María auxiliátrix


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JOÁNNES

LE SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT JEAN

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INTRODUCTION

La tradition est unanime à attribuer le quatrième Évangile à l’apôtre S. Jean. Tous les Pères qui parlent de l’auteur de cet évangile désignent S. Jean. Il en est de même des manuscrits et des canons, à commencer par celui de Muratori. S. Théophile, septième évêque d’Antioche († 180), S. Irénée († 202), Clément d’Alexandrie († 217), Tertullien (190) nomment sans hésitation l’Apôtre bien-aimé. S. Irénée nous apprend qu’il composa ce livre à Éphèse, où il vécut jusqu’au règne de Trajan (98-117). Suivant S. Jérôme, il fut le dernier des écrivains sacrés, et il se mit à l’œuvre au retour de Patmos, à la prière des pasteurs et des fidèles des l’Asie-mineure. Il avait 90 ans suivant S. Épiphane, et probablement davantage. Dès le milieu du second siècle, cinquante ans après sa publication, le quatrième évangile était partout connu comme l’œuvre de S. Jean. Le témoignage de la tradition se trouve confirmé de tout point par les caractères de l’ouvrage. Il suffit de l’étudier avec attention pour se convaincre qu’il a paru après les trois autres, sur la fin du premier siècle, que celui qui l’a écrit, bien qu’il vécût parmi les Gentils, était né en Judée, qu’il avait été témoin des faits qu’il rapporte, et qu’il faisait partie du collège apostolique, enfin qu’il ne saurait être que S. Jean. A. Cet évangile a été composé après les trois synoptiques. – Il en révèle l’existence de deux manières : par son silence sur certains points et ses allusions sur d’autres. – 1° D’abord son silence le suppose. Quoiqu’il sache très bien la durée de la prédication du Sauveur et qu’il en distingue les années par l’indication des solennités pascales, les faits qu’il rapporte ne remplissent qu’une petite partie de ce temps. On voit qu’il se tient dispensé de tout dire ou plutôt qu’il ne cherche qu’à suppléer aux omissions des synoptiques relativement au but qu’il se propose. Aussi est-il très bref sur le ministère du Sauveur en Galilée, et passe-t-il sous silence des périodes entières de son ministère, tandis qu’il rapporte longuement ses voyages à Jérusalem à l’époque des principales fêtes. Aussi, quoiqu’il ait en vue d’établir la divinité de Jésus-Christ, quoiqu’il en donne pour preuve ses miracles et qu’il les suppose très nombreux, il se borne à en décrire un petit nombre, sept seulement, la plupart passés sous silence par ses devanciers. Il omet la délivrance des possédés, la déclaration du Père éternel au Jourdain et au Thabor, l’adjuration du grand-prêtre, la prophétie sur Jérusalem, etc. — 2° Il fait plusieurs fois allusion aux autres évangélistes. Par exemple, au chapitre I, il met sur les lèvres de Jean-Baptiste ces paroles : « J’ai vu l’Esprit-Saint descendre sur la tête du Sauveur. » Or, ce fait n’est connu que par S. Matthieu et S. Luc. Au chapitre III, après avoir dit que Jean-Baptiste et Notre Seigneur baptisaient en même temps, il fait observer que le Précurseur n’était pas encore incarcéré : or l’emprisonnement de Jean-Baptiste n’est rapporté que par les synoptiques, et l’observation faite en cet endroit ne parait avoir d’autre fin que d’écarter l’idée, qui pourrait venir en les lisant, que le ministère de S. Jean a fini aussitôt qu’a commencé celui du Sauveur. Au chapitre XI, il dit que Lazare était de Béthanie, bourg de Marie et de Marthe. Or, il n’a pas encore parlé de ces deux sœurs, et elles ne peuvent être connues du lecteur que par d’autres récits. Au chapitre XVIII, les premiers versets semblent renvoyer aux synoptiques pour la scène de l’agonie, et le trente-deuxième rappelle expressément une prédiction qui n’est rapportée que par eux. Il parle des douze, en divers endroits, comme d’une société bien connue, sans en mentionner l’origine nulle part ; seulement, on voit qu’il entend par là ceux que les synoptiques placent dans le canon des Apôtres. Enfin on peut remarquer que dans tout son récit, il est attentif à deux choses : à ne pas redire ce que les autres ont dit, ou bien à les confirmer et à les compléter par de nouveaux détails. Ainsi il ne répètera pas le récit de l’institution de l’Eucharistie ; mais il rapportera la promesse que Notre Seigneur en avait faite, après la multiplication des pains. Il passera sous silence la naissance du Sauveur à Bethléem, la confession de S. Pierre à Césarée, les paroles du Père éternel au Jourdain et au Thabor, la résurrection de la fille de Jaïre et du fils de la veuve de Naïm, l’entrée triomphante du Sauveur à Jérusalem et l’application qu’il se fait de la figure de Jonas ; mais il mentionnera la croyance où l’on était sur le lieu où le Messie devait naitre, le nom de Cephas imposé à S. Pierre, la mission que son Maitre lui donne de paitre les agneaux et les brebis, la promesse qu’il fait de relever en trois jours le temple de son corps, la résurrection de Lazare qui donne lieu au triomphe du Fils de Dieu, la voix du Père éternel s’engageant à le glorifier. C’est ainsi que nos évangiles, loin de se combattre, s’expliquent et se soutiennent les uns les autres. B. Il a écrit vers la fin du premier siècle. — 1° En effet, il suppose que tout est changé à Jérusalem et dans la Judée. Quand il parle des ennemis du Sauveur, il ne dit pas le peuple ou la foule, mais les Juifs, comme pour rappeler un peuple qui a perdu sa nationalité et auquel il a cessé d’appartenir. Il dit la Pâque des Juifs, comme s’il en connaissait déjà une autre, et il nomme les chrétiens, les frères, sans crainte d’équivoque. — 2° Il rappelle les principales prophéties dont on vit l’accomplissement dans la dernière partie du premier siècle : le martyre de S. Pierre ; la réprobation des Juifs ; la vocation des Gentils ; l’universalité du christianisme. Sur tous ces points il est plus exprès que S. Paul lui-même, et nul n’est plus attentif à montrer comment les Juifs ont mérité leur malheureux sort. — 3° Le style de cet évangile et ses analogies avec celui des trois épitres qui portent le nom de S. Jean donnent lieu de penser qu’il est de la même époque, ou que S. Jean l’a écrit lorsqu’il était déjà d’un âge fort avancé. Déjà le bruit courait qu’il ne mourrait pas. Déjà l’on voyait s’accomplir les prédictions de S. Paul à Milet : on commençait à parler d’Antéchrist, les mots Verbe, vie, lumières, ténèbres, devenaient familiers aux Gnostiques, et l’on voyait se propager les erreurs que l’évangile réfute. C. L’auteur vivait parmi les Gentils et il écrivait pour eux. — De là plusieurs particularités, qu’on chercherait en vain dans le premier évangile. Ainsi il a soin de traduire en grec tous les noms hébreux qu’il emploie. Il dit la mer de Galilée, la même que celle de Tibériade. Il donne un grand nombre de détails géographiques qui eussent été superflus, s’il s’était adressé à des habitants de la Judée. Quand il parle des Juifs, il entend, non les vrais Israélites, ni même simplement les habitants de la Palestine, mais les ennemis du Sauveur, les aveugles volontaires qui ont refusé de le reconnaitre pour le Messie et qui l’ont fait attacher à la croix. Enfin il a soin de relever, dans les discours ou dans la vie de Notre Seigneur, tout ce qui a trait aux Gentils et qui est de nature à leur donner confiance. D. Il était Hébreu d’origine. — C’est ce que prouvent : 1° Les idiotismes de son langage. Quoique le dernier évangile ait moins d’hébraïsmes que l’Apocalypse, il en contient pourtant un grand nombre. Citons : Amen, amen, qui revient vingt-cinq fois et qu’on ne trouve ainsi redoublé que chez lui ; « se réjouir de joie, les fils de perdition, etc., » et les passages de l’Ancien Testament cités assez librement, mais d’après l’original. — 2° Le caractère profondément hébraïque de sa composition. On peut remarquer l’uniformité des phrases, l’emploi fréquent du parallélisme, l’absence de toute période, des séries de propositions juxtaposées à la suite l’une de l’autre, sans coordination, sans liaison exprimée, ou qui ne se lient que par un mot commun, parfois des phrases répétées comme des refrains, certaines irrégularités dans la construction, les sens les plus inusités donnés aux particules. Pour toutes conjonctions et et donc. Et est mis pour mais, pour car, pour c’est pourquoi, pour ainsi, pour comme, pour c’est-à-dire, etc. — 3° La foi religieuse, les idées, les sentiments, les images dont l’âme de l’écrivain est remplie. On sent que l’auteur a été élevé dans l’attente du Messie et dans la méditation de l’Ancien Testament. Les figures de la Loi et les oracles des prophètes abondent, comme dans l’Apocalypse. Le Sauveur est le vrai temple, le serpent d’airain, la manne du désert, l’Agneau pascal, etc. E. Il avait habité la Palestine. — C’est ce que prouve la connaissance qu’il a de la langue hébraïque, presque étrangère aux Israélites de la dispersion, jointe à celle qu’il montre de la topographie et des usages de la Terre Sainte. La Galilée, les bords du lac de Génésareth, son étendue, l’existence simultanée de deux localités du nom de Cana et de Bethsaïde, l’élévation relative de Cana et de Capharnaüm lui sont connus. Il connait également la Judée et la Samarie. Il dit la distance de Jérusalem à Béthanie. Il indique avec précision la vallée de Cedron et le jardin de Gethsémani, l’étang de Siloé, la porte des brebis, les travaux faits dans le temple, le gazophylácium, le portique de Salomon, le Prétoire et le Golgotha. En fait de mœurs, il sait les sentiments des Juifs à l’égard des Samaritains et des infidèles, l’opposition et le caractère des partis qui divisaient la nation, le mépris des pharisiens pour la multitude ignorante, les usages introduits par la conquête et la domination romaines, l’usage des ablutions chez ses compatriotes, celui des excommunications dans la synagogue, etc. F. Il faisait partie du collège apostolique — En effet : — 1° Il se donne pour témoin des faits qu’il retrace, et l’on ne saurait douter qu’il ne le fût, quand on considère la fraicheur de ses tableaux, la vivacité de ses traits, la précision de tous les détails. Nul ne caractérise mieux les scènes et les acteurs ; nul n’indique avec plus de détails les circonstances de temps, de lieux, de nombre. Tous les portraits sont vivants ; tous les faits localisés. Telle parole fut dite à Béthanie, à Ænnon ou sur les bords du Jourdain, telle autre auprès du puits de Jacob. Telle discussion eut lieu sous le portique de Salomon, à cause de la rigueur de la saison. Pour plusieurs incidents, il indique l’heure de la journée. Si ces remarques sont vraies, elles ne peuvent venir que d’un témoin oculaire. Or, elles sont d’autant moins suspectes qu’elles étaient indifférentes au but de l’auteur et qu’elles eussent compromis son succès, si l’on eût pu les trouver fausses. — 2° Il parait se donner positivement pour Apôtre. C’est ce qui semble résulter des détails minutieux où il entre sur la vie intime du Sauveur, sur ses rapports secrets avec ceux qui lui sont le plus unis, sur ses dispositions personnelles. Depuis les premiers jours de sa prédication, jusqu’aux derniers moments de son séjour sur la terre, rien de ce que le divin Maitre a dit ou fait ici-bas n’a échappé à ses regards. Il rapporte de préférence les incidents les plus secrets, ses paroles à André, à Nathanaël, à la Samaritaine ; ses avis à Judas, ses prières à son Père, ses confidences de la dernière Cène, etc. Comment eût-il connu tous ces détails, s’il n’avait vécu dans l’intimité du Sauveur, avec ses plus familiers amis ? G. Enfin, il ne peut être que l’auteur de l’Apocalypse et de l’Épitre catholique, dite ad Parthos, le second des fils de Zébédée, le disciple bien-aimé, le fils adoptif de Marie, en un mot l’apôtre de S. Jean. 1° Tout le monde convient aujourd’hui de l’authenticité de l’Apocalypse, et jamais on n’a mis en doute celle de la première Épitre attribuée à S. Jean. Or, il y a entre ces écrits et le quatrième évangile des rapports aussi nombreux que frappants. On trouve dans chacun les mêmes préoccupations, les mêmes tendances dogmatiques et polémiques. Le style présente les mêmes caractères, la même naïveté unie à la même élévation et à la même profondeur. C’est le même langage au fond, sauf, dans l’Apocalypse, plus de poésie et des irrégularités plus nombreuses. 2° Si l’évangéliste est un des fils de Zébédée, c’est le second, sans aucun doute, le premier ayant été mis à mort avant la dispersion des Apôtres. Or, il ne parait pas douteux que l’auteur du quatrième évangile n’eût cette qualité. Ce qui le prouve, c’est surtout le silence qu’il garde sur ces deux frères. Quoiqu’ils aient dû intervenir bien des fois dans les scènes qu’il retrace, comme étant des amis privilégiés du Sauveur, quoiqu’ils tiennent une place si considérable dans l’Évangile et dans les Actes, jamais il ne les signale dans ses récits. Il ne nomme pas même leur mère parmi les personnes qui assistèrent au crucifiement, bien que nous soyons assurés de sa présence par les synoptiques. Une fois seulement il mentionne les enfants de Zébédée ; mais c’est au dernier chapitre, dans une sorte d’appendice ; et il ne les met pas à la tête des apôtres, comme ils sont toujours ailleurs, mais au dernier rang, entre les apôtres et de simples disciples. Comment expliquer cette particularité ? Elle ne peut avoir pour cause, ce semble, que la modestie de l’auteur, qui veut imiter celle de son Maitre et s’effacer autant qu’il lui est possible. 3° On peut par le même procédé dégager plus directement encore du récit évangélique la personnalité de S. Jean. En effet, son nom ne parait nulle part. Dans les endroits où l’on croit devoir le trouver, on lit : un disciple, l’autre disciple, celui qui a vu le fait de ses yeux. Non seulement il évite de mêler le nom de S. Jean à ceux des apôtres, il semble même oublier qu’on le lui donne ; car toutes les fois qu’il parle du Précurseur, il l’appelle simplement Jean, sans ajouter à ce nom, comme les synoptiques, comme Josèphe lui-même, le titre qui le caractérise, le Baptiste, singularité d’autant plus remarquable que cet évangéliste a coutume de désigner ses personnages de la manière la plus précise : Thomas Didyme, Cephas qu’on appelle Petrus, Judas non l’Iscariote, Nicodème qui vint à Jésus la nuit. La raison de cette différence est la même que nous avons indiquée plus haut. Ce n’est pas que l’évangéliste avait connu le Précurseur avant qu’on lui donnât ce surnom ; car S. Matthieu ne l’avait-il pas aussi connu à la même époque ? C’est que tandis que les synoptiques croient devoir distinguer Jean-Baptiste de Jean l’Apôtre, lui n’a pas cette idée : il n’imagine pas que personne puisse confondre avec lui, ou seulement rapprocher de sa personne, l’illustre précurseur du Messie. 4° Un dernier indice, plus convaincant encore, c’est l’amour tendre, délicat, religieux, qui respire dans cet évangile pour Jésus et pour Marie. Il suffit de lire le récit du miracle de Cana, celui de la résurrection de Lazare ou de la dernière Cène, et surtout l’entrevue suprême du Sauveur et de sa mère, au Calvaire, pour reconnaitre l’affection pieuse, émue, reconnaissante de l’Apôtre bien-aimé et de l’enfant adoptif. C’est bien lui qui a dû nous transmettre ces touchants détails. Lui seul devait y attacher cette importance, les recueillir avec cette sollicitude et nous les transmettre avec cette fidélité. Ainsi l’étude du quatrième évangile confirme pleinement le témoignage de la tradition. Il ne faut donc pas s’étonner si nos rationalistes n’osent plus en nier ouvertement l’authenticité, s’ils se réduisent à dire que les disciples de S. Jean ont pu l’écrire quelques années après sa mort, une trentaine d’années au plus. Ewald, plus décidé dans son langage dit qu’il faut avoir perdu l’esprit pour en contester la propriété à celui dont il porte le nom. Plusieurs Pères ont dit que le premier dessein de S. Jean a été de combler une lacune des synoptiques, en retraçant la partie de la prédication du Sauveur qui a précédé l’emprisonnement de son Précurseur, et en mettant en relief le côté spirituel et mystique de sa vie et de sa doctrine. Mais si l’on étudie l’évangile même, on sera convaincu que la principale intention de l’auteur a été de venger la personne du divin Maitre des attaques des premiers hérétiques, ou plutôt de fortifier la foi des chrétiens à l’égard des dogmes contestés à cette époque, la divinité de Jésus-Christ, son union substantielle avec son Père et celle qu’il veut avoir avec nous par son esprit et par sa grâce. L’évangéliste l’affirme lui-même expressément : « Ceci a été écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et afin que croyant, vous ayez la vie en son nom. » Il n’avait pas besoin, pour arriver à son but, d’écrire l’histoire du Sauveur en entier, ni de reproduire tout son enseignement. Aussi fait-il un choix et s’attache-t-il de préférence à ce que les autres ont omis. Les discours qu’il rapporte sont ceux où le divin Maitre atteste sa dignité de Fils de Dieu, et l’union que ses membres doivent avoir avec lui ; les miracles qu’il retrace, ceux ou paraissent avec le plus d’éclat ses perfections et ses desseins. Les autres faits sont en petit nombre et destinés presque uniquement à lier ensemble les discours et les miracles, et à faire des uns et des autres une démonstration lumineuse du christianisme. Divinité du Sauveur, rédemption des âmes par la vertu de son sang, adoption des fidèles comme enfants de Dieu, justification intérieure par la grâce, à la seule condition d’une foi sincère et pratique : tels sont les dogmes auxquels il s’attache et sur lesquels il s’efforce d’affermir la foi du lecteur. Tous les récits comme tous les discours se rapportent là. Croire à Jésus-Christ comme au Messie et au Fils de Dieu, croire à sa nature divine, à sa puissance, à sa charité, à sa résurrection : voilà le but constant et la conclusion inévitable de tous les chapitres. Quelles que soient les limites dans lesquelles il se resserre et les lacunes que présente son récit, l’œuvre répond au dessein de l’auteur. Il est difficile de trouver un livre qui offre plus d’unité, une marche plus droite, un progrès plus constant, une cohésion plus étroite de toutes les parties. 1° Dans un prologue aussi bref que sublime, l’évangéliste dit ce que le Verbe a toujours été dans l’éternité et ce qu’il a voulu devenir dansle temps. Lumière et vie par essence, connaissance et activité infinies, il s’est fait par l’Incarnation principe de foi et source de vie surnaturelle pour les âmes. Telle est la grande vérité, tel est le mystère dont l’ouvrage offre le développement et la preuve. L’auteur entre aussitôt en matière. Rien sur l’origine temporelle ni sur la jeunesse du Sauveur. Il commence par l’histoire de sa prédication. Les faits et les discours dont elle se compose sont en harmonie avec le programme de l’évangéliste. Mais de cette révélation progressive du Verbe fait chair, résultent deux effets contraires : dans les âmes droites une foi qui devient de plus en plus ferme ; dans les esprits prévenus et orgueilleux une hostilité toujours croissante. Le Sauveur apparait comme source de vie à Cana, au puits de Jacob, dans la multiplication des pains, dans la guérison des malades, dans la résurrection des morts. Il s’annonce comme principe de lumière dans la guérison de l’aveugle-né, mais surtout dans son enseignement et dans ses révélations, lorsqu’il fait voir que rien ne lui est caché, lorsqu’il dit qu’il vient rendre témoignage de la vérité, qu’il est la Vérité même, qu’il donnera son esprit à ses apôtres pour instruire le monde entier. L’opposition ne tardant pas à éclater, ses auditeurs se divisent en deux partis contraires. Un certain nombre, destinés à former le noyau de son Église et à lui fournir des ministres, ouvrent leur cœur à ses paroles et se montrent dociles à ses enseignements. Les autres, les plus nombreux, ceux qui possèdent l’autorité et l’influence, ferment les yeux à la lumière et s’irritent contre le prédicateur. Le divin Maitre s’efforce de dissiper leurs ténèbres et de désarmer leur hostilité : eux ne songent qu’à le prendre en défaut et à le convaincre d’erreur. C’est une lutte continuelle de la lumière contre les ténèbres, de la vie contre la mort. À la fin, leur malice toujours déjouée, éclate d’une manière terrible. Ils se décident à le mettre à mort : ils le crucifient. Mais son immolation devient son triomphe. En sortant vivant du tombeau, il confirme la foi de ses disciples et fonde inébranlablement son Église. 2° La liaison des parties n’est pas moins parfaite que l’unité du but. Tous les faits rapportés dans l’évangile ont pour fin d’amener un discours, de symboliser une idée, de rendre une instruction plus frappante ; tous les discours ont dans les faits un complément ou une traduction sensible ; et par les uns comme par les autres, l’évangéliste tend à son but, en montrant comment la foi s’est établie au commencement dans les cœurs droits, et quels ont été la malice, l’obstination et le malheur de ceux qui sont restés incrédules. Aussi l’histoire et la doctrine sont-elles fondues ensemble d’une manière indissoluble, et l’on ne conçoit pas qu’on ait pu dire que les discours étaient des interpolations. « L’évangile de S. Jean est comme la robe sans couture du Sauveur, a dit Strauss lui-même. Il n’y a pas moyen d’en rien détacher : il faut accepter tout comme authentique ou tout rejeter. » S. Jean a un langage qui le distingue des autres évangélistes. Les discours qu’il rapporte et les tableaux qu’il trace ont, pour la forme et pour le fond, un caractère particulier. Son vocabulaire n’est pas abondant. Les mêmes termes reviennent sans cesse, parce que la doctrine roule constamment sur les mêmes idées ; mais tous ces termes saisissent l’âme, toutes ces idées l’élèvent et la tiennent en présence des plus grandes et des plus saintes réalités. C’est Dieu, vérité absolue, dont l’éclat rayonne à travers les ténèbres ; c’est le Verbe, le Fils unique de Dieu, son expression parfaite, qui vient ici-bas pour faire connaitre et honorer son Père, et à qui son Père rend témoignage par la parole et par les œuvres. Un certain nombre écoutent sa voix et ouvrent les yeux à sa lumière. Ceux-là ayant en eux son esprit et sa vie, sont appelés à partager sa gloire. Mais la plupart refusent d’écouter ses enseignements et d’obéir à ses lois. Loin de devenir des enfants de Dieu comme les premiers, ils seront des enfants du démon ; ils n’ont pas la vie en eux : ils n’arriveront pas à la gloire. Voilà ce qui est annoncé dès le premier chapitre, 11 et 12, et qu’on ne cesse de voir et d’entendre dans tout le cours de l’Évangile. Il a des expressions qui lui sont propres, surtout pour rendre les rapports du Père avec le Fils et du Fils avec nous : Être chez Dieu, être dans le Père, demeurer en Dieu, naitre de Dieu, marcher dans la lumière, dans les ténèbres, etc. Il dit le Père, le Fils, d’une manière absolue. Il a des tournures qu’il affectionne et qu’il répète : En cela, cela est. Quant à ces métaphores si souvent employées, lumière, vie, ténèbres, mort, mensonge, on ne peut pas dire qu’elles lui soient propres ; car on les trouve aussi dans les prophètes, dans S. Paul et même dans les synoptiques ; mais elles se lisent à toutes les pages de son évangile. Comme elles étaient familières aux gnostiques qu’il avait à réfuter, c’était pour lui une nécessité d’y revenir souvent, en revendiquant pour l’Homme-Dieu et pour sa doctrine les perfections que ces hérétiques attribuaient aux créations fantastiques de leur imagination. Il aime les sentences brèves et détachées, il se plaît à énoncer ses pensées simplement, à la suite l’une de l’autre, comme autant d’intuitions, sans conjonctions ni pronoms relatifs, ce qui n’empêche pas qu’étant unies par le fond, elles ne produisent dans leur ensemble un grand effet. Au lieu de déduire, il affirme, ou plutôt il atteste ce qu’il voit ou ce qu’il a vu, et il se plaît à répéter les mots et les pensées, comme les vieillards, dit Michaélis, qui ont recours à ce moyen pour graver leurs maximes dans les esprits. En fait de figures, il emploie souvent l’antithèse, pour faire ressortir ses idées. Il oppose les lumières aux ténèbres, ceux qui sont nés de Dieu à ceux qui sont nés des hommes, Jésus-Christ à Moïse, la loi à la grâce, les fidèles aux incrédules ; ou bien après avoir affirmé une chose, il nie la chose opposée. Il parait aimer aussi l’apposition, qui se formule par c’est-à-dire, à savoir. Mais ce qui caractérise S. Jean, c’est moins la forme extérieure du langage que le fond de la pensée. La simplicité, la naïveté, la négligence même se joignent chez lui à une finesse, à une pénétration, à une profondeur, à une élévation sans égales. Tout ce qu’il décrit est sensible et vivant. On croirait assister aux scènes qu’il retrace et avoir sous les yeux les acteurs. Ses récits sont autant de drames, pleins de vérité et de mouvement. Il fait parler ses personnages, comme S. Marc, et quelques mots lui suffisent pour les faire connaitre. Avec le talent de peindre, au degré le plus éminent, S. Jean a le don d’éveiller la pensée et de s’énoncer d’une manière frappante. Il sait donner un corps aux choses les plus abstraites et faire apparaitre le monde idéal et surnaturel à travers les réalités de l’ordre naturel et terrestre. Chez lui, tous les tableaux sont des emblèmes ; l’importance des faits qu’il rapporte est dans les idées qu’ils suggèrent ; le présent figure l’avenir ; chaque mot renferme une prophétie, une leçon, un mystère. Autant il est profond dans ses symboles, autant est-il sublime dans ses conceptions. Nul n’a le regard aussi hardi et aussi sûr. Tout ignorant qu’il est des choses de la terre, ce pêcheur de Galilée, inspiré par l’Esprit-Saint, ne craint pas de traiter de celles du ciel. Il ne veut voir dans l’Homme-Dieu lui-même que ce qu’il a de plus divin ; et les vérités qu’il nous révèle suffisent pour éclairer la foi, nourrir l’espérance et animer la charité jusqu’à la fin des siècles. Vivacité, profondeur, sublimité, voilà, en résumé, ce qui distingue cet évangile, ce qui l’a fait appeler par les Saints Pères l’Évangile de l’Esprit, ce qui fait que les cœurs purs y trouvent tant de charmes. Il n’est pas de livre où la divinité du Verbe rayonne avec tant d’éclat. Œuvre merveilleuse, sans modèle comme sans égale, qui porte en elle la preuve de son inspiration et de sa véracité, et qu’on ne pouvait mieux caractériser que par cette figure d’aigle qu’on lui a donnée pour emblème. (L. Bacuez.)

²

LE SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST
SELON SAINT JEAN

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Joánnem - Summárium

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER

Divinité du Verbe. Mission de saint Jean-Baptiste. Incarnation du Verbe. Réponse de saint Jean aux députés des Juifs. Autre témoignage de saint Jean. Deux disciples de saint Jean vont trouver Jésus. André lui amène Pierre. Jésus appelle Philippe, qui lui amène Nathanaël.

CHAPITRE II

Noces de Cana. Changement de l’eau en vin. Vendeurs chassés du temple. Jésus annonce sa résurrection. Beaucoup croient en lui, mais il ne se fie pas à eux.

CHAPITRE III

Nicodème vient trouver Jésus-Christ ; instructions que Jésus lui donne. Le Fils de Dieu envoyé pour sauver le monde. Celui qui ne croit pas en lui est condamné. Dispute entre les disciples de saint Jean et ceux de Jésus-Christ touchant le baptême. Réponse de saint Jean à ses disciples.

CHAPITRE IV

Jésus retourne en Galilée. Il s’entretient avec la Samaritaine, et répond à ses disciples au sujet de cet entretien. Foi des Samaritains. Jésus vient de nouveau à Cana. Il guérit un malade à Capharnaüm.

CHAPITRE V

Guérison d’un homme malade depuis trente-huit ans. Murmures des Juifs sur le prétendu violement du sabbat, et sur ce que Jésus-Christ se déclarait le fils de Dieu. Réponse de Jésus-Christ aux Juifs. Le Fils agit avec le Père ; il a reçu du Père tout pouvoir de juger. Il a la vie en lui de même que le Père. Témoignage de Jean-Baptiste et du Père céleste. Incrédulité des Juifs. Moïse sera leur accusateur.

CHAPITRE VI

Multiplication des cinq pains et des deux poissons. Jésus marche sur la mer. La nourriture qui ne périt point. Jésus-Christ déclare que sa chair et son sang sont une nourriture et un breuvage. Plusieurs se scandalisent de ses paroles et l’abandonnent. Les douze apôtres demeurent avec lui. Jésus prédit l’infidélité de l’un d’eux.

CHAPITRE VII

Les parents de Jésus veulent lui persuader d’aller en Judée. Jésus y va en secret. Il enseigne publiquement dans le temple. Ses reproches à ceux qui voulaient le faire mourir. Il annonce l’effusion de l’Esprit de Dieu. On veut en vain l’arrêter. Nicodème prend sa défense.

CHAPITRE VIII

Femme adultère présentée à Jésus-Christ. Jésus lumière du monde. Son père lui rend témoignage. Impénitence des Juifs prédite. Crucifiement annoncé. Qui commet le péché est esclave du péché. Vrais enfants d’Abraham. Le démon est le père du mensonge. Qui est de Dieu entend les paroles de Dieu. Jésus outragé laisse la défense de sa gloire à son Père. Il déclare qu’il est avant Abraham.

CHAPITRE IX

Aveugle-né guéri par Jésus-Christ. Enquête des pharisiens sur ce miracle. Ils chassent de la synagogue celui qui avait été guéri. Instruit par Jésus-Christ, il se prosterne et l’adore. Double jugement exercé par Jésus-Christ.

CHAPITRE X

Faux et vrai pasteur. Jésus est la porte des brebis ; il est le bon pasteur. Caractère du mercenaire. Brebis réunies sous un seul pasteur. Jésus quitte sa vie pour la reprendre. Les brebis de Jésus entendent sa voix. Les Juifs veulent le lapider. Il prouve sa divinité par ses œuvres.

CHAPITRE XI

Maladie et mort de Lazare. Jésus va à Béthanie pour le ressusciter. Entretien de Marthe avec Jésus. Jésus ressuscite Lazare. Les Juifs veulent perdre Jésus. Caïphe prophétise. Jésus se retire à Éphrem. Les Juifs cherchent l’occasion de le prendre.

CHAPITRE XII

Marie parfume les pieds de Jésus. Murmures de Judas. Les Juifs veulent tuer Lazare. Entrée de Jésus à Jérusalem ; des gentils demandent à le voir. Discours de Jésus à cette occasion. Trouble de Jésus. Voix du ciel. Puissance de la croix. Marcher pendant la lumière. Incrédulité des Juifs. La parole de Jésus condamnera ceux qui ne la reçoivent point.

CHAPITRE XIII

Dernière cène de Jésus-Christ. Il lave les pieds à ses apôtres. Prédiction de la trahison de Judas. Glorification de Jésus. Commandement de l’amour. Renoncement de saint Pierre prédit.

CHAPITRE XIV

Sermon après la cène. Jésus va préparer un lieu à ses disciples. Il est la voie, la vérité et la vie. Qui le voit, voit son Père. Il fera ce qui sera demandé en son nom. Caractère de l’amour. Promesse de l’Esprit consolateur. Observation des commandements. Le Saint-Esprit enseigne toutes choses. Paix de Dieu. Amour et obéissance de Jésus.

CHAPITRE XV

Suite du sermon après la cène. Jésus est la vigne ; ses disciples sont les sarments. Vie et joie en lui seul. Commandement de l’amour. Choix des disciples. Monde ennemi des fidèles. Juifs inexcusables. Témoignage de l’esprit de vérité.

CHAPITRE XVI

Suite du sermon après la cène. Prédiction des persécutions. Promesse du Paraclet. Triple conviction qu’il doit produire, et lumière qu’il doit répandre. Prière au nom de Jésus-Christ. Confiance au milieu des tribulations.

CHAPITRE XVII

Jésus prie pour sa glorification. Il prie pour tous ceux qui croyaient déjà en lui, et pour tous ceux qui devaient croire en lui dans la suite.

CHAPITRE XVIII

Jésus dans te jardin. Juifs renversés. Jésus pris et mené devant Anne. Saint Pierre te suit. Jésus est envoyé à Caïphe, renié par saint Pierre et présenté à Pilate. Barabbas lui est préféré.

CHAPITRE XIX

Flagellation. Couronnement d’épines. Pilate cherche les moyens de délivrer Jésus ; il l’abandonne. Jésus est conduit au Calvaire et crucifié. Inscription de la croix. Partage de ses vêtements. La sainte Vierge et saint Jean au pied de la croix. Jésus a soif ; il meurt. Son côté est percé. Joseph et Nicodème prennent le soin d’ensevelir Jésus.

CHAPITRE XX

Madeleine va au sépulcre ; elle avertit Pierre et Jean ; ils y viennent ensemble. Apparition des anges et de Jésus à Madeleine. Jésus apparait aux apôtres et leur donne le Saint-Esprit. Seconde apparition de Jésus aux apôtres. Thomas voit et croit.

CHAPITRE XXI

Apparition de Jésus à ses disciples près de la mer de Tibériade. Pêche miraculeuse. Amour de saint Pierre. Jésus lui confie ses brebis et lui prédit son martyre. Saint Pierre demande à Jésus ce que deviendra saint Jean.

²

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Jn 1

*jn01

CHAPITRE PREMIER

Divinité du Verbe. Mission de saint Jean-Baptiste. Incarnation du Verbe. Réponse de saint Jean aux députés des Juifs. Autre témoignage de saint Jean. Deux disciples de saint Jean vont trouver Jésus. André lui amène Pierre. Jésus appelle Philippe, qui lui amène Nathanaël.

(hi) 1 In princípio erat Verbum,

1. Au commencement était le Verbe,

et Verbum erat apud Deum,

et le Verbe était en Dieu,

et Deus erat Verbum.

et le Verbe était Dieu.

2 Hoc erat in princípio apud Deum.

2. C’est lui qui au commencement était en Dieu.

3 Omnia per ipsum facta sunt :

3. Toutes choses ont été faites par lui ;

et sine ipso factum est nihil, quod factum est.

et sans lui rien n’a été fait de ce qui a été fait.

4 In ipso vita erat,

4. En lui était la vie,

et vita erat lux hóminum :

et la vie était la lumière des hommes ;

5 et lux in ténebris lucet,

5. Et la lumière luit dans les ténèbres,

et ténebræ eam non comprehendérunt.

et les ténèbres ne l’ont pas comprise.

6 Fuit homo

6. Il y eut un homme

missus a Deo,

envoyé de Dieu

cui nomen erat Joánnes.

dont le nom était Jean.

7 Hic venit in testimónium

7. Celui-ci vint comme témoin

ut testimónium perhibéret de lúmine,

pour rendre témoignage à la lumière,

ut omnes créderent per illum.

afin que tous crussent par lui ;

8 Non erat ille lux,

8. Il n’était pas la lumière,

sed ut testimónium perhibéret de lúmine.

mais il devait rendre témoignage à la lumière.

9 Erat lux vera,

9. Celui-là était la vraie lumière,

quæ illúminat omnem hóminem

qui illumine tout homme

veniéntem in hunc mundum.

venant en ce monde.

10 In mundo erat,

10. Il était dans le monde,

et mundus per ipsum factus est,

et le monde a été fait par lui,

et mundus eum non cognóvit.

et le monde ne l’a pas connu.

11 In própria venit,

11. Il est venu chez lui,

et sui eum non recepérunt.

et les siens ne l’ont pas reçu.

12 Quotquot autem recepérunt eum,

12. Mais à tous ceux qui l’ont reçu,

dedit eis potestátem fílios Dei fíeri,

il a donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu ;

his qui credunt in nómine ejus :

à ceux qui croient en son nom ;

13 qui non ex sanguínibus,

13. Qui ne sont point nés du sang,

neque ex voluntáte carnis,

ni de la volonté de la chair,

neque ex voluntáte viri,

ni de la volonté de l’homme,

sed ex Deo nati sunt.

mais de Dieu.

14 Et Verbum caro factum est,

14. Et le Verbe a été fait chair,

et habitávit in nobis :

et il a habité parmi nous

et vídimus glóriam ejus,

et nous avons vu sa gloire

glóriam quasi unigéniti a Patre

comme la gloire qu’un fils unique reçoit de son père,

plenum grátiæ et veritátis.

plein de grâce et de vérité.

(hi) 15 Joánnes testimónium pérhibet de ipso,

15. Jean rend témoignage de lui,

et clamat dicens :

et il crie, disant :

Hic erat quem dixi :

Voici celui-ci dont j’ai dit :

Qui post me ventúrus est,

Celui qui doit venir après moi

ante me factus est :

a été fait avant moi,

quia prior me erat.

parce qu’il était avant moi.

16 Et de plenitúdine ejus

16. Et de sa plénitude,

nos omnes accépimus, et grátiam pro grátia :

nous avons tous reçu, et grâce pour grâce ;

17 quia lex per Móysen data est,

17. Car la loi a été donnée par Moïse,

grátia et véritas per Jesum Christum facta est.

la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.

18 Deum nemo vidit umquam :

18. Personne n’a jamais vu Dieu :

unigénitus Fílius, qui est in sinu Patris,

le Fils unique qui est dans le sein du Père

ipse enarrávit.

est celui qui l’a fait connaitre.

(hi) 19 Et hoc est testimónium Joánnis, quando misérunt Judǽi ab Jerosólymis sacerdótes et Levítas ad eum ut interrogárent eum : Tu quis es ?

19. Or voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : Qui es-tu ?

20 Et conféssus est, et non negávit, et conféssus est : Quia non sum ego Christus.

20. Car il confessa, et il ne le nia point ; il confessa : Ce n’est pas moi qui suis le Christ.

21 Et interrogavérunt eum : Quid ergo ? Elías es tu ? Et dixit : Non sum. Prophéta es tu ? Et respóndit : Non.

21. Et ils lui demandèrent : Quoi donc ? Es-tu Élie ? Et il dit : Non. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non.

22 Dixérunt ergo ei : Quis es ut respónsum demus his qui misérunt nos ? quid dicis de teípso ?

22. Ils lui dirent donc : Qui es-tu, afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés ? Que dis-tu de toi-même ?

23 Ait : Ego vox clamántis in desérto : Dirígite viam Dómini, sicut dixit Isaías prophéta.

23. Je suis, répondit-il, la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez la voie du Seigneur, comme l’a dit le prophète Isaïe.

24 Et qui missi fúerant, erant ex pharisǽis.

24. Or ceux qui avaient été envoyés étaient du nombre des pharisiens.

25 Et interrogavérunt eum, et dixérunt ei : Quid ergo baptízas, si tu non es Christus, neque Elías, neque prophéta ?

25. Ils l’interrogèrent encore et lui dirent : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le prophète ?

26 Respóndit eis Joánnes, dicens : Ego baptízo in aqua : médius autem vestrum stetit, quem vos nescítis.

26. Jean leur répondit, disant : Moi je baptise dans l’eau, mais il y a au milieu de vous quelqu’un que vous ne connaissez point.

27 Ipse est qui post me ventúrus est, qui ante me factus est : cujus ego non sum dignus ut solvam ejus corrígiam calceaménti.

27. C’est lui qui doit venir après moi, qui a été fait avant moi ; je ne suis même pas digne de délier la courroie de sa chaussure.

(hi) 28 Hæc in Bethanía facta sunt trans Jordánem, ubi erat Joánnes baptízans.

28. Ceci se passa en Béthanie, au delà du Jourdain où Jean baptisait.

(hi) 29 Altera die vidit Joánnes Jesum veniéntem ad se, et ait : Ecce agnus Dei, ecce qui tollit peccátum mundi.

29. Le jour suivant Jean vit Jésus venant à lui, et il dit : Voici l’agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde.

30 Hic est de quo dixi : Post me venit vir qui ante me factus est : quia prior me erat :

30. C’est celui de qui j’ai dit : Après moi vient un homme qui a été fait avant moi, parce qu’il était avant moi :

31 et ego nesciébam eum, sed ut manifestétur in Israël, proptérea veni ego in aqua baptízans.

31. Et moi je ne le connaissais pas ; mais c’est pour qu’il fut manifesté en Israël, que je suis venu baptisant dans l’eau.

32 Et testimónium perhíbuit Joánnes, dicens : Quia vidi Spíritum descendéntem quasi colúmbam de cælo, et mansit super eum.

32. Jean rendit encore témoignage, disant : J’ai vu l’Esprit descendant du ciel en forme de colombe, et il s’est reposé sur lui.

33 Et ego nesciébam eum : sed qui misit me baptizáre in aqua, ille mihi dixit : Super quem víderis Spíritum descendéntem, et manéntem super eum, hic est qui baptízat in Spíritu Sancto.

