DANIEL(a)
*dnsu
Daniel, Ananias, Misaël et Azarias, choisis pour servir à la cour de Nabuchodonosor. Ils ne veulent pas se souiller en mangeant des viandes de la table du roi. Dieu les remplit de lumières.
Songe de Nabuchodonosor, statue composée de quatre métaux. Les devins de Chaldée ne peuvent pas faire connaitre au roi ce songe qu’il avait oublié. Daniel le lui fait connaitre et le lui explique. Honneurs que Nabuchodonosor fait à Daniel.
Statue d’or dressée par Nabuchodonosor. Les trois compagnons de Daniel refusent d’adorer cette statue ; ils sont jetés dans une fournaise ardente. Dieu les y conserve. Prière d’Azarias. Cantique d’Azarias et de ses compagnons. Ordonnance de Nabuchodonosor en faveur de la religion des Juifs.
Suite de la lettre de Nabuchodonosor, commencée, III, 98. Son songe : arbre abattu. Daniel lui explique ce songe. Ce songe s’accomplit. Nabuchodonosor est réduit pendant sept ans au rang des bêtes. Il reconnait la main de Dieu et est rétabli dans son royaume.
Festin du roi Baltassar. Apparition d’une main qui écrit sur la muraille. Les sages de Babylone ne peuvent lire ni expliquer cette écriture. Daniel la lit et l’explique. Mort de Baltassar. Darius le Mède lui succède.
Daniel élevé en honneur par Darius le Mède. Jalousie des satrapes contre lui. Ordonnance qu’ils obtiennent contre lui du roi. Accusation qu’ils forment contre Daniel. Daniel est jeté dans la fosse aux lions, il en sort sans être blessé. Édit de Darius en faveur de la religion des Juifs.
Vision de quatre bêtes qui représentent quatre empires. Caractères particuliers de la quatrième bête. Puissance ennemie des saints. Jugement du Seigneur. Règne du Fils de l’homme, règne des saints.
Vision d’un bélier à deux cornes, et d’un bouc qui n’en a qu’une. Cette corne unique se rompt, mais il s’en forme quatre à sa place. Explication de cette vision par l’ange Gabriel. Roi imprudent, ses efforts, ses victoires, sa chute, sa perte.
Daniel implore la miséricorde du Seigneur pour son peuple. L’ange Gabriel lui annonce le temps précis de la venue du Messie.
Vision de Daniel sur le Tigre. Le prince des Perses résiste à l’ange Gabriel. Saint Michel vient au secours de Gabriel. Le prince des Perses vient se joindre à celui des Grecs contre Gabriel.
Empire des Perses ruiné par le roi des Grecs. Guerre contre les rois du midi et du septentrion. Roi impie ; ses expéditions contre l’Égypte et la Judée ; sa fin malheureuse.
Délivrance du peuple de Dieu. Résurrection. Gloire des saints. Terme de la durée de la grande désolation.
Histoire de Susanne injustement accusée et condamnée. Daniel la délivre.
Daniel découvre l’imposture des prêtres de Bel, fait mourir un dragon adoré par les Babyloniens, est jeté dans la fosse aux lions, et en est délivré.
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Daniel, « Dieu est mon juge ou mon défenseur, » le quatrième des grands prophètes, était de race royale, Dan., I, 3. Il fut emmené captif à Babylone, la troisième année du règne de Joakim (606). Là, avec trois de ses compagnons, il fut élevé à l’école du palais royal,
observa fidèlement la loi mosaïque, gagna la confiance de celui qui était chargé de veiller sur lui, I, 8-16 ; fit de rapides progrès, et, au bout de trois ans, I, 5, 18, eut l’occasion de montrer sa pénétration d’esprit et sa perspicacité en expliquant le songe de Nabuchodonosor, II, 14 sq. ; et en montrant l’innocence de Susanne, XIII, 45 sq. Le roi le nomma gouverneur en chef, II, 48. Il interpréta plus tard un second songe de Nabuchodonosor, IV, 7-27, et le mané, thecel, pharés du festin de Balthasar, V, 10-28, quoiqu’il n’occupât plus alors son ancienne position officielle parmi les mages, V, 2, 7, 8, 12. Après la conquête de Babylone par les Mèdes et les Perses, il devint, sous Darius le Mède, le premier des trois ministres de l’empire, Dan., VI, 2 ; il excita ainsi l’envie, et ses ennemis le firent jeter deux fois dans une fosse aux lions, où il fut miraculeusement préservé, VI ; XIV, 29-42, ce qui l’affermit dans les bonnes grâces de Darius. Cyrus se montra également bien disposé envers lui, VI, 28 ; cf. I, 21. C’est la 3e année de ce roi, 534, qu’il eut, sur les rives du Tigre, sa dernière vision, X, 1,4. La fin de sa vie nous est inconnue. On croit communément qu’il mourut à Suse ; on y montre son tombeau, où les pèlerins se rendent en foule. Ézéchiel, dans ses prophéties, cite Daniel, avec Noé et Job, comme un modèle de justice ; il vante aussi sa sagesse. — Le dernier des grands prophètes occupa, à la cour des rois de Chaldée et de Perse, une situation analogue à celle de Joseph à la cour des pharaons. Au commencement et à la fin de l’histoire du peuple juif, nous voyons ainsi un représentant du vrai Dieu auprès des monarques païens. Daniel n’exerça pas sur l’avenir de son peuple une influence de même nature que Joseph ; mais par sa position et plus encore par ses oracles, par ses prédictions sur la venue du Messie, il agit puissamment sur ses frères et prépara ainsi les voies à l’avènement du Christianisme.
L’authenticité du livre de Daniel est universellement niée aujourd’hui par les rationalistes ; ils prétendent qu’il est apocryphe et que les prophéties qu’il contient ont été écrites après coup, du temps des Machabées. — La tradition a toujours admis au contraire Daniel comme un livre canonique et digne de foi. Toute la partie qui subsiste encore en hébreu et en araméen est acceptée sans contestation par les Juifs et les chrétiens ; quant à la partie qui n’existe plus qu’en grec, elle est rejetée par les Juifs et les protestants ; mais le concile de Trente en a consacré avec raison l’autorité. — Les principales preuves de l’authenticité de Daniel sont les suivantes : — 1° Le témoignage du Nouveau Testament, Matth. XXIV, 15 ; Hebr. XI, 33 ; etc. — 2° Celui de Josèphe ; il raconte, qu’on montra les prophéties de Daniel à Alexandre le Grand, quand ce dernier visita Jérusalem. — 3° Le premier livre des Machabées, qui est presque contemporain des évènements qu’il raconte, suppose l’existence du livre de Daniel, bien plus, la connaissance de la version grecque de ce livre, par conséquent celui-ci avait été écrit assez longtemps avant cette époque. — 4° On ne peut expliquer l’admission de Daniel dans le canon juif qu’en le regardant comme une œuvre authentique. Ce canon était clos avant l’époque des Machabées, et par conséquent tous les écrits qu’il contient sont d’une date antérieure. — 5° La connaissance minutieuse que possède l’auteur des mœurs, des coutumes, de l’histoire et de la religion chaldéennes est une preuve qu’il était contemporain des faits qu’il raconte ; après la ruine de l’empire de Nabuchodonosor par les Perses et les Mèdes, personne n’aurait pu être initié à tant de détails minutieux dont les découvertes modernes confirment l’entière exactitude. — 6° La langue est celle d’un homme vivant à l’époque de la captivité. Il avait l’habitude de s’exprimer dans les deux langues, hébraïque et araméenne ; du temps des Machabées, on ne parlait plus qu’araméen : l’emploi de certains mots, d’origine aryenne et non sémitique, ne s’explique non plus que par l’habitation de Daniel à la cour des rois perses : un Juif écrivant en Palestine n’aurait jamais usé de pareilles expressions.
Le livre de Daniel se divise en deux parties très distinctes : la première, I-VI, est historique ; la seconde, VII-XII, est prophétique. Dans la partie historique, Daniel parle à la troisième personne ; dans la partie prophétique, à la première, le verset d’introduction excepté, VII, 1 et X, 1. Malgré cette différence de langage, on admet généralement l’unité du livre. L’emploi successif des deux personnes s’explique par la nature du sujet : le prophète raconte sous forme de narration impersonnelle les faits et les évènements symboliques, parce qu’ils peuvent être directement contrôlés, mais il parle en son propre nom, quand il rapporte des révélations et des visions personnelles, parce qu’elles tirent leur autorité du témoignage même du prophète à qui elles ont été communiquées. On remarque quelque chose d’analogue dans les autres prophètes, Is. VII, 3 ; XX, 2 ; XXXVI-XXXIX. — Un appendice, contenant l’histoire de Susanne et celle de Bel et du dragon, XIII-XIV, termine le livre de Daniel dans la Bible latine.
(a). Ce livre ne présente pas toutes les prophéties dans l’ordre chronologique.
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DANIEL
Daniel, Ananias, Misaël et Azarias, choisis pour servir à la cour de Nabuchodonosor. Ils ne veulent pas se souiller en mangeant des viandes de la table du roi. Dieu les remplit de lumières.
1 Anno tértio regni Jóakim regis Juda, venit Nabuchodónosor,
rex Babylónis, in Jerúsalem, et obsédit eam :
1. En la troisième année du règne de Joakim, roi de Juda, Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint à Jérusalem et l’assiégea.
2 et trádidit Dóminus in manu ejus Jóakim, regem Juda,
et partem vasórum domus Dei : et asportávit ea in terram Sénnaar in domum
dei sui, et vasa íntulit in domum thesáuri dei sui.
2. Et le Seigneur livra en sa main Joakim, roi de Juda, et une partie des vases de la maison de Dieu ; et il les emporta dans la terre de Sennaar, dans la maison de son dieu, et il mit les vases dans la maison du trésor de son dieu.
3 Et ait rex Asphenez præpósito eunuchórum ut
introdúceret de fíliis Israël, et de sémine régio et tyrannórum,
3. Et le roi dit à Asphenéz, préposé des eunuques, de choisir d’entre les fils d’Israël, et de la race des rois, et des princes,
4 púeros in quibus nulla esset mácula, decóros
forma, et erudítos omni sapiéntia, cautos sciéntia, et doctos disciplína, et
qui possent stare in palátio regis, ut docéret eos lítteras et linguam
Chaldæórum.
4. De jeunes hommes qui fussent sans aucun défaut, d’une belle apparence, et instruits en toute sagesse, habiles dans les sciences et dans les arts, et qui pussent demeurer dans le palais du roi, afin qu’il leur apprît les lettres et la langue des Chaldéens.
5 Et constítuit eis rex annónam per síngulos dies
de cibis suis, et de vino unde bibébat ipse, ut enutríti tribus annis, póstea
starent in conspéctu regis.
5. Et le roi établit qu’on les nourrirait chaque jour de ses propres mets et qu’ils boiraient du vin dont il buvait lui-même, afin qu’étant ainsi nourris pendant trois ans, ils pussent ensuite demeurer en présence du roi.
6 Fúerunt ergo inter eos de fíliis Juda, Dániel, Ananías, Mísaël,
et Azarías.
6. Or, entre ces jeunes hommes, il se trouva des enfants de Juda, Daniel, Ananias, Misaël et Azarias.
7 Et impósuit eis præpósitus eunuchórum
nómina : Daniéli, Baltássar ; Ananíæ, Sidrach ; Misaéli, Misach ;
et Azaríæ, Abdénago.
7. Et le préposé des eunuques leur donna des noms, appelant Daniel, Baltassar ; Ananias, Sidrach ; Misaël, Misach ; et Azarias, Abdenago.
8 Propósuit autem Dániel in corde suo ne
polluerétur de mensa regis, neque de vino potus ejus : et rogávit
eunuchórum præpósitum ne contaminarétur.
8. Mais Daniel résolut dans son cœur de ne point se souiller par les mets de la table du roi, et par le vin dont il buvait, et il demanda au préposé des eunuques de ne point se souiller.
9 Dedit autem Deus Daniéli grátiam et misericórdiam
in conspéctu príncipis eunuchórum.
9. Or, Dieu fit trouver à Daniel grâce et faveur devant le prince des eunuques.
10 Et ait
princeps eunuchórum ad Daniélem : Tímeo ego dóminum meum regem, qui
constítuit vobis cibum et potum : qui si víderit vultus vestros
macilentióres præ céteris adolescéntibus coǽvis vestris, condemnábitis caput
meum regi.
10. Et le prince des eunuques dit à Daniel : Moi je crains mon seigneur le roi, qui a déterminé pour vous les mets et le vin ; or, s’il voit vos visages plus maigres que ceux des autres jeunes hommes de votre âge, vous livrerez ma tête à la condamnation du roi.
11 Et dixit Dániel ad Málasar, quem constitúerat
princeps eunuchórum super Daniélem, Ananíam, Misaélem, et Azaríam :
11. Et Daniel dit à Malasar, que le prince des eunuques avait établi sur Daniel, Ananias, Misaël et Azarias :
12 Tenta nos, óbsecro, servos tuos, diébus decem, et dentur nobis
legúmina ad vescéndum, et aqua ad bibéndum :
12. Éprouvez, je vous prie, vos serviteurs dix jours, et qu’on nous donne des légumes à manger et de l’eau à boire ;
13 et
contempláre vultus nostros, et vultus puerórum, qui vescúntur cibo régio :
et sicut víderis, fácies cum servis tuis.
13. Et après cela regardez nos visages, et les visages des jeunes hommes qui se nourrissent des mets du roi ; et selon que vous aurez vu, vous agirez avec vos serviteurs.
14 Qui,
audíto sermóne hujuscémodi, tentávit eos diébus decem.
14. Celui-ci, ayant entendu de telles paroles, les éprouva pendant dix jours.
15 Post dies
autem decem, apparuérunt vultus eórum melióres, et corpulentióres præ ómnibus
púeris, qui vescebántur cibo régio.
15. Mais après dix jours, leurs visages parurent meilleurs et d’un embonpoint plus grand que celui de tous les jeunes hommes qui mangeaient des mets du roi.
16 Porro Málasar
tollébat cibária, et vinum potus eórum : dabátque eis legúmina.
16. Malasar donc enlevait les mets et le vin qu’on leur servait pour boire, et leur donnait des légumes.
17 Púeris autem his dedit Deus sciéntiam et
disciplínam, in omni libro et sapiéntia : Daniéli autem intelligéntiam
ómnium visiónum et somniórum.
17. Or à ces jeunes hommes Dieu donna la science et la connaissance de tout livre et de toute sagesse, mais à Daniel l’intelligence de toutes les visions et de tous les songes.
18 Complétis
ítaque diébus, post quos díxerat rex ut introduceréntur, introdúxit eos
præpósitus eunuchórum in conspéctu Nabuchodónosor.
18. C’est pourquoi étant accomplis les jours après lesquels le roi avait dit qu’ils seraient introduits, le préposé des eunuques les introduisit devant Nabuchodonosor.
19 Cumque eis locútus fuísset rex, non sunt invénti
tales de univérsis, ut Dániel, Ananías, Mísaël, et Azarías : et stetérunt
in conspéctu regis.
19. Et lorsque le roi leur eut parlé, il ne se trouva point parmi tous les autres de jeunes hommes tels que Daniel, Ananias, Misaël et Azarias ; et ils demeurèrent en présence du roi.
20 Et omne verbum sapiéntiæ et intelléctus, quod
sciscitátus est ab eis rex, invénit in eis decúplum super cunctos aríolos et
magos qui erant in univérso regno ejus.
20. Et sur toute question de sagesse et d’intelligence que leur fit le roi, il trouva en eux dix fois plus que dans tous les devins et les mages qui étaient dans tout son royaume.
21 Fuit autem Dániel usque ad annum primum Cyri regis.
21. Or Daniel fut à la cour jusqu’à la première année du roi Cyrus.
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CHAP. I. 21. Infra. VI, 28.
1-21. * Ire Partie : Partie historique, I-VI. — Le but de cette partie du livre de Daniel n’est point de donner une histoire sommaire de la captivité ou de la vie du Prophète, mais de nous faire connaitre les moyens que Dieu employa, pendant cette période de châtiment et de désolation, pour consoler, encourager et soutenir Israël, en lui montrant que Dieu ne l’avait pas abandonné. — 1° Le premier chapitre forme l’introduction à tout le livre, en nous apprenant comment Daniel fut élevé à la cour même du roi.
1. En la troisième année, etc. Nabuchodonosor partit de Babylone vers la fin de cette année, et vint former le siège de Jérusalem du commencement de la suivante (Jer. XXV, 1). — * La troisième année du règne de Joakim est l’an 606 avant J.-C. — Sur Nabuchodonosor, voir Jer. XXI, 2.
2. La terre de Sennaar ; ancien nom de la Babylonie (Gen. X, 10). — Son dieu ; Bel ou Belus, dont le temple était le plus riche et le plus somptueux de tous ceux de Babylone.
3. Préposé des eunuques (præpositus eunuchorum) ; c’est-à-dire, chef des officiers de la cour. On donnait communément le nom d’eunuques aux officiers du palais des rois d’Orient, parce que pour l’ordinaire ils étaient réellement eunuques. — Des princes ; des premiers par le rang ; c’est le vrai sens du tyrannorum de la Vulgate, expliqué par l’hébreu ou plutôt par l’idiome des anciens Perses, car l’hébreu Phartemin ou Partemîn, tire probablement son origine de Pardomim, qui signifie en effet les grands, les premiers (primi, magnates). Nous dirons de même des différentes leçons des Septante, (partommein, porthemmein, phortommin, porthommein).
4. De jeunes hommes (pueros). Tout ce qui est dit de Daniel et de ses compagnons dans ce chapitre et les suivants, prouve qu’ils étaient au moins adolescents. D’ailleurs le terme hébreu est pris plus d’une fois dans ce sens, aussi bien que le mot latin puer, qui se dit d’un garçon de 17 ans, et que Cicéron lui-même a appliqué à Octave âgé de 19 ans. — Les lettres (litteras) ; les caractères, l’écriture des Chaldéens qui différait de celle des Hébreux. C’est aussi le sens du texte original, et en particulier des Septante qui traduisent d’ailleurs (vers. 17) le même mot hébreu par grammaire. — * L’écriture cunéiforme ou assyrienne, qu’on enseignait dans l’école royale, était très compliquée et fort difficile à apprendre. On enseignait de plus, dans cette école, une langue antique, nécessaire pour bien comprendre les monuments anciens, la grammaire, l’histoire, la géographie, l’astronomie, les sciences magiques, etc. C’est ce que nous attestent les livres écrits sur des tablettes d’argile, qui formaient les bibliothèques assyro-chaldéennes, et dont des restes considérables ont été retrouvés.
5. En présence du roi ; pour le servir.
7. Leur donna des noms. Le changement des noms était une marque de domaine et d’autorité ; les maitres, en prenant des esclaves, leur donnaient de nouveaux noms. — * En assyrien, Abdenago devait s’appeler Abed-Nébo, ce qui signifie « serviteur du dieu Nébo. » La signification exacte de Sidrach et de Misach est inconnue. — Baltassar. La véritable forme assyrienne est Balatsu-usur, (Dieu) protège sa vie.
8. Daniel résolut, etc. Les païens mangeaient indifféremment de toutes sortes de viandes, et par conséquent de celles qui étaient défendues aux Juifs (Lev. XI ; Deut. XIV). De plus ils consacraient à leurs dieux tout ce qui était servi sur la table.
9. Le prince ; est le même que le préposé des eunuques.
11.* Malasar est un titre de dignité.
17. Livre (liber). La Vulgate a traduit (vers. 4) par lettres, le même mot hébreu qu’elle rend ici par livre. Voy. le vers. 4. — De toutes les visions, etc., envoyées de Dieu lui-même.
19. En présence du roi ; pour le servir. Compar. vers. 5.
20. Dix fois plus de lumières, de connaissances.
21. Daniel fut,
etc. Compar. VI, 28 ; X, 1 ; XIV, 1.
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Songe de Nabuchodonosor, statue composée de quatre métaux. Les devins de Chaldée ne peuvent pas faire connaitre au roi ce songe qu’il avait oublié. Daniel le lui fait connaitre et le lui explique. Honneurs que Nabuchodonosor fait à Daniel.
1 In anno secúndo regni Nabuchodónosor, vidit Nabuchodónosor
sómnium, et contérritus est spíritus ejus, et sómnium ejus fugit ab eo.
1. En la seconde année du règne de Nabuchodonosor, Nabuchodonosor vit un songe, et son esprit fut extrêmement effrayé ; et son songe s’enfuit de lui.
2 Præcépit autem rex ut convocaréntur aríoli, et magi, et maléfici, et Chaldǽi, ut indicárent regi sómnia sua. Qui cum veníssent, stetérunt coram rege.
2. Or le roi ordonna qu’on assemblât les devins, les mages et les enchanteurs, et les Chaldéens, afin qu’ils indiquassent au roi ses songes ; ceux-ci, lorsqu’ils furent venus, se tinrent devant le roi.
3 Et dixit ad
eos rex : Vidi sómnium, et mente confúsus ignóro quid vidérim.
3. Et le roi leur dit : J’ai vu un songe, et, troublé d’esprit, j’ignore ce que j’ai vu.
4 Responderúntque Chaldǽi regi syríace : Rex,
in sempitérnum vive ! dic sómnium servis tuis, et interpretatiónem ejus
indicábimus.
4. Et les Chaldéens répondirent au roi en Syriaque : Roi, vivez à jamais ; dites le songe à vos serviteurs, et nous en donnerons l’interprétation.
5 Et respóndens rex ait Chaldǽis : Sermo
recéssit a me : nisi indicavéritis mihi sómnium, et conjectúram ejus,
períbitis vos, et domus vestræ publicabúntur.
5. Et répondant, le roi dit aux Chaldéens : La chose m’est échappée de la mémoire, si vous ne m’indiquez le songe et sa signification, vous périrez, vous, et vos maisons seront confisquées.
6 Si autem sómnium, et conjectúram ejus narravéritis, prǽmia, et dona, et honórem multum accipiétis a me. Sómnium ígitur, et interpretatiónem ejus indicáte mihi.
6. Mais si vous me dites le songe et sa signification, vous recevrez de moi des dons, des présents et de grands honneurs ; dites-moi donc mon songe et son interprétation.
7
Respondérunt secúndo, atque dixérunt : Rex sómnium dicat servis suis, et
interpretatiónem illíus indicábimus.
7. Ils lui répondirent pour la seconde fois, et ils dirent : Que le roi dise le songe à ses serviteurs, et nous lui en donnerons l’interprétation.
8
Respóndit rex, et ait : Certe novi quod tempus redímitis, sciéntes quod
recésserit a me sermo.
8. Le roi répondit et dit : Certainement, je reconnais que vous cherchez à gagner du temps, parce que vous savez que la chose m’est échappée de la mémoire.
9 Si ergo
sómnium non indicavéritis mihi, una est de vobis senténtia, quod
interpretatiónem quoque fallácem, et deceptióne plenam composuéritis, ut
loquámini mihi donec tempus pertránseat. Sómnium ítaque dícite mihi, ut sciam
quod interpretatiónem quoque ejus veram loquámini.
9. Si donc vous ne m’indiquez pas le songe, je n’aurai qu’une opinion de vous, c’est que vous avez même préparé une interprétation fallacieuse et pleine de déception, afin de me la dire, jusqu’à ce que le temps se passe. C’est pourquoi dites-moi le songe, afin que je sache que vous donnerez aussi sa véritable interprétation.
10 Respondéntes ergo Chaldǽi coram rege,
dixérunt : Non est homo super terram, qui sermónem tuum, rex, possit implére :
sed neque regum quisquam magnus et potens verbum hujuscémodi sciscitátur ab
omni aríolo, et mago, et Chaldǽo.
10. Répondant donc, les Chaldéens dirent devant le roi : Il n’y a pas d’homme sur la terre qui puisse, ô roi, accomplir votre parole ; et aucun roi, grand et puissant, ne fait de question de cette sorte à aucun devin, à aucun mage, à aucun Chaldéen.
11 Sermo
enim, quem tu quæris, rex, gravis est : nec reperiétur quisquam qui
índicet illum in conspéctu regis, excéptis diis, quorum non est cum homínibus
conversátio.
11. Car ce que vous demandez, ô roi, est difficile ; et il ne se trouvera personne qui puisse l’indiquer en présence du roi, excepté les dieux, qui n’ont point de commerce avec les hommes.
12 Quo
audíto, rex, in furóre et in ira magna, præcépit ut perírent omnes sapiéntes
Babylónis.
12. Ce qu’ayant entendu, le roi, en fureur, et dans une grande colère, ordonna que tous les sages de Babylone périraient.
13 Et egréssa senténtia, sapiéntes
interficiebántur : quærebantúrque Dániel et sócii ejus, ut perírent.
13. Et, la sentence promulguée, les sages étaient mis à mort ; et l’on cherchait Daniel et ses compagnons, afin qu’ils périssent.
14 Tunc Dániel requisívit de lege atque senténtia ab
Arioch príncipe milítiæ regis, qui egréssus fúerat ad interficiéndos sapiéntes
Babylónis.
14. Alors Daniel s’informa de la loi et de la sentence auprès d’Arioch, prince de la milice du roi, qui était sorti pour faire mourir les sages de Babylone.
15 Et interrogávit eum, qui a rege potestátem accéperat, quam ob causam tam crudélis senténtia a fácie regis esset egréssa. Cum ergo rem indicásset Arioch Daniéli,
15. Et il lui demanda à lui qui avait reçu pouvoir du roi, pour quel motif une si cruelle sentence était émanée du roi. Lors donc qu’Arioch eut indiqué la chose à Daniel.
16 Dániel ingréssus rogávit regem ut tempus daret sibi ad solutiónem indicándam regi.
16. Daniel, étant entré, pria le roi de lui accorder quelque temps pour indiquer la solution au roi.
17 Et
ingréssus est domum suam, Ananiǽque et Misaéli et Azaríæ, sóciis suis,
indicávit negótium,
17. Et, étant entré dans sa maison, il fit part de la chose à ses compagnons Ananias, Misaël et Azarias,
18 ut
quǽrerent misericórdiam a fácie Dei cæli super sacraménto isto, et non perírent
Dániel et sócii ejus cum céteris sapiéntibus Babylónis.
18. Afin qu’ils implorassent la miséricorde de la face du Dieu du ciel, au sujet de ce secret, et que Daniel et ses compagnons ne périssent point avec les autres sages de Babylone.
19 Tunc
Daniéli mystérium per visiónem nocte revelátum est : et benedíxit Dániel
Deum cæli,
19. Alors le mystère fut découvert à Daniel dans une vision, durant la nuit ; et Daniel bénit le Dieu du ciel.
20 et locútus
ait : Sit nomen Dómini benedíctum a sǽculo et usque in sǽculum : quia
sapiéntia et fortitúdo ejus sunt.
20. Et ayant parlé, il dit : Que le nom du Seigneur soit béni d’un siècle jusqu’à un autre siècle, parce que la sagesse et la force sont à lui.
21 Et ipse
mutat témpora, et ætátes : transfert regna, atque constítuit : dat
sapiéntiam sapiéntibus, et sciéntiam intelligéntibus disciplínam.
21. Et c’est lui qui change les temps et les âges, qui transfère les royaumes et les établit, qui donne la sagesse aux sages et la science à ceux qui comprennent l’instruction.
22 Ipse
revélat profúnda et abscóndita, et novit in ténebris constitúta : et lux
cum eo est.
22. C’est lui qui révèle les choses profondes et cachées, qui connait ce qui se trouve dans les ténèbres, et la lumière est avec lui.
23 Tibi, Deus patrum nostrórum, confíteor, teque
laudo, quia sapiéntiam et fortitúdinem dedísti mihi, et nunc ostendísti mihi
quæ rogávimus te, quia sermónem regis aperuísti nobis.
23. C’est vous, Dieu de nos pères, que je célèbre, c’est vous que je loue, parce que vous m’avez donné la sagesse et la force, et que vous m’avez montré maintenant ce que nous vous avons demandé, puisque vous nous avez révélé la parole du roi.
24 Post hæc Dániel ingréssus ad Arioch, quem
constitúerat rex ut pérderet sapiéntes Babylónis, sic ei locútus est :
Sapiéntes Babylónis ne perdas : íntroduc me in conspéctu regis, et
solutiónem regi narrábo.
24. Après cela, Daniel étant entré chez Arioch, que le roi avait établi pour perdre les sages de Babylone, il lui parla ainsi : Ne perdez point les sages de Babylone ; introduisez-moi en présence du roi, et je donnerai la solution au roi.
25 Tunc Arioch
festínus introdúxit Daniélem ad regem, et dixit ei : Invéni hóminem de
fíliis transmigratiónis Juda, qui solutiónem regi annúntiet.
25. Alors Arioch, se hâtant, introduisit Daniel auprès du roi, et lui dit : J’ai trouvé un homme d’entre les fils de la transmigration de Juda, lequel donnera au roi la solution.
26 Respóndit
rex, et dixit Daniéli, cujus nomen erat Baltássar : Putásne vere potes
mihi indicáre sómnium, quod vidi, et interpretatiónem ejus ?
26. Le roi répondit, et dit à Daniel, dont le nom était Baltassar : Penses-tu que tu peux véritablement dire mon songe, et son interprétation ?
27 Et
respóndens Dániel coram rege, ait : Mystérium, quod rex intérrogat,
sapiéntes, magi, aríoli, et arúspices néqueunt indicáre regi :
27. Et répondant, Daniel dit devant le roi : Le mystère sur lequel le roi m’interroge, les sages, les mages, les devins et les augures ne peuvent le découvrir au roi.
28 sed est Deus in cælo revélans mystéria, qui
indicávit tibi, rex Nabuchodónosor, quæ ventúra sunt in novíssimis tempóribus.
Sómnium tuum, et visiónes cápitis tui in cubíli tuo hujuscémodi sunt.
28. Mais il est un Dieu dans le ciel qui révèle les mystères et qui vous a montré, roi Nabuchodonosor, les choses qui doivent arriver dans les derniers temps. Votre songe et les visions de votre tête dans votre lit sont de cette sorte :
29 Tu, rex,
cogitáre cœpísti in strato tuo, quid esset futúrum post hæc : et qui
revélat mystéria, osténdit tibi quæ ventúra sunt.
29. Vous, ô roi, vous avez commencé à penser dans votre lit ce qui devait arriver dans la suite, et celui qui révèle les mystères vous a montré les choses à venir.
30 Mihi
quoque non in sapiéntia, quæ est in me plus quam in cunctis vivéntibus,
sacraméntum hoc revelátum est : sed ut interpretátio regi manifésta
fíeret, et cogitatiónes mentis tuæ scires.
30. À moi aussi ce secret m’a été révélé, non par une sagesse qui est en moi plus qu’en tous les êtres vivants, mais afin que l’interprétation devînt manifeste pour le roi, et que vous connussiez les pensées de votre esprit.
31 Tu, rex,
vidébas, et ecce quasi státua una grandis : státua illa magna, et statúra
sublímis stabat contra te, et intúitus ejus erat terríbilis.
31. Vous, ô roi, vous voyiez, et voilà comme une grande statue ; et cette statue grande et considérable par la hauteur, se tenait debout devant vous et son regard était terrible.
32 Hujus státuæ caput ex auro óptimo erat, pectus autem et bráchia de argénto, porro venter et fémora ex ære,
32. La tête de cette statue était d’or très pur ; mais la poitrine et les bras d’argent ; et le ventre et les cuisses d’airain ;
33 tíbiæ
autem férreæ : pedum quædam pars erat férrea, quædam autem fíctilis.
33. Mais les jambes de fer ; une partie des pieds était de fer, mais l’autre d’argile.
34 Vidébas
ita, donec abscíssus est lapis de monte sine mánibus : et percússit
státuam in pédibus ejus férreis et fictílibus, et commínuit eos.
34. Vous voyiez ainsi, jusqu’à ce qu’une pierre fut détachée de la montagne sans les mains d’aucun homme, et elle frappa la statue dans ses pieds de fer, et d’argile, et elle les mit en pièces.
