María auxiliátrix


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TOBÍAS

TOBIE

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INTRODUCTION AU LIVRE DE TOBIE

Le livre de Tobie a été composé en chaldéen, d’après S. Jérôme ; il l’a été en hébreu, d’après un certain nombre de critiques ; en grec, d’après quelques autres. Cette dernière opinion est fausse. Quant aux deux premières, on n’apporte aucun argument décisif en faveur de l’une ni de l’autre ; les savants modernes penchent cependant plus communément pour l’original hébreu.

Quoi qu’il en soit, le texte primitif est perdu. Un texte chaldéen, découvert en 1877, et publié en 1878, n’est certainement pas le texte original. Les anciennes versions de ce livre sont sensiblement différentes les unes des autres ; les noms propres ne se ressemblent pas toujours entre eux, et la critique ne peut réussir, en plus d’un cas, à découvrir quelle était la leçon authentique. La plupart des objections qu’on fait contre cette histoire n’ont pas d’autre fondement que les altérations provenant de la variété des leçons ou des négligences des copistes.

Le nom de Tobie est en hébreu Tobiyah. Il signifie : “Jéhovah est bon.”

La réalité de son histoire est attestée par les détails minutieux du récit, par la généalogie du principal personnage, qui est longuement donnée dans le texte grec le plus complet, par les renseignements précis sur la géographie, l’histoire, la chronologie, etc.

Plusieurs critiques modernes retardent jusqu’au temps d’Adrien, qui régna de 117 à 138 de notre ère, la composition du livre de Tobie. Ils s’appuient sur des raisons futiles, tirées de la tendance qu’ils attribuent à l’auteur, celle, par exemple, de montrer que l’ensevelissement des morts est une œuvre agréable à Dieu, comme si l’on avait eu besoin d’attendre l’époque de l’empereur Adrien pour soupçonner que c’était là un acte de charité !

La tradition a toujours attribué à Tobie père et fils la rédaction de leur histoire : 1° parce que, dans toutes les versions (celle de S. Jérôme, et en partie, le nouveau texte chaldéen exceptés), Tobie parle à la première personne, depuis le chapitre Ier jusqu’au commencement de l’histoire de Sara. Le texte grec, XII, 20, porte que l’ange Raphaël commanda à Tobie d’écrire son histoire, et l’on ne peut douter qu’il n’ait obéi à cet ordre, comme l’insinue le verset suivant, XIII, 1, dans les éditions grecques. Le livre de Tobie a donc été écrit très probablement dans les premiers temps qui suivirent la déportation des Israélites du nord en Assyrie, puisque c’est à cette époque que vivait le héros de cette histoire, et qu’il en est vraisemblablement l’auteur. Les deux derniers versets, XIV, 16-17, sont d’une main étrangère. — Le concile de Trente a déclaré contre les protestants le livre de Tobie canonique.

Ce livre forme un tout parfaitement coordonné et disposé avec un art admirable. Il est partagé en six sections formant autant de tableaux : Vertus et épreuves de Tobie ; vertus et épreuves de Sara ; voyage du jeune Tobie en Médie ; son mariage avec Sara ; son retour à Ninive ; conclusion : manifestation de l’ange Raphaël, dernières années de Tobie.

L’histoire de Tobie nous offre un parfait modèle de la vie domestique et renferme les exemples les plus instructifs et les plus touchants de toutes sortes de vertus.

Son but direct est d’apprendre aux Juifs à honorer Dieu, au milieu même des païens, pour leur faire connaitre la vérité, comme le chante Tobie dans son cantique d’actions de grâce, qui peut être considéré comme l’épilogue de son livre, XIII, 3-4.

Mais en même temps que l’auteur poursuit ce but élevé, il en atteint un autre, presque sans y penser, celui d’édifier ses lecteurs, non pas seulement ceux qui vivaient, comme lui et avec lui, captifs au milieu des Assyriens, mais ceux de tous les temps et de tous les lieux, par sa patience, et par des exemples de toutes les vertus. — “[Le livre de Tobie] nous offre un tableau intime des vertus, des souffrances et des joies de l’exil de Tobie. Ce n’est pas le froid récit d’évènements fortuitement rapprochés, mais le tableau plein de simplicité et de grandeur des épreuves d’un homme juste et miséricordieux. Tobie est un second Job, dont les malheurs et le salut sont liés à des évènements qui font en même temps de son histoire le manuel des [époux]. L’exemple du jeune Tobie montre comment doivent se contracter et se célébrer les unions agréables à Dieu. L’humanité, l’amour paternel, la piété filiale, la douceur et la probité des deux Tobie sont le développement de la pensée fondamentale du livre ; la confiance en Dieu ne peut tourner à la confusion du juste. Ainsi ce livre devient le livre élémentaire des parents qui veulent fonder une famille agréable à Dieu et marcher courageusement au devant des épreuves de la vie.” (Haneberg.) — Mais il n’est pas seulement le guide des pères et des mères, il renferme aussi des exemples et des enseignements pour tous ; l’aumône y est recommandée avec insistance, I, 16-17 ; II, 1-2 ; IV, 7-12, 17 ; XII, 8-9 ; le grand précepte de la charité y est donné sous forme négative, IV, 16 ; la prière revient constamment pour attirer les bénédictions de Dieu sur toutes les affaires importantes, IV, 20 ; III, 1-6, 11, 13-23 ; VI, 18 ; VIII, 6-10, etc. ; la fuite de tout péché est recommandée comme celle du seul mal véritable, IV, 23, etc. — L’intervention d’un ange, envoyé de Dieu, est un des traits principaux du livre de Tobie, qui nous révèle ainsi, d’une manière manifeste, la doctrine des anges gardiens. — Cette histoire est, comme celle de Job, une justification de la Providence.

« L’histoire de Tobie est un des plus beaux monuments de la littérature juive. Les caractères sont très simples, mais dessinés avec une grande habileté. Le pieux et infortuné Tobie, sa femme également pieuse, mais impatiente et un peu acariâtre, sont des personnes réelles. Fort simple, le récit est très heureusement disposé. » (Nöldeke.)

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TOBIE

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Tobías - Summárium

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER

Origine de Tobie. Sa fidélité à la loi. Naissance de son fils. Il demeure fidèle dans sa captivité. Situation où il se trouve sous Salmanasar, sous Sennachérib, et après la mort de ce prince.

CHAPITRE II

Zèle de Tobie pour ensevelir les morts. Il devient aveugle. Sa constance au milieu de son affliction. Reproches que sa femme lui fait.

CHAPITRE III

Prière de Tobie et de Sara fille de Ragouël. Le Seigneur les exauce, et envoie à leur secours l’ange Raphaël.

CHAPITRE IV

Instructions de Tobie à son fils. Il l’avertit de la somme qu’il a mise entre les mains de Gabélus.

CHAPITRE V

L’ange Raphaël s’engage à accompagner le jeune Tobie jusqu’à Ragès ; larmes de sa mère ; confiance de son père.

CHAPITRE VI

Le jeune Tobie étant en route, un poisson veut le dévorer. Tobie le prend par ordre de l’ange. L’ange lui conseille d’épouser Sara, fille de Ragouël.

CHAPITRE VII

Mariage du jeune Tobie avec Sara, fille de Ragouël.

CHAPITRE VIII

Tobie et Sara passent la première nuit de leurs noces en prières. Tobie n’éprouve aucun accident fâcheux. Ragouël en bénit Dieu, et leur fait célébrer leurs noces.

CHAPITRE IX

L’ange va trouver Gabélus, reçoit de lui l’argent, et l’amène aux noces de Tobie.

CHAPITRE X

Inquiétude du père et de la mère du jeune Tobie. Ragouël et le jeune Tobie se séparent.

CHAPITRE XI

Le jeune Tobie et Raphaël arrivent à Ninive. Tobie recouvre la vue. Sara arrive, on célèbre la noce.

CHAPITRE XII

Tobie veut récompenser Raphaël. Celui-ci découvre qui il est, et disparait de devant eux.

CHAPITRE XIII

Cantique de Tobie.

CHAPITRE XIV

Dernières paroles de Tobie. Il prédit la ruine de Ninive et le rétablissement de Jérusalem. Le jeune Tobie sort de Ninive. Sa mort.

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CHAPITRE PREMIER

Origine de Tobie. Sa fidélité à la loi. Naissance de son fils. Il demeure fidèle dans sa captivité. Situation où il se trouve sous Salmanasar, sous Sennachérib, et après la mort de ce prince.

1 Tobías ex tribu et civitáte Néphthali (quæ est in superióribus Galilǽæ supra Naásson, post viam quæ ducit ad occidéntem, in sinístro habens civitátem Sephet)

1. Tobie, de la tribu et de la ville de Nephthali (qui est dans la haute Galilée, au-dessus de Naasson, derrière le chemin qui conduit à l’occident, ayant à gauche la ville de Sephét),

2 cum captus esset in diébus Salmánasar regis Assyriórum, in captivitáte tamen pósitus, viam veritátis non deséruit,

2. Lorsqu’il eut été fait captif dans les jours de Salmanasar, roi des Assyriens, quoique se trouvant en captivité, n’abandonna pas la voie de la vérité ;

3 ita ut ómnia quæ habére póterat, quotídie concaptívis frátribus, qui erant ex ejus génere, impertíret.

3. En sorte que tout ce qu’il pouvait avoir, il en faisait part chaque jour à ses compagnons de captivité, ses frères, qui étaient de sa race.

4 Cumque esset júnior ómnibus in tribu Néphthali, nihil tamen pueríle gessit in ópere.

4. Et quoiqu’il fût plus jeune que tous ceux de la tribu de Nephthali, il ne fit rien de puéril dans ses actions.

5 Dénique, cum irent omnes ad vítulos áureos quos Jeróboam fécerat rex Israël, hic solus fugiébat consórtia ómnium.

5. Enfin, lorsque tous allaient vers les veaux d’or que Jéroboam avait faits, étant roi d’Israël, lui seul fuyait la compagnie de tous ;

6 Sed pergébat in Jerúsalem ad templum Dómini, et ibi adorábat Dóminum Deum Israël, ómnia primitíva sua et décimas suas fidéliter ófferens,

6. Et il se rendait à Jérusalem au temple du Seigneur, et là il adorait le Seigneur Dieu d’Israël, offrant fidèlement toutes ses prémices et ses dimes ;

7 ita ut in tértio anno prosélytis et ádvenis ministráret omnem decimatiónem.

7. En sorte que dans la troisième année il donnait toute sa dime aux prosélytes et aux étrangers.

8 Hæc et his simília secúndum legem Dei puérulus observábat.

8. Ces choses et autres semblables, selon la loi de Dieu, jeune enfant, il les observait.

9 Cum vero factus esset vir, accépit uxórem Annam de tribu sua, genuítque ex ea fílium, nomen suum impónens ei :

9. Mais, lorsqu’il fut devenu homme, il prit pour femme Anne de sa tribu, et il engendra d’elle un fils auquel il imposa son nom ;

10 quem ab infántia timére Deum dócuit, et abstinére ab omni peccáto.

10. Il lui apprit dès l’enfance à craindre Dieu et à s’abstenir de tout péché.

11 Igitur, cum per captivitátem devenísset cum uxóre sua et fílio in civitátem Niníven cum omni tribu sua

11. Ainsi, lorsque dans sa captivité, il fut arrivé avec sa femme et son fils dans la ville de Ninive, où il se trouva avec toute sa tribu,

12 (cum omnes éderent ex cibis gentílium), iste custodívit ánimam suam, et numquam contaminátus est in escis eórum.

12. (Quoique tous mangeassent des aliments des Gentils), il veilla sur son âme, et ne se souilla jamais de leurs aliments.

13 Et quóniam memor fuit Dómini in toto corde suo, dedit illi Deus grátiam in conspéctu Salmánasar regis,

13. Et parce qu’il se souvint de Dieu en tout son cœur, Dieu lui fit trouver grâce en la présence du roi Salmanasar.

14 et dedit illi potestátem quocúmque vellet ire, habens libertátem quæcúmque fácere voluísset.

14. Et le roi lui donna pouvoir d’aller partout où il voudrait, ayant la liberté de faire tout ce qu’il voudrait.

15 Pergébat ergo ad omnes qui erant in captivitáte, et mónita salútis dabat eis.

15. Il se rendait donc vers tous ceux qui étaient en captivité, et leur donnait des avis salutaires.

16 Cum autem venísset in Rages civitátem Medórum, et ex his quibus honorátus fúerat a rege, habuísset decem talénta argénti :

16. Mais, étant revenu à Rages, ville des Mèdes, comme il avait de ce dont il avait été honoré par le roi, dix talents d’argent,

17 et cum in multa turba géneris sui Gabélum egéntem vidéret, qui erat ex tribu ejus, sub chirógrapho dedit illi memorátum pondus argénti.

17. Et que parmi la foule nombreuse de sa race, il voyait Gabélus, qui était de sa tribu, dans le besoin, il lui donna sous son seing ledit poids d’argent.

18 Post multum vero témporis, mórtuo Salmánasar rege, cum regnáret Sennácherib fílius ejus pro eo, et fílios Israël exósos habéret in conspéctu suo,

18. Or, après beaucoup de temps, le roi Salmanasar étant mort, comme Sennachérib, son fils, régnait à sa place, et que les enfants d’Israël étaient odieux à ses yeux,

19 Tobías quotídie pergébat per omnem cognatiónem suam, et consolabátur eos, dividebátque unicuíque, prout póterat, de facultátibus suis :

19. Tobie chaque jour allait parmi toute sa parenté ; il les consolait, et distribuait de ses biens à chacun, selon qu’il pouvait.

20 esuriéntes alébat, nudísque vestiménta præbébat, et mórtuis atque occísis sepultúram sollícitus exhibébat.

20. Il nourrissait ceux qui avaient faim, fournissait des vêtements à ceux qui étaient nus, et, plein de sollicitude, il donnait la sépulture à ceux qui étaient morts ou qui avaient été tués.