33. Et moi je ne le connaissais pas ; mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et se reposer, c’est celui-là qui baptisera dans l’Esprit-Saint.

34 Et ego vidi : et testimónium perhíbui quia hic est Fílius Dei.

34. Et je l’ai vu, et j’ai rendu témoignage que c’est lui qui est le Fils de Dieu.

(hi) 35 Altera die íterum stabat Joánnes, et ex discípulis ejus duo.

35. Le jour suivant, Jean se trouvait de nouveau avec deux de ses disciples.

36 Et respíciens Jesum ambulántem, dicit : Ecce agnus Dei.

36. Et regardant Jésus qui se promenait, il dit : Voilà l’agneau de Dieu.

37 Et audiérunt eum duo discípuli loquéntem, et secúti sunt Jesum.

37. Les deux disciples l’entendirent parler ainsi, et ils suivirent Jésus.

38 Convérsus autem Jesus, et videns eos sequéntes se, dicit eis : Quid quǽritis ? Qui dixérunt ei : Rabbi (quod dícitur interpretátum Magíster), ubi hábitas ?

38. Or Jésus s’étant retourné et les voyant qui le suivaient, leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Rabbi (ce qui veut dire, par interprétation, Maitre), où demeurez-vous ?

39 Dicit eis : Veníte et vidéte. Venérunt, et vidérunt ubi manéret, et apud eum mansérunt die illo : hora autem erat quasi décima.

39. Il leur dit : Venez et voyez. Ils vinrent, et virent où il demeurait, et ils restèrent avec lui ce jour-là : or, il était environ la dixième heure,

40 Erat autem Andréas, frater Simónis Petri, unus ex duóbus qui audíerant a Joánne, et secúti fúerant eum.

40. Or André, frère de Simon-Pierre, était un des deux qui avaient entendu de Jean ce témoignage, et qui avaient suivi Jésus.

41 Invénit hic primum fratrem suum Simónem, et dicit ei : Invénimus Messíam (quod est interpretátum Christus).

41. Or il rencontra d’abord son frère Simon, et lui dit : Nous avons trouvé le Messie (ce qu’on interprète par le Christ).

42 Et addúxit eum ad Jesum. Intúitus autem eum Jesus, dixit : Tu es Simon, fílius Jona ; tu vocáberis Cephas, quod interpretátur Petrus.

42. Et il l’amena à Jésus. Et Jésus l’ayant regardé, dit : Tu es Simon, fils de Jona ; tu seras appelé Cephas, ce qu’on interprète par Pierre.

43 In crástinum vóluit exíre in Galilǽam, et invénit Philíppum. Et dicit ei Jesus : Séquere me.

43. Le lendemain, Jésus voulut aller en Galilée ; il trouva Philippe et lui dit : Suis-moi.

44 Erat autem Philíppus a Bethsáida, civitáte Andréæ et Petri.

44. Or Philippe était de Bethsaïde, de la même ville qu’André et Pierre.

45 Invénit Philíppus Nathánaël, et dicit ei : Quem scripsit Móyses in lege, et prophétæ, invénimus Jesum fílium Joseph a Názareth.

45. Philippe trouva Nathanaël, et lui dit : Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi et ensuite les prophètes, Jésus, fils de Joseph de Nazareth.

46 Et dixit ei Nathánaël : A Názareth potest áliquid boni esse ? Dicit ei Philíppus : Veni et vide.

46. Et Nathanaël lui demanda : Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? Philippe lui répondit : Viens et vois.

47 Vidit Jesus Nathánaël veniéntem ad se, et dicit de eo : Ecce vere Israëlíta, in quo dolus non est.

47. Jésus vit venir à lui Nathanaël, et il dit de lui : Voici vraiment un Israélite en qui il n’y a point d’artifice.

48 Dicit ei Nathánaël : Unde me nosti ? Respóndit Jesus, et dixit ei : Priúsquam te Philíppus vocávit, cum esses sub ficu, vidi te.

48. Nathanaël lui demanda : D’où me connaissez-vous ? Jésus répondit et lui dit : Avant que Philippe t’appelât, lorsque tu étais sous le figuier, je t’ai vu.

49 Respóndit ei Nathánaël, et ait : Rabbi, tu es Fílius Dei, tu es rex Israël.

49. Nathanaël lui répondit et dit : Rabbi, vous êtes le Fils de Dieu, vous êtes le roi d’Israël.

50 Respóndit Jesus, et dixit ei : Quia dixi tibi : Vidi te sub ficu, credis ; majus his vidébis.

50. Jésus répliqua et lui dit : Parce que je t’ai dit : Je t’ai vu sous le figuier, tu crois ; tu verras de plus grandes choses.

51 Et dicit ei : Amen, amen dico vobis, vidébitis cælum apértum, et ángelos Dei ascendéntes, et descendéntes supra Fílium hóminis.

51. Et il ajouta : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l’homme.

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CHAP. I. 6. Matth. III, 1 ; Marc. I, 2. — 3. Col. I, 16 ; Hebr. I, 2. — 9. Infra. III, 19. — 10. Hebr. XI, 3. — 14. Matth. I, 16 ; Luc. II, 7. — 16. I Tim. VI, 17. — 18. I Tim. VI, 16 ; I Joan. IV, 12. — 23. Is. XL, 3 ; Matth. III, 3 ; Marc. I, 3 ; Luc. III, 4. — 26. Matth. III, 11. — 27. Marc. I, 7 ; Luc. III, 16 ; Act. I, 5 ; XI, 16 ; XIX, 4. — 32. Matth. III, 16 ; Marc. I, 10 ; Luc. III, 22. — 45. Gen. XLIX, 10 ; Deut. XVIII, 18 ; Is. XL, 10 ; XLV, 8 ; Jer. XXIII, 5 ; Ezech. XXXIV, 23 ; XXXVII, 24 ; Dan. IX, 24, 25 ; Infra. V, 46 ; Act. III, 22.

 

1. Et le Verbe était en Dieu. Compar. XIV, 10 : Ne croyez-vous pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? — * « Le choix de ce mot, Verbe, Logos, n’a pas été fait au hasard par S. Jean, ni d’une manière arbitraire. Il parait lui avoir été révélé. Que le Fils de Dieu l’ait fait connaitre à S. Jean avant de sortir de ce monde, ou que la révélation en ait été faite à cet Apôtre au moment où il écrivait l’évangile, c’est ce que rien ne détermine avec certitude ; mais nous savons qu’à Patmos, S. Jean reçut des assurances à cet égard : « Le nom dont on l’appelle est le Verbe de Dieu, » lisons-nous dans l’Apocalypse. Certains passages de l’Ancien Testament pouvaient suffire pour en suggérer l’idée. Dans ces textes, la création est attribuée au Verbe ou à la parole de Dieu. Ce Verbe est personnel. Il s’identifie avec la Sagesse et avec l’Ange de Dieu. Quoi d’étonnant qu’au temps du Sauveur ce mot fut employé chez les Juifs pour désigner le Fils éternel de Dieu ? S. Paul parait sanctionner cet usage, aussi bien que S. Jean, en parlant de la parole de Dieu vivante et agissante, qui discerne les pensées de l’esprit et les intentions du cœur. Aussi la difficulté pour l’évangéliste n’était pas de faire reconnaitre aux Juifs qu’il y a en Dieu un Verbe personnel et tout-puissant, mais de les convaincre que Jésus était ce Verbe. D’ailleurs, la connaissance de la doctrine révélée sur les trois personnes divines étant donnée, le nom de Verbe ne devait-il pas s’offrir de lui-même à l’esprit pour désigner la seconde ? Les rapports du Père avec le Fils ont une analogie frappante avec ceux qui existent entre notre esprit et notre parole ou notre verbe. Il était naturel d’appeler le Fils de Dieu, la Parole du Père. S. Jean n’avait donc pas d’emprunt à faire, ni à Platon (429-348), ni à Philon († 55). Et que leur aurait-il emprunté ? — Si Platon parle de Logos dans sa théorie de la création ou plutôt de la disposition originelle des choses, il donne à ce terme un sens fort différent de celui de S. Jean. Le Logos du philosophe grec n’est pas une personne, mais une abstraction, la raison de Dieu, réceptacle de toutes ses idées. Il n’a pas conscience de son existence. — Il en est de même de celui de Philon, autant qu’on peut saisir la pensée de cet auteur, dans les nuages de ses allégories, Philon ne le nomme pas Dieu, le vrai Dieu ; il ne l’identifie pas avec le Messie. Du reste, s’il avait une vraie connaissance du Verbe personnel, on devrait penser qu’il l’a puisée aussi dans la révélation, c’est-à-dire dans les écrits des prophètes et dans les traditions de leurs écoles. » (L. Bacuez.)

13. La chair et le sang indiquent, dans l’Écriture, la nature humaine qui s’oppose à la grâce.

14. Le Verbe a été fait chair, non que sa substance se soit changée en chair mais parce que le Verbe, en demeurant ce qu’il était, a pris la forme de serviteur (saint Chrysostome).

15. Parce qu’il était avant moi ; puisque comme Verbe, il était de toute éternité. — D’autres traduisent : Parce qu’il était au-dessus de moi, bien plus que moi.

19. * Le témoignage de Jean Baptiste.

21. * Es-tu Élie ? Et il dit : Non. « Dans un autre endroit (Matth. XI, 13-14), le Seigneur étant questionné par ses disciples sur la venue d’Elie, répondit : Élie est déjà venu, et si vous voulez le savoir, c’est Jean qui est Élie. Jean interrogé dit au contraire : Je ne suis pas Élie… C’est que Jean était Élie par l’esprit qui l’animait, mais il n’était pas Élie en personne. Ce que le Seigneur dit de l’esprit d’Elie, Jean le nie de la personne. » (S. Grégoire-le-Grand.)

23. * Dans le désert de Judée. Voir Matth. III, 1.

27. Qui a été fait avant moi. Voy. au vers. 15. — Délier la courroie, etc. Voy. Matth. III, 11.

35. * Jean Baptiste avec deux de ses disciples, André et S. Jean l’Évangéliste. André est nommé au vers. 40. S. Jean, par humilité, ne se nomme jamais par son nom ni dans son Évangile ni dans ses Épîtres, et quand il a besoin de parler de lui, il se désigne par une périphrase.

38. * Rabbi, qui veut dire Maître. C’est le titre que l’on donnait aux docteurs de la loi en Palestine et nous voyons par S. Jean, qui répète ce titre huit fois dans son Évangile, que c’était celui que les Apôtres donnaient à Jésus. S. Matthieu et S. Marc ont rarement conservé le mot sémitique Rabbi : ces deux évangélistes ont ordinairement, et S. Luc a toujours traduit la signification de ce mot : Maître.

39. La dixième heure ; c’est-à-dire environ quatre heures après midi. Voy. notre Abrégé d’introduction aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, p. 535, 536.

43. * En Galilée. Voir la note 28 à la fin du volume.

44. * Bethsaïde de Galilée. Voir Matth. XI, 21.

45. * Nathanaël,c’est-à-dire Dieudonné. On croit communément que c’est celui qui devint l’apôtre S. Barthélémy, Nathanaël étant son nom propre et Barthélémy étant un surnom qui veut dire fils de Tholmaï.

48. * Sous le figuier. Le figuier peut atteindre une grande hauteur en Palestine et son feuillage serré et touffu produit une ombre très épaisse. Les rabbins juifs allaient volontiers étudier la loi de Moïse à l’ombre des figuiers.

49. Rabbi ; c’est-à-dire Maitre.

 

Jn 2

*jn02

CHAPITRE II

Noces de Cana. Changement de l’eau en vin. Vendeurs chassés du temple. Jésus annonce sa résurrection. Beaucoup croient en lui, mais il ne se fie pas à eux.

(hi) 1 Et die tértia núptiæ factæ sunt in Cana Galilǽæ, et erat mater Jesu ibi.

1. Trois jours après, il se fit des noces à Cana en Galilée : et la mère de Jésus y était.

2 Vocátus est autem et Jesus, et discípuli ejus, ad núptias.

2. Et Jésus aussi fut convié aux noces avec ses disciples.

3 Et deficiénte vino, dicit mater Jesu ad eum : Vinum non habent.

3. Or le vin manquant, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont pas de vin.

4 Et dicit ei Jesus : Quid mihi et tibi est, múlier ? nondum venit hora mea.

4. Et Jésus lui dit : Femme, qu’importe à moi et à vous ? Mon heure n’est pas encore venue.

5 Dicit mater ejus minístris : Quodcúmque díxerit vobis, fácite.

5. Sa mère dit à ceux qui servaient : Tout ce qu’il vous dira, faites-le.

6 Erant autem ibi lapídeæ hýdriæ sex pósitæ secúndum purificatiónem Judæórum, capiéntes síngulæ metrétas binas vel ternas.

6. Or il y avait là six urnes de pierre préparées pour la purification des Juifs, contenant chacune deux ou trois mesures.

7 Dicit eis Jesus : Impléte hýdrias aqua. Et implevérunt eas usque ad summum.

7. Jésus leur dit : Emplissez les urnes d’eau. Et ils les emplirent jusqu’au haut.

8 Et dicit eis Jesus : Hauríte nunc, et ferte architriclíno. Et tulérunt.

8. Alors Jésus leur dit : Puisez maintenant, et portez-en au maitre d’hôtel ; et ils lui en portèrent.

9 Ut autem gustávit architriclínus aquam vinum factam, et non sciébat unde esset, minístri autem sciébant, qui háuserant aquam : vocat sponsum architriclínus,

9. Sitôt que le maitre d’hôtel eut gouté l’eau changée en vin (et il ne savait d’où ce vin venait, mais les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient), le maitre d’hôtel donc appela l’époux,

10 et dicit ei : Omnis homo primum bonum vinum ponit et cum inebriáti fúerint, tunc id, quod detérius est. Tu autem servásti bonum vinum usque adhuc.

10. Et lui dit : Tout homme sert d’abord le bon vin, et après qu’on a beaucoup bu, celui qui vaut moins ; mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à cette heure.

11 Hoc fecit inítium signórum Jesus in Cana Galilǽæ ; et manifestávit glóriam suam, et credidérunt in eum discípuli ejus.

11. C’est là le commencement des miracles que fit Jésus à Cana de Galilée ; et c’est ainsi qu’il manifesta sa gloire et que ses disciples crurent en lui.

(hi) 12 Post hoc descéndit Capharnaüm ipse, et mater ejus, et fratres ejus, et discípuli ejus : et ibi mansérunt non multis diébus.

12. Après cela il descendit à Capharnaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples ; mais ils y demeurèrent peu de jours.

(hi) 13 Et prope erat Pascha Judæórum, et ascéndit Jesus Jerosólymam :

13. Car la Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem ;

(hi) 14 et invénit in templo vendéntes boves, et oves, et colúmbas, et numulários sedéntes.

14. Et il trouva dans le temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs assis à leurs tables.

15 Et cum fecísset quasi flagéllum de funículis, omnes ejécit de templo, oves quoque, et boves, et numulariórum effúdit æs, et mensas subvértit.

15. Et ayant fait comme un fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple avec les brebis et les bœufs, répandit l’argent des changeurs et renversa leurs tables.

16 Et his qui colúmbas vendébant, dixit : Auférte ista hinc, et nolíte fácere domum patris mei, domum negotiatiónis.

16. Et à ceux qui vendaient les colombes, il dit : Emportez cela d’ici, et ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic.

17 Recordáti sunt vero discípuli ejus quia scriptum est : Zelus domus tuæ comédit me.

17. Or ses disciples se ressouvinrent qu’il était écrit : Le zèle de votre maison me dévore.

(hi) 18 Respondérunt ergo Judǽi, et dixérunt ei : Quod signum osténdis nobis, quia hæc facis ?

18. Les Juifs donc prenant la parole, lui dirent : Par quel signe nous montres-tu que tu peux faire ces choses ?

19 Respóndit Jesus, et dixit eis : Sólvite templum hoc, et in tribus diébus excitábo illud.

19. Jésus répondit et leur dit : Détruisez ce temple et je le relèverai en trois jours.

20 Dixérunt ergo Judǽi : Quadragínta et sex annis ædificátum est templum hoc, et tu in tribus diébus excitábis illud ?

20. Mais les Juifs repartirent : On a mis quarante-six ans à bâtir ce temple ; et toi, tu le relèveras en trois jours ?

21 Ille autem dicébat de templo córporis sui.

21. Mais Jésus parlait du temple de son corps.

22 Cum ergo resurrexísset a mórtuis, recordáti sunt discípuli ejus, quia hoc dicébat, et credidérunt scriptúræ et sermóni quem dixit Jesus.

22. Lors donc qu’il fut ressuscité d’entre les morts, ses disciples se ressouvinrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Écriture et à la parole qu’avait dite Jésus.

23 Cum autem esset Jerosólymis in Pascha in die festo, multi credidérunt in nómine ejus, vidéntes signa ejus, quæ faciébat.

23. Or lorsque Jésus était à Jérusalem pendant la fête de Pâque, beaucoup crurent en son nom, voyant les miracles qu’il faisait.

24 Ipse autem Jesus non credébat semetípsum eis, eo quod ipse nosset omnes,

24. Mais Jésus ne se fiait point à eux, parce qu’il les connaissait tous,

25 et quia opus ei non erat ut quis testimónium perhibéret de hómine : ipse enim sciébat quid esset in hómine.

25. Et qu’il n’avait pas besoin que personne lui rendît témoignage d’aucun homme, car il savait par lui-même ce qu’il y avait dans l’homme.

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CHAP. II. 17. Ps. LXVIII, 10. — 19. Matth. XXVI, 61 ; XXVII, 40 ; Marc. XIV, 58 ; XV, 29. — 22. Ps. III, 6 ; LVI, 9.

 

1. * Cana en Galilée est célèbre non seulement par le miracle de l’eau changée en vin, mais aussi par un autre miracle raconté dans S. Jean, IV, 46-54. C’est là qu’était né Nathanaël, Jean, qu’était né Nathanaël, Joan. XXI, 2. — « Aujourd’hui la Cana évangélique s’appelle Kafr-Kenna, sur le chemin de Nazareth à Tibériade. Les chrétiens y ont une église bâtie des débris d’une autre plus magnifique, changée plus tard en mosquée et détruite aujourd’hui. On y [montre] deux des hydries dans lesquelles l’eau fut changée en vin. Elles sont en calcaire compact du pays et travaillées assez grossièrement. Elles n’ont absolument aucune sculpture. Voici leurs dimensions : la grande urne, de forme plus arrondie, a 120 cm sur 80 cm ; la seconde, plus allongée, a 90 cm sur 75. Chacune des hydries contenait, dit l’évangéliste, deux ou trois métrètes ; or cette mesure vaut près de 39 litres. La capacité des urnes de l’Évangile variait donc de 78 à 117 litres. Or la plus grande des urnes actuelles peut contenir 100 litres et la plus petite 60 litres. Il y a donc complète coïncidence. Elles ont été vues à la fin du VIe siècle par Antonin le Martyr. — On montre encore à Kenna les ruines de la maison de l’un des douze Apôtres, Simon, [que plusieurs croient être l’époux des noces de Cana]. — S. Jérôme nous apprend qu’il y a deux Cana. L’une du côté de Sidon, et celle-ci il l’appelle la Grande ; l’autre, qu’il appelle la Petite. Aujourd’hui les Arabes appellent Kenna-el-Djalil la Cana voisine de la Phénicie. Or el-Djalil en arabe signifie la Grande. Cet accord du nom moderne avec le texte de S. Jérôme tranche la question. » (J. H. Michon.)

4. Femme. Ce mot ne renfermait jamais chez les Hébreux une idée de mépris comme en français. Jésus attaché à la croix s’en sert, lorsqu’il recommande, de la manière la plus tendre, sa mère à son disciple bien aimé. Les Romains et les Grecs donnaient le titre de femme à des princesses et à des reines, en leur adressant la parole. — * « Plusieurs traduisent, sur le latin : « Que nous importe à l’un et à l’autre ? » Mais la plupart entendent ces mots autrement : « Qu’avons-nous à faire ou à concerter ensemble ? Laissez-moi la liberté que demande mon ministère. » Ce second sens parait mieux en harmonie avec l’acception de ces mots dans la Bible et avec l’esprit du quatrième évangile. Puisque S. Jean écrit pour prouver que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, il doit plutôt relever en lui un sentiment qui implique la conscience de sa divinité, qu’un autre où l’on verrait seulement un indice de sa nature humaine. « Un miracle, semble-t-il dire à sa Mère, est une œuvre toute divine : la chair et le sang n’y doivent avoir aucune part. C’est comme homme que je suis votre fils ; c’est comme Dieu que je dois agir en ce moment. » En parlant ainsi, Notre Seigneur ne fait que répéter ce qu’il a déjà dit, en sortant du temple : que la volonté de son Père était la seule règle qu’il eût à suivre dans l’exercice de son ministère. Du reste, il n’y a dans ces paroles aucun reproche ni aucun blâme pour Marie, qui partage les sentiments de son Fils et qui entre dans sa pensée ; mais pour ceux qui l’entendaient, pour les Apôtres surtout, il y a une instruction importante : c’est que le Sauveur n’est pas avec sa Mère dans les mêmes rapports qu’un enfant ordinaire ; c’est que, dans l’exercice de leur ministère, les ministres de Dieu ne doivent avoir aucun égard aux inspirations de la chair et du sang. — Quant au mot : « Femme, » c’est en hébreu comme en grec une appellation respectueuse, qui n’a rien de dur ni de dédaigneux. Sans exclure la tendresse filiale, elle réserve au Sauveur l’indépendance que son œuvre réclame. Il n’en emploiera pas d’autre quand il cherchera à consoler sa Mère au Calvaire, ni lorsqu’il se révèlera à Madeleine, après sa résurrection. » (L. Bacuez.)

6. * Deux ou trois mesures, dans l’original, metrétas. La metréta était la même chose que le bath, lequel avait une capacité de 38 litres 88. — Pour la purification des Juifs, parce qu’ils se lavaient pour se purifier avant et après le repas.

8. * Le maitre d’hôtel est appelé dans l’original architriclin, mot qu’on a francisé et qui vient d’archê, commandement, et de trichnion, lit où l’on se couchait pour prendre ses repas. L’architriclin était l’intendant du festin, il était chargé de tout surveiller et de tout diriger.

11. Cela signifie que Jésus ne fit pas de miracles dans sa jeunesse (saint Chrysostome).

12. Ses frères ; c’est-à-dire ses parents (Saint Augustin). Voy. Matth. XII, 46. — * À Capharnaüm. Voir Matth. IV, 13.

13. * La Pâque des Juifs. Voir Matth. XXVI, 2. C’est la première Pâque du ministère public de Jésus.

14. * Et il trouva dans le temple, etc. Voir Matth. XXI, 12.

19. Le Sauveur répond aux Juifs d’une manière énigmatique, parce qu’il connait leur incrédulité et la malice de leur cœur. — Voilà le signe que donne le Christ : sa victoire sur la mort (saint Chrysostome). — * Ce temple, en grec naos. Voir note sur Matth. XXI, 12.

20. * On a mis quarante-six ans. Hérode-le-Grand fit rebâtir et embellir le temple de Jérusalem, vers l’an 20 avant J.-C. Le temple proprement dit fut achevé en un an et demi et les bâtiments accessoires en huit ans, mais la décoration n’en fut achevée que l’an 64 de notre ère, c’est-à-dire plusieurs années après la mort de J.-C. Les Juifs disent à Notre Seigneur qu’il y a 46 ans qu’on travaille au temple, sans prétendre par là que tout est terminé.

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Jn 3

*jn03

CHAPITRE III

Nicodème vient trouver Jésus-Christ ; instructions que Jésus lui donne. Le Fils de Dieu envoyé pour sauver le monde. Celui qui ne croit pas en lui est condamné. Dispute entre les disciples de saint Jean et ceux de Jésus-Christ touchant le baptême. Réponse de saint Jean à ses disciples.

(hi) 1 Erat autem homo ex pharisǽis, Nicodémus nómine, princeps Judæórum.

1. Or il y avait un homme parmi les pharisiens, nommé Nicodème, un des chefs des Juifs.

2 Hic venit ad Jesum nocte, et dixit ei : Rabbi, scimus quia a Deo venísti magíster, nemo enim potest hæc signa fácere, quæ tu facis, nisi fúerit Deus cum eo.

2. Cet homme vint la nuit à Jésus, et lui dit : Maitre, nous savons que vous êtes venu de Dieu pour enseigner ; car nul ne pourrait faire les prodiges que vous faites, si Dieu n’était avec lui.

3 Respóndit Jesus, et dixit ei : Amen, amen dico tibi, nisi quis renátus fúerit dénuo, non potest vidére regnum Dei.

3. Jésus lui répondit et lui dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un ne nait de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu.

4 Dicit ad eum Nicodémus : Quómodo potest homo nasci, cum sit senex ? numquid potest in ventrem matris suæ iteráto introíre et renásci ?

4. Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naitre quand il est vieux ? Peut-il entrer dans le sein de sa mère une seconde fois, et renaitre ?

5 Respóndit Jesus : Amen, amen dico tibi, nisi quis renátus fúerit ex aqua, et Spíritu Sancto, non potest introíre in regnum Dei.

5. Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si quelqu’un ne renait de l’eau et de l’Esprit-Saint, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.

6 Quod natum est ex carne, caro est : et quod natum est ex spíritu, spíritus est.

6. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’esprit est esprit.

7 Non miréris quia dixi tibi : opórtet vos nasci dénuo.

7. Ne t’étonne point que je t’aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau.

8 Spíritus ubi vult spirat, et vocem ejus audis, sed nescis unde véniat, aut quo vadat : sic est omnis qui natus est ex spíritu.

8. L’esprit souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais d’où elle vient ni où elle va : ainsi en est-il de quiconque est né de l’esprit.

9 Respóndit Nicodémus, et dixit ei : Quómodo possunt hæc fíeri ?

9. Nicodème répondit et lui dit : Comment cela se peut-il faire ?

10 Respóndit Jesus, et dixit ei : Tu es magíster in Israël, et hæc ignóras ?

10. Jésus répondit et lui dit : Tu es maitre en Israël, et tu ignores ces choses ?

11 Amen, amen dico tibi, quia quod scimus lóquimur, et quod vídimus testámur, et testimónium nostrum non accípitis.

11. En vérité, en vérité, je te le dis, ce que nous savons, nous le disons, et ce que nous avons vu, nous l’attestons, et vous ne recevez pas notre témoignage.

12 Si terréna dixi vobis, et non créditis : quómodo, si díxero vobis cæléstia, credétis ?

12. Si je vous dis les choses de la terre, et que vous ne croyiez point, comment croirez-vous, si je vous dis les choses du ciel ?

13 Et nemo ascéndit in cælum, nisi qui descéndit de cælo, Fílius hóminis, qui est in cælo.

13. Car personne n’est monté au ciel que celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel.

14 Et sicut Móyses exaltávit serpéntem in desérto, ita exaltári opórtet Fílium hóminis :

14. Et comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé ;

15 ut omnis qui credit in ipsum, non péreat, sed hábeat vitam ætérnam.

15. Afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.

16 Sic enim Deus diléxit mundum, ut Fílium suum unigénitum daret : ut omnis qui credit in eum, non péreat, sed hábeat vitam ætérnam.

16. Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.

17 Non enim misit Deus Fílium suum in mundum, ut júdicet mundum, sed ut salvétur mundus per ipsum.

17. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.

18 Qui credit in eum, non judicátur ; qui autem non credit, jam judicátus est : quia non credit in nómine unigéniti Fílii Dei.

18. Qui croit en lui n’est point condamné, mais qui ne croit point est déjà condamné, parce qu’il ne croit pas au nom du Fils unique de Dieu.

19 Hoc est autem judícium : quia lux venit in mundum, et dilexérunt hómines magis ténebras quam lucem : erant enim eórum mala ópera.

19. Or cette condamnation vient de ce que la lumière a paru dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.

20 Omnis enim qui male agit, odit lucem, et non venit ad lucem, ut non arguántur ópera ejus :

20. Car quiconque fait le mal hait la lumière, et il ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient découvertes ;

21 qui autem facit veritátem, venit ad lucem, ut manifesténtur ópera ejus, quia in Deo sunt facta.

21. Mais celui qui accomplit la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles ont été faites en Dieu.

(hi) 22 Post hæc venit Jesus et discípuli ejus in terram Judǽam : et illic demorabátur cum eis, et baptizábat.

22. Après cela, Jésus vint avec ses disciples dans la terre de Judée, et il y demeurait avec eux, et il baptisait.

23 Erat autem et Joánnes baptízans, in Ænnon, juxta Salim : quia aquæ multæ erant illic, et veniébant et baptizabántur.

23. Or Jean aussi baptisait à Énnon, près de Salim, parce qu’il y avait là beaucoup d’eau et on y venait, et on y était baptisé.

24 Nondum enim missus fúerat Joánnes in cárcerem.

24. Car Jean n’avait pas encore été mis en prison.

25 Facta est autem quǽstio ex discípulis Joánnis cum Judǽis de purificatióne.

25. Or il s’éleva une question entre les disciples de Jean et les Juifs, touchant la purification.

26 Et venérunt ad Joánnem, et dixérunt ei : Rabbi, qui erat tecum trans Jordánem, cui tu testimónium perhibuísti, ecce hic baptízat, et omnes véniunt ad eum.

26. Et ceux-là étant venus vers Jean, lui dirent : Maitre, celui qui était avec vous au delà du Jourdain, et à qui vous avez rendu témoignage, baptise maintenant, et tout le monde va à lui.

27 Respóndit Joánnes, et dixit : Non potest homo accípere quidquam, nisi fúerit ei datum de cælo.

27. Jean répondit et dit : L’homme ne peut rien recevoir, s’il ne lui a été donné du ciel.

28 Ipsi vos mihi testimónium perhibétis, quod díxerim : Non sum ego Christus : sed quia missus sum ante illum.

28. Vous m’êtes témoins vous-mêmes, que j’ai dit : Ce n’est pas moi qui suis le Christ, mais j’ai été envoyé devant lui.

29 Qui habet sponsam, sponsus est : amícus autem sponsi, qui stat, et audit eum, gáudio gaudet propter vocem sponsi. Hoc ergo gáudium meum implétum est.

29. Celui qui a l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux, qui est présent et l’écoute, se réjouit de joie, à cause de la voix de l’époux. Ma joie est donc maintenant à son comble.

30 Illum opórtet créscere, me autem mínui.

30. Il faut qu’il croisse et que je diminue.

31 Qui desúrsum venit, super omnes est. Qui est de terra, de terra est, et de terra lóquitur. Qui de cælo venit, super omnes est.

31. Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui est sorti de la terre est de la terre et parle de la terre. Ainsi celui qui vient du ciel est au-dessus de tous.

32 Et quod vidit, et audívit, hoc testátur : et testimónium ejus nemo áccipit.

32. Et il témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage.

33 Qui accépit ejus testimónium signávit, quia Deus verax est.

33. Celui qui a reçu son témoignage a attesté que Dieu est véritable.

34 Quem enim misit Deus, verba Dei lóquitur : non enim ad mensúram dat Deus spíritum.

34. Car celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, parce que ce n’est pas avec mesure que Dieu lui donne son esprit.

35 Pater díligit Fílium et ómnia dedit in manu ejus.

35. Le Père aime le Fils, et il a tout remis entre ses mains.

36 Qui credit in Fílium, habet vitam ætérnam ; qui autem incrédulus est Fílio, non vidébit vitam, sed ira Dei manet super eum.

36. Qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais qui ne croit point au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui.

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CHAP. III. 8. Ps. CXXXIV, 7. — 13. Prov. XXX, 4 ; Ephes. IV, 9.— 14. Num. XXI, 9. — 16. I Joan. IV, 9. — 19. Supra. I, 9. — 22. Infra. IV, 1. — 26. Supra. I, 19. — 28. Supra. I, 20. — 33. Rom. III, 4. — 36. I Joan. V, 10.

 

1. Un des chefs des Juifs. Comp. VII, 50. — * Nicodème, un des chefs des Juifs, c’est-à-dire, membre du Sanhédrin. Le Talmud mentionne un Nicodème, fils de Gorion, homme riche et pieux, qui est peut-être le même que celui dont parle S. Jean. D’après la tradition, Nicodème se fit chrétien et fut banni du sanhédrin et de Jérusalem.

3-5. Il ne suffit pas d’être enfants d’Abraham pour appartenir au royaume des deux, mais il faut mourir au péché et renaitre par le baptême. La renaissance spirituelle a un principe extérieur dans l’eau et un principe intérieur dans l’Esprit-Saint. C’est la régénération, par le baptême, dont la nécessité est affirmée (Concile de Trente, session VII, canon 2 ; Matth. XXVIII, 19).

8. * L’esprit. Dans l’original, le mot employé signifie esprit et vent. L’action régénératrice du Saint-Esprit, dans les âmes, est aussi invisible et mystérieuse que le mouvement et les effets de l’air, dans la nature. La grâce est donnée, selon la libre volonté du Saint-Esprit (saint Bède). Les choses spirituelles invisibles comme le vent, se remarquent par leurs effets.

22. Et il baptisait, par les mains de ses apôtres, comme il est dit au chap. IV, 2.

23. * Ænnon « Ænnon, dit S. Jérôme après Eusèbe, est un endroit qu’on montre encore aujourd’hui à 8 milles de Scythopolis, au sud, près de Salim et du Jourdain. » Ænnon, Ænon signifie sources — Salim, que l’Évangéliste mentionne pour fixer la situation d’Ænnon, est malheureusement inconnu. On a trouvé un Salim à l’est et non loin de Naplouse (Samarie) et il y a là deux sources très abondantes. On a découvert un ouadi Selam ou Seleim, au nord-est de Jérusalem, à environ deux lieues, près de l’ouadi Farah, où les sources abondent.

24. * Mis en prison. Voir Matth. XIV, 3.

25. * La purification, le baptême de S. Jean-Baptiste.

29. Se réjouit de joie ; hébraïsme, pour éprouver une grande joie, être ravi de joie. — * L’ami de l’époux. Voir Matth. IX, 15.

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Jn 4

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CHAPITRE IV

Jésus retourne en Galilée. Il s’entretient avec la Samaritaine, et répond à ses disciples au sujet de cet entretien. Foi des Samaritains. Jésus vient de nouveau à Cana. Il guérit un malade à Capharnaüm.

1 Ut ergo cognóvit Jesus quia audiérunt pharisǽi quod Jesus plures discípulos facit, et baptízat, quam Joánnes

1. Lors donc que Jésus sut que les pharisiens avaient appris qu’il faisait plus de disciples et baptisait plus que Jean,

2 (quamquam Jesus non baptizáret, sed discípuli ejus),

2. (Quoique Jésus ne baptisât point, mais ses disciples),

3 relíquit Judǽam, et ábiit íterum in Galilǽam.

3. Il quitta la Judée, et s’en alla de nouveau en Galilée ;

(hi) 4 Oportébat autem eum transíre per Samaríam.

4. Or il lui fallait passer par la Samarie.

5 Venit ergo in civitátem Samaríæ, quæ dícitur Sichar, juxta prǽdium quod dedit Jacob Joseph fílio suo.

5. Il vint donc dans une ville de Samarie, nommée Sichar, près de l’héritage que Jacob donna à Joseph, son fils.

6 Erat autem ibi fons Jacob. Jesus ergo fatigátus ex itínere, sedébat sic supra fontem. Hora erat quasi sexta.

6. Là était le puits de Jacob. Ainsi, Jésus, fatigué de la route, s’assit sur le bord du puits. Il était environ la sixième heure.

7 Venit múlier de Samaría hauríre aquam. Dicit ei Jesus : Da mihi bíbere.

7. Or une femme de Samarie vint puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donnez-moi à boire.

8 (Discípuli enim ejus abíerant in civitátem ut cibos émerent.)

8. (Car ses disciples étaient allés à la ville acheter de quoi manger.)

9 Dicit ergo ei múlier illa Samaritána : Quómodo tu, Judǽus cum sis, bíbere a me poscis, quæ sum múlier Samaritána ? non enim coutúntur Judǽi Samaritánis.

9. Cette femme samaritaine lui répondit donc : Comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi, qui suis une femme samaritaine ? car les Juifs n’ont point de commerce avec les Samaritains.

10 Respóndit Jesus, et dixit ei : Si scires donum Dei, et quis est qui dicit tibi : Da mihi bíbere, tu fórsitan petísses ab eo, et dedísset tibi aquam vivam.

10. Jésus lui répondit et dit : Si vous saviez le don de Dieu, et qui est celui qui vous dit : Donnez-moi à boire, peut-être lui en eussiez-vous demandé vous-même, et il vous aurait donné d’une eau vive.

11 Dicit ei múlier : Dómine, neque in quo háurias habes, et púteus altus est : unde ergo habes aquam vivam ?

11. La femme lui repartit : Seigneur, tu n’as pas même avec quoi puiser, et le puits est profond ; d’où aurais-tu donc de l’eau vive ?

12 Numquid tu major es patre nostro Jacob, qui dedit nobis púteum, et ipse ex eo bibit, et fílii ejus, et pécora ejus ?

12. Es-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu, lui, ses enfants et ses troupeaux ?

13 Respóndit Jesus, et dixit ei : Omnis qui bibit ex aqua hac, sítiet íterum ; qui autem bíberit ex aqua quam ego dabo ei, non sítiet in ætérnum :

13. Jésus répliqua et lui dit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif ; au contraire, qui boira de l’eau que je lui donnerai, n’aura jamais soif ;

14 sed aqua quam ego dabo ei, fiet in eo fons aquæ saliéntis in vitam ætérnam.

14. Mais l’eau que je lui donnerai deviendra une fontaine d’eau jaillissante jusque dans la vie éternelle.

15 Dicit ad eum múlier : Dómine, da mihi hanc aquam, ut non sítiam, neque véniam huc hauríre.

15. La femme lui dit : Seigneur, donne-moi de cette eau afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne point puiser ici.

16 Dicit ei Jesus : Vade, voca virum tuum, et veni huc.

16. Allez, lui répondit Jésus, appelez votre mari et venez ici.

17 Respóndit múlier, et dixit : Non hábeo virum. Dicit ei Jesus : Bene dixísti, quia non hábeo virum ;

17. La femme répliqua et dit : Je n’ai point de mari. Jésus ajouta : Vous avez bien dit : Je n’ai point de mari ;

18 quinque enim viros habuísti, et nunc, quem habes, non est tuus vir : hoc vere dixísti.

18. Car vous avez eu cinq maris, et celui que vous avez maintenant n’est pas votre mari ; en cela vous avez dit vrai.

19 Dicit ei múlier : Dómine, vídeo quia prophéta es tu.

19. La femme lui dit : Seigneur, je vois que vous êtes vraiment prophète.

20 Patres nostri in monte hoc adoravérunt, et vos dícitis, quia Jerosólymis est locus ubi adoráre opórtet.

20. Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous dites, vous, que Jérusalem est le lieu où il faut adorer.

21 Dicit ei Jesus : Múlier, crede mihi, quia venit hora, quando neque in monte hoc, neque in Jerosólymis adorábitis Patrem.

21. Jésus lui dit : Femme, croyez-moi, vient une heure où vous n’adorerez le Père ni sur cette montagne ni à Jérusalem.

22 Vos adorátis quod nescítis : nos adorámus quod scimus, quia salus ex Judǽis est.

22. Vous adorez, vous, ce que vous ne connaissez point ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, parce que le salut vient des Juifs.

23 Sed venit hora, et nunc est, quando veri adoratóres adorábunt Patrem in spíritu et veritáte. Nam et Pater tales quærit, qui adórent eum.

23. Mais vient une heure, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont de tels adorateurs que le Père cherche.

24 Spíritus est Deus : et eos qui adórant eum, in spíritu et veritáte opórtet adoráre.

24. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent doivent l’adorer en esprit et en vérité.

25 Dicit ei múlier : Scio quia Messías venit (qui dícitur Christus) : cum ergo vénerit ille, nobis annuntiábit ómnia.

25. La femme lui dit : Je sais que le Messie (c’est-à-dire le Christ) vient ; lors donc qu’il sera venu, il nous apprendra toutes choses.

26 Dicit ei Jesus : Ego sum, qui loquor tecum.

26. Jésus lui dit : Je le suis, moi qui vous parle.

27 Et contínuo venérunt discípuli ejus, et mirabántur quia cum mulíere loquebátur. Nemo tamen dixit : Quid quæris ? aut, Quid lóqueris cum ea ?

27. En même temps ses disciples vinrent, et ils s’étonnaient de ce qu’il parlait avec une femme ; néanmoins aucun ne dit : Que lui demandez-vous ? Ou pourquoi parlez-vous avec elle ?

