María auxiliátrix


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JÚDICES

JUGES

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Júdicum - Summárium

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER

La tribu de Juda est nommée pour marcher à la tête des autres tribus. Défaite d’Adonibezec. Prise de Jérusalem. Plusieurs tribus épargnent les Chananéens.

CHAPITRE II

Un envoyé de Dieu reprend les Israélites d’avoir épargné les Chananéens. Infidélité des Israélites depuis la mort de Josué.

CHAPITRE III

Servitude des Israélites sous Chusan ; Othoniel est leur libérateur. Servitude sous Églon ; Aod les en délivre. Samgar, troisième juge d’Israël.

CHAPITRE IV

Servitude sous Jabin. Debora et Barac défont Sisara, général des troupes de Jabin.

CHAPITRE V

Cantique de Debora.

CHAPITRE VI

Servitude des Israélites sous les Madianites ; Gedeon est choisi de Dieu pour les délivrer.

CHAPITRE VII

Gedeon, avec trois cents hommes, défait les Madianites.

CHAPITRE VIII

Gedeon apaise les enfants d’Ephraïm. Il met à mort Zebeé et Salmana. Il fait faire un ephod. Mort de Gedeon.

CHAPITRE IX

Abimélech se fait déclarer roi. Les Sichemites lui dressent des embuches. Il prend Sichem. Il est tué au siège de Thebés.

CHAPITRE X

Thola et Jaïr, juges d’Israël. Servitude sous les Philistins et les Ammonites.

CHAPITRE XI

Jephté, choisi pour être chef des Israélites, combat les Ammonites, et les défait. Son vœu.

CHAPITRE XII

Guerre entre Ephraïm et Galaad. Mort de Jephté. Abesan, Ahialon, Abdon, juges d’Israël.

CHAPITRE XIII

Servitude des Israélites sous les Philistins. Naissance de Samson.

CHAPITRE XIV

Samson épouse une Philistine, elle le trahit ; il la quitte, et se retire chez son père.

CHAPITRE XV

Samson met le feu aux moissons des Philistins. Il bat mille Philistins avec une mâchoire d’âne.

CHAPITRE XVI

Samson enlève les portes de Gaza. Dalila lui coupe les cheveux. Il renverse sur lui le temple de Dagon.

CHAPITRE XVII

Idole de Michas.

CHAPITRE XVIII

Six cents hommes de la tribu de Dan vont s’établir à Lais. Ils enlèvent le prêtre et l’idole de Michas.

CHAPITRE XIX

Outrage fait à la femme d’un Lévite par les habitants de Gabaa.

CHAPITRE XX

Les Israélites vengent sur les enfants de Benjamin l’injure faite au Lévite.

CHAPITRE XXI

Ruine de Jabès-Galaad. Filles données aux Benjamites.

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INTRODUCTION AU LIVRE DES JUGES

Le livre des Juges nous raconte les traits les plus saillants de l’histoire du peuple de Dieu, depuis la mort de Josué jusque vers l’époque de Samuel, qui établit Saül premier roi d’Israël. Il est précédé d’une sorte d’introduction renfermant deux parties. La première, I-II, 5, trace le tableau de l’état politique d’Israël, après la mort de Josué, relativement aux Chananéens, qui n’avaient pas été expulsés de leurs anciennes possessions ; la seconde, II, 6-III, 6, dépeint l’état religieux des Hébreux, qu’elle nous montre vacillant constamment entre la fidélité et l’infidélité, prospères quand ils servent le vrai Dieu, châtiés quand ils tombent dans l’idolâtrie, jusqu’à ce qu’ils fassent pénitence.

Les Juges d’Israël, mentionnés dans le livre qui porte leur nom, sont au nombre de treize ou de quatorze, selon que l’on compte ou non parmi eux Abimélech, qui usurpa le pouvoir royal à Sichem. L’auteur sacré ne nous les fait pas tous connaitre en détail ; il ne raconte un peu longuement que la vie de sept d’entre eux, en se contentant d’énumérer les autres. De là sept sections : 1° Othoniel, III, 7-11 ; 2° Aod (et Samgar), III, 12-31 ; 3° Debora et Barac, IV-V ; 4° Gedeon, VI-VIII, 32 ; 5° Abimélech (Thola et Jaïr), VIII, 33-X, 5 ; 6° Jephté (Abesan, Ahialon et Abdon), X, 6-XII ; 7° Samson, XIII-XVI.

Deux appendices terminent le livre. Le premier nous raconte l’histoire de l’idolâtrie des Danites, XVII-XVIII, et le second le crime des habitants de Gabaa, qui amena la guerre des autres tribus contre celle de Benjamin et l’anéantissement presque total de cette dernière, XIX-XXI. Ces deux évènements n’ont aucune relation nécessaire avec le corps de l’ouvrage ; ils y sont joints comme suppléments, parce qu’ils se sont passés dans la même période, le premier, un peu avant, le second, un peu après la mort de Josué.

Si l’on ne tient pas compte de ce double appendice, le livre des Juges forme un tout homogène, dont une pensée unique constitue l’unité. Nous n’avons là, sans doute, qu’une série de portraits, mais ils ont tous été peints par le même artiste et dans le but de former une seule galerie. L’introduction en est comme le vestibule nécessaire, qui prépare et explique ce qui suit. Le cadre de tous les récits est identique, et il nous révèle clairement le dessein de l’auteur, indiqué d’ailleurs dans l’introduction : c’est de prouver par des exemples qu’Israël est heureux tant qu’il est fidèle à son Dieu ; malheureux, dès qu’il l’abandonne ; pardonné, dès qu’il se convertit. Ainsi le corps de l’ouvrage n’a point d’autre but que de démontrer la thèse posée, II, 11-19, et la conclusion pratique qui en découle, c’est la nécessité, pour le pécheur, de reconnaitre sa faute et de revenir à son Dieu.

L’unité du livre des Juges, qui se manifeste si bien dans le plan adopté par l’auteur, est la preuve qu’il est l’œuvre d’un seul écrivain.

On peut fixer approximativement la date du livre des Juges. 1° Comme la mort de Samson forme la fin du récit et que la durée de l’oppression des Philistins est indiquée, XIII, 1, il en résulte que l’ouvrage ne peut pas avoir été écrit avant la victoire de Samuel sur ces ennemis du peuple de Dieu, I Reg. VII, 1-14. De plus, les mots : “En ce temps là il n’y avait pas de roi en Israël,” qui se lisent plusieurs fois dans les Juges, supposent la royauté déjà établie en Israël ; nous ne pouvons donc pas placer l’époque de la composition des Juges avant l’avènement de Saül au trône. 2° D’autre part, comme il est dit expressément, I, 21, que les Jébuséens sont encore dans Jérusalem avec les Benjamites, et que nous savons par II Reg. V, 6-7, que cette tribu chananéenne fut chassée par David, au commencement de son règne, de la cité dont il devait faire la capitale de son royaume, il suit de ces données que l’auteur a écrit avant cet évènement.

La tradition talmudique attribue à Samuel le livre des Juges ; quoique cette tradition ne puisse pas être établie rigoureusement, elle s’accorde bien avec les faits que nous venons de rappeler et ne manque pas de vraisemblance.

Ce livre nous fait connaitre la suite de l’histoire du peuple de Dieu, et les merveilles qu’opère le Seigneur en faveur d’Israël. C’est un des écrits inspirés dans lesquels la Providence se manifeste avec le plus d’éclat. — Ce que Dieu fait pour délivrer les enfants d’Abraham de leurs ennemis est, d’après tous les Pères, l’image de ce que devait faire Jésus-Christ, pour nous affranchir des liens du péché. — Enfin le livre des’ Juges renferme un grand nombre d’exemples propres à nous exciter au bien et à nous prémunir contre le mal. Voir le chapitre XI de l’Épitre de S. Paul aux Hébreux.

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LES JUGES

 

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CHAPITRE PREMIER

La tribu de Juda est nommée pour marcher à la tête des autres tribus. Défaite d’Adonibezec. Prise de Jérusalem. Plusieurs tribus épargnent les Chananéens.

1 Post mortem Jósuë, consuluérunt fílii Israël Dóminum, dicéntes : Quis ascéndet ante nos contra Chananǽum, et erit dux belli ?

1. Après la mort de Josué, les enfants d’Israël consultèrent le Seigneur, disant : Qui montera devant nous contre le Chananéen, et sera le chef de la guerre ?

2 Dixítque Dóminus : Judas ascéndet : ecce trádidi terram in manus ejus.

2. Et le Seigneur répondit : Juda montera ; voilà que j’ai livré la terre en ses mains.

3 Et ait Judas Simeóni fratri suo : Ascénde mecum in sortem meam, et pugna contra Chananǽum, ut et ego pergam tecum in sortem tuam. Et ábiit cum eo Símeon.

3. Alors Juda dit à Siméon, son frère : Monte avec moi dans mon lot ; et combats contre le Chananéen, afin que moi-même j’aille dans ton lot. Et Siméon alla avec lui.

4 Ascendítque Judas, et trádidit Dóminus Chananǽum ac Pherezǽum in manus eórum : et percussérunt in Bezec decem míllia virórum.

4. Et Juda monta, et le Seigneur livra le Chananéen et le Phérézéen en leurs mains, et ils battirent à Bezec dix mille hommes.

5 Invenerúntque Adoníbezec in Bezec, et pugnavérunt contra eum, ac percussérunt Chananǽum et Pherezǽum.

5. Ils trouvèrent ensuite Adonibezec à Bezec ; ils combattirent contre lui, et défirent le Chananéen et le Phérézéen.

6 Fugit autem Adoníbezec : quem persecúti comprehendérunt, cæsis summitátibus mánuum ejus ac pedum.

6. Or, Adonibezec s’enfuit ; l’ayant poursuivi, ils le prirent et coupèrent les extrémités de ses mains et de ses pieds.

7 Dixítque Adoníbezec : Septuagínta reges amputátis mánuum ac pedum summitátibus colligébant sub mensa mea cibórum relíquias : sicut feci, ita réddidit mihi Deus. Adduxerúntque eum in Jerúsalem, et ibi mórtuus est.

7. Et Adonibezec dit : Soixante-dix rois, les extrémités de leurs mains et de leurs pieds ayant été coupées, ramassaient sous ma table les restes des aliments : comme j’ai fait, ainsi Dieu m’a rétribué. Et ils l’emmenèrent à Jérusalem, et il y mourut.

8 Oppugnántes ergo fílii Juda Jerúsalem, cepérunt eam, et percussérunt in ore gládii, tradéntes cunctam incéndio civitátem.

8. Or, les enfants de Juda ayant attaqué Jérusalem, la prirent et la frappèrent du tranchant du glaive, livrant aux flammes toute la ville.

9 Et póstea descendéntes pugnavérunt contra Chananǽum, qui habitábat in montánis, et ad merídiem, et in campéstribus.

9. Et ensuite descendant, ils combattirent contre le Chananéen, qui habitait dans les montagnes, et vers le midi, et dans les plaines.

10 Pergénsque Judas contra Chananǽum, qui habitábat in Hebron (cujus nomen fuit antíquitus Cáriath Arbe), percússit Sésaï, et Ahiman, et Thólmaï :

10. Et Juda, marchant contre le Chananéen, qui habitait à Hébron (dont le nom fut anciennement Cariath-Arbé), battit Sesai, Ahiman et Tholmaï.

11 atque inde proféctus ábiit ad habitatóres Dabir, cujus nomen vetus erat Cáriath Sepher, id est, cívitas litterárum.

11. Puis, parti de là, il alla vers les habitants de Dabir, dont l’ancien nom était Cariath-Sépher, c’est-à-dire Ville des lettres.

12 Dixítque Caleb : Qui percússerit Cáriath Sepher, et vastáverit eam, dabo ei Axam fíliam meam uxórem.

12. Alors Caleb dit : Celui qui attaquera Cariath-Sépher, et la ravagera, je lui donnerai ma fille Axa pour femme.

13 Cumque cepísset eam Othóniel fílius Cenez frater Caleb minor, dedit ei Axam fíliam suam cónjugem.

13. Or, comme Othoniel, fils de Cénez, et frère puiné de Caleb, la prit, il lui donna Axa, sa fille, pour femme.

14 Quam pergéntem in itínere mónuit vir suus ut péteret a patre suo agrum. Quæ cum suspirásset sedens in ásino, dixit ei Caleb : Quid habes ?

14. Axa étant en chemin, son mari l’avertit de demander à son père le champ. Et comme elle soupirait, pendant qu’elle était montée sur l’âne, Caleb lui dit : Qu’as-tu ?

15 At illa respóndit : Da mihi benedictiónem, quia terram aréntem dedísti mihi : da et irríguam aquis. Dedit ergo ei Caleb irríguum supérius, et irríguum inférius.

15. Et elle répondit : Accorde-moi une grâce ; puisque c’est une terre aride que tu m’as donnée, donne-m’en aussi une arrosée par des eaux. Caleb donc lui en donna une arrosée par le haut et arrosée par le bas,

16 Fílii autem Cinǽi cognáti Móysi ascendérunt de civitáte palmárum cum fíliis Juda, in desértum sortis ejus, quod est ad merídiem Arad, et habitavérunt cum eo.

16. Or, les enfants d’un Cinéen, parent de Moïse, montèrent de la Ville des palmes, avec les enfants de Juda, au désert de leur lot, lequel est vers le midi d’Arad, et habitèrent avec eux.

17 Abiit autem Judas cum Simeóne fratre suo, et percussérunt simul Chananǽum qui habitábat in Séphaath, et interfecérunt eum. Vocatúmque est nomen urbis, Horma, id est, anáthema.

17. Cependant Juda s’en alla avec Siméon, son frère ; ils attaquèrent ensemble le Chananéen qui habitait à Sephaath, et ils le tuèrent. Et la ville fut appelée du nom d’Horma, c’est-à-dire anathème.

18 Cepítque Judas Gazam cum fínibus suis, et Ascalónem, atque Accaron cum términis suis.

18. Juda prit aussi Gaza avec ses confins, Ascalon et Accaron avec leurs frontières.

19 Fuítque Dóminus cum Juda, et montána possédit : nec pótuit delére habitatóres vallis, quia falcátis cúrribus abundábant.

19. Et le Seigneur fut avec Juda, et Juda posséda les montagnes ; mais il ne put détruire les habitants de la vallée, parce qu’ils avaient une grande quantité de chars armés de faux.

20 Dederúntque Caleb Hebron, sicut díxerat Móyses, qui delévit ex ea tres fílios Enac.

20. Et ils donnèrent, comme Moïse avait dit, Hébron à Caleb, qui en extermina les trois fils d’Enac.

21 Jebusǽum autem habitatórem Jerúsalem non delevérunt fílii Bénjamin : habitavítque Jebusǽus cum fíliis Bénjamin in Jerúsalem, usque in præséntem diem.

21. Mais les enfants de Benjamin ne détruisirent pas le Jébuséen, habitant de Jérusalem ; ainsi, le Jébuséen a habité avec les enfants de Benjamin à Jérusalem, jusqu’au présent jour.

22 Domus quoque Joseph ascéndit in Bethel, fuítque Dóminus cum eis.

22. La maison de Joseph aussi monta vers Béthel ; et le Seigneur fut avec eux.

23 Nam cum obsidérent urbem, quæ prius Luza vocabátur,

23. Car, comme ils assiégeaient la ville, qui auparavant était appelée Luza,

24 vidérunt hóminem egrediéntem de civitáte, dixerúntque ad eum : Osténde nobis intróitum civitátis, et faciémus tecum misericórdiam.

24. Ils virent un homme sortant de la cité, et ils lui dirent : Montre-nous l’entrée de la ville, et nous te ferons miséricorde.

25 Qui cum ostendísset eis, percussérunt urbem in ore gládii : hóminem autem illum, et omnem cognatiónem ejus, dimisérunt.

25. Lorsque cet homme la leur eut montrée, ils frappèrent la ville du tranchant du glaive ; mais cet homme et toute sa parenté, ils les renvoyèrent.

26 Qui dimíssus, ábiit in terram Hetthim, et ædificávit ibi civitátem, vocavítque eam Luzam : quæ ita appellátur usque in præséntem diem.

26. Cet homme renvoyé, s’en alla dans la terre d’Hetthim, et il bâtit là une ville et l’appela Luza, laquelle est ainsi appelée jusqu’au présent jour.

27 Manásses quoque non delévit Bethsan, et Thanac cum vículis suis, et habitatóres Dor, et Jéblaam, et Magéddo cum vículis suis, cœpítque Chananǽus habitáre cum eis.

27. Manassé aussi ne détruisit pas Bethsan et Thanac avec leurs bourgades, ni les habitants de Dor, ni Jeblaam, ni Mageddo avec ses bourgades ; et le Chananéen commença à habiter avec eux.

28 Postquam autem confortátus est Israël, fecit eos tributários, et delére nóluit.

28. Mais lorsqu’Israël se fut fortifié, il les rendit tributaires, et il ne voulut pas les détruire.

29 Ephraïm étiam non interfécit Chananǽum, qui habitábat in Gazer, sed habitávit cum eo.

29. Ephraïm de même ne tua pas le Chananéen, qui habitait à Gazer, mais le Chananéen habita avec lui.

30 Zábulon non delévit habitatóres Cetron, et Náalol : sed habitávit Chananǽus in médio ejus, factúsque est ei tributárius.

30. Zabulon ne détruisit pas les habitants de Cetron et de Naalol ; mais le Chananéen habita au milieu de lui et lui devint tributaire.

31 Aser quoque non delévit habitatóres Accho, et Sidónis, Ahalab, et Achazib, et Helba, et Aphec, et Rohob :

31. Aser aussi ne détruisit pas les habitants d’Accho et de Sidon, ni Ahalab, ni Achazib, ni Helba, ni Aphec, ni Rohob ;

32 habitavítque in médio Chananǽi habitatóris illíus terræ, nec interfécit eum.

32. Mais il habita au milieu du Chananéen, habitant de cette terre, et il ne le tua pas.

33 Néphthali quoque non delévit habitatóres Béthsames, et Béthanath : et habitávit inter Chananǽum habitatórem terræ, fuerúntque ei Bethsamítæ et Bethanítæ tributárii.

33. Nephthali aussi ne détruisit pas les habitants de Bethsamès, et de Bethanath ; mais il habita parmi le Chananéen habitant de cette terre ; et les Bethsamites, et les Bethanites lui furent tributaires.

34 Arctavítque Amorrhǽus fílios Dan in monte, nec dedit eis locum ut ad planióra descénderent :

34. L’Amorrhéen resserra les enfants de Dan sur la montagne, et il ne leur donna pas lieu de s’étendre dans la plaine ;

35 habitavítque in monte Hares, quod interpretátur testáceo, in Aíalon et Sálebim. Et aggraváta est manus domus Joseph, factúsque est ei tributárius.

35. Et il habita sur la montagne d’Harés, que l’on interprète montagne de têts, dans Aïalon et Salebim. Et la puissance de la maison de Joseph s’accrut, et l’Amorrhéen lui devint tributaire.

36 Fuit autem términus Amorrhǽi ab ascénsu Scorpiónis, petra, et superióra loca.

36. Or, la frontière de l’Amorrhéen fut depuis la montée du Scorpion, le rocher et les lieux plus élevés.

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CHAP. I. 10. Jos. XV, 14. — 20. Num. XIV, 24 ; Jos. XV, 14.

 

2. Juda, etc. La tribu de Juda donnera l’exemple aux autres. Elle était la plus nombreuse et la plus vaillante (Gen. XLIX, 8). — La terre des Chananéens.

3. Les deux tribus de Juda et de Siméon étaient voisines ; leurs lots étaient en quelque sorte les mêmes.

4. * Bezec, ville chananéenne, capitale d’Adonibezec, devint aussi ville de Juda.

6. Et coupèrent, etc. Ce genre de supplice était usité chez les anciens ; il avait pour but de mettre les prisonniers hors d’état de porter les armes.

9. * Dans les plaines des Philistins, la Sephela.

10. * Hébron. Voir Gen. XIII, 18.

11-12. * Cariath-Sépher ou Dabir, dans le Négeb, au sud d’Hébron, probablement la Dhâherîyéh d’aujourd’hui, sur une éminence au nord de laquelle est une vallée où l’on remarque plusieurs sources jaillissant les unes sur le flanc de la colline, les autres dans le fond du ravin.

14. Le champ. L’article déterminatif qu’on lit dans le texte hébreu suppose un champ particulier, bien connu, ou un champ dont on a déjà parlé. Dans la première supposition, ce serait probablement le champ attenant à la terre aride qu’Axa avait reçu de son beau-père ; et dans la seconde, l’auteur sacré ne ferait que rappeler le champ déjà mentionné au livre de Josué (XV, 18) ; et par conséquent ce fait ne se trouverait rapporté ici que par récapitulation.

16. Au désert de leur lot ; au désert qui était échu en partage aux enfants, à la tribu de Juda. — Avec eux ; littér. avec lui ; c’est-à-dire Juda, considéré comme tribu, ou selon que porte l’hébreu, comme peuple. — * La ville des Palmes, Jéricho. — Arad. Voir la note sur Num. XXI, 1. — Cinéen. Voir Gen. XV, 19.

17. À Sephaath, aujourd’hui Sebaita. On y voit des ruines assez considérables, entre autres celles de trois églises et d’une tour. Il y avait deux réservoirs d’eau.

18. * Gaza, Ascalon, Accaron, trois des cinq grandes villes des Philistins, dans la plaine de la Sephela. La conquête de Juda ne fut pas durable.

19. * Chars armés de faux. Voir Jos. XI, 4.

22. * Béthel. Voir Gen. XII, 8.

26. * Hetthim, les Héthéens, alors maitres de la Syrie.

27. * Bethsan, non loin du Jourdain, à l’est du mont Gelboé. — Thanac, au sud de Mageddo. — Jeblaam, dans le voisinage d’Engannim, au sud de cette ville. — Mageddo, dans la plaine d’Esdrelon.

29. Le Chananéen. Ce mot est répété dans l’hébreu ; il détruit ainsi l’amphibologie qui se trouve dans la Vulgate. — Avec lui ; c’est-à-dire avec Ephraïm. Voy. la note précédente. — * Gazer, à l’ouest de Béthoron, au nord-est d’Accaron.

31. * Accho, appelée aussi Acre, S. Jean d’Acre et Ptolemais, ville phénicienne et port de mer sur la Méditerranée, près du mont Carmel, à l’embouchure du Belus, au sud de Tyr. — Sidon, première capitale de la Phénicie, sur la Méditerranée, au nord de Tyr. — Ahalab, ville inconnue, mentionnée seulement ici. — Achazib, Ecdippe, au nord d’Accho, sur la Méditerranée. — Helba, non retrouvée. — Aphec, Rohob, sites inconnus.

33. * Bethsamès. Voir Jos. XXI, 16. — Bethanath, inconnue.

35. La puissance ; littér. la main. Le mot hébreu réunit ces deux significations. — * Aïalon. Voir la note sur Jos. X, 10.

36. Le rocher, ou la pierre, désigne probablement Pétra, la capitale de l’Arabie Pétrée.

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CHAPITRE II

Un envoyé de Dieu reprend les Israélites d’avoir épargné les Chananéens. Infidélité des Israélites depuis la mort de Josué.

1 Ascendítque ángelus Dómini de Galgális ad Locum fléntium, et ait : Edúxi vos de Ægýpto, et introdúxi in terram, pro qua jurávi pátribus vestris : et pollícitus sum ut non fácerem írritum pactum meum vobíscum in sempitérnum,

1. Or, l’ange du Seigneur monta de Galgala au lieu des pleurants, et dit : Je vous ai retirés de l’Égypte, je vous ai introduits dans la terre pour laquelle j’ai fait serment à vos pères, et j’ai promis que je ne rendrais jamais vaine mon alliance avec vous ;

2 ita dumtáxat ut non ferirétis fœdus cum habitatóribus terræ hujus, sed aras eórum subverterétis : et noluístis audíre vocem meam : cur hoc fecístis ?

2. À condition seulement que vous ne feriez point d’alliance avec les habitants de cette terre ; mais que vous renverseriez leurs autels ; et vous n’avez pas voulu entendre ma voix ; pourquoi avez-vous fait cela ?

3 Quam ob rem nólui delére eos a fácie vestra : ut habeátis hostes, et dii eórum sint vobis in ruínam.

3. C’est pourquoi je n’ai pas voulu les exterminer de votre face, afin que vous les ayez pour ennemis, et que leurs dieux vous soient en ruine.

4 Cumque loquerétur ángelus Dómini hæc verba ad omnes fílios Israël, elevavérunt ipsi vocem suam, et flevérunt.

4. Lorsque l’ange du Seigneur disait ces paroles à tous les enfants d’Israël, ceux-ci élevèrent leur voix et pleurèrent,

5 Et vocátum est nomen loci illíus, Locus fléntium, sive lacrimárum : immolaverúntque ibi hóstias Dómini.

5. Et on appela ce lieu du nom de Lieu de pleurants, ou de larmes ; et ils immolèrent là des victimes au Seigneur.

6 Dimísit ergo Jósuë pópulum, et abiérunt fílii Israël unusquísque in possessiónem suam, ut obtinérent eam :

6. Josué renvoya donc le peuple, et les enfants d’Israël s’en allèrent, chacun en sa possession, pour l’occuper.

7servierúntque Dómino cunctis diébus ejus, et seniórum, qui longo post eum vixérunt témpore, et nóverant ómnia ópera Dómini quæ fécerat cum Israël.

7. Et ils servirent le Seigneur durant tous les jours de Josué et les anciens qui vécurent longtemps après lui, et qui avaient connu toutes les œuvres du Seigneur, qu’il avait faites en faveur d’Israël.

8 Mórtuus est autem Jósuë fílius Nun, fámulus Dómini, centum et decem annórum,

8. Or, Josué, fils de Nun, serviteur du Seigneur, mourut âgé de cent dix ans ;

9 et sepeliérunt eum in fínibus possessiónis suæ in Thamnáthsare in monte Ephraïm, a septentrionáli plaga montis Gaas.

9. Et on l’ensevelit dans les bornes de sa possession à Thamnathsaré, sur la montagne d’Ephraïm, vers la partie septentrionale du mont Gaas.

10 Omnísque illa generátio congregáta est ad patres suos : et surrexérunt álii, qui non nóverant Dóminum, et ópera quæ fécerat cum Israël.

10. Et toute cette génération fut réunie à ses pères ; et d’autres hommes s’élevèrent qui ne connaissaient point le Seigneur, ni les œuvres qu’il avait faites en faveur d’Israël.

11 Fecerúntque fílii Israël malum in conspéctu Dómini, et serviérunt Báalim.

11. Et les enfants d’Israël firent le mal en la présence du Seigneur, et ils servirent les Baalim.

12 Ac dimisérunt Dóminum Deum patrum suórum, qui edúxerat eos de terra Ægýpti, et secúti sunt deos aliénos, deósque populórum, qui habitábant in circúitu eórum, et adoravérunt eos : et ad iracúndiam concitavérunt Dóminum,

12. Et ils abandonnèrent le Seigneur Dieu de leurs pères, qui les avait retirés de la terre d’Égypte, et ils servirent des dieux étrangers, et les dieux des peuples qui habitaient autour d’eux, et ils les adorèrent, et excitèrent le Seigneur à la colère,

13 dimitténtes eum, et serviéntes Baal et Astaroth.

13. L’abandonnant et servant Baal et Astaroth.

14 Iratúsque Dóminus contra Israël, trádidit eos in manus diripiéntium : qui cepérunt eos, et vendidérunt hóstibus qui habitábant per gyrum : nec potuérunt resístere adversáriis suis,

14. Et le Seigneur irrité contre les Israélites, les livra aux mains de pillards, qui les prirent et les vendirent aux ennemis qui habitaient tout autour ; ainsi ils ne purent résister à leurs adversaires ;

15 sed quocúmque pérgere voluíssent, manus Dómini super eos erat, sicut locútus est, et jurávit eis, et veheménter afflícti sunt.

15. Mais partout où ils auraient voulu aller, la main du Seigneur était sur eux, comme il a dit et leur a juré : et ils furent violemment affligés.

16 Suscitavítque Dóminus júdices, qui liberárent eos de vastántium mánibus : sed nec eos audíre voluérunt,

16. Et le Seigneur suscita des juges pour les délivrer des mains des dévastateurs ; mais ils ne voulurent pas les écouter,

17fornicántes cum diis aliénis, et adorántes eos. Cito deseruérunt viam, per quam ingréssi fúerant patres eórum : et audiéntes mandáta Dómini, ómnia fecére contrária.

17. Forniquant avec des dieux étrangers, et les adorant. Bientôt ils abandonnèrent la voie par laquelle avaient marché leurs pères ; et entendant les commandements du Seigneur, ils firent tout le contraire.

18 Cumque Dóminus júdices suscitáret, in diébus eórum flectebátur misericórdia, et audiébat afflictórum gémitus, et liberábat eos de cæde vastántium.

18. Et lorsque le Seigneur suscitait des juges, sa miséricorde fléchissait durant les jours de ces juges ; il écoutait les gémissements des affligés, et il les délivrait du carnage des dévastateurs.

19 Postquam autem mórtuus esset judex, revertebántur, et multo faciébant pejóra quam fécerant patres eórum, sequéntes deos aliénos, serviéntes eis, et adorántes illos. Non dimisérunt adinventiónes suas, et viam duríssimam per quam ambuláre consuevérunt.

19. Mais après que le juge était mort, ils retombaient, et faisaient des choses bien pires que n’en avaient fait leurs pères, suivant des dieux étrangers, les servant et les adorant. Ils n’abandonnèrent point leurs inventions, ni la voie très rude par laquelle ils avaient accoutumé de marcher.

20 Iratúsque est furor Dómini in Israël, et ait : Quia írritum fecit gens ista pactum meum, quod pepígeram cum pátribus eórum, et vocem meam audíre contémpsit :

20. Aussi, la fureur du Seigneur fut irritée contre Israël, et il dit : Parce que cette nation a rendu vaine mon alliance, que j’avais faite avec ses pères, et qu’elle a dédaigné d’entendre ma voix,

21 et ego non delébo gentes, quas dimísit Jósuë, et mórtuus est :

21. Eh bien, moi je ne détruirai point les nations que Josué a laissées, lorsqu’il est mort,

22 ut in ipsis expériar Israël, utrum custódiant viam Dómini, et ámbulent in ea, sicut custodiérunt patres eórum, an non.

22. Afin que par elles j’éprouve Israël, en voyant s’ils gardent la voie du Seigneur, comme l’ont gardée leurs pères, et s’ils y marchent, ou non.

23 Dimísit ergo Dóminus omnes natiónes has, et cito subvértere nóluit, nec trádidit in manus Jósuë.

23. Le Seigneur laissa donc toutes ces nations, et ne voulut point les détruire aussitôt, c’est pourquoi il ne les livra pas aux mains de Josué.

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CHAP. II. 6. Jos. XXIV, 28.

 

1. Au lieu des pleurants ; au lieu qui fut appelé depuis Lieu de pleurants (vers. 4-5). — * Galgala, à l’ouest du Jourdain, entre ce fleuve et la ville de Jéricho.

9. * Thamnathsaré. Voir Jos. XIX, 50.

11. Baalim, plur. Hebr. de Baal, c’est-à-dire maitre, seigneur, désigne les idoles de ce faux dieu. — * Sur Baal et les Baalim, voir la note sur Judic. VI, 25. Le siège principal du culte de Baal était en Phénicie et à Tyr, mais il était adoré, avant la conquête de Josué, dans tout le pays de Chanaan.

13. * Astaroth. Voir la note sur Judic. III, 7.

19. Leurs inventions ; leurs égarements d’esprit et de cœur ; selon le texte hébreu, leurs actions mauvaises.

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CHAPITRE III

Servitude des Israélites sous Chusan ; Othoniel est leur libérateur. Servitude sous Églon ; Aod les en délivre. Samgar, troisième juge d’Israël.

1 Hæ sunt gentes quas Dóminus derelíquit, ut erudíret in eis Israélem, et omnes qui non nóverant bella Chananæórum :

1. Voici les nations que le Seigneur laissa, pour instruire par elles Israël et tous ceux qui ne connaissaient pas les guerres des Chananéens ;

2 ut póstea díscerent fílii eórum certáre cum hóstibus, et habére consuetúdinem præliándi :

2. Afin que dans la suite leurs enfants apprissent à combattre contre les ennemis, et qu’ils s’accoutumassent à livrer bataille :

3 quinque satrápas Philisthinórum, omnémque Chananǽum, et Sidónium, atque Hevǽum, qui habitábat in monte Líbano, de monte Baal Hermon usque ad intróitum Emath.

3. Les cinq satrapes des Philistins, tous les Chananéens, les Sidoniens et les Hévéens qui habitaient sur la mont Liban, depuis la montagne de Baal-Hermon jusqu’à l’entrée d’Émath.

4 Dimisítque eos, ut in ipsis experirétur Israélem, utrum audíret mandáta Dómini quæ præcéperat pátribus eórum per manum Móysi, an non.

4. Or, il les laissa, afin que par eux il éprouvât Israël, en voyant s’il écouterait les commandements du Seigneur, qu’il avait donnés à leurs pères par l’entremise de Moïse, ou non.

5 Itaque fílii Israël habitavérunt in médio Chananǽi, et Hethǽi, et Amorrhǽi, et Pherezǽi, et Hevǽi, et Jebusǽi :

5. C’est pourquoi les enfants d’Israël habitèrent au milieu du Chananéen, de l’Héthéen, de l’Amorrhéen, du Phérézéen, de l’Hévéen et du Jébuséen ;

6 et duxérunt uxóres fílias eórum, ipsíque fílias suas fíliis eórum tradidérunt, et serviérunt diis eórum.

6. Ils prirent pour femmes, leurs filles, et ils donnèrent eux-mêmes leurs propres filles à leurs fils, et ils servirent leurs dieux.

7 Fecerúntque malum in conspéctu Dómini, et oblíti sunt Dei sui, serviéntes Báalim et Astaroth.

7. Ainsi, ils firent le mal en la présence du Seigneur, et ils oublièrent leur Dieu, servant les Baalim et les Astaroth.

8 Iratúsque contra Israël Dóminus, trádidit eos in manus Chusan Rasáthaïm regis Mesopotámiæ, servierúntque ei octo annis.

8. Or, irrité contre Israël, le Seigneur les livra aux mains de Chusan Rasathaim, roi de Mésopotamie, et ils le servirent pendant huit ans.

9 Et clamavérunt ad Dóminum, qui suscitávit eis salvatórem, et liberávit eos, Othóniel vidélicet fílium Cenez, fratrem Caleb minórem :

9. Et ils crièrent au Seigneur, qui leur suscita un sauveur qui les délivra, Othoniel, fils de Cénez, frère puiné de Caleb.

10 fuítque in eo spíritus Dómini, et judicávit Israël. Egressúsque est ad pugnam, et trádidit Dóminus in manus ejus Chusan Rasáthaïm regem Sýriæ, et oppréssit eum.

10. Et l’esprit du Seigneur fut en lui, et il jugea Israël. Il s’en alla au combat, et le Seigneur livra en ses mains Chusan Rasathaim, roi de Syrie, et il le subjugua.

11 Quievítque terra quadragínta annis, et mórtuus est Othóniel fílius Cenez.

11. Et le pays se reposa durant quarante ans, et Othoniel, fils de Cénez, mourut.

12 Addidérunt autem fílii Israël fácere malum in conspéctu Dómini : qui confortávit advérsum eos Eglón regem Moab, quia fecérunt malum in conspéctu ejus.

12. Mais les enfants d’Israël recommencèrent à faire le mal en la présence du Seigneur, qui fortifia contre eux Églon, roi de Moab, parce qu’ils firent le mal en sa présence.

