala,
11. Et je visiterai les crimes de l’univers,
et contra ímpios iniquitátem
eórum ;
ainsi que l’iniquité des impies,
et quiéscere fáciam supérbiam
infidélium,
et je ferai cesser l’orgueil des infidèles,
et arrogántiam fórtium humiliábo.
et l’arrogance des forts, je l’humilierai.
12 Pretiósior erit vir auro,
12. L’homme de haute condition sera plus précieux que l’or,
et homo mundo obrízo.
et l’homme de basse condition plus précieux que l’or le plus pur.
13 Super hoc cælum turbábo ;
13. De plus, j’ébranlerai le ciel,
et movébitur terra de loco suo,
et la terre sortira de son lieu,
propter indignatiónem Dómini exercítuum,
à cause de l’indignation du Seigneur des armées,
et propter diem iræ furóris
ejus.
et à cause du jour de la colère de sa fureur.
14 Et erit quasi dámula fúgiens,
14. Et elle sera comme une daine fuyant,
et quasi ovis, et non erit qui
cóngreget.
et comme une brebis, et il n’y aura personne qui la réunisse ;
Unusquísque ad pópulum suum convertétur,
chacun retournera vers son peuple,
et sínguli ad terram suam fúgient.
et les uns après les autres dans leur pays s’enfuiront.
15 Omnis qui invéntus fúerit occidétur,
15. Quiconque sera trouvé sera tué,
et omnis qui supervénerit cadet
in gládio ;
et quiconque se présentera, tombera sous le glaive.
16 infántes eórum allidéntur in óculis eórum,
16. Leurs enfants seront écrasés sous leurs yeux,
diripiéntur domus eórum, et
uxóres eórum violabúntur.
leurs maisons seront pillées, et leurs femmes seront violées.
17 Ecce ego suscitábo super eos
Medos,
17. Et voilà que moi je susciterai contre eux les Mèdes,
qui argéntum non quærant,
qui ne chercheront pas d’argent
nec aurum velint ;
et qui ne voudront pas d’or.
18 sed sagíttis párvulos interfícient,
18. Mais de leurs flèches ils tueront les petits enfants,
et lactántibus úteris non
miserebúntur,
et ils n’auront pas pitié des seins qui allaitent,
et super fílios non parcet
óculus eórum.
et les fils, leur œil ne les épargnera pas.
19 Et erit Bábylon illa gloriósa in regnis,
19. Et cette Babylone, glorieuse parmi les royaumes,
ínclyta supérbia Chaldæórum,
illustre orgueil des Chaldéens, sera renversée,
sicut subvértit Dóminus Sódomam
et Gomórrham.
comme le Seigneur renversa Sodome et Gomorrhe.
20 Non habitábitur usque in finem,
20. Elle ne sera jamais habitée ;
et non fundábitur usque ad generatiónem et generatiónem ;
et elle ne sera pas rétablie dans la suite des générations,
nec ponet ibi
tentória Arabs,
et l’Arabe n’y dressera pas ses tentes,
nec pastóres requiéscent ibi.
et les pasteurs n’y reposeront point.
21 Sed requiéscent ibi béstiæ,
21. Mais les bêtes sauvages s’y reposeront ;
et replebúntur domus eórum
dracónibus,
et ses maisons seront remplies de dragons ;
et habitábunt ibi struthiónes,
et les autruches y habiteront,
et pilósi saltábunt ibi ;
les boucs y bondiront.
22 et respondébunt ibi úlulæ in ǽdibus ejus,
22. Et les hiboux y répondront dans ses édifices,
et sirénes in delúbris
voluptátis.
et les sirènes dans ses palais voluptueux.
~
CHAP. XIII. 10. Ezech. XXXII, 7 ; Joël. II, 10 ; III, 15 ; Matth. XXIV, 29 ; Marc. XIII, 24 ; Luc. XXI, 25. — 16. Ps. CXXXVI, 9. — 19. Gen. XIX, 24.
1 et suiv. * IIIe groupe : Collection des prophéties contre les nations étrangères, XIII-XXVII. — Les oracles contre les nations étrangères sont groupés ensemble dans Isaïe, XIII-XXVII, comme dans Jérémie, XLVI-LI, et dans Ézéchiel, XXV-XXXII. Seulement, dans Jérémie, ils forment, séparés de leur introduction, XXV, la conclusion du livre, et dans Ézéchiel, ils remplissent l’intervalle compris entre les visions qu’il eut sur les bords du Chaboras et celles qui regardent Jérusalem, tandis que dans Isaïe, ils forment comme le complément de la prophétie d’Emmanuel, en nous prédisant la ruine de tous les ennemis du peuple de Dieu, et sont probablement, la plupart du moins, de la même époque que les chapitres VII-XII. — Le commencement d’une nouvelle section nous est indiqué, XIII, 1, par les mots : Malheur accablant, etc. Les prophéties contre les nations étrangères, contenues dans les chapitres XIII-XXVII, forment donc le troisième groupe des prophéties de la première partie d’Isaïe. Elles portent un nom particulier, celui de massâh, en hébreu, onus en latin, traduit ici par malheur accablant. Ce mot peut signifier simplement prophétie ; mais dans Isaïe, il est toujours pris en mauvaise part, dans le sens de prédiction menaçante. — Les prophéties contre les nations étrangères embrassent à peu près tous les peuples connus des Hébreux, et sont au nombre de quatorze : 1° Contre les Chaldéens, héritiers des Assyriens, XIII-XIV, 23. — 2° Contre les Assyriens, XIV, 24-27. — 3° Contre les Philistins, XIV, 28-32. — 4° Contre les Moabites, XV-XVI. — 5° Contre Damas et Israël, XVII. — 6° Sur l’Éthiopie, maitresse de l’Égypte du temps d’Isaïe, XVIII. — 7° Contre l’Égypte, XIX-XX (deux prophéties d’époques différentes). — 8° Contre Babylone, XXI, 1-10. — 9° Contre Duma (Gen. XXV, 14 ; I Par. I, 30) XXI, 11-12. — 10° Contre l’Arabie, XXI, 13-17. — 11° Contre Jérusalem, XXII, 1-14. — 12° Contre Sobna, préposé du temple, XXII, 15-25. — 13° Contre et en faveur de Tyr, XXIII. — 14° À ses prophéties contre les païens, Isaïe a joint ses oracles eschatologiques, c’est-à-dire les prophéties concernant la fin du monde, XXIV-XXVII. — Le cycle de ces prophéties s’ouvre par Babylone, qui devait être l’héritière de la puissance de Ninive et l’ennemi le plus redoutable de Juda, XIII-XIV, 27 ; viennent ensuite les plus proches voisins des Juifs, les Philistins à l’ouest XIV, 28-32 ; les Moabites à l’est, XV-XVI ; le royaume schismatique d’Israël au nord, avec son confédéré, le royaume syrien de Damas, XVII ; de là, Isaïe passe aux peuples plus éloignés, à l’Égypte et à l’Éthiopie, au sud-ouest, XVIII-XX ; à Babylone, siège de l’idolâtrie, à l’est, XXI, 1-10 ; il se rapproche alors de nouveau de Jérusalem et, passant par l’Idumée, XXI, 11-12, et l’Arabie, XXI, 13-17, arrive jusqu’à cette capitale, XXII, 1-14 ; là, il poursuit de ses menaces prophétiques Sobna, préposé du temple, et lui annonce qu’il aura pour successeur Eliacim, XXII, 15-25 ; enfin ses regards s’arrêtent sur Tyr, la ville insulaire de la Méditerranée, XXIII, pour tout clore par la prophétie sur la fin des temps, XXIV-XXVII. — Toutes les prophéties concernant les peuples païens ont été littéralement accomplies. Leur sort est la figure de celui qui attend les ennemis du peuple de Dieu, sort qui nous est révélé dans la conclusion de cette section des prophéties d’Isaïe.
1. Malheur accablant ; littér. charge, fardeau (onus) ; c’est selon la remarque de saint Jérôme, le mot dont se servent les prophètes, lorsqu’ils annoncent des malheurs, des calamités. Ainsi le sens de ce mot est ici prophétie de malheur (Is. XV, 1 ; XVII, 1 ; XIX, 1 ; Ezech. XII, 10 ; Habac. I, 1 ; Zach. IX, 1). — Babylone, dans le langage figuré des prophètes, représente le monde idolâtre, le monde ennemi de Jésus-Christ. De là vient que saint Pierre, dans sa Ire Épitre (V, 13), et saint Jean dans l’Apocalypse (XVII, 5) désignent Rome païenne sous le nom de Babylone.
3. Mes sanctifiés ; ceux que j’ai consacrés, destinés à la destruction de Babylone ; c’est-à-dire les Mèdes et les Perses. — Mes forts, etc. ; mes guerriers, qui travaillaient avec joie pour ma gloire.
4. Sur les montagnes. Les montagnes les plus rapprochées de Babylone sont celles du Schahon ou Zagros, au nord-est. C’est par-là que devaient arriver les Iraniens, les Perses, pour s’emparer de Babylone.
5. De l’extrémité du ciel ; de l’extrémité de l’horizon.
10. Des signes semblables doivent précéder le dernier avènement de Jésus-Christ qui viendra frapper d’anathème les réprouvés représentés par cette Babylone impie. Compar. Matth. XXIV, 29 ; Marc. XIII, 24-25.
11. * L’univers désigne ici particulièrement l’empire babylonien.
12. Plus précieux ; c’est-à-dire plus rare.
13. La colère de sa fureur ; hébraïsme, pour sa colère très grande, très violente.
14. Elle ; l’armée des Chaldéens, ou Babylone ; ce qui revient au même. — Chacun, etc. Isaïe parle des soldats étrangers qui s’étaient joints aux Babyloniens, comme troupes auxiliaires. — * La daine et la gazelle sont timides et fuient avec une grande rapidité.
15. Quiconque sera trouvé dans Babylone. — Quiconque se présentera ; c’est-à-dire se joindra aux Babyloniens.
16. * Leurs enfants seront écrasés. Les inscriptions assyriennes mentionnent expressément ce traitement barbare, infligé aux enfants des vaincus. Babylone sera punie de sa cruauté par un traitement semblable.
17. * Les Mèdes. Les Mèdes étaient déjà en guerre avec les rois d’Assyrie avant cette époque. Un roi de Ninive les mentionne vers l’an 810 avant J.-C. Leur nom ne désigne pas seulement ici les Mèdes proprement dits, mais aussi les Perses. En Égypte les Perses reçurent aussi le nom de Mèdes. Les Perses sont nommés pour la première fois dans l’Ancien Testament par Ézéchiel et par Daniel. Cyrus, dans les inscriptions qu’on a retrouvées de lui, ne prend pas lui-même le titre de Perse. Ce roi, dans la Cyropædia, V, 3, de Xénophon, en s’adressant à ses soldats, ne nomme aussi expressément que les Mèdes. — Dans un autre passage de la Cyropædia, X, 1, 20, Cyrus demande aux Mèdes « qui n’ont pas besoin de richesses » d’aller avec lui.
20. L’Arabe, n’ayant pas de demeure fixe, allait d’un endroit dans un autre dresser ses tentes, partout où il trouvait des pâturages pour ses bestiaux. — * Elle ne sera jamais habitée. Cette prédiction ne s’accomplit que quelques siècles après, mais elle se réalisa pleinement. Cyrus s’empara de Babylone, mais il n’en renversa pas les murailles. Darius, fils d’Hystaspe, qui reprit Babylone pour la seconde fois, en 518, réduisit ses remparts à 50 coudées de hauteur. Xerxès ruina le fameux temple de Bel, l’orgueil de la cité. Quand Alexandre voulut faire de Babylone la capitale de son vaste empire, dix mille ouvriers furent occupés pendant deux mois à déblayer les fondements du temple. Toutefois Babylone ne devait plus voir revivre sa gloire. Le conquérant macédonien mourut sans avoir pu réaliser son projet, et l’un de ses généraux, Seléucus Nicator, en 312, ruina pour toujours la ville de Nabuchodonosor. Il construisit avec ses débris la ville de Séleucie, qui lui enleva même quelque temps son nom, dit Étienne de Byzance, et dont le voisinage, comme le dit Pline, la réduisit en solitude. Strabon, né vers l’an 60 avant notre ère, lui appliqua le mot d’un poète : « La grande ville est devenue un grand désert » (XVI, 15). La malédiction divine dure encore. Une ville, Hillah, s’est élevée non loin d’elle ; l’Arabe nomade dresse ses tentes à ses côtés, mais ses ruines sont toujours désertes et habitées seulement par les animaux sauvages.
21-22. * Le vrai sens des noms des animaux énumérés dans le texte hébreu est encore incertain dans plusieurs cas. La plupart des interprètes croient y retrouver les chacals et les loups.
21. Les boucs (pilosi) ; selon les Septante, les démons. On se représentait, en effet, les démons sous la forme de boucs vivant dans les déserts, parce qu’on les honorait sous cette forme. — * Un voyageur allemand, Joseph Wolff, raconte qu’il vit une nuit, au milieu des ruines de Babylone, des pèlerins de la secte des Jézidis ou adorateurs du diable, se livrant aux exercices diaboliques de leur culte, et exécutant au clair de lune les danses les plus étranges.
22. Répondront ; feront entendre leur cri alternativement. Compar., pour la fin de ce chapitre, Is. XXXIV, 13-15, où on trouve une description semblable.
²
Délivrance des enfants de Jacob. Ruine du roi de Babylone. Défaite des Assyriens. Menaces contre les Philistins. Promesses en faveur de Juda.
1 Prope est ut véniat tempus ejus,
1. Près de venir est son temps,
et dies ejus non elongabúntur.
et ses jours ne seront pas différés.
Miserébitur enim Dóminus Jacob,
Car le Seigneur aura pitié de Jacob,
et éliget adhuc de Israël,
il fera encore choix d’Israël,
et requiéscere eos fáciet super humum suam ;
et il les fera reposer dans leur terre ;
adjungétur ádvena ad eos,
l’étranger se joindra à eux,
et adhærébit dómui Jacob.
et il s’attachera à la maison de Jacob.
2 Et tenébunt eos pópuli,
2. Et les peuples les prendront
et addúcent eos in locum suum ;
et les ramèneront en leur lieu ;
et possidébit eos domus Israël
et la maison d’Israël les possèdera
super terram Dómini
dans la terre du Seigneur
in servos et ancíllas :
comme serviteurs et comme servantes ;
et erunt capiéntes eos qui se
céperant,
et ils prendront ainsi ceux qui les avaient pris ;
et subjícient exactóres suos.
et ils soumettront leurs exacteurs.
3 Et erit in die illa : cum réquiem déderit
tibi Deus
3. Et il arrivera en ce jour-là, que lorsque le Seigneur t’aura donné du repos
a labóre tuo, et a concussióne
tua,
après ton travail, et après ton oppression,
et a servitúte dura qua
ante servísti,
et après la dure servitude à laquelle tu as été auparavant assujetti ;
4 sumes parábolam istam
4. Tu emploieras cette parabole
contra regem Babylónis, et
dices :
contre le roi de Babylone, et tu diras :
Quómodo cessávit exáctor ;
Comment a cessé l’exacteur,
quiévit tribútum ?
et a discontinué le tribut ?
5 Contrívit Dóminus báculum impiórum,
5. Le Seigneur a brisé le bâton des impies,
virgam dominántium,
la verge des dominateurs,
6 cædéntem pópulos in indignatióne
6. Qui, dans son indignation, frappait des peuples
plaga insanábili,
d’une plaie incurable,
subjiciéntem in furóre gentes,
qui, dans sa fureur, assujettissait des nations,
persequéntem crudéliter.
qui les persécutait cruellement.
7 Conquiévit et síluit omnis terra,
7. Toute la terre se repose et est en silence,
gavísa est et exsultávit ;
elle est dans la joie et dans l’exultation ;
8 abíetes quoque lætátæ sunt super te,
8. Les sapins même et les cèdres du Liban
et cedri Líbani :
se sont réjouis à ton sujet, disant :
ex quo dormísti, non
ascéndet
Depuis que tu dors,
qui succídat nos.
il ne monte personne qui nous abatte.
9 Inférnus subter conturbátus est
9. L’enfer au-dessous a été tout troublé
in occúrsum advéntus tui ;
au moment de ton arrivée,
suscitávit tibi gigántes.
il t’a suscité les géants.
Omnes príncipes terræ
Tous les princes de la terre
surrexérunt de sóliis suis,
se sont levés de leurs trônes,
omnes príncipes natiónum.
ainsi que tous les princes des nations.
10 Univérsi respondébunt, et dicent tibi :
10. Tous élèveront la voix, et te diront :
Et tu vulnerátus es sicut et
nos ;
Toi aussi tu as reçu des blessures comme nous,
nostri símilis efféctus es.
tu es devenu semblable à nous.
11 Detrácta est ad ínferos
supérbia tua,
11. Ton orgueil a été précipité dans les enfers,
cóncidit cadáver tuum ;
ton cadavre est tombé par terre ;
subter te sternétur tínea,
au-dessous de toi la teigne formera ta couche,
et operiméntum tuum erunt
vermes.
et ta couverture seront les vers.
12 Quómodo cecidísti de cælo,
12. Comment es-tu tombé du ciel,
Lucifer, qui mane oriebáris ?
lucifer qui dès le matin te levais ?
corruísti in terram,
Comment as-tu été renversé sur la terre,
qui vulnerábas gentes ?
toi qui faisais des blessures aux nations ?
13 Qui dicébas in corde tuo :
13. Qui disais dans ton cœur :
In cælum conscéndam,
Je monterai au ciel,
super astra Dei
sur les astres de Dieu
exaltábo sólium meum ;
j’élèverai mon trône ;
sedébo in monte testaménti,
je m’assiérai sur la montagne du Testament,
in latéribus aquilónis ;
aux côtés de l’aquilon.
14 ascéndam super altitúdinem núbium,
14. Je monterai sur la hauteur des nues,
símilis ero Altíssimo ?
je serai semblable au Très-Haut.
15 Verúmtamen ad inférnum detrahéris,
15. Mais cependant tu seras trainé dans l’enfer,
in profúndum laci.
au profond de la fosse ;
16 Qui te víderint, ad te inclinabúntur,
16. Ceux qui te verront se pencheront vers toi,
teque prospícient :
et ils te considéreront et te diront :
Numquid iste est vir qui
conturbávit terram,
Est-ce là cet homme qui a troublé la terre,
qui concússit regna,
qui a ébranlé les royaumes ;
17 qui pósuit orbem desértum,
17. Qui a fait de l’univers un désert,
et urbes ejus destrúxit,
et a détruit ses villes,
vinctis ejus non apéruit
cárcerem ?
et à ses captifs n’a pas ouvert la prison ?
18 Omnes reges géntium
18. Tous les rois des nations,
univérsi dormiérunt in glória,
tous se seront endormis dans la gloire,
vir in domo sua ;
chacun dans sa maison.
19 tu autem projéctus es de sepúlchro tuo,
19. Mais toi, tu as été jeté loin de ton sépulcre,
quasi stirps inútilis pollútus,
comme un tronc inutile, et souillé,
et obvolútus cum his qui
interfécti sunt gládio,
et enveloppé avec ceux qui ont été tués par le glaive
et descendérunt ad fundaménta
laci,
et qui sont descendus au fond de la fosse
quasi cadáver pútridum.
comme un cadavre putréfié.
20 Non habébis consórtium, neque cum eis in sepultúra ;
20. Tu n’auras pas même part avec eux à la sépulture,
tu enim terram tuam disperdidísti,
parce que c’est toi qui as détruit entièrement ta terre,
tu pópulum tuum occidísti :
toi qui as tué ton peuple ;
non vocábitur in ætérnum
la race des méchants
semen pessimórum.
n’existera pas éternellement.
21 Præparáte fílios ejus occisióni,
21. Préparez ses enfants au massacre,
in iniquitáte patrum suórum :
à cause de l’iniquité de leurs pères ils ne s’élèveront pas,
non consúrgent, nec
hæreditábunt terram,
ils n’hériteront pas de la terre,
neque implébunt fáciem orbis civitátum.
et ils ne rempliront pas la face du disque de cités.
22 Et consúrgam super eos,
22. Et je m’élèverai contre eux,
dicit Dóminus exercítuum ;
dit le Seigneur des armées,
et perdam Babylónis nomen, et
relíquias,
et je perdrai le nom de Babylone,
et germen, et progéniem, dicit
Dóminus ;
et les restes, et le germe, et la race, dit le Seigneur.
23 et ponam eam in possessiónem erícii,
23. Et j’en ferai la possession du hérisson ;
et in palúdes aquárum,
j’en ferai des marais d’eaux,
et scopábo eam in scopa terens,
et je la balayerai avec un balai en la raclant,
dicit Dóminus exercítuum.
dit le Seigneur des armées.
24 Jurávit Dóminus exercítuum, dicens :
24. Le Seigneur des armées a juré, disant :
Si non, ut putávi, ita
erit ;
Certainement, comme j’ai pensé,
et quómodo mente tractávi,
de même il en sera, et comme j’ai arrêté dans mon esprit,
25 sic evéniet :
25. Ainsi il arrivera ;
ut cónteram Assýrium in terra mea,
afin que je brise l’Assyrien dans ma terre,
et in móntibus meis concúlcem eum ;
et que sur mes montagnes je le foule aux pieds,
et auferétur ab eis jugum ejus,
que son joug soit emporté loin d’eux,
et onus illíus ab húmero eórum
tollétur.
et que son fardeau soit enlevé de leur épaule.
26 Hoc consílium quod cogitávi super omnem terram ;
26. C’est là le dessein que j’ai formé sur toute la terre,
et hæc est manus exténta super
univérsas gentes.
et c’est là la main étendue sur toutes les nations.
27 Dóminus enim exercítuum decrévit ; et quis
póterit infirmáre ?
27. Car le Seigneur des armées l’a décrété ; qui pourra infirmer son décret ?
et manus ejus exténta ; et
quis avértet eam ?
et sa main est étendue, qui la détournera ?
28
In anno quo mórtuus est rex Achaz, factum est onus istud :
28. En l’année, à laquelle est mort le roi Achaz, a été faite cette prophétie accablante :
29 Ne lætáris, Philisthǽa omnis tu,
29. Ne te réjouis pas, toi terre entière des Philistins,
quóniam comminúta est virga
percussóris tui ;
de ce qu’a été brisée la verge de celui qui te frappait ;
de radíce enim cólubri
egrediétur régulus,
car de la race du serpent sortira un basilic,
et semen ejus absórbens
vólucrem.
et ce qui en naitra dévorera l’oiseau.
30 Et pascéntur primogéniti páuperum,
30. Et les plus indigents seront nourris,
et páuperes fiduciáliter requiéscent ;
et les pauvres reposeront avec confiance ;
et interíre fáciam in fame radícem tuam,
et je ferai mourir ta racine,
et relíquias tuas interfíciam.
et tes restes, je les tuerai.
31 Ulula, porta ; clama cívitas ;
31. Pousse des hurlements, porte ; crie, cité ;
prostráta est Philisthǽa omnis ;
toute le pays des Philistins a été renversée ;
ab aquilóne enim fumus véniet,
car c’est de l’aquilon que la fumée viendra ;
et non est qui effúgiet agmen
ejus.
et il n’est personne qui fuira son armée.
32 Et quid respondébitur núntiis gentis ?
32. Et que répondra-t-on aux messagers de la nation ?
Quia Dóminus fundávit Sion,
Que c’est le Seigneur qui a fondé Sion,
et in ipso sperábunt páuperes pópuli ejus.
et qu’en lui espèreront les pauvres de son peuple.
~
CHAP. XIV.
1. Son temps ; le temps de la ruine de Babylone. — Ne seront pas différés ; c’est le sens du latin elongabuntur, expliqué par le texte hébreu. Compar. Ezech. XII, 25, 28. — Les ; c’est-à-dire les Israélites. — L’étranger, etc. Au retour de la captivité de Babylone, beaucoup de gentils embrassèrent la religion des Juifs. Voy. II Esd. X.
2. Les peuples, etc. Les livres d’Esdras contiennent le récit de l’accomplissement de cette prophétie.
4. * Cette parabole, en hébreu maschal, nom qui désigne une espèce de poème. Les versets 4b-21 contiennent en effet une ode ou un chant poétique sur la chute du roi de Babylone. Ce chant peut se partager en cinq strophes : 4b-8 ; 9-11 ; 12-15 ; 16-19 et 20-21. Les versets 22 et 23 peuvent être considérés comme un épilogue du poème. On regarde avec raison ce maschal comme un chef-d’œuvre littéraire. « Que de beautés ! Si l’auteur n’était qu’un poète, je dirais que c’est son chef-d’œuvre. Vous trouverez dans quelques autres chapitres autant et peut-être plus de richesses ; mais il n’en est aucun, ce me semble, où la grandeur de l’ordonnance réponde mieux à la majesté des détails. Ce n’est pas un simple morceau détaché ; ce n’est pas même une ode ; c’est un poème. Plus vous l’étudierez, plus vous verrez que rien n’y manque. » (Paroles mises par Bungener dans la bouche de Bossuet.)
8. Tu dors ; c’est-à-dire tu es mort. — Personne qui nous abatte. Les vainqueurs signalaient ordinairement leur domination sur les provinces conquises en abattant les forêts. Compar, XXXVII, 24. — * Les arbres du Liban interviennent, parce que le roi de Babylone les avait fait couper pour construire son palais.
9. * L’enfer, le scheôl, par une figure très hardie, est personnifié. — Les géants sont la traduction de rephaim qui, dans l’original, désigne les morts qui habitent dans le scheôl. Une race de géants est appelée aussi dans l’Ancien Testament rephaim ; mais ici ce mot est appliqué aux trépassés, pour exprimer des êtres faibles et sans force, de la racine râfâh, « défaillir. » Les Rephaim sont privés d’une partie de la force vitale ; ils ne sont pas cependant privés de toute force ni de tout sentiment.
10. Élèveront la voix ; vrai sens du respondébunt de la Vulgate expliqué par l’hébreu.
11. * Ta couverture. Les tapis de Babylone étaient particulièrement renommés dans l’antiquité.
12. Lucifer ; Nabuchodonosor, d’après les uns, Balthasar, suivant les autres, et Sennachérib, selon d’autres ; mais le plus grand nombre des Pères l’entend du démon, qui a voulu devenir semblable au Très-Haut. Jésus-Christ semble faire allusion à ce passage dans Luc. X, 18. Compar. Apoc. XII, 9. — * Comment es-tu tombé du ciel, Lucifer. Nous n’avons pas seulement ici une poésie d’un éclat incomparable ; nous avons encore des allusions aux croyances et aux coutumes babyloniennes. Le nom de Lucifer correspond à mustilil, le nom assyrien de l’étoile du matin. On sait que les Babyloniens adoraient les astres et étaient très adonnés à l’astronomie et à l’astrologie.
13. La montagne du testament ; ou de l’alliance, c’est la montagne où était bâti le temple, dépositaire des tables de l’alliance que l’on conservait dans l’arche, au milieu du sanctuaire. — Aux côtés de l’aquilon. Compar. Ps. XLVII, 3. — * Selon une autre interprétation : Je m’assiérai sur la montagne de l’assemblée des dieux aux extrémités du nord, sur le mont Rowandiz, au nord-est de Babylone. Les Babyloniens considéraient cette montagne comme le séjour des dieux, le ciel. Les Sabéens de Harran se tournaient vers le nord pour prier.
15-19. De la fosse (laci) ; c’est-à-dire du tombeau. Compar. Ps. XXVII, 1.
20. N’existera pas ; litter., et par hébraïsme, ne sera pas appelé ; son nom ne sera pas prononcé.
22-23. * Le chant est fini. Ces deux versets étendent à toute la Babylonie le châtiment du roi de Babylone.
23. * Du hérisson, qui est commun à l’embouchure de l’Euphrate. Quelques modernes croient cependant qu’il s’agit ici, non du hérisson, mais du butor, qui abonde dans les marais pleins de joncs de l’Euphrate et dont le cri sourd a quelque chose de sinistre et de lugubre.
24-27. * Prophétie contre les Assyriens.
25. Ainsi il arrivera, etc. Voy., pour l’accomplissement de cette prophétie, IV Reg. XIX. — Ma terre ; la Palestine. — D’eux ; des Israélites.
28-32. * Prophétie contre les Philistins. Vaincus sous Ozias, II Par. XXVIII, 5, ils étaient redevenus indépendants sous Achaz.
28. Prophétie accablante (onus). Voy. XIII, 1. — * En l’année à laquelle est mort le roi Achaz ; en 728 avant J.-C.
29. De la race du serpent, etc. Selon la plupart des Pères et des commentateurs, ce serpent est Achaz, et ce basilic, Ézéchias ; mais Dom Calmet pense que le serpent marque Sennachérib, et le basilic, Assarhaddon, parce que ces deux rois d’Assyrie firent la guerre aux Philistins, au temps d’Isaïe ; que le prophète, au vers. 31, nous fait entendre que le mal qu’il prédit viendra fondre sur les Philistins du côté de l’aquilon, ce qui signifie ordinairement la Chaldée ou l’Assyrie, et que la comparaison d’Ézéchias à un basilic ne lui parait pas du style d’Isaïe. — * Terre entière de Palestine. Le mot Palestine désigne ici le pays des Philistins. # Le mot Palestine (Philisthǽa) désigna d’abord la terre ou le pays des philistins puis une région plus large. — Terre entière ; indique qu’il s’agit des cinq principautés que renfermait la Philistie.
30. Les plus indigents ; littér. les premiers-nés des pauvres. Compar., sur cet hébraïsme, Job. XVIII, 13. Les Philistins furent frappés successivement par Sennachérib, Nabuchodonosor, Alexandre, et enfin par les Juifs au temps des Machabées, depuis lesquels leur nom disparut.
31. Porte, cité ; c’est-à-dire grands, magistrats qui siégez à la porte de la ville, et vous, habitants de la cité. — L’aquilon ou le septentrion désigne ordinairement l’Assyrie ou la Chaldée, situées au nord de la Palestine. — La fumée et le feu désignent, en plusieurs endroits de l’Écriture, la guerre ou une armée. — Qui fuira son armée ; qui ne voudra pas se joindre à son armée. C’est l’interprétation la plus simple et la plus conforme au texte hébreu.
32. Aux messagers de la nation (gentis) ; ou bien des nations, en supposant, ce qui a lieu souvent surtout dans les noms collectifs, que le singulier est mis ici pour le pluriel ; et en supposant aussi qu’il est fait allusion à la coutume d’envoyer des messagers aux rois, pour les complimenter quand il leur arrivait quelque chose d’avantageux ou de fâcheux. — Que c’est le Seigneur, etc. C’est la réponse que les envoyés de Sennachérib reçurent de Juda. Voy. IV Reg. XIX.
²
Vengeance que le Seigneur exercera contre les Moabites. Désolation et ruine de leur pays.
1 Onus Moab.
1. Malheur accablant de Moab.
Quia nocte vastáta est
Parce que pendant la nuit Ar a été dévastée,
Ar Moab, contícuit ;
Moab s’est tu ;
quia nocte vastátus est
parce que pendant la nuit a été détruit le mur,
murus Moab, contícuit.
Moab s’est tu.
2 Ascéndit domus,
2. La maison et Dibon sont montées
et Dibón ad excélsa,
sur les hauts lieux pour pleurer
in planctum super Nabo ;
sur Nabo et sur Médaba ;
et super Médaba, Moab
ululávit ;
Moab a poussé des hurlements ;
in cunctis capítibus ejus calvítium,
sur toutes les têtes sera la calvitie,
et omnis barba radétur.
et toute barbe sera rasée.
3 In tríviis ejus accíncti sunt sacco ;
3. Dans ses rues ils ont été vêtus de sacs ;
super tecta ejus et in platéis
ejus
sur ses toits tout hurlement
omnis ululátus descéndit in fletum.
est descendu dans le pleur.
4 Clamábit Hésebon et Elealé,
4. Hesebon et Elealé crieront ;
usque Jasa audíta est vox
eórum ;
jusqu’à Jasa leur voix a été entendue ;
super hoc expedíti Moab ululábunt,
à cause de cela les vaillant de Moab hurleront ;
ánima ejus ululábit sibi.
et son âme hurlera pour elle-même.
5 Cor meum ad Moab clamábit ;
5. Mon cœur pour Moab criera ;
vectes ejus usque ad Segor,
ses verrous se feront entendre jusqu’à Ségor,
vítulam conternántem ;
génisse de trois ans ;
per ascénsum enim Luith
car par la montée de Luith
flens ascéndet,
ils monteront en pleurant,
et in via Orónaïm
et dans la voix d’Oronaim
clamórem contritiónis levábunt.
ils élèveront le cri d’une douleur déchirante.
6 Aquæ enim Nemrim desértæ erunt,
6. Car les eaux de Nemrim deviendront un désert,
quia áruit herba, defécit germen,
parce que l’herbe s’est desséchée,
viror omnis intériit.
que le bourgeon a manqué et que toute verdure a péri.
7 Secúndum magnitúdinem óperis, et visitátio
eórum :
7. Selon la grandeur de leurs œuvres, tel sera leur châtiment ;
ad torréntem Sálicum ducent eos.
au torrent des saules on les conduira.
8 Quóniam circuívit clamor
términum Moab ;
8. Parce que le cri parcourra la frontière de Moab ;
usque ad Gallim ululátus ejus,
jusqu’à Gallim ira son hurlement,
et usque ad púteum Elim clamor ejus.
jusqu’au Puits d’Elim son cri.
9 Quia aquæ Dibón replétæ sunt
sánguine ;
9. Parce que les eaux de Dibon ont été remplies de sang ;
ponam enim super Dibón additaménta ;
car j’enverrai sur Dibon un surcroît de châtiment ;
his qui fúgerint de Moab
leónem,
à ceux qui fuiront de Moab
et relíquiis terræ.
et aux restes de cette terre, un lion.
~
CHAP.
XV. 2. Jer. XLVIII,
37 ; Ezech. VII,
18.
1. * XV, 1-XVI, 14. Prophétie contre Moab. La stèle du roi de Moab, Mésa, trouvée près de Dibon en 1869 et conservée actuellement au musée du Louvre, nomme parmi les villes moabites six de celles dont on lit ici les noms : Dibon, Nabo, Jasa, Médaba, Oronaim, Sabama.
1. Malheur accablant. Voy. XIII, 1. — Ar ; ville capitale de Moab. — * Ar était sur la rive gauche de l’Arnon, vis-à-vis d’Aroer.
2. La maison ; le palais et la famille royale, selon saint Jérôme. — Dibon ; ville de Moab, près d’Ar. — Nabo ; autre ville, près d’une montagne du même nom. — Médaba ; ville près de la montagne de Phasga. L’usage de monter sur les hauteurs pour pleurer dans les disgrâces publiques et particulières est connu dans l’Écriture. — Sur toutes les têtes, etc. S’arracher les cheveux et se couper la barbe étaient également des signes de deuil.
3. De sacs ; ce n’étaient pas des sacs proprement dits, mais des habits rudes et grossiers, qu’on portait dans le deuil. — Sur ses toits. Les toits étaient en plate-forme, et l’on y montait pour pleurer dans les moments d’affliction. — Est descendu dans leur pleur ; hébraïsme, pour s’est mêlé aux larmes, s’est confondu avec les larmes.
4. Hesebon, Elealé ; deux villes, dont la première était située au pied du mont Phasga, et la seconde au nord, et à trois lieues environ de Hesebon. — Jasa ; autre ville à l’extrémité méridionale de Moab. — Son âme ; l’âme de chacun ; ou chacun gémira non seulement sur le malheur public, mais sur sa propre infortune.
5. Ses verrous ; ses appuis, ses soutiens. — Ségor ; à l’extrémité méridionale de la mer Morte. — Génisse de trois ans ; c’est-à-dire forte, vigoureuse, ou indocile, indomptée. — Luith ; ville située entre Ar et Ségor. — Oronaim ; ville de Moab, dans le voisinage de Ségor, ou à l’extrémité opposée de cette dernière, selon que l’on entend ces paroles de Jérémie, XLVIII, 34 : « Ils ont fait entendre leur voix de Ségor à Oronaim. »
6. Nemrim ; ville au septentrion de Ségor et sur la mer Morte.
7. Leurs œuvres ; leurs crimes. — Au torrent, etc. Babylone était située sur l’Euphrate dont les bords étaient couverts de saules. Compar. Ps. CXXXVI, 2.
8. Gallim, et Puits d’Elim ; deux villes situées sur les confins de Moab.
9. Un lion ; Nabuchodonosor, envoyé contre Moab, après Salmanasar.
²
Agneau envoyé de Moab. Ressource offerte aux Moabites. Défaite de Sennachérib. Nouvel éclat du règne d’Ézéchias. Endurcissement des Moabites ; leur prochaine désolation.
1 Emítte agnum, Dómine, dominatórem terræ,
1. Envoyez, Seigneur, l’agneau dominateur de la terre,
de petra desérti
de la Pierre du désert
ad montem fíliæ Sion.
à la montagne de la fille de Sion.
2 Et erit : sicut avis fúgiens,
2. Et il arrivera que, comme un oiseau qui fuit,
et pulli de nido avolántes,
et des petits qui s’envolent du nid,
sic erunt fíliæ Moab
ainsi seront les filles de Moab
in transcénsu Arnon.
au passage de l’Arnon.
3 Ini consílium,
3. Prends conseil,
coge concílium ;
convoque une assemblée ;
pone quasi
noctem umbram tuam
fais comme une nuit de ton ombre en plein midi ;
in merídie ;
cache ceux qui fuient ;
abscónde fugiéntes, et vagos ne
prodas.
et les errants, ne les trahis pas.
4 Habitábunt apud te prófugi mei ;
4. Mes fugitifs habiteront chez toi ; Moab,
Moab, esto
latíbulum eórum a fácie vastatóris :
sois leur retraite contre le dévastateur ;
finítus est enim pulvis,
consummátus est miser,
car la poussière a trouvé sa fin, le misérable a été consumé ;
defécit qui conculcábat terram.
il a défailli, celui qui foulait aux pieds la terre.
5 Et præparábitur in misericórdia sólium,
5. Et dans la miséricorde sera préparé un trône,
et sedébit super illud in veritáte
et il s’y assiéra dans la vérité,
in tabernáculo David,
dans le tabernacle de David, un roi jugeant,
júdicans et quærens judícium,
et recherchant ce qui est juste,
et velóciter reddens quod
justum est.
et rendant une prompte justice.
6 Audívimus supérbiam Moab :
6. Nous avons appris l’orgueil de Moab ;
supérbus est valde ;
ce peuple est très orgueilleux ;
supérbia ejus, et arrogántia
ejus, et indignátio ejus
et son orgueil, et son arrogance, et sa fureur,
plus quam fortitúdo ejus.
sont plus grands que sa puissance.
7 Idcírco ululábit Moab ad Moab ;
7. C’est pour cela que Moab hurlera à Moab ;
univérsus ululábit :
tous hurleront ;
his qui lætántur super muros cocti láteris,
à ceux qui se réjouissent sur leurs murailles de briques cuites au feu,
loquímini plagas suas.
annoncez leurs plaies.
8 Quóniam suburbána Hésebon desérta sunt,
8. Parce que les faubourgs d’Hesebon sont déserts,
et víneam Sábama
et que les maitres des nations
dómini géntium excidérunt :
ont coupé la vigne de Sabama ;
flagélla ejus usque ad Jazer
pervenérunt,
ses jeunes branches sont parvenues jusqu’à Jazer ;
erravérunt in desérto ;
elles se sont répandues çà et là dans le désert ;
propágines ejus relíctæ sunt,
ses rejetons ont été laissés,
transiérunt mare.
ils ont passé au-delà de la mer.
9 Super hoc plorábo in fletu Jazer
9. À cause de cela, je pleurerai du pleur de Jazer,
víneam Sábama ;
la vigne de Sabama,
inebriábo de lácrima mea,
je vous enivrerai de mes larmes,
Hésebon et Elealé,
Hesebon et Elealé,
quóniam super vindémiam tuam et super messem tuam
parce que sur votre vendange et sur votre moisson
vox calcántium írruit.
est tombée la voix de ceux qui les ont foulées aux pieds.
10 Et auferétur lætítia et exsultátio de Carmélo,
10. Et la joie et l’exultation seront enlevées du Carmel,
et in víneis non exsultábit
neque jubilábit.
et dans les vignes on n’exultera ni on ne jubilera ;
Vinum in torculári non
calcábit qui calcáre consuéverat ;
il ne foulera pas le vin dans le pressoir, celui qui avait coutume de le fouler ;
vocem calcántium ábstuli.
j’ai ôté la voix de ceux qui foulaient.
11 Super hoc venter meus ad Moab
11. À cause de cela, le fond de mon cœur retentira sur Moab,
quasi cíthara sonábit,
comme la harpe,
et víscera mea ad murum cocti láteris.
et mes entrailles sur le mur de briques cuites au feu.
12 Et erit : cum apparúerit quod laborávit Moab
12. Et il arrivera que, lorsque Moab aura vu qu’il s’est fatigué
super excélsis suis,
sur ses hauts lieux,
ingrediétur ad sancta sua ut óbsecret,
il entrera dans son sanctuaire afin de prier instamment,
et non valébit.
et qu’il ne pourra rien.
13 Hoc verbum
quod locútus est Dóminus ad Moab ex tunc.
13. C’est la parole qu’a dite le Seigneur à Moab anciennement ;
14
Et nunc locútus est Dóminus, dicens : In tribus annis, quasi anni
mercenárii, auferétur glória Moab super omni pópulo multo, et relinquétur
parvus et módicus, nequáquam multus.
14. Et maintenant le Seigneur a parlé, disant : Dans trois ans, comptés comme les années d’un mercenaire, la gloire de Moab sera enlevée avec tout son peuple nombreux ; et il sera laissé petit et faible, et nullement nombreux.
~
CHAP. XVI. 6. Jer. XLVIII, 29.
1. L’agneau dominateur de la terre ; c’est-à-dire, selon saint Jérôme, suivi de plusieurs interprètes modernes, Jésus-Christ, véritable agneau qui ôte les péchés du monde, envoyé de Moab, puisqu’il est né de la race de Ruth, Moabite et aïeule de David. — La Pierre du désert ; ville capitale de l’Arabie Pétrée, alors au pouvoir des Moabites. — La fille de Sion ; Jérusalem. Voy. I, 8. — * L’agneau dominateur ; renferme une allusion à ce qui est raconté IV Reg. III, 4.
2. L’Arnon ; fleuve qui bordait le pays de Moab à l’occident. — * Les filles de Moab ; les habitants de Moab.
4. La poussière, etc. ; le roi de Babylone.
5. Un roi jugeant, etc. ; Ézéchias ; mais, selon plusieurs Pères, le Messie auquel en effet tout ce qui est dit ici convient beaucoup plus parfaitement qu’à ce prince. — Le tabernacle de David ; c’est-à-dire la maison de David. C’est de la maison de David qu’est sorti le Messie.
7. Moab, etc. Les Moabites d’une ville feront entendre leurs cris jusqu’aux Moabites d’une autre ville ; ou bien, les Moabites vivants se désoleront au sujet de ceux qui seront morts ; la particule hébraïque rendue dans la Vulgate par ad, signifiant aussi au sujet de, touchant, sur (de). — Qui se réjouissent ; se croyant en sûreté sur leurs fortifications. — Leurs plaies ; les plaies dont ils seront frappés. — * Leurs murailles de briques cuites, en hébreu : Kir-Haréseth, qu’on croit être la forteresse de la capitale de Moab.
8. Hesebon et Sabama ; deux villes de Moab célèbres par leurs vignes. — Jazer ; ville située vers la source du torrent du même nom, au nord de Moab. — La mer ; probablement le lac de Jazer, auquel Jérémie (XLVIII, 32) donne ce nom. — * Sur Jazer, voir aussi Num. XXI, 32.
9. Je pleurerai, etc. ; je mêlerai mes pleurs à ceux de Jazer, pour pleurer, etc. — Elealé ; ville voisine d’Hesebon.
10. Carmel ; montagne de la Palestine, célèbre par sa fertilité, et dont le nom a été employé pour signifier en général un lieu d’une fertilité extraordinaire.
11. Sur le mur ; c’est-à-dire sur la ruine du mur. Compar. vers. 7.
14. Dans trois ans. Ces trois ans se prennent de l’année de la mort d’Achaz (XIV, 28) et du commencement du règne d’Ézéchias, et finissent à la troisième année de ce prince. — Comptés, etc. ; c’est-à-dire bien exactement, bien rigoureusement. Voy. la même expression, XXI, 16.
²
Ruine de Damas. Désolation de Samarie. Restes d’Israël convertis au Seigneur. Défaite de Sennachérib.
1 Onus Damásci.
1. Malheur accablant de Damas.
Ecce Damáscus désinet esse
cívitas,
Voilà que Damas cessera d’être une cité,
et erit sicut acérvus lápidum in ruína.
et elle sera un monceau de pierres en ruines.
2 Derelíctæ civitátes Aroër
2. Les cités d’Aroer seront abandonnées aux troupeaux,
grégibus erunt,
et ils s’y reposeront,
et requiéscent ibi, et non erit
qui extérreat.
et il n’y aura personne qui les effrayera.
3 Et cessábit adjutórium ab Ephraïm,
3. Et le soutien manquera à Ephraïm
et regnum a Damásco ;
et le règne à Damas ;
et relíquiæ Sýriæ
et les restes de la Syrie
sicut glória
filiórum Israël erunt,
seront comme la gloire des fils d’Israël,
dicit Dóminus exercítuum.
dit le Seigneur des armées.
4 Et erit in die illa :
4. Et il arrivera en ce jour-là
attenuábitur glória Jacob,
que la gloire de Jacob sera atténuée,
et pinguédo carnis ejus
marcéscet.
et que la graisse de sa chair se dessèchera.
5 Et erit sicut cóngregans in messe quod restíterit,
5. Et il sera comme celui qui ramasse dans la moisson ce qui est resté,
et bráchium ejus spicas leget ;
et son bras recueillera des épis ;
et erit sicut quærens spicas
et il sera comme celui qui cherche des épis
in valle Ráphaïm.
dans la vallée de Raphaim.
6 Et relinquétur in eo sicut racémus et sicut
excússio óleæ
6. Et il y sera laissé seulement comme une grappe de raisin, et comme, lorsqu’on secoue un olivier,
duárum vel trium olivárum in summitáte rami,
son fruit restant sera de deux ou trois olives au sommet d’une branche,
sive quátuor aut quinque in
cacumínibus ejus fructus ejus,
ou bien de quatre ou de cinq à ses cimes,
dicit Dóminus Deus Israël.
dit le Seigneur Dieu d’Israël.
7 In die illa inclinábitur homo ad
7. En ce jour-là l’homme s’inclinera
factórem suum,
vers son Créateur,
et óculi ejus ad Sanctum Israël respícient ;
et ses yeux regarderont du côté du saint d’Israël.
8 et non inclinábitur ad altária quæ fecérunt manus
ejus ;
8. Et il ne s’inclinera pas du côté des autels qu’ont faits ses mains ;
et quæ operáti sunt dígiti ejus
non respíciet
et ce qu’ont façonné ses doigts, les bois sacrés et les temples,
lucos et delúbra.
il ne les regardera pas.
9 In die illa erunt civitátes fortitúdinis ejus
9. En ce jour-là, ses cités les plus fortes seront abandonnées
derelíctæ sicut arátra, et
ségetes
comme les charrues et les moissons
quæ derelíctæ
sunt a fácie filiórum Israël ;
qui furent abandonnées à la vue des fils d’Israël ;
et eris desérta.
et tu seras déserte.
10 Quia oblítus es Dei salvatóris
tui,
10. Parce que tu as oublié le Dieu ton sauveur,
et fortis adjutóris tui non es
recordáta :
et que de ton puissant secours tu ne t’es pas souvenue ;
proptérea plantábis plantatiónem fidélem,
c’est pour cela que tu planteras du bon plant,
et germen aliénum seminábis ;
et que tu sèmeras une semence étrangère.
11 in die plantatiónis tuæ labrúsca,
11. Au jour de ta plantation c’était une vigne sauvage,
et mane semen tuum
florébit ;
et dès le matin ta semence fleurira ;
abláta est messis in die hæreditátis,
la moisson a été enlevée au jour de l’héritage,
et dolébit gráviter.
et tu en éprouveras une douleur grave.
12 Væ multitúdini populórum multórum,
12. Malheur à la multitude de peuples nombreux ;
ut multitúdo maris sonántis ;
elle est comme la multitude des flots d’une mer mugissante ;
et tumúltus turbárum,
et le tumulte des troupes,
sicut sónitus aquárum multárum.
comme le bruit des grandes eaux.
13 Sonábunt pópuli sicut sónitus aquárum
inundántium,
13. Des peuples feront un bruit, comme le bruit des eaux qui débordent,
et increpábit eum, et fúgiet
procul ;
et il le menacera, et il fuira au loin ;
et rapiétur sicut pulvis
móntium a fácie venti,
et il sera emporté comme la poussière des montagnes à la face du vent,
et sicut turbo coram tempestáte.
et comme un tourbillon devant la tempête.
14 In témpore véspere, et ecce
turbátio ;
14. Il sera au temps du soir, et voici le trouble,
in matutíno, et non subsístet.
au temps du matin, et il n’existera plus,
Hæc est pars eórum qui
vastavérunt nos,
voilà la part de ceux qui nous ont dévastés,
et sors diripiéntium nos.
et le sort de ceux qui nous ont pillés.
~
CHAP. XVII.
1-11. * Prophétie contre Damas et la Syrie, et en même temps contre le royaume d’Israël avec qui la Syrie était alliée.
1. Malheur accablant. Voy. XIII, 1. — Damas. Voy. VII, 8.
2. Aroër ; celle qui appartenait à la Syrie ; car il y avait plusieurs villes de ce nom. — * Les cités d’Aroer désignent probablement Aroër sur l’Arnon et Aroër de Gad, à l’est de Rabbath-Ammon.
5. La vallée de Raphaim, au midi de Jérusalem, était très fertile.
6. * On faisait la récolte des olives en secouant ou en battant les branches de l’olivier. Deut. XXIV, 20.
8. * Les bois sacrés et les temples. En hébreu : les Aschérahs, c’est-à-dire les symboles de la déesse Aschérah, qui était figurée sous la forme d’un pieu, et les images du soleil, c’est-à-dire les représentations du dieu soleil, Baal-Khamman, qu’on plaçait sur les autels de Baal. II Par. XXXIV, 4.
9. Les cités les plus fortes ; littér. les cités de sa force ; ce qui est un pur hébraïsme. — Qui furent abandonnées par les Chananéens, à l’arrivée des Israélites. Compar. Jos. II, 9 ; V, 1, 11, 12. — Tu seras déserte, ô Samarie.
11. De l’héritage ; c’est-à-dire de la récolte.
12-14. * Prophétie contre les Assyriens, annonçant la destruction de l’armée de Sennachérib.
12. * La multitude de peuples nombreux. Les Assyriens enrôlaient dans leurs armées des soldats tirés de tous les peuples qui étaient leurs tributaires.
13. Il le menacera (increpabit eum) ; le pronom le (eum) se rapporte au mot bruit (sonitus) qui précède, selon les uns ; mais plus probablement, selon les autres, à peuples (populi) ; car, outre que la suite autorise cette interprétation, on a pu remarquer plus d’une fois que, dans les récits bibliques, le pronom qui devrait être au pluriel se met au singulier, et signifie dans ce cas chacun.
14. Il sera, etc. Chacun d’eux répandra le soir le trouble et la terreur, et le lendemain matin il n’existera plus. Compar. IV Reg. XIX, 35-36. — * La part ; le sort, le jugement porté contre les Assyriens.
²
Malheur à l’Éthiopie, qui croit le Seigneur trop faible pour défendre la maison de Juda. Le peuple de Juda, délivré, viendra offrir des présents au Seigneur.
1 Væ terræ cýmbalo alárum,
1. Malheur à la terre qui retentit par la cymbale de ses ailes,
quæ est trans flúmina Æthiópiæ,
qui est au delà des fleuves d’Éthiopie,
2 qui mittit in mare legátos,
2. Qui envoie des ambassadeurs
et in vasis papyri super aquas.
sur la mer et sur des vaisseaux de papyrus.
Ite, ángeli velóces,
Allez, anges rapides,
ad gentem convúlsam et dilacerátam ;
vers une nation arrachée et déchirée,
ad pópulum terríbilem, post
quem non est álius ;
vers un peuple terrible, après lequel il n’en est pas d’autre aussi terrible ;
ad gentem exspectántem et conculcátam,
vers une nation qui attend et qui est foulée aux pieds,
cujus diripuérunt flúmina terram ejus.
dont les fleuves ont ravagé la terre.
3 Omnes habitatóres orbis, qui morámini in terra,
3. Vous tous habitants de l’univers, qui demeurez sur la terre,
cum elevátum fúerit signum in móntibus, vidébitis,
lorsque l’étendard sera élevé sur les montagnes,
et clangórem tubæ audiétis.
vous le verrez, et vous entendrez le bruit éclatant de la trompette ;
4 Quia hæc dicit Dóminus ad me :
4. Parce que voici ce que le Seigneur me dit :
Quiéscam et considerábo in loco meo,
Je me tiendrai en repos,
sicut meridiána lux clara est,
et je considèrerai en mon lieu comme la lumière de midi qui est claire,
et sicut nubes roris in die
messis.
et comme un nuage de rosée au jour de la moisson.
5 Ante messem enim totus efflóruit,
5. Car avant la moisson il a fleuri tout entier,
et immatúra perféctio germinábit ;
et son germe le plus avancé ne mûrira pas,
et præcidéntur ramúsculi ejus
fálcibus,
et ses petites branches seront coupées avec les faux,
et quæ derelícta fúerint
abscindéntur et excutiéntur.
et ce qui aura été laissé sera retranché ou rejeté.
6 Et relinquéntur simul ávibus móntium
6. Il sera en même temps abandonné aux oiseaux des montagnes
et béstiis terræ ;
et aux bêtes de la terre ;
et æstáte perpétua erunt super
eum vólucres,
et pendant tout l’été y seront les oiseaux,
et omnes béstiæ terræ super
illum hiemábunt.
et toutes les bêtes de la terre y passeront l’hiver.
7 In témpore illo deferétur munus Dómino exercítuum
7. En ce temps-là sera offert un présent au Seigneur des armées,
a pópulo
divúlso et dilaceráto,
par un peuple arraché et déchiré,
a pópulo terríbili, post quem
non fuit álius ;
par un peuple terrible, après lequel il n’en fut pas d’autre aussi terrible ;
a gente
exspectánte, exspectánte et conculcáta,
par une nation qui attend, qui attend, et qui est foulée aux pieds,
cujus diripuérunt flúmina terram ejus ;
dont les fleuves ont ravagé la terre ;
ad locum nóminis Dómini exercítuum, montem Sion.
offert dans le lieu du nom du Seigneur des armées, la montagne de Sion.
~
CHAP. XVIII.
1-7. * Prophétie sur l’Éthiopie. Le prophète se montre plein de sympathie pour ce pays qui est en guerre avec l’Assyrie, l’ennemi commun.
1. Malheur, etc. Voy. XIII, 1. On convient assez communément que cette prophétie regarde la terre de Chus ou d’Éthiopie, dont le roi Tharaca entreprit de secourir Jérusalem menacée par Sennachérib. — Par la cymbale (cýmbalo) ; le terme hébreu signifie sistre, instrument fort commun chez les Égyptiens. — Ailes ; c’est-à-dire années, que les Hébreux et même les Latins désignaient quelquefois par ce mot. Les Septante et le chaldéen l’ont entendu des ailes ou voiles des vaisseaux. — * Le mot traduit par cymbale est en hébreu : tselatsal, tintement, bruit, cymbale, sistre. Plusieurs commentateurs modernes y voient une allusion au tsaltsal, mouche très commune en Éthiopie et très dangereuse ainsi appelée chez les Gallas, et qui, chez d’autres peuplades, porte le nom de tsetsé. — Au-delà des fleuves d’Éthiopie ; non seulement l’Éthiopie proprement dite ou le royaume de Méroé, qui s’étendait depuis la frontière méridionale de l’Égypte jusqu’à la jonction du Nil blanc et du Nil bleu, mais le pays au-delà de ces fleuves.
2. Papyrus ; sorte de roseau ou de jonc dont étaient faites les barques des Égyptiens. — Anges (angeli) ; envoyés, messagers. — * Les barques de papyrus étaient particulièrement appropriées à la navigation du haut Nil. On pouvait les porter à dos d’homme grâce à leur légèreté, quand c’était nécessaire, comme pour franchir les cataractes, et on les regardait comme une des choses caractéristiques du pays. — Sur la mer ; désigne le Nil (comme XIX, 5). Ce fleuve est appelé encore aujourd’hui el-Bhar, la mer, de même qu’en sanscrit l’Indus est nommé aussi Sindhu ou la mer. — Le roi d’Éthiopie, averti de la marche des Assyriens, envoie des messagers porter rapidement ses ordres et rassembler des troupes. — Vers un peuple terrible ; allusion aux grandes victoires remportées par le chef du peuple éthiopien, Sabacon. — Dont les fleuves ont ravagé la terre. La Nubie, qui est un pays montagneux, est couverte de rivières et de torrents.
4. Je me tiendrai, etc. Au milieu de tous les mouvements des ennemis, je considèrerai tranquillement leurs efforts, et je serai pour mon peuple comme est la lumière brillante en plein midi, et comme est un nuage, etc. — * Comme un nuage de rosée. En hébreu, tal. Ce mot, en hébreu comme en arabe, désigne « un brouillard considérable qui répand une petite pluie invisible ; il se lève vers le milieu de la nuit, pendant la saison chaude, lorsque souffle le vent d’ouest ou de nord-ouest, et il apporte un grand rafraîchissement à tous les êtres organiques. » (Neil, Palestine explored, p. 136.) — Au jour de la moisson. Il ne s’agit pas, au moins dans le verset suivant, de la récolte des blés, mais de celle des raisins, de la vendange, comme le prouve le texte hébreu. La vendange se fait en aout ou septembre.
5. Car avant la moisson, etc. Ce qui est dit dans ce verset et le suivant s’explique très bien de Sennachérib et de son armée. Lorsque les froments et la vigne étaient hors de fleurs et près de mûrir, on est venu couper les grains et faire la vendange sans leur donner le temps de parvenir à maturité. C’est ainsi que le roi d’Assyrie était sur le point de se rendre maitre de la Judée, lorsque le Seigneur a tranché tout d’un coup ses espérances.
7. En ce temps-là ; peut s’entendre aussi du temps de Jésus-Christ, dans lequel le prophète se transporte si souvent en esprit. — Par un peuple, etc. ; les Égyptiens, désignés au vers. 2 par les mêmes termes, et qui en effet envoyèrent au temple de Jérusalem des offrandes, persuadés que c’était par l’effet de la puissance du Dieu d’Israël que l’armée de Sennachérib avait été détruite en une seule nuit. Compar. XIX, 18 et suiv. ; II Par. XXXII, 23-24. — Le lieu du nom ; c’est-à-dire le lieu où est invoqué le nom.
²
Maux dont le Seigneur accablera l’Égypte. Autel dédié au Seigneur dans ce pays. L’Égypte menacée et délivrée. Les Égyptiens et les Assyriens unis dans le culte du Seigneur. Les Israélites se joignent à eux.
1 Onus Ægýpti.
1. Malheur accablant de l’Égypte.
Ecce Dóminus ascéndet super nubem levem,
Voici que le Seigneur montera sur un nuage léger,
et ingrediétur Ægýptum,
et qu’il entrera dans l’Égypte,
et commovebúntur simulácra
Ægýpti a fácie ejus,
et que seront ébranlés les simulacres de l’Égypte devant sa face,
et cor Ægýpti tabéscet in médio
ejus,
et le cœur de l’Égypte se fondra au milieu d’elle.
2 et concúrrere fáciam Ægýptios advérsus
Ægýptios ;
2. Et je ferai courir des Égyptiens contre des Égyptiens ;
et pugnábit vir contra fratrem
suum, et vir contra amícum suum,
et un homme combattra contre son frère, et un homme contre un ami,
cívitas advérsus civitátem, regnum advérsus regnum.
une cité contre une cité, un royaume contre un royaume.
3 Et dirumpétur spíritus Ægýpti in viscéribus ejus,
3. Et l’esprit de l’Égypte sera déchiré dans ses entrailles,
et consílium ejus præcipitábo ;
et je détruirai son conseil ;
et interrogábunt simulácra sua,
et divínos suos,
et ils interrogeront leurs simulacres, et leurs devins,
et pythónes, et aríolos.
et les pythoniens et les magiciens.
4 Et tradam Ægýptum in manu dominórum crudélium,
4. Et je livrerai l’Égypte à la main de maitres cruels,
et rex fortis dominábitur
eórum,
et un roi puissant les dominera,
ait Dóminus Deus exercítuum.
dit le Seigneur Dieu des armées.
5 Et aréscet aqua de mari,
5. Et l’eau disparaitra de la mer,
et flúvius desolábitur atque
siccábitur.
et le fleuve sera détruit et desséché.
6 Et defícient flúmina,
6. Et les rivières tariront, et les ruisseaux,
attenuabúntur et siccabúntur
rivi ággerum,
retenus par des digues, diminueront et seront desséchés.
cálamus et juncus marcéscet.
Le roseau et le jonc se flétriront ;
7 Nudábitur álveus rivi a fonte suo,
7. Le lit du ruisseau sera mis à nu à sa source même,
et omnis seméntis irrígua
et l’eau dont on arrosait toute semence dessèchera,
siccábitur, aréscet, et non
erit.
deviendra aride, et ne sera plus.
8 Et mœrébunt piscatóres,
8. Et les pêcheurs s’affligeront,
et lugébunt omnes mitténtes in
flumen hamum ;
et tous ceux qui jettent l’hameçon dans le fleuve pleureront,
et expandéntes rete super
fáciem aquárum emarcéscent.
et ceux qui tendent le filet sur la surface des eaux dépériront.
9 Confundéntur qui operabántur linum,
9. Ils seront confondus, ceux qui travaillaient le lin,
pecténtes et texéntes subtília.
qui le cardaient et en faisaient de fins tissus.
10 Et erunt irrígua ejus flaccéntia :
10. Et ses lieux arrosés d’eau se dessècheront,
omnes qui faciébant lacúnas ad
capiéndos pisces.
de même tous ceux qui faisaient des fosses pour prendre des poissons.
11 Stulti príncipes Táneos,
11. Ils sont atteints de folie, les princes de Tanis,
sapiéntes consiliárii Pharaónis
les sages conseillers de Pharaon
dedérunt consílium insípiens.
ont donné un conseil insensé.
Quómodo dicétis Pharaóni :
Comment direz-vous à Pharaon :
Fílius sapiéntium ego,
Je suis fils des sages,
fílius regum antiquórum ?
fils des anciens rois ?
12 Ubi nunc sunt sapiéntes tui ?
12. Où sont maintenant tes sages ?
annúntient tibi, et índicent
Qu’ils t’annoncent, qu’ils apprennent
quid cogitáverit Dóminus exercítuum super Ægýptum.
ce qu’a résolu le Seigneur des armées, touchant l’Égypte.
13 Stulti facti sunt príncipes Táneos,
13. Ils sont devenus fous, les princes de Tanis ;
emarcuérunt príncipes Mémpheos ;
ils se sont amoindris, les princes de Memphis,
decepérunt Ægýptum, ángulum
populórum ejus.
ils ont séduit l’Égypte, soutien de ses peuples.
14 Dóminus míscuit in médio ejus spíritum
vertíginis ;
14. Le Seigneur a répandu au milieu d’elle un esprit de vertige,
et erráre fecérunt
Ægýptum in omni ópere suo,
et ils ont fait errer l’Égypte dans toutes ses œuvres,
sicut errat ébrius et vomens.
comme erre l’homme ivre et qui vomit.
15 Et non erit Ægýpto opus
15. Et il n’y aura pour l’Égypte
quod fáciat caput et caudam,
rien à faire à la tête et à la queue,
incurvántem et refrenántem.
à celui qui plie et à celui qui réfrène.
16 In die illa erit Ægýptus quasi
mulíeres ;
16. Et ce jour-là, les Égyptiens seront comme des femmes,
et stupébunt, et timébunt
et ils s’étonneront, et ils craindront
a fácie commotiónis manus
Dómini exercítuum,
à la vue de la commotion que la main du Seigneur des armées
quam ipse movébit super eam.
lui-même produira sur eux.
17 Et erit terra Juda
17. Et la terre de Juda sera
Ægýpto in pavórem ;
à l’Égypte en effroi ;
omnis qui illíus fúerit
recordátus pavébit
quiconque s’en souviendra sera effrayé
a fácie consílii Dómini
exercítuum,
à la vue du dessein que le Seigneur des armées
quod ipse cogitávit super eam.
lui-même a formé contre elle.
18 In die illa erunt quinque civitátes
18. En ce jour-là, il y aura cinq cités
in terra Ægýpti
dans la terre d’Égypte
loquéntes lingua Chánaan,
qui parleront la langue de Chanaan,
et jurántes per Dóminum
exercítuum :
et qui jureront par le Seigneur des armées ;
Cívitas solis vocábitur una.
l’une sera appelée la cité du soleil.
19 In die illa erit altáre Dómini
19. En ce jour-là, il y aura un autel du Seigneur
in médio terræ Ægýpti,
au milieu de la terre d’Égypte,
et títulus Dómini juxta
términum ejus.
et un monument au Seigneur près de sa frontière.
20 Erit in signum et in testimónium Dómino exercítuum
20. Ce sera en signe et en témoignage au Seigneur des armées
in terra Ægýpti ;
dans la terre d’Égypte.
clamábunt enim ad Dóminum a fácie tribulatiónis,
Car ils crieront vers le Seigneur à la vue de l’oppresseur,
et mittet eis salvatórem
et il leur enverra un sauveur
et propugnatórem qui líberet
eos.
et un défenseur, qui les délivrera.
21 Et cognoscétur Dóminus ab Ægýpto,
21. Et le Seigneur sera connu de l’Égypte,
et cognóscent Ægýptii Dóminum
et les Égyptiens en ce jour-là
in die illa ;
connaitront le Seigneur ;
et colent eum in hóstiis et in
munéribus ;
et ils l’honoreront par des hosties et par des offrandes ;
et vota vovébunt Dómino, et
solvent.
et ils voueront des vœux et ils les acquitteront.
22 Et percútiet Dóminus Ægýptum plaga,
22. Et le Seigneur frappera l’Égypte d’une plaie,
et sanábit eam ;
et il la guérira ;
et reverténtur ad Dóminum,
et ils reviendront au Seigneur,
et placábitur eis, et sanábit
eos.
et il s’apaisera pour eux et il les guérira.
23 In die illa erit via
23. En ce jour-là, il y aura une voie
de Ægýpto in Assýrios ;
de l’Égypte chez les Assyriens,
et intrábit Assýrius Ægýptum,
et l’Assyrien entrera dans l’Égypte,
et Ægýptius in Assýrios,
et l’Égyptien chez les Assyriens,
et sérvient Ægýptii Assur.
et les Égyptiens serviront Assur.
24 In die illa erit Israël tértius
24. En ce jour-là, Israël sera réuni
Ægýptio et Assýrio ;
comme troisième à l’Égyptien et à l’Assyrien ;
benedíctio in médio terræ
la bénédiction sera au milieu de la terre,
25 cui benedíxit Dóminus exercítuum, dicens :
25. Qu’a bénie le Seigneur des armées, disant :
Benedíctus pópulus meus Ægýpti,
Béni soit mon peuple d’Égypte,
et opus mánuum meárum
Assýrio ;
et l’ouvrage de mes mains se fera par l’Assyrien,
hæréditas autem mea Israël.
mais mon héritage est Israël.
~
CHAP. XIX.
1-25. * Prophétie contre l’Égypte. Elle se divise en deux parties : 1° tableau du châtiment qui menace l’Égypte ; 2° résultats de ce châtiment, conversion de l’Égypte.
1. Malheur, etc. Voy. XIII, 1. Plusieurs anciens ont expliqué toute cette prophétie du temps de Jésus-Christ ; et cette explication se soutient assez bien, même à la lettre ; mais la plupart des nouveaux interprètes l’entendent des guerres des Assyriens ou des Chaldéens contre l’Égypte. — * Les simulacres ; les idoles étaient extrêmement nombreuses en Égypte.
2. Un royaume ; selon les Septante, un nome ; nom qu’on donnait aux cantons ou aux provinces dont se composait l’Égypte. — * L’Égypte était alors très divisée et morcelée en une vingtaine de petits états, comme nous l’apprend l’inscription égyptienne de Piankhi, de sorte que, comme le dit Isaïe, c’était partout la guerre civile.
3. L’esprit de sagesse, que l’Égypte prétend avoir, s’anéantira en elle. — * « Les Égyptiens, dit Hérodote, passent pour les plus sages des hommes. »
4. * Un roi puissant ; le roi d’Assyrie qui conquit l’Égypte, probablement Asarhaddon, qui s’en empara en 672 et la divisa en vingt petits royaumes tributaires.
