JONAS
*josu
Jonas envoyé à Ninive, s’enfuit de devant le Seigneur, et s’embarque pour aller à Tharsis. Le vaisseau étant agité par une violente tempête, on tire au sort pour en découvrir la cause. Le sort étant tombé sur Jonas, on le jette à la mer.
Jonas est englouti par un poisson. Il invoque le Seigneur. Le poisson le jette vivant sur le bord de la mer.
Le Seigneur ordonne une seconde fois à Jonas d’aller à Ninive. Il prédit la ruine prochaine de cette ville. Les Ninivites se convertissent et font pénitence. Dieu leur pardonne.
Jonas s’afflige de ce que sa prophétie n’est pas accomplie. Le Seigneur lui fait comprendre les raisons qui l’ont porté à pardonner à Ninive.
²
Jonas, le cinquième des petits prophètes, était du royaume d’Israël. Son père s’appelait Amathi, et le lieu de sa naissance, Gath-Hépher, dans la tribu de Zabulon, aujourd’hui Medjad, au nord de Nazareth, sur la route de Sepphoris à Tibériade. Son livre n’est point daté, mais nous savons qu’il vivait du temps de Jéroboam II, roi d’Israël.
Le livre de Jonas ne ressemble pas aux autres écrits prophétiques ; il ne contient point d’oracles proprement dits. C’est un récit historique de la mission qu’il reçut d’aller prêcher la pénitence aux Ninivites et de la manière dont il l’accomplit. Il est écrit en style simple. S’il est rangé parmi les livres prophétiques, c’est parce qu’il a pour auteur un prophète, et que, quoiqu’il ne contienne aucune révélation directe de l’avenir, il nous fait connaitre le séjour de Jonas pendant trois jours dans le ventre d’un poisson, merveille qui figure le séjour de Notre-Seigneur pendant trois jours dans le tombeau. Cette circonstance si extraordinaire de la vie de Jonas a provoqué de tout temps les railleries des incrédules, mais rien n’est impossible à la puissance de Dieu, et puisqu’il jugeait à propos, dans sa sagesse, de forcer par là son ministre à exécuter ses volontés et à devenir le type du mystère de la résurrection de son fils, pourquoi notre faible esprit oserait-il trouver à redire aux voies de la Providence ?
Cette Providence se montre admirable dans toute l’histoire du prophète. La prédication de Jonas à Ninive n’était pas un fait sans portée ; elle avait au contraire la signification la plus haute : en même temps qu’elle était pour ses compatriotes une exhortation à se repentir de leurs péchés, elle annonçait que Dieu ne voulait pas se révéler seulement aux enfants de Jacob, mais aussi à ces gentils si méprisés des Juifs ; c’était la prédiction de notre vocation à la foi ; comme le prélude du voyage des mages à Jérusalem et de la fête de l’Épiphanie. De plus, dans aucun autre livre de la Bible, la patience, la bonté et la miséricorde de Dieu n’apparaissent en traits plus touchants : sa compassion pour le pécheur, sa facilité à lui pardonner, le soin qu’il prend de veiller sur tous, même sur les païens et jusque sur les animaux, sont peints dans ce récit en traits ineffaçables, et nous ne trouvons nulle part des paroles plus émouvantes que celles qui terminent ce récit.
²
JONAS
Jonas envoyé à Ninive, s’enfuit de devant le Seigneur, et s’embarque pour aller à Tharsis. Le vaisseau étant agité par une violente tempête, on tire au sort pour en découvrir la cause. Le sort étant tombé sur Jonas, on le jette à la mer.
1 Et factum est verbum Dómini ad Jonam, fílium Amathi,
dicens :
1. Or, la parole du Seigneur fut adressée à Jonas, fils d’Amathi, disant :
2 Surge, et vade in Niníven, civitátem grandem, et prǽdica in ea, quia ascéndit malítia ejus coram me.
2. Lève-toi, et va dans Ninive la grande cité, et prêches-y, parce que sa malice est montée devant moi.
3 Et surréxit Jonas, ut fúgeret in Tharsis a fácie
Dómini, et descéndit in Joppen : et invénit navem eúntem in Tharsis, et
dedit naulum ejus, et descéndit in eam ut iret cum eis in Tharsis a fácie
Dómini.