35
Tunc contríta sunt páriter ferrum, testa, æs,
argéntum, et aurum, et redácta quasi in favíllam
æstívæ áreæ, quæ rapta sunt
vento, nullúsque locus invéntus est eis : lapis
autem, qui percússerat
státuam, factus est mons magnus, et implévit
univérsam terram.
35. Alors furent brisés ensemble le fer, l’argile, l’airain, l’argent et l’or, et ils devinrent comme la cendre brulante d’une aire d’été ; et ils furent emportés par le vent ; et il ne se trouva aucun lieu pour eux ; mais la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne et remplit toute la terre.
36 Hoc est sómnium : interpretatiónem quoque ejus dicémus coram te, rex.
36. Voilà le songe ; son interprétation, nous la dirons devant vous aussi, ô roi.
37 Tu rex regum es : et Deus cæli regnum, et
fortitúdinem, et impérium, et glóriam dedit tibi :
37. C’est vous qui êtes le roi des rois ; et le Dieu du ciel vous a donné le royaume, et la force, et l’empire, et la gloire,
38 et ómnia, in quibus hábitant fílii hóminum, et
béstiæ agri : vólucres quoque cæli dedit in manu tua, et sub ditióne tua
univérsa constítuit : tu es ergo caput áureum.
38. Et tous les lieux dans lesquels habitent les fils des hommes et les bêtes de la campagne ; il a mis aussi les oiseaux du ciel en votre main, et sous votre puissance il a établi toutes choses ; c’est donc vous qui êtes la tête d’or.
39 Et post te consúrget regnum áliud minus te
argénteum : et regnum tértium áliud ǽreum, quod imperábit univérsæ terræ.
39. Et après vous s’élèvera un royaume moindre que vous, un royaume d’argent, puis un autre, un troisième royaume d’airain, qui commandera à toute la terre.
40 Et regnum quartum erit velut ferrum :
quómodo ferrum commínuit, et domat ómnia, sic commínuet, et cónteret ómnia hæc.
40. Et le quatrième royaume sera comme le fer : de même que le fer brise et dompte toutes choses, de même il brisera et réduira en poudre tous ces autres royaumes.
41 Porro quia vidísti pedum, et digitórum partem
testæ fíguli, et partem férream, regnum divísum erit : quod tamen de
plantário ferri oriétur, secúndum quod vidísti ferrum mistum testæ ex luto.
41. Mais parce que vous avez vu qu’une partie des pieds et des doigts des pieds était d’argile, et une partie de fer, le royaume sera divisé, quoiqu’il tirera son origine du fer, selon que vous avez vu le fer mêlé à l’argile fangeuse.
42 Et dígitos pedum ex parte férreos, et ex parte fíctiles : ex parte regnum erit sólidum, et ex parte contrítum.
42. Et comme vous avez vu les doigts des pieds, en partie de fer, et en partie d’argile fangeuse, le royaume sera en partie affermi, et en partie brisé.
43 Quod autem
vidísti ferrum mistum testæ ex luto, commiscebúntur quidem humáno sémine, sed
non adhærébunt sibi, sicut ferrum miscéri non potest testæ.
43. Et, parce que vous avez vu le fer mêlé avec l’argile, ils se mêleront, il est vrai, par des alliances humaines ; mais ils ne s’uniront pas, comme le fer ne peut se mêler avec l’argile.
44 In diébus autem regnórum illórum suscitábit Deus
cæli regnum, quod in ætérnum non dissipábitur, et regnum ejus álteri pópulo non
tradétur : commínuet autem, et consúmet univérsa regna hæc, et ipsum
stabit in ætérnum.
44. Mais dans les jours de ces royaumes, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui jamais ne sera détruit, et son royaume ne sera pas donné à un autre peuple ; or il mettra en pièces et consumera tous ces royaumes ; et il subsistera lui-même éternellement.
45 Secúndum quod vidísti, quod de monte abscíssus est
lapis sine mánibus, et commínuit testam, et ferrum, et æs, et argéntum, et
aurum, Deus magnus osténdit regi quæ ventúra sunt póstea : et verum est
sómnium, et fidélis interpretátio ejus.
45. Selon que vous avez vu qu’une pierre fut détachée de la montagne sans les mains d’aucun homme, et qu’elle mit en pièces l’argile et le fer, et l’airain et l’argent, et l’or, le grand Dieu a montré au roi les choses qui doivent arriver dans la suite ; et véritable est le songe, et fidèle son interprétation.
46 Tunc rex
Nabuchodónosor
cécidit in fáciem suam, et Daniélem
adorávit, et hóstias, et incénsum
præcépit
ut sacrificárent ei.
46. Alors le roi Nabuchodonosor tomba sur sa face, et adora Daniel ; et il ordonna qu’on lui offrît des hosties et de l’encens.
47 Loquens
ergo rex, ait Daniéli : Vere Deus vester Deus deórum est, et Dóminus
regum, et revélans mystéria : quóniam tu potuísti aperíre hoc sacraméntum.
47. Parlant donc, le roi dit à Daniel : Véritablement votre Dieu est le Dieu des dieux, et le Seigneur des rois ; et il révèle les mystères, puisque toi, tu as pu découvrir ce secret.
48 Tunc rex
Daniélem in sublíme éxtulit, et múnera multa et magna dedit ei : et
constítuit eum príncipem super omnes províncias Babylónis, et præféctum
magistrátuum super cunctos sapiéntes Babylónis.
48. Alors le roi éleva Daniel en honneur et lui fit de nombreux et de grands présents, et il l’établit prince sur toutes les provinces de Babylone, et chef des magistrats au-dessus de tous les sages de Babylone.
49 Dániel autem postulávit a rege, et constítuit super ópera provínciæ
Babylónis Sidrach, Misach, et Abdénago : ipse autem Dániel erat in fóribus
regis.
49. Or Daniel demanda au roi, et le roi préposa aux affaires de la province de Babylone, Sidrach, Misach et Abdenago ; mais lui-même Daniel était à la porte du roi.
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CHAP. II.
1-49. * 2° Le second chapitre contient le récit d’un songe de Nabuchodonosor, en 602 ou 603, et l’explication qu’en donna Daniel. Le roi avait vu une statue dont la tête était d’or, la poitrine et les bras d’argent, le ventre et les cuisses de bronze, les jambes de fer, une partie des pieds de fer et l’autre d’argile. Le Prophète expliqua au roi, comme Joseph l’avait fait autrefois au pharaon, la signification du songe. Les diverses parties de la statue marquaient les empires qui devaient se succéder dans le monde : la tête d’or, c’est l’empire de Nabuchodonosor ; la poitrine d’argent, c’est l’empire médo-perse ; le ventre de bronze, c’est l’empire d’Alexandre et les royaumes des Séleucides et des Ptolémées, la Syrie et l’Égypte, qui en sont issus ; les jambes de fer, c’est l’empire romain qui brise et écrase tout ; les pieds, moitié argile, moitié fer, c’est ce même empire divisé en empire d’Orient et empire d’Occident. Une petite pierre détachée de la montagne, c’est-à-dire Jésus-Christ, renverse le colosse, et Dieu fonde le royaume éternel de son Église.
1. * La seconde année. Probablement la seconde année du règne de Nabuchodonosor, depuis la mort de son père Nabopolassar (602).
2. Les Chaldéens ; probablement les prêtres chaldéens adonnés à l’astrologie. — * Les devins, les mages, etc., sont les diverses classes de magiciens qu’on distinguait à Babylone, où la magie était si cultivée que chaldéen devint synonyme de magiciens.
4. En syriaque ; selon le texte hébreu, en araméen, c’est-à-dire en chaldéen et en syriaque ; car anciennement ces deux langues n’en faisaient qu’une (IV Reg. XVIII, 26 ; I Esd. IV, 7) ; et quoique depuis elles aient formé deux idiomes, d’ailleurs fort rapprochés, on les a toujours comprises l’une et l’autre sous la dénomination commune de langue araméenne. — Depuis ce verset jusqu’à la fin du chap. VII, le texte primitif est écrit en chaldéen. — * En syriaque ou en araméen ne signifie pas que les Chaldéens parlèrent au roi en cette langue, mais que ce qui suit dans le livre du Prophète est écrit en syriaque. Après : un roi, il faudrait un point. En syriaque est une indication donnée au lecteur.
5, 8. La chose ; le songe ; selon d’autres, la parole ; c’est-à-dire l’ordre, le commandement est émané de moi.
10. * Les livres de magie chaldéens, dont plusieurs sont parvenus jusqu’à nous, donnent l’interprétation des différentes choses qu’on peut voir en songe, mais ils ne peuvent apprendre quel a été le songe sur lequel on consulte ; Dieu seul peut faire cette révélation.
13. Les sages étaient mis à mort (interficiebantur). D’après ces paroles on avait déjà commencé à exécuter la sentence du roi ; celles du vers. 24 ne disent pas formellement le contraire.
14. * Arioch ; en assyrien : Eriaku, signifie, d’après quelques-uns, serviteur du dieu Lune.
15. Émanée du roi ; littér. sortie de la face du roi. Compar. vers. 19.
23. La sagesse et la force qui nous étaient nécessaires pour nous délivrer d’un si grand danger.
24. La solution ; l’éclaircissement qu’il demande.
28. Les derniers temps, dans l’Ancien Testament, et surtout dans le style des prophètes, désignent ordinairement l’avènement du Messie, et l’établissement de son règne. Compar. Is. II, 2. — Les visions, etc., sont la même chose que votre songe. — L’expression vision de la tête, familière à Daniel, veut dire, vision qui ne vient pas dans l’esprit par la vue des objets extérieurs, mais qui est formée uniquement dans le cerveau.
35. Comme la cendre brulante d’une aire d’été ; toute autre traduction ferait évidemment violence au texte de la Vulgate (Quasi in favillam æstivæ areæ). Quant au terme chaldéen hour, qui peut très bien signifier les ordures qui restent sur l’aire, après qu’on a battu les grains, rien n’empêche de supposer qu’on brulait ces ordures, dont la cendre était emportée par le vent ; et que c’est à cela que fait allusion l’écrivain sacré. Ajoutons que le mot grec des Septante koniortos signifie, entre autres choses, cendre enlevée par le vent.
37. Le roi des rois ; titre ordinaire que prenaient aussi les rois de Perse. Nabuchodonosor était alors le plus grand roi du monde.
38. Les fils des hommes ; expression poétique, signifiant simplement, les hommes.
39. Un royaume moindre, etc. ; c’est le royaume Médico-Persique fondé par Darius le Mède et Cyrus, et qui fut moindre en effet que l’empire babylonien, tant par la durée que par l’étendue et la puissance. — Un troisième royaume, l’empire des Grecs, fondé par Alexandre le Grand.
40. Le quatrième royaume, l’empire romain, qui brisa et mit en poudre tous les royaumes qui subsistaient avant lui dans l’Europe, dans l’Afrique et dans presque toute l’Asie.
41-43. Tout ceci regarde le dernier âge de l’empire romain depuis Auguste. L’ancienne vigueur de la république romaine s’énerva sous le gouvernement des empereurs, représentés par les pieds de la statue.
44. Un royaume qui jamais, etc. Ce royaume éternel est celui du Messie qui prit naissance sous Auguste, le premier empereur des Romains, et qui n’a jamais passé au pouvoir d’un autre peuple.
45. Une pierre, etc. C’est Jésus-Christ, né d’une vierge, et qui a établi son royaume sur la terre sans le concours d’aucune puissance humaine. Il a frappé les pieds du colosse, c’est-à-dire de l’empire idolâtre des Romains.
49. À la porte du roi ; près de la personne du roi.
²
Statue d’or dressée par Nabuchodonosor. Les trois compagnons de Daniel refusent d’adorer cette statue ; ils sont jetés dans une fournaise ardente. Dieu les y conserve. Prière d’Azarias. Cantique d’Azarias et de ses compagnons. Ordonnance de Nabuchodonosor en faveur de la religion des Juifs.
1 Nabuchodónosor rex fecit státuam áuream, altitúdine cubitórum sexagínta,
latitúdine cubitórum sex, et státuit eam in campo Dura, provínciæ Babylónis.
1. Le roi Nabuchodonosor fit une statue d’or de soixante coudées de hauteur, de six coudées de largeur, et la plaça dans le champ de Dura, de la province de Babylone.
2
Itaque Nabuchodónosor rex misit ad congregándos
satrápas, magistrátus, et júdices, duces, et
tyránnos, et præféctos, omnésque
príncipes regiónum, ut convenírent ad
dedicatiónem státuæ quam eréxerat
Nabuchodónosor
rex.
2. C’est pourquoi le roi Nabuchodonosor envoya pour rassembler les satrapes, les magistrats et les juges, les chefs de l’armée, et les princes, et les intendants, et tous les gouverneurs de provinces, afin qu’ils vinssent ensemble à la dédicace de la statue qu’avait élevée le roi Nabuchodonosor.
3 Tunc congregáti sunt satrápæ, magistrátus, et júdices, duces, et tyránni, et optimátes, qui erant in potestátibus constitúti, et univérsi príncipes regiónum, ut convenírent ad dedicatiónem státuæ, quam eréxerat Nabuchodónosor rex. Stabant autem in conspéctu státuæ, quam posúerat Nabuchodónosor rex :
3. Alors s’assemblèrent les satrapes, les magistrats et les juges, les chefs de l’armée, et les premiers par le rang, et les grands qui étaient constitués en puissance, et tous les gouverneurs de provinces, afin qu’ils vinssent ensemble à la dédicace de la statue qu’avait posée le roi Nabuchodonosor ;
4 et præco clamábat valénter : Vobis dícitur
pópulis, tríbubus, et linguis :
4. Et un héraut criait fortement : Il vous est dit à vous, peuples tribus et langues :
5
in hora qua audiéritis sónitum tubæ, et
fístulæ,
et cítharæ, sambúcæ, et psaltérii, et
symphóniæ, et univérsi géneris
musicórum,
cadéntes adoráte státuam áuream, quam
constítuit Nabuchodónosor rex.
5. À l’heure à laquelle vous entendrez le son de la trompette, et de la flute, et de la harpe, de la sambuque, et du psaltérion, et de la symphonie, et de toute espèce de musique, tombant à terre, adorez la statue d’or qu’a élevée le roi Nabuchodonosor.
6 Si quis autem non prostrátus adoráverit, eádem
hora mittétur in fornácem ignis ardéntis.
6. Si quelqu’un ne se prosterne pas pour adorer, à la même heure il sera jeté dans la fournaise d’un feu ardent.
7 Post hæc
ígitur, statim ut audiérunt omnes pópuli
sónitum tubæ, fístulæ, et
cítharæ,
sambúcæ, et psaltérii, et symphóniæ,
et omnis géneris musicórum, cadéntes omnes
pópuli, tribus, et linguæ adoravérunt
státuam áuream, quam constitúerat
Nabuchodónosor
rex.
7. Après cela donc, dès que tous les peuples eurent entendu le son de la trompette, de la flute et de la harpe, de la sambuque, et du psaltérion, et de la symphonie, et de toute espèce de musique, tombant à terre, tous les peuples, les tribus et les langues, adorèrent la statue d’or qu’avait élevée le roi Nabuchodonosor.
8 Statímque in ipso témpore accedéntes viri Chaldǽi accusavérunt Judǽos :
8. Et aussitôt dans ce temps-là même, des hommes des Chaldéens, s’approchant, accusèrent les Juifs ;
9
dixerúntque Nabuchodónosor regi : Rex, in ætérnum vive !
9. Et ils dirent au roi Nabuchodonosor : Roi, vivez à jamais ;
10 tu, rex,
posuísti decrétum, ut omnis homo, qui audíerit
sónitum tubæ, fístulæ, et
cítharæ, sambúcæ, et psaltérii, et
symphóniæ, et univérsi géneris
musicórum,
prostérnat se, et adóret státuam
áuream :
10. C’est vous, roi, qui avez rendu ce décret, que tout homme qui aura ouï le son de la trompette, de la flute, et de la harpe, de la sambuque, et du psaltérion, et de la symphonie, et de toute sorte de musique, se prosterne et adore la statue d’or ;
11 si quis
autem non prócidens adoráverit, mittátur in fornácem ignis ardéntis.
11. Et que si quelqu’un ne se prosterne pas et ne l’adore pas, qu’il soit jeté dans la fournaise d’un feu ardent.
12 Sunt ergo
viri Judǽi, quos constituísti super ópera regiónis Babylónis, Sidrach, Misach,
et Abdénago : viri isti contempsérunt, rex, decrétum tuum : deos tuos
non colunt, et státuam áuream, quam erexísti, non adórant.
12. Et voilà que des hommes juifs que vous avez préposés aux affaires de la province de Babylone, Sidrach, Misach et Abdenago, voilà que ces hommes, ô roi, ont méprisé votre décret ; ils n’honorent point vos dieux, et la statue d’or que vous avez érigée, ils ne l’adorent pas.
13 Tunc Nabuchodónosor,
in furóre et in ira, præcépit ut adduceréntur Sidrach, Misach, et Abdénago :
qui conféstim addúcti sunt in conspéctu regis.
13. Alors Nabuchodonosor, en fureur et en colère, ordonna que Sidrach, Misach et Abdenago fussent amenés ; lesquels furent aussitôt conduits en la présence du roi.
14
Pronuntiánsque Nabuchodónosor rex, ait eis : Veréne Sidrach, Misach, et Abdénago,
deos meos non cólitis, et státuam áuream, quam constítui, non adorátis ?
14. Et prenant la parole, le roi Nabuchodonosor leur dit : Est-il vrai, Sidrach, Misach et Abdenago, que vous n’honorez pas mes dieux, et que la statue d’or que j’ai élevée, vous ne l’adorez pas ?
15 nunc ergo
si estis paráti, quacúmque hora audiéritis
sónitum tubæ, fístulæ, cítharæ,
sambúcæ, et psaltérii, et symphóniæ,
omnísque géneris musicórum, prostérnite
vos, et adoráte státuam, quam feci : quod si non
adoravéritis, eádem hora
mittémini in fornácem ignis ardéntis : et
quis est Deus, qui erípiet vos
de manu mea ?
15. Maintenant donc, si vous êtes prêts à obéir, à quelque heure que vous entendiez le son de la trompette, de la flute, de la harpe, de la sambuque et du psaltérion, et de la symphonie, et de toutes sortes de musiques, prosternez-vous, et adorez la statue que j’ai faite ; que si vous ne l’adorez pas, à la même heure vous serez jetés dans la fournaise d’un feu ardent ; et qui est le Dieu qui vous arrachera de ma main ?
16
Respondéntes Sidrach, Misach, et Abdénago, dixérunt regi Nabuchodónosor :
Non opórtet nos de hac re respondére tibi.
16. Sidrach, Misach et Abdenago, répondant, dirent au roi Nabuchodonosor : Il n’est pas besoin que nous vous répondions sur ce sujet.
17 Ecce enim
Deus noster, quem cólimus, potest erípere nos de camíno ignis ardéntis, et de
mánibus tuis, o rex, liberáre.
17. Car voilà que notre Dieu que nous honorons peut nous retirer de la fournaise d’un feu ardent, et nous délivrer, ô roi, de vos mains.
18 Quod si
nolúerit, notum sit tibi, rex, quia deos tuos non cólimus, et státuam áuream,
quam erexísti, non adorámus.
18. Que s’il ne le veut pas, sachez, ô roi, que nous n’honorons pas vos dieux, et que la statue que vous avez érigée, nous ne l’adorons pas.
19 Tunc Nabuchodónosor
replétus est furóre, et aspéctus faciéi illíus immutátus est super Sidrach, Misach,
et Abdénago : et præcépit ut succenderétur fornax séptuplum quam succéndi
consuéverat.
19. Alors Nabuchodonosor fut rempli de fureur ; et l’aspect de sa face fut changé pour Sidrach, Misach et Abdenago, et il ordonna que la fournaise fut embrasée sept fois plus qu’on n’avait coutume de l’embraser.
20 Et viris
fortíssimis de exércitu suo jussit ut ligátis pédibus Sidrach, Misach, et Abdénago,
mítterent eos in fornácem ignis ardéntis.
20. Et il commanda aux hommes les plus forts de son armée de lier les pieds de Sidrach, Misach et Abdenago, et de les jeter dans la fournaise du feu ardent.
21 Et conféstim viri illi vincti, cum braccis suis,
et tiáris, et calceaméntis, et véstibus, missi sunt in médium fornácis ignis
ardéntis :
21. Et aussitôt ces trois hommes-ci, ayant été liés, ils furent jetés, avec leurs chausses, et leurs tiares, et leurs chaussures, et leurs vêtements, au milieu de la fournaise du feu ardent.
22 nam
jússio regis urgébat. Fornax autem succénsa erat nimis : porro viros
illos, qui míserant Sidrach, Misach, et Abdénago, interfécit flamma ignis.
22. Car le commandement du roi pressait, et la fournaise était extrêmement embrasée. Or, les hommes qui avaient jeté Sidrach, Misach et Abdenago, la flamme du feu les consuma.
23 Viri autem hi tres, id est, Sidrach, Misach, et Abdénago,
cecidérunt in médio camíno ignis ardéntis, colligáti.
23. Mais ces trois hommes, c’est-à-dire Sidrach, Misach et Abdenago tombèrent liés au milieu de la fournaise du feu ardent.
Quæ sequúntur in hebrǽis volumínibus non réperi.
Ce qui suit, je ne l’ai pas trouvé dans les volumes hébreux.
24 Et
ambulábant in médio flammæ, laudántes Deum, et benedicéntes Dómino.
24. Et ils marchaient au milieu de la flamme, louant et bénissant le Seigneur.
25 Stans
autem Azarías orávit sic, aperiénsque os suum in médio ignis, ait :
25. Or, se tenant debout, Azarias pria ainsi, et, ouvrant sa bouche au milieu du feu, dit :
26
Benedíctus es, Dómine Deus patrum nostrórum,
26. Vous êtes béni, Seigneur Dieu de nos pères,
et laudábile, et gloriósum
nomen tuum in sǽcula :
et louable et glorieux est votre nom dans les siècles ;
27 quia
justus es in ómnibus, quæ fecísti nobis,
27. Parce que vous êtes juste dans tout ce que vous nous avez fait ;
et univérsa ópera tua vera, et
viæ tuæ rectæ,
et que toutes vos œuvres sont vraies,
et ómnia
judícia tua vera.
et vos voies droites, et tous vos jugements vrais.
28 Judícia enim vera fecísti
28. Car vous avez exercé des jugements vrais
juxta ómnia,
quæ induxísti super nos,
dans tous les maux que vous avez fait venir sur nous
et super civitátem sanctam patrum nostrórum Jerúsalem :
et sur la sainte cité de nos pères, Jérusalem ;
quia in veritáte et in judício induxísti ómnia hæc
parce que c’est dans la vérité et dans la justice que vous avez fait venir tous ces maux,
propter peccáta nostra.
à cause de nos péchés.
29 Peccávimus enim, et iníque égimus recedéntes a
te,
29. Car nous avons péché, et nous avons commis l’iniquité en nous retirant de vous ;
et delíquimus in ómnibus :
et nous avons manqué en toutes choses ;
30 et præcépta tua non audívimus,
30. Et nous n’avons pas écouté vos préceptes
nec observávimus,
et nous ne les avons pas gardés,
nec fécimus sicut præcéperas nobis
et nous n’avons pas agi comme vous nous aviez ordonné,
ut bene nobis esset.
afin que bien nous fut.
31 Omnia
ergo, quæ induxísti super nos,
31. Dans tous les maux donc que vous avez fait venir sur nous,
et univérsa quæ fecísti nobis,
et dans tout ce que vous nous avez fait,
in vero judício fecísti ;
dans une justice véritable, vous l’avez fait ;
32 et
tradidísti nos in mánibus inimicórum nostrórum iniquórum,
32. Et vous nous avez livrés aux mains de nos ennemis iniques,
et pessimórum, prævaricatorúmque,
très méchants et prévaricateurs,
et regi injústo, et péssimo
ultra omnem terram.
et à un roi injuste et le plus méchant de toute la terre.
33 Et nunc non póssumus aperíre os :
33. Et maintenant nous ne pouvons pas ouvrir la bouche,
confúsio, et oppróbrium facti
sumus servis tuis,
et nous sommes devenus un objet de confusion et d’opprobre pour vos serviteurs
et his qui colunt te.
et pour ceux qui vous adorent.
34 Ne, quǽsumus, tradas nos in perpétuum propter nomen tuum,
34. Ne nous livrez pas pour toujours, nous vous en prions, à cause de votre nom,
et ne díssipes testaméntum
tuum :
et ne détruisez pas votre alliance ;
35 neque
áuferas misericórdiam tuam a nobis,
35. Et ne retirez pas votre miséricorde de nous,
propter Abraham, diléctum tuum,
à cause d’Abraham votre bien-aimé,
et Isaac, servum tuum,
et d’Isaac votre serviteur,
et Israël, sanctum tuum,
et d’Israël votre saint ;
36 quibus locútus es póllicens quod multiplicáres semen eórum
36. Auxquels vous avez parlé, promettant que vous multiplieriez leur race
sicut stellas cæli,
comme les étoiles du ciel
et sicut arénam quæ est in
lítore maris ;
et comme le sable qui est sur le rivage de la mer ;
37 quia, Dómine, imminúti sumus plus quam omnes
gentes,
37. Parce que, Seigneur, nous avons été diminués plus que toutes les nations,
sumúsque
húmiles in univérsa terra hódie
et nous sommes humiliés sur toute la terre aujourd’hui,
propter peccáta nostra.
à cause de nos péchés.
38 Et non est in témpore hoc princeps, et dux, et
prophéta,
38. Et il n’est en ce temps-ci parmi nous ni prince, ni chef, ni prophète,
neque holocáustum, neque sacrifícium,
ni holocauste, ni sacrifice,
neque oblátio, neque incénsum,
ni oblation, ni encens,
neque locus
primitiárum coram te,
ni lieu pour offrir des prémices devant vous,
39 ut possímus inveníre misericórdiam tuam,
39. Afin que nous puissions obtenir votre miséricorde,
sed in ánimo
contríto, et spíritu humilitátis suscipiámur.
mais que nous soyons reçus dans notre cœur contrit et notre esprit humilié.
40 Sicut in holocáusto aríetum, et taurórum,
40. Que comme dans un holocauste de béliers et de taureaux,
et sicut in míllibus agnórum pínguium,
et comme dans l’immolation de milliers d’agneaux gras,
sic fiat sacrifícium nostrum in conspéctu tuo hódie, ut pláceat tibi,
ainsi soit offert aujourd’hui notre sacrifice en votre présence, et qu’il vous plaise,
quóniam non est confúsio
confidéntibus in te.
parce qu’il n’est point de confusion pour ceux qui se confient en vous.
41 Et nunc séquimur te in toto corde ;
41. Et maintenant nous vous suivons de tout notre cœur,
et timémus te, et quǽrimus
fáciem tuam.
et nous vous craignons, et nous cherchons votre face.
42 Nec confúndas nos,
42. Ne nous confondez pas,
sed fac nobíscum juxta mansuetúdinem tuam,
mais faites-nous selon votre mansuétude
et secúndum multitúdinem
misericórdiæ tuæ.
et la grandeur de votre miséricorde ;
43 Et érue nos in mirabílibus tuis,
43. Et délivrez-nous par vos merveilles,
et da glóriam
nómini tuo, Dómine ;
et donnez gloire à votre nom, Seigneur ;
44 et confundántur omnes qui osténdunt servis tuis
mala :
44. Et qu’ils soient confondus, tous ceux qui font souffrir des maux à vos serviteurs ;
confundántur in omni poténtia tua,
qu’ils soient confondus par votre toute-puissance,
et robur eórum conterátur :
et que leur force soit brisée ;
45 et sciant quia tu es Dóminus Deus solus,
45. Et qu’ils sachent que c’est vous seul qui êtes le Seigneur Dieu,
et gloriósus super orbem
terrárum.
et le glorieux sur le disque des terres.
46 Et non cessábant qui míserant eos minístri regis
succéndere fornácem, naphtha, et stuppa, et pice, et malléolis,
46. Et les ministres du roi qui les avaient jetés dans le feu ne cessaient d’embraser la fournaise avec du naphte, de l’étoupe, de la poix et du sarment ;
47 et
effundebátur flamma super fornácem cúbitis quadragínta novem :
47. Et la flamme se répandait au-dessus de la fournaise à quarante-neuf coudées ;
48 et
erúpit, et incéndit quos réperit juxta fornácem de Chaldǽis.
48. Et elle s’élança, et elle brula d’entre les Chaldéens ceux qu’elle trouva près de la fournaise.
49 Angelus
autem Dómini descéndit cum Azaría, et sóciis ejus in fornácem : et
excússit flammam ignis de fornáce,
49. Mais l’ange du Seigneur descendit avec Azarias et ses compagnons dans la fournaise, et il écarta la flamme de feu de la fournaise.
50 et fecit
médium fornácis quasi ventum roris flantem, et non tétigit eos omníno ignis,
neque contristávit, nec quidquam moléstiæ íntulit.
50. Et il rendit le milieu de la fournaise comme un vent qui répand la rosée ; et le feu ne les toucha en aucune manière, et ne les incommoda pas, et ne leur fit aucune peine.
51 Tunc hi tres quasi ex uno ore laudábant, et
glorificábant, et benedicébant Deum in fornáce, dicéntes :
51. Alors ces trois jeunes hommes, d’une même voix, louaient, et glorifiaient, et bénissaient Dieu dans la fournaise, disant :
52
Benedíctus es, Dómine Deus patrum nostrórum :
52. Vous êtes béni, Seigneur Dieu de nos pères,
et laudábilis, et gloriósus, et
superexaltátus in sǽcula.
et louable, et glorieux, et souverainement exalté dans les siècles ;
Et benedíctum nomen glóriæ tuæ sanctum :
et béni est le nom saint de votre gloire,
et laudábile, et superexaltátum
in ómnibus sǽculis.
et louable et souverainement exalté dans tous les siècles.
53
Benedíctus es in templo sancto glóriæ tuæ :
53. Vous êtes béni dans le temple saint de votre gloire,
et superlaudábilis, et
supergloriósus in sǽcula.
et souverainement louable, et souverainement glorieux dans les siècles.
54 Benedíctus es in throno regni tui :
54. Vous êtes béni sur le trône de votre royaume,
et superlaudábilis, et
superexaltátus in sǽcula.
souverainement louable et souverainement exalté dans les siècles.
55 Benedíctus es, qui intuéris abýssos, et sedes
super cherubím :
55. Vous êtes béni, vous qui regardez l’abime, et qui êtes assis sur des chérubins ;
et laudábilis, et
superexaltátus in sǽcula.
et louable et souverainement exalté dans les siècles.
56 Benedíctus es in firmaménto cæli :
56. Vous êtes béni dans le firmament du ciel,
et laudábilis et gloriósus in
sǽcula.
et louable et glorieux dans les siècles.