5-6. * L’eau disparaitra de la mer ; du Nil. Voir XVIII, 2. La disparition des eaux du Nil est la mort de la végétation et la ruine de l’Égypte. Un des effets des guerres civiles, c’était de négliger l’entretien des digues et des canaux du Nil, ce qui empêchait d’arroser convenablement les terres. Or toute terre qui, en Égypte, n’est pas arrosée, est stérile.
8. * Le poisson abonde dans le Nil, et les anciens Égyptiens péchaient beaucoup avec l’hameçon et avec le filet.
9. * Le lin était une des principales cultures de l’Égypte, où l’on en faisait une grande consommation. Les prêtres égyptiens ne se revêtaient que de lin, et l’on enveloppait les momies dans des étoffes de lin.
11-15. * Folie des princes de l’Égypte qui accélère les maux qui les menacent.
11. * Tanis ; aujourd’hui San, dans le Delta, sur un des bras du Nil auquel elle donnait son nom, l’une des villes les plus importantes de la Basse-Égypte et l’une des résidences royales.
13. Soutien ; littér. angle (angulum). C’est à l’angle que se trouve la première pierre fondamentale d’un bâtiment. — * Memphis, capitale de l’Égypte, était située au nord du Caire, près du désert, non loin des pyramides de Saqqarah.
15. Il n’y aura ; littér. il ne sera pas à l’Égypte d’ouvrage qu’elle fasse : tête et queue, etc. ; c’est-à-dire que l’Égypte n’aura aucun pouvoir, aucune autorité ni sur les grands ni sur les petits, etc. — La tête, la queue, celui qui plie et celui qui refrène. Ces mots, qu’on a déjà vus (IX, 14), sont ici à l’accusatif par hébraïsme, comme étant des expressions adverbiales.
16-25. * L’Égypte, après avoir subi la vengeance divine, se convertira au Seigneur et jouira, comme l’Assyrie, de privilèges égaux à ceux d’Israël. Cette partie de la prophétie se divise en cinq alinéas commençant tous par ces mots : En ce jour-là. 16, 18, 19, 23 et 24.
16. Les Égyptiens ; littér. l’Égypte, qui se prend aussi pour les habitants dans ce même sens, puisque ces verbes sont au pluriel. — Sur eux ; littér. sur elle ; le pronom se rapportant grammaticalement au nom Égypte (Ægýptus), féminin singulier.
17. Contre elle ; contre l’Égypte.
18. La langue de Chanaan ; c’est la langue hébraïque. — La cité du soleil ; ou Heliopolis, était située entre le Nil et la mer Rouge, mais plus près du Nil. — * Onias IV, vers 160, éleva un temple semblable à celui de Jérusalem à Léontopolis, dans le nome d’Heliopolis, à l’endroit appelé aujourd’hui Tell el-Yahoudi, non loin de Zagazig et il s’appuya sur le verset d’Isaïe pour justifier son entreprise. Ce temple fut fermé par Vespasien en 72 de notre ère. — Les cinq cités peuvent être Heliopolis, Memphis, Bubaste, Tanis et Alexandrie, où il y eut beaucoup de chrétiens.
19. * Un monument ; une sorte d’obélisque, une colonne analogue aux deux colonnes que Salomon avait placées devant le temple de Jérusalem. — Près de sa frontière. Tell el-Yahoudi n’est pas loin du désert.
21. * Les Égyptiens connaitront le Seigneur. Le christianisme fut très florissant en Égypte pendant les premiers siècles. Alexandrie joua un rôle important dans la défense et la propagation de la religion chrétienne ; la vie monacale fleurit avec le plus grand éclat dans la Haute-Égypte.
23. * Ce verset annonce la conversion de l’Égypte et de l’Assyrie à la vraie foi. — Il y aura une voie qui servira pour les rapports commerciaux, ce qui indique des relations pacifiques qui uniront les deux peuples, au lieu de l’état de guerre qui existait du temps d’Isaïe. Cette voie passera par la terre de Chanaan.
24. * Israël sera troisième ; fera partie de l’alliance entre l’Égypte et l’Assyrie comme confédéré, et les trois peuples serviront le vrai Dieu.
25. Et l’ouvrage, etc. ; c’est-à-dire je me servirai du peuple assyrien comme d’un instrument pour agir, pour accomplir mes desseins. C’est la seule traduction compatible avec la Vulgate ; le commun des versions porte : L’Assyrien est l’ouvrage de mes mains, et Israël mon partage. Plusieurs considèrent l’Assyrien et Israël comme sujets de l’attribut béni soit, mais le latin Assýrio, n’étant pas au nominatif, s’oppose formellement à cette interprétation aussi bien qu’à la précédente. De plus, l’expression mais mon héritage, Israël (hæréditas autem Israël) forme une nouvelle difficulté. Toutefois, il faut le reconnaitre, l’hébreu est susceptible de ces deux explications ; la dernière est la seule conforme aux Septante.
²
Captivité des Égyptiens et des Éthiopiens.
1
In anno quo ingréssus est Tharthan in Azótum, cum misísset eum Sargon, rex
Assyriórum, et pugnásset contra Azótum, et cepísset eam :
1. En l’année que Tharthan entra dans Azot, lorsque Sargon roi des Assyriens l’eut envoyé, et qu’il eut combattu Azot, et l’eut prise ;
2 in témpore illo locútus est Dóminus in manu Isaíæ, fílii Amos, dicens : Vade, et solve saccum de lumbis tuis, et calceaménta tua tolle de pédibus tuis. Et fecit sic, vadens nudus et discalceátus.
2. En ce temps-là, le Seigneur parla par la main d’Isaïe, fils d’Amos, disant : Va, ôte ton sac de tes reins, ôte ta chaussure de tes pieds. Et il fit ainsi, allant nu et déchaussé.
3 Et dixit Dóminus :
3. Et le Seigneur dit :
Sicut ambulávit servus meus Isaías nudus et discalceátus,
Comme a marché mon serviteur Isaïe, nu et déchaussé,
trium annórum signum et porténtum erit
et comme il sera un signe de trois années
super Ægýptum et super Æthiópiam ;
et un présage pour l’Égypte et pour l’Éthiopie ;
4 sic minábit rex Assyriórum captivitátem Ægýpti,
4. Ainsi le roi des Assyriens emmènera la captivité de l’Égypte,
et transmigratiónem Æthiópiæ,
et la transmigration de l’Éthiopie,
júvenum et senum, nudam et discalceátam, discoopértis nátibus, ad ignomíniam Ægýpti.
composées de jeunes hommes et de vieillards, nus et déchaussés, ce qui doit être caché
5 Et timébunt, et confundéntur
dans le corps ayant été découvert pour l’ignominie de l’Égypte.
ab Æthiópia spe sua,
5. Et ils craindront, et ils seront confondus
et ab Ægýpto glória
sua.
par l’Éthiopie dans leur espoir,
6 Et dicet habitátor ínsulæ hujus in die illa :
et par l’Égypte dans leur gloire.
Ecce hæc erat spes nostra,
6. Et il dira, l’habitant de cette ile en ce jour-là :
ad quos confúgimus in auxílium, ut liberárent nos
Voilà, c’était notre espérance,
a fácie regis Assyriórum :
ceux auprès desquels nous avons cherché du secours,
et quómodo effúgere potérimus nos ?
afin qu’ils nous délivrassent de la face du roi des Assyriens ;
~
CHAP. XX.
1-6. * Seconde prophétie contre l’Égypte. Isaïe, sous les habits d’un captif, c’est-à-dire déchaussé et sans son vêtement de dessus, prédit le sort réservé aux Égyptiens et aux Éthiopiens. Nous avons donc ici une prophétie symbolique. L’Égypte et l’Éthiopie sont unies ensemble dans cet oracle, parce que c’était une dynastie d’origine éthiopienne qui régnait alors en Égypte. Les rois d’Assyrie accomplirent ces oracles. Assarhaddon, dans l’expédition qu’il fit en Égypte en 674, s’empara de Memphis et de Thèbes, de la femme du Pharaon Tharaka, d’un grand nombre de ses parents et de ses officiers. Le fils d’Assarhaddon, Assurbanipal, entreprit plusieurs campagnes contre l’Égypte, en personne ou par ses généraux. Pendant la guerre qu’il fit contre le roi d’Éthiopie, Urdaman, qui était devenu maitre de la vallée du Nil, le roi de Ninive livra la ville de Thèbes au pillage et y fit captifs une multitude d’Égyptiens, hommes et femmes.
1. Tharthan. Voy. IV Reg. XVIII, 17. — Azot ; une des cinq principales villes des Philistins. — * Tharthan n’est pas un nom propre, mais un titre de dignité équivalant à général ou chef d’armée. — Sargon, roi des Assyriens, fut le fondateur de la dernière dynastie qui régna à Ninive. Il succéda à Salmanasar en 722 ou 721 et acheva le siège de Samarie, dont la chute entraina la ruine complète du royaume d’Israël. En 720, il avait battu le roi d’Égypte et d’Éthiopie, Schabak, qui arrivait trop tard au secours des Israélites, mais qui voulait du moins sauver Hannon, roi de Gaza, son allié. L’armée assyrienne défit les armées égyptienne et philistine à Raphia, à l’entrée du désert. Schabak fut probablement obligé de se reconnaitre tributaire de Sargon. À sa mort, en 712, il eut pour successeur sur le trône d’Égypte son fils Schabatok, et sur celui d’Éthiopie, Tahrakya, qui parait avoir été son neveu. C’est en 711 qu’eut lieu la campagne contre Azot, mentionnée par Isaïe. Les Philistins avaient secoué le joug de l’Assyrie. Sargon, après la bataille de Raphia, avait déposé le roi d’Azot, Azuri, et mis à sa place le frère de ce dernier, Akhimit. Mais quand le roi de Ninive se fut éloigné, le parti égyptien, qui était le plus fort, renversa Akhimit et donna le pouvoir à Yavan. Les autres peuples voisins de la Palestine et Juda lui-même avaient pris part à ces mouvements, comme nous l’apprennent les inscriptions de Sargon. La campagne dont parle Isaïe avait pour but de châtier cette rébellion, faite vraisemblablement avec l’appui de l’Égypte. Après la prise d’Azot, Schabatok s’empressa d’envoyer une ambassade aux Assyriens pour reconnaitre leur suprématie. Sargon mourut six ans après, en 705, laissant le royaume d’Assyrie à son fils Sennachérib.
2. Par la main ; hébraïsme, pour par le moyen, par l’intermédiaire. — Nu ; non point d’une nudité complète, mais comme le dit formellement le texte, seulement dépouillé du sac (vêtement de dessus) que l’on portait dans le deuil, et de sa chaussure. Chez les Grecs et les Latins eux-mêmes, le mot nu signifiait souvent vêtu à la légère, ou n’ayant pas de manteau.
3. De trois années de malheurs qui pèseront sur l’Égypte et l’Éthiopie.
4. Nus et déchaussés ; littér. nue et déchaussée (nudam et discalceatam), au singulier, quoique se rapportant à captivité aussi bien qu’à transmigration. C’est encore un hébraïsme en vertu duquel, lorsqu’un attribut a deux sujets partiels, il peut concorder avec le plus voisin. — * Les troupes de Sargon purent emmener des captifs égyptiens en Assyrie, mais Assarhaddon surtout, son petit-fils, et Assurbanipal, son arrière-petit-fils, emmenèrent en captivité un grand nombre de jeunes hommes et de vieillards pris en Égypte.
5. Ils seront confondus, etc. ; c’est-à-dire frustrés du secours qu’ils attendaient de l’Éthiopie, et de la gloire qu’ils espéraient recueillir par leur alliance avec l’Égypte.
6. Ile ; le terme hébreu signifie proprement contrée éloignée, lointaine, et aussi voisine de la mer. Ainsi il s’agit ici des habitants des contrées maritimes de la Palestine.
²
Ruine de Babylone. Nuit qui menace l’Idumée. Malheurs qui doivent tomber sur l’Arabie.
1 Onus desérti maris.
1. Malheur accablant du désert de la mer.
Sicut
turbines ab áfrico véniunt,
Comme des tourbillons viennent de l’Africus,
de desérto venit,
il vient du désert,
de terra horríbili.
d’une terre affreuse.
2 Vísio dura nuntiáta est
mihi :
2. Une vision pénible m’a été annoncée ;
qui incrédulus est infidéliter
agit ;
celui qui est incrédule agit infidèlement ;
et qui depopulátor est vastat.
et celui qui dépeuple, dévaste.
Ascénde, Ælam ; óbside, Mede ;
Monte, Ælam ; Mède, assiège ;
omnem gémitum ejus cessáre
feci.
j’ai fait cesser tous ses gémissements.
3 Proptérea repléti sunt lumbi mei dolóre ;
3. À cause de cela mes reins sont remplis de douleur ;
angústia possédit me
l’angoisse s’est emparée de moi
sicut angústia parturiéntis ;
comme l’angoisse d’une femme en travail ;
córrui cum audírem, conturbátus
sum cum vidérem.
je suis tombé, lorsque j’ai entendu ; j’ai été tout troublé, lorsque j’ai vu.
4 Emárcuit cor meum ;
4. Mon cœur s’est flétri ;
ténebræ stupefecérunt me :
des ténèbres m’ont frappé de stupeur ;
Bábylon dilécta mea
Babylone que je chérissais
pósita est mihi in
miráculum.
m’est devenue un sujet d’étonnement.
5 Pone mensam, contempláre in spécula
5. Dresse la table ; contemple dans une guérite
comedéntes et bibéntes :
ceux qui mangent et qui boivent :
súrgite, príncipes,
levez-vous, princes,
arrípite clýpeum.
saisissez le bouclier.
6 Hæc enim dixit mihi Dóminus :
6. Car voici ce que m’a dit le Seigneur :
Vade, et pone speculatórem,
Va, et place une sentinelle ;
et quodcúmque víderit annúntiet.
et tout ce qu’elle aura vu, qu’elle l’annonce.
7 Et vidit currum duórum équitum,
7. Et elle vit un charriot conduit par deux cavaliers,
ascensórem ásini,
l’un qui montait un âne,
et ascensórem caméli ;
et l’autre qui montait un chameau ;
et contemplátus est diligénter
multo intúitu.
et elle considéra soigneusement d’un œil très attentif.
8 Et clamávit leo :
8. Et elle cria comme un lion :
Super spéculam Dómini ego sum,
Je suis dans la guérite du Seigneur,
stans júgiter per diem ;
m’y tenant continuellement pendant le jour,
et super custódiam meam ego sum,
et je fais ma garde,
stans totis nóctibus.
m’y tenant les nuits entières.
9 Ecce iste venit ascénsor
9. Voici que vient cet homme qui monte le charriot
vir bigæ équitum ;
aux deux montures des cavaliers ;
et respóndit, et dixit :
et il répondit et dit :
Cécidit, cécidit Bábylon,
Elle est tombée, elle est tombée, Babylone,
et ómnia
sculptília deórum ejus
et toutes les images de ses dieux,
contríta sunt in terram.
taillées au ciseau, ont été brisées contre terre.
10 Tritúra mea et fílii áreæ meæ,
10. Mon battage, et vous, fils de mon aire,
quæ audívi a
Dómino exercítuum,
ce que j’ai ouï du Seigneur des armées,
Deo Israël,
Dieu d’Israël,
annuntiávi vobis.
je vous l’ai annoncé.
11 Onus Dumá.
11. Malheur accablant de Duma.
Ad me clamat ex Seir :
Il me crie de Séïr :
Custos, quid de nocte ?
Garde, qu’annonces-tu de la nuit ?
custos, quid de nocte ?
garde, qu’annonces-tu de la nuit ?
12 Dixit custos :
12. Le garde dit :
Venit mane et nox ;
Le matin est venu, et la nuit ;
si quǽritis, quǽrite ;
si vous cherchez, cherchez ;
convertímini, veníte.
convertissez-vous, venez.
13 Onus in Arábia.
13. Malheur accablant dans l’Arabie.
In saltu ad vésperam dormiétis,
Dans le bois, le soir, vous dormirez,
in sémitis Dedaním.
dans les sentiers de Dedanim.
14 Occurréntes sitiénti ferte aquam,
14. Venant au-devant de celui qui a soif,
qui habitátis terram austri ;
portez de l’eau, vous qui habitez la terre du midi,
cum pánibus occúrrite fugiénti.
avec des pains venez au-devant de celui qui fuit.
15 A fácie enim gladiórum
fugérunt,
15. Car à la face des glaives ils ont fui,
a fácie gládii imminéntis,
à la face du glaive suspendu,
a fácie arcus exténti,
à la face de l’arc bandé,
a fácie gravis prǽlii.
à la face d’un grave combat :
16 Quóniam hæc dicit Dóminus ad me :
16. Parce que voici ce que me dit le Seigneur :
Adhuc in uno anno, quasi in anno mercenárii,
Encore une année comptée comme l’année d’un mercenaire,
et auferétur omnis glória Cedar.
et toute gloire de Cédar sera enlevée.
17 Et relíquiæ númeri sagittariórum fórtium
17. Et le reste du nombre des forts archers
de fíliis Cedar imminuéntur ;
de Cédar seront diminués ;
Dóminus enim Deus Israël
locútus est.
car le Seigneur Dieu d’Israël a parlé.
~
CHAP.
XXI. 8. Habac. II, 1. — 9. Jer. LI, 8 ; Apoc. XIV, 8.
1-10. * Prophétie contre Babylone. Elle porte un titre un peu énigmatique, dans lequel Babylone est appelée désert de la mer. Babylone fut assiégée trois fois pendant la vie d’Isaïe, en 710 par Sargon, en 703 et en 691 par son fils Sennachérib. Mais le siège de Babylone qu’annonce la prophétie, et la dévastation qui en est la suite, sont postérieurs, car au temps de Sargon et de Sennachérib, ce ne furent point les Élamites et les Perses qui s’emparèrent de la ville ; la prédiction ne s’accomplit que longtemps après la mort d’Isaïe, quand Cyrus se rendit maitre de cette fameuse cité. Les détails que nous ont transmis les auteurs anciens sur la prise de Babylone par ce prince sont en parfait accord avec ce que nous lisons ici.
1. Malheur accablant. Voy. XIII, 1. — Désert de la mer ;
c’est-à-dire Babylone, ainsi appelée, soit à cause de sa position sur
l’Euphrate, et des lacs qui étaient dans son désert ou sa campagne, soit, comme
dit saint Jérôme, à cause de l’état où elle devait être réduite un jour.
Compar. XIII, 1, et Jer. LI, 36,
41. — Il vient ; c’est-à-dire l’ennemi. — D’une terre affreuse ; la Médie et la Perse, pays
affreux, en effet, en comparaison de Babylone. — * Comme
des tourbillons viennent de l’Africus, en hébreu, du Négeb, au sud de Juda, ainsi appelé à cause de son
aridité et de sa sécheresse. Les tempêtes sont terribles en Babylonie et en
Susiane : « On peut les voir, dit Layard, quand elles viennent du
désert, portant avec elles des nuages de sable et de poussière. L’obscurité
devient presque complète. » Les tempêtes du sud de la Palestine sont du
même genre. Voir Zach. IX,
14 ; Os. XIII,
15 ; Jer. IV,
11 ; XIII, 24 ; Job. I, 19 ; XXXVII, 9.
2. Ælam ; la Perse, représente ici Cyrus, qui en était ; elle est ainsi nommée, parce qu’elle fut habitée par les descendants d’Ælam, fils de Sem. — Mède ; Darius, roi des Mèdes. — Ses gémissements ; les gémissements de Babylone ; hébraïsme, pour les gémissements qu’elle faisait faire, dont elle était la cause. En hébreu, les pronoms possessifs se prennent en effet indifféremment dans un sens actif et passif ; ainsi, par exemple, ma blessure peut signifier ou la blessure que j’ai faite à quelqu’un, ou la blessure qu’on m’a faite.
3. À cause de cela,etc. Le prophète, dans tout ce chapitre, se montre ému de compassion pour Babylone ; d’autant que dans le temps où il parlait, elle était amie et alliée d’Ézéchias, et qu’elle n’avait pas encore opprimé les Hébreux. Mais il prédit tout à la fois et ses crimes et le châtiment qui les suivra.
5. Dresse la table. C’est probablement une allusion au festin de Baltassar. Voy. Dan. V.
7. Par deux cavaliers, etc. Ces deux cavaliers représentaient les Mèdes et les Perses. Ces derniers se servaient très avantageusement des chameaux dans les combats ; ils ont aussi quelquefois employé les ânes, qui étaient exclusivement en usage chez les Caramaniens, peuple assujetti aux Perses.
9. Cet homme, etc. ; un des deux cavaliers dont il est question au vers. 7. — Il répondit ; le même homme ; ce qui suppose une interrogation sous-entendue ; ou bien, ce que nous préférons, il éleva la voix, il parla, comme porte le verbe hébreu que la Vulgate elle-même a rendu ailleurs (Deut. XXVI, 5) par parler (loquéris). Compar. Is. XIV, 10. — * Les images des dieux étaient innombrables à Babylone.
10. Fils de mon aire ; hébraïsme, pour grains que l’on bat dans mon aire.
11-12. * Prophétie contre Duma. C’est la réponse à une question que font au prophète les habitants de Duma, effrayés par les invasions assyriennes. On ne connait pas de ville de Duma en Idumée. Les géographes arabes nomment plusieurs villes de ce nom, mais aucune n’est iduméenne. Duma est peut-être ici un nom mystérieux qui rappelle simplement celui d’Édom et qui est choisi par le prophète, parce qu’il signifie silence et annonce ainsi en quelque sorte la désolation qui est réservée à l’Idumée. Du temps de Sennachérib, les Iduméens furent tributaires de l’Assyrie.
11. Malheur accablant. Voy. XIII, 1. — * Qu’annonces-tu de la nuit ? Quelle heure est-ce de la nuit ? La première, la seconde ou la troisième veille ?
12. * Le matin est venu, etc. Réponse obscure et énigmatique, dans le style sans doute des sages de l’Idumée. Elle signifie probablement : Le matin est venu, mais la nuit, le malheur, viendra aussi ; le jour, la paix, ne durera pas toujours ; si vous cherchez donc ce que vous devez faire, convertissez-vous pour prévenir ces calamités.
13-16. * Prophétie contre l’Arabie. La guerre avait déjà porté ses ravages dans la puissante tribu des Dedanim, qui faisait un commerce considérable, Ezech. XXVII, 15, 20. Isaïe annonce que, dans un an, les autres tribus arabes seront également ravagées. Sargon raconte, dans ses inscriptions, que Samsiéh, reine des Arabes, s’assujettit à lui payer tribut. Sennachérib se glorifie aussi d’avoir soumis les tribus arabes.
13. Dans l’Arabie. Les montagnes d’Arabie confinaient à l’Idumée. — Dedanim était une région de l’Idumée, et la même que Dedan dont parle Jérémie (XLIX, 8). — * Dans les sentiers de Dedanim. Le texte original : vous, caravanes des Dedanim, qui vous livrez au commerce, vous dormirez dans le bois, où, quittant les routes battues, vous avez été obligées de vous réfugier pour échapper aux ennemis.
14. La terre du midi ; l’Idumée, située au midi de l’Arabie. — * Au lieu de la terre du midi, l’hébreu porte Théma. Voir Job. VI, 19 ; Jer. XXV, 3. Cette tribu habitait à l’est du Hauran. Il y a encore aujourd’hui, sur la route de Palmyre à Pétra, une station appelée Taîma.
16. Comptée comme l’année d’un mercenaire. Voy. XVI, 14. — Cédar ; pays situé dans l’Arabie-Pétrée.
²
Siège de Jérusalem par les Assyriens. Sobna destitué de son office, et remplacé par Eliacim.
1 Onus vallis Visiónis.
1. Malheur accablant de la vallée de Vision.
Quidnam quoque tibi est, quia
ascendísti
Qu’as-tu donc, toi aussi, que tu es montée
et tu omnis in tecta ?
tout entière sur les toits ?
2 Clamóris plena, urbs frequens,
2. Pleine de clameur, ville nombreuse,
cívitas exsúltans ;
cité exultante,
interfécti tui, non
interfécti gládio,
ceux qui t’ont été tués ne sont pas des tués par le glaive,
nec mórtui in bello.
ni des morts à la guerre.
3 Cuncti príncipes tui fugérunt simul
3. Tous les princes ont fui ensemble,
duréque ligáti sunt ;
et ont été durement attachés ;
omnes qui invénti sunt vincti
sunt páriter ;
tous ceux qui ont été trouvés, ont été garrottés pareillement ;
procul fugérunt.
cependant ils ont fui bien loin.
4 Proptérea dixi : Recédite a me :
4. À cause de cela j’ai dit : Retirez-vous de moi,
amáre flebo ;
je pleurerai amèrement ;
nolíte incúmbere ut consolémini
me
ne cherchez pas à me consoler
super vastitáte fíliæ
pópuli mei ;
sur la dévastation de la fille de mon peuple.
5 dies enim interfectiónis,
5. Car c’est un jour de tuerie,
et conculcatiónis, et flétuum,
de foulement aux pieds et de pleurs,
Dómino Deo exercítuum,
jour venant du Seigneur Dieu des armées
in valle Visiónis,
dans la vallée de Vision,
scrutans murum,
examinant le mur,
et magníficus super montem.
et fier sur la montagne.
6 Et Ælam sumpsit pháretram,
6. Et Ælam a pris un carquois,
currum hóminis équitis,
le charriot du cavalier,
et paríetem nudávit clýpeus.
le bouclier a laissé la muraille nue.
7 Et erunt eléctæ valles tuæ plenæ quadrigárum,
7. Et les meilleures vallées seront remplies de quadriges,
et équites ponent sedes suas in
porta.
et les cavaliers mettront le siège devant les portes.
8 Et revelábitur operiméntum Judæ,
8. Et ce qui couvrait Juda sera ôté,
et vidébis in die illa
et tu verras en ce jour-là
armamentárium domus saltus.
l’arsenal de la maison de la forêt.
9 Et scissúras civitátis David vidébitis,
9. Et vous verrez que les brèches de la cité de David
quia multiplicátæ sunt ;
ont été multipliées,
et congregástis aquas piscínæ
inferióris,
et vous avez rassemblé les eaux de la piscine inférieure,
10 et domos Jerúsalem numerástis,
10. Et vous avez fait le dénombrement des maisons de Jérusalem,
et destruxístis domos ad
muniéndum murum.
et vous avez détruit les maisons pour fortifier le mur.
11 Et lacum fecístis inter duos muros
11. Et vous avez fait un réservoir entre les deux murs,
ad aquam piscínæ véteris ;
près de l’eau de la piscine ancienne,
et non suspexístis ad eum qui
fécerat eam,
et vous n’avez pas levé les yeux vers celui qui l’avait faite,
et operatórem ejus de longe non
vidístis.
et vous n’avez pas vu même de loin celui qui l’a construite.
12 Et vocábit Dóminus Deus exercítuum
12. Et le Seigneur Dieu des armées vous appellera en
in die illa
ce jour-là
ad fletum, et ad planctum,
au pleur, au gémissement,
ad calvítium, et ad cíngulum sacci ;
à raser vos cheveux, et à vous ceindre d’un sac ;
13 et ecce gáudium et lætítia,
13. Et voici la joie et l’allégresse ;
occídere
vítulos et juguláre aríetes,
tuer des veaux, égorger des béliers,
comédere carnes, et bíbere
vinum :
manger des viandes, et boire du vin.
comedámus et bibámus,
Mangeons et buvons ;
cras enim moriémur.
car demain nous mourrons.
14 Et reveláta est in áuribus meis vox Dómini
exercítuum :
14. Et s’est révélée à mes oreilles la voix du Seigneur des armées :
Si dimittétur iníquitas hæc
vobis donec moriámini,
Non, elle ne vous sera pas remise, cette iniquité, jusqu’à ce que vous mouriez,
dicit Dóminus Deus exercítuum.
dit le Seigneur Dieu des armées.
15 Hæc dicit Dóminus Deus exercítuum :
15. Voici ce que dit le Seigneur Dieu des armées :
Vade, ingrédere ad eum qui hábitat in tabernáculo,
Va, entre auprès de celui qui habite dans le tabernacle,
ad Sobnam, præpósitum templi, et dices ad eum :
auprès de Sobna, le préposé du temple, et tu lui diras :
16 Quid tu hic, aut quasi quis hic ?
16. Que fais-tu ici, ou à quel titre es-tu ici ?
quia
excidísti tibi hic sepúlchrum,
que tu t’es taillé ici un sépulcre,
excidísti in excélso memoriále diligénter,
que sur un lieu élevé tu t’es taillé
in petra tabernáculum tibi.
dans la pierre un monument, un tabernacle.
17 Ecce Dóminus asportári te
fáciet,
17. Voici que le Seigneur te fera transporter
sicut asportátur gallus gallináceus ;
comme est transporté un coq,
et quasi amíctum, sic
sublevábit te.
et comme un manteau, ainsi il t’enlèvera.
18 Corónas coronábit te tribulatióne ;
18. Te couronnant, il te couronnera de tribulation,
quasi pilam mittet te in terram latam et spatiósam ;
il te lancera comme une balle dans une terre large et spacieuse ;
ibi moriéris, et ibi erit
currus glóriæ tuæ,
là tu mourras, et là sera le char de ta gloire,
ignomínia domus dómini tui.
l’ignominie de la maison de ton Seigneur.
19 Et expéllam te de statióne tua,
19. Je te chasserai de ton rang,
et de ministério tuo depónam
te.
et de ton ministère je te déposerai.
20 Et erit in die illa :
20. Et il arrivera en ce jour-là
vocábo servum meum Eliacím,
fílium Helcíæ,
que j’appellerai mon serviteur Eliacim, fils d’Helcias,
21 et índuam illum túnica tua,
21. Et je le revêtirai de ta tunique,
et cíngulo
tuo confortábo eum,
je lui attacherai fortement ta ceinture,
et potestátem tuam dabo in manu ejus ;
et ta puissance, je la mettrai en sa main ;
et erit quasi pater
habitántibus Jerúsalem
et il sera comme un père pour les habitants de Jérusalem
et dómui Juda.
et pour la maison de Juda.
22 Et dabo clavem domus David
22. Et je mettrai la clef de la maison de David
super húmerum ejus ;
sur son épaule,
et apériet, et non erit qui
claudat ;
et il ouvrira, et il n’y aura personne qui ferme ;
et claudet, et non erit qui
apériat.
et il fermera, et il n’y aura personne qui ouvre.
23 Et figam illum paxíllum in loco fidéli,
23. Et je le ficherai comme un pieu dans un lieu sûr,
et erit in sólium glóriæ dómui
patris ejus.
et il sera comme un trône de gloire pour la maison de son père.
24 Et suspéndent super eum omnem glóriam domus
patris ejus ;
24. On y suspendra toute la gloire de la maison de son père,
vasórum divérsa génera,
les divers genres de vases,
omne vas párvulum,
tout vase le plus petit,
a vasis craterárum usque ad omne vas musicórum.
depuis les vases cratères jusqu’à tout instrument de musique.
25 In die illa, dicit Dóminus exercítuum,
25. En ce jour-là, dit le Seigneur des armées,
auferétur paxíllus qui fixus
fúerat in loco fidéli,
sera enlevé le pieu qui avait été fiché dans un lieu sûr ;
et frangétur, et cadet,
et sera brisé et tombera
et períbit quod pepénderat in eo,
et périra tout ce qui y avait été suspendu,
quia Dóminus locútus est.
parce que le Seigneur a parlé.
~
CHAP. XXII. 13. Sap. II, 6 ; Infra. LVI, 12 ; I Cor. XV, 32. — 22. Apoc. III, 7 ; Job. XII, 14.
1-14. * Prophétie contre Jérusalem, qui est appelée vallée, comme dans Jérémie, XXI, 13, parce qu’elle a autour d’elle des montagnes plus élevées et parce qu’une partie importante de la Jérusalem d’alors était bâtie sur les flancs du mont Sion, dans la vallée de Ben-Hinnom. C’est la vallée de Vision, parce que c’est là que Dieu favorise ses prophètes de visions. — Cette prophétie date probablement du temps de Sargon, lorsque le peuple, sachant que le pharaon d’Égypte venait combattre le roi d’Assyrie, se laissait aller à une folle confiance. Le ton de l’oracle est tout à fait sombre, il n’y brille pas un seul rayon d’espérance ; c’est le contraire de ce qui se passa lors de l’invasion de Sennachérib.
1. Malheur accablant. Voy. XIII, 1. — Tu es montée, etc. On montait sur les plateformes des maisons pour y pleurer dans les calamités publiques.
3. Qui ont été trouvés : atteints par l’ennemi.
4. La fille de mon peuple ; Jérusalem. Voy. I, 8.
5. Examinant, fier ; grammaticalement, et par une sorte de figure, ces mots se rattachent à jour, dont ils sont des attributs ; cependant il est plus naturel de les rapporter au mot ennemi sous-entendu dans ce passage comme dans bien d’autres, où il s’agit de pareils récits.
6. Ælam ; la Perse. Voy. XXI, 2. — A laissé la muraille nue (parietem nudavit) ; c’est-à-dire il en a été détaché.
8. Ce qui couvrait Juda ; son avant-mur, ses fortifications. — L’arsenal, etc. Salomon bâtit dans son palais un arsenal surnommé la maison de la forêt du Liban, ou simplement la maison du Liban. Compar. III Reg. VII.
9. Et vous avez rassemblé, etc. Voy. II Par. XXXII, 4. — * La piscine inférieure ; probablement la piscine de Siloé. Voir note sur Joan. IX, 7.
11. Et vous avez fait, etc. Voir IV Reg. XX, 20 ; II Par. XXXII, 30. — * Entre les deux murs ; celui d’Ophel à l’est, et celui de la haute tour à l’ouest, où la vallée du Tyropæon est très étroite. — La piscine ancienne. Près de la piscine inférieure, vers. 9, où furent amenées les eaux de Siloé ; il y avait sans doute là un ancien réservoir.
13. Mangeons, etc. Compar. Sap. II, 6 ; I Cor. XV, 32.
15-25. * Prophéties contre Sobna et en faveur d’Eliacim. C’est le seul oracle d’Isaïe contre une personne déterminée. — Sobna est qualifié par la Vulgate de préposé du temple, mais son titre indique généralement le préposé du palais royal et désigne le premier ministre de la maison du roi (voir vers. 22). Isaïe lui reproche son orgueil, vers. 16, son luxe, vers. 18, et sa tyrannie (par l’opposition qu’il met entre sa conduite et celle d’Eliacim, vers. 21). Cet oracle fut prononcé avant l’invasion de Sennachérib. Le châtiment de Sobna consistera à être déposé de sa charge. Lors de l’invasion de Sennachérib, la prédiction était déjà accomplie. Nous voyons (Is. XXXVI, 3 ; XXXVII, 2 ; IV Reg. XIX, 2) qu’il n’avait plus alors que la charge inférieure de secrétaire. Eliacim le remplaça, comme l’avait annoncé Isaïe, et sa conduite fut digne de ce qu’en avait dit le prophète, IV Reg. XVIII, 35 ; XIX, 1-5 ; Is. XXXVI, 3 ; XXXVII, 2. — Le père de Sobna n’étant pas nommé et son nom ayant une terminaison araméenne, il est probable qu’il était syrien d’origine et vraisemblablement partisan de l’alliance égyptienne.
16. Un tabernacle ; c’est-à-dire une habitation, une demeure. — * Que fais-tu ici ? allusion sans doute à son titre d’étranger. — Tu t’es taillé un sépulcre. Les riches se faisaient tailler pendant leur vie un magnifique tombeau dans le roc. On voit beaucoup de tombeaux de ce genre dans tous les environs de Jérusalem.
22. La clef, etc. Les clefs étaient chez les anciens le symbole de la puissance. — Sur son épaule. Voy. Job. XXXI, 36. — * Ce verset montre que les fenêtres de Sobna regardaient le palais royal, appelé ici la maison de David, et non le temple.
25. * Le pieu, Sobna.
²
Humiliation et transmigration de Tyr. Son rétablissement. Elle consacrera au Seigneur le fruit de son commerce.
1 Onus Tyri.
1. Malheur accablant de Tyr.
Ululáte, naves maris,
Hurlez, vaisseaux de la mer,
quia vastáta est domus
parce qu’a été dévastée la maison
unde veníre consuéverant :
d’où les navires avaient accoutumé de venir ;
de terra Cethim
c’est de la terre de Céthim
revelátum est eis.
que cela leur a été révélé.
2 Tacéte, qui habitátis in ínsula ;
2. Gardez le silence, vous qui habitez dans l’île ;
negotiatóres Sidónis, transfretántes mare, replevérunt te.
les marchands de Sidon, traversant la mer, t’ont remplie.
3 In aquis multis semen Nili ;
3. Au milieu de grandes eaux la semence du Nil,
messis flúminis fruges ejus :
la moisson du fleuve étaient ses fruits ;
et facta est negotiátio
géntium.
et elle est devenue le marché des nations.
4 Erubésce, Sidon ; ait enim mare,
4. Rougis, Sidon, car la mer parle,
fortitúdo maris, dicens :
la force de la mer, disant :
Non parturívi, et non péperi,
Je n’ai pas été en travail, et je n’ai pas enfanté,
et non enutrívi júvenes,
et je n’ai pas nourri de jeunes hommes,
nec ad increméntum perdúxi vírgines.
et je n’ai pas élevé de jeunes vierges.
5 Cum audítum fúerit in Ægýpto,
5. Lorsque le bruit sera parvenu en Égypte,
dolébunt cum audíerint de Tiro.
on sera dans la douleur en apprenant la ruine de Tyr.
6 Transíte mária, ululáte,
6. Passez les mers, hurlez,
qui habitátis in ínsula !
vous qui habitez dans l’île :
7 Numquid non vestra hæc est, quæ gloriabátur
7. N’est-elle pas la vôtre cette ville,
a diébus prístinis in antiquitáte sua ?
qui dès les anciens jours se glorifiait de son antiquité ?
Ducent eam pedes sui
Ses pieds la conduiront
longe ad peregrinándum.
dans une terre étrangère pour demeurer.
8 Quis cogitávit hoc
8. Qui a formé ce dessein
super Tyrum quondam coronátam,
contre Tyr, autrefois couronnée,
cujus negotiatóres príncipes,
dont les marchands étaient des princes,
institóres ejus ínclyti terræ ?
et les trafiquants des personnages illustres de la terre ?
9 Dóminus exercítuum cogitávit hoc,
9. C’est le Seigneur des armées qui a formé ce dessein,
ut detráheret supérbiam omnis glóriæ,
afin d’enlever l’orgueil de toute gloire
et ad ignomíniam dedúceret univérsos ínclytos terræ.
et de conduire à l’ignominie tous les illustres de la terre.
10 Transi terram tuam quasi
flumen, fília maris !
10. Traverse ta terre comme un fleuve, fille de la mer ;
non est cíngulum ultra tibi.
il n’y a plus de ceinture pour toi.
11 Manum suam exténdit super mare ;
11. Le Seigneur a étendu sa main sur la mer,
conturbávit regna.
il a ébranlé des royaumes,
Dóminus mandávit advérsus Chánaan,
il a donné ses ordres contre Chanaan,
ut contéreret fortes ejus ;
afin de briser ses vaillants guerriers.
12 et dixit : Non adjícies ultra ut gloriéris,
12. Et il a dit : Tu ne te glorifieras plus,
calúmniam
sústinens virgo fília Sidónis :
souffrant violence, après ton ignominie, vierge, fille de Sidon ;
in Cethim consúrgens tránsfreta :
lève-toi, passe à Céthim,
ibi quoque non erit réquies
tibi.
là aussi il n’a pas de repos pour toi.
13 Ecce terra Chaldæórum, talis pópulus non
fuit :
13. Voilà la terre des Chaldéens, il n’y eut point un tel peuple,
Assur fundávit eam ;
Assur l’a fondée ;
in captivitátem traduxérunt robústos ejus,
cependant on a emmené en captivité ses hommes robustes,
suffodérunt domos ejus,
on a démoli ses maisons,
posuérunt eam in ruínam.
et on en a fait des ruines.
14 Ululáte, naves maris,
14. Hurlez, vaisseaux de la mer,
quia devastáta est
fortitúdo vestra.
parce que votre force est détruite.
15
Et erit in die illa : in oblivióne eris, o Tyre ! septuagínta annis,
sicut dies regis uníus ; post septuagínta autem annos erit Tyro quasi
cánticum meretrícis :
15. Et il arrivera en ce jour-là que tu seras dans l’oubli, ô Tyr, soixante-dix ans, comme sont les jours d’un seul roi ; mais après soixante-dix ans, Tyr chantera comme une prostituée.
16 Sume cítharam, círcui civitátem,
16. Prends ta harpe, et parcours la ville,
méretrix oblivióni trádita :
prostituée livrée à l’oubli ;
bene cane, frequénta cánticum,
chante bien, réitère souvent ton chant,
ut memória tui sit.
afin qu’il y ait souvenir de toi.
17 Et erit post septuagínta annos :
17. Et il arrivera après soixante-dix ans,
visitábit Dóminus Tyrum,
que le Seigneur visitera Tyr,
et redúcet eam ad mercédes suas,
et qu’il la ramènera à son commerce,
et rursum fornicábitur cum univérsis regnis terræ
et que de nouveau elle forniquera avec tous les royaumes de la terre,
super fáciem terræ ;
sur la face de la terre.
18 et erunt negotiatiónes ejus et mercédes ejus
sanctificátæ Dómino :
18. Et ses affaires et ses profits seront consacrés au Seigneur ;
non condéntur neque reponéntur,
ils ne seront pas renfermés, ni mis en réserve,
quia his qui habitáverint coram Dómino erit negotiátio ejus,
parce que c’est pour ceux qui habitent devant le Seigneur, que sera leur commerce,
ut mandúcent in saturitátem, et vestiántur usque ad vetustátem.
afin qu’ils mangent à satiété, et qu’ils soient revêtus jusqu’à la vieillesse.
~
CHAP. XXIII.
1-18. * Prophétie contre Tyr. Ce morceau est, au point de vue littéraire, l’un des plus beaux d’Isaïe : c’est une élégie d’une rare perfection poétique. On peut la partager en quatre strophes : 1-5, 6-9, 10-14, 15-18. — À l’époque d’Isaïe, Tyr était dans sa plus grande puissance ; son commerce était très florissant et ses flottes portaient partout les produits de son art et de son industrie. Pour être à l’abri des surprises et pour être en état de se défendre plus facilement, les Tyriens avaient placé le siège de leur puissance et enfermé leurs richesses dans une petite ile, située à environ douze cents pas de la terre ferme ; ce fut la nouvelle Tyr. On sait qu’Alexandre le Grand, pour s’en emparer, la réunit à la terre ferme par une jetée. — On pense communément que la prophétie contre Tyr fut réalisée par Nabuchodonosor, roi de Babylone, en s’appuyant sur le vers. 13, mais ce verset qui annonce en réalité que l’Assyrie domine sur la Chaldée, montre qu’il s’agit d’un temps antérieur à Nabuchodonosor, sous lequel le royaume d’Assyrie n’existait plus. Ce verset est probablement une allusion à la prise de Babylone par Sargon. Voir plus haut, XXI, 1-10. La prophétie faite ici par Isaïe dut s’accomplir sous le règne de Sennachérib. Les monuments de ce prince nous apprennent que Luli, roi de Sidon et maitre de la Phénicie et par conséquent de Tyr, s’enfuit à l’approche de Sennachérib et se réfugia dans l’île de Chypre. L’oracle ne fut d’ailleurs complètement accompli que sous le règne d’Alexandre le Grand. — Voir, de plus, sur la chute de Tyr, la note sur Ezech. XXVI, 2.
1. Malheur accablant. Voy. XIII, 1. — La maison ; le lieu, le port. — La terre de Céthim ; la Macédoine. — * Ou plutôt ici, l’île de Chypre, que Céthim désigne plus particulièrement, parce que les vaisseaux de la mer (en hébreu : de Tharsis), qui reviennent des colonies occidentales de la Phénicie, et retournent à la maison, c’est-à-dire à Tyr qui est la patrie des marins qui les montent, apprendront à Chypre même les malheurs qui ont fondu sur leurs pays.
2. Dans l’île. L’ancienne Tyr, qui fut prise par Nabuchodonosor, était sur la terre ferme ; la nouvelle, prise par Alexandre, était dans l’île.
3. * La semence du Nil ; les richesses de l’Égypte devenaient le gain des Phéniciens au milieu des grandes eaux, c’est-à-dire, sur la mer, parce que les Égyptiens n’avaient point de bois de construction pour les grands vaisseaux, ni de marine, et c’étaient les Phéniciens qui leur servaient d’intermédiaires pour le commerce ; la Phénicie était véritablement le marché des nations du monde ancien.
4. * Je n’ai pas enfanté. Tyr est considérée comme la mère de Sidon, parce qu’elle en était la métropole. Il y a des monnaies de Tyr qui portent plus tard comme légende : « De Tyr, mère des Sidoniens. » — La force de la mer est Tyr, qui, dans son ile, paraissait à l’abri de toutes atteintes.
6. * Passez les mers ; réfugiez-vous dans vos colonies. Quand Alexandre assiégea Tyr, les assiégés envoyèrent les vieillards, les femmes et les enfants dans la ville phénicienne de Carthage.
10. Fille de la mer ; c’est-à-dire ville maritime. — Il n’y a plus, etc. Tu seras nue, sans même conserver ta ceinture. Compar. XX, 4. — * La plupart des commentateurs modernes expliquent ainsi ce verset, d’après l’hébreu, en l’appliquant aux colonies de Tyr qui deviennent indépendantes par suite de la ruine de la métropole : Répands-toi sur la terre comme le Nil, qui déborde comme il lui plaît ; ô fille de Tharsis, il n’y a plus de ceinture pour toi, de barrière qui t’arrête.
12. Tu ne te, etc. ; littér. tu n’ajouteras plus pour te glorifier. Voy., sur cet hébraïsme, Psaumes Observat. prélimin., II, 2°. — * Passe à Céthim, en Chypre. C’était l’île la plus proche où pussent se réfugier les Phéniciens et nous avons vu en effet plus haut que c’était là que Luli, roi de Phénicie, avait cherché un asile en fuyant devant Sennachérib.
13. * Isaïe rappelle ici les victoires de Sargon sur le roi des Chaldéens ou Kasdim, Merodach-Baladan, qui s’était emparé de Babylone, et qui était primitivement maitre seulement du Bas-Euphrate, où il commandait à la tribu proprement dite des Kaldi ou Chaldéens. Le texte original de ce verset doit être traduit de la manière suivante : « Vois la terre des Chaldéens : ce peuple n’est plus ; Assur l’a livré aux bêtes sauvages, il a renversé ses tours, détruit ses palais ; il en a fait une ruine. »
15. Comme sont, etc. ; comme est la durée ordinaire de la vie. — Tyr chantera, etc. ; pour dire qu’elle invitera à venir dans ses ports les marchands qui y venaient autrefois. Encore aujourd’hui les femmes de mauvaise vie en Orient parcourent les rues en chantant. — * Après soixante-dix ans. Le sens précis de ce nombre et le fait qu’il annonce ne peuvent être déterminés avec certitude.
16. * Ce verset renferme un fragment de la chanson à laquelle fait allusion le verset précédent.
17. Elle forniquera, etc. ; c’est-à-dire elle adorera les idoles de tous les royaumes, etc.
18. Qui habitent, etc. ; qui servent le Seigneur, ses ministres.
²
(a) Maux qui doivent tomber sur la Judée. Punition de ses ennemis. Rétablissement de Jérusalem.
1 Ecce Dóminus dissipábit terram :
1. Voici que le Seigneur dévastera la terre,
et nudábit eam, et afflíget
fáciem ejus,
et il la mettra à nu, et il affligera sa face,
et dispérget habitatóres ejus.
et il dispersera ses habitants.
2 Et erit sicut pópulus, sic sacérdos ;
2. Et comme sera le peuple, ainsi sera le prêtre ;
et sicut servus, sic dóminus
ejus ;
et comme l’esclave, ainsi son maitre ;
sicut ancílla, sic dómina ejus ;
comme la servante, ainsi sa maitresse ;
sicut emens, sic ille qui
vendit ;
comme l’achetant, ainsi celui qui vend ;
sicut fœnerátor, sic is qui mútuum áccipit ;
comme le prêteur, ainsi celui qui emprunte ;
sicut qui répetit, sic qui
debet.
comme celui qui redemande, ainsi celui qui doit.
3 Dissipatióne dissipábitur terra, et direptióne
prædábitur ;
3. Par la dévastation sera dévastée la terre, et par le pillage elle sera pillée ;
Dóminus enim locútus est verbum
hoc.
car le Seigneur a prononcé cette parole.
4 Luxit, et deflúxit terra, et infirmáta est ;
4. La terre a pleuré, et elle s’est dissoute, et elle s’est affaiblie ;
deflúxit orbis,
l’univers s’est dissous
infirmáta est altitúdo
pópuli terræ.
et la hauteur du peuple de la terre a été abaissée.
5 Et terra infécta est ab habitatóribus suis,
5. Et la terre a été infectée par ses habitants,
quia transgréssi sunt leges,
parce qu’ils ont transgressé les lois,
mutavérunt jus,
changé le droit,
dissipavérunt fœdus sempitérnum.
rompu l’alliance éternelle.
6 Propter hoc maledíctio vorábit terram,
6. À cause de cela, la malédiction dévorera la terre,
et peccábunt habitatóres ejus ;
et ses habitants pècheront ;
ideóque insánient cultóres ejus,
et à cause de cela ceux qui la cultivent deviendront insensés,
et relinquéntur hómines pauci.
et peu d’hommes seront laissés.
7 Luxit vindémia, infirmáta est vitis,
7. La vendange a pleuré, la vigne a langui,
ingemuérunt omnes qui
lætabántur corde ;
tous ceux qui se réjouissaient de cœur ont gémi.
8 cessávit gáudium tympanórum,
8. La joie des tambours a cessé,
quiévit sónitus lætántium,
le bruit de ceux qui se livraient à l’allégresse s’est calmé,
contícuit dulcédo cítharæ.
le doux son de la harpe est devenu muet.
9 Cum cántico non bibent vinum ;
9. On ne boira pas le vin au milieu des chants ;
amára erit
pótio bibéntibus illam.
amère sera toute liqueur pour ceux qui la boiront.
10 Attríta est cívitas vanitátis,
10. Elle a été brisée, la cité de vanité ;
clausa est
omnis domus, nullo introëúnte.
toute maison a été fermée, personne n’y entrant.
11 Clamor erit super vino in platéis,
11. Il y aura une clameur sur les places publiques,
desérta est ómnia lætítia,
au sujet du vin. Toute allégresse a été abandonnée ;
translátum est gáudium terræ.
la joie de la terre a été transférée.
12 Relícta est in urbe solitúdo,
12. Il n’est resté dans la ville qu’une solitude,
et calámitas ópprimet portas.
et la calamité pèsera sur les portes.
13 Quia hæc erunt in médio terræ
13. Car ce qui restera au milieu de la terre,
in médio populórum,
au milieu des peuples,
quómodo si paucæ olívæ quæ
remansérunt
sera comme quelques olives, qu’on abat de l’olivier,
excutiántur ex ólea et racémi,
quand elles y sont demeurées, et comme des grappes de raisin,
cum fúerit finíta vindémia.
lorsque la vendange est finie.
14 Hi levábunt vocem suam, atque laudábunt :
14. Ceux-ci élèveront leur voix, et entonneront des louanges ;
cum glorificátus fúerit
Dóminus, hínnient de mari.
lorsque le Seigneur aura été glorifié, ils feront entendre des cris de la mer.
15 Propter hoc in doctrínis glorificáte Dóminum ;
15. À cause de cela glorifiez le Seigneur par de bonnes doctrines ;
in ínsulis maris
dans les iles de la mer,
nomen Dómini Dei Israël.
glorifiez le nom du Seigneur Dieu d’Israël.
16 A fínibus terræ laudes audívimus,
16. Des extrémités de la terre nous avons entendu des louanges,
glóriam Justi.
la gloire du juste.
Et dixi : Secrétum meum
mihi,
Et j’ai dit : Mon secret est pour moi,
secrétum meum mihi.
mon secret est pour moi,
Væ mihi !
malheur à moi ;
prævaricántes prævaricáti sunt,
prévariquant ils ont prévariqué,
et prævaricatióne
transgressórum prævaricáti sunt.
et de la prévarication des transgresseurs ils ont prévariqué.
17 Formído, et fóvea, et láqueus
17. L’effroi et la fosse et le lacs
super te, qui
habitátor es terræ.
pour toi, qui es habitant de la terre.
18 Et erit : qui fúgerit a voce formídinis
cadet in fóveam ;
18. Et il arrivera que celui qui aura fui à la voix de l’effroi tombera dans la fosse ;
et qui se explicáverit de fóvea
tenébitur láqueo ;
et que celui qui se sera dégagé de la fosse sera retenu par le lacs ;
quia
cataráctæ de excélsis apértæ sunt
parce que les cataractes des cieux se sont ouvertes,
et concutiéntur fundaménta terræ.
et que les fondements de la terre seront ébranlés.
19 Confractióne confringétur terra,
19. Par le déchirement sera déchirée la terre,
contritióne conterétur terra,
par le brisement sera brisée la terre,
commotióne commovébitur terra ;
par l’ébranlement sera ébranlée la terre ;
20 agitatióne agitábitur terra sicut ébrius,
20. Par le chancèlement chancèlera la terre comme un homme ivre ;
et auferétur quasi tabernáculum
uníus noctis ;
et elle sera enlevée comme une tente dressée pour une seule nuit ;
et gravábit eam iníquitas sua,
et son iniquité l’accablera,
et córruet, et non adjíciet ut
resúrgat.
et elle tombera, et elle ne se relèvera plus.
21 Et erit : in die illa visitábit Dóminus
21. Et il arrivera qu’en ce jour-là le Seigneur visitera
super milítiam cæli in excélso,
la milice du ciel en haut,
et super reges terræ qui sunt
super terram ;
et les rois de la terre sur la terre.
22 et congregabúntur in congregatióne uníus fascis in lacum,
22. Ils seront assemblés dans la fosse, comme un seul faisceau,
et claudéntur ibi in cárcere,
et ils y seront renfermés en prison ;
et post multos dies
visitabúntur.
et, après bien des jours, ils seront visités.
23 Et erubéscet luna, et confundétur sol,
23. Et la lune rougira, et le soleil sera confondu,
cum regnáverit Dóminus exercítuum
lorsque le Seigneur des armées règnera
in monte Sion et in Jerúsalem
sur la montagne de Sion
et in conspéctu senum suórum fúerit glorificátus.
et dans Jérusalem, et qu’en présence de ses anciens il sera glorifié.
~
CHAP.
XXIV. 2. Os. IV, 9.
— 18. Jer. XLVIII,
44.
(a). Ce chapitre contient une prophétie de la désolation de la Judée soit par Sennachérib, soit par Nabuchodonosor, soit par les Romains ; mais on explique aussi cette prophétie du jugement dernier. Et il faut convenir que les expressions du prophète conduisent naturellement à cette explication. — * Les chapitres XXIV-XXVII renferment des oracles relatifs à la fin des temps. Ce dernier cycle de prophéties correspond à celui de Zacharie, IX-XIV, qui traite le même sujet. Il se rattache étroitement aux chapitres qui précèdent, il en forme en quelque sorte la conclusion et le point culminant, d’où l’absence de titres, XXIV, 1 ; il se relie à XIII-XXIII comme XI-XII à VII-X. « Les jugements particuliers que Dieu porte contre chaque peuple dans les oracles contre les Gentils aboutissent ici au jugement final, comme les fleuves divers qui se jettent dans le même océan, et le salut dont on vient de voir poindre l’aurore brille maintenant dans tout l’éclat de son midi. » (Franz Delitzsch.) Tout ce morceau est du lyrisme le plus élevé et d’une harmonie musicale merveilleuse dans le texte original. Il se subdivise ainsi : — 1° Jugement et catastrophe de la terre, XXIV ; — 2° Chant de triomphe : a. sur la ruine de la cité qui opprimait le monde, XXV, 1-8 ; b. sur la ruine de Moab, XXV, 9-12 ; c. sur la restauration d’Israël, XXVI ; d. fertilité de la vigne bénie de Jéhovah, XXVII, 2-6 ; — 3° Dieu punit et sauve Israël, XXVII, 7-13.
1. La terre. Saint Jérôme remarque qu’il est ordinaire dans l’Écriture de désigner la Judée sous le nom général de la terre, ou même de toute la terre. — Il affligera sa face (affliget faciem ejus) ; c’est-à-dire il lui fera changer de face en la ruinant entièrement.
3. Par la dévastation dévastée, par le pillage pillée ; pour entièrement dévastée, entièrement pillée. Ce genre de répétition, en hébreu comme en bien d’autres langues, a pour but de donner de l’intensité à l’idée exprimée par le verbe.
11. Au sujet du vin qui manquera, parce que les vignes auront été ravagées par l’ennemi.
12. Il n’est resté, etc. ; c’est-à-dire la ville a été réduite en un désert. — La calamité pèsera sur les portes (calamitas opprimet portas) ; sur le lieu où se tiennent les assemblées du peuple et où se rend la justice. D’autres traduisent : Toutes les portes seront détruites.
15. Par de bonnes doctrines. C’est le sens qui nous a paru le plus conforme à l’expression de la Vulgate, in doctrinis. — * Le mot hébreu rendu par doctrines signifie proprement lumière. Comme dans le second membre du verset, dans les iles de la mer signifie les pays de l’Occident, plusieurs commentateurs pensent que dans le premier membre il doit être question des pays de l’Orient.
16. Prévariquant ils ont prévarique. Voy., pour ce genre de répétition qui se reproduit aux versets 19-20, le vers. 3.
20. Elle ne se relèvera plus ; littér. elle n’ajoutera pas pour se relever. Voy., sur cet hébraïsme, Psaumes Observat. prélimin., II, 2°.
21. La milice du ciel en haut ; les anges apostats, qui seront jugés au jugement dernier. Compar. I Cor. VI, 3 ; Apoc. XX, 9.
23. La lune, etc. Compar. Matth. XXIV, 29. — Ses anciens ; les anciens des chefs de son peuple, c’est-à-dire les patriarches, les apôtres, etc.
²
Cantique d’actions de grâces sur la délivrance du peuple de Juda. Punition des Moabites.
1 Dómine, Deus meus es tu ;
1. Seigneur, vous êtes mon Dieu,
exaltábo te, et confitébor
nómini tuo :
je vous exalterai, je louerai votre nom,
quóniam fecísti mirabília,
parce que vous avez fait des merveilles,
cogitatiónes antíquas fidéles. Amen.
que vous avez fidèlement accompli vos desseins anciens. Amen.
2 Quia posuísti civitátem in túmulum,
2. Vous avez réduit une cité en un monceau de pierres,
urbem fortem in ruínam, domum alienórum :
une ville puissante en une ruine ; vous avez fait que la maison des étrangers
ut non sit cívitas,
ne soit pas une cité,
et in sempitérnum non
ædificétur.
et que jamais elle ne soit rebâtie.
3 Super hoc laudábit te pópulus fortis ;
3. C’est pour cela qu’un peuple puissant vous louera,
cívitas géntium robustárum
timébit te :
qu’une cité de nations redoutables vous craindra.
4 quia factus es fortitúdo
páuperi,
4. Parce que vous êtes devenu une force pour le pauvre,
fortitúdo egéno in tribulatióne sua,
une force pour l’indigent dans sa tribulation,
spes a turbine,
un espoir contre la tempête,
umbráculum ab æstu ;
un ombrage contre la grande chaleur ;
spíritus enim robustórum
car l’esprit des violents est de même
quasi turbo impéllens paríetem.
qu’un tourbillon qui fond sur une muraille.
5 Sicut æstus in siti,
5. Comme une grande chaleur dans la soif,
tumúltum alienórum humiliábis ;
vous humilierez l’insolence tumultueuse des étrangers ;
et quasi calóre sub nube
torrénte,
et comme par la chaleur brulante du soleil sous un nuage,
propáginem fórtium marcéscere fácies.
vous ferez sécher la race des puissants.
6 Et fáciet Dóminus exercítuum
6. Et le Seigneur des armées fera
ómnibus pópulis in monte hoc
à tous les peuples sur cette montagne
convívium pínguium,
un festin de viandes grasses,
convívium vindémiæ,
un festin de vin,
pínguium medullatórum,
de viandes moelleuses,
vindémiæ defæcátæ.
d’un vin pur de toute lie.
7 Et præcipitábit in monte isto
7. Il jettera sur cette montagne
fáciem vínculi colligáti super
omnes pópulos,
la chaine même qui liait tous les peuples,
et telam quam ordítus est super
omnes natiónes.
et la toile qu’il avait ourdie pour envelopper toutes les nations.
8 Præcipitábit mortem in sempitérnum ;
8. Il précipitera la mort pour jamais ;
et áuferet Dóminus Deus
et il enlèvera, le Seigneur Dieu,
lácrimam ab omni fácie,
les larmes de toute face,
et oppróbrium pópuli sui
áuferet
et il enlèvera l’opprobre de son peuple
de univérsa terra :
de la terre entière ;
quia Dóminus locútus est.
car le Seigneur a parlé.
9 Et dicet in die illa :
9. Et son peuple dira en ce jour-là :
Ecce Deus noster iste ;
Voici, c’est notre Dieu, celui-ci ;
exspectávimus eum, et salvábit
nos ;
nous l’avons attendu et il nous sauvera ;
iste Dóminus, sustinúimus eum :
c’est le Seigneur, nous l’avons attendu patiemment,
exsultábimus, et lætábimur in
salutári ejus.
nous exulterons, et nous nous réjouirons dans son salut.
10 Quia requiéscet manus Dómini
10. car la main du Seigneur
in monte isto ;
se reposera sur cette montagne,
et triturábitur Moab sub eo,
et Moab sera brisé sous lui,
sícuti terúntur páleæ in plaustro.
comme sont brisées des pailles par un charriot.
11 Et exténdet manus suas sub eo
11. Et il étendra ses mains sous lui,
sicut exténdit natans ad natándum ;
comme les étend celui qui nage pour nager ;
et humiliábit glóriam ejus
et il humiliera sa gloire,
cum allisióne mánuum ejus.
en brisant ses mains.
12 Et muniménta sublímium murórum tuórum
12. Les remparts de tes hautes montagnes s’écrouleront,
cóncident, et humiliabúntur,
et ils seront abattus et renversés par terre
et detrahéntur in terram usque ad púlverem.
jusque dans la poussière.
~
CHAP. XXV. 6. Prov. IX, 1 ; Is. XXV, 6 ; Matth. XXII, 2 ; Luc. XIV, 16 ; Apoc. XIX, 9. — 8. Apoc. VII, 17 ; XXI, 4.
2. Une cité ; Babylone, dont la destruction est décrite au chap. XXI, ou, selon d’autres, Jérusalem, ruinée par les Chaldéens (Jer. XXVI, 18 ; Mich. III, 12), ou bien Ninive, suivant plusieurs (Is. XXXII, 19).
6. Cette montagne ; c’est-à-dire la montagne de Sion. — Un festin ; figure du royaume de Jésus-Christ sur la terre et dans le ciel. Le Sauveur lui-même fait souvent allusion à ce passage. Compar. Matth. XXII, 2 ; XV, 10 ; Marc. II, 19 ; Apoc. XIX, 7. On entend aussi ce festin de la sainte Eucharistie.
9. Son salut ; le salut qu’il nous donne.
10. Par un charriot ; machine à roues ferrées en usage dans l’Orient pour briser et couper les pailles qu’on donnait à manger aux animaux.
11. Et il étendra, etc. Moab étendra ses mains, c’est-à-dire fera tous ses efforts pour se sauver, mais inutilement ; le Seigneur lui brisera ces mêmes mains, sur lesquelles il comptait pour échapper au danger.
²
Cantique sur la délivrance du peuple de Juda.
1 In die illa cantábitur cánticum istud in terra Juda :
1. En ce jour-là sera chanté ce cantique dans la terre de Juda :
Urbs fortitúdinis nostræ Sion ; salvátor ponétur in ea
Notre ville forte est Sion ; le sauveur sera mis
murus et antemurále.
comme mur et avant-mur.
2 Aperíte portas, et ingrediátur gens justa,
2. Ouvrez les portes, et qu’il y entre une nation juste
custódiens veritátem.
et observant la vérité.
3 Vetus error ábiit :
servábis pacem ;
3. L’ancienne erreur a disparu ; vous nous conserverez la paix,
pacem, quia in te sperávimus.
la paix, car nous avons espéré en vous.
4 Sperástis in Dómino in sǽculis ætérnis ;
4. Vous avez espéré dans le Seigneur durant les siècles éternels,
in Dómino Deo forti in perpétuum.
dans le Seigneur Dieu puissant à jamais.
5 Quia incurvábit habitántes in excélso ;
5. Car il abaissera ceux qui habitent dans les hauteurs,
civitátem sublímem humiliábit :
il humiliera la cité élevée.
humiliábit eam usque ad terram,
Il l’humiliera jusqu’à terre
détrahet eam usque ad púlverem.
et il la renversera jusque dans la poussière.
6 Conculcábit eam pes,
6. Le pied la foulera, les pieds du pauvre,
pedes páuperis, gressus egenórum.
le pas de l’indigent.
7 Sémita justi recta est,
7. Le sentier du juste est droit,
rectus callis justi ad ambulándum.
droit est le chemin où le juste doit marcher.
8 Et in sémita judiciórum tuórum, Dómine,
sustinúimus te :
8. Et dans le sentier de vos jugements, Seigneur, nous vous avons attendu patiemment ;
nomen tuum et memoriále tuum in desidério ánimæ.
votre nom et votre souvenir sont dans le désir de l’âme.
9 Anima mea desiderávit te in
nocte,
9. Mon âme vous a désiré pendant la nuit ;
sed et spíritu meo in
præcórdiis meis de mane vigilábo ad te.
mais par mon esprit et dans mon cœur, dès le malin je veillerai pour vous.
Cum féceris judícia tua in terra,
Lorsque vous aurez exercé vos jugements sur la terre,
justítiam discent habitatóres orbis.
les habitants du disque apprendront la justice.
10 Misereámur ímpio, et non discet justítiam ;
10. Ayons pitié de l’impie, et il n’apprendra pas la justice ;
in terra sanctórum iníqua gessit,
dans la terre des saints il a fait des choses iniques,
et non vidébit glóriam Dómini.
et il ne verra pas la gloire du Seigneur.
11 Dómine, exaltétur manus tua, et non
vídeant ;
11. Seigneur, que votre main s’élève, et qu’ils ne voient pas ;
vídeant, et confundántur
zelántes pópuli ;
qu’ils voient et qu’ils soient confondus, ceux qui sont jaloux de votre peuple
et ignis hostes tuos dévoret.
et qu’un feu dévore vos ennemis.
12 Dómine, dabis pacem nobis :
12. Seigneur, vous nous donnerez la paix ;
ómnia enim ópera nostra
car vous avez opéré
operátus es nobis.
toutes nos œuvres pour nous.
13 Dómine Deus noster, possedérunt nos
13. Seigneur notre Dieu,
dómini absque te ;
des maitres étrangers nous ont possédés sans vous,
tantum in te recordémur nóminis
tui.
que seulement par vous nous nous souvenions de votre nom.
14 Moriéntes non vivant,
14. Que les morts ne revivent point,
gigántes non resúrgant :
que les géants ne ressuscitent point ;
proptérea visitásti et
contrivísti eos,
à cause de cela vous les avez visités et brisés,
et perdidísti omnem memóriam
eórum.
et vous avez anéanti toute leur mémoire.
15 Indulsísti genti, Dómine,
15. Vous avez été indulgent envers cette nation, Seigneur ;
indulsísti
genti, numquid glorificátus es ?
vous avez été indulgent envers cette nation ; est-ce que vous n’avez pas été glorifié ?
elongásti omnes términos terræ.
Vous avez reculé les frontières de sa terre.
16 Dómine, in angústia requisiérunt te,
16. Seigneur, dans l’angoisse ils vous ont recherché,
in
tribulatióne múrmuris doctrína tua eis.
dans la tribulation du murmure votre enseignement était avec eux.
17 Sicut quæ cóncipit, cum appropinquáverit ad partum,
17. Comme celle qui a conçu, lorsqu’elle approche de l’enfantement,
dolens clamat in dolóribus
suis,
souffre et crie dans ses douleurs ;
sic facti
sumus a fácie tua, Dómine.
ainsi nous sommes devenus à votre face, Seigneur.
18 Concépimus, et quasi parturívimus,
18. Nous avons conçu, nous avons été comme en travail,
et pepérimus spíritum.
nous avons enfanté du vent ;
Salútes non fécimus in
terra ;
nous n’avons pas fait des œuvres de salut sur la terre ;
ídeo non cecidérunt habitatóres
terræ.
c’est pour cela que ne sont pas tombés les habitants de la terre.