13 Et copulávit ei fílios Ammon, et Amalec : abiítque et percússit Israël, atque possédit urbem palmárum.

13. Et il joignit à lui les enfants d’Ammon et d’Amalec ; et il alla et battit Israël, et il se rendit maitre de la ville des Palmes.

14 Servierúntque fílii Israël Eglón regi Moab decem et octo annis.

14. Et les enfants d’Israël servirent Églon, roi de Moab, pendant dix-huit ans ;

15 Et póstea clamavérunt ad Dóminum, qui suscitávit eis salvatórem vocábulo Aod, fílium Gera, fílii Jémini, qui utráque manu pro déxtera utebátur. Miserúntque fílii Israël per illum múnera Eglón regi Moab.

15. Et après cela ils crièrent au Seigneur, qui leur suscita un sauveur du nom d’Aod, fils de Géra, fils de Jemini, qui se servait des deux mains comme de la droite. Or, les enfants d’Israël envoyèrent par lui des présents à Églon, roi de Moab.

16 Qui fecit sibi gládium ancípitem, habéntem in médio cápulum longitúdinis palmæ manus, et accínctus est eo subter sagum in dextro fémore.

16. Aod se fît un glaive à deux tranchants, qui avait au milieu une garde de la longueur de la paume de la main, et il le ceignit sous son sayon, sur la cuisse droite.

17 Obtulítque múnera Eglón regi Moab. Erat autem Eglón crassus nimis.

17. Et il offrit les présents à Églon, roi de Moab. Or, Églon était extrêmement gros.

18 Cumque obtulísset ei múnera, prosecútus est sócios, qui cum eo vénerant.

18. Lors donc qu’il lui eut offert les présents, il suivit ses compagnons qui étaient venus avec lui.

19 Et revérsus de Galgális, ubi erant idóla, dixit ad regem : Verbum secrétum hábeo ad te, o rex. Et ille imperávit siléntium : egressísque ómnibus qui circa eum erant,

19. Puis, revenu de Galgala, où étaient les idoles, il dit au roi : J’ai une parole secrète pour vous, ô roi. Et le roi commanda le silence, et tous ceux qui étaient autour de lui étant sortis,

20 ingréssus est Aod ad eum : sedébat autem in æstívo cœnáculo solus : dixítque : Verbum Dei hábeo ad te. Qui statim surréxit de throno.

20. Aod s’approcha de lui : or, il était assis dans sa chambre d’été, seul ; Aod lui dit donc : J’ai une parole de Dieu pour vous. Le roi aussitôt se leva de son trône.

21 Extendítque Aod sinístram manum, et tulit sicam de dextro fémore suo, infixítque eam in ventre ejus

21. Et Aod étendit la main gauche, et prit le glaive de dessus sa cuisse droite, et l’enfonça dans son ventre,

22 tam válide, ut cápulus sequerétur ferrum in vúlnere, ac pinguíssimo ádipe stringerétur. Nec edúxit gládium, sed ita ut percússerat, relíquit in córpore : statímque per secréta natúræ alvi stércora prorupérunt.

22. Si fortement, que la poignée suivit le fer dans la blessure, et s’y trouva très resserrée par la graisse extrêmement épaisse. Il ne retira donc point le glaive, mais il le laissa dans le corps, comme il était, lorsqu’il eut porté le coup : et aussitôt les excréments renfermés dans le ventre s’échappèrent par les conduits naturels.

23 Aod autem clausis diligentíssime óstiis cœnáculi, et obfirmátis sera,

23. Or, Aod, ayant fermé avec le plus grand soin les portes de la chambre, et y ayant mis les verrous,

24 per postícum egréssus est. Servíque regis ingréssi vidérunt clausas fores cœnáculi, atque dixérunt : Fórsitan purgat alvum in æstívo cubículo.

24. Sortit par le derrière. Cependant les serviteurs du roi étant venus, virent les portes de la chambre fermées, et ils dirent : Peut-être satisfait-il à un besoin dans la chambre d’été.

25 Expectantésque diu donec erubéscerent, et vidéntes quod nullus aperíret, tulérunt clavem : et aperiéntes invenérunt dóminum suum in terra jacéntem mórtuum.

25. Et ayant attendu longtemps jusqu’à en être troublés, et voyant que personne n’ouvrait, ils prirent la clef ; et ouvrant, ils trouvèrent leur maitre étendu sur la terre, mort.

26 Aod autem, dum illi turbaréntur, effúgit, et pertránsiit locum idolórum, unde revérsus fúerat. Venítque in Séirath :

26. Mais Aod, pendant que ceux-ci étaient dans le trouble, s’enfuit et traversa le lieu des idoles, d’où il était revenu. Il vint à Seirath ;

27 et statim insónuit búccina in monte Ephraïm, descenderúntque cum eo fílii Israël, ipso in fronte gradiénte.

27. Et aussitôt il sonna de la trompette sur la montagne d’Ephraïm, et les enfants d’Israël descendirent avec lui, marchant lui-même en tête.

28 Qui dixit ad eos : Sequímini me : trádidit enim Dóminus inimícos nostros Moabítas in manus nostras. Descenderúntque post eum, et occupavérunt vada Jordánis quæ transmíttunt in Moab : et non dimisérunt transíre quemquam :

28. Il leur dit : Suivez-moi ; car le Seigneur a livré nos ennemis, les Moabites, en nos mains. Et ils descendirent après lui, et ils occupèrent les gués du Jourdain, par lesquels on va à Moab ; et ils ne laissèrent passer personne.

29 sed percussérunt Moabítas in témpore illo, círciter decem míllia, omnes robústos et fortes viros. Nullus eórum evádere pótuit.

29. Mais ils tuèrent en ce temps-là environ dix mille Moabites, tous hommes forts et vaillants ; nul d’entre eux ne put échapper.

30 Humiliatúsque est Moab in die illo sub manu Israël : et quiévit terra octogínta annis.

30. Ainsi Moab fut humilié en ce jour-là sous la main d’Israël ; et le pays se reposa durant quatre-vingts ans.

31 Post hunc fuit Samgar fílius Anath, qui percússit de Philísthiim sexcéntos viros vómere : et ipse quoque deféndit Israël.

31. Après Aod il y eut Samgar, fils d’Anath, qui défit six cents hommes d’entre les Philistins avec un soc de charrue ; et lui aussi défendit Israël.

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CHAP. III.

 

3. Les cinq satrapes, etc. Ces mots se rapportent à : Voici les nations, etc. du 1er verset dont ils sont l’explicatif ; mais ils sont à l’accusatif, parce qu’on peut les considérer aussi comme complément du verbe, qui les précède immédiatement, livrer bataille, ou abandonner (vers. 1). — * Baal-Hermon. Voir Jos. XI, 17. — Émath. Voir II Reg. VIII, 9.

7. Baalim. Voy. II, 11. — Astaroth, plur. fem. Hebr., signifie les idoles de la divinité, qui dans le texte original se produit sous la forme aschtoreth, ou mieux haschthoreth, et dans la Vulgate sous celle d’Astarthé. L’hébreu lit ici aschéroth, qui veut dire bois sacré, parce qu’on l’adorait plus particulièrement dans les bois. — * Astoreth ou Astarté avait beaucoup de traits de ressemblance avec Vénus. Elle est souvent nommée dans le livre des Juges, en compagnie de Baal. Il y avait d’ailleurs plusieurs Astoreths ou Astartés, comme il y avait plusieurs Baals : chaque Baal avait son Astarté, la multiplication du dieu impliquant la multiplication de la déesse. De même que Baal était quelquefois le ciel, Astarté était aussi la terre fécondée par le ciel. Mais de nombreux indices montrent aussi qu’elle est souvent la lune, emblème de la beauté féminine, de même que le soleil, qui fait pousser les plantes et dessèche, est le symbole de la force et de la destruction ; elle est le principe passif et productif, la mère, comme Baal est le principe actif et générateur, le père. Une figurine en albâtre du Musée du Louvre représente Astarté portant un croissant d’or au-dessus de sa tête, mais on la représente le plus souvent sous la forme d’un pieu symbolique.

8. * Chusan-Rasathaim ne nous est connu que par ce passage du livre des Juges. — Sur Amalec, voir Ex. XVII, 8.

9. Un sauveur qui les délivra ; ce qui semblerait donner à ce verbe le mot Seigneur pour sujet. Mais voy. Jos. XXIV, 7.

13.* La ville des Palmes, probablement Jéricho.

15. * Aod… se servait des deux mains comme de la droite. Aod n’était pas le seul Israélite habitué à se servir également des deux mains dans le combat. Les Benjamites, à la tribu desquels appartenait Aod, étaient célèbres comme archers et comme frondeurs, comme également habiles à se servir de la main gauche et de la main droite, et capables de frapper un cheveu avec leur fronde, Judic. XX, 16 ; I Par. XII, 2. Mucius Scævola, qui se rendit célèbre chez les Romains par un acte semblable à celui d’Aod, était aussi gaucher ; et c’est la signification même de son surnom de Scævola.

19. * De Galgala. Voir II, 1. — Où étaient les idoles, c’est peut-être un nom de lieu, Pesilim. Au vers. 26, nous lisons le lieu des idoles. — 19-22. Si on était obligé de justifier cette conduite d’Aod, on pourrait dire qu’il croyait, d’après les préjugés du temps, et le droit de la guerre, beaucoup plus rigoureux à cette époque reculée qu’il ne l’est aujourd’hui, qu’il lui était permis de recourir à un pareil stratagème. N’est-il pas possible d’ailleurs que Dieu ait suscité ce général pour sauver son peuple, sans lui inspirer ce meurtre ? — * Chez tous les peuples et dans tous les temps, on a admiré le sang-froid, l’audace, le courage et le dévouement qu’indiquent, dans leurs auteurs, des actes comme ceux d’Aod, quoique ces actes ne soient pas de tout point irrépréhensibles. Les Athéniens ont chanté les louanges d’Harmodius et d’Aristogiton, les Romains ont glorifié Mucius Scævola.

26. * Seirath, localité inconnue de la montagne d’Ephraïm.

28. Personne ; c’est-à-dire aucun des Moabites. — * Il n’y avait pas de ponts sur le Jourdain ; on ne pouvait le passer qu’à gué.

31. * D’entre les Philistins. Sur les Philistins, voir la note sur Judic. XIII, 1.

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CHAPITRE IV

Servitude sous Jabin. Debora et Barac défont Sisara, général des troupes de Jabin.

1 Addiderúntque fílii Israël fácere malum in conspéctu Dómini post mortem Aod,

1. Et les enfants d’Israël recommencèrent à faire le mal en la présence du Seigneur après la mort d’Aod.

2 et trádidit illos Dóminus in manus Jabin regis Chánaan, qui regnávit in Asor : habuítque ducem exércitus sui nómine Sísaram, ipse autem habitábat in Hároseth géntium.

2. Et le Seigneur les livra aux mains de Jabin, roi de Chanaan, qui régna dans Asor ; or, il avait pour général de son armée un homme du nom de Sisara ; et lui-même habitait à Haroseth des nations.

3 Clamaverúntque fílii Israël ad Dóminum : nongéntos enim habébat falcátos currus, et per vigínti annos veheménter opprésserat eos.

3. Et les enfants d’Israël crièrent au Seigneur ; car Jabin avait neuf cents chars armés de faux ; et pendant vingt ans il les avait violemment opprimés.

4 Erat autem Débora prophétis uxor Lápidoth, quæ judicábat pópulum in illo témpore.

4. Or, c’était Debora, prophétesse, femme de Lapidoth, laquelle jugeait le peuple en ce temps-là.

5 Et sedébat sub palma, quæ nómine illíus vocabátur, inter Rama et Bethel in monte Ephraïm : ascendebántque ad eam fílii Israël in omne judícium.

5. Et elle s’asseyait sous un palmier, qui était appelé de son nom, entre Rama et Béthel sur la montagne d’Ephraïm ; et les enfants d’Israël montaient vers elle, pour tous les jugements.

6 Quæ misit et vocávit Barac fílium Abínoëm de Cedes Néphthali : dixítque ad eum : Præcépit tibi Dóminus Deus Israël : Vade, et duc exércitum in montem Thabor, tollésque tecum decem míllia pugnatórum de fíliis Néphthali, et de fíliis Zábulon :

6. Elle envoya et appela Barac, fils d’Abinoem de Cédès de Nephthali, et elle lui dit : Le Seigneur Dieu d’Israël te l’ordonne, va, et conduis l’armée sur la montagne de Thabor, et tu prendras avec toi dix mille combattants des enfants de Nephthali et des enfants de Zabulon :

7 ego autem addúcam ad te in loco torréntis Cison, Sísaram príncipem exércitus Jabin, et currus ejus, atque omnem multitúdinem, et tradam eos in manu tua.

7. Or moi-même je t’amènerai à l’endroit du torrent de Cison, Sisara, prince de l’armée de Jabin, ses chars et toute sa multitude, et je les livrerai en ta main.

8 Dixítque ad eam Barac : Si venis mecum, vadam : si nolúeris veníre mecum, non pergam.

8. Et Barac lui répondit : Si vous venez avec moi, j’irai ; si vous ne voulez pas venir avec moi, je n’irai pas.

9 Quæ dixit ad eum : Ibo quidem tecum, sed in hac vice victória non reputábitur tibi, quia in manu mulíeris tradétur Sísara. Surréxit ítaque Débora, et perréxit cum Barac in Cedes.

9. Debora lui repartit : J’irai assurément avec toi ; mais pour cette fois la victoire ne te sera point attribuée, parce que c’est dans la main d’une femme que sera livré Sisara. C’est pourquoi Debora se leva et s’en alla avec Barac à Cédès.

10 Qui, accítis Zábulon et Néphthali, ascéndit cum decem míllibus pugnatórum, habens Déboram in comitátu suo.

10. Barac, ayant mandé Zabulon et Nephthali, monta avec dix mille combattants, accompagné de Debora.

11 Haber autem Cinǽus recésserat quondam a céteris Cinǽis frátribus suis, fíliis Hobab cognáti Móysi : et teténderat tabernácula usque ad vallem, quæ vocátur Sennim, et erat juxta Cedes.

11. Or Haber le Cinéen s’était retiré depuis longtemps de tous ses autres frères, les Cinéens, fils d’Hobab, parent de Moïse, et il avait tendu ses tabernacles jusqu’à la vallée qui est appelée Sennim, et qui était près de Cédès.

12 Nuntiatúmque est Sísaræ quod ascendísset Barac fílius Abínoëm in montem Thabor :

12. Et l’on annonça à Sisara, que Barac, fils d’Abinoem, était monté sur la montagne de Thabor.

13 et congregávit nongéntos falcátos currus, et omnem exércitum de Hároseth géntium ad torréntem Cison.

13. Et il assembla ses neuf cents chars armés de faux, et toute son armée qui vint de Haroseth des nations au torrent de Cison.

14 Dixítque Débora ad Barac : Surge, hæc est enim dies, in qua trádidit Dóminus Sísaram in manus tuas : en ipse ductor est tuus. Descéndit ítaque Barac de monte Thabor, et decem míllia pugnatórum cum eo.

14. Alors Debora dit à Barac : Lève-toi ; car c’est le jour auquel le Seigneur a livré Sisara en tes mains : voilà que lui-même est ton guide. C’est pourquoi Barac descendit de la montagne de Thabor, et dix mille combattants avec lui.

15 Perterruítque Dóminus Sísaram, et omnes currus ejus, universámque multitúdinem in ore gládii ad conspéctum Barac : in tantum, ut Sísara de curru desíliens, pédibus fúgeret,

15. Et le Seigneur épouvanta Sisara, tous ses chars et toute sa multitude, par le tranchant du glaive, à l’aspect de Barac ; de telle sorte que Sisara s’élançant de son char, s’enfuit à pied,

16 et Barac persequerétur fugiéntes currus, et exércitum usque ad Hároseth géntium, et omnis hóstium multitúdo usque ad interneciónem cáderet.

16. Que Barac poursuivit les chars qui s’enfuyaient et l’armée, jusqu’à Haroseth des nations, et que toute la multitude des ennemis périt jusqu’à une entière extermination.

17 Sísara autem fúgiens pervénit ad tentórium Jahel uxóris Haber Cinǽi. Erat enim pax inter Jabin regem Asor, et domum Haber Cinǽi.

17. Mais Sisara fuyant parvint à la tente de Jahel, femme d’Haber le Cinéen. Car il y avait paix entre Jabin, roi d’Asor, et la maison d’Haber le Cinéen.

18 Egréssa ígitur Jahel in occúrsum Sísaræ, dixit ad eum : Intra ad me, dómine mi : intra, ne tímeas. Qui ingréssus tabernáculum ejus, et opértus ab ea pállio,

18. Jahel étant donc sorti au-devant à la rencontre de Sisara, lui dit : Entre chez moi, mon seigneur ; entre, et ne crains point. Sisara entré dans son tabernacle, et couvert par elle, de son manteau,

19 dixit ad eam : Da mihi, óbsecro, páululum aquæ, quia sítio valde. Quæ apéruit utrem lactis, et dedit ei bíbere, et opéruit illum.

19. Lui dit : Donnez-moi, je vous prie, un peu d’eau, parce que j’ai une grande soif. Jahel ouvrit l’outre du lait, lui donna à boire et le couvrit.

20 Dixítque Sísara ad eam : Sta ante óstium tabernáculi : et cum vénerit áliquis intérrogans te, et dicens : Numquid hic est áliquis ? respondébis : Nullus est.

20. Alors Sisara lui dit : Tenez-vous devant la porte de votre tabernacle ; et lorsque quelqu’un viendra, vous interrogeant, et disant : Est-ce qu’il n’y a point ici quelqu’un ? Vous répondrez : Il n’y a personne.

21 Tulit ítaque Jahel uxor Haber clavum tabernáculi, assúmens páriter et málleum : et ingréssa abscóndite et cum siléntio, pósuit supra tempus cápitis ejus clavum, percussúmque málleo defíxit in cérebrum usque ad terram : qui sopórem morti consócians defécit, et mórtuus est.

21. C’est pourquoi, Jahel, femme d’Haber prit le clou du tabernacle, prenant également le marteau ; et étant entrée secrètement et en silence, elle posa le clou sur la tempe de sa tête, et après l’avoir frappé avec le marteau, elle lui enfonça dans le cerveau jusqu’à terre : et Sisara joignant le sommeil à la mort défaillit et mourut.

22 Et ecce Barac sequens Sísaram veniébat : egressáque Jahel in occúrsum ejus, dixit ei : Veni, et osténdam tibi virum quem quæris. Qui cum intrásset ad eam, vidit Sísaram jacéntem mórtuum, et clavum infíxum in témpore ejus.

22. Et voilà que Barac, poursuivant Sisara, arrivait ; et Jahel étant sortie à sa rencontre, lui dit : Viens, et je te montrerai l’homme que tu cherches. Lorsque celui-ci fut entré chez elle, il vit Sisara étendu mort, et le clou enfoncé dans sa tempe.

23 Humiliávit ergo Deus in die illo Jabin regem Chánaan coram fíliis Israël :

23. Dieu humilia donc en ce jour-là Jabin, roi de Chanaan, devant les enfants d’Israël,

24 qui crescébant quotídie, et forti manu opprimébant Jabin regem Chánaan, donec delérent eum.

24. Qui croissaient tous les jours, et qui d’une main forte opprimaient Jabin, roi de Chanaan, jusqu’à ce qu’ils l’eurent entièrement détruit.

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CHAP. IV. 2. I Reg. XII, 9. — 15. Ps. LXXXII, 10.

 

2. Asor ; rebâtie par quelque descendant de l’ancien Jabin. Compar. Jos. XI, 10-11. — Haroseth des nations ; ville ainsi nommée, parce qu’il y avait beaucoup de gens de diverses nations, ou parce qu’elle était peuplée de Chananéens et de peuples idolâtres, ou enfin parce qu’elle se trouvait dans la Galilée des nations.

3. * Neuf cents chars armés de faux. Le texte hébreu porte : neuf cents chars de fer, et non armés de faux. Voir la note sur Jos. XI, 4.

4. * Debora signifie abeille. De même que biche, chatte, sont aujourd’hui des termes de tendresse, les noms d’animaux gracieux ont toujours été employés comme noms de femmes. Jahel signifie biche ; Sébia, IV Reg. XII, 1, et Tabitha ou Dorcas, Act. IX, 36, gazelle ; Rachel, agneau ou brebis ; Sephora, femme de Moïse, oiseau. Nous trouvons même un nom de femme, celui de la mère du roi Joakim, IV Reg. XXIV, 8, Nohesta, qui signifie serpent, par allusion sans doute au serpent d’airain érigé par Moïse dans le désert et qu’Ézéchias avait fait détruire, dont le nom était Nohestan, IV Reg. XVIII, 4. Comme noms d’hommes empruntés aux animaux, on trouve Caleb, chien, désignant différents personnages, Oreb, corbeau, Zeb, loup, Aïa, vautour, Suai, chacal, Jonas, colombe, Ariel, lion de Dieu. Cf. Léon, etc. Le nom de Debora était aussi celui de la nourrice de Rébecca. Il correspond au grec et au latin Melissa, à l’allemand Emma, qui signifie aussi abeille.

5. * Rama, probablement au sud-ouest de Béthel. — Béthel Voir Gen. XII, 8.

6. * Cédès de Nephthali. « Les villes de la région (montagneuse de Nephthali) ont toutes ce trait commun de ressemblance qu’elles sont situées sur des rochers élevés au milieu des collines, au-dessus de vallées vertes et paisibles. De ces villes, la plus remarquable est Cédès de Nephthali, la patrie de Barac… Le village moderne couronne la cime de la colline. Les fragments de colonnes qu’on rencontre sur cette colline, les tombeaux de toute espèce dans la vallée au-dessous et sur la place du village, les ruines de deux bâtiments considérables sur cette même place, forment l’ensemble le plus considérable de vestiges archéologiques de toutes les villes de Galilée. La plaine verdoyante qui s’étend au nord et au sud de la colline et de la place du village est toute parsemée de térébinthes, assez nombreux pour servir d’illustration à la scène du campement de Jahel, sous des arbres de même espèce, dans ce même lieu. » (Stanley.) Conduis l’armée sur la montagne de Thabor. Le Thabor est situé dans la tribu d’Issachar, sur la limite de Zabulon. Il se distingue par sa forme et par sa végétation abondante des autres montagnes de la Palestine. Vu du sud-ouest, il se dresse devant le spectateur comme un dôme gigantesque, complètement isolé. Il faut près d’une heure de marche pour en atteindre la cime. Ses flancs sont couverts d’arbres propres à cacher les hommes qui s’y réfugient. Le sommet, dont on peut faire le tour en une demi-heure, est couvert en partie d’arbres, en partie de pelouses. L’œil domine de là toute la plaine d’Esdrelon : aucun mouvement des Chananéens ne pouvait échapper à Barac et à Debora. Les chars de Sisara ne pouvaient d’ailleurs y atteindre les Hébreux. — « Les côtés du Thabor sont inégaux, escarpés, d’une pente raide, couverts d’arbres odoriférants et d’arbrisseaux qui s’élèvent dans les interstices des rochers ; partout où peut croitre l’herbe, la terre est tapissée de verdure et de fleurs. Les sentiers sont presque impraticables, et quelque bons que soient les chevaux, ils ont la plus grande peine à se tirer de certains passages scabreux… Les écrivains qui ont assuré que [le sommet] se termine en pain de sucre se sont trompés. C’est un plateau d’environ une demi-heure d’étendue, où l’on ne rencontre que de l’herbe fort élevée, des broussailles, des arbustes, de petits bocages sur les points les plus éminents, et d’énormes tas de pierres… Le gibier fourmille partout ; les endroits touffus et les creux des rochers servent de repaire à des panthères, des sangliers et autres animaux sauvages. » (De Géramb.)

7. * À l’endroit du torrent de Cison, dans la plaine d’Esdrelon ou de Jezraël. La plaine a environ dix lieues de longueur du Carmel à la vallée du Jourdain, et cinq lieues de largeur, entre les montagnes de Gelboé et celles de Nazareth. Elle est inégale, surtout au levant et au couchant. C’est de Mageddo, où était Sisara, dans la direction de Nazareth, au nord, qu’elle est le plus large et le plus unie. Mageddo, qui commande l’entrée de la plaine, au sud-ouest, Bethsan qui la commande à l’est, demeurèrent des forteresses jusqu’au temps des Romains, sous le nom de Légio et de Scythopolis. Du temps de Sisara, les Chananéens habitaient encore en grand nombre dans ces deux villes, et devaient y être les maitres. — Le torrent de Cison prend sa source sur le versant nord-est du Thabor ; il arrose dans toute sa longueur, du nord-est au nord-ouest, la plaine d’Esdrelon et se jette dans la Méditerranée au nord du mont Carmel. Il a un grand nombre d’affluents, qui sont complètement à sec en été, mais forment des torrents considérables au moment des pluies.

11. * Le Cinéen. Voir la note sur Gen. XV, 19. — Sennim, signifie changer la tente, proprement charger les montures (pour changer de campement). Sennim est donc probablement un lieu où campaient d’ordinaire les caravanes.

18. De son manteau, selon l’hébreu, de la couverture. On sait que dans la langue sacrée, l’article déterminatif se met souvent pour le pronom possessif. Mais on ne sait au juste si ce pronom doit se rapporter à Sisara ou à Jahel. — * Les Orientaux se sont toujours servis pour dormir de leur manteau. « Ces gens-ci, écrivait du Maroc Eugène Delacroix, ne possèdent qu’une couverture dans laquelle ils marchent, ils dorment, et où ils seront un jour ensevelis. »

19. * Jahel ouvrit l’outre du lait, lui donna à boire. « Les Bédouins savent préparer le lait caillé d’une manière délicieuse ; cette préparation est appelée lében ; on l’offre aux hôtes, mais on la considère généralement comme un mets délicat. Je sais par expérience qu’elle est très rafraichissante pour le voyageur accablé par la fatigue et la chaleur, mais elle a aussi un effet soporifique étrange. Ce ne fut pas sans doute sans connaitre ses effets probables que Jahel donna à son hôte épuisé ce breuvage séducteur, qui devait lui procurer un sommeil profond et de bonne durée. » (Conder.)

21. Le clou, probablement, le clou principal, le plus gros ; l’hébreu porte le pieu de la tente. — Quant à la conduite de Jahel envers Sisara, il est au moins des circonstances qu’on ne saurait justifier, par exemple son mensonge formel, son manque de bonne foi ; choses mauvaises en elles-mêmes. Mais cela n’empêche point de rendre justice à ses intentions, qui étaient incontestablement pures et louables. Voyez ce que nous avons dit en parlant d’Aod, III, 19.

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CHAPITRE V

Cantique de Debora.

1 Cecinerúntque Débora et Barac fílius Abínoëm in illo die, dicéntes :

1. Or, Debora et Barac, fils d’Abinoem, chantèrent en ce jour-là, disant :

2 Qui sponte obtulístis de Israël ánimas vestras ad perículum,

2. Vous qui des enfants d’Israël avez volontairement offert vos âmes au péril,

benedícite Dómino.

bénissez le Seigneur.

3 Audíte, reges ; áuribus percípite, príncipes :

3. Écoutez, rois ; prêtez l’oreille, princes ;

ego sum, ego sum, quæ Dómino canam,

c’est moi, c’est moi qui chanterai le Seigneur ;

psallam Dómino Deo Israël.

je célèbrerai par des hymnes le Seigneur Dieu d’Israël.

4 Dómine, cum exíres de Seir,

4. Seigneur, lorsque vous sortiez de Séïr

et transíres per regiónes Edóm,

et que vous passiez par les régions d’Édom,

terra mota est,

la terre s’émut,

cælíque ac nubes distillavérunt aquis.

et les deux et les nuées versèrent goutte à goutte leurs eaux.

5 Montes fluxérunt a fácie Dómini,

5. Les montagnes s’écoulèrent devant la face du Seigneur,

et Sínaï a fácie Dómini Dei Israël.

et le Sinaï devant la face du Seigneur Dieu d’Israël.

6 In diébus Samgar fílii Anath,

6. Aux jours de Samgar, fils d’Anath,

in diébus Jahel quievérunt sémitæ :

aux jours de Jahel, les sentiers se reposèrent,

et qui ingrediebántur per eas,

et ceux qui y entraient, marchèrent

ambulavérunt per calles dévios.

par des routes détournées.

7 Cessavérunt fortes in Israël, et quievérunt :

7. Les forts manquèrent en Israël, et se reposèrent,

donec súrgeret Deborá,

jusqu’à ce que se levât Debora,

súrgeret mater in Israël.

qu’elle se levât mère en Israël.

8 Nova bella elégit Dóminus,

8. Le Seigneur a choisi de nouvelles guerres,

et portas hóstium ipse subvértit :

il a renversé lui-même les portes des ennemis ;

clýpeus et hasta si apparúerint

est-ce qu’un bouclier et une lance paraissaient

in quadragínta míllibus Israël.

parmi les quarante mille d’Israël ?

9 Cor meum díligit príncipes Israël :

9. Mon cœur aime les princes d’Israël :

qui própria voluntáte obtulístis vos discrímini,

vous qui volontairement vous êtes offerts au danger,

benedícite Dómino.

bénissez le Seigneur.

10 Qui ascénditis super niténtes ásinos,

10. Vous qui montez sur des ânes brillants,

et sedétis in judício,

qui siégez dans le jugement

et ambulátis in via,

et qui marchez dans la voie,

loquímini.

parlez.

11 Ubi collísi sunt currus,

11. Que là où les chars ont été brisés

et hóstium suffocátus est exércitus,

et l’armée des ennemis étouffée

ibi narréntur justítiæ Dómini,

on raconte les justices du Seigneur,

et cleméntia in fortes Israël :

sa clémence envers les forts d’Israël.

tunc descéndit pópulus Dómini ad portas,

Alors le peuple du Seigneur descendit aux portes,

et obtínuit principátum.

et il acquit la principauté.

12 Surge, surge Deborá ;

12. Lève-toi, lève-toi, Debora,

surge, surge, et lóquere cánticum :

lève-toi, lève-toi, et dis un cantique.

surge Barac, et apprehénde captívos tuos, fili Abínoëm.

Lève-toi, Barac, saisis tes captifs, fils d’Abinoem.

13 Salvátæ sunt relíquiæ pópuli :

13. Ils ont été sauvés les débris du peuple,

Dóminus in fórtibus dimicávit.

le Seigneur a combattu parmi les forts.

14 Ex Ephraïm delévit eos in Amalec,

14. Un héros sorti d’Ephraïm les a détruits dans Amalec,

et post eum ex Bénjamin in pópulos tuos, o Amalec :

et après lui un autre est sorti de Benjamin contre tes peuples, ô Amalec :

de Machir príncipes descendérunt,

 des princes sont descendus de Machir,

et de Zábulon qui exércitum dúcerent ad bellándum.

et des guerriers de Zabulon, pour conduire l’armée au combat.

15 Duces Issachar fuére cum Deborá,

15. Les chefs d’Issachar ont été avec Debora,

et Barac vestígia sunt secúti,

et ont suivi les traces de Barac,

qui quasi in præceps ac bárathrum se discrímini dedit :

qui s’est jeté dans le danger comme dans un précipice et un abime.

divíso contra se Ruben,

Ruben étant divisé contre lui-même,

magnanimórum repérta est conténtio.

une dispute s’est élevée entre les magnanimes.

16 Quare hábitas inter duos términos,

16. Pourquoi habites-tu entre deux limites

ut áudias síbilos gregum ?

pour entendre les cris aigus des troupeaux ?

divíso contra se Ruben,

Ruben étant divisé contre lui-même,

magnanimórum repérta est conténtio.

une dispute s’est élevée entre les magnanimes.

17 Gálaad trans Jordánem quiescébat,

17. Galaad se reposait au delà du Jourdain,

et Dan vacábat návibus :

et Dan vaquait à ses vaisseaux :

Aser habitábat in lítore maris,

Aser habitait sur le rivage de la mer

et in pórtubus morabátur.

et se tenait dans les ports.

18 Zábulon vero et Néphthali obtulérunt ánimas suas morti

18. Mais Zabulon et Nephthali offraient leurs âmes à la mort

in regióne Mérome.

dans la région de Meromé.

19 Venérunt reges et pugnavérunt :

19. Des rois sont venus, et ont combattu ;

pugnavérunt reges Chánaan

les rois de Chanaan ont combattu

in Thanach juxta aquas Magéddo,

à Thanach près des eaux de Mageddo,

et tamen nihil tulére prædántes.

et toutefois, butinant, ils n’ont rien emporté.

20 De cælo dimicátum est contra eos :

20. On a combattu du ciel contre eux ; les étoiles,

stellæ manéntes in órdine et cursu suo,

demeurant dans leur rang et dans leur cours,

advérsus Sísaram pugnavérunt.

ont combattu contre Sisara.

21 Torrens Cisón traxit cadávera eórum,

21. Le torrent de Cison a entrainé leurs cadavres ;

torrens Cádumim, torrens Cisón :

le torrent de Cadumim, le torrent de Cison :

concúlca, ánima mea, robústos.

mon âme, foule aux pieds les forts.

22 Ungulæ equórum cecidérunt, fugiéntibus ímpetu,

22. La corne des chevaux est tombée,

et per præceps ruéntibus fortíssimis hóstium.

les plus vaillants des ennemis fuyant avec impétuosité et se renversant précipitamment.

23 Maledícite terræ Meroz, dixit ángelus Dómini :

23. Maudissez la terre de Meroz, dit l’ange du Seigneur ;

maledícite habitatóribus ejus,

maudissez ses habitants,

quia non venérunt ad auxílium Dómini,

parce qu’ils ne sont pas venus au secours du Seigneur,

in adjutórium fortissimórum ejus.

en aide à ses plus vaillants.

24 Benedícta inter mulíeres Jahel uxor Haber Cinǽi,

24. Bénie entre les femmes, Jahel, femme d’Haber, le Cinéen !

et benedicátur in tabernáculo suo.

et qu’elle soit bénie dans son tabernacle.

25 Aquam peténti lac dedit,

25. À Sisara demandant de l’eau, dans la coupe des princes,

et in phíala príncipum óbtulit bútyrum.

elle donna du lait, et elle présenta du beurre.

26 Sinístram manum misit ad clavum,

26. Elle a mis la main gauche au clou,

et déxteram ad fabrórum málleos.

et la main droite à des marteaux d’ouvriers,

Percussítque Sísaram quærens in cápite vúlneri locum,

et elle a frappé Sisara, cherchant à sa tête un endroit pour la blessure,

et tempus válide pérforans :

et lui perçant fortement la tempe.

27 inter pedes ejus ruit ; defécit, et mórtuus est :

27. Il tomba à ses pieds, défaillit et mourut ;

volvebátur ante pedes ejus,

il se roulait à ses pieds,

et jacébat exánimis et miserábilis.

et il gisait inanimé et digne de pitié.

28 Per fenéstram respíciens, ululábat mater ejus :

28. Regardant par la fenêtre, sa mère poussait des cris perçants,

et de cœnáculo loquebátur :

et de sa chambre, elle disait :

Cur morátur régredi currus ejus ?

Pourquoi son char diffère-t-il à revenir ?

quare tardavérunt pedes quadrigárum illíus ?

Pourquoi les pieds des chevaux de ses quadriges tardent-ils ?