57
Benedícite, ómnia ópera Dómini, Dómino :
57. Bénissez le Seigneur, vous tous, ouvrages du Seigneur ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
58 Benedícite, ángeli Dómini, Dómino :
58. Bénissez le Seigneur, vous tous, anges du Seigneur,
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
59 Benedícite, cæli, Dómino :
59. Bénissez le Seigneur, ô cieux ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
60
Benedícite, aquæ omnes, quæ super cælos sunt, Dómino :
60. Bénissez le Seigneur, vous toutes, les eaux qui êtes au-dessus des cieux ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
61
Benedícite, omnes virtútes Dómini, Dómino :
61. Bénissez le Seigneur, vous toutes, les armées célestes du Seigneur ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
62 Benedícite, sol et luna, Dómino :
62. Bénissez le Seigneur, soleil et lune ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
63 Benedícite, stellæ cæli, Dómino :
63. Bénissez le Seigneur, étoiles du ciel ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
64 Benedícite, omnis imber et ros, Dómino :
64. Bénissez le Seigneur, vous toutes, pluie et rosée ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
65
Benedícite, omnes spíritus Dei, Dómino :
65. Bénissez le Seigneur, vous tous, souffles de Dieu ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
66 Benedícite, ignis et æstus, Dómino :
66. Bénissez le Seigneur, feu et chaleur brulante ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
67 Benedícite, frigus et æstus, Dómino :
67. Bénissez le Seigneur, froid et chaleur brulante ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
68 Benedícite, rores et pruína, Dómino :
68. Bénissez le Seigneur, rosée et frimas ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
69 Benedícite, gelu et frigus, Dómino :
69. Bénissez le Seigneur, gelée et froid ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
70 Benedícite, glácies et nives, Dómino :
70. Bénissez le Seigneur, glaces et neiges ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
71 Benedícite, noctes et dies, Dómino
71. Bénissez le Seigneur, nuits et jours ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
72 Benedícite, lux et ténebræ, Dómino :
72. Bénissez le Seigneur, lumière et ténèbres ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
73 Benedícite, fúlgura et nubes, Dómino :
73. Bénissez le Seigneur, éclairs et nuées ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
74 Benedícat terra Dóminum :
74. Que la terre bénisse le Seigneur,
laudet et superexáltet eum in sǽcula.
qu’elle le loue et l’exalte souverainement dans les siècles.
75 Benedícite, montes et colles, Dómino :
75. Bénissez le Seigneur, montagnes et collines ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
76 Benedícite, univérsa germinántia in terra, Dómino :
76. Bénissez le Seigneur, vous toutes, plantes qui germez dans la terre ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
77 Benedícite, fontes, Dómino :
77. Bénissez le Seigneur, fontaines ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
78
Benedícite, mária et flúmina, Dómino :
78. Bénissez le Seigneur, mers et fleuves ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
79
Benedícite, cete, et ómnia quæ movéntur in aquis, Dómino :
79. Bénissez le Seigneur, grands poissons, et vous toutes, bêtes qui vous mouvez dans les eaux ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
80
Benedícite, omnes vólucres cæli, Dómino :
80. Bénissez le Seigneur, vous tous, oiseaux du ciel ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
81 Benedícite, omnes béstiæ et pécora, Dómino :
81. Bénissez le Seigneur, vous toutes, bêtes sauvages, et troupeaux ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
82 Benedícite, fílii hóminum, Dómino :
82. Bénissez le Seigneur, fils des hommes ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
83 Benedícat Israël Dóminum :
83. Qu’Israël bénisse le Seigneur ;
laudet et superexáltet eum in sǽcula.
qu’il le loue et l’exalte souverainement dans les siècles.
84 Benedícite, sacerdótes Dómini, Dómino :
84. Bénissez le Seigneur, prêtres du Seigneur ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
85 Benedícite, servi Dómini, Dómino :
85. Bénissez le Seigneur, serviteurs du Seigneur ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
86
Benedícite, spíritus et ánimæ justórum, Dómino :
86. Bénissez le Seigneur, esprits et âmes des justes ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
87 Benedícite, sancti et húmiles corde,
Dómino :
87. Bénissez le Seigneur, vous, saints et humbles de cœur ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula.
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
88
Benedícite, Ananía, Azaría, Mísaël, Dómino :
88. Bénissez le Seigneur, Ananias, Azarias, Misaël ;
laudáte et superexaltáte eum in sǽcula :
louez, et exaltez-le souverainement dans les siècles.
quia éruit nos de inférno,
Parce qu’il nous a arrachés à l’enfer,
et salvos fecit de manu
mortis :
et qu’il nous a sauvés de la main de la mort ;
et liberávit nos de médio
ardéntis flammæ,
et qu’il nous a délivrés du milieu de la flamme ardente,
et de médio ignis éruit nos.
et qu’il nous a retirés du milieu du feu.
89 Confitémini Dómino, quóniam bonus :
89. Louez le Seigneur, parce qu’il est bon,
quóniam in sǽculum misericórdia ejus.
parce que pour jamais est sa miséricorde.
90
Benedícite, omnes religiósi, Dómino Deo deórum :
90. Bénissez le Seigneur, le Dieu des dieux, vous tous, hommes religieux ;
laudáte et confitémini ei, quia in ómnia sǽcula misericórdia ejus.
louez et célébrez-le, parce que dans tous les siècles est sa miséricorde.
Hucúsque in hebrǽo non
habétur ; et quæ posúimus, de Theodotiónis editióne transláta sunt.
Ce qui précède jusqu’ici ne se trouve pas dans l’hébreu ; et ce que nous avons mis a été traduit de l’édition de Théodotion.
91 Tunc Nabuchodónosor rex obstúpuit, et surréxit própere, et ait optimátibus suis : Nonne tres viros mísimus in médium ignis compedítos ? Qui respondéntes regi, dixérunt : Vere, rex.
91. Alors le roi Nabuchodonosor fut frappé de stupeur, et il se leva promptement, et il dit aux grands de sa cour : Est-ce que nous n’avons pas jeté trois hommes au milieu du feu enchainés ? Ceux-ci, répondant au roi, dirent : Il est vrai, ô roi.
92 Respóndit, et ait : Ecce ego vídeo quátuor
viros solútos, et ambulántes in médio ignis, et nihil corruptiónis in eis est,
et spécies quarti símilis fílio Dei.
92. Il répondit et dit : Voici que moi, je vois quatre hommes déliés et marchant au milieu du feu ; il n’y a rien en eux de corrompu, et le quatrième est semblable à un fils de Dieu.
93 Tunc
accéssit Nabuchodónosor ad óstium fornácis ignis ardéntis, et ait : Sidrach,
Misach, et Abdénago, servi Dei excélsi, egredímini, et veníte. Statímque
egréssi sunt Sidrach, Misach, et Abdénago de médio ignis.
93. Alors Nabuchodonosor s’approcha de la fournaise du feu ardent, et dit : Sidrach, Misach, et Abdenago, serviteurs du Dieu très haut, sortez et venez. Et aussitôt Sidrach, Misach, et Abdenago sortirent du milieu du feu.
94 Et congregáti satrápæ, et magistrátus, et
júdices, et poténtes regis contemplabántur viros illos, quóniam nihil
potestátis habuísset ignis in corpóribus eórum, et capíllus cápitis eórum non
esset adústus, et sarabála eórum non fuíssent immutáta, et odor ignis non
transísset per eos.
94. Et les satrapes, et les magistrats, et les juges, et les puissants auprès du roi, assemblés, contemplaient ces hommes, parce que le feu n’avait eu aucun pouvoir sur leur corps, et que pas un cheveu de leur tête n’avait été brulé, et que leurs vêtements n’avaient reçu aucune atteinte, et que l’odeur du feu n’était pas venue jusqu’à eux.
95 Et
erúmpens Nabuchodónosor, ait : Benedíctus Deus eórum, Sidrach vidélicet, Misach,
et Abdénago : qui misit ángelum suum, et éruit servos suos, qui
credidérunt in eum : et verbum regis immutavérunt, et tradidérunt córpora
sua ne servírent, et ne adorárent omnem deum, excépto Deo suo.
95. Et rompant le silence, Nabuchodonosor dit : Béni leur Dieu, c’est-à-dire le Dieu de Sidrach, de Misach et d’Abdenago, lequel a envoyé son ange et délivré ses serviteurs, qui ont cru en lui, qui ont enfreint la parole du roi, et ont livré leur corps pour ne servir et n’adorer aucun dieu, excepté leur Dieu.
96 A me ergo pósitum est hoc decrétum : ut
omnis pópulus, tribus, et lingua, quæcúmque locúta fúerit blasphémiam contra
Deum Sidrach, Misach, et Abdénago, dispéreat, et domus ejus vastétur :
neque enim est álius deus, qui possit ita salváre.
96. Voici donc le décret qui par moi a été porté, c’est que tout peuple, tribu et langue quelconque, qui aura proféré un blasphème contre le Dieu de Sidrach, de Misach et d’Abdenago, périsse, et que sa maison soit dévastée ; car il n’est pas un autre dieu qui puisse ainsi sauver.
97 Tunc rex promóvit Sidrach, Misach, et Abdénago in província Babylónis.
97. Alors le roi éleva en dignité Sidrach, Misach et Abdenago, dans la province de Babylone.
98 Nabuchodónosor rex, ómnibus pópulis, géntibus, et linguis, qui hábitant in
univérsa terra, pax vobis multiplicétur.
98. NABUCHODONOSOR, roi, à tous les peuples, nations et langues qui habitent dans toute la terre : que la paix se multiplie pour vous.
99 Signa, et mirabília fecit apud me Deus excélsus. Plácuit ergo mihi prædicáre
99. Le Dieu très haut a fait chez moi des prodiges et des merveilles. Il m’a donc plus de publier
100 signa ejus, quia magna sunt : et mirabília
ejus, quia fórtia : et regnum ejus regnum sempitérnum, et potéstas ejus in
generatiónem et generatiónem.
100. Ses prodiges, parce qu’ils sont grands, et ses merveilles, parce qu’elles sont puissantes ; et son royaume est un royaume éternel, et sa puissance sera pour toutes les générations.
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CHAP. III. 59. Ps. CXLVIII, 4. — 100. Infra. IV, 31 ; VII, 14.
1-97. * 3° Dans le ch. III, 1-97, nous voyons comment Dieu sauva miraculeusement des flammes de la fournaise les compagnons de Daniel qui avaient refusé d’adorer la statue érigée par Nabuchodonosor ; nous y lisons aussi le cantique par lequel ils remercièrent Dieu de sa protection.
1. * Une statue d’or. On sait que les Chaldéens faisaient des statues colossales en métaux précieux, mais souvent l’intérieur était en bois et elles étaient seulement plaquées d’or. — Soixante coudées de hauteur ; plus de trente mètres, mais la statue proprement dite était probablement placée au haut d’une colonne, comme on la représente dans les catacombes. C’était sans doute une image de la grande divinité babylonienne, Bel ou Merodach. — Dura ; partie de la plaine de Babylone située au sud-ouest de la ville.
2-3. Les princes (tyrannos). Voy. I, 3. Les interprètes les plus habiles et les plus consciencieux conviennent que la signification rigoureuse de ces noms de dignités ne saurait être bien déterminée.
4. Peuples, tribus et langues ; c’est-à-dire peuples, tribus de différentes langues, ou de langue quelconque, comme on lit au vers. 96. Ce genre de construction se trouve dans d’autres passages de la Bible ; c’est une figure grammaticale, nommée hendiade ; c’est-à-dire une chose exprimée par deux mots.
5. Symphonie ; désigne dans ce chapitre un instrument, probablement la cornemuse. — De musique ou d’instruments de musique. C’est le sens du mot de la Vulgate, musicorum, expliqué par le texte original. D’où il suit que ce terme latin représente le génitif pluriel neutre de l’adjectif musicus, a, um, et non point du substantif masculin, musicus, i qui signifie musicien. — Les mots d’origine grecque qui se rencontrent ici et dans plusieurs autres passages de ce livre, ne prouvent nullement qu’il n’est pas authentique. — * La sambuque, d’après l’opinion la plus vraisemblable, était une harpe d’une forme particulière.
6. * Dans la fournaise d’un feu ardent. Supplice commun chez les Assyriens et les Chaldéens, mais inusité chez les Juifs.
21. * Énumération des diverses pièces qui composaient le costume chaldéen.
23. Ce qui suit ; c’est-à-dire, depuis le vers. 24 jusqu’au 90e inclusivement. Saint Jérôme, l’auteur de cette remarque, n’ayant pas trouvé ce fragment dans le texte original, qui est le chaldéen, l’a traduit sur la version grecque de Théodotion, comme il le dit lui-même plus bas (vers. 90). Or ce fragment inséré dans notre Vulgate a été reconnu par l’Église comme faisant partie des divines Écritures.
38. Il n’est pas parmi nous, etc. ; c’est-à-dire dans notre nation, dans la Judée, comme autrefois, des rois et des princes absolus, des prophètes avec autorité, un état réglé et indépendant. Dans la captivité, il y avait des chefs des tribus qui conservaient quelque autorité sur les autres captifs. Compar. IV Reg. XXV, 27 ; I Par. V, 6 ; Dan. XIII.
44. Qui font souffrir ; litter., qui montrent. Dans le style biblique on dit souvent voir, pour sentir, éprouver ; et faire voir, montrer, pour faire sentir, faire éprouver.
46. * Du naphte ou bitume, matière très inflammable. Le naphte proprement dit est une huile minérale dans le genre du pétrole.
51. * D’une même voix. Ces paroles ne doivent pas s’entendre sans doute en ce sens qu’ils prononcèrent tous les trois toutes les paroles du cantique ; puisque chaque bénédiction est suivie du même refrain, il y a lieu de présumer que l’un des jeunes gens faisait l’invitation aux créatures à louer Dieu et que les deux autres répétèrent le refrain. L’ordre général suivi dans le cantique est celui du chapitre 1er de la Genèse ; du général on descend au particulier, du ciel à la terre, et aux diverses espèces de créatures pour terminer par l’homme.
53. Le temple saint de votre gloire ; le ciel. Le temple de Jérusalem n’existait plus alors.
54. Le trône de votre royaume ; c’est-à-dire le ciel.
55. * Qui êtes assis sur des chérubins. Les chérubins de l’arche d’alliance.
61. Les armées célestes ; c’est-à-dire, les astres nommés souvent dans l’Écriture la milice du ciel. Ajoutons que dans un passage parallèle Ps. CII (Hebr. CIII), 21, le mot de la Vulgate est le même qu’ici (virtutes), et que le texte hébreu porte armées. Compar. Matth. XXIV, 29.
65. Souffles ; c’est-à-dire, vents que Dieu fait souffler.
67. * Chaleur brulante. Ce mot, joint ici au froid, doit signifier l’espèce de brulure que produit un froid trop vif sur les êtres animés.
82. Fils des hommes. Voy. sur le sens de cette expression, II, 38.
86. Esprits, etc. ; les âmes des saints séparées de leurs corps.
90. Ce qui précède, etc. ; remarque de saint Jérôme. Voy. vers. 23.
92. * À un fils de Dieu ; à un ange.
94. Vêtements ; littér. sarabala, pantalons fort larges, comme les portent les Orientaux.
96. Et langue quelconque. Voy. III, 4.
98. * 4° Les ch. III, 98-IV, renferment une lettre de Nabuchodonosor, dans laquelle ce roi raconte comment Daniel lui expliqua un songe destiné à lui annoncer qu’il vivrait sept ans comme une bête, atteint de cette espèce de folie qu’on appelle lycanthropie et qui consiste à croire que l’on a été changé en bête. Tout ce qu’avait dit le Prophète s’était réalisé. La forme épistolaire est abandonnée, IV, 25-30, et reprise 31-34.
100. Toutes les générations ; litter., génération et génération. Dans le style biblique, comme on l’a déjà vu, la répétition d’un même substantif indique souvent l’universalité.
²
Suite de la lettre de Nabuchodonosor, commencée, III, 98. Son songe : arbre abattu. Daniel lui explique ce songe. Ce songe s’accomplit. Nabuchodonosor est réduit pendant sept ans au rang des bêtes. Il reconnait la main de Dieu et est rétabli dans son royaume.
1 Ego Nabuchodónosor quiétus eram in domo mea, et florens in
palátio meo :
1. Moi, Nabuchodonosor, j’étais tranquille dans ma maison, et florissant dans mon palais ;
2 sómnium vidi, quod pertérruit me : et
cogitatiónes meæ in strato meo, et visiónes cápitis mei conturbavérunt me.
2. J’ai vu un songe qui m’a fort épouvanté ; et mes pensées dans mon lit, et les visions de ma tête m’ont troublé.
3 Et per me
propósitum est decrétum ut introduceréntur in conspéctu meo cuncti sapiéntes
Babylónis, et ut solutiónem sómnii indicárent mihi.
3. Et par moi fut publié le décret que fussent introduits en ma présence tous les sages de Babylone, afin qu’ils me donnassent l’explication de mon songe.
4 Tunc ingrediebántur aríoli, magi, Chaldǽi, et
arúspices, et sómnium narrávi in conspéctu eórum : et solutiónem ejus non
indicavérunt mihi,
4. Alors entrèrent les devins, les mages, les Chaldéens et les augures, et je racontai le songe en leur présence, et ils ne m’en donnèrent point l’explication ;
5 donec
colléga ingréssus est in conspéctu meo Dániel, cui nomen Baltássar secúndum
nomen dei mei, qui habet spíritum deórum sanctórum in semetípso : et
sómnium coram ipso locútus sum.
5. Jusqu’à ce que fut introduit en ma présence, leur collègue Daniel, dont le nom est aussi Baltassar, selon le nom de mon dieu, et qui a en lui l’esprit des dieux saints ; et je dis le songe devant lui.
6 Baltássar,
princeps ariolórum, quóniam ego scio quod spíritum sanctórum deórum hábeas in
te, et omne sacraméntum non est impossíbile tibi : visiónes somniórum
meórum, quas vidi, et solutiónem eárum narra.
6. Baltassar, prince des devins, parce que moi je sais que tu as en toi l’esprit des dieux saints, et que nul secret n’est impénétrable pour toi, dis la vision de mes songes, et leur explication.
7 Vísio
cápitis mei in cubíli meo : vidébam, et ecce arbor in médio terræ, et
altitúdo ejus nímia.
7. Vision de ma tête dans mon lit : Je voyais, et voilà un arbre au milieu de la terre, et sa hauteur était excessive.
8 Magna
arbor, et fortis, et procéritas ejus contíngens cælum : aspéctus illíus
erat usque ad términos univérsæ terræ.
8. Cet arbre était grand et fort ; et sa hauteur atteignait le ciel ; sa vue s’étendait jusqu’aux extrémités de toute la terre.
9 Fólia ejus pulchérrima, et fructus ejus
nímius : et esca universórum in ea. Subter eam habitábant animália et
béstiæ, et in ramis ejus conversabántur vólucres cæli : et ex ea
vescebátur omnis caro.
9. Ses feuilles étaient très belles, et son fruit en très grande quantité, et en lui était la nourriture de tous ; les animaux et les bêtes sauvages y habitaient dessous, et sur ses rameaux demeuraient les oiseaux du ciel ; et de lui se nourrissait toute chair.
10 Vidébam in visióne cápitis mei super stratum
meum, et ecce vigil, et sanctus, de cælo descéndit.
10. Je voyais dans la vision de ma tête sur mon lit ; et voilà qu’un veillant et un saint descendit du ciel.
11 Clamávit
fórtiter, et sic ait : Succídite árborem, et præcídite ramos ejus :
excútite fólia ejus, et dispérgite fructus ejus : fúgiant béstiæ, quæ
subter eam sunt, et vólucres de ramis ejus.
11. Il cria fortement, et dit ainsi : Coupez l’arbre par le pied et retranchez ses branches ; faites tomber ses feuilles et jetez çà et là ses fruits ; qu’ils s’enfuient, les animaux qui habitent sous son ombre, et que les oiseaux s’envolent de ses branches.
12 Verúmtamen germen radícum ejus in terra sínite,
et alligétur vínculo férreo et ǽreo in herbis quæ foris sunt, et rore cæli
tingátur, et cum feris pars ejus in herba terræ.
12. Cependant laissez dans la terre le germe de ses racines, et qu’il soit attaché avec un lien de fer et d’airain parmi les herbes qui sont en plein air ; et que par la rosée du ciel il soit humecté, et qu’avec les bêtes féroces soit son partage dans l’herbe de la terre.
13 Cor ejus ab humáno commutétur, et cor feræ detur
ei : et septem témpora muténtur super eum.
13. Que son cœur d’homme soit échangé, et qu’un cœur de bête féroce lui soit donné ; et que sept temps soient renouvelés sur lui.
14 In senténtia vígilum decrétum est, et sermo
sanctórum, et petítio : donec cognóscant vivéntes quóniam dominátur
Excélsus in regno hóminum, et cuicúmque volúerit, dabit illud, et humíllimum
hóminem constítuet super eum.
14. Cela a été décrété par la sentence des veillants ; c’est la parole et la demande des saints, jusqu’à ce que les vivants sachent que le Très-Haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il le donnera à quiconque il voudra, et qu’il y établira l’homme le plus humble.
15 Hoc
sómnium vidi ego Nabuchodónosor rex : tu ergo Baltássar interpretatiónem
narra festínus, quia omnes sapiéntes regni mei non queunt solutiónem edícere
mihi : tu autem potes, quia spíritus deórum sanctórum in te est.
15. J’ai vu ce songe, moi, Nabuchodonosor, roi ; toi donc, Baltassar, donnes-en promptement l’interprétation, parce que tous les sages de mon royaume ne peuvent m’en dire la signification ; mais toi, tu le peux, parce que l’esprit des dieux saints est en toi.
16 Tunc Dániel, cujus nomen Baltássar, cœpit intra
semetípsum tácitus cogitáre quasi una hora : et cogitatiónes ejus
conturbábant eum. Respóndens autem rex, ait : Baltássar, sómnium et
interpretátio ejus non contúrbent te. Respóndit Baltássar, et dixit :
Dómine mi, sómnium his, qui te odérunt, et interpretátio ejus hóstibus tuis
sit.
16. Alors Daniel, dont le nom est Baltassar, commença sans rien dire à penser en lui-même environ une heure ; et ses pensés le troublaient. Mais, prenant la parole, le roi dit : Baltassar, que le songe et son interprétation ne te troublent point. Baltassar répondit, et dit : Mon Seigneur, que le songe soit pour ceux qui vous haïssent, et l’interprétation pour vos ennemis.
17 Arborem,
quam vidísti sublímem atque robústam, cujus altitúdo pertíngit ad cælum, et
aspéctus illíus in omnem terram ;
17. L’arbre que vous avez vu élevé et fort, dont la hauteur touchait au ciel, et dont la vue s’étendait sur toute la terre ;
18 et rami
ejus pulchérrimi, et fructus ejus nímius, et esca ómnium in ea, subter eam
habitántes béstiæ agri, et in ramis ejus commorántes aves cæli :
18. Et ses branches étaient très belles, et son fruit en très grande quantité, et en lui était la nourriture de tous ; les bêtes de la campagne habitaient dessous, et sur ses branches demeuraient les oiseaux du ciel ;
19 tu es rex,
qui magnificátus es, et invaluísti : et magnitúdo tua crevit, et pervénit
usque ad cælum, et potéstas tua in términos univérsæ terræ.
19. C’est vous, ô roi, qui êtes devenu grand et puissant ; et votre grandeur s’est accrue, et elle est parvenue jusqu’au ciel, et votre puissance s’est étendue jusqu’aux extrémités de toute la terre.
20 Quod autem vidit rex vígilem, et sanctum
descéndere de cælo, et dícere : Succídite árborem, et dissipáte illam,
áttamen germen radícum ejus in terra dimíttite, et vinciátur ferro et ære in
herbis foris, et rore cæli conspergátur, et cum feris sit pábulum ejus, donec
septem témpora muténtur super eum :
20. Quant à ce que le roi a vu, un veillant et un saint descendre du ciel et dire : Coupez l’arbre par le pied et dispersez-le ; cependant laissez le germe de ses racines dans la terre, et qu’il soit lié avec du fer et de l’airain parmi les herbes en plein air, et que de la rosée du ciel il soit arrosé, et qu’avec les bêtes féroces soit sa nourriture, jusqu’à ce que sept temps se soient renouvelés sur lui :
21 hæc est
interpretátio senténtiæ Altíssimi, quæ pérvenit super dóminum meum regem,
21. Voici l’interprétation de la sentence du Très-Haut, qui atteint mon seigneur le roi.
22 Ejícient
te ab homínibus, et cum béstiis ferísque erit habitátio tua, et fœnum ut bos
cómedes, et rore cæli infundéris : septem quoque témpora mutabúntur super
te, donec scias quod dominétur Excélsus super regnum hóminum, et cuicúmque
volúerit, det illud.
22. On vous chassera loin des hommes, et avec les animaux et les bêtes féroces sera votre demeure, et vous mangerez du foin comme le bœuf, et de la rosée du ciel vous serez trempé ; sept temps aussi se renouvèleront sur vous, jusqu’à ce que vous sachiez que le Très-Haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il le donne à quiconque il veut.
23 Quod autem
præcépit ut relinquerétur germen radícum ejus, id est árboris : regnum
tuum tibi manébit postquam cognóveris potestátem esse cæléstem.
23. Quant à ce qu’il a ordonné que le germe de ses racines, c’est-à-dire des racines de l’arbre, soit laissé ; votre royaume vous restera, après que vous aurez reconnu que la puissance vient du ciel.
24 Quam ob
rem, rex, consílium meum pláceat tibi, et peccáta tua eleemósynis rédime, et
iniquitátes tuas misericórdiis páuperum : fórsitan ignóscet delíctis tuis.
24. À cause de cela, ô roi, que mon conseil vous soit agréable, et rachetez vos péchés par l’aumône, et vos iniquités par la miséricorde envers les pauvres ; peut-être qu’il vous pardonnera vos offenses.
25 Omnia hæc
venérunt super Nabuchodónosor regem.
25. Toutes ces choses arrivèrent au roi Nabuchodonosor.
26 Post finem ménsium duódecim, in aula Babylónis deambulábat.
26. Après la fin de douze mois, il se promenait dans le palais de Babylone.
27 Respondítque rex, et ait : Nonne hæc est Bábylon
magna, quam ego ædificávi in domum regni, in róbore fortitúdinis meæ, et in
glória decóris mei ?
27. Et le roi prit la parole, et dit : N’est-ce pas là cette grande Babylone que moi j’ai bâtie comme le siège de mon royaume, dans la force de ma puissance et dans ma brillante gloire ?
28 Cumque
sermo adhuc esset in ore regis, vox de cælo ruit : Tibi dícitur, Nabuchodónosor
rex : Regnum tuum transíbit a te,
28. Et lorsque ces paroles étaient encore en la bouche du roi, une voix partit du ciel : Il t’est dit, ô Nabuchodonosor, roi : Ton empire passera loin de toi,
29 et ab
homínibus ejícient te, et cum béstiis et feris erit habitátio tua : fœnum
quasi bos cómedes, et septem témpora mutabúntur super te, donec scias quod
dominétur Excélsus in regno hóminum, et cuicúmque volúerit, det illud.
29. Et d’entre les hommes on te chassera, et avec les animaux et les bêtes féroces sera ta demeure : tu mangeras du foin comme le bœuf, et sept temps se renouvèleront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très-Haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il le donne à quiconque il veut.
30 Eádem hora sermo complétus est super Nabuchodónosor,
et ex homínibus abjéctus est, et fœnum ut bos comédit, et rore cæli corpus ejus
inféctum est, donec capílli ejus in similitúdinem aquilárum créscerent, et
ungues ejus quasi ávium.
30. À la même heure cette parole fut accomplie sur Nabuchodonosor, et d’entre les hommes il fut chassé, et il mangea du foin comme le bœuf, et de la rosée du ciel son corps fut couvert ; jusqu’à ce que ses cheveux s’accrurent comme les plumes d’un aigle, et ses ongles comme les griffes des oiseaux.
31 Igitur post finem diérum, ego Nabuchodónosor
óculos meos ad cælum levávi, et sensus meus rédditus est mihi : et
Altíssimo benedíxi, et vivéntem in sempitérnum laudávi et glorificávi :
quia potéstas ejus potéstas sempitérna, et regnum ejus in generatiónem et
generatiónem.
31. Après donc la fin des jours, moi, Nabuchodonosor, j’ai levé les yeux vers le ciel, et le sens m’a été rendu ; et j’ai béni le Très-Haut, et j’ai loué et glorifié celui qui vit éternellement, parce que sa puissance est une puissance éternelle, et son royaume sera pour toutes les générations.
32 Et omnes habitatóres terræ apud eum in níhilum
reputáti sunt : juxta voluntátem enim suam facit tam in virtútibus cæli
quam in habitatóribus terræ : et non est qui resístat mánui ejus, et dicat
ei : Quare fecísti ?
32. Et tous les habitants de la terre sont réputés devant lui comme un néant ; il fait selon sa volonté, tant parmi les armées du ciel que parmi les habitants de la terre ; il n’est personne qui résiste à sa main, et qui lui dise : Pourquoi avez-vous fait ainsi ?
33 In ipso
témpore sensus meus revérsus est ad me, et ad honórem regni mei, decorémque
pervéni : et figúra mea revérsa est ad me, et optimátes mei et magistrátus
mei requisiérunt me, et in regno meo restitútus sum : et magnificéntia
ámplior áddita est mihi.
33. En ce même temps le sens me revint, et je rentrai dans les honneurs et l’éclat de mon royaume, ma première forme me fut rendue, et mes grands et mes magistrats me recherchèrent, et je fus rétabli dans mon royaume, et une plus grande magnificence me fut donnée par surcroit.
34 Nunc ígitur, ego Nabuchodónosor laudo, et
magnífico, et glorífico regem cæli : quia ómnia ópera ejus vera, et viæ
ejus judícia, et gradiéntes in supérbia potest humiliáre.
34. Maintenant donc, moi, Nabuchodonosor, je loue et je magnifie et je glorifie le roi du ciel, parce que toutes ses œuvres sont vraies, et ses voies de vrais jugements, et qu’il peut humilier ceux qui marchent dans l’orgueil.
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CHAP. IV. 22. Infra. V, 21. — 24. Eccli. III, 33. — 31. Supra. III, 100 ; Infra. VII, 14.
2-7. Les visions de ma tête. Voy. II, 28.
9. Toute chair ; expression qui se prend ordinairement dans la Bible, ou pour tous les hommes, ou pour tout ce qui a vie en général.
10. Un veillant et un saint. Chez les Babyloniens, ainsi que chez plusieurs autres peuples de l’antiquité, les anges étaient considérés comme une compagnie d’esprits veillant autour du trône céleste, et servant de messagers divins. On voit par le vers. 14 que les veillants jugeaient et décidaient du sort des hommes.
12. Laissez, etc. Il y a ici, comme dans bien d’autres songes racontés dans l’Écriture, des traits dont les uns se rapportent à la figure et les autres à la chose figurée.
13. Sept ; selon quelques-uns signifie simplement plusieurs, la Bible fournissant un certain nombre d’exemples qui autorisent cette interprétation. — Temps ; c’est-à-dire années, suivant l’opinion la plus commune. — Sur lui. Le pronom masculin eum, ne peut se rapporter ni à germe, ni à arbre, dont le premier est en latin du genre neutre et le second du féminin ; il représente nécessairement le nom roi ou Nabuchodonosor. Voy. la note précédente.
14. Il y établira ; c’est-à-dire, sur le royaume, suivant le texte chaldéen et la version grecque ; mais dans la Vulgate, le pronom masculin eum ne pouvant se rapporter qu’au relatif à quiconque (cuicumque), le sens est que le Très-Haut, quand il le voudra, établira l’homme le plus humble au-dessus de celui à qui il lui avait plus de donner auparavant le royaume. Cependant nous devons ajouter que dans le passage parallèle (V, 21), la même Vulgate lit le neutre illud, lequel se rapporte évidemment au mot royaume.
16. Prenant la parole ; litter., répondant (respondens). En chaldéen aussi bien qu’en hébreu, le verbe qu’on traduit généralement par répondre signifie aussi et plus primitivement élever la voix, prendre la parole.
20. Sept temps, sur lui. Voy. vers. 13.
25. Parmi les opinions différentes sur la métamorphose de Nabuchodonosor, la plus suivie et la plus probable est que ce prince, par un effet de la puissance de Dieu, tomba dans la manie, et dans la lycanthropie, maladie dans laquelle un homme s’imagine qu’il est devenu loup, bœuf, chien ou chat, et prend toutes les inclinations, les manières et les sentiments de ces animaux.
26. * Dans le palais ; sur la terrasse qui formait le toit du palais, d’où la vue dominait toute la ville.