19 Vivent mórtui tui,
19. Ils vivront, vos morts ;
interfécti mei resúrgent.
ceux qui m’ont été tués ressusciteront ;
Expergiscímini, et laudáte,
réveillez-vous, et chantez des louanges,
qui habitátis in púlvere,
vous qui habitez dans la poussière ;
quia ros
lucis ros tuus,
car votre rosée, Seigneur, est une rosée de lumière,
et terram gigántum détrahes in
ruínam.
et que vous réduirez la terre des géants en ruine.
20 Vade, pópulus meus, intra in
cubícula tua ;
20. Va, mon peuple, entre dans tes chambres ;
claude óstia
tua super te,
ferme les portes sur toi ;
abscóndere módicum ad moméntum,
cache-toi un peu pour un moment
donec pertránseat indignátio.
jusqu’à ce que soit passée l’indignation.
21 Ecce enim Dóminus egrediétur de
loco suo,
21. Car voici que le Seigneur sortira de son lieu,
ut vísitet iniquitátem
habitatóris terræ contra eum ;
afin de visiter l’iniquité de l’habitant de la terre ;
et revelábit terra sánguinem
suum,
et la terre révèlera le sang qu’elle a reçu,
et non opériet ultra
interféctos suos.
et elle ne couvrira plus ceux qui avaient été tués sur elle.
~
CHAP. XXVI. 21. Mich. I, 3.
1. Notre ville forte ; litter., et par hébraïsme, la ville de notre force. Sion représente ici l’Église dont Jésus-Christ est le mur et l’avant-mur, par la protection puissante dont il la couvre.
4. Vous avez, etc. Le prophète s’adresse maintenant au peuple de Juda. — Durant les siècles éternels ; dans tous les temps, et au milieu de tous les évènements de la vie.
5. La cité élevée, orgueilleuse, superbe, Babylone, suivant l’opinion commune. Quoi qu’il en soit, cette cité élevée représente le monde ennemi de Dieu.
14. Que les morts, etc. C’est une imprécation et en même temps une prédiction du malheur des Chaldéens, de ces maitres étrangers (compar. le verset précédent), qui ont opprimé le peuple du Seigneur.
18. Nous n’avons pas fait, etc. Les Juifs n’ont pas mérité, par de bonnes actions, que Dieu exterminât les habitants des pays voisins de la Judée. Il a conservé ces peuples pour éprouver et châtier Juda.
19. Vos morts ; les morts du Seigneur, ceux qui ont été pris parmi le peuple du Seigneur, et, dans un sens plus général, ceux qui meurent dans le Seigneur. Compar. Apoc. XIV, 13. Cette prophétie et celle du verset 21 n’auront leur entier accomplissement qu’à la résurrection future, lorsque Jésus-Christ descendra des cieux pour juger tous les hommes. — * Une rosée de lumière, qui vivifie.
²
Punition du prince oppresseur des Israélites. Délivrance de ce peuple. « in gladio suo duro, et grandi, et forti »
1 In die illa visitábit Dóminus
1. En ce jour-là Dieu visitera
in gládio suo duro, et
grandi, et forti,
avec son glaive dur et grand et fort,
super Levíathan, serpéntem vectem,
Leviathan, serpent bâton fuyant,
et super Levíathan, serpéntem
tortuósum,
Leviathan, serpent tortueux,
et occídet cetum qui in mari
est.
et il tuera le grand poisson qui est dans la mer.
2 In die illa vínea meri cantábit ei.
2. En ce jour-là la vigne du vin pur le chantera.
3 Ego Dóminus qui servo eam ;
3. Moi, le Seigneur qui la garde,
repénte propinábo ei.
je l’arroserai soudain ;
Ne forte visitétur contra eam,
de peur qu’elle ne soit endommagée,
nocte et die servo eam.
nuit et jour je la garde.
4 Indignátio non est mihi.
4. Je n’ai pas d’indignation ;
Quis dabit me spinam et veprem
in prǽlio ?
qui me donnera une épine ou une ronce dans le combat ?
grádiar super eam,
je marcherai dessus,
succéndam eam páriter.
et j’y mettrai aussi le feu ?
5 An pótius tenébit fortitúdinem meam ?
5. Ou plutôt retiendra-t-il ma puissance,
fáciet pacem mihi,
fera-t-il la paix avec moi,
pacem fáciet mihi.
fera-t-il la paix avec moi ?
6 Qui ingrediúntur ímpetu ad Jacob,
6. Ceux qui entrent impétueusement dans Jacob,
florébit et germinábit Israël,
Israël fleurira et germera pour eux,
et implébunt fáciem orbis
sémine.
et ils rempliront la face du disque de semence.
7 Numquid juxta plagam percutiéntis se percússit
eum ?
7. Est-ce que le Seigneur a frappé Israël d’une plaie semblable à celle dont l’a frappé l’ennemi ?
aut sicut occídit interféctos
ejus, sic occísus est ?
ou Israël a-t-il été tué, comme le Seigneur a tué ceux qu’il a tués à l’ennemi ?
8 In mensúra contra mensúram,
8. C’est avec mesure contre mesure
cum abjécta fúerit, judicábis
eam ;
que lorsqu’elle sera rejetée, vous la jugerez ;
meditátus est
in spíritu suo duro
le Seigneur a médité en son esprit sévère
per diem æstus.
pour le jour d’une chaleur extrême.
9 Idcírco super hoc dimittétur
iníquitas dómui Jacob ;
9. C’est pourquoi de cette manière sera remise son iniquité à la maison de Jacob ;
et iste omnis fructus : ut
auferátur peccátum ejus,
et tout le fruit de ce châtiment, c’est que son péché soit expié,
cum posúerit omnes lápides
altáris
lorsqu’Israël aura brisé toutes les pierres de l’autel
sicut lápides cíneris allísos :
comme des pierres de chaux,
non stabunt luci et delúbra.
et que ne seront plus debout les bois sacrés et les temples.
10 Cívitas enim muníta desoláta
erit ;
10. Car la cité fortifiée sera désolée,
speciósa relinquétur, et
dimittétur quasi desértum ;
la belle ville sera délaissée et abandonnée comme un désert ;
ibi pascétur vítulus,
là paitra le veau, et là il se reposera,
et ibi accubábit, et consúmet
summitátes ejus.
et mangera les sommités de ses rameaux.
11 In siccitáte messes illíus conteréntur.
11. Ses moissons, desséchées, seront broyées ;
Mulíeres veniéntes, et docéntes
eam ;
des femmes viendront et l’instruiront ;
non est enim pópulus
sápiens :
car ce n’est pas un peuple sage ;
proptérea non miserébitur ejus
qui fecit eum,
à cause de cela, il n’aura pas pitié de lui,
et qui formávit eum non parcet
ei.
celui qui l’a fait ; et celui qui l’a formé ne l’épargnera pas.
12 Et erit : in die illa
12. Et il arrivera en ce jour-là
percútiet Dóminus
que le Seigneur frappera
ab álveo flúminis usque ad torréntem Ægýpti ;
depuis le lit du fleuve jusqu’au torrent de l’Égypte ;
et vos congregabímini unus et
unus, fílii Israël.
et vous, vous serez rassemblés un à un, fils d’Israël.
13 Et erit : in die illa clangétur in tuba
magna ;
13. Et il arrivera en ce jour-là qu’on sonnera d’une grande trompette,
et vénient qui pérditi fúerant
de terra Assyriórum,
et ils viendront de la terre des Assyriens, ceux qui y étaient perdus,
et qui ejécti erant in terra
Ægýpti,
et ceux qui avaient été jetés sur la terre d’Égypte,
et adorábunt Dóminum
et ils adoreront le Seigneur
in monte sancto in Jerúsalem.
sur la montagne sainte, à Jérusalem.
~
CHAP. XXVII.
1. # Son glaive ; son jugement, l’arrêt de sa justice, la décision de donner la Vie et la Jouissance à la Création. — Bâton fuyant (vectem) ; d’après J.-G. Glaire, « levier c’est-à-dire semblable à une barre par sa longueur et sa grosseur. Le mot hébreux correspondant signifie proprement fuyard, fugitif. » — Vectis signifie levier, barre d’un pressoir, pilon, barre d’une porte, verrou ou encore brancard. Il vient de véctio « action de transporter » et contient donc l’idée de mouvement présente dans le mot hébreu. En un seul mot, la Vulgate désigne un bâton fuyant, c’est-à-dire un phallus en débandaison. La suite du texte explique parfaitement le dessein de Dieu : frapper la débandaison par sa toute-puissance et la remplacer par une étreinte éternelle. Les vv. 3 et 6 décrivent l’éjaculation et ne laisse aucune ambigüité sur le sens érotique de tout le passage. Le grand poisson est la Création sortie du néant à laquelle Dieu donne la Mort divine par notre Seigneur Jésus Christ. Le glaive est notre Seigneur Jésus Christ, le moyen par lequel Dieu qui donne la jouissance divine au grand poisson, la création qui est dans la mer c’est-à-dire le néant. La Création, néant en elle-même, jouit par le moyen de notre Seigneur Jésus Christ, Dieu donne la jouissance au néant par notre Seigneur Jésus Christ. Vectem peut se traduire aussi verrou, c’est ce qui ferme à la Création la porte de la jouissance, tout simplement le fait qu’elle soit hors de Dieu et qu’elle ne puisse pas entrer en Dieu sans l’incarnation du Fils de Dieu et la Croix de notre Seigneur Jésus Christ par laquelle Dieu attire toutes les choses à Lui (cf. Joan XII, 32). Cette Croix est souvent représentée par les peintres chrétiens devant un chemin en forme de serpent tortueux pour montrer l’accomplissement de cette prophétie lors de la Crucifixion. — Le grand poisson ; la baleine, comme on l’entend communément. Sous ces termes énigmatiques, on peut voir les différents ennemis d’Israël ; mais aussi les méchants en général, dont le démon est le chef.
2. La vigne représente l’Église. — * La vigne du vin pur ; la vigne qui produit un vin excellent.
4. Je n’ai pas d’indignation ; c’est-à-dire je n’ai que des sentiments de bonté et de tendresse pour ma vigne. — Qui me donnera. L’accusatif latin (me) de la Vulgate est mis par hébraïsme pour le datif (mihi). — * Si quelqu’un me pique comme une épine ou comme une ronce, je le foulerai aux pieds.
6. Ceux qui entrent, etc. ; les gentils qui s’empressent de se réunir aux Juifs.
8. C’est avec mesure, etc. ; c’est en opposant la mesure de la culpabilité à la mesure du châtiment ; c’est avec une parfaite équité. — Elle ; c’est-à-dire la vigne, nommée au vers. 2.
10. La cité, etc. ; Jérusalem, selon les uns, ou Babylone, suivant les autres.
11. Des femmes, etc. C’est ainsi que la prophétesse Holda, au temps de Josias, fut suscitée de Dieu pour annoncer les maux qui allaient fondre sur Jérusalem (IV Reg. XXII, 14 et suiv.).
12. Du fleuve ; de l’Euphrate. — Le torrent de l’Égypte ; le bras le plus oriental du Nil. — * Ou plutôt, selon le sens ordinaire de cette expression dans l’Ancien Testament, l’ouadi el-Arisch, qui marquait la frontière occidentale de la Palestine.
²
Ruine du royaume d’Ephraïm. Désolation du royaume de Juda.
1 Væ corónæ supérbiæ, ébriis Ephraïm,
1. Malheur à la couronne d’orgueil, aux hommes ivres d’Ephraïm,
et flori decidénti, glóriæ
exsultatiónis ejus,
à la fleur qui tombe, à la gloire de son exultation,
qui erant in vértice vallis
pinguíssimæ,
à ceux qui étaient au haut de la vallée très grasse,
errántes a vino.
chancelant par le vin.
2 Ecce válidus et fortis Dóminus
2. Voici que le Seigneur fort et puissant
sicut ímpetus grándinis ; turbo confríngens,
sera comme l’impétuosité de la grêle, comme un tourbillon qui brise,
sicut ímpetus
aquárum multárum inundántium
comme l’impétuosité des grandes eaux inondantes,
et emissárum super terram spatiósam.
et lâchées sur une terre spacieuse.
3 Pédibus conculcábitur
3. Aux pieds sera foulée
coróna supérbiæ ebriórum Ephraïm.
la couronne d’orgueil des hommes ivres d’Ephraïm.
4 Et erit flos décidens glóriæ exsultatiónis ejus,
4. Et elle tombera, la fleur de la gloire et de l’exultation de celui
qui est super vérticem vallis
pínguium,
qui est au haut des vallées grasses,
quasi
temporáneum ante maturitátem autúmni,
comme le fruit venant à temps avant l’automne ;
quod, cum aspéxerit videns,
dès que quelqu’un le voyant l’aura regardé
statim ut manu tenúerit, devorábit illud.
et pris de sa main, il le dévorera.
5 In die illa erit Dóminus exercítuum coróna
glóriæ,
5. En ce jour-là, le Seigneur des armées sera une couronne de gloire,
et sertum exsultatiónis resíduo
pópuli sui ;
et un bouquet d’exultation pour le reste de son peuple ;
6 et spíritus judícii sedénti super judícium,
6. Et un esprit de jugement pour celui qui sera assis sur le tribunal du jugement,
et fortitúdo reverténtibus de bello ad portam.
et une force pour ceux qui retourneront de la guerre à la porte de la ville.
7 Verum hi quoque præ vino nesciérunt, et præ
ebrietáte erravérunt ;
7. Mais ceux-ci même ont manqué de connaissance par le vin, et par l’ivresse ils ont chancelé ;
sacérdos et prophéta nesciérunt
præ ebrietáte ;
le prêtre et le prophète ont manqué de connaissance par l’ivresse ;
absórpti sunt a vino, erravérunt in ebrietáte,
absorbés par le vin, ils ont chancelé dans l’ivresse,
nesciérunt vidéntem, ignoravérunt judícium.
ils n’ont pas connu le voyant, ils ont ignoré la justice.
8 Omnes enim mensæ replétæ sunt vómitu sordiúmque,
8. Car toutes les tables ont été remplies de vomissement et d’ordures,
ita ut non esset ultra
locus.
en sorte qu’il n’y avait plus un lieu sans souillure.
9 Quem docébit sciéntiam ?
9 À qui enseignera-t-il la science ?
et quem intellígere fáciet
audítum ?
à qui fera-t-il comprendre ce qui aura été entendu ?
Ablactátos a lacte,
à des enfants qu’on vient de sevrer,
avúlsos ab ubéribus.
d’arracher aux mamelles.
10 Quia manda, remánda ;
manda, remánda ;
10. Parce qu’ils disent : Commande, commande encore, commande, commande encore,
exspécta, reexspécta ; exspécta, reexspécta ;
attends, attends encore, attends, attends encore,
módicum ibi, módicum ibi.
un peu là, un peu là.
11 In loquéla enim lábii,
11. Car dans un autre langage de lèvres
et lingua áltera
et une autre langue,
loquétur ad pópulum istum.
il parlera à ce peuple,
12 Cui dixit : Hæc est réquies mea,
12. Auquel il avait dit : Voici mon repos,
refícite lassum ;
soulagez celui qui est fatigué,
et hoc est meum
refrigérium :
et voici mon rafraîchissement ;
et noluérunt audíre.
et ils n’ont pas voulu entendre.
13 Et erit eis verbum Dómini :
13. Et telle sera la parole que le Seigneur leur adressera :
Manda, remánda ; manda, remánda ;
Commande, commande encore, commande, commande encore,
exspécta, reexspécta ; exspécta, reexspécta ;
attends, attends encore, attends, attends encore,
módicum ibi, módicum ibi ;
un peu là, un peu là ;
ut vadant, et cadant retrórsum,
afin qu’ils aillent, et qu’ils tombent en arrière,
et conterántur, et
illaqueéntur, et capiántur.
et qu’ils soient brisés, qu’ils donnent dans le piège et qu’ils y soient pris.
14 Propter hoc audíte verbum Dómini, viri illusóres,
14. À cause de cela, écoutez la parole du Seigneur, hommes railleurs
qui dominámini super pópulum
meum, qui est in Jerúsalem.
qui dominez sur mon peuple qui est à Jérusalem.
15 Dixístis enim : Percússimus fœdus cum morte,
15. Car vous avez dit : Nous avons contracté une alliance avec la mort,
et cum inférno fécimus pactum :
et avec l’enfer nous avons fait un pacte.
flagéllum inúndans cum
transíerit, non véniet super nos
Le fléau débordant, lorsqu’il passera, ne viendra pas sur nous ;
quia posúimus mendácium spem nostram,
parce que nous avons établi le mensonge notre espérance,
et mendácio protécti sumus.
et que par le mensonge nous avons été protégés.
16 Idcírco hæc dicit Dóminus
Deus :
16. C’est pourquoi le Seigneur Dieu dit ceci :
Ecce ego mittam in fundaméntis Sion lápidem,
Voici que moi je poserai dans les fondements de Sion une pierre,
lápidem probátum,
une pierre éprouvée,
angulárem, pretiósum, in fundaménto fundátum ;
angulaire, précieuse, enfoncée dans le fondement ;
qui credíderit, non festínet.
que celui qui croit, ne se hâte pas.
17 Et ponam in póndere judícium,
17. Et j’établirai avec un poids le jugement,
et justítiam in mensúra ;
et la justice avec mesure ;
et subvértet grando spem
mendácii,
et la grêle détruira l’espérance du mensonge ;
et protectiónem aquæ inundábunt.
et la protection, les eaux l’inonderont.
18 Et delébitur fœdus vestrum cum morte,
18. Et votre alliance avec la mort sera détruite,
et pactum vestrum cum inférno
non stabit :
votre pacte avec l’enfer ne subsistera pas ;
flagéllum inúndans cum transíerit, éritis ei in conculcatiónem.
quant au fléau débordant, lorsqu’il passera, vous en serez accablés.
19 Quandocúmque pertransíerit, tollet vos,
19. Toutes les fois qu’il passera, il vous emportera ;
quóniam in mane dilúculo pertransíbit in die et in nocte ;
puisque dès le matin à l’aube, il passera pendant le jour et pendant la nuit ;
et tantúmmodo sola vexátio
intelléctum dabit audítui.
et il n’y aura seulement que le tourment qui donnera l’intelligence à l’ouïe.
20 Coangustátum est enim stratum, ita ut alter
décidat ;
20. Car la couche a été resserrée, de manière que si deux s’y placent, l’un tombera ;
et pállium breve
utrúmque operíre non potest.
et la couverture étroite ne peut les couvrir l’un et l’autre.
21 Sicut enim in monte divisiónum stabit Dóminus ;
21. Car comme sur la montagne des divisions, le Seigneur se lèvera ;
sicut in valle quæ est in Gábaon irascétur,
comme dans la vallée qui est en Gabaon, il se mettra en colère ;
ut fáciat opus suum, aliénum opus ejus :
afin de faire son œuvre, son œuvre étrangère ;
ut operétur opus suum,
peregrínum est opus ejus ab eo.
afin d’opérer son œuvre, son œuvre qui lui est étrangère.
22 Et nunc nolíte illúdere,
22. Et maintenant ne vous jouez point,
ne forte constringántur víncula
vestra ;
de peur que vos liens ne se resserrent ;
consummatiónem enim et
abbreviatiónem audívi
car j’ai appris du Seigneur Dieu des armées la destruction
a Dómino Deo exercítuum, super univérsam terram.
et le retranchement qu’il va faire sur la terre tout entière.
23 Auribus percípite, et audíte vocem meam :
23. Prêtez l’oreille, et écoutez ma voix ;
atténdite, et audíte elóquium
meum.
soyez attentifs, et écoutez ma parole.
24 Numquid tota die arábit arans ut serat ?
24. Est-ce que pendant tout le jour, le laboureur labourera afin de semer ;
proscíndet et sárriet humum
suam ?
fendra-t-il les mottes, et sarclera-t-il sa terre ?
25 Nonne cum adæquáverit fáciem ejus,
25. Est-ce que, lorsqu’il en aura égalisé la surface,
seret gith et cymínum sparget ?
il ne sèmera pas de la nigelle et il ne répandra pas du cumin,
et ponet tríticum per órdinem,
et hórdeum,
et il ne mettra pas du blé par rangée, et de l’orge,
et mílium, et víciam in fínibus
suis ?
et du millet, et de la vesce dans ses confins ?
26 Et erúdiet illum in judício ;
26. Et son Dieu lui donnera le discernement ;
Deus suus docébit illum.
son Dieu l’instruira.
27 Non enim in serris triturábitur gith,
27. Car la nigelle ne sera pas triturée avec des traineaux à pointes de fer,
nec rota plaustri super cymínum circuíbit ;
ni la roue du charriot ne circulera sur le cumin ;
sed in virga excutiétur gith,
mais avec une verge on battra la nigelle,
et cymínum in báculo.
et le cumin avec un fléau.
28 Panis autem comminuétur ;
28. Mais le pain sera brisé ;
verum non in perpétuum
tritúrans triturábit illum,
cependant ce ne sera pas à perpétuité que celui qui le triture le triturera,
neque vexábit eum rota
plaustri,
et que la roue du charriot le pressera,
neque úngulis suis commínuet
eum.
et qu’avec ses ongles il le brisera.
29 Et hoc a Dómino Deo exercítuum exívit,
29. Ceci est venu du Seigneur Dieu des années,
ut mirábile fáceret consílium,
et magnificáret justítiam.
pour faire admirer ses conseils et signaler sa justice.
~
CHAP. XXVIII. 11. I Cor.. XIV, 21. — 16. Ps. CXVII, 22 ; Matth. XXI, 42 ; Act. IV, 11 ; Rom. IX, 33 ; I Petr. II, 6. — 21. II Reg. V, 20 ; I Par. XIV, 11 ; Jos. X, 10.
1-29. * IVe groupe : Prophéties du temps d’Ézéchias, relatives au peuple de Dieu, XXVIII-XXXIX. Voici la division et le contenu de ce quatrième groupe. Il renferme diverses prophéties relatives aux Juifs, et datant de l’époque d’Ézéchias. Il se partage en deux parties bien distinctes : l’une se composant exclusivement d’oracles concernant le royaume de Juda et Jérusalem, XXVIII-XXXV ; l’autre contenant des épisodes de la vie d’Ézéchias dans lesquels Isaïe était intervenu au nom de Dieu pour faire connaitre l’avenir au descendant de David, XXXVI-XXXIX. Ces deux parties se relient entre elles de la manière suivante. Comme l’invasion de la Judée par Sennachérib fut le grand évènement du règne d’Ézéchias, les prophéties de cette période roulent à peu près uniquement sur ce sujet. Les ch. XXVIII-XXXV annoncent les maux que le roi d’Assyrie causera à Jérusalem, l’inutilité du secours de l’Égypte, sur laquelle Juda avait compté, et la délivrance glorieuse de la cité, qui sera l’œuvre de Dieu seul. Les ch. XXXVI-XXXVII sont la conclusion de ces prophéties, ils nous montrent comment s’accomplit ce qu’Isaïe avait prédit dans les chapitres précédents, comment, pendant la crise même, il réitéra les promesses de triomphe et comment enfin Sennachérib, abattu par la main du Seigneur, dut se retirer sans avoir pu exécuter ses menaces, après avoir miraculeusement perdu son armée. Par analogie avec ces évènements, Isaïe joint à ce récit celui des prophéties qu’il fit à Ézéchias à l’occasion de sa maladie, XXXVIII, et à l’occasion de l’ambassade de Merodach Baladan, XXXIX ; c’est là que se termine la première partie de son livre. — Pour l’intelligence des oracles de cette époque, il faut se rappeler qu’Ézéchias, bien différent d’Achaz son père, rétablit le culte du vrai Dieu, quoique le peuple ne se convertît pas sincèrement. Ses sujets furent punis de leur idolâtrie et de leur révolte, et le roi récompensé de sa foi et de sa piété : l’invasion assyrienne châtia les coupables, la destruction de l’armée de Sennachérib fut un témoignage éclatant de la protection divine vis-à-vis d’Ézéchias, qui suivait les conseils des prophètes de Dieu, soutiens de l’État. II Par. XXXII, 20 ; IV Reg. XVIII, 7. — La première subdivision du quatrième groupe contient : — 1° cinq discours qui forment dans nos Bibles six chapitres ; ils commencent tous les cinq de la même manière : Malheur ; chacun d’eux forme un tout complet, XXVIII, XXIX, XXX, XXXI-XXXII, XXXIII, mais le sujet en est cependant semblable : c’est l’invasion de Sennachérib, considérée comme châtiment divin ; la condamnation des moyens humains auxquels on recourt pour vaincre l’ennemi ; la promesse du triomphe dans le présent et surtout dans l’avenir par le règne messianique. — 2° Cette dernière pensée est principalement développée dans les ch. XXXIV-XXXV, qui forment comme la conclusion, dans laquelle le prophète nous montre le Seigneur jugeant tous les peuples et en particulier l’Idumée, symbole des ennemis de l’Église : Sion, par le Christ, règne sur toutes les nations. Les ch. XXXIV-XXXV sont, par rapport aux ch. XXVIII-XXXIII, ce que sont, dans le groupe précédent, les ch. XXIV-XXVII relativement aux ch. XIII-XXIII.
1. La couronne d’orgueil ; Samarie, capitale du royaume d’Israël. — Ephraïm ; tribu qui tenait le premier rang dans le royaume d’Israël. — À ceux qui étaient, etc. ; c’est-à-dire aux habitants de Samarie, située sur une colline qui s’élevait au milieu d’une vallée très fertile.
7. Ils n’ont pas connu le voyant ; c’est-à-dire le prophète, le vrai prophète, ou la vision, la prophétie, comme on traduit généralement l’hébreu, qui porte d’ailleurs : ils ont erré dans, au lieu de : ils n’ont pas su.
9. À qui enseignera. Le sujet de ce verbe est le Seigneur, suivant les uns, et le prophète, selon les autres. — La science ; la loi divine, comme on l’entend assez généralement. — Ce qui aura été entendu ; la parole, l’instruction, qui se perçoit par l’ouïe. — À des enfants, etc. Saint Paul semble faire allusion à ce passage dans I Cor. III, 2, et Hebr. V, 13.
10. Commande, etc. ; allusion à la manière railleuse dont les Juifs impies insultaient les prophètes, qui disaient souvent dans leurs oracles : Le Seigneur commande, et Attendez un peu, et vous verrez, etc.
11. Car dans un autre, etc. Puisqu’ils se sont moqués du langage des prophètes qui les exhortaient à la pénitence, Dieu leur parlera une autre langue, mais qu’ils ne comprendront pas. Le Seigneur a déjà menacé les Juifs de ce châtiment (VI, 9-10). Compar. I Cor. XIV, 21.
16. Une pierre angulaire, etc. Voy., pour le sens de cette expression, Ps. CXVII, 22. — * Les Assyro-Chaldéens plaçaient aux quatre angles de leurs édifices dans un endroit choisi, dans les fondements, des tablettes d’argile et de métaux précieux où était racontée l’histoire de l’érection de l’édifice. Nous avons peut-être ici une allusion à une coutume de ce genre. La pierre angulaire, importante par elle-même, le devenait encore davantage par les objets précieux qu’elle conservait. — Cette pierre précieuse désigne ici le Messie.
19. Il n’y aura, etc. Le malheur seul vous fera comprendre ce qu’on vous dit.
20. Car la couche, etc. ; image des extrémités où les ennemis réduiront les Juifs. — * Ce verset reproduit vraisemblablement un proverbe ou dicton populaire.
21. La montagne des divisions ; ou des dispersions. Voy. II Reg. V, 20 et suiv. — La vallée, etc. Voy. Jos. X, 10.
25, 27. * La nigelle, mentionnée seulement dans ce chapitre d’Isaïe, produit une graine aromatique, de couleur noire, qu’on emploie comme assaisonnement en Orient, ce qui fait que cette plante y est toujours cultivée. Elle fait partie de la famille des renonculacées. Les diverses espèces de nigelle sont herbacées. Le fruit se compose de cinq à six capsules dont il est facile de faire tomber les graines, quand elles sont mûres, en battant les tiges avec un bâton. — Le cumin était cultivé en Palestine pour la même raison que la nigelle. C’est une plante annuelle de la famille des ombellifères, assez semblable au fenouil. Elle a de quinze à dix-huit centimètres de hauteur. Ses fleurs sont petites, blanches ou rouges. Les graines, de forme ovale, ont un gout piquant, amer et une odeur aromatique prononcée ; on s’en servait en Palestine comme de condiment. La récolte qu’on en faisait était assez considérable pour que les docteurs de la loi, du temps de Notre Seigneur, imposassent l’obligation d’en payer la dime. Voir Matth. XXIII, 23. On cultive encore aujourd’hui le cumin à Malte et on le bat de la manière que le dit Isaïe. — La vesce. Ce mot rend l’hébreu koussemeth, dont le sens est très discuté. La vesce sert d’aliment en Palestine ; on la donne aussi comme fourrage aux animaux. En Europe, on en donne les graines surtout aux pigeons. — Dans ses confins. On semait la vesce autour des champs où l’on cultivait le blé et l’orge, afin que cette bordure les garantit contre les déprédations des passants.
25. Dans ses confins (in finibus suis) ; c’est-à-dire dans son champ. Cette traduction nous a paru la plus conforme à la Vulgate et la mieux autorisée par l’hébreu.
28. Le pain ; c’est-à-dire le grain dont on fait le pain. — Ses ongles ; les pointes de fer et les pierres aiguës du charriot.
²
Désolation de Jérusalem et de la Judée. Défaite des ennemis. Rétablissement des enfants de Juda.
1 Væ Ariel, Ariel
1. Malheur à Ariel, Ariel,
cívitas, quam expugnávit David !
cité qu’a prise d’assaut David ;
ádditus est annus ad annum :
une année s’est jointe à une année ;
solemnitátes evolútæ sunt.
des solennités se sont écoulées.
2 Et circumvallábo Ariel,
2. Et j’environnerai Ariel de tranchées ;
et erit tristis et mœrens,
et elle sera triste, affligée,
et erit mihi quasi Ariel.
et elle sera pour moi comme Ariel.
3 Et circúmdabo quasi sphæram in circúitu
tuo,
3. Et je ferai comme un cercle tout autour de toi,
et jáciam contra te ággerem,
et je poserai un rempart contre toi ;
et muniménta ponam in obsidiónem tuam.
et je placerai des fortifications pour ton siège.
4 Humiliáberis, de terra loquéris,
4. Tu seras humiliée, c’est du sein de la terre que tu parleras,
et de humo audiétur elóquium
tuum ;
et de la poussière que sera entendue ta parole ;
et erit quasi pythónis de terra
vox tua,
et sortant de la terre, ta voix sera comme celle d’un python,
et de humo elóquium tuum
mussitábit.
et de la poussière ta parole ne rendra qu’un faible son.
5 Et erit sicut pulvis ténuis multitúdo
ventilántium te,
5. Et sera comme la poudre menue la multitude de ceux qui t’ont agitée,
et sicut favílla pertránsiens
multitúdo eórum qui contra te prævaluérunt ;
et comme la cendre brulante qui se dissipe, la multitude de ceux qui contre toi ont prévalu ;
6 erítque repénte conféstim.
6. Et ce sera soudain, sur-le-champ.
A Dómino exercítuum visitábitur
Et par le Seigneur des armées
in tonítruo, et commotióne
terræ, et voce magna
elle sera visitée au milieu d’un tonnerre, et d’un tremblement de terre, et de la grande voix
túrbinis et tempestátis, et
flammæ ignis devorántis.
d’un tourbillon, et d’une tempête, et de la flamme d’un feu dévorant.
7 Et erit sicut sómnium visiónis noctúrnæ
7. Et sera comme le songe d’une vision nocturne
multitúdo ómnium géntium quæ
dimicavérunt contra Ariel,
la multitude de toutes les nations qui ont combattu contre Ariel,
et omnes qui militavérunt, et
obsedérunt,
et il en sera ainsi de tous ceux qui lui ont fait la guerre,
et prævaluérunt advérsus eam.
et l’ont assiégée, et ont prévalu contre elle.
8 Et sicut sómniat esúriens, et cómedit,
8. Et comme celui qui a faim songe qu’il mange,
cum autem
fúerit expergefáctus, vácua est ánima ejus ;
mais lorsqu’il est réveillé, son âme se trouve vide ;
et sicut sómniat sítiens et
bibit,
et comme celui qui a soif songe qu’il boit,
et postquam fúerit
expergefáctus, lassus adhuc sitit,
mais après qu’il est réveillé, il est las et a encore soif,
et ánima ejus
vácua est :
et son âme est vide ;
sic erit multitúdo ómnium géntium
ainsi sera la multitude de toutes ces nations
quæ dimicavérunt contra montem Sion.
qui ont combattu contre la montagne de Sion.
9 Obstupéscite et admirámini ;
9. Soyez frappés de stupeur et admirez,
fluctuáte et vacilláte ;
soyez flottants et vacillants ;
inebriámini, et non a
vino ;
enivrez-vous, mais non de vin ;
movémini, et non ab ebrietáte.
chancelez, mais non par l’ivresse.
10 Quóniam míscuit vobis Dóminus
10. Parce que le Seigneur a répandu sur vous
spíritum
sopóris ; claudet óculos vestros :
un esprit d’assoupissement, il fermera vos yeux ;
prophétas et príncipes vestros,
qui vident visiónes, opériet.
vos prophètes et vos princes qui voient des visions, il mettra sur eux un voile.
11 Et erit vobis vísio ómnium
11. Et la vision d’eux tous sera pour vous
sicut verba libri signáti,
comme le livre scellé ;
quem cum déderint sciénti
lítteras,
lorsqu’on le donnera à un homme qui sait lire,
dicent : Lege istum :
on dit : Lis ce livre ;
et respondébit : Non
possum, signátus est enim.
et il répondra : Je ne puis, car il est scellé.
12 Et dábitur liber nesciénti lítteras,
12. Et on donnera le livre à un homme qui ne sait pas lire,
dicetúrque ei : Lege ;
et on lui dira : Lis ;
et respondébit : Néscio lítteras.
et il répondra : Je ne sais pas lire.
13 Et dixit Dóminus : Eo quod appropínquat
pópulus iste ore suo,
13. Et a dit le Seigneur : Parce que ce peuple s’approche de moi par sa bouche,
et lábiis suis gloríficat me,
et me glorifie par ses lèvres,
cor autem ejus longe est a me,
mais que son cœur est loin de moi,
et timuérunt me mandáto hóminum
et doctrínis,
et qu’ils m’ont craint par le commandement et les enseignements des hommes :
14 ídeo ecce ego addam ut
admiratiónem fáciam
14. C’est pour cela, voici que moi j’exciterai encore l’admiration
pópulo huic
miráculo grandi et stupéndo ;
de ce peuple par un miracle grand et étonnant ;
períbit enim sapiéntia a sapiéntibus ejus,
car la sagesse périra du milieu des sages,
et intelléctus prudéntium ejus
abscondétur.
et l’intelligence des prudents sera obscurcie.
15 Væ qui profúndi estis corde,
15. Malheur à vous qui êtes impénétrables de cœur,
ut a Dómino
abscondátis consílium ;
afin que vous cachiez au Seigneur un dessein ;
quorum sunt in ténebris ópera,
leurs œuvres sont dans les ténèbres,
et dicunt : Quis videt
nos ?
et ils disent : Qui nous voit,
et quis novit nos ?
et qui nous connait ?
16 Pervérsa est hæc vestra
cogitátio ;
16. Elle est perverse, cette pensée que vous avez ;
quasi si lutum contra
fígulum cógitet,
comme si l’argile se révoltait contre le potier,
et dicat opus factóri
suo : Non fecísti me ;
et lui disait : Tu ne m’as pas fait ;
et figméntum dicat fictóri
suo : Non intélligis.
et comme si l’œuvre disait à celui qui l’a façonnée : Tu ne comprends pas.
17 Nonne adhuc in módico et in brevi
17. Encore un peu de temps,
convertétur Líbanus in charmél,
et le Liban ne sera-t-il pas bientôt converti en charmel,
et charmél in saltum reputábitur ?
et le charmel ne sera-t-il pas réputé pour la forêt ?
18 Et áudient in die illa surdi verba libri,
18. Et en ce jour-là, les sourds entendront les paroles d’un livre,
et de ténebris et calígine
óculi cæcórum vidébunt.
et, affranchis des ténèbres et de l’obscurité, les yeux des aveugles verront.
19 Et addent mites in Dómino lætítiam,
19. Et les hommes doux ajouteront à leur joie dans le Seigneur,
et páuperes hómines in Sancto Israël exsultábunt ;
les hommes pauvres exulteront dans le saint d’Israël ;
20 quóniam defécit qui prævalébat, consummátus est
illúsor,
20. Parce qu’il a disparu, celui qui prévalait, et qu’il a été détruit le railleur,
et succísi sunt omnes qui
vigilábant super iniquitátem,
et qu’ils ont été retranchés, ceux qui veillaient pour l’iniquité ;
21 qui peccáre faciébant hómines in verbo,
21. Qui faisaient pécher les hommes par leur parole,
et arguéntem in porta supplantábant,
qui à la porte tendaient des pièges à celui qui les réfutait,
et declinavérunt frustra a
justo.
et sans motif s’éloignaient du juste.
22 Propter hoc, hæc dicit Dóminus ad domum Jacob,
22. À cause de cela, voici ce que dit, à la maison de Jacob,
qui redémit Abraham :
le Seigneur, qui a racheté Abraham :
Non modo confundétur Jacob,
Jacob ne sera plus confondu,
nec modo
vultus ejus erubéscet ;
et son visage ne rougira plus ;
23 sed cum víderit fílios suos,
23. Mais lorsqu’il verra ses fils,
ópera mánuum
meárum in médio sui
ouvrages de mes mains,
sanctificántes nomen meum,
sanctifiant au milieu de lui mon nom,
et sanctificábunt Sanctum Jacob,
ils sanctifieront ensemble le saint de Jacob,
et Deum Israël prædicábunt ;
et annonceront le Dieu d’Israël,
24 et scient errántes spíritu intelléctum,
24. Et ceux qui étaient égarés d’esprit recevront l’intelligence,
et mussitatóres discent legem.
et les murmurateurs apprendront la loi.
~
CHAP. XXIX. 13. Matth. XV, 8 ; Marc. VII, 6. — 14. I Cor. I, 19 ; Abd. I, 8. — 15. Eccli. XXIII, 26.
1. Ariel ; en hébreu signifie lion de Dieu ; Ézéchiel (XLIII, 15-16) donne ce même nom à l’autel des holocaustes. Toute la suite de la prophétie montre qu’il faut l’entendre ici de Jérusalem. — * Isaïe donne ici à Jérusalem un nom symbolique, de même qu’il l’a appelée plus haut vallée de vision, XXII, 1 ; mais d’où vient ce nom symbolique ? Les uns y ont vu une allusion à la tribu de Juda, dont cette ville était comme la capitale, parce que Juda est comparé à un lion, Gen. XLIX, 9 ; d’autres ont cru que le prophète faisait une allusion à la forme de la capitale de la Judée, qui, avec ses deux montagnes du Moriah et de Sion, ressemble à un gigantesque lion au repos.
3. Je ferai, etc. Le siège de Jérusalem par Nabuchodonosor est annoncé de même dans Ezech. IV, 2, et Jésus-Christ annonce aussi en des termes semblables le dernier siège de Jérusalem par les Romains (Luc. XIX, 43-44).
4. D’un python ; c’est-à-dire d’un magicien, d’un devin. — * Ta voix sortant de la terre. Les pythons ou magiciens paraissent avoir été quelquefois des ventriloques qui parlaient comme si leur voix sortait de terre.
8. Songe qu’il mange ; littér. et par hébraïsme, songe et il mange. — Âme ; mot qui, comme nous l’avons déjà remarqué, signifie en hébreu, aussi bien qu’en arabe, la personne, l’individu lui-même.
10. Le Seigneur a répandu, etc. Saint Paul fait allusion à ce passage dans Rom. XI, 8.
11. * Le livre scellé. Les livres avaient la forme de rouleaux ; on les pliait et, si l’on ne voulait point qu’ils fussent ouverts, on plaçait un sceau sur le rouleau de manière qu’on ne pût le dérouler sans rompre le sceau. Ils n’étaient ordinairement écrits qu’à l’intérieur.
13. Ce peuple, etc. Jésus-Christ déclare aux Juifs incrédules que c’était d’eux qu’Isaïe prophétisait dans ce passage (Matth. XV, 8-9 ; Marc. VII, 6-7). — Ils m’ont craint, etc. ; c’est-à-dire ils m’ont adoré, ils m’ont rendu un culte fondé, non sur ma loi et sur mes préceptes, mais sur des traditions purement humaines. Le plur. ils représente le mot peuple, qui est un nom collectif.
14. Car la sagesse, etc. Saint Paul applique ceci à la fausse sagesse des hommes, confondue par la prédication de la croix, qui est un scandale aux yeux des Juifs, et une folie aux yeux des gentils (I Cor. I, 18-19).
15. Malheur à vous qui, etc. Ces paroles s’adressent aux impies dont il est question plus haut (XXVIII, 15). — Un dessein ; probablement celui de recourir, en cas de besoin, au secours de l’Égypte. Compar. ce qui est dit, XXX, 1 et suiv.
17. Liban ; montagne dont une partie est très stérile. — # Selon Fillion : Charmel ; mot hébreu signifiant « verger ». Selon Glaire : Carmel ; Autre montagne, mais dont la fertilité est passée et proverbe. — La forêt ; comme lit le texte hébreu, et non une forêt en général. Or cette forêt particulière est probablement celle du Liban, comme l’insinue le contexte.
21. À la porte de la ville, où se tenaient les assemblées et où se rendaient les jugements.
22. Qui a racheté Abraham ; en le tirant de son pays, adonné à l’idolâtrie.
23. Ils sanctifieront ; selon la Vulgate, et sanctificabunt ; il est évident qu’ici la particule et n’a pas la signification conjonctive, mais que, comme en bien d’autres endroits, elle ne fait simplement que marquer l’apodose ; sans cela, le sens du verset resterait inachevé.
²
Vaine confiance de la Judée dans le secours de l’Égypte. Rétablissement de Juda. Défaite de ses ennemis.
1 Væ fílii desertóres, dicit
Dóminus,
1. Malheur à vous, fils déserteurs, dit le Seigneur,
ut facerétis consílium, et non
ex me,
de ce que vous formez des desseins, et non par moi,
et ordirémini telam, et non per
spíritum meum,
et que vous ourdissez une trame, et non par mon esprit,
ut adderétis peccátum super peccátum ;
afin d’ajouter péché à péché ;
2 qui ambulátis ut descendátis in Ægýptum,
2. Vous qui marchez pour descendre en Égypte,
et os meum non interrogástis,
et n’avez pas interrogé ma bouche,
sperántes auxílium in fortitúdine Pharaónis,
espérant du secours de la force de Pharaon,
et habéntes fidúciam in umbra Ægýpti !
et ayant confiance dans l’ombre de l’Égypte.
3 Et erit vobis fortitúdo Pharaónis in confusiónem,
3. Et la force de Pharaon vous sera à confusion,
et fidúcia umbræ Ægýpti
in ignomíniam.
et la confiance dans l’ombre de l’Égypte, à ignominie.
4 Erant enim in Tani príncipes tui,
4. Car tes princes étaient à Tanis,
et núntii tui usque ad Hanes
pervenérunt.
et tes messagers sont parvenus jusqu’à Hanés.
5 Omnes confúsi sunt super pópulo qui eis prodésse
non pótuit :
5. Tous ont été confondus à la vue d’un peuple qui ne pouvait leur être utile ;
non fúerunt in auxílium et in áliquam utilitátem,
ils ne leur ont pas été à secours et à quelque utilité,
sed in confusiónem et in oppróbrium.
mais à confusion et à opprobre.
6 Onus jumentórum austri.
6. Malheur accablant des bêtes du Midi.
In terra tribulatiónis et
angústiæ
Elles vont dans une terre de tribulation et d’angoisse,
leǽna, et leo ex eis,
d’où sortent la lionne et le lion,
vípera et régulus volans ;
la vipère et le basilic volant ;
portántes
super húmeros jumentórum divítias suas,
ils portent sur les épaules des ânes leurs richesses,
et super gibbum camelórum thesáuros suos,
et sur la bosse des chameaux leurs trésors,
ad pópulum qui eis prodésse non
póterit.
à un peuple qui ne pourra pas leur être utile.
7 Ægýptus enim frustra et vane auxiliábitur.
7. Car inutilement et vainement l’Égypte les secourra ;
Ideo clamávi super hoc :
Supérbia tantum est, quiésce.
voilà pourquoi j’ai crié à ce sujet : C’est de l’orgueil seulement, reste en repos.
8 Nunc ergo ingréssus, scribe ei
super buxum,
8. Maintenant donc entre, écris cela pour lui sur le buis,
et in libro diligénter exára illud,
et dans un livre grave-le soigneusement,
et erit in die novíssimo
et il sera au dernier jour
in testimónium usque in ætérnum.
un témoignage à jamais ;
9 Pópulus enim ad iracúndiam próvocans est :
9. Car c’est un peuple provoquant au courroux,
et fílii mendáces,
et ce sont des fils menteurs,
fílii noléntes
des fils qui ne veulent pas
audíre legem Dei ;
entendre la loi de Dieu ;
10 qui dicunt vidéntibus : Nolíte vidére,
10. Qui disent à ceux qui voient : Ne voyez pas ;
et aspiciéntibus : Nolíte aspícere nobis ea quæ recta sunt ;
et à ceux qui regardent : Ne regardez pas pour nous des choses qui sont justes ;
loquímini nobis placéntia :
dites-nous des choses qui nous plaisent,
vidéte nobis erróres.
voyez pour nous des erreurs.
11 Auférte a me viam ;
11. Éloignez de moi cette voie,
declináte a me sémitam ;
détournez de moi ce sentier ;
cesset a fácie nostra
qu’il disparaisse de notre face,
Sanctus Israël.
le saint d’Israël.
12 Proptérea hæc dicit Sanctus Israël :
12. À cause de cela, voici ce que dit le saint d’Israël :
Pro eo quod reprobástis verbum hoc,
Parce que vous avez rejeté cette parole,
et sperástis in calúmnia et in
tumúltu,
et que vous avez espéré dans la calomnie et dans le tumulte,
et inníxi estis super eo ;
et que vous y avez mis votre appui,
13 proptérea erit vobis iníquitas hæc
13. À cause de cela, cette iniquité sera pour vous
sicut interrúptio cadens,
comme une brèche qui menace ruine,
et requisíta in muro excélso,
et qui est recherchée dans un mur élevé,
quóniam súbito, dum non sperátur,
véniet contrítio ejus.
parce que tout à coup, tandis qu’on ne s’y attend pas, vient son écroulement.
14 Et comminuétur sicut contéritur lagéna fíguli
14. Et elle sera mise en pièces,
contritióne perválida,
comme on brise d’un brisement très fort un vase de potier ;
et non inveniétur de fragméntis
ejus testa
et on ne trouvera pas parmi ses fragments un têt
in qua portétur ignículus de
incéndio,
dans lequel on puisse porter un peu de feu pris d’un incendie,
aut hauriátur parum aquæ de
fóvea.
ou puiser un peu d’eau à une fosse.
15 Quia hæc dicit Dóminus Deus, Sanctus Israël :
15. Car voici ce que dit le Seigneur Dieu, le saint d’Israël :
Si revertámini et quiescátis,
salvi éritis ;
Si vous revenez, et vous vous tenez en repos, vous serez sauvés ;
in siléntio et in spe erit fortitúdo vestra.
dans le silence et dans l’espérance sera votre force.
Et noluístis,
Et vous n’avez pas voulu ;
16 et dixístis : Nequáquam,
16. Et vous avez dit : Pas du tout ;
sed ad equos fugiémus :
mais nous fuirons vers des chevaux ;
ídeo fugiétis ;
c’est pour cela que vous fuirez.
et : Super velóces ascendémus :
Et nous monterons sur de rapides coursiers ;
ídeo velocióres erunt qui
persequéntur vos.
c’est pour cela que plus rapides seront ceux qui vous poursuivront.
17 Mille hómines a fácie terróris uníus ;
17. Vous fuirez au nombre de mille hommes par la terreur d’un seul,
et a fácie terróris quinque
fugiétis,
et tous par la terreur de cinq,
donec relinquámini
jusqu’à ce que vous soyez laissés
quasi malus navis in vértice
montis,
comme un mât de vaisseau sur une cime de montagne,
et quasi signum super
collem.
et comme un étendard sur une colline.
18 Proptérea exspéctat Dóminus ut misereátur
vestri ;
18. À cause de cela, le Seigneur attend, afin d’avoir pitié de vous ;
et ídeo exaltábitur parcens
vobis,
et pour cela il sera exalté en vous épargnant ;
quia Deus judícii Dóminus :
car c’est un Dieu de justice que le Seigneur ;
beáti omnes qui exspéctant
eum !
bienheureux tous ceux qui l’attendent.
19 Pópulus enim Sion habitábit in Jerúsalem :
19. Car le peuple de Sion habitera dans Jérusalem ;
plorans nequáquam plorábis :
pleurant tu ne pleureras pas du tout ;
míserans miserébitur tui, ad
vocem clamóris tui :
ayant pitié il aura pitié de toi ;
statim ut audíerit, respondébit tibi.
à la voix de ton cri, dès qu’il entendra, il te répondra.
20 Et dabit vobis Dóminus
20. Et le Seigneur vous donnera
panem arctum, et aquam brevem ;
un pain restreint et une eau peu abondante ;
et non fáciet avoláre a te
ultra doctórem tuum ;
et il ne fera pas que celui qui t’instruit s’en aille loin de toi ;
et erunt óculi tui vidéntes
præceptórem tuum.
et tes yeux verront ton maitre.
21 Et aures tuæ áudient verbum post tergum
monéntis :
21. Et tes oreilles entendront la voix de celui qui, derrière toi, t’avertira :
Hæc est via ; ambuláte in ea,
Voici la voie, marchez-y ;
et non declinétis neque ad déxteram, neque ad sinístram.
et ne vous détournez ni à droite ni à gauche,
22 Et contaminábis láminas sculptílium argénti tui,
22. Et tu regarderas comme choses souillées les lames d’argent de tes images taillées au ciseau,
et vestiméntum conflátilis auri
tui,
et le vêtement de ta statue d’or jetée en fonte,
et dispérges ea sicut
immundítiam menstruátæ.
et tu les rejetteras comme un linge souillé.
Egrédere, dices ei.
Sors, lui diras-tu ;
23 Et dábitur plúvia sémini tuo,
23. Et la pluie sera accordée à ta semence,
ubicúmque semináveris in terra,
partout où tu auras semé sur la terre,
et panis frugum terræ
et le pain produit des grains de la terre
erit ubérrimus et pinguis ;
sera très abondant et gras ;
pascétur in possessióne tua in die illo agnus spatióse,
dans ta possession, en ce jour-là, l’agneau paîtra spacieusement.
24 et tauri tui, et pulli asinórum,
24. Et les taureaux et les petits des ânes
qui operántur terram,
qui labourent la terre,
commístum migma cómedent
mangeront les grains mêlés ensemble,
sicut in área ventilátum est.
comme dans l’aire ils auront été vannés.
25 Et erunt super omnem montem excélsum,
25. Et il y aura sur toute haute montagne
et super omnem collem elevátum,
et sur toute colline élevée,
rivi curréntium aquárum,
des ruisseaux d’eaux courantes,
in die interfectiónis multórum,
au jour où beaucoup auront été tués,
cum cecíderint turres :
et lorsque seront tombées les tours.
26 et erit lux lunæ sicut lux solis,
26. Et sera la lumière de la lune comme la lumière du soleil,
et lux solis erit septemplíciter
et la lumière du soleil sera septuplée,
sicut lux septem diérum,
égale à la lumière de sept jours,
in die qua alligáverit
Dóminus vulnus pópuli sui,
au jour où le Seigneur aura lié la blessure de son peuple
et percussúram plagæ ejus sanáverit.
et guéri le coup de sa plaie.
27 Ecce nomen Dómini venit de longínquo,
27. Voici que le nom du Seigneur vient de loin ;
ardens furor ejus, et gravis ad portándum ;
ardente est sa fureur, et lourde à porter ;
lábia ejus repléta sunt indignatióne,
ses lèvres sont pleines d’indignation,
et lingua ejus quasi ignis
dévorans.
sa langue est comme un feu dévorant.
28 Spíritus ejus velut torrens
28. Son souffle est un torrent débordé,
inúndans usque ad médium colli,
qui atteint jusqu’au milieu du cou,
ad perdéndas gentes in níhilum,
pour réduire des nations au néant,
et frenum erróris quod erat in maxíllis populórum.
et briser le frein d’erreur qui était aux mâchoires des peuples.
29 Cánticum erit vobis
29. Vous chanterez
sicut nox sanctificátæ solemnitátis,
comme dans la nuit d’une sainte solennité,
et lætítia cordis
et la joie de votre cœur sera
sicut qui pergit cum tíbia,
comme la joie de celui qui va avec la flute,
ut intret in montem Dómini
afin de se présenter sur la montagne du Seigneur,
ad Fortem Israël.
au fort d’Israël.
30 Et audítam fáciet Dóminus glóriam vocis suæ,
30. Et le Seigneur fera entendre la majesté de sa voix,
et terrórem bráchii sui
osténdet
et il montrera la terreur de son bras dans une menace de fureur,
in comminatióne furóris, et
flamma ignis devorántis :
et dans la flamme d’un feu dévorant ;
allídet in túrbine, et in lápide grándinis.
il brisera par un tourbillon et par des pierres de grêle.
31 A voce enim Dómini pavébit Assur
31. Car à la voix du Seigneur Assur tremblera d’effroi,
virga percússus.
frappé de sa verge.
32 Et erit tránsitus virgæ fundátus,
32. Et le passage de la verge sera affermi ;
quam requiéscere fáciet Dóminus super eum
le Seigneur la fera reposer sur lui
in týmpanis et cítharis ;
au milieu des tambours et des harpes,
et in bellis præcípuis
expugnábit eos.
et dans des guerres considérables il les vaincra.
33 Præparáta est enim ab heri Topheth,
33. Car Topheth est préparée depuis hier,
a rege præparáta,
par le roi préparée,
profúnda, et dilatáta.
profonde et étendue.
Nutriménta ejus, ignis et ligna
multa ;
Ses aliments sont du feu et beaucoup de bois ;
flatus Dómini sicut torrens súlphuris succéndens eam.
le souffle du Seigneur comme un torrent de soufre l’embrase.
~
CHAP. XXX.
2. Ma bouche ; les ordres, les oracles sortis de ma bouche.
3. L’ombre : c’est-à-dire la protection.
4. Tanis ; ville d’Égypte, c’est la Mansoura d’aujourd’hui. Compar. Num. XIII, 23 ; Ps. LXXVII, 43. — Hanés ; ville d’Égypte ; saint Jérôme croit qu’elle était à l’extrémité méridionale de l’Égypte, vers les frontières de l’Éthiopie. — * Sur Tanis, voir plus haut, XIX, 11. — Hanés, en égyptien Chenensu, Heracleopolis magna, dans l’Égypte moyenne, était alors, comme Tanis et plusieurs autres villes de la vallée du Nil, la capitale d’un petit royaume.
5. Ils ; c’est-à-dire le peuple, qui, étant un collectif, représente le nombre pluriel.
6. Malheur accablant. Voy. XIII, 1. — D’où ; litter., selon l’hébreu et la Vulgate, d’eux (ex eis) ; le pronom se rapporte à terræ, qui s’entend quelquefois dans l’Écriture, non du sol, mais des habitants. — * Des bêtes du Midi. En hébreu, bahamoth, peut-être le behemoth ou hippopotame du livre de Job. XL, 15, qui peut être très exactement considéré comme le symbole de l’Égypte, laquelle avait grande confiance en sa puissance, mais était lente à se mettre en mouvement et était arrivée trop tard pour secourir Samarie assiégée par les Assyriens. — La vipère. Assarhaddon, dans le récit de sa campagne contre l’Arabie, dit que ce pays était plein de vipères et de scorpions. — Le basilic volant. Cette qualification de volant provient sans doute de ce que les serpents peuvent monter sur les arbres comme les oiseaux qui volent.
8. Entre, etc. C’est le Seigneur qui parle au prophète.
10. Ceux qui voient, ceux qui regardent ; c’est-à-dire les voyants, ceux qui ont des visions prophétiques, les prophètes.
13. Qui est recherchée (requisita) ; par l’ennemi, à qui, en effet, elle offre un moyen d’entrer dans la ville (Job. XXX, 14).
14. Comme on brise d’un brisement ; genre de répétition qu’on a déjà vu souvent, et qui a pour but de donner de l’énergie à l’idée exprimée par le verbe.
16. Vers des chevaux ; la cavalerie des Égyptiens. Compar. XXXI, 1.
17. Par la terreur d’un seul ; littér. à la face d’un seul ; c’est-à-dire un seul homme de l’ennemi en épouvantera mille d’entre vous.
20. Celui qui t’instruit (doctorem tuum), ton maitre (præceptorem tuum). L’Église, dans l’office de l’Avent, fait l’application de ces paroles à Jésus-Christ, qui est, en effet, notre docteur et notre maitre par excellence.
22. Les lames, etc. ; c’est-à-dire les lames d’argent dont sont couvertes, etc. — Images taillées au ciseau. L’Écriture emploie ordinairement cette expression pour désigner les idoles. — De tes images d’argent, de ta statue d’or ; littér. de ton argent, de ton or. En vertu d’un hébraïsme très commun, le pronom possessif ne se joint pas immédiatement au nom qu’il représente, mais au complément de ce nom.
26. La lumière, etc. Saint Jérôme voit ici la gloire du monde futur, c’est-à-dire de ces nouveaux cieux dont parlent saint Pierre (II Petr. III, 13) et saint Jean (Apoc. XXI, 1-5). Voir infra LXVI, 22. Comp. LXV, 17-25 ; supra XI, 6-9.
27. Le nom du Seigneur ; sa majesté, le Seigneur lui-même. Compar. V, 11 ; VII, 17 ; VIII, 1, 8, etc. — De loin ; après un long intervalle de temps.
29. Comme dans la nuit ; littér. comme la nuit ; genre de figure qui n’est pas étrangère au style biblique. Les fêtes des Hébreux commençaient la veille au soir. Aux trois plus solennelles, qui étaient celles de Pâques, de la Pentecôte et des Tabernacles, on se rendait à Jérusalem de toute la Judée, et même des provinces étrangères (Deut. XVI, 16 ; Ps. CXXI, 4). Il est très probable qu’on chantait des cantiques de joie pendant toute la solennité.
30. Sa voix ; c’est-à-dire le tonnerre. Au verset suivant, comme dans une infinité d’autres passages de l’Écriture, la voix du Seigneur a ce sens. Compar. Ps. XXVIII, 3 et suiv.
32. Sur lui ; sur Assur. — Au milieu des tambours, etc. des Israélites, qui loueront le Seigneur. — Il les vaincra ; les Assyriens.
33. Topheth ; lieu situé dans une vallée voisine de Jérusalem, où les Israélites brulaient leurs enfants en l’honneur de Moloch, idole des Ammonites. Compar. Jos. XV, 8 ; III Reg. XI, 7 ; II Par. XXVIII, 3 ; Jer. VII, 31, etc. — * Dans l’hébreu : Topheth, c’est-à-dire le bûcher est préparé pour le roi d’Assyrie, Sennachérib. C’est la prédiction de l’extermination de l’armée assyrienne racontée plus loin, XXXVII, 36.
²
Vaine confiance de la Judée dans le secours de l’Égypte. Délivrance de Jérusalem. Défaite de ses ennemis.
1 Væ qui descéndunt in Ægýptum ad auxílium,
1. Malheur à ceux qui descendront en Égypte pour y chercher du secours,
in equis sperántes,
qui espèrent dans des chevaux,
et habéntes fidúciam super
quadrígis, quia multæ sunt ;
et qui ont confiance dans des quadriges, parce qu’ils sont nombreux,
et super equítibus, quia
præválidi nimis ;
et dans des cavaliers, parce qu’ils sont très forts,
et non sunt confísi super
Sanctum Israël,
et qui ne se sont pas confiés au saint d’Israël,
et Dóminum non requisiérunt !
et n’ont pas recherché le Seigneur.
2 Ipse autem sápiens addúxit malum,
2. Mais lui-même sage a amené le malheur,
et verba sua non
ábstulit ;
et n’a pas retiré ses paroles ;
et consúrget contra domum
pessimórum,
et il s’élèvera contre la maison des méchants,
et contra auxílium operántium iniquitátem.
et contre le secours de ceux qui opèrent l’iniquité.
3 Ægýptus homo, et non deus ;
3. L’Égypte est un homme et non un Dieu ;
et equi eórum caro, et non
spíritus ;
et leurs chevaux sont chair, et non esprit ;
et Dóminus inclinábit manum
suam,
et le Seigneur inclinera sa main,
et córruet auxiliátor, et cadet
cui præstátur auxílium,
et l’auxiliaire sera renversé à terre, et il tombera, celui à qui est donné secours,
simúlque omnes consuméntur.
et tous ensemble seront détruits.
4 Quia hæc dicit Dóminus ad me :
4. Car voici ce que dit le Seigneur :
Quómodo si rúgiat leo
Comme si un lion
et cátulus leónis super prædam
suam ;
et le petit d’un lion rugissent en se jetant sur leur proie,
et cum occúrrerit ei multitúdo pastórum,
et que coure contre eux une multitude de pasteurs,
a voce eórum non
formidábit,
ils ne s’effrayeront pas de leur voix,
et a multitúdine eórum non
pavébit :
et ne s’épouvanteront pas de leur multitude ;
sic descéndet Dóminus
exercítuum ut præliétur
ainsi descendra le Seigneur des armées,
super montem Sion et super collem ejus.
afin de combattre sur la montagne de Sion et sur sa colline.
5 Sicut aves volántes,
5. Comme des oiseaux qui volent au secours de leurs petits,
sic próteget Dóminus exercítuum Jerúsalem,
ainsi le Seigneur des armées protègera Jérusalem ;
prótegens et líberans,
tránsiens et salvans.
la protégeant et la délivrant, passant et la sauvant.
6 Convertímini, sicut in profúndum recesserátis,
6. Revenez, selon que vous vous étiez profondément éloignés,
fílii Israël.
fils d’Israël.
7 In die enim illa abjíciet vir
7. Car en ce jour-là, chacun rejettera
idóla argénti sui, et
idóla auri sui,
ses idoles d’argent et ses idoles d’or,
quæ fecérunt vobis manus vestræ in peccátum.
que vos mains vous ont faites pour le péché.
8 Et cadet Assur in gládio non viri,
8. Et Assur tombera, par le glaive non d’un homme,
et gládius non hóminis vorábit
eum :
et le glaive non d’un homme le dévorera, et il foira,
et fúgiet non a fácie gládii,
non à la face du glaive,
et júvenes ejus vectigáles
erunt.
et ses jeunes hommes seront tributaires ;
9 Et fortitúdo ejus a terróre transíbit,
9. Et sa force disparaitra par la terreur,
et pavébunt fugiéntes príncipes
ejus,
et ses princes fuyant seront épouvantés,
dixit Dóminus : cujus
ignis est in Sion
a dit le Seigneur, dont le feu est dans Sion,
et camínus ejus in Jerúsalem.
et le foyer dans Jérusalem.
~
CHAP. XXXI. 3. Joan. VI, 64.
2. N’a pas retiré ses paroles ; n’a pas manqué d’accomplir ce qu’il avait dit par ses prophètes.
4. * Comme si un lion, etc. Ce passage a tout à fait le ton et l’accent homérique.
7. En ce jour-là ; au jour de la délivrance. — Chacun ; c’est le vrai sens du latin vir, expliqué par l’hébreu. — Ses idoles d’argent ; littér. les idoles de son argent. Voy. XXX, 22.
8. Par le glaive non d’un homme. Compar. XXX, 30 ; XXXVII, 36 ; IV Reg. XIX, 35 ; II Par. XXXII, 21.
9. Le feu, le foyer ; c’est-à-dire l’autel des holocaustes et le temple.
²
Règne de Justice promis à Juda. Désolation de la Judée. Son rétablissement. Ruine de ses ennemis.
1 Ecce in justítia regnábit rex,
1. Voici que dans la justice règnera un roi,
et príncipes in judício prǽerunt.
et que des princes gouverneront selon le droit.
2 Et erit vir sicut qui abscónditur a vento,
2. Et chacun sera comme celui qui est à l’abri du vent,
et celat se a tempestáte ;
qui se cache à la tempête,
sicut rivi aquárum in siti,
comme des ruisseaux d’eaux dans la soif,
et umbra petræ
prominéntis in terra desérta.
comme l’ombre d’une pierre avancée dans une terre déserte.
3 Non caligábunt óculi vidéntium,
3. Ils ne seront pas obscurcis, les yeux de ceux qui verront ;
et aures audiéntium diligénter
auscultábunt.
et les oreilles de ceux qui entendront écouteront attentivement.
4 Et cor stultórum intélliget sciéntiam,
4. Et le cœur des insensés comprendra la science,
et lingua balbórum velóciter
loquétur et plane.
et la langue des bègues parlera vite et nettement.
5 Non vocábitur ultra is qui insípiens est,
princeps,
5. Il ne portera plus le nom de prince, celui qui manque de sagesse,
neque frauduléntus appellábitur major ;
et le frauduleux ne sera pas appelé grand ;
6 stultus enim fátua loquétur,
6. Car l’insensé dira des paroles extravagantes,
et cor ejus fáciet iniquitátem,
et son cœur commettra l’iniquité,
ut perfíciat simulatiónem,
afin de parfaire la simulation,
et loquátur ad Dóminum fraudulénter,
et de parler à Dieu frauduleusement,
et vácuam fáciat ánimam
esuriéntis,
et de rendre vide l’âme de celui qui a faim,
et potum sitiénti áuferat.
et ôter le boire à celui qui a soif.
7 Fraudulénti vasa péssima sunt ;
7. Les armes du frauduleux sont très cruelles ;
ipse enim cogitatiónes concinnávit
car c’est lui qui a combiné des pensées,
ad perdéndos mites in sermóne mendácii,
pour perdre des hommes doux par un discours menteur,
cum loquerétur pauper judícium.
lorsque le pauvre parlait justice.
8 Princeps vero ea quæ digna sunt
príncipe cogitábit,
8. Mais un prince pensera des choses qui sont dignes d’un prince,
et ipse super duces stabit.
et il se tiendra lui-même ferme au-dessus des chefs.
9 Mulíeres opuléntæ, súrgite,
9. Femmes opulentes, levez-vous,
et audíte vocem meam ;
et entendez ma voix ;
fíliæ confidéntes,
filles confiantes,
percípite áuribus elóquium meum.
prêtez l’oreille à mes paroles.
10 Post dies enim et annum,
10. Car après des jours et un an,
vos conturbabímini confidéntes ;
vous serez troublées, vous confiantes ;
consummáta est enim vindémia,
car la vendange est achevée ;
colléctio ultra non véniet.
et la récolte ne viendra plus.
11 Obstupéscite, opuléntæ ;
11. Soyez dans la stupeur, femmes opulentes,
conturbámini, confidéntes :
soyez troublées, filles confiantes ;
exúite vos et confundímini ;
dépouillez-vous, et soyez couvertes de confusion,
accíngite lumbos vestros.
et ceignez vos reins.
12 Super úbera plángite,
12. Pleurez sur des enfants à la mamelle,
super regióne desiderábili,
sur une contrée délicieuse,
super vínea fértili.
sur une vigne fertile.
13 Super humum pópuli mei
13. Sur le sol de mon peuple monteront
spinæ et vepres ascéndent :
des épines et des ronces ;
quanto magis super omnes domos
gáudii
combien plus sur toutes les maisons joyeuses
civitátis exultántis !
d’une cité exultante ?
14 Domus enim dimíssa est,
14. La maison a été abandonnée,
multitúdo urbis relícta est,
la multitude de la ville a été délaissée ;
ténebræ et palpátio
des ténèbres palpables
factæ sunt super spelúncas usque in ætérnum ;
se sont formées sur des cavernes pour jamais.
gáudium onagrórum,
La joie des onagres,
páscua gregum.
ce sont les pâturages des troupeaux,
15 Donec effundátur super nos
15. Jusqu’à ce que soit répandu sur nous
spíritus de excélso,
l’esprit du haut du ciel,
et erit desértum in charmél,
et un désert sera converti en charmel ;
et charmél in saltum reputábitur.
et le charmel pour la forêt sera réputé ;
16 Et habitábit in solitúdine judícium,
16. Et le droit habitera dans la solitude,
et justítia in charmél sedébit.
et la justice dans le charmel siègera ;
17 Et erit opus justítiæ pax,
17. Et la paix sera l’ouvrage de la justice,
et cultus justítiæ siléntium,
et l’observation de la justice,
et secúritas usque in
sempitérnum.
le silence et la sécurité à jamais.
18 Et sedébit pópulus meus in pulchritúdine pacis,
18. Mon peuple se reposera dans la beauté de la paix,
et in tabernáculis fidúciæ,
dans des tabernacles de confiance,
et in réquie opulénta.
et dans un repos opulent.
19 Grando autem in descensióne
saltus,
19. Mais la grêle descendra sur la forêt,
et humilitáte humiliábitur cívitas.
et d’humiliation sera humiliée la cité.