29 Una sapiéntior céteris uxóribus ejus,

29. Une des femmes de Sisara, plus sage que les autres,

hæc sócrui verba respóndit :

répondit à sa belle-mère ces paroles :

30 Fórsitan nunc dívidit spólia,

30. Peut-être que maintenant il partage des dépouilles,

et pulchérrima feminárum elígitur ei :

et que la plus belle des femmes est choisie pour lui ;

vestes diversórum colórum Sísaræ tradúntur in prædam,

on donne à Sisara des vêtements de diverses couleurs pour butin,

et supéllex vária ad ornánda colla congéritur.

et on lui amasse un assortiment varié pour orner son cou.

31 Sic péreant omnes inimíci tui, Dómine :

31. Ainsi périssent tous vos ennemis, Seigneur !

qui autem díligunt te, sicut sol in ortu suo splendet, ita rútilent.

mais que ceux qui vous aiment, brillent, comme le soleil resplendit à son lever.

32 Quievítque terra per quadragínta annos.

32. Et le pays se reposa durant quarante ans.

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CHAP. V.

 

8. Est-ce que ; littér. si. Cette particule est souvent en hébreu interrogative, ou négative ; on pourrait donc traduire aussi : Ni lance ni bouclier ne paraissaient.

10. Dans la Palestine, les juges et les principaux du pays n’avaient que des ânes pour monture. Voy. X, 4 ; XII, 14.

14. Ce verset, qui est différent dans l’hébreu et aussi obscur que dans la Vulgate par sa concision, se traduit diversement ; nous avons choisi l’interprétation qui nous a paru la plus conforme au texte latin.

21. * Le torrent de Cadumim ; c’est-à-dire le torrent des combats. Le torrent de Cison s’appelle aujourd’hui Nahr el-Mukatta, la rivière du Massacre.

23. * Meroz, probablement le Kephr Murs actuel.

24-27. Voyez ce que nous avons dit de l’action de Jahel, IV, 21.

26. Au clou. Voy. IV, 21. — À des marteaux ; dans l’hébreu, à un marteau d’ouvriers.

31. * Le cantique de Debora est d’une belle et forte poésie ; c’est un des monuments littéraires les plus remarquables de l’antiquité, mais ce qui le caractérise surtout, c’est que la prophétesse le consacre à la louange du Dieu des combats qui a vaincu par Israël, et non à la glorification des vainqueurs : les chefs et les soldats ne paraissent qu’au second plan ; c’est Dieu qui tient la première place. Cet admirable cantique se compose de trois parties, chacune de trois strophes : I. Introduction, V, 2-8 ; 1° Adresse du poème, 2-3 ; 2° Puissance de Jéhovah, gage de victoire pour les Hébreux fidèles, 4-5 ; 3° Malheurs d’Israël avant Debora, 6-8. — II. Préparatifs du combat, 9-17 ; 1° Nouvelle exhortation à tous ceux qui doivent chanter et bénir Jéhovah, 9-12 ; 2° Énumération des combattants, 12-15c ; 3° Reproches aux tribus qui n’ont pas secouru leurs frères, 15d-17. — III. Tableau du combat et de ses suites, 18-31 ; 1° Description de la bataille, 18-22 ; 2° Malédiction de Meroz, bénédiction de Jahel, 23-27 ; 3° Inquiétude et illusions de la mère et des femmes de Sisara ; souhait final, 28-31. — Herder appelle ce poème « le plus beau chant héroïque des Hébreux… Chez Debora, dit-il, tout est présent, vivant, agissant. »

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CHAPITRE VI

Servitude des Israélites sous les Madianites ; Gedeon est choisi de Dieu pour les délivrer.

1 Fecérunt autem fílii Israël malum in conspéctu Dómini : qui trádidit illos in manu Madían septem annis,

1. Mais les enfants d’Israël firent le mal en la présence du Seigneur, qui les livra à la main de Madian pendant sept ans,

2 et oppréssi sunt valde ab eis. Fecerúntque sibi antra et spelúncas in móntibus, et munitíssima ad repugnándum loca.

2. Et ils furent très opprimés par eux. Ils se firent des antres et des cavernes dans les montagnes, et des lieux très fortifiés pour se défendre.

3 Cumque sevísset Israël, ascendébat Madían et Amalec, ceteríque orientálium natiónum :

3. Lorsqu’Israël avait semé, montaient Madian et Amalec et tous les autres peuples des nations orientales ;

4 et apud eos figéntes tentória, sicut erant in herbis cuncta vastábant usque ad intróitum Gazæ : nihílque omníno ad vitam pértinens relinquébant in Israël, non oves, non boves, non ásinos.

4. Et plantant chez eux leurs tentes, comme ils étaient au milieu des moissons, ils ravageaient tout jusqu’à Gaza ; et ils ne laissaient absolument rien en Israël, de tout ce qui était nécessaire à la vie, ni brebis, ni bœufs, ni ânes.

5 Ipsi enim et univérsi greges eórum veniébant cum tabernáculis suis, et instar locustárum univérsa complébant, innúmera multitúdo hóminum et camelórum, quidquid tetígerant devastántes.

5. Car ils venaient eux-mêmes et tous leurs troupeaux avec leurs tabernacles ; et comme des sauterelles, cette multitude innombrable d’hommes et de chameaux remplissait tout, ravageant tout ce qu’elle touchait.

6 Humiliatúsque est Israël valde in conspéctu Madían.

6. Israël fut donc très humilié en présence de Madian.

7 Et clamávit ad Dóminum póstulans auxílium contra Madianítas.

7. Et il cria au Seigneur, demandant secours contre les Madianites.

8 Qui misit ad eos virum prophétam, et locútus est : Hæc dicit Dóminus Deus Israël : Ego vos feci conscéndere de Ægýpto, et edúxi vos de domo servitútis,

8. Le Seigneur leur envoya un homme, prophète, qui leur dit : Voici ce que dit le Seigneur Dieu d’Israël : C’est moi qui vous ai fait monter de l’Égypte, et qui vous ai retirés de la maison de servitude ;

9 et liberávi de manu Ægyptiórum, et ómnium inimicórum qui affligébant vos : ejecíque eos ad intróitum vestrum, et trádidi vobis terram eórum.

9. Je vous ai délivrés de la main des Égyptiens, et de tous les ennemis qui vous affligeaient ; je les ai chassés à votre entrée, et je vous ai livré leur terre.

10 Et dixi : Ego Dóminus Deus vester : ne timeátis deos Amorrhæórum, in quorum terra habitátis. Et noluístis audíre vocem meam.

10. Et j’ai dit : Je suis le Seigneur votre Dieu, ne craignez point les dieux des Amorrhéens dans la terre desquels vous habitez. Et vous n’avez pas voulu écouter ma voix.

11 Venit autem ángelus Dómini, et sedit sub quercu, quæ erat in Ephra, et pertinébat ad Joas patrem famíliæ Ezri. Cumque Gédeon fílius ejus excúteret atque purgáret fruménta in torculári, ut fúgeret Madían,

11. Or, vint l’ange du Seigneur et il s’assit sous le chêne qui était à Ephra et qui appartenait à Joas, père de la famille d’Ezri. Et comme Gedeon, son fils, battait et vannait du blé dans le pressoir pour échapper à Madian,

12 appáruit ei ángelus Dómini, et ait : Dóminus tecum, virórum fortíssime.

12. L’ange du Seigneur apparut et lui dit : Le Seigneur est avec toi, ô le plus fort des hommes !

13 Dixítque ei Gédeon : Obsecro, mi dómine, si Dóminus nobíscum est, cur apprehendérunt nos hæc ómnia ? ubi sunt mirabília ejus, quæ narravérunt patres nostri, atque dixérunt : De Ægýpto edúxit nos Dóminus ? nunc autem derelíquit nos Dóminus, et trádidit in manu Madían.

13. Et Gedeon lui répondit : Je vous conjure, mon seigneur, si le Seigneur est avec nous, pourquoi tout cela a-t-il fondu sur nous ? Où sont ses merveilles que nous ont racontées nos pères ? car ils ont dit : Le Seigneur nous a retirés de l’Égypte. Mais maintenant le Seigneur nous a abandonnés, et nous a livrés à la main de Madian.

14 Respexítque ad eum Dóminus, et ait : Vade in hac fortitúdine tua, et liberábis Israël de manu Madían : scito quod míserim te.

14. Et le Seigneur le regarda et dit : Va avec cette tienne force, et tu délivreras Israël de la main de Madian. Sache que je t’ai envoyé.

15 Qui respóndens ait : Obsecro, mi dómine, in quo liberábo Israël ? ecce família mea ínfima est in Manásse, et ego mínimus in domo patris mei.

15. Gedeon répondant, dit : Je vous conjure, mon seigneur, comment délivrerai-je Israël ? Voilà que ma famille est la dernière en Manassé, et que moi je suis le plus petit dans la maison de mon père.

16 Dixítque ei Dóminus : Ego ero tecum : et percúties Madían quasi unum virum.

16. Et le Seigneur lui dit : Moi-même, je serai avec toi, et tu battras Madian comme un seul homme.

17 Et ille : Si invéni, inquit, grátiam coram te, da mihi signum quod tu sis qui lóqueris ad me :

17. Alors Gedeon : Si j’ai, dit-il, trouvé grâce devant vous, donnez-moi un signe que c’est vous qui me parlez.

18 nec recédas hinc, donec revértar ad te, portans sacrifícium, et ófferens tibi. Qui respóndit : Ego præstolábor advéntum tuum.

18. Et ne vous retirez point d’ici, jusqu’à ce que je retourne vers vous, portant mon sacrifice, et vous l’offrant. L’ange lui répondit : Oui, j’attendrai ton retour.

19 Ingréssus est ítaque Gédeon, et coxit hædum, et de farínæ módio ázymos panes : carnésque ponens in canístro, et jus cárnium mittens in ollam, tulit ómnia sub quercu, et óbtulit ei.

19. C’est pourquoi Gedeon entra chez lui, et fît cuire un chevreau et des pains azymes d’une mesure de farine, et plaçant la chair dans la corbeille, et le jus de la chair dans la marmite, il porta le tout sous le chêne, et le lui offrit.

20 Cui dixit ángelus Dómini : Tolle carnes et ázymos panes, et pone supra petram illam, et jus désuper funde. Cumque fecísset ita,

20. L’ange du Seigneur lui dit : Prends la chair et les pains azymes, et pose-les sur cette pierre, et verse le jus dessus. Lorsqu’il eut fait ainsi,

21 exténdit ángelus Dómini summitátem virgæ, quam tenébat in manu, et tétigit carnes et panes ázymos : ascendítque ignis de petra, et carnes azymósque panes consúmpsit : ángelus autem Dómini evánuit ex óculis ejus.

21. L’ange du Seigneur étendit le bout de la verge qu’il tenait à la main, et il toucha la chair et les pains azymes : et le feu monta de la pierre, et consuma la chair et les pains azymes ; mais l’ange du Seigneur disparut de devant ses yeux.

22 Vidénsque Gédeon quod esset ángelus Dómini, ait : Heu mi Dómine Deus : quia vidi ángelum Dómini fácie ad fáciem.

22. Et Gedeon, voyant que c’était l’ange du Seigneur, dit : Hélas ! Seigneur mon Dieu, j’ai vu l’ange du Seigneur face à face.

23 Dixítque ei Dóminus : Pax tecum : ne tímeas, non moriéris.

23. Et le Seigneur lui répondit : Paix avec toi ! ne crains point, tu ne mourras pas.

24 Ædificávit ergo ibi Gédeon altáre Dómino, vocavítque illud, Dómini pax, usque in præséntem diem. Cumque adhuc esset in Ephra, quæ est famíliæ Ezri,

24. Gedeon bâtit donc là un autel au Seigneur et il l’appela Paix du Seigneur, jusqu’au présent jour. Et lorsqu’il était encore à Ephra, qui est à la famille d’Ezri,

25 nocte illa dixit Dóminus ad eum : Tolle taurum patris tui, et álterum taurum annórum septem, destruésque aram Baal, quæ est patris tui, et nemus, quod circa aram est, succíde.

25. Le Seigneur lui dit en cette nuit-là : Prends le taureau de ton père et un autre taureau de sept ans, et tu détruiras l’autel de Baal, qui est à ton père ; et le bois qui est autour de l’autel, coupe-le.

26 Et ædificábis altáre Dómino Deo tuo in summitáte petræ hujus, super quam ante sacrifícium posuísti : tollésque taurum secúndum, et ófferes holocáustum super struem lignórum, quæ de némore succíderis.

26. Tu bâtiras aussi un autel au Seigneur ton Dieu sur le sommet de cette pierre, sur laquelle tu as déjà posé le sacrifice ; et tu prendras avec toi le second taureau, et tu offriras un holocauste sur un amas d’arbres que tu auras coupés de ce bois.

27 Assúmptis ergo Gédeon decem viris de servis suis, fecit sicut præcéperat ei Dóminus. Timens autem domum patris sui, et hómines illíus civitátis, per diem nóluit id fácere, sed ómnia nocte complévit.

27. Gedeon ayant donc pris dix hommes de ses serviteurs, fit comme lui avait ordonné le Seigneur. Mais craignant la maison de son père et les hommes de cette ville-là, il ne voulut pas le faire pendant le jour, mais il accomplit toutes choses de nuit.

28 Cumque surrexíssent viri óppidi ejus mane, vidérunt destrúctam aram Baal, lucúmque succísum, et taurum álterum impósitum super altáre, quod tunc ædificátum erat.

28. Et lorsque les hommes de cette ville se furent levés au matin, ils virent l’autel de Baal détruit, le bois coupé, et le second taureau mis sur l’autel qui venait d’être bâti.

29 Dixerúntque ad ínvicem : Quis hoc fecit ? Cumque perquírerent auctórem facti, dictum est : Gédeon fílius Joas fecit hæc ómnia.

29. Alors ils se dirent les uns aux autres : Qui a fait cela ? Et comme ils cherchaient partout l’auteur du fait, on leur dit : C’est Gedeon, fils de Joas, qui a fait toutes ces choses.

30 Et dixérunt ad Joas : Produc fílium tuum huc, ut moriátur : quia destrúxit aram Baal, et succídit nemus.

30. Et ils dirent à Joas : Fais venir ton fils ici, afin qu’il meure, parce qu’il a détruit l’autel de Baal, et qu’il a coupé le bois.

31 Quibus ille respóndit : Numquid ultóres estis Baal, ut pugnétis pro eo ? qui adversárius est ejus, moriátur ántequam lux crástina véniat : si deus est, víndicet se de eo, qui súffodit aram ejus.

31. Joas leur répondit : Est-ce que vous êtes les vengeurs de Baal, pour que vous combattiez pour lui ? Que celui qui est son ennemi, meure avant que la lumière de demain ne vienne. S’il est dieu, qu’il se venge lui-même de celui qui a démoli son autel.

32 Ex illo die vocátus est Gédeon Jeróbaal, eo quod dixísset Joas : Ulciscátur se de eo Baal, qui súffodit aram ejus.

32. Depuis ce jour Gedeon fut appelé Jerobaal, parce que Joas avait dit : Que Baal se venge de celui qui a démoli son autel.

33 Igitur omnis Madían, et Amalec, et orientáles pópuli, congregáti sunt simul : et transeúntes Jordánem, castrametáti sunt in valle Jézraël.

33. Ainsi, tout Madian, Amalec et les peuples orientaux se réunirent, et passant le Jourdain, ils campèrent dans la vallée de Jezraël.

34 Spíritus autem Dómini índuit Gédeon, qui clangens búccina convocávit domum Abíezer, ut sequerétur se.

34. Mais l’esprit du Seigneur remplit Gedeon, qui sonnant de la trompette, convoqua la maison d’Abiezer, afin qu’elle le suivît.

35 Misítque núntios in univérsum Manássen, qui et ipse secútus est eum : et álios núntios in Aser et Zábulon et Néphthali, qui occurrérunt ei.

35. Et il envoya des messagers à tout Manassé, qui, lui aussi, le suivit ; et il envoya d’autres messagers à Aser, à Zabulon et à Nephthali qui vinrent à sa rencontre.

36 Dixítque Gédeon ad Deum : Si salvum facis per manum meam Israël, sicut locútus es,

36. Alors Gedeon dit à Dieu : Si vous sauvez par ma main Israël, comme vous avez dit,

37 ponam hoc vellus lanæ in área : si ros in solo véllere fúerit, et in omni terra síccitas, sciam quod per manum meam, sicut locútus es, liberábis Israël.

37. Je mettrai cette toison dans l’aire : s’il y a de la rosée sur la toison seule, et sur toute la terre de la sècheresse, je saurai que c’est par ma main, comme vous avez dit, que vous délivrerez Israël.

38 Factúmque est ita. Et de nocte consúrgens exprésso véllere, concham rore implévit.

38. Et il fut fait ainsi. Et se levant de nuit, et pressant la toison, il remplit une conque de rosée.

39 Dixítque rursus ad Deum : Ne irascátur furor tuus contra me si adhuc semel tentávero, signum quærens in véllere. Oro ut solum vellus siccum sit, et omnis terra rore madens.

39. Et Gedeon dit de nouveau à Dieu : Que votre fureur ne s’irrite point contre moi, si je fais encore une fois une tentative, en demandant un signe dans la toison. Je demande que la toison seule soit sèche, et que toute la terre soit mouillée de rosée.

40 Fecítque Deus nocte illa ut postuláverat : et fuit síccitas in solo véllere, et ros in omni terra.

40. Et Dieu fit en cette nuit-là, comme il avait demandé : et il y eut de la sècheresse sur la toison seule, et de la rosée sur toute la terre.

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CHAP. VI. 14. I Reg. XII, 11.

 

3. * Tous les autres peuples des nations orientales. En hébreu, Benê-Qédem, ou Fils de l’Orient, désignent toujours dans la Bible les Arabes nomades ou Bédouins qui habitent l’Arabie déserte, depuis la Pérée jusqu’à l’Euphrate. Judic. VI, 3, 33 ; VII, 12 ; Job. I, 3 ; III Reg. IV, 30 ; Is. XI, 14 ; Jer. XLIX, 28 (où Benê-Qédem désigne spécialement les Benê-Qêdar ou habitants du Hauran) ; Ezech. XXV, 4, 10.

4. Des moissons ; littér. des herbes ; Hebr., du produit de la terre. — * Jusqu’à Gaza. Voir Jos. X, 41.

11.* Ephra, localité située à l’ouest du Jourdain, dans la tribu de Manassé, mais dont la position précise est inconnue. — Dans le pressoir. Les pressoirs, en Palestine, se composaient de deux espèces de cuves, de niveau différent. On foulait les raisins dans la cuve supérieure, et le jus coulait, par une rigole creusée dans la pierre, dans la cuve inférieure, généralement plus grande, et où l’on pouvait cacher hommes et provisions. Afin de n’être pas remarqué par les Madianites, qui rôdaient déjà peut-être aux alentours, Gedeon dépiquait les épis, non dans l’aire, mais dans le pressoir, et renfermait probablement ensuite le grain dans la cuve destinée à recevoir le vin.

11-24. Quoi qu’en disent les incrédules et les mythologues de nos jours, il n’y a rien dans l’histoire de Gedeon qui, en bonne critique, autorise à la regarder comme un tissu de faussetés et d’aventures ridicules, ni comme une pure fiction mythique.

14. Va avec cette tienne force. Nous avons cru devoir conserver cette locution, qui se trouve dans toute les anciennes versions françaises, et qu’aucune autre ne saurait convenablement remplacer.

19. * Un chevreau. Voir la note sur I Reg. XVI, 20.

20-21. * Pour lui offrir à manger, parce qu’il ne savait pas que c’était un ange, disent les uns ; pour offrir un sacrifice à Dieu, disent les autres, en plus grand nombre. Mais les détails donnés, Judic. VI, 19, indiquent un repas, non un sacrifice, car dans le sacrifice on n’apportait pas la victime cuite.

24. Jusqu’au présent, etc. Il y a devant cette expression l’ellipse de la phrase : Et il a été ainsi appelé. Compar. I, 26.

25. * Baal. Baal était le principal dieu chananéen. Baal signifie le Seigneur, le Maitre, et ce nom devait être un des noms primitifs du vrai Dieu. On le représenta d’abord sous la forme d’une pierre conique, voir la note sur IV Reg. III, 2. Dans les derniers temps, on le figura la tête entourée de rayons. C’était en effet le soleil divinisé, et aussi la nature considérée comme dieu. On distingua un grand nombre de Baals, qu’on considéra peu à peu comme des dieux différents, mais qui n’étaient en réalité que des personnifications des attributs du Baal principal ou bien ce Baal honoré en des lieux différents. Considéré comme présidant aux traités et aux alliances, il devint Baal-Berith, Judic. IX, 4 ; comme roi, il prit chez les Ammonites le nom de Moloch, Milcom ou Malkom ; comme dieu des mouches, ces insectes si nombreux et si désagréables en Palestine, il fut appelé Beelzebub, IV Reg. I, 2. Sur le mont Hermon, on l’appelait Baalhermon, Judic. III, 3, et Baalgad : à Hasor, il devenait Baalhasor, II Reg. XIII, 23 ; à Peor ou Phegor, Beelphegor ; comme maitre des cieux, c’était Baal-samaïm ; comme dieu-soleil, c’était Baal-salakh, le dieu qui lance ses rayons ou Baal-haman, le dieu flamboyant. Le Baal, père des autres Baals, quand le souvenir de l’unité primitive de Dieu eut été oubliée, fut appelé avec l’article, le Baal par excellence. Il exerça son influence sur les fruits de la terre, et les autres Baals, qui étaient censés plus jeunes, représentèrent les influences spéciales du soleil sur la terre. — On célébrait son culte avec une grande pompe, puisque du temps du prophète Elie, sous Achab, le texte sacré nous parle de quatre cent cinquante prêtres de Baal et de quatre cents prêtres d’Aschera, III Reg. XVIII, 19-40 ; Jer. II, 28. Ses autels étaient nombreux, Jer. XI, 13 ; III Reg. XVI, 32 ; IV Reg. XI, 18. On lui offrait des holocaustes et même des victimes humaines, Jer. XIX, 5. Les sacrificateurs exécutaient autour de l’autel des danses frénétiques, accompagnées de cris sauvages : ils se meurtrissaient eux-mêmes et s’enlevaient avec des instruments tranchants des lambeaux de chair pour attirer l’attention du dieu, par la vue de leur corps ensanglanté, III Reg. XVIII, 26-28. La nature et le soleil étaient adorés par les Moabites et par les Ammonites, sous le nom de Moloch.

26. On peut supposer qu’il n’est parlé que du second taureau, que parce que c’est celui que Gedeon immola en holocauste pour les péchés de la nation ; tandis qu’il avait offert avec le premier un sacrifice particulier pour lui et pour sa famille.

33. * Ils campèrent dans la vallée de Jezraël. La plaine de Jezraël a toujours exercé sur les enfants du désert une fascination irrésistible. De temps immémorial, au commencement du printemps, ils traversent le Jourdain et se dirigent vers Bethsan, qui, pour eux, est comme la porte du ciel. La plaine de Jezraël est bien en effet un petit paradis’ et digne de son nom de « semence de Dieu. » Elle charme tous les voyageurs par la richesse de son sol et l’exubérance de sa végétation. Cette exubérance est telle, qu’un homme à cheval y disparait presque au milieu des hautes herbes. En avril, le blé ondule dans la vaste campagne.

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CHAPITRE VII

Gedeon, avec trois cents hommes, défait les Madianites.

1 Igitur Jeróbaal qui et Gédeon, de nocte consúrgens, et omnis pópulus cum eo, venit ad fontem qui vocátur Harad. Erant autem castra Madían in valle ad septentrionálem plagam collis excélsi.

1. Ainsi Jerobaal, c’est-à-dire, Gedeon, se levant de nuit, et tout le peuple avec lui, vint à la fontaine qui est appelée Harad. Or, le camp de Madian était dans la vallée vers le côté septentrional de la colline fort élevée.

2 Dixítque Dóminus ad Gédeon : Multus tecum est pópulus, nec tradétur Madían in manus ejus : ne gloriétur contra me Israël, et dicat : Meis víribus liberátus sum.

2. Et le Seigneur dit à Gedeon : Il y a avec toi un peuple nombreux ; mais Madian ne sera point livré en ses mains ; de peur qu’Israël ne se glorifie contre moi, et ne dise : C’est par mes propres forces que j’ai été délivré.

3 Lóquere ad pópulum, et cunctis audiéntibus prǽdica : Qui formidolósus et tímidus est, revertátur. Recesserúntque de monte Gálaad, et revérsi sunt de pópulo vigínti duo míllia virórum, et tantum decem míllia remansérunt.

3. Parle au peuple, et, tous l’entendant, publie : Que celui qui est craintif et timide s’en retourne. Et vingt-deux mille hommes du peuple se retirèrent de la montagne de Galaad et s’en retournèrent ; et seulement dix mille restèrent.

4 Dixítque Dóminus ad Gédeon : Adhuc pópulus multus est : duc eos ad aquas et ibi probábo illos : et de quo díxero tibi ut tecum vadat, ipse pergat ; quem ire prohibúero, revertátur.

4. Alors le Seigneur dit à Gedeon : Le peuple est encore nombreux ; mène-les près de l’eau, et là, je les éprouverai : et celui dont je te dirai, qu’il aille avec toi, que celui-là parte ; que celui à qui je défendrai d’aller, s’en retourne.

5 Cumque descendísset pópulus ad aquas, dixit Dóminus ad Gédeon : Qui lingua lambúerint aquas, sicut solent canes lámbere, separábis eos seórsum : qui autem curvátis génibus bíberint, in áltera parte erunt.

5. Et lorsque le peuple fut descendu près de l’eau, le Seigneur dit à Gedeon : Ceux qui de la langue laperont l’eau comme les chiens ont coutume de laper, tu les mettras à part ; mais ceux qui, les genoux courbés, boiront, seront d’un autre côté.

6 Fuit ítaque númerus eórum qui manu ad os projiciénte lambúerant aquas, trecénti viri : omnis autem réliqua multitúdo flexo póplite bíberat.

6. Or, le nombre de ceux qui lapèrent l’eau, leur main la portant à leur bouche, fut de trois cents hommes ; mais tout le reste de la multitude avait bu, le genou fléchi.

7 Et ait Dóminus ad Gédeon : In trecéntis viris qui lambuérunt aquas, liberábo vos, et tradam in manu tua Madían : omnis autem réliqua multitúdo revertátur in locum suum.

7. Et le Seigneur dit à Gedeon : C’est par les trois cents hommes qui ont lapé l’eau que je vous délivrerai, et que je livrerai en votre main Madian ; mais que tout le reste de la multitude s’en retourne dans ses foyers.

8 Sumptis ítaque pro número cibáriis et tubis, omnem réliquam multitúdinem abíre præcépit ad tabernácula sua : et ipse cum trecéntis viris se certámini dedit. Castra autem Madían erant subter in valle.

8. C’est pourquoi, ayant pris des vivres et des trompettes en proportion du nombre de ces hommes, il ordonna au reste de la multitude de se retirer dans ses tabernacles ; et lui-même avec les trois cents hommes se réserva pour le combat. Or le camp de Madian était en bas dans la vallée.

9 Eádem nocte dixit Dóminus ad eum : Surge, et descénde in castra : quia trádidi eos in manu tua.

9. La même nuit, le Seigneur lui dit : Lève-toi, et descends dans le camp, parce que je les ai livrés en ta main ;

10 Sin autem solus ire formídas, descéndat tecum Phara puer tuus.

10. Mais si tu crains d’aller seul, que Phara, ton serviteur, descende avec toi.

11 Et cum audíeris quid loquántur, tunc confortabúntur manus tuæ, et secúrior ad hóstium castra descéndes. Descéndit ergo ipse et Phara puer ejus in partem castrórum, ubi erant armatórum vigíliæ.

11. Et lorsque tu auras entendu ce qu’ils disent, tes mains se fortifieront, et tu descendras plus rassuré dans le camp des ennemis. Il descendit donc, lui et Phara, son serviteur, dans la partie du camp où étaient les postes des hommes armés.

12 Madían autem et Amalec, et omnes orientáles pópuli, fusi jacébant in valle, ut locustárum multitúdo : caméli quoque innumerábiles erant, sicut aréna quæ jacet in lítore maris.

12. Or, Madian et Amalec et tous les peuples orientaux étaient couchés épars dans la vallée, comme une multitude de sauterelles : les chameaux aussi étaient innombrables comme le sable qui est sur le rivage de la mer.

13 Cumque venísset Gédeon, narrábat áliquis sómnium próximo suo : et in hunc modum referébat quod víderat : Vidi sómnium, et videbátur mihi quasi subcinerícius panis ex hórdeo volvi, et in castra Madían descéndere : cumque pervenísset ad tabernáculum, percússit illud, atque subvértit, et terræ fúnditus coæquávit.

13. Et lorsque Gedeon se fut avancé, quelqu’un racontait ainsi à son voisin un songe qu’il avait vu : J’ai vu un songe ; or, je voyais comme un pain d’orge cuit sous la cendre rouler, et descendre dans le camp de Madian, et lorsqu’il est parvenu à la tente, il l’a frappée, l’a renversée et jetée entièrement à terre.

14 Respóndit is, cui loquebátur : Non est hoc áliud, nisi gládius Gedeónis fílii Joas viri Israëlítæ : trádidit enim Dóminus in manus ejus Madían, et ómnia castra ejus.

14. Celui à qui il parlait répondit : Cela n’est pas autre chose que le glaive de Gedeon, fils de Joas, homme d’Israël ; car le Seigneur a livré en ses mains Madian et tout son camp.

15 Cumque audísset Gédeon sómnium, et interpretatiónem ejus, adorávit : et revérsus est ad castra Israël, et ait : Súrgite, trádidit enim Dóminus in manus nostras castra Madían.

15. Et lorsque Gedeon eut entendu le songe et son interprétation, il adora ; et il retourna au camp d’Israël, et dit : Levez-vous, car le Seigneur a livré en nos mains le camp de Madian.

16 Divisítque trecéntos viros in tres partes, et dedit tubas in mánibus eórum, lagenásque vácuas, ac lámpades in médio lagenárum.

16. Alors il divisa les trois cents hommes en trois parties, et il mit des trompettes en leurs mains, et des cruches vides et des lampes au milieu des cruches.

17 Et dixit ad eos : Quod me fácere vidéritis, hoc fácite : ingrédiar partem castrórum, et quod fécero, sectámini.

17. Et il leur dit : Ce que vous me verrez faire, faites-le : j’entrerai dans une partie du camp, et ce que je ferai, imitez-le.

18 Quando personúerit tuba in manu mea, vos quoque per castrórum circúitum clángite, et conclamáte : Dómino et Gedeóni.

18. Quand la trompette sonnera dans ma main, vous aussi sonnez autour du camp, et criez ensemble : Au Seigneur et à Gedeon !

19 Ingressúsque est Gédeon, et trecénti viri qui erant cum eo, in partem castrórum, incipiéntibus vigíliis noctis médiæ : et custódibus suscitátis, cœpérunt búccinis clángere, et complódere inter se lagénas.

19. Gedeon entra donc et les trois cents hommes qui étaient avec lui, dans une partie du camp, les veilles du milieu de la nuit commençant, puis, les gardes étant réveillés, ils commencèrent à sonner des trompettes, et à heurter leurs cruches l’une contre l’autre.

20 Cumque per gyrum castrórum in tribus personárent locis, et hýdrias confregíssent, tenuérunt sinístris mánibus lámpades, et dextris sonántes tubas, clamaverúntque : Gládius Dómini et Gedeónis :

20. Et ayant sonné autour du camp en trois endroits, et ayant brisé les cruches, ils tinrent les lampes de la main gauche, sonnant des trompettes de la droite, et ils crièrent : Le glaive du Seigneur et de Gedeon !

21 stantes sínguli in loco suo per circúitum castrórum hostílium. Omnia ítaque castra turbáta sunt, et vociferántes ululantésque fugérunt :

21. Se tenant chacun à son poste autour du camp des ennemis. C’est pourquoi tout le camp fut troublé ; et vociférant et hurlant ils s’enfuirent.

22 et nihilóminus insistébant trecénti viri búccinis personántes. Immisítque Dóminus gládium ómnibus castris, et mútua se cæde truncábant,

22. Et néanmoins les trois cents hommes continuaient à sonner des trompettes. Alors le Seigneur envoya le glaive dans tout le camp, et ils se tuaient les uns les autres.

23 fugiéntes usque ad Bethsétta, et crepídinem Abelméhula in Tebbath. Conclamántes autem viri Israël de Néphthali, et Aser, et omni Manásse, persequebántur Madían.

23. Fuyant jusqu’à Bethsetta et au bord d’Abelmehula en Tebbath. Mais les hommes d’Israël des tribus de Nephthali, d’Aser et de toute la tribu de Manassé, criant ensemble, poursuivaient Madian.

24 Misítque Gédeon núntios in omnem montem Ephraïm, dicens : Descéndite in occúrsum Madían, et occupáte aquas usque Béthbera atque Jordánem. Clamavítque omnis Ephraïm, et præoccupávit aquas atque Jordánem usque Béthbera.

24. Et Gedeon envoya des messagers sur toute la montagne d’Ephraïm, disant : Descendez à la rencontre de Madian, et emparez-vous des eaux jusqu’à Bethbera et jusqu’au Jourdain. Et tout Ephraïm cria et s’empara des eaux et du Jourdain jusqu’à Bethbera.

25 Apprehensósque duos viros Madían, Oreb et Zeb, interfécit Oreb in petra Oreb, Zeb vero in torculári Zeb. Et persecúti sunt Madían, cápita Oreb et Zeb portántes ad Gédeon trans fluénta Jordánis.

25. Et ayant pris deux hommes de Madian, Oreb et Zeb, ils tuèrent Oreb, au rocher d’Oreb, mais Zeb au pressoir de Zeb. Et ils poursuivirent Madian, portant les têtes d’Oreb et de Zeb à Gedeon au delà des courants du Jourdain.

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CHAP. VII. 3. Deut. XX, 8 ; I Mach. III, 56. — 22. Ps. LXXXII, 10. — 25. Ps. LXXXII, 12 ; Is. X, 26.

 

1. Vers le côté septentrional de la colline fort élevée. Cette colline porte dans l’hébreu le nom de mont Moréh ; c’est le petit Hermon, au nord du mont Gelboé. Les habitants l’appellent aujourd’hui Duhy.

3. * Parle au peuple, conformément à la loi du Deutéronome, XX, 8. — De la montagne de Galaad. Il n’est pas douteux que Gedeon ne campât sur le mont Gelboé, sur le versant septentrional, à l’extrémité occidentale. Le texte porte à la vérité, le mont Galaad, mais il ne peut être question des montagnes de Galaad, situées à l’est du Jourdain, puisque nous verrons tout à l’heure les Madianites obligés de traverser le Jourdain pour passer à l’est. Il faut donc ou que Galaad fût un des noms du mont Gelboé, ou que Galaad soit écrit ici pour Gelboé.

5. * Près de l’eau de la fontaine d’Ain-Harod, aujourd’hui Ain-Djaloud, source abondante au pied du mont Gelboé, au nord-ouest. Elle sort de dessous un gros rocher, creusé intérieurement comme une caverne, et surplombant au-dessus du grand bassin, de forme demi-circulaire, où l’eau se répand en nappe, et où jouent de nombreux poissons. Elle se divise ensuite en deux canaux.

11. Tes mains, etc. Tu deviendras plus fort ; tu te sentiras plus de vigueur.

13. À la tente, principale, celle du roi, selon l’historien Josèphe ; ou bien à ma tente ; car en hébreu, comme en français, l’article déterminatif se met souvent pour le pronom possessif.

23. * Bethsetta, peut-être la Chouttah actuelle. — Abelmehula, patrie d’Élisée, était dans la tribu d’Issachar, au sud de Bethsan, sur la route qui conduit de l’extrémité occidentale du lac de Génésareth à Sichem. — Tebbath, localité inconnue.

