APOCALYPSE DE SAINT JEAN
L’Apocalypse, ou Révélation, est une prophétie qui a pour objet les destinées de l’Église, depuis ses commencements si faibles en apparence, jusqu’à l’achèvement parfait de son œuvre sur la terre et son triomphe final dans l’Éternité.
La Bible s’ouvre par le récit de la Création, suivie bientôt de la chute de la promesse d’un Rédempteur. Ce Rédempteur, tout l’Ancien-Testament le figure, l’annonce et le prépare ; le Nouveau-Testament le montre, il met sous nos yeux sa vie et sa mort, sa doctrine et ses institutions, avec les premiers combats de l’Église naissante. Dans quelles conditions doit se continuer, à travers les âges, cette lutte de la puissance du mal contre les enfants de Dieu ? Quelles en seront les vicissitudes ? Quel en sera le terme suprême et définitif ? Le Sauveur, dans ses enseignements, avait levé un coin du voile et esquissé à grands traits les scènes de son Retour et les destinées finales de son Royaume. C’est à l’Apocalypse qu’il était réservé de faire resplendir, dans les obscurités de l’avenir du Règne de Dieu, de précieux rayons de lumière. Nous y voyons l’Église toujours souffrante, toujours combattue, mais toujours victorieuse, parce que Celui qui est avec elle est plus fort que le monde et que le prince de ce monde. Les derniers chapitres correspondent aux premiers de la Genèse, et achèvent ce que Moïse avait commencé : le cycle immense des destinées de l’humanité est parcouru, le mal est vaincu, la miséricorde et la justice éternelles sont glorifiées, les douloureux mystères de la vie sont expliqués, tout est accompli, Dieu règne éternellement avec les saints, les révélations de Dieu sont closes.
L’auteur de l’Apocalypse est l’apôtre saint Jean ; c’est ce qu’affirment, dès les Pères apostoliques et durant les trois premiers siècles, toutes les voix les plus dignes de confiance. Le canon de l’Église romaine a toujours contenu ce livre sous le nom de l’apôtre Jean. Nous en avons la preuve dans l’ancienne Italique qui l’avait traduit, dans le fragment de Muratori où il figure, et dans les déclarations formelles de Tertullien (de Præscript., 33 ; Contra Marc. IV, 5), et de saint Cyprien (de Bono patient., 24). Trois témoignages anciens sont surtout d’un grand poids ; ce sont ceux de saint Justin martyr, de saint Méliton et de saint Irénée. Le premier de ces Pères, esprit philosophique autant que pieux, avait, avant de venir à Rome, exercé les fonctions d’évangéliste dans l’Église d’Éphèse, aux lieux mêmes où saint Jean s’était fixé et où il était mort moins de quarante ans auparavant. Dans son Dialogue contre le juif Tryphon, écrit dans cette même ville vers l’an 150, il s’exprime ainsi (ch. 81) : « Parmi nous aussi, un homme du nom de Jean, l’un des Apôtres du Christ, ayant eu une révélation (Apocalypse), a prédit que ceux qui ont cru à notre Christ séjourneront mille ans à Jérusalem, et qu’après cela la résurrection générale et éternelle de tous ensemble aura lieu. » Comp. Apoc., XX, 1-6. Saint Méliton fut au second siècle évêque de Sardes, l’une des sept Églises auxquelles des avis et des reproches sont donnés dans l’Apocalypse (III, 1). Or, non seulement, il a cité ce livre comme l’œuvre de saint Jean, mais il en a donné une explication comme d’un ouvrage inspiré (saint Jérôme, de Vir., ill., 24 ; Eusèbe, Hist., eccl., IV, 26). Saint Irénée surtout met hors de doute l’opinion de la plus haute antiquité sur l’Apocalypse. Dans sa polémique contre les hérétiques, il allègue souvent ce livre comme une autorité divine ; il en nomme l’auteur comme une chose qui s’entend de soi et qui est reconnue par toute l’Église ; il dit que c’est une œuvre toute récente, écrite “presque dans sa génération” ; il combat une fausse variante qu’on voulait y introduire (XIII, 18), en faisant appel “à ceux qui avaient vu Jean face à face”. Et on sentira l’importance décisive d’un tel témoignage, si l’on fait attention à toutes les facilités qu’avait eues saint Irénée pour connaitre la véritable origine de l’Apocalypse, lui, né à Smyrne (an 132), l’une des sept Églises ; lui, élevé par saint Polycarpe, disciple de saint Jean, dans cette Asie Mineure toute remplie du souvenir de l’Apôtre bien-aimé. Il y a plus : non seulement les grands docteurs du deuxième siècle attribuent l’Apocalypse à saint Jean, mais les Églises elles-mêmes sont déjà pénétrées des enseignements de ce livre et y cherchent les consolations et le courage dont elles ont besoin au milieu de leurs tribulations. Témoin la lettre célèbre adressée par les Églises de Lyon et de Vienne aux Églises d’Asie sur l’héroïque fermeté de leurs martyrs pendant la persécution de l’an 177. Elle emprunte à l’Apocalypse plusieurs de ses grandes images et de ses pensées les plus caractéristiques : la persécution, c’est l’œuvre de la bête (Apoc., XII, 13) ; les martyrs sont les fidèles du Christ, qui “suivent l’Agneau partout où il va” (Apoc., XIV, 4) ; le sang répandu, loin d’apaiser, ne fait qu’exciter la fureur du légat et du peuple, “semblable à la colère de la bête” ; si étrange que cette haine puisse paraitre, on ne s’en étonne pas, car on y voit l’accomplissement de l’Écriture, et cette Écriture est précisément un passage de l’Apocalypse (XXII, 11) copié mot pour mot : « Que celui qui est injuste continue de faire le mal, et que celui qui est juste se justifie encore. » Aux témoignages qui précèdent, nous pourrions ajouter ceux de Clément d’Alexandrie, d’Origène, le plus savant critique de l’antiquité, etc. Mais à quoi bon ? Il est constant que jusqu’à la fin du deuxième siècle et au commencement du troisième, l’Apocalypse était universellement considérée comme l’œuvre de l’apôtre saint Jean, par l’Église grecque comme par l’Église latine, en Asie Mineure comme en Afrique et dans les Gaules.
À cette époque, s’élevèrent contre l’autorité apostolique de l’Apocalypse, plusieurs voix dissidentes, que nous devons mentionner (il est permis de ne pas tenir compte des objections de quelques hérétiques, tels que Marcion et d’autres, qui rejetaient ce livre pour des raisons dogmatiques). La principale fut celle de saint Denys d’Alexandrie (…) [qui prit à parti l’évêque Nepos et ses chrétiens, pour sa croyance millénariste pourtant justement appuyée sur l’Apocalypse de saint Jean et l’interprétation fervente dans ce sens de saint Irénée, Père très autorisé comme indiqué ci-dessus, pour connaitre du sens véritable des Mille ans consignés par saint Jean dans l’Apocalypse], Denys essaya de renverser l’autorité même qu’ils invoquaient : il nia que l’Apocalypse fut l’œuvre de saint Jean, cet écrit, disait-il, n’ayant aucune affinité, ni pour le fond ni pour la forme, avec les autres ouvrages du Disciple bien-aimé. Nous verrons bientôt ce qu’il faut penser de cette dernière allégation. (…)
Ouvrons maintenant le livre lui-même : les preuves internes sont-elles favorables à l’apôtre saint Jean ? Aucun lecteur sérieux et de bonne foi n’hésitera à répondre affirmativement.
D’abord, l’auteur de l’Apocalypse se nomme plusieurs fois dans le cours de son ouvrage : « Moi, Jean, votre frère, et votre compagnon de persécution, de royauté et de patience » (I, 9 ; comp. I, 1-4 ; XXII, 8). — Mais ici deux questions se posent :
1° L’assertion est-elle sincère ou bien ne serait-elle pas une de ces fraudes familières aux auteurs d’Apocalypses ? (À peu près dans le même temps que saint Jean publia ses révélations, apparurent plusieurs écrits analogues, portant aussi des noms d’Apôtres, mais justement suspects et bientôt abandonnés de tous, tels que l’Apocalýpsis Petri, l’Apocalýpsis Pauli, l’Apocalýpsis Thomæ, etc.) En d’autres termes, le livre ne serait-il pas d’un inconnu qui aurait prêté à un homme du premier ordre dans la vénération des fidèles, au disciple que Jésus aimait, une révélation conforme à ses idées ? — 2° La sincérité de l’allégation étant admise, ce Jean, au lieu d’être l’apôtre fils de Zébédée, ne serait-il pas simplement son homonyme ? Aucune de ces deux hypothèses ne résiste à l’examen. 1° Notre Apocalypse, tout le monde en convient, date de la fin du premier siècle ; quelques exégètes en reportent même la composition dans les années qui suivirent de près la mort de Néron, l’an 68 ou 69. De fait, l’auteur y dépeint avec la plus grande exactitude l’état de l’Église tel qu’il devait être en Asie à la fin du premier siècle : les chrétientés organisées de la manière la plus simple, mais déjà éprouvées par la persécution, et par les premières hérésies, l’opposition de plusieurs faux docteurs, des judaïsants en particulier. Si donc l’Apocalypse canonique est pseudonyme, elle aurait été attribuée à saint Jean du vivant de cet apôtre, ou très peu de temps après sa mort : mais est-il concevable que le faussaire eût eu la hardiesse d’adresser son œuvre apocryphe précisément aux sept Églises qui avaient été dans un rapport si intime avec l’apôtre Jean, au milieu desquelles il avait passé les dernières années de sa longue vie ?
Pour échapper à cette difficulté, un professeur de Leyde, M. Scholten, bien connu par ses excentricités critiques et exégétiques, a essayé récemment de démontrer que l’apôtre saint Jean n’avait jamais mis le pied en Asie. La vérité est que, d’après la tradition unanime de l’antiquité, l’Asie proconsulaire fut, surtout depuis le départ de saint Paul (an 59), le théâtre de l’activité apostolique de saint Jean ; Éphèse était le centre d’où il rayonnait dans les alentours. Citons seulement deux témoignages précis et irrécusables. Polycrate, évêque d’Éphèse, dans une lettre au pape Victor (vers l’an 196, Eusèbe, V, 24), dit que l’apôtre Jean qu’il appelle « témoin de la foi, docteur et pontife, portant sur le front le pétalon ou bandeau du grand-prêtre », mourut à Éphèse et qu’il y a son tombeau. Saint Irénée, né en Asie Mineure et disciple de saint Polycarpe, évêque de Smyrne, s’exprime ainsi : « L’Église d’Éphèse, qui a été fondée par saint Paul, et dans laquelle Jean est demeuré jusqu’au temps de Trajan, est aussi un témoin fidèle de la tradition apostolique » (Adv. Hær., III).
Ainsi, le nom de Jean, inscrit quatre fois dans l’Apocalypse, n’est pas un pseudonyme frauduleux : il désigne bien l’auteur du livre. Nous ajoutons, en second lieu, qu’il n’est pas non plus un homonyme de l’apôtre, mais qu’il désigne vraiment le fils de Zébédée.
2° En effet, ce nom n’est pas seul et isolé, sans autre élément d’appréciation. Il figure dans le livre, entouré de circonstances si précises, d’indications si nettes, qu’elles ne laissent aucun doute sur le personnage auquel il convient. Ainsi, chap. I, 9, ce Jean qui se dit l’auteur de l’Apocalypse, ajoute qu’il a eu cette révélation alors « qu’ils se trouvait dans l’ile de Patmos à cause de la Parole de Dieu et du témoignage de Jésus ». Or, toute l’antiquité ecclésiastique, de saint Irénée et de Clément d’Alexandrie jusqu’à Eusèbe et saint Jérôme, connait cet exil de l’apôtre saint Jean à Patmos. Déjà, Origène invoquait la tradition en faveur de ce fait. Et qu’on ne dise pas que cette tradition elle-même découle de ce passage de l’Apocalypse ; elle a dans l’histoire un fondement si solide, qu’Eusèbe, qui pourtant hésitait à proclamer ce livre l’œuvre du Disciple bien-aimé, n’en relate pas moins, sans élever aucun doute à ce sujet, l’exil de ce dernier dans l’ile de Patmos.
Les lettres aux sept Églises d’Asie ne sont pas moins propres à nous faire reconnaitre le véritable auteur de l’Apocalypse. Le Jean qui y parle s’exprime avec tant de vigueur et d’autorité, il suppose si nettement qu’on le connait, il sait si bien les secrets des Églises, qu’on ne peut se refuser à voir en lui un dignitaire ecclésiastique hors-ligne, un apôtre dans le sens strict de ce mot.
Autre particularité du même genre : à la fin de son livre, l’auteur de l’Apocalypse ajoute une terrible menace contre quiconque se permettrait de rien ajouter ou retrancher aux prophéties qui y sont contenues (XXII, 18, sq. ; comp. I, 3) : ce langage, qui rappelle celui de saint Paul à l’adresse des falsificateurs de son Évangile (Gal. I, 8), n’annonce-t-il pas un homme revêtu du caractère d’apôtre et qui a pleine conscience de sa dignité apostolique ?
Un autre indice qui prouve avec plus de force encore que l’auteur de l’Apocalypse est l’apôtre saint Jean, c’est que ce livre, sous une forme toute différente, reproduit un certain nombre d’expressions et de vues doctrinales propres au quatrième Évangile et aux épitres johanniques. C’est ce qu’un critique allemand, M. Gebhart, a mis en lumière avec une rare sagacité dans un ouvrage spécial où il entre dans les plus grands détails. Bornons-nous à quelques traits : la désignation du Fils de Dieu comme le Verbe ou la Parole éternelle, exclusivement propre à cet apôtre (Joan. I, 1, sq. ; I Joan. I, 1-13 ; Apoc. XIX, 13) ; la vision plusieurs fois réitérée du Sauveur sous la forme d’un agneau immolé, rappelant “l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde” (Joan. I, 29, 36 ; Apoc. V, 6-9 : comp. I Joan. II, 2) ; la mort du Sauveur exprimée par ces paroles du prophète Zacharie (XII, 10) : « Ils verront celui qu’ils ont percé » (Joan. XIX, 37 ; Apoc. I, 7) ; les grâces et dons du Saint-Esprit représentés sous l’image d’une eau vive, que le Sauveur nous invite à recevoir de lui (Joan. IV, 10-14 ; VII, 37-39 ; Apoc., VII, 17 ; XXI, 6 ; XXII, 1-17) ; l’union intime et vivante du Christ avec ses vrais disciples présentée comme une demeure permanente qu’il fait en eux (Joan. XIV, 23 ; Apoc. III, 20) ; enfin, une foule d’expressions et de locutions communes au quatrième Évangile, aux épitres de saint Jean et à l’Apocalypse, comme la lumière opposée aux ténèbres, la vérité au mensonge, la vie à la mort, témoignage, rendre témoignage, vrai ou véridique, manne, faire (pratiquer) la vérité, le mensonge, vaincre le monde, garder la parole de Dieu, de Jésus, garder les commandements, l’heure vient, etc.. Cette conformité de doctrine et de langage, dont nous ne rappelons que les principaux traits, ne laisse-t-elle pas dans l’esprit et dans le cœur la forte persuasion que les divers écrits attribués à saint Jean sont en effet l’œuvre d’un seul et même auteur ?
Nous touchons ici au style même de l’Apocalypse. Qu’il soit beaucoup plus dur, plus incorrect, plus imprégné d’hébraïsmes que celui du quatrième Évangile, qu’on n’y remarque plus qu’à de rares intervalles ces doux accents, cette clarté sereine qui font le charme de ce dernier écrit, cela est incontestable. Mais ces différences s’expliquent tout naturellement par la diversité du sujet et des circonstances. Jean composa son Évangile sous l’impression des tendres et doux souvenirs de son divin Maitre ; il écrivit l’Apocalypse au sortir d’une extase toute remplie de terribles visions : l’exposition ne saurait être la même dans les deux cas ; autant l’une sera calme et tranquille, autant l’autre aura d’énergie et de mouvement. L’Apocalypse est un livre prophétique : dès lors, il doit parler la langue et prendre les grandes images des prophètes de l’ancien Testament (Ézéchiel, Daniel, Isaïe dans sa seconde partie). Écrit en grec, il sera pensé en hébreu. Voilà pourquoi l’auteur néglige souvent les règles grammaticales des Hellènes pour se conformer au génie de la langue hébraïque. Et malgré tout, on découvre entre le quatrième Évangile et l’Apocalypse, une ressemblance frappante de style, non seulement dans les mots et dans certaines tournures familières à l’auteur, mais encore et surtout dans cette simplicité de construction qui rend la phrase claire et limpide, au point que jamais on n’hésite sur le sens qu’elle exprime. Tous les écrits de saint Jean portent ce double caractère : diction simple, à la portée d’un enfant, pensées grandes et sublimes, qui ne sont parfois obscures qu’à cause de leur profondeur.
Malgré la couleur fortement hébraïque du style, tout le monde convient que l’Apocalypse a été écrite en grec ; c’est ce que prouvent les noms de mesures empruntés à cette langue, les citations de l’Ancien-Testament faites d’après les Septante, enfin des phrases telles que celle-ci : « Je suis l’alpha et l’oméga ».
C’est encore le livre lui-même qui nous dira le lieu et la date de sa composition. D’après Apoc., I, 9, Jean reçut sa mystérieuse révélation pendant qu’il était en exil dans l’ile de Patmos. Or, il est dans la nature des choses que ces visions qu’il avaient eues dans l’état d’extase, il les ait écrites aussitôt après en être sorti. C’est là, d’ailleurs, ce qui ressort des ordres que le Seigneur lui donne à plusieurs reprises (Apoc., I, 2 ; XIX, 9 ; XXI, 5). Quant à l’époque du bannissement de l’Apôtre à Patmos, nous la connaissons par saint Irénée : « Les visions de l’Apocalypse, dit ce Père, ont eu lieu il n’y a pas longtemps, et presque de nos jours, savoir, vers la fin du règne de Domitien. » Eusèbe et saint Jérôme confirment ce témoignage. Ce dernier précise même davantage : il assigne à l’exil de saint Jean la quatorzième année du règne de Domitien, c’est-à-dire l’an 95 après Jésus-Christ. La persécution de Domitien, beaucoup plus étendue que celle de Néron, frappa surtout les Églises d’Orient. Effrayé par l’annonce d’un grand dominateur qui devait venir de ces contrées, cet empereur fit trainer jusqu’à Rome les descendants de David, entre autres les neveux de l’apôtre saint Jude, parents de Jésus-Christ, afin de les interroger en personne sur le règne du Christ. Le dernier apôtre survivant fut-il aussi amené devant le tyran, et son exil fut-il la suite de son interrogatoire ? C’est là une conjecture qui n’a rien d’invraisemblable. Si quelques exégètes de nos jours placent la rédaction de l’Apocalypse avant la destruction de Jérusalem, l’an 69, c’est uniquement parce que leur système d’interprétation exige absolument cette date. Mais non seulement ils font violence à l’histoire, ils se mettent aussi en contradiction avec eux-mêmes, comme nous le montrerons plus loin.
La pensée fondamentale de l’Apocalypse, c’est le retour glorieux de Jésus. Elle se montre dès le prologue (I, 7), et après avoir pénétré tout le livre (II, 16 ; III, 11 ; VI, 2 ; XIX, 11), elle retentit comme un dernier écho dans l’épilogue (XXII, 7, 12, 20), où trois fois la voix de Jésus répète : « Voici que je viens bientôt », à quoi l’Esprit et l’Épouse répondent : « Oui, venez, Seigneur. » Que les fidèles fixent leur regard sur ce glorieux avènement qui mettra fin aux épreuves des justes et couronnera l’œuvre encore imparfaite du Messie. En attendant ce triomphe suprême, il leur reste bien des combats à livrer, bien des persécutions à souffrir. À chacun d’eux, le Christ dit, comme à l’ange de Smyrne : « sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie » (II, 10). Soutenir le courage des chrétiens de tous les âges, en soutenant leur foi et leur espérance, tel est donc le but de l’Apocalypse. Les obscurités qu’elle renferme ne l’empêchent pas d’atteindre sa fin. Elles ne regardent que l’interprétation d’ensemble : tous les détails sont d’une clarté saisissante. Nous y voyons à chaque page que l’Église de la terre souffre et combat sous les yeux de Jésus-Christ ; que rien ne lui arrive qui ne soit prévu et permis par son divin Chef ; que le triomphe final, non seulement après cette vie, mais sur la terre même, est réservé aux élus, tandis que d’effroyables châtiments frappent toujours leurs persécuteurs. Quoi de plus propre à nous faire assister sans trouble et sans faiblesse aux combats de jour en jour plus perfides ou plus violents livrés aux enfants de Dieu ?
L’histoire de l’interprétation de l’Apocalypse demanderait tout un volume ; nous nous contenterons d’indiquer en peu de mots les principales tendances qui se manifestent dans la manière d’entendre ce livre prophétique. Trois systèmes principaux se trouvent en présence ; système historique, système eschatologique ou de la fin des temps, et système rationaliste.
1. Le système historique, comme l’indique son nom, consiste à chercher dans l’histoire, pour chacune des visions symboliques, chacune des grandes images de l’Apocalypse, un personnage, un évènement où elles aient trouvé leur accomplissement. Les nombreux exégètes qui ont suivi cette méthode forment deux groupes bien distincts : les uns croient reconnaitre, dans les visions du Livre divin, les luttes et les triomphes de l’Église durant toute son existence terrestre, qu’ils partagent d’ordinaire en sept âges (Joachim de Flore, Oriol, Holzhäuser, La Chétardie, etc.) ; les autres n’y trouvent que l’annonce de ses premières victoires, de celles qu’elle devait remporter sur le judaïsme et sur le paganisme, ou même sur le paganisme seulement, représenté par Rome idolâtre, jusqu’à la prise et au sac de cette ville par les barbares (Ve siècle — Alcazar, Bossuet, Bovet, D’Allioli, etc.).
a) Des objections formidables s’élèvent contre le premier groupe des interprétations historiques. Une seule suffit à les faire crouler : l’époque du jugement final n’étant connu de personne, nul ne sait non plus quelle sera la durée de l’Église ici-bas. Dès lors, comment serait-il possible de partager, comme on le fait, cette durée en sept âges ou périodes, et de marquer exactement la correspondance de chacun de ces âges avec les faits figurés par tel ou tel sceau, par telle ou telle trompette, par telle ou telle coupe ? Joachim de Flore divisait en sept périodes les douze siècles qui l’avaient précédé ; cinq cents ans plus tard, Holzhäuser opérait la même division dans une durée beaucoup plus longue, et tous deux se croyaient également arrivés au dernier âge du monde. Supposons que le monde doive subsister encore vingt mille, cent mille ans (et l’on n’a à cet égard, aucune assurance contraire), les sept âges tout entier de l’abbé de Flore ou d’Oriol ne fourniraient pas même de qui composer, dans la nouvelle répartition, une première période ! Aussi le désaccord le plus complet règne-t-il, quant à l’application des symboles, entre les partisans de ce système d’interprétation : on y nage en plein arbitraire. Il n’est pas une image de l’Apocalypse pour laquelle ils n’aient parcouru tout le cycle de l’histoire, depuis Néron jusqu’à Napoléon, depuis la destruction de Jérusalem jusqu’à la Révolution française, y compris tous les hommes marquants et toutes les hérésies qui ont paru dans l’Église. On peut affirmer qu’ils n’ont de commun que le principe, ce qui prouve justement qu’il est mauvais.
b) Au deuxième groupe des interprétations historiques est attaché un nom immortel, celui de Bossuet. Les vues générales de l’évêque de Meaux sont grandes et profondes ; nous pensons néanmoins que ses explications, fussent-elles reconnues vraies dans leur ensemble, ne peuvent être maintenues dans beaucoup de détails. Ainsi, nous ne saurions admettre qu’un des objets de l’Apocalypse soit la ruine de Jérusalem (ch. VII-VIII), que certaines plaies doivent s’entendre dans le sens de châtiments mystiques et spirituels, tels que les hérésies au sein de l’Église chrétienne (5e trompette : ch. IX) : les hérésies sont un fléau pour l’Église, non un châtiment pour ses persécuteurs, et l’on aurait quelque peine à les reconnaitre sous la figure de cavaliers armés pour les batailles. Du reste, l’explication de Bossuet a reçu de notables perfectionnements des commentateurs qui en ont adopté le principe (D. Calmet, Bovet, et plus récemment Le Hir dans ses doctes leçons de Saint-Sulpice). Ainsi amendée, elle peut se résumer ainsi :
Toutes les visions symboliques des chap. IV-XIX : sept sceaux, sept trompettes et sept coupes, ont rapport à un seul et même objet, la ruine de l’empire romain, idolâtre et persécuteur. Leur succession indique la durée et le progrès de l’œuvre qu’ils annoncent. Chap. VI-VII. Ouverture des sceaux : premiers malheurs (guerres, famines, etc.) de l’empire, depuis Domitien jusqu’aux Antonins (an. 96-138). Chap. VIII-X. Les sept trompettes : décadence de l’empire ; il perd le tiers de sa puissance, depuis Antonin le Pieux jusqu’à Gallien. Première trompette : calamité des règnes d’Antonin, de Marc-Aurèle et de Commode (an. 138-193) : tremblements de terre, famines, débordements de fleuves, incendies à Rome. Deuxième trompette : guerres sous Sévère. Troisième trompette : peste de 15 ans sous Dèce, Gallus, Valérien et Gallien (250-267). Quatrième trompette : captivité et mort de Valérien. Cinquième et sixième trompettes : ravages exercés dans l’empire par les barbares. Chap. XI. Depuis Gallien jusqu’à la persécution de Galère (268-305). Vers. 1-14 : les deux témoins sont l’Église elle-même, qui continuera de rendre témoignage à Jésus-Christ ; le nombre deux, purement symbolique, signifie que ce témoignage a une autorité irrécusable, selon la parole même du Sauveur (Matth. XVIII, 16). Vers. 15, sq. : septième trompette : progrès de l’Église dans le monde entier et jugement de Dieu sur ses persécuteurs. Chap. XII : persécution de Galère et de Maximin. Chap. XIII : Julien l’Apostat. Chap. XIV : le nombre des martyrs est complet. Annonce de la moisson : prise de Rome par Alaric ; et de la vendange : malheurs de l’empire dans les années qui suivront (Attila, etc.). Chap. XV et XVI. Les sept coupes de la colère de Dieu. Première coupe : peste dans toute l’Europe quelques années après la mort de Julien. Deuxième coupe : batailles de Marianopolis et d’Andrinople, où Valent fut vaincu par les Goths. Troisième coupe : ravages des barbares en Orient et en Occident. Quatrième coupe : famine et peste. Cinquième coupe : prise de Rome par Alaric (an 410). Sixième coupe : les barbares s’établissent librement dans l’empire ; Attila. Septième coupe : de Valentinien III à la chute de l’empire d’Occident (an 476). Genséric et les Vandales ; Odoacre et les Hérules ; Théodoric et les Ostrogoths. Chap. XVI. L’ange donne à saint Jean la clef des visions précédentes. Vers. 1 : la femme prostituée, c’est Rome, capitale de l’empire. Vers. 8 : la bête qui a été et qui n’est plus, c’est l’empire romain idolâtre : conversion de Constantin (an 312). Vers. 10 : les sept têtes sont sept rois ; ce nombre symbolique désigne toute la série des empereurs persécuteurs. Cinq ne sont plus : ce sont tous les empereurs morts ; l’un subsiste : c’est Maximin, qui règnera encore un an en Orient ; l’autre n’est pas encore venu ; c’est Julien l’Apostat. Vers. 11. La bête qui était et qui n’est plus, c’est l’empire romain, dont les sujets s’appelaient le peuple roi ; il restera adonné à l’idolâtrie et persécutera les saints même après la mort de Julien. Vers. 12-13. Les dix cornes sont dix rois : les chefs barbares qui, tantôt alliés, tantôt ennemis de l’empire, finiront par s’en partager les provinces. Chap. XVIII-XIX. Chute de Babylone, c’est-à-dire de Rome païenne ; lamentation de la terre et joie du ciel à ce sujet. Chap. XX. Règne de mille ans : c’est Jésus-Christ régnant du haut du ciel dans l’Église de la terre, tout le temps que celle-ci jouira d’une paix relative. Mille ans indiquent une longue durée, [venant après la chute et] le règne très court de l’Antéchrist ; puis enfin le jugement final.
Telle est, dans ses lignes principales, et avec les modifications de détail qu’elle a reçues plus tard, l’explication de Bossuet. Est-ce naturellement et sans effort que les faits de l’histoire y sont adaptés aux symboles prophétiques ? Beaucoup d’images ne semblent-elles pas trop grandioses et hors de proportion avec les évènements auxquels on les applique ? Bossuet lui-même et la plupart de ceux qui l’ont suivi ont senti cette difficulté, et, pour dégager le système, ils reconnaissent qu’en effet leurs applications historiques n’épuisent pas toute la signification des visions de l’Apocalypse. Ce livre aurait donc, de leur aveu, deux sens, ou mieux deux objets, l’un prochain et incomplet, se rapportant à certains évènements des cinq premiers siècles, l’autre éloigné et plus complet, dont la réalisation n’aurait lieu que dans la dernière période du monde. Donnons un exemple. Le chap. XVII décrit le châtiment et la ruine d’une puissance ennemie de Dieu : quelle est cette puissance ? Où faut-il la chercher dans le champ de l’histoire ? Parmi les traits qui la peignent, plusieurs conviennent évidemment à Rome païenne, la Rome des Césars. Mais ce n’est là qu’une première application des symboles. Il y aura dans les derniers temps une autre puissance ennemie de Dieu, une autre Babylone, dont la Rome des Césars était le type, et dont la destruction est aussi annoncée et décrite dans les mêmes symboles qui annoncent la chute de la première. C’est ainsi que la ruine de Jérusalem et la fin du monde sont annoncées dans l’Évangile (Matth. XXIV) sous les mêmes images et comme sous une seule perspective, le premier de ces deux évènements étant le type du second. Cela tient à la nature même des prophéties bibliques ; la plupart, en ouvrant une vue sur l’avenir du royaume de Dieu, ont, dans leurs plans successifs, plusieurs accomplissements.