27. Prit la parole (respondit. Voy. le vers. 16). — Que moi j’ai bâtie. Ici, comme en plusieurs autres passages, bâtir signifie rebâtir, faire des agrandissements, des embellissements. Babylone bâtie par Nemrod (Gen. X, 10), fut augmentée et embellie considérablement par Sémiramis ; mais Nabuchodonosor en fit la plus grande et la plus belle ville de l’Orient. — * N’est-ce pas là cette grande Babylone que moi j’ai bâtie ? On peut dire que presque toutes les inscriptions de Nabuchodonosor qui ont été retrouvées depuis quelques années confirment l’exactitude de ces paroles, car elles sont presque exclusivement consacrées à décrire les édifices bâtis ou restaurés par ce monarque dans sa capitale.
30. * Description des effets de la maladie de Nabuchodonosor, qui consistent en particulier à le rendre hirsute et à faire recourber ses ongles, comme cela arrive quand ils ne sont pas taillés. Il se nourrit d’herbes comme le font les bœufs, parce qu’il croit être devenu bœuf lui-même.
31. Des jours ; que Dieu avait déterminés pour le châtiment du roi. — Toutes les générations. Voy. III, 100.
32. Les armées du ciel. Voy. III, 61.
34. Pour suivre l’ordre des temps, il faut passer de ce vers. aux chap. VII et VIII. Les chap. V et VI qui ont rapport à la fin du règne de Baltassar, et au commencement du règne de Darius le Mède, ont été déplacés.
²
Festin du roi Baltassar. Apparition d’une main qui écrit sur la muraille. Les sages de Babylone ne peuvent lire ni expliquer cette écriture. Daniel la lit et l’explique. Mort de Baltassar. Darius le Mède lui succède.
1 Baltássar rex fecit grande convívium optimátibus suis mille : et
unusquísque secúndum suam bibébat ætátem.
1. Le roi Baltassar fit un grand festin à mille de ses grands, et chacun buvait selon son âge.
2 Præcépit ergo jam temuléntus ut afferréntur vasa
áurea et argéntea, quæ asportáverat Nabuchodónosor pater ejus de templo, quod
fuit in Jerúsalem, ut bíberent in eis rex, et optimátes ejus, uxorésque ejus,
et concubínæ.
2. Il ordonna donc, étant déjà ivre, qu’on apportât les vases d’or et d’argent que Nabuchodonosor son père avait emportés du temple qui fut à Jérusalem, afin que le roi, et ses grands, et ses épouses, et ses concubines y bussent.
3 Tunc alláta
sunt vasa áurea, et argéntea, quæ
asportáverat de templo, quod fúerat in
Jerúsalem :
et bibérunt in eis rex, et optimátes ejus, uxóres
et concubínæ illíus.
3. Alors furent apportés les vases d’or et d’argent, qu’il avait transportés du temple qui avait été à Jérusalem ; et le roi, et ses grands, et ses épouses et ses concubines y burent.
4 Bibébant
vinum, et laudábant deos suos áureos et argénteos, ǽreos, férreos, ligneósque
et lapídeos.
4. Ils buvaient du vin, et louaient leurs dieux d’or, et d’argent, et d’airain, et de fer, et de bois, et de pierre.
5 In eádem
hora apparuérunt dígiti, quasi manus hóminis scribéntis contra candelábrum in
superfície pariétis aulæ régiæ : et rex aspiciébat artículos manus
scribéntis.
5. À la même heure apparurent des doigts, comme d’une main d’homme écrivant vis-à-vis du candélabre, sur la surface de la muraille du palais du roi, et le roi regardait les doigts de la main qui écrivait.
6 Tunc fácies regis commutáta est, et cogitatiónes
ejus conturbábant eum : et compáges renum ejus solvebántur, et génua ejus
ad se ínvicem collidebántur.
6. Alors le visage du roi changea, et ses pensées le troublaient ; et les jointures de ses reins se brisaient, et ses genoux se heurtaient l’un contre l’autre.
7 Exclamávit ítaque rex fórtiter ut introdúcerent
magos, Chaldǽos, et arúspices. Et próloquens rex ait sapiéntibus
Babylónis : Quicúmque légerit scriptúram hanc, et interpretatiónem ejus
maniféstam mihi fécerit, púrpura vestiétur, et torquem áuream habébit in collo,
et tértius in regno meo erit.
7. C’est pourquoi le roi s’écria d’une voix forte qu’on introduisît les mages, les Chaldéens et les augures. Et élevant la voix, le roi dit aux sages de Babylone : Quiconque lira cette écriture et m’en donnera une interprétation manifeste sera revêtu de pourpre, et aura un collier d’or au cou, et sera le troisième dans mon royaume.
8 Tunc ingréssi omnes sapiéntes regis non potuérunt
nec scriptúram légere, nec interpretatiónem indicáre regi.
8. Alors tous les sages du roi entrèrent, et ils ne purent lire l’écriture, ni en donner l’interprétation au roi.
9 Unde rex Baltássar satis conturbátus est, et
vultus illíus immutátus est ; sed et optimátes ejus turbabántur.
9. D’où le roi Baltassar fut extrêmement troublé, et son visage changea, mais ses grands aussi étaient troublés.
10 Regína
autem pro re, quæ accíderat regi et optimátibus ejus, domum convívii ingréssa
est : et próloquens ait : Rex, in ætérnum vive ! non te
contúrbent cogitatiónes tuæ, neque fácies tua immutétur.
10. Or la reine, à cause de ce qui était arrivé au roi et à ses grands, entra dans la maison du festin, et, élevant la voix, elle dit : Roi, vivez à jamais, que vos pensées ne vous troublent pas, et que votre visage ne change point.
11 Est vir in regno tuo, qui spíritum deórum
sanctórum habet in se, et in diébus patris tui sciéntia et sapiéntia invéntæ
sunt in eo : nam et rex Nabuchodónosor pater tuus príncipem magórum,
incantatórum, Chaldæórum, et arúspicum constítuit eum, pater, inquam, tuus, o
rex :
11. Il est un homme dans votre royaume qui a en lui-même l’esprit des dieux saints ; et durant les jours de votre père, la science et la sagesse furent trouvées en lui ; car même Nabuchodonosor votre père l’établit prince des mages, des enchanteurs, des Chaldéens et des augures ; votre père, dis-je, ô roi ;
12 quia spíritus ámplior, et prudéntia, intelligentiáque et interpretátio somniórum, et osténsio secretórum, ac solútio ligatórum invéntæ sunt in eo, hoc est in Daniéle : cui rex pósuit nomen Baltássar. Nunc ítaque Dániel vocétur, et interpretatiónem narrábit.
12. Parce qu’un esprit plus étendu, et la prudence, et l’intelligence, et l’interprétation des songes, et la manifestation des secrets, et le dénouement des choses liées furent trouvés en lui, c’est-à-dire en Daniel, à qui le roi donna le nom de Baltassar. Maintenant donc que Daniel soit appelé, et il donnera l’interprétation.
13 Igitur
introdúctus est Dániel coram rege : ad quem præfátus rex ait : Tu es Dániel
de fíliis captivitátis Judæ, quem addúxit pater meus rex de Judǽa ?
13. Ainsi Daniel fut introduit devant le roi. Le roi, s’étant adressé d’abord à lui, dit : Es-tu Daniel, un des fils de la captivité de Juda, que le roi mon père a amenés de Judée ?
14 audívi de
te, quóniam spíritum deórum hábeas, et sciéntia, intelligentiáque ac sapiéntia
amplióres invéntæ sunt in te.
14. J’ai ouï dire de toi que tu as l’esprit des dieux, et qu’une science, et une intelligence, et une sagesse plus étendues ont été trouvées en toi.
15 Et nunc
introgréssi sunt in conspéctu meo sapiéntes magi, ut scriptúram hanc légerent,
et interpretatiónem ejus indicárent mihi : et nequivérunt sensum hujus
sermónis edícere.
15. Et maintenant ont été introduits en ma présence les mages remplis de sagesse, afin de lire cette écriture, et de m’en donner l’interprétation ; et ils n’ont pu dire le sens de ces paroles.
16 Porro ego
audívi de te, quod possis obscúra interpretári, et ligáta dissólvere : si
ergo vales scriptúram légere, et interpretatiónem ejus indicáre mihi, púrpura
vestíeris, et torquem áuream circa collum tuum habébis, et tértius in regno meo
princeps eris.
16. Mais moi j’ai ouï dire de toi que tu peux interpréter les choses obscures, et délier les choses liées ; si donc tu peux lire cette écriture et m’en donner l’interprétation, tu seras vêtu de pourpre, tu auras un collier d’or autour de ton cou, et tu seras le troisième prince dans mon royaume.
17 Ad quæ
respóndens Dániel, ait coram rege : Múnera tua sint tibi, et dona domus
tuæ álteri da : scriptúram autem legam tibi, rex, et interpretatiónem ejus
osténdam tibi.
17. À quoi répondant Daniel, il dit devant le roi : Que vos présents soient pour vous, et donnez les dons de votre maison à un autre ; mais je vous lirai l’écriture, ô roi, et je vous montrerai son interprétation.
18 O rex,
Deus altíssimus regnum et magnificéntiam, glóriam et honórem dedit Nabuchodónosor
patri tuo.
18. O roi, le Dieu Très-Haut donna le royaume et la magnificence, la gloire et l’honneur, à Nabuchodonosor votre père.
19 Et propter
magnificéntiam, quam déderat ei, univérsi pópuli, tribus, et linguæ tremébant,
et metuébant eum : quos volébat, interficiébat : et quos volébat,
percutiébat : et quos volébat, exaltábat : et quos volébat,
humiliábat.
19. Et à cause de la magnificence qu’il lui avait donnée, tous les peuples, les tribus, les langues tremblaient et le craignaient ; et il tuait ceux qu’il voulait, et il frappait ceux qu’il voulait, et il exaltait ceux qu’il voulait, et il humiliait ceux qu’il voulait.
20 Quando
autem elevátum est cor ejus, et spíritus illíus obfirmátus est ad supérbiam,
depósitus est de sólio regni sui, et glória ejus abláta est :
20. Mais, quand son cœur se fut élevé, et que son esprit se fut affermi dans l’orgueil, il fut déposé du trône, et sa gloire lui fut ôtée.
21 et a fíliis hóminum ejéctus est, sed et cor ejus
cum béstiis pósitum est, et cum ónagris erat habitátio ejus : fœnum quoque
ut bos comedébat, et rore cæli corpus ejus inféctum est, donec cognósceret quod
potestátem habéret Altíssimus in regno hóminum, et quemcúmque volúerit,
suscitábit super illud.
21. Et il fut chassé loin des fils des hommes ; mais même son cœur fut mis avec les bêtes, et avec les onagres était sa demeure ; il mangeait aussi du foin comme le bœuf, et de la rosée du ciel son corps fut couvert, jusqu’à ce qu’il reconnût que le Très-Haut a pouvoir sur le royaume des hommes, et qu’il y élève celui qu’il veut.
22 Tu quoque,
fílius ejus Baltássar, non humiliásti cor tuum, cum scires hæc ómnia :
22. Vous aussi, son fils Baltassar, vous n’avez pas humilié votre cœur, lorsque vous saviez toutes ces choses ;
23 sed advérsum Dominatórem cæli elevátus es :
et vasa domus ejus alláta sunt coram te, et tu, et optimátes tui, et uxóres
tuæ, et concubínæ tuæ vinum bibístis in eis : deos quoque argénteos, et
áureos, et ǽreos, férreos, ligneósque et lapídeos, qui non vident, neque
áudiunt, neque séntiunt, laudásti : porro Deum, qui habet flatum tuum in
manu sua, et omnes vias tuas, non glorificásti.
23. Mais contre le dominateur du ciel vous vous êtes élevé ; et les vases de sa maison ont été apportés devant vous ; et vous, et vos grands, et vos épouses, et vos concubines, y avez bu du vin ; et vous avez loué les dieux d’argent, et d’or, et d’airain, et de fer, et de bois, et de pierre, qui ne voient point, qui n’entendent point, qui ne sentent point ; mais le Dieu qui a en sa main votre souffle et toutes vos voies, vous ne l’avez pas glorifié.
24 Idcírco ab
eo missus est artículus manus, quæ scripsit hoc quod exarátum est.
24. C’est pour cela qu’a été envoyé par lui le doigt de la main qui a écrit ce qui est tracé.
25 Hæc est autem scriptúra, quæ digésta est : Mane,
Thecel, Phares.
25. Or voici l’écriture qui a été tracée : Mané, Thecel, Pharès.
26 Et hæc est
interpretátio sermónis. Mane : numerávit Deus regnum tuum, et complévit
illud.
26. Et voici l’interprétation de ces paroles : Mané : Dieu a compté les jours de votre règne, et il y a mis fin.
27 Thecel : appénsus es in statéra, et invéntus es minus habens.
27. Thecel : Vous avez été pesé dans la balance, et vous avez été trouvé ayant trop peu de poids.
28 Phares :
divísum est regnum tuum, et datum est Medis, et Persis.
28. Pharès : Votre royaume a été divisé, et il a été donné aux Mèdes et aux Perses.
29 Tunc,
jubénte rege, indútus est Dániel púrpura, et circúmdata est torques áurea collo
ejus : et prædicátum est de eo quod habéret potestátem tértius in regno
suo.
29. Alors, le roi ordonnant, Daniel fut vêtu de pourpre, et un collier d’or fut mis autour de son cou, et on publia à son sujet qu’il serait le troisième ayant la puissance dans son royaume.
30 Eádem
nocte interféctus est Baltássar rex Chaldǽus.
30. Dans la même nuit, fut tué Baltassar, roi de Chaldée.
31 Et Daríus Medus succéssit in regnum, annos natus sexagínta duos.
31. Et Darius le Mède lui succéda au royaume, étant âgé de soixante-deux ans.
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CHAP. V. 21. Supra. IV, 22.
1. * Baltassar, selon l’opinion la plus probable, est le fils du dernier roi de Babylone, Nabonide ; du moins Nabonide, dans ses inscriptions, nous apprend qu’il avait un fils appelé Baltassar. Ce dernier n’était pas roi, mais il en exerçait le pouvoir, parce que son père parait l’avoir associé au gouvernement et l’avoir chargé de la défense de Babylone, d’où il était absent, quand Cyrus s’en empara.
2. Nabuchodonosor son père. Baltassar est regardé comme le fils de Nabuchodonosor, soit qu’il descendit de lui par les femmes, soit qu’il fut simplement considéré comme son successeur dans le gouvernement.
6. Les jointures de ses reins ; c’est-à-dire de ses lombes ; car les reins proprement dits n’ont ni jointures ni articulations.
7. * Sera le troisième dans mon royaume. Baltassar ne peut donner à l’interprète de l’écriture mystérieuse que le troisième rang dans le royaume, parce qu’il n’occupe lui-même que le second, étant simplement associé au trône. — Le texte original porte dans le royaume, et non dans mon royaume, parce que ce n’était pas le royaume de Baltassar, mais celui de son père.
8. Ils ne purent lire, etc. Voy. vers. 25.
9. Extrêmement ; c’est le vrai sens du latin satis expliqué par le chaldéen.
11. De votre père ; c’est-à-dire de votre grand-père (vers. 1).
21. Fils des hommes ; expression poétique, pour hommes. — * Avec les onagres dans les lieux sauvages. Sur les onagres, voir Job. XXXIX, 5.
23. Votre souffle vital, votre vie, votre âme.
25. MANÉ, etc. Les sages du roi n’ont pu lire ces mots (vers. 8), soit parce qu’ils pouvaient être en un caractère inconnu dans le pays, tel que l’hébreu ancien, le phénicien, le samaritain, soit parce qu’étant dépourvus de voyelles, isolés et sans suite, la lecture et par là même l’interprétation en devenaient tout naturellement impossibles ; soit enfin parce qu’ils étaient simplement exprimés par leurs lettres initiales ; hypothèse qui n’a rien d’invraisemblable, et qui exprimerait parfaitement l’embarras des sages du roi.
31. Darius le Mède ; selon bien des savants, le même que les historiens grecs appellent Cyaxare II, fils d’Astyage ; mais ni l’histoire ni la critique ne fournissent des preuves suffisantes de cette identité.
²
Daniel élevé en honneur par Darius le Mède. Jalousie des satrapes contre lui. Ordonnance qu’ils obtiennent contre lui du roi. Accusation qu’ils forment contre Daniel. Daniel est jeté dans la fosse aux lions, il en sort sans être blessé. Édit de Darius en faveur de la religion des Juifs.
1 Plácuit Darío, et constítuit super regnum
satrápas centum vigínti ut essent in toto regno suo.
1. Il plut à Darius d’établir sur le royaume cent vingt satrapes ; afin qu’il y en eût dans tout son royaume ;
2 Et super
eos príncipes tres, ex quibus Dániel unus erat : ut satrápæ illis
rédderent ratiónem, et rex non sustinéret moléstiam.
2. Et au-dessus d’eux, trois princes, dont un était Daniel ; afin que les satrapes leur rendissent compte, et que le roi n’eût aucune peine.
3 Igitur Dániel
superábat omnes príncipes et satrápas, quia spíritus Dei ámplior erat in illo.
3. Ainsi Daniel était au-dessus de tous les princes et satrapes, parce que l’esprit de Dieu était plus abondant en lui.
4 Porro rex cogitábat constitúere eum super omne
regnum : unde príncipes, et satrápæ quærébant occasiónem ut invenírent
Daniéli ex látere regis : nullámque causam, et suspiciónem reperíre
potuérunt, eo quod fidélis esset, et omnis culpa, et suspício non invenirétur
in eo.
4. Or le roi pensait à l’établir sur tout le royaume ; d’où les princes et les satrapes cherchaient à trouver un moyen d’accusation contre Daniel du côté du roi ; et ils ne purent découvrir aucune cause de suspicion, parce qu’il était fidèle, et qu’aucune faute et aucun soupçon ne se trouvaient en lui.
5
Dixérunt ergo viri illi : Non inveniémus Daniéli huic áliquam occasiónem,
nisi forte in lege Dei sui.
5. Ces hommes dirent donc : Nous ne trouverons contre ce Daniel aucun moyen d’accusation, si ce n’est dans la loi de son Dieu.
6 Tunc
príncipes et satrápæ surripuérunt regi, et sic locúti sunt ei : Dari rex,
in ætérnum vive !
6. Alors les princes et les satrapes surprirent le roi, et lui parlèrent ainsi : Darius, roi, vivez à jamais.
7
consílium iniérunt omnes príncipes regni tui,
magistrátus, et satrápæ, senatóres, et
júdices, ut decrétum imperatórium éxeat,
et edíctum : ut omnis, qui petíerit áliquam
petitiónem a quocúmque deo et
hómine usque ad trigínta dies, nisi a te, rex,
mittátur in lacum leónum.
7. Tous les princes de votre royaume, les magistrats et les satrapes, les sénateurs et les juges, sont d’avis qu’un décret impérial paraisse, et un édit : Que quiconque fera quelque demande à quelque dieu ou à quelque homme que ce soit d’ici à trente jours, sinon à vous, ô roi, qu’il soit jeté dans la fosse aux lions.
8 Nunc ítaque rex, confírma senténtiam, et scribe
decrétum : ut non immutétur quod statútum est a Medis et Persis, nec
prævaricári cuíquam líceat.
8. Maintenant donc, ô roi, confirmez cet avis, et écrivez le décret, afin que ce qui a été statué par les Mèdes et par les Perses ne soit pas changé, et qu’il ne soit permis à personne de le transgresser.
9 Porro rex Daríus propósuit edíctum, et státuit.
9. Or le roi Darius proposa l’édit, et le publia.
10 Quod cum Dániel comperísset, id est, constitútam
legem, ingréssus est domum suam : et fenéstris apértis in cœnáculo suo
contra Jerúsalem tribus tempóribus in die flectébat génua sua, et adorábat,
confitebatúrque coram Deo suo sicut et ante fácere consuéverat.
10. Lorsque Daniel eut appris cela, c’est-à-dire la loi portée, il entra dans sa maison ; et, les fenêtres ouvertes, il fléchissait les genoux dans sa chambre haute trois fois le jour, tourné vers Jérusalem, et il adorait, et rendait grâce devant son Dieu, comme il avait accoutumé de faire auparavant.
11 Viri ergo
illi curiósius inquiréntes invenérunt Daniélem orántem, et obsecrántem Deum
suum.
11. Ces hommes donc, épiant très soigneusement, trouvèrent Daniel priant et suppliant son Dieu.
12 Et accedéntes locúti sunt regi super
edícto : Rex, numquid non constituísti ut omnis homo qui rogáret quemquam
de diis et homínibus usque ad dies trigínta, nisi te, rex, mitterétur in lacum
leónum ? Ad quos respóndens rex, ait : Verus est sermo juxta decrétum
Medórum atque Persárum, quod prævaricári non licet.
12. Et, venant auprès du roi, ils lui dirent touchant l’édit : O roi, est-ce que vous n’avez pas décidé que tout homme qui jusqu’après trente jours prierait quelqu’un des dieux ou des hommes, sinon vous, ô roi, serait jeté dans la fosse aux lions ? Le roi, leur répondant, dit : Cette parole est véritable, selon le décret des Mèdes et des Perses, qu’il n’est pas permis de transgresser.
13 Tunc
respondéntes dixérunt coram rege : Dániel de fíliis captivitátis Juda, non
curávit de lege tua, et de edícto quod constituísti : sed tribus
tempóribus per diem orat obsecratióne sua.
13. Alors, répondant, ils dirent au roi : Daniel, un des enfants de la captivité de Juda, n’a tenu aucun compte de votre loi et de l’édit que vous avez porté ; mais trois fois par jour il fait sa prière accoutumée.
14 Quod verbum cum audísset rex, satis contristátus
est : et pro Daniéle pósuit cor ut liberáret eum, et usque ad occásum
solis laborábat ut erúeret illum.
14. Lorsque le roi eut entendu cette parole, il fut extrêmement contristé, et il appliqua son cœur à délivrer Daniel, et jusqu’au coucher du soleil il travaillait à le sauver.
15 Viri autem
illi, intelligéntes regem, dixérunt ei : Scito, rex, quia lex Medórum
atque Persárum est ut omne decrétum, quod constitúerit rex, non líceat
immutári.
15. Mais ces hommes, comprenant le roi, lui dirent : Sachez, ô roi, que c’est une loi des Mèdes et des Perses, que tout décret que le roi a porté ne peut être changé.
16 Tunc rex
præcépit, et adduxérunt Daniélem, et misérunt eum in lacum leónum. Dixítque rex
Daniéli : Deus tuus, quem colis semper, ipse liberábit te.
16. Alors le roi ordonna ; et ils amenèrent Daniel, et le jetèrent dans la fosse aux lions. Et le roi dit à Daniel : Ton Dieu, que tu adores toujours, c’est lui qui te délivrera.
17 Allatúsque
est lapis unus, et pósitus est super os laci : quem obsignávit rex ánnulo
suo, et ánnulo optimátum suórum, ne quid fíeret contra Daniélem.
17. Et l’on apporta une pierre, et elle fut placée sur l’ouverture de la fosse, que le roi scella de son anneau et de l’anneau de ses grands, afin qu’il ne fût rien fait contre Daniel.
18 Et ábiit
rex in domum suam, et dormívit incœnátus, cibíque non sunt alláti coram eo,
ínsuper et somnus recéssit ab eo.
18. Et le roi s’en alla à sa maison, et il se coucha sans avoir soupé ; et l’on n’apporta pas de nourriture devant lui ; de plus, le sommeil même s’éloigna de lui.
19 Tunc rex primo dilúculo consúrgens, festínus ad lacum leónum
perréxit :
19. Après cela, le roi, s’étant levé au point du jour, alla en se hâtant à la fosse aux lions ;
20
appropinquánsque lácui, Daniélem voce lacrimábili inclamávit, et affátus est
eum : Dániel serve Dei vivéntis, Deus tuus, cui tu servis semper, putásne
váluit te liberáre a leónibus ?
20. Et, s’étant approché de la fosse, il appela Daniel d’une voix mêlée de larmes, et lui parla ainsi : Daniel, serviteur du Dieu vivant, ton Dieu que tu sers toujours a-t-il pu te délivrer des lions ?
21 Et Dániel
regi respóndens ait : Rex, in ætérnum vive !
21. Et Daniel, répondant au roi, dit : Ô roi, vivez à jamais ;
22 Deus meus
misit ángelum suum, et conclúsit ora leónum, et non nocuérunt mihi : quia
coram eo justítia invénta est in me : sed et coram te, rex, delíctum non
feci.
22. Mon Dieu a envoyé son ange, et a fermé les gueules des lions, et ils ne m’ont pas fait de mal, parce que devant lui la justice a été trouvée en moi ; mais même devant vous, ô roi, je n’ai pas fait de faute.
23 Tunc
veheménter rex gavísus est super eo, et Daniélem præcépit edúci de lacu :
eductúsque est Dániel de lacu, et nulla lǽsio invénta est in eo, quia crédidit
Deo suo.
23. Alors le roi se réjouit beaucoup à cause de lui, et il ordonna que Daniel fut tiré de la fosse ; et Daniel fut tiré de la fosse, et on ne trouva aucune blessure en lui, parce qu’il avait cru en son Dieu.
24 Jubénte
autem rege, addúcti sunt viri illi, qui accusáverant Daniélem : et in
lacum leónum missi sunt, ipsi, et fílii, et uxóres eórum : et non
pervenérunt usque ad paviméntum laci, donec arríperent eos leónes, et ómnia
ossa eórum comminuérunt.
24. Or, le roi ayant commandé, les hommes qui avaient accusé Daniel furent amenés, et jetés dans la fosse aux lions, eux, leurs fils et leurs femmes ; et ils n’étaient pas parvenus jusqu’au pavé de la fosse, que les lions les saisirent et brisèrent tous leurs os.
25 Tunc Daríus rex scripsit univérsis pópulis,
tríbubus, et linguis habitántibus in univérsa terra : Pax vobis
multiplicétur.
25. Alors Darius le roi écrivit à tous les peuples, aux tribus, et aux langues, habitant dans toute la terre : Que la paix se multiplie pour vous.
26 A me
constitútum est decrétum, ut in univérso império et regno meo, tremíscant et
páveant Deum Daniélis : ipse est enim Deus vivens, et ætérnus in sǽcula,
et regnum ejus non dissipábitur, et potéstas ejus usque in ætérnum.
26. Par moi est établi le décret, que dans tout mon empire et mon royaume, on tremble et on craigne le Dieu de Daniel, car c’est lui qui est le Dieu vivant et éternel dans les siècles ; et son royaume ne sera pas détruit, et sa puissance subsistera éternellement.
27 Ipse
liberátor atque salvátor, fáciens signa et mirabília in cælo et in terra :
qui liberávit Daniélem de lacu leónum.
27. C’est lui qui est le libérateur et le sauveur, faisant des prodiges et des merveilles dans le ciel et sur la terre ; lui qui a délivré Daniel de la fosse aux lions.
28 Porro Dániel perseverávit usque ad regnum
Daríi, regnúmque Cyri Persæ.
28. Or Daniel continua d’être en dignité jusqu’au règne de Darius, et au règne de Cyrus, roi de Perse.
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CHAP. VI. 22. I Mach. II, 60. — 28. Supra. I, 21.
1. Cent vingt satrapes. Du temps d’Esther, où le royaume de Perse avait pris de plus grands accroissements par les conquêtes postérieures, on comptait cent vingt-sept satrapies (Esth. I, 1 ; VIII, 9).
4. * Du côté du roi ; dans les affaires qu’il faisait pour le roi.
7. * Dans la fosse aux lions. C’était, avec la fournaise, un des supplices les plus usités en Chaldée.
8. Afin que ce qui a été statué, etc. Chez les Perses une loi ou une ordonnance ou un édit fait avec les formalités ordinaires ne pouvait plus être révoqué même par le roi (Esth. I, 19 ; VIII, 8).
10. Dans sa chambre haute (in cœnaculo). Compar. Tob. III, 10 ; Act. I, 13. — Tourné, etc. Les Juifs, hors de Jérusalem, tournaient leur visage, pendant la prière, du côté de cette ville (III Reg. VIII, 44). — Trois fois le jour. Voy. Ps. LIV, 18 ; Act. III, 1.
12. Qu’il n’est pas permis, etc. Voy. le vers. 8.
14. Extrêmement (satis). Voy. V, 9.
25. Et aux langues. Voy. III, 4.
28. Pour suivre l’ordre des temps, il faut passer de ce verset au chap. IX, les chap. VII et VIII se rapportant, comme nous l’avons dit plus haut (IV, 34), aux temps qui ont précédé les faits marqués aux chap. V et VI.
²
(a) Vision de quatre bêtes qui représentent quatre empires. Caractères particuliers de la quatrième bête. Puissance ennemie des saints. Jugement du Seigneur. Règne du Fils de l’homme, règne des saints.
1 Anno primo Baltássar regis Babylónis, Dániel
sómnium vidit : vísio autem cápitis ejus in cubíli suo : et sómnium
scribens, brevi sermóne comprehéndit : summatímque perstríngens,
ait :
1. En la première année de Baltassar, roi de Babylone, Daniel vit un songe ; mais cette vision de sa tête, il l’eut dans son lit ; et écrivant le songe, il le recueillit en peu de paroles, et le rapportant sommairement, il dit :
2 Vidébam in visióne mea nocte : et ecce quátuor venti cæli pugnábant in
mari magno.
2. Je voyais dans ma vision, durant la nuit, et voici que les quatre vents du ciel combattaient sur la grande mer.
3 Et quátuor béstiæ grandes ascendébant de mari
divérsæ inter se.
3. Et quatre grandes bêtes montaient de la mer, différentes entre elles.
4 Prima quasi
leǽna, et alas habébat áquilæ : aspiciébam donec evúlsæ sunt alæ ejus, et
subláta est de terra, et super pedes quasi homo stetit ; et cor hóminis
datum est ei.
4. La première était comme une lionne, et elle avait des ailes d’aigle ; je la regardais jusqu’à ce que ses ailes furent arrachées et qu’elle fut élevée de terre ; et elle se tint sur ses pieds comme un homme ; et un cœur d’homme lui fut donné.
5 Et ecce
béstia ália símilis urso in parte stetit : et tres órdines erant in ore
ejus, et in déntibus ejus, et sic dicébant ei : Surge, cómede carnes
plúrimas.
5. Et voici qu’une autre bête semblable à un ours, se tint à côté ; et il y avait trois rangs dans sa gueule et dans ses dents, et on lui disait ainsi : Lève-toi, mange beaucoup de chairs.
6 Post hæc aspiciébam, et ecce ália quasi pardus,
et alas habébat quasi avis, quátuor super se : et quátuor cápita erant in
béstia, et potéstas data est ei.
6. Après cela je regardais, et voici une autre bête comme un léopard, et elle avait quatre ailes d’oiseau au-dessus d’elle ; et cette bête avait quatre têtes, et la puissance lui fut donnée.
7 Post hæc
aspiciébam in visióne noctis, et ecce béstia quarta terríbilis atque mirábilis,
et fortis nimis : dentes férreos habébat magnos, cómedens atque
commínuens, et réliqua pédibus suis concúlcans : dissímilis autem erat
céteris béstiis quas vidéram ante eam, et habébat córnua decem.
7. Après cela je regardais dans cette vision de nuit, et voici une quatrième bête terrible et merveilleuse, et extrêmement forte ; elle avait de grandes dents de fer, mangeant, et mettant en pièces, et foulant les restes avec ses pieds ; mais elle était différente des autres bêtes que j’avais vues avant elle ; et elle avait dix cornes.
8 Considerábam córnua, et ecce cornu áliud párvulum
ortum est de médio eórum : et tria de córnibus primis evúlsa sunt a fácie
ejus : et ecce óculi, quasi óculi hóminis erant in cornu isto, et os
loquens ingéntia.
8. Je considérai ses cornes, et voici qu’une autre petite corne s’éleva du milieu d’elles ; et trois des premières cornes furent arrachées de sa face ; et voici que des yeux comme des yeux d’un homme étaient à cette corne, et qu’une bouche disait de grandes choses.