24. * Emparez-vous des eaux, des gués. Il n’y avait sur le Jourdain ni ponts ni barques. Il fallait donc chercher nécessairement, pour le passer, les endroits où l’eau était peu profonde. — Jusqu’à Bethbera, peut-être le Bethabura de Joan. I, 28.

25. Deux hommes. Voy. VIII, 3. — Au rocher, etc., c’est-à-dire que ce rocher et ce pressoir portèrent dans la suite, l’un et l’autre, le nom du prince qui y avait été tué. — * Le pressoir se composait d’une cuve supérieure et d’une cuve inférieure. Voir la note plus haut, VI, 11. Zeb s’était caché dans la cuve inférieure d’un pressoir et c’est là qu’il fut tué.

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CHAPITRE VIII

Gedeon apaise les enfants d’Ephraïm. Il met à mort Zebeé et Salmana. Il fait faire un ephod. Mort de Gedeon.

1 Dixerúntque ad eum viri Ephraïm : Quid est hoc quod fácere voluísti, ut nos non vocáres, cum ad pugnam pérgeres contra Madían ? jurgántes fórtiter, et prope vim inferéntes.

1. Et les hommes d’Ephraïm lui dirent : Qu’est-ce que tu as voulu faire, en ne nous appelant point, lorsque tu allais au combat contre Madian ? le querellant fortement et lui faisant presque violence.

2 Quibus ille respóndit : Quod enim tale fácere pótui, quale vos fecístis ? nonne mélior est racémus Ephraïm, vindémiis Abíezer ?

2. Gedeon leur répondit : Qu’ai-je donc pu faire de semblable à ce que vous-mêmes avez fait ? Une grappe de raisin d’Ephraïm ne vaut-elle pas mieux que les vendanges d’Abiezer.

3 In manus vestras Dóminus trádidit príncipes Madían, Oreb et Zeb : quid tale fácere pótui, quale vos fecístis ? Quod cum locútus esset, requiévit spíritus eórum, quo tumébant contra eum.

3. C’est en vos mains que le Seigneur a livré les princes de Madian, Oreb et Zeb. Qu’ai-je pu faire de semblable à ce que vous-mêmes avez fait ? Lorsqu’il leur eut dit cela, l’esprit dont ils étaient animés contre lui s’apaisa.

4 Cumque venísset Gédeon ad Jordánem, transívit eum cum trecéntis viris, qui secum erant : et præ lassitúdine, fugiéntes pérsequi non póterant.

4. Et lorsque Gedeon fut venu au Jourdain, il le passa avec les trois cents hommes qui étaient avec lui ; mais à cause de leur lassitude, ils ne pouvaient poursuivre les fuyards.

5 Dixítque ad viros Soccoth : Date, óbsecro, panes pópulo qui mecum est, quia valde defecérunt : ut possímus pérsequi Zébeë et Sálmana reges Madían.

5. Et il dit aux hommes de Soccoth : Donnez, je vous prie, des pains aux gens qui sont avec moi, parce qu’ils ont défailli, afin que nous puissions poursuivre Zebeé et Salmana, rois de Madian.

6Respondérunt príncipes Soccoth : Fórsitan palmæ mánuum Zébeë et Sálmana in manu tua sunt, et idcírco póstulas ut demus exercítui tuo panes.

6. Les princes de Soccoth répondirent : Peut-être que les paumes des mains de Zebeé et de Salmana sont en ta main, et c’est pour cela que tu demandes que nous donnions des pains à ton armée.

7 Quibus ille ait : Cum ergo tradíderit Dóminus Zébeë et Sálmana in manus meas, cónteram carnes vestras cum spinis tribulísque desérti.

7. Gedeon leur répliqua : Lors donc que le Seigneur aura livré Zebeé et Salmana en mes mains, je déchirerai votre chair avec les épines et les ronces du désert.

8 Et inde conscéndens, venit in Phánuël : locutúsque est ad viros loci illíus simília. Cui et illi respondérunt, sicut respónderant viri Soccoth.

8. Et de là, montant, il vint à Phanuel ; et il dit aux hommes de ce lieu des choses semblables ; et ceux-ci lui répondirent, comme avaient répondu les hommes de Soccoth.

9 Dixit ítaque et eis : Cum revérsus fúero victor in pace, déstruam turrim hanc.

9. C’est pourquoi il leur dit à eux aussi : Lorsque je serai revenu en paix victorieux, je détruirai cette tour.

10 Zébeë autem et Sálmana requiescébant cum omni exércitu suo. Quíndecim enim míllia viri remánserant ex ómnibus turmis orientálium populórum, cæsis centum vigínti míllibus bellatórum educéntium gládium.

10. Mais Zebeé et Salmana se reposaient avec toute leur armée ; car il était resté quinze mille hommes de toutes les troupes des peuples orientaux, cent vingt mille guerriers, tirant le glaive, ayant été taillés en pièces.

11 Ascendénsque Gédeon per viam eórum, qui in tabernáculis morabántur, ad orientálem partem Nobe et Jégbaa, percússit castra hóstium, qui secúri erant, et nihil advérsi suspicabántur.

11. Et Gedeon, montant par la voie de ceux qui demeuraient dans les tabernacles, vers la partie orientale de Nobé et de Jegbaa, battit le camp des ennemis, qui étaient en sécurité, et ne soupçonnaient rien de fâcheux.

12Fugerúntque Zébeë et Sálmana, quos pérsequens Gédeon comprehéndit, turbáto omni exércitu eórum.

12. Or Zebeé et Salmana s’enfuirent ; et Gedeon, les poursuivant, les prit, toute leur armée ayant été mise en désordre.

13 Reverténsque de bello ante solis ortum,

13. Et revenant du combat avant le lever du soleil,

14 apprehéndit púerum de viris Soccoth : interrogavítque eum nómina príncipum et seniórum Soccoth, et descrípsit septuagínta septem viros.

14. Il prit un jeune garçon d’entre les hommes de Soccoth, et il l’interrogea sur les noms des princes et des anciens de Soccoth, et il écrivit soixante-dix-sept hommes.

15 Venítque ad Soccoth, et dixit eis : En Zébeë et Sálmana, super quibus exprobrástis mihi, dicéntes : Fórsitan manus Zébeë et Sálmana in mánibus tuis sunt, et idcírco póstulas ut demus viris, qui lassi sunt et defecérunt, panes.

15. Il vint ensuite à Soccoth, et il leur dit : Voici Zebeé et Salmana, au sujet desquels vous m’avez insulté, disant : Peut-être que les mains de Zebeé et Salmana sont en tes mains, et c’est pour cela que tu demandes que nous donnions des pains à tes hommes qui sont las et qui ont défailli.

16 Tulit ergo senióres civitátis et spinas desérti ac tríbulos, et contrívit cum eis atque commínuit viros Soccoth.

16. Il prit donc les anciens de la ville, et les épines et les ronces du désert et il en déchira et mit en pièces les hommes de Soccoth.

17 Turrim quoque Phánuël subvértit, occísis habitatóribus civitátis.

17. Il renversa aussi la tour de Phanuel, les habitants de la ville ayant été tués.

18 Dixítque ad Zébeë et Sálmana : Quales fúerunt viri, quos occidístis in Thabor ? Qui respondérunt : Símiles tui, et unus ex eis quasi fílius regis.

18. Et il dit à Zebeé et à Salmana : Comment étaient les hommes que vous avez tués au Thabor ? Ils répondirent : Semblables à toi, et l’un d’eux, comme le fils du roi.

19 Quibus ille respóndit : Fratres mei fúerunt, fílii matris meæ. Vivit Dóminus, quia si servassétis eos, non vos occíderem.

19. Gedeon leur repartit : C’étaient mes frères, les fils de ma mère. Le Seigneur vit ! si vous les aviez conservés, je ne vous tuerais pas.

20 Dixítque Jether primogénito suo : Surge, et intérfice eos. Qui non edúxit gládium : timébat enim, quia adhuc puer erat.

20. Et il dit à Jéther son premier-né : Lève-toi, et tue-les. Jéther ne tira pas son glaive, car il craignait, parce qu’il était encore jeune.

21 Dixerúntque Zébeë et Sálmana : Tu surge, et írrue in nos : quia juxta ætátem robur est hóminis. Surréxit Gédeon, et interfécit Zébeë et Sálmana : et tulit ornaménta ac bullas quibus colla regálium camelórum decorári solent.

21. Alors Zebeé et Salmana dirent : Lève-toi, toi-même, et fonds sur nous ; parce que la force de l’homme est en proportion de son âge. Gedeon se leva, et tua Zebeé et Salmana ; il prit ensuite les ornements et les bulles dont on a coutume d’orner le cou des chameaux des rois.

22 Dixerúntque omnes viri Israël ad Gédeon : Domináre nostri tu, et fílius tuus, et fílius fílii tui : quia liberásti nos de manu Madían.

22. Et tous les hommes d’Israël dirent à Gedeon : Commande-nous, toi, ton fils et le fils de ton fils, parce que tu nous a délivrés de la main de Madian.

23 Quibus ille ait : Non dominábor vestri, nec dominábitur in vos fílius meus, sed dominábitur vobis Dóminus.

23. Gedeon leur répondit : Je ne vous commanderai point, et mon fils ne vous commandera point ; mais le Seigneur vous commandera.

24 Dixítque ad eos : Unam petitiónem póstulo a vobis : date mihi ináures ex præda vestra. Ináures enim áureas Ismaëlítæ habére consuéverant.

24. Il leur dit encore : Je vous fais une seule demande : Donnez-moi les pendants d’oreilles de votre butin. Car les Ismaélites avait coutume de porter des pendants d’oreilles en or.

25 Qui respondérunt : Libentíssime dábimus. Expandentésque super terram pállium, projecérunt in eo ináures de præda :

25. Ceux-ci répondirent : Nous les donnerons très volontiers. Et étendant sur la terre le manteau, ils y jetèrent les pendants d’oreilles du butin.

26 et fuit pondus postulatárum ináurium, mille septingénti auri sicli, absque ornaméntis, et monílibus, et veste purpúrea, quibus reges Madían uti sóliti erant, et præter torques áureas camelórum.

26. Or, le poids des pendants d’oreilles demandés fut de mille sept cents sicles d’or, sans les ornements, les colliers, et le vêtement de pourpre dont les rois de Madian avaient coutume de se servir, et outre les carcans d’or des chameaux.

27 Fecítque ex eo Gédeon ephod, et pósuit illud in civitáte sua Ephra. Fornicatúsque est omnis Israël in eo, et factum est Gedeóni et omni dómui ejus in ruínam.

27. Et Gedeon en fit un ephod, et il le mit dans sa ville d’Ephra. Et tout Israël tomba dans l’idolâtrie à cause de cet ephod, qui devint une ruine pour Gedeon et pour toute sa maison.

28 Humiliátus est autem Madían coram fíliis Israël, nec potuérunt ultra cervíces eleváre : sed quiévit terra per quadragínta annos, quibus Gédeon prǽfuit.

28. Mais Madian fut humilié devant les enfants d’Israël, et il ne put plus lever la tête ; mais le pays se reposa pendant quarante ans que Gedeon gouverna.

29 Abiit ítaque Jeróbaal fílius Joas, et habitávit in domo sua :

29. C’est pourquoi Jerobaal s’en alla et habita en sa maison ;

30 habuítque septuagínta fílios, qui egréssi sunt de fémore ejus : eo quod plures habéret uxóres.

30. Et il eut soixante-dix fils qui vinrent de lui, parce qu’il avait plusieurs femmes.

31 Concubína autem illíus, quam habébat in Sichem, génuit ei fílium nómine Abímelech.

31. Mais sa seconde femme qu’il avait à Sichem, lui enfanta un fils du nom d’Abimélech.

32 Mortuúsque est Gédeon fílius Joas in senectúte bona, et sepúltus est in sepúlchro Joas patris sui in Ephra de família Ezri.

32. Et Gedeon, fils de Joas, mourut dans une heureuse vieillesse, et il fut enseveli dans le sépulcre de Joas son père à Ephra de la famille d’Ezri.

33 Postquam autem mórtuus est Gédeon, avérsi sunt fílii Israël, et fornicáti sunt cum Báalim. Percusserúntque cum Baal fœdus, ut esset eis in deum :

33. Mais après que Gedeon fut mort, les enfants d’Israël se détournèrent, et forniquèrent avec Baal. Et ils firent alliance avec Baal, afin qu’il fût leur dieu ;

34 nec recordáti sunt Dómini Dei sui, qui éruit eos de mánibus inimicórum suórum ómnium per circúitum :

34. Et ils ne se souvinrent point du Seigneur leur Dieu, qui les avait délivrés de leurs ennemis d’alentour ;

35 nec fecérunt misericórdiam cum domo Jeróbaal Gédeon, juxta ómnia bona quæ fécerat Israéli.

35. Et ils ne firent point miséricorde à la maison de Jerobaal Gedeon, en proportion de tout le bien qu’il avait fait à Israël.

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CHAP. VIII. 11. Os. X, 14. — 21. Ps. LXXXII, 12.

 

1-3. * Cet épisode est raconté par anticipation pour en finir d’un coup avec les Ephraïmites, dont l’auteur vient de faire connaitre les exploits dans la prise d’Oreb et de Zeb. Les plaintes des Ephraïmites ne peuvent avoir été exprimées que lorsque l’expédition fut finie.

2. Une grappe, etc. Le sens est : La tribu d’Ephraïm ne vaut-elle pas mieux à elle seule que toute la famille des Abiezerites à laquelle j’appartiens ? ou bien encore : Ce que vous venez de faire ne vaut-il pas mieux que mon exploit ? J’ai commencé la guerre, et vous l’avez achevée.

5. * Soccoth, aujourd’hui Tell-Derala.

16. Les hommes. Il est très probable que par ce mot il faut entendre les seuls personnages dont on vient de parler ; car si Gedeon avait voulu faire mourir tous les habitants de Soccoth, il n’aurait pas demandé les noms des principaux de la ville.

19. Le Seigneur vit ! formule de serment que l’on rend assez ordinairement par vive le Seigneur ! et qui équivaut à : Je jure que.

21. Bulle ou petite boule, était un ornement d’or, d’argent ou d’autre métal que portaient au cou les personnes aussi bien que les animaux. Le correspondant en hébreu est traduit dans la Vulgate par collier, cercle (torques), au vers. 26 de ce même chapitre, et par petite lune ou croissant (lunulæ), au chap. III, vers. 18, d’Isaïe. — * « L’usage d’orner le cou des chameaux n’est pas perdu, dit M. de Saulcy, et dans la Syrie, quand on rencontre de ces animaux harnachés, on est à peu près assuré d’avance qu’on leur verra un collier. Celui-ci est fréquemment formé de fils d’une petite coquille blanche du genre des porcelaines, et qui sert de monnaie sous le nom de cauri, sur toute la côte occidentale d’Afrique. Je ne puis affirmer positivement que j’aie rencontré des chameaux portant suspendu à leur collier un croissant de cuivre, je crois cependant bien me le rappeler. Ce que tout le monde sait aussi bien que moi, c’est que l’usage de ces croissants de cuivre s’est conservé dans le harnachement militaire de la cavalerie moderne. »

26. * Mille sept cents sicles d’or. Le sicle, du moins après la captivité, avait comme poids la valeur de 14,2 grammes ; 1 700 sicles équivalaient donc à env. 24 Kg. Avec ce poids, Gedeon fit sans doute fabriquer non seulement un ephod, mais plusieurs autres objets sacrés.

27. Voy. sur l’ephod, ornement sacré, Ex. XXVIII, 4.

32. Ephra de la famille ; c’est-à-dire qui appartenait à la famille.

33. * Baal. Voir la note sur Judic. VI, 25.

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CHAPITRE IX

Abimélech se fait déclarer roi. Les Sichemites lui dressent des embuches. Il prend Sichem. Il est tué au siège de Thebés.

1 Abiit autem Abímelech fílius Jeróbaal in Sichem ad fratres matris suæ, et locútus est ad eos, et ad omnem cognatiónem domus patris matris suæ, dicens :

1. Or, Abimélech, fils de Jerobaal, s’en alla à Sichem vers les frères de sa mère, et il leur parla, ainsi qu’à toute la parenté de la maison du père de sa mère, disant :

2 Loquímini ad omnes viros Sichem : Quid vobis est mélius, ut dominéntur vestri septuagínta viri omnes fílii Jeróbaal, an ut dominétur unus vir ? simúlque consideráte quod os vestrum et caro vestra sum.

2. Dites à tous les habitants de Sichem : Lequel est le meilleur pour vous, que soixante-dix hommes, tous fils de Jerobaal, vous commandent, ou qu’un seul homme vous commande ? et considérez en même temps que je suis votre os et votre chair.

3 Locutíque sunt fratres matris ejus de eo ad omnes viros Sichem univérsos sermónes istos, et inclinavérunt cor eórum post Abímelech, dicéntes : Frater noster est.

3. Et les frères de sa mère rapportèrent à son sujet toutes ces paroles aux hommes de Sichem, et ils firent pencher leur cœur pour Abimélech, disant : C’est notre frère.

4 Dederúntque illi septuagínta pondo argénti de fano Baálberit. Qui condúxit sibi ex eo viros ínopes et vagos, secutíque sunt eum.

4. Et ils lui donnèrent soixante-dix sicles pesant d’argent du temple de Baalberit. Abimélech réunit à lui avec cet argent des hommes misérables et vagabonds ; et ils le suivirent.

5 Et venit in domum patris sui in Ephra, et occídit fratres suos fílios Jeróbaal, septuagínta viros super lápidem unum : remansítque Jóatham fílius Jeróbaal mínimus, et abscónditus est.

5. Alors il vint dans la maison de son père à Ephra, et il tua ses frères, fils de Jerobaal, soixante-dix hommes, sur une seule pierre : mais il resta Joatham, le fils de Jerobaal le plus petit, et il fut caché.

6 Congregáti sunt autem omnes viri Sichem, et univérsæ famíliæ urbis Mello : abierúntque et constituérunt regem Abímelech, juxta quercum quæ stabat in Sichem.

6. Or, tous les hommes de Sichem s’étant assemblés, et toutes les familles de la ville de Mello, ils allèrent, et établirent roi Abimélech près du chêne qui était à Sichem.

7 Quod cum nuntiátum esset Jóatham, ivit, et stetit in vértice montis Gárizim : elevatáque voce, clamávit, et dixit : Audíte me, viri Sichem ; ita áudiat vos Deus.

7. Lorsque cela fut annoncé à Joatham, il alla, et se tint au sommet de la montagne de Garizim, et, la voix élevée, il cria et dit : Écoutez-moi, hommes de Sichem, et qu’ainsi Dieu vous entende.

8 Iérunt ligna, ut úngerent super se regem : dixerúntque olívæ : Impera nobis.

8. Les arbres allèrent pour oindre et établir sur eux un roi, et ils dirent à l’olivier : Commande-nous.

9 Quæ respóndit : Numquid possum desérere pinguédinem meam, qua et dii utúntur et hómines, et veníre ut inter ligna promóvear ?

9. L’olivier leur répondit : Est-ce que je peux abandonner mon huile dont les dieux et les hommes se servent, et venir pour être promu, parmi les arbres ?

10 Dixerúntque ligna ad árborem ficum : Veni, et super nos regnum áccipe.

10. Les arbres dirent ensuite au figuier : Viens, et règne sur nous.

11 Quæ respóndit eis : Numquid possum desérere dulcédinem meam, fructúsque suavíssimos, et ire ut inter cétera ligna promóvear ?

11. Le figuier leur répondit : Est-ce que je puis abandonner ma douceur et mes fruits très suaves, et aller pour être promu parmi tous les autres arbres ?

12 Locutáque sunt ligna ad vitem : Veni, et ímpera nobis.

12. Alors les arbres dirent à la vigne : Viens, et commande-nous.

13 Quæ respóndit eis : Numquid possum desérere vinum meum, quod lætíficat Deum et hómines, et inter ligna cétera promovéri ?

13. La vigne leur répondit : Est-ce que je puis abandonner mon vin, qui réjouit Dieu et les hommes, et être promu parmi tous les autres arbres ?

14 Dixerúntque ómnia ligna ad rhamnum : Veni, et ímpera super nos.

14. Et tous les arbres dirent au buisson : Viens, et règne sur nous.

15 Quæ respóndit eis : Si vere me regem vobis constitúitis, veníte, et sub umbra mea requiéscite : si autem non vultis, egrediátur ignis de rhamno, et dévoret cedros Líbani.

15. Le buisson leur répondit : Si vraiment vous me constituez votre roi, venez et reposez-vous sous mon ombre ; mais si vous ne voulez pas, qu’un feu sorte du buisson, et qu’il dévore les cèdres du Liban.

16 Nunc ígitur, si recte et absque peccáto constituístis super vos regem Abímelech, et bene egístis cum Jeróbaal, et cum domo ejus, et reddidístis vicem benefíciis ejus, qui pugnávit pro vobis,

16. Maintenant donc, est-ce justement et sans péché que vous avez constitué sur vous Abimélech roi ? avez-vous bien agi envers Jerobaal et envers sa maison ? et avez-vous payé de retour les bienfaits de celui qui a combattu pour vous,

17 et ánimam suam dedit perículis, ut erúeret vos de manu Madían,

17. Qui a livré son âme aux périls, pour vous délivrer de la main de Madian,

18 qui nunc surrexístis contra domum patris mei, et interfecístis fílios ejus septuagínta viros super unum lápidem, et constituístis regem Abímelech fílium ancíllæ ejus super habitatóres Sichem, eo quod frater vester sit :

18. Vous qui maintenant venez de vous élever contre la maison de mon père, qui avez tué ses fils, soixante-dix hommes sur une seule pierre, et constitué roi sur les habitants de Sichem, Abimélech, fils de sa servante, parce qu’il est votre frère ?

19 si ergo recte et absque vítio egístis cum Jeróbaal et domo ejus, hódie lætámini in Abímelech, et ille lætétur in vobis.

19. Si donc, c’est justement et sans péché, que vous avez agi envers Jerobaal et sa maison, réjouissez-vous aujourd’hui en Abimélech, et que lui se réjouisse en vous.

20 Sin autem pervérse : egrediátur ignis ex eo, et consúmat habitatóres Sichem, et óppidum Mello : egrediatúrque ignis de viris Sichem, et de óppido Mello, et dévoret Abímelech.

20. Mais si c’est méchamment, qu’un feu sorte de lui, qu’il consume les habitants de Sichem et la ville de Mello ; qu’un feu sorte des hommes de Sichem et de la ville de Mello, et qu’il dévore Abimélech.

21 Quæ cum dixísset, fugit, et ábiit in Bera : habitavítque ibi ob metum Abímelech fratris sui.

21. Lorsqu’il eut dit ces choses, il s’enfuit et s’en alla à Béra ; et il habita là par la crainte d’Abimélech son frère.

22 Regnávit ítaque Abímelech super Israël tribus annis.

22. C’est pourquoi Abimélech régna sur Israël pendant trois ans.

23 Misítque Dóminus spíritum péssimum inter Abímelech et habitatóres Sichem : qui cœpérunt eum detestári,

23. Mais le Seigneur envoya un esprit très mauvais entre Abimélech et les habitants de Sichem, qui commencèrent à le détester,

24 et scelus interfectiónis septuagínta filiórum Jeróbaal, et effusiónem sánguinis eórum conférre in Abímelech fratrem suum, et in céteros Sichimórum príncipes, qui eum adjúverant.

24. Et à rejeter le crime du meurtre des soixante-dix fils de Jerobaal, et l’effusion de leur sang sur Abimélech leur frère et sur tous les autres princes de Sichem, qui l’avaient aidé.

25 Posuerúntque insídias advérsus eum in summitáte móntium : et dum illíus præstolabántur advéntum, exercébant latrocínia, agéntes prædas de prætereúntibus : nuntiatúmque est Abímelech.

25. Ils lui dressèrent donc des embuches au sommet des montagnes ; et pendant qu’ils attendaient son arrivée, ils exerçaient des brigandages, faisant du butin sur les passants. Et on l’annonça à Abimélech.

26 Venit autem Gaal fílius Obed cum frátribus suis, et transívit in Sichímam. Ad cujus advéntum erécti habitatóres Sichem,

26. Cependant Gaal, fils d’Obed, vint avec ses frères et passa à Sichem. À son arrivée, les habitants de Sichem rassurés,

27 egréssi sunt in agros, vastántes víneas, uvásque calcántes : et factis cantántium choris, ingréssi sunt fanum dei sui, et inter épulas et pócula maledicébant Abímelech,

27. Sortirent dans les champs, ravageant les vignes, et foulant aux pieds les raisins ; puis, des chœurs de chantants formés, ils entrèrent dans le temple de leur dieu, et, au milieu des mets et des coupes, ils maudissaient Abimélech,

28 clamánte Gaal fílio Obed : Quis est Abímelech, et quæ est Sichem, ut serviámus ei ? numquid non est fílius Jeróbaal, et constítuit príncipem Zebul servum suum super viros Emor patris Sichem ? cur ergo serviémus ei ?

28. Gaal, fils d’Obed, criant : Qui est Abimélech, et quelle est Sichem, pour que nous le servions ? N’est-il pas le fils de Jerobaal, et n’a-t-il pas constitué Zebul, son serviteur, prince sur les hommes d’Hemor, père de Sichem ? Pourquoi donc le servirions-nous ?

29 útinam daret áliquis pópulum istum sub manu mea, ut auférrem de médio Abímelech. Dictúmque est Abímelech : Cóngrega exércitus multitúdinem, et veni.

29. Si seulement quelqu’un mettait ce peuple sous ma main, pour que j’enlevasse du monde Abimélech ! Et on dit à Abimélech : Assemble une multitude de troupes, et viens.

30 Zebul enim princeps civitátis, audítis sermónibus Gaal fílii Obed, irátus est valde,

30. Car Zebul prince de la ville, ayant entendu les discours de Gaal, fils d’Obed, fut très irrité,

31 et misit clam ad Abímelech núntios, dicens : Ecce Gaal fílius Obed venit in Sichímam cum frátribus suis, et oppúgnat advérsum te civitátem.

31. Et il envoya en cachette vers Abimélech, disant : Voilà, Gaal, fils d’Obed, est venu à Sichem avec ses frères, et ils attaquent la ville contre toi.

32 Surge ítaque nocte cum pópulo qui tecum est, et látita in agro :

32. C’est pourquoi lève-toi pendant la nuit avec le peuple qui est avec toi, et cache-toi dans la campagne ;

33 et primo mane, oriénte sole, írrue super civitátem. Illo autem egrediénte advérsum te cum pópulo suo, fac ei quod potúeris.

33. Et de grand matin, le soleil se levant, fonds sur la ville ; or, lorsqu’il sortira avec son peuple contre toi, fais-lui ce que tu pourras.

34 Surréxit ítaque Abímelech cum omni exércitu suo nocte, et teténdit insídias juxta Sichímam in quátuor locis.

34. C’est pourquoi Abimélech se leva avec toute son armée pendant la nuit, et tendit des embuches près de Sichem, en quatre endroits.

35 Egressúsque est Gaal fílius Obed, et stetit in intróitu portæ civitátis. Surréxit autem Abímelech, et omnis exércitus cum eo, de insidiárum loco.

35. Or, Gaal, fils d’Obed, sortit, et se tint à l’entrée de la porte de la ville. Mais Abimélech se leva, et toute son armée avec lui, du lieu de l’embuscade.

36 Cumque vidísset pópulum Gaal, dixit ad Zebul : Ecce de móntibus multitúdo descéndit. Cui ille respóndit : Umbras móntium vides quasi cápita hóminum, et hoc erróre decíperis.

36. Et lorsque Gaal eut vu ce peuple, il dit à Zebul : Voici une multitude qui descend des montagnes. Zebul lui répondit : Tu vois les ombres des montagnes comme des têtes d’hommes, et tu es trompé par cette illusion.

37 Rursúmque Gaal ait : Ecce pópulus de umbilíco terræ descéndit, et unus cúneus venit per viam quæ réspicit quercum.

37. Et de nouveau Gaal dit : Voici un peuple qui descend des hauteurs de la terre, et un seul bataillon vient par la voie qui regarde le chêne.

38 Cui dixit Zebul : Ubi est nunc os tuum, quo loquebáris : Quis est Abímelech ut serviámus ei ? nonne hic pópulus est, quem despiciébas ? egrédere, et pugna contra eum.

38. Zebul lui répondit : Où est maintenant ta bouche avec laquelle tu disais : Qui est Abimélech, pour que nous le servions ? N’est-ce pas ce peuple que tu méprisais ? Sors et combats contre lui.

39 Abiit ergo Gaal, spectánte Sichimórum pópulo, et pugnávit contra Abímelech,

39. Gaal s’en alla donc, le peuple de Sichem le regardant, et il combattit contre Abimélech,

40 qui persecútus est eum fugiéntem, et in urbem cómpulit : ceciderúntque ex parte ejus plúrimi, usque ad portam civitátis.

40. Qui le poursuivit pendant qu’il fuyait et le chassa dans la ville ; et nombre des siens succombèrent jusqu’à la porte de la ville.

41 Et Abímelech sedit in Ruma : Zebul autem Gaal et sócios ejus éxpulit de urbe, nec in ea passus est commorári.

41. Et Abimélech s’arrêta à Ruma ; mais Zebul chassa Gaal et ses gens de la ville, il ne souffrit pas qu’ils y demeurassent.

42 Sequénti ergo die, egréssus est pópulus in campum. Quod cum nuntiátum esset Abímelech,

42. Or le jour suivant le peuple sortit dans la campagne. Lorsqu’on l’eut annoncé à Abimélech

43 tulit exércitum suum, et divísit in tres turmas, tendens insídias in agris. Vidénsque quod egrederétur pópulus de civitáte, surréxit, et írruit in eos

43. Il prit son armée et la divisa en trois corps, tendant des embuches dans les champs. Et voyant que le peuple sortait de la ville, il se leva et fondit sur eux

44 cum cúneo suo, oppúgnans et óbsidens civitátem : duæ autem turmæ palántes per campum adversários persequebántur.

44. Avec son bataillon, attaquant et assiégeant la ville ; mais les deux autres bataillons poursuivaient les ennemis fuyant ça et là dans la plaine.

45 Porro Abímelech omni die illo oppugnábat urbem : quam cepit, interféctis habitatóribus ejus, ipsáque destrúcta, ita ut sal in ea dispérgeret.

45. Or, pendant tout ce jour-là, Abimélech attaquait la ville qu’il prit, tuant ses habitants et détruisant la ville elle-même, de manière à y semer du sel.

46 Quod cum audíssent qui habitábant in turre Sichimórum, ingréssi sunt fanum dei sui Berith, ubi fœdus cum eo pepígerant, et ex eo locus nomen accéperat : qui erat munítus valde.

46. Ce qu’ayant appris ceux qui habitaient dans la tour de Sichem, ils entrèrent dans le temple de leur dieu Berith, où ils avaient fait alliance avec lui ; et c’est de cette alliance qu’avait reçu son nom le lieu qui était très fortifié.

47 Abímelech quoque áudiens viros turris Sichimórum páriter conglobátos,

47. Abimélech aussi, apprenant que les hommes de la tour de Sichem s’étaient réunis ensemble,

48 ascéndit in montem Selmon cum omni pópulo suo : et arrépta secúri, præcídit árboris ramum, impositúmque ferens húmero, dixit ad sócios : Quod me vidétis fácere, cito fácite.

48. Monta sur la montagne de Selmon avec tout son peuple, et saisissant la hache il coupa une branche d’arbre, et la mettant sur son épaule il dit aux siens : Ce que vous me voyez faire, faites-le vite.

49 Igitur certátim ramos de arbóribus præcidéntes, sequebántur ducem. Qui circumdántes præsídium, succendérunt : atque ita factum est, ut fumo et igne mille hómines necaréntur, viri páriter et mulíeres, habitatórum turris Sichem.

49. Coupant donc à l’envi des branches d’arbres, ils suivaient leur chef ; et environnant la forteresse, ils l’incendièrent ; et de cette manière il arriva que par la fumée et par le feu il périt mille personnes, tant hommes que femmes, qui demeuraient dans la tour de Sichem.

50 Abímelech autem inde proficíscens venit ad óppidum Thebes, quod circúmdans obsidébat exércitu.

50. Ensuite Abimélech, partant de là, vint à la ville de Thebés, qu’investissant, il assiégeait avec son armée.

51 Erat autem turris excélsa in média civitáte, ad quam confúgerant simul viri ac mulíeres, et omnes príncipes civitátis, clausa firmíssime jánua, et super turris tectum stantes per propugnácula.

51. Or, il y avait au milieu de la ville une tour élevée, dans laquelle s’étaient réfugiés ensemble les hommes et les femmes et tous les princes de la ville, la porte étant bien fermée, et ils se tenaient sur le toit de la tour, derrière les parapets.

52 Accedénsque Abímelech juxta turrim, pugnábat fórtiter : et appropínquans óstio, ignem suppónere nitebátur :

52. Et Abimélech, s’avançant près de la tour, combattait vaillamment ; et, s’approchant de la porte, il s’efforçait d’y mettre le feu.

53 et ecce una múlier fragmen molæ désuper jáciens, illísit cápiti Abímelech, et confrégit cérebrum ejus.

53. Et voilà qu’une femme, jetant d’en haut un morceau de meule, frappa la tête d’Abimélech et brisa son crâne.

54 Qui vocávit cito armígerum suum, et ait ad eum : Evágina gládium tuum, et pércute me, ne forte dicátur quod a fémina interféctus sim. Qui jussa perfíciens, interfécit eum.

54. Il appela aussitôt son écuyer, et il lui dit : Tire ton glaive, et frappe-moi, de peur qu’on ne dise que c’est pur une femme que j’ai été tué. L’écuyer, exécutant ses ordres, le tua.

55 Illóque mórtuo, omnes qui cum eo erant de Israël, revérsi sunt in sedes suas :

55. Abimélech mort, tous ceux d’Israël qui étaient avec lui retournèrent en leurs demeures.

56 et réddidit Deus malum quod fécerat Abímelech contra patrem suum, interféctis septuagínta frátribus suis.

56. Ainsi Dieu rendit le mal qu’Abimélech avait commis contre son père, ayant tué ses soixante-dix frères.

57 Sichimítis quoque quod operáti erant, retribútum est, et venit super eos maledíctio Jóatham fílii Jeróbaal.

57. Aux Sichemites aussi, ce qu’ils avaient fait fut rendu, et la malédiction de Joatham, fils de Jerobaal, vint sur eux.

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CHAP. IX. 53. II Reg. XI, 21. — 54. I Reg. XXXI, 4 ; I Par. X, 4.

 

1. * À Sichem. Voir la note sur Gen. XII, 6.

4. Le mot sicle est ici comme en bien d’autres endroits, sous-entendu, pour son poids et sa valeur. — * Soixante-dix sicles d’argent font près d’un kilogramme. — Baalberit, le Baal de l’alliance. Voir la note sur Judic. VI, 25.

7. * Le mont Garizim est coupé dans le bas par une ligne de rochers blancs à pic. À un endroit, devant Sichem, le rocher s’avance en forme de triangle. Au-dessous, dans le roc, il y a des cavernes. C’est sur ce rocher triangulaire que Joatham prononça son apologue.

7-15. * Cette fable rappelle celle des membres et de l’estomac que Menénius Agrippa adressa au peuple romain révolté, Tite-Live, II, 30 ; La Fontaine, I. III, fable II.