Mais une fois engagé dans cette voie, ne pourrait-on pas aller plus loin encore, et soutenir que les visions de l’Apocalypse sont susceptibles, non pas seulement des deux applications que nous venons d’indiquer, mais d’autant d’applications qu’en comportent les vicissitudes de l’Église dans ses rapports avec les puissances ennemies dont elle est entourée sur la terre, en sorte qu’elle puisse, à chaque moment et dans quelque situation qu’elle se trouve, se reconnaitre dans quelqu’un des symboles mystérieux, et puiser dans cette vue son encouragement et sa consolation ? Ici encore, apportons quelques exemples. Quand nous lisons au chap. VII qu’à l’approche de grands dangers et de grandes tentations, Dieu met un sceau sur ses élus, pour signifier qu’il les préservera à l’heure de l’épreuve, chercherons-nous à quelle époque précise de l’histoire de l’Église se rapporte ce beau et touchant symbole ? Bossuet l’applique aux juifs qui doivent se convertir ; d’autres en font l’application au temps de saint Augustin, le docteur de la grâce. Pourquoi n’y verrait-on pas un trait perpétuel de la fidélité de Dieu envers ses enfants ? De même, pour les deux témoins du chap. XI : au lieu de placer la réalisation du symbole, soit dans les années qui ont suivi le règne de Valérien (Le Hir), soit sous Dioclétien (Bossuet.), soit à la fin du monde (anciens Pères), n’est-il pas plus naturel et plus consolant pour notre foi de l’entendre du témoignage que l’Église rendra à Jésus-Christ dans tous les temps, même aux plus mauvais jours ? Enfin, si les images des chap. XVII, sq. peuvent s’entendre et de la Rome des Césars et d’une Babylone des derniers temps, est-il bien sûr que, outre ces deux puissances ennemies de Dieu, il n’en paraitra pas d’autres dans le cours de l’histoire auxquelles ces mêmes symboles seraient également applicables ? À vrai dire, ce système d’interprétation serait, ou peu s’en faut, la ruine de la méthode historique, et bien des interprétations arbitraires risqueraient d’en sortir. De sérieux exégètes, néanmoins, le préfèrent à tous les autres, sans doute à cause des pieuses leçons que les fidèles peuvent retirer de l’Apocalypse ainsi interprétée.
2. D’après les partisans de l’interprétation eschatologique, ce n’est point la période proprement historique de l’Église, c’est-à-dire la durée comprise entre le premier et le second avènement du Sauveur, que saint Jean décrit dans ses visions ; ce sont les grands faits des derniers temps, c’est le spectacle des épreuves, des souffrances et des jugements divins qui s’accompliront sur elle et sur le monde à la fin de leur existence terrestre, qu’il déroule devant nous. En renvoyant à l’avenir toutes les prédictions de l’Apocalypse, ce système échappe par-là même aux difficultés que l’on oppose aux explications historiques. Mais il en soulève d’autres, non moins graves, au moins en apparence. 1. Comment, dit-on, ne pas reconnaitre l’ancienne Rome, la Rome des Césars, dans la grande Babylone du chap. XVII, assise sur sept montagnes, enivrée du sang des martyrs, pleine d’impuretés et d’abominations, c’est-à-dire d’idoles et de temples païens ? 2. Il est dit expressément dans plusieurs passages de l’Apocalypse que les évènements révélés à saint Jean s’accompliront bientôt : Quæ opórtet fíeri cito (I, 1)… Tempus prope est (I, 3). C’est là d’ailleurs ce que suppose le but même du livre, qui est (tout le monde est d’accord sur ce point), d’encourager et de consoler les premiers fidèles au milieu des horribles persécutions qu’ils avaient à souffrir. Quel encouragement, quelle consolation pouvait leur apporter l’assurance d’un triomphe, éclatant sans doute et définitif, mais reculé jusqu’aux derniers jours du monde, jusqu’au retour glorieux de Jésus-Christ ?
À ces difficultés qu’on leur oppose, les eschatologues répondent : 1. Sans doute, la plupart des traits qui caractérisent la grande Babylone conviennent à la Rome des Césars, mais il en est plusieurs qui lui seraient difficilement applicables (voir les notes). Ces traits d’ailleurs ne pourraient-ils pas convenir aussi bien à une autre Babylone, une nouvelle Rome redevenue païenne et à son empire antichrétien reconstitué à la fin des temps ? Même les sept montagnes sur lesquelles est assise la Babylone symbolique ne désignent pas nécessairement la Rome des empereurs. Dans le style prophético-biblique, les montagnes figurent le siège de puissances, et par suite ces puissances elles-mêmes. Ainsi Jérémie (LI, 25) appelle Babel une montagne, parce qu’elle dominait sur un grand nombre de pays et de cités. Quand donc la grande Babylone, symbole de la puissance antichrétienne des derniers jours, est montrée au Voyant assise sur sept montagnes, cela veut dire qu’elle possède et résume en elle la force des sept puissances ennemis de Dieu qui ont figuré tour à tour dans l’histoire du monde, savoir : l’Égypte, l’Assyrie, la Babylonie, etc. (voir les notes). — 2. Il est incontestable qu’à l’époque des premières persécutions, il y avait, dans la masse des fidèles, non seulement un ardent désir du retour glorieux du Christ, mais la confiance que ce retour ne se ferait pas longtemps attendre. Les Apôtres, comme on le voit par de nombreux passages de leurs épitres, penchaient aussi à croire que le monde ne durerait plus longtemps. Comme ils n’avaient reçu aucune révélation à cet égard (Act. I, 7), ce défaut de lumière n’a rien d’injurieux pour leur dignité, ni d’incompatible avec leurs prérogatives. Quand donc nous lisons dans l’Apocalypse que les évènements cachés sous les visions symboliques auront bientôt leur accomplissement, ce bientôt aurait-il une signification différente de celle qu’il a certainement dans les textes rapportés plus haut, où le Sauveur annonce qu’Il viendra bientôt ? Pour l’intelligence de ces passages prophétiques, il faut aller plus loin que l’apparence, pénétrer au-delà des mots et de la lettre. La venue du Christ est graduelle : elle s’accomplit par chacun des grands évènements de l’histoire ; la ruine de Jérusalem a été comme le premier acte de ce grand drame, qui se continue dans le monde jusqu’au dernier triomphe de l’Homme-Dieu. « Dans l’ignorance où son divin chef a voulu la laisser sur l’accomplissement des temps (Act. I, 7), l’Église, dit un pieux exégète, n’avait et n’a encore d’autre sagesse et d’autre devoir qu’une attente vigilante du Seigneur et de son règne glorieux. Tandis que le serviteur infidèle dit : “Mon maitre tarde longtemps à venir” (Matth. XXV, 1), parce que le Seigneur lui en a donné l’ordre (Matth. XXV, 13) et qu’il lui a promis une prompte délivrance (Luc. XVIII, 7-8) ». « Après tout, ajoute Bisping, qu’est-ce qu’un siècle, une série de siècles, en comparaison de l’éternité ? Le royaume que nous espérons n’aura point de fin : ce qui nous parait une attente prolongée est un délai bien court. Quiconque garde au fond de son cœur cette grande et sainte espérance, en considérant l’éternité qui s’ouvrira devant lui, peut bien dire que l’heure de la réalisation est prochaine, dût-elle se faire attendre encore pendant des milliers d’années ; car, devant le Seigneur, mille années sont comme un seul jour. »
3. Peu de mots suffiront pour donner une idée de l’interprétation rationaliste. Pour les exégètes de cette école, “l’Apocalypse est le livre le plus simple, le plus transparent qui ait jamais été écrit par un prophète” ; et ils le rendent tellement simple, en effet, qu’ils le dépouillent de tout caractère surnaturel et lui enlèvent toute signification prophétique, pour en faire une composition de fantaisie, sans portée comme sans vérité.
Transportons-nous par la pensée au lendemain de la mort de Néron, le premier César persécuteur (an 68). Trois compétiteurs se disputent la pourpre : Galba, Vitellius et Othon. L’anarchie et la guerre désolent les provinces. La nature elle-même semble déchainer tous ses fléaux contre l’Empire : jamais on ne vit des tremblements de terre aussi fréquents ; on apercevait des signes dans le ciel ; des glaives et des batailles se dessinaient dans les nues. À toutes ces causes d’épouvante se joignait un bruit étrange, dont Tacite fait mention : on ne pouvait croire que Néron eût cessé de vivre ; l’opinion générale, surtout en Asie, était que le monstre se tenait caché quelque part et allait reparaitre. On conçoit quel effet de telles rumeurs produisaient parmi les chrétiens. Quoi ! l’horrible bête, l’adversaire du Christ, pétri de luxure et d’orgueil, va revenir ! Tout le monde sentait qu’on était à la veille d’une crise formidable, et que le sang des martyrs allait couler de nouveau. C’est alors, vers la fin de janvier de l’an 69, qu’un chrétien sorti du judaïsme, très probablement l’apôtre Jean, pénétré du sentiment qui fait battre tous les cœurs, animé surtout d’une haine violente contre l’Empire idolâtre, entreprend de consoler les fidèles et de relever leur courage par l’espérance d’une prochaine délivrance. Le monstre, il est vrai, reviendra pour faire aux saints une guerre plus cruelle encore que la première ; mais ce temps d’épreuves passera vite, car, après trois ans et demi (Apoc. XI, 2 ; XIII, 5), le Christ viendra en personne venger le sang des martyrs et inaugurer son règne glorieux.
Tels sont les points principaux de l’interprétation rationaliste. Comme on le voit, elle ruine de fond en comble l’autorité de l’Apocalypse comme livre inspiré ; elle ne laisse rien subsister de son caractère prophétique. Les évènements prédits devaient arriver quelques années après la publication du livre ; or, dix-huit siècles se sont écoulés, sans qu’on ait vu reparaitre Néron, le futur Antéchrist. Saint Jean n’est donc pas un véritable prophète, et le livre qui porte son nom descend au niveau des œuvres apocryphes si nombreuses à cette époque. Hâtons-nous d’ajouter qu’une semblable explication n’est pas moins contraire à la saine exégèse qu’à la foi catholique.
Pour le démontrer pleinement, il faudrait la suivre pas à pas, et relever tout ce qu’il y a d’invraisemblable et d’arbitraire dans les applications de détail exigées par le système. Nous devons nous borner à quelques observations générales.
D’abord, le système entier, si on l’isole d’une mise en scène habilement préparée, repose sur une base bien étroite, savoir, sur le fait assez insignifiant de quelques bruits populaires d’après lesquels Néron, que l’on avait cru mort, était caché chez les Parthes, attendant une occasion favorable pour reparaitre à Rome. En outre, il exige comme point de départ absolument nécessaire que l’Apocalypse ait été composée dès le premier mois de l’an 69. Or, cette date n’a pas seulement contre elle, comme nous l’avons vu, le témoignage imposant de l’antiquité chrétienne, plusieurs données du livre lui-même la repoussent. Si on l’admet, il n’y aura plus, entre les épitres de saint Paul aux Églises de l’Asie Mineure (Éphésiens, Colossiens) et les lettres de l’Apocalypse (ch. II et III) à ces mêmes Églises, qu’un intervalle de 5 ou 6 ans. Mais ces lettres nous offrent une peinture de la situation morale des Églises d’Asie absolument différente de celle qu’en retrace saint Paul : le feu du premier amour est presque partout éteint, ce qui en reste va mourir ; il n’y a plus que tiédeur et apparence de vie. Pour rendre compte d’une décadence si universelle et si profonde, il ne faut pas moins que les 25 à 30 ans d’intervalle qui nous conduisent au règne de Domitien. Autre fait du même genre : l’Apocalypse suppose partout une persécution générale qui aurait atteint jusqu’aux chrétiens de l’Asie Mineure (II, 13), et dans laquelle l’auteur lui-même fut exilé à Patmos (I, 9). On respire dans tout ce livre l’atmosphère du martyre. Or, il est constant par l’histoire que la première grande persécution dans l’empire n’eut lieu que sous Domitien, celle de Néron ne s’étant guère étendue hors de Rome. Il y a plus : la date de Galba est en opposition flagrante avec tous les principes des exégètes rationalistes. Eux qui reculent jusque dans les dernières années du premier siècle la composition des Évangiles tels que nous les possédons, sous prétexte qu’il a fallu tout ce temps pour l’élaboration du dogme de la divinité de Jésus-Christ, et qui refusent à saint Paul la paternité des épitres pastorales parce qu’elles attestent un développement de la hiérarchie qui ne pourrait remonter aux Apôtres, ils assignent le commencement de l’an 69 à l’Apocalypse ! Mais dans aucun livre du nouveau Testament la divinité de Jésus-Christ n’est enseignée, disons mieux, n’est chantée et célébrée de tant de manières et avec tant d’éclat ; mais aucune épitre pastorale ne donne des renseignements plus nets et plus détaillés sur le culte, sur l’épiscopat, sa position dans l’Église, son autorité et ses devoirs. Saint Jean dit en termes exprès que Notre-Seigneur lui est apparu un dimanche (in die domínica, I, 10), expression qu’on ne rencontre nulle part avant la ruine de Jérusalem. Enfin, dans l’hypothèse rationaliste, en moins de 4 ans les évènements devaient donner au Voyant les plus honteux démentis : comment expliquer alors que son livre, au lieu de tomber dans le discrédit, ait pu conquérir en si peu de temps une aussi grande autorité dans l’Église ?
Après ce coup d’œil d’ensemble sur les différents systèmes d’interprétation de l’Apocalypse, on comprend que les notes qui accompagnent [la] traduction ne peuvent avoir qu’un caractère purement exégétique. Bien préciser le sens littéral, donner la signification biblique des images et des symboles, ajouter à l’occasion une réflexion dogmatique ou morale, c’est à quoi nous bornerons notre tâche, évitant de poser le pied, si ce n’est dans de rares passages, et seulement comme rapporteur des opinions des autres, sur le sol mouvant des applications historiques. Grâce à Dieu, l’Apocalypse, malgré le voile qui couvre encore la plupart de ses mystérieuses visions, est un de ces livres qu’il est impossible de lire sans se sentir rapproché du ciel, de « Celui qui est assis sur le trône et de l’Agneau ». Dans toute âme pieuse, il réveille de douces et glorieuses espérances, il verse d’intimes consolations au milieu des épreuves et des combats de la vie.
L’Apocalypse se compose d’un prologue, d’une série de visions symboliques et d’un épilogue ou conclusion.
Le prologue comprend les chap. I-III. On y distingue : 1. L’exorde du livre (I, 1-8). 2. Le récit de l’apparition de Jésus-Christ à saint Jean dans l’ile de Patmos (I, 9-20). Les lettres aux sept Églises d’Asie (II-III).
Les visions, symboles des évènements futurs, commencent au chap. IV. La scène est tantôt dans le ciel, tantôt sur la terre ; des anges y sont les organes de la volonté de Dieu. Ces visions se divisent naturellement en deux parties : la première s’étend du chap. IV au chap. XI inclusivement : c’est la phase préparatoire des jugements divins ; la seconde comprend les chap. XII-XXII, 5 : c’est la réalisation complète de ces mêmes jugements, savoir, la ruine des ennemis du Christ et de son Église, suivie de la résurrection générale, du jugement dernier, enfin du règne éternel du Sauveur avec ses élus dans la nouvelle Jérusalem (le ciel).
Dans l’épilogue (XXII, 6-21), 1. La vérité de la révélation qui précède est confirmée par un ange, par Jean lui-même et par Jésus-Christ ; 2. l’auteur adresse un dernier mot aux lecteurs.
(1885)
Ch. Auguste Crampon
²
APOCALYPSE DE SAINT JEAN
*apsu
Révélation faite à saint Jean. Saint Jean salue les sept Églises auxquelles il écrit. Jésus-Christ lui apparait ; description de cette vision. Paroles de Jésus-Christ à saint Jean.
L’ange d’Éphèse loué de sa vertu, blâmé de son relâchement. L’ange de Smyrne riche dans sa pauvreté et heureux dans sa persécution. L’ange de Pergame accusé de ne pas combattre assez les erreurs. L’ange de Thyatire blâmé de laisser séduire les fidèles.
L’ange de Sardes mort devant Dieu, quoiqu’on le croie vivant. L’ange de Philadelphie aimé de Dieu pour sa fidélité et sa patience ; celui de Laodicée menacé d’être rejeté comme tiède.
Le Seigneur parait assis sur son trône ; il a quatre vieillards autour de lui, et sept lampes devant lui. Mer transparente devant le trône. Quatre animaux autour du trône ; leur cantique. Cantique des vingt-quatre vieillards.
Livre scellé de sept sceaux. Nul n’est trouvé digne de l’ouvrir. Jésus parait sous le symbole d’un agneau immolé, mais plein de vie ; il prend le livre. Cantique des saints, des anges et de toutes les créatures à sa louange.
Ouverture des sept sceaux. Premier sceau, un cavalier monté sur un cheval blanc. Deuxième sceau, un cavalier monté sur un cheval roux. Troisième sceau, un cavalier monté sur un cheval noir. Quatrième sceau, un cavalier monté sur un cheval pâle. Cinquième sceau, plaintes des martyrs. Sixième sceau, la colère de l’Agneau.
Quatre anges retiennent les quatre vents. Douze mille Israélites de chacune des douze tribus sont marqués du signe de Dieu. Troupe innombrable de toute nation devant le trône. Cantique des anges. Quelle est cette troupe ? Récompense dont elle jouira éternellement.
Ouverture du septième sceau. Sept anges paraissent avec sept trompettes. Première trompette, grêle accompagnée de feu et de sang. Deuxième trompette, montagne tout en feu jetée dans la mer. Troisième trompette, étoile d’absinthe qui corrompt les eaux. Quatrième trompette, ta troisième partie de la lumière est obscurcie. Annonce des trois malheurs qui vont suivre.
Cinquième trompette, chute d’une étoile qui ouvre le puits de l’abime ; fumée épaisse qui en sort ; sauterelles qui se répandent sur la terre : premier malheur. Sixième trompette, quatre anges liés sur le fleuve de l’Euphrate sont déliés ; cavalerie nombreuse qui fait périr la troisième partie des hommes : commencement du second malheur.
Un ange descend du ciel pour annoncer qu’il n’y aura plus de temps ; que le mystère de Dieu va être consommé et les prophéties accomplies. Il donne un livre à saint Jean, en lui commandant de le manger ; ce livre est à la fois doux et amer.
Le parvis du temple et la ville sainte sont abandonnés à la profanation des gentils. Prédication des deux témoins. Puissance que Dieu leur donne. Ils sont mis à mort par la bête qui monte de l’abime. Ils ressuscitent et montent au ciel. La persécution dans laquelle ils sont mis à mort est ta consommation du second malheur. Septième trompette ; troisième malheur, qui est l’anathème dont le souverain Juge doit frapper la terre au jour de son avènement.
Femme revêtue du soleil. Dragon à sept têtes. Enfant mâle qui doit gouverner les nations, et qui est enlevé vers Dieu. Combat de bons et de mauvais anges. Dragon précipité du ciel en terre. Il poursuit la femme, jette un fleuve après elle, va faire la guerre à ses enfants, et est forcé de s’arrêter sur le sable de la mer.
Bête à sept têtes et à dix cornes, qui monte de la mer. Le dragon lui donne sa puissance ; elle fait la guerre aux saints ; elle est adorée par les hommes. Une autre bête s’élève de la terre, ayant deux cornes semblables à celles de l’Agneau. Elle séduit les hommes par ses prodiges.
L’Agneau sur la montagne de Sion. Évangile éternel porté à toutes les nations. Ruine de Babylone annoncée. Supplice de ceux qui auront adoré la bête ou son image. Avènement de Jésus-Christ. Moisson et vendange de la terre.
Mer transparente sur laquelle les vainqueurs chantent le cantique de Moïse et le cantique de l’Agneau. Sept coupes de la colère du Seigneur sont données à sept anges.
Effusion des sept coupes ; les quatre premières sont versées sur la terre, sur les eaux et sur le soleil ; la cinquième sur le trône de la bête ; la sixième sur l’Euphrate ; la septième est répandue dans l’air ; mais elle est précédée de l’annonce de l’avènement du Seigneur.
Bête à sept têtes et à dix cornes, sur laquelle est assise une femme nommée la grande Babylone. L’ange, qui montre à saint Jean cette femme et cette bête, lui explique le mystère de l’une et de l’autre.
Un ange annonce la chute de la grande Babylone. Le peuple fidèle est exhorté à en sortir. Jugement prononcé contre elle. Effroi, étonnement et consternation de ceux qui étaient liés avec elle. Cause de sa ruine.
Joie et cantique des saints sur la ruine de Babylone. Le Verbe de Dieu apparait suivi des armées du ciel. Dernier combat de la bête et du Verbe de Dieu.
Le dragon est enfermé dans l’abime pour mille ans. Les âmes des saints vivent et règnent avec Jésus-Christ. Satan est délié pour un peu de temps. Guerre contre les saints. Satan précipité dans l’enfer. Résurrection. Jugement.
Ciel nouveau, terre nouvelle. Jérusalem céleste. Récompense des saints ; supplice des réprouvés. Description de la Jérusalem céleste ; les Apôtres en sont les fondements. Dieu est son temple ; l’Agneau est sa lampe ; rien d’impur n’y entre.
Suite de la description de la Jérusalem céleste. Conclusion de ce livre. Paroles véritables ; heureux qui les garde. Adorer Dieu. Prophétie non scellée. Avènement du Seigneur. Heureux qui se purifie dans le sang de l’Agneau. Témoignage de Jésus-Christ ; désir de son avènement. Ne rien ajouter au livre de l’Apocalypse, n’en rien retrancher. Avènement promis. Salut de l’Apôtre.
²
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Révélation faite à saint Jean. Saint Jean salue les sept Églises auxquelles il écrit. Jésus-Christ lui apparait ; description de cette vision. Paroles de Jésus-Christ à saint Jean.
1 Apocalýpsis Jesu Christi, quam dedit illi Deus
palam fácere servis suis, quæ opórtet fíeri cito : et significávit,
mittens per ángelum suum servo suo Joánni,
1. Révélation de Jésus-Christ que Dieu lui a donnée pour découvrir à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt, et il l’a fait connaitre, en l’envoyant par son ange à Jean, son serviteur,
2 qui testimónium perhíbuit verbo Dei, et
testimónium Jesu Christi, quæcúmque vidit.
2. Qui a rendu témoignage à la parole de Dieu, et le témoignage de Jésus-Christ en tout ce qu’il a vu.
3 Beátus qui
legit, et audit verba prophetíæ hujus, et servat ea, quæ in ea scripta
sunt : tempus enim prope est.
3. Bienheureux celui qui lit et écoute les paroles de cette prophétie, et garde les choses qui y sont écrites ; car le temps est proche.
4 Joánnes septem ecclésiis, quæ sunt in Asia. Grátia vobis, et pax ab eo, qui est, et qui erat,
et qui ventúrus est : et a septem spirítibus qui in conspéctu throni ejus
sunt :
4. Jean, aux sept Églises qui sont en Asie : Grâce à vous et paix par celui qui est, qui était, et qui doit venir, et par les sept esprits qui sont devant son trône ;
5 et a Jesu
Christo, qui est testis fidélis, primogénitus mortuórum, et princeps regum
terræ, qui diléxit nos, et lavit nos a peccátis nostris in sánguine suo,
5. Et par Jésus-Christ qui est le témoin fidèle, le premier-né des morts, et le prince des rois de la terre, qui nous a aimés et nous a lavés de nos péchés dans son sang,
6 et fecit nos regnum, et sacerdótes Deo et Patri suo : ipsi glória et impérium in sǽcula sæculórum. Amen.
6. Et nous a faits le royaume et les prêtres de Dieu son Père : à lui la gloire et l’empire dans les siècles des siècles. Amen.
7 Ecce venit
cum núbibus, et vidébit eum omnis óculus, et qui eum pupugérunt. Et plangent se
super eum omnes tribus terræ. Etiam : amen.
7. Le voici qui vient sur les nuées, et tout œil le verra ; et même ceux qui l’ont percé. Et toutes les tribus de la terre se frapperont la poitrine à cause de lui. Oui. Amen.
8 Ego sum alpha et oméga, princípium et finis,
dicit Dóminus Deus : qui est, et qui erat, et qui ventúrus est,
omnípotens.
8. Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin, dit le Seigneur Dieu, qui est, qui était et qui est sur le point de venir, le Tout-Puissant.
9 Ego Joánnes frater vester, et párticeps in
tribulatióne, et regno, et patiéntia in Christo Jesu : fui in ínsula, quæ
appellátur Patmos, propter verbum Dei, et testimónium Jesu :
9. Moi, Jean, votre frère, qui ai part à la tribulation, au règne et à la patience en Jésus-Christ, j’ai été dans l’ile de Patmos, pour la parole de Dieu et pour le témoignage de Jésus.
10 fui in spíritu in domínica die, et audívi post me vocem magnam tamquam tubæ,
10. Je fus ravi en esprit le jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix éclatante comme d’une trompette.
11 dicéntis : Quod vides, scribe in
libro : et mitte septem ecclésiis, quæ sunt in Asia, Epheso, et Smyrnæ, et
Pérgamo, et Thyatíræ, et Sardis, et Philadelphíæ, et Laodicíæ.
11. Disant : Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises qui sont en Asie : à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée.
12 Et convérsus sum ut vidérem vocem, quæ loquebátur
mecum : et convérsus vidi septem candelábra áurea :
12. Et je me tournai pour voir la voix qui me parlait ; et m’étant tourné, je vis sept chandeliers d’or ;
13 et in
médio septem candelabrórum aureórum,
símilem Fílio hóminis vestítum
podére, et
præcínctum ad mamíllas zona áurea :
13. Et au milieu des sept chandeliers d’or, quelqu’un qui ressemblait au Fils de l’homme, vêtu d’une longue robe, et ceint au-dessous des mamelles d’une ceinture d’or.
14 caput
autem ejus, et capílli erant cándidi tamquam lana alba, et tamquam nix, et
óculi ejus tamquam flamma ignis :
14. Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche et comme de la neige, et ses yeux comme une flamme de feu.
15 et pedes
ejus símiles aurichálco, sicut in camíno ardénti, et vox illíus tamquam vox
aquárum multárum :
15. Ses pieds étaient semblables à de l’airain fin, quand il est dans une fournaise ardente, et sa voix comme la voix de grandes eaux.
16 et habébat
in déxtera sua stellas septem : et de ore ejus gládius utráque parte
acútus exíbat : et fácies ejus sicut sol lucet in virtúte sua.
16. Il avait sept étoiles dans sa main droite ; de sa bouche sortait une épée à deux tranchants, et son visage était lumineux comme le soleil dans sa force.
17 Et cum vidíssem eum, cécidi ad pedes ejus tamquam
mórtuus. Et pósuit déxteram suam super me, dicens : Noli timére : ego
sum primus, et novíssimus,
17. Et lorsque je l’eus vu, je tombai à ses pieds comme mort. Mais il mit sa main droite sur moi, disant : Ne crains point, je suis le premier et le dernier,
18 et vivus,
et fui mórtuus, et ecce sum vivens in sǽcula sæculórum : et hábeo claves
mortis, et inférni.
18. Et celui qui vit ; j’ai été mort, mais voici que je suis vivant dans les siècles des siècles, et j’ai les clefs de la mort et de l’enfer.
19 Scribe
ergo quæ vidísti, et quæ sunt, et quæ opórtet fíeri post hæc.
19. Écris donc les choses que tu as vues, celles qui sont, et celles qui doivent arriver ensuite.
20 Sacraméntum septem stellárum, quas vidísti in
déxtera mea, et septem candelábra áurea : septem stellæ, ángeli sunt
septem ecclesiárum : et candelábra septem, septem ecclésiæ sunt.
20. Voici le mystère des sept étoiles que tu as vues dans ma main droite, et des sept chandeliers : Les sept étoiles sont les sept anges des sept Églises, et les sept chandeliers sont les sept Églises.
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CHAP. I. 4. Ex. III, 14. — 5. I Cor. XV, 20 ; Col. I, 18 ; Hebr. IX, 14 ; I Petr. I, 19 ; I Joan. I, 7. — 7. Is. III, 13 ; Matth. XXIV, 30 ; Judas. I, 14. — 8. Is. XLI, 4 ; XLIV, 6 ; XLVIII, 12 ; Infra. XXI, 6 ; XXII, 13. — 17. Is. XLI, 4 ; XLIV, 6 ; XLVIII, 12 ; Infra. XXII, 13.
1. Révélation est la traduction du mot grec Apocalypse. Dans notre Abrégé d’introduction, etc., nous avons exposé les principes que l’on doit suivre, et les règles que l’on doit observer dans l’explication de l’Apocalypse. Une lecture attentive de cet exposé aidera beaucoup à comprendre les endroits difficiles de ce livre. — * Bientôt : « la réalisation des évènements annoncés commencera dès la fin du siècle apostolique, pour se continuer dans la suite des âges, jusqu’à ce que le royaume de Dieu ait atteint sa perfection, obtenu son dernier triomphe, au second avènement de Jésus-Christ. » (Crampon) — À Jean, son serviteur. Saint Jean qui ne s’était nommé ni dans son Évangile ni dans ses Épitres, se nomma dans l’Apocalypse, parce que ce livre est une prophétie et que le prophète doit attester la réalité et l’authenticité de ses révélations en les signant, pour ainsi dire, de son nom.
2. Le témoignage de Jésus-Christ, etc. ; c’est-à-dire qui a rendu témoignage de tout ce qu’il a vu de Jésus-Christ.
4. Aux sept Églises. Ces Églises sont nommées au vers. 11.
8a. L’Alpha et l’Oméga sont la première et la dernière lettre de l’alphabet grec.
9. Pour le témoignage de Jésus-Christ ; c’est-à-dire pour avoir rendu témoignage à Jésus, pour avoir prêché le nom de Jésus. — * Dans l’ile de Patmos. Petite ile de la mer Égée, l’une des Sporades, à l’est de la Caria, au sud de Samos. Ce n’est qu’un rocher, presque partout aride, de trente milles romains de circonférence. On montre dans l’ile une grotte où l’on croit que saint Jean a écrit l’Apocalypse.
10. Le jour du Seigneur ; le jour du dimanche, premier de la semaine.
11. * En Asie, dans la province romaine qui portait ce nom et comprenait une partie de l’Asie Mineure. — À Éphèse. Voir Act. XVIII, 19. — À Smyrne. Voir plus loin, II, 8. — À Pergame. Voir plus loin, II, 12. — À Thyatire. Voir Act. XVI, 14. — À Sardes. Voir plus bas, III, 1. — À Philadelphie. Voir plus bas, III, 7. — À Laodicée. Voir Col. II, 1.
12. * Sept chandeliers, « symboles des sept Églises (verset 20) : toute Église, comme tout chrétien, doit être “la lumière du monde” (Matth. V, 14-15). » (Crampon)
17. Je suis le premier et le dernier. Voy. le vers. 8.
20. Les sept anges, etc. ; c’est-à-dire les sept évêques, qui sont en effet les anges visibles de Dieu, ou ses envoyés. Compar. Malach. II, 7.
²
L’ange d’Éphèse loué de sa vertu, blâmé de son relâchement. L’ange de Smyrne riche dans sa pauvreté et heureux dans sa persécution. L’ange de Pergame accusé de ne pas combattre assez les erreurs. L’ange de Thyatire blâmé de laisser séduire les fidèles.