3. Et Jonas se leva afin de fuir à Tharsis, de devant la face du Seigneur ; et il descendit à Joppe, et il trouva un vaisseau qui allait à Tharsis, et il donna le prix de son passage, et il descendit dans le vaisseau, afin d’aller avec les autres à Tharsis, pour fuir de la face du Seigneur.
4 Dóminus
autem misit ventum magnum in mare : et facta est tempéstas magna in mari,
et navis periclitabátur cónteri.
4. Mais le Seigneur envoya un grand vent sur la mer, et il se fit une grande tempête sur la mer, et le vaisseau était en péril d’être brisé.
5 Et timuérunt nautæ, et clamavérunt viri ad deum
suum, et misérunt vasa quæ erant in navi, in mare, ut alleviarétur ab
eis ; et Jonas descéndit ad interióra navis, et dormiébat sopóre gravi.
5. Or les matelots craignirent, et les hommes crièrent vers leur Dieu, et ils jetèrent à la mer ce qui était dans le vaisseau, afin qu’il en fût allégé ; or Jonas descendit au fond du vaisseau, et il dormait d’un sommeil profond.
6 Et accéssit
ad eum gubernátor, et dixit ei : Quid tu sopóre deprímeris ? surge,
ínvoca Deum tuum, si forte recógitet Deus de nobis, et non pereámus.
6. Et le pilote s’approcha de lui, et lui dit : Pourquoi es-tu accablé par le sommeil ? Lève-toi, invoque ton Dieu, peut-être que Dieu songera à nous et que nous ne périrons pas.
7 Et dixit vir ad collégam suum : Veníte et mittámus sortes, et sciámus quare hoc malum sit nobis. Et misérunt sortes, et cécidit sors super Jonam.
7. Et chacun dit à son compagnon : Venez, et jetons les sorts pour savoir d’où ce malheur nous est venu. Et ils jetèrent les sorts, et le sort tomba sur Jonas.
8 Et dixérunt
ad eum : Indica nobis cujus causa malum istud sit nobis : quod est
opus tuum ? quæ terra tua, et quo vadis ? vel ex quo pópulo es
tu ?
8. Et ils lui dirent : Indique-nous à cause de qui ce malheur nous arrive ; quelle est ton occupation ? Quel est ton pays et où vas-tu ? Ou bien à quel peuple appartiens-tu ?
9 Et dixit ad eos : Hebrǽus ego sum, et
Dóminum Deum cæli ego tímeo, qui fecit mare et áridam.
9. Et il leur dit : Je suis Hébreu, et je crains le Seigneur, le Dieu du ciel, qui a fait la mer et la terre.
10 Et timuérunt viri timóre magno, et dixérunt ad
eum : Quid hoc fecísti ? cognovérunt enim viri quod a fácie Dómini
fúgeret, quia indicáverat eis.
10. Et ces hommes craignirent d’une grande crainte, et ils lui dirent : Pourquoi as-tu fait cela ? (Car ces hommes surent qu’il fuyait la face du Seigneur, parce qu’il le leur avait appris.)
11 Et dixérunt ad eum : Quid faciémus tibi, et
cessábit mare a nobis ? quia mare ibat, et intumescébat.
11. Et ils lui dirent : Que te ferons-nous, afin que la mer se calme pour nous ? Parce que la mer allait en grossissant.
12 Et dixit
ad eos : Tóllite me, et míttite in mare, et cessábit mare a vobis :
scio enim ego quóniam propter me tempéstas hæc grandis venit super vos.
12. Et il leur dit : Prenez-moi et jetez-moi dans la mer, et la mer se calmera pour vous, car je sais, moi, que c’est à cause de moi que cette grande tempête est venue sur vous.