13. Qui réjouit Dieu ; expression figurée, qui doit se prendre dans le même sens que, l’odeur des victimes est une odeur agréable au Seigneur, que les parfums le récréent. D’ailleurs il est probable qu’au lieu de Dieu, il faut les dieux, comme le porte la Vulgate elle-même dans le passage parallèle (vers. 9). Alors, Joatham a très bien pu se servir de cette expression, puisque les païens auxquels il parlait, croyaient que leurs dieux prenaient réellement plaisir à la fumée des victimes et à l’odeur de leurs parfums et de leurs libations.

16. Est-ce justement, etc. ; littér. si justement, voy. V, 8.

17. Qui a livré, etc. ; c’est-à-dire qui a exposé sa vie.

21. * Béra, dans la tribu de Juda, selon les uns ; Béeroth, dans la tribu de Benjamin, selon les autres.

25. * Au sommet des montagnes d’Hebal et de Garizim.

28. Sur les hommes d’Hemor ; sur la famille d’Hemor.

31. Ils attaquent la ville contre toi ; c’est-à-dire ils pressent la ville de se déclarer contre toi ; ou bien ils s’y fortifient pour résister contre toi.

37. Le chêne ; probablement celui dont il est parlé au vers. 6.

41. * Ruma, probablement l’el-Arma d’aujourd’hui.

45. Le sel jeté en grande quantité dans un terrain le rend stérile. C’est pour cela que l’Écriture dit une terre de sel, une terre salée, pour désigner une terre stérile. Les auteurs profanes emploient quelquefois la même locution.

46. Berith en hébreu signifie pacte, alliance.

50. * Thebés, aujourd’hui Tûbas, était sur la route qui conduit de Sichem à Bethsan, à quatre heures de marche de Sichem, au nord-est.

54. L’histoire profane loue quelques serviteurs qui ont rendu un pareil service à leurs maitres ; tandis que David fit mourir l’Amalécite, qui se vantait de l’avoir rendu à Saül sur son instante prière. Le christianisme condamne également celui qui demande ce service et celui qui le rend. — * Une mort comme celle d’Abimélech, reçue de la main d’une femme, était considérée comme particulièrement ignominieuse. Voir II Reg. XI, 21.

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CHAPITRE X

Thola et Jaïr, juges d’Israël. Servitude sous les Philistins et les Ammonites.

1 Post Abímelech surréxit dux in Israël Thola fílius Phua pátrui Abímelech, vir de Issachar, qui habitávit in Samir montis Ephraïm :

1. Après Abimélech, parut comme chef en Israël, Thola, fils de Phua, oncle paternel d’Abimélech, homme de la tribu d’Issachar, qui habita à Samir de la montagne d’Ephraïm ;

2 et judicávit Israélem vigínti et tribus annis, mortuúsque est, ac sepúltus in Samir.

2. Et il jugea Israël pendant vingt-trois ans ; et il mourut, et fut enseveli dans Samir.

3 Huic succéssit Jaïr Galaadítes, qui judicávit Israël per vigínti et duos annos,

3. À Thola succéda Jaïr Galaadites qui jugea Israël pendant vingt-deux ans,

4 habens trigínta fílios sedéntes super trigínta pullos asinárum, et príncipes trigínta civitátum, quæ ex nómine ejus sunt appellátæ Havoth Jaïr, id est, óppida Jaïr, usque in præséntem diem, in terra Gálaad.

4. Ayant trente fils qui montaient sur trente poulains d’ânesses, et étaient princes de trente villes dans la terre de Galaad, qui ont été appelées de son nom, Havoth-Jaïr, c’est-à-dire villes de Jaïr, jusqu’au présent jour.

5 Mortuúsque est Jaïr, ac sepúltus in loco cui est vocábulum Camon.

5. Jaïr mourut ensuite, et il fut enseveli dans un lieu dont le nom est Camon.

6 Fílii autem Israël peccátis vetéribus jungéntes nova, fecérunt malum in conspéctu Dómini, et serviérunt idólis, Báalim et Astaroth, et diis Sýriæ ac Sidónis et Moab et filiórum Ammon et Philísthiim : dimiserúntque Dóminum, et non coluérunt eum.

6. Mais les enfants d’Israël ajoutant aux anciens péchés des nouveaux, firent le mal en la présence du Seigneur, et servirent des idoles, les Baalim, les Astaroth, les dieux de Syrie, de Sidon, de Moab, des enfants d’Ammon et des Philistins ; et ils abandonnèrent le Seigneur, et ne l’adorèrent point.

7 Contra quos Dóminus irátus, trádidit eos in manus Philísthiim et filiórum Ammon.

7. Le Seigneur irrité contre eux, les livra aux mains des Philistins et des enfants d’Ammon.

8 Afflictíque sunt, et veheménter oppréssi per annos decem et octo, omnes qui habitábant trans Jordánem in terra Amorrhǽi, qui est in Gálaad :

8. Et tous ceux qui habitaient au delà du Jourdain, dans la terre de l’Amorrhéen, qui est en Galaad, furent affligés et violemment opprimés pendant dix-huit ans ;

9 in tantum ut fílii Ammon, Jordáne transmísso, vastárent Judam et Bénjamin et Ephraïm : afflictúsque est Israël nimis.

9. En sorte que les enfants d’Ammon, passant le Jourdain, ravageaient Juda, Benjamin et Ephraïm : ainsi, Israël fut extrêmement affligé.

10 Et clamántes ad Dóminum, dixérunt : Peccávimus tibi, quia derelíquimus Dóminum Deum nostrum, et servívimus Báalim.

10. C’est pourquoi criant au Seigneur, ils dirent : Nous avons péché contre vous, parce que nous avons abandonné le Seigneur notre Dieu, et nous avons servi les Baalim.

11 Quibus locútus est Dóminus : Numquid non Ægýptii et Amorrhǽi, filiíque Ammon et Philísthiim,

11. Le Seigneur leur répondit : N’est-ce pas que les Égyptiens, les Amorrhéens, les enfants d’Ammon, les Philistins,

12 Sidónii quoque et Amalec et Chánaan oppressérunt vos, et clamástis ad me, et érui vos de manu eórum ?

12. Les Sidoniens aussi, et Amalec et Chanaan vous ont opprimés, que vous avez crié vers moi, et que je vous ai délivrés de leur main ?

13 Et tamen reliquístis me, et coluístis deos aliénos : idcírco non addam ut ultra vos líberem :

13. Et cependant vous m’avez abandonné, et vous avez adoré des dieux étrangers : c’est pourquoi je ne recommencerai plus à vous délivrer.

14 ite, et invocáte deos quos elegístis : ipsi vos líberent in témpore angústiæ.

14. Allez, et invoquez les dieux que vous avez choisis ; qu’ils vous délivrent eux-mêmes dans le temps de l’angoisse.

15 Dixerúntque fílii Israël ad Dóminum : Peccávimus, redde tu nobis quidquid tibi placet : tantum nunc líbera nos.

15. Et les enfants d’Israël dirent au Seigneur : Nous avons péché, faites-nous vous-même, en retour, tout ce qu’il vous plaira ; seulement pour cette heure délivrez-nous.

16 Quæ dicéntes, ómnia de fínibus suis alienórum deórum idóla projecérunt, et serviérunt Dómino Deo : qui dóluit super misériis eórum.

16. Disant cela, ils jetèrent hors de leur territoire les idoles des dieux étrangers, et ils servirent le Seigneur Dieu, qui fut sensible à leurs misères.

17 Itaque fílii Ammon conclamántes in Gálaad fixére tentória, contra quos congregáti fílii Israël in Maspha castrametáti sunt.

17. C’est pourquoi les enfants d’Ammon, jetant de grands cris, plantèrent leurs tentes en Galaad ; et les enfants d’Israël, s’étant réunis contre eux, campèrent à Maspha.

18 Dixerúntque príncipes Gálaad sínguli ad próximos suos : Qui primus ex nobis contra fílios Ammon cœ́perit dimicáre, erit dux pópuli Gálaad.

18. Et les princes de Galaad se dirent les uns aux autres : Le premier d’entre nous qui commencera à combattre contre les enfants d’Ammon, sera le chef du peuple de Galaad.

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CHAP. X. 14 Jer. II, 28.

 

1. Samir de la montagne ; pour Samir, dans la montagne.

3. Jaïr Galaadites. Compar. Num. XXVI, 29.

4. Qui montaient, etc. Voy. V, 10. — * Havoth-Jaïr, dans le pays d’Argob. Voir Deut. III, 4.

5. * Camon, dans le pays de Galaad.

6. * Les Baalim. Voir la note sur. Judic. VI, 25.

17. * Maspha de Galaad, au nord-est de Jabès-Galaad.

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CHAPITRE XI

Jephté, choisi pour être chef des Israélites, combat les Ammonites, et les défait. Son vœu.

1 Fuit illo témpore Jephte Galaadítes vir fortíssimus atque pugnátor, fílius mulíeris meretrícis, qui natus est de Gálaad.

1. En ce temps-là fut Jephté Galaadites, homme très fort, et guerrier, fils d’une femme de mauvaise vie, lequel naquit de Galaad.

2 Hábuit autem Gálaad uxórem, de qua suscépit fílios : qui postquam créverant, ejecérunt Jephte, dicéntes : Hæres in domo patris nostri esse non póteris, quia de áltera matre natus es.

2. Or Galaad eut une femme dont il eut des fils, qui après qu’ils eurent grandi, chassèrent Jephté, disant : Tu ne pourras pas être héritier dans la maison de notre père, parce que c’est d’une autre mère que tu es né.

3 Quos ille fúgiens atque devítans, habitávit in terra Tob : congregatíque sunt ad eum viri ínopes, et latrocinántes, et quasi príncipem sequebántur.

3. Et Jephté les fuyant et les évitant, habita dans la terre de Tob. Alors se joignirent à lui des hommes dénués de tout et exerçant des brigandages, et ils le suivaient comme leur chef.

4 In illis diébus pugnábant fílii Ammon contra Israël.

4. En ces temps-là combattaient les enfants d’Ammon contre Israël.

5 Quibus ácriter instántibus perrexérunt majóres natu de Gálaad, ut tóllerent in auxílium sui Jephte de terra Tob :

5. Et comme ils le pressaient vivement, les anciens de Galaad allèrent, pour amener Jephté de la terre de Tob, à leur secours ;

6 dixerúntque ad eum : Veni et esto princeps noster, et pugna contra fílios Ammon.

6. Et ils lui dirent : Viens, sois notre chef, et combats contre les enfants d’Ammon.

7 Quibus ille respóndit : Nonne vos estis, qui odístis me, et ejecístis de domo patris mei ? et nunc venístis ad me necessitáte compúlsi.

7. Jephté leur répondit : N’êtes-vous point ceux qui me haïssez, et qui m’avez jeté hors de la maison de mon père ? Et maintenant vous êtes venus vers moi, contraints par la nécessité.

8 Dixerúntque príncipes Gálaad ad Jephte : Ob hanc ígitur causam nunc ad te venímus, ut proficiscáris nobíscum, et pugnes contra fílios Ammon, sisque dux ómnium qui hábitant in Gálaad.

8. Et les princes de Galaad dirent à Jephté : C’est pour ce motif que nous venons maintenant vers toi, afin que tu marches avec nous, que tu combattes contre les fils d’Ammon, et que tu sois le chef de tous ceux qui habitent en Galaad.

9 Jephte quoque dixit eis : Si vere venístis ad me, ut pugnem pro vobis contra fílios Ammon, tradiderítque eos Dóminus in manus meas, ego ero vester princeps ?

9. Jephté leur demanda encore : Si vraiment vous êtes venus vers moi, pour que je combatte pour vous les enfants d’Ammon, et si le Seigneur les livre en mes mains, est-ce moi qui serai votre prince ?

10 Qui respondérunt ei : Dóminus, qui hæc audit, ipse mediátor ac testis est quod nostra promíssa faciémus.

10. Ils lui répondirent : Le Seigneur qui entend ceci, est lui-même médiateur et témoin que nous exécuterons nos promesses.

11 Abiit ítaque Jephte cum princípibus Gálaad, fecítque eum omnis pópulus príncipem sui. Locutúsque est Jephte omnes sermónes suos coram Dómino in Maspha.

11. C’est pourquoi Jephté s’en alla avec les princes de Galaad, et tout le peuple le fit son prince. Mais Jephté dit toutes ces paroles devant le Seigneur à Maspha ;

12 Et misit núntios ad regem filiórum Ammon, qui ex persóna sua dícerent : Quid mihi et tibi est, quia venísti contra me, ut vastáres terram meam ?

12. Et il envoya des messagers au roi des enfants d’Ammon, pour dire de sa part : Qu’importe à moi et à toi, pour que tu sois venu contre moi, afin de ravager ma terre ?

13 Quibus ille respóndit : Quia tulit Israël terram meam, quando ascéndit de Ægýpto, a fínibus Arnon usque Jaboc atque Jordánem : nunc ergo cum pace redde mihi eam.

13. Le roi leur répondit : C’est parce qu’Israël, quand il est monté d’Égypte, a pris ma terre, depuis les confins d’Arnon jusqu’au Jaboc et jusqu’au Jourdain : maintenant donc, rends-la moi en paix.

14 Per quos rursum mandávit Jephte, et imperávit eis ut dícerent regi Ammon :

14. Jephté donna de nouveau sa réponse par les messagers, et il leur commanda de dire au roi d’Ammon :

15 Hæc dicit Jephte : Non tulit Israël terram Moab, nec terram filiórum Ammon :

15. Voici ce que dit Jephté : Israël n’a pas pris la terre de Moab, ni la terre des enfants d’Ammon :

16 sed quando de Ægýpto conscendérunt, ambulávit per solitúdinem usque ad mare Rubrum, et venit in Cades.

16. Mais, quand il monta de l’Égypte, il marcha à travers le désert jusqu’à la mer Rouge, et il vint à Cadès.

17 Misítque núntios ad regem Edóm, dicens : Dimítte me ut tránseam per terram tuam. Qui nóluit acquiéscere précibus ejus. Misit quoque ad regem Moab, qui et ipse tránsitum præbére contémpsit. Mansit ítaque in Cades,

17. Et il envoya des messagers au roi d’Édom, disant : Laisse-moi passer par ta terre. Et le roi ne voulut point acquiescer à ses prières. Il envoya aussi vers le roi de Moab, qui lui-même dédaigna de donner passage. C’est pourquoi il demeura à Cadès.

18 et circuívit ex látere terram Edóm et terram Moab : venítque contra orientálem plagam terræ Moab, et castrametátus est trans Arnon : nec vóluit intráre términos Moab. (Arnon quippe confínium est terræ Moab.)

18. Puis, il côtoya la terre d’Édom et la terre de Moab, vint contre le côté oriental de Moab, et campa au delà de l’Arnon ; mais il ne voulut pas entrer dans le territoire de Moab ; car l’Arnon est la frontière de la terre de Moab.

19 Misit ítaque Israël núntios ad Sehon regem Amorrhæórum, qui habitábat in Hésebon, et dixérunt ei : Dimítte ut tránseam per terram tuam usque ad flúvium.

19. C’est pourquoi Israël envoya des messagers à Sehon, roi des Amorrhéens, qui habitait à Hesebon, et ils lui dirent : Laisse-nous passer par ta terre jusqu’au fleuve.

20 Qui et ipse Israël verba despíciens, non dimísit eum transíre per términos suos : sed infiníta multitúdine congregáta, egréssus est contra eum in Jasa, et fórtiter resistébat.

20. Sehon, lui aussi, méprisant les paroles d’Israël, ne le laissa point passer par son territoire ; mais ayant assemblé une multitude innombrable, il sortit contre lui à Jasa, et il résistait fortement.

21 Tradidítque eum Dóminus in manus Israël cum omni exércitu suo : qui percússit eum, et possédit omnem terram Amorrhǽi habitatóris regiónis illíus,

21. Mais le Seigneur le livra avec toute son armée aux mains d’Israël, qui le battit et qui posséda toute la terre de l’Amorrhéen, habitant de cette contrée.

22 et univérsos fines ejus, de Arnon usque Jaboc, et de solitúdine usque ad Jordánem.

22. Et toutes ses frontières, depuis l’Arnon jusqu’au Jaboc, et depuis le désert jusqu’au Jourdain.

23 Dóminus ergo Deus Israël subvértit Amorrhǽum, pugnánte contra illum pópulo suo Israël, et tu nunc vis possidére terram ejus ?

23. Ainsi, le Seigneur Dieu d’Israël renversa l’Amorrhéen, Israël son peuple combattant contre lui, et toi maintenant, tu veux posséder sa terre ?

24 nonne ea quæ póssidet Chamos deus tuus, tibi jure debéntur ? quæ autem Dóminus Deus noster victor obtínuit, in nostram cedent possessiónem :

24. Ce que possède Chamos ton dieu, ne t’est-il point dû légitimement ? Or, ce que le Seigneur notre Dieu a acquis comme vainqueur, viendra en notre possession.

25 nisi forte mélior es Balac fílio Sephor rege Moab ; aut docére potes, quod jurgátus sit contra Israël, et pugnáverit contra eum,

25. À moins que tu vailles mieux que Balac, fils de Sephor, roi de Moab, et que tu nous montres qu’il se soit plaint d’Israël, et qu’il ait combattu contre lui,

26 quando habitávit in Hésebon et vículis ejus, et in Aroër et villis illíus, vel in cunctis civitátibus juxta Jordánem, per trecéntos annos. Quare tanto témpore nihil super hac repetitióne tentástis ?

26. Quand il habita à Hesebon et dans ses bourgades, à Aroër, et dans ses villages, ou dans toutes les villes près du Jourdain, pendant trois cents ans. Pourquoi, pendant un si long temps, n’as-tu rien tenté au sujet de cette réclamation ?

27 Igitur non ego pecco in te, sed tu contra me male agis, indícens mihi bella non justa. Júdicet Dóminus árbiter hujus diéi inter Israël, et inter fílios Ammon.

27. Ainsi, ce n’est pas moi qui suis en faute avec toi, mais c’est toi qui agis mal envers moi, me déclarant des guerres injustes. Que le Seigneur, arbitre de ce jour, juge entre Israël et entre les enfants d’Ammon.

28 Noluítque acquiéscere rex filiórum Ammon verbis Jephte, quæ per núntios mandáverat.

28. Mais le roi des enfants d’Ammon ne voulut point acquiescer aux paroles de Jephté, qu’il lui avez mandées par les messagers.

29 Factus est ergo super Jephte spíritus Dómini, et circúiens Gálaad et Manásse, Maspha quoque Gálaad, et inde tránsiens ad fílios Ammon,

29. Et l’esprit du Seigneur vint sur Jephté ; et Jephté parcourant Galaad, et Manassé, de même que Maspha de Galaad, et de là passant jusqu’aux enfants d’Ammon,

30 votum vovit Dómino, dicens : Si tradíderis fílios Ammon in manus meas,

30. Il voua un vœu au Seigneur, disant : Si vous livrez les enfants d’Ammon en mes mains,

31 quicúmque primus fúerit egréssus de fóribus domus meæ, mihíque occúrrerit reverténti cum pace a fíliis Ammon, eum holocáustum ófferam Dómino.

31. Quiconque le premier sortira des portes de ma maison, et viendra à ma rencontre, lorsque je retournerai en paix du pays des enfants d’Ammon, je l’offrirai en holocauste au Seigneur.

32 Transivítque Jephte ad fílios Ammon, ut pugnáret contra eos : quos trádidit Dóminus in manus ejus.

32. Jephté passa ensuite chez les enfants d’Ammon, pour combattre contre eux ; et le Seigneur les livra en ses mains.

33 Percussítque ab Aroër usque dum vénias in Mennith, vigínti civitátes, et usque ad Abel, quæ est víneis cónsita, plaga magna nimis : humiliatíque sunt fílii Ammon a fíliis Israël.

33. Il frappa aussi d’une très grande plaie vingt villes, depuis Aroër jusqu’à l’entrée de Mennith, et jusqu’à Abel, qui est plantée de vignes ; et les enfants d’Ammon furent humiliés par les enfants d’Israël.

34 Reverténte autem Jephte in Maspha domum suam, occúrrit ei unigénita fília sua cum týmpanis et choris : non enim habébat álios líberos.

34. Or, Jephté retournant à Maspha, dans sa maison, sa fille unique, car il n’avait pas d’autres enfants, vint au-devant de lui avec des chœurs et des tambours.

35 Qua visa, scidit vestiménta sua, et ait : Heu me, fília mea ! decepísti me, et ipsa decépta es : apérui enim os meum ad Dóminum, et áliud fácere non pótero.

35. L’ayant vue, il déchira ses vêtements, et dit : Hélas ! ma fille, tu m’as trompé, et toi-même tu t’es trompée ; car j’ai ouvert ma bouche au Seigneur, et je ne pourrai pas faire autre chose.

36 Cui illa respóndit : Pater mi, si aperuísti os tuum ad Dóminum, fac mihi quodcúmque pollícitus es, concéssa tibi ultióne atque victória de hóstibus tuis.

36. Sa fille lui répondit : Mon père, si vous avez ouvert votre bouche au Seigneur, faites-moi tout ce que vous avez promis, la vengeance et la victoire sur les ennemis vous ayant été accordées.

37 Dixítque ad patrem : Hoc solum mihi præsta quod déprecor : dimítte me ut duóbus ménsibus circúmeam montes, et plangam virginitátem meam cum sodálibus meis.

37. Elle dit encore à son père : Accordez-moi seulement ce que je vous demande avec prière : Laissez-moi pendant deux mois parcourir les montagnes et pleurer ma virginité avec mes compagnes.

38 Cui ille respóndit : Vade. Et dimísit eam duóbus ménsibus. Cumque abiísset cum sóciis ac sodálibus suis, flebat virginitátem suam in móntibus.

38. Jephté lui répondit : Va. Et il la laissa pendant deux mois. Et lorsqu’elle s’en fut allée, avec ses amies et ses compagnes, elle pleurait sa virginité sur les montagnes.

39 Expletísque duóbus ménsibus, revérsa est ad patrem suum, et fecit ei sicut vóverat, quæ ignorábat virum. Exínde mos incrébruit in Israël, et consuetúdo serváta est,

39. Or, deux mois achevés, elle revint vers son père ; et il fit à son égard, selon ce qu’il avait voué ; et elle ne connut point d’homme. De là vint l’usage en Israël, et la coutume a toujours été conservée,

40 ut post anni círculum convéniant in unum fíliæ Israël, et plangant fíliam Jephte Galaadítæ diébus quátuor.

40. Qu’après le cours d’une année, les filles d’Israël s’assemblent pour pleurer la fille de Jephté Galaadites pendant quatre jours.

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CHAP. XI. 7. Gen. XXVI, 27. — 13. Num. XXI, 24. — 17. Num. XX, 14. — 18. Num. XXI, 13. — 25. Num. XXII, 2.

 

3. * La terre de Tob. Elle est inconnue, mais elle était probablement située sur les confins du royaume des Ammonites, si même elle n’en faisait pas partie.

11. Jephté dit, etc. Il renouvela les assurances que les princes de Galaad lui avaient données, et, de son côté, il prit solennellement Dieu à témoin de la fidélité avec laquelle il tiendrait ses engagements.

13. * Arnon, rivière qui forme la frontière septentrionale de Moab, plus bas, verset 18, et se jette dans la mer Morte après un cours de 75 kilomètres. — Jaboc. Voir la note sur Gen. XXXII, 22.

16. * Cadès. Voir Num. XX, 1.

19. Jusqu’au fleuve ; c’est-à-dire jusqu’au Jourdain. — * Hesebon. Voir Num. XXI, 25.

24. * Chamos ton dieu. Voir la note sur III Reg. XI, 7. — Ton dieu. Les Israélites n’attribuent qu’à leur Dieu unique une véritable divinité : ils traitent de faux dieux tous ceux qu’adorent les nations étrangères. Quand Jephté dit Chamos, ton Dieu, il parle le langage diplomatique. Cette expression n’est donc pas une profession de foi et ne prouve pas que Jephté croyait à la divinité de Chamos. Elle prouve seulement que le juge d’Israël voulait parler au roi des Ammonites un langage qui lui fût agréable, afin d’en obtenir la paix qu’il sollicitait.

26. * À Hesebon. Voir Num. XXI, 25. — À Aroër, sur l’Arnon, qui formait la frontière méridionale du royaume de Sehon.

31-40. Contre le sentiment de tous les anciens, plusieurs interprètes modernes prétendent que la fille de Jephté ne fut pas réellement immolée, mais seulement consacrée au service du sanctuaire. Quelque opinion qu’on adopte, on ne peut rien conclure contre la divinité de la religion des Hébreux. Car le vœu de Jephté est un fait qui lui est entièrement personnel. Il n’était pas commandé par la loi, puisque la loi au contraire défendait si expressément le sacrifice de victimes humaines. C’est un fait isolé, et auquel le grand prêtre et la majorité du peuple ne prirent aucune part.

33. * Depuis Aroër, non pas probablement Aroër sur l’Arnon, mais Aroër de Gad, à l’est de Rabbath-Ammon, jusqu’à l’entrée de Mennith, au sud, et jusqu’à Abel, qui est plantée de vignes ou Abel-Keramim, sur la route qui va d’Aroer à Bosra.

35. J’ai ouvert ma bouche au Seigneur ; j’ai prononcé un vœu fait au Seigneur.

37. On regardait comme un malheur de mourir sans laisser de postérité.

40. Après le cours d’une année ; c’est-à-dire chaque année.

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CHAPITRE XII

Guerre entre Ephraïm et Galaad. Mort de Jephté. Abesan, Ahialon, Abdon, juges d’Israël.

1 Ecce autem in Ephraïm orta est sedítio : nam transeúntes contra aquilónem, dixérunt ad Jephte : Quare vadens ad pugnam contra fílios Ammon, vocáre nos noluísti, ut pergerémus tecum ? ígitur incendémus domum tuam.

1. Mais voilà que dans Ephraïm s’éleva une sédition ; car les hommes de cette tribu passant vers l’aquilon, dirent à Jephté : Pourquoi marchant au combat contre les enfants d’Ammon, n’as-tu pas voulu nous appeler, afin que nous allassions avec toi ? Aussi incendierons-nous ta maison.

2 Quibus ille respóndit : Disceptátio erat mihi et pópulo meo contra fílios Ammon véhemens : vocavíque vos, ut præberétis mihi auxílium, et fácere noluístis.

2. Jephté leur répondit : Nous avions un grand débat moi et mon peuple contre les enfants d’Ammon ; je vous ai appelés, pour me donner du secours, et vous ne l’avez pas voulu faire.

3 Quod cernens, pósui ánimam meam in mánibus meis, transivíque ad fílios Ammon, et trádidit eos Dóminus in manus meas. Quid commérui, ut advérsum me consurgátis in prǽlium ?

3. Ce que voyant, j’ai mis mon âme en mes mains, j’ai passé chez les enfants d’Ammon, et le Seigneur les a livrés en mes mains. En quoi ai-je mérité que vous vous éleviez contre moi pour me faire la guerre ?

4 Vocátis ítaque ad se cunctis viris Gálaad, pugnábat contra Ephraïm : percusserúntque viri Gálaad Ephraïm, quia díxerat : Fugitívus est Gálaad de Ephraïm, et hábitat in médio Ephraïm et Manásse.

4. C’est pourquoi ayant appelé à lui tous les hommes de Galaad, il combattit contre Ephraïm : et les hommes de Galaad battirent Ephraïm, parce qu’il avait dit : Galaad est un fugitif d’Ephraïm, et il habite au milieu d’Ephraïm et de Manassé.

5 Occupaverúntque Galaadítæ vada Jordánis, per quæ Ephraïm reversúrus erat. Cumque venísset ad ea de Ephraïm número, fúgiens, atque dixísset : Obsecro ut me transíre permittátis : dicébant ei Galaadítæ : Numquid Ephrathǽus es ? quo dicénte : Non sum :

5. Et les Galaadites occupèrent les gués du Jourdain, par lesquels Ephraïm devait revenir ; et lorsqu’il y venait quelqu’un de l’armée d’Ephraïm, fuyant, et qu’il disait : Je vous conjure de me permettre de passer, les Galaadites lui répondaient : Est-ce que tu es Ephrathéen ? lequel disant : Je ne le suis pas,

6 interrogábant eum : Dic ergo Scibboléth, quod interpretátur Spica. Qui respondébat : Sibboléth : eádem líttera spicam exprímere non valens. Statímque apprehénsum jugulábant in ipso Jordánis tránsitu. Et cecidérunt in illo témpore de Ephraïm quadragínta duo míllia.

6. Ils lui demandaient : Dis donc Scibboleth, ce qu’on interprète par Épi. Il répondait Sibboleth, ne pouvant pas exprimer épi avec la même lettre. Et aussitôt, après l’avoir saisi, on l’égorgeait au passage même du Jourdain. Or, il périt en ce temps quarante-deux mille hommes d’Ephraïm.

7 Judicávit ítaque Jephte Galaadítes Israël sex annis : et mórtuus est, ac sepúltus in civitáte sua Gálaad.

7. Ainsi, Jephté Galaadites jugea Israël pendant six ans ; et il mourut et fut enseveli dans sa ville de Galaad.

8 Post hunc judicávit Israël Abesan de Béthlehem :

8. Après lui Abesan de Bethléhem jugea Israël.

9 qui hábuit trigínta fílios, et tótidem fílias, quas emíttens foras, marítis dedit, et ejúsdem númeri fíliis suis accépit uxóres, introdúcens in domum suam. Qui septem annis judicávit Israël :

9. Il eut trente fils et autant de filles, qu’il maria, les établissant hors de chez lui ; et il reçut pour ses fils des femmes en même nombre, les admettant dans sa maison. Abesan jugea Israël pendant sept ans ;

10 mortuúsque est, ac sepúltus in Béthlehem.

10. Et il mourut et fut enseveli à Bethléhem.

11 Cui succéssit Ahíalon Zabulonítes : et judicávit Israël decem annis :

11. À Abesan succéda Ahialon Zabulonites ; et il jugea Israël pendant dix ans ;

12 mortuúsque est, ac sepúltus in Zábulon.

12. Et il mourut et fut enseveli dans Zabulon.

13 Post hunc judicávit Israël Abdon fílius Illel Pharathonítes :

13. Après lui, Abdon, fils d’Illel, Pharathonites, jugea Israël ;

14 qui hábuit quadragínta fílios, et trigínta ex eis nepótes, ascendéntes super septuagínta pullos asinárum. Et judicávit Israël octo annis :

14. Il eut quarante fils, et d’eux trente petits-fils, qui montaient sur soixante-dix poulains d’ânesses ; et il jugea Israël pendant huit ans ;

15 mortuúsque est, ac sepúltus in Phárathon terræ Ephraïm, in monte Amalec.

15. Et il mourut et fut enseveli à Pharathon de la terre d’Ephraïm, sur la montagne d’Amalec.

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CHAP. XII.

 

3. J’ai mis mon âme, etc. ; hébraïsme, pour j’ai exposé ma vie.

6. Ne pouvant pas exprimer, etc. ; c’est-à-dire, ne pouvant pas exprimer le mot scibboleth, qui signifie épi, en prononçant comme il faut la lettre sch ; car, en hébreu, ces trois caractères ne forment qu’une seule lettre ou articulation. Remarquons que les Ephrathéens n’étaient pas tués parce qu’ils ne savaient pas prononcer le mot schibboleth, mais parce qu’ils étaient des ennemis de guerre, et d’une guerre injuste faite à Jephté et aux Israélites, leurs frères. La prononciation de ce mot était seulement une marque à laquelle on reconnaissait s’ils disaient vrai, quand ils niaient qu’ils fussent Ephrathéens.

7. * Galaad ou Maspha de Galaad.

13. Pharathonites ; de Pharathon. Voy. vers. 15.

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CHAPITRE XIII

Servitude des Israélites sous les Philistins. Naissance de Samson.

1 Rursúmque fílii Israël fecérunt malum in conspéctu Dómini : qui trádidit eos in manus Philisthinórum quadragínta annis.

1. Et de nouveau les enfants d’Israël firent le mal en la présence du Seigneur, qui les livra aux mains des Philistins pendant quarante ans.

2 Erat autem quidam vir de Sáraa, et de stirpe Dan, nómine Mánuë, habens uxórem stérilem.

2. Or, il y avait un certain homme de Saraa, et de la race de Dan, du nom de Manué, ayant une femme stérile,

3 Cui appáruit ángelus Dómini, et dixit ad eam : Stérilis es et absque líberis : sed concípies, et páries fílium.

3. À qui l’ange du Seigneur apparut, et dit : Tu es stérile et sans enfants ; mais tu concevras et tu enfanteras un fils.

4 Cave ergo ne bibas vinum ac síceram, nec immúndum quidquam cómedas :

4. Prends donc bien garde de ne point boire de vin, et de cervoise, et de ne manger rien d’impur,

5 quia concípies, et páries fílium, cujus non tanget caput novácula : erit enim nazarǽus Dei ab infántia sua et ex matris útero, et ipse incípiet liberáre Israël de manu Philisthinórum.

5. Parce que tu concevras et tu enfanteras un fils dont le rasoir ne touchera pas la tête ; car il sera nazaréen de Dieu, depuis son enfance et dès le sein de sa mère ; et c’est lui qui commencera à délivrer Israël de la main des Philistins.

6 Quæ cum venísset ad marítum suum, dixit ei : Vir Dei venit ad me, habens vultum angélicum, terríbilis nimis. Quem cum interrogássem quis esset, et unde venísset, et quo nómine vocarétur, nóluit mihi dícere :

6. Et étant venue vers son mari, elle lui dit : L’homme de Dieu est venu vers moi, ayant le visage d’un ange, et inspirant la plus grande terreur. Lorsque je lui ai demandé qui il était, d’où il venait, et de quel nom il s’appelait, il n’a pas voulu me le dire.

7 sed hoc respóndit : Ecce concípies et páries fílium : cave ne vinum bibas, nec síceram, et ne áliquo vescáris immúndo : erit enim puer nazarǽus Dei ab infántia sua, ex útero matris suæ usque ad diem mortis suæ.

7. Mais il m’a répondu ceci : Voilà que tu concevras et enfanteras un fils : prends garde de ne point boire de vin ni de cervoise, et de ne rien manger d’impur ; car l’enfant sera nazaréen de Dieu depuis son enfance, du sein de sa mère jusqu’au jour de sa mort.

8 Orávit ítaque Mánuë Dóminum, et ait : Obsecro, Dómine, ut vir Dei, quem misísti, véniat íterum, et dóceat nos quid debeámus fácere de púero, qui nascitúrus est.

8. C’est pourquoi Manué pria le Seigneur et dit : Je vous conjure, Seigneur, que l’homme de Dieu, que vous avez envoyé, vienne de nouveau, et qu’il nous enseigne ce que nous devons faire de l’enfant qui doit naitre.

9Exaudivítque Dóminus deprecántem Mánuë, et appáruit rursum ángelus Dei uxóri ejus sedénti in agro : Mánuë autem marítus ejus non erat cum ea. Quæ cum vidísset ángelum,

9. Et le Seigneur exauça Manué priant, et de nouveau apparut l’ange de Dieu à sa femme, assise dans la campagne. Or, Manué son mari n’était pas avec elle. Et lorsqu’elle eut vu l’ange,

10 festinávit, et cucúrrit ad virum suum : nuntiavítque ei, dicens : Ecce appáruit mihi vir, quem ante vidéram.

10. Elle se hâta, courut à son mari, et le lui annonça, disant : Voilà que m’a apparu l’homme que j’avais vu auparavant.

11 Qui surréxit, et secútus est uxórem suam : veniénsque ad virum, dixit ei : Tu es qui locútus es mulíeri ? Et ille respóndit : Ego sum.

11. Manué se leva et suivit sa femme ; puis, venant vers l’homme, il lui dit : Vous êtes celui qui avez parlé à cette femme ? Et il répondit : Je le suis.