1 Angelo
Ephesi ecclésiæ scribe : Hæc dicit, qui tenet septem stellas in déxtera
sua, qui ámbulat in médio septem candelabrórum aureórum :
1. Écris à l’ange de l’église d’Éphèse : Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans sa main droite, qui marche au milieu des sept chandeliers d’or.
2 Scio ópera
tua, et labórem, et patiéntiam tuam, et quia non potes sustinére malos :
et tentásti eos, qui se dicunt apóstolos esse, et non sunt : et invenísti
eos mendáces :
2. Je sais tes œuvres, et ton travail et ta patience, et que tu ne peux supporter les méchants ; tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont point, et tu les as trouvés menteurs.
3 et
patiéntiam habes, et sustinuísti propter nomen meum, et non defecísti.
3. Tu es patient, et tu as souffert pour mon nom, et tu ne t’es point découragé.
4 Sed hábeo advérsum te, quod caritátem tuam primam reliquísti.
4. Mais j’ai contre toi, que tu es déchu de ta charité première.
5 Memor esto
ítaque unde excíderis : et age pœniténtiam, et prima ópera fac : sin
autem, vénio tibi, et movébo candelábrum tuum de loco suo, nisi pœniténtiam
égeris.
5. Souviens-toi donc d’où tu es tombé ; fais pénitence, et reprends tes premières œuvres, sinon je viendrai bientôt à toi ; et si tu ne fais pénitence, j’ôterai ton chandelier de sa place.
6 Sed hoc habes, quia odísti
facta Nicolaitárum, quæ et ego odi.
6. Mais tu as cela, que tu hais les actions des Nicolaïtes, que moi aussi je hais.
7 Qui habet aurem, áudiat quid Spíritus dicat
ecclésiis : Vincénti dabo édere de ligno vitæ, quod est in paradíso Dei
mei.
7. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises : Au vainqueur, je donnerai à manger du fruit de l’arbre de vie, qui est dans le paradis de mon Dieu.
8 Et ángelo Smyrnæ ecclésiæ scribe : Hæc dicit
primus, et novíssimus, qui fuit mórtuus, et vivit :
8. Et à l’ange de l’église de Smyrne, écris : Voici ce que dit celui qui est le premier et le dernier, qui a été mort et qui est vivant.
9 Scio tribulatiónem tuam, et paupertátem tuam, sed
dives es : et blasphemáris ab his, qui se dicunt Judǽos esse, et non sunt,
sed sunt synagóga Sátanæ.
9. Je sais ton affliction et ta pauvreté ; mais tu es riche, et tu es calomnié par ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui sont de la synagogue de Satan.
10 Nihil horum tímeas quæ passúrus es. Ecce missúrus est diábolus áliquos ex vobis in
cárcerem ut tentémini : et habébitis tribulatiónem diébus decem. Esto
fidélis usque ad mortem, et dabo tibi corónam vitæ.
10. Ne crains rien de ce que tu auras à souffrir. Voici que le diable va mettre quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez éprouvés ; et vous aurez des tribulations pendant dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie.
11 Qui habet aurem, áudiat quid Spíritus dicat
ecclésiis : Qui vícerit, non lædétur a morte secúnda.
11. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit-Saint dit aux Églises : Celui qui sera victorieux ne souffrira rien de la seconde mort.
12 Et ángelo Pérgami ecclésiæ scribe : Hæc
dicit qui habet rhomphǽam utráque parte acútam :
12. Et à l’ange de l’église de Pergame, écris : Voici ce que dit celui qui porte l’épée à deux tranchants :
13 Scio ubi hábitas, ubi sedes est Sátanæ : et
tenes nomen meum, et non negásti fidem meam. Et in diébus illis Antipas testis
meus fidélis, qui occísus est apud vos ubi Satanás hábitat.
13. Je sais où tu habites, où est le trône de Satan. Tu as conservé mon nom, et tu n’as pas renoncé à ma foi, même en ces jours où Antipas, mon témoin fidèle, a souffert la mort parmi vous, où Satan habite.
14 Sed hábeo
advérsus te pauca : quia habes illic tenéntes doctrínam Bálaam, qui
docébat Balac míttere scándalum coram fíliis Israël, édere, et fornicári :
14. Mais j’ai quelque chose contre toi : c’est que tu as près de toi des hommes qui tiennent la doctrine de Balaam, qui apprenait à Balac à jeter des pierres de scandale devant les enfants d’Israël, à manger et à commettre la fornication.
15 ita habes
et tu tenéntes doctrínam Nicolaitárum.
15. Toi aussi, tu as des hommes qui tiennent la doctrine des Nicolaïtes.
16 Simíliter
pœniténtiam age : si quóminus véniam tibi cito, et pugnábo cum illis in
gládio oris mei.
16. Fais pareillement pénitence, sinon je viendrai bientôt à toi, et je combattrai contre eux avec l’épée de ma bouche.
17 Qui habet
aurem, áudiat quid Spíritus dicat ecclésiis : Vincénti dabo manna
abscónditum, et dabo illi cálculum cándidum : et in cálculo nomen novum
scriptum, quod nemo scit, nisi qui áccipit.
17. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises : Au vainqueur, je donnerai la manne cachée ; je lui donnerai une pierre blanche, et un nom nouveau écrit sur la pierre, lequel nul ne connait, que celui qui le reçoit.
18 Et ángelo Thyatíræ ecclésiæ scribe : Hæc
dicit Fílius Dei, qui habet óculos tamquam flammam ignis, et pedes ejus símiles
aurichálco :
18. Et à l’ange de l’église de Thyatire, écris : Voici ce que dit le Fils de Dieu, qui a les yeux comme une flamme de feu, et les pieds semblables à de l’airain fin.
19 Novi ópera tua, et fidem, et caritátem tuam, et
ministérium, et patiéntiam tuam, et ópera tua novíssima plura prióribus.
19. Je connais tes œuvres, ta foi, ta charité, tes aumônes, ta patience, et tes dernières œuvres plus abondantes que les premières.
20 Sed hábeo advérsus te pauca : quia permíttis
mulíerem Jézabel, quæ se dicit prophéten, docére, et sedúcere servos meos,
fornicári, et manducáre de idolóthytis.
20. Mais j’ai quelque chose contre toi ; tu permets que Jézabel, cette femme qui se dit prophétesse, enseigne et séduise mes serviteurs pour qu’ils commettent la fornication, et qu’ils mangent des viandes immolées aux idoles.
21 Et dedi
illi tempus ut pœniténtiam ágeret : et non vult pœnitére a fornicatióne
sua.
21. Je lui ai donné un temps pour faire pénitence, et elle ne veut pas se repentir de sa prostitution.
22 Ecce
mittam eam in lectum : et qui mœchántur cum ea, in tribulatióne máxima
erunt, nisi pœniténtiam ab opéribus suis égerint.
22. Voici que vais la jeter sur un lit de douleur ; et ceux qui commettent l’adultère avec elle seront dans une très grande affliction, s’ils ne font pénitence de leurs œuvres.
23 Et fílios ejus interfíciam in morte, et scient omnes ecclésiæ, quia ego sum scrutans renes, et corda : et dabo unicuíque vestrum secúndum ópera sua. Vobis autem dico,
23. Je frapperai ses enfants de mort, et toutes les Églises connaitront que je suis celui qui sonde les reins et les cœurs, et je rendrai à chacun de vous selon ses œuvres. Mais je dis à toi
24 et céteris
qui Thyatíræ estis : quicúmque non habent doctrínam hanc, et qui non
cognovérunt altitúdines Sátanæ, quemádmodum dicunt, non mittam super vos áliud
pondus :
24. Et à vous tous qui êtes à Thyatire : Tous ceux qui n’ont point cette doctrine, et qui ne connaissent pas les profondeurs de Satan, comme ils disent, je ne mettrai point d’autre poids sur vous.
25 tamen id
quod habétis, tenéte donec véniam.
25. Toutefois, ce que vous avez gardez-le jusqu’à ce que je vienne.
26 Et qui vícerit, et custodíerit usque in
finem ópera mea, dabo illi potestátem super gentes,
26. Et celui qui aura vaincu, et aura gardé mes œuvres jusqu’à la fin, je lui donnerai puissance sur les nations ;
27 et reget
eas in virga férrea, et tamquam vas fíguli confringéntur,
27. Il les gouvernera avec une verge de fer, et elles seront brisées comme un vase de potier.
28 sicut et ego accépi a Patre meo : et dabo
illi stellam matutínam.
28. Comme je l’ai obtenu moi-même de mon Père, et je lui donnerai l’étoile du matin.
29 Qui habet
aurem, áudiat quid Spíritus dicat ecclésiis.
29. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises.
~
CHAP.
II. 14. Num. XXIV, 3 ; XXV, 2. — 23. I Reg. XVI, 7 ; Ps. VII, 10 ; Jer. XI, 20 ; XVII, 10 ; XX, 12. — 27. Ps. II, 9.
6. Nicolaïtes ; hérétiques qui avaient pris leur nom de Nicolas, l’un des sept diacres de Jérusalem, qui fut l’auteur, ou plutôt l’occasion de cette secte.
7. Cet arbre de vie au milieu du paradis, c’est Jésus-Christ présent dans le ciel ; le fruit de cet arbre, c’est la possession de Dieu. * « L’arbre de vie, planté au milieu du paradis terrestre, et dont les fruits devaient communiquer l’immortalité à nos premiers parents, était le symbole de la communion intime de l’homme avec Dieu, source de la vie véritable : la même image symbolise ici la communication incessamment renouvelée de la vie divine accordée aux élus, l’aliment toujours nouveau de leur éternel amour. » (Crampon, 1885) # Du fruit ; littér. du bois de vie. Le mot latin lignum signifie à la fois bois et arbre, le mot fruit est sous-entendu.
8. * Smyrne, ville ionienne, port de la mer Égée, dans l’Asie Mineure, à 320 stades romains au nord d’Éphèse, célèbre par son commerce.
9. Qui se disent, etc. Ils se disaient Juifs, et ne l’étaient pas, parce que le vrai Juif n’est pas celui qui le parait au dehors, mais celui qui l’est intérieurement. Rom. II, 28-29.
11. La seconde mort est la damnation éternelle, comme la première est la mort du corps.
12. * Pergame, ville de la grande Mysie, en Asie Mineure, au confluent du Caïque et du Cétius, renommée pour son temple d’Esculape et pour sa riche bibliothèque, ainsi que pour ses fabriques de parchemin. Le mot parchemin n’est qu’une altération du nom de Pergame.
13. * Antipas,d’après certaines hypothèses, aurait été évêque de Pergame avant celui à qui s’adressa saint Jean. Les martyrologes nous apprennent qu’il consomma son martyre dans les flancs d’un taureau d’airain brulant.
18. * Thyatire. Voir Act. XVI, 14.
19. Tes aumônes ; litter., ton ministère ; mot qui, comme on l’a déjà vu, signifie quelquefois la dispensation, la distribution des aumônes. Compar. II Cor. VIII, 4 ; IX, 1, 12-13.
20. * Jézabel était sans doute une femme chrétienne influente qu’on avait entrainée dans le parti de l’erreur. Ce nom de Jézabel pourrait du reste n’être pas véritable, mais bien une appellation déguisée, empruntée à la femme impie d’Achab, roi d’Israël. Crampon dit : « soit une secte personnifiée (celle des Nicolaïtes ?), soit un personnage réel, dont le nom est emprunté à la fameuse reine d’Israël, si ardente à propager l’idolâtrie et à persécuter les serviteurs de Dieu (III Reg. XIX, sv.). »
26. On voit ici que les saints après leur mort vivent avec Dieu, et ont puissance sur les contrées et les nations.
28. C’est Jésus-Christ lui-même qui est l’étoile du matin (XXII, 16), qui se lèvera dans nos cœurs (II Petr. I, 19), en se manifestant à nous, et qui se donnera à nous, en nous communiquant l’éclat de sa gloire.
²
L’ange de Sardes mort devant Dieu, quoiqu’on le croie vivant. L’ange de Philadelphie aimé de Dieu pour sa fidélité et sa patience ; celui de Laodicée menacé d’être rejeté comme tiède.
1 Et ángelo ecclésiæ Sardis scribe : Hæc dicit
qui habet septem spíritus Dei, et septem stellas : Scio ópera tua, quia
nomen habes quod vivas, et mórtuus es.
1. Et à l’ange de l’église de Sardes, écris : Voici ce que dit celui qui a les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles : Je sais tes œuvres ; tu as la réputation d’être vivant, mais tu es mort.
2 Esto vígilans, et confírma
cétera, quæ moritúra erant. Non enim invénio ópera tua plena coram Deo meo.
2. Sois vigilant, et confirme tous les restes qui étaient près de mourir ; car je ne trouve pas tes œuvres pleines devant mon Dieu.
3 In mente
ergo habe quáliter accéperis, et audíeris, et serva, et pœniténtiam age. Si
ergo non vigiláveris, véniam ad te tamquam fur et néscies qua hora véniam ad
te.
3. Souviens-toi donc de ce que tu as reçu et de ce que tu as entendu, et garde-le, et fais pénitence ; car si tu ne veilles, je viendrai à toi comme un voleur, et tu ne sauras à quelle heure je viendrai.
4 Sed habes pauca nómina in Sardis qui non
inquinavérunt vestiménta sua : et ambulábunt mecum in albis, quia digni
sunt.
4. Tu as toutefois un petit nombre de noms à Sardes qui n’ont point souillé leurs vêtements ; or ils marcheront avec moi revêtus de blanc, parce qu’ils en sont dignes.
5 Qui
vícerit, sic vestiétur vestiméntis albis, et non delébo nomen ejus de libro
vitæ, et confitébor nomen ejus coram Patre meo, et coram ángelis ejus.
5. Celui qui aura vaincu sera ainsi vêtu de blanc, et je n’effacerai point son nom du livre de vie ; et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges.
6 Qui habet
aurem, áudiat quid Spíritus dicat ecclésiis.
6. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises.
7 Et ángelo Philadelphíæ ecclésiæ scribe : Hæc
dicit Sanctus et Verus, qui habet clavem David : qui áperit, et nemo
claudit : claudit, et nemo áperit :
7. Et à l’ange de l’église de Philadelphie, écris : Voici ce que dit le Saint et le Véritable, qui a la clef de David, qui ouvre et personne ne ferme ; qui ferme et personne n’ouvre,
8 Scio ópera tua. Ecce dedi coram te óstium
apértum, quod nemo potest cláudere : quia módicam habes virtútem, et
servásti verbum meum, et non negásti nomen meum.
8. Je sais tes œuvres. J’ai posé devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer, parce que tu as peu de force, et que cependant tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renoncé mon nom.
9 Ecce dabo de synagóga Sátanæ, qui dicunt se
Judǽos esse, et non sunt, sed mentiúntur : ecce fáciam illos ut véniant,
et adórent ante pedes tuos : et scient quia ego diléxi te,
9. Voici que je produirai quelques-uns de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs, et ne le sont pas, mais qui mentent. Je ferai qu’ils viennent, qu’ils adorent à tes pieds, et qu’ils sachent que je t’aime.
10 quóniam servásti verbum patiéntiæ meæ, et ego
servábo te ab hora tentatiónis, quæ ventúra est in orbem univérsum tentáre
habitántes in terra.
10. Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de la tentation, qui doit venir dans tout l’univers éprouver ceux qui habitent sur la terre.
11 Ecce vénio cito : tene quod habes, ut nemo accípiat
corónam tuam.
11. Voici que je viens bientôt : Garde ce que tu as, de peur que quelque autre ne reçoive ta couronne.
12 Qui vícerit, fáciam illum
colúmnam in templo Dei mei, et foras non egrediétur ámplius : et scribam
super eum nomen Dei mei, et nomen civitátis Dei mei novæ Jerúsalem, quæ
descéndit de cælo a Deo meo, et nomen meum novum.
12. Celui qui aura vaincu, j’en ferai une colonne dans le temple de mon Dieu, et il n’en sortira plus ; et j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu et le nom de la cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem, qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nouveau nom.
13 Qui habet
aurem, áudiat quid Spíritus dicat ecclésiis.
13. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises.
14 Et ángelo Laodicíæ ecclésiæ scribe : Hæc
dicit : Amen, testis fidélis et verus, qui est princípium creatúræ Dei.
14. Et à l’ange de l’église de Laodicée, écris : Voici ce que dit Amen, le témoin fidèle et véritable, qui est le principe des créatures de Dieu.
15 Scio ópera
tua : quia neque frígidus es, neque cálidus : útinam frígidus esses,
aut cálidus :
15. Je sais tes œuvres ; tu n’es ni froid ni chaud : que seulement tu fusses froid ou chaud !
16 sed quia
tépidus es, et nec frígidus, nec cálidus, incípiam te evómere ex ore meo :
16. Mais parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni chaud, je suis près de te vomir de ma bouche.
17 quia
dicis : Quod dives sum, et locupletátus, et nullíus égeo : et nescis
quia tu es miser, et miserábilis, et pauper, et cæcus, et nudus.
17. Car tu dis : Je suis riche et opulent, et je n’ai besoin de rien ; et tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu.
18 Suádeo tibi émere a me aurum ignítum probátum, ut
lócuples fias, et vestiméntis albis induáris, et non appáreat confúsio
nuditátis tuæ, et collýrio inúnge óculos tuos ut vídeas.
18. Je te conseille d’acheter de moi de l’or éprouvé au feu, afin de t’enrichir, et de te vêtir d’habits blancs, de peur que la honte de ta nudité ne paraisse ; applique aussi un collyre sur tes yeux, afin que tu voies.
19 Ego quos amo, árguo, et castígo. Æmuláre ergo, et pœniténtiam age.
19. Pour moi, je reprends et je châtie ceux que j’aime. Rallume donc ton zèle, et fais pénitence.
20 Ecce sto ad óstium, et pulso : si quis
audíerit vocem meam, et aperúerit mihi jánuam, intrábo ad illum, et cœnábo cum
illo, et ipse mecum.
20. Me voici à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et m’ouvre la porte, j’entrerai chez lui, et je souperai avec lui, et lui avec moi.
21
Qui vícerit, dabo ei sedére mecum in throno meo : sicut et ego vici, et
sedi cum Patre meo in throno ejus.
21. Celui qui aura vaincu, je lui donnerai de s’assoir avec moi sur mon trône ; comme moi j’ai vaincu aussi, et me suis assis avec mon Père sur son trône.
22 Qui habet
aurem, áudiat quid Spíritus dicat ecclésiis.
22. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises.
~
CHAP.
III. 3. I Thess. V, 2 ; II Petr. III,
10 ; Infra. XVI,
15. — 7. Is. XXII,
22 ; Job. XII,
14. — 14. Joan. XIV,
6. — 19. Prov. III,
12 ; Hebr. XII,
6.
1. * Sardes, métropole de la Lydie, en Asie Mineure, tout adonnée aux plaisirs, sur la pente du Tmolus, baignée par le Pactole, ancienne capitale de Crésus. Il y avait beaucoup de Juifs.
2. Tous les restes. Il y a dans le texte le genre neutre, ce qui est un pur hébraïsme qui a pour but de marquer une universalité complète, qui n’admet aucune exception.
4. Noms. Dans les énumérations, le mot nom se prend pour tête, individu, personne. Compar. Act. I, 15, où la Vulgate elle-même a rendu par hommes le terme grec qui signifie noms.
7. * Philadelphie était en Lydie, comme Sardes, au pied du mont Tmolus, sur le Caïstre. Elle avait été bâtie par Attale II Philadelphe qui lui avait donné son nom. Depuis l’an 132 avant Jésus-Christ, elle était soumise à la province romaine.
8. J’ai posé ; litter., j’ai donné. Le verbe hébreu correspondant réunit ces deux significations.
9. Je produirai, je poserai, j’établirai. Voy. vers. 8. — Qui se disent, etc. Voy. II, 9. — Qu’ils adorent. On a déjà vu que dans le style des Hébreux, le mot adoration signifiait souvent un simple hommage de respect.
10. La parole de ma patience. Le mot parole est mis pour précepte. Saint Jean, en effet, emploie souvent la phrase garder la parole, pour garder la loi. De plus, l’expression la parole de ma patience, est une hyperbate hébraïque ; la construction régulière est : Ma parole, ou mon précepte de la patience, touchant la patience.
14. Des créatures. Le texte porte au singulier de la créature, mais c’est évidemment un nom collectif ; ou bien ce mot doit se prendre ici, comme en plusieurs autres passages, dans le sens de création. — * Laodicée. Voir Col. II, 1.
18. Cet or éprouvé au feu est le symbole de la charité ; ces habits blanc, celui de l’innocence, des vertus chrétiennes, des œuvres saintes (XIX, 8), et ce collyre, celui de l’humilité qui nous ouvre les yeux, en nous faisant connaitre nos défauts.
20. Dieu frappe à la porte de notre cœur par les avertissements qu’il nous donne ; il entre en nous par la charité qu’il répand dans nos cœurs ; il soupe avec nous par les grâces dont il nous comble en cette vie, considérée comme le soir qui précède le grand jour de l’éternité.
²
Le Seigneur parait assis sur son trône ; il a quatre vieillards autour de lui, et sept lampes devant lui. Mer transparente devant le trône. Quatre animaux autour du trône ; leur cantique. Cantique des vingt-quatre vieillards.
1 Post hæc vidi : et ecce óstium apértum in
cælo, et vox prima, quam audívi tamquam tubæ loquéntis mecum, dicens :
Ascénde huc, et osténdam tibi quæ opórtet fíeri post hæc.
1. Après cela je regardai, et voilà une porte ouverte dans le ciel, et la première voix que j’avais entendue comme une voix de trompette qui me parlait, dit : Monte ici, et je te montrerai ce qui doit arriver après ces choses.
2 Et statim
fui in spíritu : et ecce sedes pósita erat in cælo, et supra sedem sedens.
2. Et aussitôt je fus ravi en esprit, et je vis un trône placé dans le ciel, et quelqu’un assis sur le trône.
3 Et qui
sedébat símilis erat aspéctui lápidis jáspidis, et sárdinis : et iris erat
in circúitu sedis símilis visióni smarágdinæ.
3. Celui qui était assis paraissait semblable à une pierre de jaspe et de sardoine ; et il y avait autour du trône un arc-en-ciel semblable à une émeraude.
4 Et in circúitu sedis sedília vigínti
quátuor : et super thronos vigínti quátuor senióres sedéntes, circumamícti
vestiméntis albis, et in capítibus eórum corónæ áureæ.
4. Autour du trône étaient encore vingt-quatre trônes, et sur les trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus d’habits blancs, et sur leurs têtes des couronnes d’or.
5 Et de
throno procedébant fúlgura, et voces, et tonítrua : et septem lámpades
ardéntes ante thronum, qui sunt septem spíritus Dei.
5. Et du trône sortaient des éclairs, des voix et des tonnerres ; et il y avait devant le trône sept lampes ardentes, qui sont les sept esprits de Dieu.
6 Et in conspéctu sedis tamquam mare vítreum símile
crystállo : et in médio sedis, et in circúitu sedis quátuor animália plena
óculis ante et retro.
6. Et devant le trône, comme une mer de verre semblable à du cristal ; et au milieu du trône, et autour du trône quatre animaux pleins d’yeux devant et derrière.
7 Et ánimal
primum símile leóni, et secúndum ánimal
símile vítulo, et tértium ánimal habens
fáciem quasi hóminis, et quartum ánimal
símile áquilæ volánti.
7. Le premier animal ressemblait à un lion, le second à un veau, le troisième avait un visage comme celui d’un homme, et le quatrième était semblable à un aigle qui vole.
8 Et quátuor animália, síngula eórum habébant alas
senas : et in circúitu, et intus plena sunt óculis : et réquiem non
habébant die ac nocte, dicéntia : Sanctus, Sanctus, Sanctus Dóminus Deus
omnípotens, qui erat, et qui est, et qui ventúrus est.
8. Ces quatre animaux avaient chacun six ailes, et autour et au dedans ils étaient pleins d’yeux ; et ils ne se donnaient du repos ni jour ni nuit, disant : Saint, saint, saint, est le Seigneur, Dieu tout-puissant, qui était, qui est, et qui doit venir.
9 Et cum
darent illa animália glóriam, et honórem, et benedictiónem sedénti super
thronum, vivénti in sǽcula sæculórum,
9. Et lorsque ces animaux rendaient ainsi gloire, honneur et bénédiction à celui qui est assis sur le trône, qui vit dans les siècles des siècles,
10
procidébant vigínti quátuor senióres ante sedéntem in throno, et adorábant
vivéntem in sǽcula sæculórum, et mittébant corónas suas ante thronum,
dicéntes :
10. Les vingt-quatre vieillards se prosternaient devant celui qui est assis sur le trône, et ils adoraient celui qui vit dans les siècles des siècles, et ils jetaient leurs couronnes devant le trône, disant :
11 Dignus es Dómine Deus noster accípere glóriam, et
honórem, et virtútem : quia tu creásti ómnia, et propter voluntátem tuam
erant, et creáta sunt.
11. Vous êtes digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance, parce que vous avez créé toutes choses, et que c’est par votre volonté qu’elles étaient et qu’elles ont été créées.
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CHAP. IV. 8. Is. VI, 3.
1. * Le ciel, l’Agneau, le livre aux sept sceaux, IV, V. « Le chapitre quatrième contient la description du ciel, siège de la grandeur, de la puissance et de la justice divines. C’est là que sont portés tous les arrêts qui s’exécutent sur la terre. On y voit Dieu assis sur son trône, comme sur un tribunal ; au-dessous est une mer de cristal, calme, immense, transparente, comme le firmament. À l’entour sont vingt-quatre vieillards ou prêtres, toujours en adoration devant la majesté infinie. Ils ont le titre de prêtres, parce qu’ils remplissent la fonction la plus essentielle du sacerdoce, qui est d’adorer, de bénir, de célébrer ses infinies perfections. Ils sont assis sur des trônes, parce qu’ils se reposent dans la gloire, fixés pour toujours dans l’essence même de Dieu. Ils portent des couronnes, parce qu’ils sont associés à sa puissance et à sa souveraineté. En avant est le Sauveur, l’Agneau divin, debout et vivant, mais comme égorgé, portant les marques d’une double immolation, celle qu’il a subie en sa personne et celle qu’il souffre dans son corps mystique. C’est sa mission et sa gloire de révéler tous les secrets et de lever tous les voiles. C’est donc lui qui reçoit des mains du Père éternel le livre des décrets divins ; qui révèle à S. Jean les évènements que celui-ci prédit. Il est, comme le Père, l’objet des adorations de toute créature. Cette vision est par rapport aux suivantes, ce qu’est celle du chapitre premier par rapport aux révélations faites aux évêques des sept Églises. C’est le prélude des sentences qui vont être portées au ciel et exécutées sur la terre. » (L. Bacuez.)
4. * Les vingt-quatre vieillards. « Les meilleurs interprètes pensent que ces vingt-quatre vieillards qui rendent hommage au Seigneur, au nom de toutes les créatures, représentent la totalité des élus, en tant qu’appliqués aux louanges de Dieu. Comme ils remplissent l’office principal des prêtres, ils en portent le nom. Ils sont au nombre de vingt-quatre, comme les chefs des familles sacerdotales de l’ancien peuple. Suivant Bossuet, douze représentent les saints de l’Ancien Testament, issus des patriarches, et douze les saints du Nouveau, dont les Apôtres sont comme les pères. Ils n’ont qu’une voix pour louer Celui qui est sur le trône et l’Agneau. » (L. Bacuez.)
6. * Les quatre animaux symboliques. « La plupart voient en eux une personnification des quatre Évangiles, en tant qu’animant et inspirant les prédicateurs de la foi chrétienne. On les distingue à peine les uns des autres. Toute leur intelligence, toute leur activité, tout leur zèle sont employés à faire connaitre les perfections et les desseins de Dieu ; ils sont les dépositaires de tous ses décrets ; ils reflètent toutes ses pensées sur l’avenir comme sur le passé. Leur aspect annonce la grandeur aussi bien que l’activité. Leurs ailes indiquent la rapidité de leur course et leur élévation. Ils remplissent le monde des louanges de la majesté divine. — Pour se former une idée de la cour céleste, telle qu’elle fut montrée à S. Jean, il faut joindre à ce tableau celui de la multitude des élus, tracé au chapitre VII. Rien de plus solennel, de plus animé, de plus ravissant que cette description qui semble avoir inspiré à l’auteur du Te Deum ses plus magnifiques versets. — Il est impossible de n’être pas frappé du rapport qui existe entre les honneurs rendus à Dieu dans le ciel, IV et V, et le culte que nous lui offrons dans nos églises. Chaque dimanche, depuis l’origine du christianisme, nous avons dans nos églises des réunions semblables à cette assemblée céleste dont S. Jean fait ici le tableau. Un vieillard préside, entouré de ministres sacrés, de prêtres, vêtus de robes blanches et portant des couronnes. On voit au milieu, un autel ; sous cet autel, des reliques ; sur l’autel, l’Agneau immolé qui fait office de Médiateur et qui reçoit des adorations ; devant l’autel, des parfums, des prostrations, des cantiques à deux chœurs, un livre qu’il n’est pas donné à tous de lire et de comprendre. — Soit que l’Esprit saint nous donne à entendre par cette vision que nous sommes appelés à contempler au ciel ce qui existe en figure ou sous les voiles dans nos sanctuaires, soit que l’Église de la terre ait pris dans cette vue du ciel, comme Moïse autrefois, l’idée de ses rites liturgiques, on peut toujours en conclure que nos principales cérémonies remontent à l’origine du christianisme, et qu’elles ont leur sanction dans l’autorité de Dieu. » (L. Bacuez.)
8. Saint, saint, saint. Les Hébreux formaient un de leurs superlatifs en répétant trois fois l’adjectif positif.
11. * « Dans ce chapitre, les chantres célestes louent Dieu à cause de la création, qui a été la première manifestation des perfections divines et le principe de toutes ses grâces. Dans le chapitre suivant, ils loueront Dieu et le Sauveur à cause de la rédemption. » (Crampon)
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Livre scellé de sept sceaux. Nul n’est trouvé digne de l’ouvrir. Jésus parait sous le symbole d’un agneau immolé, mais plein de vie ; il prend le livre. Cantique des saints, des anges et de toutes les créatures à sa louange.
1 Et vidi in déxtera sedéntis supra thronum, librum
scriptum intus et foris, signátum sigíllis septem.
1. Je vis ensuite dans la main droite de celui qui est assis sur le trône, un livre écrit dedans et dehors, scellé de sept sceaux.
2 Et vidi ángelum fortem, prædicántem voce
magna : Quis est dignus aperíre librum, et sólvere signácula ejus ?