13 Et
remigábant viri ut reverteréntur ad áridam, et non valébant, quia mare ibat, et
intumescébat super eos.
13. Et les hommes ramaient afin de revenir vers la terre, et ils ne le pouvaient ; car la mer allait en grossissant au-dessus d’eux.
14 Et clamavérunt ad Dóminum, et dixérunt :
Quǽsumus, Dómine, ne pereámus in ánima viri istíus, et ne des super nos
sánguinem innocéntem : quia tu, Dómine, sicut voluísti, fecísti.
14. Et ils crièrent au Seigneur, et ils dirent : Nous vous prions, Seigneur, de ne pas nous faire périr à cause de l’âme de cet homme, et ne faites pas retomber sur nous un sang innocent, parce que vous, Seigneur, comme vous avez voulu, vous avez fait.
15 Et
tulérunt Jonam, et misérunt in mare : et stetit mare a fervóre suo.
15. Et ils prirent Jonas, et ils le jetèrent dans la mer, et la mer apaisa sa furie.
16 Et
timuérunt viri timóre magno Dóminum : et immolavérunt hóstias Dómino, et
vovérunt vota.
16. Les hommes craignirent d’une grande crainte le Seigneur, et ils immolèrent des hosties au Seigneur, et ils vouèrent des vœux.
~
CHAP. I.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, Ezech. III, 16.
2. * Ninive, capitale de l’Assyrie, sur le Tigre. La cité royale était sur la rive gauche du fleuve, à l’endroit appelé aujourd’hui Koyoundjik, où sont entassées les ruines des palais des rois d’Assyrie, vis-à-vis de la ville actuelle de Mossoul. Les auteurs anciens rapportent que la ville entière avait à peu près la forme d’un parallélogramme rectangulaire de 150 stades de longueur sur 90 de largeur. La longueur totale des murs était de 480 stades ou 90 kilomètres.
3. Avec les autres ; littér. avec eux (cum eis), c’est-à-dire, avec les passagers. — Tharsis. Voy. Is. II, 16. — * Joppe, aujourd’hui Jaffa, port de mer sur la Méditerranée, à l’ouest de Jérusalem.
5. Les hommes, etc. ; selon l’hébreu, ils (les matelots) crièrent, chacun vers son Dieu. — Descendit, ou plutôt était descendu, car c’est le vrai sens de l’hébreu.
7. Chacun ; litter., un homme (vir) ; c’est en effet la signification primitive du terme hébreu correspondant.
9. Je crains ; c’est-à-dire, d’après le texte original, j’adore, je sers.
10. Ces ; ce pronom est représenté dans l’hébreu par l’article déterminatif.
11. Allait en grossissant ; littér. et par hébraïsme, allait et grossissait.
14. De l’âme ; c’est-à-dire, de la personne.
²
Jonas est englouti par un poisson. Il invoque le Seigneur. Le poisson le jette vivant sur le bord de la mer.
1 Et præparávit Dóminus piscem grandem ut
deglutíret Jonam : et erat Jonas in ventre piscis tribus diébus et tribus
nóctibus.
1. Et le Seigneur prépara un grand poisson, afin qu’il engloutît Jonas ; et Jonas fut dans le ventre du poisson pendant trois jours et trois nuits.
2 Et orávit
Jonas ad Dóminum Deum suum de ventre piscis,
2. Et Jonas pria le Seigneur son Dieu du ventre du poisson.
3. Et il dit :
Clamávi de
tribulatióne mea ad Dóminum,
J’ai crié vers le Seigneur du milieu de ma tribulation,
et exaudívit me ;
et il m’a exaucé ;
de ventre ínferi clamávi,
du sein de l’enfer j’ai crié,
et exaudísti vocem meam.
et vous avez entendu ma voix.