20 Beáti qui seminátis super omnes aquas,
20. Bienheureux, vous qui semez sur toutes les eaux,
immitténtes pedem bovis et
ásini.
y envoyant le pied du bœuf et de l’âne.
~
CHAP. XXXII.
1. Un roi, etc. Ceci s’entend du règne d’Ézéchias, mais mieux encore du règne de Jésus-Christ dont Ézéchias était la figure. — Des princes ; ces princes représentent les apôtres.
3. Ceux qui verront ; c’est-à-dire les voyants (vidéntium), ou prophètes.
5. Il ne portera plus, etc. Isaïe oppose le règne d’Ézéchias ou de Josias, princes magnifiques, bienfaisants, au règne d’Achaz, qui avait opprimé ses peuples et les avait épuisés par ses exactions.
7. * Les armes traduit ici vases, de l’original et de la Vulgate, et signifie les machinations, les sourdes manœuvres du trompeur frauduleux.
8. Il se tiendra, etc. ; il exercera son autorité d’une main ferme sur les ministres qu’il choisira pour diriger son peuple.
9-20. * Le prophète s’adresse spécialement aux femmes riches qui semblent se tenir à l’écart et se livrer à leurs plaisirs, en se montrant indifférentes à ce qui se passe.
10. Après, etc. ; c’est-à-dire après un an et des jours ; ou mieux, après un an et un an (compar. XXIX, 1), après deux ans. D’autant que le mot hébreu jour signifie souvent une année quand il est mis au pluriel.
11. Dépouillez-vous de vos beaux ornements. — Ceignez vos reins ; prenez des vêtements de deuil et de pénitence.
14. La maison ; est probablement mis pour le pluriel les maisons ; l’hébreu porte un palais. — * La joie des onagres. Sur l’onagre, voir Job. XXIV, 5 ; XXXIX, 5-8.
15. Un désert, etc. Compar. XXIX, 17.
19. Descendra ; littér. dans l’action de descendre ; c’est le vrai sens de l’hébreu que la Vulgate a parfaitement rendu par in descensione. — D’humiliation sera humiliée ; hébraïsme, pour : sera profondément, ou entièrement humiliée. — La cité ; probablement Ninive, prise par Nabuchodonosor et Astyage, sous le règne de Josias.
20. Sur toutes les eaux ; sur tous les terrains bien arrosés. — Y envoyant, etc. ; en y envoyant le bœuf et l’âne paitre ou fouler le grain.
²
Ruine des ennemis de Juda. Délivrance du peuple. Gloire de Jérusalem.
1 Væ qui prædáris ! nonne et ipse
prædáberis ?
1. Malheur à toi qui pilles ; est-ce que toi-même tu ne seras pas aussi pillé ?
et qui spernis, nonne et ipse
spernéris ?
et toi qui méprises, est-ce que toi-même tu ne seras pas méprisé ?
Cum consummáveris deprædatiónem, deprædáberis ;
Lorsque tu auras consommé le pillage, tu seras pillé ;
cum fatigátus desíeris
contémnere, contemnéris.
lorsque fatigué, tu cesseras de mépriser, tu seras méprisé.
2 Dómine, miserére nostri,
2. Seigneur, ayez pitié de nous,
te enim exspectávimus ;
car c’est vous que nous avons attendu ;
esto bráchium nostrum in mane,
soyez notre bras dès le matin,
et salus nostra in témpore
tribulatiónis.
et notre salut au temps de la tribulation.
3 A voce ángeli fugérunt pópuli,
3. À la voix de l’ange, des peuples ont fui,
et ab exaltatióne tua dispérsæ
sunt gentes.
et à cause de votre grandeur, des nations ont été dispersées.
4 Et congregabúntur spólia vestra sicut collígitur bruchus,
4. Et on amassera vos dépouilles, comme on amasse la sauterelle,
velut cum fossæ plenæ fúerint
de eo.
comme lorsqu’on en remplit des fosses.
5 Magnificátus est Dóminus, quóniam habitávit in
excélso ;
5. Le Seigneur a été magnifié, car il habite dans un lieu élevé ;
implévit Sion judício et
justítia.
il a rempli Sion de jugement et de justice.
6 Et erit fides in tempóribus tuis :
6. Et la fidélité existera en tes jours ;
divítiæ salútis sapiéntia et
sciéntia ;
la sagesse et la science seront des richesses de salut ;
timor Dómini ipse est thesáurus ejus.
et la crainte du Seigneur est son trésor.
7 Ecce vidéntes clamábunt foris ;
7. Voilà que voyant ils crieront au dehors ;
ángeli pacis amáre flebunt.
des anges de paix pleureront amèrement.
8 Dissipátæ sunt viæ,
8. Les voies ont été détruites,
cessávit tránsiens per sémitam :
le passant a cessé d’aller par le sentier,
írritum factum est pactum,
projécit civitátes,
l’alliance est devenue sans effet ;
non reputávit hómines.
il a rejeté des cités, il a compté pour rien les hommes.
9 Luxit et elánguit terra ;
9. La terre a pleuré, et elle a langui ;
confúsus est Líbanus, et
obsórduit :
le Liban a été couvert de confusion et avili ;
et factus est Saron sicut
desértum,
et le Saron est devenu comme un désert ;
et concússa est Basan, et
Carmélus.
et Basan a été ébranlé ainsi que le Carmel.
10 Nunc consúrgam, dicit Dóminus ;
10. Maintenant je me lèverai, dit le Seigneur ;
nunc exaltábor, nunc sublevábor.
maintenant je serai exalté, maintenant je serai élevé.
11 Concipiétis ardórem, pariétis stípulam ;
11. Vous concevrez de la flamme, et vous enfanterez de la paille ;
spíritus vester ut ignis
vorábit vos.
votre esprit comme un feu vous dévorera.
12 Et erunt pópuli quasi de incéndio cinis ;
12. Les peuples seront comme la cendre après un incendie ;
spinæ congregátæ igni comburéntur.
comme des épines rassemblées, ils seront brulés par le feu.
13 Audíte, qui longe estis, quæ fécerim ;
13. Écoutez, vous qui êtes au loin, ce que j’ai fait,
et cognóscite, vicíni,
fortitúdinem meam.
et connaissez, vous qui êtes proches, ma puissance.
14 Contérriti sunt in Sion peccatóres ;
14. Les pécheurs ont été atterrés dans Sion ;
possédit tremor hypócritas.
la terreur a saisi les hypocrites ;
Quis póterit habitáre de vobis
cum igne devoránte ?
qui de vous pourra habiter avec un feu dévorant ?
quis habitábit ex vobis cum
ardóribus sempitérnis ?
qui de vous habitera avec des flammes éternelles ?
15 Qui ámbulat in justítiis et lóquitur veritátem,
15. Celui qui marche dans la justice, et parle vérité ;
qui prójicit avarítiam ex
calúmnia,
qui rejette un gain fruit de la calomnie,
et éxcutit manus suas ab omni
múnere,
et secoue ses mains de tout présent ;
qui obtúrat aures suas ne
áudiat sánguinem,
qui bouche ses oreilles, afin de ne pas entendre des paroles de sang,
et claudit óculos suos ne
vídeat malum.
et ferme ses yeux afin de ne pas voir le mal ;
16 Iste in excélsis habitábit ;
16. Celui-là habitera dans des hauts lieux ;
muniménta saxórum sublímitas ejus :
des roches fortifiées seront sa demeure élevée ;
panis ei datus est, aquæ ejus
fidéles sunt.
le pain lui a été donné, et ses eaux sont fidèles.
17 Regem in decóre suo vidébunt óculi ejus,
17. Ses yeux verront un roi dans son éclat ;
cernent terram de longe.
ils apercevront une terre de loin.
18 Cor tuum meditábitur timórem :
18. Ton cœur méditera la crainte : Où est le savant ?
ubi est litterátus ? ubi
legis verba pónderans ?
où est celui qui pèse les paroles de la loi ?
ubi doctor parvulórum ?
où est le maitre des petits enfants ?
19 Pópulum impudéntem non vidébis,
19. Tu ne verras pas un peuple impudent,
pópulum alti sermónis, ita ut
non possis intellígere
un peuple au discours profond ; de manière que tu ne puisses comprendre
disertitúdinem linguæ
ejus, in quo nulla est sapiéntia.
son langage disert ; un peuple dans lequel il n’est aucune sagesse.
20 Réspice, Sion, civitátem solemnitátis nostræ :
20. Regarde, Sion, la ville de nos solennités ;
óculi tui vidébunt Jerúsalem,
tes yeux verront Jérusalem,
habitatiónem opuléntam,
habitation opulente,
tabernáculum quod nequáquam
transférri póterit ;
tabernacle qui en aucune manière ne pourra être transporté ;
nec auferéntur clavi ejus in sempitérnum,
et ses clous ne seront jamais enlevés,
et omnes funículi ejus non
rumpéntur :
et aucun de ses cordages ne sera rompu ;
21 quia solúmmodo ibi magníficus est Dóminus
noster :
21. car c’est là seulement que notre Seigneur est magnifique ;
locus fluviórum rivi latíssimi
et paténtes :
le lieu occupé par les fleuves offrira des canaux très larges et très spacieux ;
non transíbit per eum navis
rémigum,
il n’y passera pas de vaisseau à rames,
neque triéris magna
transgrediétur eum.
et la grande trirème ne le traversera pas.
22 Dóminus enim judex noster,
22. Car le Seigneur est notre juge,
Dóminus légifer noster,
le Seigneur est notre législateur ;
Dóminus rex noster,
le Seigneur est notre roi ;
ipse salvábit nos.
c’est lui qui nous sauvera.
23 Laxáti sunt funículi tui,
23. Tes cordages se sont relâchés,
et non prævalébunt ;
et ils n’auront plus de force ;
sic erit malus tuus
tel sera ton mât,
ut dilatáre signum non queas.
que tu ne pourras pas étendre ton signal.
Tunc dividéntur spólia prædárum
multárum ;
Alors on partagera les dépouilles et le grand butin ;
claudi dirípient rapínam.
des boiteux même enlèveront du butin.
24 Nec dicet vicínus : Elángui ;
24. Et un voisin ne dira pas : Je suis las ;
pópulus qui hábitat in ea,
auferétur ab eo iníquitas.
quant au peuple qui y habitera, l’iniquité lui sera ôtée.
~
CHAP.
XXXIII. 15. Ps. XIV, 2. — 18. I Cor. I, 20.
1. Malheur, etc. ; ces menaces s’adressent à Sennachérib, qui était la figure des ennemis de l’Église.
4. Vos dépouilles ; ô Assyriens. — La sauterelle sans ailes (bruchus).
5. Dans un lieu élevé ; d’où il voit tout.
6. En tes jours, etc. Cela se rapporte au règne du roi Ézéchias, mais dans un sens plus relevé à la domination du Messie.
7. Voilà, etc. Les Juifs de la campagne, voyant leur pays ravagé, crieront au dehors de Jérusalem. — Des anges de paix ; des députés pour demander la paix. Compar. IV Reg. XVIII, 14.
8. Il a rejeté, etc. Tout ceci est dit de Sennachérib.
9. * Saron ; plaine sur les bords de la Méditerranée, au nord de la Sephela, et au sud du Carmel. — Basan. Voir Num. XXI, 33.
11. Vous concevrez, etc. Le prophète parle aux Assyriens.
15. Un gain ; c’est le sens de l’hébreu ; la Vulgate porte l’avarice (avaritiam). — De la calomnie ; selon l’hébreu, d’oppressions. — De tout présent ; c’est-à-dire, selon le texte original, pour ne pas prendre, ne pas recevoir de présent.
16. Des roches fortifiées ; littér. des fortifications de roches. — Sont fidèles ; c’est-à-dire coulent en tout temps, ne font jamais défaut.
17. Un roi, etc. ; Ézéchias, environné de gloire, après la défaite de ses ennemis. — Une terre ; leur patrie.
19. * Un peuple au discours profond ; les Assyriens, dont les Hébreux ne comprenaient pas le langage.
20. Ses clous (clavi ejus) ; ou plutôt ses pieux suivant le terme hébreu, que la Vulgate elle-même a rendu presque partout ailleurs par pieu. — Sion et Jérusalem ; représentent ici l’Église à qui seule appartient l’entier accomplissement de ces promesses magnifiques.
21. Le lieu, etc. Les fleuves seront si larges et si rapides, que les plus grands vaisseaux de l’ennemi ne pourront les traverser pour venir nous attaquer.
23. Ils n’auront plus de force ; soit pour résister à la violence du vent, soit pour maintenir le mât, soit pour soutenir les voiles. — Les dépouilles et le grand butin ; litter., et par hébraïsme, les dépouilles du grand butin.
24. L’iniquité ; c’est-à-dire la peine de l’iniquité, tout mal, toute misère qui est la punition de l’iniquité. On a déjà vu souvent que dans le style biblique, le péché, l’iniquité signifient aussi la peine due au péché, à l’iniquité.
²
Vengeance du Seigneur contre les nations, et en particulier contre l’Idumée.
1 Accédite, gentes, et audíte ;
1. Approchez, nations, et écoutez ;
et pópuli, atténdite :
peuples, soyez attentifs :
áudiat terra, et plenitúdo
ejus ;
que la terre écoute, ainsi que sa plénitude,
orbis, et omne germen ejus.
le disque et tout ce qu’il produit.
2 Quia indignátio Dómini super
omnes gentes,
2. Parce que l’indignation du Seigneur est sur toutes les nations,
et furor super univérsam milítiam eórum :
et sa fureur sur leur milice entière ;
interfécit eos, et dedit eos in occisiónem.
il les a tués et les a livrés au carnage.
3 Interfécti eórum projiciéntur,
3. Ceux qui leur ont été tués seront jetés dehors,
et de cadavéribus eórum
ascéndet fœtor ;
et de leurs cadavres s’élèvera une odeur fétide,
tabéscent montes a sánguine eórum.
et des montagnes se liquéfieront par leur sang.
4 Et tabéscet omnis milítia cælórum,
4. Et toute la milice des cieux se liquéfiera ;
et complicabúntur sicut liber
cæli :
et les cieux se rouleront comme un livre ;
et omnis milítia eórum défluet,
et toute leur milice tombera
sicut défluit fólium de vínea
et de ficu.
comme tombe une feuille d’une vigne et d’un figuier.
5 Quóniam inebriátus est in cælo gládius meus ;
5. Parce que mon glaive s’est enivré de sang dans le ciel ;
ecce super Idumǽam descéndet,
voici qu’il descendra sur l’Idumée,
et super pópulum interfectiónis meæ, ad judícium.
et sur un peuple que j’ai voué à la mort, pour le juger.
6 Gládius Dómini replétus est sánguine,
6. Le glaive du Seigneur est plein de sang,
incrassátus est ádipe,
il est couvert de graisse ;
de sánguine agnórum et
hircórum,
du sang des agneaux et des boucs,
de sánguine medullatórum aríetum :
du sang des béliers les plus gras ;
víctima enim
Dómini in Bosra,
car il y a une victime du Seigneur à Bosra,
et interféctio magna in
terra Edóm.
et un grand carnage dans la terre d’Édom.
7 Et descéndent unicórnes cum eis,
7. Et des licornes descendront avec eux,
et tauri cum poténtibus ;
et des taureaux avec les puissants d’entre eux :
inebriábitur terra eórum sánguine,
leur terre sera enivrée de sang,
et humus eórum ádipe pínguium.
et leur sol de la graisse des gras ;
8 Quia dies ultiónis Dómini,
8. Parce que c’est le jour de la vengeance du Seigneur,
annus retributiónum judícii Sion.
l’année des rétributions dans le jugement de Sion.
9 Et converténtur torréntes ejus in picem,
9. Et ses torrents seront convertis en poix,
et humus ejus in sulphur ;
et son sol en soufre,
et erit terra ejus in picem ardéntem.
et sa terre deviendra une poix brulante.
10 Nocte et die non extinguétur,
10. Ni nuit ni jour le feu ne s’éteindra,
in sempitérnum ascéndet fumus ejus,
à jamais s’élèvera sa fumée ;
a generatióne in generatiónem desolábitur,
de génération en génération elle sera désolée ;
in sǽcula sæculórum non erit tránsiens per eam.
dans les siècles des siècles personne n’y passera.
11 Et possidébunt illam onocrótalus et
erícius ;
11. Et l’onocrotale et le hérisson la possèderont ;
ibis et corvus habitábunt in
ea :
l’ibis et le corbeau y habiteront ;
et extendétur super eam mensúra, ut redigátur ad níhilum,
et le cordeau sera étendu sur elle,
et perpendículum in desolatiónem.
afin qu’elle soit réduite au néant, et le niveau pour sa ruine.
12 Nóbiles ejus non erunt ibi ; regem pótius
invocábunt,
12. Ses nobles ne seront pas là ; ils invoqueront un roi,
et omnes príncipes ejus erunt
in níhilum.
et tous ses princes seront anéantis.
13 Et oriéntur in dómibus ejus spinæ et urtícæ,
13. Et les épines et les orties croitront dans ses maisons,
et palíurus in munitiónibus ejus ;
et le paliure dans ses forteresses ;
et erit cubíle dracónum,
et elle sera le repaire des dragons
et páscua struthiónum.
et le pâturage des autruches.
14 Et occúrrent dæmónia onocéntauris,
14. Les démons y rencontreront les onocentaures,
et pilósus clamábit alter ad
álterum ;
et le bouc criera, l’un à l’autre ;
ibi cubávit lámia,
là s’est couchée la lamie,
et invénit sibi réquiem.
et elle y a trouvé son repos.
15 Ibi hábuit fóveam erícius, et enutrívit cátulos,
15. Le hérisson a eu une tanière, et a nourri ses petits,
et circumfódit, et fovit in
umbra ejus ;
et il a creusé tout autour, et il les a réchauffés sous son ombre ;
illuc congregáti sunt milvi, alter ad álterum.
là se sont assemblés les milans, l’un près de l’autre.
16 Requírite diligénter in libro Dómini, et
légite :
16. Recherchez dans le livre du Seigneur, et lisez ;
Unum ex eis non défuit,
une seule de ces choses n’a pas manqué ;
alter álterum non quæsívit ;
l’un n’a pas cherché l’autre ;
quia quod ex ore meo procédit,
ille mandávit,
parce que ce qui procède de ma bouche, c’est lui qui l’a commandé,
et spíritus ejus ipse
congregávit ea.
et que son esprit lui-même a rassemblé ces choses.
17 Et ipse misit eis sortem,
17. Et lui-même a jeté pour eux le sort,
et manus ejus divísit eam illis in mensúram :
et sa main a divisé leur part au cordeau ;
usque in ætérnum possidébunt eam ;
jusqu’à l’éternité ils la possèderont,
in generatiónem et generatiónem habitábunt in ea.
et dans toutes les générations ils y habiteront.
~
CHAP. XXXIV.
2. Leur (eorum), et les (eos). Ces pronoms masculins se rapportent au nom ennemis sous-entendu.
3. Et des montagnes, etc. La quantité du sang répandu sera si grande, que la terre des montagnes se fondera et s’écoulera, en quelque sorte, comme il arrive dans un débordement extraordinaire des eaux. C’est une expression hyperbolique.
4. Toute la milice, etc. ; autre expression hyperbolique, pour dire que les astres eux-mêmes participeront à la commotion générale. — Se rouleront, etc. Chez les anciens, les livres étaient formés de rouleaux d’écorce d’arbres. Ce qui est dit ici et dans le verset suivant se rapporte aussi à la fin du monde. Compar. Matth. XXIV, 29 ; II Petr. III, 12 ; Apoc. VI, 12-14.
6. Bosra ; une des principales villes de l’Idumée. — La terre d’Édom ; l’Idumée. — Sur Bosra, voir Gen. XXXVI, 33.
7. * Des licornes ; en hébreu, re’énim, des bœufs sauvages.
8. L’année, etc. ; c’est-à-dire l’année où dans un jugement le Seigneur fera justice à Sion, en lui rendant ce que ses ennemis lui avaient enlevé.
9. * Poix, soufre. Ces comparaisons rappellent les volcans de l’Idumée et les désastres de Sodome et de Gomorrhe.
11, 14, 15. * Voir plus haut, XIII, 21-22.
14. Le bouc. Voy., sur le sens de ce mot, XIII, 21. — * La lamie, hébreu : lilith, la nocturne, sorte de démon qui fait ses ravages la nuit. D’après les fables rabbiniques, Lilith avait été la première femme d’Adam. Elle l’abandonna et fut changée en démon. Elle aimait, comme la Lamie des Romains, à faire périr les enfants.
15. Sous son ombre (in umbra ejus) ; c’est-à-dire sous le hérisson ; ou, selon plusieurs, à l’ombre de la fosse, ou bien, selon d’autres, à l’ombre d’Édom en ruines. Le premier sens nous a paru le plus probable et le plus conforme à l’hébreu.
16. Une seule de ces choses (unum ex eis) ; que je dis. Les prophètes, sûrs de la vérité de leurs prédictions, les dataient ordinairement ; et, après les avoir prononcées devant le peuple, ils les écrivaient, afin qu’on pût s’assurer après coup de la certitude de ce qui avait été prédit. Voy. XXX, 8. — L’un (unus), et l’autre (alter) ; ces mots ne peuvent se rapporter qu’aux milans (milvi), nom masculin ; d’ailleurs ce qui suit n’autorise aucun autre sens.
17. Lui-même ; le Seigneur. — Tout ce qui est dit dans cette prophétie contre l’Idumée a reçu son parfait accomplissement ; cette petite contrée est encore aujourd’hui un désert abandonné aux bêtes sauvages, et elle n’est traversée que par les Arabes nomades.
²
Rétablissement de la Judée. Biens promis aux fils de Juda.
1 Lætábitur desérta et ínvia,
1. Elle se réjouira, la terre déserte et sans chemin,
et exsultábit solitúdo,
et elle exultera, la solitude,
et florébit quasi lílium.
et fleurira comme le lis.
2 Gérminans germinábit, et exsultábit
2. Germant, elle germera, et elle exultera
lætabúnda et laudans :
toute joyeuse et chantant des louanges ;
glória Líbani data est
ei,
la gloire du Liban lui a été donnée,
decor Carméli et Saron ;
la beauté du Carmel et du Saron ;
ipsi vidébunt glóriam Dómini,
eux-mêmes verront la gloire du Seigneur,
et decórem Dei nostri.
et la majesté de notre Dieu.
3 Confortáte manus dissolútas,
3. Fortifiez les mains languissantes,
et génua debília roboráte.
et affermissez les genoux débiles.
4 Dícite pusillánimis :
4. Dites aux pusillanimes :
Confortámini, et nolíte timére :
Prenez courage, et ne craignez point ;
ecce Deus vester ultiónem
addúcet retributiónis ;
car voici que votre Dieu amènera la vengeance de rétribution ;
Deus ipse véniet, et salvábit
vos.
Dieu lui-même viendra, et il vous sauvera.
5 Tunc aperiéntur óculi cæcórum,
5. Alors les yeux des aveugles s’ouvriront,
et aures surdórum patébunt ;
et les oreilles des sourds entendront.
6 tunc sáliet sicut cervus claudus,
6. Alors le boiteux bondira comme le cerf,
et apérta erit lingua
mutórum :
et la langue des muets sera déliée ;
quia scissæ sunt in desérto aquæ,
parce que des eaux se sont répandues dans le désert,
et torréntes in solitúdine ;
et des torrents dans la solitude.
7 et quæ erat árida, erit in stagnum,
7. Et la terre qui était aride sera comme un étang,
et sítiens in fontes aquárum.
et celle qui avait soif, comme des fontaines d’eaux.
In cubílibus, in quibus prius dracónes habitábant,
Dans les repaires dans lesquels auparavant habitaient des dragons,
oriétur viror cálami et junci.
croîtra la verdure du roseau et du jonc.
8 Et erit ibi sémita et via,
8. Et là sera un sentier et une voie,
et via sancta vocábitur :
et elle sera appelée la voie sainte ;
non transíbit per eam pollútus,
l’impur n’y passera pas,
et hæc erit vobis dirécta via,
et ce sera pour vous une voie droite,
ita ut stulti non errent per eam.
en sorte que les ignorants ne s’y égareront pas.
9 Non erit ibi leo,
9. Il n’y aura pas là de lion,
et mala béstia non ascéndet per
eam,
et une mauvaise bête n’y montera pas,
nec inveniétur ibi ;
et ne s’y trouvera pas ;
et ambulábunt qui liberáti
fúerint.
mais ils y marcheront, ceux qui auront été délivrés.
10 Et redémpti a Dómino converténtur,
10. Et les rachetés par le Seigneur retourneront
et vénient in Sion cum laude,
et viendront à Sion avec des chants de louange ;
et lætítia sempitérna
super caput eórum :
et une allégresse éternelle sera sur leur tête ;
gáudium et lætítiam obtinébunt,
ils obtiendront la joie et l’allégresse,
et fúgiet dolor et gémitus.
et la douleur fuira ainsi que le gémissement.
~
CHAP. XXXV.
1. La plupart des interprètes mettent l’accomplissement de cette prophétie au temps de Jésus-Christ. — Germant, elle germera ; hébraïsme, pour elle germera beaucoup.
4. La vengeance de rétribution ; c’est-à-dire la vengeance dans laquelle ori rend à chacun selon son mérite.
6. Le boiteux, etc. Les prodiges dont il est ici question désignent non seulement les miracles que Jésus-Christ a opérés sur les corps (Matth. XI, 5), mais encore ceux qu’il a opérés par sa grâce, dont les eaux ici mentionnées sont le symbole.
7. * Des dragons ; hébreu : des chacals.
²
(a) Sennachérib marche contre la Judée. Députation de Rabsacés vers Ézéchias. Discours insolent de cet envoyé.
1
Et factum est in quartodécimo anno regis Ezechíæ, ascéndit Sennácherib, rex
Assyriórum, super omnes civitátes Juda munítas, et cepit eas.
1. Et il arriva en la quatorzième année du règne du roi Ézéchias, que Sennachérib, roi d’Assyrie, monta contre toutes les villes fortifiées de Juda, et les prit.
2
Et misit rex Assyriórum Rabsácen de Lachis in Jerúsalem, ad regem Ezechíam in
manu gravi : et stetit in aquædúctu piscínæ superióris in via Agri
fullónis.
2. Et le roi des Assyriens envoya Rabsacés, de Lachis à Jérusalem, vers le roi Ézéchias, avec une armée considérable ; et il s’arrêta à l’aqueduc de la piscine supérieure, dans la voie du Champ du foulon.
3
Et egréssus est ad eum Eliacím, fílius Helcíæ, qui erat super domum, et Sobna
scriba, et Jóahe fílius Asaph, a commentáriis.
3. Et sortit vers lui Eliacim, fils d’Helcias, qui était intendant de la maison, ainsi que Sobna, le scribe, et Joahé, fils d’Asaph, qui tenait les registres.
4 Et dixit ad
eos Rábsaces : Dícite Ezechíæ : Hæc dicit rex magnus, rex
Assyriórum : Quæ est ista fidúcia qua confídis ?
4. Et Rabsacés leur dit : Dites à Ézéchias : Voici ce qu’a dit le grand roi, roi des Assyriens : Quelle est cette confiance dont vous êtes animés ?
5 aut quo consílio vel fortitúdine rebelláre dispónis ?
super quem habes fidúciam, quia recessísti a me ?
5. Ou par quel conseil ou avec quelle force prétendez-vous vous révolter ? en qui avez-vous confiance, pour que vous vous soyez retirés de moi ?
6
Ecce confídis super báculum arundíneum confráctum istum, super Ægýptum ;
cui si inníxus fúerit homo, intrábit in manum ejus, et perforábit eam :
sic Phárao, rex Ægýpti, ómnibus qui confídunt in eo.
6. Voici que vous vous appuyez sur ce bâton de roseau cassé, l’Égypte ; bâton qui, si un homme s’appuie dessus, entrera dans sa main et la percera ; ainsi est Pharaon, roi d’Égypte, pour tous ceux qui se confient en lui.
7
Quod si respónderis mihi : In Dómino Deo nostro confídimus ; nonne
ipse est cujus ábstulit Ezechías excélsa et altária, et dixit Judæ et Jerúsalem :
Coram altári isto adorábitis ?
7. Que si vous me répondez : C’est dans le Seigneur notre Dieu que nous nous confions, n’est-ce pas celui dont Ézéchias a détruit les hauts lieux et les autels, et a dit à Juda et à Jérusalem : C’est devant cet autel que vous adorerez ?
8 Et nunc
trade te dómino meo, regi Assyriórum, et dabo tibi duo míllia equórum, nec
póteris ex te præbére ascensóres eórum :
8. Et maintenant livrez-vous à mon maitre, le roi des Assyriens, et je vous donnerai deux mille chevaux, et vous ne pourrez fournir par vous-mêmes des cavaliers pour eux.
9 et quómodo sustinébis fáciem júdicis uníus loci ex servis dómini mei minóribus ? Quod si confídis in Ægýpto, in quadrígis et in equítibus,
9. Et comment soutiendrez-vous la face du juge d’un seul lieu, d’entre les moindres officiers de mon maitre ? Que si vous vous confiez dans l’Égypte, dans ses quadriges et dans ses cavaliers,
10 et nunc numquid sine Dómino ascéndi ad terram istam, ut dispérderem eam ? Dóminus dixit ad me : Ascénde super terram istam, et dispérde eam.
10. Est-ce donc maintenant sans le Seigneur que je suis monté dans cette terre pour la perdre entièrement ? Le Seigneur m’a dit : Monte sur cette terre, et perds-la entièrement.
11 Et dixit
Eliacím, et Sobna, et Jóahe, ad Rabsácen : Lóquere ad servos tuos syra
lingua ; intellígimus enim ; ne loquáris ad nos judáice in áuribus
pópuli qui est super murum.
11. Et dit Eliacim, ainsi que Sobna et Joahé, à Rabsacés : Parlez à vos serviteurs en langue syriaque ; car nous la comprenons ; ne nous parlez pas en langue juive aux oreilles du peuple qui est sur le mur.
12
Et dixit ad eos Rábsaces : Numquid ad dóminum tuum et ad te misit me
dóminus meus, ut lóquerer ómnia verba ista ? et non pótius ad viros qui
sedent in muro, ut cómedant stércora sua, et bibant úrinam pedum suórum
vobíscum ?
12. Et Rabsacés leur dit : Est-ce donc vers ton maitre et vers toi que m’a envoyé mon maitre, pour dire toutes ces paroles, et non pas plutôt vers les hommes qui sont sur le mur, pour qu’ils mangent leurs excréments et boivent leur urine avec vous ?
13 Et stetit Rábsaces,
et clamávit voce magna judáice, et dixit : Audíte verba regis magni, regis
Assyriórum !
13. Et Rabsacés se tint debout et cria d’une voix forte en hébreu : Écoutez les paroles du grand roi, du roi des Assyriens.
14
Hæc dicit rex : Non sedúcat vos Ezechías, quia non póterit erúere vos.
14. Voici ce que dit le roi : Qu’Ézéchias ne vous séduise point ; parce qu’il ne pourra vous arracher à ma main.
15
Et non vobis tríbuat fidúciam Ezechías super Dómino, dicens : Eruens
liberábit nos Dóminus : non dábitur cívitas ista in manu regis Assyriórum.
15. Et qu’Ézéchias ne vous donne point de confiance dans le Seigneur, disant : Le Seigneur nous délivrera certainement ; cette cité ne sera pas livrée à la main du roi des Assyriens.
16
Nolíte audíre Ezechíam ; hæc enim dicit rex Assyriórum : Fácite mecum
benedictiónem, et egredímini ad me, et comédite unusquísque víneam suam, et
unusquísque ficum suam, et bíbite unusquísque aquam cistérnæ suæ,
16. N’écoutez point Ézéchias ; car voici ce que dit le roi des Assyriens : Faites la paix avec moi, et sortez vers moi, et vous mangerez chacun de votre vigne et chacun de votre figuier, vous boirez chacun de l’eau de votre citerne,
17 donec
véniam, et tollam vos ad terram quæ est ut terra vestra, terram fruménti et
vini, terram panum et vineárum.
17. Jusqu’à ce que je vienne et que je vous transporte dans une terre qui est comme votre terre, une terre de blé et de vin, une terre de pains et de vignes.
18 Nec
contúrbet vos Ezechías, dicens : Dóminus liberábit nos. Numquid
liberavérunt dii géntium unusquísque terram suam de manu regis
Assyriórum ?
18. Qu’Ézéchias ne vous déconcerte pas, disant : Le Seigneur nous délivrera. Est-ce que les dieux des nations ont délivré chacun sa terre de la main du roi des Assyriens ?
19
Ubi est deus Emath et Arphad ? ubi est deus Sephárvaïm ? numquid liberavérunt
Samaríam de manu mea ?
19. Où est le Dieu d’Émath et d’Arphad ? où est le Dieu de Sepharvaim ? est-ce qu’ils ont délivré Samarie de ma main ?
20 Quis est
ex ómnibus diis terrárum istárum qui erúerit terram suam de manu mea, ut éruat
Dóminus Jerúsalem de manu mea ?
20. Quel est celui de tous les dieux de ces terres qui a arraché sa terre à ma main, pour que le Seigneur arrache Jérusalem de ma main ?
21 Et siluérunt, et non respondérunt ei verbum. Mandáverat enim rex, dicens : Ne respondeátis ei.
21. Et ils gardèrent le silence, et ils ne lui répondirent pas un mot. Le roi en effet l’avait commandé, disant : Ne lui répondez pas.
22 Et
ingréssus est Eliacím, fílius Helcíæ, qui erat super domum, et Sobna scriba, et
Jóahe fílius Asaph, a commentáriis, ad Ezechíam, scissis véstibus, et
nuntiavérunt ei verba Rabsácis.
22. Et Eliacim, fils d’Helcias, qui était intendant de la maison, et Sobna, le scribe, et Joahé, fils d’Asaph, qui tenait les registres, entrèrent auprès d’Ézéchias, leurs vêtements déchirés, et ils lui rapportèrent les paroles de Rabsacés.
~
CHAP. XXXVI. 1. IV Reg. XVIII, 13 ; II Par. XXXII, 1 ; Eccli. XLVIII, 20. — 6. IV Reg. XVIII, 21 ; Jer. XVII, 5.
(a). Ce chapitre et les trois suivants contiennent le récit des choses que le prophète avait prédites dans les précédents. Ajoutons que ce récit se retrouve au livre IVe des Rois, depuis le chap. XVIII, vers. 13, mais avec des variantes qu’il est bon de consulter.
1. * Sennachérib. Voir IV Reg. XVIII, 13.
2. * Lachis. Voir IV Reg. XVIII, 14. — Rabsacés. Voir IV Reg. XVIII, 17. — Dans la voie du Champ du foulon. Voir ibid.
3. * Eliacim, Sobna. Voir plus haut, XXII, 15-25.
6. * Pharaon, Tharaka. Voir IV Reg. XVIII, 21.
7. N’est-ce pas celui, etc. Rabsacés, étant païen, parle ici comme un païen.
12. Leur dit ; en s’adressant au principal d’entre eux.
14. À ma main. Ces mots sont exprimés dans l’endroit parallèle, IV Reg. XVIII, 27.
15. Délivrera certainement ; litter., et par hébraïsme, délivrant, il délivrera.
16. La paix. C’est ainsi que porte la version chaldaïque, et c’est ainsi que les plus habiles hébraïsants entendent le terme hébreu, rendu dans la Vulgate par bénédiction, qui est : en effet, la signification la plus ordinaire du texte original. Cependant, si on considère que le mot bénédiction se prend pour le souhait d’une chose bonne et heureuse, et que la formule de salutation était paix à toi, paix à vous, on concevra aisément qu’on ait donné par métonymie le sens de paix à bénédiction.
19. * Émath, Arphad. Voir plus haut, X, 9. — Sepharvaim. Voir IV Reg. XVII, 24.
21. Ils gardèrent, etc. ; c’est-à-dire Eliacim, Sobna et Joahé. Voy. vers. 3.
²
Consternation d’Ézéchias. Isaïe le rassure. Blasphèmes de Sennachérib. Prière d’Ézéchias. Isaïe lui promet le secours du Seigneur. L’ange du Seigneur extermine l’armée de Sennachérib.
1 Et factum
est, cum audísset rex Ezechías, scidit vestiménta sua, et obvolútus est sacco,
et intrávit in domum Dómini.
1. Et il arriva que lorsque le roi Ézéchias les eut entendues, il déchira ses vêtements, et se couvrit d’un sac, et entra dans la maison du Seigneur.
2 Et misit
Eliacím, qui erat super domum, et Sobnam scribam, et senióres de sacerdótibus,
opértos saccis, ad Isaíam, fílium Amos, prophétam,
2. Et il envoya Eliacim qui était intendant dans la maison, et Sobna, le scribe, et les plus anciens d’entre les prêtres, couverts de sacs, vers Isaïe, le prophète, fils d’Amos,
3 et dixérunt
ad eum : Hæc dicit Ezechías : Dies tribulatiónis, et correptiónis, et
blasphémiæ, dies hæc ; quia venérunt fílii usque ad partum, et virtus non
est pariéndi.
3. Et ils lui dirent : Voici ce qu’a dit Ézéchias : Jour de tribulation, de reproche et de blasphème, est ce jour-ci, parce que des enfants sont venus jusqu’à l’enfantement, et la force manque à la mère pour enfanter.
4 Si quómodo
áudiat Dóminus Deus tuus verba Rabsácis, quem misit rex Assyriórum dóminus suus
ad blasphemándum Deum vivéntem et exprobrándum sermónibus quos audívit Dóminus
Deus tuus : leva ergo oratiónem pro relíquiis quæ repértæ sunt.
4. Peut-être que le Seigneur ton Dieu entendra les paroles de Rabsacés qu’a envoyé le roi des Assyriens son maitre pour blasphémer le Dieu vivant, et pour l’insulter par les paroles qu’a entendues le Seigneur ton Dieu ; fais donc monter une prière pour les restes qui ont été retrouvés.
5 Et venérunt servi regis Ezechíæ ad Isaíam.
5. Et les serviteurs du roi Ézéchias vinrent vers Isaïe,
6 Et dixit ad
eos Isaías : Hæc dicétis dómino vestro : Hæc dicit Dóminus : Ne
tímeas a fácie verbórum quæ audísti, quibus blasphemavérunt púeri regis
Assyriórum me.
6. Et Isaïe leur dit : Vous direz ceci à votre maitre : Voici ce que dit le Seigneur : Ne crains point à cause des paroles que tu as entendues, par lesquelles m’ont blasphémé les serviteurs du roi des Assyriens.
7 Ecce ego
dabo ei spíritum, et áudiet núntium, et revertétur ad terram suam, et corrúere
eum fáciam gládio in terra sua.
7. Voilà que moi je lui enverrai un esprit de frayeur ; il apprendra une nouvelle, et il retournera dans sa terre, et je le ferai tomber par le glaive dans sa terre.
8Revérsus
est autem Rábsaces, et invénit regem Assyriórum
præliántem advérsus Lobnam :
audíerat enim quia proféctus esset de Lachis.
8. Or Rabsacés s’en retourna, et trouva le roi des Assyriens formant le siège de Lobna. Car il avait appris qu’il était parti de Lachis,
9 Et audívit de Tháraca rege Æthiópiæ, dicéntes : Egréssus est ut pugnet contra te. Quod cum audísset, misit núntios ad Ezechíam, dicens :
9. Et Sennachérib entendit, au sujet de Tharaca, roi d’Éthiopie, des gens disant : Il est sorti pour combattre contre vous. Ce qu’ayant entendu, il envoya des messagers à Ézéchias, en disant :
10 Hæc
dicétis Ezechíæ regi Judæ, loquéntes : Non te decípiat Deus tuus in quo tu
confídis, dicens : Non dábitur Jerúsalem in manu regis Assyriórum.
10. Vous direz ceci à Ézéchias, roi de Juda : Qu’il ne vous trompe pas, votre Dieu, en qui vous vous confiez, disant : Jérusalem ne sera pas livrée à la main du roi des Assyriens.
11 Ecce tu
audísti ómnia quæ fecérunt reges Assyriórum ómnibus terris, quas
subvertérunt : et tu póteris liberári ?
11. Voilà que vous-même vous avez appris tout ce qu’ont fait les rois des Assyriens à tous les pays qu’ils ont détruits ; et vous, vous pourrez échapper ?
12
Numquid eruérunt eos dii géntium quos subvertérunt patres mei, Gozam, et Haram,
et Reseph, et fílios Edén qui erant in Thalássar ?
12. Est-ce que les dieux des nations ont délivré ceux qu’ont détruits mes pères, c’est-à-dire Gozam, et Haram, et Réseph, et les fils d’Eden qui étaient en Thalassar ?
13
Ubi est rex Emath, et rex Arphad, et rex urbis Sephárvaïm, Ana, et Ava ?
13. Où est le roi d’Émath, et le roi d’Arphad, et le roi de la ville de Sepharvaim, d’Ana et d’Ava ?
14
Et tulit Ezechías libros de manu nuntiórum, et legit eos, et ascéndit in domum
Dómini, et expándit eos Ezechías coram Dómino :
14. Et Ézéchias reçut les livres de la main des messagers, et les lut, et il monta à la maison du Seigneur, et Ézéchias les étendit devant le Seigneur.
15 et orávit Ezechías
ad Dóminum, dicens :
15. Et Ézéchias pria le Seigneur, disant :
16 Dómine
exercítuum, Deus Israël, qui sedes super chérubim, tu es Deus solus ómnium
regnórum terræ : tu fecísti cælum et terram.
16. Seigneur des armées, Dieu d’Israël, qui êtes assis sur les chérubins, c’est vous qui êtes seul Dieu de tous les royaumes de la terre, c’est vous qui avez fait le ciel et la terre.
17 Inclína,
Dómine, aurem tuam, et audi ; áperi, Dómine, óculos tuos, et vide :
et audi ómnia verba Sennácherib, quæ misit ad blasphemándum Deum vivéntem.
17. Inclinez, Seigneur, votre oreille, et écoutez ; ouvrez, Seigneur, vos yeux, et voyez, et écoutez toutes les paroles de Sennachérib, qu’il a envoyées pour blasphémer le Dieu vivant.
18 Vere enim,
Dómine, desértas fecérunt reges Assyriórum terras, et regiónes eárum,
18. Car il est vrai, Seigneur, les rois des Assyriens ont rendu déserts les pays et leurs contrées.
19 et
dedérunt deos eárum igni : non enim erant dii, sed ópera mánuum hóminum,
lignum et lapis, et comminuérunt eos.
19. Ils ont jeté leurs dieux au feu ; car ce n’étaient pas des dieux, mais des ouvrages de mains d’hommes, du bois et de la pierre ; et ils les ont mis en pièces.
20 Et nunc,
Dómine Deus noster, salva nos de manu ejus, et cognóscant ómnia regna terræ
quia tu es Dóminus solus.
20. Et maintenant, Seigneur notre Dieu, sauvez-nous de sa main ; et qu’ils sachent, tous les royaumes de la terre, que c’est vous qui êtes le seul Seigneur.
21 Et misit Isaías,
fílius Amos, ad Ezechíam, dicens : Hæc dicit Dóminus Deus Israël :
Pro quibus rogásti me de Sennácherib, rege Assyriórum,
21. Et Isaïe, fils d’Amos, envoya vers Ézéchias, disant : Voici ce que dit le Seigneur Dieu d’Israël : À l’égard de ce que tu m’as demandé touchant Sennachérib, roi d’Assyrie,
22 hoc est
verbum quod locútus est Dóminus super eum :
22. Voici la parole que le Seigneur a dite à son sujet :
Despéxit te et subsannávit te,
Elle t’a méprisé, et elle t’a raillé,
virgo fília Sion ;
la vierge, fille de Sion ;
post te caput movit,
derrière toi elle a secoué la tête,
fília Jerúsalem.
la fille de Jérusalem.
23 Cui exprobrásti ? et quem
blasphemásti ?
23. Qui as-tu insulté, qui as-tu blasphémé,
et super quem exaltásti vocem,
et contre qui as-tu élevé la voix,
et levásti altitúdinem oculórum
tuórum ?
et porté en haut tes yeux ?
ad Sanctum Israël.
Contre le saint d’Israël.
24 In manu servórum tuórum exprobrásti Dómino,
24. Par l’entremise de tes serviteurs tu as insulté le Seigneur,
et dixísti : In
multitúdine quadrigárum meárum
et tu as dit : Avec la multitude de mes quadriges,
ego ascéndi
altitúdinem móntium juga Líbani ;
moi je suis monté sur la hauteur des montagnes, les chaines du Liban ;
et succídam excélsa cedrórum
ejus,
je couperai les cimes de ses cèdres,
et eléctas abíetes illíus,
et ses plus beaux sapins,
et introíbo altitúdinem summitátis ejus,
et je pénètrerai jusqu’à la pointe de son sommet,
saltum Carméli ejus.
jusqu’à la forêt de son Carmel.
25 Ego fodi, et bibi aquam,
25. C’est moi qui ai creusé des sources, et j’ai bu de l’eau,
et exsiccávi vestígio pedis mei
et j’ai séché par la trace de mon pied
omnes rivos ággerum.
toutes les rivières retenues par des digues.
26 Numquid non audísti quæ olim fécerim
ei ?
26. N’as-tu donc pas ouï dire les choses qu’autrefois j’y ai faites ?
Ex diébus antíquis ego plasmávi
illud ;
dès les temps anciens, c’est moi qui ai disposé cela ;
et nunc addúxi,
et maintenant je l’ai amené
et factum est in eradicatiónem cóllium compugnántium,
et accompli en détruisant les collines
et civitátum munitárum.
qui s’entrechoquent et les cités fortifiées.
27 Habitatóres eárum breviáta manu
27. Leurs habitants, à la main raccourcie,
contremuérunt, et confúsi sunt.
ont tremblé et ont été confondus ;
Facti sunt sicut fœnum agri,
ils sont devenus comme le foin d’un champ
et gramen páscuæ,
et le gazon d’un pâturage,
et herba tectórum,
et l’herbe des toits,
quæ exáruit ántequam maturésceret.
qui a séché avant qu’elle fut mure.
28 Habitatiónem tuam, et egréssum tuum,
28. Ton habitation, et ta sortie,
et intróitum tuum cognóvi,
et ton entrée, je les ai connues,
et insániam tuam contra me.
ainsi que ta fureur extravagante contre moi.
29 Cum fúreres advérsum me,
29. Lorsque tu étais furieux contre moi,
supérbia tua ascéndit in aures meas.
ton orgueil est monté à mes oreilles ;
Ponam ergo círculum in náribus tuis,
je mettrai donc un cercle à tes narines,
et frenum in lábiis tuis,
et un mors à ta bouche,
et redúcam te in viam
et je te ramènerai par la voie
per quem venísti.
par laquelle tu es venu.
30 Tibi autem
hoc erit signum : cómede hoc anno quæ sponte nascúntur, et in anno secúndo
pomis véscere ; in anno autem tértio semináte et métite, et plantáte
víneas, et comédite fructum eárum.
30. Mais pour toi, Ézéchias, voici un signe : Mange cette année de ce qui naitra de soi-même, et en la seconde année nourris-toi de fruits ; mais en la troisième année, semez et moissonnez, et plantez des vignes, et mangez-en le fruit.
31 Et mittet
id quod salvátum fúerit de domo Juda, et quod réliquum est, radícem deórsum, et
fáciet fructum sursum :
31. Et ce qui sera sauvé de la maison de Juda, et ce qui est resté, jettera racine en bas, et fera du fruit en haut ;
32 quia de Jerúsalem
exíbunt relíquiæ, et salvátio de monte Sion : zelus Dómini exercítuum
fáciet istud.
32. Parce que de Jérusalem sortiront des restes, et ce qui sera sauvé de la montagne de Sion ; le zèle du Seigneur des armées fera cela.
33 Proptérea
hæc dicit Dóminus de rege Assyriórum :
33. À cause de cela, voici ce que dit le Seigneur du roi des Assyriens :
Non intrábit civitátem hanc,
Il n’entrera pas dans cette cité,
et non jáciet ibi sagíttam,
il n’y lancera pas de flèche,
et non occupábit eam clýpeus,
et pas un bouclier ne l’occupera,
et non mittet in circúitu ejus ággerem.
et il n’élèvera pas de terrasse autour d’elle.
34 In via qua venit, per eam revertétur,
34. Il retournera par la voie par laquelle il est venu ;
et civitátem hanc non
ingrediétur, dicit Dóminus.
il n’entrera pas dans cette cité, dit le Seigneur ;
35 Et prótegam civitátem istam, ut salvem eam
35. Et je protègerai cette cité, afin que je la sauve à cause de moi
propter me, et propter David,
servum meum.
et à cause de David, mon serviteur.
36 Egréssus est autem ángelus Dómini, et percússit in castris Assyriórum centum octogínta quinque míllia. Et surrexérunt mane, et ecce omnes cadávera mortuórum.
36. Or un ange du Seigneur sortit et frappa dans le camp des Assyriens cent quatre-vingt-cinq mille hommes. On se leva le matin, et voici que tous étaient des corps de morts.
37
Et egréssus est, et ábiit, et revérsus est Sennácherib, rex Assyriórum, et
habitávit in Niníve.
37. Et il partit, et il s’en alla, et il retourna, Sennachérib, roi des Assyriens, et il habita à Ninive.
38
Et factum est, cum adoráret in templo Nesroch deum suum, Adrámelech et Sárasar,
fílii ejus, percussérunt eum gládio, fugerúntque in terram Ararat ; et
regnávit Asarháddon, fílius ejus, pro eo.
38. Et il arriva que, comme il adorait dans le temple de Nesroch, son dieu, Adramelech et Sarasar ses fils le frappèrent du glaive et s’enfuirent dans la terre d’Ararat, et Asarhaddon son fils régna en sa place.
~
CHAP. XXXVII. 1. IV Reg. XIX,
1. — 8. IV Reg. XIX,
8. — 13. IV Reg. XVIII,
34 ; XIX, 13. — 36. Supra. XXXI, 8 ; IV Reg. XIX, 35 ; Tob. I, 21 ; Eccli. XLVIII, 24 ; I Mach. VII, 41 ; II Mach. VIII, 19.
8. * Formant le siège de Lobna, non loin de Lachis, mais au nord, de sorte que Sennachérib avait reculé, au lieu de continuer sa marche en avant contre l’Égypte. C’était la nouvelle de l’arrivée de Tharaca, à la tête de l’année égyptienne, qui avait déterminé ce mouvement du roi de Ninive.
12. * Gozam. Voir IV Reg. XVII, 6. — Haram, Réseph, Eden, Thalassar. Voir IV Rois, XIX, 12.
13. * Émath, Arphad, Sepharvaim, Ana, Ava. Voir IV Reg. XVIII, 34.
14. Les livres (libros) ; ou la lettre, comme on lit dans l’endroit parallèle (IV Reg. XIX, 14). Ajoutons que le terme hébreu qui signifie un écrit (scriptum), en général, se prend aussi dans le sens particulier de lettre (epistola), aussi bien que dans celui de livre (liber).
24. Par l’entremise ; littér. par la main (in manu). Le mot main se prend souvent en effet dans la Bible pour moyen, instrument, intermédiaire.
27. À la main raccourcie (breviata manu) ; qui ont les mains faibles, qui sont impuissants.
29. * Un mors à tes lèvres. Voir IV Reg. XIX, 28.
36. On se leva ; littér. ils se levèrent (surrexérunt) ; probablement les gens du roi. Suivant la Vulgate, dans IV Reg. XIX, 35, ce fut Sennachérib qui, s’étant levé, vit tous ses soldats morts ; mais là, comme ici, l’hébreu, le chaldéen et les Septante portent le pluriel.
37. * Voir, pour ce verset, IV Reg. XIX, 36.
38. Nesroch ; est le complément du mot temple et nullement du verbe adorait ; si le latin de la Vulgate est amphibologique, le texte hébreu ne l’est pas. C’est ce qu’ont parfaitement compris les vieilles traductions françaises, et la version anglaise catholique. — La terre d’Ararat ; c’est-à-dire d’Arménie. Compar. IV Reg. XIX, 37. — * Ararat ; aujourd’hui Erivan, l’ancienne Arménie. — Sur Asarhaddon, voir IV Reg. XIX, 37. — Le dieu Nesroch n’a pas été encore retrouvé dans la mythologie assyrienne. Les documents assyriens rappellent d’ailleurs les faits racontés ici.
²
Maladie d’Ézéchias. Sa guérison miraculeuse. Rétrogradation du soleil. Cantique d’Ézéchias.
1 In diébus
illis ægrotávit Ezechías usque ad mortem ; et introívit ad eum Isaías,
fílius Amos, prophéta, et dixit ei : Hæc dicit Dóminus : Dispóne
dómui tuæ, quia moriéris tu, et non vives.
1. En ces jours-là, Ézéchias fut malade jusqu’à la mort, et entra auprès de lui Isaïe, le prophète, fils d’Amos, et lui dit : Voici ce que dit le Seigneur : Mets ordre à ta maison, parce que tu mourras, toi, et tu ne vivras pas.
2 Et convértit Ezechías fáciem suam ad paríetem, et orávit ad Dóminum,
2. Et Ézéchias tourna sa face vers la muraille et pria le Seigneur,
3 et dixit : Obsecro, Dómine, meménto, quæso, quómodo ambuláverim coram te in veritáte et in corde perfécto, et quod bonum est in óculis tuis fécerim. Et flevit Ezechías fletu magno.
3. Et il dit : Je vous conjure, Seigneur, souvenez-vous, je vous prie, comment j’ai marché devant vous dans la vérité et avec un cœur parfait, et comment j’ai fait ce qui est bon à vos yeux. Et Ézéchias pleura d’un grand pleur.
4 Et factum
est verbum Dómini ad Isaíam, dicens :
4. Et la parole du Seigneur fut adressée à Isaïe, disant :
5 Vade, et
dic Ezechíæ : Hæc dicit Dóminus Deus David patris tui : Audívi
oratiónem tuam, et vidi lácrimas tuas ; ecce ego adjíciam super dies tuos
quíndecim annos,
5. Va, et dis à Ézéchias : Voici ce que dit le Seigneur Dieu de David, votre père : J’ai entendu ta prière, et j’ai vu tes larmes ; et voici que j’ajouterai à tes jours quinze années ;
6 et de manu
regis Assyriórum éruam te, et civitátem istam, et prótegam eam.
6. Et je t’arracherai à la main du roi des Assyriens, toi et cette cité, et je la protégerai.
7 Hoc autem
tibi erit signum a Dómino, quia fáciet Dóminus verbum hoc quod locútus
est :
7. Or, voici le signe que tu auras du Seigneur, que le Seigneur accomplira cette parole qu’il a dite :
8 ecce ego revérti fáciam umbram lineárum per quas descénderat in horológio Achaz
in sole, retrórsum decem líneis. Et
revérsus est sol decem líneis per gradus quos descénderat.
8. Voici que moi je ferai que l’ombre des lignes par lesquelles elle était descendue sur l’horloge d’Achaz au soleil, retournera en arrière de dix lignes. Et le soleil retourna de dix lignes par les degrés par lesquels il était descendu.
9
Scriptúra Ezechíæ, regis Juda, cum ægrotásset et convaluísset de infirmitáte
sua.
9. Écrit d’Ézéchias, roi de Juda, lorsqu’il eut été malade et qu’il eut été rétabli de sa maladie.
10 Ego dixi in dimídio diérum
meórum :
10. Moi j’ai dit : Au milieu de mes jours
Vadam ad portas ínferi ;
j’irai aux portes de l’enfer.
quæsívi resíduum annórum meórum.
J’ai cherché le reste de mes années.
11 Dixi : Non vidébo Dóminum Deum
11. J’ai dit : Je ne verrai pas le Seigneur Dieu
in terra vivéntium ;
dans la terre des vivants.
non aspíciam hóminem ultra,
Je n’apercevrai plus d’homme,
et habitatórem quiétis.
et d’habitant du repos.
12 Generátio mea abláta est, et convolúta est a me,
12. Ma génération m’a été enlevée,
quasi tabernáculum pastórum.
pliée comme un tabernacle de pasteurs.
Præcísa est velut a texénte
vita mea ;
Ma vie a été coupée comme par un tisserand ;
dum adhuc ordírer, succídit
me :
lorsque j’ourdissais encore, il m’a tranché ;
de mane usque
ad vésperam fínies me.
d’un matin à un soir vous m’achèverez.
13 Sperábam usque ad mane ;
13. J’espérais jusqu’au matin ;
quasi leo,
sic contrívit ómnia ossa mea :
mais, comme un lion, ainsi il a brisé tous mes os ;
de mane usque
ad vésperam fínies me.
D’un matin à un soir vous m’achèverez ;
14 Sicut pullus hirúndinis, sic clamábo ;
14. Comme le petit d’une hirondelle,
meditábor ut colúmba.
ainsi je crierai, je méditerai comme la colombe ;
Attenuáti sunt óculi mei,
suspiciéntes in excélsum.
Mes yeux se sont lassés, regardant en haut ;
Dómine, vim
pátior : respónde pro me.
Seigneur, je souffre violence, répondez pour moi.
15 Quid dicam, aut quid respondébit mihi,
15. Que dirai-je, ou que me répondra-t-il,
cum ipse fécerit ?
puisque lui-même a fait cela ?
Recogitábo
tibi omnes annos meos
Je repasserai devant vous toutes mes années
in amaritúdine ánimæ meæ.
dans l’amertume de mon âme.
16 Dómine, si sic vívitur,
16. Seigneur, si l’on vit ainsi,
et in tálibus vita spíritus mei,
et si dans de telles choses est la vie de mon esprit,
corrípies me, et vivificábis
me.
vous me châtierez et vous me rendrez la vie.
17 Ecce in pace amaritúdo mea
amaríssima.
17. Voici qu’avec la paix se trouve mon amertume la plus amère ;
Tu autem eruísti ánimam meam
Car vous avez délivré mon âme
ut non períret ;
afin qu’elle ne pérît pas,
projecísti post tergum tuum
vous avez jeté derrière votre dos
ómnia peccáta mea.
tous mes péchés.
18 Quia non inférnus confitébitur tibi,
18. Car l’enfer ne vous glorifiera pas,
neque mors laudábit te :
ni la mort ne vous louera ;
non exspectábunt qui descéndunt
in lacum
ceux qui descendent dans la fosse n’attendront pas
veritátem tuam.
votre vérité.
19 Vivens, vivens ipse confitébitur tibi,
19. Le vivant, le vivant, c’est lui qui vous glorifiera,
sicut et ego hódie ;
comme moi-même aujourd’hui ;
pater fíliis notam fáciet
le père fera connaitre à ses fils
veritátem tuam.
votre vérité.
20 Dómine, salvum me fac !
20. Seigneur, sauvez-moi,
et psalmos nostros cantábimus
et nous chanterons nos psaumes
cunctis diébus vitæ nostræ
tous les jours de notre vie,
in domo Dómini.
dans la maison du Seigneur.
21
Et jussit Isaías ut tóllerent massam de ficis, et cataplasmárent super vulnus,
et sanarétur.
21. Et Isaïe ordonna que l’on prît une masse de figues, et qu’on en mît un cataplasme sur la blessure du roi, afin qu’il fût guéri.
22
Et dixit Ezechías : Quod erit signum quia ascéndam in domum Dómini ?
22. Et Ézéchias dit : Quel sera le signe que je monterai à la maison du Seigneur ?
~
CHAP. XXXVIII. 1. IV Reg. XX, 1 ; II Par. XXXII, 24. — 8. IV Reg. XX, 11 ; Eccli. XLVIII, 26.
8. Je ferai, etc. Voy., sur ce fait miraculeux, IV Reg. XX, 11. — * Voir la note 22 à la fin du volume.
9. Écrit (scriptura) ; c’est aussi le sens de l’hébreu ; le grec porte prière. — D’Ézéchias. Il n’y a aucune raison suffisante de lui refuser la composition de ce beau cantique.
10-20. * Élégie empreinte d’une profonde mélancolie, d’une grande beauté littéraire. Elle est divisée en quatre strophes : 10-12 ; 13-14 ; 15-17 ; 18-20. Les deux premières dépeignent le triste état du malade avant la promesse de sa guérison ; les deux dernières expriment la confiance que Dieu le rétablira et il s’engage à être reconnaissant envers lui : c’est son action de grâces.
10. Au milieu de mes jours, etc. Les Hébreux regardaient comme une espèce de malédiction et de punition de Dieu de mourir au milieu de leur carrière, et avant d’avoir achevé les jours d’une vie ordinaire. Compar. Ps. LIV, 23 ; Ps. CI, 24 ; Jer. XVII, 11. — * Aux portes de l’enfer, hébreu : scheôl, séjour des justes comme des pécheurs après la mort, avant la venue de Jésus-Christ.
12. Génération ; c’est-à-dire postérité, descendance. — 12b. Comme la trame.
14. Je méditerai (meditabor) ; ou bien je gémirai, sens qu’a le verbe hébreu, aussi bien que celui de méditer.
15. A fait cela ; m’a envoyé la maladie dont je suis atteint.
17. Voici qu’avec la paix, etc. ; mais maintenant je jouis de la paix au milieu de ma plus cruelle amertume.
18. La fosse (lacum) ; le tombeau. Compar. XIV, 15. — Votre vérité. Dans le langage de l’Écriture, la vérité de Dieu, c’est la fidélité à garder sa parole, à exécuter ses promesses. — * L’enfer ne vous glorifiera pas. Voir Ps. VI, 6 ; XXIX, 10 ; LXXXVII, 12.
21. Et Isaïe, etc. Ceci avant qu’Ézéchias eût composé son cantique.
22. Quel sera, etc. ; la réponse à cette question se trouve un peu plus haut au vers. 8.
²
Ézéchias montre ses trésors aux députés du roi de Babylone. Il en est repris par Isaïe.
1
In témpore illo misit Mérodach Báladan, fílius Báladan, rex Babylónis, libros
et múnera ad Ezechíam : audíerat enim quod ægrotásset et convaluísset.
1. En ce temps-là Merodach Baladan, fils de Baladan, roi de Babylone, envoya des livres et des présents à Ézéchias ; car il avait appris qu’il avait été malade, et qu’il était guéri.
2
Lætátus est autem super eis Ezechías, et osténdit eis cellam arómatum, et
argénti, et auri, et odoramentórum, et unguénti óptimi, et omnes apothécas
supelléctilis suæ, et univérsa quæ invénta sunt in thesáuris ejus. Non fuit verbum quod non osténderet eis Ezechías
in domo sua, et in omni potestáte sua.
2. Ézéchias se réjouit à l’arrivée des députés, et leur montra le lieu où étaient conservés les aromates, l’argent et l’or, les parfums, et les essences les meilleures, tous les endroits où étaient les meubles, et tout ce qui se trouva dans ses trésors. Il n’y eut chose que ne leur montrât Ézéchias de ce qui était en sa maison et toute sa puissance.
3 Introívit
autem Isaías prophéta ad Ezechíam regem, et dixit ei : Quid dixérunt viri
isti, et unde venérunt ad te ? Et dixit Ezechías : De terra longínqua
venérunt ad me, de Babylóne.
3. Or Isaïe, le prophète, entra auprès du roi Ézéchias, et lui dit : Qu’ont dit ces hommes, et d’où sont-ils venus vers vous ? Et dit Ézéchias : C’est d’une terre lointaine qu’ils sont venus vers moi, de Babylone.
4 Et
dixit : Quid vidérunt in domo tua ? Et dixit Ezechías : Omnia quæ
in domo mea sunt vidérunt ; non fuit res quam non osténderim eis in
thesáuris meis.
4. Et le prophète dit : Qu’ont-ils vu dans votre maison ? Et Ézéchias dit : Tout ce qu’il y a dans ma maison, ils l’ont vu ; il n’est chose que je ne leur aie montrée dans mes trésors.
5 Et dixit Isaías
ad Ezechíam : Audi verbum Dómini exercítuum.
5. Et Isaïe dit à Ézéchias : Écoute la parole du Seigneur des armées.
6 Ecce dies
vénient, et auferéntur ómnia quæ in domo tua sunt, et quæ thesaurizavérunt
patres tui usque ad diem hanc, in Babylónem ; non relinquétur quidquam,
dicit Dóminus.
6. Voilà que des jours viendront, et que sera emporté à Babylone tout ce qui est dans ta maison, et ce qu’ont amassé tes pères jusqu’à ce jour ; rien ne sera laissé, dit le Seigneur ;
7 Et de
fíliis tuis, qui exíbunt de te, quos genúeris, tollent, et erunt eunúchi in
palátio regis Babylónis.
7. Et on prendra de tes fils qui sortiront de toi, et que tu auras engendrés, et ils seront eunuques dans le palais du roi de Babylone.
8 Et dixit Ezechías
ad Isaíam : Bonum verbum Dómini, quod locútus est. Et dixit : Fiat
tantum pax et véritas in diébus meis !
8. Et Ézéchias dit à Isaïe : Bonne est la parole du Seigneur que tu as dite. Puis il dit : Qu’il y ait paix seulement et vérité durant mes jours.
~
CHAP. XXXIX. 1. IV Reg. XX, 12.
1. Des livres ; ou une lettre, des lettres (litteras), comme on lit dans l’endroit parallèle (IV Reg. XX, 12), et ici dans les Septante. Voy. aussi, sur la signification de ce mot, Is. XXXVII, 14. — * Merodach Baladan. Voir IV Reg. XX, 12.
2. Se réjouit à l’arrivée des députés ; littér. se réjouit sur eux. Le texte de IV Reg. XX, 13, porte se réjouit à leur arrivée. Il est vrai qu’il ne nomme pas plus les députés que ne le fait Isaïe lui-même ; mais ce mot est évidemment sous-entendu et suffisamment représenté par le pronom dans tout le verset. — Chose ; littér. parole ; mais comme nous l’avons déjà remarqué, le terme hébreu correspondant signifie les deux choses.
²
(a) Délivrance d’Israël. Voix qui se fait entendre dans le désert. Manifestation du Seigneur, sa grandeur, sa puissance. Bonheur de ceux qui persévèrent dans l’attente du Seigneur.
1 Consolámini, consolámini, pópule meus,
1. Consolez-vous, mon peuple,
dicit Deus vester.
consolez-vous, dit votre Dieu.
2 Loquímini ad cor Jerúsalem,
2. Parlez au cœur de Jérusalem
et advocáte eam,
et appelez-la ;
quóniam compléta est malítia
ejus,
car sa malice est arrivée au terme,
dimíssa est iníquitas illíus :
son iniquité a été pardonnée ;
suscépit de manu Dómini
duplícia
elle a reçu de la main du Seigneur
pro ómnibus peccátis suis.
une double peine pour tous ses péchés.
3 Vox clamántis in desérto :
3. Voici la voix de quelqu’un qui crie dans le désert :
Paráte viam Dómini,
Préparez la voie du Seigneur ;
rectas fácite
in solitúdine sémitas Dei nostri.
rendez droits dans la solitude les sentiers de notre Dieu.
4 Omnis vallis exaltábitur,
4. Toute vallée sera comblée,
et omnis mons et collis
humiliábitur,
et toute montagne et colline sera abaissée ;
et erunt prava in dirécta,
les chemins tortus seront redressés,
et áspera in
vias planas :
et les raboteux deviendront des voies aplanies.
5 et revelábitur glória Dómini,
5. Et la gloire du Seigneur sera révélée,
et vidébit omnis caro páriter
et toute chair verra en même temps
quod os Dómini locútum est.
que la bouche du Seigneur a parlé.
6 Vox dicéntis : Clama.
6. Voici la voix de quelqu’un qui dit : Crie.
Et dixi : Quid clamábo ?
Et j’ai dit : Que dirai-je ?
Omnis caro fœnum,
Toute chair est de l’herbe,
et omnis glória ejus quasi flos
agri.
et toute sa gloire est comme la fleur du champ.
7 Exsiccátum est fœnum, et cécidit flos,
7. L’herbe s’est desséchée, et la fleur est tombée,
quia spíritus Dómini sufflávit
in eo.
car le souffle du Seigneur a soufflé sur elle.
Vere fœnum est pópulus :
Vraiment l’herbe, c’est le peuple ;
8 exsiccátum est fœnum, et cécidit flos ;
8. L’herbe s’est desséchée, et la fleur est tombée ;
verbum autem Dómini
nostri manet in ætérnum.
mais la parole de notre Seigneur demeure éternellement.
9 Super montem excélsum ascénde,
9. Sur une haute montagne, monte,
tu qui evangelízas Sion ;
toi qui évangélises Sion ;
exálta in fortitúdine vocem tuam,
élève avec force ta voix,
qui evangelízas Jerúsalem :
toi qui évangélises Jérusalem ;
exálta, noli timére.
élève-là, ne crains pas.
Dic civitátibus Juda :
Dis aux cités de Juda :
Ecce Deus vester :
Voici votre Dieu ;
10 ecce Dóminus Deus in fortitúdine véniet,
10. Voici que le Seigneur Dieu viendra dans sa puissance,
et bráchium ejus dominábitur :
et que son bras dominera ;
ecce merces
ejus cum eo,
voici que sa récompense est avec lui,
et opus illíus coram illo.
et que son œuvre est devant lui.