2. Je vis encore un ange fort qui criait d’une voix forte : Qui est digne d’ouvrir le livre, et d’en délier les sceaux ?
3 Et nemo póterat neque in cælo, neque in terra, neque subtus terram aperíre librum, neque respícere illum.
3. Et nul ne pouvait ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ouvrir le livre, ni le regarder.
4 Et ego flebam
multum, quóniam nemo dignus invéntus est aperíre librum, nec vidére eum.
4. Et moi je pleurais beaucoup de ce que personne ne s’était trouvé digne d’ouvrir le livre ni de le regarder.
5 Et unus de senióribus dixit mihi : Ne
fléveris : ecce vicit leo de tribu Juda, radix David, aperíre librum, et
sólvere septem signácula ejus.
5. Mais l’un des vieillards me dit : Ne pleure point ; voici le lion de la tribu de Juda, la racine de David, qui a obtenu par sa victoire d’ouvrir le livre et d’en délier les sept sceaux.
6 Et
vidi : et ecce in médio throni et quátuor animálium, et in médio seniórum,
Agnum stantem tamquam occísum, habéntem córnua septem, et óculos septem :
qui sunt septem spíritus Dei, missi in omnem terram.
6. Et je regardai, et voilà au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des vieillards, un Agneau debout comme immolé, ayant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre.
7 Et
venit : et accépit de déxtera sedéntis in throno librum.
7. Et il vint, et prit le livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône.
8 Et cum aperuísset librum, quátuor animália, et
vigínti quátuor senióres cecidérunt coram Agno, habéntes sínguli cítharas, et
phíalas áureas plenas odoramentórum, quæ sunt oratiónes sanctórum :
8. Et lorsqu’il eut ouvert le livre, les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards tombèrent devant l’Agneau, ayant chacun des harpes et des coupes pleines de parfums, qui sont les prières des saints.
9 et
cantábant cánticum novum, dicéntes : Dignus es, Dómine, accípere librum,
et aperíre signácula ejus : quóniam occísus es, et redemísti nos Deo in
sánguine tuo ex omni tribu, et lingua, et pópulo, et natióne :
9. Ils chantaient un cantique nouveau, disant : Vous êtes digne, Seigneur, de recevoir le livre et d’en ouvrir les sceaux, parce que vous avez été mis à mort, et que vous nous avez rachetés pour Dieu par votre sang, de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation.
10 et fecísti
nos Deo nostro regnum, et sacerdótes : et regnábimus super terram.
10. Et vous avez fait de nous un royaume et des prêtres pour notre Dieu ; et nous règnerons sur la terre.
11 Et vidi,
et audívi vocem angelórum multórum in circúitu throni, et animálium, et
seniórum : et erat númerus eórum míllia míllium,
11. Je regardai encore, et j’entendis autour du trône, et des animaux, et des vieillards, la voix de beaucoup d’anges : leur nombre était des milliers de milliers,
12 dicéntium
voce magna : Dignus est Agnus, qui occísus est, accípere virtútem, et
divinitátem, et sapiéntiam, et fortitúdinem, et honórem, et glóriam, et
benedictiónem.
12. Qui disaient d’une voix forte : Il est digne, l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la vertu, la divinité, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction.
13 Et omnem creatúram, quæ in cælo est, et super
terram, et sub terra, et quæ sunt in mari, et quæ in eo : omnes audívi
dicéntes : Sedénti in throno, et Agno, benedíctio et honor, et glória, et
potéstas in sǽcula sæculórum.
13. Et j’entendis toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre, et celles qui sont sur la mer et en elle ; je les entendis tous disant : À celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, bénédiction, honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles !
14 Et quátuor
animália dicébant : Amen. Et vigínti quátuor senióres cecidérunt in fácies
suas : et adoravérunt vivéntem in sǽcula sæculórum.
14. Et les quatre animaux disaient : Amen. Et les vingt-quatre vieillards tombèrent sur leurs faces, et adorèrent celui qui vit dans les siècles des siècles.
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CHAP. V. 11. Dan. VII, 10.
1. * « On voit apparaitre successivement trois groupes de symboles : sept sceaux, sept trompettes et sept coupes. S’il est manifeste que tous ces symboles ont rapport au même objet, la destruction du monde idolâtre, il ne l’est pas moins que leur succession indique la durée et le progrès de l’œuvre. Ainsi chaque nouveau groupe ajoute à la signification du groupe précédent. La levée des sceaux montre que l’arrêt vengeur est porté, sans être encore promulgué ; le son des trompettes est la promulgation de l’arrêt ; l’effusion des coupes sera comme l’application de la peine au coupable. À la dernière on entendra éclater dans le ciel cette parole : “C’est fait”, Apoc. XVI, 17, auquel fait écho le cri de l’Apostat expirant : “Tu as vaincu, Galiléen.” — Il est clair qu’il s’agit de fléaux ou de châtiments divins. Ces fléaux tombent sur l’empire idolâtre comme les plaies d’Égypte sur le royaume de Pharaon. Reste la difficulté d’assigner à chaque signe un sens particulier, ou d’indiquer avec précision à quelle date il s’accomplit, à quel évènement il se rapporte. Il nous semble qu’il y a une mesure à garder dans cette détermination, qu’il ne faut pas vouloir tout distinguer ni trop descendre dans le détail, que divers signes peuvent avoir pour objet des faits d’une même époque et parfois les mêmes faits considérés sous divers aspects. Évidemment, c’est moins pour s’accorder avec les faits de l’histoire que pour se conformer aux habitudes du langage symbolique, que les signes se succèdent d’une manière régulière, en nombre septénaire. “Le nombre sept, dit S. Augustin, est celui de la totalité.” Plusieurs interprètes n’ont pas assez tenu compte de cette considération. Non seulement ils ont assigné à chaque série de symboles une signification particulière, mais ils ont donné pour objet à chaque signe un fait déterminé. Ainsi ils se sont jetés dans la conjecture, et le désir de la précision leur a fait perdre jusqu’à la vraisemblance. Les symboles sont, comme les paraboles, moins précis que frappants. “Prise dans son ensemble, dit le P. Lacordaire, la prophétie de S. Jean est d’une extrême clarté ; mais elle échappe aux efforts de ceux qui veulent la suivre pas à pas et en appliquer toutes les scènes aux évènements accomplis.” » (L. Bacuez.)
2. D’en délier les sceaux. Anciennement on scellait les livres, les tablettes, en les enveloppant et les liant avec du lin ou toute autre matière semblable, et en y appliquant le sceau par-dessus. Voy. Is. VIII, 16.
5. A obtenu, etc. ; littér. : A vaincu, l’a emporté d’ouvrir le livre, pour ouvrir le livre ; c’est-à-dire a été assez puissant pour ouvrir, etc.
8. Qui sont les prières des saints. Ce texte prouve clairement que les saints dans le ciel offrent à Jésus-Christ les prières que les fidèles font sur la terre.
13. Sur la mer ; c’est le sens de la Vulgate expliquée par le Grec. — 13 sv. * « Le cantique en l’honneur de la rédemption est chanté d’abord par les rachetés eux-mêmes, les 24 vieillards (vers. 8-10) ; ensuite par le chœur innombrable des anges ; puis, plus loin encore, dans les sphères qui embrassent l’univers entier, toutes les créatures le font entendre ; enfin l’harmonie céleste revient au centre par l’amen des quatre animaux, et l’adoration silencieuse des 24 vieillards termine le premier acte de la vision. » (Crampon)
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Ouverture des sept sceaux. Premier sceau, un cavalier monté sur un cheval blanc. Deuxième sceau, un cavalier monté sur un cheval roux. Troisième sceau, un cavalier monté sur un cheval noir. Quatrième sceau, un cavalier monté sur un cheval pâle. Cinquième sceau, plaintes des martyrs. Sixième sceau, la colère de l’Agneau.
1 Et vidi
quod aperuísset Agnus unum de septem sigíllis, et audívi unum de quátuor
animálibus, dicens tamquam vocem tonítrui : Veni, et vide.
1. Et je vis que l’Agneau avait ouvert un des sept sceaux, et j’entendis l’un des quatre animaux disant comme avec une voix de tonnerre : Viens et vois.
2 Et vidi : et ecce equus albus, et qui
sedébat super illum, habébat arcum, et data est ei coróna, et exívit vincens ut
vínceret.
2. Je regardai, et voilà un cheval blanc, et celui qui le montait avait un arc, et une couronne lui fut donnée, et il partit en vainqueur pour vaincre.
3 Et cum
aperuísset sigíllum secúndum, audívi secúndum ánimal, dicens : Veni, et
vide.
3. Lorsqu’il eut ouvert le second sceau, j’entendis le second animal qui dit : Viens et vois.
4 Et exívit
álius equus rufus : et qui sedébat super illum, datum est ei ut súmeret
pacem de terra, et ut ínvicem se interfíciant, et datus est ei gládius magnus.
4. Et il sortit un autre cheval qui était roux ; et à celui qui le montait, il fut donné d’ôter la paix de dessus la terre, et de faire que les hommes s’entretuassent ; et une grande épée lui fut donnée.
5 Et cum
aperuísset sigíllum tértium, audívi tértium ánimal, dicens : Veni, et
vide. Et ecce equus niger : et qui sedébat super illum, habébat statéram
in manu sua.
5. Quand il eut ouvert le troisième sceau, j’entendis le troisième animal qui dit : Viens et vois. Et voilà un cheval noir ; or celui qui le montait avait une balance en sa main.
6 Et audívi tamquam vocem in médio quátuor animálium dicéntium :
Bilíbris trítici denário et tres bilíbres hórdei denário, et vinum, et óleum ne
lǽseris.
6. Et j’entendis comme une voix au milieu des quatre animaux, disant : Deux livres de blé pour un denier, et trois livres d’orge pour un denier, et ne gâte ni le vin ni l’huile.
7 Et cum
aperuísset sigíllum quartum, audívi vocem quarti animális dicéntis : Veni,
et vide.
7. Lorsqu’il eut ouvert le quatrième sceau, j’entendis la voix du quatrième animal, disant : Viens et vois.
8 Et ecce
equus pállidus : et qui sedébat super eum, nomen illi Mors, et inférnus
sequebátur eum, et data est illi potéstas super quátuor partes terræ,
interfícere gládio, fame, et morte, et béstiis terræ.
8. Et voilà un cheval pâle ; et celui qui le montait s’appelait la Mort, et l’enfer le suivait ; et il lui fut donné puissance sur les quatre parties de la terre, de tuer par l’épée, par la famine, par la mortalité et par les bêtes sauvages.
9 Et cum aperuísset sigíllum quintum, vidi subtus
altáre ánimas interfectórum propter verbum Dei, et propter testimónium, quod
habébant :
9. Lorsqu’il eut ouvert le cinquième sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui ont été tués à cause de la parole de Dieu, à cause du témoignage qu’ils avaient.
10 et clamábant voce magna, dicéntes : Usquequo
Dómine (sanctus et verus), non júdicas, et non víndicas sánguinem nostrum de
iis qui hábitant in terra ?
10. Et ils criaient d’une voix forte, disant : Jusques à quand, Seigneur (le saint et le véritable), ne ferez-vous point justice et ne vengerez-vous point notre sang de ceux qui habitent la terre ?
11 Et datæ sunt illis síngulæ stolæ albæ : et
dictum est illis ut requiéscerent adhuc tempus módicum donec compleántur
consérvi eórum, et fratres eórum, qui interficiéndi sunt sicut et illi.
11. Et une robe blanche fut donnée à chacun d’eux ; et il leur fut dit qu’ils attendissent en repos encore un peu de temps, jusqu’à ce que fût accompli le nombre de ceux qui servaient Dieu comme eux, et celui de leurs frères qui devaient être tués comme eux.
12 Et vidi cum aperuísset sigíllum sextum : et
ecce terræmótus magnus factus est, et sol factus est niger tamquam saccus
cilicínus : et luna tota facta est sicut sanguis :
12. Et je regardai lorsqu’il ouvrit le sixième sceau ; et voilà qu’un grand tremblement de terre se fit ; le soleil devint noir comme un sac de poils, et la lune tout entière devint comme du sang.
13 et stellæ de cælo cecidérunt super terram, sicut ficus emíttit grossos suos cum a vento magno movétur :
13. Et les étoiles tombèrent du ciel sur la terre, comme un figuier laisse tomber ses figues vertes, quand il est agité par un grand vent.
14 et cælum recéssit sicut liber involútus : et
omnis mons, et ínsulæ de locis suis motæ sunt :
14. Le ciel se replia comme un livre roulé, et toutes les montagnes et les iles furent ébranlées de leurs places.
15 et reges
terræ, et príncipes, et tribúni, et dívites, et fortes, et omnis servus, et
liber abscondérunt se in spelúncis, et in petris móntium :
15. Alors les rois de la terre, les princes, les tribuns militaires, les riches, les puissants, et tout homme esclave ou libre, se cachèrent dans les cavernes et dans les rochers des montagnes.
16 et dicunt
móntibus, et petris : Cádite super nos, et abscóndite nos a fácie sedéntis
super thronum, et ab ira Agni :
16. Et ils dirent aux montagnes et aux rochers : Tombez sur nous, et cachez-nous de la face de celui qui est assis sur le trône, et de la colère de l’Agneau,
17 quóniam
venit dies magnus iræ ipsórum : et quis póterit stare ?
17. Parce qu’il est arrivé le grand jour de leur colère, et qui pourra subsister ?
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CHAP.
VI. 16. Is. II, 19 ; Os. X, 8 ; Luc. XXIII, 30.
2-8. Ce guerrier monté sur un cheval blanc représente Jésus-Christ allant soumettre le monde à son Évangile ; les autres chevaux, les jugements et les châtiments qui devaient tomber sur les ennemis de Jésus-Christ et de son Église ; le cheval roux signifie les guerres ; le noir, la famine ; et le pâle monté par la Mort, les plaies et la peste. Voy. les explications que nous avons données de ce chap. VI et des suivants, dans notre Abrégé d’introduction, etc., p. 507-513.
6. Deux livres. Voy. Ibid., p. 547. — Un denier. Voy. Ibid., p. 543. — * Deux livres. Le texte original porte deux chœnix. Le chœnix était une mesure de capacité contenant 1,8 L. — Le denier valait environ 80 centimes (en 1900).
9. Sous l’autel. Jésus-Christ, en tant qu’homme, est cet autel sous lequel les âmes des martyrs vivent dans le ciel, comme leurs corps sont ici déposés sous nos autels.
10. Le saint et le véritable. Compar. III, 7. — Ne ferez-vous point, etc. Les saints ne demandent pas cela par haine pour leurs ennemis, mais par zèle pour la gloire de Dieu, désirant que le Seigneur hâte le jugement universel, et la béatitude complète de ses élus.
11. * Une robe blanche (stolæ). Voir Luc. XV, 22.
12. Noir comme un sac de poils. Les sacs de deuil dont se servaient ordinairement les prophètes étaient faits de poils noirs ou bruns, soit de chèvre, soit de chameau.
13. * Ses figues. Les figues sont ordinairement nombreuses sur les figuiers, et un grand vent les fait tomber en abondance.
14. Comme un livre roulé, Les livres anciens étaient de grands rouleaux de papier ou de vélin.
²
Quatre anges retiennent les quatre vents. Douze mille Israélites de chacune des douze tribus sont marqués du signe de Dieu. Troupe innombrable de toute nation devant le trône. Cantique des anges. Quelle est cette troupe ? Récompense dont elle jouira éternellement.
1 Post hæc
vidi quátuor ángelos stantes super quátuor ángulos terræ, tenéntes quátuor
ventos terræ, ne flarent super terram, neque super mare, neque in ullam
árborem.
1. Après cela, je vis quatre anges qui étaient aux quatre coins de la terre, et qui retenaient les quatre vents de la terre, pour qu’ils ne soufflassent point sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre.
2 Et vidi
álterum ángelum ascendéntem ab ortu solis, habéntem signum Dei vivi : et
clamávit voce magna quátuor ángelis, quibus datum est nocére terræ et mari,
2. Et je vis un autre ange qui montait de l’orient et portait le signe du Dieu vivant ; et il cria d’une voix forte aux quatre anges auxquels il a été donné de nuire à la terre et à la mer,
3 dicens : Nolíte nocére terræ, et mari, neque
arbóribus, quoadúsque signémus servos Dei nostri in fróntibus eórum.
3. Disant : Ne nuisez ni à la terre ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons mis le sceau sur le front des serviteurs de notre Dieu.
4 Et audívi
númerum signatórum, centum quadragínta quátuor míllia signáti, ex omni tribu
filiórum Israël.
4. Et j’entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau : cent-quarante-quatre mille de toutes les tribus des enfants d’Israël ;
5 Ex tribu Juda duódecim míllia signáti : ex tribu Ruben
duódecim míllia signáti : ex tribu Gad duódecim míllia signáti :
5. De la tribu de Juda, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Ruben, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Gad, douze mille marqués du sceau ;
6 ex tribu Aser
duódecim míllia signáti : ex tribu Néphthali duódecim míllia
signáti : ex tribu Manásse duódecim míllia signáti :
6. De la tribu d’Aser, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Nephtali, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Manassé, douze mille marqués du sceau ;
7 ex tribu Símeon
duódecim míllia signáti : ex tribu Levi duódecim míllia signáti : ex
tribu Issachar duódecim míllia signáti :
7. De la tribu de Siméon, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Lévi, douze mille marqués du sceau ; de la tribu d’Issachar, douze mille marqués du sceau :
8 ex tribu Zábulon
duódecim míllia signáti : ex tribu Joseph duódecim míllia signáti :
ex tribu Bénjamin duódecim míllia signáti.
8. De la tribu de Zabulon, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Joseph, douze mille marqués du sceau ; de la tribu de Benjamin, douze mille marqués du sceau.
9 Post hæc vidi turbam magnam, quam dinumeráre nemo
póterat, ex ómnibus géntibus, et tríbubus, et pópulis, et linguis :
stantes ante thronum, et in conspéctu Agni, amícti stolis albis, et palmæ in
mánibus eórum :
9. Après cela, je vis une grande troupe que personne ne pouvait compter de toutes les nations, de toutes les tribus, de tous les peuples et de toutes les langues, qui étaient debout devant le trône et devant l’Agneau, revêtus de robes blanches ; et des palmes étaient en leurs mains.
10 et
clamábant voce magna, dicéntes : Salus Deo nostro, qui sedet super
thronum, et Agno.
10. Et ils criaient d’une voix forte, disant : Salut à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’Agneau !
11 Et omnes
ángeli stabant in circúitu throni, et seniórum, et quátuor animálium : et
cecidérunt in conspéctu throni in fácies suas, et adoravérunt Deum,
11. Et tous les anges se tenaient debout autour du trône et des vieillards, et des quatre animaux, et ils tombèrent sur leurs faces devant le trône, et ils adorèrent Dieu,
12 dicéntes : Amen. Benedíctio, et cláritas, et sapiéntia, et gratiárum áctio, honor, et virtus, et fortitúdo Deo nostro in sǽcula sæculórum. Amen.
12. Disant : Amen ; la bénédiction, la gloire, la sagesse, l’action de grâces, l’honneur, la puissance et la force à notre Dieu dans les siècles des siècles. Amen.
13 Et respóndit unus de senióribus et dixit
mihi : Hi, qui amícti sunt stolis albis, qui sunt ? et unde
venérunt ?
13. Alors un des vieillards prit la parole et me dit : Ceux-ci, qui sont revêtus de robes blanches, qui sont-ils ? et d’où viennent-ils ?
14 Et dixi
illi : Dómine mi, tu scis. Et dixit mihi : Hi sunt, qui venérunt de
tribulatióne magna, et lavérunt stolas suas, et dealbavérunt eas in sánguine
Agni.
14. Je lui répondis : Mon Seigneur, vous le savez. Et il me dit : Ce sont ceux qui sont venus de la grande tribulation, et qui ont lavé et blanchi leurs robes dans le sang de l’Agneau.
15 Ideo sunt ante thronum Dei, et sérviunt ei die ac
nocte in templo ejus : et qui sedet in throno, habitábit super
illos :
15. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, et ils le servent jour et nuit dans son temple, et celui qui est assis sur le trône habitera sur eux.
16 non
esúrient, neque sítient ámplius, nec cadet super illos sol, neque ullus
æstus :
16. Ils n’auront plus ni faim ni soif ; et le soleil, ni aucune chaleur ne tombera sur eux ;
17 quóniam
Agnus, qui in médio throni est, reget illos et dedúcet eos ad vitæ fontes
aquárum, et abstérget Deus omnem lácrimam ab óculis eórum.
17. Parce que l’Agneau qui est au milieu du trône, sera leur pasteur ; il les conduira à des fontaines d’eau vive, et Dieu essuiera de leurs yeux toute larme.
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CHAP.
VII. 16. Is. XLIX, 10. — 17. Is. XXV, 8 ; Infra. XXI, 4.
3. Sur le front : « la marque du sceau sera une sauvegarde et contre les tribulations des derniers jours, et contre toute espèce de chute ou de défaillance morale. » (Crampon, 1885)
9. Une grande troupe ou foule immense : il s’agit ici, non plus des élus de Dieu encore sur la terre au sein des épreuves (vers. 1, 8), mais des bienheureux sans nombre, de tous les lieux et de tous les temps, en possession de la gloire du ciel. » (Crampon, 1885)
9, 13. * De robes blanches (stolis). Voir Luc. XV, 22.
15. Habitera sur eux ; il les couvrira comme un pavillon, une tente.
²
Ouverture du septième sceau. Sept anges paraissent avec sept trompettes. Première trompette, grêle accompagnée de feu et de sang. Deuxième trompette, montagne tout en feu jetée dans la mer. Troisième trompette, étoile d’absinthe qui corrompt les eaux. Quatrième trompette, ta troisième partie de la lumière est obscurcie. Annonce des trois malheurs qui vont suivre.
1 Et cum
aperuísset sigíllum séptimum, factum est siléntium in cælo, quasi média hora.
1. Lorsque l’Agneau eut ouvert le septième sceau, il se fit un silence dans le ciel d’environ une demi-heure.
2 Et vidi
septem ángelos stantes in conspéctu Dei : et datæ sunt illis septem tubæ.
2. Et je vis les sept anges qui se tiennent debout en présence de Dieu ; et sept trompettes leur furent données.
3 Et álius
ángelus venit, et stetit ante altáre habens thuríbulum áureum : et data
sunt illi incénsa multa, ut daret de oratiónibus sanctórum ómnium super altáre
áureum, quod est ante thronum Dei.
3. Alors un autre ange vint, et il s’arrêta devant l’autel, ayant un encensoir d’or ; et une grande quantité de parfums lui fut donnée, afin qu’il présentât les prières de tous les saints sur l’autel d’or qui est devant le trône de Dieu.
4 Et ascéndit
fumus incensórum de oratiónibus sanctórum de manu ángeli coram Deo.
4. Et la fumée des parfums composée des prières des saints monta de la main de l’ange devant Dieu.
5 Et accépit ángelus thuríbulum, et implévit illud
de igne altáris, et misit in terram : et facta sunt tonítrua, et voces, et
fúlgura, et terræmótus magnus.
5. Et l’ange prit l’encensoir ; il le remplit du feu de l’autel, et le jeta sur la terre ; et il se fit des tonnerres, des voix, des éclairs, et un grand tremblement de terre.
6 Et septem
ángeli, qui habébant septem tubas, præparavérunt se ut tuba cánerent.
6. Alors les anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner.
7 Et primus ángelus tuba cécinit, et facta est
grando, et ignis, mista in sánguine, et missum est in terram, et tértia pars
terræ combústa est, et tértia pars árborum concremáta est, et omne fœnum víride
combústum est.
7. Ainsi le premier ange sonna de la trompette ; il se forma une grêle et un feu mêlé de sang ; ce fut lancé sur la terre, et la troisième partie de la terre et des arbres fut brulée, et toute herbe verte fut consumée.
8 Et secúndus ángelus tuba cécinit : et
tamquam mons magnus igne ardens missus est in mare, et facta est tértia pars
maris sanguis,
8. Le second ange sonna de la trompette, et comme une grande montagne tout en feu fut lancée dans la mer, et la troisième partie de la mer devint du sang,
9 et mórtua
est tértia pars creatúræ eórum, quæ
habébant ánimas in mari, et tértia pars
návium intériit.
9. Et la troisième partie des créatures qui avaient leur vie dans la mer mourut, et la troisième partie des navires périt.
10 Et tértius
ángelus tuba cécinit : et cécidit de cælo stella magna, ardens tamquam
fácula, et cécidit in tértiam partem flúminum, et in fontes aquárum :
10. Le troisième ange sonna de la trompette, et une grande étoile, ardente comme un flambeau, tomba du ciel sur la troisième partie des fleuves et sur les sources des eaux.
11 et nomen
stellæ dícitur Absínthium, et facta est tértia pars aquárum in
absínthium ; et multi hóminum mórtui sunt de aquis, quia amáræ factæ sunt.
11. Le nom de l’étoile est Absinthe ; or la troisième partie des eaux devint de l’absinthe ; et beaucoup d’hommes moururent des eaux, parce qu’elles étaient devenues amères.
12 Et quartus
ángelus tuba cécinit : et percússa est tértia pars solis, et tértia pars
lunæ, et tértia pars stellárum, ita ut obscurarétur tértia pars eórum, et diéi
non lucéret pars tértia, et noctis simíliter.
12. Le quatrième ange sonna de la trompette, et la troisième partie du soleil fut frappée, et la troisième partie de la lune et la troisième partie des étoiles ; de sorte que leur troisième partie fut obscurcie, et que le jour perdit la troisième partie de sa lumière, et la nuit pareillement.
13 Et vidi,
et audívi vocem uníus áquilæ volántis per médium cæli dicéntis voce
magna : Væ, væ, væ habitántibus in terra de céteris vócibus trium
angelórum, qui erant tuba canitúri.
13. Alors je regardai, et j’entendis la voix d’un aigle qui volait au milieu du ciel, disant d’une voix forte : Malheur, malheur, malheur aux habitants de la terre ? à cause des autres voix des trois anges qui allaient sonner de la trompette.
~
CHAP. VIII.
5. Des voix, des éclairs, et un grand tremblement de terre : « signes avant-coureurs des jugements de Dieu. Ainsi la même cause qui vient de faire monter vers Dieu les prières des saints, demandant justice contre les persécuteurs (VI, 9-11), devient le signe des châtiments divin. » (Crampon, 1885)
7. Toute herbe verte ; c’est-à-dire toute sorte d’herbe indistinctement, mais non pas généralement toute l’herbe. — Comparez la plaie d’Égypte décrite à Ex. IX, 18-25.
8-9. Comparez avec Ex. VII, 17.
²
Cinquième trompette, chute d’une étoile qui ouvre le puits de l’abime ; fumée épaisse qui en sort ; sauterelles qui se répandent sur la terre : premier malheur. Sixième trompette, quatre anges liés sur le fleuve de l’Euphrate sont déliés ; cavalerie nombreuse qui fait périr la troisième partie des hommes : commencement du second malheur.
1 Et quintus ángelus tuba cécinit : et vidi
stellam de cælo cecidísse in terram, et data est ei clavis pútei abýssi.
1. Le cinquième ange sonna de la trompette, et je vis qu’une étoile était tombée du ciel sur la terre ; et la clef du puits de l’abime lui fut donnée.
2 Et apéruit
púteum abýssi : et ascéndit fumus pútei, sicut fumus fornácis magnæ :
et obscurátus est sol, et aër de fumo pútei :
2. Et elle ouvrit le puits de l’abime, et la fumée du puits monta comme la fumée d’une grande fournaise ; et le soleil et l’air furent obscurcis par la fumée du puits.
3 et de fumo
pútei exiérunt locústæ in terram, et data est illis potéstas, sicut habent
potestátem scorpiónes terræ :
3. Et de la fumée du puits sortirent des sauterelles qui se répandirent sur la terre, et il leur fut donné une puissance comme la puissance qu’ont les scorpions de la terre.
4 et
præcéptum est illis ne lǽderent fœnum terræ, neque omne víride, neque omnem
árborem : nisi tantum hómines, qui non habent signum Dei in fróntibus
suis :
4. Il leur fut commandé de ne point nuire à l’herbe de la terre, ni à rien de vert, mais seulement aux hommes qui n’auraient pas le signe de Dieu sur le front.
5 et datum
est illis ne occíderent eos : sed ut cruciárent ménsibus quinque : et
cruciátus eórum, ut cruciátus scórpii cum pércutit hóminem.
5. Et il leur fut donné non de les tuer, mais de les tourmenter durant cinq mois ; or la douleur qu’elles font souffrir est semblable à celle que cause un scorpion, lorsqu’il pique l’homme.
6 Et in
diébus illis quærent hómines mortem, et non invénient eam : et
desiderábunt mori, et fúgiet mors ab eis.
6. En ces jours-là les hommes chercheront la mort, et ils ne la trouveront pas, ils souhaiteront de mourir, et la mort s’enfuira d’eux.
7 Et similitúdines locustárum, símiles equis
parátis in prǽlium : et super cápita eárum tamquam corónæ símiles
auro : et fácies eárum tamquam fácies hóminum.
7. Or ces sauterelles apparentes étaient semblables à des chevaux préparés au combat ; et sur leurs têtes étaient comme des couronnes semblables à de l’or, et leurs faces étaient comme des faces d’homme.
8 Et habébant
capíllos sicut capíllos mulíerum. Et dentes eárum, sicut dentes leónum
erant :
8. Et elles avaient des cheveux comme des cheveux de femme, et leurs dents étaient comme des dents de lion.
9 et habébant
lorícas sicut lorícas férreas, et vox alárum eárum sicut vox cúrruum equórum
multórum curréntium in bellum :
9. Elles avaient des cuirasses comme des cuirasses de fer, et le bruit de leurs ailes était comme le bruit des charriots à beaucoup de chevaux, courant au combat ;
10 et
habébant caudas símiles scorpiónum, et acúlei erant in caudis eárum : et
potéstas eárum nocére homínibus ménsibus quinque :
10. Elles avaient des queues semblables à celles des scorpions, et à leurs queues étaient des aiguillons ; or leur pouvoir était de nuire aux hommes durant cinq mois.
11 et
habébant super se regem ángelum abýssi cui nomen
hebráice Abaddon, græce autem Apóllyon,
latíne habens nomen Extérminans.
11. Elles avaient au-dessus d’elles, pour roi, l’ange de l’abime, dont le nom en hébreu est Abaddon, en grec Apóllyon, et qui s’appelle en latin l’Exterminateur.
12 Væ unum
ábiit, et ecce véniunt adhuc duo væ post hæc.
12. Le premier malheur est passé, et voici encore deux malheurs qui viennent après ceux-ci.
13 Et sextus ángelus tuba cécinit : et audívi
vocem unam ex quátuor córnibus altáris áurei, quod est ante óculos Dei,
13. Le sixième ange sonna de la trompette, et j’entendis une voix partant des quatre coins de l’autel d’or qui est devant Dieu ;
14 dicéntem sexto ángelo, qui habébat tubam :
Solve quátuor ángelos, qui alligáti sunt in flúmine magno Euphráte.