4 Et projecísti me in profúndum in corde maris,
4. Et vous m’avez jeté dans le profond d’un gouffre,
et flumen circúmdedit me :
dans le cœur d’une mer,
omnes gúrgites tui, et fluctus
tui super me transiérunt.
et des eaux m’ont environné ; toutes vos vagues et vos flots ont passé sur moi.
5 Et ego dixi :
5. Et moi j’ai dit :
Abjéctus sum a conspéctu oculórum tuórum ;
Je suis rejeté de la présence de vos yeux,
verúmtamen rursus vidébo templum sanctum tuum.
mais je verrai encore votre temple saint.
6 Circumdedérunt me aquæ usque ad ánimam :
6. Des eaux m’ont environné jusqu’à l’âme,
abýssus vallávit me,
un abime m’a enveloppé,
pélagus opéruit caput meum.
une mer a couvert ma tête.
7 Ad extréma móntium descéndi ;
7. Je suis descendu jusqu’aux fondements des montagnes ;
terræ vectes conclusérunt me in ætérnum :
les barrières de la terre étaient fermées sur moi pour toujours ;
et sublevábis de corruptióne
vitam meam, Dómine Deus meus.
mais vous préservez ma vie de la corruption, Seigneur mon Dieu.
8 Cum angustiarétur in me ánima mea,
8. Lorsque mon âme était resserrée en moi,
Dómini recordátus sum :
je me suis souvenu du Seigneur,
ut véniat ad te orátio mea,
afin que ma prière vienne jusqu’à vous,
ad templum sanctum tuum.
jusqu’à votre temple saint.
9 Qui custódiunt vanitátes frustra,
9. Ceux qui s’attachent aux vanités inutilement,
misericórdiam suam derelínquunt.
abandonnent leur miséricorde.
10 Ego autem in voce laudis immolábo tibi :
10. Mais moi, je vous immolerai des victimes avec la voix de la louange ;
quæcúmque
vovi, reddam pro salúte Dómino.
tout ce que j’ai voué, je le rendrai au Seigneur, pour mon salut.
11 Et dixit
Dóminus pisci, et evómuit Jonam in áridam.
11. Et le Seigneur parla au poisson, et il jeta Jonas sur la terre.
~
CHAP. II. 1. Matth. XII, 40 ; XVI, 4 ; Luc. XI, 30 ; I Cor. XV, 4. — 3. Ps. CXIX, 1. — 6. Ps. LXVIII, 2.
1. Jonas dans le ventre du poisson ; est une figure de Jésus-Christ dans le tombeau. Compar. Matth. XII, 40. — * Nous ignorons à quelle espèce appartenait le poisson qui engloutit Jonas. On dit vulgairement que c’était une baleine ; mais outre qu’elle est très rare dans la Méditerranée, elle a la gueule trop étroite pour avaler un homme entier. Le texte sacré ne détermine rien ; il dit simplement « un grand poisson ; » Il est vraisemblable que c’était une espèce de requin très vorace, squalus carcharis Linnæi ; il abonde dans la Méditerranée et dévore avidement tout ce qu’il peut saisir ; on a trouvé un cheval dans le ventre d’un de ces poissons, pesant cent quintaux et péché à l’ile Sainte-Marguerite, en France ; dans celui d’un autre, un homme avec son armure. Un fait encore plus intéressant, c’est celui qui est raconté de la manière suivante : « Il arriva en 1758 que, pendant une tempête, un matelot tomba d’une frégate dans la mer. [Un requin], qui était tout près, saisit aussitôt le malheureux qui nageait et criait au secours, et la victime disparut sur-le-champ dans sa large gueule. Tandis qu’il nageait, quelques-uns de ses camarades s’étaient déjà jetés dans la chaloupe pour lui porter secours. Au moment même où il était dévoré, le capitaine du vaisseau, témoin de l’accident, eut assez de présence d’esprit pour ordonner de tirer sur le monstre avec un fusil qui était sur le pont. Le coup fut tiré avec tant de bonheur que le requin cracha aussitôt le matelot qu’il avait dans sa gueule ; sa proie n’était que légèrement blessée et elle fut repêchée aussitôt, encore vivante, par la chaloupe ; le poisson lui-même fut pris par les autres marins avec des harpons et des cordes, monté sur la frégate, et là suspendu en travers pour qu’il pût sécher. Le capitaine en fit ensuite don au matelot si extraordinairement préservé par la Providence et celui-ci se mit à parcourir l’Europe pour le montrer. » (L. L. Muller.)