11 Sicut pastor gregem suum pascet,
11. Comme un pasteur, il paitra son troupeau,
in bráchio suo congregábit agnos,
et avec son bras il rassemblera les agneaux,
et in sinu suo levábit ;
et il les prendra dans son sein,
fœtas ipse portábit.
il portera lui-même les brebis pleines.
12 Quis mensus est pugíllo aquas,
12. Qui a mesuré les eaux dans sa poignée,
et cælos palmo ponderávit ?
et a pesé les cieux dans la paume de sa main ?
quis appéndit tribus dígitis
molem terræ,
Qui a soutenu de trois doigts la masse de la terre,
et liberávit in póndere montes,
et a équilibré les montagnes au poids,
et colles in statéra ?
et les collines dans la balance ?
13 Quis adjúvit spíritum Dómini ?
13. Qui a aidé l’esprit du Seigneur ?
aut quis consiliárius ejus
fuit, et osténdit illi ?
ou qui a été son conseiller et l’a enseigné ?
14 cum quo íniit consílium, et instrúxit eum,
14. Avec qui est-il entré en conseil, et qui lui a donné l’intelligence,
et dócuit eum sémitam justítiæ,
et lui a enseigné le sentier de la justice,
et erudívit eum sciéntiam,
et l’a formé à la science,
et viam prudéntiæ osténdit
illi ?
et lui a montré la voie de la prudence ?
15 Ecce gentes quasi stilla
sítulæ,
15. Voici que les nations sont réputées comme une goutte coulant d’un seau,
et quasi moméntum
statéræ reputátæ sunt ;
comme ce qui donne un mouvement à une balance ;
ecce ínsulæ
quasi pulvis exíguus.
voici que les iles sont comme une poussière légère.
16 Et Líbanus non suffíciet ad succendéndum,
16. Et le Liban ne suffira pas pour allumer le feu de son autel,
et animália ejus non suffícient
ad holocáustum.
et ses animaux ne suffiront pas pour un holocauste.
17 Omnes gentes quasi non sint, sic sunt coram eo,
17. Toutes les nations, comme si elles n’étaient pas, ainsi sont-elles devant lui ;
et quasi níhilum et ináne
reputátæ sunt ei.
et elles sont réputées par lui comme le néant et le vide.
18 Cui ergo símilem fecísti
Deum ?
18. À qui donc avez-vous fait semblable le Seigneur ?
aut quam imáginem ponétis
ei ?
quelle forme lui donnerez-vous ?
19 Numquid scúlptile conflávit faber ?
19. Est-ce que l’ouvrier ne jette pas une statue en fonte,
aut áurifex auro figurávit
illud,
ou l’orfèvre ne la forme-t-il pas en or,
et láminis argénteis argentárius ?
et l’argenteur ne la recouvre-t-il pas de lames d’argent ?
20 Forte lignum et imputríbile elégit ;
20. Il choisit un bois fort et incorruptible ;
ártifex sápiens quærit
l’artiste habile cherche
quómodo státuat simulácrum, quod non moveátur.
comment il placera sa statue, pour qu’elle ne chancelle point.
21 Numquid non scitis ? numquid non
audístis ?
21. Est-ce que vous ne savez pas ? est-ce que vous n’avez pas entendu ?
numquid non annuntiátum est
vobis ab inítio ?
est-ce qu’on ne vous a pas annoncé dès le commencement ?
numquid non intellexístis
fundaménta terræ ?
est-ce que vous n’avez pas compris les fondements de la terre ?
22 Qui sedet super gyrum terræ,
22. Est-ce que vous n’avez pas compris qui est celui qui demeure sur le disque de la terre,
et habitatóres ejus sunt quasi
locústæ ;
et ses habitants sont comme des sauterelles ;
qui exténdit velut níhilum
cælos,
qui a étendu les cieux comme rien,
et expándit eos sicut tabernáculum ad inhabitándum ;
et les a déployés comme un tabernacle qui doit être habité ?
23 qui dat secretórum scrutatóres quasi non sint,
23. Qui réduit les scrutateurs des secrets à être comme s’ils n’étaient pas,
júdices terræ velut ináne
fecit.
et a fait des juges de la terre une chose vaine ?
24 Et quidem neque plantátus, neque satus,
24. Et à la vérité leur tronc n’avait été ni planté, ni semé,
neque radicátus in terra truncus eórum ;
ni enraciné dans la terre ;
repénte flavit in eos, et
aruérunt,
soudain Dieu a soufflé sur eux et ils se sont desséchés,
et turbo quasi stípulam áuferet
eos.
et un tourbillon les emportera comme la paille.
25 Et cui assimilástis me, et adæquástis ?
25. Et à qui m’avez vous assimilé et égalé,
dicit Sanctus.
dit le saint ?
26 Leváte in excélsum óculos
vestros, et vidéte
26. Levez en haut vos yeux, et voyez
quis creávit hæc :
qui a créé ces choses ;
qui edúcit in
número milítiam eórum,
qui fait lever en nombre leur milice,
et omnes ex nómine vocat ;
qui les appelle toutes par leur nom ;
præ multitúdine fortitúdinis et
róboris, virtutísque ejus,
à cause de la grandeur de sa puissance, et de sa force et de sa vertu,
neque unum réliquum fuit.
pas une seule ne manque.
27 Quare dicis, Jacob,
27. Pourquoi dis-tu, ô Jacob,
et lóqueris, Israël :
et dis-tu, ô Israël :
Abscóndita
est via mea a Dómino,
Ma voie a été cachée au Seigneur,
et a Deo meo judícium meum transívit ?
et par mon Dieu mon jugement a été mis de côté ?
28 Numquid nescis, aut non audísti ?
28. Est-ce que tu ne sais pas, ou n’as-tu pas appris ?
Deus sempitérnus Dóminus,
Dieu est l’éternel Seigneur
qui creávit términos terræ :
qui a créé les limites de la terre ;
non defíciet, neque laborábit,
il ne se lassera pas, il ne se fatiguera pas,
nec est investigátio sapiéntiæ
ejus.
et l’investigation de sa sagesse n’est pas possible.
29 Qui dat lasso virtútem,
29. C’est lui qui donne la vigueur à l’homme las ;
et his qui non sunt,
fortitúdinem et robur multíplicat.
et pour ceux qui ne sont pas, il augmente le courage et la force.
30 Defícient púeri, et laborábunt,
30. Les enfants se lasseront, et se fatigueront,
et júvenes in infirmitáte
cadent ;
et les jeunes hommes tomberont par l’affaiblissement.
31 qui autem sperant in Dómino mutábunt fortitúdinem,
31. Mais ceux qui espèrent dans le Seigneur prendront une force nouvelle ;
assúment pennas sicut áquilæ :
ils prendront des ailes comme les aigles,
current et non laborábunt,
ils courront, et ne se fatigueront pas ;
ambulábunt et non defícient.
ils marcheront et ne défailliront pas.
~
CHAP.
XL. 3. Matth. III,
3 ; Marc. I, 3 ; Luc. III, 4 ; Joan. I, 23. — 6. Eccli. XIV, 18 ; Jac. I, 10 ; I Petr. I, 24. — 11. Ezech. XXXIV, 23 ; XXXVII, 24 ; Joan. X, 11. — 13. Sap. IX, 13 ; Rom. XI, 34 ; I Cor. II, 16. — 18. Act. XVII, 29.
(a). L’authenticité de ce chapitre et des suivants jusqu’à la fin a été combattue par les exégètes rationalistes d’Allemagne de ces derniers temps.
1. * Ici commence la seconde partie d’Isaïe, qui comprend les chapitres XL-LXVI ; Elle se partage en trois séries de discours, subdivisés en groupes de neuf : XL-XLVIII ; XLIX-LVII ; LVIII-LXVI. Pour plus de détails sur les caractères généraux de la seconde partie, voir la note 23 à la fin du volume. — La première section, XL-XLVIII, fait ressortir la différence qui existe entre le vrai Dieu et les faux dieux. — Le chapitre XL renferme le premier discours et sert d’introduction générale. Il nous fait connaitre l’objet de la mission du prophète, qui est de consoler son peuple et de lui annoncer le salut, en fondant ces consolations et ces espérances sur la toute-puissance de Dieu et sur la gloire du règne du Messie. — Les versets 1-11 sont comme le prologue des 27 discours. Les versets 3-8 prédisent la mission du précurseur du Messie, S. Jean-Baptiste. Après l’introduction générale, 1-11, Isaïe montre combien Dieu est incomparablement grand et quelle est la folie des adorateurs des idoles. Les Juifs ne doivent compter que sur le secours du Seigneur qui seul peut les consoler, 12-31.
2. Malice (malitia) ; ou, comme lisent plusieurs exemplaires latins, milice (militia) ; ce que porte le texte hébreu. — Double ; c’est-à-dire très grande, considérable. Compar. LXI, 7 ; Jer. XVI, 18 ; Apoc. XVIII, 6.
3. La voix, etc. Compar. Matth. III, 3 ; Luc. III, 4. — * En Orient, on prépare les voies au souverain dans les lieux où il doit passer, en faisant des routes ou en réparant celles qui existent déjà.
9. Les promesses contenues dans ce verset et les suivants n’auront leur parfait accomplissement qu’à la venue de Jésus-Christ.
10. Sa récompense ; c’est-à-dire la récompense qu’il doit accorder. — Œuvre, ou mieux, par métonymie, fruit de l’œuvre, salaire, sens qu’a le terme hébreu correspondant.
26. Ces choses ; les cieux ou les astres. — Leur milice. Dans bien des endroits l’Écriture appelle les astres la milice du ciel, et représente Dieu comme le général de cette armée. — En nombre ; grand, ou marqué, déterminé. — Toutes ; selon l’hébreu et la Vulgate, tous, au masculin, parce que les astres sont ici personnifiés.
29. Ceux qui ne sont pas (qui non sunt) ; hyperbole, pour ceux qui sont épuisés, qui manquent de forces, comme porte le texte hébreu.
31. Prendront une force nouvelle ; renouvelleront leur force. C’est le sens du latin mutabunt fortitudinem ; la Vulgate, en effet, a rendu ailleurs (Job. XXIX, 20) le même verbe hébreu par renouveler.
²
Règne du juste. Ses conquêtes. Délivrance d’Israël. Ruine de Babylone. Vanité et impuissance des idoles.
1 Táceant ad me ínsulæ,
1. Que les iles se taisent devant moi,
et gentes mutent fortitúdinem :
et que les nations prennent une nouvelle force ;
accédant, et tunc loquántur ;
qu’elles s’approchent, et alors qu’elles parlent,
simul ad judícium propinquémus.
et entrons ensemble en jugement.
2 Quis suscitávit ab oriénte Justum,
2. Qui a suscité de l’Orient le juste ?
vocávit eum ut sequerétur
se ?
qui l’a appelé pour qu’il le suivît ?
Dabit in conspéctu ejus gentes,
il mettra en sa présence des nations,
et reges obtinébit :
et lui asservira des rois ;
dabit quasi
púlverem gládio ejus,
il les livrera comme de la poussière à son glaive,
sicut stípulam vento raptam árcui ejus.
et comme une paille emportée par le vent à son arc.
3 Persequétur eos, transíbit in pace :
3. En les poursuivant, il passera en paix,
sémita in pédibus ejus non
apparébit.
et la trace de ses pieds ne paraitra pas.
4 Quis hæc operátus est, et fecit,
4. Qui a opéré et fait ces choses,
vocans generatiónes ab exórdio ?
appelant les générations dès le commencement ?
Ego Dóminus :
Je suis le Seigneur ;
primus et novíssimus ego sum.
c’est moi qui suis le premier et le dernier.
5 Vidérunt ínsulæ, et timuérunt ;
5. Les iles ont vu, et elles ont craint ;
extréma terræ obstupuérunt :
les extrémités de la terre ont été dans la stupeur,
appropinquavérunt, et accessérunt.
elles se sont rapprochées et sont arrivées.
6 Unusquísque próximo suo auxiliábitur,
6. Chacun portera secours à son voisin,
et fratri suo dicet :
Confortáre.
et dira à son frère : Prends courage.
7 Confortávit faber ærárius
7. L’ouvrier en airain, frappant du marteau,
percútiens málleo
a encouragé celui qui, dans le même temps,
eum, qui cudébat tunc témporis,
battait sur l’enclume,
dicens : Glútino bonum est ;
disant : C’est bon pour la soudure ;
et confortávit eum clavis, ut
non moverétur.
et il l’a assuré avec des clous, afin qu’il ne fut pas ébranlé.
8 Et tu, Israël, serve meus,
8. Et toi, Israël mon serviteur,
Jacob quem elégi,
Jacob que j’ai choisi,
semen Abraham amíci mei :
race d’Abraham mon ami,
9 in quo apprehéndi te ab extrémis terræ,
9. Dans lequel je t’ai retiré des extrémités de la terre,
et a longínquis ejus vocávi te,
et de ses pays lointains je t’ai appelé
et dixi tibi : Servus meus
es tu :
et je t’ai dit : Mon serviteur, c’est toi,
elégi te, et non abjéci te.
je t’ai choisi et je ne t’ai pas rejeté.
10 Ne tímeas, quia ego tecum
sum ;
10. Ne crains pas, parce que voici que je suis avec toi ;
ne declínes,
quia ego Deus tuus :
ne te détourne pas, parce que moi je suis ton Dieu ;
confortávi te, et auxiliátus
sum tibi,
je t’ai fortifié, je t’ai secouru,
et suscépit te déxtera Justi
mei.
et la droite de mon juste t’a soutenu.
11 Ecce confundéntur et erubéscent
11. Voici qu’ils seront confondus et qu’ils rougiront,
omnes qui pugnant advérsum
te ;
tous ceux qui combattent contre toi ;
erunt quasi non sint, et
períbunt
ils seront comme s’ils n’étaient pas,
viri qui contradícunt tibi.
et ils périront, les hommes qui te contredisent.
12 Quæres eos, et non invénies,
12. Tu les chercheras et tu ne les trouveras pas,
viros rebélles tuos ;
ces hommes qui t’étaient rebelles ;
erunt quasi non sint, et véluti
consúmptio
ils seront comme s’ils n’étaient pas ; et ils seront comme consumés,
hómines bellántes advérsum te.
les hommes qui faisaient la guerre contre toi.
13 Quia ego Dóminus Deus tuus,
13. Car moi, le Seigneur ton Dieu,
apprehéndens manum tuam,
je te prends par la main
dicénsque tibi : Ne tímeas :
et te dis : Ne crains pas ;
ego adjúvi te.
moi je suis ton aide.
14 Noli timére, vermis Jacob,
14. Ne crains pas, vermisseau de Jacob,
qui mórtui estis ex Israël :
ni vous, morts d’Israël ;
ego
auxiliátus sum tibi, dicit Dóminus,
moi je suis venu à ton aide, dit le Seigneur ;
et redémptor tuus Sanctus Israël.
et ton rédempteur est le saint d’Israël.
15 Ego pósui te quasi plaustrum tritúrans novum,
15. moi je t’ai posé comme un charriot neuf qui foule le blé,
habens rostra serrántia ;
qui a des dents pointues ;
triturábis montes, et commínues,
tu fouleras les montagnes et tu les briseras ;
et colles quasi púlverem pones.
et les collines, tu les rendras comme la poussière.
16 Ventilábis eos, et ventus tollet,
16. Tu les vanneras, et un vent les emportera,
et turbo dispérget eos ;
et un tourbillon les dissipera ;
et tu exsultábis in Dómino,
et tu exulteras dans le Seigneur,
in Sancto Israël lætáberis.
dans le saint d’Israël tu te réjouiras.
17 Egéni et páuperes
17. Les indigents et les pauvres
quærunt aquas, et non
sunt ;
cherchent de l’eau, et il n’y en a pas ;
lingua eórum siti áruit.
leur langue s’est desséchée par la soif.
Ego Dóminus exáudiam eos,
Moi, le Seigneur, je les exaucerai, Dieu d’Israël,
Deus Israël, non derelínquam
eos.
je ne les abandonnerai pas.
18 Apériam in supínis cóllibus flúmina,
18. Je découvrirai des fleuves dans des collines en pente,
et in médio campórum
fontes :
et au milieu des champs, des fontaines ;
ponam desértum in stagna aquárum,
je changerai en un désert des étangs pleins d’eau,
et terram
ínviam in rivos aquárum.
et une terre sans chemin en des courants d’eaux.
19 Dabo in solitúdinem cedrum,
19. Je poserai dans la solitude le cèdre,
et spinam, et myrtum, et lignum
olívæ ;
l’acacia, le myrte et l’olivier ;
ponam in desérto abíetem,
je poserai dans le désert le sapin,
ulmum, et buxum simul :
l’orme et le buis ensemble ;
20 ut vídeant, et sciant,
20. Afin que les hommes voient, qu’ils sachent,
et recógitent, et intélligant
páriter,
qu’ils réfléchissent, et qu’ils comprennent tous ensemble
quia manus
Dómini fecit hoc,
que la main du Seigneur a fait cela,
et Sanctus Israël creávit
illud.
et que le saint d’Israël l’a créé.
21 Prope fácite judícium vestrum,
21. Plaidez sans délai votre cause,
dicit Dóminus ;
dit le Seigneur,
Afférte, si quid forte habétis,
apportez vos preuves, si par hasard vous en avez quelqu’une,
dicit rex Jacob.
dit le roi de Jacob.
22 Accédant, et núntient nobis
22. Qu’ils s’approchent, et qu’ils nous annoncent
quæcúmque ventúra sunt ;
toutes les choses qui doivent arriver ;
prióra quæ fúerunt, nuntiáte,
annoncez celles qui furent les premières ;
et ponémus cor nostrum,
et nous y appliquerons notre cœur,
et sciémus novíssima eórum ;
et nous saurons leur fin ;
et quæ ventúra sunt, indicáte
nobis.
et indiquez-nous celles qui doivent arriver.
23 Annuntiáte quæ ventúra sunt in futúrum,
23. Annoncez-nous les choses qui doivent arriver dans l’avenir,
et sciémus quia dii estis
vos ;
et nous saurons que vous êtes dieux ;
bene quoque aut male, si
potéstis, fácite,
faites aussi du bien ou du mal, si vous le pouvez,
et loquámur et videámus simul.
et nous parlerons, et nous verrons ensemble.
24 Ecce vos estis ex níhilo,
24. Voilà que vous, vous sortez de rien,
et opus vestrum ex eo quod non
est :
et votre œuvre de ce qui n’est pas ;
abominátio est qui elégit vos.
c’est l’abomination qui vous a choisis.
25 Suscitávi ab aquilóne, et véniet ab ortu
solis :
25. Je l’ai suscité de l’aquilon,
vocábit nomen meum,
et il viendra du levant ; il invoquera mon nom ;
et addúcet magistrátus quasi
lutum,
et il traitera les magistrats comme de la boue,
et velut plastes concúlcans
humum.
et il les foulera comme le potier foule sous ses pieds l’argile.
26 Quis annuntiávit ab exórdio ut sciámus,
26. Qui a annoncé ces choses dès le commencement, afin que nous les sachions,
et a princípio ut
dicámus : Justus es ?
et dès le principe, afin que nous disions : Vous êtes juste ?
Non est neque annúntians, neque
prædícens,
Il n’y a personne qui annonce et qui prédit,
neque áudiens sermónes vestros.
ni personne qui entend vos paroles.
27 Primus ad Sion dicet : Ecce adsunt,
27. Le premier, il dira à Sion : Vois, ils sont ici ;
et Jerúsalem evangelístam dabo.
et à Jérusalem je donnerai un évangéliste.
28 Et vidi,
28. Et j’ai vu,
et non erat neque ex istis
quisquam
et il n’y avait pas même parmi eux
qui iníret consílium,
quelqu’un qui formât un dessein,
et interrogátus respondéret verbum.
et qui, interrogé, répondît un mot.
29 Ecce omnes injústi,
29. Voici que tous sont injustes,
et vana ópera eórum ;
et leurs ouvrages vains ;
ventus et ináne simulácra
eórum.
du vent et du vide sont leurs simulacres.
~
CHAP. XLI. 4. Infra. XLIV, 6 ; XLVIII, 12 ; Apoc. I, 8, 17 ; XXII, 13.
1-29. * 2e Discours : Dieu, maitre de l’univers et de l’avenir, XLI. — À qui m’avez-vous assimilé et égalé ? avait dit Dieu dans le chapitre précédent, XL, 25. Isaïe reprend maintenant cette pensée et en fait le sujet du second discours, dans lequel, s’adressant aux païens, il leur montre que le Seigneur est le maitre de l’univers et leur annonce qu’il appelle du nord-est, XLI, 2, 25, le conquérant, c’est-à-dire Cyrus, originaire du nord, par sa parenté avec les Mèdes, et de l’est, parce qu’il était Perse. Dieu nous apprend aussi que les exploits de Cyrus seront son œuvre et une preuve de sa supériorité infinie sur les faux dieux ; qu’ils seront la ruine des idolâtres et le salut de son propre peuple, 1-20. Ce qu’il veut accomplir, il l’annonce à l’avance, 21-24, afin que chacun sache qu’il est le souverain maitre et que lui seul dispose de l’avenir, 25-29.
1, 5. Les iles ; les régions lointaines. Voy. Ps. XCVI, 1.
2. Le juste ; probablement Cyrus, le libérateur d’Israël selon la chair ; mais en même temps figure du juste par excellence, du libérateur d’Israël selon l’esprit. Compar. XLIV, 28 ; XLV, 1 et suiv. ; XLVI, 11 ; XLVIII, 14-15. D’ailleurs Cyrus n’est appelé juste que par comparaison avec les Babyloniens.
5. Les iles, etc. Les peuples les plus éloignés firent alliance avec le roi de Babylone, et se liguèrent pour résister à Cyrus, et arrêter le progrès de ses conquêtes.
7. L’ouvrier, etc. ; espèce de parabole qui désigne les peuples alliés. — Il l’a assuré (confortavit eum). Le pronom masculin eum ne peut se rapporter qu’au mot dieu (deum), c’est-à-dire faux dieu, idole, sous-entendu.
9. Dans lequel (in quo) : dans la personne duquel, etc. Ceci s’explique d’Israël, soit d’abord appelé de la Chaldée en la personne d’Abraham, soit ensuite de l’Égypte en la personne des descendants de Jacob.
14. Morts d’Israël ; littér. qui êtes morts d’Israël (qui mortui estis ex Israël). Les prophètes représentent ordinairement la maladie, l’affliction, l’exil, comme une mort, comme le tombeau. Compar. IX, 2 ; Ezech. XXXVII, 12.
15. C’est moi, etc. Le prophète Michée prédit la même chose en parlant des Juifs de retour de la captivité.
16. Tu les vanneras, etc. Cette prophétie parait avoir eu son accomplissement sous les Machabées.
19. Je poserai ; c’est-à-dire je ferai croitre.
23. Nous parlerons, et nous verrons ; litter., et par hébraïsme, que nous parlions, et que nous voyions.
25. De l’aquilon ; du septentrion, de l’orient. Cyrus était Perse par Cambyse, son père, et Mède par Mandane, sa mère. Or la Perse et la Médie étaient à l’orient septentrional de la Judée. — Il invoquera mon nom. Voy. II Par. XXXVI, 23 ; II Esd. I, 2. — Les magistrats (magistratus) ; les grands, les princes babyloniens.
26. Il n’y a parmi vous. — Qui entend vos paroles ; car vous êtes muets, vous ne parlez pas.
27. Le premier ; c’est-à-dire le Seigneur est le premier. — Ils sont ici ; ceux qui t’annoncent les choses futures. — Évangéliste ; porteur d’une bonne nouvelle.
28. Parmi eux ; parmi ces faux dieux.
²
Caractère du libérateur d’Israël. Félicité des peuples sous son règne. Ruine de Babylone. Délivrance d’Israël. Aveuglement de ce peuple. Sa captivité.
1 Ecce servus meus, suscípiam eum ;
1. Voici mon serviteur, je le soutiendrai ;
eléctus meus, complácuit sibi
in illo ánima mea :
mon élu, en qui s’est complu mon âme ;
dedi spíritum meum super eum :
j’ai répandu mon esprit sur lui ;
judícium géntibus próferet.
il annoncera la justice aux nations.
2 Non clamábit, neque accípiet persónam,
2. Il ne criera point, il ne fera acception de personne ;
nec audiétur vox ejus foris.
sa voix ne sera pas entendue au dehors.
3 Cálamum quassátum non cónteret,
3. Il ne brisera pas un roseau froissé,
et linum fúmigans non
extínguet :
il n’éteindra pas une mèche fumante :
in veritáte edúcet judícium.
il jugera dans la vérité.
4 Non erit tristis, neque turbuléntus,
4. Il ne sera point triste, ni précipité,
donec ponat in terra judícium ;
jusqu’à ce qu’il établisse sur la terre la justice ;
et legem ejus ínsulæ
exspectábunt.
et les iles attendront sa loi.
5 Hæc dicit Dóminus Deus,
5. Voici ce que dit le Seigneur Dieu,
creans cælos, et exténdens
eos ;
qui a créé les cieux et les a étendus ;
formans terram, et quæ
gérminant ex ea ;
qui a affermi la terre et ce qui en germe ;
dans flatum pópulo qui est
super eam,
qui a donné le souffle au peuple qui est sur elle,
et spíritum calcántibus eam :
et la respiration à ceux qui la foulent aux pieds.
6 Ego Dóminus vocávi te in
justítia,
6. Moi, le Seigneur, je t’ai appelé dans la justice,
et apprehéndi manum tuam,
et je t’ai pris par la main
et servávi te :
et je t’ai conservé.
et dedi te in fœdus pópuli,
Et je t’ai établi pour être l’alliance du peuple,
in lucem géntium,
la lumière des nations ;
7 ut aperíres óculos cæcórum,
7. Afin d’ouvrir les yeux des aveugles,
et edúceres de conclusióne
vinctum,
de retirer du cachot le captif enchainé,
de domo cárceris sedéntes in
ténebris.
du fond de leur prison ceux qui étaient assis dans les ténèbres.
8 Ego Dóminus,
8. Je suis le Seigneur,
hoc est nomen meum ;
c’est là mon nom ;
glóriam meam álteri non dabo,
je ne donnerai pas ma gloire à un autre,
et laudem meam sculptílibus.
et la louange qui m’appartient aux images taillées au ciseau.
9 Quæ prima fúerunt, ecce venérunt ;
9. Les premiers évènements, voici qu’ils sont arrivés ;
nova quoque ego annúntio :
j’en annonce aussi de nouveaux ;
ántequam oriántur,
avant qu’ils arrivent,
audíta vobis fáciam.
je vous les ferai connaitre.
10 Cantáte Dómino cánticum novum,
10. Chantez au Seigneur un cantique nouveau,
laus ejus ab extrémis terræ,
et sa louange des extrémités de la terre,
qui descénditis in mare, et
plenitúdo ejus ;
vous qui descendez sur la mer, et ce qu’elle contient,
ínsulæ, et habitatóres eárum.
iles, et vous, leurs habitants.
11 Sublevétur desértum et civitátes ejus.
11. Que le désert et ses cités se lèvent ;
In dómibus habitábit Cedar :
dans des maisons habitera Cédar ;
laudáte, habitatóres petræ ;
louez, habitants de Pétra ;
de vértice móntium clamábunt.
du sommet des montagnes ils crieront.
12 Ponent Dómino glóriam,
12. Ils donneront au Seigneur la gloire,
et laudem ejus in ínsulis nuntiábunt.
et ils annonceront sa louange dans les iles.
13 Dóminus sicut fortis egrediétur,
13. Le Seigneur comme un brave sortira ;
sicut vir præliátor suscitábit zelum ;
comme un homme qui marche au combat il excitera le zèle ;
vociferábitur, et clamábit :
il élèvera la voix, et jettera des cris ;
super inimícos suos confortábitur.
contre ses ennemis il se fortifiera.
14 Tácui semper,
14. Je me suis toujours tu,
sílui, pátiens fui :
j’ai gardé le silence ; j’ai été patient ;
sicut partúriens loquar ;
comme la femme en travail, je parlerai ;
dissipábo, et absorbébo simul.
je détruirai, j’engloutirai tout à la fois.
15 Desértos fáciam montes et colles,
15. Je rendrai désertes les montagnes et les collines,
et omne gramen eórum
exsiccábo ;
et je dessècherai leur verdure ;
et ponam flúmina in ínsulas,
je changerai les fleuves en iles,
et stagna arefáciam.
et les étangs, je les tarirai.
16 Et ducam cæcos in viam quam nésciunt,
16. Et je conduirai les aveugles dans une voie qu’ils ne connaissent pas ;
et in sémitis quas ignoravérunt
ambuláre eos fáciam ;
et dans les sentiers qu’ils ignorent, je les ferai marcher ;
ponam ténebras coram eis in lucem,
je convertirai devant eux les ténèbres en lumière,
et prava in recta ;
et les chemins tortus en chemins droits ;
hæc verba feci eis,
j’ai fait ces choses pour eux,
et non derelíqui eos.
et je ne les ai pas délaissés.
17 Convérsi sunt retrórsum, confundántur confusióne,
17. Ils sont retournés en arrière ; qu’ils soient entièrement couverts de confusion,
qui confídunt in scúlptili ;
ceux qui se confient dans leur image taillée au ciseau,
qui dicunt conflátili :
qui disent à une statue jetée en fonte :
Vos dii nostri.
Vous êtes nos dieux.
18 Surdi, audíte,
18. Sourds, écoutez ;
et cæci, intuémini ad vidéndum.
aveugles, regardez pour voir.
19 Quis cæcus, nisi servus meus ;
19. Qui est aveugle, sinon mon serviteur ?
et surdus, nisi ad quem núntios
meos misi ?
et sourd, sinon celui à qui j’ai envoyé mes messagers ?
quis cæcus, nisi qui venundátus
est ?
qui est aveugle, sinon celui qui a été vendu ?
et quis cæcus, nisi servus
Dómini ?
et qui est aveugle, sinon le serviteur du Seigneur ?
20 Qui vides multa, nonne custódies ?
20. Toi qui vois beaucoup de choses, n’observeras-tu point ?
qui apértas habes aures, nonne
áudies ?
toi qui as les oreilles ouvertes, n’entendras-tu point ?
21 Et Dóminus vóluit ut sanctificáret eum,
21. Et le Seigneur a voulu le sanctifier,
et magnificáret legem, et
extólleret.
et magnifier la loi, et en relever la grandeur.
22 Ipse autem pópulus diréptus, et vastátus ;
22. Mais le peuple lui-même a été pillé et ravagé ;
láqueus júvenum omnes,
tous sont devenus un lacs pour les jeunes hommes ;
et in dómibus cárcerum abscónditi sunt ;
et au fond des prisons ils ont été cachés ;
facti sunt in rapínam, nec est
qui éruat ;
ils sont devenus la proie de l’ennemi, et il n’est personne qui les délivre ;
in direptiónem, nec est qui
dicat : Redde.
ils ont été livrés au pillage, et il n’est personne qui dise : Rends.
23 Quis est in vobis qui áudiat hoc,
23. Qui est celui parmi vous qui écoute cela, qui y soit attentif,
atténdat, et auscúltet futúra ?
et ait foi aux choses futures ?
24 Quis dedit in direptiónem Jacob,
24. Qui a livré Jacob en proie,
et Israël vastántibus ?
et Israël à ceux qui le ravagent ?
nonne Dóminus ipse, cui
peccávimus ?
n’est-ce pas le Seigneur lui-même, contre qui nous avons péché ?
Et noluérunt in viis ejus
ambuláre,
Et ils n’ont pas voulu marcher dans ses voies,
et non audiérunt legem ejus.
et ils n’ont pas écouté sa loi.
25 Et effúdit super eum indignatiónem furóris sui,
25. Et il a lancé sur eux l’indignation de sa fureur,
et forte bellum ;
et une forte guerre ;
et combússit eum in circúitu,
et non cognóvit ;
il a allumé un feu autour de lui, et il ne l’a pas su ;
et succéndit eum, et non
intelléxit.
il l’a livré aux flammes, et il n’a pas compris.
~
CHAP. XLII. 1. Matth. XII, 18. — 6. Infra. XLIX, 6 ; Luc. II, 32. — 8. Infra. XLVIII, 11.
1-25. * 3e Discours : Le serviteur de Dieu, médiateur d’Israël, XLII, 1-XLIII, 13. — Au Voici que tous sont injustes de XLI, 29, Isaïe oppose, XLII, 1 : Voici mon serviteur, je le soutiendrai. Après avoir rejeté les païens, leurs œuvres vaines et leurs vaines idoles, il introduit par ces mots le serviteur de Dieu, le Messie. Israël a été appelé, XLI, 8-9, le serviteur de Dieu, mais celui qui nous est présenté maintenant n’est pas une personnification collective, il est distinct du peuple, c’est une personne individuelle et vivante, c’est le Christ, comme le reconnait le Targum qui paraphrase cet endroit en disant : Voici mon serviteur le Messie. Les ch. VII-XII nous l’ont représenté comme le fils de David ; désormais il va nous apparaitre surtout comme le représentant du vrai Israël, de l’Israël fidèle, et de l’humanité tout entière, comme le second Adam. Cyrus doit briser les peuples ennemis de Dieu, le Messie est le médiateur pacifique : — Il ne criera point… il ne brisera pas un roseau froissé, c’est-à-dire, dit Tertullien, les enfants d’Israël ; il n’éteindra pas une mèche fumante, c’est-à-dire, d’après le même docteur, les Gentils, XLII, 2-3 ; Matth. XII, 18-20 ; il apportera à tous le plus précieux des biens, la rédemption, le salut, XLII, 17. Israël doit donc se convertir et rechercher de nouveau son Dieu et son Sauveur, XLI, 18-XLIII, 13.
1. Voici mon serviteur, etc. Dans ce verset et les suivants il est parlé très clairement du Messie et de la rédemption du genre humain, et les évangélistes ont souvent appliqué à Jésus-Christ ce qui est dit ici du libérateur d’Israël. Il y a cependant des expressions dont on peut faire l’application à Cyrus, et à la délivrance des Israélites de la captivité de Babylone. Jésus-Christ est considéré sous le rapport de son humanité, selon laquelle il a pris la forme de serviteur. Voy. Phil. II, 7.
4. Les iles ; les régions lointaines. Voy. Ps. XCVI, 1.
6. Pour être, etc. ; pour faire avec mon peuple une nouvelle alliance. Compar. XLVI, 8 ; Jer. XXXI, 21.
7. Du fond ; de la partie intérieure, intime, enfoncée. C’est le véritable sens qu’a ici l’expression latine de domo. La Vulgate elle-même a traduit en plus d’un endroit le terme hébreu, comme nous l’avons fait dans ce verset.
10. Sa louange (laus ejus) ; quoique au nominatif, peut très bien être un second complément du verbe chantez ; nous avons déjà fait remarquer que, dans la Vulgate, les cas se mettent l’un pour l’autre, sans égard pour la construction latine. Compar. Ps. LXI, 3.
11. Cédar. Voy., sur ce nom, Ps. CXIX, 5. Il semble qu’il désigne ici les Juifs qui avaient été transportés dans ce pays. — Pétra ; capitale de l’Arabie Pétrée.
14. Je parlerai (loquar) ; selon l’hébreu, le chaldéen et le syriaque, je crierai.
15. Je changerai, etc. C’est ce qu’on vit au siège de Babylone : Cyrus détourna l’Euphrate et en dessécha le lit, noya ses plus belles campagnes et tarit ses plus belles eaux.
16. Je conduirai, etc. ; promesses qui eurent leur parfait accomplissement par Jésus-Christ, qui répandit la lumière de l’Évangile, et rendit réellement la vue aux aveugles, et l’ouïe aux sourds. — Ces choses ; c’est le vrai sens du latin verba, expliqué par l’hébreu.
17. Qu’ils soient entièrement couverts de confusion ; litter., et par hébraïsme, qu’ils soient confondus de confusion. — Leur image ; dans le texte original, l’image ; mais il faut remarquer qu’en hébreu l’article déterminatif s’emploie quelquefois pour le pronom possessif, image taillée au ciseau ; c’est-à-dire idole. Compar. XXX, 22.
19. Mon serviteur ; Israël. — Messagers (nuntios) ; c’est-à-dire prophètes.
22. Tous, etc. ; tous les Israélites, ayant offensé le Seigneur et mérité par-là des châtiments, sont devenus un piège dans lequel sont tombés leurs propres enfants.
²
Conservation et délivrance d’Israël. Le Seigneur est le seul Dieu. Ruine de Babylone. Délivrance et ingratitude d’Israël.
1 Et nunc hæc dicit Dóminus
1. Et maintenant, voici ce que dit le Seigneur,
creans te, Jacob,
qui te crée, ô Jacob,
et formans te, Israël :
et qui te forme, ô Israël :
Noli timére, quia redémi te,
Ne crains point car je t’ai racheté,
et vocávi te nómine tuo :
meus es tu.
et appelé par ton nom ; tu es mien, toi.
2 Cum transíeris per aquas, tecum ero,
2. Lorsque tu passeras au travers des eaux, je serai avec toi,
et flúmina non opérient
te ;
et les fleuves ne te submergeront pas ;
cum ambuláveris in igne, non comburéris,
lorsque tu marcheras dans le feu, tu ne seras pas brulé ;
et flamma non ardébit in te.
et la flamme n’aura pas d’ardeur pour toi ;
3 Quia ego Dóminus Deus tuus,
3. Parce que je suis le Seigneur ton Dieu,
Sanctus Israël, salvátor tuus,
le saint d’Israël, ton Sauveur ;
dedi propitiatiónem tuam Ægýptum,
j’ai donné pour toi, afin de t’être propice,
Æthiópiam, et
Saba, pro te.
l’Égypte, l’Éthiopie et Saba.
4 Ex quo honorábilis factus es in óculis meis,
4. Depuis que tu es devenu honorable à mes yeux
et gloriósus, ego diléxi te,
et glorieux, moi, je t’ai aimé ;
et dabo hómines pro te,
je donnerai des hommes pour toi,
et pópulos
pro ánima tua.
et des peuples pour ton âme.
5 Noli timére, quia ego tecum
sum ;
5. Ne crains point car moi je suis avec toi ;
ab oriénte addúcam semen tuum,
de l’Orient je ramènerai ta race ;
et ab occidénte congregábo te.
et de l’Occident je te rassemblerai.
6 Dicam aquilóni : Da ;
6. Je dirai à l’aquilon : Donne ;
et austro : Noli prohibére :
et au midi : Ne retiens pas ;
affer fílios meos de longínquo,
amène mes fils de loin,
et fílias meas ab extrémis
terræ.
et mes filles des extrémités de la terre.
7 Et omnem qui ínvocat nomen meum,
7. Car quiconque invoque mon nom,
in glóriam meam creávi eum, formávi eum, et feci eum.
je l’ai créé pour ma gloire, je l’ai formé, et je l’ai fait.
8 Educ foras pópulum cæcum, et
óculos habéntem ;
8. Fais sortir un peuple aveugle et qui a des yeux ;
surdum, et aures ei sunt.
sourd, et il a des oreilles.
9 Omnes gentes congregátæ sunt simul,
9. Toutes les nations se sont réunies ensemble,
et colléctæ sunt tribus.
et des tribus se sont liées ;
Quis in vobis annúntiet istud,
qui parmi vous annoncera cela,
et quæ prima sunt audíre nos
fáciet ?
et nous fera entendre les choses qui furent les premières ?
Dent testes eórum, justificéntur,
qu’ils produisent leurs témoins, qu’ils se justifient,
et áudiant, et dicant :
Vere.
et qu’ils entendent, et qu’ils disent : C’est vrai.
10 Vos testes mei, dicit Dóminus,
10. Vous êtes mes témoins, dit le Seigneur,
et servus meus quem
elégi :
vous et mon serviteur que j’ai choisi ;
ut sciátis, et credátis mihi,
afin que vous sachiez, que vous me croyiez,
et intelligátis quia ego ipse
sum ;
et que vous compreniez que c’est moi-même qui suis.
ante me non est formátus Deus,
Avant moi il n’y a pas eu de Dieu formé,
et post me non erit.
et après moi il n’y en aura pas.
11 Ego sum, ego sum Dóminus,
11. C’est moi qui suis, c’est moi qui suis le Seigneur ;
et non est absque me salvátor.
et il n’y a pas, hors moi, de sauveur.
12 Ego annuntiávi, et salvávi ; audítum
feci,
12. C’est moi qui ai annoncé, et qui ai sauvé ;
et non fuit in vobis
aliénus :
j’ai fait entendre, et il n’y a pas eu parmi vous d’étranger ;
vos testes mei, dicit Dóminus,
vous êtes mes témoins, dit le Seigneur,
et ego Deus.
et moi, je suis Dieu.
13 Et ab inítio ego ipse,
13. Et dès le commencement je suis,
et non est qui de manu mea
éruat.
et il n’y a personne qui arrache de ma main ;
Operábor, et quis avértet
illud ?
j’agirai, et qui m’en détournera ?
14 Hæc dicit Dóminus, redémptor
vester,
14. Voici ce que dit le Seigneur, votre rédempteur,
Sanctus Israël :
le saint d’Israël :
Propter vos misi in Babylónem,
À cause de vous j’ai envoyé à Babylone,
et detráxi vectes univérsos,
et j’ai arraché toutes ses barres,
et Chaldǽos in návibus suis
gloriántes.
et les Chaldéens qui se glorifiaient dans leurs vaisseaux.
15 Ego Dóminus, Sanctus vester,
15. Je suis le Seigneur, votre saint,
creans Israël, rex vester.
le créateur d’Israël, votre roi.
16 Hæc dicit Dóminus,
16. Voici ce que dit le Seigneur,
qui dedit in mari viam,
qui a fait dans la mer une voie,
et in aquis torréntibus
sémitam ;
et au milieu des eaux impétueuses un sentier.
17 qui edúxit quadrígam et equum,
17. Qui a fait sortir le quadrige et le cheval,
agmen et robústum :
l’armée et le fort ;
simul obdormiérunt, nec resúrgent ;
ils se sont endormis ensemble, ils ne se relèveront pas ;
contríti sunt quasi linum, et
extíncti sunt.
ils ont été brisés comme le lin, et ils se sont éteints.
18 Ne meminéritis priórum,
18. Ne vous souvenez plus des choses passées,
et antíqua ne intueámini.
et les anciennes, ne les regardez pas.
19 Ecce ego fácio nova,
19. Voici que moi je fais des choses nouvelles ;
et nunc oriéntur, útique
cognoscétis ea :
c’est maintenant qu’elles paraitront ; certainement vous les connaitrez ;
ponam in desérto viam,
je ferai dans le désert une voie,
et in ínvio flúmina.
et dans un chemin impraticable des fleuves.
20 Glorificábit me béstia agri,
20. La bête des champs me glorifiera,
dracónes, et struthiónes :
ainsi que les dragons et les autruches,
quia dedi in
desérto aquas,
parce que j’ai mis dans le désert des eaux,
flúmina in ínvio,
des fleuves dans un chemin impraticable,
ut darem
potum pópulo meo, elécto meo.
afin de donner à boire à mon peuple, à mon élu.
21 Pópulum istum formávi mihi :
21. J’ai formé ce peuple pour moi ;
laudem meam narrábit.
il publiera ma louange.
22 Non me invocásti, Jacob,
22. Cependant tu ne m’as pas invoqué,
nec laborásti
in me, Israël.
Jacob, et tu n’as pas travaillé pour moi, Israël.
23 Non obtulísti mihi aríetem holocáusti
tui,
23. Tu ne m’as pas offert ton bélier d’holocauste,
et víctimis tuis non
glorificásti me ;
et par tes victimes tu ne m’as pas glorifié ;
non te servíre feci in
oblatióne,
je ne t’ai pas forcé à me faire des oblations,
nec labórem tibi prǽbui in thure.
et je ne t’ai pas donné la peine de m’offrir de l’encens.
24 Non emísti mihi argénto cálamum,
24. Tu ne m’as pas acheté avec ton argent de canne odorante,
et ádipe victimárum tuárum non
inebriásti me :
et de la graisse de tes victimes tu ne m’as pas rassasié ;
verúmtamen
servíre me fecísti in peccátis tuis ;
mais tu m’as rendu ton esclave par tes péchés ;
præbuísti mihi labórem in iniquitátibus tuis.
tu m’as donné du mal par tes iniquités.
25 Ego sum, ego sum ipse qui déleo iniquitátes tuas propter me,
25. C’est moi, c’est moi-même qui efface tes iniquités à cause de moi ;
et peccatórum tuórum non
recordábor.
et de tes péchés je ne me souviendrai pas.
26 Reduc me in memóriam, et judicémur simul :
26. Remets-moi en mémoire, et plaidons ensemble ;
narra si quid habes ut
justificéris.
raconte, si tu as quelque chose pour te justifier.
27 Pater tuus primus peccávit,
27. Ton père le premier a péché,
et intérpretes tui prævaricáti
sunt in me :
et tes interprètes ont prévariqué contre moi.
28 et contaminávi príncipes sanctos ;
28. C’est pourquoi j’ai déclaré souillés les princes saints ;
dedi ad interneciónem Jacob,
j’ai livré Jacob à la tuerie,
et Israël in blasphémiam.
et Israël à l’outrage.
~
CHAP. XLIII. 11. Os. XIII, 4. — 19. II Cor. V, 17 ; Apoc. XXI, 5.
3. J’ai donné, etc. ; c’est-à-dire, selon la plupart des interprètes, j’ai détourné les Assyriens qui étaient sur le point de prendre Jérusalem, en les obligeant de retourner leurs armes contre l’Égypte, l’Éthiopie et le pays de Saba.
4. Pour toi ; pour te venger. — Ton âme ; hébraïsme, pour ta personne, ou ta vie.
6. Donne-moi mes enfants. — Ne retiens pas ; ne les empêche pas de venir.
9. Qui parmi vous ; faux dieux, idoles. — Qu’ils produisent, etc. ; c’est-à-dire que les faux dieux produisent, etc. C’est un défi porté par le vrai Dieu aux fausses divinités, sourdes et muettes.
10. Vous êtes ; vous Hébreux. — Mon serviteur ; Cyrus, selon les uns, Isaïe, selon les autres ; mais c’est plutôt Jésus-Christ. Compar. XLII, 1. — C’est moi, etc. Voy. Ex. III, 14.
13. Qui m’en détournera ; qui m’empêchera d’agir ; litter., qui détournera cela ; c’est-à-dire mon action.
14. et suiv. * 4e Discours : Israël vengé et délivré de ses ennemis ; effusion du Saint-Esprit, XLIII, 14-XLIV, 5. — Dieu vengera Israël des Chaldéens par la ruine de l’empire de Nabuchodonosor, XLIII, 14-15. Ce qu’il a fait quand il a délivré son peuple de la servitude d’Égypte, il le fera de nouveau, 16-21, par grâce, 22-28 ; malgré les péchés qui rendent les Juifs indignes de ses faveurs, il versera sur eux son esprit, XLIV, 1-5.
14. Ses barres ; les barres de ses portes.
16, 17. Allusion au passage des Israélites et de l’armée de Pharaon dans la mer Rouge.
20. La bête du champ ; c’est-à-dire la bête sauvage. — * Les dragons. Hébreu : les chacals.
24. Canne odorante ; on s’en servait pour faire l’huile d’onction. Comparez Ex. XXX, 23. — Tu m’as rendu, etc. ; par tes péchés tu m’as traité comme si j’eusse été ton esclave, obligé de servir tous tes caprices.
27. Ton père, etc. ; probablement Abraham, qui fut le père, l’auteur, la souche de la nation des Hébreux (LI, 2 ; Joan. VIII, 39, 56), et engagé dans l’idolâtrie de son père avant sa vocation. — Tes interprètes, etc. ; Moïse et Aaron, qui ont été les interprètes de la volonté de Dieu, les médiateurs entre lui et le peuple, et qui ont désobéi à Dieu aux eaux de contradiction (Num. XX, 9-12).
28. J’ai déclaré souillés. C’est le vrai sens de contaminavi expliqué par l’hébreu. — Les princes saints ; c’est-à-dire les princes du sanctuaire, les grands-prêtres ; l’hébreu autorise encore cette interprétation.
²
Rétablissement d’Israël. Le Seigneur est le seul Dieu. Vanité des idoles. Règne de Cyrus. Prise de Babylone. Rétablissement de Jérusalem.
1 Et nunc audi, Jacob, serve meus,
1. Et maintenant écoute, Jacob mon serviteur ;
et Israël, quem elégi.
et toi, Israël, que j’ai choisi,
2 Hæc dicit Dóminus fáciens et formans te,
2. Voici ce que dit le Seigneur qui t’a fait et formé,
ab útero auxiliátor tuus :
dès le sein de ta mère, ton aide :
Noli timére, serve meus Jacob,
Ne crains point, Jacob mon serviteur,
et rectíssime, quem elégi.
et toi le très juste, que j’ai choisi.
3 Effúndam enim aquas super sitiéntem,
3. Car je répandrai des eaux sur un sol altéré,
et fluénta super áridam ;
et des ruisseaux sur une terre aride ;
effúndam spíritum meum super semen tuum,
je répandrai mon esprit sur ta postérité,
et benedictiónem meam super stirpem tuam :
et ma bénédiction sur ta race.
4 et germinábunt inter herbas,
4. Et elles germeront parmi les herbes,
quasi sálices
juxta præterfluéntes aquas.
comme des saules sur des eaux courantes.
5 Iste dicet : Dómini ego
sum ;
5. Celui-ci dira : Moi je suis au Seigneur ;
et ille vocábit in nómine Jacob ;
et celui-là prendra le nom de Jacob ;
et hic scribet manu sua :
Dómino,
et un autre écrira de sa main : Au Seigneur ;
et in nómine Israël
assimilábitur.
et par le nom, à Israël il sera assimilé.
6 Hæc dicit Dóminus, rex Israël,
6. Voici ce que dit le Seigneur, le roi d’Israël,
et redémptor ejus, Dóminus
exercítuum :
et son rédempteur, le Seigneur des armées :
Ego primus, et ego novíssimus,
Je suis le premier et je suis le dernier ;
et absque me non est deus.
et hors moi il n’y a point de Dieu.
7 Quis símilis mei ? vocet,
7. Qui est semblable à moi ? qu’il appelle
et annúntiet : et órdinem
expónat mihi,
et qu’il annonce ; et qu’il m’expose la série des choses,
ex quo
constítui pópulum antíquum ;
depuis que j’ai fondé un peuple antique ;
ventúra et quæ futúra sunt
annúntient eis.
qu’ils leur annoncent les choses à venir et celles qui doivent être.
8 Nolíte timére, neque conturbémini :
8. Ne craignez pas, ne soyez pas troublés ;
ex tunc audíre te feci,
dès lors je t’ai fait entendre,
et annuntiávi ; vos estis
testes mei.
et je t’ai annoncé : C’est vous qui êtes mes témoins.
Numquid est Deus absque me,
Est-ce qu’il y a un Dieu hors moi,
et formátor quem ego non
nóverim ?
et un créateur que moi je n’ai pas connu ?
9 Plastæ idóli omnes nihil sunt,
9. Tous les fabricateurs d’idoles ne sont rien,
et amantíssima eórum non
próderunt eis.
et leurs œuvres qu’ils estiment le plus ne leur seront pas utiles ;
Ipsi sunt testes eórum, quia
non vident,
eux-mêmes sont témoins qu’elles ne voient pas,
neque intélligunt, ut confundántur.
et qu’elles ne comprennent pas ; en sorte qu’ils sont confondus.
10 Quis formávit deum,
10. Qui a formé un dieu,
et scúlptile conflávit ad nihil útile ?
et a jeté en fonte une image qui n’est utile à rien ?
11 Ecce omnes partícipes ejus confundéntur,
11. Voici que tous ceux qui y ont pris part seront confondus ;
fabri enim sunt ex
homínibus ;
car ces artisans sont des hommes ;
convénient omnes, stabunt
ils se réuniront tous, ils se présenteront,
et pavébunt, et confundéntur
simul.
et ils auront peur, et seront confondus tous ensemble.
12 Faber ferrárius lima operátus
est,
12. Le forgeron a travaillé avec une lime ;
in prunis et in málleis
formávit illud,
au moyen de charbons ardents et de marteaux il a formé l’idole,
et operátus est in bráchio fortitúdinis suæ ;
et il a travaillé de son bras vigoureux ;
esúriet et defíciet,
il aura faim et il défaillira ;
non bibet aquam et lasséscet.
il ne boira pas d’eau et il sera épuisé.
13 Artifex lignárius exténdit normam,
13. Le sculpteur en bois a étendu la règle ;
formávit illud in runcína,
il a formé l’idole avec le rabot ;
fecit illud in anguláribus,
il l’a dressée à l’équerre,
et in círcino tornávit illud,
et l’a contournée avec le compas ;
et fecit imáginem viri
et il a fait l’image d’un homme,
quasi speciósum hóminem
représentant un bel homme,
habitántem in domo ;
habitant dans une maison.
14 succídit cedros,
14. Il a coupé des cèdres,
tulit ílicem, et quercum,
il a pris un chêne vert,
quæ stéterat inter ligna
saltus ;
et un chêne qui avait été parmi les arbres d’une forêt ;
plantávit pinum, quam plúvia
nutrívit :
et il a planté un pin que la pluie a nourri.
15 et facta est homínibus in focum ;
15. Et les hommes s’en sont servis pour le feu ;
sumpsit ex eis, et calefáctus
est ;
il en a pris lui-même et il s’est chauffé ;
et succéndit et coxit
panes ;
et il y a mis le feu, et il a cuit des pains ;
de réliquo autem operátus est
deum et adorávit ;
mais avec le reste il a façonné un dieu, et l’a adoré ;
fecit scúlptile, et curvátus
est ante illud.
il a fait une image taillée au ciseau, et il s’est courbé devant elle.
16 Médium ejus combússit igni,
16. Il a brulé au feu une moitié de bois,
et de médio ejus carnes
comédit ;
et de son autre moitié il a préparé des viandes pour manger ;
coxit pulméntum, et saturátus
est,
il en a préparé un mets, et il s’en est rassasié ;
et calefáctus est, et
dixit : Vah !
il s’est chauffé et a dit : Ah !
calefáctus sum, vidi focum ;
je me suis chauffé, j’ai vu le feu.
17 réliquum autem ejus deum fecit et scúlptile
sibi ;
17. Mais de son reste il fait un dieu et une idole ;
curvátur ante illud, et adórat
illud,
il se courbe devant elle, l’adore et la prie
et óbsecrat, dicens :
et la supplie, disant :
Líbera me,
quia deus meus es tu !
Délivrez-moi, parce que mon Dieu, c’est vous.
18 Nesciérunt, neque intellexérunt ;
18. Ils n’ont pas su, ils n’ont pas compris ;
oblíti enim sunt ne vídeant
óculi eórum,
car leurs yeux sont couverts d’un enduit,
et ne intélligant corde suo.
en sorte que leurs yeux ne voient pas et que leur cœur ne comprend pas.
19 Non recógitant in mente sua,
19. Ils ne réfléchissent pas en leur esprit,
neque cognóscunt, neque
séntiunt, ut dicant :
et ils n’ont pas assez de sens pour dire :
Medietátem ejus combússi igni,
J’ai brulé la moitié de ce bois au feu,
et coxi super carbónes ejus
panes ;
et j’ai cuit sur ses charbons des pains ;
coxi carnes et comédi,
j’ai cuit des viandes et j’ai mangé,
et de réliquo ejus idólum
fáciam ?
et du reste ferai-je une idole ?
ante truncum ligni prócidam ?
devant un tronc d’arbre me prosternerai-je ?
20 Pars ejus cinis est ;
20. Une partie de ce bois est de la cendre ;
cor insípiens adorávit illud,
un cœur insensé a adoré l’idole,
et non liberábit ánimam
suam :
et il ne délivrera pas son âme,
neque dicet : Forte
mendácium est in déxtera mea.
et il ne dira pas : Peut-être qu’il y a un mensonge dans ma main droite.
21 Meménto horum Jacob,
21. Souviens-toi de ces choses, Jacob,
et Israël, quóniam servus meus
es tu.
et toi, Israël, parce que mon serviteur, c’est toi ;
Formávi te ; servus meus
es tu,
je t’ai formé, mon serviteur ; c’est toi,
Israël, ne obliviscáris mei.
Israël, ne m’oublie pas.
22 Delévi ut nubem iniquitátes tuas,
22. J’ai effacé comme un nuage tes iniquités,
et quasi nébulam peccáta
tua :
et comme une vapeur tes péchés ;
revértere ad
me, quóniam redémi te.
reviens à moi, parce que je t’ai racheté.
23 Laudáte, cæli, quóniam misericórdiam fecit
Dóminus ;
23. Louez, cieux, parce que le Seigneur a fait miséricorde ;
jubiláte, extréma terræ ;
jubilez, extrémités de la terre,
resonáte, montes, laudatiónem,
faites retentir la louange, montagnes,
saltus et omne lignum ejus,
forêts, et tous ses arbres,
quóniam redémit Dóminus Jacob,
parce que le Seigneur a racheté Jacob,
et Israël gloriábitur.
et qu’Israël se glorifiera.
24 Hæc dicit Dóminus, redémptor
tuus,
24. Voici ce que dit le Seigneur ton rédempteur,
et formátor tuus ex
útero :
et qui t’a formé dès le sein de ta mère :
Ego sum
Dóminus, fáciens ómnia,
Je suis le Seigneur, faisant toutes choses,
exténdens cælos solus,
seul étendant les cieux,
stabíliens terram, et nullus
mecum ;
affermissant la terre, et nul n’est avec moi.
25 írrita fáciens signa divinórum,
25. Rendant sans effet les présages des devins,
et aríolos in furórem
vertens ;
et jetant les magiciens dans la fureur.
convértens sapiéntes retrórsum,
Faisant tourner les sages en arrière,
et sciéntiam eórum stultam fáciens ;
et rendant leur science insensée.
26 súscitans verbum servi sui,
26. Suscitant la parole de son serviteur,
et consílium nuntiórum suórum complens ;
et accomplissant les conseils de ses messagers.
qui dico Jerúsalem : Habitáberis,
Moi qui dis à Jérusalem : Tu seras habitée,
et civitátibus Juda : Ædificabímini,
et aux cités de Juda : Vous serez édifiées,
et desérta ejus suscitábo ;
et à ses déserts, je donnerai la vie.
27 qui dico profúndo : Desoláre,
27. Moi qui dis à l’abime : Sois détruit,
et flúmina tua arefáciam ;
et je mettrai tes fleuves à sec.
28 qui dico Cyro : Pastor
meus es,
28. Moi, qui dis à Cyrus : Tu es mon pasteur,
et omnem voluntátem meam complébis ;
et tu accompliras toute ma volonté.
qui dico Jerúsalem : Ædificáberis,
Moi, qui dis à Jérusalem : Tu seras édifiée ;
et templo : Fundáberis.
et au temple : Tu seras fondé.
~
CHAP. XLIV. 1. Jer. XXX, 10 ; XLVI, 27. — 6. Supra. XLI, 4 ; Infra. XLVIII, 12 ; Apoc. I, 8, 17 ; XXII, 13. — 12. Sap. XIII, 11.
2. Le très juste (rectissime). La Vulgate a rendu (Deut. XXXII, 15) le même mot hébreu par bien-aimé (diléctus), et c’est ainsi que l’ont traduit les Septante dans les deux endroits. La racine hébraïque à laquelle on attache généralement l’idée de justice, de droiture, signifie, selon nous, être heureux, fortuné. Dans tous les cas, c’est un nom propre symbolique qui s’applique au peuple d’Israël.
5. Et par le nom, etc. ; il se fera honneur de porter le nom d’Israël.
6. * 5e Discours : Contraste entre Dieu et les idoles, XLIV, 6-23. Le prophète nous montre la grandeur du vrai Dieu qu’il met en opposition avec la vanité des dieux ridicules des gentils. — Israël doit se confier en Dieu, parce qu’il lui annonce à l’avance ce qu’il se propose de faire, 6-8 ; tandis que les dieux des gentils trompent leurs adorateurs, parce qu’ils ne sont que de vaines images, œuvres des hommes, 9-17 ; l’aveuglement des païens peut seul leur fermer les yeux sur le néant de leurs divinités, 18-20. Puisse Israël, lui du moins, comprendre que l’idolâtrie n’est qu’un mensonge, et servir le Seigneur qui l’aime et lui pardonne ses péchés, 21-23 ! — Le tableau de la vanité des idoles est un morceau littéraire achevé.
7. Qu’ils, etc. ; que les faux dieux annoncent et exposent par ordre à leurs adorateurs le passé et l’avenir.
12. Au moyen, etc. ; c’est-à-dire qu’il met le fer dans le feu. — Son bras vigoureux ; ou très vigoureux ; litter., et par hébraïsme, le bras de sa force.
15. Les hommes, etc. ; littér. elle est devenue (facta est) aux hommes pour le feu. Ce féminin singulier se rapporte vraisemblablement au substantif pin (pinum), qui en latin est féminin. Dans les textes hébreu et grec, le verbe est également au singulier. — Lui-même ; c’est-à-dire le sculpteur dont il est parlé dans les versets précédents.
22. Comme un nuage et comme une vapeur ; sont dissipés et disparaissent.
24. et suiv. * 6e Discours : Cyrus, l’oint de Jéhovah, libérateur d’Israël, XLIV, 24-XLV. Les promesses deviennent plus précises, le Prophète annonce par son nom le futur libérateur d’Israël, Cyrus. — Dieu, qui a tout créé et qui sait tout, veut tenir ses promesses, relever Jérusalem, ouvrir Babylone au conquérant, à Cyrus, son oint, qui sera son instrument et le restaurateur de la ville sainte, XLIV, 24-28. À la force irrésistible de ses armes, on verra qui l’envoie : Cyrus ne connaissait point Jéhovah, mais Jéhovah l’a pris à son service, afin que les gentils reconnaissent sa puissance divine et que la bénédiction céleste descende sur la terre, XLV, 1-8. Israël doit donc se soumettre au Seigneur, se confier en lui et ne point redouter Cyrus, car il est l’instrument de son salut, 9-13, celui qui doit exécuter ses vengeances contre les païens et faire reconnaitre sa divinité, 14. Israël reconnait son Dieu, 15-17. La promesse s’accomplira, les gentils confesseront Dieu, 18-21, car tous les peuples doivent le servir et être rendus heureux par lui, 22-26.
24. Et nul n’est avec moi ; pour faire ces choses avec moi.
25. Dans la fureur (in furorem) ; ou dans l’aveuglement. — Faisant tourner en arrière ; c’est-à-dire couvrant de confusion, comme la Vulgate elle-même a traduit l’expression hébraïque correspondante dans III Reg. II, 16, 20. — Rendant, etc. ; convainquant leur vaine science de folie.
26. Son serviteur, ses messagers, ses déserts. C’est ce que portent l’hébreu et les Septante aussi bien que la Vulgate. Ne sachant à qui se rapportent les pronoms son, ses, plusieurs traducteurs ont changé le texte sacré, et ont mis mon, mes. Pour nous, nous n’avons pas cru que ce fût un motif suffisant de changer le texte sacré. — Je donnerai la vie (suscitabo) aux déserts ; en les peuplant d’habitants.
28. Cyrus ; roi de Perse, est nommé par son propre nom plus de cent ans avant sa naissance, ce qui prouve jusqu’à l’évidence l’inspiration divine du prophète Isaïe. — Mon pasteur. Le nom de pasteur que Dieu donne à Cyrus prouve sa qualité de roi ; car les anciens donnaient le titre de pasteur aux princes ; c’est l’épithète ordinaire qu’Homère leur donne. Sous ce rapport encore, Cyrus est la figure de Jésus-Christ, le pasteur par excellence. — * C’est le passage d’Isaïe, XLIV, 28-XLV, 1, que les Juifs montrèrent à Cyrus, à la fin de la captivité, d’après le témoignage de Josèphe, ce qui le détermina à leur permettre de retourner en Palestine. Le nom de Cyrus signifie, d’après Ctésias et autres, soleil. Il parait venir de la même racine, mais il ne se confond pas avec le nom du soleil, qui est, en zend, hvaré (karé), d’où l’on a tiré des noms propres comme Charsid, qui signifie éclat du soleil ou soleil. Sur les monuments, le nom de Cyrus est écrit Kuru ou Khuru ; ainsi on lit sur son tombeau : Adam K’ur’us Khsâyathiya Hakkâmanisiya. “Je suis Cyrus, le roi, l’Achéménide.” Son nom est identique avec celui du fleuve Kur. Voir Strabon, XV, 3, 6.
²
Victoires de Cyrus, règne de justice. Délivrance d’Israël. Le Seigneur reconnu par les nations. Il est le seul Dieu véritable. Tous les peuples le reconnaitront ; tout Israël se glorifiera en lui.
1 Hæc dicit Dóminus christo meo Cyro,
1. Voici ce que dit le Seigneur à mon christ, Cyrus,
cujus apprehéndi déxteram,
que j’ai pris par la droite,
ut subjíciam
ante fáciem ejus gentes,
afin d’assujettir devant sa face les nations,
et dorsa regum vertam,
de faire tourner le dos aux rois,
et apériam coram eo jánuas,
et d’ouvrir devant lui les portes des maisons,
et portæ non claudéntur :
et les portes des villes ne seront pas fermées.
2 Ego ante te ibo, et gloriósos
terræ humiliábo ;
2. Moi j’irai devant lui, j’humilierai les glorieux de la terre,
portas ǽreas cónteram,
je briserai les portes d’airain,
et vectes férreos confríngam :
et je romprai les barres de fer.
3 et dabo tibi thesáuros
abscónditos,
3. Et je te livrerai des trésors cachés,
et arcána secretórum,
et des richesses enfouies dans des lieux souterrains et secrets ;
ut scias quia
ego Dóminus,
afin que tu saches que je suis le Seigneur
qui voco nomen tuum, Deus Israël,
qui appelle ton nom, le Dieu d’Israël.
4 propter servum meum Jacob,
4. À cause de Jacob mon serviteur,
et Israël, eléctum meum ;
et d’Israël mon élu ;
et vocávi te nómine tuo :
je t’ai appelé par ton nom :
assimilávi te, et non
cognovísti me.
je t’ai assimilé à mon Christ, et tu ne m’as pas connu.
5 Ego Dóminus, et non est ámplius ;
5. Je suis le Seigneur, il n’y en a pas davantage ;
extra me non est deus ;
hors moi il n’y a pas de Dieu ;
accínxi te, et non cognovísti
me :
je t’ai ceint et tu ne m’as pas connu ;
6 ut sciant hi qui ab ortu solis et qui ab
occidénte,
6. Afin qu’ils sachent, ceux qui sont du levant et ceux qui sont de l’occident,
quóniam absque me non
est :
que hors moi, il n’y en a pas.
ego Dóminus, et non est
alter :
Je suis le Seigneur et il n’y en a pas d’autre,
7 formans lucem et creans ténebras,
7. Formant la lumière, et créant les ténèbres ;
fáciens pacem et creans
malum :
faisant la paix, et créant les maux ;
ego Dóminus
fáciens ómnia hæc.
je suis le Seigneur, faisant toutes ces choses.
8 Roráte, cæli, désuper,
8. Cieux, versez votre rosée d’en haut,
et nubes pluant justum ;
et que les nuées pleuvent un juste ;
aperiátur terra, et gérminet
Salvatórem,
que la terre s’ouvre, et qu’elle germe un sauveur,
et justítia oriátur simul :
et que la justice naisse en même temps ;
ego Dóminus creávi eum.
moi, le Seigneur, je l’ai créé.
9 Væ qui contradícit fictóri suo,
9. Malheur à qui dispute contre celui qui l’a fait, à l’homme,
testa de sámiis terræ !
têt de terre de Samos ;
Numquid dicet
lutum fígulo suo : Quid facis,
est-ce que l’argile dira à son potier : Que fais-tu,
et opus tuum absque mánibus
est ?
et ton ouvrage est sans mains ?
10 Væ qui dicit patri : Quid géneras ?
10. Malheur à celui qui dit à un père : Pourquoi engendres-tu ?
et mulíeri : Quid párturis ?
et à une femme : Pourquoi enfantes-tu ?
11 Hæc dicit Dóminus,
11. Voici ce que dit le Seigneur,
Sanctus Israël, plastes ejus :
le saint d’Israël, celui qui l’a formé :
Ventúra interrogáte me ;
Interrogez-moi sur les choses à venir ;
super fílios meos et super opus
mánuum meárum mandáte mihi.
sur mes fils et sur l’œuvre de mes mains, donnez-moi vos ordres.
12 Ego feci terram,
12. C’est moi qui ai fait la terre,
et hóminem super eam creávi ego :
et moi qui ai créé l’homme sur la terre ;
manus meæ tetendérunt cælos,
mes mains ont étendu les cieux,
et omni milítiæ eórum mandávi.
et à toute leur milice j’ai donné mes ordres.
13 Ego suscitávi eum ad justítiam,
13. C’est moi qui l’ai suscité pour la justice,
et omnes vias ejus
dírigam ;
et toutes ses voies, je les dirigerai ;
ipse ædificábit civitátem meam,
lui-même bâtira ma cité,
et captivitátem meam dimíttet,
il renverra mes captifs
non in prétio neque in munéribus,
sans rançon ni présent,
dicit Dóminus Deus exercítuum.
dit le Seigneur Dieu des armées.