9 Aspiciébam donec throni pósiti sunt, et antíquus
diérum sedit. Vestiméntum ejus cándidum quasi nix, et capílli cápitis ejus
quasi lana munda : thronus ejus flammæ ignis : rotæ ejus ignis
accénsus.
9. Je regardais jusqu’à ce que des trônes furent placés, et un vieillard s’assit ; son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête blancs comme une laine pure ; son trône, des flammes de feu ; ses roues, un feu brulant.
10 Flúvius ígneus rapidúsque egrediebátur a fácie ejus. Míllia
míllium ministrábant ei, et décies míllies centéna míllia assistébant ei :
judícium sedit, et libri apérti sunt.
10. Un fleuve de feu et rapide sortait de sa face ; des milliers de milliers d’anges le servaient, et dix milliers de centaines de milliers d’anges assistaient devant lui ; le jugement se tint, et des livres furent ouverts.
11 Aspiciébam
propter vocem sermónum grándium, quos cornu illud loquebátur : et vidi
quóniam interfécta esset béstia, et perísset corpus ejus, et tráditum esset ad
comburéndum igni :
11. Je regardais à cause de la voix des grandes paroles que cette corne prononçait ; et je vis que la bête fut tuée, et que son corps périt, et qu’il fut livré pour être brulé par le feu ;
12 aliárum quoque bestiárum abláta esset potéstas,
et témpora vitæ constitúta essent eis usque ad tempus et tempus.
12. Je vis aussi que la puissance des autres bêtes leur fut ôtée, et que les temps de vie leur furent marqués jusqu’à un temps et un temps.
13 Aspiciébam ergo in visióne noctis, et ecce cum
núbibus cæli quasi fílius hóminis veniébat, et usque ad antíquum diérum
pervénit : et in conspéctu ejus obtulérunt eum.
13. Je regardais donc dans la vision de nuit, et voici comme le fils d’un homme qui venait avec les nuées du ciel ; et il s’avança jusqu’au vieillard, et ils le présentèrent devant lui.
14 Et dedit ei potestátem, et honórem, et
regnum : et omnes pópuli, tribus, et linguæ ipsi sérvient : potéstas
ejus, potéstas ætérna, quæ non auferétur : et regnum ejus, quod non
corrumpétur.
14. Et il lui donna la puissance, et l’honneur, et le royaume ; et tous les peuples, tribus et langues le serviront ; sa puissance est une puissance éternelle, qui ne lui sera pas enlevée ; et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit.
15 Hórruit spíritus meus : ego Dániel térritus
sum in his, et visiónes cápitis mei conturbavérunt me.
15. Mon esprit fut saisi d’effroi ; moi Daniel, je fus épouvanté de ces choses, et les visions de ma tête me troublèrent.
16 Accéssi ad unum de assisténtibus, et veritátem quærébam ab eo de ómnibus his. Qui dixit mihi interpretatiónem sermónum, et dócuit me :
16. Je m’approchai de l’un des assistants, et lui demandai la vérité sur toutes ces choses. Et il me donna l’interprétation des paroles, et il m’instruisit, disant :
17 Hæ quátuor
béstiæ magnæ, quátuor sunt regna, quæ consúrgent de terra.
17. Ces quatre grandes bêtes sont quatre royaumes qui s’élèveront de la terre.
18 Suscípient autem regnum sancti Dei altíssimi, et
obtinébunt regnum usque in sǽculum, et sǽculum sæculórum.
18. Et les saints du Dieu très-haut recevront le royaume, et ils le possèderont jusqu’au siècle et au siècle des siècles.
19 Post hoc
vólui diligénter díscere de béstia quarta, quæ erat dissímilis valde ab
ómnibus, et terríbilis nimis : dentes et ungues ejus férrei :
comedébat, et comminuébat, et réliqua pédibus suis conculcábat :
19. Après cela je voulus soigneusement m’informer de la quatrième bête, qui était très différente de toutes les autres, et terrible ; ses dents et ses ongles étaient de fer ; elle mangeait, et mettait en pièces, et foulait les restes avec ses pieds ;
20 et de córnibus decem, quæ habébat in cápite, et
de álio, quod ortum fúerat, ante quod cecíderant tria córnua : et de cornu
illo, quod habébat óculos, et os loquens grándia, et majus erat céteris.
20. Je voulus m’informeraussi des dix cornes qu’elle avait à la tête, et de l’autre qui s’était élevée, devant laquelle étaient tombées trois cornes ; et de cette corne qui avait des yeux et une bouche qui disait de grandes choses et était plus grande que les autres.
21
Aspiciébam, et ecce cornu illud faciébat bellum advérsus sanctos, et prævalébat
eis,
21. Je regardais, et voici que cette corne faisait la guerre aux saints et prévalait sur eux,
22 donec venit antíquus diérum, et judícium dedit
sanctis Excélsi, et tempus advénit, et regnum obtinuérunt sancti.
22. Jusqu’à ce que vint l’ancien des jours, et qu’il donna le jugement aux saints du Très-Haut ; et le temps arriva, et les saints possédèrent le royaume.
23 Et sic
ait : Béstia quarta, regnum quartum erit in terra, quod majus erit ómnibus
regnis, et devorábit univérsam terram, et conculcábit, et commínuet eam.
23. Et il dit ainsi : La quatrième bête sera le quatrième royaume sur la terre, lequel sera plus grand que tous les autres royaumes, et dévorera toute la terre, et la foulera et la réduira en poudre.
24 Porro
córnua decem ipsíus regni, decem reges erunt : et álius consúrget post
eos, et ipse poténtior erit prióribus, et tres reges humiliábit.
24. Or les dix cornes de ce royaume même seront dix rois ; et un autre s’élèvera après eux, et celui-ci sera plus puissant que les premiers, et il humiliera trois rois.
25 Et sermónes contra Excélsum loquétur, et sanctos
Altíssimi cónteret : et putábit quod possit mutáre témpora, et
leges : et tradéntur in manu ejus usque ad tempus, et témpora, et dimídium
témporis.
25. Et il profèrera des paroles contre le Très-Haut, et il brisera les saints du Très-Haut ; et il pensera qu’il peut changer les temps et les lois ; et ils seront livrés en sa main jusqu’à un temps, et deux temps, et la moitié d’un temps.
26 Et judícium sedébit, ut auferátur poténtia, et
conterátur, et dispéreat usque in finem.
26. Et le jugement se tiendra, afin que la puissance lui soit ôtée, et qu’il soit brisé, et qu’il périsse entièrement pour jamais ;
27 Regnum autem, et potéstas, et magnitúdo regni,
quæ est subter omne cælum, detur pópulo sanctórum Altíssimi : cujus
regnum, regnum sempitérnum est, et omnes reges sérvient ei, et obédient.
27. Mais que le royaume, et la puissance, et l’étendue du royaume, laquelle est sous le ciel entier, soit donnée au peuple des saints du Très-Haut, dont le royaume est un royaume éternel, et tous les rois le serviront et lui obéiront.
28 Hucúsque finis verbi. Ego Dániel multum
cogitatiónibus meis conturbábar, et fácies mea mutáta est in me : verbum
autem in corde meo conservávi.
28. Ici est la fin de la parole. Moi, Daniel, j’étais beaucoup troublé par mes pensées, et ma face changea en moi ; mais la parole, je la conservai dans mon cœur.
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CHAP.
VII. 10. Apoc. V, 11. — 14. Supra. III, 100 ; IV, 31 ; Mich. IV, 7 ; Luc. I, 32.
(a). Les chapitres précédents contiennent la partie historique du livre de Daniel ; celui-ci et les suivants, jusqu’au XIIe inclusivement, sont consacrés aux prophéties.
1-28. * 1° Prophétie des quatre empires représentés par quatre animaux. — Le chap. VII contient le récit d’un songe prophétique de Daniel. La première année du règne de Baltassar, il vit les mêmes empires dont il a été déjà question au chap. II, mais sous un nouveau symbole ; au lieu de la statue, ce sont maintenant des animaux : l’empire chaldéen est représenté par un lion ailé, tel qu’on en voit sur les monuments indigènes ; le médo-perse, par un ours avec trois rangs de dents dans la gueule (les royaumes de Lydie, d’Égypte et de Babylone, cf. VI, 2) ; le gréco-macédonien, par un léopard qui avait quatre ailes (Antigone, Ptolémée, Lysimaque et Cassandre, successeurs d’Alexandre) ; le romain, par une bête terrible, aux dents de fer, et à dix cornes, entre lesquelles en pousse une onzième qui arrache trois des précédentes. L’interprétation de la quatrième bête donne lieu à des contestations. Plusieurs croient qu’elle représente l’empire grec, non le romain, parce qu’ils font du mède et du perse deux empires successifs ; à leurs yeux les dix cornes sont dix rois de Syrie, et la onzième corne est Antiochus Épiphane. Cette explication est invraisemblable : elle a le tort de partager en deux l’empire médo-perse. Les dix cornes sont dix empereurs romains ; quant à la onzième, les commentateurs catholiques la considèrent généralement comme l’emblème de l’Antéchrist, persécuteur de l’Église, II Thess. II.
1. Baltassar ; le même dont il est parlé V, 1 et suivants. — Vision de sa tête. Voy. II, 28.
2. Les quatre vents ; les troubles, les agitations que les quatre empires, dont le Prophète va parler, causeront dans le monde désigné par la grande mer.
3. Quatre grandes bêtes ; c’est-à-dire quatre grands empires (vers. 17), dont probablement le premier est l’empire des Chaldéens ; le second, celui des Mèdes et des Perses ; le troisième, celui des Grecs ; le quatrième, celui des Romains.
6. Ces quatre ailes et ces quatre têtes représentent probablement les quatre princes qui, après la mort d’Alexandre, se partagèrent son royaume. Compar. VIII, 8, 22.
8. Une autre petite corne, etc. ; le royaume de l’Antéchrist, selon la plupart des interprètes ; celui de Mahomet, selon quelques-uns. — Disait de grandes choses ; c’est-à-dire, selon le style biblique, disait des paroles insolentes, pleines d’orgueil, de blasphèmes, d’impiétés. Compar. le vers. 25 et XI, 36.
9. Un vieillard ; littér. dans le texte original et le grec, un ancien de jours ; expression qui, dans la langue persane, a la même signification. Or ce vieillard, c’est Dieu, juge éternel des vivants et des morts.
12. Un temps et un temps ; la période de temps déterminée dans les décrets divins.
13. Le fils d’un homme ; ou, comme portent le chaldéen et le grec, un fils d’homme ; expression poétique, qui, comme nous l’avons déjà remarqué, signifie un homme. Or ce que dit ici Daniel ne peut convenir à la lettre qu’à Jésus-Christ dans son second avènement. Compar. Matth. XXVI, 64. — Vieillard. Voy. le vers. 9.
14. Il lui donna, etc. On ne saurait employer de termes plus forts et plus formels pour exprimer le règne éternel du Sauveur ; il semble qu’il faisait lui-même allusion à ce passage, quand il disait : “Toute puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre” (Matth. XXVIII, 18). — Et langues. Voy. III, 4.
15. Les visions de ma tête. Voy. II, 28.
18. Les saints du Dieu très-haut règnent avec Jésus-Christ dans le ciel depuis qu’il leur en a ouvert l’entrée par son ascension glorieuse ; mais à la fin du monde, lorsqu’ils viendront avec le Sauveur au dernier jugement, ils prendront du royaume céleste une possession en quelque sorte plus complète et plus parfaite. Voy. Matth. XXV, 34. C’est à tort que dom Calmet traduit, les grands saints du Seigneur, en attaquant la version grecque de Théodotion. Le chaldéen Helïônin, est simplement un pluriel d’excellence ou de majesté, comme Elôhîm en hébreu.
20. Disait de grandes choses. Voy. le vers. 8.
22, 25, 27. Saints du Très-Haut. Voy. le vers. 18.
25. Il profèrera, etc. ; ce qui convient non seulement à l’Antéchrist (Apoc. XIII, 6), mais aussi à Antiochus Épiphane (VIII, 23 ; I Mach. I, 23, 43-53 ; II Mach. IX, 28), et à Mahomet lui-même, qui a établi sa nouvelle loi à main armée. — Un temps, etc. ; c’est-à-dire l’espace de trois ans et demi, suivant l’opinion commune, qui applique ce passage à la persécution de l’Antéchrist (Apoc. XII, 6 ; XIII, 5). L’historien Josèphe dit expressément, dans la préface de son Histoire de la guerre des Juifs, qu’Antiochus Épiphane posséda Jérusalem trois ans et six mois. Mais par rapport à l’empire de Mahomet, il semble que ces temps doivent être pris autrement que pour les autres empires.
26. Et le jugement, etc. La plupart des interprètes rapportent ceci à la ruine de l’Antéchrist, et au jugement dernier.
27. Cette partie de la prophétie ne saurait s’expliquer de l’empire que Dieu donna aux Machabées, et aux princes leurs successeurs ; car leur puissance ne fut ni assez absolue ni assez étendue pour vérifier de si grandes et de si magnifiques promesses. Il n’y a que l’empire de Jésus-Christ et de son Église en qui l’on en trouve l’accomplissement réel et véritable.
28. De la parole ; du discours de l’ange.
²
(a) Vision d’un bélier à deux cornes, et d’un bouc qui n’en a qu’une. Cette corne unique se rompt, mais il s’en forme quatre à sa place. Explication de cette vision par l’ange Gabriel. Roi imprudent, ses efforts, ses victoires, sa chute, sa perte.
1 Anno tértio regni Baltássar regis, vísio appáruit
mihi. Ego Dániel, post id quod
vidéram in princípio,
1. En la troisième année du règne du roi Baltassar, une vision m’apparut. Moi, Daniel, après ce que j’avais vu au commencement,
2 vidi in visióne mea, cum essem in Susis castro,
quod est in Ælam regióne : vidi autem in visióne esse me super portam Ulaï.
2. Je vis en ma vision, quand j’étais au château de Suse, qui est dans la région d’Ælam, je vis en ma vision que j’étais sur la porte d’Ulai.
3 Et levávi óculus meos, et vidi : et ecce áries unus stabat ante palúdem, habens córnua excélsa, et unum excélsius áltero atque succréscens. Póstea
3. Et je levai les yeux, et je vis : et voici un bélier qui se tenait devant le marais, ayant des cornes hautes, et l’une plus haute que l’autre et qui croissait. Ensuite
4 vidi aríetem córnibus ventilántem contra
occidéntem, et contra aquilónem, et contra merídiem, et omnes béstiæ non
póterant resístere ei, neque liberári de manu ejus : fecítque secúndum
voluntátem suam, et magnificátus est.
4. Je vis que le bélier frappait de ses cornes contre l’occident, et contre l’aquilon, et contre le midi ; et aucune bête ne pouvait ni lui résister, ni se délivrer de sa puissance ; et il fit selon sa volonté, et il devint très puissant.
5 Et ego intelligébam : ecce autem hircus
caprárum veniébat ab occidénte super fáciem totíus terræ, et non tangébat
terram : porro hircus habébat cornu insígne inter óculos suos.
5. Et je considérais attentivement ; mais voici qu’un bouc de chèvres venait de l’occident sur la face de toute la terre, et il ne touchait pas la terre ; or le bouc avait une corne remarquable entre les yeux.
6 Et venit
usque ad aríetem illum cornútum, quem vidéram stantem ante portam, et cucúrrit
ad eum in ímpetu fortitúdinis suæ.
6. Et il vint jusqu’à ce bélier qui avait des cornes, et que j’avais vu se tenant devant la porte, et il courut à lui dans l’impétuosité de sa force.
7 Cumque
appropinquásset prope aríetem, efferátus est in eum, et percússit
aríetem : et commínuit duo córnua ejus, et non póterat áries resístere
ei : cumque eum misísset in terram, conculcávit, et nemo quibat liberáre
aríetem de manu ejus.
7. Et lorsqu’il fut près du bélier, il se jeta avec furie sur lui, et le frappa, et brisa ses deux cornes ; et le bélier ne pouvait lui résister ; et lorsqu’il l’eut jeté à terre, il le foula aux pieds, et personne ne pouvait délivrer le bélier de sa puissance.
8 Hircus autem caprárum magnus factus est
nimis : cumque crevísset, fractum est cornu magnum, et orta sunt quátuor
córnua subter illud per quátuor ventos cæli.
8. Alors le bouc des chèvres devint extrêmement grand ; et lorsqu’il eut crû, sa grande corne se rompit, et quatre cornes s’élevèrent sous celle-là vers les quatre vents du ciel.
9 De uno autem ex eis egréssum est cornu unum
módicum : et factum est grande contra merídiem, et contra oriéntem, et
contra fortitúdinem.
9. Et de l’une d’elles sortit une petite corne ; et elle devint grande vers le midi, et vers l’orient, et vers la force.
10 Et magnificátum est usque ad fortitúdinem
cæli : et dejécit de fortitúdine, et de stellis, et conculcávit eas.
10. Et elle s’éleva jusqu’à la force du ciel, et renversa une partie de la force, et des étoiles, et les foula aux pieds.
11 Et usque ad príncipem fortitúdinis magnificátum
est : et ab eo tulit juge sacrifícium, et dejécit locum sanctificatiónis
ejus.
11. Et elle s’éleva jusqu’au prince de la force, elle lui ravit son sacrifice perpétuel, et renversa le lieu de sa sanctification.
12 Robur
autem datum est ei contra juge sacrifícium propter peccáta : et
prosternétur véritas in terra, et fáciet, et prosperábitur.
12. Or la force lui fut donnée contre le sacrifice perpétuel, à cause des péchés ; et la vérité sera abattue sur la terre, et il agira, et il prospèrera.
13 Et audívi
unum de sanctis loquéntem : et dixit unus sanctus álteri néscio cui
loquénti : Usquequo vísio, et juge sacrifícium, et peccátum desolatiónis
quæ facta est : et sanctuárium, et fortitúdo conculcábitur ?
13. Et j’entendis un des saints parlant ; et un saint dit à l’autre, je ne sais lequel, qui parlait : Jusques à quand la vision, et le sacrifice perpétuel, et le péché qui a causé la désolation ; jusques à quand le sanctuaire, et la force sera foulée aux pieds ?
14 Et dixit ei : Usque ad vésperam et mane,
dies duo míllia trecénti : et mundábitur sanctuárium.
14. Et il dit : Jusqu’à un soir et un matin, deux mille trois cents jours, et le sanctuaire sera purifié.
15 Factum est
autem cum vidérem ego Dániel visiónem, et quǽrerem intelligéntiam : ecce
stetit in conspéctu meo quasi spécies viri.
15. Or, il arriva que, lorsque je voyais, moi Daniel, la vision, et que j’en cherchais l’intelligence, voilà que s’arrêta en ma présence comme la ressemblance d’un homme.
16 Et audívi vocem viri inter Ulaï : et
clamávit, et ait : Gábriel, fac intellígere istam visiónem.
16. Et j’entendis la voix d’un homme entre l’Ulai, et il cria et me dit : Gabriel, fais-lui comprendre cette vision.
17 Et venit,
et stetit juxta ubi ego stabam : cumque venísset, pavens córrui in fáciem
meam : et ait ad me : Intéllige, fili hóminis, quóniam in témpore
finis complébitur vísio.
17. Et il vint, et il s’arrêta près du lieu où moi j’étais ; et lorsqu’il fut venu, effrayé je tombai sur ma face, et il me dit : Comprends, fils d’un homme, parce qu’au temps de la fin s’accomplira la vision.
18 Cumque
loquerétur ad me, collápsus sum pronus in terram : et tétigit me, et
státuit me in gradu meo,
18. Et comme il me parlait, je tombai incliné vers la terre ; et il me toucha, et il me remit sur mes pieds,
19 dixítque mihi : Ego osténdam tibi quæ futúra
sunt in novíssimo maledictiónis : quóniam habet tempus finem suum.
19. Et il me dit : C’est moi qui te montrerai les choses qui doivent arriver au dernier moment de la malédiction, parce que le temps a sa fin.
20 Aries,
quem vidísti habére córnua, rex Medórum est atque Persárum.
20. Le bélier que tu as vu, qui avait des cornes, est le roi des Mèdes et des Perses.
21 Porro hircus caprárum, rex Græcórum est ; et
cornu grande, quod erat inter óculos ejus, ipse est rex primus.
21. Mais le bouc des chèvres est le roi des Grecs, et la grande corne qui était entre ses yeux, c’est le premier roi.
22 Quod autem fracto illo surrexérunt quátuor pro eo : quátuor reges de gente ejus consúrgent, sed non in fortitúdine ejus.
22. Or celle-ci ayant été rompue, quatre se sont élevées à sa place ; quatre rois de sa nation s’élèveront, mais non avec sa force.
23 Et post regnum eórum, cum créverint iniquitátes,
consúrget rex ímpudens fácie, et intélligens propositiónes ;
23. Et après leur règne, lorsque les iniquités se seront accrues, un roi à la face impudente viendra et comprendra les choses cachées ;
24 et roborábitur fortitúdo ejus, sed non in víribus suis : et supra quam credi potest, univérsa vastábit, et prosperábitur, et fáciet. Et interfíciet robústos, et pópulum sanctórum
24. Et sa puissance s’affermira, mais non par ses propres forces ; et il dévastera toutes choses au delà de ce que l’on peut croire, et il prospèrera, et il agira. Et il tuera des forts, et un peuple de saints
25 secúndum voluntátem suam, et dirigétur dolus in
manu ejus : et cor suum magnificábit, et in cópia rerum ómnium occídet
plúrimos : et contra príncipem príncipum consúrget, et sine manu
conterétur.
25. Selon sa volonté, et la fraude sera dirigée par sa main ; et il élèvera son cœur, et dans son abondance de toutes choses il fera périr un très grand nombre de victimes, et contre le prince des princes il s’élèvera, et sans la main d’aucun homme il sera brisé.
26 Et vísio véspere et mane, quæ dicta est, vera
est : tu ergo visiónem signa, quia post multos dies erit.
26. Et la vision du soir et du matin, qui a été mentionnée, est véritable ; toi donc, scelle la vision, parce que c’est après bien des jours qu’elle sera accomplie.
27 Et ego Dániel langui, et ægrotávi per dies :
cumque surrexíssem, faciébam ópera regis, et stupébam ad visiónem, et non erat
qui interpretarétur.
27. Et moi Daniel, j’ai langui et j’ai été malade pendant des jours ; et, lorsque je me fus levé, je travaillais aux affaires du roi, et j’étais dans la stupeur au sujet de la vision, et il n’y avait personne qui l’interprétât.
~
CHAP. VIII.
(a). Ce chapitre et les suivants jusqu’au XIIe inclusivement sont écrits en hébreu.
1-27. * 2° Prophétie de la persécution d’Antiochus Épiphane, VIII. — La seconde vision développe une partie de la première. La troisième année du règne de Baltassar, Daniel vit l’empire médo-perse sous la figure d’un bélier, et l’empire grec sous celle d’un bouc à une corne. Le bouc triomphe du bélier et grandit ; alors sa corne unique se brise et il lui en pousse quatre autres à la place ; de l’une d’elles en sort une cinquième qui s’élève jusqu’au ciel et opprime le peuple des saints pendant 2300 jours. — La première corne du bouc est Alexandre le Grand qui ruine l’empire perse ; les quatre cornes sont les quatre royaumes qui se forment des débris de son empire : celui de Macédoine, à l’ouest ; de Syrie, à l’est ; d’Égypte, au sud, et de Thrace, au nord. La cinquième corne, qui fait cesser le sacrifice perpétuel, est Antiochus Épiphane. Les 2300 jours font six ans et demi, en années lunaires. On peut les compter depuis l’an 143 de l’ère des Séleucides, auquel Antiochus se rendit maitre de Jérusalem, I Mach. I, 21, jusqu’à l’an 149, qui est celui de sa mort, I Mach. VI, 16.
1. Au commencement du règne de Baltassar.
2. Ælam ; province de Perse, appelée aussi Élymaïde. — Sur la porte ; sur le bord, près de. — Ulai ; fleuve qui séparait la Susiane de l’Élymaïde ; c’est l’Eulǽus des géographes. — * Suse ; capitale de la Susiane, sur l’Ulai, une des résidences des rois de Perse.
3. Un bélier. Ce bélier représente l’empire des Perses et des Mèdes (vers. 20). La corne la plus élevée signifie la puissance des Perses, supérieure à celle des Mèdes, figurée par la corne moins élevée.
4. Et il devint très puissant. Les rois de Perse étendirent en effet de proche en proche leurs conquêtes, sans trouver de résistance.
5. Bouc de chèvres. Voy. sur la valeur de cette expression, Ezech. XLIII, 22. Ce bouc représente la monarchie des Grecs ; la corne, le premier de leurs rois, Alexandre le Grand (vers. 21) ; la rapidité de la course de ce bouc, la rapidité des conquêtes de ce prince.
8. Quatre cornes, etc. Voy. VII, 6.
9. Une petite corne ; c’est Antiochus Épiphane, au commencement sans puissance. — Vers la force (contra fortitudinem) ; c’est aussi le sens de la version grecque ; mais l’hébreu porte, vers la beauté ; c’est-à-dire vers la terre de la beauté, nom par lequel les prophètes désignent fréquemment la Judée (XI, 16, 41 ; Jer. III, 19 ; Ezech. XX, 6, 15).
10. La force du ciel ; selon la Vulgate et le grec ; mais suivant l’hébreu, l’armée du ciel. Par cette force ou armée du ciel, on entend le peuple du Seigneur persécuté ; et par les étoiles renversées, soit les Juifs qui moururent courageusement dans la persécution, soit ceux qui renoncèrent à leur religion, pour obéir aux ordres du tyran (I Mach. I, 48, 55 et suiv. ; II Mach. IV, 14 et suiv.). Les étoiles et les astres en général sont très souvent mis dans l’Écriture pour désigner les saints, les justes et les savants. — Dans les trois vers. suivants, l’hébreu porte également armée, au lieu de force.
11. Prince de la force ; c’est-à-dire Dieu lui-même. — Le lieu de sa sanctification ; de sa consécration, qu’il s’était consacré, son sanctuaire, son temple. Voy. Ps. LXXVII, 54.
14. Jusqu’à un soir, etc. ; c’est-à-dire, jusqu’à deux mille et trois cents jours composés d’un soir et d’un matin. Chez les Hébreux, le jour commençait le soir (Gen. I, 5, 8, etc.). Ces deux mille trois cents jours font six ans et demi selon le calcul des années lunaires de trois cent cinquante-quatre ou trois cent cinquante-cinq jours, et peuvent se compter depuis l’an 143 des Grecs, auquel Antiochus marcha contre Israël, et se rendit maitre de Jérusalem (I Mach. I, 21), jusqu’à l’année 149, qui est celle de la mort de ce prince (I Mach. VI, 16). — Le sanctuaire sera purifié ; il le fut après la défaite de Lýsias, le vingt-cinquième jour du neuvième mois de l’an 148 du règne des Grecs (I Mach. IV, 52).
16. Entre l’Ulai. Voy. vers. 2. — Gabriel. C’est l’ange de ce nom sous la forme d’un homme.
19. Le temps a sa fin ; le temps de ces visions s’accomplira enfin.
21. Le bouc des chèvres. Voy. Ezech. XLIII, 22.
23. Les choses cachées (propositiones). Voy. Ps. LXXVII, 2.
24. Un peuple de saints ; le peuple consacré au Seigneur, les Juifs, qui souffrirent une persécution sanglante sous le règne d’Antiochus (I Mach. I, 53 et suiv.).
25. Et sans la main, etc. Voy. II Mach. IX, la fin d’Antiochus.
26. Et la vision du soir et du matin ; c’est-à-dire dans laquelle a été montré ce qui doit arriver dans un certain nombre de jours ordinaires composés de la nuit et du jour. — Scelle la vision. Les prophètes avaient accoutumé de publier leurs prophéties, surtout celles qui devaient bientôt s’accomplir, mais l’ange ordonna à Daniel de garder celle-ci, et de la tenir fermée avec un sceau. Voy., vers. 14.
27. Pour suivre l’ordre des temps, il faut placer à la suite de ce verset les chap. V et VI.
²
Daniel implore la miséricorde du Seigneur pour son peuple. L’ange Gabriel lui annonce le temps précis de la venue du Messie.
1 In anno primo Daríi fílii Assuéri de sémine
Medórum, qui imperávit super regnum Chaldæórum,
1. En la première année de Darius, fils d’Assuérus, de la race des Mèdes, qui régna sur le royaume des Chaldéens ;
2 anno uno regni ejus, ego Dániel intelléxi in
libris númerum annórum, de quo factus est sermo Dómini ad Jeremíam prophétam,
ut compleréntur desolatiónis Jerúsalem septuagínta anni.
2. La première année de son règne, moi, Daniel, je compris dans les livres le nombre des années, au sujet duquel la parole du Seigneur avait été adressée à Jérémie, le prophète, afin que fussent accomplis les soixante et dix ans de la désolation de Jérusalem.
3 Et pósui
fáciem meam ad Dóminum Deum meum rogáre et deprecári in jejúniis, sacco, et
cínere.
3. Et je posai ma face vers le Seigneur mon Dieu, pour prier et supplier dans les jeûnes, le sac et la cendre.
4 Et orávi
Dóminum Deum meum, et conféssus sum, et dixi : Obsecro, Dómine Deus magne
et terríbilis, custódiens pactum, et misericórdiam diligéntibus te, et
custodiéntibus mandáta tua :
4. Et je priai le Seigneur mon Dieu, et je confessai mes fautes, et dis : Je vous conjure, Seigneur, Dieu grand et terrible, qui gardez l’alliance et la miséricorde à ceux qui vous aiment et qui gardent vos commandements.
5 peccávimus,
iniquitátem fécimus, ímpie égimus, et recéssimus : et declinávimus a
mandátis tuis ac judíciis.
5. Nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons agi avec impiété, et nous nous sommes retirés, et nous nous sommes détournés de vos commandements et de vos jugements.
6 Non
obedívimus servis tuis prophétis, qui locúti sunt in nómine tuo régibus
nostris, princípibus nostris, pátribus nostris, omníque pópulo terræ.
6. Nous n’avons pas obéi à vos serviteurs les prophètes, qui ont parlé en votre nom à nos rois, à nos princes, à nos pères, et à tout le peuple de la terre.
7 Tibi,
Dómine, justítia : nobis autem confúsio faciéi, sicut est hódie viro Juda,
et habitatóribus Jerúsalem, et omni Israël, his qui prope sunt, et his qui
procul in univérsis terris, ad quas ejecísti eos propter iniquitátes eórum, in
quibus peccavérunt in te.
7. À vous, Seigneur, la justice, et à nous la confusion du visage, comme elle est aujourd’hui à l’homme de Juda, et aux habitants de Jérusalem, et à tout Israël ; à ceux qui sont près et à ceux qui sont loin, dans toutes les terres où vous les avez jetés à cause de leurs iniquités par lesquelles ils ont péché contre vous.
8 Dómine,
nobis confúsio faciéi, régibus nostris, princípibus nostris, et pátribus
nostris, qui peccavérunt.
8. Seigneur, à nous la confusion du visage, et à nos rois, et à nos princes, et à nos pères qui ont péché.
9 Tibi autem Dómino Deo nostro misericórdia et propitiátio, quia
recéssimus a te,
9. Mais à vous, Seigneur notre Dieu, la miséricorde et la propitiation, parce que nous nous sommes retirés de vous ;
10 et non
audívimus vocem Dómini Dei nostri ut ambularémus in lege ejus, quam pósuit
nobis per servos suos prophétas.
10. Et nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur notre Dieu, afin de marcher dans sa loi qu’il nous a donnée par ses serviteurs les prophètes.
11 Et omnis Israël prævaricáti sunt legem tuam, et
declinavérunt ne audírent vocem tuam : et stillávit super nos maledíctio
et detestátio quæ scripta est in libro Móysi servi Dei, quia peccávimus ei.