28 Relíquit ergo hýdriam suam múlier, et ábiit in civitátem, et dicit illis homínibus :

28. La femme donc laissa là sa cruche, s’en alla dans la ville et dit aux habitants :

29 Veníte, et vidéte hóminem qui dixit mihi ómnia quæcúmque feci : numquid ipse est Christus ?

29. Venez, voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait, n’est-ce point le Christ ?

30 Exiérunt ergo de civitáte et veniébant ad eum.

30. Ils sortirent donc de la ville, et ils venaient à lui.

31 Intérea rogábant eum discípuli, dicéntes : Rabbi, mandúca.

31. Cependant ses disciples le priaient, disant : Maitre, mangez.

32 Ille autem dicit eis : Ego cibum hábeo manducáre, quem vos nescítis.

32. Mais il leur dit : Moi, j’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez point.

33 Dicébant ergo discípuli ad ínvicem : Numquid áliquis áttulit ei manducáre ?

33. Les disciples disaient alors entre eux : Quelqu’un lui a-t-il apporté à manger ?

34 Dicit eis Jesus : Meus cibus est ut fáciam voluntátem ejus qui misit me, ut perfíciam opus ejus.

34. Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre.

35 Nonne vos dícitis quod adhuc quátuor menses sunt, et messis venit ? Ecce dico vobis : leváte óculos vestros, et vidéte regiónes, quia albæ sunt jam ad messem.

35. Ne dites-vous pas vous-mêmes : Il y a encore quatre mois, et la moisson viendra ? Mais moi, je vous dis maintenant : Levez les yeux et voyez les champs ; car ils blanchissent déjà pour la moisson.

36 Et qui metit, mercédem áccipit, et cóngregat fructum in vitam ætérnam : ut et qui séminat, simul gáudeat, et qui metit.

36. Et celui qui moissonne reçoit une récompense, et recueille du fruit pour la vie éternelle, afin que celui qui sème se réjouisse aussi bien que celui qui moissonne.

37 In hoc enim est verbum verum : quia álius est qui séminat, et álius est qui metit.

37. Car, en ceci, ce qu’on dit est vrai : Autre est celui qui sème, et autre celui qui moissonne.

38 Ego misi vos métere quod vos non laborástis : álii laboravérunt, et vos in labóres eórum introístis.

38. Pour moi, je vous ai envoyés moissonner où vous n’avez point travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous, vous êtes entrés dans leurs travaux.

39 Ex civitáte autem illa multi credidérunt in eum Samaritanórum, propter verbum mulíeris testimónium perhibéntis : Quia dixit mihi ómnia quæcúmque feci.

39. Or beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en lui, sur la parole de la femme qui avait rendu ce témoignage : Il m’a dit tout ce que j’ai fait.

40 Cum veníssent ergo ad illum Samaritáni, rogavérunt eum ut ibi manéret. Et mansit ibi duos dies.

40. Lors donc que les Samaritains furent venus à lui, ils le prièrent de demeurer en ce lieu, et il y demeura deux jours.

41 Et multo plures credidérunt in eum propter sermónem ejus.

41. Et beaucoup plus crurent en lui, à cause de ses discours.

42 Et mulíeri dicébant : Quia jam non propter tuam loquélam crédimus : ipsi enim audívimus, et scimus quia hic est vere Salvátor mundi.

42. De sorte qu’ils disaient à la femme : Maintenant ce n’est plus sur votre parole que nous croyons, nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui qui est le Sauveur du monde.

(hi) 43 Post duos autem dies éxiit inde, et ábiit in Galilǽam.

43. Ainsi après les deux jours il partit de là et s’en alla en Galilée.

44 Ipse enim Jesus testimónium perhíbuit, quia prophéta in sua pátria honórem non habet.

44. Car Jésus lui-même a rendu ce témoignage qu’un prophète n’est point honoré dans sa patrie.

45 Cum ergo venísset in Galilǽam, excepérunt eum Galilǽi, cum ómnia vidíssent quæ fécerat Jerosólymis in die festo : et ipsi enim vénerant ad diem festum.

45. Quand il fut venu en Galilée, les Galiléens l’accueillirent, parce qu’ils avaient vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem pendant la fête ; car ils étaient venus, eux aussi, à la fête.

(hi) 46 Venit ergo íterum in Cana Galilǽæ, ubi fecit aquam vinum. Et erat quidam régulus, cujus fílius infirmabátur Capharnaüm.

46. Il vint donc de nouveau à Cana de Galilée, où il avait changé l’eau en vin. Or il y avait un officier du roi dont le fils était malade à Capharnaüm.

47 Hic cum audísset quia Jesus adveníret a Judǽa in Galilǽam, ábiit ad eum, et rogábat eum ut descénderet, et sanáret fílium ejus : incipiébat enim mori.

47. Lorsque cet officier eut appris que Jésus venait de Judée en Galilée, il alla vers lui, et le pria de venir guérir son fils qui se mourait.

48 Dixit ergo Jesus ad eum : Nisi signa et prodígia vidéritis, non créditis.

48. Jésus lui dit donc : Si vous ne voyez des miracles et des prodiges, vous ne croyez point.

49 Dicit ad eum régulus : Dómine, descénde priúsquam moriátur fílius meus.

49. L’officier lui dit : Seigneur, venez avant que mon fils meure.

50 Dicit ei Jesus : Vade, fílius tuus vivit. Crédidit homo sermóni quem dixit ei Jesus, et ibat.

50. Jésus lui répondit : Va, ton fils vit. Cet homme crut à la parole que lui dit Jésus, et s’en alla.

51 Jam autem eo descendénte, servi occurrérunt ei, et nuntiavérunt dicéntes quia fílius ejus víveret.

51. Or, comme il s’en retournait, ses serviteurs vinrent à sa rencontre et lui annoncèrent que son fils vivait.

52 Interrogábat ergo horam ab eis in qua mélius habúerit. Et dixérunt ei : Quia heri hora séptima relíquit eum febris.

52. Et il leur demandait à quelle heure il s’était trouvé mieux. Et ils lui dirent : Hier, à la septième heure, la fièvre l’a quitté.

53 Cognóvit ergo pater, quia illa hora erat in qua dixit ei Jesus : Fílius tuus vivit ; et crédidit ipse et domus ejus tota.

53. Le père reconnut alors que c’était l’heure à laquelle Jésus lui avait dit : Ton fils vit ; et il crut, lui et toute sa maison.

54 Hoc íterum secúndum signum fecit Jesus, cum venísset a Judǽa in Galilǽam.

54. Ce fut là le second miracle que fit encore Jésus quand il fut revenu de Judée en Galilée.

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CHAP. IV. 1. Supra. III, 22. — 5. Gen. XXXIII, 19 ; XLVIII, 22 ; Jos. XXIV, 32. — 20. Deut. XII, 5. — 22. IV Reg. XVII, 29 ; Is. II, 3. — 24. I Cor. III, 17. — 35. Matth. IX, 37 ; Luc. X, 2. — 43. Matth. IV, 12 ; Marc. I, 14 ; Luc. IV, 14. — 44. Matth. XIII, 57 ; Marc. VI, 4 ; Luc. IV, 24. —46. Supra,  

 

5-6. * Sichar, près de l’héritage que Jacob donna à son fils. Là était le puits de Jacob. Sichar est, d’après les uns, Sichem, aujourd’hui Naplouse, à trois kilomètres du puits de Jacob ; d’après d’autres, qui jugent la distance de Sichem bien grande, Sichar était un village situé entre le puits et Naplouse, peut-être l’Askar actuel. — « Le champ donné par Jacob à Joseph est au nord de la Fontaine de Jacob, à environ mille mètres. On y voit le tombeau de Joseph dont les restes lurent rapportés par les Hébreux de l’Égypte. La Fontaine de Jacob est presque à l’angle du chemin de Naplouse, se bifurquant pour aller à Jérusalem au midi, et au levant vers le Jourdain. Un monument chrétien fut élevé sur l’emplacement de la Fontaine de Jacob. Il n’en reste que quelques colonnes de granit. [Il reste d’une église qui succéda à la première basilique] un chevet carré avec voute à arêtes, sous lequel est le puits lui-même. L’orifice de la fontaine est aujourd’hui fermé par une énorme pierre. En Orient les fontaines non coulantes, comme celles-ci, étaient autrefois accessibles par un immense escalier droit au moyen duquel on atteignait l’eau. » (Michon.)

6. La sixième heure ; c’est-à-dire environ midi. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 535, 536.

9. * Les Juifs n’ont point de commerce avec les Samaritains. Voir Matth. X, 5.

19. Touchée au vif, à cause de sa vie peu recommandable, la Samaritaine cherche à faire dévier la conversation, elle fait intervenir une question religieuse. « Jésus ne répond pas à la question de la femme, mais il s’élève plus haut. » (Saint Augustin).

20. * Sur cette montagne, le mont Garizim, où les Samaritains avaient élevé un temple schismatique, près de Sichem, avec l’autorisation du roi perse Darius Nothus. Jean Hyrcan détruisit ce temple, mais du temps de Notre Seigneur, les Samaritains avaient encore un autel sur cette montagne.

25. Les Samaritains lisaient et vénéraient les livres de Moïse et attendaient le Messie.

27. Les rabbins estimaient indigne d’un homme de parler avec une femme.

35. * Il y a encore quatre mois et la moisson viendra. Comme la moisson commence en Palestine vers le milieu d’avril, il résulte de ces paroles que les faits racontés dans ce chapitre se passèrent vers le milieu du mois de décembre.

36. Les prophètes et les justes répandirent la semence et les apôtres moissonneront (S. Chrysostome).

45. Pendant la fête ; c’est-à-dire pendant la fête de Pâque, qui était la grande solennité des Juifs.

46. * Cana de Galilée. Voir Joan. II, 1. — Capharnaüm, Matth. IV, 13.

52. La septième heure ; vers une heure après midi.

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Jn 5

*jn05

CHAPITRE V

Guérison d’un homme malade depuis trente-huit ans. Murmures des Juifs sur le prétendu violement du sabbat, et sur ce que Jésus-Christ se déclarait le fils de Dieu. Réponse de Jésus-Christ aux Juifs. Le Fils agit avec le Père ; il a reçu du Père tout pouvoir de juger. Il a la vie en lui de même que le Père. Témoignage de Jean-Baptiste et du Père céleste. Incrédulité des Juifs. Moïse sera leur accusateur.

(hi) 1 Post hæc erat dies festus Judæórum, et ascéndit Jesus Jerosólymam.

1. Après cela se trouvait la fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem.

2 Est autem Jerosólymis probática piscína, quæ cognominátur hebráice Bethsáida, quinque pórticus habens.

2. Or il y a à Jérusalem une piscine probatique appelée en hébreu Bethsaïde, et ayant cinq portiques.

3 In his jacébat multitúdo magna languéntium, cæcórum, claudórum, aridórum, exspectántium aquæ motum.

3. Sous lesquels gisait une grande multitude de malades, d’aveugles, de boiteux, de paralytiques, attendant le mouvement des eaux.

4 Angelus autem Dómini descendébat secúndum tempus in piscínam, et movebátur aqua. Et qui prior descendísset in piscínam post motiónem aquæ, sanus fiébat a quacúmque detinebátur infirmitáte.

4. Car un ange du Seigneur descendait en un certain temps dans la piscine, et l’eau s’agitait. Et celui qui le premier descendait dans la piscine après le mouvement de l’eau, était guéri de quelque maladie qu’il fut affligé.

5 Erat autem quidam homo ibi trigínta et octo annos habens in infirmitáte sua.

5. Or il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans.

6 Hunc autem cum vidísset Jesus jacéntem, et cognovísset quia jam multum tempus habéret, dicit ei : Vis sanus fíeri ?

6. Lorsque Jésus le vit couché et qu’il sut qu’il était malade depuis longtemps, il lui dit : Veux-tu être guéri ?

7 Respóndit ei lánguidus : Dómine, hóminem non hábeo, ut, cum turbáta fúerit aqua, mittat me in piscínam : dum vénio enim ego, álius ante me descéndit.

7. Le malade lui répondit : Seigneur, je n’ai personne qui, lorsque l’eau est agitée, me jette dans la piscine ; car, tandis que je viens, un autre descend avant moi.

8 Dicit ei Jesus : Surge, tolle grabátum tuum et ámbula.

8. Jésus lui dit : Lève-toi, prends ton grabat et marche.

9 Et statim sanus factus est homo ille : et sústulit grabátum suum, et ambulábat. Erat autem sábbatum in die illo.

9. Et aussitôt cet homme fut guéri, et il prit son grabat, et il marchait. Or c’était un jour de sabbat.

10 Dicébant ergo Judǽi illi qui sanátus fúerat : Sábbatum est, non licet tibi tóllere grabátum tuum.

10. Les Juifs donc disaient à celui qui avait été guéri : C’est un jour de sabbat, il ne t’est pas permis d’emporter ton grabat.

11 Respóndit eis : Qui me sanum fecit, ille mihi dixit : Tolle grabátum tuum et ámbula.

11. Il leur répondit : Celui qui m’a guéri m’a dit lui-même : Prends ton grabat et marche.

12 Interrogavérunt ergo eum : Quis est ille homo qui dixit tibi : Tolle grabátum tuum et ámbula ?

12. Alors ils lui demandèrent : Qui est cet homme qui t’a dit : Prends ton grabat et marche ?

13 Is autem qui sanus fúerat efféctus, nesciébat quis esset. Jesus enim declinávit a turba constitúta in loco.

13. Mais celui qui avait été guéri ne savait qui il était ; car Jésus s’était retiré de la foule assemblée en ce lieu.

14 Póstea invénit eum Jesus in templo, et dixit illi : Ecce sanus factus es ; jam noli peccáre, ne detérius tibi áliquid contíngat.

14. Jésus ensuite le trouva dans le temple, et lui dit : Voilà que tu es guéri, ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pis.

15 Abiit ille homo, et nuntiávit Judǽis quia Jesus esset, qui fecit eum sanum.

15. Cet homme s’en alla et annonça aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri.

16 Proptérea persequebántur Judǽi Jesum, quia hæc faciébat in sábbato.

16. C’est pourquoi les Juifs persécutaient Jésus, parce qu’il faisait ces choses un jour de sabbat.

17 Jesus autem respóndit eis : Pater meus usque modo operátur, et ego óperor.

17. Mais Jésus leur répondit : Mon Père agit sans cesse, et moi j’agis aussi.

18 Proptérea ergo magis quærébant eum Judǽi interfícere : quia non solum solvébat sábbatum, sed et patrem suum dicébat Deum, æquálem se fáciens Deo.

18. Sur quoi les Juifs cherchaient encore plus à le faire mourir ; parce que non seulement il violait le sabbat, mais qu’il disait que Dieu était son Père, se faisant ainsi égal à Dieu.

Respóndit ítaque Jesus, et dixit eis :

Jésus répondant, leur dit :

19 Amen, amen dico vobis : non potest Fílius a se fácere quidquam, nisi quod víderit Patrem faciéntem : quæcúmque enim ille fécerit, hæc et Fílius simíliter facit.

19. En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, si ce n’est ce qu’il voit que le Père fait ; car tout ce que le Père fait, le Fils le fait pareillement.

20 Pater enim díligit Fílium, et ómnia demónstrat ei quæ ipse facit : et majóra his demonstrábit ei ópera, ut vos mirémini.

20. Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait ; et il lui montrera des œuvres encore plus grandes que celles-ci, de sorte que vous en serez vous-mêmes dans l’admiration.

21 Sicut enim Pater súscitat mórtuos, et vivíficat, sic et Fílius, quos vult, vivíficat.

21. Car, comme le Père réveille les morts et les rend à la vie, ainsi le Fils vivifie ceux qu’il veut.

22 Neque enim Pater júdicat quemquam : sed omne judícium dedit Fílio,

22. Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement à son Fils.

23 ut omnes honoríficent Fílium, sicut honoríficant Patrem ; qui non honoríficat Fílium, non honoríficat Patrem, qui misit illum.

23. Afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père : qui n’honore point le Fils n’honore point le Père qui l’a envoyé.

24 Amen, amen dico vobis, quia qui verbum meum audit, et credit ei qui misit me, habet vitam ætérnam, et in judícium non venit, sed tránsiit a morte in vitam.

24. En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il a passé de la mort à la vie.

25 Amen, amen dico vobis, quia venit hora, et nunc est, quando mórtui áudient vocem Fílii Dei : et qui audíerint, vivent.

25. En vérité, en vérité, je vous le dis, vient une heure, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue, vivront.

26 Sicut enim Pater habet vitam in semetípso, sic dedit et Fílio habére vitam in semetípso :

26. Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même ;

27 et potestátem dedit ei judícium fácere, quia Fílius hóminis est.

27. Et il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu’il est Fils de l’homme.

28 Nolíte mirári hoc, quia venit hora in qua omnes qui in monuméntis sunt áudient vocem Fílii Dei :

28. Ne vous en étonnez pas, parce que vient l’heure où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de Dieu,

29 et procédent qui bona fecérunt, in resurrectiónem vitæ ; qui vero mala egérunt, in resurrectiónem judícii.

29. Et en sortiront, ceux qui auront fait le bien, pour ressusciter à la vie ; mais ceux qui auront fait le mal, pour ressusciter à leur condamnation.

30 Non possum ego a meípso fácere quidquam. Sicut áudio, júdico : et judícium meum justum est, quia non quæro voluntátem meam, sed voluntátem ejus qui misit me.

30. Je ne puis rien faire de moi-même. Selon que j’entends, je juge ; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche point ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé.

31 Si ego testimónium perhíbeo de meípso, testimónium meum non est verum.

31. Si je rends témoignage de moi-même, mon témoignage n’est pas vrai.

32 Alius est qui testimónium pérhibet de me : et scio quia verum est testimónium, quod pérhibet de me.

32. C’est un autre qui rend témoignage de moi, et je sais que le témoignage qu’il rend de moi est véritable.

33 Vos misístis ad Joánnem, et testimónium perhíbuit veritáti.

33. Vous, vous avez envoyé vers Jean, et il a rendu témoignage à la vérité.

34 Ego autem non ab hómine testimónium accípio : sed hæc dico ut vos salvi sitis.

34. Pour moi, ce n’est pas d’un homme que je reçois témoignage ; mais je dis ceci afin que vous soyez sauvés.

35 Ille erat lucérna ardens et lucens : vos autem voluístis ad horam exsultáre in luce ejus.

35. Il était la lampe ardente et luisante, et un moment vous avez voulu vous réjouir à sa lumière.

36 Ego autem hábeo testimónium majus Joánne. Opera enim quæ dedit mihi Pater ut perfíciam ea : ipsa ópera, quæ ego fácio, testimónium pérhibent de me, quia Pater misit me :

36. Mais moi, j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean. Car les œuvres que mon Père m’a données à accomplir, ces œuvres que je fais moi-même, rendent témoignage de moi, que le Père m’a envoyé.

37 et qui misit me Pater, ipse testimónium perhíbuit de me : neque vocem ejus umquam audístis, neque spéciem ejus vidístis :

37. Et mon Père qui m’a envoyé a rendu lui-même témoignage de moi ; vous n’avez jamais entendu sa voix ni vu sa figure ;

38 et verbum ejus non habétis in vobis manens : quia quem misit ille, huic vos non créditis.

38. Et vous n’avez pas sa parole demeurant en vous, parce que vous ne croyez pas à celui qu’il a envoyé.

39 Scrutámini Scriptúras, quia vos putátis in ipsis vitam ætérnam habére : et illæ sunt quæ testimónium pérhibent de me :

39. Scrutez les Écritures, puisque vous pensez avoir en elles la vie éternelle, car ce sont elles qui rendent témoignage de moi ;

40 et non vultis veníre ad me ut vitam habeátis.

40. Mais vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie.

41 Claritátem ab homínibus non accípio.

41. Je n’accepte point une gloire venant des hommes.

42 Sed cognóvi vos, quia dilectiónem Dei non habétis in vobis.

42. Mais j’ai reconnu que vous n’avez pas l’amour de Dieu en vous.

43 Ego veni in nómine Patris mei, et non accípitis me ; si álius vénerit in nómine suo, illum accipiétis.

43. Je suis venu moi-même au nom de mon Père, et vous ne me recevez point ; si un autre vient en son nom, vous le recevrez.

44 Quómodo vos potéstis crédere, qui glóriam ab ínvicem accípitis, et glóriam quæ a solo Deo est, non quǽritis ?

44. Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez la gloire l’un de l’autre, et ne cherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ?

45 Nolíte putáre quia ego accusatúrus sim vos apud Patrem : est qui accúsat vos Móyses, in quo vos sperátis.

45. Ne pensez pas que ce soit moi qui doive vous accuser devant le Père : celui qui vous accuse, c’est Moïse, en qui vous espérez.

46 Si enim crederétis Móysi, crederétis fórsitan et mihi : de me enim ille scripsit.

46. Car si vous croyiez à Moïse, vous croiriez sans doute à moi aussi, parce que c’est de moi qu’il a écrit.

47 Si autem illíus lítteris non créditis, quómodo verbis meis credétis ?

47. Mais si vous ne croyez point à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles ?

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CHAP. V. 1. Lev. XXIII, 5 ; Deut. XVI, 1. — 10. Ex. XX, 11 ; Jer. XVII, 24. — 14. Eccli. XXI, 1. ; Supra. VIII, 11. — 29. Matth. XXV, 46. — 32. Matth. III, 17 ; Supra. I, 15. — 37. Matth. III, 17 ; XVII, 5 ; Deut. IV, 12. — 46. Deut. XVIII, 15 ; Supra. I, 45 ; Act. III, 22.

 

1. La fête des Juifs ; c’est-à-dire la fête de Pâque (saint Irénée). Voy. IV, 45. Jésus va à la fête pour ne pas se montrer opposé à la Loi et encourager la multitude qui accourait de toutes parts (saint Chrysostome).

2. * Une piscine probatique. On croit qu’elle était ainsi appelée parce qu’on y lavait les animaux (probáta) que l’on devait offrir en sacrifice dans le temple de Salomon. Elle est située au nord-ouest de la porte d’entrée de l’église actuelle de Sainte-Anne, non loin de la porte Saint-Étienne, dans la partie nord-est de Jérusalem. Cette piscine porte aujourd’hui le nom de Birket Israil. Elle était probablement alimentée par les eaux amenées au temple au moyen d’un aqueduc des environs de Bethléem.

27. « Parce que…, étant le Fils de Dieu, le Verbe éternel, il a voulu se faire fils de l’homme, s’incarner, pour être le Sauveur du monde. Le jugement est comme le dernier mot de l’incarnation ; car ce sera par le jugement que s’opèrera la séparation définitive entre la partie sainte de l’humanité, unie à J.-C. comme le corps à son chef, et la partie mauvaise, gâtée par le péché, qui ne sera pas arrivée à la sainteté et au salut. Il convient donc que ce soit le Verbe incarné, l’Homme-Dieu, le Libérateur, qui soit chargé de porter la sentence finale. » (Crampon)

33. * Vers Jean Baptiste.

39. Il faut s’aveugler volontairement, pour trouver ici un ordre donné à tous de lire les Écritures. C’est évidemment un reproche fait aux pharisiens, de ce que lisant les Écritures, et pensant y trouver la Vie éternelle, ils ne voulaient pas reconnaitre Jésus-Christ, lui à qui toutes les Écritures rendaient témoignage, et par qui seul ils pouvaient avoir cette véritable vie.

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Jn 6

*jn06

CHAPITRE VI

Multiplication des cinq pains et des deux poissons. Jésus marche sur la mer. La nourriture qui ne périt point. Jésus-Christ déclare que sa chair et son sang sont une nourriture et un breuvage. Plusieurs se scandalisent de ses paroles et l’abandonnent. Les douze apôtres demeurent avec lui. Jésus prédit l’infidélité de l’un d’eux.

1 Post hæc ábiit Jesus trans mare Galilǽæ, quod est Tiberíadis :

1. Après cela Jésus s’en alla de l’autre côté de la mer de Galilée, c’est-à-dire de Tibériade ;

2 et sequebátur eum multitúdo magna, quia vidébant signa quæ faciébat super his qui infirmabántur.

2. Et une grande multitude le suivait, parce qu’ils voyaient les miracles qu’il faisait sur ceux qui étaient malades.

3 Súbiit ergo in montem Jesus et ibi sedébat cum discípulis suis.

3. Jésus monta donc sur la montagne, et là il était assis avec ses disciples.

4 Erat autem próximum Pascha dies festus Judæórum.

4. Cependant approchait la Pâque, jour de la fête des Juifs.

5 Cum sublevásset ergo óculos Jesus, et vidísset quia multitúdo máxima venit ad eum, dixit ad Philíppum : Unde emémus panes, ut mandúcent hi ?

5. Jésus donc ayant levé les yeux et vu qu’une très grande multitude était venue à lui, dit à Philippe : Où achèterons-nous des pains, pour que ceux-ci mangent ?

6 Hoc autem dicébat tentans eum : ipse enim sciébat quid esset factúrus.

6. Or il disait cela pour l’éprouver ; car pour lui il savait ce qu’il devait faire.

7 Respóndit ei Philíppus : Ducentórum denariórum panes non suffíciunt eis, ut unusquísque módicum quid accípiat.

7. Philippe lui répondit : Deux cents deniers de pain ne leur suffiraient pas pour que chacun d’eux en eût même un petit morceau.

8 Dicit ei unus ex discípulis ejus, Andréas, frater Simónis Petri :

8. Un de ses disciples, André, frère de Simon-Pierre, lui dit :

(hi) 9 Est puer unus hic qui habet quinque panes hordeáceos et duos pisces : sed hæc quid sunt inter tantos ?

9. Il y a ici un petit garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons : mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ?

10 Dixit ergo Jesus : Fácite hómines discúmbere. Erat autem fœnum multum in loco. Discubuérunt ergo viri, número quasi quinque míllia.

10. Jésus dit donc : Faites assoir ces hommes. Or il y avait beaucoup d’herbe en ce lieu. Ces hommes s’assirent donc au nombre d’environ cinq mille.

11 Accépit ergo Jesus panes : et cum grátias egísset, distríbuit discumbéntibus : simíliter et ex píscibus quantum volébant.

11. Alors Jésus prit les pains, et quand il eut rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient assis ; et de même des poissons, autant qu’ils en voulaient.

12 Ut autem impléti sunt, dixit discípulis suis : Collígite quæ superavérunt fragménta, ne péreant.

12. Lorsqu’ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Amassez les morceaux qui sont restés, pour qu’ils ne se perdent pas.

13 Collegérunt ergo, et implevérunt duódecim cóphinos fragmentórum ex quinque pánibus hordeáceis, quæ superfuérunt his qui manducáverant.

13. Ils les amassèrent donc, et remplirent douze paniers de morceaux des cinq pains d’orge qui restèrent à ceux qui avaient mangé.

14 Illi ergo hómines cum vidíssent quod Jesus fécerat signum, dicébant : Quia hic est vere prophéta, qui ventúrus est in mundum.

14. Or ces hommes, ayant vu le miracle que Jésus avait fait, disaient : Celui-ci est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde.

15 Jesus ergo cum cognovísset quia ventúri essent ut ráperent eum, et fácerent eum regem, fugit íterum in montem ipse solus.

15. Et Jésus, ayant connu qu’ils devaient venir pour l’enlever et le faire roi, s’enfuit de nouveau sur la montagne tout seul.

(hi) 16 Ut autem sero factum est, descendérunt discípuli ejus ad mare.

16. Dès que le soir fut venu, ses disciples descendirent à la mer.

17 Et cum ascendíssent navim, venérunt trans mare in Capharnaüm : et ténebræ jam factæ erant et non vénerat ad eos Jesus.

17. Et quand ils furent montés dans la barque, ils vinrent de l’autre côté de la mer, vers Capharnaüm. Or les ténèbres s’étaient déjà faites, et Jésus n’était pas venu à eux.

18 Mare autem, vento magno flante, exsurgébat.

18. Cependant, au souffle d’un grand vent, la mer s’enflait.

19 Cum remigássent ergo quasi stádia vigínti quinque aut trigínta, vident Jesum ambulántem supra mare, et próximum navi fíeri, et timuérunt.

19. Après donc qu’ils eurent ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils virent Jésus marchant sur la mer et s’approchant de la barque, et ils eurent peur.

20 Ille autem dicit eis : Ego sum, nolíte timére.

20. Mais il leur dit : C’est moi, ne craignez point.

21 Voluérunt ergo accípere eum in navim et statim navis fuit ad terram, in quam ibant.

21. C’est pourquoi ils voulurent le prendre dans la barque, et aussitôt la barque se trouva à la terre où ils allaient.

(hi) 22 Altera die, turba, quæ stabat trans mare, vidit quia navícula ália non erat ibi nisi una, et quia non introísset cum discípulis suis Jesus in navim, sed soli discípuli ejus abiíssent :

22. Le jour suivant, le peuple, qui se tenait de l’autre côté de la mer, observa qu’il n’y avait eu là qu’une seule barque, que Jésus n’était point entré avec ses disciples dans cette barque, mais que ses disciples seuls étaient partis ;

23 áliæ vero supervenérunt naves a Tiberíade juxta locum ubi manducavérunt panem, grátias agénte Dómino.

23. Cependant, d’autres barques vinrent de Tibériade, près du lieu où ils avaient mangé le pain, le Seigneur ayant rendu grâces.

24 Cum ergo vidísset turba quia Jesus non esset ibi, neque discípuli ejus, ascendérunt in navículas, et venérunt Capharnaüm quæréntes Jesum.

24. Quand le peuple eut vu que Jésus n’était point là, ni ses disciples, il monta lui aussi dans les barques et vint à Capharnaüm, cherchant Jésus.

25 Et cum inveníssent eum trans mare, dixérunt ei : Rabbi, quando huc venísti ?

25. Et l’ayant trouvé de l’autre côté de la mer, ils lui dirent : Maitre, comment êtes-vous venu ici ?

26 Respóndit eis Jesus, et dixit : Amen, amen dico vobis : quǽritis me non quia vidístis signa, sed quia manducástis ex pánibus et saturáti estis.

26. Jésus leur répondit, et dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et avez été rassasiés.

27 Operámini non cibum, qui perit, sed qui pérmanet in vitam ætérnam, quem Fílius hóminis dabit vobis. Hunc enim Pater signávit Deus.

27. Travaillez, non pas en vue de la nourriture qui périt, mais de celle qui demeure pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera ; car c’est lui que Dieu le Père a marqué de son sceau.

28 Dixérunt ergo ad eum : Quid faciémus ut operémur ópera Dei ?

28. Ils lui demandèrent : Que ferons-nous pour travailler aux œuvres de Dieu ?

29 Respóndit Jesus, et dixit eis : Hoc est opus Dei, ut credátis in eum quem misit ille.

29. Jésus répondit et leur dit : L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé.

30 Dixérunt ergo ei : Quod ergo tu facis signum ut videámus et credámus tibi ? quid operáris ?

30. Ils lui repartirent : Quel miracle donc faites-vous pour que nous voyions et que nous croyions en vous ?

31 Patres nostri manducavérunt manna in desérto, sicut scriptum est : Panem de cælo dedit eis manducáre.

31. Nos pères ont mangé la manne dans le désert, comme il est écrit : Il leur a donné du pain du ciel à manger.

32 Dixit ergo eis Jesus : Amen, amen dico vobis : non Móyses dedit vobis panem de cælo, sed Pater meus dat vobis panem de cælo verum.

32. Jésus leur dit donc : En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a point donné le pain du ciel, mais c’est mon Père qui vous donne le vrai pain du ciel.

33 Panis enim Dei est, qui de cælo descéndit, et dat vitam mundo.

33. Car le pain de Dieu est celui qui descend du ciel, et donne la vie au monde.

34 Dixérunt ergo ad eum : Dómine, semper da nobis panem hunc.

34. Ils lui dirent donc : Seigneur, donnez-nous toujours ce pain.

35 Dixit autem eis Jesus : Ego sum panis vitæ : qui venit ad me, non esúriet, et qui credit in me, non sítiet umquam.

35. Et Jésus leur dit : C’est moi qui suis le pain de vie : qui vient à moi n’aura pas faim, et qui croit en moi n’aura jamais soif.

36 Sed dixi vobis quia et vidístis me, et non créditis.

36. Mais je vous l’ai dit, vous m’avez vu, et vous ne croyez point.

37 Omne quod dat mihi Pater, ad me véniet : et eum qui venit ad me, non ejíciam foras :

37. Tout ce que me donne mon Père viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne le rejetterai pas dehors :

38 quia descéndi de cælo, non ut fáciam voluntátem meam, sed voluntátem ejus qui misit me.

38. Parce que je suis descendu du ciel, non pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé.

39 Hæc est autem volúntas ejus qui misit me, Patris : ut omne quod dedit mihi, non perdam ex eo, sed resúscitem illud in novíssimo die.

39. Or c’est la volonté de mon Père qui m’a envoyé, que de tout ce qu’il m’a donné, rien ne se perde, mais que je le ressuscite au dernier jour.

40 Hæc est autem volúntas Patris mei, qui misit me : ut omnis qui videt Fílium et credit in eum, hábeat vitam ætérnam, et ego resuscitábo eum in novíssimo die.

40. C’est la volonté de mon Père qui m’a envoyé, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour.

41 Murmurábant ergo Judǽi de illo, quia dixísset : Ego sum panis vivus, qui de cælo descéndi,

41. Cependant les Juifs murmuraient contre lui, parce qu’il avait dit : Moi je suis le pain vivant qui suis descendu du ciel,

42 et dicébant : Nonne hic est Jesus fílius Joseph, cujus nos nóvimus patrem et matrem ? quómodo ergo dicit hic : Quia de cælo descéndi ?

42. Et ils disaient : N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment donc dit-il : Je suis descendu du ciel ?

43 Respóndit ergo Jesus, et dixit eis : Nolíte murmuráre in ínvicem :

43. Mais Jésus répondit et leur dit : Ne murmurez point entre vous ;

44 nemo potest veníre ad me, nisi Pater, qui misit me, tráxerit eum ; et ego resuscitábo eum in novíssimo die.

44. Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire : et moi je le ressusciterai au dernier jour.

45 Est scriptum in prophétis : Et erunt omnes docíbiles Dei. Omnis qui audívit a Patre, et dídicit, venit ad me.

45. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous enseignés de Dieu. Quiconque a entendu la voix du Père et a appris, vient à moi.

46 Non quia Patrem vidit quisquam, nisi is, qui est a Deo, hic vidit Patrem.

46. Non que personne ait vu le Père, si ce n’est celui qui est de Dieu ; car celui-là a vu le Père.

47 Amen, amen dico vobis : qui credit in me, habet vitam ætérnam.

47. En vérité, en vérité, je vous le dis : Qui croit en moi, a la vie éternelle.

48 Ego sum panis vitæ.

48. C’est moi qui suis le pain de la vie.

49 Patres vestri manducavérunt manna in desérto, et mórtui sunt.

49. Vos pères ont mangé la manne dans le désert et sont morts.

50 Hic est panis de cælo descéndens : ut si quis ex ipso manducáverit, non moriátur.

50. Voici le pain qui descend du ciel, afin que si quelqu’un en mange, il ne meure point.

51 Ego sum panis vivus, qui de cælo descéndi.

51. Je suis le pain vivant, moi qui suis descendu du ciel.

52 Si quis manducáverit ex hoc pane, vivet in ætérnum : et panis quem ego dabo, caro mea est pro mundi vita.

52. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde.

53 Litigábant ergo Judǽi ad ínvicem, dicéntes : Quómodo potest hic nobis carnem suam dare ad manducándum ?

53. Les Juifs donc disputaient entre eux, disant : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ?

54 Dixit ergo eis Jesus : Amen, amen dico vobis : nisi manducavéritis carnem Fílii hóminis, et bibéritis ejus sánguinem, non habébitis vitam in vobis.

54. Et Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis : Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous.

55 Qui mandúcat meam carnem, et bibit meum sánguinem, habet vitam ætérnam : et ego resuscitábo eum in novíssimo die.

55. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.

56 Caro enim mea vere est cibus : et sanguis meus, vere est potus ;

56. Car ma chair est vraiment nourriture et mon sang est vraiment breuvage ;

57 qui mandúcat meam carnem et bibit meum sánguinem, in me manet, et ego in illo.

57. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.

58 Sicut misit me vivens Pater, et ego vivo propter Patrem : et qui mandúcat me, et ipse vivet propter me.

58. Comme mon Père qui est vivant m’a envoyé, et que moi je vis par mon Père, ainsi celui qui me mange vivra aussi par moi.

59 Hic est panis qui de cælo descéndit. Non sicut manducavérunt patres vestri manna, et mórtui sunt. Qui mandúcat hunc panem, vivet in ætérnum.

59. Voici le pain qui est descendu du ciel. Ce n’est pas comme vos pères, qui ont mangé la manne et sont morts. Celui qui mange ce pain vivra éternellement.

60 Hæc dixit in synagóga docens, in Capharnaüm.

60. Il dit ces choses, enseignant dans la synagogue, à Capharnaüm.

61 Multi ergo audiéntes ex discípulis ejus, dixérunt : Durus est hic sermo, et quis potest eum audíre ?

61. Mais beaucoup de ses disciples l’ayant entendu, dirent : Ces paroles sont dures et qui peut les écouter ?

62 Sciens autem Jesus apud semetípsum quia murmurárent de hoc discípuli ejus, dixit eis : Hoc vos scandalízat ?

62. Or Jésus sachant en lui-même que ses disciples en murmuraient leur dit : Cela vous scandalise ?

63 si ergo vidéritis Fílium hóminis ascendéntem ubi erat prius ?

63. Et si vous voyiez le Fils de l’homme montant où il était auparavant ?

64 Spíritus est qui vivíficat : caro non prodest quidquam : verba quæ ego locútus sum vobis, spíritus et vita sunt.

64. C’est l’esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien : or les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie.

65 Sed sunt quidam ex vobis qui non credunt. Sciébat enim ab inítio Jesus qui essent non credéntes, et quis traditúrus esset eum.

65. Mais il en est parmi vous quelques-uns qui ne croient point. Car Jésus savait, dès le commencement, qui étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui allait le trahir.

66 Et dicébat : Proptérea dixi vobis, quia nemo potest veníre ad me, nisi fúerit ei datum a Patre meo.

66. Et il disait : C’est pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, s’il ne lui est donné par mon Père.

67 Ex hoc multi discipulórum ejus abiérunt retro : et jam non cum illo ambulábant.

67. Dès lors, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n’allaient plus avec lui.

68 Dixit ergo Jesus ad duódecim : Numquid et vos vultis abíre ?

68. Jésus donc dit aux douze : Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ?

69 Respóndit ergo ei Simon Petrus : Dómine, ad quem íbimus ? verba vitæ ætérnæ habes :

69. Mais Simon-Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Vous avez des paroles de vie éternelle ;

70 et nos credídimus, et cognóvimus quia tu es Christus Fílius Dei.

70. Pour nous, nous avons cru, et nous avons connu que vous êtes le Christ, le Fils de Dieu.

71 Respóndit eis Jesus : Nonne ego vos duódecim elégi : et ex vobis unus diábolus est ?

71. Jésus leur répondit : N’est-ce pas moi qui vous ai choisis tous les douze ? Cependant l’un de vous est un diable.

72 Dicébat autem Judam Simónis Iscariótem : hic enim erat traditúrus eum, cum esset unus ex duódecim.

72. Il parlait de Judas Iscariote, fils de Simon : car c’était lui qui allait le trahir, quoiqu’il fût un des douze.

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CHAP. VI. 1. Matth. XIV, 13 ; Marc. VI, 32 ; Luc. IX, 10. — 15. Matth. XIV, 23 ; Marc. VI, 46. — 27. Matth. III, 17 ; XVII, 5 ; Supra. I, 32. — 29. I Joan. III, 23. — 31. Ex. XVI, 14 ; Num. XI, 7 ; Ps. LXXVII, 24 ; Sap. XVI, 20. — 35. Eccli. XXIV, 29. — 42. Matth. XIII, 55 ; Marc. VI, 3. — 45. Is. LIV, 13. — 46. Matth. XI, 27. — 49. Ex. XVI, 13. — 56. I Cor. XI, 27. — 64. Is. XXXI, 3. — 70. Matth. XVI, 16 ; Marc. VIII, 29 ; Luc. IX, 20.

 

1. * Jésus s’en alla de l’autre côté de la mer de Galilée. Voir note sur Matth. XIV, 13. — Sur Tibériade, voir au verset 23.

3. Sur la montagne ; c’est-à-dire sur la montagne voisine.

4. * La Pâque. Voir Matth. XXVI, 2.

10. * Il y avait beaucoup d’herbe en ce lieu. L’herbe pousse abondamment sur certaines montagnes de la Palestine. Le P. de Géramb dit de celle des Béatitudes : « Arrivés au pied de cette montagne, nous fûmes arrêtés par la hauteur de l’herbe. Elle était si élevée qu’elle atteignait presque à la tête de nos chevaux, et si épaisse qu’elle obstruait tout le passage. Nos janissaires furent obligés de la faucher avec leurs sabres pour nous ouvrir un Chemin. »

17. * Vers Capharnaüm. Voir Matth. IV, 13.