14 Hæc dicit Dóminus :
14. Voici ce que dit le Seigneur :
Labor Ægýpti, et negotiátio
Æthiópiæ,
Le travail de l’Égypte, le commerce de l’Éthiopie,
et Sábaïm viri sublímes
et les Sabéens, hommes d’une haute taille,
ad te transíbunt, et tui
erunt ;
viendront vers toi et seront à toi ;
post te ambulábunt,
ils marcheront derrière toi,
vincti mánicis pergent, et te
adorábunt,
et ils s’avanceront les fers aux mains ; ils se prosterneront devant toi,
teque deprecabúntur.
et ils te supplieront, disant :
Tantum in te est Deus,
C’est seulement en vous qu’il y a un Dieu,
et non est absque te deus.
et hors de vous il n’y a pas de Dieu.
15 Vere tu es Deus abscónditus,
15. Vraiment vous êtes un Dieu caché,
Deus Israël, salvátor.
le Dieu d’Israël, un sauveur.
16 Confúsi sunt, et erubuérunt omnes :
16. Ils ont été confondus, et ont rougi tous ;
simul abiérunt in confusiónem fabricatóres errórum.
tous ensemble ils sont allés à la confusion, les fabricateurs d’erreurs.
17 Israël salvátus est in Dómino salúte
ætérna ;
17. Israël a été sauvé par le Seigneur d’un salut éternel ;
non confundémini, et non
erubescétis usque in sǽculum sǽculi.
vous ne serez pas confondus ; et vous ne rougirez pas dans les siècles des siècles.
18 Quia hæc dicit Dóminus
18. Car voici ce que dit le Seigneur,
creans cælos,
qui a créé les cieux,
ipse Deus formans terram
le Dieu même qui a formé la terre et l’a faite ;
et fáciens eam, ipse plastes
ejus ;
celui-là même qui l’a façonnée ;
non in vanum creávit eam :
ce n’est pas en vain qu’il l’a créée ;
ut habitarétur formávit eam :
c’est afin qu’elle fut habitée qu’il l’a formée ;
Ego Dóminus, et non est álius.
je suis le Seigneur, et il n’y en a point d’autre.
19 Non in abscóndito locútus sum,
19. Je n’ai pas parlé dans le secret,
in loco terræ tenebróso ;
dans un lieu de la terre ténébreux.
non dixi sémini Jacob
frustra :
Je n’ai pas dit à la race de Jacob en vain :
Quǽrite me :
Cherchez-moi,
ego Dóminus loquens justítiam,
je suis le Seigneur, parlant justice,
annúntians recta.
annonçant la droiture.
20 Congregámini, et veníte, et accédite simul
20. Rassemblez-vous, venez, et approchez-vous ensemble,
qui salváti estis ex
géntibus :
vous qui avez été sauvés des nations ;
nesciérunt qui levant lignum
sculptúræ suæ,
ils sont dans l’ignorance, ceux qui élèvent un bois qu’ils ont sculpté,
et rogant deum non salvántem.
et qui prient un Dieu qui ne sauve pas.
21 Annuntiáte, et veníte,
21. Annoncez, venez,
et consiliámini simul.
et consultez ensemble ;
Quis audítum
fecit hoc ab inítio,
qui a fait entendre cela dès le commencement,
ex tunc prædíxit illud ?
et dès lors l’a prédit ?
numquid non ego Dóminus,
N’est-ce pas moi, le Seigneur,
et non est ultra deus absque
me ?
et il n’y a plus de Dieu hors moi ?
Deus justus, et salvans non est
præter me.
un Dieu juste et qui sauve ; il n’y en a pas excepté moi.
22 Convertímini ad me, et salvi éritis,
22. Convertissez-vous à moi et vous serez sauvés,
omnes fines terræ,
vous tous, confins de la terre ;
quia ego Deus, et non est
álius.
Car moi je suis Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre.
23 In memetípso jurávi ;
23. Par moi-même j’ai juré ;
egrediétur de ore meo justítiæ
verbum,
il sortira de ma bouche une parole de justice,
et non revertétur :
et elle ne reviendra pas :
24 quia mihi curvábitur omne genu,
24. Que devant moi tout genou fléchira,
et jurábit omnis lingua.
et toute langue jurera par mon nom.
25 Ergo in Dómino, dicet,
25. Ainsi, dira chacun, dans le Seigneur
meæ sunt justítiæ et
impérium ;
sont ma justice et l’empire ;
ad eum vénient, et confundéntur
vers lui viendront et seront confondus
omnes qui repúgnant ei.
tous ceux qui s’opposent à lui.
26 In Dómino justificábitur, et laudábitur
26. Dans le Seigneur sera justifiée
omne semen Israël.
et glorifiée toute la postérité d’Israël.
~
CHAP. XLV. 9. Jer. XVIII, 6 ; Rom. IX, 20. — 19. Joan. XVIII, 20. — 24. Rom. XIV, 11 ; Phil. II, 10.
1. Christ ; ou oint ; c’est-à-dire roi constitué. Il n’est pas prouvé qu’on donnât l’onction aux rois de Perse ; mais le Prophète parle ici conformément à l’usage consacré chez les Hébreux. Compar. I Reg. X, 1 ; III Reg. I, 45.
2. * On a retrouvé à Balawat des débris de portes assyriennes recouvertes de plaques d’airain.
3. Je te livrerai, etc. Nous savons par l’histoire que Cyrus recueillit des richesses prodigieuses dans toutes ses victoires. — Qui appelle ton nom ; c’est-à-dire qui t’ai appelé par ton nom. Compar. le vers. 1.
4. À cause de Jacob, etc. ; c’est-à-dire pour venger le peuple qui m’adore, que je me suis choisi, et que je protège d’une manière toute particulière. — Je t’ai assimilé à mon Christ ; vrai roi et pasteur de mon peuple, en te donnant le titre de mon pasteur (XLIV, 28) et de mon Christ (XLV, 1), en te choisissant pour être sa figure. Le verbe hébreu que la Vulgate a traduit ici et XLIV, 5, par assimiler (assimilavi), elle l’a rendu dans Job. XXXII, 21, par égaler (æquabo), et au verset 22 de ce même chapitre de Job par subsister (subsistant). — Et tu ne m’as pas connu ; c’est-à-dire tu ne m’as pas honoré comme tu le devais, en abandonnant le culte des idoles. Rien, en effet, ne prouve que Cyrus, tout en avouant que le Seigneur lui avait livré tous les royaumes de la terre (I Esd. I, 2), abandonna la religion des Perses et embrassa celle des Juifs. C’est ainsi que Nabuchodonosor, qui avait reconnu la main du Seigneur (Dan. II, 47), resta dans l’erreur et dans l’idolâtrie. Cependant tout véritable hébraïsant devra reconnaitre que le texte original peut signifier : Et tu ne l’avais pas connu, c’est-à-dire, quoique tu ne le connusses pas auparavant ; ce qui ne préjuge rien sur la conduite postérieure de Cyrus.
5. Je t’ai ceint de tes armes ; c’est moi qui t’ai armé.
7. Les maux ; les calamités, les infortunes, comme châtiment des péchés.
8. Cieux, versez, etc. ; prière qu’on fait dans l’Église pendant l’Avent, pour demander à Dieu les grâces de l’avènement de Jésus-Christ, le juste par excellence et le sauveur des hommes. — Moi, te Seigneur qui l’a créé. Cette parole s’entend aussi de Jésus-Christ, selon son humanité. Il est fils de Dieu et fils de l’homme. Comme fils de Dieu, il est engendré de toute éternité dans le sein du Père, il est comme lui le principe de la justice et du salut ; comme fils de l’homme, il a été créé de Dieu dans le sein de Marie, de laquelle il est né dans la plénitude des temps.
9. Ton ouvrage est sans mains ; c’est-à-dire ton vase n’a pas d’anses ; tu m’as mal fait, je suis un vase inutile. — * De terre de Samos. Dans l’hébreu : un têt de terre simplement.
12. * Leur milice ; les étoiles.
14. Le travail, etc. Les travaux des Égyptiens consistaient principalement dans la culture des terres et le soin des bestiaux. — Vers toi, Israël. — Se prosterneront devant toi ; littér. t’adoreront. Voy., sur cette expression, Gen. XVIII, 2.
23. Ne reviendra pas ; ne sera pas retirée, révoquée.
24. Tout genou fléchira, etc. Ces paroles sont citées par saint Paul (Rom. XIV, 10-11 ; Phil. II, 10-11), qui les applique à Jésus-Christ. — Par mon nom ; ces mots sont évidemment sous-entendus ; Dieu avait ordonné à son peuple de ne jurer qu’en son nom. Voy. Deut. VI, 13 ; Ex. XXIII, 13.
²
Ruine des idoles de Babylone. Israël protégé du Seigneur. Le Seigneur est le seul Dieu véritable ; tous ses desseins s’accomplissent. Dieu promet le salut à Sion.
1 Confráctus est Bel, contrítus est Nabo ;
1. Bel a été rompu ; Nabo a été brisé ;
facta sunt simulácra eórum
béstiis et juméntis,
leurs simulacres ont été mis sur des bêtes et sur des animaux de service ;
ónera vestra gravi póndere
ces fardeaux que vous portiez allaient par leur grand poids
usque ad lassitúdinem.
jusqu’à vous lasser.
2 Contabuérunt, et contríta sunt simul ;
2. Ils ont péri et ont été brisés tous ensemble ;
non potuérunt salváre portántem,
ils n’ont pu sauver celui qui les portait,
et ánima eórum in captivitátem ibit.
et ils iront eux-mêmes en captivité.
3 Audíte me, domus Jacob,
3. Écoutez-moi, maison de Jacob,
et omne resíduum domus Israël ;
et vous tous, restes de la maison d’Israël,
qui portámini a meo
útero,
qui êtes portés dans mon sein,
qui gestámini a mea
vulva.
qui êtes renfermés dans mes entrailles.
4 Usque ad senéctam ego ipse,
4. Moi-même je vous porterai jusqu’à la vieillesse,
et usque ad
canos ego portábo ;
jusqu’aux cheveux blancs ;
ego feci, et
ego feram ;
c’est moi qui vous ai faits, et c’est moi qui vous soutiendrai ;
ego portábo, et salvábo.
c’est moi qui vous porterai, et vous sauverai.
5 Cui assimilástis me, et adæquástis,
5. À qui m’avez-vous assimilé, égalé,
et comparástis me, et fecístis
símilem ?
comparé et rendu semblable ?
6 Qui confértis aurum de sácculo,
6. Vous qui tirez de l’or de la bourse,
et argéntum statéra ponderátis,
et pesez de l’argent dans la balance ;
conducéntes auríficem ut fáciat
deum,
louant un orfèvre afin qu’il fasse un Dieu ;
et prócidunt, et adórant.
et on se prosterne et on adore.
7 Portant illum in húmeris gestántes,
7. Ils le chargent sur les épaules pour le porter,
et ponéntes in loco suo,
et pour le placer en son lieu ;
et stabit, ac de loco suo non
movébitur :
il y demeurera et ne sera pas ôté de son lieu ;
sed et cum clamáverint ad eum, non áudiet ;
mais lorsqu’on criera vers lui, il n’entendra pas ;
de tribulatióne non salvábit
eos.
de la tribulation il ne les sauvera pas.
8 Mementóte istud, et confundámini ;
8. Souvenez-vous de cela et soyez confondus ;
redíte, prævaricatóres, ad cor.
rentrez dans votre cœur, prévaricateurs.
9 Recordámini prióris sǽculi,
9. Rappelez-vous le siècle passé ;
quóniam ego sum Deus, et non
est ultra deus,
parce que moi je suis Dieu, et qu’il n’y a plus d’autre Dieu,
nec est símilis mei.
et qu’il n’y a pas semblable à moi ;
10 Annúntians ab exórdio novíssimum,
10. Annonçant dès l’origine la fin des temps,
et ab inítio
quæ necdum facta sunt,
et dès le commencement les choses qui ne sont pas encore faites,
dicens : Consílium meum stabit,
disant : Ma résolution sera inébranlable,
et omnis volúntas mea fiet.
et toute ma volonté s’exécutera ;
11 Vocans ab oriénte avem,
11. J’appelle de l’orient un oiseau,
et de terra longínqua virum
voluntátis meæ :
et d’une terre lointaine l’homme de ma volonté ;
et locútus sum, et addúcam illud ;
et je l’ai dit, et je l’accomplirai ;
creávi et fáciam illud.
j’ai formé ce dessein et je l’exécuterai.
12 Audíte me, duro corde,
12. Écoutez-moi, vous au cœur dur,
qui longe estis a justítia.
qui êtes éloignés de la justice.
13 Prope feci justítiam meam, non elongábitur,
13. J’ai rapproché le temps de ma justice, il ne sera pas différé,
et salus mea non morábitur.
et mon salut ne tardera pas.
Dabo in Sion salútem,
J’établirai dans Sion le salut,
et in Israël glóriam meam.
et dans Israël ma gloire.
~
CHAP. XLVI. 7.
Bar. VI,
25. — 13. Luc. II, 32
1-13. * 7e Discours : Chute des dieux de Babylone, XLVI. — Les trois derniers discours du premier cycle ont Babylone pour sujet. Le Prophète, après avoir prédit ce qu’Israël doit attendre de Cyrus, nous apprend de quelle manière ce roi traitera Babylone. Le premier discours concernant cette ville annonce la chute de ses dieux. Ils deviendront le butin du vainqueur, 1-2. Israël le verra et reconnaitra la grandeur de Jéhovah, 3-5, au-dessus de ces dieux-statues, 6-7. Que ceux qui sont enclins à l’idolâtrie le remarquent et qu’ils comprennent que Dieu sait tout et gouverne tout, 8-11 ; que les endurcis voient par-là que le salut annoncé est proche, 12-13.
1. Bel ou Belus ; premier roi des Babyloniens, mis par eux au nombre des divinités, et sur le tombeau duquel on érigea un temple somptueux. — Nabo ; divinité aussi des Babyloniens. Cyrus enleva leurs statues et les fit briser pour en employer l’or et l’argent à d’autres usages. — Ces fardeaux, etc. Les idoles sont appelées des fardeaux, parce que dans les solennités, les prêtres les portaient en pompe. Compar. vers. 7.
2. Eux-mêmes ; littér. leur âme (anima eorum). En hébreu comme en arabe, le mot âme s’emploie pour personne, individu.
4. Jusqu’aux cheveux blancs ; jusqu’à l’âge le plus avancé.
7. * Les bas-reliefs assyro-chaldéens nous représentent des processions dans lesquelles les adorateurs de Bel et de Nabo les portent sur leurs épaules.
11. Un oiseau ; c’est-à-dire Cyrus, qui viendra aussi vite qu’un oiseau qui vole ; ou bien est-ce une allusion à l’aigle, que ce prince faisait mettre au haut d’une lance, et qui avait les ailes étendues, pour marquer sa présence dans l’armée ? Compar. Jer. XLIX, 22, et Ezech. XVII, où Nabuchodonosor est comparé à un aigle.
13. Mon salut ; le salut que je dois donner ; ce salut, c’est le Messie, dont Cyrus était la figure. — Sion ; représente l’Église, le peuple fidèle, soit d’entre les Juifs, soit d’entre les gentils.
²
Ruine de Babylone Punition de sa dureté, de son orgueil et de sa fausse sagesse.
1 Descénde, sede in púlvere,
1. Descends, assieds-toi dans la poussière,
virgo fília Bábylon :
vierge, fille de Babylone ;
sede in terra ;
non est sólium
assieds-toi sur la terre ; il n’y a pas de trône
fíliæ Chaldæórum,
pour la fille des Chaldéens,
quia ultra non vocáberis
tu ne seras plus appelée
mollis et ténera.
délicate et tendre.
2 Tolle molam, et mole farínam ;
2. Tourne la meule, fais moudre la farine :
denúda turpitúdinem tuam ;
mets à nu ta honte,
discoóperi húmerum, revéla crura,
et découvre ton épaule, relève ta robe,
transi flúmina.
passe des fleuves.
3 Revelábitur ignomínia tua,
3. Ton ignominie sera dévoilée,
et vidébitur oppróbrium tuum ;
et on verra ton opprobre ;
ultiónem cápiam, et non
resístet mihi homo.
je me vengerai, et pas d’homme ne me résistera.
4 Redémptor noster, Dóminus exercítuum nomen
illíus,
4. Notre rédempteur, son nom est le Seigneur des armées,
Sanctus Israël.
le saint d’Israël.
5 Sede tacens, et intra in ténebras,
5. Assieds-toi en silence, et entre dans les ténèbres,
fília Chaldæórum,
fille des Chaldéens,
quia non vocáberis ultra
parce que tu ne seras plus appelée
dómina regnórum.
dominatrice des royaumes.
6 Irátus sum super pópulum meum :
6. J’ai été irrité contre mon peuple,
contaminávi hæreditátem meam,
j’ai traité comme une chose souillée mon héritage,
et dedi eos in manu
tua :
je les ai mis en ta main,
non posuísti eis misericórdias ;
tu ne leur as pas accordé de miséricorde ;
super senem aggravásti jugum tuum valde.
sur le vieillard tu as appesanti ton joug outre mesure.
7 Et dixísti : In sempitérnum ero
dómina.
7. Et tu as dit : À jamais je serai souveraine ;
Non posuísti hæc super
cor tuum,
tu n’as pas mis ces choses sur ton cœur,
neque
recordáta es novíssimi tui.
et tu ne t’es pas souvenue de ton dernier moment.
8 Et nunc audi hæc delicáta,
8. Et maintenant, écoute ceci, voluptueuse,
et hábitans confidénter,
qui demeures en pleine assurance,
quæ dicis in corde tuo :
qui dis en ton cœur : Moi je suis,
Ego sum, et non est præter me
ámplius ;
et il n’y a hors moi personne plus ;
non sedébo vídua,
je ne resterai pas veuve,
et ignorábo sterilitátem.
et j’ignorerai la stérilité.
9 Vénient tibi duo hæc
9. Ces deux maux te viendront
súbito in die una,
soudain, en un jour,
sterílitas et vidúitas :
la stérilité, et la viduité ;
univérsa venérunt super te,
tous viendront sur toi,
propter multitúdinem maleficiórum tuórum,
à cause de la multitude de tes maléfices,
et propter durítiam incantatórum tuórum veheméntem.
et à cause de la dureté violente de tes enchanteurs.
10 Et fidúciam habuísti in malítia tua,
10. Et tu as eu confiance dans ta malice,
et dixísti : Non est qui
vídeat me.
et tu as dit : Il n’y a personne qui me voit.
Sapiéntia tua et sciéntia tua,
Ta sagesse, et ta science,
hæc decépit te.
c’est ce qui t’a séduite.
Et dixísti in corde tuo :
Et tu as dit dans ton cœur :
Ego sum, et præter me non est
áltera.
Moi je suis, et hors moi, il n’y en a pas d’autre.
11 Véniet super te malum,
11. Il viendra sur toi un malheur
et néscies ortum ejus ;
et tu ne sauras pas son origine ;
et írruet super te calámitas
il fondra sur toi une calamité
quam non póteris expiáre ;
que tu ne pourras conjurer ;
véniet super te repénte miséria
il viendra sur toi soudainement une misère,
quam néscies.
que tu ne connaitras pas.
12 Sta cum incantatóribus tuis
12. Parais avec tes enchanteurs,
et cum multitúdine maleficiórum tuórum,
et avec la multitude de tes maléfices
in quibus laborásti ab
adolescéntia tua,
auxquels tu t’es appliquée dès ta jeunesse,
si forte quod prosit tibi,
pour voir si par hasard quelqu’un d’eux te sera utile,
aut si possis fíeri fórtior.
ou si tu pourras devenir plus forte.
13 Defecísti in multitúdine consiliórum tuórum.
13. Tu as défailli dans la multitude de tes conseils ;
Stent, et salvent te
qu’ils paraissent et qu’ils te sauvent,
áugures cæli,
ceux qui observaient le ciel,
qui contemplabántur sídera,
qui contemplaient les astres,
et supputábant menses,
et supputaient les mois,
ut ex eis annuntiárent ventúra
tibi.
afin de t’annoncer par ce moyen ce qui doit t’arriver.
14 Ecce facti sunt quasi stípula,
14. Voici qu’ils sont devenus comme de la paille,
ignis combússit eos ;
un feu les a brulés ;
non liberábunt ánimam suam
ils ne délivreront pas leur âme
de manu flammæ ;
de la main de la flamme ;
non sunt prunæ quibus
caléfiant,
ce ne sont pas des charbons ardents avec lesquels on se chauffe,
nec focus ut sédeant ad eum.
ni un foyer auprès duquel on s’assied.
15 Sic facta sunt tibi in
quibuscúmque laboráveras :
15. Ainsi sont devenues toutes ces choses auxquelles tu t’étais appliquée ;
negotiatóres
tui ab adolescéntia tua,
ceux qui ont trafiqué avec toi dès ta jeunesse
unusquísque
in via sua erravérunt ;
ont erré, chacun dans sa voie ;
non est qui salvet te.
il n’en est pas qui te sauve.
~
CHAP. XLVII. 3. Nah. III, 5. — 8. Apoc. XVIII, 7. — 9. Infra. LI, 19.
1-15. * 8e Discours : Chute de Babylone, la capitale du grand empire, XLVII. Après les dieux de Babylone vient le tour de la ville elle-même. Elle tombe, la grande cité, du haut de son orgueil, 1-4, parce qu’elle a abusé de sa force et opprimé sans pitié le peuple de Dieu, 5-7 ; elle va expier soudain son arrogance, et ses magiciens ne la sauveront pas, 8-15.
1. Assieds-toi dans la poussière ; comme une personne désolée et dans le deuil. — Fille de Babylone ; c’est-à-dire ville de Babylone. Voy. I, 8.
2. Tourne la meule. C’est l’exercice auquel on soumettait les plus vils esclaves.
7. Tu n’as pas mis, etc. ; tu n’as pas considéré. — Tu ne t’es pas souvenue, etc. ; tu t’es pas représenté ce qui devait arriver.
12. * Il y avait une multitude d’enchanteurs et de devins à Babylone.
13. * Les Chaldéens étaient particulièrement renommés comme astrologues et observateurs des astres.
²
Reproches contre Israël. Sa délivrance gratuite. Promesse d’un libérateur, c’est-à-dire du Messie figuré par Cyrus. Délivrance d’Israël.
1 Audíte hæc, domus Jacob,
1. Écoutez ceci, maison de Jacob,
qui vocámini nómine Israël,
vous qui êtes appelés du nom d’Israël,
et de aquis Juda exístis ;
et êtes sortis des eaux de Juda,
qui jurátis in nómine Dómini,
qui jurez au nom du Seigneur,
et Dei Israël recordámini
qui vous souvenez du Dieu d’Israël,
non in veritáte neque in justítia.
mais non dans la vérité et la justice.
2 De civitáte enim sancta vocáti sunt,
2. Car ils ont été appelés du nom de la cité sainte,
et super Deum Israël
constabíliti sunt :
et sur le Dieu d’Israël ils se sont appuyés ;
Dóminus exercítuum nomen ejus.
le Seigneur des armées est son nom.
3 Prióra ex tunc annuntiávi,
3. J’ai annoncé dès lors les évènements passés ;
et ex ore meo exiérunt, et
audíta feci ea :
c’est de ma bouche qu’ils sont sortis et je les ai fait entendre ;
repénte operátus sum, et
venérunt.
je les ai accomplis tout d’un coup, et ils sont arrivés.
4 Scivi enim quia durus es tu,
4. Car je savais que tu es dur,
et nervus férreus cervix tua,
que ton cou est une chaine de fer,
et frons tua ǽrea.
et ton front d’airain.
5 Prædíxi tibi ex tunc ;
5. Je t’ai prédit dès lors ces choses ;
ántequam venírent, indicávi tibi,
avant qu’elles vinssent je te les ai indiquées,
ne forte díceres : Idóla
mea fecérunt hæc,
de peur que tu ne dises : Ce sont mes idoles qui les ont faites,
et sculptília mea et
conflatília mandavérunt ista.
et mes images taillées au ciseau et jetées en fonte qui les ont ordonnées.
6 Quæ audísti, vide ómnia ;
6. Les choses que tu as entendues, vois-les toutes ;
vos autem, num annuntiástis ?
mais vous, est-ce que vous les avez annoncées ?
Audíta feci
tibi nova ex tunc,
Je t’en ai fait entendre dès lors de nouvelles ;
et conserváta sunt quæ nescis.
et il en est de réservées que tu ne connais pas ;
7 Nunc creáta sunt et non ex tunc ;
7. C’est maintenant qu’elles ont été créées, et non pas alors ;
et ante diem, et non audísti
ea,
avant un jour seulement, et tu ne les as pas entendues,
ne forte dicas :
Ecce ego cognóvi ea.
de peur que tu ne dises : Voici que moi je les connaissais.
8 Neque audísti, neque cognovísti,
8. Tu n’as entendu, ni connu, ton oreille
neque ex tunc apérta est auris
tua :
même alors n’était pas ouverte ;
scio enim
quia præváricans prævaricáberis,
car je sais que prévariquant, tu prévariqueras,
et transgressórem ex útero
vocávi te.
et je t’ai appelé transgresseur dès le sein de ta mère.
9 Propter nomen meum longe fáciam furórem meum,
9. À cause de mon nom, j’éloignerai ma fureur,
et laude mea infrenábo te,
et pour ma gloire je te mettrai un frein,
ne intéreas.
pour que tu ne périsses pas,
10 Ecce excóxi te, sed non quasi argéntum ;
10. Je t’ai purifié par le feu, mais non comme l’argent :
elégi te in
camíno paupertátis.
j’ai choisi pour toi le fourneau de la pauvreté.
11 Propter me, propter me fáciam,
11. C’est à cause de moi, à cause de moi que je ferai
ut non blasphemer ;
que mon nom ne soit pas blasphémé,
et glóriam meam álteri
non dabo.
et je ne donnerai pas ma gloire à un autre.
12 Audi me, Jacob,
12. Écoute-moi, Jacob,
et Israël, quem ego voco :
et toi, Israël, que j’appelle ;
ego ipse, ego primus,
moi qui suis, moi le premier,
et ego novíssimus.
et moi le dernier.
13 Manus quoque mea fundávit terram,
13. Ma main aussi a fondé la terre,
et déxtera mea mensa est
cælos ;
et ma droite a étendu les cieux ;
ego vocábo eos,
moi, je les appellerai,
et stabunt simul.
et ils seront là tous ensemble.
14 Congregámini, omnes vos, et audíte :
14. Rassemblez-vous tous et écoutez-moi :
quis de eis annuntiávit
hæc ?
qui d’entre eux a annoncé ces choses ?
Dóminus diléxit eum, fáciet voluntátem suam in Babylóne,
Le Seigneur l’a aimé, il fera sa volonté dans Babylone ;
et bráchium suum in Chaldǽis.
et il sera son bras parmi les Chaldéens.
15 Ego, ego locútus sum, et vocávi eum ;
15. C’est moi, c’est moi qui ai parlé, et je l’ai appelé ;
addúxi eum, et dirécta est via
ejus.
je l’ai amené, et sa voie est aplanie.
16 Accédite ad me et audíte hoc :
16. Approchez-vous de moi, et écoutez ceci :
non a princípio in abscóndito locútus sum :
dès le principe je n’ai pas parlé en secret ;
ex témpore ántequam fíeret, ibi
eram :
dans le temps même, avant l’évènement, j’étais là ;
et nunc Dóminus Deus misit me,
et maintenant le Seigneur et son esprit
et spíritus ejus.
m’ont envoyé.
17 Hæc dicit Dóminus, redémptor
tuus,
17. Voici ce que dit le Seigneur ton rédempteur,
Sanctus Israël :
le saint d’Israël :
Ego Dóminus Deus tuus,
Moi le Seigneur ton Dieu,
docens te utília,
je t’enseigne des choses utiles,
gubérnans te in via qua
ámbulas.
je te dirige dans la voie par laquelle tu marches.
18 Utinam attendísses mandáta mea :
18. Oh ! si tu avais été attentif à mes commandements,
facta fuísset sicut flumen pax tua,
ta paix aurait été comme un fleuve,
et justítia tua sicut gúrgites
maris :
et ta justice comme les flots de la mer ;
19 et fuísset quasi aréna semen tuum,
19. Ta postérité eût été comme le sable de ses rivages,
et stirps úteri tui ut lapílli
ejus ;
et les rejetons de ton sein comme les petites pierres de ses bords ;
non interísset et non fuísset
attrítum
le nom de ta race n’aurait pas péri,
nomen ejus a
fácie mea.
et il n’eût pas été effacé de devant ma face.
20 Egredímini de Babylóne, fúgite a Chaldǽis,
20. Sortez de Babylone, fuyez de chez les Chaldéens,
in voce exsultatiónis annuntiáte :
avec la voix de l’exultation annoncez cette nouvelle,
audítum fácite hoc,
faites l’entendre
et efférte illud usque ad
extréma terræ.
et portez-la jusqu’aux extrémités de la terre.
Dícite : Redémit Dóminus
Dites : Le Seigneur a racheté
servum suum Jacob.
son serviteur Jacob.
21 Non sitiérunt in desérto, cum edúceret eos :
21. Ils n’ont pas eu soif dans le désert, lorsqu’il les ramenait ;
aquam de
petra prodúxit eis,
il fit sortir de l’eau d’une pierre pour eux,
et scidit petram, et fluxérunt
aquæ.
et il fendit la pierre et des eaux coulèrent.
22 Non est pax ímpiis, dicit Dóminus.
22. Il n’y a point de paix pour les impies, dit le Seigneur.
~
CHAP. XLVIII. 11. Supra. XLII, 8. — 12. Supra. XLI, 4 ; XLIV, 6 ; Apoc. I, 8, 17 ; XXII, 13. — 20. Jer. LI, 6. — 21. Ex. XVII, 6 ; Num. XX, 11. — 22. Infra. LVII, 21.
1-22. * 9e Discours : Juda affranchi de la captivité de Babylone, XLVIII. Babylone abattue, Juda sera délivré. Que ceux qui s’appellent Israélites, mais ne le sont pas en réalité, reconnaissent donc que le Seigneur a tenu ce qu’il avait promis et prédit longtemps à l’avance, afin qu’on ne l’attribuât point aux idoles, 1-8. Les malheurs d’Israël n’ont été qu’une épreuve ; elle est finie et Dieu affranchit son peuple, afin que les Gentils ne disent point qu’il n’a pas réalisé ses desseins, 9-11. Qu’Israël écoute donc son Dieu, qui promet et qui exécute, 12-16 ; qu’il lui soit fidèle pour être heureux à jamais, 17-19. Qui se convertira sera délivré du joug des Chaldéens ; qui s’endurcira n’aura point de part au salut, 20-22.
1. Sortis des eaux de Juda ; c’est-à-dire issus de Juda. — Qui vous souvenez ; dans les serments et dans les cérémonies de la religion.
2. Ils ont été appelés, etc. ; ils ont pris le nom de citoyens, d’habitants de Jérusalem, où Dieu habite.
6. Les choses, etc. Le Prophète suppose que le peuple juif est de retour de la captivité ; il lui dit en conséquence qu’il doit voir la vérité de tout ce qui lui a été prédit. — Mais vous ; apostrophe aux idoles, ou aux adorateurs des idoles.
7. C’est maintenant, etc. Ce sont des prédictions que je fais maintenant.
10. Non comme l’argent ; qu’on épure dans le feu, jusqu’à ce que tout ce qu’il y a d’impur en soit séparé ; ce qui t’aurait entièrement consumé ; je t’ai seulement affiné dans le fourneau de la pauvreté.
14. D’entre eux ; c’est-à-dire des faux dieux ou de leurs adorateurs. — L’a aimé, etc. ; a aimé Cyrus, qui exécutera sa volonté dans Babylone. — Son bras ; l’instrument dont il se servira contre les Chaldéens.
18. * Comme un fleuve ; c’est-à-dire très abondante, pleine et complète.
21. Ils n’ont pas eu soif, etc. La sortie de Babylone est comparée à la sortie d’Égypte. Les promesses faites ici à Israël sont un renouvellement de celles qu’on a lues, XXXV, 6 ; XLI, 17-18 ; XLIII, 20.
²
Le messie rejeté par Israël et envoyé aux nations. Délivrance d’Israël. Plainte de Sion. Son rétablissement. Ruine de ses ennemis.
1 Audíte, ínsulæ,
1. Écoutez, iles,
et atténdite, pópuli de
longe :
et soyez attentifs, peuples éloignés :
Dóminus ab
útero vocávit me ;
le Seigneur dès le sein m’a appelé,
de ventre matris meæ recordátus
est nóminis mei.
dès les entrailles de ma mère il s’est souvenu de mon nom.
2 Et pósuit os meum quasi gládium acútum,
2. Il a disposé ma bouche comme un glaive aigu ;
in umbra manus suæ protéxit me,
à l’ombre de sa main il m’a protégé,
et pósuit me sicut sagíttam
eléctam :
et il m’a disposé comme une flèche choisie ;
in pháretra sua abscóndit me.
il m’a caché dans son carquois.
3 Et dixit mihi : Servus meus es tu Israël,
3. Et il m’a dit : Mon serviteur, c’est toi, Israël,
quia in te gloriábor.
parce qu’en toi je me glorifierai.
4 Et ego dixi : In vácuum laborávi ;
4. Et moi j’ai dit : C’est dans le vide que j’ai travaillé,
sine causa et vane
fortitúdinem meam consúmpsi :
c’est sans motif et vainement que j’ai consumé ma force ;
ergo judícium
meum cum Dómino,
ainsi mon jugement est au pouvoir du Seigneur,
et opus meum cum Deo meo.
et mon travail au pouvoir de mon Dieu.
5 Et nunc dicit Dóminus,
5. Et maintenant, dit le Seigneur,
formans me ex útero servum
sibi,
qui m’a formé dès le sein de ma mère pour le servir,
ut redúcam Jacob ad eum,
afin que je ramène Jacob à lui,
et Israël non congregábitur ;
et Israël ne sera pas rassemblé,
et glorificátus sum in óculis
Dómini,
et j’ai été glorifié aux yeux du Seigneur,
et Deus meus factus est
fortitúdo mea.
et mon Dieu est devenu ma force.
6 Et dixit : Parum est ut sis mihi servus
6. Il a donc dit : C’est peu que tu me serves
ad suscitándas tribus Jacob,
à relever les tribus de Jacob,
et fæces Israël converténdas :
et à convertir les restes d’Israël.
ecce dedi te
in lucem géntium,
Voici que je t’ai posé en lumière des nations,
ut sis salus mea
afin que tu sois mon salut
usque ad extrémum terræ.
jusqu’à l’extrémité de la terre.
7 Hæc dicit Dóminus,
7. Voici ce que dit le Seigneur,
redémptor Israël, Sanctus ejus,
le rédempteur d’Israël, son saint,
ad contemptíbilem ánimam, ad abominátam gentem,
à une âme méprisable, à une nation détestée,
ad servum dominórum :
à l’esclave de ceux qui le dominent :
Reges vidébunt,
Les rois te verront,
et consúrgent príncipes, et
adorábunt
et les princes se lèveront, et ils l’adoreront
propter Dóminum, quia fidélis
est,
à cause du Seigneur, car il est fidèle,
et Sanctum Israël qui elégit
te.
et à cause du saint d’Israël qui t’a choisi.
8 Hæc dicit Dóminus :
8. Voici ce que dit le Seigneur :
In témpore plácito
exaudívi te,
En un temps favorable je t’ai exaucé,
et in die salútis auxiliátus
sum tui :
et en un jour de salut je t’ai secouru,
et servávi te, et dedi te in
fœdus pópuli,
je t’ai conservé, et je t’ai établi pour faire alliance avec un peuple,
ut suscitáres terram,
afin que tu rétablisses une terre,
et possidéres hæreditátes dissipátas ;
et que tu possèdes des héritages dissipés ;
9 ut díceres his qui vincti sunt : Exíte,
9. Afin que tu dises à ceux qui étaient dans les fers : Sortez ;
et his qui in ténebris :
Revelámini.
et à ceux qui étaient dans les ténèbres : Soyez dévoilés.
Super vias pascéntur,
Sur les chemins, ils trouveront à paitre,
et in ómnibus planis páscua
eórum.
et dans toutes les plaines seront leurs pâturages.
10 Non esúrient neque sítient,
10. Ils n’auront pas faim, ni soif ;
et non percútiet eos æstus et
sol,
la chaleur ne les atteindra pas, ni le soleil ;
quia
miserátor eórum reget eos,
car celui qui a pitié d’eux les conduira,
et ad fontes aquárum potábit
eos.
et à des sources d’eaux il les fera boire.
11 Et ponam omnes montes meos in viam,
11. Et je disposerai toutes mes montagnes en une voie,
et sémitæ meæ exaltabúntur.
et mes sentiers seront élevés.
12 Ecce isti de longe vénient,
12. Voici que ceux-ci viendront de loin,
et ecce illi ab aquilóne et
mari,
et voici que ceux-là viendront de l’aquilon et de la mer,
et isti de terra austráli.
et ceux-ci de la terre du midi.
13 Laudáte, cæli, et exsúlta, terra ;
13. Louez, cieux ; exulte, terre ;
jubiláte, montes, laudem,
montagnes, faites retentir la louange,
quia consolátus est Dóminus
pópulum suum,
car le Seigneur a consolé son peuple,
et páuperum suórum miserébitur.
et il aura pitié de ses pauvres.
14 Et dixit Sion : Derelíquit me Dóminus,
14. Et Sion a dit : Le Seigneur m’a abandonnée,
et Dóminus oblítus est mei.
et le Seigneur m’a oubliée.
15 Numquid oblivísci potest múlier infántem suum,
15. Est-ce qu’une mère peut oublier son enfant,
ut non misereátur fílio
úteri sui ?
de sorte qu’elle n’ait pas pitié du fils de son sein ?
Etsi illa oblíta fúerit,
mais quand même elle l’oublierait,
ego tamen non
oblivíscar tui.
pour moi, je ne t’oublierai point.
16 Ecce in mánibus meis descrípsi
te ;
16. Voici que je t’ai gravée dans mes mains ;
muri tui coram óculis
meis semper.
tes murs sont devant mes yeux sans cesse.
17 Venérunt structóres tui ;
17. Ils sont venus, tes constructeurs ;
destruéntes te et dissipántes a
te exíbunt.
ceux qui te détruisaient et te dissipaient, sortiront de ton enceinte.
18 Leva in circúitu óculos tuos, et vide :
18. Lève tes yeux tout autour et vois ;
omnes isti congregáti sunt,
venérunt tibi.
tous ceux-ci se sont rassemblés, et ils sont venus à toi,
Vivo ego, dicit Dóminus,
Je vis, moi, dit le Seigneur :
quia ómnibus his velut ornaménto vestiéris,
de tous ceux-ci, comme d’un ornement,
et circúmdabis tibi eos quasi
sponsa ;
tu seras revêtue, et tu t’en pareras comme une épouse.
19 quia desérta tua, et solitúdines tuæ,
19. Tes déserts et tes solitudes,
et terra ruínæ tuæ,
et ta terre ruinée
nunc angústa
erunt præ habitatóribus ;
seront maintenant étroits eu égard aux habitants,
et longe fugabúntur qui
absorbébant te.
et ils seront mis en fuite au loin, ceux qui te dévoraient.
20 Adhuc dicent in áuribus tuis
20. Ils te diront encore à tes oreilles,
fílii sterilitátis tuæ :
les fils de ta stérilité :
Angústus est mihi locus ;
Le lieu est étroit ;
fac spátium mihi ut hábitem.
fais-moi de l’espace, afin que j’habite.
21 Et dices in corde tuo :
21. Et tu diras dans ton cœur :
Quis génuit mihi istos ?
Qui m’a engendré ceux-ci ?
ego stérilis et non páriens,
j’étais stérile, et je n’enfantais pas ;
transmigráta, et captíva ;
exilée et captive ;
et istos quis enutrívit ?
et ceux-ci, qui les a nourris ?
ego destitúta et sola ;
j’étais abandonnée et seule,
et isti ubi erant ?
et ceux-ci, où étaient-ils ?
22 Hæc dicit Dóminus Deus :
22. Voici ce que dit le Seigneur Dieu :
Ecce levábo ad gentes manum meam,
Voici que vers des nations j’élèverai ma main,
et ad pópulos exaltábo signum meum :
et devant des peuples je hausserai mon étendard ;
et áfferent fílios tuos in ulnis,
et ils apporteront tes fils entre leurs bras,
et fílias
tuas super húmeros portábunt.
et tes filles, ils les porteront sur leurs épaules.
23 Et erunt reges nutrítii tui,
23. Et les rois seront tes nourriciers,
et regínæ nutríces tuæ ;
et les reines tes nourrices ; la face contre terre,
vultu in terram demísso adorábunt te,
ils se prosterneront devant toi,
et púlverem pedum tuórum lingent.
et ils lècheront la poussière de tes pieds.
Et scies quia ego Dóminus,
Et tu sauras que je suis le Seigneur,
super quo non confundéntur qui
exspéctant eum.
dans lequel ne seront pas confondus ceux qui l’attendent.
24 Numquid tollétur a forti præda ?
24. Est-ce qu’on ôtera à un homme fort sa proie ?
aut quod captum fúerit a robústo, salvum esse póterit ?
ou ce qui a été pris par un homme robuste, pourra-t-il être sauvé ?
25 Quia hæc dicit Dóminus :
25. Car voici ce que dit le Seigneur :
Equidem, et captívitas a forti
tollétur,
Certainement et les captifs seront ôtés à un homme fort,
et quod ablátum fúerit a robústo, salvábitur.
et ce qui aura été enlevé par un homme robuste sera sauvé.
Eos vero qui
judicavérunt te, ego judicábo,
Or ceux qui t’ont jugée, moi je les jugerai,
et fílios
tuos ego salvábo.
et tes fils, moi je les sauverai.
26 Et cibábo hostes tuos cárnibus suis,
26. Et je nourrirai tes ennemis de leurs propres chairs,
et quasi musto, sánguine suo inebriabúntur,
et comme d’un vin nouveau je les enivrerai de leur sang ;
et sciet omnis caro
et toute chair saura
quia ego
Dóminus salvans te,
que c’est moi le Seigneur qui te sauve,
et redémptor tuus fortis Jacob.
et que ton rédempteur est le fort de Jacob.
~
CHAP. XLIX. 1. Jer. I, 5 ; Gal. I, 15. — 2. Infra. LI, 16. — 6. Supra. XLII, 6 ; Act. XIII, 47. — 8. II Cor. VI, 2. — 9. Joan. XI, 43. — 10. Apoc. VII, 16. — 18. Infra. LX, 4.
1-26. * II. Seconde section : Le serviteur de Dieu ou le Messie dans ses humiliations et dans sa gloire, XLIX-LVII. — 1er Discours : Le serviteur de Dieu annonce qu’il est constitué maitre de tous les peuples, XLIX. Dans la première moitié de ce discours, 1-13, le serviteur de Dieu se présente à nous comme le restaurateur d’Israël et l’auteur de la conversion des Gentils ; dans la seconde, 14-26, il console Sion, qui se croit abandonnée de Dieu, mais qui sera au contraire glorifiée, après avoir été délivrée de ses maux. Voir Act. XIII, 47 et Is. XLIX, 6 ; II Cor. VI, 2 et Is. XLIX, 8.
1. Écoutez, iles, etc. Ce verset et les suivants doivent, d’après les Pères, le commun des interprètes, le témoignage de saint Paul (Act. XIII, 47 ; II Cor. VI, 2) et la force même des expressions du texte, être appliqués à Jésus-Christ. — M’a appelé, etc. Compar. Luc. I, 31 ; II, 21.
3. Mon serviteur, etc. Jésus est considéré ici selon son humanité. Voy. XLII, I. Il est nommé Israël, parce qu’il fut représenté par Jacob, surnommé Israël, comme il est appelé ailleurs David, parce qu’il fut représenté par David.
5. Qui m’a formé ; ces mots et les suivants jusqu’à la fin du verset forment une parenthèse, et le complément du verbe dit (dicit) qui précède immédiatement, ne se trouve exprimé qu’au verset 6.
6. Mon salut ; c’est-à-dire le salut que je donne, que j’envoie.
8. Un temps favorable, un jour de salut pour faire alliance. Voy. II Cor. VI, 2.
9. # Soyez dévoilés (revelamini), c’est-à-dire mis dans la lumière ou encore mieux mis à nu. Le livre d’Isaïe est un débordement d’érotisme, il est très certain que le sens littéral est le vrai sens du mot dans cette phrase.
10. Ils n’auront pas, etc. Compar. XLVIII, 21.
12. La mer ; c’est-à-dire le couchant. La Méditerranée était au couchant de la Judée. — Du midi ; selon les Septante, des Perses, et suivant l’hébreu, de Sinim, que les uns entendent de Sin, ancienne ville d’Égypte, appelée depuis Péluse, l’Égypte étant en effet au midi de la Judée, les autres du Sinaï, situé dans l’Arabie, au midi de la Judée ; d’autres de Syène, ville de la Thébaïde méridionale à l’extrémité de l’Égypte ; d’autres enfin de la Chine.
16. Dans mes mains, etc. C’est une allusion à l’usage des Orientaux qui s’impriment sur le poignet la figure de certains objets qui leur sont chers, pour en mieux conserver le souvenir.
18. Je vis, moi ; formule de serment qui veut dire : Je jure par la vie qui est en moi essentiellement, par ma vie éternelle. Le que (quia) du texte et les mots suivants, sont un complément du verbe je vis, que représente je jure.
19. Tes déserts, etc. ; littér. que (quia) les déserts, etc. ; autre complément de je vis. Voy. le verset précédent.
20. Les fils de ta stérilité ; qui te seront nés dans ta stérilité, c’est-à-dire durant la captivité.
23. Les rois, etc. Les rois de Juda et d’Israël donnaient leurs enfants à élever aux principaux de leurs États. IV Reg. I et suiv.
26. Je nourrirai, etc. Les Chaldéens, les Assyriens et les Babyloniens, qui s’étaient d’abord réunis pour perdre les Juifs, s’armèrent plus tard les uns contre les autres, et s’égorgèrent brutalement. — Toute chair ; hébraïsme pour tous les hommes.
²
Israël est vendu pour ses iniquités ; Dieu est tout-puissant pour le délivrer. Le Messie exposé aux insultes. Ruine de ses ennemis.
1 Hæc dicit Dóminus :
1. Voici ce que dit le Seigneur :
Quis est hic liber repúdii
matris vestræ,
Quel est cet acte de répudiation donné à votre mère,
quo dimísi eam ?
par lequel je l’ai renvoyée ?
aut quis est créditor meus,
ou quel est mon créancier
cui véndidi vos ?
à qui je vous ai vendus ?
Ecce in iniquitátibus vestris
vénditi estis,
voilà que pour vos iniquités vous avez été vendus,
et in sceléribus vestris dimísi
matrem vestram.
et pour vos crimes, j’ai renvoyé votre mère.
2 Quia veni, et non erat vir ;
2. Parce que je suis venu, et il n’y avait pas un homme ;
vocávi, et non erat qui
audíret.
j’ai appelé, et il n’y avait personne qui entendît ;
Numquid abbreviáta et párvula
facta est manus mea,
est-ce que ma main s’est raccourcie, et est devenue toute petite,
ut non possim redímere ?
en sorte que je ne puisse vous racheter ?
aut non est in me virtus ad liberándum ?
ou bien n’y a-t-il pas en moi de force pour délivrer ?
Ecce in increpatióne mea desértum fáciam mare,
Voici qu’à ma réprimande je ferai un désert de la mer ;
ponam flúmina in siccum ;
je mettrai les fleuves à sec ;
computréscent pisces sine aqua,
les poissons pourriront faute d’eau,
et moriéntur in siti.
et périront de soif.
3 Induam cælos ténebris,
3. J’envelopperai les cieux de ténèbres,
et saccum ponam operiméntum
eórum.
et je leur mettrai un sac pour couverture.
4 Dóminus dedit mihi
4. Le Seigneur m’a donné
linguam erudítam,
une langue savante,
ut sciam sustentáre eum qui
lassus est verbo.
afin que je sache soutenir par la parole celui qui est abattu ;
Erigit mane,
il prépare dès le matin,
mane érigit mihi aurem,
dès le matin il prépare mon oreille,
ut áudiam quasi magístrum.
afin que je l’écoute comme un maitre.
5 Dóminus Deus apéruit mihi aurem,
5. Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille,
ego autem non contradíco :
et moi je ne le contredis pas ;
retrórsum non ábii.
je ne me suis pas retiré en arrière.
6 Corpus meum dedi percutiéntibus,
6. J’ai abandonné mon corps à ceux qui me frappaient,
et genas meas velléntibus ;
mes joues à ceux qui arrachaient ma barbe ;
fáciem meam non avérti
ab increpántibus
je n’ai pas détourné ma face de ceux qui me réprimandaient
et conspuéntibus in me.
et qui crachaient sur moi.
7 Dóminus Deus auxiliátor meus,
7. Le Seigneur Dieu est mon aide ;
ídeo non sum confúsus ;
c’est pour cela que je n’ai pas été confondu ;
ídeo pósui
fáciem meam ut petram duríssimam,
c’est pour cela que j’ai présenté ma face comme une pierre très dure,
et scio quóniam non
confúndar.
et je sais que je ne serai pas confondu.
8 Juxta est qui justíficat me ; quis
contradícet mihi ?
8. Près de moi est celui qui me justifie, qui me contredira ?
Stemus simul ;
présentons-nous ensemble,
quis est adversárius
meus ? accédat ad me.
qui est mon adversaire ? qu’il s’approche de moi.
9 Ecce Dóminus Deus auxiliátor meus ;
9. Voici que le Seigneur Dieu est mon aide,
quis est qui condémnet
me ?
qui est-ce qui me condamnera ?
Ecce omnes quasi vestiméntum
conteréntur ;
voici que tous seront mis en pièces comme un vêtement,
tínea cómedet eos.
la teigne les rongera.
10 Quis ex vobis timens Dóminum,
10. Qui de vous craint le Seigneur,
áudiens vocem servi sui ?
écoute la voix de son serviteur ?
Qui ambulávit in ténebris,
que celui qui a marché dans les ténèbres
et non est lumen ei,
et en qui n’est pas la lumière,
speret in nómine Dómini,
espère au nom du Seigneur,
et innitátur super Deum suum.
et qu’il s’appuie sur son Dieu.
11 Ecce vos omnes accendéntes ignem,
11. Voici que vous tous qui avez allumé un feu,
accíncti flammis :
qui êtes environnés de flammes,
ambuláte in lúmine ignis vestri,
marchez à la lumière de votre feu,
et in flammis quas
succendístis ;
et dans les flammes que vous avez allumées ;
de manu mea factum est hoc
vobis :
c’est par ma main que cela vous a été fait,
in dolóribus dormiétis.
vous dormirez au milieu des douleurs.
~
CHAP. L.
2. Infra. LIX,
1. — 6. Matth. XXVI,
67. — 8. Rom. VIII,
30, 33.
1-11. * 2e Discours : Répudiation de la synagogue par sa faute, L. — Israël s’est fait rejeter volontairement de Dieu, par sa désobéissance et son incrédulité, 1-3. Le serviteur de Dieu vient comme Sauveur, et apporte le salut à son peuple ; il souffrira dans sa passion, 6, et Matth. XXVI, 27, mais ses souffrances seront sa victoire, 4-9. Que chacun écoute donc sa voix, qui veut être sauvé ; quiconque ne l’entendra pas périra, 10-11.
1. Quel est cet acte, etc. Cette femme représente particulièrement la maison d’Israël, comme on le voit dans Jer. III, 8 ; mais elle figure aussi la synagogue, la nation juive, rejetée à cause de son incrédulité depuis la mort de Jésus-Christ.
5. Ma ouvert l’oreille ; m’a fait entendre, m’a révélé ses volontés. Compar. XLVIII, 8 et Ps. XXXIX, 6. — Je ne me suis pas, etc. ; cette expression est empruntée d’un attelage de bœufs, qui ne veulent pas se laisser conduire.
6. J’ai abandonné, etc. Tout ceci s’est accompli à la Passion de Jésus-Christ. Compar. Matth. XXVI, 67.
11. Vous dormirez (dormiétis) ; c’est-à-dire selon l’hébreu et les Septante, vous vous coucherez ou vous mourrez.
²
Rétablissement de Sion. Délivrance d’Israël. Ruine de ses ennemis. Jérusalem consolée, ses ennemis humiliés.
1 Audíte me, qui sequímini quod justum est,
1. Écoutez-moi, vous qui suivez ce qui est juste,
et quǽritis Dóminum ;
et qui cherchez le Seigneur ;
atténdite ad petram unde excísi estis,
portez votre attention sur la pierre dont vous avez été taillés,
et ad cavérnam laci de qua
præcísi estis.
et sur la cavité de la citerne dont vous avez été arrachés.
2 Atténdite ad Abraham, patrem vestrum,
2. Portez votre attention sur Abraham votre père,
et ad Saram, quæ péperit
vos :
et sur Sara qui vous a enfantés ;
quia unum vocávi eum,
je l’ai appelé seul,
et benedíxi ei, et multiplicávi
eum.
et je l’ai béni, et je l’ai multiplié.
3 Consolábitur ergo Dóminus Sion,
3. Ainsi le Seigneur consolera Sion,
et consolábitur omnes ruínas
ejus :
et il consolera toutes ses ruines ;
et ponet desértum ejus quasi
delícias,
il rendra son désert comme un lieu de délices,
et solitúdinem ejus quasi
hortum Dómini.
et sa solitude comme un jardin du Seigneur.
Gáudium et lætítia inveniétur in ea,
On y trouvera la joie et l’allégresse,
gratiárum áctio et vox laudis.
l’action de grâce et la voix de la louange.
4 Atténdite ad me, pópule meus,
4. Soyez attentifs à moi, mon peuple ;
et tribus mea, me audíte :
ma tribu, écoutez-moi ;
quia lex a me
éxiet,
parce qu’une loi sortira de moi,
et judícium meum in lucem populórum requiéscet.
et que mon jugement pour la lumière des peuples reposera parmi eux.
5 Prope est justus meus, egréssus est salvátor
meus,
5. Proche est mon juste, sorti est mon sauveur,
et bráchia
mea pópulos judicábunt ;
et mes bras jugeront les peuples :
me ínsulæ exspectábunt,
les iles m’attendront,
et bráchium meum sustinébunt.
et elles espèreront mon bras.
6 Leváte in cælum óculos vestros,
6. Levez au ciel les yeux ;
et vidéte sub terra
deórsum :
et voyez en bas sur la terre ;
quia cæli sicut fumus
liquéscent,
parce que les cieux comme la fumée se dissiperont,
et terra sicut vestiméntum
atterétur,
et la terre s’usera comme un vêtement,
et habitatóres ejus sicut hæc
interíbunt :
et ses habitants comme elle périront ;
salus autem mea in sempitérnum erit,
mais mon salut sera éternel,
et justítia mea non defíciet.
et ma justice ne périra pas.
7 Audíte me, qui scitis justum,
7. Écoutez-moi, vous qui savez ce qui est juste,
pópulus meus, lex mea in corde eórum :
mon peuple, dans le cœur de qui est ma loi ;
nolíte timére oppróbrium hóminum,
ne craignez pas l’opprobre des hommes,
et blasphémias eórum ne
metuátis :
n’appréhendez pas leurs outrages.
8 sicut enim vestiméntum, sic cómedet eos vermis,
8. Comme un vêtement, le ver les rongera,
et sicut lanam, sic devorábit eos tínea :
et comme la laine, la teigne les dévorera ;
salus autem mea in sempitérnum erit,
mais mon salut sera à jamais,
et justítia mea in generatiónes generatiónum.
et ma justice dans toutes les générations.
9 Consúrge, consúrge, indúere fortitúdinem,
9. Lève-toi, lève-toi, revêts-toi de force,
bráchium Dómini !
bras du Seigneur, lève-toi comme aux jours anciens,
consúrge sicut in diébus antíquis,
dans les générations des siècles.
in generatiónibus sæculórum.
N’est-ce pas vous qui avez frappé un superbe,
Numquid non tu percussísti
supérbum,
blessé un dragon ?
vulnerásti dracónem ?
10. N’est-ce pas vous qui avez desséché la mer,
10 numquid non tu siccásti mare,
l’eau du grand abime ;
aquam abýssi veheméntis ;
qui avez établi une voie au profond de la mer,
qui posuísti profúndum maris
viam,
afin que ceux qui avaient été délivrés
ut transírent liberáti ?
y trouvassent un passage ?
11 Et nunc qui redémpti sunt a Dómino, reverténtur,
11. Et maintenant ceux qui ont été rachetés par le Seigneur, retourneront
et vénient in Sion laudántes,
et viendront à Sion chantant des louanges ;
et lætítia
sempitérna super cápita eórum :
une allégresse éternelle couronnera leurs têtes,
gáudium et lætítiam tenébunt ;
ils possèderont la joie et l’allégresse ;
fúgiet dolor et gémitus.
la douleur fuira ainsi que le gémissement.
12 Ego, ego ipse consolábor vos.
12. C’est moi, c’est moi-même qui vous consolerai ;
Quis tu, ut timéres ab hómine
mortáli,
qui es-tu pour craindre un homme mortel,
et a fílio hóminis qui quasi
fœnum ita aréscet ?
le fils d’un homme, qui comme l’herbe sèchera ?
13 Et oblítus es Dómini, factóris tui,
13. Et tu as oublié le Seigneur qui t’a créé,
qui teténdit cælos et fundávit
terram ;
qui a étendu les cieux et fondé la terre ;
et formidásti júgiter tota die
et tu as tremblé sans cesse tout le jour
a fácie furóris ejus qui te
tribulábat,
devant la fureur de celui qui te tourmentait
et paráverat ad perdéndum.
et se préparait à te perdre ;
Ubi nunc est furor
tribulántis ?
où est maintenant la fureur de celui qui te tourmentait ?
14 Cito véniet grádiens ad aperiéndum ;
14. Bientôt viendra celui qui est en marche pour ouvrir les prisons ;
et non interfíciet usque ad interneciónem,
il ne tuera pas jusqu’à une entière extermination,
nec defíciet panis ejus.
et son pain ne manquera pas.
15 Ego autem sum Dóminus Deus tuus,
15. Or moi je suis le Seigneur ton Dieu,
qui contúrbo mare, et
intuméscunt fluctus ejus :
qui agite la mer et ses flots se soulèvent ;
Dóminus exercítuum nomen meum.
le Seigneur des armées est mon nom.
16 Pósui verba mea in ore tuo,
16. J’ai mis mes paroles dans ta bouche,
et in umbra manus meæ protéxi
te,
et à l’ombre de ma main je t’ai protégé,
ut plantes cælos, et fundes
terram,
afin que tu établisses des cieux, et que tu fondes une terre,
et dicas ad Sion : Pópulus
meus es tu.
et que tu dises à Sion : Mon peuple, c’est toi.
17 Eleváre, eleváre,
17. Lève-toi, lève-toi,
consúrge, Jerúsalem,
réveille-toi, Jérusalem,
quæ bibísti de manu Dómini
qui as bu de la main du Seigneur
cálicem iræ ejus ;
le calice de sa colère ;
usque ad fundum cálicis sopóris bibísti,
jusqu’au fond du calice d’assoupissement tu as bu,
et potásti usque ad fæces.
et tu as bu jusqu’à la lie.
18 Non est qui susténtet eam,
18. De tous les fils qu’elle a mis au monde,
ex ómnibus fíliis quos
génuit ;
il n’en est pas qui la soutienne,
et non est qui apprehéndat
manum ejus,
et de tous les fils qu’elle a élevés,
ex ómnibus fíliis quos
enutrívit.
il n’en est pas qui prenne sa main.
19 Duo sunt quæ occurrérunt tibi ;
19. Il y a deux maux qui sont tombés ensemble sur toi ;
quis contristábitur super te ?
qui s’attristera pour toi ?
Vástitas, et contrítio, et
fames, et gládius ;
le ravage et la destruction, la faim et le glaive ;
quis consolábitur te ?
qui te consolera ?
20 Fílii tui projécti sunt, dormiérunt
20. Tes fils ont été jetés par terre,
in cápite ómnium viárum
et ils sont couchés dans tous les carrefours,
sicut oryx illaqueátus,
comme un oryx pris dans les filets ;
pleni indignatióne Dómini,
pleins de l’indignation du Seigneur,
increpatióne Dei tui.
et de la réprimande de ton Dieu.
21 Idcírco audi hoc, paupércula,
21. C’est pourquoi écoute ceci, Jérusalem,
et ébria non a vino.
pauvre et ivre, non de vin.
22 Hæc dicit dominátor tuus
Dóminus,
22. Voici ce que dit ton dominateur, le Seigneur
et Deus tuus, qui pugnábit pro
pópulo suo :
et ton Dieu, qui combattra pour son peuple :
Ecce tuli de manu tua
Voilà, j’ai pris de ta main
cálicem sopóris,
le calice d’assoupissement,
fundum cálicis indignatiónis meæ :
le fond du calice de mon indignation ;
non adjícies ut bibas illum
ultra.
tu ne continueras plus à le boire à l’avenir.
23 Et ponam illum in manu eórum qui te
humiliavérunt,
23. Mais je le mettrai dans la main de ceux qui t’ont humiliée,
et dixérunt ánimæ tuæ :
et ont dit à ton âme :
Incurváre, ut transeámus ;
Courbe-toi, afin que nous passions ;
et posuísti ut terram corpus
tuum,
et tu as mis ton corps comme la terre,
et quasi viam transeúntibus.
et comme la voie des passants.
~
CHAP. LI. 6. Ps. XXXVI, 39 ; Matth. XXIV, 35. — 7. Ps. XXXVI, 31. — 10. Ex. XIV, 21. — 16. Supra. XLIX, 2. — 19. Supra. XLVII, 9.
1-23. * 3e Discours : Salut final d’Israël, LI. — Le serviteur de Dieu propose à Israël la condition du salut : la foi qui sera récompensée par les plus grandes consolations, 1-8. — Excité par cette promesse, Israël demande à Dieu de le sauver, comme il l’a fait autrefois en Égypte, 9-11. — Le Seigneur lui répond et s’engage de nouveau à le sauver, 12-16. — Alors le prophète prend la parole et exhorte son peuple au courage et à la patience, jusqu’à ce que vienne le moment fixé par Dieu pour punir ses ennemis, 17-23.
1. Portez votre attention, etc. Il y a ici deux allégories, qui, selon saint Jérôme, désignent la stérilité d’Abraham et de Sara.
2. Je l’ai appelé seul ; c’est-à-dire lorsqu’il était sans enfants.
3. Un jardin du Seigneur ; un paradis terrestre, comme celui où Dieu plaça nos premiers parents. Compar. Gen. II, 8.
4. Mon jugement, etc. Voy. XLII, 4, 6, 7.
5. Les iles ; c’est-à-dire selon l’hébreu, les pays lointains.
6, 8. Mon salut ; le salut que je donne.
7. Dans le cœur de qui ; littér. et par hébraïsme dans leur cœur. En hébreu, le pronom conjonctif ou relatif se sous-entend très souvent. Quant au pronom possessif leur (eorum) il est au pluriel également dans l’hébreu et dans les Septante, parce qu’il se rapporte à peuple qui est un nom collectif.
9. Dans les générations, etc. ; dans les siècles qui se sont succédés. — Un superbe (supérbum) ; l’hébreu porte Rahab, qui signifie proprement orgueil, fierté, d’où on l’applique à l’Égypte. Voy. XXX, 7 ; Ps. LXXXVI, 4. — Un dragon ; c’est-à-dire Pharaon, roi d’Égypte, qu’Ézéchiel (XXIX, 3) désigne, en effet, sous ce nom.
10. N’est-ce pas, etc. Ce verset confirme l’interprétation donnée dans le précédent.
12. Le fils d’un homme ; expression poétique, pour dire simplement un homme. Dans ce verset et le suivant, il est question de Nabuchodonosor, roi de Babylone.
14. Le Prophète parle ici du Rédempteur qui est proche et c’est pourquoi il déclare que le tyran n’arrivera pas à exterminer Israël, à qui ne manquera pas la nourriture. Pain ; par ce mot les Hébreux désignaient souvent toute espèce de nourriture, les vivres en général.
16. J’ai mis, etc. Ni Isaïe, ni Cyrus, ni saint Jean-Baptiste, n’ont rempli toute l’étendue des paroles qu’on lit ici. Il n’y a que Jésus-Christ à qui l’on puisse en faire l’application juste et complète. Compar. XLIX, 2, 4. — Afin que tu établisses, etc. On peut dire en toute vérité que le divin Sauveur a établi des cieux nouveaux et fondé une terre nouvelle, en fondant son Église, en changeant la face du monde, par la prédication de l’Évangile ; en faisant d’un peuple corrompu, terrestre, enseveli dans les ténèbres, un peuple saint, pur et éclairé, dont la vie est en quelque sorte dans le ciel, etc. (LXV, 17 ; LXVI, 22 ; Matth. XIII, 11 ; Eph. II, 19 ; Phil. III, 20 ; II Petr. III, 13 ; Apoc. XXI, 1).
18. Qui prenne sa main ; pour la secourir.
19. Il y a deux maux (duo sunt). Le texte sacré en énumère quatre, mais ces quatre se réduisent à deux, la guerre et la famine.
20. * Comme un oryx ; bœuf sauvage. D’autres traduisent : comme une gazelle.
21. Ivre, non de vin ; mais de maux, de calamités.
23. Ton âme ; hébraïsme, pour ta personne, toi. — Courbe-toi, etc. Les rois chaldéens avaient apparemment contraint les princes vaincus à leur servir de marchepied, ou à se prosterner à leurs pieds, afin de marcher sur leurs corps. Cela n’était pas sans exemple parmi les rois de l’Orient. Compar. Jos. X, 24 ; Ps. CIX, 1.
²
Délivrance et rétablissement de Jérusalem. Envoyé qui annonce le règne du Dieu de Sion. Sentinelles qui annoncent le retour des enfants de Sion. Gloire et humiliation du Messie. Le Messie reconnu par les nations.
1 Consúrge, consúrge, indúere fortitúdine
tua, Sion !
1. Lève-toi, lève-toi, revêts-toi de ta force, Sion ;
indúere vestiméntis glóriæ tuæ,
revêts-toi des vêtements de ta gloire,
Jerúsalem, cívitas Sancti,
Jérusalem, cité du saint ;
quia non adjíciet ultra ut
pertránseat per te
parce qu’il n’y aura plus à l’avenir d’incirconcis
incircumcísus et immúndus.
qui passera au travers de toi, ni d’impur.
2 Excútere de púlvere, consúrge ;
2. Sors de la poussière, lève-toi,
sede, Jerúsalem !
assieds-toi, Jérusalem ;
solve víncula colli tui,
romps les fers de ton cou,
captíva fília Sion.
captive fille de Sion.
3 Quia hæc dicit Dóminus :
3. Car voici ce que dit le Seigneur :
Gratis venundáti estis,
Pour rien vous avez été vendus,
et sine argénto redimémini.
et sans argent vous serez rachetés.
4 Quia hæc dicit Dóminus Deus :
4. Car voici ce que dit le Seigneur Dieu :
In Ægýptum descéndit pópulus
meus in princípio, ut colónus esset ibi,
Mon peuple descendit en Égypte, dans le principe, pour y être colon ;
et Assur absque ulla causa
calumniátus est eum.
et Assur, sans aucun sujet, l’a traité avec violence.
5 Et nunc quid mihi est hic, dicit Dóminus,
5. Et maintenant qu’ai-je ici à faire, dit le Seigneur,
quóniam ablátus est pópulus
meus gratis ?
puisque mon peuple a été enlevé sans motif ?
Dominatóres
ejus iníque agunt, dicit Dóminus,
Ses dominateurs agissent iniquement, dit le Seigneur,
et júgiter tota die nomen meum
blasphemátur.
et sans cesse tout le jour mon nom est blasphémé.
6 Propter hoc sciet pópulus meus nomen meum
6. À cause de cela mon peuple connaitra mon nom en
in die illa :
ce jour-là ;
quia ego ipse qui loquébar,
ecce adsum.
il saura que moi-même qui parlais autrefois, me voici présent.
7 Quam pulchri super montes pedes annuntiántis
7. Qu’ils sont beaux sur les montagnes, les pieds de celui qui annonce
et prædicántis pacem ;
et qui prêche la paix ;
annuntiántis bonum,
qui annonce le bonheur,
prædicántis salútem,
qui prêche le salut,
dicéntis Sion :
qui dit à Sion :
Regnábit Deus tuus !
il règnera, ton Dieu !
8 Vox speculatórum tuórum : levavérunt vocem,
8. La voix de tes sentinelles ; elles ont élevé la voix,
simul laudábunt,
elles chanteront ensemble des louanges ;
quia óculo ad
óculum vidébunt
car œil à œil elles verront,
cum convérterit Dóminus Sion.
lorsque le Seigneur convertira Sion.