21 Dénique cum revérsus esset rex Sennácherib, fúgiens a Judǽa plagam quam circa eum fécerat Deus propter blasphémiam suam, et irátus multos occíderet ex fíliis Israël, Tobías sepeliébat córpora eórum.

21. Enfin, lorsque le roi Sennachérib fut revenu, fuyant loin de la Judée la plaie que Dieu avait faite autour de lui, pour son blasphème, et qu’irrité, il tuait un grand nombre d’entre les enfants d’Israël, Tobie ensevelissait leurs corps.

22 At ubi nuntiátum est regi, jussit eum occídi, et tulit omnem substántiam ejus.

22. Or, dès qu’on l’eut annoncé au roi, il commanda qu’il fut tué, et il prit tout son bien.

23 Tobías vero cum fílio suo et cum uxóre suo fúgiens, nudus látuit, quia multi diligébant eum.

23. Mais Tobie, fuyant avec son fils et avec sa femme, dénué de tout, fut tenu caché, parce que beaucoup le chérissaient.

24 Post dies vero quadragínta quinque occidérunt regem fílii ipsíus,

24. Or, après quarante-cinq jours, le roi fut tué par ses fils,

25 et revérsus est Tobías in domum suam, omnísque facúltas ejus restitúta est ei.

25. Et Tobie retourna en sa maison, et tout son bien lui fut rendu.

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CHAP. I. 2. IV Reg. XVII, 3 ; XVIII, 9. — 5. III Reg. XII, 28. — 21. IV Reg. XIX, 35 ; Eccli. XLVIII, 24 ; II Mach. VIII, 19. — 24. IV Reg. XIX, 37 ; II Par. XXXII, 21 ; Is. XXXVII, 38.

 

1. * Première section : Vertus et épreuves de Tobie, I-III, 6. — Tobie signifie en hébreu “Jéhovah est bon.” — De la ville de Nephthali. Il faut entendre d’une ville de la tribu de Nephthali, parce qu’il n’y avait pas de ville qui portât ce nom. D’après plusieurs modernes, Tobie pouvait être originaire de Cadès de Nephthali, ainsi surnommée pour la distinguer de Cadès d’Issachar. — Naasson est inconnue. — Sephét, d’après l’opinion commune, est la ville encore aujourd’hui importante de Safed, où il y a une nombreuse colonie juive, dans un climat très sain, à cause de sa situation qui est la plus élevée de la Galilée, à 845 mètres d’altitude.

2. * Dans les jours de Salmanasar, roi des Assyriens, qui régna de 727 à 723 ou 722 avant J.-C.

11. Où il se trouva. Ces mots nous paraissent nécessaires pour le vrai sens du texte. D’abord la construction même de la phrase semble s’opposer à ce qu’on rattache l’expression avec toute sa tribu aux mots avec sa femme et son fils. En second lieu, il est certain que la tribu de Nephthali, à laquelle appartenait Tobie, avait été déjà auparavant transportée en Assyrie par Theglathphalasar, qui en était le roi. Voy. IV Reg. XV, 29. — * Avec toute sa tribu, peut mieux s’entendre avec tout ce qui restait de sa tribu en Palestine, car Theglathphalasar n’avait pas déporté absolument tous les Nephthalites. — Ninive, capitale de l’Assyrie, sur le Tigre.

12. Des aliments des Gentils ; c’est-à-dire des viandes défendues par la loi aux Juifs (Lev. XI).

16. De ce dont, etc. ; des appointements attachés à son emploi. — * Ragès, aujourd’hui Rei, s’élevait non loin de l’emplacement actuel de Téhéran. On y voit encore des restes de fortifications antiques. Elle est mentionnée comme une ville très ancienne dans le Zend Avesta et son nom se lit dans les inscriptions cunéiformes de Darius, fils d’Hystaspe. Seléucus Nicator la rebâtit et lui donna le nom d’Europos. Les Mongols la détruisirent presque complètement en 1220.

18. * Sennachérib, roi de Ninive, régna de l’an 705 à l’an 681 avant J.-C. Il n’était pas fils de Salmanasar, mais de Sargon. Ce nom de Salmanasar a été altéré par les copistes, comme le prouve le texte grec, qui porte Enémessaros.

21. La plaie, etc. ; la destruction miraculeuse de son armée. Voy. IV Reg. XIX, 35-36.

24. * Après quarante-cinq jours. Les différents textes de Tobie donnent un nombre de jours différents. Ces jours ne s’appliquent pas d’ailleurs au temps qui s’écoula depuis le retour de Sennachérib dans ses états, après la destruction de son armée en Palestine, mais au temps qui s’écoula depuis la spoliation de Tobie.

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CHAPITRE II

Zèle de Tobie pour ensevelir les morts. Il devient aveugle. Sa constance au milieu de son affliction. Reproches que sa femme lui fait.

1 Post hæc vero, cum esset dies festus Dómini, et factum esset prándium bonum in domo Tobíæ,

1. Or, après cela, comme c’était le jour de la fête du Seigneur, un bon repas fut préparé dans la maison de Tobie,

2 dixit fílio suo : Vade, et adduc áliquos de tribu nostra, timéntes Deum, ut epuléntur nobíscum.

2. Il dit à son fils : Va et amène ici quelques-uns de notre tribu qui craignent Dieu, afin qu’ils fassent bonne chère avec nous ;

3 Cumque abiísset, revérsus nuntiávit ei unum ex fíliis Israël jugulátum jacére in platéa. Statímque exíliens de accúbitu suo, relínquens prándium, jejúnus pervénit ad corpus :

3. Et lorsque son fils s’en fut allé, et qu’il fut revenu, il lui annonça qu’un des enfants d’Israël égorgé gisait sur la place. Et aussitôt, s’élançant de son lit de table et laissant le repas, il arriva à jeun près du corps ;

4 tollénsque illud portávit ad domum suam occúlte, ut dum sol occubuísset, caute sepelíret eum.

4. Et l’enlevant, il le porta dans sa maison secrètement, afin que, lorsque le soleil serait couché, il l’ensevelît avec précaution.

5 Cumque occultásset corpus, manducávit panem cum luctu et tremóre,

5. Et lorsqu’il eut caché le corps, il mangea son pain avec douleur et tremblement,

6 mémorans illum sermónem, quem dixit Dóminus per Amos prophétam : Dies festi vestri converténtur in lamentatiónem et luctum.

6. Se rappelant cette parole qu’avait dite le Seigneur par Amos, le prophète : Vos jours de fête se changeront en lamentation et en pleur.

7 Cum vero sol occubuísset, ábiit, et sepelívit eum.

7. Et lorsque le soleil fut couché, il alla l’ensevelir.

8 Arguébant autem eum omnes próximi ejus, dicéntes : Jam hujus rei causa intérfici jussus es, et vix effugísti mortis impérium, et íterum sépelis mórtuos ?

8. Or tous ses proches le blâmaient, disant : Déjà à cause de cela on a commandé de te tuer, et à peine as-tu échappé à l’arrêt de mort, et, de nouveau, tu ensevelis les morts ?

9 Sed Tobías plus timens Deum quam regem, rapiébat córpora occisórum, et occultábat in domo sua, et médiis nóctibus sepeliébat ea.

9. Mais Tobie, craignant plus Dieu que le roi, enlevait les corps de ceux qui avaient été tués, les cachait dans sa maison, et les ensevelissait au milieu des nuits.

10 Cóntigit autem ut quadam die fatigátus a sepultúra, véniens in domum suam, jactásset se juxta paríetem, et obdormísset,

10. Or il arriva un jour que, s’étant lassé par l’ensevelissement et venant en sa maison, il se coucha au pied de la muraille, et s’endormit ;

11 et ex nido hirúndinum dormiénti illi cálida stércora incíderent super óculos ejus, fierétque cæcus.

11. Puis, pendant qu’il dormait, il tomba d’un nid d’hirondelles de la fiente chaude sur ses yeux, et il devint aveugle.

12 Hanc autem tentatiónem ídeo permísit Dóminus eveníre illi, ut pósteris darétur exémplum patiéntiæ ejus, sicut et sancti Job.

12. Or Dieu permit que cette épreuve lui arrivât précisément, pour que l’exemple de sa patience fut offerte à ses descendants, comme celle du saint homme Job.

13 Nam cum ab infántia sua semper Deum timúerit, et mandáta ejus custodíerit, non est contristátus contra Deum quod plaga cæcitátis evénerit ei,

13. Car, comme dès son enfance, il avait toujours craint Dieu, et gardé tous ses commandements, il ne s’attrista point, et ne murmura point contre Dieu de ce que cette plaie de cécité lui était venue ;

14 sed immóbilis in Dei timóre permánsit, agens grátias Deo ómnibus diébus vitæ suæ.

14. Mais il demeura inébranlable dans la crainte de Dieu, rendant grâce à Dieu tous les jours de sa vie.

15 Nam sicut beáto Job insultábant reges, ita isti paréntes et cognáti ejus irridébant vitam ejus, dicéntes :

15. Car, comme les rois insultaient au bienheureux Job, ainsi ses parents et ses alliés raillaient sa conduite, disant :

16 Ubi est spes tua, pro qua eleemósynas et sepultúras faciébas ?

16. Où est ton espérance pour laquelle tu faisais des aumônes et des sépultures ?

17 Tobías vero increpábat eos, dicens : Nolíte ita loqui :

17. Mais Tobie les reprenait, disant : Ne parlez point ainsi ;

18 quóniam fílii sanctórum sumus, et vitam illam expectámus, quam Deus datúrus est his qui fidem suam numquam mutant ab eo.

18. Parce que nous sommes enfants des saints, et que nous attendons cette vie que Dieu doit donner à ceux qui ne détournent jamais leur fidélité de lui.

19 Anna vero uxor ejus ibat ad opus textrínum quotídie, et de labóre mánuum suárum victum quem cónsequi póterat, deferébat.

19. Or Anne, sa femme, allait faire de la toile chaque jour, et le vivre que par le travail de ses mains elle pouvait gagner, elle l’apportait.

20 Unde factum est ut hædum caprárum accípiens detulísset domi :

20. D’où il arriva qu’ayant reçu un chevreau, elle l’apporta à la maison ;

21 cujus cum vocem balántis vir ejus audísset, dixit : Vidéte, ne forte furtívus sit : réddite eum dóminis suis, quia non licet nobis aut édere ex furto áliquid, aut contíngere.

21. Et lorsque son mari eut entendu le cri du chevreau bêlant, il dit : Prenez garde qu’il n’ait été dérobé ; rendez-le à ses maitres, parce qu’il ne nous est pas permis de manger ce qui a été dérobé ou d’y toucher.

22 Ad hæc uxor ejus iráta respóndit : Maniféste vana facta est spes tua, et eleemósynæ tuæ modo apparuérunt.

22. À cela sa femme, irritée, répondit : Ton espérance a été manifestement vaine ; et tes aumônes se montrent maintenant.

23 Atque his et áliis hujuscémodi verbis exprobrábat ei.

23. Ainsi c’est par ces discours et d’autres semblables que sa femme le blâmait.

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CHAP. II. 6. Am. VIII, 10 ; I Mach. I, 41. — 9. Supra. I, 21. — 22. Job., II, 9.

 

1. Repas ; proprement le premier de la journée.

3. De son lit de table. Les anciens Hébreux se mettaient à table couchés sur des lits. Cependant cet usage n’était pas universel parmi eux.

10. La muraille de sa maison. Tobie, n’ayant pu se purifier de l’impureté légale qu’il avait contractée en touchant les morts, demeura hors de sa maison.

11. * Un nid d’hirondelles. Ces oiseaux étaient des hirondelles, d’après la traduction de S. Jérôme, des passereaux, d’après l’ancienne Italique et les textes grecs, qui ne parlent point non plus de nid. La cécité ne fut pas instantanée, d’après les versions grecques ; mais les excréments qui étaient chauds, en tombant sur les yeux, ouverts, ajoutent le Codex Vaticanus et autres, produisirent dans les yeux une inflammation et une taie, laquelle, par la maladresse des médecins, dégénéra en perte complète de la vue. S. Jérôme a résumé tous les détails fournis par les autres textes dans les deux mots : il devint aveugle.

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CHAPITRE III

Prière de Tobie et de Sara fille de Ragouël. Le Seigneur les exauce, et envoie à leur secours l’ange Raphaël.

1 Tunc Tobías ingémuit, et cœpit oráre cum lácrimis,

1. Alors Tobie gémit, et commença à prier avec larmes,

2 dicens :

2. Disant :

Justus es, Dómine, et ómnia judícia tua justa sunt,

Vous êtes juste, Seigneur, et tous vos jugements sont droits,

et omnes viæ tuæ, misericórdia, et véritas, et judícium.

et toutes vos voies sont miséricorde, vérité et justice.

3 Et nunc Dómine, memor esto mei,

3. Et maintenant, Seigneur, souvenez-vous de moi,

et ne vindíctam sumas de peccátis meis,

et ne tirez point vengeance de mes péchés,

neque reminiscáris delícta mea, vel paréntum meórum.

et ne vous rappelez point mes offenses ou celles de mes pères.

4 Quóniam non obedívimus præcéptis tuis,

4. Parce que nous n’avons point obéi à vos préceptes,

ídeo tráditi sumus in direptiónem,

c’est pour cela que nous avons été livrés au pillage,

et captivitátem, et mortem,

à la captivité, à la mort,

et in fábulam, et in impropérium ómnibus natiónibus

à la risée et à l’insulte chez toutes les nations

in quibus dispersísti nos.

parmi lesquelles vous nous avez dispersés.

5 Et nunc Dómine, magna judícia tua,

5. Et maintenant, Seigneur, vos jugements sont grands,

quia non égimus secúndum præcépta tua,

parce que nous n’avons point agi selon vos préceptes,

et non ambulávimus sincériter coram te.

et que nous n’avons point marché sincèrement devant vous.

6 Et nunc Dómine, secúndum voluntátem tuam fac mecum,

6. Et maintenant, Seigneur, faites-moi selon votre volonté,

et prǽcipe in pace récipi spíritum meum :

et ordonnez que mon âme soit reçue en paix ;

éxpedit enim mihi mori magis quam vívere.

car il est avantageux pour moi de mourir, plutôt que de vivre.