11. Et tout Israël a prévariqué contre votre loi, et il s’est détourné pour ne pas écouter votre voix ; et la malédiction a distillé sur nous, et l’exécration qui est écrite dans le livre de Moïse, serviteur de Dieu, parce que nous avons péché contre lui ;
12 Et státuit
sermónes suos, quos locútus est super nos et super príncipes nostros, qui
judicavérunt nos, ut superindúceret in nos magnum malum, quale numquam fuit sub
omni cælo, secúndum quod factum est in Jerúsalem.
12. Et il a confirmé ses paroles qu’il a dites sur nous, et sur nos princes qui nous ont jugés, afin de faire venir sur nous un grand mal, tel qu’il n’en fut jamais sous le ciel, comme celui qui a été fait en Jérusalem.
13 Sicut scriptum est in lege Móysi, omne malum hoc
venit super nos : et non rogávimus fáciem tuam, Dómine Deus noster, ut
reverterémur ab iniquitátibus nostris, et cogitarémus veritátem tuam.
13. Comme il est écrit dans la loi de Moïse, tout ce mal est venu sur nous ; et nous n’avons pas prié votre face, Seigneur notre Dieu, afin de revenir de nos iniquités, et de méditer votre vérité.
14 Et
vigilávit Dóminus super malítiam, et addúxit eam super nos. Justus Dóminus Deus
noster in ómnibus opéribus suis, quæ fecit : non enim audívimus vocem
ejus.
14. Et le Seigneur a veillé sur le mal, et l’a amené sur nous ; il est juste, le Seigneur notre Dieu, en toutes ses œuvres qu’il a faites ; car nous n’avons pas écouté sa voix.
15 Et nunc
Dómine Deus noster, qui eduxísti pópulum tuum de terra Ægýpti in manu forti, et
fecísti tibi nomen secúndum diem hanc : peccávimus, iniquitátem fécimus.
15. Et maintenant, Seigneur notre Dieu, qui avez tiré votre peuple de la terre d’Égypte par une main puissante, et qui vous êtes fait un nom comme il est aujourd’hui, nous avons péché, nous avons commis l’iniquité.
16 Dómine, in
omnem justítiam tuam avertátur, óbsecro, ira tua et furor tuus a civitáte tua Jerúsalem,
et monte sancto tuo. Propter peccáta enim nostra, et iniquitátes patrum
nostrórum, Jerúsalem et pópulus tuus in oppróbrium sunt ómnibus per circúitum
nostrum.
16. Seigneur, par toute votre justice, je vous conjure, que votre colère et votre fureur soient détournées de votre cité, Jérusalem, et de votre montagne sainte. Car c’est à cause de nos péchés et des iniquités de nos pères, que Jérusalem et votre peuple sont en opprobre à tous autour de nous.
17 Nunc ergo
exáudi, Deus noster, oratiónem servi tui, et preces ejus : et osténde
fáciem tuam super sanctuárium tuum, quod desértum est propter temetípsum.
17. Maintenant donc exaucez, ô notre Dieu, la prière de votre serviteur et ses supplications ; et montrez votre face sur votre sanctuaire, qui est désolé, à cause de vous-même.
18 Inclína, Deus meus, aurem tuam, et audi : áperi óculos tuos, et vide
desolatiónem nostram, et civitátem super quam invocátum est nomen tuum :
neque enim in justificatiónibus nostris prostérnimus preces ante fáciem tuam,
sed in miseratiónibus tuis multis.
18. Inclinez, ô mon Dieu, votre oreille, et écoutez ; ouvrez vos yeux et voyez notre désolation, et la cité sur laquelle votre nom a été invoqué ; car ce n’est pas en vue de notre justice que, prosternés, nous répandons nos prières devant votre face, mais en vue de vos miséricordes abondantes.
19 Exáudi,
Dómine ; placáre Dómine : atténde et fac : ne moréris propter
temetípsum, Deus meus, quia nomen tuum invocátum est super civitátem et super
pópulum tuum.
19. Exaucez-nous, Seigneur ; apaisez-vous, Seigneur ; soyez attentif et agissez ; ne tardez pas, à cause de vous-même, ô mon Dieu ; parce que votre nom a été invoqué sur la cité et sur votre peuple.
20 Cumque
adhuc lóquerer, et orárem, et confitérer
peccáta mea, et peccáta pópuli mei Israël,
et prostérnerem preces meas in conspéctu Dei mei, pro
monte sancto Dei
mei :
20. Et comme je parlais encore, et que je priais, et que je confessais mes péchés et les péchés de mon peuple Israël, et que prosterné, je répandais mes prières en la présence de mon Dieu, pour la montagne sainte de mon Dieu ;
21 adhuc me
loquénte in oratióne, ecce vir Gábriel, quem vidéram in visióne a princípio,
cito volans tétigit me in témpore sacrifícii vespertíni.
21. Moi parlant encore dans ma prière, voilà que l’homme Gabriel, que j’avais vu dans la vision, au commencement, volant vite, me toucha au temps du sacrifice du soir.
22 Et dócuit
me, et locútus est mihi, dixítque : Dániel, nunc egréssus sum ut docérem
te, et intellígeres.
22. Et il m’instruisit, et il me parla, et dit : Daniel, maintenant je suis sorti afin de t’instruire, et que tu comprennes.
23 Ab exórdio precum tuárum egréssus est
sermo : ego autem veni ut indicárem tibi, quia vir desideriórum es :
tu ergo animadvérte sermónem, et intéllige visiónem.
23. Dès le commencement de tes prières est sortie une parole ; mais moi je suis venu pour te la faire connaitre, parce que tu es un homme de désirs ; toi donc, sois attentif à cette parole, et comprends la vision.
24 Septuagínta hebdómades abbreviátæ sunt super
pópulum tuum et super urbem sanctam tuam, ut consummétur prævaricátio, et finem
accípiat peccátum, et deleátur iníquitas, et adducátur justítia sempitérna, et
impleátur vísio et prophetía, et ungátur Sanctus sanctórum.
24. Soixante-dix semaines ont été abrégées pour ton peuple et pour ta ville sainte, afin que soit abolie la prévarication, et que prenne fin le péché, et que soit effacée l’iniquité, et que vienne la justice éternelle, et que soient accomplies la vision et la prophétie, et que soit oint le saint des saints.
25 Scito
ergo, et animadvérte : ab éxitu sermónis, ut íterum ædificétur Jerúsalem,
usque ad christum ducem, hebdómades septem, et hebdómades sexagínta duæ
erunt : et rursum ædificábitur platéa, et muri in angústia témporum.
25. Sache donc, et remarque bien : Depuis que sortira la parole pour que de nouveau soit bâtie Jérusalem, jusqu’au Christ chef, il y aura sept semaines et soixante-deux semaines, et de nouveau sera bâtie la place publique et les murailles dans les temps difficiles.
26 Et post hebdómades sexagínta duas occidétur
christus : et non erit ejus pópulus qui eum negatúrus est. Et civitátem et
sanctuárium dissipábit pópulus cum duce ventúro : et finis ejus vástitas,
et post finem belli statúta desolátio.
26. Et après soixante-deux semaines, le Christ sera mis à mort ; et il ne sera pas son peuple, le peuple qui doit le renier. Et un peuple, avec un chef qui doit venir, détruira la cité et le sanctuaire ; et sa fin sera la dévastation, et après la fin de la guerre, la désolation décrétée.
27 Confirmábit autem pactum multis hebdómada
una : et in dimídio hebdómadis defíciet hóstia et sacrifícium : et
erit in templo abominátio desolatiónis : et usque ad consummatiónem et
finem perseverábit desolátio.
27. Mais il confirmera son alliance avec un grand nombre dans une semaine ; et au milieu de la semaine cesseront l’oblation et le sacrifice ; et l’abomination de la désolation sera dans le temple, et la désolation continuera jusqu’à la consommation et à la fin.
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CHAP. IX. 2. Jer. XXV, 11 ; XXIX, 10. — 4. II Esd. I, 5. — 5. Bar. I, 17. — 11. Deut. XXVII, 14. — 15. Bar. II, 11 ; Ex. XIV, 22. — 24. Joan. I, 45. — 27. Matth. XXIV, 15.
1-27. * 3° Prophétie des 70 semaines d’années, IX. — La troisième vision développe la prophétie messianique contenue dans les chapitres II et VII. La première année de Darius le Mède, Daniel pensait aux soixante-dix ans que devait durer la captivité, d’après la prophétie de Jérémie, et priait Dieu de pardonner ses péchés à son peuple. L’ange Gabriel lui apparait alors, et lui annonce à quelle époque viendra le Messie. Daniel désirait connaitre à quel moment finiraient les soixante-dix ans de la captivité ; Dieu lui révèle une délivrance bien plus importante, dont celle que Jérémie avait prédite n’était que la figure.
1. Darius ; le même que celui qui est mentionné, V, 31.
2. Les livres saints, les divines Écritures, parmi lesquelles se trouvaient les prophéties de Jérémie. — Les soixante-dix ans, etc. Voy. Jer. XXV, 11-12 ; XXIX, 10.
11. Dans le livre de Moïse. Voy. Lev. XXVI ; Deut. XXVII-XXIX.
13. Votre vérité ; votre fidélité dans l’exécution de vos paroles, soit promesses, soit menaces.
18. Sur laquelle, etc. ; selon d’autres : Laquelle a été appelée de votre nom ; qui porte votre nom. Le texte hébreu est susceptible de ces deux sens.
21. L’homme Gabriel. Voy. VIII, 16.
23. Un homme de désirs ; hébraïsme, pour un homme très désirable, très digne d’être aimé.
24-27. * Voici la traduction de cette importante prophétie d’après le texte original : « Soixante-dix semaines, dit-il, ont été fixées pour ton peuple et pour ta ville sainte, afin que la prévarication soit abolie, que le péché finisse et que l’iniquité soit effacée [par la mort de J.-C.] ; afin que la justice éternelle [le Messie, Jer. XXIII, 6 ; XXXIII, 16 ; Is. XLV, 8 ; I Cor. I, 30], vienne [sur la terre], que les visions et les prophéties soient accomplies [en Jésus-Christ qu’elles ont annoncé], et que le Saint des saints [le Verbe de Dieu fait chair] soit oint [ou rempli de la vertu du Saint-Esprit, Act. X, 38 ; cf. Is. LXI, 1 ; Luc. IV, 18], — Sache-le donc et remarque-le bien : Depuis la publication de l’ordre qui sera donné pour rebâtir Jérusalem jusqu’au prince Messie [ou Christ], il y aura sept semaines, et soixante-deux semaines, et les places et les murailles de la ville seront rebâties dans des temps difficiles. Et après soixante-deux semaines, le Christ sera mis à mort, et le peuple qui doit le renier ne sera plus son peuple. Un peuple, avec son chef qui doit venir [Vespasien ou Titus, avec l’armée romaine], détruira la ville de Jérusalem et le sanctuaire ; elle finira par une ruine entière ; quand la guerre sera terminée, arrivera la désolation qui lui a été prédite. — [Alors le Christ] fera une alliance ferme [et stable, comme l’avait prédit Jérémie, XXXI, 31], avec un grand nombre, [avec tous ceux qui voudront embrasser sa foi et participer ainsi à ses mérites, car il est mort pour tous], dans une semaine, [par l’effusion de son sang et la prédication de l’Évangile] ; et au milieu de la semaine, [quand le Messie sera immolé], les oblations et les sacrifices cesseront, [ils seront rendus inutiles et sans valeur par la mort de Jésus-Christ, de qui ils tiraient leur vertu]. Et l’abomination de la désolation sera dans le temple, et la désolation durera jusqu’à la consommation et à la fin. » Cette dernière partie de la prophétie est obscure dans le texte original. « L’hébreu à la lettre : Et sur l’aile, l’abomination de désolation, dit Calmet. Cette aile marque le temple, du consentement des anciens interprètes. On peut donner ce nom principalement au toit et à la hauteur du temple, Matth. IX, 5… L’abomination se vit dans le temple, lorsque les Romains, l’ayant pris, y plantèrent leurs enseignes chargées des figures de leurs dieux et des images des Césars ; ou bien cette abomination marque les infamies, les meurtres et les autres sacrilèges qui furent commis dans ce lieu saint par les Juifs mêmes, pendant le dernier siège. Le Prophète ajoute que l’abomination y demeurera, usque ad consummationem et finem,… ou plutôt, suivant l’hébreu, jusqu’à la ruine déterminée, jusqu’à ce que le temple soit entièrement ruiné. C’est le sens le plus naturel ; les termes de l’original marquent ordinairement une perte entière et l’exécution des plus sévères jugements de Dieu. » Il faut remarquer que la profanation du temple par Antiochus est aussi prédite, Dan. XI, 31, mais la profanation commise par le roi Séleucide n’est pas l’accomplissement de la prophétie que nous avons ici ; cette dernière se rapporte incontestablement aux temps messianiques. La profanation du temple par le roi syrien ne fut que partielle et temporaire, celle des Romains fut complète et définitive. Quant aux chiffres que nous donne cette prophétie, en voici la valeur : les soixante-dix semaines d’années font 490 ans. L’ange Gabriel les divise en trois parties : la première est de sept semaines ou de 49 ans, après lesquels les murs de Jérusalem seront achevés ; la seconde est de soixante-deux semaines ou 434 ans, à la fin desquels le Christ sera oint ; la troisième comprend la soixante-dixième semaine, au milieu de laquelle le Messie sera mis à mort. La détermination de ces dates n’est pas sans offrir des difficultés. La plupart des commentateurs font partir les soixante-dix semaines de l’édit d’Artaxérxes, vers l’an 445. Depuis cette date jusqu’à la 15eannée de Tibère, qui est l’année du baptême de Notre-Seigneur, il s’est écoulé environ 475 ans ; nous arrivons ainsi à peu de chose près à la 70e semaine, au milieu de laquelle le Sauveur fut crucifié.
24. Soixante-dix, etc. ; c’est-à-dire, le temps de la captivité a été abrégé et réduit à soixante-dix semaines en faveur de ton peuple et de ta ville sainte. Ces soixante-dix semaines qui sont des semaines d’années (Compar. Lev. XXV, 8), et qui font quatre cent quatre-vingt-dix ans, se comptent depuis l’ordre donné par Artaxérxes Longuemain pour le rétablissement de Jérusalem. Cette prophétie de Daniel, qui commence à ce verset et se continue aux trois suivants, ne saurait avoir d’autre objet que le Messie, Jésus de Nazareth. Aussi le très petit nombre des interprètes, qui l’appliquent à Cyrus ou à Alexandre, a contre lui non seulement toute l’antiquité, mais encore la lettre même du texte sacré. — * La Vulgate porte : ont été abrégées ; mais abréger signifie ici, de même que le mot hébreu, nekhtak, dont il est la traduction, trancher, arrêter, déterminer, fixer, comme Is. X, 22, où consummatio abbreviata signifie un malheur total et déterminé. Ce n’est pas une prophétie conditionnelle et incertaine, mais sure, qui s’accomplira au temps marqué.
26. * Il ne sera pas son peuple. L’hébreu porte : Le Messie sera exterminé [ou retranché, mis à mort], et ce n’est pas lui. Ce dernier membre de phrase incomplet est diversement interprété, mais le sens le plus simple et le plus naturel est celui de notre Vulgate : Le peuple qui l’a renié n’est plus à lui.
27. La désolation. La fin de cette désolation fut une entière ruine commencée par Titus et achevée par Adrien. — Pour suivre l’ordre des temps, il semble qu’il faut passer d’ici au chap. XIV, qui, ne se trouvant pas dans les exemplaires hébreux, a été renvoyé à la fin du livre dans les exemplaires grecs et latins.
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Vision de Daniel sur le Tigre. Le prince des Perses résiste à l’ange Gabriel. Saint Michel vient au secours de Gabriel. Le prince des Perses vient se joindre à celui des Grecs contre Gabriel.
1 Anno tértio Cyri regis Persárum, verbum revelátum
est Daniéli cognoménto Baltássar, et verbum verum, et fortitúdo magna :
intellexítque sermónem : intelligéntia enim est opus in visióne.
1. En la troisième année de Cyrus, roi des Perses, une parole fut révélée à Daniel, par le surnom Baltassar, une parole véritable, et une grande force ; et il comprit la parole ; car il est besoin d’intelligence dans cette vision.
2 In diébus
illis ego Dániel lugébam trium hebdomadárum diébus :
2. En ce jour-là, moi Daniel, je pleurais pendant les jours de trois semaines ;
3 panem desiderábilem non comédi, et caro et vinum
non introiérunt in os meum, sed neque unguénto unctus sum, donec compleréntur
trium hebdomadárum dies.
3. Je ne mangeais pas de pain désirable, et la chair et le vin n’entrèrent pas dans ma bouche, et je ne répandis pas sur moi de parfum, jusqu’à ce que fussent accomplis les jours de trois semaines.
4 Die autem vigésima et quarta mensis primi, eram
juxta flúvium magnum, qui est Tigris.
4. Mais le vingt-quatrième jour du premier mois, j’étais près du grand fleuve qui est le Tigre.
5 Et levávi óculos meos, et vidi : et ecce vir
unus vestítus líneis, et renes ejus accíncti auro obrízo :
5. Et je levai mes yeux, et je vis ; et voici un homme vêtu de lin, et ses reins ceints d’un or très pur ;
6 et corpus
ejus quasi chrysólithus, et fácies ejus velut spécies fúlguris, et óculi ejus
ut lampas ardens : et bráchia ejus, et quæ deórsum sunt usque ad pedes,
quasi spécies æris candéntis : et vox sermónum ejus ut vox multitúdinis.
6. Et son corps était comme une chrysolithe, et sa face comme l’aspect de la foudre, et ses yeux comme une lampe ardente ; et ses bras et ses parties basses jusqu’aux pieds, comme une apparence d’airain étincelant, et la voix de ses paroles, comme la voix d’une multitude.
7 Vidi autem
ego Dániel solus visiónem : porro viri qui erant mecum non vidérunt, sed
terror nímius írruit super eos, et fugérunt in abscónditum.
7. Or, moi Daniel, je vis seul la vision, et les hommes qui étaient avec moi ne la virent pas ; mais une terreur extraordinaire se saisit d’eux, et ils s’enfuirent dans un lieu caché.
8 Ego autem
relíctus solus vidi visiónem grandem hanc : et non remánsit in me
fortitúdo, sed et spécies mea immutáta est in me, et emárcui, nec hábui
quidquam vírium.
8. Mais moi étant demeuré seul, je vis cette grande vision ; et il ne resta pas en moi de force ; mais même mon visage fut changé en moi, et je séchai, et je n’eus aucune force.
9 Et audívi
vocem sermónum ejus : et áudiens jacébam consternátus super fáciem meam,
et vultus meus hærébat terræ.
9. Et j’entendis la voix de ses paroles ; et, en l’entendant, j’étais couché tout consterné sur ma face, et mon visage était collé à la terre.
10 Et ecce manus tétigit me, et eréxit me super génua mea, et super artículos mánuum meárum.
10. Et voici qu’une main me toucha, et me dressa sur mes genoux et sur le plat de mes mains.
11 Et dixit ad me : Dániel vir desideriórum, intéllige verba quæ ego loquor ad te, et sta in gradu tuo : nunc enim sum missus ad te. Cumque dixísset mihi sermónem istum, steti tremens.
11. Et la voix me dit : Daniel, homme de désirs, entends les paroles que je te dis, et tiens-toi sur tes pieds ; car je suis maintenant envoyé vers toi. Et lorsqu’il m’eut dit ces paroles, je me tins debout tremblant.
12 Et ait ad
me : Noli metúere, Dániel : quia ex die primo, quo posuísti cor tuum
ad intelligéndum ut te afflígeres in conspéctu Dei tui, exaudíta sunt verba
tua : et ego veni propter sermónes tuos.
12. Et il me dit : Ne crains pas, Daniel, parce que dès le premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre, afin de t’affliger en présence de ton Dieu, tes paroles ont été entendues ; et je suis venu à cause de tes discours.
13 Princeps autem regni Persárum réstitit mihi
vigínti et uno diébus : et ecce Míchaël, unus de princípibus primis, venit
in adjutórium meum, et ego remánsi ibi juxta regem Persárum.
13. Or le prince du royaume des Perses m’a résisté durant vingt et un jours : et voilà que Michel, un des premiers princes, est venu à mon secours, et moi, je suis demeuré là près du roi des Perses.
14 Veni autem ut docérem te quæ ventúra sunt pópulo
tuo in novíssimis diébus, quóniam adhuc vísio in dies.
14. Mais je suis venu afin de t’apprendre ce qui doit arriver à ton peuple dans les derniers jours ; parce que la vision est encore pour ces jours.
15 Cumque
loquerétur mihi hujuscémodi verbis, dejéci vultum meum ad terram, et tácui.
15. Et lorsqu’il me disait de telles paroles, j’abaissai mon visage contre terre, et je me tins en silence.
16 Et ecce quasi similitúdo fílii hóminis tétigit
lábia mea : et apériens os meum locútus sum, et dixi ad eum, qui stabat
contra me : Dómine mi, in visióne tua dissolútæ sunt compáges meæ, et
nihil in me remánsit vírium.
16. Et voici que comme la ressemblance du fils d’un homme toucha mes lèvres ; et ouvrant ma bouche, je parlai et je dis à celui qui était debout vis-à-vis de moi : Mon Seigneur, à votre vue mes jointures se sont brisées, et il n’est rien resté en moi de mes forces.
17 Et quómodo
póterit servus dómini mei loqui cum dómino meo ? nihil enim in me remánsit
vírium, sed et hálitus meus interclúditur.
17. Et comment le serviteur de mon Seigneur pourra-t-il parler avec mon Seigneur ? car il n’est rien resté en moi de mes forces, et même ma respiration est arrêtée.
18 Rursum ergo tétigit me quasi vísio hóminis, et
confortávit me,
18. Et de nouveau donc, comme la vision d’un homme me toucha, et me fortifia,
19 et dixit : Noli timére, vir desideriórum : pax tibi : confortáre, et esto robústus. Cumque loquerétur mecum, conválui, et dixi : Lóquere, dómine mi, quia confortásti me.
19. Et dit : Ne crains pas, homme de désirs ; paix à toi ; prends courage et sois fort. Et comme il parlait avec moi, je pris des forces, et je dis : Parlez, mon Seigneur, parce que vous m’avez fortifié.
20 Et ait : Numquid scis quare vénerim ad te ? et nunc revértar ut prǽlier advérsum príncipem Persárum. Cum ego egréderer, appáruit princeps Græcórum véniens.
20. Et il dit : Est-ce que tu sais pourquoi je suis venu vers toi ? Et maintenant je m’en retournerai afin de combattre contre le prince des Perses ; lorsque moi je sortais, le prince des Grecs a apparu venant vers moi.
21 Verúmtamen annuntiábo tibi quod expréssum est in
scriptúra veritátis : et nemo est adjútor meus in ómnibus his, nisi Míchaël
princeps vester.
21. Mais cependant je t’annoncerai ce qui est exprimé dans une écriture de vérité ; et il n’est personne qui m’aide en toutes ces choses, sinon Michel, votre prince.
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CHAP. X.
1. * 4° Prophéties sur l’époque des Séleucides, X-XII. La quatrième vision développe plus longuement la seconde. La troisième année de Cyrus, Dieu prédit à Daniel les évènements qui devaient s’accomplir sous les Séleucides par rapport à son peuple. Le ch. X forme l’introduction à la prophétie ; les ch. XI et XII entrent dans de nombreux détails sur l’époque qui précéda les Machabées. — La 3e année de Cyrus, un ange révèle à Daniel, sur les bords du Tigre, l’histoire future des rois étrangers sous la domination desquels sera la Palestine, et il lui fait connaitre en particulier la persécution d’Antiochus Épiphane pour prémunir à l’avance les Juifs fidèles contre la séduction. Il y aura d’abord quatre rois perses ; le quatrième (Xerxès) fera la guerre contre la Grèce, XI, 2. Surviendra un roi puissant (Alexandre), dont le royaume sera partagé, mais non entre les siens, XI, 3-4. Le roi du Sud (Ptolémée d’Égypte), deviendra fort ; cependant l’un de ses généraux (Seléucus Nicator de Syrie) l’emportera sur lui comme roi du Nord, XI, 5-6. Leurs descendants se feront la guerre, XI, 7-20. Un prince méprisé, despéctus, montera sur le trône du nord : c’est Antiochus Épiphane, le persécuteur des saints, le profanateur du temple de Jérusalem, XI, 21-45. Saint Michel délivrera les Juifs de l’oppression ; il annonce la résurrection générale et la gloire des saints, XII, 1-4. L’épreuve de Juda, figure de la persécution de l’Antéchrist, durera trois ans et demi, XII, 5-11. Daniel n’en sera pas témoin pendant sa vie, XII, 12-13.
1. Une parole véritable ; une vraie prophétie. — Force ; selon la Vulgate et la version grecque de Théodotion ; armée, suivant l’hébreu.
3. Pain désirable (panem desiderabilem) ; délicat, recherché. On l’a déjà remarqué, par le nom de pain, les Hébreux désignaient souvent la nourriture en général.
4. Premier mois. Voy. Ezech. XXIX, 17.
5. Un homme, etc. ; probablement l’ange Gabriel qui avait déjà apparu à Daniel.
11. Homme de désirs. Voy. IX, 23.
13. Le prince du royaume des Perses ; c’est-à-dire, selon saint Jérôme, Théodoret, saint Chrysostome, saint Grégoire le Grand, plusieurs autres Pères et la plupart des interprètes, l’ange protecteur du royaume des Perses. Il est appelé prince, comme l’archange saint Michel lui-même. Ce prince des Perses désirait que les Juifs demeurassent dans la Perse, le plus longtemps possible, afin d’y propager la connaissance et le culte du vrai Dieu, tandis que Gabriel et Michel souhaitaient de les voir retourner dans leur patrie pour y rétablir la ville et le temple. Le concours de l’archange Michel a pour objet d’une part de faire connaitre à l’ange protecteur des Perses la volonté prise de Dieu, et de l’autre, de persuader au roi des Perses de laisser partir les Juifs, ce en quoi néanmoins il ne réussit qu’après que Gabriel eut achevé sa mission.
14. La vision, etc. ; c’est-à-dire, ne s’accomplira que dans ces derniers jours. — Le mot ces de notre traduction est suffisamment justifié par l’article déterminatif qui dans le texte hébreu se trouve attaché au mot jours.
16. Comme la ressemblance, etc. C’est l’ange Gabriel. — Du fils d’un homme. Voy. sur cette expression, II, 38. — Mes jointures ; les jointures de mes lombes. Voy. V, 6.
18. Comme la vision, etc. C’est encore le même ange Gabriel.
19. Homme de désirs. Voy. IX, 23.
21. Une écriture de vérité ; hébraïsme, pour une écriture très véritable ; c’est-à-dire le livre où sont écrits les décrets divins dont l’accomplissement ne peut manquer. Compar. Ex. XXXII, 32-33 ; Ps. LXXXVI, 6 ; CXXXVIII, 16 ; Apoc. III, 5. — Michel votre prince. Toute l’antiquité a reconnu saint Michel comme l’ange protecteur de la synagogue ; l’Église chrétienne l’honore en la même qualité.
²
Empire des Perses ruiné par le roi des Grecs. Guerre contre les rois du midi et du septentrion. Roi impie ; ses expéditions contre l’Égypte et la Judée ; sa fin malheureuse.
1 Ego autem ab anno primo Daríi Medi stabam ut confortarétur et roborarétur.
1. Or moi, dès la première année de Darius le Mède, je me prêtais à ce qu’il devînt fort et puissant.
2 Et nunc veritátem annuntiábo tibi. Ecce adhuc tres reges stabunt in Pérside, et
quartus ditábitur ópibus nímiis super omnes : et cum invalúerit divítiis
suis, concitábit omnes advérsum regnum Grǽciæ.
2. Et maintenant je vous annoncerai la vérité. Voici qu’il y aura encore trois rois en Perse, et le quatrième s’enrichira de très grandes richesses par-dessus tous les autres ; et lorsqu’il sera devenu puissant par ses richesses, il animera tous les peuples contre le royaume de la Grèce.
3 Surget vero rex fortis, et dominábitur potestáte
multa, et fáciet quod placúerit ei.
3. Mais il s’élèvera un roi fort, et il dominera avec une grande puissance, et il fera ce qui lui plaira.
4 Et cum stéterit, conterétur regnum ejus, et
dividétur in quátuor ventos cæli : sed non in pósteros ejus, neque
secúndum poténtiam illíus, qua dominátus est : lacerábitur enim regnum
ejus étiam in extérnos, excéptis his.
4. Et lorsqu’il sera affermi, son royaume sera brisé, et sera partagé vers les vents du ciel, mais non pas entre ses descendants, ni selon la puissance avec laquelle il aura dominé ; car son royaume sera déchiré et passera à des étrangers outre ceux-là.
5 Et confortábitur rex austri : et de princípibus
ejus prævalébit super eum, et dominábitur ditióne : multa enim dominátio
ejus.
5. Et le roi du midi se fortifiera, et un de ses princes prévaudra sur lui, et il dominera par sa puissance, car grande sera sa domination.
6 Et post finem annórum fœderabúntur :
filiáque regis austri véniet ad regem aquilónis fácere amicítiam, et non
obtinébit fortitúdinem bráchii, nec stabit semen ejus : et tradétur ipsa,
et qui adduxérunt eam adolescéntes ejus, et qui confortábant eam in tempóribus.
6. Et, après des années accomplies, ils feront alliance ; et la fille du roi du midi viendra vers le roi de l’aquilon pour faire amitié ; mais elle n’acquerra pas la force du bras, et sa race ne subsistera pas ; et elle sera livrée, elle et les jeunes hommes qui l’ont amenée, et ceux qui la soutenaient en ces temps-là.
7 Et stabit de gérmine radícum ejus
plantátio : et véniet cum exércitu, et ingrediétur provínciam regis
aquilónis : et abutétur eis, et obtinébit.
7. Et il s’élèvera du germe de ses racines un plant ; et il viendra avec une armée, et entrera dans la province du roi de l’aquilon, et il les maltraitera, et il s’en rendra le maitre.
8 Insuper et
deos eórum, et sculptília, vasa quoque pretiósa argénti et auri, captíva ducet
in Ægýptum : ipse prævalébit advérsus regem aquilónis.
8. Et de plus, il emmènera captifs en Égypte leurs dieux, et leurs images taillées au ciseau comme aussi les vases précieux d’argent et d’or ; celui-là prévaudra contre le roi de l’aquilon.
9 Et intrábit in regnum rex austri, et revertétur ad terram suam.
9. Et le roi du midi entrera dans son royaume, puis il reviendra dans son propre pays.
10 Fílii autem ejus provocabúntur, et congregábunt
multitúdinem exercítuum plurimórum : et véniet próperans, et
inúndans : et revertétur, et concitábitur, et congrediétur cum róbore
ejus.
10. Mais ses fils seront irrités et assembleront une multitude de très nombreuses armées ; et l’un d’eux viendra, se hâtant et se répandant partout ; et il reviendra, et il s’animera, et il combattra contre ses forces.
11 Et provocátus rex austri egrediétur, et pugnábit
advérsus regem aquilónis, et præparábit multitúdinem nímiam, et dábitur
multitúdo in manu ejus.
11. Et irrité, le roi du midi sortira et combattra contre le roi de l’aquilon ; il préparera une très grande multitude de troupes, et une multitude sera livrée en sa main.
12 Et cápiet
multitúdinem, et exaltábitur cor ejus, et dejíciet multa míllia, sed non
prævalébit.
12. Et il prendra la multitude, et son cœur s’élèvera ; et il abattra beaucoup de milliers ; mais il ne prévaudra pas.
13 Convertétur enim rex aquilónis, et præparábit
multitúdinem multo majórem quam prius : et in fine témporum annorúmque
véniet próperans cum exércitu magno, et ópibus nímiis.
13. Car le roi de l’aquilon reviendra, et préparera une multitude beaucoup plus grande qu’auparavant ; et à la fin des temps et des années, il viendra se hâtant avec une grande armée et des forces immenses.