9 Gaudéte, et laudáte simul,
9. Réjouissez-vous et chantez des louanges ensemble,
desérta Jerúsalem,
déserts de Jérusalem ;
quia consolátus est Dóminus
pópulum suum ;
car le Seigneur a consolé son peuple,
redémit Jerúsalem.
il a racheté Jérusalem.
10 Parávit Dóminus bráchium sanctum suum
10. Le Seigneur a préparé son bras saint
in óculis ómnium géntium ;
aux yeux de toutes les nations ;
et vidébunt omnes fines terræ
et ils verront tous les confins de la terre,
salutáre Dei nostri.
le salut de notre Dieu.
11 Recédite, recédite ; exíte inde,
11. Retirez-vous, retirez-vous,
pollútum nolíte tángere ;
sortez de là, ne touchez rien d’impur ;
exíte de médio ejus ;
mundámini,
sortez du milieu d’elle, purifiez-vous,
qui fertis vasa Dómini.
vous qui portez les vases du Seigneur.
12 Quóniam non in tumúltu exíbitis,
12. Parce que vous ne sortirez point en tumulte,
nec in fuga properábitis ;
et vous ne vous précipiterez point dans votre fuite ;
præcédet enim vos Dóminus,
car le Seigneur vous précèdera,
et congregábit vos Deus Israël.
et le Dieu d’Israël vous rassemblera.
13 Ecce intélliget servus meus,
13. Voici que mon serviteur aura l’intelligence,
exaltábitur et elevábitur, et
sublímis erit valde.
il sera exalté, élevé et glorieux.
14 Sicut obstupuérunt super te multi,
14. Comme beaucoup ont été frappés de stupeur à ton sujet,
sic inglórius erit inter viros aspéctus ejus,
ainsi sera sans gloire son aspect parmi les hommes,
et forma ejus
inter fílios hóminum.
et sa forme parmi les fils des hommes.
15 Iste aspérget gentes multas ;
15. C’est lui qui aspergera beaucoup de nations ;
super ipsum continébunt reges os suum :
devant lui, des rois fermeront leur bouche ;
quia quibus non est narrátum de
eo vidérunt,
parce que ceux à qui il n’avait pas été parlé de lui, l’ont vu ;
et qui non audiérunt
contempláti sunt.
et ceux qui n’en avaient pas entendu parler, l’ont contemplé.
~
CHAP.
LII. 4. Gen. XLVI, 6. — 5. Ezech. XXXVI, 20 ; Rom. II, 24. — 7. Nah. I, 15 ; Rom. X, 15. — 10. Ps. XCVII, 3. — 11. II Cor. VI, 17. — 15. Rom. XV, 21.
1-12. * 4e Discours : Rétablissement de Jérusalem, LII, 1-12. L’asservissement de Jérusalem sera changé en domination, l’esclavage en liberté. L’honneur de Dieu demande que la ville sainte soit rétablie : qu’elle se relève donc pleine de joie et de gloire, 1-6. — Sa restauration sera complète et parfaite, 7-12.
1. Parce que, etc. Ceci n’aura son parfait accomplissement que dans le ciel.
4. Assur ; c’est-à-dire, les rois d’Assyrie, auxquels succédèrent les rois de Chaldée.
7. Qu’ils sont beaux, etc. Saint Paul applique ceci à la mission des prédicateurs de l’Évangile (Rom. X, 15).
8. La voix de tes sentinelles ; exclamation pour introduire le sujet du discours. — Œil à œil ; de très près ; synonyme de face à face. Aussi la Vulgate elle-même a-t-elle traduit ailleurs (Num. XIV, 14) par face à face, l’hébreu œil à œil.
11. De là ; de Babylone. Saint Paul (II Cor. VI, 17) semble faire allusion à ce passage.
12. Le Dieu d’Israël vous rassemblera ; c’est-à-dire, qu’au sortir de Babylone, il réunira et conduira son peuple, de même qu’il le conduisit autrefois à sa sortie de l’Égypte. Compar. Ex. XIII, 21 ; XIV, 19-20.
13-LIII, 1-12. * 5e Discours : La passion de Notre Seigneur, LII, 13-LIII. Ce discours a été appelé avec raison : « Passio Domini nostri Jesu Christi secundum Isaiam. » La transition du 4e au 5e discours peut paraitre brusque de prime abord : de la gloire de Jérusalem nous tombons tout d’un coup dans les humiliations de Gethsemani et du Calvaire, mais c’est que cette gloire sera le fruit de ces abaissements, Phil. II, 7-10. De plus, XLIX, 5, 6, 8-9 ; L, 5-6, nous ont préparés au tableau des douleurs du Messie. À partir de LII, 13, Isaïe prophétise plus expressément la passion, comme le remarque Théodoret de Cyr. Les versets 13-15 forment comme l’exorde : le serviteur de Jéhovah doit être anéanti pour monter au plus haut degré de gloire. — Il doit être anéanti, parce qu’il est l’agneau qui porte les péchés du monde, la victime innocente qui expie nos propres fautes, LIII, 1-6. — Il se dévoue volontairement pour nous et, de la sorte, il obtient notre pardon et se couvre lui-même d’honneur et de gloire, 7-12. — Ainsi le Messie sera l’innocence même, 9, s’offrant volontairement en sacrifice, 7 ; cf. Matth. XXVI, 63 ; Joan. X, 18 ; Luc. XII, 50 ; se chargeant de nos crimes, Is. LIII, 5, 6, 8, 11, 12 ; cf. Matth. VIII, 17 ; Act. VIII, 32-33 ; I Cor. XV, 3 ; confondu avec les scélérats, Is. LIII, 12 ; Luc. XXII, 37 ; Marc. XV, 28 ; opérant notre salut par les plus grandes humiliations et par sa passion, Is. LIII, 2, 3, 4, 5 ; Marc. XI, 12 ; I Petr. II, 24 ; priant pour ses bourreaux eux-mêmes, Is. LIII, 12 ; Luc. XXIII, 34, et entrant ainsi dans la gloire, Is. LIII, 8, 9, 11, 12 ; Phil. II, 7-10. — « Qui a peint ce portrait de Jésus-Christ ? Est-ce un évangéliste ou un Père de l’Église ? Quels traits ! quel coloris ! quelle expression ! quel accord avec les faits ! quelle justesse, quel naturel dans les emblèmes ! Que dis-je ? Ce n’est point une peinture emblématique d’un avenir fort éloigné : c’est une représentation fidèle du présent, et ce qui n’est point encore est peint comme ce qui est. L’accord frappant de cet Ecce homo, montré par Isaïe, avec celui qui fut montré [sept] cents ans plus tard par Pilate, est d’autant plus décisif pour la foi, que l’objet en soi était inimaginable et qu’il faut nécessairement que le prophète l’ait vu pour le représenter ainsi. » (Aug. Nicolas.)
13. Voici que mon serviteur, etc. Ici, jusqu’à la fin du chapitre suivant, le prophète quitte le figuré, Cyrus et Babylone, pour ne plus parler que du Messie, comme le disent les Pères et les interprètes ; et c’est en vain que les rabbins veulent voir en cet endroit Jérémie, ou Josias, ou Zorobabel, ou Esdras, ou le peuple juif, la prédiction ne saurait convenir à aucun de ces personnages.
14. Sa forme ; son extérieur. — Les fils des hommes. Voy. sur cette expression, LI, 12.
²
Le Messie méconnu par son peuple. Naissance obscure du Messie. Ses humiliations, ses souffrances, sa mort. Sa vie nouvelle, sa longue postérité, les succès de son ministère.
1 Quis crédidit audítui nostro ?
1. Qui a cru à ce qu’il a entendu de nous ?
et bráchium Dómini cui
revelátum est ?
et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ?
2 Et ascéndet sicut virgúltum coram eo,
2. Et il montera comme une branche menue devant lui,
et sicut radix de terra
sitiénti.
et comme un rejeton d’une terre altérée ;
Non est spécies ei, neque
decor,
il n’a ni éclat ni beauté ;
et vídimus eum,
et nous l’avons vu,
et non erat aspéctus, et
desiderávimus eum :
et il n’avait pas un aspect agréable, et nous l’avons désiré ;
3 despéctum, et novíssimum virórum,
3. Méprisé, et le dernier des hommes,
virum dolórum, et sciéntem infirmitátem,
homme de douleur, et connaissant l’infirmité ;
et quasi abscónditus vultus
ejus et despéctus,
son visage était comme caché, et méprisé,
unde nec reputávimus eum.
et c’est pourquoi nous l’avons compté pour rien.
4 Vere languóres nostros ipse
tulit,
4. Il a vraiment lui-même pris nos langueurs sur lui,
et dolóres
nostros ipse portávit ;
et il a lui-même porté nos douleurs ;
et nos putávimus eum quasi
leprósum,
et nous l’avons considéré comme un lépreux,
et percússum a Deo, et
humiliátum.
frappé de Dieu et humilié.
5 Ipse autem vulnerátus est propter iniquitátes
nostras ;
5. Mais lui-même il a été blessé à cause de nos iniquités,
attrítus est propter scélera
nostra :
il a été brisé à cause de nos crimes ;
disciplína
pacis nostræ super eum,
la discipline, prix de notre paix, est tombée sur lui ;
et livóre ejus sanáti sumus.
et par ses meurtrissures nous avons été guéris.
6 Omnes nos quasi oves errávimus,
6. Nous tous, comme des brebis, nous avons erré ;
unusquísque in viam suam declinávit :
chacun s’est détourné vers sa voie ;
et pósuit Dóminus in eo
et le Seigneur a mis sur lui
iniquitátem ómnium nostrum.
l’iniquité de nous tous.
7 Oblátus est quia ipse vóluit,
7. Il a été offert parce que lui-même l’a voulu,
et non apéruit os suum ;
et il n’a pas ouvert sa bouche ;
sicut ovis ad occisiónem ducétur,
comme une brebis, il sera conduit à la tuerie,
et quasi agnus coram tondénte
se obmutéscet,
et comme un agneau devant celui qui le tond, il sera muet,
et non apériet os suum.
et il n’ouvrira pas sa bouche.
8 De angústia, et de judício sublátus est.
8. À la suite des angoisses et d’un jugement il a été enlevé ;
Generatiónem ejus quis enarrábit ?
qui racontera sa génération ?
quia abscíssus est de terra
vivéntium :
car il a été retranché de la terre des vivants ;
propter scelus pópuli mei
percússi eum.
à cause du crime de mon peuple, je l’ai frappé.
9 Et dabit ímpios pro sepultúra,
9. Et il donnera des impies pour sa sépulture,
et dívitem pro morte
sua,
et un riche pour sa mort,
eo quod iniquitátem non
fécerit,
parce qu’il n’a pas commis d’iniquité,
neque dolus fúerit in ore ejus.
et que la tromperie n’a pas été dans sa bouche.
10 Et Dóminus vóluit contérere eum in infirmitáte.
10. Mais le Seigneur a voulu le briser dans son infirmité ;
Si posúerit
pro peccáto ánimam suam,
s’il donne, pour le péché, son âme,
vidébit semen longǽvum,
il verra une race de longue durée,
et volúntas Dómini in manu ejus
dirigétur.
et la volonté du Seigneur, par sa main, sera dirigée.
11 Pro eo quod laborávit ánima
ejus,
11. De ce que son âme a souffert,
vidébit et saturábitur.
il verra le fruit, et il sera rassasié ;
In sciéntia sua justificábit
par sa science mon serviteur justifiera
ipse justus servus meus multos,
lui-même un grand nombre,
et iniquitátes eórum ipse
portábit.
et leurs iniquités, lui-même les portera.
12 Ideo dispértiam ei plúrimos,
12. C’est pour cela que je lui départirai un très grand nombre,
et fórtium dívidet spólia,
et il distribuera les dépouilles des forts,
pro eo quod trádidit in mortem ánimam suam,
parce qu’il a livré à la mort son âme,
et cum scelerátis reputátus
est,
et qu’il a été compté parmi les scélérats ;
et ipse peccáta multórum tulit,
parce qu’il a porté les péchés d’un grand nombre,
et pro transgressóribus rogávit.
et qu’il a prié pour les transgresseurs.
~
CHAP.
LIII. 1. Rom. X, 16 ; Joan. XII, 38. — 2. Is. IV, 2 (germen) ; XI, 1 (virga de radíce, flos de radíce) ; LIII, 2 (virgúltum, radix) ; Jer. XXIII,
5 (germen) ; XXXIII, 15 (germen) ; Zach. III, 8 (óriens) ; VI, 12
(óriens) ; Apoc. V, 5 (radix) ; XXII, 16 (radix) ; Luc. I, 78
(óriens). — 3. Marc. IX,
11. — 4. Matth. VIII,
17. — 5. I Cor. XV,
3. — 6. Ps. CXVIII, 176. — 7. Matth. XXVI, 63 ; Act. VIII, 32. — 9. I Petr. II, 22 ; I Joan. III, 5. — 12. Marc. XV, 28 ; Luc. XXII, 37 ; Luc. XXIII, 34 ; Joan. XVIII, 30.
1. Qui a cru, etc. Saint Jean (XII, 38) et saint Paul (Rom. X, 16) reconnaissent ici une prophétie de l’incrédulité des Juifs à l’égard de Jésus-Christ.
2. Nous l’avons désiré (desideravimus eum). Bien des interprètes suppléant la négation, qui est dans le membre de phrase précédent, selon un usage assez commun en hébreu, traduisent nous ne l’avons pas désiré ; ce qui, il faut en convenir, parait plus conforme au contexte.
4. Il a vraiment, etc. Saint Matthieu (VIII, 17) applique cette parole à Jésus-Christ, guérissant les malades qu’on lui présentait.
5, 6. Compar. I Petr. II, 24-25.
5. # La discipline ; Glaire et Fillion traduisent disciplina par châtiment mais le mot latin signifie enseignement, organisation sociale ou règle morale. La lettre au hébreux nous donne un argument fort pour choisir la traduction littérale : « quoiqu’il fût le Fils de Dieu, il a appris (didicit) l’obéissance, par ce qu’il a souffert » (V, 8). La souffrance du Messie est donc un enseignement et non l’expiation d’une faute. La paix vient de ce que la connaissance de Dieu, de la vie de Dieu et de sa souffrance, est nécessaire pour être en relation d’amitié avec Dieu. Tant que la connaissance n’est pas accomplie les deux personnes sont étrangères l’une à l’autre et l’amour de Dieu est en guerre contre notre ignorance qui nous laisse hors de l’amour et de la joie. Dieu nous fait la guerre tant que nous ne possédons pas la Joie qu’Il veut nous donner.
7, 8. Ces deux versets se trouvent cités dans les Actes des Apôtres (VIII, 32-33), mais suivant la version des Septante. — Génération ; se prend dans l’Écriture pour l’action d’être engendré, durée de la vie humaine, race, famille, les contemporains, âge, siècle, postérité. Cette dernière signification nous semble la plus convenable ici, à cause de ce qui suit immédiatement. C’est comme si le prophète disait : Qui pourra jamais expliquer comment celui qui est mort au milieu des tourments les plus ignominieux a eu une postérité aussi nombreuse et aussi glorieuse ?
9. Il donnera. On pense généralement que ce pronom il représente le mot Dieu ou Seigneur, sous-entendu ; nous croyons, nous, qu’il se rapporte au Messie, sujet de la plupart des verbes exprimés dans cet oracle prophétique. — Des impies ; ainsi porte l’hébreu, sans l’article déterminatif qui se lit pourtant dans le grec ; ce qui peut s’entendre du centurion et de ses soldats qui confessèrent, au pied de la croix, la divinité de Jésus-Christ (Marc. XV, 39 ; Luc. XXIII, 47-48), ou bien des soldats romains qui gardaient le tombeau du Sauveur. — Pour sa sépulture (pro sepultura), pour sa mort (pro morte sua) ; c’est-à-dire pour prix de sa sépulture, pour prix de sa mort ; c’est aussi le sens qu’on donne au texte des Septante. — Un riche (divitem) ; selon l’hébreu. On l’entend de Joseph, homme riche d’Arimathie (Matth. XXVII, 57-60). Le grec lit les riches. — Parce qu’il n’a pas, etc. Ce passage est appliqué à Jésus-Christ par plusieurs apôtres (I Petr. II, 22 ; I Joan. III, 5).
10. S’il donne son âme, etc. Saint Paul (II Cor. V, 21) fait allusion à ces paroles du prophète. — Par sa main ; hébraïsme, pour par son entremise, par son moyen, par lui ; c’est-à-dire, que le Seigneur se servira de lui pour exécuter sa volonté.
12. Jésus-Christ annonce à ses disciples que cette prophétie doit s’accomplir en lui (Luc. XXII, 37), et saint Marc (XV, 28) nous en fait remarquer l’accomplissement.
²
Jérusalem rétablie ; multitude de ses habitants ; étendue de sa puissance ; alliance du Seigneur avec elle ; magnificence de sa structure ; vains efforts de ses ennemis.
1 Lauda, stérilis, quæ non paris ;
1. Loue le Seigneur, stérile, qui n’enfantes pas ;
decánta laudem, et hinni, quæ
non pariébas :
chante sa louange, et pousse des cris de joie, toi qui n’enfantais pas :
quóniam multi fílii desértæ
parce que les fils de la délaissée seront plus nombreux
magis quam ejus quæ habet
virum, dicit Dóminus.
que les fils de celle qui a un mari, dit le Seigneur.
2 Diláta locum tentórii tui,
2. Élargis l’enceinte de ta tente,
et pelles tabernaculórum tuórum
exténde :
et étends les peaux de tes tabernacles ;
ne parcas :
n’épargne rien ;
longos fac funículos tuos,
allonge tes cordages,
et clavos tuos consólida.
et affermis tes pieux.
3 Ad déxteram enim et ad lævam penetrábis,
3. Car tu pénètreras à droite et à gauche,
et semen tuum gentes
hæreditábit,
et ta race aura des nations pour héritage,
et civitátes desértas inhabitábit.
et elle habitera des villes auparavant désertes.
4 Noli timére, quia non confundéris,
4. Ne crains pas, parce que tu ne seras pas confondue,
neque erubésces ; non enim
te pudébit,
et tu ne rougiras pas ; car tu n’auras pas de honte,
quia confusiónis adolescéntiæ
tuæ obliviscéris,
parce que tu oublieras la confusion de ta jeunesse ;
et oppróbrii viduitátis tuæ non
recordáberis ámplius.
et de l’opprobre de ta viduité, tu ne te souviendras plus.
5 Quia dominábitur tui qui fecit te,
5. Parce que celui qui t’a faite te dominera ;
Dóminus exercítuum nomen ejus,
le Seigneur des armées est son nom,
et redémptor tuus, Sanctus Israël :
et ton rédempteur, le saint d’Israël,
Deus omnis terræ vocábitur.
sera appelé le Dieu de toute la terre.
6 Quia ut mulíerem derelíctam et
mœréntem spíritu
6. Car le Seigneur t’a appelée
vocávit te Dóminus,
comme une femme délaissée et affligée d’esprit,
et uxórem ab adolescéntia
abjéctam,
et comme une femme répudiée dès sa jeunesse,
dixit Deus tuus.
a dit ton Dieu.
7 Ad punctum in módico derelíqui
te,
7. Pour un instant je t’ai un peu délaissée,
et in miseratiónibus magnis congregábo te.
mais dans mes grandes miséricordes je te rassemblerai.
8 In moménto indignatiónis abscóndi
8. Dans un moment d’indignation
fáciem meam
parúmper a te ;
je t’ai caché ma face pendant un peu de temps,
et in misericórdia sempitérna misértus sum tui,
mais dans ma miséricorde éternelle,
dixit redémptor tuus, Dóminus.
j’ai eu pitié de toi, a dit ton rédempteur le Seigneur.
9 Sicut in diébus Noë istud mihi est,
9. C’est ici pour moi comme aux jours de Noé,
cui jurávi ne
indúcerem aquas Noë ultra super terram ;
à qui je jurai que je n’amènerais plus les eaux de Noé sur la terre ;
sic jurávi ut non iráscar tibi,
ainsi j’ai juré que je ne me mettrai pas en colère contre toi,
et non íncrepem te.
et que je ne te réprimanderai pas.
10 Montes enim commovebúntur,
10. Car les montagnes seront ébranlées
et colles contremíscent ;
et les collines frémiront ;
misericórdia autem mea non
recédet a te,
mais ma miséricorde ne se retirera pas de toi,
et fœdus pacis meæ non
movébitur,
et mon alliance de paix ne sera pas ébranlée,
dixit miserátor tuus Dóminus.
a dit celui qui a pitié de toi, le Seigneur.
11 Paupércula, tempestáte convúlsa
absque ulla consolatióne,
11. Tu es pauvre, battue par la tempête, et sans aucune consolation.
ecce ego sternam per órdinem lápides tuos,
Voici que moi j’alignerai tes pierres,
et fundábo te in sapphíris :
et tu seras fondée sur des saphirs.
12 et ponam jáspidem propugnácula tua,
12. Et je ferai tes tours de jaspe,
et portas tuas in lápides
sculptos,
et tes portes en pierres ciselées,
et omnes
términos tuos in lápides desiderábiles ;
et tous tes contours en pierres précieuses ;
13 univérsos fílios tuos doctos a
Dómino,
13. Et tous tes fils seront instruits par le Seigneur,
et multitúdinem pacis fíliis
tuis.
et une abondance de paix est réservée à tes fils.
14 Et in justítia fundáberis :
14. Et tu seras fondée dans la justice ;
recéde procul a
calúmnia, quia non timébis,
éloigne-toi de la violence, parce que tu n’auras pas à craindre,
et a pavóre, quia non
appropinquábit tibi.
et de la frayeur, parce qu’elle ne t’approchera pas.
15 Ecce áccola véniet qui non erat mecum,
15. Voici que viendra un habitant qui n’était pas avec moi ;
ádvena quondam tuus adjungétur tibi.
que celui qui était étranger autrefois pour toi se joindra à toi.
16 Ecce ego creávi fabrum
16. Voilà que moi j’ai créé l’ouvrier
sufflántem in igne prunas,
qui souffle dans le feu des charbons ardents,
et proferéntem vas in opus suum ;
et en fait sortir un instrument pour son ouvrage,
et ego creávi
interfectórem ad disperdéndum.
et c’est moi qui ai créé le meurtrier pour détruire.
17 Omne vas quod fictum est contra te, non
dirigétur,
17. Tout instrument qui a été imaginé contre toi manquera le but ;
et omnem linguam resisténtem tibi in judício, judicábis.
et toute langue qui te résistera dans le jugement, tu la jugeras.
Hæc est hæréditas servórum
Dómini,
C’est là l’héritage des serviteurs du Seigneur,
et justítia eórum apud me,
dicit Dóminus.
et la justice qu’ils trouvent auprès de moi, dit le Seigneur.
~
CHAP. LIV. 1. Luc. XXIII, 29 ; Gal. IV, 27. — 5. Luc. I, 32. — 9. Gen. IX, 15. — 13. Joan. VI, 45.
1-17. * 6e Discours : Gloire de Jérusalem et de l’Église, LIV. Jérusalem stérile pendant la captivité devient maintenant féconde par la grâce de Dieu, 1-10. — Elle se relève de ses ruines et est digne par sa magnificence de ceux qui l’habitent ; comme elle est fidèle à la grâce de Dieu, elle est maintenant invincible, par la force du Seigneur qui la défend et la protège, 11-17.
1. Loue ; ou, selon l’hébreu et les Septante, réjouis-toi, jubile. En suivant le dernier sens, saint Paul (Gal. IV, 26-27) nous montre dans ce passage la merveilleuse fécondité de l’Église de Jésus-Christ.
9. De Noé ; mots qui semblent former un pur pléonasme ; ils sont dans l’hébreu aussi bien que dans la Vulgate.
10. Mon alliance de paix ; l’alliance par laquelle je fais la paix avec toi ; littér. et par hébraïsme, l’alliance de ma paix.
13. Tous tes fils, et abondance de paix ; sont à l’accusatif dans le texte, comme complément ou régime direct du verbe actif, je ferai (ponam) du verset précédent. Compar. Joan. VI, 45.
16. * L’ouvrier ; le forgeron.
17. Manquera le but ; ne t’atteindra pas ; litter., ne sera pas dirigé, sera mal dirigé.
²
Tous les hommes sont appelés à la foi et à la pénitence. Dieu miséricordieux et véritable dans ses promesses. Bonheur de ceux qui reviennent à Dieu.
1 Omnes sitiéntes, veníte ad
aquas,
1. Vous tous qui avez soif, venez vers les eaux ;
et qui non habétis argéntum,
et vous qui n’avez pas d’argent,
properáte, émite, et comédite :
hâtez-vous, achetez et mangez ;
veníte, émite absque argénto
venez, achetez sans argent
et absque ulla commutatióne
et sans aucun échange
vinum et lac.
du vin et du lait.
2 Quare appénditis argéntum non in pánibus,
2. Pourquoi dépensez-vous de l’argent à ce qui n’est pas du pain,
et labórem vestrum non in saturitáte ?
et votre travail à ce qui ne peut vous rassasier ?
Audíte, audiéntes me, et
comédite bonum,
Écoutez-moi avec une grande attention, et mangez une bonne nourriture,
et delectábitur in crassitúdine ánima vestra.
et votre âme se délectera en s’en engraissant.
3 Inclináte aurem vestram, et veníte ad me ;
3. Inclinez votre oreille, et venez à moi ;
audíte, et vivet ánima vestra,
écoutez, et votre âme vivra,
et fériam vobíscum pactum
sempitérnum,
et je ferai avec vous un pacte éternel
misericórdias David fidéles.
qui montrera véritables les miséricordes promises à David.
4 Ecce testem pópulis dedi eum,
4. Voilà que je l’ai donné pour témoin aux peuples,
ducem ac præceptórem géntibus.
pour chef et pour maitre aux nations.
5 Ecce gentem quam nesciébas vocábis,
5. Voilà que tu appelleras une nation que tu ne connaissais pas ;
et gentes quæ te non
cognovérunt ad te current,
et des nations qui ne t’ont pas connu vers toi accourront,
propter Dóminum Deum tuum,
à cause du Seigneur ton Dieu,
et Sanctum Israël, quia
glorificávit te.
et du saint d’Israël qui t’a glorifié.
6 Quǽrite Dóminum dum inveníri
potest ;
6. Cherchez le Seigneur, tandis qu’on peut le trouver,
invocáte eum dum prope est.
invoquez-le tandis qu’il est proche.
7 Derelínquat ímpius viam suam,
7. Que l’impie abandonne sa voie,
et vir iníquus cogitatiónes
suas,
et l’homme inique ses pensées,
et revertátur ad Dóminum, et
miserébitur ejus ;
et qu’il retourne au Seigneur, et il aura pitié de lui ;
et ad Deum nostrum, quóniam multus est ad ignoscéndum.
et à notre Dieu, parce qu’il pardonne beaucoup.
8 Non enim cogitatiónes meæ cogitatiónes vestræ,
8. Car mes pensées ne sont pas vos pensées,
neque viæ
vestræ viæ meæ, dicit Dóminus.
ni vos voies mes voies, dit le Seigneur.
9 Quia sicut exaltántur cæli a terra,
9. Parce qu’autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre,
sic exaltátæ sunt viæ meæ a viis vestris,
autant sont élevées mes voies au-dessus de vos voies,
et cogitatiónes meæ a
cogitatiónibus vestris.
et mes pensées au-dessus de vos pensées.
10 Et quómodo descéndit imber et nix de cælo,
10. Et de même que la pluie et la neige
et illuc ultra non revértitur,
descendent du ciel et n’y retournent plus,
sed inébriat terram, et
infúndit eam,
mais qu’elles abreuvent la terre,
et germináre eam facit,
la pénètrent, la font germer,
et dat semen serénti,
et qu’elles donnent la semence au semeur,
et panem comedénti :
et le pain à celui qui le mange ;
11 sic erit verbum meum quod egrediétur de ore
meo ;
11. Ainsi sera ma parole qui sortira de ma bouche ;
non revertétur ad me vácuum,
elle ne reviendra pas à moi sans effet ;
sed fáciet quæcúmque vólui,
mais elle fera tout ce que j’ai voulu,
et prosperábitur in his ad quæ misi illud.
et elle réussira dans toutes les choses pour lesquelles je l’aurai envoyée.
12 Quia in lætítia egrediémini,
12. Parce que dans la joie vous sortirez,
et in pace deducémini ;
et dans la paix vous serez ramenés ;
montes et colles cantábunt
coram vobis laudem,
les montagnes et les collines chanteront devant vous des louanges,
et ómnia ligna regiónis
plaudent manu.
et tous les arbres du pays battront des mains.
13 Pro saliúnca ascéndet ábies,
13. Au lieu du nard sauvage s’élèvera le sapin,
et pro urtíca crescet
myrtus ;
et au lieu de l’ortie croitra le myrte ;
et erit Dóminus nominátus
et le nom du Seigneur deviendra
in signum ætérnum quod
non auferétur.
un signe éternel, qui ne sera pas enlevé.
~
CHAP. LV. 1. Eccli. LI, 33 ; Apoc. XXII, 17. — 3. Act. XIII, 34.
1-13. * 7e Discours : Abondance des biens spirituels apportés par le Messie, LV. L’œuvre de la rédemption est accomplie ; le serviteur de Dieu invite maintenant, 1-2, ses convives au festin qu’il leur a préparé et ne leur demande que d’accepter la grâce qu’il leur offre, Is. LV, et Joan. VII, 38 ; cf. Joël. III, 18 ; Is. LXVI, 12 ; Joan. IV, 13-14. — Si le peuple obéit à Dieu, Dieu tiendra toutes les promesses qu’il a faites à la maison de David et glorifiera ainsi Israël, 3-5. — Que chacun lève donc les obstacles qui l’éloignent de Dieu ; qu’il fasse pénitence de ses péchés ; qu’il renonce à ses propres pensées pour suivre celles du Seigneur, et ainsi il recevra toute sorte de biens, 6-13.
1. * Sans aucun échange. Comme la monnaie proprement dite ou frappée était encore inconnue, on se servait pour les achats de lingots d’or ou d’argent et plus communément on échangeait des objets en nature.
2. Du pain ; c’est-à-dire de la nourriture en général, comme nous l’avons déjà remarqué plus d’une fois. — Écoutez-moi avec une grande attention ; litter., et par hébraïsme, écoutant écoutez.
3. Les miséricordes (misericordias) est à l’accusatif, comme étant en opposition avec pacte éternel, complément du verbe actif fériam qui précède. Quant aux promesses de miséricorde faites à David, elles sont rappelées dans plusieurs psaumes, mais particulièrement dans le LXXXVIII, 28-29. Compar. Act. XIII, 34.
²
Bonheur de ceux qui observent les commandements de Dieu. L’étranger et l’eunuque reçus parmi le peuple du Seigneur. Reproches contre les pasteurs et les gardes de Jérusalem.
1 Hæc dicit Dóminus :
1. Voici ce que dit le Seigneur :
Custodíte judícium, et fácite justítiam,
Gardez le jugement et pratiquez la justice ;
quia juxta est salus mea ut
véniat,
car mon salut est près de venir,
et justítia mea ut revelétur.
et ma justice, d’être révélée.
2 Beátus vir qui facit hoc,
2. Bienheureux l’homme qui observe ceci,
et fílius hóminis qui
apprehéndet istud,
et le fils de l’homme qui s’y attachera ;
custódiens sábbatum ne pólluat
illud,
gardant le sabbat, afin de ne pas le profaner,
custódiens manus suas ne fáciat
omne malum.
gardant ses mains, afin de ne faire aucun mal.
3 Et non dicat fílius ádvenæ qui adhǽret Dómino,
dicens :
3. Et qu’il ne dise en aucune manière, le fils de l’étranger qui s’attache au Seigneur :
Separatióne
dívidet me Dóminus a pópulo suo ;
Le Seigneur me séparera entièrement de son peuple.
et non dicat eunúchus :
Et que l’eunuque ne dise pas :
Ecce ego lignum áridum.
Voici que je suis un bois aride.
4 Quia hæc dicit Dóminus
eunúchis :
4. Car voici ce que dit le Seigneur aux eunuques :
Qui custodíerint sábbata mea,
Ceux qui gardent mes sabbats,
et elégerint quæ ego vólui,
et qui choisissent ce que je veux
et tenúerint fœdus meum,
et observent mon alliance ;
5 dabo eis in domo mea et in muris meis
5. Je leur donnerai dans ma maison et dans mes murs
locum, et nomen
un lieu et un nom
mélius a fíliis et
filiábus :
plus avantageux que des fils et des filles ;
nomen sempitérnum dabo eis,
je leur donnerai un nom éternel
quod non períbit.
qui ne périra pas.
6 Et fílios ádvenæ, qui adhǽrent Dómino,
6. Et les fils de l’étranger qui s’attachent au Seigneur,
ut colant eum, et díligant
nomen ejus,
afin de l’adorer et d’aimer son nom,
ut sint ei in servos ;
afin d’être ses serviteurs,
omnem custodiéntem sábbatum ne pólluat illud,
et tous ceux qui gardent le sabbat pour ne pas le profaner,
et tenéntem fœdus meum ;
et observent mon alliance,
7 addúcam eos in montem sanctum meum,
7. Je les conduirai sur ma montagne sainte,
et lætificábo
eos in domo oratiónis meæ ;
je les remplirai de joie dans ma maison de prière ;
holocáusta eórum et víctimæ
eórum placébunt mihi super altári meo,
leurs holocaustes et leurs victimes, offerts sur mon autel, me seront agréables ;
quia domus mea domus oratiónis
vocábitur
car ma maison sera appelée maison de prière
cunctis pópulis.
pour tous les peuples.
8 Ait Dóminus Deus,
8. Le Seigneur Dieu,
qui cóngregat dispérsos Israël :
qui rassemble les dispersés d’Israël, dit :
Adhuc congregábo ad eum
Je réunirai encore à lui
congregátos ejus.
ceux qui se joindront à lui.
9 Omnes béstiæ agri,
9. Vous toutes, bêtes des champs,
veníte ad devorándum,
vous toutes, bêtes des forêts,
univérsæ béstiæ saltus.
venez pour dévorer.
10 Speculatóres ejus cæci omnes ;
10. Ses sentinelles sont toutes aveugles ;
nesciérunt univérsi :
elles sont toutes dans l’ignorance ;
canes muti non valéntes
latráre,
des chiens muets, qui ne peuvent aboyer,
vidéntes vana, dormiéntes,
qui voient des fantômes, qui dorment
et amántes sómnia.
et qui aiment les songes.
11 Et canes impudentíssimi
11. Et ces chiens d’une impudence extrême
nesciérunt saturitátem ;
n’ont pas connu le rassasiement ;
ipsi pastóres
les pasteurs eux-mêmes
ignoravérunt intelligéntiam :
n’ont pas d’intelligence ;
omnes in viam suam declinavérunt ;
tous se sont détournés vers leur voie,
unusquísque ad avarítiam suam, a summo usque ad novíssimum.
chacun vers son avarice, depuis le plus grand jusqu’au plus petit.
12 Veníte, sumámus vinum,
12. Venez, disent-ils, prenons du vin,
et impleámur ebrietáte ;
remplissons-nous-en jusqu’à l’ivresse ;
et erit sicut hódie, sic et
cras,
et comme aujourd’hui, ainsi il en sera demain,
et multo ámplius.
et beaucoup plus encore.
~
CHAP. LVI. 1. Sap. I, 1. — 7. Jer. VII, 11 ; Matth. XXI, 13 ; Marc. XI, 17 ; Luc. XIX, 46. — 11. Jer. VI, 13 ; VIII, 10.
1-8. * 8e Discours : Conséquences morales et sociales de l’œuvre de la Rédemption. LVI, 1-8. Personne n’est exclu désormais du royaume de Dieu : y entrera non celui qui descend d’Abraham, mais celui qui pratique la vertu, 1-8.
1. Mon salut ; le salut que je dois envoyer.
2. Aucun mal (omne malum). En hébreu, le mot tout signifie nul, pas un seul, lorsqu’il est joint à une négation. C’est un des nombreux hébraïsmes conservés dans la Vulgate.
3. Qu’il ne dise en aucune manière ; littér. et par hébraïsme, qu’il ne dise pas, disant. Compar. Ps. XXXIX, 2. — Que l’eunuque, etc. La loi mosaïque défendait de recevoir les eunuques dans l’assemblée du Seigneur (Deut. XXIII, 1).
4. Ceux qui gardent, etc. Ces eunuques fidèles représentent ceux dont Jésus-Christ parle dans l’Évangile, c’est-à-dire, ceux qui, pour le royaume des cieux, ont renoncé au mariage (Matth. XIX, 12).
6. Les fils, ainsi que tous, sont à l’accusatif dans le latin, comme compléments du verbe je conduirai, du verset suivant.
7. Parce que ma maison, etc. Jésus-Christ applique ce passage au temple même des Juifs, qui était l’image de nos temples (Matth. XXI, 13 ; Marc. XI, 17 ; Luc. XIX, 46), et la figure de l’Église même du Sauveur qui est véritablement la maison de Dieu (I Tim. III, 15). — Ma maison de prière ; littér. et par hébraïsme, la maison de ma prière. — Sera appelée, etc. ; autre hébraïsme, pour sera une maison, etc. Compar. Dan. VII, 14, 27 ; Mich. IV, 7.
8. Je réunirai, etc. Le Seigneur rassemblera non seulement Juda, mais aussi Israël, et il réunira à eux tous les étrangers qui voudront s’y joindre, comme il est dit dans les versets précédents.
9-LVII, 1-21. * 9e Discours : Conclusion. Coup d’œil sur la situation présente ; malgré ses tristesses, elle n’empêchera point la félicité future, LVI, 9-LVII. Si l’avenir doit être brillant, le présent est triste. — 1° Les pasteurs d’Israël oublient leurs devoirs. Les bêtes sauvages, c’est-à-dire les peuples étrangers, peuvent dévorer le troupeau du Seigneur sans en être empêchées par les bergers qui ne songent qu’à eux, LVI, 9-12, de sorte que c’est un bonheur pour le juste, quand il peut échapper par la mort aux calamités qui allaient fondre sur lui, LVII, 1-2. — 2° Le peuple n’est pas moins coupable que ses chefs ; il se livre au culte infâme et cruel des faux dieux, 3-10 ; ce qui lui attirera de nouveaux châtiments, 11-13. — 3° Quant aux justes ou aux pénitents, Dieu les sauvera ; après avoir fait expier aux siens leurs péchés, il les récompensera, 14-18, car il donne la paix aux justes et ne la refuse qu’aux endurcis, 19-21.
²
Mort du juste. Reproche aux Juifs idolâtres. Retour du peuple de sa captivité. Malheur aux méchants.
1 Justus perit,
1. Le juste périt,
et non est qui recógitet in
corde suo ;
et il n’est personne qui y pense en son cœur ;
et viri misericórdiæ colligúntur,
les hommes de miséricorde sont enlevés du monde,
quia non est qui
intélligat :
parce qu’il n’est personne qui ait de l’intelligence ;
a fácie enim malítiæ colléctus
est justus.
car c’est à cause de la malice qu’a été enlevé le juste.
2 Véniat pax ;
2. Vienne la paix ;
requiéscat in cubíli suo
qu’il repose sur sa couche,
qui ambulávit in directióne
sua.
celui qui a marché dans sa ligne droite.
3 Vos autem accédite huc,
3. Mais vous, approchez ici,
fílii auguratrícis,
fils d’une devineresse,
semen adúlteri et fornicáriæ.
race d’un adultère et d’une prostituée.
4 Super quem lusístis ?
4. De qui vous êtes-vous joués ?
super quem dilatástis os,
contre qui avez-vous ouvert la bouche
et ejecístis linguam ?
et tiré la langue ?
Numquid non vos fílii scelésti,
Est-ce que vous n’êtes pas, vous, des fils criminels,
semen mendax,
une race mensongère ?
5 qui consolámini in diis
5. Vous qui vous consolez dans vos dieux,
subter omne lignum frondósum,
sous tout arbre feuillu ;
immolántes párvulos in torréntibus,
immolant vos enfants dans les torrents,
subter eminéntes petras ?
sous les pierres avancées ?
6 In pártibus torréntis pars tua ;
6. Dans les parties d’un torrent est ta part ;
hæc est sors tua :
c’est là ton sort ;
et ipsis effudísti libámen,
et tu y as répandu une libation,
obtulísti sacrifícium.
tu as offert un sacrifice.
Numquid super his non indignábor ?
Est-ce que de cela je ne serai pas indigné ?
7 Super montem excélsum et sublímem
7. Sur une montagne haute et élevée,
posuísti cubíle tuum,
tu as posé ton lit ;
et illuc ascendísti
tu y es montée
ut immoláres hóstias.
afin d’immoler des hosties.
8 Et post óstium, et retro postem,
8. Et derrière la porte, et en arrière du poteau
posuísti memoriále tuum.
tu as placé ton souvenir ;
Quia juxta me discooperuísti,
parce que près de moi tu as découvert ta couche,
et suscepísti adúlterum,
dilatásti cubíle tuum,
et tu as reçu des adultères ; tu as agrandi ton lit
et pepigísti cum eis
fœdus ;
et tu as fait avec eux une alliance ;
dilexísti stratum eórum
tu as aimé leur couche
manu apérta.
à main ouverte.
9 Et ornásti te regi unguénto,
9. Et tu t’es parée d’un parfum royal,
et multiplicásti pigménta tua.
et tu as multiplié tes essences.
Misísti legátos tuos procul,
Tu as envoyé des messagers au loin,
et humiliáta
es usque ad ínferos.
et tu as été abaissée jusqu’aux enfers.
10 In multitúdine viæ tuæ laborásti ;
10. Dans la multitude de tes voies, tu t’es fatiguée,
non dixísti : Quiéscam.
tu n’as pas dit : Je me reposerai.
Vitam manus tuæ invenísti ;
Tu as trouvé la vie de ta main,
proptérea non rogásti.
à cause de cela tu ne m’as pas prié.
11 Pro quo sollícita timuísti,
11. Qui t’a rendue inquiète, qui as-tu craint,
quia mentíta es,
après que tu as menti,
et mei non es recordáta,
que tu ne t’es pas souvenue de moi,
neque
cogitásti in corde tuo ?
tu n’as pas pensé en ton cœur ?
Quia ego tacens et quasi non
videns,
C’est parce que je me tais, et que je suis comme ne voyant pas,
et mei oblíta es.
que tu m’as oublié.
12 Ego annuntiábo justítiam tuam,
12. Pour moi j’annoncerai ta justice,
et ópera tua non próderunt
tibi.
et tes œuvres ne te serviront pas.
13 Cum clamáveris, líberent te congregáti tui,
13. Lorsque tu crieras, qu’ils te délivrent ceux que tu as rassemblés,
et omnes eos áuferet ventus,
et un vent les emportera,
tollet aura.
une brise les enlèvera.
Qui autem fidúciam habet mei,
hæreditábit terram,
Mais celui qui a confiance en moi héritera de la terre,
et possidébit montem sanctum
meum.
et il possèdera ma montagne sainte.
14 Et dicam : Viam fácite, præbéte iter ;
declináte de sémita,
14. Et je dirai : Faites une voie, préparez un chemin, détournez-vous du sentier,
auférte offendícula de via
pópuli mei.
ôtez les pierres d’achoppement de la voie de mon peuple.
15 Quia hæc dicit Excélsus,
15. Car voici ce que dit le Très-Haut,
et Sublímis, hábitans
æternitátem, et sanctum nomen ejus :
le sublime, qui habite l’éternité, et dont le nom est saint,
in excélso et in sancto hábitans,
et qui habite dans un lieu très élevé,
et cum contríto et húmili
spíritu :
et dans un lieu saint, et avec un cœur contrit
ut vivíficet spíritum humílium,
et un esprit humble, afin de vivifier l’esprit des humbles
et vivíficet cor contritórum.
et le cœur des contrits.
16 Non enim in sempitérnum litigábo,
16. Car je ne disputerai pas éternellement,
neque usque ad finem iráscar,
et je ne me mettrai pas en colère pour toujours :
quia spíritus
a fácie mea egrediétur,
parce qu’un esprit sortira de ma face,
et flatus ego fáciam.
et que je créerai des souffles de vie.
17 Propter iniquitátem avarítiæ ejus irátus sum, et
percússi eum.
17. À cause de l’iniquité de son avarice, j’ai été irrité, et je l’ai frappé ;
Abscóndi a te fáciem meam, et
indignátus sum ;
je t’ai caché ma face, et j’ai été indigné ;
et ábiit vagus in via cordis
sui.
et il est allé, vagabond, dans la voie de son cœur.
18 Vias ejus vidi, et sanávi eum ;
18. Ses voies, je les ai vues, et je l’ai guéri,
et redúxi eum, et réddidi
consolatiónes
et je l’ai ramené, et je lui ai rendu des consolations,
ipsi, et lugéntibus ejus.
à lui et à ceux qui le pleuraient.
19 Creávi fructum labiórum pacem ;
19. J’ai créé un fruit de lèvres, paix,
pacem ei qui longe est et qui
prope,
paix pour celui qui est loin, et pour celui qui est proche,
dixit Dóminus, et sanávi eum.
dit le Seigneur, et je les ai guéris.
20 Impii autem quasi mare fervens,
20. Mais les impies sont comme une mer impétueuse
quod quiéscere non potest,
qui ne peut s’apaiser,
et redúndant fluctus ejus in
conculcatiónem et lutum.
et dont les flots rejettent de l’écume et du limon.
21 Non est pax ímpiis, dicit Dóminus Deus.
21. Il n’est pas de paix pour les impies, dit le Seigneur Dieu.
~
CHAP. LVII. 14. Infra. LXII, 10. — 19. Eph. II, 17. — 21. Supra. XLVIII, 22.
1. Le juste ; est mis ici pour les justes en général, selon plusieurs : mais c’est plutôt de Jésus-Christ qu’il faut l’entendre. — L’intelligence ; ce mot dans le style de la Bible, signifie très souvent prudence, sagesse, vertu, comme l’expression de la face, à la face (a facie) se prend fréquemment dans le sens de à cause de.
5. * Dans les torrents. C’était surtout dans la vallée de Ben-Hinnom, au sud de Jérusalem, qu’avaient lieu ces sacrifices abominables dans lesquels les parents offraient leurs enfants en sacrifice au dieu Moloch.
8. Ton souvenir ; c’est-à-dire, tes divinités domestiques, selon saint Jérôme et plusieurs interprètes. — Tu as découvert ta couche ; ou suivant d’autres, tu t’es découverte. — Des adultères ; littér. un adultère (adulterum) ; mais le pronom pluriel eux (eis), qui suit, prouve que le singulier adultère, est considéré comme un nom collectif. — À main ouverte (manu apérta) ; sans aucune retenue, sans la moindre réserve.
9. Tu t’es parée, etc. ; tu t’es parfumée en l’honneur de Moloch, idole dont le nom en hébreu signifie roi.
10. La vie de ta main ; c’est-à-dire de quoi vivre par le travail de tes mains.
11. Que tu m’as oublié ; littér. et tu, etc. Ici, comme en bien d’autres passages, la particule et ne sert qu’à marquer l’apodose.
15. Dit ; le complément de ce verbe ne se trouve qu’au vers. 17 ; tout ce qui le suit est une longue parenthèse. — Un lieu très élevé ; le ciel. — Lieu saint ; le sanctuaire ou le tabernacle, ou le temple. — Un cœur contrit, un esprit humble ; singulier pour le pluriel.
16. Parce qu’un esprit, etc. ; allusion à ce qui est dit Gen. II, 7.
17. À cause, etc. ; ici commence le complément du verbe dit du vers. 15. — Son, le, te, il ; ces pronoms, ainsi que ses, les, lui, etc., du vers. 18, se rapportent à peuple d’Israël ou à mon peuple, sous-entendu.
19. Un fruit de lèvres ; une parole. — Paix ; ce mot, comme on l’a déjà vu, signifiait chez les Hébreux prospérité parfaite. — Pour celui, etc. ; c’est-à-dire, pour les Gentils et pour les Juifs, selon ce que dit saint Paul (Eph. II, 17) de la paix annoncée par Jésus-Christ. — Les ; litter., le (eum) ; hébraïsme, pour chacun d’eux.
²
Hypocrisie des Juifs condamnée. Leurs faux jeûnes. Manière de bien observer le sabbat. Récompense de ceux qui l’observent fidèlement.
1 Clama, ne cesses,
1. Crie et ne cesse point ;
quasi tuba
exálta vocem tuam,
comme la trompette élève ta voix,
et annúntia pópulo meo
scélera eórum,
et annonce à mon peuple ses crimes,
et dómui Jacob peccáta eórum.
et à la maison de Jacob ses péchés.
2 Me étenim de die in diem quærunt,
2. Car c’est moi que de jour en jour ils cherchent,
et scire vias meas volunt,
et ils veulent connaitre mes voies ;
quasi gens quæ justítiam
fécerit,
comme une nation qui aurait pratiqué la justice
et judícium Dei sui non
derelíquerit.
et qui n’aurait pas abandonné le jugement de son Dieu ;
Rogant me judícia justítiæ ;
ils me demandent des jugements de justice,
appropinquáre Deo volunt.
et ils veulent s’approcher de Dieu.
3 Quare jejunávimus, et non aspexísti ;
3. Pourquoi, disent-ils, avons-nous jeûne, et n’avez-vous pas regardé ?
humiliávimus
ánimas nostras, et nescísti ?
Pourquoi avons-nous humilié nos âmes, et ne l’avez-vous pas su ?
Ecce in die
jejúnii vestri invenítur volúntas vestra,
Voici qu’au jour de votre jeûne se trouve votre volonté,
et omnes debitóres vestros
repétitis.
et que vous poursuivez vos débiteurs.
4 Ecce ad lites et contentiónes jejunátis,
4. Voici que vous jeunez pour susciter des procès et des querelles,
et percútitis pugno ímpie.
et que vous frappez du poing impitoyablement.
Nolíte jejunáre sicut usque ad hanc diem,
Ne jugez pas comme jusqu’à ce jour,
ut audiátur in excélso clamor vester.
pour faire entendre en haut vos cris.
5 Numquid tale est jejúnium quod elégi,
5. Est-ce que le jeûne que j’ai choisi
per diem afflígere hóminem ánimam suam ?
est tel que pendant un jour un homme afflige son âme,
numquid contorquére quasi
círculum caput suum,
contourne sa tête comme un cercle,
et saccum et cínerem
stérnere ?
et se couvre d’un sac et de cendre ?
numquid istud vocábis jejúnium,
Est-ce là ce que tu appelleras un jeûne,
et diem acceptábilem Dómino ?
et un jour agréable au Seigneur ?
6 Nonne hoc est magis jejúnium quod elégi ?
6. Le jeûne que j’ai choisi n’est-il pas celui-ci ?
Dissólve colligatiónes impietátis,
romps les liens de l’impiété,
solve fascículos depriméntes,
délie les faisceaux accablants,
dimítte eos qui
confrácti sunt líberos,
renvoie libres ceux qui sont opprimés,
et omne onus dirúmpe ;
et brise tout fardeau.
7 frange esuriénti panem tuum,
7. Romps ton pain pour celui qui a faim,
et egénos vagósque induc in domum tuam ;
et fais entrer dans ta maison les indigents et ceux qui errent sans asile ;
cum víderis
nudum, óperi eum,
lorsque tu verras quelqu’un nu, couvre-le,
et carnem tuam ne despéxeris.
et ne méprise point ta chair.
8 Tunc erúmpet quasi mane lumen tuum ;
8. Alors ta lumière éclatera comme le matin,
et sánitas tua cítius oriétur,
et bientôt ta guérison se montrera ;
et anteíbit fáciem tuam
justítia tua,
ta justice marchera devant ta face,
et glória Dómini cólliget te.
et la gloire du Seigneur te recueillera.
9 Tunc invocábis, et Dóminus exáudiet ;
9. Alors tu invoqueras le Seigneur, et le Seigneur t’exaucera ;
clamábis, et dicet : Ecce
adsum.
tu crieras, et il dira : Me voici ;
Si abstúleris de médio tui
caténam,
si tu ôtes du milieu de toi la chaine,
et desíeris exténdere dígitum
et loqui quod non prodest ;
et si tu cesses d’étendre le doigt et de dire ce qui n’est pas utile.
10 cum effúderis esuriénti ánimam tuam,
10. Si tu prodigues ton âme à celui qui a faim,
et ánimam afflíctam repléveris,
et si tu remplis de consolation une âme affligée,
oriétur in ténebris lux tua,
ta lumière se lèvera dans les ténèbres,
et ténebræ tuæ erunt sicut
merídies.
et tes ténèbres seront comme le midi.
11 Et réquiem tibi dabit Dóminus semper,
11. Et le Seigneur te donnera le repos sans interruption,
et implébit splendóribus ánimam
tuam,
et il remplira ton âme de splendeurs ;
et ossa tua liberábit ;
il délivrera tes os,
et eris quasi hortus irríguus,
et tu seras comme un jardin arrosé,
et sicut fons aquárum
et comme une fontaine d’eau,
cujus non defícient aquæ.
à laquelle les eaux ne manqueront pas.
12 Et ædificabúntur in te desérta sæculórum,
12. Et par toi seront remplis d’édifices des lieux déserts depuis des siècles ;
fundaménta
generatiónis et generatiónis suscitábis ;
tu relèveras des fondements abandonnés pendant plusieurs générations,
et vocáberis ædificátor sépium,
et tu seras appelé constructeur des haies,
avértens sémitas in quiétem.
mettant les sentiers en repos.
13 Si avérteris a sábbato pedem tuum
13. Si tu t’abstiens, à cause du sabbat, d’avancer ton pied
fácere voluntátem tuam in die sancto meo,
et de faire ta volonté dans le jour qui m’est consacré ;
et vocáveris sábbatum delicátum,
si tu appelles le sabbat délicieux,
et sanctum Dómini gloriósum,
jour du Seigneur saint et glorieux ;
et glorificáveris eum dum non
facis vias tuas,
si tu le glorifies en ne suivant pas tes voies,
et non invenítur volúntas tua,
ut loquáris sermónem :
et si tu ne mets pas ta volonté à dire des paroles vaines,
14 tunc delectáberis super Dómino,
14. Alors tu trouveras des délices dans le Seigneur ;
et sustóllam te super
altitúdines terræ,
je t’élèverai sur les hauteurs de la terre,
et cibábo te hæreditáte Jacob
patris tui :
et je te nourrirai avec l’héritage de Jacob ton père,
os enim Dómini locútum est.
car la bouche du Seigneur a parlé.
~
CHAP. LVIII. 5. Zach. VII, 5. — 7. Ezech. XVIII, 7, 16 ; Matth. XXV, 36. — 12. Infra. LXI, 4.
1-14. * III. Troisième section : Le royaume messianique, LVIII-LXVI. — 1er Discours. Du faux et du vrai culte dû à Dieu, LVIII. Le peuple prétend être pieux et mériter le salut, parce qu’il jeûne, mais à quoi sert le jeûne si la rénovation intérieure ne l’accompagne ? C’est une œuvre extérieure sans valeur, parce qu’il n’est pas le fruit de la crainte de Dieu, 1-6. — Il faut être charitable envers le prochain ; faire la volonté du Seigneur : voilà le vrai culte qu’on doit rendre à Dieu, afin de recevoir ses grâces et ses miséricordes, 7-14 ; voir Matth. VI, 1 sq.
1. Crie. C’est le Seigneur qui s’adresse à Isaïe.
2. Le jugement de son Dieu ; c’est-à-dire la loi de son Dieu. — Des jugements de justice ; la raison des jugements de ma justice. — S’approcher de Dieu, pour entrer en jugement, disputer avec lui.
3. Au jour, etc. Les Juifs captifs à Babylone avaient institué d’eux-mêmes certains jeûnes, qu’ils continuèrent pendant quelque temps après la captivité. Ils consultèrent Zacharie, pour savoir s’ils devaient les continuer plus longtemps. Sans répondre directement à leur demande, le prophète leur fit le même reproche que nous lisons ici dans Isaïe. Voy. Zach. VII, 2 et suiv.
6. * Les faisceaux ; tout ce qui gêne, pèse.
7. Ta chair ; tes frères, tes proches. Compar. Gen. XXIX, 14 ; XXXVII, 27.
8. Ta lumière. La lumière désigne souvent, dans les auteurs sacrés, la joie et la félicité, surtout celles qui succèdent à un état de tristesse, d’humiliation et d’oppression qui est ordinairement exprimé par le mot ténèbres. — Ta guérison. Les Hébreux appelaient maladie, toute sorte de maux, et guérison, la délivrance, la cessation de ces maux. — La gloire du Seigneur te recueillera. Cette même idée a été déjà exprimée, quoiqu’en termes différents. Voy. LII, 12.
9. La chaine ; dont tu charges tes frères. — D’étendre le doigt ; ou de montrer au doigt ; locution qui a toujours marqué le mépris et l’insulte. — Ce qui n’est pas utile (quod non prodest) ; le terme hébreu correspondant signifie aussi méchanceté, iniquité, crime, mensonge, fausseté. De là le Chaldéen l’a rendu par rapine, et les Septante par murmure. Quoi qu’il en soit, il s’agit ici de paroles nuisibles au prochain.
10. Si tu prodigues, etc. ; c’est-à-dire, si tu assistes le pauvre affamé avec une grande effusion de cœur. — Ta lumière, etc. Voy. le vers. 8.
11. Il délivrera (liberabit) ; ou bien il rendra libres, c’est-à-dire prompts, agiles, lestes, comme porte le texte hébreu. — Os (ossa) ; peut s’entendre des membres du corps en général.
12. Plusieurs générations ; littér. et par hébraïsme, génération et génération. — Constructeurs de haies ; c’est sans doute une allusion à la restauration de Jérusalem qui est souvent appelée une vigne dont les murs sont des haies, ou bien aux haies réelles des vignes, détruites par les Chaldéens — Mettant, etc. ; rendant sûrs et sans aucun danger les chemins, auparavant infestés par les voleurs.
13. Si tu t’abstiens, etc. ; litter., si tu détournes à cause du sabbat ton pied ; c’est-à-dire si tu ne voyages pas le jour du sabbat. Les Juifs croyaient qu’il ne leur était pas permis de faire plus de deux mille pas, c’est-à-dire environ une demi-lieue de chemin, le jour du sabbat. — À cause ; c’est le vrai sens qu’a ici, comme dans bien d’autres passages, la particule hébraïque, rendue dans la Vulgate par a. — De faire (facere) ta volonté ; second complément de si tu t’abstiens, ou si tu détournes (si avérteris).
14. Les hauteurs de la terre ; c’est-à-dire, le pays de tes pères, qui est une terre haute et élevée. Compar. Deut. XXXII, 13.
²
Infidélité d’Israël, obstacle à sa délivrance. Vengeance du Seigneur contre Babylone et ses alliés. Délivrance d’Israël.
1 Ecce non est abbreviáta manus Dómini, ut
salváre néqueat,
1. Voici que la main du Seigneur n’est point raccourcie pour ne pouvoir sauver,
neque aggraváta est auris ejus,
ut non exáudiat.
et son oreille n’est point appesantie pour ne pas écouter ;
2 Sed iniquitátes vestræ divisérunt
2. Mais vos iniquités ont mis une séparation
inter vos et Deum
vestrum ;
entre vous et votre Dieu,
et peccáta vestra abscondérunt
fáciem ejus a vobis,
et vos péchés vous ont caché sa face,
ne exaudíret.
afin qu’il ne vous écoutât point.
3 Manus enim vestræ pollútæ sunt sánguine,
3. Car vos mains se sont souillées de sang,
et dígiti vestri iniquitáte ;
et vos doigts d’iniquité ;
lábia vestra
locúta sunt mendácium,
vos lèvres ont parlé le mensonge,
et lingua vestra iniquitátem fatur.
votre langue profère l’iniquité.
4 Non est qui ínvocet justítiam,
4. Il n’est personne qui invoque la justice,
neque est qui júdicet
vere :
et il n’est personne qui juge dans la vérité ;
sed confídunt in níhilo, et loquúntur vanitátes ;
mais ils se confient au néant, et ne font entendre que des paroles vaines ;
concepérunt labórem, et
peperérunt iniquitátem.
ils ont conçu la peine et ils ont enfanté l’iniquité.
5 Ova áspidum rupérunt,
5. Ils ont fait éclore des œufs d’aspic,
et telas aráneæ texuérunt.
et ils ont ourdi des toiles d’araignée ;
Qui coméderit de ovis eórum,
moriétur ;
celui qui mangera de leurs œufs mourra ;
et quod confótum est, erúmpet
in régulum.
et de ce qui aura été couvé sortira un basilic.
6 Telæ eórum non erunt in vestiméntum,
6. Leurs toiles ne serviront pas de vêtement :
neque operiéntur opéribus suis ;
ils ne se revêtiront pas de leurs œuvres ;
ópera eórum ópera inutília,
leurs œuvres sont inutiles,
et opus iniquitátis in mánibus
eórum.
et une œuvre d’iniquité est dans leurs mains.
7 Pedes eórum ad malum currunt,
7. Leurs pieds courent au mal,
et festínant ut effúndant
sánguinem innocéntem ;
et ils se hâtent pour répandre un sang innocent ;
cogitatiónes eórum cogitatiónes inútiles :
leurs pensées sont des pensées inutiles ;
vástitas et contrítio in viis
eórum.
le ravage et la destruction sont dans leurs voies.
8 Viam pacis nesciérunt,
8. Ils n’ont pas connu la voie de la paix,
et non est judícium in
gréssibus eórum ;
et il n’y a pas de jugement dans leurs démarches ;
sémitæ eórum incurvátæ sunt
eis :
leurs sentiers sont devenus tortus pour eux ;
omnis qui calcat in eis,
ignórat pacem.
quiconque y marche ignore la paix.
9 Propter hoc elongátum est judícium a nobis,
9. À cause de cela le jugement s’est éloigné de nous,
et non apprehéndet nos
justítia.
et la justice ne nous atteindra pas ;
Exspectávimus lucem, et ecce
ténebræ ;
nous avons attendu la lumière, et voilà les ténèbres ;
splendórem, et in ténebris ambulávimus.
la splendeur du jour, et c’est au milieu des ténèbres que nous avons marché.
10 Palpávimus sicut cæci paríetem,
10. Comme des aveugles nous nous sommes attachés à la muraille,
et quasi absque óculis
attrectávimus :
et comme privés de nos yeux, nous avons marché à tâtons :
impégimus merídie quasi in
ténebris ;
nous nous sommes heurtés en plein midi, de même qu’au milieu des ténèbres ;
in caliginósis quasi mórtui.
nous sommes dans des lieux obscurs comme les morts.
11 Rugiémus quasi ursi omnes,
11. Nous rugirons tous comme les ours,
et quasi colúmbæ meditántes
gemémus :
et comme les colombes, méditant, nous gémirons ;
exspectávimus judícium, et non
est ;
nous avons attendu le jugement, et il n’est pas venu ;
salútem, et elongáta est a
nobis.
le salut, et il s’est éloigné de nous.
12 Multiplicátæ sunt enim
iniquitátes nostræ coram te,
12. Car nos iniquités se sont multipliées devant vous,
et peccáta nostra respondérunt
nobis,
et nos péchés nous ont répondu ;
quia scélera nostra nobíscum
parce que nos crimes sont avec nous,
et iniquitátes nostras cognóvimus.
et nous avons connu nos iniquités :
13 Peccáre et mentíri contra Dóminum,
13. Pécher et mentir contre le Seigneur ;
et avérsi sumus ne irémus post
tergum Dei nostri,
et nous nous sommes détournés pour ne pas suivre notre Dieu,
ut loquerémur calúmniam et
transgressiónem ;
pour proférer la calomnie et la révolte ;
concépimus et locúti sumus de
corde verba mendácii.
nous avons conçu et proféré de notre cœur des paroles de mensonge.
14 Et convérsum est retrórsum judícium,
14. Et le jugement est retourné en arrière ;
et justítia longe stetit,
et la justice s’est tenue au loin ;
quia córruit in platéa véritas,
parce que la vérité est tombée sur la place publique,
et ǽquitas non pótuit íngredi.
et l’équité n’a pu y entrer.
15 Et facta est véritas in obliviónem,
15. Et la vérité est devenue en oubli ;
et qui recéssit a malo, prædæ
pátuit.
et celui qui s’est retiré du mal a été exposé en proie ;
Et vidit Dóminus, et malum
appáruit in óculis ejus,
le Seigneur l’a vu ; et mal a paru à ses yeux
quia non est judícium.
car il n’y a point de justice.
16 Et vidit quia non est vir,
16. Et il a vu qu’il n’y avait point d’homme,
et aporiátus est, quia non est
qui occúrrat ;
et il s’est étonné que personne ne s’opposât à ces maux,
et salvávit sibi bráchium suum,
et son propre bras l’a sauvé,
et justítia ejus ipsa
confirmávit eum.
et sa justice elle-même l’a soutenu.
17 Indútus est justítia ut loríca,
17. Il s’est revêtu de la justice comme d’une cuirasse,
et gálea salútis in cápite ejus ;
et le casque de salut a été sur sa tête ;
indútus est vestiméntis ultiónis,
il s’est revêtu des vêtements de vengeance,
et opértus est quasi pállio
zeli :
il s’est couvert comme d’un manteau de zèle.
18 sicut ad vindíctam quasi ad retributiónem
18. Comme pour exercer sa vengeance,
indignatiónis hóstibus suis,
comme pour imposer le salaire de son indignation à ses ennemis
et vicissitúdinem inimícis suis ;
et payer de retour ses adversaires :
ínsulis vicem reddet.
aux iles il rendra la pareille.
19 Et timébunt qui ab occidénte nomen Dómini,
19. Et ils craindront, ceux qui sont de l’occident, le nom du Seigneur,
et qui ab ortu solis glóriam
ejus,
et ceux qui sont du levant, sa gloire ;
cum vénerit quasi flúvius
violéntus
lorsqu’il viendra comme un fleuve impétueux,
quem spíritus Dómini cogit ;
que le souffle du Seigneur agite ;
20 et vénerit Sion redémptor,
20. Et que viendra un rédempteur pour Sion,
et eis qui rédeunt ab
iniquitáte in Jacob,
et pour ceux qui dans Jacob reviennent de l’iniquité,
dicit Dóminus.
dit le Seigneur.
21 Hoc fœdus meum cum eis,
21. Voici mon alliance avec eux,
dicit Dóminus :
dit le Seigneur :
spíritus meus qui est in te,
Mon esprit, qui est en toi,
et verba mea quæ pósui
in ore tuo,
et mes paroles que j’ai mises en ta bouche
non recédent de ore tuo,
ne s’éloigneront pas de ta bouche,
et de ore séminis tui,
ni de la bouche de ta postérité,
et de ore séminis séminis tui,
dicit Dóminus,
ni de la bouche de la postérité de ta postérité,
ámodo et usque in sempitérnum.
depuis ce moment jusque dans l’éternité, dit le Seigneur.
~
CHAP. LIX. 1. Num. XI, 23 ; Supra. L, 2. — 3. Supra. I, 15. — 4. Job. XV, 35. — 7. Prov. I, 16 ; Rom. III, 15. — 17. Eph. VI, 17 ; I Thess. V, 8. — 20. Rom. XI, 26.
1-21. * 2e Discours : La nouvelle alliance, fruit du repentir d’Israël, LIX. Le sujet du second discours est analogue à celui du premier, et en est comme la continuation. — 1° Ce sont les péchés du peuple qui l’empêchent d’être sauvé, 1-8. — 2° Israël se plaint de ce que la promesse du salut ne se réalise pas à cause de ses fautes, dont il reconnait l’énormité, 9-15a. — 3° À la suite de cette confession, le Prophète annonce que le Seigneur viendra délivrer ceux qui se repentent et faire avec eux une alliance nouvelle, un autre Testament, 15b-21.
6, 7. Inutiles. Voy., sur le vrai sens de mot, LVIII, 9.
10. Comme des aveugles, etc. Les interprètes d’un commun accord appliquent ceci aux Juifs qui ont vécu depuis Jésus-Christ.
12. Nous ont répondu ; c’est-à-dire ont témoigné contre nous. Compar. III, 9 ; Jer. XIV, 7.
13. Pécher et mentir ; sont l’explicatif de nos iniquités, du verset précédent ; c’est comme s’il y avait, c’est-à-dire le péché et le mensonge.
14. Est tombée (corruit) ; a été renversée, anéantie. — Sur la place publique ; les places se trouvaient aux portes de la ville ; c’est là qu’étaient placés les tribunaux, chez les Hébreux comme chez les Grecs. Compar. Zach. VIII, 16.
16. Qu’il n’y avait point d’homme ; pour maintenir la vérité et la justice (vers. 15), et secourir son peuple malheureux. — Son propre bras, etc. ; le Seigneur fait de la cause de son peuple sa propre cause ; ainsi les pronoms son, sa, le se rapportent au Seigneur, comme le prouve d’ailleurs le passage parallèle, LXIII, 5. Compar. aussi XVIII, 11 ( ?).