7 Eádem ítaque die, cóntigit ut Sara fília Raguélis in Rages civitáte Medórum et ipsa audíret impropérium ab una ex ancíllis patris sui,

7. Or en ce même jour il arriva que Sara, fille de Ragouël, qui demeurait à Rages, ville des Mèdes, entendit elle-même un reproche outrageant d’une des servantes de son père,

8 quóniam trádita fúerat septem viris, et dæmónium nómine Asmodǽus occíderat eos, mox ut ingréssi fuíssent ad eam.

8. De ce qu’elle avait été donnée à sept maris, et que le démon du nom d’Asmodée les avait tués aussitôt qu’ils s’étaient approchés d’elle.

9 Ergo cum pro culpa sua increpáret puéllam, respóndit ei, dicens : Amplius ex te non videámus fílium aut fíliam super terram, interféctrix virórum tuórum.

9. Comme donc elle reprenait cette jeune fille pour quelque faute qu’elle avait faite, elle lui répondit, disant : Que nous ne voyions plus de toi fils ou fille sur la terre, meurtrière de tes maris !

10 Numquid et occídere me vis, sicut jam occidísti septem viros ? Ad hanc vocem perréxit in supérius cubículum domus suæ : et tribus diébus, et tribus nóctibus non manducávit, neque bibit :

10. Est-ce que tu veux me tuer aussi, comme tu as déjà tué sept maris ? À cette parole, Sara monta dans la chambre haute de sa maison, et pendant trois jours et trois nuits elle ne mangea ni ne but ;

11 sed in oratióne persístens cum lácrimis deprecabátur Deum, ut ab isto impropério liberáret eam.

11. Mais persévérant dans la prière, elle priait Dieu avec larmes qu’il la délivrât de cet opprobre.

12 Factum est autem die tértia, dum compléret oratiónem, benedícens Dóminum

12. Or il arriva le troisième jour que, tandis qu’elle achevait sa prière, bénissant le Seigneur,

13 dixit : Benedíctum est nomen tuum, Deus patrum nostrórum : qui cum irátus fúeris, misericórdiam fácies, et in témpore tribulatiónis peccáta dimíttis his qui ínvocant te.

13. Elle dit : Béni est votre nom, Dieu de nos pères, qui, après que vous êtes irrité, faites miséricorde, et qui au temps de la tribulation remettez les péchés à ceux qui vous invoquent.

14 Ad te, Dómine, fáciem meam convérto ; ad te óculos meos dírigo.

14. C’est vers vous, Seigneur, que je tourne ma face, et vers vous que je dirige mes yeux.

15 Peto, Dómine, ut de vínculo impropérii hujus absólvas me, aut certe désuper terram erípias me.

15. Je vous demande, Seigneur, que vous me détachiez du lien de cet opprobre, ou que vous me retiriez de dessus la terre.

16 Tu scis, Dómine, quia numquam concupívi virum, et mundam servávi ánimam meam ab omni concupiscéntia.

16. Vous savez, Seigneur, que je n’ai jamais désiré un mari, et que j’ai conservé mon âme pure de tout mauvais désir.

17 Numquam cum ludéntibus míscui me, neque cum his qui in levitáte ámbulant, partícipem me prǽbui.

17. Jamais je ne me suis mêlée à ceux qui se divertissent, et je n’ai pas fait société avec ceux qui marchent imprudemment.

18 Virum autem cum timóre tuo, non cum libídine mea, consénsi suscípere.

18. Et j’ai consenti à recevoir mon mari dans votre crainte, et non pour ma passion,

19 Et, aut ego indígna fui illis, aut illi fórsitan me non fúerunt digni, quia fórsitan viro álii conservásti me.

19. Et ou moi j’ai été indigne d’eux, ou peut-être eux n’étaient-ils pas dignes de moi, parce que peut-être c’est pour un autre mari que vous m’avez réservée.

20 Non est enim in hóminis potestáte consílium tuum.

20. Car vos conseils ne sont point au pouvoir de l’homme.

21 Hoc autem pro certo habet omnis qui te colit : quod vita ejus, si in probatióne fúerit, coronábitur ; si autem in tribulatióne fúerit, liberábitur ; et si in correptióne fúerit, ad misericórdiam tuam veníre licébit.

21. Mais quiconque vous honore est assuré que sa vie, si elle passe par l’épreuve, sera couronnée ; mais, s’il est dans la tribulation, il sera délivré, et s’il éprouve un châtiment, il pourra parvenir à votre miséricorde.

22 Non enim delectáris in perditiónibus nostris : quia post tempestátem tranquíllum facis, et post lacrimatiónem et fletum, exultatiónem infúndis.

22. Car vous ne vous plaisez point à notre perte, puisque après la tempête vous faites le calme, et qu’après les larmes et les soupirs vous répandez la joie.

23 Sit nomen tuum, Deus Israël, benedíctum in sǽcula.

23. Que votre nom, Dieu d’Israël, soit béni dans les siècles !

24 In illo témpore exaudítæ sunt preces ambórum in conspéctu glóriæ summi Dei :

24. En ce temps-là les prières de tous les deux furent exaucées en la présence du Dieu souverain ;

25 et missus est ángelus Dómini sanctus Ráphaël ut curáret eos ambos, quorum uno témpore sunt oratiónes in conspéctu Dómini recitátæ.

25. Et le saint ange du Seigneur, Raphaël, fut envoyé pour les guérir tous deux, eux dont les prières avaient été présentées au Seigneur en même temps.

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CHAP. III. 4. Deut. XXVIII, 15.

 

2. Justice ; littér. jugement, arrêt juste.

7. Ragès ; le grec lit Ecbathane. D’un autre côté on voit dans la Vulgate (IX, 3, 6) que Tobie, étant arrivé chez Ragouël, envoie Raphaël à Ragès vers Gabélus. Pour faire disparaitre cette espèce de contradiction de la Vulgate, on dit qu’il y avait deux villes du nom de Ragès. On pourrait dire encore que Ragouël et sa fille habitaient Ragès, quand les sept maris furent tués par le démon ; mais qu’après ce fâcheux évènement, ils changèrent d’habitation ; ils avaient en effet plus d’une raison de s’éloigner d’un lieu qui leur rappelait de si tristes souvenirs. — * La leçon du grec est préférable. Ragouël habitait Ecbatana. Ecbatana, aujourd’hui Hamadan, était la capitale de la Médie. Fondée par Déjocès et entourée de sept murailles, de hauteur et de couleur différentes, elle servit de résidence d’été aux rois Achéménides et plus tard aux rois Parthes. Située au milieu de hautes montagnes, le climat en est très froid. Son altitude est de près de 1800 mètres. — Au verset 7 commence la deuxième partie de cette histoire qui, jusqu’au verset 23, nous fait connaitre les vertus et les épreuves de Sara, fille de Ragouël.

8. * Asmodée parait être le démon de la concupiscence. D’après les uns, il vient du perse azmûden, “tenter”, d’après les autres de l’hébreu schâmad, “perdre”.

10. * La chambre haute, l’endroit principal de la maison.

24. * Ici commence la troisième section de Tobie, III, 24-VI, 9, laquelle raconte le voyage du jeune Tobie en Médie.

25. * Raphaël, “Dieu guérit”, prend une forme humaine pour conduire, sous le nom d’Azarias, le jeune Tobie.

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CHAPITRE IV

Instructions de Tobie à son fils. Il l’avertit de la somme qu’il a mise entre les mains de Gabélus.

1 Igitur cum Tobías putáret oratiónem suam exaudíri ut mori potuísset, vocávit ad se Tobíam fílium suum,

1. Ainsi, comme Tobie croyait que sa prière était exaucée, et qu’il pourrait mourir, il appela vers lui Tobie, son fils,

2 dixítque ei : Audi, fili mi, verba oris mei, et ea in corde tuo quasi fundaméntum cónstrue.

2. Et lui dit : Écoute, mon fils, les paroles de ma bouche, et pose-les dans ton cœur, comme un fondement.

3 Cum accéperit Deus ánimam meam, corpus meum sépeli : et honórem habébis matri tuæ ómnibus diébus vitæ ejus :

3. Lorsque Dieu aura reçu mon âme, ensevelis mon corps ; tu honoreras aussi ta mère tous les jours de sa vie ;

4 memor enim esse debes, quæ et quanta perícula passa sit propter te in útero suo.

4. Car tu dois te rappeler quels et combien grands ont été les périls qu’elle a essuyés, à cause de toi, en son sein,

5 Cum autem et ipsa compléverit tempus vitæ suæ, sepélias eam circa me.

5. Et quand elle aura aussi elle-même achevé le temps de sa vie, ensevelis-la près de moi.

6 Omnibus autem diébus vitæ tuæ in mente habéto Deum : et cave ne aliquándo peccáto conséntias, et prætermíttas præcépta Dómini Dei nostri.

6. Mais tous les jours de ta vie aie Dieu dans l’esprit, et garde-toi de consentir jamais au péché, et de négliger les préceptes du Seigneur notre Dieu.

7 Ex substántia tua fac eleemósynam, et noli avértere fáciem tuam ab ullo páupere : ita enim fiet ut nec a te avertátur fácies Dómini.

7. Fais l’aumône de ton bien, et ne détourne ta face d’aucun pauvre ; car il arrivera aussi que la face du Seigneur ne se détournera pas non plus de toi.

8 Quómodo potúeris, ita esto miséricors.

8. Comme tu le pourras, ainsi sois miséricordieux.

9 Si multum tibi fúerit, abundánter tríbue : si exíguum tibi fúerit, étiam exíguum libénter impertíri stude.

9. Si tu as beaucoup, donne abondamment ; si tu as peu, même de ce peu, aie soin de donner de bon cœur.

10 Prǽmium enim bonum tibi thesaurízas in die necessitátis :

10. Car tu t’amasseras ainsi le trésor d’une bonne récompense au jour de la nécessité,

11 quóniam eleemósyna ab omni peccáto et a morte líberat, et non patiétur ánimam ire in ténebras.

11. Parce que l’aumône délivre de tout péché et de la mort, et qu’elle ne laissera point l’âme aller dans les ténèbres.

12 Fidúcia magna erit coram summo Deo, eleemósyna ómnibus faciéntibus eam.

12. L’aumône sera le sujet d’une grande confiance devant le Dieu très haut, pour tous ceux qui la font.

13 Atténde tibi, fili mi, ab omni fornicatióne, et præter uxórem tuam numquam patiáris crimen scire.

13. Garde-toi, mon fils, de toute fornication, et, hors ta femme, ne te permets jamais de connaitre le crime.

14 Supérbiam numquam in tuo sensu aut in tuo verbo dominári permíttas : in ipsa enim inítium sumpsit omnis perdítio.

14. Ne laisse jamais l’orgueil dominer dans ton esprit ou dans ta parole ; car c’est par l’orgueil que toute perdition a pris commencement.

15 Quicúmque tibi áliquid operátus fúerit, statim ei mercédem restítue, et merces mercenárii tui apud te omníno non remáneat.

15. Quiconque t’aura fait un travail, rends-lui aussitôt son salaire ; et que le salaire du mercenaire ne demeure en aucune manière chez toi.

16 Quod ab álio óderis fíeri tibi, vide ne tu aliquándo álteri fácias.

16. Ce que tu serais fâché qu’un autre te fît, prends garde de jamais le faire à un autre.

17 Panem tuum cum esuriéntibus et egénis cómede, et de vestiméntis tuis nudos tege.

17. Mange ton pain avec les pauvres et avec les indigents, et de tes vêtements couvre ceux qui sont nus.

18 Panem tuum et vinum tuum super sepultúram justi constítue, et noli ex eo manducáre et bíbere cum peccatóribus.

18. Mets ton pain et ton vin sur le tombeau du juste, et n’en mange et n’en bois point avec les pécheurs.

19 Consílium semper a sapiénte perquíre.

19. Demande toujours conseil à un sage.

20 Omni témpore bénedic Deum : et pete ab eo ut vias tuas dírigat, et ómnia consília tua in ipso permáneant.

20. Bénis Dieu en tout temps, et demande-lui qu’il dirige tes voies, et que tous tes conseils demeurent en lui persévéramment.

21 Indíco étiam tibi, fili mi, dedísse me decem talénta argénti, dum adhuc infántulus esses, Gabélo, in Rages civitáte Medórum, et chirógraphum ejus apud me hábeo :

21. Je t’avertis aussi, mon fils, que, lorsque tu étais encore petit enfant, j’ai donné dix talents d’argent à Gabélus, qui demeure à Ragès, ville des Mèdes ; et j’ai son seing chez moi :

22 et ídeo perquíre quómodo ad eum pervénias, et recípias ab eo supra memorátum pondus argénti, et restítuas ei chirógraphum suum.

22. Et c’est pourquoi cherche comment tu parviendras jusqu’à lui, tu recouvreras le susdit poids d’argent et tu lui rendras son seing.

23 Noli timére, fili mi : páuperem quidem vitam gérimus, sed multa bona habébimus si timuérimus Deum, et recessérimus ab omni peccáto, et fecérimus bene.

23. Ne crains point, mon fils ; nous menons, à la vérité, une vie pauvre ; mais nous aurons beaucoup de biens, si nous craignons Dieu, si nous nous retirons de tout péché, et si nous agissons bien.

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CHAP. IV. 3. Ex. XX, 12 ; Eccli. VII, 29. — 7. Prov. III, 9 ; Eccli. IV, 1 ; XIV, 13 ; Luc. XIV, 13. — 8. Eccli. XXXV, 12. — 11. Eccli. XXIX, 15. — 13. I Thess. IV, 3. — 14. Gen. III, 5. — 15. Lev. XIX, 13 ; Deut. XXIV, 14. — 16. Matth. VII, 12 ; Luc. VI, 31. — 17. Luc. XIV, 13. — 23. Rom. VIII, 17.

 

4. À cause de toi, lorsque tu étais dans son sein.