14 Et in tempóribus illis multi consúrgent advérsus
regem austri : fílii quoque prævaricatórum pópuli tui extolléntur ut
ímpleant visiónem, et córruent.
14. Et dans ces temps-là, un grand nombre s’élèveront contre le roi du midi ; et aussi les fils des prévaricateurs de ton peuple s’élèveront, afin qu’ils accomplissent la vision, et ils tomberont.
15 Et venit
rex aquilónis, et comportábit ággerem, et cápiet urbes munitíssimas : et
bráchia austri non sustinébunt, et consúrgent elécti ejus ad resisténdum, et
non erit fortitúdo.
15. Et le roi de l’aquilon viendra, et il formera un rempart, et il prendra des villes très fortifiées ; et les bras du midi ne pourront soutenir l’attaque, et ses hommes d’élite s’élèveront pour résister, et ils n’auront pas de force.
16 Et fáciet véniens super eum juxta plácitum suum,
et non erit qui stet contra fáciem ejus : et stabit in terra ínclyta, et
consumétur in manu ejus.
16. Et venant sur lui, il fera selon qu’il lui plaira, et il n’y aura personne qui tienne devant sa face ; et il s’arrêtera dans la terre illustre, et elle sera détruite par ses mains.
17 Et ponet fáciem suam ut véniat ad tenéndum
univérsum regnum ejus, et recta fáciet cum eo : et fíliam feminárum dabit
ei, ut evértat illud : et non stabit, nec illíus erit.
17. Et il posera sa face pour venir s’emparer de tout son royaume ; il fera des conditions justes avec lui, il lui donnera une fille de ses femmes, afin de renverser son royaume ; mais il ne réussira pas, et elle ne sera pas pour lui.
18 Et convértet fáciem suam ad ínsulas, et cápiet
multas : et cessáre fáciet príncipem oppróbrii sui, et oppróbrium ejus
convertétur in eum.
18. Et il tournera sa face vers les iles, et il en prendra beaucoup ; et il arrêtera le prince de son opprobre, et son opprobre retombera sur lui.
19 Et convértet fáciem suam ad impérium terræ suæ,
et impínget, et córruet, et non inveniétur.
19. Et il tournera sa face vers la terre de son empire, et il se heurtera, et il tombera, et on ne le trouvera pas.
20 Et stabit in loco ejus vilíssimus, et indígnus
decóre régio : et in paucis diébus conterétur, non in furóre, nec in
prǽlio.
20. Et il s’élèvera à sa place un homme très vil et indigne de la majesté royale ; et en peu de jours il sera brisé, non dans la fureur ni dans un combat.
21 Et stabit
in loco ejus despéctus, et non tribuétur ei honor régius : et véniet clam,
et obtinébit regnum in frauduléntia.
21. Et il s’élèvera à sa place un prince méprisé, et l’honneur royal ne lui sera pas rendu ; et il viendra en secret, et il obtiendra le royaume par la fraude.
22 Et bráchia
pugnántis expugnabúntur a fácie ejus, et conteréntur : ínsuper et dux fœ́deris.
22. Et les bras du combattant seront vaincus devant sa face, et brisés, aussi bien que le chef de l’alliance.
23 Et post
amicítias, cum eo fáciet dolum : et ascéndet, et superábit in módico
pópulo.
23. Or, après l’amitié faite, il emploiera la fraude contre lui ; et il montera, et il triomphera avec un peuple peu nombreux.
24 Et abundántes, et úberes urbes ingrediétur :
et fáciet quæ non fecérunt patres ejus, et patres patrum ejus : rapínas,
et prædam, et divítias eórum dissipábit, et contra firmíssimas cogitatiónes
iníbit : et hoc usque ad tempus.
24. Et il entrera dans les villes riches et opulentes, et il fera ce que n’ont pas fait ses pères et les pères de ses pères : il dissipera leurs rapines, leur butin, leurs richesses, et il formera des desseins contre les villes les plus fortes ; et cela jusqu’à un temps.
25 Et
concitábitur fortitúdo ejus, et cor ejus advérsum regem austri in exércitu
magno : et rex austri provocábitur ad bellum multis auxíliis, et fórtibus
nimis : et non stabunt, quia iníbunt advérsus eum consília.
25. Et sa force et son cœur s’animeront contre le roi du midi, avec une grande armée ; et le roi du midi sera excité au combat par des secours nombreux et très puissants ; et ils ne résisteront pas, parce qu’il se formera contre lui des complots.
26 Et comedéntes panem cum eo, cónterent illum,
exercitúsque ejus opprimétur : et cadent interfécti plúrimi.
26. Ceux qui mangent le pain avec lui le briseront ; et son armée sera accablée, et il tombera une très grande quantité de tués,
27 Duórum quoque regum cor erit ut malefáciant, et
ad mensam unam mendácium loquéntur : et non profícient, quia adhuc finis
in áliud tempus.
27. Et le cœur des deux rois sera porté à mal faire ; et à une même table ils parleront le mensonge ; et ils ne réussiront pas, parce que la fin est pour un autre temps encore.
28 Et revertétur in terram suam cum ópibus
multis : et cor ejus advérsum testaméntum sanctum, et fáciet, et
revertétur in terram suam.
28. Et il retournera dans son pays avec de grandes richesses ; et son cœur sera contre l’alliance sainte ; et il agira, et il retournera dans son pays.
29 Statúto
témpore revertétur, et véniet ad austrum : et non erit prióri símile novíssimum.
29. Au temps marqué, il retournera, et il viendra vers le midi ; mais sa dernière expédition ne sera pas semblable à la première.
30 Et vénient super eum triéres, et Románi : et
percutiétur, et revertétur, et indignábitur contra testaméntum sanctuárii, et
fáciet : revertetúrque, et cogitábit advérsum eos qui dereliquérunt
testaméntum sanctuárii.
30. Et viendront contre lui des trirèmes et des Romains ; et il sera frappé, et il retournera, et il sera indigné contre l’alliance du sanctuaire, et il agira, et il retournera, et il formera des desseins même contre ceux qui ont abandonné l’alliance du sanctuaire.
31 Et bráchia ex eo stabunt, et pólluent sanctuárium
fortitúdinis, et áuferent juge sacrifícium : et dabunt abominatiónem in
desolatiónem.
31. Et des bras armés par lui se lèveront, et souilleront le sanctuaire de la force, et feront cesser le sacrifice perpétuel, et ils ajouteront à l’abomination la désolation.
32 Et ímpii in testaméntum simulábunt
fraudulénter : pópulus autem sciens Deum suum, obtinébit, et fáciet.
32. Et contre l’alliance, les impies useront d’une feinte trompeuse ; mais le peuple connaissant son Dieu prévaudra et agira.
33 Et docti in pópulo docébunt plúrimos : et
ruent in gládio, et in flamma, et in captivitáte, et in rapína diérum.
33. Et les savants parmi le peuple instruiront bien des gens, et ils tomberont sous le glaive, dans la flamme, en captivité, et par un brigandage de plusieurs jours.
34 Cumque corrúerint, sublevabúntur auxílio
párvulo : et applicabúntur eis plúrimi fraudulénter.
34. Et lorsqu’ils seront tombés, ils seront soulagés par un très petit secours, et beaucoup se joindront à eux frauduleusement.
35 Et de erudítis ruent, ut confléntur, et
eligántur, et dealbéntur usque ad tempus præfinítum : quia adhuc áliud
tempus erit.
35. Et d’entre ces savants, plusieurs succomberont, afin qu’ils passent par le feu, qu’ils soient purifiés, et qu’ils deviennent blancs jusqu’au temps déterminé, parce qu’il y aura encore un autre temps.
36 Et fáciet
juxta voluntátem suam rex, et elevábitur, et magnificábitur advérsus omnem
deum : et advérsus Deum deórum loquétur magnífica, et dirigétur, donec
compleátur iracúndia : perpetráta quippe est definítio.
36. Et le roi agira selon sa volonté, et il s’élèvera et se glorifiera, contre tout dieu ; et contre le Dieu des dieux il parlera avec arrogance, et il prospèrera, jusqu’à ce que le courroux de Dieu contre son peuple soit accompli ; car la décision a été prise.
37 Et Deum patrum suórum non reputábit : et
erit in concupiscéntiis feminárum, nec quemquam deórum curábit, quia advérsum
univérsa consúrget.
37. Et il comptera pour rien le Dieu de ses pères ; et il sera livré à la concupiscence des femmes, et il n’aura souci d’aucun des dieux, parce qu’il s’élèvera contre toutes choses,
38 Deum autem Máozim in loco suo venerábitur :
et deum, quem ignoravérunt patres ejus, colet auro, et argénto, et lápide
pretióso, rebúsque pretiósis.
38. Mais il vénèrera en son lieu le dieu Maozim, et il honorera le dieu que ses pères ont ignoré, avec de l’or et de l’argent, et des pierres précieuses, et d’autres choses précieuses.
39 Et fáciet ut múniat Máozim cum deo aliéno, quem
cognóvit, et multiplicábit glóriam, et dabit eis potestátem in multis, et
terram dívidet gratúito.
39. Et il fera en sorte de fortifier Maozim avec un dieu étranger qu’il a connu, et il multipliera leur gloire, et il leur donnera la puissance sur un grand nombre ; et il partagera la terre gratuitement.
40 Et in témpore præfiníto præliábitur advérsus eum
rex austri, et quasi tempéstas véniet contra illum rex aquilónis in cúrribus,
et in equítibus, et in classe magna, et ingrediétur terras, et cónteret, et
pertránsiet.
40. Et, au temps marqué, le roi du midi combattra contre lui ; et comme une tempête viendra contre lui le roi de l’aquilon, avec des chars et des cavaliers, et une grande flotte ; et il entrera dans ses terres et les détruira, et passera au delà.
41 Et introíbit in terram gloriósam, et multæ
córruent : hæ autem solæ salvabúntur de manu ejus, Edóm, et Moab, et
princípium filiórum Ammon.
41. Et il entrera dans la terre glorieuse, et beaucoup de terres seront ruinées ; or celles-là seules seront sauvées de sa main : Édom et Moab, et le commencement des fils d’Ammon.
42 Et mittet
manum suam in terras : et terra Ægýpti non effúgiet.
42. Et il étendra sa main sur les terres, et la terre d’Égypte n’échappera pas.
43 Et
dominábitur thesaurórum auri, et argénti, et in ómnibus pretiósis Ægýpti :
per Líbyam quoque, et Æthiópiam transíbit.
43. Et il se rendra maitre des trésors d’or et d’argent, et de toutes les choses précieuses de l’Égypte : il passera aussi au travers de la Libye et de l’Éthiopie.
44 Et fama
turbábit eum ab oriénte et ab aquilóne : et véniet in multitúdine magna ut
cónterat et interfíciat plúrimos.
44. Et des bruits venant de l’orient et de l’aquilon le troubleront ; et il viendra avec une grande multitude, afin de briser et de tuer un très grand nombre.
45 Et figet tabernáculum suum Apadno inter mária,
super montem ínclytum et sanctum : et véniet usque ad summitátem ejus, et
nemo auxiliábitur ei.
45. Et il plantera son tabernacle à Apadno entre des mers sur une montagne illustre et sainte ; et il viendra jusqu’à son sommet, et personne ne le secourra.
~
CHAP. XI. 14. Is. XIX, 16.
1. Or moi, etc. C’est la continuation du discours de l’ange Gabriel.
2. Encore ; c’est-à-dire après Cyrus, premier roi des Perses, lequel régnait au temps où Daniel eut cette vision (X, 1). — Trois rois ; Cambyse, Smerdis et Darius fils d’Hystaspe. — Le quatrième ; Xerxès.
3. Un roi fort, etc. C’est Alexandre le Grand.
4. Sera partagé. C’est le partage du royaume d’Alexandre en quatre grands royaumes. Compar. VIII, 8, 22. — Outre ceux-là, etc. Outre quatre grands royaumes dont on vient de parler, il se forma de celui d’Alexandre, d’autres petits États dans la Cappadoce, l’Arménie, la Bithynie, sur le Bosphore, etc.
5. Le roi du midi ; le roi d’Égypte, située en effet au midi par rapport à la Judée et à la Syrie. Ce roi est Ptolémée, fils de Lagus. — Un de ses princes ; des princes d’Alexandre (vers. 4). Ce prince est Seléucus-Nicator, fondateur du nouveau royaume de Syrie.
6. La fille,etc. ; Bérénice, fille de Ptolémée Philadelphus (Πτολεμαῖος Φιλάδελφος). — Viendra pour épouser Antiochus Theus, roi de Syrie, petit-fils de Seléucus Nicator ; condition de l’alliance. — La force du bras ; une grande autorité. — Les jeunes hommes ; ses serviteurs et ses familiers.
7. Un plant ; Ptolémée Évergète, fils et successeur de Ptolémée Philadelphus, et frère de Bérénice, est figuré par ce plant.
9. Son royaume ; le royaume de l’aquilon.
10. Ses fils ; les fils du roi de l’aquilon (vers. 8), Seléucus Callinicus ; ces fils sont Seléucus Céraunius et Antiochus le Grand. — L’un d’eux ; c’est le dernier. — Ses forces ; les forces du roi d’Égypte.
11. Le roi du midi, Ptolémée Philopator, successeur de Ptolémée Évergète.
13. Le roi de l’aquilon ; Antiochus. — À la fin, etc. ; c’est-à-dire après un certain nombre d’années.
14. Les fils des prévaricateurs ; expression poétique, qui signifie simplement les prévaricateurs. On l’entend communément des Juifs qui suivirent Onias, fils du grand-prêtre Onias III, lorsque s’étant retiré en Égypte, il s’attacha au service de Ptolémée Philopator, fils et successeur d’Épiphane, et obtint de lui la permission de bâtir dans son royaume un temple semblable à celui de Jérusalem, prétendant accomplir ainsi la prophétie d’Isaïe, XIX, 18-19.
16. La terre illustre ; selon l’hébreu, la terre de la beauté ; c’est-à-dire, la Judée. Compar. VIII, 9.
17. Elle ne sera pas pour lui. La fille d’Antiochus en effet, devenue femme de Ptolémée, abandonna les intérêts de son père et embrassa ceux de son mari.
18. Les iles. Le mot hébreu correspondant signifie proprement région lointaine, contrée très éloignée.
19. Et on ne le trouvera pas ; il disparaitra. Antiochus ayant pillé un temple dans la province d’Élymaïs, fut massacré par la population.
20. Et il s’élèvera, etc. Le successeur d’Antiochus fut son fils ainé, Seléucus Philopator. — Il périra, etc. Seléucus périt par les artifices de son ministre Heliodorus qui voulait usurper son royaume.
24. Leurs rapines, leur butin ; les rapines, le butin des ennemis.
26. Ceux qui mangent, etc. ; hébraïsme, pour qui prennent leur nourriture avec lui, qui mangent à sa table.
27. La fin, etc. ; le temps de leur ruine n’est pas encore venu.
28. Il retournera ; c’est-à-dire, Antiochus Épiphane. — L’alliance sainte (testaméntum sanctum) ; la loi divine des Juifs, appelée au vers. 30 l’alliance du sanctuaire, parce qu’elle était conservée dans le temple. On pourrait encore entendre par cette expression tout ce qui appartenait à la religion des Juifs. Compar. sur l’ensemble de ce vers. 28, I Mach. I, 20-24 ; II Mach. V, 21.
30. Des trirèmes et des Romains ; hébraïsme, pour les trirèmes des Romains ; c’est-à-dire, les Romains sur leurs trirèmes. Le texte hébreu porte des vaisseaux de Céthim, ou de la Macédoine. Nous savons par Tite-Live et Justin que des légats romains mirent fin à la guerre et obligèrent Antiochus à s’en retourner. Ces historiens remarquent qu’étant arrivés à l’ile de Delos, les légats y trouvèrent des vaisseaux légers macédoniens. Or cette remarque autorise à croire que les légats s’en servirent pour leur voyage. — L’alliance du sanctuaire. Voy. le vers. 28. Compar. I Mach. I, 30, 54 ; II Mach. IV, 7 et suiv. ; V, 24, 26. — Contre ceux. C’est évidemment le sens de la Vulgate (advérsum eos). C’est aussi celui qu’ont donné les versions catholiques allemande, anglaise, italienne, Ménochius, etc. Ce texte hébreu peut signifier pour ceux, en faveur de ceux ; mais il est aussi susceptible du sens donné par la Vulgate.
31. Et des bras, etc. Voy. I Mach. I, 43 et suiv. ; II Mach. VI, 1 et suiv. — Le sanctuaire de la force ; le temple, ainsi appelé parce qu’on y adorait le Dieu fort, le tout-puissant, ou parce que le temple lui-même était très fortifié, à l’instar d’une citadelle.
32. Les impies useront, etc. Voy. II Mach. VI, 21.
33. Les savants, etc. Ceci regarde principalement Mathathias et ses fils, de la tribu de Lévi. Voy. I Mach. II, 27 et suiv.
34. Par un très petit secours ; celui des frères Machabées. Voy. I Mach. II, 1 et suiv. — Beaucoup se joindront, etc. Voy. II Mach. VIII, 1 et suiv.
35. Un autre temps ; un temps différent, un temps de consolation.
37. Il sera livré, etc. Voy. II Mach. IV, 30.
38. Le dieu Maozim ; est selon plusieurs l’idole de Jupiter Olympien, qu’Antiochus fit placer dans le temple de Jérusalem. Compar. I Mach. I, 57 ; II Mach. VI, 12. L’hébreu porte, Elôhah, mâhuzzîm, qui signifie dieu de lieux fortifiés, de forteresses ; ce que quelques-uns entendent de Mars, dieu de la guerre ; mais d’autres du vrai Dieu.
39. Maozim ; c’est-à-dire, les forteresses ; allusion à la signification du nom du dieu. Antiochus fit bâtir en effet une forteresse auprès du temple du Seigneur, où il avait placé la statue de son Dieu, comme pour le défendre contre toute attaque. — Leur ; se rapporte aux Juifs qui adorèrent l’idole d’Antiochus.
40. Ce verset et les suivants sont une récapitulation des vers. 22-30.
41. La terre glorieuse ; la Judée. Compar. VIII, 9 ; XI, 16. — Le commencement, etc. ; les premières, les principales terres des Ammonites.
45. Apadno ; nom d’un lieu que Théodoret place non loin de Jérusalem, et saint Jérôme près de Nicopolis ; Théodotion et Procope font également de ce mot un nom propre de lieu ; mais les interprètes modernes l’expliquent généralement par citadelle, palais, sens qu’il a en hébreu, en chaldéen, en syriaque, et même en arabe.
²
Délivrance du peuple de Dieu. Résurrection. Gloire des saints. Terme de la durée de la grande désolation.
1 In témpore autem illo consúrget Míchaël princeps
magnus, qui stat pro fíliis pópuli tui : et véniet tempus quale non fuit
ab eo ex quo gentes esse cœpérunt usque ad tempus illud. Et in témpore illo
salvábitur pópulus tuus, omnis qui invéntus fúerit scriptus in libro.
1. Mais en ce temps-là s’élèvera Michel le grand prince, qui est pour les fils de ton peuple ; et viendra un temps, tel qu’il n’y en a pas eu depuis que les nations ont commencé d’être jusqu’alors. Et en ce temps-là, sera sauvé quiconque de ton peuple sera trouvé écrit dans le livre.
2 Et multi de his qui dórmiunt in terræ púlvere
evigilábunt, álii in vitam ætérnam, et álii in oppróbrium ut vídeant semper.
2. Et beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre s’éveilleront : les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l’opprobre, afin qu’ils le voient toujours.
3 Qui autem docti fúerint, fulgébunt quasi splendor
firmaménti : et qui ad justítiam erúdiunt multos, quasi stellæ in
perpétuas æternitátes.
3. Or ceux qui auront été savants brilleront comme la splendeur du firmament, et ceux qui enseignent la justice à un grand nombre, seront comme les étoiles dans les perpétuelles éternités.
4 Tu autem Dániel, claude sermónes, et signa librum
usque ad tempus statútum : plúrimi pertransíbunt, et multiplex erit
sciéntia.
4. Mais toi, Daniel, ferme les paroles, et scelle le livre jusqu’au temps déterminé ; beaucoup le parcourront et la science sera multipliée.
5 Et vidi ego Dániel, et ecce quasi duo álii
stabant : unus hinc super ripam flúminis, et álius inde ex áltera ripa
flúminis.
5. Et je vis, moi Daniel, et voilà comme deux autres hommes qui se tenaient debout : l’un en-deçà, sur la rive du fleuve, et l’autre au delà, sur la rive du fleuve.
6 Et dixi viro qui erat indútus líneis, qui stabat
super aquas flúminis : Usquequo finis horum mirabílium ?
6. Et je dis à l’homme qui était vêtu de lin, qui se tenait sur les eaux du fleuve : Quand sera la fin de ces prodiges ?
7 Et audívi virum qui indútus erat líneis, qui stabat
super aquas flúminis, cum elevásset déxteram et sinístram suam in cælum, et
jurásset per vivéntem in ætérnum, quia in tempus, et témpora, et dimídium
témporis. Et cum compléta fúerit dispérsio manus pópuli sancti, complebúntur
univérsa hæc.
7. Et j’entendis l’homme qui était vêtu de lin, qui se tenait debout sur les eaux du fleuve, lorsqu’il eut élevé sa main droite et sa main gauche au ciel, et qu’il eut juré par celui qui vit éternellement, en disant : Dans un temps, et deux temps, et la moitié d’un temps. Et quand la dispersion de l’assemblée du peuple saint sera accomplie, toutes ces choses seront accomplies.
8 Et ego
audívi, et non intelléxi. Et dixi : Dómine mi, quid erit post hæc ?
8. Et moi j’entendis et ne compris pas. Et je dis : Mon Seigneur, qu’est-ce qui sera après ceci ?
9 Et
ait : Vade, Dániel, quia clausi sunt signatíque sermónes usque ad
præfinítum tempus.
9. Et il dit : Va, Daniel ; car les paroles sont fermées et scellées jusqu’au temps fixé.
10 Eligéntur, et dealbabúntur, et quasi ignis
probabúntur multi : et ímpie agent ímpii, neque intélligent omnes
ímpii : porro docti intélligent.
10. Beaucoup seront purifiés, et deviendront blancs et éprouvés comme le feu, et les impies agiront avec impiété, et aucun des impies ne comprendra ; mais les savants comprendront.
11 Et a
témpore cum ablátum fúerit juge sacrifícium, et pósita fúerit abominátio in
desolatiónem, dies mille ducénti nonagínta.
11. Et depuis le temps qu’aura été aboli le sacrifice perpétuel, et qu’aura été établie l’abomination de la désolation, il s’écoulera mille deux cent quatre-vingt-dix jours.
12 Beátus qui exspéctat, et pérvenit usque ad dies
mille trecéntos trigínta quinque.
12. Bienheureux celui qui attend et qui parvient jusqu’à mille trois cent trente-cinq jours.
13 Tu autem vade ad præfinítum : et requiésces,
et stabis in sorte tua in finem diérum.
13. Mais toi, va jusqu’au terme fixé, et tu seras en repos, et tu demeureras dans ton état jusqu’à la fin des jours.
Hucúsque Daniélem in hebrǽo volúmen légimus. Quæ sequúntur usque ad finem libri, de Theodotiónis editi óne transláta sunt.
Jusqu’ici nous avons lu Daniel dans le volume hébreu. Ce qui suit jusqu’à la fin du livre a été traduit de l’édition de Théodotion.
~
CHAP. XII. 2. Matth. XXV, 46. — 3. Sap. III, 7. — 7. Apoc. X, 5.
1. Mais, etc. ; continuation du chapitre précédent. — En ce temps-là ; c’est-à-dire au temps d’Antiochus Épiphane, selon saint Chrysostome et quelques commentateurs ; mais, suivant la plupart des autres Pères et des interprètes, au temps de l’Antéchrist et de la fin du monde. Dans le style prophétique, en effet, cette expression ne se rapporte pas toujours au temps dont il vient d’être question, mais simplement au temps à venir, que l’esprit de Dieu découvre aux prophètes, et dans lesquels les divers évènements qu’ils annoncent sont quelquefois séparés de plusieurs siècles. — Qui est pour, etc. Compar. X, 21. — Viendra un temps, etc. Voy. Matth. XXIV, 21 ; Rom. XI, 26. — Le livre ; de vie. Être écrit dans ce livre, c’est être prédestiné à la gloire.
2. Beaucoup de ceux ; c’est-à-dire, toute la multitude de ceux. Dans le style biblique on met fréquemment beaucoup pour la totalité, lorsque cette totalité comprend un nombre considérable. — Qu’ils le voient ; hébraïsme, pour qu’ils le sentent, qu’ils l’éprouvent. — Ce verset et sa suite montre clairement qu’il s’agit de la résurrection générale à la fin du monde.
3. Brilleront, etc. Compar. Sap. III, 7 ; Matth. XIII, 43.
4. Ferme les paroles, etc. Voy. VIII, 26. — Temps déterminé pour leur accomplissement. — Le parcourront alors. — La science, etc. ; ils en retireront beaucoup de connaissances ; selon d’autres, ils en donneront diverses explications.
5, 6. Du fleuve ; du Tigre. Compar. X, 4.
6. L’homme qui était vêtu de lin. Voy. X, 5. — La fin ; l’accomplissement.
7. Disant (quia). Comme nous l’avons remarqué ailleurs, tel est le vrai sens des particules latines quia, quoniam, lorsque représentant le KI hébreu, elles ne servent qu’à introduire dans le récit un discours direct ; ce qui nous a paru être le cas dans ce passage. — Un temps. Voy. VII, 25.
10. Aucun des impies (neque omnes impii). En hébreu, le mot tout, accompagné d’une négation, équivaut à pas un, aucun, nul.
12. Mille, etc., ce qui fait quarante-cinq jours de plus qu’au verset précédent. Or, suivant saint Jérôme et Théodoret, ces quarante-cinq jours sont ceux qui s’écouleront entre la mort de l’Antéchrist qui arrivera au bout de mille deux cent quatre-vingt-dix jours, et le dernier avènement de Jésus-Christ. Ceux qui en font l’application au temps des Machabées entendent les jours qui s’écoulèrent entre la nouvelle consécration du temple et la mort d’Antiochus.
13. Mais toi ; Daniel. — Va, etc. ; c’est-à-dire, attends jusqu’à ta mort, tu vivras dans la paix et le repos, et tu jouiras de tes dignités, de ton rang élevé jusqu’à la fin de ta vie ; ou bien, tu mourras, mais tu jouiras aussitôt d’un repos qui durera jusqu’à la fin des temps, où tu ressusciteras pour entrer en possession de la félicité éternelle. — Jusqu’ici, etc. C’est une remarque de saint Jérôme. Les deux chapitres suivants, quoique n’ayant pas été traduits du texte original, ont été reconnus par l’Église comme faisant partie des divines Écritures. Voyez notre observation III, 23.
²
(a) Histoire de Susanne injustement accusée et condamnée. Daniel la délivre.
1 Et erat vir hábitans in Babylóne, et nomen ejus Jóakim :
1. Or il y avait un homme habitant à Babylone, et son nom était Joakim.
2 et accépit uxórem nómine Susánnam, fíliam Helcíæ,
pulchram nimis, et timéntem Deum :
2. Et il prit une femme du nom de Susanne, fille d’Helcias, fort belle, et craignant Dieu.
3 paréntes
enim illíus, cum essent justi, erudiérunt fíliam suam secúndum legem Móysi.
3. Car, comme ses parents étaient justes, ils élevèrent leur fille selon la loi de Moïse.
4 Erat autem Jóakim
dives valde, et erat ei pomárium vicínum dómui suæ : et ad ipsum
confluébant Judǽi, eo quod esset honorabílior ómnium.
4. Or, Joakim était très riche, et il avait un verger près de sa maison ; et les Juifs affluaient souvent chez lui, parce qu’il était le plus considérable de tous.
5 Et constitúti sunt de pópulo duo senes júdices in
illo anno, de quibus locútus est Dóminus : Quia egréssa est iníquitas de
Babylóne a senióribus judícibus, qui videbántur régere pópulum.
5. Et on établit juges d’entre le peuple en cette année là deux vieillards, dont le Seigneur a parlé, disant : L’iniquité est sortie de Babylone par des juges vieillards qui paraissaient gouverner le peuple.
6 Isti
frequentábant domum Jóakim, et veniébant ad eos omnes qui habébant judícia.
6. Ces juges se rendaient fréquemment dans la maison de Joakim, et tous ceux qui avaient des contestations venaient vers eux.
7 Cum autem
pópulus revertísset per merídiem, ingrediebátur Susánna, et deambulábat in
pomário viri sui.
7. Mais lorsque le peuple s’en était allé sur le midi, Susanne entrait et se promenait dans le verger de son mari.
8 Et vidébant
eam senes quotídie ingrediéntem et deambulántem, et exarsérunt in
concupiscéntiam ejus :
8. Et les vieillards la voyaient tous les jours entrant et se promenant ; et ils conçurent une violente passion pour elle ;
9 et evertérunt sensum suum, et declinavérunt
óculos suos ut non vidérent cælum, neque recordaréntur judiciórum justórum.
9. Et leur sens fut perverti, et ils détournèrent leurs yeux afin de ne pas voir le ciel, et de ne pas se souvenir des justes jugements.
10 Erant ergo
ambo vulneráti amóre ejus, nec indicavérunt sibi vicíssim dolórem suum :
10. Ils étaient donc tous deux blessés par l’amour de Susanne, et ils ne se dirent pas l’un à l’autre leur peine ;
11
erubescébant enim indicáre sibi concupiscéntiam suam, voléntes concúmbere cum
ea.
11. Car ils rougissaient de se faire connaitre leur passion, voulant tous deux l’assouvir.
12 Et observábant quotídie sollicítius vidére eam. Dixítque alter ad álterum :
12. Et ils épiaient tous les jours avec la plus grande vigilance le moment de la voir. Et l’un dit à l’autre :
13 Eámus
domum, quia hora prándii est. Et
egréssi, recessérunt a se.
13. Allons à la maison, car c’est l’heure du diner. Et, étant sortis, ils se séparèrent.
14 Cumque
revertíssent, venérunt in unum : et sciscitántes ab ínvicem causam,
conféssi sunt concupiscéntiam suam : et tunc in commúni statuérunt tempus
quando eam possent inveníre solam.
14. Mais, comme ils revinrent, ils se trouvèrent ensemble ; et, s’en demandant mutuellement la cause, ils s’avouèrent leur passion ; et alors ils fixèrent ensemble le temps, quand ils pourraient la trouver seule.
15 Factum est autem, cum observárent diem aptum,
ingréssa est aliquándo sicut heri et nudiustértius, cum duábus solis puéllis,
voluítque lavári in pomário : æstus quippe erat :
15. Or, il arriva que, lorsqu’ils épiaient le jour convenable, Susanne entra, comme la veille et l’avant-veille, seulement avec deux jeunes filles, et voulut se baigner dans le verger, car il faisait chaud.
16 et non
erat ibi quisquam, præter duos senes abscónditos, et contemplántes eam.
16. Et il n’y avait là personne, excepté les deux vieillards cachés, et qui la regardaient.
17 Dixit ergo
puéllis : Afférte mihi óleum, et smígmata, et óstia pomárii claudíte, ut
laver.
17. Et elle dit donc aux jeunes filles : Apportez-moi de l’huile et des savons, et fermez les portes du verger, afin que je me baigne.
18 Et
fecérunt sicut præcéperat :
clauserúntque óstia pomárii, et
egréssæ sunt
per postícum ut afférrent quæ
jússerat ; nesciebántque senes intus esse
abscónditos.
18. Et elles firent comme elle avait ordonné, et elles fermèrent les portes du verger, et sortirent par la porte de derrière, pour apporter ce qu’elle avait commandé, et elles ne savaient pas que les vieillards fussent cachés au-dedans du verger.