9. Aux vanités ; c’est-à-dire, aux idoles. — Leur miséricorde ; la miséricorde qu’ils recevraient du Seigneur, s’ils lui restaient fidèles. Il est incontestable qu’en hébreu le pronom possessif a souvent un sens passif.
²
Le Seigneur ordonne une seconde fois à Jonas d’aller à Ninive. Il prédit la ruine prochaine de cette ville. Les Ninivites se convertissent et font pénitence. Dieu leur pardonne.
1 Et factum est verbum Dómini ad Jonam secúndo,
dicens :
1. Et la parole du Seigneur fut adressée une seconde fois à Jonas, disant :
2 Surge, et vade in Niníven, civitátem magnam, et prǽdica in ea prædicatiónem quam ego loquor ad te.
2. Lève-toi, et va dans Ninive la grande cité, et prêches-y ce que moi je te dis de prêcher.
3 Et surréxit Jonas, et ábiit in Niníven juxta
verbum Dómini : et Niníve erat cívitas magna, itínere trium diérum.
3. Et Jonas se leva, et alla à Ninive selon la parole du Seigneur ; or Ninive était une grande cité de trois jours de chemin.
4 Et cœpit
Jonas introíre in civitátem itínere diéi uníus : et clamávit, et
dixit : Adhuc quadragínta dies, et Niníve subvertétur.
4. Jonas commença à entrer dans la cité, à faire le chemin d’un jour ; et il cria, et il dit : Encore quarante jours et Ninive sera renversée.
5 Et
credidérunt viri Ninivítæ in Deum, et prædicavérunt jejúnium, et vestíti sunt
saccis, a majóre usque ad minórem.
5. Les hommes de Ninive crurent en Dieu, et ils publièrent un jeûne, et se revêtirent de cilices, depuis le plus grand jusqu’au plus petit.
6 Et pervénit verbum ad regem Niníve : et
surréxit de sólio suo, et abjécit vestiméntum suum a se, et indútus est sacco,
et sedit in cínere.
6. Et le bruit en parvint au roi de Ninive ; et il se leva de son trône, et quitta son vêtement, et se revêtit d’un sac, et s’assit sur la cendre.
7 Et clamávit, et dixit in Niníve ex ore regis et
príncipum ejus, dicens : Hómines, et juménta, et boves, et pécora non
gustent quidquam : nec pascántur, et aquam non bibant.
7. Et il cria et dit dans Ninive par la bouche du roi et de ses princes, disant : Que les hommes et les animaux, et les bœufs et les troupeaux de menu bétail ne goutent rien ; et qu’ils ne paissent point, et ne boivent point d’eau.
8 Et
operiántur saccis hómines et juménta, et clament ad Dóminum in
fortitúdine : et convertátur vir a via sua mala, et ab iniquitáte quæ est
in mánibus eórum.
8. Et que les hommes se couvrent de sacs ainsi que les animaux, et qu’ils crient au Seigneur avec force, et que chacun se convertisse de sa voie mauvaise, et de l’iniquité qui est en leurs mains.
9 Quis scit
si convertátur et ignóscat Deus, et revertátur a furóre iræ suæ, et non
períbimus ?
9. Qui sait si Dieu ne reviendra pas et ne pardonnera pas ; et s’il ne se détournera pas de la fureur de sa colère, et nous ne périrons pas ?
10 Et vidit Deus ópera eórum, quia convérsi sunt de
via sua mala : et misértus est Deus super malítiam quam locútus fúerat ut
fáceret eis, et non fecit.