11. Parce que l’aumône, etc. L’aumône faite avec de bonnes intentions nous mérite une augmentation de la grâce divine, et nous amène ainsi à la conversion et à la pénitence, qui nous délivre en effet de tout péché et nous sauve de la mort éternelle.

13. De connaitre le crime ; c’est-à-dire de commettre l’adultère.

18. Cette coutume de mettre de la nourriture sur les tombeaux, pratiquée chez les Hébreux, et même parmi les chrétiens pendant plusieurs siècles, était une aumône que l’on faisait aux vivants, afin de les engager à prier pour les morts.

21. * Voir plus haut, I, 17.

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CHAPITRE V

L’ange Raphaël s’engage à accompagner le jeune Tobie jusqu’à Ragès ; larmes de sa mère ; confiance de son père.

1 Tunc respóndit Tobías patri suo, et dixit : Omnia quæcúmque præcepísti mihi fáciam, pater.

1. Alors Tobie répondit à son père, et dit : Tout ce que vous m’avez ordonné, je le ferai, mon père.

2 Quómodo autem pecúniam hanc requíram, ignóro : ille me nescit, et ego eum ignóro : quod signum dabo ei ? sed neque viam per quam pergátur illuc aliquándo cognóvi.

2. Mais comment pourrai-je retirer cet argent, je l’ignore : cet homme ne me connait point, et moi je ne le connais point, quelle marque lui donnerai-je ? Mais je ne sais pas même le chemin par où l’on peut aller là.

3 Tunc pater suus respóndit illi, et dixit : Chirógraphum quidem illíus penes me hábeo : quod dum illi osténderis, statim restítuet.

3. Alors son père lui répondit, et dit : J’ai même son seing en mon pouvoir ; lorsque tu le lui montreras, il te rendra aussitôt l’argent.

4 Sed perge nunc, et inquíre tibi áliquem fidélem virum, qui eat tecum salva mercéde sua, ut dum adhuc vivo, recípias eam.

4. Mais va maintenant, et cherche-toi quelque homme fidèle qui puisse aller avec toi, en lui assurant sa récompense, afin que tu reçoives cet argent pendant que je vis encore.

5 Tunc egréssus Tobías, invénit júvenem spléndidum stantem præcínctum, et quasi parátum ad ambulándum.

5. Alors Tobie, étant sorti, trouva un jeune homme magnifique, debout, ceint, et comme prêt à marcher.

6 Et ignórans quod ángelus Dei esset, salutávit eum, et dixit : Unde te habémus, bone júvenis ?

6. Et, ignorant que ce fut un ange de Dieu, il le salua, et lui dit : D’où es-tu, bon jeune homme ?

7 At ille respóndit : Ex fíliis Israël. Et Tobías dixit ei : Nosti viam quæ ducit in regiónem Medórum ?

7. Et celui-ci répondit : Je suis des enfants d’Israël. Alors Tobie lui demanda : Connais-tu le chemin qui conduit au pays des Mèdes ?

8 Cui respóndit : Novi : et ómnia itínera ejus frequénter ambulávi, et mansi apud Gabélum fratrem nostrum, qui morátur in Rages civitáte Medórum, quæ pósita est in monte Ecbátanis.

8. Il lui répondit : Je le connais ; j’ai parcouru fréquemment tous ces chemins, et j’ai demeuré chez Gabélus, notre frère, qui reste à Ragès, ville des Mèdes, laquelle est située sur la montagne d’Ecbatana.

9 Cui Tobías ait : Sústine me óbsecro, donec hæc ipsa núntiem patri meo.

9. Tobie lui dit : Attends-moi, je te supplie, jusqu’à ce que j’aie annoncé tout cela à mon père.

10 Tunc ingréssus Tobías, indicávit univérsa hæc patri suo. Super quæ admirátus pater, rogávit ut introíret ad eum.

10. Alors Tobie, entrant rapporta tout cela à son père. Sur quoi plein d’admiration, son père demanda qu’il entrât auprès de lui.

11 Ingréssus ítaque salutávit eum, et dixit : Gáudium tibi sit semper.

11. Étant donc entré, il salua Tobie, et dit : Que la joie soit avec vous toujours.

12 Et ait Tobías : Quale gáudium mihi erit, qui in ténebris sédeo, et lumen cæli non vídeo ?

12. Et Tobie répondit : Quelle joie aurai-je, moi qui suis toujours dans les ténèbres, et qui ne vois point la lumière du ciel ?

13 Cui ait júvenis : Forti ánimo esto : in próximo est ut a Deo curéris.

13. Le jeune homme lui répliqua : Ayez bon courage, dans peu vous serez guéri par Dieu.

14 Dixit ítaque illi Tobías : Numquid póteris perdúcere fílium meum ad Gabélum in Rages civitátem Medórum ? et cum redíeris, restítuam tibi mercédem tuam.

14. Et Tobie lui dit : Pourras-tu conduire mon fils chez Gabélus, à Ragès, ville des Mèdes ? Et lorsque tu seras de retour, je te remettrai ta récompense.

15 Et dixit ei ángelus : Ego ducam, et redúcam eum ad te.

15. Alors l’ange lui dit : Oui, je le mènerai et le ramènerai vers vous.

16 Cui Tobías respóndit : Rogo te, índica mihi de qua domo aut de qua tribu es tu.

16. Et Tobie répondit : Je te prie, dis-moi : de quelle maison ou de quelle tribu es-tu ?

17 Cui Ráphaël ángelus dixit : Genus quæris mercenárii, an ipsum mercenárium qui cum fílio tuo eat ?

17. L’ange Raphaël lui dit : Est-ce la race du mercenaire que vous cherchez, ou bien le mercenaire lui-même qui doit conduire votre fils ?

18 sed ne forte sollícitum te reddam, ego sum Azarías Ananíæ magni fílius.

18. Mais, de peur que je ne vous rende inquiet, je suis Azarias, fils du grand Ananias.

19 Et Tobías respóndit : Ex magno génere es tu. Sed peto ne irascáris quod volúerim cognóscere genus tuum.

19. Et Tobie répondit : Tu es d’une race illustre. Mais je te prie de ne point te fâcher, parce que j’ai voulu connaitre ta race.

20 Dixit autem illi ángelus : Ego sanum ducam, et sanum tibi redúcam fílium tuum.

20. Alors l’ange lui dit : Oui, je mènerai en bonne santé, et je ramènerai en bonne santé votre fils.

21 Respóndens autem Tobías, ait : Bene ambulétis, et sit Deus in itínere vestro, et ángelus ejus comitétur vobíscum.

21. Et, répondant, Tobie dit : Voyagez heureusement, que Dieu soit avec vous dans votre chemin, et que son ange vous accompagne.

22 Tunc parátis ómnibus quæ erant in via portánda, fecit Tobías vale patri suo et matri suæ, et ambulavérunt ambo simul.

22. Alors, tout ce qu’ils devaient porter en route ayant été préparé, Tobie dit adieu à son père et à sa mère, et ils s’en allèrent tous deux ensemble.

23 Cumque profécti essent, cœpit mater ejus flere, et dícere : Báculum senectútis nostræ tulísti, et transmisísti a nobis.

23. Et lorsqu’ils furent partis, la mère commença à pleurer et à dire : Tu nous a ôté le bâton de notre vieillesse, et tu l’as éloigné de nous.

24 Numquam fuísset ipsa pecúnia, pro qua misísti eum :

24. S’il n’avait jamais été, cet argent pour lequel tu l’as envoyé !

25 sufficiébat enim nobis paupértas nostra, ut divítias computarémus hoc, quod videbámus fílium nostrum.

25. Car notre pauvreté nous suffisait, en sorte que nous pouvions regarder comme une grande richesse de voir notre fils.

26 Dixítque ei Tobías : Noli flere : salvus pervéniet fílius noster, et salvus revertétur ad nos, et óculi tui vidébunt illum.

26. Tobie lui répondit : Ne pleure point ; notre fils arrivera sauf, et il reviendra sauf vers nous, et tes yeux le verront ;

27 Credo enim quod ángelus Dei bonus comitétur ei, et bene dispónat ómnia quæ circa eum gerúntur, ita ut cum gáudio revertátur ad nos.

27. Car je crois qu’un bon ange de Dieu l’accompagne, et qu’il dispose bien tout ce qui se rapporte à lui, et qu’ainsi il reviendra avec joie vers nous.

28 Ad hanc vocem cessávit mater ejus flere, et tácuit.

28. À cette parole, sa mère cessa de pleurer, et elle se tut.

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CHAP. V. 23. Infra. X, 4.

 

2. Quelle marque, etc. ; pour me faire connaitre à lui.

5. Quand les Orientaux se mettent en route, ils retroussent leurs longs vêtements avec une ceinture.

7. L’ange, ayant pris la forme d’Azarias (voy. vers. 18), et par conséquent le représentant, et tenant sa place, a pu sans blesser la vérité se qualifier d’enfant d’Israël. C’est ainsi qu’un autre ange disait à Jacob : Je suis le Dieu de Béthel, parce qu’il représentait le Seigneur et parlait en son nom (Gen. XXXI, 13).

18. Azarias veut dire Dieu aide, et Ananias, Dieu est propice, miséricordieux. L’ange pouvait d’autant mieux prendre ces deux noms, qu’ils conviennent parfaitement à la mission divine qu’il remplissait vis-à-vis de Tobie.

25. Notre pauvreté, etc. Le peu que nous avons nous suffisait, et nous aurions dû regarder comme une richesse le bonheur de voir notre fils avec nous.

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CHAPITRE VI

Le jeune Tobie étant en route, un poisson veut le dévorer. Tobie le prend par ordre de l’ange. L’ange lui conseille d’épouser Sara, fille de Ragouël.

1 Proféctus est autem Tobías, et canis secútus est eum, et mansit prima mansióne juxta flúvium Tigris.

1. Tobie partit donc, et le chien le suivit ; et il s’arrêta à la première hôtellerie près du fleuve du Tigre.

2 Et exívit ut laváret pedes suos, et ecce piscis immánis exívit ad devorándum eum.

2. Et il alla pour laver ses pieds, et voilà qu’un poisson énorme sortit pour le dévorer.

3 Quem expavéscens Tobías clamávit voce magna, dicens : Dómine, invádit me.

3. Épouvanté de ce poisson, Tobie cria d’une voix forte, disant : Seigneur, il s’élance sur moi !

4 Et dixit ei ángelus : Apprehénde bránchiam ejus, et trahe eum ad te. Quod cum fecísset, attráxit eum in siccum, et palpitáre cœpit ante pedes ejus.

4. Et l’ange lui dit : Saisis-le par les ouïes, et tire-le à toi. Ce qu’ayant fait, il le tira à terre, et le poisson commença à palpiter à ses pieds.

5 Tunc dixit ei ángelus : Exéntera hunc piscem, et cor ejus, et fel, et jecur repóne tibi : sunt enim hæc necessária ad medicaménta utíliter.

5. Alors l’ange lui dit : Éventre ce poisson, et réserve-t’en le cœur, le fiel et le foie, parce que ces choses sont nécessaires pour des remèdes utiles.

6 Quod cum fecísset, assávit carnes ejus, et secum tulérunt in via : cétera saliérunt, quæ suffícerent eis, quoúsque pervenírent in Rages civitátem Medórum.

6. Ce qu’ayant fait, il rôtit de ses chairs qu’ils emportèrent pour la route ; ils salèrent le reste, qui leur devait suffire jusqu’à ce qu’ils arrivassent à Ragès, ville des Mèdes.

7 Tunc interrogávit Tobías ángelum, et dixit ei : Obsecro te, Azaría frater, ut dicas mihi quod remédium habébunt ista, quæ de pisce serváre jussísti ?

7. Alors Tobie interrogea l’ange, et lui dit : Je te conjure, Azarias, mon frère, de me dire à quels remèdes servira ce que tu as commandé de conserver de ce poisson.

8 Et respóndens ángelus, dixit ei : Cordis ejus partículam si super carbónes ponas, fumus ejus extrícat omne genus dæmoniórum sive a viro, sive a mulíere, ita ut ultra non accédat ad eos.

8. Et, répondant, l’ange lui dit : Si tu mets une petite partie du cœur sur des charbons, la fumée qui en sort chasse toute sorte de démons, soit d’un homme, soit d’une femme, en sorte qu’ils ne s’en approchent plus.

9 Et fel valet ad ungéndos óculos in quibus fúerit albúgo, et sanabúntur.

9. Et le fiel est bon pour oindre les yeux où il y a une taie, et il les guérit.

10 Et dixit ei Tobías : Ubi vis ut maneámus ?

10. Ensuite Tobie lui dit : Où veux-tu que nous logions ?

11 Respondénsque ángelus, ait : Est hic Ráguël nómine, vir propínquus de tribu tua, et hic habet fíliam nómine Saram, sed neque másculum neque féminam ullam habet áliam præter eam.

11. Et, répondant, l’ange dit : Il y a ici, du nom de Ragouël, un homme, ton proche, de ta tribu : or cet homme a une fille du nom de Sara, et il n’a pas de garçon ni aucune autre fille qu’elle.

12 Tibi debétur omnis substántia ejus, et opórtet eam te accípere cónjugem.

12. Tout son bien t’est dû ; mais il faut que tu la prennes en mariage.

13 Pete ergo eam a patre ejus, et dabit tibi eam in uxórem.

13. Demande-la donc à son père, et il te la donnera pour femme.

14 Tunc respóndit Tobías, et dixit : Audio quia trádita est septem viris, et mórtui sunt : sed et hoc audívi, quia dæmónium occídit illos.

14. Alors Tobie lui répondit, et dit : J’entends dire qu’elle a été donnée à sept maris, et qu’ils sont tous morts ; et j’ai ouï dire aussi qu’un démon les a tués.

15 Tímeo ergo, ne forte et mihi hæc evéniant : et cum sim únicus paréntibus meis, depónam senectútem illórum cum tristítia ad ínferos.