14. Elle dit au sixième ange qui avait la trompette : Délie les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve d’Euphrate.
15 Et solúti
sunt quátuor ángeli, qui paráti erant in horam, et diem, et mensem, et annum,
ut occíderent tértiam partem hóminum.
15. Et aussitôt furent déliés les quatre anges, qui étaient prêts pour l’heure, le jour, le mois et l’année, où ils devaient tuer la troisième partie des hommes.
16 Et númerus equéstris exércitus vícies míllies dena míllia. Et audívi númerum eórum.
16. Et le nombre de cette armée de cavalerie était de deux cent millions ; car j’en entendis le nombre.
17 Et ita
vidi equos in visióne : et qui sedébant super eos, habébant lorícas
ígneas, et hyacínthinas, et sulphúreas, et cápita equórum erant tamquam cápita
leónum : et de ore eórum procédit ignis, et fumus, et sulphur.
17. Et les chevaux me parurent ainsi dans la vision. Ceux qui les montaient avaient des cuirasses de feu, d’hyacinthe et de soufre ; et les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lion, et de leur bouche sortaient du feu, de la fumée et du soufre.
18 Et ab his
tribus plagis occísa est tértia pars hóminum de igne, et de fumo, et súlphure,
quæ procedébant de ore ipsórum.
18. Et par ces trois plaies, le feu, la fumée et le soufre, qui sortaient de leur bouche, la troisième partie des hommes fut tuée.
19 Potéstas
enim equórum in ore eórum est, et in caudis eórum, nam caudæ eórum símiles
serpéntibus, habéntes cápita : et in his nocent.
19. Car la puissance de ces chevaux est dans leurs bouches et dans leurs queues ; parce que leurs queues sont semblables à des serpents, et qu’elles ont des têtes dont elles blessent.
20 Et céteri
hómines, qui non sunt occísi in his plagis, neque pœniténtiam egérunt de
opéribus mánuum suárum, ut non adorárent dæmónia, et simulácra áurea, et
argéntea, et ǽrea, et lapídea, et lígnea, quæ neque vidére possunt, neque
audíre, neque ambuláre,
20. Et les autres hommes qui ne furent point tués par ces plaies ne se repentirent pas des œuvres de leurs mains, pour ne plus adorer les démons et les idoles d’or, d’argent, d’airain, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher.
21 et non
egérunt pœniténtiam ab homicídiis suis, neque a venefíciis suis, neque a
fornicatióne sua, neque a furtis suis.
21. Ainsi ils ne firent pénitence ni de leurs meurtres, ni de leurs empoisonnements, ni de leurs impudicités, ni de leurs larcins.
~
CHAP. IX. 6. Is. II, 19 ; Os. X, 8 ; Luc. XXIII, 30. — 7. Sap. XVI, 9.
1. Une étoile ; c’est-à-dire un grand hérétique. — Lui fut donnée ; c’est-à-dire fut donnée à l’étoile qui s’en servit pour ouvrir le puits de l’abime, et non à l’ange. C’est le sens indiqué par la construction même de la phrase. Ajoutons que les quatre anges précédents ne paraissent que pour sonner de la trompette, et qu’ils laissent agir les fléaux, quand ceux-ci sont appelés. — * « Au son de la cinquième trompette, saint Jean voit d’abord un être sublime et brillant, qui a été précipité du ciel, ouvrir l’abime, demeure des démons et des exécuteurs de la justice divine. La fumée qui s’en échappe donne l’idée d’une éruption volcanique, et rappelle celle du Vésuve qui avait effrayé le monde dix-huit ans auparavant. Immédiatement après, apparait une multitude innombrable de sauterelles, semblables à des escadrons de cavalerie armés en guerre, lesquelles répandent partout la désolation, sans nuire pourtant à la société de ceux qui portent sur le front le signe du Dieu vivant. Cette peinture rappelle celle de Joël. I et II, et doit avoir une signification analogue. » (L. Bacuez.)
7 et suiv. * « La description qui suit emprunte ses traits aux sauterelles naturelles, mais en les transformant et les agrandissant d’une façon merveilleuse. La tête de ces animaux semble sortir du thorax, comme celle du cheval sort du plastron qui recouvre son poitrail (Job. XXXIX, 20 ; Joël. II, 4) ; à Naples, on les appelle encore cavaletti, en Allemagne, Heupferde, c’est-à-dire chevaux du foin. Elles ont à la tête une protubérance ou crête à reflet d’un jaune vert : c’est le diadème d’or. Cette tête offre, en outre, une vague ressemblance avec le profil du visage humain. Leurs longues antennes rappellent des cheveux de femmes, leur voracité les dents de lion (Joël. I, 6), leur dur thorax une cuirasse de fer. Pour le bruit de leurs ailes, comp. Joël. II, 5. » (Crampon)
13. * « Aux quatre coins de l’autel étant placées quatre cornes, emblème de la puissance de la prière et du sacrifice (Ex. XXX, 3). L’autel d’où part la voix est celui-là même où les prières des saints montaient devant Dieu (VIII, 3 sv.) : elles ont été exaucées et ont obtenu de Dieu la plaie qui va être décrite. » (Crampon)
14. * Les quatre anges, « probablement de bons anges, quoiqu’ils soient présentés comme liés ; ce qui lie les anges, dit Bossuet, ce sont les ordres suprêmes de Dieu. — L’Euphrate est mis ici par figure : c’est de là que, dans l’ancien Testament (Is. VII, 20 ; VIII, 7 ; Jer. XLVI, 10) partaient les armées ennemies pour ravager les Juifs infidèles. » (Crampon) Le grand fleuve d’Euphrate a sa source en Arménie, arrose la Syrie, la Mésopotamie et la Babylonie et après s’être mêlé au Tigre se jette dans le golfe Persique.
²
Un ange descend du ciel pour annoncer qu’il n’y aura plus de temps ; que le mystère de Dieu va être consommé et les prophéties accomplies. Il donne un livre à saint Jean, en lui commandant de le manger ; ce livre est à la fois doux et amer.
1 Et vidi
álium ángelum fortem descendéntem de cælo amíctum nube, et iris in cápite ejus,
et fácies ejus erat ut sol, et pedes ejus tamquam colúmnæ ignis :
1. Je vis un autre ange fort, qui descendait du ciel, revêtu d’une nuée, et ayant un arc-en-ciel sur la tête ; son visage était comme le soleil, et ses pieds comme des colonnes de feu.
2 et habébat in manu sua libéllum apértum : et pósuit pedem suum dextrum super mare, sinístrum autem super terram :
2. Il avait en sa main un petit livre ouvert ; et il posa son pied droit sur la mer, et le gauche sur la terre.
3 et clamávit voce magna, quemádmodum cum leo rugit. Et cum clamásset, locúta sunt septem tonítrua voces suas.
3. Puis il cria d’une voix forte, comme quand un lion rugit. Et lorsqu’il eut crié, sept tonnerres firent entendre leurs voix.
4 Et cum
locúta fuíssent septem tonítrua voces suas, ego scriptúrus eram : et
audívi vocem de cælo dicéntem mihi : Signa quæ locúta sunt septem
tonítrua : et noli ea scríbere.
4. Et quand les tonnerres eurent fait entendre leurs voix, moi j’allais écrire ; mais j’entendis une voix du ciel qui me dit : Scelle ce qu’ont dit les sept tonnerres et ne l’écris pas.
5 Et ángelus, quem vidi stantem super mare et super terram, levávit manum suam ad cælum :
5. Alors l’ange que j’avais vu se tenant debout sur la mer et sur la terre, leva sa main au ciel,
6 et jurávit per vivéntem in sǽcula sæculórum, qui
creávit cælum, et ea quæ in eo sunt : et terram, et ea quæ in ea
sunt : et mare, et ea quæ in eo sunt : Quia tempus non erit
ámplius :
6. Et jura par celui qui vit dans les siècles des siècles, qui a créé le ciel et ce qui est dans le ciel, la terre et ce qui est dans la terre, la mer et ce qui est dans la mer, disant : Il n’y aura plus de temps ;
7 sed in
diébus vocis séptimi ángeli, cum cœ́perit tuba cánere, consummábitur mystérium
Dei sicut evangelizávit per servos suos prophétas.
7. Mais aux jours de la voix du septième ange, quand il commencera à sonner de la trompette, se consommera le mystère de Dieu, comme il l’a annoncé par les prophètes ses serviteurs.
8 Et audívi
vocem de cælo íterum loquéntem mecum, et dicéntem : Vade, et áccipe librum
apértum de manu ángeli stantis super mare, et super terram.
8. Et j’entendis la voix qui me parla encore du ciel, et me dit : Va et prends le livre ouvert de la main de l’ange qui se tient debout sur la mer et sur la terre.
9 Et ábii ad
ángelum, dicens ei, ut daret mihi librum. Et dixit mihi : Accipe librum,
et dévora illum : et fáciet amaricári ventrem tuum, sed in ore tuo erit
dulce tamquam mel.
9. J’allai donc vers l’ange, lui disant qu’il me donnât le livre. Et il me dit : Prends le livre et le dévore, et il te causera de l’amertume dans le ventre, mais dans ta bouche il sera doux comme du miel.
10 Et accépi
librum de manu ángeli, et devorávi illum : et erat in ore meo tamquam mel
dulce, et cum devorássem eum, amaricátus est venter meus :
10. Je pris le livre de la main de l’ange, et je le dévorai ; il était dans ma bouche doux comme du miel ; mais quand je l’eus dévoré, il me causa de l’amertume dans le ventre.
11 et dixit
mihi : Opórtet te íterum prophetáre géntibus, et pópulis, et linguis, et
régibus multis.
11. Alors il me dit : Il faut encore que tu prophétises à un grand nombre de nations, de peuples, d’hommes de diverses langues, et de rois.
~
CHAP. X. 5. Dan. XII, 7. — 9. Ezech. III, 1.
6. Disant ; c’est la traduction fidèle de la particule parce que, le discours qui suit étant direct ; la Bible présente des exemples nombreux de cet idiotisme.
²
Le parvis du temple et la ville sainte sont abandonnés à la profanation des gentils. Prédication des deux témoins. Puissance que Dieu leur donne. Ils sont mis à mort par la bête qui monte de l’abime. Ils ressuscitent et montent au ciel. La persécution dans laquelle ils sont mis à mort est ta consommation du second malheur. Septième trompette ; troisième malheur, qui est l’anathème dont le souverain Juge doit frapper la terre au jour de son avènement.
1 Et datus est mihi cálamus símilis virgæ, et
dictum est mihi : Surge, et metíre templum Dei, et altáre, et adorántes in
eo :
1. Et un roseau long comme une perche me fut donné, et il me fut dit : Lève-toi et mesure le temple de Dieu, et l’autel, et ceux qui y adorent.
2 átrium autem, quod est foris templum, éjice
foras, et ne metiáris illud : quóniam datum est géntibus, et civitátem
sanctam calcábunt ménsibus quadragínta duóbus :
2. Mais le parvis qui est hors du temple, laisse-le, et ne le mesure pas, parce qu’il a été abandonné aux gentils, et ils fouleront aux pieds la cité sainte pendant quarante-deux mois ;
3 et dabo duóbus téstibus meis, et prophetábunt
diébus mille ducéntis sexagínta, amícti saccis.
3. Et je donnerai à mes deux témoins de prophétiser pendant mille deux cent soixante jours, revêtus de sacs.
4 Hi sunt duæ olívæ et duo candelábra in conspéctu
Dómini terræ stantes.
4. Ce sont les deux oliviers et les deux chandeliers dressés devant le Seigneur de la terre.
5 Et si quis
volúerit eos nocére, ignis éxiet de ore eórum, et devorábit inimícos
eórum : et si quis volúerit eos lǽdere, sic opórtet eum occídi.
5. Et si quelqu’un veut leur nuire, il sortira de leur bouche un feu qui dévorera leurs ennemis ; et si quelqu’un veut les offenser, c’est ainsi qu’il doit être tué.
6 Hi habent potestátem claudéndi cælum, ne pluat
diébus prophetíæ ipsórum : et potestátem habent super aquas converténdi
eas in sánguinem, et percútere terram omni plaga quotiescúmque volúerint.
6. Ils ont le pouvoir de fermer le ciel pour qu’il ne pleuve point durant les jours de leur prophétie, et ils ont pouvoir sur les eaux pour les changer en sang, et pour frapper la terre de toutes sortes de plaies, toutes les fois qu’ils voudront.
7 Et cum finíerint testimónium suum, béstia, quæ
ascéndit de abýsso, fáciet advérsum eos bellum, et vincet illos, et occídet
eos.
7. Et quand ils auront achevé leur témoignage, la bête qui monte de l’abime leur fera la guerre, les vaincra et les tuera,
8
Et córpora eórum jacébunt in platéis
civitátis
magnæ, quæ vocátur spirituáliter
Sódoma, et Ægýptus, ubi et Dóminus
eórum
crucifíxus est.
8. Et les corps seront gisants sur la place de la grande cité, qui est appelée allégoriquement Sodome et Égypte, où même leur Seigneur a été crucifié.
9 Et vidébunt de tríbubus, et pópulis, et linguis,
et géntibus córpora eórum per tres dies et dimídium : et córpora eórum non
sinent poni in monuméntis :
9. Et des hommes de toutes les tribus, de tous les peuples, de toutes les langues et de toutes les nations, verront leurs corps étendus trois jours et demi, et ils ne permettront pas qu’ils soient mis dans un tombeau.
10 et
inhabitántes terram gaudébunt super illos, et jucundabúntur : et múnera
mittent ínvicem, quóniam hi duo prophétæ cruciavérunt eos, qui habitábant super
terram.
10. Les habitants de la terre se réjouiront à leur sujet ; ils feront des fêtes, et s’enverront des présents les uns aux autres, parce que ces deux prophètes tourmentaient ceux qui habitaient sur la terre.
11 Et post dies tres et dimídium, spíritus vitæ a
Deo intrávit in eos. Et stetérunt super pedes suos, et timor magnus cécidit
super eos qui vidérunt eos.
11. Mais après trois jours et demi, un esprit de vie venant de Dieu entra en eux. Et ils se relevèrent sur leurs pieds, et une grande crainte saisit ceux qui les virent.
12 Et
audiérunt vocem magnam de cælo, dicéntem eis : Ascéndite huc. Et
ascendérunt in cælum in nube : et vidérunt illos inimíci eórum.
12. Alors ils entendirent une voix forte du ciel, qui leur dit : Montez ici. Et ils montèrent au ciel dans une nuée, et leurs ennemis les virent.
13
Et in illa hora factus est terræmótus magnus, et
décima pars civitátis cécidit : et
occísa sunt in terræmótu nómina
hóminum
septem míllia : et réliqui in timórem sunt
missi, et dedérunt glóriam Deo
cæli.
13. À cette même heure, il se fit un grand tremblement de terre ; la dixième partie de la ville tomba, et sept mille hommes périrent dans le tremblement de terre ; les autres furent pris de frayeur et rendirent gloire au Dieu du ciel.
14 Væ
secúndum ábiit : et ecce væ tértium véniet cito.
14. Le second malheur est passé, et voici que le troisième viendra bientôt.
15 Et séptimus ángelus tuba cécinit : et factæ sunt voces magnæ in cælo dicéntes : Factum est regnum hujus mundi, Dómini nostri et Christi ejus, et regnábit in sǽcula sæculórum. Amen.
15. Le septième ange sonna de la trompette ; et le ciel retentit de grandes voix, qui disaient : Le royaume de ce monde est devenu le royaume de Notre Seigneur et de son Christ, et il règnera dans les siècles des siècles. Amen.
16 Et vigínti
quátuor senióres, qui in conspéctu Dei sedent in sédibus suis, cecidérunt in
fácies suas, et adoravérunt Deum, dicéntes :
16. Alors les vingt-quatre vieillards qui sont assis sur leurs trônes devant Dieu tombèrent sur leurs faces et adorèrent Dieu, disant :
17 Grátias
ágimus tibi, Dómine Deus omnípotens, qui es, et qui eras, et qui ventúrus
es : quia accepísti virtútem tuam magnam, et regnásti.
17. Nous vous rendons grâces, Seigneur Dieu tout-puissant, qui êtes, qui étiez, et qui devez venir, parce que vous avez saisi votre grande puissance, et que vous régnez.
18 Et irátæ sunt gentes, et advénit ira tua et
tempus mortuórum judicári, et réddere mercédem servis tuis prophétis, et
sanctis, et timéntibus nomen tuum pusíllis et magnis, et exterminándi eos qui
corrupérunt terram.
18. Les nations se sont irritées, et alors est arrivée votre colère, et le temps de juger les morts, et de donner la récompense aux prophètes vos serviteurs, aux saints et à ceux qui craignent votre nom, aux petits et aux grands, et d’exterminer ceux qui ont corrompu la terre.
19 Et apértum
est templum Dei in cælo : et visa est arca testaménti ejus in templo ejus,
et facta sunt fúlgura, et voces, et terræmótus, et grando magna.
19. Alors le temple de Dieu fut ouvert dans le ciel, et l’on vit l’arche de son alliance dans son temple, et il se fit des éclairs, des voix, un tremblement de terre et une grosse grêle.
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CHAP. XI.
1-2. * « Le temple qui est montré à S. Jean n’est certainement pas celui de Jérusalem, détruit depuis longtemps ; c’est l’image de l’Église, la cité céleste, le sanctuaire par excellence du vrai Dieu. Aussi est-ce au ciel que S. Jean le voit. Il en prend la mesure sur la parole de l’Ange, comme Ézéchiel avait pris la mesure du temple de Jérusalem, pour faire entendre que le Seigneur veut le conserver dans toute son intégrité, qu’il n’y sera fait aucun retranchement. Ce symbole répond à celui du sceau, dont sont marqués les cent-quarante-quatre mille élus que Dieu veut tirer des douze tribus. Quant au parvis extérieur, c’est-à-dire ce qui appartient à l’Église sans être l’Église elle-même, S. Jean n’a pas à le mesurer, parce qu’il est abandonné aux fureurs des Gentils, pour être dévasté et foulé aux pieds. Ainsi Dieu se réserve l’essentiel, l’intérieur, la foi, le culte, les choses saintes : rien ne pourra les détruire ni les changer. Mais les dehors seront saccagés, les édifices matériels abattus, les biens pillés, les prêtres et les fidèles maltraités ou mis à mort, les faibles renversés. » (L. Bacuez.)
2. * Hors du temple, en grec naos. Voir Matth. XXI, 12. — « La cité sainte, livrée aux Gentils et saccagée par les infidèles, c’est l’Église considérée dans sa plus grande extension, comme comprenant avec le temple toutes ses dépendances, jusqu’aux demeures des chrétiens. Des commentateurs modernes veulent voir là Jérusalem ; mais outre que Jérusalem était en ruines et dévastée depuis longtemps, S. Jean n’aurait pas donné le titre de cité sainte à la ville déicide, si durement châtiée par Dieu, ni celui de temple de Dieu au siège d’un culte réprouvé. D’ailleurs, l’affliction de Jérusalem dure toujours, et celle de cette cité doit cesser après trois ans et demi, quarante-deux mois, douze cent soixante et des jours, l’espace de temps que dura en Israël la sècheresse miraculeuse demandée et obtenue par le prophète Élie. » (L. Bacuez.)
3. Mes deux témoins. Les Pères et les interprètes ont entendu communément par ces deux témoins Hénoch (Gen. V, 22 ; Eccli. XLIV, 16 ; Hebr. XI, 5) et Élie, « qui doivent revenir à la fin des temps prêcher aux hommes la pénitence. » (Crampon). Voyez la remarque que nous avons faite à ce sujet dans notre Abrégé d’introduction, p. 510. — De prophétiser ; littér. : Et ils prophétiseront ; ce qui est un pur hébraïsme.
4. * « Allusion à Zach. IV, 2 sv., où deux oliviers figurent à droite et à gauche d’un chandelier, symbolisant Zorobabel et le grand prêtre Jésus (Josué), les défenseurs du peuple de Dieu. Mais ce n’est qu’un simple rapprochement entre deux visions essentiellement différentes. Les témoins du Christ doivent, comme l’olivier, porter l’huile du Saint-Esprit et de sa divine lumière. » (Crampon)
6. « La première partie de ce verset rappelle clairement Elie (III Reg. XVII, 1 : comp. Jac. V, 17), la seconde Moïse (Ex. VII, 19), celui-ci représentant la Loi, celui-là la prophétie, et par suite l’Évangile. S. Jean les avait vus tous deux sur le Thabor, témoins de la glorification de Jésus et s’entretenant avec lui de ses souffrances (Luc, IX, 30). » (Crampon)
7. * « Dans ces paroles et celles qui suivent, saint Jean décrit la guerre, la mort et la victoire corporelle dans lesquelles Dieu accordera à l’Antéchrist le triomphe sur ces deux prophètes, après leur guerre et leur victoire spirituelle contre lui. L’Antéchrist est ici appelé la bête qui s’élève de l’abime. Par La bête, saint Jean désigne donc l’Antéchrist, ou le fils de perdition qui apparaitra dans le monde vers la fin des temps. 1° Il est appelé la bête, à cause de sa vie abominable qu’il passera dans la luxure et la concupiscence des femmes. 2° À cause de sa cruauté sans exemple avec laquelle, comme le farouche léopard, il sévira contre les chrétiens. 3° Une bête féroce dévore et déchire tout ce qu’elle rencontre ; et c’est ainsi que l’Antéchrist dévorera et mutilera toutes choses saintes et sacrées ; il abolira le sacrifice continuel, il foulera aux pieds le Saint des Saints, il ne craindra pas le Dieu de ses pères, et ne s’inquiètera d’aucun dieu (voir Dan. XI, 37). 4° Comme le destin final de la bête est de naitre et de vivre pour être tuée ou périr ; ainsi l’Antéchrist naitra et sera désigné et choisi pour ne faire que le mal, et pour courir à sa perte ; c’est pour cela qu’il est appelé le fils de perdition. Il est dit que la bête s’élèvera de l’abime, parce que l’Antéchrist parviendra à [la puissance] par les fraudes les plus sourdes et les plus cachées et par les artifices les plus coupables ; et c’est à l’aide de la puissance des ténèbres, qu’il entrera dans le royaume et s’élèvera par-dessus tout, et ensuite parce qu’il possèdera les trésors d’or, d’argent et de pierreries les plus précieuses qui soient cachées dans les abimes de la terre et la mer ; et ces trésors lui seront révélés et livrés par le démon Máozim qu’il adorera (Dan. XI). On doit aussi remarquer ici que le verbe s’élever [ou monter] est mis au présent, tandis que les verbes faire, vaincre et tuer sont au futur ; c’est pour nous apprendre que ce n’est pas dès l’instant de son élévation au trône, qu’il sera permis à l’Antéchrist de sévir contre les deux prophètes, mais seulement après qu’ils auront rendu et terminé leur témoignage de Jésus-Christ. » (Holzhäuser)
8. * « Grande cité, ou grande ville, etc. Ces traits conviennent à Jérusalem (Is. I, 10 ; III, 9 ; Ezech. XVI, 49) ; mais tout, dans ce tableau, étant symbolique, Jérusalem doit l’être aussi : comp. vers. 9-10. Ce nom signifie donc toute ville, toute contrée de la terre, corrompue comme Sodome, rebelle aux ordres de Dieu comme l’Égypte, crucifiant de nouveau Jésus-Christ dans ses membres comme Jérusalem. » (Crampon, 1885).
9. De toutes les tribus, etc. Les mots toutes, tous, ne sont pas exprimés dans la Vulgate, mais ils se trouvent dans le Grec suffisamment représentés par l’article déterminatif, lequel, en effet, placé devant les noms de classe, de catégorie, etc., indique, comme en hébreu, l’universalité.
11. * Mais après trois jours et demi : « allusion à la résurrection du Sauveur. — Un esprit de vie : comparez Ezech. XXVII, 10. » (Crampon)
13. Sept mille hommes ; litter., sept mille noms d’homme. Le mot nom, comme on l’a déjà vu (III, 4), répond dans les énumérations à tête, individu, personne, homme. Étant joint ici au mot homme, il devient pléonastique.
18. Le temps de juger les morts ; litter., le temps de l’être jugé des morts ; construction hébraïque mise pour : Le temps auquel les morts sont jugés.
²
Femme revêtue du soleil. Dragon à sept têtes. Enfant mâle qui doit gouverner les nations, et qui est enlevé vers Dieu. Combat de bons et de mauvais anges. Dragon précipité du ciel en terre. Il poursuit la femme, jette un fleuve après elle, va faire la guerre à ses enfants, et est forcé de s’arrêter sur le sable de la mer.
1 Et signum magnum appáruit in cælo : múlier
amícta sole, et luna sub pédibus ejus, et in cápite ejus coróna stellárum
duódecim :
1. Et un grand signe parut dans le ciel : Une femme revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles.
2 et in útero
habens, clamábat partúriens, et cruciabátur ut páriat.
2. Elle était enceinte, et elle criait, se sentant en travail, et elle était tourmentée des douleurs de l’enfantement.
3 Et visum est áliud signum in cælo : et ecce
draco magnus rufus habens cápita septem, et córnua decem : et in capítibus
ejus diadémata septem,
3. Et un autre prodige fut vu dans le ciel : Un grand dragon roux, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses sept têtes, sept diadèmes.
4 et cauda
ejus trahébat tértiam partem stellárum cæli, et misit eas in terram : et
draco stetit ante mulíerem, quæ erat paritúra, ut cum peperísset, fílium ejus
devoráret.
4. Or sa queue entrainait la troisième partie des étoiles, et elle les jeta sur la terre ; et le dragon s’arrêta devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer son fils aussitôt qu’elle serait délivrée.
5 Et péperit
fílium másculum, qui rectúrus erat omnes gentes in virga férrea : et
raptus est fílius ejus ad Deum, et ad thronum ejus,
5. Elle enfanta un enfant mâle qui devait gouverner toutes les nations avec une verge de fer ; et son fils fut enlevé vers Dieu et vers son trône.
6 et múlier
fugit in solitúdinem ubi habébat locum parátum a Deo, ut ibi pascant eam diébus
mille ducéntis sexagínta.
6. Et la femme s’enfuit dans le désert où elle avait un lieu préparé par Dieu, pour y être nourrie mille deux cent soixante jours.
7 Et factum est prǽlium magnum in cælo : Míchaël
et ángeli ejus præliabántur cum dracóne, et draco pugnábat, et ángeli
ejus :
7. Alors il se fit un grand combat dans le ciel : Michel et ses anges combattaient contre le dragon, et le dragon combattait, et ses anges aussi ;
8 et non
valuérunt, neque locus invéntus est eórum ámplius in cælo.
8. Mais ils ne prévalurent pas ; aussi leur place ne se trouva plus dans le ciel.
9 Et projéctus est draco ille magnus, serpens
antíquus, qui vocátur diábolus, et Satanás, qui sedúcit univérsum orbem :
et projéctus est in terram, et ángeli ejus cum illo missi sunt.
9. Et ce grand dragon, l’ancien serpent, qui s’appelle le Diable et Satan, et qui séduit tout l’univers, fut précipité sur la terre, et ses anges furent jetés avec lui.
10 Et audívi
vocem magnam in cælo dicéntem : Nunc facta est salus, et virtus, et regnum
Dei nostri, et potéstas Christi ejus : quia projéctus est accusátor
fratrum nostrórum, qui accusábat illos ante conspéctum Dei nostri die ac nocte.
10. Et j’entendis une voix forte dans le ciel, disant : C’est maintenant qu’est accompli le salut de notre Dieu, et sa puissance et son règne, et la puissance de son Christ, parce qu’il a été précipité, l’accusateur de nos frères, qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit.
11 Et ipsi vicérunt eum propter sánguinem Agni, et
propter verbum testimónii sui, et non dilexérunt ánimas suas usque ad mortem.
11. Et eux l’ont vaincu par le sang de l’Agneau et par la parole de leur témoignage ; et ils ont méprisé leurs vies jusqu’à souffrir la mort.
12 Proptérea
lætámini cæli, et qui habitátis in eis. Væ terræ, et mari, quia descéndit
diábolus ad vos habens iram magnam, sciens quod módicum tempus habet.
12. C’est pourquoi, cieux, réjouissez-vous, et vous qui y habitez. Malheur à la terre et à la mer, parce que le diable est descendu vers vous, plein d’une grande colère, sachant qu’il n’a que peu de temps.
13 Et
postquam vidit draco quod projéctus esset in terram, persecútus est mulíerem,
quæ péperit másculum :
13. Or après que le dragon eut vu qu’il avait été précipité sur la terre, il poursuivit la femme qui avait enfanté l’enfant mâle.
14 et datæ sunt mulíeri alæ duæ áquilæ magnæ ut
voláret in desértum in locum suum, ubi álitur per tempus et témpora, et
dimídium témporis a fácie serpéntis.
14. Mais les deux ailes du grand aigle furent données à la femme, afin qu’elle s’envolât dans le désert en son lieu, où elle est nourrie un temps et des temps, et la moitié d’un temps, hors de la présence du serpent.
15 Et misit serpens ex ore suo post mulíerem, aquam tamquam flumen, ut eam fáceret trahi a flúmine.
15. Alors le serpent vomit de sa bouche, derrière la femme, de l’eau comme un fleuve, pour la faire entrainer par le fleuve.
16 Et adjúvit
terra mulíerem, et apéruit terra os suum, et absórbuit flumen, quod misit draco
de ore suo.
16. Mais la terre aida la femme ; elle ouvrit son sein, et elle engloutit le fleuve que le dragon avait vomi de sa bouche.
17 Et irátus est draco in mulíerem : et ábiit
fácere prǽlium cum réliquis de sémine ejus, qui custódiunt mandáta Dei, et
habent testimónium Jesu Christi.
17. Et le dragon s’irrita contre la femme, et il alla faire la guerre à ses autres enfants qui gardent les commandements de Dieu, et qui ont le témoignage de Jésus-Christ.
18 Et stetit
supra arénam maris.
18. Et il s’arrêta sur le sable de la mer.
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CHAP. XII.