12 Cui Mánuë : Quando, inquit, sermo tuus fúerit explétus, quid vis ut fáciat puer ? aut a quo se observáre debébit ?

12. Et Manué à l’homme : Quand, dit-il, votre parole sera accomplie, que voulez-vous que fasse l’enfant ? ou de quoi devra-t-il s’abstenir ?

13 Dixítque ángelus Dómini ad Mánuë : Ab ómnibus, quæ locútus sum uxóri tuæ, abstíneat se,

13. Et l’ange du Seigneur répondit à Manué : Que ta femme s’abstienne de toutes les choses que je lui ai indiquées ;

14 et quidquid ex vínea náscitur, non cómedat : vinum et síceram non bibat ; nullo vescátur immúndo : et quod ei præcépi, ímpleat atque custódiat.

14. Qu’elle ne mange rien de ce qui nait de la vigne ; qu’elle ne boive point de vin ni de cervoise ; qu’elle ne mange rien d’impur ; et que ce que je lui ai ordonné, elle l’accomplisse et le garde.

15 Dixítque Mánuë ad ángelum Dómini : Obsecro te ut acquiéscas précibus meis, et faciámus tibi hædum de capris.

15. Alors Manué dit à l’ange du Seigneur : Je vous conjure d’acquiescer à mes prières ; et, puissions-nous vous préparer un chevreau.

16 Cui respóndit ángelus : Si me cogis, non cómedam panes tuos : si autem vis holocáustum fácere, offer illud Dómino. Et nesciébat Mánuë quod ángelus Dómini esset.

16. L’ange lui répondit : Quand tu me presserais, je ne mangerais pas de tes pains ; mais si tu veux faire un holocauste, offre-le au Seigneur. Et Manué ne savait pas que ce fut l’ange du Seigneur.

17 Dixítque ad eum : Quod est tibi nomen, ut, si sermo tuus fúerit explétus, honorémus te ?

17. Il lui dit encore : Quel est votre nom, afin que, si vos paroles s’accomplissent, nous vous honorions ?

18 Cui ille respóndit : Cur quæris nomen meum, quod est mirábile ?

18. L’ange lui répondit : Pourquoi demandes-tu mon nom, qui est admirable ?

19 Tulit ítaque Mánuë hædum de capris, et libaménta, et pósuit super petram, ófferens Dómino, qui facit mirabília : ipse autem et uxor ejus intuebántur.

19. Manué prit donc le chevreau et les libations, et les plaça sur le rocher, les offrant au Seigneur qui fait les merveilles : or, lui-même et sa femme regardaient.

20 Cumque ascénderet flamma altáris in cælum, ángelus Dómini páriter in flamma ascéndit. Quod cum vidíssent Mánuë et uxor ejus, proni cecidérunt in terram,

20. Et lorsque la flamme de l’autel montait vers le ciel, l’ange du Seigneur monta pareillement dans la flamme. Ce qu’ayant vu Manué et sa femme, ils tombèrent inclinés vers la terre.

21 et ultra eis non appáruit ángelus Dómini. Statímque intelléxit Mánuë ángelum Dómini esse,

21. Et l’ange du Seigneur n’apparut plus à leurs yeux. Et aussitôt Manué comprit que c’était l’ange du Seigneur.

22 et dixit ad uxórem suam : Morte moriémur, quia vídimus Deum.

22. Et il dit à sa femme : Nous mourrons de mort, parce que nous avons vu le Seigneur.

23 Cui respóndit múlier : Si Dóminus nos vellet occídere, de mánibus nostris holocáustum et libaménta non suscepísset, nec ostendísset nobis hæc ómnia, neque ea quæ sunt ventúra dixísset.

23. Sa femme lui répondit : Si le Seigneur voulait nous faire mourir, il n’aurait pas reçu de nos mains d’holocaustes et de libations, il ne nous aurait pas montré toutes ces choses, et il n’aurait pas dit ce qui doit arriver.

24 Péperit ítaque fílium, et vocávit nomen ejus Samson. Crevítque puer, et benedíxit ei Dóminus.

24. Elle enfanta donc un fils, et elle l’appela du nom de Samson. Et l’enfant grandit, et le Seigneur le bénit.

25 Cœpítque spíritus Dómini esse cum eo in castris Dan inter Sáraa et Esthaol.

25. Et l’esprit du Seigneur commença à être avec lui, dans le camp de Dan, entre Saraa et Esthaol.

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CHAP. XIII. 1. Supra. X, 6. — 3. Gen. XVI, 11 ; I Reg. I, 20 ; Luc. I, 31. — 4. Num. VI, 3, 4. — 18. Gen. XXXII, 29.

 

1. * Aux mains des Philistins. Les Philistins étaient originaires de Crète et avaient émigré de la ville de Caphtor ou Cydonia. Ils formaient une grande confédération qui, sous Ramsès III, roi d’Égypte, avait envahi la Syrie. Ramsès III les battit et en établit les restes dans le pays qui prit depuis leur nom. À la fin de la XXe dynastie égyptienne, profitant de la faiblesse des pharaons, ils devinrent seuls maitres de toute la riche plaine de la Sephela. Ils possédèrent ainsi, près de la Méditerranée, trois villes, Gaza au sud, Azot au nord, Ascalon, au centre. Dans l’intérieur des terres, ils avaient aussi deux autres villes principales, Geth et Accaron. Ces cinq villes, encore aujourd’hui subsistantes, Geth exceptée, étaient les chefs-lieux de cinq principautés puissantes, gouvernées par cinq seranim ou princes confédérés. C’est du nom des Philistins que les Égyptiens et les Grecs, qui les connurent avant les habitants de l’intérieur des terres, tirèrent la dénomination de Palestine, sous laquelle la terre de Chanaan est encore aujourd’hui désignée.

2. * De Saraa. Saraa est actuellement un village de trois cents habitants, qui a gardé son ancien nom, à peine modifié sous la forme Sar’ah. Il est placé sur une colline en forme de pain de sucre, à l’entrée d’une vallée. Les flancs de la colline sont percés de grottes sépulcrales. Une source est à peu de distance, au-dessous du village.

3. Les grâces que Dieu a accordées à Samson et les faveurs qu’il lui a faites n’avaient pas pour objet de le récompenser de sa vertu, mais de protéger et de défendre son peuple contre la tyrannie et l’oppression de ses ennemis.

5. Nazaréen de Dieu ; c’est-à-dire consacré à Dieu en qualité de nazaréen.

6. L’homme de Dieu. C’est ainsi que porte l’hébreu. Il parait que Manué et sa femme avaient déjà une connaissance quelconque de cet homme de Dieu : c’est du moins ce que prouve l’article déterminatif que l’écrivain sacré affecte d’employer ici.

13, 14. Que ta femme s’abstienne, etc. Les verbes de ces deux versets étant au féminin en hébreu, ne peuvent avoir pour sujet que la mère de Samson, et non Samson lui-même.

15. * Un chevreau. Voir la note sur I Reg. XVI, 20.

19. Sur le rocher, qui se trouvait à l’endroit même de la campagne où était Manué.

22. Nous mourrons de mort ; hébraïsme pour : nous mourrons infailliblement.

24. Samson, en hébreu Schismchôn, parait être un diminutif de schémesch, soleil.

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CHAPITRE XIV

Samson épouse une Philistine, elle le trahit ; il la quitte, et se retire chez son père.

1 Descéndit ergo Samson in Thámnatha : vidénsque ibi mulíerem de filiábus Philísthiim,

1. Ensuite Samson descendit à Thamnatha ; et voyant là une femme d’entre les filles des Philistins,

2 ascéndit, et nuntiávit patri suo et matri suæ, dicens : Vidi mulíerem in Thámnatha de filiábus Philisthinórum : quam quæso ut mihi accipiátis uxórem.

2. Il monta, et il l’annonça à son père et à sa mère, disant : J’ai vu à Thamnatha une femme d’entre les filles des Philistins, que je vous prie d’accepter pour mon épouse.

3 Cui dixérunt pater et mater sua : Numquid non est múlier in filiábus fratrum tuórum, et in omni pópulo meo, quia vis accípere uxórem de Philísthiim, qui incircumcísi sunt ? Dixítque Samson ad patrem suum : Hanc mihi áccipe : quia plácuit óculis meis.

3. Son père et sa mère lui répondirent : Est-ce qu’il n’y a point de femme parmi les filles de tes frères, et dans tout mon peuple, puisque tu veux prendre une femme d’entre les Philistins qui sont incirconcis ? Et Samson dit à son père : Acceptez-la pour moi, parce qu’elle a plu à mes yeux.

4 Paréntes autem ejus nesciébant quod res a Dómino fíeret, et quǽreret occasiónem contra Philísthiim : eo enim témpore Philísthiim dominabántur Israéli.

4. Mais ses parents ne savaient pas que la chose se faisait par le Seigneur, et qu’il cherchait une occasion contre les Philistins ; car en ce temps-là les Philistins dominaient sur Israël.

5 Descéndit ítaque Samson cum patre suo et matre in Thámnatha. Cumque veníssent ad víneas óppidi, appáruit cátulus leónis sævus, et rúgiens, et occúrrit ei.

5. C’est pourquoi Samson descendit avec son père et sa mère à Thamnatha. Et, lorsqu’ils furent arrivés aux vignes de la ville, parut le petit d’un lion furieux et rugissant, et il vint à la rencontre de Samson.

6 Irruit autem spíritus Dómini in Samson, et dilacerávit leónem, quasi hædum in frustra discérpens, nihil omníno habens in manu : et hoc patri et matri nóluit indicáre.

6. Mais l’Esprit du Seigneur s’empara de Samson, qui déchira le lion comme il aurait mis un chevreau en pièces, n’ayant absolument rien dans la main ; et il ne voulut pas le déclarer à son père et à sa mère.

7 Descendítque, et locútus est mulíeri quæ placúerat óculis ejus.

7. Et il descendit, et il parla à la femme qui avait plu à ses yeux.

8 Et post áliquot dies revértens ut accíperet eam, declinávit ut vidéret cadáver leónis, et ecce exámen apum in ore leónis erat ac favus mellis.

8. Et, après quelques jours, revenant pour l’épouser, il se détourna pour voir le corps du lion, et voilà qu’un essaim d’abeilles était dans la gueule du lion, et un rayon de miel.

9 Quem cum sumpsísset in mánibus comedébat in via : veniénsque ad patrem suum et matrem, dedit eis partem, qui et ipsi comedérunt : nec tamen eis vóluit indicáre quod mel de córpore leónis assúmpserat.

9. Ayant pris ce rayon dans ses mains, il le mangeait en chemin ; et étant arrivé chez son père et sa mère, il leur en donna une partie, qu’eux-mêmes aussi mangèrent ; mais cependant il ne voulut pas leur déclarer qu’il avait pris le miel dans la gueule du lion.

10 Descéndit ítaque pater ejus ad mulíerem, et fecit fílio suo Samson convívium : sic enim júvenes fácere consuéverant.

10. Son père descendit donc chez cette femme, et il fit pour son fils Samson un festin ; car c’est ainsi que les jeunes gens avaient coutume de faire.

11 Cum ergo cives loci illíus vidíssent eum, dedérunt ei sodáles trigínta ut essent cum eo.

11. Or, lorsque les habitants de ce lieu l’eurent vu, ils lui donnèrent trente jeunes hommes pour être avec lui.

12 Quibus locútus est Samson : Propónam vobis probléma : quod si solvéritis mihi intra septem dies convívii, dabo vobis trigínta sindónes, et tótidem túnicas :

12. Samson leur dit : Je vous proposerai une énigme ; si vous me l’expliquez pendant les sept jours du festin, je vous donnerai trente vêtements de dessous et autant de tuniques ;

13 sin autem non potuéritis sólvere, vos dábitis mihi trigínta sindónes, et ejúsdem númeri túnicas. Qui respondérunt ei : Propóne probléma, ut audiámus.

13. Mais si vous ne pouvez pas l’expliquer, c’est vous qui me donnerez trente vêtements de dessous et des tuniques en même nombre. Ils lui répondirent : Propose l’énigme afin que nous l’entendions.

14 Dixítque eis :

14. Alors Samson leur dit :

De comedénte exívit cibus,

De celui qui mangeait est sortie une nourriture,

et de forti egréssa est dulcédo.

et du fort est sorti de la douceur ;

Nec potuérunt per tres dies propositiónem sólvere.

et ils ne purent point pendant trois jours expliquer l’énigme.

15 Cumque adésset dies séptimus, dixérunt ad uxórem Samson : Blandíre viro tuo et suáde ei ut índicet tibi quid signíficet probléma : quod si fácere nolúeris, incendémus te, et domum patris tui : an idcírco vocástis nos ad núptias ut spoliarétis ?

15. Mais, lorsque approchait le septième jour, ils dirent à la femme de Samson : Gagne ton mari par tes caresses, et persuade-lui de te donner la signification de l’énigme ; que si tu ne veux pas le faire, nous te brulerons, toi et la maison de ton père ; est-ce que tu ne nous as appelés aux noces que pour nous dépouiller ?

16 Quæ fundébat apud Samson lácrimas, et quærebátur, dicens : Odísti me, et non díligis : idcírco probléma, quod proposuísti fíliis pópuli mei, non vis mihi expónere. At ille respóndit : Patri meo et matri nólui dícere : et tibi indicáre pótero ?

16. Elle répandait des larmes auprès de Samson, et se plaignait, disant : Tu me hais et tu ne m’aimes point ; c’est pour cela que tu ne veux pas m’expliquer l’énigme que tu as proposée aux fils de mon peuple. Mais Samson répondit : Je ne l’ai point voulu dire à mon père et à ma mère ; et je pourrai te l’expliquer ?

17 Septem ígitur diébus convívii flebat ante eum : tandémque die séptimo cum ei esset molésta, expósuit. Quæ statim indicávit cívibus suis.

17. Ainsi, pendant les sept jours du festin elle pleurait devant lui ; et enfin le septième jour, comme elle lui était importune, il lui expliqua. Elle aussitôt la fit connaitre à ses concitoyens.

18 Et illi dixérunt ei die séptimo ante solis occúbitum :

18. Et eux dirent à Samson le septième jour avant le coucher du soleil :

Quid dúlcius melle,

Quoi de plus doux que du miel,

et quid fórtius leóne ?

et de plus fort que le lion ?

Qui ait ad eos :

Et Samson leur répondit :

Si non arassétis in vítula mea,

Si vous n’aviez pas labouré avec ma génisse,

non invenissétis propositiónem meam.

vous n’auriez pas découvert mon énigme.

19 Irruit ítaque in eum spíritus Dómini, descendítque Ascalónem, et percússit ibi trigínta viros : quorum ablátas vestes dedit iis qui probléma sólverant. Iratúsque nimis ascéndit in domum patris sui :

19. C’est pourquoi l’esprit du Seigneur s’empara de Samson, et il descendit à Ascalon : et là il tua trente hommes dont il donna les vêtements qu’il leur avait pris à ceux qui avaient expliqué l’énigme. Et étant très irrité il monta à la maison de son père.

20 uxor autem ejus accépit marítum unum de amícis ejus et prónubis.

20. Or, sa femme prit pour mari un de ses amis, un de ceux qui l’avaient accompagné à ses noces.

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CHAP. XIV.

 

1. * À Thamnatha. Thamnatha, aujourd’hui Tibnéh. Tibnéh n’est plus qu’un monceau de ruines, éparses sur les flancs d’une colline hérissée de hautes herbes, de chardons et de lentisques. Une partie de ses débris a été transportée plus loin et a servi à bâtir le village actuel d’el-Bridje. Elle a perdu maintenant ses riches vignobles. De gros blocs de pierres, disséminés aux alentours, sont, avec ces vieux décombres, rongés et couverts de lichens, le seul souvenir qui nous reste de Thamnatha. — Samson descendit. On a fait une difficulté contre ce verset, parce qu’il y est dit que Samson descendit de Saraa à Thamnatha, mais cette expression est exacte. “Il fallait descendre, ce qui est effectivement vrai, le village actuel de Saraa étant situé sur une colline plus élevée que Tibnéh,” dit M. Guérin.

2. * Une femme d’entre les Philistins. Du temps de Samson, Thamnatha était au pouvoir des Philistins. Du moins les Philistins y habitaient-ils en nombre et y agissaient-ils en maitres.

5. * Parut le petit d’un lion. Thamnatha est à une heure à l’ouest de Bethsamès. Ce fut en descendant de Bethsamès à Thamnatha, peut-être dans la gorge même, près du torrent qu’il avait à traverser, que Samson rencontra et tua le lionceau. C’est aussi dans ce massif montueux qu’il prit plus tard les trois cents chacals avec lesquels il brula les blés des Philistins. Ces lieux abondaient autrefois en bêtes fauves, comme l’attestent les noms que portaient les villages des alentours, Lebaoth ou les lionnes, Saalbim ou les chacals.

6. L’Esprit du Seigneur ne signifie pas ici l’inspiration divine, ou l’amour de la vertu, mais cet esprit de force dont le Seigneur remplit Samson pour combattre et vaincre les Philistins, qui étaient les ennemis d’Israël. L’Écriture elle-même nous apprend que la force de Samson n’était pas naturelle, mais qu’elle lui était donnée de Dieu d’une manière miraculeuse, bien qu’il y ait eu des hommes doués d’une force de corps prodigieuse.

8. * Et après quelques jours, etc. « On sait que les abeilles fuient les cadavres, mais elles ne fuient pas les ossements desséchés. L’expression après quelques jours est plus d’une fois employée dans la Sainte Écriture pour désigner un espace de temps considérable et même quelques années. Samson peut être resté plusieurs mois fiancé avec la jeune fille, qui était peut-être encore trop jeune. Hérodote, V, 114, raconte que les abeilles firent du miel dans le crâne d’Onésilos, tyran de l’ile de Cypre, dont la tête avait été suspendue par les habitants d’Amathonte. » (Stolberg.) — Les bois de Palestine sont remplis d’innombrables essaims d’abeilles sauvages qui n’habitent pas seulement des creux d’arbres, mais rassemblent aussi, faute d’autres places, leurs provisions de miel dans les fentes des rochers et dans les cavernes souterraines, sans autre but que de s’abriter à leur ombre.

11. C’était anciennement la coutume de donner à l’époux, pour l’accompagner, un certain nombre plus ou moins considérable de jeunes hommes. Les Grecs les appelaient paranymphes. Ce sont probablement ceux que l’Évangile désigne sous le nom d’amis de l’époux.

12. * Pendant les sept jours du festin. Les fêtes qui accompagnaient les mariages duraient une semaine entière et on les égayait par toute espèce de divertissements.

14. * Le gout des Orientaux pour les énigmes et les jeux de mots est un des traits saillants de leur caractère.

19. * Ascalon, l’une des cinq grandes villes des Philistins, sur la Méditerranée, au nord de Gaza et au sud d’Azot, dans une position très forte et très fertile.

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CHAPITRE XV

Samson met le feu aux moissons des Philistins. Il bat mille Philistins avec une mâchoire d’âne.

1 Post aliquántulum autem témporis, cum dies tritíceæ messis instárent, venit Samson, invísere volens uxórem suam, et áttulit ei hædum de capris. Cumque cubículum ejus sólito vellet intráre, prohíbuit eum pater illíus, dicens :

1. Mais peu de temps après, lorsque les jours de la moisson des blés approchaient, Samson vint, voulant voir sa femme ; et il lui apporta un chevreau. Or, comme il voulait, selon la coutume, entrer dans sa chambre, son père l’empêcha, disant :

2 Putávi quod odísses eam, et ídeo trádidi illam amíco tuo : sed habet sorórem, quæ júnior et púlchrior illa est : sit tibi pro ea uxor.

2. J’ai pensé que tu la haïssais, et c’est pour cela que je l’ai donnée à ton ami. Mais elle a une sœur qui est plus jeune et plus belle ; qu’elle soit ta femme au lieu d’elle.

3 Cui Samson respóndit : Ab hac die non erit culpa in me contra Philisthǽos : fáciam enim vobis mala.

3. Samson lui répondit : Dès ce jour, il n’y aura pas de faute en moi contre les Philistins, si je vous fais du mal.

4 Perrexítque et cepit trecéntas vulpes, caudásque eárum junxit ad caudas, et faces ligávit in médio :

4. Il alla donc, et il prit trois cents renards ; il lia les queues des uns aux queues des autres, et attacha des torches au milieu.

5 quas igne succéndens, dimísit ut huc illúcque discúrrerent. Quæ statim perrexérunt in ségetes Philisthinórum. Quibus succénsis, et comportátæ jam fruges, et adhuc stantes in stípula, concremátæ sunt, in tantum ut víneas quoque et olivéta flamma consúmeret.

5. Mettant le feu aux torches, il lâcha les renards, afin qu’ils courussent çà et là. Ceux-ci allèrent dans les moissons des Philistins, lesquelles une fois embrasées, et les blés déjà amassés et ceux qui étaient encore sur pied, furent brulés ; tellement que la flamme consuma même les vignes et les plants d’oliviers.

6 Dixerúntque Philísthiim : Quis fecit hanc rem ? Quibus dictum est : Samson gener Thamnathǽi : quia tulit uxórem ejus, et álteri trádidit, hæc operátus est. Ascenderúntque Philísthiim, et combussérunt tam mulíerem quam patrem ejus.

6. Alors les Philistins dirent : Qui a fait cela ? On leur répondit : Samson, gendre du Thamnathéen, parce que celui-ci a enlevé sa femme et l’a donnée à un autre, a fait ces choses. Alors les Philistins montèrent et brulèrent tant la femme que son père.

7 Quibus ait Samson : Licet hæc fecéritis, tamen adhuc ex vobis expétam ultiónem, et tunc quiéscam.

7. Samson leur dit : Quoique vous ayez fait cela, je tirerai encore de vous vengeance, et alors je demeurerai tranquille.

8 Percussítque eos ingénti plaga, ita ut stupéntes suram fémori impónerent. Et descéndens habitávit in spelúnca petræ Etam.

8. Il les frappa, en effet d’une plaie, en sorte que saisis de stupeur, ils mettaient la jambe sur la cuisse. Après cela, descendant, il habita dans la caverne du rocher d’Étam.

9 Igitur ascendéntes Philísthiim in terram Juda, castrametáti sunt in loco, qui póstea vocátus est Lechi, id est, Maxílla, ubi eórum effúsus est exércitus.

9. Les Philistins montant donc dans la terre de Juda, campèrent dans ce lieu, qui, dans la suite, fut appelé Lechi, c’est-à-dire, Mâchoire, où leur armée fut dissipée.

10 Dixerúntque ad eos de tribu Juda : Cur ascendístis advérsum nos ? Qui respondérunt : Ut ligémus Samson vénimus, et reddámus ei quæ in nos operátus est.

10. Des hommes de la tribu de Juda leur dirent : Pourquoi avez-vous monté contre nous ? Ils répondirent : C’est pour lier Samson que nous sommes venus et pour lui rendre ce qu’il a fait contre nous.

11 Descendérunt ergo tria míllia virórum de Juda ad specum sílicis Etam, dixerúntque ad Samson : Nescis quod Philísthiim ímperent nobis ? quare hoc fácere voluísti ? Quibus ille ait : Sicut fecérunt mihi, sic feci eis.

11. Il descendit donc trois mille hommes de Juda à la caverne du rocher d’Étam, et ils dirent à Samson : Tu ne sais pas que les Philistins nous commandent ? Pourquoi as-tu voulu faire cela ? Il leur répondit : Comme ils m’ont fait, ainsi je leur ai fait.

12 Ligáre, ínquiunt, te vénimus, et trádere in manus Philisthinórum. Quibus Samson : Juráte, ait, et spondéte mihi quod non occidátis me.

12. C’est pour te lier, reprennent-ils que nous sommes venus, et pour te livrer aux mains des Philistins. Et Samson : Jurez, leur dit-il, et promettez-moi, que vous ne me tuerez pas.

13 Dixérunt : Non te occidémus, sed vinctum tradémus. Ligaverúntque eum duóbus novis fúnibus, et tulérunt eum de petra Etam.

13. Ils répondirent : Nous ne te tuerons pas ; mais nous te livrerons enchainé, Et ils le lièrent avec deux cordes neuves, et ils l’enlevèrent du rocher d’Étam.

14 Qui cum venísset ad locum Maxíllæ, et Philísthiim vociferántes occurríssent ei, írruit spíritus Dómini in eum : et sicut solent ad odórem ignis lina consúmi, ita víncula, quibus ligátus erat, dissipáta sunt et solúta.

14. Lorsqu’il fut arrivé au lieu de la Mâchoire et que les Philistins, vociférant, furent venus à sa rencontre, l’Esprit du Seigneur s’empara de lui ; et comme le lin a coutume de se consumer à l’odeur du feu, ainsi les liens dont il avait été lié, se brisèrent et se détachèrent.

15 Inventámque maxíllam, id est, mandíbulam ásini, quæ jacébat, arrípiens interfécit in ea mille viros,

15. Et saisissant une mâchoire d’âne, c’est-à-dire une mandibule d’âne, qu’il trouva et qui était à terre, il en tua mille hommes.

16 et ait :

16. Et il dit :

In maxílla ásini,

Avec la mâchoire de l’âne,

in mandíbula pulli asinárum,

avec la mandibule du poulain des ânesses

delévi eos,

je les ai détruits,

et percússi mille viros.

et j’ai frappé mille hommes.

17 Cumque hæc verba canens complésset, projécit mandíbulam de manu, et vocávit nomen loci illíus Ramáthlechi, quod interpretátur, Elevátio maxíllæ.

17. Et lorsqu’il eut fini de chanter ces paroles, il jeta de sa main la mandibule, et appela ce lieu du nom de Ramathlechi, qu’on interprète par Élévation de mâchoire.

18 Sitiénsque valde, clamávit ad Dóminum, et ait : Tu dedísti in manu servi tui salútem hanc máximam atque victóriam : en siti mórior, incidámque in manus incircumcisórum.

18. Et pressé violemment par la soif, il cria au Seigneur, et dit : C’est vous qui avez mis dans la main de votre serviteur cette délivrance prodigieuse, et cette victoire ; voici que je meurs de soif, et je tomberai entre les mains des incirconcis.

19 Apéruit ítaque Dóminus molárem dentem in maxílla ásini, et egréssæ sunt ex eo aquæ. Quibus haustis, refocillávit spíritum, et vires recépit. Idcírco appellátum est nomen loci illíus, Fons invocántis de maxílla, usque in præséntem diem.

19. C’est pourquoi le Seigneur ouvrit la dent molaire dans la mâchoire d’âne, et il en sortit de l’eau ; et Samson en ayant bu, ranima ses esprits, et reprit ses forces. C’est pour cela que jusqu’au présent jour on a appelé ce lieu du nom de Fontaine de l’invoquant sortie de la mâchoire.

20 Judicavítque Israël in diébus Philísthiim vigínti annis.

20. Et Samson jugea Israël aux jours des Philistins pendant vingt ans.

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CHAP. XV.

 

1. * Il lui apporta un chevreau. Voir la note sur I Reg. XVI, 20.

3. Il n’y aura plus, etc. ; c’est-à-dire je ne serai point coupable envers les Philistins.

4. Les renards dont il est ici question sont les chacals, espèce d’animaux qui tiennent le milieu entre le renard ordinaire, le chien et le loup. On les rencontre par troupes dans la Palestine ; ils cherchent la société des hommes, et se laissent prendre facilement.

5. * Dans les moissons des Philistins. Les cinq villes des Philistins étaient situées dans une vaste plaine que le texte hébreu appelle Sephela ou le pays bas. Sur le rivage de la mer Méditerranée s’étend une large bande de sable stérile, mais tout le reste de la plaine n’est qu’un immense champ de blé, d’un rapport merveilleux, parsemé çà et là de légers mamelons, couverts de jardins verdoyants et de riches vergers.

8. On met souvent la jambe sur la cuisse, quand on est pensif, inquiet, interdit. L’hébreu porte : Et il les frappa jambe sur cuisse ; ce qui peut être une expression proverbiale désignant une défaite entière. — * Dans la caverne du rocher d’Étam. Cette caverne était probablement une des nombreuses excavations qu’on trouve à l’extrémité orientale de la plaine de la Sephela, dans les derniers contreforts des montagnes de Juda, vers Lekiéh et Deir-Dubban.

14. À l’odeur du feu ; aux approches, au moindre contact du feu.

19. * Fontaine de l’invoquant. Elle ne devait pas être éloignée d’Étam.

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CHAPITRE XVI

Samson enlève les portes de Gaza. Dalila lui coupe les cheveux. Il renverse sur lui le temple de Dagon.

1 Abiit quoque in Gazam, et vidit ibi mulíerem meretrícem, ingressúsque est ad eam.

1. Il alla aussi à Gaza, et là il vit une femme de mauvaise vie, et il entra chez elle.

2 Quod cum audíssent Philísthiim, et percrebruísset apud eos intrásse urbem Samson, circumdedérunt eum, pósitis in porta civitátis custódibus : et ibi tota nocte cum siléntio præstolántes, ut facto mane exeúntem occíderent.

2. Lorsque les Philistins l’eurent appris, et que le bruit se fut répandu chez eux, que Samson était entré dans la ville, ils l’environnèrent, mettant des gardes à la porte de la ville, et attendant là, toute la nuit, en silence, pour le tuer, le matin venu, lorsqu’il sortirait.

3 Dormívit autem Samson usque ad médium noctem : et inde consúrgens, apprehéndit ambas portæ fores cum póstibus suis et sera, impositásque húmeris suis portávit ad vérticem montis, qui réspicit Hebron.

3. Mais Samson dormit jusqu’au milieu de la nuit ; et se levant alors il prit les deux battants de la porte avec ses poteaux et son verrou, et les ayant mis sur ses épaules, il les porta sur le sommet de la montagne qui regarde Hébron.

4 Post hæc amávit mulíerem, quæ habitábat in valle Sorec, et vocabátur Dálila.

4. Après cela il aima une femme, qui habitait dans la vallée de Sorec, et s’appelait Dalila.

5 Venerúntque ad eam príncipes Philisthinórum, atque dixérunt : Décipe eum, et disce ab illo, in quo hábeat tantam fortitúdinem, et quómodo eum superáre valeámus, et vinctum afflígere : quod si féceris, dábimus tibi sínguli mille et centum argénteos.

5. Et les princes des Philistins vinrent vers elle, et dirent : Trompe Samson, et apprends de lui comment il a une si grande force, et de quelle manière nous pourrions le vaincre, et après l’avoir lié, le tourmenter. Que si tu fais cela, nous te donnerons chacun mille et cent pièces d’argent.

6 Locúta est ergo Dálila ad Samson : Dic mihi, óbsecro, in quo sit tua máxima fortitúdo, et quid sit quo ligátus erúmpere néqueas ?

6. Dalila dit donc à Samson : Dis-moi, je te conjure, d’où te vient ta très grande force, et quel est le lien, dont étant lié, tu ne pourrais t’échapper ?

7 Cui respóndit Samson : Si septem nervíceis fúnibus necdum siccis, et adhuc huméntibus, ligátus fúero, infírmus ero ut céteri hómines.

7. Samson lui répondit : Si on me lie avec sept cordes de boyau non sèches, mais encore humides, je serai faible comme tous les autres hommes.

8 Attulerúntque ad eam satrápæ Philisthinórum septem funes, ut díxerat : quibus vinxit eam,

8. Les satrapes des Philistins lui apportèrent sept cordes comme il avait dit, dont elle le lia ;

9 laténtibus apud se insídiis, et in cubículo finem rei expectántibus : clamavítque ad eum : Philísthiim super te, Samson. Qui rupit víncula, quómodo si rumpat quis filum de stuppæ tortum putámine, cum odórem ignis accéperit : et non est cógnitum in quo esset fortitúdo ejus.

9. Et, une embuscade ayant été placée chez elle, et attendant dans la chambre l’issue de la chose, elle lui cria : Les Philistins sur toi, Samson ! Et lui, rompit les cordes, comme quelqu’un romprait un fil tordu avec le rebut de l’étoupe, lorsqu’il sent l’odeur du feu ; et on ne connut point d’où venait sa force.

10 Dixítque ad eum Dálila : Ecce illusísti mihi, et falsum locútus es : saltem nunc índica mihi quo ligári débeas.

10. Alors Dalila lui dit : Voilà que tu t’es joué de moi, et tu as dit faux : au moins maintenant indique-moi avec quoi tu devrais être lié.

11 Cui ille respóndit : Si ligátus fúero novis fúnibus, qui numquam fúerunt in ópere, infírmus ero, et aliórum hóminum símilis.

11. Samson lui répondit : Si je suis lié avec des cordes neuves, qui jamais n’ont été mises en œuvre, je serai faible et semblable aux autres hommes.

12 Quibus rursum Dálila vinxit eum, et clamávit : Philísthiim super te, Samson : in cubículo insídiis præparátis. Qui ita rupit víncula quasi fila telárum.

12. Dalila le lia encore avec ces cordes, et cria : Les Philistins sur toi, Samson ! une embuscade ayant été disposée dans la chambre. Et lui rompit les cordes comme des fils de toiles.

13 Dixítque Dálila rursum ad eum : Usquequo décipis me, et falsum loquéris ? osténde quo vincíri débeas. Cui respóndit Samson : Si septem crines cápitis mei cum lício plexúeris, et clavum his circumligátum terræ fíxeris, infírmus ero.

13. Et Dalila lui dit de nouveau : Jusqu’à quand me tromperas-tu, et diras-tu faux ? montre par quoi tu dois être lié. Samson lui répondit : Si tu entrelaces les sept tresses des cheveux de ma tête avec le fil de la trame, et que tu enfonces dans la terre le clou entouré de ces tresses, je serai faible.

14 Quod cum fecísset Dálila, dixit ad eum : Philísthiim super te, Samson. Qui consúrgens de somno extráxit clavum cum crínibus et lício.

14. Ce que Dalila ayant fait, elle lui dit : Les Philistins sur toi, Samson ! Et lui, sortant de son sommeil, arracha le clou avec les tresses de cheveux et le fil de la trame.

15 Dixítque ad eum Dálila : Quómodo dicis quod amas me, cum ánimus tuus non sit mecum ? Per tres vices mentítus es mihi, et noluísti dícere in quo sit máxima fortitúdo tua.

15. Et Dalila lui dit : Comment dis-tu que tu m’aimes, puisque ton cœur n’est pas avec moi ? Par trois fois tu m’as menti, et tu n’as pas voulu dire d’où vient ta très grande force.

16 Cumque molésta esset ei, et per multos dies júgiter adhæréret, spátium ad quiétem non tríbuens, defécit ánima ejus, et ad mortem usque lassáta est.

16. Et comme elle lui était importune, et que pendant bien des jours elle se tint constamment attachée auprès de lui, ne lui accordant point de temps pour le repos, son âme défaillit, et se lassa jusqu’à la mort.

17 Tunc apériens veritátem rei, dixit ad eam : Ferrum numquam ascéndit super caput meum, quia nazarǽus, id est, consecrátus Deo, sum de útero matris meæ : si rasum fúerit caput meum, recédet a me fortitúdo mea, et defíciam, eróque sicut céteri hómines.

17. Alors découvrant la vérité de la chose, il lui dit : Jamais fer n’a monté sur ma tête, parce que je suis nazaréen, c’est-à-dire, consacré à Dieu dès le sein de ma mère ; si ma tête est rasée, ma force se retirera de moi ; je deviendrai faible, et je serai comme tous les autres hommes.

18 Vidénsque illa quod conféssus ei esset omnem ánimum suum, misit ad príncipes Philisthinórum ac mandávit : Ascénde adhuc semel, quia nunc mihi apéruit cor suum. Qui ascendérunt assúmpta pecúnia, quam promíserant.