15. Je crains donc que cela ne m’arrive, et que, comme je suis fils unique de mes parents, je ne conduise la vieillesse de mon père et de ma mère avec tristesse dans les enfers.

16 Tunc ángelus Ráphaël dixit ei : Audi me, et osténdam tibi qui sunt, quibus prævalére potest dæmónium.

16. Alors l’ange Raphaël lui dit : Écoute-moi, et je te montrerai qui sont ceux sur qui le démon a du pouvoir.

17 Hi namque qui conjúgium ita suscípiunt, ut Deum a se et a sua mente exclúdant, et suæ libídini ita vacent sicut equus et mulus quibus non est intelléctus : habet potestátem dæmónium super eos.

17. Or ceux qui embrassent le mariage de manière qu’ils bannissent Dieu de leur cœur et de leur esprit, et qu’ils s’abandonnent à leur passion, de même que le cheval et le mulet, qui n’ont pas d’intelligence, le démon a pouvoir sur eux.

18 Tu autem cum accéperis eam, ingréssus cubículum, per tres dies cóntinens esto ab ea, et nihil áliud nisi oratiónibus vacábis cum ea.

18. Mais toi, après que tu l’auras épousée, étant entré dans la chambre à coucher, sois continent vis-à-vis d’elle pendant trois jours, et ne t’occupe avec elle d’aucune autre chose que de prières.

19 Ipsa autem nocte, incénso jécore piscis, fugábitur dæmónium.

19. Et, dans cette nuit même, si le foie du poisson est brulé, le démon sera mis en fuite.

20 Secúnda vero nocte in copulatióne sanctórum patriarchárum admittéris.

20. Et la seconde nuit, tu seras admis à la société des saints patriarches.

21 Tértia autem nocte, benedictiónem consequéris, ut fílii ex vobis procreéntur incólumes.

21. Mais la troisième nuit, tu recevras la bénédiction de Dieu, afin que soient procréés de vous des enfants très sains.

22 Transácta autem tértia nocte, accípies vírginem cum timóre Dómini, amóre filiórum magis quam libídine ductus, ut in sémine Abrahæ benedictiónem in fíliis consequáris.

22. Or, la troisième nuit passée, tu recevras cette vierge avec la crainte du Seigneur et par le désir d’avoir des enfants, plutôt que poussé par la passion, afin que dans la race d’Abraham tu obtiennes une bénédiction en enfants.

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CHAP. VI. 12. Num. XXVII, 8 ; XXXVI, 8.

 

1. * Le soir de la première journée du voyage, Tobie et son conducteur s’arrêtèrent sur les bords du Tigre, soit le fleuve célèbre de ce nom, qui traversait l’ancienne Ninive, ce qui impliquerait que l’Israélite demeurait sur la rive droite, soit le grand ou le petit Zab, affluents du Tigre, à l’est, à qui on donnait aussi ce nom.

2. * Un poisson énorme. C’était probablement un brochet. Ce poisson atteint souvent la grosseur d’un homme et peut devenir très vieux. II est très vorace ; on a trouvé quelquefois dans ses entrailles des membres humains. La tête est grosse, l’ouverture de la bouche large et s’étend presque jusqu’aux yeux. On le rencontre dans le Tigre ; sa chair est excellente ; il est assez gros pour servir plusieurs jours de nourriture à des voyageurs, VI, 6 ; il a des nageoires et des écailles et remplit ainsi les conditions prescrites par la loi pour que les Juifs puissent en manger, Lev. XI, 9-10 ; il a des ouïes, comme le suppose le texte.

6.* À Ragès. Voir plus haut, III, 7.

8-9. * L’ange ordonna à Tobie de saisir le poisson par les ouïes, et, quand ils en eurent mangé, il lui recommanda de garder une partie du cœur, pour chasser le démon, et le fiel, pour guérir la taie des yeux. Les interprètes catholiques sont divisés sur la question de savoir s’il s’agit ici de propriétés naturelles ou surnaturelles de ces organes. Il s’agit plus vraisemblablement ici de propriétés miraculeuses que Dieu leur confère, afin que son ange puisse conserver jusqu’à la fin l’incognito et remplir néanmoins la mission secourable qui lui a été confiée.

9. Il les guérit. Devant ces mots, il y a évidemment sous-entendu si on les oint avec ce fiel. Les ellipses de ce genre sont très communes dans le style de l’Écriture.

10. * Quatrième section. Mariage du jeune Tobie avec Sara, VI, 10-IX.

15. Dans les enfers. Voy. sur le vrai sens de cette expression, Gen. XXXVII, 35.

20-22. Dans la seconde et la troisième nuit, que vous passerez de même dans la continence et la prière, tu participeras à l’esprit, à la vertu des saints patriarches, et à la bénédiction qui consiste en une postérité nombreuse d’enfants de la race d’Abraham.

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CHAPITRE VII

Mariage du jeune Tobie avec Sara, fille de Ragouël.

1 Ingréssi sunt autem ad Raguélem, et suscépit eos Ráguël cum gáudio.

1. Ils entrèrent donc chez Ragouël, et Ragouël les reçut avec joie.

2 Intuénsque Tobíam Ráguël, dixit Annæ uxóri suæ : Quam símilis est júvenis iste consobríno meo !

2. Et Ragouël, jetant les yeux sur Tobie, dit à Anne, sa femme : Comme ce jeune homme ressemble à mon cousin !

3 Et cum hæc dixísset, ait : Unde estis júvenes fratres nostri ? At illi dixérunt : Ex tribu Néphthali sumus, ex captivitáte Niníve.

3. Et après qu’il eut dit cela, il demanda : D’où êtes-vous, mes jeunes frères ? Et eux répondirent : Nous sommes de la tribu de Nephthali, de la captivité de Ninive.

4 Dixítque illis Ráguël : Nostis Tobíam fratrem meum ? Qui dixérunt : Nóvimus.

4. Et Ragouël leur dit : Connaissez-vous Tobie, mon frère ? Ils lui répondirent : Nous le connaissons.

5 Cumque multa bona loquerétur de eo, dixit ángelus ad Raguélem : Tobías, de quo intérrogas, pater istíus est.

5. Et comme Ragouël disait beaucoup de bien de Tobie, l’ange lui dit : Tobie, dont vous vous informez, est le père de ce jeune homme.

6 Et misit se Ráguël, et cum lácrimis osculátus est eum, et plorans supra collum ejus

6. Et Ragouël se précipita, et le baisa avec larmes, et, pleurant sur son cou,

7 dixit : Benedíctio sit tibi, fili mi, quia boni et óptimi viri fílius es.

7. Il dit : Que la bénédiction soit sur toi, mon fils ; car tu es le fils d’un bon et excellent homme.

8 Et Anna uxor ejus, et Sara ipsórum fília, lacrimátæ sunt.

8. Et Anne, sa femme, et Sara, leur fille, commencèrent à pleurer.

9 Postquam autem locúti sunt, præcépit Ráguël occídi aríetem, et parári convívium. Cumque hortarétur eos discúmbere ad prándium,

9. Or, après qu’ils eurent parlé, Ragouël ordonna qu’on tuât un bélier et qu’on préparât le festin ; et, comme il les engageait à se mettre à table,

10 Tobías dixit : Hic ego hódie non manducábo neque bibam, nisi prius petitiónem meam confírmes, et promíttas mihi dare Saram fíliam tuam.

10. Tobie dit : Moi, je ne mangerai point ici d’aujourd’hui, et, je ne boirai point, si auparavant vous ne m’accordez ma demande, et si vous ne promettez de me donner Sara, votre fille.

11 Quo audíto verbo Ráguël expávit, sciens quid evénerit illis septem viris qui ingréssi sunt ad eam : et timére cœpit ne forte et hunc simíliter contíngeret. Et cum nutáret, et non daret peténti ullum respónsum,

11. Cette parole entendue, Ragouël fut épouvanté, sachant ce qui était arrivé aux sept maris qui s’étaient approchés d’elle, et il commença à craindre qu’à celui-ci aussi il n’arrivât pareillement : et, comme il hésitait, ne donnant à la demande de Tobie aucune réponse,

12 dixit ei ángelus : Noli timére dare eam isti, quóniam huic timénti Deum debétur conjux fília tua : proptérea álius non pótuit habére illam.

12. L’ange lui dit : Ne craignez point de donner votre fille à ce jeune homme, parce que c’est à lui, qui craint Dieu, qu’est due votre fille pour épouse ; c’est pour cela qu’un autre n’a pu l’avoir.

13 Tunc dixit Ráguël : Non dúbito quod Deus preces et lácrimas meas in conspéctu suo admíserit.

13. Alors Ragouël dit : Je ne doute point que Dieu n’ait admis en sa présence mes prières et mes larmes.

14 Et credo quóniam ídeo fecit vos veníre ad me, ut ista conjungerétur cognatióni suæ secúndum legem Móysi : et nunc noli dúbium gérere quod tibi eam tradam.

14. Et je crois qu’il a fait que vous vinssiez vers moi, uniquement afin que cette fille se mariât dans sa parenté, selon la loi de Moïse : ainsi maintenant n’aie aucun doute que je ne te la donne.

15 Et apprehéndens déxteram fíliæ suæ, déxteræ Tobíæ trádidit, dicens : Deus Abraham, et Deus Isaac, et Deus Jacob vobíscum sit, et ipse conjúngat vos, impleátque benedictiónem suam in vobis.

15. Et, prenant la main droite de sa fille, il la mit dans la main droite de Tobie, disant : Que le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob soit avec vous ; que lui-même vous unisse, et qu’il accomplisse sa bénédiction en vous.

16 Et accépta carta, fecérunt conscriptiónem conjúgii.

16. Et, ayant pris du papier, ils firent l’écrit de mariage.

17 Et post hæc epuláti sunt, benedicéntes Deum.

17. Et après cela ils mangèrent, bénissant Dieu.

18 Vocavítque Ráguël ad se Annam uxórem suam, et præcépit ei ut præparáret álterum cubículum.

18. Et Ragouël appela vers lui Anne, sa femme, et lui ordonna de préparer une autre chambre.

19 Et introdúxit illuc Saram fíliam suam, et lacrimáta est.

19. Elle y introduisit Sara, sa fille, et celle-ci pleura.

20 Dixítque ei : Forti ánimo esto, fília mea : Dóminus cæli det tibi gáudium pro tǽdio quod perpéssa es.

20. Et elle lui dit : Aie bon courage, ma fille ; que le Seigneur du ciel te donne de la joie, au lieu de la peine que tu as soufferte.

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CHAP. VII. 14. Num. XXXVI, 6.

 

14. * Selon la loi de Moïse, qui prescrivait que lorsqu’il n’y avait que des filles dans une famille, elles se mariassent dans leur propre tribu.

16. Du papier, ou un livre, comme porte le grec.

19. Celle-ci pleura. La suite prouve que c’est en effet Sara qui pleura. Remarquons de plus que, dans les écrivains sacrés comme dans les auteurs arabes, le complément d’un verbe sert très souvent de sujet au verbe suivant, quand ce dernier n’en a aucun autre d’exprimé.

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CHAPITRE VIII

Tobie et Sara passent la première nuit de leurs noces en prières. Tobie n’éprouve aucun accident fâcheux. Ragouël en bénit Dieu, et leur fait célébrer leurs noces.

1 Postquam vero cœnavérunt, introduxérunt júvenem ad eam.

1. Or, après qu’ils eurent soupé, ils introduisirent le jeune homme auprès d’elle.

2 Recordátus ítaque Tobías sermónum ángeli, prótulit de cassidíli suo partem jécoris, posuítque eam super carbónes vivos.

2. C’est pourquoi Tobie, se souvenant des paroles de l’ange, tira de son havresac une partie du foie du poisson, et la mit sur des charbons ardents.

3 Tunc Ráphaël ángelus apprehéndit dæmónium, et religávit illud in desérto superióris Ægýpti.

3. Alors l’ange Raphaël se saisit du démon, et l’enchaina dans le désert de la haute Égypte.

4 Tunc hortátus est vírginem Tobías, dixítque ei : Sara, exsúrge, et deprecémur Deum hódie, et cras, et secúndum cras : quia his tribus nóctibus Deo júngimur ; tértia autem transácta nocte, in nostro érimus conjúgio.

4. Alors Tobie exhorta la vierge, et lui dit : Sara, lève-toi, et prions Dieu aujourd’hui et demain, et après-demain, parce que durant ces trois nuits nous sommes unis à Dieu : et, la troisième nuit passée, nous vivrons dans notre mariage :

5 Fílii quippe sanctórum sumus, et non póssumus ita conjúngi sicut gentes quæ ignórant Deum.

5. Car nous sommes enfants des saints, et nous ne devons pas nous marier comme les nations qui ignorent Dieu.

6 Surgéntes autem páriter, instánter orábant ambo simul, ut sánitas darétur eis.

6. S’étant donc levés en même temps, ils priaient Dieu instamment tous les deux ensemble pour qu’une vie sauve leur fut accordée.

7 Dixítque Tobías : Dómine Deus patrum nostrórum, benedícant te cæli et terræ, maréque et fontes, et flúmina, et omnes creatúræ tuæ quæ in eis sunt.

7. Et Tobie dit : Seigneur Dieu de nos pères, qu’ils vous bénissent, les cieux et la terre, la mer, les fontaines et les fleuves, et toutes les créatures qui s’y trouvent.

8 Tu fecísti Adam de limo terræ, dedistíque ei adjutórium Hevam.

8. C’est vous qui avez fait Adam du limon de la terre, et qui lui avez donné pour aide, Ève.

9 Et nunc Dómine, tu scis quia non luxúriæ causa accípio sorórem meam cónjugem, sed sola posteritátis dilectióne, in qua benedicátur nomen tuum in sǽcula sæculórum.

9. Et maintenant, Seigneur, vous savez, vous, que ce n’est point pour cause de passion que je prends ma sœur pour épouse, mais par le seul désir d’une postérité dans laquelle soit béni votre nom dans les siècles des siècles.

10 Dixit quoque Sara : Miserére nobis Dómine, miserére nobis, et consenescámus ambo páriter sani.

10. Sara dit aussi : Ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous, et que nous vieillissions tous deux ensemble en bonne santé.