19. Vingt-cinq, etc. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 545. — * Vingt-cinq à trente stades équivalent à cinq ou six kilomètres.

23. * Tibériade, sur les bords du lac auquel elle a donné son nom, fut bâtie, d’après Josèphe, par Hérode Antipas, et ainsi nommée par son fondateur en l’honneur de l’empereur Tibère. Cette ville fut la capitale de la Galilée depuis sa fondation jusqu’au règne d’Hérode Agrippa II qui rétablit le siège de son gouvernement à Sepphoris, ancienne capitale de la province. Plusieurs de ses habitants étaient Grecs et Romains. Dans le voisinage, il y avait des eaux thermales célèbres chez les Latins. Le Sanhédrin s’y fixa vers le milieu du second siècle de notre ère, et des écoles juives très renommées y fleurirent pendant longtemps.

29. « La foi à laquelle N.-S. réduit ici (et souvent ailleurs) tous ses préceptes, ne consiste pas seulement à croire à la parole du Christ ; c’est la foi qui se livre à lui sans réserve, la foi pénétrée de charité, s’unissant à son objet et communiant à tout ce qu’il est. » (Crampon)

31.* Dans le désert du Sinaï.

37. Tout ce que ; c’est-à-dire tous ceux que. Voy. pour cette énallage, Matth. XVIII, 11.

54. Et ne buvez, etc. Voy. Matth. XXVI, 27. « “Celui, dit saint Basile, qui est régénéré, qui a la vie par le baptême, doit l’entretenir en lui par la participation aux mystères sacrés.” C’est pour cela que l’Église fait un devoir rigoureux de s’approcher, au moins une fois chaque année, de la table du Seigneur. Il ne suit pas, d’ailleurs, de ces paroles que tous doivent nécessairement recevoir N.-S. sous les deux espèces du pain et du vin ; car comme il arrive souvent dans le style biblique, la conjonction et est mise ici pour ou ; en outre, on sait que J.-C. est présent tout entier sous chaque espèce. La communion sous les deux espèces n’est de rigueur que pour les prêtres qui offrent le sacrifice de la Messe, où l’immolation du Sauveur et l’effusion de son sang sont représentées par la distinction des espèces sacramentelles. » (Crampon)

60. * Enseignant dans la synagogue. Voir Matth. IV, 23 et Luc. IV, 16.

62-63. Vous ne croyez pas maintenant que je puisse vous donner ma chair à manger, et mes paroles à cet égard vous scandalisent ; mais en serait-il de même, si vous me voyiez monter au ciel ? Ce miracle ne vous prouverait-il pas la vérité de ce que je vous assure ?

64. La chair seule sans l’esprit ne sert de rien. C’est en vain que l’on reçoit le corps de Jésus-Christ d’une manière sensible et corporelle, si l’on ne le reçoit en esprit et par la foi. — Les paroles de Jésus-Christ sont en effet esprit et vie, puisqu’elles contiennent la promesse d’un sacrement dans lequel on peut recevoir d’une manière miraculeuse l’esprit, la grâce et la vie dans sa source.

²

Jn 7

*jn07

CHAPITRE VII

Les parents de Jésus veulent lui persuader d’aller en Judée. Jésus y va en secret. Il enseigne publiquement dans le temple. Ses reproches à ceux qui voulaient le faire mourir. Il annonce l’effusion de l’Esprit de Dieu. On veut en vain l’arrêter. Nicodème prend sa défense.

1 Post hæc autem ambulábat Jesus in Galilǽam : non enim volébat in Judǽam ambuláre, quia quærébant eum Judǽi interfícere.

1. Après cela Jésus parcourait la Galilée : car il ne voulait point parcourir la Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir.

(hi) 2 Erat autem in próximo dies festus Judæórum, Scenopégia.

2. Or approchait la fête des Juifs, la Scénopégie.

3 Dixérunt autem ad eum fratres ejus : Transi hinc, et vade in Judǽam, ut et discípuli tui vídeant ópera tua, quæ facis.

3. Ses frères donc lui dirent : Pars d’ici et va en Judée, afin que tes disciples voient, eux aussi, les œuvres que tu fais.

4 Nemo quippe in occúlto quid facit, et quærit ipse in palam esse : si hæc facis, manifésta teípsum mundo.

4. Car personne n’agit en secret, lorsqu’il cherche lui-même a paraitre en public : puisque tu fais de telles choses, manifeste-toi au monde.

5 Neque enim fratres ejus credébant in eum.

5. Car ses frères mêmes ne croyaient pas en lui.

6 Dicit ergo eis Jesus : Tempus meum nondum advénit : tempus autem vestrum semper est parátum.

6. Mais Jésus leur dit : Mon temps n’est pas encore venu, mais votre temps est toujours prêt.

7 Non potest mundus odísse vos : me autem odit, quia ego testimónium perhíbeo de illo quod ópera ejus mala sunt.

7. Le monde ne peut pas vous haïr : pour moi, il me hait, parce que je rends de lui ce témoignage que ses œuvres sont mauvaises.

8 Vos ascéndite ad diem festum hunc, ego autem non ascéndo ad diem festum istum : quia meum tempus nondum implétum est.

8. Allez, vous, à cette fête : pour moi je n’y vais point, parce que mon temps n’est pas encore accompli.

9 Hæc cum dixísset, ipse mansit in Galilǽa.

9. Ce qu’ayant dit, il demeura en Galilée.

10 Ut autem ascendérunt fratres ejus, tunc et ipse ascéndit ad diem festum non maniféste, sed quasi in occúlto.

10. Mais lorsque ses frères furent partis, il alla aussi lui-même à la fête, non publiquement, mais comme en cachette.

(hi) 11 Judǽi ergo quærébant eum in die festo, et dicébant : Ubi est ille ?

11. Les Juifs donc le cherchaient pendant la fête et disaient : Où est-il ?

12 Et murmur multum erat in turba de eo. Quidam enim dicébant : Quia bonus est. Alii autem dicébant : Non, sed sedúcit turbas.

12. Et il y avait une grande rumeur dans le peuple à son sujet. Les uns disaient : En effet, c’est un homme de bien ; mais d’autres disaient : Non, car il séduit la foule.

13 Nemo tamen palam loquebátur de illo propter metum Judæórum.

13. Cependant personne ne parlait de lui ouvertement par crainte des Juifs.

14 Jam autem die festo mediánte, ascéndit Jesus in templum, et docébat.

14. Or, vers le milieu de la fête, Jésus monta au temple, et il enseignait.

15 Et mirabántur Judǽi, dicéntes : Quómodo hic lítteras scit, cum non didícerit ?

15. Et les Juifs s’étonnaient, disant : Comment celui-ci sait-il les Écritures, puisqu’il ne les a point apprises ?

16 Respóndit eis Jesus, et dixit : Mea doctrína non est mea, sed ejus qui misit me.

16. Jésus leur répondit et dit : Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé.

17 Si quis volúerit voluntátem ejus fácere, cognóscet de doctrína, utrum ex Deo sit, an ego a meípso loquar.

17. Si quelqu’un veut faire sa volonté, il connaitra, touchant ma doctrine, si elle est de lui ou si je parle de moi-même.

18 Qui a semetípso lóquitur, glóriam própriam quærit ; qui autem quærit glóriam ejus qui misit eum, hic verax est, et injustítia in illo non est.

18. Celui qui parle de lui-même cherche sa propre gloire ; mais qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, celui-là est vrai, et il n’y a point d’injustice en lui.

19 Nonne Móyses dedit vobis legem : et nemo ex vobis facit legem ?

19. Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi ? Cependant nul de vous ne pratique la loi.

20 Quid me quǽritis interfícere ? Respóndit turba, et dixit : Dæmónium habes : quis te quærit interfícere ?

20. Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir ? Le peuple répondit et dit : Tu es possédé du démon : qui cherche à te faire mourir ?

21 Respóndit Jesus et dixit eis : Unum opus feci, et omnes mirámini :

21. Jésus répliqua et leur dit : J’ai fait une seule œuvre, et vous êtes tous étonnés.

22 proptérea Móyses dedit vobis circumcisiónem (non quia ex Móyse est, sed ex pátribus), et in sábbato circumcíditis hóminem.

22. Cependant Moïse vous a donné la circoncision (bien qu’elle ne soit pas de Moïse, mais des patriarches) : et vous circoncisez le jour du sabbat.

23 Si circumcisiónem áccipit homo in sábbato, ut non solvátur lex Móysi : mihi indignámini quia totum hóminem sanum feci in sábbato ?

23. Or, si un homme reçoit la circoncision le jour du sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit point violée, comment vous indignez-vous contre moi, parce que j’ai rendu un homme sain tout entier un jour de sabbat ?

24 Nolíte judicáre secúndum fáciem, sed justum judícium judicáte.

24. Ne jugez point sur l’apparence, mais rendez un juste jugement.

25 Dicébant ergo quidam ex Jerosólymis : Nonne hic est, quem quærunt interfícere ?

25. Quelques-uns de Jérusalem disaient donc : N’est-ce pas là celui qu’ils cherchent à faire mourir ?

26 et ecce palam lóquitur, et nihil ei dicunt. Numquid vere cognovérunt príncipes quia hic est Christus ?

26. Et voilà qu’il parle publiquement, et ils ne lui disent rien. Les chefs du peuple auraient-ils réellement reconnu que c’est lui qui est le Christ ?

27 Sed hunc scimus unde sit : Christus autem cum vénerit, nemo scit unde sit.

27. Cependant pour celui-ci, nous savons d’où il est : mais quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il est.

28 Clamábat ergo Jesus in templo docens, et dicens : Et me scitis, et unde sim scitis : et a meípso non veni, sed est verus qui misit me, quem vos nescítis.

28. Ainsi Jésus parlait à haute voix dans le temple, enseignant et disant : Et vous savez qui je suis, et vous savez d’où je suis ; et je ne suis point venu de moi-même : mais il est vrai, celui qui m’a envoyé, et que vous ne connaissez point.

29 Ego scio eum : quia ab ipso sum, et ipse me misit.

29. Moi je le connais, parce que je suis de lui, et que c’est lui qui m’a envoyé.

30 Quærébant ergo eum apprehéndere : et nemo misit in illum manus, quia nondum vénerat hora ejus.

30. Ils cherchaient donc à le prendre ; mais personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue.

31 De turba autem multi credidérunt in eum, et dicébant : Christus cum vénerit, numquid plura signa fáciet quam quæ hic facit ?

31. Mais beaucoup d’entre le peuple crurent en lui, et ils disaient : Le Christ, quand il viendra, fera-t-il plus de miracles que celui-ci n’en fait ?

32 Audiérunt pharisǽi turbam murmurántem de illo hæc : et misérunt príncipes et pharisǽi minístros ut apprehénderent eum.

32. Les pharisiens entendirent le peuple murmurant ainsi à son sujet ; et les princes des prêtres et les pharisiens envoyèrent des archers pour le prendre.

33 Dixit ergo eis Jesus : Adhuc módicum tempus vobíscum sum : et vado ad eum qui me misit.

33. Jésus leur dit : Je suis encore un peu de temps avec vous ; et je m’en vais à celui qui m’a envoyé.

34 Quærétis me, et non inveniétis : et ubi ego sum, vos non potéstis veníre.

34. Vous me chercherez et ne me trouverez pas ; et où je suis vous ne pouvez venir.

35 Dixérunt ergo Judǽi ad semetípsos : Quo hic itúrus est, quia non inveniémus eum ? numquid in dispersiónem géntium itúrus est, et doctúrus gentes ?

35. Les Juifs dirent entre eux : Où doit donc aller celui-ci, que nous ne le trouverons point ? doit-il aller chez les nations dispersées, et enseigner les gentils ?

36 quis est hic sermo, quem dixit : Quærétis me, et non inveniétis : et ubi sum ego, vos non potéstis veníre ?

36. Quelle est cette parole qu’il a dite : Vous me chercherez et ne me trouverez point : et où je suis vous ne pouvez venir ?

37 In novíssimo autem die magno festivitátis stabat Jesus, et clamábat dicens : Si quis sitit, véniat ad me et bibat.

37. Le dernier jour de la fête, qui est le plus solennel, Jésus se tenait debout et s’écriait, disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive.

38 Qui credit in me, sicut dicit Scriptúra, flúmina de ventre ejus fluent aquæ vivæ.

38. Celui qui croit en moi, comme dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son sein.

39 Hoc autem dixit de Spíritu, quem acceptúri erant credéntes in eum : nondum enim erat Spíritus datus, quia Jesus nondum erat glorificátus.

39. Il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croyaient en lui ; car l’Esprit n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié.

40 Ex illa ergo turba cum audíssent hos sermónes ejus, dicébant : Hic est vere prophéta.

40. Parmi donc cette multitude qui avait entendu ces paroles : les uns disaient : Celui-ci est vraiment le prophète.

41 Alii dicébant : Hic est Christus. Quidam autem dicébant : Numquid a Galilǽa venit Christus ?

41. D’autres disaient : Celui-ci est le Christ. Mais quelques-uns disaient : Est-ce de la Galilée que vient le Christ ?

42 nonne Scriptúra dicit : Quia ex sémine David, et de Béthlehem castéllo, ubi erat David, venit Christus ?

42. L’Écriture ne dit-elle pas que c’est de la race de David et du bourg de Bethléem, où était David, que vient le Christ ?

43 Dissénsio ítaque facta est in turba propter eum.

43. Il s’éleva donc une dissension dans le peuple à cause de lui.

44 Quidam autem ex ipsis volébant apprehéndere eum : sed nemo misit super eum manus.

44. Quelques-uns d’eux voulaient le prendre, mais aucun d’eux ne mit la main sur lui.

45 Venérunt ergo minístri ad pontífices et pharisǽos. Et dixérunt eis illi : Quare non adduxístis illum ?

45. Ainsi les archers revinrent vers les pontifes et les pharisiens, qui leur demandèrent : Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ?

46 Respondérunt minístri : Numquam sic locútus est homo, sicut hic homo.

46. Les archers répondirent : Jamais homme n’a parlé comme cet homme.

47 Respondérunt ergo eis pharisǽi : Numquid et vos sedúcti estis ?

47. Mais les pharisiens leur répliquèrent : Avez-vous été séduits, vous aussi ?

48 numquid ex princípibus áliquis crédidit in eum, aut ex pharisǽis ?

48. Est-il quelqu’un d’entre les chefs du peuple ou d’entre les pharisiens, qui ait cru en lui ?

49 sed turba hæc, quæ non novit legem, maledícti sunt.

49. Mais cette foule, qui ne connait pas la loi, ce sont des maudits.

50 Dixit Nicodémus ad eos, ille qui venit ad eum nocte, qui unus erat ex ipsis :

50. Nicodème leur dit (c’était celui qui était venu de nuit à Jésus, et qui était l’un d’entre eux) :

51 Numquid lex nostra júdicat hóminem, nisi prius audíerit ab ipso, et cognóverit quid fáciat ?

51. Est-ce que notre loi condamne un homme sans qu’auparavant on l’ait entendu, et sans qu’on sache ce qu’il a fait ?

52 Respondérunt, et dixérunt ei : Numquid et tu Galilǽus es ? scrutáre Scriptúras, et vide quia a Galilǽa prophéta non surgit.

52. Ils répondirent, et lui dirent : Est-ce que tu es aussi Galiléen ? Lis avec soin les Écritures, et tu verras : De la Galilée prophète ne surgit.

53 Et revérsi sunt unusquísque in domum suam.

53. Et ils s’en retournaient chacun en sa maison.

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CHAP. VII. 2. Lev. XXIII, 34. — 19. Ex. XXIV, 3. — 20. Supra. V, 18. — 22. Lev. XII, 3 ; Gen. XVII, 10. — 24. Deut. I, 16. — 34. Infra. XIII, 33. — 37. Lev. XXIII, 27. — 38. Is. XII, 3 ; XLIV, 3 ; LV, 1 ; LVIII, 11 ; Joël. II, 28 ; Act. II, 17. — 42. Mich. V, 2 ; Matth. II, 6. — 50. Supra. III, 2. — 51. Deut. XVII, 8 ; XIX, 15.

 

2. La Scénopégie ; c’est-à-dire la fête des Tabernacles. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 560. — * La fête des Tabernacles se célébrait tous les ans en mémoire du temps que les Hébreux, après avoir quitté l’Égypte, avaient vécu sous la tente dans le désert du Sinaï, Lévitique, XXIII, 40, et aussi pour remercier Dieu de la moisson et de la vendange, Deut. XVI, 13. Elle commençait le 15 du mois de Tischri (fin septembre) et durait sept jours. Pendant la semaine de la fête, les Juifs habitaient dans des tentes de feuillage, construites sur les toits plats des maisons ou dans les cours ou sur les places publiques, et c’est de là que venait le nom de Scénopégie.

3, 5, 10. Ses frères. Voy. Matth. XII, 46.

21. Jésus parle ici de la guérison qu’il avait opérée sur le paralytique de la piscine, un jour de sabbat. Voy. V, 9 et suiv.

35. * Chez les nations dispersées. Le texte porte littéralement : dans la dispersion des gentils, ce qui chez les Juifs signifiait les Israélites dispersés et vivant au milieu des païens. C’est le sens qu’a ici cette locution. Plus tard les Apôtres appliquaient cette dénomination aux chrétiens ou Juifs convertis dispersés au milieu des Gentils, Jac. I, 1 ; I Petr. I, 1.

37. * Le dernier jour de la fête des Tabernacles, un lévite allait puiser de l’eau à Siloé (voir sur cette fontaine Joan. IX, 7) dans une urne d’or et on versait cette eau, dans le temple, sur la victime du sacrifice, en mémoire du miracle de Moïse faisant jaillir l’eau du rocher au Sinaï. C’est sans doute à cet usage, à cette eau et à cette fontaine que fait allusion le Sauveur, quand il dit : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive.

42. Où était David ; c’est-à-dire où avait habité David.

45. * Les archers. Le texte porte les serviteurs.

50. * Nicodème. Voir plus haut, III, 1.

52. Et tu verras ; littér. et vois ; ce qui est un pur hébraïsme.

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Jn 8

*jn08

CHAPITRE VIII

Femme adultère présentée à Jésus-Christ. Jésus lumière du monde. Son père lui rend témoignage. Impénitence des Juifs prédite. Crucifiement annoncé. Qui commet le péché est esclave du péché. Vrais enfants d’Abraham. Le démon est le père du mensonge. Qui est de Dieu entend les paroles de Dieu. Jésus outragé laisse la défense de sa gloire à son Père. Il déclare qu’il est avant Abraham.

(hi) 1 Jesus autem perréxit in montem Olivéti :

1. Mais Jésus s’en alla à la montagne des Oliviers ;

2 et dilúculo íterum venit in templum, et omnis pópulus venit ad eum, et sedens docébat eos.

2. Et dès le point du jour il revint dans le temple, et tout le peuple vint à lui ; et, s’étant assis, il les enseignait.

3 Addúcunt autem scribæ et pharisǽi mulíerem in adultério deprehénsam : et statuérunt eam in médio,

3. Cependant les scribes et les pharisiens lui amenèrent une femme surprise en adultère, et la placèrent au milieu,

4 et dixérunt ei : Magíster, hæc múlier modo deprehénsa est in adultério.

4. Puis ils dirent à Jésus : Maitre, cette femme vient d’être surprise en adultère.

5 In lege autem Móyses mandávit nobis hujúsmodi lapidáre. Tu ergo quid dicis ?

5. Or Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes. Toi donc, que dis-tu ?

6 Hoc autem dicébant tentántes eum, ut possent accusáre eum. Jesus autem inclínans se deórsum, dígito scribébat in terra.

6. Or ils disaient cela, le tentant, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus, se baissant, écrivait du doigt sur la terre.

7 Cum ergo perseverárent interrogántes eum, eréxit se, et dixit eis : Qui sine peccáto est vestrum, primus in illam lápidem mittat.

7. Et comme ils continuaient à l’interroger, il se releva et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché jette le premier une pierre contre elle.

8 Et íterum se inclínans, scribébat in terra.

8. Et se baissant de nouveau, il écrivait sur la terre.

9 Audiéntes autem unus post unum exíbant, incipiéntes a senióribus : et remánsit solus Jesus, et múlier in médio stans.

9. Mais, entendant cela, ils sortaient l’un après l’autre, à commencer par les vieillards. Et Jésus demeura seul avec la femme, qui était au milieu.

10 Erigens autem se Jesus, dixit ei : Múlier, ubi sunt qui te accusábant ? nemo te condemnávit ?

10. Alors Jésus, se relevant, lui dit : Femme, où sont ceux qui vous accusaient ? Personne ne vous a condamnée ?

11 Quæ dixit : Nemo, Dómine. Dixit autem Jesus : Nec ego te condemnábo : vade, et jam ámplius noli peccáre.

11. Elle répondit : Personne, Seigneur. Et Jésus lui dit : Ni moi, je ne vous condamnerai pas : allez, et ne péchez plus.

(hi) 12 Iterum ergo locútus est eis Jesus, dicens : Ego sum lux mundi : qui séquitur me, non ámbulat in ténebris, sed habébit lumen vitæ.

12. Jésus leur parla de nouveau, disant : Moi, je suis la lumière du monde : qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.

13 Dixérunt ergo ei pharisǽi : Tu de teípso testimónium pérhibes ; testimónium tuum non est verum.

13. Alors les pharisiens lui dirent : C’est toi qui rends témoignage de toi-même ; ton témoignage n’est pas vrai.

14 Respóndit Jesus, et dixit eis : Et si ego testimónium perhíbeo de meípso, verum est testimónium meum : quia scio unde veni et quo vado ; vos autem nescítis unde vénio aut quo vado.

14. Jésus répondit, et leur dit : Bien que je rende témoignage de moi-même, mon témoignage est vrai ; parce que je sais d’où je viens et où je vais, mais vous, vous ne savez ni d’où je viens ni où je vais.

15 Vos secúndum carnem judicátis : ego non júdico quemquam ;

15. Vous, vous jugez selon la chair ; moi je ne juge personne ;

16 et si júdico ego, judícium meum verum est, quia solus non sum : sed ego et qui misit me, Pater.

16. Et si je juge, mon jugement est vrai, parce que je ne suis pas seul ; mais moi et mon Père qui m’a envoyé.

17 Et in lege vestra scriptum est, quia duórum hóminum testimónium verum est.

17. Or dans votre loi il est écrit que le témoignage de deux hommes est vrai.

18 Ego sum qui testimónium perhíbeo de meípso, et testimónium pérhibet de me qui misit me, Pater.

18. C’est moi qui rends témoignage de moi-même ; mais il rend aussi témoignage de moi, mon Père qui m’a envoyé.

19 Dicébant ergo ei : Ubi est Pater tuus ? Respóndit Jesus : Neque me scitis, neque Patrem meum : si me scirétis, fórsitan et Patrem meum scirétis.

19. Ils lui disaient donc : Où est ton Père ? Jésus répondit : Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père : si vous me connaissiez, vous connaitriez sans doute aussi mon Père.

20 Hæc verba locútus est Jesus in gazophylácio, docens in templo : et nemo apprehéndit eum, quia necdum vénerat hora ejus.

20. Jésus dit ces paroles, enseignant dans le temple, au lieu où est le trésor : et personne ne se saisit de lui, parce que son heure n’était pas encore venue.

21 Dixit ergo íterum eis Jesus : Ego vado, et quærétis me, et in peccáto vestro moriémini. Quo ego vado, vos non potéstis veníre.

21. Jésus leur dit encore : Je m’en vais et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Mais où je vais vous ne pouvez venir.

22 Dicébant ergo Judǽi : Numquid interfíciet semetípsum, quia dixit : Quo ego vado, vos non potéstis veníre ?

22. Les Juifs disaient donc : Se tuera-t-il lui-même, puisqu’il dit : Où je vais vous ne pouvez venir ?

23 Et dicébat eis : Vos de deórsum estis, ego de supérnis sum. Vos de mundo hoc estis, ego non sum de hoc mundo.

23. Il leur disait aussi : Vous, vous êtes d’en bas, moi je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde, moi je ne suis pas de ce monde.

24 Dixi ergo vobis quia moriémini in peccátis vestris : si enim non credidéritis quia ego sum, moriémini in peccáto vestro.

24. Je vous ai donc dit que vous mourriez dans vos péchés ; car si vous ne me croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans votre péché.

25 Dicébant ergo ei : Tu quis es ? Dixit eis Jesus : Princípium, qui et loquor vobis.

25. Ils lui dirent donc : Qui es tu ? Jésus leur dit : Le principe, moi-même qui vous parle.

26 Multa hábeo de vobis loqui, et judicáre ; sed qui me misit, verax est ; et ego quæ audívi ab eo, hæc loquor in mundo.

26. J’ai beaucoup de choses à dire de vous, et à condamner en vous ; mais celui qui m’a envoyé est vrai, et moi, ce que j’ai entendu de lui, je le dis au monde.

27 Et non cognovérunt quia Patrem ejus dicébat Deum.

27. Et ils ne comprirent pas qu’il disait que Dieu était son Père.

28 Dixit ergo eis Jesus : Cum exaltavéritis Fílium hóminis, tunc cognoscétis quia ego sum, et a meípso fácio nihil, sed sicut dócuit me Pater, hæc loquor :

28. Jésus leur dit donc : Quand Vous aurez élevé le Fils de l’homme, c’est alors que vous connaitrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle comme mon Père m’a enseigné ;

29 et qui me misit, mecum est, et non relíquit me solum : quia ego quæ plácita sunt ei, fácio semper.

29. Et celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a pas laissé seul, parce que pour moi je fais toujours ce qui lui plaît.

30 Hæc illo loquénte, multi credidérunt in eum.

30. Comme il disait ces choses, beaucoup crurent en lui.

31 Dicébat ergo Jesus ad eos, qui credidérunt ei, Judǽos : Si vos manséritis in sermóne meo, vere discípuli mei éritis,

31. Jésus disait donc à ceux des Juifs qui croyaient en lui : Pour vous, si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples ;

32 et cognoscétis veritátem, et véritas liberábit vos.

32. Et vous connaitrez la vérité, et la vérité vous rendra libres.

33 Respondérunt ei : Semen Abrahæ sumus, et némini servívimus umquam : quómodo tu dicis : Líberi éritis ?

33. Ils lui répondirent : Nous sommes la race d’Abraham, et nous n’avons jamais été esclaves de personne ; comment dis-tu, toi : Vous serez libres ?

34 Respóndit eis Jesus : Amen, amen dico vobis : quia omnis qui facit peccátum, servus est peccáti.

34. Jésus leur repartit : En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave du péché ;

35 Servus autem non manet in domo in ætérnum : fílius autem manet in ætérnum.

35. Or l’esclave ne demeure point toujours dans la maison ; mais le fils y demeure toujours ;

36 Si ergo vos fílius liberáverit, vere líberi éritis.

36. Si donc le fils vous met en liberté, vous serez vraiment libres.

37 Scio quia fílii Abrahæ estis : sed quǽritis me interfícere, quia sermo meus non capit in vobis.

37. Je sais que vous êtes fils d’Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole ne prend pas en vous.

38 Ego quod vidi apud Patrem meum, loquor : et vos quæ vidístis apud patrem vestrum, fácitis.

38. Pour moi, ce que j’ai vu en mon Père, je le dis ; et vous, ce que vous avez vu en votre père, vous le faites.

39 Respondérunt, et dixérunt ei : Pater noster Abraham est. Dicit eis Jesus : Si fílii Abrahæ estis, ópera Abrahæ fácite.

39. Ils répliquèrent et lui dirent : Notre père est Abraham. Jésus leur dit : Si vous êtes fils d’Abraham, faites les œuvres d’Abraham.

40 Nunc autem quǽritis me interfícere, hóminem, qui veritátem vobis locútus sum, quam audívi a Deo : hoc Abraham non fecit.

40. Mais loin de là, vous cherchez à me faire mourir, moi homme qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de Dieu ; c’est ce qu’Abraham n’a pas fait.

41 Vos fácitis ópera patris vestri. Dixérunt ítaque ei : Nos ex fornicatióne non sumus nati : unum patrem habémus Deum.

41. Vous faites les œuvres de votre père. Ils lui répliquèrent donc : Nous ne sommes pas nés de la fornication ; nous n’avons qu’un père, Dieu.

42 Dixit ergo eis Jesus : Si Deus pater vester esset, diligerétis útique et me ; ego enim ex Deo procéssi, et veni : neque enim a meípso veni, sed ille me misit.

42. Mais Jésus leur repartit : Si Dieu était votre père, certes vous m’aimeriez ; car c’est de Dieu que je suis sorti et que je suis venu ; ainsi je ne suis point venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé.

43 Quare loquélam meam non cognóscitis ? Quia non potéstis audíre sermónem meum.

43. Pourquoi ne connaissez-vous point mon langage ? Parce que vous ne pouvez pas écouter ma parole.

44 Vos ex patre diábolo estis : et desidéria patris vestri vultis fácere. Ille homicída erat ab inítio, et in veritáte non stetit : quia non est véritas in eo : cum lóquitur mendácium, ex própriis lóquitur, quia mendax est, et pater ejus.

44. Vous avez le diable pour père, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été homicide dès le commencement, et il n’est pas demeuré dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui ; lorsqu’il parle mensonge, il parle de son propre fonds, parce qu’il est menteur et le Père du mensonge.

45 Ego autem si veritátem dico, non créditis mihi.

45. Pour moi, si je dis la vérité, vous ne me croyez point.

46 Quis ex vobis árguet me de peccáto ? si veritátem dico vobis, quare non créditis mihi ?

46. Qui de vous me convaincra de péché ? Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous point ?

47 Qui ex Deo est, verba Dei audit. Proptérea vos non audítis, quia ex Deo non estis.

47. Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu. Et si vous ne les écoutez point, c’est parce que vous n’êtes point de Dieu.

48 Respondérunt ergo Judǽi, et dixérunt ei : Nonne bene dícimus nos quia Samaritánus es tu, et dæmónium habes ?

48. Mais les Juifs répondirent et lui dirent : Ne disons-nous pas avec raison que tu es un Samaritain, et qu’un démon est en toi ?

49 Respóndit Jesus : Ego dæmónium non hábeo : sed honorífico Patrem meum, et vos inhonorástis me.

49. Jésus repartit : Il n’y a pas de démon en moi ; mais j’honore mon Père, et vous, vous me déshonorez.

50 Ego autem non quæro glóriam meam : est qui quærat, et júdicet.

50. Pour moi, je ne cherche point ma gloire ; il est quelqu’un qui la cherchera et qui jugera.

51 Amen, amen dico vobis : si quis sermónem meum serváverit, mortem non vidébit in ætérnum.

51. En vérité, en vérité, je vous le dis : Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort.

52 Dixérunt ergo Judǽi : Nunc cognóvimus quia dæmónium habes. Abraham mórtuus est, et prophétæ ; et tu dicis : Si quis sermónem meum serváverit, non gustábit mortem in ætérnum.

52. Mais les Juifs lui dirent : Maintenant nous connaissons qu’il y a un démon en toi. Abraham est mort et les prophètes aussi, et tu dis : Si quelqu’un garde ma parole, il ne goutera jamais de la mort.

53 Numquid tu major es patre nostro Abraham, qui mórtuus est ? et prophétæ mórtui sunt. Quem teípsum facis ?

53. Es-tu plus grand que notre père Abraham qui est mort ? et les prophètes sont morts aussi ? Qui prétends-tu être ?

54 Respóndit Jesus : Si ego glorífico meípsum, glória mea nihil est : est Pater meus, qui gloríficat me, quem vos dícitis quia Deus vester est,

54. Jésus répondit : Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites qu’il est votre Dieu.

55 et non cognovístis eum : ego autem novi eum. Et si díxero quia non scio eum, ero símilis vobis, mendax. Sed scio eum, et sermónem ejus servo.

55. Et vous ne l’avez pas connu ; mais moi je le connais ; et si je disais que je ne le connais point, je serais semblable à vous, menteur. Mais je le connais, et je garde sa parole.

56 Abraham pater vester exsultávit ut vidéret diem meum : vidit, et gavísus est.

56. Abraham, votre père, a tressailli pour voir mon jour ; il l’a vu, et il s’est réjoui.

57 Dixérunt ergo Judǽi ad eum : Quinquagínta annos nondum habes, et Abraham vidísti ?

57. Mais les Juifs lui répliquèrent : Tu n’as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham ?

58 Dixit eis Jesus : Amen, amen dico vobis, ántequam Abraham fíeret, ego sum.

58. Jésus leur dit : En vérité, en vérité, avant qu’Abraham eût été fait, je suis.

59 Tulérunt ergo lápides, ut jácerent in eum : Jesus autem abscóndit se, et exívit de templo.

59. Ils prirent donc des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se cacha, et sortit du temple.

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CHAP. VIII. 5. Lev. XX, 10 ; Deut. XXII, 22. — 6. Jer. XVII, 13. — 7. Deut. XVII, 7. — 11. Eccli. XXI, 1. ; Supra. V, 14. — 12. I Joan. I, 5. — 17. Deut. XVII, 6 ; XIX, 15 ; Matth. XVIII, 16 ; II Cor. XIII, 1 ; Hebr. X, 28. — 26. Rom. III, 4. — 34. Rom. VI, 15, 16, 17 sv. ; VII, 14 sv. ; II Petr. II, 19. — 39. Matth. III, 9. — 44. I Joan. III, 8. — 47. I Joan. IV, 6.

 

1.* À la montagne des Oliviers. Voir Matth. XXI, 1.

5. Dans la loi. Deut. XXII, 22, 24.

13. N’est pas vrai ; c’est-à-dire n’est pas valable, n’est pas acceptable.

20. * Où est le trésor, le tronc pour recevoir les aumônes. Voir Marc. XII, 41.

36. Le Fils de Dieu. Bossuet : « Et quelle liberté vous donnera-t-il, sinon celle qu’il a voulu pour lui-même ? C’est-à-dire d’être dépendant de Dieu seul, dont il est si doux de dépendre, et le service duquel vaut mieux qu’un royaume, parce que cette même soumission qui nous met au-dessous de Dieu, nous met en même temps au-dessus de tout. »

40. Loin de là ; c’est-à-dire loin de faire les œuvres d’Abraham, vous cherchez, etc. C’est le seul sens conforme à la Vulgate aussi bien qu’au texte grec.

48. * Un Samaritain, terme injurieux, puisque les Samaritains étaient schismatiques et ennemis des Juifs.

57. Cinquante ans. « Notre-Seigneur était beaucoup plus jeune, mais la cinquantième année était chez les juifs le terme fixé pour l’âge viril, l’âge parfait. C’est comme s’ils avaient dit : Vous n’avez pas encore atteint l’âge parfait, et vous avez vu Abraham ! » (Crampon)

58. Avant qu’Abraham eût été fait. La traduction ordinaire : Avant qu’Abraham fût, est, selon la remarque judicieuse de Bossuet, tout à fait inexacte, puisque l’être d’Abraham et celui de Jésus-Christ n’étaient ni les mêmes en soi ni expliqués par le même mot. Ajoutons que le grec, comme la Vulgate, emploie pour Abraham le verbe être fait, et pour Jésus-Christ, être, exister.

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Jn 9

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CHAPITRE IX

Aveugle-né guéri par Jésus-Christ. Enquête des pharisiens sur ce miracle. Ils chassent de la synagogue celui qui avait été guéri. Instruit par Jésus-Christ, il se prosterne et l’adore. Double jugement exercé par Jésus-Christ.

1 Et prætériens Jesus vidit hóminem cæcum a nativitáte :

1. Et comme il passait, Jésus vit un homme aveugle de naissance ;

2 et interrogavérunt eum discípuli ejus : Rabbi, quis peccávit, hic, aut paréntes ejus, ut cæcus nascerétur ?

2. Et ses disciples l’interrogèrent : Maitre, qui a péché, celui-ci ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ?

3 Respóndit Jesus : Neque hic peccávit, neque paréntes ejus : sed ut manifesténtur ópera Dei in illo.

3. Jésus répondit : Ni celui-ci n’a péché, ni ses parents, mais c’est pour que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui.

4 Me opórtet operári ópera ejus qui misit me, donec dies est : venit nox, quando nemo potest operári :

4. Il faut que j’opère les œuvres de celui qui m’a envoyé, tandis qu’il est jour ; la nuit vient, pendant laquelle personne ne peut agir ;

5 quámdiu sum in mundo, lux sum mundi.

5. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.

6 Hæc cum dixísset, éxspuit in terram, et fecit lutum ex sputo, et linívit lutum super óculos ejus,

6. Lorsqu’il eut dit cela, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, et frotta de cette boue les yeux de l’aveugle,

7 et dixit ei : Vade, lava in natatória Síloë (quod interpretátur Missus). Abiit ergo, et lavit, et venit videns.

7. Et il lui dit : Va, lave-toi dans la piscine de Siloé (ce qu’on interprète par Envoyé). Il s’en alla donc, se lava, et revint voyant clair.

8 Itaque vicíni, et qui víderant eum prius quia mendícus erat, dicébant : Nonne hic est qui sedébat, et mendicábat ? Alii dicébant : Quia hic est.

8. De sorte que ses voisins et ceux qui l’avaient vu auparavant mendier, disaient : N’est-ce pas celui-là qui était assis et mendiait ? D’autres disaient : c’est lui.

9 Alii autem : Nequáquam, sed símilis est ei. Ille vero dicébat : Quia ego sum.

9. Et d’autres : Point du tout, seulement il lui ressemble. Mais lui disait : C’est moi.

10 Dicébant ergo ei : Quómodo apérti sunt tibi óculi ?

10. Ils lui demandaient donc : Comment tes yeux ont-ils été ouverts ?

11 Respóndit : Ille homo qui dícitur Jesus, lutum fecit : et unxit óculos meos, et dixit mihi : Vade ad natatória Síloë, et lava. Et ábii, et lavi, et vídeo.

11. Il répondit : Cet homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il a frotté mes yeux, et m’a dit : Va à la piscine de Siloé, et lave-toi. J’y suis allé, je me suis lavé, et je vois.

12 Et dixérunt ei : Ubi est ille ? Ait : Néscio.

12. Ils lui demandèrent : Où est-il ? Il répondit : Je ne sais.

13 Addúcunt eum ad pharisǽos, qui cæcus fúerat.

13. Alors ils amenèrent aux pharisiens celui qui avait été aveugle.

14 Erat autem sábbatum quando lutum fecit Jesus, et apéruit óculos ejus.

14. Or c’était un jour de sabbat que Jésus fit de la boue et ouvrit ses yeux.

15 Iterum ergo interrogábant eum pharisǽi quómodo vidísset. Ille autem dixit eis : Lutum mihi pósuit super óculos, et lavi, et vídeo.

15. Les pharisiens lui demandèrent donc aussi comment il avait vu. Et il leur dit : Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois.

16 Dicébant ergo ex pharisǽis quidam : Non est hic homo a Deo, qui sábbatum non custódit. Alii autem dicébant : Quómodo potest homo peccátor hæc signa fácere ? Et schisma erat inter eos.

16. Alors quelques-uns d’entre les pharisiens disaient : Cet homme n’est point de Dieu, puisqu’il ne garde point le sabbat. Mais d’autres disaient : Comment un pécheur peut-il faire de tels miracles ? Et il y avait division entre eux.

17 Dicunt ergo cæco íterum : Tu quid dicis de illo qui apéruit óculos tuos ? Ille autem dixit : Quia prophéta est.

17. Ils dirent donc encore à l’aveugle : Et toi, que dis-tu de celui qui t’a ouvert les yeux ? Il répondit : C’est un prophète.

18 Non credidérunt ergo Judǽi de illo, quia cæcus fuísset et vidísset, donec vocavérunt paréntes ejus, qui víderat :

18. Mais les Juifs ne crurent point de lui qu’il eût été aveugle et qu’il eût recouvré la vue, jusqu’à ce qu’ils eussent appelé les parents de celui qui avait recouvré la vue ;

19 et interrogavérunt eos, dicéntes : Hic est fílius vester, quem vos dícitis quia cæcus natus est ? quómodo ergo nunc videt ?

19. Et ils les interrogèrent, disant : Est-ce là votre fils, que vous dites être né aveugle ? Comment donc voit-il maintenant ?

20 Respondérunt eis paréntes ejus, et dixérunt : Scimus quia hic est fílius noster, et quia cæcus natus est :

20. Ses parents leur répondirent et dirent : Nous savons que c’est notre fils et qu’il est né aveugle ;

21 quómodo autem nunc vídeat, nescímus : aut quis ejus apéruit óculos, nos nescímus ; ipsum interrogáte : ætátem habet, ipse de se loquátur.

21. Mais comment il voit maintenant, nous ne le savons pas ; ou qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas ; interrogez-le : il a de l’âge, qu’il parle pour lui-même.

22 Hæc dixérunt paréntes ejus, quóniam timébant Judǽos : jam enim conspiravérunt Judǽi, ut si quis eum confiterétur esse Christum, extra synagógam fíeret.

22. Ses parents dirent cela, parce qu’ils craignaient les Juifs ; car déjà les Juifs étaient convenus ensemble que si quelqu’un confessait que Jésus était le Christ, il serait chassé de la synagogue.