18. Or, Dalila, voyant qu’il lui avait confessé tout son cœur, envoya vers les princes des Philistins, et leur manda : Montez encore une fois, parce que maintenant il m’a ouvert son cœur. Et ils montèrent, après avoir pris avec eux l’argent qu’ils avaient promis.

19 At illa dormíre eum fecit super génua sua, et in sinu suo reclináre caput. Vocavítque tonsórem, et rasit septem crines ejus, et cœpit abígere eum, et a se repéllere : statim enim ab eo fortitúdo discéssit.

19. Ainsi, elle le fit dormir sur ses genoux, et reposer la tête sur son sein. Elle appela aussi un barbier, et il rasa les sept tresses de ses cheveux : alors elle commença à le chasser et à le repousser d’auprès d’elle ; car aussitôt sa force se retira de lui.

20 Dixítque : Philísthiim super te, Samson. Qui de somno consúrgens, dixit in ánimo suo : Egrédiar sicut ante feci, et me excútiam : nésciens quod recessísset ab eo Dóminus.

20. Et elle dit : Les Philistins sur toi, Samson ! Et lui, sortant de son sommeil, dit en son cœur : Je sortirai, comme j’ai fait auparavant, et je me dégagerai, ne sachant pas que le Seigneur s’était retiré de lui.

21 Quem cum apprehendíssent Philísthiim, statim eruérunt óculos ejus, et duxérunt Gazam vinctum caténis, et clausum in cárcere mólere fecérunt.

21. Lorsque les Philistins l’eurent pris, ils arrachèrent aussitôt ses yeux, le conduisirent à Gaza lié de chaines, et l’enfermant dans la prison, ils lui firent tourner la meule.

22 Jamque capílli ejus renásci cœpérunt.

22. Et déjà ses cheveux commençaient à revenir,

23 Et príncipes Philisthinórum convenérunt in unum ut immolárent hóstias magníficas Dagon deo suo, et epularéntur, dicéntes : Trádidit deus noster inimícum nostrum Samson in manus nostras.

23. Lorsque les princes des Philistins s’assemblèrent pour immoler des hosties solennelles à Dagon leur dieu, et faire des festins, disant : Notre Dieu a livré Samson notre ennemi en nos mains.

24 Quod étiam pópulus videns, laudábat deum suum, eadémque dicébat : Trádidit deus noster adversárium nostrum in manus nostras, qui delévit terram nostram, et occídit plúrimos.

24. Ce que le peuple aussi voyant, il louait son Dieu, et disait les mêmes choses : Notre dieu a livré en nos mains notre ennemi, qui a ruiné notre terre et a tué un grand nombre de Philistins.

25 Lætantésque per convívia, sumptis jam épulis, præcepérunt ut vocarétur Samson, et ante eos lúderet. Qui addúctus de cárcere ludébat ante eos, fecerúntque eum stare inter duas colúmnas.

25. Or, comme ils se réjouissaient au milieu des festins, les repas étant déjà pris, ils ordonnèrent que Samson fût appelé, et qu’il jouât devant eux. Samson ayant été amené de la prison, jouait devant eux, et ils le firent tenir debout entre les deux colonnes.

26 Qui dixit púero regénti gressus suos : Dimítte me, ut tangam colúmnas, quibus omnis ímminet domus, et reclíner super eas, et páululum requiéscam.

26. Samson dit à l’enfant qui dirigeait ses pas : Laisse-moi toucher les colonnes par lesquelles toute la maison est soutenue, et m’appuyer contre elles, et me reposer un peu.

27 Domus autem erat plena virórum ac mulíerum, et erant ibi omnes príncipes Philisthinórum, ac de tecto et solário círciter tria míllia utriúsque sexus spectántes ludéntem Samson.

27. Or la maison était pleine d’hommes et de femmes, et là étaient tous les princes des Philistins, et environ trois mille personnes de l’un et de l’autre sexe, regardant, du toit et de la terrasse, Samson qui jouait.

28 At ille invocáto Dómino ait : Dómine Deus, meménto mei, et redde mihi nunc fortitúdinem prístinam, Deus meus, ut ulcíscar me de hóstibus meis, et pro amissióne duórum lúminum unam ultiónem recípiam.

28. Mais, Samson, le nom du Seigneur invoqué, dit : Seigneur Dieu, souvenez-vous de moi, et rendez-moi maintenant ma première force, mon Dieu, afin que je me venge de mes ennemis, et que, pour la perte de mes deux yeux, je tire une seule vengeance.

29 Et apprehéndens ambas colúmnas quibus innitebátur domus, alterámque eárum déxtera et álteram læva tenens,

29. Et saisissant les deux colonnes sur lesquelles était appuyée la maison, tenant l’une d’elles de la main droite, et l’autre de la main gauche,

30 ait : Moriátur ánima mea cum Philísthiim. Concussísque fórtiter colúmnis, cécidit domus super omnes príncipes, et cǽteram multitúdinem quæ ibi erat : multóque plures interfécit móriens, quam ante vivus occíderat.

30. Il dit : Meure mon âme avec les Philistins ; et, les colonnes fortement ébranlées, la maison tomba sur tous les princes et sur toute la multitude qui était là, et il en tua beaucoup plus en mourant, qu’il n’en avait tué auparavant, lorsqu’il vivait.

31 Descendéntes autem fratres ejus et univérsa cognátio, tulérunt corpus ejus, et sepeliérunt inter Sáraa et Esthaol in sepúlchro patris sui Mánuë : judicavítque Israël vigínti annis.

31. Or, ses frères et toute sa parenté descendant en ce lieu, prirent son corps et l’ensevelirent entre Saraa et Esthaol dans le sépulcre de son père Manué. Et il jugea Israël pendant vingt ans.

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CHAP. XVI.

 

1. * Gaza. Voir Jos. X, 41.

3. * Il prit les deux battants de la porte avec ses poteaux et son verrou. « Les portes des villes sont ordinairement cintrées ; elles sont gardées et fermées la nuit. Elles sont larges, massives, à deux battants (Is. XLV, 1), construites en bois solide et bardées de fer (Act. XII, 10). Une forte barre de fer, formant crochet à l’une de ses extrémités, est suspendue à un lourd anneau de même métal, fixé à un fort montant solidement encastré dans la muraille de chaque côté de la porte. Quand la porte est fermée, le crochet des arcs-boutants entre dans un anneau de fer, attaché derrière chaque battant, de sorte que la porte est capable de résister à une forte pression venant du dehors. La serrure est massive, de fer travaillé, et la clef à longue poignée, fort lourde, est portée à la ceinture par le gardien de la porte ou suspendue à un clou dans le petit appartement qui est tout près. Il fallut la force de Samson, pour arracher les portes de Gaza de leurs gonds, avec les deux montants, barre et tout, et les porter au sommet de la colline qui regarde Hébron. Une tour quelquefois deux, flanquent la porte. Des bancs sont fixés de chaque côté de l’entrée et souvent occupés par des gardes, qui vivent dans des appartements ouvrant sur le porche. Ce porche est le rendez-vous favori des habitants, spécialement des plus riches, qui y sont attirés par la brise fraiche qui souffle à travers la porte ombragée, et par la distraction qu’ils trouvent à voir aller et venir constamment hommes et bêtes… Les juges et même le gouverneur se rendent souvent en ce lieu pour régler les affaires les plus importantes : les causes civiles et criminelles y sont souvent discutées et jugées… Les portes de la ville sont fermées au coucher du soleil ou bientôt après. Quelques-unes d’entre elles ont, dans un de leurs battants, une petite porte, qui demeure ouverte une heure ou même plus après le coucher du soleil, pour permettre aux piétons accidentellement en retard d’entrer dans la ville ou d’en sortir. On peut la faire ouvrir aussi plus tard, moyennant un bakchich. Mais les animaux doivent rester dehors et les voyageurs attardés sont ainsi fréquemment forcés de camper hors des murs, quand ils n’arrivent pas à la porte avant le coucher du soleil. » (Van Lennep.) Hébron. Voir la note sur Gen. XIII, 18.

4. * La vallée de Sorec. La vallée qui sépare Bethsamès de Saraa est très probablement la vallée qu’habitait Dalila. Les plants de vigne de la vallée de Sorec étaient les plus célèbres de la Palestine.

5. Pièces ; c’est-à-dire sicles. Voy. Gen. XLV, 22.

13. Si lu entrelaces, etc. Pour bien comprendre la fin de ce verset, il faut supposer que Samson partageait ordinairement ses cheveux en sept tresses, et qu’il était alors couché par terre auprès de Dalila, qui faisait de la toile sur son métier. Quant au clou que le texte hébreu détermine par l’article, c’était probablement le principal parmi ceux qui servaient à soutenir le métier.

21. * Ils lui firent tourner la meule. On ne peut imaginer d’occupation plus fastidieuse et plus fatigante. Aussi celui qui était obligé de s’y livrer était considéré comme la plus malheureuse des créatures, et chez les peuples anciens, on condamnait souvent les captifs à tourner la meule, comme Samson. Il est donc impossible de rien concevoir de plus humiliant pour le héros israélite que cette besogne de femme et d’esclave. Sur le moulin à bras, voir la note sur Deut. XXIV, 6.

23. * Dagon leur dieu. Dagon était le dieu principal des Philistins. Sur cette idole, voir la note sur I Reg. V, 2.

25-27. Jouait en chantant et en dansant, pour les amuser, selon l’usage de ce temps-là. — * La description suivante de Shaw permet de se rendre bien compte des faits racontés ici : « Il y a dans ce pays-ci [en Afrique] plusieurs palais et Don-wânas, comme ils appellent les cours de justice, qui sont bâtis [comme les anciens enclos sacrés] lesquels étaient entourés les uns en partie seulement, les autres tout à fait, de bâtiments avec des cloitres par-dessus. Les jours de fête, on couvre la place de sable, afin que les pello-waan ou lutteurs ne se fassent point de mal en tombant, pendant que les toits des cloitres d’alentour fourmillent de spectateurs. J’ai souvent vu à Alger plusieurs centaines de personnes dans ces sortes d’occasions sur le toit du palais du Dey qui, de même que plusieurs autres grands édifices, a un cloitre avancé qui ressemble à un grand appentis, n’étant soutenu dans le milieu ou sur le devant que par un ou deux piliers. C’est dans de semblables bâtiments ouverts, que les bachas, les cadis et les autres grands officiers s’assemblent et s’asseyent au milieu de leurs gardes et de leurs conseillers, pour administrer la justice et pour régler les affaires publiques de leur province. Ils y font aussi des festins, comme les principaux d’entre les Philistins en faisaient dans le temple de Dagon. De sorte qu’en supposant que ce temple était construit à peu près comme les bâtiments dont je viens de parler, il est aisé de concevoir comment Samson, en faisant tomber les piliers qui soutenaient le cloitre, le renversa, “et tua plus de Philistins en sa mort qu’il n’en avait fait mourir en sa vie”. »

28. Je tire une seule vengeance ; je me venge en une seule fois du mal qu’ils m’ont fait en m’arrachant les deux yeux.

31. * Esthaol, aujourd’hui Aschoua. — Dans le sépulcre dont l’oualy (tombeau) de Scheikh Gherib actuel, occupe probablement l’emplacement.

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CHAPITRE XVII

Idole de Michas.

1 Fuit eo témpore vir quidam de monte Ephraïm nómine Michas,

1. Il y eut en ce temps-là un certain homme de la montagne d’Ephraïm, du nom de Michas,

2 qui dixit matri suæ : Mille et centum argénteos, quos separáveras tibi, et super quibus me audiénte juráveras, ecce ego hábeo, et apud me sunt. Cui illa respóndit : Benedíctus fílius meus Dómino.

2. Qui dit à sa mère : Les mille et cent sicles d’argent, que vous aviez mis à part, et au sujet desquels, vous aviez juré, moi l’entendant, voici que je les ai, et qu’ils sont avec moi. Sa mère lui répondit : Béni soit mon fils par le Seigneur !

3 Réddidit ergo eos matri suæ, quæ díxerat ei : Consecrávi et vovi hoc argéntum Dómino, ut de manu mea suscípiat fílius meus, et fáciat scúlptile atque conflátile : et nunc trado illud tibi.

3. Michas les rendit donc à sa mère, qui lui avait dit : J’ai consacré et voué cet argent au Seigneur, afin que mon fils le reçoive de ma main, et qu’il fasse une image taillée au ciseau et une idole de fonte ; et maintenant je te le remets.

4 Réddidit ígitur eos matri suæ : quæ tulit ducéntos argénteos, et dedit eos argentário, ut fáceret ex eis scúlptile atque conflátile, quod fuit in domo Michæ.

4. Il les rendit donc à sa mère, qui prit deux cents sicles d’argent et les donna à un orfèvre, afin qu’il en fit une image taillée au ciseau et une idole de fonte, qui demeura dans la maison de Michas.

5 Qui ædículam quoque in ea deo separávit, et fecit ephod, et theráphim, id est, vestem sacerdotálem, et idóla : implevítque uníus filiórum suórum manum, et factus est ei sacérdos.

5. Michas aussi éleva séparément dans sa maison un petit temple au dieu, et fit un ephod, des theraphim, c’est-à-dire un vêtement sacerdotal, et des idoles ; puis il remplit la main d’un de ses fils ; et celui-ci devint son prêtre.

6 In diébus illis non erat rex in Israël, sed unusquísque quod sibi rectum videbátur, hoc faciébat.

6. En ces jours-là il n’y avait point de roi en Israël, mais chacun faisait tout ce qui lui semblait juste.

7 Fuit quoque alter adoléscens de Béthlehem Juda, ex cognatióne ejus : erátque ipse Levítes, et habitábat ibi.

7. Il y eut aussi un autre jeune homme de Bethléhem de Juda, par sa parenté ; et lui était Lévite, et il habitait là.

8 Egressúsque de civitáte Béthlehem, peregrinári vóluit ubicúmque sibi cómmodum reperísset. Cumque venísset in montem Ephraïm, iter fáciens, et declinásset parúmper in domum Michæ,

8. Sorti de la ville de Bethléhem, il voulut voyager partout où il trouverait pour lui un avantage. Et lorsqu’il fut venu à la montagne d’Ephraïm, chemin faisant, et qu’il se fut un peu détourné jusqu’à la maison de Michas,

9 interrogátus est ab eo unde venísset. Qui respóndit : Levíta sum de Béthlehem Juda, et vado ut hábitem ubi potúero, et útile mihi esse perspéxero.

9. Michas lui demanda d’où il venait. Il répondit : Je suis Lévite de Bethléhem de Juda, et je vais pour habiter où je pourrai, et où je verrai qu’il me sera utile.

10 Dixítque Michas : Mane apud me, et esto mihi parens ac sacérdos : dabóque tibi per annos síngulos decem argénteos, ac vestem dúplicem, et quæ ad victum sunt necessária.

10. Et Michas dit : Demeure chez moi, et sers-moi de père et de prêtre ; je te donnerai chaque année dix sicles d’argent, un double vêtement et ce qui est nécessaire pour la vie.

11 Acquiévit, et mansit apud hóminem, fuítque illi quasi unus de fíliis.

11. Il consentit, et il demeura chez lui, et il fut pour lui comme un de ses enfants.

12 Implevítque Michas manum ejus, et hábuit púerum sacerdótem apud se :

12. Et Michas remplit sa main, et il garda ce jeune homme comme prêtre chez lui,

13 Nunc scio, dicens, quod benefáciet mihi Deus habénti Levítici géneris sacerdótem.

13. Disant : Je sais que Dieu me fera du bien, puisque j’ai un prêtre de la race Lévitique.

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CHAP. XVII.

 

5, 12. Il remplit la main, etc. Voyez sur le sens de cette expression, Num. III, 3. — * Il fit un ephod. Voir Ex. XXVIII, 4. — C’est-à-dire un vêtement sacerdotal et des idoles. Cette explication est ajoutée au texte original dans notre Vulgate.

7. Par sa parenté ; du côté de sa mère ; c’est-à-dire, qu’il appartenait à la tribu de Juda par sa mère ; car par son père il était de la race de Lévi. Ainsi l’écrivain sacré fait ici cette remarque, dans le but d’expliquer pourquoi il demeurait à Bethléhem, ville de la tribu de Juda, laquelle n’était pas du nombre des villes assignées aux Lévites. Au lieu de par sa parenté, l’hébreu, plus explicite, dit : de la famille de Juda.

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CHAPITRE XVIII

Six cents hommes de la tribu de Dan vont s’établir à Lais. Ils enlèvent le prêtre et l’idole de Michas.

1 In diébus illis non erat rex in Israël, et tribus Dan quærébat possessiónem sibi, ut habitáret in ea : usque ad illum enim diem inter céteras tribus sortem non accéperat.

1. En ces jours-là il n’y avait point de roi en Israël, et la tribu de Dan se cherchait une possession pour y habiter ; car jusqu’à ce jour elle n’avait pas reçu de lot parmi les autres tribus.

2 Misérunt ergo fílii Dan stirpis et famíliæ suæ quinque viros fortíssimos de Sáraa et Esthaol, ut explorárent terram, et diligénter inspícerent : dixerúntque eis : Ite, et consideráte terram. Qui cum pergéntes veníssent in montem Ephraïm, et intrássent domum Michæ, requievérunt ibi :

2. Les enfants de Dan envoyèrent donc cinq hommes de leur race et de leur famille, des plus vaillants de Saraa et d’Esthaol, pour explorer la terre, et l’examiner avec soin ; et ils leur dirent : Allez et considérez la terre. Lorsque ceux-ci, s’étant mis en chemin, furent venus à la montagne d’Ephraïm, et qu’ils furent entrés dans la maison de Michas, ils s’y reposèrent ;

3 et agnoscéntes vocem adolescéntis Levítæ, utentésque illíus diversório, dixérunt ad eum : Quis te huc addúcit ? quid hic agis ? quam ob causam huc veníre voluísti ?

3. Et reconnaissant la voix du jeune Lévite, et se trouvant dans son logis, ils lui demandèrent : Qui t’a amené ici ? qu’y fais-tu ? pour quel motif as-tu voulu y venir ?

4 Qui respóndit eis : Hæc et hæc prǽstitit mihi Michas, et me mercéde condúxit, ut sim ei sacérdos.

4. Il leur répondit : Michas a fait pour moi telle et telle chose, et il m’a loué moyennant un salaire, pour que je lui serve de prêtre.

5 Rogavérunt autem eum ut consúleret Dóminum ut scire possent an próspero itínere pérgerent, et res habéret efféctum.

5. Or, ils le prièrent de consulter le Seigneur, afin qu’ils pussent savoir s’ils feraient un heureux voyage, et si leur entreprise aurait son effet.

6 Qui respóndit eis : Ite in pace : Dóminus réspicit viam vestram, et iter quo pérgitis.

6. Il leur répondit : Allez en paix, le Seigneur regarde votre voie, et le chemin par lequel vous allez.

7 Eúntes ígitur quinque viri venérunt Lais : viderúntque pópulum habitántem in ea absque ullo timóre, juxta consuetúdinem Sidoniórum, secúrum et quiétum, nullo ei pénitus resisténte, magnarúmque opum, et procul a Sidóne atque a cunctis homínibus separátum.

7. S’en allant donc, les cinq hommes vinrent à Lais, et ils virent que le peuple y habitait sans aucune crainte, selon la coutume des Sidoniens, en sécurité et tranquille, personne absolument ne s’opposant à lui, ayant de grandes richesses, loin de Sidon, et séparé de tous les hommes.

8 Reversíque ad fratres suos in Sáraa et Esthaol, et quid egíssent sciscitántibus respondérunt :

8. Et étant retournés vers leurs frères à Saraa et à Esthaol, ils répondirent à ceux qui leur demandèrent ce qu’ils avaient fait :

9 Súrgite, ascendámus ad eos : vídimus enim terram valde opuléntam et úberem. Nolíte neglígere, nolíte cessáre : eámus, et possideámus eam : nullus erit labor.

9. Levez-vous, montons vers eux, car nous avons vu la terre très riche et très fertile ; ne mettez point de négligence, et ne différez point. Allons, et possédons-la, il n’y aura aucun labeur.

10 Intrábimus ad secúros, in regiónem latíssimam, tradétque nobis Dóminus locum, in quo nullíus rei est penúria eórum quæ gignúntur in terra.

10. Nous entrerons chez des gens en sécurité, dans une contrée très étendue, et le Seigneur nous livrera un lieu dans lequel il n’y a manque d’aucune chose de ce qui est produit sur la terre.

11 Profécti ígitur sunt de cognatióne Dan, id est, de Sáraa et Esthaol, sexcénti viri accíncti armis béllicis,

11. Ils partirent donc de la famille de Dan, c’est-à-dire de Saraa et d’Esthaol, six cents hommes, munis d’armes de guerre,

12 ascendentésque mansérunt in Cariathíarim Judæ : qui locus ex eo témpore Castrórum Dan nomen accépit, et est post tergum Cariathíarim.

12. Et, montant, ils demeurèrent à Cariathiarim de Juda ; lequel lieu, depuis ce temps-là, reçut le nom de Camp de Dan, et il est derrière Cariathiarim.

13 Inde transiérunt in montem Ephraïm. Cumque veníssent ad domum Michæ,

13. De là ils passèrent à la montagne d’Ephraïm. Et lorsqu’ils furent venus à la maison de Michas,

14 dixérunt quinque viri, qui prius missi fúerant ad considerándam terram Lais, céteris frátribus suis : Nostis quod in dómibus istis sit ephod, et theráphim, et scúlptile, atque conflátile : vidéte quid vobis pláceat.

14. Les cinq hommes qui auparavant avaient été envoyés pour considérer la terre de Lais, dirent à tous leurs autres frères : Vous savez qu’en ces maisons-là il y a un ephod, des theraphim, une image taillée au ciseau, et une idole de fonte ; voyez ce qui vous plaît.

15 Et cum páululum declinássent, ingréssi sunt domum adolescéntis Levítæ, qui erat in domo Michæ : salutaverúntque eum verbis pacíficis.

15. Lors donc qu’ils se furent un peu détournés, ils entrèrent dans la maison du jeune Lévite qui était dans la maison de Michas ; et ils le saluèrent avec des paroles de paix.

16 Sexcénti autem viri ita ut erant armáti, stabant ante óstium.

16. Cependant, les six cents hommes, tels qu’ils étaient armés, se tenaient devant la porte.

17 At illi, qui ingréssi fúerant domum júvenis, scúlptile, et ephod, et theráphim, atque conflátile tóllere nitebántur, et sacérdos stabat ante óstium, sexcéntis viris fortíssimis haud procul expectántibus.

17. Mais ceux qui étaient entrés dans la maison du jeune homme s’efforçaient d’enlever l’image taillée au ciseau, l’ephod, les theraphim et l’idole de fonte ; et le prêtre se tenait devant la porte, les six cents hommes très vaillants se tenant non loin de là.

18 Tulérunt ígitur qui intráverant scúlptile, ephod, et idóla, atque conflátile. Quibus dixit sacérdos : Quid fácitis ?

18. Ceux donc qui étaient entrés enlevèrent l’image taillée au ciseau, l’ephod, les idoles, et celle de fonte. Le prêtre leur dit : Que faites-vous ?

19 Cui respondérunt : Tace et pone dígitum super os tuum : veníque nobíscum, ut habeámus te patrem, ac sacerdótem. Quid tibi mélius est, ut sis sacérdos in domo uníus viri, an in una tribu et família in Israël ?

19. Ils lui répondirent : Tais-toi, et mets ton doigt sur ta bouche ; et viens avec nous, afin que nous t’ayons pour père et pour prêtre. Lequel est le meilleur pour toi, que tu sois prêtre dans la maison d’un homme, ou dans une tribu et une famille en Israël ?

20 Quod cum audísset, acquiévit sermónibus eórum, et tulit ephod, et idóla, ac scúlptile, et proféctus est cum eis.

20. Ce qu’ayant entendu, il acquiesça à leurs paroles, prit l’ephod, les idoles et l’image taillée au ciseau, et partit avec eux.

21 Qui cum pérgerent, et ante se ire fecíssent párvulos ac juménta, et omne quod erat pretiósum,

21. Lorsqu’ils étaient en chemin, et qu’ils avaient fait aller devant eux les enfants, les bestiaux et tout ce qui était précieux,

22 et jam a domo Michæ essent procul, viri qui habitábant in ǽdibus Michæ conclamántes secúti sunt,

22. Et que déjà ils étaient loin de la maison de Michas, les hommes qui demeuraient dans la maison de Michas, s’appelant les uns les autres, les suivirent,

23 et post tergum clamáre cœpérunt. Qui cum respexíssent, dixérunt ad Micham : Quid tibi vis ? cur clamas ?

23. Et se mirent à crier après eux. Ceux-ci s’étant retournés, dirent à Michas : Que demandes-tu ? Pourquoi cries-tu ?

24 Qui respóndit : Deos meos, quos mihi feci, tulístis, et sacerdótem, et ómnia quæ hábeo, et dícitis : Quid tibi est ?

24. Il répondit : Vous m’avez enlevé mes dieux que je me suis faits, mon prêtre, et tout ce que j’ai, et vous dites : Qu’as-tu ?

25 Dixerúntque ei fílii Dan : Cave ne ultra loquáris ad nos, et véniant ad te viri ánimo concitáti, et ipse cum omni domo tua péreas.

25. Et les enfants de Dan lui dirent : Prends garde que tu ne nous parles davantage, que des hommes excités par la colère ne viennent contre toi, et que toi-même tu ne périsses avec toute ta maison.

26 Et sic cœpto itínere perrexérunt. Videns autem Michas quod fortióres se essent, revérsus est in domum suam.

26. Et ils continuèrent ainsi leur chemin commencé. Mais Michas, voyant qu’ils seraient plus forts que lui, s’en retourna à sa maison.

27 Sexcénti autem viri tulérunt sacerdótem, et quæ supra díximus : venerúntque in Lais ad pópulum quiescéntem atque secúrum, et percussérunt eos in ore gládii : urbémque incéndio tradidérunt,

27. Cependant les six cents hommes emmenèrent le prêtre et ce que nous avons dit plus haut ; et ils vinrent à Lais, chez un peuple tranquille et en sécurité, et ils les frappèrent du tranchant du glaive, et livrèrent la ville aux flammes,

28 nullo pénitus ferénte præsídium, eo quod procul habitárent a Sidóne, et cum nullo hóminum habérent quidquam societátis ac negótii. Erat autem cívitas sita in regióne Rohob : quam rursum exstruéntes habitavérunt in ea,

28. Personne absolument ne portant secours aux habitants de Lais, parce qu’ils habitaient loin de Sidon, et qu’ils n’avaient avec quelque homme que ce soit aucune société et aucun commerce. Or, la ville était située dans la contrée de Rohob ; et l’ayant reconstruite, ils y habitèrent,

29 vocáto nómine civitátis Dan, juxta vocábulum patris sui, quem genúerat Israël, quæ prius Lais dicebátur.

29. Appelant cette ville du nom de Dan, selon le nom de leur père qu’avait engendré Israël, elle qui auparavant était appelée Lais.

30 Posuerúntque sibi scúlptile, et Jónathan fílium Gersam fílii Móysi ac fílios ejus sacerdótes in tribu Dan, usque ad diem captivitátis suæ.

30. Ils érigèrent pour eux l’image taillée au ciseau, et ils établirent Jonathas, fils de Gersam, fils de Moïse, et ses fils prêtres dans la tribu de Dan, jusqu’au jour de leur captivité.

31 Mansítque apud eos idólum Michæ omni témpore quo fuit domus Dei in Silo. In diébus illis non erat rex in Israël.

31. Et l’idole de Michas demeura parmi eux pendant tout le temps que la maison de Dieu fut à Silo. En ces jours-là il n’y avait point de roi dans Israël.

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CHAP. XVIII.

 

1. * À Lais. Voir verset 27. — Sidon, capitale de la Phénicie, avant Tyr ; port de mer sur la Méditerranée.

8. * À Saraa. Voir plus haut, XIII, 2. — À Esthaol. Voir XVI, 31.

12. * Cariathiarim, la ville des fourrés, probablement aujourd’hui Erma, entre les hautes montagnes de Juda et les collines plus basses.

14. * Un ephod. Voir la note sur Ex. XXVIII, 4.

27. * Lais. Ville de la frontière septentrionale de la Palestine, à une des sources du Jourdain ; aujourd’hui Tell el-Kadi. Il n’y a actuellement qu’un moulin.

28. * Rohobn’est connu que vaguement d’après l’indication donnée ici. Il était au sud d’Émath, sur la route de cette ville.

30. Fils de Gersam ; c’est-à-dire petit-fils ou descendant ; car le mot fils en hébreu est susceptible de ces différentes significations.

31. La maison de Dieu, signifie le saint tabernacle. — * Fut à Silo. Voir la note sur Jos. XVIII, 1.

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CHAPITRE XIX

Outrage fait à la femme d’un Lévite par les habitants de Gabaa.

1 Fuit quidam vir Levítes hábitans in látere montis Ephraïm, qui accépit uxórem de Béthlehem Juda :

1. Il y eut un certain homme Lévite, habitant sur le côté de la montagne d’Ephraïm, et qui prit une femme de Bethléhem de Juda,

2 quæ relíquit eum, et revérsa est in domum patris sui in Béthlehem, mansítque apud eum quátuor ménsibus.

2. Laquelle le quitta ; et étant retournée dans la maison de son père à Bethléhem, elle demeura chez lui pendant quatre mois.

3 Secutúsque est eam vir suus, volens reconciliári ei, atque blandíri, et secum redúcere, habens in comitátu púerum et duos ásinos : quæ suscépit eum, et introdúxit in domum patris sui. Quod cum audísset socer ejus, eúmque vidísset, occúrrit ei lætus,

3. Mais son mari la suivit, voulant se réconcilier avec elle, la gagner par ses caresses, et la ramenez chez lui ; il avait avec lui un serviteur et deux ânes. Sa femme l’accueillit et l’introduisit dans la maison de son père. Lorsque son beau-père eut apprit sa venue, et qu’il l’eut vu, il alla au-devant de lui tout joyeux,

4 et amplexátus est hóminem. Mansítque gener in domo sóceri tribus diébus, cómedens cum eo et bibens familiáriter.

4. Et il l’embrassa. Or, le gendre demeura dans la maison du beau-père pendant trois jours, mangeant avec lui et buvant familièrement.

5 Die autem quarto de nocte consúrgens, proficísci vóluit : quem ténuit socer, et ait ad eum : Gusta prius pauxíllum panis, et confórta stómachum, et sic proficiscéris.

5. Mais au quatrième jour, se levant de nuit, il voulut partir. Son beau-père le retint, et lui dit : Goute d’abord un peu de pain, et fortifie ton estomac, et ensuite tu partiras.

6 Sederúntque simul, ac comedérunt et bibérunt. Dixítque pater puéllæ ad génerum suum : Quæso te ut hódie hic máneas, paritérque lætémur.

6. Ils s’assirent donc ensemble, et ils mangèrent et burent. Et le père de la jeune fille dit à son gendre : Je te prie de demeurer aujourd’hui, et que nous nous réjouissions ensemble.

7 At ille consúrgens, cœpit velle proficísci. Et nihilóminus obníxe eum socer ténuit, et apud se fecit manére.

7. Mais lui, se levant, commença à vouloir partir ; mais néanmoins son beau-père le retint par ses efforts et le fit demeurer chez lui.

8 Mane autem facto, parábat Levítes iter. Cui socer rursum : Oro te, inquit, ut páululum cibi cápias, et assúmptis víribus donec incréscat dies, póstea proficiscáris. Comedérunt ergo simul.

8. Mais, le matin venu, le Lévite préparait son voyage ; et son beau-père de nouveau : Je te prie, lui dit-il, prends un peu de nourriture, et, tes forces réparées, attends que le jour soit plus avancé, ensuite tu partiras. Ils mangèrent donc ensemble.

9 Surrexítque adoléscens, ut pérgeret cum uxóre sua et púero. Cui rursum locútus est socer : Consídera quod dies ad occásum declívior sit, et propínquat ad vésperum : mane apud me étiam hódie, et duc lætum diem, et cras proficiscéris ut vadas in domum tuam.

9. Et le jeune homme se leva, pour aller avec sa femme et son serviteur. Son beau-père lui dit de nouveau : Considère que le jour est plus incliné vers le couchant, et qu’il s’approche du soir ; demeure chez moi encore aujourd’hui, passe un jour joyeux, et demain tu partiras pour aller à ta maison.

10 Nóluit gener acquiéscere sermónibus ejus : sed statim perréxit, et venit contra Jebus, quæ áltero nómine vocátur Jerúsalem, ducens secum duos ásinos onústos, et concubínam.

10. Son gendre ne voulut pas acquiescer à ses paroles ; mais il partit aussitôt, et vint contre Jébus, qui est appelée d’un autre nom Jérusalem, prenant avec lui deux ânes chargés et sa seconde femme.

11 Jamque erant juxta Jebus, et dies mutabátur in noctem : dixítque puer ad dóminum suum : Veni, óbsecro : declinémus ad urbem Jebusæórum, et maneámus in ea.

11. Et déjà ils étaient près de Jébus, et le jour se changeait en nuit, lorsque le serviteur dit à son maitre : Venez, je vous conjure, dirigeons-nous vers la ville des Jébuséens, et demeurons-y.

12 Cui respóndit dóminus : Non ingrédiar óppidum gentis aliénæ, quæ non est de fíliis Israël : sed transíbo usque Gábaa,

12. Son maitre lui répondit : Je n’entrerai point dans la ville d’une nation étrangère, qui n’est point des enfants d’Israël ; mais je passerai jusqu’à Gabaa ;

13 et cum illuc pervénero, manébimus in ea, aut certe in urbe Rama.

13. Et lorsque j’y serai parvenu, nous y demeurerons, ou au moins dans la ville de Rama.

14 Transiérunt ergo Jebus, et cœptum carpébant iter, occubuítque eis sol juxta Gábaa, quæ est in tribu Bénjamin :

14. Ils passèrent donc Jébus, et ils continuaient le chemin commencé, et le soleil se couchait pour eux près de Gabaa, qui est dans la tribu de Benjamin ;

15 diverterúntque ad eam, ut manérent ibi. Quo cum intrássent, sedébant in platéa civitátis, et nullus eos recípere vóluit hospítio.

15. Et ils se dirigèrent vers cette ville pour y demeurer. Lorsqu’ils y furent entrés, ils s’assirent sur la place de la ville, et nul ne voulut leur donner l’hospitalité.

16 Et ecce, appáruit homo senex, revértens de agro et de ópere suo vésperi, qui et ipse de monte erat Ephraïm, et peregrínus habitábat in Gábaa : hómines autem regiónis illíus erant fílii Jémini.

16. Mais voilà que parut un homme vieux, revenant de la campagne et de son travail, sur le soir, qui lui aussi était de la montagne d’Ephraïm, et qui habitait comme étranger à Gabaa. Or, les hommes de la contrée étaient enfants de Jemini.

17 Elevatísque óculis, vidit senex sedéntem hóminem cum sarcínulis suis in platéa civitátis, et dixit ad eum : Unde venis ? et quo vadis ?

17. Et, les yeux levés, ce vieillard vit le Lévite assis avec ses bagages sur la place de la ville, et il lui demanda : D’où viens-tu ? et où vas-tu ?

18 Qui respóndit ei : Profécti sumus de Béthlehem Juda, et pérgimus ad locum nostrum, qui est in látere montis Ephraïm, unde ierámus in Béthlehem : et nunc vádimus ad domum Dei, nullúsque sub tectum suum nos vult recípere,

18. Celui-ci lui répondit : Nous sommes partis de Bethléhem de Juda, et nous nous rendons à notre demeure, qui est sur le côté de la montagne d’Ephraïm, d’où nous étions allés à Bethléhem ; et maintenant nous allons à la maison de Dieu, et nul ne veut nous recevoir sous son toit,

19 habéntes páleas et fœnum in asinórum pábulum, et panem ac vinum in meos et ancíllæ tuæ usus, et púeri qui mecum est : nulla re indigémus nisi hospítio.