11 Et factum est circa pullórum cantum, accersíri jussit Ráguël servos suos, et abiérunt cum eo páriter ut fóderent sepúlchrum.

11. Et il arriva, vers le chant des coqs, que Ragouël commanda qu’on fît venir ses serviteurs ; et ils s’en allèrent avec lui en même temps pour creuser un sépulcre.

12 Dicébat enim : Ne forte símili modo evénerit ei, quo et céteris illis septem viris qui sunt ingréssi ad eam.

12. Car il disait : Peut-être qu’il lui sera arrivé comme aux autres sept hommes qui se sont approchés d’elle.

13 Cumque parássent fossam, revérsus Ráguël ad uxórem suam, dixit ei :

13. Et, lorsqu’ils eurent préparé la fosse, Ragouël, revenu vers sa femme, lui dit :

14 Mitte unam de ancíllis tuis, et vídeat si mórtuus est, ut sepéliam eum ántequam illucéscat dies.

14. Envoie une de tes servantes et qu’elle voie s’il est mort, afin que je l’ensevelisse avant que le jour paraisse.

15 At illa misit unam ex ancíllis suis. Quæ ingréssa cubículum, réperit eos salvos et incólumes, secum páriter dormiéntes.

15. Et celle-ci envoya une de ses servantes, laquelle, étant entrée dans la chambre, les trouva tous deux saufs et très sains, dormant auprès l’un de l’autre.

16 Et revérsa nuntiávit bonum núntium : et benedixérunt Dóminum, Ráguël vidélicet et Anna uxor ejus,

16. Et, revenue, elle annonça cette bonne nouvelle, et ils bénirent le Seigneur, c’est-à-dire Ragouël et Anne, sa femme,

17 et dixérunt : Benedícimus te, Dómine Deus Israël, quia non cóntigit quemádmodum putabámus.

17. Et ils dirent : Nous vous bénissons, Seigneur Dieu d’Israël, parce qu’il n’est pas arrivé comme nous pensions.

18 Fecísti enim nobíscum misericórdiam tuam, et exclusísti a nobis inimícum persequéntem nos.

18. Car vous avez exercé envers nous votre miséricorde, vous avez chassé loin de nous l’ennemi qui nous persécutait ;

19 Misértus es autem duóbus únicis. Fac eos, Dómine, plénius benedícere te, et sacrifícium tibi laudis tuæ et suæ sanitátis offérre, ut cognóscat univérsitas géntium quia tu es Deus solus in univérsa terra.

19. Et vous avez eu pitié de deux enfants uniques. Faites, Seigneur, qu’ils vous bénissent davantage, et qu’ils vous offrent un sacrifice pour la louange qui vous est due et pour leur vie sauve, afin que toutes les nations sachent que c’est vous qui êtes le seul Dieu dans toute la terre.

20 Statímque præcépit servis suis Ráguël ut replérent fossam quam fécerant priúsquam elucésceret.

20. Et aussitôt Ragouël ordonna à ses serviteurs de remplir la fosse qu’ils avaient faite, avant que le jour parût.

21 Uxóri autem suæ dixit ut instrúeret convívium, et præparáret ómnia quæ in cibos erant iter agéntibus necessária.

21. Il dit aussi à sa femme d’apprêter un repas, et de préparer tout ce qui était nécessaire pour la nourriture des voyageurs.

22 Duas quoque pingues vaccas, et quátuor aríetes, occídi fecit, et parári épulas ómnibus vicínis suis, cunctísque amícis.

22. Il fit aussi tuer deux vaches grasses et quatre béliers, et préparer un festin pour tous ses voisins et tous ses amis.

23 Et adjurávit Ráguël Tobíam ut duas hebdómadas morarétur apud se.

23. Ragouël conjura ensuite Tobie de demeurer deux semaines chez lui.

24De ómnibus autem quæ possidébat Ráguël, dimídiam partem dedit Tobíæ, et fecit scriptúram, ut pars dimídia quæ supérerat, post óbitum eórum Tobíæ domínio deveníret.

24. Or de tout ce qu’il possédait, Ragouël donna la moitié à Tobie, et il fit un écrit, afin que la moitié qui resterait après leur mort devînt la propriété de Tobie.

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CHAP. VIII. 8. Gen. II, 7. — 9. Ps. VIII, 3.

 

3. L’ange Raphaël, usant de la puissance que Dieu lui avait donnée, enleva à Asmodée tout pouvoir de nuire, et le relégua dans un lieu où il lui était impossible d’exercer sa méchanceté. — * Dans le désert de la haute Égypte, dans la Thébaïde.

4. Nous sommes, etc. Nous devons nous unir à Dieu par la prière.

11. Coqs. Le mot de la Vulgate signifie proprement les petits des animaux. — * Pour creuser un sépulcre, afin d’enterrer immédiatement Tobie qu’on supposait mort, parce qu’on n’avait pas coutume de conserver les cadavres.

19. * Qu’ils vous offrent un sacrifice, non pas un sacrifice proprement dit, qu’on ne pouvait pas offrir hors de la Palestine, mais un sacrifice de louange ou d’actions de grâces, comme dans le Psaume XLIX, 23.

24. Après leur mort ; c’est-à-dire la mort de Ragouël et de sa femme.

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CHAPITRE IX

L’ange va trouver Gabélus, reçoit de lui l’argent, et l’amène aux noces de Tobie.

1 Tunc vocávit Tobías ángelum ad se, quem quidem hóminem existimábat, dixítque ei : Azaría frater, peto ut auscúltes verba mea.

1. Alors Tobie appela vers lui l’ange, qu’il croyait certainement être un homme, et lui dit : Azarias, mon frère, je demande que tu écoutes mes paroles.

2 Si meípsum tradam tibi servum, non ero condígnus providéntiæ tuæ :

2. Quand je me livrerais à toi comme esclave, je ne serais pas dignement reconnaissant de tes soins.

3 tamen óbsecro te ut assúmas tibi animália sive servítia, et vadas ad Gabélum in Rages civitátem Medórum, reddásque ei chirógraphum suum, et recípias ab eo pecúniam, et roges eum veníre ad núptias meas.

3. Cependant, je te conjure de prendre des bêtes et des serviteurs, et d’aller vers Gabélus, à Ragès, ville des Mèdes, de lui rendre son écrit, de recevoir de lui l’argent, et de le prier de venir à mes noces :

4 Scis enim ipse quóniam númerat pater meus dies, et si tardávero una die plus, contristátur ánima ejus.

4. Car tu sais toi-même que mon père compte les jours ; or si je tarde un jour de plus, son âme sera contristée.

5 Et certe vides quómodo adjurávit me Ráguël, cujus adjuraméntum spérnere non possum.

5. Certainement tu vois aussi de quelle manière Ragouël m’a conjuré de demeurer ici, et que je ne puis rejeter ses instances.

6 Tunc Ráphaël assúmens quátuor ex servis Raguélis, et duos camélos, in Rages civitátem Medórum perréxit : et invéniens Gabélum, réddidit ei chirógraphum suum, et recépit ab eo omnem pecúniam.

6. Alors Raphaël, prenant quatre des serviteurs de Ragouël et deux chameaux, s’en alla à Ragès, ville des Mèdes ; et, trouvant Gabélus, il lui rendit son écrit et reçut de lui tout l’argent.

7 Indicavítque ei de Tobía fílio Tobíæ ómnia quæ gesta sunt, fecítque eum secum veníre ad núptias.

7. Il lui raconta aussi touchant Tobie tout ce qui s’était passé, et il le fit venir avec lui aux noces.

8 Cumque ingréssus esset domum Raguélis, invénit Tobíam discumbéntem : et exíliens, osculáti sunt se ínvicem : et flevit Gabélus, benedixítque Deum,

8. Or, lorsque Gabélus fut entré dans la maison de Ragouël, il trouva Tobie à table ; mais, celui-ci s’élançant, ils s’embrassèrent l’un l’autre ; et Gabélus pleura et bénit Dieu,

9 et dixit : Benedícat te Deus Israël, quia fílius es óptimi viri et justi, et timéntis Deum, et eleemósynas faciéntis :

9. Et dit : Que le Dieu d’Israël te bénisse, parce que tu es le fils d’un homme excellent et juste, craignant Dieu, et faisant l’aumône.

10 et dicátur benedíctio super uxórem tuam, et super paréntes vestros,

10. Que l’on dise aussi la bénédiction sur ta femme et sur tes parents ;

11 et videátis fílios vestros, et fílios filiórum vestrórum, usque in tértiam et quartam generatiónem : et sit semen vestrum benedíctum a Deo Israël, qui regnat in sǽcula sæculórum.

11. Et que vous voyiez vos fils, les fils de vos fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération, et que votre race soit bénie du Dieu d’Israël, qui règne dans les siècles des siècles.

12 Cumque omnes dixíssent : Amen : accessérunt ad convívium : sed et cum timóre Dómini nuptiárum convívium exercébant.

12. Et, tous ayant répondu Amen, ils s’approchèrent pour le festin ; mais c’est même avec la crainte du Seigneur qu’ils célébrèrent le festin des noces.

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CHAP. IX.

 

2. Je ne serais pas, etc. ; ma personne et mes services d’esclave ne seraient pas un prix tout à fait digne des services que tu m’as rendus, c’est-à-dire : je ne pourrais reconnaitre dignement, etc.

3. * À Ragès. Voir plus haut, I, 16.

8. À table ; littér. couché. Voy. II, 3.

10. Que l’on dise, etc. Que l’on prononce des bénédictions sur ta femme, etc. ; c’est-à-dire, que l’on proclame heureux ta femme et tes parents.

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CHAPITRE X

Inquiétude du père et de la mère du jeune Tobie. Ragouël et le jeune Tobie se séparent.

1 Cum vero moras fáceret Tobías, causa nuptiárum, sollícitus erat pater ejus Tobías, dicens : Putas quare morátur fílius meus, aut quare deténtus est ibi ?

1. Mais, comme Tobie différait de revenir à cause de son mariage, son père Tobie était inquiet, disant : Penses-tu pourquoi mon fils est en retard, ou pourquoi il est retenu là ?

2 Putásne Gabélus mórtuus est, et nemo reddet illi pecúniam ?

2. Penses-tu que Gabélus soit mort, et que personne ne pourra lui rendre l’argent ?

3 Cœpit autem contristári nimis ipse, et Anna uxor ejus cum eo : et cœpérunt ambo simul flere, eo quod die statúto mínime reverterétur fílius eórum ad eos.

3. Il commença donc à s’attrister extrêmement, lui-même, et Anne sa femme avec lui ; et ils commencèrent tous deux à pleurer ensemble de ce qu’au jour marqué leur fils ne revenait point vers eux.

4 Flebat ígitur mater ejus irremediabílibus lácrimis, atque dicébat : Heu, heu me, fili mi ! ut quid te mísimus peregrinári, lumen oculórum nostrórum, báculum senectútis nostræ, solátium vitæ nostræ, spem posteritátis nostræ ?

4. Sa mère pleurait donc avec des larmes qu’elle ne pouvait retenir, et elle disait : Hélas, hélas, mon fils ! pourquoi t’avons-nous envoyé en pays étranger, toi, la lumière de nos yeux, le bâton de notre vieillesse, le soulagement de notre vie, l’espérance de notre postérité ?

5 ómnia simul in te uno habéntes, te non debúimus dimíttere a nobis.

5. Ayant en toi seul toutes choses réunies, nous ne devions pas t’envoyer loin de nous.

6 Cui dicébat Tobías : Tace, et noli turbári : sanus est fílius noster : satis fidélis est vir ille, cum quo mísimus eum.

6. Tobie lui disait : Tais-toi, ne te trouble point, notre fils est en bonne santé ; il est très fidèle, cet homme avec qui nous l’avons envoyé.

7 Illa autem nullo modo consolári póterat, sed quotídie exíliens circumspiciébat, et circuíbat vias omnes per quas spes remeándi videbátur, ut procul vidéret eum, si fíeri posset, veniéntem.

7. Mais cela ne pouvait en aucune manière la consoler ; car sortant chaque jour, elle regardait de tous côtés, et parcourait les chemins par lesquels il lui semblait qu’il devait revenir pour le voir venir de loin, si elle pouvait.

8 At vero Ráguël dicébat ad génerum suum : Mane hic, et ego mittam núntium salútis de te ad Tobíam patrem tuum.

8. Cependant Ragouël disait à son gendre : Demeure ici, et moi, j’enverrai des nouvelles de ta santé à Tobie, ton père.

9 Cui Tobías ait : Ego novi quia pater meus et mater mea modo dies cómputant, et cruciátur spíritus eórum in ipsis.

9. Tobie lui dit : Je sais parfaitement que mon père et ma mère comptent seulement les jours, et leur esprit est tourmenté en eux.

10 Cumque verbis multis rogáret Ráguël Tobíam, et ille eum nulla ratióne vellet audíre, trádidit ei Saram, et dimídiam partem omnis substántiæ suæ in púeris, in puéllis, in pecúdibus, in camélis, et in vaccis, et in pecúnia multa : et salvum atque gaudéntem dimísit eum a se,

10. Enfin, comme Ragouël priait Tobie avec beaucoup d’instances, et que celui-ci ne voulait en aucune manière l’entendre, il lui remit Sara, et la moitié de tous ses biens en serviteurs, en servantes, en troupeaux, en chameaux, en vaches et en une grande quantité d’argent, et il le laissa aller plein de santé et se réjouissant,

11 dicens : Angelus Dómini sanctus sit in itínere vestro, perducátque vos incólumes, et inveniátis ómnia recte circa paréntes vestros, et vídeant óculi mei fílios vestros priúsquam móriar.

11. Disant : Que l’ange saint du Seigneur soit en votre chemin, et qu’il vous conduise exempts de tout mal ; que vous puissiez trouver tout parfaitement bien auprès de vos parents, et que mes yeux voient vos enfants, avant que je meure.