23 Proptérea paréntes ejus dixérunt : Quia ætátem habet, ipsum interrogáte.

23. C’est pourquoi ses parents dirent : Il a de l’âge, interrogez-le lui-même.

24 Vocavérunt ergo rursum hóminem qui fúerat cæcus, et dixérunt ei : Da glóriam Deo : nos scimus quia hic homo peccátor est.

24. Ils appelèrent donc de nouveau l’homme qui avait été aveugle, et lui dirent : Rends gloire à Dieu ; pour nous, nous savons que cet homme est un pécheur.

25 Dixit ergo eis ille : Si peccátor est, néscio ; unum scio, quia cæcus cum essem, modo vídeo.

25. Mais il leur dit : S’il est pécheur, je ne sais ; je sais une seule chose, c’est que j’étais aveugle, et qu’à présent je vois.

26 Dixérunt ergo illi : Quid fecit tibi ? quómodo apéruit tibi óculos ?

26. Ils lui répliquèrent donc : Que t’a-t-il fait ? Comment t’a-t-il ouvert les yeux ?

27 Respóndit eis : Dixi vobis jam, et audístis : quod íterum vultis audíre ? numquid et vos vultis discípuli ejus fíeri ?

27. Il leur répondit : Je vous l’ai déjà dit, et vous l’avez entendu, pourquoi voulez-vous l’entendre encore ? Est-ce que, vous aussi, vous voulez devenir ses disciples ?

28 Maledixérunt ergo ei, et dixérunt : Tu discípulus illíus sis : nos autem Móysi discípuli sumus.

28. Ils le maudirent donc, et dirent : Sois son disciple, toi ; mais nous, nous sommes disciples de Moïse.

29 Nos scimus quia Móysi locútus est Deus ; hunc autem nescímus unde sit.

29. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-ci, nous ne savons d’où il est.

30 Respóndit ille homo, et dixit eis : In hoc enim mirábile est quia vos nescítis unde sit, et apéruit meos óculos :

30. Cet homme reprit et leur dit : Mais il y a en cela une chose étonnante, c’est que vous ne sachiez d’où il est, et il a ouvert mes yeux ;

31 scimus autem quia peccatóres Deus non audit : sed si quis Dei cultor est, et voluntátem ejus facit, hunc exáudit.

31. Cependant nous savons que Dieu n’écoute point les pécheurs ; mais si quelqu’un honore Dieu et fait sa volonté, c’est celui-là qu’il exauce.

32 A sǽculo non est audítum quia quis apéruit óculos cæci nati.

32. Jamais on n’a ouï dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né.

33 Nisi esset hic a Deo, non póterat fácere quidquam.

33. Si celui-ci n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire.

34 Respondérunt, et dixérunt ei : In peccátis natus es totus, et tu doces nos ? Et ejecérunt eum foras.

34. Ils répliquèrent et lui dirent : Tu es né tout entier dans le péché, et tu nous enseignes ! Et ils le jetèrent dehors.

35 Audívit Jesus quia ejecérunt eum foras : et cum invenísset eum, dixit ei : Tu credis in Fílium Dei ?

35. Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors ; et, l’ayant rencontré, il lui demanda : Crois-tu au Fils de Dieu ?

36 Respóndit ille, et dixit : Quis est, Dómine, ut credam in eum ?

36. Celui-ci répondit et dit : Qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ?

37 Et dixit ei Jesus : Et vidísti eum, et qui lóquitur tecum, ipse est.

37. Et Jésus lui dit : Mais tu l’as vu, et c’est lui-même qui te parle.

38 At ille ait : Credo, Dómine. Et prócidens adorávit eum.

38. Et celui-ci reprit : Je crois, Seigneur ; et se prosternant, il l’adora.

39 Et dixit Jesus : In judícium ego in hunc mundum veni : ut qui non vident vídeant, et qui vident cæci fiant.

39. Alors Jésus dit : C’est en jugement que je suis venu dans ce monde, afin que ceux qui ne voient pas, voient, et que ceux qui voient, deviennent aveugles.

40 Et audiérunt quidam ex pharisǽis qui cum ipso erant, et dixérunt ei : Numquid et nos cæci sumus ?

40. Or quelques-uns d’entre les pharisiens, qui étaient avec lui, l’entendirent et lui demandèrent : Est-ce que nous sommes aveugles nous aussi ?

41 Dixit eis Jesus : Si cæci essétis, non haberétis peccátum. Nunc vero dícitis, Quia vidémus : peccátum vestrum manet.

41. Jésus leur répondit : Si vous étiez aveugles, vous n’auriez point de péché. Mais vous dites au contraire : Nous voyons. Ainsi votre péché subsiste.

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CHAP. IX.

 

2. « Beaucoup de Juifs étaient imbus de la fausse opinion que tout mal physique était la peine d’un péché personnel ou des parents (comp. Ex. XX, 5). Mais comment un aveugle-né pouvait-il avoir mérité de naitre ainsi ? Quelques rabbins enseignaient qu’un enfant pouvait pécher dès le sein de sa mère ; d’ailleurs, comme le remarque Denys le Chartreux, les Apôtres pouvaient s’imaginer que l’aveugle avait reçu ce châtiment par anticipation, pour des fautes qu’il devait commettre plus tard, fautes déjà présentes à la prescience divine. » (Crampon)

7. * Va à la piscine de Siloé. La fontaine de Siloé est située au pied du mont Ophel, regardant l’est et le village de Siloam qui fait face à Jérusalem, sur le versant septentrional de la vallée de Ben-Hinnom. On descend par un escalier de dix-sept marches sur un palier vouté en ogive et long de 3,50 m sur autant de largeur et de hauteur et ayant pour fond le rocher. Un autre escalier de quinze marches taillées dans le roc conduit à la fontaine même. Elle est irrégulièrement intermittente et l’eau en est légèrement saumâtre. Le réservoir est rectangulaire ; il a seize mètres de long environ, sur six mètres de large et six mètres de profondeur. L’eau arrive par un canal creusé dans le roc. Une inscription hébraïque découverte en 1880 et datant vraisemblablement du règne d’Ézéchias nous apprend que le tunnel qui a été percé dans la montagne pour amener l’eau à Siloé fut entrepris par les deux extrémités à la fois. Il fait des zigzags et a 535 mètres de longueur. La source qui alimente a piscine de Siloé en passant par cet aqueduc souterrain est celle qu’on appelle aujourd’hui la Fontaine de la Vierge, la seule source naturelle qui soit proche de Jérusalem, cette ville n’ayant en outre que les citernes recueillant l’eau de pluie et les eaux conduites autrefois à grands frais des vasques de Salomon au sud de Bethléem. La Fontaine de la Vierge est située au fond d’une excavation taillée dans le roc, sur le versant oriental du mont Ophel. On y descend par un escalier de trente marches. La grotte est à environ huit mètres de profondeur. Le bassin a trois mètres et demi de long et un mètre soixante centimètres de large. La source est intermittente ; pendant l’hiver, à la saison des pluies, l’eau coule de trois à cinq fois par jour, à intervalles irréguliers ; pendant l’été elle ne coule que deux fois, et une fois seulement pendant l’automne. On suppose que l’eau provient d’un réservoir naturel caché sous le mont Moriah, au-dessous du temple.

22. * Il serait chassé de la synagogue ; c’est-à-dire qu’on ne lui permettrait plus d’entrer dans aucune synagogue pour y entendre la lecture de l’Écriture et y prier avec les autres Israélites.

39. C’est en jugement ; c’est pour exercer un jugement, et par ce jugement manifester les desseins de Dieu sur les hommes.

41. Au contraire. La traduction maintenant est inexacte. Compar. VIII, 40.

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Jn 10

*jn10

CHAPITRE X

Faux et vrai pasteur. Jésus est la porte des brebis ; il est le bon pasteur. Caractère du mercenaire. Brebis réunies sous un seul pasteur. Jésus quitte sa vie pour la reprendre. Les brebis de Jésus entendent sa voix. Les Juifs veulent le lapider. Il prouve sa divinité par ses œuvres.

(hi) 1 Amen, amen dico vobis : qui non intrat per óstium in ovíle óvium, sed ascéndit aliúnde, ille fur est et latro.

1. En vérité, en vérité, je vous le dis : Celui qui n’entre point par la porte dans le bercail des brebis, mais y monte par ailleurs, est un voleur et un larron.

2 Qui autem intrat per óstium, pastor est óvium.

2. Mais celui qui entre par la porte, est le pasteur des brebis.

3 Huic ostiárius áperit, et oves vocem ejus áudiunt, et próprias oves vocat nominátim, et edúcit eas.

3. C’est à celui-ci que le portier ouvre, et les brebis entendent sa voix, et il appelle ses propres brebis par leur nom, et les fait sortir.

4 Et cum próprias oves emíserit, ante eas vadit : et oves illum sequúntur, quia sciunt vocem ejus.

4. Et lorsqu’il a fait sortir ses propres brebis, il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix.

5 Aliénum autem non sequúntur, sed fúgiunt ab eo : quia non novérunt vocem alienórum.

5. Elles ne suivent point un étranger, mais elles le fuient, parce qu’elles ne connaissent point la voix des étrangers.

6 Hoc provérbium dixit eis Jesus : illi autem non cognovérunt quid loquerétur eis.

6. Jésus leur dit cette parabole. Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.

7 Dixit ergo eis íterum Jesus : Amen, amen dico vobis, quia ego sum óstium óvium.

7. Jésus leur dit donc encore : En vérité, en vérité, je vous le dis, c’est moi qui suis la porte des brebis.

8 Omnes quotquot venérunt, fures sunt, et latrónes, et non audiérunt eos oves.

8. Tous ceux qui sont venus sont des voleurs et des larrons, et les brebis ne les ont point écoutés.

9 Ego sum óstium. Per me si quis introíerit, salvábitur : et ingrediétur, et egrediétur, et páscua invéniet.

9. C’est moi qui suis la porte. Si c’est par moi que quelqu’un entre, il sera sauvé ; et il entrera, et il sortira, et il trouvera des pâturages.

10 Fur non venit nisi ut furétur, et mactet, et perdat. Ego veni ut vitam hábeant, et abundántius hábeant.

10. Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi je suis venu pour qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient plus abondamment.

11 Ego sum pastor bonus. Bonus pastor ánimam suam dat pro óvibus suis.

11. Moi je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis.

12 Mercenárius autem, et qui non est pastor, cujus non sunt oves própriæ, videt lupum veniéntem, et dimíttit oves, et fugit : et lupus rapit, et dispérgit oves ;

12. Mais le mercenaire, et celui qui n’est point pasteur, dont les brebis ne sont pas le bien propre, voyant le loup venir, laisse là les brebis et s’enfuit ; et le loup ravit et disperse les brebis ;

13 mercenárius autem fugit, quia mercenárius est, et non pértinet ad eum de óvibus.

13. Or le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire, et qu’il n’a point de souci des brebis.

14 Ego sum pastor bonus : et cognósco meas, et cognóscunt me meæ.

14. Moi, je suis le bon pasteur, et je connais mes brebis et mes brebis me connaissent,

15 Sicut novit me Pater, et ego agnósco Patrem : et ánimam meam pono pro óvibus meis.

15. Comme mon Père me connait, et que moi-même je connais mon Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.

16 Et álias oves hábeo, quæ non sunt ex hoc ovíli : et illas opórtet me addúcere, et vocem meam áudient, et fiet unum ovíle et unus pastor.

16. Mais j’ai d’autres brebis qui ne sont point de cette bergerie ; et il faut que je les amène, et elles entendront ma voix, et il n’y aura qu’un bercail et qu’un pasteur.

17 Proptérea me díligit Pater : quia ego pono ánimam meam, ut íterum sumam eam.

17. Et si mon Père m’aime, c’est parce que je quitte ma vie pour la reprendre.

18 Nemo tollit eam a me : sed ego pono eam a meípso, et potestátem hábeo ponéndi eam, et potestátem hábeo íterum suméndi eam. Hoc mandátum accépi a Patre meo.

18. Personne ne me la ravit ; mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner et j’ai le pouvoir de la reprendre. C’est le commandement que j’ai reçu de mon Père.

19 Dissénsio íterum facta est inter Judǽos propter sermónes hos.

19. Une dissension s’éleva de nouveau parmi les Juifs à cause de ces paroles.

20 Dicébant autem multi ex ipsis : Dæmónium habet, et insánit : quid eum audítis ?

20. Beaucoup d’entre eux disaient : Il a en lui un démon, et il a perdu le sens ; pourquoi l’écoutez-vous ?

21 Alii dicébant : Hæc verba non sunt dæmónium habéntis : numquid dæmónium potest cæcórum óculos aperíre ?

21. D’autres disaient : Ces paroles ne sont pas d’un homme qui a un démon en lui ; est-ce qu’un démon peut ouvrir les yeux des aveugles ?

(hi) 22 Facta sunt autem Encǽnia in Jerosólymis, et hiems erat.

22. Or on faisait à Jérusalem la Dédicace ; et c’était l’hiver.

23 Et ambulábat Jesus in templo, in pórticu Salomónis.

23. Et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon.

24 Circumdedérunt ergo eum Judǽi, et dicébant ei : Quoúsque ánimam nostram tollis ? si tu es Christus, dic nobis palam.

24. Les Juifs donc l’entourèrent et lui dirent : Jusqu’à quand tiendras-tu notre esprit en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le nous ouvertement.

25 Respóndit eis Jesus : Loquor vobis, et non créditis : ópera quæ ego fácio in nómine Patris mei, hæc testimónium pérhibent de me :

25. Jésus leur répondit : Je vous parle et vous ne croyez point ; les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi ;

26 sed vos non créditis, quia non estis ex óvibus meis.

26. Mais vous ne croyez point, parce que vous n’êtes point de mes brebis.

27 Oves meæ vocem meam áudiunt, et ego cognósco eas, et sequúntur me :

27. Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais et elles me suivent ;

28 et ego vitam ætérnam do eis, et non períbunt in ætérnum, et non rápiet eas quisquam de manu mea.

28. Et je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main.

29 Pater meus quod dedit mihi, majus ómnibus est : et nemo potest rápere de manu Patris mei.

29. Quant à mon Père, ce qu’il m’a donné est plus grand que toutes choses, et personne ne le peut ravir de la main de mon Père.

30 Ego et Pater unum sumus.

30. Moi et mon Père nous sommes une seule chose.

31 Sustulérunt ergo lápides Judǽi, ut lapidárent eum.

31. Alors les Juifs prirent des pierres pour le lapider.

32 Respóndit eis Jesus : Multa bona ópera osténdi vobis ex Patre meo : propter quod eórum opus me lapidátis ?

32. Jésus leur dit : J’ai fait devant vous beaucoup d’œuvres excellentes par la vertu de mon Père ; pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous ?

33 Respondérunt ei Judǽi : De bono ópere non lapidámus te, sed de blasphémia ; et quia tu homo cum sis, facis teípsum Deum.

33. Les Juifs lui répondirent : Ce n’est pas pour une bonne œuvre que nous te lapidons, mais c’est pour un blasphème, et parce que toi, étant homme, tu te fais Dieu.

34 Respóndit eis Jesus : Nonne scriptum est in lege vestra, Quia ego dixi : Dii estis ?

34. Jésus leur repartit : N’est-il pas écrit dans votre loi : Je l’ai dit : Vous êtes des dieux ?

35 Si illos dixit deos, ad quos sermo Dei factus est, et non potest solvi Scriptúra :

35. Quand elle appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et que l’Écriture ne peut être détruite,

36 quem Pater sanctificávit, et misit in mundum vos dícitis : Quia blasphémas, quia dixi : Fílius Dei sum ?

36. Vous me dites, à moi que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde : Tu blasphèmes ; parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu ?

37 Si non fácio ópera Patris mei, nolíte crédere mihi.

37. Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez point.

38 Si autem fácio : etsi mihi non vultis crédere, opéribus crédite, ut cognoscátis, et credátis quia Pater in me est, et ego in Patre.

38. Mais si je les fais, quand bien même vous ne voudriez pas me croire, croyez aux œuvres, afin que vous connaissiez et croyiez que mon Père est en moi, et moi dans mon Père.

39 Quærébant ergo eum apprehéndere : et exívit de mánibus eórum.

39. Ils cherchaient donc à le prendre, mais il s’échappa de leurs mains.

40 Et ábiit íterum trans Jordánem, in eum locum ubi erat Joánnes baptízans primum, et mansit illic ;

40. Et il s’en alla de nouveau au delà du Jourdain, dans le lieu où Jean baptisait d’abord ; et il y demeura.

41 et multi venérunt ad eum, et dicébant : Quia Joánnes quidem signum fecit nullum.

41. Et beaucoup de personnes vinrent à lui, et ils disaient : Jean n’a fait aucun miracle.

42 Omnia autem quæcúmque dixit Joánnes de hoc, vera erant. Et multi credidérunt in eum.

42. Mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai. Et beaucoup crurent en lui.

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CHAP. X. 11. Is. XL, 11 ; Ezech. XXXIV, 23 ; XXXVII, 24. — 15. Matth. XI, 27 ; Luc. X, 22. — 17. Is. LIII, 7. — 22. I Mach. IV, 56, 59. — 29. Deut. XXXII, 39. — 34. Ps. LXXXI, 6.

 

1. * Le bercail en Orient est ordinairement un enclos en plein air, dont l’enceinte consiste en un mur grossièrement fait de pierres ou en une palissade. C’est là qu’on enferme les troupeaux la nuit. Le berger entre par la porte avec ses brebis, mais le voleur pour y pénétrer monte par-dessus le mur ou la palissade.

8. “Tous ceux qui sont venus avant moi” et en dehors de moi : la plupart des Scribes et des Pharisiens. Ces deux mots manquent dans la Vulgate. — Les brebis, les pieux Israélites.

11. * On sait que dans les catacombes les premiers chrétiens ont représenté des milliers de fois Notre Seigneur sous la forme du Bon Pasteur.

16. D’autres brebis, les Gentils. — Il n’y aura plus, après ma mort, qu’un bercail : le mur de séparation entre le judaïsme et le paganisme sera renversé (Eph. II, 14 sv. ; Col. II, 15).

22. La Dédicace. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 561. — * « La fête de la dédicace remontait à l’an 164, où Judas Macchabée, ayant délivré Jérusalem, avait brisé l’idole de Jupiter Olympien, placée dans le sanctuaire, et purifié le temple des profanations commises trois ans auparavant par Antiochus Épiphane. Elle durait huit jours et se célébrait à l’entrée de l’hiver, comme S. Jean en fait la remarque pour ses lecteurs, étrangers à la Judée. » (L. Bacuez.)

23. * « La galerie couverte où se promenait Notre Seigneur s’appelait portique de Salomon, parce qu’elle était bâtie sur une terrasse élevée par Salomon. Peut-être y voyait-on encore quelques restes de l’ancien temple. [Elle s’étendait parallèlement à la vallée de Josaphat et formait le côté oriental de l’enceinte du temple.] On découvrait de là la colline des Oliviers et toute la vallée du Cedron. Le Sauveur et les Apôtres s’y tenaient de préférence, parce qu’elle était ouverte aux Gentils aussi bien qu’aux Juifs. » (L. Bacuez.)

40. * Jean Baptiste.

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Jn 11

*jn11

CHAPITRE XI

Maladie et mort de Lazare. Jésus va à Béthanie pour le ressusciter. Entretien de Marthe avec Jésus. Jésus ressuscite Lazare. Les Juifs veulent perdre Jésus. Caïphe prophétise. Jésus se retire à Éphrem. Les Juifs cherchent l’occasion de le prendre.

(hi) 1 Erat autem quidam languens Lázarus a Bethanía, de castéllo Maríæ et Marthæ soróris ejus.

1. Or il y avait un certain malade, Lazare, de Béthanie, du bourg où demeuraient Marie et Marthe sa sœur.

2 (María autem erat quæ unxit Dóminum unguénto, et extérsit pedes ejus capíllis suis : cujus frater Lázarus infirmabátur.)

2. (Marie était celle qui oignit le Seigneur de parfum, et lui essuya les pieds avec ses cheveux ; et Lazare, alors malade, était son frère).

3 Misérunt ergo soróres ejus ad eum dicéntes : Dómine, ecce quem amas infirmátur.

3. Ses sœurs donc envoyèrent dire à Jésus : Seigneur, voilà que celui que vous aimez est malade.

4 Audiens autem Jesus dixit eis : Infírmitas hæc non est ad mortem, sed pro glória Dei, ut glorificétur Fílius Dei per eam.

4. Ce qu’entendant, Jésus leur dit : Cette maladie ne va pas à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu en soit glorifié.

5 Diligébat autem Jesus Martham, et sorórem ejus Maríam, et Lázarum.

5. Or Jésus aimait Marthe et sa sœur Marie, et Lazare.

6 Ut ergo audívit quia infirmabátur, tunc quidem mansit in eódem loco duóbus diébus ;

6. Ayant donc entendu dire qu’il était malade, il demeura toutefois deux jours encore au lieu où il était ;

7 deínde post hæc dixit discípulis suis : Eámus in Judǽam íterum.

7. Et après cela, il dit à ses disciples : Retournons en Judée.

8 Dicunt ei discípuli : Rabbi, nunc quærébant te Judǽi lapidáre, et íterum vadis illuc ?

8. Les disciples lui dirent : Maitre, tout à l’heure, les Juifs cherchaient à vous lapider, et vous retournez là ?

9 Respóndit Jesus : Nonne duódecim sunt horæ diéi ? Si quis ambuláverit in die, non offéndit, quia lucem hujus mundi videt :

9. Jésus répondit : N’y a-t-il pas douze heures dans le jour ? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne se heurte point, parce qu’il voit la lumière de ce monde ;

10 si autem ambuláverit in nocte, offéndit, quia lux non est in eo.

10. Mais s’il marche pendant la nuit, il se heurte, parce qu’il n’a point la lumière.

11 Hæc ait, et post hæc dixit eis : Lázarus amícus noster dormit : sed vado ut a somno éxcitem eum.

11. Il leur parla ainsi, et ensuite il leur dit : Lazare, notre ami, dort ; mais je vais le tirer de son sommeil.

12 Dixérunt ergo discípuli ejus : Dómine, si dormit, salvus erit.

12. Or ses disciples lui dirent : Seigneur, s’il dort, il guérira.

13 Díxerat autem Jesus de morte ejus : illi autem putavérunt quia de dormitióne somni díceret.

13. Jésus avait parlé de sa mort, mais eux crurent qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil.

14 Tunc ergo Jesus dixit eis maniféste : Lázarus mórtuus est :

14. Alors Jésus leur dit clairement : Lazare est mort ;

15 et gáudeo propter vos, ut credátis, quóniam non eram ibi, sed eámus ad eum.

15. Et je me réjouis à cause de vous, de ce que je n’étais pas là, afin que vous croyiez ; mais allons à lui.

16 Dixit ergo Thomas, qui dícitur Dídymus, ad condiscípulos : Eámus et nos, ut moriámur cum eo.

16. Sur quoi Thomas, qui est appelé Didyme, dit aux autres disciples : Allons, nous aussi, afin que nous mourions avec lui.

17 Venit ítaque Jesus : et invénit eum quátuor dies jam in monuménto habéntem.

17. Jésus vint donc, et il le trouva mis dans le sépulcre depuis quatre jours.

18 (Erat autem Bethanía juxta Jerosólymam quasi stádiis quíndecim.)

18. (Or Béthanie était près de Jérusalem, à environ quinze stades.)

19 Multi autem ex Judǽis vénerant ad Martham et Maríam, ut consolaréntur eas de fratre suo.

19. Cependant beaucoup de Juifs étaient venus près de Marthe et de Marie, pour les consoler de la mort de leur frère.

20 Martha ergo ut audívit quia Jesus venit, occúrrit illi : María autem domi sedébat.

20. Marthe donc, dès qu’elle eut appris que Jésus venait, alla au-devant de lui, mais Marie se tenait dans la maison.

21 Dixit ergo Martha ad Jesum : Dómine, si fuísses hic, frater meus non fuísset mórtuus :

21. Et Marthe dit donc à Jésus : Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort ;

22 sed et nunc scio quia quæcúmque popósceris a Deo, dabit tibi Deus.

22. Cependant, maintenant même, je sais que tout ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous le donnera.

23 Dicit illi Jesus : Resúrget frater tuus.

23. Jésus lui répondit : Votre frère ressuscitera.

24 Dicit ei Martha : Scio quia resúrget in resurrectióne in novíssimo die.

24. Marthe lui dit : Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.

25 Dixit ei Jesus : Ego sum resurréctio et vita : qui credit in me, étiam si mórtuus fúerit, vivet :

25. Jésus lui dit : C’est moi qui suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, quand même il serait mort, vivra ;

26 et omnis qui vivit et credit in me, non moriétur in ætérnum. Credis hoc ?

26. Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais. Croyez-vous cela ?

27 Ait illi : Utíquë Dómine, ego crédidi quia tu es Christus, Fílius Dei vivi, qui in hunc mundum venísti.

27. Elle lui répondit : Oui, Seigneur, je crois que vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant, qui êtes venu en ce monde.

28 Et cum hæc dixísset, ábiit, et vocávit Maríam sorórem suam siléntio, dicens : Magíster adest, et vocat te.

28. Après qu’elle eut dit cela, elle s’en alla et appela Marie, sa sœur, en secret, disant : Le Maitre est là, et il t’appelle.

29 Illa ut audívit, surgit cito, et venit ad eum ;

29. Ce que celle-ci ayant entendu, elle se leva promptement et vint à lui ;

30 nondum enim vénerat Jesus in castéllum : sed erat adhuc in illo loco, ubi occúrrerat ei Martha.

30. Car Jésus n’était point encore entré dans le bourg, mais il était dans le lieu où Marthe l’avait rencontré.

31 Judǽi ergo, qui erant cum ea in domo, et consolabántur eam, cum vidíssent Maríam quia cito surréxit, et éxiit, secúti sunt eam dicéntes : Quia vadit ad monuméntum, ut ploret ibi.

31. Cependant les Juifs qui étaient dans la maison avec Marie, et la consolaient, lorsqu’ils la virent se lever si promptement et sortir, la suivirent, disant : Elle va au sépulcre pour y pleurer.

32 María ergo, cum venísset ubi erat Jesus, videns eum, cécidit ad pedes ejus, et dicit ei : Dómine, si fuísses hic, non esset mórtuus frater meus.

32. Et quand Marie fut venue où était Jésus, le voyant, elle tomba à ses pieds, et lui dit : Seigneur, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort.

33 Jesus ergo, ut vidit eam plorántem, et Judǽos, qui vénerant cum ea, plorántes, infrémuit spíritu, et turbávit seípsum,

33. Mais lorsque Jésus la vit pleurant, et les Juifs qui étaient venus avec elle pleurant aussi, il frémit en son esprit, et se troubla lui-même.

34 et dixit : Ubi posuístis eum ? Dicunt ei : Dómine, veni, et vide.

34. Et il dit : Où l’avez-vous mis ? Ils lui répondirent : Seigneur, venez et voyez.

35 Et lacrimátus est Jesus.

35. Et Jésus pleura.

36 Dixérunt ergo Judǽi : Ecce quómodo amábat eum.

36. Et les Juifs dirent : Voyez comme il l’aimait !

37 Quidam autem ex ipsis dixérunt : Non póterat hic, qui apéruit óculos cæci nati, fácere ut hic non morerétur ?

37. Mais quelques-uns d’eux dirent : Ne pouvait-il pas, lui qui a ouvert les yeux d’un aveugle-né, faire que celui-ci ne mourût point ?

38 Jesus ergo rursum fremens in semetípso, venit ad monuméntum. Erat autem spelúnca, et lapis superpósitus erat ei.

38. Jésus donc frémissant de nouveau en lui-même, vint au sépulcre : c’était une grotte, et une pierre était posée dessus.

39 Ait Jesus : Tóllite lápidem. Dicit ei Martha, soror ejus qui mórtuus fúerat : Dómine, jam fœtet, quatriduánus est enim.

39. Jésus dit : Ôtez la pierre. Marthe, la sœur de celui qui était mort, lui dit : Seigneur, il sent déjà mauvais, car il est de quatre jours.

40 Dicit ei Jesus : Nonne dixi tibi quóniam si credíderis, vidébis glóriam Dei ?

40. Jésus lui répondit : Ne vous ai-je pas dit que, si vous croyiez, vous verriez la gloire de Dieu ?

41 Tulérunt ergo lápidem : Jesus autem, elevátis sursum óculis, dixit : Pater, grátias ago tibi quóniam audísti me.

41. Ils ôtèrent donc la pierre ; alors Jésus, levant les yeux en haut, dit : Mon Père, je vous rends grâces de ce que vous m’avez écouté ;

42 Ego autem sciébam quia semper me audis, sed propter pópulum qui circúmstat, dixi : ut credant quia tu me misísti.

42. Pour moi, je savais que vous m’écoutiez toujours ; mais c’est à cause de ce peuple qui m’environne que j’ai parlé, afin qu’ils croient que c’est vous qui m’avez envoyé.

43 Hæc cum dixísset, voce magna clamávit : Lázare, veni foras.

43. Ayant dit cela, il cria d’une voix forte : Lazare, viens dehors !

44 Et statim pródiit qui fúerat mórtuus, ligátus pedes, et manus ínstitis, et fácies illíus sudário erat ligáta. Dixit eis Jesus : Sólvite eum et sínite abíre.

44. Et aussitôt sortit celui qui avait été mort, lié aux pieds et aux mains de bandelettes, et le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : Déliez-le et laissez-le aller.

45 Multi ergo ex Judǽis, qui vénerant ad Maríam, et Martham, et víderant quæ fecit Jesus, credidérunt in eum.

45. Beaucoup d’entre les Juifs qui étaient venus près de Marie et de Marthe, et qui avaient vu ce que fit Jésus, crurent en lui.

(hi) 46 Quidam autem ex ipsis abiérunt ad pharisǽos, et dixérunt eis quæ fecit Jesus.

46. Mais quelques-uns d’entre eux allèrent vers les pharisiens et leur dirent ce qu’avait fait Jésus.

47 Collegérunt ergo pontífices et pharisǽi concílium, et dicébant : Quid fácimus, quia hic homo multa signa facit ?

47. Les Pontifes donc et les pharisiens assemblèrent le conseil, et ils disaient : Que faisons-nous, car cet homme opère beaucoup de miracles ?

48 Si dimíttimus eum sic, omnes credent in eum, et vénient Románi, et tollent nostrum locum, et gentem.

48. Si nous le laissons ainsi, tous croiront en lui, et les Romains viendront et ruineront notre pays et notre nation.

49 Unus autem ex ipsis, Cáiphas nómine, cum esset póntifex anni illíus, dixit eis : Vos nescítis quidquam,

49. Mais l’un d’eux, nommé Caïphe, qui était le Pontife de cette année-là, leur dit : Vous n’y entendez rien,

50 nec cogitátis quia éxpedit vobis ut unus moriátur homo pro pópulo, et non tota gens péreat.

50. Et vous ne pensez pas qu’il vous est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple, et non pas que toute la nation périsse.

51 Hoc autem a semetípso non dixit : sed cum esset póntifex anni illíus, prophetávit, quod Jesus moritúrus erat pro gente,

51. Or il ne dit pas cela de lui-même ; mais étant le pontife de cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation ;

52 et non tantum pro gente, sed ut fílios Dei, qui erant dispérsi, congregáret in unum.

52. Et non pas pour la nation seulement, mais encore pour rassembler en un les enfants de Dieu qui étaient dispersés.

53 Ab illo ergo die cogitavérunt ut interfícerent eum.

53. Dès ce jour donc ils pensèrent à le faire mourir.

54 Jesus ergo jam non in palam ambulábat apud Judǽos, sed ábiit in regiónem juxta desértum, in civitátem quæ dícitur Ephrem, et ibi morabátur cum discípulis suis.

54. C’est pourquoi Jésus ne se montrait plus en public parmi les Juifs ; mais il s’en alla dans une contrée près du désert, en une ville qui est appelée Éphrem, et il y demeurait avec ses disciples.

55 Próximum autem erat Pascha Judæórum, et ascendérunt multi Jerosólymam de regióne ante Pascha, ut sanctificárent seípsos.

55. Or la Pâque des Juifs était proche, et beaucoup d’entre eux montèrent de cette contrée à Jérusalem, avant la pâque, pour se purifier.

56 Quærébant ergo Jesum, et colloquebántur ad ínvicem, in templo stantes : Quid putátis, quia non venit ad diem festum ? Déderant autem pontífices et pharisǽi mandátum ut si quis cognóverit ubi sit, índicet, ut apprehéndant eum.

56. Ils cherchaient donc Jésus, et se disaient les uns aux autres, étant dans le temple : Que pensez-vous de ce qu’il n’est point venu pour la fête ? Or les pontifes et les pharisiens avaient donné ordre que si quelqu’un savait où il était, il le déclarât afin de le prendre.

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CHAP. XI. 2. Matth. XXVI, 7 ; Luc. VII, 37 ; Infra. XII, 3. — 24. Luc. XIV, 14 ; Supra. V, 20. — 25. Supra. VI, 40. — 35. Luc. XIX, 41. — 37. Supra. IX, 6. — 43. Is. XLIX, 9. — 49. Infra. XVIII, 14.

 

1-2. * Béthanie, voir Matth. XXI, 17. — Marie Madeleine, voir Matth. XXVII, 56. — Marthe, voir Luc. X, 38. L’Évangéliste suppose connus de ses lecteurs les détails donnés par S. Matthieu et S. Luc sur cette famille aimée du Sauveur. Voir concordances.

3. « Souvent, on dit à Jésus dans son Évangile : Venez Seigneur, et guérissez ; imposez vos mains, touchez le malade ; ici on dit simplement : Celui que vous aimez est malade. Jésus entend la voix du besoin, d’autant plus que cette manière de le prier a quelque chose, non seulement de plus respectueux et de plus soumis, mais encore de plus tendre. Qu’elle est aimable cette prière ! Pratiquons-la, principalement pour les maladies de l’âme. » (Bossuet.)

9. N’y a-t-il pas douze heures dans le jour ? Les Juifs partageaient le jour de différentes manières. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 535, 536.

16. * Didyme signifie en grec jumeau. Thomas a en hébreu le même sens. Une tradition dit qu’il avait une sœur jumelle appelée Lydie.

18. * À environ quinze stades, un peu moins de trois kilomètres.

25. C’est moi qui suis, etc. ; c’est-à-dire c’est moi qui ressuscite et qui vivifie. Pour donner plus d’énergie au discours, les Hébreux employaient souvent les noms abstraits pour les concrets.

38. * C’était une grotte. “Le tombeau de S. Lazare fut vénéré dès les premiers temps du Christianisme. La petite porte du tombeau regarde le nord. L’entrée est obscure et difficile. [On y descend par] vingt-trois marches toutes usées. Le tombeau est une grotte souterraine pratiquée dans le rocher, mais ce rocher est dissous depuis longtemps, de sorte qu’on le prendrait facilement pour de la terre argileuse, excepté la partie avoisinant l’entrée où il a conservé toute sa dureté primitive. Ce changement est cause que nous trouvons aujourd’hui ce monument revêtu d’une maçonnerie dont la voute est en ogive. [Il] se compose de deux chambres carrées, presque de même grandeur, d’à peu près trois mètres de long sur autant de large, et revêtues d’une maçonnerie assez grossière. La première est la chambre où se trouvait Notre Seigneur quand il ressuscita Lazare. Du côté de l’est, on remarque une porte cintrée qui est murée depuis des siècles. Cette porte est précisément à l’entrée primitive du tombeau. Par une ouverture qui se trouve dans la paroi nord, on peut regarder dans le sépulcre proprement dit. De cette chambre on descend par un escalier bas et étroit de trois marches dans la chambre sépulcrale. La voute en est légèrement ogivale. Quant à la couche funèbre de S. Lazare, nous ne savons plus si elle avait la forme de four à cercueil, d’auge ou de banc ; mais si l’on considère la forme carrée de la chambre, il parait probable que cette couche était un banc surmonté d’un arceau. Cette chambre était disposée pour en contenir encore deux autres, ainsi qu’on en voit ailleurs en grand nombre, chacune des trois parois ayant son banc, tandis que celle où se trouve la porte d’entrée reste libre.” (Liévin de Hamme.) — * Une pierre était posée dessus. “Selon l’usage, une pierre fermait l’entrée de la grotte ; mais le corps de Lazare était au fond de la grotte, dans une chambre sépulcrale. Une pierre recouvrait la tombe proprement dite creusée dans le roc où était le corps de Lazare. Il y avait donc deux pierres à ôter : l’une qui permettait d’entrer dans la grotte, dans le monument ; l’autre, la véritable pierre tombale, dont l’encastrement dans le roc vif se voit encore. Ce fut celle-ci que Jésus ordonna de lever et qui laissa voir Lazare les pieds et les mains enveloppés de ses suaires. L’Évangéliste n’a mentionné naturellement que la pierre tombale qui recouvrait Lazare. Jésus avait dû descendre d’abord dans le monument par un escalier profond taillé dans le roc, puis de là descendre dans la chambre sépulcrale où Lazare avait été mis.” (J.-H. Michon.)

44. * De bandelettes. On enveloppait les cadavres d’une grande quantité de bandelettes à la façon des Égyptiens.

47. * Le conseil, le sanhédrin. — * Les pontifes et les pharisiens assemblèrent le conseil. Suivant une ancienne tradition, le conseil fut assemblé à la maison de campagne de Caïphe, située sur le mont du Mauvais Conseil, qui a tiré de là son nom. Ce mont est à l’ouest de Jérusalem et forme la limite méridionale de la vallée de Ben-Hinnom.

48. * Les Romains viendront et ruineront notre pays. — « Les Romains viendront, et ils détruiront notre ville, notre temple et toute notre nation. C’est le prétexte dont ils couvraient leur intérêt caché et leur ambition. Le bien public impose aux hommes, et peut-être que les pontifes et les pharisiens en étaient véritablement touchés, car la politique mal entendue est le moyen le plus sûr pour jeter les hommes dans l’aveuglement et les faire résister à Dieu. “On voit ici tous les. caractères de la fausse politique et une imitation de la bonne, mais à contre-sens. La véritable politique est prévoyante et par là se montre sage. Ceux-ci font aussi les sages et les prévoyants : Les Romains viendront. Ils viendront, il est vrai, non pas comme vous pensez, parce qu’on aura reconnu le Sauveur ; mais au contraire, parce qu’on aura manqué de le reconnaitre. La nation périra : vous l’avez bien prévu ; elle périra en effet ; mais ce sera par les moyens dont vous prétendiez vous servir pour la sauver, tant est aveugle votre politique et votre prévoyance. La politique est habile et capable : ceux-ci font les capables. Voyez avec quel air de capacité Caïphe disait : Vous n’y entendez rien ; il n’y entendait rien lui-même. Il faut qu’un homme meure pour le peuple ; il disait vrai, mais c’était d’une autre façon qu’il ne l’entendait. La politique sacrifie le bien particulier au bien public, et cela est juste jusqu’à un certain point. Il faut qu’un homme meure pour le peuple : il entendait qu’on pouvait condamner un innocent au dernier supplice, sous prétexte du bien public, ce qui n’est jamais permis, car au contraire le sang innocent crie vengeance contre ceux qui le répandent. La grande habileté des politiques, c’est de donner de beaux prétextes à leurs mauvais desseins. Il n’y a point de prétexte plus spécieux que le bien public, que les pontifes et leurs adhérents font semblant de se proposer. Mais Dieu les confondit, et leur politique ruina le temple, la ville, la nation, qu’ils faisaient semblant de vouloir sauver. » (Bossuet.)

49. * « Que signifient ces mots de S. Jean sur Caïphe : il était le pontife de cette année-là ? Les interprètes se divisent dans l’explication de ce passage. Suivant un certain nombre, par ces mots, Póntifex anni illíus, répétés encore plus loin, S. Jean voudrait indiquer que c’était la première année du pontificat de Caïphe, le Sadducéen. Suivant d’autres, son intention serait de faire sentir l’avilissement du pontificat juif, sujet à passer, presque chaque année d’une personne à une autre, au gré des gouverneurs romains, et perdant à la fois l’inamovibilité, la considération et la sainteté. Plusieurs croient qu’il signale cette année entre les autres parce qu’elle a été marquée par des évènements d’une suprême importance, surtout par la substitution du sacerdoce de Jésus-Christ à celui d’Aaron. Toutes ces interprétations sont plausibles à quelque degré. Mais il ne parait pas qu’on puisse supposer qu’Anne et Caïphe exerçaient alternativement le pontificat d’année en année. On n’a aucun exemple d’un pareil fait. S’il est dit dans les Actes qu’Anne était prince des prêtres, cela signifie seulement qu’il était à la tête d’une famille sacerdotale ; car S. Luc distingue parfaitement en cet endroit le grand-prêtre des princes des prêtres. Quant à la liaison qu’établit S. Jean entre la prophétie de Caïphe et son titre de grand-prêtre : “étant le pontife de cette année-là, il prophétisa”, il ne pouvait en être assuré que par révélation. C’était bien l’usage de recourir aux grands-prêtres dans les cas difficiles pour connaitre la volonté de Dieu, et l’Écriture en certains endroits semble leur attribuer des lumières surnaturelles. Mais rien n’autorise à dire que le don de prophétie fut une de leurs attributions. D’ailleurs ce mot de S. Jean, “il prophétisa”, ne doit pas se prendre à la lettre, dit S. Thomas. Ce qui résulte des paroles de l’évangéliste, c’est que l’immolation du Sauveur a été décidée par celui qui avait charge d’offrir chaque année le sacrifice d’expiation pour le peuple. Le grand-prêtre désigne bien ici et immole en quelque façon la victime divine qui va satisfaire pour les péchés du monde entier. En cela, il est, sans le savoir, l’instrument du ciel et l’organe de l’esprit de Dieu. » (L. Bacuez.)