10. Et Dieu vit leurs œuvres, il vit qu’ils étaient convertis de leur voie mauvaise ; et Dieu eut pitié d’eux, touchant le mal qu’il avait dit qu’il leur ferait, et il ne le fit pas.
~
CHAP. III. 5. Matth. XII, 41 ; Luc. XI, 32. — 9. Jer. XVIII, 11 ; Joël. II, 14.
1. Disant (dicens). Voy., sur ce mot, Ezech. III, 16.
3. * Une grande cité de trois jours de chemin, c’est-à-dire qu’il fallait trois jours pour en parcourir les rues et y annoncer les menaces du Seigneur.
6. Le bruit, la nouvelle ; c’est le sens qu’a assez fréquemment dans la Vulgate le mot verbum, et son correspondant hébreu. Cependant il peut signifier la parole de Jonas en particulier (vers. 4), ou bien l’évènement qui s’en suivit, ou bien enfin l’une et l’autre ; car le même terme s’emploie de ces différentes manières. — * Au roi de Ninive. Le nom de ce roi n’est pas connu d’une manière certaine, mais l’on peut admettre que c’était Rammannisar, contemporain de Jonas, qui régna de 810 à 782 avant notre ère.
7. Il cria et dit par la bouche ; suivant l’hébreu, il fit crier et dire par l’ordre.
10. Qu’ils étaient convertis, etc. (quia convérsi sunt) ; forme un second complément du verbe il vit (vidit), ou bien la particule quia est purement explicative, comme sa correspondante hébraïque l’est quelquefois.
²
Jonas s’afflige de ce que sa prophétie n’est pas accomplie. Le Seigneur lui fait comprendre les raisons qui l’ont porté à pardonner à Ninive.
1 Et
afflíctus est Jonas afflictióne magna, et irátus est :
1. Et Jonas fut affligé d’une grande affliction, et il s’irrita ;
2 et orávit
ad Dóminum, et dixit : Obsecro, Dómine, numquid non hoc est verbum meum
cum adhuc essem in terra mea ? propter hoc præoccupávi ut fúgerem in Tharsis :
scio enim quia tu Deus clemens et miséricors es, pátiens et multæ miseratiónis,
et ignóscens super malítia.
2. Et il pria le Seigneur, et dit : Je vous conjure, Seigneur, n’est-ce pas là ce que je disais, lorsque j’étais encore dans mon pays ? c’est à cause de cela que je me suis empressé de fuir à Tharsis ; car je sais que vous êtes un Dieu clément et miséricordieux, patient, et d’une grande commisération, et pardonnant le mal.
3 Et nunc,
Dómine, tolle, quæso, ánimam meam a me, quia mélior est mihi mors quam vita.
3. Et maintenant, Seigneur, retirez, je vous prie, mon âme de moi ; parce que mieux vaut la mort pour moi que la vie.
4 Et dixit
Dóminus : Putásne bene irásceris tu ?
4. Et le Seigneur lui dit : Penses-tu qu’il est bien que tu t’irrites, toi ?
5 Et egréssus
est Jonas de civitáte, et sedit contra oriéntem civitátis : et fecit
síbimet umbráculum ibi, et sedébat subter illud in umbra, donec vidéret quid
accíderet civitáti.
5. Et Jonas sortit de Ninive et demeura à l’orient de la cité ; et il se fit là un petit couvert, et y demeura dessous à l’ombre, jusqu’à ce qu’il vît ce qui arriverait à la cité.
6 Et præparávit Dóminus Deus héderam, et ascéndit
super caput Jonæ, ut esset umbra super caput ejus, et protégeret eum
(laboráverat enim) : et lætátus est Jonas super hédera lætítia magna.
6. Et le Seigneur Dieu prépara un lierre qui s’éleva au-dessus de la tête de Jonas, afin qu’il y eût une ombre sur sa tête pour le protéger ; car il s’était fatigué ; et Jonas se réjouit au sujet de son lierre, d’une joie très grande.