1. * « La femme revêtue du soleil, couronnée de douze étoiles et dans le travail de l’enfantement, c’est l’Église. Le soleil dont elle est parée, c’est Notre Seigneur, dont elle partage la gloire et dont elle fait rayonner la lumière dans le monde. Elle a la lune sous ses pieds, pour montrer qu’elle domine toutes les agitations et les vicissitudes de ce monde. Sur sa tête est une couronne de douze étoiles, parce que sa gloire et son autorité lui viennent des douze Apôtres. Elle est dans l’enfantement parce que, parmi tant de persécutions et de martyres, il faut qu’elle donne naissance à un peuple nouveau, le peuple chrétien, destiné à dominer sur les nations infidèles. Ce n’est pas sans de grands efforts et sans exciter les soulèvements de l’enfer qu’elle le mettra au monde. Elle sera forcée de se dérober bien des fois à la rage de Satan ; et sa prudence n’empêchera pas le démon d’entrainer dans le même abime que lui un certain nombre de chrétiens et de pasteurs. Les saints docteurs ont eu raison d’appliquer cet emblème à la sainte Vierge. Étant la reine de l’Église, Marie doit en posséder tous les dons et en partager toutes les prérogatives. On peut dire que l’idée de l’une et de l’autre se présente ici à la fois. » (L. Bacuez.)
3-4. Un grand dragon, « Satan, représenté dans le ciel, parce qu’il y est remonté, en quelque sorte, en se faisant adorer par toute la terre ; roux ou rouge, par allusion soit au feu de l’enfer, soit au sang des martyrs. — Sept têtes, etc. : ce sont à peu près les insignes de la bête (voy. XIII, 1 et XVII), qui tient sa puissance du dragon. — Des étoiles du ciel, des anges qu’il a entrainés dans sa révolte ; selon d’autres, des fidèles de toute condition, entrainés à leur perte par Satan. » (Crampon, 1885).
7. * Michel. À cet archange était confiée la conduite du peuple juif ; Dan. X, 21.
9. Diable veut dire calomniateur, et Satan, adversaire.
11. Et par la parole de leur témoignage ; c’est-à-dire par la confession qu’ils ont faite de leur foi.
14. Des temps ; c’est-à-dire deux temps ; en tout 42 mois (XI, 2), où 1 260 jours (XI, 3).
17. Qui ont le témoignage de Jésus-Christ ; ce que l’on explique généralement par : Ceux qui ont conservé fidèlement le témoignage qu’ils ont rendu à Jésus-Christ, qui sont demeurés fermes dans la confession qu’ils ont faite de Jésus-Christ. Compar. vers. 11.
²
Bête à sept têtes et à dix cornes, qui monte de la mer. Le dragon lui donne sa puissance ; elle fait la guerre aux saints ; elle est adorée par les hommes. Une autre bête s’élève de la terre, ayant deux cornes semblables à celles de l’Agneau. Elle séduit les hommes par ses prodiges.
1 Et vidi de mari béstiam ascendéntem habéntem
cápita septem, et córnua decem, et super córnua ejus decem diadémata, et super
cápita ejus nómina blasphémiæ.
1. Et je vis une bête montant de la mer, ayant sept têtes et dix cornes, dix diadèmes sur ses cornes, et sur ses têtes dix noms de blasphème.
2 Et béstia, quam vidi, símilis erat pardo, et
pedes ejus sicut pedes ursi, et os ejus sicut os leónis. Et dedit illi draco
virtútem suam, et potestátem magnam.
2. Et la bête que je vis était semblable à un léopard : ses pieds étaient comme les pieds d’un ours, et sa bouche comme la bouche d’un lion. Et le dragon lui donna sa force et sa grande puissance.
3 Et vidi unum de capítibus suis quasi occísum in mortem : et plaga mortis ejus curáta est. Et admiráta est univérsa terra post béstiam.
3. Et je vis une de ses têtes comme blessée à mort ; mais cette plaie mortelle fut guérie. Aussi toute la terre émerveillée suivit la bête.
4 Et adoravérunt dracónem, qui dedit potestátem
béstiæ : et adoravérunt béstiam, dicéntes : Quis símilis
béstiæ ? et quis póterit pugnáre cum ea ?
4. Ils adorèrent le dragon qui avait donné puissance à la bête, et ils adorèrent la bête, disant : Qui est semblable à la bête, et qui pourra combattre contre elle ?
5 Et datum
est ei os loquens magna et blasphémias : et data est ei potéstas fácere
menses quadragínta duos.
5. Et il lui fut donné une bouche qui proférait des paroles d’orgueil et des blasphèmes ; et le pouvoir d’agir pendant quarante deux mois lui fut aussi donné.
6 Et apéruit
os suum in blasphémias ad Deum, blasphemáre nomen ejus, et tabernáculum ejus,
et eos qui in cælo hábitant.
6. Elle ouvrit sa bouche à des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom et son tabernacle, et ceux qui habitent dans le ciel.
7 Et est
datum illi bellum fácere cum sanctis, et víncere eos. Et data est illi potéstas
in omnem tribum, et pópulum, et linguam, et gentem,
7. Il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre : et il lui fut donné puissance sur toute tribu, sur tout peuple, sur toute langue, et sur toute nation ;
8 et adoravérunt eam omnes, qui inhábitant
terram : quorum non sunt scripta nómina in libro vitæ Agni, qui occísus
est ab orígine mundi.
8. Et ils l’adorèrent, tous ceux qui habitent la terre, dont les noms ne sont pas écrits dans le livre de vie de l’Agneau, qui a été immolé dès l’origine du monde.
9 Si quis
habet aurem, áudiat.
9. Si quelqu’un a des oreilles qu’il entende.
10 Qui in captivitátem dúxerit, in captivitátem vadet : qui in gládio occíderit, opórtet eum gládio occídi. Hic est patiéntia, et fides sanctórum.
10. Celui qui aura mené en captivité sera captif ; celui qui aura tué par le glaive, il faut qu’il soit tué par le glaive. C’est ici la patience et la foi des saints.
11 Et vidi áliam béstiam ascendéntem de terra, et
habébat córnua duo simília Agni, et loquebátur sicut draco.
11. Je vis une autre bête montant de la terre ; elle avait deux cornes semblables à celle de l’Agneau, et elle parlait comme le dragon.
12 Et
potestátem prióris béstiæ omnem faciébat in conspéctu ejus : et fecit
terram, et habitántes in ea, adoráre béstiam primam, cujus curáta est plaga
mortis.
12. Elle exerçait toute la puissance de la première bête en sa présence, et elle fit que la terre et ceux qui l’habitent adorèrent la première bête dont la plaie avait été guérie.
13 Et fecit signa magna, ut étiam ignem fáceret de cælo descéndere in terram in conspéctu hóminum.
13. Elle fit de grands prodiges, jusqu’à faire descendre le feu du ciel sur la terre en présence des hommes.
14 Et sedúxit
habitántes in terra propter signa, quæ data sunt illi fácere in conspéctu
béstiæ, dicens habitántibus in terra, ut fáciant imáginem béstiæ, quæ habet
plagam gládii, et vixit.
14. Et elle séduisit ceux qui habitaient sur la terre par les prodiges qu’elle eut le pouvoir de faire en présence de la bête, disant aux habitants de la terre de faire une image à la bête qui a reçu une blessure du glaive, et qui a conservé la vie.
15 Et datum
est illi ut daret spíritum imágini béstiæ,
et ut loquátur imágo béstiæ :
et fáciat ut quicúmque non adoráverint
imáginem béstiæ, occidántur.
15. Il lui fut même donné d’animer l’image de la bête, de faire parler l’image de la bête, et de faire que tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête seraient tués.
16 Et fáciet omnes pusíllos, et magnos, et dívites,
et páuperes, et líberos, et servos habére charactérem in déxtera manu sua, aut
in fróntibus suis :
16. Elle fera encore que les petits et les grands, les riches et les pauvres, les hommes libres et les esclaves, aient tous le caractère de la bête en leur main droite et sur leur front ;
17 et nequis
possit émere, aut véndere, nisi qui habet charactérem, aut nomen béstiæ, aut
númerum nóminis ejus.
17. Et que personne ne puisse acheter ni vendre, que celui qui aura le caractère, ou le nom de la bête, ou le nombre de son nom.
18 Hic sapiéntia est. Qui habet intelléctum,
cómputet númerum béstiæ. Númerus enim hóminis est : et númerus ejus
sexcénti sexagínta sex.
18. C’est ici la sagesse. Que ce lui qui a de l’intelligence compte le nombre de la bête ; car c’est le nombre d’un homme, et son nombre est six cent soixante-six.
~
CHAP.
XIII. 10. Gen. IX, 6 ; Matth. XXVI, 52.
1. Une bête : « une puissance de ce monde, un empire dominateur, opposé à Dieu et à son Christ ; l’image est empruntée à l’empire romain. D’autres : l’Antéchrist. Les sept têtes sont des rois ou royaumes (voy. note XVII, 10-12). » (Crampon)
3. Une de ses têtes, etc. « La signification de ce trait est obscure ; quelque évènement de l’avenir en donnera sans doute l’explication. » (Crampon)
4. Ils ; c’est-à-dire les habitants de la terre. Compar. le vers. 8.
8. Qui a été immolé dès l’origine du monde ; soit par rapport au décret éternel de sa passion et de sa mort, soit par rapport aux souffrances des justes de l’Ancien Testament, lesquelles étaient autant de figures des siennes, soit enfin par rapport au mérite de sa mort, qui a été appliqué aux saints dès le commencement du monde. D’autres, en vertu d’une hyperbate assez ordinaire au style biblique, traduisent : Dont les noms ne sont pas écrits dès l’origine du monde dans le livre de l’Agneau qui a été immolé. Cette interprétation est encore fondée sur un passage de saint Jean lui-même, qui dit XVII, 18 : Dont les noms ne sont pas écrits dans le livre de vie dès la fondation du monde.
11. * Cornélius a Lapide (1565-1637) écrit ceci : « Saint Ambroise, Tertullien et d’autres… entendent par cette Bête un insigne imposteur qui sera comme un précurseur et un héraut de l’Antéchrist, comme saint Jean-Baptiste le fut du Christ… Joseph Acosta [De temp. noviss. II, 17] dit : Ces deux cornes sont celles de la dignité épiscopale, celle de la mitre [qui est en effet bicorne]. Il semblerait donc que ce pseudo-prophète sera un évêque apostat et se faisant passer pour religieux, traitre à l’état ecclésiastique, qui propagera dans le peuple par ses discours le venin du dragon. » (Corn. In Apoc. XIII, 11). Saint Thomas d’Aquin (opuscule 68) précise : « Cela revient à dire : Sa doctrine avait la ressemblance de celle de l’Agneau, à savoir le Christ… mais en réalité il s’agissait des cornes du diable, c’est-à-dire de sa doctrine fétide… » — « “Et elle parlait comme le Dragon.” Celle qui, chrétienne seulement par le nom, présente l’agneau pour répandre secrètement les poisons du dragon, c’est l’Église hérétique ; en effet, elle n’imiterait pas la ressemblance de l’agneau si elle parlait ouvertement. Elle feint maintenant l’esprit chrétien, afin de tromper plus surement les imprudents ; c’est pour cela que le Seigneur a dit : “Méfiez-vous des faux prophètes” (Matth. VII, 15). » (Saint Césaire d’Arles) — « Ses cornes sont semblables à celles d’un agneau : elle n’a pas recours à la force matérielle ; mais son langage est celui d’un serpent : ses armes sont la ruse et la séduction. » (Crampon, 1885) — « Cette bête qui s’élèvera de terre est un faux prophète (XVI, 13 ; XIX, 20 ; XX, 10) qui annoncera le fils de perdition comme étant le Christ, et il en sera le bras à l’aide duquel l’Antéchrist opèrera des choses surprenantes tant par des signes que par la puissance de ses armes. (…) Il est dit que cette bête aura deux cornes semblables à celles de l’Agneau, parce qu’elle sera un chrétien apostat et qu’elle s’élèvera secrètement et frauduleusement. Elle (…) occupera le siège pontifical, tuera le dernier pape successeur légitime de saint Pierre (…). Alors l’Église sera dispersée dans les solitudes et les lieux déserts, (…) parce que le pasteur aura été frappé, et que les brebis seront dispersées. Car il en sera de même qu’au temps de la Passion de Notre-Seigneur. L’Église latine sera déchirée, et à l’exception des élus, il y aura défection totale de la foi. (…) » (Holzhäuser).
16. Les païens avaient coutume de porter sur leur poignet ou sur leur front le nom de la fausse divinité à laquelle ils se consacraient.
18. * Son nombre est 666. « Les anciens aimaient à désigner les personnes par des caractères mystérieux et par des chiffres. Ce dernier mode de désignation était d’autant plus naturel parmi eux que chaque lettre avait sa valeur numérale. De là ces mots : « Son chiffre est 666, » c’est-à-dire on trouve en son nom des lettres dont la valeur équivaut à ce chiffre. Une telle donnée suffit-elle pour préciser ce nom ? Évidemment elle est insuffisante, car il y a une foule de noms qui répondent à cette indication, par exemple : Τειταν, Titan, qu’on rapprochait de Titus, Ουλπιανος, Ulpiánus, prénom de Trajan, Αντιμος, Honóri contrárius, Λαμπέτις, Spléndidus, ὁ Νικητής, Victor, Ἀμνός ἄδικος, Agnus nocens, Κακός ὁδηγός, malus dux, Γενσηρικος, Genséric, Géntium sedúctor, Ἀποστάτης, Apóstata, Μαομετις, Mahomet, Λατεινος, Latinus, en hébreu et en grec ; Nero Cesar, Caius Cesar Caligula et Diodes Augustus, en latin ; etc. — Aussi plusieurs commentateurs ont-ils été conduits à dire que ce nombre n’a qu’une valeur mystique ; que le nombre 6, symbole du jour de l’homme, indique l’imperfection, tandis que le chiffre 8, symbole du jour de Dieu, indique la perfection de l’éternité. D’où ils déduisent que 666, nombre de l’Antéchrist, signifie l’imperfection radicale, comme 888, nombre de Jésus, signifie la perfection à la plus haute puissance. » (L. Bacuez.)
²
L’Agneau sur la montagne de Sion. Évangile éternel porté à toutes les nations. Ruine de Babylone annoncée. Supplice de ceux qui auront adoré la bête ou son image. Avènement de Jésus-Christ. Moisson et vendange de la terre.
1 Et
vidi : et ecce Agnus stabat supra montem Sion, et cum eo centum
quadragínta quátuor míllia, habéntes nomen ejus, et nomen Patris ejus scriptum
in fróntibus suis.
1. Je regardai encore, et voilà que l’Agneau était debout sur la montagne de Sion, et avec lui cent-quarante-quatre mille qui avaient son nom et le nom de son Père écrit sur leurs fronts.
2 Et audívi
vocem de cælo, tamquam vocem aquárum multárum, et tamquam vocem tonítrui
magni : et vocem, quam audívi, sicut citharœdórum citharizántium in
cítharis suis.
2. Et j’entendis une voix du ciel, comme la voix de grandes eaux, et comme la voix d’un grand tonnerre, et la voix que j’entendis était comme le son de joueurs de harpe qui jouent de leurs harpes.
3 Et cantábant quasi cánticum novum ante sedem, et
ante quátuor animália, et senióres : et nemo póterat dícere cánticum, nisi
illa centum quadragínta quátuor míllia, qui empti sunt de terra.
3. Ils chantaient comme un cantique nouveau devant le trône et devant les quatre animaux et les vieillards ; et nul ne pouvait chanter ce cantique, que les cent-quarante-quatre mille qui ont été achetés de la terre.
4 Hi sunt,
qui cum muliéribus non sunt coinquináti : vírgines enim sunt. Hi sequúntur
Agnum quocúmque íerit. Hi empti sunt ex homínibus primítiæ Deo, et Agno :
4. Ce sont ceux qui ne sont pas souillés avec les femmes ; car ils sont vierges. Ce sont eux qui suivent l’agneau partout où il va. Ce sont ceux qui ont été achetés d’entre les hommes, prémices pour Dieu et pour l’Agneau ;
5 et in ore eórum non est invéntum mendácium : sine mácula enim sunt ante thronum Dei.
5. Et dans leur bouche, il ne s’est point trouvé de mensonge ; car ils sont sans tache devant le trône de Dieu.
6 Et vidi
álterum ángelum volántem per médium
cæli, habéntem Evangélium ætérnum, ut
evangelizáret sedéntibus super terram, et super omnem
gentem, et tribum, et
linguam, et pópulum :
6. Je vis un autre ange qui volait dans le milieu du ciel, ayant l’Évangile éternel pour évangéliser ceux qui habitent sur la terre, toute nation, toute tribu, toute langue et tout peuple ;
7 dicens
magna voce : Timéte Dóminum, et date illi honórem, quia venit hora judícii
ejus : et adoráte eum, qui fecit cælum, et terram, mare, et fontes
aquárum.
7. Il disait d’une voix forte : Craignez le Seigneur et rendez-lui gloire, parce que l’heure de son jugement est venue ; et adorez celui qui a fait le ciel et la terre, la mer et les sources des eaux.
8 Et álius ángelus secútus est dicens :
Cécidit, cécidit Bábylon illa magna : quæ a vino iræ fornicatiónis suæ
potávit omnes gentes.
8. Et un autre ange suivit, disant : Elle est tombée, elle est tombée, cette grande Babylone, qui a fait boire à toutes les nations du vin de la colère de sa prostitution.
9 Et tértius
ángelus secútus est illos, dicens voce magna : Si quis adoráverit béstiam,
et imáginem ejus, et accéperit charactérem in fronte sua, aut in manu
sua :
9. Et un troisième ange suivit ceux-ci, criant d’une voix forte : Si quelqu’un adore la bête et son image, et en reçoit le caractère sur son front ou dans sa main,
10 et hic
bibet de vino iræ Dei, quod mistum est mero in cálice iræ ipsíus, et
cruciábitur igne, et súlphure in conspéctu angelórum sanctórum, et ante
conspéctum Agni :
10. Il boira lui aussi du vin de la colère de Dieu, vin tout pur, préparé dans le calice de sa colère ; et il sera tourmenté par le feu et par le soufre en présence des saints anges et en présence de l’Agneau.
11 et fumus
tormentórum eórum ascéndet in sǽcula sæculórum : nec habent réquiem die ac
nocte, qui adoravérunt béstiam, et imáginem ejus, et si quis accéperit
charactérem nóminis ejus.
11. Et la fumée de leurs tourments montera dans les siècles des siècles ; et ils n’ont de repos ni jour ni nuit, ceux qui ont adoré la bête et son image, ni celui qui a reçu le caractère de son nom.
12 Hic
patiéntia sanctórum est, qui custódiunt mandáta Dei, et fidem Jesu.
12. Ici est la patience des saints qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus.
13 Et
audívi vocem de cælo, dicéntem mihi : Scribe : Beáti mórtui qui in
Dómino moriúntur. Amodo jam dicit
Spíritus, ut requiéscant a labóribus suis : ópera enim illórum sequúntur
illos.
13. Alors j’entendis une voix du ciel qui me dit : Écris : Bienheureux les morts qui meurent dans le Seigneur ! Que dès à présent, dit l’Esprit, ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent.
14 Et
vidi : et ecce nubem cándidam, et super nubem sedéntem símilem Fílio
hóminis, habéntem in cápite suo corónam áuream, et in manu sua falcem acútam.
14. Et je regardai ; et voilà une nuée blanche, et sur la nuée, assis quelqu’un semblable au Fils de l’homme, ayant sur sa tête une couronne d’or, et en sa main une faux tranchante.
15 Et álius ángelus exívit de templo, clamans voce
magna ad sedéntem super nubem : Mitte falcem tuam, et mete, quia venit
hora ut metátur, quóniam áruit messis terræ.
15. Alors un autre ange sortit du temple, criant d’une voix forte à celui qui était assis sur la nuée : Jette ta faux et moissonne ; car est venue l’heure de moissonner, parce que la moisson de la terre est sèche.
16 Et misit
qui sedébat super nubem, falcem suam in terram, et deméssa est terra.
16. Celui donc qui était assis sur la nuée jeta sa faux sur la terre, et la terre fut moissonnée.
17 Et álius
ángelus exívit de templo, quod est in cælo, habens et ipse falcem acútam.
17. Et un autre ange sortit du temple qui est dans le ciel, ayant lui aussi une faux tranchante.
18 Et álius
ángelus exívit de altári, qui habébat
potestátem supra ignem : et clamávit
voce magna ad eum qui habébat falcem acútam,
dicens : Mitte falcem tuam
acútam, et vindémia botros víneæ
terræ : quóniam matúræ sunt uvæ
ejus.
18. Et un autre ange sortit de l’autel, qui avait pouvoir sur le feu, et il cria d’une voix forte à celui qui avait la faux tranchante : Jette ta faux tranchante, et vendange les grappes de la vigne de la terre, parce que les raisins sont mûrs.
19 Et misit ángelus falcem suam acútam in terram, et vindemiávit víneam terræ, et misit in lacum iræ Dei magnum :
19. Et l’ange jeta sa faux tranchante sur la terre, et vendangea la vigne de la terre ; et il jeta les raisins dans la grande cuve de la colère de Dieu.
20 et
calcátus est lacus extra civitátem, et exívit sanguis de lacu usque ad frenos
equórum per stádia mille sexcénta.
20. Et la cuve fut foulée hors de la ville, et le sang montant de la cuve jusqu’aux freins des chevaux, se répandit sur un espace de mille six cents stades.
~
CHAP. XIV. 7. Ps. CXLV, 6 ; Act. XIV, 14. — 8. Is. XXI, 9 ; Jer. LI, 8. — 15. Joël. III, 13 ; Matth. XIII, 39.
3. Qui ont été achetés de la terre ; c’est-à-dire qui, au prix du sang de l’Agneau, ont été rachetés, de manière qu’en quittant la terre ils sont entrés dans son royaume.
8. * Cette grande Babylone, Rome.
15. Jette ta faux. L’expression jeter, ou envoyer, mettre la faux, s’emploie dans les textes hébreu et grec aussi bien que dans la Vulgate, pour dire faucher la moisson. — La moisson est sèche ; c’est-à-dire qu’elle est mûre.
²
Mer transparente sur laquelle les vainqueurs chantent le cantique de Moïse et le cantique de l’Agneau. Sept coupes de la colère du Seigneur sont données à sept anges.
1 Et vidi
áliud signum in cælo magnum et mirábile, ángelos septem, habéntes plagas septem
novíssimas : quóniam in illis consummáta est ira Dei.
1. Je vis dans le ciel un autre prodige grand et merveilleux : sept anges ayant les sept dernières plaies, puisque c’est par elles que la colère de Dieu a été consommée.
2 Et vidi tamquam mare vítreum mistum igne, et eos,
qui vicérunt béstiam, et imáginem ejus, et númerum nóminis ejus, stantes super
mare vítreum, habéntes cítharas Dei :
2. Et je vis comme une mer de verre mêlée de feu, et ceux qui avaient vaincu la bête, son image et le nombre de son nom, qui étaient debout sur cette mer de verre, ayant des harpes de Dieu,
3 et
cantántes cánticum Móysi servi Dei, et cánticum Agni, dicéntes : Magna et
mirabília sunt ópera tua, Dómine Deus omnípotens : justæ et veræ sunt viæ
tuæ, Rex sæculórum.
3. Et qui chantaient le cantique de Moïse, serviteur de Dieu, et le cantique de l’Agneau, disant : Grandes et admirables sont vos œuvres, Seigneur Dieu tout-puissant ! Justes et véritables sont vos voies, ô Roi des siècles !
4 Quis non
timébit te, Dómine, et magnificábit nomen tuum ? quia solus pius es :
quóniam omnes gentes vénient, et adorábunt in conspéctu tuo, quóniam judícia
tua manifésta sunt.
4. Qui ne vous craindra, ô Seigneur ? Et qui ne glorifiera votre nom ? Car vous seul êtes miséricordieux, et toutes les nations viendront et adoreront en votre présence, parce que vos jugements se sont manifestés.
5 Et post hæc
vidi : et ecce apértum est templum tabernáculi testimónii in cælo,
5. Après cela je regardai, et voilà que le temple du tabernacle du témoignage s’ouvrit dans le ciel ;
6 et exiérunt
septem ángeli habéntes septem plagas de templo, vestíti lino mundo et cándido,
et præcíncti circa péctora zonis áureis.
6. Et que du temple sortirent les sept anges, ayant les sept plaies, vêtus d’un lin pur et blanc, et ceints sur la poitrine de ceintures d’or.
7 Et unum de
quátuor animálibus dedit septem ángelis septem phíalas áureas, plenas iracúndiæ
Dei vivéntis in sǽcula sæculórum.
7. Alors un des quatre animaux donna aux sept anges sept coupes d’or pleines de la colère du Dieu qui vit dans les siècles des siècles.
8 Et implétum
est templum fumo a majestáte Dei, et de virtúte ejus : et nemo póterat
introíre in templum, donec consummaréntur septem plagæ septem angelórum.
8. Et le temple fut rempli de fumée à cause de la majesté de Dieu et de sa puissance ; et nul ne pouvait entrer dans le temple jusqu’à ce que fussent consommées les sept plaies des sept anges.
~
CHAP. XV. 4. Jer. X, 7.
2. Des harpes de Dieu ; c’est-à-dire semblables à celles qui étaient en usage dans le temple pour le service divin ; ou bien des harpes excellentes, divines, dignes de Dieu ; ce qui serait simplement un superlatif hébreu.
²
Effusion des sept coupes ; les quatre premières sont versées sur la terre, sur les eaux et sur le soleil ; la cinquième sur le trône de la bête ; la sixième sur l’Euphrate ; la septième est répandue dans l’air ; mais elle est précédée de l’annonce de l’avènement du Seigneur.
1 Et audívi
vocem magnam de templo, dicéntem septem ángelis : Ite, et effúndite septem
phíalas iræ Dei in terram.
1. Et j’entendis une voix forte du temple, disant aux sept anges : Allez et répandez les sept coupes de la colère de Dieu sur la terre.
2 Et ábiit
primus, et effúdit phíalam suam in terram, et factum est vulnus sævum et
péssimum in hómines, qui habébant charactérem béstiæ, et in eos qui adoravérunt
imáginem ejus.
2. Et le premier s’en alla, et répandit sa coupe sur la terre ; et il se fit une plaie cruelle et pernicieuse sur les hommes qui avaient le caractère de la bête, et ceux qui adoraient son image.
3 Et secúndus
ángelus effúdit phíalam suam in mare, et factus est sanguis tamquam
mórtui : et omnis ánima vivens mórtua est in mari.
3. Le second ange répandit sa coupe sur la mer, et elle devint comme le sang d’un mort ; et toute âme vivante mourut dans la mer.
4 Et tértius
effúdit phíalam suam super flúmina, et super fontes aquárum, et factus est
sanguis.
4. Le troisième répandit sa coupe sur les fleuves et sur les sources des eaux, et elles devinrent du sang.
5 Et audívi
ángelum aquárum dicéntem : Justus es, Dómine, qui es, et qui eras sanctus,
qui hæc judicásti :
5. Et j’entendis l’ange des eaux, disant : Vous êtes juste, Seigneur, qui êtes, et qui avez été ; vous êtes saint, vous qui avez jugé ainsi.
6 quia
sánguinem sanctórum et prophetárum effudérunt, et sánguinem eis dedísti
bíbere : digni enim sunt.
6. Parce qu’ils ont répandu le sang des saints et des prophètes, vous leur avez aussi donné du sang à boire ; car ils en sont dignes.
7 Et audívi
álterum ab altári dicéntem : Etiam Dómine Deus omnípotens, vera et justa
judícia tua.
7. Et j’en entendis un autre qui de l’autel disait : Oui, Seigneur Dieu tout-puissant, ils sont vrais et justes, vos jugements.
8 Et quartus ángelus effúdit phíalam suam in solem,
et datum est illi æstu afflígere hómines, et igni :
8. Le quatrième ange répandit sa coupe sur le soleil ; et il lui fut donné de tourmenter les hommes par l’ardeur du feu.
9 et
æstuavérunt hómines æstu magno, et blasphemavérunt nomen Dei habéntis
potestátem super has plagas, neque egérunt pœniténtiam ut darent illi glóriam.
9. Et les hommes furent brulés d’une chaleur dévorante, et ils blasphémèrent le nom du Dieu qui a pouvoir sur ces plaies, et ils ne firent point pénitence pour lui donner gloire.
10 Et quintus
ángelus effúdit phíalam suam super sedem béstiæ : et factum est regnum
ejus tenebrósum, et commanducavérunt linguas suas præ dolóre :
10. Le cinquième ange répandit sa coupe sur le trône de la bête, et son royaume devint ténébreux, et les hommes mordirent leurs langues dans l’excès de leur douleur ;
11 et
blasphemavérunt Deum cæli præ dolóribus, et vulnéribus suis, et non egérunt
pœniténtiam ex opéribus suis.
11. Et ils blasphémèrent le Dieu du ciel à cause de leurs douleurs et de leurs plaies, et ils ne firent point pénitence de leurs œuvres.
12 Et sextus ángelus effúdit phíalam suam in flumen
illud magnum Euphráten : et siccávit aquam ejus, ut præpararétur via
régibus ab ortu solis.
12. Le sixième ange répandit sa coupe sur ce grand fleuve de l’Euphrate, et dessécha ses eaux pour ouvrir le chemin aux rois d’Orient.
13 Et vidi de
ore dracónis, et de ore béstiæ, et de ore pseudoprophétæ spíritus tres immúndos
in modum ranárum.
13. Et je vis sortir de la bouche du dragon, de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits impurs, semblables à des grenouilles.
14 Sunt enim
spíritus dæmoniórum faciéntes signa, et procédunt ad reges totíus terræ
congregáre illos in prǽlium ad diem magnum omnipoténtis Dei.
14. Or ce sont des esprits de démons, qui font des prodiges, et qui vont vers les rois de toute la terre, pour les assembler au combat, au grand jour du Dieu tout-puissant.
15 Ecce vénio sicut fur. Beátus qui vígilat, et
custódit vestiménta sua, ne nudus ámbulet, et vídeant turpitúdinem ejus.
15. Voici que je viens comme un voleur. Bienheureux celui qui veille et qui garde ses vêtements, de peur qu’il ne marche nu, et qu’on ne voie sa honte.
16 Et congregábit illos in locum qui vocátur
hebráice Armágedon.
16. Et il les rassemblera dans le lieu qui s’appelle en hébreu Armagédon.
17 Et séptimus ángelus effúdit phíalam suam in
áërem, et exívit vox magna de templo a throno, dicens : Factum est.
17. Le septième ange répandit sa coupe dans l’air, et il sortit du temple, du côté du trône, une voix forte, disant : C’est fait.
18 Et facta sunt
fúlgura, et voces, et tonítrua, et terræmótus factus est magnus, qualis numquam
fuit ex quo hómines fúerunt super terram : talis terræmótus, sic magnus.
18. Aussitôt il se fit des éclairs, des voix et des tonnerres, et il se fit un grand tremblement de terre, tel qu’il n’y eut jamais depuis que les hommes sont sur la terre, un tremblement de terre pareil, aussi grand.