52. Les enfants de Dieu : l’Évangéliste appelle ainsi les Gentils par anticipation.

54. * Éphrem, ville dont la situation n’est pas bien connue. Elle était dans le voisinage de Béthel, d’après Josèphe, et par conséquent au nord de Jérusalem.

55. * La Pâque des Juifs. Voir Matth. XXVI, 2. — Pour se purifier ; ceux qui avaient commis quelque faute, encouru quelque impureté légale, désiraient se purifier d’avance à Jérusalem, afin de pouvoir, immédiatement après, célébrer convenablement la Pâque.

²

Jn 12

*jn12

CHAPITRE XII

Marie parfume les pieds de Jésus. Murmures de Judas. Les Juifs veulent tuer Lazare. Entrée de Jésus à Jérusalem ; des gentils demandent à le voir. Discours de Jésus à cette occasion. Trouble de Jésus. Voix du ciel. Puissance de la croix. Marcher pendant la lumière. Incrédulité des Juifs. La parole de Jésus condamnera ceux qui ne la reçoivent point.

(hi) 1 Jesus ergo ante sex dies Paschæ venit Bethaníam, ubi Lázarus fúerat mórtuus, quem suscitávit Jesus.

1. Jésus donc, six jours avant la pâque, vint à Béthanie, où était mort Lazare qu’avait ressuscité Jésus.

(hi) 2 Fecérunt autem ei cœnam ibi, et Martha ministrábat, Lázarus vero unus erat ex discumbéntibus cum eo.

2. On lui prépara là un souper ; Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui.

3 María ergo accépit libram unguénti nardi pístici pretiósi, et unxit pedes Jesu, et extérsit pedes ejus capíllis suis : et domus impléta est ex odóre unguénti.

3. Or Marie prit une livre de parfum d’un nard pur de grand prix ; elle en oignit les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux, et la maison fut remplie de l’odeur du parfum.

4 Dixit ergo unus ex discípulis ejus, Judas Iscariótes, qui erat eum traditúrus :

4. Alors un de ses disciples, Judas Iscariote, qui allait le trahir, dit :

5 Quare hoc unguéntum non véniit trecéntis denáriis, et datum est egénis ?

5. Pourquoi ce parfum n’a-t-il pas été vendu trois cents deniers, et n’a-t-il pas été donné aux pauvres ?

6 Dixit autem hoc, non quia de egénis pertinébat ad eum, sed quia fur erat, et lóculos habens, ea quæ mittebántur, portábat.

6. Or il dit cela, non qu’il se souciât des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et qu’ayant la bourse, il portait ce qu’on y mettait.

7 Dixit ergo Jesus : Sínite illam ut in diem sepultúræ meæ servet illud.

7. Jésus dit donc : Laissez-la réserver ce parfum pour le jour de ma sépulture.

8 Páuperes enim semper habétis vobíscum : me autem non semper habétis.

8. Car, les pauvres, vous les avez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’avez pas toujours.

9 Cognóvit ergo turba multa ex Judǽis quia illic est, et venérunt, non propter Jesum tantum, sed ut Lázarum vidérent, quem suscitávit a mórtuis.

9. Une grande multitude de Juifs sut qu’il était là ; et ils y vinrent, non à cause de Jésus seulement, mais pour voir Lazare, qu’il avait ressuscité d’entre les morts.

10 Cogitavérunt autem príncipes sacerdótum ut et Lázarum interfícerent :

10. Les princes des prêtres songèrent donc à faire mourir Lazare lui-même,

11 quia multi propter illum abíbant ex Judǽis, et credébant in Jesum.

11. Parce que beaucoup d’entre les Juifs se retiraient d’eux à cause de lui, et croyaient en Jésus.

(hi) 12 In crástinum autem, turba multa quæ vénerat ad diem festum, cum audíssent quia venit Jesus Jerosólymam,

12. Le lendemain, une foule nombreuse qui était venue pour la fête, ayant appris que Jésus venait à Jérusalem.

13 accepérunt ramos palmárum, et processérunt óbviam ei, et clamábant : Hosánna, benedíctus qui venit in nómine Dómini, rex Israël.

13. Prit des rameaux de palmiers, et alla au-devant de lui, criant : Hosanna, béni celui qui vient au nom du Seigneur, comme roi d’Israël !

14 Et invénit Jesus aséllum, et sedit super eum, sicut scriptum est :

14. Et Jésus trouva un ânon, et s’assit dessus, comme il est écrit :

15 Noli timére, fília Sion : ecce rex tuus venit sedens super pullum ásinæ.

15. Ne craignez point, filles de Sion, voici votre roi qui vient, assis sur le petit d’une ânesse.

16 Hæc non cognovérunt discípuli ejus primum : sed quando glorificátus est Jesus, tunc recordáti sunt quia hæc erant scripta de eo, et hæc fecérunt ei.

16. Ses disciples ne comprirent point ceci d’abord ; mais quand Jésus fut entré dans sa gloire, alors ils se souvinrent que ces choses étaient écrites de lui, et qu’ils les lui avaient appliquées.

17 Testimónium ergo perhibébat turba, quæ erat cum eo quando Lázarum vocávit de monuménto, et suscitávit eum a mórtuis.

17. Or c’est ainsi que rendait témoignage la multitude qui était avec lui lorsqu’il appela Lazare du tombeau et le ressuscita d’entre les morts.

18 Proptérea et óbviam venit ei turba : quia audiérunt fecísse hoc signum.

18. C’est pour cela aussi que la foule vint au-devant de lui, parce qu’ils avaient appris qu’il avait fait ce miracle.

19 Pharisǽi ergo dixérunt ad semetípsos : Vidétis quia nihil profícimus ? ecce mundus totus post eum ábiit.

19. Les pharisiens se dirent donc entre eux : Voyez-vous que nous ne gagnons rien ? voilà que tout le monde court après lui.

(hi) 20 Erant autem quidam gentíles, ex his qui ascénderant ut adorárent in die festo.

20. Or il y avait quelques gentils, de ceux qui étaient venus adorer à la fête.

21 Hi ergo accessérunt ad Philíppum, qui erat a Bethsáida Galilǽæ, et rogábant eum, dicéntes : Dómine, vólumus Jesum vidére.

21. Ceux-ci s’approchèrent de Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et ils le priaient disant : Seigneur, nous voudrions voir Jésus.

22 Venit Philíppus, et dicit Andréæ ; Andréas rursum et Philíppus dixérunt Jesu.

22. Philippe vint et le dit à André ; puis André et Philippe le dirent à Jésus.

23 Jesus autem respóndit eis, dicens : Venit hora, ut clarificétur Fílius hóminis.

23. Et Jésus leur répondit, disant : L’heure est venue que le Fils de l’homme doit être glorifié.

24 Amen, amen dico vobis, nisi granum fruménti cadens in terram, mórtuum fúerit,

24. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de froment, tombant sur la terre, ne meurt pas,

25 ipsum solum manet : si autem mórtuum fúerit, multum fructum affert. Qui amat ánimam suam, perdet eam ; et qui odit ánimam suam in hoc mundo, in vitam ætérnam custódit eam.

25. Il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. Celui qui aime sa vie la perdra ; et celui qui hait sa vie en ce monde, la conservera pour la vie éternelle.

26 Si quis mihi minístrat, me sequátur, et ubi sum ego, illic et miníster meus erit. Si quis mihi ministráverit, honorificábit eum Pater meus.

26. Si quelqu’un me sert, qu’il me suive, et où je suis, là sera aussi mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.

27 Nunc ánima mea turbáta est. Et quid dicam ? Pater, salvífica me ex hac hora. Sed proptérea veni in horam hanc :

27. Maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je ? Mon Père, délivrez-moi de cette heure. Mais c’est pour cela que je suis venu en cette heure.

28 Pater, clarífica nomen tuum. Venit ergo vox de cælo : Et clarificávi, et íterum clarificábo.

28. Mon Père, glorifiez votre nom. Vint donc une voix du ciel : Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore.

29 Turba ergo, quæ stabat, et audíerat, dicébat tonítruum esse factum. Alii dicébant : Angelus ei locútus est.

29. Or la foule qui était là et qui avait entendu disait : C’est le tonnerre. D’autres disaient : Un ange lui a parlé.

30 Respóndit Jesus, et dixit : Non propter me hæc vox venit, sed propter vos.

30. Jésus répondit et dit : Ce n’est pas pour moi que cette voix est venue, mais pour vous.

31 Nunc judícium est mundi : nunc princeps hujus mundi ejiciétur foras.

31. C’est maintenant le jugement du monde, maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors.

32 Et ego, si exaltátus fúero a terra, ómnia traham ad meípsum.

32. Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai toutes les choses à moi ;

33 (Hoc autem dicébat, signíficans qua morte esset moritúrus.)

33. (Or il disait cela, pour marquer de quelle mort il devait mourir.)

34 Respóndit ei turba : Nos audívimus ex lege, quia Christus manet in ætérnum : et quómodo tu dicis : Opórtet exaltári Fílium hóminis ? quis est iste Fílius hóminis ?

34. Le peuple lui répondit : Nous avons appris par la loi que le Christ demeure éternellement ; et comment dis-tu, toi : Il faut que le Fils de l’homme soit élevé ? Qui est-ce Fils de l’homme ?

35 Dixit ergo eis Jesus : Adhuc módicum, lumen in vobis est. Ambuláte dum lucem habétis, ut non vos ténebræ comprehéndant ; et qui ámbulat in ténebris, nescit quo vadat.

35. Jésus leur dit donc : C’est pour un peu de temps encore que la lumière est au milieu de vous. Marchez pendant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous surprennent ; celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va.

(hi) 36 Dum lucem habétis, crédite in lucem, ut fílii lucis sitis. Hæc locútus est Jesus, et ábiit et abscóndit se ab eis.

36. Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez des enfants de lumière. Jésus dit ces choses, puis il s’en alla, et se cacha d’eux.

37 Cum autem tanta signa fecísset coram eis, non credébant in eum ;

37. Mais quoiqu’il eût fait de si grands miracles devant eux, ils ne croyaient pas en lui ;

38 ut sermo Isaíæ prophétæ implerétur, quem dixit :

38. Afin que fût accomplie la parole que le prophète Isaïe a dite :

Dómine, quis crédidit audítui nostro ?

Seigneur, qui a cru à ce qu’il a entendu de nous ?

et bráchium Dómini cui revelátum est ?

Et le bras du Seigneur, à qui a-t-il été révélé ?

39 Proptérea non póterant crédere, quia íterum dixit Isaías :

39. C’est pourquoi ils ne pouvaient croire ; et parce que Isaïe a dit encore :

40 Excæcávit óculos eórum, et indurávit cor eórum

40. Il a aveuglé leurs yeux et endurci leurs cœurs,

ut non vídeant óculis, et non intélligant corde,

pour qu’ils ne voient des yeux, et ne comprennent du cœur,

et convertántur, et sanem eos.

et qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse.

41 Hæc dixit Isaías, quando vidit glóriam ejus, et locútus est de eo.

41. Isaïe a dit ces choses quand il a vu sa gloire et qu’il a parlé de lui.

42 Verúmtamen et ex princípibus multi credidérunt in eum : sed propter pharisǽos non confitebántur, ut e synagóga non ejiceréntur.

42. Cependant, même parmi les chefs du peuple, beaucoup crurent en lui ; mais à cause des pharisiens, ils ne le confessaient point, de peur d’être rejetés de la synagogue ;

43 Dilexérunt enim glóriam hóminum magis quam glóriam Dei.

43. Car ils aimèrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu.

44 Jesus autem clamávit, et dixit : Qui credit in me, non credit in me, sed in eum qui misit me.

44. Mais Jésus s’écria et dit : Qui croit en moi ne croit pas en moi, mais en celui qui m’a envoyé.

45 Et qui videt me, videt eum qui misit me.

45. Et qui me voit, voit celui qui m’a envoyé.

46 Ego lux in mundum veni, ut omnis qui credit in me, in ténebris non máneat.

46. Moi, la lumière, je suis venu dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure point dans les ténèbres.

47 Et si quis audíerit verba mea, et non custodíerit, ego non júdico eum ; non enim veni ut júdicem mundum, sed ut salvíficem mundum.

47. Et si quelqu’un entend mes paroles et ne les garde point, je ne le juge pas, moi, car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde.

48 Qui spernit me et non áccipit verba mea, habet qui júdicet eum. Sermo quem locútus sum, ille judicábit eum in novíssimo die.

48. Celui qui me méprise et ne reçoit pas mes paroles, a qui le juge : la parole que j’ai annoncée sera elle-même son juge au dernier jour.

49 Quia ego ex meípso non sum locútus, sed qui misit me, Pater, ipse mihi mandátum dedit quid dicam et quid loquar.

49. Parce que je n’ai point parlé de moi-même, mais mon Père qui m’a envoyé lui-même m’a prescrit ce que je dois dire et ce dont je dois parler.

50 Et scio quia mandátum ejus vita ætérna est : quæ ergo ego loquor, sicut dixit mihi Pater, sic loquor.

50. Et je sais que son commandement est la vie éternelle. Ainsi ce que je dis, je le dis comme mon Père me l’a ordonné.

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CHAP. XII. 1. Matth. XXVI, 6 ; Marc. XIV, 3. — 14. Zach. IX, 9 ; Matth. XXI, 7 ; Marc. XI, 7 ; Luc. XIX, 35. — 25. Matth. X, 39 ; XVI, 25 ; Marc. VIII, 35 ; Luc. IX, 24 ; XVII, 33 ; I Cor. XV, 36. — 34. Ps. CIX, 4 ; CXVI, 2 ; Is. XL, 8 ; Ezech. XXXVII, 25. — 38. Is. LIII, 1 ; Rom. X, 16. — 40. Is. VI, 9-10 ; Matth. XIII, 14 ; Marc. IV, 12 ; Luc. VIII, 10 ; Act. XXVIII, 26 ; Rom. XI, 8. — 48. Marc. XVI, 16.

 

3. * Une livre de parfum. Voir note sur Matth. XXVI, 7. La livre valait 326 grammes. Les vases à parfum trouvés à Saïda peuvent contenir plus d’une livre de parfum. — Nard. Voir note sur Marc. XIV, 3.

5. Trois cents deniers. Voy. Marc. XIV, 5.

12. Le lendemain, dimanche ; c’était le jour où, d’après la Loi (Ex. XII, 3-6), on choisissait l’agneau qui devait être immolé pour la Pâque. N.-S. voulut entrer triomphalement dans la capitale, afin de montrer à tous qu’il était le Messie annoncé par les Prophètes, et d’attirer sur sa personne, sur sa passion et sa mort l’attention de tous ceux qui étaient alors à Jérusalem.

13. Comme roi d’Israël. C’est le vrai sens du texte. Compar. Luc. XIX, 38. — * Hosanna. Voir Matth. XXI, 9.

21.* Bethsaïde en Galilée. Voir Matth. XI, 21.

25. Sa vie, litt. son âme (anima), principe de la vie terrestre. Haïr son âme, c’est faire toute espèce de sacrifices, accepter toute espèce de souffrances, pour rester fidèle à Dieu et conserver sa grâce. Ces fortes expressions renferment à la fois le précepte et le conseil. — Il reste seul. Belle expression pour rendre l’idée d’infécondité, de stérilité complète.

39. Ils ne pouvaient croire. Voy. Marc. IV, 12. — Isaïe a dit encore, chap. VI, 9.

40. « Dans le style biblique, ce que Dieu permet seulement, ou ce dont il fournit l’occasion est souvent présenté comme s’il l’avait fait lui-même. Le passage cité revient donc à dire que les Juifs ne seront amenés ni par la doctrine, ni par les miracles de Jésus, à le regarder comme le Messie. Quoique Isaïe (VI, 9-10) semble parler de ses contemporains, l’Évangéliste nous apprend que ses paroles ont un sens prophétique et regardent les Juifs du temps de N.-S., trop semblables à leurs pères. Comp. Matth. XIII, 14-15. » (Crampon)

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Jn 13

*jn13

CHAPITRE XIII

Dernière cène de Jésus-Christ. Il lave les pieds à ses apôtres. Prédiction de la trahison de Judas. Glorification de Jésus. Commandement de l’amour. Renoncement de saint Pierre prédit.

(hi) 1 Ante diem festum Paschæ, sciens Jesus quia venit hora ejus ut tránseat ex hoc mundo ad Patrem : cum dilexísset suos, qui erant in mundo, in finem diléxit eos.

1. Avant la fête de la pâque, Jésus sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, comme il avait aimé les siens, qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin.

2 Et cœna facta, cum diábolus jam misísset in cor ut tráderet eum Judas Simónis Iscariótæ :

2. Et le souper fini, lorsque déjà le diable avait mis dans le cœur de Judas fils de Simon Iscariote de le trahir ;

3 sciens quia ómnia dedit ei Pater in manus, et quia a Deo exívit, et ad Deum vadit :

3. Sachant que son Père lui avait remis toutes choses entre les mains, et qu’il était sorti de Dieu et retournait à Dieu,

4 surgit a cœna, et ponit vestiménta sua, et cum accepísset línteum, præcínxit se.

4. Il se leva de souper, posa ses vêtements, et ayant pris un linge, il s’en ceignit.

5 Deínde mittit aquam in pelvim, et cœpit laváre pedes discipulórum, et extérgere línteo, quo erat præcínctus.

5. Ensuite il versa de l’eau dans un bassin, et commença à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint ;

6 Venit ergo ad Simónem Petrum. Et dicit ei Petrus : Dómine, tu mihi lavas pedes ?

6. Il vint à Simon Pierre, et Pierre lui dit : Vous, Seigneur, vous me lavez les pieds ?

7 Respóndit Jesus, et dixit ei : Quod ego fácio, tu nescis modo : scies autem póstea.

7. Jésus répondit et lui dit : Tu ne sais pas maintenant ce que je fais ; mais tu le sauras plus tard.

8 Dicit ei Petrus : Non lavábis mihi pedes in ætérnum. Respóndit ei Jesus : Si non lávero te, non habébis partem mecum.

8. Pierre lui dit : Jamais vous ne me laverez les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi.

9 Dicit ei Simon Petrus : Dómine, non tantum pedes meos, sed et manus, et caput.

9. Simon Pierre lui dit : Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête.

10 Dicit ei Jesus : Qui lotus est, non índiget nisi ut pedes lavet, sed est mundus totus. Et vos mundi estis, sed non omnes.

10. Jésus lui dit : Celui qui a été lavé n’a besoin que de laver ses pieds, et il est entièrement pur. Vous aussi, vous êtes purs, mais non pas tous.

11 Sciébat enim quisnam esset qui tráderet eum ; proptérea dixit : Non estis mundi omnes.

11. Car il savait celui qui le trahirait ; c’est pourquoi il dit : Vous n’êtes pas tous purs.

12 Postquam ergo lavit pedes eórum, et accépit vestiménta sua, cum recubuísset íterum, dixit eis : Scitis quid fécerim vobis ?

12. Après donc qu’il leur eut lavé les pieds, et qu’il eut repris ses vêtements, s’étant recouché, il leur dit : Savez-vous ce que je viens de vous faire ?

13 Vos vocátis me Magíster et Dómine, et bene dícitis : sum étenim.

13. Vous m’appelez vous-mêmes Maitre et Seigneur ; et vous dites bien, car je le suis.

14 Si ergo ego lavi pedes vestros, Dóminus et Magíster, et vos debétis alter altérius laváre pedes.

14. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi votre Maitre et votre Seigneur, vous devez, vous aussi, vous laver les pieds les uns aux autres.

15 Exémplum enim dedi vobis, ut quemádmodum ego feci vobis, ita et vos faciátis.

15. Car je vous ai donné l’exemple, afin que, comme je vous ai fait, vous fassiez aussi vous-mêmes.

16 Amen, amen dico vobis : non est servus major dómino suo : neque apóstolus major est eo qui misit illum.

16. En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son maitre, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé.

17 Si hæc scitis, beáti éritis si fecéritis ea.

17. Si vous savez ces choses, vous serez heureux, pourvu que vous les pratiquiez.

18 Non de ómnibus vobis dico : ego scio quos elégerim ; sed ut adimpleátur Scriptúra : Qui mandúcat mecum panem, levábit contra me calcáneum suum.

18. Je ne dis pas ceci de vous tous ; je sais bien ceux que j’ai choisis ; mais c’est pour que s’accomplisse l’Écriture : Celui qui mange le pain avec moi, lèvera contre moi son pied.

19 Amodo dico vobis, priúsquam fiat : ut cum factum fúerit, credátis quia ego sum.

19. Je vous le dis à présent, avant que cela arrive, afin que lorsque ce sera arrivé, vous croyiez à que je suis.

20 Amen, amen dico vobis : qui áccipit si quem mísero, me áccipit ; qui autem me áccipit, áccipit eum qui me misit.

20. En vérité, en vérité, je vous le dis : Qui reçoit celui que j’aurai envoyé, me reçoit ; et qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.

(hi) 21 Cum hæc dixísset Jesus, turbátus est spíritu : et protestátus est, et dixit : Amen, amen dico vobis, quia unus ex vobis tradet me.

21. Lorsqu’il eut dit ces choses, Jésus fut troublé en son esprit ; puis il parla ouvertement et dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, un de vous me trahira.

22 Aspiciébant ergo ad ínvicem discípuli, hæsitántes de quo díceret.

22. Les disciples donc se regardaient l’un l’autre, incertains de qui il parlait,

(hi) 23 Erat ergo recúmbens unus ex discípulis ejus in sinu Jesu, quem diligébat Jesus.

23. Or un des disciples de Jésus, que Jésus aimait, reposait sur son sein.

24 Innuit ergo huic Simon Petrus, et dixit ei : Quis est, de quo dicit ?

24. Simon Pierre lui fit donc signe et lui dit : Qui est celui dont il parle ?

25 Itaque cum recubuísset ille supra pectus Jesu, dicit ei : Dómine, quis est ?

25. C’est pourquoi ce disciple s’étant penché sur le sein de Jésus, lui dit : Seigneur, qui est-ce ?

26 Respóndit Jesus : Ille est cui ego intínctum panem porréxero. Et cum intinxísset panem, dedit Judæ Simónis Iscariótæ.

26. Jésus répondit : C’est celui à qui je présenterai du pain trempé. Et ayant trempé du pain, il le donna à Judas Iscariote, fils de Simon.

27 Et post buccéllam, introívit in eum Satanás. Et dixit ei Jesus : Quod facis, fac cítius.

27. Or après une bouchée, Satan entra en lui, et Jésus lui dit : Ce que tu fais, fais-le vite.

28 Hoc autem nemo scivit discumbéntium ad quid díxerit ei.

28. Mais aucun de ceux qui étaient à table ne sut pourquoi il lui dit cela.

29 Quidam enim putábant, quia lóculos habébat Judas, quod dixísset ei Jesus : Eme ea quæ opus sunt nobis ad diem festum : aut egénis ut áliquid daret.

29. Car quelques-uns pensaient que comme Judas avait la bourse, Jésus lui avait dit : Achète ce dont nous avons besoin pour la fête, ou donne quelque chose aux pauvres.

30 Cum ergo accepísset ille buccéllam, exívit contínuo. Erat autem nox.

30. Judas ayant donc pris cette bouchée sortit aussitôt. Or il était nuit.

(hi) 31 Cum ergo exísset, dixit Jesus : Nunc clarificátus est Fílius hóminis, et Deus clarificátus est in eo.

31. Lorsqu’il fut sorti, Jésus dit : Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui.

32 Si Deus clarificátus est in eo, et Deus clarificábit eum in semetípso : et contínuo clarificábit eum.

32. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et c’est bientôt qu’il le glorifiera.

33 Filíoli, adhuc módicum vobíscum sum. Quærétis me ; et sicut dixi Judǽis, quo ego vado, vos non potéstis veníre : et vobis dico modo.

33. Mes petits enfants, je ne suis que pour peu de temps encore avec vous. Vous me chercherez, et comme j’ai dit aux Juifs : Où je vais, vous ne pouvez venir ; je vous le dis aussi à vous maintenant.

34 Mandátum novum do vobis : ut diligátis ínvicem : sicut diléxi vos, ut et vos diligátis ínvicem.

34. Je vous donne un commandement nouveau : C’est que vous vous aimiez les uns les autres ; mais que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés.

35 In hoc cognóscent omnes quia discípuli mei estis, si dilectiónem habuéritis ad ínvicem.

35. C’est en cela que tous connaitront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.

(hi) 36 Dicit ei Simon Petrus : Dómine, quo vadis ? Respóndit Jesus : Quo ego vado non potes me modo sequi : sequéris autem póstea.

36. Simon Pierre lui dit : Seigneur, où allez-vous ? Jésus répondit : Où je vais, tu ne peux me suivre à présent ; mais tu me suivras ensuite.

37 Dicit ei Petrus : Quare non possum te sequi modo ? ánimam meam pro te ponam.

37. Pierre lui dit : Pourquoi ne puis-je vous suivre à présent ? Je donnerai mon âme pour vous.

38 Respóndit ei Jesus : Animam tuam pro me pones ? amen, amen dico tibi : non cantábit gallus, donec ter me neges.

38. Jésus lui répondit : Tu donneras ton âme pour moi ? En vérité, en vérité, je te le dis, un coq ne chantera pas que tu ne m’aies renié trois fois.

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CHAP. XIII. 1. Matth. XXVI, 2 ; Marc. XIV, 1 ; Luc. XXII, 1. — 16. Matth. X, 24 ; Luc. VI, 40 ; Infra. XV, 20. — 18. Ps. XL, 10. — 20. Matth. X, 40 ; Marc. IX, 36 ; Luc. X, 16. — 21. Matth. XXVI, 21 ; Marc. XIV, 18 ; Luc. XXII, 21. — 33. Supra. VII, 34. — 34. Lev. XIX, 18 ; Matth. XXII, 39 ; Infra. XV, 12. — 37. Matth. XXVI, 35 ; Marc. XIV, 29 ; Luc. XXII, 33.

 

1. * La fête de la Pâque. Voir note sur Matth. XXVI, 2.

4. * Ses vêtements. L’ample vêtement qu’on portait par-dessus la tunique, son manteau, comme dit le texte original. — Un linge, une serviette de lin, dit le texte.

18. L’Écriture. Ps. XL, 10. — Mange le pain. Voy. sur le sens de cette expression, Matth. XV, 2.

23. Les Juifs alors se mettaient à table couchés sur des lits, et placés les uns au-dessous des autres, en sotte que saint Jean, placé au-dessous de Jésus, devait avoir la tête sur le sein du Sauveur.

26. * Du pain trempé. Les Orientaux mangent sans cuillers et sans fourchettes. Le pain leur lient lieu de cuiller pour prendre la sauce ou les légumes que tous les convives puisent directement pour chaque bouchée dans le plat. Jésus trempa un morceau de pain de cette manière dans le plat et l’offrit à Judas.

34. « L’ancien Testament disait : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” (Lev. XIX, 18) ; l’amour de soi était donc la mesure de l’amour du prochain. Mais le type et la règle de la charité chrétienne, c’est l’amour même que Jésus a eu pour les hommes, un amour généreux, désintéressé, qui affronte le mépris et la souffrance, et va jusqu’à donner même sa vie. C’est donc là un commandement nouveau, si l’on considère la mesure et le degré de charité. Ces paroles du Sauveur ont eu leur réalisation. “Voyez comme ils s’aiment”, disaient les païens à la vue des premières communautés chrétiennes (Tertullien). » (Crampon)

37. Mon âme ; d’autres traduisent : ma vie ; mais la première expression, qui est celle de la Vulgate et du texte grec, dit bien plus que la première.

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Jn 14

*jn14

CHAPITRE XIV

Sermon après la cène. Jésus va préparer un lieu à ses disciples. Il est la voie, la vérité et la vie. Qui le voit, voit son Père. Il fera ce qui sera demandé en son nom. Caractère de l’amour. Promesse de l’Esprit consolateur. Observation des commandements. Le Saint-Esprit enseigne toutes choses. Paix de Dieu. Amour et obéissance de Jésus.

1 Non turbétur cor vestrum. Créditis in Deum, et in me crédite.

1. Que votre cœur ne se trouble point. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.

2 In domo Patris mei mansiónes multæ sunt ; si quóminus dixíssem vobis : quia vado paráre vobis locum.

2. Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père ; sinon, je vous l’aurais dit, car je vais vous préparer un lieu.

3 Et si abíero, et præparávero vobis locum, íterum vénio, et accípiam vos ad meípsum : ut ubi sum ego, et vos sitis.

3. Et quand je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé un lieu, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous soyez aussi.

4 Et quo ego vado scitis, et viam scitis.

4. Or où moi je vais, vous le savez, et vous en savez la voie.

5 Dicit ei Thomas : Dómine, nescímus quo vadis : et quómodo póssumus viam scire ?

5. Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons où vous allez ; et comment pouvons-nous en savoir la voie ?

6 Dicit ei Jesus : Ego sum via, et véritas, et vita. Nemo venit ad Patrem, nisi per me.

6. Jésus lui répondit : Moi je suis la voie, la vérité et la vie. Personne ne vient à mon Père que par moi.

7 Si cognovissétis me, et Patrem meum útique cognovissétis : et ámodo cognoscétis eum, et vidístis eum.

7. Si vous m’eussiez connu, vous auriez donc connu mon Père ; mais bientôt vous le connaitrez et vous l’avez déjà vu.

8 Dicit ei Philíppus : Dómine, osténde nobis Patrem, et súfficit nobis.

8. Philippe lui dit : Seigneur, montrez-nous votre Père, et il nous suffit.

9 Dicit ei Jesus : Tanto témpore vobíscum sum, et non cognovístis me ? Philíppe, qui videt me, videt et Patrem. Quómodo tu dicis : Osténde nobis Patrem ?

9. Jésus lui répondit : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, qui me voit, voit aussi mon Père. Comment dis-tu, toi : Montrez-nous votre Père ?

10 Non créditis quia ego in Patre, et Pater in me est ? Verba quæ ego loquor vobis, a meípso non loquor. Pater autem in me manens, ipse fecit ópera.

10. Ne croyez-vous point que je suis en mon Père, et que mon Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même. Mais mon Père, qui demeure en moi, fait lui-même les œuvres.

11 Non créditis quia ego in Patre, et Pater in me est ?

11. Ne croyez-vous point que je suis dans mon Père, et que mon Père est en moi ?

12 alióquin propter ópera ipsa crédite. Amen, amen dico vobis, qui credit in me, ópera quæ ego fácio, et ipse fáciet, et majóra horum fáciet : quia ego ad Patrem vado.

12. Croyez-le au moins à cause de mes œuvres. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi lui-même les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes encore, parce que je m’en vais à mon Père.

13 Et quodcúmque petiéritis Patrem in nómine meo, hoc fáciam : ut glorificétur Pater in Fílio.

13. Et quelque chose que vous demandiez à mon Père en mon nom, je le ferai ; afin que le Père soit glorifié dans le Fils.

14 Si quid petiéritis me in nómine meo, hoc fáciam.

14. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.

15 Si dilígitis me, mandáta mea serváte :

15. Si vous m’aimez, gardez mes commandements.

(hi) 16 et ego rogábo Patrem, et álium Paráclitum dabit vobis, ut máneat vobíscum in ætérnum,

16. Et moi je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il demeure éternellement avec vous,

17 Spíritum veritátis, quem mundus non potest accípere, quia non videt eum, nec scit eum : vos autem cognoscétis eum, quia apud vos manébit, et in vobis erit.

17. L’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connait pas ; mais vous, vous le connaitrez, parce qu’il demeurera au milieu de vous, et qu’il sera en vous.

18 Non relínquam vos órphanos : véniam ad vos.

18. Je ne vous laisserai point orphelins ; je viendrai à vous.

19 Adhuc módicum, et mundus me jam non videt. Vos autem vidétis me : quia ego vivo, et vos vivétis.

19. Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus. Mais vous, vous me verrez, parce que je vis et vous vivrez aussi.

20 In illo die vos cognoscétis quia ego sum in Patre meo, et vos in me, et ego in vobis.

20. En ce jour-là, vous connaitrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous.

21 Qui habet mandáta mea, et servat ea : ille est qui díligit me. Qui autem díligit me, diligétur a Patre meo : et ego díligam eum, et manifestábo ei meípsum.

21. Celui qui a mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime. Or celui qui m’aime sera aimé de mon Père, et moi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui.

22 Dicit ei Judas, non ille Iscariótes : Dómine, quid factum est, quia manifestatúrus es nobis teípsum, et non mundo ?

22. Judas, non pas l’Iscariote, lui dit : Seigneur, d’où vient que vous vous manifesterez à nous, et non au monde ?

23 Respóndit Jesus, et dixit ei : Si quis díligit me, sermónem meum servábit, et Pater meus díliget eum, et ad eum veniémus, et mansiónem apud eum faciémus ;

23. Jésus répondit et lui dit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure en lui ;

24 qui non díligit me, sermónes meos non servat. Et sermónem, quem audístis, non est meus : sed ejus qui misit me, Patris.

24. Celui qui ne m’aime point ne garde pas mes paroles. Or la parole que vous avez entendue n’est pas de moi, mais de mon Père, qui m’a envoyé.

25 Hæc locútus sum vobis apud vos manens.

25. Je vous ai dit ces choses, demeurant encore avec vous.

26 Paráclitus autem Spíritus Sanctus, quem mittet Pater in nómine meo, ille vos docébit ómnia, et súggeret vobis ómnia quæcúmque díxero vobis.

26. Mais le Paraclet, l’Esprit-Saint que mon Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.

27 Pacem relínquo vobis, pacem meam do vobis : non quómodo mundus dat, ego do vobis. Non turbétur cor vestrum, neque formídet.

27. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; mais ce n’est pas comme le monde la donne que je vous la donne moi-même. Que votre cœur ne soit pas troublé, et qu’il ne s’effraie point.

28 Audístis quia ego dixi vobis : Vado, et vénio ad vos. Si diligerétis me, gauderétis útique, quia vado ad Patrem : quia Pater major me est.

28. Vous avez entendu que je vous ai dit moi-même : Je m’en vais, et je reviens à vous. Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais à mon Père, parce que mon Père est plus grand que moi.

29 Et nunc dixi vobis priúsquam fiat : ut cum factum fúerit, credátis.

29. Et maintenant je vous le dis avant que cela arrive, afin que, quand ce sera arrivé, vous croyiez.

30 Jam non multa loquar vobíscum : venit enim princeps mundi hujus, et in me non habet quidquam.

30. Je ne vous parlerai plus guère ; car le prince de ce monde vient, et il n’a rien en moi.

31 Sed ut cognóscat mundus quia díligo Patrem, et sicut mandátum dedit mihi Pater, sic fácio. Súrgite, eámus hinc.

31. Mais afin que le monde connaisse que j’aime mon Père, et que comme mon Père m’a commandé, ainsi je fais. Levez-vous, sortons d’ici.

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CHAP. XIV. 13. Matth. VII, 7 ; XXI, 22 ; Marc. XI, 24 ; Infra. XVI, 23. — 31. Act. II, 23.

 

1. * Les discours contenus dans les chapitres XIV-XVII comptent parmi les plus beaux morceaux de l’Évangile. « Il y a un sermon de la Cène qui me parait contenir toute notre religion, dit La Harpe, où chaque parole est un oracle du ciel ; je ne l’ai jamais lu sans une émotion singulière, et que de fois je me suis dit ce que disait aux Pharisiens cet agent de la Synagogue, en s’excusant de n’avoir pas fait arrêter Jésus-Christ (Joan. VII, 46) : Que voulez-vous ? jamais homme n’a parlé comme cet Homme ! et c’est un juif qui disait cela. Quel terrible arrêt contre les chrétiens infidèles ! Il m’est impossible, à chaque verset de ce sermon, de ne pas entendre un Dieu, et j’en suis aussi sûr que si je l’avais entendu en personne. »

6. * « Comment Notre Seigneur est-il la voie, la vérité et la vie ? — Étant homme et Dieu tout ensemble, Notre Seigneur est à la fois médiateur et fin. Il possède tout ce qui nous manque, la gloire comme la grâce ; mais son office propre est de nous mettre en possession de tous les biens. Ainsi il est : 1° La voie ; puisqu’il nous offre le moyen de parvenir au ciel, soit en nous dirigeant par sa doctrine et ses exemples, soit en nous attirant par sa grâce, soit en nous y introduisant par ses mérites. 2° La vérité. Vérité absolue comme Verbe, il est devenu pour nous, comme Verbe incarné, la vérité révélée, la lumière de la foi. C’est lui seul qui connait le Père, qui le fait connaitre et qui peut mener à lui. 3° La vie. Vie essentielle et infinie, comme Dieu, il est notre vie surnaturelle, comme Homme-Dieu ; car il possède en son humanité la plénitude de la vie divine, et son but en venant parmi nous est de nous y associer, par sa grâce d’abord et par la gloire ensuite. Tous les biens sont donc réunis en sa personne et il n’y a rien à chercher hors de lui. Quand on le possède, on échappe à tous les périls, aux précipices, aux ténèbres, à la mort. Qu’on juge quelle grâce c’est de le bien connaitre et pourquoi l’Apôtre ne voulait pas d’autre science. » (L. Bacuez.)

10. Les œuvres ; que vous me voyez faire, et que vous admirez. Ainsi c’est mon Père qui parle et qui agit en moi.

12. « Des œuvres plus grandes : a. N.-S. ne sortit point de la Palestine : les Apôtres évangéliseront le monde et étendront par toute la terre la doctrine de J.-C. ; b. Les miracles de Jésus rendant la vue aux aveugles, ressuscitant les morts, etc., n’étaient que la figure des œuvres plus excellentes que devaient faire les Apôtres en administrant les sacrements, dans lesquels, non [seulement] le corps, mais l’âme est éclairée, guérie, etc. — Parce que : Jésus donnera du haut du Ciel ce pouvoir à ses Apôtres. » (Crampon, 1885)

16. Paraclet ; c’est-à-dire avocat, comme l’explique la Vulgate elle-même dans la épitre de saint Jean, chap. II, 1. — Éternellement avec vous. Ce qui prouve que l’Esprit-Saint a été promis non seulement aux apôtres, mais encore à leurs successeurs dans la suite des générations.

22. Judas, non pas l’Iscariote. Ce Judas, frère de Jacques, est communément appelé Jude, précisément pour qu’on ne le confonde pas avec Judas l’Iscariote.

26. Mais le Paraclet. Voy. au verset 16.

28. Mon Père est plus grand que moi. Jésus-Christ, en tant qu’homme, est inférieur à son Père ; mais il lui est égal en tant que Dieu.

30. Vient, pour exercer sa cruauté contre moi. — Et il n’a, etc. Et il ne trouvera rien en moi qui lui appartienne.

31. Mais je veux bien m’abandonner à sa fureur et à sa rage, afin que te monde, etc. — * Levez-vous, sortons d’ici. « Cette expression : levez-vous, sortons d’ici,ferait croire, et cela très vraisemblablement, que le reste du discours de Jésus a été tenu en chemin depuis la maison où se fit la Cène jusqu’à Gethsémani. La distance est de plus d’un kilomètre, le chemin très abrupt. » (H.-J. Michon.)

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Jn 15

*jn15

CHAPITRE XV

Suite du sermon après la cène. Jésus est la vigne ; ses disciples sont les sarments. Vie et joie en lui seul. Commandement de l’amour. Choix des disciples. Monde ennemi des fidèles. Juifs inexcusables. Témoignage de l’esprit de vérité.

1 Ego sum vitis vera, et Pater meus agrícola est.

1. Moi je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.

2 Omnem pálmitem in me non feréntem fructum, tollet eum, et omnem qui fert fructum, purgábit eum, ut fructum plus áfferat.

2. Tous les sarments qui ne portent pas de fruit en moi, il les retranchera ; et tous ceux qui portent du fruit, il les émondera, pour qu’ils portent plus de fruit encore.

3 Jam vos mundi estis propter sermónem quem locútus sum vobis.

3. Vous êtes déjà purs, vous, à cause des paroles que je vous ai dites.

4 Manéte in me, et ego in vobis. Sicut palmes non potest ferre fructum a semetípso, nisi mánserit in vite, sic nec vos, nisi in me manséritis.

4. Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne peut porter de fruit par lui-même, s’il ne demeure uni à la vigne ; ainsi vous non plus, si vous ne demeurez en moi.

5 Ego sum vitis, vos pálmites : qui manet in me, et ego in eo, hic fert fructum multum, quia sine me nihil potéstis fácere.

5. Moi je suis la vigne, et vous les sarments. Celui qui demeure en moi et moi en lui porte beaucoup de fruit ; parce que sans moi vous ne pouvez rien faire.

6 Si quis in me non mánserit, mittétur foras sicut palmes, et aréscet, et cólligent eum, et in ignem mittent, et ardet.

6. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme le sarment, et il sèchera ; et on le ramassera, et on le jettera au feu, et il brulera.

7 Si manséritis in me, et verba mea in vobis mánserint, quodcúmque voluéritis petétis, et fiet vobis.

7. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez, et il vous sera fait.

8 In hoc clarificátus est Pater meus, ut fructum plúrimum afferátis, et efficiámini mei discípuli.

8. C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit, et que vous deveniez mes disciples.

9 Sicut diléxit me Pater, et ego diléxi vos. Manéte in dilectióne mea.

9. Comme mon Père m’a aimé, moi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.

10 Si præcépta mea servavéritis, manébitis in dilectióne mea, sicut et ego Patris mei præcépta servávi, et máneo in ejus dilectióne.

10. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi-même j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour.

11 Hæc locútus sum vobis : ut gáudium meum in vobis sit, et gáudium vestrum impleátur.

11. Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit complète.

12 Hoc est præcéptum meum, ut diligátis ínvicem, sicut diléxi vos.

12. Voici mon commandement, c’est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés.

13 Majórem hac dilectiónem nemo habet, ut ánimam suam ponat quis pro amícis suis.

13. Personne n’a un plus grand amour que celui qui donne sa vie pour ses amis.

14 Vos amíci mei estis, si fecéritis quæ ego præcípio vobis.

14. Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande.

15 Jam non dicam vos servos : quia servus nescit quid fáciat dóminus ejus. Vos autem dixi amícos : quia ómnia quæcúmque audívi a Patre meo, nota feci vobis.

15. Je ne vous appellerai plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maitre. Mais je vous ai appelés mes amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaitre.

16 Non vos me elegístis, sed ego elégi vos, et pósui vos ut eátis, et fructum afferátis, et fructus vester máneat : ut quodcúmque petiéritis Patrem in nómine meo, det vobis.

16. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis, pour que vous alliez, et rapportiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom il vous le donne.

17 Hæc mando vobis : ut diligátis ínvicem.

17. Ce que je vous commande, c’est que vous vous aimiez les uns les autres.

18 Si mundus vos odit, scitóte quia me priórem vobis ódio hábuit.

18. Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a eu en haine avant vous.

19 Si de mundo fuissétis, mundus quod suum erat dilígeret : quia vero de mundo non estis, sed ego elégi vos de mundo, proptérea odit vos mundus.

19. Si vous aviez été du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n’êtes point du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, c’est pour cela que le monde vous hait.

20 Mementóte sermónis mei, quem ego dixi vobis : non est servus major dómino suo. Si me persecúti sunt, et vos persequéntur ; si sermónem meum servavérunt, et vestrum servábunt.

20. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maitre. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre.

21 Sed hæc ómnia fácient vobis propter nomen meum : quia nésciunt eum qui misit me.

21. Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom ; parce qu’ils ne connaissent point celui qui m’a envoyé.

22 Si non veníssem, et locútus fuíssem eis, peccátum non habérent : nunc autem excusatiónem non habent de peccáto suo.

22. Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse point parlé, ils n’auraient point de péché ; mais maintenant ils n’ont point d’excuse de leur péché.

23 Qui me odit, et Patrem meum odit.

23. Qui me hait, hait aussi mon Père.

24 Si ópera non fecíssem in eis quæ nemo álius fecit, peccátum non habérent : nunc autem et vidérunt, et odérunt et me, et Patrem meum.

24. Si je n’avais fait parmi eux les œuvres que nul autre n’a faites, ils n’auraient point de péchés ; mais maintenant, et ils les ont vues, et ils ont haï et moi et mon Père.

25 Sed ut adimpleátur sermo, qui in lege eórum scriptus est : Quia ódio habuérunt me gratis.

25. Mais c’est afin que s’accomplisse la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï gratuitement.

26 Cum autem vénerit Paráclitus, quem ego mittam vobis a Patre, Spíritum veritátis, qui a Patre procédit, ille testimónium perhibébit de me ;

26. Mais lorsque sera venu le Paraclet que je vous enverrai du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi ;

27 et vos testimónium perhibébitis, quia ab inítio mecum estis.

27. Et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que, dès le commencement, vous êtes avec moi.

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CHAP. XV. 3. Supra. XIII, 10. — 12. Supra. XIII, 34 ; Eph. V, 2 ; I Thess. IV, 9. — 16. Matth. XXVIII, 19. — 17. I Joan. III, 11 ; IV, 7. — 20. Supra. XIII, 16 ; Matth. X, 24 ; Matth. XXIV, 9. — 25. Ps. XXIV, 19. — 26. Luc. XXIV, 49.

 

1. * Je suis la vraie vigne. L’image de la vigne est très fréquente dans l’Écriture Sainte, parce que c’était une des cultures principales de la Palestine.

25. Cette citation peut être empruntée du Ps. LXVIII, 5 ; ou XXXIX, 9.

26. Le Paraclet. Voy. XIV, 16.

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Jn 16

*jn16

CHAPITRE XVI

Suite du sermon après la cène. Prédiction des persécutions. Promesse du Paraclet. Triple conviction qu’il doit produire, et lumière qu’il doit répandre. Prière au nom de Jésus-Christ. Confiance au milieu des tribulations.

1 Hæc locútus sum vobis, ut non scandalizémini.

1. Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez point scandalisés.

2 Absque synagógis fácient vos : sed venit hora, ut omnis qui intérficit vos arbitrétur obséquium se præstáre Deo.

2. Ils vous chasseront des synagogues ; et vient l’heure où quiconque vous fera mourir croira rendre hommage à Dieu ;

3 Et hæc fácient vobis, quia non novérunt Patrem, neque me.

3. Et ils vous feront ainsi, parce qu’ils ne connaissent ni mon Père ni moi.

4 Sed hæc locútus sum vobis, ut cum vénerit hora eórum, reminiscámini quia ego dixi vobis.

4. Or je vous ai dit ces choses, afin que lorsqu’en sera venue l’heure, vous vous souveniez que je vous les ai dites.

5 Hæc autem vobis ab inítio non dixi, quia vobíscum eram. Et nunc vado ad eum qui misit me ; et nemo ex vobis intérrogat me : Quo vadis ?

5. Mais je ne vous les ai pas dites dès le commencement, parce que j’étais encore avec vous. Et maintenant je m’en vais à celui qui m’a envoyé, et personne de vous ne me demande : Où allez-vous ?

6 sed quia hæc locútus sum vobis, tristítia implévit cor vestrum.

6. Parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur.

7 Sed ego veritátem dico vobis : éxpedit vobis ut ego vadam : si enim non abíero, Paráclitus non véniet ad vos ; si autem abíero, mittam eum ad vos.

7. Cependant moi je vous dis la vérité ; il vous est avantageux que moi je m’en aille, car si je ne m’en vais point, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai.

8 Et cum vénerit ille, árguet mundum de peccáto, et de justítia, et de judício.

8. Et lorsqu’il sera venu, il convaincra le monde en ce qui touche le péché et la justice, et le jugement :

9 De peccáto quidem, quia non credidérunt in me.

9. Le péché, parce qu’ils n’ont pas cru en moi ;

10 De justítia vero, quia ad Patrem vado, et jam non vidébitis me.

10. La justice, parce que je vais à mon Père, et que vous ne me verrez plus ;

11 De judício autem, quia princeps hujus mundi jam judicátus est.

11. Et le jugement, parce que le prince de ce monde est déjà jugé.

12 Adhuc multa hábeo vobis dícere, sed non potéstis portáre modo.

12. J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne les pouvez porter à présent.

13 Cum autem vénerit ille Spíritus veritátis, docébit vos omnem veritátem : non enim loquétur a semetípso, sed quæcúmque áudiet loquétur, et quæ ventúra sunt annuntiábit vobis.

13. Quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité ; car il ne parlera point de lui-même, mais tout ce qu’il aura entendu, il le dira, et ce qui doit arriver, il vous l’annoncera.

14 Ille me clarificábit, quia de meo accípiet, et annuntiábit vobis.

14. Il me glorifiera, parce qu’il recevra de ce qui est à moi, et il vous l’annoncera.

15 Omnia quæcúmque habet Pater, mea sunt. Proptérea dixi : quia de meo accípiet, et annuntiábit vobis.

15. Tout ce qu’a mon Père est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il recevra ce qui est à moi, et vous l’annoncera.

16 Módicum, et jam non vidébitis me ; et íterum módicum, et vidébitis me : quia vado ad Patrem.

16. Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je vais à mon Père.

17 Dixérunt ergo ex discípulis ejus ad ínvicem : Quid est hoc quod dicit nobis : Módicum, et non vidébitis me ; et íterum módicum, et vidébitis me, et quia vado ad Patrem ?

17. Alors plusieurs de ses disciples se dirent l’un à l’autre : Qu’est-ce qu’il nous dit : Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps et vous me verrez, parce que je vais à mon Père ?

18 Dicébant ergo : Quid est hoc quod dicit : Módicum ? nescímus quid lóquitur.

18. Ils disaient donc : Qu’est-ce qu’il dit : Encore un peu de temps ? Nous ne savons ce qu’il veut dire.

19 Cognóvit autem Jesus, quia volébant eum interrogáre, et dixit eis : De hoc quǽritis inter vos quia dixi : Módicum, et non vidébitis me ; et íterum módicum, et vidébitis me.

19. Or Jésus connut qu’ils voulaient l’interroger, et il leur dit : Vous vous demandez les uns aux autres ce que j’ai dit : Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps et vous me verrez.

20 Amen, amen dico vobis : quia plorábitis, et flébitis vos, mundus autem gaudébit ; vos autem contristabímini, sed tristítia vestra vertétur in gáudium.

20. En vérité, en vérité, je vous le dis, vous gémirez et vous pleurerez, vous, mais le monde se réjouira ; vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie.

21 Múlier cum parit, tristítiam habet, quia venit hora ejus ; cum autem pepérerit púerum, jam non méminit pressúræ propter gáudium, quia natus est homo in mundum.

21. La femme, lorsqu’elle enfante, a de la tristesse, parce qu’est venue son heure ; mais lorsqu’elle a mis l’enfant au jour, elle ne se souvient plus de sa souffrance, à cause de sa joie, de ce qu’un homme est né au monde.

22 Et vos ígitur nunc quidem tristítiam habétis, íterum autem vidébo vos, et gaudébit cor vestrum : et gáudium vestrum nemo tollet a vobis.

22. Vous donc aussi, vous avez maintenant de la tristesse ; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira, et personne ne vous ravira votre joie.

23 Et in illo die me non rogábitis quidquam. Amen, amen dico vobis : si quid petiéritis Patrem in nómine meo, dabit vobis.

23. Et en ce jour-là vous ne m’interrogerez plus sur rien. En vérité, en vérité, je vous le dis : Si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera.

24 Usque modo non petístis quidquam in nómine meo : pétite, et accipiétis, ut gáudium vestrum sit plenum.

24. Jusqu’ici vous n’avez rien demandé en mon nom : Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit complète.

25 Hæc in provérbiis locútus sum vobis. Venit hora cum jam non in provérbiis loquar vobis, sed palam de Patre annuntiábo vobis :

25. Je vous ai dit ces choses en paraboles. Vient l’heure où je ne vous parlerai plus en paraboles, mais où je vous parlerai ouvertement de mon Père ;

26 in illo die in nómine meo petétis : et non dico vobis quia ego rogábo Patrem de vobis :

26. En ce jour-là vous demanderez en mon nom ; et je ne vous dis pas que je prierai mon Père pour vous ;

27 ipse enim Pater amat vos, quia vos me amástis, et credidístis, quia ego a Deo exívi.

27. Car mon Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que c’est de Dieu que je suis sorti.

28 Exívi a Patre, et veni in mundum : íterum relínquo mundum, et vado ad Patrem.

28. Je suis sorti de mon Père, et je suis venu dans le monde ; je quitte de nouveau le monde, et je vais à mon Père.

29 Dicunt ei discípuli ejus : Ecce nunc palam lóqueris, et provérbium nullum dicis :

29. Ses disciples lui dirent : Voilà que maintenant vous parlez ouvertement, et vous n’employez aucune parabole ;

30 nunc scimus quia scis ómnia, et non opus est tibi ut quis te intérroget : in hoc crédimus quia a Deo exísti.

30. Maintenant nous voyons que vous savez toutes choses, et que vous n’avez pas besoin que l’on vous interroge ; en cela nous croyons que c’est de Dieu que vous êtes sorti.

31 Respóndit eis Jesus : Modo créditis ?

31. Jésus leur répondit : Vous croyez maintenant ?

32 ecce venit hora, et jam venit, ut dispergámini unusquísque in própria, et me solum relinquátis : et non sum solus, quia Pater mecum est.

32. Voici que vient une heure, et déjà elle est venue, où vous serez dispersés, chacun de son côté, et me laisserez seul ; cependant je ne suis pas seul, parce que mon Père est avec moi.

33 Hæc locútus sum vobis, ut in me pacem habeátis. In mundo pressúram habébitis : sed confídite, ego vici mundum.

33. Je vous ai dit ces choses, afin qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde vous aurez des tribulations, mais ayez confiance, j’ai vaincu le monde.

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CHAP. XVI. 23. Matth. VII, 7 ; XXI, 22 ; Marc. XI, 24 ; Luc. XI, 9 ; Supra. XIV, 13 ; Jac. I, 5. — 32. Matth. XXVI, 31 ; Marc. XIV, 27.

 

25. Sous le nom de parabole, les Hébreux comprenaient tout discours figuré ou énigmatique.

33. J’ai vaincu le monde ; et par ma victoire, je vous ai mérité les grâces nécessaires pour le vaincre aussi vous-mêmes.

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Jn 17

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CHAPITRE XVII

Jésus prie pour sa glorification. Il prie pour tous ceux qui croyaient déjà en lui, et pour tous ceux qui devaient croire en lui dans la suite.

(hi) 1 Hæc locútus est Jesus : et sublevátis óculis in cælum, dixit : Pater, venit hora : clarífica Fílium tuum, ut Fílius tuus claríficet te :

1. Jésus parla ainsi ; puis, les yeux levés au ciel, il dit : Mon Père, elle est venue l’heure ; glorifiez votre Fils, afin que votre Fils vous glorifie ;

2 sicut dedísti ei potestátem omnis carnis, ut omne, quod dedísti ei, det eis vitam ætérnam.

2. Puisque vous lui avez donné puissance sur toute chair, afin que, quant à tous ceux que vous lui avez donnés, il leur donne la vie éternelle.

3 Hæc est autem vita ætérna : ut cognóscant te, solum Deum verum, et quem misísti Jesum Christum.

3. Or la vie éternelle, c’est qu’ils vous connaissent, vous seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ.

4 Ego te clarificávi super terram : opus consummávi, quod dedísti mihi ut fáciam :

4. Moi, je vous ai glorifié sur la terre ; j’ai consommé l’œuvre que vous m’avez donnée à faire ;

5 et nunc clarífica me tu, Pater, apud temetípsum, claritáte quam hábui, priúsquam mundus esset, apud te.

5. Et maintenant vous, mon Père, glorifiez-moi en vous-même de la gloire que j’ai eue en vous avant que le monde fut.

6 Manifestávi nomen tuum homínibus, quos dedísti mihi de mundo : tui erant, et mihi eos dedísti : et sermónem tuum servavérunt.

6. J’ai manifesté votre nom aux hommes que vous m’avez donnés ; ils étaient à vous, vous me les avez donnés, et ils ont gardé votre parole.

7 Nunc cognovérunt quia ómnia quæ dedísti mihi, abs te sunt :

7. Maintenant ils ont connu que tout ce que vous m’avez donné vient de vous ;

8 quia verba quæ dedísti mihi, dedi eis : et ipsi accepérunt, et cognovérunt vere quia a te exívi, et credidérunt quia tu me misísti.

8. Parce que je leur ai donné les paroles que vous m’avez données ; et ils les ont reçues, et ils ont connu véritablement que c’est de vous que je suis sorti, et ils ont cru que c’est vous qui m’avez envoyé.

9 Ego pro eis rogo ; non pro mundo rogo, sed pro his quos dedísti mihi : quia tui sunt :

9. Moi, je prie pour eux ; je ne prie point pour le monde, mais pour ceux que vous m’avez donnés, parce qu’ils sont à vous ;

10 et mea ómnia tua sunt, et tua mea sunt : et clarificátus sum in eis.

10. Car tout ce qui est à moi est à vous, et tout ce qui est à vous est à moi ; et j’ai été glorifié en eux.

11 Et jam non sum in mundo, et hi in mundo sunt, et ego ad te vénio. Pater sancte, serva eos in nómine tuo, quos dedísti mihi : ut sint unum, sicut et nos.

11. Et déjà je ne suis plus dans le monde, et eux sont dans le monde, et moi je viens à vous, Père saint, conservez en votre nom ceux que vous m’avez donnés, afin qu’ils soient une seule chose, comme nous.

12 Cum essem cum eis, ego servábam eos in nómine tuo. Quos dedísti mihi, custodívi : et nemo ex eis périit, nisi fílius perditiónis, ut Scriptúra impleátur.

12. Quand j’étais avec eux, je les conservais en votre nom. Ceux que vous m’avez donnés, je les ai gardés, et pas un d’eux n’a péri, hors le fils de la perdition, afin que l’Écriture fût accomplie.

13 Nunc autem ad te vénio : et hæc loquor in mundo, ut hábeant gáudium meum implétum in semetípsis.

13. Mais maintenant je viens à vous ; et je dis ces choses dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie complète.

14 Ego dedi eis sermónem tuum, et mundus eos ódio hábuit, quia non sunt de mundo, sicut et ego non sum de mundo.

14. Moi, je leur ai donné votre parole, et le monde les a eus en haine, parce qu’ils ne sont point du monde, comme moi-même je ne suis pas du monde.

15 Non rogo ut tollas eos de mundo, sed ut serves eos a malo.

15. Je ne demande point que vous les ôtiez du monde, mais que vous les gardiez du mal.

16 De mundo non sunt, sicut et ego non sum de mundo.

16. Ils ne sont point du monde, comme moi-même je ne suis pas du monde.

17 Sanctífica eos in veritáte. Sermo tuus véritas est.

17. Sanctifiez-les dans la vérité. Votre parole est vérité.

18 Sicut tu me misísti in mundum, et ego misi eos in mundum :

18. Comme vous m’avez envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.

19 et pro eis ego sanctífico meípsum : ut sint et ipsi sanctificáti in veritáte.

19. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’eux aussi soient sanctifiés en vérité.

20 Non pro eis autem rogo tantum, sed et pro eis qui creditúri sunt per verbum eórum in me :

20. Je ne prie pas pour eux seulement, mais encore pour ceux qui, par leur parole, croiront en moi ;

21 ut omnes unum sint, sicut tu Pater in me, et ego in te, ut et ipsi in nobis unum sint : ut credat mundus, quia tu me misísti.

21. Afin qu’ils soient tous une seule chose, comme vous, mon Père, êtes en moi, et moi en vous ; qu’ils soient de même une seule chose en nous, et qu’ainsi le monde croie que c’est vous qui m’avez envoyé.

22 Et ego claritátem, quam dedísti mihi, dedi eis : ut sint unum, sicut et nos unum sumus.

22. Pour moi, je leur ai donné la gloire que vous m’avez donnée, afin qu’ils soient une seule chose, comme nous sommes une seule chose.

23 Ego in eis, et tu in me : ut sint consummáti in unum : et cognóscat mundus quia tu me misísti, et dilexísti eos, sicut et me dilexísti.

23. Je suis en eux et vous en moi, afin qu’ils soient consommés dans l’unité, et que le monde connaisse que c’est vous qui m’avez envoyé, et que vous les avez aimés comme vous m’avez aimé.

24 Pater, quos dedísti mihi, volo ut ubi sum ego, et illi sint mecum : ut vídeant claritátem meam, quam dedísti mihi : quia dilexísti me ante constitutiónem mundi.

24. Mon Père, je veux que là où je suis, ceux que vous m’avez donnés soient aussi avec moi ; afin qu’ils voient la gloire que vous m’avez donnée ; parce que vous m’avez aimé avant la fondation du monde.

25 Pater juste, mundus te non cognóvit, ego autem te cognóvi : et hi cognovérunt, quia tu me misísti.

25. Père juste, le monde ne vous a point connu ; mais moi je vous ai connu, et ceux-ci ont connu que c’est vous qui m’avez envoyé.

26 Et notum feci eis nomen tuum, et notum fáciam : ut diléctio, qua dilexísti me, in ipsis sit, et ego in ipsis.

26. Je leur ai fait connaitre votre nom, et je le leur ferai connaitre encore, afin que l’amour dont vous m’avez aimé soit en eux, et moi en eux.

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CHAP. XVII. 2. Matth. XXVIII, 18. — 12. Infra. XVIII, 9 ; Ps. CVIII, 8.

 

2. Toute chair. Voy. Matth. XXIV, 22.

12. Le fils de la perdition ; hébraïsme, pour : celui qui aime, qui recherche la perdition. Judas, en effet, s’est perdu volontairement par sa propre malice et par l’abus qu’il a fait de tous les services qu’il pouvait tirer de la présence du Sauveur, de ses instructions et de ses miracles, pour s’affermir dans la foi et dans la charité, comme les autres apôtres. Compar. une locution semblable, Luc. XVI, 8.

17. Votre parole est vérité ; hébraïsme, pour très vraie. Compar. XI, 25.

19. En vérité ; véritablement, d’une véritable et parfaite sanctification, ou selon d’autres : Dans la vérité, c’est-à-dire en moi qui suis la vérité ; mais la première interprétation est plus conforme à la lettre du texte.

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Jn 18

*jn18

CHAPITRE XVIII

Jésus dans te jardin. Juifs renversés. Jésus pris et mené devant Anne. Saint Pierre te suit. Jésus est envoyé à Caïphe, renié par saint Pierre et présenté à Pilate. Barabbas lui est préféré.

(hi) 1 Hæc cum dixísset Jesus, egréssus est cum discípulis suis trans torréntem Cedron, ubi erat hortus, in quem introívit ipse, et discípuli ejus.

1. Lorsqu’il eut dit ces choses, Jésus s’en alla avec ses disciples au-delà du torrent de Cedron, où il y avait un jardin dans lequel il entra, lui et ses disciples.

(hi) 2 Sciébat autem et Judas, qui tradébat eum, locum : quia frequénter Jesus convénerat illuc cum discípulis suis.

2. Or Judas, qui le trahissait, connaissait aussi ce lieu, parce que Jésus y était venu souvent avec ses disciples.

3 Judas ergo cum accepísset cohórtem, et a pontifícibus et pharisǽis minístros, venit illuc cum latérnis, et fácibus, et armis.

3. Judas ayant donc pris la cohorte et des archers des pontifes et des pharisiens, vint là avec des lanternes, des torches et des armes.

4 Jesus ítaque sciens ómnia quæ ventúra erant super eum, procéssit, et dixit eis : Quem quǽritis ?

4. Mais Jésus sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur demanda : Qui cherchez vous ?

5 Respondérunt ei : Jesum Nazarénum. Dicit eis Jesus : Ego sum. Stabat autem et Judas, qui tradébat eum, cum ipsis.

5. Ils lui répondirent : Jésus de Nazareth. Jésus leur dit : Je suis. Or avec eux se trouvait aussi Judas, qui le trahissait.

6 Ut ergo dixit eis : Ego sum : abiérunt retrórsum, et cecidérunt in terram.

6. Mais dès qu’il leur eut dit : Je suis, ils furent renversés, et tombèrent par terre.

7 Iterum ergo interrogávit eos : Quem quǽritis ? Illi autem dixérunt : Jesum Nazarénum.

7. Il leur demanda donc de nouveau : Qui cherchez-vous ? Ils répondirent : Jésus de Nazareth.

8 Respóndit Jesus : Dixi vobis, quia ego sum : si ergo me quǽritis, sínite hos abíre.

8. Jésus reprit : Je vous ai dit que moi je suis. Mais si c’est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci.

9 Ut implerétur sermo, quem dixit : Quia quos dedísti mihi, non pérdidi ex eis quemquam.

9. Afin que fût accomplie la parole qu’il avait dite : Je n’ai perdu aucun de ceux que vous m’avez donnés.

10 Simon ergo Petrus habens gládium edúxit eum : et percússit pontíficis servum, et abscídit aurículam ejus déxteram. Erat autem nomen servo Malchus.

10. Alors Simon Pierre, qui avait une épée, la tira, et frappant le serviteur du grand prêtre, il lui coupa l’oreille droite. Or le nom de ce serviteur était Malchus.

11 Dixit ergo Jesus Petro : Mitte gládium tuum in vagínam. Cálicem, quem dedit mihi Pater, non bibam illum ?

11. Mais Jésus dit à Pierre : Remets ton épée dans le fourreau. Et le calice que mon Père m’a donné, ne le boirai-je donc point ?

12 Cohors ergo, et tribúnus, et minístri Judæórum comprehendérunt Jesum, et ligavérunt eum.

12. Alors la cohorte, le tribun et les archers des Juifs se saisirent de Jésus et le lièrent ;

(hi) 13 Et adduxérunt eum ad Annam primum : erat enim socer Cáiphæ, qui erat póntifex anni illíus.

13. Puis ils l’emmenèrent d’abord chez Anne, parce qu’il était le beau-père de Caïphe, qui était le pontife de cette année-là.

14 Erat autem Cáiphas, qui consílium déderat Judǽis : Quia éxpedit unum hóminem mori pro pópulo.

14. Or Caïphe était celui qui avait donné ce conseil aux Juifs : Il est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple.

(hi) 15 Sequebátur autem Jesum Simon Petrus, et álius discípulus. Discípulus autem ille erat notus pontífici, et introívit cum Jesu in átrium pontíficis.

15. Cependant Simon Pierre suivait Jésus, et aussi l’autre disciple. Or comme ce disciple était connu du pontife, il entra avec Jésus dans la cour du pontife.

16 Petrus autem stabat ad óstium foris. Exívit ergo discípulus álius, qui erat notus pontífici, et dixit ostiáriæ : et introdúxit Petrum.

16. Mais Pierre se tenait dehors à la porte. C’est pourquoi l’autre disciple, qui était connu du pontife, sortit, et parla à la portière, et elle fit entrer Pierre.

17 Dicit ergo Petro ancílla ostiária : Numquid et tu ex discípulis es hóminis istíus ? Dicit ille : Non sum.

17. Alors cette servante, qui gardait la porte, demanda à Pierre : Et toi, n’es-tu pas aussi des disciples de cet homme ? Il lui répondit : Je ne suis point.

18 Stabant autem servi et minístri ad prunas, quia frigus erat, et calefaciébant se : erat autem cum eis et Petrus stans, et calefáciens se.

18. Or les serviteurs et les archers se tenaient auprès du feu, et se chauffaient, parce qu’il faisait froid ; et Pierre était aussi avec eux debout et se chauffant.

(hi) 19 Póntifex ergo interrogávit Jesum de discípulis suis, et de doctrína ejus.

19. Cependant le pontife interrogea Jésus touchant ses disciples et sa doctrine.

20 Respóndit ei Jesus : Ego palam locútus sum mundo : ego semper dócui in synagóga, et in templo, quo omnes Judǽi convéniunt, et in occúlto locútus sum nihil.

20. Jésus lui répondit : J’ai parlé publiquement au monde ; j’ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s’assemblent, et en secret je n’ai rien dit.

21 Quid me intérrogas ? intérroga eos qui audiérunt quid locútus sim ipsis : ecce hi sciunt quæ díxerim ego.

21. Pourquoi m’interroges-tu ? Interroge ceux qui ont entendu ce que je leur ai dit ; voilà ceux qui savent ce que j’ai enseigné.

22 Hæc autem cum dixísset, unus assístens ministrórum dedit álapam Jesu, dicens : Sic respóndes pontífici ?

22. Après qu’il eut dit cela, un des archers là présent donna un soufflet à Jésus, disant : Est-ce ainsi que tu réponds au pontife ?

23 Respóndit ei Jesus : Si male locútus sum, testimónium pérhibe de malo : si autem bene, quid me cædis ?

23. Jésus lui répondit : Si j’ai mal parlé, rends témoignage du mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?

24 Et misit eum Annas ligátum ad Cáipham pontíficem.

24. Et Anne l’envoya lié à Caïphe, le grand prêtre.

(hi) 25 Erat autem Simon Petrus stans, et calefáciens se. Dixérunt ergo ei : Numquid et tu ex discípulis ejus es ? Negávit ille, et dixit : Non sum.

25. Cependant Simon Pierre était là debout et se chauffant. Ils lui dirent donc : Et toi, n’es-tu pas aussi de ses disciples ? Il le nia et dit : Je ne suis point.

26 Dicit ei unus ex servis pontíficis, cognátus ejus, cujus abscídit Petrus aurículam : Nonne ego te vidi in horto cum illo ?

26. Un des serviteurs du pontife, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, lui dit : Ne t’ai-je pas vu dans le jardin avec lui ?

27 Iterum ergo negávit Petrus : et statim gallus cantávit.

27. Et Pierre le nia de nouveau ; et aussitôt un coq chanta.

(hi) 28 Addúcunt ergo Jesum a Cáipha in prætórium. Erat autem mane : et ipsi non introiérunt in prætórium, ut non contaminaréntur, sed ut manducárent Pascha.

28. Ils amenèrent donc Jésus de chez Caïphe dans le prétoire. Or c’était le matin, et eux n’entrèrent point dans le prétoire, afin de ne point se souiller et de pouvoir manger la pâque.

(hi) 29 Exívit ergo Pilátus ad eos foras, et dixit : Quam accusatiónem affértis advérsus hóminem hunc ?

29. Pilate donc vint à eux dehors et dit : Quelle accusation portez-vous contre cet homme ?

30 Respondérunt, et dixérunt ei : Si non esset hic malefáctor, non tibi tradidissémus eum.

30. Ils répondirent et lui dirent : Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne vous l’aurions pas livré.

31 Dixit ergo eis Pilátus : Accípite eum vos, et secúndum legem vestram judicáte eum. Dixérunt ergo ei Judǽi : Nobis non licet interfícere quemquam.

31. Alors Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et le jugez selon votre loi. Mais les Juifs lui répondirent : Il ne nous est pas permis de mettre personne à mort.

32 Ut sermo Jesu implerétur, quem dixit, signíficans qua morte esset moritúrus.

32. Afin que fut accomplie la parole que Jésus avait dite, montrant de quelle mort il devait mourir.

33 Introívit ergo íterum in prætórium Pilátus : et vocávit Jesum, et dixit ei : Tu es rex Judæórum ?

33. Pilate rentra donc dans le prétoire, appela Jésus, et lui dit : Es-tu le roi des Juifs ?

34 Respóndit Jesus : A temetípso hoc dicis, an álii dixérunt tibi de me ?

34. Jésus répondit : Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ?

35 Respóndit Pilátus : Numquid ego Judǽus sum ? gens tua et pontífices tradidérunt te mihi : quid fecísti ?

35. Pilate reprit : Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les pontifes t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ?

36 Respóndit Jesus : Regnum meum non est de hoc mundo. Si ex hoc mundo esset regnum meum, minístri mei útique decertárent ut non tráderer Judǽis : nunc autem regnum meum non est hinc.

36. Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde ; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs combattraient certainement pour que je ne fusse point livré aux Juifs ; mais je l’assure, mon royaume n’est pas d’ici.

37 Dixit ítaque ei Pilátus : Ergo rex es tu ? Respóndit Jesus : Tu dicis quia rex sum ego. Ego in hoc natus sum, et ad hoc veni in mundum, ut testimónium perhíbeam veritáti : omnis qui est ex veritáte, audit vocem meam.

37. C’est pourquoi Pilate lui repartit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis, je suis roi. Si je suis né et si je suis venu dans le monde, c’est pour rendre témoignage à la vérité ; quiconque est de la vérité, écoute ma voix.

38 Dicit ei Pilátus : Quid est véritas ? Et cum hoc dixísset, íterum exívit ad Judǽos, et dicit eis : Ego nullam invénio in eo causam.

38. Pilate lui demanda : Qu’est-ce que la vérité ? Et ayant dit cela, il alla de nouveau vers les Juifs, et leur dit : Je ne trouve en lui aucune cause.

(hi) 39 Est autem consuetúdo vobis ut unum dimíttam vobis in Pascha : vultis ergo dimíttam vobis regem Judæórum ?

39. Mais c’est la coutume parmi vous que je vous délivre un criminel à la Pâque ; voulez-vous donc que je vous délivre le roi des Juifs ?

40 Clamavérunt ergo rursum omnes, dicéntes : Non hunc, sed Barábbam. Erat autem Barábbas latro.

40. Alors ils crièrent tous de nouveau, disant : Non pas celui-ci, mais Barabbas. Or Barabbas était un voleur.

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CHAP. XVIII. 1. II Reg. XV, 23 ; Matth. XXVI, 36 ; Marc. XIV, 32 ; Luc. XXII, 39. — 3. Matth. XXVI, 47 ; Marc. XIV, 43 ; Luc. XXII, 47. — 9. Supra. XVII, 12. — 13. Luc. III, 2. — 14. Supra. XI, 49. — 16. Matth. XXVI, 58 ; Marc. XIV, 54 ; Luc. XXII, 55. — 20. Is. XLV, 19. — 24. Matth. XXVI, 57 ; Marc. XIV, 53 ; Luc. XXII, 54. — 25. Matth. XXVI, 69 ; Marc. XIV, 67 ; Luc. XXII, 56. — 28. Matth. XXVII, 2 ; Marc. XV, 1 ; Luc. XXIII, 1 ; Act. X, 28 ; XI, 3. — 32. Matth. XX, 19. — 33. Matth. XXVII, 11 ; Marc. XV, 2 ; Luc. XXIII, 3. — 39. Matth. XXVII, 15 ; Marc. XV, 6 ; Luc. XXIII, 17.

 

1. * Un jardin. Gethsémani. Voir note sur Matth. XXVI, 36. — Au-delà du torrent de Cedron. Pour aller de Jérusalem au jardin de Gethsémani, il faut nécessairement franchir le Cedron, auprès et au-delà duquel le jardin est situé, à l’est, au bas du mont des Oliviers. Le mot Cedron signifie noir. Le torrent coule dans une gorge profonde à l’époque des pluies de l’hiver. Il recueille les eaux des trois vallées situées au nord et au nord-ouest de Jérusalem. En dehors des temps d’orage ou de pluie, il est à sec. Les eaux ne coulent guère qu’une journée ou une demi-journée, mais elles sont quelquefois très abondantes et roulent avec elles des pierres, des racines et des troncs d’arbres. Le lit du Cedron est parsemé de silex-agates tombés des hauteurs du mont des Oliviers. Certaines années, les graviers et les terres charriés par les eaux sont suffisants pour qu’on puisse ensemencer le fond du torrent. Comme la gorge aux pieds du Temple est très encaissée et que sa pente est très considérable, elle forme en quelques endroits un fossé très profond et rend la ville inexpugnable de ce côté. La vallée du Cedron porte aussi le nom de vallée de Josaphat.

3. La cohorte romaine était composée de six cent vingt-cinq hommes. — * Le procurateur romain conduisait tous les ans à Jérusalem une cohorte à l’époque de la fête de Pâques pour maintenir l’ordre au milieu de la multitude qu’attirait cette solennité. Les soldats romains étaient logés dans la forteresse Antonia au nord-ouest du temple.

5. # Ego sum. On peut traduire plus simplement je le suis ou c’est moi. Cependant en latin, la réponse du Seigneur est la proclamation du nom Divin (Ex. III, 14) que le Seigneur s’est déjà attribué deux fois dans l’Évangile selon Saint Jean (VIII, 24, 58). On ne pourrait comprendre le renversement des personnes venues arrêter le Seigneur Jésus, si on traduisait Ego sum autrement que par Je suis. Le Seigneur affirme au moment d’être arrêté qu’Il est Dieu tout-puissant afin que nous sachions qu’Il se livre librement à la Passion (cf. l’hymne Lustra sex).

6. Par terre. « Avant que l’Agneau de Dieu se livre aux loups, sa voix laisse deviner qu’il est aussi le lion de la tribu de Juda (Apoc. V, 5). » (S. Augustin).

12. * Le tribun était le chef de la cohorte.

13. * Anne. Voir note sur Luc. III, 2. — Caïphe, voir Matth. XXVI, 3. — Ils l’emmenèrent d’abord chez Anne. S. Jean, qui est plus circonstancié sur cette partie de la passion que les autres évangélistes, nous apprend que Jésus fut conduit chez Anne avant d’être conduit chez Caïphe. La maison d’Anne, d’après la tradition, était sur le mont Sion, tout près et au nord-est de celle de Caïphe (voir Matth. XXVI, 57), à l’est du grand couvent des Arméniens et à peu de distance de la porte de Sion. Sur son emplacement s’élève aujourd’hui l’église du couvent des sœurs de charité arméniennes, appelé Deir Zeitoun. L’église se compose de deux oratoires séparés, mais communiquant ensemble. Dans l’un est une citerne à fleur de terre dont l’eau est fort bonne. Dans l’autre on montre aux pèlerins une chapelle latérale placée à gauche en entrant, où l’on suppose qu’eut lieu l’interrogatoire de Notre-Seigneur et où il fut souffleté. Hors de l’église, dans une petite cour située au nord, on voit plusieurs petits oliviers qu’on considère comme étant les rejetons d’un grand arbre auquel le Sauveur aurait été attaché pendant que les Juifs délibéraient sur son sort.

15. * L’autre disciple, S. Jean l’évangéliste.

18. * Auprès du feu. Voir Marc. XIV, 54.

17. # Je ne suis point. Le latin non sum se traduit habituellement dans ce cas je n’en suis point, simple réponse négative à la question posée. Cependant en relation avec la réponse positive du Seigneur Ego sum, la forme de la réponse marque la prise de conscience de l’Apôtre Pierre par l’expérience de sa faiblesse : son Seigneur Est et lui n’est pas, il n’est qu’une pauvre créature recevant la vie se son Créateur.

23. Me frappes-tu ? Littér. me déchires-tu ? Compar. Matth. XXI, 35.

28. Les Juifs croyaient qu’en entrant dans la maison d’un païen, ils contractaient une souillure légale qui les empêchait de prendre part aux cérémonies de la religion, au moins jusqu’au soir du même jour. — * Dans le prétoire. Voir Matth. XXVII, 27.

29. * Pilate. Voir Matth. XXVII, 2.

31. Les Romains avaient ôté aux Juifs le pouvoir de vie et de mort, et se l’étaient réservé.

36. Je l’assure ; sens de la particule (nunc autem regnum meum non est hinc), traduite généralement par maintenant, et qui est ici, comme en bien d’autres passages analogues, purement enclitique. Certains l’ont rendue par maintenant, pour te moment… (Compar. XIX, 21). Jésus-Christ était vraiment roi ; mais il n’avait pas reçu son pouvoir des hommes : « C’est pourquoi, remarque saint Augustin, il ne dit pas ici : Mon royaume n’est pas en ce monde, mais n’est pas de ce monde ; » idée que rend parfaitement saint Chrysostome, quand il dit : « Il s’exprime ainsi, parce qu’il ne tient pas le royaume, comme le tiennent ici-bas les rois de la terre, et qu’il a reçu d’en haut sa principauté qui n’est pas humaine, mais qui est bien plus grande et plus illustre. » Voir Luc. XVII, 21-22 (note) Le Royaume de Dieu est au dedans de vous…

38. Aucune cause de mort. Compar. Luc. XXIII, 22.

40. * Barabbas. Voir Matth. XXVII, 16.

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Jn 19

*jn19

CHAPITRE XIX

Flagellation. Couronnement d’épines. Pilate cherche les moyens de délivrer Jésus ; il l’abandonne. Jésus est conduit au Calvaire et crucifié. Inscription de la croix. Partage de ses vêtements. La sainte Vierge et saint Jean au pied de la croix. Jésus a soif ; il meurt. Son côté est percé. Joseph et Nicodème prennent le soin d’ensevelir Jésus.

(hi) 1 Tunc ergo apprehéndit Pilátus Jesum, et flagellávit.