12 Et apprehendéntes paréntes fíliam suam, osculáti sunt eam : et dimisérunt ire,

12. Et les parents, prenant leur fille, la baisèrent et la laissèrent aller,

13 monéntes eam honoráre sóceros, dilígere marítum, régere famíliam, gubernáre domum, et seípsam irreprehensíbilem exhibére.

13. L’avertissant d’honorer son beau-père et sa belle-mère, d’aimer son mari, de diriger sa famille, de gouverner sa maison, et de se conserver elle-même irréprochable.

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CHAP. X. 4. Supra. V, 23.

 

1. Disant en lui-même, se disant en lui-même. Compar. II Reg. IX, 1. — * Les chapitres X et XI forment la cinquième section et racontent le retour de Tobie à Ninive.

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CHAPITRE XI

Le jeune Tobie et Raphaël arrivent à Ninive. Tobie recouvre la vue. Sara arrive, on célèbre la noce.

1 Cumque reverteréntur, pervenérunt ad Charan, quæ est in médio itínere contra Niníven, undécimo die.

1. Comme ils s’en retournaient, ils arrivèrent à Charan, qui est à moitié chemin, en allant vers Ninive, le onzième jour,

2 Dixítque ángelus : Tobía frater, scis quemádmodum reliquísti patrem tuum.

2. Et l’ange dit : Tobie, mon frère, tu sais comment nous avons laissé ton père.

3 Si placet ítaque tibi, præcedámus, et lento gradu sequántur iter nostrum famíliæ, simul cum cónjuge tua, et cum animálibus.

3. C’est pourquoi, s’il te plaît, allons en avant, et que tes domestiques nous suivent à pas lents, avec ta femme et avec les animaux.

4 Cumque hoc placuísset ut irent, dixit Ráphaël ad Tobíam : Tolle tecum ex felle piscis : erit enim necessárium. Tulit ítaque Tobías ex felle illo, et abiérunt.

4. Et comme il leur plut d’aller ainsi, Raphaël dit à Tobie : Prends avec toi du fiel du poisson ; car il te sera nécessaire. Tobie prit donc de ce fiel, et ils s’en allèrent.

5 Anna autem sedébat secus viam quotídie in supercílio montis, unde respícere póterat de longínquo.

5. Or Anne était assise tous les jours près du chemin, sur le sommet de la montagne, d’où elle pouvait regarder de loin ;

6 Et dum ex eódem loco specularétur advéntum ejus, vidit a longe, et íllico agnóvit veniéntem fílium suum : currénsque nuntiávit viro suo, dicens : Ecce venit fílius tuus.

6. Et, tandis que de là elle guettait son arrivée, elle le vit de loin, et aussitôt elle reconnut son fils qui venait ; et, courant, elle l’annonça à son mari, disant : Voilà ton fils qui vient.

7 Dixítque Ráphaël ad Tobíam : At ubi introíeris domum tuam, statim adóra Dóminum Deum tuum : et grátias agens ei, accéde ad patrem tuum, et osculáre eum.

7. Et Raphaël dit à Tobie : Or, dès que tu seras entré dans ta maison, aussitôt adore le Seigneur ton Dieu ; et, lui rendant grâces, approche de ton père, baise-le,

8 Statímque lini super óculos ejus ex felle isto piscis, quod portas tecum : scias enim quóniam mox aperiéntur óculi ejus, et vidébit pater tuus lumen cæli, et in aspéctu tuo gaudébit.

8. Et aussitôt frotte les yeux de ton père avec ce fiel de poisson que tu portes avec toi ; car sache qu’à l’instant les yeux de ton père s’ouvriront, et que ton père verra la lumière du ciel, et qu’à ton aspect il se réjouira.

9 Tunc præcucúrrit canis, qui simul fúerat in via : et quasi núntius advéniens, blandiménto suæ caudæ gaudébat.

9. Alors courut devant eux le chien qui avait été avec eux pendant le chemin ; et, comme un messager qui arrive, il témoignait sa joie en caressant avec sa queue.

10 Et consúrgens cæcus pater ejus, cœpit offéndens pédibus cúrrere : et data manu púero, occúrrit óbviam fílio suo.

10. Et, se levant, le père de Tobie, aveugle, se mit à courir, heurtant de ses pieds ; et, donnant la main à un serviteur, il alla au-devant de son fils ;

11 Et suscípiens osculátus est eum cum uxóre sua, et cœpérunt ambo flere præ gáudio.

11. Et, le recevant, il le baisa et sa mère le baisa avec lui ; et ils commencèrent tous deux à pleurer de joie.

12 Cumque adorássent Deum, et grátias egíssent, consedérunt.

12. Puis, ayant adoré Dieu, et lui ayant rendu grâces, ils s’assirent.

13 Tunc sumens Tobías de felle piscis, linívit óculos patris sui.

13. Alors Tobie, prenant du fiel du poisson, en frotta les yeux de son père.

14 Et sustínuit quasi dimídiam fere horam : et cœpit albúgo ex óculis ejus, quasi membrána ovi, égredi.

14. Et il attendit environ une demi-heure, et la taie commença à sortir de l’œil comme la membrane d’un œuf :

15 Quam apprehéndens Tobías, traxit ab óculis ejus : statímque visum recépit.

15. Tobie, la saisissant, l’arracha de ses yeux, et recouvra aussitôt la vue.

16 Et glorificábant Deum, ipse vidélicet et uxor ejus, et omnes qui sciébant eum.

16. Et ils glorifiaient Dieu, c’est-à-dire lui-même, et sa femme et tous ceux qui le connaissaient.

17 Dicebátque Tobías : Benedíco te, Dómine Deus Israël, quia tu castigásti me, et tu salvásti me : et ecce ego vídeo Tobíam fílium meum.

17. Et Tobie disait : Je vous bénis, Seigneur Dieu d’Israël, parce que c’est vous qui m’avez châtié, et vous qui m’avez sauvé ; et voilà que moi, je vois Tobie, mon fils.

18 Ingréssa est étiam post septem dies Sara uxor fílii ejus et omnis família sana, et pécora, et caméli, et pecúnia multa uxóris ; sed et illa pecúnia, quam recéperat a Gabélo.

18. Et, après sept jours, Sara aussi, la femme de son fils, entra, et toute la famille en bonne santé, avec les troupeaux, les chameaux, et la dot considérable de l’épouse, et de plus avec l’argent qu’il avait reçu de Gabélus.

19 Et narrávit paréntibus suis ómnia benefícia Dei, quæ fecísset circa eum per hóminem qui eum dúxerat.

19. Et Tobie raconta à ses parents tous les bienfaits dont Dieu l’avait comblé par l’entremise de l’homme qui l’avait conduit.

20 Venerúntque Achior et Nabath consobríni Tobíæ gaudéntes ad Tobíam, et congratulántes ei de ómnibus bonis quæ circa illum osténderat Deus.

20. Ensuite vinrent Achior et Nabath, cousins de Tobie, se réjouissant auprès de Tobie, et le félicitant de tous les biens dont Dieu l’avait comblé ostensiblement.

21 Et per septem dies epulántes, omnes cum gáudio magno gavísi sunt.

21. Et, durant sept jours, faisant des festins, tous se réjouirent d’une grande joie.

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CHAP. XI.

 

1. * Charan ne désigne pas ici la ville de ce nom située en Mésopotamie, mais une autre ville à l’est de Ninive et d’ailleurs inconnue, située peut-être sur la frontière de la Médie et de l’Assyrie.

2. * Tobie n’avait pu quitter sa jeune femme et prendre les devants, tant qu’on était en Médie, probablement parce que ce pays, mal soumis aux Assyriens, était mal disposé à l’égard de gens qui se rendaient à Ninive. Il avait donc fallu que l’ange Raphaël et Tobie restassent avec Sara pour la protéger, elle et ses biens. Arrivés sur le sol assyrien, ils pouvaient sans inconvénient hâter leur marche, en la laissant suivre à petites journées.

15. Tobie : le fils, selon la Vulgate ; le grec ne détermine ni le père, ni le fils.

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CHAPITRE XII

Tobie veut récompenser Raphaël. Celui-ci découvre qui il est, et disparait de devant eux.

1 Tunc vocávit ad se Tobías fílium suum, dixítque ei : Quid póssumus dare viro isti sancto, qui venit tecum ?

1. Alors Tobie appela vers lui son fils, et lui dit : Que pouvons-nous donner à cet homme saint qui est venu avec toi ?

2 Respóndens Tobías, dixit patri suo : Pater, quam mercédem dábimus ei ? aut quid dignum póterit esse benefíciis ejus ?

2. Tobie, répondant, dit à son père : Mon père, quelle récompense lui donnerons-nous ? ou qu’est-ce qui pourra être digne de ses bienfaits ?

3 Me duxit et redúxit sanum, pecúniam a Gabélo ipse recépit, uxórem ipse me habére fecit, et dæmónium ab ea ipse compéscuit : gáudium paréntibus ejus fecit, meípsum a devoratióne piscis erípuit, te quoque vidére fecit lumen cæli, et bonis ómnibus per eum repléti sumus. Quid illi ad hæc potérimus dignum dare ?

3. Il m’a mené et ramené en bonne santé ; c’est lui-même qui a reçu l’argent de Gabélus ; lui qui m’a fait avoir ma femme, et qui a écarté d’elle le démon ; il a causé de la joie à ses parents, il m’a arraché à un poisson dévorant, il vous a fait voir à vous-même la lumière du ciel, et par lui nous avons été remplis de toute sorte de biens. Que pourrons-nous lui donner de convenable pour cela ?

4 Sed peto te, pater mi, ut roges eum, si forte dignábitur medietátem de ómnibus quæ alláta sunt, sibi assúmere.

4. Mais je vous prie, mon père, de lui demander si, par hasard, il juge digne de prendre pour lui la moitié de tout ce qui a été apporté.

5 Et vocántes eum, pater scílicet et fílius, tulérunt eum in partem : et rogáre cœpérunt ut dignarétur dimídiam partem ómnium quæ attúlerant accéptam habére.

5. Et l’appelant, c’est-à-dire le père et le fils, ils le prirent à part, et se mirent à le prier de daigner accepter la moitié de tout ce qu’ils avaient apporté.

6 Tunc dixit eis occúlte : Benedícite Deum cæli, et coram ómnibus vivéntibus confitémini ei, quia fecit vobíscum misericórdiam suam.

6. Alors il leur dit en secret : Bénissez le Dieu du ciel, et rendez-lui gloire devant tous les vivants, parce qu’il a exercé envers vous sa miséricorde.

7 Etenim sacraméntum regis abscóndere bonum est : ópera autem Dei reveláre et confitéri honoríficum est.

7. Car il est bon de cacher le secret d’un roi ; mais révéler et publier les œuvres de Dieu, c’est une chose honorable.

8 Bona est orátio cum jejúnio, et eleemósyna magis quam thesáuros auri recóndere :

8. La prière est bonne avec le jeûne, et l’aumône vaut mieux que de tenir cachés des trésors d’or,

9 quóniam eleemósyna a morte líberat, et ipsa est quæ purgat peccáta, et facit inveníre misericórdiam et viam ætérnam.

9. Parce que l’aumône sauve de la mort, et c’est elle qui lave les péchés et fait trouver la miséricorde et la vie éternelle.

10 Qui autem fáciunt peccátum et iniquitátem, hostes sunt ánimæ suæ.

10. Mais ceux qui commettent le péché et l’iniquité sont les ennemis de leur âme.

11 Manifésto ergo vobis veritátem, et non abscóndam a vobis occúltum sermónem.

11. Je vous manifeste donc la vérité, et je ne vous cacherai point une chose qui est secrète.

12 Quando orábas cum lácrimis, et sepeliébas mórtuos, et derelinquébas prándium tuum, et mórtuos abscondébas per diem in domo tua, et nocte sepeliébas eos, ego óbtuli oratiónem tuam Dómino.

12. Quand tu priais avec larmes, que tu ensevelissais les morts, que tu laissais ton repas, que tu cachais les morts durant le jour en ta maison, et que, durant la nuit, tu les ensevelissais, c’est moi qui ai présenté ta prière au Seigneur.

13 Et quia accéptus eras Deo, necésse fuit ut tentátio probáret te.

13. Et parce que tu étais agréable au Seigneur, il a été nécessaire que la tentation t’éprouvât.

14 Et nunc misit me Dóminus ut curárem te, et Saram uxórem fílii tui a dæmónio liberárem.

14. Et maintenant le Seigneur m’a envoyé pour te guérir, et pour sauver Sara, la femme de ton fils, du démon.

15 Ego enim sum Ráphaël ángelus, unus ex septem qui adstámus ante Dóminum.

15. Car je suis l’ange Raphaël, l’un des sept qui nous tenons devant le Seigneur.

16 Cumque hæc audíssent, turbáti sunt, et treméntes cecidérunt super terram in fáciem suam.

16. Et, lorsqu’ils eurent entendu ces paroles, ils furent troublés, et, tremblants, ils tombèrent à terre sur leur face.

17 Dixítque eis ángelus : Pax vobis : nolíte timére.

17. Et l’ange leur dit : Paix à vous ! ne craignez point.

18 Etenim cum essem vobíscum, per voluntátem Dei eram : ipsum benedícite, et cantáte illi.

18. Car lorsque j’étais avec vous, c’est par la volonté de Dieu que j’y étais : bénissez-le et chantez-le.

19 Vidébar quidem vobíscum manducáre et bíbere : sed ego cibo invisíbili, et potu qui ab homínibus vidéri non potest, utor.

19. Je paraissais, il est vrai, manger avec vous et boire ; mais moi, c’est d’une nourriture invisible et d’une boisson qui ne peut être vue par les hommes que je fais usage.

20 Tempus est ergo ut revértar ad eum qui me misit : vos autem benedícite Deum, et narráte ómnia mirabília ejus.

20. Il est donc temps que je retourne vers celui qui m’a envoyé ; mais, vous, bénissez Dieu, et racontez toutes ses merveilles.