19 Et facta
est cívitas magna in tres partes : et civitátes géntium cecidérunt. Et Bábylon
magna venit in memóriam ante Deum, dare illi cálicem vini indignatiónis iræ
ejus.
19. Et la grande cité fut divisée en trois parties, et les villes des nations tombèrent, et Dieu se souvint de la grande Babylone pour lui donner le calice du vin de sa colère.
20 Et omnis
ínsula fugit, et montes non sunt invénti.
20. Et toutes les iles s’enfuirent, et l’on ne trouva plus les montagnes.
21 Et grando magna sicut taléntum descéndit de cælo
in hómines : et blasphemavérunt Deum hómines propter plagam
grándinis : quóniam magna facta est veheménter.
21. Et une grêle, grosse comme un talent, tomba du ciel sur les hommes, et les hommes blasphémèrent Dieu à cause de la plaie de la grêle, parce que cette plaie était extrêmement grande.
~
CHAP. XVI. 15.
Matth. XXIV, 43 ;
Luc. XII, 39 ;
Supra. III, 3.
8. Par l’ardeur du feu ; littér. : Par l’ardeur et par le feu ; figure grammaticale en usage chez les Grecs aussi bien que chez les Hébreux.
12. * L’Euphrate. Voir plus haut, IX, 14.
15. Saint Jean fait allusion aux voleurs qui enlevaient les vêtements des baigneurs.
16. C’est le dragon qui, par le ministère des esprits impurs, rassemblera les rois. — Armagédon ; c’est-à-dire montagne de rassemblement, ou montagne de Mageddo, ville située au pied du mont Carmel, célèbre par deux sanglants combats (Judic. I, 27 ; V, 19 ; IV Reg. IX, 27 ; XXIII, 29). Mais ce mot a tant de variantes, qu’il est impossible d’en connaitre la vraie leçon, et par conséquent la véritable signification.
17. C’est fait. Tout ce que Dieu avait résolu par rapport à la chute des persécuteurs de son Église est accompli. Compar. XXI, 6.
21. Grosse comme un talent ; pour dire d’une grosseur extraordinaire, prodigieuse ; le talent étant le poids le plus fort.
²
Bête à sept têtes et à dix cornes, sur laquelle est assise une femme nommée la grande Babylone. L’ange, qui montre à saint Jean cette femme et cette bête, lui explique le mystère de l’une et de l’autre.
1 Et venit unus de septem ángelis, qui habébant
septem phíalas, et locútus est mecum, dicens : Veni, osténdam tibi
damnatiónem meretrícis magnæ, quæ sedet super aquas multas,
1. Alors vint un des sept anges qui avaient les sept coupes, et il me parla, disant : Viens, je te montrerai la condamnation de la grande prostituée, qui est assise sur les grandes eaux,
2 cum qua
fornicáti sunt reges terræ, et inebriáti sunt qui inhábitant terram de vino
prostitutiónis ejus.
2. Avec laquelle les rois de la terre se sont corrompus, et les habitants de la terre se sont enivrés du vin de sa prostitution.
3 Et ábstulit
me in spíritu in desértum. Et vidi mulíerem sedéntem super béstiam coccíneam,
plenam nomínibus blasphémiæ, habéntem cápita septem, et córnua decem.
3. Il me transporta en esprit dans un désert, et je vis une femme assise sur une bête de couleur d’écarlate, pleine de noms de blasphème, ayant sept têtes et dix cornes.
4 Et múlier
erat circúmdata púrpura, et cóccino, et inauráta auro, et lápide pretióso, et
margarítis, habens póculum áureum in manu sua, plenum abominatióne, et
immundítia fornicatiónis ejus.
4. La femme était vêtue de pourpre et d’écarlate, parée d’or, de pierres précieuses et de perles, ayant en sa main une coupe d’or pleine de l’abomination et de l’impureté de sa fornication,
5 Et in fronte ejus nomen scriptum : Mystérium : Bábylon magna, mater fornicatiónum, et abominatiónum terræ.
5. Et sur son front un nom écrit : Mystère ; la grande Babylone, la mère des fornications et des abominations de la terre.
6 Et vidi mulíerem ébriam de sánguine sanctórum, et de sánguine mártyrum Jesu. Et mirátus sum cum vidíssem illam admiratióne magna.
6. Et je vis cette femme enivrée du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus. Or je fus surpris, quand je l’eus vue, d’un grand étonnement.
7 Et dixit
mihi ángelus : Quare miráris ? ego dicam tibi sacraméntum mulíeris,
et béstiæ, quæ portat eam, quæ habet cápita septem, et córnua decem.
7. Alors l’ange me dit : Pourquoi t’étonnes-tu ? C’est moi qui te dirai le mystère de la femme et de la bête qui la porte, et qui a sept têtes et dix cornes.
8 Béstia,
quam vidísti, fuit, et non est, et ascensúra est de abýsso, et in intéritum
ibit : et mirabúntur inhabitántes terram (quorum non sunt scripta nómina
in libro vitæ a constitutióne mundi) vidéntes béstiam, quæ erat, et non est.
8. La bête que tu as vue, a été et elle n’est plus ; elle doit monter de l’abime, et elle ira à la perdition, et les habitants de la terre (dont les noms ne sont pas écrits dans le livre de vie dès la fondation du monde) seront dans l’étonnement, en voyant la bête qui était et qui n’est plus.
9 Et hic est sensus, qui habet sapiéntiam. Septem cápita, septem montes sunt, super quos múlier sedet, et reges septem sunt.
9. Or en voici le sens, lequel renferme de la sagesse : Les sept têtes sont sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise ; ce sont aussi sept rois.
10 Quinque cecidérunt, unus est, et álius nondum
venit : et cum vénerit, opórtet illum breve tempus manére.
10. Cinq sont tombés ; un existe, et l’autre n’est pas encore venu ; et quand il sera venu, il faut qu’il demeure peu de temps.
11 Et béstia,
quæ erat, et non est : et ipsa octáva est : et de septem est, et in
intéritum vadit.
11. Et la bête qui était et qui n’est plus est la huitième ; elle est des sept, et elle va à la perdition.
12 Et decem córnua, quæ vidísti, decem reges
sunt : qui regnum nondum accepérunt, sed potestátem tamquam reges una hora
accípient post béstiam.
12. Les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n’ont pas encore reçu leur royaume ; mais ils recevront la puissance comme rois pour une heure après la bête.
13 Hi unum
consílium habent, et virtútem, et potestátem suam béstiæ tradent.
13. Ceux-ci ont un même dessein, et ils donneront leur force et leur puissance à la bête.
14 Hi cum
Agno pugnábunt, et Agnus vincet illos : quóniam Dóminus dominórum est, et
Rex regum, et qui cum illo sunt, vocáti, elécti, et fidéles.
14. Ceux-ci combattront contre l’Agneau, mais l’Agneau les vaincra, parce qu’il est Seigneur des Seigneurs et Roi des rois ; et ceux qui sont avec lui sont appelés élus et fidèles.
15 Et dixit mihi : Aquæ, quas vidísti ubi
méretrix sedet, pópuli sunt, et gentes, et linguæ.
15. Il me dit encore : Les eaux que tu as vues, et où la prostituée est assise, sont des peuples, des nations et des langues.
16 Et decem
córnua, quæ vidísti in béstia : hi ódient fornicáriam, et desolátam
fácient illam, et nudam, et carnes ejus manducábunt, et ipsam igni
concremábunt.
16. Les dix cornes que tu as vues dans la bête, ce sont ceux qui haïront la prostituée ; ils la réduiront à la désolation et à la nudité ; ils la mettront à nu, ils dévoreront ses chairs, et ils les bruleront dans le feu.
17 Deus enim
dedit in corda eórum ut fáciant quod plácitum est illi : ut dent regnum
suum béstiæ donec consumméntur verba Dei.
17. Car Dieu leur a mis dans le cœur de faire ce qui lui plaît ; de donner leur royaume à la bête, jusqu’à ce que soient accomplies les paroles de Dieu.
18 Et múlier, quam vidísti, est cívitas magna, quæ
habet regnum super reges terræ.
18. Et la femme que tu as vue est la grande ville qui règne sur les rois de la terre.
~
CHAP. XVII.
14. I Tim. VI, 15 ; Infra. XIX, 16.
1-5. * La grande Babylone. « Sous les noms symboliques de prostituée et de Babylone, c’est bien la Rome païenne, la Rome des Césars, la ville aux sept collines, représentant l’empire romain tout entier, qui est ici décrite. Aussi est-ce à cette ville et à cet empire que la plupart des interprètes appliquent ce chapitre. Ceux qui reportent à la fin des temps les évènements annoncés par les visions de l’Apocalypse ne le contestent pas ; mais, selon eux, S. Jean n’emprunte que ses couleurs et ses traits à la Rome des Césars, et ce n’est pas elle qu’il a réellement en vue, mais, soit la même ville redevenue païenne à la fin des temps, soit une autre ville riche et puissante, idolâtre et corrompue, qui sera, dans les derniers jours du monde, la capitale du dernier empire antichrétien. Comp. XIV, 8. — Assise sur les grandes eaux : trait emprunté à la Babylone historique, située sur l’Euphrate (Jer. LI, 13). Ces eaux signifient des peuples, des foules, et des nations (vers. 15), sur lesquels règne la prostituée. » (Chanoine Crampon, 1885)
« Le nom que porte la femme assise sur les grandes eaux, indique qu’elle est une personnification, un symbole dont il faut saisir le sens : mystère. Or, la bête [étant préfigurée par] l’empire idolâtre et persécuteur, la femme qui est assise sur la bête doit figurer la capitale de cet empire, Rome, centre du pouvoir et siège principal de l’idolâtrie. En effet, chaque trait du tableau la désigne ; et l’on peut dire que tout le monde aujourd’hui la reconnait (…). — Que cette femme représente une ville, S. Jean le dit expressément. Bien plus, il ajoute que cette ville est la ville par excellence, la reine des villes, la grande cité, qu’elle a sept montagnes et sept rois, qu’elle étend sa domination sur tous les peuples et sur tous les princes. Une telle indication suffirait à elle seule ; car Rome n’était pas désignée autrement à cette époque, et nulle autre ville n’a été désignée ainsi. — Cette grande ville est représentée comme le principal soutien de l’idolâtrie, comme une source d’erreurs et de dépravation pour l’univers entier. Elle est pleine d’abominations et d’impuretés, c’est-à-dire d’idoles et de temples païens. Elle est couverte d’inscriptions sacrilèges et blasphématoires. C’est une nouvelle Babylone, pour la tyrannie, aussi bien que pour l’orgueil, la puissance et l’impiété. Elle persécute le christianisme ; elle s’enivre du sang des saints et des martyrs du Sauveur. Elle a fait périr des Apôtres et des prophètes, et tout le sang qui se verse dans le monde pour la cause de la vérité est répandu par elle. — Qui pourrait méconnaitre à ces traits la Rome des empereurs, telle qu’elle était sous Domitien, au moment du martyre de S. Jean et de son exil à Patmos ? Nous avons déjà vu que les chrétiens la nommaient Babylone. On l’appelait aussi Sodome ou l’Égypte. Non contente de professer l’idolâtrie, elle s’attribuait à elle-même la divinité. — Elle se disait éternelle ; et comme ses empereurs, vivants et morts, elle avait ses temples, ses statues, ses autels. Elle en avait dans ses murs aussi bien que dans les provinces. — Quant à sa cruauté envers les chrétiens, à ses persécutions, au nombre de ses victimes, les catacombes en sont un monument irrécusable. — Cette nouvelle Babylone devait tomber comme l’ancienne, pour ne jamais se relever. Elle était destinée à être la proie de ceux qu’elle opprimait, à passer par le fer et par le feu, comme un criminel voué au châtiment divin, et enfin, à être ruinée de fond en comble. Sa chute devait jeter par toute la terre l’effroi, la stupeur, la désolation, mais en même temps être le signal du triomphe de l’Église dans le monde entier. Les chrétiens échapperaient au châtiment, comme ils avaient échappé à la corruption. — Il suffit d’avoir lu l’histoire du quatrième et du cinquième siècle pour reconnaitre dans la ruine de Rome [la parfaite préfiguration] de ces prédictions. Prise, pillée, saccagée quatre fois, par Alaric, roi des Goths (409), par Genséric, roi des Vandales (455), par Odoacre, roi des Hérules (466), par Totila, roi des Ostrogoths (546), la capitale de l’empire finit par disparaitre sous ses débris avec ses Dieux et ses temples. L’empire devint la proie des Barbares. Il ne resta de la population de Rome qu’un petit nombre de chrétiens qui bâtirent une nouvelle cité, à la place et des ruines de l’ancienne. » (L. Bacuez.)
10-13. * « Bisping et les partisans de l’interprétation eschatologique [disent ceci] : les sept têtes sont les puissances de ce monde qui, dans la suite de l’histoire, ont fait ou feront tour à tour la guerre au peuple de Dieu : Égyptiens, Assyriens, Babyloniens, Médo-Perses, Macédoniens, Romains, États modernes sortis de la Révolution ou imbus de ses principes. Quand l’élément antichrétien aura atteint son plein développement, viendra un huitième roi, sorti des sept (et non pas l’un d’eux, comme on traduit souvent), c’est-à-dire une puissance mondaine, qui résumera en elle et portera au suprême degré l’impiété des sept premières. Les dix cornes désignent les divers États de la fin des temps, États non indépendants, mais vassaux, soumis à la souveraineté de l’Antéchrist (la bête. Bisping lit ouk, non, au lieu de oupô, nondum). Voilà pourquoi elles ne portent pas de couronnes (comp. XIII, 1). Leur pouvoir durera une heure, c’est-à-dire peu de temps, car ils seront vaincus par l’Agneau (vers. 14 : cette victoire de l’Agneau est décrite chap. XIX). » (Crampon, 1885)
12. Pour une heure ; pendant une heure ; d’autres traduisent : À la même heure, dans une même heure ; mais la première interprétation est plus conforme au texte sacré.
15. * Des peuples, des nations et des langues : « ces expressions amoncelées ont pour but de montrer Rome comme le centre où affluent et se mêlent dans leur étrange variété toutes les nations de la terre. » (Crampon, 1885).
18. * La grande ville, Rome. « La Rome des Césars [préfigurant] une nouvelle Rome de la fin des temps, comme la Rome des Césars était une autre Babylone. » (Crampon, 1885)
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Un ange annonce la chute de la grande Babylone. Le peuple fidèle est exhorté à en sortir. Jugement prononcé contre elle. Effroi, étonnement et consternation de ceux qui étaient liés avec elle. Cause de sa ruine.
1 Et post hæc
vidi álium ángelum descendéntem de cælo, habéntem potestátem magnam : et
terra illumináta est a glória ejus.
1. Après cela je vis un autre ange qui descendait du ciel, ayant une grande puissance ; et la terre fut illuminée de sa gloire.
2 Et
exclamávit in fortitúdine, dicens : Cécidit, cécidit Bábylon magna :
et facta est habitátio dæmoniórum, et custódia omnis spíritus immúndi, et
custódia omnis vólucris immúndæ, et odíbilis :
2. Et il cria avec force, disant : Elle est tombée, la grande Babylone, et elle est devenue une demeure de démons, et une retraite de tout esprit impur, de tout oiseau immonde et qui inspire de l’horreur ;
3 quia de
vino iræ fornicatiónis ejus bibérunt omnes gentes : et reges terræ cum
illa fornicáti sunt : et mercatóres terræ de virtúte deliciárum ejus
dívites facti sunt.
3. Parce que toutes les nations ont bu du vin de la colère de sa prostitution ; et les rois de la terre se sont corrompus avec elle, et les marchands de la terre se sont enrichis de l’excès de son luxe.
4 Et audívi
áliam vocem de cælo, dicéntem : Exíte de illa pópulus meus : ut ne
partícipes sitis delictórum ejus, et de plagis ejus non accipiátis.
4. J’entendis une autre voix du ciel, qui dit : Sortez de Babylone, mon peuple, de peur que vous n’ayez part à ses péchés, et que vous ne receviez de ses plaies ;
5 Quóniam
pervenérunt peccáta ejus usque ad cælum, et recordátus est Dóminus iniquitátum
ejus.
5. Parce que ses péchés sont parvenus jusqu’au ciel, et que Dieu s’est souvenu de ses iniquités.
6 Réddite illi sicut et ipsa réddidit vobis :
et duplicáte duplícia secúndum ópera ejus : in póculo, quo míscuit,
miscéte illi duplum.
6. Rendez-lui comme elle-même vous a rendu, rendez-lui au double selon ses œuvres ; dans la coupe où elle vous a fait boire, faites-la boire deux fois autant.
7 Quantum
glorificávit se, et in delíciis fuit, tantum date illi torméntum et
luctum : quia in corde suo dicit : Sédeo regína : et vídua non
sum, et luctum non vidébo.
7. Autant elle s’est glorifiée et a été dans les délices, autant multipliez ses tourments et son deuil ; parce qu’elle dit en son cœur : Je suis reine, je ne suis point veuve, et je ne serai point dans le deuil.
8 Ideo in una
die vénient plagæ ejus, mors, et luctus, et fames, et igne comburétur :
quia fortis est Deus, qui judicábit illam.
8. C’est pourquoi en un seul jour viendront ses plaies, et la mort, et le deuil, et la famine ; et elle sera brulée par le feu, parce qu’il est puissant le Dieu qui la jugera.
9 Et flebunt,
et plangent se super illam reges terræ, qui cum illa fornicáti sunt, et in
delíciis vixérunt, cum víderint fumum incéndii ejus :
9. Et ils pleureront sur elle, et ils se frapperont la poitrine, les rois de la terre qui se sont corrompus avec elle, et qui ont vécu avec elle dans les délices, quand ils verront la fumée de son embrasement ;
10 longe
stantes propter timórem tormentórum ejus, dicéntes : Væ, væ cívitas illa
magna Bábylon, cívitas illa fortis : quóniam una hora venit judícium tuum.
10. Se tenant au loin, dans la crainte de ses tourments, disant : Malheur ! malheur ! Babylone, cette grande cité, cette cité puissante ! En une heure est venu ton jugement.
11 Et
negotiatóres terræ flebunt, et lugébunt super illam : quóniam merces eórum
nemo emet ámplius :
11. Et les marchands de la terre pleureront et gémiront sur elle, parce que personne n’achètera plus leurs marchandises ;
12 merces auri, et argénti, et lápidis pretiósi, et
margarítæ, et byssi, et púrpuræ, et sérici, et cocci (et omne lignum thýinum,
et ómnia vasa éboris, et ómnia vasa de lápide pretióso, et æraménto, et ferro,
et marmóre,
12. Ces marchandises d’or et d’argent, de pierreries, de perles, de fin lin, de pourpre, de soie, d’écarlate (et tous les bois odorants, tous les meubles d’ivoire, et tous les vases de pierres précieuses, d’airain, de fer et de marbre,
13 et cinnamómum) et odoramentórum, et unguénti, et
thuris, et vini, et ólei, et símilæ, et trítici, et jumentórum, et óvium, et
equórum, et rhedárum, et mancipiórum, et animárum hóminum.
13. Et le cinnamome), de senteurs, de parfums, d’encens, de vin, d’huile, de fleur de farine, de blé, de bêtes de charge, de brebis, de chevaux, de charriots, d’esclaves et d’âmes d’hommes.
14 Et poma desidérii ánimæ tuæ discessérunt a te, et
ómnia pínguia et præclára periérunt a te, et ámplius illa jam non invénient.
14. Quant aux fruits si chers à ton âme, ils se sont éloignés de toi ; tout ce qu’il y a d’exquis et de splendide est perdu pour toi, et on ne le trouvera plus.
15 Mercatóres
horum, qui dívites facti sunt, ab ea longe stabunt propter timórem tormentórum
ejus, flentes, ac lugéntes,
15. Ceux qui lui vendaient ces marchandises, et qui se sont enrichis, se tiendront éloignés d’elle dans la crainte de ses tourments, pleurant, gémissant,
16 et
dicéntes : Væ, væ cívitas illa magna, quæ amícta erat bysso, et púrpura,
et cocco, et deauráta erat auro, et lápide pretióso, et margarítis :
16. Et disant : Malheur ! malheur ! cette grande cité, qui était vêtue de fin lin, de pourpre et d’écarlate, parée d’or, de pierreries et de perles !
17 quóniam una hora destitútæ sunt tantæ divítiæ, et
omnis gubernátor, et omnis qui in lacum návigat, et nautæ, et qui in mari
operántur, longe stetérunt,
17. En une heure ont été anéanties de si grandes richesses ! tous les pilotes, tous ceux qui naviguent sur le lac, les matelots et tous ceux qui font le commerce sur la mer, se sont tenus au loin,
18 et
clamavérunt vidéntes locum incéndii ejus, dicéntes : Quæ símilis civitáti
huic magnæ ?
18. Et ont crié, voyant le lieu de son embrasement, disant : Quelle cité semblable à cette grande cité ?
19 et
misérunt púlverem super cápita sua, et clamavérunt flentes, et lugéntes,
dicéntes : Væ, væ cívitas illa magna, in qua dívites facti sunt omnes, qui
habébant naves in mari de prétiis ejus : quóniam una hora desoláta est.
19. Et ils ont jeté de la poussière sur leur tête, et ils ont poussé des cris mêlés de larmes et de sanglots, disant : Malheur ! malheur ! cette grande cité, dans laquelle sont devenus riches tous ceux qui avaient des vaisseaux sur la mer, en une heure, elle a été ruinée !
20 Exsúlta super eam cælum, et sancti apóstoli, et
prophétæ : quóniam judicávit Deus judícium vestrum de illa.
20. Ciel, réjouis-toi sur elle, et vous aussi, saints apôtres et prophètes, parce que Dieu vous a fait pleinement justice d’elle.
21 Et sústulit unus ángelus fortis lápidem quasi
molárem magnum, et misit in mare, dicens : Hoc ímpetu mittétur Bábylon
cívitas illa magna, et ultra jam non inveniétur.
21. Alors un ange fort leva en haut une pierre comme une grande meule, et la jeta dans la mer, disant : Ainsi sera précipitée Babylone, cette grande cité, et à l’avenir elle ne sera plus trouvée.
22 Et vox
citharœdórum, et musicórum, et tíbia canéntium, et tuba non audiétur in te
ámplius : et omnis ártifex omnis artis non inveniétur in te ámplius :
et vox molæ non audiétur in te ámplius :
22. Et la voix des joueurs de harpes, des musiciens, des joueurs de flute et de trompette, ne sera plus entendue en toi ; et nul artisan d’aucun métier ne sera trouvé en toi ; et le bruit de la meule ne sera pas entendu en toi désormais,
23 et lux
lucérnæ non lucébit in te ámplius : et vox sponsi et sponsæ non audiétur
adhuc in te : quia mercatóres tui erant príncipes terræ, quia in
venefíciis tuis erravérunt omnes gentes.
23. Et la lumière des lampes ne luira plus en toi désormais, et la voix de l’époux et de l’épouse ne sera plus entendue en toi, parce que tes marchands étaient des princes de la terre, et que par tes enchantements se sont égarées toutes les nations.
24 Et in ea
sanguis prophetárum et sanctórum invéntus est : et ómnium qui interfécti
sunt in terra.
24. Et dans cette ville a été trouvé le sang des prophètes et des saints, et de tous ceux qui ont été tués sur la terre.
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CHAP. XVIII. 2. Is. XXI, 9 ; Jer. LI, 8 ; Supra. XIV, 8. — 7. Is. XLVII, 8. — 23. Jer. VII, 34.
6. Rendez-lui, etc., rendez-lui la pareille, traitez-la comme elle vous a traité.
12. * Tous les bois odorants. Le texte les appelle bois de thuya (lignum thýinum). C’était un bois odoriférant, célèbre chez les anciens, qui croissait dans l’oasis de Jupiter Ammon, dans la Cyrénaïque et en Mauritanie. Les Romains l’appelaient citronnier. C’est le cèdre blanc désigné sous le nom de cupréssus thyóides.
13. L’expression âmes d’hommes se prend dans l’Écriture tantôt pour esclaves, tantôt pour hommes en général. « Mais ici, dit Bossuet, comme saint Jean oppose les hommes aux esclaves, il faut entendre par hommes, les hommes libres ; car on vend tout, esclaves et libres, dans une ville d’un si grand abord. »
14. Tout ce qu’il y a d’exquis ; litter., toutes les choses grasses. Les Hébreux désignaient par graisse, ce qui est gras, non seulement les meilleures productions de la terre, mais encore les mets les plus fins et les plus délicats. Nous pensons donc que saint Jean fait allusion ici aux plaisirs qu’offrent une table bien servie et un festin splendide.
17. Le lac est évidemment ici un nom collectif exprimant tous les lacs avoisinant la ville, et lui fournissant le poisson.
20. Dieu vous a fait pleinement justice d’elle ; littér. : Dieu a jugé votre jugement par rapport à elle. Nous avons déjà fait remarquer que ce genre de répétition, dans toutes les langues, a pour but de donner de la force et de l’énergie au discours. Ainsi le sens est : Dieu vous a vengés de tout le mal qu’elle vous a fait.
21. * Comme une grande meule : le châtiment prononcé par le Sauveur contre ceux qui ont donné du scandale. Voir Matth. XVIII, 6. — # « le monde, dont un moulin est l’image ; parce que ce monde tourne comme un moulin, comme la meule d’un moulin, et malheur à ceux qu’elle broie ! » (Aug., in Ps. CXXXII)
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Joie et cantique des saints sur la ruine de Babylone. Le Verbe de Dieu apparait suivi des armées du ciel. Dernier combat de la bête et du Verbe de Dieu.
1 Post hæc
audívi quasi vocem turbárum multárum in cælo dicéntium : Allelúia :
salus, et glória, et virtus Deo nostro est :
1. Après cela j’entendis comme la voix d’une grande multitude dans le ciel, disant : Alléluia. Le salut, la gloire et la vertu sont à notre Dieu,
2 quia vera
et justa judícia sunt ejus, qui judicávit de meretríce magna, quæ corrúpit
terram in prostitutióne sua, et vindicávit sánguinem servórum suórum de mánibus
ejus.
2. Parce que ses jugements sont véritables et justes, qu’il a fait justice de la grande prostituée qui a corrompu la terre par sa prostitution, et qu’il a vengé le sang de ses serviteurs répandu par ses mains.
3 Et íterum dixérunt : Allelúia. Et fumus ejus
ascéndit in sǽcula sæculórum.
3. Et une seconde fois ils dirent : Alléluia. Et sa fumée monte dans les siècles des siècles.
4 Et
cecidérunt senióres vigínti quátuor, et quátuor animália, et adoravérunt Deum
sedéntem super thronum, dicéntes : Amen : allelúia.
4. Alors les vingt-quatre vieillards et les quatre animaux tombèrent et adorèrent Dieu qui est assis sur le trône, disant : Amen, alléluia.
5 Et vox de
throno exívit, dicens : Laudem dícite Deo nostro omnes servi ejus :
et qui timétis eum pusílli et magni.
5. Et une voix sortit du trône, disant : Louez notre Dieu, vous tous ses serviteurs, et vous qui le craignez, petits et grands.
6 Et audívi
quasi vocem turbæ magnæ, et sicut vocem aquárum multárum, et sicut vocem
tonitruórum magnórum, dicéntium : Allelúia : quóniam regnávit Dóminus
Deus noster omnípotens.
6. J’entendis encore comme la voix d’une grande multitude, comme la voix de grandes eaux, et comme de grands coups de tonnerre, qui disaient : Alléluia ; il règne le Seigneur notre Dieu, le Tout-Puissant.
7 Gaudeámus,
et exsultémus : et demus glóriam ei : quia venérunt núptiæ Agni, et
uxor ejus præparávit se.
7. Réjouissons-nous, tressaillons d’allégresse, et donnons-lui la gloire, parce qu’elles sont venues les noces de l’Agneau, et que son épouse s’y est préparée.
8 Et datum est illi ut coopériat se býssino splendénti et cándido. Býssinum enim justificatiónes sunt sanctórum.
8. Et il lui a été donné de se vêtir d’un fin lin, éclatant et blanc. Car le fin lin, ce sont les justifications des saints.
9 Et dixit
mihi : Scribe : Beáti qui ad cœnam nuptiárum Agni vocáti sunt ;
et dixit mihi : Hæc verba Dei vera sunt.
9. Il me dit alors : Écris : Bienheureux ceux qui ont été appelés au souper des noces de l’Agneau ! Et il ajouta : Ces paroles de Dieu sont véritables.
10 Et cécidi ante pedes ejus, ut adorárem eum. Et dicit mihi : Vide ne féceris : consérvus tuus sum, et fratrum tuórum habéntium testimónium Jesu. Deum adóra. Testimónium enim Jesu est spíritus prophetíæ.
10. Aussitôt je tombai à ses pieds pour l’adorer ; mais il me dit : Garde-toi de le faire ; je suis serviteur comme toi et comme tes frères qui ont le témoignage de Jésus. Adore Dieu, car le témoignage de Jésus est l’esprit de prophétie.
11 Et vidi
cælum apértum, et ecce equus albus, et qui sedébat super eum, vocabátur
Fidélis, et Verax, et cum justítia júdicat et pugnat.
11. Je vis ensuite le ciel ouvert ; et voilà un cheval blanc ; celui qui le montait s’appelait le Fidèle et le Véritable, qui juge et combat avec justice.
12 Oculi
autem ejus sicut flamma ignis, et in cápite ejus diadémata multa, habens nomen
scriptum, quod nemo novit nisi ipse.
12. Ses yeux étaient comme une flamme de feu ; et sur sa tête étaient beaucoup de diadèmes ; il avait un nom écrit que nul ne connait que lui.
13 Et
vestítus erat veste aspérsa sánguine : et vocátur nomen ejus : Verbum
Dei.
13. Il était vêtu d’une robe teinte de sang, et le nom dont on l’appelle est le Verbe de Dieu.
14 Et
exércitus qui sunt in cælo, sequebántur eum in equis albis, vestíti býssino
albo et mundo.
14. Les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtus d’un fin lin, blanc et pur.
15 Et de ore
ejus procédit gládius ex utráque parte acútus, ut in ipso percútiat gentes. Et
ipse reget eas in virga férrea : et ipse calcat tórcular vini furóris iræ
Dei omnipoténtis.
15. Et de sa bouche sort un glaive à deux tranchants pour en frapper les nations ; car il les gouvernera avec un sceptre de fer, et c’est lui qui foule le pressoir du vin de la fureur et de la colère du Dieu tout-puissant.
16 Et habet
in vestiménto et in fémore suo scriptum : Rex regum et Dóminus
dominántium.