1. Alors donc Pilate prit Jésus et le fit flageller.

2 Et mílites plecténtes corónam de spinis, imposuérunt cápiti ejus : et veste purpúrea circumdedérunt eum.

2. Et les soldats ayant tressé une couronne d’épines, la mirent sur sa tête, et le couvrirent d’un vêtement de pourpre.

3 Et veniébant ad eum, et dicébant : Ave, rex Judæórum : et dabant ei álapas.

3. Et ils venaient à lui et disaient : Salut, roi des Juifs ; et ils lui donnaient des soufflets.

(hi) 4 Exívit ergo íterum Pilátus foras, et dicit eis : Ecce addúco vobis eum foras, ut cognoscátis quia nullam invénio in eo causam.

4. Pilate sortit donc de nouveau, et leur dit : Voici que je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucune cause.

5 (Exívit ergo Jesus portans corónam spíneam, et purpúreum vestiméntum.) Et dicit eis : Ecce homo.

5. (Ainsi Jésus sortit, portant la couronne d’épines et le vêtement de pourpre.) Et Pilate leur dit : Voilà l’homme.

6 Cum ergo vidíssent eum pontífices et minístri, clamábant, dicéntes : Crucifíge, crucifíge eum. Dicit eis Pilátus : Accípite eum vos, et crucifígite : ego enim non invénio in eo causam.

6. Quand les pontifes et les archers l’eurent vu, ils criaient, disant : Crucifiez-le, crucifiez-le ! Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et le crucifiez, car moi, je ne trouve pas en lui une cause.

7 Respondérunt ei Judǽi : Nos legem habémus, et secúndum legem debet mori, quia Fílium Dei se fecit.

7. Les Juifs lui répondirent : Nous, nous avons une loi, et, selon cette loi, il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu.

8 Cum ergo audísset Pilátus hunc sermónem, magis tímuit.

8. Lors donc que Pilate eut entendu cette parole, il craignit davantage.

9 Et ingréssus est prætórium íterum : et dixit ad Jesum : Unde es tu ? Jesus autem respónsum non dedit ei.

9. Et, rentrant dans le prétoire, il dit à Jésus : D’où es-tu ? Mais Jésus ne lui fit point de réponse.

10 Dicit ergo ei Pilátus : Mihi non lóqueris ? nescis quia potestátem hábeo crucifígere te, et potestátem hábeo dimíttere te ?

10. Pilate lui dit donc : Tu ne me parles pas ? Ignores-tu que j’ai le pouvoir de te crucifier et le pouvoir de te délivrer ?

11 Respóndit Jesus : Non habéres potestátem advérsum me ullam, nisi tibi datum esset désuper. Proptérea qui me trádidit tibi, majus peccátum habet.

11. Jésus répondit : Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en haut. C’est pourquoi celui qui m’a livré à toi a un plus grand péché.

(hi) 12 Et exínde quærébat Pilátus dimíttere eum. Judǽi autem clamábant dicéntes : Si hunc dimíttis, non es amícus Cǽsaris. Omnis enim qui se regem facit, contradícit Cǽsari.

12. Et, dès ce moment, Pilate cherchait à le délivrer. Mais les Juifs criaient, disant : Si vous le délivrez, vous n’êtes pas ami de César ; car quiconque se fait roi, se déclare contre César.

(hi) 13 Pilátus autem cum audísset hos sermónes, addúxit foras Jesum : et sedit pro tribunáli, in loco qui dícitur Lithóstrotos, hebráice autem Gábbatha.

13. Or Pilate ayant entendu ces paroles, fit amener Jésus dehors, et il s’assit sur son tribunal, au lieu qui est appelé Lithostrotos, et en hébreu Gábbatha.

14 Erat autem parascéve Paschæ, hora quasi sexta, et dicit Judǽis : Ecce rex vester.

14. C’était la préparation de la pâque, vers la sixième heure, et Pilate dit aux Juifs : Voilà votre roi.

15 Illi autem clamábant : Tolle, tolle, crucifíge eum. Dicit eis Pilátus : Regem vestrum crucifígam ? Respondérunt pontífices : Non habémus regem, nisi Cǽsarem.

15. Mais eux criaient : Ôtez-le, ôtez-le du monde, crucifiez-le ! Pilate leur demanda : Crucifierai-je votre roi ? Les pontifes répondirent : Nous n’avons de roi que César.

16 Tunc ergo trádidit eis illum ut crucifigerétur. Suscepérunt autem Jesum, et eduxérunt.

16. Alors il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus et l’emmenèrent.

(hi) 17 Et bájulans sibi crucem exívit in eum, qui dícitur Calváriæ locum, hebráice autem Gólgotha :

17. Ainsi, portant sa croix, il alla au lieu qui est appelé Calvaire, et en hébreu Golgotha,

18 ubi crucifixérunt eum, et cum eo álios duos hinc et hinc, médium autem Jesum.

18. Où ils le crucifièrent, et avec lui deux autres, l’un d’un côté, l’autre de l’autre, et Jésus au milieu.

19 Scripsit autem et títulum Pilátus, et pósuit super crucem. Erat autem scriptum : Jesus Nazarénus, Rex Judæórum.

19. Pilate fit une inscription et la mit sur la croix. Or il était écrit : Jésus de Nazareth, le roi des Juifs.

20 Hunc ergo títulum multi Judæórum legérunt : quia prope civitátem erat locus, ubi crucifíxus est Jesus, et erat scriptum hebráice, græce, et latíne.

20. Beaucoup de Juifs lurent cette inscription, parce que le lieu où Jésus avait été crucifié se trouvait près de la ville, et qu’elle était écrite en hébreu, en grec et en latin.

21 Dicébant ergo Piláto pontífices Judæórum : Noli scríbere : Rex Judæórum : sed quia ipse dixit : Rex sum Judæórum.

21. Les pontifes des Juifs dirent donc à Pilate : N’écrivez point : Le roi des Juifs ; mais : Parce qu’il a dit : Je suis le roi des Juifs.

22 Respóndit Pilátus : Quod scripsi, scripsi.

22. Pilate répondit : Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit.

23 Mílites ergo cum crucifixíssent eum, accepérunt vestiménta ejus (et fecérunt quátuor partes, unicuíque míliti partem) et túnicam. Erat autem túnica inconsútilis, désuper contéxta per totum.

23. Cependant les soldats, après l’avoir crucifié, prirent ses vêtements (et ils en firent quatre parts, une part pour chaque soldat), et sa tunique. Or la tunique était sans couture, d’un seul tissu d’en haut jusqu’en bas.

24 Dixérunt ergo ad ínvicem : Non scindámus eam, sed sortiámur de illa cujus sit. Ut Scriptúra implerétur, dicens : Partíti sunt vestiménta mea sibi : et in vestem meam misérunt sortem. Et mílites quidem hæc fecérunt.

24. Ils se dirent donc l’un à l’autre : Ne la divisons point, mais tirons au sort à qui elle sera. Afin que s’accomplît l’Écriture disant : Ils se sont partagé mes vêtements, et sur ma robe ils ont jeté le sort. Les soldats firent donc cela.

(hi) 25 Stabant autem juxta crucem Jesu mater ejus, et soror matris ejus, María Cléophæ, et María Magdaléne.

25. Cependant étaient debout près de la croix de Jésus, sa mère, et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie-Madeleine.

26 Cum vidísset ergo Jesus matrem, et discípulum stantem, quem diligébat, dicit matri suæ : Múlier, ecce fílius tuus.

26. Lors donc que Jésus eut vu sa mère, et, près d’elle, le disciple qu’il aimait, il dit à sa mère : Femme, voilà votre fils.

27 Deínde dicit discípulo : Ecce mater tua. Et ex illa hora accépit eam discípulus in sua.

27. Ensuite il dit au disciple : Voilà ta mère. Et depuis cette heure-là, le disciple la prit dans ses choses à lui.

28 Póstea sciens Jesus quia ómnia consummáta sunt, ut consummarétur Scriptúra, dixit : Sítio.

28. Après cela, Jésus sachant que tout était consommé, afin d’accomplir l’Écriture, dit : J’ai soif.

29 Vas ergo erat pósitum acéto plenum. Illi autem spóngiam plenam acéto, hyssópo circumponéntes, obtulérunt ori ejus.

29. Or il y avait là un vase plein de vinaigre. C’est pourquoi les soldats entourant d’hysope une éponge pleine de vinaigre, la présentèrent à sa bouche.

(hi) 30 Cum ergo accepísset Jesus acétum, dixit : Consummátum est. Et inclináto cápite trádidit spíritum.

30. Lors donc que Jésus eut pris le vinaigre, il dit : C’est consommé. Et, la tête inclinée, il livra l’esprit.

(hi) 31 Judǽi ergo (quóniam parascéve erat) ut non remanérent in cruce córpora sábbato (erat enim magnus dies ille sábbati), rogavérunt Pilátum ut frangeréntur eórum crura, et tolleréntur.

31. Les Juifs donc (parce que c’était la préparation), afin que les corps ne demeurassent pas en croix le jour du sabbat (car ce jour de sabbat était très solennel), prièrent Pilate qu’on leur rompît les jambes et qu’on les enlevât.

32 Venérunt ergo mílites : et primi quidem fregérunt crura, et altérius, qui crucifíxus est cum eo.

32. Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes du premier, puis du second qui avait été crucifié avec lui.

33 Ad Jesum autem cum veníssent, ut vidérunt eum jam mórtuum, non fregérunt ejus crura,

33. Mais lorsqu’ils vinrent à Jésus, et qu’ils le virent déjà mort, ils ne rompirent point ses jambes ;

34 sed unus mílitum láncea latus ejus apéruit, et contínuo exívit sanguis et aqua.

34. Seulement un des soldats ouvrit son côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau.

35 Et qui vidit, testimónium perhíbuit : et verum est testimónium ejus. Et ille scit quia vera dicit : ut et vos credátis.

35. Et celui qui l’a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai. Et il sait qu’il dit vrai, afin que vous croyiez aussi.

36 Facta sunt enim hæc ut Scriptúra implerétur : Os non comminuétis ex eo.

36. Car ces choses ont été faites, afin que s’accomplit l’Écriture : Vous n’en briserez aucun os.

37 Et íterum ália Scriptúra dicit : Vidébunt in quem transfixérunt.

37. Et dans un autre endroit, l’Écriture dit encore : Ils porteront leurs regards sur celui qu’ils ont transpercé.

(hi) 38 Post hæc autem rogávit Pilátum Joseph ab Arimathǽa (eo quod esset discípulus Jesu, occúltus autem propter metum Judæórum), ut tólleret corpus Jesu. Et permísit Pilátus. Venit ergo, et tulit corpus Jesu.

38. Après cela, Joseph d’Arimathie (qui était disciple de Jésus, mais en secret, par crainte des Juifs) demanda à Pilate de prendre le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc, et enleva le corps de Jésus.

39 Venit autem et Nicodémus, qui vénerat ad Jesum nocte primum, ferens mixtúram myrrhæ et áloës, quasi libras centum.

39. Vint aussi Nicodème, qui était d’abord venu trouver Jésus pendant la nuit ; il apportait une composition de myrrhe et d’aloès d’environ cent livres.

40 Accepérunt ergo corpus Jesu, et ligavérunt illud línteis cum aromátibus, sicut mos est Judǽis sepelíre.

40. Ils prirent donc le corps de Jésus, et l’enveloppèrent dans des linges avec des parfums, comme les Juifs ont coutume d’ensevelir.

41 Erat autem in loco, ubi crucifíxus est, hortus : et in horto monuméntum novum, in quo nondum quisquam pósitus erat.

41. Or il y avait au lieu où il fut crucifié, un jardin, et dans le jardin, un sépulcre neuf, où personne encore n’avait été mis.

42 Ibi ergo propter parascéven Judæórum, quia juxta erat monuméntum, posuérunt Jesum.

42. Là donc, à cause de la préparation des Juifs, et parce que le sépulcre était proche, ils déposèrent Jésus.

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CHAP. XIX. 1. Matth. XXVII, 26 ; Marc. XV, 16. — 17. Matth. XXVII, 33 ; Marc. XV, 22 ; Luc. XXIII, 33. — 23. Matth. XXVII, 35 ; Marc. XV, 24 ; Luc. XXIII, 34. — 24. Ps. XXI, 19. — 28. Ps. LXVIII, 22. — 36. Ex. XII, 46 ; Num. IX, 12 ; Ps. XXXIII, 21. — 37. Zach. XII, 10. — 38. Matth. XXVII, 57 ; Marc. XV, 43 ; Luc. XXIII, 50. — 39. Supra. III, 2.

 

2. * Une couronne d’épines, un vêtement de pourpre. Voir Matth. XXVII, 28, 29.

7. Voy. Lev. XXIV, 14-16.

9. * Dans le prétoire. Voir Matth. XXVII, 27.

12. * De César, de Tibère. Voir Luc. III, 1.

13. * Lithostrotosvient de deux mots grecs qui signifient pavé avec des pierres ; il s’emploie surtout pour désigner un pavé en mosaïque. Josèphe nous apprend que la colline du temple était pavée en mosaïque du côté où était le prétoire. Le mot hébreu ou araméen Gábbatha désigne le même lieu que Lithostrotos, mais il n’a pas la même signification ; il a le sens de lieu élevé, estrade. Le siège de Pilate, qui lui servait pour juger les causes déférées à son tribunal, fut porté en cet endroit.

14. La préparation de la pâque ; c’est-à-dire la veille de pâque, le vendredi. — La sixième heure, c’est-à-dire midi.

17. * Calvaire, Golgotha. Voir note sur Matth. XXVII, 33. — Sur la croix, voir Matth. XXVII, 32.

19. * Jésus de Nazareth. « S. Jean est le seul qui [mentionne le mot Nazaréen ou de Nazareth dans le titre de la croix], afin de compléter ce que les autres avaient dit ; et, par une circonstance singulière, c’est presque l’unique mot que nous ait conservé la relique du titre [de l’Église Sainte-Croix de Jérusalem, à Rome ; voir Matth. XXVII, 37], comme pour confirmer le texte de S. Jean, le seul qui n’ait pas quitté Notre Seigneur un instant pendant sa passion. Il a vu et rapporté littéralement ce dont les autres ont donné l’esprit. » (Rohault de Fleury.)

23. * Après l’avoir crucifié. Voir note sur Matth. XXVII, 35. — Or la tunique était sans couture. « La tunique était le principal vêtement de dessous ; elle se rapproche fort par son usage de la chemise et par sa forme de la blouse moderne. [La tradition rapporte que Charlemagne reçut la sainte Tunique en présent de l’impératrice de Constantinople Irène et qu’il la déposa à Argenteuil. Elle a été divisée au moment de la Révolution]. Le tissu est en poil de chameau assez lâche et ressemble à du canevas fin dont les fils seraient très tors. Elle est tissée depuis le haut dans toute son étendue, sans couture, et faite à l’aiguille sur le plus simple des métiers tel qu’une tablette recevant sur ses deux faces la chaine et la trame. C’était un vêtement descendant jusqu’au-dessous des genoux, près des pieds, avec deux manches qui ne pouvaient couvrir les bras qu’à moitié. Elle avait 1,45 m de hauteur et 1,15 m de largeur. » (Rohault de Fleury.)

25. * Marie, femme de Cléophas. Voir Matth. XXVII, 56. — Marie-Madeleine, voir Matth. XXVII, 56.

26. * Le disciple qu’il aimait, S. Jean l’Évangéliste.

27. * Le disciple S. Jean la prit avec lui dans sa maison, comme le signifie le texte original.

29. * Entourant d’hysope. « Il existe, dit Benoit XIV, deux espèces d’hysope, l’une, plante parasite qui s’attache aux murs, l’autre qui croît dans les champs et s’élève jusqu’à deux mètres de hauteur. On ne sait pas si le suc de cette plante a été mêlé au vinaigre, ou si sa tige a servi de support pour approcher l’éponge, ou si ses rameaux flexibles ont composé un panier léger dans lequel se trouvait l’éponge ; enfin si de sa tige on a pu tirer un bâton qui n’avait pas besoin de plus de 60 à 65 centimètres de longueur pour atteindre la tête du Crucifié. »

30. * Jésus boit du vinaigre pour accomplir les prophéties de la passion. « Jésus avait tout prévu, et sachant les prophéties, il les accomplissait toutes avec connaissance. C’est ce qu’il fit jusqu’à la mort ; et c’est pourquoi, jusque sur la croix, voyant que tout s’accomplissait, et qu’il ne lui restait plus rien à accomplir durant sa vie que cette prophétie de David : Ils m’ont donné du fiel à boire, et, dans ma soif, ils m’ont abreuvé avec du vinaigre, il dit : J’ai soif. On lui présenta le breuvage qui lui avait été prédestiné ; il en gouta autant qu’il fallait pour accomplir la prophétie ; après il dit : Tout est accompli ; il n’y a plus qu’à rendre l’âme ; à l’instant il baissa la tête, et se mit volontairement en la posture d’un homme mourant, et il expira. Jésus donc savait ce qu’il voulait, qui était l’accomplissement des prophéties ; mais une vertu cachée exécutait tout le reste. Il se trouva précisément un vaisseau où il y avait du vinaigre [mêlé de fiel] ; il se trouva une éponge dans laquelle on lui pouvait présenter à la croix le vinaigre où on la trempa ; on l’attacha au bout d’une lance et on la lui mit sur la bouche. La haine implacable de ses ennemis, que le démon animait, mais que Dieu gouvernait secrètement, fit tous le préparatif nécessaire à l’accomplissement de la prophétie. » (Bossuet.) — * Il rendit l’esprit. Voir Matth. XXVII, 50. Tout est consommé : « Les prophéties sont réalisées, les décrets éternels de mon Père sont exécutés, l’œuvre de la rédemption du monde est accomplie. Ce fut un vendredi que le premier homme fut créé, un vendredi que Jésus naquit, un vendredi qu’il expira et racheta l’humanité. » (Crampon, 1885)

31. La préparation. Voy. vers. 14. — Était très solennel, à cause de la fête de pâque qui tomba cette année-là en ce même jour. — * Qu’on leur rompît les jambes. « Le brisement des os était le complément ou la fin du supplice. Chez les Romains, le brisement des os était en usage, peut-être comme un adoucissement à la peine, puisqu’il accélérait la mort. Mais pour Notre Seigneur, les Juifs étaient devenus plus cruels que les Romains, et ce ne fut pas chez eux un motif d’humanité qui les fit agir, ce fut la crainte que les corps ne restassent exposés pendant la Pâque. » (Rohault de Fleury.)

34. * Un des soldats ouvrit son côté avec une tance. D’après une tradition consignée dans le martyrologe romain, au 15 mars, ce soldat s’appelait Longin et se convertit plus tard au christianisme. — Avec une lance. « La lance, longue et légère, avec une tête large et plate servant à la fois de pique et de trait, avait une bride en cuir attachée au bois. » (Rich.)

38. * Joseph d’Arimathie. Voir note sur Matth. XXVII, 57. — Demanda… le corps de Jésus Voir Matth. XXVII, 58.

39. Nicodème. Voir plus haut, III, 1. — * Une composition de myrrhe et d’aloès d’environ cent livres. « La myrrhe et l’aloès, dont les sucs [sont] très amers, ont la propriété de préserver les corps de la putréfaction. Quatre ou cinq livres eussent suffi à la rigueur. Cette grande quantité d’aromates fait voir qu’il n’était pas seulement enduit, mais plongé dans les parfums pour accélérer l’opération, en évitant de toucher au corps. » (Rohault de Fleury.) Sur la myrrhe, voir Matth. II, 11 et la note.

40. * L’enveloppèrent dans des linges, dont un grand Linceul, le Saint Suaire, exposé à Turin ; précieuse relique conservée jusqu’à nos jours, et dont l’authenticité est désormais scientifiquement bien établie. « Les observations les plus scrupuleuses s’accordent à faire reconnaitre jusqu’à deux cents et trois cents mètres superficiels de linges en lin sur une seule momie [égyptienne]. Un grand nombre de linges ont dû être employés à l’ensevelissement du Sauveur. La respectueuse prodigalité indiquée dans l’emploi des aromates prouve qu’on n’a pas dû épargner davantage les linges et les bandelettes, d’ailleurs nécessaires pour les maintenir. » (Rohault de Fleury.)

41. * Un sépulcre neuf. Voir Matth. XXVII, 60-61.

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Jn 20

*jn20

CHAPITRE XX

Madeleine va au sépulcre ; elle avertit Pierre et Jean ; ils y viennent ensemble. Apparition des anges et de Jésus à Madeleine. Jésus apparait aux apôtres et leur donne le Saint-Esprit. Seconde apparition de Jésus aux apôtres. Thomas voit et croit.

(hi) 1 Una autem sábbati, María Magdaléne venit mane, cum adhuc ténebræ essent, ad monuméntum : et vidit lápidem sublátum a monuménto.

1. Or le premier jour de la semaine, au matin, quand les ténèbres duraient encore, Marie-Madeleine vint au sépulcre, et vit la pierre ôtée du tombeau.

2 Cucúrrit ergo, et venit ad Simónem Petrum, et ad álium discípulum, quem amábat Jesus, et dicit illis : Tulérunt Dóminum de monuménto, et nescímus ubi posuérunt eum.

2. Elle courut donc et vint à Simon Pierre et à l’autre disciple que Jésus aimait, et leur dit : Ils ont enlevé le Seigneur du sépulcre, et nous ne savons où ils l’ont mis.

(hi) 3 Exiit ergo Petrus, et ille álius discípulus, et venérunt ad monuméntum.

3. Pierre donc sortit avec l’autre disciple, et ils vinrent au sépulcre.

4 Currébant autem duo simul, et ille álius discípulus præcucúrrit cítius Petro, et venit primus ad monuméntum.

4. Ils couraient tous deux ensemble ; mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre, et il arriva le premier au sépulcre.

5 Et cum se inclinásset, vidit pósita linteámina : non tamen introívit.

5. Or, s’étant penché, il vit les linges posés ; cependant il n’entra pas.

6 Venit ergo Simon Petrus sequens eum, et introívit in monuméntum, et vidit linteámina pósita,

6. Pierre, qui le suivait, vint aussi, et entra dans le sépulcre, et vit les linges posés,

7 et sudárium, quod fúerat super caput ejus, non cum linteamínibus pósitum, sed separátim involútum in unum locum.

7. Et le suaire qui couvrait sa tête, non posé avec les linges, mais enroulé en un lieu à part.

8 Tunc ergo introívit et ille discípulus qui vénerat primus ad monuméntum : et vidit, et crédidit :

8. Alors donc entra aussi l’autre disciple qui était venu le premier au sépulcre ; et il vit et il crut.

9 nondum enim sciébant Scriptúram, quia oportébat eum a mórtuis resúrgere.

9. Car ils ne savaient pas encore l’Écriture : Qu’il fallait qu’il ressuscitât d’entre les morts.

10 Abiérunt ergo íterum discípuli ad semetípsos.

10. Les disciples donc s’en retournèrent chez eux.

(hi) 11 María autem stabat ad monuméntum foris, plorans. Dum ergo fleret, inclinávit se, et prospéxit in monuméntum :

11. Mais Marie se tenait dehors près du sépulcre, pleurant. Or, tout en pleurant, elle se pencha, et regarda dans le sépulcre ;

12 et vidit duos ángelos in albis sedéntes, unum ad caput, et unum ad pedes, ubi pósitum fúerat corpus Jesu.

12. Elle vit deux anges vêtus de blanc, assis, l’un à la tête, l’autre aux pieds, là où avait été mis le corps de Jésus.

13 Dicunt ei illi : Múlier, quid ploras ? Dicit eis : Quia tulérunt Dóminum meum : et néscio ubi posuérunt eum.

13. Ils lui demandèrent : Femme, pourquoi pleurez-vous ? Elle leur répondit : Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis.

14 Hæc cum dixísset, convérsa est retrórsum, et vidit Jesum stantem : et non sciébat quia Jesus est.

14. Lorsqu’elle eut dit cela, elle se retourna en arrière, et vit Jésus debout ; et elle ne savait pas que ce fût Jésus.

15 Dicit ei Jesus : Múlier, quid ploras ? quem quæris ? Illa exístimans quia hortulánus esset, dicit ei : Dómine, si tu sustulísti eum, dícito mihi ubi posuísti eum, et ego eum tollam.

15. Jésus lui demanda : Femme, pourquoi pleurez-vous ? Qui cherchez-vous ? Elle, pensant que c’était le jardinier, lui répondit : Seigneur, si c’est toi qui l’as enlevé, dis-moi où tu l’as mis, et je l’emporterai.

16 Dicit ei Jesus : María. Convérsa illa, dicit ei : Rábboni (quod dícitur Magíster).

16. Jésus lui dit : Marie. Elle, se retournant, lui dit : Rabbóni (ce qui veut dire Maitre).

17 Dicit ei Jesus : Noli me tángere, nondum enim ascéndi ad Patrem meum : vade autem ad fratres meos, et dic eis : Ascéndo ad Patrem meum, et Patrem vestrum, Deum meum, et Deum vestrum.

17. Jésus lui dit : Ne me touchez pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père ; mais allez à mes frères ; et dites-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.

18 Venit María Magdaléne annúntians discípulis : Quia vidi Dóminum, et hæc dixit mihi.

18. Marie-Madeleine vint annoncer aux disciples : J’ai vu le Seigneur, et il m’a dit ces choses.

(hi) 19 Cum ergo sero esset die illo, una sabbatórum, et fores essent clausæ, ubi erant discípuli congregáti propter metum Judæórum : venit Jesus, et stetit in médio, et dixit eis : Pax vobis.

19. Ce jour-là, premier de la semaine, lorsque le soir fut venu, et que les portes du lieu où les disciples se trouvaient assemblés, étaient fermées, de peur des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu d’eux, et leur dit : Paix à vous !

20 Et cum hoc dixísset, osténdit eis manus et latus. Gavísi sunt ergo discípuli, viso Dómino.

20. Et, lorsqu’il eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples se réjouirent donc à la vue du Seigneur.

21 Dixit ergo eis íterum : Pax vobis. Sicut misit me Pater, et ego mitto vos.

21. Et il leur dit de nouveau : Paix à vous ! Comme mon Père m’a envoyé, ainsi moi je vous envoie.

22 Hæc cum dixísset, insufflávit, et dixit eis : Accípite Spíritum Sanctum :

22. Lorsqu’il eut dit ces mots, il souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit-Saint ;

23 quorum remiséritis peccáta, remittúntur eis : et quorum retinuéritis, reténta sunt.

23. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.

(hi) 24 Thomas autem unus ex duódecim, qui dícitur Dídymus, non erat cum eis quando venit Jesus.

24. Or Thomas, appelé Didyme, un des douze, n’était pas avec eux quand vint Jésus.

25 Dixérunt ergo ei álii discípuli : Vídimus Dóminum. Ille autem dixit eis : Nisi vídero in mánibus ejus fixúram clavórum, et mittam dígitum meum in locum clavórum, et mittam manum meam in latus ejus, non credam.

25. Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais lui leur répondit : Si je ne vois dans ses mains le trou des clous, et si je n’enfonce mon doigt à la place des clous, et que je ne mette ma main dans son côté, je ne croirai point.

26 Et post dies octo, íterum erant discípuli ejus intus, et Thomas cum eis. Venit Jesus jánuis clausis, et stetit in médio, et dixit : Pax vobis.

26. Et huit jours après, ses disciples étaient encore enfermés, et Thomas avec eux. Jésus vint, les portes fermées, et il se tint au milieu d’eux, et leur dit : Paix à vous !

27 Deínde dicit Thomæ : Infer dígitum tuum huc, et vide manus meas, et affer manum tuam, et mitte in latus meum : et noli esse incrédulus, sed fidélis.

27. Puis il dit à Thomas : Mets ton doigt là, vois mes mains ; approche ta main et mets-la dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais croyant.

28 Respóndit Thomas, et dixit ei : Dóminus meus et Deus meus.

28. Thomas répondit et lui dit : Mon Seigneur et mon Dieu.

29 Dixit ei Jesus : Quia vidísti me, Thoma, credidísti : beáti qui non vidérunt, et credidérunt.

29. Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, Thomas, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont point vu et qui ont cru !

(hi) 30 Multa quidem et ália signa fecit Jesus in conspéctu discipulórum suórum, quæ non sunt scripta in libro hoc.

30. Jésus a fait encore en présence de ses disciples beaucoup d’autres miracles qui ne sont pas écrits dans ce livre.

31 Hæc autem scripta sunt ut credátis, quia Jesus est Christus Fílius Dei : et ut credéntes, vitam habeátis in nómine ejus.

31. Mais ceux-ci ont été écrits afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et afin que, croyant, vous ayez la vie en son nom.

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CHAP. XX. 1. Matth. XXVIII, 1 ; Marc. XVI, 1 ; Luc. XXIV, 1. — 11. Matth. XXVIII, 1 ; Marc. XVI, 5 ; Luc. XXIV, 4. — 19. Marc. XVI, 14 ; Luc. XXIV, 36 ; I Cor. XV, 5. — 23. Matth. XVIII, 18. — 30. Infra. XXI, 25.

 

1.* Le premier jour de la semaine est le dimanche.

2. * L’autre disciple, S. Jean l’Évangéliste.

9. L’Écriture. Voy. Ps. XV, 10 ; Is. LIII.

19. La même puissance qui faisait passer le corps entier de Jésus-Christ dans toute sa dimension à travers les portes fermées, rend le même corps réellement présent dans le sacrement de l’Eucharistie, quoique ces deux choses surpassent notre intelligence.

20. Son côté, Ses mains et ses pieds (Comp. Luc XXIV, 39-40). « N.-S. voulut, dit S. Ambroise, porter dans son corps glorieux les cicatrices de ses plaies, comme des trophées de sa victoire sur la mort, l’enfer et le péché ; il les conserve jusque dans le ciel, afin de montrer continuellement à son Père le prix de notre rédemption, et de nous obtenir tout, en intercédant par elles en notre faveur. »

22. Jésus emploie le souffle de sa bouche comme un signe extérieur pour marquer qu’il leur communiquait son esprit.

23. Il faut nécessairement ou rejeter l’authenticité de ces paroles, ou reconnaitre l’origine divine de la confession sacramentelle.

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Jn 21

*jn21

CHAPITRE XXI

Apparition de Jésus à ses disciples près de la mer de Tibériade. Pêche miraculeuse. Amour de saint Pierre. Jésus lui confie ses brebis et lui prédit son martyre. Saint Pierre demande à Jésus ce que deviendra saint Jean.

(hi) 1 Póstea manifestávit se íterum Jesus discípulis ad mare Tiberíadis. Manifestávit autem sic :

1. Après cela, Jésus se manifesta de nouveau à ses disciples près de la mer de Tibériade. Or il se manifesta ainsi.

2 erant simul Simon Petrus, et Thomas, qui dícitur Dídymus, et Nathánaël, qui erat a Cana Galilǽæ, et fílii Zebedǽi, et álii ex discípulis ejus duo.

2. Simon Pierre et Thomas, appelé Didyme, Nathanaël, qui était de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples, se trouvaient ensemble.

3 Dicit eis Simon Petrus : Vado piscári. Dicunt ei : Venímus et nos tecum. Et exiérunt, et ascendérunt in navim : et illa nocte nihil prendidérunt.

3. Simon Pierre leur dit : Je vais pêcher. Ils lui dirent : Nous y allons aussi avec vous. Ils s’en allèrent donc et montèrent dans la barque, et cette nuit-là ils ne prirent rien.

4 Mane autem facto stetit Jesus in lítore : non tamen cognovérunt discípuli quia Jesus est.

4. Mais le matin venu, Jésus parut sur le rivage ; les disciples néanmoins ne connurent point que c’était Jésus.

5 Dixit ergo eis Jesus : Púeri, numquid pulmentárium habétis ? Respondérunt ei : Non.

5. Jésus leur dit donc : Enfants, n’avez-vous rien à manger ? Ils répondirent : Non.

6 Dicit eis : Míttite in déxteram navígii rete, et inveniétis. Misérunt ergo : et jam non valébant illud tráhere præ multitúdine píscium.

6. Il leur dit : Jetez le filet à droite de la barque, et vous en trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils ne pouvaient le tirer, à cause de la multitude des poissons.

7 Dixit ergo discípulus ille, quem diligébat Jesus, Petro : Dóminus est. Simon Petrus cum audísset quia Dóminus est, túnica succínxit se (erat enim nudus) et misit se in mare.

7. Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : C’est le Seigneur. Lorsque Simon Pierre eut entendu que c’était le Seigneur, il se ceignit de sa tunique (car il était nu), et se jeta dans la mer.

8 Alii autem discípuli navígio venérunt (non enim longe erant a terra, sed quasi cúbitis ducéntis), trahéntes rete píscium.

8. Les autres disciples vinrent avec la barque (car ils n’étaient éloignés de la terre que d’environ deux cents coudées), tirant le filet plein de poissons.

9 Ut ergo descendérunt in terram, vidérunt prunas pósitas, et piscem superpósitum, et panem.

9. Or dès qu’ils furent descendus à terre, ils virent des charbons préparés et du poisson placé dessus, et du pain.

10 Dicit eis Jesus : Afférte de píscibus, quos prendidístis nunc.

10. Jésus leur dit : Apportez quelques-uns des poissons que vous avez pris à l’instant.

11 Ascéndit Simon Petrus et traxit rete in terram, plenum magnis píscibus centum quinquagínta tribus. Et cum tanti essent, non est scissum rete.

11. Simon Pierre monta dans la barque, et tira à terre le filet plein de cent cinquante-trois gros poissons. Et quoiqu’il y en eût tant, le filet ne fut pas rompu.

12 Dicit eis Jesus : Veníte, prandéte. Et nemo audébat discumbéntium interrogáre eum : Tu quis es ? sciéntes, quia Dóminus est.

12. Jésus leur dit : Venez, mangez. Et chacun de ceux qui prenaient part au repas n’osait lui demander : Qui êtes-vous ? sachant que c’était le Seigneur.

13 Et venit Jesus, et áccipit panem, et dat eis, et piscem simíliter.

13. Et Jésus vint, prit le pain, et le leur donna, et le poisson pareillement.

14 Hoc jam tértio manifestátus est Jesus discípulis suis cum resurrexísset a mórtuis.

14. Ce fut la troisième fois que Jésus se manifesta à ses disciples, après qu’il fut ressuscité d’entre les morts.

15 Cum ergo prandíssent, dicit Simóni Petro Jesus : Simon Joánnis, díligis me plus his ? Dicit ei : Etiam Dómine, tu scis quia amo te. Dicit ei : Pasce agnos meos.

15. Lors donc qu’ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Pais mes agneaux.

16 Dicit ei íterum : Simon Joánnis, díligis me ? Ait illi : Etiam Dómine, tu scis quia amo te. Dicit ei : Pasce agnos meos.

16. Il lui dit de nouveau : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Pais mes agneaux.

17 Dicit ei tértio : Simon Joánnis, amas me ? Contristátus est Petrus, quia dixit ei tértio : Amas me ? et dixit ei : Dómine, tu ómnia nosti, tu scis quia amo te. Dixit ei : Pasce oves meas.

17. Il lui dit une troisième fois : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Pierre fut contristé qu’il lui eût dit une troisième fois : M’aimes-tu ? Et il lui répondit : Seigneur, vous connaissez toutes choses, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis.

18 Amen, amen dico tibi : cum esses júnior, cingébas te, et ambulábas ubi volébas : cum autem senúeris, exténdes manus tuas, et álius te cinget, et ducet quo tu non vis.

18. En vérité, en vérité, je te le dis : Quand tu étais jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais. Mais quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te conduira où tu ne voudras pas.

19 Hoc autem dixit signíficans qua morte clarificatúrus esset Deum. Et cum hoc dixísset, dicit ei : Séquere me.

19. Or il dit cela, indiquant par quelle mort il devait glorifier Dieu. Et lorsqu’il eut ainsi parlé, il lui dit : Suis-moi.

20 Convérsus Petrus vidit illum discípulum, quem diligébat Jesus, sequéntem, qui et recúbuit in cœna super pectus ejus, et dixit : Dómine, quis est qui tradet te ?

20. Pierre s’étant retourné, vit venir après lui le disciple que Jésus aimait, qui s’était aussi reposé pendant la cène sur son sein, et dit : Seigneur, qui est celui qui vous trahira ?

21 Hunc ergo cum vidísset Petrus, dixit Jesu : Dómine, hic autem quid ?

21. Pierre donc l’ayant vu, demanda à Jésus : Seigneur, mais celui-ci, que deviendra-t-il ?

22 Dicit ei Jesus : Sic eum volo manére donec véniam, quid ad te ? tu me séquere.

22. Jésus lui répondit : Je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi.

23 Exiit ergo sermo iste inter fratres quia discípulus ille non móritur. Et non dixit ei Jesus : Non móritur, sed : Sic eum volo manére donec véniam, quid ad te ?

23. Le bruit courut donc parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Cependant Jésus ne lui dit pas : Il ne mourra point ; mais : Je veux qu’il demeure ainsi jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ?

(hi) 24 Hic est discípulus ille qui testimónium pérhibet de his, et scripsit hæc : et scimus quia verum est testimónium ejus.

24. C’est ce même disciple qui rend témoignage de ces choses, et qui les a écrites ; et nous savons que son témoignage est vrai.

25 Sunt autem et ália multa quæ fecit Jesus : quæ si scribántur per síngula, nec ipsum árbitror mundum cápere posse eos, qui scribéndi sunt, libros.

25. Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; si elles étaient écrites en détail, je ne pense pas que le monde lui-même pût contenir les livres qu’il faudrait écrire.

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CHAP. XXI. 18. II Petr. I, 14. — 20. Supra. XIII, 23. — 22. Matth. X, 23 ; XVI, 28 ; XXIV, 34 ; Marc. VIII, 39 ; XIII, 30 ; Luc. IX, 27. — 25. Supra. XX, 30.

 

2. * Nathanaël, l’apôtre S. Barthélémy. Voir Joan. I, 45. — Les fils de Zébédée, S. Jacques le Majeur et S. Jean l’Évangéliste.

7. Nu ; c’est-à-dire, sans son vêtement de dessus.

17. Pais mes brebis. Pierre a réparé son triple reniement par une triple protestation d’amour. Le Sauveur avait promis à saint Pierre la suprématie spirituelle (Matth. XVI, 19) : et il remplit ici sa promesse, en le chargeant de paitre toutes ses brebis sans exception, par conséquent tout son troupeau, c’est-à-dire toute son Église.

19. * S. Pierre mourut sur une croix, à Rome, la tête en bas, l’an 67 de notre ère. Ce n’est que plusieurs années après le martyre du prince des apôtres que S. Jean rappelait dans son Évangile cette prophétie du Sauveur.

20. * Le disciple que Jésus aimait, S. Jean l’Évangéliste.

22, 23. * Je veux qu’il demeure ainsi… Le texte grec porte : Si je veux, et laisse ainsi la chose dans le doute.

22. Qu’il demeure ainsi : qu’il reste en vie, par opposition à suivre Jésus par le martyre. — Que t’importe ce qui doit arriver à tes frères dans l’apostolat ? Songe à bien remplir la tâche qui t’est assignée. — Toi, suis-moi : Jésus invite Pierre à le suivre dans sa mort sur la croix. Jésus prédit le crucifiement à Pierre (S. Augustin). Saint Pierre fut en effet crucifié à Rome en l’an 67, la tête en bas. Bien des années après la mort de saint Pierre, saint Jean fit remarquer que la prophétie de Jésus s’était accomplie.

24-25. « Ces versets sont un nouvel épilogue de l’Évangile de saint Jean (comp. XX, 30), devenu nécessaire après l’addition du chapitre XXI. — À cause de la forme plurielle, nous savons, quelques-uns pensent que ces versets ne sont pas de saint Jean, mais qu’ils ont été ajoutés soit par des disciples de N.-S., entre autres saint André, soit par les prêtres de l’Église d’Éphèse. Mais rien n’oblige à admettre cette conclusion. Saint Jean, dans sa première Épitre, emploie aussi le pluriel : ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons ; cette forme que les rhéteurs appellent communicative, était familière aux grecs dans le style épistolaire. Or, la première Épitre, comme nous l’avons dit plus haut, est la préface et la lettre d’envoi de l’Évangile : pourquoi donc saint Jean n’aurait-il pu terminer par une conclusion qui rappelât la préface, et dont le style, par conséquent, prit le caractère épistolaire ? » (Crampon, 1885)

25. Le monde entier : « Locution hyperbolique presque réalisée par les faits, dit Corn. de Lapierre : les discours et les livres composés sur la vie du Sauveur ne sont-ils pas vraiment innombrables ? On trouve des hyperboles non moins fortes dans les livres rabbiniques, et même dans Cicéron, par ex. II Philip. XXVII. » (Crampon). — # Il ne s’agit pas d’une hyperbole mais de l’exacte réalité : le Fils de Dieu, Dieu lui-même a vécu, dans l’humanité à laquelle Il s’est unie, tout ce que vit Dieu : « tout (quæcúmque) ce que le Père fait, le Fils le fait pareillement. » (Joan. V, 19) La Vie de Dieu étant infinie, les actes de notre Seigneur Jésus Christ ont réellement été en nombre infinis dans le temps de sa vie mortelle.

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