19. Quoique nous ayons de la paille et du foin pour la pâture des ânes, et du pain et du vin pour mon usage, et celui de votre servante, et du serviteur qui est avec moi : nous n’avons besoin de rien, si ce n’est d’un logement.

20 Cui respóndit senex : Pax tecum sit, ego præbébo ómnia quæ necessária sunt : tantum, quæso, ne in platéa máneas.

20. Le vieillard lui répondit : La paix soit avec vous ! c’est moi qui donnerai tout ce qui est nécessaire, seulement, je te prie, ne demeure point sur la place.

21 Introduxítque eum in domum suam, et pábulum ásinis prǽbuit : ac postquam lavérunt pedes suos, recépit eos in convívium.

21. Et il l’introduisit dans sa maison, et il donna à manger aux ânes ; et après qu’eux-mêmes eurent lavé leurs pieds, il leur donna un repas.

22 Illis epulántibus, et post labórem itíneris cibo et potu reficiéntibus córpora, venérunt viri civitátis illíus, fílii Bélial (id est, absque jugo), et circumdántes domum senis, fores pulsáre cœpérunt, clamántes ad dóminum domus atque dicéntes : Educ virum, qui ingréssus est domum tuam, ut abutámur eo.

22. Pendant qu’ils mangeaient, et qu’après la fatigue du chemin ils redonnaient des forces à leurs corps en mangeant et en buvant, il vint des hommes de cette ville, fils de Bélial (c’est-à-dire sans joug) ; et environnant la maison du vieillard, ils se mirent à frapper à la porte, criant au maitre de la maison, et disant : Fais sortir l’homme qui est entré dans ta maison, afin que nous en abusions.

23 Egressúsque est ad eos senex, et ait : Nolíte, fratres, nolíte fácere malum hoc, quia ingréssus est homo hospítium meum : et cessáte ab hac stultítia.

23. Alors le vieillard sortit vers eux et dit : Gardez-vous, mes frères, gardez-vous de faire ce mal : cet homme est entré sous mon toit hospitalier ; et renoncez à cette folie :

24 Hábeo fíliam vírginem, et hic homo habet concubínam : edúcam eas ad vos, ut humiliétis eas, et vestram libídinem compleátis : tantum, óbsecro, ne scelus hoc contra natúram operémini in virum.

24. J’ai une fille vierge et cet homme a sa seconde femme ; je les amènerai vers vous, afin que vous les humiliez, et que vous assouvissiez votre passion ; seulement, je vous conjure, ne commettez pas ce crime contre nature sur cet homme.

25 Nolébant acquiéscere sermónibus illíus : quod cernens homo, edúxit ad eos concubínam suam, et eis trádidit illudéndam : qua cum tota nocte abúsi essent, dimisérunt eam mane.

25. Ils ne voulaient pas acquiescer à ses paroles. Ce que voyant le Lévite il leur amena sa femme, et la livra à leurs outrages ; lorsqu’ils en eurent abusé pendant toute la nuit, ils la renvoyèrent le matin.

26 At múlier, recedéntibus ténebris, venit ad óstium domus, ubi manébat dóminus suus, et ibi córruit.

26. Mais cette femme, les ténèbres de la nuit se retirant, vint à la porte de la maison où demeurait son seigneur, et là elle tomba par terre.

27 Mane facto, surréxit homo, et apéruit óstium, ut cœptam expléret viam : et ecce concubína ejus jacébat ante óstium sparsis in límine mánibus.

27. Le matin venu, le Lévite se leva, et ouvrit la porte, pour achever sa route commencée : et voilà que sa femme gisait devant la porte, les mains étendues sur le seuil.

28 Cui ille, putans eam quiéscere, loquebátur : Surge, et ambulémus. Qua nihil respondénte, intélligens quod erat mórtua, tulit eam, et impósuit ásino, reversúsque est in domum suam.

28. Pensant qu’elle reposait, il lui dit : Lève-toi et marchons. Elle ne répondant rien, il comprit qu’elle était morte ; il la prit, la mit sur l’âne et retourna en sa maison.

29 Quam cum esset ingréssus, arrípuit gládium, et cadáver uxóris cum óssibus suis in duódecim partes ac frustra concídens, misit in omnes términos Israël.

29. Lorsqu’il y fut entré, il prit le glaive, et coupant par morceaux le cadavre de sa femme avec ses os en douze parts, il les envoya dans tous les confins d’Israël.

30 Quod cum vidíssent sínguli, conclamábant : Numquam res talis facta est in Israël, ex eo die quo ascendérunt patres nostri de Ægýpto usque in præsens tempus : ferte senténtiam, et in commúne decérnite quid facto opus sit.

30. Ce que chacun ayant vu, tous s’écriaient : Jamais chose pareille n’a été faite en Israël, depuis le jour que nos pères sont montés de l’Égypte jusqu’au temps présent : prononcez une sentence, et décidez ensemble ce qu’il faut faire.

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CHAP. XIX. 22. Gen. XIX, 5.

 

1. * Bethléhem. Voir Ruth. I, 1.

12. * Gabaa, aujourd’hui Tuleil el-Fûl.

18. À la maison de Dieu ; auprès du saint tabernacle, qui est à Silo ; ou bien à Silo où est le tabernacle ; car quelquefois Silo elle-même est appelée maison de Dieu. Voy. XX, 18. — Par l’expression, votre servante, le Lévite désigne sa propre femme.

22. Sans joug ; c’est-à-dire ne pouvant supporter aucun joug, indisciplinés, indomptables. Selon l’étymologie, Bélial signifie sans utilité, vaurien. Compar. notre note sur II Cor. VI, 15.

29. Le glaive ; le texte hébreu porte, le couteau. — Dans tous les confins ; dans tous les lieux occupés par les enfants d’Israël ; c’est-à-dire qu’il envoya une part dans chacune des tribus d’Israël.

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CHAPITRE XX

Les Israélites vengent sur les enfants de Benjamin l’injure faite au Lévite.

1 Egréssi ítaque sunt omnes fílii Israël, et páriter congregáti, quasi vir unus, de Dan usque Bersábeë, et terra Gálaad, ad Dóminum in Maspha.

1. C’est pourquoi tous les enfants d’Israël sortirent, et s’étant réunis ensemble comme un seul homme, depuis Dan jusqu’à Bersabée, ils se rendirent, ainsi que la terre de Galaad, vers le Seigneur, à Maspha ;

2 Omnésque ánguli populórum, et cunctæ tribus Israël in ecclésiam pópuli Dei convenérunt, quadringénta míllia péditum pugnatórum.

2. Tous les chefs du peuple et toutes les tribus d’Israël vinrent ensemble dans l’assemblée du peuple de Dieu, quarante mille combattants à pied.

3 (Nec látuit fílios Bénjamin quod ascendíssent fílii Israël in Maspha.) Interrogatúsque Levíta, marítus mulíeris interféctæ, quómodo tantum scelus perpetrátum esset,

3. (Et les enfants de Benjamin n’ignorèrent pas que les enfants d’Israël étaient montés à Maspha.) Et le Lévite, mari de la femme qui avait été tuée, interrogé comment un si grand crime avait été commis,

4 respóndit : Veni in Gábaa Bénjamin cum uxóre mea, illúcque divérti :

4. Répondit : Je vins dans la ville de Gabaa de la tribu de Benjamin avec ma femme, et j’y logeai ;

5 et ecce hómines civitátis illíus circumdedérunt nocte domum in qua manébam, voléntes me occídere, et uxórem meam incredíbili furóre libídinis vexántes, dénique mórtua est.

5. Et voilà que des hommes de cette ville environnèrent pendant la nuit la maison dans laquelle je demeurais, voulant me tuer, et tourmentant ma femme avec une fureur incroyable inspirée par la passion ; enfin elle est morte.

6 Quam arréptam, in frustra concídi, misíque partes in omnes términos possessiónis vestræ : quia numquam tantum nefas, et tam grande piáculum, factum est in Israël.

6. L’ayant prise, je la coupai par morceaux, et j’envoyai les parts dans tous les confins de votre possession, parce que jamais une action si horrible et un si grand forfait n’ont été commis dans Israël.

7 Adéstis, omnes fílii Israël : decérnite quid fácere debeátis.

7. Vous êtes tous ici présents, enfants d’Israël, décidez ce que vous devez faire.

8 Stansque omnis pópulus, quasi uníus hóminis sermóne respóndit : Non recedémus in tabernácula nostra, nec suam quisquam intrábit domum :

8. Et tout le peuple qui était là, répondit comme avec la voix d’un seul homme : Nous ne retournerons point dans nos tabernacles, ni personne n’entrera en sa maison ;

9 sed hoc contra Gábaa in commúne faciámus.

9. Mais voici ce que nous ferons tous ensemble contre Gabaa :

10 Decem viri eligántur e centum ex ómnibus tríbubus Israël, et centum de mille, et mille de decem míllibus, ut compórtent exercítui cibária, et possímus pugnáre contra Gábaa Bénjamin, et réddere ei pro scélere, quod merétur.

10. Qu’on choisisse dix hommes sur cent d’entre toutes les tribus d’Israël, cent sur mille, et mille sur dix mille, afin qu’ils portent à l’armée des vivres, et que nous puissions combattre contre Gabaa de Benjamin, et lui rendre selon son crime, ce qu’elle mérite.

11 Convenítque univérsus Israël ad civitátem, quasi homo unus eádem mente, unóque consílio.

11. Ainsi, tout Israël se rendit auprès de la ville, comme un seul homme, dans un même esprit, et une même résolution.

12 Et misérunt núntios ad omnem tribum Bénjamin, qui dícerent : Cur tantum nefas in vobis repértum est ?

12. Et ils envoyèrent des messagers à toute la tribu de Benjamin, pour dire : Pourquoi une action si horrible s’est-elle trouvée parmi vous ?

13 Trádite hómines de Gábaa, qui hoc flagítium perpetrárunt, ut moriántur, et auferátur malum de Israël. Qui noluérunt fratrum suórum filiórum Israël audíre mandátum :

13. Livrez-nous les hommes de Gabaa qui ont commis cette infamie, afin qu’ils meurent et que le mal soit enlevé d’Israël. Les Benjamites ne voulurent point entendre l’ordre de leurs frères les enfants d’Israël ;

14 sed ex cunctis úrbibus, quæ sortis suæ erant, convenérunt in Gábaa, ut illis ferrent auxílium, et contra univérsum pópulum Israël dimicárent.

14. Mais ils vinrent de toutes les villes qui étaient de leur lot, à Gabaa pour la secourir, et pour combattre contre tout le peuple d’Israël.

15 Inventíque sunt vigínti quinque míllia de Bénjamin educéntium gládium, præter habitatóres Gábaa,

15. Et il se trouva vingt-cinq mille Benjamites, tirant le glaive, outre les habitants de Gabaa,

16 qui septingénti erant viri fortíssimi, ita sinístra ut dextra præliántes : et sic fundis lápides ad certum jaciéntes, ut capíllum quoque possent percútere, et nequáquam in álteram partem ictus lápidis deferrétur.

16. Qui étaient sept cents hommes très vaillants, combattant de la main gauche comme de la droite, et jetant les pierres dans les frondes avec tant de sureté, qu’ils pouvaient frapper même un cheveu, sans que le coup de la pierre portât le moins du monde en un autre endroit.

17 Virórum quoque Israël, absque fíliis Bénjamin, invénta sunt quadringénta míllia educéntium gládium, et paratórum ad pugnam.

17. Il se trouva aussi, sans les enfants de Benjamin, quarante mille hommes d’Israël, tirant le glaive et préparés au combat,

18 Qui surgéntes venérunt in domum Dei, hoc est, in Silo : consuluerúntque Deum, atque dixérunt : Quis erit in exércitu nostro princeps certáminis contra fílios Bénjamin ? Quibus respóndit Dóminus : Judas sit dux vester.

18. Et qui, se levant, vinrent à la maison de Dieu, c’est-à-dire à Silo ; et ils consultèrent Dieu, et dirent : Qui sera dans notre armée le prince du combat contre les enfants de Benjamin ? Le Seigneur leur répondit : Que Juda soit votre chef.

19 Statímque fílii Israël surgéntes mane, castrametáti sunt juxta Gábaa :

19. Et aussitôt les enfants d’Israël, se levant dès le matin, campèrent près de Gabaa ;

20 et inde procedéntes ad pugnam contra Bénjamin, urbem oppugnáre cœpérunt.

20. Et de là s’avançant au combat contre Benjamin, ils commencèrent à assiéger la ville.

21 Egressíque fílii Bénjamin de Gábaa, occidérunt de fíliis Israël die illo vigínti duo míllia virórum.

21. Mais les enfants de Benjamin étant sortis de Gabaa, tuèrent en ce jour-là vingt-deux mille hommes des enfants d’Israël.

22 Rursum fílii Israël et fortitúdine et número confidéntes, in eódem loco in quo prius certáverant, áciem direxérunt :

22. Les enfants d’Israël, se confiant en leur force et en leur nombre, se rangèrent de nouveau en bataille, dans le même lieu dans lequel ils avaient combattu auparavant ;

23 ita tamen ut prius ascénderent et flerent coram Dómino usque ad noctem, consuleréntque eum, et dícerent : Débeo ultra procédere ad dimicándum contra fílios Bénjamin fratres meos, an non ? Quibus ille respóndit : Ascéndite ad eos, et iníte certámen.

23. De manière cependant qu’auparavant ils montèrent et pleurèrent devant le Seigneur jusqu’à la nuit, qu’ils le consultèrent et dirent : Dois-je aller encore en avant pour combattre contre les enfants de Benjamin, mes frères, ou non ? le Seigneur leur répondit : Montez à eux, et engagez la bataille.

24 Cumque fílii Israël áltera die contra fílios Bénjamin ad prǽlium processíssent,

24. Et lorsque le jour suivant, les enfants d’Israël se furent avancés au combat contre les enfants de Benjamin,

25 erupérunt fílii Bénjamin de portis Gábaa : et occurréntes eis tanta in illos cæde baccháti sunt, ut decem et octo míllia virórum educéntium gládium prostérnerent.

25. Les enfants de Benjamin sortirent avec impétuosité des portes de Gabaa, et les rencontrant, ils en firent un si grand carnage, qu’ils tuèrent dix-huit mille hommes, tirant le glaive.

26 Quam ob rem omnes fílii Israël venérunt in domum Dei, et sedéntes flebant coram Dómino : jejunaverúntque die illo usque ad vésperam, et obtulérunt ei holocáusta, atque pacíficas víctimas,

26. C’est pourquoi tous les enfants d’Israël vinrent à la maison de Dieu, et, assis, ils pleuraient devant le Seigneur. Ils jeunèrent ce jour-là jusqu’au soir, et ils lui offrirent des holocaustes et des victimes pacifiques ;

27 et super statu suo interrogavérunt. Eo témpore ibi erat arca fœ́deris Dei,

27. Et ils le consultèrent sur leur situation. En ce temps-là l’arche du Seigneur était en ce lieu,

28 et Phínees fílius Eleazári fílii Aaron præpósitus domus. Consuluérunt ígitur Dóminum, atque dixérunt : Exíre ultra debémus ad pugnam contra fílios Bénjamin fratres nostros, an quiéscere ? Quibus ait Dóminus : Ascéndite : cras enim tradam eos in manus vestras.

28. Et Phinéès, fils d’Éléazar, fils d’Aaron était préposé sur la maison de Dieu. Ils consultèrent donc le Seigneur et dirent : Devons-nous sortir encore au combat contre les enfants de Benjamin, nos frères, ou rester en repos ? Le Seigneur leur répondit : Montez, car demain je les livrerai en vos mains.

29 Posuerúntque fílii Israël insídias per circúitum urbis Gábaa :

29. Alors les enfants d’Israël placèrent des embuscades autour de la ville de Gabaa.

30 et tértia vice, sicut semel et bis, contra Bénjamin exércitum produxérunt.

30. Et pour la troisième fois, comme pour la première et la seconde, ils firent avancer leur armée contre les enfants de Benjamin.

31 Sed et fílii Bénjamin audácter erupérunt de civitáte, et fugiéntes adversários lóngius persecúti sunt, ita ut vulnerárent ex eis sicut primo die et secúndo, et cǽderent per duas sémitas verténtes terga, quarum una ferebátur in Bethel et áltera in Gábaa, atque prostérnerent trigínta círciter viros :

31. Mais les enfants de Benjamin aussi sortirent audacieusement de la ville et poursuivirent très loin leurs ennemis qui fuyaient ; en sorte qu’ils en blessèrent, comme au premier et au second jour, qu’ils taillèrent en pièces ceux qui prenaient la fuite par les deux chemins, dont l’un se prolongeait jusqu’à Béthel, et l’autre jusqu’à Gabaa, et qu’ils tuèrent environ trente hommes ;

32 putavérunt enim sólito eos more cédere. Qui fugam arte simulántes iniérunt consílium ut abstráherent eos de civitáte, et quasi fugiéntes ad supradíctas sémitas perdúcerent.

32. Car ils pensaient qu’ils les tailleraient en pièces comme de coutume. Mais les enfants d’Israël, feignant adroitement une fuite, avaient le dessein de les éloigner de la ville, et de les attirer, en paraissant fuir, dans les susdits chemins.

33 Omnes ítaque fílii Israël surgéntes de sédibus suis, tetendérunt áciem in loco qui vocátur Baálthamar. Insídiæ quoque, quæ circa urbem erant, paulátim se aperíre cœpérunt,

33. C’est pourquoi tous les enfants d’Israël s’étant levés de leurs postes, tendirent leurs lignes dans le lieu qui est appelé Baalthamar. L’embuscade aussi qui était autour de la ville, commença à se montrer peu à peu,

34 et ab occidentáli urbis parte procédere. Sed et ália decem míllia virórum de univérso Israël, habitatóres urbis ad certámina provocábant. Ingravatúmque est bellum contra fílios Bénjamin : et non intellexérunt quod ex omni parte illis instáret intéritus.

34. Et à s’avancer par la partie occidentale de la ville. Mais de plus, dix autres mille hommes, choisis entre tout Israël, provoquaient les habitants de la ville au combat. Ainsi, la guerre contre les enfants de Benjamin augmenta ; et ils ne comprirent point que la mort les pressait de toute part.

35 Percussítque eos Dóminus in conspéctu filiórum Israël, et interfecérunt ex eis in illo die vigínti quinque míllia, et centum viros, omnes bellatóres et educéntes gládium.

35. Le Seigneur donc les frappa en présence des enfants d’Israël, qui tuèrent, en ce jour-là, vingt-cinq mille et cent hommes, tous guerriers, tirant le glaive.

36 Fílii autem Bénjamin cum se inferióres esse vidíssent, cœpérunt fúgere. Quod cernéntes fílii Israël, dedérunt eis ad fugiéndum locum, ut ad præparátas insídias devenírent, quas juxta urbem posúerant.

36. Or, les enfants de Benjamin, lorsqu’ils virent qu’ils étaient inférieurs, commencèrent à fuir. Ce qu’apercevant les enfants d’Israël, ils leur firent place pour fuir, afin qu’ils arrivassent à l’embuscade préparée près de la ville.

37 Qui cum repénte de latíbulis surrexíssent, et Bénjamin terga cædéntibus daret, ingréssi sunt civitátem, et percussérunt eam in ore gládii.

37. Et ceux qui étaient embusqués, n’étant levés soudainement de leur retraite, et ayant taillé en pièces Benjamin qui fuyait, entrèrent dans la ville et la frappèrent du tranchant du glaive.

38 Signum autem déderant fílii Israël his quos in insídiis collocáverant, ut postquam urbem cepíssent, ignem accénderent : ut ascendénte in altum fumo, captam urbem demonstrárent.

38. Or les enfants d’Israël avaient donné pour signal à ceux qu’ils avaient mis en embuscade, qu’après qu’ils auraient pris la ville, ils allumeraient un feu, afin que, la fumée s’élevant en haut, ils montrassent que la ville avait été prise.

39 Quod cum cérnerent fílii Israël in ipso certámine pósiti (putavérunt enim fílii Bénjamin eos fúgere, et instántius persequebántur, cæsis de exércitu eórum trigínta viris),

39. Lorsque les enfants d’Israël placés au milieu du combat s’en aperçurent (car les enfants de Benjamin pensèrent qu’ils fuyaient, et ils les poursuivaient plus vivement, après avoir taillé en pièces trente hommes de leur armée),

40 et vidérent quasi colúmnam fumi de civitáte conscéndere : Bénjamin quoque aspíciens retro, cum captam cérneret civitátem, et flammas in sublíme ferri :

40. Et qu’ils virent comme une colonne de fumée s’élever de la ville, tandis que Benjamin aussi regardant en arrière, s’aperçut que la ville était prise, et que les flammes étaient portées dans les airs,

41 qui prius simuláverant fugam, versa fácie fórtius resistébant. Quod cum vidíssent fílii Bénjamin, in fugam versi sunt,

41. Les Israélites qui auparavant avait feint une fuite, faisant volteface, résistaient plus fortement. Ce qu’ayant vu, les enfants de Benjamin prirent la fuite,

42 et ad viam desérti ire cœpérunt, illuc quoque eos adversáriis persequéntibus : sed et hi qui urbem succénderant, occurrérunt eis.

42. Et commencèrent à aller dans la voie du désert, les ennemis les poursuivant même jusque-là ; mais en outre ceux qui avaient incendié la ville, vinrent à leur rencontre.

43 Atque ita factum est, ut ex utráque parte ab hóstibus cæderéntur, nec erat ulla réquies moriéntium. Cecidérunt, atque prostráti sunt ad orientálem plagam urbis Gábaa.

43. Et ainsi il arriva que de l’un et de l’autre côté, ils étaient taillés en pièces par les ennemis et on ne faisait nullement de quartier aux mourants. Ils tombèrent, et restèrent terrassés, au côté oriental de la ville de Gabaa.

44 Fúerunt autem qui in eódem loco interfécti sunt, decem et octo míllia virórum, omnes robustíssimi pugnatóres.

44. Or, il y eut qui furent tués en ce même lieu, dix-huit mille hommes, et tous très forts combattants.

45 Quod cum vidíssent qui remánserant de Bénjamin, fugérunt in solitúdinem : et pergébant ad petram, cujus vocábulum est Remmon. In illa quoque fuga palántes, et in divérsa tendéntes, occidérunt quinque míllia virórum. Et cum ultra ténderent, persecúti sunt eos, et interfecérunt étiam ália duo míllia.

45. Ce qu’ayant vu ceux qui étaient restés de Benjamin, ils s’enfuirent dans le désert, et ils allaient vers le rocher dont le nom est Remmon. Dans cette fuite aussi, comme ils étaient errants çà et là, prenant divers chemins, les enfants d’Israël en tuèrent cinq mille ; et comme ils passaient plus loin, ils les poursuivirent, et en tuèrent encore deux autres mille.

46 Et sic factum est, ut omnes qui cecíderant de Bénjamin in divérsis locis essent vigínti quinque míllia pugnatóres ad bella promptíssimi.

46. Et ainsi il arriva que tous ceux de Benjamin qui tombèrent en divers lieux, étaient au nombre de vingt-cinq mille, guerriers très portés à la guerre.

47 Remansérunt ítaque de omni número Bénjamin, qui evádere et fúgere in solitúdinem potuérunt, sexcénti viri : sederúntque in petra Remmon ménsibus quátuor.

47. C’est pourquoi de toute l’armée de Benjamin, il resta qui purent s’échapper et s’enfuir dans le désert, six cents hommes ; et ils demeurèrent au rocher de Remmon pendant quatre mois.

48 Regréssi autem fílii Israël, omnes relíquias civitátis a viris usque ad juménta gládio percussérunt, cunctásque urbes et vículos Bénjamin vorax flamma consúmpsit.

48. Mais les enfants d’Israël étant revenus, frappèrent du glaive tout ce qui restait dans la ville, depuis les hommes jusqu’aux bêtes ; mais toutes les villes et les bourgades, une flamme dévorante les consuma.

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CHAP. XX. 1. Os. IX, 9.

 

1. Depuis Dan jusqu’à Bersabée ; depuis une extrémité du pays jusqu’à l’autre ; Dan étant située à l’extrémité septentrionale de la terre de Chanaan, et Bersabée à l’extrémité méridionale. — La terre de Galaad ; expression elliptique pour les habitants de la terre de Galaad ; ce qui veut dire ici la tribu qui était au-delà du Jourdain. — Le peuple d’Israël s’assembla souvent à Maspha, et on lit dans le premier livre des Macchabées (III, 46) que cette ville était un lieu de prières.

2. Les chefs du peuple ; littér. : les angles du peuple ; ceux qui étaient comme les pierres angulaires qui soutenaient tout l’édifice de la nation. Cette métaphore est souvent employée dans l’Écriture.

4. * Gabaa. Voir XIX, 12.

18. * À Silo. Voir Jos. XVIII, 1.

31. * Béthel. Voir Gen. XII, 8.

33. * Baalthamar, ville de la tribu de Benjamin, dans les environs de Gabaa.

34. Choisis. Ce mot se lit dans l’hébreu, et il est nécessaire pour donner le véritable sens de la phrase.

47. * Au rocher de Remmon, à 15 milles romains au nord de Jérusalem, d’après Eusèbe.

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CHAPITRE XXI

Ruine de Jabès-Galaad. Filles données aux Benjamites.

1 Juravérunt quoque fílii Israël in Maspha, et dixérunt : Nullus nostrum dabit fíliis Bénjamin de filiábus suis uxórem.

1. Les enfants d’Israël jurèrent aussi à Maspha, et dirent : Nul de nous ne donnera aux enfants de Benjamin de ses filles pour femmes.

2 Venerúntque omnes ad domum Dei in Silo, et in conspéctu ejus sedéntes usque ad vésperam, levavérunt vocem, et magno ululátu cœpérunt flere, dicéntes :

2. Et ils vinrent tous à la maison du Dieu, à Silo, et, assis en sa présence jusqu’au soir, ils commencèrent à pleurer avec de grands cris, disant :

3 Quare, Dómine Deus Israël, factum est hoc malum in pópulo tuo, ut hódie una tribus auferrétur ex nobis ?

3. Pourquoi, Seigneur Dieu d’Israël, est-il arrivé dans votre peuple ce malheur, qu’aujourd’hui une tribu ait été retranchée, au milieu de nous ?

4 Altera autem die dilúculo consurgéntes, exstruxérunt altáre : obtulerúntque ibi holocáusta, et pacíficas víctimas, et dixérunt :

4. Mais le jour suivant, se levant au point du jour, ils construisirent un autel, ils y offrirent des holocaustes et des victimes pacifiques, et ils dirent :

5 Quis non ascéndit in exércitu Dómini de univérsis tríbubus Israël ? grandi enim juraménto se constrínxerant, cum essent in Maspha, intérfici eos qui defuíssent.

5. Qui d’entre toutes les tribus d’Israël n’est pas monté avec l’armée du Seigneur ? Car ils s’étaient engagés par un grand serment, lorsqu’ils étaient à Maspha, de tuer ceux qui y auraient manqué.

6 Ductíque pœniténtia fílii Israël super fratre suo Bénjamin, cœpérunt dícere : Abláta est tribus una de Israël :

6. Et touchés de repentir par rapport à leur frère Benjamin, les Israélites commencèrent à dire : Une tribu a été retranchée d’Israël.

7 unde uxóres accípient ? omnes enim in commúne jurávimus, non datúros nos his fílias nostras.

7. D’où prendront-ils des femmes ? Car tous ensemble nous avons juré que nous ne leur donnerions point nos filles.

8 Idcírco dixérunt : Quis est de univérsis tríbubus Israël, qui non ascéndit ad Dóminum in Maspha ? Et ecce invénti sunt habitatóres Jabes Gálaad in illo exércitu non fuísse.

8. C’est pourquoi ils dirent : Qui est celui d’entre toutes les tribus d’Israël, qui n’est pas monté vers le Seigneur à Maspha ? Et voilà que les habitants de Jabès-Galaad se trouvèrent n’avoir pas été avec l’armée.

9 (Eo quoque témpore cum essent in Silo, nullus ex eis ibi repértus est.)

9. (Dans le temps même que les enfants d’Israël étaient à Silo, nul d’eux ne s’y trouva).

10 Misérunt ítaque decem míllia viros robustíssimos, et præcepérunt eis : Ite, et percútite habitatóres Jabes Gálaad in ore gládii, tam uxóres quam párvulos eórum.

10. C’est pourquoi ils envoyèrent dix mille hommes très forts, et ils leur ordonnèrent, disant : Allez, et frappez les habitants de Jabès-Galaad du tranchant du glaive, tant les femmes que leurs petits enfants.

11 Et hoc erit quod observáre debébitis : omne géneris masculíni, et mulíeres quæ cognovérunt viros, interfícite ; vírgines autem reserváte.

11. Et voici ce que vous devrez observer : Tuez tout ce qui est du sexe masculin, et les femmes qui ont connu des hommes ; mais les vierges, réservez-les.

12 Inventǽque sunt de Jabes Gálaad quadringéntæ vírgines, quæ nesciérunt viri thorum : et adduxérunt eas ad castra in Silo, in terram Chánaan.

12. Et il se trouva à Jabès-Galaad quatre cents vierges qui n’avaient pas connu de lit d’homme, et ils les emmenèrent au camp à Silo, dans la terre de Chanaan.

13 Miserúntque núntios ad fílios Bénjamin, qui erant in petra Remmon, et præcepérunt eis, ut eos suscíperent in pace.

13. Ils envoyèrent ensuite des messagers aux enfants de Benjamin, qui étaient au rocher de Remmon, et ils leur ordonnèrent de les recevoir en paix.

14 Venerúntque fílii Bénjamin in illo témpore, et datæ sunt eis uxóres de filiábus Jabes Gálaad : álias autem non reperérunt, quas símili modo tráderent.

14. Et les enfants de Benjamin vinrent en ce temps-là, et on leur donna pour femmes des filles de Jabès-Galaad ; mais on n’en trouva point d’autres qu’on pût leur donner de la même manière.

15 Universúsque Israël valde dóluit, et egit pœniténtiam super interfectióne uníus tribus ex Israël.

15. Et tout Israël éprouva une grande douleur, et fit pénitence du meurtre d’une des tribus d’Israël.

16 Dixerúntque majóres natu : Quid faciémus réliquis, qui non accepérunt uxóres ? omnes in Bénjamin féminæ concidérunt,

16. Et les anciens dirent : Que ferons-nous pour les autres qui n’ont pas reçu de femmes ? Toutes les femmes en Benjamin sont tombées à la fois,

17 et magna nobis cura, ingentíque stúdio providéndum est, ne una tribus deleátur ex Israël.

17. Et nous devons avec un grand soin et un grand zèle, pourvoir à ce qu’une des tribus d’Israël ne soit pas détruite.

18 Fílias enim nostras eis dare non póssumus, constrícti juraménto et maledictióne qua díximus : Maledíctus qui déderit de filiábus suis uxórem Bénjamin.

18. Cependant nous ne pouvons leur donner nos filles, liés par le serment et la malédiction dans laquelle nous avons dit : Maudit celui qui donnera de ses filles pour femmes à Benjamin !

19 Ceperúntque consílium, atque dixérunt : Ecce solémnitas Dómini est in Silo anniversária, quæ sita est ad septentriónem urbis Bethel, et ad orientálem plagam viæ, quæ de Bethel tendit ad Sichímam, et ad merídiem óppidi Lébona.

19. Ils prirent donc cette résolution, et ils dirent : Voici que la solennité anniversaire du Seigneur est à Silo, qui est située au septentrion de la ville de Béthel, et au côté oriental de la voie qui de Béthel s’étend jusqu’à Sichem et au midi de la ville de Lebona.

20 Præceperúntque fíliis Bénjamin, atque dixérunt : Ite, ad latitáte in víneis.

20. Et ils ordonnèrent aux enfants de Benjamin, et dirent : Allez, et cachez-vous dans les vignes.

21 Cumque vidéritis fílias Silo ad ducéndos choros ex more procédere, exíte repénte de víneis, et rápite ex eis sínguli uxóres síngulas, et pérgite in terram Bénjamin.

21. Et lorsque vous verrez les filles de Silo s’avancer pour former des danses, selon la coutume, sortez soudainement des vignes, prenez parmi elles chacun votre femme, et allez dans la terre de Benjamin.

22 Cumque vénerint patres eárum, ac fratres, et advérsum vos queri cœ́perint atque jurgári, dicémus eis : Miserémini eórum : non enim rapuérunt eas jure bellántium atque victórum : sed rogántibus ut accíperent, non dedístis, et a vestra parte peccátum est.

22. Et lorsque leurs pères et leurs frères viendront se plaindre de vous, et vous accuser, nous leur dirons : Ayez pitié d’eux ; car ils ne les ont pas enlevées par le droit des combattants et des vainqueurs ; mais quand ils ont demandé à les avoir, vous ne les avez pas données ; ainsi c’est de votre côté qu’est la faute.

23 Fecerúntque fílii Bénjamin ut sibi fúerat imperátum : et juxta númerum suum, rapuérunt sibi de his quæ ducébant choros, uxóres síngulas : abierúntque in possessiónem suam ædificántes urbes, et habitántes in eis.

23. Et les enfants de Benjamin firent comme il leur avait été commandé ; et, selon leur nombre, chacun enleva une des filles qui formaient des danses, pour en faire sa femme ; et ils s’en allèrent dans leurs possessions, rebâtissant les villes et y habitant.

24 Fílii quoque Israël revérsi sunt per tribus et famílias in tabernácula sua. In diébus illis non erat rex in Israël : sed unusquísque quod sibi rectum videbátur, hoc faciébat.

24. Les enfants d’Israël aussi retournèrent, selon leurs tribus et leurs familles, dans leurs tabernacles. En ces jours-là, il n’y avait point de roi en Israël, mais chacun faisait ce qui lui paraissait juste.

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CHAP. XXI. 11. Num. XXXI, 17, 18.

 

1. Jurèrent aussi à Maspha ; ce mot aussi de la Vulgate donne au prétérit jurèrent le sens du plus-que-parfait qui se trouve dans le texte original, et qui rattache ainsi ce serment à l’assemblée que les Israélites avaient tenue à Maspha. Voy. XX.

6. Leur frère Benjamin ; c’est-à-dire leurs frères de la tribu de Benjamin. Ici, comme souvent ailleurs, le fondateur de la tribu se prend pour la tribu elle-même.

8. * Jabès-Galaad,ville de Galaad, dans le voisinage de Pella. La situation exacte de cette ville n’est pas connue. Peut-être était-elle située à Ed-Deir, près de l’ouadi Yabès, à cinq heures de marche au sud-est de Bethsan.

16. Sont tombées à ta fois, sous les coups du glaive. Voy. vers. 10-11.

19. * Béthel. Voir Gen. XII, 8. — Lebona, ville au nord de Silo.

20. * Cachez-vous dans les vignes. Les vignes qui, du temps de Josué et des Juges, étaient aux environs de Silo, ont aujourd’hui disparu. Avec la ruine du village, la désolation s’est répandue sur les collines d’alentour.

23. Rebâtissant. C’est le sens qu’exige l’article qui se trouve en hébreu devant le mot villes. Les villes dont il est ici question existaient déjà ; et d’ailleurs, comme nous l’avons remarqué dans un autre endroit (Num. XXXII, 34), le verbe hébreu bâtir, signifie souvent par extension rebâtir, reconstruire, restaurer, embellir un édifice.

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