19 Cum autem
egréssæ essent puéllæ, surrexérunt duo senes, et accurrérunt ad eam, et
dixérunt :
19. Mais, lorsque les servantes furent sorties, les deux vieillards se levèrent et accoururent à elle, et dirent :
20 Ecce óstia
pomárii clausa sunt, et nemo nos videt, et nos in concupiscéntia tui
sumus : quam ob rem assentíre nobis, et commiscére nobíscum.
20. Voici que les portes du jardin sont fermées, et personne ne nous voit, nous avons conçu une violente passion pour vous ; à cause de cela, rendez-vous à nos désirs et livrez-vous à nous.
21 Quod si
nolúeris, dicémus contra te testimónium, quod fúerit tecum júvenis, et ob hanc
causam emíseris puéllas a te.
21. Que si vous ne voulez pas, nous porterons contre vous témoignage, qu’il y avait avec vous un jeune homme, et que c’est pour cela que vous avez renvoyé les jeunes filles d’auprès de vous.
22 Ingémuit
Susánna, et ait : Angústiæ sunt mihi úndique : si enim hoc égero,
mors mihi est : si autem non égero, non effúgiam manus vestras.
22. Susanne soupira, et dit : Je suis dans des angoisses de toutes parts ; car si je fais cela, c’est la mort pour moi ; et si je ne le fais point, je n’échapperai pas à vos mains.
23 Sed mélius est mihi absque ópere incídere in manus vestras, quam peccáre in conspéctu Dómini.
23. Mais il est mieux pour moi de tomber sans crime en vos mains, que de pécher en la présence du Seigneur.
24 Et
exclamávit voce magna Susánna : exclamavérunt autem et senes advérsus eam.
24. Et Susanne s’écria d’une voix forte ; mais les vieillards s’écrièrent aussi contre elle.
25 Et
cucúrrit unus ad óstia pomárii, et apéruit.
25. Et l’un d’eux courut aux portes du verger, et les ouvrit.
26 Cum ergo
audíssent clamórem fámuli domus in pomário, irruérunt per postícum ut vidérent
quidnam esset.
26. Lors donc que les serviteurs de la maison entendirent les cris dans le verger, ils coururent par la porte de derrière, afin de voir ce que c’était.
27 Postquam autem senes locúti sunt, erubuérunt servi veheménter, quia numquam dictus fúerat sermo hujuscémodi de Susánna. Et facta est dies crástina.
27. Mais, après que les vieillards eurent parlé, les serviteurs rougirent d’une honte extrême, parce que jamais parole de cette sorte n’avait été dite de Susanne. Et le lendemain arriva.
28 Cumque
venísset pópulus ad Jóakim virum ejus, venérunt et duo presbýteri, pleni iníqua
cogitatióne advérsus Susánnam ut interfícerent eam.
28. Et comme le peuple vint vers Joakim, son mari, vinrent aussi les deux vieillards, pleins d’une pensée inique contre Susanne, afin de la faire mourir.
29 Et dixérunt coram pópulo : Míttite ad Susánnam fíliam Helcíæ uxórem Jóakim. Et statim misérunt.
29. Et ils dirent devant le peuple : Envoyez vers Susanne, fille d’Helcias, femme de Joakim. Et aussitôt on y envoya.
30 Et venit
cum paréntibus, et fíliis, et univérsis cognátis suis.
30. Et elle vint avec son père et sa mère, et ses fils, et tous ses parents.
31 Porro Susánna erat delicáta nimis, et pulchra spécie.
31. Or Susanne était extrêmement gracieuse et belle de visage.
32 At iníqui illi jussérunt ut discooperirétur (erat
enim coopérta), ut vel sic satiaréntur decóre ejus.
32. Mais ces hommes iniques commandèrent qu’on lui ôtât son voile (car elle était voilée), afin qu’au moins, de cette manière, ils se rassasiassent de sa beauté.
33 Flebant
ígitur sui, et omnes qui nóverant eam.
33. Et ses parents pleuraient, et tous ceux qui la connaissaient.
34 Consurgéntes autem duo presbýteri in médio pópuli, posuérunt manus suas super caput ejus.
34. Cependant les deux vieillards, se levant au milieu du peuple, mirent leurs mains sur sa tête.
35 Quæ flens suspéxit ad cælum : erat enim cor ejus fidúciam habens in Dómino.
35. Et elle, en pleurant, leva les yeux au ciel, car son cœur avait confiance au Seigneur.
36 Et
dixérunt presbýteri : Cum deambularémus in pomário soli, ingréssa est hæc
cum duábus puéllis : et clausit óstia pomárii, et dimísit a se puéllas.
36. Et les vieillards dirent : Comme nous nous promenions seuls dans le verger, cette femme est entrée avec deux jeunes servantes, et elle a fermé les portes du verger, et renvoyé d’auprès d’elle les jeunes filles.
37 Venítque
ad eam adoléscens, qui erat abscónditus, et concúbuit cum ea.
37. Et est venu vers elle un jeune homme qui était caché et a commis le crime avec elle.
38 Porro nos
cum essémus in ángulo pomárii, vidéntes iniquitátem, cucúrrimus ad eos, et
vídimus eos páriter commiscéri.
38. Pour nous, comme nous étions dans un coin du verger, voyant cette iniquité, nous avons couru vers eux et les avons vus ensemble.
39 Et illum
quidem non quívimus comprehéndere, quia fórtior nobis erat, et apértis óstiis
exilívit :
39. À la vérité, nous n’avons pu saisir le jeune homme, parce qu’il était plus fort que nous, et qu’après avoir ouvert les portes, il est sorti avec précipitation.
40 hanc autem
cum apprehendissémus, interrogávimus, quisnam esset adoléscens, et nóluit
indicáre nobis : hujus rei testes sumus.
40. Mais elle, lorsque nous l’avons eu prise, nous lui avons demandé quel était ce jeune homme, et elle n’a pas voulu nous le faire connaitre ; de ceci nous sommes témoins.
41 Crédidit eis multitúdo quasi sénibus et judícibus
pópuli, et condemnavérunt eam ad mortem.
41. La multitude les crut comme vieillards et juges du peuple ; et ils la condamnèrent à mort.
42 Exclamávit
autem voce magna Susánna, et dixit : Deus ætérne, qui absconditórum es
cógnitor, qui nosti ómnia ántequam fiant,
42. Mais Susanne s’écria d’une voix forte, et dit : Dieu éternel, qui connaissez les choses cachées, qui connaissez toutes choses avant qu’elles soient faites,
43 tu scis
quóniam falsum testimónium tulérunt contra me : et ecce mórior, cum nihil
horum fécerim, quæ isti malitióse composuérunt advérsum me.
43. Vous savez qu’ils ont porté un faux témoignage contre moi ; et voilà que je meurs, quoique je n’aie rien fait de tout ce que ces hommes ont malicieusement inventé contre moi.
44 Exaudívit
autem Dóminus vocem ejus.
44. Or le Seigneur exauça sa voix.
45 Cumque ducerétur ad mortem, suscitávit Dóminus
spíritum sanctum púeri junióris, cujus nomen Dániel :
45. Et comme on la conduisait à la mort, le Seigneur suscita l’esprit saint d’un jeune enfant dont le nom est Daniel ;
46 et exclamávit voce magna : Mundus ego sum a sánguine hujus.
46. Et il s’écria d’une voix forte : Je suis innocent du sang de cette femme.
47 Et
convérsus omnis pópulus ad eum, dixit : Quis est iste sermo, quem tu
locútus es ?
47. Et tout le peuple s’étant tourné vers lui, dit : Quelle est cette parole que tu as dite ?
48 Qui cum staret
in médio eórum, ait : Sic fátui fílii Israël, non judicántes, neque quod
verum est cognoscéntes, condemnástis fíliam Israël ?
48. Et lui, se tenant debout au milieu d’eux, dit : C’est ainsi, insensés, enfants d’Israël, que ne jugeant et ne connaissant pas ce qui est véritable, vous condamnez une fille d’Israël ?
49
revertímini ad judícium, quia falsum testimónium locúti sunt advérsus eam.
49. Retournez au jugement, car ils ont porté un faux témoignage contre elle.
50 Revérsus
est ergo pópulus cum festinatióne, et dixérunt ei senes : Veni, et sede in
médio nostrum, et índica nobis : quia tibi Deus dedit honórem senectútis.
50. Le peuple donc retourna promptement, et les anciens lui dirent : Viens, et assieds-toi au milieu de nous, et éclaire-nous, parce que Dieu t’a donné l’honneur de la vieillesse.
51 Et dixit
ad eos Dániel : Separáte illos ab ínvicem procul, et dijudicábo eos.
51. Et Daniel leur dit : Séparez-les l’un de l’autre, et je les jugerai.
52 Cum ergo divísi essent alter ab áltero, vocávit
unum de eis, et dixit ad eum : Inveteráte diérum malórum, nunc venérunt
peccáta tua, quæ operabáris prius :
52. Lors donc qu’ils furent séparés l’un de l’autre, il appela l’un d’eux, et lui dit : Vieillard plein de jours mauvais, maintenant ils sont venus, les péchés que vous commettiez auparavant,
53 júdicans judícia injústa, innocéntes ópprimens,
et dimíttens nóxios, dicénte Dómino : Innocéntem et justum non
interfícies.
53. Rendant des jugements injustes, opprimant les innocents et renvoyant les coupables, le Seigneur disant : Tu ne feras pas mourir un juste et un innocent.
54 Nunc ergo,
si vidísti eam, dic sub qua árbore víderis eos colloquéntes sibi. Qui
ait : Sub schino.
54. Maintenant donc, si vous l’avez vue, dites sous quel arbre vous les avez vus s’entretenant. Et il dit : Sous un lentisque.
55 Dixit autem Dániel : Recte mentítus es in
caput tuum : ecce enim ángelus Dei, accépta senténtia ab eo, scindet te
médium.
55. Or Daniel dit : Vous avez précisément menti contre votre tête ; car voici qu’un ange de Dieu, ayant reçu sa sentence, vous coupera par le milieu.
56 Et, amóto
eo, jussit veníre álium, et dixit ei : Semen Chánaan, et non Juda, spécies
decépit te, et concupiscéntia subvértit cor tuum :
56. Et l’ayant fait retirer, il commanda que l’autre vînt, et il lui dit : Race de Chanaan, et non de Juda, la beauté vous a séduit, et la passion a perverti votre cœur.
57 sic
faciebátis filiábus Israël, et illæ timéntes loquebántur vobis : sed fília
Juda non sustínuit iniquitátem vestram.
57. C’est ainsi que vous agissiez avec les filles d’Israël, et elles, saisies de crainte, vous parlaient ; mais la fille de Juda n’a pas souffert votre iniquité.
58 Nunc ergo,
dic mihi sub qua árbore comprehénderis eos loquéntes sibi. Qui ait : Sub
prino.
58. Maintenant donc, dites-moi sous quel arbre vous les avez surpris se parlant. Et il dit : Sous une yeuse.
59 Dixit autem ei Dániel : Recte mentítus es et
tu in caput tuum : manet enim ángelus Dómini, gládium habens, ut secet te
médium, et interfíciat vos.
59. Or Daniel lui dit : Vous avez précisément menti vous aussi contre votre tête, car l’ange du Seigneur est tout prêt, ayant le glaive afin de vous couper par le milieu, et de vous tuer tous deux.
60 Exclamávit
ítaque omnis cœtus voce magna, et benedixérunt Deum, qui salvat sperántes in
se.
60. C’est pourquoi toute l’assemblée s’écria d’une voix forte, et ils bénirent Dieu qui sauve ceux qui espèrent en lui.
61 Et
consurrexérunt advérsus duos presbýteros (convícerat enim eos Dániel ex ore suo
falsum dixísse testimónium), fecerúntque eis sicut male égerant advérsus
próximum,
61. Et ils s’élevèrent contre les deux vieillards (car Daniel les avait convaincus par leur propre bouche qu’ils avaient porté un faux témoignage), et ils les traitèrent selon le mal qu’ils avaient fait à leur prochain,
62 ut fácerent secúndum legem
Móysi. Et interfecérunt eos, et
salvátus est sanguis innóxius in die illa.
62. Afin d’agir suivant la loi de Moïse, et ils les mirent à mort, et un sang innocent fut sauvé en ce jour-là.
63 Helcías
autem et uxor ejus laudavérunt Deum pro fília sua Susánna cum Jóakim maríto
ejus, et cognátis ómnibus, quia non esset invénta in ea res turpis.
63. Or Helcias et sa femme louèrent Dieu pour leur fille Susanne, avec Joakim, son mari, et tous les parents, parce qu’aucune chose honteuse n’avait été trouvée en elle.
64 Dániel
autem factus est magnus in conspéctu pópuli a die illa, et deínceps.
64. Mais Daniel devint grand en la présence du peuple, depuis ce jour-là et dans la suite.
65 Et rex Astyáges appósitus est ad patres suos, et
suscépit Cyrus Perses regnum ejus.
65. Et le roi Astyages fut réuni à ses pères, et Cyrus le Perse reçut son royaume.
~
CHAP. XIII. 53. Ex. XXIII, 7. — 62. Deut. XIX, 18, 19.
(a). Dans l’ordre des temps, cette histoire devrait être placée après le chapitre Ier ; elle est arrivée au temps de la captivité des Juifs à Babylone, lorsque Daniel était encore jeune (vers. 45), et par conséquent dans les trois premières années de la captivité.
1. * Joakim était un des principaux Juifs captifs à Babylone.
2. * Susanne signifie lis.
5. On établit, etc. On voit par ces paroles que, quoiqu’en captivité, les Juifs n’étaient pas privés du droit de juger des cas qui concernaient leurs lois et les affaires des individus de leur nation entre eux. — Disant. Voy. sur ce mot, XII, 7. — L’iniquité, etc. Cette citation n’est pas écrite dans les Livres saints, elle pouvait se trouver dans la tradition. Quelques-uns prétendent qu’elle se rapporte à Jer. XXIII, 14, et XXIX, où on voit en effet une pensée analogue à celle qu’exprime ici Daniel.
9. Des justes jugements de Dieu.
13. L’heure du diner ; l’heure de midi (vers. 7).
15. La veille, etc. ; littér. hier et avant-hier ; hébraïsme, pour auparavant.
32. Commandèrent, etc. On voit, dans la loi mosaïque, que la femme accusée d’adultère par son mari, avait le visage découvert pendant le jugement (Num. V, 18). Les accusateurs de Susanne prirent sans doute prétexte de cet article de la loi, pour lui faire ôter son voile, sans lequel aucune femme en Orient ne peut paraitre en public.
34. Mirent leurs mains, etc. ; usage consacré chez les Hébreux, surtout dans les condamnations à mort (Lev. XXIV, 14).
41. À mort. La lapidation était la peine de l’adultère (Lev. I, 10 ; Joan. VIII, 5).
45. L’esprit saint ; l’esprit de prophétie, pour découvrir le crime des vieillards et les convaincre par leur propre bouche avant l’instruction de l’affaire. — D’un jeune homme (pueri junioris). L’épithète junior, littér. plus jeune, ne change pas la signification de puer, qualification donnée déjà quatre fois (I, 4, 13, 15, 17) à Daniel, sans cet adjectif. Au reste, quel que fût l’âge de Daniel, aidé d’une lumière surnaturelle, il n’a nullement été précipité dans son jugement, comme l’ont prétendu certains incrédules.
52. Maintenant, etc. ; c’est maintenant que tous vos crimes sont retombés sur vous, et que vous allez les expier.
53. Tu ne feras pas, etc. (Ex. XXIII, 7).
55, 59. Contre votre tête ; de manière que votre mensonge va retomber sur votre tête, va tourner à votre perte. — Vous coupera par le milieu. Il y a un jeu de mots dans le grec ; d’où on a prétendu que le grec était le texte original ; mais en bonne critique cela ne le prouve point, parce que l’allusion a pu se trouver dans la version sans avoir été dans le texte, et qu’il pouvait y avoir dans le texte une allusion semblable à celle qui se lit dans la version ; mais on ne connait pas assez les noms hébreux des arbres pour pouvoir déterminer quelles étaient les expressions du texte. Il est probable que l’expression, vous coupera par le milieu, signifie ici vous exterminera, et que les deux vieillards furent lapidés, suivant la loi du talion qui veut que le faux accusateur souffre la peine qu’il a voulu faire souffrir à l’innocent. Voy. les vers. 61-62 ; Deut. XIX, 18-19.
65. Ce verset n’a aucun rapport avec l’histoire de Susanne, arrivée au commencement du règne de Nabuchodonosor ; il appartient plutôt au chapitre suivant, où sont racontés des faits qui datent du commencement du règne de Cyrus. — Astyage ; est selon plusieurs le fils d’Astyage, Cyaxare II, Darius le Mède, mais voy. V, 31.
²
Daniel découvre l’imposture des prêtres de Bel, fait mourir un dragon adoré par les Babyloniens, est jeté dans la fosse aux lions, et en est délivré.
1 Erat autem Dániel convíva regis, et honorátus super omnes amícos ejus.
1. Or Daniel était convive du roi, et honoré au-dessus de tous ses amis.
2 Erat quoque idólum apud Babylónios nómine Bel :
et impendebántur in eo per dies síngulos símilæ ártabæ duódecim, et oves
quadragínta, viníque ámphoræ sex.
2. Il y avait aussi chez les Babyloniens une idole du nom de Bel, et on employait pour elle chaque jour douze artabes de fleur de farine, et quarante brebis, et six amphores de vin.
3 Rex quoque colébat eum, et ibat per síngulos dies adoráre eum : porro Dániel adorábat Deum suum. Dixítque ei rex : Quare non adóras Bel ?
3. Le roi aussi l’honorait, et allait chaque jour l’adorer ; mais Daniel adorait son Dieu. Et le roi lui dit : Pourquoi n’adores-tu pas Bel ?
4 Qui respóndens ait ei : Quia non colo idóla
manufácta, sed vivéntem Deum, qui creávit cælum, et terram, et habet potestátem
omnis carnis.
4. Et Daniel, répondant, lui dit : Parce que je n’honore pas les idoles faites à la main, mais le Dieu vivant, qui a créé le ciel et la terre, et qui a puissance sur toute chair.
5 Et dixit
rex ad eum : Non vidétur tibi esse Bel vivens deus ? an non vides
quanta cómedat et bibat quotídie ?
5. Et le roi lui dit : Bel ne te semble-t-il pas un Dieu vivant ? Est-ce que tu ne vois pas combien il mange et boit chaque jour. ?
6 Et ait Dániel arrídens : Ne erres,
rex : iste enim intrínsecus lúteus est, et forínsecus ǽreus, neque cómedit
aliquándo.
6. Et Daniel dit en souriant : Ne vous y trompez pas, ô roi, car Bel au-dedans est d’argile, et au dehors, d’airain, et il ne mange jamais.
7 Et irátus
rex vocávit sacerdótes ejus, et ait eis : Nisi dixéritis mihi quis est qui
cómedat impénsas has, moriémini.
7. Et le roi irrité appela ses prêtres, et leur dit : Si vous ne me dites qui est celui qui mange tout ce qui se dépense ainsi, vous mourrez.
8 Si autem ostendéritis quóniam Bel cómedat hæc, moriétur Dániel, quia blasphemávit in Bel. Et dixit Dániel regi : Fiat juxta verbum tuum.
8. Mais, si vous montrez que Bel mange ces choses, Daniel mourra, parce qu’il a blasphémé contre Bel. Et Daniel dit au roi : Qu’il soit fait selon votre parole.
9 Erant autem sacerdótes Bel septuagínta, excéptis
uxóribus, et párvulis, et fíliis.
9. Or il y avait soixante-dix prêtres de Bel, outre les femmes, et les petits enfants, et les fils.
Et venit rex cum Daniéle in
templum Bel.
Et le roi vint avec Daniel au temple de Bel.
10 Et dixérunt sacerdótes Bel : Ecce nos
egrédimur foras : et tu, rex, pone escas, et vinum misce, et claude
óstium, et signa ánnulo tuo :
10. Et les prêtres de Bel dirent : Voici que nous, nous sortons dehors ; et vous, ô roi, mettez les aliments et mêlez le vin ; et fermez la porte et la scellez de votre anneau ;
11 et cum ingréssus fúeris mane, nisi invéneris ómnia
comésta a Bel, morte moriémur, vel Dániel qui mentítus est advérsum nos.
11. Et, lorsque vous serez entré le matin, si vous ne trouvez pas que tout ait été mangé par Bel, nous mourrons de mort, nous, ou Daniel qui a menti contre nous.
12
Contemnébant autem, quia fécerant sub mensa abscónditum intróitum, et per illum
ingrediebántur semper, et devorábant ea.
12. Mais ils parlaient par bravade, parce qu’ils avaient fait sous la table une entrée secrète ; et ils s’introduisaient toujours par là, et dévoraient le tout.
13 Factum est
ígitur postquam egréssi sunt illi, rex pósuit cibos ante Bel : præcépit Dániel
púeris suis, et attulérunt cínerem, et cribrávit per totum templum coram
rege : et egréssi clausérunt óstium, et signántes ánnulo regis abiérunt.
13. Il arriva donc qu’après que ceux-ci furent sortis, le roi mit des aliments devant Bel ; Daniel ordonna à ses serviteurs, et ils apportèrent de la cendre, et il la cribla et la répandit dans tout le temple, devant le roi ; et, étant sortis, ils fermèrent la porte, et, la scellant de l’anneau du roi, ils s’en allèrent.
14 Sacerdótes
autem ingréssi sunt nocte juxta consuetúdinem suam, et uxóres et fílii eórum,
et comedérunt ómnia, et bibérunt.
14. Or les prêtres entrèrent la nuit, selon leur coutume, ainsi que leurs femmes et leurs enfants, et ils mangèrent et burent tout.
15 Surréxit autem rex primo dilúculo, et Dániel cum eo.
15. Mais le roi se leva au point du jour, et Daniel avec lui.
16 Et ait rex : Sálvane sunt signácula, Dániel ? Qui respóndit : Salva, rex.
16. Et le roi dit : Les sceaux sont-ils intacts, Daniel ? et il répondit : Intacts, ô roi.
17 Statímque
cum aperuísset óstium, intúitus rex mensam, exclamávit voce magna : Magnus
es, Bel, et non est apud te dolus quisquam.
17. Et aussitôt qu’il eut ouvert la porte, le roi, ayant regardé la table, s’écria d’une voix forte : Tu es grand, Bel, et il n’y a en toi aucune fraude.
18 Et risit Dániel,
et ténuit regem ne ingrederétur intro : et dixit : Ecce paviméntum :
animadvérte cujus vestígia sint hæc.
18. Et Daniel rit, et il retint le roi, afin qu’il n’avançât pas plus avant, et il dit : Voici le pavé, remarquez de qui sont ces traces de pieds.
19 Et dixit rex : Vídeo vestígia virórum, et mulíerum, et infántium. Et irátus est rex.
19. Et le roi dit : Je vois des traces de pieds d’hommes, et de femmes, et d’enfants. Et le roi fut irrité.
20 Tunc
apprehéndit sacerdótes, et uxóres, et fílios eórum : et ostendérunt ei
abscóndita ostíola, per quæ ingrediebántur, et consumébant quæ erant super
mensam.
20. Alors il fit saisir les prêtres, leurs femmes et leurs enfants ; et ils lui montrèrent les petites portes secrètes par lesquelles ils entraient, et mangeaient ce qui était sur la table.
21 Occídit
ergo illos rex, et trádidit Bel in potestátem Daniélis : qui subvértit
eum, et templum ejus.
21. Le roi les fit donc mourir, et livra Bel en la puissance de Daniel, qui le renversa ainsi que son temple.
22 Et erat draco magnus in loco illo, et colébant
eum Babylónii.
22. Il y avait aussi un grand dragon en ce lieu-là, et les Babyloniens l’adoraient.
23 Et dixit
rex Daniéli : Ecce nunc non potes dícere quia iste non sit deus
vivens : adóra ergo eum.
23. Et le roi dit à Daniel : Voici maintenant, tu ne peux pas dire que celui-ci ne soit pas un Dieu vivant : Adore-le donc.
24 Dixítque Dániel :
Dóminum Deum meum adóro, quia ipse est Deus vivens : iste autem non est
deus vivens.
24. Et Daniel dit : J’adore le Seigneur mon Dieu, parce que c’est lui qui est un Dieu vivant ; mais celui-ci n’est pas un Dieu vivant.
25 Tu autem, rex, da mihi potestátem, et interfíciam dracónem absque gládio et fuste. Et ait rex : Do tibi.
25. Mais vous, ô roi, donnez-m’en le pouvoir, et je tuerai le dragon sans glaive et sans bâton. Et le roi dit : Je te le donne.
26 Tulit ergo Dániel picem, et ádipem, et pilos, et coxit páriter : fecítque massas, et dedit in os dracónis, et dirúptus est draco. Et dixit : Ecce quem colebátis.
26. Daniel prit donc de la poix et de la graisse et des poils, et les fit cuire ensemble ; et il en fit des masses, et les jeta dans la gueule du dragon, et le dragon creva. Et Daniel dit : Voici ce que vous adoriez.
27 Quod cum
audíssent Babylónii, indignáti sunt veheménter : et congregáti advérsum
regem, dixérunt : Judǽus factus est rex : Bel destrúxit, dracónem
interfécit, et sacerdótes occídit.
27. Lorsque les Babyloniens eurent appris cela, ils furent extrêmement indignés, et, s’étant assemblés contre le roi, ils dirent : Le roi est devenu Juif ; il a détruit Bel, il a tué le dragon, et il a fait mourir les prêtres.
28 Et
dixérunt cum veníssent ad regem : Trade nobis Daniélem, alióquin
interficiémus te, et domum tuam.
28. Et ils dirent, lorsqu’ils furent venus vers le roi : Livrez-nous Daniel ; autrement nous vous tuerons, vous et votre maison.
29 Vidit ergo
rex quod irrúerent in eum veheménter : et necessitáte compúlsus, trádidit
eis Daniélem.
29. Le roi vit donc qu’ils venaient à lui avec violence ; et, contraint par la nécessité, il leur livra Daniel.
30 Qui
misérunt eum in lacum leónum, et erat ibi diébus sex.
30. Ils le jetèrent dans la fosse aux lions, et il y demeura six jours.
31 Porro in lacu erant leónes septem, et dabántur
eis duo córpora quotídie, et duæ oves : et tunc non data sunt eis, ut
devorárent Daniélem.
31. Or dans la fosse étaient sept lions, et on leur donnait deux corps chaque jour, et deux brebis ; mais alors on ne leur en donna point, afin qu’ils dévorassent Daniel.
32 Erat autem Habacuc prophéta in Judǽa, et ipse
cóxerat pulméntum, et intríverat panes in alvéolo : et ibat in campum ut
ferret messóribus.
32. Or Habacuc, le prophète, était en Judée, et il avait fait cuire un mets, et il avait émietté des pains dans un vase, et il allait au champ, pour les porter aux moissonneurs.
33 Dixítque
ángelus Dómini ad Habacuc : Fer prándium quod habes in Babylónem Daniéli,
qui est in lacu leónum.
33. Et l’ange du Seigneur dit à Habacuc : Porte le diner que tu as à Babylone, à Daniel, qui est dans la fosse aux lions.
34 Et dixit
Habacuc : Dómine, Babylónem non vidi, et lacum néscio.
34. Et Habacuc dit : Seigneur, je n’ai jamais vu Babylone, et la fosse, je ne la connais pas.
35 Et apprehéndit eum ángelus Dómini in vértice
ejus, et portávit eum capíllo cápitis sui, posuítque eum in Babylóne supra
lacum in ímpetu spíritus sui.
35. Et l’ange du Seigneur le prit par le sommet de sa tête, et le porta par les cheveux, et le mit à Babylone, sur la fosse, avec la rapidité de son esprit.
36 Et
clamávit Habacuc, dicens : Dániel serve Dei, tolle prándium quod misit
tibi Deus.
36. Et Habacuc cria, disant : Daniel, serviteur de Dieu, prends le diner que Dieu t’a envoyé.
37 Et ait Dániel :
Recordátus es mei, Deus, et non dereliquísti diligéntes te.
37. Et Daniel dit : Vous vous êtes souvenu de moi, ô Dieu, et vous n’avez pas abandonné ceux qui vous aiment.
38 Surgénsque Dániel comédit. Porro ángelus Dómini
restítuit Habacuc conféstim in loco suo.
38. Et Daniel se levant mangea. Mais l’ange du Seigneur remit aussitôt Habacuc en son lieu.
39 Venit ergo
rex die séptimo ut lugéret Daniélem : et venit ad lacum, et introspéxit,
et ecce Dániel sedens in médio leónum.
39. Et le roi vint au septième jour, afin de pleurer Daniel ; et il vint à la fosse, et il regarda dedans, et voici Daniel assis au milieu des lions.
40 Et exclamávit voce magna rex, dicens : Magnus es, Dómine Deus Daniélis. Et extráxit eum de lacu leónum.
40. Et le roi s’écria d’une voix forte, disant : Vous êtes grand, Seigneur Dieu de Daniel. Et il le retira de la fosse aux lions.
41 Porro illos, qui perditiónis ejus causa fúerant, intromísit in lacum, et devoráti sunt in moménto coram eo.
41. Mais ceux qui avaient voulu sa perte, il les jeta dans la fosse ; et ils furent dévorés en un moment devant lui.
42 Tunc rex
ait : Páveant omnes habitántes in univérsa terra Deum Daniélis : quia
ipse est salvátor, fáciens signa et mirabília in terra : qui liberávit
Daniélem de lacu leónum.
42. Alors le roi dit : Que tous ceux qui habitent sur toute la terre redoutent le Dieu de Daniel ; parce que c’est lui qui est le sauveur sur la terre, faisant des prodiges et des merveilles, lui qui a délivré Daniel de la fosse aux lions.
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CHAP. XIV. 35. Ezech. VIII, 3.
2. Bel ; ancien roi de Babylone qui fut mis au rang des dieux par ses sujets après sa mort. — Artabes ; mesure en usage chez les Babyloniens ; elle contenait soixante-douze setiers, suivant saint Épiphane et saint Isidore de Séville ; mais d’autres lui donnent une capacité différente. — Amphores. Il s’agit probablement ici de l’amphore attique, qui contenait trois urnes ou soixante-douze setiers, et non de la romaine qui était seulement de deux urnes ou quarante-huit setiers ; le grec lit métrètes, c’est-à-dire mesures. — * Pour la valeur de ces diverses mesures, voir la note 21 à la fin du volume.
4. Toute chair. Voy. sur cette expression, IV, 9.
6. * Est d’argile. Beaucoup de statues à Babylone étaient en argile, parce que la Chaldée n’a pas de pierre et que le bois y est rare. On recouvrait quelquefois d’un métal précieux ces statues de terre.
9. Et les petits enfants, etc. ; c’est-à-dire, tous les enfants grands et petits.
10. Mêlez le vin ; c’est-à-dire, préparez. Compar. Prov. IX, 2.
11. Nous mourrons de mort ; hébraïsme, pour irrémissiblement.
22. * Un grand dragon ; probablement un grand serpent consacré au dieu Bel.
31. Deux corps d’hommes probablement condamnés à mort.
32. Habacuc, etc. On a prétendu que le prophète Habacuc ne pouvait exister sous Cyrus. Mais rien ne prouve qu’il s’agisse ici d’Habacuc, un des douze petits prophètes. D’un autre côté Habacuc ne datant point ses prophéties, et ayant vécu, comme Daniel, avant la captivité, il a pu fort bien, quoique plus âgé que lui, vivre jusqu’au règne de Cyrus.
35. L’ange, etc. Si ce transport d’Habacuc par l’ange était faux à cause de son invraisemblance et de son absurdité même, comme le prétendent les incrédules, Daniel se serait bien gardé de l’insérer dans son livre. Si donc il l’a rapporté, c’est parce qu’il avait des preuves de sa réalité. D’ailleurs ces sortes de transports ne sont pas sans exemples dans l’Ancien et le Nouveau Testament (III Reg. XVIII, 12 ; Matth. IV, 5, 8 ; Act. VIII, 39-40).
38. En son lieu ; dans le lieu où il l’avait pris.
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