16. Et il porte écrit sur son vêtement et sur sa cuisse : Roi des rois, et Seigneur des Seigneurs.
17 Et vidi
unum ángelum stantem in sole, et clamávit voce magna, dicens ómnibus ávibus,
quæ volábant per médium cæli : Veníte, et congregámini ad cœnam magnam
Dei :
17. Et je vis un ange debout dans le soleil ; et il cria d’une voix forte, disant à tous les oiseaux qui volaient au milieu de l’air : Venez et assemblez-vous pour le grand souper de Dieu ;
18 ut
manducétis carnes regum, et carnes tribunórum, et carnes fórtium, et carnes
equórum, et sedéntium in ipsis, et carnes ómnium liberórum, et servórum, et
pusillórum et magnórum.
18. Pour manger la chair des rois, la chair des tribuns militaires, la chair des forts, la chair des chevaux et de ceux qui les montent, et la chair de tous les hommes libres et esclaves, petits et grands.
19 Et vidi béstiam, et reges terræ, et exércitus
eórum congregátos ad faciéndum prǽlium cum illo, qui sedébat in equo, et cum
exércitu ejus.
19. Et je vis la bête et les rois de la terre, et leurs assemblées pour faire la guerre à celui qui montait le cheval et à son armée.
20 Et apprehénsa est béstia, et cum ea pseudoprophéta : qui fecit signa coram ipso, quibus sedúxit eos, qui accepérunt charactérem béstiæ, et qui adoravérunt imáginem ejus. Vivi missi sunt hi duo in stagnum ignis ardéntis súlphure :
20. Mais la bête fut prise, et avec elle le faux prophète qui avait fait les prodiges devant elle, par lesquels il avait séduit ceux qui avaient reçu le caractère de la bête, et qui avaient adoré son image. Les deux furent jetés vivants dans l’étang du feu nourri par le soufre.
21 et céteri
occísi sunt in gládio sedéntis super equum, qui procédit de ore ipsíus :
et omnes aves saturátæ sunt cárnibus eórum.
21. Tous les autres furent tués par l’épée qui sortait de la bouche de celui qui montait le cheval, et tous les oiseaux furent rassasiés de leurs chairs.
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CHAP. XIX. 9. Prov. IX, 1 ; Is. XXV, 6 ; Matth. XXII, 2 ; Luc. XIV, 16. — 13. Is. LXIII, 1. — 15. Ps. II, 9. — 16. I Tim. VI, 15 ; Supra. XVII, 14.
3. Et sa fumée ; c’est-à-dire la fumée de son embrasement.
8. Les justifications des saints sont les bonnes œuvres par lesquelles les hommes deviennent justes et saints.
19-21. * La Bête, « qui était montée de l’abime (XVII, 3-8), l’Antéchrist, avec les dix rois (XVII, 12 sv.) et leurs armées. Le faux prophète, la bête à deux cornes de XIII, 11 sv. Comp. XVI, 13 ; Tous les autres, les partisans de l’Antéchrist, les rois, les généraux et les puissants du vers. 18, avec les armées du vers. 19. » (Crampon, 1885) La guerre signifie la conspiration des puissances humaines contre l’Église. L’ultime bataille générale, inspirée par Satan et conduite par l’Antéchrist, signifie la dernière coalition ennemie qui se terminera, par la victoire du Christ, dans le jugement universel.
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Le dragon est enfermé dans l’abime pour mille ans. Les âmes des saints vivent et règnent avec Jésus-Christ. Satan est délié pour un peu de temps. Guerre contre les saints. Satan précipité dans l’enfer. Résurrection. Jugement.
1 Et vidi ángelum descendéntem de cælo, habéntem
clavem abýssi, et caténam magnam in manu sua.
1. Et je vis un ange qui descendait du ciel, ayant la clef de l’abime, et une grande chaine en sa main.
2 Et apprehéndit dracónem, serpéntem antíquum, qui
est diábolus, et Satanás, et ligávit eum per annos mille :
2. Et il prit le dragon, l’ancien serpent, qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans,
3 et misit
eum in abýssum, et clausit, et signávit super illum ut non sedúcat ámplius
gentes, donec consumméntur mille anni : et post hæc opórtet illum solvi
módico témpore.
3. Et il le jeta dans l’abime, et l’y enferma, et il mit un sceau sur lui, afin qu’il ne séduisît plus les nations, jusqu’à ce que fussent accomplis les mille ans ; car après ces mille ans il faut qu’il soit délié pour un peu de temps.
4 Et vidi sedes, et sedérunt super eas, et judícium
datum est illis : et ánimas decollatórum propter testimónium Jesu, et
propter verbum Dei, et qui non adoravérunt béstiam, neque imáginem ejus, nec
accepérunt charactérem ejus in fróntibus, aut in mánibus suis, et vixérunt, et
regnavérunt cum Christo mille annis.
4. Je vis aussi des trônes (et il y en eut qui s’y assirent, et le pouvoir de juger leur fut donné), et les âmes de ceux qui ont eu la tête tranchée à cause du témoignage de Jésus, et à cause de la parole de Dieu, et qui n’ont point adoré la bête ni son image, ni reçu son caractère sur le front ou dans leurs mains ; et ils ont vécu et régné avec Jésus-Christ pendant mille ans.
5 Céteri mortuórum non vixérunt, donec consumméntur mille anni. Hæc est resurréctio prima.
5. Les autres morts ne sont pas revenus à la vie, jusqu’à ce que fussent accomplis les mille ans. C’est ici la première résurrection.
6 Beátus, et sanctus, qui habet partem in
resurrectióne prima : in his secúnda mors non habet potestátem : sed
erunt sacerdótes Dei et Christi, et regnábunt cum illo mille annis.
6. Bienheureux et saint est celui qui a part à la première résurrection, la seconde mort n’aura pas de pouvoir sur eux ; mais ils seront prêtres de Dieu et de Jésus-Christ, et ils règneront avec lui pendant mille ans.
7 Et cum consummáti fúerint mille anni, solvétur
Satanás de cárcere suo, et exíbit, et sedúcet gentes, quæ sunt super quátuor
ángulos terræ, Gog, et Magog, et congregábit eos in prǽlium, quorum númerus est
sicut aréna maris.
7. Et lorsque seront accomplis les mille ans, Satan sera relâché de sa prison et sortira, et il séduira les nations qui sont aux quatre coins du monde, Gog et Magog, et il les assemblera au combat, eux dont le nombre est comme le sable de la mer.
8 Et
ascendérunt super latitúdinem terræ, et circuiérunt castra sanctórum, et
civitátem diléctam.
8. Et ils montèrent sur toute la face de la terre, et ils environnèrent le camp des saints et la cité bien-aimée.
9 Et
descéndit ignis a Deo de cælo, et devorávit eos : et diábolus, qui
seducébat eos, missus est in stagnum ignis, et súlphuris, ubi et béstia
9. Mais il descendit du ciel un feu venu de Dieu, et il les dévora ; et le diable qui les séduisait, fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où la bête elle-même,
10 et
pseudoprophéta cruciabúntur die ac nocte in sǽcula sæculórum.
10. Et le faux prophète seront tourmentés jour et nuit dans les siècles des siècles.
11 Et vidi
thronum magnum cándidum, et sedéntem super eum, a cujus conspéctu fugit terra,
et cælum, et locus non est invéntus eis.
11. Je vis aussi un grand trône blanc, et quelqu’un assis dessus, et devant la face duquel la terre et le ciel s’enfuirent, et leur place ne se trouva plus.
12 Et vidi
mórtuos, magnos et pusíllos, stantes in conspéctu throni, et libri apérti
sunt : et álius liber apértus est, qui est vitæ : et judicáti sunt
mórtui ex his, quæ scripta erant in libris, secúndum ópera ipsórum :
12. Et je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône ; des livres furent ouverts, et un autre livre fut encore ouvert, c’est le livre de vie ; et les morts furent jugés sur ce qui était dans les livres, selon leurs œuvres.
13 et dedit
mare mórtuos, qui in eo erant : et mors et inférnus dedérunt mórtuos suos,
qui in ipsis erant : et judicátum est de síngulis secúndum ópera ipsórum.
13. La mer rendit les morts qui étaient en elle ; la mort et l’enfer rendirent aussi les morts qui étaient en eux ; et ils furent jugés chacun selon ses œuvres.
14 Et inférnus et mors missi sunt in stagnum ignis. Hæc est mors secúnda.
14. L’enfer et la mort furent jetés dans l’étang de feu. Celle-ci est la seconde mort.
15 Et qui non
invéntus est in libro vitæ scriptus, missus est in stagnum ignis.
15. Et quiconque ne se trouva pas écrit dans le livre de vie fut jeté dans l’étang de feu.
~
CHAP. XX. 7. Ezech. XXXIX, 2.
1-6. * « Règneront avec lui pendant mille ans. D’après ce qui précède, nous pouvons nous figurer ce règne de mille ans, prélude à la gloire définitive, comme une réalisation plus complète de l’advéniat regnum tuum de l’oraison dominicale. L’Église a remporté une grande victoire sur Satan (vers. 2) et sur le monde, dont le prince des ténèbres ne peut plus faire l’instrument de ses séductions. Sans doute, la lutte entre l’esprit et la chair n’a pas cessé ; les enfants de Dieu marchent encore dans la foi, non dans la claire vision : ils sont encore des pèlerins ici-bas ; la mort exige encore sa solde. Mais une effusion plus abondante des dons de l’Esprit-Saint est répandue dans les âmes ; les combats de la vertu sont moins rudes, plus souvent victorieux. Durant cette ère de paix, le christianisme étend partout son action ; il pénètre de son esprit les arts, les sciences, toutes les relations sociales. Plusieurs appliquent à cette période de bénédiction les riants tableaux d’Isaïe (XI, 6-9 ; XXX, 6 ; LXV, 20) et de Daniel (II, 35-44 ; VII, 13 sv.). Pendant les premiers siècles de l’Église, le millénarisme fut conçu comme le retour glorieux de Jésus-Christ venant régner sur la terre avec ses saints pendant mille ans avant le jugement général. Cette attente était commune, nous pourrions dire populaire parmi les premiers fidèles (Papias, S. Justin, S. Irénée, Tertullien, etc.) ; elle les soutient et les console sous le feu de la persécution. [Hélas] des hérétiques y mêlèrent des idées grossières qui la firent bien vite rejeter. Dès le temps de S. Jérôme, [on pensa autrement] : c’est du haut du ciel avec ses Saints, et non pas visiblement présent sur la terre, que Jésus-Christ, d’après S. Jean, doit régner pendant mille ans, et ce règne doit précéder le second avènement, sans se confondre avec lui. S. Augustin, après quelques hésitations, finit par voir dans le règne de mille ans toute la durée de l’existence terrestre de l’Église (de Civit. Dei, XX, VII, 13). Bossuet le fait commencer avec Jésus-Christ et finir en l’an mille. D’autres le placent entre Charlemagne et la Révolution française. Nous pensons, avec Bisping, que le millénium n’a pas encore fait son apparition. » (Chanoine Crampon, 1885)
2. Qui est le diable et Satan. Voy. XII, 9.
4. À cause du témoignage, etc. ; c’est-à-dire parce qu’ils ont rendu témoignage à Jésus-Christ, qu’ils ont prêché son nom et la parole de Dieu. Compar. I, 9.
6. Celui qui ; est, par un pur hébraïsme, pour chacun de ceux qui ; voilà pourquoi on trouve immédiatement après le pluriel sur eux, ils seront, etc.
7. Sous le nom de Gog et de Magog, célèbres par la prophétie d’Ézéchiel, saint Jean désigne ici tous les ennemis de Dieu et de son Église.
²
Ciel nouveau, terre nouvelle. Jérusalem céleste. Récompense des saints ; supplice des réprouvés. Description de la Jérusalem céleste ; les Apôtres en sont les fondements. Dieu est son temple ; l’Agneau est sa lampe ; rien d’impur n’y entre.
1 Et vidi
cælum novum et terram novam. Primum enim cælum, et prima terra ábiit, et mare
jam non est.
1. Et je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle ; car le premier ciel et la première terre sont passés, et la mer n’est déjà plus.
2 Et ego
Joánnes vidi sanctam civitátem Jerúsalem novam descendéntem de cælo a Deo,
parátam sicut sponsam ornátam viro suo.
2. Et moi, Jean, je vis la sainte cité, la nouvelle Jérusalem, descendant du ciel, d’auprès de Dieu, parée comme une épouse et ornée pour son époux.
3 Et audívi
vocem magnam de throno dicéntem : Ecce tabernáculum Dei cum homínibus, et
habitábit cum eis. Et ipsi pópulus ejus erunt, et ipse Deus cum eis erit eórum
Deus :
3. Et j’entendis une voix forte sortie du trône, disant : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes, et il demeurera avec eux. Et eux seront son peuple, et lui-même, Dieu, avec eux, sera leur Dieu.
4 et
abstérget Deus omnem lácrimam ab óculis eórum : et mors ultra non erit,
neque luctus, neque clamor, neque dolor erit ultra, quia prima abiérunt.
4. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et il n’y aura plus ni mort, ni deuil, ni cris, ni douleur, parce que les premières choses sont passées.
5 Et dixit
qui sedébat in throno : Ecce nova fácio ómnia. Et dixit mihi :
Scribe, quia hæc verba fidelíssima sunt, et vera.
5. Alors celui qui était assis sur le trône dit : Voilà que je fais toutes choses nouvelles. Et il me dit : Écris, car ces paroles sont très dignes de foi et véritables.
6 Et dixit mihi : Factum est : ego sum alpha et oméga, inítium et finis. Ego sitiénti dabo de fonte aquæ vitæ, gratis.
6. Il me dit encore : C’est fait. Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin. À celui qui a soif, je donnerai de la source d’eau vive.
7 Qui
vícerit, possidébit hæc : et ero illi Deus, et ille erit mihi fílius.
7. Celui qui vaincra possèdera ces choses ; et je serai son Dieu, et lui sera mon fils.
8 Tímidis
autem, et incrédulis, et execrátis, et homicídis, et fornicatóribus, et
venéficis, et idólatris, et ómnibus mendácibus, pars illórum erit in stagno
ardénti igne et súlphure : quod est mors secúnda.
8. Mais pour les timides, les incrédules, les abominables, les homicides, les fornicateurs, les empoisonneurs, les idolâtres et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang brulant de feu et de soufre ; ce qui est la seconde mort.
9 Et venit
unus de septem ángelis habéntibus phíalas plenas septem plagis novíssimis, et
locútus est mecum, dicens : Veni, et osténdam tibi sponsam, uxórem Agni.
9. Alors vint un des sept anges qui avaient les sept coupes des dernières plaies, et il me parla, disant : Viens, et je te montrerai l’épouse, la femme de l’Agneau.
10 Et
sústulit me in spíritu in montem magnum et altum, et osténdit mihi civitátem
sanctam Jerúsalem descendéntem de cælo a Deo,
10. Et il me transporta en esprit sur une montagne grande et haute, et il me montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu,
11 habéntem
claritátem Dei : et lumen ejus símile lápidi pretióso tamquam lápidi
jáspidis, sicut crystállum.
11. Ayant la clarté de Dieu ; sa lumière était semblable à une pierre précieuse, telle qu’une pierre de jaspe, semblable au cristal.
12 Et habébat
murum magnum, et altum, habéntem portas duódecim :
et in portis ángelos
duódecim, et nómina inscrípta, quæ sunt
nómina duódecim tríbuum filiórum
Israël :
12. Elle avait une grande et haute muraille, ayant elle-même douze portes, et aux portes douze anges, et des noms écrits, qui sont les noms des douze tribus des enfants d’Israël.
13 ab oriénte
portæ tres, et ab aquilóne portæ tres, et ab austro portæ tres, et ab occásu
portæ tres.
13. À l’orient étaient trois portes, au septentrion trois portes, au midi trois portes, et à l’occident trois portes.
14 Et murus
civitátis habens fundaménta duódecim, et in ipsis duódecim nómina duódecim
apostolórum Agni.
14. La muraille de la ville avait douze fondements, et sur ces fondements étaient les douze noms des Apôtres de l’Agneau.
15 Et qui
loquebátur mecum, habébat mensúram arundíneam áuream, ut metirétur civitátem,
et portas ejus, et murum.
15. Celui qui me parlait avait une verge d’or pour mesurer la ville, ses portes et la muraille.
16 Et cívitas in quadro pósita est, et longitúdo
ejus tanta est quanta et latitúdo : et mensus est civitátem de arúndine
áurea per stádia duódecim míllia : et longitúdo, et altitúdo, et latitúdo
ejus æquália sunt.
16. La ville est bâtie en carré ; sa longueur est aussi grande que sa largeur elle-même. Il mesura donc la ville avec sa verge d’or, dans l’étendue de douze mille stades ; or sa longueur, sa largeur et sa hauteur sont égales.
17 Et mensus est murum ejus centum quadragínta
quátuor cubitórum, mensúra hóminis, quæ est ángeli.
17. Il en mesura aussi la muraille qui était de cent-quarante-quatre coudés de mesure d’homme, qui est celle de l’ange.
18 Et erat structúra muri ejus ex lápide jáspide : ipsa vero
cívitas aurum mundum símile vitro mundo.
18. La muraille était bâtie de pierres de jaspe ; mais la ville elle-même était d’un or pur, semblable à du verre très clair.
19 Et fundaménta muri civitátis omni lápide pretióso ornáta. Fundaméntum primum, jaspis : secúndum, sapphírus : tértium, calcedónius : quartum, smarágdus :
19. Et les fondements de la muraille de la ville étaient ornées de toutes sortes de pierres précieuses. Le premier fondement était de jaspe, le second de saphir, le troisième de calcédoine, le quatrième d’émeraude,
20 quintum,
sárdonyx : sextum, sárdius : séptimum, chrysólithus : octávum,
berýllus : nonum, topázius : décimum, chrysóprasus : undécimum,
hyacínthus : duodécimum, amethýstus.
20. Le cinquième de sardonyx, le sixième de sardoine, le septième de chrysolithe, le huitième de béryl, le neuvième de topaze, le dixième de chrysoprase, le onzième d’hyacinthe, le douzième d’améthyste.
21 Et
duódecim portæ, duódecim margarítæ
sunt, per síngulas : et síngulæ portæ
erant ex síngulis margarítis : et plátea
civitátis aurum mundum, tamquam
vitrum perlúcidum.
21. Les douze portes étaient douze perles ; ainsi chaque porte était d’une seule perle, et la place de la ville était d’un or pur comme un verre transparent.
22 Et templum
non vidi in ea : Dóminus enim Deus omnípotens templum illíus est, et
Agnus.
22. Je ne vis point de temple dans la ville, parce que le Seigneur tout-puissant et l’Agneau en sont le temple.
23 Et cívitas
non eget sole neque luna ut lúceant in ea, nam cláritas Dei illuminávit eam, et
lucérna ejus est Agnus.
23. Et la ville n’a pas besoin de soleil ni de la lune pour l’éclairer, parce que la gloire de Dieu l’éclairé, et que sa lampe est l’Agneau.
24 Et ambulábunt gentes in lúmine ejus : et reges terræ áfferent glóriam suam et honórem in illam.
24. Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire et leur honneur.
25 Et portæ
ejus non claudéntur per diem : nox enim non erit illic.
25. Ses portes ne se fermeront point pendant le jour ; car là il n’y aura pas de nuit.
26 Et
áfferent glóriam et honórem géntium in illam.
26. Et l’on y apportera la gloire et l’honneur des nations.
27 Non
intrábit in eam áliquod coinquinátum, aut abominatiónem fáciens et mendácium,
nisi qui scripti sunt in libro vitæ Agni.
27. Il n’y entrera rien de souillé, ni aucun de ceux qui commettent l’abomination et le mensonge, mais ceux-là seulement qui sont écrits dans le livre de vie de l’Agneau.
~
CHAP. XXI. 1. Is. LXV, 17 ; LXVI, 22 ; II Petr. III, 13. — 4. Is. XXV, 8 ; Supra. VII, 17. — 5. Is. XLIII, 19 ; II Cor. V, 17. — 23. Is. LX, 19. — 25. Is. LX, 11.
6. C’est fait ; c’est-à-dire tout ce que Dieu avait résolu de toute éternité par rapport au monde, aux élus et aux réprouvés, est accompli. Compar. XVI, 17. — * L’Alpha et l’Oméga, la première et la dernière lettre de l’alphabet grec.
16. Doute mille stades. Voy. notre Abrégé d’introduction, etc., p. 545. — * Douze mille stades ; le stade avait 185 mètres.
17. Qui est celle de l’ange ; qui est celle dont se servait l’ange pour mesurer. Saint Jean fait cette remarque pour indiquer que les coudées et les stades dont il est ici question ne diffèrent en rien de ceux que nous connaissons et que nous employons ordinairement. — * La coudée avait 52 centimètres.
²
Suite de la description de la Jérusalem céleste. Conclusion de ce livre. Paroles véritables ; heureux qui les garde. Adorer Dieu. Prophétie non scellée. Avènement du Seigneur. Heureux qui se purifie dans le sang de l’Agneau. Témoignage de Jésus-Christ ; désir de son avènement. Ne rien ajouter au livre de l’Apocalypse, n’en rien retrancher. Avènement promis. Salut de l’Apôtre.
1 Et osténdit
mihi flúvium aquæ vitæ, spléndidum tamquam crystállum, procedéntem de sede Dei
et Agni.
1. Il me montra aussi un fleuve d’eau vive, brillant comme du cristal, sortant du trône de Dieu et de l’Agneau.
2 In médio
platéæ ejus, et ex utráque parte flúminis, lignum vitæ, áfferens fructus
duódecim per menses síngulos, reddens fructum suum et fólia ligni ad sanitátem
géntium.
2. Au milieu de la place de la ville, sur les deux rivages du fleuve, était l’arbre de vie portant douze fruits, et, chaque mois donnant son fruit ; et les feuilles de l’arbre sont pour la guérison des nations.
3 Et omne
maledíctum non erit ámplius : sed sedes Dei et Agni in illa erunt, et
servi ejus sérvient illi.
3. Il n’y aura plus là aucune malédiction ; mais le trône de Dieu et de l’Agneau y sera, et ses serviteurs le serviront.
4 Et vidébunt
fáciem ejus : et nomen ejus in fróntibus eórum.
4. Ils verront sa face et son nom sera sur leur front.
5 Et nox ultra non erit : et non egébunt
lúmine lucérnæ, neque lúmine solis, quóniam Dóminus Deus illuminábit illos, et
regnábunt in sǽcula sæculórum.
5. Il n’y aura plus là de nuit, et ils n’auront pas besoin de lampe, ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur les éclairera, et ils règneront dans les siècles des siècles.
6 Et dixit
mihi : Hæc verba fidelíssima sunt, et vera. Et Dóminus Deus spirítuum
prophetárum misit ángelum suum osténdere servis suis quæ opórtet fíeri cito.
6. Et il me dit : Ces paroles sont très dignes de foi et véritables. Et le Seigneur Dieu des esprits des prophètes a envoyé son ange pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt.
7 Et ecce
vénio velóciter. Beátus, qui custódit verba prophetíæ libri hujus.
7. Et voilà que je viens promptement. Bienheureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre !
8 Et ego
Joánnes, qui audívi, et vidi hæc. Et postquam audíssem, et vidíssem, cécidi ut
adorárem ante pedes ángeli, qui mihi hæc ostendébat :
8. C’est moi, Jean, qui ai entendu et vu ces choses. Et après les avoir entendues et les avoir vues, je suis tombé aux pieds de l’ange qui me les montrait, pour l’adorer.
9 et dixit
mihi : Vide ne féceris : consérvus enim tuus sum, et fratrum tuórum
prophetárum, et eórum qui servant verba prophetíæ libri hujus : Deum
adóra.
9. Mais il me dit : Garde-toi de le faire ; car je suis serviteur comme toi, comme tes frères les prophètes, et comme ceux qui gardent les paroles de ce livre : adore Dieu.
10 Et dicit
mihi : Ne signáveris verba prophetíæ libri hujus : tempus enim prope
est.
10. Il me dit encore : Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre, car le temps est proche.
11 Qui nocet, nóceat adhuc : et qui in sórdibus
est, sordéscat adhuc : et qui justus est, justificétur adhuc : et
sanctus, sanctificétur adhuc.
11. Que celui qui fait l’injustice, la fasse encore ; que celui qui est souillé, se souille encore ; que celui qui est juste, devienne plus juste encore ; que celui qui est saint, se sanctifie encore.
12 Ecce vénio
cito, et merces mea mecum est, réddere unicuíque secúndum ópera sua.
12. Voilà que je viens bientôt, et ma récompense est avec moi, pour rendre à chacun selon ses œuvres.
13 Ego sum
alpha et oméga, primus et novíssimus, princípium et finis.
13. Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.
14 Beáti, qui lavant stolas suas in sánguine
Agni : ut sit potéstas eórum in ligno vitæ, et per portas intrent in
civitátem.
14. Bienheureux ceux qui lavent leurs vêtements dans le sang de l’Agneau, afin qu’ils aient pouvoir sur l’arbre de vie, et que par les portes ils entrent dans la cité !
15 Foris canes, et venéfici, et impudíci, et
homicídæ, et idólis serviéntes, et omnis qui amat et facit mendácium.
15. Loin d’ici les chiens, les empoisonneurs, les impudiques, les homicides, les idolâtres, et quiconque aime et fait le mensonge.
16 Ego Jesus misi ángelum meum testificári vobis hæc
in ecclésiis. Ego sum radix, et genus David, stella spléndida et matutína.
16. Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange pour vous rendre témoignage de ces choses dans les Églises. Je suis la racine et la race de David, l’étoile brillante du matin.
17 Et spíritus, et sponsa dicunt : Veni. Et qui
audit, dicat : Veni. Et qui sitit, véniat : et qui vult, accípiat
aquam vitæ, gratis.
17. L’Esprit et l’épouse disent : Viens. Que celui qui entend dise : Viens. Que celui qui a soif vienne ; et que celui qui vient reçoive gratuitement l’eau de la vie.
18 Contéstor
enim omni audiénti verba prophetíæ libri hujus : si quis apposúerit ad
hæc, appónet Deus super illum plagas scriptas in libro isto.
18. Car je proteste à tous ceux qui entendent les paroles de la prophétie de ce livre, que si quelqu’un y ajoute, Dieu accumulera sur lui les fléaux écrits dans ce livre ;
19 Et si quis diminúerit de verbis libri prophetíæ
hujus, áuferet Deus partem ejus de libro vitæ, et de civitáte sancta, et de his
quæ scripta sunt in libro isto :
19. Et si quelqu’un retranche quelque parole du livre de cette prophétie, Dieu lui retranchera sa part du livre de vie, et de la cité sainte, et de ce qui est écrit dans ce livre.
20 dicit qui testimónium pérhibet istórum. Etiam vénio cito : amen. Veni, Dómine Jesu.
20. Celui qui rend témoignage de ces choses dit : Oui, je viens bientôt. Amen. Venez, Seigneur Jésus.
21 Grátia Dómini nostri Jesu Christi cum ómnibus vobis. Amen.
21. Que la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen.
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CHAP. XXII. 5. Is. LX, 20. — 13. Is. XLI, 4 ; XLIV, 6 ; XLVIII, 12 ; Supra. I, 8, 17 ; XXI, 6. — 17. Is. LV, 1.
5. * « Que peut-on conclure de l’Apocalypse, relativement à la fin du monde, à ses circonstances, à sa date ? Saint Jean cherche moins à satisfaire notre curiosité qu’à fortifier notre foi et à exciter notre vigilance. Il nous apprend peu de choses relativement à la fin du monde. On voit bien dans les derniers chapitres de l’Apocalypse, qu’il y aura une résurrection générale et un jugement universel, que les méchants seront la proie de l’enfer et que les élus entreront en possession du ciel. On y apprend encore que, dans les derniers temps du monde, le démon sortira de l’abime, qu’il séduira les peuples et reprendra son empire, que la cité des saints ou l’Église sera environnée d’ennemis et en butte à toutes sortes d’attaques, et que ses ennemis seront miraculeusement abattus. De plus, on a lieu de croire que ce qui a été dit des dernières persécutions de l’empire romain, et des séductions causées par la fausse sagesse et ses opérations théurgiques, se renouvèlera alors avec un scandale encore plus grand. Mais c’est à peu près tout ce qu’on peut conclure. Le reste n’est que conjecture ou imagination. — Sur la date de la fin du monde, en particulier, l’Apocalypse ne fournit qu’une seule donnée, et il en résulte qu’elle doit avoir lieu bien longtemps après la fin des persécutions et la chute de Rome. Entre l’enchainement de Satan, qui suit la ruine de l’empire, et le jugement dernier, saint Jean place une période de paix, puis un certain temps durant lequel Satan reprendra son empire et séduira les nations. Or, la période de paix doit durer un millier d’années, c’est-à-dire un espace de temps très long, incomparablement plus long que les persécutions, quoique le nombre rond d’un millier ne doive pas s’entendre d’une manière plus littérale que les nombres sept, douze, trois, etc. Et pour la période de séduction et d’impiété, qu’on croit devoir être celle de l’Antéchrist, il n’est pas dit que le jugement universel doive la suivre immédiatement. » (L. Bacuez.)
11. Que celui qui fait l’injustice, la fasse encore, etc. Ce n’est pas une permission ou un conseil donné au méchant de faire le mal, mais une simple supposition. Le vrai sens est donc : Si l’homme injuste continue ses injustices, il ne tardera pas à en subir la peine ; de même que si celui qui est juste le devient encore davantage, il en recevra bientôt la récompense. Au reste, le verset suivant suffit pour justifier cette interprétation. Ajoutons que notre propre langue fournit des exemples de ce genre de construction.
14. * Lavent leurs vêtements dans le sang de l’Agneau, « emprunté à VII, 14 : sanctifient leur vie. Une variante très autorisée porte : pratiquent ces commandements. — Par les portes : comp. Gen. III, 24. » (Crampon)
15. Loin d’ici les chiens. Chez les Hébreux, le chien passait pour un animal immonde ; on ne pouvait donc marquer un plus profond mépris et une plus grande horreur pour quelqu’un que de l’appeler chien. * Voy. Philip. III, 2 ; Matth. VII, 6. — Le mensonge : comp. XXI, 8.
16. Je suis la racine ; en tant que créateur et source de la vie. — La race ; c’est-à-dire le descendant.
17. * L’Esprit de Dieu dans le cœur des fidèles (Rom. VIII, 15-16, 26) et l’Épouse, c’est-à-dire l’Église du Sauveur (XXI, 2, 9) lui répondent en soupirant après son glorieux retour : Venez. — Eau de la vie : comp. XXI, 6 ; XXII, 1 ; Joan. IV, 14 ; VII, 37.
19. De ce qui est écrit dans ce livre ; c’est-à-dire des promesses qui sont contenues dans ce livre.
20. * Celui : « Jésus-Christ, avant de prendre congé du Voyant, confirme l’espérance de l’Église par ces mots : oui, je viens bientôt ; à quoi Jean répond au nom de l’Église : Venez, etc. » (Crampon)
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