21 Et cum hæc dixísset, ab aspéctu eórum ablátus est, et ultra eum vidére non potuérunt.

21. Et, lorsqu’il eut dit ces choses, il fut enlevé de leur présence, et ils ne purent plus le voir.

22 Tunc prostráti per horas tres in fáciem, benedixérunt Deum : et exsurgéntes narravérunt ómnia mirabília ejus.

22. Alors, prosternés pendant trois heures sur leur face, ils bénirent Dieu, et, s’étant levés, ils racontèrent toutes ses merveilles.

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CHAP. XII.

 

1. * Sixième section et conclusion de l’histoire, XII-XIV ; manifestation de l’ange Raphaël et dernières années de Tobie.

9. De la mort ; éternelle. Voy. IV, 11.

11. Une chose ; littér. une parole. Comme nous l’avons déjà remarqué, dans l’Écriture le mot parole se prend très souvent dans le sens de chose, fait, évènement.

12. Ton repas. Voy. II, 1.

15. Raphaël ; mot hébreu qui signifie Dieu a guéri.

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CHAPITRE XIII

Cantique de Tobie.

1 Apériens autem Tobías sénior os suum, benedíxit Dóminum, et dixit :

1. Alors, ouvrant la bouche, Tobie, le vieux, bénit le Seigneur, et dit :

Magnus es, Dómine, in ætérnum,

Vous êtes grand, Seigneur, dans l’éternité,

et in ómnia sǽcula regnum tuum :

et dans tous les siècles est votre règne ;

2 quóniam tu flagéllas, et salvas ;

2. Car vous frappez et vous guérissez ;

dedúcis ad ínferos, et redúcis :

vous amenez aux enfers, et vous en ramenez,

et non est qui effúgiat manum tuam.

et il n’y a personne qui puisse fuir votre main.

3 Confitémini Dómino, fílii Israël,

3. Rendez gloire au Seigneur, enfants d’Israël,

et in conspéctu géntium laudáte eum :

et, en la présence des nations, louez-le,

4 quóniam ídeo dispérsit vos inter gentes quæ ignórant eum,

4. Parce qu’il vous a dispersés parmi les nations qui l’ignorent,

ut vos enarrétis mirabília ejus,

uniquement afin que vous-mêmes leur racontiez ses merveilles,

et faciátis scire eos

et que vous leur fassiez savoir

quia non est álius deus omnípotens præter eum.

qu’il n’y a aucun autre Dieu tout-puissant, hors lui.

5 Ipse castigávit nos propter iniquitátes nostras,

5. C’est lui qui nous a châtiés à cause de nos iniquités,

et ipse salvábit nos propter misericórdiam suam.

et c’est lui qui nous sauvera à cause de sa miséricorde.

6 Aspícite ergo quæ fecit nobíscum,

6. Considérez donc ce qu’il nous a fait,

et cum timóre et tremóre confitémini illi :

et avec crainte et tremblement rendez-lui gloire ;

regémque sæculórum exaltáte in opéribus vestris.

et exaltez le roi des siècles dans vos œuvres.

7 Ego autem in terra captivitátis meæ confitébor illi :

7. Et moi, dans la terre de ma captivité, je lui rendrai gloire,

quóniam osténdit majestátem suam in gentem peccatrícem.

parce qu’il a manifesté sa majesté sur une nation pécheresse.

8 Convertímini ítaque peccatóres,

8. Convertissez-vous donc à lui, pécheurs ;

et fácite justítiam coram Deo,

pratiquez la justice devant Dieu,

credéntes quod fáciat vobíscum misericórdiam suam.

croyant qu’il exercera envers vous sa miséricorde.

9 Ego autem et ánima mea in eo lætábimur.

9. Pour moi, et mon âme, c’est en lui que nous nous livrerons à l’allégresse.

10 Benedícite Dóminum omnes elécti ejus :

10. Bénissez le Seigneur, vous tous ses élus ;

ágite dies lætítiæ, et confitémini illi.

célébrez des jours de réjouissance, et rendez-lui gloire.

11 Jerúsalem cívitas Dei,

11. Jérusalem, cité de Dieu,

castigávit te Dóminus in opéribus mánuum tuárum.

le Seigneur t’a châtiée à cause des œuvres de tes mains.

12 Confitére Dómino in bonis tuis,

12. Rends gloire au Seigneur pour les biens qu’il t’a faits,

et bénedic Deum sæculórum :

et bénis le Dieu des siècles,

ut reædíficet in te tabernáculum suum,

afin qu’il rebâtisse en toi son tabernacle,

et révocet ad te omnes captívos,

qu’il rappelle à toi tous les captifs,

et gáudeas in ómnia sǽcula sæculórum.

et que tu te réjouisses dans tous les siècles des siècles.

13 Luce spléndida fulgébis,

13. Tu brilleras d’une lumière éclatante,

et omnes fines terræ adorábunt te.

et tous les peuples de la terre t’adoreront.

14 Natiónes ex longínquo ad te vénient,

14. Les nations viendront de loin vers toi,

et múnera deferéntes adorábunt in te Dóminum,

et, t’apportant des présents, elles adoreront en toi le Seigneur,

et terram tuam in sanctificatiónem habébunt :

et elles tiendront ta terre pour sainte ;

15 nomen enim magnum invocábunt in te.

15. Car elles invoqueront le grand nom en toi.

16 Maledícti erunt qui contémpserint te,

16. Maudits seront ceux qui t’auront méprisée,

et condemnáti erunt omnes qui blasphemáverint te :

et condamnés seront ceux qui t’auront blasphémée ;

benedictíque erunt qui ædificáverint te.

mais bénis seront ceux qui t’auront bâtie.

17 Tu autem lætáberis in fíliis tuis,

17. Pour toi tu te réjouiras en tes enfants,

quóniam omnes benedicéntur,

parce que tous seront bénis,

et congregabúntur ad Dóminum.

et qu’ils seront réunis au Seigneur.

18 Beáti omnes qui díligunt te,

18. Heureux tous ceux qui t’aiment,

et qui gaudent super pace tua.

et qui se réjouissent de ta paix !

19 Anima mea, bénedic Dóminum,

19. Mon âme, bénis le Seigneur,

quóniam liberávit Jerúsalem civitátem suam

car il a délivré Jérusalem,

a cunctis tribulatiónibus ejus

sa cité, de toutes ses tribulations,

Dóminus Deus noster.

lui, le Seigneur notre Dieu.

20 Beátus ero si fúerint relíquiæ séminis mei

20. Je serai heureux, s’il y a des restes de ma race

ad vidéndam claritátem Jerúsalem.

pour voir la splendeur de Jérusalem.

21 Portæ Jerúsalem ex sapphíro et smarágdo ædificabúntur,

21. Les portes de Jérusalem seront bâties de saphirs et d’émeraudes,

et ex lápide pretióso omnis circúitus murórum ejus.

et toute l’enceinte de ses murs, de pierres précieuses.

22 Ex lápide cándido et mundo omnes platéæ ejus sternéntur,

22. Toutes ses places publiques seront pavées de pierres blanches et pures,

et per vicos ejus allelúia cantábitur.

et l’on chantera dans ses rues Alléluia.

23 Benedíctus Dóminus, qui exaltávit eam,

23. Béni le Seigneur, qui l’a exaltée !

et sit regnum ejus in sǽcula sæculórum super eam. Amen.

et que son règne soit dans les siècles des siècles. Amen.

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CHAP. XIII. 2. Deut. XXXII, 39 ; I Reg. II, 6 ; Sap. XVI, 13. — 14. Is. LX, 5. — 21. Apoc. XXI, 19.

 

1 et suiv. Ce cantique est en même temps une véritable prophétie, dans laquelle Tobie annonce la délivrance des Israélites, et le rétablissement de Jérusalem, ou plutôt l’établissement de l’Église et la conversion future du peuple juif.

2. Aux enfers. Voy., sur le sens de cette expression, Gen. XXXVII, 35.

9. Moi et mon âme ; c’est-à-dire tout mon être.

11. Jérusalem ne fut détruite que plus de 70 ans après la mort de Tobie, qui, comme prophète, emploie le prétérit pour le futur.

12. Son tabernacle ; c’est-à-dire son temple.

14. Pour sainte ; littér. et par hébraïsme pour sanctification, sainteté.

15. Le grand nom ; c’est-à-dire le grand Dieu. Voy. II Esd. I, 9.

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CHAPITRE XIV

Dernières paroles de Tobie. Il prédit la ruine de Ninive et le rétablissement de Jérusalem. Le jeune Tobie sort de Ninive. Sa mort.

1 Et consummáti sunt sermónes Tobíæ. Et postquam illuminátus est Tobías, vixit annis quadragínta duóbus, et vidit fílios nepótum suórum.

1. Ainsi furent achevées les paroles de Tobie. Et, après qu’il eut recouvré la vue, Tobie vécut quarante-deux ans, et il vit les fils de ses petits-fils.

2 Complétis ítaque annis centum duóbus, sepúltus est honorífice in Niníve.

2. Et, ayant accompli cent deux ans, il fut enseveli honorablement dans Ninive.

3 Quinquagínta namque et sex annórum lumen oculórum amísit, sexagenárius vero recépit.

3. Car à cinquante-six ans il perdit la lumière des yeux, et il la recouvra étant sexagénaire.

4 Réliquum vero vitæ suæ in gáudio fuit, et cum bono proféctu timóris Dei perréxit in pace.

4. Mais tout le reste de sa vie se passa dans la joie ; et moyennant un grand progrès dans la crainte de Dieu, il mourut en paix.

5 In hora autem mortis suæ vocávit ad se Tobíam fílium suum, et septem júvenes fílios ejus nepótes suos, dixítque eis :

5. Or, à l’heure de sa mort, il appela vers lui Tobie, son fils, et sept jeunes hommes, ses petits-fils, et il leur dit :

6 Prope erit intéritus Niníve : non enim excídit verbum Dómini : et fratres nostri, qui dispérsi sunt a terra Israël, reverténtur ad eam.

6. Dans peu arrivera la ruine de Ninive ; car la parole de Dieu n’est pas sans effet ; et nos frères qui ont été dispersés hors de la terre d’Israël y reviendront.

7 Omnis autem desérta terra ejus replébitur, et domus Dei, quæ in ea incénsa est, íterum reædificábitur : ibíque reverténtur omnes timéntes Deum,

7. Et toute la terre déserte d’Israël sera repeuplée, et la maison de Dieu, qui y a été brulée, sera rebâtie de nouveau ; et là reviendront tous ceux qui craignent Dieu,

8 et relínquent gentes idóla sua, et vénient in Jerúsalem, et inhabitábunt in ea :

8. Et les nations abandonneront leurs idoles, elles viendront à Jérusalem, et elles y habiteront.

9 et gaudébunt in ea omnes reges terræ, adorántes regem Israël.

9. Et tous les rois de la terre se réjouiront en elle, adorant le roi d’Israël.

10 Audíte ergo, fílii mei, patrem vestrum : servíte Dómino in veritáte, et inquírite ut faciátis quæ plácita sunt illi :

10. Écoutez donc, mes enfants, votre père : Servez le Seigneur dans la vérité, et cherchez à faire ce qui lui est agréable.

11 et fíliis vestris mandáte ut fáciant justítias et eleemósynas, ut sint mémores Dei, et benedícant eum in omni témpore in veritáte, et in tota virtúte sua.

11. Quant à vos enfants, recommandez-leur de faire des œuvres de justice et des aumônes, de se souvenir de Dieu, et de le bénir en tout temps dans la vérité et de toutes leurs forces.

12 Nunc ergo fílii, audíte me, et nolíte manére hic : sed quacúmque die sepeliéritis matrem vestram circa me in uno sepúlchro, ex eo dirígite gressus vestros ut exeátis hinc :

12. Maintenant donc, mes enfants, écoutez-moi, et ne demeurez point ici ; mais au jour quelconque où vous aurez enseveli votre mère auprès de moi dans un seul sépulcre, dès ce moment, dirigez vos pas en sorte que vous sortiez d’ici ;

13 vídeo enim quia iníquitas ejus finem dabit ei.

13. Car je vois que l’iniquité de cette ville lui amènera sa fin.

14 Factum est autem post óbitum matris suæ, Tobías abscéssit ex Niníve cum uxóre sua, et fíliis, et filiórum fíliis, et revérsus est ad sóceros suos :

14. Ainsi il arriva qu’après la mort de sa mère, Tobie sortit de Ninive avec sa femme, ses fils, et les fils de ses fils, et il retourna chez son beau-père et sa belle-mère ;

15 invenítque eos incólumes in senectúte bona : et curam eórum gessit, et ipse clausit óculos eórum : et omnem hæreditátem domus Raguélis ipse percépit : vidítque quintam generatiónem, fílios filiórum suórum.

15. Et il les trouva en parfaite santé, dans une heureuse vieillesse, et il eut soin d’eux, et ferma lui-même leurs yeux : il recueillit tout l’héritage de la maison de Ragouël, et il vit jusqu’à la cinquième génération les fils de ses fils.

16 Et complétis annis nonagínta novem in timóre Dómini, cum gáudio sepeliérunt eum.

16. Et, ayant accompli quatre-vingt-dix-neuf ans, il mourut dans la crainte du Seigneur, et ses fils l’ensevelirent avec joie.

17 Omnis autem cognátio ejus et omnis generátio ejus in bona vita et in sancta conversatióne permánsit, ita ut accépti essent tam Deo quam homínibus, et cunctis habitántibus in terra.

17. Toute sa parenté et toute sa génération persévérèrent dans la bonne vie et dans une conduite sainte, de telle manière qu’ils furent aimés de Dieu et des hommes, et de tous ceux qui habitaient dans le pays.

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CHAP. XIV. 6. I Esd. III, 8.

 

5. Ses petits-fils ; littér. fils de lui ; c’est-à-dire du jeune Tobie.

6. * Dans peu arrivera la ruine de Ninive. Elle eut lieu en 606. La capitale de l’Assyrie fut prise et dévastée par Nabopolassar, roi de Babylone, père de Nabuchodonosor, et par Cyaxare Ier, roi des Mèdes.

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INDEX