7 Et parávit
Deus vermen ascénsu dilúculi in crástinum : et percússit héderam, et
exáruit.
7. Et Dieu prépara le lendemain, à la levée de l’aurore, un ver qui rongea le lierre, et il se dessécha.
8 Et cum ortus fuísset sol, præcépit Dóminus vento
cálido et urénti : et percússit sol super caput Jonæ, et æstuábat :
et petívit ánimæ suæ ut morerétur, et dixit : Mélius est mihi mori quam
vívere.
8. Et lorsque le soleil se fut levé Dieu commanda à un vent chaud et brulant ; et le soleil frappa sur la tête de Jonas, et il étouffait de chaleur ; et il demanda pour son âme qu’elle mourût, et il dit : Mieux vaut pour moi mourir que de vivre.
9 Et dixit Dóminus ad Jonam : Putásne bene
irásceris tu super hédera ? Et dixit : Bene iráscor ego usque ad
mortem.
9. Et le Seigneur dit à Jonas : Penses-tu qu’il est bien que tu t’irrites, toi, pour ce lierre ? Et il dit : Il est bien que je m’irrite, moi, jusqu’à la mort.
10 Et dixit Dóminus : Tu doles super héderam in
qua non laborásti, neque fecísti ut crésceret ; quæ sub una nocte nata
est, et sub una nocte périit :
10. Et le Seigneur lui dit : Tu t’affliges pour un lierre, pour lequel tu n’as pas pris de peine, et que tu n’as pas fait croitre, qui en une nuit est né, et en une nuit a péri ;
11 et ego non parcam Niníve, civitáti magnæ, in qua
sunt plus quam centum vigínti míllia hóminum qui nésciunt quid sit inter
déxteram et sinístram suam, et juménta multa ?
11. Et moi, je ne pardonnerai pas à Ninive, la grande cité, dans laquelle se trouvent plus de cent vingt mille hommes qui ne savent pas quelle différence il y a entre leur droite et leur gauche, et vivent des animaux en grand nombre.
~
CHAP. IV. 2. Ps. LXXXV, 5 ; Joël. II, 13.
6. Un lierre (hédera). Selon l’opinion la plus généralement reçue, il faut l’entendre du ricin, comme l’a fait saint Jérôme lui-même, en avouant qu’il ne s’est servi du mot hédera, que parce que la langue latine ne lui en fournissait pas d’autre qui signifiât la plante désignée par le terme de l’original. — # Le mot hébreu qui correspond à cette expression est qiqâyôn ; il n’est employé qu’en ce seul endroit de la Bible. Les LXX l’ont traduit par κολοκύνθῃ, gourde ; le syriaque, l’arabe et l’Itala lui ont donné le môme sens (l’Itala a « cucúrbitam »). Aquila, Symmaque et Théodotion l’ont regardé comme l’équivalent de κισσός, lierre, et de là vient la traduction de saint Jérôme. Toutefois le savant docteur affirme nettement, dans son commentaire sur ce passage, que le qiqâyôn ne correspond pas au lierre, mais au ricin, dont il donne une description facile à reconnaître ; mais il ne pouvait pas nommer directement cette plante, qui n’avait pas de dénomination reçue chez les Latins. (Fillion.)
8. Il demanda, etc. ; il souhaita la mort. Compar. le vers. 3.
9. Il est bien, etc. ; j’ai raison de m’irriter jusqu’à souhaiter de mourir.
10-11. * « Épisode incomparable, un des plus beaux de l’Écriture, et auquel irait bien comme épilogue cette autre parole du Seigneur dans Osée : « Je ne donnerai pas cours aux emportements de ma colère, et je n’en viendrai pas à perdre Ephraïm, car je suis Dieu, moi, et non pas homme. » Os. XI, 9. (G. Longhaye.)
11. * Cent vingt mille hommes, etc. On a calculé qu’il devait y avoir, d’après ce nombre de 120 000 enfants, environ 600 000 habitants à Ninive.
²
£