17. Comme d’un manteau de zèle ; pour du zèle comme d’un manteau.
18. Comme pour… ses adversaires ; suivant la ponctuation, doit être considéré comme la protase, dont l’apodose est aux iles, etc. ; ou bien comme l’exposé du motif de ce qui est dit dans le verset précédent, si on change la ponctuation. — Iles ; c’est-à-dire, selon l’hébreu, pays lointains.
20. Un rédempteur ; le Messie, représenté imparfaitement par Cyrus. Compar. Rom. XI, 26.
21. Voici mon alliance, etc. C’est l’alliance éternelle que Jésus-Christ a faite avec son Église, et dans laquelle les Juifs mêmes seront admis au temps de leur rappel.
²
Rétablissement de Jérusalem. Les nations se soumettent à elle. Sa gloire, sa joie, ses richesses, sa paix.
1 Surge, illumináre, Jerúsalem, quia venit lumen
tuum,
1. Lève-toi, reçois la lumière, Jérusalem, parce qu’est venue ta lumière,
et glória Dómini super te orta
est.
et que la gloire du Seigneur sur toi s’est levée.
2 Quia ecce ténebræ opérient terram,
2. Parce que voilà que les ténèbres couvriront la terre,
et calígo pópulos ;
et une obscurité, les peuples ;
super te autem oriétur Dóminus,
mais sur toi se lèvera le Seigneur,
et glória ejus in te vidébitur.
et sa gloire en toi se verra.
3 Et ambulábunt gentes in lúmine tuo,
3. Et des nations marcheront à ta lumière,
et reges in splendóre ortus tui.
et des rois à la splendeur de ton lever.
4 Leva in circúitu óculos tuos, et vide :
4. Lève autour de toi tes yeux et vois ;
omnes isti congregáti sunt,
venérunt tibi ;
tous ceux-ci se sont rassemblés, ils sont venus à toi ;
fílii tui de longe vénient
tes fils de loin viendront,
et fíliæ tuæ de látere surgent.
et tes filles à ton côté se lèveront.
5 Tunc vidébis, et áfflues ;
5. Alors tu verras, et tu seras dans l’abondance ;
mirábitur et dilatábitur cor
tuum :
ton cœur admirera, et se dilatera,
quando convérsa fúerit ad te multitúdo maris ;
quand se sera tournée vers toi la richesse de la mer,
fortitúdo géntium vénerit tibi.
et que la force des nations sera venue à toi.
6 Inundátio camelórum opériet te,
6. Une inondation de chameaux te couvrira
dromedárii Madían et Epha ;
ainsi que les dromadaires de Madian et d’Epha ;
omnes de Saba vénient,
tous viendront de Saba,
aurum et thus deferéntes,
apportant de l’or et de l’encens,
et laudem Dómino annuntiántes.
et publiant des louanges en l’honneur du Seigneur.
7 Omne pecus Cedar congregábitur tibi ;
7. Tout troupeau de Cédar sera rassemblé pour toi,
aríetes Nabáioth ministrábunt tibi :
les béliers de Nabaïoth seront employés à ton service ;
offeréntur super
placábili altári meo,
ils seront offerts sur mon autel d’expiation,
et domum majestátis meæ
glorificábo.
et je glorifierai la maison de ma majesté.
8 Qui sunt isti qui ut nubes volant,
8. Qui sont ceux-ci qui volent comme des nuées,
et quasi colúmbæ ad fenéstras
suas ?
et comme des colombes vers leurs demeures ?
9 Me enim ínsulæ exspéctant,
9. Car les iles m’attendent,
et naves maris in princípio,
ainsi que les vaisseaux de mer, dès le principe,
ut addúcam fílios tuos de
longe ;
afin que je fasse venir tes fils de loin,
argéntum eórum, et aurum eórum
cum eis,
leur or et leur argent avec eux,
nómini Dómini Dei tui,
et les consacre au nom du Seigneur ton Dieu
et Sancto Israël, quia
glorificávit te.
et au saint d’Israël, parce qu’il t’a glorifiée.
10 Et ædificábunt fílii
peregrinórum muros tuos,
10. Et les fils des étrangers bâtiront des murs,
et reges eórum ministrábunt
tibi ;
et leurs rois te serviront ;
in indignatióne enim mea
percússi te,
car dans mon indignation je t’ai frappée,
et in reconciliatióne mea
misértus sum tui.
et par ma réconciliation j’ai eu pitié de toi.
11 Et aperiéntur portæ tuæ júgiter ;
11. Et tes portes seront ouvertes continuellement ;
die ac nocte non claudéntur,
ni jour ni nuit elles ne seront fermées,
ut afferátur ad te fortitúdo géntium,
afin que te soit apportée la force des nations,
et reges eárum adducántur.
et que leurs rois te soient amenés.
12 Gens enim et regnum quod non servíerit tibi
períbit,
12. Car la nation et le royaume qui ne te sera pas assujetti, périra ;
et gentes solitúdine vastabúntur.
ces nations réduites en solitude seront dévastées.
13 Glória Líbani ad te véniet,
13. La gloire du Liban vers toi viendra ;
ábies, et buxus, et pinus simul
le sapin, et le buis, et le pin serviront ensemble
ad ornándum locum sanctificatiónis meæ ;
à orner le lieu de ma sanctification ;
et locum pedum meórum
glorificábo.
et la place de mes pieds, je la glorifierai.
14 Et vénient ad te curvi fílii eórum qui
humiliavérunt te,
14. Et ils viendront vers toi, les fils de ceux qui t’ont humiliée,
et adorábunt vestígia pedum
tuórum omnes qui detrahébant tibi :
et ils adoreront les traces de tes pieds, tous ceux qui te décriaient,
et vocábunt te civitátem
Dómini,
et ils t’appelleront la cité du Seigneur,
Sion Sancti Israël.
la Sion du saint d’Israël.
15 Pro eo quod fuísti derelícta
15. Parce que tu as été délaissée
et ódio hábita,
et habituée à être haïe,
et non erat qui per te
transíret :
et qu’il n’y avait personne qui te traversât,
ponam te in supérbiam sæculórum,
je t’établirai l’orgueil des siècles,
gáudium in generatiónem et generatiónem :
et la joie pour toutes les générations.
16 et suges lac géntium,
16. Et tu suceras le lait des nations,
et mamílla regum lactáberis ;
et de la mamelle des rois tu seras nourrie ;
et scies quia ego Dóminus
salvans te,
et tu sauras que je suis le Seigneur qui te sauve,
et redémptor tuus, Fortis Jacob.
et ton rédempteur le fort de Jacob.
17 Pro ære áfferam aurum,
17. Au lieu d’airain j’apporterai de l’or,
et pro ferro áfferam argéntum,
et au lieu de fer j’apporterai de l’argent ;
et pro lignis æs,
et au lieu de bois, de l’airain,
et pro lapídibus ferrum :
et au lieu de pierre, du fer ;
et ponam visitatiónem tuam
pacem,
je te donnerai pour gouvernement la paix,
et præpósitos tuos justítiam.
et pour préposés, la justice.
18 Non audiétur ultra iníquitas in terra
tua ;
18. On n’entendra plus parler d’iniquité dans ta terre,
vástitas et contrítio in
términis tuis :
de ravage et de destruction dans tes confins ;
et occupábit salus muros tuos,
et le salut occupera tes murs,
et portas tuas laudátio.
et la louange tes portes.
19 Non erit tibi ámplius sol ad lucéndum per diem,
19. Tu n’auras plus le soleil pour éclairer pendant le jour,
nec splendor lunæ illuminábit
te :
et la splendeur de la lune ne luira pas sur toi ;
sed erit tibi Dóminus in lucem sempitérnam,
mais le Seigneur sera ta lumière éternelle,
et Deus tuus in glóriam tuam.
et ton Dieu ta gloire.
20 Non óccidet ultra sol tuus,
20. Ton soleil ne se couchera plus,
et luna tua non minuétur,
et ta lune ne diminuera pas ;
quia erit tibi Dóminus in lucem sempitérnam,
parce que le Seigneur sera ta lumière éternelle,
et complebúntur dies luctus
tui.
et que les jours de ton deuil seront finis.
21 Pópulus autem tuus omnes justi ;
21. Quant à ton peuple, tous seront justes ;
in perpétuum hæreditábunt terram :
pour toujours ils possèderont la terre en héritage ;
germen plantatiónis meæ,
il sera le rejeton de ma plantation,
opus manus
meæ ad glorificándum.
l’œuvre de ma main pour me glorifier.
22 Mínimus erit in mille,
22. Le moindre de tes citoyens en produira mille,
et párvulus in gentem fortíssimam.
et le plus petit une nation très puissante ;
Ego Dóminus in témpore ejus
moi le Seigneur, en son temps
súbito fáciam istud.
je ferai soudain cela.
~
CHAP. LX. 4. Supra. XLIX, 18. — 11. Apoc. XXI, 25. — 19. Apoc. XXI, 23 ; XXII, 5.
1-22. * 3e Discours : La gloire de Jérusalem ou de l’Église, LX. Le prophète chante maintenant les résultats de la nouvelle alliance dans ce magnifique chapitre, qui est un hymne autant qu’un discours. — Le soleil de justice, Jésus-Christ, se lève sur Jérusalem. Tous les peuples, à la vue de sa lumière, accourent à la cité sainte, rois et sujets lui apportent leurs présents, 1-9. — Jérusalem acquiert une magnificence incomparable ; ses richesses sont sans bornes, 10-17a, mais sa piété, sa sainteté et sa félicité la rendent plus belle et plus enviable encore, 17b-22.
3. De ton lever (ortus tui) ; Jérusalem est comparée à un astre. Ce qui est dit dans ce verset ne peut s’expliquer que de la venue de Jésus-Christ.
6, 7. Madian, Épha, Saba, Cédar, Nabaïoth sont tous descendants d’Abraham, les trois premiers par Cétura, les deux derniers par Ismaël (Gen. XXV, 1-4, 13) ; les uns et les autres habitaient l’Arabie.
8. Leurs demeures ; leurs colombiers ; litter., leurs fenêtres.
12. Ces ; mot qui est représenté dans le texte hébreu par l’article déterminatif, comme il arrive assez souvent.
13. Le lieu de ma sanctification ; le lieu que je me suis consacré ; c’est-à-dire mon sanctuaire, mon temple. Voy. Ps. LXXVII, 54.
15. Toutes les générations ; littér. et par hébraïsme, génération et génération.
17. Gouvernement ; surintendance, haute inspection ; c’est le vrai sens du latin visitationem, expliqué par l’hébreu, qui est mis ici par métonymie pour gouvernants, commandants. Le sens du verset est donc : Je te donnerai des gouvernants pacifiques, et des préposés justes et équitables.
18. On n’entendra plus, etc. Ceci peut s’expliquer de l’Église de Jésus-Christ, qui est la colonne de la vérité et le règne de la paix, ou de la Jérusalem céleste, où règne toujours une paix parfaite, et par là même exempte de toute crainte, de trouble, de ravage, d’iniquité et d’oppression, et où les chants de louanges et d’actions de grâces ne cessent jamais. — Le salut, etc. ; sois sans crainte aucune ; ce ne sont pas de simples sentinelles qui veilleront autour de tes murs, pour les défendre contre les attaques de l’ennemi ; c’est le salut lui-même.
19, 20. Ce sont des symboles sous lesquels saint Jean nous dépeint la gloire éternelle de la Jérusalem céleste (Apoc. XXI, 23, 25 ; XXII, 5).
²
Mission du prophète ou plutôt du Messie. Délivrance et rétablissement d’Israël.
1 Spíritus Dómini super me,
1. L’esprit du Seigneur est sur moi,
eo quod únxerit Dóminus me ;
parce que le Seigneur m’a oint ;
ad annuntiándum mansuétis misit me,
il m’a envoyé, pour annoncer sa parole à ceux qui sont doux,
ut medérer contrítis corde,
pour guérir ceux qui ont le cœur contrit,
et prædicárem captívis indulgéntiam,
pour prêcher la grâce aux captifs,
et clausis apertiónem ;
et l’ouverture des prisons à ceux qui y sont renfermés ;
2 ut prædicárem annum placábilem Dómino,
2. Pour publier l’année de la réconciliation du Seigneur,
et diem ultiónis Deo
nostro ;
et le jour de la vengeance de notre Dieu ;
ut consolárer omnes lugéntes,
pour consoler tous ceux qui pleurent ;
3 ut pónerem lugéntibus Sion,
3. Pour disposer et donner à ceux qui pleurent dans Sion
et darem eis corónam pro cínere,
une couronne au lieu de cendre,
óleum gáudii pro luctu,
de l’huile de joie au lieu de deuil,
pállium laudis pro spíritu mœróris ;
un manteau de louange au lieu d’un esprit de tristesse ;
et vocabúntur in ea fortes
justítiæ,
et ils seront appelés dans Sion, les héros de la justice,
plantátio Dómini ad glorificándum.
et la plantation du Seigneur pour le glorifier.
4 Et ædificábunt desérta a sǽculo,
4. Et ils rempliront d’édifices des lieux déserts depuis des siècles ;
et ruínas antíquas érigent,
ils relèveront d’anciennes ruines,
et instaurábunt civitátes desértas,
et ils rétabliront des cités abandonnées,
dissipátas in generatiónem et generatiónem.
désolées pendant plusieurs générations.
5 Et stabunt aliéni, et pascent pécora vestra,
5. Et il se trouvera parmi vous des étrangers, et ils feront paitre vos troupeaux ;
et fílii peregrinórum agrícolæ
et vinitóres vestri erunt.
et des fils d’étrangers seront vos laboureurs et vos vignerons.
6 Vos autem sacerdótes Dómini vocabímini :
6. Mais vous, vous serez appelés les prêtres du Seigneur ;
Minístri Dei nostri,
dicétur vobis,
on vous nommera les ministres de notre Dieu ;
fortitúdinem géntium comedétis,
vous mangerez la richesse des, nations,
et in glória eárum superbiétis.
vous vous enorgueillirez de leur gloire.
7 Pro confusióne vestra dúplici et rubóre,
7. Au lieu de votre double confusion et honte,
laudábunt partem suam ;
ils loueront leur partage ;
propter hoc in terra
sua duplícia possidébunt,
à cause de cela dans leur terre, ils possèderont le double,
lætítia sempitérna erit eis.
une joie éternelle sera pour eux.
8 Quia ego Dóminus díligens
judícium,
8. Car moi, le Seigneur, j’aime la justice,
et ódio habens rapínam in holocáusto ;
et j’ai en haine la rapine dans l’holocauste,
et dabo opus eórum in veritáte,
j’établirai leur œuvre dans la vérité,
et fœdus perpétuum fériam eis.
je ferai avec eux une alliance perpétuelle.
9 Et scient in géntibus semen eórum,
9. Et on connaitra leur race parmi les nations,
et germen eórum in médio populórum ;
et leurs rejetons au milieu des peuples ;
omnes qui víderint eos
cognóscent illos,
tous ceux qui les verront reconnaitront
quia isti sunt semen cui benedíxit Dóminus.
qu’ils sont la race qu’a bénie le Seigneur.
10 Gaudens gaudébo in Dómino,
10. Me réjouissant, je me réjouirai dans le Seigneur,
et exsultábit ánima mea in Deo meo,
mon âme exultera en mon Dieu ;
quia índuit me vestiméntis
salútis,
car il m’a revêtu des vêtements du salut,
et induménto justítiæ
circúmdedit me,
et du manteau de la justice il m’a enveloppé
quasi sponsum decorátum coróna,
comme l’époux paré d’une couronne,
et quasi sponsam ornátam
monílibus suis.
et comme l’épouse ornée de ses colliers.
11 Sicut enim terra profert germen suum,
11. Car comme la terre produit son germe,
et sicut hortus semen suum
gérminat,
et comme un jardin fait germer sa semence,
sic Dóminus Deus germinábit
justítiam
ainsi le Seigneur Dieu fera germer la justice
et laudem coram univérsis
géntibus.
et la louange devant toutes les nations.
~
CHAP. LXI. 1. Luc. IV, 18. — 2. Matth. V, 5. — 4. Supra. LVIII, 12.
1-11. * 4e Discours : La félicité de Jérusalem ou de l’Église, œuvre du Messie, LXI. C’est le serviteur de Jéhovah, le Messie, auteur de la félicité de l’Église, qui parle dans ce discours. — Il annonce qu’il vient mettre fin à tous les maux de ceux qui le cherchent, 1-3. — Israël recouvre son héritage et les nations le servent, afin qu’il puisse vivre dans le repos, sans souci des besoins temporels, comme les prêtres du Seigneur, 4-6 ; — la malédiction s’est changée en bénédiction, 7-9. — Le serviteur de Dieu est heureux d’annoncer ces bonnes nouvelles, 10-11.
1, 2. Isaïe parle ici de lui-même, mais comme simple représentant de Jésus-Christ, qui s’est appliqué ce qui est dit dans ce passage (Luc. IV, 16-21). Compar. Is. XLIX, 1 et suiv.
3.* De l’huile de joie ; des parfums qui réjouissent.
4. Plusieurs générations (generationem et generationem). Voy. LVIII, 12.
6. La richesse ; c’est le sens qu’a ici le terme hébreu rendu dans la Vulgate, par force ou puissance (fortitudinem).
8. J’établirai, etc., ou bien je leur donnerai fidèlement une récompense, en hébreu, œuvre, signifiant aussi récompense, vérité, et se prenant souvent pour fidélité. — Une alliance éternelle ; cette alliance regarde principalement les chrétiens, Jésus-Christ, auteur de la nouvelle alliance, nous étant garant de sa durée éternelle. Elle regarde aussi Israël après son rétablissement et sa conversion.
10. Me réjouissant, je me réjouirai. Voy., sur ce genre de répétition, Ps. XXXIX, 2. — * Comme l’époux paré d’une couronne. C’était la coutume que l’époux portât une couronne pour célébrer ses noces.
²
Zèle du prophète pour Jérusalem. Gloire de Jérusalem. Gardes établis sur ses murs. Paix d’Israël, sa délivrance. Peuple saint. Ville chérie.
1 Propter Sion non tacébo,
1. À cause de Sion, je ne me tairai pas,
et propter Jerúsalem non
quiéscam,
et à cause de Jérusalem, je ne me reposerai pas,
donec egrediátur ut splendor justus ejus,
jusqu’à ce que paraisse son juste comme une éclatante lumière,
et salvátor ejus ut lampas
accendátur.
et que son sauveur, comme un flambeau, répande sa clarté.
2 Et vidébunt gentes justum tuum,
2. Et les nations verront ton juste,
et cuncti reges ínclytum tuum ;
et tous les rois ton roi illustre ;
et vocábitur tibi nomen novum,
et l’on t’appellera d’un nom nouveau
quod os Dómini nominábit.
que la bouche du Seigneur nommera.
3 Et eris coróna glóriæ in manu Dómini,
3. Et tu seras une couronne de gloire dans la main du Seigneur,
et diadéma regni in
manu Dei tui.
et un diadème royal dans la main de ton Dieu.
4 Non vocáberis ultra Derelícta,
4. Tu ne seras plus appelée Délaissée,
et terra tua non vocábitur
ámplius Desoláta ;
et ta terre ne sera plus appelée Désolée ;
sed vocáberis, Volúntas mea in ea,
mais tu seras appelée Ma volonté en elle,
et terra tua Inhabitáta,
et ta terre Inhabitée,
quia
complácuit Dómino in te,
parce que le Seigneur s’est complu en toi ;
et terra tua inhabitábitur.
et ta terre sera inhabitée.
5 Habitábit enim júvenis cum vírgine,
5. Car le jeune homme habitera avec la vierge,
et habitábunt in te fílii
tui ;
et tes fils habiteront en toi.
et gaudébit sponsus super
sponsam,
Et l’époux se réjouira en son épouse,
et gaudébit super te Deus tuus.
et ton Dieu se réjouira en toi.
6 Super muros tuos, Jerúsalem,
constítui custódes ;
6. Sur tes murs, Jérusalem, j’ai établi des gardes ;
tota die et tota nocte
pendant tout le jour et pendant toute la nuit,
in perpétuum non tacébunt.
jamais ils ne se tairont.
Qui reminiscímini Dómini, ne
taceátis,
Vous qui vous souvenez du Seigneur, ne vous taisez pas,
7 et ne detis siléntium ei,
7. Et ne gardez pas le silence envers lui,
donec stabíliat et donec ponat Jerúsalem
jusqu’à ce qu’il affermisse et qu’il rende Jérusalem
laudem in terra.
un objet de louange sur la terre.
8 Jurávit Dóminus in déxtera sua,
8. Le Seigneur a juré par sa droite,
et in bráchio fortitúdinis suæ :
et par son bras fort :
Si dédero
tríticum tuum ultra
Si je donne encore ton blé
cibum inimícis tuis ;
pour nourriture à tes ennemis,
et si bíberint fílii aliéni
vinum tuum
et si les fils de l’étranger boivent le vin fruit
in quo laborásti.
de tes travaux.
9 Quia qui cóngregant illud, cómedent,
9. Parce que ceux qui amassent le blé
et laudábunt Dóminum ;
le mangeront et loueront le Seigneur,
et qui compórtant illud, bibent
et ceux qui transportent le vin le boiront
in átriis sanctis meis.
dans mes parvis sacrés.
10 Transíte, transíte per portas,
10. Passez, passez par les portes,
præparáte viam pópulo :
préparez la voie à mon peuple,
planum fácite
iter, elígite lápides,
aplanissez le chemin, ôtez-en les pierres,
et eleváte signum ad pópulos.
et élevez l’étendard pour les peuples.
11 Ecce Dóminus audítum fecit
11. Voilà que le Seigneur a fait entendre
in extrémis terræ :
jusqu’aux extrémités de la terre :
Dícite fíliæ Sion :
Dites à la fille de Sion :
Ecce Salvátor tuus venit ;
Voici que ton sauveur vient ;
ecce merces
ejus cum eo,
voici que sa récompense est avec lui,
et opus ejus coram illo.
et que son œuvre est devant lui.
12 Et vocábunt eos, Pópulus sanctus,
12. Et on les appellera Peuple saint,
redémpti a Dómino ;
rachetés par le Seigneur.
tu autem vocáberis, Quæsíta
cívitas,
Mais toi, tu seras appelée Cité recherchée
et non Derelícta.
et non délaissée.
~
CHAP.
LXII. 10. Supra. LVII, 14. — 11. Zach. IX, 9 ; Matth. XXI, 5.
1-12. * 5e Discours : Gloire prochaine de Jérusalem, LXII. Le Seigneur ne se taira point, il ne se reposera point jusqu’à ce qu’il ait accompli son œuvre de miséricorde, 1-3. — Sion redeviendra la bien-aimée de Dieu, 4-5. — Les sentinelles de Jérusalem rappellent à Jéhovah sa promesse, jusqu’à ce qu’il l’ait accomplie, 6-9. — Le moment du salut approche : que tous se préparent ; le Sauveur vient, 10-12.
1, 2. Le juste et le sauveur, annoncé ici, est Jésus-Christ même, et le nom nouveau que Dieu promet à Jérusalem est celui qu’il a donné à son Église en l’appelant l’Église de Jésus-Christ, l’Église chrétienne.
4. Ma volonté ; c’est-à-dire, d’après l’hébreu, mon agrément, mon plaisir.
6. Pendant tout le jour, etc. ; allusion aux sentinelles qu’on plaçait sur les tours et sur les hauteurs en temps de guerre, pour découvrir les mouvements de l’ennemi. De peur que ces sentinelles ne s’endormissent, on les obligeait à crier de temps en temps l’une à l’autre, et à se répondre.
8. A juré… Si je donne, etc. Voy., sur cette formule de serment, Ps. XCIV, 11.
11. Sa récompense, son œuvre. Voy. XL, 10.
²
Vainqueur qui sort de l’Idumée tout couvert de sang. Reconnaissance des miséricordes du Seigneur sur Israël. Aveu de l’infidélité de ce peuple. Vœu pour son entière délivrance.
1 Quis est iste, qui venit de Edóm,
1. Quel est celui qui vient d’Édom, de Bosra,
tinctis véstibus de Bosra ?
les vêtements teints ?
iste formósus in stola sua,
il est beau dans sa robe,
grádiens in multitúdine fortitúdinis suæ ?
il marche dans la grandeur de sa puissance.
Ego qui loquor justítiam,
C’est moi qui parle justice,
et propugnátor sum ad salvándum.
et qui combats pour sauver.
2 Quare ergo rubrum est induméntum tuum,
2. Pourquoi donc rouge est votre robe,
et vestiménta tua sicut calcántium in torculári ?
et vos vêtements comme les vêtements de ceux qui foulent dans un pressoir ?
3 Tórcular calcávi solus,
3. J’ai foulé le pressoir tout seul,
et de géntibus non est vir
mecum ;
et d’entre les nations il n’y a pas un homme avec moi ;
calcávi eos in furóre meo,
je les ai foulés aux pieds dans ma fureur,
et conculcávi eos in ira
mea :
et je les ai foulés aux pieds dans ma colère ;
et aspérsus est sanguis eórum
super vestiménta mea,
leur sang s’est répandu sur mes vêtements,
et ómnia
induménta mea inquinávi.
et j’ai tâché tous mes vêtements.
4 Dies enim ultiónis in corde meo ;
4. Car le jour de la vengeance est dans mon cœur,
annus redemptiónis meæ venit.
l’année de ma rédemption est venue.
5 Circumspéxi, et non erat auxiliátor ;
5. J’ai regardé autour de moi, et il n’y avait pas d’auxiliaire ;
quæsívi, et non fuit qui
adjuváret :
j’ai cherché, et il n’y eut personne qui m’aidât ;
et salvávit mihi bráchium meum,
ainsi mon bras m’a sauvé,
et indignátio mea ipsa
auxiliáta est mihi.
et mon indignation elle-même m’a secouru.
6 Et conculcávi pópulos in furóre meo,
6. Et j’ai foulé aux pieds les peuples dans ma fureur,
et inebriávi eos in indignatióne mea,
je les ai enivrés de mon indignation,
et detráxi in terram virtútem eórum.
et j’ai renversé par terre leur force.
7 Miseratiónum Dómini recordábor ;
7. Je me souviendrai des miséricordes du Seigneur,
laudem Dómini
je chanterai la louange du Seigneur,
super ómnibus quæ réddidit
nobis Dóminus,
à cause de tout ce qu’il a fait pour nous,
et super multitúdinem bonórum
dómui Israël,
et à cause de la multitude des biens accordés à la maison d’Israël,
quæ largítus est eis secúndum
indulgéntiam suam,
et qu’il leur a prodigués selon sa bonté
et secúndum multitúdinem misericordiárum suárum.
et selon la multitude de ses miséricordes.
8 Et dixit : Verúmtamen pópulus meus est,
8. Et il a dit : Mais pourtant c’est mon peuple ;
fílii non negántes ;
ce sont des fils qui ne renoncent pas leur père ;
et factus est eis salvátor.
et il est devenu pour eux un sauveur.
9 In omni tribulatióne eórum non est tribulátus,
9. Dans toute leur tribulation il n’a pas été tourmenté,
et ángelus faciéi ejus salvávit
eos :
car l’ange de sa face les a sauvés ;
in dilectióne sua et in indulgéntia sua
dans son amour et dans sa bonté
ipse redémit eos,
il les a lui-même rachetés ;
et portávit eos, et elevávit
eos
il les a portés, il les a élevés
cunctis diébus sǽculi.
dans tous les jours des siècles passés.
10 Ipsi autem ad iracúndiam provocavérunt,
10. Mais eux-mêmes l’ont provoqué au courroux,
et afflixérunt spíritum Sancti
ejus :
ils ont affligé l’esprit de son saint ;
et convérsus est eis in
inimícum,
il est devenu pour eux un ennemi,
et ipse debellávit eos.
et il les a lui-même complètement défaits.
11 Et recordátus est diérum sǽculi Móysi, et pópuli
sui.
11. Et il s’est souvenu des jours du siècle de Moïse et de son peuple :
Ubi est qui edúxit eos de mari
Où est celui qui les a retirés de la mer
cum pastóribus gregis sui ?
avec les pasteurs de son troupeau ?
Ubi est qui pósuit in médio
ejus
où est celui qui a mis au milieu de lui
spíritum Sancti sui ;
l’esprit de son saint ;
12 qui edúxit ad déxteram Móysen,
12. Qui a conduit à droite Moïse
bráchio majestátis suæ ;
par le bras de sa majesté,
qui scidit aquas ante eos,
qui a divisé les eaux devant eux,
ut fáceret sibi nomen
sempitérnum ;
afin de se faire un nom éternel ;
13 qui edúxit eos per abýssos,
13. Qui les a conduits à travers les abimes,
quasi equum in desérto
comme le cheval qui dans le désert
non impingéntem ?
ne se heurte pas ?
14 Quasi ánimal in campo
descéndens,
14. Comme l’animal qui descend dans la campagne,
spíritus
Dómini ductor ejus fuit.
l’esprit du Seigneur a été son guide ;
Sic adduxísti pópulum tuum,
ainsi vous avez conduit votre peuple,
ut fáceres
tibi nomen glóriæ.
afin de vous faire un nom glorieux.
15 Atténde de cælo, et vide
15. Soyez attentifs du haut du ciel,
de habitáculo
sancto tuo, et glóriæ tuæ.
et voyez de l’habitacle de votre sainteté et de votre gloire :
Ubi est zelus tuus, et
fortitúdo tua,
où est votre zèle et votre puissance,
multitúdo víscerum tuórum et
miseratiónum tuárum ?
la multitude de vos entrailles et de vos miséricordes ?
Super me continuérunt se.
elles se sont resserrées à mon égard.
16 Tu enim pater noster :
16. Car vous êtes notre père ;
et Abraham nescívit nos,
Abraham ne nous a pas connus,
et Israël ignorávit nos :
et Israël nous a ignorés ;
tu, Dómine, pater noster,
vous, Seigneur, êtes notre père ;
redémptor
noster, a sǽculo nomen tuum.
notre rédempteur, dès les temps anciens, est votre nom.
17 Quare erráre nos fecísti, Dómine, de viis
tuis ;
17. Seigneur, pourquoi nous avez-vous laissés errer loin de vos voies,
indurásti cor nostrum ne
timerémus te ?
et avez-vous laissé endurcir nos cœurs jusqu’à ne plus vous craindre ?
Convértere propter servos tuos,
revenez à cause de vos serviteurs,
tribus hæreditátis tuæ.
tribus de votre héritage.
18 Quasi níhilum possedérunt pópulum sanctum tuum :
18. Comme un rien ils ont possédé votre peuple saint, nos ennemis ;
hostes nostri conculcavérunt
sanctificatiónem tuam.
ils ont foulé aux pieds votre sanctification.
19 Facti sumus quasi in princípio, cum non
dominaréris nostri,
19. Nous sommes devenus comme dans le principe, lorsque vous ne dominiez pas sur nous,
neque
invocarétur nomen tuum super nos.
et que votre nom n’était pas invoqué sur nous.
~
CHAP. LXIII. 2. Apoc. XIX, 13. — 4. Supra. XXXIV, 8. — 11. Ex. XIV, 29. — 15. Deut. XXVI, 15 ; Bar. II, 16.
1-6. * 6e Discours : Jugement contre l’Idumée et les ennemis de l’Église, LXIII, 1-6. Ce discours est le plus court des 27 dont se compose la seconde partie d’Isaïe. Il est dirigé contre l’Idumée. Par son ton dramatique, il ressemble au Ps. XXIII, et par son caractère emblématique, aux chapitres XXI-XXII, 4. — Le Prophète voit en esprit le Seigneur venant en grande pompe de l’Idumée ; ses vêtements sont teints du sang de ses ennemis ; il les a brisés dans sa colère, comme celui qui foule le raisin dans le pressoir, afin de venger son peuple de ses persécuteurs acharnés et de lui assurer à jamais le repos. — « Dans le sens spirituel et figuré, dit Calmet, on explique la première partie du chapitre LXIII,… de Jésus-Christ dans son Ascension. Les anges, surpris de sa gloire, se demandent avec étonnement : Qui est ce héros qui vient tout chargé de sang et tout brillant de majesté ? » — Comme les Iduméens représentent toujours dans l’Ancien Testament les ennemis de l’Église, ce discours annonce plutôt le triomphe de Jésus-Christ sur tous les persécuteurs de son épouse.
1. Édom, Bosra. Voy. XXXIV, 6. — Teints (tinctis) ; selon l’hébreu, aigus, c’est-à-dire d’une couleur vive, éclatante, tranchée. Les Septante ont rendu ce mot par rougeur (éruthêma), signification parfaitement conforme à ce qui est dit dans les versets suivants.
1-3. Quelques-uns croient reconnaitre ici Judas Machabée, mais c’est plutôt Jésus-Christ même, qui parait sous un semblable symbole dans Apoc. XIX, 13, 15. Remarquons de plus que la comparaison tirée du pressoir est assez familière aux écrivains sacrés pour peindre la vengeance, le carnage, le sang répandu.
4. Ma rédemption ; la rédemption que je dois opérer.
5. J’ai regardé, etc. Compar. LIX, 15-16.
7-LXIV, 1-12. * Les trois derniers discours : Conclusion de la prophétie : LXIII, 7-LXVI. — Les trois derniers discours de la troisième section forment la conclusion de la prophétie entière. Dans le premier, qui est le septième de ce cycle, Isaïe, au nom d’Israël captif, adresse à Dieu une prière pour obtenir la délivrance et la fin des maux de son peuple ; dans le second, Dieu répond à cette prière, et dans le troisième et dernier, il exclut de sa miséricorde ceux qui ne reçoivent pas le salut. — 7e Discours : Prière d’Israël captif, LXIII, 7-LXIV. — 1° Le prophète arrivé au terme de sa prophétie, prie au nom de ses frères qu’il voit déjà en esprit captifs à Babylone. Après une sorte de prologue, LXIII, 7, il commence sa prière en jetant un regard sur les premiers temps de l’histoire de ses pères ; ils ont été infidèles et ont forcé Dieu, qui avait été si bon pour Israël, de le châtier jusqu’à sa conversion, 8-14. Qu’il ait pitié de lui, 15-19, et qu’il le délivre de ses ennemis, LXIV, 1-2. Rien ne lui est plus facile, 3-4 ; et quoique les péchés d’Israël le rendent indigne de ses miséricordes, il est, lui, le père de son peuple et il doit venger l’honneur de son sanctuaire profané, 5-12.
9. Il n’a pas été tourmenté (non est tribulatus) ; par la crainte de ne pouvoir les délivrer. — L’ange de sa face ; c’est-à-dire un ange du premier ordre, un ange qui est toujours devant le trône de Dieu ; ou bien le Seigneur lui-même, ou l’ange qui est sa face, le Fils de Dieu, le Christ (Ex. XXXIII, 14 et suiv.).
10. Son saint ; Moïse, qui peut être ici la figure de Jésus-Christ.
11. Où est, etc. ; ici commence une phrase dont le sens est suspendu jusqu’au verset 14, qui constitue l’apodose, ou la réponse à la question précédente. — Les pasteurs de son troupeau ; Moïse et Aaron. — Au milieu de lui ; au milieu du peuple.
12. Qui a conduit à droite Moïse (qui eduxit ad déxteram Moysen). C’est le sens du texte original, aussi bien que celui de la Vulgate. Nous mettons au défi les hébraïsants de prouver le contraire. On sait que chez les Hébreux comme chez les Grecs, la droite indiquait le bonheur, la prospérité.
18. Votre sanctification. Voy. LX, 13.
19. Votre nom, etc. Voy. Eccli. XXXVI, 14 ; Deut. XXVIII, 10 et la note.
²
Vœu pour la délivrance d’Israël. Aveu de l’infidélité de ce peuple. Instance pour son rétablissement.
1 Utinam dirúmperes cælos, et descénderes ;
1. Oh ! si vous ouvriez les cieux, si vous descendiez !
a fácie tua
montes deflúerent ;
devant votre face les montagnes s’écouleraient.
2 sicut exústio ignis tabéscerent,
2. Comme un embrasement elles se consumeraient,
aquæ ardérent igni :
les eaux s’embraseraient,
ut notum fíeret nomen tuum
inimícis tuis ;
afin que votre nom fut connu à vos ennemis,
a fácie tua
gentes turbaréntur.
et que devant votre face les nations fussent troublées.
3 Cum féceris mirabília, non sustinébimus ;
3. Lorsque vous ferez des merveilles, nous ne les soutiendrons pas ;
descendísti, et a fácie tua
montes defluxérunt.
vous êtes descendu, et devant votre face se sont écoulées les montagnes.
4 A sǽculo non audiérunt, neque áuribus
percepérunt ;
4. Dès les temps anciens on n’a pas entendu, et on n’a pas prêté l’oreille ;
óculus non vidit, Deus, absque
te,
l’œil n’a pas vu, ô Dieu, hors vous,
quæ præparásti exspectántibus te.
ce que vous avez préparé à ceux qui vous attendent.
5 Occurrísti lætánti, et faciénti justítiam ;
5. Vous êtes allé à la rencontre de celui qui était dans la joie, et qui pratiquait la justice ;
in viis tuis recordabúntur tui.
dans vos voies ils se souviendront de vous ;
Ecce tu irátus es, et
peccávimus ;
voilà que vous vous êtes irrité, et nous avons péché ;
in ipsis fúimus semper, et salvábimur.
dans les péchés nous avons toujours été, mais nous serons sauvés.
6 Et facti sumus ut immúndus omnes nos,
6. Et nous sommes devenus nous tous comme un homme impur,
et quasi pannus menstruátæ
univérsæ justítiæ nostræ ;
et comme un linge souillé est toute notre justice ;
et cecídimus quasi fólium
univérsi,
nous sommes tombés tous comme la feuille,
et iniquitátes nostræ quasi
ventus abstulérunt nos.
et nos iniquités comme le vent nous ont emportés.
7 Non est qui ínvocet nomen tuum ;
7. Il n’y a personne qui invoque votre nom,
qui consúrgat, et téneat te.
qui se lève et qui vous retienne ;
Abscondísti
fáciem tuam a nobis,
vous nous avez caché votre face,
et allisísti nos in manu
iniquitátis nostræ.
et vous nous avez brisés dans la main de notre iniquité.
8 Et nunc, Dómine, pater noster es tu,
8. Et maintenant, Seigneur, vous êtes notre père, vous ;
nos vero lutum ;
mais nous de l’argile,
et fictor noster tu,
et vous nous avez formés,
et ópera
mánuum tuárum omnes nos.
et nous sommes tous les ouvrages de vos mains.
9 Ne irascáris, Dómine, satis,
9. Ne vous irritez pas trop, Seigneur,
et ne ultra memíneris
iniquitátis nostræ ;
et ne vous souvenez plus de notre iniquité ;
ecce, réspice, pópulus tuus
omnes nos.
regardez plutôt, nous sommes tous votre peuple.
10 Cívitas Sancti tui facta est desérta,
10. La cité de votre saint est devenue déserte,
Sion desérta facta est,
Sion est devenue déserte,
Jerúsalem desoláta est.
Jérusalem est désolée.
11 Domus sanctificatiónis nostræ et glóriæ nostræ,
11. La maison de notre sanctification et de notre gloire,
ubi laudavérunt te patres
nostri,
où vous ont loué nos pères,
facta est in exustiónem ignis,
a été embrasée,
et ómnia
desiderabília nostra versa sunt in ruínas.
et tous nos bâtiments précieux ont été changés en ruines.
12 Numquid super his continébis te, Dómine ;
12. Est-ce qu’après cela vous vous contiendrez, Seigneur,
tacébis, et afflíges nos
veheménter ?
vous vous tairez, et vous nous affligerez sans mesure ?
~
CHAP. LXIV. 4. I Cor. II, 9. — 9. Ps. LXXVIII, 8.
5. Dans les péchés. On entend ainsi généralement, l’expression de la Vulgate, dans ces choses (in ipsis), traduction rigoureusement littérale du texte original. Cette interprétation parait d’autant plus fondée, qu’elle se trouve précédée immédiatement de nous avons péché. — Nous serons sauvés ; par un pur effet de votre bonté et de votre miséricorde.
9. Trop ou outre mesure ; c’est le sens du latin satis, expliqué par l’hébreu. — La maison de notre sanctification. Voy. LX, 13.
²
Conversion des gentils. Incrédulité des Juifs. Vengeance du Seigneur sur ce peuple. Restes sauvés par grâce. Bénédiction du Seigneur sur ses serviteurs. Nouveau monde. Félicité de Jérusalem.
1 Quæsiérunt me qui ante non interrogábant ;
1. Ils m’ont cherché, ceux qui auparavant ne m’interrogeaient pas ;
invenérunt qui non quæsiérunt
me.
ils m’ont trouvé, ceux qui ne m’ont pas cherché ;
Dixi :
Ecce ego, ecce ego,
j’ai dit : Me voici, me voici,
ad gentem quæ non invocábat nomen meum.
à une nation qui n’invoquait pas mon nom.
2 Expándi manus meas tota die
2. J’ai étendu mes mains tout le jour
ad pópulum incrédulum,
à un peuple incrédule,
qui gráditur in via non
bona
qui marche dans une voie qui n’est pas bonne,
post cogitatiónes suas.
à la suite de ses pensées.
3 Pópulus qui ad iracúndiam próvocat me
3. C’est un peuple qui me provoque
ante fáciem meam semper ;
au courroux devant ma face sans cesse ;
qui ímmolant in hortis,
qui immolent dans les jardins,
et sacríficant super láteres ;
et sacrifient sur les briques ;
4 qui hábitant in sepúlchris,
4. Qui habitent dans les sépulcres,
et in delúbris idolórum
dórmiunt ;
qui dorment dans les temples des idoles ;
qui cómedunt carnem suíllam,
qui mangent de la chair de porc,
et jus profánum in vasis eórum ;
et, mettent du jus profane dans leurs vases ;
5 qui dicunt : Recéde a me,
5. Qui disent : Retire-toi de moi,
non appropínques mihi, quia
immúndus es.
ne m’approche pas, parce que tu es impur ;
Isti fumus erunt in furóre meo,
ceux-là seront une fumée dans ma fureur,
ignis ardens tota die.
un feu brulant tout le jour.
6 Ecce scriptum est coram me :
6. Voilà que c’est écrit devant moi ;
Non tacébo, sed reddam,
je ne me tairai pas, mais je rendrai,
et retríbuam in sinum eórum.
et je verserai dans leur sein
7 Iniquitátes vestras, et iniquitátes patrum
vestrórum simul,
7. Vos iniquités, dit le Seigneur,
dicit Dóminus ;
en même temps que les iniquités de vos pères,
qui sacrificavérunt super montes,
qui ont sacrifié sur les montagnes,
et super colles exprobravérunt
mihi ;
et m’ont outragé sur les collines,
et remétiar opus eórum primum
et je verserai leurs premières œuvres à égale mesure
in sinu eórum.
dans leur sein.
8 Hæc dicit Dóminus :
8. Voici ce que dit le Seigneur :
Quómodo si
inveniátur granum in botro,
De même que si on trouve un grain dans une grappe de raisin,
et dicátur : Ne díssipes
illud,
et Sion dit : Ne le perds pas,
quóniam benedíctio est :
parce que c’est une bénédiction,
sic fáciam
propter servos meos,
de même aussi je ferai en sorte, à cause de mes serviteurs,
ut non dispérdam totum.
que je ne perde pas entièrement tout Israël.
9 Et edúcam de Jacob semen,
9. Je ferai sortir de Jacob une postérité,
et de Juda possidéntem montes
meos ;
et de Juda celui qui possèdera mes montagnes ;
et hæreditábunt eam elécti mei,
mes élus hériteront de cette terre
et servi mei habitábunt ibi.
et mes serviteurs y habiteront.
10 Et erunt campéstria in caulas gregum,
10. Et les campagnes serviront de parcs aux troupeaux de menu bétail,
et vallis Achor in cubíle armentórum,
et la vallée d’Achor, de retraite aux troupeaux de gros bétail,
pópulo meo qui requisiérunt me.
en faveur de ceux de mon peuple qui m’ont recherché.
11 Et vos qui dereliquístis Dóminum,
11. Mais vous qui avez abandonné le Seigneur,
qui oblíti estis montem sanctum
meum,
qui avez oublié ma montagne sainte,
qui pónitis fortúnæ mensam,
qui dressez une table à la Fortune,
et libátis super eam :
et y faites des libations,
12 numerábo vos in gládio,
12. Je vous compterai avec le glaive,
et omnes in cæde
corruétis :
et tous vous tomberez dans ce carnage,
pro eo quod vocávi, et
non respondístis ;
parce que j’ai appelé, et vous n’avez pas répondu ;
locútus sum, et non
audístis ;
j’ai parlé, et vous n’avez pas écouté ;
et faciebátis malum in óculis
meis,
vous faisiez le mal à mes yeux,
et quæ nólui elegístis.
et tout ce que je n’ai pas voulu, vous l’avez choisi.
13 Propter hoc hæc dicit Dóminus Deus :
13. À cause de cela voici ce que dit le Seigneur Dieu :
Ecce servi mei cómedent,
Voilà que mes serviteurs mangeront,
et vos esuriétis ;
et vous, vous aurez faim ;
ecce servi mei bibent,
voilà que mes serviteurs boiront,
et vos sitiétis ;
et vous, vous aurez soif ;
14 ecce servi mei lætabúntur,
14. Voilà que mes serviteurs se réjouiront,
et vos confundémini ;
et vous, vous serez confus ;
ecce servi mei
laudábunt præ exsultatióne cordis,
voilà que mes serviteurs chanteront des louanges dans l’exultation de leur cœur,
et vos clamábitis præ dolóre
cordis,
et vous, vous jetterez des cris dans la douleur de votre cœur,
et præ contritióne spíritus
ululábitis,
et dans le brisement de votre esprit vous pousserez des hurlements.
15 et dimittétis nomen vestrum in juraméntum eléctis
meis ;
15. Et vous laisserez votre nom à mes serviteurs comme un objet d’imprécation ;
et interfíciet te Dóminus Deus,
et le Seigneur Dieu te détruira,
et servos suos vocábit nómine
álio :
et il appellera ses serviteurs d’un autre nom,
16 in quo qui benedíctus est super terram
16. Dans lequel celui qui est béni
benedicétur in Deo, amen,
sur la terre sera béni dans le Dieu de vérité,
et qui jurat in terra
et celui qui jure sur la terre
jurábit in Deo, amen :
jurera par le Dieu de vérité ;
quia oblivióni tráditæ sunt
angústiæ prióres,
parce qu’à l’oubli ont été livrées les premières angoisses,
et quia abscónditæ sunt ab
óculis meis.
et qu’elles ont été cachées à ma face.
17 Ecce enim ego creo cælos novos,
17. Car voici que je crée des cieux nouveaux
et terram novam ;
et une terre nouvelle ;
et non erunt in memória prióra,
les choses passées ne seront pas dans la mémoire,
et non ascéndent super cor.
et elles ne monteront pas sur le cœur.
18 Sed gaudébitis et exsultábitis usque in
sempitérnum
18. Mais vous vous réjouirez, vous exulterez à jamais
in his quæ ego creo :
dans les choses que je crée ;
quia ecce ego
creo Jerúsalem exsultatiónem,
parce que voici que je crée Jérusalem exultation,
et pópulum ejus gáudium.
et son peuple joie.
19 Et exsultábo in Jerúsalem,
19. Et j’exulterai en Jérusalem,
et gaudébo in pópulo meo,
et je me réjouirai en mon peuple ;
et non audiétur in eo ultra
et on n’y entendra plus
vox fletus et vox clamóris.
la voix du pleur et la voix du cri.
20 Non erit ibi ámplius infans diérum,
20. Il n’y aura plus là d’enfants de peu de jours,
et senex qui non ímpleat dies
suos,
et de vieillard qui ne remplisse ses jours ;
quóniam puer centum annórum moriétur,
parce que l’enfant mourra à cent ans,
et peccátor centum annórum maledíctus erit.
et que le pécheur de cent ans sera maudit.
21 Et ædificábunt domos, et habitábunt ;
21. Et ils bâtiront des maisons et ils les habiteront ;
et plantábunt víneas, et
cómedent fructus eárum.
ils planteront des vignes et ils en mangeront les fruits.
22 Non ædificábunt, et álius habitábit ;
22. Ils ne bâtiront pas pour qu’un autre habite ;
non plantábunt, et álius
cómedet :
ils ne planteront pas pour qu’un autre mange ;
secúndum enim dies ligni erunt
dies pópuli mei,
car à l’égal des jours de l’arbre, seront les jours de mon peuple ;
et ópera
mánuum eórum inveterábunt.
et les ouvrages de leurs mains auront une longue durée ;
23 Elécti mei non laborábunt frustra,
23. Mes élus ne travailleront pas en vain,
neque generábunt in conturbatióne,
et ils n’engendreront pas dans le trouble ;
quia semen benedictórum Dómini
est,
parce qu’ils sont la race des bénis du Seigneur,
et nepótes eórum cum eis.
et que leurs descendants seront bénis avec eux.
24 Erítque ántequam clament, ego
exáudiam ;
24. Et il arrivera qu’avant qu’ils crient, moi je les exaucerai ;
adhuc illis loquéntibus, ego
áudiam.
eux parlant encore, j’écouterai.
25 Lupus et agnus pascéntur simul,
25. Le loup et l’agneau paitront ensemble ;
leo et bos cómedent páleas,
le lion et le bœuf mangeront la paille,
et serpénti pulvis panis ejus.
et pour le serpent, la poussière sera son pain ;
Non nocébunt, neque occídent
ils ne nuiront point, et ils ne tueront point
in omni monte
sancto meo, dicit Dóminus.
sur toute ma montagne sainte, dit le Seigneur.
~
CHAP.
LXV. 1. Rom. X, 20. — 12. Prov. I, 24 ; Infra. LXVI, 4 ; Jer. VII, 13. — 17. Infra. LXVI, 22 ; II Petr. III, 13 ; Apoc. XXI, 1. — 24. Ps. XXXI, 5. — 25. Supra. XI, 6-9.
1-25. * 8e Discours : Réponse de Dieu à la prière de son peuple, LXV. — 2° Dieu répond d’abord par une parole de condamnation contre les endurcis qui ne se convertissent point, 1-7 ; quant à ceux qui reviennent à lui, il leur rend ses bonnes grâces, 8-10. Ceux qui continuent à adorer les faux dieux périront sans merci, 11-16, mais les justes seront comblés de biens, 17-25.
1. Ils m’ont cherché, etc. Saint Paul (Rom. X, 20) applique ceci à la conversion des Gentils.
2. J’ai étendu, etc. Saint Paul (Rom. X, 21) explique ce passage des Juifs au temps de Jésus-Christ.
3. Qui immolent. Ce verbe et les suivants sont au pluriel dans l’hébreu aussi bien que dans la Vulgate, parce qu’ils ont pour sujet le mot peuple, qui est un nom collectif. — Dans les jardins ; c’est-à-dire dans les bocages, les bois sacrés, où les païens rendaient un culte à Vénus, à Adonis et à Priape. Compar. I, 29 ; Os. IV, 13. — Sacrifient sur des briques ; sur des autels de briques ; ce qui était contraire à la loi (Ex. XX, 24-25) ; ou sur des autels érigés sur les plates-formes des toits, qui étaient pavées de briques. Compar. IV Reg. XXIII, 12 ; Jer. XIX, 13 ; XXXII, 29 ; Soph. I, 5.
4. Qui habitent, etc. ; qui fréquentent les sépulcres, pour y exercer la nécromancie. — Qui dorment, etc. ; qui, selon la remarque de saint Jérôme, passent la nuit dans les temples, sur des peaux de victimes immolées, afin d’y avoir des songes qui leur fassent connaitre l’avenir. — Qui mangent, etc. La chair de porc était défendue aux Juifs (Lev. XI, 7). — Du jus profane ; soit celui de la chair de porc, ou de toute autre viande défendue.
5. Qui disent ; à un gentil.
6. Je verserai dans leur sein ; je verserai dans leur sein ce qu’ils méritent. On retrouve une locution semblable, Ps. LXXVIII, 12 ; Jer. XXXII, 18 ; Luc. VI, 38.
10. * La vallée d’Achor. Voir Jos. VII, 24.
11. * À la Fortune, en hébreu, Gad, qui était considéré par les Chananéens comme le dieu de la fortune.
16. Le Dieu de vérité ; littér. le Dieu d’amen ; en hébreu, amen signifie, en effet vérité, fidélité dans les promesses.
17-19. Car voici, etc. Saint Jean décrit sous de semblables symboles le Royaume des élus de Dieu (Apoc. XXI, 1-5)
18. Je crée Jérusalem, etc. ; je vais faire de Jérusalem une ville d’exultation, et de son peuple un peuple de joie.
20. Parce que l’enfant mourra, etc. ; c’est-à-dire, c’est parce qu’il ne mourra qu’à cent ans, que l’enfant ne vivra pas seulement peu de jours. L’hébreu dit : « Il n’y aura plus d’enfant né pour peu de jours et ce sera mourir jeune que de mourir centenaire. »
22. À l’égal… ; les jours de mon peuple seront aussi nombreux que ceux des arbres de longue durée, tels que chêne, cèdre, etc. Toutes ces expressions, pleines de mystères, sont une image vive et fidèle de la vie éternelle des élus dans le ciel, vie semblable sous ce rapport à celle de Jésus-Christ, qui est l’arbre dont parle saint Jean (Apoc. II, 7).
25. Pain ; ce mot est mis souvent dans l’Écriture pour nourriture en général.
²
Temple et sacrifice des Juifs rejetés. Vengeance du Seigneur contre ce peuple. Sion enfante un peuple fidèle. Le Seigneur se fait connaitre aux nations. Race nouvelle qui subsistera éternellement.
1 Hæc dicit Dóminus : Cælum
sedes mea,
1. Voici ce que dit le Seigneur : Le ciel est mon trône,
terra autem scabéllum
pedum meórum.
et la terre l’escabeau de mes pieds ;
Quæ est ista domus quam
ædificábitis mihi ?
quelle est cette maison que vous me bâtirez ?
et quis est iste locus quiétis
meæ ?
et quel est ce lieu de mon repos ?
2 Omnia hæc manus mea fecit,
2. Toutes ces choses, c’est ma main qui les a faites,
et facta sunt univérsa ista,
et elles ont été faites toutes,
dicit Dóminus ;
dit le Seigneur ;
ad quem autem respíciam, nisi ad paupérculum,
mais vers qui porterai-je mes regards, sinon vers le pauvre
et contrítum spíritu, et
treméntem sermónes meos ?
et celui qui a l’esprit contrit, et qui tremble à mes paroles ?
3 Qui ímmolat bovem, quasi qui interfíciat
virum ;
3. Celui qui immole un bœuf est comme celui qui tuerait un homme ;
qui mactat pecus, quasi qui
excérebret canem ;
celui qui sacrifie une bête de menu bétail est comme celui qui ôterait la cervelle à un chien ;
qui offert oblatiónem, quasi
qui sánguinem suíllum ófferat ;
celui qui fait une oblation est comme celui qui offrirait du sang de porc ;
qui recordátur thuris, quasi
qui benedícat idólo.
celui qui se souvient de bruler de l’encens est comme celui qui adorerait une idole.
Hæc ómnia elegérunt in viis suis,
Ils ont choisi toutes ces choses dans leurs voies ;
et in abominatiónibus suis
ánima eórum delectáta est.
et dans leurs abominations leur âme s’est délectée.
4 Unde et ego éligam illusiónes eórum,
4. D’où moi aussi je choisirai pour eux les railleries ;
et quæ timébant addúcam
eis ;
et ce qu’ils craignaient, je l’amènerai sur eux ;
quia vocávi, et non erat qui
respondéret ;
parce que j’ai appelé, et il n’y avait personne qui répondît ;
locútus sum, et non
audiérunt ;
j’ai parlé, et ils n’ont pas écouté ;
fecerúntque
malum in óculis meis,
ils ont fait le mal à mes yeux ;
et quæ nólui elegérunt.
et ce que je n’ai pas voulu, ils l’ont choisi.
5 Audíte verbum Dómini,
5. Écoutez la parole du Seigneur,
qui trémitis ad verbum ejus.
vous qui tremblez à sa parole ;
Dixérunt fratres vestri
odiéntes vos,
vos frères qui vous haïssent,
et abjiciéntes propter nomen
meum :
et qui vous rejettent à cause de mon nom, ont dit :
Glorificétur Dóminus,
Que la gloire du Seigneur se montre ;
et vidébimus in lætítia
vestra ;
et nous le reconnaitrons à votre joie ;
ipsi autem confundéntur.
mais eux, ils seront confondus.
6 Vox pópuli de civitáte,
6. Une voix du peuple sort de la cité,
vox de templo,
une voix s’élève du temple,
vox Dómini
c’est la voix du Seigneur
reddéntis retributiónem inimícis suis.
qui rendra rétribution à ses ennemis.
7 Antequam parturíret, péperit ;
7. Avant qu’elle fut en travail, elle a enfanté ;
ántequam veníret partus ejus,
avant que vînt le temps de son enfantement,
péperit másculum.
elle a enfanté un enfant mâle.
8 Quis audívit umquam tale ?
8. Qui a jamais ouï une telle chose ?
et quis vidit huic
símile ?
et qui a vu rien de semblable à cela ?
numquid partúriet terra in die una,
est-ce que la terre engendrera en un seul jour ?
aut pariétur gens simul,
ou toute une nation sera enfantée en même temps,
quia parturívit et péperit
parce que Sion a été en travail
Sion fílios suos ?
et qu’elle a enfanté ses fils ?
9 Numquid ego qui álios párere
fácio, ipse non páriam ?
9. Est-ce que moi, qui fais enfanter les autres, je n’enfanterai pas moi-même,
dicit Dóminus.
dit le Seigneur ?
Si ego, qui
generatiónem céteris tríbuo, stérilis ero ?
est-ce que moi, qui donne la génération aux autres, je demeurerai stérile,
ait Dóminus Deus tuus.
dit le Seigneur ton Dieu ?
10 Lætámini cum Jerúsalem et exsultáte in ea,
10. Livrez-vous à la joie avec Jérusalem, exultez en elle,
omnes qui dilígitis eam ;
vous tous qui l’aimez ;
gaudéte cum ea gáudio,
réjouissez-vous avec elle,
univérsi qui lugétis super
eam :
vous tous qui pleurez sur elle ;
11 ut sugátis et repleámini
11. Afin que vous suciez, et que vous soyez rassasiés
ab úbere consolatiónis ejus ;
à la mamelle de sa consolation ;
ut mulgeátis et delíciis
affluátis
afin que vous tétiez et que vous regorgiez des délices
ab omnímoda glória ejus.
de sa gloire qui est de toute sorte.
12 Quia hæc dicit Dóminus :
12. Car voici ce que dit le Seigneur :
Ecce ego
declinábo super eam quasi flúvium pacis,
Voilà que moi j’amènerai sur elle comme un fleuve de paix,
et quasi torréntem inundántem
glóriam géntium,
et comme un torrent qui se déborde, la gloire des nations,
quam sugétis :
laquelle vous sucerez ;
ad úbera portabímini,
à la mamelle vous serez portés,
et super génua blandiéntur
vobis.
et sur les genoux on vous caressera.
13 Quómodo si cui mater
blandiátur,
13. Comme quelqu’un que sa mère caresse,
ita ego consolábor vos,
de même moi je vous consolerai ;
et in Jerúsalem consolabímini.
et c’est dans Jérusalem que vous serez consolés.
14 Vidébitis, et gaudébit cor vestrum,
14. Vous verrez et votre cœur se réjouira,
et ossa vestra quasi
herba germinábunt :
et vos os comme l’herbe germeront ;
et cognoscétur manus Dómini
servis ejus,
et l’on connaitra que la main du Seigneur est pour ses serviteurs,
et indignábitur inimícis suis.
et il sera indigné contre ses ennemis.
15 Quia ecce Dóminus in igne véniet,
15. Parce que voilà que le Seigneur viendra dans le feu,
et quasi turbo quadrígæ
ejus,
et ses quadriges seront comme la tempête,
réddere in indignatióne furórem suum
pour répandre dans son indignation sa fureur,
et increpatiónem suam in flamma ignis :
et ses reproches dans une flamme de feu ;
16 quia in igne Dóminus dijudicábit,
16. Parce que le Seigneur jugera dans le feu
et in gládio suo ad omnem carnem ;
et avec son glaive toute chair ;
et multiplicabúntur interfécti
a Dómino,
et ils seront bien nombreux, ceux qui seront tués par le Seigneur.
17 qui sanctificabántur et mundos se putábant in
hortis
17. Ceux qui se sanctifiaient et croyaient se rendre purs dans leurs jardins,
post jánuam intrínsecus,
derrière la porte, en dedans ;
qui comedébant carnem suíllam,
qui mangeaient de la chair de porc,
et abominatiónem et murem :
et des abominations, et des rats
simul consuméntur, dicit Dóminus.
seront consumés tous ensemble, dit le Seigneur.
18 Ego autem ópera eórum et cogitatiónes eórum
18. Mais moi je viens afin de recueillir leurs œuvres et leurs pensées,
vénio ut cóngregem,
et de les rassembler
cum ómnibus géntibus et
linguis :
avec toutes les nations et les langues ;
et vénient, et vidébunt glóriam
meam.
ils viendront et ils verront ma gloire.
19 Et ponam in eis signum,
19. Je poserai un étendard parmi eux,
et mittam ex eis qui salváti
fúerint, ad gentes
et j’enverrai ceux d’entre eux qui auront été sauvés, vers les nations,
in mare, in Africam, et Lýdiam, tendéntes sagíttam ;
vers la mer, en Afrique et en Lydie, qui tend la flèche ;
in Itáliam et Grǽciam,
dans l’Italie et la Grèce,
ad ínsulas longe,
dans les iles au loin,
ad eos qui non audiérunt de me,
vers ceux qui n’ont pas entendu parler de moi,
et non vidérunt glóriam meam.
et n’ont pas vu ma gloire.
Et annuntiábunt glóriam meam géntibus ;
Et ils annonceront ma gloire aux nations,
20 et addúcent omnes fratres vestros
20. Et ils amèneront tous vos frères
de cunctis géntibus
de toutes les nations
donum Dómino,
comme un don au Seigneur,
in equis, et in quadrígis, et
in lectícis,
sur des chevaux, sur des quadriges et sur des litières,
et in mulis, et in carrúcis,
sur des mulets et sur des charriots,
ad montem sanctum meum
à ma montagne sainte,
Jerúsalem, dicit Dóminus :
Jérusalem, dit le Seigneur,
quómodo si
ínferant fílii Israël munus
comme si les fils d’Israël portaient un présent
in vase mundo in domum Dómini.
dans un vase pur dans la maison du Seigneur.
21 Et assúmam ex eis
21. Et j’en prendrai d’entre eux
in sacerdótes et Levítas, dicit
Dóminus.
pour prêtres et lévites, dit le Seigneur.
22 Quia sicut cæli novi et terra nova,
22. Parce que comme les cieux nouveaux et la terre nouvelle,
quæ ego fácio
stare coram me, dicit Dóminus,
que je fais subsister devant moi, dit le Seigneur,
sic stabit semen vestrum et
nomen vestrum.
ainsi subsisteront votre race et votre nom.
23 Et erit mensis ex mense,
23. Et il arrivera que de mois en mois,
et sábbatum ex sábbato :
et de sabbat en sabbat,
véniet omnis caro ut adóret coram fácie mea,
toute chair viendra afin d’adorer devant ma face,
dicit Dóminus.
dit le Seigneur.
24 Et egrediéntur, et vidébunt cadávera
24. Et ils sortiront, et ils verront les cadavres
virórum qui prævaricáti sunt in me ;
des hommes qui ont prévariqué contre moi ;
vermis eórum non moriétur,
leur ver ne mourra pas,
et ignis eórum non
extinguétur :
et leur feu ne s’éteindra pas,
et erunt usque ad satietátem visiónis omni carni.
ils seront un objet de regard jusqu’à satiété pour toute chair.
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CHAP. LXVI. 1. Act. VII, 49 ; XVII, 24. — 4. Prov. I, 24 ; Supra. LXV, 12 ; Jer. VII, 13. — 16. Sap. XVI, 20-21. — 22. Supra. XXX, 26 ; Apoc. XXI, 1. — 24. Marc. IX, 45.
1-24. * 9e Discours : Exclusion des impénitents du royaume de Dieu, LXVI. — 3° Le Prophète s’adresse, au nom de Dieu, à tous les exilés qui s’apprêtent à retourner dans leur patrie. Il leur dit d’abord à tous, sans distinction, que le Seigneur étant le créateur du ciel et de la terre, n’a pas besoin d’une maison faite de main d’homme ; il repousse ensuite tous les pécheurs et leurs sacrifices, 1-6 ; mais Sion n’en aura pas moins de nombreux enfants que Dieu fera naitre miraculeusement, 7-9, et qu’il traitera avec bonté et avec un amour maternel, 10-14. Quant aux nations infidèles et aux Juifs incrédules, il les jugera dans son indignation, 15-18. Cependant quelques Israélites resteront pour prêcher sa gloire parmi les Gentils et ramener à Dieu une partie de leurs frères, 19-20 ; les Gentils eux-mêmes deviendront son peuple et lui fourniront des prêtres, 21 ; il y aura un nouvel Israël qui vivra à jamais devant lui comme le nouveau ciel et la nouvelle terre ; toute chair l’adorera ; un châtiment éternel punira ceux qui n’auront point fait partie de l’Église, 22-24 ; voir Marc. IX, 43, 45, 47.
2. Qui tremble à mes paroles (treméntem sermones meos). Le verbe trembler étant neutre, l’accusatif sermones meos ne peut être qu’une expression adverbiale ; c’est pour cela que nous avons ajouté dans notre traduction à, qui se trouve d’ailleurs exprimé dans une phrase parallèle au vers. 5.
3. Oblation ; c’est-à-dire offrande de fleur de farine. — Ils ont choisi, etc. ; ils n’ont fait en toutes ces choses que leur pure volonté, et ils n’y ont cherché que leur pure satisfaction. Ils se sont imaginés que Dieu fermerait les yeux à leur idolâtrie pendant qu’ils continueraient à lui offrir des sacrifices. Isaïe leur a déjà fait ces reproches, I, 11 et suiv. ; LVIII, 3 et suiv.
4. J’ai appelé, etc. Compar. LXV, 12.
6. Rendra rétribution. Voy. Eccli. XVII, 19.
7. Elle ; c’est-à-dire Sion, comme le montre la suite du discours. — Un enfant mâle. Cet enfant mâle subitement sorti du sein de Sion représente le peuple chrétien, sorti subitement de la synagogue, plein de force et d’une mâle vigueur ; tels furent surtout les apôtres et les martyrs de l’Église de Jésus-Christ.
11. Qui est de toute sorte (omnimoda) ; comp. avec Sap. XVI, 20-21.
15. Pour répandre. Le texte hébreu exprime la particule pour omise dans la Vulgate.
16. Dans le feu ; environné de feu. Compar. Ps. XLIX, 3 ; XCVI, 3, et II Thess. I, 8, où saint Paul semble faire allusion à ce passage d’Isaïe.
17. Ils se sanctifiaient ; ils croyaient se sanctifier, se purifier de leurs crimes en se baignant dans leurs jardins, tandis que ces sortes de bains n’étaient établis que pour laver certaines souillures légales et extérieures ; c’est l’explication de saint Jérôme et de plusieurs autres interprètes. — Des abominations ; c’est-à-dire d’autres animaux que la loi mosaïque déclarait impurs, outre le porc et le rat ici nommés. Voy. Lev. XI.
19. Lydie, qui tend la flèche ; littér. qui tendent (tendéntes) ; ce pluriel, qui se trouve aussi dans le texte original, vient de ce que le mot Lydie désigne ici, non le pays, le sol, mais les habitants, les Lydiens ; hébraïsme dont la Bible fournit d’autres exemples. Jérémie (XLVI, 9) nous dépeint les Lydiens saisissant leurs carquois et lançant leurs flèches. — La flèche (sagittam) ; au lieu de flèche l’hébreu porte arc. — Quant aux envoyés qui doivent se répandre parmi tous les peuples du monde pour leur annoncer la gloire du Seigneur, ce sont évidemment les apôtres de Jésus-Christ.
20. Comme si les fils d’Israël, etc. D’après la loi, les Israélites devaient porter au temple en cérémonie les prémices des fruits (Deut. XXVI, 1 et suiv.).
21. Et j’en prendrai, etc. Voici le sacerdoce de la loi nouvelle bien marqué, à l’exclusion du sacerdoce de la loi ancienne, qui était attaché à la famille de Lévi et à la race d’Aaron. Plus de distinction de familles, plus de prérogatives pour aucune race particulière. Le Seigneur choisira ses prêtres et ses lévites parmi les étrangers mêmes qu’il aura convertis et amenés à son Église. Les Juifs ne sauraient éluder le sens d’une prophétie si claire.
22. Les cieux nouveaux, etc. Voy. supra LXV, 17-19.
24. Leur ver, etc. Jésus-Christ explique ces paroles des peines de l’enfer, où le remords de la conscience des damnés est comme un ver intérieur qui les ronge, ne meurt pas, et où le feu qui les tourmente ne s’éteint pas (Marc. IX, 43, 45, 47).
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